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-,
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VJÏ
,
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6,
Uf
VOYAGE
A
MADAGASCAR
1
]
i
p
\i;
GRANDE ROUTE
HEMIH D'ANDASIBE.
—
\
M AD AG ASC Ut.
DESSIN DE MARIUS PERRET, GRAVÉ PAR ROUSSEAI
.
DOCTEUR LOUIS CATAT
YAGE
V
A
MADAGASCAR (
1889-4890)
PARIS LIBRAIRIE HACHETTE ET C 79,
BOULEVARD SAINT-GERMAIN, '
1893 Droits Je
lr.iiiucUi.il et
Je reprùJuctiou réservés.
79
BOSTON UNIVERSITY LIBRARIES
i
EMM1
BETSIMIS VRAXA.'
S
VOIP
P
''
'
AYANT-NtOPOS
V en
ers
la fin
(l'une
de l'année 1888, j'étais chargé par
le
Ministère de l'instruction publique
mis-ion scientifique à Madagascar. C'étail un grand honneur pour moi
même temps
une lourde tâche; une exploration
esl
chose
difficile,
surtout
à
et
notre
époque. Les voyageurs, nus
les
coloris,
le
teintes, ont été
savants qui sillonnent
l'harmonie de ce
à
clos l'ère des grandes
devanciers, ont
main de maître
ont dessiné de
le
l'esquisse de fixés
par
les
découvertes;
explorateurs,
les
naturalistes,
magnifique tableau;
nombreux voyageurs qui vont lumière
et,
les
monde. Sans doute, quelques ombres nuisent encore les
régions polaires
et
le
centre
mys-
térieux de l'Afrique couvrenl de leurs ténèbres de Irop larges espaces; mais
la
ils
notre terre, dont Ions les délails,
à la
dans peu d'années,
la
les
recherche de l'inconnu y porteront bientôt
géographie n'aura plus de grands progrès à
réaliser,
Madagascar
avait
déjà
une
xvn° siècle, cependant cette
visitées
avaient JEUNE
S AK ALA VA
MUSI
de l'ouest, (voir
P.
i
M
\
grande
été déterminée par les
tion avait
en partie par
même
les
dans nos tentatives de colonisation au
histoire île
était
imparfaitement connue. Sa posi-
marins en station dans ses parages, ses côtes
traitants;
des anciens colons et des missionnaires
pénétré fort loin dans l'intérieur. Quoi qu'il en
on ne pos-
soit,
N
sédai! sur ce
849.
petit continent que des
notions vagues, dénaturées
et
incom-
plètes.
Vers 1807,
l'attrait
de l'inconnu
un Français, voyageur
célèbre
cl
et
l'amour de
grand naturaliste
la :
science amenèrent dans
la
grande
île
M. A. Grandidier. Pendant cinq ans,
il
I
africaine
parcourut
VOYAGE
2 \isita les côtes el les
Madagascar,
MADAGASCAR.
A
lagunes du
hauts plateaux de
littoral, sillonna les
fran-
l'intérieur,
chaînes de montagnes et en détermina l'orientation malgré leurs réseaux inextricables
chit les
fouilla aussi les
profondes forêts, étudiant
la
faune
et
qui vinrent étonner
la flore
il
;
monde savant
le
par leur étrange nouveauté.
Dès
physique
lors, l'histoire
géographique de Madagascar
et
en avaient été rassemblés par M. Grandidier.
documents
Que
dans cette riche moisson, chercher des régions inconnues, quelques
presque terminée;
était
Glaner
restait-il à faire?
visiter des
peuplades ignorées, éclaircir
encore obscurs, compléter en un mot cette belle œuvre
petits faits
principaux
les
les épis oubliés
brillamment com-
si
mencée. Certes, cette mission présentait de sérieuses difficultés.
me
à atteindre, une entreprise bien déterminée
minutieux, délicat
travail incessant,
branches des sciences physiques
et
me
quand même;
succès peut quelquefois
le
si
davantage, je l'avoue franchement; mais nu
paraissait insurmontable.
résolu à tout tenter pour réussir, je voulais essayer
pensable au voyageur car.
précis
qui nécessitait des connaissances étendues dans les différentes
naturelles
et
tentait
Une découverte importante, un but
lui
Cependant j'acceptais, bien une grande énergie indis-
je savais
défaut,
faire
volonté ne doit jamais
la
l'abandonner.
mon voyage
Maintenant,
une
telle entreprise, si j'ai
chers collaborateurs, à
sont
fait
:
me
G. Foucart, ingénieur des Arts
ces
hommes
soutenu dans l'accomplissement de
rapidement
Je poussais
les
la
ma
qui ont su se faire un grand
mission
l'explorateur.
la
ici
visiter, ses habitants, le
la
en
soit
chronomètres
soumis.
Un
el
notre
certaines peuplades
du Sud
me
n'eus qu'à
nécessaire.
Dans bien des
sauvages,
îles
les
grand
restreints
et
ne nous
profit, je crois; les
que toujours
campement, une la
le
conve-
bagage du mission-
tente
dont nous nous
meilleure des tentes,
armes de guerre, ce qui
el
ses plaques, des
et
était
superflu.
Il
—
quelques
serait à désirer
je
me
albums
à dessiner, quelques
ils
soil,
furent
médicaments
trouvai des objets d'échange
usilés chez
de l'Ouest de Madagascar, je ne m'embarrassai d'aucune pacotille: par
féliciter
de celle prudence,
cas, l'explorateur fera
marchandises de troc qui dans
modes changent souvent,
les
la
j'ai
parures sont
le
trouvé facilement dans
sagement en agissant
suite ne lui seraient
saison à l'autre, une étoffe, une perle, vivement
occidentaux.
étaient
ne résistèrent pas aux épreuves multipliées auxquelles
avec dédain. Ces alternatives bizarres dans •
objets de
bagage. Dans l'ignorance où
la suite je
en Europe
ils
des l'alignes à supporter dans un voyage à dos d'homme. Quoi qu'il en
et les théodolites
appareil de photographie
complétaient
sciences géo-
les
toujours ainsi. J'apportai quelques modifications à notre matériel scientifique en vue
des services à rendre les
nom dans
but à atteindre, doivent seuls guider
hutte misérable de l'indigène vaut
ustensiles nécessaires à la vie journalière, des qu'il
le
facilité les préparatifs.
j'affirmerai, sans crainte d'être démenti,
—
servis
C. Maistre, dont
dans une nomenclature fastidieuse; rémunération des
considérable. J'achetai quelques
sommes rarement
et
mes
qui, à des titres divers, m'ont aidé
été faite plusieurs fois, et sans
nature du pays à
Néanmoins,
trop
m'en ont
et
du voyage. Du reste,
préparatifs
voyageur a
objets indispensables au
nances personnelles,
bien
à
confiance de ceux qui nous avaient envoyés.
que peu de temps. Je n'entrerai pas
est
Manufactures,
et
pu mener
si j'ai
résultai certain, je le dois à
donc permis de remercier sincèrement MM. X. Charmes, Milne Edwards,
soit
Puissions-nous avoir répondu à
naire
un
Namy, Maunoir, Gauthiot, Duveyrier, de Sainl-Arroman,
Grandidier,
prirent
Néanmoins
sais.
travail utile, arriver à
défaut. Je le dois aussi à tous ces protecteurs naturels des explorateurs,
nombreux en France,
graphiques. Qu'il
et
pu produire un
mes amis
concours ne m'a jamais et ils
accompli. Ai-je réussi? Je ne
est
ainsi;
d'aucune
il
le
pays ce qui
était
s'exposerait à prendre
utilité.
Chez
les
peuplades
sujettes à des variations fréquentes; d'une
désirée et prisée fort
cher, sera
plus
lard regardée
goût de ces races barbares ne doivent pas étonner
les
AVANT-PROPOS. Vers
la
de janvier,
lin
Je faisais mes adieux à
rassemblais notre matériel; malgré toutes mes réductions
je
encore effrayé par
j'étais
nombre des
le
ma
mes compagnons
Marseille avec
nous
caisses qu'il
mes amis,
famille, à
comprendront tous ceux qui ont quitté leur à
3
à
patrie,
fallait
France,
la
emporter. Nous étions prêts à partir.
et, le
cœur
pour marcher
une émotion que
serré par
vers l'inconnu, je m'embarquais
12 février 18811 sur l'Amazone, courrier de
le
mes économies,
et
la
côte
orientale
d'Afrique.
La traversée
se
en vingt-six ou vingt-huil jours, mais de nombreuses escales
généralement
t'ait
viennent interrompre
la
monotonie de ce long
côtes malgaches au nord de Nosy-Be,
les
commencer
El maintenant avant de
et le
\
mars, nous apercevions pour
8 mars, nous débarquions à
récit
le
Le
trajet.
la
première
l'ois
Tamatave.
de notre voyage, je crois utile d'exposer à grands
traits
d'indiquer sommairement les principales tribus que l'on y la rencontre. Ces quelques notions élémentaires sur la géographie de l'île el sur ses habitants permettront
configuration générale de Madagascar
et
au lecteur, peu familier peut-être avec ces questions malgaches, dans nos excursions. Encore
me
bien niais «les
me faudra-t-il
Je n'ignore pas que pour
lire.
compter sur
les récits
de voyage
public
y a généralement dans de tels ouvrages des aventures
il
batailles rangées dont
Pour moi,
qualités absentes.
Madagascar,
les
l'attrayante narration
n'y
ont jamais existé,
toujours disposé
est
--il
eu
était
orablemenl
;
besoin, de légères
lions, ni tigres, ni gros
ni
et, je
l'a\
émouvantes, des exploits cynégétiques,
compenser,
pourrait
de pareil. <>n ne trouve
rien
anthropophages
bienveillance de ceux qui voudront
l'entière le
nous suivre avec plus d'intérêt
<le
le
pachydermes
à
confesse humblement, je ne suis pas
écrivain. J'avais bien chez certaines tribus une réputation de science solidement établie, j'étais
même
accusé de sorcellerie, quand ces sauvages me voyaient au campement consigner mes notes sur journal de voyage, eux qui ne connaissaient passer des suffrages des l'ara
ni
le
papier
Madagascar, vestige probable d'un continent disparu, i0° 55' el
el
Ï8° 07'
l'écriture
aussi je pouvais
;
que
n'est
de longitude est de Paris
;
comprise entre
est
elle appartient
donc par
sa
système africain, Son étendue considérable, (loooito kilomètres carrés environ, et
de
la
Nouvelle-Guinée, parmi
les
présente
la
l'orme d'un ovoïde allongé
axe étant orienté N.-N.-E.
au couchant,
—
S.-S.-O.
loi)
effet
blement parallèles à l'île
la
11
faut
la
n'aurai
pas
la
.'{'.)'
de latitude
géographique au
place à côté de Bornéo
esl
moyenne
esl
de
de 1650 kilomètres.
petite extrémité regarde le nord, le
levant ses côtes sont battues parles flots de
l'île
le
la
merdes
grand Indes;
Mozam-
canal de
de Madagascar présente une structure géologique assez simple. tic
roches éruptives dont
direction générale de l'ovoïde. à
2o°
position
d'Ambre au cap Sainte-Marie
irrégulier dont
el
par un vaste noyau
sont venues s'appuyer
générale.
Au
je
kilomètres.
Considérée dans son ensemble,
formée en
et
séparée de l'Afrique, sa colossale voisine, par un bras de mer.
elle esl
bique, large tout au plus de
Elle esl
1-2°
plus grands corps insulaires du globe. Sa largeur
Î50 kilomètres, sa plus grande longueur du cap L'île
relatif, cl
mes compatriotes.
cette orgueilleuse prétention vis-à-vis de
sud
ni
des Antandroy, Mais ici-bas tout
cl
mon facilement me
l'occident des
les
axes de soulèvement sont sensi-
Sur ce massif qui occupe plus des deux
couches neptuniennes également parallèles
mentionner aussi quelques terrains
stratifiés
que
l'on
trouve sur
la
tiers
de
à la direction
côte esl dans le
pays des Antanosy, au sud du 24° parallèle. Mais ces terrains sédimentaires du Sud-Est sont très peu étendus l'ouest,
el
on peut
dans toute
moins vers
les la
l'intérieur,
négliger pour dire que
l'île
est
divisée en
deux parties d'inégales étendues.
longueur du pays Sakalava, des bandes de terrains
stratifiés, s'enl'onçanl
forment des plaines élevées, des hauts plateaux séparés
des ondulations, des collines dont l'orientation N.-N.-E.
— S.-S.-O.
au centre, on ne trouve que
émergences de gneiss
le
terrain primitif avec-ses
est à
les
uns des autres par
peu près constante. et
A
plus ou
A l'est
et
de granit qui traver-
VOYAGE A MADAGASCAR.
4 sent
assises superficielles de ces roches anciennes soni
un soubassement micâschisteux. Les
sées, le
temps
et les
agents atmosphériques ont rendu plus friables
décompo-
couches superficielles de ces
les
rouge plus ou moins foncée, teinte roches, puis les ont transformées finalement en argile d'une couleur duo aux minerais <le fer qui existent en grande quantité dans toutes ces régions. Celle tonalité rougeàtre qui impressionne vivement
le
voyageur dès son arrivée dans
le
pays donne à
de Madagascar cette
l'île
nuance caractéristique. J'ajouterai que l'on rencontre des soulèvements plus récents d'origine basalla direction générale '. tique dont les axes d'émergences semblent pour la plupart perpendiculaires à Des coulées considérables traversemble fort riche. La minéralogie de Madagascar est très variée cl maints endroits,
sent, en
instant.
Les métaux,
les
roches primitives. Le quart/., cuivre,
le fer, le
le
le
feldspath,
le
mica, se rencontrent à chaque
nombreux
plomb, sont extraitsde minerais
et
variés; l'or, dont
on exploite quelques gisements (alluvions ou quartz aurifères!, semble se trouver principalement sur versant du canal de Moçambique dans l'Ouest et le Sud.
le
Le système orographique de Madagascar est très compliqué, et sans entrer dans de longs détails, je ne saurais en donner une idée. Lorsque du haut d'une montagne élevée on observe les régions avoisinantes,
que
et
s'offrent
au regard des sommets
masses rocheuses, des mame-
irréguliers, des grosses
croupes arrondies, des collines ravinées, d'immenses blocs déchiquetés, tous ces accidents de
lons aux
terrain paraissent être les
lames monstrueuses d'un océan en furie qui se seraient subitement
solidifiées.
On peut reconnaître cependant dans ce chaos une chaîne de montagnes principales, parallèle à la côte est; elle s'appuierait au sud sur les masses rocheuses du mont Ivohibe en pays Bara et se terminerait au nord non loin de Mandritsara. Celle arête principale de
de
des Indes de celles qui vont se jeter dans
mer
la
le
que
le
la
la
à la partie septentrionale de se trouvent les
où
l'île
il
A
côte orientale
l'est
l'ouest
ces ,
montagnes
de nombreux
chaîne principale, forment par leurs inextricables réseaux,
grand massif central, qui, partant au sud du pays Bara, comprend
Anlimerina, s'abaisse au nord pour former
A
canal de Moçambique.
sont flanquées d'une chaîne parallèle plus rapprochée de contreforts, quelquefois plus élevés
sépare les eaux tributaires
l'île
les
la
province des Betsilco et des
grandes plaines du Mahajamba
va constituer
le
massif d'Ambre.
hauts plateaux des pays Sakalava dont
les
A
et se relève
de nouveau
l'occident de ce massif central,
étages successifs qui s'élèvent en gradin de
uns des autres par quatre ou cinq chaînes secondaires parallèles à
l'ouest vers l'est sont séparés les
la
principale.
Des extrémités nord
sud de
et
grande chaîne dont
la
secondaires plus ou moins importants dont
cap Sainte-Marie
la ligne
Ce système montagneux
dans Il
le
canal de
la
côte orientale:
mer des Indes
Moçambique
que le
a
dans
le
au
faîtes
à plans inclinés inégaux;
toit
rapide, tandis que celui qui vient se terminer
et le
plus considérables de
Mahajamba,
Manambolo.
l'île
se trouvent sur le versant
Betsiboka don!
Tsiribihina
le
Tous ces
le
son affluent
et
grand affluent l'Ikopa
le
le
Mania; enfin au sud,
fleuves occidentaux prennent naissance, ainsi
que
massif granitique du centre.
Les cours d'eau tributaires de
la
du nord au sud
le
allant
liés
les fleuves les
l'Onilahy ou rivière de Saint-Augustin. affluents,
forme une sorte de
il
une pente
Sophia
irrigue les rizières de Tanaffarive, le
eiler eu
et
une déclivité beaucoup moins prononcée.
offre
ressort de celle disposition
nombreux
d'Ambre
Madagascar en deux versants soutenant une ligne de
divise ainsi
occidental. Les principaux sont
leurs
direction variable vient terminer au cap
de partage des eaux.
beaucoup plus rapprochée de celui qui regarde la
la
détachent des chaînons
je viens de parler, se
mer des Indes
sont moins considérables,
Manangoro, l'Ivondrona,
le
Mangoro,
il
le
convient cependant de
Mananara
et
le
Man-
drare.
Comme
I.
C'est
'teints, en
c'est
la
règle
dans tous pays granitiques,
l'île
est très riche en
également suivant celte orientation perpendiculaire au grand axe grand nombre surtout dans le nord et le nord-ouest de l'Irherina.
île
eaux vives;
les fleuves,
les
l'ovoïde que l'on trouve îles volcans
e
AVANT-PROPOS. dans
rivières, qui serpentent
grandes plaines
les
et les belles vallées
du
ruisseaux innom-
littoral, les
brables qui bondissent dans les vallons encaissés des hauts plateaux, constituent un riche réseau gation, alimenté largement par la
masse d'eau considérable
cpii
tombe sur
régions élevées pendant
les
la saison des pluies, et que des infiltrations dans un sol compact ne peuvent amoindrir.
que des sections peu importantes susceptibles
ne présentent
comprend qu'il n'en pourrait être autrement, car
On
utilisées.
des Indes précipite leur cours interrompu trop souvent par
du côté du canal de Mozambique,
et,
les
la
d'être
pente trop rapide du versant delà mer
assises rocheuses des chaînes côtières,
eaux sont plus calmes sur
leurs
si
les
plateaux, elles sont bri-
pour arriver aux étages infé-
faut descendre
sées dans les rapides qu'il
Par contre,
proprement dites à Madagascar. Les grands cours d'eau ne sont
on ne rencontre pas de voies fluviales pas navigables, ou du moins
d'irri-
rieurs.
Le développement des rivages de mètres,
une
mais sur
étendue
gascar ne possède qu'un
dépasse 5000 kilo-
l'île
aussi
nombre de rades
petit
susceptibles d'abriter convenablement
du
l'estuaire
Passandava,
la
baie
baie
Betsiboka ou etc.,
la
et
sud du cap d'Ambre,
la
belle
la
côte nord-ouest
principaux sont
les
Bombétoke,
de
On
:
de
baie
nous possédons au
rade que
baie de Diego-Suarez. La côte orien-
du sud-ouesl ne possèdent que des rades
et le littoral
tale,
d'Antombona;
déports
et
navigateurs.
les
ne rencontre de bons mouillages que sur de la baie Baly à
Mada-
considérable,
foraines qui n'offriraient pas aux marins un abri convenable
pendant
les
parages.
tempêtes
les
cl
cyclones
fréquents dans ces
assez,
l'anse de Fort-Dauphin
La rade de Tamatave,
et
la
baie de Tuléar sonl néanmoins assez fréquentées. Sur ces côtes
remarque un
inhospitalières on
ces lagunes littorales
tic
les
fleuves,
si
nombreuses
Madagascar. En
à
rivières qui descendent en
les
veux parler
intéressant, je
l'ail
si
Indes apportent constamment sur
la
qui
le-
hérissent
région littorale
la
bas-fonds
marais, des étangs, de- lacs, qui donneul
les
ordinaire,
un équilibre
la
la
grande
de
boule
mer de-
la
mousson de
à
la
nappes d'eaux
s'amassent ainsi formant des
celle zone maritime un aspect particulier. Lorsque le
eaux rompront violemment celle barrière de sable prochain cyclone ou
el
de l'intérieur ne
vallées
qui s'appuient d'ailleurs sur le- végétations
cl
lies
côtiers.
liquide d'une lagune est trop considérable ou «pie
le
I'.
côte des dépôts arénacés considérables formant des dunes sablon-
neuses, véritables digues qui enserrent coralliennes
lame-
le-
DOCTEUR GATA
effet,
nombre de- hautes
grand
peuvent librement déverser leurs eaux dan- l'Océan,
M. LE
relatif s'établit entre les
cl
eaux de
ma—
une crue subite,
fleuve qui l'alimente éprouve
se creuseront des estuaires momentanés que
suivante viendront combler de
saison
la
la
lagune
el
celles
nouveau. En temps
de l'Océan par des
infiltra-
tions souterraines.
Presque tous sous
les
ouvrages
un jour trompeur. Sa
el
les relations
végétation luxuriante avait particulièrement frappé les voyageurs, qui sans
pousser plus loin leurs investigations les forêts el
magnifiques
de voyage qui oui traité de Madagascar non- l'ont montrée
qu'ils avaient
leurs recherches, avaienl
cl
aperçues sur
concluaient en généralisant leurs observai ions
les
à la
longuement dépeint
les
côtes boisées,
premières montagnes qui s'offraient à leur regard fertilité
étonnante de
la
grande
île
africaine. Celle
madécasse s'explique aisément par la disposition particuverdoyante. lière des zones forestières el des contrées boisées qui entourent Madagascar d'une ceinture mon voyage, Dès 18(17 M. Grandidier avail relevé celle disposition des bois; j'ai pu, dans le courant de confirmer celle observation en la complétant dans ses détails, dans les parties du sud cl du nord-est de idée trop optimiste
l'île;
que
l'on se faisait
de
l'île
ces bandes boisées, qui sont généralement au
nombre de deux
surtout sur
le
versant de
la
merdes
VOYAGE A MADAGASCAR.
il
sommets des montagnes
Indes, sont séparées par de larges vallées; elles cachent les hauts
voisines
sous un manteau de verdure. La largeur de ees bandes forestières est variable, assez étroite vers
sud
et
où
districts voisins
Dès que
la
végétation atteint sa plus grande vigueur.
l'on a traversé cette ceinture boisée et
que
cesse tout à coup. Les hauts plateaux du centre de
du
monts élevés sont
littoral; les
grandes plaines de l'Ouest
les
l'île,
ee grand corps insulaire
remarquer que, à côté
convient-il de
d'immenses masses rocheuses,
du Sud sont
et
arbres séculaires des
les
rougeâtrè dé
l'argile
et
un maigre gazon.
leurs lianes est à peine recouverte par
Une vue générale de
alors
grande végétation
l'on s'avance vers l'intérieur, la
en partie déboisés, de chétifs buissons, des arbustes rabougris ont remplacé forêts
présente doue sous des aspects différents, aussi
le
aux cultures, de grandes
terrains propices
île
plateaux que l'homme pourrait rendre aisément productifs,
n'a pas été sans
nous
offrir
contrées chaudes. Mais cette classification n'est exacte que pour
peu considérable. Son climat
est très variable,
35 degrés centigrades; par contre, sur
température maxima
Dauphin notamment,
cette
thermomètre
jamais de
4- 3
et
A degrés.
souvent un
vu dans
J'ai
froid
très
est
semblables hauteurs,
les
rangée dans
Tamatave,
et à
les
température à L'ombre dépasse
la
rivages méridionaux, dans les environs de Fort-
rarement il
atteinte.
descend
Dans
pendant
massif Central
le
le
saison sèche jusqu'à
la
des mois de juin
matinées brumeuses
les
les
plateaux
l'on s'élève vers les
montagnes de l'Ankaralra des gelées blanches
pendant
vif
les
est
A Majunga
Betsileo.
et le
chaleurs de l'hivernage sont pénibles à supporter en cette saison,
n'atteint
stériles,
traversée
régions côtières et les provinces
les
change dès que
il
du Centre pour devenir presque tempéré dans l'Imerina
et
la
de sérieuses difficultés.
Presque tout entière située au nord du tropique du Capricorne. Madagascar
souvent 30
de beaux
nombreuses régions
existe de
il
forêts,
des districts rocailleux, des sols ingrats, des contrées inhabitables, véritables déserts, dont
d'altitude
le
sud-ouest, leur profondeur dépasse 100 kilomètres dans la province d'Anlongil et dans les
le
et
ressenti
j'ai
pays
en
juillet
et
Betsileo.
On
a maintes fois reproché à
cimetière des Européens. Certes,
Madagascar son climat meurtrier, on si
compare ces régions avec
l'on
sont situés sous des zones tempérées où
la
culture alleinl
une comparaison plus équitable tenant compte de
géographique, de est
Les grandes maladies épidémiques,
montrées à Madagascar;
la
la
salubrité de
Madagascar
climatologie générale, de
la
laisse à
situation
redoutables dans
si
Madagascarsi tenace, ne le
se
les
pays intertropicaux, ne se sont jamais
quelques ravages dans sentir
l'ail
que sous
la
population indigène. La malaria,
formes ordinaires;
les
pays payent tribut aux miasmes paludéens
peinent séjourner indéfiniment dans
le
elle
plupart de nos colonies.
la
la variole seule fait
péens à leur arrivée dans
nombre
avec ceux qui
et
des terrains, enlèvera bien vite à Madagascar cette réputation imméritée;
l'état
an contraire beaucoup plus saine que
celte lièvre de
pays d'Europe
les
tout son développement, où les conditions
hygiéniques générales sont satisfaisantes, on pourra admettre (pie désirer. Mais
n'a pas craint de l'appeler le
pays. La lièvre
malgache
d'individus, chez lesquels une disposition spéciale,
un
étal
n'est
ils
si
tous les Euro-
s'acclimatent rapidement
dangereuse que pour un
et
petit
morbide antérieur, des conditions de
Aie déplorables, annihilent toute résistance.
Les Sèvres existent dans toutes les provinces, engendrées en plus ou moins grande quantité par les
miasmes palustres qui
se développent
dans
les
marais
el les rizières;
bénignes en général dans l'intérieur
des terres et sur les hauts plateaux, elles frappent plus durement dans
où
les
lagunes nombreuses
supérieure
et le
el
surtout
les
les
zones chaudes du
nappes d'eau souterraines, situées entre
sous-sol argileux, offrent au développement des
germes paludéens
la
Au de
la
xvii
siècle,
l'île
de Madagascar
de Flacourt
et
était
couche arénacée
les conditions les plu9
favorables. C'est du reste celle plus grande fréquence de la lièvre sur les cèdes de
supposer autrefois que
littoral,
l'île
qui avait
fait
inhabitable pour des Européens.
ses successeurs évaluaieni à quelques centaines de mille le chiffre total
population mftdécasse. Depuis celle époque jusqu'à ces dernières années, les voyageurs et les
AVANT-PROPOS.
7
géographes qui se sont occupés de cette question onl beaucoup varié dans leurs évaluations,
el
il
pour avoir une notion assez précise du nombre d'habitants de Madagascar, estimé par M. Grandidier à quatre ou cinq millions. Néanmoins celle évaluation me semble faut arriver jusqu'à l'année 1869
encore faible
nombre
cpie le
d'après les calculs approximatifs qu'il m'a été possible de faire, je serais porté à croire
et,
des habitants de cette grande
total
Le peuple malgache
dés
Vazimba;
Actuellement
gents amenés
Malheureusement des documents
Du
races qui l'ont formé.
moins,
el
des traditions, enfin
que
,
les
On
carac-
ne peut
csl
il
la
grande
fameuse tribu des Pygmées décrite dans l'ouvrage de Flacourt en 1631.
incontestable que
par
soit île.
1rs
l'île,
semble avoir disparu presque complètement. Je ne mentionnerai, que
la
plus grande partie de
A
polynésiennes.
el
hasards de
navigation,
la
le
par
le
se sont
a élé
constituée
nombreux contincommerce sur les rivages
réunis de
besoins de leur
les
est facile
ainsi qu'il
loin. C'est
fort
type africain,
population malgache
la
noyaux
ces
soit
Ces gens venaient quelquefois de
un grand nombre de naturels
chez,
0110.
les diverses
des coutumes, des légendes
el
celle race primitive
par des immigrations asiatiques
la
500
anthropologiques des indigènes viendront changer en certitude.
et
pour en nier l'existence,
de
7
présent émettre que des hypothèses plus ou moins plausibles sur les premiers habitants de
à
les
usages
l'île, «les
ethnographiques
tères
dépasse
grandes probabilités, qui reconnaissent pour base un idiome spécial adopté en
existe sur ce point de
partie dans toute
île
ses origines sont variées.
cl
pour reconnaître d'une manière certaine
font encore défaut il
pas homogène,
n'est
type arabe ou sémite,
même
cl
de reconnaître le
type euro-
péen.
A
une époque plus récente,
selon toute probabilité de
élément à
«le
Malacca, ou de l'archipel Malais,
;i
population malgache, je veux parler des Anliinerina ou Hova. Dans
la
étrangère a été mal accueillie par
hauts plateaux où
les
une immigration assez importante, venue
y a environ trois cents ans,
il
presqu'île
la
mauvaises,
la
les
un climat
races autochtones,
plus dur,
une
terre
elle a
encore ajouté un autre
dû se réfugier dans
moins
principe, celle tribu
le
l'intérieur de
l'île,
des conditions d'existence
fertile,
sur
plus
mettait dans une situation défavorable. Cependant celle tribu issue d'une race supérieure
devait triompher bien
de ces
vite
difficultés.
est
Il
juste d'ajouter
qu'ils onl
été
puissamment aidés
par l'appui de l'Angleterre, heureuse de soulèvera Madagascar des embûches aux visées françaises; vérité m'oblige aussi à dire qu'ils onl été égale
trompée par des relations politique
illogique
entière
tout
à
cl
Grâce étaient,
les
le
les
peuplades du Nord
Aujourd'hui
tement par Il
le
cl
les
puissance
Anliinerina.
eux.
à
rapidement interverti
De parias
les rôles.
côte de
côte orientale
la
deux
tiers
ils
oui
et
l'ail
qu'ils
soumis
du sud des hauts plateaux, réduit en vasselage reconnaître leur suprématie dans
l'île
à
les
presque tout
des territoires de Madagascar sont administrés plus on moins direc-
au milieu de ces mélanges, de ces croisements qui augmentent sans cesse par des el
par des apports étrangers
Mozambique, de discerner entre
fort
elles les diverses
nombreux venus plus particulièrement
peuplades de Madagascar. Cependant en
s'appuyant surtout sur leur lieu d'habitat, leurs coutumes particulières, leurs vêtements leurs
de--
Gouvernement de Tananarive.
est assez difficile,
la
vaincus viendraient
du Nord-Ouest,
alliances entre tribus voisines,
de
Les missionnaires
africaine. la
aux premiers
se sont faits conquérants, cl, après avoir agrandi considérablement leur territoire,
leur domination les tribus de
entière.
île
el
de l'Angleterre; les seconds, aveuglés par leur croyance, s'imaginaient
jeu
vainqueurs
à toutes ces circonstances, les Anliinerina onl ils
grande
la
catholiques onl puissamment contribué eux aussi à agrandir
Les premiers faisaient qu'en adulant
la
France qui, trompée par ses agents,
l'administration des Affaires étrangères
résidents généraux que noire gouvernement a envoyés dans
protestants
la
ce jour soutenu les Anliinerina à Madagascar. Celle
fantaisistes, a jusqu'à
incombe
soutenus par
ni
usages ethniques en
un mol, on peut diviser
les
el
populations madécasses en
leurs parures, trois
groupes
principaux.
Le premier groupe qui les
a
pour type
caractères africains. Ce groupe
le
Sakalava
est celui
comprend toutes
dans lequel on retrouve
les tribus
le
plus fréquemment
Sakalava qui habitent
le
versant occi-
VOYAGE
8
dental de
l'île
les divisions
depuis
MADAGASCAR.
A
cap d'Ambre jusqu'à l'embouchure de l'Onilahy.
le
de celle grande famille Sakalava dont
ristique.
Parmi
Menabe,
les
Boëny
me
il
l'aul
11
au
et
les (Tribus
Antandroy,
et les
nombre de deux
au nord
:
les
être rattachées
qui habitent
les tribus
Antsihanaka,
Bezanozano
les
Ces dix tribus dont de
serait tenté
et les
formé des populations de
est
l'aul
il
que
et
j'ai
massif central;
le
elles
côte orientale. Parmi
la
mentionner dans ce
et
les
même
peuplades
groupe
classées en trois groupes n'occupent pas,
croire, îles contrées nettement délimitées.
le
les
les
Tanala.
viens de parler
je
:
les Betsileo.
mer des Indes;
la
des
totalité
la
aux grandes familles
convient de citer, en allant du nord au sud, les populations Betsimisaraka
Antanosy, plus éloignées des rivages de
on
comprend
premier groupe ethnique malgache sont
le
Antimerina, au sud
Le troisième groupe ethnique de Madagascar il
bien caracté-
Fierenana, les
les
peuplades Antaisaka.
Le deuxième groupe ethnique de Madagascar comprend
elles,
et
à plaisir
peu connues jusqu'à présent, qui,
fort
sud-est, doivent
Sakalava. Ces tribus du Sud que je rangerai donc dans
sont au
Mahafaly,
ajouter à ce premier groupe malgache qui
cantonnées au sud du plateau central
populations Bara,
citer
l'aul
du canal de Moçâmbique, des tribus
rivages
les
comme
Antankaraha, mais ces noms désignent plutôt des provinces que des divisions
el les
ethniques bien tranchées. habitants des
a multiplié
type est cependant bien tranché
le
principales de ces subdivisions
les
On
Lue
comme
certaine partie de ces peuplades, sans
avoir à proprement parler des habitudes nomades, se déplace volontiers
el,
chassée par de turbulents
voisins ou refoulée par les empiétements d'une tribu plus forte, va loin de son lieu d'origine chercher des
emplacements plus favorables pour ses rizières. fuir
un
Il
en
de
est
même
édifier ses villages, faire paître ses
troupeaux de bœufs
cultiver
et
de certains groupes d'individus qui, tentés par l'appât du gain, en voulant
sort trop misérable, quittent
leur village
el
premier cas
s'en vont chercher fortune ailleurs, souvent sans
voyageur rencontrera par exemple sur
les
bords
esprit de retour; c'esl ainsi
que dans
de l'Onilahy des Tanala
des Antanosy établis en grand nombre; ces derniers ont quitté leur patrie,
le
et
le
le
pays de Tolanara, lorsqu'il fut occupé en partie par
Antimerina en 1845. Dans
les
le
second cas,
il
ne
faudra pas s'étonner de rencontrer des bandes nombreuses d'Antaimoro sur les bords du Betsiboka, et des indigènes de Fort-Dauphin dans les environs de Tamalave. Les Antimerina se rencontrent également en plus ou moins grand soit
pour
satisfaire
nombre dans beaucoup de régions de
aux obligations de leur
l'île,
pour
soit
colonies sur les rivages les plus éloignés,
emmenant avec eux en
et
cette
diversité
vient de débarquer à la
dans
l'île,
Il
la
qiii
rigoureuse
el
nombre des
tenir
compte de
Madagascar.
l'on trouve partout à
conçoit-on l'étonnemenl du voyageur qui
côtoie
le
ici
l'Africain
Malais au teint jaune, aux cheveux plats el lisses;
superficiel,
on aura
vile classé
correspondent justement aux trois groupes dont
est évident
donc
faut
barbe abondante, aux cheveux dressés marchera au côté d'un vrai
Néanmoins, après un examen
catégories
11
à l'aspect de ces physionomies étrangement dissemblables;
la toison laineuse,
plus loin un bel Océanien à sémite.
que
les différents types individuels; aussi
peau noire d'ébèné, à
plus ou moins grand
du peuple malgache, découlent tout naturellement des variétés plus
d'origine
nombreuses encore dans
ont fondé de véritables
de peuplades entières, pour s'orienter dans ce mélange
inextricable d'individus, de familles, de tribus et de races
De
et qu'ils
d'autres représentants des races soumises.
groupes d'individus
ces émigrations de
du commerce,
politique. C'est ainsi qu'ils ont construit des villages fortifiés,
des postes militaires qui relient leur pays à leurs établissements côtiers,
Betsileo, des Betsimisaraka et
aller faire
j'ai
que cette classification des peuplades madécasses
parlé plus haut
n'est
disparates en trois
ces lypes '.
pas d'une exactitude absolument
que, en présentant au lecteur chaque type différent de toutes les tribus de Madagascar,
j'éviterai toutes
chances d'erreur. Q.uôi
peuplades de Madagascar,
c'est
qu'il
en
soit, si je
maintiens ces trois grandes divisions dans
parce qu'elles correspondent à des groupements
les
naturels, à îles usages
I. Il ne faut pas oublier aussi que l'esclavage, cette institution barbare si répandue à Madagascar, surtout chez les Antimerina, vient encore augmenter relie confusion de types individuels dans la grande île africaine.
AVAN1V PROPOS. communs que
voyageur
toul
placé les Bara à côté
mais
différent,
les
<les
à
Madagascar aura
généraux sont
traits
comprend
comprend il
Anlimerina
les les
et
populations du
n'offre pas la
mêmes,
les
me semble
il
les
j'ai
coutumes sont identiques ou absolument
juste de placer
Bara à ccMé du Sakalava tout autant
le
du Betsimisaraka. Les deux premiers groupes ethniques
l'éloigner
faut
par exemple que
vile fait d'observer. C'est ainsi
Sakalava. Je reconnais que ces deux tribus ont un type général quelque peu
analogues, pour toutes ces raisons qu'il
9
Betsileo sont absolument
les
littoral
même homogénéité
à
de
la
mer des Indes
et
surtout
et
Cependant pour
nets.
auxquelles
le
second qui
le
troisième qui
rattaché les tribus Antanosy,
j'ai
cause justement de l'adjonction de ces Antanosy. Cette tribu, sous
bien des rapports, se différencie complètement des autres peuplades madécasses.
Le premier groupe ethnique de Madagascar que j'appellerai
Malgaches
à
cheveux crépus, d'une stature élevée; leur vigueur
groupe Sakalava comprend des
le
aux attaches puissantes de
se devine
leurs muscles; le front est bas et fuyant, le nez écrasé, les lèvres charnues. la
peau
noire, cependant celle teinte présente chez
ethnique de Madagascar
est celui
qui présente
parures de verroterie, les colliers de le
plus guerrier des Malgaches,
il
le
boucles d'oreilles,
perles, les
simbo
et
se
les
Ce groupe ethnique
est
fournil presque à lui seul les populations insoumises
drapent dans un lamba de cotonnade;
serrent affreusement
aux Anlimerina.
salaka ou simbo, puis
s'habillent d'un sac percé
poitrine dans
la
nomment
d'étoffe qu'ils
femmes
le-
Ce groupe
aiment beaucoup
ils
bracelets.
les
rare. Ils ont
est
Ions plus clairs.
de*-
plus des caractères africains;
Les hommes se roulent autour des reins une pièce
nomment
certains indigènes
La barbe
aux deux bonis
ils
se
qu'elles
une sorte de camisole ajustée qu'elles
appellent akanjo.
Le deuxième groupe
esl
caractérisé surtout par les Anlimerina. Les caractères malais dominent.
Dans
un corps d'apparence chétive, aux membres grêles mais bien proportionnés, l'Antimerina possède une force musculaire assez considérable, sa
présente des traits réguliers,
pas bridés,
le
nez
physionomie
la
esl
moins
n'a-t-elle
les
pommelles sont
aplati
rien
inférieure à
esl
saillantes
esl
il
de désagréable,
elle esl
même
les
yeux noirs
et vifs
autres groupes de
le--
ne sont
l'île,
auss
1
chez certains individus. Sou
belle
fort
Son visage ovale
nôtre.
la
mais
vrai,
moins épaisses que chez
les lèvres
el
ou moins foncée varie beaucoup, pour s'atténuer chez certaines
olivâtre, celle colorai ion plus
teint est
moyenne
taille
personnes jusqu'à disparaître presque complètement. Son système pileux
bien développé,
esl
il
a la
barbe
fournie, les cheveux noirs, lisses ou ondulés 1res abondants.
Mais
c'est
encore au moral que ce groupe des Anlimerina possède, sur
réelle supériorité. et
il
preuve en mainte circonstance d'un grand
fait
un peu
et enjoué' esl
fataliste, l'adversité
ne
talent
pas.
l'atteint
pratique largement
ses manières sont douces
el
affables,
aux ordres de ses chefs,
el
respecte religieusement
il
de gouvernemenl illogique ne paralysait ses ordinaires des peuples primitifs,
pillage et
le
vol; ce dernier est considéré
efforts. la
duplicité
et
vive
esl
les lois
il
la
même
obséquieux
développée
et
de l'hospitalité.
avec Il
étrangers,
les
obéit
aveuglément
du royaume. Apre au gain, désireux de sérail
excellent
Malheureusement
comme une
autres Malgaches, une
d'imitation. L'Antimerina d'un naturel gai Poli,
les lois
s'entourer d'un confort inconnu aux populations barbares,
les vices
les
Ses facultés intellectuelles sont nombreuses, son intelligence
à
travailleur
si
un système
ces brillantes qualités s'ajoutent
mauvaise
foi,
l'hypocrisie, la cruauté,
le
action méritoire lorsqu'il s'exerce au détriment
de l'étranger. En dehors de ces défauts innés. l'Antimerina a pris au 'contact
des
Européens un
orgueil sans limites.
Les Malgaches du troisième groupe qui, parmi anciens, son! de
taille
plus élevée
et
esl
que
et épais sonl lisses
peu abondante. Enfin l'on
«'.elle
rencontre
les
la
chez
habitants actuels de
de constitution plus robuste que
visage sont (''gaiement plus accentués;
cheveux noirs
les
nez aplati,
le
les
l'île,
traits
du
yeux légèrement bridés;
les
les
les lèvres fortes, les
Antanosy, ondulés ou crépus chez
coloration de
la
plus fortement accusés,
peau varie du jaune brun au les
paraissent être les plus
Anlimerina. Les
les
autres tribus,
la
barbe
noir. C'est chez ces tribus
caractères polynésiens.
division des Malgaches en trois groupes que l'on pourrait appeler: groupe africain, groupe
VOYAGE A MADAGASCAR.
10
néanmoins sur des
malais, groupe polynésien, sans rire absolument à l'abri de toute critique, repose
bases scientifiques indiscutables. Ce n'est pas
comme
elle le
dans un
ici
récit
de voyage que
breuses données
et
les
observations variées qu'il m'a
l'aire
puis développer
exemple entre
mériterai! cette division ethnographique. Je prendrai un seul été possible de
je
séjours à Madagascar. Parmi les caractères ethniques que peut présenter une peuplade, l'habitation est sans contredit l'un des plus importants. C'est ainsi que nous voyons se loger
dans des maisons édifiées au ras du
sol
en raphia ou en bararata
les
nom-
pendant mes deux longs
et
le
le
type de
premier groupe
couvertes de feuilles de
ravenala ou de satrana.
Le deuxième groupe habite des maisons
édifiées
en terre, ou loge dans des habitations construites
en planches ou en madriers et couvertes en bozaka.
Le troisième groupe loge dans des maisons
me
serait facile
bâties sur pilotis
de multiplier ces exemples en choisissant
instruments de travail, mais
j'ai
hâte d'entrer dans
occasions de revenir sur ces questions concernant
mon la
les
et
couvertes en feuilles de ravenala.
vêlements,
les
sujet. D'ailleurs, j'aurai
dans
géographie de Madagascar
ses habitants.
Mis FIDELES A fANANARIVE.
Il
parures, les armes, les la
et la
suile maintes
description de
—
)
WAVE.
CHAPITRE —
I
el des marchandises. — La musique du gouverneur.— Formalités Le commencement de la saison sèche. — Commerce, importations et exportations. immunicalion à Madagascar. Embarquemcnl '1rs bœufs. Voies ! Les borizana el 1rs filanjana. Dépari de Tamatave. Rainivoavj el .Iran Boto. - Ivondrona. - Pirogues malgaches. Ambodinisiny. Légende de Darafély. Les lagunes littorales. La cruche géante. - Ankarefa. - Vavony. Végétation côtière. Andovoranto. -JTanimandry. Ligne télégraphique de Tamatave a Tananartvc. - Le marais de Tanimandry.
Arrivée à Ta ma lave le
Débarquemenl des voyageurs
douane. — Monnaie coupée
balances.
el
—
-
—
—
\\s
D
la
miil
du s mars, nous avions quille Sainte-Marie
par un gros temps,
en
\
ue de Tamatai
Les
côtes sont
mamelons, les
el
le
lendemain de
bonne heure, nous arrivions
très
basses, mais
vers l'intérieur,
en gradins
lerres se relèvent, 1rs
les
dans
el
le
lointain se montrent
premières montagnes; toul disparaît sous un manteau de verdure,
confondre sur
des premiers plans les
cimes lointaines avec
maisons peu élevées, cachées derrière
ilu
ilonl
penl peu à peu pour aller
s'esl
les
brouillards du matin.
tave se distingue difficilement <lu large ; je devine plutôt
r
Madagascar,
e.
les collines s'élagenl
les teintes vives
',
il»'
1rs
cocotiers
que
et 1rs
s,.
Tama-
je n'aperçois
grands arbres
\
pi
les rivage, la la
masse
du
circulaire
pointe Tanio, seul
brillenl
au
soleil
dans
les
les
du poaTE ,..
par
courrier
nana,
l'île
de
France.
pyramide rouge de
marin dans son atterrissage.
franchit
A
s'accusent plus fortement, des et
indigènes. Bientôt les pavillons des se déploient
Mais nous avons dépassé
prunes, ['Amazone
la
massifs de verdure piquetés de noir çà
les
aux
le
détails
chaumes sombres des cases consulats el des maisons de commerce là
Anlimerina,
signal qui guide
mesure que nous approchons, Iciils
fort
la
un
passe
et
pour saluer îlot
boisé,
jette
l'arrivée
Nosy-Ala-
l'ancre
devant
Tamatave.
La rade formée par une légère incurvai ion de sablonneux, n'a
la
qu'une étendue peu considérable,
côte, elle
que prolonge au sud-est un promontoire
va de
la
pointe Tanio au
nord, aux récifs
VOYAGE A MADAGASCAR.
12
protégée par des bancs d'Hastie qui la limitent vers le sud, du côté du large elle est imparfaitement madréporiques, sur lesquels la grande houle de la mer des Indes déferle constamment. Cette rade foraine ne présente qu'un abri insuffisant; la tenue est médiocre et lorsque vient
faut se hâter de fuir ces parages dangereux, et de la
YÈbre sur
les brisants, les
du
reste les débris
prudence. Mais nous avons hâte de débarquer
du Dayot près de
après avoir pris congé de nos
et
il
ceux de Y Oise
de quelques boulres conseillent
et les carcasses
épaves d'un Irois-màls
mauvais temps
le
la côte,
compagnons de route
avec Lesquels une longue traversée de vingt-huit jours avait fait naître d'excellents rapports, et serré la main à M. Massé, commandant Y Amazone, je.prends passage avec mes amis dans une embarcation qui
nous conduit rapidement au débarcadère.
ne faut entendre par celte expression que l'endroit de
Il
marchandises.
plage où l'on débarque habituellement passagers et
11
l'occupation de Tamatave, un warff avait été construit par nos troupes, mais après leur départ, été détruit par les indigènes, qui trouvaient là les caisses et les ballots sont transportés
comme
une concurrence sérieuse. Maintenant
du navire à
la
y a quelques années, lors de il
avait
autrefois,
plage dans des chalands qui viennent s'échouer
la
sur le sable, de nombreux porteurs viennent alors s'emparer de ces objets, les charger sur leur dos, et en poussant des cris assourdissants les déposer en terrain ferme, non sans pouvoir éviter quelquefois
des chutes malheureuses. Pour les personnes
portés sur les épaules de deux vigoureux noirs,
Notre première
visite fut
mode de débarquement est analogue; c'est ainsi que nous sommes amenés enfin à fouler le sol malgache.
le
pour M. Jore, chargé par intérim de
gracieusement à notre disposition
et je
ne saurais trop
la
Résidence de France;
remercier de
le
l'affabilité et
il
se mit fort
de l'obligeance qu'il
nous a montrées pendant tout notre séjour.
Nous dépêchons lestement quelques
nous
courses, et après
être
assurés d'un gîte convenable au
grand hôtel de Tamatave, nous nous empressons, nouveaux venus, d'aller Tamatave, situé en partie sur la pointe d'Hastie, tend chaque année à dans
la
direction du chemin qui conduit à Tananarive,
les
températures élevées de
saison chaude
la
les pluies
et
du côté de
s'accroître
l'ouest
construite sur un sol sablonneux, où
la ville est
peu profondément une eau saumàtre
l'on trouve partout et
visiter la ville.
et malsaine, les fièvres
communes;
y sont
diluviennes qui tombent à chaque instant,
contribuent encore à l'insalubrité de Tamatave.
En
quittant le débarcadère, les bâtiments de
l'avoisincnt,
douane,
la
hangars des services maritimes qui
et les
on arrive au quartier européen. La première voie dans laquelle on s'engage qui
à la plage porte
nom d'Avenue
le
n°
1,
c'est là
que se trouvent
la
est parallèle
Résidence de France, plusieurs
consulats étrangers, les principales maisons de commerce, les magasins des détaillants,
catholique avec une
une
église et
école.
L'Avenue
n° 2, parallèle à la première, n'a
la
mission
que des bâtiments
de moindre importance; ces deux voies principales sont reliées par des rues perpendiculaires qui vont d'une rive à l'autre de le
quartier européen,
narive; vers
la pointe.
suivant l'Avenue n°
indigène, puis
le village
l'est cette
En
le fort
vers l'ouest, on rencontre, après avoir dépassé
1,
Anlimerina
avenue conduit à l'extrémité de
la
et l'on
s'engage sur
la
route de Tana-
pointe où se trouvent quelques cases habitées
par des familles originaires de notre colonie de Sainte-Marie. Les matériaux de construction manquent
dans
environs de Tamatave, les maisons sont construites en bois, apporté en majeure partie par des
les
navires venant de
la
Réunion ou de Norvège; pour quelques habitations cependant on
nombreux incendies ont
plus durables, de
matières
généralisé l'emploi
d'ailleurs
s'est
servi de
des couvertures
métalliques.
Je remis au lendemain
dans
les rues
la soirée, la
entendre nettes,
il
ils
au village indigène
et
aux autorités Anlimerina;
à
faut en faire trois,
le
morceaux de son
piston,
nous jouèrent,
un tambour si
j'ose
recul est considérable. vint à
trois grosses caisses; en
m'exprimer
ainsi, l'air
de
la
Résidence nous
la
répertoire; les exécutants étaient peu et
promenade
cette
nous avait harassés de faligue; pour
musique du gouverneur Rainandriamampandry
les meilleurs
un cornet
infernal;
visite
de Tamatave où l'on ne foule qu'un sable mouvant
avancer de deux pas
Dans
ma
nombreux
revanche
ils
:
deux
faisaient
l'aire
clari-
un bruit
Reine, celui du Premier ministre, du
DE TAMATAYE A TANIMANDRY
AVENUE
gouverneur
ol
îles
divers officiers
écorchant d'une étrange façon
la
N°
1,
A
TAMATAVE.
de Tamatave, des morceaux Marseillaise
13
Le lendemain,
variés faisais
je
el
lerminèrent
la
séance en
débarquer notre matériel
el
procédais à l'accomplissement des quelques formalités nécessaires.
Comme il
cl
a
garantie de l'emprunl que
abandonné aux annuités
le
le
gouvernemenl malgache
a 'là
émettre après
la
dernière guerre,
dos intérêts sociétés financières qui onl souscrit jusqu'à concurrence du paiement
produit
îles
douanes du royaume. Ce
service, -eus
le
contrôle du Comptoir national
d'Escompte, fonctionne assez régulièrement à Tamatave, Vatomandry, Mananjary, Fenoarivo, Vohemar, Mojanga où le comptoir a des agents européens; mais dans les autres provinces, les gouverneurs et leurs subalternes prélèvenl des
gement avec
1rs d
sommes
assez rondes sur les produits des douanes ou entrent en arran-
slinalaires ou expéditeurs. Souvent
même
ils
diminuent
les droits
pour
attirer les
transactions dans leur gouvernement, se l'aire bien coter en haut lieu par un gros chiffre d'affaires et augmenter d'autanl leurs petits bénéfices. Les marchandises sonl frappées d'un droit ad valorem de prohibée 10 pour 100 perçu en argenl ou en nature. L'importation des armes el munitions de guerre est ainsi .pie celle
du rhum
el
autres liqueurs alcooliques, mais cette dernière interdiction est autorisation spéciale les bois
purement
de construction.
il est défendu d'exporter sans Le village indigène n'offre à Tamatave rien de caractéristique; des cases groupées sans ordre en fort mauvais étal où les roseaux el les feuilles d'arbres employés d'habitude par les constructeurs
théorique;
malgaches sonl remplacés parfois par des abritent une population flottante de soldats
Le marché se trouve non loin de
là
tôles usées, des et
douves de barriques
et
des débris de caisses,
de porteurs.
en revenant vers
le
quartier Européen, les habitants des villages
voisins y apportent leurs produits, on y trouve de la viande de boucherie, des volailles,
du poisson, des
VOYAGE
H
MADAGASCAR.
A
légumes, des denrées indigènes. Les marchands accroupis sous un
pelil
toit
de
chaume supporté par
et
qui n'est pas toujours
quatre piquets débitent leurs marchandises amoncelées pêle-mêle devant eux, de
première fraîcheur. Les approvisionnements que l'on trouve au marché sont insuffisants pour
la
besoins des Européens,
les
continuels de
chère à Tamalave.
la vie est-elle fort
Au sud du Bazar
sont groupées les habitations des Indiens Malabars
commerce de
le petit
doivent y suppléer, principalement pour les légumes, par des envois
ils
Réunion ou des achats fréquents aux maîtres d'hôtel des paquebots de passage, aussi
la
si
bénéfice,
réalisent
au bout de l'année un
aux autres établissements. gnant l'Avenue n° jouent
un
ici
C'est dans
:
dans
se contentant
et la
les îles
d'un petit
une concurrence sérieuse
et font
laquelle les Malgaches paraissent très bien doués.
nous sommes arrêtés au passage par
1
important
rôle
le
important
chiffre d'affaires
et
voisinage des boutiques malabarcs que s'exercent les industries
notamment pour
ferblanterie
la
côte d'Afrique
la
grand nombre à Zanzibar, commencent à envahir Madagascar;
voisines, en
indigènes,
Ce sont eux qui détiennent
grandes maisons européennes
détail et servent d'intermédiaires entre les
population indigène. Ces marchands indiens (pie l'on trouve sur toute
ils
;
accroupis sur une natte,
de monnaies qu'ils vendent ou achètent suivant
usités dans le pays. Je m'approchai de l'un d'eux
ont devant eux
ils
un étalage de toutes
cas pour un certain poids de
les
pour
me
En
rejoi-
changeurs. Ces modestes industriels
les
faire initier à l'art
si
sortes
morceaux d'argent payer ses
difficile «le
dettes à Madagascar. Il
probable que
est
longues années taire:
la
que,
cl
connue
piastre mexicaine a été
comme
et
acceptée par
dans beaucoup de pays d'Orient,
formé
elle a
Malgaches depuis de
les la
base du système moné-
aujourd'hui, bien que cette pièce d'argent n'aie plus cours, on compte par piastres, en malgache
Maintenant dans toutes
ariary.
échanges,
les
parties de
l'île,
est
farantsay.
en
prétendent qu'elles contiennent
relief,
en particulier celles frappées à
qu'exceptionnellement dans
les
centres
plus
fragments. Pour parfaire une
somme quelconque
—
mizana ils
apprécient
ils
la
n'est
et
accepté
eux-mêmes
irréguliers; à
valeur des plus petits
la
se servent de poids en fer
vernement, correspondant aux subdivisions principales de
et
Les Malgaches font
côte.
de cinq francs en morceaux menus
—
d'une balance de fabrication indigène
la
nomment
de Louis-Philippe qu'ils
l'effigie
de métal. L'or n'a pas cours
commerciaux de
l'appoint divisionnaire, en sectionnant la pièce l'aide
indigènes se servent de l'argent dans leurs
les
de cinq francs de l'Union latine sont acceptées, les Malgaches préfèrent celles
les pièces
dont l'exergue Ils
où
poinçonnés par
pièce de cinq francs. Ces poids, au
le
gou-
nombre
de huit, permettent d'obtenir par des dispositions additives ou souslractives, quarante-quatre combinaisons principales
et
qui ont chacune une dénomination particulière. L'une des grandes difficultés
de ce système monétaire, déjà qu'elle soil
exécuter le
l'aile
uni'
si
compliqué, réside dans
avec des soins minutieux
la
pesée;
le
Malgache, défiant par nature, exige
délicats; avaclio (change), répète-t-il souvent.
et
Il
faut alors
double pesée en règle. Bien souvent, pour abréger celle opération fastidieuse, je donnais
bon poids, néanmoins
je devais attendre
que mon vendeur prenne dans sa main
d'argent, les soupèse, les frotte, les examine
un
à
un pour s'assurer de leur bonté
amis présents qui se livraient au
même examen. Dans
';
les petits
encore
morceaux
les donnait-il
à ses
parents
fallait
plus d une demi-heure pour peser le prix d'une poule, quatre sous de noire monnaie: l'opération
et
beaucoup
nécessitait
[dus
temps
de
quand
le
propriétaire
du
des villages
volatile
avait
île
une
l'intérieur,
il
nombreuse
famille.
POIDS MALGACHES POUR (
Loso,
i
j
Kirobo,
l/i-
Sikajy,
1/8
Roavoamena,
i/12
1.
On
falsifie
reconnaît apparaît.
la
piastre
—
souvent l'argent coupé le
L ARC. E NT. Grammes.
i\iniiLic>.
1/48
6 52
[lavoamena, Erinambatry,
::,i!C
Varifitoventy,
1/96
225
Varidimiventy, 1/144
13,!
—
fraude en frottant
;
piastre
m
0,36 h.:::
1/72
— —
0,28 0,18
y mêlant dos fragments île plomb on d'un mêlai quelconque argenté. On morceau soupçonné contre un corps dur les angles s'émoussent <i le mêlai intérieur :
DE TAMATAVE A TAN IM AN DRY
VUE
Comme
on
d'après
le voil
le
pièce de cinq francs, aussi les les
morceaux d'argent faux
'
15
TAMATAVE.
:
monnaie coupée pèse davantage que la Malgaches prennent-ils souvenl un ooamena pour le change, vans compter tableau précédent,
qu'ils glissenl
piastre de
la
subrepticemenl dans
Le lendemain, j'accompagnais M. Jore au
fort
le
las.
Antimerina pour rendre
visite
au gouverneur. La
un ouvrage de fortification circulaire, construite grossièreun vaste coraux. Ses murs protégés par un fossé extérieur entourent
batterie, c'est l'expression consacrée, est
ment en
briques
terre,
et
débris de
sans ordre quelques espace dans lequel nous pénétrons par un passa-,- couvert. Là, sont entassés pour les soldats de cases maisons «mi bois, résidence du gouverneur et de ses aides ,1c camp, des
hangars où sont abritées
service, des
l'extrémité duquel flotte
rencontre,
il
ses vêtements
la
cour
l'île;
l'ut
Notre entrevue
c'est le
à huit
élève un
Rainandriamampandrj
européens malgré son âge, ses yeux
fut
mal
a
vient à notre vifs, sa
une interprétation courtoise; après une conversation rendue pénible par
arrivés, nous prenions congé du gouverneur. Depuis quatre jours que nous sommes
continuelle,
s
parole
important de nomination déjà ancienne au gouvernement de Tamalave, le plus franco-malgache en 188o. principal agent plénipotentiaire lors de la signature du Irait,'
justifienl sa le
de campagne; au centre de
pavillon antimerina blanc à coin rouge.
bonne mine dans
a fort
animée il
le
trois pièces
<<•
sont
des averses diluviennes avec quelques rares éclaircies
commencement de
la
saison sèche;
heures. 30 degrés à l'ombre.
ferons roule pour
totale de
la
l'on
nous affirme que
mars, température est élevée, nous avons eu ee matin, 12 activement de nos préparatifs de départ, nous
Nous nous occupons
la capitale dès les premiers
de fréquentes promenades dans
La population
la
et
difficile,
pluie est presque
la ville et
beaux jours; en attendant, nous utilisons nos
loisirs
par
dans ses environs.
Tamalave dépasse certainement
huit mille habitants, sans tenir
compte des
.
VOYAGE
16
MADAGASCAR.
A
porteurs qui viennent à certaines époques g-ossir considérablement ce chiffre. L'élément malgache
comprend
autres gens de
la
le |>lus
important
fourni par les des de la Réunion et de Maurice. Je n'ai
esl
procurer des données précises, les inscriptions à
breuses, mais la
esl
il
probable que
métropole, de nos colonies de
Anglais viennent ensuite avec
nombre des
le
Réunion
la
gascar, Tamatave est
et
nombre
Dans ce mois,
sujets français, blancs
courants du marché de
Caoutchouc du Nord (à l'acide), p. 61 00 les Caoutchouc du Sud (au sol et au citron),
('.unies
18 à
gré
Gomme
p. 3 les lui)
la
tous les centres
actuellement
place de
100 livres. p. 32
à 35 tes
commerciaux d« Mada-
le
dans lesquelles
il
Tamatave
étaient les suivants
:
75 kilos.
Sel de Marseille (1res abondant), p. 0.70 à 0.75 les Sucre, p. G à 7 les 100 livres.
Toile américaine, grande largeur, les
contre espèces. p. 15 à 10 les 100 peaux.
7.30 les RIO livres
1
oui:
lui)
livres.
yards, 1™ marque,
p. 80 à 82.
Toile américaine, grande largeur.
2°
marque,
p. 70 à 7s.
Toile américaine, grande largeur, inférieure, p. 73 à 74. Toile américaine, petite largeur, qualité supérieure, p. Rabanes fines délaissées, p. 10 les un pièce-. Toile américaine, petite largeur, qualité inférieure, p. 54 à Raphia, p. 3.20 à 3.50 les 100 livres. Rhum de Maurice, p. 13.50 à 13.751a barrique en gins. Pétrole, p. 1.73
la
caisse.
i
Ces prix sont tous donnés en piastres Voici d'après des données officielles
et '
Francs.
Francs.
lo 703,38
Absinthe
19 193,03
Accordéons
7167
Acide sulfuriquc Amer Picon Alcool pur Alpaca Allumettes
pour fumeurs Articles non dénommés...
46 5
»
061,75
3 424,60
150,73 3 608,35
Articles
473,30
1009,30
Ancres et chaînes Autruches
2 523
»
1123
»
B.eurre
3 827,93
fer
5
000
»
Bière
13 565,72
Bijouterie fausse Bimbeloterie
21 862,89
Biscuits
Bois (sapin)
Bougies Bonneterie
Bouchons
1083,75
lharbon de terre Châles en laine (
Chaussures
Chaux lhapeaux
Chocolal
Ciment Confiserie
Couvertures de laine Conserves alimentaires. Cuivre pour navires
688,43
6 550,63
10 666,75 1
pour bouteilles Briques
80 ,55 1
22,5»
635
Cale de Bourbon 5
»
(toile bleue)
Coaltar 1
Iraperie
Droguerie, produits phar-
maceutiques 1
i.iiiies-jeannes vides
Encre et fournitures bureau Eau minérale Eau-de-vie
commune
Ëtoùpe
233; 80
Épices
224
Étoffes de laine
»
.
Cuirs salés
Coupons
5 563,70 11
Brai
Caoutchouc
Capsules de chasse
(
56.
aux importations qu'aux exportations
DÉTAIL DE LA VALEUR DES IMPORTATIONS POUR L'ANNÉE 1890. Ameublement
56.
centièmes de piastre.
les chiffres relevés tant
des différentes marchandises manipulées à Tamatave.
Bâtiments en
se
débouché presque unique des
Riz malgache, p. 1.80 les 100 livres. Riz bengale, p. 3.25 à 3.50 la balle de Saindoux, p. II à 12 les 100 livres.
pièces.
copal, p. 30 à 38 les 100 livres.
Peaux do bœufs, p. Peaux de moulons,
,
De
conditions défavorables
les
18.25 les 100 livres.
de bœufs,
ou gens de couleur venus de
Indiens Malabars, enfin les Etats-Unis, l'Allemagne,
les
100 livres.
Cire, p.
peu nom-
très
proximité relative de Tananarive ont seuls développé son commerce.
et sa
les prix
Résidence de France sont
de Sainte-Marie dépasse quinze cents personnes. Les
trouve placé, sa position vis-à-vis les Mascareignes produits malgaches
la
d'individus.
Ma
plus important.
le
et
Mauriciens
les
sont représentés par un petit
l'Italie
et
côte. Les Européens sont peu nombreux, les Français, en majorité, sont environ une
centaine. L'élément blanc
pu me
quelques marchands antimerina, des Betsimisaraka,
fonctionnaires, les soldats et
les
de
LE LONG DE LA COTE, DE TAMATAVE A TANIMANDRY. Francs.
Mousseline Marmites Miroirs
Machines à coudre Machines diverses.. Moleskines .
(
lignons
(
Irnements d'église.
Outils divers
Papeterie
Patnas Passementerie Parfumerie Parasolerie Perles en verre
Papiers peints Peinture Pétrole
10
VOYAGE
20
MADAGASCAR.
A
charges furieuses qui souvent font lâcher prise à ses conducteurs qui ne
directions, pousse des
maintenaient qu'à grand'pcine, car, par précaution, dès la première tentative de résistance,
prudemment une grande longueur de corde entre eux on a ramené
folle,
bœuf
et le
incessants dont
les tiraillements
pousser à l'eau. L'animal est aussitôt entraîné près d'une pirogue fortement par
malheureuses bêles
les
ordinaires. Souvent dans le trajet
dans
un autre
et
n'existe
il
toujours une direction rationnelle;
le
demande pourquoi
ils
même
le
lit
immédiat ou certain;
montent sur
s'ils
s'il
embarque par
les
les
si
sans motifs apparents,
est
il
choisira
insouciant
;
s'il
d'autres fois
si
ils
la
les vallées
campagne, augmentant comme
la
et si les
Pour
lui
ou sur
les
il
un
fait
rapporte un bénéfice
circuit
;
un éboulement
plus loin,
un nouveau détour; souvent
voyageurs qui viennent après
lui
chemins fréquentés un pont
On
d'arbre jeté en travers des ruisseaux, ce sont des exceptions.
et, si
l'endroit lui paraît favorable,
voyageur devra cheminer péniblement sur
d'être précipité maintes fois par ses porteurs dans est
la
regardée non sans raison par
sérieux aux envahissements de l'étranger, et
il
s'est
primitif,
à barrer le
Dans
l'île
ils
les
et
l'on
si
un tronc
chemin pour
y établira ses rizières. Alors l'infortuné
il
les
champs de
riz,
au risque
vase et l'eau croupie. Celle absence de voies de
le
gouvernement anlimerina comme un obstacle
toujours appliqué à perpétuer cet état de choses dont
maintien n'offre d'ailleurs aux indigènes aucune espèce d'inconvénient, étant donnés
transport dont
suivent sa
trouve parfois des pirogues malheu-
digues qui limitent
les petites
même
traverser les grandes rivières, on se sert de
reusement trop peu nombreuses. Enfin l'indigène ne verra aucun inconvénient prolonger ses champs
se
à plaisir la
ne songera pas à l'enlever, un arbre mort
il
gros
est trop
voie sera créée.
capitale
des
les crêtes
descendent dans
ne fera aucun travail qui ne
et
une autre route, la
lorsqu'ils se rendent d'un point à
fréquentent. Ces sentiers n'ont pas
pirogues; mais les cours d'eau de moindre importance sont franchis à gué bien entendu,
rencontre dans les environs de
le
communs
pour tourner des roches abruptes, souvent on
torrent
l'enjambe
il
une nouvelle dérivation de
communications
moyens
des mots roules, chemins, etc.,
les collines élevées, s'ils suivent
ou
rencontre un obstacle sur sa roule,
du chemin
travers
d'un
les
des terres argileuses ou quelques broussailles lui occasionneront
trace,
par se laisser
finit
proie des requins
la
l'on se sert
nombre des piétons qui
serpentent capricieusement dans
longueur des étapes. Le Malgache
si
hommes
suivis par les
piste,
les fondrières des vallons voisins,
encaissées, empruntent
tombé en
un autre devient
se noie,
aucune voie de communications;
plus ou moins frayés selon
coteaux pour éviter
est
long du navire sur lequel on
le
un bœuf
ne désignent qu'un sentier, une
ils
il
ou d'un chaland auquel on l'amarre
méthode indigène.
la
A Madagascar,
est l'objet,
entend
qu'il
malheurs n'empêcheront pas de longtemps de continuer à embarquer
rade, mais tous ces petits
des bœufs par
hurlements
cornes. Après deux ou trois opérations semblables, l'embarcation qui a complété son
les
chargement conduit
la
il
le
ont laissé
Cependant après une course
irrité.
le fugitif; alors fatigué par ses vaines tentatives, les cris et les
de toute part, les coups qu'il reçoit,
ils
moyens de
les
font usage.
marchandises de loule nature sont portées à dos d'homme
et
pour
éviter les fatigues
de ces chemins abominables, les riches et les gens de qualité ainsi que les Européens se servent du /ilinijanii
ou
fiiacon, le
palanquin malgache. Une classe spéciale du peuple a monopolisé ce travail
sont les borizana (corruption sort,
du
nuit français bourgeois);
ils
:
ce
sont contents de leur
accomplissent avec beaucoup d'entrain leur pénible métier. Les borizana qui se recrutent en
cl
majeure partie dans
caste des esclaves et dans l'Imerina viennent de différentes provinces, et ce sont
la
leurs occupations bien plus
coutumes. Le porteur gai qu'inspire souvent satisfait
et
que leur origine qui en ont enjoué, exubérant
aux autres Malgaches
de son salaire
et, fidèle
la
même,
amour-propre
l'ait
empêche et
et,
sauf
le
il
et
ses
réserve et de timidité
discute les prix, ne se retire jamais
d'oublier à
Madagascar
son bavardage incessant,
à remplir la tâche qui lui est confiée.
rarement leur charge, en ont soin
une corporation ayant ses usages
a perdu celte sorte de
présence du blanc;
à la tradition,
nos automédons d'Occident. Malgré ses criailleries certain
exempts de corvées,
les le
récriminations de borizana met
un
Les porteurs de marchandises abandonnent
cas de force majeure,
la
rendent en bon
étal.
Ceux qui
LE LONG DE LA COTE, DE TAMATAVB A TANIMANDRY.' portent
pour
le
cependant quelques exceptions. Ainsi
du convoi porte
et
l'on
compagnon
la
suit
le
contenu fractionné en petites charges,
le
montrent une adresse étonnante pour
remarque chez
pas rare de voir sur
n'est-il
chargé d'une volumineuse caisse en Lois, son reste
voyageur,
des mauvais pas. Ces bonnes dispositions que
tirer
le
filanjqna sont pleins d'attentions
le
2i
les
porteurs, souffrent
route de Tananarive un porteur
avec une enveloppe en zinc,
le
quelque marchandise craignant
c'était
l'humidité et qu'on avait emballée avec beau-
coup de
mais
soins,
encombrant
ce colis
porteurs que gênait
les
l'ont divisé.
Cependant tout
arrivera intact à Tananarive, les objets seront
remis en place, l'enveloppe de zinc ressoudée
de bois clouée à nouveau avec beau-
et la caisse
coup d'adresse. Alors heureux
et satisfait
borizana se présentera
le
au destinataire qui n'aura
garde d'attribuer à un emballage défectueux détérioration de ses marchandises. D'autres
la
t'ois
porteurs sont arrêtés par des bandes armées
les
s'emparent de gré ou de
qui
charges; enfin,
le fait est
de leurs
force
assez rare, des borizana
ont disparu avec les paquets qui leur avaient été confiés.
arrive
Il
aussi des
moins désagréables avec
Tout d'abord on
est
les
incidents plus ou
porteurs du fitacon.
abasourdi par leur caque-
lage;leur conversation, que j'ai comprise lorsque
mes progrès en malgache me
l'ont
permis, roule
sans cesse sur leurs bonnes fortunes
voyages
aucun
ont
qu'ils
accomplis,
ne craignent pas
détail et
Puis lorsqu'on traverse fourrés,
un
sur
et
les
ils
n'omettent
les
répétitions.
quelques
bois ou
vous heurtent violemment
la
tête
contre les branches peu élevées et vous
l'ont
ils
dans quelques
faire
rizières
ou amas d'eau une
chute malheureuse. Tout cela doit être compté
dans
les
désagréments d'un voyage
Mada-
a
gascar; malheureusement, chose plus grave, des
Européens ont et
ont
eu
été
mille
abandonnés
peines
sur
la
route
pour continuer leur
chemin.
A
l'encontre des Chinois, les Malgaches se ser-
„„
,
WIM>NA
,
0B porteur.
vent pour porter leurs charges d'un morceau de bois rigide,
et
emploient pour cet usage une forte tige de
bambou
qu'ils
nomment
bao longue d'environ
charge avec des cordes de raphia, pins sur l'autre. La charge ils soulèvent le tout et le tiennent en équilibre tantôt sur une épaule, tantôt suivent moyenne d'un borizana est de 40 à 30 kilos; mais ces hommes portent beaucoup moins lorsqu'ils 1
m. 7U; aux deux extrémités du bao,
ils
attachent solidement
la
transporter sont doivent faire de longues étapes. Lorsque les marchandises à deux, trois, encombrantes et ne peuvent se diviser en petits paquets, les porteurs se réunissent, et fixés au milieu quatre hommes, souvent davantage son) nécessaires pour porter ces volumineux colis les porteurs d'un long bambou dont ils supportent les extrémités; dans ce cas, les difficultés que aller de Tamatave rencontrent dans le chemin sont si grandes qu'ils mettent plusieurs semaines pour
un filanjana ou quand
ils
VOYAGE
22
On
Tananarive (390 kilomètres).
à
MADAGASCAR.
A
m'a raconté que
transport d'un piano de
le
avait duré deux mois et demi et nécessité Ï0 porteurs, encore
onze jours au fond d'une dises,
il
Lorsqu'un commerçant a besoin de
rivière.
organise un convoi qu'il place sous
responsable des porteurs
et
de leurs charges. Ces commandeurs
capitale
séjourné
transporter des marchan-
l'aire
connu avantageusement
direction d'un autre borizana
la
la
avait-il
côte à
la
malheureux piano
le
et
s'acquittent assez bien de leur mission.
Les porteurs de marchandises exercent longtemps leur rude métier; appuyés sur leurs sagaies, pliant sous leur lourde charge, ils cheminent incessamment entre Tananarive et Tamatave; la pression répétée du bao malgré
donnent
le poli qu'ils lui
et
graisse dont
la
ils
développe sur leurs
le frottent,
épaules des callosités énormes et souvent des plaies repoussantes. Ce sont des borizana agiles
jeunes qui s'emploient au filanjana
un certain entraînement
ce. travail nécessite
:
et
une éducation
et
spéciale. L'appareil est formé de deux brancards de bois résistant, longs de 3 mètres environ
au
de leur longueur par deux traverses en fer; dans
tiers
une
soutient
tiennent un
forte toile
voyageur peut reposer
le
hommes ont chacun un brancard sur a la tète
pagnon en
[lassant le bras sous le coude.
lui
moyenne de
quelquefois avec une vitesse
changer d'épaule font passer
Dans
leurs camarades,
les
grands trajets
les
ils
saisissent
que
telle
conséquences d'une chute possible.
s'arrêter.
où
A
ne
le
hommes inoccupés
les
au vol
filanjana
le
fortement
poignet de son com-
le
hommes marchent une
voyageur éprouve de justes appréhensions en songeant aux
et
et
brancards au-dessus de leur
pas avec assez d'adresse
blement assis sur
tient
tète.
Le mouvement est exécuté sans
trottinent devant
le
fait
ainsi sans
brancard que
diminuer
la vitesse et
sans changer
que pour ce qui me concerne, ayant
à n'y avoir recours dans
la
suite
la
l'ait,
lance son compagnon.
lui
première année de
vite à la
abus de celle chaise à porteurs, j'arrivais
que quand
je
franchir
i\r
lixé à
le
On
est assez conforta-
principe
grand nombre leur marche.
me
qu'il
hommes
Un
et,
sans y renoncer complètement,
c'est
une sorte de panier rectangulaire
filanjana coûte ordinairement 3 piastres.
suffisent,
Ce système de transport des voyageurs
emploie, mais
il
nombreux
dispose de
qui
n'en est pas de
même
mais pour de longues étapes
et
pour
aller
de
la
capitale à la côte
ce tarif
monte souvent
peuples
civilisés, les
salaire,
ils
à trois,
quatre
la
et
Le samedi 10 mars,
la
un plus
fort
et
demie, sans compter
les
cher ses porteurs
demande
cadeaux
et
est
trois piastres, et
qu'il faut faire en
cinq piastres; dans certaines circonstances, à l'instar des et
refusent de partir
si
l'on
n'augmente pas leur
soutenus par leurs maîtres ou les chefs indigènes. Les tarifs
des transports vont sans cesse en augmentant
de Tamatave à Tananarive revient à
faut
plus ou moins grande quantité des porteurs disponibles,
borizana se mettent en grève
sont souvent encouragés et
il
sans interrompre
des marchandises à Madagascar semble tout
pour l'Européen qui paie
deux piastres
et
Pour
esclaves et d'une grande autorité sur le personnel
toujours exploité par eux. Pour aller de Tamatave à Tananarive, un borizana
chemin; ces prix sont variables suivant
hâte d'ajouter
séjour à Madagascar, un véritable
de porteurs, six, huit, douze, etc., qui se relaient à de courts intervalles
naturel à l'indigène
commode, sinon
ne pouvais m'en dispenser.
deux branches de raphia.
petites dislances quatre
mon
prendre en horreur
Les femmes anlimerina se font porter dans un fitacon spécial; et
l'allure,
les porteurs sont au trot, ou qu'un maladroit
mode de locomotion semble dans
ce
filanjana et viennent relayer
brancards qui leur sont lancés avec violence par ceux qu'ils
les
le
à un signal convenu, les porteurs pour
agréable; avec l'habitude on arrive très vite à se faire à cette façon de voyager. Je
peu profond
l'appareil
marchent d'un pas cadencé.
et
courent dès qu'ils en trouvent l'occasion,
les borizana
éprouver au voyageur quelques secousses quand saisit
La manœuvre de
les pieds.
épaule
peu accidenté, ces
terrain
de fréquents intervalles
viennent remplacer. Cette manœuvre, qui se fait
une armature métallique
kilomètres à l'heure, mais celte vitesse augmente souvent dans de notables
les petits trajets, surtout,
proportions dans et
5
En
même
la
brancards
l'intérieur des
engagée dans
Le porteur qui
vitesse
et reliés
figurant une chaise avec dossier; deux courroies fixées aux traverses sou-
morceau de bois sur lequel
simple, les
est
partie médiane,
la
encore
37;J
:
aujourd'hui
le
transport d'une tonne de marchandises
francs, presque un franc
pluie cesse cl le ciel parait vouloir se
le
kilomètre.
montrer plus clément, nous passons
LE LONG DE LA COTE, DE TAMATAVE A TANIMANDRY. journée à recruter nos porteurs
la
celle opération est
bientôt
nous
suffisant.
esl
au voyageur sons toutes
utile
même,
user, abuser
fallait
aux bons soins de la maison Alibert, nous réunissons Nous expédions aussitôt nos plus gros bagages avec 50 porteurs,
à les suivre sur la roule de Tananarive.
mars nous nous préparons
La patience
l'île,
assez délicate, mais grâce
un nombre d'hommes
et le 18
Pour des nouveaux venus dans
à organiser notre convoi.
el
23
latitudes, à
les
Madagascar
elle est
j'oserai
indispensable.
Il
commencé
noire
choisir pour
com-
dire, de celle vertu passive, avant d'avoir
première étape.
Un
esclave anlimerina. Rainivoavy, que de lionnes références nous avaient
mander
convoi, avait
le
porteurs de bagages.
el
réuni dès
nous
11
première heure un nombreux personnel, porteurs de filanjana
la
même
avail
de chaque borizana, celui de son maître qu'il n'y avail
dans
palpent
tous
s'accroupissent sur
les le
sens,
remis une
calligraphiée par lui, contenant
liste,
village qu'il habitait. Encore novice,
le
el
plus qu'à répartir les charges,
capitale. Quelle erreur élail
la
mienne! Les hommes prenneni nos paquets,
la
soin
avec
soupèsent
les
trois
heures
auditeurs. C'était
les
sans
el
l'aire
la
roule en six jours
le
c'est
la
les
les
et
réflexion,... fin,
doute.
j'assistais. Celle
séance
secours de quelques personnes obligeantes n'aurait pris
le
comme
examinent
très intéressants sans
premier kabary auquel
qu'à une époque indéterminée. Enfin tout s'explique,
à
les
nenccnl des conversations oiseuses, des discussions sans
sable. Aussitôt c
vivement soulignés par
dure depuis
m'imaginais
je
minutes de
après quelques
et,
nom
le
immédiatement pour
filanjana. et faire roule
monter en
quelques esprits forts prononcent des discours dont certains passages, sont
fait
fin, je crois,
porteurs, sachant «pie nous ne voulions pas
coutume, mais y consacrer deux semaines, temps nécessaire les nourrira
nos observations cl à nos recherches, réclamaient une augmentation. Je proposais de
mes
frais
au delà du sixième jour ou de leur donner
m'engageanl vient
de quinze jours en chemin. La séance
à ne pas rester plus
ma
nous annoncer que
seconde proposition
et
en un valsy de t
au porteur d'acheter ses vivres pendant conseillant
me
de ne payer
vatsy qu'à
le
est
IV.
la la
.">o
somme
de
la
et
demie.
el
commandeur
loucheraient quatre
demie payable
notre
à
destinéeà permettre
esl
gagna beaucoup dans mon estime en me
roule. Rainivoavy fin
de trois
est reprise, le
trois piastres
payable d'avance, celle
lieu
hommes
acceptée. Les
mode malgache en un karama de
piastres, salaire divisé suivant la
arrivée à Tananarive
quatre piastres an
à forfait
premier.' journée de
marche;
c'esl
plus prudent,
dit-il.
Les charges furent reprises, sition,
furent
après des modifications nombreuses dans l'arrangement
el
enveloppées dans des feuilles de ravenala qui devaient
l'humidité pendant
le
bao, non sans avoir préalablement
malgache correspond au mot heures
el
demie seulement
Nous sortons
hommes
bientôt de
m'indiquent
les
proléger de
paquets sonl ensuite confiés aux porteurs qui
les
trajet;
oui.
en
signe de consentemenl
Ce premier kabary nous
noire convoi se mettait en la ville,
dépassons
du doigt; c'esl
à
le fort
poussé nn
avail
l'ail
petit
les
el la
dispo-
pluie
la
el
de
attachent à leurs
grognement qui en
perdre toute
la
matinée, à dix
marche.
anlimerina, un
l'ombre de ces
malgaches tenaient leurs conférences, préliminaires du
petit
arbres que traité
bouquet de manguiers que mes
les
français
plénipotentiaires
de 1885. Nous laissons
vile derrière
el
nous
quelques cases disséminées, futur faubourg de Tamatave. Peu de minutes après, nous traversions une petite rivière, le esl
Manangarésa,
et
nous cuirions dans
monotone, une herbe peu fournie, qui nourrit
attendre
ici
leur
embarquement,
les
la
campagne
plaine ondulée de Bétainomby. La
troupeaux de bœufs venus de l'intérieur pour
a de la peine à recouvrir le sol
sablonneux: des buissons, des arbustes
une flaque d'eau noirâtre croupit entre deux ondulations de celle bande sablonneuse. Mais nous avons tourné vers le Sud, direction que nous allons suivre jusqu'à Andovo-
poussent au hasard; çà
et
là
ranto, la végétation devient fort belle,
de
nous allons marcher pendant quelques jours dans
la
zone boisée
la côte.
Notre colonne s'allongeait indéfiniment,
En
el
malgré mes recommandations chacun marchait
avant, en arrière, de tous côtés trottinent nos porteur-;
île
à sa guise.
bagages, quelques-uns se reposent déjà
VOYAGE A MADAGASCAR.
24
marche
à côté de leurs charges. Notre cuisinier-interprète
à l'extrême avant-garde.
Nous avons
confié
ces importantes fonctions à Jean Boto, noir de Sainte-Marie qui s'est offert dès notre arrivée à nous suivre pendant nos excursions.
de ses voyages précédents; pouvait
il
Du
tirer.
compter sur
lui.
nous tutoie
mots de
il
11
avait acquis, paraît-il, de grandes connaissances pratiques rapportées
connaissait tous les villages de la côte et les ravitaillements qu'on en
comme
reste,
citoyen français, notre compatriote par conséquent, nous pouvions
Jean Boto, qui
nous en parlant des blancs, parle assez
nous cause, mais
lorsqu'il
français.
dit
Dans
la suite,
français,
le
rous à ses collègues noirs qui peuvent comprendre quelques
dit
comme
couramment
interprète
nous rendit des services, ce qui ne nous
il
pas
fit
regretter son enrôlement; malheureusement ses connaissances culinaires n'existaient qu'à l'état de sou-
venirs confus et lointains; à ses côtés cheminent allègrement trois borizana chargés tout spécialement
de porter avec beaucoup de soins
les
instruments scientifiques d'un usage journalier. Ces malheureux,
— je ne pouvais encore me permettre des manifes— n'épargnaient aucun heurt aux boussoles et aux thermomètres,
malgré mes supplications muettes mais expressives tations plus bruyantes et plus articulées,
aux magnétomètres
aux théodolites. De plus
et
se tenaient
ils
prudemment hors de
lorsque pour une cause quelconque j'avais besoin de leurs services. Le notre petit monde,
veillait
il
portait
un
son prestige. Nos filanjana, précédés de
donné
longue
à Foucart, le plus léger d'entre nous,
C'était le
chronomètre que
bations dont
était
il
mon compagnon.
de
la
exécutait les
des borizana de
file
marche
nombreuses observations que
sur-
relai,
enlevé de
lui aurait
venaient ensuite. J'avais
dans une certaine mesure, aux nombreuses pertur-
menacé. Celte boîte assez volumineuse la
voix
la
au seul point de vue du poids matériel, une surcharge.
je voulais soustraire,
Maistre fermai!
la
une plus lourde charge
fusil et sa sagaie,
portée de
commandeur Rainivoavy
et
un singulier
faisait
effet derrière le
même temps
pourchassait les traînards, en
dos qu'il
nécessitait le tracé de notre itinéraire.
Vers midi nous arrivons à Ivondrona. Ce village, important autrefois, ne compte plus maintenant
qu'une centaine de cases;
les usines sucrières qui avaient été établies
malheureusement, par suite d'un rendements, que
le
dans
voisinage avaient prospéré,
le
perdu de leur valeur. Les
élat de choses bien différent, elles ont
gouvernement antimerina, aujourd'hui propriétaire,
de cette industrie, sont peu
retire
considérables. La rivière l'Ivondrona sur les bords de laquelle nos porteurs nous déposent en sortant
du
village, est
comme
c'est
A
partie.
le
premier cours d'eau important que nous rencontrons.
règle à Madagascar, et va former de grandes lagunes dont
la
comporte
se
d'ailleurs
nous ne voyions qu'une
notre gauche, est l'embouchure du fleuve avec son déversoir maritime, et les canaux qui la
communiquer avec
font
11
les lacs
de Nosy-Ve et de Sarobakina.
Trois pirogues où nous nous embarquons tous, vont nous conduire sur l'autre bord. Ces pirogues
que
l'on trouve
en plus ou moins grand nombre sur
les fleuves traversés
par celle roule fréquentée,
transporlent d'une rive à l'autre des voyageurs et des marchandises pour quelques morceaux d'argent.
Le prix
est à débattre;
besoins.
Comme
il
est très variable, suivant la richesse
Pour fabriquer ces pirogues qui atteignent souvent les
supposée du
10 mètres de longueur sur
indigènes vont chercher à quelque dislance vers l'Ouest un géant de
potsij
principalement, abattent l'arbre,
traînent leur ouvrage,
ornemenl percés
est
non sans peine,
le
façonnent,
à la rivière la
la
palanque qui
plus proche.
1
et ses
mètre de largeur,
varongy ou
la
hache
effilées
au rivage. Des planches qui maintiennent l'écarlement à
l'arrière,
longon-
le
et le feu
et
La pirogue, sans quille, sans aucun semblables, ces appendices sont
au large l'embarcation, ou bien
fixe
une dizaine de pagayes complètent l'armement. Assis
la forêt, le
creusent en employant
le
terminée aux deux extrémités par deux parties
d'un trou où l'on engage
retient l'esquif
son caractère
client,
toujours on est finalement exploité.
îles
la
corde qui
parois servent de bancs,
un Betsimisaraka dirige
la
et
pirogue
en se servant avec beaucoup d'adresse de sa pagaie.
11
nombreux équipage
traversée qui dure à peine une demi-heure, les
hommes
travaille avec ardeur.
Pendant
qui se servent de leur aviron primitif
la
comme
arrondis du bateau et chantent à pleins poumons.
en a distribué d'autres aux porteurs, et ce
les Africains,
frappent en cadence
les
flancs
LE LONG DE LA COTE, DE TAMATAVE A TANIMANDRY
v;i,L\M
Nous débarquons sous des grands
Srii
I.
\
l.'il
TK DE l'ANAN AR1V!:.
arbres, traversons vile un
touffu
taillis
cl
entrons dans
le village
d'Ambodinisiny. D'après une légende betsimisaraka, cette contrée Darafély.
Il
y
vivait
1res
il
heureux avec ses deux épouses, Rasoabe
Hercule malgache,
bienfaisant,
habitée
était
il
avait
délivré
la
y a bien
longtemps par
Rasoamasay.
et
géant
un génie
C'était
province des monstres terribles qui
le
désolaient,
la
grand serpent de ranifotsy. Néanmoins, les Ira vaux extraordinaires d'un de ses voisins vinrent troubler son repus en blessant son amour-propre. réussil à le précipiter dans Darafély déclara la guerre à son confrère, el dans mie lutte héroïque il
avait été assez puissant
pour couper en menus morceaux
le
il
les flots,
non sans perdre toutefois
main droite que, dans un dernier
la
Quelque temps après, Darafély mourut des forma
Fonga,
el
le
veuves inconsolables
<\r
l'île
témoin de
lieu
la
vaincu
lui
arracha.
La dextre puissante du géant
tuiles de celle opération.
lutte fut
effort, le
appelé Matitanana.
Rasoabe
cl
Rasoamasay,
Darafély, versèrent des torrents de larmes qui changèrent en lacs
les
immenses
les forêts désertes où elles étaient venues cacher leur profonde douleur.
C'csl la
dans
le
village d'Anbodinisiny
que
l'amphore colossale qui sans aucun doute
se trouve
était
coupe familière de Darafély. Celle cruche en terre
grandes dimensions, loin
du
village à
cl
commune les
de fabrication indigène n'offre rien de particulier,
cassures
el
fêlures qu'elle présente.
demi enfoncé- au milieu d'une
Ce
récipient
si
ce n'est
ses
sacré que Ion voit non
petite clairière est encore aujourd'hui
un objet vénéré
des indigènes. Fixés sur une perche, deux crânes de bœufs achèvent de se pourrir; ces modiques offrandes que des mains pieuses oui placées près de
cruche pour mériter
la
les
faveurs de Darafély,
gênaient par leurs émanations Foucart qui, en explorateur consciencieux, se hâtait de faire un relevé artistique de l'amphore sainte.
En du les
quittant Ambodinisiny,
nous marchons pendant deux heures
el
demie pour arriver
jour à Ankaréfa. Les soixante cases qui forment ce village sont bâties en terrain
bords de
la
lagune dont nous venons de suivre
la
rive orientale.
maison dont nous prenons possession;
je suis satisfait de notre
malgache. En général celle opération
esl
bagage
tout ce qui est nécessaire
:
peu compliquée, à
arrivé au village,
il
suffit
la
à la
tombée
marécageux sur
Jean nous conduit dans une
première installation dans un village condition toutefois d'avoir dans son
de choisir une habitation qui, par son
VOYAGE
26 aspect Ils
s'exécutent
cuit
même mira
le
sur
femme
la famille, sa
le
plancher de
la
quelques
suit avec
conjugal; en une minute,
lit
le
et
attendre avant
déménagement
le
Les porteurs se logent où
le
—
départ
c'est
un morceau d'argent presque imperceptible
lagunes
petite ('lape
à
—
hommages
un peu d'argent, non pas pour
achètent
l'asile
le
nu.
village de
Vavony.
mener
qui doit nous
et
qu'on veut bien leur donner pour
Andovoranto
à
terrain de largeur variable, qui esl comprise entre le rivage de
littorales.
une natte
place est libre. L'on étend
la
propriétaire viendra présenter ses
coutume
l'oeil
nous conduit au
mer
la
et
esl
tracé sur
la
ligne des
Depuis l'embouchure de l'Ivohdrona, ces nappes d'eau se succèdent presque sans
interruption. Les grands lacs de
Nosy-Ve
Sarobakina, de Mangoaka, de Rasoamasay
et
que nous avons aperçus, sont prolongés
notamment, par d'autres
dans
loin
fort
le
lacs, des étangs, des marais, des
maritime, utilisée depuis longtemps.
dans
le
la
ils
Le chemin que nous suivons depuis Tamatave
bande de
terminé,
est
marmite où
la
vaisselle et
peuvent, quelquefois 1res nombreux sur celle route où passent con-
ils
tinuellement de longs convois de marchandises,
Le 19 mars, une
un soupçon de
cuillers,
vend pas, mais pour reconnaître sa gracieuseté.
payer, l'hospitalité ne se
celle
prier les propriétaires d'en sortir.
case ainsi prise d'assaut, des nattes propres sur lesquelles l'étranger dor-
disposera ses bagages. Le lendemain malin,
et
au voyageur
et <Ie
plus souvent de fort bonne grâce. L'indigène emporte chez un voisin
le
de
le riz
tressée,
semble mériter cette laveur, d'y entrer,
ses dimensions,
et
MADAGASCAR.
A
vrai
esl
11
et
de Rasoabe,
sud jusqu'à l'embouchure du Matitanana
chenaux qui constituent une
que ce canal naturel
n'est
voie
véritable
pas toujours navigable;
saison sèche, on trouve en certains endroits plus de boue que d'eau, néanmoins celle roule
la
lacustre remplacerait avantageusement un cabotage presque impraticable, sur ces côtes inhospitalières
où
la
violence des courants
et
forte houle de l'Océan Indien rendent la petite navigation particuliè-
la
rement dangereuse. Cette ligne de lagunes, qui d'après totale de 485 kilomètres,
peu importants. lagunes,
Il
de couper
suffirait
les
isthmes, les ampanalana qui séparent sur certains points
qui obligent à traîner les pirogues sur
et
de M. Grandidier aurait une longueur
les relevés
ne nécessiterait pour devenir une véritable roule maritime que des travaux
le
sable pour les
marais voisin. Ce travail avait reçu un commencement d'exécution l'ordre
du gouvernement de Tananarive on
néanmoins de
se servent ils
réalisent
ainsi
a
dû renoncer
celle roule des lagunes
expose aux insolations
augmente
et
qui s'élèvent parfois vers
le
leur procure
elle
si
déclin
les
les
l'ont
le
y a quelques années, mais sur
il
voyageurs une navigation en
le
long de
la
côle:
pirogues esl plus
l'avantage de tuer quelque gibier d'eau, elle les
chances de contracter
du jour
les
à continuer celle entreprise. Les traitants
pour transporter leurs marchandises
une notable économie. Pour
pénible que les filanjana, car
passer d'un étang dans
l'aire
de plus,
les lièvres;
vents violents
les
chavirer aisément ces embarcations conduites par des
gens presque toujours inexpérimentés.
La bande de
terrain sur laquelle
nous marchons varie beaucoup de largeur. Dans certains endroits
ce n'est qu'une plage sablonneuse, digue éphémère qui
empêche
les
eaux de
lagune de se jeter dans
la
l'Océan. Ailleurs c'est un talus gazonné de quelques centaines de mètres. Plus loin celle zone s'élargira
notablement
dans une
et
mesurera, par places, plusieurs kilomètres de profondeur; alors
jolie contrée,
nous traversons des
son développement. La roule esl du sable des bouquets d'arbres, c'est
le vakott
où
bois, de petites forêts
de Ions côlés au milieu de l'herbe verte, s'élancent
fin. et
(Pandanus) au tronc rugueux, dont
les feuilles
hérissées de pointes aiguës, l'élégant badamier, le vaovotaka (Brehmia spinosa), dont
renferment sous une éepree résistante une pulpe goûtée des indigènes,
nombreuses
variétés, et tous ces arbres des zones
cuirons dans une clairière dont fougères.
A
les plantes
marécageux
droite réapparaît
aquatiques, les
les
le
la
rixes
lapis de verdure
lagune dont
la
sentier se déroule
le
végétation côtière atteint tout
la
et
les
penniformes sont les fruits
arrondis
gracieux palmiers aux
chaudes couverts d'orchidées parasites. Puis nous
ondoyante
est
soulevé çà
nappe liquide miroite au
en sont cachées par les joncs
cl
les
et
roseaux,
par des massifs de
là
soleil;
l'eau disparaît cl
dans
pandanus, solidement ancrés par leurs racines fourchues, semblent délier
la
les
sous
chenaux
violence des
LE LONG DE LA COTE, DE TAMATAVE A TANIMANDRY. nous apercevons de
venls. Derrière les lacs, éventails; dans
rentrons dans le
se profilent
le lointain
le taillis
29
petites collines, sur lesquelles les ravenala déploient leurs
indécises les sombres cimes de la chaîne côtière. Mais nous
où bientôt un sourd grondement nous annonce l'approche de l'Océan. Soudain
rideau de verdure qui nous enveloppait se déchire, nous gravissons les dunes et cheminons à travers
les
(Casuarina equiseiifolia)
filao
aux membres tordus, nous
sur
voici
le
sable
du rivage;
là
nos
porteurs nous secouent violemment pour éviter les lames qui viennent mourir à leurs pieds. C'est en traversant celte jolie contrée
que nous arrivons au coucher du
Le
village de
Vavony
du chemin, l'unique rue de
la localité.
betsimisaraka. Rectangulaire,
deux versants
est
elle
soutenu à
la
du
cette après-midi.
Rasoabé.
lac de
une cinquantaine à peu
les cases,
de logis représente
sert
mesure
\
Comme
dans ceux que
comme
toutes celles de
type habituel des constructions
le
mètres de large sur G mètres de long. Son
partie supérieure élevée de plus de
i
la
charpente. Pour
reliés
l'aire les
par des traverses
parois
Des
deux bâtons
claies glissant entre
obstruent les ouvertures, portes primitives que l'on
ménage sur
formé d'écorces d'arbres, généralement recouvert de Dattes, il
en
minces mais
est
Dans un coin
même
manière,
dans
établi sur de- pieux fichés
une sorte de caisson carré rempli de
esl
enfoncées des pierres pour placer
dans lequel sont
un boucanage sérieux assurera
et le poisson sec don) la
fumée s'échappe quand
elle veul cl
où
bien vite recouverte d'un enduit noir fort brillant,
suspendus
el
en général de loul
le
des arachnides
le sol,
en
Aussi
de
est
la
la
même
Au-dessus du foyer, qualre
sonl destinés à recevoir la viande
conservation.
la
elle peut. il
ils
Madagascar,
à
malgache
terre foulée, l'âlre
toko.
Il
ne faut pas chercher de che-
partie inférieure de la toiture est
de quelques objets qui
noirâtre donne un aspect
s'y
trouvent
vieillot.
Il
faut
piqûre des moustiques qui vivent en légions sur les
vrai qu'elle éloigne de l'habitation tous les représentants
nombreux
sonl
ils
el
esl
il
les salaza;
mobilier auquel celle teinte
noter que eetle fumée ne préserve nullement de
bords de ces marécages,
marmites,
les
pieux verticaux supportent un ou deux châssis de bois,
minées,
la
grandes faces. Le plancher, qui est
les
distant de 50 à 60 centimètres. Cette surélévation du plancher des cases s'observe sur toute
côle orientale.
la
es!
fabriquées de
et
el
cloisons, on
et les
se sert des côtes des feuilles du ravenala, maintenues juxtaposées par des baguettes
résistantes qui les traversent.
de chaume
toit
mètres par un laitage reposant
sur deux poteaux placés au milieu des pignons. Des poteaux d'angles
quelques autres perches de bois léger constituent
chaque côté
près, sont disposées de
Ces maisons paraissent assez propres
nous
cette partie de la côle, et celle qui
à
Ampanotoamaizina
se trouve à l'extrémité méridionale
nous avons vus précédemment,
sommes
ne compte aujourd'hui que
passés ce malin à Tranomaro, peut-être important autrefois mais qui
quatre cases délabrées, à Tampolo, à Autranokodilra, et à
à Vavony. Nous
soleil
n'ai
.le
jamais vu une
toile
de
la famille
d'araignées dans toutes
ces cases enfumées.
L'ameublement
esl
des plus simples, l'as de table, aucun siège, je n'ose donner ce
de planches à découper
la
viande sur lesquelles on
qu'une simple natte de jonc,
Un
que
esl rare
celle natte soit
nom
à des sortes
Le plus souvent
pour
riz, les
le
patates,
le
manioc,
les
provisions de
la
le lit n'est
rembourrée de quelques poignées de roseaux.
peu partout, des sobika, espèces de corbeilles, sacs ou paniers tressés fort artistement
ferment
et
qui ren-
famille. Les habitants de la côle se servent
de marmites en fonte d'origine européenne. Ces marmites, dont je vois plusieurs forme de calottes sphériques, munies sur leur pourtour de deux poignées en gros
faire cuire le riz
échantillons, ont fil
il
m'invitait à m'asseoir.
de
fer.
Les marmites à pieds, creuses, à couvercles
d'un placement riz esl cuit,
étroite.
La
la
facile.
Les indigènes ont de
en renversant
feuille fraîche
la
marmite,
la
la
el
resserrées à leur partie supérieure ne sonl pas
peine à les poser sur les pierres du foyer
masse pâteuse a de
la difficulté à sortir
de ravenala sert de plat, coupée en deux ou trois
el
quand
le
par l'ouverture plus
morceaux,
elle
remplace
les
assielles; des feuilles de cakoa, pliées en cornels, l'ont d'excellentes cuillères. Cette vaisselle incassable et
qui
ne demande aucun soin tant son renouvellement est facile
remplacée peu à peu sur à fleurs d'origine
les
roules fréquentées par de
allemande principalement.
la
poterie
et
occasionne peu de
commune,
frais a été
assiettes blanches et plats
VOYAGE
30
Sur
où
celle côte
de terre
«les
bambou
et
ne Irouve pas d'argile plastique,
l'on
autres tribus par un récipient assez original.
une longue expérience
demi de long,
je
mes amis,
heures
et
Nous
je
continue
me
gobelets (pie l'on
les
ma
route sur
trois
mètres je
mais encore ne tenant nul compte de
la
Mal m'en
mes infortunés compagnons qui
prit,
protestèrent violemment.
A Andavakamenarana mes compagnons me
el
Foucaft suivent
rejoignent,
et
vers dix
demie nous arrivions à Andovoranto.
étions dans une petite
rues
les
peu pratique
est
que pendant notre
C'est ainsi
bande sablonneuse pendant que Maistre
la
un long
respecte la
non seulement
difficultés.
tendait,
vaisseaux
la forêt voisine
les cloisons intérieures et
manier adroitement.
ville,
centre commercial assez important.
protestante, une école malgache; plusieurs maisons de
Dans
vont chercher dans
les
m'emparai d'un de ces bambous qui avaient bien
je
jet liquidé, j'arrosai
lagune de l'Imàsoa.
la
les
coup m'attaquer aux
voulais du premier
puissance hydraulique du
Le lendemain,
nécessaire pour
est
remplis plus que de raison
en pirogue
Ils
fond de celle cruche improvisée. Le maniement de ces ustensiles
le
repas du soir, voulant servir el
Betsimisaraka <ml remplacé
les
y introduisent une sagaie qui perfore imparfaitement
dernière qui sera cl
MADAGASCAR.
A
il
y a
On
y remarque une mission
commerce de Tamatave
y ont des représentants.
quelques boutiques dont beaucoup oui pour propriétaires des Indiens Malabars. Le
gouverneur de Tanimandrv. dans
la
circonscription duquel se trouve Andovoranto, y possède une maison qu'il vient habiter
entourée d'une enceinte palissadée
quelquefois, lorsqu'il peut quitter Taniiharidry,
sa résidence officielle.
Généralement, pour se diriger sur Tananarive, on prend à Andovoranto des pirogues qui remontent le
fleuve Iarôka pendant quelques kilomètres, puis
Maromby
de navigation dans l'ouest au village de
un de ses
d'où repari
traversée
si
on arrive après cinq heures
roule de la capitale. Cette voie fluviale,
la
du chemin
habituellement suivie, abrège considérablement celle partie la
affluents, el
el
surtout évite aux voyageurs
pénible des marais de Tanimandrv. Néanmoins, obligés de poursuivre nos travaux,
nous choisissons ce dernier
Nous traversons
itinéraire.
près du bord de
nous pénétrons dans
murs en
les
poste militaire antiinerina, fondé en
habitants antimerina
mer l'embouchure
la
lSlilJ
betsimisaraka
et
étroite
Tanimandrv. Ce
terre de
par
presque tous des
suidais,
dans des maisons groupées sans ordre autour du rova. On appelle pointus qui entoure
cases, n'est qu'un
établis
avec leurs familles
ainsi la palissade faite avec des bois
demeure du souverain, des princes, des hauts
la
Une demi-heure après
compte 200
reine Rasôherina lorsqu'elle vint visiter ces régions. Les
la
sont
de l'Iaroka.
village, qui
Mais ce mol désigne aussi par extension non seulement l'enceinte
dignitaires
el
des gouverneurs.
mais encore l'ensemble
fortifiée,
des constructions qui s'y trouvent renfermées. Ces cases ne diffèrent d'ailleurs des autres (pie parleurs
dimensions un peu plus grandes,
Devant
esclaves.
aux assemblées populaires qu'est planté
le
mât où
elles sont habitées
en dedans de
elles et
sert
el
la
pour
palissade
par
le
chef
el
camp et
sa famille, ses aides de
un vaste emplacement
reste libre,
il
est
ses
réservé
revues des troupes. C'est au centre de celle cour du rova
les
Tanimandrv
flotte le pavillon royal.
est le cher-lieu
de
la
province gouvernée par
Rahaga douzième honneur. Depuis que nous avons traversé l'Iaroka, sablonneux,
dans
les
l'argile apparaît
la
trouvons
différente.
Ce
n'est
plus un terrain
recouverte par places par une couche noirâtre d'humus. Aussi nous voyons
Des manguiers, des orangers, des citronniers
Le
riz.
lias-
de
Nous
la
nous aurons
de nombreuses
à traverser
la
nourriture des indigènes, croît 1res difficilement dans
rizières.
Le premier aide de camp du gouverneur
vint
de bienvenue. C'était une entrée en matière, la vieillesse
le
mer, mais dès de. nain, après quelques heures de marche dans l'intérieur,
voisinage immédiat de
de
des bananiers poussent en abondance.
el
contraste d'autant plus frappant que dans les villages traversés jusqu'alors, les cultures
le
étaient presque nulles.
et
est
environs du posle d'assez belles cultures de manioc, de patates douces, de songes, de cannes
à sucre.
fièvre
nature du sol
dont
il
il
nous voir désirait
el
nous apporta deux poules
surtout des remèdes pour
ressentait les inconvénients.
Lue
le
comme cadeau préserver de la
petite dose de quinine et
beaucoup de
LE LONG DE LA COTE, DE TAMATAVE A TANIMANDRY. bonnes paroles parurent pour réparer
comme cette
les
me
bien qu'il
satisfaire;
le
ravages des ans et que j'eusse de
première consultation en succédèrent beaucoup
ma
peine à
la
d'autres.
me
il
Ma
donner des médicaments
lui
comprendre qu'à Madagascar
prodigua ses remerciements.
réputation
revue toute
passer en
provision de quinine, j'allais
de
lui faire
moindre des maladies,
ailleurs la vieillesse n'est pas la
que diminuait
lût impossible
33
allait
grandissant pendant
garnison.
la
et
nous procura
de terminer
plaisir
le
la
soirée
de
L'arrivée
M. Estève, directeur du service télégraphique à Tamatave, vint heureusement mettre un terme à occupations philanthropiques
A
avec
mes
un compa-
triote.
M. Estève venait à Tanimandrv pour rechercher
coupé
dans plusieurs endroits; ces engins
le fd
attiraient la foudre
dans leur voisinage
Deux années avant notre été posée entre
Tananarive
deux
services dans ces
causes d'une interruption insolite dans son
les
des indigènes avaient renversé quelques poteaux dans les environs et
C'était tout simple,
service.
gênaient, faisaient avoir de mauvaises récoltes et
les
'.
du résident général, une ligne télégraphique
arrivée, sur les ordres
Tamatave sous
et
villes, et
de leurs agents. Ce
n'est
utile
si
aujourd'hui. Malheureusement
grande tension électrique de
eux-mêmes, mal
assujettis
l'air
dans ces contrées,
dans ce
sol
compact,
la
rupture du
côtes et beaucoup d'autres causes naturelles font que
souvent irrégulièrement
;
intermédiaires
confiées
par
usé'
fil
émanations salines des
les
transmission des dépêches s'opère
la
la
poteaux
forêts, des
les
plus
le
puis viennent s'ajouter encore les perturbations non moins fréquentes dues à
malveillance et à l'hostilité des habitants.
la
fréquents sur les hauts plateaux,
si
chute des arbres dans
la
avait
Estève, chefs de
pu terminer heureusement cette
l'on avait
orages
les
et
qu'au prix de mille peines, en surmontant de
grandes difficultés et en courant de sérieux dangers, que entreprise
MM. Deschamps
l'habile direction de
à
des employés
quelques jours, l'autre à Tanimandrv.
Entre Tananarive
indigènes, l'une
C'est
là
est
et
Tamatave, existent deux stations
Béforona où nous
à
que M. Estève non-
pour
offre
passerons dans
une gracieuse
celte nuit
hospitalité.
Le 21 mars, de nous assurent ture que l'on
très
lionne heure, nous quittons
hommes.
les
J'envoie tout
dénomme pompeusement
la
Tanimandrv. L'étape
mon monde
en avant
de
la
peine à balayer de gros
disparaissent, nous traversons
des
champs de cannes, des
La caravane est dans l'ordre ordinaire nos trois ftlanjana. Pour
aller à notre
l'une, la plus longue, suit
la
le soleil
se
nuages amoncelés au levant,
puis nous arrivons dans les hautes herbes
le
esl
pénible, d'après ce
et :
dans en
les
montre de temps en temps, mais
l'air
est
lourd. Les dernières cases
grands roseaux qui précèdent
tète, les
première étape,
du marais; plus court
les
hommes pour
bagages avec le village île
le
les taillis.
commandeur Rainivoavy,
Hanomafana,
ligne télégraphique, elle esl passable,
savoir quel
chemin nous devions
porteurs auraient certainement plus de
et ils se
nous a-l-on
il
peine, m'avaient-ils dit.
et
était
puis
y a deux routes
dit; la
suivre. L'on s'est décidé
reposeraient plus vile Ce raisonnement des borizana
pas fâchés, d'un autre côté, de voir ce fameux marais
il
plantation- de manguiers et d'orangers,
:
seconde, qui
traverse le marais, est plus courte, mais bien plus pénible. J'ai eu ce matin avant de partir
kabary avec mes
que
dernier par l'étroite ouver-
porte de l'Ouest.
Tout semble nous promettre une journée assez bonne, a
sors
et je
un grand
pour
la route
mais pendant un temps
assez juste
de nous rendre compte de
et
nous n'étions
la difficulté
de sa
traversée.
Bientôt nous entrons dans
nous pénètre. Le
la forêt
:
ne circule pas au milieu de ces frondaisons élevées, l'humidité
sol est solide, argile et sable
disparait sous les grandes herbes.
et
l'air
On
recouverts de débris organiques, puis
il
devient
mou
semble danser sur un plancher mouvant. Mais nos porteurs
croyances sont répandues dans lotîtes les populations par les Anglais pasteurs protestants pour surexpassions et pousser les indigènes à briser le matériel de la ligne télégraphique française qui va de Tamatave à Tananarive, 1.
De
telles
citer tes
5
VOYAGE
34
onl de
MADAGASCAR.
A
peine à marcher sur ce terrain détrempé,
la
ils
trouvent difficilement
de plus en plus au milieu des roseaux; c'est un bois arrêtés par
un étang profond;
par 30 centimètres d'eau. Ces jours derniers
nous marchons dans
et
il
et
s'enfoncent
A'ous
l'eau.
sommes
les
herbes,
tout est recouvert
le
a plu, et partout les rivières sont débordées, les marais
Ce
grossis, les plaines inondées. Je fais avancer les bagages.
considère nos instruments, nos malles, nos provisions.
homme
bonne voie
y a un pont, mais un pont malgache: deux ou trois troncs d'arbres
il
posés côte à côte et soutenus par des branchages mis en travers sur
indienne, chaque
la
pas sans quelque émotion que je
n'est
Nous traversons
nappe d'eau à
celte
va bien lentement, cherchant avec précaution où
il
la
file
doit poser le pied; à voir
nos porteurs l'un derrière l'autre, ayant de l'eau à peine jusqu'aux genoux, on croirait qu'ils passent à
gué quelque
rivière;
il
n'en est rien;
manœuvrent sur ce point d'appui bien
ils
une vase infecte des caisses a
et profonde.
fait
un faux
glissant, ayant à leurs côtés plus d'un
mais par un miracle d'adresse
la
grande traversée
nous
qu'il
Le marais de Tanimandry traversé, 1 200 à
1
mètre d'eau
et
au-dessous
a pu se relever. Foucart et Maistre
il
dernier et je suis bientôt de l'autre côté. Là,
le
grand marais; ce que nous avions vu jusque-là de
invisibles et véritables équilibristes
cependant est arrivé sans accident de l'autre bord; le porteur d'une
Tout
pas,
passent à leur tour, je marche
marchent sur des arbres
ils
n'était
nous entrons dans
le
qu'une sorte de préface nous initiant aux beautés
restait à faire.
est orienté N.-N.-E.
300 mètres; c'est
là
du
— S.-S.-O.
sud, où elle atteint 2 kilomètres et demi.
peut avoir, dans l'endroit où nous l'avons
et
moyenne, augmentant un peu dans
reste sa largeur
la
région
y a partout de grands arbres formant une véritable forêt
Il
lacustre; ces arbres élancés, bien droits, dont quelques-uns atteignent plus de 20 mètres de hauteur, ont
un
feuillage vert foncé s'étalant en touffes horizontales et offrant à l'œil
un aspect
pieds des arbres, des roseaux, des touffes de grandes herbes, des plantes aquatiques et
pittoresque.
aux
fleurs
Aux
blanches
jaunes et aux larges feuilles étalées, puis au milieu de tout cela, dégageant une odeur infecte, l'eau
noirâtre et croupissante, recouverte çà et là de
membranes ferrugineuses aux couleurs
comme
vif
de larges taches d'huile,
un
elles font
contraste avec
la teinte
noire
irisées. Flottant
du marais. Quelques
rares oiseaux voltigent autour de nous, des papillons et des libellules viennent se poser sur les fleurs et
montrent leurs
ailes
aux
belles couleurs; et
pour animer
des environs nous donnent un concert des plus variés;
scène, tous les crapauds et les grenouilles
la il
serait impossible d'analyser ces cris,
a sur tous les tons et sur tous les rythmes; je ne puis dire qu'une seule chose, c'est qu'il y a
il
y en
beaucoup
de musiciens.
La route serpente dans épaisse, mais ce
moins
chemin
l'heure, le
la forêt,
n'est
que
enfonce dans
glisse et
le
reux se relève péniblement
et
vous soulèvent
sensation qu'aurait quelqu'un porté par
Chose remarquable, rades se
moquent de
cependant je
compagnons soutiennent
reprend sa place. D'autres fois
mettent alors l'un derrière l'autre et la
ne
sais,
ils
les
hommes
lui et font
ont pour
le
ainsi;
il
les
un acrobate sur une corde
rêve,
;
de
la
que
le
malheu-
a, je crois,
cama-
pendant plus de dix minutes des gorges chaudes de sa mésaventure;
mais je suis
sorti sain,
prendre un bain, je rejoignais mes
la traversée
hommes
à l'un d'eux, ses
ils
sauf
et
le
même
première nappe,
il
s'était
de dévouement;
ont déployé d'adresse et de force;
mes ébats dans
la
vase;
j'ai failli
sec de l'aventure.
marais du côté de l'ouest
et avoir failli
compagnons qui m'attendaient sur une petite
hauteur.
Depuis
nos
lisse.
un accident
vazaha (l'étranger) beaucoup de prévenances, je dirai
mon
voit et
n'y a qu'un seul arbre, les porteurs se
sont toujours très gais arrive-t-il
Après avoir passé une dernière nappe d'eau qui borne fois
on
dans ce genre de locomotion on
pendant cette traversée qui m'a paru longue, combien
une dernière
ici
filanjana pendant
le
à chaque instant je choisissais l'endroit où j'allais tomber et prendre plusieurs fois réaliser
vase est moins
la
pont que nous avons passé tout à
le
pied sur ces passerelles flottantes; de temps en temps l'un d'entre eux
vase; ses trois
la
même. Comme
par une ligne de troncs d'arbres, mais
est constitué
peuvent poser assez facilement
cherchant autant que possible des endroits où
relatif, très relatif
écoulé cinquante-cinq minutes.
LE LONG DE LA COTE, DE TAMATAVE A TANIMANDRY. Nous venions d'achever
longe
et sud,
des lagunes que nous venions de traverser droit vers l'est, la
de Tamatave à Tananarive, ce segment
ainsi la première partie de la route
du chemin qui, suivant une direction nord
bord de
le
péniblement.
si
deuxième partie du sentier qui
Il
la
nous
mer
entre
rivage et la ligne
le
en marchant
restait à parcourir,
nous conduire du niveau de
allait
35
mer
la
à Tananarive,
250 mètres d'altitude sur un parcours de 250 kilomètres environ.
à 1
Ce chemin,
montée
cette
voyage de Tamatave
plutôt, de la ente à la capitale des
à Tananarive. Soit à
faire malgré tout
le
faut,
il
est la partie la plus pénible
du
pendant presque une semaine,
pour effectuer ce voyage.
les fatigues les plus pénibles
souvent davantage, endurer
Antimerina
au retour,
l'aller, soit
est fort difficile à
Il
confortable dont on peut s'entourer et malgré les conditions favorables au milieu
desquelles les riches et les puissants peuvent se placer.
Voici, à litre de et
dans laquelle «
Il
il
document, un fragment d'une raconte un voyage que
y avait longtemps que Hasoherina,
son royaume. Sa tante Ranavalona firmer dans sa résolution. la
disposition de
la
reine,
La
celle nouvelle,
si
elle
Le dépari
«
fut arrêté
<
les
le
marais
sommet
le
mois
qu'il lui aurait fallu
«les
l'intérieur de
assez pour la con-
était
('.'en
un Père
tenir
à
nombreux cas de maladie que
fatigues d'un long voyage. style ordinaire des administrateurs
le
tout cela est bon, cl c'est votre a lia ire.
hova
Sa Majesté
;
»
une promptitude
de juin 1867. Les préparatifs s'en lireni avec
Des abîmes furent littéralement comblés;
tement jusque sur
une excursion dans
uous proposâmes au premier minisire de
une habileté remarquables. Des ponts furent jetés sur toutes d'eau.
au mois de juin 1807.
vous, restez au milieu de vos enfants, continuez de leur enseigner
le l'esprit;
pour
reine Hasoherina.
trouvait lion, afin de soigner les
le
Pour
d'air et s'amuser.
la
H. Jouen, désirait faire
dil le
A
sagesse et de leur donner
rôle Est
la
reine vous remercie, nous écrit-il, dans
changer
va la
du R. P. Jouen adressée aux missions catholiques
en avait donné l'exemple en 1845.
lui
devaient nécessairement faire éclater «
à
fit
lettre
tic
rivières
les
montagnes, pour préserver Sa Majesté La laineuse forêt d'Analamazaolra
traverse!'.
cl
\il
indres cours
sur les
nouvelle- roules s'ouvrirent <l«'s
comme
miasmes
tout à
par enchan«le
coup
précipices convertis en voies presque carrossables, pour laisser circuler librement
et
quelques
ses effrayants
souveraine de
la
Madagascar. village de la côte Est, situé sur
Le terme du voyage devait être Andovoranlo. grand
'<
nier, à \ingl-cinq lieues «
de Tamatave
Enfin, tout étant prêt pour
10 juin vers les d'alentour que
1
la reine
défiler celle
le
bord
île
la
soixante-dix de Tananarive.
départ, chemins, tentes, provisions, etc., on se mil en
heures du matin. Une salve générale de tous
les
canons de
la ville
marche
le
jeudi
annonça aux échos
de Madagascar quittait sa capitale pour n'y rentrer que trois mois après. Jamais
sortie ne fut plus triomphale:
En voyant
le
et
Hasoherina parlait précédée ou suivie de près de soixante mille hommes.
immense caravane, dont
les esclaves à
eux seul- devaient former plus d'un
tiers,
on ne pouvait se défendre d'un sentiment pénible. Combien parmi ces pauvres gens qui ne reverraient pas leur lover domestique
aux
lièvres! C'esl
lin.
la
si
Mais
il
le
long de
vivement portés à
consolation d'administrer
«les
la
mort
«le
M.
«le
la
solliciter
roule à
de
la
fatigue, au froid, à la faim,
la reine,
bien moins l'honneur de
secours religieux à tant de malheureux dont
avait élé décidé en conseil
consul intérimaire de France après
il
était
qu'aucun blanc, à l'exception de M. Laborde.
Louvières, ne
ferait partie
du cortège
royal:
il
fallut
«le y suppléâmes de noire mieux en priant un de nos Pères néonos procurer temps à même en de se rendre à Andovoranlo, pour y saluer la reine, cl
donc se résigner à ce dur
Tamatave
succomberaient
('.«nubien
ce qui nous avait
l'accompagner, que aisé de prévoir la
!
sacrifice.
Xous
phytes, et spécialement aux malades, tous les soins que pourrait réclamer leur état. («
Jamais secours n'arriva plus à propos. Déjà
la
mortalité régnait dans presque tout le camp, occa-
sionnée surtout par les pluies torrentielles qui suivirent
le
départ. Ces pluies, qui ne cessèrent de
jour et nuit durant plus de quinze jours, eurent bientôt défoncé les roules formées pour
la
tomber
plupart de
VOYAGE A MADAGASCAR.
36 terres rapportées
le
;
passage de
la forêt
en particulier devint presque impraticable; ce n'élait partout
chutes d'eau roulant dans les ravins,
que torrents
et
sieurs mois.
Qu'on
et
détruisant en
se figure ces cinquante à soixante mille
hommes
un
clin d'œil les
travaux de plu-
piétinant dans ces bourbiers infects
enfonçaient jusqu'à mi-jambe. Les grands et les riches s'en tiraient encore, grâce à leurs palanquins et à leurs robustes porteurs. Mais que dire de cette immense multitude d'enfants, d'esclaves, de
où
ils
pauvres femmes, obligés de suivre à pied, avec de lourds paquets sur la tête? rechange, « Ils arrivaient au lieu du campement, tout ruisselants d'eau et de sueur; pas un vêlement de pas une lente pour s'abriter, pour toute nourriture quelques bouts de canne à sucre ou de manioc, et pour lit, la terre nue ou plutôt un sol froid et fangeux. Il est aisé de comprendre avec quelle effrayante rapidité durent se produire et se développer, sous de telles influences, les
germes de maladies. La
petite
vérole vint encore aggraver la situation. J'ai eu l'occasion, en descendant à Tamatave, de rencontrer à
son retour
les débris
qu'elle avait faites; sol.
Jamais je
faisait
soit «
n'ai
On
de cette immense caravane.
on
les reconnaissait
n'avait pas besoin de s'enquérir des diverses haltes
aux nombreuses
vu rien de plus hideux
ni de plus infect
sentira plusieurs lieues. Ce qu'il y a d'étonnant
pas venue mettre
le
si
et
:
l'odeur exhalée par ces agglomérations se
de vraiment providentiel, c'est que
la
peste ne
comble à tant de misères.
Enfin après un mois de marche, dans
voranto, terme
fosses, à peine recouvertes, qui jonchaient le
désiré el
si
les
circonstances que je viens de décrire, on se trouva à Ando-
chèrement acheté.
»
PORTEURS DE PEAUX DE DŒUt'S.
—
LA CARAVANE APRES
LE
DEPART DE TANANARIVE.
CHAPITRE A
II
dunes sablonneuses. -- La tribu des Bçtsimisaraka. -- Ranomafana. Ampasimbe. - La forge Beforona. Première zone forestière d'Analamazaotra. Vmpasimpotsy. Moramanga. —Province Passage du Mangoro. — Vallée de Sabotsy. — La deuxième forêt. -- Ankeramadinika. Dans Panorama de la capitale. Place d'Andohalo. l'Imerina. Arrivée à Tananarive. Aviavy et vieux canons. Quartier d'Ambatovinaky. -Tombeau du premier ministre. Maisons de Tananarive. — La population. -Marché du Zoma. Industries antiinerina. — Costumes européens. L'élément étranger à Tananarive. - Une audience au Palais. Départ de Tananarive. travers
les
malgache. de l'Ankay.
—
—
-
—
—
—
—
—
près avoir dépassé
rejoindre sur
la
hameau de Bemasoana, nous arrivons sur
petil
le
bords de l'Iaroka.
Il
nous
gauche
rive
la
faul
dé
route de
L'Iaroka, grossi par quatre
nouveau traverser la
le
fleuve
les
pour
capitale.
mois de pluies continuelles, roule en
rapides des eaux jaunâtres chargées dos matières terreuses entraînées •les
hauts plateaux. Nous
pirogues au confluent
effectuons
le
passage dans de mauvaises
de l'Âmbavaroka.
Le fleuve mesure en cet
endroit plus de 200 mètres de largeur,
La route continue
à travers
une contrée mamelonnée. Des monti-
cules sablonneux se succèdent sans ordre; ce sont d'anciennes dunes fixées
maintenant parla végétation. Dans
ne peuvent
s'infiltrer
les
bas-fonds, les eaux qui
dans un sous-sol compact, forment des marais
des fondrières, où nous nous embourbons quelquefois, malgré les
et
circuits et les détours
que nous faisons pour
herbacées poussent en abondance sur
le
les éviter.
sommet de
Des plantes
collines arron-
dies, dont les flancs sont couverts de bruyères et de rougères, tandis
que dans r.XT.VNTS
MALGACHES.
aquatiques, arbres,
rares sur les versants,
plus rares
que
les
dépressions,
s'élèvent l'on
encore sur
en
touffes
au milieu d'une multitude de plantes serrées les
rencontre surtout les
Le raphia (Raphia Madagascariensis, Sagus raphia)
le
ravenala et les raphia. Ces
long des ruisseaux, deviennent
sommets. est
un palmier au port gracieux. Son tronc, géné-
VOYAGE A MADAGASCAR.
38
A
ralement peu élevé, est couvert d'aspérités, anciens points d'attache des feuilles tombées. stipe s'évasent en
du
bouquets de
composées d'un grand nombre de filaments insérés
belles feuilles qui,
à angle droit sur une nervure médiane, atteignent parfois o
rencontre partout à Madagascar, excepté sur
mètres de longueur. Cet arbre que l'on
et
massif central, est
le
l'extrémité
utilisé
par les indigènes en maintes
circonstances. Ainsi les nervures de ses grandes palmes donnent des perches solides et résistantes très
employées pour
la
construction des cases, pour
fabrication des filanjana et pour les gros ouvrages
la
de vannerie. Le bourgeon terminal du jeune raphia est comestible, analogue au chou palmiste; c'est
un aliment
Mais
fort goûté.
textile, solide et résistante.
En
1890,
par
produit
Ces
le
plus important que l'on relire de cet utile végétal est une fibre
le
fibres ténues sont
envoyée par paquets dans
textile est
fibres
le
commerciaux de
les centres
seul port de Tamatave en exportait pour
du raphia servent à
la fabrication
Ho 000
la
matière
la
côte pour être expédiée en Europe.
francs. Travaillées par les indigènes, les
des rabanes, des vêtements grossiers employés principalement
Bctsimisaraka, des cordes, etc. Les fibres de ce palmier sont souvent mélangées dans les
les
aux
tissus indigènes
fils
de soie
de coton.
et
communément
ravenala [Urania speciosa) est appelé
Le
employées à de nombreux usages. Brute,
Le tronc
souvent fort élevé de cet arbre, de
lisse et
Au nombre
fique éventail de larges feuilles vertes.
par les Européens
la famille
«
arbre du voyageur
».
des bananiers, est surmonté d'un magni-
d'une vingtaine, longues de deux mètres environ sur
près de 50 centimètres de large, ces feuilles sont supportées par de longs pétioles qui, se rapprochant
peu à peu, rayons d'une roue gigantesque, viennent s'encastrer les uns dans les autres. Cet arbre offre une silhouette singulière, qui se réduit à une simple ligne lorsqu'on le regarde par la tranche, et, lorsqu'on
de face au contraire, déploie un éventail colossal,
le voit
déchiqueté. feuilles et
On
explique
nom
le
<>
pas applicable à Madagascar; cours d'eau; on ne
le
il
un aspect
et
le
il
est
Comme
l'on si
cl leurs
mais
le
terrain
les
raphia,
il
du
:
le sol
hommes
est impossible d'aller plus loin
village
l'île,
confectionne avec les jeunes feuilles une
la
fine qui
le village
augmente
bientôt d'intensité, et c'est
de Maromby. Nos porteurs reçoivent
tète et en arrondissant
le
dos. Leurs
la
chapeaux
anli-
la pluie.
obliquement l'atmosphère obscurcie par d'épais nuages,
sablonneux
ont de
:
sorte de soupe
ce n'est pour des estomacs indigènes.
la
est
la
môme
je
contrée,
remplacé par une argile rougeàlre que l'eau
peine à marcher.
Vers deux heures nous nous arrêtons au village de Manambonilra. Rainivoavy vient
nous
à toute
majeure partie du versant oriental de
gros mamelons qui nous environnent. C'est toujours
a changé de nature
délaye et rend glissante. Les
voisinage des
qui donne
chemises de rabane deviennent luisantes sous
travers les larges gouttes qui strient
distingue difficilement
le
le
stoïquement ce baptême continu en baissant
A
base des
employé à de nombreux usages domestiques que j'énumérais dans
le
au milieu d'une averse diluvienne que nous traversons piteusement
la
condensation de l'humidité de
la
d'une digestion pénible,
s'affaissent
la
pas
rend de grands services dans
Depuis quelques heures nous avons à supporter une pluie
merina
parce que l'eau conservée à
l'a
passant altéré. Cette explication n'est certes
particulier, croit sur la
si
paragraphe précédent. J'ajouterai que
mauvaise
secourir
vent ne
le
ravenala se trouve toujours dans les marais et dans
ne dépasse pas 000 mètres d'altitude.
construction des cases,
fort
»
surtout quand
rencontre jamais dans les contrées arides. Cet arbre singulier,
région betsimisaraka
mais
le
arbre du voyageur
provenant en grande partie de
parait-il, à
sur ces larges surfaces, servirait,
l'air
la
d'
les replis des pétioles
dans
joli
me
prévenir qu'il
crue subite d'un ruisseau que nous devons traverser en sortant
met un obstacle à toute marche en avant.
Après avoir contrôlé celte affirmation, je suis forcé de
me
rendre
i\
l'évidence,
nous coucherons
à
Manambonitra. Cet arrêt forcé est mis à profit pour nous sécher, ce dont nous avons grandement besoin,
et
pour
passer en revue nos bagages. Les découvertes sont navrantes; malgré toutes les précautions que
nous avons pu prendre, beaucoup d'objets sont détériorés par sures et des effloreseences aux couleurs variées.
l'eau et l'humidité, partout des moisis-
LA MONTÉE, DE TANIMANDRY A TANANARIVE. Cela ne nous présage rien
nuellement flans
les
île
bon
on nous assure
qu'il pleut conti-
vaste conlrée que nous venons de traverser, formaient autrefois
la
Au commencement du xvm e
une confédération redoutée. ils
et
régions forestières que nous allons traverser.
Les Betsimisaraka, qui habitent
mulâtres,
mauvais temps continue,
si le
39
gagnèrent à leur cause toutes
conduits par des Européens
siècle,
Mahanoro à
éparses de
les tribus
la
des
et
baie d'Antongil
et
constituèrent alors une puissante nation. Malheureusement les divisions des tribus et la rivalité des chefs les affaiblirent, et
Le Betsimisaraka bridés.
Son
teint esl
nombreuses
«le
Radama
er I
roi
,
des Antimerina, conquit leur pays vers 1820.
généralement foncé, mais,
comme
chez
saillantes; ses
du front des enfants on
souvent un
laisse
yeux ne sont pas
autres tribus de Madagascar,
les
hommes
Les cheveux, crépus ou ondulés, sont épais. Les
variétés.
courts; au-dessus
pommelles légèrement
a le visage arrondi, les
les
présente
il
portent coupés
toupet proéminent en avant, touffe
petit
de ehe veux qu'ils se tirent consciencieusement lorsqu'ils nous rencontrent, et nous gratifient du finarilra,
bonjour betsimisaraka. Les femmes ont des coiffures assez compliquées finement tressées et réunies en boucles derrière
la
:
tantôt ce sont des nattes
au-dessus des oreilles; tantôt
tête cl
partagés par des raies multiples, forment sur l'occiput, de chaque côté du front
chignons volumineux.
six
cette dernière coiffure qui est
C'est
chemise à manches courtes,
s'habillent d'une
ceinture d'étoffe roulée autour des reins à <-e
la
taille
:
ces!
Quand
le salaka.
qui leur arrive souvent,
ils
ne se livrent pas
ils
se drapent
la
poitrine; par-dessus
à
les
des travaux exigeant
la
lixé
Comme
cuivre ou d'argent, quelquefois des colliers et
paisible, les actes d'énergie sont
antimerina
et
n'ont
établis sur la côte
ils
et
ornement
Le rhum malgache et de grands ravages sur
la
le betsa-belsa,
le
remontent sous
elles
s'ils
possèdent
l'est
le
du
village,
leur faut
Suivant
ils
le
ont acheté
la
de leurs chapeaux.
aux
jus de canne fermenté, font
le
soleil.
Rainivoavy
a
pu trouver deux pirogues
l'important cours d'eau qui nous avait arrêtés il
grossit rapidement
:
c'est
la
veille.
un fleuve
eaux pluviales
même
en rivière aux
plus modeste en torrent impétueux,
el
pluie qui
l'a
et la
crue ne dure
produite-
roule serpente dans une contrée mamelonnée. Ce sont des montées et des desel,
sur
le
sol
boueux, des chutes répétées qui font
la
joie de nos
cérémonial quotidien nous leur avons donné quelques morceaux d'argent avec le
manioc
malgache.
beaux morceaux de
et
fréquent à .Madagascar.
le
cuit
que
du chemin. Les hommes affirment que c'est l'expression
supporter
terrain argileux, au fond de ces vallons encaissés, les
ruisseau
centes continuelles, des glissades porteurs.
l'j
même
des boucles d'oreilles de
majestueuses allures. En sens inverse, on observe un changement aussi brusque
guère plus longtemps que
lesquels
C'est
cl
patiemment leurs gouverneurs
qu'il
infusion d'herbes aromatiques dans
fait esl très
Sur ces pentes rapides, dans ce ont rapidement transformé
la veille, la
bras
n'abusaient par trop des liqueurs alcooliques.
ordinaire, ce n'est qu'un ruisseau, mais dès qu'il a plu,
Comme
les
côte orientale.
grandes averses. Ce
les
mouvements,
vêtement national de
sont parfois victimes. Ces indigènes entrent volontiers au service des blancs
sur lesquelles nous passons, à
En temps
oui une
des bracelets de verroterie. Cette population est douce
Le 22 mars, nous quittons Manambonitra au lever du
après
ils
remonte se nouer
liberté des
lnmlni,
le
rares. Les Betsimisaraka supportent
seraient d'assez bons travailleurs
el
elle
incessamment renouvelées.
cl
que bien peu aux charges accablantes
résisté
mesures vexaloires don!
la
au-dessous
lamba, mais un lamba particulier. C'est une
le
par des torsions savamment combinées
une de leurs principales occupations.
oreilles,
une sorte de camisole toujours trop courte qui leur serre
cl
espèce de sac plus ou moins ample, ouvert aux deux bouts; elles
maintiennent
:
jambes, d'où
dans une pièce de cotonnade,
portent aussi
elle-;
au-dessus des
généralement adoptée. Les indigènes
d'un tissu grossier de raphia
descendant entre
el
Madagascar. Les femmes mettent un jupon affreusement
faite
et
cheveux,
les
Ils
l'on
trouve tout préparé dans
les villages
ce petit cadeau supplémentaire leur
ne manquaient jamais, je dois
celle racine filandreuse et de
nous
l'offrir,
le
échelonnés
le
long
donne du cœur au ventre,
reconnaître, de mettre à part quelques
disposés avec beaucoup de goût, au fond
VOYAGE A MADAGASCAR.
40
chaudes, Vers neuf heures, arrêt à Ranomafana. Ce misérable village doit son nom à des sources vallée ne la de générale L'inondation rivière. petite situées non loin de là, dans le lit môme d'une centigrades. nous permet pas d'approcher de ces eaux thermales dont la température dépasse 65 degrés Pendant que Maistre va emplir une bouteille d'eau minérale en vue d'une future analyse, nos porteurs presque tous les villages, se réconfortent l'estomac, creusé par les fatigues dé la route. Comme dans
des marchands de manioc attendent et
la
pratique avec des marmites pleines de racines cuites à l'eau
encore fumantes. Pour un imperceptible morceau d'argent que je
une ample portion,
et la répartit
donné, un borizana en achète
lui ai
entre ses camarades après avoir mis à part quelques beaux morceaux,
dans son chapeau. C'est une des nombreuses applications que le Malgache donne à il considère son son couvre-chef, voulant imiter l'Européen au moins dans une partie de son costume préserver s'imagine coquetterie, chapeau comme un objet de toilette indispensable, s'en couvre avec qu'il vient m'olïrir
:
ainsi son teint des ardeurs dévorantes
du
soleil.
sa coiffure qu'une médiocre importance;
seulement
un
c'est
filtre
chapeau
fait flotter le
il
l'emploie
n'attache,
et
le
chapeau devient entre
les
l'eau débarrassée des débris
on l'enfonce doucement. Alors, les
raison, à ces divers rôles de
Non
mains habiles
croupissante des marais. Pour obtenir
destiné à'épurer l'eau
des nombreux animalcules qui habitent
non sans
plus souvent à de tout autres usages.
le
dont on se sert souvent, mais encore
plat
de son propriétaire un
on
il
Mais
ce résultat
organiques
et
Madagascar pénètre à travers les étroits
marécages de
interstices de la paille.
Néanmoins,
bouche
la
et
l'indigène,
rendu défiant par l'expérience, se contente,
s'empresse de cracher
Entre Ranomafana
la
plupart du temps, de se rafraîchir
le liquide.
Bedara, où nous arrivons deux heures après une pluie épouvantable, nous
et
observons des émergences rocheuses de gneiss et de micaschiste, des coulées de basalte, et çà et là sur qui, témoins des siècles passés, ont les croupes gazonnées de gros rocs verdatres de porphyre granitoïde
décomposition argileuse. Nous rencontrons, allant en sens inverse, un long convoi de porplus lourde encore teurs de peaux de bœufs. Les malheureux, pliant sous leur pesante charge, rendue par l'eau dont elle est imbibée, se traînent péniblement, appuyés sur leurs sagaies, et se hâtent à petits résisté à la
un
pas, pressés de gagner rise. Ils se
me
firent
long du sentier.
ils
où
ils
vont attendre des temps meilleurs avec
En
trouver l'emploi de petites excavations que j'avais remarquées en grand effet,
Le
pente douce, ayant repris sans aide leur fardeau.
d'Ambatoharana dans
le
et
nombre
lorsque les porteurs veulent s'accroupir et déposer leurs charges sur
descendent dans ces trous, puis, lorsqu'ils se remettent en marche,
est situé
patience qui les caracté-
la
reposent fréquemment.
Ces haltes le
abri
sentier, après
de Mahéla, nous conduit à Ampasimbé.
diverses qui nous environnent, une plantation de caféiers nous
L'après-midi est employé à réparer
nous avoir
Comme
voisinage d'une petite rivière, dans une vallée
ils
les
le sol,
en sortent facilement par une fait
traverser les villages
hameaux précédents
fertile et pittoresque.
Parmi
ce village
les cultures
frappe par sa belle venue.
de Foucart. Dans les dislocations successives que cette
le filanjana
chaise à porteurs a dû subir dans nos étapes précédentes,
l'enl retoise
rompue
antérieure s'est
et
les
Rainivoavy, brancards n'étant plus maintenus, compriment désagréablement les jambes de notre ami. conduite de la Sous village. le dans qui est décidément un homme de ressources, connaît un forgeron notre
—
commandeur, nous
allons pataugeant péniblement dans les rues d' Ampasimbé
à la recherche de l'artisan. Bientôt nous le
feuillage.
Il
se
met au
La forge malgache
travail, èsl
dans l'archipel Malais.
nous l'aidons tous,
absolument analogue
Lu
ce n'est pas sans peine que
et
à celle
que
l'on trouve
feu de charbon de bois esl activé par
d'arbres creusés et placés verticalement côte à côte.
ment des
un
petits
percée d'une ouverture unique
et
bambous
sont enfoncés;
placée devant
le
dans
loyer.
ils
le
il
y en a trois
dommage
la presqu'île
soufflet
Dans ces deux tubes, on
liges de bois garnies à leur partie inférieure d'une rondelle
deux troncs d'arbres, deux
—
trouvons accroupi près de sa forge, sous un abri de
entourée
est réparé.
de Malacca et
formé de deux troncs
fait
mouvoir
d'étoile.
alternative-
Dans
le
bas des
vont en se réunissant aboutir à une pierre
En manœuvrant l'appareil on
produit un
jet
de
LA MONTÉE,
TANIMANDRY
f)K
A
VUE PRISE SUR LA ROUTE DAN
vent
Une grosse
continu,
complété par une pince
pierre
faite
geron malgache ne ménage teaux
forée
et
l'animal.
nous arrêtons à Ampasinibé;
le soir,
leur agilité sur un malheureux s'\
bœuf agacé
cramponne qui
arrêté dans sa
innombrables
fait
des bonds énormes
fuite par
qu'il
contusionnés, ont
In
lendemain
il
veut
il
îles
le
obtient en se servant de ses mar-
non à l'extrémité du
tenir l'outil
résultats satisfaisants.
grand vacarme l'on
ce sont les porteurs qui exercent leur
:
conduit à
la
mort. L'un d'eux saule sur
prend sa course au milieu du
comda
Il
l'aventure.
On
village.
quand
par
Mais
bientôt,
et
bœuf
que
l'arrière-goût
l'on fait
le
voilà
par les coups
est à bas, ses
il
le
compa-
hommes, plus ou moins
attache ensuite l'animal harassé au poteau du suppliée;
une certaine mesure
pays, trouvent toujours au
el
dos de
le
vite jeté à terre
est
ne se termine que lorsque tous les
sera immolé. Celle préparation toute spéciale
pourrait expliquer dans arrivée dans
l'habitude de
autre porteur succède au premier, la
est
instruments aussi imparfaits l'ouvrier indigène, pour
îles
bœuf que
et
fer; L'outillage
une longue corde attachée à une de ses jambes de derrière
reçoit.
tenté
a
il
de toutes ses forces et essaye de s'y maintenir.
gnons continuent ces exercices:
En
nécessaire, car
es!
temps ne compte pas, obtient quand
le
Nous
fer.
Néanmoins avec
une masse de
c'est
par des petits marteaux aussi mal fabriqués. Le for-
el
légers une action d'autant plus faible qu'il
manche, mais près du lequel
grossièrement,
pas ses coups; cela
41
TAHAHARIVB.
1
d'enclume; quelquefois
serl
TANANARIVE.
subira
de venaison que
la
le
viande de boucherie
les
Européens, à leur
indigène.
mamelons sont
quittant Ampasinibé, nous entrons dans une contrée d'un aspect différent. Les
remplacés par des collines aux lianes [dus abrupts, aux sommets plus élevés. Les vallées sont plus (3
VOYAGE
42
profondes,
peu; à
les
A MADAGASCAR.
pentes plus raides. Par une série de montées
du
la sortie
de descentes,
et
baromètre indiquait 400 mètres d'altitude. Sur ce terrain mouvementé,
village le
on commence à distinguer une tendance
du nord-nord-est au sud-sud-ouest de
à l'orientation
que nous allons franchir prochainement. En maints endroits,
côtière,
pointements rocheux; sur
lianes des
les
places de gros rochers. Les rivières rents; leurs eaux, limpides
sentier s'élève peu à
le
quand
il
petites
et les
chaîne
traversée par des
est
l'argile
la
montagnes qui nous environnent apparaissent par
ruisseaux précipitent leur cours, ce sont de véritables tor-
n"a pas plu
— ce
—
qui est rare,
se brisent sur les gros cailloux
roulés entraînés des terrains élevés par les grandes crues. Parfois, coupées par des assises rocheuses, elles
tombent en
jolies
tière
A mesure que nous nous
cascades.
Les ravenala ont déjà disparu
élevons, la végétation change également.
raphia deviennent rares; nous entrons dans
et les
grands bois, mais
les
la
première zone fores-
sommes pas encore dans
qui entoure Madagascar d'une verte ceinture. Cependant nous ne
arbres en bouquets ou disséminés, les fourrés de broussailles
et
d'arbustes, les
massifs de bambous, nous en annoncent l'approche. Souvent dans les grandes clairières,
pentes gazonnées, au milieu des hautes herbes et des roseaux, n'a
pu abattre se dressent à demi carbonisés. La hache
sur les
gros troncs d'arbres que l'indigène
les
et le feu
les
reculent loin vers l'ouest la limite des
pays boisés d'autrefois. Nous traversons maintenant des terrains défrichés en partie. Le déboisement probable de Madagascar, déboisement lent mais continu, a sans doute modifié beaucoup l'aspect de
nous nous proposons d'étudier avec soin
et
A peu
de dislance d'Ampasimbé on arrive, après une moulée longue
Là, au milieu des arbres, est le les
dans nos prochains
celle question intéressante
hameau de Madilo.
bords de laquelle des raphia cachent encore
Puis, sortant
du
l'île,
itinéraires.
pénible, dans une petite forêt.
et
taillis,
nous passons une
rivière sur
de Marbzevo. Avanl midi nous entrons à
les cases
Beforona.
Depuis habite
la côte, c'est le village le
un
une vingtaine de
Une case un peu
soldats.
Dans un modeste rova
plus important que nous ayons rencontré.
commande
antimerina qui
officier
poste;
le
il
sous ses ordres quelques' subalternes
a
et
plus spacieuse que les autres sert de temple, une école est
à côté. Beforona est situé au milieu d'une petite plaine marécageuse; les fièvres y sont particulièrement
redoutables. C'est aujourd'hui taires; ce n'est pas
en gaieté par
le
dimanche, nous profilons de l'occasion pour nous chose aisée,
rhum
le
calme
et la tranquillité
quelques travaux séden-
nécessaires nous font défaut. Les porteurs mis
belsa-betsa betsimisaraka'danseht
et le
livrer à
et
chantent toute
la nuit.
Le lendemain matin, nous nous remettons en marche dans un terrain détrempé, nous traversons des marais
des rizières, ce qui pour
et
nos circuits nous guéons treize
La
d'Ambavanihasy,
partie
boisée
nombreux porteurs çà les
est
à peu
près
et
nous pénétrons peu après dans
que traverse
Aidés par
cl là les
le
-même chose
sentier
la
grande
cantons respectés,
indigènes de passage,
la
ils
commerce ou
1
hameaux ont empiété sur la
roule, coupant
leur industrie. Néanmoins, dans
végétation est assez belle. Les arbres, trop serrés, poussent en hauteur
feuillage,
le ciel
chercher un peu de
soleil.
Sous
et,
les voûtes
où s'attachent des lianes puissantes bizarrement contournées, poussent des
fougères arborescentes et des palmiers nains, au milieu des roseaux ('pais.
interrompue quelquefois
est
onl exploité par places les abords de
ne pouvant se développer librement, vont -droit vers
fourrés
Dans
forêt.
qui suivent celle voie fréquentée. Les habitants de ces les
le lit.
Mais nous dépassons
construit des villages, lieux de repos nécessaires pour les
a
l'on
la roule.
époque de
à celle
emprunte souvent
chemin de Tamatave à Tananarive
arbres qui leur étaient nécessaires pour leur
sombres de leur
le
la
un torrent qui s'obstine à nous barrer
fois
par de grands espaces défrichés où
la forêt.
voyageur
nous passons un grand nombre de ruisseaux dont
l'année, et
le village
le
Les essences sont variées,
exploitation n'en était presque impossible.
jamais une grosseur remarquable
et
la
et
et
des arbustes qui forment des
plusieurs seraient l'objet d'un
Quoi
qu'il
en
soit,
commerce important
dans celle région
si
les arbres n'atteignent
végétation ne se développe pas avec la vigueur et la beauté
que nous avons pu voir L'année suivante dans
la
province d'Antongil
et
dans
le
pays de Tolanara. En
LA MONTÉE, DE TANIMANDRY A TANANARIVE. revanche,
donnés,
chemin
le
Dans
d'Analamazaotra ne mérite pas tous
la forêt
si
les
marcher, dans
ils
tantôt nous avons
enfoncent jusqu'à mi-corps, sur bondissants où
les torrents
des prodiges de force
d'adresse.
et
en bas,
la tète
éloges que certains voyageurs
lui
ont
digne de sa mauvaise réputation.
est bien
bourbiers où
les
4b
ils
les
roches glissantes où
ont peine à
porteurs accomplissent
sautent d'une pierre à l'autre, les
filanjana décrivent dans des plans variés tous les angles
Nos
pour ne pas tomber en arrière
cl
ils
connus
:
nous cramponner vigoureu-
faut
il
une descente dans une position inverse, nous évitons difficilement une chute en avant; d'autres fois, violemment secoués, nous inclinons brusquement d'une manière inquiétante. Ce sont de longues et pénibles ascensions à travers bois. Le chemin est encaissé entre les deux parois sement
tantôt, à
;
Là
verticales d'une tranchée de 5 à 6 mètres de hauteur.
éphémères
escaliers
porteurs ont
les
taillé
renouvellent incessamment, abaissant peu à peu
qu'ils
dans
l'argile
de petits
niveau du sentier. Les
le
eaux pluviales qui descendent avec violence dans ces couloirs en augmentent encore la profondeur et y causent de fréquents éboulements. Le filanjana ne peut se manœuvrer aisément, et malgré l'étonne-
ment des borizana qui trouvent probablement «pie nous dérogeons, nous mettons pied à terre et nous pataugeons sur un des cAlés du couloir, en faisant clés efforts parfois infructueux pour ne pas glisser dans
le
fond rempli d'une boue rougeâtre
et
gluante.
Malgré toute noire bonne volonté nous avançons lentement, heureux quand une racine nous offre un léger point d'appui, maudissant le sorl quand dans nos pénibles exercices nous la heurtons vio-
lemment. Les murs d'argile sont dominés par des rochers qui reposenl
minée par
eaux; souvent des racines soni au-dessus de nos tèles
les
et les
à
peine sur un peu de terre
quelques points d'attache qui
passages se retiennent encore aux parois menacent à chaque instant de se rompre. Les mauvais
les
succèdent
se ressemblent.
el
Fitomanianomby
Un
Montée qui
la
a
,
Ils
indescriptibles, dans une
sont l'ail
pleurer les bœufs
silence presque absolu règne dans
coliques des babakoto
Les oiseaux étaient goaka, corbeau
beaucoup plus communs sur blanc
que nous retrouverons sur aussi faiblement
l'ois
nous ne voyons que rarement des perroquets noirs
el
noir et
les
les
représentés,
«le
Madagascar,
hauts plateaux, si
ce n'esl
côte
el
dans
les
hurlements mélan-
et
des pigeons verts.
région des «lunes; c'étaient
la
le
oorompolsy, aigrette blanche, beaucoup de coa,
le
el
la
Malgaches appellent
».
Nous n'entendons qu'une
forêt.
la
montée que
«le
nombreux oiseaux aquatiques. Les
un Sphaerotherium, gros myriapode
insectes sont
foncé qui se tient
vert
accroché aux pentes argileuses.
dominée au nord par un gros roc qui élève à plus de 180 mètres une muraille étions à Analamazaolra. pic, nous traversons le village d'Anévoka. Quelques heures après, nous celle de passée dans ce village, nous suivons une route un peu moins accidentée que Après une
Dans une
à
petite vallée
nuit
la
veille.
Il
Ranolahy, va se jeter dans l'Iaroka,
qui, avec le
Jusqu'à
Nous nous «les
nous avons guéé
l'Irihilra
ce village
un grand nombre de ruisseaux,
traverser
faut
arrêtons, au
milieu
«les
«!«'
environs. Cette couche arénacée est
40 cases qui composent ont cependanl
morsure
«'si
à
la
le
sable dont
el
nos
hommes
la
peu épaisse
village, disposées
du Ranombary,
kilomètres à
«le
«le
semble provenir
chaque côté
«!«•
la
vallée
la
blancheur tranche sur el
l'ouest
rivière
l'argile
«le
du nord
d'Andovoranto.
au sud se jeter directement
Ampasimpotsy. Le fond
mauvaise réputation de loger un
craindre
quelques
«l'eau «pii allaient
jour, à
«lu
recouvert d'une couche
est
cours
à
affluents
<»ù
«lans l'Iaroka. est
construit
fortement colorée
dépôts modernes. Les
route, sont assez propres, elles
nombre considérable de
petits
animaux dont
la
conduire à Moraqui nous donnent ce détail «ml hâte de nous
manga.
Au
delà «l'Ampasimpotsy nous cuirons
«le
nouveau
«lans la forêt, et, par «les
chemins aussi exécrables
clairières, et la jour précédent, nous nous élevons peu à peu. Maintenant il y a «le nombreuses limite que nous franchissons cesse lout à fait à l'est «lu hameau «le Behena. C'est près de cette
«pie le forêl
les «lerniers lorl
sommels de
loin «lans
1
esl
el
la
chaîne côtière à une altitude de 990 mètres.
«lans
ouest. Derrière nous, les
De ce point
élevé la vue s'étend
montagnes boisées que nous venons
«le
franchir
VOYAGE
m s'abaissent
peu
peu pour
à
tant
confondre fort loin dans l'horizon brumeux. Devant nous s'étend
aller se
une grande plaine parsemée de
MADAGASCAR.
A
petites collines
:
grande
c'est la
du versant oriental de Madagascar coule du nord au sud; fait
de
chaîne
la
littorale.
chent nettement sur
l'Imerina. Plus près de
beaucoup plus bas seulement après
:
nous
le lointain,
un passage dans
les défilés
de hautes montagnes se déta-
ce sont les monts d'Ankeramadinika, arête faîtière soutenant à
gigantesque escalier
qu'il
nous
faut
Moramanga, où nous descendons en suivant un
est
l'est
le
monter pour arriver dans sentier tracé sur
un
montagne.
la
Moramanga
Mahanoro. Dans
se jette prés de
Il
le ciel
massif central, dernière marche du
contrefort de
c'est
à l'est qu'il se dirige vers l'Océan Indien en se frayant
un coude
avoir
du Mangoro. Ce fleuve impor-
vallée
un gros
est
important
village
marché principal des produits de
c'est le
;
Le gouvernement de Tananarive y a depuis peu de temps chef-lieu politique de la province d'Ankay.
La
un poste
établi
militaire et
région.
la
en a
fait le
s'étend surtout en longueur. Les cases en raphia
ville
sont construites avec soin; la plupart sont divisées en plusieurs pièces et possèdent des portes et des fenêtres que l'on ferme par une large planche.
On
aperçoit sur certaines maisons des velléités d'or-
nementation. Jean nous a trouvé un logis confortable, une case située à l'entrée de
mur
d'une cour entourée d'un petit nattes;
il
même
y a
dans
la
A
d'argile.
chambre qui nous
l'intérieur les cloisons
est
et
le
la ville
au milieu
sont recouverts de
toit
destinée une table et deux chaises.
La population de Moramanga est d'environ un millier d'habitants, mais elle augmente notablement aux jours de grands marché. Dans cette ville, au milieu des Antimerina
à certaines époques, surtout
fonctionnaires, soldats ou commerçants,
et
des
nombreux borizana, population Bezanozano
variée, se trouvent quelques représentants de la tribu des
goro. Ces indigènes portent l'ouest de
route
le
Beforona,
et
nom
d'Antankay. Nous avons quitté
voyageur n'aura guère l'occasion de
La longue
et
faire des études
tribus qu'il
les
le
bassin du Man-
pays des Betsimisaraka à
le
ethnographiques intéressantes au milieu
rencontrera à chaque instant.
unique rue de Moramanga présente une grande animation. Bien que ce ne fût point
jour du marché, qui se tient
en plein vent
flottante d'origine très
dans
jusqu'à Ankeramadinika nous serons en territoire bezanozano, mais sur cette
des représentants de toutes
le
ici le
établis
le jeudi,
et débitaient leur
des commerçants en grand
nombre avaient
établi leur
boutique
marchandise accroupis à l'ombre de vastes parasols en coton écru ou
en rabane bariolée. Devant eux étaient étalés sur une bulle de terre battue quelques articles européens
cotonnades blanches ou
teintées,
couteaux, miroirs, aiguilles, boutons, du
sel,
du manioc
:
et divers
produits indigènes.
Près de notre case midi
et
nous
fil
est l'habitation
apporter
du gouverneur Ratrema
comme cadeau
de bienvenue
gracieuseté, je lui proposai de faire sa photographie;
Dans noire
il
la
11 e
honneur.
Il
vint
nous voir dans
l'après-
poule réglementaire. Pour reconnaître sa
accepla avec empressement.
nous pensions bien trouver
le
repos nécessaire après nos fatigues des
marches précédentes. Nos espérances furent déçues, Maislre
et
Foucàrt sont aussi malheureux que moi;
logis confortable
nous n'avons pu fermer à
Madagascar,
cl
l'œil,
dévorés toute
la nuit
par
les
ses morsures, qui partout ailleurs ne sont
leur multiplicité un réel danger.
H
est rare
puces. Cet insecte désagréable
en légions ici
par
qu'après deux ou trois nuits d'insomnie, les fièvres ne viennent
pas vous surprendre. Les puces pullulent dans les cases des indigènes cl surtout dans
du massif central; leur nombre dépasse
terre des habitants
vit
qu'un léger désagrément, deviennent
les limites
les
maisons en
de l'imagination. Ces animalcules
d'autres aptères y sont dignement
ne sont pas
les seuls, tant s'en faut, que. l'on
rencontre dans
représentés.
Dans les régions basses du
ces insectes sont remplacés par des nuées de moustiques
et
de maringouins. Malgré
la petitesse
littoral,
de ces adversaires,
il
l'île,
faut lutter vaillamment, et
dans bien des cas
on préférerait affronter d'autres dangers.
Nous quittons Moramanga lamba, que dans
les
rabane. Grelottant,
le "21
mars par une fraîche matinée. Les hommes s'enveloppent dans leurs
marches précédentes
ils
ils
portaient roulés autour des reins sous leur chemise de
trottinent à côté de nos filanjana.
_
..
LA MONTÉE, DE TANIMANDRY A TANANARIVE. A celle
nous trouvons un autre climat;
altitude
49
matinées sont particulièrement froides
les
et
humides,
ce n'est pas encore la température de l'Imerina, mais nous ne ressentons plus les chaleurs lourdes de la côte.
Dans
du Mangoro
la plaine
le
chemin
bas-fonds marécageux, mais dans terrain plat et
est
Au
beau.
grande
celle
milieu des herbes
bientôt après à Andakana. c'est un village construit sur les deux rives du Mangoro, à
Moramanga. En
Il kilomètres de
cet endroit,
de 80 mètres environ, a un cours assez
fleuve, large
le
rapide, ses eaux jaunâtres vont se briser sur les quelques îlots
i
les
quittant
Andakana,
bientôt par des
du mont Dans
\I'A'. \~i
rampes
le
assez,
parait-il. vivent
et
en aval.
in.
rapides sur
le
et
malgré mes regards attentifs
en grand nombre dans
sentier longe pendant quelque temps
la
le
rive droite
Heine.
du Mangoro
et
s'élève
liane occidental de la vallée, et sur les premiers contreforts
lfodv.
du Mangoro
la vallée
l'argile
rouge
généralement peu épaisse, où croissent en et
'.!
Non- passons ensuite
prenaient d'assaut.
ne vois pas de caïmans, qui pourtant,
En
M
:
que nous voyons en amont
faisons passer sur l'autre rive nos bagages dans des pirogues qu'il nous faut disputer assez chau-
dement aux borizana qui je
y a bien par places quelques
nous pouvons porter nos regards sur de lointains horizons.
Nous arrivons
Nous
il
inconnu jusqu'alors, nous marchons en
vallée, plaisir
souvent recouverte par une couche d'humus noirâtre
est
abondance des joncs et des roseaux, des fougères, des bruyères
une herbe bien fournie. Les lîezanozano, au nord de Moramanga principalement, y font paître de
grands troupeaux de bœufs.
Le bœuf de Madagascar Boa tale. et
zebu est
un bœuf
à liosse voisin
Haut sur jambes, portant de longues cornes,
il
est
des zébus de l'Inde
en général doux
et
paisible.
et
de l'Afrique orien-
La chair en
est
bonne
devient excellente lorsque l'animal est bien nourri. La protubérance qu'il porte sur les épaules atteint
pendant l'engraissement de fortes proportions: vaises laitières,
cl
quand
elles sont
c'est, parait-il.
un mets recherché. Les vaches sont mau-
séparées de leur veau elles ne donnent plus de
sauvage quelques troupeaux de ces zébus que
lait.
Dans certaines
Malgaches appellent
régions de
l'île,
omb\i
Je n'ai jamais pu rencontrer une autre variété de bœufs sauvages, sans bosses ceux-là.
halit.
désignés sous
vivent à
le
introduites dans
nom l'île
l'état
de omby
les
manga. Depuis quelque temps déjà des races européennes ont
et paraissent s'y
acclimater fort bien. Le
bœuf
été
est une des grandes richesses
VOYAGE
50 de Madagascar
de ces animaux prendra certainement
l'élevage
et
MADAGASCAR.
A
plus
grand dévelop-
un
lard
pement.
Au
delà du village de
Zomakely nous faisons l'ascension du mont Ifody. Les flancs sont dénudés; un petit bois regardé par les indigènes comme un lieu sacré couvre son sommet. Sur l'autre versant, une descente rapide nous amène dans une jolie vallée où, après une marche lente cl pénible à travers les marais
et
sur les petites levées de terre qui séparent les
un tronc d'arbre branlant
cl
champs de riz, nous traversons une rivière sur mal équarri. Nous arrivons ensuite au sommet d'une colline dans le village
de Sabotsy.
Nous sommes que
sur
là
premiers contreforts de
les
chaîne de partage des eaux. Dans
la
Mangoro. De Sabotsy nous dominons un de ces vallons; l'environnent sont arides
et
à
fond en
le
bien cultivé, mais les collines qui
est
désolées.
Le lendemain, nous arrivons en quelques heures
commençons
les petites vallées
eux ses chaînons prennent naissance de nombreux ruisseaux affluents de droite du
laissent entre
monter une rampe rapide, où
le
à
chemin
Ambodinangavo,
et
confond souvent avec
se
de ce village nous
à l'est le
d'un ruisseau qui
lit
vient des hauteurs.
Nous sautons de
A gauche
la
nous nous hissons péniblement sur
pierre en pierre et
route
est
dominée par
le
sommet du mont Angavo;
et
,
les
plus gros rochers.
hommes
pendant que nos
essoufflés
reprennent haleine, Maistre et moi, nous en faisons l'ascension (1270 mètres). Là une vue magnifiqne
nous
fait
oublier nos peines. .Malheureusement elles n'étaient pas terminées,
marche dans un chemin épouvantable;
une nouvelle édition de
c'est
la
couloirs boueux, les roches glissantes, les rampes abruptes, se succèdent.
ceinture boisée de
l'île,
accrochée aux sommets de
('elle forêt,
que quelques kilomètres d'épaisseur.
A
midi nous atteignons
sommes
heure après, nous
A
l'ouest
terre ont
de
point
le
remplacé
les
Nous traversons
deuxième
d'Ankeramadinika.
village
près du mont Ambalobe
la roule,
la
grande chaîne de partage des eaux, n'a
la
1
1 -4(30
Une
mètres).
à Manjakandriana.
deuxième ceinture
la
nous reprenons notre
route d'Analamazaotra. Les
brusquement en avant du
Elle cesse
culminant de
et
on entre dans
forestière
la
province de l'Imerina. Les maisons en
cases en roseaux. Le pays devient 1res peuplé, nous
sommes dans
les
environs
de-
là capitale.
Mais, sans nous attarder longtemps sur ce territoire des Anlimerina. que nous allons visiter en détail
dans notre premier voyage, nous avons hâte d'arriver à Tananarive.
Dans
celle description rapide
du chemin de Tananarive
Européens qui ont voyagea Madagascar, lnlana br, qui relie à la côte l'on y rencontre,
et'
le
pays des Antimerina.
n'est certes pas
à Tainatave,
des Européens obligés
et
de suivre ces sentiers exécrables, accompagnés parfois de leurs et
si
coûteuse pour
fréquentée de Madagascar. Continuellement entre Tamatave l'autre, plus
de 900 borizana sont échelonnés sur
le
cl
les
il
n'en esl pas de
femmes
l'île
cl
même
africaine, sont
de leurs enfants.
transports est cependant
la
plus
chemin;
ils
transportent environ deux tonnes
demie de marchandises.
la
une
montagne sur
laquelle est construite Tananarive,
petite ascension à faire, courte
une course
folle,
mais
difficile,
nous distinguons à peine
les
les
uns des autres,
où nous faisons notre entrée
dans des ruelles étroites
maisons
et
Nos hommes, heureux d'arriver au terme du vùyage, Veulent
les édifices, l'aire
pavage des rues, montent
et
descendent des escaliers
et,
et
le
et
arrive au pied
30 mars. Encore
sinueuses. Emportés dans
qui fuient devant nos yeux.
sans doute une belle entrée dans
capitale. Ils prennent leur trot le plus allongé, bondissent sur les blocs le
genres que
Tananarive, marchant dans un sens ou
Notre roule traverse encore plusieurs villages, 1res rapprochés de
les
grande roule
Si j'ai insisté' sur les difficultés de tous
des créoles qui, appelés par leurs situations ou leurs affaires dans
Cette route dangereuse pour les voyageurs
dans
la
pour m'en plaindre, un voyageur aurait mauvaise grâce à màudir
obstacles qu'il vient bénévolement chercher dans les pays lointains. Mais
les
cl
chemin bien connu de tous
essayé de montrer au lecteur ce qu'était
j'ai
la
énormes de granit qui forment
après mille détours, nous déposent sains et
LA MONTÉE. DE
TAMMANDRY
VALLÉE
Saufs à
SI
-
paratl pas médiocre, porte de V Hôtel de l'Europe, où nous éprouvons l'agrément, qui ne nous
la
de retrouver quelques-uns des raffinements de
Avant
l'I
A TANANARIVE.
la
la
civilisation.
fondation du royaume antimerina, Tananarive
au sommet d'une colline rocheuse dominant merina, tentés par
la
Intananarivo
à l'ouesl la plaine
position inexpugnable alors de ce
n'étail
qu'un village construit
de Betsimitatatra. Les premiers rois anti-
hameau,
y établirent leur résidence habituelle
et
nombreux mesure que leur puissance grandissait, ils voyaient s'accroître leur capitale. Bientôt de peu par de nouvelles villages se groupèrent autour de la demeure royale, puis ils se réunirent peu à
à
constructions. Leurs
noms désignèrent
aujourd'hui une grande
cité, la
alors les différents quartiers de
la
ville
des mille villages qui
est
publics et plus importante de Madagascar, avec ses palais, ses édifices
ses faubourgs.
proprement dite s'étend du nord au sud sur une longueur un gros massif de d'environ trois kilomètres el sur une largeur moyenne d'un millier de mètres. C'esl souvent par une plus le gneiss et de granité s'élevant à 150 mètres au-dessus de la plaine et recouvert
La
colline sur laquelle est bâtie
couche
la
d'argile rongeàtre qui atteint
ville
quelquefois une grande épaisseur.
Du
côté de l'orient, celle col-
partout ailleurs elle se trouve isolée line est rattachée aux monticules voisins par quelques contreforts, très escarpés à l'ouest, au sud au milieu des rizières de la vallée supérieure de l'Ikopa. Les versants sont sont rochers à pic cl même en surplomb. et à l'est; dans la partie méridionale, en certains endroits les des hauteurs et Dans la partie septentrionale les pentes sont moins rapides, deux ramifications partent vont, en s'abaissanl peu à peu, se perdre dans palais de
la
Reine,
de l'Imerina.
est
à
1
la
plaine.
Le point culminant de
420 métrés d'altitude. Ce sommet se distingue de
fort
la ville,
où
loin dans
est bâti le la
province
VOYAGE A MADAGASCAR.
s2
Lorsqu'on approche de Tananarive, l'aspect en est très pittoresque partout les pentes sont couvertes de maisons d'un rouge sombre groupées sans aucun ordre, conséquence inévitable de la disposition :
du
terrain.
Des bâtiments modernes, de construction soignée, apparaissent par places. Dans
cette tonalité rougeâtre
est particulièrement curieux
panorama
le
décrire ou plutôt de
lui
A
nos pieds se trouve
A l'ouest
blancheur des palais.
la
lui
énumérer
le lac
;
les
que
c'est là
de
sur les bords du petit lac Anosy,
la ville,
je vais
principaux quartiers
conduire
Anosy. C'est une propriété royale;
pour essayer de
le lecteur,
les édifices
et
hauts
vivement encore dans
ressortir plus
maisons de bois aux teintes foncées font
quartiers, quelques vieilles
les
remarquables.
a été creusé en partie par ordre
il
du
o-ouvernement pour fournir, par un déversoir artificiel, la force motrice nécessaire à des moulins a poudre, construits non loin d'ici et qui sont abandonnés aujourd'hui. Il est alimenté par un canal de dérivation de l'Ikopa.
Au
milieu de
nappe d'eau, sur un
la
digue en pierres sèches, sont édifiées des maisons vent maintenant de poudrière. Sur jacassent à l'envi
les
à leurs côtés, des
;
bords du
gamins
au rivage par une
terre-plein circulaire relié
en bois, palais d'été de la famille royale, qui ser-
une légion de blanchisseurs
lac,
de blanchisseuses
et
armés d'une ligne de pèche rudimenlaire prennent quelque-
fois des petits poissons rouges, seuls habitants des eaux; encore sont-ils d'importation européenne. De l'autre côté du lac Anosy est la plaine de Mahamasina, le Champ de Mars de Tananarive. Ce vaste
manœuvre des
carré d'environ oOO mètres de côté sert quelquefois à la là se
tiennent les grandes assemblées. Vers
sement maçonnée
:
ces
murs enserrent
le
troupes, aux revues de l'armée,
centre on remarque une construction circulaire soigneu-
la pierre sainte
son couronnement. Cette pierre, qui consacre
sur laquelle
le
souverain se tient debout lors de
pouvoir mys-
ainsi la toute-puissance royale, a, par ce
maha masina, donné son nom à l'emplacement qui l'environne. En temps ordicourt gazon de Mahamasina nourrit les bœufs que l'on amène journellement dans la ville et
térieux de rendre saint, naire le
quelques ânes ou chevaux, bien rares encore dans Derrière Mahamasina,
le
terrain s'élève
le
flancs de la grande colline de Tananarive, qui décrit le
centre
cl
en tournant
où nous allons suivre la tète
vers
le
du regard, de
sud, nous
pays.
brusquement
se dresser presque verticaux les
l'on voit
et
un gigantesque arc de cercle dont nous occupons
panorama de
droite à gauche, le
la ville.
Auparavant,
remarquons sur un plan plus rapproché un monticule arrondi
et
c'est la montagne d'Ambohijanahary. Des maisons qui s'entassent à ses pieds et sur ses flancs isolé forment le faubourg d'Imerintsiafindra. Le sommet du mont est dénudé, aucune construction n'y est :
élevée; on ne doit pas bâtir en face
teurs de ce
mamelon; ce sont des
voulait niveler est rattaché
Des lignes noires
palais de la reine.
parallèles rayent les hau-
fossés profonds creusés dans l'argile par ordre
du
roi
Radama, qui
sommet du mont. Cette entreprise gigantesque n'a pu être continuée. Ambohijanahary
par une petite crête au massif rocheux de Tananarive.
En suivant le
le
du
cette crête,
nous abordons l'extrémité méridionale de
quartier d'Ambohipotsy, au milieu duquel se dresse la
la
ville.
Sur
sommet
le
se trouve
flèche d'un temple prolestant. Les flancs
abrupts de ce versant sont par exception recouverts d'une argile blanchâtre;
et les
roches superfi-
cielles, décomposées en partie, qui apparaissent par places, sont extraites pour fournir des matériaux de
construction plus faciles à travailler, sinon plus durables, que
Continuant à parcourir du regard
la
ligne des crêtes, nous arrivons, après avoir dépassé
d'Ambohimitsimbina, à l'ancien palais de Ramboasalamy, qui
aux étrangers par rova,
le
gouvernement antimerina;
et,
et
surmonté de son
faucon malgache, emblème préféré des
sert
aux réceptions
et
aux
le
quartier
fêles offertes
tout à côté, à l'ensemble des bâtiments royaux ou
au milieu desquels se découpe vigoureusement sur
flanqué de ses quatre tourelles
granit.
le
toit
rois antimerina.
le
ciel le
grand palais de Manjakamiadana,
aigu, où plane au
sommet
Caché par ce grand
le
voronmaheri/,
édifice, est
le
le
palais de
Masoandro, où habile la reine. Au nord du Manjakamiadana, nous apercevons un édifice de proportions plus modestes c'est le Tranovola, « palais d'argent », où le premier ministre donne ses audiences. :
Au-dessous du rova,
la
paroi rocheuse est verticale, en cet
plaine, à plus de 100 mètres de profondeur, certains
endroit on
condamnés
à
mort.
précipitait
autrefois dans la
LA MONTÉE, DE
TAN1MAXDRY
PALAIS
Il
A gauche du
A TANANARIVE.
DE LA REIXE.
breuses du quartier d'Ambohijafy, plu-
rova on distingue, au milieu des maisons
sieurs constructions importantes, habitations des principaux officiers de l'armée el
grands fonctionnaires. Vienl ensuite
le
surmontée d'une grande coupole
carrée, ornée aux angles de clochetons, esl palais, la colline s'abaisse
peu
à
peu en
même temps
qu'elle se divise en
moins rapides, couverts parloul de nombreuses habitations, dans
le
quartier d'Ambodinandohalo, on
deux tours de
les
une vingtaine de canons sans
pice,
voil les
une défense sérieuse. En
la
la
la
successifs
étages,
verdure qui bordenl dans noire voisinage
hauteurs de
des
vitrée.
lac
le
ramification orientale. C'esl
le
Au uord de
ce
le la
ramification occidentale
mission catholique, que dominent
rina se figurenl
drale est le quartier d'Ambatovinaky, avec son église norvégienne
les
el
deux branches, aux versants
que ces batteries constituent
réalité elles ne servenl qu'à tirer des salves lors des fêles.
nombreuses maisons s'échelonuenl en
cour
la
cathédrale que s'alignent, braqués sur un préci-
Les Anti
affûts.
liés l'origi
constructions de
cathédrale. C'esl au-devanl de
la
de
palais du premier ministre. Cette vaste construction de l'orme
el
el
viennent
A gauche de
la
cathé-
son temple britannique. Puis de
cacher dans
se
massifs de
les
d'Anosy, tandis que, au second plan, apparaissent
quartier de Faravohitra.
A
l'extrémité se dresse la tour
carrée d'un temple. Enfin, à l'extrême
de
la
gauche du panorama,
le
quartier d'Ambohitsorohitra, où se trouvenl
les
bâtiments
résidence de France.
Si la ville de
Tananarive
esl
intéressante à contempler, une
promenade dans
les
rues de celle cité esl
souvent par de dénuée d'agréments. Ses voies tortueuses, coupées par des marches élevées, obstruées massive sert de roche la gros blocs de granit, sont pavées par places de pierres anguleuses: parfois chaussée, mais
le
plus souvent on
marche sur
l'argile
ravinée, maintenue sur les pentes trop
par d'insuffisants barrages. Pour l'Européen, l'usage du Glanjana s'il
veut sortir sain
Deux rues
el
est
raides
presque toujours indispensable,
sauf de ces périlleuses excursions.
principales partent du rova. L'une descend vers
Justice, petite construction en pierre de style grec, possède
l'est et
après avoir contourné
une chaussée pavée avec
soin.
le
Palais de
Ce
travail de
centaine de métrés, reprévoirie qui ne s'étend malheureusement que sur une petite longueur, une primitif cl après avoir sente le seul progrés réalisé récemment. Bientôt après la rue reprend son aspect qui gravit par des traversé le quartier d'Ambohitantely, où elle est rejointe par la roule de Tamatave pentes fort raides et des escaliers géants les flancs escarpés de
la
montagne. Le chemin
se dirige
VOYAGE A MADAGASCAR.
3(3
ensuite vers
le
nord en suivant
difotsy pour aller à
les
hauteurs de Faravohitra, puis
Anlanimena traverser
de
les rizières
La deuxième rue principale que nous allons suivre
plaine
la
est
des grands dignitaires et tructions.
faubourgs
le
proprement
l'autre, la cité
certaines parties de la plaine voisine,
et
haute
ville
grande
la
colline,
groupant ses nom-
environnée, surtout du côté de
était
versant occidental, presque à pic, rendait superflu ce système de défense
le
le
en deux parties. L'une comprenait les
était divisée
sur les hauteurs de
dite, était construite
breuses cases autour des bâtiments royaux. Celle de fossés profonds;
plus fréquentée,
la
palais elle passe au milieu des habitations
le
couvraient les flancs des collines
et les villages qui
les villages voisins.
long des vieilles maisons de bois, rares échantillons des anciennes cons-
y a quelque cinquante ans, Tananarive
Il
c'est
faubourgs d'Anka-
les
conduire dans
et
de l'ouest,
celle
boulevard élégant de Tananarive. Tout d'abord en quittant
descend dans
il
On remarque
portes massives donnaient accès dans les rues principale-.
l'est,
des
;
encore maintenant quelques
vestiges de ces fortifications, et des postes de soldats occupent aujourd'hui dans les voies fréquentées les
emplacements des anciennes portes.
Dans
cette enceinte primitive
on ne pouvait
que des maisons de bois; dans
édifier
d'alors la pierre, les briques et la terre étaient exclues. Les quelques
sont d'un
aspect avec leurs murailles sombres, leurs toits de
joli
chevrons des pignons qui dépassent
Continuant notre marche nous arrivons devant
chaume
très aigus et les derniers
le
du premier ministre
palais
grande terrasse sur laquelle
la
Cet espace triangulaire qui se trouve au point où
deux bras de
les
plate-forme de quelque étendue que l'on rencontre dans nord. La place d'Andohalo,
grands kabary;
Palais.
Autour de
entasser,
que
c'est là
promulgation des
lois, les
la
la ville,
peuple se réunit pour entendre
le
sur l'herbe,
c'est
rement. Dans tions sacrées
un
de réunion pour
lieu
se réunissent
demeurent de longues heures dans
ils
comme
celle
pour
au ras du
Au
sud de
parles soldats de garde au Palais qui viennent
sol
est
séparée de
la
le
maison de pierre construite les habitations
des Pères.
il
est
la
De
Mission catholique
le
le
la
terrain est en
l'autre côté
chemin
le Ciel
de
marché fréquenté surtout
c'est
la
Mission catholique. L'église fort
un endroit sacré auquel
Mgr
dominé
est
défendu est
une
Cazet, évêque de Madagascar, à droite est vaste;
il
descend jusque sur
grande partie d'une déclivité
telle
la
que maints
se trouve l'école des Frères. à l'est par des constructions importantes.
roches et d'argile, où poussent quelques aviavy centenaires, rares représentants de le sol
il
A gauche
bordé par un précipice de 120 mètres de profondeur. De ce côté, sur un
rescente dans les liants quartiers, gisent sur
aussi dans ce
d'Ambohimanga, remerciait
mission
du chemin
est
:
du jour. Accroupis
construction de leur cathédrale.
à l'européenne, résidence de
Mahamasina; malheureusement
lui quittant la
l'ouest
la
L'emplacement accordé à
endroits ne peuvent être utilisés.
curieux
approvisionner.
s'y
Pères dans
s'y
des maisons qui envi-
souverain, après une absence de Tana-
place se tient un petit
chaussée par un lac minuscule; les
les terrasses
la
une roche noirâtre qui a ses attribu-
place d'Andohalo l'on arrive bientôt devant
de loucher, ce qui a gêné beaucoup
et
monter au
une foule considérable peut-elle
les oisifs et les
narive, et particulièrement en revenant de son voyage annuel
la
terrain descend-il légèrement
se raconter les nouvelles
de Mahamasina. Sur celte pierre,
pouvoir rentrer en paix dans sa capitale.
En descendant de
le
aux assemblées populaires, aux
celle position qu'ils semblent affectionner particuliè-
partie centrale de la place, on voit
la
place d'Andohalo.
lecture des messages de la reine
la
terrain s'étage en amphithéâtre, aussi
nouveau forum beaucoup de Malgaches
plaine de
sert
augmentée encore de nombreux spectateurs groupés sur
ronnent Andohalo. Généralement
spacieuse
encore
Mahamasina,
plaine de
la
colline se divisent est la seule
déportations des provinces y attendent avec leurs tributs l'ordre de
place
la
le
comme
la
pendant quelque
cl
s'élève ce vaste édifice.
Après quelques détours sur une pente assez rapide, nous débouchons ensuite sur
le
constructions
de deux longues pointes acérées.
le faite
temps nous longeons une muraille qui soutient
vers
les
maisons qui subsistent encore
la
petit
A
remblai de
végétation arbo-
vingt-cinq canons de foule qui servent à tirer des
salves dans les grandes solennités. D'autres canons aussi délaissés se trouvent encore dans les différents
quartiers de la ville haute et sont employés aux
mêmes
usages. Près du Palais une de ces bouches à
LA MONTÉE, DE TANIMANDRY A TANANARIVE. feu
donne dans
couvre-
le
la
matinée
le
signal d'exécuter les corvées de la reine, et à neuf heures
les
plus achalandés
;
les
maisons anglaises
groupées de préférence sur l'autre branche de
sol c-l
le
annonce
la colline,
que
l'on fait
LES VIEUX
la
uni nous conduit au grand
cl,
après avoir dépassé
le
que mal, mais qui sont
le
la
loin d'être
CASONS.
marché du Zoma; non
résidence générale de France, Lu quittant
la
tant bien
au quartier d'Analakely,
la colline,
les
d'Ambatavinaky, nous descendons une
plaine de MaliainaMua. l'autre au nord va dans
deux ramifications de
de
et
deux voies secondaires viennent aboutir
suffisantes, l'rès d'un temple protestant
au sud descend vers
cl
maisons des missionnaires protestants se sont dans le quartier de Faravohitra. En continuant
cl les
particulièrement mouvementé; après chaque orage celle partie de
voie nécessite quelques réparations urgentes,
[ilus
soir
principaux établissements français
les
notre roule nous traversons les quartiers d'Imarivolanitra
rampe assez rapide où
elles les
du
l'eu.
Le long des chemins que nous suivons sont situés magasins
57
noire rue. L'une
que
vallée
laissent entre
l'uis la rue principale sur
loin de nous, sur
Zoma, nous traversons
tombeau delà famille du premier
la
à
la le
gauche,
est
un terrain
l'emplacement
quartier populeux d'Isotry
ministre, on arrive dans les rizières sur
la
route qui conduit à Màjunga.
Ce monument funéraire l'architecte, résidail
il
na
cessé de rendre
nèrent, et à juste titre,
et les
il
règne de
le
depuis longtemps déjà
dernières années de ce long règne
qu
sous
fui édifié
s'est
à
la
reine
rendu populaire dans l'Imerina par
industries variées qu'il a créées dans
un grand ascendant
est
1"'.
M. Laborde, qui en
Madagascar, chargé des intérêts de
à la cour.
le
Le tombeau
ministre puissant de Ranavalona I"\ père de Rainilaiarivony
de l'édifice
Ranavalona
le
les
la
France, dans
nombreux
fui les
services
pays, toutes choses qui lui donfui
construit pour Ramiharo,
le
premier ministre actuel. Le soubassement
formé d'un massif carré de maçonnerie de 20 mètres de côté, au-dessus une immense
dalle monolithe recouvre le
caveau de
élevées se dressent au nord du
la
famille, celle dalle esl entourée d'arcades,
deux colonnes
monument. s
VOYAGE
38
A
MADAGASCAR.
À
nombre considérable de rues de moindre impor-
ces deux voies principales viennent aboutir un
tance, ce ne sont que des sentiers tortueux et
Depuis longtemps Tananarive a perdu
si
étroits
que souvent on a de
peine à y passer.
la
de ses constructions primitives,
l'originalité
maisons de
les
bois des anciens Antimcrina, bàlies d'après un style uniforme; les grands palais d'alors, qui étonnaient
parleurs dimensions autant que parla grosseur des matériaux employés, ont disparu peu à peu, ou sont cachés sous une enveloppe moderne, qui laisse à désirer parfois sous le rapport de l'élégance. Partout la
brique ou
l'argile battue.
Quelquefois
la pierre est
maintenant employée,
constructeurs ont bâti
et les
des maisons de tvpes fort variés, copies toujours mal comprises de nos habitations.
En
général,
une
maison confortable de Tananarive possède deux étages; les murs en brique cuite ou crue, selon la richesse du propriétaire, soutiennent une toiture de tuiles; une ou deux varangues supportées par des piliers sont établies sur les côtés la
de
maison. Des portes assez bien
la
faites et
des fenêtres vitrées ornent
construction, surmontée toujours d'un paratonnerre. Le peuple habile des cases plus modestes
quatre murs de terre recouverts d'un
aux vents froids
— pratiquées
de
et violents
dans
le
mur
l'est,
toit
:
de chaume. Ces maisons, pour ne pas exposer leurs habitants
ont leurs ouvertures
occidental. Celte
— imparfaitement closes par des volets primitifs
coutume que nous observerons toujours dans
les villages
de l'intérieur est ici tombée en désuétude; l'usage des vitres se répand de plus en plus et cette règle inflexible gênait par trop les nouveaux architectes dans leurs conceptions modernes. Les constructions imporlanles sont entourées d'une cour plus ou moins vaste, limitée par un mur de pierre ou d'argile: c'est
dans celle enceinte que
se trouve, à coté
de l'habitation principale,
la
demeure des esclaves ou des
o-ens de service. Les maisons plus ordinaires sont réunies dans un enclos par groupes de trois, quatre ou* même davantage; d'autres fois elles s'entassent à côté les unes des autres, ne laissant entre elles que
d'étroites ruelles.
Ces emplacements ont élé conquis en entamant
sur les pentes pour niveler un peu
le sol.
Presque partout
le
rocher
la ville offre ainsi
en rejetant les déblais
et
une succession de terrasses
établies sur les lianes escarpés des collines.
nombre des habitants de Tananarive. 11 faut encore ajouter à cette population sédentaire une population flottante fort nombreuse. Beaucoup d'indigènes sont continuel-
On
peut évaluer à 100 000
le
lement en voyage.
Les habitants sont en grande majorité des Antimerina. des autres tribus, la capitale
appartiennent presque tous à
que résident
les officiers et les
ou leurs
ils
les
la
Si l'on
rencontre quelques représentants
classe des esclaves ou des affranchis. C'est dans
grands dignitaires du royaume,
les
nobles
et
les
gens riches de
des princes
Une
des environs. et
province,
meilleures troupes, puis des Antimerina marchands ou industriels avec leurs esclaves
serviteurs. L'indigène libre qui cultive la terre habile de préférence les
les villages
la
partie notable de la population est
des grandes familles
:
c'est
dans
cette catégorie
formée par
que
nombreux faubourgs
les esclaves
se recrutent
et
des ministres,
principalement
les
borizano, porteurs de filanjana ou porteurs de marchandises.
Malgré cette grande agglomération d'habitants, cautions les plus élémentaires de l'hygiène,
la
la ville est
relativement saine.
En
l'absence des pré-
position élevée de Tananarive, les vents violents qui dessè-
nettoient les chent l'atmosphère pendant plusieurs mois de l'année, les grosses pluies de l'hivernage qui hauts quartiers et entraînent dans les parties basses les immondices de toute nature, enfin l'abondance maintenir la ville dans d'assez et le bon marché de la nourriture qui rendent la vie facile, contribuent à
bonnes conditions de salubrité. des collines et suiL'eau est fournie en assez grande quantité par des sources qui jaillissent au pied ce qui nécessite des tes flancs des coteaux, mais il faut la transporter dans les différents quartiers,
ascensions continuelles
personne sert
et sa
maison de
que pour sa cuisine
un
et
cet
et
travail pénible. Aussi
l'
Antimerina ne se montre-t-il pas prodigue pour sa
élément essentiel de propreté,
sa boisson. Certaines sources
il
économise
le
précieux liquide et ne s'en
donnent une eau de bonne qualité;
les autres,
des mares stace sont les plus nombreuses, laissent à désirer sous ce rapport, elles se perdent dans en troupes gnantes. Ce sont des femmes esclaves qui vont chercher l'eau. Malin et soir elles assiègent
TANIMANDRY A TANANARIVE.
LA MONTÉE, DE
\
l
nombreuses
les
abords
contenance de 10 ronnes de
paille,
conduisent
vendredi
le
occasion remuante
cl
y remplissent des cruches de lerre aux formes arrondies, d'une
sommet de
le
1rs
la
tête
sionnements de toute nature il
1m
population, calme
que
C'est
plus important delà
le
el
le
lever
du la
la ville
soleil, ville
toutes les routes qui
sont
toute
la
journée
nonchalante habituellement, semble à •elle
Zoma ou marché
le
posées sur des petites cou-
chemins escarpés de
amènent une foule considérable. Los rues de
agitée.
de prédilection où
\.
jour du grand marché. Dès
est le
remplies de personnes affairées;
lieu
Z"M
DU
environ. Elles les portent sur
capitale
à la
el
.un
remontent ensuite en longues Ries
et
A Tananarive,
fontaines
îles
litres
i
59
esl
mais
ville,
non seulement qu'il
est
va volontiers apprendre les nouvelles, discuter
le
centre d'approvi-
encore pour les
le
Malgache un
prix des marchandises,
s'enquérir des besoins industriels ou commerciaux, chercher de l'ouvrage, enfin rencontrer les amis
des villages voisins. L'institution de ces
de l'Antimerina.
Il
a
marchés
si
nombreux
à
est un trait caractéristique de la vie sociale temps que son influence dans un grand nombre
Madagascar
répandu celle coutume en
même
de provinces. Ces sortes de foires se tiennent dans
les villes,
dans
les villages
importants, souvent aussi
en pleine campagne au milieu des hameaux disséminés. Les populations trouvent dans ces assemblées
un moyen de communications incessantes
temps
les objets qui leur sont utiles.
quelquefois de
comptent pour
fort loin;
rien.
Il
et
peuvent
écouler leurs produits
est nécessaire d'attendre,
mais pour l'indigène ces déplacements
Les noms des jours de
la
il
est vrai, le
et la
y trouver en
et
même
jour du marché, devenir
perle du temps qu'ils entraînent ne
semaine où sont ouverts ces marchés servent à
les
désigner.
En approchant du Zoma un passage dans
la
par
la
grande rue qui descend d'Ambatovinaky on a
foule pressée, des convois arrivent
île
toutes les directions
île la
el
peine à se frayer
partent
chargés de
VOYAGE A MADAGASCAR.
(50
produits divers.
Il
faut se garer à
chaque instant des marchandises transportées
pendant que l'on
et
évite une longue pièce de bois qui s'avance menaçante, une botte d'herbes sèches vous frotte vigou-
reusement ou de grands paniers pleins de
tombent sur vos épaules. Les maisons
volatiles effarés
sines du Zomasont occupées par des revendeurs qui profitent de leurs marchandises disparates, ou faire
une vente aux enchères qui ne manque jamais
Là, se trouvent les objets les plus divers, vieux habits,
clients, viennent essayer la force et la légèreté le
marché, l'animation
demandes, vante sa marchandise ou discute longuement
bambous de charge; bruyamment,
et vient
un vacarme assourdissant. Cependant
une grande poussée
dans
malheureux
la foule
:
c'est,
un voleur que
dérobé quelque chose à un étalage ou a coupé
a
grave encore, car
c'est
nœud
que, dans un
là
criminel est entraîné à l'écart
les borizana, leurs
de
ses offres
fait
ses
et
disputes sont rares. Parfois
les
surprend en flagrant
l'on
coin du lamba d'un passant,
le
délit. délit
Ce
plus
enserre ses morceaux d'argent. Le
l'étoffe, celui-ci
lapidé incontinent. Le Malgache ne pardonne pas
et
une cohue.
valeur des objets. Des appels, des cris, des
la
vociférations se croisent dans se produit
rue
de ces bois au grand détriment des passants inattentifs.
grande, chacun va
est très
d'attirer
voi-
la
défraîchies, conserves avariées, vaisselle
('toiles
d'occasion et spiritueux frelatés. Puis ce sont les vendeurs de
Sur
circonstance pour étaler dans
la
vol
le
commis
à
son préjudice.
La
du Zoma
partie haute
est,
couverte de petits abris; un
s'élève au-dessus d'un terre-plein carré qui
vendeur, surveillant
enjamber
les
Il
lui.
boutiques rudimentaires,
et
chaume supporté par quatre pieux
de le
On
niveau du
sol.
Là
se lient accroupi le
a de la difficulté à circuler dans les
souvent, bravant les malédictions,
étalages. Puis ce sont des amoncellements de poterie, cruches de toutes
en terre rouge
à eau, plats
dépasse légèrement
marchandises amoncelées devant
les
étroites rigoles qui séparent ces
toit
et
blanche, assiettes à pied vernissé, marmites à
riz
de toutes
il
faut
formes, jarres
les
dimensions.
les
serait trop long d'énumérer tout ce que l'on trouve dans ce grand marché.
partie de la place a son affectation spéciale; l'on parcourt
Chaque
marchands
d'étoffes indigènes
meubles neufs
et
d'occasion, de
et
quartier des
le
d'instruments de musique, etc.
literie,
Le marché des produits alimentaires
est
toujours bien fourni.
pommes de
manioc, des patates, des fèves, du maïs, des
France
successivement
européennes, des chapeliers, cordonniers, vanniers, marchands de
On
y voit du
riz
en grande quantité, du
choux, presque tous nos légumes de
terre, des
différentes plantes indigènes comestibles.
et
Lorsque
Zoma, une
l'on quitte le
d'Analakely.
petite ruelle affreusement ravinée conduit vers le
Une annexe importante du grand marché y
C'est également sur cette place
que
l'on
pour
est établie
nord sur
trouve les madriers destinés aux charpentes et
menuiserie. Ces pièces de bois viennent de loin
la
place
vente des animaux vivants.
la
sont d'un transport difficile, aussi
les
planches
le
Malgache
pour
la
a-t-il
recours à certaines ruses pour diminuer ses maux. Les planches réunies par paquets d'une demi-
et
douzaine ont une assez belle apparence, mais sans grand examen on reconnaît bien vile
Ces planches
hache dans
taillées à la
—
deux planches
arbres de
la
la
partie centrale dans de tories proportions
sur les marchés sont travaillées de
quand
le
la
même
rabot y a passé.
.
Toutes
En regagnant
la ville
plus loin on longe des meules d'herbes sèches
tières
de
l'est.
fendu en longueur fournit
pour cuire
les
aliments
il
les pièces
de bois vendues
par une rue latérale on passe devant
des tas de gerbes de herana, jonc triangulaire employé pour les toitures
;
supercherie.
façon, elles sont ainsi moins lourdes à transporter, mais se
de zozoro, plante analogue mais plus fortequi dans
complètement
la
sont amincies patiemment par l'ouvrier qui respecte les bords et les extrémités des
plateaux mais creuse
réduisent à rien
les
forêt voisine — un tronc
el
les cases
et
contre des paquets de claies
pauvres sert déportes ou de cloisons;
des piles de pelils fagots. Dansl'Imerina
faut acheter au
Aussi pour remplacer ce rare combustible
le
bois
manque
marché du bois apporté des contrées la
grande majorité de
la
fores-
population se sert
des herbes coupées sur les coteaux dénudés de l'Imerina.
Selon l'abondance ou
la
rareté des produits mis en vente
fluctuations. Je crois utile de mettre sous les
les
cours du
yeux du lecteur certains
Zoma
sont soumis à quelques
prix, notés lors de
mon
dernier
LA MONTEE, DE TANIMANDRY A TANANARIVE. passage à Tananaiïvc à d'y revenir dans
la fin
la suite les
productions du pays; encore
de l'année
Ces renseignements serviront
1891).
à
('-faillir
61
sans qu'il
soit
besoin
conditions exceptionnelles de bon marché où sont livrées à Madagascar les faut-il
remarquer que partout, dans
dans de notables proportions pour devenir dérisoires dans
les
l'intérieur de
l'île,
ces prix diminuent
provinces méridionales où l'argent n'a
plus cours.
MARCHÉ DE TANANARIVE DU
3
OCTOBRE 1890.
1
Francs.
Riz décortiqué blanc, les
Hiz décortiqué rouge, les 16 kilogr Riz brut, les 16 kilogr...
I
Bœuf gras, vivant Mouton vivant Cuisse Je bœuf entière
o 40
où OS
Pigeon,
o 30
03 30
(Hjifs.
3 30
Choux
IS
60
1
»
Rosbif entier Filet de bœuf entier Gigot de mouton entier
Jambon
SO 1
entier
43
1
Lait, le litre
15
Poulet petit Poulet gros Poule grasse Dinde
20
Parmi pour
35 1
amenées
être
15
I
les principales
à
Francs.
Canard Canard de Barbarie
2 70
kilogr
16
douzaine
o 20 o 25
Paquet anamamy (morelle) Paquet anal si uma (chou de Chine) Paquet anamahalo (cresson de Para) Farine malgache (blé), les 50 kilogr Peaux île bœufs, les 50 kilogr Peaux île mouton, la pièce Bois de charpente, de menuiserie Bois à brûler, le petit paquet Herana pour toiture, les 12 pièces Paillote
marchandises étrangères qui ont
Tananarive, citons
la
o 50
paire
la
à
île
zozoro, les
supporter des
i
52 10
Sel, les 50 kilogr
Z3 75
Maximum
yards 10 yards Toiles blanches, les 40 yards Toiles blanches, les io yards
me
Il
Minimum. Maximum, Minimum.
les
suivantes
Augusta,
12 90
18 65
10
00
parmi
:;
75
:;
02
Francs.
Indiennes américaines, les 21 yards lin lien ies anglaises, les 21 yards
13 75
Indiennes allemandes, les 24 yards Patnas, les 6 yards Flanelle couleur, yard
10
-
I
85
10 40
20
1
les
cotonnades écrues
et
de couleur qui se vendent
Calvert, 1
2
10
yards
3 0G
Buck Head
3 S7 1/2
2 00
Toiles blanches.
200 3 87 1/2 :;
n;
Clifton Mills
::
De Witt mufg co
::
Garlîeld X....
:;
84
Great Faits Kelilambana Kinlana Kinlana (R. Sarrante) \\X.
:i
87 1,2
1>°
5
s
I
P
6
II'
i
1
M 87
60
2 60 2
ou
—
40
B.
» SB. D° D° Mamba » Andriamasinavalona ; B. Lalouette et Dupré D° .1. Amlrianisa D° Lion Ibrahim Ismacl P Buquet et Bonnet D» 1
I.
Dupuy
i
Wilson
10 • » .
»
1/2
3 87 1/2
— — —
B. 10
D» D°
3S7 3 87
1
3S7
1/2
2
3 87 1/2
yards
— — — — — — —
3 50 3 62 1/2 3 50
2 50 3 50 3 71 3 GG
R. Sarraute
2 G0
40
00
21
37 1/2
1
00
I
00
1
33
D" N° 882 882 D° N° 880 D° D° N° SS l i 1 I'. Aitken Proctor Bros Tafondro Procter Bros Sogafotsy
1
33
Sambôkely
Mpamono Voag Lohomby B
2 00
2 60
Les prix de ces colonnades sont marqués
»
1/2
3 87 1/2
A.
2 00
21 y;
21
— —
»
2 00
2 00
Kelilambana Lambrano, 16 yards D°
— — —
2 00
Miarainila
D"
12
3 87 1/2
2
PelzerA D° \Y Ranavalona Madagascar Mangasoatra
2
387
Destienne, 6 cour. 40 yards 5
1
2 G0 :;
F.
I>"
3 52
Mills.
Massachussetts Our Level Best
Toamasina Kelilambana,
o 25
13 30
Cabot
Leyman
20
20
:
yards yards Bangor A, 30 yards D° F. 40 yards Bennington F
Antarctic,
19 50
faut encore citer avec plus de détails,
au marché,
o 05
Divers.
considérables de transport
Francs.
io
22 50
:
Farine européenne, les 50 Kilogr Toiles écrues, les Toiles écrues, les
o S0 41 05
pièces
frais
15
I
o 90
» »
3 73
V
30 50
en piastres (de 5 francs) et en centièmes de piastre.
VOYAGE A MADAGASCAR.
62 L'industrie les
la
femmes qui
plus importante de Tananarive est
Avec de
font ce travail.
la
soie
lamba de luxe qui atteignent souvent un prix
fabrication des lamba de soie ou de coton.
la
du pays ou de provenance étrangère,
fort élevé, plusieurs centaines
Ce sont
elles lissent
des
de francs. Ces lamba sont
rayés de couleurs vives, où un violet criard prédomine malheureusement trop souvent. Des dessins
habilement
de manière
lissés,
paraître des
à
deux côtés de
représentent des fleurs, des feuilles,
l'étoffe,
des motifs divers.
Avec du coton obtenu en
des calicots d'importation cm fabrique des lamba moins coûteux.
effilant
de nombreux genres de lamba. Parmi les principaux, citons
rouge sombre avec bordures noires:
lamba-piraka
le
esl
le
:
lamba-mena en soie indigène,
Une
servent aussi à envelopper les morts.
ils
fond de cotonnade blanche traversée de bandes noires,
Quelques-uns de ces lamba de soie ou de colon, réelle,
mais aujourd'hui
donné peu
à
peu
portée
dans
nommée
variété
tissu d'un
grandes cérémonies
les
arindrano, qui présente un
plus souvent par
le
la classe
bourgeoise.
modèles anciens, ont une valeur
lissés d'après îles
désireux de vendre leurs produits aux Européens de passage ont aban-
les artistes
anciennes modes pour imiter
les
est
existe
analogue, mais ses extrémités sont semées de
petites perles d'un alliage' d'argent oud'étain; ces vêtements sont portés
nationales,
Il
papiers peints
les
surcharger leurs soieries de
et
dessins d'un goût douteux.
Dans
les
autres industries,
sont nombreuses, puisque tous les corps de métiers y sont repré-
et elles
une production originale. Ainsi des objets d'or
sentés, on chercherait vainement
d'argent travaillés
et
avec patience parles indigènes, des broches, des boucles d'oreilles, des bracelets, des chaînes, ne sont
que des imitations de nos bijoux d'Occident. L'Antimerina lui
lion a subi des
que
l'influence des étrangers l'aspect général de la ville s'est modifié, la popula-
changements
de cette évolution a été
la
dans ses habitudes extérieures. Là encore,
corrélatifs
faculté d'imitation
sa richesse, l'habitant se fera construire
voudra vivre ira
les professions
ont enseignées les blancs.
En même temps que sous •
devenu habile dans
esl
comme
la
capitale
de forme, redingote
costumes
les et
une maison
comme
celle
et
cause principale
la
haut degré. Suivant
si
du vazaha (du blanc, de
cherchera à prendre au moins l'apparence de ses
lui.
dans ses temples ou dans ses églises
rues de
que possède l'Antimerina à un
mœurs
l'étranger),
de ses coutumes,
et
surtout adoptera son vêtement. Aussi peut-on voir dans les
les plus variés.
Les riches sont mis avec recherche, chapeau haut
pantalon noirs, cravate voyante, bottines vernies; quelques-uns portent de préfé-
rence un complet de haute fantaisie. Chez les bourgeois moins fortunés, ces vêlements européens perdent graduellement leurs parties constituantes. gilet.
L'indigène conserve
tient
alors à la petite noblesse ou
marquée pour
le
le
sous avec une sorte de robe de chambre en
la
manque généralement
veste il
se drape
dans
le
et
les souliers
flanelle à
toile; certains
de
grands carreaux. Enfin, dans
peuvent s'acheter des chaussures ont
chemise de couleur. Les borizana eux-mêmes portent
saraka. Seuls, au milieu de toute celle population, les soldats
quelques esclaves attachés à
la
Les femmes recherchent aussi tées oui restreint le
le
culture des rizières portent
le
et
pour
les
vrai
modes européennes; mais
les
dans
la
bourgeoisie, les
de luxe, se remarquent fréquemment. L'usage du corset .Mais c'est
aux jours de
fêtes
cl
dans
vêlements des vazaha. Je
qui sortait du temple où
le
du cortège,
la
le lilanjana
de
il
le
appar-
les
me
peuple, les artisans
transformation
paille, et
sur
la
côte belsimi-
parties reculées de l'Imcrina
costume antimerina.
les prix élevés
certaines
robes de soie,
commence
le
des-
pantalon de laine ou tout au
chapeau de
amenés des
le
nombre des élégantes de Tananarive. Cependant
ont des toilettes tapageuses,
première, puis
mondains cachent ces
première du costume malgache, apporté depuis longtemps déjà à Tananarive
et
la
lamba traditionnel;
au monde commerçant. La jeunesse des écoles a une prédilection
caleçon, les bas de laine
et les petits propriétaires qui ne
moins
La
pantalon, les brodequins, et
les
des confections impor-
dames de
la
haute noblesse
chapeaux voyants,
à se répandre
dans
la
les souliers
grande société.
cérémonies qu'on observe surtout ce goût du riche Antimerina
rappelle avoir rencontré dans la rue
pasteur venait de donner
la
d'Ambatovinaky une noce
bénédiction nuptiale aux jeunes époux.
mariée, qui, parée d'une élégante robe de salin blanc
et
En
tète
coiffée à l'euro-
.
MONTÉE, DE TANIMANDRY A TANANARIVE.
LA
63
pèenne, portait une chaste couronne d'oranger! Son noble époux
la sui-
un
vait on frac,
cravate blanche,
bouquet à
boutonnière, puis
la
famille et de
mis à
nombreux
dernière
la
sent pas
('-lé
sur
et
qui n'eus-
déplacés sur nos boule-
vards parisiens Je
mode
'.
pas davantage
ne m'étendrai
habitudes extérieures de
les
bitant de Tahanarive.
a conservé
la
invités; tous
l'ha-
Sans doute,
quelques-unes des
il
an-
ciennes coutumes de ses pères, mais
sont
elles
dehors factices
nous
et
des
sous
dissimulées
retrouve-
les
rons plus apparentes chez les popu-
des campagnes en parcou-
lations rant
la
province de
11
merina.
Jusqu'à ces dernières années
ment européen
surtout
était
l'élé-
repré-
senté à Tananarive par les missions religieuses.
Des pasteurs anglais
établirent les premiers vers
au
convertirent
les
1H20, y
protestantisme
la
population
et
majeure partie de aujourd'hui
s'y
la
cultes
des églises E
indépendantes méthodistes
cl
canes sont célébrés dans de beaux temples où se pressenl des
missi
laires
les
français,
1*.
I!.
leur cause une forte minorité.
rallié à
des établissements
chrétiennes
importants où
les aident
I
M, AN
I
ES
!•!
I
A\
W \IIIV
I
.
angli-
Jésuites vinrent enseigner Ils
possèdent
des sœurs de
dans leur tâche
nombreux adepte-. Plus
>\<-
difficile.
à
le
catholicisme
Tananarive une
el
des
dans
les principes
du christianisme,
à leur manière,
qu'ils professent
en 185a ils
ont
des églises,
Frères des écoles
personnel des missions a été augmenté
le
par des pasteurs luthériens venus de Norvège. De sorte qu'à l'heure actuelle tous instruits
depuis
jolie cathédrale,
Saint-Joseph de Clunj
Enfin, en L866,
et
lard
les
habitants soid
comme nous
le
verrons
ultérieurement.
Cependant l'évangélisation
n'a
pas été
la
seule préoccupation des missionnaires ; sous leur influence,
d'immenses progrès ont été accomplis, l'instruction surtout y s'élever et
autour
île l'église et
du temple de nombreuses écoles où
aussi des collèges où se forment les instituteurs indigènes;
anglaise
et
a
d'Ambobipo des H.
1\ Jésuites.
De
plus, les
gagné. Au — voyons-nous dans
la
ville
i
se distribue
comme
une instruction élémentaire
ceux de Faravohitra de
la
mission
besoins de l'enseignement amenèrent les mis-
sionnaires à créer dans leurs maisons des industries telles qu'imprimerie, menuiserie, forge où leurs élèves puisèrent les notions d'une instruction technique variée. Enfin des établissements charitables furent ouverts, entre autres l'hôpital anglais d'Analakely
construites par les Pères
à
quelques kilomètres
à l'est
de
cl
la
les
maisons de refuge pour
ville.
les lépreux,
Toutes ces sociétés religieuses ont
Leur altitude pleine de 1. La vérité m'oblige à dire que ces riches AnUmerina y seraient quelque peu remarqués. Suffisance, leur pose, leur maintien sont d'un ridicule achevé: malgré leur orgueil à se parer de nos habits de cérémonie, ces primitifs ne se dépouilleront jamais pour un observateur exercé de leur port simiesque qui, malgré leurs efforts, les dénonce partout.
VOYAGE
64
MADAGASCAR.
A
des postes secondaires dans la province de l'Imerina et du Betsileo
dans d'antres
el
territoires,
même
sur les côtes les plus lointaines, où, dès loiO, des tentatives avaient été faites par des prêtres catholiques.
Pendant que part
les
missionnaires répandaient #insi chez lesAnlimerina l'instruction et les initiaient d'autre
aux principales
industries, ils contribuaient dans une large mesure à étendre les connaissances que nous possédions sur Madagascar. Les règles encore mal assises de la langue antimerina étaient étudiées dans des ouvrages importants, comme les dictionnaires du P. Abinal el du R. Richardson. De son côté,
géographie s'augmentait de leurs travaux
la
et
en
même temps
que
des provinces centrales, des pasteurs protestants parcouraient R. R. Richardson
lo
P. Roblet faisait avec soin la carie
le
notamment dans
pays,
le
sud où
Nilsendlund traversaient des régions jusque-là inexplorées. Des légendes
el
et
les
des
traditions étaient aussi recueillies par le P. Callet et maintenant encore la mission anglaise publie dans
une revue annuelle des d'arriver à Tananarive
pour l'élément
^ oilà
articles scientifiques intéressants et variés. Enfin
pour y diriger un observatoire appelé à rendre religieux.
Quant
un
jésuite, le P. Collin, vient
les plus
grands services.
à la colonie laïque étrangère, qui ne se composait autrefois
que
des consuls ou
quelques officiers et ingénieurs employés par le gouvernement antimerina, elle est devenue assez importante dans ces dernières années, car elle compte environ deux cents individus dont plus des deux tiers sont Français. Il est vrai que celte augmentation est due en grande partie au per-
sonnel de la Résidence de France, aux services qui y sont rattachés, et surtout à la garde d'honneur du résident général, composée d'une soixantaine d'hommes d'infanterie de marine seules troupes que les traités nous permettent d'entretenir à Madagascar en dehors de nos territoires coloniaux, Nosy.-Bé, ;
Sainte-Marie
et
Diego-Suarez.
Les autres Européens établis dans
deTamalave. les
Ils
mains de quelques créoles de Maurice
et
C'est dans le quartier d'Ambohitsorohilra,
On
résidence générale.
la
vaste terrain loué par
destinées aux bureaux
de
la
Réunion
comme
cl
et
font
gros commerce;
le
je l'ai dit plus haut, la
premier ministre au gouvernement français
partie de
que
s'élèvent les bâtiments de
grande rue du Zoma. Sur un les
maisons s'étagent en
trois
plate-forme supérieure est occupée par deux maisons en briques
la
aux logements des fonctionnaires. Le résident général habile provisoirement
et
de l'ouest en attendant
la
construction prochaine de l'hôtel qui
lui est
destiné et qui doit s'élever
en avant de ces deux bâtiments. La deuxième terrasse est une cour servant de
Leur caserne y
soldats de l'escorte.
entre
le détail est
des marchands indigènes.
y accède par une ruelle qui se détache de
le
Lue
gradins successifs.
celle
sont presque tous des représentants des grandes maisons
la capitale
ont des magasins assez bien approvisionnés
réservé aux maisons des officiers
el
champ de manœuvre aux
est construite sur l'un des côtés. Enfin le terrain en contre-bas est
des interprètes français et aux jardins qui s'étendenl jusqu'au lac
d'Anosy.
Le
1
er
avril, j'étais
présenté au premier ministre par M. Le Myre de Vilers, qui après
but de notre mission
le
pour
la
première
nalité de
lui
dans
fois
demandait de favoriser nos voyages dans palais
le
Ràinilaiarivony, premier minisire
homme
liers,
et
son
reine
cl
me
l'île.
Celle audience
mettait aussi en présence de
avoir expliqué
me
faisait entrer
plus grande person-
la
Madagascar.
Ranavalo Manjaka
un
île la
lui
III,
il
exerce
le
cl
commandant en
foncé
cl ses
Sa Majesté
pouvoir suprême depuis plus de vingt-sept ans. Rainilaiarivony est
d'une soixantaine d'années, de
teint
chef, est de parla loi l'époux obligé de
taille
peu élevée
cl
d'apparence délicate; ses
traits sont
régu-
cheveux ondulés attestent son origine bourgeoise. Sous des dehors modestes
sous une apparente bonhomie
tout
lona
il cache un espril souple el délié, une fourberie peu commune et surune volonté inébranlable. Depuis 1864 il a vu se succéder au trône les reines Rasoherina, Ranava-
II el
conserver
Ranavalona la
III et
cependant, par une politique extrêmement habile
cl
loul asiatique,
il
a su
toute-puissance.
C est dans L ensemble mètres de côté
le
Tranovola,
la
deuxième conslruclion du rova
que me reçut
royal,
le
premier ministre.
des bâtiments royaux est groupé sur une terrasse à peu près carrée d'une centaine de et
soutenue par une muraille maçonnée, sur laquelle un
petit
mur
à
hauteur d'appui
sert
LA MONTÉE, DE TANIMANDRY A TANANARIVE. de clôture. Dans
le
prolongement de
grande rue
la
à la porte principale du rova. Cette entrée est hery de bronze
au-dessous de l'oiseau royal
;
du coté du nord, on
et
arrive par
un portique flanqué de colonnes dans
est encastré
la
et
un grand
pierre
65
une dizaine de marches
surmonté d'un voronma-
miroir.
Quelques soldats
défendent l'accès du rova; ces troupes du palais ne sont guère supérieures aux soldats loqueteux que rencontre dans
l'on
vieilles
autres postes de
les
Après avoir franchi
du grand
I
er
sans
—
ainsi le veut la
de grosses som-
el
son! enfouis au-dessous dans
Le grand palais de -Manjakamiadana le
dans
fenêtres,
ni
des vêtements pour
el
l'usagedu mort. Des objets précieux
M. Laborde sous
Trano-
Rasoherina,
de
el
portes
lesquelles on a déposé des vivres
mes d'argent
le
Manjakamiadana.
des massifs de maçonnerie surmontés
maisons
petites
gauche,
à
;
de Rasoherina, puis
faut se découvrir
il
— sont
tradition,
et
palais de
Radama
Les tombeaux de devant Lesquels
I
er
'.
une cour assez
porte, on pénètre dans
la
tombeaux de Radama
vola, en face
de
ne s'en distinguent que par leurs uniformes bizarres,
et
peu près, de gros blocs de granit
vaste, pavée, à les
la ville,
tenues d'Europe où dominent les vestes rouges
construit par
fui
règne de Ranavalona
caveau.
le
I
r0
Cel édifice
.
mesure 35 mètres de long sur une largeur un peu moindre
Le
une élévation d'une quarantaine de mètres.
et
toit, très
hauteur
plus des d<'u\ cinquièmes de
rapide, a
Le palais
totale.
ipreml
,
trois étages,
entourés de galeries, qui sont formées de sepl avec arches cintrées sur pel
il
tes
.
Quatre
en pierre ainsi (pie <
la
aux angles.
(
îonsl
le
mi-
muraille extérieure, elles sont
le revêtement
demaçoi
a fait perdre
rie
bâtiment son cachet primitif. Le vieux palais,
à l'ancien
entièrement édifié en bois,
effet,
travées
grand côté, de cinq sur
tours carrés s'élèvenl
dédale récente.
en
le
la
tous
est
remarquable par
les
dimensions colossales des diverses pièces de charpentes, presque RA1NIMANANADE.
toutes d'un
morceau, dont
il
est
composé.
énorme pour amener au sommel de sur chaque face
il
est
et
fallu
un
colline ces bois
peu nombreuses
immense
milieu du palais un
pilier,
;
elles
travail
volumineux. el
Un
élevé recouvre l'édifice;
toil
surmonté d'un uoronmahery gigantesque.
se distinguent
difficilement derrière les vérandas.
traversant tous les étages, s'élance jusqu'au faite, qu'il sou-
après avoir pris son point d'appui dans une grande salle du rez-de-chaussée où, tous
lient
célèbre
le
Fandroana,
la
la l'ait
du bain de
fête
près d'un mètre de diamètre
et
qui occupe
la
le
reine. Celle
centre de
la
les ans,
se
énorme colonne de soutien, qui doit avoir une boiserie qui
pièce, est dissimulée derrière
paraître encore plus volumineuse.
Le Tranovola, son
a
orné de trois étages de mansardes
Les fenêtres sont petites
Au
la
11
nom
à
«
Maison d'argent
»,
fui
construil pour le prince Rakoto,
une ancienne maison royale qui avait
le
même emplacement
et
étaient en argent. Le Tranovola, quoique dans des proportions réduites,
Manjakamiadana;
il
n'a
que
*\c\\\
fils
de Ranavalona
dont est
donne
ses audiences
dans
la
er .
Il
doit
les clous cl les serrures
absolument analogue au
étages. Mais son architecture esl plus soignée,
originalité première. Rainilaiarivony
I
il
a conservé son
vaste salle du rez-de-chaussée. Cette
les Antimerina sont bien tiers de ces . gardes de la Reine », malheureux en guenilles la plupart du temps revêtent les jours de grande cérémonie de vieux uniformes anglais étrangement disparates. Ces soldats qui sont 200 à peine sont appelés les Invincibles'. Sur le papier et dans les discours ils sont plus de HO 000. 1.
Cependant
et qui
VOYAGE A MADAGASCAR.
60 pièce, élevée
<1p
plafond, est étrangement meublée.
A
gauche de
réservés au premier ministre et à ses secrétaires'; dans rité,
apparaissent les objets les plus curieux
:
le reste
la porte,
de
une table
et
quelques fauteuils
plongé dans une demi-obscu-
la salle,
sur des tables ou des consoles, des pendules, des vases de
des orgues de Barbarie, des boites à musique, des jouets mécaniques. Les murs, peints en
Sevrés,
haut de couleurs sombres, tapissés en bas d'un papier reproduisant
maréchal Bugeaud
et
des épisodes de
campagnes d'Afrique du
les
guerre de Crimée, sont ornés de glaces, dans
la
les intervalles
desquelles les portraits de la reine Victoria, de Napoléon III et de l'impératrice Eugénie s'étalent à côté
de nombreuses lithographies coloriées.
A
l'est
récente
du grand
palais et derrière le Tranovola se trouve
c'est le palais
:
la
architecture malgache, est mieux disposé sous
rien l'ancienne voisins, et
de Masoandro,
une maison de pierre de construction plus
résidence de Ranavalona
l'ameublement plus moderne
est de meilleur goût.
palais, plusieurs petites constructions; ce sont des
sous les règnes précédents, soit
pour abriter
les
III.
le
Ce bâtiment, qui ne rappelle en
rapport du confort que les édifices
On remarque
tombeaux des anciens
idoles,
soit
pour loger
encore, au sud des grands
ou quelques cases bâties
rois
le
un
souverain, qui, suivant
ancien usage, tenait à faire construire sa propre demeure dans l'enceinte du rova. Enfin, du côté oriental, sont les jardins, et vers le
sud
la
chapelle de
la reine.
Quelques jours après notre arrivée à Tananarive, nous avions loué, non
maison modeste mais assez confortable, où nous pouvions nous variées.
Le
propriétaire,
un
vieil
Anlimerina
livrer
nommé Rainimananabe,
loin
de
la
résidence, une
librement à nos occupations
avait consenti,
moyennant 10
pias-
tres par mois, à nous louer son immeuble.
Le temps passait
vite.
Des promenades multipliées dans
la ville et
dans
les
environs occupaient tous
nos instants.
Pour
étrangers ces
les
vérité n'est pas ruineux.
un
loso (2 fr. 30)
besoins
et
nombreux déplacements
pour sa nourriture mensuelle,
un personnel considérable, mais qui à
reçoit par
la
mois 10 francs auxquels on ajoute
et celle solde suffit à l'indigène
pour pourvoira tousses
entretenir son ménage.
Cependant
avril
commence dans
louche à sa
fin.
la capitale le
C'est par
Les pluies
et les
orages ont diminué de fréquence. La saison sèche
ces hautes régions, aussi nous préparons-nous à partir.
Rainivoavy nous a rassemblé quittons
nécessitent
Car à Tananarive un borizana
cinquante-quatre porteurs, et avec notre fidèle Jean Boto nous
29 avril pour aller visiter
la
province de l'Imerina.
une reconnaissance préalable du pays des Anlimerina que nous voulons commencer nos
voyages à Madagascar.
MAISONS DU LAC ANOSY.
UN
FANA AOVANA. 1
CHAPITRE
III
Passage de Vnkisatra. Le massif de l'Ankaratra. province de l'Imerina.— Aspect général.— Ankadivavala. Hameau de Habitants du Vakinankaratra oriental. Tsinjoarivo. - Un fanalaovana. Sarobaratra. Les Vallée de l'Amboavato. Antsirabe. Le Vontovorona. Soandrarina. Les Vazimba. Bemasoandro. Lac. du légende Tritriva. La de volcan Le Village d'Isandra. Arabohiponana. pierres lèvres.
—
.,-,
l'Onive.
•
•
—
-
—
•
A province de l'Imerina ou Ankova donl
la
partie
méridionale
esl
prend loul
c
occupée par
le
nord du massif central de
la tribu des Betsileo.
l'île
Le pays des Anti-
précises, on merina, divisé en dix gouvernements politiques, n'a pas de limites très su population à peut cependant évaluer sa superficie à 25 000 kilomètres carrés el
un million d'habitants.
Le
sol
de l'Imerina
région des n'est
esl
élrangemenl
mouvementé
el
la
dénomination
de
contrée hauts plateaux par laquelle on désigne quelquefois cette les espaces plais sont quoique consacrée par l'usage,
pas très
—
exacte—
rares au milieu de ce terrain accidenté.
eaux, que nous avons traversée
à
En
effet
la
grande chaîne de partage des
Ankeramadinika
el
qui à celle hauteur limite
sa direction génél'Imerina du côté de l'Orient, vient plus au sud, abandonnant rale,
pénétrer dans
plus hauts
et
province
sommets de Madagascar. De
là.
el
y
former
les
monts Ankaratra,
celle ligne de faîte revient peu à la
le
les
nombreux
D'innombrables ruisseaux prennent les
la
les
peu
région est
sud de l'Ankova reprendre son orientation primitive. Ainsi secondaires soulevée par les plus hautes montagnes de l'île et par les chaînons vers
FEMME PORTANT SON ENFANT.
centre de
le
contreforts qui s'en détachent dans toutes les directions. naissance dans ce pays montagneux. Les uns vont devenir
grands fleuves du versant occidental,
les
autres se jettent dans
le
Mangoro,
tributaire de la
mer
des Indes.
Malgréé cette richesse en eaux vives,
la
parfois. végétation de l'Imerina esl loin d'être luxuriante. Si,
VOYAGE A MADAGASCAR.
68
en plongeant dans
par
les vallées, l'œil est réjoui
de l'industrie humaine,
il
que
n'a plus devant lui
coteaux couverts d'une herbe courte
spectacle d'une fécondité due à l'intervention
le
l'aridité et
la
que percent çà
et rare
quand
désolation
relève sur les
se
il
Peu souvent
des blocs de granité.
et là
quelques chétifs buissons enfoncent leurs racines dans ce sol lavé par
pluies et privé de
les
terre
végétale; on ne voit pas un arbre à plusieurs kilomètres à la ronde.
Tel est
général
l'aspect
du pays des Antimerina. En
caractéristiques de ces régions active
et
Dans
l'étal
:
le
parcourant, nous verrons que
les
spontanée, sont plus fréquemment exagérées qu'amoindries.
la
journée du 29 avril une petite étape nous avait conduits, en dehors des environs immédiats
de Tananarivc, au village d'Ambohimana. Le 30, au matin, nous nous mettons en route dans tion des
deux
bouleversé du terrain et l'absence presque totale de végétation
monts de l'Ankaralra
et à la
tombée de
la
la direc-
nuit nous arrivions aux pieds des hauts sommets,
au hameau d'Ankadivavala.
Nous sommes
dans une contrée presque déserte qui contraste vivement avec
là
nous avons traversé en quittant Tananarivc. De
loin
et misérables, est le plus
gros village
région.
La case de tous
moins exiguë,
la
dont nous prenons possession,
celle
indigènes qui viennent en
les
croyances,
nous demander par
el
foule protester
suite force
lui
permettre de sonner
la
Cela nous vaut la visite
est l'église.
de leurs bons sentiments, de leurs
cadeaux pour soutenir leur
sans peine, surtout un jeune néophyte qui, chargé d'appeler
pour
pays peuplé que
en loin on aperçoit sur les mamelons dénudés
quelques huiles d'argile. Ankadivavala, avec ses huit maisons sales île la
le
Nous
foi.
Dans
la
s'il
était l'heure
mes compagnons
formé au centre de
est
s'est
',
vengé en venant
de tinter l'angélus.
étudiaient dans les environs la faune
ne paraissaient leur promettre qu'une récolte peu abondante,
Le massif de l'Ankaralra
une montre
cloche aux heures convenables. Débarrassés de tous ces mendiants
demander avant l'aube
journée, pendant que
fermes
renvoyons, non
les fidèles à la prière, voulait
nous pouvons enfin prendre quelque repos, de courte durée, hélas! Le sonneur plusieurs fois nous
les
j'allais visiter la
l'Iinerina,
comme
je
et la flore
qui
montagne.
l'ai
dit
plus haut, par une
incurvation vers l'ouest de la ligne de partage des eaux. Ces sommets élevés de 2 000 à 2 700 mètres sont
échelonnés du nord au sud sur une longueur d'environ 50 kilomètres. Séparés par des vallées peu profondes,
ils
ont l'apparence de ballons;
émergences rocheuses sont
rares,
si
les
pentes argileuses et peu rapides sont gazonnées, les
ce n'est sur les plus hautes cimes. Aussi ces monts, les plus
élevés de Madagascar, qui s'étagenl peu à peu au-dessus des collines, déjà d'une altitude considérable (1
G00 mètres, en moyenne), du pays des Antimerina, n'ont pas l'aspect imposant des monts rocheux
et
des mornes déchiquetés qui surgissent dans les plaines du sud Betsilco. La structure géologique du
massif de l'Ankaratra apparaît difficilement sous l'épaisse couche d'argile qui recouvre toute trée.
Aux
pieds des monts,
le
la
con-
gneiss fondamental est traversé en maints endroits par des éruptions
granitiques, sur les flancs ce sont des coulées de basaltes, de roches trachytiques formant principa-
lement
Le
les crêtes et les
soir, je
regagnais
pas été vaincs.
Ils
cimes élevées. le village
où
je trouvais
mes compagnons. Leurs
patientes recherches n'avaient
rapportaient une gerbe de fleurs, échantillons modestes et rares de
la
végétation her-
bacée de l'Ankaratra.
Rainivoavy
sommet de
me
présente deux guides qui nous conduiront demain sur
l'Ankaralra. Ces indigènes consentent à nous
graisse de porc, ni oignons. Ainsi
ni
le
veut
affreux malheurs le mortel assez téméraire
pas s'exposer à ces châtiments terribles
1.
accompagner
coutume. Le dieu de
si
la
Tsiafajavona,
montagne
contentent de notre parole,
vis-à-vis
du
civilisé.
le
plus haut
nous promettons de n'emporter
pour enfreindre cette défense. Aussi
et, s'ils se
Le primitif est toujours quelque peu mendiant
attribut des races inférieures.
la
le
ils
les
frapperait des plus
guides ne veulent
obligent nos porteurs
L'Anlimeiina possède au plus haut point cet
VOYAGES DAXS L'IMERIXA. à
une lessive générale de leurs vêtements qui pourraient
l'aire
passent donc une partie de larhba blancs,
ils
nuil
la
à
celle
être
besogne;
le
maculés de graisse. Les hommes
lendemain malin, drapés dans leurs
apparaissent superbes parmi les habitants sales el déguenillés d'Ankadivavala. Ces
Antimerina ne vont pas souvenl sur
La matinée
occupés
69
esl fraîche et
le
Tsiafaj'avona.
brumeuse,
premières heures du jour dans
-+-
11°.
Les Lasses températures «pie
régions élevées du centre de
les
l'île
gènes. Insuffisamment protégés par des vêlements de toile ou de colonnade,
VILLAGE DES
du
froid el se
ENVIRONS
maudite par
Elle est liés
les
hommes à
les
brouillards de
gazonné,
il
Ici
ravins sans issues, l'as les
la
(1
du brouillard,
nuages.
le
à
une
série interminable de
brume des formes
un oiseau, pas un
faite
saison sèche.
sommets de l'Ankaratra un
montées
Il
faut
cl
la
cime en
là
et
piédestal
de descentes. Le brouillard
un chétif aloès
croit sur
un
est
lerlre
étranges. Quelques flaques d'eau croupissent dans des
insecte, nul bruit les
dans ces solitudes. Mais nous avons franchi versants des grands monts.
de l'Ambohijamba se découpe tout à
En quelques minutes,
la
750 mètres). Gravissant pendant deux heures des rampes
mamelons rapprochés, nous atteignons maintenant
sortir
ne peuvent se garantir
peu sur les premiers épaulements du massif, puis nous trouvons sur
l'herbe est jaunie par les premiers froids, çà
prend dans
ils
Les guides s'étonnent de notre curiosité.
ln^is.
notre roule les arêtes des contreforts qui constituent aux grands
gigantesque, ce qui nous oblige
devenu intense.
les
qui grelottent dans leurs lamba humides.
l'aube nous quittons Ankadivavala
douces, nous nous élevons peu
le
observe pendant
DE TANANARIVE.
renferment dans leurs maisons pour éviter
des circonstances graves pour leur faire quitter
l'on
sont mal supportées par les indi-
esl atteinte
(2160 m.),
il
A
10 heures, au
coup devant nous dans un
ciel
sans
ne nous reste plus qu'à contourner
VOYAGE
70
Tsiafakafo pour aborder enfin
le
un (2
rampe plus rapide qui nous mènera sur le Tsiafajavona. Encore Nous sommes au sommet
la
sur les roches glissantes qui apparaissent maintenant par places.
effort
640 m.);
il
est 12
heures 30. La vue devrait s'étendre fort loin de l'endroit où nous sommes,
nom
géant de l'Ankaratra, ainsi que son
perdu dans petits
MADAGASCAR.
A
la
brume. Sur nos
tètes,
un
pour
l'indique, n'avait pas,
soleil
nuages blancs, qui se pelotonnent
et
radieux; à nos pieds,
gens de
les
cùnc émerge du brouillard
le
s'accrochent aux flancs de
si le
son sommet
la plaine,
et des
montagne, dérobent à nos
la
regards les cimes avoisinanles. Cependant, vers l'ouest, à travers une déchirure de ce voile nuageux,
nous voyons
amas de
au
scintiller
nappe argentée du
loin la
nous supplier de n'en rien
lac Ilasy.
Avant de quitter
Les tombeaux des Vazimba sont fady,
faire.
est
il
Tsiafajavona, deux
le
nous voulons nous en approcher, mais
pierres attirent notre attention,
les
guides viennent
défendu d'y toucher
et
personne ne veut nous renseigner sur leur origine.
Le mot fady joue un grand frappé d'interdit
;
Madagascar;
rôle à
il
détermine ce qui
est sacré,
défendu, inviolable ou
ce qualificatif, absolument analogue au tabou des Océaniens, s'applique aussi bien aux
personnes qu'aux choses; soit à tout jamais, est
bon ou mauvais,
une
loi
du royaume,
au contraire pour un temps
soit
est
Selon que
limité.
le
fady
bénéficie d'un caractère sacré, n'est pas astreint à
l'individu qui en est frappé
exempt de certaines obligations ou bien au contraire voit toujours peser sur
lui
une destinée malheureuse, reste soumis toute sa vie à une pénible tâche ou doit supporter dans l'avenir une privation quelconque.
C'est le fady originel;
une puissance divine qui dans une révélation les rois
ou
les chefs
de tribu, qui usent
il
peut être aussi accidentel. Prononcé alors, soit par
fortuite
fort
ou provoquée
fera connaître sa volonté, soit par
adroitement de ce moyen pratique
et
commode de gou-
verner leurs sujets'.
Le
3 mai,
nous quittons
le village
d'Ankadivavala
marchant vers
et
de l'Ankaratra. Les mamelons s'élargissent, leurs sommets aplatis
et
de
le
sud nous longeons
même
les flancs
élévation semblent former
devant nous un plateau continu où l'herbe jaunie ondoie au gré du vent. Apparence trompeuse;
maintes
fois
des ravins s'ouvrent sous nos pas.
dans une fondrière loin
une maison
11
faut descendre
remonter par un versant abrupt sur
et
isolée abrite les gardiens des
Les cultures sont rares, des champs de maïs
le
un escarpement
rapide, s'embourber
coteau suivant. Pas un village. De loin en
troupeaux de bœufs que nous rencontrons quelquefois.
et
de manioc, peu de
rizières,
cependant dans
les vallons
abrités, plusieurs chenevières.
Le chanvre
est cultivé
dans
régions élevées
les
(1
500 à 2000 m.) qui environnent l'Ankaratra, prin-
cipalement au nord et à l'ouest du massif montagneux, parties abritées des grands vents du sud-est. La plante textile, récoltée avant la les fibres à la
l'opération.
fin
de
la
saison des pluies, est décortiquée en cassant
main sans rouissage préalable; parfois
Le procédé malgache du
est des plus primitifs
:
il
bien au chanvre qu'à
consiste à tordre les fibres en les frottant de
comme
la soie, le
coton,
le
fil
la
main sur
fil
court
et
plein de rugosités.
Le
nouer fil
les fibres
le
fil
la cuisse.
Pour
le
chanvre
tordues les unes au bout des autres,
au coton,
Lorsque
les
il
et le
raphia,
obtient un
de chanvre ainsi préparé est souvent blanchi par une coction pro-
longée avec des cendres de roseaux ou avec une bouillie de farine de
avec
la soie,
obtenu est enroulé sur un fuseau,
ampela, simple baguette traversant près de son extrémité un disque de bois. l'ouvrier se contente souvent de
en tirant
indigènes font bouillir les brins pour faciliter
les
filage, qui s'applique aussi
brins se lient facilement par la torsion
la tige et
de chanvre on confectionne
les
lambarongony
,
riz.
Du
tissu grossier ainsi fabriqué
vêlements presque exclusifs des populations
1. Il est à remarquer on effet combien souvent, à Madagascar, les roitelets et les chefs des différentes tribus usent et abusent du feubj aussi bien contre leurs sujets que contre les étrangers. Les Antimerina sont absolument prodigues de ce systemo administratif venant en maintes circonstances paralyser les efforts de tout étranger qui tente d'introduire chez ces primitifs un perfectionnement quelconque. Le fady est là, il ne faut l'enfreindre, mieux vaut laisser les choses en état. On comprend sans peine qu'avec un pareil état de choses, tout effort, toute tentative faite par un étranger, qui ne plaît pas au gouvernement antimerina, doive échouer misérablement. La superstition des indigènes est plus puissante que tous les raisonnements, elle résiste à toutes les pressions, la force seule peut en triompher.
:
VOYAGES DANS L'IMERINA. Un
pauvres de l'Imerina.
Au hameau
d'Andraraty, nous quittons
Là, les collines
sont moins
m. 30, long du double, vaut environ
1
une ouvrière assidue un mois de
son tissage a nécessité à
(3 fr. 15),
o-oro.
lambarongony large de
le
"1
trois kirobo
travail.
versant occidental pour descendre dans
de petites rivières, irriguent dans les bas-fonds quelques champs de
le
bassin du Man-
devenus maintenant
larges, les vallées plus spacieuses; les ruisselets,
sur les hauteurs on distingue
riz;
des habitations.
Le
mai, nous arrivons à Ankisatra, village situé dans une plaine ondulée où coule
i
l'Onive; avec ses vingt maisons,
Le chef du pays, un «
un des centres
c'est
vieux tremblotant, vient nous souhaiter
petit
Manao abonna hianareo, tompoko e? Comment
— Traranlitra tompoko — Aza
Ne
marofy.
Toute une
Parvenez à
e.
plus importants de
les
messieurs.
»
de locutions aussi nombreuses que variées, employées en pareil cas.
série
ensuite un long discours pour nous annoncer ses cadeaux. rêter
dans son
village,
veut leur prouver son amitié. Ce
pour obéir aux ordres de aussi
pour montrer son
davantage, car
affirmative,
il
a
Reine
ses lionnes dispositions
comme
nous raconte sa
Boto
à fait
aux vazaha.
11
grandement
les
choses.
On
il
nous présente sa
mais
c'est
ses avances,
apporte un cochon de belle
famille, ses
cadeaux arrivent. Le
très long. Enfin les
nous saurions reconnaître convenablement
si
serviteur,
s'ar-
d'abord
c'est
s'excuse de ue pouvoir donner
de grands chefs. Fuis vie. C'est
généreusement
si
que l'humble
n'esl
il
commence
11
heureux de voir des étrangers
est
Il
qu'il leur offre
du premier ministre dont
et
et
ses serviteurs et
demandé
vieux a
la
plaisir
voudrait traiter ses hôtes
il
aides de camp,
:
allez-vous, messieurs?
la vieillesse,
soyez pas malades.
bienvenue
la
de
la rivière
du Vakinankaratra.
l'est
sur sa réponse
et
taille, trois
poules
et
un
panier d'écrevisses de l'Ankaratra.
Alors «
je
répète les petites formules d'usage en terminant par
:
Misaotra anareo tompokolahy. Nous vous remercions, monsieur.
coutume
C'est la
encore
la
et
en
il
est
A son
ainsi.
arrivée dans un village,
le
forme, toujours
la
cadeaux accompagnés d'une allocution variable pour échanges mutuels sont surtout
c'est
on
très
la
fréquents dans l'Imerina
et
voyageur
même
au Betsileo;
là
recuit
quelques
quant au fond. Ces on n'attend plus
les
vous arrête sur la roule.
La plus grande case du
village
nous
celles que l'on trouve dans l'Imerina
est et
indigènes des matériaux précieux pour
Une maison anlimerina
la
le
réservée, elle est construite en argile
Le
Betsileo.
ménagées sur
fenêtre sont
superposées
:
l'une éclaire la plus grande pièce
L'escalier de terre par lequel suite de la faible soit
face occidentale; sur
la
résistance
on accède
le
grand côté
le
presque toutes
est
du rez-de-chaussée,
à l'étage a des
orienté nord et sud, elle et
un grenier.
Une
marches
l'autre
donne du jour au grenier.
très élevées, c'est il
est
composé;
il
un
est
de six mètres,
grenier, la hauteur totale de la
la
largeur de quatre; on
par
vrai casse-cou
s'appuie sur
le
en dedans, soit en dehors. Les dimensions de ces maisons sont parfois très petites;
gueur moyenne
com-
porte et une
pignon du nord s'ouvrent deux autres fenêtres
de l'usure des matériaux dont
et
comme
plastique de ces régions fournit aux
construction de leurs habitations.
de forme rectangulaire,
est
terrain
prend généralement un rez-de-chaussée divisé en deux pièces inégales
du sud,
en argent,
coutume.
Partout à Madagascar
étapes,
trois fois leur valeur
donne en échange de ses présents
je lui
»
pignon la
lon-
peut à peine se tenir debout au milieu
maison ne dépasse pas quatre mètres; toutes
les
du
ouvertures sont minus-
Cependant depuis quelque temps on construit il dans les gros villages de la province des habitations plus vastes et sur des modèles quelque peu différents. Pour bâtir une maison on dispose sur l'emplacement choisi une couche d'argile réduite en boue cules et
faut se tourner de côté pour passer
la porte.
épaisse et suffisamment pétrie, haute de trente centimètres, large de cinquante. L'argile qui, ramollie
par l'eau, possède une grande force de cohésion, devient très dure en séchant. Après quelques jours on ajoute sur cette première couche une seconde et. quand elle est assez durcie pour supporter les
VOYAGE A MADAGASCAR.
72
suivantes, on continué peu à pou jusqu'à la hauteur voulue. Les murs, la cloison
sont ainsi terminés. Pendant
pour donner à
palettes de bois
construction, on a battu les couches demi-sèches au
la
surface extérieure plus de dureté en
la
enduit composé de terre argileuse délayée soigneusement
Un
comme au
enfin les murailles au dehors faire,
même
l'escalier massifs
et
moyen de grandes
temps que
le poli
désirable.
mélangée de bouse de vache recouvre
et
dedans. Mais tout n'est pas terminé,
plus
le
difficile reste à
car l'indigène est obligé, d'aller chercher au loin ou d'acheter pour un prix élevé les quelques
planches qui vont clore soutiendront
la
couverture de
la
et les
porte et les fenêtres,
perches qui formeront
chaume en heranà ou en
bozàka.
La
L'intérieur des maisons antimerina n'a rien de séduisant.
destinée aux porcs
et
aux moutons, les poules,
les
plancher de l'étage ou
le
canards
où
petite pièce
d'abord est
l'on entre
('gaiement en compagnie
et les oies s'y réfugient
des jeunes veaux. Ce n'est pas toujours aisé de traverser sans aventures cette sorte de vestibule pour pénétrer, par une petite porte percée au milieu de la cloison, dans la les propriétaires.
Pour que
comme
linteau
l'entrée a
moins de hauteur que
contusionné dans
l'on arrive
et
fassent pas des
chambre principale où
moyenne de
la
se tiennent
promenades trop fréquentes dans ce pour
a son seuil très élevé; aussi faut-il se hausser
porte de communication
temps,
animaux ne
les
la taille
humaine, on
se
cogne
chambre du nord réservée aux humains. A
la
local, la
franchir, mais en
le
même
la tète
au
longue,
la
l'expérience instruit. Le mobilier est très sommaire, des rouleaux de nattes, des cruches à eau, des pots
pour
une caisse en bois pour serrer s'enlèvent
jamais; quand
nord-ouest se trouve portent
les
sert
il
vêtements
les
des nattes sont étendues sur
Un
grossier occupe l'angle nord-est, -
lit
ou d'un mince matelas de roseaux. Le grenier de cuisine
et le
le sol
d'argile, elles ne
sont sales et usées, on les recouvre par un tissu plus neuf
elles
et
de
le
'.
A
l'angle
bois est simplement recouvert de
abrite la récolte de l'année, parfois cepen-
manger. Ces maisons d'argile forment avec
salle à
ravenalaou.de roseaux des régions basses, et Betsileo
;
quelquefois
trois calebasses cl
foyer disposé sur une plaie-forme où sont enfoncées les trois pierres qui sup-
le
marmites.
nattes fines
dant
deux ou
faire cuire le riz, des soÙika qui contiennent les provisions,
les
cases de bambous, de
maisons de bois que nous verrons surtout dans
les
le
Tanala, les trois types d'habitations construites à Madagascar suivant des règles générales
qui souffrent peu d'exceptions".
Tandis que
maison
les cases
de bois
de roseaux sont souvent bien tenues, confortables
et
dans des contrées plus froides,
d'argile est sale et misérable. Construite
seulement l'indigène, mais encore cohabitation de
la
plupart de ses
nombreux inconvénients. De plus pour
l'indigène pratique des ouvertures peu
nombreuses
une intensité remarquable; dans
les
L'Anlimerina ne va pas chercher loin trouve toujours une fosse large
au village à
écoulement. Aussi
la
terre
la
peu profonde,
el
tombée de
la
constamment
nuit,
la
qui
l'argile
sortir
Dans
On
les
de ce bain de boue
et aller
environs d'Ankisalra,
il
y
a
el
et
telle
maisons d'argile avec
les
et pullule.
est nécessaire.
piélinée, l'eau de pluie
paître
dans
A
proximité de sa maison on
pour renfermer ses bœufs dès
Ces sortes d'écuries creusées dans
plongés jusqu'au ventre. Dans cette position pénible,
non
d'une
leurs crevasses profondes, sous les
qu'il utilise d'ailleurs
mérerai pas, y forment bientôt un mélange vaseux
pour
et
vermine grouille lui
abriter
qui ne laissent passer qu'une quantité
se développe
murs
anfractuosités des
nattée pourries amoncelées les unes sur les autres,
elle doit
résulte-t-il
se préserver des vents frais de la saison sèche
et très étroites
La faune entomologique
insuffisante d'air et de lumière.
qu'ils rentrent
animaux domestiques. Aussi
propres, la
et
infect ils
et
dans lequel
attendent
le sol
n'ont
aucun
d'autres éléments que je n'énules
pauvres animaux sont
avec impatience
le
lever
du jour
se reposer sur les coteaux voisins.
quelques cultures de
riz,
de manioc
el
d'un légume introduit
conçoit aisément qu'avec un tel système, nui par la force tics eboses accumule sur le sol de toute case antimeun amoncellement île nattes sales et usées, cachées en même temps que recouvertes par un tissu plus neuf sur lequel on repose, combien la vermine peut se développer tout à lui sir dans ci' Ile sorte île litière que l'un n'enlève jamais. Aussi lorsque l'on connaît cette particularité, l'on n'éprouve aucun êtonnement île constater la présence d'insectes aussi répugnants que désagréables qui dans ces cases antimerina vivent innombrables. 1.
rina
10
VOYAGES DANS LIMERINA. récemment à Madagascar, les
veux parler de
je
régions élevées du centre de
l'île,
pomme
la
commence
et
quelques autres territoires qui avoisinent au sud
de terre. Ce tubercule pousse assez bien dans
à se répandre dans l'Imerina et le
aussi dans ces hautes régions
le
quelques jardins où croissent nos principaux légumes goûte pas encore ces végétaux comestibles et ne
:
les
procédés de
plant au bout de peu d'années.
principalement dans
et
Betsileo et dans
le
massif central. Malheureusement
culture par trop primitifs et surtout la nature du sol font dégénérer
On rencontre
75
les
alentours de Tananarive
choux, carottes, salades; mais l'indigène ne
les cultive
généralement que pour
les
vendre aux
Européens. En passant au règne animal, je signalerai un habitant des eaux vives de l'Ankaratra des
hautes montagne- de
ruissclets qui descendent des
n'aurons plus l'occasion de revoir dans
l'Est
:
autres parties de
les
l'île.
Madagascar
L'écrevisse de
et
nous
l'écrevisse, crustacé (pie
c'est
Asta-
codes Madagascar iensis) est différente de celle «l'Europe, sa carapace est garnie de piquants et d'aspérités
en grand nombre;
elle arrive
la tète,
souvent à une
Pendant nuire séjour complet. Aussi, contents
Chaque
gaielé. assis,
soir,
arrondie à l'extrémité,
On
forte taille.
est
en compte plusieurs variétés.
hommes
à
Ankisatra, nos
et
heureux de celle
sont dans l'abondance et jouissent
vie qui leur plaît fort,
groupés devanl notre case,
ils
les
temps
chanteur principal improvise un
comme
la
forts sont
manifestent
ils
chantent bien avant dans
sauf un sent qui, resté debout, psalmodie un théine;
gnement monotone, dont
presque aussi volumineuse que l'abdomen et
les
la nuit.
d'un repos
bruyamment
autres font avec leurs voix un accompa-
accentués par des battements de mains. D'autres
récitatif et tout
le
leur
Les porteurs sont
monde reprend
refrain en
le
fois, le
chœur. En général,
plupart des productions musicales des populations primitives, les airs s<ml mélancoliques et les
paroles peu significatives. Le chanteur
énumère
les
étapes
route connue
d'i
des villages d'un qualificatif plus ou moins bien choisi, chaque couplet
est
et fait
terminé par
le
suivre les refrain
:
noms appel
ou salutation. Quelques chants cependant ont une signification assez originale. Voici une des chansons préférées des borizana antimerina
:
VELOMA AUO
ke! MASINA A110 RE! I
i
Hatr'any Imamo aho Ko hatr'any Mandrarahody aho
lic-puis
Jusqu'à Mandrarahody le Mandrarahody, Jusqu'aux bords du lac Itasy Mes pensées n'élaienl une pour loi. Car c'est en toi que mon esprit repose! Vivez! soyez béni jusqu'au revoir!
Hatr'any Mandrarahody alio Ka hatr'any amoroD llasy Isy manan-tsaina afatsy hianao Ka hianao mandrian'ny saikol
Veloma aho
re!
masina aho
Imamo
l
rc!
II
II
Tranon
'iza
irony audrefan' ironj
.'
Tranon-d'Rasakalava Ka tsy misy mpitoetra (bis) Trano vaki-vovonana (bis) Veloma aho re! masina aho rc! !
A qui appartient C'est
'iza
re!
masina aho IV
iln
Sakalava,
C'est une maison au faite dégarni! Vivez! soyez béni jusqu'au revoir! III
irony andrcfan-d'Rova?
Tranon-d'Rainit simba Mitemitra taratasy (bis) Misary soavaly! (bis)
Veloma aho
maison
Elle est inhabitée,
III
Tranon
la
cette maison, là, à l'ouest?
A
qui appartient celle maison à l'ouest du palais? C'est la maison de Hainitsimha
Aux rc
!
salles tapissées de papier Représentant des chevaux '! Vivez! soyez béni jusqu'au revoir!
IV
Tsangam-bato d'Ratsiva
La pierre levée de Ratsiva
Avaratra Soanierana
Qui est au nord de Soanicrana
1. Pour l'Anliinerina. le comble du luxe est d'avoir sa maison tapissée d'un papier peint sur lequel sont représentes des chevaux. Cela tient probablement à ce que dans le Tranovola, maison célèbre entre toutes par son aménagement et son mobilier luxueux, existe une chambre OÙ le premier ministre donne ses audiences aux résidents et aux consuls et rangers, et que cette chambre, bien connue de tout Malgache, est tapissée d'un papier représentant dans nos guerres d'Afrique les exploits du maréchal Bugcaud, et qu'il y a beaucoup de chevaux.
VOYAGE A MADAGASCAR.
76
Tsy
mandata
tapait1 olona
Na tapaka
aza, mahalana!
Veloma aho
re
(bis)
masina aho
!
Et devant laquelle des passants circulent sans cesse Si quelquefois il n'y en a pas, c'est pour peu de temps! Vivez! soyez béni jusqu'au revoir!
(bis)
re
!
Notre maison à moi et à ma maîtresse Est une maison isolée dans les herbes, Le chemin y conduisant est tortueux; D'ailleurs on n'aperçoit la maison que lorsque on est Vivez! soyez béni jusqu'au revoir! [devant la porte.
Ny tranonay
sy ny tiako Irano anati-vero Lalana an-kodivirana (bis)
Tsy midosy Veloma alio
tsy re!
am-bavavarana masina aho re!
!
(bis)
VI Ilianao
Ranona
',
VI
valon-doso
Toi,
femme indéterminée,
VII
poids de [loso
comme une grande balance Qui ne trompe pas, Oui montre l'excédent à enlever, Le déficit qui doit être ajouté! Vivez! soyez béni jusqu'au revoir! Mil
VIII
Ny hazon'ny Ambohimanga
Les arbres d'Ambohimanga Sont très touffus, Ils n'ont été ni plantés ni semés,
Miroborobo faniry Tsy nafafy tsy nampariaka (bis) Mitsinjo zaza manjaka! (bis) Veloma aho re! masina aho re!
Ils regardent le souverain régner. Vivez! soyez béni jusqu'au revoir!
IX
IX Je vous dis au revoir, ô Andoliatapenaka,
M'ko veloma lay andoliatapenaka Fizahay sy maditra Ho eny Ambadin'Isotry (bis) Mitsinjo rano madio! [bis) Veloma aho re masina aho re !
Car moi
Nous
et
ma
maîtresse
allons à Ambodin'Isotry
Regarder
l'eau limpide. Vivez! soyez béni jusqu'au revoir!
!
X
X Je vous dis au revoir, o Ambodin'Isotry, Car moi et ma maîtresse Nous allons à Soraka,
M'ko veloma ny any Ambodin'Isolry Fizahay sy maditra Ho an Isoraka (bis) Ny any Soraka tsara rivotra maraina Veloma aho re! masina aho re!
dans toule
le
Toi, indéterminée, tu es
Mahalala ny be. anesorana (bis) Mahalala ny kely ampiana (bis) Veloma aho re! masina aho re!
l'air
comme
VII
Ranona mizana-be Tsy manda inga Ilianao
Voici
tu es
Parent proche de la piastre Qui n'agit que suivant la justice Qui ne fait rien qui ne soit juste. Vivez! soyez béni jusqu'au revoir!
Manolotra ariary, Tsy mikapa, raha tsy amin'ny tonany! (bis) Tsy mijoja raha tsy amin'ny vanony! (bù) Veloma aho re! masina aho re!
L'air du matin est bon à Soraka. Vivez! soyez béni jusqu'au revoir!
(bis)
de celle chanson antimerina, une des plus
lielles qu'ils aient cl
certainement
plus connue
la
l'île.
Les nombreux couplets qui suivent sont analogues aux deux dernières strophes. pérégrinations éventuelles du héros de
la
complainte
de sa maîtresse clans lous
cl
racontent
Ils
les
les
quartiers de
Tananarive, qualifiés par ce qu'ils ont de remarquable.
Depuis notre départ de Tananarive, en marchant vers constitution géologique est partout la
même
:
le
le
gneiss et
sud, nous avons traversé une région dont
le
granité recouvert par l'argile rouge,
présente un relief sensiblement uniforme sinon dans l'altitude, du moins dans ballons successifs, collines arrondies aux pentes peu rapides.
Au
pas un changement radical, mais quelques variations importantes.
la
En
effet
dans
on voit des
filons
de mica
et
la
qui
disposition générale
village d'Ankisatra, on observe l'est,
rocheuses deviennent fréquentes, des coulées de quartz viennent nombreuses diviser tiques,
et
les les
:
non
émergences roches grani-
d'autres minéraux accidentels, de grosses masses quartzeuses;
puis les collines changent de forme, les arêtes s'avivent, les cimes se dressent plus élancées, sur les
des montagnes de
flancs
l'ouest, l'aspect
de
la
gros blocs rocheux
contrée est encore plus différent
(''lèvent :
là,
leurs
dans un
murailles
verticales.
récentes traversent les anciennes roches déjà disloquées par des soulèvements basaltiques; I.
Jinnonn
:
une
telle,
Du
cédé
de
sol volcanique, des coulées éruplives
une, indéterminée. Le chanteur remplace Ranona par un
nom
de
femme
là,
se dressent
à son choix.
VOYAGES DANS L'IMERINA.
77
Andante
a^
pÊmm
^m.
A
«
les
cônes isolés
îles
volcans éteints; leurs cratères profonds son! devenus des lacs
qui rayent leurs lianes, les
vallées d'une
lave
la
peu
s'ell'rile
noire poussière.
à
peu pour
Encore plus
accidenté laisse deviner dans de larges vallons
Nous d'abord
allons la
donc nous diriger vers
la
nous
7
frontière
eaux
Nous reviendrons
le
le
coulées
les vents,
couvrir
l'Imerina,
«le
le
pays moins
plateaux sakalava.
cours de l'Onive, pour visiter
ensuite vers l'ouest pour aller,
au Vontovorona, desrendre sur
un grand circuit vers
el
les
dans
le
versant occidental dans
le
nord, nous rentrerons^ Tananarive en longeant
cet
itinéraire allait
nous montrer l'Imerina dans ses grandes lignes géographila province au double point de vue
ferait traverser les contrées les plus intéressantes de
de ses produits
Le
les
FIN
des pays sakalava.
En même temps que ques,
à
l'Orient en suivant à peu près
ligne de faîte
territoire volcanique; enfin, par
il
l'ouest,
la
commencements des grands
région des quartz jusqu'à Tsinjoarivo.
traversant de nouveau
la frontière
à
les
emportée par
aller,
et
A
et
de ses habitants.
mai, nous partons pour
A
l'est.
trois kilomètres d'Ankisalra,
nous arrivons sur
les
bords de
l'Onive qu'il nous faut traverser à gué; la rivière a soixante mètres de large, mais heureusement n'est pas très profonde. Quelques préparatifs sont nécessaires pour le passage. Nos porteurs se retirent un
peu à
l'écart
vêtements, les
il
et
procèdent à un déshabillage général
ne leur
charmes de
la
est
resté
que
Vénus de Médieis.
le
;
c'est
du reste
vile
chapeau. Revenant vers nous avec
ils
l'ail;
le
bientôt,
de tous leurs
geste pudique, mais non
nous remettent les costumes qu'ils viennent de quitter, puis
VOYAGE A MADAGASCAR.
78
rechargent
menton et les
filanjana sur leurs robustes épaules. Vers le milieu de la rivière, l'eau leur vient jusqu'au
le
et ils
sont obligés de nous soulever à
bras remplis de
défroque que toute
la
des poignets. Pour nous, les jambes horizontales
la force la
troupe nous a confiée, nous demeurons au-dessus du
niveau de l'eau, sinon toujours, au moins généralement. Une fois sur
quelques instants suffisent pour réparer
A
du
côté
village d'Andranovohitra,
chacun
rive,
la
se secoue:
désordre des toilettes.
le
où nous arrivons une heure après, nous voyons sur
le flanc
d'un
coteau une carrière de pierre exploitée. Une centaine d'indigènes tirent de toutes leurs forces sur des câbles de chanvre enroulés autour d'une large dalle de granité. pierre; sans leviers ni rouleaux,
beau non
funéraires.
Sur
les
grandes plaques de pierre employées dans
d'éclatement qui se produit; en frappant
l'eau,
la
si
flamme dans un endroit,
le
un tom-
roche
la
y met
il
il
le
l'eu.
entasse de la bouse de vache
surveille jour et nuit le travail
Il
averti par le son de la
est
dans un autre suivant
l'active
il
monuments
construction des
la
une roche dont la surface régulière parait lui convenir
desséchée en couches plus ou moins épaisses, puis
modère
important, sans doute
Cette dalle, qui doit couvrir
la voix.
par un procédé assez ingénieux. Le carrier malgache n'est
loin d'ici, vient d'être extraite
pas embarrassé pour avoir
Un personnage
font bien peu de chemin.
ils
chef du hameau, encourage les travailleurs du geste et de
traînent avec difficulté la lourde
Ils
profondeur atteinte
et
même
de
les indications,
cela est nécessaire, sur la roche surchauffée. C'est ainsi qu'à
la
il
longue
répand
obtient une dalle
il
répondant aux dimensions exigées.
Vers midi nous étions à Sarobaratra.
que dans ces régions de
ici c'est la règle, l'argile est
gnes; en allant vers
district de
un des principaux gisements
Sarobaratra est particulièrement aride
d'Ankisatra les pointemenls rocheux étaient fréquents
l'est
l'exception. Sarobaratra est
les
sommets
des contours sinueux. Ces collines apparaissent dénudées; çà et
le ciel
:
au milieu d'un hémicycle de hautes monta-
on gravit par des rampes rapides des masses quartzeuses dont
l'est
déchiquetés profilent sur
là,
dans une anfractuosité du rocher ou des mousses s'attachent sur ses parois
touffe d'herbe croit
rugueuses. Le sol est caillouteux,
la
roche friable
seaux qui descendent de ces monts pendant des cailloux et des blocs de quartz graviers.
loin de ce village se trouve
gouvernement antimerina. Le
aurifères exploités parle et désolé. J'ai dit
une
Non
Ce sont ces dépôts que
Le gouvernement antimerina
et
la
et
décomposée
au moindre choc. Les
se brise
ruis-
saison des pluies entraînent dans les espaces inférieurs
vont plus loin déposer peu à peu dans les vallées les sables et
l'on exploite
pendant
la
les
saison sèche.
Madagascar; des peines
avait toujours défendu la recherche de l'or à
très
sévères étaient édictées contre ceux qui fouillaient le sol. Mais depuis quelques années, Rainilaiarivony,
comprenant
les
avantages
qu'il
pourrait retirer de l'exploitation des mines, a rapporté ces mesures
prohibitives. Maintenant, dans l'ouest, en pays sakalava et dans l'intérieur de
ments
mines situées en dehors de l'Imerina
aurifères. Les
une certaine redevance,
à des
Européens;
les
et
l'île,
autres sont exploitées directement par
de Tananarive. C'est un ingénieur français, M. Rigaud, qui dirige les travaux; de nos compatriotes.
développement;
les
En
il
font encore défaut
aussi bien la richesse relative des filons
cl
pour
établir d'une
dis alluvions aurifères que
le
le
gouvernement
est assisté de plusieurs la
suite,
un certain
manière
même
approchée,
général, l'industrie minière paraît devoir prendre, dans
documents me
on exploite des gise-
du Betsileo sont concédées, moyennant
rendement
total des différents
centres exploités.
Le jour suivant, nous arrivions au village de Tsinjoarivo. Là nous avons atteint tale
la
frontière orien-
de l'Imerina. La limite du pays des Antimerina est nettement tranchée de ce côté; caria zone fores-
tière la plus éloignée et les
sommets de
la
de
la
côte que nous avons traversée à Ankeramadinika où elle recouvrait les flancs
grande chaîne
faîtière,
ne pénètre pas
vince; elle suit au contraire la direction générale
comme
celle-ci
dans
du nord-est au sud-ouest,
secondaire, qui, par une coupée étroite, livre passage à Tsinjoarivo à
la
l'intérieur
le
de
la
pro-
long d'un chaînon
rivière de l'Onive.
La zone
boisée élève donc à l'orient de l'Imerina une muraille sombre à laquelle nous venons nous heurter ici,
sans aucune transition.
VOYAGES DANS
UinllAII
Le
village de Tsinjoarivo n'échappe pas lui aussi à
IMERINA.
L
V
I
79
H \.
une division
si
brusque
:
-es cinquante cases son!
inégalemenl groupées sur deux collines voisines. A l'ouest, au milieu des herbes, un hameau qui ne diffère on rien
do ceux que nous avons vus précédemment, tandis qu'à
simulent dans les premiers arbres de verains antimerina. Ce rova occupe
la
le
forêt; près d'elles est
sommet d'un mamelon
y sont construites sur une terrasse circulaire portions, celles qui couvrent, à Tananarive,
adossé à
la
forêt,
il
domine au
loin
vers
el
l'îlol
l'esl
rappellent
du
les
lac
à
l'esl
maisons eu bois se
îles
dis-
un rova royal, résidence d'été des sou-
De nombreuses maisons en bois
élevé.
peu près, mais dans de plus vastes pro-
Anosy. La position du rova
espaces nus de l'Iiuerina:
cours ralenti jusqu'alors, précipite ses eaux qui s'engouffrent dans
les
à
osl
bien choisie
:
ses pieds, l'Onive, au
passes étroites des rochers
et
disparaissent dans des tourbillons d'écume.
Chaque année, quitte sa capitale
manga
et à
la
reine, observant fidèlement les traditions
pour
aller
Tsinjoarivo.
A
que
lui
oui
léguées ses prédécesseurs,
en villégiature dans une des résidences royales de l'Imerina, à Ambohi-
ces déplacements annuels s'ajoutent quelquefois, mais à intervalles beau-
coup plus éloignés, des voyages
lointains,
dans
le
Belsileo, sur
région des provinces soumises, quand les besoins de
la
politique
la '
côte orientale ou dans toute autre
exigent que
le
souverain vienne par
sa présence raffermir dans
leur fidélité des peuplades quelque peu hésitantes. Tandis
que Tsinjoarivo
a
à
cause de sa situation pittoresque, de ses ombrages
de sa verdure.
été
choisi probablement
et
1. Souvent aussi les besoins de celte politique antimerina (qui consiste à ne jamais répondre et à toujours gagner du temps) exigent que la reine ou son premier ministre s'éloignent de Tananarive pendant de longs jours. Alors, ils gagnent du temps par ces voyages périodiques. Quelquefois même, comme en Occident, ces souverains feignent d'être malades; toujours pour ne pas répondre et gagner du temps.
VOYAGE A MADAGASCAR.
80
Ambohimanga
est
année avant
Faridroana,
le
un
narive, est situé sur
sacré que les souverains antimerina sonl obligés d'aller visiter chaque
lieu
une
jour de
le
milieu desquels apparaissent, sur petite forêt qui fait tache
rare dans l'Imerina
dans
campagnes environnantes
plantés ni semés,
manga
est la troisième des villes saintes
Radama
I
er
des Antimerina, est enterré à à éprouver
même
qui a réuni sous un
pour
tombeaux de
le
justement célèbre; ses arbres
est
proclament bien haut
ses illustres ancêtres la
que
la
—
fait
chansons popu-
Ambohi-
interdit
est
à côté de Ranavalona
et
fondé
le
royaume actuel
sa petite-fille, dont l'ombre persiste
I,
son long règne. C'est donc sur
les étrangers l'aversion violente qui a caractérisé
commencement de
les
villages des environs de la capitale,
sceptre les petits Etats de l'Imerina
Ambohimanga
bâtiments royaux. La
les
et
ses flancs et au
aux Européens; on y conserve des du peuple antimerina. Andrianampoinimerina, père de
dont l'accès
idoles respectées, dieux tulélaires des rois et
le
comme
Avec Ambohimanambola, Amparafaravato, autres
laires.
quinze kilomètres au nord de Tana-
village, à
nombreux arbres qui couvrent
les
versant septentrional, les maisons
le
les
— n'ont été ni
malgache. Ce
l'an
remarquable par
colline
reine vient offrir des sacrifices
et
les
bénir leur mémoire, avant
nouvelle année.
Les souverains sont accompagnés, dans leurs déplacements à Madagascar, d'une suite nombreuse, qui en certaines circonstances dépasse 20 à 30 000 personnes. Le premier ministre, les grands officiers, les
juges
et
du Palais marchent avec
les fonctionnaires
la reine qu'ils
ne peuvent jamais abandonner;
puis c'est la foule des aides de camp, des officiers subalternes, des chefs de moindre importance; c'est
encore une année nombreuse
immense quantité de porteurs les
oii
toutes les meilleures troupes
populations sont appelées pour cette corvée; des
blement du palais royal ambulant, puis les
canons
et leurs affûts
les provisions
ils
vendent
plantée à
un
leurs marchandises à la foule;
l'avance. Généralement
la
établir le rova
ambulant où
doit s'arrêter la reine.
Un carré
quatre points cardinaux. Des gardes nombreux veillent toute
presque invariable,
lui
présenter
marquer, par des chants fonde
rivière,
et
le
pour
doil être terminé
il
sont très courtes, les chefs des villages souverain,
et
les
soldats marchent en
a préalablement choisi est
un
entouré d'une palissade
la
on y construit des
l'arrivée
le
à l'ex-
camp aux
aménagement des campe-
delà reine. Pendant
les
étapes qui
habitants des contrées traversées doivent venir saluer
piles
le
bonheur
qu'ils éprouvent. Lorsqu'il faut traverser
une pro-
de pierres sèches sur lesquelles on jette de longs madriers recoule
pont, puis de l'autre cè>lé de la rivière, assise sur son
trône, elle regarde son cortège qui défile pendant de longues heures.
concours de peuple que nécessitent ces voyages, aussi qu'ils ruinent
au cordeau dans
nuit. Cet
fait
hasina (offrande donnée à la reine pour reconnaître sa souveraineté) et
des danses,
verts de terre; la reine passe la première sur
pagnes
les
est réglée suivant
des officiers; enfin tout à
et
térieur les abris des porteurs et des esclaves; quatre allées sont tracées
le
On
officiers
à l'intérieur se trouvent les lentes royales; celle première enceinte est comprise dans
la hâte,
est
même
chemin des marchés pro-
multitude de porteurs et
vaste espace quadrangulaire dessiné par les lentes des soldats
ments royaux
beaucoup de grands
établir sur le
souverain vient ensuite avec son escorte et les grands officiers.
emplacement pour
munitions,
les
du maître aux soldats allâmes. La marche du cortège royal
le riz
un cérémonial déterminé à tète, le
portent les tentes, les poteaux, l'ameu-
de bouche de toute nature,
nombreux esclaves vont en avant
leur font concurrence et leurs
où
hommes
qui ne pourraient suivre autrement. Le cortège est encore grossi par les
nombreux marchands qui tâchent d'écouler visoires
En même temps une
sont réunies.
sont réquisitionnés pour le matériel du cortège royal et de l'armée. Toutes
pour longtemps,
soit
par
sont-ils très
On
conçoit sans peine
le
grand
appréhendés des habitants des cam-
les obligations qu'ils leur
imposent,
soit
par
les
réqui-
sitions multiples qu'ils occasionnent.
Notre personnel, moins nombreux sans doute que celui qui accompagne déplacements, n'avait pas été sans nous causer quelque embarras pour les petits villages
de l'Imerina; pour nous qui
étaient à peine suffisantes.
étendue possible de
la
En
partie
manquions de
l'île,
réservant
le
antimerina dans leurs
nourriture
et le
logement dans
palais portatif, les cases de tout
outre, nous voulions visiter pendant
moyenne de
la
les rois
Nord
et le
les
mois suivants
la
un hameau
plus
Sud pour des époques
grande
ultérieures.
.
VOYAGES DANS L'IMERINA. C'est
la
résolution do nous séparer et de suivre, à partir de Tsinjoarivo. des itinéraires différents qui
doivent nous ramènera un point
commun
chemin vers
Foucai'l va, continuant son
sakalava limitrophes de l'Imerina:
compte
De mon
le
il
le
descendre dans
l'est,
territoire des
le
lui est possible.
mois plus lard:
trois
parcourra par des roules nouvelles
travers
que nous prenons, mes amis
à cet inconvénient et surtout satisfaire à ce desideratum,
pour obvier
moi,
et
81
rendez-vous choisi
bassin inférieur du
le
Betanimena. Maistre
Ankavandra
aller jusqu'à
une division par
sesseur de
il
districts si
cela
un monotone voyage à
nous obligent
trois,
la
II mai,
commandeur
marmite, aura un porteur, Rainilavy, qui
augmentée de
la
au système des compensations
à avoir recours le
et
quelques mois de français
sait
casserole; Jean Boto reste avec moi, mais je n'ai que
après nous être souhaité mutuellement bon voyage
Madagascar, nous quittons Tsinjoarivo, mes amis
qu'il faut aussi
Rainivoavy suivra
;
el
ver-:
n'est pas superflu
régions volcaniques de l'ouest
sud. suivait
le
dictionnaire.
moi, chacun par une route différente. les
I
et
moulin à café.
le
bonne santé, ce qui
et
traverser à nouveau les districts quartzeux de Sarobaratra
faisait
bassin del'Onive; l'autre, plus longue, s'inclinait
qui en sont
Jean Boto. Ainsi Maistre, heureux pos-
notre bibliothèque malgache, grammaire
l)eux routes se présentaient pour gagner Antsiral
me
hommes
et les
Certaines choses qui ne se prêtent pas facilement à
fraternellement les provisions.
Foucarl, qui, privé d'interprète, possédera
directe,
les
plus à l'ouest encore
et
côté, fidèle à l'itinéraire primitif, je vais poursuivre seul
employer pour nous assigner respectivement
à
Mangoro où
pays des Antimerina.
chargés; on partage
même
Tananarive.
pour objectif
a
Les préparatifs ne sont pas longs; chacun aura ses bagages personnels
Le
est
et
partie supérieure
la
frontière de l'Imerina
la
l'une.
:
le
du
long
des contreforts boisés d'Ambohitompoina qu'elle abandonnait ensuite, pour franchir au Vontovorona
chaîne de partage des eaux,
la
qui devait
me montrer
descendre enfin sur
des pays différents
Celle détermination
étapes précédentes;
et
la
lil
préféraient l'argile
ils
La première journée de marche
gué, luttant contre un courant déjà rapide, les
au sud de el
plus nombreuses que par
le
sud du Vakinankaratra
la nuit.
le
les
passé. Les
nous barre
magique dont
chemin.
le
trouve souvent
C'est
le
du
sort
et
les
Le Malgache as-oiro qui
un
une roule
facile,
nous risquions
malgré
grosseur
il
la
n'a
jamais tenu
Le
soleil esl déjà
une case. Les réfugiés dans
nombre de
le
cl
la
l'intérieur de
éloigne les dangers
pierres
l'île
le
sur
el
amas de
cailloux qui
cùle betsimisaraka, on
la
modes
tas ce qui leur
au dieu des voyageurs
de terre,
tombe sous
lui
menus
la
vaut dans
la
main. suite
Ce dieu a certainement peu de puissance, car
que mes hommes
n'ont cessé de déposer sur les fanataovana,
se mettent
à courir, et
mes
el
paroles conciliantes
me
font ouvrir
borizana s'entassent sur les caisses à l'étage inférieur, je esl
compliments requis par
peu nombreuse, un la
vieillard
politesse antimerina
et
tête
du convoi me signale
par leurs cris de joie effrayent les habitants; ceux-ci
grenier refusent de nous abandonner leur maison.
La famille
à
porteurs vont tous, en pronon-
couché depuis longtemps, lorsque Boto qui marche en
vante; Je les rassure
logis.
raverser
de ne pas trouver un abri pour
les
On
peur du vazaha qui vient certainement chercher des travailleurs pour
du
l
première de ses promesses.
hommes
le
fort
sens m'échappe, déposer une pierre sur un
celle offrande peu coûteuse faite el
fallut
il
bagages avançaient lentement. Dans
qui nous menace,
un fanataovana. Dans
gîte prochain
les
descentes se succédèrent alors plus rapides
se lassaient, les
branchages, grossis incessamment par les passants qui jettenl sur 1
endommagés par
village de Tsinjoarn o,
long des roules des fanalaovana, amoncellement de pierres,
le
seconde
deux bras de l'Onive, en amont des chutes; puis gravir,
rares,
mauvais
le
pied- étaient gravement
les
sortant
hommes
maisons soûl
Sans doute pour conjurer
çant une évocation
En
des coteaux élevés. Les montées
la rivière,
la
aux pierres tranchantes.
pénible.
fut
Je choisis
l'Ile.
peut-être plus variés d'aspect.
el
mes hommes donl
joie de
versant oriental de
le
me
parlemente; ces Antimerina oui les
mines, celle corvée
les portes.
les
épou-
Pendant que mes dix-huit
hisse dans la soupenle
où sont
les maîtres
entouré de ses petits-enfants. Nous échangeons les
nous nous lions d'amitié; quelques cadeaux la cimentent.
Les paysans du Vakinankaratra sont misérables
et
paraissent d'une autre race que les Antimerina II
du
VOYAGE A MADAGASCAR.
82
Nord; ce sont prendre
mon
mieux me souvenir que, possesseur du moulin
hôtes. J'aime tique.
d'ailleurs de braves gens. Invité à partager le riz familial, je m'assois devant le toko
repas que je crois inutile de compléter par quelques sauterelles
Pendant
conversation, l'an cêlre s'obstine à
la
respectueuse dont est tard et
;
me
Avant de
sa natte.
une infusion aroma-
livrer
au sommeil,
honorable
«
je
vieillard
m'approche d'une
Mais
».
lige
il
de fer
supporte une cupule où, dans une graisse infecte, brûle péniblement un chiffon
l'àtre; elle
c'est la
à café, je puis prendre
qualifier toujours derangahibe; cette appellation
Malgaches se servent souvent doit se traduire par
chacun s'étend sur
piquée dans
de colon
les
me
pour
de mes
frites, les délices
lampe malgache,
le
fanaovanjiro. Je
me
hâte d'écrire
mon
journal à sa lumière
tremblotante.
Dans
les
deux jours qui
des montagnes de quartz font 13 mai, nous
couchons
avons rejoint
le
désespoir des porteurs; c'est
premiers épaulemenls de
les
(1
kina: lait
isolés et séparés les
coteaux de faible altitude. Hier nous montions sur
le
le
(2
010 mètres),
Antimerina, il
chaîne de partage des eaux en un point où des sommets
990 mètres), aujourd'hui sur l'Iankina ci 000 mètres), dans deux jours nous atteindrons
Vontovorona
Un
la
monts agglomérés du massif de l'Ankaratra, surgissent
uns des autres par de profondes vallées Botraro
région aurifère d'Analambato. Le
la
deux cases du hameau de Bemasoandro, au pied du mont Iankina. Nous
clans les
élevés, bien différents des
nous traversons encore une contrée où
suivirent, continuant vers le sud-ouest,
le
et des
c'est le pic le plus occidental.
Bemasoandro, m'avait accompagné sur
propriétaire de la hutte où je loge à
devait sacrifier
aux mânes des Vazimba. Au sommet de
assez par sa forme la fanataovana, est dédié à la
montagne un
la
tas de pierres, qui rappe-
mémoire de ces Vazimba redoutés. Entre
cailloux sont enfoncés des bâtonnets qui supportent des tètes de coqs, des pattes
lamba crasseux une
nom
mon
de
poules
mouton fraîchement coupée et de bœuf la grosse pierre du sommet
;
favorable l'âme du Vazimba, cachée non loin de là sous une
demander un remède pour
qui
la fièvre
le
la
plante sur un bâton disponible, puis
enfin
pour
terminer ses pieux exercices,
criptions «
Eh
du
les
touffe d'herbe;
il
il
s'est
coups répétés que
lui
une
assène
il
il
rendu
reste à l'interroger et à
consume. L'Anlimerina s'éloigne un peu du tombeau
près d'un gros bloc de phonolilhe. Cette large dalle est
résonne furieusement sous
des chiffons
;
les pierres les plus
ajoute au las, du côté du soleil couchant, quelques douzaines de cailloux. Maintenant
lui
les
propriétaire, sort avec précaution de dessous son
tète de
frotte avec de la graisse
île
bœufs sont placés sur
se balancent à l'extrémité de petites perches; des crânes de élevées. Rainisafitsimidrantany, c'est le
l'Ian-
et
va
pierre parlante; posée sur base étroite, elle
mon
propriétaire, elle lui transmet les pres-
Vazimba. Rainisafitsimidrantany est radieux.
bien, cs-lu guéri?
— Oui, mais je Et, s'éloignant
ne dois plus jamais manger de canards,
pour remercier
la
pierre parlante,
une mèche de ses cheveux. Dans l'Imerina on trouve sur des montagnes
il
c'est l'ady.
»
répand un peu d'huile de
rocheuse
ricin sur la paroi
et y colle
élevées,
au
faîte
des grands rochers ou dans des vallons
solitaires, les tombeaux des Vazimba. Ces constructions informes, simples amas de pierres grossières,
ne sont pas des
monuments
funéraires elles indiquent plutôt aux populations craintives les lieux choisis ;
par les âmes des défunts pour leur résidence habituelle. Les légendes antimerina, seuls documents que l'on
possède pour émettre quelques hypothèses plausibles sur
hommes comme
les
Vazimba, nous représentent ces
les premiers habitants des régions élevées du centre de Madagascar. Dépossédés de
leurs territoires, quelques-uns quittèrent le pays, d'autres se mélangèrent
nombre
fut mis à mort.
Ce sont
les
aux vainqueurs,
premiers chefs antimerina qui chassèrent définitivement
ces tribus aborigènes, sauvages, ignorantes et
le
plus grand
les
mal armées, confinées d'autre part dans un
Vazimba
;
isolement
complet, ne pouvaient résister à des ennemis bien supérieurs à elles par des connaissances puisées au dehors. Des descendants des
Vazimba
du Manambolo en pays sakalava; mélange, dans
le
nord-est
et
le
et
existent encore d'après M. Grandidicr au
d'après
le
Menabe sur
les
bords
P. Abinal quelques-uns se trouveraient exempts de tout
nord-ouest de l'Imerina. Je n'en
ai
jamais rencontré. Quoi
qu'il
en
VOYAGES DANS L'IMERINA. soit, les
Antimerina sont persuadés que dans un avenir plus ou moins lointain
en maîtres dans
lAnkova gardé maintenant par
les
qu'ils tachent d'apaiser les esprits vindicatifs qui, les
83
mauvais
âmes des ancêtres vaincus.
les
Vazimba rentreront
C'est
pour celte raison
cachés dans des endroits déserts, lancent
les fièvres,
sorts et toutes sortes de maléfices
nobles ou roturières
nobles
;
leur faut de riches présents,
—
les
aux descendants des usurpateurs, Ces âmes néfastes sont Zanakandriana, elles habitent de préférence les hauteurs, il
—
un crâne de bœuf, par exemple, pour apaiser leur courroux;
roturières,
l.ThuilUcr. dd'
elles se tiennent aussi
clans les vallées
sur
ou sur
le
les
montagnes, dans une anfractuosité de rochers, mais descendant souvent
bord des eaux pour ennuyer
parfois à rendre quelques services, guérissenl leur puissance; en retour elles exigent était
les
vivants.
Cependant ces ombres consentent
quand on reconnaît humblement
surtout les malades
une privation constante.
C'est ainsi
que Rainisafitsimidrantany
débarrassé d'une lièvre violente par un Vazimba, sans doute de basse extraction puisqu'il
contenté du crâne de mouton, tout en
lui
défendant pour l'avenir
la
s'était
viande d'un palmipède inconnu de
son temps. Le canard domestique est d'importation relativement récente à Madagascar.
La
partie
du Yakinankaralra
particulièremenl pauvre
pagne
et
et
— district
souvent fort éloignées
situé à proximité de leurs
méridional de l'Imerina
cases
les et
que nous venons de traverser
unes des autres, cultivent surtout
labouré à
la
le
manioc
atteint
le
bêche assez profondément,
meuble de jeunes tiges coupées sur des plants déjà années, rarement moins,
—
peu peuplée. Les habitants, disséminés dans des maisons isolées dans
forts, l'arbuste se
en moyenne
est
cam-
manioc. Dans un terrain ils
enfoncent dans
développe par bouture.
une hauteur de
la
1
m.
50,
la terre
En
trois
développement
VOYAGE
SI
MADAGASCAR.
A
Pour
nécessaire pour arracher utilement les racines charnues.
champs
l'indigène a plusieurs
assurée
,
pomme
de
terre,
patate,
la
le
mais:
Comme
le
nopal
mur
noire, appartient à la
pleine de graisse;
variété stéatopyge que
remarque
Iava sont différentes. Enfin
chien
et le
ou jaune
fleurs écarlates
On
chat mentionner
une variété
ici
n'ai
porc,
commun
soumis à des vicissitudes sans nombre sur
on
ville
le voit se vautrer,
peut dire que
le
il
chez le sol
Il
est surtout
il
les
des-
les (lièvres
à tête
chair en est coriace,
madécasse et
et
;
tantôt
je devrai avec le
tantôt
est proscrit,
il
commun
petites
du pays Saka-
Cet intéressant animal
et les Betsileo.
en supporte parfois
aux
poil court,
du Betsileo
quadrupèdes domestiques,
Antimerina
est
il
choyé;
conséquences; dans une
les
il
est igno-
sur les confins occidentaux justement en
ne peut pénétrer sans s'exposer à de grands malheurs. D'une manière générale on
porc a suivi l'Antimerina dans ses conquêtes; ainsi,
habitants dans certains ports sakalava
deTolanara.
la
maître de la rue, dans certains quartiers, tandis que d'autres
minieusement chassé. Dans l'Imerina face d'un pays où
au pelage roux, au
particulière,
jamais rencontrée ailleurs:
si
nombre; en
mouton de Madagascar, généralement
trouve bien aussi des chèvres à Madagascar, mais en
pour terminer rémunération le
pâle.
trouve en Asie et en Afrique; sa queue énorme est
occasionne des haines entre des peuplades voisines
même
aux
habite les régions élevées. Cet animal ne donne pas de laine;
il
cornes rejetées en arrière que je
il
l'on
possède toujours un goût peu agréable.
petite quantité ; j'en
est
s'ajoutent la
de clôture garni à son sommet de plantes
(E. splendens),
des chèvres. Le
et
récolte
partout dans
dans l'Ankaratra, nous avons rencontré des troupeaux de bœufs, mais en plus petit
revanche nous voyons des moutons
elle
Au manioc comme presque
plantés à des époques différentes.
une euphorbe
et
ménager chaque année une
y a peu de rizières. Les champs,
il
l'Imerina, sont entourés d'un fossé dont le déblai forme.un
épineuses, principalement
se
et,
malgré tous
est vrai qu'en 1885 lorsque les
il
est entré
fady des Àntanosy,
les
il
a foulé le sol de la pointe
Hova évacuèrent Fort-Dauphin qui
par un de nos croiseurs, les Antanosy révoltés pillèrent
le
port
et
au grand scandale des
bombardé
venait d'être
massacrèrent tous
les
porcs qu'ils
purent rencontrer.
Le 15 mai,
j'arrivais à
Soandrarina. Ce village, situé sur
comme un
m'apparut avec ses soixante cases les
hameaux de Botraro
contrées rocheuses
et
et
village quelques collines
entourer
le
de l'Iankina. Soandrarina
pauvres de
l'Est et les
route de Tananarive à Fianarantsoa,
la
centre important après est
souvenir que m'avaient laissé
le
dans une zone de transition comprise entre
régions argileuses
et
;
aux larges bases, presque des plateaux ondulés vont,
Yontovorona. qui surgit tout à coup
et
les
bien cultivées de l'Occident autour du s'élevant insensiblement,
dresse son pic isolé à deux kilomètres du village.
Cette zone de transition caractérisée par des espaces relativement plats sur une certaine étendue et que
nous avons traversée antérieurement à
la
d'Ambodifiakarana. C'est entre ce village l'Imerina.
A
et
temps sec la
et
Soandrarina que
me
persistant
saison sèche qui va durer encore cinq mois dans l'Imerina. Je et
curiosité gênante des naturels; seule, la
me
j'ai
me
Dans
les
visiter les collections
livre à
Depuis ce malin,
n'est
de
qu'un intermède
mes travaux dans une
le
me
bien envie de fermer pour
crainte d'une prompte asphyxie
privant d'air et de lumière, viennent m'examiner et
longtemps
me
relient.
public reste aussi
me
les
A
soustraire à
la
l'étroite ouver-
habitants du
pays
mettre au courant des usages d'une
nombreux
et
quelques amateurs gardent
bonnes places.
la salle voisine,
des indigènes sont occupés à fabriquer avec de
vases. Après l'avoir chauffée, à
pour
apparaissent une foule de tètes, avec des yeux grands ouverts. Ce sont
autre civilisation.
plateaux de
qui ne semble pas construite à l'échelle humaine. Elle est éclairée
par une petite fenêtre mince, d'un volet en bois que
(jui,
les
n'avaient nullement souffert grâce au beau
elles
que nous avions eu jusqu'alors. L'averse d'aujourd'hui
chambre aux dimensions minuscules
ture
trouve seulement
l'on
retint prisonnier. J'en profitais
d'animaux, recueillis depuis Tananarive; cl
sud, jusque près
le
les traverse.
Soandrarina, une journée de pluie
plantes
de
La route de Fianarantsoa
hauteur d'Ankisatra, se prolonge vers
ils
découpenl
la
la
corne des cuillers
et
des petits
matière ramollie en minces lamelles qu'ils appliquent
chaud sur des empreintes creusées dans un bloc de bois suivant
les
formes à reproduire;
ils
polis-
VOYAGES DANS L'IMERINA. sent ensuite les différentes pièces ainsi obtenues au
moyen de
grossiers racloirs de fer. Ces cuillers.
fourchettes, gobelets, boites diverses, seront portés à Tananarive et vendus à quelque vazaha. objets en corne, les petite calebasse
comme
emporter Mais
la pluie
lamba de
soie
ou de coton
un bloc de
tranquillité. est
Mou
un bœuf
d'un morceau de bambou, d'une
plus souvent tous les produits qu'un Européen peut
le
échantillon de l'industrie antiraerina.
a cessé et je peux enfin sortir de
acre et nauséabonde. Les promenades dans les seoir sur
les tabatières faites
et
ou d'une patte d'écrevisse, sont
Avec ces
la
case que l'occupation de
mes hôtes emplit d'une fumée
rues de Soandrarina sont fatigantes, aussi je vais m'as-
pierre en pensant à ceux qui vont
dans
pays lointains chercher
les
le
calme
et la
voisin
bosse,
à
qui sans doute se plaît
dans
peu
qu'on
domicile
le
a choisi, car
lui
pousse des mugisse-
il
ments ces
continuels.
Si
protestations sonl
motivées par un
confus de
lincl
ins-
pro-
la
preté, elles sont
alors
Légitimes bien que par
effet
En
bruyantes.
trop ,
l'animal n'est pas,
nous
ne
C
vu
l'avons
Ankisalra,
à
en-
fermé avec ses congénères dans une grande fosse,
habituel
de
rina;
pour
il
a
bœuf
parc à
le
30 iNDn \niN
gîte
un trou boueux de deux mètres de profondeur où
l'engraissement. Dans quelques mois, fête
du Fandroana sera
mon
eaux. La contrée change peu à peu,
quartz a disparu
et
voisin, gras
et
replet,
il
ira à
peut
à
peine se remuer;
Tananarive
et
à
il
est à
l'occasion de
la
offert à la reine.
Le lendemain, nous marchons vers
le
\.
l'Anliine-
l'ouest
les
et
franchissons au Vonlovorona
ondulations s'accentuent mais
parfois une lave celluleuse nous annonce
les
les
la
ligne de partage des
roches deviennent plus rares,
régions volcaniques. I>es
hameaux
se
voient en grand nombre, des villages importants sont entourés de cultures étendues. Après avoir dépassé le
village
d'Ambohidranandriana, nous traversons,
à
mi-chemin d'Antsirabc, l'Andranolobaka, petite rivière
qui va grossir au sud l'Amboavato, affluent du Mania. Sur
beaucoup de maisons abandonnées, privées de
murs ravinés par
les pluies
le
manifestée surtout après
lation est peut-être plus les
apparente que
Antimerina principalement,
par l'ivrognerie,
les
Sakalava,
et
quelques las de terre
hameaux. Le grand nombre de ces ruines qui
plus souvent au milieu des villages habités, ont pu faire croire à
elle se serait
chez
bords de ce cours d'eau, on remarque
tiennent à peine, souvent ces masures s'écroulent
sont les derniers restes de ces anciens l'Imcrina.
les
leurs toitures, elles offrent un aspect lamentable; les
le
règne de ltanavalona
réelle
les
dans
les tribus
Antanosy,
les Betsileo et
et les
I.
la
existent dans tout
dépopulation de l'Ankova
;
Cependant j'estime que celle dépopu-
où l'alcoolisme
n'est
pas encore 1res répandu,
Antaisaka, tandis que celles qui sonl abruties
surtout les Betsimisakara éprouvent une diminution continue
dans leur population appauvrie. Sans doute dans certaines circonstances, après des guerres cruelles, un règne sanguinaire, des incursions de peuplades ennemies, une tribu peut être décimée, mais ses pertes
si
elle
réparera
sa vitalité esl bien prouvée par les familles nombreuses, les enfants qui pullulent
comme
VOYAGE A MADAGASCAR.
86
chez
les
Antimerina et
les
Antaisaka. Presque toutes
les
ruines que Ion trouve en pays anlimerina s'ex-
pliquent facilement. Lorsque l'indigène voit que sa maison devient vieille, que les
murs
ne songe nullement à
il
que
pignons se lézardent,
les
il
faire les réparations nécessaires;
demeure une habitation nouvelle
bâtir à côté de son ancienne
et
ne se donne pas
se fendillent,
se contente de
peine dé démolir
la
son logis d'autrefois.
A
l'ouest de l'Andranotobaka,
dans une
belle vallée le petit
encore
chemin
le
Anlsirabe débarrassés de
poussière de
la
deTananarive sont propres
diffèrent
et
rampe
forte
d'Ambohimasina. Puis un
hommes me demandent
là les
;
nous descendons une
village
nous traversons avant d'arriver
et
petit ruisseau, le Sahatsio,
nous barre
de leur permettre de s'arrêter. Désireux d'entrer à
la route, ils
procèdent à des ablutions répétées. Ces Borizana
beaucoup sous ce rapport des Anlimerina des campagnes qui ne
se lavent jamais.
De
village
compte cent cases environ,
Tananarive,
c'est la plus
par des rizières artistement installées et
En
travaux considérables. l'eau et
de le
même
de
grande agglomération que nous ayons rencontrée depuis
le
hameau d'Ambohidranandriana
pour arriver à un
tel résultat, les
sur les bords des rivières
effet,
pour
terrain nivelé nécessaires
dans
et
le
fond des vallées est occupé
Antimerina ont dû exécuter des suffisamment étendues,
les plaines
culture du riz se trouvent aisément; mais
la
sur les flancs des coteaux et dans les vallons élevés. Dans ce cas
— et c'est
le
d'aménager au-dessous
terre.
Il
série,
de terrasses étagées
champs de
du moment. L'Anlimerina
puis les dessécher selon les besoins
montre un
en une
le sol incliné
peut ainsi inonder les plates-formes, avoir dans les
talent
vraiment remarquable pour créer des
et
il
n'en est pas
—
plus fréquent
canaux de dériva-
cultivateur est obligé d'amener souvent de fort loin l'eau indispensable, par des
tion et
Ce
s'élève Anlsirabe.
contrée environnante contraste singulièrement par ses cultures nombreuses avec les
et la
légions du bassin de l'Onive. Depuis
le
un plateau quelque peu étendu, où
se trouve
du Sahatsio
cùté
l'autre
séparées par des levées
l'eau stagnante
ou courante,
s'acquitte fort bien de celte tâche et
il
dans un pays généralement mal disposé
rizières
pour ce genre de culture. Les connaissances agricoles de l'indigène s'expliquent du
bonheur nécessaire 11
est suffisant.
v a plusieurs variétés de
riz
dans
l'île.
La
variété dite blanche est la plus estimée, et la seule habi-
tuellement récoltée dans les régions de l'intérieur. Voici, en quelques mots,
du Plateau Central obtiennent ce céréale qui leur occasionne ci
de transplantation. Vers
hommes
le
mois de novembre,
se réunissent et d'un effort
sécheresse.
Ils
se servent à cet effet de
force, s'enfoncent
dans
la terre
commun
D'ailleurs,
le
les rizières
sont labourées à
nommées angady
le
pénètre et le sol
le
ramollit.
détrempé
les
commencement de
mûr,
il
le
grain de
la paille.
la
saison des pluies, époque rizière
Lorsque
silos
champ
le
riz est
éminemment
favorable à la végétation.
les
soit
pilon et nettoyé par
le
le
van. Après
En
Malgache
ira
champs
le
voisin. Là,
les pel ites
dans
au milieu d'une
gerbes pour séparer
les cases, soit
dans des
pierre plate. Quelquefois, dans les terrains
grain subira encore une dernière manipulation la récolte, les
et
éléments nécessaires.
sont remplacés par une construction conique qui rappelle, en
chaux. Avant d'être accommodé,
est ainsi suffi-
d'une couche d'eau assez abondante
conservé dans de grands paniers serrés
une
et l'eau
en masses touffues. La plantation est
une pierre sur laquelle on frappera à coups redoublés
Le
trois
durci par six mois de
plonge toujours dans un pied d'eau. C'esl dans ce marais que
fosses circulaires creusées dans l'argile et fermées par
humides, ces
main. Deux ou
la
le sol
moissonner avec des couteaux grossiers sa récolte portée ensuite sur le coteau aire battue; se dresse
.Malgaches
jeunes plants qui, ensemencés quelques
petit enclos spécial, s'y élevaient
pendant cinq mois, l'indigène couvrira sa
le riz est
les
qui, soulevées et abaissées avec
toujours renouvelée pour fournir au développement du précieux végétal
mars
comment
plus souvent un double travail de semis-
divisent en grosses mottes
longues bêches
samment préparé, des femmes repiquent dans semaines auparavant dans un
le
par leur propre poids. Le travail terminé, on ouvre les canaux
qui envahit ce terrain fraîchement remué,
terminée pour
son
reste, le riz est sa nourriture préférée,
petit, certains ;
il
fours à
sera décortiqué au
sont desséchés. L'emploi des engrais est très
ESCLAVES VANNANT DU
HIZ.
(DESSIN
DE SLOM.)
VOYAGES DANS
DE W<N
[»1C
de
rare, la paille serl
hauteurs par
les
c
bustible.
Le
a
li
I.MEHINA.
V'ilu>\
I
déposé par
\.
les
eaux
les
principaux centres de production du
plaine de Betsimitatatra
les vallées
el
de l'Andromba
l'ois
mieux cultivées de
celui de la
la
province;
le
poids de
semence. L'Imerina produit
n'ulilisenl d'ailleurs
le
la
sont dans les environs de Tananarive,
riz
d'Antsirabe, les vallons arrosés par les eaux de l'Andrantsay senl les
el
qu'une partie des terrains propices
côte un onéreux transport à dos
la
Antsirabe doit son
de
ce petit vallon sont à
à
maisonnette pour y être
'les
Ce sont
En
ce genre de culture; el
ses habitants, qui
effel
Antimerina
les
incapable de supporter
qui es!
à
l'ouest
du
Les premières que l'on rencontre à
une température de 37° centigrades; utilisées.
la
environs de Betafo et
consommation de
eaux thermales. C'est
jaillissent les sources.
que
les
d'hommes
des dépôts que laissent
à
lu terrain,
lénivellati
i
nom
dans
récolte est, dans les meilleures années, de cinquante
ne peuvent songer à exporter celle marchandise de peu de valeur
jusqu'à
et,
de l'Ambavàlo. Ces trois régions pârais-
nécessaire à la
ri/
fécondité des rizières.
la
du Fisaona,
el
organiques amenés des
les détritus
el
pluies de l'hivernage enlretiennenl suffisamment
Dans l'Imerina,
89
elles ont été
captées
et
village, la
dans
naissance
dirigées dans une
missionnaires norvégiens établis à Antsirabe qui ont
les
fait
avec beaucoup de soins ces modestes travaux, premiers essais peut-être d'une station balnéaire à Madagascar. Oui sail ce que l'avenir nous réserve! Plus loin, on voit sourdre d'autres sources froides ou
chaudes; parmi ces dernières quelques-unes, qui dépassent voirs
où viennent se baigner
sels alcalins, sont surtout
infirmes
les
<lu
16° centigrades,
alimentent deux ou trois réser-
voisinage. Les eaux thermales d'Antsirabe. 1res riches en
bicarbonatées sodiques elles ont formé dans ;
la vallée
une couche assez épaisse
de dépôts calcaires. Les indigènes reliraient autrefois par l'évaporation de ces eaux des sels de soude et de potasse; cette industrie préfèrent
le sel
commun
les travertins el
La chaux
n'est
esl
abandonnée aujourd'hui;
qui leur vienl d'Europe,
les tufs calcaires
pas
commune
rieur cet élément essentiel
à
qui environnent
Madagascar
et
les il
à ce
mélange
salin
peu agréable au goût,
les pierres à
revanche, l'extracti
lui
sources fournissent de lions matériaux.
esl très difficile
de toute construction solide
et
de
s'y
durable. Je n'ai
procurer surtoul dans rencontré de
[lierres à
de formation sédimentaire .pie dans les environs de Mojanga, entre les villages d'Ambatolampy
Morompa;
partout ailleurs,
il
utilise les
l'inté-
chaux et
de
faut avoir recours à des depuis marins ou à des noyaux calcaires que l'on
trouve dans les roches massives. C'est ainsi que sur
on
ils
chaux continue;
roches coralliennes qui forment
les celles orientales,
mieux partagées sous ce rapport,
partout des récifs étendus, tandis
que dans
le
12
centre de
VOYAGE
90 l'île il
employé
est
geux, surtout à les
MADAGASCAR.
faut se contenter des cipolins qui existent par exemple dans
calcaires d'Antsirabe. tible
A
Pour
généralement
l'est
chaux,
faire la
sud-est de Tananarive ou des tufs
le
Anlimerina se servent de fours en briques;
la capitale et
merina fabriquaient autrefois des briques
et
la
même
uniformes 11
compriment
ils
combus-
matière que l'on cuit les briques nécessaires pour
des agglomérations importantes de la province. Les Anlides tuiles de qualité inférieure,
ils
leur donnaient souvent
des dimensions fort variables, ce qui rendait impossible tout travail régulier. Aujourd'hui, à se servir de moules où
le
tourbe que l'on trouve en abondance dans certains vallons maréca-
la
de l'Imerina. C'est avec
constructions modernes de
les
l'argile ramollie,
ont appris
ils
de sorte que leurs produits sont devenus plus
et plus solides.
un certain nombre de prisonniers. Les condamnés aux
v a dans le village d'Antsirabe
vus à Ivondrona où
j'avais déjà
Tananarive où
ils
des pierres à chaux. La peine des fers punit dans l'Imerina des Révérends, on
l'a
même
cl
Le patient ne peut
se
mouvoir qu'avec peine,
constamment par
est blessé
il
moins grave ou moyennant rançon,
les
les
restent seuls, c'est la petite chaîne. Enfin, chez les
certains cas,
—
emploient
temps dont
le
leur nourriture
le
ou
—
et l'on
condamné aux ils
elle consiste.
les chiffons
il
ou
marche
me pardonnera
pas
à petits
Le
et doit
de cuir dont
les bracelets
il
anneaux inférieurs. Quelquefois pour une faute
barres sont supprimées; les anneaux du cou
condamnés de
sont remplacées par des ficelles de chanvre; pour eux
gouvernement antimerina
sous l'influence
les délits;
et
va se fixer sur une maille unique à mi-hauteur du corps.
toujours soutenir ces fers d'un poids considérable; malgré
entoure ses chevilles,
crimes
à l'extraction
porte au cou et aux chevilles des anneaux de fer rivés, un maillon ou
une barre allongée part de chacun d'eux C'est la grande chaîne.
les
ministre, et à
ici
appliquée pour réprimer l'ivresse publique. Voici en quoi
homme ou femme,
condamné,
du premier
cultivent les plantations de cannes à sucre
ils
entretiennent tant bien que mal' les voies publiques, sont employés
que
fers
le fer est
des chevilles
cl
caste noble, les attaches
Comme
fady.
ce rapprochement,
il
rigides
tout fonctionnaire du
n'est peut-être pas inexact
dans
fersdnil subvenir lui-même à tous ses besoins. Aussi ces malheureux
peuvent disposer à faire dans
le village
quelques petits travaux pour gagner
à implorer la charité publique.
Le 19 mai, je quittais Antsirabeel descendais
mon
itinéraire à travers les
tant
du
sud de l'Imerina.
la vallée
de l'Amboavalo. Avant de continuer vers l'ouest
pays volcaniques, je voulais visiter Ambohiponana, dernier village impor-
La roule
est fort belle
vaste plaine allongée du nord au sud
et
;
nous sommes dans une vallée ou plutôt dans une
bornée au levant
et
au couchant par de hautes montagnes. La terre est noirâtre et les cultures
semble
fertile,
sont étendues; à droite
gauche du chemin, des habi-
et à
L'Amboavalo
tations rapprochées.
que nous côtoyons parfois reçoit de nombreux ruisseaux qui des-
cendent des hauteurs
dans
tombent
et
plaine en jolies cascades.
la
Celle contrée est une des plus pit-
toresques j'ai
Vers au
des plus riches que
cl
vues dans l'Ankova. le
milieu
village
du jour,
deux heures après rive droite de i: '
'
|}P'/ I.KPUOSKR1E D ANT1SIRAHE.
'
i
je passais
d'Ambohimanjaka, j'étais
sur
et la
l'Amboavato. Devant
nous, adossée au flanc occidental
I.
Plutôt mal que bien.
VOYAGES DANS L'IMEIUNA. de
91 la vallée,
line;
qu'un
prévenir
le
sommet. Pen-
mes
de
hommes va
autorités
les
d'Ambohi-
i'orlilié
ponana en occupe dant
une petite col-
s'élève
village
le
de l'arrivée
du vazaha, j'examine avec attention une pierre levée magnifique bonis de
'liesse sur les
se
cpui
rivière.
la
Le monolithe, qui s'élève à quatre mètres au-dessus du sol, présente
une
section
rectangulaire
uniforme de
m. 00 sur
m.
!•">;
en est grossière.
taille
la
assez
Des pierres levées, valotsangana,
l'île,
trouvenl partout dans
se
oatolahy,
principalement dans
du massif central chez rina
chez
oriental
Malgaches
conquête,
d'un
vœu
d'un jugement
mo-
numents érigés pour rappeler
à la
actes des ancêtres
peuple madécasse.si superstitieux, qu'il lui
suppose, pour
les
pour garder
morts dont
moire des
pouvoirs
a
le
lombeau de
la
Cependant
famille.
bien vite ajouté un culte véritable;
qu'il lui
prête sur l'univers entier.
Il
il
à
son mécontentement et
el
vatolahj ne répond pas
si le
son mépris. Par exemple, un indigène
d'entendre la sentence des juges,
peu de graisse loul en suite
lui
pierre
la
la prie, lui fait
pour
il
il
va près de
s'il
sort
même
il
passe dédaigneux devant
revient sur ses pas
une pierre levée sur sa roule: projectiles
demeurent sur
cl il
frappe
sol,
le
s'arrête,
la pierre, c'est
s'accorde avec les chiffres heureux le
lui
;
le
le
litige
Malgache
monolithe.
l'injurie,
autre
ramasse de- cailloux,
d'un bon présage pour
mais au contraire
si
sommet de
exprime d'une façon tangible
en instance.
est l'indice
Une
le
vertus
en procès ; avant de se rendre au kabary
est
menhir,
mé-
des offrandes, qui
pierre levée voisine de son habitation,
vainqueur du
gnement d'une mimique expressive qui chez fois
la
il
les
ci
restes
ces évocations du passé,
honore
expliquant son affaire avec beaucoup de déférence,
une onction plus étendue
regagnant sa demeure
à ses désirs,
la
les
consistent presque toujours en onctions graisseuses sur les parois ou en appositions sur le
quelques cailloux de quartz;
célèbre,
solennel; ce sont des
PEHS.
perdus au loin n'ont pu revenir dans
souve,
souvent aussi \L'\
le
énement important d'une
postérité les CONDAMNES
aux yeux
une divinité
non
adorer, mais
doit
l'on
nir d'un é\
les
ri
Ces menhirs isolés
mi groupés représentent
que
versant
le
Antanos]
les
Belsimisaraka.
des
Antime-
les
mu-
les Betsileo el
el
régions
1rs
le
lui
promet dans
cl
siffle
avec accompa-
du plus profond dégoût
fois, c'est
les jette
chemin
:
quelque-
un voyageur qui rencontre
sur
le
sommet;
futur, surtout
tous les cailloux,
la
perdu son procès, en
A-t-il
crache
il
frotte d'un
la
mal
dirigés,
si
si
quelques
leur
nombre
retombent sur
un sort funeste menace l'indigène, qui se hâtera de regagner sa demeure en atlendanl des jours
plus favorables.
Dans
l'Imerina, les pierres levées sont généralement isolées. Quelques-unes atteignent des dimensions
VOYAGE
02 considérables c'est le
—
la
plus grande que
MADAGASCAR.
A
rencontrée mesurait 6 m. 00 au-dessus du sol;
j'ai
plus grand nombre, ne dépassent guère
la taille
humaine
il
;
même de
en est
— les
autres, et
plus petites, dressées
des cultivateurs. Ces monolithes sont bruts,
les dieux Termes feu ou arrondis suivant les arêtes vives par des coups de masse. parle quelquefois éclatés grossièrement d'aucun culte. Le plus souvent Les pierres taillées d'origine toute récente et rares encore ne sont l'objet
au milieu des champs,
elles
deviennent
un mort ou quelque
elles rappellent
important
l'ail
;
un dessin grossier ou gravé une
parfois on y a tracé
inscription.
monuments
Ces
mégalithiques
Madagascar
curieux à
si
n'éprouvent chez les autres tribus (pie de faibles changements '
dans
la
forme
vénérés de
mêmes
la
même
manière
ques variantes
chez
:
clans la suite quel-
anciennes pierres
Betsileo, les
les
sont
ils
représentent à peu près les
et
Néanmoins nous verrons
idées.
Partout
disposition générale.
et la
polies entourées de bois sculptés; chez les Bara. les larges
Manambia,
dalles; chez les
les
menhirs enfermés dans une
enceinte de cailloux superposés; chez
hauts monolithes érigés à côté
les
Antanosy,
les
les
uns des autres à proxi-
mité d'un pieu aigu surmonté d'un oiseau.
Les Malgaches
et surtout les
Antimerina ne se conten-
tent pas d'honorer les pierres qu'ils ont dressées ils
entourent encore de leur vénérai ion
et
eux-mêmes,
de leurs res-
pects certains rochers, doués sans doute de propriétés
miraculeuses. Les uns, détachés de
la
montagne par une
puissance divine, sont venus naturellement dans
réclamer
hommages
les
meur moins vagabonde, formes
el
leurs aspects,
d'autres enfin qui
chefs et
ont
d'hu-
des humains; les autres, se sont fait il
été
souverains,
les
la plaine
remarquer par leurs
faut aller les prier;
en est
il
choisis directement par les
désireux
sur
d'asseoir
celle
base solide leur royauté naissante. Ainsi, nous avons vu à pierre
i.ev.;e a
Mahamasina
donnent
ambihiponana.
à Andohalo
et
l'investiture
aux
rois
les
sacrées;
pierres
antimerina.
Sur
le
fameux
Iankina, c'était notre guide qui demandait à un roc
de
lui
guérir sa fièvre.
En
sortant
elles
mont
de Tananarive pour aller à Ankadivavala, nous passions non
donne aux femmes par son simple contact toute la fécondité qu'elles désirent; la surface du rocher, lisse et noirâtre, indique suffisamment qu'il a de nombreuses clientes. Ambohiponana est un gros village de 500 habitants, c'est en même temps un poste militaire
loin d'une pierre célèbre qui
destiné à limiter, dans cette partie reculée de la province, les incursions des Sakalava. l'hospitalité
dans sa maison, une
vieille
case en bois, qui se dislingue par sa construction soignée
ancienne architecture des mauvaises habitations d'argile dont est à 80 centimètres
du
sol,
une pierre enfoncée
dans
toujours se livrer à une gymnastique effrénée pour gagner et
luisant
;
la
elle
est entourée.
terre en
île
Le
seuil
de
du
des matières charbonneuses pendent au-dessus de nos têtes en longues stalactites est lier
et
la
permet l'escalade, mais
ses appartements. Le dessous
vrent de moment à autre d'une épaisse couche de poussière. Mon hôte
preuve
Le chef m'offre
faut
il
noir
toit est
el
son
porte
nous cou-
de ce résultai qui est une
sa noblesse el de l'ancienneté de sa famille; la reine, nu; dit-il, appelle ses
bons sujets
»
ma
vieille suie ».
Le lendemain de
mon
arrivée, doil avoir lieu à
Ambohiponana
milices venues des villages voisins. Dès l'aube, un
tambour
la
revue de
la
garnison grossie par
les
a bal lu le rappel sur la place, les troupes
VOYAGES DANS L'IMERINA.
95
»
ï''-.'\:C^ïWw-' «-V-uv,.
il
pou
à peu.
Sans doute
en vient une quinzaine. Mais
reine;
plus grand
le
nombre
voamena nécessaire pour armés de le
fusils, six ont
a
les effectifs il
y
;i
ne son) pas au complel
quelques malades
:
on m'annonce trois cents hommes,
beaucoup de gens retenus par
et
versé entre les main- du chef de détachement
les autres...
—
c'est
le
un
service de
la
colonel —
le
une seule ligne; cinq sont
être dispensé d'exercice. Les soldats se rangent sur
des sagaies ou des hâtons,
%U\
/.
DK TUITIHVA.
luTKFIE
arrivent
y
ne portent rien. Les officiers passent sur
front des troupes, puis prononcent à tour de rôle de longs discours; cela dure cinq heures.
Commen-
cent ensuite les manœuvres, marches cadencées, alignements; un sergent mauvais conducteur de
condamne
droite est rieur.
On
à recevoir
se sépare après
Quelques soldais sont
douze coups de verge;
une allocution
finale
ainsi disséminés
la
sentence
est
du grand chef.
dans
les villages
côté de l'ouest sur les confins du pays sakalava, mais
ils
frontières de L'Imerina, principalement
et
nombreux
sont toujours peu
gouvernement anlimerina réserve ses meilleures troupes pour occuper conquis
l'aile
exécutée par un officier supé-
les
et
du
mal armés. Le
postes fortifiés des pays
surtout pour tenir garnison à Tananarive et dans les villes importantes placées directement
sous son autorité.
La crête des collines qui limitent d'Ambohiponana, pour former déchiqueté du Rotraro
et
le
à l'ouest la vallée
de l'Amboavato s'élève brusquement prés du village
massif rocheux du mont
Ibity
2200 m.
.
La montagne
plus sur ces hauteurs. Seule, une plante épineuse d'apparence fort bizarre pousse ça
rochers
:
a l'aspect
de l'Iankina; ses flancs rocailleux sont dénués de végétation, l'herbe ne croît
sur un tronc ligneux informe
et
ratatiné qui semble plaqué sur
la
et là
accolée aux
pierre ainsi qu'une boule
de terre glaise qu'on aurait jetée avec force, une petite Heur jaune se montre timidement au milieu de
longs piquants acérés.
VOYAGE A MADAGASCAR.
96
Le 21 mai, après avoir franchi
chaîne de
la
nous arrivons en une demi-journée de marche au
I'Ibity,
au pied du volcan de Trilriva qui dresse dans l'ouest son cône tronqué.
village d'Isandra, situé
proclamé
Je trouve le village sens dessus dessous; l'état de siège est
Une bande de Sakalava
transes continuelles.
des enfants, cinquante bœufs,
me donne
qui
ces détails en m'entraînanl dans sa maison, ajoute
Le brigandage s'exerce,
est très
ils
n'ont rien vu
nombre de nos ennemis
été grossir, sans doute, le
répandu à Madagascar
et
:
J'ai
«
bien envoyé, vers midi, des
quelques-uns ne sont pas rentrés;
même
dans une
gens des peuplades voisines); d'autre pari,
le
ils
ont
contrée, suivant l'endroit dans lequel
prend deux noms différents. Ainsi des vols de bœufs, des rapts de femmes
il
el
•>.
et
viennent-ils à se produire dans les villages frontières, les
brigands ont pris des femmes
les
sont partis dans loues! avec leur butin. Radrahona, chef du village,
el
soldats à la poursuite des fahavalo, mais
il
venue hier matin;
est
habitants sont dans des
et les
on accuse immédiatement
méfait
commis dans
est-il
les
fahavalo
et
d'enfants
(les
ennemis,
on
l'intérieur de la province,
l'impute aux tontakebj (bandes de voleurs). La dénomination do fahavalo semblerait donc désigner les guerriers des tribus hosliles aux Antimerina, qui viendraient dans leurs provinces ou chez leurs alliés faire
de fréquentes razzias. Cela arrive bien quelquefois, mais c'est l'exception. Presque toujours les
fahavalo qui dévastent les confins occidentaux
nord-ouest de
l'île
l'Imerina et du Betsileo et les grands territoires du
île
sont des bandes constituées par des esclaves fugitifs, des soldats insoumis, ou des
gens qu'une peccadille quelconque oblige à quitter leurs foyers; ces bandits se réunissent conduite d'un chef qu'ils ont choisi, pillent indistinctement
vont vendre, à droite recrues aux fahavalo
dans
les
Antimerina s'unissent aux Sakalava, tandis
:
le
Nord,
commune
avec
les
véritable industrie, et
le
Malgache, déjà
quelque peu violent de se procurer
nombreux surtout
donne
d'enceinte
mot
le
et
le
ce
A
ils
à Tananarive,
se sentent couverts par des chefs
Sous ces deux formes,
moyen
le
fort
vol est
devenu
commode mais
bien d'autrui.
huit heures,
sécurité du village d'Isandra;
la
tambour bat
le
la générale,
la nuit, la
moitié
tics
des factionnaires sont postés
le
de nombreuses patrouilles circulent dans les deux rues du village. Radrahona
d'ordre à ses soldais
leurs cases. L'obscurité,
Sud
au contraire des fahavalo qui
la nuit,
porté au larcin, a trouvé là un
si
journée, quelques soldats veillent à
habitants est réquisitionnée.
mur
le
fahavalo, les villes de l'intérieur et les roules fréquentées sont les théâtres
les
influents qui leur assurent généralement une impunité absolue.
long du
dans
(pie
Bara. Pendant que les pays frontières sont mis ainsi
opèrent généralement en plein jour. Us sont très audacieux, car
la
et
produits de leurs expéditions. Toutes les tribus envoient des
exercent leur métier lucratif pendant les premières heures de
Pendant
la
et,
les
ordinaires des exploits des tontakely. Ces voleurs de grand chemin, fort
une
sous
peuvent surprendre
ou à gauche,
sont des Betsileo qui font cause
en coupe réglée par
les villages qu'ils
me
dit-il,
vient ensuite
et
me
prier de défendre à
ne permet pas de distinguer
mes hommes de
amis des ennemis. Devant
les
sorlir de
la justesse
de cette observation, je m'empresse de prévenir les porteurs d'avoir à se conformer aux ordres de l'autorité, et je
me
Mais hélas! vaise, car les
montrer
prépare à goûter un repos que les Sakalava n'oseront pas interrompre. si
les
se chargèrent
de
à l'ennemi (pie le village est bien
ces misérables,
mon
fahavalo ne vinrent pas troubler
Antimerina
les
sommeil, celte nuit n'en
remplacer avantageusement. En
défendu, qu'ils ne dorment pas
non contents de répéter sans cesse
:
«
Zovy?
»
qui? qui
et
est là?
fui
pas moins mau-
eflel les
soldais veulent
qu'ils sonl sur leur «
Tandremo
(sara/
•
garde; Veillez
bien! poussent des cris stridents, dos appels désespérés, des rugissements épouvantables; c'est à qui
hurlera
le
plus fort;
en
il
est ainsi
jusqu'au malin. Radrahona, qui lient à
ma maison une
tions, a placé près de
garde
d'élite,
me
prouver ses bonnes inten-
recrutée parmi les crieurs éprouvés
:
elle doit
me
convaincre par un lapage infernal que je puis dormir tranquille!
Le lendemain,
je faisais l'ascension
dans l'ouest d'Isandra
pour on gravir
les
;
les lianes
du
Tritriva. Cette
montagne volcanique
gazonnés sonl à pentes rapides
rampes, tantôt nous marchons sur
l'argile
el
dans
les
se trouve à
-2
kilomètres
zigzags qu'il nous faut suivre
parsemée de scories on menus fragments,
tantôt nous traversons des coulées de laves qui, descendues dans
la
plaine, oui
formé dos amas considé-
VOYAGES DANS L'IMERINA. Ces
râbles.
premiers épaulements du mont, présentent cependant une déclivité
tufs, qui constituent les
moins prononcée. Bientôt nous arrivons sur obliquement arête, sorte
qui termine la montagne,
la crête elliptique
se trouve le point culminant,
où
vers l'ouest
97
1
elle s'élève
820 mètres. Lorsque l'on a franchi cette
de rempart qui environne une dépression profonde, l'abîme cratériforme apparaît au milieu
de cette coupe gigantesque. Le cratère-lac est ovalaire, des parois rocheuses l'entourent d'une muraille à pic, saut vers le
sud où un talus escarpé permet de descendre avec peine jusqu'au niveau de
Près des bords et tout autour du lac, je n'ai pu trouver
que pouvait atteindre ma torde de raphia. On éruption soudaine aurait changé
hommes
Les
ils
envoyé par Radrahona
est
la
nous sommes dans un cirque dont une
dirait qu'à Trilriva
le
sommet de
la
montagne ont
refusé de
me
ont peur d'une bête monstrueuse qui se cache dans les eaux du
ces espaces inférieurs;
l'eau.
plus grande profondeur
la
en abîme insondable.
la piste
accompagné sur
qui m'avaient
fond à 98 mètres,
le
plus audacieux,
reste
il
;'i
mes côtés
pendant que
ci
suivre dans
Le guide
lac.
je travaille
il
me
raconte
légende de Trilriva. «
Là-bas, dans l'Ouest, au pied de
homme renommé'
par sa force
montagne
la
son adresse
cl
dans
:
deux villages \oisins
sonl
:
dans
demeurait une jeune
l'autre,
un jeune
l'un habitai!
tille
remarquable par
sa
beauté.
Les deux jeunes gens étaient fiancés
<i
se
qu'ils
demandaient. Ni
pu loucher «
les
un éternel amour. Cependant
ils
ne pouvaient
»
Désespérés
cl
de soie
se jetèrent dans
el
que dans
fois
il
un jeune
ordonna
suivre leurs goûts
Celle
homme
ces malheureux enfants n'avaient
«le
loi a été
el
Trilriva. Ils s'attachèrent
de rouge.
eaux du
lac
Tananarive comprit
Chaque
fois
que dans
fille
venait à
le village
du
devenaient rouges. la
volonté du!
lest in.
de ne plus résister aux désirs de leurs enfants
à lous ses sujets
leurs inclinai ions.
Dans un kabary el
de
les laisser
»
même
bien accueillie; on a
à
montagne de
malheureuse fiancée une jeune
la
était teintée
la
sans fond.
le lac
trépassait, toutes les
gascar, les garçons sonl 1res libres, les
Le
supplications
village de
le
Andrianampoinimeriàna qui régnait alors
solennel,
ni les
jeunes fiancés gravirent
vie, les
la
liiiuliii
moitié des eaux du lac de Trilriva
la
fiancé désespéré »
de
las
Depuis ce jour chaque
mourir,
larmes,
les prières, ni les
à l'union
parents inflexibles.
ensemble dans leurs
et
s'étaient juré
ils
;
marier. Leurs familles divisées par des haines violentes n'avaient jamais voulu consentir
lilles
dépassé
les limites
d'une
gracieuse permission.
si
A Mada-
aussi.
an village d'Isandra, j'assiste à un combat de coqs. Les Antimerina, les Betsileo quelque peu,
soir,
beaucoup plus rarement
les
Betsimisaraka sonl amateurs de ce genre de sport.
Les indigènes choisissent dans leurs volatiles domestiques des poulets qui leur semblent, par leurs
formes
el
leurs allures, indiquer
entretiennent avec taire
beaucoup de
savoir dans
l'ail
le
indigène, propriétaire volatile. r^
soins, l'uis lorsque ces
village qu'il tient un coq lui
île
coqs sont parvenus
combat
les
ils
animaux
engagent
sonl
la lutte.
gent des paris minimes à
lorsque
le
avec peine
combat et les
a pris
la vérité, lin
el
les
leur proprié-
Un
autre
conditions, se présente avec son
mêmes
mis en présence. Excités par leurs propriétaires, par un <>n
fait
cercle autour d'eux. Ce sonl d'abord des parents
occasion de se distraire dans
mais qui sonl l'occasion
que
nourrissent, les
à l'âge adulte,
des amis des deux propriétaires; des oisifs, des curieux, habitants du village
laisser passer, sans y assister, celle rare
Ils les
prêt à soutenir des luttes sérieuses.
aussi d'un jeune coq élevé dans les
Au jour convenu,
cure de vie tout spécial,
el
une force et une aptitude favorables au combat.
île
el
qui ne veulent pas
village. Les spectateurs enga-
le
longues
el
d'interminables discussions
propriétaires des deux animaux combattants les ont séparés
ont ramenés ensanglantés dans leurdemeure respective.
Les Antimerina sont très amateurs de ces combats de coqs. Alors qu'un poulet ordinaire se vend
Couramment quatre sous de noire monnaie.
somme
est
jouit par
encore plus considérable
s'il
1.'
s'agit
prix d'un coq de
combat
est
d'environ une piastre. Celte
d'un animal réputé par ses victoires antérieures et qui
conséquent d'une grande renommée de bravoure
et
de force. 13
VOYAGE A MADAGASCAR.
98
Les combats de coqs sont luttes de taureaux, luttes les
les seules luttes
d'animaux provoquées par
soutenues par l'homme contre cet animal
courses de taureaux des pays espagnols. C'est inexact.
bravoure des indigènes leur
fait
A
cramponnent à
irrité,
Madagascar,
Malgaches.
On
a parlé de
analogues à ce que seraient il
n'y a rien de pareil et la
absolument défaut, pour cela aussi bien que pour autre chose.
Avant d'immoler un bœuf, des borizana, des enfants, s'amusent dos, se
les
sa bosse graisseuse, mais
il
à agacer l'animal. Ils sautent sur son
n'y a là rien qui ressemble à
une course de taureaux.
VILLAGE HE
MAHA1
CHAPITRE IV —
—
Dans Vallée de l'Andrantsay. Les sources chaudes de Betafo. Une pierre levée. Betafo. Départ d'Isandra. Village de Mananzary. Itasy. lac du bords les Sur d'Ambalavato. Mahatsinjo et pic Village de les grandes herbes. Le Mangoro. Retour à Tananarive. Maistre en pays sakalava. Voyag Chutes de l'Ikopa à Farantsana. La Mahanoro. Entrée a Ambodimanga. - 1rs copaliers. Types et costumes .les Betanimena. - Anosibe. a Ambalamodes Les .-luîtes. des région La caoutchouc. Le Les cascades du Mangoro. vanille et le café. Beparasy. vern. La région des îles.
—
—
-
-
—
-
-
-
—
-
—
—
-
—
—
L
e
23 mai, nous quittons Isandra
dispos
a
el
le
le
le
nord-est
le
monde
est
Tritriva el
nuit précédente.
la
non- laissons
L'étape est courte d'Isandra à Betafo;
dans
Tout
goûté un repos bien mérité après l'ascension du mont
surtout après l'insomnie de
Ë0^
faisons rouir pour Betafo.
el
pic de Tritriva.
11
existe sur
vite derrière
nous
un contrefort adossé, dans
lointain nord, au massif principal, un petit cratère bien dessiné; dans le voyons encore d'autres cirques volcaniques, qui émaillent la petite
nous
rendus plus sombres chaîne du Tritriva de larges Irons béants, parfois élevées. Près du encore par une épaisse couronne d'arbustes cl de plantes
que nous laissons
village d'Iavonarivo,
dement, vrons sa
les
el c'est
à
au point culminant dune
environs de Betafo
masse imposante, dont
cipal, laisse voir
gauche, nous nous élevons rapicolline ravinée que nous décou-
mont lavoko, qui domine le village de contour, échancré à l'est du sommet prin-
et le le
encore un cratère. Nous descendons dans
la plaine
de
Betafo.
Dans PIERRE
LEVÉE
.V
BETAFO
coulées de
régions que
noires des scories
geâtre caractéristique et monotone.
nous venons de
traverser,
le
Vontovorona,
nous avions bien rencontré au milieu de les rouge de nombreuses roches volcaniques; mais, malgré
Anlsirabé, Isandra l'argile
laves et les teintes
les
Ici, la
et
et
Tritriva,
des ponces,
le
pays conservait encore sa teinte rou-
poussiéreuse, plaine est formée d'une terre noire friable el
d'où émergent des roches et des -raviers noirs
el
brillants
:
l'argile se
distingue encore sur les sommets,
VOYAGE A MADAGASCAR.
100
mais dans
plaine on la chercherait vainement.
la
Sur
éminenees dont
les petites
s'entassent par petits groupes des maisons réunies dans des enclos
:
murs
la vallée est
d'enceinte
et
parsemée,
maisons sont
en pierres jointes par un mortier d'argile; quelques-unes sont couvertes en lave.
édifiés
Cependant cet aspect nouveau du pays cesse bientôt, ces constructions en pierre aux murs
noircis,
ce sol noirâtre, disparaissent rapidement, et en approchant de Betafo nous foulons encore l'argile rouge.
A
dix heures,
nous arrivons au marché d'Alatsinaina.
un vaste emplacement limité aux quatre
C'est
angles par des pierres levées de dimensions considérables; d'elles porte
des inscriptions que je transcris fidèlement
grossièrement; l'une
ces inscriptions qui ornent les faces du
;
premières que je voyais à Madagascar,
lithe étaient les
elles sont sculptées
et elles étaient
de ces pierres destinées surtout à rappeler aux vivants des événements importants
mémoire d'un homme riche
et puissant désireux en élevant ce
toute architecture) de passer à
Côté est
1°
Anonobe
« J'ai
IX
cl
à perpétuer la
plus simple expression de
nilety
ny
lany efatra tao Antomboka, nikomandy
la fin
XI
laona ary
taona ary ny tafika nahako dia maro kanefa noho ny fitondrari Andriamanitra dia tongo
parcouru
les
»
quatre côtés de
gouverneur d'Anonobe neuf ans,
la Terre. J'ai été
et les
gouverneur
expéditions dont
grâce de Dieu je suis revenu des pays lointains
la
(la
:
Antanindrana hiany aho.
eto
monument
la postérité.
Rainimanda Ambohijafy. Izaho efa tao
mono-
bien caractéristiques de l'origine
ici.
j'ai fait
d'
Antomboka (Diego-Suarez) onze
partie sont
»
manao toavahiny. Ela lokoa ny
Alatsinaina ity tsy niba miova fa ny zànak'olona no
ans,
nombreuses. Cependant par
cla ka
ny vato tamy
Ambololara no tonga miresaka eiy alatsinaina.
Les enfants des
«
hommes
Ambolatara (nom d'un 2°
Côté ouest
sont
village),
comme
des voyageurs
viennent parler
ici
sur
le
:
passé
'est
bien loin et les pierres de là-bas,
place du Lundi.
la
»
:
Akory ratsizay lompokoe! Rainimandanarivo
XIV v " l
Ichibc 111
tamy ny Vakin'Ankaratra ny lenanay no
nijaraka taminarco fa ny anaranay mbola mitsanyana rlo afovoanarco hiany A'oa faby izahay raha mijery zato fahavorianarco ka mahaiza mivarotra fundroa
Andriamanitra jereo ny mahitsy.
malemy fanahy
Comment
«
Ka
maty antoka. Ary aza manambaka ny adala fa jereo
tandremo ny marina fa izay manao soa tsy mba maty antoka ary isaa
traranliira.
Rainimandanarivo XIV honneur, troisième chef
allez-vous, messieurs, (dit, sous-entendu)
des Vakin Ankaratra. Notre corps s'est séparé de vous, mais votre
vous
et
nous sommes heureux de vous voir
à perle et ne
font
le
trompez pas
la pierre
nom
se dresse encore ici
au milieu de
réunis en grand nombre. Sachez vendre de peur de vendre
simple; mais voyez Dieu, voyez l'équité et observez
bien ne sont pas frustrés et ceux qui sont doux atteignent
Autour de
3°
le
ici
la
justice, car
'
ceux qui
la vieillesse. »
:
Izaho no ambato amclankafaira nilsanyana tamy ny 1888, 8 Alahamady. «
Je suis la pierre aux recommandations dressée en 1888,
La place du marché d'Alalsinainy
est séparée
de
la ville
minime étendue. Après quelques minutes d'une marche dans
le village.
et sa petite
damnés aux une
belle
8 d' Alahamady.
»
difficile
sur une levée argileuse, nous entrons
Betafo compte environ loO cases, huttes de roseau, maisons d'argile, groupées autour
d'un rova, fort rudimcnlaire, dont neur,
le
par un petit lac, nappe d'eau croupissante de
fers,
les
murs renferment
la
maison du gouverneur Ramiralio,
comme
armée de cinquante soldats; à Betafo,
se trouve
mais
cette dernière ville.
maison à
il
est
l'ouest
moins important que dans
du
village. Betafo est l'agglomération la plus
11 e
Mes hommes me logent dans
importante du Vakin'Ankaratra
occidental; c'est le centre autour duquel se pressent dans celle vallée fertile de l'Andranlsay de
breux villages;
1.
les rizières s'élagenl
Recommandation
hon-
à Antsirabé un dépôt de con-
partout en gradins pressés sur les bords des cours d'eau, qui
tout à fait caractéristique do PAntimerina, ce sémite de l'Extrême-Orient.
nomjail-
VOYAGES DANS L'IMERINA. nombreux des roches
lissent
me
tations et
noires;
oublier rapidement
fait
norvégienne existe à Betafo, ment. Je vais voir
passage à Betafo
pagnon
le
la
l'aridité et la
RR. PP.
et les
Pères Berbizier
les
terrain, propice
est
couvert partoui
belles plan-
<Ie
désolation du Vakin'Ankaratra oriental.
Une mission
Jésuites 'viennent d'y fonder tout récemment un établisse-
Caussèque, qui
et
me donnent
de lionnes nouvelles de Maislre, de
Mon com-
semaine dernière.
au nord cher-
a été obligé d'aller plus
une voie de pénétration dans
cher
aux culture*,
101
pays
les
sakalava.
me
Les Pères, qui conduisent
donnent
dehors de
en
comme
sources chaudes qui,
de guérir
réputation
mais je doute fort que de
chaud.
me
.le
suis
à Antsirabé, onl la
iourtes ablutions
si
mes porteurs qui
Au moins
lièvre.
visiter des
ville
nombreux malades;
de
puissent remettre sur pied lottent la
me
l'hospitalité,
la
gre-
prendront-ils un bain
Père Berbizier qui veul bien
le
conduire aux eaux chaudes. Le chemin
parfois
impraticable,
toujours
mandions constamment sur qui
séparent
rizières
les
niveau des eaux à
la
petites
levées
maintiennenl
hauteur voulue. Après
quarts d'heure de marche liques variés,
non
les
et
et
d'exercices
nous arrivons sur
de ces pelils éminences
si
esl
difficile,
le
trois
gymnas-
versant d'une
le
communes dans
cette
plaine de Betafo; sous de gros blocs de rochers el
au fond d'une anfràctuosité, on
par minute; celte eau dégage à
ques vapeurs sans saveur pérature est de
et
sourdre
voit
une source pouvant débiter 6 à 10
litres
l'air libre
d'eau quel-
sans odeur, sa tem-
+ 54° centigrades
;
le*
indigènes
nombre laver leur linge dans ruisseau qui murmure entre les cailloux
viennent en grand le pelil
:
après avoir coulé quelque* instants mu "milieu
de rochers, celte eau de lessive
dans une
sorte
roche; c'est
gner
là
de
que
baignoire
les
la
recueillie
dans
malades viennent
trouver sinon un
et
maux, du moins
esl
taillée
la
se bai-
soulagement à leurs
propreté' qui
le
[dus souvent
leur fait absolument défaut.
Devant l'ouest
la
du
porte de
j'ai
raires des
Antimerina.
moins en
je
ma
roule
GOUVERNEUn
DE
BETAFO,
logeais à
tombeau d'une noble Antimerina.
rencontrés sur
ne des principales
LE
maison où
village, élail le
genre que
I
la
el je
profite
«le
C'est
un de* plu* beaux spécimens de ce
l'occasion pour décrire au lecteur
coutumes des peuplades madécasses invoquée pour
partie, leur origine asiatique, est sans contredit
le
les rites
funé-
affirmer, sinon en totalité
culte des ancêtres
et
par suite
les
du
hommage*
honneurs rendus aux défunts. C'est donc chez les Antimerina (et les Betsileo), où se trouve dans sa plus grande pureté le type malayo-polvnésien, que nous allons voir la mémoire îles morts honorée par des cérémonies dans lesquelles l'indigène l'ail preuve d'une munificence el d'une largesse insolites el el les
VOYAGE
10 2
par des tombeaux construits avec plus de soin les tribus sakalava,
MADAGASCAR.
A
de recherche que
et
bara et ântàisaka, chez lesquelles un
fort
la
demeure des
Au
vivants.
contraire,
contingent africain est venu s'adjoindre au
type polynésien primitif, se contentent souvent de déposer dans un vallon désert, au fond de quelque recouvert de pierres; caverne, le mort couché dans un tronc d'arbre creusé ou enveloppé d'une nalte et moins compliqués plus ou rites suivie de ou mais encore celle inhumation sommaire est-elle précédée
dont je parlerai dans
la suite. C'est aussi
pour
même
la
raison que les peuplades à cheveux lisses (Anti-
des morts, merina, Betsileo, Antanosy ou ondulés (Anlaimoro, Antsihanaka) recherchent la compagnie publics ou le construisent les tombeaux près des habitations, au milieu des champs, dans les endroits |
long- des routes fréquentées
pour
le
lieu île leur sépulture,
d'un facly inviolable. Anlimerina de prendre de leur vivant toutes
quelquefois leurs
et leurs propriétés,
est
11
trépassés une crainte superstitieuse, entourent
les
noms
tandis que les autres tribus à cheveux crépus ou laineux éprouvent toujours
;
d'usage chez
les
venir
ies funérailles à
et
de régler minutieusement
les détails
les dispositions
de l'enterrement
et
nécessaires poul-
des fêles qui l'accom-
ce jour pagneront. Dans ce testament, l'indigène indique l'endroit où se trouve l'argent caché pour famille esl prêt, il peut solennel, le nombre de ses bœufs à immoler en son honneur. Son tombeau de
mourir tranquille, on exécutera ses dernières volontés. sont Lorsqu'un Anlimerina vient à trépasser, sa famille, ses amis arrivent en foule dans sa maison où fatal dénouement le déjà réunis ses proches qui l'assistent dans les derniers moments et hâtent souvent
en faisant ingurgiter au moribond force poignées de le
besoin et l'abandon. Tout
commence
le
monde
pour montrer qu'on ne
pleure et chante, se lamente
Le corps du défunt
à boire.
riz
reste
peu de temps dans
le laissait
pas mourir dans
vocifère; pour noyer
et
un jour
la case,
et
deux
le
chagrin on
nuits,
rarement
publique ou tomber dans une
davantage, à moins que l'inhumation ne doive coïncider avec une fêle journée néfaste, ce qui donne lieu alors à des usages spéciaux. Le cadavre étoffes rougeàlres la richesse
de
du mort,
le
somme
la
de
nombre de
ou moins considérable, on en met toujours le. visiteurs déposent quelques morceaux d'argent
linceuls employés esl plus
ombre deviendra favorable Dans
la
le village
Cependant
l'on
le
vacarme redouble; tous
la
les
s'anime peu à peu,
chants,
vants sentent
le
le
rythme
la
douleur
et
rois et
besoin de se rapprocher. Alors
montre ficelé
une est
la
les princes;
richesse
et la
dans ces cas,
civière, le farâfara.
bière
la
parfois.
et réduit ainsi
Pendant qu'on
le
en
ce n'est
de momie,
descend dans
le
corps enveloppé dans ses lamba de soie,
le
est
caveau
porté au et
la
qu'on
tombeau par le
met dans
ses proches sur la
sont bien fatigués
cl
:
place qui
Le père ne veut pas quitter son
lui fils,
tombe, les enfants menacent de se tuer, les esclaves le lien
qui l'unissait au défunt formule
lous se souhaitent morts pour ne pas être séparés de celui qu'ils ont perdu.
l'enterrement répètent sans cesse
Les
que dans des occasions exceptionnelles, pouleu argent massif (piastres fondues) ou en bois précieux si
réclament leur bon maître, chacun selon sa parenté ou
ils
les esprits troublés.
des morts est peu convenable.
la veillée
l'étal
l'épouse éplorée désire suivre son mari dans
dant
funèbre,
Les cris ont succédé aux lamentations;
destinée, les scènes de désolation se renouvellent plus violentes.
dil'lérent:
instruments de musique
quelques libations agissent sur
puissance du défunt. Donc au malin,
dans ses bandelettes
les
phrase musicale plus gaie; pour résister au chagrin, les survi-
est plus vif, la
Les Anlimerina ne se servent pas de cercueil ies
son
famille; parents, amis, esclaves, mêlent à l'envi leurs plaintifs accents.
épanchements deviennent plus bruyants, trop tendres dans
les vivants;
commence une chanson
sont réquisitionnés. Le plus proche parent
accompagné par toute
est
l'empêchera de venir troubler
et
et bienfaisante.
journée qui précède l'enterrement,
disponibles dans il
;
au ainsi recueillie sera partagée entre les parents attristés elle mort lui-même qui emportera offrande celte partage; échoit en dans sa bouche ou dans ses lamba, la même monnaie qui lui
dernière heure apaisera peut-être son courroux
la
dans des
suivant soie indigène (lamb amena), des cordelettes maintiennent les tissus serrés;
plus possible. Près du corps est étendue une natte où les
tombeau,
esl lavé et enseveli
Maty aho.'maly aho!
«
Je suis mort
paraissent toujours abattus.
!
»
un vomi
Les gens de
C'est peut-être exagéré et
cepen
i:
'
VOYAGES DANS L'IMERINA. Je devais partir
ravages dans
ma
devient nécessaire
Jean est à peu près remis
donne
A
le
mon
fidèle
route dans l'ouest, mais
Boto lui-même
Un
est atteint.
la fièvre
de trop grands
l'ait
repos de vingt-quatre heures
nous ne partirons qu'après-demain. Malgré tous mes soins, je dois abandonner deux
et
de mes porteurs, Rainiboto
midi, je
ma
23 de Betafo pour continuer
le
petite troupe;
103
Rainizanaka, qui rentrent à Tanararive, où
et
le 26,
grâce à une dose colossale de quinine,
cl
même
ce
mon
porteront
ils
courrier.
un peu avant
jour,
du départ.
signal
nous franchissons par un col de
2 kilomètres de Betafo,
ques qui limitent au nord
la vallée
de l'Andrantsay,
et
500 mètres d'altitude
1
en descendant sur
le
les collines volcani-
versant ouest, près du
hameau
d'Ihadilanana, nous passons à gué une petite rivière au cours torrentueux; deux heures après, nous arri-
vons à Soavina.
un
C'est
comme Ions ceux que nous voyons depuis le Vontovorona. Le chef, un nommé commande quelques dizaines de soldais. C'esl un brave homme, et pour une ne sait quels cadeaux me faire. Quand je sors dans le village, sa lui ai donnée,
village fortifié,
Abraham Balsimiharo, paire de lunettes
que je
il
musique
nie suit partout. Trois grosses caisses, cinq
tamment
;
c'esl
une aubade continuelle, toujours
Au
mettre un terme heureux à ce charivari. suis suivi de
tambours, deux clarinettes m'accompagnent cons-
même.
Je suis confuse! bien gêné. Enfin
mon
jour, avant
départ,
musique guette ma
la
Abraham m'a
«lit— il.
invité à déjeuner. Sa case est la plus belle
jolis que j'aie vus jusqu'à présent. L'épouse de mon hôte est une unisse femme Abraham, un vieux rangahybe, au dire de Jean, esl un brave homme; il est enchanté de
je lui fais.
Je
me confonds
Mme Abraham
en remerciements pour sa musique,
je
et
déjeuner
le
est servi
il
;
me
du régiment
cl
les
Cloches
Anlimerina aiment
commence
et
:
fort réjouie.
que
la \isite
breuvage
la
me
musique,
les
convoitée.
buffet à tiroirs
lapin blanc posé sur une étagère
petit
et
montre avec orgueil;
lient à
me
c'est
un
lettré
il
:
Nous passons
prouver.
le
par un verre d'anisette qu'une abondante
me
un
musique qui jouent simultanément
à
a
dans des
lu.
à table
addition d'eau a transformée en
:
c'est
lait
un
épais
;
rappelle Vanisao de l'Amérique du Sud. Puis vient une longue série de plais
copieux sinon succulents, suivis enfin, après de ferles rasades d'absinthe
promise
village
mesure aucune, sur un minuscule tambour. Abraham, qui aime à
s'entourer de toutes ces choses bruyantes, livres, (pie les
qu'un
Corneville, pendant
île
voisine frappe avec entrain, mais sans
cet affreux
café,
donne une nouvelle paire de lunettes,
faut passer tout d'abord devant
d'où sortent d'étranges sons; on y a enfermé deux vieilles bottes
repas qui
du
le
Ratsimiharo se pare immédiatement. Après L'échange de ces politesses mutuelles, je
monte au premier étage, où
In Fille
sortie et je
confortablement meublée. Dans une cour intérieure se trouve un tombeau en pierre sculptée,
un des plus
dont
nuit vient
la
nouveau dans une course matinale. Abraham Ratsimiharo m'attend pour prendre
ce premier repas du voyageur, elle est très
la
Du
pain de Tananarive figurait au
moi une agréable surprise après essayer, mais en vain, de
le
les
menu
;
cet
et
de bitter, de
aliment rare à Madagascar
nombreuses semaines pendant lesquelles
remplacer par
le riz si
lasse de café
la
cher au Malgache
cl
pour lequel
était
pour
dû m'en passer
j'avais
et
toujours éprouvé
j'ai
une répugnance invincible.
En prenant congé du chef Vinaniampy, qui est le
à
la limite
hospitalier de Soavina,
extrême vers
l'ouest
de
nous continuons vers la
l'ouest
milieu du jour, de l'autre côté du mont Nanasana, nous nous arrêtons au village
une altitude de
1
massée sur
est
la
direction de
longue,
et
vers
d'Ambohimanambola,
490 mètres.
Mais dès que nous sommes signalés dans ce village, chacun s'arme, entière,
dans
province de l'Imerina. L'étape
les
murs de
terre qui
et
nous voyons
forment l'enceinte, prêteau combat.
la
population tout
On nous prend
sans doute
pour des fahavalo, auxquels on veut opposer une vigoureuse résistance. Les portes sont fermées, et devant les manifestations hostiles nous devons nous arrêter. les explications
que nous
Ambohimanambola que après, narive,
lui
donnons
l'assentiment
le
rassurent bientôt
du chef du
village, qui,
nous l'octroyer généreusement. Nous sommes
néanmoins
le
pays esl peu sûr, et
la
el
Un il
ne nous
du
ici à trois
des notables vient à notre rencontre;
manque
reste, vient
plus pour entrer dans
lui-même, quelques minutes
journées de marche seulement de Tana-
suprématie du gouvernement de l'Imerina est purement nomi14
;
VOYAGE A MADAGASCAR.
10«
On
nale en réalité.
du voisinage des pays sakalava, et ces confins de la province de l'Imerina c'est l'anarchie et domination des Antimerina ils ne dépendent de personne
se ressent
échappent en partie à
la
:
;
non l'indépendance. Après quelques heures de repos, nous reprenons notre marche dans le nord-nord-est j'ai hâte d'arriver aux bords du lac Itasy. Dans la campagne, le sol esl toujours formé par l'argile rouge, les émergences ;
rocheuses deviennent rares; toujours pas d'arbres; cependant l'aspect de la contrée n'est plus le même que celui que nous avons vu les jours précédents. En effet, le gazon maigre, les petits roseaux qui ont peine à couvrir
de leur paille jaunie
le sol
et
cassante, sont remplacés maintenant par de grandes herbes,
graminée puissante de plus de 2 mètres de haut. La fdc des porteurs disparait tout entière dans ces taillis d'un nouveau genre, et quand surtout d'une roche élevée je puis dominer la plaine ondoyante des hautes herbes, je découvre devant moi une ligne noirâtre et tortueuse, c'est la file des le
vero,
porteurs qui marche et trace dans les hautes herbes un sillon sinueux,
marche
est pénible,
un gigantesque serpent. La
tel
surtout par une chaleur étouffante nous arrivons seulement pour la nuit au ;
hameau
d'Ambovona. Le 28 mai, après une longue étape dans c'est
un poste
comme
fortifié
les
grandes herbes, nous arrivons à Andrantsaimahamasina
les villages voisins,
mais
les
travaux de défense qui l'entourent sont encore
plus soignés et plus multipliés. C'est d'abord un fossé large et profond, aux parois verticales, l'argile à grands coups d'angady; le déblai est rejeté à l'intérieur; sur cette
masse de
taillé
dans
terre sont plantés,
depuis de longues années déjà, des cactus nopals aux fleurs jaunes. Ces arbustes épineux s'enchevêtrent de mille manières et forment un fourré impénétrable, que nul ne tenterait de franchir. Puis c'est encore
un mur
intérieur, sorte de banquette sur laquelle
on a disposé, de distance en distance, de
petits tas de
cailloux de quartz aux arêtes tranchantes. Ce sont des approvisionnements de projectiles pour les soldats de garde, qui, armés de fronde, feraient pleuvoir sur les assaillants une grêle de cailloux lancés avec force.
Les
hommes
fibres textiles
sont très adroits pour lancer ces balles primitives; leur fronde est une corde tressée de
du raphia
;
longue de
qui doit contenir la pierre,
de
petit doigt
avoir
fait
main
la
60, elle porte en
m.
1
une des extrémités
son centre un œil double de peau molle et flexible
se termine par
droite, l'autre extrémité effilée glisse
tourner suffisamment
Une haute montagne
la
corde abandonne
se dresse à l'ouest
du
un œil plus
dans
la
le projectile à
village
:
c'est le
main
dans lequel se place
petit
le
droite lorsque le frondeur après
son mouvement centrifuge.
mont Vohibe.
J'aurais vivement désiré en
pour découvrir du côté du couchant des contrées environnantes, mais je dois renoncer mes exhortations, mes porteurs antimerina refusent absolument de me suivre en pays sakalava. Le 29, nous atteignons dans le nord-est le village d'Ambohipcrenana, et le 30, celui d'Antoby, où nous
faire l'ascension, à
trouvons
sement
le
R. P. Caussèque, qui esl venu de Betafo, par un chemin plus court surveiller
qu'il
,
veut fonder dans ce village.
des incursions des Sakalava
et
plus soignées; les villages, plus
Ici
nous quittons
la
et
établis-
zone des villages frontières, théâtre habituel
des fahavalo, pour rentrer dans une zone plus tranquille
nombreux
un nouvel
;
les cultures
sont
plus propres, couronnent toujours les cimes, mais ne sont
plus enserrés dans de nombreuses circonvallal ions. Les principaux centres de cette région sont les villages
de Fenoarivo
de Mahatsinjo, où nous arrivons
cl
une nouvelle contrée volcanique, Tritriva.
Autour de
Ilasy, qui se trouve
C'est le Itasy,
le
et
contrée
la
la
plus volcanique de l'ouest.
la soirée, la
que nous couchons pour
.Mananzary
le
du
la
première fois sur
les
bords du lac
journée, nous avions contourné les rives orientales du lac sur les
mont volcanique de Kasige, et nous avions
Itasy; cette rivière, large à la sortie
dans
de Mahatsinjo, nous rentrons dans
dans
par une chaussée basaltique bien caractérisée,
se jeter
Au nord
pic d'Ambolavaky avec son cratère vient encore nous rappeler
rangés d'anciens cônes de laves en grand nombre; nous approchons du lac
de Mananzary. Dans
au village
2 juin.
lui sont
mardi 4 juin, dans
versants de laves du
le
la
passé, en
rivière torrentueuse
lac d'une centaine
amont d'une
du Lily.qui
de mètres, va, après un
petite
chute formée
esl le déversoir
du
lac
cours de 50 kilomètres,
Sakay, affluent de droite du Tsiribihina.
esl
un
village de vingl
maisons silué sur
le
sommet d'une montagne
qui domine
l'est
du
lac.
"^a?
VOYAGES DANS L'IMERINA. hameaux, disséminés sur
village est entouré de quelques
Ce
principale. Les
avec les tombeaux des anciens chefs de
De
ce point élevé on jouit de
la
contrée
la
centre
le
lac,
il
contreforts de cette colline
en Lois
;
plus grande, qui occupe
la
village, esl
une plate-forme
bâtie sur
vue du lac llasy, qui étend au loin sa nappe d'eau tranquille entourée
à confectionner des nattes fines et des
Lorsqu'on s'approche du
du
et
mélangés aux majestueux amonlana.
à feuilles urlieanles,
d'une épaisse ceinture de grands roseaux triangulaires, dont
,'f
nombreux
les
maisons de Mananzary sont construites en roseaux
ombragée d'amiana, grands arbres
109
chapeaux indigènes
diviséesen longs filaments servent
les feuilles
très soignés, principale richesse
dans celle épaisse
faut d'abord franchir,
de
la
contrée.
de roseaux de plus de
forêt
mètres de haut, une dislance de plusieurs centaines de mètres, puis on arrive sur une sorte de pelouse
d'un beau vert qui partout vous sépare de l'eau libre. Malheur à l'imprudent qui s'aventurerait sur ce lapis
trompeur! Celle couche d'herbe, ces plantes aquatiques aux racines chevelues, forment un plancher
mouvant qui cède
à
moindre pression;
la
y a au-dessous plusieurs mètres d'une vase molle
il
au visiteur audacieux l'accès du
qui, dans bien des endroits, interdisenl
Mais, dans
saison des pluies, ces marais boueux qui entourent
la
A
d'eau abondante.
celle
époque
des collines qui enserrent
et
boues, ont disparu
le
les
eaux:
changeait son contour. L'Ilasy du mois de février
rives
et
hic disparaissent
bassin de toutes parts; les piaules aquatiques,
sous une couche
un
jaunes. L'Itasy atteint surtout en son centre
immense;
lac
de
celui
de roseaux sous
forêl
un étang boueux
juillet,
nénuphars
les feuilles étalées des
près des plus hauts
cl
indigènes.
11
Le caïman, ou mieux
s'éloigne parfois de l'eau
sommets
qui bordent ses
convoite, les
bœufs
ne dédaigne pas
les
el
élé enlevés
au bord du
l'une, plus
grande, à
va
On me hideux
lac par ces lèle large,
la
croco-
dans
marais
les
cl
dans
roseaux attendre
les
la
proie qu'il
porcs qui viennenl se désaltérer sonl ses victimes habituelles, mais ce sa u rien
chair humaine.
la
les
crocodile de Madagascar, serait assez dangereux au dire des
le
cl
les
même temps que
au nord-ouest une grande profondeur; ses eaux sonl poissonneuses; malheureusement,
diles y pullulent.
libre.
plancher mouvant,
le
superficie du lac a doublé en
la
esl
dont l'eau disparaît presque entièrement derrière la blancs
visqueuse
sont formées par les premières assises rocheuses des montagnes
les rives
recouverts par
sont
cl
le
et
l'accès de l'eau
lac,
raconte que ces jours derniers une reptiles.
existe
Il
femme
deux espèces de crocodiles
aux membres plus épais, habile principalement
son enfant ont
cl
à
Madagascar
:
lac llasy el le lac
le
Alaotra, les grandes nappes d'eau de l'intérieur; on rencont re ainsi celte«espèce qui esl appelée Crocodilus robustus parles naturalistes
dans
les
cours supérieurs des grands fleuves du plateau central, surtout vers
sud, en pays betsileo. La seconde espèce ou Crocodilus madagascariensiss
le
membres plus
grêles, elle esl de plus petite taille
préférence
île
le
voisinage de
la
mer.
les
que
première;
la
le
mâchoire plus allongée,
la
les
Crocodilus madagascariensis habile
embouchures des cours d'eau; l'estuaire du Betsiboka en est
particulièrement infesté. Je restai plusieurs jours à Mananzary pour étudier je
dus abréger
mon
séjour
:
topographie du lac llasy
la
beaucoup de mes hommes
qui dans ces régions esl particulièrement redoutable,
étaient el. le
malades
cl
de ses environs, mais
cl
exténués par
la fièvre
palustre,
Mananzary pour retourner
10 juin, je quittai
à Tananarive.
Sur
les
bords du
comme
llasy. de l'Itasihanaka,
lac
première fois avec une bêle de
somme
particulière
disent les naturels,
je
toute spéciale, je crois,
cl
lis
connaissance pour
à l'île
la
de Madagascar; je
veux parler du bœuf-cheval. L)es la
Européens ont amené
race chevaline
;
il
y en a
à
grands
dans
Irais
même beaucoup
désireux d'imiter les vazaha dans leurs usages tles
montures
:
mais
venir à grands frais;
les il
surtout l'apparence, à
Le bœuf là était le
l'île,
et
fallut
donc chercher dans
le
à
Tananarive
ils
aux environs,
demandaient trop de
et
les naturels,
soins, et l'on devait les faire
pays un animal capable de suppléer, pour l'usage
noble conquête que l'homme
à bosse, Bos zebu, pouvait sans
el
dans leurs habitudes, ont résolu, eux aussi, d'avoir
chevaux étaient trop chers,
la [tins
y a quelque vingt ans, de rares échantillons de
il
maintenant
ail
jamais
doute porter un cavalier encore
point délicat. Les Malgaches eurent vite trouvé.
:
et
l'aile.
fallait-il l'habiller
On prend un animal jeune
en cheval
;
encore, remarquable
VOYAGE A MADAGASCAR.
110
dans
troupeau par ses belles allures, sa vivacité
le
robe brune, puis on
et sa
d'opérations chirurgicales toutes plus désagréables les unes que les autres lui
taille
en pointe, les cornes son! enlevées, ainsi que
les oreilles
porte sur le garrot, la peau du cou est retranchée. Le
bœuf
est
subir une série
lui fait
on
;
coupe
lui
queue, on
la
loupe graisseuse que l'animal
la
devenu un cheval
c'est
:
un omby-
soavaly.
Malgré ces mutilations, dont
ils
animaux rendent de
guérissent parfois avec peine, ces
franchissent au trot de grandes distances
ils
réels services;
portent de lourds fardeaux. Les mauvais sentiers ne les
et
rebutent pas.
Avant d'arriver au
successivement
lac Ilasy, j'avais visité
province de l'Imerina
me
il
;
restait à voirie
un chemin qui put me ramener
le
centre,
l'est, le
nord avant de rentrer dans
me
à Tananarive en
nord
et le
sud-ouest de
la
Ainsi je cherchais
la capitale.
faisant traverser la région septentrionale
du pays
des Anlimerina.
En neuf
jours, je décrivis une courbe dont la convexité était tournée vers le nord-ouest et dont
centre était
marqué presque exactement par
auprès duquel se trouve
de l'Ikopa,
la jolie
Je visitai ainsi
la capitale.
chute de l'Ombifqtsy, puis
le
le
village d'Andramatoakapila, sur les bords
grand affluent du Betsiboka. Je remontai ensuite cette grande
le
le
gros village d'Ambohibeloma,
Tafaina, chutes plus considérables encore que celles que je vis plus tard en
rivière
jusqu'aux chutes de
amont dans
environs de
les
Soavinimerina, au petit village de Farantsana.
A
Soavinimerina, je rentrais dans
les
enviions immédiats de Tananarive, dans la région populeuse,
riche et bien cultivée; l'étape suivante, je
massives dont
les ruines se voient
me
trouvai à Fenoarivo, ancien village célèbre par des portes
encore; enfin,
18 juin, j'étais de retour à Tananarive, dans la maison
le
de Rainimanambe, qu'un ami obligeant avait bien voulu
A mon marche
à l'occident, s'était avancé jusqu'à
Ménabe, Je transcris
ici
périlleuse entreprise,
il
«
En vous
sement on ne
me
fait
me
Manandona,
affluent
et
il
me le
mes deux compagnons. Maistre, dans sa Manambolo, le grand fleuve du
nord,
j'ai
me
rassurant sur les suites de sa
:
dirigeai vers
du Tsiribihina,
Ambohiponana, où et
d'aller jusqu'à la
Au moment de mon arrivée, un seul
fut impossible de trouver
les
mer. Malheureu-
Sakalava étaient en guerre
homme pour m'accompagner dans l'ouest.
Antimerina qui gardent
suivi la ligne des
j'arrivai le 13.
Le 20 mai,
la frontière.
Mahatsinjo, un peu au sud-ouest du lac Itasy, bien résolu celte fois à aller au moins jusqu'à
j'étais à
Ankavandra. Quatre jours après,
j'arrivai à
Bevato
d'attendre plus de quinze jours un Iaissez-passer
et le
faire
lendemain à Tsiroamandidy. Là,
du gouvernement,
ayant l'ordre de ne laisser passer aucun étranger
employé ce temps à
quelques excursions dans
les
s'il
n'est
environs;
les
le
sentier.
Les bords des rivières
J'ai été
jusqu'au Manambolo, qui coule à
et
j'étais
autorisation spéciale. J'ai
pays est d'ailleurs peu intéressant, il
faut se frayer un
des ravins font seuls exception et sont couverts d'une belle végétation. kilomètres environ au nord de Tsiroamandidy.
quinze jours, n'ayant rien reçu de Tananarive, je suis revenu à Bevato,
et
de
là j'ai
pu
aller
Au bout
la rivière
Masiaka. Celle rivière assez importante est indiquée sur certaines caries
supérieur du Marambitsy, qui va se jeter clans elle est
considérée
comme
Tsiribihina. Ces
confluent avec
le
allant se jeter
dans
comme
le
étant
la
:
la rivière
Masiaka
est
un
les
cours
affluent de l'Ikopa et a son
;
dans
le
mer au sud de Mojanga; sur la carte du R. P. Roblet rivière Sakay, affluent du Kitsamby et par conséquent
fleuve un peu au sud de Maevatanana c'est du moins ce que m'ont affirmé tous cl
bord de
la
deux opinions sont inexactes
gènes à Marandaza, Fenoarivo
de
au nord-nord-
jusqu'au village sakalava de Fenoarivo, à deux journées de marche. Fenoarivo est sur
est,
forcé
gouverneurs des postes-fron-
muni d'une
couvert de hautes herbes atteignant o ou G mètres de haut et à travers lesquelles
du
fois.
et avait atteint le
résumait son exploration dans l'ouest
pas toujours ce que l'on veut.
Obligé de remonter vers
tières
louer pour la seconde
dans laquelle, en
lettre
quittant à Tsinjoarivo, le 10 mai, je
Antimerina
les
Ankavandra
un fragment d'une
J'avais l'intention de descendre le
avec
me
arrivée dans la capitale, je trouvai des nouvelles de
autres villages que
affluent est d'ailleurs indiqué sur la carte du R. P. Roblet.
j'ai
traversés.
Le cours
les indi-
inférieur de cet
VOYAGES DANS L'IMERINA. A
«
Fenoarivo,
là
la
du gouvernement antimerina
lettre
suis revenu à
et je
reçu enfin
j'ai
111
Tsiroamandidy
:
presque tous mes porteurs m'ont
abandonné en apprenant que j'allais Ankavandra;
à
continuer
obligé, pour
j'ai été
mon chemin,
me
de
join-
une troupe de Sakalava. De
dre à
Tsiroamandidy à Ankavandra nous avons mis quatre jours; sauf village d'Imarovatana,
absolument désert. étions obligés de
La
le petit
pays
le
esl
nous
nuit,
camper au milieu
des grandes herbes ou au fond d'un
A
ravin.
mesure que
s'avance
l'on
vers l'ouest, les ravins deviennent de
mais
plus en plus boisés,
coteaux a toujours
des
aspect.
La
veille
Ankavandra,
j'ai
de
haut
le
même
le
mon
arrivée à
rencontré toute
la
antimerina d'Andrano-
population
nandrianaqui émigrait versTananaLes Sakalava avaienl attaqué
rive.
ce poste quelques jours auparavant
Antimerina avaient été obligés
et les
de l'évacuer. «
Ankavandra
est
un grand village
de 300 à 400 cases;
antimerina,
fort
perdu en
qui
possède un
comme
esl
pays sakalava. Je
resté huit jours à
pouvoir aller plus était
il
suis
Ankavandra sans Tout
loin.
le
pays IHTE
en guerre, depuis Beditsa, qui
a été attaqué
Imanandaza.
J'ai
pu cependant traverser
rendre au petit village d'Ambodifarihy, sur
pendant longtemps par
par Bevato,
FENOARIVO.
deux jours après mon
arrivée, jusqu'à
ici
ϻF.
les
Ambohibeloma
Maislre rentrait, en
el
effet, le
hostilités, je
la
rive droite
juillet
;
Manambolo
du fleuve;
compte rentrer
Soavinimerina V 9
le
à l'ouesl
comme je
d'Ankavandra
bienlôl à Tananarive;
mon
le
pays d'Imerina,
il
va nous raconter
me
retour se fera
»
quelques jours auparavant, j'avais été rejoint par Foucart;
avant que je passe à l'expédition que nous préparions vers des parages plus lointains
que
et
risque d'être immobilisé
le
voyage
qu'il avait
l'ail
dans
la
vallée
et
moins connus
du Mangoro.
i. Comme on le voit par cette lettre de M. C. Maistre, le gouvernement antimerina (à cette époque cependant notre protégé) Taisait tout son possible pour paralyser l'action de tout explorateur français à Madagascar. Combien d'ennuis les Antimerina et leurs gouverneurs et les différents officiers civils et militaires ne m'ont-ils pas causés au cours du
voyage! Jamais les fahavalo et les peuplades des tribus indépendantes ne m'ont tracassé ainsi. Cependanl les autorités françaises ne cessaient de me répéter de bien respecter les lois des Antimerina dans le cours de mon voyage, mais de recourir à la force si cela était nécessaire seulement en territoire indépendant du gouvernement antimerina. Or, si chez les
Antimerina mes projets de voyage étaient toujours contrariés,
il
n'en était pas de
même
chez les tribus indépendantes.
VOYAGE A MADAGASCAR.
112
EXPLORATION DE
Le Lui principal du voyage que j'entreprenais dans Mangoro. Ce
fleuve,
l'est
un des plus importants du versant
du nord au sud entre
les
brèche qui interrompt
la
FOUCART
G.
oriental, coule
deux chaînes de montagnes parallèles à première,
fait
il
un coude
à l'est
du Mangoro jusqu'au point où
passe à Tsinjoarivo où
delà reine. D'après
lui.
me
Je
mai au malin,
11
Mangoro
le
je parlais avec
des chutes qui dominent
la forêt
rend celte route
au voyageur que
et
gagner
maison
la
difficile, et la
qu'elle peut
l'intérêt
la côte.
quatorze hommes. Rainivoavy, qui
commandeur de
arrivée à Tamalave. était le
humeur vagabonde,
les ressources qu'elle offre
et
du Mangoro, qui
décidais donc à faire un crochet en remontant d'abord au nord, puis en mar-
chant au sud-est pour traverser
Le
Indien près de
remonter ensuite
ville et
l'Onive, affluent de droite
largeur de
pris, la
pendant plus de 200 kilomètres
mer, puis, passant à travers une
la
rendre dans cette
forme, au fond d'un ravin, des rapides
diminue aussi bien
rareté des villages
présenter pour
il
renseignements que je
les
cours inférieur du
par la route de Tamalave à Tananarive.
elle est traversée
Mahanoro en longeant
J'avais d'abord l'intention d'aller à
le
va se jeter dans l'océan
et
me
Mahanoro. Je devais donc, en quittant mes compagnons, la vallée
de reconnaître
était
Un
celle petite troupe.
assez fréquente chez les Malgaches, avait
fait
avec nous depuis notre
était
porteur, Rainivokata, à qui une
abandonner pour nous suivre
promu
fession sédentaire de ferblantier qu'il exerçait à Tananarive, avait été
la pro-
à la dignité de cuisinier;
je n'étais qu'imparfaitement renseigné sur ses talents culinaires, restés jusqu'alors à l'état latent, mais,
du moins,
j'étais
les fonctions
de
mon modeste attirail de domestique attaché à ma personne assuré que
malheureusement, honorifique que
il
considérait le
comme un
à papillons
filet
instrument de travail;
il
cuisine serait bien entretenu.
Un
autre cumulait
avec celles de collecteur de plantes
que
me
je lui avais confié plutôt fallut bien
d'insectes:
et
comme un
insigne
souvent stimuler, par des moyens
énergiques, son zèle insuffisant pour les sciences naturelles.
Une longue étape Parmi
du
les
moins
village, je choisis la
produits de
du
soir, la
d'aller
une campagne
à travers
douze cases que renferme
la
mur
le
sale; elle est petite cl ne possède,
pour
fumée qui me pique
manger dehors.
yeux
les
et
me
conduisit à Tanimalaza.
me prend
à la
gorge
me
comme pour
l'éclairer
combustion, qu'une ouverture étroite; dès qu'on allume
tations parmi les
le
évacuer
les
feu destiné à préparer le repas
force à déguerpir; je suis obligé
Puis, je m'installe dans la case pour la nuit, non sans exciter de timides protes-
moutons
chèvres qui avaient habituellement
et les
maison. Quant au propriétaire, à sa
femme
et
à ses sept enfants,
mètres auquel on accède par des échelons placés sur
premier sommeil, je vois, à le
monotone,
aride, d'un aspect
en terre couronné de cactus épineux constituant l'enceinte
les
ils
la libre
jouissance du sol de
couchent sur un
montants qui
le
soutiennent.
lueur d'une torche de paille, l'ascension de toute
la
lit
Au
la
élevé de trois
milieu
île
la famille allant
mon
goûter
repos.
Pendant
deux jours suivants,
les
je continue à
marcher dans l'Imerina sur un
terrain
peu accidenté.
Je franchis cependant, à l'altitude de 1080 mètres, une chaîne de collines qui ne s'élève que faible-
ment au-dessus du niveau sants de se jeter
dans
général, mais qui
marque
ligne de partage des eaux entre les
la
deux
ver-
Les ruisseaux que je traverse maintenant sont des affluents secondaires de l'Ikopa qui va
l'île.
le
canal de Moçambique. Arrivé à Tsiajanpaniry, village bâti à côté du mont lharamalaza,
énorme bloc de granit dont
la
roche
est à
nu sur une
me
face, je
dirige vers
l'est
et
je
me
retrouve
bientôt dans le bassin du Mangoro.
Jusque-là,
le
li mai, j'entre
pays conserve
dans
Peu
même
dans une région boisée.
tapissées seulement d'herbes vallées.
le
et
aspect; mais à partir de Miantsoarivo, que je quittai le matin du
Au commencement,
de maigres broussailles
;
à peu, l'aire de la haute végétation s'étend,
la forêt.
Le terrain
est
accidenté,
le
les
les
hauteurs restent encore dénudées ou
arbres emplissent les bas-fonds
gagne
sentier très mauvais.
les collines et,
On marche
et les
petites
bientôt, je suis en plein
bientôt sur un sol rougeàtre
DANS LA VALLÉE DU MANGORO. et glissant, tantôt clans le
bouillonnant sur les
les
d'un ruisseau qui descend des sommets, bruissant au milieu des cailloux et En quelques points, des couloirs étroits et sinueux ont été taillés dans
lit
grosses pierres.
massifs d'argile et se creusent constamment par le passage des
vages à peine a-t-on
la
place de se glisser dans
poussée des racines
et
dont
fouillis
tranchée dont
les
hommes
par l'action des eaux sau-
et
murailles croulantes se
dans tous
les
sens
et
le
obstruent
plantes parasites, d'orchidées
le petit village
la et
route; leurs troncs à demi pourris
el les
de mousses pendantes d'un vert pâle,
deux parties par une large
forêt est divisée en
trouve
la
bombent sous la fond est rempli d'une boue épaisse. La lumière arrive rare et tamisée par un inextricable de branchages, de fougères arborescentes et de lianes. Des arbres morts sont tombés
;
La
113
de Sahanalv où je passe
nuit.
la
altitude d'environ 870 mètres; je suis, après bien des
des descentes, à 550 mètres plus bas (pic
Sur
vallée. 11
est
à
les
arbres vivants sont couvertsde
comme
décoloré par l'obscurité.
bords du ruisseau qui l'arrose se
une
montées
el
la veille.
Le 15 mai au malin, nous reprenons notre marche sous bois dans les mêmes conditions que le j précédent.
Au
bout de dois heures, nous rencontrons
un large ruisseau chose extraordinaire: un poni ;
franchit
!
perches
même un
C'est
et
le
ponl suspendu formé par des
des lianes attachées aux arbres voisins
;
leurs
rameaux s'étendent horizontalement,
une
si
petite
hauteur au-dessus du rudimentaire tablier
à
claire-voie
et
s'y
enchevêtrent tellement
à
reste
qu'il
peu de place pour passer. J'arrive sans trop de peine
hommes
de l'autre côté, mais deux
qui portent
caisse s'accrochent avec leur fardeau
dans
en avant, en les poussant
bran-
les
chages; ce n'est qu'après de longs efforts, en
f
une
les tirant
par derrière, qu'on par-
vient à les dégager.
A peu de kilomètres dement forêt.
et, à
A
terrain
là, h'
descend
uns pieds s'étend du nord au sud
Mangoro. Sur dont
de
rapi-
mi-côte (850 mètres), nous sortons de
la rive
gauche, se dressent
la
les
la
vallée
du
montagnes
contreforts presque continus viennent
les
mourir au bord du fleuve. Les sommets, bien découpés, sont
"•'ft'i'if
*t~
boisés, tandis (pie les pentes, couvertes de hautes broussailles,
laissent
la rive droite,
grande leurs pas,
forêt.
se
seulement
où
A
à
nu
l'arête
je suis, la végétation
précipitent
comme
s'ils
moins puissante une
est
peine quelques arbustes
une heure après, de
et
n'avaient
se repaître
m.
MAISTRE.
des croupes. Sur fois
qu'on
franchi
a
la
limite de
la
des goyaviers chargés de fruits sur lesquels mes por-
pas
mangé depuis
plus solidement avec
le
huil
jours,
ce qui ne les
ri/ habituel au village de
empêche
Sahamampay
où nous nous arrêtons. L'après-midi, par un bon chemin, nous suivons le Mangoro en le descendant et nous trouvons bientôt des pirogues pour le traverser devant un petit village de la rive gauche. Naturellement il s'appelle Andakana, ainsi que tous ceux oii des embarcations attendent des voyageurs
pour
le
passage d'un cours d'eau. Le
nom
tion de telle autre circonstance locale; et
est l'indication
comme
de ce fail.de
elles se
même
qu'ailleurs il est la traduc-
reproduisent en des points différents,
résulte des appellations identiques qui ne contribuent pas à mettre de la clarté
dans
les
il
en
renseignements
fournis par les indigènes.
A Andakana, comme dans
les
autres villages où
oriental, je retrouve les cases légères
j'ai
séjourné depuis
mon
arrivée sur le versanl
en bois et en roseaux que nous avons déjà vues dans noire i;i
trajet
VOYAGE A M AI) AllASCAll.
114
delà côte à
A
côté de
là,
spacieuse
je rhe suis installé est
et
propre; des nattes, avec des des-
structure est encore Lien apparente. Celte structure reste
la
Les cases varient par
je vais visiter.
par un
toit
nombreux sur
ceux du milieu, plus hauts
de soutien de
et
les
grands côtés,
ils
en briques,
et
le
Andakana,
l'intérieur
d'Ambodihava
les villages
ont des marchandises variées
là
Même
dans
la
partie
Ce mode
maisons de l'Imerina,
les
la
première chaîne. Elles sont
et
surtout du
d'Andohasal'arv
et
mer
la
Mangoro, une voie assez fréquentée
le
terminent à
au milieu des pignons.
Ceux qui vont comme nous vers
porteurs.
nous avons passé
Dans
couvertes
faîtage qui supporte toute la toiture.
le
cases malgaches.
les
mai. nous gravissons les montagnes de
le 1
Le sentier qui passe par
viennent de
pays
plus solides sur les pignons;
et
le sol et se
couvertes de bois beaucoup moins épais que ceux de l'autre rive du Mangoro
nombre de
et
le
faîtage ne repose pas sur les murs, quoiqu'ils soient épais cl résis-
mais sur deux poteaux placés à quittant
nombre de cinq
sont au
plus gros que les autres, sont bien fixés dans
couverture est général dans
la
construites en terre
rières.
dans tout
dimensions, mais sont toujours rectangulaires
les
supérieure par des tenons dans lesquels s'enfourche
En
même
la
à deux versants; des montants reliés par des traverses en constituent la carcasse; faibles et
plus ou moins
tants,
parois et les planches d'écorce.
les
quelques indigènes ayant pour unique instrument Yonlsibc ou cognée élèvent une nouvelle
habitation dont
que
où
Celle
la capitale.
tonnés par l'entrelacement régulier de joncs teints en noir, cachent
sins
coupés par des
et
un Certain
suivi par
est
clai-
sont chargés de peaux de bœufs, ceux qui
sel.
Nous avons en
allant de
Mahanoro
l'après-midi, l'animation, toute relative d'ailleurs, de la route
depuis que
effet rejoint,
à Tananarive.
augmente
et
dénote
le
voisinage
d'une agglomération d'une certaine importance. J'aperçois bientôt de nombreuses cases qui s'étagent sur les flancs d'une colline formant une
me
dit-on, ville
où résident une garnison
En quelques minutes un
je suis sur les
escalier grossièrement taillé
line.
Une grande
européen, et qui s'en détacha et
commandeur demeurer,
dans
des officiers antimerina.
et
bords de
Mamavo, que
la rivière, le
pour atteindre
l'argile
foule y était réunie pour était, à
allongée au milieu d'une rivière assez large. C'est Anosibe.
île
la
un kabary; un personnage,
ce que j'appris plus tard,
le
je traverse à
rue principale qui suit
la
ville,
et je
gravis
de
la col-
costume à peu près
affublé d'un
sous-gouverneur de
gué
la crèle
nommé
Ramiakatra,
se mit à parlementer avec Rainivoavy pendant que je choisissais un logis; bientôt
me
vint
l'officier
dire
que
je ne pouvais pas rester dans
antimerina se retrancha derrière
à une discussion qui menaçait de s'éterniser, je
les
me
la
ville
cl,
comme
mon
pour y
j'insistais
ordres de son supérieur absent. Pour mettre
fin
décidai à aller m'installer dans un faubourg situé
sur la rive gauche du cours d'eau.
Comme hommes, fît
celte réception pouvait, surtout
j'écrivis aussitôt
répondre
qu'il
me
au début de
au gouverneur que
j'irais le
mon
voyage, produire un mauvais
voir le lendemain matin et visiter
effet
sur
mes
la ville. Il
me
recevrait.
Assis sur les bords
du Mamavo,
je passai les dernières heures
qu'offre le va-et-vient continuel des passants entre
l'île et
les
du jour
maisons de
à regarder le spectacle la rive
où
j'étais;
animé
en l'absence
d'un pont, hommes, femmes et enfants pataugent dans l'eau et se retroussent beaucoup plus haut que le
A
genou.
cette altitude, la température est
à ces bains réitérés;
ment
le
ils
en sont quittes, une
désordre de leur
Celle-ci est
du
le
haut du fourreau
voir
la
et si
il
est attaché à
La poitrine
comme
le
la
semblent prendre
plaisir
se secouer et réparer rapide-
ceinture par une ficelle au-dessus de
est étroitement serrée
dans un canezou en colonnade
court qu'il exislc toujours, entre sa partie inférieure et
peau. Au-dessus de ces
\
éléments,
colon blanc à dessins de couleurs ou à grands carreaux blancs les bras,
pour
Les femmes s'enveloppent dans un grand fourreau en rabane qui
est rabattu.
blanche fermé par des boulons intervalle laissant
et les habitants d' Anosibe
toilette.
reste assez simple.
tombe jusqu'aux pieds en formant jupon; laquelle
douce
fois arrivés sur le bord,
lamba des Antimerina. Les bijoux sont
ou de grandes boucles d'oreilles en cuivre.
les et
le
jupon, un
élégantes ont un second fourreau en bleus;
il
est
mobile
et
se maintient
rares; les seuls qu'on voit sont des
avec
anneaux
DANS LA VALLÉE DU MANGORO.
lKi
L'habillement des hommes est encore moins compliqué. Au-dessus du sadika, pièce d'étoffe entourant les reins, ils portent une camisole descendant jusqu'aux genoux et pourvue de courtes manches
généralement
;
en rabane ayant
elle est
loul
jaune naturelle des
la teinte
ceux d'un certain âge. ont mi bonnet en
souvent
une calotte hémisphérique;
c'est
à
Anosibe
deux cornes. Heureusement qu'à .Madagascar Le costume que je viens de décrire
Au moins dans
Anosibe:
que
partie
la
n'est
dont
paille
cet
ornement
mon
voyage.
des cheveux fournis
Comme
eux,
crépus. Les yeux sont grands,
cl
signification symbolique.
s'est effectue
noire,
nez est court,
le
ces bonnets se terminent par
la
peau foncée, mais pas
la
sur-
plus
province de Bezanozano où se trouve habitants ne se distinguent ni par leur façon
j'en ai visitée, les
ont
ils
aucune
pas particulier à
de se vêtir, ni par leur type lîclaniinena au milieu desquels ensuite
les environs,
n'a
hommes,
les localités; le
coiffure, les
forme varie suivant
la
dans
cl
Comme
de raphia.
fibres
la
bouche bordée de grosses lèvres entre lesquelles apparaissent des dénis blanches. Le corps bien développé
robustes et quelquefois
hommes
Les
Pour
courts. variée
peu de barbe
ont
les
que chez
femmes,
au niveau desoreilles la
graisse
un mois patience
[dus répandue consiste en
la
:
cl
ou cl
h'
deux derrière
et
quelquefois de
six
venablement.
mais
semaines,
la tête.
il
du
faut
Au moment
mon
de
ma
case
c
mencé
bien après
pas encore mis
capillaire n'avait
la
con-
l'établir
une voisine armée
arrivée,
et.
durer
temps; de
concours d'une main amie pour
du propriétaire de
soir, l'artiste
Consolidée avec
terre, la coiffure peut
la
de brosses de différentes dimensions avait la fille
cheveux
les
beaucoup moins
de cheveux placées deux au-dessus des veux, deux
six touffes
de
portent
et
coiffure est
la
Anlimerina
les
des formes
a
assez, belles.
la
à coiffer
mon
repas du
dernière main
œuvre.
à son
M. FOl'CAHT.
Le lendemain, j'attendis qu'un épais brouillard, qui emplissait toute la vallée, se fui dissipé- et, vers dix heures, je nu- préparai à aller à Anosibe: profile-
des loisirs de
pour enlever de leur- vêtements
veille
la
Ions étaient enveloppés dan-
la forêt;
île
Rainivoavy qui avait
le
mon
Après avoir passé
où
je
la
du
rivière
raccommodées avec du terminées, je
me
lui.
parce qu'il
était
Un
porteur,
ordinairement
la
colline et je suivi- la
fil
une sentinelle postée sur
soufflait
grande rue jusqu'à son extrémité sud où se m'y recevoir
vint
et
me
fil
entrer dans sa case
Aussitôt un serviteur, niellant genou à terre, déposa devant nous deux tasses
de
fer. cl
du café au
contenant un liquide fumant; nous trinquâmes avec cette boisson
lait,
cl
certainement
le
plus sucré que j'aie jamais bu. Ces politesses
plaignis vivement de l'accueil peu hospitalier qu'on m'avait
faire diversion, le
comme
le font
toujours
les
fait la veille: le
gouverneur
Anlimerina. Ces explications n'étaient pas
gouverneur me demanda une consultation pour
des Malgaches, tout blanc est un savant médecin, il
vie errante
—
portraitiste
le
paille tout neuf.
mais je ne pouvais que m'en contenter.
suffisantes,
peutique;
passage
en roule ne semblait pas
qu'il portait
aux sons d'une trompe dans laquelle
répondit d'une façon évasivè,
Four
—
Le gouverneur Andriantoanina
rova.
m'assis à côté de
qui n'était autre «pie
me
le
appareil photographique, nous accompagnait avec ses ustensiles.
une haute plate-forme, je gravis trouvait le poste
mince bagage
volumineux, un immense chapeau de
que ses camarades avaient surnommé mpanasary chargé de
rûaculations laissées par
des lamba d'une éclatante blancheur; à leur tête marchait
ne sais d'où, car
sorti je
pouvoir contenir un objet aussi
les
mes hommes avaient
faul dire
que mène
que
et
je
cet exercice, peut-être illégal, de la
le .voyageur;
sa
n'en étais plus à faire
changeant de gîte tous
médecine
les jours,
il
esl
femme malade. Aux yeux mes débuts dans la théragrandement
reçoit les
facilité
remerciements du
parla client
VOYAGE
116
auquel d'effet.
donne un remède, mais
il
On me
conduisit au premier étage où je trouvai une vieille
médiaire, qu'elle avait la fièvre
Un peu
fluxion.
seconde,
ma
et
mes
et
femme
assise sur ses talons, qui
comme
mal aux dents,
de quinine pour
du
manifestait
le
moins galonné,
et
chambre en drap
quittant une sorte de courte robe de
qui, par suite sans doute
manches de
les
vert avec laquelle
;
elle
un tour en
l'aire
ville;
dans
mon
La
objectif.
grande rue manœuvrait
la
même
181)
vivement avec
mon
Depuis l'époque de n'occupait alors que
le
la
ses fonctions avec tant de dureté que,
misère des villages environnants. théâtre d'événements tragiques. Ramiakatra, qui
le
malgré
la
les pays,
Tananarive
offrit
femmes
châtiment de son agent
et ;
la
fit
et
le
le
a
dépassé
la limite
à leurs dépens, le
grande misère.
elle attendit plu-
De retour
les
minis-
à Anosibe, les
du
massacra
festin et
gouvernement pût
le
différer
un fsimandoa accompagné
forme de procès.
fonctionnaire qui a soulevé des plaintes est appelé à
le
gouvernement
lui fait
le
rendre tout l'argent qu'il a pris et se le
gouverneur
est
com-
principe d'autorité, et on lui donne un nouveau
des exactions permises, on l'envoie il
commander une garnison dans
ne larde pas à mourir de
la fièvre.
l'ouest
Quelques
une élimination honorable des fonctionnaires compromettants.
ils
nommera un nouveau
qui n'aura d'autre désir que de s'enrichir rapidement
supportent d'habitude avec plus de patience que ceux d'Anosibe les mauvais traite-
système en vigueur depuis de longues années, S'ils
apprennent un métier, on
l'exercer gratuitement, en théorie, au profit de
la
fait
s'ils
n'en connaissent pas, on leur
ses agents;
s'ils
ils
sont actuellement réduits à la plus
les appelle aussitôt
gouverneur;
ou pour
;
habitants des provinces soumises aux Antimerina savent qu'ils ne gagneront rien au renvoi
d'un gouverneur, puisqu'on en
ments. Avec
soumises de
comme
et,
la salle
trop de bruit pour que
exerça
réunion fut troublée par
la
plus dévoués, envahit
sud, au milieu d'une région bien insalubre où
les
mais
il
1891, une députation,
reçut
la
moindre partie aux malheureux administrés; quand
forts ont ainsi la spécialité de servir à
Comme
la ville;
ses complices sans autre
plètement ruiné, on l'acquitte, pour maintenir sauf S'il
les tribus
population
la
aussi envoya-t-on immédiatement de la capitale
Généralement, on montre moins d'énergie;
garde bien d'en restituer
les
leurs enfants. L'affaire
Tananarive où on instruit son procès;
ou dans
doléances de
un repas en dehors de
de quelques soldats qui tuèrent Ramiakatra
poste.
;
une audience, mais enfin Rainilaiarivony
Ramiakatra, qui, avec quelques-uns de ses soldats
le
les
gouverneur;
au commencement de
répondit par de bonnes paroles aux plaintes formulées.
envoyés furent fêtés; on leur
délégués, leurs
nommé
et avait été
longue habitude que possèdent
tout supporter des Antimerina, ses administrés se lassèrent alla porter à
Ouelqucs-unes contiennent des bou-
l'îlot.
second rang, avait eu de l'avancement
sieurs semaines pour obtenir
province de
de quelques articles européens. Les habitants ont un
et
passage, Anosibe a été
composée des notables du pays,
la
cases environ, disposées sur plusieurs rangées parallèles, de part et
tiques bien approvisionnées d'objets indigènes air d'aisance qui contraste
de tous
hommes
morceaux de bambou.
d'Anosibe, qui est de fondation assez récente, est l'un des chefs-lieux de
Bezanozano. Elle se compose de
les
garnison forte de 230
la
faisaient l'exercice avec des
d'autre delà grande rue qui suit la plus grande longueur de
tres
héli-
costumes d'un goût
possédait un armement, plus varié que dangereux, consistant en fusils à pierre ou à piston,
en sabres, en sagaies; quelques soldats ville
m'avait
il
un gibus, non
sept galons d'or et mit
delà rupture d'un ressort, persistait à prendre une forme
analogue, formèrent aussi un groupe devant ensuite
voulut auparavant
il
coïdale, malgré les efforts de son possesseur. Les principaux officiers, revêtus de
environ
bien chaud pour la
riz
photographier avec son état-major;
le
endossa une redingote noire ornée sur
J'allai
suffisamment une
reste
première maladie, un cataplasme de
la
par son inter-
et j'appris,
réputation fut sauvée.
changer de costume, il
traitement n'a pas produit
si le
questions. Rainivoavy fut plus heureux
Je proposai ensuite au gouverneur de
reçu,
pour écouter ses reproches,
n'est pas là
refusa obstinément de répondre à
énorme
MADAGASCAR.
A
dans
reine, le plus souvent,
la
ville la
dans
la
plus voisine pour
pratique, au profil du
transporter des marchandises pour
le
gouvernement
trouvenl à s'employer dans une usine ou dans une plantation, on les convoque
pour une période de service militaire en leur
laissant entendre qu'en versant
quelques piastres,
ils
en
DANS LA VALLÉE DU MANGORO. seront dispensés; à l'occasion,
nullement pour empocher
le
gouverneur ne
117
gène
se
incorporer en-
les piastres et
suile celui qui les a données.
La journée, Anosibe.
En
nous traversons un
quittai
je
bois rempli
joli
gaiement
jouant
en
qu'illuminent,
d'arbustes fleuris
quand
assez avancée
était
parlant,
rayons obliques du
soleil à
son
déclin. Je voudrais être toul entier à ce spectacle,
sur
parmi
brandies,
les
lequel
ainsi
rimerina
que
yeux vers
pierre
d'un
lit
d'en
:
les
ouvert un passage en exerçant, leur
sur
érosive
action
faut
il
sol
le
pierre en
souvent,
il
Malgaches trouvent
les
quand
un
tracer
comme
ruisseau;
pas d'autre sentier
n'existe inutile
le
donner une entorse,
terre; pendant plus d'un kilo-
la
mandions en sautant de
mètre, en effet, nous
dans
parcouru
a
il
quelques jours aupara-
je le taisais
vant, mais, sous peine de se
abaisser les
quand
n'est pas blasé
voyageur
le
les
eaux sauvages mil
mê
imparfaitement,
accidenté des
régions
montagneuses.
Nous quittons
enfin celle
voie
humide
Bemangahazo, dont
vons au village de
nous
et
sept
les
arri-
cases
sont disposées sur les côtés d'un triangle; au milieu
une petite
fichée en terre, saillant de quinze centimètres, pierre, précieuse sans
sède, puisqu'elle
les
soigneusement
esl
£^L
vertus qu'elle pos-
par
protégée
bambou. Ce
monument, que
pas
l'exagération
d'appeler mégalithique,
je
un
ne com-
de
treillage
mettrai
doute par
esl
PIEI
:
DRESSÉS
ANDRANOG
A
01
i,
esl
couvert d'offrandes consistant en de petites boîtes carrées, adroitement façonnées avec des feuilles
el
remplies de graisse
On a
précédemment
lu
la description
des pierres plantées qu'on rencontre dans l'Imerina. Celles du
pays betanimena sont différentes, sinon par par
la
forme
et
par
la
grandeur. Tandis que
!<•
respect qu'elles inspirent
les pierres
el
même le
j'ai
vues sur
le
versant
el
du moins
sculptées, attei-
oriental sont
toujours
comme
à
Bemangahazo, un
bloc, entouré d'une grosse barrière, est isolé au milieu d un
bord du sentier. Plus souvent se dressent alternativement sur une ligne, à l'ombre d'un arbre, des pierres et des poteaux en bois plus élevés, coupés carrément par
ou
haut;
tant
signification,
dépassent rarement un mètre de hauteur.
Quelquefois, village
la
des Antimerina, souvent taillées
gnent parfois des dimensions considérables, celles que brûles
par
el
le
loin des habitations, sur le
nombre de
ces pierres esl variable, mais ne dépasse jamais cinq. Plaqués sur elles ou
lourdement au sommet des pieux où
ils
sont pendus, des torchons imbibés de graisse
couleur indécise attestent aux yeux des passants
On rencontre
le
culte dont
le
et
<l
flot-
une
fétiche est l'objet.
aussi des pieux en bois au milieu des villages, mais
ils
sont pointus
el
servent a accrocher
de certaines fêtes, notamment de celles qu'on célèbre à l'occasion de la circoncision. Dans la partie du pays où je suis, ils sont presque toujours bifurques. Tels sont ceux dont j'ai l'ail le croquis a Andranogavola, où je couchai le lendemain de mon passage à Bemangahazo, après des tèles de bœufs au
moment
une journée de marche dépourvue d'intérêt. Faut-il attribuer leur rition
des anciennes croyances? Je ne sais; mais ce que je peux dire
cées par d'autres. Chez les Belanimena, je n'ai trouvé nulle part, la
état
si
de délabrement actuel à
c'est
qu
elles
ce n'est dans
moindre trace de religion d'importation, catholicisme ou protestantisme.
le
la
dispa-
n ont pas été remplavoisinage de
la côte,
VOYAGE
118
Le 19 mai,
momentanément dans général,
pour
je suis, tantôt déroulant sa ligne rouge,
rendus propres à
exactement
la culture. Cette
les elïels
table
ça
:
Peu
verdure, tantôt disparaissant
constamment, ont
été
et là,
méthode expéditive en vaudrait une autre
semer, ravage ainsi tout un canton;
il
ne veut brûler que quelques
voisine. L'aspect qu'offrent ces bois
la forêt
où
a passé le feu est lamen-
l'eau,
que n'élimine plus
puissante évaporation des feuillages, s'accumule à
la
mesure
«pie j'avance, l'altitude
diminue;
la
végétation change
et
prend un caractère plus
tropical. Les ravenala, avec leurs longues feuilles en éventail, font leur apparition isolés d'abord,
aller
t
ils
deviennent bientôt plus nombreux
du Manampontsy où
et
(3:25
uns contre
se pressent les
mètres); rares
cl
dans
la
les autres
j'arrive bientôt. Je passe sur la rive droite de celte rivière
je vais m'ins-
cl
au village d'Imanakana.
Le lendemain, quelques heures de marche sur mouillées par J'entre
du
dans
zone côtière, bien plus peuplée que
la
un vaste grenier
place, sous
rive droite
de
rivière, à travers
la
rosée nocturne, nous conduisent à Antanambao. C'est
la
reste
la
Quarante cases, donl plusieurs ont une varangue la
si
feu
le
on en pouvait
forme des marécages.
et
à peu, à
vallée
montagnes. En
dénudés par
vrais squelettes végétaux, des arbres restent debout, dressant leurs troncs, carbonisés
ou blanchis parle temps: leurs pieds
riz à
flamme vole jusqu'à
et la
la
au terrain dont on a besoin, mais l'incendie allumé ne s'arrête pas. Tel indi-
gène qui n'a qu'une poignée de herbes
dans
l'eau brunâtre d'un marais, continue à serpenter à travers les
boisé, mais de vastes espaces, qui s'étendent
le sol est
être
limiter
que
sentier
le
MADAGASCAR.
A
à
cl
le
un
d'école.
Au moment
de
village assez important.
pays parcouru depuis
le
Mangoro.
un étage, composenl Antanambao. Au milieu de
moulé sur colonnes, une balustrade entoure un plancher où
riz
habitants se réunissent à l'abri du soleil pour causer, rêver ou dormir. Près de bois sert
de hautes herbes
ma
visite, le
là,
un grand bâtiment en
maître, perché sur une cslrade devanl un pupitre,
l'appel des élèves. L'école esl mixTe; les filles sont à
gauche, à droite
les
l'ail
garçons.
les
Je suis tout étonné de voir parmi ces derniers, à côté de bambins depuis pou sortis de nourrice, de
grands
et
menton,
solides gaillards ayant barbe au
et
pourtant à en juger du moins par
tracés sur de longues et minces planchettes, (pie tiennent en
établissement consacré aux hautes études.
dans
pourvues d'une école,
les localités
soient dispensés par les Antimerina. Les
ne libèrent
que moyennant
l'élève
sources ou à celles des siens: l'argent qu'il possède, serait injuste
Il
il
si
le le
En m'informanl
les
mon voyage
La forme collines
et la
là
par
appris que,
encore une source de petits profils:
candidat ne peut pas les réunir ou
s'il
les
nom la
:
la
ne veut pas se dessaisir de
pratique, les inconvénients de celle application, peut-
Belanimena,
je n'en ai
grandement atténués parla rareté des
écoles.
Pendant
vu que deux.
la
Bc, grande; tany, lerre; mena, rouge. Mais avant d'entrer dans
végétation,
il
nous
faut franchir
quelques élévations sur
et comme malheureusement pour mes hommes qui,
aussi les arêtes coupantes, les
nouveaux caractères géologiques de
semelles de cuir, maintenues par une lanière passant entre
le
la
les flancs
ont l'éclat
ils
Les
et
qui
région des
la
desquelles brillent
du
verre,
ils
en ont
avec leurs pieds nus, ne goûtent
roule. Ils oui
pouce
.
zone forestière. Le sable rem-
la
plus grande partie du pays que je visite
des cristaux appartenant à diverses variétés de quartzites;
que médiocrement
ils
res-
attend, quelquefois pendant plusieurs années.
mollement arrondies ont succédé aux raides escarpements de
fixées
j'ai
fréquenter Jusqu'à ce qu'ils en
la
nature du terrain se modifient sensiblement à partir du point que nous avons atteint
a fourni son
dunes
plus tard sur celte particularité-,
gouverneurs trouvent
placera bientôt l'agile fortement colorée qui constitue lui
les syllabaires,
ne suis pas dans un'
versement préalable d'un nombre de piastres proportionné à ses
de ne pas ajouter que, dans
chez
les élèves, je
jeunes gens sonl obligés de
être intempestive, de l'instruction obligatoire sont
tout
mains
cl le
négligé de se munir de
doigt voisin, dont
ils
se servent
ordinairement dans ces occasions; aussi avancent-ils péniblement l'un d'eux, en tombant, se blesse assez ;
fortement pour ne plus avoir pu. depuis ce moment, suivre
la
colonne qu'en traînard;
charge qui va se répartir sur l'épaule des valides ne contribue pas vers
la
lin
de
l'étape, en arrivant
à
les
au sommet d'un mamelon plus haut
la
vue d'une
rendre moins moroses. Mais, (pie lés autres et
qui limitai!
DANS LA VALLÉE notre horizon, subitement, loul change nier! la
mer!
étendant
cl,
—
d'une
s'écrient-ils
les bras', ils
voix, tout
qu'après une longue roule
fois
côte ou la capitale,
d'une vie large
«•'est
me
me
hissent, sans
pieds endoloris,
un
village.
le
perspective de quelques jours de repos,
contentement
le
(h
on
article
mon
bras par des
îles, esl
Mangazohazo,
je
oubliant cailloux aigus
sur
la
mon
à
dîner,
qu'ils mil
accommodée
Ambodimanga. La collision nom me ni pois
avec ces légumes «pie les colon-
côte orientale, pari iculièremenl vers
le
Maurice
à
Manampontsj donl
le
parsemé de rochers formant de
ma
entrée à
même
la
ils
constituent un important
Réunion.
cour-, souvent divisé en plusieurs
Nous traversons beaucoup dé
roseaux
île
cl
cl à la le
petites chutes.
bambous,
roule au milieu de
sud,
cl
possèdent une peau tellement épaisse que
végétation touffue
à laquelle
viennent bien:
oranges
les
pulpe comestible du centre se réduit presque
la
ses
de ravenala. Aprèsavoir couché
s'ajouter des orangers chargés de fruits aux vives couleur-. Simple régal pour les yeux
tôt
l'inertie, je
se joignent les
forme de gros haricots. Sous celte appellation plus ou moins
la
journée, nous longeons
continue
force vive qu'il esl renversé
palmipèdes auxquels
mon
je lais
telle
naturellement, en vertu de
cl.
cris d'angoisse de-
mes hommes,
cl
qui ne se gare pas assez vite, reçoit
cl
véhicule animé d'une
affluents qui coulent dans des vallées remplies de à
Ils
pente rapide en bus de laquelle apparaît
la
bambou
de commerce; on eu expédie de grandes quantités la
et.
la
Dans
besoin de se dépenser en mouvement.
a
abandonné depuis longtemps
qu'aux
ainsi
('.'est
mange
je la
les cultive
Le 21 mai, toute
mer ou Tananarive:
borizana ne peut pas toujours se procurer en roule.
mes porteurs
1
fois la
première case, un indigène, qui transporte quelques canards dans deux grands
la
du Cap, probablement parce justifiée,
même chaque
1m
mes deux porteurs de devant tombent par-dessus
une victime;
les
d'un voyage, du moins
fin
injures qu'échangent leur propriétaire l'ail
esl
de
première
bondissent plutôt qu'ils ne courent sur
vais nfélaler sur le groupe,
a
en
Il
la
dans sa charge vivante un des brancards de elle;
la
Sans avoir des motifs aussi légitimes que
ciel.
paniers à claire-voie s'équilibrant aux extrémités d'un
avec
—
du Pont-Euxin,
porteurs aperçoivent pour
consulter, sur le filanjana
ils
Devant
les
des plaisirs variés que
cl facile,
les dix: mille à l'aspect
manifestent bruyamment une joie semblable.
sinon la
circonstances actuelles,
les
cl
ils
comme
bien loin, par delà les dernières ondulations du terrain, l'Océan
Indien qu'une ligne à peine perceptible distingue du
compagnons de Xénophon,
Ilîi
leur physionomie s'éclaire. Ranomasina! Ranomasina!
cl
commune
me montrent
MANGORO.
I) L
à
un poinl
mathémathique sans dimensions appréciables. Vers midi, j'arrive .à Ankonhaona, sur au sud. deux autres
cl,
me
toutes les embarcations rait
dicter
mon
choix,
les vociférations
si
les
je
bord- de patrons
rivières. Plusieurs
même
paraissant au
la île
lagune où viennent déboucher
un incendie qui mois de
des concurrents
;
le
vainqueur de celle épreuve nous aide à
beaucoup
plus.
de
la
Moins d'un an auparavant, en
un aliment
dans
facile
les
arrimer
les
sommes
à
bagages
cl
et,
des piaules
Beparasy.
Bien qu'elle eût élé aussi durement éprouvée
et
effet,
il
avait été totalement détruit
il
par
constructions légères surchauffées par plusieurs
saison sèche. Seuls, les greniers à
précaution que prennent toujours les Betanimena de
soires, la
à
pagayer avec entrain au milieu des nénuphars
passage, le village se composait d'environ 150 cases, mais, en temps normal,
avait trouvé
soleil à la lin
passer;
degré dépourvues de confortable, aucun motif ne pour-
aquatiques aux larges feuilles: après une demi-heure de navigation, nous
doit en contenir
faire
ne procédais par une voie d'adjudication au rabais, non sans être troublé par
sous sa conduite, mes porteurs se mettent
Au moment démon
Manampolsy
le
pirogues se proposent pour nous
avaient été épargnés, grâce à
riz
les établir à
la
sage
une grande distance de- habitations.
qu'une partie vécût encore dans des installations provi-
population de Beparasy paraissait jouir d'une certaine aisance. Les habitants sont commerçants
ou agriculteurs. Une sucrerie fonctionnai! avant l'incendie; chariot, ustensile assez rare à .Madagascar oriental, le terrain plat, entre les
lagunes
il
ne
pour que sa rencontre cl
la
mer,
esl le
restait d'autre vestige soi!
de matériel qu'un
digne d'être notée. Sur
le
versant
seul qui permette d'employer des véhicules à
roues.
Comme
Ions les villages malgaches, Beparasy doit son
nom
à
une particularité
locale,
généralement
bien choisie. Celui-ci vent dire beaucoup de puces; nombreuses partout, elles ne l'étaient pas là sensible-
VOYAGE
120
ment
plus
précédente
mais peut-être avaient-elles
qu'ailleurs,
La langue de
sable
s'étend entre Beparasy
cpii
herbe courte
lagune, aux eaux tranquilles
et serrée
Sur
catastrophe de l'année
la
et
gauche
silencieuses, s'allonge parallèlement à la cote; à
quelques grands villages
le trajet,
Mahanoro, où nous devons arriver en une journée,
et
A
sur laquelle la marche n'est plus qu'une promenade.
par intervalles, quelques bosquets dérobent Unis.
décimées par
été
!
est couverte d'une la
MADAGASCAR.
A
:
Tandroho,
l'un d'eux,
la
mer, dont
murmure cadencé de ses son nom et son importance d'un
vue, laisse toujours entendre
la
droite
lire
le
bois de copaliers long de plus d'un kilomètre, qui croît dans le voisinage.
Le copalier [Hymœnea
verrucosa),
grand
branches qu'on incise pour dure
et,
chez eux
et classée
gomme
du tronc
sécrète suinte en grosses larmes
qu'il
la recueillir; celle
par suite, plus recherchée pour
de main-d'œuvre. La
bel arbre appartenant à la famille des légumineuses, a
et
gomme
des feuilles épaisses et luisantes. La
et des
qui s'accumule entre les racines, dans la terre, est plus
la fabrication
des vernis, mais son nettoyage exige beaucoup
copal, achetée aux indigènes qui
en différentes catégories d'après sa teinte
la
récoltent, par les traitants, est triée
vend sur
et sa dureté. Elle se
la
côte de
80 à 250 francs les 100 kilogrammes. Sans valoir celle qui vient des Indes hollandaises, sans valoir surtout
la
résine originaire des forêts fossiles de la Xouvelle-Zélande, elle est fort estimée dans le
com-
merce européen.
Des colons m'ont affirmé que dans
les
Malgaches brûlent quelquefois
les
copaliers, afin
une grande quantité de gomme. Etant capables de toutes
les racines
d'exploitation des produits naturels,
les
île
faire refluer
barbaries en matière
sont peut-être aussi coupables de celle-là, mais je n'ai jamais
ils
vu celte pratique en usage.
Un peu
plus loin esl
neuse, La pèche
esl
le
village d'Ambilabè.
La lagune au bord de
laquelle
est
il
bâti est 1res poisson-
organisée collectivement par les habitants qui ont établi de grands barrages en
branchages entrelacés, avec des nasses dans
les
consommé
ouvertures. Le poisson est
envoyé au marché de Mahanoro après avoir été fumé sur
le salaza, 11
prendre. Je vois des enfants qui s'amusent à pêcher
entrent dans l'eau jusqu'au cou
bras,
ils
maux
forment un cercle
qu'ils resserrent
:
ils
Mahanoro.
J'arrive enfin à
Comme
semble ne demander qu'à se et,
laisser
agitant
les'
peu à peu, tandis qu'au centre l'un d'eux s'empare des ani-
au moyen d'un morceau de cotonnade remplissant
affolés
aussi primitif suppose chez les poissons
sur place ou
de
l'office
filet.
Le succès d'un procédé
une certaine dose de simplicité.
plusieurs autres villes du littoral, celle-ci se divise en deux parties,
l'une administrative et militaire, l'autre
commerçante. Comprenant seulement une centaine de cases
que domine
dans une
le
rova, la première est bâtie
courant du fleuve;
c'est
500 cases groupées sur
elle
île
escarpée formée par
le
Mangoro
qui s'appelle proprement Mahanoro. La seconde se
ferme, dans une plaine et se
la terre
nomme
et
un bras sans
compose d'environ
Androranga. C'est
là
que
je m'ins-
pour quelques jours.
talle
Beaucoup de négoce,
il
petits
est entre les
sentent dans
commerçants, indigènes ou hova mains de blancs, pour
la ville et
la
,
sont établis à Androranga.
plupart originaires de
le
raphia,
le
caoutchouc
et la vanille
venant de
la
les
Quant au grand
Maurice. Trois colons repré-
aux environs l'élément français; ce sont des créoles de
Les produits d'exportation qui se concentrent à Mahanoro sont vince centrale,
l'île
la
Réunion.
peaux de bœufs, arrivant de
zone côtière ou de
la
région moyenne. Les
marchandises importées consistent surtout en colonnades blanches, écrues ou imprimées, en
rhum. Quinze ou vingt navires orientale.
Le
reste
visitent
du commerce
annuellement
se fait par
la
rade, aussi mauvaise
Tamatave, en suivant
le
chemin de
que toutes terre
la pro-
ou
la
celles
sel et
de
la
en
côte
voie de lagunes.
En ce
l'absence de statistiques, il est impossible de se rendre un compte exact de l'importance totale de commerce. Les douanes, qui appartiennent aux Anlimerina, ne sont soumises à aucun contrôle; les
renseignements qu'ils pourraient fournir seraient forcément erronés, valeur des marchandises ayant, avec les agents chargés de inutile d'insister.
le
le
droit
de 10 pour 100 sur
percevoir, une élasticité sur laquelle
il
la
est
DANS LA VALLÉE DU MANGORO. Tous
les
Mahano m'ont reçu avec une grande
colons de
notre langue, nos usages
en
et,
parmi eux,
j'ai
avec ceux de nos nationaux que
effet,
1-21
j'ai
cordialité. Les Mauriciens ont conservé pu me croire au milieu de compatriotes, comme je l'étais
rencontrés.
Un
des principaux officiers antimerina de l'administration, Louis Raviro, ancien élève de nos écoles a Tananarivc, qui parle et écrit le français, s'efforça de rendre mon séjour utile et agréable.
Le gou-
verneur Rainisolofo,que sur
j'allai voir,
mer, une vue admirable,
la
s
me
reçut dans
le
belvédère qui surmonte son palais,
étendant jusqu'à Marosiky. J'eus avec
et d'où on a, une intéressante conversation
lui
sur les voies de communication à Madagascar et il y manifesta des idées tout à fait exemptes des préjugés qu'ont habituellement les Antimerina sur celle matière. L'entretien fut interrompu par des toasts qu'il porta en l'honneur du président de la République et du Résident général; j'y répondis naturellement en buvant à la santé de la reine et du premier ministre. A chaque l'ois, c'était un plein verre de
vermout
à vider. Si cette lutte de courtoisie
senter dignement arriva bientôt à
la
mon
poulets, canards,
diplomatique avait duré, j'aurais craint de n'y pas longtemps repréFrance, mais la journée s'avançait et le gouverneur désirai! me rendre ma visite; il
domicile, m'apportant, suivant
ananas, bananes formaient
riz,
la
coutume, d'amples cadeaux de
victuailles
:
dindons,
charge de deux porteurs. Mes hommes, qui comp-
la
taient bien m'aider à
absorber ces provisions, furent, autant que moi. sensiblesà cel honneur. environs de Mahanoro existent un certain nombre de plantations exploitées par les principaux commerçants de la ville. L'un d'eux, qui possédait une vanillerie sur la rive gauche du Mano-oro, m'in-
Aux
vita à
m'y arrêter avant de me remettre en route pour
rendis avec lui; noire trajet en pirogue, par
de caractère dont Autrefois
el
les
le
l'intérieur. J'acceptai cl.
bras du fleuve,
petil
pagayeurs s'accompagnent pour frapper
jusqu'à ces derniers temps,
poussaient rapidement
el
,
la
en peu d'années,
l'eau
l'ut
en une matinée,
avec ensemble
arbres donnaient
m'y
cl régularité.
culture du caféier étail en faveur sur les
je
agrémenté parles chants pleins
une
forte
côte. Les plants
la
récolte de -raines. Cette
prospérité n'a élé que passagère; après quelques périodes de production abondante, les plantations ont périclité; elles ont élé
Mangoro,
il
achevées par un champig
n'existe plus
Cet insuccès s'explique aisément
ces diverses influences,
1,
une seule piaulai ion de
le
:
sur
la
côte,
VHemileia vastatrix. Aujourd'hui, dans
le
terrain est
développement des arbustes
qui ne reçoit pas d'amendements,
esl
épuisé.
rature ne descendant pas au-dessous de 10"
conditions se rencontre plutôt dans
la
région
bas
el
humide,
rapide, mais
esl
Remarquons
il
le
s'arrête aussitôt
moyenne que
près de
le
Tamatave
d'ailleurs
soigneusement entretenues
reprendre
Sur
On
la
à Tananarive, donner, avec el
caféier,
A Madagascar, la
la
que
le sol,
une tempé-
seconde de ces
mer. Aussi voit-on
plantations cultivées par les indigènes à une certaine altitude autour des villages, roule de
région du
climat est chaud; sous
aussi qu'il faut, pour
n'excédanl guère 30°.
el
la
café.
les petites
notamment sur
une grande continuité, de bons produits;
la
elles sont
bien fumées. C'est en s'inspiranl de ces exemples qu'il faudrait
les essais.
côte orientale
el
particulièrement dans
le
voisinage de Mahanoro,
la vanille a
remplacé
le café.
compte pas moins d'une vingtaine de plantations au bord du Mangoro sur une longueur de quelques kilomètres. En moyenne, chacune renferme 6 000 pieds. n'en
Le
vanillier esl
une orchidée à
feuilles alternes el
charnues portées sur un
capsule allongée qui, convenablement préparée, constitue
Piaule parasite,
comme
le
vanillier a besoin d'un autre végétal
la
vanille
pour
pétiole.
Le
fruit esl
une
du commerce.
se développer; à
Madagascar, on emploie
supports nourriciers des pignons d'Inde (Jatropha curcas); ces arbustes sont disposés par ran-
gées parallèles espacées d'environ deux mètres;
les branches sont ramenées dans un même plan pour tonner une haie. Les boutures de vanillier, composées de Lois yeux, sont mises en terre et la plante,
en se développant, s'accroche par des racines aériennes aux branches des arbres; les pieds sont couverts de débris de bananiers destinés à entretenir
Dans
les
pays où
le vanillier
d un insecte; à Madagascar,
il
une humidité constante.
pousse spontanément, esl
la
fécondation des fleurs se
fait
par l'intermédiaire
nécessaire d'assurer artificiellement celle fécondation au
moyen d'une 16
VOYAGE
122
MADAGASCAR.
A
opération pratiquée sur chaque fleur; c'est ce qu'on
mûr; on
après, le fruit est
le cueille
quand
l'eau chaude,
la
vapeur
et
consiste à réunir les gousses bouillir;
on
les
et à les
expose ensuite au
Quelques semaines
la vanille.
à jaunir.
parfum. Trois méthodes sont employées
le
La première, qui
l'étuve sèche.
mariage de
le
commence
pour en développer
reste alors à préparer la vanille
Il
nomme
l'extrémité
est
la
plus ancienne
la
et
tremper pendant un temps très court dans de l'eau sur
on
soleil et
les fait
:
plus répandue, point de
le
sécher lentement en les enduisant quelquefois
légèrement d'huile d'acajou; cette dessiccation doit être surveillée de près pour enlever
les
gousses qui,
en se gâtant, communiqueraient aux autres une mauvaise odeur.
Les gousses provenant de bonnes espèces
préparées avec soin se couvrent au bout d'un certain
et
temps de petits cristaux de vanilline qui en constituent
principe actif, dans
le
On
2 pour 100. La vanille est alors dite givrée et a plus de valeur.
même aspect au moyen
de l'acide benzoïque;
à celle falsification qu'ils sont persuadés
que
une proportion
donne souvent
lui
de
artificiellement le
les
préparateurs se livrent avec d'autant moins de retenue
le
givre naturel n'est autre chose que celte substance;
je
pas pu leur enlever cette illusion. J'ajouterai, pour rassurer ceux qui ne loucheraient plus qu'avec
n'ai
défiance dans l'avenir, aux crèmes et aux glaces à
formé dans l'économie en acide hippurique,
Les vanilleries rapportent au bout de deux ans main-d'œuvre. La préparation du produit, léger
mains
tains tours de
On
il
n'exigent pas, pour leur entretien,
consommation va toujours
la
beaucoup de
peu encombrant, ne demande que du soin dans
et
n'est
Il
donc pas ('tonnant que
pourrait, dans tous les cas, en essayer d'autres, par
une matière dont isolés,
pas de matériel coûteux.
et
l'acide benzoïque, après s'être trans-
produire d'action nocive.
Je crois, néanmoins, que les colons auraient
liers se multiplient.
culture.
el
que
la vanille,
est éliminé sans
les plantations
de vanil-
de se livrer exclusivement à celte
tort
exemple
celle
que
pu en juger par
croissant. Autant
cer-
j'ai
du cacaoyer qui îles
fournil
individus
semble bien réussir aux environs de Mahanoro, mais on ne trouve encore aucune plantation
sérieuse de cet arbre; c'est qu'il ne rapporte qu'au bout de cinq ou six ans. Les colons, qui, malheu-
reusement, pensent plus au présent qu'à l'avenir, n'aiment pas
De
la
les
placements à
après avoir traversé
le village
du Betsizaraina, qui
longs bancs de sable que
le
Nosindrava où, à
la fin
le lit
ainsi
que
je
l'ai fait,
jusqu'à 15 ou 16 kilomètres de
la
mer, en aval de
des guerres entre les Antimerina et les Betsimisaraka, les principaux chefs de
A partir de
cette tribu ont été attirés parleurs ennemis, sous prétexte de parlementer et ont été massacrés.
ce point, la
navigation devient très
difficile
:
des rochers
et
de nombreux
îlots,
produisent des rapides, des tourbillons et des petites chutes. C'est ce qu'on goro. Pour
les franchir,
et l'avant très relevés.
perches sur est
le
fond
moins longue
et
el
il
les
cascades du Man-
On remonte
par certains passages connus
en raclant les pierres avec
moins pénible, mais plus elle s'arrête
le
îles
habitants du pays, en appuyant des
dessous de l'embarcation. La descente par
périlleuse.
A
les rapides
peu de kilomètres plus haut, toute navigation
à l'endroit où se jette dans
le
fleuve
un
petit affluent
de droite,
Sandakarina.
Un
métis français-belsimisaraka, qui se préparait à remonter
échanger des marchandises dans un voie. Si j'avais confiance
auraient dû conduire
la
En
Mangoro jusqu'à
ce point pour aller
de
la rivière,
m'avait proposé de suivre avec lui celle
j'en avais
moins dans l'adresse de mes hommes qui
village, près
pirogue contenant le
soir à
les
bagages. Je préférai donc prendre
aux cascades,
présentera plus de difficultés que
un chemin assez fréquenté, désormais
je
la
roule terrestre; nous
Ambodipaka.
quittant Menagisy, village qui fait face
mon voyage
le
dans ses talents nautiques,
nous donnâmes rendez-vous pour
de
mettant obstacle aux eaux,
nomme
faut des pirogues d'une construction spéciale, courtes, solides, ayant l'arrière
prolongée devient impossible; le
transfert''
peu profond s'étendent
courant déplace. Sans trop de risques d'échouement, on peut pourtant
remonter le Mangoro en pirogue, l'île
du gouvernement
était autrefois le siège
aujourd'hui à .Mahanoro. Le fleuve a plus d'un kilomètre de largeur; dans tle
longue échéance.
si
plantation où je passai quelques jours, on se rend en une heure à l'embouchure du Mangoro,
la
je m'aperçois bien vite
que
la
seconde partie
première. Tandis qu'en allant à Mahanoro je suivais
ne rencontrerai plus, pour
relier
de rares groupes d'habitations.
DANS LA VALLÉE DU MANGORO. que des sentiers envahis par des herbes
et
des arbustes,
parce qu'ils s'écartent de
je
veux garder.
la direction
Mais je suis encore dans
que
et
encore dcvrai-je souvent
suspendu à son
pement
fusil, qu'il
manche pour puiser de
l'eau,
une
touffe
île
piment
parles pattes. Tantôt c'est un anlimerina qu'il :
et à pied
tourner
ou
qu'il soit
chapeau de
que
le
le reste
paille,
portant en filanjana, celui-ci passe
le
nable, on les prendrait pour de vieilles connaissances:
voyage, ce
mémoire,
qu'il a
n'en est rien; souvent
il
le
remarqué d'intéressanl en roule; pour bien
second
le
les répète
second entame
au narrateur qui approuve ou
le récil
de ce qui
tion.
Ces) ainsi que se transmettent
mais
le
temps
\ ers la lin
n'a pas
les
personnel
lui esl
grande valeur chez
les
et
moyen
nouvelles. Le
Belanimena
si'
village
et
il
vient,
graver
le
fardeau
--es
ne se sont jamais
ils
où
va,
il
renseignements dans
en écoute ensuite attentivement
n'a
que l'inconvénient
de couleurs sur fond blanc qu'on
a apporté
.
Mon
le
Sandakarina qui prend sa source
nombreuse
métis, entouré d'une
nomme patna
une barrique de rhum. Le chef du village
el
de quatre
litres
de ce liquide. Etoffe
et
moyennant
le
boisson s'échangent contre du
versement préalable, ri/.,
clien-
d'antre,
el
dans sa pirogue plusieurs pièces de ces cotonnades
autoriser l'ouverture^des opérations commerciales que
répéti-
la
un peu long,
d'être
indigène, esl en plein dans ses affaires qui ne se concluent pas •-ans que, de part 11
la
:
qui n'a qu'un cours peu étendu.
dépense beaucoup de paroles.
de son
l'objet
chaque circonstance. Ce résumé
rectifie
de l'après-midi, j'arrive à Ambodipaka, après avoir passé
au sud-ouest du tèle
finarilra*
sont chargés et se mettent à causer; à les voir ainsi absorbés dans une conversation intermi-
rencontrés. D'après l'usage du pays, l'un des deux dit à l'autre d'où
achevé,
sans
lier,
Belanimena vous salue toujours gaiement d'un ,
ils
a
une poule vivante attachée
(bonjour;. Parfois deux indigènes, qui marchent en sens contraire, s'arrêtent déposent à terre
dont
il
de son équi-
une calebasse armée d'un long
est fortuné,
s'il
un des
fonctionnaire ou simple commerçant, qu'il s'avance seul
soit
accompagné de nombreux esclaves
tète vers l'Européen, tandis
la
et enfin,
riz,
commu-
soldat qui rejoint
porte horizontalement sur l'épaule, un paquet contenant
de l'autre côté, pour l'équilibrer, une marmite, un sac de
et,
un
habillé à la légère d'une rabane en loques, couvert d'un vieux
:
abandonner,
les
région côtière où les villages sont populeux et ont entre eux des
la
nications assez actives. Aussi fais-je de fréquentes rencontres. Tantôt c'est forts voisins
1-23
à
à
on
dessins
voulu
n'a
son
profit,
du raphia e\ du caoutchouc, ce
dernier produit en petite quantité. Autrefois, les bois \oisins de tation les a presque épuisés. les
indigènes
encore
ils
la
la
Sur
coupent au pied
mer
fournissaient
le
versant oriental,
el
abandonnent
beaucoup de caoutchouc un vicieux mode :
le
d'exploi-
caoutchouc provient d'une liane: non seulement
les parties qu'ils
ne peuvent atteindre aisément, mais
enlèvent souvent les racines qui contiennent une certaine quantité de sue;
la
plante
esl
ainsi
détruite sans grand profil.
Le
latex, qui s'écouledes
tronçons de lianes posés verticalement dans un baquet,
jus de citron ou quelquefois, mais rarement, avec l'acide sulfurique.
esl
Le caoutchouc
coagulé à
esl
l'aide
ensuite façonné
en houles, forme sous laquelle on l'exporte, particulièrement aux États-Unis. Suivant les points,
vend, sur
la
côte orientale, de 260 à loO francs les 100 kilogrammes.
grande valeur
menter
le
si
les
poids, de
11
du
aurait certainement
il
se
une plus
indigènes ne dépréciaient leur propre marchandise en y mélangeant, pour en augla
terre et d'autres impuretés.
La ruse
est
trop grossière pour tromper personne.
1. Il m'a été donné dans Ions mes voyagea à Madagascar de Millier l'observation faite en pays betsimisaraka par mon ami Foucart. Le blanc esl toujours accueilli chez toutes les peuplades de Madagascar sinon avec respect, du moins avec une certaine bienveillance. On le salue toujours. Chez les Antimerina, au contraire. l'Européen, le Français en particulier, est toujours mal vu, mal considéré; c'est à peine si on lui cède la place nécessaire pour passer. Est-ce parce que les Anlimerina uni tant de haine pour les étrangers el pour les Français en particulier alors que les autres peuplades leur l'ont presque toujours bon accueil, que la France semble vouloir faire des efforts coûteux pour faire des Antimerina la tribu maîtresse de Madagascar au détriment des autres peuplades dont on parail ignorer l'existence? {Noie du D< Calai.) i. La remarque l'aile par G. Foucart en pays belanimena esl le plus souvent très exacte. Quelquefois, cependant, j'ai été grandement surpris de la rapidité avec laquelle un l'ait important, une nouvelle intéressante, ainsi colportée de bouche en bouche le long d'une roule quelque lieu fréquentée, se communiquait d'un point à un autre, le second point éloigné quelquefois du premier de plusieurs centaines de kilomètres. (Soie du D' Calai.)
VOYAGE A MADAGASCAR.
1-24
Les commerçants de Mahanoro vont généralement vers
Dans
la direction cpje je suis, ils
dépassent rarement Ambodipaka
gnements que jusqu'à deux jours de marche au delà de ce Le 1" juin au matin, nous regagnons engageons, pour
remonter, dans
le
pour s'approvisionner de caoutchouc.
le Siul
bord du Mangoro; en marchant à
le
passage
l'étroit
me donner
pu
n'ont
et ils
de rensei-
village.
qu'il laisse à
la filé
indienne, nous nous
découvert, durant
saison sèche,
la
Encombré de roches micaschisteuses presque
entre ses eaux et l'épaisse végétation de la rive.
ment décomposées, semé de cailloux roulés de toutes
formes
les
et
entière-
de tous les calibres, ce passage est
barré par des racines bizarrement contournées contre lesquelles on trébuche, par des branches contre
on se cogne. On n'avance pas
lesquelles
mais comme, à quelques pas, commence
vile,
fourré qui
le
s'étend bien loin et qui ne se laisserait pas pénétrer, on n'a pas à choisir.
Le Mangoro a encore 400 à 500 mètres de largeur. L'eau coule parmi lonnant par-dessus
roches disposées en
les
descend, de distance en distance des l'époque des crues,
ils
s'élèvent
îlots
file,
ilôts
plus haut
et
un peu plus
l'un est
au sommet
le
pentes qu'elle
visiblement submergés à
et
terrain environnant qui devient de plus en plus acci-
Saharony, montagne aplatie dominant
pendant
j'ai
de
Vohibe, nous arrivons en face d'un de ces
le
encore vus;
gagnons un
les collines
il
divise le
Mangoro en deux
bras, dont
Ambatoramiangily, qui
petit village
est
juché
en dehors de sa position, n'a rien de remarquable.
et qui,
plus rien, pas
loin, fait
traversant, nous
Le lendemain, nous revenons sur moins abrupt que
le
plus grand que tous ceux que
presque à sec. En
glisse, limpide, sur les parois unies des
comme le
peu à peu
blocs épais, saute en bouil-
couverts de buissons; d'abord bas
denté. L'après-midi, après avoir passé devant la rive droite et à laquelle,
ou
les
les
même
chemins de ciel.
le
la rive droite
où nous rejoignons bientôt un sentier
la veille et j'en suis
heureux
mais
;
comme
(Amomum
Je suis au milieu des longoza
frayé.
Il
est
compensation, je ne vois
Ces plantes herbacées,
danielli).
dégageant une forte odeur de cannelle, ont environ quatre mètres de hauteur; d'une courte tige partent des longues
feuilles
et étroites
qui se recourbent gracieusement au-dessus de
une voûte que ses regards ne peuvent pas percer. On marche
ainsi
pendant des heures dans un couloir
de verdure dont on est obligé de suivre les sinuosités capricieuses, sans bien se est trop
du passant en formant
la tête
les expliquer.
L'horizon
borné pour qu'on recueille beaucoup d'impressions de voyage.
De temps villages.
à autre nous revenons près du fleuve où s'échelonnent très distancés quelques misérables
Devant
trois
ou quatre cases désertes,
d'eau venant du nord-ouest. cette rivière
— sur
A
je vois,
débouchant sur
bords de laquelle, bien plus haut,
les
la rive
droite, pas de gros affluent avant l'Onive.
gauche, un grand cours
Le point où
le
Mangoro
est situé Tsinjoarivo, d'où je suis
parti
reçoit
— est
entouré de marais. Afin de les éviter, je passe pour une demi-journée de l'autre côté du fleuve.
A
partir de Sahandileny,
où
du
je m'arrêtais le 4 juin vers le soir, la nature
milieu de roches amphiboliques décomposées s'intercalent de
nombreux
reparaît le gneiss recouvert d'une puissante
et là
couche
d'argile.
Çà
terrain se modifie.
filons
des blocs intacts sont restés en
place ou ont été transportés par les eaux dans les bas-fonds. Les collines s'accentuent
formes moins amollies d'une épaisse végétation d'herbes ;
en bouquets leurs énormes
Sur vendre
la côte, les fibres la
feuilles
et
de ces palmiers ne manquent pas d'acheteurs. effort
disposent donc en abondance de matière première pour
dont
le
les
une
lessive de feuilles d'indigotier.
La
le vent. Ici,
il
n'en vient jamais. Aller Ils
tissage. Les rabanes qu'ils fabriquent sont
plante est
fils
de chaîne trempés à plu-
commune
et fournil la seule tein-
ture qui soit d'un usage courant. Faute de débouchés, les rabanes sont à bas prix; profitent
prennent des
Belanimena semblent incapables.
unies ou ornées de minces raies bleues, très espacées, obtenues par des sieurs reprises dans
et
d'arbustes émergent de hauts raphia évasant
penninerves, toutes déchiquetées par
marchandise aux exportateurs exigerait un
Au
de basalte. Plus loin
mes hommes en
pour renouveler économiquement leur garde-robe.
Peu après Sahandileny, nous nous éloignons du Mangoro en montant rapidement. Le second jour, nous atteignons l'altitude de -400 mètres à Imarivalo. Quoique l'étape ait été courte, quand
vers midi,
Rainivoavy
me
propose de m'y arrêter, je n'élève aucune objection. Depuis
la veille, j'ai la fièvre, et j'aspire
,
DANS LA VALLÉE DL MANGORO. à ne plus bouger, les
yeux clos
et les oreilles tranquilles.
[>o
Souhait difficilement
réalisai île!
Chacun
vient
me donner son avis, m indiquer son remède. Rainikoto veut me masser, méthode infaillible, selon lui, pour me rendre frais et dispos. Je n'ai pas grande confiance et je préfère prendre un peu de quinine. Pendant que je
nonce que sentais,
la
prépare,
la
le
propriétaire de la case
drogue ne produira aucun
m'en guérir:
il
effet;
m'a vu. en arrivant
en roule; c'est au meurtre dont
je
me
il
connaît
je suis logé, sourianl d'un air incrédule, m'anla
cause de
suis rendu coupable qu'est
au lézard des funérailles donl
ma
maladie
et
pourrait,
con-
si j'y
mettre dans un bocal d'alcool un lézard que j'avais ramassé
.
I
(liait faire
où
le
due
la fièvre.
Pour
la
chasser
il
fau-
me
sui-
BETS Afil
vieillard est prêt à
me
fixer loul le
cérémonial. Je
guéri en train de tenter l'expérience.
Le lendemain, je repars à peu près remis. Par des bois clairs conduit vers
la lin
de
la
journée au village de Sakalava dont
les
cl
espacés, un chemin accidenté
vingt-cinq cases sonl proches du
me
Man-
goro.
Ma chant
moins de monotonie que d'habitude. compose de deux gros tambours, d'un petil cl de quatre
soirée s'y écoule avec
chestre se et
l'uni
halte dès qu'un
Pour
battements de mains. logis en frappant
cl
morceau linir la
sursaute, réveillé par
J'entrouvre donc, avec toute case
:
à la clarté
je
Comme
de
la
bambou
la
la
à
un grand concert. L'or-
Les musiciens jouent en mar-
intermède quelques danse- avec chants
instrumentistes tournent, par deux
me couche. A
un vacarme formidable.
nature d'un accompagnement dont
gros morceau de
terminé. les
flûtes.
soufflant avec un redoublement d'énergie destiné à
Rassasié- de bruit, sinon d'harmonie,
ma
esl
fête,
J'assiste
C'est
noie unique
cl
là.
me
l'aire
mes paupières
autour de
et
mon
honneur.
que
je
deviner
la
sont-elles fermées
nu chœur, mais je n'arrive pas d'abord
à
variant seulement d'intensité se répète sans trêve.
discrétion que réclame
lune j'aperçois, près de
peine
l'ois,
la
légèreté de
mon costume,
la
porte glissante de
deux femmes tenant par ses extrémités un
lone- e|
sur lequel plusieurs de leurs compagnes lapent en cadence à tours de bras avec
VOYAGE
120
A
MADAGASCAR.
des bâtons. Los coups pleuvenl dru, tombant simultanément sur la lige sonore ou se succédant, rapides, d'après les exigences d'un rythme étrange que les musiciennes suivent avec
de leur entente de
la
mesure, autant que de
un ensemble qui témoigne
vigueur de leurs biceps. D'autres femmes, assises en rond
la
autour des premières, chantent à tue-tête une complainte aux innombrables couplets. En vain j'espère
que
mains fatiguées par
les
les trépidations
lâcheront
les
instruments, que
gorges desséchées ne
les
symphonie des gour-
laisseront plus passer la voix; grâce à de fréquentes permutations dans les rôles, la
dins se continue, implacablement, une grande partie de la nuit. Si je n'en avais eu qu'une audition,
passe encore; mais
dans d'autres villages, j'entends de semblables sérénades.
les nuits suivantes,
Ambalavero, village de médiocre importance, où
moins une mention, parce que assez industrieux.
ils
est l'exception
;
tissent des
ils
rabanes
et entrelacent
"
le
juin, mérite néan-
aux populations environnantes,
habilement
les
joncs pour façonner
cuisent la terre; les plats, les marmites et les autres ustensiles qu'ils fabriquent
comme
ont d'ailleurs peu de solidité,
usage
quelques heures
ses habitants se montrent, contrairement
Non seulement
des nattes, mais encore
je m'arrêtai
pour servir
la
plupart des poteries de Madagascar. Chez les Betanimena, leur
les aliments,
on emploie des feuilles de ravenala ou de longoza pour ;
préparer, des marmites en fonte de provenance européenne
ou américaine. Ce sont
les seuls
les
objets
d'importation qui pénètrent jusque-là, mais aucune case n'en est dépourvue.
Au moment
mon
de
passage, plusieurs habitants sont occupés à
la
fabrication
servent, pour extraire le jus de la canne à sucre, d'un moulin assez primitif fixé
:
un morceau de bois creusé d'une rigole terminée par un bec; au-dessus,
d'arbre auquel
ils
donnent à
la
main un mouvement de
du
betsabrlsa.
Us
se
sur de solides supports est ils
font rouler
un tronc
va-et-vient en le tenant par des taquets dont
il
est
muni. Les fragments de canne interposés sont soumis à une pression trop faible pour qu'on recueille à l'extrémité
du
compenser
le
11
du suc
liée la totalité
qu'elles contiennent.
rendement insuffisant de
existe, en effet, à côté
les villages
entretenues, mais l'espèce est très saccharifère
Sur
la côte,
soit
;
les plants
durent longtemps
et
subissent un
nombre
obligé de renouveler les souches.
des plantations plus importantes ont, à diverses époques, été établies par des colons qui
et la fabrication n'a été reprise
la vallée
abondante pour
de petites plantations de cannes. Elles sont mal
possédaient des sucreries. La plupart de ces usines ont périclité au
J'ai aussi
est assez
l'appareil.
de presque tous
considérable de coupes avant qu'on
La matière première
moment
île la
guerre franco-hova
qu'en quelques points.
noté à Ambalavero des parures dont je n'ai pas vu d'autres exemples. Partout ailleurs dans
du Mangoro,
les
indigènes,
quand
Là, l'anneau est d'un grand diamètre
en bois qui garnit
le
et
ils
ont les oreilles percées, y mettent un petit anneau de cuivre.
passe dans une ouverture pratiquée au centre d'une rondelle
lobule de l'oreille démesurément dilaté. Cet ornement est
commun aux deux
sexes.
Au
delà d'Ambalavero,
son débouché, pour d'aspect.
Au
le
le
Mangoro
guéer. Depuis
lieu des rapides et
reçoit le
un
affluent, le Volove, (pie
nous devons remonter
des cascades qu'il forme, presque sans interruption, danslazonc eôtière,
ce sont maintenant, séparées par des intervalles où l'eau coule tranquille, des chutes brusques sives.
passe
La première, en amont de Sakalava, la nuit, est
plus imposante;
rendus glissants par couloir étroit vertical
et
En
buée
il
(pie je
est
même
aval de
et
succes-
peu élevée. La seconde, voisine d'Anosiarivo, où
est difficile d'en
approcher
peux voir d'ensemble
la
et
masse des eaux
j'aperçois une autre belle chute dont
le
se resserrer d'abord elle fait
dans un
un saut
continent d'une large rivière de gauche,
le seuil est
je
ce n'est qu'en escaladant des rochers
sinueux, puis descendre avec fracas une pente au bout de laquelle
de cinq mètres. Le lendemain, après avoir dépassé
Manambondry, sur une
la
loin de
point d'où je suis parti le matin le fleuve a changé complètement
coupé par des roches en
saillie
le
formant,
ligne, trois déversoirs nettement séparés.
chaque chute,
verdoyants. Ailleurs, des
le
îles
se creuse d'anses profondes.
Mangoro
s'élargit
plus grandes
le
en un vaste bassin (pie remplit une multitude d'îlots
divisent en plusieurs liras.
La
rive se
coude fréquemment,
La suivre dans ses détours, sur un terrain tourmenté qu'hérissent
les pierres
DANS LA VALLÉE
•
et les
où
la
marche
in
M
10
\
condamnera n'avancer que
buissons, sérail se
voisines
M-
M
est
Pendant deux jours, nous passons par
la
pluie glisse en les
les
vents
MANGORO.
\\M-!Am\
el
Nous gagnons
plus variées. Quelquefois non-- traversons
imbibenl nos vêtements, puis soleil
les
dépassant
sou-,
.
A
chaque pas qu'on
fait,
on
A coud
la voit
Une population douce, mais paresseuse, où
maint iennenl
la
les
il
remuer
offrirait
peu d'intérêt
el
el
onduler
à
une grande dislance.
trop peu énergique pour tenter de sortir de
—
7'sij
mis;/
lii
n'y en a pas
.
l'étal
de misère
Anlimerina.occu pe les rares villages de cette région montagneuse.
ne
me
sérail
les localités qu'ils
me
dit-on
mière, celle que tout Malgache, pour s'éviter de
A la
désignent ne contien-
pas toujours possible. Le 10 juin, arrivant. dans un
groupe d'habitations qui ne me semble pas d'une moindre importance que son nom.
surface de l'eau
la
de ne pas s'arrêter, on peut marcher sur celle prairie
ion
Rapporter leurs noms, renfermant parfois plus de syllabes que nent de cases,
et clai-
côté des pentes arides, sur lesquelles
Dans certains d'entre eux, de multiples générations de
végétation.
la
lacis épais assez résistant.
et d'abrutissement
plananl au-
en franchissant quelques crêtes. Bois
plantes aquatiques, en enchevêtrant leurs racines vivantes ou mortes, ont formé à
flottante; à
el
îles
ravinanl profondément, des dépressions sans écoulement sont transformées en
marécages qui disparaissent
dormante un
(lune les hauteurs
descentes.
les
vallons encaissés se succèdent
el
127
n.
bien lentement.
les altitudes les el
dessus d'eux, nous allons un instant nous sécher au
cimes battues par
\
plus facile malgré les montées
nuages qui nous enveloppent de brume
rières,
Dl"
la
les autres, je
vérité ces deux mois constituent
peine,
l'ail
d'abord
à
la
m'informe de
réponse coulu-
une demande quelconque; mais
cette fois, elle esl définitive.
Ce
village
anonyme
est le théâtre
d'une vive explication avec mes hommes. Depuis plusieurs jours, je
remarquais qu'ils étaient escortés de gens du pays auxquels souvent que île
les borizana, afin
ils
presque tous mes porteurs avaienl des aides la
mes paquets.
Comme
il
arrive
de se reposer, prennent ainsi des suppléants qu'ils paient avec une partie
l'argent qu'ils reçoivent, je ne m'étais pas inquiété de celle
eux
confiaient
el
augmentation de personnel, mais
voyageaient en touristes,
les
à la fin
bras ballants, poussant devant
troupe auxiliaire qui donnait des preuves non équivoques de mécontentement. Rainivoavy, que
VOYAGE A MADAGASCAR.
128
me
j'interroge à ce sujet,
assez embarrassé, que les indigènes qui nous
dit,
mais une courte enquête m'apprend fort les
qu'ils ont tout
simplement été réquisitionnés. Faisant sonner bien
hautes relations que j'avais à Mahanoro dans
mon compte
a exigé la corvée pour
et
les
accompagnent sont pavés,
le
monde
Betanimena, avec
administratif antimerina,
commandeur
le
simplicité qui les caractérise, ont obéi
la
sans demander plus d'explication.
Mes remontrances ont produit involontaires ont disparu
leur
qui ordinairement n'a en main que
comme
sac de riz; et il
a
malgré un volume
endossé un costume de circonstance
roulé son lamba en ceinture
apitoyé par
le
Ce
soir-là,
suivant
le
et,
sur
il
drape en
repasse plis
le ballot
l'est
pierres et des racines.
Au
pas longtemps.
la
roule;
arrière à la recherche d'une pirogue.
d'un
il
a
constatant bientôt que je ne suis pas et
dissimule ses guenilles sous
et, le
lendemain, nous redescendons dans
embouchure
Il
En
à Tsaravinany.
la
Mangoro,sur
et le
en
la vallée
quittant ce village, nous
la
berge, qui parait assez
nous faut bientôt recommencerla gymnastique aumilieu des
bout de trois heures d'exercices variés, un gros rocher presque
base dans l'eau, nous barre
comme Au bout
il
est
impossible de
le
de trois autres heures,
d'une embarcation. Celle-ci se montre enfin, avançant lentement le
:
un camarade
à
nous engageons entre de raides escarpements broussailleux praticable, mais qui ne
et
harmonieux.
ruisseau jusqu'à son
petit
marmite
planté un chapeau de paille dont les bords effrangés
s'est
il
nous couchons à Ambohimanarivo,
cours d'un
Nos compagnons
Rainivoavy, lui-même,
camisole en rabane toute déchirée,
vieille
La transformation ne dure pas longtemps
qu'il
L'élégant
renferme des ressources inépuisables,
restreint,
au-dessus d'une
:
la tête,
spectacle qu'il m'offre,
blancheur de son lamba
rentré dans l'ordre.
est
sagaie, insigne de ses fonctions, s'est chargé d'une
la
sa garde-robe,
s'affaissent piteusement.
au départ, tout
effet et,
chacun, maugréant, a repris son fardeau
et
et
poli,
ils
qui a sa
hommes
tourner, j'envoie deux
en
reviennent m'annoncer l'arrivée
pour cause; tout un cédé manque
et
conducteur, à califourchon sur celle ruine, plonge dans l'eau jusqu'à mi-jambes. Le pagayeur avec
un passager,
dans une position combien commode,
et
de voyages, tout libre
le
monde
est sur l'autre rive
avec
les
c'est tout ce qu'elle
bagages. Chacun
a
peut porter, lui une douzaine
accompli des prodiges d'équi-
pour ne pas chavirer; nous tenions d'autant moins à prendre un bain, malgré
douceur de
la
température, que, pendant notre longue attente, nous avons vu plusieurs crocodiles s'ébattre au l'eau
ou
se vautrer
au
sur des
soleil
îlots
sablonneux.
l'embouchure d'un gros affluent de
droite, le
du Sandramora,
le
petit
ruisseau sur
En nous
Ranomainty,
bord duquel
est
et
Au lieu
parvenus, à
la
nuit close, en face de celle
d'Ambonandrano, nous en hélons
le village
ou moins îles
les
comme
élevés,
il
heu-
plaisir,
que
le
Mangoro
a de
nouveau changé
d'allure.
Au
plus bas, des sinuosités continuelles, de descendre par bonds, des gradins plus
coule directement du nord au sud dans un
lit
souvent divisé en deux par de longues
basses, mais débarrassé d'obstacles. Les berges de terre sonl presque verticales; on se croirait sur
bords d'un canal.
En même temps,
la vallée s'esl élargie.
Sur
la rive
où nous sommes, entre
qui, de loin en loin seulement, envoient jusqu'à lui des ramifications, s'étend
poussent que des herbes
couronnent
aux
est,
les
l'autre.
non sans un certain
réveil, je constate,
de décrire,
de
remettant en marche, nous passons devant
habitants déjà endormis pour qu'ils nous envoient une pirogue. Celle qui vient nous chercher
reusement, moins délabrée (pie
fil
la
les
hauteurs.
teintes vives,
et
Au bord de
l'eau, c'est
un gazon court
et serré,
montagnes
terrasse,
les limites
de
Là ne
la forêt,
émaillé par places de fleurettes
que nous foulons aux pieds.
Pendant plusieurs jours
;
une vaste
des arbustes, tandis que de grands arbres, formant
le
paysage conserve
difficulté matérielle n'arrête plus la
s'espacent
le fleuve et les
le
même
caractère,
la
roule reste aussi dégagée.
Aucune
marche, mais nous en rencontrons d'un autre genre. Les villages
plus d'un se réduit à trois ou quatre cases
et les
cases elles-mêmes se réduisent à des dimen-
sions tellement minuscules qu'elles sont peu logeables. Les indigènes voient avec terreur s'arrêter notre
troupe, dont l'appétit, avivé par de longues étapes,
trouvons à acheter que du
riz et
menace d'épuiser
souvent en quantité insuffisante.
leurs maigres provisions. A'ous ne
A Ambonamanambamba,
village placé
DANS LA VALLÉE DU MANGORO. deux kilomètres du Mangoro, près d'une
129
rivière qui
prend sa source au mont Iharamalaza et dont je jamais un voyageur délicat s'aventure dans ces parages, il l'évite soigneusement, à Ambonamanambamba donc, je me réjouis, en arrivant, de la présence inespérée de quelques poules; malgré des offres généreuses, leur propriétaire refuse absolument de m'en céder une; c'est assurément son droit, mais ce qui est abusif, c'est de me vendre, au prix fort, des à
bien
fixe
la
position pour que,
si
œufs qui ont
Pour
déjà été couvés.
sous
la
être renouvelée des
dent ne m'en paraît pas de meilleur goût.
jamais manqué de
Quand
Non seulement on m'en
provisions.
pas plus économique, puisque, à ces cadeaux,
n'était
argent.
A
ma
case
attachés par les pattes, une corbeille de
un long discours dans lequel
et,
riz,
dans
fallait
il
le
des bananes, du manioc
d'autres victuailles,
et
brodait d'éloquentes variations sur
il
à alimenter
le
mon
m'embarrassaient par leur abondance. Maintenant qu'ils m'auraient été
les
mains vides;
La pauvreté du pays que
que
stérilité
moyenne
et
personnel
la
souvent même,
et,
utiles, les
ne doit pas être attribuée exclusivement
je traverse
les
travail,
trop fréquente du sol s'oppose à ce que
jamais bien largement
m'adres-
orateurs venaient
les discours.
Sans aucun doute, avec plus de
tants.
il
thème uniforme fourni par
ils
je n'avais plus
de l'omelette craquant
le voisinage de la côte, je n'avais vendait, mais encore on m'en donnait, ce qui
malgache. Les cadeaux suffisaient généralement
politesse
j'étais
la vieille facétie
répondre au moins par l'équivalent en tampon-tanana -chef du village), assisté d'une délétandis qu'on déposait à mes pieds plusieurs volatiles
peine étais-je installé quelque part que
gation de notables, arrivait dans
sait
romans picaresques,
la
Betanimena en
et
de ses habi-
meilleur parti, mais
population qu'il nourrit actuellement
devienne beaucoup plus dense. <>n a
participe des avantages du littoral
tireraient
à l'inertie
dit
si
la
mal vive
souvent qu'à Madagascar la zone
du massif central: dans
le
bassin du Mangoro, elle en
réunit plutôt les inconvénients.
A
l'absence de ressources que nous offrent les points d'arrêt, est venu s'ajouter, pendant la marche, du mauvais temps. Un épais brouillard emplit la vallée, limitant la vue à cinquante pas. Il ne se
l'ennui
que pour
dissipe en partie
jours (pic,
trois
sortant de
le
la foret.
l.'i
De
se résoudre en
là j'envoie à
une pluie
fine et persistante; c'est
Sahamampany où
juin, j'atteins
Tananarive, par deux porteurs,
éclopé se joint au convoi. Les premiers viendront nous ralliera
Le lendemain, nous reparlons en longeant de l'eau
et
la rive.
leurs croupes se prolongent dans
de cascades. Dans
seaux. Le plus important est
Les habitants de Manakana sont plus
l'état
du
sanitaire
un mois auparavant en que
les collections
j'ai recueillies
village parait mauvais,
quinine qu'ils désignent par
le
nom
soigneusement bouché, dans
sera guéri. Ils préfèrent
un
Moramanga dans une semaine.
le
énorme rocher dont une face dénudée s'élève presque à que mes hôtes des jours précédents; en revanche,
civilisés
conséquence probable du voisinage de
de fanafody fotsy (remède blanc). Ailleurs
des opérations compliquées, d'enfermer l'avoir
;
Les montagnes viennent maintenant jusqu'au bord
la forêt
jusque-là ses effluves pernicieuses. Plusieurs indigènes, grelottants de fièvre, viennent la
depuis
elle
Mangoro en éperons granitiques qui y forment autant que nous coupons serpentent, parmi les bois touffus, de nombreux ruisl'Isahana qui arrose Manakana, où nous nous arrêtons l'après-midi. Les
les vallées
vingt cases de ce village sont bâties à côté d'un pic.
accompagné par
je m'étais déjà arrêté
le
mal dans une calebasse, puis auraient
le fleuve,
un fébrifuge;
persuadés
j'ai affaire à
(pie
s'il
ils
qui envoie
me demander
de
auraient tâché, par
jeté ce récipient, après
arrive intact jusqu'à la mer, le
malade
des esprits forts.
A Manakana, nous sommes sinon dans l'abondance, au moins à l'abri du besoin. En échange de mes médicaments, on m'a donné une poule, mais sa transformation en fricassée demeure longtemps hypothétique; pour
un jonc
le
flexible
moment,
elle se
promène encore avec
nœud
terminé par un
avance avec des ruses habiles ou
qu'il
ses
compagnes; Rainivokata
coulant qu'il tente vainement de
lui
la suit,
bondisse brusquement, d'un vigoureux coup d'aile
se sauve en gloussant dès qu'il l'approche, et elle se réfugie sous le plancher des cases suite devient trop acharnée;
il
piège et Rainivokata rattrape
faut le
la
déloger de
là
et
recommencer
la
brandissant
passer autour du cou; qu'il la
poule alerte
quand
la
pour-
chasse. Enfin elle est prise au
temps perdu en l'accommodant rapidement. Absorbé par l'élaboration 17
VOYAGE
130 d'un plat devenu inaccoutumé, l'ample ration de
préparé à
le riz
nous, en une bouillie molle
du
touche pas pendant
d'une boue rougeàtre,
comme
la
marmite
un bon coup de trique ne
si
sous
les côtes saillant
ils
mon
temps avant
peuvent.
Pourquoi
militaires ne sont pas nourris. le
pas pour remuer
n'est
la
peau,
chez
le cuisinier
les
A
Madagascar,
les
on n'y
le riz,
est prêt
il
case
la
en
les faisait fuir
hirsute taché de flaques
le poil
donne jamais.
errent autour des habitations quêtant une pitance qu'on ne leur
ils
eux de se débrouiller
Comme j'ai
après l'avoir couverte,
sel;
Ce
chiens qui, à l'aspect des préparatifs d'un festin, envahissent
les
gémissant plaintivement. Faméliques,
A
du
et
trois mètres.
vingt minutes au bout desquelles, cuit à point, resté ferme et blanc,
les
pour chasser
au risque de se brider, renverseraient
et,
comme
que transformé,
est bien meilleur
de l'eau
le riz,
armé d'une gaule longue de
feu,
à être servi, c'est
malgache
la
la
gluante par une coction exagérée. Sur trois des cinq pierres du foyer, on
et
une marmite dans laquelle on met, avec
s'assied près
cuisson de
la
qui en est l'accessoire obligé. C'est du reste peu compliqué, mais en dépit de
riz
simplicité de la méthode,
cale
abandonné aux mains subalternes de Hainikoto
a
il
MADAGASCAR.
A
fonctionnaires ne sont pas payés, les
chiens seraient-ils plus favorisés?
rendez-vous de Moramanga, je
me
détourne un peu de
ma
route pour
aller visiter un centre important du voisinage. C'est encore un Beparasy, celui-ci juché dans les monta-
gnes, tandis que
premier
le
mauvais sentiers de
était
nous
la forêt,
éminence entre une
rivière,
d'Antimerina l'habitent
et
au niveau de
me
commerce un gouverneur y
y font du
;
Comme
un accès de
non sur ses
Le 19
nous regagnons
juin,
passons sur
pango nous
gauche
la rive
nous sommes
un
me
A
en allant
le
petite
peine arrivé, je reçois de lui en sortir, je lui
voir
le
envoie une carte
lendemain, je remarque
regarde attentivement à l'envers. Cette altitude
mais sur l'étendue de son instruction.
bords du Mangoro par une pente plus douce qu'en venant
les
lendemain, après avoir traversé un large affluent,
et, le
Les cases ont
abri.
:
les
chevrons des extrémités
nous
;
Sahamarirano,
le
très allongés et figurant des cornes;
c'est dire qu'à l'intérieur elles sont
remplie de rats. Dès
les autres,
kolo vient
et la
réside.
m'empêche de
visite;
talents administratifs,
ce sont donc des cases antimerina
comme
une
Beaucoup
rizières.
une pluie battante; au bout de deux heures nous nous estimons heureux qu'Am-
pris par
offre
fièvre
ma
main, tant que dure notre entretien,
laisse des doutes,
partie se passe dans les
un ruisseau qui alimente des
et
avec quelques mots pour m'excuser de retarder qu'il l'a à la
En une journée dont une
mer.
atteignons cette ville d'une soixantaine de cases, bâtie sur
Sahanalakoho,
le
cadeau une paire de poulets.
la
qu'on reste
dégoûtantes. Celle où je loge
une minute en repos
est,
en sort de tous cotés. Raini-
il
montrer, navré, son chapeau qu'il a déposé un instant dans un coin
et
dont
le
ruban
graisseux est plus qu'à moitié dévoré. Les provisions destinées au repas du soir sont fortement ébréchées,
quoiqu'on fasse bonne garde.
Pour mettre à
ménage
ustensile de
position qu'il a
manche,
la
le tient
ouvert,
le
plateau supérieur
les
et
un parapluie, qui
et s'y
concavité, tournée vers
friandises accrochéesau bout. C'est la
viande
ou quatre broches servent à attacher
trois
dont
la
le
serait entièrement
les victuailles.
sol,
Avec
balançait au milieu de était
un peu court
remplacer un
et,
oreiller,
voyant poindre,
et
ma
fusil,
quins dont
les
Comme
fait
quand
j'avais fait
me
le
dans
la
les
la
rencontrent une surface la
tige centrale
donner, dans greniers à
le
et
les
même
but,
riz.
suspendre, pour dormir, à l'appareil qui se
à l'ordinaire, je m'étends donc sur
grâce à l'inclinaison que
mon
lit
pliant en toile; ce
lit
fabricant avait donnée à une de ses extrémités pour
quelques mouvements, mes pieds sortaient à l'autre bout. Les
croyant peut-être que leur blancheur, encore inconnue à Ampango, dénote une
succulence particulière, en chien de
case.
ils
ne leur permet pas d'atteindre
une autre application du principe qui
volonté du monde, je ne pouvais pas
toit,
en bois; à l'extrémité du
Les rats peuvent descendre par
promener, mais, arrivés au bord,
forme d'un entonnoir renversé aux chapiteaux des colonnes supportant la meilleure
indigènes ont inventé un
fruits, les
assez ingénieux. Qu'on se figure, pendu par une corde au lattis du
quand on
corde jusque sur lisse
de pareilles attaques
l'abri
mais
les rats qui grouillent
le
aux environs viennent
les grignoter. Je
sommeil amène une délente suivie de nouvelles morsures.
clous défient
la
me
recroqueville
J'enfile
mes brode-
dent des rongeurs, mais je ne suis pas plus tranquille; deux rats qui
DANS LA VALLÉE DU MAXGORO. folâtraient
dans une soupente au-dessus de
plancher et
me
dégringolent sur
mon
qui
me
hommes que
rappelait.
j'avais
Reprenant donc
Le pays Retanimena que
tombent par une des nombreuses fissures du
lil
la figure.
Après une nuit agitée, je gagnais en quatre heures rejoint par les
131
de Moramanga. Le surlendemain,
la ville
envoyés à Tananarive;
route ordinaire et connue, je rentrai,
la
je venais
comme
de parcourir, présente,
le
27 juin, dans la capitale.
on l'aura remarqué, des caractères
trop variés pour qu'il soit possible d'en donner une vue d'ensemble. Si. sur fertilité
du
sol et
l'exubérance de
végétation,
la
si
dans
parfois,
j'y étais
m'apportaient une lettre du docteur Catat
ils
la
côte, j'avais
admiré
la
l'intérieur, j'avais traversé des vallées
que le travail de l'homme transformerait aisément en belles rizières, bien souvent aussi j'avais rencontré des terrains stériles et impropres à toute culture. Quant aux forêts qui renferment incontestablement de grandes richesses, l'état actuel «les voies de communication les rend inexploitables. Le Mangoro n'étant, d'une façon continue,
Pour
les habitants, ils sont
grands défauts, mais lence.
navigable
ni
Ce sont des par
l'intérieur
le
doux
êtres passifs.
Ils
se
donnent
faire-
même
variée. Ils ne
et se
et
les
vivent dans une certaine
eu à
abondance sur
profitent
ils
<lu bois.
me plaindre uns comme les autres n'ai
quand
d'eux. Ils n'ont pas de
viennent de leur indo-
le littoral,
elles sont
misérablement à
favorables,
pas
peine de cultiver les légumes
la
sont pas davantage pasteurs la
et les fruits
bœufs sont rares
les
:
fabrication de quel, pics tissus,
ils
qui rendraient leur nourriture plus et,
seules, les volailles sont assez
n'exercent nulle industrie. Produisant
contentant des ressources, quelquefois bien faibles, du territoire qu'ils habitent,
aucun commerce. Sans doute, grande partie
à l'état de
la
pauvreté dans laquelle
dépendance OÙ
En terminant
le récit
de
les ports
aucun
mon voyage dans de Mahanoro
et
ils
la
effort
vallée
pour en
ne font
je
Tout en
constatant,
le
il
pour améliorer leur situation.
sortir et
du Mangoro,
de Vatomandry
ils
croupissent presque partout est due en
oui été réduits par 1rs Anlimerina.
ils
faut reconnaître que les Betanimena ne font
commerciales sur
qu'ils
et
elles sont
mauvaises, sans chercher à les modifier. Chez eux, l'agriculpousser, par des méthodes rudimenlaires. le riz nécessaire à la subsistance; ils ne
répandues. En dehors de
peu
jamais je
de circonstances dont
fait
acceptent avec résignation quand ture se borne à
ne peut pas servir au transport
et sociables;
possèdent peu de qualités,
ils
seul
ni flottable,
veux donner quelques notions
'.
Vatomandry. Les
villes
d'affaires
de
la
côte,
que Tamatave,
comme
par exemple Vatomandry, font, sur une petite échelle,
Elles ont
beaucoup moins de rapports maritimes
marchandises sont souvent importées soit
par des boutres caboteurs,
Vatomandry
a
soit
eu temporairement,
exportées par Tamatave: elles font
par des pirogues en suivant il
guerre avec les Antimerina, Tamatave
nombreux pour
et
était
surveiller toute la côte, le
les
même
genre
le
trajet
jusqu'à cette
lagunes, soit par
la voie
ville
de terre.
y a quelques années, une assez grande importance. Pendant la
bloqué parles navires français;
commerce
comme
ils
étaient trop
peu
extérieur se faisait par Vatomandry. Certains bâti-
ments ont gardé l'habitude de fréquenter ce port, mais Aujourd'hui
les
le
directs avec l'étranger. Les
seuls établissements importants de
ils la
perdent peu à peu.
Vatomandry sont deux maisons américaines
et
quelques maisons anglaises. Les négociants français y font peu d'affaires.
Le commerce général qui n'a clé soit
s'élevait
en 1890 que de
en deux ans une diminution de
en 1888
à
553 760
fr.
15
425 714
61
128 045
54
ou 23,1 pour 100 du chiffre ancien. 1. Mon compagnon de voyage, M. G. Foucart, était plus spécialement chargé, pendant notre mission, des renseignements commerciaux, industriels et agricoles. Il a recueilli de nombreux documents dans cet ordre d'idées et il les a publiés en un volume intéressant et instructif Le commerce et la colonisation à Madagascar, Paris, 189i; Challamel, éditeur. :
VOYAGE A MADAGASCAR.
132
Les importations qui se font par Vatomandry et dont n'offrent, ni
parleur nature,
le
montant
s'est élevé,
par leur proportion, rien de particulier.
ni
un rapport
exportations, qui sont, entre elles, dans
en 1890, à 280 038
n'en est pas de
Il
différant notablement de
fr.
40,
même
des
ce qu'on constate à
Tamatave.
Le raphia y
tient la place la plus
importante
:
73 314 francs (1890).
M AUANORO. Mahanoro, ou plutôt Androranga
—
militaire d'une cinquantaine de cases,
car
—
est
le
premier
nom
appartient à une
merçants non indigènes ne sont pas plus d'une douzaine; ce sont pour Français, originaires de la
la
plupart des Mauriciens; deux
Réunion, se trouvent néanmoins parmi eux.
Les marchandises importées sont principalement indirectement par d'autres points,
ment ou
administrative et
ville
une agglomération de 3 000 à 4 000 habitants. Les com-
cotonnades,
les
le sel et le
rhum. On exporte,
du raphia, des rabanes façonnées en sacs pour
le
directe-
sucre,
du
gomme copal, du caoutchouc et de la cire, ces deux dernières matières en petite quantité. A Mahanoro, comme dans la plupart des petites villes de la côte, les commerçants sont aussi planteurs.
riz,
de
Dans
la
la
région du Mangoro,
seront en pleine production,
ils
récoltent surtout la vanille, et
les
Evidemment, Mahanoro deviendra,
d'ici
à quelques
années,
en raison de sa grande valeur et de son faible poids qui
par terre,
En
elle s'écoulera
quand
probablement par
lui
le
principal
petit
centre de
frais
de transport
les ports voisins.
chaque commerçant possède
dépôt de marchandises européennes dans sa plantation;
indigènes contre des produits du pays.
vanille, mais,
la
permettent de supporter des
dehors de son établissement principal qui est à Androranga,
nairement un
assez récentes,
les plantations,
gousses préparées formeront un important article d'exportation.
De temps
à autre,
il
il
les
ordi-
échange avec
les
envoie un agent, d'ordinaire un métis
européen-betsimisaraka, avec quelques marchandises dans les villages situés sur les bords du Mangoro.
Ces marchandises, destinées à être troquées contre du
riz
ou du caoutchouc, sont transportées en
pirogue, mais, à cause des rapides et des chutes, cette navigation s'arrête forcément à une petite dis-
tance de
la côte. J'ai
suis bientôt trouvé
pu constater
les
conséquences d'un
tel arrêt, car,
dans des villages que ne visitent jamais
les
en remontant
commerçants
et
où
le
les
fleuve, je
péens sont presque inconnus. G. Foucart.
GROUPE DE FEMMES MALGACHES.
me
produits euro-
FAMILLE ANTIMEIUNA.
CHAPITRE V sur la peuplade des An limer ina. Les gouverneurs de l'ile Maurice Agissements britanniques. Civilisation apparente des Vntimerina. Roberl Farquhar. Quelques réflexions sur ce qui suivit notre expédition de 188S. Ce que vaul un protectorat ù Madagascar. Légende sakalava sur les origines des Aniimerina. Organisation politique et sociale de cette tribu. Les grands dignitaires. Gouvernement) armée, finances, juslicc. Ce qu'il faut faire à Madagascar. Pas de protectorat.
Coup
—
d'œil historique
Le piège de
-
—
sir
—
—
—
—
—
"aintenant que
M'
parcouru en détail
j'ai
ayant de continuer
lcni|is,
quelque peu
el
de parler, dans
le récit
1rs lignes
province de l'Imerina,
la
de
mon
nous permel d'observer
Madagascar explique
les
toul
voyage, de m'y arrêter
de comprendre
la
l'histoire politique de
si
naïvement tombés,
Il
Le lecteur
remonter quelque peu en
colonisation
esl
à
tendu
elle
nous
affaires étrangères. et
politique
«le
arrière.
certainement au courant de nos tentatives de
Madagascar
échouèrent toutes
a
politique néfaste, autant qu'absurde, suivie
faut, pour esquisser l'histoire naturelle
cette peuplade,
nous
elle
piège qu'elle nous
Madagascar par notre administration des
me
plateau de l'Ankova,
depuis de longues années,
visées de l'Angleterre, le
explique, surtout,
le
du plateau central de Madagascar,
dans lequel nous sommes
el
à
el
entière,
est
qui vont suivre, de ses habitants.
La peuplade des Antimerina qui occupe celle terrasse la |>lus élevée
il
si
au
wi
el
au xvn- siècle
malheureusement. Depuis
lors,
el
qui
de longues
années s'écoulèrent sans que l'on songeât davantage à Madagascar
NOBLE ANTIMEIUNA.
île,
et
il
faut arriver après 1813
pour retrouver, dans
de nouvelles tentatives françaises de
que commence l'action que nous voyons se continuer de nos jours encore, dernières, l'abandon de
l'île
par
la
France ou son annexion pure
et
et
la
grande
colonisation. C'est alors
qui aura deux solutions
simple à notre domaine colonial.
VOYAGE
134
Ce
qu'une
n'est
savoir
si,
affaire
MADAGASCAR.
A
de temps. La question capitale pour
pour arriver à l'une ou
mon
France, à
la
ces deux solutions,
l'autre de
il
lui faut
du moins,
avis
est
de
dépenser des centaines de
millions et faire périr quelques-uns de ses enfants. 1815, c'est-à-dire après notre grand
Donc aprùs
principalement, quelques autres de
île.
Mais l'Angleterre
Réunion
colonial, des Français, de la
Métropole mais moins nombreux, tentèrent de fonder des établis-
la
même
sements coloniaux à Madagascar, en
démembrement
temps
chargé spécialement de ce soin
veillait, elle avait
colonie, qu'elle venait de nous prendre près de
dans cette grande
qu'ils relevaient l'influence française
Madagascar
:
hommes
ce gouverneur et ses successeurs se montrèrent très habiles. Ces
savaient que nous n'admettons pas une opposition brusque
gouverneur de
le
nouvelle
la
Maurice. La vérité m'oblige à dire que
l'île
savaient nous prendre,
ils
franche, mais que nous nous laissons
et
facilement duper, surtout en matière coloniale, pourvu que l'on fasse appel à nos sentiments humanitaires.
Le gouverneur difficile
d'alors de
Maurice,
l'île
Robert Farquhar, entreprit donc
sir
la
lâche plus ou moins
de venir faire échouer nos projets de colonisation à Madagascar. Cet homme, très intelligent
et qui connaissait bien les
peuples malgaches, mit en œuvre un plan fidèlement suivi par ses successeurs.
Ce plan très simple consistait en ceci ou moins malléable, plus ou moins
parmi
:
les différentes tribus
docile, plus intelligente
que
de Madagascar en choisir une, plus soutenir aussi bien
les autres, l'aider, la
contre ses ennemis du dedans que contre ses ennemis du dehors, y propager l'influence anglaise, soit par des agents politiques, soit surtout par des missionnaires. Il fallait aussi habiller celle tribu à
l'européenne en
même temps
intéressante. Puis,
quand
des intérêts anglais, finalement était très
malgache qui peut Maintenant,
il
la
résumer
se
et
Madagascar
ainsi à
est le
il
tristesse,
non seulement nous nous y sommes
présideront à l'administration de Madagascar. La grande
Ils
beaucoup y ont
été cependant,
n'ont vu que celte petite peuplade antimerina.
rive n'était,
comme
il
l'île,
que de pauvres
nœud
de
Andrianpoinimerina
Radama. Par
cl
la
question
la
que ce plan de Robert Far-
laissés
empêtrer jusqu'alors, mais étrangères
les affaires
mais qu'ont-ils vu?
Ils
n'ont vu
lehibe
'.
que
et les
le travail
de l'Angleterre. Tanana-
chefs de cette bourgade n'étaient,
Cependant, grâce à l'appui de l'Angleterre,
ses cadeaux, à son or, ces lehibe de Tananarive étaient devenus d'abord rois des Antimerina citer
au mieux
africaine est bien loin, peu de gens con-
île
y a quelque cinquante ans, qu'un petit village,
partout ailleurs dans
civilisation, aurait
l'Anlimerina opposé à la France par l'Angleterre.
:
beaucoup de
encore nous ne paraissons pas devoir en sortir dans l'avenir; du moins tant que
naissent le pays à fond,
surtout la rendre
soulever contre la France.
faut ajouter, et je le fais avec
quhar a complètement réussi
fallait
fallait la travailler, la pétrir
il
bon, je viens de l'analyser dans ses grandes lignes,
me
il
dans un semblant de
celte tribu, habillée, éduquée, drapée
acquis une organisation sociale, plus ou moins rudimentaire,
Ce plan
Madagascar,
qu'elle deviendrait prépondérante à
force des choses, Tananarive
était
:
il
me
à
faut
donc devenue une grande
d'autant plus que l'Angleterre ne voyait à Madagascar que l'Antimerina et que les missionnaires
ville,
que
protestants, la bible d'une main, le pavillon britannique de l'autre, ne fréquentaient C'est justement ce qui explique
nuèrent à ne voir à
que nos premiers colons
Madagascar que
les
et
celle peuplade.
voyageurs, entraînés par l'exemple, conti-
Antimerina. Le plan de Robert Farquhar réussissait donc admi-
rablement, mais ce n'était pas tout.
Cependant que
les
années succédaient aux années, on voyait, au grand déplaisir de l'Angleterre, des
tentatives de colonisation française se
on
vit
une compagnie
d'un roi antimerina,
montrer encore à Madagascar. Sous Napoléon
se fonder ayant à sa tète
Radama IL Mais
l'Angleterre veillai! toujours, ses agents
et
n'avaient pas travaillé pendant de longues années la tribu des Antimerina pour voir jeter
1.
dans
les
bras de
la
France.
Chef de village; en général
:
Radama
chef,
II
III,
Lambert, qui avait su se mellre dans
venait conlre-carrer
personnage important.
le
principalement,
les
bonnes grâces
ses missionnaires
un de
ses chefs se
projet de Robert Farquhar,
Radama
II
.
LA TRIBU DES ANTIMERINA.
ANTIMFRINA.
FAMII.LF
devait mourir, ce ne lui pas l'on appelait à
se jeter
blail
massacrés, îles
Tananarive
dans
le roi lui
Antimerina,
il
de s'instruire aux
merina
'.
les
>n
«
1
Les agents anglais travaillèrent avec ardeur
;_:*.
vieux
le
e
bras de
la
135
par oppositition au jeune parti qui, avec
.
France. Une conspiration s'organisa,
les
le
mi Radama
II, II
seni-
furent
étranglé. Le principal chef des conjurés d'alors est aujourd'hui premier ministre
s'appelle Rainilaiarivony,
nombreux
damnée de
l'âirite
l'Angleterre. Je renvéie
A
appréhension en nous voyant négliger les Antimerina
el
protectorat de
la
moment, l'Angleterre
ce
lecteur désireux
le
commencements du royaume
ouvrages qui traitent de l'histoire des
côte nord-ouest.
le
Radama
partisans do
Je passe rapidement sur nus premières hostilités avec 1rs Antimerina, à
nous obtenions
antimerina que
le parti
anti-
suite desquelles
la
devait avoir
une
vive
nous occuper des Sakalava. Mais notre ennemie
héréditaire eut vite repris son assurance lorsqu'elle assista à notre expédition récente de 1883.
A
celle
époque, par suite de circonstances que
dition française lui
merina, de
les laisser grelotter
sur les hauts plateaux
points de la côte les plus à notre élions tellement enlisés
dans
le
convenance
le
à
de nous établir bien tranquillement sur
el
mon gouvernement, mais non me
rais fort
de voir la France tomber
Maurice, piège que nous appellerons pour
le
ô lecteur! ce n'est pas tout
dans
VOUS
(lie!
de
réjouir des hélises qu'il
naïvement dans
si
leur appartient pas
comme
souverain antimerina
allez voir
gouvernants continuent à faire à Madagascar
le
les
nous
le
l'île
cl
.
les
\nl imerina seuls.
comme comble
de
la
entière. Je suis Français, je puis
fait. Si j'étais
Anglais, je
me
gaudi-
piège que lui oui tendu les gouverneurs de
léguer à l'histoire la
que
lors de nol re cxpédil ion,
Madagascar,
critiquer
el
eût été 1res facile de négliger fi^ Anti-
rebelles à leur domination. Mais, un lieu de cela,
cl
Nous leur demandons de nous céder Diégo-Suarez qui ne nous reconnaissons
il
plan Farquhar, nous étions tellement bien pris, tellement dupés par les
menées anglaises que nous ne voyions
naïveté,
raconter dans un récit de voyage, uni' expé-
je ne puis
dirigée contre Madagascar. A ce moment
le
piège de Robert Farquhar. Mais,
suite avec quelle ardeur nos fonctionnaires el nos
jeu de l'Angleterre, au grand détriment des intérêts de
notre pays.
Après 1885, forte de noire protectorat,
la
France
jours fidèles à nos engagements, nous considérons
cutons à la lettre. Ile leur côté, les
Antimerina s'en
entendu ne l'exécutent pas. Nous avons donc règle, toute expédition qui se
1.
En
graphie 2.
Il
particulier il<'
aux deux
fait
livres suivants
:
lî.
I'.
donc des fonctionnaires à Madagascar. Ton.
comme nous moquent comme
liant
est
absolument,
et
nous
de leur premier lamba
celle expédition de 1885 en
termine par un protectorat
pure perte
5 .
Comme
el
l'exé-
bien
c'est la
une opération désastreuse.
Abinal, Vingt ans à Madaga car, et Henry d'Escamps, Histoire el géo-
Madagascar.
est juste d'ajouter qu'elle aboutissait à
gaspillés
établit le traité
pour montrer
à la
France que
laudi'.i-l-il d'hommes tués et de millions ne valent rien? D'ailleurs les protectorats nous ont été con-
un protectorat. Combien donc
les protectorats
VOYAGE A MADAGASCAR.
136
En
effet,
depuis dix ans que voyons-nous? C'est un pays de protectorat. Par conséquent nous respec-
tons l'autorité antimerina.
comme, dans
Dans notre
nous traitons avec eux de puissance à puissance,
naïveté,
tout protectorat aussi, les fonctionnaires français ne sont que des agents consulaires
accrédités auprès de ce qu'on appelle
même
sance, je dirai
cour d'Emyrne.
la
avec plus d'influence sur
1885, pour avoir,
déguisés sous
nom
le
auprès du gouvernement antimerina. Ce
que nous avons combattu
de résident pas
n'était
côté d'eux, et avec tout autant de puis-
gouvernement antimerina,
le
anglais, allemands, italiens, américains, de sorte
A
se trouvent des consuls
et
dépensé des millions en
vice-résident, des consuls et des vice-consuls
et
peine de dépenser tant d'argent pour arriver à ce
la
piètre résultat.
Déplus, pendant dix ans, mier
du poste
titulaire
et
généraux français de Madagascar emboîtaient
les résidents
ne voyaient dans
tribus insoumises n'existaient pas,
il
Légion d'honneur,
cadeaux
l'assassin de
II,
Ranavalona
reine
la
:
Radama
France; des pendules, des objets
Rainilaiarivony, est
verrai monter,
pour
le
ma campagne du
palais de la reine,
c'est l'usage. Elle contient
111 est nommée grand cordon nommé commandeur. On ne sait
de
la
quels
22 novembre, des présents arrivent de
le
des vases de Sèvres, vont s'entasser au Palais d'argent. Dans
d'art,
quelques mois, lorsque je reviendrai de
rue,
Antimerina seuls. Pour ces fonctionnaires, les moyen de prendre Madagascar, si l'on ne flattait
les
aux Antimerina. Chaque année, un peu avant
faire
comme
que
n'y avait pas
Antimerina. Conséquences logiques
les
l'île
pas au pre-
le
nord, avant de partir pour Fianarantsoa, je
une grosse caisse que tous
les
Malgaches salueront dans
la
un manteau royal en velours rouge bordé d'hermine. Ce magni-
fique vêtement vient de la rue Royale et coûte 11 000 francs.
Malgré toutes ces largesses,
les
Antimerina se montrent récalcitrants à notre protectorat; on a beau
France que tout va bien à Madagascar, je constate que tout va mal, pour
dire en
France bien
la
entendu.
Les affaires étrangères continuent leur système de cadeaux. Cela ne mord pas.
aux Antimerina une
me
je
batterie de
canons de campagne
:
quelle dérision!
rends bien compte de ce système de colonisation absurde
fonctionnaires continuent a faire plus dans
jeu des Anglais,
le
ils
et
sont pris
En
1892. on donnera
Dans mon voyage
inepte qui a
nom
:
à Madagascar-
protectorat.
Nos
font prendre la France de plus en
et
piège de Robert Farquhar; pendant que notre résident général obtient à grand'peine
le
droit de s'asseoir
au Palais d'argent,
nement antimerina, continuent
les
à guider cette peuplade
au mieux de leurs intérêts; pour nous, nous
continuons à faire des cadeaux. Le guillotiné par persuasion est un personnage qui n'est jamais
du domaine de
la fantaisie; c'est, je
le
agents britanniques, accrédités officiellement auprès du gouver-
crois,
même domaine
dans ce
qu'il faut
reléguer
le roi
sorti
nègre con-.
quis et protégé par persuasion. Telles sont fortement abrégées les réflexions
que m'inspirait à
colonisation à Madagascar. Avant de reprendre
au lecteur quelques pensées que aveugle que
la
je crois les
me suggère ma
récit, qu'il
au contraire que je
j'écris ces lignes
le
cette
me
époque
soit
l'essai
de nos tentatives de
encore permis de communiquer
connaissance de ce pays malgache
France y a inaugurée. Je vais parler de
serait très désirable
moment où
mon
fusse.
l'avenir
et
je
Oui vivra verra, a
et
de
la
politique
ne crains pas d'être démenti. dit la
sagesse des nations.
Il
Au
(décembre 1893», qui ne seront publiées probablement que dans deux ans,
pouvoir affirmer à l'avance qu'une expédition se fera dans quelques années pour venir forcer
Antimerina à respecter
le traité
coûtera fort cher. Quel en sera
probable qui
a,
le
de 1883. Je crois pouvoir affirmer, d'autre pari, que celte expédition
résultat? je ne suis pas prophète, je ne puis que donner
néanmoins, grande chance de se
réaliser.
Après celte expédition onéreuse
cl
une opinion qui nécessi-
scillés par l'Angleterre dans nos entreprises coloniales, pour les faire échouer et nous dégoûter à jamais d'en tenter denouvelles. Ce nouveau piège tendu par l'Angleterre où, conduits comme toujours parles affaires étrangères, nous avons
donné tète baissée, est d'autant plus redoutable que par un heureux hasard qui ne se représentera jamais, notre premier protectorat semble avoir réussi. Il n'en fallait pas plus pour que nous généralisions le principe des protectorats sans tenir
compte des peuples, des pays, des circonstances.
LA TRIBU DES ANTIMERINA. un grand nombre d'hommes, car forcément l'administration des
tera
comme
grossir,
137
affaires étrangères
à plaisir, la puissance des Antimerina pour bien démontrer que,
c'est
parce qu'elle avait à faire à forte partie; après cette expédition,
dire,
que fera-t-on?
dis-je,
si elle
aura intérêt à
n'a pas réussi,
qui réussira, cela va sans
semble être indiqué de ne pas continuer cette politique néfaste de protectorat dans laquelle les Anglais nous ont engagés. Il semble tout indiqué d'abandonner enfin ces Antimerina, nos ennemis à Il
Madagascar.
semble tout indiqué de nous mettre du côté des tribus insoumises, de diviser pour la main sur la grande île africaine.
Il
régner, enfin de mettre
Voilà ce qu'on devrait faire, mais voilà selon toute probabilité ce qu'on ne fera pas. Je crois que l'administration des affaires étrangères ne voudra pas amoindrir son prestige en
gascar à d'autres. Et je crois que, après
Farquhar,
la
future expédition, toujours fidèle au
abandonnant Madamot d'ordre de Robert
ministre des affaires étrangères d'alors viendra dire aux représentants de notre pays, qu'il faut continuer à protéger une race (les Antimerina), et le gouvernement, à celte époque, peut-être proche, le
viendra, j'en suis convaincu, après celte expédition, faire ratifier au parlement
non une annexion, mais
un protectorat. deux expéditions qui vont nous couler très cher en hommes et en argent vont nous conduireà ce de proclamer les Antimerina la race supérieure de Madagascar, de conquérir l'île à leur profit,
Ainsi, résultat
de dépenser notre argent, de faire tuer nos soldats pour leur plus grand bien, pendant que des consuls anglais viendront comme par le passé conseiller ces indigènes, les soutenir dans leur lutte contre nous.
On a dit bien souvent que les entreprises me rallier à celle opinion, j'attends pour établirons à Madagascar.
Dans
coloniales étaient mauvaises pour la France, je
l'adopter complètement
le
commence
à
prochain protectorat que nous
jamais on n'aura vu un peuple agir avec tant de légèreté, dépenser tant d'argenl verser peut-être tant de son sang pour arriver à un si petit résultat un les fasles
de
l'histoire,
.
:
protectorat à Madagascar après deux expéditions onéreuses. Mais, laissons là ces réflexions que je n'ai pu m'einpèeher de
ment de retenir
le
communiquer au
lecteur; je le prie seule-
plan Farquhar.
Celle ingérence de l'Angleterre, dans cette petite peuplade de Madagascar, va nous expliquer, d'une
façon très logique,
la civilisation
vue ethnographique, qu'en n'est
pas.
tenant entre tous les Malgaches pour une race vraiment supérieure; ce qui
Dans l'avant-propos de
Antimerina; je leur type
les
appareille des Antimerina que l'on ne comprendrait guère au point de
le
les ai
plus
rangés dans
commun,
le
cet ouvrage, j'ai déjà dit quelques
deuxième groupe
Ilova.
<le
pas correcte,
Dans
cet
l'histoire
ethnique des j'ai
donné
je renvoie le lecteur à ce chapitre.
Ces indigènes sont au nombre d'environ 80DO00,
nom
mots de
groupe malais), à côté des Betsileo,
(le
ouvrage
je n'emploie
ils
sont plus généralement connus en France sous
jamais pour
les
désigner cette appellation, en
le
effet elle n'est
désigne une classe spéciale du peuple, intermédiaire entre les nobles et les esclaves, ce qu'on pourrait appeler la bourgeoisie. L'appellation Antimerina est la plus exacte, la plus conforme elle
aux
habitudes malgaches,
merina est connue
chaque
tribu,
appellent
et
c'est la seule
qu'on doit employer. Dans
comprise. Mais
elle n'est
Ambaniandro (ceux qui sont sous
le
Amboa-Lambo
(chien cochon).
résumées assez exactement d'après Abinal «
Il
entière, celte
pas exclusivement adoptée.
chaque peuplade, a un mot spécial pour désigner jour
et les
différentes tribus Sakalava, les Bara, les Antaisaka, les lent
l'île
est très difficile
la tradition
les
On
dénomination d'Anli-
peut dire au contraire que
Antimerina. Ainsi
les Betsileo les
peuplades du premier groupe, c'est-à-dire
Antandroy,
et les
Antanosy
même
de donner les origines des Antimerina
;
les voici
sakalava, tradition qne j'emprunte au livre du R. P.
'.
Les
Amboa-Lambo
sont venus d'au delà des mers Le navire qui les portait se brisa sur les côtes de
Madagascar.
1.
les
les appel-
Vingt ans à Madagascar, par le R. P. Abinal.
ts
VOYAGE A MADAGASCAR.
138
Ces naufragés s'établirent d'abord près de l'Océan sans se mêler aux habitants du pays. La fièvre
«
faisait
parmi eux de nombreuses victimes, cependant
Les indigènes en furent jaloux
trée.
se multipliaient
ils
et leur suscitèrent
peu à peu
occupaient
et
con-
la
d'abord de minces querelles, qui se changèrent
plus tard en combats meurtriers.
Amboa-Lambo
«
Les
«
Or un
nombre tirent
jour, après
furent vaincus et presque exterminés.
une sanglante
était fort réduit alors;
donc vers
Ils
ils
prirent
de se retirer vers l'intérieur de
hommes
trouvèrent l'un et l'autre vers
le
ils firent la
leur
l'île;
en état de porter les armes.
par-
Ils
recherche d'une terre plus paisible et
et leurs enfants, à la
rapidement. Plus tard,
s'y multiplièrent
le parti
n'y avait peut-être pas cent
avec leurs femmes
le désert,
d'un climat plus salubre. région et
il
défaite,
du pays;
centre
ils
se fixèrent clans cette
guerre à leurs voisins pour s'emparer de
leurs troupeaux et de leurs terres.
Des hommes sages, venus aussi d'au delà des mers, ont aidé
«
ont été vainqueurs
ils
ces
combats où
.
Ces Amboa-Lambo sont venus à Madagascar après
«
Amboa-Lambo dans
les
l
Silama (Arabes musulmans)
les
et ils
ont été
les
amis des Karany (Indiens). Tel est
«
fond du
le
on voit assez
récit sakalava;
locale; son origine est d'ailleurs fort ancienne
parmi
manque
ne
qu'il
les tribus
ni
de l'Ouest.
La mention des hommes sages, venus d'au delà des mers, qui ont aidé
«
combats, aurait bien pu être ajoutée à une date postérieure, pour signaler à
Radama
I
du vn c
«
siècle, est
pour nous tout à
fait certaine,
Ces Karany ou Indiens, avec lesquels
Madagascar. Nous pensons plutôt
du
leurs
concours prêté par les Anglais
les
mais
que
Antimerina auraient est
Il
fondus avec
qu'ils se sont
l'on fixe assez
communément
à la
rien ne l'indique clairement.
amitié, sont
lié
peu probable
probablement des
tra-
qu'ils aient ensuite quitté-
Amboa-Lambo ou avec quelqu'une
les
des
littoral. »
Dès que
l'on
examine de près
çoit bien vite qu'elle
conservé
Amboa-Lambo dans
.
fiquants venus à la côte ouest à une date assez récente.
tribus
le
les
er
L'arrivée des Antimerina, après celle des Silamas ou Arabes
«
fin
de patriotisme ni de couleur
comme
les autres la
d'une éducation qu'on
et
que
observe attentivement cette tribu des Antimerina, on s'aper-
l'on
somme
ne diffère guère en
lui
langue,
des autres tribus de Madagascar. Ces primitifs ont
usages, les habitudes de leurs pères sauvages; mais par suite
les
a donnée, par suite d'imitation d'usages étrangers (l'Antimerina imite parfai-
tement), cette peuplade des hauts plateaux a pris au contact prolongé des Européens un vernis de civilisation bien plus
rudimenlaire,
elle
apparent que
réel,
que
actuelle,
;
mais, masquée par cette couche
semble cependant toute différente des autres peuples malgaches ses
chapitres précédents, en parcourant fois
bien plus superficiel que profond
j'en avais l'occasion.
usage nouveau
Il
me
le
pays
j'ai
reste à dire quelques
qu'ils tiennent, je
voisins.
Dans
les
raconté les vrais usages, les antiques coutumes, chaque
mots de leur organisation sociale
m'empresse encore de
le dire,
et politique
en entier, des étrangers, des
Anglais principalement. Mais ces usages nouveaux, ces coutumes étrangères sont toujours suivis par l'Antimerina avec un ridicule achevé n'était
:
on
nous nous sommes
laissé
prendre
un gouvernement absolu,
1.
hymme
Cette phrase de
il
la
les
duper dans
la
grandes nations, est de penser que nous,
l'on
il
n'est pas fait
pauvres,
hommes
lois
comme
rythme
pour
les sujets.
les autres.
libres, esclaves, la
Le monarque antimerina, grâce à nous,
national, chant sacré à
les premiers,
plus large mesure. Le gouvernement des Antimerina
du souverain sont des
est beau,
et roturiers, riches et
l'objet d'un véritable culte.
ont joué un
et
les volontés
sacré; quels que soient ses traits,
Antimerina nobles
lui
si
pas arrêté par un certain sentiment de tristesse. Ce sentiment qui nous empêche de nous amuser
franchement de ces nègres orgueilleux, singeant
est
bien de voir ces nègres jouer à la grande nation
rirait
lent
que
les
légende sakalava est particulièrement remarquable.
est
De
Ce monarque
la part
de tous les
personne du souverain
devenu une majesté,
est
les
est
Anglais
Antimerina appellent Sidikina parce
TYPES ANTIMKHIN
\.
LA TRIBU DES ANTIMERINA. entendu
qu'ils ont
choisi
dans
Anglais parler de ce God save the Queen.
les
la famillle
A
141
côté du souverain
homme
ou femme
des anciens rois, on trouve un autre chef nègre qui ne porte pas
le nom de roi (Mpanjaka), mais celui de premier ministre. Ce ministre, qui n'a pas de mots malgaches pour se désigner, s'appelle « Prime minister sy commander in chief ». Le premier ministre est assiste d'autres ministres '
dirigeant les divers départements.
Voici quelle était en 1891
la
composition du gouvernement anlimerina,
fréquentaient au Palais d'argent. Je copie textuellement celle
voyage à Tananarivc, par
liste
la liste
des grands chefs qui
publiée en 1801, lors de
mon
premier
Friend'sforeign mission Association.
la
NY FANJAKANA MALAGASY. Le gouvernement malgache Ranavalomanjaka
trice des lois
.
Mjanjaka ny Madagascar, sy Mpiaro ny Lalariny Taniny,
III,
And' ra sy ny silrapon'ny vahoaka Mpanjaka Tamy ny
Ranavalomanjaka
5
III,
reine de Madagascar, par
du royaume,
etc., etc.
Couronnée ou
el
noho ny fitahian
22 novembre 1883. grâce de Dieu
la
sacrée
le
Rainilaiarivony, premier ministre sy commandant en chef, Rainilaiarivony, premier ministre
etc., e/r.,
commandant en
'
el la
volonté du peuple,
el
protec-
±2 novembre 1883.
rie., etc.
chef, etc., etc.
knliincti-a \ cabinet. Rainitsimbazafy,
/"> Ira.
0.
P.
I).
'
Lehiberiny mpanao raharaha
momba m/
Ati-tany.
Rainitsimbazafy, 1S IL. Officier du palais, ministre de l'intérieur. Rainisoa (Ravanomanana)
Rainisoaravanomanana 18 S. A.
II.
S. A. R.
Ratsimamanga
Ratsimamanga
Printsy
ira.
l.'i
II
P.
/>.
.)//'.
Chef des aide- de camp du premier minisire.
IL.
I :>
Lehiberiny
Ira.
.'>
1
/>.
I'.
M.
Prince aide de
1
.
camp du premier
minisire.
S. A. R. Razafimananlsoa. Printsy Lekiben 'ny Fitsarana. S. A. R.
Razafimananlsoa. Prince-ministre de
la
justice.
Ratsimisampy, Andriambaventy.
Ratsimisampy. Grand juge. Rainimanantoanina. Andriambaventy.
Rainimanantoanina. Grand juge Rama/iatra, 15 Ira. Lehibe
Ramahatra,
!.">
II'.
Razanakombana,
1.
et
% est
le
seul
commandant en
Minisire de
/.">
Razanakombana,
amy ny
l.'i
la
Ira. 0. D. P.
Miaramila.
guerre. Lehibe
amy ny raharaha momba ny
lalana
IL. 0. P. P. Minisire des lois.
mot malgache
intercalé
dans celle appellation anglaise,
c'esl noire
conjonction
el
premier ministre
chef.
Le gouvernement antimerina ne manque jamais en toute circonstance de s'intituler gouvernement malgache. Il le monde, personnifier Madagascar. Il est triste de dire nue ces prétentions que pourtant rien ne vient justifier sont admises sans conteste par le gouvernement français, au grand contentement de nos lion- amis les Anglais. .1. Il est très intéressant de voir .es sauvages qui. il y a cinquante ans à peine, adoraient de pelits morceaux de bois, dire aujourd'hui que leur souverain est reine par la grâce de Dieu. Il ne leur manque que d'ajouter: par la volonté du peuple. i. Le mot Kabinetra est entre plusieurs centaines un exemple des mois nouveaux donnés aux Antimerina par les mis2.
prétend, pour tout
sionnaires et les agents britanniques. ''<
Ces
f>.
t).
sont les initiales des trois mois français Officiers du Palais. trois initiales des mots suivants Decany prime Minister. Decany (y à la On d'un mot ne se prononce généralement pas en malgache) est encore de ces mots baroques empruntés par les Antimerina à notre langue. Ment de aide de camp. Chacun des grands dignitaires antimerina a un grand nombre d'aides de camp. Ces officiers ont pour principale mission de faire la cuisine de leurs supérieurs, de porter leurs bagages, de pourvoir à leurs besoins. Cette position de decany, 1res recherchée et qui exisle en grand nombre dans l'armée antimerina, vient augmenter encore le nombre des non-combattants de celle force dérisoire. Sans compter que ces ailles de camp primitifs trouvent un protecteur naturel dans la personne de leur maître et seigneur. trois lettres
P. M. sont les
:
:
:
VOYAGE A MADAGASCAR.
142
Radadanohatra,
5 tra.
1
H
Radadanohatra, 15
ou Ratsimanohatra.
r
amy ny Mainty Enindreny.
Rainiasitera, 15 tra. Lehibe
H
Rainiasitera, 13
Chef de
r .
noire (littéralement
amy ny raharaha momba ny
Andriamifidy. Lehibe
Andriamifidy
la caste
Ira.
D. P. M.
Ramaka,
H''.
Aide de camp du premier ministre.
Rainibemananlsoa, 14
Ira.
Rainibemanantsoa, 14
H
Rajoelina, 13
Rainitsimba,
II
r
.
D. P. M.
du premier ministre.
Fils
.
P
D.
ira.
1 1
D. P. M.
r
Zanaky ny P. M.
Ira.
Rajoelina, 13
chef des noirs de 6 mères!).
Ministre des affaires étrangères.
'.
Ramaka, 15 15
:
Vahiny.
M.
D. P. M.
Rainitsimba,llH
r
Rainimalanjaona,
1 1
.
ira. 0.
Rainimalanjaona, 11
H
p .
D. P.
du
Officier
palais.
Ralsarahoela.
Ratsarahoela. Ravelojaona.
Ravelojaona.
Rajahonah.
D'.
Rajahonah. Docteur. Rainimahatafandry. D. P. M. Mpanao raharaha amy ny Vahiny. Rainimahalafandry. D. P. M. Employé au Ministère des affaires étrangères.
Mpanao raharaha Isan-Toko Avry.
Membres du gouvernement chargés de I
IVu J
amy' nu J
militera
l \
:
,
,
,
:
.
H
r .
H
Andriamifidy
Rahûzafimanfja
r .
O. D. P.
sy.
i0lra
^
étrangères
:
] (
:
,
tra.
r
Rainitsimbazafy, 15
j
les affaires
Fitsarana
H
Radadanohatra, 13
(
Pour
-
,
Radadanohatra, lo
t
:
Ira.
,
Rainilsimbazafi, 15 tra. 0. D. P.
l'intérieur
N}] Vahiny
n
i
:
(
Ny Ati-Tany
Ramahalra, 15
Ramahalra, 15
{
Pour la guerre
Pour
:
l'administration intérieure du royaume.
_
/>.
p.
,)/.
Andriamifidy. .
.
Raimzafimanga, 10
IIr
ri*.
(
5. A. R. Razafimanantsoa. Printsy lehiben ny Filsarana.
<
Rainimananloanina, Andriambavenly,
[
Ralsimiseta, 13 tra. 0. D. P.
plus pauvre des fonctionnaires du Palais. Ministre des affaires étrangères des Anlimcrina, est le d,. 1885, juste au moment où les Antimerina s'engageaient traité notre depuis possède qu'il Malgré un titre pompeux des relations extérieures, Andriamifidy ne peut guère voler 1 arenvers nous à ne pas avoir de fonctionnaires chargés petits métiers. C'est ainsi que 1,' jour du fandroana, lorsque les quelques a il vivre Pour concitoyens. ses gent de s'empressr au-devant d'eux et les débarrasse de leurs parapluies et de leurs étrangers viennent assister à la cérémonie, il émoluments de ce grand fonctionnaire antimenna. cannes en sortant il reçoit quelques pourboires. Ce senties seuls sous les apparences d'un concierge. 11 porte consmes yeux devant toujours revient Andriamifidy Dans mes souvenirs, son oreille gauche. chatouiller soie vient de tamment une calotte ,1e velours noir dont le gland 1
Andriamifidy
le
LA TRIBU DES ANTIMERINA. Son Altesse Royale Razafimananlsoa. Prince minisire de Pou,
la justice
Ralsimiseta, 13
Lalana
Pour ,,
Razanakombana, 15
:
les lois .
,
,
: ]
_,
,
Trésor public
\ '
:
] (
Sekoly
-
O. D. P.
.
D. P. II
r
O. D. P.
.
Rainimalanjaona.
(
...
15
r
Rainandrianary Andriambavenlu.
(
Volam-panjakana
H
tra. O.
Razanakombana,
:
la justice.
Rainimananloanina. Grand juge.
1
:
143
D. V.
tra. 0.
1 1
Rainandrianarv. Grand-juge. " J & Rainimalanjaona, II H r O. D. P. .
Rakoto sy Radoara.
:
Instruction publique.
Mpiambin'Andriana
:
{
Randrianary, 12
tra.
Rafaralahisi foira,
12
tra.
Ramandiamanana, 12
tra.
Raobera, 12 tm. Rainoboto, 12 Ira.
Gardes de
reine
la
ou Chefs des gardes royales
Randrianary, 12
l
Rafaralahisifotra, 12
<*
Ramandiamanana, Raobera, 12
:/
:
:
H
r .
12 IP.
II'.
Rainiarivo, 12 IP.
:
Rainizafy, 12 tra.
Chefs des courriers de
Masombika
.
Rainiarivo, 12 tra.
:
Chefs des corps des Sagayeurs
Tsimandoa
r
Rainoboto, 12 IP.
\
Mpitan-Defona
H
I
reine
la
Rainizafy, 12 IP.
:
Rainilaionina, 9 tra.
Chef des Moçambiques
Rainilaionina, 9 IP.
:
Ny Mpanolo.
l'saina.
Conseillers du gouvernement. Rainisoa, 15 Ira.
P. M.
I).
».
Rainisoa, 13 IP. D. P. M. «S'.
.1.
R.
S. A. R.
Ratsimamanga,
I
5
Ratsimamanga, 15
Itadilofcra.
Ira. Printsu.
H
Zanaky ny premier
r .
Prince.
ministre.
du premier ministre.
Radilofera. Fils
Rasanjy, li ira. Secrétaire privé du premier ministre.
Rasanjy, 14 IP. Secrétaire privé du premier ministre. Randriantsilavo, li Ira. 0. D. P.
Randriantsilavo, li IP. O. D. P.
Rcnibemananlsoa, 14
tra.
D. P. M.
Renibemanantsoa, 14 IP. D. P. M. Marc Rabibisoa, 1 Ira. D. P. M. sy .'(
Marc Rabibisoa, 13
secrétaire particulier.
IP. D. P. M. et secrétaire particulier.
1- Ces fonctionnaires qui sont chargés des finances de l'État jouissent de Trésor public n'existe pas. - Sekoly vient de École.
la
plus douce des sinécures, puisque
le
:
Ces conseillers du gouvernement n'ont absolument rien à faire pour beaucoup de raisons, d'abord parce qu'il n'y a pas de gouvernement, et ensuite parce que si on leur demandait leur avis, ils se garderaient bien de le donner. i.
.
.
VOYAGE
144
Rasoa Rainiharisoa, 12
MADAGASCAR.
\
tra. Secrétaire particulier, etc., etc., etc.
H
Rasoa Rainiharisoa, 12
r .
Secrétaire particulier, etc., etc., etc.
Ny
Andriana.
Chefs de
Ralsimamanga, là
Zanak' Andriana
:
Zanakandriana
S. A. R. Ralsimamanga, 15
Zazamarolahy
:
:
S. A. R.
la
'.
H
1
noblesse.
Ira.
Printsy.
Prince.
'.
Zazamarolahy. Rasehenolahy.
Rasehenolalvj
2° Caste.
Andriamasinavalona
:
Ravelonanosy.
Andriamasinavalona
Ravelonanosy.
:
3 e Caste.
Zanatompo
:
Zanalompo
Razakavahy.
¥ Zanakambony
:
Zanakambony 5
e
Andriandranando 6''
Zanadralambo amin, Andrianjaka
Rabedasy.
:
Rasoamanana.
:
Casle.
Andriamamonj y
:
Razakavahy.
Caste.
Rasoamanana.
Andriandranando
:
:
Andriamamonjy.
Casle.
Zanadralambo
et
Andrianjaka
Rabedasy.
:
7 e et 8° Castes.
Voilà fidèlement reproduits et littéralement traduits les fonctions, les titres
jaompeux dont
les
noms des principaux dignitaires
Anglais se plaisent à
antimerina, leurs
grotesques que
les affubler; appellations
l'Annuaire du protectorat publiait à Tananarive par les soins du résident général de France, copiées reproduites d'après les presses évangéliques. Je laisse au lecteur
de se former une idée de cette peuplade antimerina sauvage
le
comme
les autres,
mais où
les tentatives
anglaises ont mélangé avec une rare patience les apparences d'une civilisation avancée avec barbarie. C'est
donc cet
comme par le passé donc que comme par le que
état
et
soin de conclure, je lui laisse le soin
un fond de
de choses que nous voulons continuer à Madagascar. Nous voulons donc
ce gouvernement ridicule subsiste, s'accroisse
même en
puissance.
Nous voulons
passé toujours, les agents britanniques viennent conseiller ce peuple protégé
par nous au prix des plus grands sacrifices. Avec un protectorat, nos millions dépensés, nos soldats ensevelis à Madagascar, toutes nos pertes en
aux
intérêts français.
même
un mol auront
Les Anglais continueront à avoir
la
servi à perpétuer
haute main sur
dans une colonie française? L'administration des colonies n'a pas
un
état
de choses néfaste
Antimerina!
les
comme
En
serait-il
de
celle des affaires étran-
gères l'habitude de se laisser mener par les agents britanniques. Madagascar doit être colonie française.
un jour, mais
Elle le sera
Voici succinctement
le
nomme
à quel prix!
fonctionnement normal du gouvernement antimerina. Le premier ministre
à son caprice qui
bon
tout-puissant,
il
Tananarive.
est plus vrai de dire qu'il les
Il
cependant être persona grata
chaque province le
même
et surtout être
est administrée par
Annuaire de Tananarive
Rainandriamampandry,
1.
lui
semble pour occuper
vend au plus ollVanl
charges
fictives
de
nommé
des gouverneurs de provinces mise au courant en 1891
Randreza, 10
Mahasoa (Soamandrakisay).
Ce sont
tra
les initiales des trois titre
mots français
:
Toamasina (Tamatave).
Vô tra
Yatomandry.
S. A. R.
cour à
parle premier ministre. Voici encore d'après
Rakotovao, 10 tra
résidents généraux gratifier du présents.
la
L'acheteur doit
de bonne paye. Puis à côté de ce gouvernement central,
un gouverneur
la liste
les
et dernier enchérisseur.
est
:
Son Altesse Royale. Il est vraiment très curieux de voir nos nous acharnons à combler d'honneurs et de
d'Altesse Royale des nègres que nous
LA TRIBU DES ANTIMERINA. Rahaga, 12
tra
Rantoandro, 10
143
Tanimandry (Andovoranto). Mahavelona (Vohimarina
tra
.
Rainizanamino, 9
tra
Ramiaramanana, 9
Ira
Tsarasaotranitompony.
Rainizanahoera, 11
tra
Vbhimasina (Fenoarivo
Rainikctamavo, 10
tra
Rainingavelo,
Ira
12
Rainimandranto,
.
Saomianina.
11 tra
Rabesandratana, 13
Ira
Maroantsétra.
Rainivoavy, 12 Ira
Raharinosy, 12
Vohijanahary.
tra
Andrianantony, 12 tra Rainisoa Rabetontonana, Rafaralahitsimandresy, 12
Ramanandray,
11
taonibe Ambohitsara 11
.
tra
tra
Iharana.
tra
Ratovclo, 13 Ira
Ramambazafy,
18 Ira
Rafaralahidimy, 10
tra
Rainimarobandro, 8
tra
Mojanga Majunga). Maevatanana (Ambodiroka Vntongodrahoja.
Rainijaobelina, 10 tra
Mahabo Avar
Rainivoanjo, 12 tra
Marovoay.
Andriantsiferana, lo
tra
Malatsy.
Andrianaivotraika, Tira
Kinajy.
Andriantseno, 9
Morokoloy.
Andriambelo, 8
Ira
.
Vmpotaka.
Ira
Rafaralahitsaroana, 8 Ira
^ndrova.
Rainisoa, 7
Unbodiamontana.
Ira
Ratsimihala, 9 Ira
Vnkoala.
Rainitandra, 10
Beseva.
Ira
Rainibemolaly, 8 tra
Vmparihibe.
Ramiandravola,
\jnberolia.
Rakotovao, 13
Il tra
Ira
V.norontsanga.
Rabesihanaka, 12 Rainizanaka, lo
Ira
^mbodimadiro.
Ira
Rainilaikely, 10 tra
Vnkaramy.
Randriaiiarv, 9 Ira
Vmpasimbitika.
Rainimanambahy,
s Ira
Razàfîndrazaka, 12
Ira
Vndranomalaza.
Mahabo.
Ratiaray, 11 tra
Andakabe (Amorondava
Rajafimbolo, 12 tra
Mania.
.
Andriamarovony, 12
tra
Faradofay (Fort-Dauphin).
Ralaimandanona, 12
Ira
Vangaindrano.
Rajaona, 11 tra
Mahamanina.
Rabcnjamina,
Vohipeno.
11 tra
Andriamanisa, 10 Radavidra, 12
Ira
tra
Mananjara.
Rakolo, 11 Ira Rainisolol'o, 12 Ira
Mahanoro. l'J
.
VOYAGE A MADAGASCAR.
146
Rainiketabao, 14 tra
Fianarantsoa.
Rainimakaola, 11 tra Rainizafy, 10 tra
Kalamavony.
Rabanona, 11
Fanjakana.
tra
Andrianaivo, 9 tra
Mahazony.
Andriamaro, 11 tra
Ambohimandroso.
Rananambahoaka, 10 tra Ramaniraka, 14
Tompoamanandrariny
tra
Rainitsara, 11 tra
Rasamimanana, 10
Malainbandy.
Ira
Tremo.
Ranidrampy, 8 tra Rakotovao, 9 Ratsima,
(Ihosy).
Midongy.
Janjina.
tra
Ambohinoma.
7 tra
Razafintsalama, 13 tra
Fierenana.
Rabeony, 12
Ambatondrazaka.
tra
Andriamikato, 11
Razakasoa, 11
Ira
Ramanilra, 10
tra
tra
Amparafaravola. Befandriana.
Rainizaly, 10 tra Rainitsizafy, 14 tra
Mandritsara.
A. Ramanitra, 11 Ira Rafaralahinantsa, 11 tra
Marotandrano.
Rainialy, 11 tra
Ankavandra (Miadanarivo).
Rainisoahita, 9 tra
Manandaza.
Rainisoatsifa, 9 tra
Analabe.
Rainibenaivo, 10 tra
Bevato.
Rakotovao, 10 tra
Tsiroamandidy.
Ratrema, 11 tra
Moramanga.
Rainimanarivo, 11 Ira
Ramiakatra, 10
Ratsimba, 10
Belanona (Anosibe).
tra
Betafo (Vakin 'Ankaratra).
tra
Rainijaonary, 11 tra
Nanatonana.
Rainisoavahia, 12 tra
Ambositra.
Rasoamanana,
11 tra
Ambohinamboarina.
Rainizanama, 11 tra Radaniela, 11 tra Ratsarahoela, 10 tra
Soavinandriana.
Ravanarivo, 13 tra
Ambohimanga
Ces gouverneurs de provinces, de
villes,
(Atsimo).
de villages, sont indépendants les uns des autres et reçoivent
directement leurs ordres du premier ministre de Tananarive. Avec ces gouverneurs sont d'autres
dont
le
premier, qui a
le titre
de
commandant en second
(lefitra),
officiers,
a pour principale mission
non de
suppléer au gouverneur, mais de l'espionner, et de rendre compte de ses faits et gestes au gouvernement central.
Telle est dans ses grandes lignes l'administration générale des Antimerina
:
à la tète, à Tananarive,
autocrate, le premier ministre; à l'extérieur, des gouverneurs qui dépendent exclusivement de terai
pour
nommé
être complet
lehibe,
que dans chaque
village,
dans chaque hameau,
il
lui.
un
J'ajou-
y a un chef de l'agglomération
Sakaizambohitra ou encore Anlily. Ces petits chefs de villages ne sont que les vestiges des
LA TRIBU DES ANTIMERINA.
147
anciens chefs de villages qui existaient autrefois clans toutes les tribus de placés sous l'autorité du gouverneur de la province ou du
Ces agents subalternes
l'île.
commandant de
la ville
principale dont
ils
sont proches, font exécuter les ordres des gouverneurs et des commandants. Telle est la description la plus simple
Le pouvoir que
j'ai
législatif ainsi
que
que
vues à Tananarive imprimées
seule
la
Anglais ont bien
fait
des lois
dans une brochure par Parret, un de nos bons amis ne signifie rien, pas plus que le reste le bon plaisir du :
d'ailleurs tous
loi;
les
et réunies
anglais de Madagascar, mais ce recueil de lois
premier ministre est
donner du pouvoir exécutif des Antimerina.
je puisse
pouvoir judiciaire n'existent pas;
le
achète leurs arrêts en piastres ou en bœufs. Si
les juges,
l'affaire
en vaut
les la
Andriambavenly sont
à
vendre
on
peine, le premier ministre se réserve
de juger en dernier ressort. Ce sont ses petits bénéfices.
Quoique
ne veuille pas m'étendre beaucoup sur celle organisation sociale
je
Antimerina,
n'en vaut pas
elle
la
peine vraiment.
11
me
faut expliquer une
de comprendre au lecteur désireux de s'instruire différents termes
et
politique actuelle des
coutume récente qui permettra
souvent employés dans
liés
qui traitent de Madagascar. Je veux parler des honneurs. Le gouvernement antimerina qui
le
veut bien pourvu qu'il paye;
aussi bien dans
gascar se
le civil
que dans
le
il
a
Ira;
1
nomme
officier
adopté une classification, une hiérarchie qui s'applique à tout,
qu'on appelle l'honneur, voninahitra, qui a Madasoldai aussi bien qu'un homme libre serait un honneur
militaire. C'est ce
mesure par degrés. Ainsi un simple
qu'on écrit
les livres
un caporal deux honneurs, un sous-lieutenant quatre honneurs, un lieutenant cinq
honneurs, un capitaine six honneurs, un commandant sept honneurs, un lieutenant-colonel huit honneurs, un colonel neuf honneurs, un général de brigade dix honneurs, un général de division onze honneurs, un général d'armée douze honneurs, un maréchal treize honneurs, un liés grand gouverneur quatorze honneurs, un prince quinze honneurs,
un personnage de quelque importance,
Le système
il
premier ministre a seul seize honneurs. Pour être
le
faul dépasser
la
douzaine.
financier chez les Antimerina esl aussi des plus simples.
de revenus pour
le
gouvcrnemenl. Les finances de
l'Étal
Il
n'y a pas d'impôts.
avec
s'identifienl
Il
n'y a pas
fortune personnelle du
la
premier ministre. Les revenus des douanes existent bien, mais seulement depuis 1883. Depuis lors, grâce à notre naïveté, les Antimerina tirent de celle source d'assez beaux bénéfices, cl sous ce beau régime de protectorat, les Français payent toul aussi cher que les autres. Davantage même, car ils sont sous
la
coupe
el la surveillance directe
des résidents français, tandis que
les
Anglais
les
el
autres
étrangers, absolument indépendants, dans un pays de protectorat, des agents du pays protecteur, peuvent, sous la
sauvegarde de leurs consuls, agir à leur guise. Lorsque
besoin d'argent,
il
le
gouvernement antimerina
appelle à Tananarive quelque gouverneur influent et l'oblige à verser une
importante. Le gouverneur s'exécute
et, lorsqu'il
retournera dans sa province,
il
se fera
a
somme
rembourser avec
usure par ses administrés.
L'armée antimerina a été constituée pour
la
première
l'ois
par
le roi
Radama
1".
Ses successeurs
minisires y ont apporté de notables perfectionnements. L'organisation militaire
ries
et
leurs
Antimerina, incom-
doute et qui laisse encore beaucoup à désirer sous tous les rapports, a suffi néanmoins pour leur un avantage marqué sur les bandes armées que peuvent leur opposer les autres tribus. Dans un pompeux, Rainilaiarivonv établit en 18791e service militaire obligatoire pour tout homme libre, sa
plète sans
assurer édif
durée devait être de cinq années. Après cette période active, l'Antimerina
une guerre nationale. Je transcris autre chose. Ainsi tout
homme
là l'édit
de Rainilaiarivony
libre se rachète facilement
,
n'était plus enrôlé
c'esl la théorie;
mais
l'effectif;
d'après
fournir à peu près (5000 les
mes
calculs, ce «pie
hommes
contingents que fourniraient
j'ai
vu
cl
ce que
en prenant tout. Mais les
il
j'ai
qu'il n'a qu'à
esl très difficile d'en
appris, la province de l'Imerina peut
convient d'ajouter à ces troupes antimerina
provinces soumises des Betsileo
gents auxiliaires, qui viendraient peut-être doubler ce
Il
que pour
pratique est bien
pour un voamena quatre sous),
verser au 7 Ira ou au 8 Ira chargé du recrutement, seuls les pauvres sont enrôlés.
estimer
la
et
nombre de 6000,
des Betsimisaraka
;
n'en viendraient pas,
ces contin-
comme on
pourrait le croire, augmenter la valeur. Bien au contraire, les Antimerina sont tellement aimés des autres
VOYAGE A MADAGASCAR.
148 tribus de veiller
l'île
que
lorsqu'ils lèvent des contingents chez leurs alliés,
de très près pour
empêcher de
les
fuir,
que
liaires ils n'auraient plus
i
doivent les enchaîner ou les sur-
de sorte que, en cas de guerre nationale,
hommes
pourraient opposer à l'envahisseur 6 000
ils
000 combattants
de leurs troupes,
Anlimerina
y aurait 2 000 de leurs soldats au moins, occupés à
il
;
les
des contingents auxi-
et s'ils levaient
garder leurs peu utiles auxiliaires. J'estime donc après des observations minutieuses, des renseignements précis, de longues recherches, à cinq
rina pourraient nous opposer
Mais
je
ou
m'empresse d'ajouter que
les
faire
le
nombre des troupes que
une expédition
militaire à
comme ceux que nous avons
me
analogue aux autres tribus de
l'île,
ne devait qu'aux étrangers seuls
jouit; cette réputation est le résultat d'un
l'
Antimerina
consolider
comme
était
nous nous sommes
comme
comme
efforcés,
monde que
grand
à plaisir.
d'une longue élucubration anglaise que nous
travail,
est
Il
réputation imméritée dont elle
la
triste
de reconnaître
à plaisir, à faire sortir
moins
travaillée
une race supérieure,
c'était
du néant
qu'eux par la seule,
cette
l'or et les
y a quelque vingt ans
qu'il
l'Antandroy; grâce à d'autres, mais à nous surtout,
leur opposer quelque autre tribu, croire au
suis attaché qu'aux
surtout voulu montrer au lecteur que celle peuplade de Madagascar, absolument
j'ai
sommes venus
Anlime-
trouvés devant nous en 1885.
Je termine ce rapide exposé de l'organisation politique des Antimerina. Je ne
grandes lignes,
les
Madagascar.
troupes seraient fortement soutenues par quelques aventuriers
ou Scherwinglon,
anglais, quelque "Willougby
combattants,
six mille
nous nous décidions à
si
il
devenu quelqu'un;
est
peuplade sauvage, au
de
lien
agents anglais; nous avons
fait
l'unique à Madagascar. C'est faux, absolu-
ment faux.
Dans je
me
le
mon
cours de
voyage, chargé d'une mission scientifique, par goût aussi bien que par devoir,
également, l'ethnographie tique.
Pour
suis appliqué surtout à relever les côtés scientifiques des choses observées.
Quoi
en
qu'il
et
soit, si j'ai
mon ouvrage, communiquer en faisant
l'anthropologie
me
cru dans ce chapitre,
faillie voix aurait peut-être quelque influence,
faire entendre.
opération.
Il
comme
je le ferai
faut pour
Il
dans
la
conclusion, à la
au lecteur quelques réflexions sur la politique malgache, c'est que
répondre à des questions qu'on ne manquerait pas de
cela,
peuplades
les
plaisaient et m'occupaient bien davantage que la poli-
si
minime
qu'elle soit.
Il
France prendre Madagascar, ce sera,
la
faut l'annexer purement
et
simplement,
la
me
cru aussi que
faire. J'ai
était
de
fin
j'ai
cru,
ma
donc de mon devoir de
je crois,
pour
la
une bonne
l'avenir
remettre ensuite à un ministère compétent; mais
ce qu'il faut se garder de faire, c'est de la laisser plus longtemps gérer par l'administration des affaires
étrangères. Depuis dix ans celte administration a montré ce dont elle était capable à
L'expérience
est
plus pratique
et
faite, elle est
concluante. Madagascar aux colonies, ou abstension
et
Madagascar.
abandon. C'est
moins coûteux.
Faire peut-être encore une expédition nouvelle dont
le
coût ajouté à celui de l'expédition de 1885
for-
mera un nombre respectable de millions, faire peut-être encore périr beaucoup de braves soldats, tout cela pour arriver à un nouveau protectorat, tout cela pour nous plonger davantage dans le piège de Robert Farquhar, pour élever plus haut les Antimerina, celle fois en faire une véritable puissance, ce serait
par trop absurde. Et puis encore, après ce nouveau protectorat établi,
vingt ans refaire
Enfin
il
me
il
faudrait dans dix ou
une troisième expédition.
reste à dire
quelques mots de l'esclavage, institution barbare
et
inhumaine
si
répandue à
Madagascar. Tout d'abord,
il
faut
distinguer parmi les esclaves ceux qui sont étrangers au pays, qui y sont
importés principalement de de Mozambique
i
l
la
côte d'Afrique située en face de Madagascar, et de l'autre côté du canal
ceux d'origine madécasse qui peuvent appartenir à toutes les tribus, hormis cependant
à celle des Antimerina. Je n'ai jamais vu d'esclaves de race antimerina pure, les diverses
peuplades de
l'île,
l'institution
et
cela se
de l'esclavage exisle en droit mais non en
fait
comprend. Parmi :
chez
les
Anlan-
drov, les Bara, lesAntanosj ,les Antaisaka, l'esclavage n'existe pas; chez les Sakalava et les Belsimisaraka, les
Antanala
cl
les
Bezanozano,
ainsi
que chez
exceptionnel. Mais c'est chez les Betsile'o
et
les
Antankarana,
si
l'esclavage existe en
fait,
il
est 1res
surtout chez les Antimerina, c'est-à-dire chez les peuplades
LA TRIBU DES AXTIMERIXA. du premier groupe, que
l'on trouve des esclaves
malgache, alors que chez
les
Sakalava
et les
149
en grand nombre; ceux-ci sont presque (ous d'origine
Antankarana,
les rares esclaves qui s'y
des Makoa. J'écarterai donc tout d'abord
tous d'origine étrangère, ce sonl
trouvent son! presque
les tribus
insoumises des
Anlandroy, des Antanosy, des Antaisaka, des Bara, qui ne connaissent pas l'esclavage; quant aux autres
aux Antimerina
tribus rebelles
Sakalava par exemple, esclaves
il
est
vrai,
la
il
et
me
qui possèdent quelques rares esclaves d'origine étrangère,
suffira
de
ilire
que dans ces
tribus,
oblige à reconnaître que la plupart du
vérité
si
comme
les
trouve quelques rares
l'on
temps leurs maîtres ne
sont
pas des Malgaches, mais pres-
que toujours des Arabes, des Silama,
comme
gaches,
disent les Mal-
des Karany, des
c'est-à-dire
In-
diens, sujets britanni-
ques. Je I
exceptionnelle-
rès
ment deux fois
vu que
n'ai
ou
trois
en cinq ans des
Malgaches de Ouest
la
côte
posséder
des
esclaves makoa. Je m'empresse d'ajouter que ces Sakalava prod'esclaves
priétaires
depuis
étaient
long-
temps devenus musulmans, ils s'étaient Silama.
faits
L'élude
l'esclavage
de
THMIIKUT AN
I
l\I!
Hl\
'.
Mada-
à
gascar avec ses détails répugnants doil donc être
groupe, c'est-à-dire un peu chez
longtemps déjà, de nombreuses personnes
faite
exclusivemenl chez
beaucoup chez
les Betsileo,
les
les
peuplades du premier
Antimerina. Je sais bien que depuis
nous parler de l'esclavage
se sonl plu à
à
Madagascar comme
d'une institution familiale; à en croire ces admirateurs des Antimerina, l'esclave d'un tribu est
devenu quelque peu
l'enfanl de sa
homme
de cette
maison.
Celte peinture fausse que l'on a (racée de l'esclavage à Madagascar peul reconnaître deux principales causes.
La première vouloir
pour célébrer
La
voici
esl
de vouloir quand
quand même fermer les
les
même
placer au-dessus de tout Malgache l'Anlimerina, c'esl de
yeux sur ses défauts
el
vertus qu'il n'a pas. La deuxième cause
en deux mois:
les
ses vice-, alors esl
que
l'on n'a
pas assez de voix
plus simple, quoique tout aussi importante.
gens qui ont été à Madagascar fonctionnaires, missionnaires
el
colons après être
débarqués àTamatave, sontmonlés à Tananarive en Glanjana, portés par huit borizana esclaves. Toul le long de la route, pendant six ou sepl jours, quelquefois plus, ils ont été en contact avec ces hommes qui, esclaves à la vérité, ont des occupations particulières, fon) partie d'une corporation qui a ses lois, ses
règlements, ses privilèges ont
même. Ces borizana
montré au voyageur pendant toute
la
qui formenl parmi tous
porteurs de Tananarive
Tamatave
et
de Tamalave.
('.el
homme,
à Tananarive, après avoir traversé Beforona,
ignorer des choses de Madagascar
cl
esclaves une classe privilégiée
roule une gaieté, un entrain qui lui feronl dire des choses fausses
ce voyageur, généralisant ce qu'il au i'a vu, croira que tous les esclaves à les
les
après avoir
Madagascar sont
l'ail
aussi
avec huit borizana
le
voyage de
Ampasimbe, Moramanga, prétendra ne plus
en particulier connaître très bien
le sorl
;
heureux que
rien
des esclaves madécasses.
VOYAGE A MADAGASCAR.
ISO
regret de venir contredire encore cette affirmation par trop optimiste en laveur de l'esclavage
J'ai le
à Madagascar.
Sans doute, parmi tous
que possèdent
les esclaves
Antimerina qui habitent Tamalave, Tananarive
les
moins malheureux que
lieux voisins, les porteurs de filanjana et de bagages jouissent d'un sort
et les
ceux qui sont disséminés dans toujours en chemin,
échappent à
ils
la
surveillance continuelle du maître,
de leurs bénéfices, puisqu'ils ont dépensé
pelite part
élapes successives.
11
il
ne
ils
lui
apportent qu'une
plus grande partie de leur argent dans leurs
que des esclaves borizana à Mada-
qu'il n'y a
grande
faut seulement visitera fond la
africaine, ce
île
que n'ont
viennent nous dire qu'à Madagascar l'esclavage est une institution
ces voyageurs qui
fait
la
ne faudrait pas croire cependant
gascar; pour s'en convaincre, jamais
province de l'Ankova. Sans doute ces porteurs ont un sort très doux;
la
familiale.
Madagascar comme
A
humain quelque peu
nombreux que
plus
les
une
ailleurs, l'esclavage est
élevé.
Pour m'en
borizana; ces
tenir
hommes, avec
répugne à tout sentiment
institution barbare et qui
au pays des Antimerina,
est
il
une classe d'esclaves beaucoup
Madagascar ne
lesquels l'Européen de passage à
se
trouve jamais en contact, sont disséminés dans les petits villages, chargés de cultiver les rizières, de
remuer
la terre. Ils naissent
dans
la peine, ils
meurent oubliés dans ces cases de
personne ne pense à leurs souffrances. Ces esclaves de possède en plus ou moins grand nombre, sont traités ]'
Antimerina
malheureusement à
l'esclave de la terre et à sa famille (famille est peut-être
l'esclave antimerina).
nubile; ce que l' Antimerina veut
doux
il
procure des femmes,
lui
la capitale;
dans ce cas,
les
la
s'ils
Les
et si la culture
du
sont robustes,
province de l'Imerina
riz et le
bon
plaisir
marie de force à peine
le
ils
et
chance
la
enfants. Puis,
la
les supplica-
trouvent un acqué-
s'ils
les autres
qui iront travailler la terre si
garçons qui ne trouveront
comme la
leurs parents.
Dans
distance n'est pas trop
de leur maître leur permettent, venir embrasser leur mère.
qui se vendent en général beaucoup plus cher que les garçons, sont (qu'on
ce détail) toujours réservées pour
quand
deviendront peut-être borizana, leur sort sera
leur malheur, ces pauvres petits pourront cependant de temps en temps,
filles, elles,
il
conduira au marché pour s'en défaire malgré
Moins favorisés au contraire seront
et ils seront enviés.
d'acquéreurs que dans
longue
déjà dit que
J'ai
une expression mal choisie
nombreux
ses esclaves lui rapportent de
mère éplorée, du père désespéré. Ces garçons auront de
tions de la
plus
Le maître
que
c'est
ces petits êtres auront quelques années,
reur dans
que chaque Antimerina agriculteur
des bêtes de somme.
avant tout un commerçant âpre au gain; ses aptitudes au négoce s'appliquent
était
quand on parle de
la glèbe,
comme
terre de l'Imcrina, et
reproduction.
Un
me pardonne
garçon d'une dizaine d'années se vend en moyenne
de 200 à 100 piastres, un adulte ne vaudra qu'une centaine de piastres, un vieillard ne trouverait pas
d'acquéreur pour une
somme
très
bien formées dépassent souvent
Que de
fois
esclavage à
si
pendant
mon
ou
modeste.
militaires,
exemple avait été
de se
Une
000 piastres sur
séjour à Madagascar
répandu à Madagascar. C'est
Madagascar des postes
civils
1
ainsi
militaires, ont besoin faire suivre
nommé gouverneur
petite le
atteint
un prix
les
pour ceux d'entre eux qui vont y
longues années
Un Antimerina
d'Andakabe,
la
Andakabe,
à
il
partit
avait acheté au
pour l'accompagner dans sa nouvelle résidence tuer plus facilement à son service.
négriers africains avec un
Il
résider, fonctionnaires
d'un nombre d'esclaves plus ou moins grand. il
;
il
les
pour ce poste éloigné de
le
comme
prenait jeunes,
pour
me
disait-il,
côte Ouest avec
pour pouvoir
et filles
les habi-
faire des enfants qu'il vendrait
jour du départ de cet
par
cet officier savait qu'il
marché de jeunes esclaves garçons
avait aussi des jeunes filles
grand bénéfice;
cet
Antimerina possédant dans beaucoup d'endroits
quelques-uns de ees esclaves adultes qui devaient porter ses bagages, mais resterait de
fort élevé, les jeunes filles
vu des scènes véritablement atroces, que cause
j'ai
que
fille
marché du Zoma.
officier, les
aux
mères de ees jeunes
enfants lui firent un cortège de pleureuses jusqu'à sa sortie de Tananarive. Ces esclaves d'origine malgache,
en
si
grand nombre dans
la
province des Antimerina, ont
Betsileo, des Betsimisaraka, des Sakalava, des Anlanosy, si
mis
tous une origine analogue
ramenés par
les
:
ce sont des
armées antimerina, lorsque,
des règnes précédents, elles ont soumis quelques provinces. Ces esclaves se sont mélangés,
le
type
,
LA TRIBU DES ANTIMERINA. originel est perdu depuis longtemps,
ils
151
se distinguent seulement de leurs maîtres antimerina par des
caractères africains plus accusés.
Voilà pour les esclaves d'origine malgache; pour les esclaves d'origine africaine,
coup plus embrouillée. Pour
me
la
présenter convenablement,
il
me
la
question est beau-
faudrait entamer un chapitre spécial,
faudrait parler de ces boutres négriers qui, partant tous d'un point
commun
il
qui est Zanzibar,
viennent sur les côtes malgaches prendre des bœufs vivants, en charger leurs boutres qu'ils conduisent ensuite sur la côte voisine d'Afrique;
là,
ces négriers
arabes échangent leur cargaison de bœufs contre une cargaison de chair humaine. Ces esclaves africains con-
Madagascar sont
duits à
par des
vite achetés
négociants arabes ou indiens qui
revendent
les
avec un bénéfice énorme aux Malgaches.
commerce très c'est
est
répandu.
absolument
est triste de dire,
Il
que quelques
vérité,
la
adonnent sur
ce trafic maritime
sillonnent
le
est
il
Ce
même
cependant
et
Européens
s'y
côte de Madagascar. Cependant
la
Des croiseurs
officiel,
est
nominalement anglais
fiançais,
canal de
Moçambique
interdit.
allemands
et
cl
les envi-
rons de Zanzibar pour y mettre un terme. Les
Français et
les
Allemands font à ces négriers
une chasse loyale
el
désin-
Les Anglais, eux, agissent d'une façon
téressée.
toute particulière à
franche
et correcte,
un croiseur anglais
:
vient-il
s'emparer d'un boutre chargé d'esclaves, qu'il
conduit
navire au consulat
le
le
bateau arborait
la
noire marchandise qu'il
ramènera son liberté.
Nos
le
le
plus voisin dont
pavillon, puis se
il
poinl de départ en
lui
une de leurs colonies, où
comme engagés pour une
la
ment capteur louche par prime payée par
tète
la colonie.
puissances européennes
le
ils
les
longue période
d'années; inutile d'ajouter que l'état-major
J'y rentre
de
rendant
voisins, toujours pratiques, conduisent
ces esclaves dans font entrer
m
embarque
garde bien
du
^^^R? FEMME AN mil
bâti-
ni'.
:
d'engagé forcé une
J'en aurais encore long à
long de
la
dire
sur celle répression de
côte orientale d'Afrique, mais je ne veux pas sortir de
donc en constatant avec peine qu'à Madagascar, pendant que d'un côté
son argent et emploie une partie de sa marine pour diminuer vage, d'un autre côté dans la grande
la traite
île
la traite
la
par les
mon
sujet.
France dépense
des nègres et combattre l'escla-
africaine elle dépense encore plus d'argent et emploie ses fonc-
tionnaires à proléger sinon l'esclavage chez les
Malgaches en général et les Antimerina en particulier, du moins, ceux qui l'admettent. Quoi qu'il en soit du résultat de l'expédition que la France parait devoir entreprendre à Madagascar,
il
faut espérer au moins que dans le traité imposé par nous aux Antimerina on supprimera
radicalement cet esclavage que nous n'avons pas craint de supprimer brutalement dans toutes nos autres colonies.
Celle suppression que nous avons faite chez nous au
l'humanité, mais contre nos intérêts, hésiterons-nous à la faire à
nom du
progrès universel de
Madagascar au détriment des Antime-
rina seuls ?
Ne pas supprimer
l'esclavage à
Madagascar
et
protéger entre toutes
les tribus
malgaches
celle qui
VOYAGE
152
justement l'admet et
le
plus et
le
pratique
A
MADAGASCAR.
mieux, ce
le
serait véritablement renier notre passé civilisateur
humanitaire.
Et pourquoi, je
me
le
demande, ne supprimerait-on pas l'esclavage
sakalava iraient retrouver leurs parents, l'argent, c'est encore exact,
est vrai;
il
est vrai
se passe à
que presque tout ce qui
sans détour. Celte grande
Madagascar? Quelques enfants
quelques propriétaires antimerina perdraient de
mais ces considérations suffisent-elles pour obliger
des idées libérales qu'elle n'a cessé d'avoir et de montrer au 11
à
ile
monde
Madagascar
est
la
France à renoncera
entier.
incompréhensible pour moi, je l'avoue
africaine est habitée par des tribus différentes. Les unes sont hostiles
Français, les autres ont pour eux, sinon de
la
aux
sympathie, du moins de l'indifférence; parmi ces tribus,
il
en est qui ont demandé notre appui, notre protection, qui nous ont appelé en un mot, nous offrant leur territoire;
il
en est d'autres, au contraire, qui nous ont combattus, qui nous combattront encore, qui nous
délestent cordialement. l'on veut faire plus
On
grands
reconnaît n'est-ce pas, les Antimerina? Et c'est justement ces Antimerina que ,
qu'ils
ne
le sont,
que
l'on veut
protéger au détriment des autres tribus. Nous
négligeons nos amis, ou tout au moins des neutres, pour ne servir que nos ennemis. Si cela se si
réalise,
de nouveau un protectorat français est établi à Madagascar au profit des Antimerina, je comprendrai
encore moins l'action de
la
France à Madagascar.
Il
me
faudrait pour l'expliquer invoquer des raisons,
des intérêts particuliers, invraisemblables peut-être, que j'ignore complètement à fait
même, de
chercher.
UN
JEUNE ANTIMERINA.
et
que
je
me
refuse, tout
OBSERVATOIRE D AMBOBIDEMPOM
CHAPITRE — —
\.
VI
—
—
Retour à Tananarive. Commencemenl de la saison sèche. Retour de Foucarl et de Maistre. Collège et observatoire d'Ambohipo. Ambohiboka ou village des lépreux. - La lèpre à Madagascar. Fête <]n 14 juillet 1SS9. Les réjouissances populaires. Préparatifs de voyage. La route de Radama. Départ de Tananarive. Ambatomena et ses tombeaux. Un tsikafara. Chez les Bezanozano. — A Didy. — Un campement dans la foret. Les Dimalika. —Aperçu général «le la vallée ilu Mangoro et de ses prolongements. Dans les défrichements.— Descente de l'Ivondrona en pirogues. - Arrivée à Tamatave, Culture du riz chez les Betanimena.
—
—
—
—
—
—
—
—
—
F.
11 juin 18K9",
nous rentrions pour
des Aulimerina,
cl
môme jour,
le
nimananabe nous rouvrait
seconde
la la
demeure
fois
dans
la capitale
hospitalière de Rai-
ses portes.
La température des hauts plateaux est particulièrement agréaLie à relie époque de l'année. Avec le mois d'avril a commencé la
saison sèche,
l'île,
la
central
la
saison où et
bonne saison dans les
nuits
principalement sur
sont les
la
presque
fraîches, où,
hauts sommets,
totalité
sur
le
les
de
massif
matinées
sont souvent brumeuses. Malheureusement cette froidure n'est
que
relative, elle
miasmes
est
dans
qui,
les
absolument impuissante à détruire trois
les
ou quatre mois de pluies conti-
nuelles qui précèdent, ont pullulé dans les marais et les fondrières,
dans
les
nombreux
petits lacs
formés pour un temps
par ces averses diluviennes, dans toutes COIt'FUItE
BEZANOZANO.
les rizières
aussi, à la fin de la saison des pluies, lorsque
tous
débordées; ces
prin-
cipes délétères sont recouverts par une épaisse nappe d'eau, se produit-il
une sorte d'apaisement dans
amas d'eau disparaissent
et les
boues
les
et les
ravages de
la
malaria; mais bientôt avec la sécheresse ces
vases, mises à découvert avant une dessiccation complète, 20
VOYAGE A MADAGASCAR.
loi
deviennent des générateurs féconds du miasme paludéen; de cette façon, contrairement à ce qu'on pourrait prévoir, avec
le
retour des beaux jours et avec un abaissement notable de la température, appa-
toujours une recrudescence sérieuse de la fièvre paludéenne.
raît
C'est à cette cause
mon
teurs à
que
recevoir de notre ami Foucart.
dionale
du Mangoro
exténué par
imputer
je devais
arrivée à Tananarive,
et,
les
nombreux malades que
chose plus grave encore,
avait pleinement réussi dans sa difficile exploration de la vallée méri-
Il
en suivant
et avait atteint,
cours de ce fleuve,
le
fatigue et brisé par de continuels accès de fièvre,
la
comptés parmi mes por-
j'avais
mauvaises nouvelles que je venais de
les
Moramanga, où,
village de
le
attendait quelque temps pour se
il
remettre en route. Je lui écrivis de ne pas prolonger son séjour sur ces rives malsaines et de venir à
Tananarive se reposer quelque peu. Vers
la fin
de juin,
était
il
de retour parmi nous, mais
la
malaria,
trop fidèle compagne, l'avait toujours suivi, ne lui laissant ni trêve ni repos. Maislre était aussi de retour
de son expédition aventureuse du versant ouest de vandra. Le
l
or
juillet 1889,
mois ou deux, tant pour étudier à nouveau mettre à mes compagnons
et à
tagne véritable, désignée sous Jésuites ont
du pays sakalava avoisinant
Antimerina
les
où
à Tananarive,
je résolus
clans leur capitale que, surtout,
un établissement scolaire important,
pour per-
colline élevée,
C'est près de cette haute colline
petite école
d'Anka-
les forces et la santé.
une distance de deux milles environ, une
nom d'Ambohipo.
le
le village
de demeurer encore un
moi-même de recouvrer par un repos bien mérité
existe à l'est-sud-est de Tananarive, à
Il
l'île,
nous étions tous réunis
que
monPères
les
normale où des professeurs dévoués
savants forment avec patience les futurs maîtres d'école ou assistants qui aideront les Pères de
la
et
pro-
vince dans leur mission civilisatrice.
Le collège d'Ambohipo
est vaste,
il
est
bien situé, au centre d'une grande propriété, dernière parcelle
d'une concession considérable que les Pères avaient obtenue, dans ce
du
collège, sur
du
lieu,
une élévation voisine désignée plus particulièrement sous
le
roi Radama II. Au nord nom d'Àmbohidempona,
s'élève l'observatoire de Tananarive.
Dans ma première
visite à l'observatoire
d'Ambohidempona,
hutte misérable en planches mal assemblées; là cependant
dont
se servait avec habileté, malgré
il
une
il
le
directeur,
avait réuni
le
R. P. Collin, habitait une.
un grand nombre d'instruments
installation des plus défectueuses;
il
partageait son temps
entre ses observations météorologiques et la surveillance incessante qu'il lui fallait accorder à truction de son observatoire. Aussi celui-ci
bâtiments modernes
A
les
et
bientôt terminé, et
il
la
cons-
constitue aujourd'hui l'un des
plus curieux de Tananarive.
l'extérieur, l'observatoire affecte la
nord
fut-il
sud étant de beaucoup
forme d'un
plus grande;
la
T
à branches inégales,
la petite
la
branche horizontale orientée
branche qui regarde
l'Est est
terminée à son
extrémité orientale par une coupole qui abrite une lunette astronomique. Ce
monument, en briques
granité, est d'un aspect agréable; soigneusement construit,
l'architecte et surtout au
il
honneur à
fait
et
directeur des travaux qui par un labeur incessant a su triompher de mille difficultés. Véritable contraste
des plus piquants, cet établissement scientifique, représentation
semble une amère dérision au milieu de ce peuple
Le R. P. sement
les
Collin,
homme
honneurs de son observatoire. Sans entrer dans des
me
énumération édifiera amplement
le
le
si
Baromètre.
très gracieu-
l'aménagement
détails fastidieux sur
que
me
fit
de ses instruments
le
et je vais
savant astronome. Cette
lecteur et lui montrera, sans qu'il soit besoin d'ajouter d'autres
que l'observatoire de Tananarive
dirige
fit
contenterai de laisser au R. P. Collin lui-même la parole
transcrire fidèlement l'énuméralion complète
qui
primitif.
aussi savant et distingué qu'aimable et bienveillant, nous
intérieur de l'observatoire, je
détails,
ultime d'une civilisation avancée,
est cligne
de figurer par son matériel
et surtout
par
personnel
le
habilement parmi nos plus importants établissements scientifiques d'outre-mer.
—
Depuis
le
mois de janvier 1889,
le
baromètre dont on se servait
construit par Poggi, de Florence, et étalonné à l'observatoire Ximénien de cette
était
un Fortin
En
juin 1890,
ville.
nous reçûmes du Bureau central météorologique de France deux baromètres à mercure Tonnelot, à large cuvette et compensés, n os 40" et 408; l'erreur instrumentale de ce dernier étant presque nulle,
LA ROUTE DE RADAMA.
155
nous l'avons choisi de préférence à tout autre. Une l'erreur
l'intérieur de tral,
série de 70 observations simultanées nous a fourni autres baromètres à mercure, en usage dans les divers postes de Dans toutes les réductions à opérées avec les Tables publiées par le Bureau cen-
du Forlin-Poggi
et
de tous
les
O
l'île.
nous avons ajouté l'erreur instrumentale.
Barographe anéroïde Richard. les
—
Cet instrument nous a donné d'assez bons résultats. Toutes
observations barométriques à lecture directe, faites d'ordinaire cinq fois par jour, après avoir été
réduites et corrigées, sont comparées avec les lectures directes
du diagramme, aux mêmes heures. La de correction la moyenne de l'erreur diurne, qui a été ajoutée ou retranchée, suivant que la lecture du diagramme comparée avec le baromètre Tonnelot 108 était ou trop faible ou trop forte. différence n'est pas toujours constante.
— Le psychromètre
Psychromètre.
qui ont servi à déterminer
On
donc
a
employé
pris
comme terme
est celui d'August, construit
par Tonnelot. Les Tables
tension en millimètres corrigée des variations de
la
la
pesanteur, ainsi que
l'humidité relative, sont celles de M. Renou.
Psychrographe Richard. l'abri.
—
Le psychrographe Richard
Les lectures des diagrammes ont été corrigées par
plus haut pour
Abri.
du psychromètre. sous
comme
placé sous
côté des thermomètres
il
a été expliqué
barographe.
le
—
Évaporomètre Piche. maxima
se trouve à côté
les lectures directes,
L'évaporomètre l'ichc
est
l'abri, à
minima.
et
— L'abri
se
compose, d'après
central, de 4 madriers enfoncés en
repose un
Les bords du
terre, el
formé d'une couche
toit
c
pacte
Cyperus
<\>-
que l'horizon;
sont plus lias
toi!
que nous suggéra M. Renou, secrétaire du Bureau s'élevant à 1 m. su au-dessus du sol; sur ces madriers
conseils
les
lalifolius
<\f
23 centimètres
orientée suivant
l'arête esl
le
d'épaisseur.
méridien;
est
il
donc
impossible que les rayons du soleil qui, deux fois par an. passent à notre zénith, puissent pénétrer dans
Tout alentour
l'intérieur.
cadre entouré d'un
Pluviomètre.
treillis
—
sol esl
le
gazonné. De plus,
métallique, à l'abri des voleurs
Le pluviomètre dont nous avons
décupleur placé au sud, loin des bâtiments, a prouvé
que
cet
les
instrument
n'était
cl
l'ail
pas sans défaut
;
ne reçût
la
rement supprimé dans
le
de l'entonnoir dans
vase.
vatoire, ce dernier
le
usage jusqu'au mois
les faillies
moindre goutte de
liquide.
les
<\<-
septembre,
l'Est.
était
un
L'expérience nous
quantités de pluie, ou
même
les rosées
parois supérieures du cylindre, sans que
Ce défaut d'humeclation des parois
\ous avons donc
établi au sud-ouest, à
esl entiè-
une certaine distance de l'obser-
pluviomètre qui donne de bien meilleurs résultats. et
à l'ouest de la ville, sont
du
même
l'observatoire est indiqué par la lettre E. Ces quatre instruments sont placés sur la
dans un
clef
pluviomètre du modèle de l'Association scientifique; l'eau s'écoule directement
Les pluviomètres placés au nord, au sud
embrasse
;'i
curieux.
exposé aux brises fréquentes de
abondantes des climats tropicaux mouillaient simplement la partie inférieure
instruments sont enfermés
et <\r<
plus grande
partie de Tananarive.
distance est d'environ 2 kilomètres;
la
De
l'observatoire
modèle; celui de
un quadrilatère qui
aux pluviomètres nord
et
sud,
la
station de l'ouest est éloignée de 2 500 mètres de notre pluvio-
mètre.
Les observations pluviométriques du nord sont extraites de I'Antananarivo Magasine, 1890.
—
Evaporomètre à air libre. Suivant les indications que voulut bien nous donner à ce sujet M. Antoine d'Abbadie, membre de l'Institut, nous avons fait construire une grande cuve en zinc de 1 mètre carré de surface sur C0 centimètres de profondeur, enfermée dans une caisse de bois; les bords sont taillés en biseau se trouvent tres
comme
les
bagues des entonnoirs des pluviomètres; sur
au bas deux tuyaux coudés, dont
l'un est
l'un des côtés
de
la
cuve,
surmonté d'un tube de verre gradué en centimè-
cubes avec dixièmes, à intervalles assez distants pour pouvoir apprécier à vue d'oeil le centième; à coude est fixé un thermomètre qui indique la température de l'eau. Sur une autre paroi est soudé
l'autre
un siphon intermittent qui communique avec
ment une certaine quantité d'eau, dans
le
le
liquide; ce siphon a
pour but de vider automatique-
cas de pluie torrentielle. Enfin, sur un troisième côté, est
VOYAGE A MADAGASCAR.
156
placé en contre-bas un robinet destiné à laisser écouler l'eau du bassin, lorsqu'on veut L'appareil est élevé de
prend déjà que
moment
m. 60 au-dessus du
1
un
sol et repose sur
en maçonnerie. L'on com-
pilier
Tous
cet instrument sert à la fois et d'évaporomètre et de pluviomètre.
des cinq observations, on
lit
directement
cette lecture notée servira de point de repère
quantité d'eau évaporée
s'il
hauteur du niveau du liquide dans
la
nettoyer.
le
le
les jours,
pour l'observation suivante. La différence exprimera
y a diminution de liquide, ou de pluie tombée
calculées pour l'instrument.
en caractères gras indiquent
chiffres
Dans
les
au
colonnes des observations de cet appareil, les
hauteur de pluie,
la
la
y a augmentation. Ces
s'il
différences sont ensuite transformées en millimètres de hauteur de liquide évaporé ou de pluie,
moyen de Tables
au
tube gradué;
chiffres ordinaires
les
hauteur d'eau
la
évaporée.
Un
des inconvénients de l'instrument consiste en ce qu'il n'indique pas d'une manière exacte
teur de pluie
;
car, dès qu'elle cesse de tomber, l'évaporalion
d'humidité; dès
lors, les chiffres relevés
d'eau accusée par si
le
recommence
l'air n'est
si
la
hau-
pas trop saturé
au moment de l'observation. sont parfois inférieurs à
la
quantité
pluviomètre décupleur qui se trouve à côté. Ce défaut disparaîtrait en grande partie
l'instrument était rendu enregistreur; nous avons essayé ce procédé, en transformant l'évaporomètre
en appareil de Haldat;
un
libre reçoit
la
colonne d'eau de
flotteur qui
lequel les amplifie en
cuve
la
fait
équilibre à une colonne de
communique au moyen d'un
même
temps
mercure dont
la partie
du niveau à un long
levier les variations
style,
sur un diagramme d'enregistreur Richard les données de
qu'il écrit
l'évaporation et de la pluie. Le flotteur, étant en plomb, nous a donné jusqu'ici des résultats peu satis-
nous reviendrons sur
faisants;
cette élude.
du vent qui
est facile d'atténuer les effets
Il
agite la surface
de l'eau, en étranglant les extrémités des tubes conducteurs du liquide. Nous n'avons guère à redouter
que
les
oiseaux viennent s'abreuver à la cuve, à cause de l'absence d'arbres sur notre montagne.
— Deux thermomètres conjugués
Actinomètre.
dans
le vide, l'un à
cuvette nue, l'autre à cuvette
noire, sont placés sur la balustrade de la terrasse, orientée suivant le méridien.
La mesure des constantes de l'instrument étant assez problématique, nous nous contentons de donner de
les résultats
la
lecture directe.
Actinographe servent à
la
Yiolle.
— L'instrument sort de
radiation et à l'absorption
du calorique
couleur noire. L'appareil constamment exposé au
Les diagrammes sont corrigés par
Héliographe Campbell. minutes pendant lesquelles
—
les lectures
maison Richard
la
;
solaire, sont l'une
soleil est placé aussi
les
deux boules de
en cuivre doré, l'autre peinte en sur
la
balustrade de
la terrasse.
de l'actinomètre.
L'héliographe brûleur Campbell indique
le soleil a brillé
l'appareil qui
sur l'horizon durant
la
nombre d'heures
le
journée.
11
et
de
est aussi placé sur la
balustrade et est constamment exposé au soleil dont les rayons, passant à travers une boule de verre,
déterminent
la
combustion d'un papier-carton placé au foyer de
pas des résultats très satisfaisants. Les rayons du
pour carboniser soleil se
le
soleil levant et
celte lentille. Cet instrument ne
donne
couchant ne sont pas assez puissants
papier; l'expérience nous a prouvé que l'appareil fonctionne seulement, lorsque
le
trouve à G environ au-dessus de l'horizon.
Héliographe Jordan. précédent;
il
—
L'héliographe photographique Jordan est placé à côté de l'instrument
enregistre d'ordinaire
Nêphoscope.
beaucoup plus de
clarté solaire.
— Le néphoscope sert à déterminer
la direction
des nuages;
il
se trouve aussi sur la
balustrade.
Anémomètre Rohinson. M. Alvergniat; dès placé dans
le
—
L'anémomètre Robinson à coupes hémisphériques
début, nous avions installé des
une des chambres de
foudre qui a suivi ces
fils
cinq fois par jour, on
lit
fils
sort des ateliers de
électriques qui aboutissaient à
un compteur
l'observatoire; les orages fréquents, et la visite inopportune de la
conducteurs, nous ont avec une lunette
le
fait
abandonner ce procédé par mesure de prudence;
cadran du compteur directement actionné par
le
moulinet;
ces quantités transformées en mètres donnent la vitesse du vent, d'une observation à l'autre. Jusqu'ici,
même
par des vents assez forts,
le
cadran des millions de tour n'a opéré une révolution complète que
LA ROUTE DE RADAMA. très rarement,
du
durant
la nuit;
du
reste,
il
159
est facile de déduire cette
donnée d'après
force elle-même
la
vent.
—
Géothermomètres.
Un thermomètre coudé
30 centimètres de profondeur la chaleur du sol et
trument est placé à l'ombre d'un petit arbuste;
la
afin de connaître à propagation du calorique à travers ce milieu. L'ins-
couche
terrestre végétale est assez légère, le sol est
Au mois
de mars, un deuxième thermomètre fut installé à 50 centimètres dans est renfermé dans un bambou, la cuvette entourée de colon; pour faire la lecture, on tire
surtout argileux. sol;
la
à 45° a été enfoncé en terre
il
bambou de son
on
trou,
le
rapidement à travers
lit
une rainure pratiquée dans
le
support lui-même, et
le
on remet l'instrument en place. En juin, un troisième thermomètre fut enfermé dans
cendu à
la
profondeur de
1
un
bambou
des-
et
mètre.
est assez facile de vérifier le zéro de ces instru-
Il
ments en suspendant à côté de
l'un de ces
thermo-
mètres un étalon dont on a auparavant entouré
la
cuvette de colon, et en lisant rapidement les deux appareils.
— Deux fois
Température du lac d'Ambohlpo.
par jour, à sept heures du matin et à six heures du
un thermomètre
soir,
d'Ambohipo
lac
l'observaloire,
est
plongé dans
à
kilomètres au sud-est de
;2
de connaître
afin
la
les
eaux du
température de
La cuvette étant pendant quelques minutes
l'eau.
immergée dans on
situé
l'ail
10 centimètres de profondeur,
l'eau, à
directement
Ambohidempona
la
lecture de la température.
souvent pour nous un but de
était
promenade agréable
et
utile;
cela
nous permettait de
ramènera un point de départ unique nos observations prises profit
un peu partout dans l'Imerina, pour nous que
et instructives
les
et c'était
un
vrai
longues causeries intéressantes
que nous avions toujours avec L'obligeant
directeur.
Un
UN LEPREUX
I)
A
M
1.
1
1
;
1
1
[i
1
1
K
\.
autre point des environs de Tananarive avait aussi
nos visites fréquentes,
c'était
Ambohiboka,
abriter les lépreux chassés et parqués
petit village construit
par
Missions
's
françaises
pour
dans ces huttes misérables par une coutume cruelle sans doute,
mais, à coup sur, indispensable.
La
lèpre fait de
oriental.
nombreux ravages
à
Madagascar, surtout sur
ont l'éléphanliasis des Arabes, infirmité inconnue à saraka. Les lépreux malgaches ne sont soumis à
des mesures d'isolement assez étroites, mais
la
ma
quer sa fréquence chez ce peuple,
aucun traitement; on
contagiosité de
la saleté
et
sur
Madagascar,
ment pour
la lèpre est aussi
la facilité
de
la
la
île;
les
Antimerina
versant
le
et les
et
les
elles
Betsimi-
se contente de prendre envers
maladie
eux
sans doute aussi l'hérédité
encore faudrait-il invoquer, pour expli-
repoussante, les mauvaises conditions hygiéniques,
misère physiologique dans laquelle sont plongés tous
A
massif central
connaissance chez
font que la lèpre n'est pas près de s'éteindre dans la grande
la
le
Les populations de l'Ouest sont presque indemnes de celle hideuse maladie, en revanche
individus
et
surtout
al teints.
fréquente dans l'intérieur qu'elle est rare sur les côtes; malheureuse-
contagion on met souvent sur
le
compte de diverses maladies cutanées ou
spécifiques, plus fréquentes encore, des lésions qui lui sont exclusivement imputables et qui contribuent
dans une large mesure à l'extension du fléau.
VOYAGE
160
Cependant nous arrivons à voisinage à
la
MADAGASCAR.
A
date du 14 juillet,
chez tous
et
Résidence générale on poussait activement
la
les vazaltael
les préparatifs
particulièrement dans notre
de
célébration du centenaire
la
de 1889 et de notre grande fête nationale.
Les Malgaches, dans
s'établir
par habitude, célèbrent avec joie toutes
oisifs
l'île; c'est
les fêtes
des étrangers qui viennent
non une idée plus élevée qui leur
leur paresse innée et
coutume
selon la
fait,
anglaise, observer strictement le repos du dimanche.
Enfin
le
grand jour arriva,
les cris et les
danses vinrent nous avertir dès
réjouissances populaires battaient leur plein fête était à la
Résidence générale. Dans
la
que tout
et
cour de
la
peuple
le
en
était
une fraternité vraiment touchante
:
première heure que
liesse.
les
Le grand centre de
la
caserne, nos soldats d'infanterie de marine avaient
au grand amusement des Malgaches, des jeux variés auxquels tout
établi,
la
le
monde
prenait part avec
sommet de nom-
des borizana essayaient inutilement d'arriver au
breux mais de cocagne où des cadeaux brillants accrochés à
la
cime tentaient leur convoitise; des
voninùhitra de grades élevés leur succédaient, mais sans plus de succès; leurs pénibles efforts excitaient
d'une foule compacte, pressée en rangs serrés autour des concurrents,
les lazzis
cour de le
cris et
de gaité, en
tout des tons clairs
Aux
un calme plus digne
en
qu'il
soit
me
pas sans
qui remplissait la
et
circonstance jetaient sur
la
vive clarté d'un soleil tropical.
Dans
devint encore plus expansive.
des divertissements variés que nous offrait
reprendre dans quelque pays nouveau n'était
la
observé; cependant les drapeaux déployés de la
était
des Antimerina mêlaient leurs couleurs éclatantes sous
et
la soirée, la gaîté
Quoi
lambas de fêtes sortis pour
les
du plus réjouissant aspect.
bariolés
et
terrains supérieurs,
France
même temps que
poumons
le
la
capitale,
il
songer bientôt à
fallait
cours de nos explorations. L'état de santé de Foucart
causer de grandes inquiétudes. Sans être dangereusement malade, notre ami, tou-
jours rongé parla fièvre, qui ne l'avait pas quitté depuis son retour de Moramanga, n'était plus en état
de continuer
voyage,
le
et je
rive
aux bons soins de M.
que
je continuerais
Il
nous
le
dus prendre, avec beaucoup de peine,
mon voyage
restait trois
J'ai
de
avec Maistre, dont
ou quatre mois de
voulions employer pour visiter
Tananarive pour
nord de
le
mauvaise saison des
la
résolution de
l'île
et
l'état
présente de difficultés, combien
le laisser
pousser,
à
Tanana-
marine, pendant
la
de santé était encore des plus satisfaisants.
saison, croyions-nous, et c'était le
la belle
si
possible, vers l'ouest,
temps que nous
pour revenir ensuite à
pluies.
déjà exposé, dans les premiers chapitres de ce récit, combien
l'est
la
Résident général et du docteur Baissade, médecin de
elle est pénible, je dirai
la
route de
la
capitale
au grand port
presque impraticable. Or j'avais entendu
raconter une légende qui mentionnait un chemin direct et sur pour se rendre de Tananarive à Tamatave;
il
avait été employé, paraît-il, par
dans
le
pays des Betsimisaraka.
non plus que des
En
11
le.
n'était
villages traversés:
explorateur consciencieux,
désireux de
faire
que
Radama
il
j'en doutais
Quoi
qu'il
en
soit, le
restait à vérifier l'exactitude
et,
bonté
la le
hasard
et
route suivie,
de ce
dire. J'étais d'autant plus
et
la
commodité de
a d'ailleurs élé
ce qu'il est
convenu d'appeler
système orographique du versant oriental de Madagascar
et
ma
défiance.
moi, nous quittions Tananarive, nous dirigeant vers elle
que des renseignements bien
sur noire bonne étoile; nous ne devions pas être déçus.
hommes
porteurs de fîlanjana sont
plus facile, nos connaissances antérieures nous viennent en
avec notre petit convoi au complet, nous sortons de bonne heure de Tananarive,
toujours précédés de notre fidèle Jean Boto. fièvre retient bien
la
davantage; l'expérience de notre première route d'Analamazaotra
sont déjà préparés depuis plusieurs jours et nos
Le recrutement
aide largement,
de
et directe, assurait la légende.
fameuse roule de Radama, ne possédant sur le
récit populaire,
nous
voie était
samedi 3 août, Maistre
la
vagues. Mais nous comptions sur
avertis.
bonne
la
géologique des terrains venaient encore augmenter
recherche de
Nos paquets
lorsqu'il conduisit, en 1820, ses troupes victorieuses
nullement question, dans ce
des routes à Madagascar; d'un autre côté,
l'est à la
er
mais
m'avait rendu singulièrement sceptique sur
et la constitution
I
malgré
lui et
Nous avons
fait
nos adieux à notre ami Foucart, que
oblige à ne pas nous accompagner.
11
la
devait bientôt rentrer en France;
21
LA ROUTE DE RADAMA.
ANTIMERINA A AMBATOMENA
IMBL'AUX
l'état
de sa santé ne
permettait plus,
lui
ilu
163
moins pendant un temps assez long, de nous suivre dans nos
A
excursions à travers ce pays malgache qu'il ne quittait qu'à regret. suivant,
En
notre arrivée à
Tamatave
quittant Tananarive, nous suivons un chemin que
lépreux, des bolca,
comme on
les appelle
ce village se trouve la fontaine de
la
dans
le
j'ai
conduites, alimentaient
négligé l'entretien,
ensuite à Soainanandriana. Prés de
Reine, où l'on va puiser l'eau lustrale pour
la fête
du Bain,
la
parties hautes de
la
milieu
du jour
à
bolca,
au
nous arrivons dans
Ambatomena
est
lieu de
prendre à droite par
la soirée à
un
demeuré un an
très précis
Soamanandriana,
a suivi, après avoir dépassé
il
le
Ambatomena.
village, Daniel
le
maisons en
sommet d'une
à .Maurice, a visité la
du porl de Liverpool.
lerre,
petite
environnées de quelques paillotes
éminence. Nous descendons dans
la
Rakoto; près de sa case s'élèvent deux beaux spécimens de tombeaux
antimerina. Notre hôte est un Antimerina fort intelligent, est
Antimerina en ont
les
marché d'Alalsinaina. En continuant noire marche,
le
village d'une cinquantaine de
en torchis; elles sont loutes situées sur
maison du chef du
malheureusement
pai-
Andranosoa, où nous constatons avec peine l'absence de
nous rejoint cependant avec quelque retard;
chemin des
ville;
Fan-
province.
Nous nous arrèlons au il
les
le
amenées
maintenant on ne trouve plus que quelques rares vestiges de ce premier essai de
el
travaux publics dans
Jean;
mois
déjà pris deux fois pour aller à l'hôpital des
Nous passons
pays.
droana. Celle fontaine avait élé captée autrefois par les soins de M. Laborde. Les eaux, lles
le
nous apprenions son départ.
Il
Réunion,
vient de
il
a
il
parle
même
commander
sur
couramment
le
français et l'anglais;
été en Angleterre cl a la
il
gardé un souvenir
côle ouest à Andakabe.
Nous avons avec
VOYAGE A MADAGASCAR.
164 lui
une conversation
Nous
plus intéressantes.
(les
entendu, que nous voulons à tout prix retrouver toujours à Madagascar, quelques cadeaux
la
exposons nos projets
lui
route de
cimentent,
la
comme
et
nous
et
Radama. Nous nous
lui disons, bien
comme
lions d'amitié;
conclusion, Daniel nous donne un
guide pour nous conduire.
Dans
l'étape
du lendemain, nous traversons
sommes encore
ici
sur
versant ouest de
le
à
l'île,
gué
Mananara, affluent de droite du Retsiboka. Nous
le
mais vers dix heures nous gravissons
200 mètres environ de son sommet
patra et nous passons à
arrondi.
les flancs
tombe une pluie
Il
fine,
du Somun gros
humide nous enveloppe, mais nous descendons bientôt des rampes glissantes et nous voici maintenant dans le bassin du Mangoro. Nous venons de franchir, au Sompatra, la ligne de partage des eaux, et de passer sur le versant oriental de l'île. Au delà du hameau de Fenoarivo, à l'ouest brouillard froid et
d'Ambohidratrimo,
la
configuration du pays est très mouvementée; ce sont de gros
mamelons aux pentes
rapides; de profondes vallées les entourent de toutes parts, et devant nous à 2 kilomètres environ, se
déroule sinueux
le
rideau sombre de
deuxième zone
la forêt. C'est la
nous avons traversée à Ankeramadinika en venant de Tamatave par
Le lundi 5 août, après avoir passé l'Antaranambo, petite
comme
nous engageons,
la veille,
par de profondes vallées,
fond de toutes ces vallées est formé de boue nuire
le
nous faut
des prodiges de force
faire
et
que
chemin ordinaire. de droite du Mangoro, nous
série indéfinie de petits
mamelons séparés
dans notre route vers
difficultés
le
nord-est, car
où nous enfonçons jusqu'à mi-corps.
infecte
d'adresse pour nous
et
le
rivière, affluent
dans un pays composé d'une
mais nous éprouvons plus de
forestière, la plus petite, celle
tirer
11
de ces mauvais pas. Vers midi, après
avoir traversé quelques dizaines de ces tourbières, nous arrivons dans un pileux état à Vodivato, petit
accidentées, nous traversons
août, en deux heures d'une
Le
village adossé à l'ouest de la première zone forestière.
bois et entrons celte fois dans
le
marche des plus
grande vallée du Mangoro, au village
la
de Manakana.
Dans
pays des Rezanozano,
le
il
n'y a pas de
monuments mégalithiques;
trent (pie sur les
confins du plateau de l'Ankova,
indigènes cul
peu de signes extérieurs de
les
ici
Retsimisaraka
et
ne dépassent pas
elles
religiosité,
moins
Ces pieux, qui portent
le
nom
gauche du Mangoro. Les
qu'ailleurs peut-être.
presque tous les peuples des côtes du reste,
les
ne se rencon-
les pierres levées
la rive
Ils
possèdent
,
comme
pieux dressés elles crânes de bœufs.
générique de (sikafara, sont des pièces de bois grossièrement équarries de
2 ou 3 mètres de hauteur et terminées par une ou deux pointes aiguës sur lesquelles, après avoir
vient planter son crâne encore sanglant. Ces pieux, plantés verlicalement, dépassent rare-
un bœuf, on
ment la hauteur
(pu je viens d'indiquer, au contraire 1
ils
sont souvent beaucoup plus petits. Les crânes
de bœufs ornés de leurs cornes sont tous tournés généralement vers peuples de
se trouvent toujours les
l'est,
pour rappeler un vœu qui
quand
ils
l'est, «
voit
ils
rapidement
la
par suite de »,
ils
la
venue des Antimerina dans
me
le
comme il
du mort.
dans toutes
les tribus
de Madagascar,
beaucoup de métis, surtout du côté de
y a
pays; plusieurs de ces types avec leurs cheveux en
rappelaient jusqu'à un certain point les faciès des Néo-Calédoniens
des Néo-IIébridais.
Nous traversons obliquement
la
vallée
du Mangoro
et le petit
cours d'eau qui à cette hauteur con-
A
stitue le fleuve, puis
nous arrivons au
oriental de la vallée
du Mangoro, nous trouvons un immense marais qui constitue
rivière
dant
la
fleurs
village
d'Ambohimanjaka.
l'est
de ce village, situé sur les
le
versant
sources de
la
lvondrona.
De grands roseaux couvrent
et
croyance des
tsikafara sont élevés le plus souvent
rappellent la richesse
physionomie des Bezanozano;
leur barbe inculte,
l'orient, où, d'après la
servent encore à rappeler un événement mémorable; ou bien,
que quelques individus purs de tout mélange;
vadrouille
et
exaucé;
a été
ombres des ancêtres. Ces
sont érigés aux alentours d'un tombeau,
J'ai décrit
on ne
lui 1
le
marais, véritable lac pendant la saison des pluies, nappe boueuse pen-
saison sèche. Par places, l'eau plus profonde est cachée sous un lapis de verdure, émaillé des
jaunes
et
de sarcelles.
blanches des nénuphars, au milieu desquelles viennent s'ébattre des milliers de canards
LA ROUTE DE RADAMA. Dès notre entrée dans vase
marais, nous étions péniblement affectés par l'odeur qui se dégageait de
de l'eau verdâtre dans lesquelles nous marchions; à ces senteurs se mêlait sans
et
musquée de nombreux
l'odeur et
le
bientôt
il
était
A
crocodiles.
mesure que nous avancions,
les
la
améliorer
l'eau devenait plus profonde,
impossible de continuer.
Cependant, des Bezanozano étaient venus à
163
nous amener deux petites pirogues.
notre rencontre;
à
ils
consentent après de longs pourparlers
peu pour nos 50 porteurs
C'était
et
loul
notre matériel; aussi
m i
plusieurs voyages furent nécessaires. <*n
garde activai! 11
nous
la
fallu!
marche de
la flottille;
TS1KAPAH
N
allai!
pour ma
lentement au milieu des roseaux; M. Maistre à l'avantpart, je veillais à ce
deux jours entiers pour effectuer
bezanozano. Là nous
sommes reçus
\
cette traversée
qu'aucun bagage ne el
lui
abandonné.
arrivera Didy, misérable village
par Raininosv, maître d'école antimerina, qui nous avail été recom-
mandé par Daniel Rakolo, chef d'Ambatomena. Nous devenons Nous perdons, à Didy, la journée du 1 août, à faire nos \
vile
bons amis.
préparatifs
pour traverser
la
grande
forêt. J'ai dil
ipie
nous étions dans
la
saison sèche
compagne, ne nous a pas quittés, une pluie lard qui
nous pénètre jusqu'aux os
météore aqueux bien axant et
nous sommes encore par
finie
de
grande
la
le 1
el
nous
:
or depuis noire départ de Tananarive
fine el persistante
transit de froid.
Sompatra, maintenant
Nous avons
et
la
pluie, fidèle
serrée, véritable brouil-
ressenti les premiers effets de ce
ne nous quitte plus, nous traversons des nuages
150 mètres d'altitude. Cette persistance, je devrais dire celle durée indé-
saison des pluies sur le versant oriental de
l'orèl
il
qui tombe drue
l'île
s'explique aisément
et
reconnaît pour cause la
sur laquelle une atmosphère humide plane constamment. Tandis que sur les hauts plateaux
VOYAGE A MADAGASCAR.
166
presque partout dénudés
et
sur
région de
la
côte ouest
la
s'éta-
il
deux saisons bien
blit
tranchées
l'été,
:
saison des pluies qui
dure de novembre en
au centre de
avril
l'île,
de décembre en mars sur
la
côte ouest
prend
mois
les autres
de l'année. Sur est,
l'hi-
;
saison sèche qui
ver,
sur tout
la côte
le littoral
en particulier dans
et
zone forestière,
l'été
empiète toujours
sur
la
l'hiver
se trouve
qui
dri;
dans
que pendant
Le
forêt
la
les
village de
NOTRE MAISON
pleut presque toujours,
il
mois d'août Didy
à l'est le marais;
est
et
les
beaux jours sont
rares,
nous sommes dans
le
trois
hameaux
Malheureusement ce palais
a
fait
que noire ami Raininosy nous
là
un grave défaut avec lequel
se bâtissent des maisons.
il
jours les usages et les coutumes des tribus dans lesquelles ils
ils
Dans
le
subsistent
cas qui nous occupe, un détail en apparence bien
La case de l'Antimerina Raininosy
était faite
a fait pré-
il
l'inverse des autres
construit en torchis,
est
beaucoup d'Antimerina, lorsque est vrai,
se trouvent,
ils
adoptent presque tou-
se les assimilent très vile,
ils
néanmoins quelques-unes de leurs
habitudes antérieures, quelques traces de leur industrie. Cette remarque l'île.
A
faut compter.
en bambous, ce lapa
et
Dans ces émigrations,
en se pliant eux-mêmes à ce nouveau genre de vie; mais
est
générale
minime nous
s'applique à toute
cl
faire celte observation.
fit
en torchis. Sur une sorte de carcasse en bois, charpente
rudimentaire de facture bezanozano, Raininosy avait
fait
appliquer un enduit d'argile plastique qui lui
rappelait par l'aspect extérieur qu'elle donnait à l'habitation les maisons de son pays d'origine. fidèle
aux
une bande de
traditions,
deux pièces de dominaient,
la case.
comme
il
Dans ce
est
volatiles plus
ou moins domestiques prenait
homme
poux de poules avaient
pris naissance.
hissants, au grand désespoir de Maislre. Je dois avouer atteintes;
mais enfin
était-ce
moins vivement ressentir acerbes. Je
une accoutumance plus
les invasions,
demande pardon au
mes
plaintes étaient si
les
poules
l'argile s'était
moins vives
ils
étaient enva-
je n'échappais pas à leurs
l'aligne plus
petits détails,
plus,
maison de Raininosy d'innom-
que moi non plus
ou une
mais
Or
Ces animalcules pullulaient,
réelle
lecteur d'entrer dans de
civilisé.
De
dans une des
ses ébats
réduit, tous les genres d'oiseaux étaient représentés,
de bonne règle dans toute basse-cour d'un
fendillée en maints endroits et dans tous les interstices des murailles de la
brables légions de
limitent
oublier les misérables huttes des villages précé-
sorte de construction composite, bois et terre, genre mixte adopté par ils
mamelons qui
construits sur les gros
plus important. C'est
cases de Didy qui sont édifiées en roseaux, en ravenala
loin de leurs pays
ne se rencontrent guère
ils
de septembre.
formé de deux ou
parer une grande case, demeure princière, qui nous dents.
A niDY.
amoin-
ainsi déplacé et
et
mais
grande qui m'en
faisait
mes imprécations moins il
me
faut bien parler de
nos pires ennemis à Madagascar.
La question forêt, est être,
la
plus importante pour notre voyage prochain, je veux parler de
de nous procurer un guide connaissant
depuis
le
temps
forl
long où
elle a été
la
la
traversée de la grande
fameuse roule de Radama, qui, j'en
ai
bien peur, doit
ouverte, transformée en un bien modeste sentier. Si nous ne
LA ROUTE DE H A DAM A. trouvions pas de guide dans
le village
nous a confié
me
Il
absolument impossible de continuer. J'expose à
serait
même temps que mon
Raininosy mes vives préoccupations en recherche de l'homme nécessaire.
nous
il
107
désir, et
peu de temps après avec
revient
mon ami
le vieil
se
met de suite à
la
esclave que Daniel Rakoto
Ambalomena pour nous amener jusqu'ici ce pauvre vieux, le rangahy be, comme l'appelle Canaque, comme nous le désignons moins poliment Maistre et moi à cause de son
à
;
nos hommes,
lent
faciès
de son
et
liai >il
promettre de
us extérieur, souffre d'une cystite invétérée
supplément de besogne;
bénévolement ce
débarrasser de sa longue maladie
le
donner par suite de bons fanafody
lui feront
fallu
lui
de
lui
et
et n'a
consenti qu'à grand' peine à accepter
un peu de thé dans de
:
prendre quelques gouttes tous
l'eau, à
m'a
il
matins,
les
grand bien dans un mois au plus. A celle
époque nous serons depuis longtemps arrivés au bord de
la
fort
merci
peu de
Convenu
cl
je dois
la
satisfaction,
demain
17 août cl
dans
forêt
midi se passe
je
me
soucierai
du guide résolue
question
entière
la
avouer qu'alors
santé de notre Canaque. Toul est bien
la
sur
nous comptons
partir
nous engager de bonne la
roule de
Radama.
compléter nos vivres
à
noire
à
bien
:
heure après-
('.cl
je fais acheter
commandeur Rainivoavy une de riz que j'ai pu me procurer
par notre
assez grande
quantité
fort
heureu-
sement dans ce pauvre village. Nos porteurs cl
le
vannent. Le chef du village
(pie j'avais torl qu'il savait
soldai de
m'a
pilenl
le
bien assuré'
de prendre ce supplément de bagages,
pertinemment par son grand-père, ancien
Radama, que
celle roule
que nous allions pouvoir
la
superbe
élail
parcourir facilement
cl
:
il
ajoutait d'ailleurs qu'il avait sacrifié une poule noire à noire intention cl que, à l'inspection des entrailles,
jugé que nous ne mettrions pas plus de quatre
ilavail
journées de marche pour arriver occidentale de
la
forêt.
ment d'hommes pour porter j'avais cru
prudent de
Fito à
à
Lisière
la
SOTHE AMI
Mais nous avions suffisam-
charges de
les
me munir,
j'y
avais
riz
même
RAININOSY.
dont ajouté une charge de
sel cl
um' autre de viande de bœuf
desséchée en lanières, sorte de conserve malgache, bien mauvaise d'ailleurs, mais d'une bonne conservation. Je
remerciais néanmoins
bien remarquer
que
je ne
le
chef
(lu village
de ses renseignements
cl
de son sacrifice en
don lais pas ww seul instant de ses affirmations, mais que
si
lui
faisant
nous nous arrêtions
en roule pour une cause quel ci un pie, détail prudent d'agir ainsi. Je n'ai d'ailleurs jamais ou presque jamais
douté de
la
parole d'un Malgache: je n'y
avions résolu de marcher à pied dans et
ai
jamais cru,
la forêt,
c'est
plus sûr
cl
plus simple. Maistre
et
moi nous
nos seize porteurs de fitacon allaient être ainsi disponibles
pourraient soulager un peu nos porteurs de bagages en
même temps
qu'ils porteraient les
charges de
Nous avions donc pour ce voyage présumé de quatre journées de marche six jours de vivres. Tous ces préparatifs terminés, je lais<ais aller Maistre faire le lever topographique du marais de Didy cl de ses environs, pendant (pie moi-même je visitais soigneusement le village pour compléter dans une vivres.
large
mesure mes documents sur ces populations bezanozano. Entre autres choses curieuses,
assister à la toilette capillaire des élégantes
Bezanozano. Dans celte tribu, dont
la
tribu des
les
femmes
de Didy;
se coiffent
j'ai
le
je
pus
parlé plus haut des caractères généraux des
plus souvent
comme
les
femmes betsimisaraka
Bezanozano dérive d'ailleurs. Cette coiffure, toujours assez compliquée, est constituée
.
VOYAGE
1(18
essentiellement par des
I
rosses ou nattes en plus ou
tresses sont serrées à leur origine,
puis
MADAGASCAR.
À
moins grand nombre, de 10 à 20 en moyenne; ces
mais à leurs extrémités
libres, les
cheveux sont réunis
très lâchement,
tresse est roulée sur elle-même, l'extrémité libre restant toujours en
la
dehors de manière à former une sorte de crêpé plus ou moins volumineux. La surface du cuir chevelu est divisée pour former ces tresses en un certain nombre de quadrilatères plus ou moins réguliers divisés en deux séries d'égal
nombre de chaque une
lois
On
côté d'une raie médiane.
considérable soit nécessaire, aussi
par lune environ,
conçoit que pour édifier une pareille coiffure un temps
femmes de
les
ces tribus de l'Est se font-elles coiffer fort peu souvent
devine aisément, sans que
et l'on
quand chaque crêpé
surtout
Sud
et
de l'Ouest,
et
cela
est
comme dans
recouvert,
pour l'empêcher de
bœuf d'un centimètre
de graisse de
inconvénients d'un
j'insiste, les
tel
système,
les tribus
du
se déformer, d'une couche.
d'épaisseur.
Au
bout d'une semaine
de coiffure un odorat des moins exercés avertit de fort loin de l'approche
femmes
des
Pour
ainsi parfumées.
ces coiffures à crêpé, à boules cotonneuses, une aide est tou-
jours nécessaire, ce sont de vieilles matrones expertes en cet art qui se
chargent
on
voit
plus volontiers de
le
même
On
ce soin.
peut trouver à Madagascar,
souvent des peignes en bois, en corne ou en métal,
et le
voyageur qui va de Tamatave à Tananarive s'aperçoit toujours que cet instrument de propreté zana;
il
remarque, en
du dos de
sa
l'ail
partie
du nécessaire de voyage de
que chacun de ses porteurs a dans
effet,
chemise de raphia, son peigne, sa cuillère
ses borila
poche
et sa tabatière,
piquée au fond de son chapeau, une épingle ou une aiguille.
et,
pourrait en conclure prématurément que
homme un
ou femme, porteur
le
peigne
le
est
pour
On
Malgache,
le
plus souvent d'une coiffure compliquée,
objet indispensable et nécessaire à leur usage.
Il
n'en est rien. Depuis,
des siècles, les Malgaches portent celle coiffure avec des variantes suiLE RAN'jAHÏ
vant
instrument
cet
européenne,
cl
depuis que les Anlimerina
cheveux courts, leurs
de
cheveux
l'île,
mode du
la
ils
se servent
lisses et épais,
hommes
et
femmes,
jour, mais
ils
ne se servent
ou tout au moins
hommes
modèles sont
les
et leurs esclaves ont
des peignes de fabrication indigène; les
peignes;
d'importation
mode de se couper les femmes anlimerina, grâce à
adopté
la
ont pu suivre cette nouvelle mode. Mais, pour toutes
c'est-à-dire
jamais de
les autres
peuplades
pour l'immense majorité des Malgaches qui ont conservé
la
mode
dos chevelures longues aux coiffures compliquées, l'usage du peigne est inconnu, cela est facile à concevoir, car
il
est
que quand
ils
;
se récoiffent, les
labourent avec force
le
nu dans
le sillon
le
la tète,
quand
très écartées
ne pourrait jamais passer
cela leur arrive, et ce qu'ils ne font
Malgaches se servent d'une longue épingle en os
cuir chevelu,
cheveux parleur base avec à
même
impraticable un peigne, un démêloir à dents
dans ces chevelures embrouillées; pour se nettoyer
pouce
cl le
posent
main
la
médium,
ils
le
et
en cuivre dont
ils
droite sur la raie ainsi formée et écartant les
grattent énergiqucmcnl avec l'index la peau mise
main gauche Ac L'opérateur maintient
ainsi formé, la
on ne s'étonne nullement de voir
ils
contentement que dépeint
le
les
cheveux par leur extrémité;
visage du patient soumis à ce grattage
vigoureux. Le jeudi 15 août, nous sortons du village de Didy à sept heures. Précédé de notre Canaque, je
marchais en avant pendant que Maislre poussant les retardataires formait l'amère-garde. Nous suivons un sentier mal frayé dans des buissons épineux de Cœsalpinia sappan. Bientôt nous descendons et arrivons au bord d'un la forêt
dont
petit le
marécage, bourbier fangeux d'une vingtaine de mètres de large, qui nous sépare de
rideau vert se dresse devant nous. Dans
apparaissent les hauts suivre le
el
nous devons
le
lointain,
sommets boisés dos monts Ambohitrakoholahy. les franchir
pour arriver dans
cours jusqu'à l'Océan. Derrière uous, à droite
cl à
le
émergeant d'une brume épaisse, Ils
nous indiquent
la
direction à
bassin do l'Ivondrona dont nous suivrons ensuite
gauche du monticule de Didy, s'élend
la vaste plaine
fYPES
BEZ VNOZANO.
(GRAVURE DE BERO,
D*
APRÃ&#x2C6;S
uts PHOTOGRAPHIES.)
22
m
LA ROUTE DE RADAMA. du Mangoro qui
se relève bien loin
avons franchies
dans
l'est
pour former
deuxième chaîne de montagnes que nous
la
y a quelques jours au col du Sompatra. Je dis adieu à ces vastes horizons que nous allons être de longs jours sans revoir; je connais les marches dans les forêts tropicales et je me défie
beaucoup de teints
il
Radama. Cependant
célèbre route de
la
tout
convoi a franchi
le
la
fondrière nous en sortons ;
en rouge; nos vêtements mouillés sont agglutinés par cette argile visqueuse
qu'un mauvais pas
et
nous espérons bien
être plus favorisés
que nous resterons mouillés pendant toute jours précédents, mais peu nous importe
:
pendant
cette étape, car la pluie est
même
par un beau
de
le reste
mais ce
et fétide, la
journée;
venue depuis l'aube
il
n'est
est vrai
comme
les
nous n'aurions pu parvenir à nous
soleil,
sécher sous les épaisses frondaisons de la forêt.
A
l'est
du marais, nous marchons encore quelques minutes dans
commencent
cesse et les arbres
min malgache. Le Canaque grandes herbes ont poussé
s'arrête et
que
sappans épineux, puis
les
autour de nous; mais, toujours pas de route, pas
à surgir
décontenancé,
que depuis longtemps
nie dit
il
cette végétation intempestive et surtout les
des pluies ont détruit dans cet endroit les derniers vestiges de la roule:
veux pas, par de trop graves reproches
est perdu. Je ne
décourager dès
le
veau dans tôt
nous
d'embarras. Le Canaque
tirer
houe pour émerger
de vue dans
et le
ses
la
Canaque,
son!
compagnons; ce
à
a
quelques pas plus
disant de revenir avec
lui
toujours de
accompagnés de deux Bezanozano
la
les
accompagne;
bonne volonté,
la
bonnes raisons dont
la
première
esl
suffisante
est conclu, je les couvrirai de piastres à Fito
beau revolver nickelé. Tout
hommes
en route; c'est trois
il
porteurs,
le
el
monde
va sans dire qu'il faut qu'il
il
ils
fail
côte;
la
onl
le trajet
de
veulent
ils
se replonge à nou-
:
perdons bien-
la
côte
bien
à
Didy en rame-
nous conduire jus-
calme leurs appréhensions par
je
n'y a pas d'autorités
c'est
le
peur que leurs mauvais antécédents,
dans ces parages. Le marché
j'achèterai à Raininosj lorsque
accepte,
la forêt,
nous arriverons à Tama-
marché conclu. Enfin nous nous remettons
dans un mauvais sentier;
trouvent détestable.
ils le
:
il
de plus à nourrir.
Nous sommes engagés dans mes
saison
nous voyons enfin arriver Raininosv
pluie
qui nous ont été dévoilés, ne nous poussent à les livrer aux autorités
disent
la
retrouver,
mine patibulaire, Raininosy nous présente
à
deux voleurs de bœufs qui oui souvenl
son!
qu'à Fito à la condition que Raininos]
lave un
la
Raininosy, qui saura
plus rouge que jamais; nous
loin,
nant du bétail qu'ils allaient dérober aux Betsimisaraka de
mille
plus
sait
che-
faits à la faible
brume. Après deux heures d'attente SOUS
la
ils
même un
buissons et les
les
grandes eaux de
ne
brousse
mémoire de notre Canaque, le commencement du voyage, mais après avoir rassemblé mes hommes sur un terrain à
peu près sec je renvoie notre mauvais guide à Didy en bien, je l'espère,
il
la
soit
c'est
un lalana omby,
«
chemin de bœufs
Or pour qu'un Malgache trouve un chemin
détestable,
», il
bien mauvais, c'est toujours l'argile rouge glissante et détrempée. Les
faux pas, les chutes sont nombreuses, on glisse sur les feuilles mortes
el
l'on
tombe sur des vakoas ou
dans des bouquets d'aloès aux épines acérées. Chaque chute nécessite un arrêt, nous faisons très peu de chemin, nous n'avançons que bien lentement. Une autre cause vient encore nous retarder, si
étroit,
il
esl
encaissé
si
profondément, ses détours sont
teurs sont surpris par des
longs
arrêt,
il
et si
nombreux que
le
sentier est
parfois les por-
faul défaire les paquets, les fractionner en petits colis
pour franchir ce mauvais pas. Or cela se renouvelle tous et
brusques
éboulements ou ne peuvent tourner au milieu des arbres serrés avec leurs
bambous de charge. Alors nouvel
Vers une heure
si
les
quarts d'heure.
demie, nous arrivons au terme de notre étape pour camper. Nous avons choisi à proxi-
mité d'un petit ruisseau un terrain relativement plat où nous allons nous établir, dîner et passer
Après avoir débarrassé
le sol
de
la
brousse
et
la nuit.
des feuilles mortes, en un mot, avoir nettoyé cet emplace-
ment, nous tendons une corde entre deux arbres sur laquelle nous jetons nos couvertures de voyage, dont
les
coins maintenus par des cordelettes sont tendus au loin avec une inclinaison convenable. Le
toit est fait et c'est le principal,
nos bagages sont mis au-dessous posés sur des branchages nous nous éten;
drons dessus et nous y jouirons, je le pense, d'un repos bien gagné. Les hommes se construisent des abris de branchages, et allument de grands feux pour essayer de nous sécher, car la pluie tombe toujours; pendant
la nuit, le
brouillard cesse un peu, mais c'est
une
faible
compensation, car
il
nous faut
VOYAGE
17*2
lutter sans relâche avec
MADAGASCAR.
A
une foule d'animalcules qui menacent de nous envahir;
les araignées, les scor-
pions, les scolopendres, d'énormes iules, des fourmis, des termites, toute une faune enlomologique des
plus variées.
La plus grande
que nous ayons rencontrée dans notre installation du campement, a été sans
difficulté
contredit l'allumage de notre feu. Cette opération qui semble facile à première vue est cependant assez
compliquée lorsqu'on se trouve dans une aussi déplorable (pie
le
nôtre;
forêt
dans un étal hygrométrique
est
l'on
:
aussi nos allumettes, quoique étrangères, résistaient énergi-
à nos tentatives réitérées.
nous
Il
que
et
va sans dire que nos bagages, quoique soigneusement emballés, se trou-
il
vaient dans d'aussi mauvaises conditions
quement
malgache
nous
fallut
me rappelait assez peuplades sauvages; heureusement nos hommes vinrent à un
livrer à
employés par certaines
travail préparatoire
qui
moyens
les
primitifs
notre secours et grâce
à eux nous voyons non pas flamber, mais fumer piteusement nos bûchers ruisselants sous la pluie. faire
du feu
Pour
.Malgaches se servent d'un briquet qu'ils portent à la ceinture et dont les différentes
les
pièces sont agencées avec
beaucoup de soin dans un
en cuir à côté d'une corne de
petit sac
bœuf qui
leur sert de poudrière, disposition que l'on rencontre surtout chez les peuplades insoumises de l'Ouest et
du Sud.
que
Inutile d'ajouter
en contact avec
de
les traitants
que
silex
petite
côte et les
et les
l'on frappe
Betsimisaraka, qui se trouvent plus spécialement
commerçants de se
l'intérieur, se servent tout
compose,
comme
vigoureusement avec une pièce d'acier
prosaïquement
ses similaires d'ailleurs, d'un et
dont on
fait jaillir ainsi les
allumcrdes bourres de raphia (hotohoto) comprimées dans un cône de bois creusé ou
étincelles, qui vont
une
la
Antimerina
Le briquet malgache
d'allumettes dites suédoises.
morceau de
les
corne de bœuf. Les silex sont presque tous achetés aux traitants européens, cependant j'en
rencontré quelques gisements dans
ai
exploités d'ailleurs par les naturels; ces silex se trouvaient tou-
l'île,
jours enveloppés par du quartz agate ou des jaspes aux couleurs vives. Vendredi 16 août. la
journée
et
— L'étape d'aujourd'hui est aussi pénible que celle d'hier, nous avons
vers midi pendant la halte
nous sommes
repas; impossible de nous asseoir sur l'argile détrempée,
de bœufs avaient mis de
cl
pourtant
le
Canaque
et
toute
nos guides voleurs
bonne volonté pour nous improviser des sièges; mais
la
la pluie
obligés de nous tenir debout pour prendre notre
les
malheureux
n'avaient que leurs couteaux et notre Canaque, que je soupçonne fort maintenant d'être un simple d'esprit, s'était attaqué à
travail acharné,
il
un ébénier (envilasse) de dimensions respectables. Après deux heures d'un
n'avait fait
qu'une
très
modeste
entaille
dans l'écorce
et l'aubier.
Dans
l'après-midi,
continuant notre marche, nous suivons toujours ce mauvais sentier, tantôt montant, tantôt descendant
de petites collines ou mamelons aux versants peu rapides. D'après nos indications barométriques, nous
ne nous sommes pas élevés d'une façon sensible depuis notre départ de Didy, nous sommes toujours en pleine forêt, les éclaircies sont très rares;
il
fait
sombre,
élevé, qui laisse à peine tamiser la lumière, entrelient
pire
A
les
mal sous ces frondaisons élevées. L'atmosphère chaude nos pieds, des feuilles
un arbre, qui
n'est
res-
est saturée d'humidité.
des branchages tombés dans les saisons dernières forment une couche
el
épaisse de terreau d'où se dégagent des taillis;
arbres sont rapprochés et leur feuillage
autour de nous une atmosphère viciée; l'on
miasmes putrides. Sous ces hautes
futaies
il
y a peu de
pas assez vigoureux pour percer cet épais manteau de verdure qui s'étend
sur nos tètes et aller chercher
l'air et la
périr étouffé par ses puissants voisins.
lumière qui
lui
sont nécessaires, est fatalement
En revanche, nous voyons
condamné
à
à nos côtés se développer dans toute
leur splendeur mille variétés de palmiers nains et une quantité plus considérable encore de fougères
arborescentes.
A
la
croisée des branches des grands arbres, dans les anfracluosilés des vieux troncs,
partout enfin où un peu de mousse ou de débris organiques ont pu s'accumuler, des orchidées aux variétés innombrables ont pris naissance; nous faisons bien de louables efforts
plus beaux échantillons, mais notre pauvre herbier les cartables le
nature
est la
papier gris
plus forte
el
el la
spongieux dont
il
est
est
dans un
formé
état
les
lamentable, et lorsque nous ouvrons
n'est plus
science ne prévaudra jamais contre
pour en collectionner
qu'une
elle, .le
bouillie.
Décidément
remarque encore dans
la
cette
LA ROUTE DE RADAMA. que
forêt ce
autour de
dans mes précédents voyages,
j'avais déjà observé
quelquefois dans
ne peuvent s'apercevoir qu'assez peu fréquemment.
le lointain,
ma
pas d'insectes; aussi pour enrichir C'est dans son
j'en puis
sentier
c'est le silence
profond que l'on constate nul bruit ne vient troubler ces solitudes, pas un oiseau, et les lémuriens, que l'on entend
soi,
belle recolle.
173
lit
Il
en
effet, et
auprès de sa bougie, que
de déterminer
est assez difficile
juger par
accidents de terrain
les
me
collection je
et
résignerai à y consacrer
voyageur dans de
le
rouge,
l'argile
dans
les
des ruisseaux que nous traversons, des fragments
de quartz adhérents;
fond des
le
torrentueuses charrient des sables blancs, des matières terreuses
la
les
parfois dans
une
déclivité
véritable végétation lacustre;
jours
difficile,
surtout
il
quand
trouvons, coulant de droite
à
gauche, une petite
nous franchissons avec beaucoup de
ils
coulent profondé-
qui continue à miner les berges se produit forcément quel-
il
('-lèvent le
el
prof
empêché
Nous ne pouvons même mener
difficultés.
L'érosion des terres.
bonis de celle rivière pour y camper
nons
mêmes
les
el
y passer la
brouillard semble encore plus opaque; nous
ment
(''lé
et le sol argileux est
soir.
La pluie
som mes encore
moins pénible que
celles
à
sel était
fondue. Pour calmer
principe d'une juste égalité, je
bien celle entreprise cl
qui avait jus-
n'a pas cessé
un seul instant
cl
le
des jours précédents, nous descendons sensible-
la jalousie
veulent
cl
un kabary
de ses collègues, autant que pour respecter pas une sinécure, dans celle forêt,
n'était
inspecteur de notre meute.
el
l'aire
à
allègrement, en portant deux sacs vides,
fort
donnais un emploi qui
lui
nommais incontinent chasseur de sangsues
je le
nous
Sarantanga que
c'est le
recouvert en maints endroits de sable blanc mélangé de paillettes de mica.
un de leurs compagnons. Cet heureux mortel cheminait, charge de
forment
soo mètres d'altitude.
à
Toujours cette maudite pluie. Mes porteurs s'arrêtent à un moment donné
sa
el
Nous nous arrêtons quelques minutes après sur les nuit. \ous confection s rapidement un abri cl pre-
dispositions de campement qu'hier
L'étape de ce malin a
niveau
Vers trois heures
les.
de ITvondrona,
rivière affluent
que grâce à une chaussée de basalte que je découvre à quelque cent mètres en amonl qu'à un certain point
lit
du terrain un étang, une nappe d'eau tranquille où se développe une nous faut contourner ces amas d'eau. Le passage des ruisseaux est toucoule entre deux parois abruptes
il
cl
cours des eaux, en
le
le
de 1res vagues indications.
racines des arbres voisins, mais
entanémenl
dans
ruisseaux dont les eaux
encaissé entre deux parois argileuses,
lil
quefois des éboulements, qui, arrêtanl
même
allées et surtout les
des détritus végétaux chassent très
violence de leurs eaux a creusé
maintenues pendant un certain temps par
\
me donner que
nature ne pourrait d'ailleurs
que
el
et là.
étapes suivantes. J'aperçois cepen-
cl,
celle tranchée
plus
qui nous annoncent déjà les
et
dant de distance en dislance un gros bloc de gneiss,
Ces cours d'eau ont presque toujours un
l'aire la
coupée cependant, cà
elle est
du jour
la fin
couches de roches micaschisteuses que nous allons trouver dans
ment au fond de
mes heures d'insomnie. régions peut
telles
nature du sol qui s'étend autour de nous, autant que par la tranchée sinueuse qui forment presque partout le
de veines blanchâtres ou jaunâtres, qui augmentent vers
la
nos pieds, presque
la
que nous suivons; nous gommes toujours sur
peu de cailloux roulés, dont
A
Cela
m'amène
le el
tout
naturellement à parler des sangsues des forêts de l'Est, encore des ennemis à Madagascar, qui pour être petits n'en sont
J'avais
pas moins redoutables.
remarqué, depuis deux jours
(pie
nous marchions dans
de nos deux pauvres chiens qui nous suivaient en gémissant.
dont
les
jambes nues
lamentable; Maistre
et
frôlaient à
chaque instant
les
herbes
et, à
et surtout
la
l'apparence triste
étaient couverts de sang.
les
les
et
la
maladive
Nos porteurs,
nos chaussures, n'avions pas la
croyant faites par
cause du mal, je n'avais les épines des
vraie raison, à force d'entendre les lamentations de nos
en constatant
cl
arbustes, étaient dans un état aussi
première vue trompé sur
pas attaché une grande importance à ces blessures,
gnons
el
la forêt,
moi, protégés jusqu'à présent par nos vêtements
encore ressenti ces morsures douloureuses,
lorsque j'en reconnus
Ils
buissons,
malheureux compa-
persistance de l'écoulement sanguin qui s'échappait de ces piqûres
profondes. Cette sorte de sangsue de Madagascar
nommée
dimatika par les indigènes peut avoir au repos
de 25 à 30 millimètres de longueur, mais lorsqu'elle se ment son corps est susceptible d'un grand allonge-
ment. Ces hirudinées se tiennent en embuscade sur
les feuilles
des arbustes
el
des petites plantes lorsque
VOYAGE A MADAGASCAR.
174 le
temps
humide,
est
que des gouttelettes de pluie ou de rosée sont sur
et
conditions d'humidité excessives leur étant
pays
— De plus,
elles
prennent naissance
et
passent les premiers
nombreuses mares d'eau que nous avons trouvées sur nos brables,
ils
dois reconnaître que dans ce
morts d'épuisement
et
sont réunies à souhait.
derniers jours de leur vie dans les
el les
pas. Ces
attaquent tout ce qui a vie; des bœufs, des voyageurs
des végétaux; ces
les feuilles
mener une existence bien heureuse. Toutes ces conditions y
doivent
elles
nécessaires pour vivre, — je
animaux
vivent en légions innom-
même, perdus dans
ces forêts, y sont
ont succombé aux morsures spoliatrices de ces êtres minuscules. Lorsque les
hirudinées sont en chasse, ce qui leur arrive souvent, car c'est toutes les fois qu'il pleut, elles se tiennent
aux
fixées par leurs ventouses caudales
geant leur corps
se faisant aussi fines
el
feuilles basses des arbustes et des petites plantes, puis, allon-
que possible,
elles agitent leur tête
chent une proie qui passe à portée. Ont-elles cette chance, d'appui, entaillent
peau
la
cl
el
la
la
les
sens
cher-
el
branche qui leur servait
elles quittent la
enfoncent leur suçoir bien loin dans
lâcher prise sans les briser que lorsqu'elles sont remplies,
après
dans tous
blessure; on ne peu! leur faire
blessure triangulaire qu'elles laissent
encore longtemps.
elles, .saigne
Celte nuit; je passe de longues heures avec Maistre à faire une chasse en règle à ces hirudinées, nos
hommes
ont
fait
comme nous
de son invention, lets le
bien avant dans
chique énormément
il
el,
la nuil
le
;
Canaque obtient un
crachant dans ses mains,
il
un remède
énergiquement
se frotte
les
mol-
qui deviennent après celle onction, paraît-il, fady (tabou) pour les dimatika. Je dois reconnaître que
remède de notre Canaque a du
lion,
quoique désagréable à employer; je
nombreux voyages sur
ajoute que dans de
cette roule,
il
,
Samedi 17 lieu dit
août.
— Nous nous
Tolongainy, du
mètres dans
semble un
l'est.
sile
nom
mettons en roule à l'aube
la tête.
et trois
A quelque
c'est
une
clairière d'un hectare environ qui
Il
y a
deux ou
ici
lorsque, traqués à Fito
trois petites cases assez bien construites, elles servent
et
à Didy,
ils
étendue de terrain pour nourrir considérer que
les résultais
les
elles
aux voya-
ont été construites par ces
ont dû chercher un refuge dans la grande forêt
Tolongainy, leur campement favori;
lieu dit
nous
merveilleux: enfin nous pouvons voir à 100 mètres devant nous. Cela ne nous élail pas.
geurs et surtout aux voleurs de bœufs qui fréquentent ces régions,
au
chose malheur est bon.
heures après nous arrivons en un
d'une petite rivière que nous devons traverser à quelques centaines de
Cet endroit nous paraît ravissant,
arrivé depuis Didy.
hommes,
surtout lorsqu'il
le félicite
remarqué que lorsque plus de cinquante
avait
sangsues vous avaient piqué chaque mollet on n'avait pas mal à
ici,
vrai succès par
bœufs. Quoi
ils
qu'il
y ont construit des cases
et
en soit des motifs qui les ont
acquis; nous voyons clair et nous
sommes
à l'abri.
:
celait
défriché une certaine fait
Nous
agir, je ne
restons deux jours
à Tolongainy, journées que nous mêlions à profit pour meltre un peu d'ordre dans nos bagages.
comble de bonheur,
perce
le soleil
les
nuages
et se
montre quelques heures vers
le
veux
Pour
milieu du jour, je
salue sa venue par quelques observations astronomiques dont j'avais grand besoin depuis huit jours.
Nous avons
fait très peu de chemin depuis le Mangoro, et dans la forêt, grâce à tous les empêchements que nous rencontrons à chaque instant, nous ne faisons pas plus de 3 kilomètres à l'heure. Le lundi 19 août, secs el dispos nous quittons ce lieu de délices et nous poursuivons notre roule.
Après une heure de marche, nous rencontrons el nous traversons le ruisseau Tolongainy qui donne son nom au campement que nous venons de quitter, c'est un affluent de gauche de I'Ivondrona. A neuf heures, après une raide moulée, nous sommes, par une altitude de 8o0 mètres, au Ambohitsililika.
De
sommet du mont
nous arrivons à I'Ivondrona que nous suivons sur sa rive gauche; nous sommes près du gué ou mieux près de l'endroit choisi, car ce n'est pas un gué, où nous devons passer la rivière pour côtoyer sa rive droite. En ce point la rivière, I'Ivondrona, a une direction O.-N.-O.
—
l'autre côté,
E.-S.-E., sa largeur est d'environ 150 mètres et sa profondeur
Pour passer du bassin du Mangoro dans qui est rare
dans
l'Est
—
l'orient
à
des cours d'eau
el
est
de
1
nous n'avions en somme franchi
que des hauteurs d'une altitude peu élevée;
donne naissance du côté de lesquelles, après avoir sui\i
celui de I'Ivondrona,
maxima
à des rivières
une direction sensiblement perpendiculaire
m.
—
30.
ce
celle ligne de hauteurs qui
même
à ce
assez considérables,
massif montagneux, vont
LA ROUTE DE
CAMPEMENT
se jeter
dans
mer des
la
[ndes.
A
étant parallèle.
lui
prolonge vers
le
et
rOLONGAlNY.
En somme
:
elle limite vers l'est
le
la
vallée
du Mangoro,
bassin du Mangoro, ainsi qu'une
et
celle
cours de ce <|ui le
lagnes orientées
huiles deux couvertes de forêts, celle de l'ouest où l'on remarque
S.; elles sont
Vohilangy,
le
immense contrée
nord, constitue une très large vallée, limitée par deux chaînes de
le
parallèlement N.
Sompatra
17.j
l'occident de cette petite chaîne, au contraire, ne prennent naissance
que des ruisseaux insignifiants; en revanche, grand fleuve
DE
RADAMA
de
l'est
qui n'est que
le
le
contrefort occidental du massif d'Ambohitra-
koholahy. Or ces deux chaînes laissent entre elles un vaste espace libre sectionné perpendiculairement à sa direction
Mangoro,
il
générale en trois segments d'inégale étendue. Le plus grand, au sud. forme
esl
incliné vers
midi, mais
le
accusée; au nord un autre segment, qui enfin
de
1
une troisième partie centrale
Ivondrona,
lac Alaotra, les
Il
esl
fort
et
a
n'a,
beaucoup
marais de Didy
de
la
vallée
ont chacun une trouée
chaîne orientale, trouée par laquelle
ou moins droite de mai
et
la
mer des
juin derniers; noire cl
compagnon
et
trionale de cette
finalement
hydrographiques, de longueur les
et
sources le
de pente différentes,
eaux gagnent en ligne plus
il
grande vallée
avait suivi le
Mangoro, fleuve considérable, au cours presque
torrentueux qu'à l'extrémité méridionale; en cet endroit
par une série de rapides,
ancien cours
les
Indes. La partie méridionale avait été explorée par Foucart pendant les mois
régulier ne devenant rapide ensuite,
et
de grands lacs, dont
du Mangoro, ne sont aujourd'hui
trois bassins
la
lac Alaotra et ses affluents;
trois bassins enserraient autrefois
que des vestiges. Actuellement ces
du côté de
le
plus petite constitue les marais de Didj
les riches tourbières
et
du
vallée
surtout dans sa partie supérieure, qu'une déclivité peu
une déclivité opposée, contient
probable que ces
la
il
passe par
la
I
va se jeter dans l'océan Indien, près de Ambodiharina. esl
il
reçoit l'Onibé;
rouée, prenant une direction perpendiculaire à son
beaucoup plus courte
et n'a
qu'une pente
La
partie septen-
très faible vers le nord.
Ce
VOYAGE A MADAGASCAR.
MB bassin, les
que Maistre devait
visiter
prochainement en faisant
le levé
eaux nombreuses des hautes montagnes qui l'environnent
topographique du lac Alaotra, reçoit
immense marais, au
ces eaux forment un
;
milieu duquel est une vaste nappe peu profonde, le lac Alaotra, qui se déverse lentement par
goro dans l'océan Indien; cependant ce fleuve, en passant va traversant
nord
la forêt côtière se jeter
et sud, divisions inclinées
beaucoup moins étendue.
dans l'Océan. Entre ces deux grandes divisions de
Elle est,
comme
gnantes ou à peu près, ce sont
du Mangoro
qui forment précisément
elles
de ses eaux par deux trouées de
chaîne de
la
seconde
Lorsque Maistre aura exploré nous aurons, mes compagnons
le
l'Est, l'une
Sabevany,
nous
moi, en
et
eaux qui
lac Alaotra
par
ramassent sont-elles
sta-
marais de Didy qui déverse
le
partageant
la
mer par
trop-plein
le
au sud;
l'autre
que nous venons de
la
première
suivre.
trouée du Manangoro,
la
besogne, terminé
la
reconnaissance
la
berge de l'Ivondrona, où mes porteurs le
groupés
assis,
les
fleuve dont les eaux bouillonnaient à leurs pieds.
demandait anxieusement comment nous pourrions
se
s'y
mon-
Madagascar.
cette partie orientale de
monde
les
au nord du bassin du
au nord de Didy,
c'est celle
Uns à côté des autres, regardaient philosophiquement le
et
lac Alaotra et qu'il sera revenu à la
le
Mais revenons à notre camp ou plutôt sur
Tout
longue vallée
la
ses voisines, bornée à l'est et à l'ouest par de hautes
de petits mamelons. Elle n'offre pas de pentes sensibles, aussi
méthodique de
Manan-
en sens contraire et d'inégale longueur, existe une contrée intermédiaire
tagnes, tandis qu'elle est séparée au sud du bassin
laisse passer l'Ivondrona, la
le
trouée d'Ambalomafana, devient rapide et
la
le franchir.
A
nage,
la
il
n'y fallait
pas songer à cause de nos bagages; construire des radeaux en coupant du bois léger
et
le
réunissant
en gros paquets, ce moyen
celui de
demander
évidemment pratique, mais
était
il
avait
un grave défaut
:
en
trop de temps. Je résolus alors d'employer un système qui ne m'est pas particulier sans doute, mais que
j'emploie toujours en pareil cas. J'en ai été satisfait en maintes circonstances,
pratique presque toujours
—
ce n'est dans
si
le
cas où les caïmans pullulent
que pour passer un fleuve dans ces circonstances,
aucune le
est pratique et
mes bagages un rouleau de
le
sauves, car
mes
est de toute évidence
ou de radeaux. Dans tous
solide cordelette de 200 mètres environ. J'en
un
rive à
fort
lis
le plaisir
tète. C'est
un beau
résultat dans
coulent rapidement sur une hauteur de
m.
1
30.
une
pu
se maintenir
rivière qui a 150
Deux heures après
nous
clairière
dispositifs habituels,
nous chassons
nous suivons
a, je crois, atteint
aucun pays du monde un chemin aussi mauvais puisse grandes dépasseraient
debout
et élever les
mètres de large
et
dont
et
bagages les
eaux
avoir repris notre marche, nous
A
quatre heures,
maximum
de difficultés
que des
se présenter. Je crois
et je
pris
nos
doute qu'en
difficultés plus
humaines; nous nous élevons à de grandes hauteurs pour redescendre
les forces
immédiatement dans de profondes leurs paquets,
son
l'un
les suivîmes.
pour y passer la nuit, et comme les jours précédents, après avoir les sangsues fort avant dans la nuit.
nous choisissons une
10, le sentier (pie
hommes
caisses étaient saines
traversons encore une petite rivière affluent de droite de l'Ivondrona, l'Ambaloarana.
Le lundi
autres cas.
porter une extrémité par un
mes
de constater que presque toutes
porteurs, maintenus par la corde, avaient
les
toujours dans
J'ai
tronc d'arbre. Puis tous les
fleuve en se maintenant après la corde fortement tendue;
passage effectué, j'eus
au-dessus de leur
il
recommandable à tous égards au voyageur.
nageur étnërite qui l'amarra solidement sur l'autre après l'autre passèrent
alors
:
est expéditif et sur,
faut se maintenir hors de l'eau pour ne donner
prise à ces féroces amphibies et se servir d'embarcations
système du va-et-vient
et, le
il
il
Les
vallées.
hommes pesamment chargés
ne peuvent monter avec
sont obligés de se hisser les uns après les autres en s'accrochanl péniblement aux
ils
racines des arbres qui nous permettent seules de monter et de descendre, les paquets sont attachés à des cordes, et remontés sur l'argile glissante ou descendus avec précaution au fond des ravins. Le Canaque
m'étonne par sa perspicacité
et
son adresse
:
arrivé au flanc d'un escarpement,
peut atteindre ensuite, par un bond vigoureux, l'escarpement voisin.
son élan
et est
retombé dans
reusement amorti de cette journée
la
le
la
Une
fois
il
se balance
cependant
il
aux
lianes,
il
a mal calculé
fondrière qui occupe le fond de la vallée; une boue épaisse a fort heu-
chute, mais
il
a eu
beaucoup de peine à
ruisseau de Sahavelona.
A
se tirer de là.
Nous passons dans
la
matinée
midi, nous avons constaté avec désespoir à notre déjeuner
.
LA ROUTE DE RADAMA. que nous mangions noire dernière provision de
riz;
n'avons plus de vivres. Nous campons
loin d'un pic qui a
non
le soir
177
nous sommes encore bien
nom
loin de Fito et
Marianany.
le
nous
est, paraît-il,
Il
défendu de parler à haute voix près de ce sommet, sons peine de voir immédiatement un vent violent assaillir. Je dois avouer que je ne respecte pas cette consigne, car je désire vivement la tempête.
vous
Je voudrais non moins vivement
voir
une forte luise dissiper
ronnent depuis notre départ de Tananarive. Mais
tombe de plus
pluie
m'étonne que médiocrement,
belle; cela ne
brume qui nous
pluie et la
la
beau parler à haute voix, chanter
j'ai
les
dictons de notre
envi-
même
vieille
la
France
sont donc plus vrais que les fady de ce pays de sauvages. Le soir, nous dînons par cœur, près de la chute
de l'Asivora.
Le mardi
nous continuons noire route, mais celle
20,
nombreuses émergences de quartz,
Nous nous arrêtons
là.
Vue
culinaire, les bois
vers
nous
le
les
il y a de gneiss sonl raie-, en revanche les micaschistes se montrent ça et
milieu du jour sur les bordsde l'Asivora. Je dois avouer que, au point de
quelques ressources,
offraienl
ces lémuriens qui remplacent les singes à Madagascar,
hommes
ajoutèrenl à ce
menu
des insectes variés
Mais ce régime alimentaire ne nousa
vons à Fito, village situé ;
laissé'
je suis assez
heureux pour tuer quelques maki,
une demi-douzaine de perroquets noirs;
el
vallées;
il
à
en résumé,
s'ensuivrait que, de
il
générale nord
système orographique de
le
seulement dans koholahy,
la
vue
la
chaîne principale
voisinage de noire roule; cardans
le
les collines
concourt, avec
el
les
Il
contrée;
pluies presque continuelles
la
Dans toutes
sud.
el
j'ai
la
pu
l'aire
quelques
quelques renseignements;
les
à sa direction
massifs d'Ambohitra-
les vallées
que
laissent entre
breux torrents qui vont grossir ITvondrona ou ses
à
végétation.
la
<
le-
el
loin
brouillards intenses, à entretenir dans
me dans
les
la forêt
une
premiers bois que nous avions rencontrés
le sol est
former
débris organiques sonl rapidement entraînés au fond des ravins;
le
le
arri-
direction habituelle est E.-O. Mais cela
dans l'ouest,
à (leur de terre, l'on
nous
y a beaucoup de sources sur les flancs des coteaux, partout des suintements; tout
humidité excessive favorable
el les
soirée
la
de ces gros chaînons parallèles
sud au contraire, vers
le
boisées paraissent orientées nord
ces hauteurs, coulenl capricieusement de n
principaux affluents,
la
était assez limitée, obtenir
sud, partent beaucoup de contreforts don)
cl
dans
et
de grandes hauteurs pour redescendre brusquement dans de profondes
à
assez difficile de démêler
es!
mes
mètres d'altitude. Les cotes barométriques sonl 1res inégales dans
:i"ii
sans cesse
l'on s'élève
et
des racines charnues qu'ils prétendaient comestibles.
el
que de désagréables impressions. Enfin, dans l'après-midi,
observations, mouler sur des so mincis d'où
elles
el
semble plus fréquenté, nous pouvons fournir une marche plus rapide
sentier
forêt
dans un sentier moins "lissant;
fois
constitué entièrement par de l'argile rouge ou jaunâtre, l'humus qui pourrait se
rencontre
granité rouge
le
gris, le
cl
plus souvent, des micaschites décomposés, des
gneiss granitoïde,
la
roche apparaît souvent
îles liions
pointements de schistes
de quartzite, mais
cristallins.
J'ai
rencontré
parmi différents gisements de roches modernes des coulées de basaltes.
La végétation
esl
bien fournie. Les arbres trop serrés poussent en hauteur
librement, vont droit vers taines seraient
1res
lianes puissantes •
;
le ciel
chercher un peu de
bonnes pour
construction
la
et
soleil, .l'en ai la
pu noter
menuiserie. Entre
et,
ne pouvant se développer
les principales essences, cerles
arbres se déroulent des
plusieurs portaient de jolies fleurs dont nous avons recueilli de beaux échantillons ainsi
pie plusieurs nouvelles espèces d'orchidées.
Il
y a beaucoup de fougères naines ou arborescentes, de
grands roseaux el surtout une espèce de bambou qui forment des fourrés inextricables Les seuls représentants de
la
faune que nous avions vus sont des maki
pas approcher, mais à certaines heures de
nous entendions leur
cri plaintif
dans toutes
breux, en revanche les insectes sont assez
Dans
cette forêt, de
Didy à Fito
vent sur de petits arbustes de d une concrétion résineuse
En
eflel
el
deux à
que
la
des babakoto;
journée, principalement au lever
les directions.
et
Les oiseaux sonl rares,
des
ils
taillis
épais.
ne se laissent
au coucher du les reptiles
soleil,
peu nom-
communs.
surtout en approchant de ce dernier village, je rencontre assez soutrois
mètres de hauteur de petits échantillons sphériques ou ovoïdes
je crois être
un échantillon au hasard
el
et
esl
de
la
gomme
laque.
plus souvent ovoïde que sphérique,
il
peut atteindre 23
la
grosseur
VOYAGE
178 d'un
œuf de
pigeon,
trouve toujours traversé par une petite branche suivant son grand axe ou son
et se
diamètre; l'extérieur paraît Si
A MADAGASCAR.
rugueux
et jaunâtre.
on coupe une de ces masses suivant
la
branche qui
la
traverse on voit l'intérieur tapissé d'une rangée
d'alvéoles de couleur brun foncé, remplies par des débris d'insectes dont l'enveloppe de l'abdomen
englobée dans
résine constitue chaque cellule.
la
Ces insectes étaient évidemment rangés en cercle autour de ils
gomme
sont plus gros que ceux de la
leur
nombre
restée
est très variable,
gomme
la tète
tournée vers
celle-ci
;
laque ordinaire, beaucoup atteignent 3 millimètres de diamètre;
dépasse souvent 60.
il
J'avais eu soin de mettre dans
ces concrétions de
branche,
la
mon
herbier des fouilles, des fleurs, des rameaux, des arbres qui portent
laque. J'avais mis aussi dans l'alcool deux colonies entières de ces insectes
remarquables. Malheureusement, en arrivant à Tamatave quelques jours plus tard, j'avais
le
regret de
constater que mes herbiers étaient détruits en grande partie par l'eau dont ils n'avaient cessé imprégnés pendant les trois semaines que nous employons à parcourir la route de Radama. Quant collections zoologiques, je perdrai une grande partie des animaux conservés dans la traversée de
d'être
mes
à
l'île
de
Mandritsara à Majunga. Alors, dans ce pays privé d'eau, dans ces contrées sablonneuses, brûlées par un
où on ne rencontre sur de grands espaces
soleil torride et
croupissante,
mes porteurs pourétancher
qui les tourmente boiront
la soif
même une mare
ni sources, ni ruisseaux, ni le
rhum
et
que renferment mes bocaux de collections zoologiques. forêt ne se termine pas brusquement. La limite n'est pas nettement tranchée,
l'alcool
de mau-
vaise qualité
A Fito, la
de bouquets de bois plus ou moins grands, réunis par des défrichements récents ou des Je ne suis pas encore fixé sur
la
question de savoir
entière était boisée, les forêts existantes n'étant si,
au contraire,
forêts,
la
grande
île
si,
que
à
les
une époque lointaine,
l'île
comme
plus considérable,
comme
que,
et
cela est probable, ses bois couvraient
notamment dans
cela existe actuellement à
du voyage de Fito
la
il
si
Madagascar
une étendue do
lorrain
la
un misérable
la
mer,
baie d'Anlongil. Cette opinion résulte non seulement
à la côte ouest, où
village belanimena,
n'était
beaucoup
ces parages, sa forêt orientale s'étendait jusqu'à
hauteur de
ville
plus anciens.
est vrai, de ses zones de
Mahasoa, mais des routes parcourues do Mananara à Mandritsara
à
l'itinéraire suivi de cette dernière
Fito est
taillis
de Madagascar tout
témoins actuels de sa végétation antérieure; ou
a toujours présenté ses massifs dénudés entourés,
zones qui l'enveloppent complètement. Néanmoins je pense dès à présent que
pas entièrement boisé,
y a beaucoup
il
le fait
surtout de
et
devient plus frappant encore.
ne compte pas plus de vingt cases. Ses malheureux habi-
il
tants appartiennent à la famille betanimena, qui n'est qu'une division des Relsimisaraka, comprenant,
comme
à l'ouest, et au nord et au sud, la baie d'Antongil
l'est et
la partie
septentrionale de cette région,
plus habituellement sous
ment
occupe l'espace compris entre l'Océan
l'on sait, toide cotte tribu qui
forêts, à
dits;
comme
le
nom
n'arrive
il
ils
que trop souvent
tribu sont ennemies les unes des autres, traiter de
mes
Comme
le
presque tous
anormal,
effort
quel que soit
prix
que
le
les
c'est
première zone de
la partie centrale,
on
les
désigne
sud, ce sont les Betsimisaraka propre-
le
Madagascar, ces différentes fractions d'une
à
même
une grande injure pour un Betsimisaraka que do
Malgache
peuples primitifs, à qui
le
est indolent
songer à rien
lui
demander,
il
est
vue des cases de Fito, une heure
monde
trouver tout
tomber dans
à faire
chaud
avancer
un
l'argile
rouge,
et
riz et
travail double.
incapable de tout et
les
effort,
et
Mais il
demie de marche à peine
hommes.
leur mets favori, mais
puissions leur envoyer du
de nature
est difficile
il
il
de demander à un
moment
ne faut pas trop compter sur
lui,
donne, mais enfin on peut admettre que, lorsqu'il est bien nourri, à un
l'on lui
salaire quadruple, correspondra à peine
peines du
et
dans
;
et la
l'embouchure du Mangoro. Dans
Betanimena. Nous pouvons refaire à Fito nos provisions épuisées, au grand contentement de
porteurs.
donné un
s'appellent Antavaratra
de Betanimena; enfin dans
et
ils
Ils
s'il
a
le
ventre creux,
il
ne faut plus
se croit mort. Ainsi ce matin, lorsque, en
me
séparait de ce village, j'eus toutes les
n'avaient plus pourtant qu'un petit effort à faire pour
en furent incapables,
el la
moitié des
hommes
se laissèrent
attendirent patiemment plusieurs heures, que, arrivés au village, nous
du manioc.
:
LA ROUTE DE R ADAM A. Pendant
journées des 21, 22, 23
les
nasy. Celle contrée présente
24 août, nous parcourons
et
un aspect tout particulier
:
179 dislance qui sépare Fito de Sara-
la
derrière nous, à l'ouest, la grande forêt couvre
de sa verdure les derniers contreforts de la chaîne eôtière;
les sommets, d'une altitude peu considérable, mètres environ, disparaissent presque toujours dans un brouillard épais; devant nous, s'étendant jusqu'à la mer, un pays hérissé de mamelons à pentes assez rapides, peu élevés, mais très
six à sept cents et
rapprochés
uns des autres, disposés sans aucun ordre
les
jusqu'à l'Océan ou plutôt jusqu'à
bande de
la
diminuant de hauteur progressivement
et
sable, et jusqu'aux lagunes côtières. Ces monticules, qui
enserrent l'ivondrona, ses affluents et les mille petits ruisseaux qui sillonnent vallons profonds, avec marais et fondrières. Le sol
La roche n'apparaît que rarement,
assez considérable.
morceaux de quartzite
roulés, des
ici,
l'on
rencontre bien plus souvent des cailloux
de basalte principalement, non seulement dans les
et
seaux, mais souvent à des hauteurs considérables. La végétation feste plus librement
ou dans
comme
dans
est
des bouquets de bois persistent bien, sur
la forêt,
main de l'homme montre
ses effets
de quelques villages betanimena, qui comptent dant, celle faible population
a
à
brutaux
pour cultiver celle graine précieuse, du sud
el
de Iduesl, où
dans ces régions
il
comment
méthode perfectionnée qu'emploient
la
temps qu'une
et
terre riche
opèrent.
ils
Ils
choisissenl
culture,
défrichent
ils
à proximité des
neuses. Celle terre, couverte
villages,
ou que
la
dans
la
offrira-t-elle, la
inintelligentes,
Madagascar,
grandes perturbations dans le riz
dans
les
sant dans un petit terrain
et
le
le
village, puis et,
on
le
trouve en
la
défrichement;
n'y
forêt,
conduit sur
aux brindilles
tels
el
el
el
aux menues bran-
des souches volumivierge
est
continuelles dansées régions, nous
forestières,
et
siècle
ou deux de ces coupes brutales
met bon ordre, n'aura plus de cl
les
amènera de
Pour
suffi-
repiquer avec un
petit
mais
est simple,
el
le
il
est
nécessaire de
ne nécessite que peu
troupeau de bœufs du
de culture. Là une dizaine d'hommes environnent
de bâtons
et
de cris aigus, on
fait
cultiver
nombre de plans
cultures dans les marais
les
dur, on ensemence directement,
qui
culture.
la
avoir obtenu un
l'époque des semailles, on rassemble
le terrain
forêt; ce
conséquemment dans
l'indigène, après
les ans,
s'avancent peu à peu dans l'ouest
nature se charge du reste. Pour
la
à grands renforts de coups
une nappe
trop épaisse pour permettre
esl
soigneusement à côté de sa case, va
sous-sol
Un peu avant
cl
même
D'autre part, lorsque de
défrichements de forêts changent de place tous
au terrain une culture préparatoire. Celte culture
d ellorls à l'indigène.
peau
les
les limites
régime des pluies
cultivé
fondrières peu profondes à
faire subir
l'on
l'eu
les pluies
grands bois. Au bout d'un
les si
défrichements de
bâton pointu dans
fondrières enserrés
riz
saison sèche un espace convenable
la le
ri/, cl
bon rendement. Ce
et les le
et
première année de l'exploitation, un rendement rémunérateur.
du nord au sud sur
en gagnant insensiblement sur cl
culture du
à la
de débris organiques amoncelés depuis des années,
cl
savons par expérience. Ces cultures dans
cheminent
marais
hache aidant, des plus gros Irones
Les eaux manqueront peut-être, mais l'indigène compte sur
elles
ci les
couche de boue
forêt, choisissenl
la
d'humus
la
Anlimerina
mais moins fatigante
un terrain propice
se développer en toute saison.
cl
ches desséchées, ce qui les débarrasse,
le
vrai,
terres qui soient susceptibles d'un
puis, au bout d'un certain temps, mettent
de toute culture, aussi
les
améliorée continuellement parle limon des eaux, une humidité
vont sur les contins de
le taillis,
est
il
sans déversoirs trop apparent-: dan- ces conditions,
aquatique suffisante pour s'abreuver terrains ne sont pas
peuplée
est
population clairsemée peut disposer par habitant d'une étendue
la
sont, d'une part, les contrées marécageuses à sous-sol imperméable,
dans des vallons étroits
plus souvent
hase de leur nourriture. Dan- ce- tribus orientales aussi bien que
la
que deux catégories de
n'y a
le
ri/.
relativement grande de terrain, on emploie une méthode barbare, plus expédilive. Voici
ne se mani-
elle
besoin d'une grande étendue de terrain pour se nourrir. Cela tient à
Nous avons vu dans un précédent chapitre celles
des ruis-
sommets escarpés
les
La contrée
inintelligents.
et
lits
peine chacun une dizaine de huttes misérables. Cepen-
façon toute primitive qu'ils emploient pour cultiver leur
la
mais
1res active,
marais, mais partout ailleurs, on voit des arbres isolés, morts, décapités,
les
brûlés. Partout la
dans
région, forment des
la
chose curieuse, possède une couche d'humus
le trou-
toute la journée piétiner
VOÏAGE
180 ces pauvres bêtes sur place.
Le
soir,
le
A MADAGASCAR.
terrain sera
suffisamment malaxé,
et
préparé pour être
ensemencé.
Au dant
village de Saranasy,
nous trouvons des pirogues qui vont nous conduire à Mahasoa, en descen-
cours de l'Ivondrona et du Sahatsara, son affluent de droite, qui coule au pied du village de
le
Saranasy. Nos misères sont
finies.
En deux heures nous sommes au
l'Ivondrona, qui a en cet endroit 90 mètres de large. ses rives sont bien cultivées, on voit
En
aval
et
demie, nous débarquons à Mahasoa.
tave à Tananarive, et avant
la
le
cours du fleuve,
que nous approchons deTamalaveel des établissements européens.
du confluent du Fahandrano, nous apercevons
gauche, au-dessous du petit village d'Ambatomanoliy, heures
confluent du Sahatsara et de
Nous descendons rapidement la
propriété de M. Charles; plus bas, sur la rive
c'est la sucrerie
Nous retrouvons
de M. Dupuy. Enfin vers quatre
à une roule déjà parcourue de
Tama-
nuit nous faisons, joyeux et dispos, notre entrée dans la cour de L'hôtel
de l'Europe.
EXPLORAI [ON D UNE LAGUNE.
i
)
l
Al*
LLONES.
BI
CHAPITRE Une semaine à Tamalave.
—
VII —
—
Préparatifs pour
—
la route du Nord. Ampanalava. [fontsy. Foulepointe. Tombeau Sépulture et enterrement betsimisaraka.Fénoarivo. Les serpents. Colonels et capitaines. Ivongo. ]..- ir-L'emlt-s du imbakolo d'aprëe les BetsiLa pointé à Larrée. Le port de Tintiiiu'in-. misaraka et d'après les Antimerina. Au <-.i|> Bellones. Los Mananara. Forl antimerina de Vohizanahary. Omis le Longoza. fahavalo. Attaque d'un village par 1rs rats. La forêt de Mananara à Mandritsara. Ambodimadiro. Arrivée à Mandritsara. Réception el parade anti rina. -- Le Rova el ses portes. — Population de Mandritsara. Le gouverneur el son état-major. - La céré lie du Mamadika. Circoncision à Madagascar.
betsimisaraka.
— Mahambo.
—
-
—
—
—
—
—
—
—
—
—
Nous
séjournons une semaine emaine
Tamal Tamalave, lemps que nous met-
à
Ions à profil pour nous remel re to iiul d'abord, l
achever tous à
la
baie d'Antongil. Cette roule
le littoral
l'Océan
«le
est,
il
surtout pour
el
nécessaires à noire voyage vers
les préparatifs
esl
que nous voulons suivre
vrai, assez
el
connue, surtout
centaines de kilomètres de Tamalave. Dans ces régions,
le
Nord
qui longe
quelques
à
elle
esl
par-
courue quelquefois par des Européens traitants ou voyageurs, on en a
donné
îles
descriptions jusqu'à
Cependant malgré la
suivre,
l'attrait
il
el
\
la
plus au nord.
nous résoudre à
partie septentrionale
surtout pour, de celle dernière
riger vers l'ouest, traverser
baie de Bombétoke. C'était
même
el
fallaitbien
pour en compléter l'exploration dans
au-dessous de Manara,
passèrent
Fénérive
de l'inconnu
complètement
là le
l'île el
ville,
ne nous arrêter qu'à
D IVONGO.
cier
encore une
fois
charmant accueil,
A
noire arrivée
le
25 aoùl à Tamalave,
ville
des progrès généraux accomplis, tant dans
la
iteàTamatave. Nous y retrouvions d'anciennes connaissances
dont le bienveillant accueil ne
GOUVLRNEtU
di-
principal but de noire voyage. Les jours
laissait
pas que de nous être forl agréai île
après notre isolement du mois précédent. Je m'empresse Lli
nous
et
M. Jore, alors chargé de
de l'assistance
qu'il a
la
j'avais quittée au
constructions que dans
de remer-
résidence, de son
bien voulu nous donner.
mois de mars dernier,
que les
ici
le
j'ai été
frappé
mouvement commercial
VOYAGE A MADAGASCAR.
182
général. Le principal port de la côte est s'est développé dans de grandes proportions, je suis heureux
de
le
constater et de voir ainsi que la colonisation française à Madagascar
Le lundi 2 septembre, nous partons vers
pu
partir plus tôt, car nos
lieu
hommes
le
chant vers
le fort
antimerina
et
du voyage précédent,
nous rapprochons de
nord. Cette fois j'augure mieux du voyage,
le
mais enfin cela vaut mieux que
c'est vrai,
Nous n'avons pas
milieu du jour, pour la route du nord.
se disent fatigués
de délices. Cependant, après de nombreuses recherches, tout
nous dépassons
toujours des progrès,
fait
mais continus.
lents à la vérité,
la pluie
le
ne quittent qu'à regret ce
et
monde
est enfin présent, et à midi
mer dont nous suivons
la
le soleil est
radieux et
la
rivage en mar-
le
chaleur étouffante,
qui ne nous a pas quittés sur la route de
Radama, de
Tananarive à Tamatave, pendant vingt-deux jours consécutifs.
Une heure après
notre départ, nous traversons
gros village d'Ampanalana. Cette agglomération de
le
plus de cent vingt cases n'est à proprement parler qu'un faubourg de Tamatave,
il
un assez
s'y fait
dans nombre de villages betsimisaraka, chaque habitant
est
marchand de rhum
ou de beisabetsa. Les cases montées sur pilotis sont construites en ravenala; c'est
le
type de la maison
grand commerce
comme
betsimisaraka, que je retrouve avec plaisir après les maisons de terre sales et enfumées des Antimerina.
Nous poursuivons notre route sur une bande sablonneuse qui
s'étend entre l'océan à droite, et une
lagune à gauche d'une centaine de piètres de large. Après une demi-heure de marche dans
sommes un
fort
arrêtés
fait
communiquer la lagune
Ce
après, nous arrivons à la suite d'une
moins grand que
village,
celte étape d'aujourd'hui,
le
deuxième traversée de
nous
le sable,
Ce chenal où
fièvre palustre est les contrées
maladie,
si
endémique
à
la
existe
lagune au village de Vohi-
précédent, nous offre cependant un gîte convenable.
deux hommes
atteints
de
la fièvre,
mais je m'attends à en avoir un plus grand nombre dans
ou
à l'océan.
courant constitue l'embouchure de l'Ivonohina, que nous passons en pirogues, assez rapidement.
Deux heures ilrotra.
brusquement par un chenal qui
Madagascar;
elle
les
ils
J'ai
eu dans
continuent cependant à nous suivre,
jours suivants. D'une manière générale
la
frappe plus ou moins, suivant les individus, les saisons
dans lesquelles on se trouve. Cependant
est à
il
remarquer que
de cette
les atteintes
régulière dans ses manifestations extérieures, sont soumises, elles aussi, à des règles
que
l'on
a vite apprises par expérience et qu'il est facile de prévoir après quelque temps d'observations. Ainsi un
voyageur a
vient-il
de France
et débarque-l-il
beaucoup de chance pour ne
à Tamatave,
rien ressentir
il
se
met en roule aussitôt pour Tananarive.
pendant ce pénible voyage; sa route vers
plus ou moins lente, plus ou moins pénible; dans presque tous les cas,
plateaux où
il
retrouvera, dans un climat relativement salubre,
cédent voyage. il
Il
se remettra de ses fatigues et s'adonnera
le
arrivera
il
la capitale
indemne sur
les
il
sera
hauts
manqué dans son
confort qui lui a
aux occupations pour lesquelles
pré-
est arrivé,
ne manquera pas non plus de dire que ce voyage de Tamatave à Tananarive n'est qu'une bagatelle,
que
les fièvres et le
mauvais climat ne peuvent
changeront en certitude, cubation est trompeuse,
il
et
rien contre lui.
Au bout
11
et
d'une semaine, ses doutes se
se croira sauvé. Mais tout vient à pointa qui sait attendre; celte période d'in-
dans presque tous
les cas
au bout d'une huitaine de jours
la fièvre,
que
l'on
aura gagnée en route, viendra vous visiter impitoyable. Cette règle générale ne souffre que peu d'exceptions qui tiennent
beaucoup plus aux précautions que
l'on a
pu prendre en roule, qu'à une résistance de
constitution exceptionnelle, dont on est toujours enclin à se croire doté. Ainsi, et
mes deux compagnons
moi étions montés de Tamatave à Tananarive au mois de mars dernier dans de
tions et, dix jours après notre arrivée
intermittentes.
Chose curieuse,
dans
et qui
la capitale,
nous étions terrassés tous
ne semble pas concorder avec ce que
sur les autres maladies fébriles, cette période d'incubation n'a rien de plus ou moins élastique, qui semble concorder avec
la
la
iixe, elle
durée du voyage
et
avec
dans lesquelles on se trouve. Elles ne se terminent brusquement que lorsque
très
les trois
bonnes condipar
les fièvres
science nous apprend
a au contraire une durée les
mauvaises conditions
l'on est arrivé
dans un
climat relativement plus salubre et que l'on a déjà pris quelques jours de repos. Ainsi, nous avions effectué notre
voyage de montée de
jours après notre arrivée dans
la
mer
la capitale
à Tananarive en quinze jours, et cependant ce n'est que dix
que nous avons eu
la fièvre; or,
tous les colons que nous avons
LE LITTORAL BETSIMISARAKA. consultés, nous ont assuré qu'ils avaient
voyage en cinq,
fait le
ou
six,
183
sept jours et
leur arrivée à Tananarive, eux aussi avaient ressenti les premières atteintes
Foucart explora
du Mangoro,
la vallée inférieure
dans des conditions d'existence
et
voyage
que dix jours après
du mal
palustre.
Lorsque
séjourna deux mois dans une contrée fort malsaine plus misérables, cependant il se porta très bien pendant son
les
il
ce n'est qu'une semaine après son retour à Tananarive qu'il ressentit ses premiers accès de qui .levait deux mois plus tard le forcer à rentrer en France. Enfin nous-mêmes,
et
fièvre, fièvre terrible
nous venons de
un
faire
sous bois de vingt-deux jours, toujours mouillés, mangeant à peine,
trajet
buvant une eau croupissante des marais que des milliers de sangsues qu'elle contenait.
sante,
nous allons probablement ressentir
le
de
septembre, nous marchons dans des
3
nord, paraît-il, en un
En somme
taillis.
les atteintes
mol
tout
le
long de
est
bord de
la
Loin
Ire
;'
gauche, dans
et
couronnés de leurs forêts touffues. En deçà,
nous
la
lagune, enfin
On
du rivage.
montrent
se
frappé par
ni
l'étendue de ces nappes d'eau saumàlre son!
la
les
le
à
que
même
la
j'ai :
au
moyenne recouverte
derniers contreforts de
chemin
celles
des scories légères d'origine volca-
et
mamelons avec
les petits
bande de sable sur laquelle
la
immédiate
est
des pierres ponces
là
l'ouest,
loin
fort
et
marche dans ces
peu près toujours
à
est
mer, c'est une plage de salde plus ou moins large, cent mètres en
parfois d'une poussière noire avec çà
reste,
i\\\
absolument comparable
de Tamatave à Andovoranto. La disposition du pays
suffi-
'.
Depuis Tamatave
taillis.
relati-
nourriture
gîte et
côte que nous devons suivre, on
la
végétation quoique plus fournie
la
bon
offrent
malaria
décrites,
nique.
que nous suivons une roule
l'océan,
la
débarrasser
la
plus mauvaises conditions possibles.
les
où nous trouvons des villages nombreux qui nous
facile
Le lendemain dans
de passer dans un linge, pour
Nous réunissons
sommes au bord de
cependant, maintenant que nous
et
vement
j'étais obligé
chatne côtière
la
leurs défrichements; tout près de
tracé au milieu des arbres rabougris
esl
disposition qu'affectent
les
lagunes,
nombre
le
considérables, nous en avons compté un grand
et
nombre
depuis Ampanalana jusqu'à Mananara. Cependant, elles ne suivent pas d'une manière presque intercela a lieu dans le sud de Tanialavo et fort loin sur la côte méridionale. Sur celle
rompue comme partie
du
littoral, elles
de chaque ruisseau
constituent, pour ainsi dire, de grands lacs
leur formation déjà décrite
:
aussi régulièrement,
et
les
embouchures des
et
sur
la
les
côte Esl de Madagascar, à
émergences
île
granité
el
de gneiss,
el
d un sabir assez
généralemenl lin,
cl
se
l'embouchure de chaque
à
fait
sur
la
les liions
de
la
lagune avec
des directions nouvelles. Ces déversoirs se tracent
la
suivons.
qiiarlzile. se est
venant 1res près du
A
«lu
sol esl
noire gauche, après
peu variée
les
dernières
monlrenl des micaschistes décomposés
littoral, l'uis
apparaît une bande côtière formée
plus ou moins mêlée de débris végétaux, de coquilles brisées, de
Elle a
précisément
empiète souvent sur
le
à
formation des nombreuses lagunes dont toute
terrain argileux
morceaux de
et le
la
et
des
côte est bordée.
recouvre en certains endroits d'une couche sablonneuse
ssez épaisse.
Ce terrain arénacé a une largeur à
la
el
presque partout recouvert d'une épaisse couche
coraux. Celte bande arénacée, sous l'action des vents, des eaux sauvages, du choc des lames courants, concourt
rivière,
côte où nous nous trouvons
communications de
sables du rivage. La constitution géologique
des scliislcs cristallins. Tout cet ensemble de roches d'argile rougeâtre
à
hauteur où nous
la
connue
fleuves, c'est-à-dire les
l'océan sont sujettes à de fréquents déplacements
péniblement un passage à travers
bien
esl el ouest 1res variable, 'tandis qu'elle
mesure plusieurs kilomètres
l'amatave, elle esl très étroite à Foulpointe, pour devenir très considérable au-dessus d'Ivongo,
tonner
la
totalité
l'argile
ou
les
de
la
el
pointe d'Antsiraka. Les couches sablonneuses reposent en certains points sur
roches inférieures, en d'autres, à l'ouest des premiers, sur des bancs coralliens de forma-
tion récente. Celle
disposition générale est importante à noter pour expliquer la genèse des
telluriques, qui infestent la
zone côtière. Ce terrain sablonneux
est
1res
perméable,
les
miasmes
eaux de pluie
le
1. C'est une remarque curieuse que de constater que la fièvre arrive le plus souvent non quand on est en chemin, niais lorsqu'on a fini une route quelconque, quelle que soit, d'ailleurs sa durée, et que. arrivé au ternie du voyage, on se trouve dans de meilleures conditions de confort et de repos.
VOYAGE A MADAGASCAR.
184
pénètrent facilement ainsi que les eaux saumâtres
lagunes voisines,
îles
et
chargent dans leur
se
descente de tous les principes solubles des éléments organiques qu'elles rencontrent. Mais ces eaux,
une certaine profondeur,
arrivées à
se trouvent arrêtées. Elles rencontrent en effet les parties profondes
complètement imperméables. Là, ces eaux impures se réunissent
argileuses
peuvent s'écouler dans
mer, empêchées
la
qu'elles en sont par les
lits
plus souvent
le
et
ne
plongeant vers l'ouest des
'
couches micaschisteuses. Elles forment alors de véritables marais souterrains éminemment favorables malaria. Je crois pouvoir généraliser cette hypothèse très plausible pour toutes
l'éclosion de la
de Madagascar,
dans
où un terrain perméable
là
l'intérieur de
l'île,
dont
taillis
j'ai
On marche
clairières.
superposé à une couche compact" 1 argileuse. Cependant
dans des contrées où n'existent que
cher uneexplication différente
Le
est
celle
:
sur un lapis de court gazon
presque tout
grande
la
forêt.
des troncs souvent brûlés
le littoral
On et
Pendant la
et
son
long de
et le
et
et à
grands
filao,
ces arbres que
qui rappellent seuls dans cette
taillis
chaque
la petite rivière
du bord de
la
mer
île,
par leur
faisait partie inté-
grands arbres secs:
instant, des témoins,
et
là
au bord de
la
mer devien;
le
de Rangazavo, une demi-heure après nous passons au
ensuite un bras de lagune qui forme en cet endroit une
village d'Ifontsy. Cette agglomération
que nous faisons
petit village de 10 cases, c'est Fasendia.
roule est
difficile
que
Nosy-Be
l'on appelle aussi
est
île
sur
impor-
halte.
quittant Ifonlsy, nous traversons la lagune en allant
la
les
défrichements récents des années précédentes.
Nous traversons
Bétafo.
grands bois un
cageux,
mer
la
Ces témoins que nous rencontrons çà
les
mer. puis nous traversons
tante, c'est là
En
souvent coupé de grandes
de bruyères; autour de nous des fougères arbores-
et
de Madagascar,
rencontre toujours,
maximum dans
laquelle est construit
les
faut cher-
première partie de notre étape nous marchons sur une langue de sable entre une lagune
la
hameau de
il
côté de l'ouest et la quantité va sans cesse en augmentant en marchant vers la foret
nombreux du
elle atteint
roche primitive,
la
qui atteignent quelquefois 15 mètres de hauteur, montrent ce que devait
être le pays avant le déboisement.
nent
ou
des marais superficiels.
aspect et leurs formes, nos arbres résineux d'Europe. Ce
grante de
l'argile
parlé plus haut et dans lequel nous cheminons, est
centes, des tanghins, des voavotaka., des citronniers, l'on retrouve sur
à
les côtes
du côté de
Au nord
jusqu'au village d'Ankadirano
;
là
nous trouvons dans
l'intérieur et
de ce village,
le
pays devient maré-
nous retrouvons une lagune jusqu'à
nous nous arrêtons dans ce village pour y passer la nuit. Le lendemain, après une marche de quelques heures dans une contrée absolumenl analogue, nous arrivons à Foulepoinle, en dialecte
Antetezana
;
antimerina Marofolotra.
Nous sommes
là
dans un
très
gros village qui a eu son heure de célébrité,
nanl un des centres commerciaux importants de cases, presque toutes isolées les
unes des autres
et
la cê>teEsl.
Celte ville
mesure que
le
nombre des
plus nombreux.
11
et
à
créoles de Maurice et de la
y a autour
du
village
une
Nosy-Be tend à
comprend environ deuxjcents
A
les
et
celle
s'établir
y a surtout de
les côtes
cultivés, des citronniers, des orangers, des bananiers en
de Tamalave,
abandonnée. Le port de Foulepoinle
elle est limitée
dans ces parages
est
beaux manguiers au
au-dessus du vingtième parallèle,
grand nombre.
environs de Foulepoinle, une grande propriété autrefois florissante de
cette propriété est maintenant
d'entourage, assez
côté d'eux, les cocotiers élancés, arbres rares à
Madagascar, car on n'en rencontre que quelques-uns sur
dans
il
mode
se généraliser de plus en plus, à
Réunion qui viennent
très belle végétation,
port majestueux qui sont célèbres dans la contrée.
tous plantés
qui est encore mainle-
placées au milieu d'un enclos palissade; ces clôtures,
appelées par les créoles entourages, limitent aussi quelques champs. Cette
fréquente en pays betsimisaraka, à Sainte-Marie
et
n'est
la
A
noter encore,
princesse Juliette:
qu'une rade foraine analogue
du côté du large par une ceinture de brisants qui
à
laissent entre eux
\. Sur la côte Est, de la baie d'Antongil à Vaingaindrano, la disposition plongeante vers l'ouest des couches inférieures compactes, argUes ou schistes, fait que les indigènes, en creusant peu profondément des puits, trouvent pour leurs besoins de l'eau douce en abondance sur le rivage de la mer. Je n'ai pas besoin d'insister sur les mauvaises qualités de celle eau corrompue.
LE LITTORAL BETSIMISARAKA. une passe d'un accès
La tenue
difficile.
mauvaise,
esl
n'y a pas d'abri.
il
185
Un petit voilier qui va assez même y viennent chercher
régulièrement de Fénérive à Tamatave y louche quelquefois; des vapeurs des bœufs; enfin on trouve dans
commerce
de Tamatave. Le
marmites,
la ville
quelques créoles qui sont des représentants de grandes maisons
principal avec les indigènes consiste en vente de rhum, toile et indienne,
en achat de cuir, rabane, raphia, caoutchouc et
etc., et
Mahavélona ce
l'ouest de Foulcpoinle, se trouve le fort antimerina de
malgré
redoutes qui l'environnent
les petites
que
cl
;
cire.
A
quelques kilomètres à
grande importance
fort n'a pas
pendant
l'on avait construites à la hâté
la
dernière
guerre de 1885.
Nous séjournons encore
mon
suivre de
:
onze
j'ai
hommes malades
me
journée à de
(fifangha
D'après
i.
mes
que
joue au katra,
je
celle après-midi quatre
notes,
il
nous
Foulepointe. Faute de mieux, j'emploie
à
el
cependant
et
j'ai passe''
grandes heures
page
xxxiv,
chapitre
première
la
du jeu de katra dans
description
Flacourt,
convoi;
faire
expérience personnelle que je crois
bonne, car ce n'est pas aujourd'hui fois
mon
me
perfectionner au jeu de katra
Flacourt
mon
d'après
la
sur trente-cinq qui composent
donc bon gré mal gré nous attarder une journée de plus
faut
ma
matériel
jeudi 5 septembre à Foulepointe, j'éprouve une certaine difficulté à
le
cription que de Flacourt donnait
à
le
de
livre
des-
celle
108,
en
vérifier
L661
en
est
tous points exacte, elle est très intéressante,
je
el
ne saurais mieux expliquer le jeu national que ne l'a
autrefois
l'ail
Dauphin;
gouverneur de Fort-
l'ancien
hml pour ne pas
aussi
expliquer plus mal que ficile
du
sa propre description, elle est
ici
«Le Fifangha fruits
si
à
JEU DU KATHA OU PIFAMGBA.
dif-
est
un Ieu
d'esprit qui lient
«'I
illustre
absolument conforme
du [eu de
dame
et
ronds qu'ils nomment bassy, sur une tablette de bois, où
seize servans à
un ioiieur
el seize à l'autre.
marquées
B, sonl les seconds chibon, dont
explorateur de Madagascar, je \ais à la vérité.
du tricquelrac, on iouë avec de certains il
y a trente-deux trous en quatre ràgs,
faul avoir chacun trente-deux bassy
11
A
Les premiers trous ou cases marquez
récréatif.
cases
jeu
le
que pour rendre hommage au premier
katra,
transcrire
m'exposer
devancier
sont les premiers chibon, don!
il
:
y en a quatre. Les
y en a aussi quatre. Celles qui sont
il
ce [eu est assez
marquées D, sont
cases de derrière ou du dehors qui sonl seize.
les «
L'on
avec soixante
ioiie
réservoirs qu'il y a en «
quatre boulettes que
el
une ou deux extrémitez du
L'on garnit premièrement
chibon
:
puis
les
l'on
nomme
bassy, lesquelles
on mel en un ou deux
Ieu, l'on peul ioûer aussi avec des ietlons.
douze cases du milieu de chacun un bassy, avec
les
quatre seconds
premier ioiieur porte un bassy dans une des cases du milieu des deux seconds chibon qui
le
sont de son costé,
prend
et
le
bassy dans
la
case opposite à celle où
il
a placé son bas*;/, et le porte
un des deux premiers chibon, qui sonl de son costé. L'autre ioiieur a un bassy en sa main
et le
un des deux chibon, ou une des quatre cases du milieu, qui sonl de son costé,
bassy de
opposite, et le porte à «
le il
un des deux premiers chibon qui
Le premier ioûeurprend un bassy dans
bassy opposite, et le porte le
en l'opposile
et il
Le second
dégar
ies,
y a un
bassi/,
il
et
prend
le
ioiieur en fait de
vous avez perdu,
le
et le
et le
;
et s'il
y a
un bassy dans
puis en porte une dans
le
dernier qu'il a en sa main dans
porte dans
le
premier chibon
la
case
qu'il a
le chibon opposite,
second chibon, qui la
case qui suit,
est
el si
de garny.
quand les chibon et cases de vostre coslé sonl
mesme de son costé, el mesme à l'opposite, et cela
de
le
place dans une des cases de son costé, et prend
au premier chibon de son costé,
porte un autre dans une case
prend
sonl de son costé.
réservoir et
prend avec ceux qui sont dans son premier chibon
de son costé,
«
le
cl
dans
place dans
s'appelle camou.
24
VOYAGE A MADAGASCAR.
186
L'on ne peut iamais porter de bassy dans une case où
«
on et
de prendre
est obligé
que
les autres cases
:
mais
si les
ou à gauche, comme voudrez dans ;
s'il
c'est
:
la
les bassy qui
la
main, vous
les cases
les
portez aux cases de derrière, et
laissez le dernier bassy, et cela s'appelle Mandre, c'est-à-dire
reste
«
Le jeu
«
et
en garnissez costé-là, et
y en avoil tant en vostre
s'il
L'on peut au lieu de bassy ioùer avec des jetions.
dormir ou se reposer.
est assez récréatif, et s'apprend plus facilement en ioùant
les
dernier bassy
le
au premier chibon suivant, en continuant iusqu'à ce que vous ayez trouvé une case vuide
où vous
que de parole.
»
environs de Foule pointe que je pus voir de près et Lien examiner pour
un tombeau betsimisaraka dont de terre qui affecte
la
la partie essentielle se
compose comme chez
les
la
première
l'ois
Antimcrina d'un tumulus
forme d'une pyramide tronquée à base rectangulaire (deux mètres de long, un
au
mètre de large, soixante centimètres de haut); mais, le
en portez un à droict
de derrière fussent garnies chacune de ceux que vous y auriez mis, vous
le
dans
el
vous estes au premier chibon de ce
si
et
:
porterez
C'est
y sont,
case prochaine, l'autre ensuivant, iusques à ce que
comme vous avez commencé
vous en reste dans
main, que toutes
y a à prendre,
que vous portez un bassy dans une de vos cases
y a un bassy, ou plusieurs dans cette dernière case, vous enlevez encores tout,
une case ensuivant, qu'il
il
cases à l'opposite de celles où vous avez des bassy sont dégarnies,
que vous y avez mis tous
garnies, et vous prenez avec celuy
posé
aussi quand
de vostre adversaire qui ne sont pas opposites à celles qui sont garnies devant
vous, soient garnies, vous faites lors Mamoneatsrha
soit
comme
n'y a rien,
il
tombeau, dans un mur de pierres sèches
et
de
le
lieu
d'enfermer
le
tumulus de
terre qui recouvre
recouvrir de larges dalles de granité, à
Antimerina qui trouvent sur leurs hauts plateaux
et à profusion ces pierres
dont
ils
la
façon des
ont besoin pour
l'entourage et l'ornementation des tombeaux, les Betsimisaraka, eux, n'emploient pour cet usage que le bois, et cela se conçoit aisément,
cachent donc
le
ont peu de pierres clans leur pays couvert de grandes forêts.
tumulus sous des planches mal équarries,
tombeau betsimisaraka et
ils
hauts d'environ
1
el l'entourent
—
cela est caractéristique
Ils
du
— d'une clôture en pieux plus ou moins gros, mais se touchant les uns les autres,
m. 50 au-dessus du
sol.
Le vendredi 6 septembre, ne pouvant séjourner plus longtemps à Foulepointe, nous prenons nos
hommes
de filanjana
comme
porteurs de bagages et nous nous mettons en route.
Nous nous enfonçons
tout d'abord dans l'ouest à deux kilomètres environ, pour aller reconnaître la batterie antimerina et
Mahavelona. Nous dépassons bientôt
village de
de Marifarihy;
le village
marais qui s'étendent très loin vers l'ouest, à droite
le taillis et la
là
le
nous avons à gauche des
lagune, plus à droite encore, à deux
kilomètres environ, l'Océan. Continuant notre route, nous arrivons aux embouchures continentes de l'Onibe et du Manonako. La lagune à cet endroit a environ quatre cents mètres de large; nous la traver-
sons sans incidents en pirogues et nous nous rapprochons du bord de la
mer nous nous arrêtons au
village
d'Ambalovato.
la
mer. Enfin, entre
la
lagune
éruptives dont je ramasse de beaux échantillons. Reprenant ensuite notre route, nous traversons un épais formé presque entièrement de ravenala et de grands roseaux.
Avant de traverser au bord de
la
petit village
la rivière
de Farifara
mer. Là, nous quittons
Ambatomalama
;
enfin
et le petit village
le taillis et
suivons
nous arrivons avant
un de nos compatriotes nous offre fort gracieusement M. Courau est un vieux colon de Madagascar, qui réussi
du
reste à les exploiter
voulu nous
faire.
taillis
Nous rencontrons encore des marais.
de Mahasoa, qui est situé sur sa rive gauche
le
rivage de la mer, où nous trouvons un autre
la nuit
au village de Mahambo, où M. Courau,
l'hospitalité.
a
ici
dans de bonnes conditions;
l'accueil bienveillant qu'il a bien
et
y a dans les environs de ce village des roches
Il
d'importantes concessions de forêts qu'il
me
Mahambo, qui
soit
est
permis de
un gros
le
el
remercier
village de plus de
qui a ici
de
deux
cents cases, forme une agglomération encore plus importante (pie celle de Foulepointe. Presque toutes les il
maisons sont alignées sur deux rangs
et
forment une grande avenue N.-S. Les cases sont assez belles
;
y a beaucoup de petits commerçants indigènes, qui vendent principalement du rhum, du belsabetsa, la quincaillerie et de la verroterie. L'élément blanc est représenté
des cotonnades et des indiennes, de
par M. Courau et ses deux employés,
MM. Lecomte
et
Rey, un créole de Maurice et M. Bouhis. M. Bouhis
LE LITTORAL BETSIMISARAKA. est
un ancien quartier-maître de
marine qui
la
depuis quelque trente ans. Je cite ce
Madagascar jour, au
le
pas voulu rentrer en France
n'a
en passant pour montrer
fail
cimetière des Européens, quand, au contraire,
moins dans
Nous passons
le
ses hauts plateaux,
samedi
septembre
7
à
limitant un espace rectangulaire,
le
qui s'est fixé à
et
Mahambo
bien fondé de l'opinion qui
le
de
fait
de Madagascar pourrait former un
l'île
une de nos rares colonies de peuplement.
Mahambo
nous mettons
el
la
environs, où je découvre un nouveau genre de cimetière betsimisaraka,
Nous en avons bien vu d'autres du type
187
ordinaire, entourés tous,
journée à profit pour visiter
me
qui
et
comme
d'une palissade
c'est l'usage,
tombeau. Quelques-uns de ces tombeaux
les
paraît fort intéressant.
surmontés du pays ou de quelques familles riches et bien posées dans la contrée. A côté de ce genre déjà connu, j'en découvre un autre dans un bouquet d'arbres qui couronnent la cime d'un pic isolé. Ce lieu de sépulture n'est plus un tombeau, c'est plutôt un d'un
toit
à
deux pentes égales,
cimetière, car le
ainsi clos sont
ce sont ceux des nobles
cercueils que l'on y rencontre semble indiquer
nombre de
non pas
le<
anciens repré-
sentants d'une seule famille, mais toute une population défunte.
Dans une des autres, tète vers
clairière de ce petit bois sacré,
une soixantai
orientés invariablemenl de façon
el
à
ce que
sud, Ces cercueils en bois massif sonl
le
énorme pièce de
le
cercueils reposent, rangés les uns à côté
cadavre
le
formés de deux parties
le
l'i
:
le
la
fond, est une
huis rectangulaire, creusée de trente-cinq centimètres environ; l'autre partie,
égalemenl formée d'un seul madrier, qui repose sur
vercle, est
pieds tournés vers le nord,
les
ail
le
cou-
massif rectangulaire inférieur en
le
débordant légèrement. La partie supérieure de ce couvercle
es) tantôt
rence de l'arbre que l'on a employé; lantôl au contraire,
bois a été abattu sur les deux angles, pour
le
arrondie.
constituer une arête médiane d'où parlenl deux pentes inclinées. C'est le
centre de
la clairière esl
une
installé
si
nie d'échafaudage sur lequel
forme
la
posé
est
conserve ainsi l'appa-
el
plus fréquente. Vers
la
le
cercueil d'un chef, en
vertu de cel axiome généralement adopté par les tribus malgaches qu'un puissant doit toujours planer
Un chef de
au-dessus des simples mortels.
ces tribus qui viendrait à
dans
Paris logerait
combles,
les
pendant que ses serviteurs habiteraient l'entresol.
Dans
me
cette clairière, je
trouvais en face de ce
misaraka qui osent suivre encore rina ont,
coutumes de
par un contact prolongé avec
cm mues
anciennes
il
quer par un à
les
rai
ils
;
comme
les
Betsi-
Antime-
les
son n ci ne: il plus moderne leurs anciennes superstitions, qui
une observation superficielle
fatalement incomplètes
marcher
leurs aïeux, car les Betsimisaraka
Européens, oublié ou plutôt délaissé une partie de leuren suivent bien encore quelques-unes, mais ils ont soin de se cacher ou d'expli-
el
du peuple madécasse, on ne peut
absolument erronées; pour
el
à ses côtés, lui parler
-raient
|
delà sorte échapper
surtout faite près d'un centre habité par des Européens. Près
endroits, par suite du caractère général
vie,
que j'appellerais un cimetière provisoire des
sans cesse,
el
juger
le
comme
faire il
sur
lui
«le
tels
que des observations
doit l'être,
il
faut vivre de sa
surtoul se garder de ce vernis factice que lui
donne
si
aisément toute influence étrangère. J'ai dit
certain
que ce cimetière
l'avis
la
de tous ceux qui ont
primitifs ont
tous
la
suprême. Je ne sais conclusion
que
de sépulture provisoire;
me
le
la.
notion
s'il
en
écrit
ne sert en
effet
d'un
esl ainsi
l'école
qu'à garder pendant un
famille entouré de la palissade régle-
cercueil contient.
le
sur Madagascar, qui ne faisaient du reste qu'exprimer une fois de
généralité des voyageurs dans les pays sauvages,
Dieu créateur,
peuplades
les
malgaches
chez d'autres peuples primitifs, 'mais chez
paraît peut-être prématurée.
pendant dix ans à
il
tombeau de
putréfaction complète du corps que
plus une opinion émise par
a été
lieu
temps ces cercueils qu'on transporte dans
mentaire, après
De
un
était
11
esl
évident que
des méthodistes anglais,
la
si
on demande
à
savoir que les peuples
à
reconnaissent un Etre
Malgaches une
les
religion de ses pères,
il
esl très
ses souvenirs classiques ne lui permettront pas de raconter fidèlement les traditions
léguées ses aïeux. précise en
En
réalité, si je n'ai
un Dieu créateur,
j'y ai
pas trouvé, chez
les
probable
que
lui
ont
indigènes madécasses, une croyance nette et
toujours trouvé certaines croyances vagues
dégageaient surtout, au milieu de superstitions grossières
telle
un jeune Antimerina qui
et
et
de pratiques bizarres,
confuses, d'où se la
croyance aux
VOYAGE A MADAGASCAR.
188
mauvais
esprits
et le
morts.
culte des
du Malgache,
la religion
lique, mais
qu'il
à se parer,
mais sous lesquels
supérieurs
:
n'abandonne jamais
l'un, esprit
du bien,
siques et auxquelles tout
esprit créateur,
même
génie du bien, ce Zanahary-Be.
On
Zanahary-Be, dont en général
temps que
la
le soleil, etc.
n'en est pas de
Il
un
sacrifient et rendent
nos campagnes craignent place toujours
la
pouvoir
les
les éviter, les
peu
se soucient fort
ils
grands phénomènes de
Le Malgache d'habitude
même pour
;
du mal
à cet esprit
A
feux follets elles revenants.
n'a
aucun
la
pour ce
culte
génie du mal, Angatra, qui préside aux
le
mauvais
culte. L'indigène craint les
croyance aux morts
aime
il
volonté suprême qui dirige les grandes lois phy-
mauvaises choses, aux calamités qui nous frappent. C'est
Malgaches
ou catho-
se dit protestant
il
peut dire que les Malgaches croient à deux esprits
est astreint sans
tonnerre, l'ouragan,
le vent, le
:
;
monde
le
quand
ses nouvelles croyances ne sont que des habits neufs dont
reste tout entier.
il
cet esprit supérieur représente, en
nature
Ces deux idées représentent, d'une manière générale, toute
religion qu'il cache quelquefois, surtout
à ses suppôts
el
comme
esprits,
de celte croyance générale,
cè>lé
que
les
paysans de
les
le
Malgache
qui se rattache toujours d'une façon très étroite à la pre-
mière, car suivant les circonstances, les morts deviennent des bons ou des mauvais esprits, qui font du
mal ou protègent plus spécialement leur
famille, leur peuple, leurs vassaux.
nent ainsi des petits Zanahary ou des petits Angatra
nom
le
et
qui peuvent
Mais ces morts qui devien-
communiquer avec
les vivants
de Lolo, el les favoriser ou leur faire du mal, n'atteignent cet état de perfection qu'après
faction complète des corps qu'ils ont occupés;
il
la
sous
putré-
faut aussi savoir que pendant que celte putréfaction
s'opère, les Lolo ont certains besoins corporels qu'ils ne peuvent satisfaire qu'avec l'assistance des vivants.
Partant donc de ces deux principes, un indigène vient-il à mourir, on
son cercueil;
un
le
corps est enveloppé de nattes
fines,
de riches rabanes, de son
petit oreiller soulève sa tète, le cercueil esl recouvert
occuper. Tous les jours,
qu'il doit
la famille
de l'eau dans des callebasses, et
riz cuit,
du mort
on
retire le cercueil
famille préparé à cet effet. se livre
du
pendant deux ou
belsabetsa,
de
Dans
même du rhum; cela Au bout
trois
la clairière, et
on va
cette circonstance,
et tout cela
porte dans
pour que
lors
le
du décès,
On
la
un coin de
la
du souvenir,
le riz
les plus
sion à laquelle je
place
si le
les-
corps est suffisamment
pompe dans famille
tombeau de
le
du mort
se réunit, et
lue des bœufs, on boit
du rhum,
Du
reste, le
souvenir du Loto
sera sans cesse répété dans les kabary de celle famille;
où
et
l'on fera brûler
même
en
me
suis laissé entraîner en parlant
temps dans une
petite cassolette les
du cimetière provisoire betsimisaraka, que
sommet de l'éminence sur
le
laquelle
l'explication la plus plausible et la seule exacte d'ailleurs des petits
vus depuis Didy aux environs de petits
la
assiette de
suaves que l'on pourra se procurer. J'ajouterai enfin, pour terminer cette longue digres-
bouquet de bois fady, qui garnit
Ces
du cercueil une
case lui sera consacré, angle du nord-est où l'on placera en son intention, dans les grandes
circonstances,
parfums
nom
de roseaux,
lit
Lolo soit favorable à la famille, qu'il s'en
constitue l'ange gardien et sauvegarde ses intérêts en toutes circonstances. sera ineffaçable, on l'invoquera toujours, son
bois sacré, dans
dure ainsi un mois ou deux pendant de ce temps,
porter en grande
le
comme
le
couché sur un
posé à côté des autres à
toil et
jours à des orgies ininterrompues.
on chante, on danse,
le
est
vient placer à la tête
quels les provisions sont renouvelées chaque semaine. putréfié,
il
la route, et à
bouquets de bois sur
les
le petit
nous nous trouvons, me donne
bouquets de bois analogues que j'avais
proximité des nombreux villages que nous avons traversés.
hauteurs, respectés par
pays forestiers, doivent leur conservation, non pas à un pur
le
effet
défrichement général qui s'attaque aux
du hasard,
ni
à ce que l'on ne veut pas
défricher sur des cimes difficiles à gravir, mais c'est tout simplement pour laisser en dehors des roules suivies et
néanmoins
à proximité des villages, des asiles,
champs de repos pour
les
morls, qu'aucune
visite
profane ne viendra troubler dans leur dernier sommeil. Ces petits bois sacrés où l'on place
les
morts
soit
d'une façon définitive, existent aussi bien chez les Sakalava
«le
d'une façon temporaire,
l'Ouest que chez les Belsimisaraka.
soit
On
lesrelrouve encore chez toutes les
Sud-Ouest, ce qui, conjointement à ce que nous savons sur les
Antimerina, nous
fait
habitants de Madagascar.
croire
que ces bois sacrés ont
été
la
tribus insoumises du Sud
situation des
tombeaux des
1
et
du
azimba (liez
employés généralement autrefois par tous
les
LE LITTORAL BETSIMISARAKA. Le lundi 9 septembre, nous nous décidons enfin
à quitter
Mahambo
189
continuer notre route vers
et à
nord: une petite étape doit nous mener à notre premier arrêt, à Fénérive. En
le
en quatre heures de
effet,
marche nous y arrivons, après avoir longé presque toul le temps le bord de la mer. La ville de Fénérive ou Féonarivoesl L'agglomération la plus importante que nous ayons vue depuis Tamatave. Ce doit être un des centres les plus importants de la cùtc nord-est. Comme Mahambo, la ville se compose presque exclusivement d'une longue rue, de chaque côté de laquelle sont
les maisons, pour la plupart assez y a quelques Européens et surtout quelques créoles qui se livrent au commerce el représentent en majeure partie les grandes maisons de Tamatave. 11 y a aussi beaucoup de petits commerçants indigènes, dans les boutiques desquels les liquides, rhum e! belsabetsa, tiennent la première place. Nous
propres.
Il
sommes
logés chez
le
le
commandant du
nous
me
capitaine des douanes antimerina, où nous
antimerina de Vahimasina, qui
fort
nous
reçoit fort bien, et
fait le
fait
plus sensible plaisir.
Soamianina Ivongo,
sommes
présenter les cadeaux d'usage, du
nous donne aussi une
Il
fort bien,
même temps
en
est
lettre
riz,
puis nous allons voir
gouverneui de
des poules
el
province
la
des [égu
s.
,-,.
;
il
qu
j
de recommandation pour sou collègue de
envoie un courriel- sur notre route, pour
l'aire préparer des gttes dans les que nous devons traverserai des pirogues sur les cours d'ei les lagunes que nous devons franchir. Celte dernière attention nous facilitera singulièrement noire voyage, aussi je l'en remercie chaleureusement. Je retrouve à Fénoarivo, dans celle population betsimisaraka, ce que j'avais déjà
et
s
i
villages
I
trouvé dans différents villages antimerina, des tatouages, peu fréquents, voir encore chez certains individus
pas fréquent,
n'esl
il
et
principalement chez,
nés de
;
généralement sur les avant-bras ou sur
emboîtés
uns dans
les
beaucoup plus rarement,
mais que
femmes. Le tatouage, chez
les
l'on
peut
Malgaches,
les
plus autrefois; celle pratique a été évidemment apportée chez les anciens
l'était
habitants, par des esclaves
cules,
vrai,
est
il
les
Les
la
côte d'Afrique. Ces tatouages exceptionnels se font plus souvenl
le front, el affectent le
autres
tatouages
el
trois
plus
le
V majus-
desquels on aurail effacé l'angle aigu. Quelquefois, mais
représentent
tatouages ne sonl guère plus fréquents chez
forme de
la
les
des dessins plus compliqués.
Malgaches que chez
emploienl pour se tatouer une manière de procédé analogue piqûres d'aiguilles enfoncées profondément dans
le
;
les
le-
dessins désirés par des
derme, puis frottent vigoureusement
saignante, avec une matière noire, tirée des feuilles d'un arbrisseau
les
Européens. Les Betsimisaraka
exécutent
ils
En somme,
nommé
la
Kalamaka,
plaie el
encore
mélangée
avec du charbon de bois.
m
Nous quittons Fénoarivo le mardi septembre, el nous marchons au sortir du village dans une grande plaine inondée, nous frayant péniblement un passage à travers des roseaux élevés cl serrés, puis nous rejoignons le bord de la mer où nous traversons la petite rivière de Antendro. Après celle rivière, de petites falaises d'argile on) remplacé
les levées
sablonneuses,
elles sont
supportées par des assises
friables, des roches micaschisteuses décomposées. Vers dix heures, s nous arrêtons au village de Tampolo. Dans l'après-midi, continuant notre roule, nous passons, près du rivage, la rivière de Manangoro, le grand déversoir du lac Alaotra, puis après une heureuse traversée, nous nous arrêtons pour i
coucher au village d'Ambinany, qui compte une douzaine- de cases. Toul le long de là route nous avons vu les bons effets produits par qu'avait envoyé
commandant de Fénoarivo. Partout aux
le
le
pirogues qui nous faisaient passer rapidement d'un bord à l'autre; dans
nous attendaient. nous
arrêtait
cuit et des
Ils
même
avaient
sur
la
l'ail
courrier qui nous précédai!
bacs, nous trouvions de grandes les villages, les
el
chefs prévenus
préparer leurs plus belles cases, des cadeaux tout prêts étaient
roule, dans les
morceaux de canne. Je
n'ai
hameaux
et
près des cases
isol ;es,
pour nous
el
bonnes
offrir
là,
on
du manioc
donc qu'à remercier Rainizanahœra, gouverneur de Fénoarivo,
de ses bons offices.
Le lendemain, nous faisons route dans de grands sablonneuse couverte de
filao
taillis,
puis,
nous marchons ensuite sur une digue
qui sépare une grande lagune de l'océan. Après avoir traversé un
ruisseau, nous passons au village de
Manarampotsy, puis plus
zaha, an nord duquel nous traversons
la petite
rivière de
loin,
nous traversons
Marokanga, sur
les
le
polit
hameau de Amba-
bords de laquelle je tue
VOYAGE A MADAGASCAR.
190
un gros serpent
caché au fond de noire pirogue, avait
qui,
mais
lection zoologique,
beaucoup de peine
j'ai
traversée avec nous.
fait la
donner
à le
comme
Il
ma
ornera
supplément de charge
col-
un de mes
à
porteurs.
Le serpent
Madagascar
à
me
les contrées, je
suis
un animal absolument
est
même
dans
ma
nombreux dans
dans
voit
caïmans, une haine à mort, après
les tribulations
dans presque toutes
effet,
animal qui mérite quelque
dans un serpent que
et
où nous faisons si
les esprits
enroulés
je le
peux un
jeleurai toujours voué, ainsi qu'aux
ma
Certaines tribus du
Sud
Pour
répulsion.
Mal-
le
et les Betsileo
les lolo tant
en particulier croient que
redoutés, vont se loger après
c'est
complète
la
Manansalrana
village de
L'industrie principale de ce village est la confection des rabanes à plusieurs
halte.
communes
lit,
que
sinon un objet de vénération, du moins un
les tribus, le serpent est
de leurs défunts,
mon
que m'ont causées ces animaux, dans mes précédents
du corps qu'ils occupaient auparavant. Nous arrivons ensuite au
putréfaction
teintes
pitié.
sur
fais toutes les fois
voyages dans l'Amérique équatoriale. Mes porteurs étaient loin de partager
gache en
des pigeons, de l'inno-
et
sont souvent très gros, mais
les cases, et j'en ai surpris plusieurs fois
vue m'est toujours désagréable,
parti à ces reptiles, leur
beaucoup dans toutes
pris
ai
l'île, ils
couverture de voyage. Malgré leur caractère inoffensif, je
mauvais
j'en
assuré par des expériences, sur des poulets
cuité de leurs morsures. Ces reptiles sont assez
peu longs, en général; on en
inoffensif;
sur
depuis Tamatave. mais
côte Est.
la
c'est ici
où
On
en
fait d'ailleurs
je vois les métiers les
dans tous
les villages
que nous avons traversés
mieux construits
et
le
Madagascar,
et
ce sont des sucs des végé-
personnel
plus
le
nom-
breux.
Les plantes tinctoriales existent en assez grande quantité taux dont les indigènes retirent leurs teintures
On
nuance en
obtient cette
paille
de
riz,
fil
Ces boues sont
ou
soie,
la
de poudre de
tremper pendant plusieurs jours
seule exception.
la
de raphia,
lagune, sur un terrain argileux.
mélangé aux détritus organiques qui forment
la
couche
donne une couleur noire assez solide mais peu intense.
couleur la
fait
les objets à teindre, fibres
dans une boue peu épaisse, prise au fond de
très riches en sulfate de fer qui,
inférieure du marais,
Le rouge,
laissant
à
plus usuelles. La couleur noire
les
la
plus
obtenir par les indigènes, provient d'un mélange de cendres et
difficile à
racine- d'une plante aquatique, le vnhalingo.
On
obtient un autre rouge
moins
vif en
faisant bouillir les feuilles et les fleurs de l'arbuste arongha.
Le bleu
est
produit par l'indigo; les objets macérés dans
la
décoction bouillante de
la [liante
sont
ensuite enfouis sous des cendres chaudes.
Le jaune
En
obtenu par
poudre de
la
le
la
racine du tamolamo (Cureuma longa)
nous passons de
quittant Manansalrana
lage, et
chez
est
une heure après nous traversons
suite la rivière
le village
si
qui coule au nord du
capitaine de la douane, qui tient absolument à nous avoir quelques instants
rares sur cette route
observation
si
Dans tous il
même nom
».
vil-
de Faladrano où nous devons absolument descendre
reux de vous avoir, venez prendre quelque chose dans sont
du
'.
ma
case, cela
Nous ne pouvons qu'accepter
cette
me
fera
:
grand
«
Je serai très heu-
plaisir, les
passants
gracieuse invitation appuyée par une
juste.
les
villages de
quelque importance de
la
côte Est
et
des tribus soumises de
la
côte Ouest,
y a un officier de douanes, chargé par le gouvernement de Tananarive de percevoir les droits de
douanes aux entrées sinécure, mais
ici,
et
à
gues qui apportent du
aux
sorties des marchandises.
Le plus souvent ces fonctions constituent une
cause du voisinage de Sainte-Marie, sel. cl
il
importent dans notre colonie du
se
fait
riz et
quelques mouvements de pirodes bœufs. Quoi qu'il en
modestes, mais peu intègres fonctionnaires perçoivent quelques droits dont
ils
envoient
la
soit,
ces
moitié envi-
1. Chez les Sakalava du Nord et chez les Antankarana, beaucoup d'indigènes fabriquent aussi des rabanes diversesemenl colorées. Leurs couleurs sont au nombre île cinq 1" le rouge, qui est obtenu au moyen île t'écorce du nato (Imbricaria madagascariensis) 2" le bleu, obtenu par une décoction d'indigo Haika; 3" le jaune, par le tamotamo; ï" le vert, parun mélange île ces deux dernières substances; 5°le brun-noir, obtenu par un procédé analogue à eelui employé par les Betsiniisaraka d'ivongo. :
;
LE LITTORAL BETSIMISARAKA.
191
ron au chef de leur province, qui s'empressera de n'en envoyer que quart, à
Tananarive.
bien vivre.
faul
Il
capitaines de douanes
Si
peuplent ainsi
ajoute
l'on
ces
à
nombreux
côtes Madagascar, les non moins nombreux commandants ou colonels qui gouvernenl les villages <lc l'intérieur, on arrive à un chiffre relativement formidable de col Is el de capitaines. C'esl là peut-être le seul poinl de res< j
u
i
semblance entre Madagascar
el
les
<!<•
États-Unis d'Amérique.
les
Après une halte un peu prolongée, nous reprei
s
nuire roule dans les
Depuis ce malin, loin dans l'Ouest, nous voyons émerger de l'océan Indien
\ous traversons, prés d'une lagune dans
Mario.
nous arrivons enfin au village du
Le lendemain jeudi Soamianina, mais taillis
se briser. les taillis
rivage de
le
Il
nous
va
Il
faut,
là
esl
qu'une petite étape pour atteindre Ivongo ou
au milieu de l'écume blanche de
plage.
la
:
que
mer
laisse à découvert.
rocher surplombant
la
A
la lame, sauter c'est
Heureusement
el
il
nous
il
de l'un à
l'autre.
n'y a
précède dans
Ivongo
est
s appelle plus
le
une
esl fort
profonde;
;
elle a 17
un
village
les
ma
caravane,
belsiniisaraka.
Le
l'uis,
fort
communément Somianina. Ivongo
plupart des cases,
le fort
ma
vient à
Ilot
se
sont
sablonneux
esl
il
dominé lui-même par une autre
deux, qu'une toute petite corniche que je
l'ois
à
ce que j'appelle
continuant sur
la
anlimerina que
est situé à
antimerina
et la
tribu
500 mètres de
maison du gouverneur.
la
fort difficile el péril-
on trouve par
la forêt
route delà corniche. Je
place, nous arrivons à midi à Ivongo.
la
on y cultive de beaux cocotiers. La plupart des maisons sont neuves. la
les flots
profiler d'un petit
là
centimètres de large. Le passage est
piste frayée el préférable cent
sentier le reste de
Ilot,
Vers huit heures,
maintenant mer basse,
leux; Maistre et quelques porteurs l'ont déjà franchi, lorsque, en cherchant bien, les éboulis,
le
pour peu de temps, une lagune el un marais
c'esl
pour tout passage, entre
mesure en explorateur consciencieux
contournant
bon gré
faul
di\ heures, nous nous heurtons à une grosse difficulté. C'est un gros
mer, qui à cet endroit
roche inclinée eu avant,
bambous,
i\'-
el
tout en saulanl de rocher en rocher, nous pouvons cà et
et
Manankatafana
petite rivière de
rencontrons souvenl des rochers, sur lesquels
j
deviennent moins épais; nous y cuirons, mais
retirés la
à l'aire
des fourrés de piaules épineuses
nous obligent, encore de suivre
la
mauvais. Nous no pouvons nous enfoncer vers l'intérieur dans dos
mer, mais nous
la
laquelle elle se jette,
mer
la
côtes basses de Sainte
où nous allons coucher.
septembre, nous n'avons
chemin
le
impénétrables.
gré suivre
1-2
même nom
du bord de
taillis
1rs
Un
la
conquérante
plage, sur
un
a bâti à côté,
sol
sablonneux,
incendie tout récent y a détruit
VOYAGE A MADAGASCAR.
192
Le commandant,
à qui j'ai
de Fénoarivo, nous a
fait
envoyer avec nos salutations
l'ait
préparer
maison du chef du
la
gascar, des chaises, une table et un plancher; de plus,
du gouverneur de Tamalave
les lettres
village
commandant nous
le
et
où nous trouvons, luxe rare à Madaattend à quatre heures,
il
sera heureux de nous voir.
A
nous nous rendons au
l'heure dite,
comme
à Tamatave, à Foule pointe, à
Mahambo, ou
Un
aide de
camp
circulaire en terre
ou en béton,
à Fénérive; mais une double enceinte de pieux
à l'intérieur, des cases des officiers groupées autour de la
construire récemment.
une batterie
flova; ce n'est pas
grande maison que
le
gouverneur vient de
qui était venu nous chercher nous introduit,
nous attendait dans une case de réception entouré de tous ses
officiers.
Il
est
le
et,
faire
gouverneur
vêtu d'une tunique avec
broderie d'or, et d'un pantalon à larges bandes d'argent, un chapeau à haute forme couvre son chef.
Nous prenons place autour de gouverneurs
la table, et
pour Mandrilsara en
et
causons en amis.
particulier, ce qui
mode, encore d'importation européenne, qui quittons bons amis
',
grand
fait
demande
remercier, lorsqu'il
le
et j'opère
plaisir.
me demande
qu'il
pour
Après avoir
les autres
sacrifié à
variés,
une
nous nous
veut donner demain en notre
de faire sa photographie. J'accède
lorsque ses préparatifs sont terminés
:
il
a revêtu sa plus belle tenue
trône au milieu d'une sorte de reposoir qu'il vient de faire à la hâte, pour que
et
lettres
un certain nombre d'apéritifs
emportant une invitation pour un grand dîner
honneur. Je ne sais comment volontiers à sa
me
est de boire
nous donnera des
Il
le
décor
soit
digne du
sujet.
Le lendemain, vers cinq heures
et
demie, un aide de
camp
vient
nous chercher pour dîner; nous
l'at-
tendions du reste depuis une heure et demie, mais ce léger retard est absolument réglementaire chez les
Antimerina. Avant
le
me demande
repas, le gouverneur
de
la
quinine, dont je lui donne généreuse-
ment plusieurs doses.
Comme
invétérées;
que ces fonctionnaires retournent de temps en temps dans leur pays d'origine,
il
faudrait
mais cela leur effet,
il
presque tous ses collègues de
la côte,
il
souffre cruellement de fièvres
avant un certain nombre d'années. Pour quitter leur
est impossible
leur faudrait payer au premier ministre une grosse
somme
commandement en
d'argent, aussi reculent-ils presque
tous devant cette dépense, aimant mieux garder pour leurs vieux jours l'argent qu'ils prélèvent sur leurs administrés. Vers six heures, plats, rôtis
pour
la
plupart, de
le
repas
bœuf ou de
commence,
volaille.
rompu
le
repas, des toasts
à ce genre d'exercice.
commencent,
Pour terminer
il
la
est
interminable. C'est une succession de
Les boissons sont à l'avenant, mais dans un ordre
tout à fait bizarre, et au vin rouge, au vin blanc et au
Picon. Après
il
Champagne succèdent
m'y faut répondre de
mon
les
absinthes
et les
amers
mieux, mais je suis déjà
soirée nous assistons à des danses variées, et nous
entendons des chœurs qui psalmodient surtout des cantiques appris au temple des missionnaires protestants.
On
a
commencé par
les
danses du pays, ce sont
les
plus intéressantes, puis les officiers et les
femmes nobles du pays ont exécuté nos pas européens, où on peut reconnaître nos principales danses sans en excepter même le menuet de nos pères. L'effet en est burlesque. L'orchestre se> compose de deux tambours, une grosse caisse mais
le
et
un accordéon. Enfin, à onze heures, nous pouvons prendre congé,
gouverneur veut à toutes forces nous
grand'peur,
et
par une partie de
la
faire
reconduire à notre case par
la
musique, dont
j'ai
garnison, qui est beaucoup moins à craindre. Rentrés chez nous,
nous avons beaucoup de peine à nous débarrasser de
nous donner une aubade pendant une partie de
la
musique dont
le
chef lient énergiquemenl à
la nuit.
Le lendemain, samedi 14 septembre, nous arrivons à Antsiraka. Ce
village de 40 cases est construit
mode des
apéritifs fortement enracinée dans les pays tropicaux est fort préjudiciable à la santé. On ne peut aucune promenade aux heures fraîches de la journée, de 5 heures à ~ heures du soir, sans que la personne chez laquelle vous vous arrêtez ne se croie obligée de vous offrir des apéritifs. En refusant, on la désoblige beaucoup, car celte mauvaise habitude est complètement passée dans les mœurs. Beaucoup de colons en abusent, et pour un grand nombre d'Européens les apéritifs sont une cause très réelle de maladie, dont on attribue les causes bien entendu au climat, au soleil, à la mauvaise qualité de l'eau dont on n'abuse jamais on en use a peine. On se garde bien de parler des boissons alcooliques, surtout prises avant les repas, et dans beaucoup de cas ce sont les 1.
faire
Cette
aucune
visite,
:
seules coupables.
LE LITTORAL BETSIMISARAKA.
193
à l'extrémité de la Pointe-à-Larrée. Ce promontoire sablonneux est le point de l'île de Madagascar le plus rapproché de notre colonie de Sainte-Marie, aussi beaucoup d'indigènes, sujets français, viennent-ils s'y réfugier. J'ai remarqué du reste, dans mon voyage le long de la côte est de Madagascar, le grand nombre d'indigènes de Sainte-Marie qui viennent s'établir sur la grande terre. Actuellement, notre
colonie se dépeuple au profit de Madagascar.
impôts dont
Nos
sujets quittent en foule Sainte-Marie,
ils
fuient les
sont écrasés dans notre colonie, et redoutent avec raison nos lois françaises qui ne sont pas faites pour eux et qu'on leur applique brutalement. Nous restons deux jours à visiter la Pointe-àLarrée.
Ce
clairières.
ils
qu'une longue bande de sable sans aucune éminence, couverte de taillis aux nombreuses Ces espaces dénudés sont transformés en marais pendant la saison des pluies. Sur la Pointen'est
à-Larrée, l'eau se trouve partout, et à peu de profondeur, mais elle est légèrement saumâtre.
Le mardi
17 septembre,
une
petite étape
nous conduit à Fandrarazana, où nous passons une
assez importante, puis nous arrivons, après avoir contourné
Manompa où nous nous
cl
arrêtons. Le port de Tintingue, bien
dépassé
le
rivière
port Tintingue, au village de
connu par
les
anciens navigateurs de
Madagascar, est avec Fort-Dauphin un des deux ports vraiment dignes de ce nom que l'on rencontre sur la côte est de Madagascar. Malheureusement ce port est d'un accès difficile, cl les anciens vaisseaux à voiles qui fréquentaient ces parages
manœuvres
d'ancres, longues
cl
dans
le siècle
dernier, n'y pouvaient venir mouiller qu'après des
difficiles.
Le mercredi 18 septembre, qous rencontrons pendanl notre étape du malin les mêmes difficultés de marche au bord de la mer cl sur le flanc des falaises que relies que non- avions trouvées il y a huit jours avanl d'arriver à [vongo. Vers
le milieu du jour, nous nous arrêtons au petit village d'Anoun ruisseau de peu d'importance qui porte le même nom, puis nous nous arrê-
nibe, après avoir traversé
tons dans
la soirée au village de Manambato. Le jeudi 19 septembre, nous continuons le long du au nord du village de Lapilava, dans les palétuviers.
En
littoral,
où nous marchons pour
général, depuis que nous avons quitté Tamatave, non- avons toujours
la
première
marché au bord
île la
fois.
mer
sur de belles plages de sable, d'où on voyail émerger quelquefois à marée basse quelques récifs coralliens;
depuis
port de Tintingue,
On
ne
voil q
dont
la
côte
plages. toires
le
le
les galets cl
littoral
de L'Océan
de gros entable
a
changé d'aspect,
il
n'y a plus de ces belles
ni- rocheux qui fortnenl lou- les petits
promon-
existe au large
.le
nombreux
coraux. De plus, à mesure que nous montons vers
le
nord, surtout en approchant du cap Bellones, que
<'sl
hérissée.
nous voyons devant nous,
les
Il
montagnes sont
brisants, en dehors
.le
la
ceinture de-
rapprochées de la côte. Ce sont les premiers contrede cette chaîne qui forment en s'inclinanl vers l'est tous ces petits promontoires que nous rencontrons à chaque instant. La forêt vient maintenant jusqu'au bord de la mer, plus au sud elle ne commençait que bien loin dans l'ouest, et le long de la côte il n y avait que des taillis et des clairières; ici 1res
forts
grands arbres couronnent les petites falaises rocheuses. Dans celle forêt, les ravenala dominent, et sur l'un d'entre eux, particulièrement élevé, je suis assez heureux pour hier un beau babakoto que je me propose d'empailler à noire prochain arrêt. Ce lémurien, sans queue, el qui appartient à la plus
les
grande espèce de Madagascar, mesure
I m. 10 de haut. Un des mes porteurs antimerina s'en charge nous reprenons notre route. Nous n'étions plus qu'à quelques centaines de mètres de Sahasoa, misérable village betsimisaraka d'une dizaine de cases, lorsque nous voyons venir vers nous en poussant de grands cris une vingtaine d'indigènes. Ils nous interpellent violemment, nos
sans trop de répugnance
et
porteurs s'arrêtent, un grand kabary se prépare. Les Betsimisaraka nous accusent d'avoir tué un de leurs grands-pères dans la forêt nous discutons, ils m'exposent leur théorie. Ce sont tout simplement des disciples convaincus de Lamarck et de Darwin, ces indigènes sont transformistes. La conversation est ;
des plus intéressantes. eux, Koto,
le
Ils
me comptent
premier betsimisaraka
bien entendu
el le
la
légende du babakoto [baba, père koto, koto). D'après
père de toute
:
la tribu, était
grand amateur de miel; un jour,
emporté par l'ardeur de la chasse de son mets favori, il était monté si haut sur un géant de la forêt pour s'emparer d'un essaim d'abeilles, qu'il se trouva, une fois possesseur du miel convoité, dans l'im-
VOYAGE
194 possibilité de descendre.
côté de
un singe bon enfant en eut
du
même
singe, descendit par le
chemin.
époque on appelle ces singes, particuliers à Madagascar,
cette
soit, faisant valoir
dépouiller
A
était fort perplexe, lorsque
Il
où
le
les
mon
surtout
ignorance,
me
indigènes ne
me
la
me
antimerina
fiction
les
semblerait
autres tribus de
la
beauté
si,
nous, Occidentaux, chez les races humaines, pour tous les autres caractères,
gens
les
moi,
et bien à tort selon
Belsimisaraka et
comme
même
les
mais ont encore
en général, leurs
ils
une
sujet
fallait choisir
que nous
telle
et soli-
proches parents.
si
l'île,
me
s'il
plus probable, car
la
physiques sont plus réguliers et se rapprochent un peu plus de
coup plus du babakoto que
leurs
babakoto, se place bien entendu sur le
le
voulu s'emparer de leurs anciennes traditions. Cependant, dans ce dernier cas,
deux légendes,
un endroit écarté
livrer à celle opération,
main sacrilège sur un de
verraient pas porter une
côté de la légende belsimisaraka, sur
raconta son aventure, et depuis
Il
père de Koto, babakoto. Quoi qu'il en
le
kabary s'apaisa, je dus promettre cependant de ne pas
le
babakoto au village et de choisir pour
légende antimerina. Ceux-ci ont tenté non seulement d'asservir
les
plaçant à
pitié, et se
descendit jusqu'au sol en sautant de branche en branche. Le Belsimisaraka Koto, mettant
lui,
à profit les enseignements
taire
MADAGASCAR.
A
la
entre traits
comprenons,
se rapprochent beau-
Sakalaves en particulier, représentés par beaucoup de
inférieurs à la race antimerina
j'estime que c'est absolument le
:
contraire qui est vrai.
Les Antimerina, dans leur orgueil sans limite, ont un mépris absolu pour tant,
pourquoi. Lorsque Dieu eut créé
les appellent babakoto, et voici
ils
leur dit de choisir sur la terre les contrées dont sirent l'Afrique
au Sud,
Arabes au Nord,
les
les
le
El à chaque ins-
les noirs.
grandes races des hommes,
les
climat leur conviendrait
mieux. Les Makoas
le
'
il
choi-
blancs se fixèrent en Europe et les Antimerina, au centre
de Madagascar. Lorsque ces peuples furent installés dans leurs domaines, les Antimerina s'aperçurent
que
centre de Madagascar leur convenait parfaitement
si le
du
côtes et
littoral, là ils
ne pouvaient descendre,
il
comme
climat,
il
hommes
leur fallait des
après une longue discussion, résolurent d'expédier à Dieu un envoyé pour
ambassadeur
se rendit
donc auprès du Zanahary, mais
occupé à créer tous
fort
revint sur ce premier
fut
n'en était pas de
spéciaux.
mouvement d'impatience qui
mal reçu parce que à
allait
mais content de son
travail.
trancha
la
queue,
de Madagascar ajoute
la
».
légende
excellente idée,
il
et le
Pour :
montrant à l'ambassadeur antimerina les
lorsque
Antimerina, le
ils
le
il
touchèrent, Il
et
semblait fatigué
résolut de lui
il
En
un Malgache,
faire
maintenant encore
lui
voici la preuve, satisfait
les
de son
esclaves et les
soupir guttural ouch! oucli! lorsqu'ils déposent
sont chargés, ou qu'ils sont arrivés après bien des efforts au
donner
Voilà celui qui habitera les côtes
«
dit venait d'être créé.
Zanahary eut trouvé ce singe pour en
même
:
et
et
singe qu'il venait de créer,
prit le
ajouta
Malgache proprement
poussa un soupir de satisfaction, ouch! ouch!
porteurs des Antimerina poussent ce
dont
le
un supplément de besogne.
était
Cependant Dieu
chasser de sa présence l'importun
lui faire
Les supplications de l'Anlimerina
kabary,
époque Dieu
cette
la terre.
ambassadeur des Antimerina. Le Zanahary venait de fabriquer justement un singe satisfaction, sans pourtant se créer
Ils firent
des
exposer leur désir. Cet
lui
d'animaux qui devaient peupler
les différents types
même
le
fardeau
sommet d'une montée ardue
et
difficile.
Ainsi disent les Antimerina pour se
moquer des
Le vendredi 20 septembre, notre étape plus mouvementée. Nous traversons dans tons au village de Morona, construit sur l'horizon au nord-est, se profile
le
se fait la
le
autres Malgaches.
encore en majeure partie dans
matinée
la rivière
de Menatany,
cap Bellones; nous sommes
cap Masoala, qui, avec
l'entrée de la baie d'Antongil. Celle baie, véritable
mer
le
ici
et
la forêt, la le
soir
contrée
est
nous nous arrê-
dans une contrée rocheuse.
A
cap Bellones sur lequel nous sommes, forme
intérieure, constitue
une exception sur
cette
côte est de Madagascar, qui du cap Sainte-Marie au cap d'Anibe présente une courbe parfaitement régulière.
Demain nous serons
à
Mananara,
le
point le plus septentrional
que nous devons atteindre sur
cette côte de Madagascar. I.
eux;
les Malgaches, le Makoa désigne le noir africain et principalement englobent sous cette dénomination tous les Africains on général.
Pour ils
les
Moçambiques, esclaves importes chez
LE LITTORAL BETSIMISARAKA. Le
village de
Mananara, où nous sommes arrivés enfin ce samedi 21 septembre,
compte plus de cent
cases,
côte depuis noire départ
comme
un
comme
dans toutes
d'ailleurs
fort et
un
la
mer,
tirer
mais
ville,
et ils
effet,
à quelques kilomètres de ce gros
anciennes agglomérations indigènes, mais s'établir
les
Dftl
I
v
i
-
i
mi
-
à
côté
et
sont
y fonder
et
IHASOA.
Partout on retrouve cette dispo-
plus générale encore dans les régions littorales. D'abord les Antimerina n'aiment pas
n'ont pas tout à
de leur isolement
cl
plus, sachant leurs villes
tort,
l'ail
leur assurer
car c'est une route ouverte pour les étrangers, qui voudraient les
une meilleure existence, ce dont
les
du rivage trop accessibles aux forces ennemies,
chefs ne se soucient guère.
ils
De
ont organisé ce semblant de
résistance à quelques lieues en arrière. Mais au point de vue militaire, ces forts n'exislenl pas, et au delà n'y a nulle résistance,
on ne trouverai! que
les
obstacles naturels avec lesquels
il
faut
pousse
Antimerina à
les
villages de soldats, auxquels
ils
bien marquer leurs propriétés
entretenir eoùleusemenl ce
donnent des noms pompeux,
el qu'ils veulent aussi
bien maîtres incontestés de toute
l'île
Dès mon arrivée
à
Mananara,
j'avais
et l'ail
où
la
seule
qu'ils appellent des postes militaires, des et
surtout très longs
:
c'est qu'ils
veulent
indiquer aux populations européennes qu'ils sont
de Madagascar, que l'on puisse
noms antimerina, peuplés d'Antimerina,
il
compter sans doute,
mais qui sont bien loin d'être infranchissables. Ces raisons son! plausibles, sinon véritables, mais réelle qui
il
dans toute celle province belsimisaraka,
qui dans leur pensée devait absorber l'ancienne.
elle est
important,
autres tribus soumises aux Antimerina, ceux-ci ont construit
I
une nouvelle
En
village antimerina.
les
venus se grouper non pas dans
est assez
toutes les agglomérations importantes que nous avons vues sur la
deTamatave. Dans ce pays des Belsimisaraka,
village, s'élèvenl
sition,
195
llolle le pavillon
envoyer au
fort
de
la
lire
partout sur
la
carte de
l'île,
des
reine de Tananarive.
antimerina,
nommé Vohizanaharv
ou Soavi-
,
VOYAGE A MADAGASCAR.
196 narivo, où habite
mandants du Sud pour
la
je lui annonçai
et
province, les lettres que m'avaient données pour lui les autres
ma
marche
compagnon de
me
Il
lui
comdemandant un guide pour l'ouest
une
route. Justement
mon compagnon
une sorte de
de voyage
fièvre bi-quotidienne,
en filanjana est très douloureux. Maistre ne peut donc con-
vois dans la triste nécessité de
est ici en partance
Tamatave,
lendemain, en
a des accès très fréquents, c'est
lui est impossible, et le transport
tinuer son voyage, et je
dernier
le
23 septembre, je reste à Mananara ou Manahara', pour soigner
et le
qui est gravement atteint de la malaria. la
pour
visite
de Mandritsara.
la ville
Le 22
gouverneur de
le
me
priver,
pour un temps
je l'espère,
petite goélette, la Dorade, qui appartient à
pour ce port du Sud,
elle fera voile
mon
de
M. Dupuis, de
dès qu'elle aura complété son charge-
ment. J'accepte pour Maistre, un passage que M. Hocard, agent de M. Dupuis, m'offre fort gracieusement. Maistre s'embarquera donc à bord aussitôt que
débarquera à Tamatave, où
Il
il
le
violent accès dont
trouvera tous les soins et
où j'espère
après sa guérison remonter à Tananarive
le
il
souffre sera
un peu calmé.
confortable qu'exige son état,
et
il
pourra
rejoindre dans quelques mois.
le
Le mardi 24 septembre, après avoir fait transporter Maistre et ses bagages à bord de la goélette, je me mets en route pour Soavinarivo où le gouverneur m'attendait. Le trajet de Mananara à Soavinarivo est assez court,
il
embouchures;
c'est la
rive o-auche, où, sur
demain et
voir
j'allai
La
s'effectue en pirogue.
un monticule,
le
Mananara, déverse ses eaux à l'Océan par deux et
nous accostons bientôt
s'élève le village antimerina de Soavinarivo
gouverneur. L'entrevue fut très cordiale,
le
un guide pour me
rivière,
bouche méridionale que nous suivons,
zone forestière
faire traverser la
littorale.
et j'obtins
Dans
le
point de la
ou Yohizanahary. Le
len-
des lettres pour Mandritsara
deux
l'après-midi j'apprenais par
de mes hommes, envoyés à Mananara pour prendre des nouvelles de Maistre, que mon compagnon allait un peu mieux, et s'était embarqué dans d'excellentes conditions à bord de la goélette la Dorade, qui, profilant d'un vent favorable, avait levé l'ancre hier soir à cinq heures et était partie
Soavinarivo est un village beaucoup moins grand que Mananara,
avec leurs familles, n'y font
champs de manioc La
me
ils
les soldats
antimerina qui l'habitent
se contentent de cultiver les
quelques rizières
et les
nécessaires à leur subsistance.
paraît longue.
Comme
dans
la
dernière partie de
mon voyage
en Imerina, je suis seul,
et
encore devant moi pas mal de kilomètres à parcourir je voudrais, du point où je suis, franchir encore
j'ai
:
une de
soirée
aucun commerce;
pour Tamatave.
fois la
l'est
ligne de partage des eaux, et marchant toujours vers l'occident, traverser
l'île
de Madagascar
à l'ouest. Puis lorsque je serai à Majunga, je reviendrai à Tananarive, en remontant
Betsiboka
de son principal affluent l'Ikopa. Je ne
et
me
surtout celles qui m'attendent de Mananara à Majunga.
11
dissimule pas les difficultés d'un
le
cours du
tel
voyage,
y a dans celle contrée, surtout à l'ouest de
Mandritsara, au sud du pays des Antankara, des bandes armées, des fahavalo, qui s'organisent dans le bassin du Betsiboka, le pays par excellence des fahavalo à Madagascar, et viennent, montant au nord, s'établir sur les rives
du Mahajamba
et
de
les territoires
insoumis du nord-ouest et
dévastée qu'il
me
la
les
Sophia,
prennent alors ce malheureux pays situé entre
provinces soumises de
faudra traverser en quittant
lava proprement dit
ils
le territoire
la
baie d'Anlongil. C'est cette zone
betsimisaraka pour entrer dans
le
pays saka-
2 .
Appellation moins usitée que la première. D'une manière générale on a mal représenté, dans les livres et rlans les relations de voyage, le rôle joué par les fahavalo, ces pirates de Madagascar. Sans doute, on n'a pas voulu diminuer le prestige des Antimerina en disant tout simplement Ja vérité. On n'a pas voulu dire que ces fameux fahavalo n'étaient tout simplement que des indigènes appartenant aux tribus insoumises aux Antimerina et qui par une guerre d'embuscade, par des razzias fréquentes sur les confins des territoires soumis, venaient protester à leur façon contre les empiétements des Antimerina. Je sais bien que tout fahavalo n'est pas nécessairement Sakalava, Bara ou Antaisaka; à côté de ces représentants des tribus insoumises viennent se grouper des gens sans aveu de toutes les tribus, des Antimerina même, soldats déserteurs, des esclaves fugitifs qui sont attirés par l'appât du pillage. Il n'en est pas moins vrai que les fahavalo ne sont pas du tout, comme on s'est plu à le dire, de vulgaires voleurs. Ce sont surtout des tribus rebelles qui font la guerre aux Antimerina. 1.
2.
Ils pillent, ils
comme
mais ne le feront jamais autant que les Antimerina. Si on a dépeint les fahavalo surtout en vue d'un protectorat futur. On voulait représenter le gouvernement
volent, cela est certain,
de vulgaires voleurs,
c'était
LE LITTORAL BETSIMISARAKA. mon
Le jeudi 26 septembre,
du jour,
lever
convoi est prêt pour
En
je quitte Soavinarivo.
sortant
le
du
voyage de
197
guides sont arrivés, et au
l'ouest, les
nous faisons immédiatement route à l'ouest en quelques minutes nous arrivons au bord du Mananara, près d'un gué que nous devons franchir. De l'autre côté de la rivière noire roule jusqu'à Mandritsara aura une direction générale O.-N.-O. Le Manavillage,
et
nara en cet endroit mesure plus
île
nous retrouvons exactement
même
cent mètres de largeur, nous
passons en pirogues. Sur l'autre rive
le
contrée que nous avons déjà traversée de Fito à Ivondrona. Ce sont toujours des petits mamelons arrondis, placés à côté les uns des autres, et sans aucun ordre, sans la
aucune orientation; herbes, et tout
le
le fruit
(Amonum
la végétation est aussi la même, nous marchons dans de petits taillis; dans de grandes plus souvent, au milieu des longoza, roseaux à larges feuilles dont les tiges mâchées et sur-
rouge rappellent, à
deviennent plus grands
taillis
s'y
Danielli) sont souvent
sommes dans
région limitrophe de
la forêt,
les
de ce hngoza
feuilles
indigènes en guise de cuillères. Vers dix heures, les
les
plus épais, nous voici maintenant dans l'ancienne zone forestière, nous
cl
Nous marchons dans
défrichements.
les
méprendre, l'écorce fraîche du cannelier;
employées par
entre Filo
les rizières, puis
Ivondrona. Pour que
et
dans
les longoza, c'est
ressemblance
la
bien
la
plus complète
soil
encore, une pluie assez forle vient nous assaillir.
Ce
n'est
pas sans quelques inquiétudes que j'envisage
Allons-nous retrouver sur cette roule toutes tave? Allons-nous
recommencer encore une
zone forestière de
l'est? Pourtant ici j'ai confiance,
ments que tout ce qui
j'ai pris, je
me
fait
trouverai des villages sur
le
ne devait pas être déçu. droite
Masoala
el
la
A onze
dans d'aussi mauvaises conditions, die doit être moins large
la
roule, enfin, d'après ce
la
Tama-
à
traversée de
à
Àndongo,
taillis
de ravenala.
dans
le
nous
la
vu
j'ai
hier, et c'esl sur-
ligne de faîte, qui à
Nous traversons
village, c'est
la
cases, construit
forêt.
ensuite une
Ambodiampambe,
sur une colline
à l'horizon se profilent
grande
l'est
spoir
Sahavv. petite rivière affluent de
le
village de quinze
c'est
la
d'après tous les renseigne-
:
que
chaîne de partage de- eaux,
de granité. Derrière nous l'Océan; bien loin
nous trouvons un autre
colossal qui a poussé
parcourir pour gagner Mandritsara.
à
que nous avons rencontrées de Didy
heures, après avoir traversé à une
presqu'île d'Antongil; devant
sommes dans un laquelle
cl
la
chemin
versant occidental du versanl oriental, ne doil pas être très élevée. M<
du Mananara, nous passons
rocheuse de gneiss
fois, el
bien augurer de l'avenir,
de Mandritsara sépare
le
les difficultés
En
petite
quittant rivière
village qui doil son
voisinage. Cet arbre, qui se trouve à droite de
la
encore
cap
le
Andongo. nous
sur
nom
les
à
bords
de
un ampan
roule, avant d'arriver
aux
premières cases est vraiment très gros.
Le vendredi 27 septembre, nous continuons notre roule, toujours dan- le- longoza. Chose extraordinous jouissons d'une belle journée. Depuis notre dépari de Mananara, nous nous sommes toujours
naire,
un pic aigu el d'aspect 1res remarquable, qui se voit dans le lointain, c'est le Manevarivo. Le nous sommes au pied de ce mont au village d'Amhodimanevarivo avant d'entrer dans ce village nous avons traversé une rivière assez grosse, assez considérable qui va se jeter dans la baie d'Antongil dirigés sur oir,
:
au nord du Mananara, au sud du Manambolosv.
Le samedi 28 septembre, nous continuons noire roule vers contrée des défrichements
et
l'ouest.
Nous sommes toujours dans
la
des longoza; les ravenala deviennent plus rares, en revanche nous voyons
beaucoup de bouquets de raphia. Nous nous arrêtons vers midi à un petit hameau Andasibe. Là, j'assiste à un spectacle très étrange c'est une véritable attaque du village par un nombre considérable de :
:
rats, les
habitants luttent vaillamment. Mes porteurs
nous décidons de lent
la victoire.
Le
rat,
comme
et
moi, nous leur apportons un précieux renfort,
la souris, est
un véritable
fléau
dans ce pays où rien ne vient s'opposer à leur développement. Partout
mettre les graines
et les fruits
aussi bien des côtes
que de
dont
ils
l'intérieur
pour Madagascar; les
à riz.
Dans chaque
Dans presque toutes
antimerina seul, et admis sans conteste par tous à Madagascar. On voulait aussi en faire les autres tribus comme un ramassis de voleurs et de pillards.
montrer
et
pullu-
indigènes ont cherché à
se nourrissent à l'abri de leurs déprédations.
on construit des greniers
ils
le
village
les cases
on
défenseur de l'ordre et
VOYAGE A MADAGASCAR.
198
suspend,
un
à
en bois, façonné d'une manière spéciale,
plat
de ces rongeurs. Ces greniers à construits tous sur un le sol,
mode du
les rats
sol,
Qu'on
mais
ils
du poteau
eux un obstacle infranchissable. Dans
il
l'on veut conserver.
que
même
pourra
se
promener sur
la
Dans ce
le
du
reste
ils
la
un des grands moyens que
se défient toujours
du blanc, on ne
les croient du moins toujours telles
est tout
le
elles
long
:
qui
les plats
simplement ce
même
une poutre du
de maïs, les racines de manioc ou tout
il
fatigués,
toit,
par
corde,
la
ne pourra en dépasser les bords
maïs succulent
pourtant
qu'il voit
si
près de
et
lui.
sont surtout découragés par
ils
ils
me
le
suivront partout pour ne pas perdre leurs créances.
les
si elles
en particulier à Madagascar
et
empêcher de l'abandonner, éventualité
mêmes dans
le
grave, échecs
si
dépassent
le
taux normal de leur salaire.
si
pays tropicaux,
les
décide pas à nous suivre par des promesses fallacieuses,
ils
comptent peu
Ils
sommes extraordinaires, qu'on leur donnera à l'arrivée si elles sont trop fortes, blanc se moque d'eux, si elles sont trop faibles ils n'acceptent pas, mais si au contraire,
sur les cadeaux, sur les ils
difficulté le
Ces surfaces concaves sont pour
loin.
voyageur doit employer partout
le
se rendre maître de ses porteurs, et les
pensent que
moindre
au moins à deux mètres au-dessus
fréquents de toutes les explorations. Les noirs sont à peu près tous les ils
Comme chacun
se trouvent arrêtés fatalement
les épis
mes hommes sont
plus fort puisque je leur dois de l'argent, et
pour
dent
leur reste à parcourir pour retournera Tananarive. Mais je suis maître d'eux, je suis le
loni>' trajet qu'il
Cela esl
riz situé'
surface convexe du plat, mais
jour,
la
qui n'est qu'une
riz,
rongeur pourra bien descendre du
cas, le
se trouvera encore arrêté avant de pouvoir atteindre
Je passe à Andasibe
grenier à
qui est suspendu par une corde à
et
au-dessous du plat on suspend à de petits crochets,
autre objet
le
garde-manger malgache
les cases le
plat en bois dont, la concavité regarde le sol '
de
concavité regarde
la
munis de plats semblables.
empêchent de grimper plus
les
de bois, dont
plat
peuvent donc s'élever sans
plancher du grenier à
le
lorsqu'ils sont arrivés en haut des poteaux,
débordent tout autour
toit
un grand
un des poteaux qui supportent
sont très forts en gymnastique,
l'on veut préserver
ces garde-manger spéciaux de l'intérieur des cases, sont se figure
pays, les trois autres pieds sont
des quatre poteaux qui supportent
du
comme
riz,
principe.
ce plal en bois est traversé par
petite case, bâtie a la sait
même
que
les objets
:
concordent avec ce qu'on a l'habitude de leur donner,
pas trop aux promesses,
et
aux
brillants
n'abandonnera pas son dû facilement,
le
il
ils
consentent à partir. Le noir, qui ne croit
cadeaux, croit beaucoup au contraire au salaire normal:
Quand donc
suivra avec ténacité.
il
commencer une
je devais
expédition un peu pénible, j'engageais des hommes à un prix guère plus élevé que le salaire habituel, puis je les promenais quelques jours dans des contrées faciles à parcourir, et quand je leur devais quel-
ques piastres,
je les aurais
emmenés
continuellement bien trouvé.
une
piastre, avec
dû.
lui est
belle et cl
il
un fardeau
Dans un
cas,
il
partout dans
Un Malgache
l'île. J'ai
ne consentira pas toujours à faire
n'a pas confiance, car
il
croit
il
doit l'avoir.
nous avait donnés retournent
Dans
ce village
à leur village,
la
que
le
blanc
somme
d' Andasibe, les
lui
et je
m'en
suis
deux heures de marche pour
pour réclamer un voamena qui
léger, alors qu'il fera volontiers des lieues
ne l'aura pas; dans l'autre cas au contraire,
en toute justice
toujours employé ce procédé
promet
mais
esl petite c'est vrai,
guides que
le
somme
trop, la
est trop
due
elle lui est
gouverneur de Vohizanahary
mais deux autres de ce hameau vont
les
remplacer
et
il
en
sera toujours ainsi jusqu'à Mandrilsara.
Le dimanche
2'J
septembre, en quittant
le
village d'Andasibe,
des escarpements rocheux, c'est un passade véritablement
nous nous élevons
très difficile, cl
il
nous
très
rapidement
sui-
faut passer dans
un
où coule un ruisseau torrentueux. Malgré mon expérience des mauvais chemins à Madagascar, je n'avais rien vu d'aussi détestable. Au sommet, nous sommes à 430 mètres d'altitude; peu après, nous arrivons vers midi, à Ambavala, village d'une douzaine de cases, où nous avons besoin de séjourner un
col
peu, pour faire nos vivres, car c'est forêt.
A
l'ouest d' Ambavala,
demain que va commencer pour nous
commence
petites journées à y arriver, alors qu'il
la
zone forestière proprement
nous avait
fallu
dite,
la
traversée de
et
au sud de
l'île,
elle
grande
nous n'avons mis que quatre
un temps beaucoup plus long
et
même
chant plus vile pour aller de Fito à Ivondrona. La zone forestière orientale de Madagascar
beaucoup plus rapprochée du littoral, au nord
la
ne s'arrête
même qu'au
esl
en maren
effel
rivage dans
u: QHEMIS p AN
DAM DU,
LE LITTORAL BETSIMISARAKA, environs de
les
dans
et
à la
la
baie d'Antongil
configuration de
dans
Le lundi
m'enfonce dans
30, je
Lu Européen,
parages.
établi
dite pluie, et de tous les (pie
moyenne que
la
beaucoup plus
fort
beaucoup plus éloignée du
sensiblement
longtemps à Mananara,
il
comme
supporter pendant
fait
il
vingt-dix-huit jours de pluie
me
mon
pendant plusieurs années
avait noté
.le la
de Didy,
forêt
nous nous arrangeons
Le
nous campons sur
soir,
bonheur,
les
eaux du ruisseau envahissent noire camp vers dix heures du soir
les pluies
continuelles déborde bien mal à propos.
peut s'asseoir
me
vois
ils
à
le
le sol est
sont plus touffus
du jour.
la forêt,
el
plu- belle,
est aussi
leur tronc a un développement
mêmes, mais on y compte plus de
d'arbres sont les
lever
où
la
:
bord d'un ruisseau
:
lAndrovahv grossi par
leurs abris par l'inondation
devient impossible de prendre
Il
«
le
marécageux; pour comble de
Il
est
défendu de parler mais on
route est relativement bonne, nous
pente très douce qui se relève insensiblement vers l'ouest, nous montons toujours formé d'argile rouge, el les roches primitives sont plus fréquentes
de Di.lv. La végétation
la forêt
terrain
Mes hommes chassés de
Le lendemain, nous continuons dans
».
excessivement peu,
élancés
que mal dans un
donc obligé de répéter cette phrase célèbre
marchons sur un plateau que dans
tant bien
un concert, en allendanl
et
jours de pluie. Or,
les
dimatika, les sangsues, qui sont encore en plus grand
possible.
fait
lel
les
et
.le
mau-
il
l'Amlravahy.
au. -un repus.
plaignais de cette
dernier voyage, m'a assuré
moi-même sur son carnet d'observation, y aurait deux cent quatrepar an. Dans la forêt, nous retrouvons de suite par ce temps humide, nos
nombre. Je n'aurais jamais cru un
veulent organiser un bal
de bonne règle dans ces
est
qui je
et a
je relevais
anciennes connaissances
rivage. Cela tient
ligne de faite, et aussi, à ce que,
la
loin ces défrichements.
sous une pluie battante
la forêt,
depuis
baie d'Antongil,
la
la forêt est
la forêt suit
ennuis qu'elle m'avait
dans celte région de
d'après
parages de Fort-Dauphin, tandis que dansla partie médiane,
les
chaîne côtière dont
la
partie médiane, on a poussé
la
dans
et
environs de Tamatave en particulier,
les
201
On
fougères sont relativement très rares.
\
trouve
variétés.
Il
les
si
arbres sont moins serrés et moins
beaucoup plus considérable; n'y a plus de fourrés
les
essences
de bambous,
et les
:
L'ébénier de Madagascar, hazomainty.
Le natte, hazomena
'
(Weinmannia Ruteinbergii ou Imbricaria Madagascariensis, est un bois rouge, beaucoup de tanin, est employée par les indigènes, comme teinture et
<bu- et fin. L'écorce, qui contient
pour tanneries cuirs, mais
les
peaux
ainsi préparées retiennent
la
matière colorante rouge
et
déteignent
par l'usage.
Uindraména, qui semble appartenir noircit à
l'air,
les
des résineux, a un suc d'une couleur rouge
on obtienl par évaporation de ce suc macéré dans
laque, cette résine est noire
que
à la famille
plus dure que
et très belle el
la
gomme
la
manches
sert à l'aire des
les
i
sorte de
copal. C'est avec du bois
vif,
qui
nomme
uindraména
construction des bordages des pirogues.
Leharuhara (Exocarpusxylophylloïdes),cet arbre qui vient qui en
bouillant,
indigènes fabriquent leurs torches.
Le tacamaka, bois blanc rougeàtre, employé pour
il
l'alcool
l'ont
commerce
gens qui ont
aval.'-
el
la
dans
d'outils, de sagaies, e!c.
vendent assez cher; macérée dans l'eau
des tsingala
Le lanona (Weinmannia Bojeriana grandes proportions,
;
très gros, a
est le bois le
et
un cœur
très
dur
son écorce est fort recherchée par l'eau, elle esl prise
comme
et très dense,
les indigènes,
antidote, par
-.
les variétés
W.
criocarpa
et
\V. Bojeriana), qui
atteint
de
plus généralement adopté' par les indigènes pour leurs construc-
tions.
Le varongy (Ocotea tricophlebia), autre arbre excellent pour
les
constructions.
1. Los Malgaches lisent Aza milondra hodinato mianlsinanana Ne portez pas l'écorce de natte vers l'est — elle vient de l'est où se trouve la forêt »; flg. Ne portez pas l'eau à la fontaine. 2. Les Malgaches appellent tsingala .le petits insectes aquatiques, espèce d'Hydrocorisc ou d'Hydrocanthare, ou variétés brunes de Noctonecte, qu'on suppose à tort être mortels pour les animaux qui les avalent dans leur breuvage, car ces animaux aussitôt avalés perceraient les parois .le l'intestin et. occasionneraient ainsi la mort Celle croyance est, générale dans presque t. mies les tribus de l'île. .
—
:
:
:
•
VOYAGE
202 n'est autre
Le ramy, qui
colossal, et celui-ci creusé
Le
;
que l'encens blanc d'Afrique; une
donne de grandes
gomme
de plus, sa résine fondue, mélangée avec de
brai pour calfater
les
odoriférante découle de son tronc
puissantes pirogues qui se conservent longtemps.
et
espèce de tamarin (Tamarindusindica), est employé dans
kily,
d'usages
MADAGASCAR.
A
la
la
médecine pour un grand nombre
graisse de bœuf, sert aux indigènes à faire un
embarcations.
Presque tous ces arbres
toutes ces essences différentes, présentent à la partie centrale de l'arbre,
et
une zone plus foncée, appelée
les indigènes.
par
téza
Ce
chose que
n'est autre
cœur du
le
végétal qui,
débarrassé de l'aubier, fournit une pièce de bois très dure, très résistante, et presque imputrescible. Enfin, je ne veux pas terminer celte énumération, sans parler d'un produit
gascar, de différentes sortes de caoutchouc que je Il
et
il
y a à Madagascar beaucoup de variétés de caoutchouc, l'on en trouve tous les jours de nouvelles, y aura de nombreuses découvertes encore dans les provinces de l'ouest et dans les vastes territoires
du sud que plus
ne connaît que très imparfaitement. Jusqu'à ces derniers temps,
l'on
communs
étaient fournis par
deux ou
trois espèces de lianes et
A à o mètres d'élévation. Les lianes sont très
communes dans
récolte de ce produit sans discernement
Malgaches reconnaissent
vu des indigènes qui
mal
très
celte forêt
Mais
toutes les espèces sont mélangées;
et
caoutchouc,
les lianes à
se livraient à cette récolte confondre
ils
non seulement
c'est
surtout quand elles ont des sucs parfaitement coagulablcs
bien du caoutchouc, mais qualités,
surtout par leurs
indigènes font
est juste
il
il
mais en augmentent
poids, ce qui
le
donne un
plus près possible du sol,
il
il
pétrit et
la
sel
en forme des boules. Presque toujours,
elles
les
produit
le
final contient
qui en altèrent les
ou
le
gomme,
la
les traitants
et
y jette
il
pendant
puis,
européens qui
sectionnent suivant un grand diamètre,
contiennent généralement des corps étrangers qui sont réunis pour servir de noyau sur lequel on
général,
le
caoutchouc provenant de
tel
ou
tel
arbuste ou de
telle
ou
telle
le
poids du produit.
caoutchoucs de Madagascar,
Ces derniers sont
Dans
arrivons au
nous traversons
village de
Mananara qui
le
occupe
peu accusée du côté de
la
ici
la
et Filo.
mer des
il
petit
c'est
et
nous
dite de la
zone
ruisseau
proprement
d'abord son peu d'épais-
ligne de faîte, elle ne se trouve pas de part la
et
ligne de partage des eaux.
y a bien des dénivellations, mais
En somme, nous avons marché sur un
elles
sont beau-
terrain uni, à décli-
Indes.
Le mercredi 2 octobre, nous continuons notre route dans le
la partie
accrochée au flanc oriental de
est relativement plat,
coup moins brusques qu'entre Didy
hauteur qu'un
deux particularités importantes,
ne couronne pas
d'autre des plus hauts sommets, elle est le territoire qu'elle
n'est à cette
Troboko. Nous venons de traverser
seur, c'est ensuite sa position, elle
trouvons sur
parmi
faut donc distinguer les caoutchoucs au sel, au citron, aux acides.
forestière qui présente à cette hauteur
Enfin
et
les plus estimés.
l'après-midi, petit
il
En
plante n'offre que peu de
dissemblance, mais sa valeur marchande varie beaucoup, suivant son mode de préparation,
vité
le
tronc de l'arbuste,
une calebasse,
enroule les lamelles de caoutchouc ou plus simplement encore pour augmenter
les
récolté.
rémunérateur. Pour obtenir la liane,
marin, pour faire coaguler
achètent ces boules de caoutchouc de 1/2 à 2 kilog. 1/2,
mais
elles,
du produit
et résine,
recueille ce lait qui découle de l'incision dans
de l'acide sulfurique, du jus de citron ou du qu'elle est fraîche,
de cette façon,
corps de
de dire que
étrangères au caoutchouc,
fait
salaire plus le
la
les espèces, et j'ai
les plantes entre
renferme aussi des matières étrangères, suc
caoutchouc, l'indigène incise avec un instrument tranchant le
:
caoutchouc
et
confondent toutes
on prend des lianes tout à
si
les
les
s'attaquer à d'autres lianes à sucre abondant et blanchâtre, qui altérait la qualité
Celte ignorance est quelquefois voulue, et
caoutchoucs
lianes à
les
:
feuilles
plus estimé.
le
les
un arbuste qui peut atteindre de
forme de leurs
(Vahea gommifera madagascariensis) diffèrent par fruits; celles à fruits piriformes donnent le caoutchouc, la
les
important de Mada-
très
vois en grand nombre autour de nous.
les
taillis et
les
défrichements,
et
nous
chemin, de grands espaces recouverts de sable blanc, où poussent des bruyères. Vers
le
milieu du jour, nous nous arrêtons à Andavalsoky. Le lendemain, nous faisons route cette fois dans les
grandes herbes,
c'esl
la
plaine à perle de vue. Ce
mol de plaine ne désigne pas dans ma pensée un
LE LITTORAL BETSIMISARAKA. endroit
mais
plat,
l'emploie
où
ter-
com-
bois a
le
je
dessein
à
pour désigner ce rain
203
plètement disparu.
Il
y a bien par-ci par-là
quelques bouquets de
grands arbres, témoins de
de il
grande étendue
la
la forêt
vers l'ouest
y a bien longtemps;
je les
remarque le plus au fond des
souvent vallées
dans
et
les
endroits marécageux, il
n'y en a plus sur le^
sommets les
on voit que
;
coutumes betsimine
saraka
VILLAGE D AMDODIMAUIHI).
pénètrent
pas sur ce versant. Puis ces bouquets d'arbres disparaissent peu
à
peu,el
il
ne reste plus de distance en
distance que des arbres isolés, des troncs carbonisés ou coupés. Vers neuf heures
nous atteignons
mer des Indes, d'altitude.
En
le
Nous
point culminant de
nous entrons dans
el
voici
par 790 mètres
ici
maintenant en pays sakalava.
nous retrouvons
n'esl déjà plus la Forêt,
que nous avons trouvé dans
est très accidentée, les rés par des le
laissons derrière nous le versant de la
is
du canal de Moçainbique. nous sommes
sortant de celle contrée d'anciens défrichements, qui a'esl pas encore un pays complètement aride,
mais qui celui
chaîne côtière,
la
celui
demie du malin,
el
la
le
même
paysage,
région des hauts plateaux, dan-
le
le
même aspect
el
le
éboulements de leur
sol argileux, sur les
les pluies,
nous marchons sur
Les ruisseaux sont nombreux sur ce heures
esl
nommé
le
sol
sommets
roche apparaît
la
nu, c'est
à
Or
chercher 1
;
ces gens, qui n'ont rien à
mais
le
coupants,
ils
n'en ont pas
à
gué
le
le
Mangarahara,
Nous en sommes encore
les
sui-
du quartz amorphe.
habitants ne trouvent pas de bois pour s'en construire de
l'aire,
n'auraient que quelques kilomètres
la rivière
à 2 kilomètres,
et
de Mandrilsara.
et toute la
garnison sous
les el
le
Rova,
le
dépassé el
l'aire,
le
hameau de Maroandriana,
nous arrivons à midi en vue de
la
armes, une trentaine d'hommes. Et
des grosses caisses, que
je
la ville,
c'est
me présente lui,
et
officiers
ou mieux grimper
les
état-
au milieu d'une haie de
au gouverneur qui m'a de
lui
tous les renseignements possibles sur sa province,
parade antimerina de rigueur, qu'un gouverneur antimerina ne
la
réception préparée pour nous
gouverneur nous attendait, avec son
d Un très brave homme. Mais.avant d'entrer en conversation avec
manque jamais de
parcourir pour en
que nous voyons arriver à notre rencontre des
escarpements qui l'environnent de toute pari. Dans
soldals.au bruit des tambours
à
courage,
terminée; au bout d'une demi-heure nous pouvons enfin entrer dans
major
que nous
et
plus important que nous traversons ver- onze
antimerina envoyés parle gouverneur pour nous prier d'attendre que soit
c'est
gneiss
après nous arrivons au village d'Ambodimadiro, ainsi
l'eu
octobre, une heure après avoir quitté Ambodimadiro,
nous traversons ville.
petits cailloux
le
des gros madiro (Tamarinus indica) qui l'environnent. C'est un pauvre village d'une vingtaine
plus belles.
Le
de
granitique;
Koaka, affluent du Sophia.
de cases, ou plutôt de huttes misérables,
aller
que
sol
monticules se succèdent sans ordre, certains de leurs lianes escarpés son! déchi-
granité, leurs lianes rougeâtres sont couverts de hautes herbes, de véro. La piste frayée
vons est ravinée par
même
pays des Antinierina. La région
demander ce que
il
manque jamais de
me
l'air
je
ne
faut supporter
la
l'aire
exécuter devant
VOYAGE
204 tout étranger qui vient dritsara. Cette
le
tion
où
que
conque,
si
est question
et tout le
çaise
fait
de Ranavalo
monde
se
III,
découvre
:
Les tambours battent
à
premier Européen français qui vient à Man-
le
sous une autre forme, des toasts d'Ivongo,
la répétition,
Madagascar. Pour ces parades un
c'est, paraît-il, l'air
de
petite allocu-
tambours battent d'une façon quelCette première partie est terminée.
la reine.
allocution qui cette fois se terminent par République Fran-
coups redoublés, ce qui il
officier s'avance
gouverneur prononce alors une
le
reine de Madagascar, puis les
suivent une série de parades identiques; l'air
ne m'abuse,
présenter les armes;
Nouveaux maniements d'armes, nouvelle '.
je
je devais voir bien souvent à
peloton de soldats, puis il
Je suis,
parade antimerina n'est que
toasts et parade
vers
le visiter.
MADAGASCAR.
À
n'y a
que
qu'on suppose être joué parle tambour. Tout
le
signifie, paraît-il
encore, la Marseillaise. Puis
dernière phrase des allocutions qui change, et
la
monde
y passe
le
:
premier ministre,
gouverneur,
le
femme et ses enfants, tous les officiers de Mandritsara, les soldats de la garnison, les habitants, moimême et mes porteurs ont cet honneur je trouve que ce gouverneur fait décidément bien les choses; mais.il est midi, le soleil est chaud, je préférerais être à l'ombre, je lui
en
lui faisant
très
heureux de
de venir qui
me
exprime timidement cette opinion
remarquer que je ne suis qu'un modeste voyageur, bien fatigué du
me retirer
le voir le
dans
la
case qu'il
me
donnera.
Il
mon
accède à
lendemain. Je n'aurai garde d'y manquer, car
j'ai
reste, et
désir en
besoin de
lui,
me
que
je serais
faisant promettre
pour avoir des hommes
conduiront vers l'ouest en pays sakalava. Je suis logé dans une case très propre, non loin du
poste militaire.
Mandritsara est une vraie mille à
mamelon par
1.
ville
douze cents habitants. La la vallée
pour Madagascar,
ville
y a environ deux cent
il
e§p?ur un coteau, orientée nord
du Maroambako,
s'élèvent
dfe.
cinquante cases,
soit
sud; au nord, séparés de ce
grands rochers; au sud,
Lorsque, dans une circonstance quelconque, visite d'un rés
ment d'un étranger de passage, un gouverneur antimerina
et
c'est la vallée
du Manga-
français, d'un consul étranger, ou tout simple-
le reçoit dans l'enceinte de son rova, une garde d'honneur est assemblée. Cette garde d'honneur, qui se tient près du gouverneur, est formée par une douzaine de soldats loqueteux, armés de fusils ou de bâtons et commandés par un officier subalterne de cinq ou six non-' ncurs. Puis, avant que le gouverneur et l'étranger se présentent l'un à l'autre, il se passe toujours la petite cérémonie portez armes àkarriy basy. Ce mouvement exécuté, il suivante l'officié.- fait aligner ses hommes, puis il commande prononce quelques paroles qui veulent dire que l'on va rendre honneur au gouvernement de la reine de Madagascar d'abord et ensuite au gouvernement de l'étranger qui se trouve là. Je suppose un Français. L'allocution de l'officier commence invariablement par ces mots fanjahana roa tonla, ce qui veut dire en dialecte antimerina aux deux gouvernements réunis par les traités écrits. Comme on le voit, les Antimerina sont loin d'avoir accepté le protectorat de 1S85-S6 et leurs gouverneurs ont soin de faire montre partout, dans l'île, d'une sorte d'alliance écrite que nous aurions signée avec eux en 18S5. C'est sous ces couleurs que le gouvernement antimerina, pour ne pas amoindrir son prestige, dépeint aux peuplades soumises, à ses sujets même, notre traité de protectorat de 188S-S6. Après l'allocution de l'officier, le tambour, qui se tient invariablement à la droite de la garde, bat quelques mesures qui représentent l'air de la reine, le Sidikina (prononcer çidikine; vient de Gode save the Queen); on a préalablement fait porter les armes. Nouvelle batterie de tambour qui cette fois représente la Marseillaise; mais alors on ne présente plus les armes comme pour la reine, c'est un autre mouvement de fusils ou de bâtons, supérieur comme signification honorifique au simple port d'armes, mais inférieur à la présentation que l'on vient de faire au nom de la reine. Rien ne peut
vient
:
vt...
i.e
:
vazaha, ou
:
:
:
comparé à leur souveraine. Quelque temps après rétablissement de notre protectorat en 18S5-S6, lorsqu'un navire de guerre français venait mouiller sur un point quelconque de la côte, un ou deux officiers antimerina venaient à bord où ils rendaient visite au commandant du navire. Celui-ci se montrait en général très satisfait de cette marque d'honneur, l'administration des Affaires étrangères ne manquait pas de dire à la Marine qu'elle avait pu obtenir du gouvernement antimerina cette marque de déférence pour nos navires de guerre. Cela m'étonnait fortement et je m'aperçus bien vite, après avoir été témoin plusieurs fois de ces visites, de l'erreur d'interprétation commise. Lorsqu'un commandant de navire de guerre français voit arriver à son bord les officiers antimerina, il ne manque pas de leur faire demander par un interprète quelconque Mitsapasambo, ce que l'interprète ne manque pas ce qu'ils viennent faire à son bord, les officiers répondent aussitôt être
:
Or
verbe mitsapa en dialecte antimerina veut bien dire visiter, mais non dans le sens de faire une visite, mais dans le sens d'inspecter quelqu'un ou quelque chose. Cette petite erreur est très importante, car elle montre aux populations que les Antimerina (les protégés), bien loin d'avoir quelque déférence pour les Français (les protecteurs), ne vont pas leur faire des visites de politesse, mais bien des visites d'inspection, lorsque leurs navires viennent sur les cotes de la Terre de la Reine. Cela et bien d'autres petites choses analogues habilement exploitées, dénaturées, mal présentées par les Antimerina, ont une importance considérable et frappent vivement l'esprit des populations cùtières, qui voient avec terreur pour leur indépendance les Antimerina si puissants près des Vazaha, si soutenus par les Français, si honorés par eux. J'oubliais de dire que ces officiers antimerina qui vont ainsi visiter (inspecter) nos navires reçoivent les mêmes honneurs que les officiers d'une puissance européenne.
de traduire
:
visiter le navire, vous visiter,
vous rendre
visite.
le
LE LITTORAL BETSIMISARAKA. raha, plus luiu les hauts plateaux d'Ambinininy.
Le
fort
antimerina occupe
un carré entouré de pieux d'un assez gros diamètre
ville, c'est
mier carré, qui renferme
les
et
deuxième carré intérieur renferme l'habitation du gouverneur %
un genre tout à
fait
élevé de trois à quatre nulles.
du
sol.
On
a
l'ail
ras
du
sol. cl
une
Ira verse
et
qui ne
le
la
Dl
MANDR11 SARV
en fer ou eu bois, horizontalement disposée à deux mètres au-dessus
palissade, mais au lieu d'être fichés en terre
peuvent osciller autour de
la
traverse qui les supporte,
comme
tue
ceux-ci.
petite
m' relever à l'extérieur,
suffit,
après leur avoir
un morceau
mais ou peu!
fait l'aire
bois supporté
île
les relever à l'intérieur et
retomber
ment attachée
les
ville,
la
diamètre
sont coupés au terre, légère
porte, les
empêche
maintenir ainsi l'ouverture béante.
aux deux extrémités par deux pieux fourchus. Pendant
Il
morceau de
la
nuit ou en cas
bois de dessus les fourches, et
on
pieux verticaux, on met alors une traverse derrière eux à l'intérieur qui est solide-
à ces
deux extrémités aux poteaux de
enfoncés à l'intérieur de chaque côté de
La
même
un quart de révolution, dépasser en dessous de leur extrémité inférieure,
d'attaque, lorsque l'on veut fermer la porte, on enlève ce laisse
ils
éminence de
surélévation du sol, maintenue par un madrier couché ru travers sur le seuil de île
Un
seront de longtemps.
dépendances; au milieu des quatre
et ses
passer préalablement celle traverse horizontale au travers de pieux, de
que ceux qui forment
Ce pre-
que l'on rencontre dans presque Dans une découpure de l'enceinte palissadée, limitée par
EBS
LES
loris pieux, est fixée
partie méridionale de la
spécial à Madagascar, et
loules les constructions militaires antimerina.
deux
la
cases des soldats, est flanqué, aux angles, de lours également palissadées, où
on doit placer des canons, qui ne sont pas encore arrivés d'ailleurs
faces sont des portes, d
205
qui se trouve au sud du
la
la
palissade, et
maintenue encore par deux pieux
porte.
mamelon,
est assez étendue, cl à côté d'un
grand nombre de cases,
VOYAGE A MADAGASCAR.
206 en roseaux
et
rina en teiTe
en raphia, des habitants betsimisaraka ou sakalava s'élèvenl de hautes maisons antimeet
en briques crues. C'est
première
la
depuis que
l'ois
quitté l'Imerina
j'ai
que
je revois ce
genre de constructions.
La population
mélangée
est très
:
des officiers et des soldats envoyés
il
y a d'abord un élément antimerina très important, l'orme surtout
ici
de Tananarive; puis d'un fort appoint de négociants antimerina
qui sont venus se fixer directement dans ces contrées, ou qui habitent la côte pendant la saison sèche, et
qui viennent uni' partie de l'année habiter Mandritsara où
du moins son aspect
nombre de
sa configuration
et
leurs compatriotes.
A
ils s'y
;
qu'ils
exécutent quelques corvées
pour gagner leur existence. Ce la
la
population sakalava.
commandées à
par
soit
garde sous de lourdes corvées.
Ils
deviennent fahavalo. Le fahavalisme,
que
les
ou au
occupés,
les voit
gouverneur,
le
sont très pauvres,
ils
par ses
soit
ne
et
souvent, c'est
fort
En
officiers.
effet,
qu'ils trouvent de plus simple c'est d'accabler les populations
ont
le
monopole des entreprises de transports
si
j'ose
beaux bénéfices.
m'exprimer
que
est vrai
Il
procédé mauvais.
se servent avec tant de désinvolture, trouvent ce
ils
climat de l'Imerina,
le
ces
Mandritsara qu'ailleurs, sont bien obligés de faire quelque chose
tions, et arrivent ainsi à réaliser quelquefois d'assez
et
En général
jamais ou presque jamais pour eux du moins. Si on
messieurs, qui ne sont pas plus payés
ont
retrouvent sinon
côté de ces éléments étrangers au pays, s'en ajoute un autre, moins
important quoique plus nombreux, c'est travaillent
ils
sentent d'ailleurs plus chez eux au milieu d'un grand
Ils fuient,
ils
les
dont
ils
de construc-
et
Sakalava, dont
gagnent
la
brousse
pas d'autre origine à Madagascar
ainsi, n'a
corvées inhumaines dont sont frappées les tribus soumises au profit des dignitaires antimerina,
profit de
quelques Européens concessionnaires qui marchent avec
les
Antimerina; dans ce dernier
cas, je dois le dire, les corvées sont encore plus lourdes.
Le lendemain de mon
arrivée, je vais dîner chez le gouverneur, après avoir fait les photographies de
tout son état-major; ses officiers sont absolument grotesques, sanglés dans des redingotes d'occasion,
chapeaux hauts de forme qui ont dû voir
et coiffés de
entretien très sérieux avec
le
révolution de 1848. J'avais eu, avant
gouverneur Rakotondravoavy quatorzième honneur. Avec
ces entretiens sont toujours les les
la
mêmes
:
va-t-on les
insignifiantes, ce n'est qu'au bout de ce
temps que
la
vous refuser,
ils
l'on ose dire
Comme
traiter.
ne nous donnent pas de raisons, mais
des faux fuyants, jamais on n'obtient une réponse franche,
enfin c'est la
coutume,
maison
rien d'eux,
que Français
c'est ce
et
s'extasie sur leur habileté.
faire valoir
vous racontent aussitôt
ils
qu'un demi-succès, car
si les
je n'avais pas à traiter
la force, est le
et
d'être
bon; en
accompagné de
réalité,
il
voulait
pour être sûr de bien
fut louché, et
il
me
dans
ma marche
me
faire suivre par ses soldats,
l'aire
le
au
les fahavalo.
les soldats étaient cl
de trop,
Ce
n'était
comme
je
le
des tribus insoumises
non pas pour me protéger, mais surtout pour
bassin inconnu de Mahajamba. J'ajouterai que
plaisir,
de
me donner
des guides
el
le
gouverneur, quoique
des soldats pour m'accompagner
vers l'ouest, m'imposa une condition fort bizarre en vérité, mais à laquelle je dus nie
soumettre bon gré, mal gré, je ne risquais rien d'ailleurs voir les rives
promit non seulement des
faire passer la région infestée par
guides étaient indispensables,
réussir,
soldats antimerina. Malgré les raisons les plus spécieuses, le gouverneur tint
me
savoir ce que j'allais faire dans tout à fait désireux de
de questions bien graves
meilleur argument que l'on puisse
montrerai plus tard; c'est une mauvaise recommandation auprès des fahavalo
que
prennent des
;
Pour moi,
auprès d'un Antimerina. Rakotondravoavy en
me
Ils
Anglais leur apprennent depuis un demi-siècle on n'obtient
quelques piastres, ce qui, avec
guides, mais encore des soldats pour
la
tous les gens
un oui ou un non bien catégorique. Mais
avec Rakotondravoavy, je voulais tout simplement obtenir des guides, j'alignai sur la table
Antimerina,
les
un mot, comme par hasard, de
des histoires interminables qui n'ont aucun rapport avec ce que vous leur avez demandé. biais,
un
conversation roule sur des choses parfaite-
question principale qui vous avait amenés près d'eux et que l'on avait à primitifs, s'ils veulent
dîner,
trouver pour traiter quelques sujets d'importance, on
aborde avec force politesses; pendant plus d'une heure
ment
le
cl j'étais
résolu à tout, pour aller à Majunga
du canal de Moçambique. Rakotondravoavy veuf qu'aujourd'hui dimanche
je
me
rende
service divin à l'église des protestants et que j'y prononce un sermon, pour l'édification des fidèles.
LE LITTORAL BETSIMISARAKA.
207
M IXDHI
En somme, cela m'est parfaitement
bonne grâce, d'autant plus que Rakotondravoavy,
cuterai de
gache depuis
môme
français et
m'a
qu'il
fait
dans
à le lire
avoir été dans la case
sa
à
le
que
livre
Au
milieu de
me
chapitre
ému que 111
Antimerina,
le
Mon étonnement
gouverneur en grand;
était
il
tête,
qu'une suite de discours pro-
mon lourde
\inl
prendre
la
parole,
se
terre de
la
Oh! peuple, Sakalava
et
J élais
si
vous vous révoltiez contre
courus
et
outré de voir
me pardonnera sans
doute, mais
gouverneur en défiance, la
côte ouest, j'aurais
il
le
la
changea en stupéfaction, lorsque
l'interprète offi-
Madagascar en
sa
Radama
langue maternelle, ail
conquis
les
il
qu'il avait décrit
provinces.
Betsimisaraka, ce Français envoyé par son gouvernement vient de vous
décrire les volcans et les sources d'eau dernier,
cl
donnèrent des marques non équivoques d'une
son état bouleversa et sa température brûlante, avant que
vu
après biblio-
du gouverneur, un ancien instituteur méthodiste d'Ambohimalaza, vint traduire mon discours:
raconta que l'Européen avait parlé de
«
et
ma modeste
prendre dans
je
les
vive approbation. ciel
prononcer mon discours on
moulais en chaire pour y prononcer ma première conférence, et je lus en entier de l'abrégé de géologie de A. de Lapparent, traitant de la dynamique terrestre interne. A
du chapitre,
fin
et
n'était d'ailleurs
noncés par les notables Antimerina, officiers ou commerçants, c'est 1res
à
rendis au temple, où Rakotondravoavy m'attendait
cérémonie, qui
la
m'exé-
je
m'exéculer immédiatement
je jugerai bon. Je devais
thèque de voyageur, un volume quelconque, je
et
qui je parle très peu correctement raal-
demande, m'autorise, vu mon ignorance,
où je logeais, revêtir des habits plus décents
avec sa maison militaire.
des idées très larges,
indifférent ayant sur ce point
si il
chaude qui
mal
traduit
fallait
que
de terre pour vous
été assez
l'aire
III.
périr jusqu'au
»
un chapitre de M. de Lapparent; ce distingué géologue je passe;
pouvait donner l'ordre
même
sortiraient
gouvernement de Sa Majesté Ranavalona
le
âmes
un mot
jeté par inadvertance pouvait mettre le
porteurs de m'abandonner
cl
je n'aurais
jamais
embarrassé pour rejoindre seul un cenlre habité par quelques-
VOYAGE
208
uns do nos compatriotes.
Il
esl
MADAGASCAR.
À
qu'aux yeux de loulo
vrai
population do Mandritsara,
la
passer
j'allais
homme dévoué aux Antimerina, non seulement c'était dangereux, mais c'était contraire à la je me proposais donc, une fois hors du pouvoir des Antimerina de dire mes vraies intentions
pour un vérité; et
de dévoiler mes sentiments véritables
le faire
«Tailleurs
;
dans
ne manquais jamais une occasion de
la suite, je
jusqu'à Majunga.
Cet après-midi, et demain, je vais encore rester à Mandritsara où
de deux fêtes bien chères aux Malgaches
au culte des morts,
c'est
et
qui seront célébrées
cérémonie du Mamadika;
la
sera possible d'être
le
témoin
en grande pompe. L'une, se rattache
ici
l'autre,
me
il
aura
<|ui
demain,
lieu
est
la fêle
de
la
Circoncision. J'ai parlé,
dans un précédent chapitre, des tombeaux
une espèce de complément minée.
ches
et
On
sait
que ce culte des morts
Mandritsara dont toute briques crues,
point de
le
au commerce du raphia
démon
l'île
on
et
allait
mort viendra
la
ville
pauvre Rakotovao
le
surprendre.
les
Tous
lui
et
on m'avait
ville
son décès a lieu pendant provisoirement où
il
la
On
profite
nombre de
même
avaient fait
même
les fois
Malga-
espèrent
commerçant de
ses esclaves, pour s'y
cité le
et là
des servi-
de très belles funérailles.
nombre de bœufs immolés en
et sa famille
semaine qui
se trouve, puis, dès famille,
pour recevoir
sont couchés depuis longtemps,
le
cette
venait de faire venir à grands
là la
qu'il
cause occasionnelle de
la
qu'un Antimerina meurt loin de son tombeau de famille ou que suit
que
ou qui précède le
moment prohibé
du bain de
fêle
la
est terminé,
on procède alors à son enterrement
Reine, on l'enterre
la
ou lorsque son corps a
définitif à cê>té
été
de ses ancê-
quand
le
nouveau mort, on enlève aux autres habitants du tombeau qui
y
justement de celte occasion pour honorer
est ouvert
riche
les
ils
inhumer définitivement Rakotovao dans un grand tombeau en granité
ramené près de son tombeau de
tombeau
Un
surpris près d'Ivongo.
l'avait
qu'un enterrement provisoire,
là
cérémonie du Mamadika. Toutes
et
l'île.
est
déter-
depuis de longues années, dans une belle maison en
du caoutchouc. La mort
el
dernier passage dans cette
son corps,
où
avait fait construire lui-même devant sa maison de Mandritsara. C'était
tres.
de
les tribus
côte depuis quelques mois, avec un grand
élait parti à la
circonstance. Mais ce n'était frais
membres défunts dans une occasion
à ses
fait
enraciné dans toutes
est très
habite celle
la famille
teurs dévoués avaient enterré
Lors
des funérailles antimerina. Le Mamadika
particulièrement les Antimerina possèdent des tombeaux de famille, dans lesquels
bien reposer, quel que soit
livrer
qu'une famille
tardif,
et
défunts de
les autres
la famille, et
vieux lambas dans lesquels on les a ensevelis, ces étoffes sont brûlées
les
remplacées par dos neuves. Ainsi chaque
fois
que dans de
circonstances on ouvre
telles
le
tombeau
de famille, on rend aux anciens morts un supplément d'hommages, on remplace leurs vieux lambas par de plus neufs,
cl c'est
précisément celle cérémonie que l'on appelle Mamadika. Dans toutes
lorsqu'elle se présente, elle est l'occasion de grandes réjouissances.
car non seulement
il
faudra bien des choses pour
faudra recevoir grandement
les
nombreux
le
nouveau
invités, parents,
el
amis
On
s'y
prépare longtemps à l'avance,
anciens défunts, mais encore
les et
les familles,
voisins que l'on aura en celle
il
cir-
constance.
Le corps du nouveau défunt
est
transporté sous une tente près de sa maison,
proches parents. Pendant ce temps,
le
maison, on a tué beaucoup de bœufs jour do
la
cérémonie,
comme
dans
reste de la famille el les
la veille, el
les
on
a
nombreux
il
gardé par ses plus
esl
bombance dans
invités font
mis en perce une ou deux barriques de rhum
enterrements ordinaires,
le
pendant que
variés de leur répertoire.
les
musiciens instrumentistes
Tous
les
membres de
la
et
Au
corps du nouveau défunt, roulé dans
des lambas do prix de teintes généralement rougeàlres, est porté près du tombeau, on en fois le tour,
'.
la
chanteurs exécutent
les
fait
cinq ou
morceaux
les
famille, tous les invités, revêtus de leurs plus
six
plus
beaux
1. Il est défendu aux Antimerina d'user do boissons alcooliques, dos peines s, \rivs sont édictées contre 1rs délinquants. Il faut reconnaître que dans la province de l'Imerina, les gens îles basses classes suivent très strictement celte prescription fort sage. Mais dés qu'ils se trouvent éloignés de leur pays d'origine, ils usent et abusent bientôt île l'alcool sous toutes ses formes. Quant aux Antimerina des hautes classes, ils boivent énormément, et lors de mon passage à Tananarive en 188!), 1890, les fils du premier ministre donnaient l'exemple d'une intempérance regrettable. ;
LE LITTORAL BETSIMISARAKA. habits, se pressent en foule autour
caveau.
du tombeau;
soleil,
on descend
faut bien remarquer que, pour cette cérémonie, l'on ne touche jamais au
Il
dans son tombeau avant l'heure de midi; et
au coucher du
enfin,
209
on indisposerait fâcheusement
son caveau que lorsque soleil, c'est-à-dire
le soleil
le lolo
faut
il
du mort.
lui-même
que
le soleil décline,
pour cette
C'est
le
corps dans
mort pour
le
le
porter
sinon on craindrait un malheur,
même
raison qu'on ne le descend dans
est prêt de terminer sa carrière.
depuis l'instant où on a apporté
Depuis midi au coucher du nouveau défunt jusqu'au moment où on va le
le
le caveau de famille, sur l'étagère qui lui est destinée, on remonte à la lumière du jour les anciens morts, on les dépouille avec précaution de leurs anciens lambas qui tombent en poussière, et on roule le corps de nouveau dans des étoffes neuves. Enfin dès que tout le monde a été remis en place, famille et invités se retirent dans un endroit écarté, où des chanteurs célèbrent les louanges des morls.
placer dans
On
improvisent des chansons en leur honneur.
chacun
fait
une nouvelle distribution de viande
du Mamadika
se retire. L'importante cérémonie
de rhum, puis
et
est terminée.
il me fut donné d'assister à la fête de la Circoncision de la province de Mandritsara. peuplades de Madagascar, sans aucune exception, ont pratiqué et pratiquent encore l'usage
Le jour suivant, Toutes
les
de la circoncision. Cette coutume a été apportée dans la grande tle par 1rs musulmans qui y viennent depuis longtemps. Plusieurs auteurs se sont complus à faire venir celte coutume, ainsi que d'autres, d'immigrations judaïques qui remontaient à quelques siècles. Je trouve «pie c'est aller bien loin chercher l'explication de certains faits, donl nous sommes témoins à Madagascar. De nos jours, plus qu'autrefois encore, les
musulmans
y font beaucoup de prosélytes,
par excellence du Malgache,
la religion
seule chose pour
la
y répandent surtout leurs fady,
ils
laquelle
il
ait
des aptitudes
vraiment
indiscutables.
Dans beaucoup de
tribus,
cérémonie delà Circoncision
une fête périodique annuelle. Chez les Antimerina, les souverains fixaient autrefois une date pour celle cérémonie, que l'on célébrait environ tous les cinq ou sept ans. Depuis la conversion apparente des Anlimerina au protestantisme, celle fêle a la
perdu, avec son caractère
officiel, sa
dans
ainsi dire à la dérobée,
les familles, el
Anlimerina,
pour
comme je
date périodique. Elle se célèbre aujourd'hui, selon les circonstances
déjà dit, aiment à
l'ai
est
dans
grands centres où vivent des Européens. Les dissimuler leurs anciennes coutumes qu'Us n'ont pasdu tout les
quittées, el qu'ils cachent seulement, sous le vernis peu épais d'une civilisation rudimentaire.
postes éloignés où et à
ils
aucune raison pour
n'ont
de certaines époques,
population
la
Mandritsara. L'époque de
la
cérémonie
à
se gêner, le
pratiquer
la
esl variable
gouverneur convie, suivant
les
Dans
les
circonstances
circoncision; c'est ce qui venait d'avoir lieu à
quant à l'âge de l'individu, mais
lement toujours lard, six mois, un an, quelquefois plus. Quant
à
l'époque de l'année,
c'est
généra-
toujours dans
c'est
saison froide, de juin à octobre.
la
Lorsque
jour de la cérémonie est déterminé, on prévient toute la famille qui arrive de tous côtés. soir, des jeunes evns armés de sagaies et brandissant des boucliers, vont à la tombée du jour chercher de l'eau à une source sainte, qui existe toujours aux environs des centres quelque peu
La
veille
le
au
importants.
Ils
population;
ils
reviennent au village en chantant, mais
ils sont reçus à coups de pierres par toute la doivent repousser victorieusement ce simulacre d'attaque, et surtout protéger leurs cruches d'eau au moyen de leurs boucliers, car si l'une d'elles venait à être cassée, ce serait un funeste
présage,
La
fêle
si
funeste
commence
même que dès
le
qu'un vieillard choisi par
la
famille à laquelle serait destinée l'eau
matin; une véritable orgie précède la
invités font toutes sortes de
famille y procède, avec
vœux pour
la
sainte remettrait la cérémonie.
le sacrifice
qui a lieu vers midi; pendant
un couteau de bambou
prospérité de l'enfant,
ils
lui
très effilé, parents,
amis
el
souhaitent longue vie et bonheur,
leurs cris de joie et leurs chants d'allégresse couvrent les sanglots de l'innocente victime. Détail bizarre
généralement un des oncles maternels de l'enfant, quand de banane les chairs encore saignantes. c'est
il
y en
a,
qui doit
manger sur un morceau
Tous mes préparatifs de voyage dans l'Ouest sont terminés maintenant à Mandritsara. en quantité suffisante: des guides pour
me
conduire à Bélalilra,
le
:
J'ai
seul centre important
27
des vivres
que
je dois
VOYAGE
210
rencontrer avant d'arriver à Majunga, et
tainement à
j'ai
A
MADAGASCAR.
aussi ces malheureux soldats dont je
me
débarrasserai cer-
première occasion favorable. D'après mes observations, qui concordent parfaitement
la
d'ailleurs avec les
renseignements dont
je
m'entoure,
et
que
de
la suite
mon voyage m'a
pleinement con-
firmés, je ne dois trouver d'ici à la côte Ouest qu'une vaste plaine. Cette constatation, qui peut paraître
bizarre au premier abord, est cependant très logique pour celui qui a bien saisi l'orographie générale
de Madagascar. est
peu élevée,
je suis je
ici
En
effet,
je n'ai
sur ce parallèle,
la
chaîne de partage des eaux est très près de
trouvé que 820 mètres au point culminant
à Mandrilsara, sur le versant occidental de
répète trois fois par jour depuis
mon
arrivée
ici,
l'île,
ma
et
à trois
par des observations
maison, qui
la
côte Est, elle
jours de marche de Mananara. Or,
est
très
minutieuses que
presque au point culminant du
mamelon sur lequel Mandrilsara est construit, n'est qu'à 320 mètres d'altitude. De plus, le Mangarahara, la rivière de Mandrilsara, qui coule en bas de la ville, à une cinquantaine de mètres au-dessous du rova, esl
un affluent du Sophia, grand fleuve qui va se jeter dans
suivre pendant très
verser
le
longtemps ce Mangarahara, puis
Mahajamba
et arriver enfin à la
rable au-dessus du niveau
canal de Moçambique. lais
il
île la
mer,
le
me
baie de
Mahajamba. Nous devons la
gauche pour
tra-
baie de Iîombclokc. Etant données cette altitude peu considé-
et la distance très
m'était facile de prévoir
grande
qu'il
me
fallait
franchir pour arriver au
que j'allais marcher dans de grandes
rencontrer de larges cours d'eau à courants très lents, aux
suite devait
la
Sophia, avant d'incliner sur
prouver que mes suppositions étaient exactes.
CIMETIERE BETSIMISARAkA.
lits
plaines,
que
j'al-
larges et peu profonds. D'ailleurs la
vn. t.
\C.i:
|.
A.MBOHIMEHA.
CHAPITRE
VIII
Départ de Mandritsara. — Récolle du raphia. Régi lénudée. Zone forestière, la brousse. - Le aatrana (latanier de Madagascar). - Les troupeaux de bœufs. Incendie des brousses. Arrivée à Belalitra. Tsievala. Caractères ethniques des Sakalava. - Mœurs cl coutumes.— Pillage d'Ambahibe. Les bongalava. — Traversée des grands bongalava. Dans la vallée du Mahajamba. — Perdu dans la brousse. Attaqués par les fahavalo. Mon ami Sélim. Chez le roi Diriamana. Passage du Mahajamba, Pirogue balancier de la cote st. Los moustiques à Madagascar. Bemakamba. - Les étangs de la côte Arrivée a Majunga. La ville el sa population. Commerce de Majunga. Départ. -
—
—
—
;
.
>
—
L
mardi
k
îs
octobre, je quille Mandritsara au lever
-anl devant
soldais
que
depuis hier traversons vers
droil
moi ma caravane bien an complet,
Rakotondravoavy soir.
le
Un
avail
l'ail
les
quarl d'heure après noir,' sortie de
peu
Fuis,
de
un hameau de quelques cases,
-a rive
lcm|ps
c'esl
s-
j
guides
ma
mettre à
Mangaraha, puis nous suivons
l'ouest.
«lu soleil,
el
1rs
disposition
la ville,
nous
gauche, marchanl
après,
Tsiandrorano.
nous
traversons
On me montre,
auprès du village, de nombreuses roches basaltiques qui à fleur de terre
semblent, avec beaucoup d'imagination, figurerune ancienne
ehaussr,' en ruines.
Il
n'y a
coups de marteau m'ont
Quoi
en soit,
qu'il
le
posées
là
par des
I
que de
rien
vile appris
que
très naturel el
je ne
quelques
me trompe aucunement.
chef du village, vieillard très respectable, m'af-
firme avoir entendu dire
A
là
à
son grand-père que ces pierres avaiehl été
azaha. C'esl absolument inexact el je peux suivre
pendant plus d'une demi lieue celle coulée basaltique qui plaque \K\I.\V.\
DE
sur l'argile rouge un large ruban noir. Cependant,
M UUNGA.
cl surloul
faisant allusion, je n'en
doute pas,
à la
le
renseignement que
roule autrefois célèbre
à
me
donnai!
le
si
je cite ce
l'ail,
chef du village, en
Madagascar de l'aventurier Benyowsky,
VOYAGE
212
que
c'est qu'il est le seul
MADAGASCAR.
A
pu entendre pendant mon voyage de Mananara ai d'ailleurs jamais vu aucune trace.
j'ai
fameuse chaussée je n'en ;
Benyowski, dans ses Mémoires, parle d'une route de 28 lieues tsy à Louisbourg. Elle aurait été commencée des deux côtés à
M. de Boispréaux,
de l'Est sous
celle
la
à
Majunga, au sujet de cette
pour
qu'il aurait fait faire
la fois
conduite de M. de Rozières
;
relier
Angon-
sa partie Ouest sous la direction de
:
sous deux ingénieurs, G000 ouvriers,
fournis par les chefs des différentes tribus, y avaient travaillé. Certains auteurs ajoutent qu'une dérivation de cette route, primitivement tracée, devait passer à Mandritsara et aller
Dans
l'après-midi, je passe à
Dans
gué l'Amboaboa,
m'arrête au village de Marangebato.
la soirée, je
Aux environs de
ce village, je vois
palmiers raphia qui constituent une des richesses actuelles de Madagascar.
cement de ce volume, de cet arbre dont toutes
textiles
que ce palmier fournit
et
le
J'ai
beaucoup de
déjà parlé, au
commen-
ont un emploi spécial: les Malgaches font
les parties
tout avec ce végétal, mais ce qui doit nous intéresser
gagner la baie de Majunga.
gauche du Mangarahara.
petite rivière, affluent de
nous autres Européens, ce sont
plus,
les fibres
dont l'emploi se généralise de plus en plus dans nos climats, chez
les
viticulteurs.
Dans
cet arbre,
comme dans
naux qui partent du centre de
tous ses congénères d'ailleurs, on ne trouve que des bourgeons termi-
l'arbre; à
chaque pousse d'un nouveau rameau,
un bourgeon droit
sort
et
pointu, dont les feuilles restent enroulées sur elles-mêmes pendant quelque temps. C'est dans cet état, et
lorsque ce bourgeon a pris un certain développement en longueur, mais lorsqu'il ne
épanoui, que l'indigène vient
le
conditions, les fibres dont ce
couper
et le fait
bourgeon
sécher hors de
la
portée des rayons du
formé sont blanchâtres
est
colorantes, qui viendraient en diminuer la valeur.
Le
soir
ou
le
et n'ont
lendemain de
feuille,
en ayant bien soin de ne pas attaquer
dos du couteau, l'épiderme supérieur incisé,
exposée au
recueillie et
bien tendu, puis au
soleil
le
fer
dont
les
la récolte, les la partie
La quantité de raphia qui
ces
femmes
enlè-
supérieure de
pouce
et le
elle est
sèche, chaque brin est pris à part
dents sont plus ou moins rapprochées, suivant le
s'exporte
la
sens des fibres. Ces fibres sont ensuite
nattées grossièrement, roulées généralement sur elles-mêmes, et vendues dans cet état traitants de la côte.
Dans
complètement. La partie inférieure est seule
grosseur du fd que l'on veut obtenir, on divise l'épiderme dans
aux
soleil.
revers; saisissant ensuite, entre le
elles l'enlèvent
pendant quelques heures. Quand
moyen d'un peigne en
pas encore
pas encore de matières
vent la côte ligneuse médiane, font avec un couteau une incision transversale sur
chaque
s'est
aux Européens
chaque année de Madagascar,
et
à destination
d'Europe, est considérable, on peut l'évaluer à plusieurs milliers de tonnes. Les raphia se trouvent surtout dans
le
nord de
l'île,
et c'est la partie
nord-ouest qui semble
végétal. Jusqu'à ces dernières années, l'achat de ces fibres par les la
côte est de
Vohemar
côté de l'Ouest, et le
commerce peut
ils
Depuis quelque temps,
à Mananjary.
ont raison, c'est
se développer le
la partie
la
mieux pourvue de ce précieux
commerçants
se faisait surtout sur
Européens se portent davantage du
les
qui est relativement
la
plus riche de Madagascar
;
là
où
plus librement, débarrassé de l'influence pernicieuse des Antimerina,
de leurs mesures restrictives et de leur mauvais vouloir.
Le mercredi 9 octobre, nous continuons notre route à sinueuse, mais
traverse toujours
elle
un
de Marangebato. La route est assez
l'ouest
terrain relativement plat;
il
y a bien de temps en temps
quelques petits mamelons, quelques blocs de rochers, qui nous obligent à des détours nombreux, mais enfin à
dant
Madagascar
l'avis
il
ne faut pas être
terrains accidentés de la côte,
montées ici c'est
difficile, et
en
somme
c'est
une bonne route. Tel
de nos porteurs, ces gens préfèrent certainement, à ce terrain plat, sec
et les descentes, ils
tout différent
aux angles avivés
et
:
le
où
les lits
n'est
pas cepen-
et caillouteux, les
de sable succèdent aux boues argileuses. Là, malgré
cheminaient allègrement. Pieds nus,
ils
les
ne se plaignaient que rarement ;
terrain est sec et dur, le sol est partout recouvert de petits cailloux quartzeux,
tranchants. Aussi, ceux qui n'ont pas eu
la
ce qu'ils appellent des kapa, souffrent de blessures fréquentes
et
précaution de s'acheter à Mandritsara
ne peuvent nous suivre que
ment. Les kapa sont des espèces de sandales indigènes, employées par tous
les
Malgaches
difficile-
là
où
le
terrain est analogue à celui sur lequel nous nous trouvons. C'est un simple morceau de peau de bœuf,
TRAVERSÉE DE suivant les contours de
taillé
plante
la
du pied
213
une autre lanière qui passe au-dessus du
chaussures sont très légères et protègent suffisamment, elles
A L'OUEST.
et contre laquelle elle se trouve fixée, en avant,
lanière qui emboîte le gros orteil; en arrière, par
ment,
LEST
L'ILE DE
comme
j'en ai fait l'expérience.
sont très glissantes, et les chutes sont nombreuses avec
elles,
par une
talon.
Ces
Malheureuse-
surtout lorsqu'on marche sur
des bancs de roches fortement inclinés; de plus, à chaque ruisseau qu'il vous faut traverser, et devant
chaque
détrempé
terrain
qu'il est nécessaire
qui se présente fort souvent dans
ne sont pas tannées;
elles
A
il
faut les enlever. Petit supplément de fatigue,
pratique. Ces kapa sont faites de peaux simplement séchées au soleil,
la
touchaient l'eau, elles ne pourraient plus vous être d'aucune
elles
si
de franchir,
utilité.
mesure que nous nous éloignons de Mandritsara, nous pénétrons dans un pays nouveau, dont
configuration générale est des plus pittoresques. Ce n'est plus forêt.
Partout et aussi loin que
la
la
plaine dénudée, ce n'est pas encore la
vue peut s'étendre sur l'immense terrain qui se déroule devant nous,
la
notre horizon semble borné par des bois épais, mais ce n'est
avançons, nous voyons que ces bois touffus
qu'une apparence,
là
et à
mesure que nous
et ces forêts épaisses n'existent pas. C'est toujours la plaine,
couverte de hautes herbes des grands vero; mais, partout, des arbres surgissent, ce ne sont pas ces arbres
imposants que nous avons vus dans hauteur, mais
ils
sont touffus,
les forêts
leur
et
de l'Est
ils
:
ombre cache un
n'ont en général que cinq ou six mètres de
large espace.
tous ces végétaux, arbres ou arbustes, sont disséminés dans
Je décrirai donc au lecteur Madagascar sous trois aspects différents
grandes divisions comprennent
totalité
la
de
qu'on peut
partager en zones
le
conclusion pratique de ce
territoire suivant
bien
l'ail
1res
pays dans
le
remarquable, que non
l'aspect général de la végétation, niais
tranchées, suivant
peut paraître paradoxale,
fait
brousse.
bien caractéristiques. Ces trois
et
tous les sens, que des zones intermédiaires. Madagascar présente ce
seulement on peut diviser son immense
beaucoup de buissons, mais
on ne trouve à côté, en parcourant
el
l'île,
y a
11
la plaine. C'est la
el
la
nature
en réalité
même
de celte végétation. La
n'en est rien.
il
encore
En
fait,
un Euro-
péen rompu au voyage dans ce pays, ou n'importe quels indigènes, vous diront, rien qu'à l'inspection
du paysage qui ils
les
environne, ou
à la
vue
«les
arbres qui poussent devant eux, dans quelles provinces
se trouvent et cela avec assez d'exactitude.
D'après l'aspect général de des grandes forêts; 2°
végétation, on peut diviser Madagascar en trois régions
la
région de
la
la
brousse; 3°
laquelle elle
première région,
la
forme presque une ceinture ininterrompue. Celte zone
peu épaisse vers
le
Sud,
elle est
au contraire
1res large
presque partout en deux cordons Imisés, qui sur
1° la
dans
tout autour de
forestière
couvre également la
les
hauts sommets parallèles
notamment
elle se
à
dédouble
sont accrochés aux cimes des
côte, dont elle est, en général,
à la
l'Ile,
forestière d'enveloppement es) très
régions septentrionales;
les
côte Est
la
elle s'étend
deux chaînes de montagnes qui forment l'ossature principale de Madagascar. Dans l'Ouest,
plus éloignée que sur
région
région dénudée.
la
Je ne m'étendrai pas inutilement pour définir
:
celle
zone
beaucoup
côte Est. Celle zone forestière est séparée de chaque cê>lé des autres zones par
une zone intermédiaire,
la
région des défrichements.
villages betsimisaraka de la côte Est
et
les
On
ne rencontre que dans cette dernière
agglomérations sakalava de
la
côte Ouest. Le sol
(\c
les
ces grands
bois est partout très accidenté, les dénivellations sonl profondes, les montées sont rapides. Les jours
de pluies y sont fréquents,
La région de aujourd'hui; territoires
le
presque continuels.
brousse, que je viens de décrire précédemment, est celle dans laquelle nous marchons
occupe
les trois
cinquièmes de
des tribus insoumises
occupe tout chées;
la
elle
les brouillards
versant du canal de
et
la
superficie totale de
l'île, et
comprend l'ensemble des
des tribus incomplètement administrées par les Antimerina. Elle
Moçambique
et le
sud de
l'île.
Les saisons y sont parfaitement tran-
de cette région est en général plat ou faiblement ondulé. Les villages y sont rares. La troisième région, où on ne rencontre pas un pied d'arbre, pas un buisson, n'occupe qu'un le sol
cinquième de
la
superficie de
n'empiète que fort peu à
que
la
population
est la
l'île; elle
l'est et
plus dense,
comprend
:
le
pays des Antimerina et celui des Betsileo, et
au sud de ces deux provinces. C'est dans cette région dénudée et
je serais porté à croire qu'autrefois
on ne distinguait à Madagascar
VOYAGE
214
que deux zones,
d'une part, beaucoup plus grandes qu'aujourd'hui, et
les forêts
couvrir l'immense majorité de lard, créée artificiellement
MADAGASCAR.
A
grande
la
dans
Quant
île.
à la zone dénudée, elle s'est
pays des Antimerina
les
la
des Belsileo, chez lesquels
et.
relativement assez dense. Celle zone dénudée, sur les hauts plateaux du centre de
mais à déclivité moins rapide que
très accidentée,
l'île,
la
population est
offre
une surface
zone forestière. Ce sont en général des mamelons
la
arrondis, des croupes rocheuses, que percent, ça et
brousse qui devait
formée beaucoup plus
là,
de gros blocs de granité
cl
de gneiss. Les eaux
vives y sont très abondantes.
On
trouve souvent dans
la
zone des brousses, des
peut être absolument certain dans ce cas que
importante des Antimerina. En somme,
admettre que teurs.
forestière ne
plus ou moins grands de terrains dénudés. l'îlot
est
l'
Antimerina
et
du
Betsileo, des peuples agricul-
semble pas caractériser spécialement une tribu, puisqu'elle entoure
tout entière. Cependant les Betsimisaraka en occupent la plus grande partie.
des territoires des tribus insoumises, des Sakalava
est caractéristique
être complet, d'elle,
de
au
trois
et
comme
comme
aspect et
l'île
La région des brousses
des Bahara en particulier. Pour
faut observer (pie notre colonie de Nosy-Be, et les côtes de
sont absolument analogues,
l'île,
Ces à
il
On
occupé par une agglomération
sans vouloir entrer dans de trop petits détails, on peut
et
zone dénudée est caractéristique de
la
La zone
îlots
centre de
le
Madagascar situées en face
végétation, à la région côtière occidentale
territoire de la tribu Betsimisaraka.
grandes divisions de Madagascar ne correspondent pas seulement à un aspect général
une végétation
différente, mais, chose liés
remarquable, semblent parfaitement concorder avec des
et
divi-
sions semblables que l'on voudrait faire dans la population. Elles correspondent aussi très exactement à
une similitude générale, non seulement dans
les
caractères ethniques des différentes tribus, dans leurs
usages et leurs coutumes, dans leur façon de vivre, dans leur manière de construire leurs maisons, de confectionner leurs vêtements; mais encore dans les caractères anthropologiques généraux des populations. Ainsi,
un Antimerina
semblable à un Bahara,
et
il
sera très difficile de distinguer
d'un Betsimisaraka proprement
Dans
la soirée
du
!t
parfaitement comparable à un Betsileo, un Sakalava est en tous points
est
à
Anahidrano. Dans l'après-midi, la plaine,
environs,
Ambondrona,
et
nous arrivons au milieu du jour
roule devient fatigante; nous marchons sur les flancs d'une mon-
la
nom
le
sommets
le
nous continuons dans
point la
très aigus et
de pic Andengalenga et pic Analaboloha.
chaleur devient de plus en plus accablante,
la
après Maevalanana
est
11 octobre,
à
qui présente celle particularité d'avoir deux
nous marchons vers l'Ouest,
Le
bonne heure
très
teur sensiblement égale, qui ont reçu
Majunga, qui
îles
octobre, nous nous arrêtons à Anlsomiky.
Le jour suivant, nous passons de tagne isolée dans
un Anlankara de Nosy-Be ou
dit.
le
chaud de
plus
brousse,
et
A
de hau-
mesure que
en sera ainsi jusqu'à
il
de Madagascar.
l'île
nous passons au hameau de Ambodivongo
et
à
Ce dernier village, que nous atteignons vers onze heures, est peuplé presque entièrement de Makoa, nègres du Moçambique. Ces Makoa sont très communs sur la côte Ouest, ils y sont celui de Bevala.
importés continuellement, par des boulres arabes; à Madagascar
pour de
l'argent, soit plus
généralement pour des bœufs, que
côte d'Afrique. Ces boutres qui,
comme
je viens
de
le dire,
les
ils
sont vendus
comme
esclaves, soil
boutres vont reporter et vendre sur
ont un équipage et
la
un capitaine arabes,
appartiennent presque toujours à des Indiens de Bombay, sujets britanniques, qui sont venus depuis
quelques années
s'établir en
commerce,
traite
le
et la
vernement antimerina, sous
champ
grand nombre sur
les
côtes occidentales de
l'île
madécasse;
des esclaves est une de leurs opérations les plus lucratives. la
En
ils
y font tous
1887, le gou-
pression des Européens, avait bien publié un édit qui libérait sur-le-
tous les esclaves d'origine africaine; mais
comme
ments, quels qu'ils soient, qui n'ont pas de sanctions, cet
toutes les lois malgaches et tous les règleédit est
devenu
lettre
morte
le
jour
même
de
sa proclamation. D'ailleurs, les Indiens, sujets britanniques, de par les capitulations consulaires, échap-
pent aux
lois
malgaches,
traitent d'ailleurs
et ils
ont tous sur
avec dureté sous
"
1
«
«-il
la
côte Ouest chacun une demi-douzaine d'Africains, qu'ils
bienveillant de leur consul.
TRAVERSÉE DE C'est dans la matinée çariensis), cet
du 12 octobre que
je vois
pour
l'île
première
la
arbre caractéristique de l'Ouest sakalava.
quelles on peut diviser toute
de
L'ILE DE L'EST A L'OUEST.
J'ai parlé
de Madagascar, suivant
217
des satrana {Hyphœna madagas-
fois
plus haut des trois régions entre les-
configuration du pays et l'aspect général
la
même
végétation. Mais on peut aussi établir de grandes subdivisions, d'après la nature
la
nombres
végétation, qui, sans pouvoir englober dans leurs
de
la superficie tolale
de celle
peuvent en
l'île,
déli-
miter du moins la plus grande partie. Ainsi, ces satrana que nous voyons maintenant tout autour de
nous, caractérisent
la
plus grande partie du versant du canal de Moçambique. Le ravenala, arbre du
voyageur (Ravenala madagascariensis),
au contraire spécial au versant de
est
de ce dernier palmier est moins soumise
lisation
uns, mais en très petit nombre, dans
au contraire,
je n'ai
à
satrana.
le
jamais rencontré de satrana sur
versant oriental de
le
Le botona
trouvent surtout,
le
Le longoza
voavolaka sont caractéristiques
le
et
premier dans l'Ouest,
(Amomum
le
second dans
augustifolium) couvre
equisetifolia) se trouve tout
de petits sujets;
«pie
y a de grandes forêts
la
contrée analogue du
côte voisine.
la
baobab de Madagascar,
(le
Indes. La loca-
en trouve quelques-
Il
l'île.
de ravenala en pays betsimisaraka, et on en rencontre quelques bouquets dans versant sakalava, à Nosy-Bc, et sur
On
du Betsiboka. Encore, ce ne sont
vallée
la
des règles fixes que
mer des
la
autour de
l'île,
mais
côte Esl
la
;
ne s'écarte jamais du bord de
il
et se
de Madagascar.
l'Est
défrichements de
les
pays de brousse
îles
le filao
cl
la
mer;
il
(Casnarina esl très fré-
quent sur les côtes betsimisaraka.
Nous sommes toujours en
comme
primitif,
terrain
tracées que par un
lit
de sable blanc, dont les sinuosités se perdent dans
mince
trouvons pas de village
et
d'eau qui se perd dans
filet
les
grandes herbes.
les
nous arrivons au bord du
les satrana, et
très important, n'est plus représenté à celle
Le cours d'eau, qui doit être
l'année que par un
presque tous
et
qui doivent être importantes, ne sont plus
Le samedi 12 octobre, nous reprenons notre marche dans fleuve le Sophia.
Madagascar,
règle à
la
c'est
même
ruisseaux que nous traversons son) à sec; des rivières
En marchant jusqu'au
les sables.
comme du
nous campons sous ces satrana. Dans ces parages,
époque de nous ne
soir,
reste
dans tout
l'Ouest de
l'île,
la
richesse du pays consiste surtout en grands troupeaux de boeufs que possèdent les
habitants.
Pour
le
Sakalava, l'élevage du
faudrait pas donner au
quelques vaches
possède-l-il
bœuf
mot élevage son sens cl
un taureau,
est
il
laisse faire la nature.
il
Le jour,
le
nature
II
l'île,
c'est aussi la
tons sont livrés à case
même du
même
pour tous
eux-mêmes pendant propriétaire.
On
la
d'un
tête
la
tous les
fait
les
cl
cependant
frais.
petit
Un
soit la saison;
nuit,
la
il
la
troupeau, que les
du loge-
ses bêtes
boeufs est
la
au
cl
le
soir rentrés sous un abri près de la case
ne leur donne jamais de nourriture,
cl
il
village,
même
animaux domestiques. Poules, cochons, chèvres
journée,
ne
brousse, où les animaux
ramène les
il
Sakalava
n'a à s'inquiéter ni de la nourriture ni
parque dans un enclos de branches d'arbres; celle façon d'élever
et les
la
seule occupation,
la la
Sakalava conduit son troupeau dans
trouvent une nourriture suffisante, quelle «pie
toute
ici
se trouve de suite à
naissances successives viendront bientôt accroître
ment,
peu près
à
habituel, car
et
dans
mou-
ou dans
faut des circonstances bien
exceptionnelles pour que l'homme pourvoie aux besoins de ses animaux domestiques. Cette façon de
procéder explique pourquoi on ne trouve que très difficilement
maux
:
propriétaire de ces jeunes
adulte sans faire
acheter à Madagascar de jeunes ani-
à
un œuf est presque aussi cher qu'une poule; un veau est vendu
animaux
aucune dépense,
il
n'a qu'à attendre
peut alors
les
comme un bœuf;
quelques mois pour
c'est
sur tout
le
de mettre
le
feu dans
la
brousse
versant Ouest du reste, l'herbe
cl
de dévaster toute
commence
pied, elle esl bientôt grillée par les rayons ardents
mois de juin,
juillet,
voir parvenir à l'étal
les
contrée.
la
à pousser, au
la
Dans
du
soleil, cl
il
le
la
région des brousses, et elle atteint
moment,
elle
son
sèche sur
faut de toute nécessité débarrasser la
de celle couche de végétaux morts
d'une couche de plusieurs décimètres d'épaisseur. Alors
nourriture de leurs ani-
mois de décembre,
plus grand développement, 2 m. 50 environ, au mois de mars; à partir de ce
terre, vers les
effet, le
vendre au prix normal. La seule chose que nous voyons
dans ces parages aux Sakalava, propriétaires de bœufs, pour amender
maux,
en
el
desséchés qui couvrent
Sakalava appelle
la
flamme
la terre
à son secours, 28
VOYAGE
218 il
met
le
MADAGASCAR.
A
feu dans la brousse, l'herbe sèche et les feuilles mortes forment bientôt d'immenses brasiers.
Les cendres servent d'amendement au
débarrassée de celle végétation morte, donnera
sol, et la terre,
au mois de décembre de nouvelles pousses qui seront une excellente nourriture pour
les
bœufs. Malheureusement, cette méthode barbare a des inconvénients
la
les
jeunes pousses des arbres; les gros troncs sont
feu du Sakalava
comme
la
même
avec l'herbe de
:
souvent calcinés à leur base
troupeaux de plaine brûlent
et,
hache du Betsimisâraka concourent au déboisement général de
en somme,
le
l'île.
Nous avons rencontré aujourd'hui, vers onze heures, le village de Berohitra, qui compte une douzaine sommes obligés d'y coucher, car nous ne trouverons pas de village ce soir notre marche
de cases, et nous
;
d'aujourd'hui est donc peu considérable.
aucun
étape, plus longue d'ailleurs et sans
Le jour suivant, nouvelle
incident, jusqu'au village de
Ambararatabe ou Bedjipty, où nous nous arrêtons pour coucher. Nous avons passé dans
Ankazomena
sommes
et
hameau
à Ambarijevo, petit
la
journée
à
sakalava, aussi misérable d'ailleurs que celui où nous
logés ce soir. L'eau esl très rare dans
contrée, et les bergers sakalava conduisent fort loin
la
leurs troupeaux pour les abreuver. Cette absence d'eau n'est pas sans
me
causer quelques inquiétudes,
d'autant plus que la contrée que nous devons traverser en deux jours pour atteindre Belalitra, en est
absolument dépourvue,
et
mes porteurs sont
fatigués ou plutôt
si
où nous devrions rencontrer, en quelques heures de marche,
Le lundi 14 octobre, nous reprenons noire marche dans dans
les environs.
petit village
Mes porteurs
Banzonv qui
se répandent
s'écarter bien loin par crainte des fahavalo; été vaines.
A
la
brousse
la
traversée de la forèl
cela est facile,
ne
fait
Il
nord
brousse,
ils
vont de tous cùlés, mais
ne peuvent
ils
reviennent quelques heures après, leurs recherches ont
;
la
fatigue et les sueurs nous accablent, el la soif
du moins pendant
les
premiers jours; mais
les
on
moi-même
qui
ai
il
on
réagit,
augmente sans
trompe par mille
la
pas ainsi pour
n'en est
cesse; dans
et souffert de la faim, mais artifices, el
ce n'est pas
la soif,
heures, et dans la rage que l'on éprouve, tout ce que l'on peut
qu'exaspérer ce! impérieux besoin. Mes
leur tabac, et
ment.
le
sous les lataniers. Vers dix heures,
et
de Didy à Fito, nous avions bien manqué de vivres
jours que l'on compte, ce sont
faire
pointe vers
fleuve le Sophia.
complètement abandonné, pas une goutte d'eau
cela n'est rien auprès de la privation d'eau; contre la faim
les
le
tra-
ces heures chaudes du jour, la privation de toutes boissons dans ces pays intertropicaux
est particulièrement pénible la
est
dans ils
paresseux qu'ils aiment mieux
manquer d'eau que de pousser une
verser cette contrée en ligne droite au risque de
nous passons près d'un
si
voulu, pour faire
y a quelques semaines, pendant
la
le
hommes
qui,
comme
d'habitude, ont voulu chiquer
brave, fumer force cigarettes, nous souffrons atroce-
première partie de notre voyage, nous maudissions
la pluie
persistante qui nous accompagnait dans la zone forestière, et nous donnerions maintenant beaucoup
pour en recevoir quelques gouttes dans
un
sentier pierreux,
cette région des brousses.
Nous reprenons notre
route, et suivant
nous arrivons à un autre village abandonné, dont on ne peut me donner
procédons à de nouvelles recherches, qui sont aussi vaines que vraiment critique, mes
hommes sont
exténués,
et je
celles
nom. Nous
le
de ce malin. Notre position
est
ne sais vraiment trop comment, demain, mes porteurs
pourront reprendre leur route sans abandonner mes bagages; nous nous logeons tant bien que mal dans ces cases vides, je suis exténué
et,
malgré
d'un profond sommeil. Le lendemain, à
les cris
mon
des porteurs qui chantent pour s'étourdir, je m'endors
réveil, je
trouve mes caisses de bagages enfoncées, mes
le rhum dans lequel je conservais mes pièces zoologiques. Quand je sor< mon monde rassemblé sur la place du village, ils entourent deux de mes meil-
malheureux porteurs ont bu de
ma
case, je vois tout
leurs porteurs, Rainiboto et Rainil'ringa, qui gisent inanimés sur
sont morts; je les fais ensevelir rapidement dans el
je presse les autres
ce sont probablement
dont
ils
se
met en marche
lui
depuis deux jours,
Beaucoup de mes hommes
tant bien el le
paraissent ivres,
que mal.
el
tout
le
monde
soir.
Il
le village,
y aura de
se traîne sous ce
thermomètre fronde à l'ombre marque
ils
souffrent véritablement,
mes
souffrent qu'ils en
de partir vite pour atteindre Belalitra, où nous devons arriver ce
Le convoi
centigrades.
:
la soif
plus belles nattes que nous trouvons dans
de feu, nous n'avons pas
l'eau, c'est le salut. soleil
les
sol
le
voleurs de rhum, ces malheureux en ont tellement bu pour étancher
el le
moindre
-f-
35°
effort
TRAVERSEE DE LTLE DE LEST A L'OUEST. musculaire, par cette chaleur intolérable,
A
poussière.
quatre heures,
pouvons nous arrêter pour l'Anjabiny,
un des
l'ait
plus vivement ressentir
nous marchons dans des cendres épaisses,
cette brousse est brûlée,
j'ai
hommes
onze
gauche du Sophia,
avons déjà traversées depuis Mandritsara; par largeur de son
lit
nous soulevons des nuages de
qui sont tombés épuisés sur la route, mais nous ne
Nous voulons
les secourir.
affluents de
221
besoin qui nous dévore. Toute
le
et
'
il
Un quart d'heure après, nous traversons comme presque toutes les rivières que nous
boire.
est à sec
les traces
qu'ont laissées les eaux sur ses rives et par
la
de sable blanc, cette rivière coulant normalement doit avoir plus de 80 mètres de large
moyenne d'environ un mètre. L'Anjabiny
sur une profondeur
dans
se jette
le
Sophia, dans
nord du
le
point où nous nous trouvons à un jour de marche, et tout près de son confluent est l'embouchure du
Bemarivo. Peu de temps après avoir traversé d'un panache touffu un petit
mamelon,
il
mamelon
la rivière,
nous voyons de beaux manguiers qui couronnent
plus élevé que les autres
y a des sources dans un petit bouquet de raphia. C'est alors une course
son paquet et court vers l'eau de toutes ses forces, moi-même je suis ce suis vite dépassé.
Il
ma
vie avoir
le
est
Ils
absolument invraisemblable,
bu avec autant de
quarante-huit heures m'a permis de constater par
Afrique et en Australie.
folle,
chacun
et
jette
mais je
irrésistible,
qui toute l'année
niveau de l'eau a dû baisser considérablement, la quantité
hommes
de ce liquide bienfaisant bue par mes rappelle pas dans
mouvement
y a dans ces raphia près de Belalitra des sources importantes,
coulent à pleins bords. Cependant ce jour-là,
en bas du
c'est là qu'est Belalitra, et
:
plaisir.
La
moi-même
et
me
je ne
soit
dont nous avions souffert depuis
l'ait
énoncé par certains voyageurs en
moi-même un
avaient remarqué, après des privations [dus longues encore que celles que
nous venions de subir, que
premières gorgées d'eau avalées éfaienl non seulement désagréables,
les
mais très douloureuses; je ne puis que confirmer ce phénomène bizarre.
un assez gros
Belalitra est
d'une enceinte palissadée, des autres,
et
dont
les
village, c'esl le centre le plus important de ce bassin
l'aile
de troncs de satrana, enfoncés verticalement dans
de l'année, celles où nous nous trouvons, par exemple. Belalitra tions et les troupeaux de le
bœufs des
Ils
la
et
moment, grâce s'avancer vers
que
une chance inespérée,
les
je n'en ai pas
arrivant à Belalitra, le district
j'ai
quitté
Il
le
ils
et
le
le
la
est
il
les
popula-
de prédilection hanté
le lieu
saison sèche
Betsiboka dans
En
ils
trouvent
cas d'attaque,
la
la
saison des
est bien établie.
les
A
ce
endroits guéables et
saison sèche
et
surtout dans
plus redoutables dans l'endroit où nous nous trouvons; par
encore vu, mais je crains bien d'en voir prochainement, avant
Bombe toke. le territoire
administré par
le
de Majunga. Le chef de Belalitra est un Sakalava,
vaste territoire dont
époques
à certaines
passent d'ordinaire toute
\
des bœufs. C'est donc dans
homme, gouvernant avec beaucoup de sagesse mieux
mais
de refuge pour
des
de Manerinerina. C'est sur les confins
forêt
peuvent traverser
ils
fahavalo sont
d'arriver sur les bords de la baie de
dans
grande
nombreuses que lorsque
Nord, voler des esclaves
ses derniers mois,
la
plupart d'entre eux ont leur village,
à la baisse des eaux,
le
lieu
de munit ions auprès des tribus sakalava insoumises.
pluies et ne se rassemblent en troupes
En
village,
de
à cèvlé et
territoires a voisinants.
un refuge assuré dans
trouveraient aussi
de celte forêt que
uns
sol les
habitent d'ordinaire au sud de Betsiboka sur les contins du Menabe, où
facilement à se ravitailler d'armes ils
le
sert
Boeny, immense province de Madagascar couverte de brousse,
par les fahavalo.
le
entouré
est
11
extrémités supérieures sont réunies solidement entre elles par des lianes
cordes de raphia. L'espace ainsi clos est beaucoup plus grand que
Tout
du Sophia.
et
de prudence son
gouverneur de Mandritsara,
nommé
Tsievala, qui est
petit village, et
et je suis
un excellent
administrant de son
est chargé.
est très intéressant d'observer la politique particulière des
Anlimerina à l'égard des tribus
qu'ils
ont
soumises, et en particulier à l'égard des Sakalava, les seules peuplades qui leur aient résisté victorieuse-
ment
et
qui en maints endroits ont su conserver leur indépendance. Tandis que, chez les Betsileo et les
Betsimisaraka par exemple, tribus fort paisibles et très facilement gouvernables, les
les
Anlimerina frappent
indigènes de lourdes corvées, y envoient des gouverneurs féroces et rapaces, et enfin mettent en
coupe réglée ces timides populations, ces mêmes Anlimerina en agissent tout autrement avec
les tribus
VOYAGE
222
du Sud
Sakalava, gens turbulents et
et les
chaque poste important, sakalava
même
et
presque tous
comme
manier.
difficiles à
du gouverneur
à côté
MADAGASCAR.
A
comblent de prévenances
Ils les
des officiers sakalava, qu'on traite sur
le
même
un Sakalava,
Belalitra par exemple, c'est
10 e Honneur, grade assez important dans
la
dans
Dans
pied que les officiers antimerina.
anciens chefs sakalava ont été maintenus,
les villages, les
;
des fonctionnaires antimerina se trouvent des juges
et
dans des centres importants,
et
nommé
Tsievala, qui a été
gouverneur;
est
il
même
hiérarchie compliquée des Antimerina. Mais ce qu'il y a de
plus remarquable dans l'administration antimerina des territoires nouvellement soumis à leur gouverne-
ment,
c'est qu'ils
tions;
ils
A
y ont respecté d'une façon absolue
usages
les
coutumes des anciennes popula-
et les
ont donné ainsi un bel exemple de colonisation à certains peuples occidentaux.
nous quitte
Belalitra,
le
guide principal que nous avait donné à Mandritsara Rakotondravoavy, qui
a remis à Tsievala nos lettres de recommandation
nos passeports. Tsievala, de son côté, va nous
et
donner des guides qui nous conduiront jusqu'à Majunga.
Comme
gouverneur de Mandritsara, Tsie-
le
vala a voulu nous rendre de grands honneurs; nous avons assisté à une grande parade où ses quatre
misérables soldats loqueteux ont
Pendant
j'entends de tous côtés des hurlements épouvantables, ce sont les factionnaires du
la nuit,
dont on a doublé
fort,
avec des morceaux de bambou.
fait l'exercice
le
nombre
sont plus du tout les zovy, zovy
mon
à l'occasion de
que
e,
j'avais
passage;
hurlements
les
qu'ils
entendus dans l'Imerina, ont pour
effet
poussent
et
qui ne
surtout de les empê-
cher d'avoir peur.
mon
Depuis Ouest,
départ de Mandritsara sur
j'ai suivi,
compte continuer
et je
mon
côte Est, et jusqu'à
la
à suivre,
un
Majunga sur
arrivée à
itinéraire qui passe à
la
côte
quelques lieues plus au
nord du chemin parcouru dans ces contrées par Rutemberg en 1877-1878. Et c'est justement ce tracé un
peu plus septentrional qui m'a permis de relever Les habitants de ce village sont et
la
cours du Sophia et de passer à Belalitra.
le
réunion de beaucoup de tribus différentes, on y voit des Antimerina
des Belsimisaraka, mais on y rencontre aussi des Sakalava de type pur; les
Makoa y sont aussi nombreux.
Les caractères ethniques des Sakalava diffèrent peu, du moins dans leur ensemble, de ceux des Beza-
nozano dont
j'ai
parlé plus haut. D'une stature plus élevée que les populations de l'Est,
titution plus robuste, des
membres
viron 15 à 20 centimètres; les
quand
petits
bandeaux
orientales par
la
tressés faite en fibres de raphia
un grand amour des bijoux
et
par leur esprit batailleur et querelleur que je
hommes
ou de
latanier.
au-dessus du front un disque et
taillé
est,
comme
ceignent et
il
le
le
lobule de
celui de tous les Malgaches,
bordée sur
les lisières
nomment
il
comme sur
le
et
que
les lisérés
celles des tribus
dos
elles ont
j'étais
habitué à
la timidité
Le Sakalava ne
même
métal,
mettent dans les cheveux felana. Les
femmes
se sépare jamais de son fusil à
de ses deux ou trois sagaies, nombre
et
il
s'accroupit et maintient ses armes le
plus général de celle tribu
formé essentiellement du lamba. Autour des reins
les
hommes
plus généralement kikoy quand celte pièce du vêtement est blanche
d'une bande d'une dizaine de centimètres de large, de couleurs voyantes,
quand
sont en tissus de soie. Les
du Sud,
Vakanjo.
le
se
un cylindre de bois plus ou moins
couche avec. Le costume
plus généralement rouge ou jaune, ou diboana
foncée
se parent volontiers, et aussi
nomment
qu'ils
l'oreille
Sakalava entre dans votre case,
ne s'en sépare dans aucun cas,
le sikiny, qu'ils
portent une perruque de
diffèrent surtout des tribus
ficelle tressée. Ils se
dans un coquillage nacré,
et portent dans
en cuivre ou de filigrane de
juge indispensable. Quand
verticales,
ils
remarque d'autant mieux que
sculpté, qui atteint souvent 3 centimètres de diamètre.
qu'il
ils
portent des colliers de verroterie, des dents de caïman, des fétiches en
de bracelets,
pierre, orné de clous
sont assez soigneux de leurs
ils
Ces indigènes
des ornements divers dont
grand nombre, suspendus au cou ou au bras par une
parent de colliers
mode malgache aux cheveux
qui ont toujours conservé l'ancienne
nature paraît leur refuser une chevelure convenable,
des Belsimisaraka. Les
ont une cons-
plus épais, un teint plus noir. Leurs cheveux crêpés sont longs d'en-
hommes
longs portent presque tous de petites nattes enduites de graisse de bœuf, coiffures, et
ils
le sikiny est
femmes
sac,
le
d'une cotonnade de couleur
comme les femmes qui se nomme simbo;
portent,
lamba cousu en forme de
fait
el
belsimisaraka
el
sur la poitrine
el
TRAVERSÉE DE Ce costume des hommes
femmes, qui
el des
est le
betsimisaraka, est le vrai costume malgache; on tribus de lerai
l'île,
les
Antimerina exceptés. Pour
les
le
n'a presque pas pénétré,
que
mises ont gardé pieusement
Antimerina
musulmane
s'est fait
mais que
l'on
mais qui pourtanl
comme dans
de leurs pères,
les traditions
c'est
que
j'ai
déjà décrit chez la tribu
coutumes générales des Sakalava,
et les
celles
anciennes coutumes
l'on voit les
que
celui
retrouve, sans grands changements, dans toutes les
mœurs
malgache, sans apprêts
vrai caractère
le
J'ajouterai dès maintenant
même que
et
de
el
du Sud, où
l'influence
européenne
mieux conservées ces tribus insou;
on y retrouve beaucoup mieux que chez les côte Ouest de Madagascar que l'influence
la
que non seulement on y retrouve des usages mahomé-
chéchia chère aux disciples du prophète
la
j'en par-
sans voiles.
et
dans ces peuplades de
particulièrement sentir,
les
rencontre fréquemment un Sakalava parfaitement ignorant de
est coiffé
223
route j'aurai l'occasion de les observer et de les décrire. D'ores
puis affirmer que c'est dans cette tribu,
et déjà, je
tans,
ma
avec plus d'à-propos lorsque sur
DE LEST A L'OUEST.
L'ILE
ri
la religion
affublé de la
de Mahomet,
grande chemise
blanche des Zanzibarites.
En
plus des deux guides
Majunga,
ma carayane s'est
parages pour
faire
cl
des trois suidais que un' donne Tsievala
encore augmentée de deux Arabes de Zanzibar, qui étaient venus dans ces
du commerce,
et
gner, par boutre, leur pays d'origine. teront certainement pas, la soirée, je
tres
comme
cadeau
.le
grand port de
côte Ouest [imir.de
là.
rega-
suis très heureux de cette acquisition, car ces gens ne
me
quit-
qui v<ml rejoindre
et je suis certain qu'ils
le
mon
lui fait
grand
amitié, mais
plaisir,
m'explique d'ailleurs que
il
si le
me
m'arrête de suite,
il
prie de ne lui
présent est
fait
la
m'accompagneront jusqu'au bout de mon voyage. Dans
remercie chaleureusement Tsievala de son obligeance, garant de
pour me conduire jusqu'à
et je
nie dit
el
veux
lui
donner quelques
confidentiellement, que
donner que dans sa case ou dans un endroit
devant
les officiers
serait obligé
il
si
pias-
mon
retiré
:
il
de partager avec eux,
ce qui lui sérail très désagréable.
Le mercredi
10 octobre, je quitte Belalitra au lever
du jour
et je
continue
ma
roule vers l'Ouest au
milieu des grands lataniers [satrana).
Depuis notre départ de Mandritsara, nous avions toujours joui d'un temps superbe; cette nuit nous avons eu une pluie assez forte; ce malin, onze heures du matin, ciel
tout
bleu réapparaît. le
le soleil a
elle est
plus fine, c'est presque un brouillard. Cependant, vers
complètement dégagé
Nous rencontrons
les noirs
nuages amoncelés sur nos
plusieurs villages abandonnés complètement.
Il
tètes.
existe ici et
Le
dans
pays que nous allons traverser, presque jusqu'à Majunga, des bandes de pillards, formés de
Sakalava insoumis, d'esclaves marrons, de soldats antimerina déserteurs. Ces brigands, qu'on appelle marofelana
',
ne sont qu'une espèce particulière de fahavalo dont
le
métier consiste à voler les bœufs
I. On appelle ainsi ces bandes de pillards: maro, beaucoup; felana, felana, parce qu'ils portent sur leur front et leur ebevelurc de ces disepucs en coquillages nommés felana, ornements très à la mode dans la tribu des Sakalava.
29
dans
Tous
VOYAGE
226
dans
A
campagnes.
les
celle
époque de l'année,
quelques vols de bœufs dans leurs troupeaux,
ils
leur case, chercher
A
les environs.
un
est aussi
le pillage
village
de ce qui reste
une grande quantité de
un des
et
Nous
du mobilier
et
chassant devant eux
primitif qu'ils possèdent dans
riz qu'ils
que
ses habitants. Malgré tous
Dans mon convoi
il
la
la
ne puis empê-
efforts, je
obtenu que
j'ai
l'on
n'empor-
gaieté revient vite dans ces jours d'abondance
du Malgache
il
:
oublie complètement
Le lendemain, nous marchons dans
mes
soixante ou quatre-vingts poules et prennent
ne prenne que ce que l'on pourra manger. La journée
l'on
traits caractéristiques
mais au premier jour d'abondance
village important de Belsisiky.
trouvent dans les greniers. Cependant, et
nous devons
n'irons pas plus loin aujourd'hui, car
mes hommes égorgent
se passe en repas pantagruéliques. et c'est bien là
ont quitté leur demeure,
Bemarivo au
le
abandonné par ici,
demain matin au départ
terait rien
ils
abri à Belalitra.
midi, nous arrivons au village d'Ambahibe.
Ambahibe
habitants de ces villages ont appris leur arrivée par
les
Alors
sont venus, chargés de leurs lamba
un
nous arrêter demain après avoir traversé
cher
MADAGASCAR.
A
se laisse abattre par la
moindre privation,
les fatigues passées.
brousse, les grands lataniers ont disparu complètement,
et le
pays semble un peu plus accidenté. Nous marchons sur de petites collines couvertes de hautes herbes, et
dans
les vallées
que
laissent entre
eux ces mamelons peu élevés où pendant
la
saison des pluies doivent
se former des mares d'eau croupissantes surgissent des bouquets de raphia Ce palmier est 1res
commun
dans cette région. Vers midi, nous faisons halte dans
sommes sommes
la
plaine,
nous souffrons de nouveau de
assez heureux pour trouver dans un petit bois de raphia
une marc d'eau croupissante dont
arrêtés,
il
et
non
la soif,
la
où nous nous
loin de l'endroit
nous faut énergiquement disputer
troupeaux de bœufs du voisinage. Dans l'étape de l'après-midi,
cependant nous
hauteur des
petits
la
possession aux
mamelons
«pie
nous
franchissons s'élève sensiblement. Les plus hauts sommets n'ont pas cependant une altitude de plus de
50 mètres au-dessus de
sud
la plaine
forment ce que
et ils
environnante. Ces mamelons suivent une direction générale nord et
dans
l'on appelle
propre, et ne désigne pas particulièrement
le
pays les bongalava. Ce mot bongalava n'est pas un nomchaîne de collines que nous traversons,
la
il
s'applique au
contraire et sans distinction de lieux à toutes les chaînes, et à toutes les montagnes, aux .contreforts
légèrement étendus qui sont situés sur
comme ceux Bemarana
et
qui dans
le
versant Ouest de Madagascar.
le
Benabe supportent
les
des Tsiandava ), mais en général les bongalava
très faible hauteur. Ceux-ci sont les
Ils
peuvent être
premières assises du plateau central
très élevés
(les
chaînes des
comme ceux que nous traversons
n'ont qu'une
premiers contreforts de
la
chaîne qui sépare
le
bassin du Sophia du
bassin du Mahajamba. Dans la soirée, nous arrivons à Betsisiky. Ce village qui ne compte que vingt-cinq
cases environ est néanmoins un centre important dans cette contrée où la population est Belsisiky,
Tsievala.
comme Dans
nous reste à jamba,
il
Dans lutte à
Belalitra, est entourée d'une enceinte palissadée et est
peu dense.
commandée par un
officier
de
l'après-midi, je fais à Betsisiky quelques jours de vivres, en prévision de la roule qu'il
faire, car
n'existe
dans
aucun
les
grands bongalava qui séparent
village et par
la soirée, j'assiste à
un jeu
trois
le
bassin du Sophia des bassins du Maha-
conséquent aucun centre de ravitaillement.
(pie
donnent en
coups de poings, sorte de boxe que
Les deux ou
si
les
mon honneur
les
jeunes gens du village,
c'est
une
Sakalava ont appris des Arabes.
tambours inséparables de tous
les
jeux malgaches sont
là; le
tamtam commence.
Les spectateurs forment un cercle, dans lequel un des boxeurs tourne en cadence, appelant un concurrent; celui-ci se présente bientôt, et les
tambours battent avec plus de violence. Les jouteurs
parla main se promènent à pas rythmés dans l'espace circulaire jouteurs exécutent une sorte de danse, puis y en
a-l-il
deux ou
les fahavalo en général
trois
donnés ou
possèdent
leur chevelure ou-dessus
du
front.
comme
ils
reçus
s'attaquent
de pari
les marofelann
el
;
les
laissé libre
par
les spectateurs.
coups échangés sont
d'autre que
tout
le
se tenant
Les
1res rares, à peine
monde s'empresse
de
un ou plusieurs de ces coquillages discoïdes plaqués sur
TRAVERSÉE DE somme,
séparer les combattants; en
DE L'EST A L'OUEST.
L'ILE
lutte n'est
la
227
animée. Les Sakalava
pas très
nomment
ce jeu
morengy. Hier
soir, j'avais
village,
ma
rencontré sur
roule, à quelques centaines de mètres des premières cases
deux cadavres d'enfants nouveau-nés qui
morts de faim
étaient
du
de froid, abandonnés par
et
des parents dénaturés. Ces enfants abandonnés sont appelés Zazatsihanono. Cette coutume barbare est
une des superstitions cruelles en usage autrefois partout
m'amène
;
madécasses.
faudrait plusieurs
11
cela
volumes pour donner par
LES
toutes plus ou
moins bizarres
Madagascar
à
et
qui subsiste encore dans les
tout naturellement à parler de la superstition générale des populations
tribus sakalava
et
oui
':'
INDS
I
\
I
DE
INIEAS
menu
le
'
toutes ces superstitions, elles sont
I
des origines très compliquées; ru général, ces superstitions, ces
coutumes, reconnaissenl pour cause une importai ion étrangère, mais aussi été inventées
de toutes pièces par des chefs ou des
créées de toutes pièces se sonl perpétuées ensuite,
pour
rois
les
il
besoins du moment.
leur origine se perd dans
el
beaucoup qui ont
y en a
la
Os
superstitions
nuit des temps.
Le
Malgache est, essentiellement, bien disposé pour accepter toutes ces croyances, ces fady, ces tabous, qu'ils lui soienl
mais encore
il
donnés d'une façon quelconque, non seulement
les
provoque,
gnait d'une souffrance
les
il
quelconque
donnais volontiers, mais
j'y
demande. Que de et
qui
le
les
accepte
et
il
aux quelques conseils que j'avais pu
lui
avais imposé qui l'avait seul guéri,
alors
el
même à sa femme mon deuxième voyage
guérissait,
donner, niais
il
il
les suit
aveuglément,
un malade qui se
m'est-il pas arrivé
médicamenl approprié
ajoutais un tabou quelconque, un fady sans lequel
n'aurait pas été coulent. Si, par hasard,
l'imposait
ne
l'ois
me demandait
il
mon
client de passage
imputait sa cure, non pas à mes remèdes, ni était
convaincu que
pour ne pas retomber malade,
il
c'était le
fady que je
à
lui
suivait toujours ce fady,
et à ses enfants, lui un mot, une nouvelle superstition était créée.
retrouvé dans
plai-
à sa maladie. Je le lui
il
J'ai
Madagascar; quatre ans après une consultation pour une fièvre
quelconque, ces fady rigoureusement observés par toute une famille, et je suis persuadé qu'il subsistera encore de longues années.
Une
chose, observée par les Malgaches, vient consolider leur foi et en créer
coutumes l'observance de ces fady. En effet, ils partent de ce principe, toujours souffrir de quelque chose et que les Malgaches, comme c'est
plus solidement encore dans leurs
que noire pauvre humanité doit
justice d'ailleurs, ne sont pas plus privilégiés rale. Si,
que
les autres, et
dans cette famille dont je viens de parler, un
ne font pas exception à cette règle géné-
homme
vient à se soustraire, soit par esprit
VOYAGE
228
d'indépendance,
soit
première maladie
pour toute autre cause, à
qu'il aura, le
MADAGASCAR.
A la
premier malaise
prescription imposée, on ne
manque pas
d'attribuer la
un accident quelconque, à
qu'il ressentira,
cette inob-
servance. Notre individu sera donc frappé de ce qu'il n'appelle pas une curieuse coïncidence et
s'em-
il
pressera de revenir au fadij imposé antérieurement. Pendant ce temps, la nature aura fait son œuvre, le
plus souvent,
maladie sera guérie,
la
le
malaise dissipé ou l'accident réparé. Nouvelle coïncidence
curieuse, mais heureuse cette fois, pour l'esprit simple de notre Malgache. Jamais plus, ni
du fady,
famille n'enfreindront la prescription
et la superstition
ni sa
lui,
malgache aura une nouvelle preuve qui
viendra l'étayer.
Dans
ce dédale,
il
stitions générales et dier, d'autant plus
faut nécessairement, pour s'orienter, diviser les superstitions
en superstitions locales. Les premières, très nombreuses, sont intéressantes a étu-
qu'on en retrouve un grand nombre dans l'Indo-Chine française
Quand dans
de Malacca. Je n'en citerai qu'un exemple.
un prince de
la
malgaches en super-
famille royale vient à mourir,
parla porte, mais par une brèche de
la
il
dans
et
l'enceinte d'un palais d'un roi,
la presqu'île
un souverain, ou
faut pour faire sortir le corps du palais passer
muraille pratiquée à cet
effet.
non pas
Le nouveau souverain ne pour-
rait plus passer dans cette porte du palais souillée par le passage d'un mort. Celte observation, qui a été
faite
par moi dans un palais royal sakalava, et que
les
missionnaires français avaient faite avant moi à
Tananarive, est absolument identique à celle faite par M.
ouvrage Trente mois au Tonkin, 1883. l'on retrouverait
Il
en Afrique, tant sur
le
docteur Hocquard, à Hué, relatée dans son
y a encore beaucoup de ces coutumes générales dans
la côte orientale
que sur
la
tions de voyage de Binger au Niger, l'histoire de certains grisgris africains, [qui ne sont autres
Comme
ody purement malgaches.
je
l'ai
veux cependant parler maintenant de lui-même en deux parties
il
serait
beaucoup trop long d'entrer dans des
la superstition principale,
comprendre dans ses grandes lignes diviser
dit,
l'histoire
que des
détails, je
du principe fondamental qui peut
superstitions
des
que
l'île,
côte occidentale. J'ai lu dans les rela-
faire
madécasses. Ce principe peut se
l'une, qui représente assez bien les superstitions locales, c'est la
:
croyance aux sorciers, mpamorika ou mpamosavy chez
les
Sakalava, ombiasy chez les tribus du sud,
ampisikidy chez- les Antimerina. Cette croyance aux sorciers est certainement d'importation africaine; elle
a
comme
base principale
le
Sikidy, opération qui consiste à jeter sur le sol des grains de sable ou
des graines d'arbres, principalement celles d'un arbre appelé fano (piptadenia chrysoslachys); en tombant, les graines ont
un agencement qui permet aux
et surtout d'y apporter il
a terminé sa prière,
un remède. Devant il
le tas
compte ses graines,
et
sorciers de prédire l'avenir, de prévoir les
de graines,
le
mpisikidy invoque
forme ensuite
maux
zanahary, et quand
le
les seize figures qui
forment
le sikidy.
Cette pratique est absolument arabe.
Toutes
les tribus
de
l'île
ont des sorciers, leur influence est souvent très grande et un événement ne se
produit pas sans qu'on accuse
le sorcier;
personne ne peut mourir de mort naturelle dans ce pays,
toujours on est sensé avoir été empoisonné. Dès qu'une maladie vous arrive, qu'un événement malheu-
reux vient vous frapper, vous, votre famille, vos richesses
et
vos biens, on accuse un sorcier d'avoir
causé ce malheur et l'on s'empresse vite d'aller en consulter un autre pour conjurer
le
mauvais
sort.
Naguère, les chefs et les rois des tribus mettaient à profit d'une façon très pratique cette croyance populaire.
Une calamité publique
mécontentement général qui en
venait-elle à se produire,
résultait,
ennemis, politiques ou personnels, et
ils
ils
excitaient de
s'en débarrassaient de la sorte, en leur faisant
Cet usage est heureusement tombé en complète désuétude, tous gascar en parlent longuement, je ne pourrais donc que la tribu
des Antimerina,
la
se débarrasser des nobles
toutes
mettaient les malheurs publiques sur
les citer,
les
le
leurs forces
le
compte de leurs
donner le tanghuin.
ouvrages qui traitent de Mada-
ce que je crois inutile. C'est évidemment
plus pratique, qui a usé dans la plus large mesure de ce poison national, pour
ou des princes qui gênaient
les
gens au pouvoir ou décimaient
les
malheu-
reuses peuplades, soumises à leur barbare domination. D'après des documents à peu près officiels que j'ai
le
pu me procurer, 43 000 personnes furent empoisonnées
grand tyran madécasse.
à
Madagascar sous
le
règne de Ranavalona
I
er ,
TRAVERSÉE DE
L'ILE DE
L'EST A L'OUEST,
229
VILLAGE DES BONOALAVA.
La deuxième île
par
les
heures de
les
partie fondamentale des superstitions
Arabes; la
c'est
malgaches a
une sorte d'astrologie rudimentairc
journée onl un
sorl
:
les
élé
importée également dans
années,
les
mois,
les
jours de
la
la
grande
semaine,
que suivent ceux qui commencent leur existence, qui s'adonnent
une occupation, qui entreprennent quelque chose
à
à
ces moments-là. Le malgache esl absolument fata-
persuadé que le sorl de sa vie ou d'une entreprise quelconque esl intimement liée au sort du moment précis dans lequel elle commence, De là la science de sorts des époques qui demanderait liste, et
il
esl
pour être bien présentée de longs développements. Je veux me contenter d'en exposer
ici les
mil ions les
plus élémentaires.
En malgache,
les
noms des jours de
la
semaine
comme
les
noms des mois viennent
tous de l'arabe
Malgache Français.
Le dimanche,
Arabe.
Dimanche
Alahady
Lundi Mardi
Alatsinaina
El-clhnin.
Talata Alarobia
Eth-thalâttaâ.
EI-ha' ad.
Mercredi Jeudi
Alakamisy
Vendredi
Zoma
Samedi
Sabotsy
le sorl
sent avec l'astre qui
DIALECTE HOVA.
de
nous
la
journée suit
le
cours du
El-arba' à.
soleil,
El-khamis. El-djoma' ah. Es-sebt.
bonheur
et
malheur grandissent
et
décrois-
éclaire,
Le lundi, jour rouge, convenable surtoul pour les offrandes pour enterrer les morts.
et les sacrifices, c'est le
jour par excellence
Mardi, jour noir, jour des morts; les enfants qui naissent un mardi dans les tribus sakalava sont
:
VOYAGE A MADAGASCAR.
230 abandonnés, leur sort sera rendre, en prévision des
funeste, puisqu'ils sont nés
si
maux
qui doivent
les assaillir
dans
un
jour, que c'est
tel
un
vrai service à leur
l'avenir.
Mercredi, jour de très bon sort, convient surtout pour célébrer
cérémonie du mamadika.
la
Jeudi, jour bon par excellence, mais f'ady pour la célébration de tout rite funéraire.
Vendredi, jour indéterminé, bon ou mauvais, suivant qu'il commence, précède ou suit une période lunaire.
Samedi, jour des morts
Chaque heure de heureux, à minuit,
Pour
les
mois,
de
et
bon de
qu'il est
se rappeler les défunts
que
l'on a aimés.
possède aussi un sort déterminé, qui varie de midi,
la nuit
le
plus
plus mauvais.
le
en
il
en ce jour
c'est
;
journée
la
même, chacun
de
esl
son sort particulier,
a
communique
qu'il
à celui qui voit le
jour sous ses auspices.
Alahamady Adaora
{
(janvier]. Destin
février). Destin
Bon
Adizaoza (mars).
heureux, destin royal
princier.
et
rouge, exposé au feu du ciel et au feu de
destin, contraire cependant
la terre.
aux entreprises de longue haleine.
aux constructions entreprises pendanl
Asoro(ani) (avril). Destin du fer, assure une longue durée
ce
mois.
Alahasaty (mai). Ceux qui naissent dans ce mois seront plus lard des sorciers ou auront des propensions à
devenir.
le
Asombola (juin
de l'arabe Soumboulah,
|,
du Zodiaque
esl la
Vierge du Zodiaque. Ce mot Asombola désigne aussi une des
la
du Sikidy; dans ce sens
ligures de la table
(die
indique les enfants,
Balance, sa planète Vénus, son métal est
l'or,
les
porteurs de nouvelles. Son signe
Comme
mois, Asombola esl un destin
d'argent favorable à celui qui cherche la fortune.
Adimizana mois, mais
il
(juillet),
de l'arabe Almizana
Alakarabo (août). Ce mol arabe de
malgache. (Alakarabo vient de
el'
Il
ne saurait mourir de mort violente.
côte orientale d'Afrique désigne
la
—
Balance). C'est un bon destin pour celui qui naît dans ce
(la
une balance.
doit toujours porter sur lui
Aqrab,
Scorpion.) Dans
le
le
huitième mois de l'année
le,
Sikidy, dont
il
représente une des
Comme mois, son sort est l'abondance des biens de la terre. Comme signe du Sikidy, c'est un signe des plus néfastes. néfaste un homme né' dans ce mois ruinerait tout ce qui l'entoure,
dernières figures, son élément esl l'eau.
Alakaosy (septembre), de l'arabe
Comme
mois,
destin est aussi
le
— Oous.
cl'
:
réduirait sa famille el ses amis à
misère,
la
et
causerail
sort. Voici la
sacrifice,
esl
il
et
si
les parents,
les
Antimerina
:
la
le
prennent l'enfant,
i
ainsi
que
les
le petit
doigt
effet,
il
avait,
honneurs, mais ses
fils,
el l'annulaire
doigts
tion prise par la famille de Rainilaiarivony, le destin d'Alakaosy était en partie reslé
En
cl lui
du pied gauche correspondant. Rainilaiarivony est né mois de Alakaosy. Certains Malgaches m'ont d'ailleurs assuré que malgré relie sage précau-
main gauche coupés,
pendant
ils
des mains pour permettre au mauvais sorl du mois de sortir par es
portes sanglantes. Ainsi Rainilaiarivony, premier ministre des Antimerina, a
de
pour une raison quel-
de toute nécessité de conjurer ce malheureux
manière de procéder généralement usitée chez
coupent quelques doigts des pieds
malheur de tous ceux qui l'aiment. On
ou bien
étouffe généralement les enfants qui naissent dans ce mois,
conque, ne veulent se résoudre à ce pénible
le
comme
il
et depuis
c'était écrit,
avait causé la
morl de
le
un caractère
malheur de
fier el
sa famille
Radama H, donl
il
fui
el le
dans son corps.
indomptable,
il
était
parvenu aux plus grands
de ses amis,
il
avait
empoisonné presque tous
principal assassin,
il
n'a cessé
de continuer
la
série de ses crimes.
Adijady (octobre). Destin de bronze; celui qui se marie dans ce mois
Adalo (novembre). C'est
le
mois des pleurs
el
du deuil
:
à cette
esl sûr
d'une union heureuse.
époque de l'année correspond un destin
de larmes. Alohotsy (décembre). Deslin inconstant.
On
voit
donc par ce qui précède, en
même temps
qu'une des bases de
la
attaché aux mois, aux jours, aux heures, mais encore l'emprunt énorme
superstition fail
par
le
malgache
:1e sorl
peuple madécasse
TRAVERSEE DE aux Arabes qui oui fréquenté celle
île.
L'ILE DE L'EST A L'OUEST.
Los noms
mois, des jours de
«les
la
-231
semaine sont arabes,
leur système de calendrier, leurs mesures du temps, presque toutes leurs superstitions
Avec
le
enfin
ont
dans
un grand nombre de leurs mois.
leurs idiomes
pouvoir
et
ils
Sikidy,
Malgache peut connaître
le
les prévenir.
non seulement savoir ses malheurs futurs, mais
l'avenir,
Lorsqu'un indigène consulte
le
Mpsikidy,
il
arrive parfois, j'oserai dire
le
plus SOU-
DANS LA VALLEE DU MAHAJAMBA.
vent,
que
les
prédictions du devin sonl mensongères
Malgache n'en Mpsikidy
:
Faut-il
«
que plus convaincu,
est
que
desl in <le
le
ma
et
ils
nous nous approchons de principaux.
el
hois. la
A
nuit
trois heures,
ils
constatent
el
nous continuons notre roule dans
l'après-midi,
Mais
le
la
lui.
•>
brousse,
le^
nous nous engageons dans une région pins accidentée;
hauts sommets,
les
arbres deviennenl pins rapprochés,
nous sommes au point culminant (280 mètres), puis nous
nous surprend au
effet.
l'impuissance du
chaîne principale des Bongalava dont nous n'avons passé hier qu'un des
la
Dans
pendant un certain temps, sur
un
tous quand
naissance soit fort, puisque le Mpsikidy n'a pu prévaloir contre
Le vendredi 1S octobre, nous parlons de Betsisiky
contreforts
que ses remèdes demeurent sans
et
s'écrient
lias
Nous sommes entrés dans
la
de
la
des<
c'esl
presque
endons rapidement
montagne.
vallée
du Mahajamba, quittant
le
bassin du Benarivo, son principal
affluent de droite.
Le samedi 19 octobre faisons
connue hier
ter ces trop
pas, dit-on,
1res
esl
noire première journée de
peu de roule dans
nombreux détours qui nous el
la
marche dans ce bassin du Mahajamba. Nous
bonne direction,
font perdre
el
je ne puis obtenir de
mon
convoi d'évi-
beaucoup de temps. Abondance de biens ne
nuit
cependant avec Ions nos guides, les trois soldais que m'a donnés à Mandritsara Rako-
VOYAGE
232
A MADAGASCAR.
tondravoavy, les deux guides qui m'ont été fournis à Belalitra par Tsievala,
caravane depuis deux jours,
joints à la
donne son
avis, qui est le seul
il
est impossible de connaître
bon, bien entendu. Chacun
ma
inonde à maintenir une parfaite cohésion dans
que dans ce pays de fahavalo avoir l'œil sur tous
il
serait
mes bagages. La plus grande
aller
Nous sommes toujours dans ferme
la
les
mes
tôt, et
brousse;
la
les
que
cl
et
il
me
marche
dans l'après-midi nous continuons notre route
guides
soldats sont devant, les porteurs les suivent
et les
le lit
il
arrière.
me
Mes prévisions ne de fahavalo.
fort parti
trois heures, j'entends
des
mes porteurs de bagages
qui
Vers
s'étaient réalisées
malheureusement
moment
sur une hauteur,
J'étais à ce
Les fahavalo qui nous cer-
fut possible de reconnaître nos assaillants.
nombre d'environ cent ou cent cinquante, desséché d'un ruisseau qui barrait
la
la route,
plus grosse troupe était en avant, dissi-
d'après les
mouvements des herbes,
avait sur nos côtés et en arrière, mais je ne pouvais préjuger de leur nombre. Je
hommes autour
bagages, je groupai mes
les
est terminée cl
caravane, rangée dans l'ordre accoutumé, décrit de lon-
paraissent très effrayés.
en m' avançant quelque peu
ment
la
je tiens essentiellement à
campagne du Nord
bientôt venir se ranger autour de moi
nous étions attaqués par un
naient étaient au
mulée dans
la
grandes herbes,
et je vois
poussent de grands cris
et
toute
collections perdues à quelques jours de
marche, veillant à ce qu'aucun paquet ne reste en
coups de feu en avant,
que trop
j'ai
Chacun
peine du
coucher à Antamotamo.
gues sinuosités dans et je
être réunis et
partie de cette
de Majunga. Vers midi nous nous arrêtons à Ankoby,
pour
la vraie route.
se sont
petite caravane; cohésion d'autant plus nécessaire
imprudent de ne pas
serait fort désagréable d'être pillé et d'avoir toutes
exactement
de son côté, et
tire
deux Arabes qui
et les
ruisseau, pour parlementer
des charges,
c'était le seul parti qu'il
:
me
et je
restait à
m'avançai seul vers
prendre et
il
il
y en
rassembler prompte-
fis
la
troupe du
entrer absolu-
fallait
ment en composition avec
les
brigands. Tout cela avait été exécuté très rapidement, et dans cette
circonstance, je n'eus qu'à
me
louer des deux Arabes qui étaient avec moi, et qui empêchèrent absolu-
ment mes porteurs malgaches de prendre
la
fuite
comme une volée de moineaux. En approchant hommes qui n'avaient pas l'air si terribles qu'on
des fahavalo, je fus très agréablement surpris de voir ces
me
les avait représentés.
Le chef
vint à
ma
rencontre,
felana qu'il portait sur le front, coquillage d'un
et
il
ne se distinguait des autres que par
quel motif très simple je veux traverser leur pays; c'est cependant assez
difficile à leur
qui croient, fort sagement du reste, que pour qu'un blanc vienne dans leur pays,
il
y fasse du commerce, ou bien qu'il serve quelque autre intérêt puissant. Mais un
qui casse les cailloux de et je
me
la
roule doit être un simple d'esprit ou un menteur.
résous à passer aux yeux de ces sauvages pour un simple fou
une consolation. La conversation avec ces brigands sakalava
comprends à
peine, n'étant pas familier avec ce dialecte de l'Ouest très différent
kabary se prolonge, mais
près les conditions qui visitera
mes bagages
cl
me
j'ai
homme
universel, est
pour
expliquer, à eux
ou bien
faut
homme
qu'il
qui vient
sont imposées
ennuyeuse, je crois, que certaines que
:
lui j'ai
me
faut
choisir,
ce qui est encore
est assez pénible, je les
du
dialecte anlimerina;
venu à mon secours. Avec ce nouveau renfort
beaucoup de patience pour
prendra ce qui
11
civilisé,
relativement
le
et
qui se contente d'y mettre des fourmis dans des bocaux, ou
plaisir,
heureusement que Jean Boto, mon
gros
grand diamètre, entouré de cercles d'argent finement
découpés. Nous entrons de suite en arrangement. Le kabary commence. Je leur dis qui je suis
dans leurs brousses pour son
le
le
supporter. J'accepte d'ailleurs à peu
on ne me prendra rien de force, mais
le
chef des fahavalo
conviendra. C'est une sorte de visite douanière, pas plus déjà eu à supporter dans
îles
pays
civilisés,
et j'espère
que
ces fahavalo de Madagascar ne se montreront pas trop protectionnistes. Je m'exécute donc de bonne
grâce
et la visite
tent de prendre,
commence. Je
suis
si
pauvre que mes
effets
personnels ne les tentent pas,
ils
dans ma lingerie d'explorateur, deux cravates blanches oubliées au fond de
suite d'une soirée officielle
systèmes compliqués de
quelconque; mes armes passent;
fusils, et
j'ai
bien eu quelques difficultés,
mes cartouches métalliques perfectionnées ne
collections passent en franchise et ne font qu'exciter à
bonne humeur; j'espère que mes instruments auront
un
les
très
haut
mêmes
ma
les
se conten-
malle à
la
mais mes
ont pas tentés; mes
point leur hilarité cl
par suite leur
prérogatives. Mais les espérances cl les
30
TRAVERSÉE DE hypothèses
L'ILE DE L'EST A L'OUEST.
235
même les plus plausibles sont souvent déjouées dans la vie humaine, j'en eus ce jour-là la triste mon théodolithe, le chef des brigands voulait absolument prendre l'oculaire et sa
preuve. En-examinant petite
monture en cuivre pour
un embout pour
s'en faire
sa canne
mes jumelles de voyages qui me
grosses lentilles de
cigarettes, ainsi qu'un objectif de ces
de sa canne. Enfin, j'abandonnai liqueurs alcooliques.
même,
A
mêmes
et je n'ai plus
Antamotamo,
à
je serrai
approchant du
mes
provisions, une partie de
ma
mon
sel,
toutes
et
devenus maintenant mes amis,
mes
Sélim
et
lui-
Antamotamo, me promettant formellement que
rentrée à Tananarive. Sélim
a
scrupuleusement tenu
je
cet
vu de fahavalo dans celle campagne du nord de Madagascar. Avant d'arriver
énergiquement
village, les fahavalo et
disparurent bientôt à mes yeux,
la
main de Sélim, en
hommes
donnai encore sur sa demande (ces
ils
mes
leur chef, m'accompagnait jusqu'au village de
engagement,
servaient habituellement d'allume-feu pour
six heures, je quittais ces fahavalo
n'aurais plus rien à craindre d'eux jusqu'à
cédant une des
lui
jumelles qu'il mit immédiatement à l'extrémité supérieure
moitié de
la
du monde à
j'eus toutes les peines
:
dissuader de mettre à exécution ce projet, et encore je n'y pus parvenir qu'en
le
el
Sélim partirent dans
ma
lui
rappelant ses engagements,
sont insatiables] tout le
le
nord, je
et je lui
tabac que j'avais sur moi.
les vis s'éloigner
me
jumelle borgne ne pouvait guère
dans
la
pour
servir
En
brousse,
les
suivre
îes
condi-
plus longtemps du regard.
En somme tions, et
ce n'élail qu'une alerte, cette attaque s'était d'ailleurs terminée dans de très b
j'en étais quitte à
si
si
Zanzibar qui étaient avec moi
métan peu
pour toutes
les
Millier a été assassiné
village de
pendant
absinthe. ils
mon
s'en étaient
deux Arabes de
et
avaient causé
—
avec Sélim en langue kisoahéli. La certaine sympathie que j'éprouve luis servi.
la
d'èlre attaqués,
que M. (ieorges
saison sèche de 181(2, en suivant d'ailleurs l'itinéraire qui" je venais de
je retrouve
mes guides,
qui étaient venus s'y réfugier dès
Toute
la nuit,
dansée
village,
il
les
le
y eut de grands kabary entre
du pays, conversations interminables dans lesquelles
les
commence-
deux autres avaient
été
mes hommes
porteurs racontèrent avec mille
tous plus mensongers les uns que les autres, et tous exagéraient, bien entendu, l'agression dont
nous venions
d'èlre victimes.
Le lendemain 20 octobre, nous nous mettons en marche au lever du jour. Les arbres de
1.
maho-
habitude, j'avais recueilli
souvenus
avaient pu ramener avec eux un des soldats antimerina,
tués par la première décharge.
détails,
'les
'.
Antamotamo,
l'alerte; ils
et les habitants
mon
Selon
du ruisseau près duquel nous venions
à l'est
tracer depuis Mandritsara
Au
—
cause de l'intervention
le crois, à
populations musulmanes m'avait encore une
beaucoup plus
ment de
Je
Belalilra avec quelque sympathie,
je l'appris plus lard
C'est
c'est
qui avaient reconnu dans Sélim un de leurs coreligionnaires,
zélé cependant, caril buvait fort bien
mes deux Arabes depuis
comme
bon compte et
Au mois de
juin 1892, un borizana venait à
d'après son dire ce qui était arrivé
Majunga
et
y annonçait
le
meurtre de l'explorateur M. G.
la
brousse
Millier.
Voici
:
M. Mûller avait quitté Mandritsara dopais doux ou trois jours, il marchait on tête <\r sa caravane qui à la file indienne Tout à coup d'un petit bois placé sur la gaucho éclatèrenl des coups de feu qui vinrent blesser un des porteurs, il tomba. M. Millier fit alors volte-face et, armé de son fusil de chasse, il lit feu dans la direction présumée dos assaillants. Une nouvelle décharge dos fahavalo s'en suivit, M. Miiller recevait dans la cuisse une balle ot dans l'abdomen un coup do sagaie. A ce moment, pendant que les fahavalo sortis de leur cachette se niaient sur le corps du malheureux explorateur, le mutilaient, et pendant qu'il respirait encore lui coupaient la tète avec un méchant couteau, les porteurs se sauvaient dans toutes les directions. « Doux ou trois jours après, des indigènes apportaient lo corps «lu français assassiné à Mandritsara, la tête ne fut pas retrouvée. Le meurtre de l'explorateur français M. G. Miiller esl assez inexplicable. Je sais bien que M. Miiller n'avait autour de lui que des Antimerina, ce qui est une très mauvaise chose lorsqu'on voyage à Madagascar, dans les tribus insoumises. En 1892, on parlait déjà d'une expédition éventuelle, les Antimerina étaient 1res surexcités contre les Français cl ils voyaient avec peine un Français parcourir leur pays; donc je soupçonne fort Rako tondra voavy, gouverneur antimerina de Mandritsara, d'avoir fait assassiner par ordre notre malheureux compatriote, ou du moins d'en avoir singulièrement facilité l'exécution. Cet événement malheureux, lorsqu'il sera complètement élucidé, montrera encore une l'ois l'esprit de haine qui anime les Antimerina contre les Français. En attendant, on a essayé de rendre responsable de ce meurtre le banditisme Madagascar. Les fahavalo ont bon dos. Cependant il ne faudrait pas trop généraliser. Les rendre responsables de tout, c'est très logique, je l'avoue, pour excuser en tonte circonstance le gouvernement antimerina cependant j'ajouterai que ce n'est pas tout à fait conforme à la vérité, tant s'en faut. » «
se déroulait dans les grandes herbes.
;'i
;
VOYAGE A MADAGASCAR.
236
sont plus touffus, plus rapprochés les uns des autres, les petits buissons se louchent presque, les raphia sont très abondants
et
de larges espaces sont couverts par les bavarata (Phragmites communie), sorte de
grands roseaux piquants
Le
sol est
fleuve dont les
Dans ce hameau,
la
roi
tous les terrains humides du versant Ouest de Madagascar.
végétation plus vigoureuse, on voit que nous approchons d'un grand
A
neuf heures, nous arrivons au village d'Andoamboary,
par Diriamana;
je suis fort bien accueilli
encore dans mes bagages, à deux heures du village,
Andoamboary
rési-
sakalava Diriamana.
de voyage que je
les projets
Je quitte
communs dans
eaux fécondent ce pays.
dence habituelle du
prendre
très
moins desséché,
et
lui
expose je ;
il
me
lui fais d'ailleurs les
nous sommes bientôt lions amis. Le Mahajamba, qui coule large
et je suis en
deux heures sur
bords du fleuve.
les
me restent
plus beaux cadeaux qui
sera facile à traverser, grâce aux pirogues que Diriamana va
me
com-
paraît assez intelligent, et paraît
Il
profond
et
me
procurer.
coule en cet endroit, sud-
sud-Est-nord-nord-Ouest, sa largeur est de 80 mètres, sa profondeur en moyenne supérieure à 2 mètres.
Sur
appelée Befanjava n'est qu'un bras de mer qui part du fond de
les cartes, la rivière
Mahajamba, d'arroyo
comme
fondément
profondément dans
et qui s'avance il
les terres
;
en existe d'ailleurs un très grand nombre dans les vastes baies qui découpent
côte nord-ouest de Madagascar; en général, ces arroyos coulent
la
sont bien pleins qu'au
flot.
qu'on appelle
En
préparer, el
fait
Tandis que
les
les
la
si
marées, le
procl
ne
même nom,
plus grande partie de l'année
Sambilahy.
le
arrivant sur les bords
nous avait
comme
Dans cet arroyo de Befanjava, l'eau atteint un village qui porte
au delà ce n'est plus qu'un petit ruisseau sans importance, à sec pendant el
baie de
la
ce n'est donc pas une rivière, mais une sorte
du Mahajamba, nous trouvons
pirogues à balanciers que Diriamana vile
sur l'autre bord.
se servent sur toute la côte Est de la pirogue ordinaire, creusée
Malgaches
seul tronc d'arbre et
trois
grâce à ces embarcations légères, nous sommes bien
marchant à
pagaie,
la
el qu'ils
nomment
dans un
lakana, les indigènes de la côte Ouest se
servent exclusivement d'une autre pirogue à balanciers faite en plusieurs
morceaux
appellent
el qu'ils
lakamfiara ou lakang'do.
Le lakamfiara, mètres;
le
quille est
longueur variable, de C
à
corps de l'embarcalion
10 mètres généralement, a
à
comme
forme
l'espars qui
le
formée d'une seule pièce de bois, entaillée en forme de Y,
sont fixés au
moyen
de chevilles et de coulures de raphia
mélange de graisse de bœuf,
d'argile
rouge
cl
;
une largeur de 50 à C0
ecnli-
balancier sont en bois très léger. La et les
les joints
bordages qui y sont ajustés,
sonl d'ailleurs remplis avec un
de fibres végélales.
Le balancier, fanary, est allongé parallèlement au corps de l'embarcalion; à environ 1 m. 50, il porle, à la partie supérieure, deux grosses chevilles percées d'un trou et nommées latiky. Dans ces tatiky, s'enfoncent perpendiculairement au balancier deux longs bois, nommés varona, qui viennent s'attacher à deux lianes de l'embarcation, fanaribitiky.
de
la
voile
Ce
el
fanaribitiky n'est
Les lakana de
Ouest au contraire ont celle
11
les
la
même
sorte de plaie-forme horizontale
section en Y;
cl
le
poids doil faire équilibre à
une section transversale en U,
côte Est ont
il
est
on peut
aux deux extrémités du lakamfiara, deux autres
dunette ou de gaillard d'avant que l'on Le lakamfiara proprement effilées, a
dil,
au
nomme
lieu
poussée
la
les lakamfiara
de
la
côte
donc nécessaire de placer dans l'embarcalion une
centrale, sur laquelle
s'asseoir
protège d'ailleurs par deux claies mobiles en raphia, que l'on fixe sur
exisle aussi,
nommé
dehors pour porter un autre petit balancier
pas à proprement parler un balancier.il ne sert qu'à amarrer les écoutes
ou à supporter du côté du venl un piroguier, dont
d'uni' forte brise.
on
se prolongent en
ou placer les
les
marchandises;
bordages de
pirogue.
la
petites plates-formes triangulaires, sorle de
basa.
d'avoir à l'avant el à l'arrière les deux extrémités simplement
un bordage central qui se recourbe en forme de proue antique,
(pie l'on
décore souvent de
couleurs vives.
Ces pirogues
à balanciers portent
un ou deux mâts, sur lequel ou entre lesquels
l'oilcs brises, la
une
voile
même
par de légères brises, une grande vitesse. Dans
les cas
bande donnée par ces pirogues
forte qu'elle pourrait les faire chavirer,
même
assez grande, qui imprime à l'embarcalion,
de
est fixée
sérail
si
TRAVERSÉE DE Pour ces navigations à
balancier.
avec
le
lient
debout du côté du vent,
mer,
et
soit
sur
ne sont que de
le balancier, soit
fivioy.
légères pirogues, ne craignent pas d'y mettre
existe toute
il
cultive la terre.
les
indigènes de
la
— se
marche de
la
côte Est craignent la
s'aventurent fort loin dans de
ils
un bœuf ou deux solidement attachés sur Mayotte ou aux Comores. Dans
une classe de Sakalava, qu'on appelle
vie en pirogues, tandis
sont généralement deux
fanaribitiky . L'autre dirige la
le
Autant
côte Ouest craignent peu cet élément;
la
centrale, et ainsi chargés d'aller quelquefois jusqu'à
André,
sur
ils
239
mauvais navigateurs, à l'exception toutefois des habitants de Sainte-Marie,
fort
autant les Malgaches de
—
un des piroguiers
la voile,
moyen d'une pagaie de queues d'une
pirogue au
DE L'EST A L'OUEST.
L'ILE
même
qu'une autre classe de cette
Ces deux dénominations de Vezy
les Vezy, et qui passent
nommée
tribu,
la
plate-forme
sud du cap Saint-
le
presque toute leur
Masikora, vit dans l'intérieur et
de Masikora, qui ne désignent que certaines classes
et
de Sakalava, qui s'adonnent à des occupations spéciales, ont
fait croire à
certains voyageurs que ces Vezy
et ces Masikora étaient des tribus différentes.
Le Mahajamba a un cours d'îlots,
très lent, son large
lit,
contenu par des berges sablonneuses,
est
Nous ne marchons que
fort
peu aujourd'hui,
et
près de quelques cases, qui se trouvent dans un
habitants de ce pays.
Nous avons eu
tort
nous nous arrêtons en amont
et sur les
principale des
de ne pas nous éloigner davantage du cours du fleuve, car sur
sion de parler, dans de précédents chapitres, de puces,
rencontre malheureusement trop souvent sur
la
poux
et
punaises
la
déjà eu occa-
J'ai
autres vermines que l'on
et
côte orientale et surtout sur
malcules désagréables se trouvent moins fréquemment sur
le
plateau central. Ces ani-
côte ouest, mais ces parages possèdent en
revanche un animalcule aussi désagréable, ennemi encore plus redoutable, car son nombre c'est le
moustique.
danser
et
nous
à
A
où nous nous trouvons,
l'endroit
il
avions allumés. Le lendemain, je suis très peu valide pour
deux nuits
comme
celle-là
la
du Mahajamba,
les rives
les
il
me
donneraient de forts accès de fièvre
Le lundi 21 octobre, nous continuons dans heure après avoir quitté
:
la nuit à
grands feux de bois vert que nous
mettre en route, et je suis persuadé que à
l'Européen
le
[dus robuste.
brousse notre route vers l'Ouest, le petit
est effrayant
y en a des nuées, aussi nous passons
mouvements désordonnés devni
livrer à des
soleil.
bords du fleuve,
immense champ de bananiers, nourriture
nous sommes environnés d'une nuée de moustiques.
ses bords et sous les bananiers
les
encombré
de bancs de sable, sur lesquels des quantités invraisemblables de caïmans se prélassent au
village de
Tsaramaso.
et
A
nous trouvons, une de ce village,
l'ouest
beaux salraua sous lesquels nous marchons depuis plusieurs jours, mil disparu
et sont
maintenant par d'autres salraua beaucoup plus petits aux troncs toujours inclinés, aux
remplacés
feuilles toujours
épineuses. Je ne connais pas celle deuxième espèce de latanier. qui se trouve dans tous les environs de
Majunga bilobés, fruits
au
que
lieu d'avoir des fruits ovoïdes
les
état est
les
et
grâce à l'humidité
suffisamment développé,
et
les
rebondis et à élroile ouverture. Sur de
fusil
les autres lataniers, ces salraua ont des petits fruits
derniers mois de la saison sèche,
sadjoa, et les placent dans
eux-mêmes
comme
indigènes recueillent en grande quantité pour faire du rhum. Les Sakalava cueillent
de ces satrana dans
nommées à
:
ou un simple bambou
ils
les incitent
du
un trou creusé
à la surface
à la chaleur
ne lardent pas
ils
à
dans de grandes jarres en
sol; les fruits sont alors
abandonnés
en lier en fermentation. Lorsque cet
indigènes les font cuire dans de grands vaisseaux en terre aux flancs le
col de ce vaisseau, et
dans un plan légèrement
luté avec de l'argile rouge, ce
canon de
incliné,
fusil, col et
dans un récipient quelconque
odeur
mais
tel qu'il est,
très forte,
il
l'alcool obtenu; je n'ai pas besoin de dire
malgré
nous conduit
les
grands lataniers,
déverse
contient
et
qui lui donnent une le village
de
nous nous arrêtons à Ambohimena. L'étape du
à Marokira.
Le mardi 22 octobre, toujours dans et l'argile
et
il
que cet alcool est de mauvaise
est très eslimé des indigènes qu'il grise parfaitement du reste. Après
Madirobohana, nous retrouvons soir
les éthers et les huiles essentielles qu'il
un canon
serpentin de cet
alambic primitif, passe dans une auge en bois où l'on renouvelle sans cesse de l'eau froide, puis
qualité,
les
terre,
la
brousse
et
dans
les lataniers, la route se
déroule dans
le
sable
rouge; nous traversons une chaîne de collines peu élevées, mais couronnées sur leur sommet
de quelques bouquets de bois. Derrière nous dans
l'Est, la
grande plaine du Mahajamba
fuit vers l'ho-
VOYAGE
240
MADAGASCAR.
A
PANORAMA DE MAJUNGA.
une ligne parfaitement droite: nous traversons vers
rizon, qui esi
se jette dans la baie de
continuons dans
la
Mahajamba. Nous arrivons dans
brousse toujours
matin, je m'aperçois que c'est
un
Pour
la
marneux auquel succède
terrain
mon
première fois depuis
heures l'Anjobajoba, rivière qui
Manierenza. Le jour suivant, nous
roule à l'Ouest sous les grands lalaniers. Dans cette étape du
la
change peu à peu de nature
le sol
liniL
la soirée à
:
ce n'est plus du sable
où
bientôt une terre noirâtre
où
arrivée à Madagascar,
et
de l'argile rouge,
je trouve des roches calcaires.
nombre
déjà parcouru cependant un
j'ai
respectable de kilomètres, je sors du terrain primitif pour entrer dans les étages neptuniens. Je ramasse
beaucoup de
fossiles, et je
remarque aujourd'hui que depuis Manierenza, ce qui va
jusqu'à Majuuga, nous marchons en terrain secondaire;
A
je crois, le terrain jurassique.
le
"21
Bemakamba
de
la
la reine
baie de
et le soir
à Tanantafy..
Anarena, reine de Marosakoa, qui gouverne
Mahajamba.
octobre, la brousse devient plus compacte, les arbres sont plus serrés, les buissons plus
fournis, on voit offre
les Étals
pays qui s'étend du nord de Majunga à
Le jeudi
qui nous environne est fort probablement,
dix heures, nous nous arrêtons à
Depuis Manierenza nous sommes dans tout
le sol
d'ailleurs se continuer
que nous nous approchons delà
côte.
Ce pays, comme tous
une curieuse particularité au point de vue hydrographique;
ruisseaux que l'on rencontre à chaque pas sur
le
il
les
environs de Majunga.
n'y a plus en effet ces mille petits
terrain granitique de
Madagascar. Les cours d'eau sont
remplacés dans ce pays par une série de petits étangs circulaires entourés d'un rideau de verdure
nous traversons
à
A
chaque instant sur notre route.
cette
époque de l'année,
ils
et (pie
sont entièrement dessé-
chés, et ressemblent assez exactement à des arènes de cirque; ces étangs, que nous voyons en grand
nombre, sont vraiment caractéristiques de ce pays; on rencontre
ou moins
circulaires,
dans tous
les
la colline
sur laquelle
est
de Majunga, et nous traversons dans les palétuviers un bras de
en
ville,
et la
marche
est très facile sur le sable
que chez lui,
et
pendant
cieuse hospitalité; qu'il
Majunga a
est
une
ville
me
et la
maison du gouverneur
mer qui nous en et
compact.
A
sépare. C'est juste-
midi, nous descendons
soit
plus bienveillant accueil. M. Ferrand ne veut pas que je descende
le
les huit
jours que je suis resté à Majunga,
donc permis de
le
centre de
la
ville
j'ai
reçu de
lui la
plus gra-
remercier bien sincèrement de sa bonne réception.
petite ville indo-arabe, qui vient faire
du pays madécasse. Ces constructions n'ont
en salrana du Sakalava
les
toute différente des autres villes malgaches (pie j'avais vues précédemment,
un cachet tout spécial de
tonie
humide
construite
plus
à Ambatolampy notam-
par l'avenue du rova. Je trouve, près de l'agent de France, M. Ferrand, qui remplissait alors
fonctions de vice-résident à Majunga. ailleurs
beaucoup de ces mares
environs de Majunga, à Amparehingidro
ment. Vers dix heures, nous apercevons
ment marée basse
d'ailleurs
et
du Makoa,
la
rien de régulier,
maison en
terre,
ou
des conslruclions en pierre, spacieuses
la el
une heureuse diversion on y trouve tous
les
à la
types
:
elle
monola case
bulle en raphia de l'Anlimerina,
et
au
relativement confortables, élevées par
TRAVERSÉE DE LIEE DE LEST A L'OUEST.
241
PANORAMA DE MAJCNCA.
Indiens
les
et les
Arabes. La population est aussi très mélangée.
y sont relativement peu nombreux,
ils
loger quand les hasards de
en temps habituel, dans
grande partie
du
la
Majunga depuis
colline à
la
makoa, dont
le
forl
Bombay
de
s'établir ici,
nombre
s'élève
donc que Majunga
est
non seulement une
même
extérieur, mais encore par le fond
péens, les Arabes
les
el
ville
habitent presque Ions.
lue d'Anlimerina. dont
longtemps; enfin dans ces dernières années beau-
chaque année
el
plupart, fonctionnaires
la
quelque peu étrangère
nombreuse
plus
ci
la
comme
ces Indiens ont
et
les
qui sonl traités fort durement.
à
les
et
AntiIl
tant
commerçants. On
Madagascar par son aspect
de sa population. La partie étrangère, qui
la
plus
la
musulmans
surtout de C.omoriens, lous
cl
C.omoriens sujets ou protégés français,
protégés britanniques, est de beaucoup
Ils
viennent
ils
quelques centaines de mètres dans l'Ouesl
principalement,
aussi mentionner une dizaine d'Européens, français pour voit
la ville.
y a aussi un certain n
il
en outre une grande quantité d'Arabes
d'ailleurs, et qui se sonl li\és à
inerina des esclaves
Majunga qu'une case où
vente de leurs produits les amèneiil dans
les villages voisins;
coup d'Indiens sont venus
y a d'abord quelques Sakalava, mais
Il
plupart, n'ont à
la
logée dans un village établi sur
est
On remarque
fort.
pour
et,
Indiens
cl
prend
c
les
Euro-
Zan/.ibarites, sujets
ou
[dus importante, non seulement par sa
quantité numérique, mais encore par sa situation commerciale, industrielle ou politique; aussi Majunga
de toutes
est-elle,
porte ouverte de
du chemin que
les villes
la
grande
doit suivre
pays des Antimerina. La
nord de
la baie,
marée haute
cl
par des
de Madagascar, celle où Ile, et,
comme je
le
Antimerina -c sentent
les
montrerai dans
une expédition quelconque pour
ville
liras
occupe
la
le
le
moins chez eux.
chapitre suivant, c'est
se rendre
dans
partie occidentale d'une sorte de
les liants
le
c'est la
commencement
plateaux, dans
le
grande presqu'île formée au
de mer qui s'enfoncent profondément dans l'intérieur des terres, surtout à
qui coupent les campagnes, au Nord, du côté d'Amborivy, à l'Est, du côté d'Amparehin-
gidro; ces deux rivières d'eau salée qui se perdent dans les palétuviers laissent cidre elles un isthme
qui va du sud-ouest au nord-ouest, sur laquelle serpente
Majunga
est bâtie
au bord de
la
mer.
partie occidentale, la plus longue
la
c'est le
quartier de Marofotona;
Comoriens, sujets les
et
là
elle s'étend Est et et
la
riens, et c'est aussi là effet.
Par
esl
formée entièrement de cases
que
cl
et
ville
de
de rochers
:
Ar paillottes,
habitent principalement les indigènes Sakalava et Makoa, et les
protégés français; en allant vers l'Ouest, c'est-à-dire au centre de
trouve un autre faubourg indigène
louée à cet
roule qui conduit à Tananarive. La
Ouesl sur une longue plage de sable
plus étendue,
maisons en pierres des Indiens Arabes
l'on observe,
la
nommé
l'on trouve la
el
Européens;
Maroiloka;
à l'extrémité orientale,
c'est là
suite des courants violents
du Betsiboka. des
dans certaines circonstances, peut devenir dangereux
il
pour
est
fortes
se passe à
même
sonl bâties large, se et
como-
une maison indienne que
l'on a
qu'habitent les pêcheurs sakalava
Résidence de France, qui
principalement sur cette côte en février,
la ville,
du côté du
marées
et
des coups de vent que
Majunga un phénomène
les habitants.
bizarre qui,
Je veux parler de l'éro31
VOYAGE A MADAGASCAR.
242 sion des côtes par les eaux
sans que rien puisse an,
le l'aire
une dizaine environ,
et
Marodoka
couche
C'est ainsi
nombreux
lames, et dans les gros temps, de
mine de nouveau
et le travail
du nivellement
grandsdépôts de boue;
la
Majunga
chaque année,
la rade,
vase gagne peu à peu, mais cependant,
encore aujourd'hui l'une des plus belles de Madagascar,
et
bien qu'il
de Tamatave,
soit inférieur à celui
derniers renseignements que
pu
j'ai
datent de 1892, donneront, en
—
même le
temps que ce
fond de
rade de Majunga la
les
de
la baie
même
nature
est
des
néanmoins considérable. Voici
est
les
de Majunga; ces renseignements, qui
l'île,
Les peaux de bœufs sont une des branches
d'exportation de Madagascar. Malheureusement
minée à chaque
commerce commerce de Majunga, un aperçu général sur
le
la
Madagascar. Son commerce augmente
d'affaires qui se traite dans toute l'étendue de la côte Ouest de
Cuirs et peaux.
forme dans
telle qu'elle est, la
il
recueillir sur le
même temps que
se
il
sans aucuns travaux, par
est appelé à devenir le port le plus important de
et,
est
Par contre, en
se continue.
que
mer gagne quelques
éboulis se produisent, la
mais continu se produit à l'entrée de
et
dues tout simplement à
couche
d'argile assez puissante qui recouvre le terrain calcaire; cette
pieds, elle
que dans deux ans,
maison de M. Ferrand où je loge, auront totalement disparu,
et cette
les
travail d'érosion lent
plusieurs mètres par
elle atteint
coup des proportions véritablement effrayantes.
marée par
choses,
certains points plus particulièrement,
cet endroit plusieurs centaines de mètres. Ces érosions sont
mer aura gagné en la
fait flans
temps ordinaire,
prévoir, est très notable; en
dans certaines circonstances, des ras de marées ou des cyclones par exemple, ces
érosions ont atteint tout à ce quartier de
mer; cette érosion, qui se
île la
le
genre
en pays sakalava par conséquent.
les
plus importantes du
indigènes les préparent fort mal,
commerce
et les livrent
presque
toujours en mauvais état à l'acheteur européen ou à son représentant. Aussitôt l'animal abattu, on enlève
peau sans précaution
la
coups de couteau, ce qui en diminue beaucoup il
ne
lui
portera pas
la
peau dans
cet état,
rasse grossièrement des matières grasses frottée d'argile
qualités
ou de cendres,
il
le
et
la
et
souvent
de plusieurs
elle est entaillée
valeur marchande Si l'indigène est loin de l'acheteur,
transport en serait trop lourd et trop pénible;
il
la
débar-
des chairs qui peuvent encore y adhérer; puis, après l'avoir
la fait saler et
sécher au
soleil; les
peaux de Majunga sont de deux
:
1°
Les cuirs de boucherie valant de 20 à 23 francs
2°
Les peaux venant de l'intérieur de
la côte,
les
100 kilos;
généralement traitées au
sel et
relativement beaucoup
moins chères. Le nombre des peaux exportées diminue sensiblement et 1889,
de 66 575; enfin
il
avait été de 98 000
pour
;
il
a été,
pour 1892
l'exercice précédent,
il
de 53847; pour 1888
et 1893,
s'en était
même
exporté plus
de 180 000 l'année d'avant.
—
Les bœufs de la région sont petits et grêles, assez généralement lîœufs et animaux vivants. semblables, d'ailleurs, à ceux du reste de Madagascar. Ils sont nombreux aux alentours des centres de
quelque importance (Majunga, Marovoay, Mahabo, Trabongy, Beseva, Ankoala villages de la baie
n'y a pas de
Il
de Mahajamba). Un bœuf bien
moutons sur
le
constitué vaut en
versant nord-ouest de
la
moyenne de 25
,
Mevatanana,
et les
à 30 francs.
grande terre; en revanche,
il
y a une grande
quantité de chèvres, l'animal préféré des Indiens dans ces parages.
Les porcs sont assez nombreux, mais l'usage de leur viande étant interdit aux Arabes, aux Indiens
et
aux Comoriens, et le plus souvent aux Sakalava, on ne les trouve guère qu'autour des centres peuplés par
les
Antimcrina. Ces animaux sont inférieurs à ceux de l'Europe,
foncé de l'Inde et de
La
volaille
la
Chine, à chair flasque.
abonde sur
la côte
Ouest, mais
Un
elle est
de race inférieure
40 centimes, un
poulet 30 centimes, une dinde 4 francs, une pintade
oie se paie 4
50.
fr.
Caoutchoucs. 1°
— Le caoutchouc comprend
Le caoutchouc préparé
trois qualités
à l'acide sulfurique, dil de
de 36 à 40 piastres les 100 livres anglaises;
et
appartiennent à
la variété gris
porc de belle venue vaut en moyenne 22 francs.
1
et fr.
d'aspect chélif. 75, et
Une poule
un canard
1
fr.
25.
vaul
Une
:
Majunga,
et récollé
par
les
Antimcrina. qui vaul
TRAVERSÉE DE
Le caoutchouc préparé au citron ou au tamarin par
2°
renferme,
qu'il
très
L'ILE l)E L'EST A L'OUEST.
que
telles
terre, sable, cailloux et
peu de ce caoutchouc dans
la région.
Lecaoutchouc préparé ausel,
3'
dit
se
Il
Sakalava, lequel, vu les matières étrangères
les
vieux chiffons, subit toujours une déperdition.
Une
Il
du caoutchouc,
partie
augmenter. Mais
il
l'article
Lnmba de soie la
et rabanes.
—
les
vendu sur
cl
région, est dirigée sur Marseille avec option
cours étant toujours plus élevés en Angleterre
(pie, les
qu'en France, et les Messageries maritimes prenant est toujours réexpédié de France
la
en a été exporté environ 85 000 livres. Ce chiffre tend à
important de remarquer
est
il
1893,
et
mêmes
le
du pays, qui vaut une piastre:
rabane de raphia
la
la
:
pour Marseille que pour Londres,
frets
marché
y a quatre qualités de rabanes
Il
accuse une diminution de
il
100 livres anglaise*.
les
plus grande, achetée dans
la
pour Londres. Dans l'exercice 1802
fait
du menabé, venant du Sud. généralement assez propre, maisd'apprêt
de 25 à 30 piastres
se paie
On
vend 11 piastres 00 centièmes;
insuffisant à lui enlever toute son humidité; par suite, à l'arrivée en Europe,
poids de 50 pour 100.
243
anglais.
rabane
île tissu
chaîne de raphia
fine, à
soigné, donl
rabane ordinaire à grandes raies de couleurs vives pour tentures
et
le
et
trame
prix est indéterminé;
ameublement, qui
se paie
i
piastres
rabane grossière pour emballages.
1rs 20; la
—
Bois de construction. l'apparence des pièces.
Il
Le bois de construction
le
esl
marchands de bois dans
n'y a pas de
palissandre.
la
région,
Il
s'achète brut et suivant
faul l'envoyer
il
couper par
les
Sakalava.
Des pièces de
1
mètres de long sur 13
grosses pièces valent de 15 francs à
18 cenliiiièl res de diamètre se paient
à
I
l'r.
85
la pièce.
Les
francs; elles oui environ 5 mètres de long sur 35 centimètres de
3()
diamètre. (
)n
emploie aussi
se paie
— Les
Saindoux. s'en
l'ait
palétuvier choisi
le
:
la
pièce de 5 mèl res de long sur 15 à 20 centimètres de diamètre
centimes.
T.")
que de
—
Raphia.
Antimerina fabriquent du saindoux, qu'ils vendent environ
Majunga de
vaut à
Cire.
—
IV.
25
le litre. Il
ne
Le raphia, qui figurai! pour une valeur insignifiante aux exportations de ces dernières
années, a pris subilemenl une certaine importance: Il
1
petites quantités.
15 à 25 francs le- 50
La cire devient
1res rare
sur
la
s'en esl exporté, en 1893-1893, 30 000 livres anglaise--.
il
kilogrammes. côte nord-ouest;
elle
se
vend 6 piastres 50 centièmes
les
30 livres anglaises.
Café.
—
Le café du pays en coque
Riz, pois, maïs.
—
11
sionnellement des céréales, liés
peu
dans
la
maïs
le
vallée
el
le
Il
vend environ 15 piastres
se
ri/
il
— On
et les Iles
<>n en
C
Majunga toutes
reçoit à
les
culture du
la
charge des boulres mais
res,
;
les loi) livres
anglaises.
aussi n'y trouve-t-on qu'occa-
ne se vend aucun grain. Les Antimerina cultivent
sorgho pour leur besoin; par cou Ire
du Betsiboka principalement.
Conserves.
11
rare.
l'exception du
el, à
Nosy-Be, Diego-Suarez, Mayolte
vendent
esl
n'y a pas d'agriculture sur le versant nord-ouest
ils
à
riz esl
beaucoup plus étendue,
Majunga, qui vont
ont 1res peu de
fret
conserves d'Europe, anglaises
le
vendre
à
de retour. et
françaises. Elles se
fort cher.
ne s'en fabrique pas.
Orseille.
mais on ne
—
la
11
y en a, paraît-il, quelque peu sur
récolte sérieusement que dans
sont munis de presses pour
Coton.
—
Il
—
Le sucre
le
mettre en balles.
la
ne se cultive pas.
On
Sud.
la el
côte nord-ouest dan-
la
baie du
Bœny
A Majunga,
pas de marché
vient à
trouve quelques pieds à
Majunga de Mayolte
1°
Le sucre blanc vaut 80 francs
les 100 kilos
2°
Le sucre moyen, 00 francs
100 kilos:
3°
Le sucre rouée, 45 francs
les
les 100 kilos.
:
el
Baly;
sauvage;
l'état
de Maurice.
11
s'en
;
ils
pas de prix.
cl
il
y a lieu de supposer qu'il
réussirait.
Sucre.
el à
ce sont les traitants de Nosy-Ve qui l'achètent
vend
trois qualités
:
VOYAGE A MADAGASCAR.
244
A Majunga,
ne s'en
il
fait pas.
Indigo. — L'indigo est inconnu dans région. Toiles et cotonnades écrues. — Les cotonnades écrues s'écoulent en assez grandes la
pièces de 30 yards et 40 yards en balles de 25 pièces, de 8 à 15 francs
la pièce.
Balles de 25 pièces de 30 yards, de 36 pouces de large, 10 francs à 12 1
11
comme
américaine qui n'est qu'une colonnade généralement écrue et qui se vend
50
IV.
y a de la toile dite
su il la
quantités par
:
pièce; vente environ
000 balles par an. Petites largeurs
31 pouces, pièces de 40 yards, 25 pièces à la balle au prix de 10 à 12
:
fr.
50; vente
60 balles par an.
Le
américain, 31 pouces, pièces de 40 yards, 25 pièces à
drill
la balle; prix,
20 francs
la pièce;
vente
environ 30 balles par an; sert à confectionner des voiles de boutres et des costumes d'Européens.
La
américaine vient exclusivement de Boston; l'importation en est monopolisée par deux mai-
toile
sons rivales de cette dernière
Depuis 1889,
ville.
américaines ne viennent plus ou très peu sur
les toiles
la
côte nord-ouest.
—
Il s'en importe quelque peu de Manchester, de mêmes dimenToiles et cotonnades blanches. mêmes prix que les précédentes, mais beaucoup moins solides.
sions et de
Indiennes et patnas. — L'indienne
arrive en caisses
sur 28 pouces de large; son prix varie de
environ
1
7 fr.
50 à 11
fr.
ou par 25
balles de 100 pièces de 24 yards de long
suivant
la pièce,
la qualité.
000 pièces par an.
Le patna
est très
connu sur
la côte nord-ouest.
Il
convient de mentionner
genre
ici le
qui s'importe par pièces de 12 mouchoirs, suffisant à confectionner deux simbo;
24 pouces sur 27, et 29 sur 30;
50 à 3
fr.
75.
fr.
il
vient de Manchester.
Le débit en
Le dessin préféré
est la fleur
le
«
mouchoirs
80 à 3 francs la pièce
fr.
»
mouchoir mesure
est considérable et se fait
à 200 douzaines; la dimension inférieure vaut 2
ou par caisses de 100 de 3
s'en importe
Il
blanche sur fond rouge; vient ensuite
par balles
et la
la fleur
grande rouge
sur fond blanc.
Manchester (simbo);
il
vaut 15
fr.
et
Walhenstadt envoient à Majunga un
tissu dit
«
suisse
»,
qui se vend fort bien pour kikoy
arrive par balles de 50 pièces de 12 kikoy, mesurant 42 pouces et 31 pouces. La grande largeur
00
la
pièce;
la petite, 7 fr. 50.
Ce
tissu est de colon, de couleur
blanche avec raies rouges sur
les côtés.
Percales. 1
—
s'importe des percales anglaises par balles de 100 pièces de 16 yards, au prix de
Il
piastre 25 centièmes
Mousseline.
—
la pièce.
Peu ou pas de vente en mousseline; cependant
Bombay
Les mousselines de
pièce de 9 yards se paie 3
fr.
75, celle
La mousseline de Manchester de dessins, de fleurs
Soieries.
et
est
de 18 yards, 6
fr.
de meilleure qualité;
en sont fort diverses. la
25. elle est
blanche
cl
ornée,
comme
la
précédente,
de figures diverses.
— Les soieries ne donnent lieu qu'à des affaires
Les soieries de l'Inde sont des tissus de soie le
les qualités
s'importent en pièces de 9 et de 18 yards, de 70 centimètres de largeur;
et
insignifiantes.
de coton de couleurs voyantes,
telles
que
le
rouge
et
jaune, et de prix modérés.
Draps et lainages. — Pas de marché sur la côte nord-ouest. Draps communs. — Affaires 1res restreintes. Couvertures de laine et de coton. — Affaires restreintes. Flanelle. — On ne vend à Majunga que de la flanelle de colon prix de
1 fr.
25 à 2
fr.
50
le
à grosses raies de Manchester, au
mètre.
Fers travaillés, serrurerie, cadenas, quincaillerie.
— Le
marché
est pauvre.
Il
se vend sur-
tout des cadenas grossiers, les portes n'ayant pas de serrures.
De Bombay viennent de grandes quantités de clous employés dans Verroterie.
—
Il
la
construction des boutres.
s'importe de petites perles blanches, rouges et noires, en barils de 400 livres
TRAVERSÉE DE
L'ILE DE L'EST A L'OUEST.
245
environ; elles viennent de France ou d'Angleterre et d'Autriche principalement, et se vendent 4 piastres les 1G
kilogrammes.
—
Horlog-crie. Il
La seule horlogerie connue à Majunga est
Lampes. ment en
—
et
Instruments de musique. — Le et d'Autriche.
Il
vaut
7 fr.
Il
d'Amérique.
sans valeur.
Les lampes arrivent en petites quantités d'Autriche
verre, rarement en métal grossier.
lemagne
celle
communes
s'importe des réveils et quelques rares pendules
et
d'Allemagne. Elles sont générale-
communes.
s'importe aussi quelques suspensions
musique importé
seul instrument de
50 à 20 francs
et affecte soit la
est l'accordéon,
forme octogonale,
venant d'Al-
forme allongée
soit la
rectangulaire.
—
Faïences et poteries. Les
assiettes,
L'Allemagne envoie
généralement blanches,
Les grands plats à
riz
Itluim et alcool.
— Le
prix
rie
rouges
à fleurs
Les bols se paient suivant leur grandeur
:
fr..
Ci
valent de 5 à 15 francs
15 à 20 piastres
la
rhum
Majunga
à
la
12
d'assez grandes quantités de faïences.
bleues, valent de
et
-1
IV.
50 à 5 francs
la
douzaine.
15 francs la douzaine.
IV. et
douzaine.
vient exclusivement de Maurice par barriques de 210 à 215 litres, au
barrique.
Il
est
de mauvaise qualité
son débit atteint 14 à
et
1
500 barriques
par an. L'absinthe de marques inférieures a un débouché de 5 à 1000 caisses par an, au prix de 10 à 12 la caisse
de 12
caisse, et
se placer qu'autant
Le cognac ne peut
que son prix ne dépasse pas 20 francs
50 la
encore ne se vend-il qu'une centaine de caisses dans l'année.
— L'Allemagne
Papier. lité et à
litres.
fr.
importe du papier
dit
>•
écolier
o
et
des registres,
le
tout de mauvaise qua-
bas prix.
Peinture à Fer-blanc. D'Allemagne
— Elle vient de
l'huile.
L'usage en est
fort restreint et la
—
Le fer-blanc proprement
et d'Angleterre s'importe
au prix de 4 à 5 francs
kilos.
dil
de
la
ne se traite que tôle
fort
peu sur
pour toitures en
la
feuilles
côte Ouest.
de 2 m. 50 sur 70 centimètres,
la feuille.
—
En dehors du Tabac. lité commune. Miroirs.
France en petite quantité, par boites de 10
vente rare.
— Majunga
tabac français,
il
se
consomme
à
Majunga du tabac de
reçoit quelques miroirs d'Allemagne, d'Autriche
cl
la
Réunion, de qua-
de Bombay. Les Indiens en
sont les seuls acheteurs.
Chapellerie.
— Cet article se
réduit à quelques casques blancs
et
feutres
mous, à l'usage des Euro-
péens. 11
ne m'a pas été possible d'obtenir
Tamatave la
cl
dans
les
le
total
commerce de Majunga,
général du
autres ports de Madagascar,
il
ne faut pas se baser sur
douane. Les statistiques douanières qui sont, à Majunga
surveillées par des agents européens et
toujours au-dessous de
le
monde y concourt, mais dans
la vérité.
sujets britanniques, cl qui, à
comme dans
les
les
et
là,
pas plus qu'à
données
officielles
principaux ports de
de
l'île,
du Comptoir national d'Escompte, sont absolument mensongères
Partout
la
fraude se
l'Ouest, elle est
l'aile
l'ail
sur une trop vaste échelle; dans l'Est, tout
principalement par les commerçants indiens,
Majunga surtout, couverts
et
encouragés
même
par leur consul', font
1. Le, vice-consul anglais à Majunga, M. Stratton Knott, est un ancien pasteur protestant uni antérieurement à ses fonctions consulaires avait séjourné quelques années a Madagascar. Actuellement M. Knott est vice-consul britannique à Majunga. C'est en même lemps un gros commerçant de la ville. Faisant l'exportation et la commission, il achète (Unis de très lionnes conditions aux indigènes les produits du pays, qu'il expédie en Angleterre et approvisionne ses
administrés les Indiens de tout ce dont ils ont besoin. Il va sans dire qu'il exerce ses fonctions commerciales avant ses fondions consulaires et que, par exemple, s'il doit juger un Indien accusé par un Français d'un délit quelconque, il donnera tort invariablement à notre compatriote, et renverra indemne son administré indien. Il ne faudrait pas en effet perdre un bon client. Cet état de choses que je connais très bien et dont je parle savamment pour Majunga. doit être absolument la même chose à Tamatave, à Tananarive, dans toutes les villes, en un mot, où il existe un agent britannique. Il est triste de constater que l'on va peut-être faire une expédition longue et onéreuse à Madagascar pour consacrer cet état de choses, au plus grand bien des étrangers et au grand dommage des colons français. Voilà donc à quoi servent les Protectorats !
VOYAGE A MADAGASCAR.
246
passer en franchise toutes leurs marchandises.
aucune sanction;
n'y a
Il
comme
n'ayant pas de pouvoir à Madagascar sur les étrangers,
les fonctionnaires français
sur personne, ne peuvent que constater
fraude; quant aux officiers hova, avec quelques pièces de o francs, pot-de-vin
la
nécessaire de cacher, on en fait tout ce qu'on veut. Voici
comment
niques, pour éviter non pas de payer les droits de douane,
il
apparences
et
empêcher même toute constatation de
Bombay notamment, chargés rade de Majunga. Là,
de
toile (indiennes,
ce gros village, où
devant un
leurs trafics. Les boutres venant des Indes, de
patnas, mouchoirs, etc.), viennent bien mouiller en
Bombéloke,
et
remonte
n'y a pas de fonctionnaire européen,
il
officier hova,
dont on achète
embarque
à son
on débarque pour
la
bord
les
marchan-
Marovoay;
la rivière jusqu'à
forme
silence avec quelques piastres. Puis,
le
nullement
n'en est nul besoin, mais pour sauver les
sont accostés par un autre boutre vide, qui
ils
dises, puis qui part, traversant la baie de
qu'il n'est
agissent les Indiens, sujets britan-
on
dans
marchandises
les
les
là,
rembarque, en
ayant soin de se munir d'un laisser-passer de transit pour Majunga. Le boutre revient alors dans ce dernier port, conduisant des marchandises d'un point à un autre de Madagascar. Officiellement, a pas d'importation directe et le tour est joué.
partant moins de fraude. Cependant, tres
Sur
côte Est,
la
nombre de commerçants
il
il
n'y
y a moins de sujets britanniques
se font expédier par goélette
et
ou par bou-
arabes leurs marchandises venant d'Europe dans un de leurs comptoirs, dans un petit village du
littoral; là,
on achète un laisser-passer d'un
hova, qui n'a nul contrôle, et l'on rentre triompha-
officier
lement à Tamatave. Ces fraudes, dont soutire l'administration des douanes à Madagascar, n'auraient
aucune importance
maintenus
français,
gouvernement antimcrina seul en
si le
de
des commerçants étrangers, sur lesquels ces
voir. Aussi,
il
currents,
que par
suite,
comme
plusieurs points sur
et
Majunga,
arrive
ils
et
la
une ligne de postes
non par
la
et
et
ne peuvent frauder;
du Comptoir il
n'en est pas
agents du protectorat n'ont aucun pou-
visite
un
fortifiés.
soumis aux Antimcrina
territoire
De chaque
côté de la
ville,
et relié
on trouve des
plupart viennent cepen-
la
au gouverneur de Majunga. Les Antimcrina
sonl
force qu'ils sont incapables de déployer, mais par un artifice, basé uni-
les superstitions et les
Majunga
et
des reines sakalava, dont
croyances des Sakalava de
de cette province du Bœny, conquête qui a eu lieu à lava, de
mêmes
côte Ouest, est
dant à certaines époques de l'année rendre
quement sur
douane
sont dans un état réel d'infériorité.
Etats indépendants, gouvernés par des roitelets
arrivés à ce résultat,
commerçants
les
que nos nationaux reçoivent leurs marchandises à un prix plus élevé que leurs con-
une route
à la capitale par
malheureusement,
surveilles plus étroitement par les résidents et les fonctionnaires
et
national d'Escompte, payent intégralement leurs droits de
même
souffrait;
la fin
la
région.
Avant
du règne de Radama
conquête antimcrina
la
I". ces territoires saka-
de Bombéloke étaient soumis à des Andriana Sakalava, qui avaient leur résidence
habituelle à Majunga. et leur
tombeau dominait
la colline
sur laquelle est maintenant construit
le rova
antimerina. Dans ce tombeau étaient réunis non seulement les ossements des anciens rois du pays,
mais encore
les restes
grande vénération de
de toutes la
les
grandes familles de
part des Sakalava. et
la
contrée. Ces sépultures étaient l'objet d'une
une croyance bien enracinée dans
ceux qui auraient en leur possession ces reliques des ancêtres posséderaient
le
le
pays assurait que
pays tant qu'ils con-
serveraient ces ossements entre leurs mains. Les Antimcrina, bien au courant de ces croyances sakalava,
obtinrent par trahison
la
possession de ces reliques anccstrales
et
eurent par cela
même
encore aujourd'hui, ces reliques des rois sakalava sonl soigneusement gardées par leur rova,
et
deux
fois
dans l'année
les
viennent vénérer ces reliques. Ce jour réjouissances; selon leur habitude,
Sakalava de
est,
pour
tirent
ils
les
la
les
région, conduits par leurs chefs
Sakalava de toute
la
tout le
Bœn\
;
Antimerina dans et
leurs roitelet-.
région, une occasion de grandes
un grand nombre de coups de
fusil,
égorgent des bœufs,
chantent et dansent toute une semaine.
A
Majunga,
la
végétation est bien fournie, on remarque surtout de beaux manguiers qui poussent en
grosses masses derrière la
on
n'y rencontre pas
ville et
dans
immédiatement
La rade de Majunga, qui
est
les
les
environs du fort antimerina; plus loin,
grands satramt, qui ne poussent pas
fort belle, est
très
souvent animée par
les
si
c'est la
brousse, mais
près du bord de
boutres indiens
et
la
mer.
arabes qui
TRAVERSÉE DE
L'ILE
DE LEST A L'OUEST.
viennent au mouillage. Le boutre, bateau arabe, trop connu pour que le
bâtiment de cabotage par excellence de
de Madagascar où
d'Ambre ou
cap Sainte-Marie, navigation
le
communs
charger des bœufs ou du cieuses; enfin,
riz
sur toute
la
pour Mayotle
difficile
besoin de
et
où
ils
Comores,
et les
décrire
le
ici, est
devraient doubler
le
cap
en somme, pour atterrir ou sortir de ces côtes, viennent en général y amènent de l'Inde des marchandises pré-
côte occidentale de Madagascar; ils
ils
font sur toute la côte le petit cabotage entre
ils
commerçants. Tous
négociants de l'Ouest,
les
Como-
OU deux
Arabes, Indiens surtout, possèdent un
riens,
j'aie
Indes. Si l'on en voit fort peu sur la côte orientale
îles
trouveraient grosse mer, abris insuffisants
ils
sont au contraire très
les points
mer
la
247
boutres qui leur sont nécessaires pour leur négoce ; ces boutres, qui portent jusqu'à 120 tonneaux, peuvent aller
non seulement sur
ente du Moçambiquej mais encore,
la
en profitant des moussons de l'océan Indien, jusqu'à Zan-
Mascasle,
zibar,
Persique, les côtes de l'Hin-
golfe
le
doustan. Quelques-uns de ces boutres, ceux qui apparsurtout aux
tiennent
non
livrent
encore au
Indiens,
seulement
sujets britanniques,
commerce
au
delà chair humaine; ces boutres négriers
trafic
vont à Moçambique chargés de bœufs
Madagascar avec un charge qu'ils vont
les
côte Ouest, ou
la
sont
ils
à
l'abri
<\<^
vapeur qui ne pour-
poursuivre sur ces bas-fonds. Ces négriers trou-
vent d'ailleurs à terre
insoumises,
tribus
à
de jeune-- esclaves
nt
visites intempestives d'un navire à rail
reviennent
et
déposer au fond des baies profondes, donl
découpée
est
se
mais
ordinaire,
meilleur accueil,
le
dans ces
et
Sakalava s'empressent
les
d'aller
changer aux Indiens négociants leurs jeunes esclaves africains contre des fusils
Par est
el
de
la
poudre.
suite de sa position au milieu des marais,
un point
très malsain
chaleur y
car;
la
plus
chaud de
est
l'île
;
de
la
côte Ouest de
excessive, c'est, je crois, les
conditions
Majunga Madagas-
le
point
5AKALAVA DE MAJUNGA.
le
matérielles de l'exis-
tence sont un peu plus chères qu'ailleurs, cela tient à une plus grande rareté des produits alimentaires
dans ce pays
très
eau malsaine
esl
peu peuplé.
trois siècles;
de
la
Il
boit de l'eau de puits,
presque tous creusés non
loin
du rivage; celle
souvent saumâtre, toujours désagréable au goût.
Je passe une semaine à
photographies.
On
Majunga que
existe à
Marofolona
je
les
mets
à profit
pour compléter mes noie-
l'aire
ruines d'une ancienne mosquée arabe, que l'on
des ruines également musulmanes se trouvent à Ambatolampy,
comme beaucoup
d'autres villes sur
la
de nombreuses
le
Bœny
musulmanes qui ont imprimé aux constructions, aux habitants dans leurs mœurs tumes un cachet particulier, qu'on chercherait en vain partout ailleurs, à Madagascar. je fais
mes adieux
avant
côte Ouest, a reçu de
colonies
Le mercredi 30 octobre,
remonter à
dil
petit village situé
rade; toutes témoignent d'une ère de prospérité et de force dont joiiissail
quête antimerina. Majunga,
et
au fond la
con-
nombreuses et
leurs cou-
à M. Ferrand, chargé' de la vice-résidence de France,
cl
à
M. Garnier, un de nos compatriotes, notable commerçant dans la ville, en les remerciant encore une de l'accueil si gracieux qu'ils ont bien voulu me faire, et dans l'après-midi je me mets en route pour
fois
Tananarive.
I
Avant de quitter Majunga, par sonnelles qu
il
m'est
donné de
les
faire,
renseignements dont je m'entoure il
m'est
permis de constater que
le
el les
quelques observations per-
port de
Majunga
est
non seule-
VOYAGE
248
ment
le
plus vaste de ceux que
à tous les points de vue. fois, et
dans mes voyages à Madagascar, mais
j'ai visités
Dans deux ans
mes nombreuses observations
A MADAGASCAR.
je reviendrai
relatives
c'est
encore
le
meilleur
encore à Majunga pour y faire un long séjour cette
au port de Majunga ne feront que confirmer ce que
je
présume déjà en 1889.
Tout d'abord proximité de la il
le
Majunga
port de
ville.
est vaste.
Des
flottes entières
Le mouillage de Majunga comprend en
faut citer la baie de
Majunga proprement
kana, plus vaste [encore,
et
dite,
mais
effet
la
une vaste superficie; non seulement
faut encore mentionner la baie
il
qui constitue l'estuaire du Betsiboka.
Ampombitokana réunies forment
peuvent venir chercher un refuge à
La baie de Majunga
baie de Bombétoke. C'est une véritable petite
mer
d'Ampombitoet la baie
intérieure.
tenue des navires y est excellente. Les fonds, très suffisamment bas, sont quelquefois de sable,
le
de
La
plus
souvent de vase molle, alluvions du Betsiboka. Ces bancs vaseux se déplacent fort souvent, mais une surveillance ordinaire peut renseigner très suffisamment les navigateurs; ce n'est donc paslà un incon-
vénient sérieux. Le mouillage de les
Majunga
est d'un atterrissage relativement facile, les côtes sont élevées,
relèvements aisés à prendre. De plus
les cyclones,
si
redoutables à Madagascar de janvier à mars,
sont absolument inconnus à Majunga. Cette considération est capitale, et dans l'expédition militaire qui se prépare,
si
l'on envoyait
nos navires sur
gers, en cas de cyclones éventuels.
retarder
un peu
le
la
côte Est en février ou mars,
Nul ne peut savoir
s'il
ils
y en aura, mais
y courraient de réels danil
est plus prudent, soit de
départ des troupes, soit plutôt de ne fréquenter pendant ces mois dangereux que
Nos navires y seront en sûreté et à l'abri d'un naufrage Tamalave notamment; sinistres maritimes qui seraient
la
baie de Bombétoke.
qui pourrait très bien se pro-
duire ailleurs, à
les seules pertes sérieuses à
notre actif dans l'expédition de Madagascar qui, selon toute probabilité, sera des plus faciles et des plus utiles, si,
après son achèvement,
au contraire,
si elle
la
se termine par
France prend possession de
un nouveau protectorat, qui
l'ancien, parce qu'il sera conduit par les
mêmes hommes.
VILLAGE DANS LA BROUSSE.
la
grande
sera, j'en
île
africaine; des plus inutiles
suis sûr, aussi
mauvais que
a
m
tlKOP* A SA DESCENTL
"I-
PLATEA1
CENTRAL.
CHAPITRE IX La
-
-
-
Amparehingidro. - Ci retranché d'Ambohitromby. Maevarano - Chez le capitaine de la douane. - Musique antimerina Ambohibary. La statue d'Androntsy. - Chez la rei le Tri jy. - Passag la Bets ka. - Amparihibé et Maevatanana. Malatsy. - Fièvre rebelle.— Arrivée sur le plateau central. -Malatsy. Le il Andriba.— Marché d'Alakamisy. Andriba. - Un enterremenl sakalava. Fanataovana sakalava. Ampotaka. Kinajy. - Arrivée sur le plateau central. Le bain de la reine. - Musique el jeux antimerina.— Le fanorona. En route pour pierre de
et les
Radama.
moustiques.
-
Dans
les palétuviers.
Marovoay,
ville
la
ses habitants.
el
-
—
-
—
-
—
—
-
—
Fianarantsoa.
L
\
route de Tananarive pari de Majunga, du quartier Européen, c'est-à-dire de la partie centrale de la ville, puis, contournant quelques huiles indi-
gènes placées entre
la
européenne
ville
el
la
sons un massif de manguiers, de cotonniers,
colline de Rova,
s'enfonce
de bolona qui, au Nord
el
de Marofoto, forme un
où
(I
joli bois, promenade des plus agréables à Majunga, beaucoup de commerçants européens el indiens ont de maisons de campagne nommées dans le pays, bostana. Après avoir
ailleurs
petites
passé sous
ces frais ombrages, on entre
on s'élève un peu pour contourner rade vers
f
le
Nord-Est. En
cet endroit, je
de pierres de forme allongée, el
brusquement dans
colline
la
nommé
du Rova,
la
brousse
el
s'éloigner de la
rencontre un fanataovana,
tas
par les Antimerina Vatond' Radama,
dont l'origine remonte, dit-on, à l'époque de
par ce prince; plus loin sur
et
la
conquête du
la
droite, et entourant les dernières
de Marofotona, à l'ombre des grands manguiers
et
Bœny
maisons
des botona, sont cons-
beaucoup de tombeaux arabes.
truits JEUNE FILLE DE TRABONJY.
J'ai déjà dit
qu'exercent,
Arabes, être
1res
Zanzibarites,
quelques mots, dans sur
les
côtes
Ouest
indigènes des Comores. Celle influence,
grande dans
merina «l'une partie de
les la
siècles
côte
précédents, a
été
le
chapitre précédent, de l'influence
de
Madagascar,
qui selon
les
toute
fortement amoindrie par
nord-ouest, el par les postes militaires qu'ils
mahométans,
probabilité
les
a
dû
conquêtes anti-
ont créés 32
dans
le
VOYAGE A MADAGASCAR.
250
Sud; mais à mesure que
Sakalava revendiquent leur indépendance, à mesure que parla guerre
les
de partisans incessante qu'ils font aux Antimerina qui lâchent pied peu à peu, des prosélytes tous les jours plus nombreux,
la tète, ils font
et l'influence
une marche ascendante, lente mais continue. Pour qui connaît
Chez
très logique et s'explique aisément.
les
Sakalava,
mahomélane
relèvent
maintenant
suit
populations malgaches, ce
les
mode
la
Musulmans
les
est à
est
l'ait
l'islamisme pour deux raisons
principales: la première est une raison purement religieuse; la seconde, d'ordre plus spéciale aux populations madécasses. L'islamisme, religion très simple, avec sa logique toute matérielle, j'oserai dire, plaît
essentiellement aux noirs; de plus, pour
La deuxième raison
l'adopter.
un noir ordinaire foncés que
comme
et,
ou
lui
milite plus
le
Malgache,
comme elle
tous les gens de celte race,
qu'il croit tels, car
aime à
il
contient des fady,
il
s'empresse vile de
puissamment encore en faveur de l'islamisme. Le Malgache
est
méprise profondément ceux qui sont plus
il
grandes illusions. Le Malgache de
se faire à ce sujet de
la
côte Ouest est en contact d'une part avec les Makoa, qu'il traite de sales nègres, et d'autre part avec les
Musulmans,
comme
considère
courager une
telle
marquer surtout
musulman, la
considère
qu'il
Mecque
comme
des vazaha, c'est-â-dire que, dans son intellect rudimentaire,
des êtres d'une essence supérieure à
— et cherche bien
pensée
différence qui existe entre eux
la
comme
s'habille
et qu'il est
les disciples
mans étrangers
«
[tour
Ils
Musulmans ne manquent pas
les
sales nègres
un peu
».
Le Malgache que
d'en-
pour bien
les égaler,
ferait croire
il
conduisent par
la religion.
De
du caractère malgache, là
ils
à devenir leurs chefs, et les
donc
se fait
sa famille habile
il
qu'il
en
affaires,
Musul-
soit, les
s'insinuent vite dans leurs n'y a qu'un pas
roitelets sakalava qui se
pour ministres, pour hommes dirigeant leurs
territoire avoir
Quoi
croient changer de peau.
franchi. Aussi voit-on sur la côte Ouest toutes les reines
immense
—
Charifou (descendant de Mahomet). C'est surtout à ce mobile orgueilleux qu'obéis-
exploitent hardiment ce côté faible et les
les
cl
du Prophète;
sent les Malgaches en se faisant Musulmans.
bonnes grâces,
lui
entendu à s'en rapprocher, sinon à
les
il
:
il
est
t
ite
partagent cet
des Musulmans d'origine
même, aux environs de la baie de Mahajamba par exemple, ont de véritables comme souverains. Les lien Ali, les Ben Mohammed, les Ben Abdallah, sont donc très fréquents
étrangère. Quelques pays sultans
sur
la
côte Ouest, mais on est très étonné d'apprendre que leurs pères étaient de vulgaires Rakolo,
Ranaivo, Rainifringa. El pourtant ces Arabes, qui jouissent d'une
souvent d'arabe que Mascale,
la
le
nom
donnent.
qu'ils se
S'il
y a
si
haute considération, n'ont
plupart sont (oui simplement des Comoriens ou des nègres du Moçambique.
reste, tous, le soahili, la
gache n'y regarde pas de qu'ils n'étaient
Ils
près,
il
a fait
comme
les
plus
parlent du
langue des Grands Lacs; excessivement peu connaissent l'arabe, mais si
le
parmi eux quelques indigènes de Sour ou de
le
Mal-
Comoriens, qui eux voulaient devenir Arabes, alors
que de vulgaires nègres du Moçambique; maintenant toutes leurs familles habitent
Mecque, Médine ou autres lieux
saints. Ils
viennent d'Andafy, donc
ils
la
sont vazaha.
Les tombeaux arabes, que nous voyons sur notre droite, sont des quadrilatères en maçonnerie portant
aux quatre angles une sorte de
pyramide peu élevée, au bord intérieur
petite
égales, au bord extérieur taillé à pic, d'aplomb au niveau vieilles citernes, reste
près de la roule.
probable d'une ancienne mosquée ou d'une
En somme, en dehors
immédiatement séduits,
sauf un cependant, celui concernant l'exemple des Arabes
grandes idées
gache en
qu'il
eux-mêmes
les
c'est
particulier.
Pour
lui, et
deux
maison arabe qui se trouvait
changé leurs manières
vrai, aussi
d'être; les petits côtés de
en onl-ils pris bien vile tous
liqueurs fermentées, que peu d'entre eux
—
les
fady,
suivant en cela
observent scrupuleusement. Quant au précepte du Koran, aux
renferme, tout cela demeure
à ne pas toucher au chien
Dans
—
vieille
en petites marches
je vois également
de cette satisfaction, très platonique, qu'éprouvenl lesMusulmans
à Madagascar, à se croire des vazaha, l'islamisme a peu celle religion les ont
taillé
du mur d'enceinte;
l'islamisme,
lettre
morte pour l'homme de couleur
connue pour
les
et
pour
le
Mal-
nègres des Comores, consiste exclusivement
au cochon.
tout l'Ouest de Madagascar, les Antimerina sont appelés
gnation n'est pas à proprement parler,
comme
Amboalambo (chien cochon).
Cette dési-
certains voyageurs l'ont dit, un terme de mépris, employé
par les vaincus pour désigner leurs vainqueurs. Celle appellation indique tout simplement, dans
l'esprit
DE MAJUNGA A TANAXARIYE. des Sakalava, des gens qui n'observent pas
grand fady de l'islamisme
le
251 et
qui touchent à ces animaux
impurs. Mais, nous voilà maintenant loin de derrière nous, dans le
le
la ville,
Un
bleu de l'Océan.
traverser; à nuire gauche, s'élève
beaux manguiers;;» notre
droite,
dont
rideau de verdure entoure Majunga, nous venons à peine de
du Rova, dont
colline
la
maisons blanches se détachent vigoureusement
les
un terrain couver!
les
contreforts sont encore couverts de
d'argile rougeâtre, dissimulée à peine sous
un maigre
'
'
il
]
.11
::
U
\
\!l
\ru.~
A
M
'
gazon, d'où émergent parfois quelques gros bouquets de mokonasy, descend en pente douce vers les dernières les
maisons de Marofotona.Devanl nous,c'csl
la
brousse.Les arbres isolés sont rares, les grands salrana,
botona oui disparu, ce ne sont plus .pic de chélifs buissons. Le pays esl relativemenl plat,
quelques petites ondulations de terrain, mais chacune a rapprochées, ce qui ne permet pas de
distinguer
les
à
à
peu près
cl
Amboaboaka-Kely. Dans
le
zony, à gauche au contraire, c'est une
l'embouchure de
la
à
et
que
il
esl
pénible pour les
aux roches calcaires coupantes qui encombrent
je n'avais
y a bien
elles sont très
l'ombre desquels s'élèvent quelques cases,
Betsiboka avec ses forêts de palétuviers. Le chemin
sentier esl bordé
cl
de Paha-
plaine de verdure qui s'étend à perte de vue, c'est
chaleur est 1res forte; mes porteurs m'apportent pour le
hauteur,
lointain se profilent, à l'horizon, à droite, les collines
immense
qui se blessent douloureusement les pieds
seau dont
même
une certaine dislance. Cependant, au loin, surgis-
sent deux ou trois mamelons, couverts de beaux manguiers
Andrehitra
la
me
rafraîchir un
hommes.
le sentier; la
fruit, qu'ils cueillent à
un arbris-
pas encore vu jusqu'ici à Madagascar. C'est un fruit 1res
curieux, à noyau extérieur. Les indigènes cassent ces noyaux, pour en obtenir une amande, qu'ils font
VOYAGE
252 griller, et qu'ils
mangent avec beaucoup de
jaune
il
rouge,
et
(Anacardium
pour suivre
est très
proprement
plaisir; le fruit
aqueux, sa saveur
occidentale). Cette route
MADAGASCAR.
A
est acidulé, c'est ce
le
Nord-Est, et passe dans
ventre, on patauge péniblement dans
une boue
Les grands fleuves du versant oriental de
comme
sablonneuses
ment en forme de le
gulier,
A marée
mer sur
la
au
lieu d'avoir leur
côte occidentale de
delta, cl placées
comme volume
si
grand détour,
il
s'avance
marche
basse, cela est parfait et l'on
embouchure obstruée par des
l'île
entraînent, lorsqu'ils coulent à pleins bords,
;
en revanche, leur cours est très
où
zone forestière
la
en rapides à
et
Il
est 1res
et l'autre
la fin
de
la
les
peu marquée
et
où
s'établit
il
de pluie torrentielle, les grands saison des pluies; en revanche,
en résulte que ces cours d'eau au régime irrégulier
beaucoup de dépôts vaseux qui viennent s'accumuler non berges du fleuve, mais
forment aussi de nom-
embouchure. Ces dépôts s'appuient sur
breuses
qui encombrent leur delta. Les roules de navigation changenl d'une saison à l'autre,
pilotes habiles sont nécessaires
se heurtent continuellement. Ainsi à
les
Majunga on peut
voir à
marée basse
et
par
les
les
les
et
des
boues:
eaux du fleuve qui
eaux jaunes de
la Belsi-
répandent à plus de dix milles au large. Sur ces dépôts vaseux, couverts ou découverts par
se
eaux saumatres, ont pris naissance de grandes forêts de palétuviers,
poussée par
la
marée montante. Au
nous arrivons bientôt C'est
ils
eaux ont creusé dans
les
mouvements des marées
cours du fleuve, croissent en grande abondance sur
et
les
pour suivre un chenal sinueux que
de plus, ces vases sont sans cesse remuées par
les
irré-
cours d'eau
loin de leur
boka qui
du
par de larges embouchures, divisées générale-
d'eau charrié. Tandis que, sur la côte Est, les pluies presque continuelles qui tom-
souvent à sec pendant l'autre saison.
îles
levées
au fond de profondes baies. Ces fleuves occidentaux de Madagascar
cours d'eau de cette côte coulenl à pleins bords est
pas un
zone forestière alimentent toute l'année, d'une manière presque constante,
la
mahabiba
le
je le croyais,
mais à marée haute, avec de l'eau jusqu'au
le soleil;
deux saisons parfaitement tranchées, l'une de sécheresse absolue
lit
pays
le
comme
infecte.
l'île,
de ce versant, sur la côle Ouest au contraire,
leur
fait
plus souvent plus forts et plus gros que ceux de la côte Est
bent dans
nord-ouest,
le
cela a lieu sur la côte Est, et de former des lagunes et des marais tout le long
littoral, se jettent à la
sont
les palétuviers.
sur ce sable mêlé de vase et durci par
facilité
grosseur du poing.
la
des hauteurs que j'avais longée en venant d'Anlananlafy, et qui constitue celte
la ligne
directement vers
de
qu'on appelle dans
de Tananarive ne va pas vers
espèce d'isthme qui réunit Majunga au pays voisin. Le chemin ne
avec
dit est
un
à
les rives
sortir des palétuviers,
et
ces arbres, remontant
jusqu'au point précis où l'eau de mer
nous reprenons notre route dans
la
le
esl
brousse,
Amparehingidro.
village d'une douzaine de cases; j'y
remarque dans
les
alentours plusieurs petits lacs et
étangs d'une formation analogue à celle que j'avais observée près de Antananlafy. Ces réservoirs d'eau
douce sont
très
précieux pour
car
les habitants,
il
n'y a pas de sources dans la région,
permet aux indigènes de se livrera quelques cultures maraîchères, qui leur ont
cl
leur voisinage
été enseignées par les
Européens de Majunga.
Le jeudi 31 octobre, nous marchons dans un pays relativement boisé
;
végétation est plus active et les incendies qu'allument constamment les
grand nombre d'arbres. Nous sommes toujours en terrain secondaire, grand nombre
c'est
encore
brousse, mais
la
et je
ramasse sur
mon chemin
la
de 500 mètres de côté. Ses fortifications sont faites de fossés
embrasures de distance en distance. Ces
fortifications,
dernière guerre. C'est un rectangle de plus
et
de remblais en pierres
et
en terre, avec des
quoique rudimentaires, sont assez bien comprises,
et des Européens ont dû certainement participer plus ou moins directement à leur construction.
camp retranché où
ont dû exister,
encore une enceinte palissadée qui entoure cl
de ses quatre soldats.
En le
quittant
fond de
la
un
de petites pierres calcaires, semblables à des bâtonnets. Vers dix heures, nous arrivons à
Ambohitromby, grand camp retranché, construit pendant
milieu de ce
la
indigènes oui respecté un plus
il
y a quelques années, de nombreuses maisons, subsiste
les trois cases
On me montre quatre
Majunga
et les
de
l'officier
antimerina qui
commande
le fort
vieux canons lisses, en foule, qui reposent sur des madriers.
Ambohitromby, nous marchons plus au sud,
baie de
Au
maisons blanches de
et à noire droite, la
ville,
nous voyons bien maintenant
l'embouchure
71e
la
Betsiboka, pin-
DE MAJUNGA A TANANARIVE.
253
sieurs des bras qui la constituent, les îles, et surtout la belle
Ambo-
venue des palétuviers qui recouvrent toute cette
vallée.
hitromby, établi sur une hauteur dominant
route et toute
la
ment,
manque
place
la
la
une bonne position stratégique. Malheureuse-
vallée, est
d'eau,
de
est obligé
et l'on
l'aller
chercher à une assez grande dislance. Ce défaut est d'ailleurs
commun
tous les forts
à
postes militaires antimerina qui,
sommets, sont assez éloignés des sources qui
édifiés sur les
alimentent. Le soir,
les
et
j'allai
coucher
situé sur les bords de la Betsiboka.
arriver en
un ou deux
pour
les
ma
besoins de
me
pour
De ce
Marovoay;
à
courte, Il
traversée
la
et
voyageurs
les
fleuve la
le
pirogue ou en boutre
en
j'avais
rendre compte du pays,
mission; généralement
qui montent à Tananarive vont à Marovoay par
Betsiboka,
comptais
village, je
marche
jours de
choisi cette roule par terre
Maevarano, village
à
assez
est
voyage beaucoup moins pénible.
et le
marche pour
faut neuf heures trente minutes de
Majiingaà Maevarono; pendant tout ce temps sensiblement
même,
la
parler,
mais
coteaux
et
c'est
<<•
un
la
aller
de
contrée reste
pas une plaine à proprement
n'es!
relativement
terrain
Quelques
plat.
monticules peu élevés y forment de longues ondula-
tions à pentes douces; une ligne de collines de 150 à 200 mèl res
de hauteur limite l'horizon dans
au contraire, perdre dans
le
nord-est ; dans le sud-ouest
plateau s'abaisse insensiblement pour aller se
le
du Betsiboka. Néanmoins, partoul
la vallée
s'étend à une assez
grande distance,
un terrain découvert. La végétation de tout par des lataniers épineux qui
Betsiboka,
suit
à
deux ou
de
la
sur-
et
là,
croissent partout
kilomètres
trois
vue
la
toujours
relie région esl repré-
arbres isolés, des buissons çà et
sentée par des
la
chemin
et le
il
;
roule,
n'y
où
a les
pas de
taillis,
ce
si
près de
n'est
une
forment
palétuviers
véritable
forêt.
Maevarano, où nous passons
de troncs d'arbres, on y trouve également par
les
au point de vue militaire de droite de
la
canons
't
lisses,
nuit passée à
le
;
l'est
esl
entouré d'une enceinte
par de hautes collines, n'a qu'une position très défectueuse
avant d'arriver à Maevarano, on traverse une petite
Maevarano
a été
la
plus grande
sommes
à
Maevarano, pour nous
sortis victorieux
de
la lutte
qu'avec
livrer bataille. les
Il
ture, et les
malheur
à l'être vivant,
nombreux voyages que
homme ou
la.
pendant
la
saison
l'état adulte,
la
(''lé'
dévorés par
les
mous-
côte Ouest, se sont probablement
plus grandes difficultés.
innombrables; leurs larves aquatiques se développent avec
A
et
a fallu combattre toute
coup de sang répandu. Les moustiques, nos grands ennemis de douce croupissante qui nous environnent.
premier affluent
rivière,
facilité.
absolument épouvantable. Nous avons
Ces insectes, très nombreux auprès des grands fleuves de
donné rendez-vous
dans
il
en foule, montés sur affût en bois, fabriqués
Belsiboka. Cette rivière était desséchée à celle époque de l'année,
des pluies, elle se traverse à gué, avec
tiques.
village de 10 rases environ,
indigènes. Ce village, qui est à une altitude de 20 mètres, esl peu éloigné de l'estuaire du Bet-
siboka; ce village, dominé au nord et à
Cri
un
la nuit, est
la
De
part
et
la nuit, et
plus grande facilité
il
y eut beau-
ici
en légions
d'autre,
côte Ouest, vivent
dans
nous ne
les
mares d'eau
ces insectes cherchent partout leur nourri-
animal, qui s'aventure dans ces parages. Je n'ai jamais vu,
j'ai entrepris,
une
telle
affluence de ces insectes désagréables.
dislingue plusieurs espèces, dont 1rs deux principales sont lesmoka, qui piquent principalement
On le
en
jour,
VOYAGE A MADAGASCAR.
25i et les
mokafohy, plus petites, qui préfèrent les ombres de
malheureux voyageur
Le vendredi
I
er
n'a pas
Marovôay. La contrée
à
moins accidentée encore;
sol est très caillouteux, c'est
nombre,
et
semblable à
est
la
comme
brousse
à
Marovôay; on compte sept heures de que j'avais traversée les jours précé-
leur plus petite
taille,
loin,
de
la
première espèce, d'abord par
ensuite parce que leurs troncs rugueux,
et
toujours penchés, ne s'élèvent jamais verticalement,
les
A
12 kilomètres dans
le
village antimerina de
lalanier.
avoir dépassé
bords de
le
Andraholava,
rivière
la
continuer notre route. Le passage
long; car pour toute
roule des eaux jaunâtres,
du
après
et
nous faut traverser pour
qu'il
est,
celui
Miadana, nous arrivons sur
chent* de crabes a bien voulu
ma
cara-
pirogue, qu'un pè-
petite
nous
louer.
L'Andranôlavë
n'y a qu'un très faible cou-
il
marée monte encore,
rant, la
comme
nord de Marovôay,
nous n'avons qu'une
vane,
le
en grand
poussent des touffes de petits satrana épineux,
élevé,
et
mamelons,
petits
végétation. Les lataniers y sont
qu'on distingue facilement de
grand
le
celle
une grande plaine a peine ondulée par de
c'est
toujours
du grand satrana au tronc uni
à côté
grâce à celte diversité de goût,
la nuit;
répit.
novembre, une bonne étape va nous conduire
marche de Maevarano dents,
un instant de
les
berges d'argile rouge
détrempées par les changements quotidiens du niveau de
l'eau,
sont pénibles à franchir,
et l'on
enfonce pro-
fondément dans cette bouillie rougeàtre. De de
P\
l'
Andraholava, nous marchons quelque temps dans
même
la
contrée qu'auparavant, faisant
massif de manguiers, dont les
roule sur un
verdure annonce au loin
la
premières maisons de Marovôay. Vers deux heures,
nous entrons dans
Marovôay
est
la ville.
une des grandes agglomérations dé
côte Ouest; elle est,
/
l'autre côté
la
sensiblement, aussi peuplée que
Majunga, comptant 4 000 habitants environ. La
ville est
orientée sud-est nord-ouest et les maisons se disposent
peu près symétriquement, d'une longue avenue qui
à
FEMME SAKALAVA DE MAROVOAY.
s'étend dans cette direction. Les habitations de
son!
maisons en pierre construites
maisons en torchis
et
est
le
même nom que
Majunga d'ordre
malgaches la ville,
el
les
extrémités de
la ville,
africains, qui sont ici en assez
surtout du côté Ouest, par où nous
du côté du nord, s'élèvent deux ou
Antimerina oui
la ville
édifié leurs posles militaires;
fossés
et
relire
v a des
la
popu-
rivière,
il
monter jusqu'à Marovôay. arrivés, s'élèvent de beaux
particulier.
Parallèlement à
flancs assez escarpés; sur leur
officiers.
la
la
sommet,
défendu par deux petites pièces de canon
est
dernières que l'on rencontre sur
aux
le
il
el
ren-
Ces fortifications n'ont aucune impor-
roule; celles des autres posles.
murs de
terre,
palissades, oui surtout pour objet de défendre les populations des villages contre les bandes
de maraudeurs
Marovôay
les
ville
la il
:
grand nombre. Une petite
sommes
un cachet tout
trois collines
ferme l'habitation du gôuverneùret de ses principaux tance; elles sont
composite
passe au sud de Marovôay; ce cours d'eau n'est pas très large, mais
manguiers. Ces arbres magnifiques donnent à rivière, el
1res
Antimerina, enfin des cases en roseaux où se logent
profond, et permet, en tout temps, aux boutres el aux embarcations de
Aux deux
les
à
habitées par les Indiens et les Arabes, gros négociants du pays, puis des
en terre occupées par
lation sakalava, les esclaves
qui porte
et
comme
étafi
el
de pillards, qui sont
destiné
à
couvrir
nombreux dans
la retraite
la
région. Pendant la dernière guerre,
le
poste de
de Ramambazafy, alors gouverneur général du Bœny,
el
avec des troupes à Ambohitromby. Les Antimerina avaient prévu celle retraite, qui n'était que trop
DE MAJUNGA A TANAXARIYE. probable
si
nous avions voulu. Le commerce de Marovoay
n'offre rien
de particulier à signaler. Les prin-
cipaux négociants de Majunga, Européens et gens de couleur, y ont presque tous des comptoirs;
vendent leurs produits
et retirent
ceux de
couverte tous les ans par des alluvions rizières.
Marovoay
un peu
est
y achète beaucoup de
la
centre de cette production, et chaque année, au
le
cet état, ce produit se
grands voyages; on en amène de grandes quantités
Majunga,
à
Mayotte, sur les côtes d'Afrique. L'industrie de Marovoay
exclusivement entre
mains de quelques Indiens, qui
les
quent, avec de l'argile rouge des environs, de vaise qualité. Ces cruches, ces sadjoa,
et
de
moment de
conserve bien là
y a de nombreuses
il
et
on envoie ce
la récolte,
on
peut supporter de
riz
aux Comores,
à
es!
fabri-
poterie de
la
comme
y
terres basses de la Betsiboka. la plaine est
qui amènent les grandes eaux,
fertiles
non décortiqué. En
riz
Dans ces
région.
ils
mau-
appellent les
les
indigènes, leur servent dans leurs cases à conserver l'eau douce
de consommation journalière. Je suis logé dans
maison du
la
douane, un Antimerina de type presque
capitaine de
la
pur. C'est
qui reçoit les étrangers; sa maison en torchis
lui
est très confortable. Qu'on
en juge du papier peint tapisse :
toutes les pièces, des plafonds en toile sont tendus,
rideaux aux
une
la soirée,
musique
sa
des couverts, de
Pour un explorateur,
table.
Dans
fenêtres,
le
c'est
îles
la
porcelaine,
un
palais.
gouverneur de Marovoay m'envoie
mon
qui, pendant
vais essayer de transcrire
me
repas du soir,
continuellement un motif de valse assez
joue
que
joli, el
je
pour piano.
ici
Celte valse antimerina que j'avais déjà entendu jouer
pour
à Mandritsara
la
première
entendue souvent partout
ment importée dans l'origine, aussi bien
je la
donne, parce que
et
que
depuis
j'ai
a été certaine-
par des Européens; j'en ignore
l'île
que
fois,
Madagascar,
à
l'auteur, mais quoi qu'il en soit,
remaniements que
les
lui
ont fait
subir les Antimerina, sont assez curieux, et qu'ils nous
donnent bien
la
mesure
et
LE CAPITAINE
rythme de ces indigènes.
le
UF.
LA DOUANE.
»
Après ce concert, j'entendsdes chœurs, qui m'intéressent par leur chant. Certaines personnes qui ont
écrit
des relations de voyage à Madagascar ont été prodigues de louanges pour les dispositions musicales que
montre
le
peuple madécasse
:
j'ai
beaucoup étudié
cette question
pendant
mon
malheureusement à une tout autre conclusion. Pour l'exprimer, j'emprunterai qu'il a «
donné an sujet de
chanteurs chantent faux, et
la
musique japonaise,
Elle est assez désagréable les
pour nos
oreilles
à
exploration, et j'arrive
M. Guimet
qui convient parfaitement à la
et
le
jugement
musique malgache
musiciens jouent faux; mais néanmoins leur unisson
chantent
est juste. Ils
jouent faux, d'une quantité égale, de sorte qu'ils chantent faux avec une justesse admirable.
Sans doute, on pourra voir un joueur de valiha qui répétera sur son instrument primitif des aura entendu jouer, par des instruments européens, voir aussi un adolescent répéter parfaitement
des exceptions
et,
un
même
air qu'il
musique japonaise, peut s'appliquer strictement à
la
mon
avis. Je
s'ils
non contents d'apprendre aux Malgaches de
la
le
chœurs de
En
les
là
que
jugement porté par M. Guimet sur
musique malgache. Toute personne
chantent toujours faux.
airs qu'il
aura entendu chanter, mais ce ne sont
m'empresse d'ajouterpour excuser
de leur professeur habituel,
»
avec assez de justesse. Sans doute on pourra
d'une manière générale, je suis convaincu que
gascar, a pénétré dans un temple, et qui a entendu des
gera de suite
:
européennes. Les intervalles sont toujours trop courts. Les
fidèles
chanter des cantiques parta-
Malgaches que
effet, les
qui,
la
à Mada-
c'est
un peu de
la faute
missionnaires protestants anglais,
mauvaise musique sur un thème incompréhensible pour 33
238
VALSE
/&-—^—Tr
VOYAGE A MADAGASCAR.
DE MAJUNGA A TANANARIVE. Au moment
en rizière par les indigènes.
239
des pluies, c'est un passage très
difficile,
on ne peut suivre
les
levées de terre qui séparent les rizières et qui ont presque partout été enlevées par les grandes eaux.
faut donc patauger dans une boue infecte, dans laquelle on enfonce jusqu'au ventre. difficultés ont disparu,
nous trouvons, ces
De nombreuses
bles à vaincre.
grands détours. De plus,
mais
flaques d'eau restent encore dans les rizières, ce qui nous oblige à de
découvert d'où
le terrain
eaux
les
se sont écoulées a été desséché par
nous ne pouvons
les sens,
qu'avec les plus grandes difficultés, car elles sont profondes, et leurs bords
moindre pression; cette plaine doit s'étendre
taillés à pic
mais
très loin à l'Est et à l'Ouest,
les limites
cachées par des fourrés de bararata. Devant nous, un rideau sombre de verdure
sommes
Est; nous
Sud,
et
bientôt à
la limite
les
un
soleil
enjamber
cèdent à
la
nous en sont le
Sud-
Nord
et le
vers
limite de ce petit bois, qui semble s'étendre assez loin vers le
la
où nous
ont été remplacées par d'autres, non moins péni-
elles
grandes crevasses sinueuses se sont formées dans tous
torride, de
A l'époque
Il
qui constitue la petite zone forestière de cette partie de la côte. Ce ne sont pas de hautes futaies,
c'est plutôt les plantes
un
taillis,
où
la
marche
chemin
est difficile, le
coupé à chaque instant par
est
grimpantes qui s'accrochent ou qui pendent aux arbres dont
pouvoir marcher avec plus de
facilite,
nous empruntons
le
la
les lianes et
roule est bordée. Aussi, pour
desséché d'un ruisseau, qui court parallè-
lit
lement à notre route. Vers onze heures, nous arrivons à Andronlsy. C'est
un
village sakalava de 15 cases,
renferme
forts pieux en bois, qui
de
est fad)i
de
me
que
pour pouvoir
subit, la
interdit
On
y trouve un carré formé par une enceinte
tombeau d'une ancienne
aux vivants de prononcer
sommaire sur
très
mais fort mal comprise par
la
pauvre.
compte des changements
se rendre
même
principe, la langue
dans
est très
langue parlée, à Madagascar, sur
présent une élude près,
il
reine
du pays. Je demande son nom.
Il
le dire.
Ce fady sakalava, qui naître
le
malgache
les
nom
le
côte Ouest de
la
des morts, est très important à con-
successifs, sorte d'évolution lente mais continue l'île.
langue madécasse;
la
personnes qui ont entrepris un
est unique. C'est
théoriquement vrai,
pratique, les missionnaires catholiques
Je ne veux pas aborder encore à
et
travail.
tel
évident que, en
met en doute, mais
le
Tananarive des diction-
à
('•«•rit
est
Il
personne ne
protestants qui ont
et
en général été étudiée de très
elle a
naires cl des
grammaires malgaches-anglaises ont méconnu, comme beaucoup d'autres, ce principe fon-
damental de
l'histoire sociale et politique
de cet ouvrage, à savoir
:
les
encore loin d'avoir absorbé
de Madagascar que
Anlimerina, quoique étant les
antres peuplades, et
la
tribu
à
Madagascar, tenir grand compte des usages, des coutumes de
il
est
absolument illogique
voir dans
Madagascar que
et contraire à
En
dans toute question qui se rattache
langue, de
nos intérêts aussi bien qu'à
aux Anlimerina
:
on pourra voir dans
la
suite des
temps
de ne vouloir
un piège tendu à notre politique
nousysommes lombes
la
politique des Antimcrina,
la vérité scientifique
celte peuplade. Depuis de longues années, c'est
parles Anglais. Dans la dernière guerre, et depuis lors, tout sacrifié
la
plus puissante de Madagascar, sont
la
doit
l'on
si
exposé d'ailleurs, dans un avanl-propos
j'ai
grossièrement, nous avons
les fruits
ce qui concerne les ouvrages de linguistique publiés à Tananarive,
ils
d'une
telle politique.
doivent s'appeler, non pas,
par exemple, grammaire malgache-française, mais antimerina-française. Le dialecte anlimerina peut être sans doute
compris dans toute l'étendue de
l'île,
aussi bien par un Sakalava
raka, cela est indiscutable, mais enfin, les dialectes sakalava
dans chaque tribu, et je ne vois pas pourquoi langue malgache.
Au
le
point de vue scientifique,
le
et
que par un Betsimisa-
comme d'ailleurs comme type de la
betsimisaraka existent,
dialecte des Antimcrina serait pris seul dont je doive
m'occuper
ici,
il
est infiniment pro-
bable que les Anlimerina, peuplade venue du dehors, ont dû apporter avec eux des mots et des règles
grammaticales inconnus dans de provinces,
il
existe encore
Le dialecte sakalava Ils
est,
l'île
avant leur arrivée,
une grande partie du
et s'ils les
territoire
parmi tous ceux parlés dans
de
l'île,
ont répandus avec eux dans beaucoup
l'île
où ce dialecte n'a pas pénétré.
un des moins purs
et
des moins corrects.
n'ont pas de langue écrite, et les lettres n'ayant pas fixé les sons d'une manière définitive, on peut
remarquer d'un village à l'autre des différences dialecte sakalava est justement ce fady des
très notables.
noms
Une des grandes causes de corruption du
des morts, contre lequel je venais de
me
heurter à
VOYAGE A MADAGASCAR.
260
Androntsy. Ce fady m'a donné de suite
la clef
de différences notables que j'avais remarquées entre
le
sakalava et l'antimerina. Par exemple, presque toutes les peuplades de Madagascar appellent les œufs atody
;
l'eau
Chez
rano.
:
les
Sakalava au contraire,
comme
il
probablement trouvé des
s'est
reines qui se sont appelés Rainatody ou Rainirano, et que, à leur mort,
:
rois et des
a été défendu de prononcer
il
ces mots atodij et rano, les indigènes sakalava, du moins ceux qui se conforment scrupuleusement à ces fadij,
ont dû se mettre l'esprit à
désigner ces objets, dont
ils
la
font
torture pour trouver, dans leur langue
un usage journalier.
Ils
y ont réussi,
mahalena (ce qui mouille) et l'œuf fandatsaka (ce qui tombe);
l'eau
pour dire masoandro
Dans
(l'œil
jour, le soleil), ce
mot étant
fady,
ils
Sakalava du
appellent
pour un motif analogue que,
c'est
disent
Rœny
mahamay
:
(ce qui brûle).
mes appartements, si j'ose m'exprimer ainsi, est une statuette en mode indigène; elle représente l'ancienne reine et est
case où sont
la
rement sculptée
du
pauvre, des mots qui puissent
si
et les
et habillée à la
bois grossièl'objet
d'une
vénération toute spéciale des habitants du pays. Ces figures grossières qui représentent un bon ou un
mauvais génie, ou encore un défunt, ne sont pas communes à Madagascar;
que dans certaines tribus du Sud, chez
j'en voyais, et je n'en ai plus revu
Dans
c'est ici la
tombeau de l'ancienne
l'enceinte palissadée qui contient le
les
reine,
première
Antanosy en
fois
que
particulier.
y a beaucoup d'autres
il
forme de pyramides quadrangulaires. Mais ces pyramides, au
lieu d'être constituées
tombes, qui ont
la
comme
Betsimisaraka, par de petites baguettes de bois mises les unes à côté des autres, sont
chez
les
chez les Sakalava édifiées avec de forts madriers.
Il
du
existe autour
village et dans le bois qui l'envi-
ronne d'autres types de sépultures sakalava; ce sont des parallélipipèdes rectangles, sur lesquels (pour les
gens de marque probablement) on a plaqué de petites dalles de granité, sur d'autres (pour des gens
de conditions inférieures) on
Quoi
en
qu'il
soit,
il
s'élève à
s'est
contenté de disposer tout simplement un
une des extrémités de ces tombeaux,
grosse pierre qui indique l'emplacement de
le
lit
de cailloux de quartz.
plus souvent tournés vers l'Est, une
du mort. Nous passons l'après-midi au
la tète
village, la cha-
leur est tellement forte qu'il nous serait impossible de traverser, pendant sept heures, la grande plaine
aride qui nous sépare de Befotaka. Vers six heures, au lever de la lune, nous quittons Androntsy, nous mar-
du
pendant longtemps, dans une grande plaine couverte
chons pendant une heure pour
sortir
de vero, d'où émergent ça
de petits bouquets de lalaniers nains.
L'accès de ce misérable
et là
bois, puis,
hameau de cinq ou
A
minuit, nous arrivonsà Befotaka.
six cases est difficile, périlleux
même,
il
nous faut
traverser,
sur une longue branche d'arbre, une rivière de boue, encaissée entre deux parois rocheuses taillées à pic.
Au
milieu de la nuit, ce n'est que par des prodiges d'équilibre que nous pouvons franchir heureusement sur un ,
tronc d'arbre, cette rivière d'un nouveau genre ce passage est délicat. Le lendemain une petite étape nous ,
;
conduit à Ambato. je n'ai
pu
résister
A
aux
peu de distance de Befotaka,
l'art si difficile
vieille;
de gouverner
un Islam,
les peuples.
Mahatombo, qui continue
militaire de
me
suis arrêté
sollicitations pressantes de la reine qui veut
une bonne
royale. C'est
je
il
est habité
Betsiboka.
Le lundi dont le
le
Ambato i
Dans
la série
faire entrer
les
Antimerina ont
est en effet sur les
la
dans sa case
l'assiste
dans
édifié le poste
de ceux qui sont échelonnés de Majunga à Maevatanana.
Ambato. C'est un
à
village important de la
en majorité par des Antimerina qui font du commerce dans cette vallée de
confluent avec
la
Betsiboka est à un kilomètre, à
Betsiboka.
Ici
la
bords du fleuve.
son cours
nous arrivons à Bepako, misérable hameau de 5
Trabongy,
l'E.-N.-E. de
me
de premier ministre,
novembre, nous traversons, à quelques minutes de marche d'Ambato,
long des rives de
Le mardi
absolument
investi des hautes fonctions
De Trabongy, deux heures de marche nous conduisent région,
au village sakalava de Trabongy, où
novembre, nous continuons dans
est
six la
l'est
parsemé
la rivière
Ikamoro,
du gué, puis nous continuons notre route,
d'îlots et
de bancs de sable. Dans
la soirée,
ou sept cases.
brousse
et,
à neuf heures, nous arrivons à
un gué de
la
Nous devons atterrir de l'autre côté, dans une île formée par deux bras du fleuve. Dans celte en haut d'un gros mamelon que nous voyons d'ici, est le village d'Amparihibe. La traversée de ce
Betsiboka. île,
bras de
la
Betsiboka se
avoir traversé
fait
sans incidents dans de larges pirogues, et de l'autre côté du fleuve, après
un grand fourré de
bararata,
nous montons à Amparihibe.
JEUNES PILLES ANTANKARA.
(
GRAVURE HE ROUSSEAU, d'aPRES UNE PHOTOGRAPHIE.]
DE MAJUNGA A TANANARIVE. comme Ambato, un
C'est,
gros village antimerina;
il
n'y a
que
fort
263
peu de Sakahv
qui ont d'ailleurs,
a,
remarque, quitté en masse cette contrée, par crainte de corvées aussi injustes qu'écrasantes. Le lendemain, une petite étape nous conduit à Maevalanana. Nous avons, au sortir d'Amparihibe,
je le
versé
deuxième bras de
le
sont plus rares.
On
nous aurons quitté
les
en
une végétation beaucoup plus pauvre,
les confins
de
pays
le
Maevalanana
la
zone dénudée. Aux envi-
pointements rocheux s'observent fréquemment.
est très accidenté, les
est le plus
même temps
important de ceux que
Le
rencontre en allant de Marovoay à Tana-
l'on
Ramambazafy, me loge dans une maison convenable. Ramambazafy,
la ville,
commande à Maevalanana. est le gouverneur de toute la contrée. Dans les entreil me parut être un homme fort intelligent malheureusement les lourdes corvées administrés n'ont pas rendu son nom bien populaire dans le Bœny, il est craint,
qu'il
tiens
que j'eus avec
qu'il
impose à ses
lui,
;
mais détesté dans toute
Maevatanana
tra-
arbres
les
région des brousses, et bientôt lorsque
la
pays sakalava, nous serons en pays antimerina dans
les
Le gouverneur de
elle est
a
éboulis d'argile, on observe des filons de quartz entre des couches de schistes cristallins.
village de
narive.
La contrée
que nous sommes sur
voit
rons de Maevatanana,
Dans
Betsiboka.
la
contrée, aussi bien par les Antimerina que par les Sakalava.
la
sur une hauteur, colline escarpée par les ravinements de l'argile rouge dont
est bâtie
formée, à pic de tous
les côtés,
surtout du côté de l'Ouest.
sages où sont construites deux portes grossières;
il
est assez difficile
On
entre dans
la ville
par deux pas-
de pénétrer dans Maevalanana sans
passer par ces deux portes, tant par suite des fortifications que l'on a édifiées, haies de cactus, palissades, et par les fossés
autour de
la ville.
que
l'on a creusés,
on remarque une rue principale, Esl
tants;
que par
creusés naturellement dans l'argile toul
les ravins
Ces ravins ont d'ailleurs une grande profondeur. Le village compte environ
ou en briques crues;
celles-ci plus
Indiens qui sont venus s'établir
ici,
el
1
S00 habi-
Ouest, bordée de cases, dont quelques-unes sont en terre
confortables
abritent îles Antimerina
pour acheter des produits
(cuir,
commerçants ou quelques
caoutchouc
el
raphia), et vendre
marchandises (colonnade, armes, quincaillerie).
leurs
Depuis Majunga jusqu'à Maevatanana,
le
chemin
est 1res
beau,
el suit
un terrain
plat.
En
Maeva-
effet,
tanana, qui est situé à une distance considérable de Majunga, n'est qu'à 170 mètres d'altitude, c'est dire
que
la
pente est insensible. Malheureusement, Maevalanana. situé non loin de
pays découvert,
même plus
la triste
un des points
expérience
heureusement
devait
me
(pie
frapper plus
deux à Maevatanana où
Retsiboka,
est.
en ce
j'y contractais,
en
effet, les
germes de
la
malaria,
et si
jusqu'alors j'avais pu,
ils
rencontraient beaucoup de leurs compagnons. J'eus beaucoup de peine à
de violents accès fébriles qui
me
ardemment
d'arriver à
Tana-
fleuve sur sa rive droite, mais ce
grand
faisaient désirer
terme de ce voyage.
Le jeudi
7
novembre, nous continuons notre roule, longeant
cours d'eau n'est plus
la
le
Betsiboka, c'est son grand affilient de gauche, l'Ikopa, dont nous avons dépassé
confluent après Amparihibe. La contrée est très rocheuse,
le
la
plus chauds et les plus malsains de Madagascar. J'en devais faire moi-
mes compagnons, échapper aux fièvres de Madagascar, cette première atteinte profondément. Mes porteurs, suivant l'usage, avaient voulu s'arrêter un jour ou
les.en dissuader, j'avais
narive, le
:
les
et,
comme dans
les
environs de Maeva-
tanana, la végétation est très peu active. Vers dix heures, nous
compte 33 cases environ, 1
est bâti
sommes à Tsarasoatra. Ce village, qui comme d'habitude sur une hauteur. Nous avons laissé Ambodiroka à
Ouest, l'Ikopa, distant de nous d'environ un kilomètre, n'est plus navigable, ni
est
même
flottable,
son
lit
obstrué de gros rochers, sur lesquels les eaux se brisent en tourbillons d'écume.
Le vendredi 8 novembre, nous nous mettons en route sous
la pluie; c'est la
première que nous res-
sentons depuis que nous avons quitté les forêts de l'Est, mais nous nous approchons du plateau central
où
la
saison des pluies
Nosy-Fito,
le
commence en novembre. Nous suivons
barrage important
le
Mandendamba, nous traversons deux Enfin, a midi,
de palissades.
l'Ikopa, et
nous passons en vue des
îles
de
plus bas de cette grande rivière. Puis, avant d'arriver au village de affluents de l'Ikopa, l'un, l'Andranokely, l'autre, le
nous arrivions à Ampasiria, gros village
fortifié,
Mandendamba.
entouré de plantations de cactus, et
VOYAGE
264
MADAGASCAR.
A
Le samedi 9 novembre, après avoir traversé, au sortir du village, la petite rivière d'Ampasiria, nous suivons la vallée du Morokoloy, et nous nous arrêtons à un village du même nom. Dans la soirée, continuant notre étape, nous gagnons Malatsy. Ce village a des fortifications très complètes
A
pénétrer qu'après avoir franchi quatre portes successives.
peut
et l'on n'y
Malatsy, les fièvres dont j'éprouvais les vio-
me mouvoir que très hommage aux bons soins que me prodi-
lents accès depuis plusieurs jours, redoublèrent encore d'intensité, je ne pouvais
guèrent mes
je dois rendre
dans cette pénible occurrence,
difficilement, et
porteurs. Pendant les jours qui suivirent,
me
il
A
Malatsy, les maisons en terre des Antimerina réapparaissent;
pierres levées, toute végétation a disparu. la
presque impossible de continuer mes
hommes, pour continuer mon voyage jusqu'à
observations et je dus m'en remettre complètement à mes
Tananarive.
fut
Nord
plus intéressante de ce voyage dans le
Le dimanche 10 novembre, je
Nous sommes en pays hova
dénudée
la route. Cette zone
clans la
ne m'a pas quitté,
la fièvre
accès semblent augmenter d'intensité.
fais, les
affluent de droite de l'Ikopa.
et
malgré
En
sortant
Beaucoup de ruisseaux barrent
comme
en eau vive,
est d'ailleurs très riche
les
zone dénudée. La partie
terminée.
et l'Ouest est
quitte Malatsy, porté en filanjana;
la grande consommation de quinine que je de Malatsy, nous traversons le Kamolandy,
lendemain, ce sont
le
il
dans tous
est de règle
les
pays granitiques.
Le sentier que nous suivons passe à huit cents mètres au nord du mont Andriba près du premier contrefort méridional de ce mont, sont groupés trois villages, pauvres aujourd'hui, niais très peuplés ;
Ce sont
autrefois.
Antsahamena
:
huit cases; Alakamisy
:
village d'Alakamisy était autrefois le siège d'un
vanes de porteurs, venant
misy a subi
les
de tous
le sort
marché
uns de Tananarive,
les
:
très important, c'était le
vingt cases. Le
:
rendez-vOus des cara-
autres de Majunga. Depuis quelques années, Alaka-
autres villages du Bœtiy,
les
douze cases; Maroharona
s'est
il
dépeuplé peu à peu. La crainte de
lourdes corvées en est la seule raison; quelques personnes font entrer aussi en ligne de compte les bri-
gands qui rendent il
très
peu sûres
les routes,
ne faut pas oublier que l'existence
lourdes corvées qui pèsent sur
harona, nous traversons Là,
ma
marches
qu'ils
le
,
sur
rive
la
viennent de
Quoi
elles-mêmes
la il
gauche de
faire.
Ils
lamba de
semblent supporter vaillamment
l'Ikopa,
crient et
gesticulent;
le
de temps en temps,
gauche du
sentier.
conduit provisoirement quelque part,
en
soit,
dansée premier transport du défunt,
volonté du mort qui leur indique, par les petits
veut
recouvertes de
Le
soie,
est
ils
les
longues
reviennent sur
Je les crois ivres;
En
n>n
il
effet,
dès
dans
la
maison de
ses proches
sienne généralement; l'enterrement proprement dit n'aura lieu que beaucoup plus tard.
la
qu'il
vallée.
dernier soupir, on procède immédiatement à son ensevelissement et à sa
le
mortuaire, puis on
ou dans
de Maro-
et
profonde
encore une coutume sakalava qui va m'expliquer leurs allures étranges.
qu'un Sakalava a rendu toilette
la
convoi d'un mort sakalava, que l'on porte dans le Nord.
leurs pas, puis se dirigent tantôt à droite, tantôt à est rien. C'est
sud d'Alakamisy
sorte de civière par huit vigoureux gaillards. Ces gens qui viennent de fort loin, du
une
Menavava
sud de
Au
peuple, surtout dans ces régions.
roulé dans des nattes épaisses,
défunt,
porté sur
de ces fahavalo n'est qu'une conséquence immédiate des
Mamokomita, dont nous suivons pendant quelque temps
le
caravane est arrêtée par
du
corps
le
par lesquelles on pouvait y amener des marchandises, mais
même
aller. Il leur
indique
même
porteurs du cadavre prétendent connaître
les
coups
qu'il
donne aux portants de
la civière,
en frappant ou en retenant tantôt d'un côté, tantôt d'un autre,
où la
direction qu'ils doivent suivre. Les porteurs de ce Sakalava obéissaient donc aux indications que leur
donnait leur mort, mais j'avoue que ces indications devaient être fort contradictoires, car chacun prétendant les entendre,
ils
entraînaient la civière, tantôt à droite, tantôt à gauche, s'élançaient en avant
pour revenir immédiatement sur leurs pas. Dans ces conditions, droite.
On m'a
un Sakalava qui
bond qui
n'était pas
se débattait
posthumes,
et
ils
faisaient fort
peu de chemin en
ligne
raconté que dans un cas semblable, où l'on avait transporté dans une civière mortuaire
au
lieu
dans
complètement mort, les nattes
de transporter
les porteurs,
en sentant les chocs produits par
le
mori-
qui l'enserraient, avaient tout simplement répondu à ces indications le
corps vers
le nor,d,
comme
ils
en avaient l'intention,
ils l'avaient
DE MAJUNGA A TANANARIVE ramené
même
à son point de départ, et avaient
continué vers
ments;
sud, parce qu'ils
le
quelques mouve-
encore
avaient senti
marchèrent sans cesse, sans
ils
repos,
trêve,
ni
mort
sembla
que
tant
pour cette
rendu
fois
au
mort ou
Le
avait con-
tel les
lieu
pour sa sépulture.
choisi
enfin,
eut vraiment
il
s'arrêtèrent exténués.
duits, pensaient-ils,
prétendu
dernier soupir,
le
celui qu'ils croyaient
le
Lorsque
s'agiter.
sous ses lamba,
étouffé
ils
Ils
donc
là, et s'en
Les tombeaux sakalava du
rina, des
revinrent dans leur vil-
comme
ne sont pas,
avait
qu'il
l'enterrèrent
lage.
chez
Bœny
les
Antinie-
ils
en creu-
caveaux de famille,
généralement un pour chaque
sent
indi-
un simple trou en forme de
vidu, c'est
rectangle allongé;
il
n'est pas très pro-
un mètre environ; au fond, on
fond,
couche
le
du côté
corps
di 1
la tête
toujours tournée
on comble
l'Orient, puis
la
fosse.
A
tertre
peu élevé, pyramide quadrangu-
laire
205
surface du
la
sol,
s'élève
un
de terre argileuse sur laquelle on
plaque quelques pierres plates, en ayant soin d'en réserver l'élever à l'Est tète;
souvent
venant
visiter
la
plus grande, pour
du
tertre
les
parents du mort,
du côté de
Ainsi, chez les Sakalava,
répandu chez
mais
ils
en m
son tombeau, déposent sur
ce tertre de petits cailloux
si
la
les
ont quelque
sont
Antimerina. Les Sakalava n'ont,
chose d'analogue à ces
généralement plus
rares
las
que dans
Lorsqu'un Sakalava voyage sur une route, heureux,
il
ramasse un
caillou,
buisson voisin. Dans tout
le
H A.MPO l'AK
\.
de quartz.
nous retrouvons quelques traces de est vrai,
ni les
il
une
les
pierres levées,
zone dénudée,
et la
un
a
un fanataovana
sentier, souvent
peu à peu
particulier.
pour que son voyage
soit
place à l'intersection de deux branches du
environs de Majunga notamment,
j'ai
bien souvent observé
1
autrement; sur un gros rocher qui se trouve à proximité d'une route quelquefois suivie,
grande quantité de
pierre
funataovana,
ni
voyageurs forment
ces pierres placées dans les branches des buissons qui bordent les sentiers. Souvent aussi, agit
la
effet, vivant dans un pays de brousse ou les
lorsqu'il suit
petite pierre,
Bœny, dans
la
de culte de
cette espèce
de pierres que
sur les bords des routes fréquentées. Le Sakalava en pierres
E
petits cailloux, puis plante verticalement
le il
Sakalava place une
au milieu d'eux un bâtonnet, à l'extrémité
supérieure duquel flotte un bout de chiffon. Ces sortes de petits drapeaux minuscules sont souvent plaides sur les tombes fraîchement ouvertes.
Au sud du Mamokomita, à la
le
pays devient très montagneux,
route de Tamalave, elle est encore très belle.
la
route est assez
difficile,
Nous suivons de profondes
rouge détrempée forme de nombreuses fondrières. Enfin après avoir traversé
le
vallées
mais, comparée
où une
argile
Maharivana, affluent
de gauche du Firingalava, nous arrivons à Ampotaka. C'est un village antimerina,
fortifié
3V
comme
VOYAGE A MADAGASCAR.
266
Malatsy; toutes les cases sont en terre,
dans
la
il
une seule en raphia
n'y en a plus
inconnu
qui, d'ailleurs, est
contrée. Quelques huttes cependant sont encore faites en roseaux, en bararata; sur ces claies de
roseaux, on a plaqué un mélange d'argile rouge et de bouse de vache.
Le lundi
11
novembre, nous suivons au
d'Ampotaka, jusqu'au village abandonné d'Ambohi-
sortir
nora, la vallée du Firingalava; dans le fond de cette vallée, je retrouve un végétal avec lequel j'avais fait
une trop longue connaissance, dans
(Amomum
longoza
angustifolium).
région des défrichements de la côte Est, je veux parler du
la
Dans
celte région, le quartz a totalement disparu, et je retrouve à
chaque instant nité et
les
poinlements rocheux de gneiss, de gra-
de roches porphyroïdes, qui caractérisent
si
bien la
zone dénudée de Madagascar. Enfin, à onze heures, nous passons en face du village de Kangara
nous arrivons à
et
Kinajy, après avoir traversé à gué une. dernière rivière, le
Manankazo, affluent de gauche de assez gros village fortifié
l'Ikopa. Kinajy est
comme Ampolaka. Depuis
un
Malatsy,
depuis deux jours, nous montons les derniers
c'est-à-dire
échelons qui conduisent au plateau central à Kinajy; nous
sommes
niveau du plateau, par 1080 mètres
arrivés au
presque
d'altitude. Maintenant, j'ai
de
quinine, et
fièvre
la
épuisé
accès deviennent plus violents, tous
marche en
taires, la
souffrir,
Kinajy, nous étions arrivés sur regrettais
NOTilt MAISON
A TANANARIVE.
provision
mouvements volon-
me
mouvoir.
plateau central,
le
Madagascar.
Il
me
et je
me
habituelles dans celle contrée,
décrite d'ailleurs par le
les
faisaient cruellement
que médiocrement de ne pas pouvoir
mes observations
à
les
me
particulier
m'était presque impossible de
il
ma
ne cesse pas; au contraire,
A né
livrer
bien
si
Père Roblet, en sa grande carte de (rois
fallut
journées de marche, de
Kinajy, pour arriver à Tananarive; ce voyage, qui ne présente aucune difficulté, n'offre également rien d'intéressant qui vaille la peine d'être raconté.
A mon pait
arrivée à Tananarive, je retrouvais
mon ami
Maistre, qui était revenu dans la capitale et occu-
non pas notre ancienne maison d'Ambohitsorohitra, mais un nouveau logement
dans
la ville
taire,
haute, dans
le
quartier d'Ambodihandoala.
Rainimananabe, pour un médecin hova
nommé
Nous avions donc
Rainiketabao, dont
gouverneur de Fianarantsoa. Maistre, après m'avoir quitté à Mananara,
une navigation longue
et difficile,
avait fait quelque bien, et
des fatigues (''prouvées.
sur la goélette
la
Mon compagnon, au lieu de revenir comme je le lui avais conseillé
quelque repos en m'altendant,
nord de
encore une fois de
du Mangoro,
la vallée
—
et je le fais
mon compagnon
et le
la capitale
— rendre
il
pour
le
Sud,
était
Tamalave après
mer
lui
n'avait pas lardé à se remettre
directement à Tananarive pour prendre d'ailleurs, en
le
voyant
si
malade avant
par un chemin nouveau, en explorant
celle troisième section dont j'ai parlé
avec grand plaisir
père, parti
était arrivé à
Dorade. Néanmoins, ce séjour forcé en
peu de jours après son arrivée à Tamatave,
son départ de Mananara, avait voulu revenir à
le
qu'il avait trouvé
quitté notre ancien proprié-
dans
le
chapitre VI.
hommage au courage
et à la
Il
me
le
faut
bonne volonté
qui, guéri à peine de fièvres graves, revint à la capitale en explorant le lac Alaotra
pays des Antsihanaka.
Parfaitement installé à Tananarive,
bons soins, j'eus
vite
recouvré
peu au bout de deux mois, ;
celle fois
me
porter dans
le
et
la santé,
au milieu de mes compatriotes que je remercie encore de leurs
mes douleurs
cessèrent, et les accès de fièvre disparurent peu à
j'étais tout à fait rétabli et prêt à
Sud. Néanmoins
il
me
pouvais partir qu'aux premiers beaux jours, vers
fallait la fin
recommencer mes explorations qui devaient
attendre la
fin
de
la saison
du mois de mars. Quoi
des pluies, et je ne
qu'il
en
soit,
ce séjour
RUE
H
IM.VHIVOLVNITHA.
A.
TAN ANAR1VE. (DESSIN DE
G.
VUILLIER,
GRAVÃ&#x2030; PAR PRIVAT.)
DE MAJUNGA A TANANARIVE. forcé à Tananarive ne fut pas perdu
mise dans
les
voyages précédents,
dont j'habitais
même temps que
en
:
mes notes
je complétais
269
je rétablissais
mes
et
ma
santé, fortement
la capitale.
La maison de Rainiketabao
beaucoup plus spacieuse
était
confortable que celle que nous avait
et plus
un certain cachet,
louée autrefois Rainimananabe. Notre demeure, construite en briques crues, avait
en bordure de
était
passagère
est très
compro-
observations sur ce peuple antimerina
rue principale de Tananarive, en haut de
la
la
elle
montée d'Imarivolanitra. Cette rue
de notre véranda, nous jouissons d'un coup d'œil fort animé. Rainiketabao, qui
et,
venait naguère d'achever sa maison, avait, peu de jours avant notre arrivée, célébré
le fitokantrano.
Cette
fêle antimerina est une cérémonie privée qui se célèbre en famille pour fêler l'achèvement d'une nou-
demeure, appeler sur
velle
fices et les sorts
bœufs, chanté-
A
(22
grande pompe dans
Le fandroana,
bons esprits
fêle
et
Comme même
pas mal, on avait
novembre), eut
appelé
importante des Antimerina;
origine assez difficile à trouver. Certains auteurs en
pas exact, Celte
fête,
année (1889) Adimizana,
la fête
T
mémorable dans
cèdent
le
du souverain régnant
du bain sera célébrée dans quelques jours,
toute
province
la
dale de relie fête solennelle,
dans tous
cl il
est
épouses divorcées, qui sont
promulguée, on
est
si
el
il
fandroana
le
les
cl
même
Quoi
'.
fête,
un décret
le
«lu
en
soit, cette
jour du mois de
souverain
postes antimerina de les
qu'il
11"
«les
Antime-
Par celle
l'île.
loi
cinq jours qui suivent ou qui pré-
se réconcilier
mê
»rdonnance royale,
il
au moins pendant ces jours de
assez curieux de voir, pendant ces jouis de
fêle,
les
à
laquelle les admirateurs des Antimerina ont voulu voir
avant
des bœufs, a une
fêle
Madagascar, venir retrouver leurs anciens maris. Lorsque payer an souverain un petit tribu d'allégeance, offrande minime, dans
nombreuses
doit
est
célébrée en
c'est leur fête nationale.
22 novembre,
le
défendu, pendant
aux parents brouillés, aux époux séparés de
Cela est assez strictement observé
la loi
vie
fête,
±1 novembre de notre calendrier, semble
le
fandroana, de mettre à mort aucun quadrupède; de plus, par celle
est enjoint fêle.
la
la
malé-
premier jour de l'année malgache, ce n'est
mois de l'année malgache. Un mois avant cette
rina en fixe la date dans
qui fixe ainsi
le
l'ont
que j'ai vue revenir pendant quatre ans
plutôt correspondre à une date
du fandroana. Cette
la fêle
qu'on pourrait appeler plus exactement
la reine, et
les
beaucoup de
le sorcier.
Tananarive
lieu à
fête la plus
la capitale, est la
du bain de
en chasser les mauvais qui pourraient par
dans toute cérémonie malgache, on avait tué
nuire aux habitants.
et festoyé
du mois
la fin
elle les
plus longtemps,
toutes les affaires sont suspendues. Après
le
une cote personnelle. nécessaire
si cela est
fandroana,
il
à
la
I
ne quinzaine de jours
politique du premier ministre,
y aura de nouvelles vacances aussi longues
que les premières, ce qui fera une quarantaine de jours de gagnés à
la
politique de temporisation des
Antimerina.
Pendant
les jours qui
du palais s'occupent à douanes,
el
précèdent l'aire
le
fandroana,
des largesses au peuple
et
premier ministre
nombre, dont on envoie
les
morceaux
à
on ne rencontre (pie des esclaves
trois selon
les
principaux officiers
effet;
l'on connaît. C'esl
les
produits des
puis les cadeaux de bœufs
l'importance du destinataire, on en
tous ceux que et
el
aux modestes fonctionnaires;
surtout ceux qui ont été payés en nature, servent à cet
commencent, on en envoie un, deux ou
ville,
la reine, le
fait
tuer un grand
une véritable orgie. Dans
la
des domestiqués chargés de quartiers de bœufs, qu'ils vont
porter dans toutes les directions. Des visites ont lieu, les familles vont se voir, pour se souhaiter réci-
proquement toutes sortes de prospérité, jusqu'au fandroana prochain. Dans ces ques présents, généralement un petit morceau d'argent,
Les parents éloignés
visité.
tume
et
et les
comme
visites,
on échange quel-
signe de l'amitié qui unit visiteur et
protégés des personnes influentes n'ont garde de manquer à celte cou-
apportent loujours un petit présent qui les rappelle annuellement au bon souvenir d'un prolec-
teur influent. Enfin les esclaves et les serviteurs des riches habitants de Tananarive rallient ce jour-là
autant que possible
la capitale,
époque acte de soumission 1.
;
pour
c'est la
offrir
un présent quelconque à leur maître
coutume.
L'époque du Fandroana, 22 novembre, correspond à l'anniversaire de reine de Madagascar.
comme
et faire ainsi à cette
la
proclamation de Ranavalona
III
à Tananarive,
VOYAGE A MADAGASCAR.
270
Les habitants se préparent aussi activement à maisons,
ils
Enfin, le 21
novembre
arrive;
dans
tent et se répandent dans les rues, la ville, ils portent et
en appelant
De
la
la fête
;
pour
dignement célébrer,
la
ils
approprient leurs
soignent leur toilette et préparent leurs plus brillants costumes nationaux pour
un bambou
véranda de
la
coucher du
le
même
courent
ils
ciel
enfants et les jeunes gens sor-
soleil, les
sur les chemins et dans les rizières qui environnent
à l'extrémité duquel est fixée
bénédictions du
les
après
la soirée,
grand jour.
le
une torche allumée.
en criant
Ils l'agitent
sur la nouvelle période annuelle qui va commencer.
maison de Rainiketabao,
vraiment fort
j'assiste à ce spectacle, qui est
La
joli.
domine
nuit s'est faite et on voit partout où la vue peut s'étendre dans les quartiers bas de la ville que je
de très haut, dans les rizières, dans les villages voisins échelonnés sur les hautes collines qui environnent
tous ces feux agités par mille mains, ces lueurs qui, naissant partout, jettent un grand
la capitale,
éclat, puis disparaissent;
il
brume du
petits points brillants percer la
Le Malgache,
même
en est de
dans toute l'étendue de l'Imerina,
et
l'on voit fort loin ces
soir.
soucieux du culte des morts, n'a pas voulu célébrer une grande fête sans rendre hom-
si
mage aux défunts
aussi craints que vénérés.
chaque case, souvent
même
on porte un
célébrer le fandroana, tout le
monde
La matinée du 22
leur est consacrée, on les invoque dans
tombes. Pour se préparer dignement à
petit présent sur leurs
se purifie et, tandis
que
le
peuple se livre à de simples ablutions,
la
reine et
ses officiers se purifient par un cérémonial spécial dont l'origine remonte aux anciens rois anti-
merina.
On égorge un coq
paux le
officiers
rouge;
le
sang, recueilli dans une coupe, est présenté à
du
Depuis que
et les principales articulations.
creux de l'estomac
le
et a fait
semblant de
fication préparatoire de la le
passé, et les
quement de
dans
la
le
le
ils
de l'Imerina, on
sont les
reli-
exactement suivie que par qu'ils se
a, t en
défendent énergi-
prévision de la fête du bain de la reine, engraissé des
comme présent au
souverain. Les bœufs engraissés
fandroana sont en général de fort beaux animaux; privilégiés entre toutes
des Malgaches,
protestantisme
cachent soigneusement aux yeux des étrangers.
bœufs dont on envoie un certain nombre à Tananarive, pour
elle est aussi
nouveaux convertis ont gardé nombre d'anciennes coutumes
les villages
princi-
le front,
personne de ses principaux membres, cette puri-
fête du bain est tenue secrète, mais
pratiquer, et qu'ils
Dans tous
s'y convertir
aux
marquent
gouvernement antimerina, entraîné
par son penchant d'imitation, et poussé par des influences étrangères, a décrété gion d'État
la reine et
palais qui, trempant leurs doigts dans ce liquide encore tiède, s'en
seuls dont s'occupe l'indigène,
les seuls
auxquels
il
les bêtes
domestiques
donne une nourriture
sans laisser ce soin à la nature. Ces bœufs destinés au fandroana, et élevés dans les villages de l'Imerina, sont descendus dans des fosses qui ont servi à l'indigène à extraire l'argile dont
il
avait besoin pour
construire sa maison; dans ces excavations, d'où l'animal ne peut sortir et au fond desquelles
que
mouvoir
se
ou deux avant
difficilement, en lui
le
péens
la reine.
du rova royal; on en
et autres
il
engraisse fort
vite.
fandroana, on creuse une tranchée qui permet à l'animal de sortir, et
Tananarive. au palais de l'enceinte
donnant quelques herbages,
Avant
le
21 novembre, au peuple et surtout
la capitale,
mais
plus grand
le
aux corps de métiers qui ont
dont de nombreuses délégations viennent
nombre
est
travaillé
d'aller saluer le souverain.
aux principaux Euro-
donné dans l'après-midi du
en corvée au palais royal,
ma
maison à Imarivolanitra
ont dépassé l'enceinte du rova royal,
ils
quand
;
les
ville,
bœufs courent dans
appartiennent à ceux qui
et
Vers deux heures, ces bœufs, chassés
en petits groupes de l'enceinte du rova, se répandent bientôt dans les rues de la
grand nombre devant
ne peut
fandroana, on compte plus de 500 bœufs amenés ainsi dans
a bien distribué quelques-uns hier et avant-hier
gens de marque à
il
Une semaine il est amené à
les
prennent.
Ils
il
en passe un
la ville, sitôt
qu
ils
ont bien été donnés
théoriquement aux forgerons, charpentiers, maçons, ferblantiers, et à tous les autres corps de métiers l'année qui sont venus travailler au palais, mais comme bien d'autres gens ont été pris dans le cours de
pour
le
service de la reine, la
que tout
le
monde en
coutume a voulu que
eût sa part; c'est ce qui a lieu.
une véritable chasse aux bœufs dans toute dans
les ruelles, ils
la ville.
peuple tout entier fût convié à ce cadeau royal, cl novembre, 11 s'organise, dans cet après-midi du 21
le
Les animaux
affolés se
sauvent dans toutes
ne connaissent pas d'obstacles. Malheur au passant inoffensif qu'un bœuf
les rues,
affolé ren-
DE MAJUNGA A TANANARIVE. murs
contrera flans une ruelle étroite bordée de
Une armée
rive.
massée dans
animaux
bœufs ont
été pris et
ment
ou
avant dans
fort
du
la soirée
le
21,
ne sera tout à l'heure que
la
consécration
officielle.
eau lustrale du bout des doigts,
pour ceux que
el
sont gardées par des détachements de soldats,
massés dans
les
couchés sur
la
roule d'Andohalo, c'est
la
et
tète,
la
dans laquelle on nous
a
reine
on prend de
celles-ci,
en formulant des vieux de longue vie
y a grande affluence au palais royal, les portes
il
d'artillerie esl
cérémonie
el je
reine qui va
la
par
tirée
vieux canons
les
commencer.
.le
me
mêlai
montai au rova.
du Palais d'argent, où
le
premier ministre donne ses
attendre quelques instants, nous suivons Andriamifidy
l'ail
ministre des affaires étrangères, qui nous conduit dans
pons, guidés par ses soins, en arrière de
la
tous ceux porteurs d'un uniforme quelconque sont
el
la salle
bain de
le
celte purification, des vases rem-
quand on entre dans
cérémonie du bain de
invités à assistera celle
Lorsque nous sommes tous réunis dans audiences
el
cours intérieures. Vers huil heures, une salve
aux Européens
alors
du bain propre-
la fête
sommaire dont
Pour accomplir
on s'en humecte
Pendant ce temps,
l'on vient visiter.
imprudent quelques heures aupa-
qu'aura lieu au palais
d'eau sont posés près des portes de toutes les maisons,
cette
les balcons, excite
calme, les derniers
vont faire visite à leurs amis et à leurs parents, et
ils
:
par une des
et à les attacher
haut des murs, entassée sur
cérémonie très usitée ce jour, sorte de purification très
accomplir une
grand nombre à Tanana-
rues sont très animées, une foule d'indigènes,
la nuit, les
revêtus de leurs plus beaux lamba, les parcourent
plis
bœufs
si
pour maîtriser l'animal épouvanté. La
sortir de chez soi, ce qui eût été fort
Jusqu'aux premières heures de
dite.
y en a un
et ses vociférations; enfin, vers cinq heures, tout se
on peut enfin
ravant. C'est à minuit,
tireront
ils
cours intérieures, accroupie sur
les
chasseurs par ses cris
et
il
d'esclaves et d'enfants cherche à s'emparer des
jambes de derrière a une longue corde sur laquelle foule,
comme
élevés,
271
basse du grand palais où nous nous grou-
la salle
grande colonne qui soutient
la
',
ce!
que
édifice
décril au
j'ai
chapitre V. Cette grande salle, où se presse une foule vraimeni considérable, offre un aspect 1res animé et très pittoresque.
Involontairement, en voyant
transporté bien loin de Madagascar,
un peu
frivole, je le
el
je
la
scène et
pense assister
à
décor que j'ai sous
le
conviens, m'a poursuivi malgré moi pendant toute
mur
face de nous, adossé au
yeux, je
les
me
crois
un opéra-comique quelconque. Celle pensée,
septentrional de la salle.se dresse
le
la
trône de
la
la
cérémonie. En
est
composé d'une
durée de reine:
il
estrade de plusieurs marches, sur laquelle esl un fauteuil doré', tapissé de velours rouge, où esl assise
Ranavalona taille
peu
III.
A
ses pieds esl conclu'' un enfant, à ses côtés se tient
élevée, a les traits
drapée dans un lamba rouge
moins délicats vif, et
sous ce lamba rouge, couleur de de
l'île,
la
et
porte sur
le
une couronne
la tête
royauté chez
plus brun que
teint
les
Antimerina
le
la
premier ministre; plupart
comme
reine, de
de ses sujets,
d'or, elle n'a pas d'autre
chez toutes
Ranavalona porte une robe rouge de coupe européenne; son maintien
la
les
est
elle
esl
ornement;
autres peuplades
grave, sa figure esl
sévère et semble pénétrée des lois/étroites de l'étiquette. Le premier ministre a un costume fantaisiste très difficile à décrire
:
sa taille est 1res serrée
dans une sorte de dolman de
salin blanc,
il
porte la
culotte courte, ses vêtements sont soutachés d'or, de grands brodequins en cuir jaune et à talons liés élevés
lui
emboîtent
recourbé, dont
le
les
chevilles,
il
manie un sabre
fourreau en cuir noir incrusté d'or pend à son côté gauche, soutenu par un énorme
baudrier doré. Rainilaiarivony, dont neur, est nerveux et agité; autant l'aspect
des bas blancs avec jarretières enrubannées;
du premier ministre
le
le
col esl orné de
maintien de
est ridicule.
la
Ranavalona
la
cravate de
commandeur delà Légion
d'hon-
reine semble digne, j'oserai dire ennuyé, autant III
me
rappelle, tant par sa personne
que par
le
—
1. Andriamifidy est un officier du palais chargé des affaires avec les étrangers. Le gouvernement antimerina, autant par gloriole que pour bien montrer que le traité de 1.S85 n'existe pas pour lui, l'appelle le ministre des affaires étrangères. C'est également pour bien montrer qu'il ne tient nul compte de ce même traité franco-malgache que ce même gouvernement antimerina a installé, à Londres et à Maurice, deux consuls MM. Paul Le Mière et Samuel Procter. Voilà dix ans que cela dure, et comme le gouvernement français n'a jamais rien fait que des protestations tout à fait platoniques, le gouvernement antimerina continue à fouler aux pieds très joyeusement les articles de ce traite, qui lui :
paraissent contraires à ses intérêts; il n'en retient qu'un qu'il proclame bien haut d'ailleurs, c'est celui par lequel, contrairement au bon sens, à la justice et à la vérité, nous avons reconnu la reine des llova comme reine de toute l'île.
VOYAGE A MADAGASCAR.
272
cadre qui l'entoure, quelque idole indienne; Rainilaiarivony n'est qu'un jeune premier d'opérette. Entre le
trône et l'espace qui nous est réservé derrière la grande colonne, ainsi que sur les deux côtés de
salle,
la
sont accroupis sur leurs talons les principaux représentants de la noblesse et des bourgeois
monde
antimerina; tout ce
enveloppé du lamba traditionnel,
est
rayures noires et bordures foncées. Pour
la
plus souvent Yarindrano, blanc à
le
cérémonie du fandroana, en
effet,
par une des rares cou-
tumes anciennes qui subsistent encore, les étoffes européennes ont été bannies, et les Antimerina s'habillent ce jour-là d'étoffes
du pays, avec
péenne, pantalon et veston, cachés,
il
lesquelles
néanmoins des vêtements de coupe euro-
font
ils
lamba arindrano. Le premier ministre
est vrai, sous des
et
quelques
grands chefs militaires font seuls exception, mais dans quelques années celte vieille coutume disparaîtra sans doute, et les Antimerina, dans leur désir d'imiter les Européens, au moins dans leurs cou-
tumes extérieures, pénétreront dans principales castes de
la salle
du bain en redingote
noblesse sont représentées
la
en chapeau haut de forme. Les
et
au nombre de
ici
six
proches parents de
1° les
:
reine; 2° les Zanak'andriamasinavalona, qui sont les descendants du chef célèbre qui conquit
o-rande partie de l'Imerina
Zazamarolahy
3' les
;
4° les
;
rent Tananarive sous la conduite d'Andrianjaka; o" les
sont issus de
Ralambo, ancien
manger! Derrière ces castes de nous
derrière
et
dans
les
groupes, les esclaves de des
Antimerina
France
et
le
:
Zafinandriandranando
;
premier que
le
noblesse sont les représentants de
la
6° les
la
plus
Zanak'Ambony, descendants des soldats qui
d'Ambohilrabiby, qui découvrit
roi
la
pri-
Zanadralambo, qui le
bœuf
était
bon
à
bourgeoisie, ce sont les Hova;
la
coins de la salle, relégués au dernier rang, sont les esclaves divisés en deux
couronne
la
Zazahova
:
Tsiarondahv, Tsimandoa, Manisotra et Makoa, et
Zazavery. Tout ce
et
monde
sur des
consul d'Angleterre sont assis
seuls le résident général
est accroupi,
coussins;
les esclaves
de
nous nous tenons debout derrière
eux.
La cérémonie commence rythmées
ce sont d'abord des paroles élogieuses pour
:
psalmodiées, sur un ton haut
et
et plaintif;
un grand nombre
d'assistants les soulignent en
cadence par de vigoureux battements de mains, puis les proches parents de des différentes castes de
noblesse, des
la
présenter une offrande avec leurs et après, le
il
a pris
des esclaves vont faire
premier ministre prononce un long discours, dans lequel
n'a garde de s'oublier.
bles et tout le il
et
monde
une mesure
s'écrie
qu'il a
tous les assistants. Ces
:
11
le
la reine, les représentants-
hasina devant la reine et lui
de longue vie et de prospérité. Cela demande plusieurs heures,
vœux
paux événements de l'année qui vient de nement,
Hova
souverain et ses aïeux,
le
s'écouler,
il
demande au peuple qui A-t-il
bien
la
reine et de son gouver-
l'écoute, sises actions sont justes et équita-
marina! izayf (c'est vrai, c'est cela).
crue équitable.
rappelle brièvement les princi-
il
louanges de
célèbre les
fait ? alors
Il
:
explique que, dans telles circonstances,
marina!
izaxj! s'écrient
d'une seule voix
commence à donner des signes non équivoques
discours sont très longs, et la reine
d'un profond ennui. Sa Majesté antimerina, sans doute pour
le
chasser, fait une ample consommation
de tabac à chiquer. Les dames d'honneur, qui connaissent son faible, s'empressent de prévenir ses
moindres
désirs, lui présentent
un vase d'argent où
crache à tous moments. Quand
elle
discours
les
sont terminés, entrent en scène de nouveaux personnages; en voyant leur défilé, mon imagination, le défilé folâtre ce soir, je ne sais pourquoi, reporte ma pensée au premier acte du Songe d'une nuit d'été :
des marmitons. Le
premier, en tricot et en
tement un tablier de cuisine,
est l'oncle
laquelle on va faire cuire le riz
costume,
ils
portent
le riz, le
de
la
de
lamba blanc, roulé autour des reins, ce qui est assez exacla reine,
il
porte une marmite aux flancs rebondis dans
nouvelle année; des nobles
et
des esclaves
le
suivent dans
le
bois, l'eau nécessaire à la préparation culinaire qui va se faire sous nos
yeux, ainsi qu'à l'apprêt du bain de Sa Majesté. Chose curieuse, tous ces gens défilent par rang de l'oncle de la reine, gros et grand, a ouvert la
une énorme
marche; un
petit enfant,
neveu de Sa
cuire
taille;
Majesté, qui portail
cuillère en bois, a clôturé le défilé.
Pendant que des chœurs chantent des cantiques de circonstance, on allume fait
même
le riz et
chef (l'oncle de
on
fait
la reine),
chauffer l'eau du bain de la reine. Je dois rendre qui avait
si
les
feux sur lesquels on
hommage
à l'habileté du
bien choisi son combustible ligneux que pendant toute l'opéra-
DE MAJUNGA A TANANARIVE.
ÉGLISE
lion, qui fui assez
longue
d'ailleurs, je ne
IE3U1TES
DES
»
273
TANAN IMVE.
pus percevoir dans
me
vaste salle où je
la
trouvais
la
moindre
sensation de fumée. C'est
dans l'angle Nord-Esl de
que
salle
la
se trouve
baignoire royale, entourée d'un rideau rouge
la
derrière lequel la reine se dissimule. Lorsque toul esl prêt,
moment,
éclate
une deuxième salve
d'artillerie qui
la
reine entre derrière
annonce dans toute
souverain. L'opération n'est pas longue. La reine ressorl bientôt
dans une corne de bœuf montée d'argenl
sainte. Elle
faille tour
,
on
lui
la
el
juste à ce
purification du
cette fois elle a quitté son lamba
rouge
apporte de l'eau du bain. Les représentants des
énumérées plushaul viennent alors
trempe ses doigts dans
lève et parcourt la salle prodigalité,
rideau
parée de quelques bijoux dan- sa robe européenne. Elle reprend place sur son trône,
et se fait voir
rentes castes
;
le
province
la
la
corne
en aspergeanl tout
en mouille leur
el
le
se présenter à ses pieds
monde
palais
et
revient sur son trône
asperge aussi, dans
pour manger
le
les
premier
La
lui
demander
diffé-
l'onction
reine, après cette opération, se
d'eau lustrale, elle montre sa bienveillance par sa
etceux qui reçoivent une bonne aspersion doivenl
du
tête.
pour
el
comme
se considérer
1res
heureux. Elle
cours, les troupes qui présentent les armes. Enfin, elle
riz,
faire
le
premier repas de
nouvelle année, le jaka.
la
moins nombreuse, ne comptait presque pas d'étrangers, on y mangeait le chacun recevait un peu de ce riz cuit au fandroana, avec du miel et un peu de bœuf
Autrefois, lorsque l'assistance,
jaka en
commun,
et
de l'année précédente, conservé dans
que la reine
et les
membres de
bain. Les indigènes
jours après
le
l'ont
le
la
la graisse.
Maintenant celle coutume
famille royale qui, avec
jaka dans leur famille
et,
le
s'est
modifiée
et
il
n'y a plus
premier ministre, prennent part au jaka du
quant aux Européens,
ils
sont conviés quelques
fandroana, au repas du jaka, par Andriamifidy, dans une maison au nord du grand
C'est là d'ailleurs le seul repas
donné aux étrangers européens par
le
gouvernement antimerina. 3.">
palais.
VOYAGE A MADAGASCAR.
274
Après sième
consommation dujaka, lefandroana
la
dernière salve d'artillerie,
et
mais non débarrassé de
Cependant
mon
et je
est terminé, la fin vient d'en être
dans plusieurs points,
tatra, qui est à
desséché
pendant
est vrai
il
moyen de
endiguer eaux,
la
faire, les rois
repiqué depuis
la
un mois de pluies
grossi par
La grande
fondation de
tor-
plaine de Betsimita-
un immense marais,
la ville,
mesure que
notamment
le
fallut
il
chercher à étendre
les cultures
sur les eaux celte vaste plaine boueuse de Betsimi-
les environs de la capitale.
grande
Ce
De
terrain, ainsi
conquis par ces grands travaux, ne
ménageant de dislance en distance des canaux
devait pas rester improductif, car, en
et firent
régime des
cette façon, suivant le
ou s'abaisser en dedans des digues, mais
rivière pouvait s'élever
les plaines voisines.
niveau
population plus nombreuse, qui venait se
la
antimerina levèrent dans leurs États des corvées extraordinaires,
fluide de cette
ne pouvait plus envahir
elle
riz
saison sèche, mais changé en étang pendant la saison des pluies, car à
la
cours de l'Ikopa dans
le
nappe
le
hautes eaux de l'Ikopa étaient souvent sensiblement plus élevées que
capitale, et à conquérir
la
Pour ce
tatatra.
et le fleuve,
de Tananarive, sentait grandir ses besoins,
fixer sur les collines
autour de
les
troi-
soirée,
plaine de Betsimitatatra est inondée en partie,
avant
était autrefois,
plaine de Betsimitatatra. Depuis, à
la
la
eaux de l'Ikopa ont débordé
de Tananarive,
l'est
époque de l'année
celle
les
plusieurs points les digues qui limitent son cours.
rompu en
rentielles, a
ma
obsession théâtrale.
saison des pluies est maintenant bien établie; dans les rizières,
la
quelques semaines montre ses pousses vigoureuses; car,
annoncée par une
rentre chez moi à deux heures du matin, content de
d'irrigation, et en
coupant de loin en loin les digues pour les alimenter, on pouvait permettre en temps opportun à l'eau de venir inonder
mois
Il
plaine qui, cultivée et arrosée avec méthode, est devenue une rizière d'une grande
Malheureusement, presque tous
lité.
riz,
la
à pleins bords, les digues, qui
les ans,
sous
ne sont que de
la
la terre
et
faire
appel à
la
la plaine, et la récolte est
le
compromise.
corvée. C'est alors que l'on peut voir Rainilaiarivony, drapé
dans son grand manteau rouge de commandement, la
rapportée, se rompent fréquemment; alors
encore en herbe, est noyé sous cette masse d'eau qui envahit
faut réparer les digues
ferti-
violence des eaux de l'Ikopa qui coulent en ces
aller sur les
digues de l'Ikopa.
Il
fait
appel à toute
population, chacun apporte sa sobika de terre, la digue est bientôt réparée.
Pendant
saison des pluies à Tananarive, c'est-à-dire pendant les mois de novembre, décembre, jan-
la
vier, février et
même
mars,
la
tombe tous
pluie
La matinée
les jours.
jour disparaît. Vers
ou dans
nord,
le
il
le ciel
s'avance peu
à peu, les
du
s'obscurcit, l'astre
heures, au sein de ces nimbus, un orage se forme, presque toujours dans
-4
l'est
roulements de tonnerre d'abord lointains deviennent plus
Tantôt ce sont de lointaines décharges
violents.
montre
est relativement belle, le soleil se
quelquefois, puis de midi à 3 heures, de gros nuages s'amoncellent,
d'artillerie,
d'autres fois on dirait que l'on arrache
violemment une cotonnade neuve; ce sont des crépitements, alors l'orage est dans toute sa force, crève sur nos tètes, la pluie tombe en larges gouttes, bientôt cataractes du ciel semblent ouvertes. Vers G heures
du
soir,
même
on ne distingue plus
sistante.
dant cinq mois, et présentent
le
et électriques se
plus souvent
dans
la capitale profiter
pour éviter l'averse du
soir.
Pendant
ces mois que
mois de juin (iiie
souvent
pluies au
et
de
même
il
le
pantalon et
Pour charmer mes que
je
vraies
il
fait très
le
loisirs
quand
elle est
petite pluie froide et per-
les
décrire.
Il
me fallait donc
et revenir à la
maison avant
à Tananarive, et alors
pendant i
heures
que pendant
les
vêlements de drap sont de rigueur,
un pardessus de demi-saison, pendant
la
et
saison des
bien établie, en décembre et janvier, on ne peut plus
veston blanc, vêtement colonial par excellence.
pendant
les
heures de pluie,
connaissais, principalement du bas peuple où
coutumes malgaches,
chaud
en pleine saison sèche,
esl nécessaire d'avoir recours à
contraire, et surtout
porter que
du malin pour sortir,
les pluies
juillet, c'est-à-dire
une
renouvellent généralement sans interruption pen-
marche que je viens de
la
je restais
les
on observe généralement une rémission,
l'averse reprend vers 11 heures; le reste de la nuit jusqu'au matin, c'est
Ces phénomènes aqueux
celles-ci,
il
les
jeux
et les
il
j'allais
souvent chez
amusements indigènes. Dans un pays
doit surtout s'attacher à fréquenter ces basses classes
:
les familles
antimerina
m'était plus facile de pénétrer et d'observer
j'ai
qu'il visite le
les
voyageur
beaucoup plus appris au rude langage des
MAJUNtiA A TANANARIVE. paysans
me
cl
des esclaves, en ne craignant pas d'entrer dans leurs cases
frotter à leurs lamba crasseux; j'ai préféré
monde de Tananarive, aux Anlimerina nobles haine et
mépris
le
même,
dont l'orgueil
A
j'ai
toujours songé aux siniic<
voyais dans
ma
jeunesse, dans les fêles de
que
je
cl la
vanité n'ont d'égales que
la
voir ces gens, en redingote, chapeau haut
de forme et souliers vernis, habillés
plus souvent malpropres, et de
franchement, leur compagnie au grand
je l'avoue
et riches,
pour nos compatriotes.
qu'ils professent
le
village.
comme
Les Anlimerina,
beaucoup
aimenl et
toutes les autres tribus de
danse,
la
des esclaves qui se livrent
l'île,
et
ce sont surtout des porteurs
le
plus volontiers en public à ce
divertissement. Pendant que les borizana dansent, tous ceux qui se trouvent dans
de
les excitent
la
voix
une romance qui villes
la
case,
cl
du
H
qui environnent
geste.
chantenl
Ils
danseurs,
les
plus souvenl
le
qu'un itinéraire entre deux grandes
n'esl
de Madagascar, p
'iidanl qu'ils
s'accompagnent de bat-
^
tements de mains rythmés à contretemps sur leurs chants.
Avec
danses
les
beaucoup
chants, les Anlimerina affectionnenl
les
cl
musique joués sur
de
les airs
Parmi ces derniers de fabrication indigène, tionné
valika, d'origine antimerina;
le
lokanga-voatavo, d'origine plutôt se
j'ai
men-
déjà
y ajouter
faul
il
betsimisaraka
;
le
lokanga
le
compose d'une calebasse creuse de forme hémisphérique
qui sert de boite sonore
que
el
une OU deux COrdes; avec tige, et
avec
les
la
une
main gauche,
une
la
la
poi-
lige rigide supportanl
doigts qui compriment
corde, sur des renflements dont cordelette
applique contre
l'on
trine; sur cette calebasse est fixée
la
instruments.
les
(in
celle
saisil
allernativemenl
la
munie, nu donne
lige esl
longueur vibratoire différente, avec
main droite on produit
son en grattant
le
la
à la
corde au moyen
d'un petit éclat de bois. Les autres amusements des Anlimesorte de jeu de
rina sont le fanorona,
dame, que
l'on
MON
joue
PI
K-\
I
avec trente-deux fèves sur une planche ou sur toute autre surface
lisse,
sur laquelle on a tracé des lignes convergentes
katra est très peu
mamely
dia
manga
connu (faire
à
Tananarive.
des bleus avec
Comme jeu
la
se tenant par la
Dans ce long séjour que très bizarre qu'oui les
je venais
de
Anlimerina pour
l'aire
le
.
chaque camp
main, cherchent à coups de pieds
porter
à
des rectangles concentriques. Le jeu du
physique,
piaule du pied
partenaires qui se divisent en deux camps;
cl
à Tananarive,
les
Antimerina oui ce
se
compose de cinq ou
le
désordre dans
il
me
fut
ville esl
jours de marche. Enoncer qu'une famille a douze enfants, c'est dire qu'elle esl
sion
aux douze
rois de l'Imerina el
vue géographique, tions et
j'ai
instruits
patientes,
que j'interrogeais à ce
les autres, les avis étaient
adverse.
éloignée, on
1
la dit
affection à
douze
1res nombreuse. L'Antime-
ne prononce pas un kabary public sans faire allu-
il
les
noms de
ces douze collines sacrées,
m'a élé impossible de réunir
sujet,
les
suivantes
hidratrimo, Ambohidrapeto, Alasora,
("es
m'en nommaient bien sept ou
partagés, on se perdait dans
généralement nommées étaient
camp
aux douze montagnes sainlesqui environnent Tananarive. Au point de
voulu connaître
mes recherches
On
le
jeunes gens, qui,
six
donné d'observer encore
nombre douze; quand une
rina trouve maintes occasions de placer son douze.
appellent
qu'ils
Le plus souvent, ce jeu exige de nombreux
:
Ilal'y,
le
cl,
malgré mes investiga-
douze montagnes. Les Anlimerina huit, toujours les
domaine de
la
mêmes; pour
fantaisie. Les collines
les
les
plus
Ambohitrabiby, Ambohimanga, Namehana, Anibo-
Ambohimanambola,
cl
Ambohimanjaka.
VOYAGE
276
Cependant, à mesure que de continuer et
la série
nous avions vu
explorations en visitant la vallée inférieure
jours s'écoulaient, je voyais, avec
les
le lac
et
mes
forces, renaître
le
pays des Antsihanaka,
jusqu'au rivage de
la
mer
comme
et
Nous
avions pu
même
Il
nous
la
question
la
l'île
plus importante est celle des et
si
une grande
hommes
nous
de Tananarive, fallut
nos bagages nous avaient
qui nous avaient accompagnés, bien
partie voulait bien
nous conduire jusqu'à Fiana-
ranlsoa,nous n'avions plus que neuf borizanà qui voulussent nous suivre dans
il
Sud de
restait à voirie
nous servir souvent de nos filanjana, ce qui nous avait permis
peu consentaient à nous accompagner;
Fort-Dauphin;
les
Eoucartde son côté avait descendu
des Indes.
partout ailleurs du reste,
de parcourir de plus grandes distances. Parmi tous ces
appelions nos
l'île,
à l'Ouest les grandes contrées sakalava. Maistre avait complété ses
porteurs. Jusqu'à présent nous en avions toujours trouvé suffisamment,
fidèles
de
visité, à l'Est
méridionale de Madagascar que nous voulions visiter pendant l'année 1890. Dans
ces voyages à Madagascar,
toujours suivis.
un désir impérieux
moi, étions maintenant en bonne santé,
pays des Antimerina, puis nous avions
Alaotra et
du Mangoro
et
des pays nouveaux. Dans cette année de 1889 qui venait de
aller visiter
très en détail le
Nord
tribus belsimisaraka, au
et c'était cette partie
MADAGASCAR.
de mes voyages à Madagascar; Maistre
nous nous apprêtions à
s'écouler,
A
le
Sud,
donc chercher d'autres moyens de transport. En cherchant bien,
un petit cheval et un mulet, triste
('-pave
de noire expédition de 1885,
Tananarive; Maistre el moi nous passons je dois le reconnaître, avaient
que nous
c'était ce
nous ne trouvions personne pour nous accompagner jusqu'à
el
le
el
je trouve
qui avaient été amenés jusqu'à
mois de janvier à parfaire l'éducation de nos montures
beaucoup perdu de leur aptitude naturelle sous
qui,
la direction de leurs anciens
maîtres.
Vers
la fin
de mars, nous avions terminé tous nos préparatifs pour notre prochaine campagne,
et le
samedi 22, nous partions de Tananarive faisant roule pour Fianarantsoa. Nous partions pleins d'espoir, et je dois dire d'ores et déjà qu'il n'a pas été déçu. Car,
elles privations ont été pénibles quelquefois,
si
si,
pendant cette campagne du Sud,
noire santé alrop souvent laissé à désirer;
les fatigues si,
enfin, les
tracasseries el les attaques des populations ont mis maintes fois notre patience à l'épreuve el nous ont
causé à différentes reprises de graves embarras, nous avons été largement dédommagés par je dirai
même
par l'heureuse chance qui nous a constamment favorisés. Nous avons en
point par point, l'itinéraire que nous nous étions tracé à travers des contrées inconnues
fermées à tout Européen.
POHTK DE KINAJV.
effet el
le
succès,
accompli,
jusqu'alors
..
•**Wf9?*aP VILLAGE D AI.AK AM1SY.
CHAPITRE X —
— —
Départ de Tananarive.— Traversée de l'Ikopa. Antanjombato. Le marché de Sabotsy. — Traversée de l'Andromba. An village de Behenzy. Âmbohimanjaka. Ankisatra. Ambodiflakarana. - Traversée du Mania, Alarobia. — Ambositra. — Pierres levées betsileo. — Ambohinamboarina. Arrivée Fianarantsoa. — Division de la province. — industrie îles lamba. — Excursions à [fandana. — Excursions dans le pays tanala el à Ambondrombe. — Peuplade tanala. Ville d'Ikongo. — Préparatifs de voyage dans le Sud. Recrutement des porteurs, leur solde. — Départ de
—
—
—
—
—
—
;
.
i
-
Pianarantsoa.
L
e
samedi 22 murs, au matin, je quitte route vers
avec
le
Sud. Maistre
la
parti depuis quatre jours,
est déjà
plus gros de uotre matériel,
lui le
capitale des Antimerina, Taisant
le
cheval
et le
nous avons fondé de grandes espérances pour nus voyages
Nous descendons sur
la
emmenant
mulet sur lesquels ultérieurs.
place de Mahamasina, que nous
traversons
dans toute sa longueur, puis nous passons
d:uis le défilé qui sépare la
montagne
d'Ambohizanahary. Au sud
sainte
du rova royal de
la
colline
de cette colline, sur une terrasse construite sous s'élève le palais de
le
règne de
Radama
I
er ,
Soanierana. Cette vaste construction en bois servait
naguère de résidence d'été au souverain antimerina. Mon convoi a déjà dépassé- les rizières
el
faubourgsde
les
la
capitale, nous
marchons maintenant dans
les
plaines cultivées qui s'étendent en pentes douces de ce côté
de Tananarive jusqu'au bord de l'Ikopa. Le fleuve, qui en cet endroit à cette
époque de l'année mesure environ 70 mètres de
large, roule
eaux rapides, qui viennent se briser devant nous contre coiri'um:
pierres sèches d'un pont jeté là sous
nersiLiio
tien, les
piles qui
ésistent encore, par
lanles cl des branches tique.
arches se sont écroulées,
un miracle d'équilibre ou par
mal assemblées sur lesquelles
il
la
et
les piles
et
ses
en
un règne précédent. Faute d'entreon a posé tout simplement sur les
force de l'habitude, des poutres bran-
nous faut passer en faisant force gymnas-
VOYAGE
278
De
du
l'autre côté
un gros
fleuve, c'est
MADAGASCAR.
A
village de 200 cases
Antanjorabato
:
maisons rouges en pisé ou en briques crues, semblables d'ailleurs à toutes
vaste agglomération de
;
celles qui
environnent
la
capitale.
Au
du
delà
nous retrouvons de suite l'aspect général de
village,
la
province des Antimcrina; aupara-
vant, nous avions, en quittant les faubourgs de Tananarivc, traversé des
champs
cultivés et les jardins
qui environnent de toute pari la capitale; après Antanjombato, nous ne trouvons plus que quelques
au fond des vallées ou de
rizières
champs de manioc sur
petits
les
bords de
dénudée des Antimerina, toujours
aussi loin que la vue peut s'étendre, c'est toujours la désolation de la zone le
même
paysage, une succession sans
fin
de mamelons
et
de collines aux croupes arrondies dont
commence
rougeàtre n'est pas toujours caché par un maigre gazon qui
gauche
et loin
devant nous se profile
éloignée dont les
massif de l'Ankaratra, sur
le
sommets s'estompent dans
la
brume;
elle
route; partout ailleurs et
la
sépare
déjà à se dessécher. Sur
la
une chaîne beaucoup plus
la droite est le
le sol
bassin de l'Ikopa des grands bassins
côtiers de l'Est.
Nous
voici
maintenant à l'entrée d'une large
marché de Sabotsy. Nous traversons les produits
de
Tananarivc; au marché de Sabotsy,
fond de cette vallée
le
Nous sommes dans
lie;
il
nous
les
un des plus animés de l'Imerina;
champs. Le terrain
est impossible
cours sont beaucoup plus bas, car
le
village
pour assurer
les rizières cl,
de suivre la
deux
la fructification
est détrempé.
du
on a
riz,
marchandises ne s'écou-
gauche de
roule est très mauvaise.
la
laissé
une pirogue qui nous
cl
depuis plus d'un mois ramol-
l'argile
facilite la traversée.
de granité. Nous longeons ainsi pendant un temps assez considérable
celle
la vallée,
assez délicate, car
dans l'Ouest. Mes
ici
vers l'Ouest .s'élève
mont Iaranandriana en quelques heures nous sommes sur ;
époque de l'année, ce cours d'eau coule à pleins bords, son
soixante mètres de largeur, sa profondeur dépasse de beaucoup nulle embarcation, et pour trouve:'
hommes
la taille
un gué
lit
les rives
de l'An-
torrentueux a au moins
humaine. La traversée
me
semble
nous faudrait remonter bien
il
loin
et ils se font fort de me faire traverser autrement qu'à la me rassure, non pas que je craigne pour moi un peu de natapour mon chronomètre, mes plaques de photographie, mes muni-
nage
ont bon espoir
cours d'eau. Cette perspective
mais
j'ai
tions, tout
de vives appréhensions
mon
matériel en un
mot qui
se montrerait rebelle, j'en suis sur, à ce genre d'exercice.
Quelques-uns de mes porteurs qui ont traversé l'Andromba à sary faire une ample provision de [tories de zozoro. laire qui comporte plusieurs variétés. cl (in les enfile
Ou
Le
de plusieurs baguettes de bois dur.
ouvertures de leurs cases, à
les
la
nage vont au
village voisin
Amboa-
zozoro (Cyperus sequalis) est un roseau triangu-
dispose à cùlé les uns des autres une centaine de ces roseaux île
de haut sur 80 centimètres de large environ; ces claie les
l'on
de terre qui séparent les champs; ces petites digues ont été
les levée-
mass;> imposante du
tion,
que
violence dss eaux. C'est maintenant une rivière au cours rapide qui-
la
pareil
c'est là
Nous marchons, nous enfonçons daus
versant Est delà vallée de l'Andromba;en face de nous.de l'autre côté de
un
tous
grand marché de
petits ruisseaux affluents de
le
A
le
c'est le
:
offrir
Fisahoa. nous nous élevons davantage et nous cheminons maintenant sur un terrain par-
semé de gros blocs de gneiss
dromba.
Zoma,
si les
d'Amboanzobe. Maintenant
route, le Fisahoa; heureusement, nous trouvons
la
Au sud du
animée
et
marchands qui veulent nous
perdues, surtout les objets d'une difficile conservation.
gauche
coupées en maints endroits par barre
est
ïlO mètres), nous traversons
1
!
l'Ikopa et nous laissons sur la
l'eau envahir les
Devant nous une scène vive
toutes les marchandises qui n'ont pu être vendus au
et
laient, elles risqueraient fort d'être
Dans
vallée.
foule et passons près des
marché de Sabotsy
province. Ce
la
porte tous les objets
la
couvrir
même
façon à en former une sorte de claie de
1
m. "0
en roseaux servent aux Antimerina à boucher
quelquefois
et
à remplacer en
un mot dans une
foule de circonstances les planches qui, dans ce pays déboisé, se vendent très cher. Ces zozoro ont
encore
uni'
autre propriété
volume considérable,
ils
:
grâce à leur oonsistance spongieuse
flottent parfaitement sur l'eau en portant
teurs connaissaient parfaitement
ou six
(le
ces portes de zozoro,
ils
et
à leur légèreté relative sous
même un
un
poids assez fort. Mes por-
celle particularité; aussi, en plaçant l'une au-dessus de l'autre cinq
me
cônfectionnenl un radeau improvisé sur lequel, couché tout de
mon
%
DE TANANARIVE A FIANARANTSOA. mes
long, et maintenant
ments
mes
et
279
instru-
objets les plus pré-
bord,
sur l'autre
cieux, j'arrive
sain, sec et sauf, poussé par une
demi-douzaine
na-
d'excellents
geurs.
Reprenant notre roule au sud
l'Andromba,
de
dépassons Amboasary arrivons
bientôt
nous
et
nous
après
au
village
de Rehenzy, où
s'arrête
pour passer
la
l'on
nuit.
Le village de Rehenzy, qui
compte AO cases environ, n'esl pas
sans m'olïrir
ressources à
me
j'y
'et
quelques
je n'aurais pas
plaindre du séjour «pie
fis,
si
je
retrouvais
n'y
PALAIS
d'anciens ennemis minuscules
nt:
SOAKIf
li
\n
\.
mais voraces, aux morsures douloureuses. Les puces, fort nombreuses
innombrables. Si
éminemment humides, sileo
le
fira
littoral el
même du
territoire d'élection des puces, car
les favoriser,
intensité.
contrées chaudes du
Madagascar, se rencontrenl sur le plateau central en légions surtout
des grands fleuves de l'Ouest seul
les vallées
favorables à l'éclosion des moustiques que l'on trouveen foule dans ces régions chaudes
régions tempérées, froides
les
sont
les
à
mais
la saleté
plateau central dans
là,
non seulement
les
le
pays des Antimerina
est
el
conditions climatériques semblent
des habitants, leur genre d'habitation, donnent
Le nombre de ces insectes
à leur
élevage une grande
vraiment incroyable; pour en donner une faible idée,
de dire que lorsqu'on entre dans une case
el
des Bet-
me
du plus beau
noir.
L'étape que nous venions de faire depuis Tananarive, sans être une marche forcée, nous avait franchir néanmoins une dislance assez considérable. Celle longue
suf-
couleur claire, celle
antimerina avec un pantalon de
partie indispensable de nos vêtements européens de\ ienl en peu d'instants
il
marche m'avait permis de
encore une fois une remarque notée bien souvent dans mes voyages antérieurs. En
effet,
toutes
l'ail
refaire les fois
que cela m'avait paru utile, je m'étais astreint dans mes marches à Madagascar à pousser devant moi mes porteurs de bagages el à former toujours l'arrière-garde de mon petit convoi; je me suis toujours conformé
à celle règle aussi bien
voyages antérieurs, sur
le
dans mes explorai ions
à travers la
grande
africaine
ile
tous les cas très avantageuse au voyageur, car sa présence à l'arrière-garde de
dans bien des circonstances son matériel; relative
— comme c'est le cas
tous ses
hommes
el.
il
en arrivant au
campement il
—
il
pourra surtout activer
choisi, les trouver Ions
pourra prendre immédiatement
groupés autour de les
ne s'occupanl que de sa propre personne,
quelconque, bêle de somme, chaise à porteurs (comme
de
la
le
avec leurs
voyageur prend
ne demande, par un le
marche de
la tète
de
mode de locomotion
cas à Madagascar), ou à pied tout sim-
plus rapidement possible, son convoi s'allonge indéfiniment; à
la
colonne, toule surveillance devient impossible, car dans ces pays on ne peut s'en remet Ire
à
plement, qu'à faire des kilomètres fin
il
c'est
la
lui
objets qui lui sont nécessaires
pour sa nourriture, son coucher ou pour tout autre motif. Si, au contraire, si,
son convoi protégera
pourra veiller sur ses bagages dans ces pays de sécurité
général des pays qu'on explore,
charges respectives, dans lesquelles
sa colonne,
que dans mes
continent américain notamment. Celle façon de procéder sera dans presque
personne du soin de paresseux;
les
veiller à
le
son matériel
:
bientôt des porteurs de bagages s'arrêtent, ce sont
les plus
plus diligents se fatiguent bien vile à rattraper les dislances qu'ont perdues leurs mauvais
;
A MADAGASCAR.
VOYAGE
280
compagnons,
monde
tout ce
du
fatigue à l'étape
soir,
il
s'égrène peu à peu sur la route
et,
lorsque
le
voyageur arrive harassé de
doit attendre pendant de longues heures ses bagages,
les retardataires et
Au milieu de la nuit seulement quelques provisions m'arrivent pour au moment de repartir, j'entre en possession de mon lit.
leurs charges. C'est ce qui eut lieu.
mon
repas du soir, et vers l'aube,
Le dimanche 23 mars,
Deux heures
je continue
Antimerina, qui m'avait
si
immédiat de de patience
moment
je retrouve tout
à
mètres d'altitude), nous arrivons au
vil-
l'aspect désolé de cette province des
l'ail
mon premier voyage au mois
d'avril
de l'année der-
Tananarive, nous avions traversé cette zone tout aussi dénudée, tout
celle qui s'étend
la capitale, nourrit
et
Dans
vince.
et
heures du matin dans cette contrée de l'Imerina.
7
vivement frappé lors de
Entre Ambohiinanjaka
aussi infertile que
route dès
petits ruisseaux (1 320
après, ayant traversé deux
lage d'Ambohimanjaka. Dès ce
nière.
ma
devant nous bien loin dans
le
Sud, mais qui, située dans
une population relativement dense dont
le
voisinage
l'industrie et le travail à force
de soins ont pu donner à celle région un aspect moins pauvre que celui du reste de
cette sorte de banlieue de la capitale,
si
j'ose
m'exprimer
la pro-
de
ainsi, toutes les parcelles
rain susceptibles d'une culture quelconque ont été utilisées; maintenant,
il
même,
n'en sera plus de
ter-
et à
part les profondes vallées dans le fond desquelles se sont déposées des alluvions riches formées d'un
humus
même
sur un
noirâtre
qui sont disposées en rizières, partout ailleurs l'œil ne se reposera sur rien, pas
et
arbuste rabougri. Les mamelons se succèdent devant nous; ces croupes arrondies disposées sans ordre
nous sembleront toujours
les
ondes puissantes d'une mer sans
Au sud d'Ambohimanjaka, nous bilana, puis vers
Dans
du
l'étape
soir
plus important est l'Andriam-
Ambatolampy.
Nous cheminons ensuite sur un
la rivière
pirogues deux autres rivières, le
le
1
700 mètres
vaste plateau sur lequel, à quelques kilomètres à notre gauche, il
nous faut encore traverser en
Sur
Kelilalina et l'Ankajomenahavahata.
hameau de Maromoka
satra, avant d'arriver à la nuit au village
passé deux journées entières dans ce
en sortant
et
du même nom. Là nous sommes par
viennent mourir les derniers contreforts du massif de l'Ankaratra, puis
cours d'eau se trouve
le
solidifiées.
nous trouvons, à une heure de marche de ce dernier village, Iazolava,
de ce hameau, nous traversons en pirogues d'altitude.
miraculeusement
traversons plusieurs ruisseaux dont
milieu du jour nous nous arrêtons à
le
fin,
et
un peu plus
loin
du même nom. Aous sommes
même
village,
les
bords de ce dernier'
nous faut encore traverser
il
ici
en pays connu
et
au commencement de l'année dernière
l'Anki-
nous avons
(4 mai),
dans
notre voyage à travers la province de l'Imerina.
Le lundi 23 mars, une heure après village
nous traversons en pirogues
départ d'Ankisatra, nous passons à Begoaka, puis au sortir du
le
la rivière l'Onive, principal affluent
bord sont édifiées quelques cases qui forment
une
une ligne de
vers le Sud, nous descendons flancs rapides
sinueuse, et
faîtes. Elle est très
comme
à gm''
loin
hameau
c'est
encore
nous suivons pour un
notre route se dirige presque en ligne droite
constamment dans de profondes
vallées,
Au
pour nous hisser péniblement sur un nouveau sommet.
nous traversons
de droite du Mangoro; sur l'antre
d'Antanety; au sud de ce
nous faut traverser en pirogues. Plus
rivière importante, le Tanifotsy, qu'il
instant
le village
nous remontons ensuite
leurs
fond de chacune de ces vallées
des ruisseaux souvent considérables qui vont, tantôt à droite, grossir un fleuve du
canal de Mozambique, ou qui descendent vers la gauche, tributaires d'un cours d'eau qui se jette dans l'océan Indien.
Chemin
pona
Ambatomena
(9 cases),
retrouve encore village
que
le
même
j'ai visité
ma
en continuant
faisant,
gîte
nous avons trouvé plusieurs villages
(18 cases
que
.
Au coucher du
dans mes voyages antérieurs
route, je serai en pays
province des Betsileo. Soandrarina est en
nous sommes à Il
est à
1
12 cases), Betam-
nous nous arrêtons à Soandrarina où
et
que
je vais retrouver sur ce
est le
chemin du Sud. Demain,
nouveau pour moi, m'approchant de plus en plus
effet situé
sur
les
je
dernier
île la
confins méridionaux du pays des Antimerina.
quitté Soandrarina, nous
passons au village de Talikiatsaka
970 mètres d'altitude.
remarquer que
raie nord-sud
Ambalomainty
occupé quelques mois auparavant. Soandrarina,
j'avais
Le jour suivant, une heure après avoir
soleil,
:
cette route qui va de
du plateau central de l'île,
Tananarive à Fianaranlsoa, en suivant
est assez belle.
Dans
cette contrée
la direction
on trouve, recouvrant
généj
l'argile
DE TANANARIVE A FIANARANTSOA. rouge, une couche assez épaisse d'humus noirâtre qui semble assez
de maïs que nous voyons tout autour de nous. Le maïs paraît être
culture la
de Ranomainty. Depuis notre départ de Soan-
traversons peu après les deux villages de Sahanivôtry
et
drarina nous n'avons pas rencontré une seule rizière.
Il
semble que sur cette partie
central le riz ne puisse être cultivé, mais par contre
il
y a de
de manioc. De l'endroit où nous nous trouvons
tueux
le
semble plus limitée,
si
I
ruine
tentrionale de
l'île,
n'esl pas,
davantage
n'affecte pas
la
sensiblement nord
el
sud,
derrière nous s'élève majes-
:
grandes plaines du pays sakalava qui
rimes boisées de
les
toul le
le
croire, constitué' par
grande
[tasser
esl
qui vient s'appuyer généralement du côté
le
partie nord,
la
dans
Ce massif
le
il
L'ouest en l'englobant quel-
'le
exhaussement longitudinal de :
sol,
qui a une direction
sol
n'a
l'île
pas un niveau
niveau supérieur semble correspondre à
la partie
du
province des Bet-
la
pays des A.ntankara,quese trouve le niveau inférieur.
le
qui,
sommets plus ou moins
les
formé au contraire par une élévation du
y a trois étages nettement déterminés
dans
île.
un seul exhaussement du
forme d'une longue chaîne de montagnes dont
el
vue
la
chaîne de
sud, s'étend du 22 parallèle sud presque jusqu'à l'extrémité sep-
ou pourraîl
11
la
nord du pays betsileo apparaît à nos yeux. Cela lient
central, ossature principale de la
massif centra] situé dans la province des Antimerina ; le niveau moyen comprend sileo; c'est
patates et
grande plaine du Mangoro, par contre, devant nous, nous
ligne de partage des eaux. Cet
la
les
jolie
du plateau
e
el
comme
aplatis viendraient le constituer.
quefois sur
la
du massif
très curieuse
suivant une direction générale nord
il
vraiment très
nous ne distinguons de ce côté qu'avec peine
découvrons une immense contrée, presque
une disposition
très élevée
nombreux champs de maïs, de
premiers contreforts du plateau que nous longeons. Si à gauche
les
partage des eaux derrière laquelle se
moyen;
est
massif de l'Ankaratra, à droite nous pouvons voir
viennent s'appuyer sur
à
vue
la
nombreux champs plus répandue. Nous
d'après les
fertile
ici la
281
Il
existe,
pour
du niveau supérieur au niveau moyen dans le Sud, et du niveau supérieur au niveau inférieur dans
Nord, des dénivellations brusques. Ces montées remarquables, marches gigantesques, ont été dénom-
mées par
les indigènes.
Dans
Nord,
le
le
c'est
précipice de Mandrilsara
;
dans
le
Sud,
c'est la
grande
montée d'Ambodiliakaraiia. faut encore noter que les principales roches constituantes que l'on trouve sur le plateau central
Il
semblent cantonnées dans chacune de ces parties qui ne présentent en général pas du tout
mais qui
assises rocheuses,
Nous commençons
La roule
à descendre.
en une demi-heure à Ambodifiakarana ration betsileo
est belle,
ce village, qui la
d'arriver
au
mêmes
nous faisons beaucoup de chemin. Nous arrivons
compte 80 cases environ,
limite méridionale
en ±1 minutes, nous
el,
mes porteurs, pressés Le
;
que nous rencontrons. A
pays des Antimerina
les
au contraire des variétés nettement tranchées.
offrent
mètres;
esl
il
quitté le
juste de dire que
avec une allure inquiétante.
compte une cinquantaine de cases environ,
village d' Ambodifiakarana, qui
première agglomé-
du plateau supérieur, nous avons
sommes descendus de 530
village, ont dévalé la côte
est la
important que nous ayons rencontré depuis notre dé-part de Tananarive.
II
est le centre le plus
faut aussi
remarquer que
les
environs de ce premier village betsileo qui se présentent à nous sont bien cultivés. J'y trouve presque toutes les cultures de l'Imerina
Parmi toutes
les tribus
que
cl
de
fort
belles rizières.
j'avais visitées jusqu'alors, sans contredit les
première place cou une cultivateurs, mais dès maintenant celle observation)
il
me
Ce
Os
de lorrain
suite de
mon
Antimerina occupaient
la
voyage ne pourra que confirmer
faut reconnaître qui' les Betsileo peuvent leur disputer sérieusement cette pre-
mière place. Je n'avais pas encore vu peli le parcelle
el la
esl utilisée, ce
village d' Ambodifiakarana esl
comme
à
Ambodifiakarana des
rizières
si
bien aménagées;
la
plus
qui esl absolument en dehors des habitudes indigènes à Madagascar.
absolument comparable, semblable
même aux
villages antimerina.
habitants, des Betsileo dont je parlerai plus longuement dans les pages suivantes, n'offrent d'ailleurs
que des différences
Dans
très
l'après-midi,
minimes avec leurs voisins du Nord
les
Antimerina.
une étape moyenne nous conduit au village d'Alakamisy. La roule suit pendant
la
dernière partie du jour h côté ouest d'une rivière (pie nous avons traversée en sortant d 'Ambodifiakarana 1
et
nommée Mahazina. 36
VOYAGE A MADAGASCAR.
282
Alakamisy
est le
nom donné
composé de deux agglomérations de maisons
à un village
mètres environ l'une de
l'autre, elles sont d'ailleurs séparées
nous voyons dans
Nous traversons sans nous y
reçu
le
nom
l'Est.
de Alakamisy Avaratra,
situées à 2 kilo-
par un contrefort élevé du mont Kiroka que
arrêter la première agglomération de maisons qui a
nous poussons jusqu'à Alakamisy Atsimo, où nous allons passer
et
la
nuit.
Le mercredi 27 mars, une heure après avoir
Alakamisy Atsimo, nous traversons à gué une
quitté
assez importante, l'Ambohimatiaty, puis continuant notre chemin nous traversons un pauvre
A
d'une dizaine de cases, lvaha.
quelque distance au sud de ce
d'un cours d'eau considérable, c'est
le
Mania. Xous
sommes
ici
par 1330 mètres d'altitude.
fleuve; ce sont des tas de pierres assez rapprochées jetées
dans
le
le
Il
se jette clans le canal de lorsqu'il a reçu
le
nom
courant
et
le
sur lesquels reposent des utilité.
Le
de Bctsiriry, devient un des plus grands fleuves de Madagascar;
Moçambique par
son grand affluent de droite
Quelques minutes après avoir franchi
le
il
plusieurs embouchures, et porte dans les régions littorales, le
Kitsambv ou Mahajilo (dont nous avons traversé
supérieur dans notre voyage de l'Imerina non loin de Betafo),
le
nom
cours
le
de Tsiribihina.
Mania, nous passons au village d'Amoromania. Plus au sud
nous traversons encore à gué un affluent du Mania, la
y a déjà
Sud, on a construit un pont sur
madriers grossièrement équarris. Ce pont tout rudimentaire nous est néanmoins d'une grande
Mania, qui porte plus à l'Ouest
hameau
nous arrivons au bord
petit village,
longtemps que, pour un voyage d'un souverain des Antimerina dans
rivière
c'est le
Sandrandra. Puis, suivant une belle
vallée,
A
route serpente sur les levées étroites d'innombrables rizières. C'est encore un passage délicat.
onze heures, nous arrivons à un assez beau village instants.
Au
sud d'Alarobia,
le
Alarobia-Sandrandra, où nous nous arrêtons quelques
:
chemin devient caillouteux, ce sont toujours des mamelons gazonnés,
nombreux
toujours des montées et des descentes, nous traversons de assez fortes.
A deux heures,
nous laissons à 200 mètres sur notre droite
plusieurs maisons en bois aux toits aigus,
vement
très anciennes.
Sur
le
comme j'en
plateau central en
ai
village d'Iary.
même
Ce village compte
déjà vu dans l'Imerina et qui doivent être relati-
chez
effet,
le
ruisseaux, des rivières
Antimerina
les
et
chez
les Betsileo, les
con-
structions d'une certaine importance étaient toutes faites en bois; mais depuis une trentaine d'années les
matériaux ligneux étant devenus
très rares
dans
les parties centrales
continus des forêts, du côté de l'Est principalement, l'argile plastique qui
forme entre
les
les
rochers dénudés
ont appris bientôt à se servir de briques crues; pendant
de
l'île,
par suite des défrichements
indigènes ont adopté pour leurs constructions
le sol
de leur pays; suivant
mon voyage
enfin,
de briques cuites. Malheureusement ces derniers matériaux coûtent relativement central, par suite de l'absence complète de voies de le
de chaux dans
l'herbe desséchée.
j'ai
il
n'y faut pas songer,
Ces maisons en bois d'Iary se trouvent presque toutes groupées au centre du
il
y a beaucoup de culture, tout nous
lequel la ville
nous sommes
:
en
rares.
au sommet d'un
que nous traversons, ce sont toujours de :
n'y a pas
extrêmement
village,
prévoir les approches d'un gros village
il
effet,
belles rizières.
du sommet sur
maintenant, nous voyons au milieu d'une grande vallée qui s'ouvre devant nos yeux
d'Ambositra encore une dernière descente et nous y faisons notre entrée.
Le gros
;
pour Madagascar, compte plus de deux cents cases. On y convient de citer parmi celles-ci le rova, demeure du gouverneur de
village d'Ambositra, véritable ville
trouve des maisons assez belles, et la
fait
vallée
ils
à se servir
dû, sur ces hauts plateaux, faire cuire
Quant aux matériaux rocheux,
Dans le fond de chaque
progrès,
Sur le plateau
fort cher.
ces pays de sol primaire, les gisements accidentels de cipolin sont
petit tertre fortifié.
le
communication, il n'y a presque pas de combustibles
bois vient de très loin, la tourbe est rare, pendant deux ans
mes aliments avec de
même
on commençait déjà
il
province, entouré d'une enceinte palissadée
Doctrine chrétienne
et
et
un établissement, tout récent
des R. P. jésuites qui ont à Ambosilra,
province des Betsileo, des missions importantes. C'est dans
maison entourée de murs de armés. C'est
là le lieu d'exil
terre et
comme dans
le
d'ailleurs, des frères de la
plusieurs autres points de
la
rova d'Ambositra que s'élève une petite
gardée à vue constamment par une troupe nombreuse d'hommes
de Rainivoninahitriniony. Ce grand officier malgache est enfermé dans celte
maison depuis plus de vingt-cinq ans. Lors de
mon
passage à Ambositia, on venait de
lui
permettre
DE TANANARIVE A FIANARANTSOA*. d'avoir avec lui sa
femme
ses enfants. Rainivoninahitriniony fut, avec son frère Rainilaiarivony, le
et
premier ministre actuel, l'un des principaux assassins du
merina qui
mort
pas
n'ait
ce prince,
île
une Lasse cruauté
allié à
Radama, Rasoherina,
s'en
proclamer
fit
le
II,
l'unique souverain des Anti-
le
A
haine des Européens et surtout des Français.
la
la
femme de
la
premier ministre; mais peu de temps après son avènement,
une cruauté rare rendaient tous
une émeute à Tananarive. Ce mouvement
fut vite réprimé,
nombre qui déterminèrent
point de départ d'exécutions sans
Rasoherina
Radama
roi
chef des conjurés, Rainivoninahitriniony, en faisant monter au trône
le
ses ennemis, qu'un orgueil sans limite cl
tèrent
283
les
jours plus nombreux, ten-
mais Rainivoninahitriniony en
fit
le
sa disgrâce, et le 14 juillet 1864 la reine
remplaça par son frère Rainilaiarivony, qui occupe encore aujourd'hui
mêmes fonctions.
les
Quelque temps après, Rainivoninahitriniony voulut tenter de reprendre le pouvoir, mais ses plans furent déjoués par Rainilaiarivony
et
exilé
fut
il
dans
le
pays des Betsileo
interné dans
et
rova d'Ambo-
le
sitra.
La population de ce gros forment non seulement
rina
fonctionnaires
les
gros propriétaires d'esclaves,
marchands
île
soldats de
cl
troupeaux, de rizières,
commerçants de
et les
comporte presque autant d Anliinerina que de Betsileo
village
région, mais
la
santes.
Dans
dont, elle
la
région d'Ambositra,
n'occupe que
contre à quelques kilomètres
nord du Betsileo l'Est et
soit
la
province des Betsileo
sommet. Vers
le
les
L'Est se
trouve de suite
le
plement
comme
plus
trouve tous
prolongé
les
11
n'est
et
mon
séjour,
des plus intéres-
et
comme
pays des Tanala
le
plateau central
vers l'Ouest on ren-
donc pas étonnant que
comme
ici
;
richesse des environs d'Ambositra les lente
la
Madagascar,
partout ailleurs à
qui font une guerre continuelle aux Anliinerina. Ces indigènes sauvages et
l'on
les
cette partie
souvent visitée par de nombreux partis de fahavalo. Les provinces limitrophes de
nation anliinerina les excite
des vols
j'y ai
très resserrée,
est
premiers villages sakalava.
de l'Ouest leur offrent un abri assuré,
tent bien
Antime-
la ville.
un vaste champ d'observations nouvelles pour moi
ville m'offrait
les
:
comptent parmi
aussi parmi eux que
et c'est
Le jeudi 27 mars, nous quittons Ambositra vers onze heures du matin; parce que celle
ils
des déprédations,
maison
des brigands, opinion que
le
serait
dans l'erreur en
les
comme
les
gouvernement anliinerina
et
et la
domi-
fahavalo sont des partisans leurs
ennemis commet-
considérant purement lous
les
ennemis de
la
et
sim-
France
voudraient bien faire prévaloir.
Au sud d'Ambositra, le sol
la
argileux est ferme,
roule est toujours aussi belle, les
appellent plus
dans
la
montées
el les
descentes sont moins rapides,
gros blocs de rochers sont plus rares. A mesure que j'entre plus avant
dans cette province des Betsileo, je remarque que les
les
communément
les pierres levées, les vatotsangana, les vaiolahy,
les Betsileo, sont très
comme
fréquentes, plus nombreuses peut-être encore que
province des Anliinerina.
Deux heures après notre départ d'Ambositra. nous traversons sur un tronc d'arbre la rivière d'Ivato. ou 4 kilomètres sur notre gauche apparaît une contrée boisée, ce n'est pas la forêt proprement dite;
A3
celle contrée
correspond plus exactement à celle zone de défrichements que nous avons rencontrée
avant d'arriver à Mandrilsara. terrains découverts;
dans
rapprochent peu à peu,
Il
y a de petits
l'Est, ces
ils
isolés
d'abord par de grands espaces de
espaces dénudés diminuent insensiblement, les bouquets de bois se
se louchent bientôt et forment plus loin la
levant recouvrir d'un rideau
eaux, sur laquelle s'appuie
bouquets de bois
sombre
les
grande forêt que nous voyons au
premiers contreforts occidentaux de
le
plateau central et qui à celle hauteur sépare
—
et c'est
le
la ligne
de partage des
pays des Tanala du pays
des Relsileo.
En marchant
—
la
vers
le
Sud
uni»
observation que je ferai jusqu'à notre arrivée à Fort-Dauphin,
zone dénudée dans laquelle nous sommes se resserre de plus en plus, à mesure que nous nous
gnons de Tananarive où
elle atteint sa
plus grande largeur,
el
tant
que nous fuyons
le
éloi-
pays soumis aux
Anliinerina, celte zone artificielle de déboisements complets disparaît peu à peu, et au sud d'Ihosv,
poste militaire anliinerina îles
le
plus méridional,
brousses que nous devinons vers l'Ouest,
la
et la
zone dénudée n'existera plus; au contraire, zone des forêts que nous voyons dans
la
le
zone
l'Est, feront leur
VOYAGE
284 jonction.
Nous descendons pou
à
peu
et
MADAGASCAR.
A
au coucher du
soleil,
par
1
470 mètres d'altitude, nous arrivons au
village de Zoma, qui compte une cinquantaine de rases environ.
Là un
très
étions effet,
mon compagnon
je retrouve Maistre;
heureux voyage.
Il
s'est
a fait
depuis Tananarive, en
rendu compte par lui-même que
munis à Tananarive ne pouvaient nous être d'aucune ces pauvres animaux, malgré la bonne volonté dont
harassés de fatigue;
avaient
ils
ils
enfonçaient profondément,
et
il
Madagascar;
il
ne
borizana par des
présent, depuis
plus belle parmi toutes les pistes frayées que l'on rencontre à
la
animaux de charge.
mon
tous les passages boueux, où dans l'argile
et
concluante sur cette route fréquentée de Tananarive à
nous faudra donc quitter ces peu
Il
hommes pour nous
conduire dans
Le vendredi 28 mars, nous quittons Zoma pour l'heure,
faisaient certainement preuve, étaient
pas songer à vouloir économiser du temps cl de l'argent en remplaçant
fallait
procurer à tout prix des
somme dont nous nous dans nos voyages postérieurs. En de
leur fallait alors l'aide de plusieurs porteurs pour les aider
à se tirer des fondrières. Ainsi l'expérience était
Fianarantsoa et qui est relativement
précédant de quelques jours,
de nombreuses chutes sur les roches de granité, mais les plus
fait
graves difficultés pour eux étaient sans contredit les rizières visqueuse
utilité ils
me
les bêtes
le
utiles auxiliaires et
nous
Sud.
faire étape jusqu'à Sabotsy-Kely et Ikiangara. Jusqu'à
départ de Tananarive, j'avais marché avec une vilesse moyenne de 5 kilom. o à
maintenant nous n'irons plus qu'à une vilesse réduite de A kilom. 2 à l'heure.
peu de distance de Sabotsy-Kély, Ikiangara, nous trouvons au bord de pierres levées dont je m'empresse de faire la photographie.
A
Ces valolahy betsileo ne sont pas simplement des pierres dressées à rina.
les
Ces monolithes qui atteignent
le
roule de magnifiques
la
comme
l'état brut,
chez les Anlime-
plus souvent des dimensions considérables sont polis, bien dressés plus souvent contenus dans un cadre en bois
et le
dur de
très
la
finement sculpté; souvent même, à côté
vatolahy, on dresse
thes ont la
ici
même
comme
un madrier; ces mégali-
partout ailleurs à Madagascar
signification
que dans
province de
la
l'Imerina.
Le monument commémoratif que nous avons sous les yeux se compose de deux pierres levées
un
entre lesquelles se dresse
et
La
madrier.
fort
du côté du nord
pierre qui est
qui est la plus haute, car
mesure plus de dessus du
2
sol, est
elle
mètres
au-
lisse et polie,
forme
est parfaitement régu-
lière, les
angles supérieurs sont
sa
seulement un peu écornés, on
plaqué
sur
ses
,,..,
deux
grandes
vers l'Est et
l'aees,
l'Ouesl
,
cadre
en
sculpté,
une
avec
vers
de
sorte
bois
a
finement de
assez
symétrie, ce que je remar-
que d'autant mieux que cette
qualité
plus
souvent
les PIEÎ1RES
LEVEES AU SUD DE
S
\BOTSY.
manque dans
le
tous
ouvrages manuels des
populations malgaches.
DE TANANARIVE A FIANARANTSOA. Posé sur ces deux cadres
esl
ouest
et
du monolithe
-285
un autre encadrement, qui entoure
est
de la pierre levée et qui porte encastrées dans les madriers qui
sommet
chevilles pointues sur lesquelles n'est revêtue
d'aucun ornement,
La
fixer des offrandes.
on vient
est moins bien travaillée,
elle
pierre
et la
le
forment, de longues
le
du sud, sensiblement plus
petite,
date de sa pose est sans aucun doute
plus récente. Ces deux pierres sont en granité. Le madrier qui s'élève entre les deux monolithes est
encore plus élevé,
mesure plus de
il
mètres de haut sur 43 centimètres d'équarrissage; une coupe per-
3
sommet
pendiculaire à l'axe et jusqu'à une certaine distance de son
légèrement tronconique,
extrémité est
et la partie
un étranglement bien prononcé. Le madrier
Son
est celle d'un carré parfait.
conique se raccorde avec
la partie
quadrangulaire par
esl sculpté sur toutes ses faces; ce sont les
mêmes
dessins
qui s'élagent en quatre séries.
Ce madrier levé
même époque que
est de la
Comme
gros monolithe.
le
celui-ci d'ailleurs,
son pied
repose au centre d'un espace rectangulaire formé de dalles de gneiss grisâtres qui on! dû être apportées
de fort loin, car
Dans
il
n'en existe pas dans la contrée environnante.
l'après-midi,
nous marchons toujours sur'
rouge qui disparaît maintenant sous une
l'argile
épaisse couche de vero. Plus loin ce sont des fanoro, dans lesquels
il
nous frayer péniblement un
faut
passage. Ce petit arbuste à fleurs jaunes (Gompkocarpus fruticosus), el dont les baies cotonneuses servent aux indigènes à se fabriquer des oreillers, se trouve
A
y a quelques années par les Antimerina sur ce point de n'est pas isolé, el la
ici
en grande quantité.
cinq heures, nous arrivons à Ambohinamboiriiia. Ce village de construction récente a élé fondé
il
la
convient de remarquer que, dans loule
roule de Tananarive à l'ianaranlsoa. Ce la
celles qui
supportent
tiennent donc
race
si
de .Madagascar conquises par
les tribus le
mieux
beaucoup
voisins et
la
dure servitude que
à celle province,
semblables sous tous
si
du plateau central sont actuellement fertiles, el la
population douce
véeset sous les exactions sans
el
les
les
les rois
dans
nord de
la
el les Betsileo.
I
(pie leur font subir leurs
province, un certain
el
murmurer, écraser sous
vainqueurs. Aussi, sans parler des gouver-
des soldais relativemenl il
les cor-
nombreux
(pie les
Antimerina
y a aus^i dans presque toutes ces
nombre d'Antimerina
purement
établis à litre
villes,
Ambohinamboarina
il
n'y a
que de
cela.
En fondant
ce posle militaire, les Antimerina ont pris loul
ration importante, se trouve situé de part
occidental d'une colline élevée dont
le
et
cl
qui esl donc pour Madagascar une agglomé-
d'autre de la route, en cet endroit fort belle, sur
rova, poste militaire
proprement
dit,
occupe
Les environs du village sont particulièrement bien cultivés; à coté de toutes
du plateau central, je remarque des champs que je n'avais vus encore nulle part sont spéciaux à la province des Betsileo; on en rencontre depuis
sans interruption jusqu'à la partie méridionale de
droso que l'on en rencontre neuses,
il
le
plus. Ces
la
le
mais
ils
les cultures ordinaires
Ambohinamboarina
et ils
province. C'est dans les environs
petits haricots
à nourrir un ver à soie indigène
nommé
le feuillage
s'étendent
d'Ambohiman-
la famille
nommés ambatry
ne se livrent pas à cette culture dans ce seul but,
versant
ailleurs, et qui, je crois,
champs sont couverts d'un arbrisseau de
ou ambrevade). Les Malgaches mangent ces
le
sommet.
des légumi-
porte de petites fleurs jaunes, ses graines forment des petits haricots aplatis (c'est
arrivés à maturité, sert
le
venus fonder un village
fort,
Ambohinamboarina, qui compte une centaine de cases
hidicus
Nous
nombre de ces Antimerina, propriétaires ou marchands, à Ambositra, à
terrain environnant, l'ont distribué à plusieurs de leurs compatriotes, qui sont
au pied du
sur-
privé, sorte
de colons que les Antimerina favorisent pour tenir plus étroitement encore ces malheureux lîelsileo. avions rencontré un grand
même
régions Sud
les
plus riches de Madagascar, elles comptent aussi parmi les plus
entretiennent dans les principales agglomérations betsileo, le
son.l
leur ont imposée leurs vainqueurs. Les Antimerina
rapports que les Antimerina
neurs, des officiers civils et militaires, des juges
tout
antimerina, les populations betsileo
paisible qui les habite se laisse, sans
nombre
une large mesure.
assimilée, ce qui esl chose aisée entre gens de
ils l'ont
fait
province des Betsileo, principalement dans
partie septentrionale, les Antimerina ont multiplié leurs postes militaires dans
Parmi toules
il
le
Cajanus
lorsqu'ils sont
des ambrevades
landinamberivatry {Borocera madagascariensis), qui leur
VOYAGE
28G
donne des cocons avec lesquels
ils
font une soie lustrée
Betsileo que l'on se sert de cette soie
malgache pour
lamba de soie de
Le samedi 29 mars, dans
de belle apparence.
et
faire des
comme nous
tinés à envelopper les morts. Les Anlimerina, faire leurs
MADAGASCAR.
A
Il
n'y a
que dans
lamba rouge brun généralement
l'avons vu
le
et des-
précédemment, emploient pour
matière première qui leur vient de l'étranger.
la la
première partie de
l'étape, la route reste
toujours assez belle, mais
elle
devient fortement caillouteuse, les blocs de rochers sont plus fréquents, des émergences de gneiss et de granité soulèvent et percent en maints endroits
L'herbe
couche
la
superficielle rougeâtre de l'argile plastique.
toujours rare, en revanche on rencontre beaucoup de petits arbrisseaux à fleurs jaunes
est
nommés
par les indigènes
quentes.
A
Dans ces contrées rocheuses,
tsilolsokola.
neuf heures, nous passons à gué
Ankona,
coule en rapide, son
elle
lit
est très large
une épaisse végétation, ce sont des fourrés inextricables de bararaia
et ses bords disparaissent sous
(l'hragmites communis), ce roseau
aux
Nous sommes
dos fleuves de l'Ouest.
la rivière
les pierres levées sont très fré-
feuilles acérées, et
ici
à
1
que nous avons vu
si
souvent sur
les rives
170 mètres d'altitude. Quelques minutes après notre passage
de l'Ankona, nous arrivons à Talata Inkiala, nous faisons arrêt dans ce petit village et continuons noire roule vers
sud.
le
Nous traversons encore de nombreux
par monts et par vaux nous
fait
descendre insensiblement à
où nous nous arrêtons pour passer
Le
ruisseaux, en suivant une roule sinueuse qui
compte une cinquantaine de cases,
village d'Alarobia
1
130 mètres d'altitude, au village d'Alarobia,
et
cependant nous y voyons une grande popu-
la nuit.
lation qui semble ne pas pouvoir contenir dans les maisons du village, et qui n'est pas venue des
hameaux
voisins, m'affirment
raison,
n'habitent pas en
ils
mes porteurs;
effet
ce sont tous des habitants d'Alarobia.
au village d'Alarobia proprement
voisins. L'explication de ce fait est assez simple. les autres provinces de
pays des Betsileo,
les
l'île
et
notamment dans
dit, et ils
Dans mes précédents voyages à Madagascar, à
travers
l'Imerina, avec laquelle je comparerais le plus souvent
habitants sont cantonnés dans
îles villages,
des maisons réunies en agglomérations que l'on trouve principalement
une autre partie
(la
plus souvent
sommet d'un monticule,
le
fossés, plantes épineuses
duquel sont construites
long des routes fréquentées
le
;
ou rakeia,
la
est
Chaque
formé essentiellement d'une clôture murs :
d'argile,
un espace souvent considérable au milieu
celte clôture enserre
maison du propriétaire du vala
vala, qui
et celle
de ses esclaves. Cette disposition qui
au pays betsileo n'a pu qu'augmenter mes chances d'erreur dans les évaluations
est tout à fait spéciale
approximatives que
dans
plus grande) habite des maisons isolées et disséminées dans la campagne. Ces mai-
sons, qui s'appelleraient des fermes dans notre France, s'appellent là-bas des vala. le
le
des bourgs, des hameaux.
cette province des Betsileo, cette population des villages est en partie (la plus infime) logée
Dans
occupe
Nous avons tous
ne viennent pas des villages
j'ai
tenté de faire partout, à Madagascar, de la population.
Le dimanche 30 mars, une demi-heure après notre départ d'Alarobia, nous arrivons sur les bords du comme le Mania, que nous avons traversé plus au nord, un des grands
Malsiatra, formant lui aussi, lleuves
du versant occidental de Madagascar
passage
est à 1
090 mètres d'altitude,
:
cl à celle
le
Mangoky. Nous passons
époque de l'année
le
le
Matsiatra en pirogue. Le
mesure 80 mètres de largeur
fleuve
m. 30 de profondeur. Après la traversée du Malsiatra, nous passons encore à gué un de ses affluents l'Ibita. Nous marchons ensuite dans de belles rizières. Les cultures deviennent abondantes, sur 2
:
des vala couronnent chaque colline; à une heure, nous entrons à Fianarantsoa,
la capitale
du sud de
Madagascar.
Sans aucun
doute,"
Fianarantsoa n'occupe pas
le
deuxième rang parmi
villes
les
de Madagascar au
du nombre d'habitants. Sous ce rapport, Tamalave viendrait avant cette ville; néanmoins l'habitude de désigner Fianarantsoa comme la deuxième cité de l'île tant au point de vue de l'impor-
point de vue
on a
tance politique
Anlimerina
que urs
cl
—
elle esl
effet la
capitale des Belsileo,
celle qui a accepté, toléré, cl souffert
— qu'au point
rina dans le
en
le
la
mieux
de vue géographique; sa position en
tribu la plus les
mœurs,
fait le
centre
anciennement soumise aux
les
usages, les lois des vain-
île la
domination des Anlime-
sud du plateau central. La population totale de Fianarantsoa, en laissant de côté bien
DE TANANARIVE A FIANARANTSOA.
MAHC11E
entendu tout les
les
l'IANAUANTSOA.
— qui en
quelques villages qui L'environnent
vnffi,
Lit:
289
faubourgs
sont en quelque sorte les
habitations isolées, que l'on rencontre en grand
nombre dans
tout
le
—
el
sur-
voisinage, ne dépasse
pas G 000 habitants.
Comme c'est l'usage occupe
le
à Madagascar et principalement sur
sommet d'une
du rova antimerina, Rainiketabao,
l'i"
colline élevée.
Le
le
unes contre
les autres el qui
escaliers de granité
narive.
Le chemin
el
à pente
ne laissent entre
nous rappelaient
le
plateau central,
la
mamelon
maison
la
\ ill«'
est pris
de Fianarantsoa
par l'emplacement
spacieuse du gouverneur
assez,
père du médecin malgache qui nous avait loué sa maison à Tananarive.
Les flânes de cette colline de forme conique les
en briques crues
c'est là qu'est construite
honneur,
le
point culminant de ce
plus praticable
très
elles
exactement
douce sont couverts partout de maisons pressées que des ruelles étroites dont
partant
est celui qui,
les sinuosités et les
d'ailleurs l'aspect de certains quartiers de <\i\
pied de
colline
la
Tana-
du côté nord, monte en
suivant une direction sensiblement droite jusqu'aux portes du palais du gouverneur. Celle rue n'est que la
prolongation directe de
roule de Tananarive.
la
Lorsque venant du nord on approche de
ment toutes
les
maisons qui
se présentent
d'édifices religieux, d'églises et
a dépassé et laissé sur
premières maisons de principal
la
capitale des Betsileo
aux regards, on
est
et
que
l'on
peut distinguer bien nette-
de suile frappé du nombre considérable
de temples qui se trouvent bâtis sur ce côté nord de
gauche
la ville,
la
les
bâtiments de
on arrive de suile
à
la
Lorsque
l'on
vice-résidence de France qui sont à la limite des
l'emplacement de
coupe en deux parties à peu près égales, à
la ville.
droite,
la
mission catholique que
le
chemin
dans l'ouest par conséquent, se trouve
bâtiment occupé parles pères jésuites,
l'église lui est
emplacement assez vaste on ramassait,
lors de notre passage, des
contiguë; dans
le
le
nord, un peu plus loin, sur un
matériaux
:
les
missionnaires catholi37
VOYAGE A MADAGASCAR.
290
ques faisaient construire en
maison
dont malheureusement
En de
principale occupe le fond d'un ravin.
la partie
sud
le
grand chemin de Fianarantsoa qui
le
aux tons rougeâtres
les terrains et les bâtiments des missionnaires norvégiens dont l'église
gauche avec son clocheton aux quatre faces égales. Une
à notre
lui
secte,
face;
fait
s'en
il
s'élève bientôt sur les flancs
à droite l'emplacement du grand marché, puis ce sont successivement
on rencontre
colline,
église en pierres; de l'autre côté de la rue, se trouvent la
Doctrine chrétienne, derrière ces bâtiments s'étendent de beaux jardins
la
continuant de suivre vers
la
une grande
effet
des frères de
et l'école
trouve
église anglaise, de je ne sais quelle
une demi-douzaine
encore
se dresse
dans
de
hauts
quartiers
les
la
ville.
l'île
on parcourait des
de l'Imerina
Tamatave.
et
On
du
seulement dans
que sur
les côtes, à
des Antimerina et des Belsileo
les tribus
ont fondé des établissements. Dans tout
milliers de kilomètres sans en voir;
Belsileo,
il
ma
n'y en a, à
les
Antimerina,
plus forte
la tribu la
et
que
je n'en dirai
si
convenu en Europe de trouver
l'on est
ici,
amené
à formuler à la suite de
tiendront les
ils
importante mériterait de longs développements dans lesquels je ne puis
que quelques mots lorsque j'exposerai
entrer
et à
ne sont venus à
religion,
plus civilisée. Ces missionnaires espéreraient-ils que, après avoir converti les maîtres,
esclaves? Celte observation
le reste
connaissance, en dehors
Fort-Dauphin, à Manambondro, à Andevoranto
que ces apôtres du christianisme, sans distinction de
dirait
Madagascar que pour la
c'est
les missionnaires, français, anglais et norvégiens,
que de
remarquer à Madagascar que
est à
Il
mon voyage
à
les
conclusions générales que
j'ai été
Madagascar.
Les environs immédiats de Fianarantsoa sont encore plus mouvementés que ceux de Tananarive, ce sont des collines élevées, de gros monticules aux pentes rapides, aux
semble plus vigoureuse, des hauts plateaux
;
mieux
les rizières sont plus jolies et
mais, malgré
la
sommets rocheux. La végétation
travaillées.
dénudée
C'est toujours la zone
densité de la population chez les Belsileo,
le
défrichement de
la
contrée est moins absolu que chez leurs voisins du Nord. Dans les environs immédiats de Fianarantsoa,
on observe quelques bouquets de bois qui ont entourant
la ville.
A4
kilomètres dans l'Est se
été respectés et qui tient,
une
C'est quelque chose d'analogue au zoma de Tananarive.
de ce zoma
était
fois
par semaine,
Des
vieillards
principalement chez
les
mais continu de toutes
vendredi, un grand marché.
m'ont affirmé que l'emplacement
comme
chez
les autres
Malgaches
et
Antimerina, nous assistons, à l'époque contemporaine, à un défrichement lent
les parties
de
l'île
;
ce défrichement est d'ailleurs en raison directe de la densité de
population. Quoi qu'il en soit, ces vestiges de végétation, que nous voyons déjà aux environs de
Fianarantsoa, nous annoncent
marche vers le
le
boisé dans leur jeunesse; maintenant les premiers arbres de la forêt de l'Est sont à
plus de 60 kilomètres de Fianarantsoa. Chez les Betsileo donc,
la
couronnent plusieurs des monticules
le
la
zone des brousses dans laquelle nous entrerons en
Sud, et qui est plus rapprochée encore du côté de l'Ouest; à
trois
l'Est, c'est la
journées de
zone forestière,
pays des Tanala.
Dès notre
arrivée,
à Fianarantsoa,
nous avions reçu de
la
part de M. le docteur Besson, vice-résident de France
un accueil des plus bienveillants dont
je
ne saurais trop
le
remercier. Le docteur Besson
y a quelques années sur les ordres du résident général de Tananarive. Malheureusement remplacement a été mal choisi, peut-être est-il plus juste de habite en famille une maison spacieuse, construite
dire
que
le
gouvernement français a dû
à poids d'or. Mais à Madagascar
se contenter de ce
comme
du chemin qui
vient de Tananarive;
oriental d'une colline élevée. s'y tenir
saire
debout,
il
a
donc
La
fallu à
que
partout ailleurs c'est
gères, imitant le sage, se contente de peu.
[nés
il
le
les
la règle, et le
La résidence de Fianarantsoa terrain au milieu duquel
grands
frais
est édifiée
au nord de
maison
prononcée
y aménager des terrasses et
vendre
lui
Ministère des affaires étran-
s'élève la
déclivité de ce terrain est tellement
l'aire
est
qu'il est
sur
le
la ville,
versant
impossible de
en un mol tout
le
néces-
pour rendre celle portion de lerrain habitable.
Grâce au docteur Besson, nous trouvons à louer en dehors de
heu
Antimerina ont bien voulu
dit
Ambalolahikisoa, une maison assez spacieuse
et
très
la ville et
non
loin
de
la résidence,
suffisamment confortable. C'est
là
au
que
DE TANANARIVE A FIANARANTSOA. nous allons séjourner quelques semaines, pour attendre
Lorsque nous avions quitté Tananarive,
bonne saison semblait nettement Ce ne sont mais tous froid et
plus,
dans
les jours,
tombe une
il
la
de particulièrement curieux dans
chaude que ce
menée
redevenu beau
nous retrouvons
le
et la
mauvais temps.
mauvaise saison à Madagascar,
Bet-
le
com-
*W* »
à se faire sentir. J'avais déjà
journalières dans
Nous
la
zone des
grelottons
forêts;
et
on y
est
autres parties de
plusieurs jours
-+- 5°
si
I
hl'l
MAISONS
DES
Bl
el
surtout dans l'Est que
à s<m déclin des petites pluies sont
mais ce que je n'avais jamais éprouvé
littéralement.
ici
en
n'est
un
elles
tel
sont
degré de
somme qu'une si
peu à
mois précédents
el
dans
qu'elle nous semble rigoureuse.
A
les
cinq heures du matin,
j'ai
noté pendant
centigrades.
nos journées passent
\ile.
Nous avons beaucoup de
distractions; ce sont, ;
en compagnie du docteur
ce sont de nombreuses visites
sommes empressés de
de longues causeries avec des Betsileo dont nous nous
faire
nos amis pour
lier
nous instruire des coutumes de celle peuplade. Les travaux ne nous manquent pas non
connaissance
el
plus,
consacrer nos soins
faut
saison des
dans ces pays intertropicaux, on s'attend
Besson, des excursions très intéressantes aux environs de Pianarantsoa
il
ailleurs, c'est
mal préparé par les températures ressenties dans
l'île,
la
encore Fréquentes,
La température dont nous jouissons
Européens, mais
froidure printanière pour des
l'éprouver
!:
-«SPSr,
remarqué un peu partout
brusquement,
pluies ne se termine pas
el
était
belle.
froid vif qui
AMDATOLAHIKISOA
Ici,
Bclsileo,
le
temps
petite pluie,
journée devient
&$+
les
Ici,
dans
ce ne sont pas tant les petites pluies persistantes
à la fin de la saison
froid.
Sud.
le
les pluies avaient cessé, le
commencer.
peuple
le
matinée principalement, nous nous trouvons enveloppés d'un brouillard
la
humide; vers midi,
,Cc qu'il y a sileo,
retour des beaux jours, étudier
est vrai, les averses diluviennes qui caractérisent la
il
vent s'élève bientôt, puis
le
le
surtout nous préparer à notre prochain voyage dans
betsileo et
291
à
nos collections, prendre des noies, rédiger nos rapports
cl
surtout
nous préparer à notre grand voyage futur.
Parmi nos nouveaux amis
betsileo.
ment au courant des mœurs de
Rainimanana, qui
ses compatriotes.
D'esprit
éphémères connaissances, ses renseignements sont facultés, ses souvenirs sont sileo.
très précis et
Rainimanana nous raconte un
grâce
soir des
me semble
à lui
plus instruit, nous met rapide-
beaucoup moins borné que
très précieux;
légendes
le
son Age avancé ne
nous allons connaître et
de
vieilles histoires
à
fond
la
la
plupart de nos
lui oie rien
de ses
peuplade des Bet-
que nous trouvons d'autant
plus remarquables que, jusqu'à présent, nous avions eu une peine ('norme à en réunir quelques-unes sur le
peuple malgache.
VOYAGE A MADAGASCAR.
292
Je vais donner une de ces légendes betsileo dont la traduction française littérale offre cependant
quelques charmes malgré sa naïveté. Je crois bon aussi d'y joindre
yeux du lecteur deux échantillons de dialectes parlés
dialecte antimerina, car ces textes mettront sous les
dans
I.
la
grande
traduction en
le texte betsileo et sa
île africaine.
Texte betsileo
:
— Nihavana hoe ny akoho aminy mpanpango fah*ela,
Ka nifankatea soasoa ara Mb a ampindramo fanjaitsa :
ko rota ny lamban'ny akoho Ka dia nanao hoe taminy mpanpango i « aho hanjairako itoy lambako iloy (sady miatats'y no manao izay). Dia nomen'ny mpanpango; ko tsiveho te-he nanjaitsa igny ko vere ny fanjaitsa; nitadia ny akoho ko tsi'ela
:
;
nitsindroka ko nilsindroka ko,
akoho
:
ko avy ny mpanpango nanao hoe
tsi cla
Izao ny mitadia fa vere etato ko Isa hitako
Nadiky hoe ny mpapango ko roso mitsidigna Filoko ô
:
anadroe ro
sisa.
Dia hoe ny akoho
aho nileraka ro vakivaky
no mangaika nanao hoe
Filoko ô!
«
:
hoe
io
ny
ela
nony
Mba ampindramo
ny tongony
= Terak
tiraika tsa
:
ho
tratsa, terak'iraika tsa
ho
tratsa, fa
Ira!
mpanpango ny anak'akoho nagnare ny
filone
natao hanjairangn'i clanc rota,
./.
Traduction antimerina
nifankatia; ary
pignaogne ny zanaky ny akobo, ko nahatongane be, dia
fa dia
;
tsi ela
vakivaky tratsa vakivaky tra a
tratsa!
Izany hoe ro ihinanan'-ny
«
i
Izao ny mitadia ko andrazo velivety.
Tsa nahandry koa hoe ny mpanpango
II.
Aia ny fanjaitso? Dia hoe ny
!
Taitsa hoe ny akoho ko nanao hoe
fa iraika
«
sady mitsmdrok'amin'iz'ay ny akoho.
;
ko egn'ambony
:
:
ela,
— Nisakaiza, hono, ny akoho sy ny papango taloha, ka nifankatia dia
:
hono, rovotra ny lambany akoho (ny elany)
lambako
fanjaitra kely aho, hanjairako ity
ity
:
hoy
dia
tamy ny papango
izy
:
(sady mialatr'izy no saronany ny elany
anila).
Dia nomen'ny papango; ka vantany vao nanao hanjaitra ka very ny fanjaitra. Nitady, hono, ny akoho sady mitsindroka re! ka mitsindroka re!
—
Dia hoy ny akoho
:
Nony
ela
avy ny papango nanao hoe
Izao no mitady azy fa very eto iky ka
:
Aiza ny fanjailro?
«
no manao
hitako! (sady mitsindrok'izy
tsi
»
izany).
Tezitra, hono,
Filoko ô
!
ô
ny papango ka nanid ina; ka eny ampanidinan'izy no miantso nanao hoe
Filoko ô!
:
!
Taitra tamin'izay akoho ka nanao hoe
:
Izao mitady azy ka andraso vetivety.
Tsy naharitra intsony, hono, ny papango fa dia no faohiny ny zanaky ny akoho isan'andro mandrapandrainy ny fanjaitra; nefa tsy nahita mandrak'ankehitriny. Dia izao, hono, mba hery nataon'ny akoho Terak'iry tsy ho tratra; terak'iry tsy ho traira; izaho :
:
niteraka no vakivaky tratra! vakivaky tratra.
papango ny zanak'akoho; manary ny
Izany, hono, no nihinanan'ny
Nefa, asa
moa
fa
ny antilra no ho banga
ela
:
filony
ny akoho.
nihinanana; ary ny osy no misy somolra
andro nitcrahana; ka tsy izaho no mandainga fa toa mifanilsy samy mai'ina ireo
—
On
raconte qu'autrefois,
G. m. gros oiseau de proie) étaient
liés
d'amitié
III.
Traduction française
Inmba
(aile)
lamba
» (et
déchiré, s'adressa au
en
Le papango
même temps lui
Où
est
mon
aiguille?
papango
«
elle se
donna une
mil alors à chercher «
:
aiguille,
— Je
la
mais quand
pour cela
et
la
:
le
papango (Milvus œgyplius
un jour
la
poule, ayant son
Prèle-moi une aiguille pour coudre
«
couvrait une de ses pattes avec son
eut
elle
picola...
cherche, répondit
poule et
s'aimaient beaucoup;
en ces termes
pâmait de douleur
l'aiguille et »
»
et
la
fini
diso kely ny
:
./.
de s'en servir
picota....
poule, car je
— l'ai
elle la perdit.
Le papango survint perdue
et
ne
la
La poule
et
demanda
retrouve pas
disant cela elle continuait de picoter).
Le papango, en colère, s'envola,
cl tout
en volanl demandait
:
«
Mon
aiguille!
mon
mon
aile).
aiguille!
»
(el
se :
en
DE TANANARIVE A FIANARANTSOA
POR il nu
Ln poule, prise parla peur,
lui dit alors
Le papango ne supporta pas de
pelils
la
cela plus
poule, jusqu'à ce .pie l'on
:
«
Je
la
PIANARANTSOA.
A
liov.v
cherche, attends un peu
longtemps
lui rendît
293
el
se mil
m
».
devoir de s'emparer chaque jour des
sou aiguille, mais jusqu'ici
la
poule n'a pas encore
retrouvé l'aiguille.
Pour terminer,
même
sort! Aussi
Voilà pourquoi
poule
dit
moi qui
les
la
le
:
«
Je fais un petit
mets au monde
papango mange
Cependant, j'ignore
si
vres ont de la barbe au
les petits
les vieillards sont
menton parce
je
de
el
me la
ne puis
le
conserver! J'en
fatigue en pure perte.
poule
:
c'esl
édentés parce qu'ils
qu'il y a
que
fais
Et cela
est si vrai, ajoutait
toutes les poules J'ai dit
dans
le
Rainimanana, que depuis cette époque
du monde picotent toujours pour chercher
le
subit le
aiguille.
cl
si les
jour de leur naissance
mais
./.
papango ne cesse de
malheureuse
:
chè-
se
venger
et
aiguille. »
le
plus des Anlimerina.
que l'Anlimerina.
Il
est très sou-
assez difficile de les distinguer l'un de l'autre; cependant, d'une manière générale,
le
Betsileo a le
Le Belsileo appartient
teint
le
il
chapitre précédent que, parmi toutes les tribus de Madagascar, celle des Belsileo étad,
sous une foule de rapports, celle qui se rapprochait
vent,
la
perdu son
mangent depuis longtemps
eu une petite erreur dans
el
»
celle-ci lui a
ce n'est pas moi qui ment, car je ne fais que justifier des choses également vraies
«
un autre
très
certainement à
la
même
famille ethnique
plus noir que l'Anlimerina; ses lèvres sont plus épaisses, son nez plus aplati, ses cheveux; plus
crépus. Tout semble donc indiquer que
le
Belsileo est le produit d'un
avec un élément africain, mélange dans lequel
le
mélange d'un élément asiatique
dernier élément entre pour une part bien 'plus considé-
VOYAGE A MADAGASCAR.
29i
rable que chez l'Antimerina actuel, qui est la stature
produit d'une fusion analogue. Le Betsileo a généralement
plus forts que l'Antimerina. Les facultés intellectuelles du Betsileo
membres
plus élevée et les
le
Le Betsileo
ne semblent pas, d'une manière évidente, être inférieures à celles de son vainqueur.
doux, plus calme que l'Antimerina; malheureusement son apathie égale sa soumission, volontiers aux opérations commerciales; bien moins hardi
MAISON D'UN
VAI.A.
qu'à vivre tranquille au sein de sa famille
Le
Betsileo est surloul
tout son horizon.
Il
un paysan,
naïve ne veut pas céder, et
de sa fortune;
c'est à
de scrupules,
comme
monnaie en vendant
se
couper
les
les
ils
esl si le
On
voit
en
effet,
comme l'Antimerina
esl
il
a la bet-
son seul juge
recherché des Anlimerina
— peul
influents.
Gonséquemment,
chaque année, des familles
est très jaloux de sa propriété.
les procès.
sont tous d'ailleurs
pas
n'aspire
agglomérations; sa ferme, son valu, forme
les
cause de ces procès incessanls que soutiennent
verneur de Fianarantsoa
Comme
semble aimer
il
il
livre,
il
sur ses terres qu'il cultive avec beaucoup de soins.
dans des contestations qui ont pour objets des parcelles de
sileo se ruiner foi
et à se fixer
terres,
ne se
il
entreprenant que l'Antimerina,
BOUDIER, D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.)
n'aime pas vivre dans
aime beaucoup ses
réputation d'un chicanier,
bonne
il
DE
(DESSIN
et
est plus
terrains. il
y perd
les Betsileo,
Dans ce
se l'aire environ
posle,
Le Betsileo dans sa la
plus grande partie
que
le
posle de gou-
un gouverneur
— dénué
300 000 francs de renie de noire
ses arrêts.
Anlimerina,
les Betsileo on!
cheveux courts. Les femmes
adopté pour
les
hommes
depuis quelques années
les portent tressés artistement, elles oui
le
talent
la
mode de
de donner
à
leurs chevelures toutes espèces de formes. Tête nue, on les croirait coiffées d'un bonnel de dentelle. Chez les Betsileo, le
Dans
le
costume
esl le
même
courant de cet ouvrage,
que chez
j'ai
les
Anlimerina.
déjà eu l'occasion de parler plusieurs fois de quelques coutumes
spéciales à la tribu des Anlimerina. Je retrouve presque loules ces
coutumes
ici; je
ne signalerai donc
.
DE TANANARIVE A FIANARANTSOA. que
celles qui
me
295
semblent spéciales aux Betsileo. L'une des plus étranges, qui caractérise cette tribu,
est sans contredit leur façon de traiter les morts.
Lorsqu'un Betsileo vient à mourir, son corps est placé clans
il
un cercueil de
Lorsqu'elles ont pris
Comme
de famille.
Comme
bois.
fin,
chez
on porte
chez
cercueil dans
le
Mais chez
les
Betsileo
le
de s'ouvrir en levant
par
une galerie
débouche
forl
tombeau
est
longue
parfois 1res
bas sur
de
liane:
le
el
sommet d'une
du mort
cérémonies.
généil
est
colline.
plus profond,
est
famille
et
au
supérieure, on y accède
dalle
la
la
mêmes
tombeau
le
ralement formé de cinq grandes dalles de granité, aussi le plus généralement construit au
lieu
autres tribus de Madagascar,
les
Antimerina, ce tombeau
les
peu après son trépas dans de riches lamba, puis
du défunt, ce sont toujours pour cet instant les
a chanté les louanges
on
s'est réunie,
est roulé
souvent
qui
et
colline
la
toujours
el
du côté du sud-ouest. Ces tombeaux betsileo sont construits
avec soin,
de
pari
la
sont l'objet d'une grande vénération
des indigène
cachaient dans
précieux
ils
le
tombeau de
leurs ancêtres leurs objets
leur argent
et
Lorsque
le
cercueil a été déposé dans
tombeau, on
le
immole des bceufs qui sont partagés entre
les assistants,
on boit de nombreuses bouteilles de rhum pare souvent
Deux ou tume
fort
tout
esl
du tombeau,
On
maison.
le
l'on se sé-
le
c'est ici
el
que
cou-
la
particulière, on retire le
l'ail
défunt
ramené dans
est
sa
cuire deux planches,
plus qu'une masse informe, on
debout contre
ficelle
à
roule fortement
lorsqu'il n'est
el
ému
el
après toutes ces libations.
trois jours plus tard,
betsileo
cercueil
riches
Autrefois les ramilles
.
poteau principal de
le
avec des lanières de peaux de bœufs.
On
lui
a
le
case
la i 1
1< •
i
'•
< •
plante des pieds sous lesquels esl placée une cru-
la
che ou une marmite de lent'; putréfaction,
la
on laisse alors agir
que
cependant
la
famille
les
et
FEMME BETSILEO.
amis du mort sont entassés dans sa demeure, (hantent
ses
louanges,
rhum pour
vent force rasades de
cadavre en décomposition.
un liquide putride
et
on
ses
célèbrent
Au
s'étourdir
boi-
et
pouvoir résister
et
à l'odear
bout d'un mois, quelquefois plus,
et infect esl
surveille attentivement la
bienfaits
venu remplir
épouvantable qui se dégage
s'y
autres que toute la famille se réjouit, car l'âme du
forment
:
un d'entre eux
à l'inhumation des restes
on place aussi dans
le
tombeau
ver, ultime incarnation
dans
le
et
du défunt dans prés de
la tête
du défunt désignée par
vase de terre un long
bambou
le
tombeau de
du cadavre
les
paraît-il plus
gros que
mort s'est réincarnée sous celle forme.
encore quelques semaines pour permettre aux vers de grossir quelque peu.
pompe
«lu
putréfaction a continué son œuvre,
vaisseau de terre. Celui-ci est l'objet de soins jaloux,
le
venue des vers qui
la
le
famille.
Il
procédé avec grande
esl
En même temps que
vaisseau de terre dans lequel
Betsileo sous
le
nom
de fanano.
par lequel plus lard doit remonter sur
la
On
les
attend
On
a
ces restes vil le
gros
soin de placer
surface de
la terre le
fanano mystérieux. Toutes ces opérations se font sans grandes variantes dans toutes les familles betsileo et je les ai
vues maintes
fois.
Pour
la
suite je vais laisser la parole à notre
ami Rainimanana.
Après un certain temps, temps variable qui ne dépasse jamais une année, rieur
du bambou
et
fait
son apparition sur
la terre. Cet
le
fanano remonte à
animal mystérieux affecte non pas
la
l'inté-
forme
VOYAGE A MADAGASCAR.
296
comme
d'un serpent,
tacheté de rouge sur
Dès que l'animal
croient les Antimerina, mais bien celle d'un petit crocodile de couleur brune et
le
dos,
le
le
ventre est blanchâtre.
reconnu par
a été
la famille
du défunt, ceux-ci
s'en approchent et lui
un signe certain que
est bien réellement le parent qu'ils ont perdu. Si le lézard lève la tète, c'est
bien le mort. Lorsque cette certitude est acquise, des endroit le plat dans lequel
le
mort a mangé pour
membres de
placé devant
le
fanano;
grandes réjouissances.
demeure,
il
si
On met dans l'oreille
s'il
c'est
du défunt apportent en
la famille
la dernière fois.
mélangé à quelques gouttelettes de sang obtenues en coupant
demandent
ce plat un peu de
cet
rhum
d'un jeune bœuf. Le plat est
cet animal accepte celle offrande en y goûtant tant soit peu, c'est le signal de
Rainimanana ajoute que
le
fanano retourne au tombeau, qu'il choisit
comme
sa
y devient très gros, c'est un dieu lutélaire qui protège la famille du mort et les contrées
voisines.
On
conçoit aisément
reptiles.
la
crainte respectueuse qu'éprouvent généralement les Betsileo pour tous les
coutume de
Celte
tribu des Belsileo; plus encore
beaux avec beaucoup de
morts
traiter les
qu?
les
est
dans
Antimerina
ont
ils
soins, en font de véritables
l'île
de Madagascar tout à
le
culte des morts,
fait particulière
à la
construisenl leurs tom-
ils
monuments ornés d'une façon
toute spéciale, avec
des pierres souvent très grosses, des madriers finement sculptés ou des crânes de bœufs qui ont conservé leurs cornes.
Le
Betsileo est aussi très superstitieux, plus encore
que ses voisins du Nord,
les
dans cette tribu dont chaque individu porte ostensiblement ou en cachette plusieurs odij
que nous trouverons encore dans toutes
croyances religieuses du Malgache,
il
est très
odij
mêmes pour toutes
sont les
elles
ou talismans. Le
répandu, est
Dans un chapitre précédent, j 'exposais dans
extérieur de religiosité de ces peuplades. les
du Sud, où
les tribus
fady sont nombreux
les tribus;
le
seul signe
ses grandes lignes
mais dans
le
Sud
des fétiches, des amulettes,
bon Principe
est bien laissé
de côté,
des talismans et porte-bonheur
qu'ils croient
conjurer les attaques du mauvais Principe. Pour toutes
principalement,
le
les circonstances
de
la vie, quelles qu'elles soient,
nous verrons plus lard,
comme conséquences
chez les Bahara principalement,
chez un Malgache, parce
En
ils
qu'ils sont
se
ocly,
un homme du Sud bien
pratiques de ce
montrent
avec des
et c'est
l'ail,
que dans
outillé
très osés et très entreprenants, ce qui est
fermement convaincus de
la
faits les plus importants qui les différencient des Antimerina.
anneau d'argent
qu'elles portent
dans
tels
que
11
des maisons dans celle partie du plateau central.
On
il
aime à entourer ses nobles
et le
peut dire en général que
plus religieusement (nie l 'Antimerina les coutumes de ses pères religieux dont
et ses chefs
j'ai
compliquée des femmes
la coiffure
et
remarquable
signalé les deux
n'y aurait plus maintenant à noter
cheveux lorsqu'elles sont fiancées,
les
ochj
du Sud,
vertu de leur ody.
parlant de la façon d'enterrer chez les Belsileo et de leurs croyances aux ody,
quelques détails sans grande importance,
possède un
les tribus guerrières
;
on
le voit
que
betsileo, le gros
mode de construction le
Belsileo a conservé
tout d'abord par
le
respect
de caste, au grand désespoir des Antimerina qui
pu jusqu'à ce jour déraciner le respect des vieilles familles chez les Betsileo et le remplacer par l'adoration de leur propre reine, eux qui, cependant, sur tous les autres points, sont les maîtres incontestés de celle peuplade douce et docile. Ce respect des anciennes coutumes chez les Belsileo nous esl n'ont
encore indiqué par leur croyance aux n'est cachée superficiellement
verts à grand'pcine. les
Antimerina
les
La
odij.
que chez
coiffure chez
Celle ancienne croyance générale
les
Antimerina sous
le
et
incontestée à Madagascar
vernis de civilisation dont on les a recou-
les Belsileo est resiée (elle qu'elle
modes européennes ont prévalu,
cl
que chez
était autrefois, tandis
cependant j'ai encore vu, en 1889, un Antimerina de
type pur, parent du chef de Mahatsinjo, qui possédait une longue chevelure divisée en tresses,
ter-
minées par des boules enduites de graisse de bœuf. Enfin les maisons en bois belsileo sont tout à fait comparables,
antimerina d'ilafy, au tombeau de
Radama
palais de la reine à Tananarive.
est à
les
Il
ouvertures sont excessivement petites,
II,
et à la vieille
si
ce n'est identiques, aux maisons
maison en bois de Ranavalona
I
rc
remarquer cependant que dans ces maisons en bois et qu'il faut
de savants efforts pour pénétrer à
dans
le
belsileo
l'intérieur.
Les
DE TANANARIVE A FIANARANTSOA. comme
Betsileo chantent et dansent qu'ils appellent la
danse de
les
Anlimerina,
n'ont conservé qu'une vieille danse spéciale
ils
sagaie; nous y retrouvons toujours
la
297
un ou deux acteurs principaux debout
au milieu d'un cercle de gens accroupis, qui psalmodient en ton mineur et qui s'accompagnent à contre-
temps de battements de mains. Mais tandis que
les
Anlimerina manquent complètement de poésie dans leurs chansons populaires
se contentent le plus souvent de psalmodier le récit d'un voyage, simple itinéraire
sèchement
de
les villages
comme
la roule, les Betsileo,
où
et
mentionne
l'on
autres tribus du Sud, manifestent dans leurs
les
chants et leurs récits populaires quelques velléilés poétiques. Voici traduits en antimerina et en français les
chants de Barimaso
et
de Dombita; c'étaient
barimaso.
—
plus répandus lors de
les
La
La
belle
aux grands yeux est fatiguée de
ses rendez-vous, ear je suis retenu Aime-moi, car je me laisse aimer facilement. Fais-moi <\n bien, car je réponds volontiers. Si tu veux je serai ton fusil (!!). Si tu ne veux pas. je serai celui d'un autre. Placée là-bas au boni du chemin. Il ne manquera pas de gens qui me prendront! Si ce n'étail pour loi. je ne serais pas venue ici. Si ce n'était pour toi, je n'aurais pas suivi celte route. Allons nous aimer! Nous aimer et ne pas nous disputer, - séparer. Ne pas Il déplail aux gens de nous voir unis! - Aimez-vous, jeunes gens, car tous êtes peu nombreux. Allons folâtrer ensemble, Car à notre retour nous serons grondés tous les deux.
!
—
—
hiady
Tsy mba hisaraka. Satry ny olona tsy mba miray.
i
—
Mifankatiava re ry tanora falon-bitsyl -
Andeha isika hiaraka adala Fa rehefa tonga miara-terezany.
—
Traduction anlimera.
dombita!
Nisy vehivavy anankiray nisaoran' nv vadinv, ka nanenina; dia nilrnv sadv nanao
Maly
re
mpiloto vary aza
!
na ho
iley lehilaly
mpaka rano!
ka nanao hoe
Izaho tsy tianao inlsony,
l'a
Dia hoy indray ravehivavy
Ka deha
rehefa fa
hira io izy,
io
:
aho nariany; nisaorany omaly hariva
voamena antandrako anao; mananda Nainaly
faire appeler.
— Je ne puis nie rendre à
Raha tianao alio dia basinao! Raha tsy tianao dia basin 'olon' kafa Apetraka ery amoron — dalana Tsy ilao zan' izay olon — kandray. — Raha isy hianao aho tsy tonga tatj Raha tsy hianao aho tsj mahalala trano! Raha tsy hianao aho tsy mahalala, lalana! — Andeha isika mba hifankatia
nanao hoe
me
[par une laide amie.
—
—
le Betsileo.
Traduction française.
Barimaso sasa manafalra Njola kely tsy misy bialana. Nba tiavo kely ah fa raora tianal Asivo soa atro fa mora mamaly!
mba
passage dans
aux grands yeux.
belle
Traduction antimerina.
Hifankatia ka tsy
mon
:
re
—
Mifona
mba
aho! avelaore
avelaore
mba ho
re
aho Tompokolahy
;
mivalo, indry vola
hitoetra aminaol aoka re
mba
hoato! naho
ato!
namalv.
mandehana miala
;
Izaho tsy tianao intsony.
:
manandra ho hianao
Isy
manaiky ko hanao ahoana aho! Baby karv Kolo! andeha
isika
han-
rahefa lehibe hianao hateriko aty! Baby aiv rakoto! Baby aryl Baby. Dia nandeha hono izy
mianake ka nony louga anv an-trano ny ray amandreninv, dia maly lampo ka rahevivavy nanenina. Traduction française. Il
la
y avait une
femme
chanson suivante
qui avait élé répudiée par son mari; elle se repentit, prononça ces paroles et
fil
:
Je suis perdue, car
me
— dombita!
il
m'a rejetée;
repens, voici voamena
(2-'t
e
il
m'a répudiée hier
partie de la piastre)
'
que
je
soir.
Je vous
demande pardon, monsieur,
vous donne; je vous
fais
un don!
je
laissez-moi
t. Cet usage, très répandu dans toute l'Ile et surtout chez les Antimerina et chez les Retsileo, est très remarquable; il parait être caractéristique des peuples madécasses. En elTet, lorsque dans une occasion quelconque un Malgache vient à offenser, à outrager même très cruellement une personne quelconque, il s'imagine très volontiers que, en donnant à la
38
VOYAGE A MADAGASCAR.
298
demeurer avec vous! permettez-moi de rester à la source! permettez-moi de rester
Le mari répondit en ces termes Je ne vous aime plus du tout,
La femme
reprit
Je
un don
t'ai fait
encore
même
ici!
je dois piler
du
riz!
ou
chercher de l'eau
aller
ici.
:
allez, partez, je
ne vous aime plus du tout.
:
mon dos! mon dos!...
n'acceptes rien, que dois-je faire! Viens, Koto, que je te porte sur
et tu
Allons, partons, lorsque tu seras grand, je te ramènerai
La mère
si
et l'enfant partirent et
.
dans
à peine arrivée
ici!
Viens, Rakoto, que je te porte sur
maison de ses parents, l'épouse repentie mourut
la
subitement.
Si
nous trouvons sous ce rapport une certaine supériorité des tribus du Sud sur
En
en ce qui touche la sculpture, cette supériorité devient encore plus évidente. les
temps
les
plus reculés presque toutes les races humaines
ont.
sculptures spontanées font absolument défaut dans
le
on
sait
du Nord,
que depuis
reproduit sur une matière quelconque,
corne, os, bois, pierres, etc., les objets qui frappaient le plus souvent leurs
les
les tribus
effet,
regards. Ces premières
nord de Madagascar. Les Antimerina eux-mêmes,
plus civilisés des Malgaches (par convention), n'ont aucune idée d'une sculpture quelconque. Sans
doute certains de leurs ouvriers à Tananarive ont pu faire ou principalement copier plusieurs figurines importées d'Europe tout récemment, mais d'ornementation. Leurs idoles
les
plus
n'ont jamais trouvé dans leur tête
ils
renommées
des cailloux bruts roulés dans des chiffons.
Ici,
trons de véritables sculptures, ce sont encore,
d'abord sur
les
planches qui ferment
n'étaient
que des morceaux de bois informes ou
dès notre première étape dans
il
remarque
portes des cases des dessins géométriques aux bois dur. Ces mêmes dessins sont comme ceux que nous avons vus au
le
reproduits encore sur des pierres levées, sur des madriers dressés
mêmes
Sud, nous rencon-
le
est vrai, des essais grossiers et naïfs; je
les fenêtres et les
contours plus ou moins réguliers .qui entaillent profondément
sud de Sabotsy. Ces
un motif quelconque
dessins géométriques sont également souvent reproduits sur les palissades,
qui entourent les tombeaux ou sur les mégalithes qui s'élèvent dans leurs voisinages. Le plus beau spé-
cimen que nous avons rencontré dans ce genre
est l'entourage en bois sculpté
un des descendants des anciens roisbetsileo de Lalangina, construit non
du tombeau de Ramaharo,
loin des rives
du Matsiatra,
et
près du village d'Ialananindro.
Au-dessus de cette sculpture géométrique, je trouve encore des essais plus compliqués dont est l'auteur sur ses principaux ustensiles de
ménage. Ce sont des mortiers à
le
Retsileo
des mortiers à piment,
riz,
des cuillères, des plats, des salières; tous ces objets en bois sont souvent très finement sculptés. trouve déjà des figures plus compliquées, ce sont quelquefois des formes animales,
le
bœuf
On
y
est le plus
souvent représenté. Les artistes belsileo se sont donné aussi libre carrière pour l'ornementation de leurs cases en bois.
ment
les volets qui
Dans
cette tribu des Betsileo
ferment
sont artistement gravés;
il
les
celle
ouvertures sont sculptés, mais encore
en est de
oiseau qui représente assez bien si
comme dans
même
des deux pignons qui
un pigeon au
repos.
le
des Tanala plus à l'Est, non seuleles piliers
principaux de
la
maison
plus souvent sont surmontés d'un
La forme humaine
est très
rarement employée.
ce n'est pour des ody, des talismans ou des amulettes.
La «
tribu des Betsileo a été signalée par de Flacourt dans son grand ouvrage à Madagascar.
Le païs des Eringdranes
Eringdranes sont au sud
est
et c'est
un grand pais qui
se divise en
un païs
très
;
les petites
d'où sort la rivière Mangharac (Menarahaka). Les grandes Eringdranes
sont au nord et finissent au pais des Vohito'Anghombes dont séparation. C'est
grandes etpeliles Eringdranes
peuplé
et
la
rivière
qui peut fournir plus de 30 000
de Manlsialrc (Matsiatra)
hommes
fait la
en un besoin. Le païs
personne ainsi outragée un morceau d'argent d'une valeur infime, l'injure sera oubliée, le pardon complet sera accordé, l'offense sera effacée. Pour ces peuplades qui ont un véritable culte pour l'argent, le don d'un voamena (i sous de notre monnaie), d'un haslna quelconque, doit vous permettre de compter sur l'entière bienveillance de la personne à laquelle ce présent est offert.
DE TANANARIVE A FIANARANTSOA. bordé à l'Est de grandes montagnes
est tout plein et bestial.
A
l'Ouest,
il
mer de Moçambique
degré
le 20°
et Aethiopique.
Les
Manatangh (Mananantanana), Zoumando
(Tsi-
sur la
rivières s'appellent
en
fertiles
y a trois grandes rivières qui courent et se
vont rendre dans une grande baye qui est située sous latitude sud,
299
mandao), Sahanang, lesquelles sourdent des montagnes qui sont à l'Est des Eringdranes et traversent tout le pais.
Mantsialre, une grande rivière qui sépare
«
Anghombes
comme baye.
et des
Eringdranes,
est
une
païs des Voliito-
le
1res
grande
pourrait être la Loire, el se va rendre dans
rivière
susdite
la
»
La tribu ou
peuplade que de Flacourl désigne sous
la
le
nom
de Eringdranes, est celle des Belsileo. Le mol Eringdranes a été
employé par
pour Arindrano.
lui
La province des Belsileo comprend deux parties principales l'une,
au nord du Matsialra,
au sud. Dans
l'autre
dirai
même
le
suis à Fianarantsoa de
que
ressemblance, je
la
de l'identité qui existe entre ces Belsileo du nord
Antimerina leurs voisins. Dans
les
première,
la
frappé plus vivement
située sur les confins de l'Imerina, on est
encore que je ne
:
cl
sud, au contraire,
la partie
indigènes appellent plus généralement andafy aisimony
les
Matsiatra,
différences
les
plus marquées.
Dans
le
entre
sud en
les effet,
davantage à l'influence antimerina. se placer
pour
les
deux tribus voisines sont les
C'est
donc
mieux connaître. Le mol
appellation a sans doute pris naissance
merina, qui a conquis
la
MENDIANT DETSILEO.
Belsileo ont échappé qu'il
là
betsileo est
après
la
faut 1res
complète du
peu employé par
les indigènes, celte
Radama
pays. C'est
1", roi
des Anti-
province des Betsileo en 1812 environ. Ses prédécesseurs avaient déjà fait quel-
ques expéditions dans ce pays du Sud, mais des révoltes continuelles des Betsileo venaient toujours menacer la domination antimerina. Radama I" voulut étouffer ces révoltes dans le sang cl il y réussit. d'Ambosilra, dans
La
ville
ies
Antimerina.
Toutes
«
enfants
le
Betsileo nord, qui n'avait pas voulu reconnaître son autorité, fut prise pâl-
maisons d'Ambositra lurent détruites, ses défenseurs mis
les
emmenés en
captivité
dans l'Imerina. Défense
à s'établir sur les ruines de celle cité rebelle
Beaucoup de cette province J'ai dit
champs,
que
villages importants
'.
fut l'aile
faire produire ses rizières;
il
le
sort
d'Ambositra
l'île
femmes
et les
on ne peut guère dans
et
la férocité
des Antimerina.
un agriculteur; plus encore que l'Anlimcrina
il
sait travailler ses
possède aussi de nombreux troupeaux de bœufs; mais chose rare
à Madagascar, le Betsileo n'est pas seulement agriculteur et pasteur,
quer des lamba. Dans
les
»
du Betsileo subirent
Betsileo était surtout
mort,
aux habitants du pays de songer jamais
marcher quelques heures sans rencontrer des traces de le
à
il
est aussi très habile
entière les tomba de l'Arindrano jouissent d'une juste
du Sud principalement font aussi avec une
pour
fabri-
renommée. Les Betsileo
soie indigène des lamba bien lissés qui atteignent souvent
des prix fort élevés; ces him/ni sont surtout réservés pour l'ensevelissement des morts. Enfin les Betsileo nom de de l'Est fabriquent, avec une écorce d'arbres, des lamba rayés de couleurs vives connus sous le sarimbo.
L'une des principales excursions
et
sans contredit
la
plus intéressante que nous faisons aux environs
de Fianarantsoa en compagnie du docteur Besson est celle d'Ifandana.
I.
R. P. Abinal, Vingt ans ù Madagascar.
VOYAGE A MADAGASCAR.
300
Le lundi
7 avril,
Le lendemain
nous partons de Fianarantsoa dès l'aube
et
nous allons coucher à Tanbohimandrevo.
jour suivant, nous allons à Ambohimandroso, village important du Betsileo méri-
et le
hommes pour
dional où nous espérons trouver des renseignements et peut-être des
notre prochaine
campagne du Sud. D'Ambohimandroso, nous
allons à Ifandana.
Ifandana est un ancien village betsileo situé, d'une colline élevée. La
980 mètres d'altitude, mais colline a été
la
du mamelon
générale
moyenne
en allant
deux parties principales, quant à
recouvrent.
La
partie ouest est
accusées sont inaccessibles;
sommet
le
culminant est à environ
une
du nord au sud. La
pentes très
les flancs à
en maints endroits, surtout dans gigan-
taille
de cette deuxième partie ont une déclivité moins prononcée que celle de
flancs
partie rocheuse, on peut donc monter au sommet. Mais
en occupent totalement
superficie
la
on trouve
là
partie rocheuse qui se trouve derrière eux.
Comme
ces blocs ont
la
deux blocs rocheux qui
les
sommet
qui rendent fort difficile l'accès du
et
de
forment ou plutôt qui
la
complètement rocheuse dont
partie est est recouverte d'argile
la
dis-
mètres en allant
colline d'Ifandana peut se
nature des matériaux qui
la
partie
peut avoir 200 ou 300
mais sur son sommet se tiennent deux blocs de rochers d'une
les parties inférieures,
tesque. Les
coutume à Madagascar, sur
formée par une poussée gigantesque de roches éruptives, son sommet qui a une
vers l'ouest, et 50 mètres en
diviser en
c'est la
ne s'élève que de 530 mètres au-dessus du plateau environnant. Cette
il
position analogue à la forme l'est
comme
colline d'Ifandana est orientée Est et Ouest, son point
aplati
de
la
une forme sensiblement cubique aux
angles arrondis et qu'ils reposent par une large base sur une surface sensiblement plate et malheureu-
sement pas plus large qu'eux, on peut en rampant sur cette surface
du
laissent leurs angles arrondis parvenir de l'autre côté
comment
Voici
il
de couloir. Le ventre repose sur de
la
paroi inférieure
contourner d'abord
rocheux de
On engage
faut s'y prendre.
du cube,
la
la colline
le
où
en s'cngageant dans l'espace que
une opération
du cube occidental, puis
dos s'appuie contre l'angle arrondi
En rampant
le vide.
fort difficile.
supérieure du corps dans celte espèce
la colline, le
jambes pendent dans
les
face nord
la tète et la partie
sommet rocheux de
et
bloc. Mais c'est
ainsi latéralement,
sa face est, et on arrive enfin sur
le
on peut
sommet
pas besoin de dire que cet exercice gym-
était bâti le village d'Ifandana. Je n'ai
nastique n'a rien d'attrayant. Cet affreux passage que nous avons dû suivre a dû servir avant nous à bien des générations,
comme
en témoigne
la
roche qui en cet endroit a
le poli
de
l'ivoire.
Le moindre
faux mouvement vous précipiterait à 500 mètres en bas dans un massif de cactus aux épines menaçantes. Mais enfin je ne regrette pas
dans une anfractuosité de
une
la
belle récolte et je suis
ments
est d'ailleurs
à Madagascar
mon
excursion, car en visitant
le
sommet d'Ifandana,
je trouve
roche un riche gisement de crânes et d'ossements betsileo; nous faisons
heureux de
connue dans
le
ma
journée au delà de toute expression. Celte caverne d'osse-
pays, et voici ce que dit à ce sujet
le
R. P. Abinal dans Vingt ans
:
Ifandana, bâti sur un roc élevé, coupé à pic de tous côtés, et où l'on ne pouvait arriver que par un sentier impraticable, servait de retraite à
un
grand nombre de
très
prendre par un blocus rigoureux. La disette ne larda pas en Obligés de choisir entre
les cruelles tortures
paroxysme du désespoir, préférèrent
se
de
la
faim et
donner eux-mêmes
effet à se
rebelles.
la
résolut de les
déclarer dans la petite cité.
glaive de
le
Radama
Radama, les
mort; et on
Betsileo, arrivés au
les vit alors
avec stupeur
se
présenter par groupes nombreux, sur les bords du rocher à pic, au haut duquel Ifandana était perché; puis, là, les
yeux bandés, commencer, sous
être infailliblement
On
évalue à plusieurs milliers
les plus fanatiques
les
yeux des Hova, une ronde homicide dont
une chute en masse dans l'abîme, comme le
il
nombre des malheureux qui
le
terme devait
arriva en effet. se suicidèrent de cette façon.
Lorsque
eurent succombé, et qu'il ne resta plus à Ifandana que des femmes et des enfants,
courage leur manqua pour continuer cette ronde infernale,
et trois cents d'entre
le
eux devinrent les esclaves
des Hova.
Rainimanana m'avait bien raconté celte légende
relatée par le père Abinal,
mais
il
m'avait assuré que
mmmmm
r
1FANDANA
:
ROCHE DU SOMMET. (DESSIN DE TAYLOR, GRAVÃ&#x2030; PAR DERG.)
DE TANANARIVE A FIANARANTSOA. cette histoire
répandue par
les vivres
comme
En
pas exacte.
n'était
ceux-ci en faisant le siège du
effet,
prendre de vive force, mais l'entourer de leurs soldats pour
le
aux assiégés. Les Betsileo, pressés par
avec les assiégeants et leur
encore imposé
Antimerina
pu non pas
village d'Ifandana avaient
couper
les
303
la faim, avaient
voulu entrer en composition
soumission. Celle-ci avait été acceptée
offrir leur
et les
Antimerina avaient
conditions aux Betsileo de sortir deux par deux de leurs retranchements. Les
que
Betsileo trop confiants avaient accepté et dès
ces malheureux désarmés,
ils les
les rusés et cruels
Antimerina voyaient venir à eux
tuaient et jetaient leurs corps dans la caverne où nous venons de trouver
des ossements. Cette deuxième version est certainement plus conforme à
geuse aux Antimerina, mais cela importe peu. Si
les
qui y sont amoncelées, les ossements présenteraient certainement des bris
à leurs
malheureux compatriotes plutôt que
la colline.
Les crânes
que
et les os
la
et les
d'aller porter les
employées par
les
un
de plus à
fait
Antimerina pour réduire
mais plus probable;
cadavres dans une caverne sur
Ce voyage à Ifandana nous avait Betsileo
:
fait
dans
et
la liste
les autres tribus
l'histoire qui est
<lu
moins
Tanala. L'Ouest tentait moins notre curiosité
Majunga
de
l'île,
Ivohidahy, à
me
il
:
Maistre
suffira d'indiquer
que
la
vu à Ifandana.
j'ai
Ambohimandroso
à Ambalavao,
et
l'Est,
moi avions parcouru de vastes
et
d'ailleurs,
devions traverser des pays absolument analogues, entre Isalo
et
sud du
du côté des
territoires
de
dans noire voyage du Sud, nous
Ihosy.
docteur Besson veut bien encore une
le
des perfidies
et
a de plus intéressant, la région
dans ce qu'elle
et
Ankavandra;
et à
Cette deuxième excursion, dans laquelle
haut de
somme peu impor-
en
nous ne voulions pas quitter Fianaranlsoa sans faire une excursion dans
ces pays sakalava, en allant à
le
coupants qui
non seulement plus conforme aux habitudes antime-
est
les villages voisins, à
connaître, en partie
et
déjà longue des cruautés
concorde beaucoup mieux avec ce que
elle
légende
la
sabres antimerina.
légende d'Ifandana racontée par Rainimanana rina,
veut
des fractures que je ne
marques d'instruments piquants
Sans chercher encore d'autres preuves pour rétablir ce point de tant, et sans qu'il soit besoin d'ajouter
et
le
colline sur les roches
plaine auraient certainement rendu les derniers devoirs
je trouve portent les
ne peuvent être autres que les sagaies
comme
défenseurs d'Ifandana,
sommets escarpés en bas delà
antimerina, s'étaient précipités du haut de leurs
constate pas, sans compter que les Betsileo de
peut-être plus désavanta-
la vérité, elle est
fois
nous accompa-
mène de Fianaranlsoa aux confins de la forêt de l'Est, au village d'Amlmasarv. Nous nous j Nous sommes là en face de la haute montagne d'Ambondrombe, sur la limite du pays des Tanala. Cette montagne d'Ambondrombe est célèbre partout à Madagascar; son
gner, nous
arrêtons quelque peu. orientale
accès est
faclij.
C'est le séjour des ombres, et
aucun Malgache ne voudrait essayer
crainte de s'aliéner quelques mauvais esprits. Maistre et stition des indigènes, gravir la la
population
et je
J'ai
compromettre
appris d'ailleurs, depuis
mon
sommet dénudé du cédé du sud,
la
le
sommes
élevés.
docteur Besson, plus libre
superstition et le mauvais vouloir des indigènes, s'élève à environ 1750 mètres, est
couverte
et l'accès en est
rendu
surtout par les broussailles et
difficile
épineux qui couvrent ses flancs. La légende d'Ambondrombe, qui est connue de presque
toutes les tribus de
l'île,
est
particulièrement répandue chez les Antimerina
dans son ouvrage Vingt ans à Madagascar
Madagascar.
1$.
campagne du sud, que
malgré
et
campagne
laisse apercevoir de gros massifs de rochers, ses flancs ne sont pas
très rapides, si ce n'est les fourrés
la
super-
succès en gravissant une montagne qui, en somme, ne
montagne d'Ambondrombe. Celle montagne, qui
de broussailles; son
1.
le
retour de notre
que nous, avait pu, avec un missionnaire,
à
moi aurions bien voulu, en dépit de
la
sacrée, mais nous nous exposions à mécontenter probablement
en rien de beaucoup d'autres sommets de Madagascar sur lesquels nous nous
gravir la
monter dans
n'en avais garde; nous avions trop grand besoin des indigènes pour notre
future, dont je ne voulais pas diffère
montagne
d'y
Comme
son
récit est
P. Abinal, Vingt ans à Madagascar.
1 ,
la
donne
telle
que
je
l'ai
et les Betsileo.
Le R. P. Abinal,
entendu raconter plusieurs
fois
de tout point conforme à celui que je pourrais faire, je vais citer
le
VOYAGE A MADAGASCAR.
304
passage de son
me
je
livre
gascar et qui
auquel je
fais allusion.
hommage au
plais à rendre
y a
Il
si
complu à raconter sincèrement
s'est
peu d'ouvrages sincères écrits sur Madagascar que
du R. P. Abinal,
livre
et
écrit
par un
franchement ce
homme
pu observer.
qu'il a
Les anciens Hova n'avaient pas songé à créer des Champs-Elysées pour
«
morts
un an environ
ces âmes, pensaient-ils, passaient
;
qui a bien connu Mada-
séjour des Ames de leurs
le
tombeau
à aller et venir de leur
à leur case el de
leur case au tombeau, et mouraient ensuite de la seconde mort, qui les replongeait dans le néant.
Au commencement
«
Ce
«
le
siècle, les Retsileo, les
lieu serait situé, d'après eux,
amenés dans l'Imerina par
âmes des morts passent
que
C'est là
au fond de leur pays, bien
les
Ames terminent
enfin leur course, au
dominant au
loin la
grande
forêt
autour des arbres
lent
rendre
le
Comme
comme
Sud.
Il
porte en leur langue
roseaux abondent.
les
royaume des morts.
montagne d'Ambondrombe
tion exceptionnelle, au-dessus de pestilentiels, en
le
l'ait
gorges profondes
que
s'enchevêtrent dans les broussailles, de manière à
d'Ambondrombe
gris.
les
est
Le peuple appelle ces vapeurs
au temps de
Jadis,
la
et
impénétrables, de forêts humides
vapeurs malignes des environs. Elles
la
marche, porte
les
faits
et
rend
le salut.
fois,
unit de
On jeune homme tomba un
même
ses accords
des morts,
et la
homme
ses amis.
Dès son arrivée à
la
Ame voyageait
nombre
erraient
çà
L'armée arrête
musique d'Ambondrombe,
le
crut mort et
fameuse montagne,
sans soucis, tandis qu'ici
là
et
Elle entend des salves
commença les Ambon-
et se rendit, paraît-il, à
de personnes qui vaquaient tranquillement à leurs occupations de tous
en grand
là.
l'air royal.
des environs d'Ambohidralrino. Ce
jour dans une léthargie profonde; sa famille
un de
d'un
aux fanfares joyeuses des vainqueurs.
préparatifs de ses funérailles. Or, pendant ce temps, son visiter
soleil
les Hova furent en effet manqua pas de s'arrêter au pied de la Au bruit du canon tiré par les vivants, se
l'artillerie
raconte aussi, dans l'Imerina, l'histoire d'un jeune
drombe pour
comme
Le prodige parut de bon augure;
mêlèrent de nouveau les fraternelles détonations de
seconde
aux rayons d'un
son expédition, ne
montagne pour immoler des bœufs en actions de grâces.
la
condensent
merveilleux.
conquête, une armée en campagne passait non loin de
armes
de marais
el
s'y
fumée des ombres.
qui saluent son approche, puis une musique militaire exécutant
victorieux, et le général, au retour de
pour
osent seuls s'avancer dans ces fourrés.
encore couvert d'un amas de nuages sombres
raconte au sujet de cette montagne des
d'artillerie
les singes
tout le pays d'alentour s'illumine et resplendit
et
étincelant, le rocher
On
en
canal de Mozambique, les autres vers l'océan Indien. Sa posi-
rendez-vous de toutes alors
il
se trouve sur la ligne de partage des eaux, les rivières qui sortent le
en épais brouillards,
manteau
el
passage presque impossible. Les sangliers et
la
comme
de gigantesques serpents, grimpent jusqu'au sommet, jettent d'un arbre
de ses flancs se dirigent les unes vers
«
le
Des lianes innombrables, parfois hérissées d'épines, s'enrou-
à l'autre des ponts aériens, retombent, se relèvent
sa
dans
des Tanala. Ses flancs sont couverts d'une forêt vierge
reste encore quelques-unes à Madagascar.
«
loin
Or, ce royaume des morts est une haute montagne, que couronne un énorme rocher abrupt, dénudé
«
«
leurs vainqueurs, y introdui-
trois ans.
de Ralsy, mauvais. Les Hova lui ont donné celui d'Ambondrombe, pays où
nom
et
de ce
un séjour où
sirent la croyance à
les
elle
aperçoit des milliers
jours
des jeunes
filles
:
des jeunes gens
retouchaient les
comme pour une fêle; plus loin, quelques vieillards appuyé au mur de leur case, réchauffaient aux feux du
tresses de leur chevelure et s'ajustaient
appesantis
par l'Age, accroupis à
soleil leurs
membres
terre, le
dos
homme, ou son Ame, s'engage alors dans les rues d'une ville au milieu de nombreux habitants, et finit par arriver au quartier et à la case qu'habitait
languissants. Le jeune
de laquelle se pressaient son ami. «
Le premier élonnement passé
nouveau venu, tout ce que le
el les
salutations d'usage échangées
je viens de voir?
— Ne sais-tu pas,
séjour des ombres? Toutes les Ames, aussi bien celles des
des maisons, des rizières, en un «
Mais déjà
les
mot
tout ce qui a existé
ombres entraient dans
la
case
et
lui
:
«
à
signifie
donc, demande
le
répond son ami, que tu es entré dans
hommes que
un jour
Que
celles des brutes, des plantes,
Madagascar, se trouvent
ici.
»
s'attroupaient autour de l'Ame de l'étranger nouvel-
.
DR TANANARIVE A FIANARANTSOA.
303
lement arrivée dans leur séjour. Elles paraissaient affamées de nouvelles
demander de tous
côlés.
Leur curiosité s'accrut avec
les
commençaient
et
réponses qu'elle leur donna
homme
importune au delà de toute expression. L'âme du pauvre jeune
en
échapper. La voilà donc se juchant sur
l'agrément d'y être enfumée jusqu'au
donc au plus
soir.
du séchoir qui surmonte
El on ne
tôt, à
tout foyer
servit d'ailleurs
lui
demi morte de fatigue
et
les
se
elle
malgache. Elle eul
au repas que l'âme du
de faim, franchit
et
en
lui
où se mettre pour leur
dîner peu substantiel acheva de
Ambondrombe. Ce
nourriture unique des morts à Elle s'échappe
claie
la
à
devint bientôt
accablée,
était
sentait d'ailleurs tellement pressée par la foule des ombres, qu'elle ne savait
et
la
riz,
dégoûter du pays.
marais
et
revint chez elle
en toute haie. qu'elle rencontre en entrant clans son village, «'est son cadavre qu'on portail en
La première chose
«
terre. Inutile
de dire qu'elle s'empressa d'arrêter
le
convoi
de réveiller sur-le-champ son corps de sa
et
trop longue léthargie, au grand ébahissement de tous les parents, voisins «
Cette Ame, heureusement, n'avait élé séparée de son corps que
autres
Ames définitivement séparées de
leur corps
Ambondrombe,
qui se rendent à
et
connaissances.
et
manière transitoire. Toutes
d'
les
qu'elles viennent
de loin ou de près, doivent demeurer uniformément un an en route avant de L'atteindre.
Le maître
«
rocher.
et
Chaque jour
nouveaux venus, «
seigneur du
ri
sic séjour des
Certaines Ames n'arrivent pas seules, mais escortées par
ou à ceux
bœuf au moins,
populace
immolés «
les esclaves,
et
de sa hauteur. Durant la
seconde zone
La quatrième année
On
«
ignore
Durant
si le
et
la
esl divisée
elles
arrivent, vers les le
de jury et pour
la
les
vie
les
la
les
:
autres son) logés avec
ce qu'il y
A
des bœufs
ail
la
/.ducs circulaires (''gales,
les
Ame- habitent
commencements de
comprenant chacune un
zone inférieure;
la
sommet du
troisième année, au
la
montent
elles
anéantit ou
s'il
les
dévore
et
se les incorpore. :
l'ombre du
fait
défiler ses
tambour; l'ombre d'un avocat pérore devant des ombres
portes, les
Ames des canons
les
souverains sont aux portes de les voit crier
mort prochaine du monarque, inspire
ombres des
et
qu'en
que ceux-ci eux-mêmes sont
aux Malgaches une terreur
n'y ont porté le feu, ni la cognée; et
esl-il
mort, des ombres choisies sont
la
autour de
feux de leurs torches lugubres. Ce sont sans doute
Ambondrombe
sont braquées; les
fontaine, portant l'âme de leur cruche pleine de l'âme de L'eau.
raconte aussi que lorsque
les
mis
d'ombre, chacune garde ses habitudes passées
ombre de palanquin; aux Ames des
prochain par
I
des rizières à certaines époques de l'année. Toujours
«
tant
jours de revue l'ombre de son mousquet; l'ombre du général
envoyées d'Ambondrombe au-devant d'eux; on
de
avec distinction
ruine des ombres de ses clients; l'ombre de l'esclave y porte l'ombre de son maître
servantes reviennent de
On
traité
couronne.
bataillons d'ombres, au son de l'ombre d'un
«
leur condition.
meurent.
ans que dure une
pour
en
première année,
seigneur d'Ambondrombe
les trois
militaire prépare
sur une
et
Voilà pourquoi les Malgaches tiennent
rocher, dans la région du nuage qui «
et
des bœufs tués à leur enterrement.
à leurs funérailles.
ensuite A
<(
s
les A
introduire les
et
un privilège qui, de droit, n'appartient qu'aux grands chefs
est
assuré d'être reçu
esl
La montagne d'Ambondrombe
tiers
recevoir
ont voulu honorer. Ainsi, quiconque se présente aux portes d'Ambondrombe, suivi de
qu'ils
l'Ame d'un
du nuage qui couvre le sommet du
réside au centre
distribuer dans leurs quartiers respectifs, selon leur caste
Avoir des bœufs tués à son enterrement
la
ombres
envoie des officiers aux quatre points cardinaux, p
il
et les
I
religieuse.
les
capitale et annoncer le deuil
la
feux follets courant au-dessus
les
voyant
terrifiés
Sa forêt
le
peuple croit au présage
par ces feux.
est sacrée;
jamais
les
personne n'oserait pénétrer dans ses épais fourrés. On
indigènes
dit
que ses
arbres parlent cl peuvent donner la mort «
Autrefois cependant,
Ambondrombe
si
en traversant
l'on en croit la légende, la
forci et
réussit à
un jeune
mener
à
homme
bonne
fin sa
consulter son père sur une affaire 1res embrouillée, dont dépendait
grandes difficultés
et
de grandes
l'alignes,
il
eut
le
le
courage de se rendre
téméraire entreprise. sort
arriva enfin à l'enceinte sacrée.
A
11
à
voulait
de sa famille. Après de peine
a-l-il
39
l'ail
quelques
VOYAGE A MADAGASCAR.
306
pas, que des voix se font entendre froide couvre ses
décliner son
Oui va Ià>
«
et ses titres
— Quel est ton — Avance donc, car rouge de figure.
<
répond
il
tête, et
une sueur
et
se hâte de
moi!
C'est
«
:
»
il
il
qui joue au fanorona (sorte de jeu de
au pied de ce grand arbre qui ombrage
On
Ses cheveux se dressent sur sa
«
le voici
là-bas,
»
Que viens-tu faire ici? — Je viens consulter mon père sur une est court de taille père? Comment est-il fait? — C'est un tel,
de noblesse.
importante.
affaire très cl
nom
:
membres; mais domptant son émotion,
place de son quartier.
la
ajoute qu'après avoir consulté son père,
jeune
le
homme
dames ou de
trictrac)
»
reprit le
même chemin pour revenir
sans
On
peut
encombre, mais non sans peur, au milieu des vivants. «
Lorsqu'une guerre
même
alors voir le
est
sur
le
mouvement
point d'éclater, la forêt, dit-on enfin, s'illumine toutes les nuits.
prépare à porter secours aux vivants et fourbit ses armes «
dans
et l'animation qui régnent
royaume des ombres
le
chaque tribu
:
se
ou s'exerce au combat.
Les âmes des morts ne sont pas tellement attachées à leur séjour d'Ambondrombe, qu'elles ne voya-
gent quelquefois
et
ne retournent
commun
visiter les vivants qui les
évoquent.
Madagascar que leurs apparitions vraies ou imaginaires!
«
Quoi de plus
<(
Les Malgaches distinguent à ce propos deux sortes d'apparitions ou visites faites par leurs morts,
à
au même, de l'âme toute seule;
l'une de l'ombre, ou, ce qui revient
Chacun de ces deux genres de apportent à rable;
la
visite
conduite que tiennent les morts.
S'ils
oppressent ou obsèdent les vivants,
s'ils les
et
en
os.
et l'on reconnaît ce qu'elles
parlent et se conduisent en amis, l'augure est favo-
sont mélancoliques, ne proférant point de paroles,
s'ils
du spectre en chair
l'autre,
peut apporter bonheur ou malheur;
et
semant
le
désordre sous leurs pas,
s'ils
suivent clans les rues et à la campagne, ce sont des artisans
de malheur, des malfaiteurs ou des sorciers. «
Autant
seconde
et
;
est désirable, d'après les
éviter l'autre.
nom
Malgaches,
la
première espèce d'apparition, autant
Avant de draper
le
mort dans ses lamba, chaque membre de
de tous, dépose donc une pièce d'argent dans
lèvres et lui délier
la
la
bouche du défunt;
langue, lors de ses apparitions futures. Ce seul
coutume malgache, dont
l'erreur des écrivains qui ont assimilé la
il
fait
Madagascar du Styx,
«
la
ni de la
barque à Caron, tandis que tout
le
ou l'un d'eux au
coutume analogue
n'entendit jamais parler à
tient
au contraire à ouvrir
la
ses parents défunts lors de leurs apparitions.
Ce résultat s'obtient presque infailliblement, dit-on, si que
la famille,
indique assez déjà quelle est
effet
monde
l'on
accompagne la pièce
bouche du défunt, d'une tabatière garnie de bon tabac qu'on place
cela
la
cette pièce doit lui ouvrir les
s'agit ici, à la
pratiquée par les anciens aux funérailles de leurs morts. Personne en
bouche de
craindre
est à
dès l'ensevelissement des morts, chacun prend ses précautions pour se procurer l'une et
le
parent mort
ait
eu l'habitude du tabac pendant sa
précautions prises, on attend
vie.
d'argent, déposée dans
à côté de lui;
mais
Or quel Malgache ne
apparitions avec l'assurance la plus complète, souvent
les
faut pour
il
l'a
pas? Ces
même
avec
impatience. «
Pour quelques-uns
elles
commencent
au bout d'une année, quelquefois plus «
Au
place
dire des Malgaches, les parents
oit
jadis
ils
coupe commune,
On
pour d'autres seulement
d'autres fois plus tard.
morts viennent s'entretenir avec leurs enfants, qui reposent à
ont eux-mêmes pris leur repos;
choses dans leur ancienne case. à la
à avoir lieu dès le jour des funérailles,
tôt,
les voit
ils
montent à
manger l'âme du
l'étage,
riz
ou
redescendent
celle
et
la
inspectent toutes
du miel qui leur
est servi, boire
etc., etc.
Comment avoir des doutes sur la réalité de ces apparitions, puisqu'on retrouve alors pendant la nuit les mêmes personnes avec lesquelles on fut autrefois en rapport. C'est leur voix, leur figure, leur démarche, rien n'est changé à leurs traits et à leurs mœurs bien connus. leurs manières, leurs habitudes <«
:
Parfois ces chères ombres demandent un objet qui leur manque, un chapeau neuf, un lamba, une tabatière;
on se hâte d'apporter « «
l'objet
réclamé au tombeau du défunt, et le lendemain son ombre vient remercier.
Les maris reviennent consoler leurs épouses Si elles enfantent
dans
fidèles, et
leur veuvage, serait-ce
ne
les laissent
douze ans après
la
veuves que de nom.
mort de leur mari,
la loi,
fondée sur
DE TANANARIVE A FIANARANTSOA. la foi
en ces apparitions singulières, admet reniant au partage de
enfant peut être privilégié,
du vivant de leur
on pourra
et
le
de consolant.
père.
Ils
aiment à se
procurer
les
et
Une mère, par exemple, inconsolable de
«
couche, à l'heure où tout
l'ail
possèdent certains secrets pour cela. ce que ses enfants ne sont plus, se lèvera doucement de sa
silence dans la nature, et les appellera de sa voix la plus tendre. Puis dou-
cement, dans sa case, à l'angle appelé angle de
ombres, ainsi qu'une coupe pleine d'eau pure; conduit à l'étage,
du
prière, elle servira
la
effet,
sement «
la
le
ou du miel
à ses chères
montant
l'escalier qui
cl.
à paraître, elle verra leurs silhouettes se
ne larderont point
cloison opposée, elle pourra les contempler avec amour, durant lout
départ, elle aura
riz
placera une lampe à côté,
elle
accroupira, les yeux attachés sur son offrande.
elle s'y
Les chères ombres, en
«
le
fortune du mort; bien plus, cet
la
choisir pour chef de la famille, au détriment des frères nés
Les apparitions de ce premier gerire sont, aux yeux des Malgaches, des événements qui n'ont rien que
«
la
307
bonheur de
les
entendre de leurs voix d'enfants
le
temps de leur repas,
saluer en
la
dessiner sur
au
cl
adressant respect ueu-
lui
formule habituelle du remerciement.
Nous venons de
parler des apparitions consolantes
nom de récréatives; nous On sait que rien n'égale
d'autres qu'on désignerait mieux smis
est
n'en dirons qu'un seul mot. la
(i
Dans un passé encore bien
comme nous
en
il
;
passion des Malgaches pour les combats de taureaux, de chiens ou de coqs.
récent, les souverains
cl
riches possédaient
le-,
entretenons en Europe des chevaux de course
animaux pour les nourrir, les dresser
cl les
;
cl ils
conduire au combat.
<
ici
des animaux de combat,
avaient des escla\ es au sen >r,
il
ici'
parfois que des
est arrivé
ont été réveillés en sursaut, par les cris tumultueux d'une foule d'ombres, qui se donnaient
A
temps d'une de ces joules.
la
laveur d'une vive lumière on apercevait distinctement dans
de ces
\
illages
le
passe-
la pi ai ni'
des
ombres de taureaux, qu'entouraient des ombres de spectateurs; des esclaves chargés de dresser leurs bêles, les poussaient l'une contre l'autre, les encourageaient par
un coup d'éclat, s'apitoyaient sur gnaient «
les plaies
d'usage, les applaudissaient après
après leur défaite; leurs mains caressaient
elles
le
vainqueur,
cl
><>i-
du vaincu.
L'Européen qui
ces lignes sourira peut-être d'un sourire d'incrédulité,
lira
Nous axons
rêves ou d'hallucination. «
le cri
Ce que nous devons cependant
et
certifier, c'est
que
témoins de qui nous tenons ces
les
sérieusement. Tous affirmaient avoir vu de leurs yeux, entendu de leurs oreilles, parole du témoignage
des faits publics, et
«les
ils
habitants de leur village qui Ions avaient
s'étonnaient
traitera ces récits de
premiers éprouvé ces sentiments.
les
forl
de nous voir en douter
\
a el
el
entendu
et
ils
faits parlaient
appuyaient leur
comme
eux
;
c'étaient
ne pas prendre au sérieux leurs
étranges récits. «
Voici d'ailleurs un
«
Le grand conquérant de Madagascar, Andrianampoinimérina, venait de passer de
l'ail
analogue,
el
bien plus célèbre
moins, durant l'espace d'un an environ, on le
passé.
Au
signal
qu'on appelle
garde
les
du couvre-feu, alors que
rues de
lui portait les
un mot de blâme à
la
capitale,
armes, lorsqu'il
il
le vit
la
circula lion esl interdite
ronde
occurrences
à
à
coup dans
le
labyrinthe de casse-cou,
l'enceinte intérieure
du
cl le
mérite.
Il
entrait ensuite la
palais.
La
à celui-ci,
dans ses appartements
garde quintuplée aux portes,
el
consigne sévère de ne laisser en lier personne. «
le
dans
Néan-
comme par
son ordinaire, donnant un mol déluge
privés, et y faisait paraître des signes sensibles de sa présence, malgré la
vie à trépas.
continuer, dit-on, de loul régler à sa cour,
se montrai) tout
faisait sa
celui-là, suivant les
:
D'autres commandaient lejour,
il
régnait
la nuit, cl
prenait à plaisir
jour. Dix mille vétérans, qui se sonl succédé dans la garde
de ces
laits, el
du
le
contre-pied désordres donnés
palais, se portent
comme
les
témoins
assurent avoir mille preuves de leur réalité objective.
«
Un mot
«
Nous avons
encore, pour dit
que
finir,
sur les apparitions désagréables el les
les visiteurs
moyens de
s'en débarrasser.
de mauvais augure se connaissaient à leur silence obstiné, au
désordre qu'ils mettaient partout sur leur passage, à leurs obsessions insupportables, etc.
VOYAGE A MADAGASCAR.
308
Ces signes une
«
obtenus,
fois
n'y a pas lieu
il
de douter,
l'on doit
et
aussitôt songer à mettre
en
l'ombre
fuite
malheur;
de
d'abord
par
moyens simples
les
ordinaires,
et
ensuite par
les plus redoutables.
en
se peut
II
ci
que ce
effet
un parent qui
soit
vient avertir ainsi quel-
qu'un
des
siens
d'un
danger imminent auquel ne
celui-ci
Le
songe pas. d'un coq
sacrifice
dont
on
tète,
suffira
jurer
le
offrira la
lui
pour con-
péril
et
faire
cesser l'apparition,
Le fantôme
«
molester
à
l-il
son,
persistela
mai-
faut s'armer de
il
haricots et de tout pedébris de pots
tits
cas-
dès que l'ombre
sés, et
reparait,
la
harceler
sans relâche avec cette
de
mitraille
espèce. sûr,
pas
parent,
jours
et
obstiné esl un paient, c'est un signe manifeste qu'il élait sorcier.
se
garde de rendre son déshonneur public,
il
tient
Investi d'une pareille mission, celui-ci va trouver
juge convenable. Le mpsikidy de
la
lui
le
mpsikidy,
coq, un
mouton ou même un bœuf, »
le sacrifice doil
Rainimanana me donnait bien d'autres
du
s'offrir
le
1er leur
En
aura entièresi
visiteur désagréable
pareil cas,
un honnête Malgache
que ce
les
membres
les plus dis-
qu'il faut.
met au courantde
el le
sorcier.
Que
au plus
détails encore sur les
ancêtres. Toutes ces croyances seraient trop longues à relater
voyer
elle
cinq
l'affaire,
autant
déclare alors quelle victime doit être immolée pour sauver
famille poursuivi sans relâche par l'ombre
conjuré.
l'ombre d'un qu'avant
le
secrètement conseil avec
crets de la famille, et désigne avec eux le plus capable de ne dire
membre
être
ment disparu. Mais
TYPES TANALA.
qu'il le
peut
pourvu que ce ne
soit
«
On
nouvelle
tôt.
la
Le mauvais
soit sera ainsi
coutumes bizarres des ombres de
ici, et
je
le
victime désignée soit un
ses
ne puis mieux faire que de ren-
soucieux de s'instruire des idées religieuses des peuples madécasses à l'ouvrage remar-
quable du P. Abinal.
DE TANANARIVE A FIANARANTSOA. Les Tanala, qui se trouvent non loin
309
et
d'ici
qui sont par conséquent voisins des Belsileo, en diffèrent
cependant quelque peu au point de vue
ethnique. Leurs caractères anthropologiques se
rapprochent beaucoup plus des Bctsimisaraka, d'une manière très logique
dans
doit les faire rentrer
on
et très naturelle,
grande
la
et
famille des
tribus de l'Est de Madagascar, dont le Betsimi-
saraka
est le type.
Beaucoup plus que
Belsileo.
le
Tanala présente certains caractères africains
le
comme
Bctsimisaraka,
le
a
il
lèvres épaisses, le nez écrasé, et laineux.
pus
dans
tribu
celte
Pas
duelles.
Quoiqu'il en
Madagascar,
que
les
on peut trouver
soit,
beaucoup
plus
cheveux cré-
les
el
:
leinl noir, les
le
de variétés indiviautres
les
de
tribus
Tanala n'onl pu échapper aux in-
fluences de voisinage; les métis sonl par consé-
quent très nombreux, Tanala
cl les autres
alliances entre les
les
et
tribus de
l'île,
les Belsileo
principalement, ont altéré chez beaucoup d'individus
que
type primitif;
le
il
n'en esl pas moins vrai
trouver souvent les vrais caractères
l'on peul
de cctle tribu.
Parmi toutes les
les
Tanala forment un
ressants à particulier
connaître. :
peuplades de Madagascar,
Leur pays
ce sonl les
tribu des Tanala esl
peuple
petit
hommes
en
îles [tins inté-
esl
de
à
tout
l'ail
La
forêt.
la
confinée entre
effel
la
parlie méridionale du plateau central, à l'Ouest,
habitée
par les Belsileo,
el
la
zone
habitée par les Betsimisaraka
l'Est,
Antaimoro du Nord; au Sud, ne va pas plus loin que
le
le
littorale, el
les
à
tribus
pays des Tanala TYPE
Mananara; au Nord,
T \N
V
\
pas de limites précises: dans celle parlie,
il
n'a
le
pays des Tanala, très peu large,
prement
dite;
il
resserré entre l'Imerina
esl
semble cependant atteindre
les
contins du
el
la
province
«les
pays bezanozano.
tribu des Tanala doit se placer à côté des Betsimisaraka, par conséquent dans
La
Betsimisaraka pro-
le
groupe des popu-
lations de la côte orientale de Madagascar. Si tous leurs usages, leurs habitudes, leurs celles des Betsimisaraka,
coutumes, sont absolument analogues à
moins acquis au contact des peuplades
leurs voisins de l'Est,
belsileo, leurs voisins de l'Ouest,
mœurs, ils
leurs
on! néan-
certaines coutumes dont
la
plus apparente esl sans contredil leur système d'architecture.
On Lux
raconte beaucoup de légendes sur ces Tanala. que les Antimerina
aussi sonl traités de èabakoto, el les tribus
gache
comme
du plateau
el les
Belsileo connaissent peu.
central aimenl à donner ce lémurien mal-
ancêtre aux Tanala.
Voici la traduction française d'une de ces légendes tanala que je donne d'après
m'a été fourni par Bainimanana. D'après
Antimerina se trouvent dans
les
texte antimerina qui
Tanala seraient des chais sauvages, dangereux pour les lorsque sont dans leurs forêts, mais au contraire inoffensifs
lui, les
hérissons (les Antimerina) lorsque ces Tanala les
le
pays dénudés
et
campent sur
les
massifs rocheux de l'Arindrano.
VOYAGE A MADAGASCAR.
310
LE HÉRISSON ET LE CUAT SAUVAGE.
Un
hérisson et un chai sauvage avaient, dit-on, échangé
chez nous, l'ami
»,
chat sauvage. —
dit le
serment du sang.
le
rendirent et
Ils s'y
quand
gros os qu'une poule avait dérobé et qu'ils mangèrent tous deux. hérisson dit à son tour
«
:
Ami, partons maintenant
compagnon dans
hérisson ne conduisit pas son
«
Allons nous réjouir
furent arrivés
Lorsqu'ils furent rassasiés, le
au chat sauvage
cria
tomba sur
Voici quelqu'un, l'ami!
«
:
pieu qui lui traversa
le
mes parents
invité
« J'ai
tout
».
Tous
les
s'adressant à tous, leur cria les
Oh!
«
:
museaux
les
Ne me
«
:
mais sur cette pierre plate là-bas,
quand
tuez pas
mangé
les
le
os de leur parent!
»
il
Quand
tout fut achevé,
le
aplatis qui ont mangé' les os de leur parent! :
«
Tuons-le à l'instant, car
leur dit
il
nous
:
le
hérisson, »
— Tous
a ensorcelés!
»
messieurs, car je ne pourrais être tué en cet endroit,
ici,
— Les chats sauvages acceptèrent, mais
».
hérisson pénétra dans une fente de la roche
salua les chats sauvages
il
bois pointu, après
convenable de manger seuls
n'est pas
il
je pourrais l'être facilement
furent fous arrivés au lieu indiqué,
ils
hors d'atteinte, et de nouveau ont
de viande, car
chats sauvages se mirent en colère et s'écrièrent
— Le hérisson leur dit alors
Le chat sauvage
pour leur expliquer son présent
et
remercièrent et mangèrent.
le
»
ventre et mourut. Le hérisson lui coupa alors une cuisse qu'il
le
et voici votre part
chats sauvages
le
—
— Le chat sauvage sauta du haut de l'arbre,
»
compagnons du mort,
porta à d'autres chats sauvages,
mais
mais dans un verger de citronniers.
sa maison,
Nous y sommes, dit-il à ce dernier, il y a des fruits, monte sur cet arbre et mange. grimpa sur un citronnier, le hérisson planta alors au pied de l'arbre un morceau de il
ils
Ils s'éloignèrent,
».
«
quoi
trouvèrent un
ils
—
chez nous
et allons
—
ert
leur disant
Oh!
«
:
et se
museaux
les
trouva
aplatis! qui
Les chats sauvages, honteux, s'en retournèrent chez eux.
Ces indigènes, réunis en agglomérations peu importantes, demeurent dans des maisons en bois analogues à celles que nous voyons dans défrichent cependant
autour de
le
Betsileo;
vivent surtout de chasse et de pèche;
ils
espaces, dans
leurs villages quelques
cipalement, qui produisent des graines et des légumes en quantité
ils
fonds des vallées prin-
les
suffisante
pour leur alimenta-
tion.
C'est J'ai
dans cette tribu forestière que
vu quelques adultes dont
la
l'on rencontre le plus d'individus
hauteur totale ne dépassait pas
1
m.
15.
de petite
taille
observations faites par mes prédécesseurs à Madagascar qui ont pu donner naissance à
Kimos, ces peuples nains qui habitaient sur les centres
gascar, à
ma
Lors de dans
le
inconnus.
la
A
arbres et
les
à la
(
Sud
légende des
ce sujet de peuples nains, je m'empresse de dire qu'il n'en existe pas à Mada-
connaissance du moins.
conquête du Betsileo par Radama
I
er ,
et
de l'établissement de
la
domination antimerina
sud du plateau central, beaucoup d'indigènes conquis, mais non soumis aux vainqueurs, quit-
l'est
surtout dans
la
du Tanala, qui
province d'Arindrano que se recrutèrent avec
domination antimerina.
qu'ils découvrirent
La
la
que certains voyageurs aiment à placer dans
tèrent leur pays et se réfugièrent dans l'Est, dans les forêts lable.
à Madagascar.
Peut-être sont-ce de semblables
Ils se
au milieu de
rendirent
la forêt ils
partie habitée d'Ikongo forme
une
nombreux chez
vinrent fonder
vallée
les
un
asile invio-
Tanala, et dans une vallée profonde
d'Ikongo.
la ville
ou un bassin long
est d'environ GO kilomètres et de 23 à 30 kilomètres à
leur offraient
plus de facilité ces insoumis
le
et
peu près de
étroit,
dont l'étendue du Nord au
l'Est à l'Ouest.
Elle est enfermée de tous côtés par une suite de collines élevées qui font partie, à l'Est et à l'Ouest, du
système général des montagnes de Madagascar. Les monts en forme d'aiguillons à l'extrémité
îles
si
moins élevés au Nord
et
au Sud s'élèvent
plus longues chaînes de montagnes.
De tous côtés, s'étend une immense el magnifique ment épaisse qu'elle est presque impénétrable. Les voyager à Madagascar) sont
les
étroits et couverts
forêt, vaste,
roules ou
en
telle
majestueuse
et
imposante, mais
plutôt les sentiers (seuls
abondance de
telle-
moyens pour
petits arbrisseaux et autres
plantes touffues, qu'il est impossible à deux personnes d'y marcher de front.
La
difficulté
de voyager
DE TANANARIVE A FIANARANTSOA. est
encore augmentée par
toujours dans
même
la
rière bien difficile,
A
rempart
nature ardue du terrain, par les troncs d'arbres renversés que l'on laisse
la
où
position
sont tombés,
ils
pour ne pas dire impossible,
l'Est, la forêt est
large d'environ dix-huit heures de marche, de sorte qu'elle forme pour Ikongo un
une protection toute naturelle.
et
repoussés,
et,
siège devant Ikongo, mais
le
pour cette raison. Ikongo
est
le
devenue
rapport du commerce,
gens des provinces voisines.
Il
il
n'y a
que
peu
fort
île
impre-
où vont s'enfermer ceux qui
l'asile
transactions entre les populations tanala ci
pour
aller s'approvisionner
ces forèls seraient
les
marchés
voisins.
11
du
maxima. Les planches
mon
les
et
marchands
d'il les
eux-mêmes par conséquent n'aiment pas n'y a
une des plus grandes richesses de Madagascar
façon intelligente. Je donne, d'après trouve aux environs
sur
cl
la
insistant principalement en toiles et
indiennes, cotonnades, quincaillerie, mais les Tanala ne voient pas toujours d'un bon
la
comme
gouvernement de Tananarive.
commerce
y aurait bien un certain
antimerina qui s'aventurent sur leurs territoires, leurs forêts
toujours été
ont
Antimerina pour un motif quelconque. La tribu des Tanala vient donc grossir encore
les
déjà longue des provinces malgaches insoumises au
Sous
ils
qui est sur les confins du Betsileo, peut être considérée
et celte ville tanala,
nable par les Antimerina,
craignent
Lien qu'ils forment, dans certains cas. une bar-
si
à franchir.
Plusieurs fois, les Antimerina sont venus mettre
liste
311
aucune
si
industrie,
elles étaient
el
de
à sortir
«•(pendant
exploitées d'une
journal de voyageur, les principales essences forestières que
je
d'Amboasary. Les hauteurs données sont presque toutes des hauteurs
village
hache ont une longueur
faites à la
une épaisseur variable- au gré de
el
largeur ne peut varier que dans des limites beaucoup plus étroites selon
le
l'artisan,
diamètre exploitable de
l'arbre considéré.
On trouve dans les forèls tanala de fort beaux me montre mon guide sont les suivantes
que
arbres, les essences forestière- sont 1res variées, celles
:
Lalona.
— Grand arbre,
30 mètres de haut, bois rouge, lourd, dur, peut
bois de construction, pirogues;
—
Voamboana.
Grand arbre, 30 mètres de haut, buis rouge.
bois de construction Itotro.
—
el
des planches de
in.
80.
1res Awv. assez lourd, pourrit assez vile.
m. 80.
d'ébénisterie, planches de
Grand arbre,
l'aire
lalonavavy sert à faire du charbon.
le
18 mètres de hauteur, bois rougefttre, résistée
la
pourriture, planches de
m. 30.
—
Varongy.
13
mètres de haut, bois jaune, assez léger,
vite pourri,
planches de o m. 30. bois de con-
struction.
—
Tsitsihina.
8 mètres de haut, bois jaunâtre, assez lourd, dur. résiste à
struction, planches de
—
Vintanina.
m.
Ambora.
— 30 mètres de
Vandrika.
ches de
les palais,
—
Om.
Zahana.
i
m.
20.
haut, bois jaune veiné, bois dur
presque imputrescible,
el
m.
des cercueil-, ébénisterie, planches de
mètres de haut, bois jaune, dur
et
sert
à l'aire
des
60.
assez lourd, vite pourri, bois de construction, plan-
10.
—
3 mètres de haut, reflets bleuâtres, lourd
ches de sagaies
el d'outils,
planches de
m.
el
struction, filanjana, planches de
Lambinana. Valanirana
— (
et
dur,
|
ourrit vite, bois de construction,
man-
08.
— 2 mèlres de haut, bois jaune, dur Hajondrano. — 20 mètres de haut, bois jaune,
Famelona.
assez lourd,
dur
et
manches de sagaies
lourd, pourrit
el d'outils.
peu facilement, fois de con-
ni. 20.
18 mètres de haut, bois blanc, tendre et assez lourd, pièces de charpentes.
Voavarana, Betsi).
bois mauvais, planches de
Leliambo.
putréfaction, bois de con-
10 mètres de haut, bois jaunâtre, léger, vite pourri, bois de construction, ébéniste rie,
odeur agréable, planches de
bardeaux pour
la
20.
m.
—
30 mètres de hauteur, bois blanc léger, résiste peu à
25.
— 2 m. 30 de haut, bois blanc, dur
el
lourd,
manches de sagaies
et d'outils.
la
pourriture,
VOYAGE A MADAGASCAR.
312
— 10 mètres de haut, bois violacé, dur et lourd, bois de construction, de charpente. — assez lourd, pourrit assez vite, bois de con28 mètres de hauteur, bois rougeâtre, dur Hetatra. Haîombaio.
et
m.
struction, planches de
Hajobongo (Nato,
30.
Betsi). — 6 mètres de
hauteur, bois rouge, dur
lourd, l'écorce sert à la teinture
et
en rouge, manches de sagaies et d'outils.
— 6 mètres de haut, bois blanc,
Masehizano ou Masaizano.
— G mètres de haut, bois jaunâtre, léger
Voalava.
léger
tendre, mauvais bois.
et
tendre, odeur empyreumatique, sec, on en fait de
et
grandes pirogues. Harjonloha.
—
fliaka.
— 2 mètres de haut,
bois rougeâtre, dur et lourd,
1S mètres de haut, bois jaunâtre, dur
m.
planches de
manches de sagaies
et d'outils.
assez lourd, pourrit vite, bois de construction,
el
25.
Ambovitsika. — 1G mètres de haut, bois blanc, léger Bajonovy. — Arbuste. lovoka, — 2 mètres de haut, bois jaune, sert aux ody. Voara. — 10 mètres de haut, bois blanc, tendre
et
tendre, se pourrit vile, mauvais bois.
et
très léger,
boucliers,
tambours, ne
plats,
se
fend pas.
— 12 mètres de haut, bois blanc, léger et tendre, bois — mètres de haut, bois jaunâtre, assez lourd dur.
de charpente.
Voatauovaralra.
Valopangady. Maroiravina.
et
\
—
Arbuste, feuilles épineuses.
Hajon-dreana. Arbuste.
— Arbuste, sert aux ody. foudre. Tsilai-baratra. — Arbuste ody, contre syphilis tertiaire. Andraisoa [Kimboiboy en Betsi). — Arbuste, feuilles employées contre bois lourd, ne se pourrit pas Finga. — 20 mètres de hauteur, bois jaunâtre, veiné, dur Tsilailra.
la
la
vite,
et
m.
struction, planches de
A
celle liste
40.
que
déjà longue des essences de bois
L'arbre du voyageur, qui, en
le ravenala.
forestière orientale, est
ici
très
commun.
effet, à
l'on trouve
en est de
Il
quittant
revoir, et
le village
nous arrivons
même
betsileo,
da moins dans
les forêts tanala,
le
traversant celte
même
manière moins absolue cependant que
zone forestière orien-
(pie là
nous ne devons plus
en pays betsileo, dans
celle de l'Imerina.
Autour des
on peut voir dans des enclos assez bien entretenus
manguiers, caféiers, citronniers, goyaviers, bananiers; à côté de ces arbres à
siers,
disséminés dans voandelaka,
lilas
la
campagne
el
principalement groupés sur
de l'erse (Melia Azederach
');
le
dans l'Ouest
et
dans
dodonexfolia), et
arbuste
le
le
les
:
le
pêchers, bibas-
fruits,
hauts sommets, des arbustes
et
on trouve, tels
que
qui sert de bois à brûler (Ficus Baronï);
le
le
tsiafakomby arbuste épineux que nous avons déjà rencontré ,
Nord, sappan de Bourbon Csesalpinia sappan);
le
dingadingana, arbuste (Psiadia
dingadingambasaha, autre arbuste (Juslicia gendarussa): Yamberana (Urera amberana),
à feuilles urticantes, très
employé pour
les clôtures, ainsi
que
le
roingiry;Yampaly (Ficus
ccoides), dont les feuilles sont employées par les indigènes en guise de papier de verre;
dont
villages
zahamborozano, jambose ou jam-rosa (Jambosa-Eugenia);
Vamontana, qui atteint quelquefois 8 mètres de hauteur seva, arbuste (Beddleia Madagascmiensls); le
faut ajouter
des fougères arborescentes des vakoa, des
au village d'Antandrokazo. Nous sommes revenus
cette partie,
me
il
végétal caractéristique de la zone
d'Amboasary, nous faisons nos adieux aux Tanala,
vite
cette zone dénudée, d'une
dans
Madagascar, est
bambous que nous avons déjà rencontrés plus au nord, en tale, à notre départ de Tamatave et de Mananara.
En
de con-
bois dur sert à faire des
manches
d'outils
le
soro-
zahana, arbre
ou de sagaies (Phyllarlhron bojerianum);
le
hasina
(Dracxna anguslifolia), arbuste, que l'on suppose aimé des Vazimba, est employé par les Betsileo
pour fabriquer des instruments de musique;
^.
Ce
lilas
le
tainakoho, arbuste à fleurs jaunes, en betsileo sannlry
de Perse ainsi qu'une variété d'eucalyptus sont des arbres importés récemment à Madagascar.
DE TANANARIVE A FIANARANTSOA. (Cassia Isevigata);
grandes fleurs
le
falahidambo {Dichroslachys lenuifolia);
grande espèce (Hibiscus
roibevavy, la
le
donl l'écorce rugueuse sert aux enfants à
et
arbuste à piquants qui donne de
roibe,
des frondes
l'aire
diversifolius), et le roimainty
313
espèce d'hibiscus
[Rubus fructicosus
servent à
comme
une boisson
l'aire
Cependant nous
celle
le
donl
.
'
rappelle assez bien nos framboises de France;
du thé (Aphloia iheseformis
le
mûr
fruit
le
fandramanana ou voafotsy, arbuste dont
:
les feuilles
.
maintenanl au milieu de mai. La température se maintient toujours fraîche, principalement pendanl les heures qui précèdent le lever du soleil; mais les pluies fines, les brouillards voici
ont cessé complètemenl
pas de temps
à
perdre
nous sommes entrés tout à
;
je hâte de tout
el
mon pouvoir
patientes recherches, nous trouvonsà Fianarantsoa tent à
nous suivre dans
Sud
le
convoi. Bien entendu, dans
el
saison sèche des Betsileo.
la
nos préparatifs de voyage vers
dan-
et
vont se dire Betsileo
ils
Nous n'avons
Sud.
hommes
environs quelques
les
le
qui, ajoutés à nos fidèles de Tananarive, vont former
Sud
le
dans
l'ait
le
A
force de
qui consen-
noyau de notre
ne faul pas que dans les tribus insoumises que nous allons traverser on nous voie accompagnés d'Antimerina. Cette compagnie pourrait compro-
mettre totalement
le
aux tribus rebelles
succès de notre entreprise,
chez, lesquelles
quelques excursions chez
les
dan- tous
les cas.
fort
probablement consentiront
à
le
commandeur de
dan-
mal
fort
sa
jeunesse
qui veut bien voyager avec nous.
il
le
l'ail
nous suivre. Le- avis de Rainimanana
Ambohimandroso nous trouvons un esclave betsileo Rainizanaka, c'est son nom, a été l'aire du commerce chez le- Bara; de celle tribu, en parle
a
sur ses conseils nous allons dans l'extrême Sud-Betsileo, chercher
cl
sonl bons, car à
toire
nous recommanderait
nous allons passer. .Noire ami Rainimanana
Bara,
de ses anciens compagnons, qui
et,
il
:
dialecte,
noire caravane,
i-
cl
non- sera certainement
trouve rapidemenl
compléter noire convoi. Je suis heureux d'avoir terminé en dehors des Malgache- proprement dits, un créole de
le- h,
connaît un peu
fort
mimes qui nous
le
recrute
la
Réunion
ni
-,|
du
terri-
sonl nécessaires pour
de notre persoi Mitra
lé
i
le
Rainizanaka, qui doit être
utile.
1.
Nous avons,
un natif
el
-le
Sainte-
Marie, Barthélemj Louai, qui s'occupe plus spécialement de nos armes, de no-
,,,-lr mts et des col—j'avais jugé que la santé de notre fidèle Jean Botonelui permettait pas de s accompagner dan- le Sud, et, à son grand regret, j'avais «lu le laisser à Tananarive un commandeur indigène, Rainizanaka, avec 32 homme-, 16 porteurs de bagages el 16 porteurs de filanjana. Comme <m voit, j'avais renoncé aux bêtes de s ne, qui ne pouvaient pas non- être d'un grand
lections d'histoire naturelle '
;
—
service,
el
j'avais
conservé
comme
yen de
malgache, qui restera, quoi qu'on en péenne n'y aura pas Notre personne] kirobo par jour
gascar, el
élail
el
était
néa
complet
homme
lins
el
c'était
le
matériel,
longtemps pour de interdisait
le
la
grande
plus important; je
problème
telles
Ce
.
acceptable, vu les circonstances
fie,
le
pavais
et les ,
pays
car
il
difficiles élail
qu'une nation euro-
fort
cher,
il
que nous
esl vrai,
un
pour Mada-
allions traverser,
expressément stipulé, avec nos
pavés en argent coupé à Fianarantsoa.
si
Maislre
el
moi
du voyage.
élail
moins
expéditions,
et
difficile à
résoudre.
d'un autre côté
le
Nous
étions d'ailleurs équipés depuis
nombre de nos porteurs de bagages nous
absolument toutes proi isious superflues. Nous n'avions donc que
quantité suffisante.
tant
salaire, relativement 1res élevé
marché, convention
salaires leur seraient
le
là
sous de notre monnaie
(2o
n'étions pas morts, tués en cours
Four
iode,le filanjana, cette chaise à porteurs
ci
dise, l'unique véhicule de
surtout les termes de notre fanekena
porteurs, que leurs
cl
construire des voies de communication.
l'ail
par
tion, rapide
loc
Nous n'avions en somme trouvé dans
seule difficulté, mais elle élail aussi grande qu'imprévue.
les préparatifs
Lu
le strict
nécessaire, mais en
de notre voyage du Sud qu'une
dans
les provinces méridionales que nous nous proposions d'explorer, l'argent ne passait plus sous aucune forme. Tandis que toutes les autres tribus que nous avons rencontrées jusqu'à ce jour admettaient au moins la pièce de cinq francs, entière elle!,
ou fractionnée en petits morceaux:
les tribus méridionales, qui vivent à Madagascar dans un isolement presque complet, ne connaissent aucun métal précieux, exigenl pour leur transaction des perles, de la verroterie, en un mol des marchandises d'échange. Nous étions fort embarrassés, d'abord parce que nous n'avions aucune idée des objets qu'il nous fallait emporter, el ensuite à cause du poids fort lourd (pie
40
VOYAGE A MADAGASCAR.
314 cela
nous obligeait à traîner avec nous. Dans
seepurs, et nous n'avons eu qu'à nous louer dans
Madagascar, qui
même
contredit village
donner
comme
connu pour
mesure de suffise
riz
de ses indications. Dans
la
le
Sud
;
détaillée
les
el
l'aile
l'ut
les tribus
des étoiles de cotonnade
marebandise d'échange
la
d'un grand
et
du sud de
d'indienne,
plus appréciée
est
sans
faisons donc une certaine provision sur lemarclié d'Ambalavao,
cela dans tout le S.ud-Betsileo et réputé
une nomenclature
ici
Nous en
perle de verroterie.
sons provision pour
me
la suite
autrefois dans tout l'Ouest, abstraction
maintenant ont cours un peu partout, la
Rainizanaka nous
celte circonstance,
pour ses
odij
ou talismans. Je ne veux pas
une description minutieuse des différentes perles dont nous
modes changent
,
cl
avec
tint»
perle dans
le
fai-
goût du jour on obtiendra une
chez des Bara, alors qu'avec deux perles démodées on n'en aurait pas une poignée. Qu'il
de dire que ces perles de verroterie, de fabrication allemande, sont très répandues dans tout
le
sud de Madagascar. Elles se divisent en deux types principaux. Les unes sont de petites perles spbériques blanches, bleues, rouges, noires, toujours opaques. Les petites perles bleues, qui ont environ 5 milli-
mètres de diamètre, s'obtiennent aisément chez
les
marchands du
Betsileo à raison de 18 sous le 100, et
avec quatre d'entre elles on rachète une poule dans toutes les tribus
forme cylindrique
:
elles sont
beaucoup plus grosses que
facette plane, tantôt tordus sur leur
grand
axe.
les perles
j'achèterais chez les Bara et chez les
Antaisaka un bœuf de
qui représente une valeur réelle à un
moment donné chez
de
sphériques; les cylindres sont tantôt à
me
procurer à Ambalavao pour
-2
fr.
50,
fort belle taille. Mais, je le répète, telle perle
certaines tribus du Sud, peut la perdre complè-
Donc, pour l'achat des perles de verroterie, on ne saurait trop s'entourer
et récents. En plus de nos perles de verroterie et toujours sur commandeur Rainizanaka, nous augmentons notre pacotille d'échange de petits
de renseignements minidieux exacts conseils de notre
est
Avec une perle cylindrique à facette de 10 centimètres
de long sur 2 d'épaisseur, de couleur rougeâtre, que je peux
tement quelques mois plus tard.
du Sud. L'autre type de perles
roirs ronds, d'aiguilles, de couteaux, de pinces à effiler, de quelques
coupons
d'étoffe. J'ai
môme
les
mi-
au fond
d'une malle deux petites boites à musique qui viennent de France, et qui, chez ces peuplades sauvages, atteindront, je n'en doute pas, une grande valeur.
Maintenant tous nos préparatifs sont terminés. Nous présentons nos adieux à M. et,
le
docteur Besson,
munis de souhaits de réussite des deux ou trois Européens qui habitent Fianaranlsoa, nous quittons
la capitale
des Betsileo
le
samedi 24 mai
18'JO.
ÎSC3 *
Il
A.NDANA.
NI
I
i
MAISON
RE
DANS
L
HOHOMBE
CHAPITRE Départ de Fianarantsoa.
\1
— Ambohimandroso.
Kabarj des Borizana. -. Les monts dénudés du Betsileo. Massifs d'Ankaramena. Vallée Tsimandao. - Les sauterelles Sur le territoire bara. Madagascar. Dans la brousse.- Le plateau des Lamboany. Les mpanjaka bara. Le roi de Zazafotsy devient notre ami.- Au village d'Ambararata. Ihosy. Au village d'Antanambao. Chez les Bara. Sur le plateau de l'Horombe. Sur les rives du Lalana. - Attaque des Bara. \ illage de Betroky. Ivahona. de l'Andingitra
el
chaîne des Lohatrafo.
—
Village
«
1
;
1 1
.
i
—
-
—
—
—
—
—
D
—
ans presque Ions les pays du monde, lorsqu'on
commence un
grand voyage avec un personnel nombreux, dès
la
première heure loul
Nous voyons, par règle s'applique
n
le
rare que
temps
prêl en
le soil
esl
il
el lieu.
ce qui nous arrive aujourd'hui, que cette
bien à Madagascar.
liï's
S'il
était
besoin de
preuves, nous en aurions ce malin une confirmation éclatante. lies les
faire acte
premières heures du jour, quelques zélés sonl venus de présence, mais
heures
1()
hommes que
<ln
malin. Selon
aillent à
les
charge sur
gros de
le
el
alors...
d'entre
leurs familles
eux
l'oint
FRERE
n'esl
in:
HOI
DAMBARARATA.
besoin de
me demandent
charges,
poser
trouve, bien
le
bambou de
il
faul en passer
à aller faire
par
là.
leurs adieux à
ou à prendre dans leur case quelques objets indispen-
nous partirions ce malin,
raisonner avec ces
lie les
on ne pari pas. Oh! je suis Lien
sables qu'ils oui oubliés. Voilà huit LE
)n
vérifie les cordelettes,
poids exagérés, se décide enfin à
les épaules,
(
les
d'impartialité possible. Puis, cha-
|>lns
habitué à celle façon d'agir des porteurs;
Beaucoup
troupe ne vient qu'à
la
habitude bien malgache,
empaqueter noire matériel.
je distribue avec
cun soupèse son paquet, entendu,
le i
et
jours qu'ils sont prévenus que
leurs dispositions
nègres. Je sais qu'ils poursuivent
ne sont pas prises.
un but
obtenir qui lque avance sur leur salaire du voyage. Si cette avance était forle,
il
est
:
ils
veulent
bien entendu
VOYAGE A MADAGASCAR.
316
que
je
no los reverraîs plus, et n'ayant pas et surtout je
donc quelque argent,
me
force pour moi,
la
propose
d'aller très
me
il
employer
faut
lentement au débui de
Betsileo méridional, contrée relativement très sûre. Je ne m'engagerai sur je
devrai à chacun de
ce
moment
me
ils
jusqu'à Ihosy,
Après 1
les
mes porteurs une somme
suivront partout, j'en
assez importante.
quasi-certitude;
ai la
dernier poste antimerina dans
le
ne
il
mon voyage dans
connais
Malgaches, dès
les
maintenant que de
s'agit
le
bara que lorsque
le territoire
Comme je
Je leur donne
amuser
les
Sud-Betsileo.
le
kabary d'usage, et de nouvelles répartitions des charges, nous parlons enfin pour
le
Sud
à
heure de l'après-midi.
Nous suivons
la
route que nous avons prise
il
y a quelques jours
pour
nous faisons halle au village d'Ambalafeta. Le dimanche 25 mai, nous marchons trois heures pour nous rendre
plaine de
comme
village, construit,
un important
C'est la
la ruse.
Mananantanana. On compte
Ambohimandroso environ 150
ne verrons plus que de pauvres villages betsileo, dont
mœurs
et les
coutumes
Ambohimandroso. mamelon assez élevé
à
sur un
la règle,
cases; c'est
qui domine
donc une agglomé-
reste que nous allons trouver sur notre route jusqu'à Ihosy. Nous
dernière du
ration assez importante, la
à
c'est
Vers S heures,
aller à Ifandana.
habitants ont conservé plus qu'ailleurs
les
les
de leurs pères.
Le jour suivant, nous restons encore à Ambohimandroso; nos hommes ont de nouveau des adieux à ils réclament faire à certains de leurs compatriotes, et, sur les observations des porteurs de bagages
—
toujours, c'est la règle,
—
me
il
Heureusement
qui sont déjà bien légères.
hommes
de bonne volonté;
de plusieurs ballots de
mes
porteurs,
ils
je
à
Ambohimandroso,
trouve à
même
s'engagent au
Ce jour perdu
sel.
et, faisant
faut prendre des porteurs supplémentaires
que
prix
pour diminuer le
les autres, et je dois
Ambohimandroso
mes
favorise
appel à une patience rare, je partirai quand
ils
charges,
les
pays de Rainizanaka, des
augmenter
les
projets, je laisse
charges
donc
faire
voudront.
Le 27 mai, de très bonne heure, nous sommes heureusement surpris de trouver tous nos hommes réunis à la porte de la case que le R. P. Fabre, chargé de la mission catholique d'Ambohimandroso,
Nos porteurs, qui viennent prendre leurs charges, ont presque tous acheté des sagaies pour se défendre contre les nombreux fahavalo qui, disent-ils, infestent les bouteilles de rhum le pays. Nous augurons bien de ces achats, qui valent certainement mieux que avait mise fort gracieusement à notre disposition.
dont se sont munis certains hommes. Nous partons à8 heures et demie, après avoir recommandé à nos hommes de rester groupés et de ne pas s'éloigner trop de nos filanjana. Nous prenons notre ordre de habituel, ordre que nous ne quitterons plus durant cette
marche
deux hommes en lesquels nous avons
Mitra, les
ment de et
surveiller les guides
moi formons
;
le
puis derrière eux, à
l'arrière-garde et veillons à ce
campagne du Sud. En
plus de confiance
la file
qu'aucun
et
tète,
Douai
et
qui seront chargés éventuelle-
indienne, tous nos porteurs de bagages. Maistre
homme
ne reste en arrière de
la
troupe.
D'une manière générale notre vitesse de marche pendant cette campagne du Sud, du moins à l'aller de Fianaranlsoa à Fort-Dauphin, est assez réduite. Nous ne cheminons plus en effet dans une contrée
comme
parfaitement connue,
dans
la
ment
définis. Ici tout
et
dans notre voyage à travers l'Imerina, ou mal déterminée,
il
est vrai,
comme
traversée de Mananara à Majunga, mais présentant cependant quelques points de repaire nette-
au contraire, après Ihosy, nous serons sur des
nous marcherons vers
tout quel sera le point
le
Sud jusqu'à
la
mer
si
les
terminus que nous atteindrons.
pas marcher à l'aventure,
et
nous serons sûrs d'arriver,
il
circonstances nous favorisent. Je ne sais pas du Il
est
donc de toute nécessité, pour nous, de ne
faut
nous la
relier
constamment par
fixés
par
inconnus,
la
le
(pie
l'arrière, c'est-à-dire vers le
comme
point de départ les deux derniers
P. Roblel, dans sa triangulation récente du plateau central. D'ores
nous avons pu arriver à ce résultat
triangulation du P.
Nord, avec
province des Betsileo. Pour satisfaire ce desideratum, nous avons
dû relever notre route par cheminements successifs, en prenant
heureux de dire
complètement inconnus,
puisque nous n'avons pas devant nous des points nettement déterminés où
un point de départ connu qui sera
sommets
territoires
et
réunir, à
cl
déjà je suis
travers 500 kilomètres de pays
Roblel au village de Fort-Dauphin. Sans aucun doute, malgré nos
CHEZ LES BARA.
317
instruments assez précis et notre bonne volonté, malgré les circonstances qui nous ont constamment favorisés, nous n'avons pas la prétention d'avoir fait œuvre parfaite, mais nous avons fait cependant
un tracé géographique de notre
du Sud assez exael
itinéraire
et assez précis pour répondre complèproposer tout missionnaire scientifique qui traverse des pays inconnus. A ce tracé géographique et comme contrôle, sont venues s'adjoindre des observations astronomiques, lati-
tement au but
(pie doit se
tudes par des circumméridiennes prises
le plus souvent possible; j'ajouterai enfin que les distances ont chaque étape, depuis notre départ de Fianarantsoa jusqu'au retour dans celle ville, par un podomètre convenablement réglé. J'ai hàle de reconnaître que seul je n'aurais jamais pu faire
été calculées entre
toutes ces observations
la
:
conduite de
la
caravane
mes
observations d'histoire naturelle prenaient tous
me
mes
causait trop de soucis,
instants. C'est
mon compagnon
qui s'occupait plus spécialement des observations topographiques. Pendant
les
collections
et
mes
de voyage Maistre
trois
mois qu'uni duré
mon
noire voyage du Sud.
ami, gravissant tous les sommets de quelque importance que nous rencontrions sur noire mule, s'en écartant même souvent de plusieurs kilomètres, l'ail plus de 150 tours d'horizon ;i
avec
soil
À
le
théodolite à boussole (marine N° 60 ,soil avec
boussole Kater modèle de l'état-major russe
la
.
nombreux indigènes nous accompagnent jusqu'aux dernières plupart, «les femmes quj viennent dire adieu à nos porteurs, leurs
notre sortie d'Ambohimandroso, de
maisons de maris.
II
ce sont, pour
la ville;
est étonnant de
la
remarquer
Madagascar combien
à
les
porteurs de filanjana ou de bagages ont
de femmes; ces épouses, légitimes ou non, se trouvent dans chaque village d'habitude. Rainizanaka m'explique que pour eux c'est fort
Tandis
utile.
sont assurés de trouver, dans n'importe quel village où les amèneront tureuses,
bon
bon souper,
gîte,
autres que l'Imerina, comprennent une aotable proporti
presque tous
porteurs sont des esclaves. C'est
les
proportion des esclaves
est la
les
et autres choses encore. C'est évidem
quer que tous les porteurs, en général, qui se trouvent dan-
là
aussi,
le
<p\r
[es
borizana traversent
qu'ils font leur
rude métier
ils
hasards de leurs courses aven-
ni très
pratique.
Sud comme dans
Il
est
à
remar-
toutes les provinces
l'hommes libres. Dans l'Imerina, au contraire dans l'Ankova, que d'une manière absolue la
plus forte; faible ailleurs, elle devient
presque, nulle dans les territoires
insoumis.
En esl
quittant
Ambohimandroso, nous entrons dans
la
grande plaine de Mananantanana. Celle plaine
en grande partie inculte, couverte de hautes herbes, vero {Andropogon hirlns),horona
sionis).
On remarque cependant autour
rizières,
mêmes
des piaulai ions de canne à sucre, de manioc
que
variétés
La plaine
esl
j'ai
el
là
sur
le ciel
;
les
Au
sud. c'est
le
ma— if
enfin, loin
dan-
pic
d'Andraintonga, terminé par un cône
de l'Ivohibe, I'
-I.
le-
le
somme! pointu du Vohi-
grandes roche- arides des
leurs formes bizarres.
Nous avons vu dans nos voyages précédents,
et
principalement dans l'Imerina
teau central, de nombreuses montagnes ou collines élevées. Ces hauts
toujours sous la
[ristidaq/tscen-
quelques champs d'ambrer ades des
de pal a les. Les arbres sont très rare-. Ce -uni
au nord-ouest l'Isomahy, l'énorme
surmonté d'un tombeau, l'Ansahaviro
Manampy découpent
el
et
signalées aux environs de Fianarantsoa.
entourée de montagnes élevées.
de grande; au nord tafia,
des va la disséminés çà
même forme invariable.
Ils
el
dans
le
sommets du nord
nord du plase présentent
sont constitués par de puissantes assises rocheuses recou-
couche rougeâtre le plus souvent un maigre gazon revêt leurs lianes aux pentes douées. Très rarement des émergences rocheuses apparaissent au sommet, quelques blocsde roches primitives sont accrochés à leurs flancs. Nulle part on ne voit d'arêtes vives; l'argile, résultat de la décomvertes d'une épaisse
;
position pendant de longs siècles des roches sous-jacentes, a
comblé toutes les anfractuosités. De loin en loin, l'œil ne découvre sur ces croupes arrondies que de petits ravins creusés dans l'argile par les eaux sauvages. En somme, dans les provinces du nord, dans les plaines comme sur les sommets, l'argile rougeâtre recouvre
la
roche fondamentale. Dans
Là en
le
sud au contraire, on observe
le
plus souvent une dis-
comme ailleurs un sol argileux, les sommets, les montagnes comme les collines, les mamelons comme les monticules, sont d'énormes masses rocheuses. Comme nous l'avons vu à Ifandana, comme nous le voyons aux Manampy, position toute différente.
effet,
tandis que les plaines
el
les vallées offrent
VOYAGE
318
comme nous la vallée
le
verrons plus lard sur noire roule du Sud jusqu'aux monts Béampingaratra qui enserrent
d'Ambolo, tous
entre
Au
sommets du nord
milieu de
plaine
la
le
plus souvent massives, déchirées, bizarre-
les
anfractuosités fréquentes. Cette différence
hauts sommets sont des roches,
et les
sommets du sud
impies,
vraiment frappante à Madagascar.
esl
du Mananantanana nous traversons un
un marais qui
celle rivière; puis
faisons
les
les arêtes sont vives, les parois al
ment contournées; les
MADAGASCAR.
A
takatra.
et. de herana. Nous y Nous croisons de nombreux
hommes
portent des paquets suivant
disparaît sous une végétation épaisse de barârata
une chasse fructueuse de vorompotsy [Ardea
de
bubulçu's) et
indigènes, qui nous souhaitent en.passant un heureux voyage. Ces
système que je n'avais pas encore vu employer jusqu'à ce jour à Madagascar.
un
dos un grand panier, sorte de hotte, maintenu sur draingilra et par les assises inférieures des
dans
pour déjeuner. Ce
effel
sur
le
Manampy.
hameau de 25 cases environ
polit
ont en
parles premiers contreforts de l'An-
l'ouesl
Manambolo, où nous nous arrêtons
se trouve construit le petit village de
Sur ces derniers contreforts
Ils
épaules par des lanières de cuir.
les
plaine devient plus étroite, resserrée qu'elle esl
La
de son confluent avec
petit ruisseau près
esl
A
entouré d'une épaisse haie de cactus.
côté des
cases qui sont encore en terre, on remarque plusieurs greniers à riz; ce sont de petites constructions cylindriques faites en bois
et
en torchis
recouvertes d'un
et
même nom. En
moyenne. Ce cours d'eau
se dirige vers
le
nord,
peu de distance
et à
petite rivière
du
large sur iO centimètres de profondeur
Manambolo mesure 10 mètres de
cet endroit, le
de chaume. Lorsque nous reprenons
toit
Manambolo. nous traversons à gué une
notre roule après avoir quitté le village de
d'ici
il
va se jeter dans
Mananan-
le
tanana.
A
du Manambolo,
l'ouest
à gravir les
senlier que
le
nord
qui percent l'argile
et
la
du Valotsilondroina;
devient mauvais,
il
en maints endroits,
et
nous
il
nous
sitondroina, à
De
150 mètres d'altitude.
1
Mananantanana
la direction
contourner
faut
commence
et
générale de ces col-
bon dans cette plaine qui environne
faufiler entre des bloc-;
plus souvent ne laissent entreeux que d'étroits passages.
le
plaine du
sud. Jusqu'à présent le chemin a été assez
et
Ambohimandroso, mais maintenant qui
Manampy
premiers contreforts des
lines rocheuses est
nous suivons quille
les
émergences rocheuses
énormes de gneiss
et
de granité,,
Nous arrivons enfin au sommet du
Yalol-
de ce point culminant où nous nous sommes arrêtés
l'autre côté
quelques instants pour nos observations, s'étend un plateau légèrement ondulé couvert de cultures d'ambrevades.
Il
trouve aussi des
s'y
champs d'ompembe
(flolcus sorgho),
que
je n'avais pas encore vus
jusqu'à ce jour à Madagascar.
Le sorgho, presque inconnu sur
commun
dans
le
Sud
el
dans
le
plateau central
fermé par
les
la
zone des brousses, vers ;
le
le
nord
vers
des blocs de quartz; ces montagnes, très hautes soutenant
de
l'Est
la
grande
île,
est
au contraire assez
1res loin vers l'ouest,
vue peut s'étendre
la
hauts sommets du Sud-Betsileo
et les Belsileo et
dans
les territoires sakalava.
Tandis que de l'endroit où nous sommes, naissons sans peine
el
vers
l'es!
midi, ce sont de hautes
le
montagnes où
vaste, est scintillent
1res déchiquetées, barrières naturelles entre les
et
plateau central vers
et
où nous recon-
l'horizon, beaucoup moins
sud, forment
le
le
massif de l'Andraingitra
et la
Bara
chaîne
des Lohatrafo.
A
heures et demie, nous faisons halle à Andranovoronloha. C'est un misérable village, qui compte
4
18 maisons, plus malpropres les unes que les autres. L'enceinte de cactus qui environne aussi de pare à bœufs, et
dous bloquent dans vons pas
la
le
case «pie nous avons choisie,
mont
ce pauvre endroit
du jour, nous tentons une Ifaha. qui se trouve
non
la
ils
Ces animaux
sont d'humeur belliqueuse, nous ne pou-
journée du 28 mai en lèle-à-lè(e avec nos bœufs. Vers
sortie vigoureuse,
loin d'ici et dont, le
couronnée de succès
sommet
sera
d'ailleurs,
pour
aller gravir
Aux
dans
herbes à celle époque de l'année, afin qu'à
la
le le
pour nous une bonne station topogra-
alentours du village, L'immense majorité des terres est inculte. Les Bctsileo mettent
phique. les
comme
et
le village.
village sert
sortir.
Nous passons donc dans milieu
troupeau, qui vient de revenir du pâturage, a envahi
le
prochaine saison des pluies
elles
le l'en
repoussent plus
I
l
CHEZ LES BARA. tendres
et
environ
1
plus vivaces, pour servir à
la
321
nourriture de leurs troupeaux de bœufs. Le
810 mètres d'altitude, est isolé au milieu de ce plateau. Son sommet
rochers à pic de tous côtés,
Le jeudi
-29
nous sommes obligés de rester
la
pour prendre nos observations peu d'instants après nous traversons
et
contrée où nous sommes, qui appartient encore à
qui est très voisine de la zone des brousses, apparaissent devant nous de termite à Madagascar, vitsikazo, est absolument confiné dans
la
tous les territoires sakalava. Maintenant que nous sortons à peine
A
sud.
le
Madagascar,
termites se
les
la
zone dénudée, mais
nombreux
nids de termites. Le
zone des brousses ou sur
autres territoires qui touchent de très près cette zone; c'est dire que
vers
Ifaha, qui a
à leurs pieds
mai, nous quittons dès l'aube Andranovoronloha,
de Targay. Dans
le village
et
mont
formé de deux immenses
est
notamment du
il
esl
les parties
des
commun
sur
très
nous en trouvons déjà construisent des nids coniques, répandus en grand nombre Betsileo,
dans toutes ces campagnes argileuses. Ces cônes atteignent en moyenne 00 centimètres de hauteur sur 50 de diamètre inférieur.
Dans toutes
contrées où se trouve
les
le
termite existent en plus ou moins grand
gnies de pintades sauvages, akanga [Numida milrata).
Dans
le Vintalala.
comme
ensuite près
cette partie de la roule, la roche est à nu. plus loin l'argile
toujours de grandes herbes de vero
et
de horona. Çà
encore ce sont des arbres. Avant
petits buissons, plus loin
brousses. Ces arbres isolés et qui
commencent
à couvrir
Cythère ou Evi (Spondias Cylherœa), et des nonoka fleurs jaunes, de songosongo Ici
Nous passons
nous arrivons à un
[Euphorbia splendida
col, et à partir
d'Ankaramena. Au sommet du
col, à
sur la vallée du Tsimandao
sur
et
lonnée de nombreux ruisseaux dont
1
la
\
la fin la
rouge réapparaît, couverte
commencent
là
et
nombre des compad'une montagne c'esl
à sortir
des herbes de
du jour nous entrerons dans
plaine sont
Fiais malien).
îles
surtout des takoa, arbre de
y a aussi
11
zone
la
beaucoup d'euphorbes
à
.
de ce point nous allons descendre brusquement jusqu'au
310 mètres d'altitude,
s
avons une
plaine d'Ankaramena. Le pays
très belle
change d'aspect,
\
illage
vue vers l'Ouest la
plaine est
sil-
bords -eut couverts d'une belle végétation formant des lignes de verdure qui vont se perdre loin dans l'Ouest. On remarque surtout beaucoup de petits arbustes qui ont
îles feuilles
Xerophyla
De ce
comme
les
nos pins d'Europe; ce sonl des espèces de hosana (Xerophyta pectinata et
sessiliflora).
col, le
Tsimandao semble venir du nord, puis
du village d'Ankaramena.
partir
à
vers l'ouest et passe près d'un autre village betsileo, Mai'aitra; ensuite
nord-ouest.
Nous sommes descendus dans
la
d'Ankaramena.
vallée
d'argile
rouge couverte partout de hautes herbes
quefois
si
à
il
il
se dirige
prend une direction générale
S1U mètres d'altitude. Le sol est
les arbres isolés sonl en
grand nombre. De distance en distance on aperçoit, semblables à des petites huttes, d'énormes nids de termites. Ces nids sont quel-
A midi,
rapprochés que
l'on croirait se
;
trouver en présence d'un village en miniature.
nous passons à Vohibola. Une pierre levée
d'un arbre au feuillage arrêter. Al'ouest
du
('pais,
village,
esl à l'entrée
de ce village; non loin de
un groupe de femmes travaillant à
nous traversons à gué
le
piler
Tsimandao. Cette
du
riz.
là, à
l'ombre
Nous passons sans nous
rivière, large
d'une vingtaine de
mètres, n'a pas à celle époque de l'année plus de 30 centimètres de profondeur; elle coule sur un sable blanc auquel des paillettes de mica donnent çà et village
là
lit
de
des reflets métalliques. Puis nous arrivons au
d'Ankaramena, où nous nous arrêtons vingt-quatre heures.
Ankaramena est la seule agglomération importante que nous ayons rencontrée depuis notre départ d'Ambohimandroso. Elle compte environ 60 cases, construites presque toutes sur le même modèle. Sur une charpente en bois sont appliquées des cloisons de bararata tressé ou des claies de vero. Ankaramena.
comme
presque tous
les villages betsileo, est
enfermé dans une enceinte de cactus de plus de 50 mètres
d'épaisseur, absolument impénétrable par conséquent; on accède au village par
ménagé dans
l'enceinte
tions, générales à
et
coupé par quatre portes que
Madasgascar,
se retrouvent plus
l'on
ferme chaque
ou moins partout;
dans les villages des Antimerina construits récemment. Par contre, la plaine; celte disposition, contraire à celle
elles
soir.
un couloir sinueux
Ces mesures de précau-
ne manquent totalement que
le village
que nous avons vue partout sur
d'Ankaramena le
est bâti
dans
plateau central, chez les 41
VOYAGE A MADAGASCAR.
:\±i
VILLAGE d'aNKARAMENA. PILEUSES
Al
comme
Belsileo
DE
RIZ.
(l)EsMN
D'A.
chez les Anlimerina, se rencontrent dans tous
PARIS,
GRAVÉ PAR BEBG.}
les territoires
insoumis.
Ankaramena
encore divisé en quatre villages distincts par des haies intérieures de cactus. Les bœufs, qui sont
nombreux, ont une enceinte réservée
;
ils
beaucoup de poules
et
le
nord
(8 piastres environ,
quelques moutons, mais pas de porcs. On
A
côté de presque toutes les cases
40 francs).
voit
du
culière faite
et
semblables à ceux des Betsimisaraka. Les habitants
Belsileo, mais très éloignés du centre de la province,
ils
que
les
village,
de bararata ou de grands roseaux, se trouvent des greniers à
au-dessus du sol
riz,
Il
y a dans le village
Anlimerina n'ont pas
dans une enceinte
les
cheveux tressés
31 mai,
Le samedi mètre à
la
savamment
disposés,
le
pays présente
le
même
Ce sont toujours de grandes herbes
encore,
Une s'il
fois
en
dAnkaramena
était
nous traversons un sol esl
femmes. C'est la vallée
rétrécit à
la vieille
hommes
besoin, que cl
le
le
l'on s'avance vers l'ouest;
kilo-
comme
29 mai à partir du col de Vintanala.
des sakoa, sur lesquels voltigent d'innombrables petites perruches
me
prouver
déboisement complet du plateau central, de toutes ces contrées
relativement des plus fertiles de Madagascar, n'est pas un
petit
portent
coutume malgache.
du Tsimandao, large de plus d'un
mesure que
aspect que celui traversé
cl
sont encore des
ont gardé presque intactes les coutumes de
de plus, l'aspect de ce pays desséché et cependant couvert d'arbres vient
riches en eaux vives
Le
les
nous continuons notre route dans
hauteur d'Ankaramena, mais qui se
végétation
vertes.
comme
parti-
élevés de 2 mètres environ
leurs pères. C'est ainsi que, contrairement à ce que nous avons vu à Fianaranlsoa, les cl
ici très
constituent d'ailleurs la principale richesse des indigènes, et dans
ces contrées se vendent plus cher que dans
encore pénétré dans ces régions.
esl
ruisseau qui se jette dans
le
fait
naturel.
A
Tsimandao, dont nous côtoyons presque
couvert de petits cailloux de quartz aux arêtes vives
et
si
9 heures, les rives.
tranchantes, mais tous nos porteurs
ont des kapa, sandales indigènes, qui préservent leurs pieds des coupures dangereuses.
Un immense
CHEZ LES BARA.
AL
remonte vers
vol de sauterelles qui
le
VILLAOE D ANK.VU.VMl.N
323
V.
nord vienl nous envelopper;
hauteur, et s'étend sur une largeur de plusieurs kilomètres.
il
mesure
Nous voyons
le
trois
ou quatre mètres de
long de
route quelques
la
indigènes qui s'occupenl à défendre leurs rizières contre ces terribles adversaires. Leurs efforts ne sont
pas toujours couronnés de succès. Malgré les foyers qu'ils entretiennent ettjui
criquets dévastateurs, poussés par
la
les cris qu'ils
répandenl dans
poussent
et
les
branches d'arbres
des nuages d'une fumée acre
l'air
le sol.
elles
Presque tous
forment
même un
Nous arrivons au
sommes
ici à la
les
Malgaches mangent
mets
les sauterelles
tion et
dans
sans répugnance. Cuites
mais
dans l'enceinte
femmes
et
estomacs
à l'eau et frites,
village de Mafaitra et les sauterelles passent encore au-dessus de nos
limite de la province des Betsileo
la plaine,
il
esl
se
breux cada\ res étendus
très apprécié.
:
Mafaitra
est
en
effel le
qui soit habité par des indigènes de celle tribu; plus petit qu'Ankaramena, taine de cases,
agitent,
épaisse, les
masse des autres insectes qui volent derrière eux, ne peuvenl
détourner. Los indigènes se vengent en mettant dans des sacs de roseaux de n
sur
<|u'ils et
absolument analogue au
enceinte de cactus identique
les greniers à riz, et le
parc
;
à
village
lèles.
Nous
dernier village de noire route il
ne compte qu'uni' quaran-
que nous avons quitté ce malin.
Même
situa-
couloir sinueux, les quatre portes,
nous y retrouvons le bœufs. A noire arrivée, toute
la
population,
hommes,
enfants, se bourre de sauterelles que l'on vient de prendre. Ces indigènes doivent avoir des fort
robustes pour digérer celle quantité d'acridiens.
Les sauterelles de Madagascar, valala Capilo), sont très
communes dans
la
comme
grande
île
disent el
les
indigènes
i
Pachytylus migratorioïdes, variété
ne se trouvent généralement, que dans
la
zone des
brousses, au Nord, à l'Ouest et au Sud du plateau central. Leurs migrations assez fréquentes ne semblent pas suivre des règles lixes; c'est à l'époque de
la
ponte, m'affirment quelques indigènes, que ces
VOYAGE
324
voyages en niasses sont
le
plus fréquents. Les
A.
MADAGASCAR. des criquets ne semblent pas différer à Mada-
mœurs
acridiens. gascar de ce qu'ils sont ailleurs, je ne m'étendrai donc pas davantage sur le compte de ces je vois comme voici J'ai dit que presque tous les Malgaches mangeaient ces criquets migrateurs;
les
préparer à Mafaitra.
Les valala, sauterelles, sont mises dans une grande marmite avec une
Après
très petite quantité d'eau.
BETSILEO D ANKARAMENA.
avoir fermé hermétiquement le vaisseau de terre, on cuits à l'éluvée. et
On
le
voulu essayer de goûter j'ai
le feu, et les
étend ensuite les sauterelles sur une natte que
séchées, elles peuvent se conserver très longtemps.
je crois,
place sur
à ce
mets indigène,
et
Pour
les
l'on
insectes sont longuement
expose au
manger, on
soleil.
Ainsi préparées
les fait griller
ou
frire. J'ai
malgré une répugnance que tout Européen éprouverait,
goûté à deux ou trois valala ainsi préparés. La vérité m'oblige à dire que ces insectes,
débarrassés, selon la coutume, de leurs pattes
et île
leurs ailes, ne sont pas trop mauvais;
dans cet aliment un arrière-goût de noisette pas trop désagréable; mais, je dégustation, aimant mieux donner
arrêté dans cette
à
Rainizanaka
la
le
confesse, je
il
y a
me
pleine assiette qu'il
même
suis vite
m'avait
apportée.
Nous passons de
le dire.
par suite
En
le
reste de la journée à recueillir quelques provisions, toutes différentes, je
Pendant deux ou
trois
journées de marche environ, nous ne rencontrerons pas de villages,
nous ne pourrons pas nous
entrant sur
le territoire
m'empresse et
ravitailler.
bara existe donc ce que j'avais constaté toutes les fois que
j'étais
passé
d'un territoire soumis au gouvernement anlimerina dans une tribu rebelle. Je veux parler d'un espace "t
assez grand, sorte de zone frontière
où on ne rencontre pas de
existe en effet toujours entre les possessions anlimerina et
villages. Celle sorte
les territoires
de territoire tampon
insoumis. C'est un terrain
CHEZ LES BARA. favori des fahavalo ils
;
de toute agglomération,
loin
ils
peuvent de suite tenter un coup de main sur
mité; en cas de revers au contraire,
insoumis;
les territoires
325
ne craignent pas
les villages
les
gêneurs.
En cas de bonne fortune,
soumis aux Anlimerina
qui sont à proxi-
et
n'ont que peu de distance à franchir pour se mettre à l'abri dans
ils
savent d'ailleurs que dans les tribus rebelles, chez les Bara,
ils
comme
chez
les
Sakalava, un ennemi des Anlimerina, serait-ce un vulgaire pillard, sera toujours bien reçu pourvu qu'il
son industrie que contre
n'exerce sujets
les
Amboalambo,
ou leurs amis.
Le dimanche 1" nous quittons
juin, ayant fait trois journées de vivres,
de Mafaitra et laissant
le village
du Tsimandao, nous entrons dans un
Vallée
leurs
Au
vers l'ouest.
petit vallon dirigé
point précis où nous l'avons quitté,
mandao change de nom, affluent de
droite la
à
et devient le
Ranomaitso, principal
gauche du Mangoky. Après avoir trayersé un du Tsimandao, par 820 mètres
ruisseau, affluent
Tsi-
le
pelil
d'altitude,
nous entrons dans une grande plaine limitée au sud par des collines peu élevées et à l'ouest par la chaîne et le massif
du
Lamboany;
et, à
esl
limitée par
une chaîne de montagnes parlant d'Ankaramena
el
environ
mont Vohidrosa,
le
semble bornerai! nord
la vallée
L'aspect général du pays et là trés
des sakoa.
dans
la
la
d'Ankaramena
remarquable qui nous a
pic
le
même, partout du
Nous
mètres
niveau
traversons
d'un
passons au village ce village
ueroj çà
définitivement en-
el
COIFFURE DETSILEO D AHKAIUMEM». le
de
des
descendre pour nuit- voir transportés du
fallait
grandes plaines du sud, niveau que nous venons d'atteindre
un
Sabanona, puis
le
plateau
longue déclivité
dernière marche qu'il nous
était la
aujourd'hui.
île
du Tsimandao.
journée d'hier. La rapide
Belsileo au
de
esl
Nous sommes maintenant
plateau des
milieu
nord, elle
zone des brousses; nous avons quille
Central dans
taines
le
point de repère pendant nus précédentes étapes,
de
servi
kilomètres dans
nord-ouest. Celle chaîne', à laquelle
se dirigeant vers le
appartient
i'j
rocher qui ressemble
à
la
Mandazaka. agglomération
de
passe un petit cours d'eau qui va dans
branches un bouquet de longues
végétation, des fandrana en grand
nombre puis des
nia jambolana), des hafotra (Abulilon ils
se font des vêlements.
mince
lalona
t
pagnes decorces préparées; ce n'est qu'en arrivant dans cotonnades
et.
rejoindre
le
Sabanona. Sur
pelil ruisseau s'épanouit
une belle
si
le
les
répandu à Madagascar, commence à sud, plus nous verrons
le
lamba,
le
et
aux
environs de Fort-Dauphin que nous
ver-
faire place
aux nattes tressées
indiennes réapparaître. Après nous être arrêtés quelques heures au milieu
Lamboany; au sommet, par 1230 mètres ment aride. L'herbe qui le recouvrait a deux jours à traverser
est
fahavalo et des voleurs de bœufs. Notre
considéré par les indigènes
Au
et droite, portant à l'extrémité des
du jour nous reprenons noire route au sud-ouest. Nous commençons de suite
allons mettre
nous
Dans ces contrées relativement éloignées de tous centres commer-
qu'une exceplion, et plus nous avancerons vers
toiles,
à quelques cen-
angulatum), arbres précieux pour les indigènes, car de leur écorce
vêtement malgache par excellence, disparaître peu à peu pour
rons les
el,
Weininannia Bojeriana), des voira (Eugc-
ciaux, l'usage des lamba et des chemises de toile et colonnade, n'être plus ici
l'Ouest
Le long de ce
feuilles filiformes.
affluents
aujourd'hui de ses habitants.
abandonnée
ses rives croissent des fandrana (espèces de pindanus) à tige
préparée
petits
ses
croupe de quelque animal gigantesque,
comme
d'altitude,
à gravir la chaîne
des
nous découvrons devant nous un plateau complète-
été brûlée par les indigènes. Cette contrée désolée
absolument inhabitée,
elle n'est
que nous
fréquentée que par quelques
commandeur Rainizanaka nous assure que ce plateau désert est
territoire neutre entre les
Bara
et les Betsileo,
il
assure que
le
gou-
VOYAGE A MADAGASCAR.
326
verneur antimerina d'Ihosy a depuis quelques années donné des ordres pour que tous les voyageurs armés qui traverseraient ces solitudes donnent la chasse et attaquent sans provocation aucune tous les
Bara
qu'ils rencontreraient et qui
ne seraient pas conduits par un Antimerina.
mon commandeur que
J'eus bien soin de répondre à
les
me
ordres antimerina
absolument
laissaient
indifférent et que les indigènes, Bara ou Antimerina, que nous rencontrerions devaient être absolument respectés; du reste j'assurais à tout mon monde que, à l'occasion, je saurais faire exécuter les ordres
donnés. L'on m'avait raconté à Fianarantsoa et ailleurs
le sort
Sud; cela ne m'étonne nullement, maintenant que je vois
le
malheureux de plusieurs expéditions dans
les dispositions
que prennent
Antimerina
les
contre les indigènes insoumis, et les dispositions qu'ont dû prendre, sans en rien changer, presque tous les explorateurs, mes prédécesseurs, qui se faisaient passer et à justes raisons dans ces contrées du sud
pour
les
amis
admirateurs des Antimerina. Cette façon d'agir
et les
"•ens qui voulaient traverser et
demander
pas très logique pour des
n'était
mais l'exemple
l'hospitalité à des tribus insoumises,
dieu du
est conta-
jour.
l' Antimerina est le Sur ce plateau des Lamboany, plus un arbre, plus un arbuste. Par contre, les émergences rocheuses sont très fréquentes; chose rare à Madagascar, le terrain est caillouteux, ses pierres sont pour la plupart des quartzites aux angles vifs. Cependant la contrée était peuplée autrefois, nous y voyons des
gieux, et à Madagascar,
restes d'un ancien village,
Ambalamaty. Dans
l'après-midi,
nous nous arrêtons pour camper sur
bords
les
d'un ruisseau, l'Akazomsidika, affluent du Menarahaka.
Dimanche 1" juin.
— Celte nuit a été fraîche et humide, et quelque temps avant
le
du
lever
soleil
nous
avons dû tous nous réunir autour des feux que nos porteurs n'avaient cessé d'entretenir pendant la village de nuit entière. Trois heures après notre départ des bords de l'Akazomsidika, nous passons au Zazafotsy. Il
en plaine
est construit
moyen de
claies
comme les
de bararata appliquées sur une charpente en bois.
Zazafotsy, qui compte cinq ou six
trouve près de
agglomérations précédentes. Les cases sont également faites au
porte lors de notre passage, nous invite à entrer voir
la
nous sommes chez
Ici
les Bara.
cases environ, possède dix à douze habitants; l'un d'entre eux, qui sele roi.
Dans tous les territoires que nous avons traversés à Madagascar jusqu'à présent, le mot mpanjaka ou ampanjaka signifiait roi, souverain, et il n'était employé chez les Antimerina ou chez les tribus qui leur sont soumises que pour désigner le souverain de Tananarive; chez les Sakalava insoumis de l'Ouest, on
homme
désigne par mpanjaka l'individu, vaste territoire.
Dans
ces
deux
mot mpanjaka
contraire, le
ou femme, qui commande à toute
cas, la signification propre
du mot
est
la tribu
ou qui gouverne un
donc identique. Dans
commandent
étendue. Cette appellation désigne non seulement les grands chefs des tribus ou ceux qui
à de vastes territoires, mais encore les mille petits potentats qui sont à
la tête
sud au
beaucoup plus
disent plus volontiers ampanjaka) a une signification
(ils
le
de chaque
district,
de
un ampanjaka complètement indéchaque village. Toute agglomération, si peu pendant de tous ses voisins. Chez les tribus du sud, ampanjaka ne désigne pas seulement un chef quelconque, c'est encore une appellation honorifique que l'on donne sans aucune parcimonie à tout importante qu'elle soit, a
étranger qui traverse et
moi avons
été des
le
ampanjaka
;
je dois à la vérité
nos idées et que nous n'étions pas plus
Le
roi
plus orné, aucun insigne ne
nous
fiers
pour
lui offrons
Il
le
sud, Maistre
de dire que jamais cette appellation royale n'a troublé
ça.
de Zazafotsy est un solide gaillard d'une quarantaine d'années.
aussi désagréable.
campagne du
pays, suivi de quelques serviteurs. Durant toute cette
En dehors de son
fusil
distingue de ses sujets. Son lamba est aussi crasseux, son odeur
nous reçoit dans sa case
et
nous
offre
une corbeille de
en retour quelques petits cadeaux, qui semblent
lui faire
riz.
grand
Nous
le
plaisir.
sui
un peu genern
remercions
Quoique
et
ce roi
ne me paraisse pas jouir d'une grande notoriété parmi ses compatriotes, puisqu'il n'a que neuf sujets, bien je ne laisse pas passer l'occasion de lui dire que nous voulons aller jusqu'au territoire Anlandroy, loin il
se
dans
le
sud.
Il
est d'abord
quelque peu défiant, mais de nouveaux présents viennent
montre surtout plein de confiance
à notre égard lorsque
nous
lui
avons
vite le rassurer;
affirmé, très chaleureuse-
CHEZ LES BARA. ment du
que nous n'avons aucun rapport avec
reste,
les
327
Antimerina; nous venons de leur pays,
mais ce n'est nullement pour eux que nous voyageons à Madagascar. Notre
vrai,
profondément,
nous assure que dès que nous aurons dépassé Ihosy
il
petit discours le
que nous entrerons dans
et
complètement insoumis, nous trouverons partout bon accueil; des émissaires
territoires
tout de suite vont aller dire dans
le
sud
—
Madagascar
à
c'est
touche
les nouvelles se
répandent
— qu'on
vile
les
va envoyer
qu'il
ait
à
nous laisser librement passer, du moment que nous semblons èlre de braves gens, étrangers soucieux de respecter les coutumes du pays, et surtout n'ayant rien de commun avec les Antimerina. Sur cette bonne promesse, nous nous quittons bons amis avec Je dois dire que
comme je
jours,
su depuis, été précédés dans
l'ai
de Zazafotsy.
le roi
chef obscur de ce pauvre village bara n'a pas oublié sa promesse, nous avons tou-
le
sud d'une bonne réputation grâce à celle renommée,
le
;
nous n'avons jamais rencontré de gros empêchements attaqués par les indigènes
cl
sauf
à
nos projets de marche, nous n'avons jamais élé
kabary sans importance que nous ont valu plusieurs fois cer-
les petits
nous avons relativement marché dans
taines maladresses de nos porteurs,
le
Sud avec
même
la
que dans l'Imcrina. Et pourtant ces tribus sont jalouses du droit de passage, un étranger
facilité
pas tou-
n'est
jours en sûreté au milieu d'elles, elles sont très superstitieuses, les indigènes sont ràpaces et cruels;
nous en avons eu bien souvent
preuve, par des ennuis fréquents que nous avons rencontrés dans beau-
la
coup de villages bara, mànambia, antanosy et antaisaka, mais qui
se sont toujours résolus
nos intérêts, bien que nous nous soyons trouvés parfois dans des positions affirmer, sans crainte d'être démenti par l'expérience, véritable force
armée
Il
est
au mieux de Aussi puis-je
que tout voyageur qui ne disposerait pas d'une
qui voudrait traverser ce sud de Madagascar avec
el
courrait les plus grands dangers.
fort délicates.
la
protection des Antimerina,
juste d'ajouter que notre réputation enlevait toute gène
toute
el
défiance aux indigènes, sujets des rois que nous interrogions. Personne ne songeait à dissimuler devant
nous, et chacun disait
entendu, acquiescer
le
le
Pour
plus grand mal des Antimerina.
rester dans notre rôle,
il
nous
Fallait,
bien
plus souvent, mais, cela n'étant pas en contradiction avec nos propres pensées,
nous n'en étions que plus sincères. Zazafotsy est
premier village bara que nous rencontrons sur notre roule.
le
encore parcourir pendant une ou deux semaines
le
territoire
me propose
la
suite.
ques notes, que je
nous
offrir
aucune ressource,
un grand ruisseau
et
La végétation
font oublier
il
En
le
nous
nous traversons
arrêter,
la
même
:
c'est la brousse.
mètres, des sakoa principalement, dont
si
les
différent des villages
les fruits
indigènes n'incendiaient constamment
que nous avons traversés
chose rare, on ne voit que des enclos de bararala;
En
les
Remarquant
rire;
appelle tous les gens
il
uns après
nous
un
du
les autres; ce n'est
est destinée.
homme
l'attention
Le
roi
nous
acides el bons
la prairie.
la
la
brousse
formidable haie de cactus qui entoure d'habi-
que nous mêlions à examiner sa village
pour nous
les faire
coiffure,
admirer.
Il
il
accompagné de
fait alors les
compliments d'usage
taille
moyenne, mais
de son visage est rasé.
posent son vêlement. Autour du cou
il
et
nous
offre
1res fort et bien
Un
ses
deux
est pris aussitôt d'un fou
nous faut
les
regarder tous les
qu'après celle revue de détail que nous pouvons entrer dans
le reste
Ambara-
ici.
qui frise la cinquantaine, de
porte une petite barbiche,
très
jours précédents. Les maisons,
arrivant au village, Tsiaviry, roi d'Ambararata, vient à noire rencontre
frères.
gué
Les arbres forment de petits bouquets de bois près des ruisseaux.
la soif.
tude tous les villages n'existe pas
à
Grande plaine
du même modèle, sont disposées sans aucun ordre au milieu d'un grand espace défriché de et,
que quel-
plateau. Jusqu'au village d'Ambararata, ou nous arrivons
contrée reste sensiblement les dix
nous devons ici
sortant de ce village, qui ne peut d'ailleurs
est par conséquent inutile de
serait encore plus active
nous semble tout
rata
la
un arbre en moyenne Ions
manger nous
à
où
nous continuons sur
vers quatre heures du soir, boisée,
de compléter dans
et
Comme
de celle tribu, je ne prends
un peu de
riz.
la
case qui
Tsiaviry est
proportionné; au menton
il
salaka et un lamba rouge en landy com-
porle un collier de perles auquel est suspendu un petit
morceau
de bois travaillé, un ody certainement.
Son
frère aîné,
Tandrosa, est un grand diable de
1
m. 80;
le
plus jeune, Rainibanaka, très grand lui
VOYAGE A MADAGASCAR.
328
aussi cl bedonnant passablement, est
d'immenses éclats de
rire
tour d'un rire convulsif.
et
enveloppe cutanée
de
même
devient
ils
sommes venus
faire
signal d'une folle gaieté. Dieu
appelant gros farceurs.
;
palpent nos habits et s'étonnent de la laxité de ce
ils
;
les clous de
nos souliers provoquent chez eux un grand
Il
est
devenu
dans leur pays. La vue de nos collections d'histoire naturelle
me pardonne! Rainibanaka nous
est très gai et
nous sommes
le
tape sur
Nous sommes longtemps
très familier.
qui commencent à devenir incommodants,
monde
pris à notre
ont appris notre arrivée par leurs cousins de Zazafotsy, mais ne comprennent pas tout
ce que nous
le
sommes
Rainibanaka en particulier ont des étonnements d'enfants.
Leurs questions sont des plus embarrassantes
étonnemcnt;
poussant à chaque instant
qui n'en finissent plus. C'est contagieux, dit-on, et nous
Nos hôtes royaux
qu'ils croient être notre
très gai et très bavard,
un personnage
ventre en nous
le
à expliquer à nos visiteurs,
fonctionnement de certains de nos instruments. Tout
vite populaires
chez
le
Rara d'Ambararala.
les
sommes pas très Le mercredi 4 juin, nous quittons le éloignés maintenant. Nous cheminons tout d'abord sur un plateau à fond marécageux, où l'on trouve quelques rizières, quelques cultures de manioc et de patates; puis nous nous élevons sur les flancs d'une village, faisant route sur Ihosy, dont nous ne
haute colline qui se prolonge dans
le
nord-Est
et le
sud-Est par des chaînons assez importants. Cette
franchissons la chaîne par un col de 870 mètres
chaîne de collines est celle de l'Analatelo. Nous
d'alti-
tude, puis nous descendons rapidement de 150 mètres environ pour atteindre le niveau inférieur de vallée de l'Ihosy, affluent de
rapides d'un
mamelon
A
gauche du Tsimandao. au milieu de
isolé
cette plaine,
deux heures
et
la
demie, nous gravissions les pentes
au sommet duquel sont construits
le fort et le vil-
lage antimerina d'Ihosy.
Le
comprend environ
village d'Ihosy
-400
habitants, dont la grande majorité se
compose d'Antimerina,
de leurs esclaves et de leurs métis.
La
ville est bâtie
sur une colline qui se raccorde vers l'Est, par un petit contrefort, à
la
chaîne d'Ana-
latelo. Les maisons, une centaine environ, en bois ou en roseau, sont presque toutes enduites d'un
mélange de bouse de vache bâti tout
et d'argile plastique.
au sommet du mamelon a lui-môme une enceinte palissadée. En
une maison un peu mieux construite que vient de mourir après côtés, surtout
verneur à Ihosy
intelligent;
envoyé
il
actuel,
parle
grands
pour cela que
et très
que nous allons
couramment
comme ambassadeur
le
Ramaniraka 14
voir,
l'anglais et dit quelques
pour
la
plupart, sont toujours
n'en est pas la seule cause
:
les
il
il
en
la saison
des pluies. Ce village
il
comme
un Antimerina qui semble
français.
Il
y a quelques années,
fort il
A
s'était fait
une certaine popularité à Tanana-
Son
me
a
sa rentrée dans son pays, comme,
exil à Ihosy. C'est là la
que ce malheu-
mort. Si les fièvres certai-
se fasse pas d'illusion sur le sort qui l'attend,
est chargé.
Je
gou-
veut se débarrasser.
un tsimandoa envoyé par Rainilaiarivony viendra
éveil.
rova
missionnaire norvégien qui
dévouée, attend philosophiquement
Quoique Ramaniraka ne
remplit de son mieux les fonctions dont Betsileo
fille
font pas disparaître assez vite,
l'issue fatale.
mots de
soupçonneux, l'envoya en
reux Ramaniraka, entouré des soins d'une
nement hâter
tra, est
en Europe par son gouvernement.
rive, Rainilaiarivony, toujours jaloux et
le
profonds dans
le
nous voyons
d'Ihosy est entouré de tous
portent ombrage et dont
lui
par ses connaissances étendues et par sa manière d'agir,
des marais ne
village fortifié
la ville,
premier ministre des Antimerina envoie
personnes de son entourage qui
les
Le gouverneur
très
bas de
les autres. C'est là qu'habitait le
un séjour de quinze mois à Ihosy. Le
dans l'Ouest, de marais
est très malsain. C'est peut-être
été
y a une triple enceinte de cactus épineux, et
Il
il
rova est assez bien tenu, et ses soldats, des
hâte d'ajouter que
incursions des Bara causent souvent
ici
la vigilance
de Ramaniraka
de vives alertes, et les Antime-
rina ne sonl pas toujours en sûreté.
Ihosy
peut
est le poste militaire construit
même
dire
que
d'ici
par les Antimerina
Antimerina avec
les
plus au sud dans l'intérieur de
l'île.
On
à de longues années, c'est le point extrême que pourront atteindre les Antime-
rina dans ces régions; au sud d'Ihosy en effet, existe ies
le
moyens de transport dont
ils
le
vaste désert de l'Horombe, infranchissable poul-
disposent dans
D'une manière générale on a fort mal compris jusqu'à ce jour
l'île
de Madagascar.
la situation
de ces postes militaires
CHEZ LES BARA. antimerina dans
insoumises; on a cru, sur
les tribus
de quelques cartes,
Madagascar,
(pie, à
soumis à cette tribu.
Il
là
do rapports mensongers ou sur l'inspection
la foi
où existaient des
329
mode du pays de défenses rudimentaires, pompeusement du nom de postes militaires. Il
la
baptisés
se trouvait en territoire
n'en est rien. Sans doute, dans beaucoup de territoires insoumis, sur les côtes
principalement, les Antimerina ont fondé des comptoirs ou des villages, suivant
on
forts antimerina,
ont ensuite entourés
les
ils
puis selon leur orgueilleuse habitude
qui les défendent pour savoir ce que ces mots signifient à Madagascar. Quoi qu'il en soit,
peut exprimer
les idées
qu'avec des mots, dont on ne calcule pas toujours assez
ont
presque
la
pu
ne
faire
totalité
de
de Madagascar.
l'île
En
réalité, voici
comment
d'autant mieux choisi que
cela se passe dans
la
surtout à en protéger
ce qu'ils sont aujourd'hui
enguerreles unes avec
comme exemple; exemple
pratique. Je prendrai Ihosy
conquête totale du Betsileo par Radama
la
Antimerina virent leur autorité bien établie les limites, et
la
fondation de ce poste m'a été racontée toul au long par des chefs bara des
plus intelligents. Lorsque, après
les
el
bien admise dans cette tribu,
A
confins par quelques garnisons.
il-
les
conquérants du Nord eurent recours
à leurs armes nombreux cadeaux aux principaux chefs bara el
mission
était
même temps
eux, ou
le
I
quelques
les territoires
hommes
habituelleles
tuèrent fort à propos dans
de
la
la
les
à la
:
ruse
le
pierre
s'en
les
à la duplicité. Ils tirent
de
fallacieuses promesses;
ils
territoire bara,
le
motif avoué de cette
Antimerina missionnaires perdirent
occupée maintenant parle el
pour personne. Mais
el
chaîne de l'Analatelo. Le lendemain,
colline
tombeau provisoire une haute
ensevelirent
ils
village d'Ihosy.
retournèrent dans
le
l'un d'entre
Ils
le
crainte ou par les pr
esses, par les
cadeaux
Betsileo. Alors
el
par
discorde semée parmi
la
obtinrenl deceux-cique des Antimerina iraient fonder un village à Ihosj lui
même
temps, dans ce village d'Ihosy qu'on
marchands qui vendraient
à très
bon compte, aux indigènes de
l'officier lue
en voyage,
la
gouverne
le
allait
fonder, la
et
toile,
.
ils
tombeau de
le
allait
il
ni
à Ih<>s\
chefs bara.
les
pour garder
contrée, de
corps de
dressèrent près de
antimerina résolut de profiter de celle petite comédie qui venait de se jouer dans l'Analatelo la
en étendre
à
de leurs pères. Les Bara, dans
trompèrent par de
en tournée sur
En cours de voyage,
achat de bœufs.
compagnonau sommet
leur
songèrent
relie époque, les
celle circonstance, auraient été vainqueurs des Antimerina, ce qui n'est difficile
envoyaienl en
ses successeurs, 1rs
I" el
Bara étaient de vulgaires sauvages, divisés en une foule de petites principautés toujours autres. Ces petites tribus se seraient bien mise- contre les Antimerina, si
:
ceux-ci s'étaient présentés avec des velléités de conquête sur
Par
les
comme on
valeur, on a
la
croire en France à la puissance des Antimerina et à leurs prises de possession de
ce
ils
faut avoir vu ces postes militaires et les troupes
venir des
des perles, des
marchandises de toutes sortes. Les Antimerina demandaient tout naturellement ensuite que quelquesuns de leurs soldats viennent à Ihosy pour garder les marchandises cl faire respecter le tombeau. Les Bara, dans leur intellect primitif, ne voyaient pas dans la construction de ce fort d'Ihosy une atteinte très
grave à leur liberté,
el
encore de nos jours,
comme au Nord,
Sakalava, au Sud
chez
les
ici
comme dans l'Ouest, chez les Bara comme chez les comme chez les Antankara, ces pauvres villages
Antanosy
antimerina (pie l'on convient d'appeler, je ne sais pourquoi,
moins du monde une insoumis,
les
prise de
possession
du pays par
indigènes m'ont affirmé maintes
étaient considérés par
eux
comme
les
postes militaires, ne constituent pas
le
les
Antimerina. Partout dans ces territoires
fois, et je l'ai
vu d'ailleurs, que ces villages antimerina
des centres commerciaux des gens de l'Imerina
saient ce qu'ils voulaient dans leur village et n'avaient
et
aucune espèce d'autorité dans
.pie ceux-ci fai-
contrée envi-
la
ronnante. Ainsi, à Ihosy où nous nous trouvons, les Antimerina ne sortent que très rarement de leurs
retranchements. Bien entendu
Mpanjaka, J'ai
niais
ils
ils
proclament bien haut que
le
territoire
bara
est
Hanavalona
terre de
ne se soucient pas d'aller y faire jamais aucun acte de souveraineté.
cru devoir m'élendre sur cette question des postes militaires antimerina, parce que
comme
tant
d'autres elle a été mal comprise en France, ou plutôt mal présentée par des gens qui avaient intérêt à faire.
En somme,
les
Antimerina ont demandé,
le
plus souvent bien
humblement
tribus indépendantes la permission de s'établir sur leurs terres, sur
un
petit
le
d'ailleurs, à des chefs de
emplacement généreuse42
VOYAGE
330
ment payé par eux, sement factice
dont
et
Madagascar tout
A l'ouest de
et 1res
Comme
la ville,
et,
rarement conquis par
dénaturaient
entière. C'est
au milieu de laquelle d'Analatelo,
ils
une
sens,
force des armes. Puis se faisant fort de cet établis-
la
ils
ont
fait
accroire à la France qu'ils possédaient
l'île
de
plaisanterie.
coule la rivière Ihosy, dans une plaine marécageuse large de plusieurs kilomètres,
de nombreux circuits; à
elle décrit
à l'Ouest, par le
Ihosy était
le
MADAGASCAR.
A
le
l'Est, cette vallée est limitée
contrefort rocheux qui soutient
le
par
la
chaîne
plateau désert de l'Horombe.
dernier village antimerina que nous devions rencontrer sur cette route du sud,
nos porteurs, selon toute probabilité, allaient encore essayer de nous faire renoncer à nos projets de courses aventureuse. C'est en
Le samedi
7 juin, j'avais
ce qui arriva.
effet
prévenu
les
porteurs dès
grand matin de
le
se tenir prêts à partir
au plus
tôt.
Mais nos hommes, réunis en troupe compacte près de notre case, voulurent tenter île commencer un kabary je les laissai faire, sachant où ils voulaient en venir et bien résolu d'ailleurs à continuer à tout ;
prix
ma
route vers
le
assuré ne vouloir se mêler en rien de
merina,
comme
bon espoir
sud. D'ailleurs j'avais
mes
:
gouverneur d'Ihosy, Ramaniraka, m'avait
le
affaires. Si j'avais
obtenu
explorateur français, je devais m'en estimer très heureux; dans
Français ne doit attendre que de
l'hostilité
de
la
du gouverneur
la neutralité
la
part d'un semblable fonctionnaire.
chacun de mes porteurs une quinzaine de francs environ;
je
me
anti-
plupart des cas, un
De
plus je devais à
trouvais donc dans d'excellentes condi-
tions pour résister à leurs exigences. Je les laissai dire et les écoutai patiemment pendant plusieurs heures. Le discours qu'ils me firent ne fut qu'une répétition de ce qu'ils m'avaient dit déjà dans mon
précédent voyage du nord. C'est toujours
même
la
chose
:
l'éternelle histoire
de l'homme primitif qui
veut tromper l'Européen. Ce thème invariable à Madagascar est le suivant un Malgache traite d'une façon quelconque avec un Européen; si celui-ci accepte, le Malgache se dit qu'évidemment il a été :
trompé, et qu'il n'a pas demandé assez cher; donc le
marché conclu. conçoit combien un
On
pareil système facilite les transactions
notre solde de porteurs sur de nouvelles bases, ou
simplement que puisqu'ils annulaient notre contrat, chez eux. Maistre
ou cinq
mes
fidèles
et
invente une histoire invraisemblable pour rompre
il
moi, nous
nous auraient
ils
je
dans ce pays sauvage.
ne leur devais
étions d'ailleurs parfaitement résolus à
suivis, c'était assez
Il
fallait établir,
menaçaient de nous quitter. Je leur répondis tout rien, et qu'ils
marcher
pour un bagage indispensable à
porteurs discuter, et je vais à quelques kilomètres d'Ihosy sur les
pouvaient retourner
seuls dans le sud; quatre l'existence. Je laisse
monts Analatelo continuer
la
mes porteurs ont rendez-vous pour demain matin, et, malgré ma juin, date irrévocablement ce n'est pas sans quelques appréhensions que je vois l'aube du dimanche 8 trouver tous mes hommes fixée pour notre départ dans le sud. Je suis donc très agréablement surpris de tranquillité apparente,
triangulation;
prêts à partir à cette heure matinale.
chacun d'eux, rencontrer
Pour
ni retourner
le roi
dans
le
Us n'ont pas voulu perdre
Betsileo seuls à travers le désert
bara de Zazafotsy, qui n'aurait pas
les explorateurs,
on
dit qu'il
manqué de
y a d'heureux hasards
occurrence ce fut une circonstance tout à
fait fortuite
:
que je leur devais à
les trois piastres
leur
c'est
du Lamboany, où
ils
auraient pu
demander de nos nouvelles. parfaitement exact, et dans cette
qui vint faire pencher
la
balance en notre
comme que nos porteurs étaient en grande majorité des Or le gouvernement antimerina tels, ils étaient susceptibles d'être réquisitionnés pour le service militaire. pour les forts frontières; soldats rencontre toujours les plus grandes difficultés lorsqu'il veut lever des enchaîner et les pousser de force jusqu'au poste militaire. Faute d'emil faut prendre des hommes, les faveur.
On
hommes
se rappelle
libres, et que,
tout ployer ces moyens, les Betsileo, sur qui tombent généralement ces corvées peu agréables, refusent compléter les service et désertent en masse. Ramaniraka, qui justement avait besoin d'hommes pour dire à tous
mes porteurs hommes
effectifs
de sa garnison, avait
moi,
seraient pris par lui pour le service de la reine.
ils
fait
libres que, s'ils ne restaient pas avec
Mes hommes
n'hésitèrent pas entre ces deux
autorité antimealternatives. Tous voulurent quitter Ihosy au plus vite et se sauver bien loin de toute donné aux porteurs de filanjana les rina. Je profile sans larder de leurs bonnes dispositions, et, ayant
CHEZ LES BARA. charges du
riz
blanc que j'avais acheté hier en prévision de
Ihosy aujourd'hui dimanche, à huit heures du malin. La ville d'Ihosy est à 870 mètres au-dessus du niveau de
de 190 mètres au fond de la
où
la vallée,
le
la
la
convoi passe à gué
les
premiers contreforts qui soutiennent vers
Là nous nous arrêtons à Antanambao. C'est entouré
un
traversée de l'Horombe, nous quittons
mer,
l'Esl le
el
rapidement nous descendons
très
et
Ihosy. l'uis nous continuons dans
la rivière
brousse, et nous traversons deux villages Lara, Antsambilo
peu sur
331
Ivoka. Enfin nous nous élevons peu à
plateau de l'Horombe.
d'une trentaine de cases environ,
petit village bara,
toujours d'une enceinte de cactus. C'est la dernière agglomérai ion des Bara propre-
comme
au sud nous rencontrerons probablement encore quelques Bara nommés Manambia ou Antaivondro, qui présentent avec les Bara que nous quittons quelques différences ethniques. Je remarque ici que le nom de cette tribu devrait correctement s'écrire Bahara. Comme je le montrerai dits; plus
ment
plus tard, les Bara viennent de l'Esl,
nom, qui
leur
el
signifie «
sauvages
»,
leur a été donné parles
populations betsimisaraka.
Les Bara sont divisés en plusieurs tribus
1°
:
Les Bara de l'Ouest, dont
Ce sont ceux qui supporten)
les
centres principaux sont
plus difficilement
le
voisinage
le
:
îles
Ihosy, Ranokira, Betanimena, etc. Antimerina. Cependant leur grand mi Voira, qui habite tantôl Ranokira, tantôt Betanimena, a été 2" Les Bara de l'Est, qui onl pour acheté par les Antimerina et a reçu d'eux le titre de in- honneur.
principal centre Ivohibe;
Sambo
le roi
complètement indépendant.
esl
au sud des deux tribus précédentes, à
hauteur de Vaingaindrano.
la
Au
d'Antandroy, qui s'appellent
Bara Manambia.
lava les
du jaune
cheveux
au noir
clair
très crépus.
le
taille élevée,
plus foncé,
En somme,
se rapprochent sous tous
Les
de
cl
les
le
nombreux
el
mélangés en
le
leur teint esl 1res variable,
nez
il
passe
esl aplati, les lèvres épaisses, les
type africain
comme yeux
chez
1res
genre arabe. Ce qui frappe
soid roulés
le
domine beaucoup dans toutes ces populations, qui
menton une
petite barbiche, et sur les joues
un
collier de
tète
deux ou
barbe
beaucoup
plus chez les Bara, c'est leur genre de coiffure. Leurs cheveux très longs
en boules de nombre
ment autour de la
Saka-
peu brides,
très étroit. Quelques-uns, surtout les chefs, sont véritablement de beaux types qui rappellent le
le-;
el
rapports du type sakalava.
portent généralement au
hommes
Les Antaivondro, qui habitent sont
sud des Antaivondro on rencontre des populations métisses de Bara
partie avec les Anlaisaka. 4°
Les Bara sont robustes
:t"
Ils
cl
trois
de grosseur variables. Ces boules, disposées 1res savamment, for-
couronnes concentriques, sur
le
sommet un énorme pompon forme
un chignon. Toutes ces boules de cheveux sont recouvertes d'une couche épaisse de terre blanche mêlée avec de la "raissc et de la bouse de vache, pommade qui donne à ces indigènes une odeur repoussante. La coiffure est
la
seur des boules,
même pour les deux
el
Les coiffures une
l'épaisseur de la fois faites
sexes
et
ne diffère entre
couche de graisse; plus
les
bois,
nombre
et la gros-
cet enduit esl .'pais, plus l'individu est élégant.
durent environ un mois. Les femmes laissenl quelquefois, en avant de
première couronne de cheveux, quelques mèches soigneusement ce qui rappelle la coiffure à
individus que parle
la
chien.
Au
lissées qu'elles
ramènent sur
le
la
front;
milieu des cheveux se trouve plantée une longue aiguille en
en os ou en cuivre, objet indispensable pour déloger ou tout au moins ennuyer les trop nom-
breuses petites bêles qui peuplent (outes ces tètes bara.
Comme
vêtement, les
fabriquée dans
le
hommes
portent
pays. Ces derniers ont
un salaka en
de provenance européenne, tantôt
étoffe, tantôt
beaucoup plus de
prix;
ils
sont faits soit en coton, soit en
chanvre, soit encore avec l'écorce de Vhofotra. Larges de 20 à 30 centimètres, les deux extrémités qui tombent par devant sont ornées de perles de verroterie formant des dessins et terminées par une
Beaucoup d'hommes onl un lamba presque toujours en colon ou en chanvre, seuls les chefs ont des lamba en lundi/. L'usage des kapa ou semelles en peau de bœuf est assez répandu. Les femmes portent comme vêtement une pièce d'étoffe ou pagne (pi 'elles fixent tantôt au-dessus, tantôt frange.
au-dessous des seins sur les épaules et
el
qui tombe jusqu'aux genoux.
Beaucoup portent un
retenu au cou par un cordon de perles; ce
petit carré
petit vêtement,
de natte jeté
appelé hela, sert
VOYAGE
332 à
abriter,
contre les rayons
ornements;
les
bracelets en étain ou en cuivre aux mains
MADAGASCAR.
aussi contre
soleil cl
<lu
Les Bara aiment beaucoup
A
hommes
le froid,
femmes portent des
et
aux pieds, des boucles
et
portent
l'enfant qu'elles
d'oreilles;
sur
dos.
le
colliers de perles,
chez
hommes,
les
des
ce sont
de simples morceaux de bois, chez les femmes ce sont tantôt de petites chaînes argentées longues de 10 à 15 centimètres (Manambia), tantôt des boucles d'oreilles en cuivre (Ivohibe), tantôt de grands anneaux en étain (Bara d'Ihosy), etc.
Tous portent
le felana,
coquillage marin que l'on trouve à la côte Ouest
hommes
les
femmes sur souvent
—
on leur
fait
les
même
en rencontre
l'on
se font
;
front, les
Quelques hommes de
poitrine.
la
—
tribu
cette
du
portent au milieu
le
Dans
tatouer.
assez
jeune Age,
le
coupures longitudinales sur
trois
pommettes, ces
coupures longitudinales
trois
longues d'environ 3 centimètres vont converger
au menton. Nous retrouvons
ment Il
un usage pure-
là
africain.
ne faut pas non plus oublier les
Chaque Bara
fétiches.
au moins deux ou
ou
odij
en porte
trois; ce sont tantôt des
bœuf
de cornes de
qui se respecte
bouts
remplies de miel, de résine,
de boue, tantôt de simples morceaux de bois,
comme
tantôt,
chez
portent les uns sur ture ou sur
Manambia, de
petites
sculptées.
orfy
les
statuettes grossièrement
Dans
fétiche
c'est
là
les
que
se font
Bara
leurs armes.
fabrication française), très long
et
dont
cuivre formant des dessins divers; 2° deux sagaies, dont
il
le
de
roi.
un briquet,
etc.
Le
tribu bara est divisée en
La monnaie
est
Ils
ont tous
:
1°
fer très bien travaillé a
peau de bœuf, à laquelle
tout,
d'appliquer à
terre blanche et
un
fusil à pierre fils
de
en général une
(mi
bambou contenant de
suspendus une
la
graisse,
un grand nombre de
villages ayant ils
chacun un chef qui prend
une
etc.
le titre
sont entourés de haies de cactus et
plusieurs quartiers.
inconnue chez
des articles d'échange
se trouvent
orné de clous de cuivre, chaînettes en cuivre ou acier,
Les villages sont ordinairement situés dans des plaines,
quelquefois divisés
suffit
crosse est ornée de clous et de
la
corne servant de poire à poudre, un couteau, une boite en
Chaque
La
Pour
est très simple. il
ùilo,
quelques-unes sont ornées d'anneaux de cuivre. Pour avoir l'équipement complet
faut ajouter la ceinture (ou Katra) en
petite corne avec
le
de graisse. Les Bara ne se séparent jamais de
FEMME RARA.
d'un Bara,
•
les prières.
malade une couche de
l'endroit
effilée,
se
le
guérir un mal quelconque,
assez,
la cein-
les villages
grande perche en bois représentant
médecine chez
forme
se
trouve planté, sur une place principale,
commun,
beaucoup sont de
autres à
la tète, les
bras, etc.
le
Ces
;
les
les
Bara. Pour se procurer des vivres
plus estimés sont
:
les toiles
et
payer
américaines bon marché
les ;
achats on doit avoir
les verroteries
:
perles
bleues rondes, ou atody podji (quatre de ces atody pody valent une poule), les voronosy, perles allongées
en porcelaine avec dessins en bleu les
autres de
0m.
;
les
rangues, perles rouges octogonales longues les unes de
03; enfin les petites perles blanches vakapotsy en cordon, les
nettes, les miroirs, les couteaux, les
bagues en
anneaux en
m.
Kl,
étain, les chaî-
étain, les aiguilles, lespinces à épiler, les ciseaux, le sel, etc.
r.HEZ LES BARA.
au village d'Antanambao que commence véritablemenl notre voyage du sud de Madagascar.
f.'rsl
Comme
premier jour, nous voulons
le
présentent pour gagner
se
333
Augustin
elle a été faite
;
pays nouveaux
Fort-Dauphin,
aller à
pays de Tonalara. L'une,
le
el
de l'endroil où nous sommes, trois roules
que
les
grandes plaines du sud,
el
nouveauté
nous l'abandonnons dune,
:
droit au Sud, par
ce ni re de
le
l'île pi
gagner
ferail
Masikora
1rs territoires 'les
dans
un- l'aller, l'autre
long de
l'Est, le
Antan-
îles
el
très longue, elle n'a pas l'attrail
esl
noire choix se lixe définitivement sur
et
baie de Saint-
la
Nous n'aurions donc comme
en 1H71 par Richardson, missionnaire protestant.
à traverser
droy, pour aller de Saint-Augustin à Fort-Dauphin. Celle roule la
nous
à l'ouest,
deux autres
les
de
l'une
:
No)
la côte, puni- le retour.
re
roule d'aller, qui se maintiendra sensiblement jusqu'au tropique par 13 degrés ÎO minutes de longitude
nous fera traverser
Esl,
pays déserl de l'Horombe
le
Lorsque nous aurons dépassé
d'Ambolo
vallée
de
el
le 24'
plus au sud des territoires également inexplorés.
el
degré de latitude Sud, nous inclinerons vers
pour gagner
l'Est
la
pays de Tolanara. Je ne doute pas que nous ne puissions réussir, maintenant
là le
que nous avons quitté définitivement des
territoires
soumis aux Antimerina. Nos porteurs vont nous
suivre partout, et,'à moins de mauvaises rencontres, nous devons arriver à Fort-Dauphin dans un mois.
Le lundi rescente
juin,
'.i
esl très
nous quittons Antanambao dans
fournie, mais bientôt
Enfin nous arrivons sur le plateau de l'Horombe,
à
I
à
le
sud
bord d'un ruisseau, près de roches élevées contre lesquelles
Au
point
'le
le
comme On
plate.
l'Imerina
Lainhoanx
le
le
el
Betsileo,
parsemée de montagnes
l'Andringit ra
el
;
loin les
forl
vers
le
végétation arbo-
la
Après une heure d'arrêt
comme une
Nous devions quelques jours plus
lard,
non
el
de hautes collines,
el
l'Est
:
de ce côté,
/une forestière
la
chaînes de Sa loi
loin
sur
sorte de pro-
i
les
la
el
\
les
lieu
absolument
esl
ne s'arrête sur
la
long de laquelle
le
massifs du :
Bemarana
:
une plaine
c'esl
l'Horombe que prennent naissance
ruisseaux qui, suivant une pente assez douce, vont constituer
nombreux
les
affluents de droite de l'Onilahy.
du village hara de llelrokv. découvrir
de ce fleuve important du versant du canal de Moçambique qui \a se jeter dans
même
le soir
dressons noire huile.
sud. au contraire, rien n'arrête l'œil
se déroule à perte de vue. C'est dans
immense qui
s
i
ne remarque que quelques ondulations 1res légères vers
nord,
village,
sud du grand massif central, avec cette différence que cette roui rée élevée, au
coule l'Ongaivo. ha us l'ouest, on distingue le
du
arbres disparaissent peu à peu.
nous ne nous arrêtons que
el
haute chaîne de partage des eaux qui limite dans relie direction
vers
et les
vue géographique, ou peul considérer ce plateau de l'Horombe
longement vers d'être,
sortir
monter
130 mètres d'altitude.
pour noire déjeuner, nous reprenons notre marche vers le
Au
matinée.
la
nous commençons
la
s
re
baie de
la
Saint-Augustin.
L'Horombe
esl
couvert de hautes herbes;
brousses. Pas un arbre, pas un arbuste,
Dans
endroits. l'horizon,
l'homme
eà
el
Nos élapes jour,
du
le
sol aride el
là,
une enclave de
même
el
«1rs
la
ces hautes herbes
rocailleux esl
fumée produite par l'incendie
la ;
d'autres,
c'esl
absolument
grandes
zone dénudée dans ne
stérile.
Aucune
étaient longues, je pressais les
nous campions sur
les
trace d'habitation
herbes indique quelquefois
des ossements blanchis, des crânes de bœufs jalonnent
hommes, craignant
le
zone des
hi
trouvent qu'en certains
se
la
;
à
présence de
sentier.
le
manque de
bords d'un ruisseau, pour nous remettre en marche
vivres. le
A
la
tombée du
lendemain, au lever
soleil.
Au
point de vue géologique,
le
plateau de l'Horombe présente des particularités intéressantes. L'assise
fondamentale parait consister non pas en gneiss
el
en granité
comme nous
en avons vu dans
le
sud du
Betsileo, et
bien en roches micaschis-
teuses,
des gisements considéra-
bles
dans
comme nous en verrons encore près des inouïs Ampingaratra, mais quelquefois même en véritables schistes cristallins. On trouve encore
de jaspe jaune l'histoire
et
beaucoup de magnétite. Mais ce qui constitue une anomalie plus grande encore c'esl que dans l'Horombe la roche fondamentale n'es! pas
géologique de Madagascar,
partout recouverte d'une puissante couche argileuse;
le
plus souvent, au contraire,
bien profondément sous des couches épaisses de pelils graviers. I'ius loin,
de
paille) tes
de mica
el
de quelque peu d'argile.
c'esl
la
roche
esl
enfouie
du sable blanc mélangé'
VOYAGE A MADAGASCAR.
334
Cetlo particularité géologique avait une importance pratique fort grande pour notre caravane. effet
,
lorsque nous traversions ces espaces déserts
et
que nous marchions sur
la
roche ou sur
En
le gravier,
nous avions quelques chances de rencontrer des cours d'eau. Lorsqu'au contraire nous traversions un sablonneux,
territoire
il
rare de pouvoir étancher notre soif, qui se faisait vivement sentir
était Lien
dans ces solitudes. Sur ce terrain arénacé,
difficile;
mètres dans
dans certains endroits, un
le sable. Il
est
homme
ordinaire
donc de toute nécessité pour
à Belroky, en suivant
allongement du chemin
est très
le
terrain caillouteux;
il
On
faut faire parfois de grands détours, mais cet
l'Horombe ont une superficie
des privations moins
et
très variable
tantôt
:
on
voit
devant
qu'une petite tache blanche, en
n'est
terrain rougeàtre et caillouteux qui l'environne. Ces
le
petits espaces circulaires de sable blanc sont particulièrement
dent qui dans ces endroits s'aventurerait sur
centi-
plateau
le
peut passer du nord au sud, de Anla-
une vaste nappe de sable qui s'étend à perle de vue, tantôt ce
général circulaire, qui tranche vivement sur
était excessive-
voyageur qui voudrait traverser
largement compensé par une fatigue moindre
pénibles. Ces territoires arénacés de soi
réverbération des rayons
sans être chargé enfonçait de 80
et
le
de l'IIorombe, de fuir absolument ces espaces sablonneux.
nambao
la
et.
marche, sur ces sables presque toujours mouvants,
solaires était pénible; de plus la
ment
chaleur était insupportable
la
dangereux pour
la
marche,
l'impru-
et
sable risquerait bien de payer fort cher sa précipitation.
le
Il
pourrait disparaître en effet dans la partie centrale. Ces îlots sablonneux au milieu de ces terrains
rocheux sont encore d'une petite hauteur
dans la
que
qu'un cours d'eau, ruisseau ou petite rivière
il
l'on rencontre
dans l'Horombe sont ou bien des fragments de quartz amorphes, fer; ces derniers étaient autrefois très
pour
les frondes.
même
de marmites de fonte, qui remplissent
nous atteindrons une sorte de
les
silex
le
même
mes
usage. Malgré
le
et
conseils,
les
des Sakalava;
ils
les
indigènes
comme pierre
est particulièrement fraîche.
Le 10
juin,
les
sable a disparu.
Nous campons
le
soir sur les
ronnés par un
fort parti
bords de les
chacun de mes
roches de l'Horombe
à fusil.
nous suivons
Lalanana presque depuis sa
le
y a quelques végétations sur ses bords, l'argile et les grandes herbes se
minutes après avoir repris notre route, traversant
'
veulent les vendre lorsque
ils
premiers villages du sud. Enfin je citerai encore parmi
employée par
La nuit du 9 juin Il
recherchés par
achetés assez cher par ces indigènes, mais atteignent un prix moins élevé cependant que
porteurs se charge de quelques kilos de ces cailloux de minerai de fer,
source.
et quel-
Actuellement, ces petits cailloux
bruns, rougeâtres, servent à l'occasion de projectiles pour les armes à feu des Bara
les pieds
flanc
Dans l'Horombe, on trouve de l'hématite rouge, sanguine, brune; on en venait chercher de
fort loin, c'était les projectiles les plus recherchés
sont
le
les rencontre, les eaux diparaissent
ne faut pas être étonné de voir sourdre du sable une jolie petite rivière. Tous
ques cailloux de jaspe, ou bien des minerais de indigènes.
occupent
effet, lorsqu'ils
à quelques kilomètres en contre-bas, à l'endroit où le terrain sablonneux cesse et où
le sable, et,
roche recommence,
les cailloux
cause d'une particularité très intéressante. En
la et
la rivière, et le
montrent de nouveau,
lendemain malin, quelques
grandes herbes, nous sommes tout à coup envi-
de guerriers bara. Notre caravane s'arrête; je m'attends à une attaque
et je
prends mes dispositions en conséquence. Malgré l'attitude belliqueuse des guerriers qui nous environnent,
mes hommes,
s'étaient
peu
à
à
ma grande
surprise, ne manifestent
peu rapprochés de nos bagages,
un grand diable drapé dans un lamba rouge éloquent, car ses gestes sont expressifs.
montre
le
sud, et semble indiquer
Il
et
aucune
crainte.
portant tout un arsenal, leur
désigne successivement de
que nous allons bien
loin.
la
des Antimerina). Des deux côtés on s'observait curieusement.
hommes
comme
d'autre pari je ne voulais à
de se remettre en route; Maislre
garde. Les Bara nous suivirent toute
la
cl
les
Bara, qui
fait
sans doute un discours
main Maislre
et
moi, puis
Comme
les guerriers le
bara soulignent
marina izayl marina izay!
celte situation pouvait durer 1res
aucun prix commencer
les hostilités,
j'ordonnai à nos
moi, prêts à tout événement, nous protégions
journée; vers
il
Les paroles n'arrivent pas jusqu'à nous,
mais nous percevons cependanl un bruit confus de voix humaines, lorsque quelque passage important du discours de leur chef (c'est probablement longtemps,
Cependant
s'arrêtent tout à coup. Celui qui parait être leur chef,
le soir, ils
disparurent derrière un
pli
l'arrière-
de terrain.
CHEZ LES BARA.
SI
En somme,
II
[.ES
HO
LiU
335
LALANANA.
ce n'était qu'une simple alerte. Les Bara indépendants axaient voulu pousser une recon-
naissance et j'étais fermement convaincu «pie devant notre attitude
pendant les
la
marche
rassemblai
s'écarter de notre route.
porteurs
me
Pendant
se tiendraient
pour
j'eus bien soin de manifester quelques inquiétudes en présence de
même pour
leur faisais voir
ils
leur dire que
Mes paroles
comme une
position était critique,
la
furent très bien prises,
attaque de Bara nous fermait
et
un heureux résultat
c'était
le
nous nous sommes dirigés vers un
gauche, depuis que nous avons quitté
la
vallée
le petit
de-
pie
remarquable,
heureusement en tuer un. Ce
petits. Je puis
bel échantillon
sentiment de satisfaction par nos cuisiniers, qui, depuis confection de nos repas. L'animal que
de couleur fauve avec une raie grise sur
les
mes
j'ai
le
Le jeudi 12
juin, à notre sortie
a dissipé la
du
petit
le
mont Ambohi-
grandes herbes où nous avons sangliers gros et
du sanglier de Madagascar le
reçu avec un
est
départ d'ihosy, étaient embarrassés pour
tué pèse plus de 100 kilogrammes; c'est une liés belle bête,
dos.
Sur
la tête
il
ressemblant à des cornes minuscules; sa mâchoire inférieure
le soleil
ce que je
chaînon de monticules qui se trouve à noter
Lalanana. Dans
rencontré ce malin les guerriers bara, se trouvaient en assez grand nombre des
la
:
nord. Dès lors
suivirent aveuglément.
l'étape d'aujourd'hui,
trakoholahy. Cette montagne termine vers l'Ouest
vif
porteurs, et je
sous aucun prétexte
et qu'il ne fallait
roule de retour vers
la
mes
Mais
satisfaits.
porte deux petites excroissances de chair, est
armée de grosses défenses.
bouquet de bois où nous venons de passer
brume du matin, nous apercevons dans
la nuit, et
ou G kilomètres,
lorsque
lo village
bara
de Mandrehenana, puis, par 970 mètres d'altitude, nous traversons un marécage avec beaucoup de
diffi-
cultés,
l'ouest, à 5
dans une contrée basse relativement au plateau environnant. Deux ou
été retardée
quelque peu par un vol important de sauterelles,
la
trois
heures après avoir
caravane entrait dans
le
village de
Betroky; l'Horombe était traversé.
Le
village de
Betroky est une agglomération absolument identique à
jours suivants, jusqu'aux pays des Antanosy émigrés. C'est
celles
que nous rencontrerons
les
Dans
cette tribu,
tout village est bâti en terrain plat, à proximité d'un grand ruisseau ou d'une petite rivière.
Nous avons
le
type
du
village bara.
VOYAGE
336
MADAGASCAR.
A
vu précédemment qu'à Madagascar, en particulier sur tiellement d'un
nombre plus ou moins considérable de
haies de cactus. Chez les Bara, on trouve Lien la
plateau central, un village se compose essen-
le
cases, entourées à l'ordinaire d'une enceinte de
même disposition
générale, mais avec des modifications
importantes. Ainsi Betroky, qui compte une cinquantaine de cases, semble très grand. Cela tient à ce
que
les
cases sont disposées par groupes de o ou G unités.
DAR.V
Chaque groupe comporte pour
une seule agglomération de cases;
hameaux. Celle disposition,
très utile
pour
d'une seule haie, mais bien
l'effraction
désagréable pour nous;
faut,
il
il
est la le
une
DE BETHOKY
enceinte spéciale, haie de cactus, large, fournie et épaisse. être
lui seul
plutôt
la
En somme
défense des villages bara
passage de plusieurs
pour rentrer chez
le village
juxtaposition d'un certain
soi, se faire
—
bara ne semble pas
nombre de en
elle nécessite
enceintes
effet,
successives
ouvrir un grand
—
nombre de
petits
non pas est
liés
portes, et
ce n'est pas toujours chose facile de retrouver son chemin dans ces labyrinthes épineux. Chacune de ces enceintes
comprend
quent pas entre général
'.
Ce
elles.
ses portes, ses cases, son parc à bœufs.
Ce sont aulant de
petits villages juxtaposés et
tout est toujours susceptible d'agrandissement par
s'appuyer contre
le
;
vaste;
il
elles
ne communi-
formant un tout qui porte
le
un nouvel enclos de cactus qui
nom vient
précédent.
Betroky est assez propre dans son ensemble esl
Le plus souvent
il
compte 150
contient, en plus de ses six cases, de ses
à 200 habitants. L'enclos
où nous sommes
deux parcs à bœufs spéciaux,
1. Chacune do ces petites enceintes a un nom particulier qui malheureusement peut donné au voyageur au lieu et place du nom général du village.
et
de son
petit
être, suivant les circonstances,
43
CHEZ LES BARA. pour
réduit
piler le riz,
339
un assez large
espace découvert où nous pouvons
nos cinquante pas, chose
faire à l'aise
rare dans
Betroky
pris
j'ai
un village malgache.
comme
village bara, je puis
son où nous
sommes
Si
type d'un
prendre
mai-
la
comme
logés,
le
type général des cases de cette tribu.
Lue maison bara possède, sur plan horizontal,
de3m.
parfait,
du
l'arête
sud.
la
10 à 4 mètres de côté, étant orientée nord et
toit
façade principale du
la
Là charpente générale
ouest.
le
forme d'un carré
se
côté
com-
nommés
pose de deux grands poteaux
handry plantés verticalement au mides deux côtés nord
lien
deux
forts
pieux supportant
drier longitudinal
tage
que
el
sud. ces
el
l'on
Aux angles du autres pieux
<pii
forme
le
ma-
le
faî-
appelle vovonana.
carré
quatre
son)
verticaux,
zoron-
les
leur extrémité supé-
trano, reliés à
rieure par des traverses latérales, les
Sur
sokona.
parallèlement Ir/niu,
partie supérieure de
la
cette charpente
rudimen taire, on pose des chevrons, landro-
qui Supportent eux-mêmes des
traverses longitunales, en bararata;
ces
nommées chaume (chez
traverses,
supportent
le
varivary, les
Bara I
ou
les
feuilles
de lataniers (dans
l'Ouest); l'ensemble du
loi!
se
(1EFS
DE
BEI ROKY.
nomme
couverture en herbes sèches, teny. Les cloisons sont formées par des claies debararata, enduites le plus souvent d'une couche de bouse de vache el d'argile plastique, ce revêtement est très utile pour protéger les habitants du logis du froid et de l'air vil' de la nuit. La porte es! ménagée le plus souvent tafo, la
sur
la
faite
face ouest
cl
du côté nord,
d'une seulepièce de bois,
porte s'ouvre en laisse passer
cl la
fenêtre sur
mesure
elle
1
la
face
m. 25 :<
m.
-d
il
du côté
x
dedans, un cadre forme un recouvrement en dehors.
une queue de bœuf,
elle sert à
plantée dans l'encadrement en bas
et
Est. La porte,
m. 03
Au
en dehors assure
la
fermeture.
.
est
Celle
milieu de la porte, un trou
porte lorsqu'on sort de
tirer la
wravarana,
maison de Betroky
Comme
la
maison.
Une
cheville
gonds, on a ménagé à
la
porte deux ergots, l'un en haut, l'autre en bas. qui pénètrent dans des trous correspondants de l'enca-
drement.
L'ameublement d'une case
est
des plus simples. Le
foyer, fata, carre de 70 centimètres, est
lit, kibany, occupe la plus grande place. Le une masse argileuse au centre de laquelle sont élevées trois
pierres hautes de 20 centimètres; les loko,
prières dans l'angle sud-ouest, de est construite une petite étagère
la
le
foyer
est
case. Les ody sont
nommée
toujours au nord. Les indigènes disent, leurs
pendus après
la
cloison est, dans
taky, elle porte divers ustensiles.
le
coin sud-est
Près du foyer, une grande
VOYAGE A MADAGASCAR.
340
cruche, simjbe, repose sur un support en pierres
nommé
sous une petite corbeille de jonc. Nous avons vu que chez les Anlimerina
les Betsileo les
chez
et
Nous
élevés; chez les Bara, ces seuils ont disparu.
entrerons dans
cruche
torasiny. L'ouverture de la
est
cachée
portes des cases avaient des seuils très
verrons de nouveau plus au sud, lorsque nous
les
pays des Antanosy émigrés.
le
Les Bara de Betroky
et
de
la
indigènes, qui appartiennent à la suite
environ 12 ans, à
contrée environnante s'appellent plus particulièrement Antaivondro
grande tribu de Bara, sont venus de
la
l'Est,
du
sudd'Ivohibe. C'est,
d'une guerre heureuse avec une autre tribu bara. que
les
Antaivondro
;
il
ces y a
se sont
étendus jusqu'à Betroky.
Nous séjournons dans
le village le
samedi 11 juin
nous passons un bon moment
et
petit
du pays, qui sont décidément très nombreux. En enclos, chaque division dont est formé le village a un
qu'il
nous faut voir
aux
effet,
rois
et
combler de cadeaux. Le
roi
roi,
à l'aire des visites
Betroky n'a pas un chef unique; chaque
des ministres, des personnages importants,
de notre quartier nous procure un guide, Andrianèvo,
Comme chez les Sakalava, je retrouve faut me cacher pour préparer la peau du
qui doit nous conduire demain au prochain village.
de
l'ady
plus ennuyeux les uns que
tué hier
j'ai
titre
que
le
Comme
porc. Enlin,
miroirs, des aiguilles, à
ma
les autres. 11
nous ne sommes plus en pays anlimerina,
un
il
y a partout des
lot
de perles, on
les
me
je
Maistre, que n'absorbent pas ces soins de collections zoologiques,
en bulle
raire, est
à
la curiosité
indiscrète des
hommes
sortes de petites misères: son encrier est renversé s'épilent avec ses
compas, une femme
gros roi d'un quartier voisin regardant par l'objectif, et,
pour
le
monde
le
il
a tous
deux ou
a pris ses tire-lignes
est tout joyeux
nous
et
parce
des
cl
mais
ma
réputation en souffre
livre à cette
:
opération sacrilège.
qui s'occupe adresser notre itiné-
femmes du
village.
On
lui fait toutes
trois fois sur sa planchette, des indigènes
pour
qu'il a saisi les
s'en servir d'épingles à
jumelles de
ma peau
chignon; un
mon compagnon,
vus dans des proportions minuscules. Maistre
délivrer des curieux, je suis obligé d'aller porter
même
croyances. Grâce à quelques petits
laisse relativement libre,
grande satisfaction, on s'éloigne de moi pendant que
beaucoup
sanglier que
sanglier est mis en interdit au
le
accommodements avec
me
ici
est très
et
que,
importuné
de sanglier à ses côtés. Aussitôt tout
se relire et fait place nette.
Le dimanche
13 juin,
où nous avons logé hier
nous quittons Betroky sous soir veut bien
nous donner,
mpanjaka de
la
conduite du guide que
et
une lionne étape nous conduit au village bara
le
l'enclos
d'Ivahona.
Toute lalany
la
et
journée nous avons marché dans
la
brousse,
et
nous avons passé près de deux
Analalisaka.
•
'
\
/
'
UN
SANGLIER DE
L
HOROMBt
.
villages,
Amba-
m
5AK0A
h
NIDS
ET
DE
y
DAKS LA BROUSSE.
fERMITES
CHAPITRE
XII —
Mangoky ou Onilahy, sa vallée, ses géographiques à Madagascar. — Village d'Ivahona. Tsivory. — Le mont Tsiombivositra. Au pays 'les Antanosy émigrés. Tamott Retour à Tamotamo. Visite au roi de Tsivoy. Séjour à Tsivory. Les Antanosy. De Tamotamo à Tsivory. Dans la brousse, nids de s la route du Sud. n commerce de ody. — Fabrication d'une amulette. Nous repre La Arrêtés par les cactus. Au pays des Antandroy. termites. —Chez les Bara Manambia. Tiesetra. Pierres levées des Antanosy émigrés. grande plaine du Sud. Au village d'Imitray.
Renseignements sources.
—
et n
a
[aborano.
—
—
—
-
—
I
—
pendant
par
marche d'aujourd'hui,
la
les
renseignements
le
pouvons
à lui, nuits
Il
il
la
el
tant s'en
faut. J'ai
écriture,
qui parait
parle dcvanl nous sans défiance; grâce
surtout obtenir les vrais
noms
points remarquables que nous ne cessons de
faite
à
cause de
la
mon voyage
à
n'es!
pas parfaite,
Madagascar
l'écriture
Européens ont données aux Antimerina; mais celle seulement pour le dialecte antimerina, répond mal, dans bien
noms géographiques
les
à
Madagascar
tribus superstitieuses une leurs
langue du pays, qui
toujours adopté dans
des eas. au dialeele des autres tribus.
coutumes, tout
A
côté de celle question d'écriture des
vient se placer surtout
dans ces pays de
nouvelle cause d'erreur. D'après leurs idées et
village, toutelocalité
ou point quelconque dénommé,
Mais lorsa reçu son nom d'un mpanjaka ou d'un personnage influent. personnage vient à mourir, le point géographique considéré perd que ce
son premier nom, puis
est interdit de
homme,
de nous donner. Cel
il
pour nous,
route.
l'orthographe que
chef défunt. Ce n'est pas (oui
été très précieux
remarquer que, pour placer un nom propre sur une carie malgache, ouvrir une petite enquête', el malgré cela, on a toujours beaucoup de
l'an!
JEUNE PILLE CHEZ LES ANTANOSY EMIGRES.
a
esl à
chances d'erreur; d'abord
et
el
rectifier notre itinéraire el
dos villages, pics, montagnes relever sur
guide bara
qu'il n'a cessé
intelligent, a banni toute crainte
il
—
—
—
—
—
mais
—
— —
—
:
non seulement
prononcer
le
nom
les
est
dénommé
de nouveau par
le
successeur du
points géographiques changent constamment de nom,
d'autrefois;
il
est fady de parler d'un mort,
On
conçoit qu'avec
VOYAGE A MADAGASCAR.
342 pareil système
un
mées
il
assez difficile de reconnaître dans ces pays des localités antérieurement
est
décrites par les voyageurs. Ainsi, je viens de parler de Betroky, et
et
que dans quelques années, après
mon
trouvât plus trace de
ne
le village
itinéraire.
compte
village bara d'Ivahona
Le
mort de Monsieur Betroky, un voyageur passant dans
la
dénom-
pourrait très bien se faire
il
peu près soixante cases;
à
Nous avons encore quelques heures de
jour,
il
absolument disposé
est
température est très supportable;
la
comme
Betroky.
bas cepen-
le soleil,
dant, nous inonde encore d'une vive lumière. Voulant profiter de ces circonstances favorables, je vais et j'invite le roi principal
quelques photographies,
faire
grande place du village. Je
lire
d'Ivahona
tout à loisir leurs portraits,
et je
et tous ses guerriers, à venir
termine
prenant sur ces indigènes quelques mensurations anthropologiques. Les membres de
la
la
famille royale
qui nous servaient de sujets d'expérience, se prêtaient assez mal à nos recherches scientifiques.
Ils
avaient
manifesté quelque répugnance à se soumettre à nos passes de sorcellerie, éprouvé un certain
même
effroi à la
et
sur
séance de photographie en
la
vue de notre appareil de photographie; quelques cadeaux avaient eu raison de leur frayeur,
nous leur assurions du
que ces pratiques bizarres, en usage chez
reste
moi nous reliions dans
eux un
excellent remède. Maistre et
j'allais
donner l'ordre du départ lorsque
la
empêché par un grand kabary
j'en fus
voulurent commencer contre nous. Mes opérations photographiques de
mal comprises,
me
il
el l'on
de son mal de
m'accusait de sorcellerie.
Chose bien plus grave encore
projeter. sur le sol, l'ombre de
:
avait élé mise sur
son corps,
me
donc procéder
mon
Bara, guéri ce malin
n'avait pas vu,
m'accusait, tout naturellement, de
el l'on
L'un de mes
le dire.
même
ce
bara
(pie les indigènes
avaient, paraît-il, élé très
m'empresse de
je
mais plongé néanmoins dans une certaine torpeur,
tète,
la veille
Immédiatement, cette migraine intempestive
sujets d'hier avait eu mal à la tête.
compte,
dommage, imaginaire,
réparer un
fallait
pour
les étrangers, seraient
case qui nous est destinée. Le lendemain,
dans
lui
la
matinée, se
avoir dérobé son
âme. Afin d'éviter des ennuis,
il
fallut
rendre à son ancien propriétaire; je
mon innocence
et
de
la
me
mes
pureté de
à la
livrai à cette petite
intentions; j'alléguai
âme
recherche de cette
fugitive,
pour
la
chasse d'un nouveau genre en protestant de
même que
l'ombre était
difficile
à retrouver
à cause du temps couvert; j'y réussis enfin. Avec quelques cadeaux tout est oublié et nous pouvons en
paix quitter
le
village d'Ivahona.
Pour raconter ce qui
était arrivé et
pour expliquer ce nouveau genre de sport,
je suis obligé d'entrer
dans quelques renseignements.
Pour la
l'intellect
rudimentaire des Malgaches,
personnalité est
Jamais non plus
il
l'idée
de la mort complète, de l'anéantissement total de
absolument inconcevable. Jamais un Malgache n'admettra ne supposera un seul instant qu'une maladie puisse
de sorcellerie. Pour ces primitifs,
la
maladie
el
morl ne sont que
la
lui
l'idée
d'une mort naturelle.
venir en dehors d'une opération
le résultat
d'un mauvais sort qu'on
leur a jeté, d'une mauvaise chose qu'on leur a fait prendre, d'un poison quelconque, d'une invocation
magique; donc, tout logiquement,
le
Malgache, croyant que
mort
la
maladie n'est qu'une tentative de meurtre, dans ces deux cas veut 11
es! aussi à
ment
peu près calquée sur
coutumes d'une
race,
même
par l'intelligence, la vie future, idée produite par l'imagination,
la vie terrestre; il
de
telle
tout n'est pas fini
dans une autre contrée
'
:
1.
âmes de
el
en présence de
son âme, son esprit, vont quitter
la le
le
genre de
mort d'un individu, corps,
il
est vrai,
L'âme d'un Malgache
s'en va
donc
à
mœurs
cl
les
vie future. Les ils
mais
s'imaginent s'en iront
Ambondrombe ou
ses troupeaux, de sa maison, de son mobilier; elle se nourrit
Ambondrombe, pour
vie, les
au sujet de cette
est à
au
revivre d'une autre vie, entourés des êtres et des objets qui leur étaient
familiers lors de la première existence. suivie des
sorte que, étant donnés
est possible d'en déduire ce qu'elle doit croire
Malgaches n'échappent pas à celte remarque,
loin
la
remarquer que l'imagination humaine n'étant qu'un ensemble de souvenirs, capricieuse-
intervertis, disloqués
volontiers que
qu'un assassinai, que
n'est
les venger.
les habitants
du plateau
central.
même
ailleurs,
des âmes de son
.
LES ANTANOSY ÉMIGRÉS, LES MANAMBIA, LES ANTANDROY. En somme,
sa viande.
riz, île
c'est
une existence toute semblable
à la
343
première qui recommence; l'imagi-
nation ne va pas au delà.
La perte
capture de l'âme à Madagascar sont un
et la
Mon ami Rainimanana, de
l'indigène.
pour donner tous P. Abinal, qui
l'âme, récit
sans lité
les
allusion à celte chasse à
l'ail
que
je ne saurais
mieux raconter,
une partie de son origina-
enlever
lui
très commun, du moins dans la pensée de Fianarantsoa, m'avait parlé de celte croyance, el à celle occasion éclaircissements nécessaires au lecteur, je vais citer un passage du livre du l'ait
'.
Le Malgache
«
de l'âme.
claire
pas une notion
n'a
n'en
11
de l'homme; pour
vital
pas
l'ait
lui
âme
bien
principe
le
sont
vie
el
choses distinctes, indépendantes, quoique cor-
Le corps peu! vivre sans l'âme, du
rélatives.
moins pendant un certain temps; l'âme, de son peut
côté,
sans
vivre
manière précaire
le
mais
corps,
d'une
pendant quelques années
el
seulement «
Pour
l'âme des aliments,
de
rir
subsister, paraît-il, elle doil se nour-
comme
tout
temps, d'ailleurs, de son union avec
au
corps,
que l'âme humaine mangeait l'âme végé-
alors tale
le
du
riz,
donl
le
corps n'avalait que
la
sub-
sistance matérielle. «.
Une
pareille conception
a son
animé ou inanimé
être
aussi bien que
canon,
âme,
l'animal. Le bœuf,
la
le
piaule
chou,
le
une âme, absolument
uni
pierre,
la
suppose que loul
comme chacun de nous. <
Mais enfin, qu'est-ce que L'âme humaine
pour «
les
Malgaches?
L'Ame
fait à
humaine
n'est
l'image du Créateur;
un
point c'est
nothe
esprit,
plutôt
«
le
même modèle que
La morl ne
l'ait
\.
une
doublure de l'homme, plus subtile que l'homme sur
Giint: haï
visible el
corporel, qui tombe sous les sens, et (aillée
lui.
que séparer l'homme de sa doublure.
.Mais
comme
ils
sont faits l'un pour l'autre,
ils
ne peuvent vivre séparés qu'au détriment l'un de l'autre. Aussi tous deux s'aeheminenl-ils d'abord d'un pas inégal vers leur terme fatal, qui est la seconde morl, le néant. Les Malgaches ont plusieurs noms
pour désigner l'âme; parle second;
ils
Sans avoir
la
on leur demande ce
définissent
ainsi le cercle vicieux ,
si
le
second par
dans lequel
ils
qu'ils le
ici
troisième,
Ame
se dit
premier de ces noms,
dernier enfin par
le
ils
premier, complétant
fond de leurs obscures idées, en pareille matière, nous ce que nous avons pu comprendre des théories émises par eux, sur la nature de
mots dont
ambiroa,moroa ou miroa. Or. amby
ils
se servent
pour
la
désigner.
ou ambiny signine surplus, ce qui est ajouté; roa
pour miroa, est veut dire deux; ambiroa signine doue surplus de deux, ajouté à deux. Moroa,
1.
répondent
le
l'âme, en nous aidanl de l'étymologie probable des «
el le
le
s'enferment
prétention de voir clairement
essayerons d'exposer
entendent par
H. P. Abinal, Vingt ans à Madagascar.
un verbe
VOYAGE A MADAGASCAR.
344
avis sont partagés. qui signifie être deux. Qu'est-ce que ces deux, ou ce surplus de deux? Les
néanmoins
qu'elle
curieuse explication
objet, tout corps a
Tout
«
la
voici
:
une ombre, mais on trouve auprès de l'ombre quelque chose de moins obscur
pénombre.
c'est la
:
En
«
El qui donc
«
Pour
produit, cette pénombre,
la
les partisans
de miroa, l'âme,
ce n'est l'âme?
si
pénombre.
c'est la
et la pénombre; mais il y aencore, ajoutent-ils, celte « Les partisans d'ambiroa admettent aussi l'ombre l'ombre, qui côtoie la pénombre voilà l'âme. légère nuance indécise et presque imperceptible de :
Cette dernière opinion est
<
qui est reçue
A
<,
comme
la
plus certaine.
la
comme
maloatoa. Ma, préfixe du mot ton.
Le tout peut se traduire par L'âme se désigne encore par
«
chose signifiée par
Nous
l'être.
mot
le
dirions
Dans
«
mot
les provinces, ce
elle
prend
le
nom
spécial de
diminutif.
l'individu.
Le préfixe a marque un acte ou une tension vers la obscur, noir, indécis. A-velo, vaguement obscur, fantôme de
l'être.
malfaiteur mort prend
lame d'un
mauvais
signifie lutin,
Les angalra sont des êtres maigres
nom
le
génie. Les
d'angaiïa.
âmes des
sorciers s'appellent /olo;
des squelettes, avec de longues dents, une longue cheve-
comme
seule bouffée de leur haleine empestée peut donner la mort à distance.
Une
lure et de longues griffes.
du corps
très opiniâtre, s'acharne sur la partie
Le Mo,
«
indique
le
reviennent assaillir les vivants pour les faire souffrir.
elles «
de
ion,
d'avelo.
principal; vélo,
Chez les peuples de l'Imerina,
«
nom
le
une ombre de
:
la répétition
un semblant de
:
.,
mais en outre
s'appelle encore ambiroa;
du corps, l'âme
la sortie
plus générale, je dirai presque, l'universelle croyance du pays, et celle
attaque; les poitrinaires surtout meu-
qu'il
rent victimes de sa rage.
L'âme, n'étant point
«
diatement. L'opinion sa vie.
Pour
le
principe vital, peut s'envoler sans que
la
mort de l'homme en résulte immé-
un an avant
plus générale est que l'âme se retire du corps de l'homme
la
certains, c'est onze
la fin
de
c'est treize lunes.
mois environ; pour d'autres,
L'âme ne s'envole point de son plein gré. Quelle est celle qui se dégoûte du séjour des vivants, au Malgache. Elle redoute ces froides point de lui préférer celui des ombres? Certes, ce n'est point l'âme du «
demeures,
et
ne cherche à
rendre que
s'y
plus tard possible.
le
Mais un être malfaisant par nature, un être dont
«
nommer par
blable, le sorcier, puisqu'il faut le
paisible
mort
du corps,
naturelle.
n'attribuera sa
et
de
la jeter
Personne ne mort
sur
la
destin est de haïr, par-dessus tout, son sem-
le
son nom, possède
roule du néant. De
là vient
naturellement chez eux.
finit
ni à l'âge ni à la
maladie, mais à
la
l'art
infernal de ravir l'âme à la
que
les
demeure
Malgaches ne croient pas
à la
vieillard meurt-il plus qu'octogénaire, on
Un
malice d'un sorcier.
Quand un sorcier a choisi sa victime, il passe près d'elle inconnu, inoffensif en apparence; il met le pied sur son ombre ou la pénombre! Voilà l'âme saisie! 11 l'emporte captive sous la plante de son pied; «
son art accomplira «
L'âme
est
si
dice; mais bientôt
Comme
« c
<.
le
reste.
légère, il
que
maigrit,
celui qui en est privé ne s'aperçoit pas d'abord il
Mais vous avez perdu votre âme!
lui dit-on!
lime du sorcier, cela doit être puisque vous reconnais plus moi-même. «
Là-dessus,
le
pauvre
(.
11
est
remarquez. D'ailleursje
inspecte ses trois ombres;
comment
un premier moyen pour
mpsikidy (diseur de sorts).
le
On
faire
ressaisir
va donc
pour
lame
le
:
la la
m'avez
saisi; j'en ai
me
commis
— Hélas,
débilite à
trouver
mesuré toute
la gravité.
il
n'en voit (pie deux, d'où
à son préju-
répond
la vie-
vue d'œil, je ne
me
conclul qu
n a
il
il
rejoindre? famille éplorée tienl conseil,
et
on expose
se recueille d'abord profondément, puis, relevant la tète ».
vol
»
homme
plus d'âme. Elle est déjà loin;
le
perd ses forces; à peine
vous avez changé,
du
peut se traîner.
s'il
:
ci
J'ai
Consentez-vous
à
l'affaire.
parcouru
el
décide de consulter
En homme le
expert, le mpsikidy
labyrinthe du cas dont VOUS
en subir les suites, ou voulez-vous que
LES ANTANOSY ÉMIGRÉS, LES MANAMBIA, LES ANTANDROY. «j'opère?
«
A ces mois,
»
avec ardeur
s'écrie
suite
le
«
:
patient qui ne peut plus se sentir de crainte dans l'Ame, puisqu'il n'a plus d'âme, monseigneur, faites; si votre art peut encore quelque chose, opérez de
Faites,
En même temps,
».
345
porte
il
main à
la
ceinture et en tire
la
la
pièce d'argent d'usage, nerf de
l'art
divinatoire chez tous les peuples. «
La
pièce reçue,
listiques, des «
Bientôt
mpsikidy paraîl plein d'espoir.
le
mois bizarres,
tout à
le
annonce gravement
il
11
de découvrir
l'effet
aligne ses jetons, prononce des formules caba-
de l'âme fugitive.
la piste
qu'il la tient; elle est là-bas, errant
sur
montagne,
telle
faut partir
il
à sa poursuite.
Le malade, sa famille
«
devin s'acheminent donc vers
et le
corbeille à couvercle, destinée à rapporter sûrement l'âme « <•
On
mais
arrive,
piège où
le
montagne désignée, emportant une
la
logis, après sa capture.
encore assez long.
le travail est
Avant de tendre
au
fugitive doit se prendre,
la
faut, dil le mpsikidy, épier ses allées et
il
venues, reconnaître les endroits qu'elle fréquente de préférence. «
On
donc promener
fait
malade ni chaise
le
Si le devin connaîl son métier,
Le
Au bout
tions.
même temps
compère amuse en
l'usé'
de son côté
a
qu'il
à la
fraîcheur du malin ou du soleil couchant.
temps force bouillons de poulets avec légumes
son malade par des contes joyeux
de quelques jours, quand
homme annonce
porteurs,
;'i
prescrit pendant ce
il
les
couleurs revenues indiquent un retour de santé, notre
par découvrir
fini
frais.
toutes sortes de distrac-
el
lieu
le
hanté par l'âme vagabonde
il
:
va
la
prendre. «
A
feuille
cette
fin,
dans l'endroit
si
péniblement découverl
de bananier propremenl installée
relevé, puis
il
lance vivement aux quatre vents du
garde soigneusement sa langue; chaque mettre obstacle ci
la
le
momenl
L'âme
yeux
sur
fixés
que le devin
fugitive,
suc embaumé, doux «
Le sorcier se
décisif,
les
du
lïuil
le
laisse l'aire sans résistance
la «
«
L'heureux chasseur,
maison, où
On
On «
s'en réjouit par
Quelquefois
retrouve pas. faille malade.
Il
Il
le
monde
le
seul peul voir, arrive entin à
devants
malade
le
entre, on s'assied sur
couvercle
(oui
Malgache
se lait aussi, recueilli, palpitant, el attend,
son pas ordinaire
;
puis déguste
elle flaire et
elle s'en
donne
cœur
à
joie, la
Encore
voilà prise.
la
cl
que dirige
corbeille
l'habile
du nectar,
tout enivrée
elle se
el
cl
vont toul préparer pour une réception joyeuse.
son
âme
en corbeille, arrivent ensuite
apprêts d'un festin
la
sommes
:
«
Soyez
les
ravis de votre retour
natte neuve déployée à
la
el se
présentent à
porte de
la
bienvenus, leur crient de l'intérieur, des ».
place d'honneur. Puis enfin, sur
la
demande
corbeille, et chacun peul y constater de ses yeux que l'âme n'y est pas, preuve
la
manifeste que duranl
le
on l'emporte en toute hâte.
;
les
l'on seul déjà les
générale, on ouvre
corbeille avec
travail des abeilles.
voix pleines d'allégresse; entrez, nous «
la
un coup porté aux marnais génies qui pourraient
esl
Tout
tait.
Tandis qu'oubliant toute autre chose,
Les parents prennent
place
miel.
main du chasseur l'enveloppe doucement....
«
il
une kyrielle de mois hideux, dont
ciel
mol
vilain
dépose quelques rayons de miel, sur une
il
tout à côté,
cl
de l'âme.
à l'arrivée
bouche béante, -
le
Voici
terre,
à
trajet,
le
une
fête
mpsikidy
n'en fera s'agit,
en
aux cadeaux d'usage, en
ennuyée
de famille, esl
cl le
dans
la
corbeille, elle a préféré rentrer
devin est congédié, chargé de présents
:
dans sa demeure.
il
a réussi.
sensé se tromper de montagne; son client ne va pas mieux;
pas moins effet,
d'être
pour
faire la lui,
cérémonie du retour avant que
de ne pas perdre
le fruit
la vie
lame ne
se
abandonne tout à
de ses peines, et de ne pas renoncer
pareille circonstance.
âmes perdues. Elle fut employée jadis avec succès, en faveur de la reine Ranavolana I ", par un mpsikidy bien connu encore àTananarive sous le nom de maloâ. Ayant donné la chasse à l'âme royale, il eut l'adresse de la ramener et de la retenir dans «
Telle est la première
méthode pour retrouver
el
ramener
les
r
le
corps de
celle
la
souveraine jusqu'à une vieillesse avancée. Si on
de Rasoherina
;
l'avait cru,
il
aurait également retrouvé
mais, contrairement à ses prescriptions, on s'obstina à ne pas
aller la
chercher sur
VOYAGE A MADAGASCAR.
346 les
montagnes.
On
la
chercha seulement dans
plaine
la
où
rejoindre
elle n'était pas, et la reine s'en alla
ses aïeux. « «
La seconde méthode
est plus expéditive
que par l'inspection des ombres
Sitôt
que
En voici du reste le procédé Tort que lame a disparu, on s'adresse à
première.
la
est constaté
il
habiles dans l'art de la ramener. Celui-ci, dès la veille du jour où à
mange
l'urne
:
lui
en apporte une seconde
l'ois; elle
de son invisible repas, l'opérateur se lève;
la fin
lient
il
du
:
l'un des riz cuit
qui, naturellement,
approche
se rendre à cet angle. Elle voit le riz servi, s'en
comment supposer qu'une àme malgache
car,
Le lendemain, on
manquer de
doit opérer, fait servir
ou L'angle des ancêtres. L'âme
l'angle de la case, dit l'angle de la prière
rejoindre ses aïeux, ne peut
il
simple
el
va en
puisse résister à l'appât d'un plat de riz?
y revient et en
mange en
toute sécurité. Or, vers
d'une main une gourde vide percée par
le
d'abord tout doucement, ensuite un peu plus fort; bientôt
haut;
il
siffle
dans toutes les directions, présente sa gourde aux quatre points cardinaux, regarde au dedans et
siffle
de l'autre, une feuille verte.
Il si l'Ile
encore, tout en présentant sa gourde aux points intermédiaires.
gourde en tournant, tantôt «
au son,
Si,
l'élevant, tantôt
juge n'avoir rien
il
son sifflement devient strident fois
1
les reins et
du sud il
à l'angle
Il
tend
el
à saisir la fugitive
commence une course grotesque
du nord, revient au
le
;
sifflant, et
manœuvre
sa
l'ouverture de l'instrument.
le sol,
change de diapason
il
mouvements
plus souvent elle est rebelle
;
se précipitent. Par-
et
exige, avant de se
chasseur se dépouille de son lamba, s'en ceint forte-
le
à la poursuite de l'âme.
Il
se
démène, court de l'angle l'ois
en une minute;
hommes
éperdus, jouant
sud, passe à l'ouest, bondit à l'est, et cela vingt,
cependant sans interruption, saute, se courbe, se relève; on
siffle
tourne en
l'oreille à
du côté du plafond, rien capturé vers
rendre, de pénibles elïorts, une longue lutte. Alors
ment
il
accéléré; son geste s'en ressent et ses
promptement
réussit assez
il
saisi
abaissant; puis
dirait cinq
aux quatre coins dans la maison. La gourde rapide passe partout, effleure tout, suivie du chasseur et de son «
sifflet strident.
La pauvre âme, déjà
par
affaiblie
épuisée. Elle cherche, dans sa fuite,
dédoublement, n'y tiendra pas longtemps;
le
un trou pour
que
se blottir; elle ne voit
la voilà
celui de la
toyable. Elle s'y précipite, pensant n'être ni vue, ni entendue de son persécuteur. Hélas le
frôlement de son «
Un
aile;
il
Et
s'était
il
gourde impi-
celui-ci a saisi
s'arrête et tend l'oreille.
bourdonnement, imperceptible à tout autre,
lui
décèle la présence de la fugitive. Plus rapide que
main applique aussitôt la feuille verte sur l'orifice de la gourde « Je la tiens! » s'écrie-t-il. reprend haleine avant de terminer l'opération, car il n'en peut plus de fatigue; et si l'âme ne
l'éclair, sa «
1
haletante,
:
pas rendue,
allait
il
tomber lui-même de lassitude
et d'épuisement.
Ne
pas d'ailleurs laisser
faut-il
à sa prisonnière quelques minutes de réflexion? «
Pauvre àme! Elle
se voir réduite à
un
en
réfléchit
effet,
étroit espace, à
si
n'importe quel individu que ce
soit,
dans
une
le
si
fond de celte gourde. Humiliée donc profondément de
demeure,
petite
dès qu'un rayon de lumière
Cependant on
«
Son premier possesseur, enveloppé d'une longue
chasseur d'âmes. Celui-ci passe issue et retire la feuille, «
La
«
que
la
gourde,
le souffle
et
que
le
toile
blanche, s'approche et s'accroupit auprès du
dans
le
il
Quelquefois,
le
reçoit
pour prix de ses sueurs il
a
un peu de
Dans
mêmes
voiles
par suite sa santé première.
somme
ramené
de 5 francs ou de
1 fr.
50 cen-
l'âme. la
gourde, largement
miel. Mais, avec celle méthode, l'attente est
longue parfois; on préfère généralement donner l'assaut à l'âme
«
la
et
mpsikidy se contente d'exposer dans un endroit favorable,
ouverte, et de faire couler, au fond de la gourde,
venons de
blanche, ferme toute
toile
corps qu'elle rencontre sous
malade retrouve son ancienne compagne,
Quant à l'heureux chasseur,
la
de l'âme a desséchée.
times environ, selon les conditions de fortune de celui dont «
résolution de passer chez
la
en fournira l'occasion.
l'âme qu'elle renferme, sous
captive, de s'envoler à l'instant et d'entrer
qu'elle. C'est ainsi
lui
prépare son logement.
«
lui
prend
elle
el la
prendre à
la
course,
comme nous
le voir.
les
maladies graves, on simule aussi quelquefois, avec des liges de papyrus, un bosquel dressé
LES ANTANOSY ÉMIGRÉS, LES MANAMBIA, LES ANTANDROY. à l'angle de la ease, appelé l'angle des ancêtres.
dépose, à côté, un bassin plein d'eau, où
y voit
son ame
que
et
naison funeste; mais connaît, par
là
elle s'obstine à voltiger
si
même,
le sort
qui l'attend.
allèche alors l'âme avec
vase désaltérer
elle
montre disposée
celle-ci se
On
ne
Il
au
à rentrer
logis, la
du miel
Le malade
et se mirer.
du
et
s'y
347
S'il
maladie n'aura pas une termi-
de branche en branche, et refuse de revenir, lui
et l'on
riz,
mire aussi.
le
malade
reste qu'à faire son testament et à prendre ses der-
nières dispositions. «
Quand
tout est réglé,
en jouisse à son aise une dernière
Du
du
sortir
village,
on l'expose aux rayons du
se fait porter hors de la case et
il
fois. Il
rentre ensuite pour mourir.
nous longeons, pendant quelques instants, des lacs
et
des étangs, qui environnent
complètement Ivahona, excepté du côté de l'Est; puis, nous passons près de deux
nimena un le
et
Mandisoa. Vers dix heures, nous traversons un ruisseau,
non
village situé
sud. C'est
le
y a quelques années,
Il
encore dans
la partie liasse
notre route,
cl
en
Tous
loin d'ici.
Mangoky.
ces ruisseaux se rendent à
de son cours.
le
Mangokv
En remontant
le
occidental de
hameaux
bara, Beta-
nom
Sokoarohy, qui donne son
à
un cours d'eau qui prend sa source dans
dénommé
était
Onilahy,
nom
qu'il porte
ce cours d'eau, nous trouverons sa source sur
qous aurons découvert un fait géographique des plus importants. Jusqu'ici on supposait
que l'Onilahv ou rivière de Sainl-Auguslin prenait sa source par
effet
soleil, afin qu'il
»
chaîne d'Isalo; que
la
le
travers d'Ihosy, sur
le
fleuve descendait ensuite directement vers
le 23° 30' de latitude, s'infléchissanl brusquement, coulait droit vers l'ouest
et
le
le
versant
sud, puis, vers
enfin se jetait
dans
la baie
de Saint-Augustin.
Mangokv
Celle vallée du
1res peuplée.
est
['Onilahy,
cours de ce fleuve
el
y a partout de
marquée pays
cartes existantes, cette contrée esl le
Il
désert.
nombreux
nombreux
celui de ses affluents,
villages. Et
cependant, sur
A mesure que nous remontons petits ruisseaux qu'il
la
les
vallée de
nous faut
tra-
Leurs rives disparaissent sous d'épais fourrés
verser à chaque instant, deviennent de plus en plus lents.
de bararata. Cela va continuer ainsi les jours suivants jusqu'à ce que nous trouvions la source avant, d'arriver à
Tamotamo. Dans
celle région
montagneuse,
le
Mangoky
tueux. Nous franchissons une petite chaîne de collines vallée de l'Onilahv OU
une
est disposé
et les
ruisseaux ses affluents deviennent torren-
nommée
[androtsy, qui limite, dans l'Est, la
Mangoky. Nous nous arrêtons, vers cinq heures, au
les précédents; niais
village d'Iaborano.
on remarque au nord-est, compris dans
la
Ce
village
haie de cactus, une
sorte de blockhaus élevé sur pilotis.
la
Iaborano compte environ cinquante cases. Ce village vallée du Mangoky, qui coule à 200 ou 300 mètres de
Le mardi
17 juin,
nous traversons un cours d'eau
passe à quelques centaines de mètres dans lahy à
1
kilomètre
celle étape
d'ici.
Nous traversons
nous avons remonté
de plus en plus,
elle
compte
à
les rives
peine
(1
le
là,
dans
nommé
franchi
le
ici
dans
le
de l'Onilahv, qui est
kilomètres de large.
ici
le
et qui
un grand ruisseau. Sa vallée se resserre
De chaque le
côté de celle vallée s'élèvent d'assez
Tanienomby. Avec la
les contreforts
qui
valléede l'Onilahy; c'est sur son
prend sa source.
bassin du canal de Mozambique, mais demain, lorsque nous aurons
mont Tanienomby, nous rentrerons de nouveau sur
serons alors dans
de l'Est
ensuite les villages d'Imiarina et d'Andriamdapy. Pendant toute
que L'Onilahy ou Mangoky
Nous sommes encore
dans
sud du village que nous venons de quitter, va grossir l'Oni-
prolongent dans l'Est et dans l'Ouest, celle montagne limite au sud
liane méridional
belle,
l'ouest.
Irina. Celle rivière, qui vient
hautes montagnes; en face de nous surgit un pic remarquable, la
au milieu d'une plaine assez
esl situé
le
versant de
bassin du Man.lrare, grand fleuve qui se jette dans
le
la
merdes
Indes.
Nous
sud, à G0 kilomètres environ à
village bara que nous devons l'ouest de Fort-Dauphin. Le soir, nous arrivons à Tanimalaza, dernier
trouver sur notre roule.
Bara Antaivondro, que nous venons de traverser, comme des Antanosy émigrés que nous allons la limite de leur territoire vers le sud. Au delà, c'est dans le pays des Manambia. Poursuivant entrer. Plus au sud encore, nous traverserons une nouvelle tribu bara, celle
Le mont Tanienomby
est considéré par les
VOYAGE
358
A
MADAGASCAR
LES SOURCES DE L'ONILAHY OU MANGOKY.
notre chemin, nous rentrerons chez les Antanosy, celle fois pour ne pins les quitter jusqu'à la mer. Quel-
ques heures avant Tanimalaza, nous avons eu à traverser un passage vraiment
un bas-fond, au milieu d'un marais où la route.
les pieds
l'on voyait
une
Mais, en s'engageant sur ce tapis de verdure, on s'apercevait que
enfoncèrent peu à peu;
la
fort difficile. C'était
dans
sorte de prairie naturelle, dans laquelle serpentait le sol
cédait sous les pas. Puis
position devint grave. Quelques hommes, restés en
jeter à l'avant-garde des paquets de fascines, grâce auxquels leurs
compagnons
arrière,
purent
réussirent à sortir de ce
marais dangereux. observe très souvent, à Madagascar, ces sortes de fondrières qui peuvent se trouver non seule-
On
ment sur situés
les
bords des lacs et des étangs de quelque importance, et dans
au fond des profondes
vallées,
mais encore sur
les plus
les
marécages qui sont
hauts plateaux, entre deux replis de
terrain.
Ces fondrières se forment toujours de
la
môme
façon. Pendant l'hivernage, les eaux des pluies, qui
viennent s'accumuler dans tous les fonds, ne peuvent être absorbées par un sol complètement imperméable, elles
forment donc des masses d'eau stagnantes plus ou moins importantes. Par suite de
se développe sur
les
bords de ces petits étangs,
cl
1
humidité qui
grâce au climat chaud, une végétation exubérante
se
développe bientôt. Des plantes aquatiques croissent en grand nombre, leurs feuillages s'entrecroisent,
formant à
la
surlace du lagon un véritable feutrage. Dans la suite des temps, ce feutrage augmente
d'épaisseur et de solidité; les vents amoncellent, sur sa surface, des feuilles mortes, des débris organi-
ques qui forment une couche d'humus éminemment favorable à une végétation d'herbe
En quelques
années, la couche d'eau est recouverte de ce tapis épais, qui peut
et
de roseaux.
même, dans
certains
endroits, supporter le poids de l'homme, mais dans d'autres, ce sol factice peut s'cnl r'ouvrir et engloutir
LES ANTANOSY ÉMIGRÉS, LES MANAMBIA, LES ANTANDROY
349
CASES liAUA MANAMBIA, A rAMOTAMO
l'imprudent qui
aventuré
recommander
rais trop el
s'esl
esl
toujours prévenu du danger, parce que,
l'après-midi
à
par
la
grande
'lès
île
africaine, je ne sau-
couche de feutrage, d'herbe les
le sol
premiers instants,
les |ias.
Le mercredi IS juin, nous suivons de 1res près
silra,
à travers
de se méfier de tous ces lagons recouverts de relie
de joncs. D'ailleurs un
cède sous
Dans les marches
à sa surface.
1
nous sommes aux sources du Meuve. A
la
Mangoky,
rive droite <lu
vers deux heures de
et
cinq heures, après avoir passé au col de Tsiombivo-
250 mètres d'altitude, nous descendons dans
le
bassin du Mandrare
nous sommes bientôt
el
Tamotamo. C'est
un grand
village <|ui
compte environ quatre-vingts cases; son plan général
que celui des villages que nous venons de traverser. Mais, par spéciale; ce qui frappe tout d'abord, c'esl
ment une majorité d'Antanosy, mais,
la
à côté
Manambia. Je remarque même quelques
diversité des types
sa population,
que
il
est d'ailleurs le
mérite une mention
rencontre.
l'on
même
11
existe certaine-
de ces derniers, habitent beaucoup de Bara Antaivondro et
Betsileo, et, chose plus bizarre encore, je vois dans
le
village
ces parages. Ces de nombreuses familles aulimerina, que je ne m'attendais certes pas à rencontrer dans esclaves qui ont des sont ce indigènes me racontent leur histoire; elle esl presque toujours la même :
quitté la
maison d'un maître trop exigeant ou trop brûlai;
vage n'existe pour ainsi dire pas,
elles ont trouvé,
or,
comme
dans ces contrées,
les tribus
insoumises
la tranquillité el le
fraction de cette population, qui esl descendue des hauts plateaux, est
breuse; ce sont des -eus qui oui quelques
dans
peccadilles à faire oublier,
moins
repos.
intéressante et
l'escla-
Une autre
moins nom-
de vulgaires criminels,
et
surtout
renseignements des réfractaires au recrutement ou aux corvées du gouvernement aulimerina. Parmi les nous avons en esl un que nous ne pouvons contrôler complètement, mais que que l'on me donne, il
VOYAGE A MADAGASCAR.
350
reconnu parfaitement exact dans
la
contrée traversée avant et après
densité de la population. D'une manière générale, presque ont pensé et affirmé
que
la
population de
auxquels s'ajoutaient un certain nombre fiantes. livrés,
Il
l'île
était
:
je
veux parler de
tous les auteurs qui ont écrit sur
formée en
grande majorité par
très
les
Antimerina,
n'en csl rien. Je crois pouvoir affirmer, par les calculs minutieux auxquels nous nous
que
la
population totale de Madagascar dépasse
Antimerina
et les Betsileo ne'
forment pas
ou tributaires des Antimerina représentent à gascar. Sans
aucun doute,
les
la
Madagascar
de Belsilco, les autres tribus n'existant qu'en quantités insigni-
7 millions d'habitants, et je suis
INDIGÈNES BARA MANAMIUA, A TAMOTAMO. [GRAVURE
les
Tamolamo
le
in:
sommes
persuadé que
BERG, d'aPRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.)
cinquième de ce
chiffre total.
Les peuplades insoumises
quatre cinquièmes des habitants de Mada-
elles seules les
environs de Tananarive sont occupés par une population très dense; nous
verrons cependanl plus lard qu'un territoire presque inconnu,
la
contrée des Antaisaka, est plus peuplé
encore; mais presque tous les Européens qui vont à Madagascar débarquent à Tamatave, et vont passer
quelques jours à Tananarive
ils
:
ne voient donc que
rentrés en France, de parler exclusivement de celles
du sud en
particulier, sont laissées
Antimerina,
et
s'empressent, lorsqu'ils sont
population qu'ils ont vue. Les tribus indépendantes,
complètement dans
l'oubli, el
on ne les mentionne que pour
dire
court elles seront absorbées par
les
Le mont Tsiombivosilra, dans une gorge duquel nous venons de passer pour atteindre Tamotamo,
est
qu'elles
comptent
Antimerina.
('.'est
1res
peu d'individus, et que dans un temps
les
eaux
la
géographie de ces régions.
se partagent el se rendent
Mananara;à
liés
complètement faux.
un point des pins importants pour où
la
les
l'Ouest, l'Onilahv
;
11
se trouve en effet à l'endroit précis
dans trois bassins différents. Les eaux vont grossir
au Sud,
le
Mandrare. La
rivière
:
à l'Est, le
que nous passerons à une demi-heure
LES ANTANOSY ÉMIGRÉS, LES MANAMBIA, LES ANTANDROY. dans
d'ici,
du
l'oucsl
de Tamotamo, pour nous rendre à Tsivory, est
(Tamolamo)
village
se
nomme Ianakaomby.
Tamotamo. Celle qui se trouve près un jour d'ici au sud-est; nous pas-
le
Elles se rejoignent à
scions d'ailleurs près de ce confluent. Après cette jonction,
Tamotamo.
333
la rivière, ainsi grossie,
conserve
le
nom
de
Elle se jette ensuite dans le Vorokasy; ce cours d'eau naît dans
le nord et se jette dans le Sahanony, affluent principal du Mandrare, qui arrose une grande contrée nommée Manambo. La source du Mandrare esl à Ifanantera, montagne située dans le sud, à deux jours de marche de Tamotamo.
Outre
le
Sahanony,
Mandrare
le
Tamotamo, au mont
un autre grand
reçoit
affluent, qui
Pisopiso, à deux jours d'ici dans
Tamotamo
phique des environs de
est très
au sud prend naissance un autre bassin, lage de Tsil'anihv. non loin
sud-est.
le
compliqué. Mais ce
celui
un grand
est
les cartes existantes; le
et
c'esl la
je le disais
l'ouest.
rencontre des Antimerina. Nous
l'on est
dans
une bonne
vieille, à la
est
11
vil-
;
il
se dirige ensuite droit
passe au sud-ouest chez les
ce fleuve, et quelque temps en loin, c'est
raheta.
de villages sur chaque hauteur: des cases en assez grand
village à 10 kilomètres
il
Aux sources de
précédemment, ces plaines de Tamotamo sont
plus belles agglomérations de ce pays sont
du
contrairement à ce qu'indiquent
zone des brousses, où l'on remarque de beaux satrana. Puis, plus
une contrée où ne poussent que des cactus
Comme
l'est
considérable, n'est également jamais à sec. Ce cours
plus à l'ouest encore chez les Masikora.
suivant son cours,
système hydrogra-
au sud, un peu à
Vohipary
et
d'eau, peu connu, arrose d'abord les grandes plaines antandroy, puis
Mahafaly,
le
Caramboules. Le Manambovo prend sa
la baie
fleuve, qui a de l'eau en toute saison,
Manambovo, un peu moins
donc que
se jette
source à deux jours de marche au sud de Tsivory, aux monts Ihoka
au sud. Le Mandrare
voit
pas tout, car à trois jours de marche
n'est
du Manambovo, qui
du cap Sainte-Marie, dans
prend sa source également près de
On
nombre
très
et
Tamotamo, où nous venons à remarquer que ce
sommes
populeuses;
y a beaucoup
il
sur chaque monticule. Les deux d'arriver, et Tsivory, autre gros
n'esl qu'à
Tamotamo
et à
Tsivory que
Tamotamo, chez la mère du roi. Vonanara énorme d'un bonnet de jonc. Elle met sa case à
bien installés à
physionomie réjouie,
coiffée
noire disposition. Son 61s, Zoromanana, roi du pays,
esl
absent
:
il
esl
parti
guerroyer dans
En
l'Est.
attendant son retour, qui, nous dit-on, ne peut tarder, nous irons demain à Tsivory, passer les quelques
jours qui vont précéder son arrivée.
Tsivory
esl
un village plus considérable encore que Tamotamo;
nommé
d'un roi lanosy.
En
sortanl de
rivière
en
Rainiloiijv. très influent
Tamotamo,
qui
esl
dans
le
du même nom. Puis nous cheminons
la
résidence habituelle
pays.
130 mètres au-dessus
à
c'est aussi
du niveau de
la
mer, nous traversons
la
à travers une belle plaine, presque entièrement convertie
Nous n'en avions pas vu depuis notre dépari d'Ambohimandroso, dans le Sud-Belsileo. Nous sommes encore assaillis, au sortir de celle plaine, en traversant «le petites collines, par un rizières.
vol
épais de sauterelles.
Enfin nous arrivons à Tsivory. Ce chemin, que nous avons parcouru de
sensiblemenl une ligne droite dirigée vers l'ouest. les
deux plaines.
rivière
fois
11
y a en
effel
vers
le
On
traverse
sud une trouée par où
de Tamolamo. Dans ce chaînon,
le
chemin
Tamotamo
à Tsivory, suit
un chaînon qui sépare incomplètement
le
ruisseau de Tsivory va se jeter dans la
esl difficile et rocailleux, et je le trouve
deux ou
trois
coupé par des chaussées basaltiques.
A Tamotamo,
pas plus qu'à Tsivory où nous venons d'arriver,
la
population ne se montre hostile. Les
indigènes sonl plutôt importuns; toutes nos actions sont surveillées, ce qui n'est pas sans nous gêner
beaucoup dans certaines circonstances. Les Bara Manambia ou Antaivondro sont plus sauvages que
les
Les Antimerina
craintifs et plus
autres; les Antanosy émigrés sont plus dociles et semblent infiniment plus intelligents.
el
les Betsileo
réfugiés dansées villages sont, en revanche, insupportables. Eux, qui ont
sans doute vu des blancs dans leur pays d'origine, nous assaillent constamment de leurs demandes;
pour
la
plus petite chose dont nous avons besoin,
ils
exigent un prix exorbitant,
et,
comme nous nous
adressons de préférence aux Antanosy, pour lesquels, je ne sais pourquoi, j'éprouve déjà un
cement de sympathie,
ils
commen-
essayent toujours de se mettre en travers de nos marchés, ou, tout au moins, 45
A MADAGASCAR.
VOYAGE
331
de s'entremettre pour loucher quelque argent. Tandis que les indigènes insoumis s'occupent surtout de la
culture de leurs champs, les réfugiés antimerina ont pris tout
commerce de
le
d'entre eux, qui ont fait, semble-t-il, de brillantes affaires, ont, parles
su prendre une réelle influence dans
Au
région; quelques-uns
pays.
mal partagée; nous
point de vue commercial, celte région, très populeuse cependant, est bien
verrons
qu'il
même
en est de
dans tout
le
sud de
où
l'île,
je suis
Les commerçants antimerina de Tsivory
affaires à réaliser. la
le
la
quelques piastres qu'ils ont gagnées,
poudre, des aimes, des
et
persuadé pourtant
qu'il
Tamotamo vendent
de
y a de brillantes
principalement
de
:
des cotonnades. Ils dirigent des convois sur Mantaora, village visité,
toiles cl
en 1807, par M. A. Grandidier. De ce point,
envoient à Tulear leurs pirogues chargées de caout-
ils
chouc, de peaux de bœufs, aux commerçants européens, établis sur l'île de Nosy-Ve, clans la baie de Saint-Augustin. Ces pirogues reviennent ensuite à Mantaora, en remontant le cours de l'Onilahy,
chargées des produits
qu'ils ont achetés; mais, je le répèle, ces produits, enlevés très
rapidement par
les
indigènes de celle région populeuse, sont complètement insuffisants à satisfaire les demandes. Pour ces
convois de marchandises,
les
négociants antimerina emploient, sur
la
roule de terre, de Tsivory à Man-
desAnlanosv émigrés; de Mantaora à Tulear, les pirogues son! montées par des Masikora, nommés Vezo dans le pays. Mantaora est à deux jours et demi de marche, à l'ouest de Tsivory. A Tamotamo, à Tsivory, et dans plusieurs villages voisins, des Antanosy émigrés me montrent des approvisionnements taora,
de boules de caoutchouc, qu'ils oui recueilli dans prix,
ils
ramassent beaucoup,
et
tronc, près de sa naissance, sont les parties de
abondante. Les indigènes recueillent
Sud encore, dans
comme
La population, comme
ils
ont
tôt, le
en
sud de Madagascar fournira une
fournit est un arbuste peu élevé; les racines ou
le
le
plante que l'on doit inciser pour avoir une recolle
marin,
sel
si
à
celui de
coagulent en
le
le
avec du jus de citron. Ces arbustes à caout-
soit
Tamotamo, enserré dans une enceinte de
nommé pour
les villages bara
fréquentes dans
beaucoup
encore,
et,
grâce à
chef un Betsileo esclave qui
cactus, mais
il
n'y
que nous avons traversés ces jours variétés dans les types individuels.
Tamotamo, présente beaucoup de
Les Antimerina sont en plus grand nombre Tsivory,
celui ils
pays des Bara Manambia.
le
a plus de ces divisions intérieures, derniers.
moins bon que
toute la vallée supérieure de l'Onilahy; nous en trouverons
communs dans
village de Tsivory est,
la
est peut-être
liquide obtenu dans des calebasses, puis
avec une solution aqueuse de
soil
chouc sont très plus au
le
à vil
coaguler proprement, mais, cependant,
dans quelques années, peut-être plus
grande quantité de ce précieux suc. La plante qui
malaxant
le
même
ne peuvent s'en défaire,
auprès des commerçants antimerina. Ce caoutchouc du Sud
du Menabe; les indigènes manquent d'acide pour
Le
brousse;
la
la force
s'était enfui
numérique
qu'ils
possèdent à
de chez son maître antimerina-
après avoir subi une grave mutilation. Rainitavy, c'est son
nom, nous
n'y a pas d'Antimerina;
Tandis qu'à
il
Tamotamo
reçoit fort bien, après s'être assuré cependant
les déteste, car, dit-il,
les
Bara Manambia
grés, des Bara Antaivondro, des Antimerina
qui prédominent. il
On
ils
«
m'ont volé
ma
qualité
que dans nos porteurs
d'homme
étaient en majorité, ayant à côté d'eux des
et
des Betsileo,
ici,
et
de Betsileo.
Au
Antanosy émi-
à Tsivory, ce sont les Antanosy émigrés
trouve bien à côté d'eux quelques Bara Antaivondro, mais
y a aussi beaucoup d'Antimerina
il
».
sont peu nombreux;
ils
milieu de tous ces représentants de tribus
diffé-
rentes, je rémarque un certain nombre d'individus représentant une peuplade que je ne m'attendais guère à trouver dans ces parages. Ce sont des Tanala. De même qu'il y a dans ces régions des Antanosy
émigrés, qui ont quitté leur pays d'origine pour fuir
la
tyrannie des Antimerina, de
des Tanala émigrés qui oui quitté leurs forêts de l'Est, poussés par Je parlerai dans toire qu'elle
le
le
même
même
on y rencontre
mobile.
chapitre suivant des Antanosy émigrés; l'importance de cette tribu,
le
vaste terri-
occupe, ses caractères ethniques, méritent une mention particulière. Quant aux Tanala
émigrés, leur importance est beaucoup moins grande. D'après tous cette population de
Tanala ne dépasserait pas
ici
les
renseignements que je prends,
quelques milliers d'individus. Cependant ce
important, ces exodes successifs, ces populations qui préfèrent quitter leurs pays plutôt
l'ail,
assez
que de subir
la
LES ANTANOSY ÉMIGRÉS, LES MANAMBIA, LES ANTANDROY.
355
tyrannie antimerina, toutes ces choses montrent que, malgré l'appui intéressé ou aveugle que prêtent aux Antimerina certaines nations européennes, ceux-ci n'ont pas encore fini de conquérir Madagascar.
Nous
restons trois jours à Tsivory.
Ce
grés.
la dominaiton des Antimerina.
de l'Est vers
faite
Nous sommes du
qualificatif d'émigrés leur vient
'< 1
>uest.
Il
ici
dans une contrée habitée par des Antanosy émiont quitté
fait qu'ils
est assez difficile de
donner
le
pays d'Anosy, pour se soustraire à
le récit
exact de cette migration, qui s'est
Les documents font complètement défaut. Quant aux légendes des indigènes,
toujours fantaisistes, elles sont souvent contradictoires.
Quoi
en
qu'il
soif, les
Antanosy qui, pendant près de deux
siècles, avaient
vécu dans
les
environs de
Fort-Dauphin à l'ombre de notre drapeau, et qui, pendant ce grand nombre d'années, restaient souvent
sur leurs vastes territoires du sud-est,
fort paisibles
abandon de Fort-Dauphin,
Antimerina vinrent
les
s'établir
le
le plus
quittèrent en foule, lorsque, après notre
dans
les lieux
si
longtemps occupés par nos
troupes.
Vers 1845, trop
Antanosy,
les
nombreux
chefs, firent alliance avec
Beaucoup d'Anlanosv
Tamotamo
comme
affaiblis,
de Tsivory. Depuis, leur puissance
et
ouest
vondro
A
Bara Manambia.
el les
roi
des Bara Manambia, qui les appela près de
lui.
devant eux avec ses plaines
fertiles.
et
;
ils
vivent en
sens nord
le
bonne intelligence avec leurs
sud. mais très long dans
cl
au midi, enclavés
le
sens
qu'ils étaient entre les Antai-
heurtaient à de hautes montagnes, qui soutiennent un grand
zone forestière.
la
accrue
au nord
eflel
l'est, ils se
plateau désert allant jusqu'à
s'e<l
peu large dans
ne pouvaient s'étendre en
Ils
.
un grand
sont donc venus à celte époque se lixerau sud de l'Horombe, dans les environs de
voisins; le territoire qu'ils occupent est est el
toutes les tribus indépendantes, par les rivalités de leurs
A
l'ouest,
au contraire,
Les Antanosj se sont donc peu
à
la vallée
de l'Onilahy s'ouvrait
peu avancés dans celle direction
jusqu'à quelques kilomèl res de l'embouchure du fleuve. Les Antanosy émigrés vivent en 1res bonne intelligence avec le^ différentes tribus bara, donl
ils
ont adopté peu à peu presque toutes les coutumes.
point de vue ethnique, l'Antanosy diffère sensiblement
sous ce rapport
se rapprocherait
il
moins grosses,
lèvres sont
ou légèrement ondulés. chevelures. L'Antanosy
et,
(Test esl
davantage des gens de
caractère tout à la
du Bara; sou
seule tribu de
la
fait distinctif ,
Madagascar
teint est
cependant plus foncé,
côte orientale. Son nez
esl
moins épaté,
peu qu'on supérieur
le
il
al Ici ni
des
lai lies
élevées.
fréquente, bien
Ions ses voisins.
à
Je ne saurais mieux
parer qu'à
l'
Antimerina, avec
que
cette restriction
plus superstitieux et
sède plus de
che
n'a
il
qui'
pas tous de
l'habitant
sonl
s'il
est
pos-
s'il
en revan-
fm/ij.
présente à un Ils
com-
le
\ices
les
l'Ankova
haut degré.
si
doue bien supérieurs
à l'Anlimerina
el
plus inté-
ressants, ces boni n les du SudEst, dont si
une partie
longtemps
domination,
été
sous
notre
que
nous
cl
avons abandonnés ment.
a
si
ses
qui, avec les Antimerina, présente de telles
bien musclé, souvent de forte corpulence,
montre, pour
se
il
ef
l'Antanosj de race pure a les cheveux lisses
de vue des qualités intellectuelles,
Au
légèreCASE ET GRENIER A RIZ CHEZ LES ANTANOSY ÉMIGRÉS.
Au
point
VOYAGE A MADAGASCAR.
356
des coutumes générales que l'on trouve partout à Madagascar
En dehors
et qu'il est
inutile de décrire
de nouveau, les Antanosy présentent à l'observateur des usages spéciaux que j'aurai soin de montrer à l'occasion et au fur et à mesure que nous cheminerons dans leur pays. D'ores et déjà je dois dire qu'ils sont surtout intéressants à observer dans les territoires du Sud-Est, c'est-à-dire dans
le
pays d'origine
de ces peuplades. Les Antanosy émigrés ont bien conservé, jusqu'à un certain point, les coutumes de leurs pères, mais elles ne se dégagent pas évidentes, au milieu d'une foule de pratiques bara ou mahafaly
que
Antanosy émigrés ont adoptées. Pendant noire séjour à Tsivory,
les
des Antanosy émigrés
Rainitonjy habite à 2 kilomètres
;
deur Rainizanaka m'a fortement engagé à
faire cette
d'ici;
il
je vais rendre visite
est aveugle et très âgé.
démarche, car
il
au
roi
Mon comman-
prétend que Rainitonjy, malgré
son grand âge et son infirmité, a beaucoup d'autorité, non seulement sur ses sujets de Tsivory, mais encore sur les autres Antanosy, que nous devons rencontrer dans le Sud en allant à Fort-Dauphin. Je
me donne
rends d'autant plus volontiers aux excellentes raisons que désireux de voir le vieux monarque antanosy et son entourage.
me
Un
après-midi,
accompagné de Rainizanaka
me
troupe d'habitants de Tsivory, je village.
Une
rends à
Rainizanaka, que je suis très
de quelques-uns de nos hommes, suivi d'une nombreuse
et la
résidence du vieux Rainitonjy.
Nous arrivons
case, un peu plus grande peut-être que les autres, se trouve devant nous
:
vite
au
c'est le palais.
Sur la façade nord est ménagée une petite ouverture. Je distingue dans l'ombre un vieillard accroupi occupe le centre. Rangés en c'est Rainitonjy. Devant la case royale s'étend un large espace. J'en :
cercle, à gauche, sont des guerriers
armés
;
femmes
à droite, des
et
des enfants.
Mes hommes
se grou-
pent à mes côtés. Des Antanosy armés de sagaies exécutent des danses guerrières, pendant que, probablement pour soutenir leur ardeur, les femmes et les enfants psalmodient des chants sur un rythme plaintif.
Ces divertissements
Cependant
les sièges
et ces
jeux madécasses
manquent sur
mes hommes me
ce
sont,
toujours
les
champ de manœuvres. Au
chercher un mortier à
mêmes
:
on s'en fatigue
vite.
risque de ne pas suivre l'étiquette,
sur lequel je puis m'asseoir. Quelques
deux de Antanosy ont bien manifesté un certain étonnement de voir l'étranger prendre un siège en présence de leur souverain, mais, comme tout Malgache, ils n'ont rien dit devant le fait acquis, et je reste assis, le
j'envoie
plus paisiblement du monde, plus heureux en cela que
le
riz,
Résident Général de France qui, chez
les Anti-
merina, a dû user de tant de diplomatie pour obtenir un modeste tabouret au fandroana de Tananarive. Je profite d'un moment de répit que me laissent les danseurs et les chanteurs pour présenter au vieux Rainitonjy
mes cadeaux de bienvenue.
répandra probablement pour
la
J'ai sorti
première
les
fois
quelques mètres de cotonnade, des perles, de
ce que j'avais de airs
poudre
la
de et
la
mieux
:
une boîte à musique, qui
Mascotte sur les rives de l'Onilahy, puis
quelques aiguilles.
Un
vieillard, qui se tient
près de Rainitonjy, me remercie. C'est sans doute un ministre, puisque chacun des souverains de Madagascar en a au moins une demi-douzaine. Cet homme respectable m'a parlé en antanosy. J'ai fort bien compris, mais je ne saisis pas un mot du discours que m'adresse un de ses collègues. Il emploie saisir et comprendre un traître mot le créole de la Réunion, je le perçois vaguement, mais je ne puis
de cette langue nègre et là. Enfin la
et
cérémonie
malgache, où quelques mots français, est
mal prononcés, sont disséminés çà
terminée, et je puis retourner à Tsivory, convaincu que Rainitonjy ne mettra
pas d'obstacles à mes projets de marche vers
Le monarque antanosy
fort
fait
le
bien les choses
Sud. ;
les airs
de
la
Mascotte ont été agréables à son oreille
puisque, ce soir, je reçois de sa part un petit troupeau de bœufs. Ce cadeau royal n'est pas sans me gêner quelque peu; je n'ose le refuser, et je suis très embarrassé pour le loger. Je suis en quête d'un
expédient quelconque, car je ne puis raisonnablement songer à faire entrer les bœufs dans ma case, lorsqu'un messager royal, à mine renfrognée, vient me les reprendre de la part de Rainitonjy. Ce pro-
cédé
me
laisse rêveur.
Tout s'explique néanmoins, lorsque mes porteurs viennent
se
ranger autour de
moi, en m'assurant que nous allons être attaqués par les Antanosy émigrés; ils m'expliquent que ce revirement soudain de Rainitonjy a été causé par une grave insulte de ma part. Parmi les cadeaux que je lui ai faits, se trouvaient des aiguilles;
il
y en avait sept
:
ce chiffre sept est fady à Madagascar, et
LES ANTANOSY ÉMIGRÉS, LES MANAMBIA, LES ANTANDROY. malheur en
porte
Je
constances.
nitonjy.
me
disculper de
cette accusation,
pas compté
avant
de
ma
vieillard
que
expliquer
même
part,
c'était
;
un oubli de
une simple ignorance
du pays.
des coutumes
beaucoup de choses,
et
nie
Il
longtemps,
causer
faut
n'avais
je
donner
les
et
les aiguilles
simplement
tout
un
pour me
faut,
retourner près du lui
cir-
donc
du mal à Rai-
sorcier qui veut Il
toutes
suis
dire
surtout
pas mal de cadeaux, pour
faire
obtenir qu'il ne
Vers
guilles.
plus ques-
soit
malheureuses
ces
de
tion
ai-
deux heures du
matin, j'obtiens gain de cause,
mais ce
n'est
PEMME
dans
KOROMANANA
:
FACE
PROP1L.
f:t
effets
de couchage. Celle privation
me
parut pénible
longtemps de n'avoir pas donné une aiguille de plus ou moins au
regrettai
suite, el je
la
l'F.
pas sans peine. Je
abandonner à Rainitonjy une partie de nos
dois
357
roi
des Antanosy émigrés.
Harassé de fatigue, je quille Rainitonjy
malheur
est
bon
je suis débarrassé de
:
Le 24 juin, nous revenons
un Manambia;
esl
de Maistre
visite
il
habite,
non
loin d'ici,
absolument réglée
fui
dois dire, à la louange des l'ara l'avait
(
ma maison
rentre dans
je
mon troupeau
Taniolamo.
à
et
un
comme
village qui
petit
l'avail été la
Manambia, que
monarque manambia,
cl les
guerriers de
porte aussi
mienne
leur accueil
la tribu le
A
quelque chose
de bœufs.
Jette fois, Maisl re esl chargé d'aller voir
fui
lors de
à
le
grand chef. Ce
roi
le nom de Tamotanio. La mon voyage à Tsivory. Je
beaucoup plus
Antanôsy. Maislre, après avoir remis nos cadeaux
élé celui des
de Tsivory.
bienveillant tpie ne
Zoromanana,
prit
congé du
reconduisirent en armes jusqu'à noire village, tirant
des coups de fusil en son honneur.
Pendant ce temps rassuré lorsque
le
je travaillais à
collège triomphal de
air au milieu de Ions ces guerriers
chacune sur Ce
la tête
n'est pas loul
nous
fait
:
Tamotamo.
une
Je sors vivement en entendant cette fusillade. Je suis
mon ami
manambia;
se présente il
petite sobika de riz blanc qui
deux bœufs arrivent ensuite,
encore un plus grand
cl
aux portes
«lu
village. Maislre a 1res
bon
précédé par une longue fde de femmes, portant
esl
nous
esl destinée. C'est
un cadeau de Zoromanana.
des guides, pour nous conduire dans
le
Sud, ce qui
plaisir.
J'avais hâte de repartir; je Craignais toujours quelque incident.
est à
Il
remarquer, en
effet,
que
le
voyageur qui traverse un pays sauvage, ne doit jamais s'attarder trop longtemps dans le même endroitCelte remarque que j'ai faite depuis longtemps dans mes différentes explorations est absolument juste. Lorsqu'on séjourne dans un se
familiarisenl
vive
dans toutes
bientôt avec l'étranger; la les tribus
venue du voyageur avait quelque peu surpris, crainte de l'homme blanc, que l'on trouve plus ou moins
village, les habitants,
que
la
sauvages, diminue peu à peu, en
s'accroît d'autant. Les naturels interrogent les porteurs; ces
même temps que
l'audace des indigènes
grands enfants, toujours prêts à répondre
par des mensonges maladroits, ne savenl pas dissimuler les choses les plus simples. Involontairement, pour faire voir qu'ils suivent un maître généreux services, l'orgueil les pousse à exagérer les richesses
du voyageur
et
qu'ils
qui sait bien reconnaître leurs
accompagnent. En peu de jours,
VOYAGE A MADAGASCAR.
358
s'allument les convoitises
que prennent naissance
el
voyageur de ne séjourner dans sable à à
l'homme blanc diminue graduellement, en même temps que les audaces. En somme, je conseillerai donc au
crainte respectueuse donl est environné
la
mission donl
la
il
contrées sauvages qu'il traverse, que
les
Un jour perdu
chargé.
s'esl
une faute,
est
et
le
temps strictement indispen-
une faute peut conduire souvenl
un échec. que Rainitonjy
C'est ainsi
autres chefs devenaient tous les jours plus exigeants;
et les
aurait fallu
il
payer tribut; plutôt que d'accéder à ces conditions par trop déraisonnables, je préférais abréger noire séjour et donner
Ce
le
signal du départ,
21 juin.
le
pas sans quelque difficulté «pie nous reprenons
n'es!
les
kabary des jours précédents, hésitent
les
Antandroy,
mauvais
manque de
le
nous suivre dans
à
A
entendre,
les
même;
la
seraient pas astreints au régime des baies de cactus,
enfin
me
Ces lionnes raisons ne pouvaient porteurs
à
reprendre encore une fois
quelque confiance, d'après
le
Madagascar, nous avions trouvé des huiles végétales, ('.liez
les
Manambia,
les
la
faits
toujours de l'eau, ne
ne rencontreraient pas d'Antandroy.
ils
nous
faisait
manambia de Tamotano,
lequel,
bon accueil. Jusqu'à présent,
liés
à
d'une corne de bœuf remplie de terre pétrie avec du miel
que plus au Sud, chez
n'offre rien
Antandroy
les
de caractéristique,
pour connaître leur vertu. D'autres
attributs qui ne peuvent laisser C'est
de l'Onilahy,
la vallée
trouveraient
et les
Antanosy,
ody
les
hommes ou femmes
'
représentent
selon la destination
du précieux talisman.
Souvent leur aspect saire
qui, disait-on, était très
route du Sud; je voulais aller jusqu'au bout. D'ailleurs j'avais
voisin de Tsivory,
ody
craignent
convaincre; moitié par force, moitié par persuasion, j'obligeai
d'ordinaire un ou plusieurs personnages grossièrement sculptés, spéciale
ils
effrayés par
Ils
renfermant de menus objets qui jouissent d'une propriété magique.
le toùl
ainsi
du chemin,
rapport de Maistre, en Zoromanana, roi
beaucoup moins susceptible que son
el
el
hommes,
direction de Fort-Dauphin.
la
marcher sur Tulear, par
faut
il
qui offre uni' roule moins périlleuse. La distance est
les
roule du Sud; uns
vivres, la privation d'eau, les fatigues
presque impraticable.
et
la
ainsi
fois,
aucun don h sur 1
une longue explication
et
au contraire,
l'artiste a
les a spiral ions
est
absolument néces-
représenté très naïvement des
de l'heureux possesseur de l'ody.
que l'homme qui désire posséder de nombreux troupeaux portera,
fixée
plaque de bois sur laquelle sont Ggurés plusieurs zébus ou bœufs à bosse de Madagascar.
an Il
bras,
une
est difficile
de se procurer ces porte-bonheur; leurs propriétaires y tiennent beaucoup et consentent rarement à
Un
s'en dessaisir; ils les gardent continuellement sur eux.
douze chaque fétiche ;
Le ody
répondre à un besoin de
plus répandu est celui qui donne
le
grandes distances J'avais
doit
et
de se proléger en
remarqué un de ces
pouvoir de
le
même temps
Dans
la soirée
pour des perles Je cachai «
ma
pourtant,
ou de
dit-il,
mes
el lui
son ennemi à de
un grand
intérêt ethnographique, et je désirais
propriétaire,
le
un sieur Rainimamona,
fut intrai-
propositions.
vint nous voir el nous
la toile,
surprise
Toi, étranger,
il
tirer juste, d'atteindre
des balles de l'adversaire.
fétiches, qui présentait
vivement l'acheter. Malgré des offres séduisantes, table et refusa catégoriquement toutes
indigène bien posé en possède environ dix à
la vie.
fît
entendre
qu'il voulait,
non pas vendre son talisman
mais l'échanger contre un ody d'origine étrangère.
demandai des explications.
tu as de bons fusils; cela ne m'étonne pas, car lu possèdes un ody qui vient de
du Suit do Madagascar, la consonne D, employée par les Anlimerina, prend le son de L. des Antanosy ont toujours été nommés par De Flacourt oly. La tribu des Mahafaly devient pour un Anthnerina, la tribu des Mahafady; il ne faut donc pas voir dans la signification du mot malgache qui désigne cette tribu, une folle gaieté, mais bien une idée de choses défendues Mafia, qui rend faly, joyeux malui, qui rend fudij, défendu. Il me faudrait entrer dans de trop longs développements pour exposer, même d'une manière très sommaire, le mécanisme fondamental de la linguistique malgache, .le me contenterai, d'ores et déjà, de faire observer que beaucoup de voyageurs, de missionnaires, de cartographes, qui se sont occupés de l'île malgache, ont été induits en erreur, parce que, jusqu'à présent, ils ont voulu, envers et contre toutes les règles de la logique et de l'usage, ne considérera Madagascar que la seule tribu des Anlimerina. On a vu que leur dialecte, leurs appellations, font, le plus souvent, l'étonnement des autres tribus, quand elles savent comment on les appelle ou comment on désigne leurs villages. 1.
Dans tous
C'est ainsi
une
les dialectes
les ody
:
;
LES ANTANOSY ÉMIGRÉS, LES MANAMBIA, LES ANTANDROY. aux nôtres; donne-le-moi,
loin cl qui esl bien supérieur
Fort-Dauphin.
un fétiche
démon
génie
le
hâte
à la
Le lendemain,
A
quitter.
lendemain, car
le
Rainimamona
peine
quelques chiffons ornés de perles, enveloppanl de
:
mms
donner une forme
lui
Taisions l'échange
sais pas encore son ody; pour
poitrine,
me
talisman à
cailloux de quartz, suffirent à
sa
mien
le
cl
conduirai jusqu'à
je te
»
J'acceptai avec empressement, lui disanl de revenir
préparer
je te céderai
359
:
fut-il parti
que
je lui certifiai
j'y
confectionnai
perdais probablement, car il
devail
surtout ne pas faire usage de son fusilavanl un mois.
cl
nécessaire pour je
de l'iodoforme, de pelils
pilé,
l'ail
que
une odeur convenables.
cl
mien, j'en répondais. Seulement
le
là nuil m'étail
le Il
je
ne connais-
porter continuellemenl sur csl
superflu d'expliquer les
motifs pour lesquels je lui imposais ce délai.
Conformément il
à l'usage
malgache, qui exige que. pour qu'un talisman jouisse de toute son
que son propriétaire s'impose une privation quelconque,
faut
efficacité,
j'ajoutai à ces conditions l'obligation
de ne jamais manger de volailles.
Ayant congédié lui a
donné toutes
Ayant
ma nu ma
I
semaines après ce marché, je ne saurais dire
rois
une précieux
I
et avisé,
si
son ody européen
en entendait.
les satisfactions qu'il
quelques approvisionnements
fait
dément un
liai ni
Tamotamo
à
nous quittons
sur les instances de Rainizanaka, qui
',
village le jeudi 26 juin, à midi,
le
esl déci-
accompagnés de
Rainimamona. Quelques minutes après être traversons
Dans
village
le
arbres isolés de
prochenl peu
à
la
peu,
.">o
qui
1res
et
gauche de ce
la rive
ils
couvrent complètement le
Tamotamo, qui
les l'omis
s'en
va
est
compte unesoixantaine de
même
le
de
roule,
la
l'Est,
à
il
ne faut jamais
tenter vivement
dans
tra-
tamo;
le Tj
Le pays devient plus boisé.
de- profondes vallées
vers le sud-est.
les
si,
la
leur--
ces indigènes
Aux
En
cet endroit à
sommets des mon-
ilmesure
Tsiesetra.
10
mètres
un village
('.'esl
tribu des Lara.
voisins du
Nord
Ils
et
offrent d'ailleurs, sous
de l'Est, les Bara Antai-
Manambia d'un Bara Antaivondro. Cepenles
quatre points cardinaux;
le
Bara Antai-
le Manambia indiquera -es préférences pour le Nord. loules les peuplades manambia oui un l'ady particulier
en cours de voyage,
l'aire l'ace
les
et
tandis que
cela csl encore plus caraclérisl ique,
Nord. C'est ainsi que
pour
nous
d'altitude,
d'ici se jeter
coui's d'eau.
de reconnaître un Bara
assez difficile
vondro commencera toujours par et
nids de termites, les volry,
cases.
dant on peu! y arriver en faisant énumérer
En OUtre,
les
et
centimètres de profondeur. Peu après, non- arrivons
tous les rapports, unecertaine ressemblance avec Il
ns,
nombreux. Par 330 mètres
Ces Manambia forment une subdivision importante de
vomlro.
d'Ambalamarina, puis nous
brousse siiecèdenl des bouquets d'arbres. Ces pelils Lois, espacés d'abord, se rap-
Nous traversons
de large sur
m eau
l'Ianakaomby, qui va non loin
petite rivière. C'est
nous suivons pendant quelque temps
manambia
sakoa sont très coi
les
appellent les indigènes, sont élevés
versons à gué une
lia
d'Andrianaboatsa \
brousse, où nous marchons,
la
comme les
ticules.
Tamotamo, nous passons au
sortis de
au nord
et
et
pressé par un besoin naturel
se tenir debout
;
s'écarte
sans cela on risquerait
indigènes manambia, qui ne manqueraient pas de dire que
cet
fort
un peu
de mécon-
oubli des conve-
impardonnable, etqu'il va sûrement adirer sur toute la contrée des pluie-, des orages cl des inondations. Au contraire, il faut avoir soin de regarderdans une autre direction et de s'accroupir selon nances
esl
l'habitude malgache.
Au
point de
par une teinte plus foncée de car
si
les
la
v
ue ethnographique,
peau
et
les
Lara Manambia diffèrent des Bara Antaivondro
par des caractères africains plus accusés. Cela se conçoit aisément,
Lara Antaivondro sonl surtout mélangés avec des Lclsilco
cl
des Lelsimisaraka. qui présen-
1. En effet celle précaution était nécessaire; pendant les quelques jours <i l|i vont suivre, nous ne trouverons que quelques misérables villages, où il est impossible de se ravitailler. 2. La finale tsa, 1res fréquente dans les dialectes du Sud, devienl tra, en dialecte antimerina. J'ai cependant conservé, peur Ions les noms propres du Sud, le Isa, car en appliquante ces dénominations géographiques, la désinence et l'orthographe antimerina, j'en munis dénaturé quelquefois le sens, toujours la prononciation.
VOYAGE A MADAGASCAR.
360
Manambia sont mélangés dans une
tent quelques traits asiatiques, les Bara
peuplades antandroy, qui, parmi toutes
les tribus
Le village de Tsiesetra est construit sur
le
forte proportion avec les
madécasses, sont africaines au plus haut point.
même modèle que
peu d'étonnement aux habitants, mais après quelques heures
Betroky; notre venue a bien causé un étaient retombés dans leur apathique
ils
indifférence.
Le vendredi 27
nous poursuivons notre route vers
juin,
sente quelques petits
le
Sud,
et,
changements dans sa configuration générale
presque aussitôt,
et surtout
contrée pré-
la
dans sa végétation.
A
changements sont rarement brusques lorsqu'on passe d'un territoire sur un autre; il y a toujours, sur les confins de ces contrées différentes, une sorte de zone de transition. C'est ainsi que
Madagascar,
les
nous avons vu maintes
zone de transition s'étendre sur de larges espaces, entre les contrées
fois celte
complètement dénudées
et les
grandes forêts épaisses. Tout dernièrement, en quittant Ambohiman-
droso, nous avons traversé cette zone qui nous a menés, de l'Arindrano, où l'on ne voit pas
aux plaines d'Ambararata, dont
les
sakoa touffus
et
me prépare donc, dès maintenant, à voir nous marchons, mon étonnement grandit. J'avais songé normandes. Je
forestière de
l'île,
mais j'abandonne
rares; les petits cours d'eau, qui
vile celle idée.
un
arbre,
rapprochés font songer quelque peu aux campagnes et à
Tout d'abord
annoncent toujours
les
un angle rentrant de
que
la ceinture
ruisseaux et les rivières deviennent
zone forestière, n'existent pas
la
A mesure
observer un pays nouveau.
tout d'abord à
signe encore
;
plus certain, les arbres, espacés dans la brousse, qui hier étaient réunis en bouquets, s'isolent les uns
des autres; relativement à une surface donnée, leur nombre diminue beaucoup. Ce n'est donc pas la forêt que nous allons voir devant nous. Est-ce une contrée complètement dénudée? Je ne le crois pas.
D'abord
la
population diminue; sur les troncs des arbres rabougris qui nous environnent
il
n'existe
ce qui serait
aucune trace d'incendie, ancienne ou récente. Enfin nous descendons sensiblement, contraire à toutes mes observations à Madagascar, nous ne trouverons pas de contrée complètement dénudée à 200 ou 300 mètres d'altitude. Or, devant nous, nous découvrons le pays, fort loin vers le sud; et,
brume
la
seule limite notre horizon.
11
n'existe
aucun sommet, aucun haussement du
nous annoncer une chaîne de montagnes. Devant nous,
sol,
qui puisse
une immense plaine, et cependant nous
c'est
allons quitter la brousse, j'en suis sûr.
Au
bout de quelques heures,
mon étonnement augmente
encore,
et ce
n'est pas sans quelques
inquiétudes que j'envisage l'avenir. Les arbres, et les sakoa notamment, ont complètement disparu. a encore quelques buissons, surtout des arbustes à caoutchouc; mais la végétation, en géné11 y
ral,
a complètement changé.
ailleurs.
Nous voyons des
plantes bizarres, que je n'avais jamais
Nous voici maintenant dans un pays nouveau pour moi à Madagascar.
environnés
de
plantes épineuses
,
de
ces
végétaux
nommés
vulgairement,
rencontrées
Nous sommes
plantes grasses.
Tous
opuntia ou Cactus les genres et toutes les espèces y sont représentés. Il y a surtout les raketa (Caclas des végétaux nopal), et beaucoup d'euphorbes. Il y a aussi de véritables petits bois formés par acérées. Par et longues pointes de qui ressemblent à des cierges, hérissés, sur toute leur surface,
unes aux autres. Ces sphères épineuses ont jusqu'à 50 centimètres de diamètre; lorsqu'elles atteignent ce volume, elles sont couvertes de boules plus petites soudées en sur elles. Ce sont encore des câbles épineux, bizarrement contournés ils portent, de distance terre, ce sont des boules, réunies les
:
tour donnent distance, des étranglements, d'où partent de jeunes tiges, cordes plus petites, qui à leur l'on peut naissance à des rameaux minuscules. Nous sommes donc dans h- pays des épines. Tout ce que rêver en fait de plantes grasses se trouve réuni autour de nous, et
mes
porteurs, nus jusqu'à
la cein-
complique vraiment; aussi nous ture, marchent dans ces fourrés d'un nouveau genre. La situation se traverser. arrêtons-nous à midi, et campons-nous sur les bords d'un cours d'eau (pie nous venons de C'est le le
Yorokasy, dont
sud, dans
le
la
source
est à
une journée
Sahanona. Nous sommes
à
d'ici
dans
le
nord-est; celle rivière va se jeter dans
environ 30 kilomètres de ce confluent. Le Sahanona, à son
tour, va grossir le Mandrare.
Le 28
juin,
nous continuons notre chemin dans celte contrée
si
extraordinaire. Les cactus forment de
•
LES ANTANOSY ÉMIGRÉS, LES MANAMBIA, LES ANTANDROY.
M
l-
V> S
D£S
301
PLANTES
véritables fourrés; leurs grandes fleurs jaunes sonl du plus joli effet, sur
le
tapis de verdure qui s'étend
aous allons dans des couloirs, que nos guides nous oui les troupeaux de bœufs des indifail découvrir. Ces seules. au milieu des cactus, oui été frayées par misérable. Il gènes. Dans l'après-midi, nous arrivons au village d'Iararaamy. Ce village esl absolument Manambia, des Bara u\ a pas nue goutte d'eau dans les environs. Le hameau esl encore habité par loindevanl nous. La marche
mais leur type général aisément
:
laramamy
les territoires habités
Nous recevons
esl
esl
par
assez,
la
esl
très pénible;
différenl
de celui que nous .nous observé dans
dernière agglomération
les
Antandroy,
hou accueil
.les
el
manambia
vers
le
le
nord. Ce
sud. Tout près
fait
s'explique
commencent
d'ici
ces indigènes se sonl mélangés fortement avec les
Manambia.
habitants d'Iararaamy. Le chef du village nous donne de nouveaux
guides, que je m'empresse d'interroger sur
le
pays du sud.
les territoires antanD'après eux, immédiatemenl au sud du village où nous sommes, commencent termine brusquedroy. C'esl une vaste contrée, absolumenl plate el qui s'étend jusqu'à la mer: là elle se
ment par des il
falaises
peu élevées. Le territoire antandroy confine
à l'esl
au pays des Antanosy à l'ouest, ;
s'étend 1res loin jusqu'à celui des Mahafaly et des Masikora. Celle contrée,
absolument
plate, esl très
s'amasse dans des pauvre, -n eau vive; on n'y trouve, d'espace en espace, que de l'eau croupissante, qui entièrement disparaît creux de terrain après la saison des pluies, 1res «ourle sous ces latitudes. Le sol
sous d'épais fourrés de cactus;
antandroy
s,, ni
la
marche y
est
excessivement
1res affirmatifs sur ce point, et, d'après eux,
il
difficile,
me
sinon impossible.
faut prendre à
l'Est
Nos guides
pour gagner Fort-
arriver à Tulear. Je l'avoue, Dauphin, en suivant le pays des Antanosy, ou remonter dans l'ouest, pour découragement. Tous nos efforts, ces déclarations ne sont pas sans me faire éprouver un moment de noire itinéraire vers le sud, par une toutes nos marches vont donc être inutiles; nous voici arrêtés dans 46
VOYAGE A MADAGASCAR.
362 végétation que
midi;
je
les protestations
si
Si jusqu'à présent rien n'avait
maudis de grand cœur. de nos
hommes nous
étaient
pu arrêter noire marche au
demeurées indifférentes
;
si
les
coutumes
supersti-
direction tieuses des peuplades traversées, les kabary interminables, n'avaient pu nous faire dévier de la nous avions choisie et qui devait nous mener jusqu'au cap Sainte-Marie, pour aller ensuite vers
que
l'Est, à
Andrahombe
et à
Fort-Dauphin, des cactus nopal allaient nous arrêter d'une manière absolue.
Voilà donc celte contrée différente
'
que
j'avais devinée les jours précédents. Je pensais bien devoir
me
trouver en présence d'un pays nouveau, mais jamais je ne me serais figuré un si vaste territoire couvert entièrement de cactus nopal. Sans aucun doute, on pourra m'objecter que, n'ayant pas poussé plus avant
dans cette plaine, quoi
qu'il
en
soit,
je
ne puis affirmer l'existence des cactus sur une aussi vaste étendue. Cela est certain;
d'après ce que nous voyons avec de fortes jumelles, d'après ce que les Antandroy nous
affirment, en parfait accord avec ce
ce que nous avons vu dans l'étape
immédiat,
il
est
que mes porteurs ont déjà appris des Bara Manambia; enfin, d'après d'aujourd'hui et d'après ce que nous constatons dans noire voisinage
excessivement probable que l'exislence de ce vaste territoire couvert de cactus est une
réalité.
Nous prenons donc
la
résolution d'obliquer vers l'Est
et
de suivre, jusqu'à Fort-Dauphin, les confins
épineuse. Au des territoires antandroy, en nous maintenant toujours en dehors de celle végétation m'empresse d'entrer en rapport village d'Iaramamy, on trouve beaucoup d Antandroy de pure race; je
avec eux. Celle peuplade des Antandroy doil être 1res intéressante à étudier. Malheureusement, je ne puis obtenir
que des renseignements
fort
vagues, que je recueille à
mes conversations avec
résulterait de
les
la
hâte pendant
la
dit aussi qu'ils se
première partie de
la nuit. Il
Antandroy d'Iaramamy que ces indigènes oui pour seule nour-
riture, sur leur territoire désolé, les baies de cactus, qu'ils on)
On me
la
servent de la sève des raketa
comme
débarrassées de leurs téguments épineux. de boisson ordinaire.
Ils
recueillent aussi
rosée du malin sur les feuilles charnues de ces plantes épineuses.
Antandroy possèdent quelques troupeaux de bœufs. La fiente de ces animaux est leur des Bara Manambia, mais seul combustible. Pour beaucoup d'usages, ils se rapprochent sensiblement je n'aurais jamais cru possible. En somme, celle tribu des ils sont encore plus superstitieux, ce que Antandroy est, sous tous les rapports, la dernière de Madagascar; ces indigènes semblent même consliPlus au sud,
luer,
dans
les
grande
la
île,
une peuplade exceptionnelle;
religion africaine faite de croyances bizarres
ils
sont superstitieux au plus haut point, ont une
aux fétiches
et
aux amulettes. Leurs
traits sont africains;
large (pie long; leur peau est du leurs cheveux, 1res crépus, sonl portés en broussailles; leur nez est plus
plus beau noir.
Nous n'avons pas trouvé de le
vivres dans ce misérable village d'Iaramamy. Aussi avons-nous hà
le
de
quitter et de rentrer en territoire lanosy.
Le 29
nous partons, dans
juin,
l'Est
du
village; je suis
peu à peu; ce sont d'abord des espaces où
heureux de constater que
l'argile rougeàtre se
montre
les
cactus diminuent
à nu. Les grandes herbes
poussent quelquefois.
Le pays, absolument
plat vers le sud, se relève
peu à peu vers
l'est;
nous franchissons quelques
sont de petits monticules; plus loin encore, des mamelons, des collines. Le quelques fond de ces accidents de terrain, les thalwegs de ces vallées, deviennent humides. Bientôt aussilùf la végétation arborescente réapparaît; nous laissons les épines loin filets d'eau se montrent
ondulations
2
.
Plus
loin, ce
:
plaine du sud, couverte de cactus nopal et habitée par les peuplades antan1. D'ailleurs l'existence do celle vaste traverser. droy, est connue vaguement dans les pays du sud, que nous venons de. indigènes, l'immense plaine couverte de cactus qui con2. D'après les renseignements que j'ai obtenus de mes guides la mer. Là. elle se signe le remarquable pays des Antandroy, s'étend vers le sud, sans aucune dénivellation, jusqu'à aucun cours falaises ,1e -ravier de 200 mètres de haut, environ. Dans ce pays épineux,
termine brusquement par des
de cactus. Deux fleuves seulement d'eau aucune rivière, dont les eaux ne soient rapidement absorbées par les racines sont le Manambovo et le Mandrare, ce Ce saison. toute en parviennent jusqu'à la mer, roulant leurs eaux vers l'Océan dernier étant de beaucoup le plus important.
LES ANTANOSY ÉMIGRÉS, LES MANAMBIA, LES ANTANDROY. à
noire droite. Vers
en pleine brousse;
A
sol rocailleux.
le
milieu du jour, nous
pays esl montagneux,
le
363
sommes de nouveau
le
terrain accidenté, le
côté des sakoa, nos anciennes connaissances, se
montre un végétal nouveau pour ces pays, mais que j'ai déjà vu Majunga c'est un arbre caractéristique de la cote ouest, le
à
:
malgache (Adansonia
ce baobab
bonlona,
quelques-uns de vraimenl
liés gros; la
gros fruits (pain de singes) bien
la
digitata); j'en
mesure
pulpe farineuse de leurs
esl acidulée et
étanche fort
soif.
Apres avoir traversé l'Iatranatrana, affluent du Manambolo, et gravi une dernière
moulée raide
nous entrons dans
d'Imitray.
le village
et
rocailleuse,
Pendant noire étape d'aujourd'hui, nous nous sommes élevés sensiblement; laissant la grande plaine anlandroy' à noire droite,
nous avons gravi d'abord une chaîne de
petites collines, puis
assez
trée
rapprochés
dans
forts,
nous sommes entrés dans une con-
accidentée. les
Ce système de monticules,
uns des autres, l'orme
l'ouest,
de
la
chaîne de partage des eaux,
dont nous nous rapprochons UN ANTANDROY
1res
rapidement.
Le village d'Imitray, qui compte
l'IinilL.
:
1res
premiers contre-
les
3.j
cases, est habité
par des Antanosy mélangés avec quelques Anlandroy.
Au moment OÙ nous les
arrivons,
il
ne reste que cinq OU six hommes, presque tous des vieillards; tous
autres son! partis pour guerroyer dans les environs contre une tribu d'Antandroy qui esl venue
voler, à
sant
Imilray,
c'esl
:
des femmes
des bœufs. Dans
el
femmes dont
sont à la guerre se soûl réunies près de
chef du village les
;
lienl à la
comme
ou
les
maison du
à
la
ceinture,
el
esl
chacune
d'une couche
elles,
tam-tam,
de
peinture blanche;
elles se
mettent
«les
piquées
groupenl autour de l'une
à
danser, toujours groupées,
tournée vers l'Est, elles avancent en rangs
serrés dans celle direction; plaintifs,
l'ronl
qui joue du tambour, puis, au son du
elles se
l'ace
d'elles
censé représenter
vertes ou des plumes d'oiseaux sonl
feuilles
la
la
maris
les
^agaies du guerrier hien-aimé. Leur
dans leur chevelure;
el,
mais bientôt
qu'elles prient
le
le
leurs chants soûl lents
rythme s'accélère,
Zanahary
el
les
el
el
pendant
mauvais génies de
rendre leurs époux vainqueurs, et de tuer ceux qu
ils
vers l'Est, recu-
elles avancent rapidement pour s'avancer de nouveau en brandissanl leurs
combattent, lent
un spectacle intéres-
vêtement une pièce d'étoffe ou
main un long bâton, qui
couvert
d'entre
à
quelques-unes sont 1res jeunes, d'autres
une natte attachée
esl
nous assistons
cheveux blancs.
Elles portent
le fusil
soirée,
une prière ou une invocation en faveur des
guerriers absents, 'l'ouïes les
ont
la
même
la
case
de chaque absent. Ce manège dure très longtemps,
et la
bâtons. Elles répètent
le
exercice devant
UN ANTANDROY
:
FACE.
VOYAGE A MADAGASCAR.
364 soirée est
déjà fort avancée lorsqu'elles ont
Les épouses éplorées se réunissent sur
tout.
ceux qui ne reviendront pas;
elles
fini.
la
Malheureusement pour notre sommeil, ce
n'est pas
place du village, et se mettent à pleurer par anticipation
poussent des cris stridents qu'elles modulent en saccades, suivant
la
peuples primitifs. lendemain, nous n'avions pu goûter qu'un sommeil 1res court, Lorsque nous partîmes, le Le village d'Imitray est situé dans une sorte de petite plaine circulaire, entourée de hautes montagnes.
coutume de presque tous
Le fond de ce cirque,
les
c'est-à-dire les environs
avoir franchies, et avant de monter sur les trons, près de la route,
une pierre
du
en
village, est assez bien cultivé
flancs des montagnes qui environnent
le
rizières.
Après
les
cirque, nous rencon-
levée.
premier que nous voyons depuis notre départ du Betsileo. Ces monuments commémoratifs sont absolument inconnus chez les Bara Manambia, et je n'en ai pas rencontré chez les Bara Anlaivondro; cependant, il en existe, en très petit nombre, chez les Antanosy émigrés. Ici nous sommes
Ce mégalithe
est le
chez les Antanosy qui n'ont jamais quitté leur pays,
cl à
mesure que nous avancerons vers
sud, c'est-
le
monuments mégalithiques
liés que nous pénétrerons davantage dans le nombreux, plus grands, plus beaux et mieux disposés que chez les Antimerina et même chez les Betplus intéressantes de sileo. Jusqu'à présent ces derniers nous avaient cependant paru une des tribus les
Tanosy, nous verrons ces
à-dire
Madagascar, une des rares peuplades de
la
grande
quelque peu l'histoire de ces peuples étranges.
île
monuments pouvaient
qui par leurs
Comme
lecteur
le
verra dans
le
Antanosy, qui se révèle déjà à nous par des signes extérieurs de religiosité,
est,
Le monument
tribu des
sous beaucoup d'autres
rapports encore, bien supérieure, plus sympathique, j'oserai dire, que les autres tribus de africaine, y compris, bien entendu, celle des Antimerina.
débrouiller
la suite, la
la
grande
île
que nous voyons au sortir
d'Imitray se compose d'un carré construit en pierres sèches qui peut avoir 3 mètres de côté. A chacun grossièrement des angles de ce carré est enfoncé verticalement un fort pieu qui supporte deux madriers, lesquels équarris. Ces quatre madriers, réunis ainsi deux à deux par les quatre pieux verticaux sur
sont
fixés,
forment un entourage, balustrade assez large, sur laquelle on
a
posé, à côté les
ils
uns des
carré ainsi autres, et faisant face au dehors, des crânes de bœufs ornés de leurs cornes. Au centre de ce Ce d'épaisseur. délimité se dresse une pierre levée, haute de 3 m. 80, large de 1 mètre, sur oU centimètres
bloc énorme est en granité rose, roche que je ne trouve pas dans les environs; travail
énorme pour élever un
célèbre d'Imitray,
pareil
monument. Le mégalithe
mort en guerroyant contre
les
il
a
certainement fallu un
mémoire d un chef
sert à rappeler la
Anlandroy.
Pendant que nous examinions ce monument, un indigène antanosy, qui nous regardait avec intérêt que j'ai depuis quelque temps, se jette au cou d'un de mes porteurs. Le Betsileo Bamasy, c'est son nom, engagé à Fianarantsoa, sur
la
recommandation du docteur Besson Bamasy, ;
pathique démonstration, reste d'abord quelque peu ahuri
;
cependant
il
finit
dis-je,
objet de celle sym-
par reconnaître son jeune
Tout s'explique. Le frère de frère, qu'il croyait soldat à Fort-Dauphin, au service de Banavalomanjaka. grossir Bamasy, un ci-devant Betsileo, a élé pris, il y a quelques années, par les Antimerina, pour aller la
ne
garnison de Fort-Dauphin. Mais les
aime pas du
à Iuiitray,
où
il
tout, s'est
vil paisible et
mon
Betsileo, qui,
comme
ses compatriotes, craint les Antimerina, et
échappé du pays de Tolanara, soumis aux Antimerina, heureux, s'étant
l'ait
cl est
venu ensuite
Antanosy.
peu près 8 kilomètres de diamètre. A côté d'Imitray sonl de montagnes; les villages de Simieba, Sesela et Ambatomasina. Xous commençons à gravir une chaîne mètres d'altitude, puis nous la montée csl ardue, le sentier difficile; nous passons par un col à 1 190 par descendons très rapidement sur l'autre versant nous arrivons à Imanevy, au fond delà vallée,
La plaine
circulaire dont j'ai parlé
mesure
à
;
560 mètres d'altitude. Celte étape a élé très rude; pendant la première partie de
la roule,
nous avons véritablement escaladé
montagne, pour redescendre de l'autre côté, suivant une pente aussi raide;au affluent village d'Imitray, que nous avons quitté ce matin, nous étions dans le bassin du Manambolo, tout coule fleuve Mandrare. Ce du Mandrare; maintenant nous voici descendus dans la vallée même du
le
liane abrupt d'une
UN
«
BONTOHA
»
DAPRÈS L'KE PHOTOGRAPHE.) CHEZ LES BARA MANAMBIA. (GRAVURE DE BOCHEH,
— LES ANTANOSY ÉMIGRÉS, LES MANAMBIA, LES ANTANDROY.
i*
PII
près d'ici
;
nous
l.l
VÉE CHEZ
une chaîne nommée monts
franchir formenl
il-
\\
r
INOSY
traverserons demain matin au sortir
le
micaschisteuses,
m
el esl
du
^fi tU c '
p-
'
village.
Les montagnes que nous venons de
constituée presque entièrement de roches
Fsira; elle esl
dirigée du nord-esl au sud-ouest. Devant nous s'étend une autre chaîne
qui paraît plus longue encore que
beaucoup plus haute,
chaîne de Maroampingaratra ou Beampingaratra. Les monts Isira au nord-ouest
et
Beampingaratra au sud-est limitent doue celle faut remarquer aussi que les
monts
Isira
vallée
séparent
le
celle
sol; les
y a de
nombreux
Le mardi
1
er
a
arbres sont touffus,
j'avais déjà
Il
ils
jonction des doux cours
mer des Indes après
autour de nous, devient déplus en plus
croîl
d'humus noirâtre couvre le reconnais beaucoup de plantes que
|
la
ligne de partage des eaux; sur
la
Mananjara, qui va se jeter dans
d'Ambolo. La végétation, qui
;
monts
les
el
bassin d'un affluent du Mandrare du fleuve principal,
monts Beampingaratra, au contraire, continuent le
mon-
du Mandrare, au fond de laquelle nous sommes.
plus au sud, ces monts Isira se termineront brusquement, pour permettre
oriental, nous trouverons
«le
que nous venons de franchir
tagnes,
Il
£%-
i
c'est la
d'eau. Les
367
se réunissent
versant
le
avoir arrosé
belle:
le
pays
une épaisse couche
maintenant par bouquets
vues en pays betsimisaraka. La population
est très
;
je
dense.
villages.
juillet,
nous quittons Imanevy,
et,
bientôt après,
nous traversons à gué
le
Mandrare, qui,
en cet endroit et en cette saison, mesure 10 mètres de large sur 50 centimètres de profondeur. La vallée est,
étroite, el bientôt
dans une gorge,
il
nous nous élevons sur
les
lianes des
monts Beampingaratra. Le
sentier s'engage
longe un torrent qui bouillonne en cascade à nos pieds; c'est l'Andrevoroka, affluent
du Mandrare. Nous sommes dans une brousse
très épaisse, el.
quelques instants après, nous voici dans
une forêt touffue, qui, accrochée aux lianes des Beampingaratra, en couronne les cimes. Nous marchons rapidement, mais la nuit nous surprend sous les hautes futaies; nos guides nous conduisent pour camper dans une caverne qu'ils connaissent dans
les fourrés.
Notre logis
esl 1res
pittoresque,
el
les
feux de
VOYAGE
3fi8
nos
hommes
no peuvent dissiper
ténèbres qui emplissent ces salles souterraines.
les
moi devons, pendant une bonne partie de souris, petites et grosses,
que notre venue
la nuit,
a
que toutes
jolie
celles
la
spectacle
tout
dix heures nous
que nous avons vues précédemment à Madagascar.
nouveau pour nous. Par
commençons
à voir
avec des fourrés de bambous; des défrichements. vallée
d'Ambolo,
le
A
ils
onze heures
instants,
nous pensons
quelques clairières. Des longoza
nous annoncent et
et
première heure. Celle forêt du pays des Antanosy est
forêt tropicale, avec sa végétation vigoureuse, ses arbres magnifiques, son est
Mon compagnon
donner une chasse vigoureuse aux fanihy, chauves-
mises en émoi.
Le matin, nous nous remettons en marche dès beaucoup plus
MADAGASCAR.
À
la
être bien loin de et
C'est
enchevêtrement de
une vraie lianes.
Le
Madagascar. Vers
des ravenala se montrent eà
et là,
végétation d'une contrée maritime. Puis, ce sont
demie, nous arrivons au village d'Izama.
plus beau pays de Madagascar.
VILLAGE h IARAMAMY.
Nous sommes
là
dans
la
LA COTE, NIES D AMBALAFANDIIANA.
CHAPITRE —
La
—
XIII
—
— —
—
vallée d'Ambolo. Izama. Les monts Beampingaratra. Tsiarony et Belavena. Arrivée à Fort-Dauphin. Le pays de Tolanara. Mœurs et coutumes des Antanosy. — Evatra et Lokaro. Sainte-Luce ou Manaflafy. Pieux et pierres dressées antanosy. — Village et rivière d'Ambaniaza. — Village de Manambato. Les défrichements de la côte sud-est. Mànantena. Traversée du Manampany. — [matio et son lac. — Sandravinany. Naufrage dans la rivière. — Centre populeux île Manambondro. Vangaindrano. — Végétation littorale. — Le long des rives du Mangidy. — Au pays des Antaisaka — Tangirika el Mahafasy. — Retour Fianarantsoa. Quatrième séjour à Tananarive. Retour en France,
—
—
—
—
—
—
—
—
:
.
i
—
vec sa superficie plus grande que celle de
A"
1res Lien
çoit
que
l'île
«le
la
France, on con-
Madagascar présente des pays
d'aspecl tout différent. Les uns sont 1res fertiles, la végétation y
magnifique; d'autres, au contraire, sont arides.
est à
En somme,
côté de lorrains propices aux cultures, de grandes forêts, de
beaux plateaux que l'homme pourrait rendre aisément productifs,
il
existe de
nombreuses régions
des districts rocail-
qui contribuent à donner à la grande
leux, des sols ingrats, ile
stériles,
un aspect peu séduisant. Quoi
qu'il
fertiles,
en
soit,
nombreuses
tout n'est que relatif ici-bas, et ces contrées et
étendues, quoi qu'on en dise, à Mada-
gascar, suffisent largement à compenser, en quelque sorte, les
mauvais
territoires.
présente, lente en
avec ses
somme
De manière que bons
la
bonne opération. Que
JEUNE FILLE ANTANOSY DE FOUT- DAUPHIN.
l'on
rendement immédiat, ce qui
établisse
France
serait
si
grande côtés,
La
un protectorat
l'on veut, bien
une utopie. La
sera, j'en
ile
africaine se
comme
équiva-
prise de possession
suis
convaincu, une
procède brutalement à l'annexion, ou
l'on
mise sur Madagascar sera une France,
la
mauvais
à nos meilleures colonies.
de Madagascar par
que
et ses
réel,
très
peu importe!
la
main-
bonne conquête pour
la
entendu, envisager l'avenir et non pas
prise de
Madagascar parla France
el la
47
con-
VOYAGE A MADAGASCAR.
370
servation de cette belle colonie seront chose très facile, l'administration de cette grande contrée sera
également pratique, à condition qu'on l'enlève aux Affaires étrangères. vues et les idées émises par ceux qui ont Il existe de nombreuses divergences, parmi les
Madagascar. Cela s'explique,
et
qu'un auteur dont on ne pourra suspecter
est évident
il
la
écrit sur sincérité,
dépeindra Madagascar sous des couleurs absolument opposées, selon les contrées fertiles ou arides qu'il aura visitées. Du reste, je m'étendrai plus longuement sur les avantages que peut présenter Madagascar à
la
colonisation française lorsque je terminerai cet ouvrage.
Revenons au pays d'Ambolo.
Il
me
faudrait de longues pages pour décrire cette magnifique vallée,
avec ses forêts d ebénierset de palissandres, ses bois d'orangers, ses cultures, sa terre noire et ses ruisseaux innombrables, ses rivières, ses sources chaudes.
fertile,
nous étions surtout attachés à parcourir les territoires relativement inconnus de Madagascar, et par conséquent des pays peu peuplés, arides, montagneux, le plus souvent quelque sorte, Madaéloignés des sentiers de communication. Nous avions donc commencé par voir, en impressionnait nous d'autant belle vallée cette de gascar sous ses mauvais côtés. Par suite, la richesse nous n'avions jamais été frappés plus que jusqu'à présent, dans le cours de nos voyages antérieurs,
Dans nos
explorations, nous
la beauté du pays. dans lequel nous venons d'entrer, est habité par des Antanosy, qui prennent nom d'Antambolo. Avant d'arriver dans le village, nous avons traversé pendant
d'une façon bien vive par
Izama,
le petit village
plus spécialement
ici le
que nous avons rencontrés quelques instants des fourrés de longoza, ces roseaux à odeur de cannelle des massifs de citronniers, de en si grand nombre dans les défrichements de la côte Est. Puis ce sont des goyaviers, des bibasy café, de des cultures nombreuses de canne à sucre, des champs voavotaka,
du Japon (Eriobotrya Japonica). Nous sommes fort bien reçus par les chefs du village. Ces chefs Antaimoro. Leur tête est enveloppée d'un mouet leurs familles sont, nous dit-on, originaires du pays des coutumes arabes, réminischoir de soie de couleur rouge; ils ont conservé presque intactes une foule de Autour d'Izama, d'origine. pays leur orientale, cences curieuses d'invasions musulmanes sur la côte néfliers
sur chaque
monticule, disséminés dans
vallée,
la
nous sommes dans
le
villages.
Les Antanosy qui
population très dense.
habitent ce pays d'Ambolo forment donc une Ici
nous voyons des
pays de Tolanara, patrie d'origine des Antanosy. Nous voyons donc ces
gènes chez eux, avec leurs usages
et leurs
coutumes
particulières.
En somme,
les
indi-
Antanosy se rappro-
orientale de Madagascar. Nous retrouchent beaucoup des Betsimisaraka: ce sont des peuples de la côte de raphia, est élevée sur pilotis charpente d'une faite maison, vons chez eux les usages betsimisaraka. La ces indigènes, peu de poterie, leur réservoir le toit et les cloisons sont en feuilles de ravenala. Chez ;
d'eau est celui que l'on rencontre sur toute la côte orientale rieur creux emmagasine vallée en suivant la rive
:
un long morceau de bambou, dont
l'inté-
nous marchons dans
une certaine quantité d'eau. En partant de ce village, gauche de l'Amandroaka, affluent de gauche du Mananjara,
le
la
grand fleuve de
rocheuse, pas de pierres, si ce n'est quelques la vallée d'Ambolo. Sur notre route, aucune émergence des ruisseaux. Sous nos pieds, cailloux roulés qui, descendus des montagnes voisines, encombrent le lit plus d'argile rouge, un
humus
noirâtre très épais.
La vallée d'Ambolo se trouve comprise dans un dédoublement de l'environnent de toute part. Sous les
eaux sauvages
les
la
zone forestière,
les
grands bois
ces hautes futaies, les débris^ végétaux s'amassent en chaque saison,
poussent dans
la vallée
:
là ils
s'amoncellent depuis des siècles, et ont formé (elle
juger par des fosses, terre végétale qui a plusieurs mètres d'épaisseur, autant qu'on en peut chées et les berges des ruisseaux. Nous nous arrêtons à Tarafasy.
Le jeudi
3 juillet,
nous continuons dans
la vallée.
Toute
la
journée, l'altitude
«les tran-
moyenne du pays
est de
nous nous arrêtons au village d'Ambolo. d'Ambolo Le lendemain, 4 juillet, nous commençons à gravir les montagnes qui limitent la vallée cime est leur Beampingaralra vers le sud-esl. Ces montagnes ne sont qu'un contrefort élevé des monts formée couverte d'une forêt (pie nous traversons en deux heures; nous rentrons ensuite dans la brousse, 1
10 mètres.
Le
soir,
;
AUX PAYS TANOSY.
LES
371
MONTS BEAMPINGARATRA.
végétation côtière que nous connaissons déjà. N'eus nous arrêtons au village d'Andramavue de nakana, puis, continuanl noire roule, nous arrivons sur un terrain sablonneux, nous sommes en Nous entre l'Océan el «les lagunes. Celle contrée esl absolument comparable, idencelle
l'ois
de
la
marchons
mer.
la
tique je devrais
.lire,
à celle
que
j'ai
décrite de
Tamatave
Andovoranto. Les villages y sont nombreux.
à
Les habitants antanosy, absolumenl analogues aux Betsimisaraka, auxquels je renvoie
lecteur, rendent
le
plus frappante encore celle ressenibance.
Le
soir,
nous passons
village esl situé
à
Tsiarony
cl à
Belavena, où nous nous arrêtons pour passer
au pied d'un pic remarquable,
Le samedi 5 juillet, nous arrivons
à
le
l'ail
nuit.
Ce
petit
Barabe, «pie nous voyons depuis quelques jours.
Fort-Dauphin.
Lorsqu'on approche de Fort-Dauphin, on remarque à
la
différente des autres contrées maritimes
que
vile
que
l'on a
celle contrée littorale
du sud-est
pu voir à Madagascar. En
effet,
au
est tout
lieu
de
souvent présenter des côtes liasses et sablonneuses où l'on ne trouve que quelques dunes recouvertes de plantes herbacées, toujours
les
mêmes
sur
la
côte Esl, les rives sont formées, à Fort-Dauphin
et
dans
Ces de puissantes assises calcaires, qui disparaissent" sous un épais manteau de verdure. l'île. de nord-ouest du granitiques falaises côtes rocheuses du sud-est sont encore plus jolies que les avant de passer près les parages de Tolanara, la première zone forestière que nous avons quittée,
les environs,
Dans du la
pic Barabe,
descend jusqu'à
la
mer. Nous avons vu qu'elle en
hauteur de Tamatave. Là s'étend une zone
de bois
:
c'est
la
région des lagunes.
En
littorale
quittant
élail assez éloignée,
au contraire, à
assez large, couverte de brousse
Fort-Dauphin
retrouverons cette contrée des lagunes, mais ce sera toujours
el
en remontant vers
la forêt.
Dans
et le
de bouquets nord, nous
ce sud-est privilégié, les
VOYAGE
37-2
arbres poussent jusqu'au bord de
la
MADAGASCAR.
À
mer. Ainsi, sous
le
rapport de
végétation
la
physique du terrain, on trouve une certaine analogie entre le sud-est et
Nosy-Be
de Passandava d'une part et d'autre part entre Fort-Dauphin
et la baie
nent. Cette analogie est encore plus grande lorsqu'on examine
de
et
la disposition
nord-ouest de
le
et les
l'île,
rades qui
entre
l'avoisi-
constitution géologique du terrain.
la
Nous avons trouvé à Majunga un terrain calcaire, mais malheureusement infertile, par suite du manque d'eau. Dans le sud-est, les terrains calcaires ont commencé à la vallée d'Ambolo, mais depuis là jusqu'à la
mer nous
les
avons vus
fertiles
au plus haut point, parce
voyageur qui a parcouru Madagascar
est, à la
partout, le sol, sur les hauts plateaux et
sent dans
le
sud-est.
Il
dans
les plaines
;
il
agréablement surpris
est
y verra, au lieu de l'éternelle terre à briques de
noire à laquelle on n'est pas accoutumé. J'aurai territoire des
Antanosy sur tout
le reste
de
l'île
merveilleusement arrosés. Le
qu'ils étaient
longue, fatigué de celte tonalité rougeàtre que présente
fini
ses pas le condui-
si
Madagascar, une
terre végétale
d'esquisser à grands traits la supériorité de ce
lorsque j'aurai dit que nous ne
sommes
plus
en terre
ici
tropicale. Fort-Dauphin, qui se trouve par 25 degrés de latitude sud, jouit d'un climat tempéré. Les
pluies n'y sont pas continuelles en certains mois, mais intermittentes toute l'année; l'été y est très
supportable. Les cyclones y sont inconnus, mais de grands vents du large, du sud principalement, y viennent dans certaines saisons abaisser sensiblement la température.
Fort-Dauphin consiste en une presqu'île comprise entre deux baies
au sud
la fausse baie
des Galions dans laquelle débarquaient
il
:
au nord
la
rade de Fort-Dauphin,
y a quelques siècles des navigateurs
portugais, venant fonder des établissements sur ces côtes.
Sur
cette presqu'île qui constitue Fort-Dauphin, s'élevaient le fort et la citadelle française;
vraient une superficie d'un kilomètre carré environ
soutenue par des falaises à
au sud,
pic, la plus
la
et
occupaient dans
plus éloignée de
l'île
la
le
y est rendu absolument impossible par
les
recou-
par conséquent. Cette position
militaire était admirable et nos soldats d'autrefois s'y maintinrent longtemps
Un débarquement
ils
presqu'île la partie plate
le
plus aisément du monde.
hautes falaises à pic, et du côté de
la terre,
seul endroit accessible aux naturels du pays, on avait creusé des fossés, élevé des murs, établi des
batteries circulaires dont l'ensemble constituait
gènes, le poste militaire de
Fort-Dauphin
pour prendre Madagascar tout
Tout
cela a été
abanbonné
était
une défense de premier ordre. Donc,
une
citadelle
vis-à-vis des indi-
imprenable d'où nous pouvions nous élancer
entier.
et la vérité
m'oblige à dire que l'on ne s'empresse pas de réparer ce malheu-
reux événement.
Lorsqu'on entre dans Fort-Dauphin, on est tout de suite envahi par un immense sentiment de
A
tristesse.
chaque pas, presque derrière chaque case, on découvre un souvenir navrant de notre domination
d'autrefois.
Je vais prier
le
lecteur de
m'accompagner dans
ma
première
visite à la ville.
Nous partirons de
point d'arrivée d'hier, c'est-à-dire de la grève au nord de la localité, à l'endroit où
Dauphin
se rattache à la
grande
la presqu'île
notre
de Fort-
île.
Par un sentier de chèvres, on parvient non sans peine sur
sommet du
le
plateau.
Ce plateau, formé de
puissantes assises calcaires, est recouvert par les sables qu'y ont déposé les tempêtes. Son niveau
moyen, qui
est
nord, à laquelle
de 28 mètres au-dessus de il
se rattache par
la
mer, est quelque peu plus élevé que
une bande sablonneuse. Le plateau
contrée du
la
a 2 kilom. 500
dans sa plus
grande longueur, sur une largeur moyenne de 000 mètres. Dans sa partie nord, située au dehors de nos anciennes limites, s'élève
le village
de Fort-Dauphin, agglomération importante qui compte plus de
200 cases. Les habitants, paisibles et curieux, se pressent en foule sur notre passage.
sommes
Français, j'en entends quelques-uns qui
les anciens maîtres
de cette
groupées sans ordre,
terre).
les ruelles
murmurent
:
la
Jereo tompon
Le village antanosy ne présente
le
Ils
savent que nous
lany taloha
rien de particulier; les
sinueuses rendent toute orientation
nombre, nous arrivons enfin à l'ancien mur d'enceinte; nous devant
«
difficile.
(Regardez
»
maisons sont
Après des détours sans
longeons quelque peu,
et
nous
porte d'entrée. Cette porte monumentale, en maçonnerie, est très bien conservée. Sur
le
voilà
fronton
I
รป i
i
AUX PAYS TANOSY. sont gravées les armes de France.
seur du
mur en
On
décrit de la sorte
les
deux angles droits avant de
Antimerina. Nous
emplacement
pénètre ensuite dans un couloir long de 4 mètres
c'est l'épais-
:
pierres sèches, puis on tourne à angle droit dans un autre passage couvert, et l'on
maison carrée tombe en ruines. Les par
375
sommes
s'élèvent les cases
trois fleurs
se trouver en face de l'ancien corps de garde. Cette
de
lis
appliquées à gauche de
la
porte ont été grattées
arrivés maintenant dans l'intérieur de Fort-Dauphin.
du
Sur ce vaste
vil-
lage antimerina; elles sont alignées en
de
partie
chaque
côté
d'une
large
avenue qui conduit à l'ancienne delle, autrefois
nègre
antimerina, gouverneur
Fort-Dauphin.
de
avant de nous enga-
Si,
ger dans cette jetons
maison de Flacourt, au-
— amère dérision! — demeure
jourd'hui
du
cita-
longue
avenue,
nous
un regard en arrière, nous voyons,
chaque côté
de
de
la
porte et des couloirs for-
que nous venons de
tifiés
traverser,
droite
et
s'étendre
à
gauche
les
à
restes des anciens
Ces
murailles,
de plusieurs
murs.
épaisses
mètres
cl
faites d'assises de pierres
des
injures
du
temps;
elles disparaissent
par
dant
cepen-
sous
places
l'épaisse végétation qui a REMPARTS ET l'aVENOE DE FORT-DAUPHIN.
LES
naissance
pris
anciens
sur
remparts.
ces
Un
accotements sont soutenus par des murs de pierre; plus loin ce sont des épaulements de terre. De distance en distance, sur l'ancien mur. se trouve ménagée une sorte de plateforme sur laquelle étaient construites «les batteries circulaires en pierres cimentées. Ces construcfoss é
est (Mi
avanl
tions, qui sont
;
ses
en assez grand
.iliaque par terre; elles
nent nait
le
fort
cinq
pour
canons.
le
nombre, commandaient l'isthme pour défendre
se trouvaient
également disséminées sur
défendre contre toute attaque maritime.
Les embrasures
sont
intactes,
on
voit
I.'
sommet
le
Chacune de ces
encore sur
les
fort contre toute
des falaises qui soutienbatteries compre-
parois de
ses
réduits
nombreuse, qui crocs et les manilles des anciennes caronades. La population antimerina, assez du fort et de garnison la forment qui occupe le Fort-Dauphin, est surtout composée des soldais les
Fort-Dauphin, entourés de toutes parts de peuplades insoumises, leurs gardes et ne ne se sentent pas chez eux en pays tanosy; ils se tiennent toujours sur vrai, mais comme c'est étrangers, laissent pénétrer dans le fort que leurs compatriotes. Nous étions leurs familles. Les Antimerina de
VOYAGE A MADAGASCAR.
376
une exception en notre faveur. Malgré toutes ces mesures de précaution, beaucoup d'Antimerina avaient été massacrés par les Antanosy en 1883, lors de la malheureuse
nous
allions voir le
gouverneur, on avait
fait
expédition franco-malgache; les Antanosy avaient cru alors être débarrassés des Antimerina; grâce au
concours de par ce
la
même
France,
ils
les
ont vus revenir depuis, plus arrogants et plus cruels que jamais, soutenus
pays, qui n'est pas toujours logique dans ses entreprises coloniales. Le gouverneur Raini-
nous pouvons pénétrer dans l'ancienne
jaobelina, 11° honneur, nous attendait. Les portes sont ouvertes et citadelle.
Au
milieu des ruines s'élèvent les eases des officiers
du gouverneur antimerina. L'habitation
et
que
de celui-ci, plus grande
immédiatement en entrant, profite
à
les autres,
gauche de
ruines de
maison Flacourt.
la
Tout
pèlerinage.
extrême de
des
près
la presqu'île
le jardin,
Flacourt; à côté,
falaises,
fort. C'est
prison dontles
visiter
un véritable à
pointe
la
la
les
maison carrée de
douce tous
les habi-
encore une tour ronde, ancienne
murs
d'inscriptions.
aller
il
au milieu duquel se trou-
vaille puits qui alimentait d'eau
du
C'est
du côté du sud, s'élèvent
quatre murs en maçonnerie de
tants
Je
la porte.
des bonnes dispositions dans lesquelles
semble se trouver en ce moment pour les
se trouve
intérieurs cimentés sont couverts
Au-dessus de cette tour ronde
était
une construction légère servant d'abri au guetteur. MAISON DU GOUVERNEUR ANTIMERINA A FORT-DAUPIIIN.
Nous avons élu domicile au milieu des Antanosy. Nous restons à Fort-Dauphin plus de trois semaines,
ayant bien gagné ce repos par nos l'alignes antérieures; d'ailleurs ce temps n'est pas perdu
augmenter nos collections
vaillons toujours à
Fort-Dauphin, sans oublier offre
encore
les restes
de
véritablement charmants.
mamelons
Nous
scientifiques.
lagune de Fanjahira
la
et la petite île
On
nous
d'Anosy, qui s'élève au milieu
maison de campagne de Flacourt. Tous
la
et
tra-
visitons également les environs de et
qui
ces environs de Fort-Dauphin sont
entre tout à coup dans de hautes forêts, puis ce sont des prairies, des
boisés, les rivages de l'océan, facilement accessibles, présentant au pied des falaises calcaires de
larges plages sablonneuses. Sur ce coin de terre privilégié se trouvent donc réunies toutes les zones de
Madagascar. Le pays
est
trouve tous les oiseaux
île l'île;
très
de véritables massacres de sangliers; on y grands flamants roses pullulent sur l'étang de Fanjahira. Il n'y a pas
giboyeux les
:
on peut y
faire
d'Européens à Fort-Dauphin; on y trouve l'établissement important d'un Mauricien qui, avec quelques employés, est établi ici depuis plus de vingt ans. M. Marschall a d'importantes concessions de bois. et,
au milieu de ses nombreuses occupations,
il
ne peut suffire a tous les besoins commerciaux de
la
contrée. Il
est assez curieux de reconnaître
que par un enchaînement
point de vue politique qu'au point de vue religieux nières années dans
l'île
et
de circonstances aussi bien au
fortuit
commercial, on ne se
soit
occupéjusqu
a ces der-
de Madagascar que des Antimerina et des habitants du plateau central. Chose
étrange, tandis que tous les efforts des missionnaires et des colons tendaient à pénétrer jusqu'à Tanananve. à se répandre dans
complètement
le
pays des Antimerina, disons
les territoires
où
les
le
mot, à faire cause
commune
avec eux, on délaissait
Antimerina ne régnaient pas en maîtres. Personne n'essayait de venir
au milieu de ces riches territoires antanosy. Et pourtant
population très dense devait certainement
la
Nous avons vu depuis Fianaranlsoa jusqu'à Fort-Dauphin et nous rons encore mieux au retour que toutes ces populations du Sud ne demandent qu'à échanger leurs
présenter de
nombreux
besoins.
duits contre des marchandises européennes. Ces pays du Sud,
comme
partout
et
les
le
pro-
plus riches de Madagascar, présentent
plus qu'ailleurs de nombreuses richesses naturelles
raphia en quantité énorme,
ver-
;
d'après ce que
centre de la production de ce produit étant
la vallée
j'ai
vu,
ils
ont du
d'Ambolo. Les parties
.
AUX PAYS TANOSY. sud de Madagascar peuvent ou pourront bientôt fournir à
377
l'activité
européenne des stocks considérables
d'un caoutchouc de bonne qualité. Les indigènes n'ont rien pour se couvrir,
une pièce et
d'étoffe,
une marmite de fonte,
ils
donneraient dix bœufs pour un
cependant nos commerçants délaissent ces pays,
dire
que beaucoup d'entre eux font
vive satisfaction de
conque qui
succomber sous
ils
ils
achèteraient bien cher
fusil et
un
baril de
vont s'entasser à Tamatave, où
poudre
est juste de
il
éprouvent peut-être dans leur désastre commercial une narquois des Antimerina, d'un Rainandriamampandry quel-
faillite; ils
l'œil
s'en gaudit à loisir.
Cet état de choses ne peut durer. Le commerce, qui ne peut être guidé que par un intérêt pécuniaire, se portera bientôt vers ce Sud qui couronnera ces entreprises. Nous verrons ce fait s'accomplir pro-
chainement. Pour ce qui est des missionnaires
et
des fonctionnaires, tout
hypnotisés par les Antimerina. Tous les efforts de ces çais de venir à Madagascar, d'abord et surtout
Antimerina, seuls
donc bien peur de faire,
ont l'audace de
s'ils
le
monde
s'y établir,
de ne pas quitter
démêlés avec ces idoles du jour auxquelles
ils
li
Ils
les
ont
ne savent quels présents
puisqu'on donne à Ranavalo, tantôt un manteau de velours écarlate qui sort de
tantôt une batterie de
sait qu'ils sont
tendent à dissuader les colons fran-
maîtres du pays, et de fuir bien loin des territoires insoumis.
civilisés, seuls
se créer des
hommes
rue Rovale,
la
pièces d'artillerie avec ses munitions, tantôt un grand cordon de notre ordre
national de la Légion d'honneur.
Quoique Anglais, M. Marschall, qui pendant tout notre séjour
beaux échantillons de à la
à
est
un excellent homme, nous
tous les bois
du pays d'Anosy;
Réunion, des chargements entiers d'ébène
Anlanosy Voici la
lui
liste
cl
il
fait choisir
des principales essences de bois que l'on trouve dans
Bois rougeàlre
—
atteint
au dialecte anlanosy;
1
de très
expédie presque mensuellement, à Maurice ou
de palissandre
l'appellation antimerina correspondante, toutes les fois
—
nous a
il
cl
d'autres bois précieux, que les
apportent journellement en échange de quelques brasses d'indienne
essences appartiennent presque tous
Zambo.
a rendu les plus grands services
Fort-Dauphin. Dans ses vastes entrepôts,
que
j'ai
j'ai
mètre de diamètre
les furets
de cotonnade.
noms de
ces
donné à côté de ce nom antanosy
pu me
—
et
tanosy, les
procurer.
la
planches
—
bois de construction, se
pourrit peu.
— Ébène marbré, atteint m. 80 de diamètre. Tombobisa. — Bois de rose — gros comme l'ébène —
Forofaka.
est assez rare
—
imputrescible, très dur et
très dense.
— Ébénisterie et construction — planches mètre de largeur — très élevé, bois dur et dense. précédent — bois de construction. Menuhij. — Bois rougeàlre — assez dur, aussi gros que — — — — léger bois de construction, bonnes planches. peu dur Bois blanchâtre Arimbilla. Ropasa. — Très dur et lourd — rouge foncé, bois de construction, très gros. Hazofotsij. — Analogue au Ropasa, mais moins fonce et moins lourd. Ropasa — fruits comestibles acidulés. Iîosa. — Comme — Très gros — bois assez léger, se pourrit vite. Tavolahazo. Arandaniafotsg — En dialecte betsimisaraka Intsafotsy — faux Gaïac — très gros — bonnes planches — bois de construction. Manpaluj. — Très gros — bois de construction — pourrit peu. Nata Inla. — Très gros — bois de construction. Hazomaïnty. — Ebène noir. Tavolahazo — bon bois léger, mais se fend toujours facilement. Voapaka. — Comme Motg — arbre très haut, très droit — bois dur et dense, imputresIndingindra. — En antimerina cible — très bon bois de construction — très dur, plus dur que l'ébène. Fansiko.
1
le
le
.
:
le
:
— En antimerina Voamboana (Datbergia Baroni) — palissandre Fanolamena. — Bois de fer — vient très gros — bois de construction — est souvent Mangara.
:
clair.
marbré
et dense.
48
—
dur
VOYAGE A MADAGASCAR.
378 Fanolafolsy.
— Comme
Tendrohazo.
—
le
bois de fer.
En antimerina
:
Nalo
—
d'ébénisterie et de construction
bois
—
cet arbre vient
très gros.
Natoboaka.
—
Lalona.
—
Lona.
— Vient au bord de Même nom
la
mer
— fruit comestible (pomme Jacquot) — sert pour l'ébénisterie.
en dialecte antimerina (Weinmannia Bojeriana), bon bois de construction.
Bois de construction.
— Bel arbre — atteint une quarantaine de mètres de long sur imputrescible — les graines donnent une graisse avec laquelle les Mafotra.
1
m. 50 de diamètre
indigènes
— bois
enduisent
leurs
cheveux. Sota.
dense
— En
—
sert
antimerina
pour
les
— En — Vient très
Mangararnainty Vintana.
.
Ilarahara (Exocarpus xylophylloïdes), vient très gros
:
manches
—
bois dur et très
d'outils et l'ébénisterie.
antimerina
:
Voamloana
—
palissandre.
gros, son tronc atteint 3 mètres de diamètre sur 25 mètres de hauteur
—
sert
à faire les pirogues.
— Bois blanc, très dur — imputrescible, mais se fendille. Hazombaro. — En antimerina Varongy — grand et gros arbre sert pour les
constructions.
Bois de Tambanicoque (nom malgache inconnu
— bois très bon pour
Hazoambo.
:
;
patois créole de la Réunion),
la
— vient très gros. Valomafo. — Bois de construction. Voabaza. — Bois très dur et noirâtre, comme l'ébène. Tavïa. — Bois de construction. Haramafolsy — En antimerina Ramy — grand et gros arbre. Haradrantamainly. — En dialecte betsimisaraka Intsamainty — bon bois de construction. Akïly. — Les indigènes se servent de la résine de cet arbre comme brai, — bois de construction. Uazomalanyy. — Ce bois vient de côte ouest du pays sakalava — bois très léger — imputres— — cible odeur empyreumatique sert pour les balanciers de pirogues, et surtout pour faire des construction
.
:
:
la
cercueils.
— En antimerina Harahara — bois de construction. Kabatsikalolsy. — Bois blanc. Haronga. — Bois blanc, les feuilles donnent une teinture noire.
Sontro.
Voakazo.
:
— Porte des baies, sorte de prunes sauvages.
— Grand arbre, bois blanc. Giavala. — Bois de construction. Tsiokomby. — Bois rouge. Tsikondrokondro. — Grand arbre, bois blanc. Taolangy. — Arbuste, bois très dur. Nonoky ou Nonoka. — Bois blanc. Voalaka. — Grand arbre. Tsilanitria. — Fruits comestibles. Volelakn.
Tsilorany.
Tainoro. Latapiso.
Voahantsy.
— Donne un fruit comestible.
Voakarempoka.
Tainamboalaidamboa.
— Arbre du bord de
— Écorce — Fruits comestibles. Anakoa. — Filao en antimerina. Futandrano.
Voaromy.
textile.
la
mer.
AUX PAYS TANOSY.
370
Sontsorova. Sivora.
— Grand et gros arbre. — Voasary. Citronnier.
Fandrianakanga.
Tanghin.
— Grand arbre. Sasakala. — Arbuste. Varo. — Ecorce petit arbre. Somatsny. — Fruit comestible. Voavoahatasimo. — Grand arbre, fruit comestible. Knboha. — On de glu avec fruits de ce grand Ambora.
textile,
la
fait
Tangatanganaly.
—
les
arbre.
Grand arbre.
— Arbuste, on savon avec cendres de ce végétal. Fantsikahisa. — Sert à fabriquer des manches de sagaies, grand arbre. Hazomgalala. — Arbuste, graines comestibles, bois servant à faire des torches. Famotsy.
fait le
les
Lalipito.
Votaka.
Fosivava.
— Construction, pour porter
les
lourds fardeaux, grand arbre.
liakaraka.
—
Vaadrika.
Arbuste,
fruit
comestible.
— Grand arbre. Torches. Savonrt. — En anlimerina Tanatanapotsy — pignon d'Inde, clôtures, fruit oléagineux. Ampoly.
:
Pour en
avec celle végétation du pays des Antanosy, j'ajouterai que certains végétaux que nous avons vus dans le nord, l'est el l'ouest de la grande île. tels (pie cocotiers, /interna, palmiers divers, foufinir
:
gères arborescentes, sont complètement inconnus dans ce pays tanosy. La température
moyenne y
est
beaucoup trop basse. Nous retrouvons cependant sur les côtes la plus grande partie des végétaux que nous avons vus près de Tamalave. Les vakoa el les pandanus, les ravenala y sont surtout très communs, mais sans s'écarter beaucoup de
M. Marschall
me
voir une
l'ail
la
/.une littorale.
grande propriété
qu'il
possède dans
sorte de maison de campagne, entourée de grandes plantations
qui valent certes
la
d'Europe, ainsi que
peine d'être mentionnés dans les
mon
On
île
nord de Fort-Dauphin. C'est une
café
sp. Libéria) el
Pendant Tassez long séjour que nous venons de véritablement
:
et leurs
faire à
de beaux jardins,
y trouve en abondance tous
principaux arbres de nos jardins. Tout cela pousse
dans leurs pays avec leurs usages
me manque
récit.
le
Fort-Dauphin,
et
les
légumes
rapporte admirablement.
j'étais bien placé
coutumes ces peuplades antanosy
si
pour étudier
intéressantes.
La place
plusieurs chapitres seraient nécessaires pour exposer complètement l'histoire
scientifique cl politique de ces peuplades. Je puis affirmer
au lecteur désireux de
s'instruire qu'il trou-
vera dans l'ouvrage de M. de Flacourt, tous les renseignements désirables; les descriptions du peuple
antanosy, de ses cl,
en parcourant
véracité.
Pour
le
mœurs le
el
de ses coutumes faites par ces anciens ailleurs français, sont très exactes,
pays de Tolanara,
Les circonstances ont changé avec anlimerina
si
la vallée
d'Ambolo. tout
le
voyageur moderne, beaucoup de ces coutumes les
impatiemment supportée
Tanosy, et
il
faut rendre
époques, des familles se sont éteintes a
hommage
à leur
de ces usages, ne seront pas évidents. ',
et
surtout la domination
amené des changements considérables dans les habitudes
et l'exis-
tence des Antanosy. Cependant les Antanosy, Malgaches d'origine asiatique évidente, présentent avec les
autres peuplades de
l'île
de nombreuses ressemblances,
et je vais
exposer très brièvement
les
points
1. Actuellement on chercherait vainement, dans le Tanosy, ces Roandriana, familles souveraines d'alors, dont parle de Flacourt, el qu'il nous dépeint comme individus à peau blanche, et très civilisés. Ces gens ont disparu. Quoi qu'il en soit, il est liés fréquent de trouver chez les Antanosy des types à peau jaune clair, à chevelure lisse et bien fournie, bien plus beaux en somme que les Antimerina.
VOYAGE A MADAGASCAR.
380
principaux sur lesquels le répéter, les ils
ils
diffèrent d'avec leurs compatriotes.
Antanosy doivent
ne portent pas
galonnée, mais
comme
au premier rang parmi
être placés
quoique peuplade primitive
comme
merina d'accomplir un progrès
réel et
les
Malgaches,
femmes ont
également sur
tent
de défauts, leur morale est bien meilleure,
le
les
nombreux usages betsimisaraka champs
et leurs
le
Antanosy, lorsqu'on
les
qu'ils présentent; leurs cases,
rizières, sont disposés et
Antanosy, hommes, portent
lamba betsimisaraka,
la poitrine
et,
le
aménagés de
la
salaka et se drapent dans le lamba
simbo, ce sac ouvert
aux deux extrémités;
Yakanjo, mais Yakanjo antanosy que nous avons rencontré à
elles por-
Tamotamo
nous voyons à Fort-Dauphin, mérite une description spéciale. Cet akanjo spécial
et à Tsivory, que
aux Antanosy a
ne crains pas de
de Madagascar. Sans doute,
non apparent. Ce qui frappe surtout chez
leurs greniers à riz, leurs ustensiles, leurs
national, les
les tribus
soit, et je
Antimerina, un Antanosy est bien plus susceptible qu'un Anti-
les
les voit dans leur pays d'origine, c'est les
même façon. Comme tous
en
qu'il
les Antimerina un chapeau haut de forme, ou une redingote prétentieusement
n'ont pas autant qu'eux de vices,
ils
Quoi
la
même
forme, la
même
coupe que Yakanjo betsimisaraka, mais
par des bandes d'indienne cousues ensemble, alternativement rouges
et
est toujours
il
formé
blanches, une bande de couleur
rouge rehausse encore ce vêtement cher aux femmes antanosy. Il est à remarquer, comme on a pu le voir lorsque j'ai parlé des différentes façons de s'habiller employées par les tribus de Madagascar, que l'on peut
pour
la
seul type le vêtement
ramener à un
du Malgache que
c'est le simbo et Yakanjo. Je sais bien
femme,
:
pour l'homme,
je vais trouver
c'est le salaka et le lamba;
de nombreux contradicteurs,
toujours les mômes, qui n'ont visité de Madagascar que la plaine de l'Imerina. Là, en
Yakanjo sont inconnus; en revanche, les robes à volants et les jupes à traîne ont
effet, le
simbo et
fait leur apparition.
La
coiffure des Antanosy n'offre rien de bien particulier. Ces indigènes ont conservé l'ancienne mode
malgache; hommes
femmes portent
et
cheveux divisés en un grand nombre de
les
petites tresses; et
généralement ces tresses enduites d'huile ou d'un corps gras quelconque sont roulées en boules sur elles-mêmes, les femmes les portent le plus souvent tombantes sur le cou. Dans le village antanosy de Fort-Dauphin, je découvre un véritable
artiste.
Cet
homme,
couramment des
qui fabrique
poires à
poudre, des tabatières, des boîtes en argent très gentiment sculptées, suivant des motifs inventés par l'auteur et pas
fabriquer un
du tout copiés servilement, comme
fusil.
antanosy, sauf phin, de
le
vu
faire à Tananarive, cet
homme
canon
et les ressorts
de gâchette. Nous allons encore trouver, en quittant Fort-Dau-
juillet,
long de
le
la côte.
après avoir présenté nos adieux et nos remerciements à M. Marschall
M. Joseph Clozel, son principal employé, nous quittons Fort-Dauphin, faisant roule vers route du
vient de
Cette arme, qui fonctionne d'une façon satisfaisante, est tout entière de fabrication
nombreuses peuplades antanosy
Le mercredi 30
je l'avais
le
et à
nord. C'est
la
retour.
En sortant
de
la ville,
Dauphin. Près de
nous marchons sur
le
rivage de la
pointe qui la termine
la
vers
le
mer
et
contournons
nord, nous
passons
ainsi la rade de Fort-
en
pirogues
la
rivière
Evatra.
Après avoir traversé cette embouchure de l'Evatra, nous arrivons au village du après une autre petite marche
le
long de
la
mer, nous faisons de
même pour
la
même nom;
étape d'aujourd'hui se termine au village d'Itaperina, petite agglomération antanosy groupée sur qui porte ce nom. Le lendemain, une bonne la soirée,
nous gagnons
le village
marche dans
la
puis,
rivière de Lokaro. Notre le
cap
matinée nous conduit à Iandranana. Dans
de Manafiafa, sur l'emplacement duquel se trouvait autrefois un
éta-
blissement français. Devant nous, des rochers en ceinture, de petites îles disposées les unes au bout des autres, circonscrivent
un large espace
:
c'est la baie
de Sainte-Luce, de Maudave et de Flacourt. Main-
tenant ces lieux historiques sont complètement oubliés.
M. Marschall recueillent des bois que très touffue, arrive
Nous avions
les
A
Manafiafa, des parents et des employés de
indigènes apportent de
presque jusqu'au bord de
la
la forêt voisine; celle-ci, très belle cl
mer.
vu, dans le Nord, la première zone forestière séparée de la
mer par un
assez large espace.
AUX PAYS TANOSY
PIBRRBS LEVEES
l>
381
AMRAN1AZA.
Cet espace est couvert de brousse d'une végétation spéciale, coupé de marais
du rivage
île la
Le lundi
1
er
août, nous
marchons sur
Manahana. Dans
rivière de
la
la
une
même
el
plage autour de
de lagunes, relevé, près
la
la
baie de Sainte-Luce, el nous passons la
au village d'Ambaniaza, grosse agglomération
soirée, avanl d'arriver
anlanosy, nous voyons, dans un fourré de
Antanosy,
el
mer, eu hautes dunes dé sable.
brousse, des pierres levées, qui nul élé dressées par des
qui sont vraiment remarquables. Celles que nous voyons devant nous sont disposées sur
ligne; celle qui
occupe
le
centre
esl
1res élevée.
Devant une autre plus
petite se dresse
madrier sculpté. Ce pieu, à section carrée dans sa partie inférieure, devient tronconique [dus haut
marqué
est alors
d'entailles régulières; sur son
sommet
esl placée une figurine de bois
:
un ;
il
un oiseau au
repos.
Le
village
d'Ambaniaza
est construit sur
une hauteur
et
entouré d'une haie de cactus, ce que nous
n'avions pas vu depuis longtemps.
Le samedi 2 août, quelques minutes après notre nord,
et
mer, et
nous passons en pirogues
la rivière
territoire
que
les
Nous sommes
gens que nous trouverons dans bords de
la rivière
ces peuplades sont anlanosy.
nom
village,
de
la
Nous
nous continuons notre roule vers
le
à environ 5 kilomètres de
la
d'Ambaniaza. Là nous sommes
anlanosy; cette limite est absolument
qu'ils habitent les
le
du
pendant longtemps nous nous maintenons sensiblement
arrêtons au gros village de Manambato.
est vrai
sortie
ici
à cette distance de la côte;
nous nous
à la limite que l'on est convenu d'assigner au
ne repose sur aucune donnée scientifique. 11 villages du nord vont s'appeler Antaiavibola, parce
fictive et les
Iavibola. Plus au nord, ce seront les Antaifasy.
En
réalité, toutes
avons vu qu'il élait dans l'habitude des gens de celte tribu de prendre
contrée qu'ils habitent. C'est ainsi que nous avons vu
les
Antanosy de
la vallée
d'Ambolo
VOYAGE A MADAGASCAR.
382 s'appeler Anfambolo, de
mémo
que
les
Antanosy qui habitent
les
bords de
la rivière Iavibola s'appellent
Antaiavibola. D'ailleurs tous les Antanosy, à quelque tribu qu'ils appartiennent, lorsqu'ils se trouvent loin de leur
que
j'ai
pays d'origine, aiment à s'appeler Antatsimo (gens du Sud). Les gens instruits elles vieillards
interrogés à Fort-Dauphin,
auxquels je demandais l'origine du
et
jours répondu que leurs pères habitaient,
Fanjahira: depuis, toute
Le dimanche
3 août, après avoir,
nom, nous arrivons d'être situé
à Ifotaka.
Ce
il
y a bien longtemps,
conservé
la tribu avait
le
nom
nom
de leur tribu, m'ont tou-
habitants des
:
îles (ant, anosy).
au sortir du village de Manambato, traversé
rivière
la
même
du
de cases environ, présente cette particularité
village, d'une trentaine
dans un espace carré, clos par des palissades. Le lendemain, nous marchons d'abord dans
des marais, puis nous entrons de suite dans une contrée qui est actuellement
la
autrefois partie intégrante de la grande forêl littorale. Celle contrée est tout à
déboisements qu'opèrenl dans
la forêt voisine les
pourront remplacer avec avantage
morts se dressent ça
et là,
les
dans une contrée bien défrichée cette
Antanosy de
tion de ravenala. Ces
la
comme documents,
meilleures descriptions.
fois, et
qui
caractéristique des
fait
En
auront une grande valeur
commence
à être
n'ont pas de rizières proprement dites,
Ils
qui habitent
le
forêt voisine
un
suivante,
défricheront un autre terrain à côté, et
plateau central. Selon leurs besoins,
le sol,
nous entrons
envahie par une vigoureuse végéta-
côte sud-est cultivent le riz exactement
simisaraka.
comme
les
peuplades bet-
aménagées comme on en trouve dans
ils
et
sortant de ces espaces où des arbres
branches à demi carbonisés jonchent
et des
où des troncs
brousse, et qui faisait
populations denses à Madagascar. Je prends plusieurs
photographies de ces défrichements récents, qui,
ils
de l'étang de
les petites îles (anosy)
qui signifie
les tribus
chaque année de défricher dans
se contentent
la
terrain de contenance suffisante; ces terres vierges leur rapportent beaucoup; l'année
année un terrain nouveau. De celle façon,
ils
continueront ainsi, de manière à avoir chaque
travail est
si le
beaucoup plus pénible,
le
rendement
est plus
considérable.
Nous passons
près du village de Marahao, et nous nous arrêtons à Manantena. Avant d'aborder celte
agglomération, nous avons traversé une sorte de plateau qui domine l'Océan d'une vingtaine de mètres;
sommes me semble
sur notre route nous rencontrons de l'argile rouge. La contrée où nous
réapparaître un
de
humus
noirâtre et profond. Cette fertilité apparente,
qui doit être aussi très réelle,
et
sommes en
contrée que nous traversons, se conçoit aisément; nous
la
très fertile.
montrée que pendant quelques centaines de mètres, puis on voit de nouveau
L'argile rouge ne s'esl
effet, à cette
hauteur, sur
la
côte à l'entrée de la vallée d'Ambolo. Devant nous se montre maintenant un grand fleuve, qui se jette à la
mer par plusieurs embouchures, avant de fleuve de la vallée
d'Ambolo
est
se diviser en
un cours d'eau puissant,
de large. C'est donc une voie naturelle pour entrer dans
où s'écouleront dans l'avenir un port
établi
les
très
delta compliqué,
profond
la vallée
nomme Àmbatobe.
Le
effet,
traire à celui qui se produit partout sur cette côte orientale
l'on voit,
les sables
du rivage;
batobe semble indiquer qu'on a affaire
dans
le
Manampany
et
de
là
dans
c'est le canal tout fait
Les eaux se jettent à
où
des lagunes et des grands fleuves changer de
à
à
la vallée
définitif, très
ici
plus
la
mer, dans une fond
un phénomène con-
par suite de circonstances for-
et se frayer à
l'embouchure du Manampany,
un estuaire
la
par
dans
ici,
seuil de la rivière et le
on constate
lit
grand
le
Manampany. La branche
de ce canal sont également rocheux, ce qui est un avantage; en
nouveau cours à travers
Manampany;
produits de celle riche contrée, qui viendront se concentrer
falaises rocheuses qui bordent en cet endroit le rivage.
tuites, les déversoirs
le
qui mesure plus de 450 mètres
et
d'Ambolo;
sans doute sur une des branches de l'embouchure du
considérable de ce delta est au sud, et se
découpure des
un
chaque saison un
le seuil
rocheux de
l'
Am-
avantageux pour pénétrer de l'océan
d'Ambolo. Avant de traverser
le
Manampany, nous nous arrê-
tons au village de Manantena, établi à côté du Sarota, petit affluent de droite du grand fleuve de vallée
la
d'Ambolo.
A Manantena Comme étiez indépendants
ou Vohitrarivo, nous sommes sur les
et, à
Antanosy proprement
dits,
le territoire
des Antanosy Antaiavibola.
nous nous trouvons chez
les
Antaiavibola en territoires
Manantena, nous allons voir d'une façon plus apparente que jamais
la
cause qui
fait
que
**,
-
AUX PAYS TANOSY. la
g8g
puissance de ces tribus indépendantes est toujours tenue en échec par
cause générale,
favorable aux intérêts de l'Imerina, est
si
Comme
ces territoires insoumis.
chaque
lava,
absolu,
le
nous l'avons vu dans tout
le
village de cette côte anlanosy constitue
une petite principauté ayant à sa tête un chef plus souvent indépendant de ses voisins. Ces États minuscules sont toujours en guerre les uns
contre les autres. fusil tirés
tribu des Antimerina. Cette
la
de division extrême où se trouvent tous Sud, comme cela existe dans l'Ouest saka-
l'état
en
que
est vrai
Il
celte lutte fratricide se
borne à quelques vols de bœufs, à des coups de
surtout à d'interminables kabary.
l'air, et
de Mananlena, qui est en guerre depuis plus de vingt ans avec ses voisins, n'a pas eu un de son village tué pendant ce long espace de temps. Il est juste d'ajouter (pie pendant la
Ainsi
le roi
homme même période seul
armée
sa petite
anormale, cette
rivalité
ment favorable
à la politique
gascar,
n'a pas fait plus de tort
des agglomérations que l'on trouve dans oui es I
des Antimerina. Ces
ont mis en pratique sur tout
ils
aux ennemis. Quoi
hommes
le territoire
de
la
les tribus
rusés nous donnent
grande
ile
en
qu'il
soit, cette situation
insoumises, est éminem-
un
exemple à Mada-
bel
axiome célèbre
cet
diviser
:
pour
régner. Je m'empresse d'ajouter que l'administration des Affaires étrangères, qui, suivant sa tradition
immuable, s'est le
à
se soucie fort
peu des intérêts français à Madagascar, au
appliquée au contraire
premier qui
a
dans
à fortifier
jouer
en soutenant
soit,
pondérant
le rôle
aurons
tirée
au
:
la
l'étal
lieu
la
cl
de guerre continuel où se trouve
la
région de Mananlena, tous
terre.
Nous remarquons :
à
'le
rouge, formant ainsi un
en distance, on a ménagé
peuvent se tenir à
Le mardi
l'abri
le
Comme
yeux,
mur
ses pies se
fortifications
que nous
centimètres l'un de l'autre
•">()
et
entre ces planches on a foulé
;
qui entoure complètement
Mananlena, nous obliquons un peu vers
cl
à 30
ou
l'on puisse
Ï0 kilomètres
le village.
De distance
montrent arides
et pelés.
l'ouest,
pour
aller chercher, le
aisémenJ effectuer sa traversée. Dans cette marche, nous
au plus,
la
partout, ses lianes sont couverts de forêts, niais
mornes de
les villages, petits et
des coups de l'ennemi des sentinelles ou des guerriers.
long du Manampany, un endroit où les
inté-
force des choses à
long de celte enceinte des sortes de réduits ou de blockhaus, dans lesquels
5 août, en sortant de
avons devant
de nous trouver
cactus ou d'autres plantes
Mananlena un genre de
des pieux dressés verticalement à
maintenus par des traverses supportant des planches d'éeorces de ravenala l'argile
la
lieu
une médiation
de tout cela, nous allons nous trouver en face d'une tribu que nous
n'avions pas encore vu à Madagascar
dos herbes et de
sage conduite,
plus grand désavantage de notre influence coloniale.
h'
murs de
au
plus forte, on serait arrivé par
contrée, sont entourés de défenses, pieux, palissades, haies
piquantes, fossés
:
rivales auprès desquelles, suit en offrant
plus faible contre
la
du néant pour
Par suite de grands, de
lieu d'imiter cette
puissance antimerina. Les Résidents Généraux, surtout
inauguré cette façon d'agir, oui amené ce magnifique résultat
Madagascar en face de plusieurs tribus
ressée,
l'île la
silhouette de la chaîne de partage des eaux. ici
ses
sommets déchiquetés
et
rocheux, les
Les cimes émergent donc des grands bois, qui ne peuvent
empiéter sur ces masses rocheuses, impropres à toute végétation. Mais bientôt nous arrivons à un gros village de 200 cases. C'est
Nous partons de
Moramanga, où nous prenons des pirogues pour
l'autre rive,
cl
en quelques minutes nous arrivons à un
Imalio. Avant d'y pénétrer, nous avons de nouveau traversé en pirogues d'eau, qui mesure, à l'endroit
où nous venons de
le
le
traverser
le
village plus
Manampany.
grand encore,
fleuve Iavibola.
Ce cours
traverser, 250 mètres de large, s'élargit beaucoup en
aval d'Imalioel l'orme une sorte de lac dont la surface est parsemée de petits îlots boisés, véritables bou-
quets de verdure qui, posés çà rives
du
et là
sur cette grande nappe liquide, sont du plus agréable aspect. Les
Le site est un des plus jolis que j'aie compter mes agréables surprises de voyageur dans
lac sont des collines de faible hauteur, boisées partout.
jamais vus à Madagascar.
Du
reste, je n'en suis plus à
ce pays du Sud-Est.
Imatio est
fortifié
de venir nous voir,
comme Mananlena. Le roi du village, un vénérable Anlanosy, nous et nous raconte, comme son cousin de Mananlena, mille prouesses de
fait
l'honneur
ses guerriers,
plus insignifiantes les unes que les autres. J'ai dit que dans toutes ces populations antanosy on trouvait
de nombreux usages betsimisaraka. L'architecture notamment est absolument analogue. Tout 49
le
long de
VOYAGE A MADAGASCAR.
380
celles des Betsimisaraka. cette côte, ce son! des cases élevées sur pilotis, de tous points semblables à
La
seule différence que l'on puisse observer après un
examen
un peu plus rapide.
le faîte est peut-être un peu plus élevé, la pente du Antaiavibola atteignent des tailles très élevées, j'ai mesuré souvent des hommes de Antanosy Ces mètre 80 et 1 mètre 85; ces hommes grands sonl torts en proportion, le type général est fort beau, ce
toit
du Sud-Est,
1
dans ces maisons antanosy
attentif est que,
prétend descendre type antanosy est le plus joli que l'on puisse voir à Madagascar. Le chef d'Imalio, qui ce village plusieurs aussi dans trouvé J'ai blanc. absolument d'une ancienne Camille du Matitanana, est
A
indigènes qui parlaient français.
Dauphin,
est
remarquable par
les
ce propos, je dois dire que ce Sud-Est, cl surtout la région de Fort-
souvenirs vivaces qu'y a laissés l'ancienne occupation française. Sans
insister encore sur les ruines qu'on y rencontre, les
murs
d'enceinte, les batteries et les ouvrages divers
de fortification dont quelques-uns sont assez bien conservés et utilisés, je devrais dire profanés, par peuple antanosy les Antimerina, j'ai élé frappé des traces profondes, des réminiscences curieuses que le a conservées de notre ancienne domination lages, les
femmes et
les
.
Souvent, dans
enfants m'interpellent:
«
les plus petits
hameaux comme dans les gros vil-
Salut, monsieur; bonjour, monsieur; adieu, monsieur
montrent surabondamment
Mille petites choses analogues, petits faits insignifiants sans doule, mais qui ipie ces indigènes ont
antanosy trer
pour
est la seule lui
les
entendu depuis longtemps de indigène malgache que
sentiments
et
les
j'ai
telles expressions, ont
vu de
vue embrasser son enfant
actions extérieures de l'affection
comme engagés
apprennent vite
à temps, soit
le français, et
comme
travailleurs libres.
Dans
ne pas craindre de mon-
et
plus vive. Depuis de longues
la
l'île
Réunion,
la
ils
terminé, possédant notre langue
csl
parfaitement.
De
comme
retour à Madagascar,
leur dialecte est pauvre et qu'ils
vent de mots pour exprimer
donne
de
cette colonie de l'océan Indien,
reviennent chez eux quand leur travail
l'Anlanosy
veaux,
femme
usages. La
tels
années déjà, un grand nombre d'indigènes antanosy s'en vont chaque année dans snil
».
manquent sou-
revient de
qui
nou-
objets
les
Réunion
la
son appellation française, bientôt adoptée
par sa famille, par son village, par une partie
de
contrée.
la
On
ne s'étonnera donc pas des
français que l'on pourrait
nombreux mots
tendre dans ce pays des Antanosy, l'on
songe que
allant
el
indigènes
les
venant à
la
en-
surtout
de celle
Réunion sont
si
tribu
très
nom-
breux.
Le mercredi
G août, dès
notre départ, nous
entrons de suite dans ces défrichements récents
dont
j'ai
déjà parlé.
temps dans une
Nous cheminons quelque grands arbres morts
forêt de
aux troncs carbonisés ou ensuite,
de
près
nous passons
son embouchure,
rivière d'Andengilana,
bords de
pelés,
el
la
petite
nous arrivons sur
les
la
rivière de Sandravinany. Nous pas-
sons un premier cours d'eau d'une cinquantaine de mètres de large,
première
île,
nous abordons dans une
au sortir de laquelle
il
nous
traverser un deuxième cours d'eau. Cela
encore une élevée, JEUNES PILLES ANTANOSY
DE
LA
CÔTE SUD-EST.
csl
fois
avant d'arriver devant une
mais moins étendue que
rouverte de maisons,
les
faut
se répète île
plus
autres et qui
c'est le village
de Sandra-
AUX PAYS TANOSY Nous
vinany.
387
allions y
aborder enfin, lorsque pirogues
nos
peut-
,
ou
être trop chargées
mal conduites, chavirent et
ensemble,
avec
nous
voilà tous
à
barboter à qui mieux
mieux dans
la rivière
de Sandravinany à
la
recherche de nos ba-
Nous sommes
gages. aidés
secourus par
e(
des Antanosy, braves
gens
qui
viennenl
nous prêter
assis-
Mouillés
lance.
dans un
el
iWR?
équi-
triste
page, nous abordons DEFRICHEMENT PRES DE MANAMBONDBO.
enfin au pied
du
vil-
lage de Sandravinanv. Ce village, qui compte
de l'estuaire de rivière
la
rivière
[tins
de 200 cases, n'est pas
fortifié
calcaires
du
sa situation sur
un
îlot
au milieu
Sandravinany rendait superflu toul autre moyen de défense. L'estuaire de
la
que, après s'être élargie de
la
Sandravinany mesure plus de 2 kilomètres de large;
sorte, la rivière ne
:
communique
plus avec
la
mer que par de
il
est vrai
petits déversoirs qui ont coupé les roches
que nous venions de prendre en arrivant à Sandravinany
rivage. Le bain forcé
plusieurs fois en cours de voyage
Une
sur celle côte sud-est.
telle
s'est répété
roule dans cette zone littorale n'est
pas sans présenter quelques difficultés on rencontre à chaque instant de puissantes rivières, qui des;
cendent des montagnes de
l'est;
ces rivières, empêchées dans leur cours, forment près de leur estuaire
de véritables lacs, nappes tranquilles,
il
est vrai,
pirogues du pays. Les Antanosy se servent, grandes,
dans un seul tronc d'arbre,
taillées
mais étendues.
comme el
les
11
vent pas toujours empêcher les accidents. La vérité m'oblige à dire que souvent
mauvais
état
des lacs ou des lagunes, m'avaient prié d'attendre
en cours de voyage,
il
bords de chaque lagune
comme moi faisait le
et,
les
mauvaises
sans balancier. Les indigènes manœuvrent très bien ces
pirogues; mais, lorsqu'elles sont chargées ou lorsque des lames trop fortes agitent
le
dans
faut les traverser
Betsimisaraka, de pirogues [lakanà] petites et
et
de laisser
les
eaux,
les indigènes, les
ils
ne peu-
en voyant
eaux se calmer; mais
est très désagréable, sinon impossible, d'attendre deux ou trois jours sur les la
réunion des circonstances
au risque d'un bain, voudraient
plus de peine était certainement
le triste
les
plus favorables.
tenter le
Tous
les
voyageurs feraient
passage. Dans ces moments-là, ce qui
me
étal dans lequel je voyais réduits nos bagages. Nos
herbiers, nos papiers divers, offraient un aspect lamentable.
défrichements nous conduit à Ambalafandrana. Nous marchons au bord de la mer pendant quelques instants. A celle hauteur sur la côte sud-est, les falaises de roches aux émercalcaires ont disparu et nous sommes rentrés dans le terrain primitif; je m'en suis aperçu hier
Le
7 août,
une
petite étape
dans
gences rocheuses trouvées sur
la
les
roule.
Le
littoral se
ressent de ce
changement géologique
:
il
est bas, et
décomposées, la plage sablonneuse, où se montrent de temps en temps des roches micaschisleuses des vakoas, des s'appuie du côté de la terre sur un bourrelet argileux et porte une pauvre végétation,
pandanus, quelques ravenala.
Le vendredi 8 août, nous arrivons en une bonne étape au gros
village de
Manambondro,
établi sur
une
VOYAGE
388 petite
île,
comme
Sandravinany.
A
L'îlot est situé
Manambondro avant son embouchure. Ce
MADAGASCAR.
dans une lagune formée par l'élargissement de
village
compte plus de 500 cases. En estimant
2 500 habitants, on voit que c'est plutôt une ville pour Madagascar.
la
la rivière
population à
Dans ce centre populeux de Manam-
bondro est venu s'établir, il y a quelques années, un missionnaire norvégien; malheureusement, comme il est accompagné d'un instituteur antimerina, son protégé, il est détesté par tous les habitants de
Manambondro.
C'est ce
que me raconte
le
chef du village qui est venu avec moi partager notre repas du
ANTANOSY A MANAMBONDRO. (GRAVURE DK BERG, DAPHES UNE PHOTOGRAPHIE.)
installés. Sa conversation est des plus intéressantes. Cet Antapays de Matitanana, écoute avec intérêt le récit de nos excurdu nosy, qui, comme sions précédentes, et perd bientôt toute méfiance. Il regrette même que dans la dernière guerre que nous avons faite aux Antimerina on n'ait pas songé à lui demander, sinon des guerriers, du moins des porteurs. Je ne m'exagère pas l'importance de ces offres, et je ne pense pas que la France eût trouvé dans
soir
dans
la belle
case où nous
sommes
tous les chefs, vient
ces Anlanosy de la côte sud-est des alliés bien précieux, mais au moins aurait-on dû se douter de leur existence.
A Madagascar,
on
ont dépeint ce pays
même
a
procédé en tout et pour tout, par des résolutions extrêmes. C'est ainsi que certains
comme
très fertile, d'autres
à tenter. Je pense avoir réussi à
au contraire ont affirmé
montrer que, entre ces deux opinions extrêmes, se plaçait une
autre opinion plus exacte, pondérée, et raisonnable. Ce qu'on a
quand
il
s'est
agi
qu'il n'y avait rien à faire ni
dit
pour
la fertilité
de
l'île
on
l'a
répété
de prendre une attitude vis-à-vis des tribus insoumises. Certaines personnes ont
voulu voir dans ces peuplades hostiles aux Antimerina, ont voulu trouver chez
les
Sakalava notamment
des auxiliaires porteurs et guerriers que l'on pourrait opposer utilement aux Antimerina en cas d'expé-
AUX PAYS TANOSY. dilions dirigées contre eux; cette opinion était
évidemment exagérée. Les
mier Résident général français à Madagascar ont pris aussitôt
une exagération non moins grande
389
prétendu
lorsqu'ils ont
qu'il
la
ne
plades insoumises à Madagascar. Entre ces deux opinions extrêmes, faut pas considérer, je
Dans raires le
les
répète,
le
que
les
Affaires étrangères et le pre-
contre-partie et sont tombés dans
aucun compte des peu-
fallait tenir
y a encore un juste milieu;
il
environs de Manambondro, je vois des tombeaux antanosy. Les Antanosy ont des
analogues aux Betsimisaraka
composé
d'arbres
grossièrement
de
deux
évidés.
,j
Ces
INTANOSY n\NS LKS ENVIRONS DE MANAMBONDRO.
troncs d'arbres sont posés dans droil
de ravenala, en forme de livre ouvei
nombre
rites funé-
troncs
SÉPULTURES
plus ou moins grand
ne
;
corps du défunt est placé dans un
cercueil
il
Antimerina à Madagascar.
à côté
ui les
quelconque
et
on
Au bord
cache complètement.
les
la
brousse à un en-
recouvre d'un petit
des tombeaux,
< j
ni
toit
sont en
uns des autres, on dresse des madriers sculptés, effdés et
le
plus souvent ornés de cornes de boeufs. Des pieux analogues, mais d'une plus grande hauteur, remplacent souvent, chez ces Antanosy du nord, les pierres levées des autres tribus. Je pus encore faire à
Manambondro une remarque jeunes
intéressante. Tandis que, chez toutes les autres tribus de Madagascar, les
filles à peine nubiles sonl
absolument
libres
d'elles-mêmes
mener une existence peu compatible avec nos principes de morale,
ment chez
les
Antanosy.
Ici,
en
effet,
il
n'est
il
el
qu'elles s'empressent alors de
en est
le
plus souvent tout autre-
pas rare de rencontrer des jeunes fdlcs qui restent
chastes jusqu'à leur mariage. J'ai
déjà dit quelques mots sur les vêtements les plus généralement adoptés par ces Antanosy et presque
par toutes les autres tribus du sud. Tous ces indigènes, et
ils
sonl nombreux, qui ne demanderaient
pas mieux que d'acheter aux traitants européens ou créoles des toiles et des cotonnades nécessaires pour s'habiller, n'en trouvent pas et sont obligés de se couvrir plus ou moins avec des nattes faites des
joncs des lagunes tressés. Le plus généralement,
les
d'indienne, qu'ils vont chercher fort loin, puisque les
hommes
ont un lamba crasseux de colonnade ou
commerçants ne
se décident pas à aller
dans leur
pays. Les femmes, qui ne peuvent pas faire d'aussi longs voyages, sonl moins bien partagées. Elles portent le plus souvent un simbo en nattes de roseaux, maintenu sur les reins par une large ceinture en
VOYAGE A MADAGASCAR.
390
peau de bœuf
sur
;
portent une large bandelette de derrière
pour cacher
la poitrine et
nattes
les seins elles
maintenue
tressées,
dos par des cordelettes de raphia. Nous avons vu
le
employer ces vêtements en nattes, non seulement chez Antanosy, mais encore chez
les
Anlambolo, chez
droy, chez les différentes tribus bara, chez les Tanala, et
dans
le
les
Antan-
les
même
Sud-Betsileo, partout enfin où les traitants européens
ou créoles n'ont pas, contrairement à leurs
intérêts, établi des
comptoirs ou des factoreries.
D'une manière générale, voici quel
costume classique
est le
des Antanosy.
Pour
les
hommes,
des Antandroy,
l'anakesy (salaka des Antimerina), sikatrq
sadika
des Betsimisaraka
quelquefois une chemise en rabane ou en natte
quelques-uns ont des reins, petit
le
lamba. Les
kitamby, qui est
le
le
une
c'est
;
femmes
pagne
(sehely), enfin
portent, roulé autour
africain, Valcanzo volasaba,
caraco à larges raies verticales rouges, blanches
couvrant
les
et bleues,
épaules et les seins, mais laissant entre l'abdomen
une solution de continuité. Quelques femmes portent helonzaza, petite natte carrée jetée sur
léger les enfants contre le froid et
Gomme
ornements,
verroterie; souvent
ils
un
ont
petit
de chat sauvage (vomira),
est
le
le
le helo
Une
petite pièce en or
le soleil.
felana et des colliers de
morceau de bois avec suspendu au cou
;
ils
poils
portent
anneaux
ou en cuivre placée sur
front est attachée derrière la tète au
cordon
ou
dos, pour pro-
aussi des boucles d'oreilles (kavina), ce sont des d'or.
pièce
passant entre les jambes;
d'étoffe faisant le tour des reins et
moyen d'un
le
petit
noir.
Les Antanosy seraient au nombre de 200 000 établis
dans jusqu'au Mandrare.
les districts
de Tolanara, d'Ambolo, de Vinanibe
faut ajouter à ce
Il
nombre environ 100 000 Antanosy
qui ont émigré vers 1845 et qui sont établis aujourd'hui sur les bords de Z
UX
l'Onilaliy.
LUESSES ANTANOSY
une ron, à la figure fine
comme
visite
pendant notre séjour à Tolanara. C'est un
à l'air intelligent;
et
il
Ranony
était la
sœur de Mahomet)
le 1 .
des Zafindravola
Le lundi rina
que
;
homme
vint
nous
roi
faire
de 30 ans envi-
C'est
parmi la
zafiranoinj, c'est-à-dire
la classe
un descendant
des zafiranony que se recrutent
classe des Zafitomana, ceux de
lAndroy
zafin signifie descendant.
11 août, en longeant la côte,
l'on trouve après
un
front; c'est
rois de Fort-Dauphin, ceux d'Ambolo appartiennent à
à celle
il
porte une barbiche et un collier de barbe sur les joues,
unique ornement un grand felana sur
des Arabes les
Les Antanosy sont divisés en cinquante-deux royaumes. Le
de Fort-Dauphin, Rabealy, habite à l'ouest de Vinanibe,
PRÈS DE MANAMBONDRO.
nous arrivons à Vangaindrano, premier poste militaire antime-
Fort-Dauphin. Là nous séjournons deux jours; nous allons maintenant mar-
cher dans lest pour retourner à Fianarantsoa.
Les deux remarques
les
plus importantes que nous avons pu faire en marchant
le
long de cette côte
sud-est, c'est d'une part l'énorme densité relative de cette population antonosy, et d'autre part la disposition des fleuves et
i.
des lagunes de cette côte sud-est.
D'après les Malgaches.
En
effet,
tandis que sur la côte est, dans la partie
AUX PAYS TANOSY.
391
centrale et septentrionale, nous avions vu de nombreuses lagunes proprement dites situées entre la
bande arénacée qui constitue partout la
côte proprement dite,
là,
les
rivages de
la
mer,
bourrelet argileux sur lequel s'appuie
et le
quand ces lagunes formées parles
collines voisines, atteignent un niveau trop élevé, elles séparent
séparent de la mer,
et se
créent ainsi
les
descendent des
dunes de sable qui
un déversoir provisoire. En somme, sur ces
communiquent par intermittence avec
cession d'étangs qui
petits ruisseaux qui
violemment
côtes, c'est
les
une suc-
l'Océan. Sur la côte sud-est au contraire.
ce sont pari oui de grands fleuves, dont les dunes ou les falaises de la côte viennent gêner l'embouchure ils
forment ainsi des
Dans
sud-est.
lacs,
élargissement de leurs estuaires près de
sud, ces lagunes ont de l'eau douce à marée liasse; dans
le
le
nord
dans
et
:
sont les lagunes du
la côte. Telles
le
centre, c'est
toujours de l'eau salée.
Le mercredi
nous quittons Vangaindrano
13 août,
nous marchons
et
long du Mananara. Nous
le
allons autant que possible suivre les rives de ce fleuve tant que nous serons dans
puis arrivés sur les territoires bara, nous remonterons vers
le
pays des Antaisaka;
le
nord-ouest pour gagner Ambohimandroso
et Fianarantsoa.
Vangaindrano,
comme
tous les forts antimerina de
quelques kilomètres dans rova palissade
A
antimerina.
d'un village habité par les soldats
el
el
pas placé au bord de
la côte, n'est
Ce poste «lu
rova
la
mer,
est à
il
Vangaindrano se compose d'un
militaire de
leurs familles, et par quelques colons
el
plus de 20 kilomètres autour du fort, on ne trouve pas un seul indigène anlanosy. Les
Antimerina vivent pas bostiles
l'intérieur des terres.
Vangaindrano dans un isolement complet. Les indigènes ne
à
agressifs vis-à-vis de ces envahisseurs, mais
comme des pesl itérés. Au sortir de Vangaindrano, nous
ils
retrouvons l'argile rouge
que nous avons quitté définitivement ce sud-est
si
fertile, la
font
el
le
se battent pas, ne sont
vide autour d'eux,
Mananara. Nous passons successivement
les fuient
brousse des Betsimisaraka.
la
villages d'ifonoloza
et
On
voit
A mesure que nous
pairie des Anlanosy.
marchons, nous entrons dans une contrée excessivement peuplée. Nous rencontrons les
el ils
A
de Tsienl'ana.
la
rive droite
du
midi, nous nous
arrêtons au village de Nosy-Ambo.
Nous sommes cidres ici sur le territoire d'une autre tribu, encore bien indépendante, celle-là. Nous sommes chez les Antaisaka, les guerriers par excellence de Madagascar. Depuis Nosy-Ambo, les mille petites tracasseries^ les
Antaivondro
les
et
nous traversions
!<
kabary interminables, vont recommencer de plus
chez les Bara,
les
la
sympathie au milieu de ces peuplades anlanosy, douces
intelligentes.
Dès Nosy-Ambo, nous,
el
la
végétation littorale cesse tout à
nous sommes au milieu d'un
grande densité
1res
relative
de
la
îlot
sur une Ivolube
'colline.
Bara
d'altitude.
ment
,
cl
La
vue
l'ail,
population antaisaka. Autour du
champs de manioc
s'étend 1res loin vers l'ouest cl
cependant nous ne sommes
cl
peuvent pénétrer en suivant
.les
nous continuons
à
remonter
rapides. Jusqu'ici, en aval de ce point,
moyenne élail supérieure encombrer son lit; il doit nent sa vallée déjà
si
à 100 mètres. Ici les
esl
nom-
nous montons
plateau central,
le
mont
mer. à moins de 150 mètres
Elle
s'abaisse en effet sensible-
trouée
l'aile
1res précieux
dans ces montagnes :
il
nous permet de
du Mananara, où nous voyons des chutes ce grand fleuve roulait des eaux paisibles, sa largeur viennent rives s'encaissent, des émergences rocheuse, la rive
droite
contourner également des promontoires rocheux qui festonNous traversons à gué la rivière d'Andohanosiambo, qui, à 00 mètres de
les franchir et
étroite.
la
le
là,
la
la
qu'à une faible dislance de
le
14 août,
de patates. Près de
délails.
donnée
village, les cultures sont
nous découvrons
La ligne de partage des eaux ne nous cache pas ces
à celle bailleur, el nos regards
Le jeudi
n'a rien d'étonnant, étant
l'ail
Mananara. Ce relèvement du mont Ivobibe (Para) nous déterminer exactement la direction que nous devons suivre. par
arbres apparaissent bien loin devant
les
de zone dénudée. Ce
breuses; ce soid de belles rizières, de beaux
et
comme
Manambia. Nous en avions presque perdu l'habitude. Depuis longtemps, en effet, vaste territoire des Anlanosy, chez lesquels nous n'avons jamais eu d'ennuis. Bien
au contraire, nous n'avons rencontré que de el
belle,
VOYAGE
392
A
MADAGASCAR. route,
la
nara.
se jette dans le
du
Près
laombv,
Mananara
son
lit
contrée au milieu de
la-
le
parsemé Cette
Mana-
d'Amba-
village
a
d'îlots.
marchons
quelle nous
est absolu-
ment dénudée, partout couverte de cultures. Ce n'est qu'un accident dans
zone des brousses que nous
la
pouvons distinguer
à quelques kilo-
Au
mètres autour de nous.
du jour, nous arrivons au
milieu village
de Mangidy, village qui occupe
sommet d'une
le
colline boisée.
Les indigènes de Mangidy, qui de loin nous ont aperçus, nous ont
pour une troupe anlimcrina,
pris
et
après avoir appelé tous les habitants
hameaux
des
dent
à
voisins, ils
nous atten-
de leur village.
l'entrée
Ils
sont en costume de guerre, vêtus
seulement d'un salaka en écorce,
ou d'un morceau de natte, mais
armés chacun d'un
fusil
de
deux sagaies,
d'un bouclier en bois
et
recouvert de peau de bœuf. C'est
première
la
fois
que nous voyons
des naturels de Madagascar armés
GL'ERRIERS
ANTAISAKA DE MANGIDY.
de boucliers.
Ces indigènes sont
très
Les
effrayés.
femmes
enfants vont se cacher dans les
de bambous qui couvrent
delà colline;
les
les
et
taillis
les flancs
hommes se réunissent en armes
auprès delà case du roi. Nous envoyons Rainizanaka en sommes pas des ennemis; enfin, après un kabary assez long, on peu tout le monde se rassure, et les femmes ne lardent pas à rentrer dans
axant pour expliquer que nous ne
nous donne une case; peu à le village et à
venir nous vendre des poules, des œufs, des bananes, etc. Au-dessus de notre porte est
suspendue une toute
une offrande
petite corbeille en jonc
contenant quelques grains de
riz.
On nous
dit
que
c'est
à Zanahary.
Parmi tous
les
auteurs qui ont écrit sur Madagascar, bien peu, pour ne pas dire aucun, se sont
occupés de celle peuplade antaisaka. Cependant, on aurait tort delà négliger, vu sa population qui, dense
et
très
serrée,
très
compte certainement, sur quelques centaines de kilomètres carrés, plus de
200 UOU habitants. Dans tout Madagascar, ce territoire que nous traversons est celui qui nourrit plus d'habitants par kilomètre carré. voit
donc combien
précédemment, carré.
Pour
et
il
se dislingue des
En
en niellant 00, je suis certainement au-dessous de la vérité.
grands
territoires
du nord
préciser davantage, je dirai que ce pays
Les Antaisaka, qui font certainement partie de
la
îles si
de l'ouest que nous avons traversés
plus d'une dizaine d'habitants au kilomètre
qui ne comptaient certainement pas
immédiats de Tananarivc, qui comptent pourtant de
et
le
On
Antaisaka
nombreux
esl plus
et
de
si
peuplé que
les
environs
importants villages.
grande tribu bara, ont pour voisins, au nord
les
AUX PAYS TANOSY. Tanala, à
sont
élevée;
Antanosy, à
les
Bara Antaivondro. Ces indi-
l'ouest les
gènes
au sud
l'est et
393
généralement de
I
aille
ont la peau très noire,
ils
le
peu nez
écrasé, les lèvres charnues. Plus que les
Bara,
ils
cains.
Comme
présentent des caractères africes derniers,
se coiffent
ils
au nombre de sept
grosses boules,
de
environ; l'une se dresse en petites masses
Comme
relevées sur le vertex.
coup d'Anlanosy du sud-est, en
toile
chez beau-
vêlements
les
en cotonnade sont 1res rares
et
chez eux; aucune marchandise ne pénètre
dans leur pays,
et
cependant
ils
ne deman-
deraient pas mieux que d'en acheter. Les
femmes, généralement
le
tort
petites, s'ha-
d'une natte cousue en sac,
billent toujours
simbo malgache, maintenu
par une bande de elles portent
derrière
poitrine
la
une bande de natte attachée dos.
le
ceinture
à la
sur
toile;
(les
primitifs sonl
avides d'ornements. Ce sonl
colliers et des perles de différents
une
tillons enfilés sur
ficelle.
aussi
élain
échan-
Les pauvres
de petits morceaux de bois tra-
portent
vaillés en guise de perles.
ont
très
surtout des
Ces indigènes
des bracelets en cuivre ou en
aux poignets
boucles d'oreilles,
aux
et
chevilles,
plus souvent
le
FEMME
des
MANGIDY.
HK
.\NTA1S.\K\
faites
d'un anneau métallique (argent!. Les AnlaisaUa sonl divisés en un grand nombre de tribus; leurs
maisons, bâties
comme
haut des collines gascar; sent,
ils
cl
celles des
des mamelons;
non sans quelque raison, à
On dans
plus souvcnl situés sur
le
Antaisaka forment une des tribus
les
le
plus guerrières de Mada-
à l'aire
aux Bara une réputation de sauvagerie
et
traverser les territoires de cette tribu sous prétexte de
gènes antimerina se risquent si
les
sont extrêmement jaloux de leur indépendance. Tandis que certains Antimerina qui se plai-
hasardent quelquefois
encore,
Antanosy, sonl réunies en villages,
beaucoup moins souvent en
territoire
de brigandage, se
commerce,
les indi-
antanosy, bien plus rarement
ce n'est jamais, sur les terres des Antaisaka.
a pu voir par ce qui précède (pie Fort-Dauphin, la plus importante des possessions antimerina le
sud de Madagascar, est complètement isolée de
terrompu de peuplades hostiles Augustin, qui
est
et
indépendantes.
comme Fort-Dauphin un
ne peuvent donc ravitailler leurs postes de
éprouvent, on
le
Il
la
province des Antimerina par un cercle inin-
en est de
point militaire
la partie
méridionale de
conçoit sans peine, une certaine difficulté.
aux Antimerina, pour augmenter
la
même
Il
l'île
la
les
la
baie de Saint-
Antimerina. Ceux-ci
que par voies maritimes.
est vrai (pie,
puissance de ces ennemis de
tion des Affaires étrangères a établi
de Tulear dans
du sud occupé par
France
pour enlever cette à
Ils
en
difficulté
Madagascar, l'administra-
dans ces deux postes antimerina du Sud, des résidents qui, aux
yeux des indigènes habitant ces régions, indiquent quel appui nous portons à Madagascar, à nos bons amis la
les
Antimerina.
Il
y a quelques années,
il
s'agissait de ravitailler Tulear, de
garnison de ce poste. Les Antimerina firent courir
le
changer
et
de renforcer
bruit chez les Sakalava que les 50
hommes
VOYAGE
394
approvisionnements allaient venir à Fort-Dauphin apportés par des bateaux français. étaient sous les ordres serait certainement devenu un fait, si nos navires de l'océan Indien
nouveaux Ce
bruit,
MADAGASCAR.
A
et les
du Ministre des Affaires étrangères.
Dans
continuant notre route, nous traversons plusieurs villages;
la soirée,
le soir,
nous nous arrêtons
à Tangirika.
Antaisaka, Ratsimiola. Le vendredi 13 août, une bonne étape nous conduit à Mahafasy, résidence du roi nous dire qu'il a plus de soin de bien Ce chef nous reçoit assez bien, dans son kabary, il a s'il le veut, nous serons villages sous ses ordres cl qu'il commande à plus de 6 000 guerriers;
2 000
toujours bien reçus sur notre route; sinon
il
peut nous créer partout de graves embarras
ne sont rien moins que rassurantes. Rainizanaka nous rassure un peu en nous disant
bonnes grâces de Ratsimiola;
c'est
qu'il
connaît un
moyen
:
ses paroles
certain d'entrer dans les
de devenir, Maistre et moi, ses frères! Maistre, qui, chez
les
Anta-
cérémonie du faudra, se propose nosy émigrés de Tsivory, est entré dans une nouvelle famille par cette avec tous les Antaisaka. de suite. Ratsimiola accepte de grand cœur et nous voilà frères entend par cérémonie du fatidra, ou l'on ce que raconter lui faut Pour éclairer le lecteur, il me fabrication des frères à Madagascar. Cette cérémonie a été
connue
et
racontée depuis longtemps déjà
auteurs qui se sont occupés de Madagascar; et pour ne pas répéter une centième fois, un l'histoire et à la géographie de Madagascar, de récit connu de beaucoup, j'emprunte tout simplement à M. Henry D'Escamps, la citation suivante
par tous
les
:
«
On
appelle faudra
ou serment du sang, à Madagascar, l'engagement que prennent deux personnes
de s'aider réciproquement pendant
la
durée de leur existence
et
de se considérer
une origine commune. Cette coutume parait être venue de Rornéo. Voici cet
la
comme
si
elles avaient
manière dont on contracte
engagement.
vase contenant de l'eau est apporté; l'officiant, qui est ordinairement un vieillard, y plonge la individu pointe d'une sagaie, dont les deux néophytes tiennent la hampe à pleines mains; puis un autre balles, fusil, des pierres la poudre, des d'argent, de à jette alternativement dans le vase, de la monnaie «
Un
plusieurs petits
même
temps, celui qui dirige
couteau, l'argent cl
morceaux de
hampe de
la
emblème de
bois et quelques pincées de terre prise la
la sagaie,
rappelant
la richesse, signifie
le
que
sens attaché à chacun des objets ci-dessus mentionnés
les
Quand
communs;
les
fragments de bois
tous ces objets ont été mis dans
promettent de remplir
les
le vase, le
emblèmes de
et
le
individu
guerre, indiquent que les dangers
demande aux deux
futurs parents
serment, et sur leur réponse affirmative,
prévient que les plus grands malheurs retomberaient sur eux,
nonce
la
de terre ont aussi une signification particulière.
même
engagements imposés par
les conjurations les plus terribles,
:
deux contractants devront partager leurs biens présents
futurs; la poudre, les pierres à fusil et les balles,
doivent leur être
aux quatre points cardinaux. En
cérémonie, accroupi auprès du vase, frappe à petits coups, avec un
s'ils
en évoquant Angatch,
le
s'ils
il
les
venaient à y manquer. Puis, il promauvais génie. Ses yeux s'animent
sonore, celle par degrés et prennent une expression surnaturelle, lorsqu'il adresse, d'une voix forte et des imprécation « Que le caïman vous dévore la langue, que vos enfants soient déchirés par les chiens :
«
«
que toutes sources se tarissent pour vous, et que vos corps abandonnés aux vouroundoules » (effraies), soient privés de sépulture, si vous vous parjuriez! première partie de la cérémonie terminée, le vieillard fait à chacun des impétrants, avec un « forêts;
Cette
du creux de l'estomac, imbibe deux morceaux de gingembre du sang boire après, dans qui en coule et donne à avaler à chacun des deux le morceau de son vis-à-vis. Il fait banquet une feuille de ravenala, une petite quantité de l'eau qu'il a préparée. En sortant, on se rend à un que la bien fatidra, du cérémonie foule. La de la servi sur le gazon, el on reçoit les félicitations de rigueur, •s
rasoir,
une
petite incision au-dessus
même dans ,
lieu.
toute
l'île,
elle subit quelques modifications dans la forme, selon la peuplade chez laquelle
Ainsi quelquefois, le sang, au lieu d'être reçu sur un
avec l'eau que, clans
le
premier cas, l'on prend après.
morceau de gingembre,
est
mêlé de suite
AUX PAYS TANOSY. «
Quoique
le
serment du sang ne
un étranger, bien
être utile à
importunilés de son frère
fictif.
Deux
soit
pas toujours agréable, pour
celui-ci,
les
la fraternité charnelle,
dont
fatidra
le
impose
sang doivent partager leur fortune, se soutenir dans
frères de
Malgaches,
peut
il
qui devient en butte aux
Les liens ainsi contractés sont, aux yeux des Malgaches, aussi sacrés
souvent plus respectés que ceux de devoirs.
pas toujours observé religieusement par
soit
ne
qu'il
393
le
et
d'ailleurs tous les
danger, mettre en
commun tous les biens et tous les maux de la vie, enfin, se prêter assistance en temps de guerre, quand même ils appartiendraient à des tribus ennemies. Dans ce dernier cas, ils doivent non seulement éviter de se faire du mal, mais encore, obligé de
le
préserver de
la
l'un des
si
jours du prisonnier, dès qu'ils connaissent
Une femme
«
deux tombe entre
le lien
Radama
agents anglais échanger ce serment avec
M. Grandidier a
II.
parti ennemi, l'autre est
qui l'unit à son protecteur.
homme; deux femmes peuvent
peut faire le serment du sang avec un
entre elles, cl rien ne s'oppose à ce qu'un étranger
Radama
mains du
les
fureur de ses compagnons, qui s'abstiennent ordinairement d'attenter aux
fait le
contracte avec un indigène.
le
I
Nous
er .
aussi le faire
Nous avons vu Lambert
l'avons vu échanger entre M.
serment du sang avec Razoumaner,
les
et
des Antanosses, et avec
roi
du Fiéérègne. Ceux qui veulent voyager à Madagascar, ou s'y livrer à quelque opération de commerce trouvent avantage à le faire; cette formalité facilite beaucoup leurs rapports avec les habitants, à qui ils inspirent tout d'abord une confiance plus grande. Lahimeriza,
roi
se sont liés par le fatidra, les parents de
Dès que deux Malgaches
«
de l'autre
ment sens,
même
le
titre
de parenté qu'ils auraient,
entre les deux contractants.
aux membres des deux
l'Européen qui les véritables
fréquentes.
Lorsque
visite ce
Il
la
fraternité selon
le
uns par rapport aux autres.
De
à l'égard
sang avait existé naturelle-
y a plus, les effets de cette alliance s'étendent aussi
familles, les
peuple
si
chacun d'eux prennent
celte
dans
coutume
le
même
résulte
pour
l'observe superficiellement, une très grande difficulté à reconnaître
et
liens de parenté qui existent
entre les individus, et c'est pour
lui
une source d'erreurs
»
la
cérémonie du fatidra fui terminée, Halsimiola nous assura de son amitié
cours dévoué. Dès
lors,
grâce au concours de
mon brave
et
de son con-
ami, (pie dès ce jour je n'appelai plus que
:
Maislre l'Anlaisaka, nous ne devions trouver aucune difficulté sur notre roule de retour. sommes toujours Le samedi 11! août, nous reprenons notre roule. La contrée change peu à peu; nous
dans
la
région des Brousses,
il
est vrai, niais les arbres plus rapprochés, les buissons plus touffus cl qui
nous indique que bientôt nous allons rentrer dans la zone forestière. endroits en montiLe sol est devenu maintenant argileux, en même temps qu'il se soulève en maints de la ligne montagnes des hautes collines élevées. Nous approchons cules, en mamelons, voire mèm se réunissent en fourrés, toul cela
1
générale de partage des eaux, nous
sommes
arrivés sur leur premier contrefort. C'en est
fait
aussi de la
frappés sur les territoires antanosy. Loin de moi fertilité générale du pays, qui nous avait si vivement Mais nous ne sommes plus en présence de la pensée de «lire que ces terres sont complètement stériles. par les produits du sol, comme nous celle végétation exubérante, nous ne sommes plus émerveillés en un mot. Nous rentrons à Madagascar, si été dans la vallée d'Ambolo, dans tout le Tanosy, l'avions j'ose
m 'exprimer ainsi.
passons dans de mauvaises piroVers 10 heures, nous nous rapprochons des rives du fleuve et nous le de large sur 3 mètres de profongues par 230 mètres d'altitude. En cet endroit, le Mananara a 00 mètres deur.
Le fleuve
Dans fait
précipite ses eaux en aval
la soirée,
cl
et
surtout en amont.
village de Mahalava.
nous nous arrêtons au
place aux maisons de roseaux
du passage
Là
maisons sur
les
de bararata des gens du Centre.
pilotis des
Antanosy ont
A Mahalava, nous sommes chez
les
Bara Antaivondro.
Le lendemain, nous passons, avec Le Mananara, ce grand fleuve de
le la
Mananara, une haute chaîne de montagnes. vue, au côte orientale, peut être comparé, à tous les points de
Mangoro du pays betsimisaraka. Comme Mananara traverse
la
le
Mangoro, dont
il
a le
volume
haute chaîne côtière par une tranchée profonde,
d'eau,
et les
si
ce n'est davantage, le
sources de son principal
VOYAGE A MADAGASCAR.
396
Menarahaka,
affluent, le
se trouvent
non
loin d'Ihosy,
au sud des monts Analatelo, que nous avons
franchis près de ce poste militaire antimerina. Cette coupée du côtière est particulièrement curieuse; sur
d'un grand Y. Le fleuve coule au fond; sur les roches dont son
lit
Mananara
à travers la
une longueur de 30 kilomètres environ, c'est
étroit et resserré est
un immense torrent qui précipite encombré. Les deux versants de
grande chaîne
la section
ses la
a la forme
eaux mugissantes
trouée sont presque
sont taillés dans de puissantes assises de schiste cristallin.
lisses, ils
Pendant deux jours, nous cheminons sur cher aux parois rocheuses, utiliser
plus petites
les
élever et gagner les sommets. Ceux-ci, en
Souvent
trable forêt.
effet,
je
des deux côtés du fleuve, sont recouverts d'une impéné-
mètres d'altitude;
il
côtoyer de très près
et
torrent furieux. Pen-
le
ne sais comment, sur cette route épouvanlablement
sommes
lorsque, le 18 août, nous arrivons à Imanity, nous fiOO
nous faut nous accro-
il
pour avancer, car nous ne pouvons nous
saillies
nous faut descendre au contraire,
il
dant deux jours, nous marchons,
nara coule à
septentrional de la coupure;
le flanc
delà
difficile, et
Près de ce village,
le Manadonc une chute de près de 300 mètres, dans ce couloir de 30 kilo-
a
sortis
forêt.
mètres.
Au
nous retrouvons une population de Bara Antaivondro, mélangée dans une
village,
Au
avec des Tanala.
ments qui brousse,
chons
se
remarque souvent
comme dans
les
à
forte proportion
nous marchons d'abord dans cette zone de défriche-
sortir d'Imanity, le 18 août,
Madagascar, de chaque côté des grands bois. Puis, vers midi,
environs d'Ankaramena
;
nous traversons beaucoup de
villages.
c'est la
Nous mar-
pendant plusieurs jours jusqu'au village bara d'Ivohibe, où nous retrouvons d'anciennes
ainsi
connaissances. Enfin c'est
zone dénudée, nous sommes dans
la
le Betsilco
méridional,
23 août,
et, le
nous faisons notre entrée à Ambohimandroso. Les nouvelles se propagent vite à Madagascar.
On
de notre retour. Toutes
était déjà avisé
femmes
les
de nos porteurs les attendent aux premières maisons du village. Deux jours après, nous étions à Fianarantsoa, et
présenter nos compliments au docteur Besson, qui, depuis un mois ou deux, était avisé
j'allai
de notre mort. C'est un
de
fait
absolument régulier dans
la vie
de l'explorateur. Depuis que je voyage, que
ne m'a-t-on pas cru décédé!
fois
Après avoir payé nos porteurs du sud, Maislre
et
moi nous retournons
à Tananarive. Fidèles à nos
anciennes habitudes, nous retrouvons Bainimananabe, qui, de nouveau, nous loue sa maison pour un
Pendant notre absence, Tananarive
prix exorbitant.
maison du Résident général de France sous
la
est
beaucoup changé. Cependant
direction de M. A. Jully, jeune architecte de grand talent.
compatriotes,
comme
par
le
delà population. Plusieurs personnes
sud.
est certain qu'il y en a
me demandaient
beaucoup moins que chez
Pendant ce quatrième séjour que je de malfaiteurs; au milieu de
Dans
fait
la capitale
la
nouvelle
sous les ordres
et
des Antimerina, nos
passé, continuent à être en butte aux sarcasmes, aux quolibets, aux injures
même Il
n'a pas
presque terminée. Ce beau travail a été
fais à
la nuit, ils
parce qu'il se refuse à leur ouvrir
les
Tananarive,
enfoncent
la
de
la
le coffre-fort
la
si
vu beaucoup de fahavalo dans
j'avais
le
Antimerina.
mission catholique est envahie par une bande
porte d'un père mission. Le
P..
et
le
frappent de coups de sabre,
P. Montant
manque de mourir
de
ses blessures. Toutes les nuits, ces attaques contre les Français se renouvellent; des soldats de l'escorte
du Bésidenl général, au nombre de autour de
la
trois ou quatre, sont obligés d'aller, chaque nuit, monter maison du Comptoir d'escompte à Ambodinandohalo. On craint pour la caisse.
J'en arrive de plus en plus à regretter
jamais rien volé, les
Antimerina.
et je
Un
me
mes Bara, mes Antanosy,
primitif, couvert d'une natte de roseau, et les
face simiesque est abritée d'un gibus
1.
Dans
la
très mal,
que chez
cheveux roulés en boules, m'inspire
une redingote d'occasion,
et
dont
la
'.
non seulement nous ne sommes pas des protecteurs, mais nous ne sommes pas Tout au plus, sommes-nous les parias de ces sauvages.
capitale des Antimerina,
les protégés.
même
garde
mes Anlaisaka. Là, on ne m'a
sentais mille fois plus en sûreté chez ces peuplades indépendantes
toujours plus de confiance qu'un nègre, qui porte
même
et
la
AUX PAYS TANOSY.
397
A Tananarive, nous avons beaucoup d'ouvrage. Il nous faut mettre en ordre tous nos documents et nos collections. Mais, à la rigueur, je pouvais faire cette besogne tout seul et je renvoyai Maistre en France, au moment de la fête du Bain. Mon compagnon avait bien gagné' un peu de repos. Les fatigues et les privations l'avaient complètement surmené. Pour moi, mon travail terminé, je me rendis à Tamatave, où je pris le paquebot pour la France. Le 22 janvier 1891, je débarquai à Marseille de Y Amazone, ce même paquebot de la cote orientale d'Afrique qui m'avail emmené deux ans auparavant.
ANCIENNE BATTERIE FRANÇAISE A PORT-DAUPHIN.
CONCLUSION
ETde Madagascar,me maintenant,
il
faut conclure. Je viens, dans cet ouvrage, de présentera ceux qui
que
telle
deux
siècles, vaut-elle oui
je l'ai
ou non
les sacrifices
qu'on
est
laquelle elle est plongée, cl pour la mettre en valeur,
l'accroissement de récit, j'ai
la
patrie? Je
montré ce que valaienl
les différentes
iei
ce que
j'ai dil
les
mines,
les forêts, les différentes
plus haut,
disposé à faire pour
m'exprimer
j'ose
Dans
la tirer île la
le
barbarie dans
ainsi, cl la l'aire
les différents
concourir à
chapitres de
mon
1
comme on
l'a
l'ail
trop souvent, les cultures possibles,
richesses; tout cela existe bien réellement, mais
quelque chose qu'autant qu'on saura
Au commencement
l'île
régions qui nous avons parcourues. Je ne veux pas répéter
passer en revue,
cl
si
dis bien haut, oui! cent fois oui!
le
me liront,
vue. Cette terre, dont on s'occupe plus ou moins en France, depuis
le
tout ne vaudra
mettre en valeur.
de toute tentative de colonisation,
il
y a une période de tâtonnements, d'essais
improductifs, de spéculations malheureuses qui nuisent énormément à nos tentatives réitérées. Le Français se
décourage beaucoup trop
ce qu'il entreprend.
Il
vile et surtout
il
n'apporte pas a-^ez en argent et en travail, dans tout
faut savoir semer pour récoller. Avec
un
petit capital,
de grands bénéfices. En envisageant Madagascar en particulier et en encore
fait,
annexée purement
et
la
il
est difficile de réaliser
supposant, ce qui n'est pas
simplement à notre domaine colonial, cette
île
formera certainement
dans l'avenir l'une de nos plus belles possessions.
Tout d'abord côte du la
géographique dans
sa position
Moçambique, escale
la
mer des
Indes; voisine de
la
Réunion, en face de
la
refuge naturels de nos flottes en route pour l'Extrême-Orient, tout cela
et
place dans une situation incomparable. Puis, Madagascar est une
est la
chose
la
de l'étranger; nous serons dise, n'est
île,
beaucoup. Là, pas de voisins, une
c'est
fois les naturels
soumis, ce qui
plus facile du monde, pas de rébellions possibles et surtout pas de renforts, pas d'appuis là
absolument chez nous. En temps que colonie, Madagascar, quoi qu'on en
pas un pays malsain. Sans doute, un corps expéditionnaire où
nement pas du confortable, où
ils
éprouveront des fatigues
et
les
hommes
ne jouiront certai-
subiront des privations journalières; évi-
demment, placés dans de déplorables conditions hygiéniques, nos
soldats payeront
un lourd
tribut à la
malaria. Mais qu'est-ce que cela prouve? Je pourrais dire que nos troupes d'occupation de Diego-Suarez
ont un bulletin médical quotidien logées, bien nourries,
îles
on y trouve
plus satisfaisants. Maintenant que ces troupes sont au repos, bien
très
peu de malades. De toutes nos garnisons
coloniales, Diego-
VOYAGE A MADAGASCAR.
400
Suarez
aux
est la plus salubre. J'en appelle
'
chiffres officiels
du Ministère de
marine. Je ne crains
la
pas d'être démenti.
On
a divisé nos possessions d'outre-mer en terre d'exploitation et en terre de peuplement. Madagascar
comme
de l'une
tient
donné comme
que
comme
l'on fait
si
l'on exploite et
qui possède plus de sept millions d'habitants et qui a
si,
exportations, plus de trente millions
et
2
de
dédaigner pour notre commerce national.
n'est certes pas à
a dit qu'on ne trouvait pas de
dent que
île,
de commerce général, importations
chiffre
un débouché qui
francs, est
On
de l'autre. Cette
lient
il
main-d'œuvre à Madagascar. C'est une grande erreur.
certains concessionnaires,
gouverneur de
l'on va trouver le
si
moyennant une certaine somme d'argent, on s'entend avec
lui
Il
la
est évi-
province
pour obtenir des
on n'en trouvera pas beaucoup de sérieux. Le gouverneur en question usant du fanamcorvée, désignera tel ou tel village pour fournir des hommes aux concessionnaires. Ces
travailleurs,
poana,
la
hommes, qui en
fait
de paiement ne reçoivent que des coups de bâton, désertent en masse, et n'osant
plus retourner dans leurs villages,
Madagascar.
à
Si,
ils
se font bandits
au contraire, on agit suivant
dans
la
brousse. Voilà
la justice et l'équité,
si
comme on à
devient fahavalo
chaque indigène que
emploie on donne un salaire raisonnable, on obtient des Malgaches presque tout ce que ils
consentent parfaitement à travailler pour l'Européen.
choisie entre
beaucoup d'exemples,
France à Tananarive. M.
une assuidité au
travail,
remarquables pour
m'empresse de
hommes
à
Jully, l'architecte de ce
coups de bâton.
rait
de
la
peuvent
Comme la
il
ne
Don
poids,
l'homme
pas
faisait
tous les primitifs,
Madagascar, de sa
fertilité
comme beaucoup le
bonne mesure, civilisé et
probable. Je ne
en résumé, un pareil sujet.
présenté
comme un
suivie, véritablement
On
ne payait pas ses
plus, est la justice poussée jusqu'au scru-
l'obtenir, faire
doit être
il
noir de Madagascar est défiant au suprême le
Madagascar,
et
preuve d'une certaine douceur
une règle absolue, pour tous
qui désireet
surtout
les rapports qui
l'homme sauvage.
me
fais
fais
qu'ébaucher, disons quelques mots du sol de
pas d'illusion sur
les difficultés
que je trouve à
traiter,
a dit là-dessus, pour Madagascar, les choses les plus erronées, les
plus contradictoires. Certains auteurs ont parlé de Madagascar l'ont
Résidence générale de
d'autres,
industriel, qui irait s'établir à
Après cette question de main-d'œuvre que je ne
même
la
une application journalière
vertu donc, qu'il admire
que tout négociant, tout
s'établir entre
de l'hôtel de
beau monument, a obtenu des choses merveilleuses,
les chantiers,
main-d'œuvre indigène, devrait, pour
d'une grande justice.
l'on veut, et
preuve récente de ce que j'avance,
de Madagascar. M. Jully a trouvé tous les ouvriers qu'il a voulus. Mais, je
sa louange,
degré. C'est aussi un enfant; pule. Je puis affirmer
je pourrais citer la construction
un entrain dans
les noirs
le dire à
Comme
l'on
Sahara. Ainsi qu'il arrive
le
extrêmes; les premiers voyageurs qui nous vantaient
ment. Mais, pour leur répondre, d'autres voyageurs,
comme
d'un Eldorado, d'autres nous
plus souvent, la vérité est entre ces deux opinions la
beauté de
l'île
africaine exagéraient certaine-
tombaient dans une autre exagé-
les pessimistes,
ration.
Pour juger sainement
la
question,
il
ne faut pas envisager
faut voir
Madagascar dans son ensemble
modérée.
Il
i.
Si je
est évident
:
telle
ou
telle
alors on pourra se faire
que Madagascar a de bons pays, mais ce corps
province,
tel
ou
tel district
une opinion raisonnable, saine insulaire,
comme
;
il
et
toutes les con-
reconnais que notre colonie de Diego-Suarez est un des points les plus sains de Madagascar et l'un des mieux
choisis sous ce rapport, je n'hésite pas à affirmer que, malgré tout ce que l'on a pu dire, la rade de Diego-Suarez est une mauvaise station navale; je pourrai aussi ajouter que, placée comme elle se trouve à l'extrémité de la ligne de partage des eaux, creusée au milieu d'un promontoire stérile, battue des vents, brûlée du soleil, elle n'a aucun avenir
colonie continentale pas plus que comme place maritime. Sans doute la rade est bonne, les fonds suffisants, tenue parfaite, mais le tout est d'y entrer. A certaines époques de l'année, plus principalement au moment de la forte mousson du sud-ouest, il est absolument impossible à tous voiliers de doubler le cap d'Ambre, et un vapeur qui n'a que des dimensions moyennes a toutes les peines du monde à le faire. Ln somme, Diego-Suarez est une très belle rade, mais on ne peut ni y entrer, ni en sortir. Le poste maritime le meilleur de Madagascar, le mieux placé sous tous les rapports est sans contredit la magnifique baie de Passandava. 2. Ce chiffre officiel de, trente millions est encore inférieur à la réalité. 11 n'a pu être calculé que d'après les statistiques douanières forcément incomplètes dans le calcul de ce chiffre, on n'a pu tenir compte, et pour cause, de la fraude qui, à Madagascar, se pratique sur une très vaste échelle.
comme la
;
CONCLUSION.
401
contrées d'une étendue considérable, présente des provinces pauvres et infertiles. Les uns compensent les
En somme,
autres.
la
grande
île
africaine est
un pays d'une bonne moyenne dont
sans être merveilleux, parait cependant devoir être très rémunérateur. tout est
On
le
rendement du
là.
a aussi parlé d'une végétation luxuriante, puis après on est venu dire qu'il n'y avait pas
d'herbe à Madagascar. Là encore je constate de part et d'autre une exagération fort grande.
menses
forêts,
de Madagascar n'est pas
le sol
peut produire, mais non sans peine. C'est une
on n'obtient
loi
du
les faits, les
faisant entrer
ingrat qu'on veut bien
comme
documents que
j'ai
exposés tout au long dans
voyagé
Madagascar dans
Sans
travail
la
de cet
France fera une excellente spéculation en
séjourné fort longtemps dans ce pays malgache,
et
mais
les lignes qui précèdent,
ses possessions coloniales.
nombreux documents
G. Foucart et C. Maistre, réunir de le vif.
le dire, et qu'il
ailleurs.
les différents chapitres
j'y ai travaillé
grâce aux circonstances, aux hasards heureux, aidé surtout par mes amis
sur
poil
y a d'im-
sous-sol, je n'en veux point parler, j'en ai suffisamment entretenu le lecteur
ouvrage, pour dire que Madagascar est un bon pays et que
J'ai
si
inéluctable à Madagascar
ouvrage. Je conclurai donc en m'appuyant non seulement sur
encore sur
un
rien.
les richesses
mon
dans
Il
y a des étendues plus considérables encore complètement défrichées. Ces déboisements
il
viennent prouver justement que
Pour
sol,
faudra savoir choisir les pays,
Il
et vaillants collaborateurs
prises
parcouru à Madagascar plus
j'ai
;
et j'ai pu,
beaucoup d'observations
et entasser
Mes conversations avec les gens du pays ont été multiples
quelque peu,
de GUUO kilomètres et je suis revenu en France avec une riche moisson. Je m'applique à mettre à profit ce que
j'ai
pu rapporter de mes voyages dans ce pays
l'indulgence du lecteur, forme la première partie de
On me
de montrer sa grande qualité.
que
j'ai
vu;
j'ai écrit
le
lointain.
mon
Ce
travail.
livre,
Au
pardonnera, car j'en suis
avec mes carnets de route ouverts sur
ma
notes de voyage. Ces notes, je les
j'ai
besoin de toute
milieu de tous ses défauts,
Ce
fier.
table
instant par instant, j'ai raconté mes voyages. Il y a s:ms doute des tier à riz, près du foyer malgache dont la flamme m 'éclairait de
pour lequel
;
j'ai
hâte
livre est vrai, j'ai raconté tel
jour par jour, heure par heure,
répétitions. Là-bas assis sur
un mor-
sa lueur incertaine, je rédigeais
mes
exposées au lecteur, dans toute leur simplicité, mais aussi dans
ai
toute leur véracité.
La deuxième consacrée à
partie de
mon
travail,
de
la partie scientifique
que je
ma
suis encore loin d'avoir terminée, sera plus spécialement
mission. Celle deuxième partie comprendra l'anthropologie et
l'ethnographie des différentes tribus madécasses, ainsi que quelques notions d'histoire naturelle sur des points encore obscurs de la grande
mots
ile.
Enfin, dans une troisième et dernière partie, je dirai quelques
quelques chapitres pour résumer
et j'écrirai
de notre protectorat depuis 1885
tenue cachée ou
clic a été
:
elle
l'histoire
de Madagascar
est fort peu connue en France,
dénaturée par ceux-là
mêmes
et
elle a
plus spécialement l'histoire
toujours été soigneusement
qui avaient pour mission de
la
propager dans
la
métropole.
La façon dont
les Affaires
inspirer à un auteur,
cl
étrangères administrent
le
sans que pour cela une imagination féconde
vaudeville, qui, malgré quelques notes tristes, offrirait
prendre pour à
litre
Madagascar
:
«
protectorat de la France à Madagascar pourrait
Le protégé par persuasion, ou
soit
bien nécessaire,
un ensemble assez
l'Art de
gai.
le
sujet d'un
Ce vaudeville pourrait
tromper ses concitoyens sur ce qui
se passe
».
Au moment où
j'écris ce dernier chapitre
de
mon ouvrage
',
on s'occupe vivement en France de
la
mes travaux. question malgache. Je crois donc devoir exposer tout de suite les conclusions résumées de précèdent, je crois avoir établi que Madagascar en elle-même constituerait, pour la Par
1.
les lignes
Octobre
qui
1894.
SI
VOYAGE A MADAGASCAR.
402
France, sinon
le
en observant les peuples de
grande
la
île
africaine, j'ai été
amené
contraire à la vérité scientifique de considérer les Antimerina
que cela concorde absolument avec
mon
veux parler de
la
comme une
race absolument supérieure
conclusion à laquelle je suis amené dans
c'est justement
parce
troisième partie de
la
de notre protectorat à Madagascar. Là, je conclus en disant
l'histoire
qu'un protectorat à Madagascar est une chose absolument néfaste », absolument contraire à nos C'est faire le jeu de l'Angleterre
et
à conclure qu'il était absolument
au reste des Malgaches. Si je proclame bien haut que c'est une erreur scientifique,
travail, je
En examinant
joyau, du moins l'un des plus beaux bijoux de notre parure coloniale.
intérêts.
que s'obstiner contre toute logique, contre toute expérience, à vouloir
continuer à ne considérer à Madagascar que les Antimerina. Peut-être fera-t-on une expédition, peutêtre se décidera-t-on enfin à
surtout, ce qu'il ne
comprendre en France que Madagascar ne
abandonnée, mais
doit pas être
faut pas faire après celte expédition qui coûtera certainement très cher et qui sera
seconde, c'est de nous obstiner à vouloir établir à Madagascar un deuxième protectorat.
la
regrettable, triste, j'oserai dire, de voir notre
vraiment
serait
Il
pays s'engager dans une expédition coloniale et
dépenser tant de millions pour plaire à l'administration des Affaires étrangères et établir à Madagascar,
au
profit des
comme
Antimerina, un protectorat dispendieux où nous continuerons à voir
par
passé
le
un agent consulaire britannique accrédité officiellement auprès du souverain des Antimerina. Tant qu'à faire une expédition à Madagascar, tant qu'à y dépenser nos millions et à y voir mourir nos soldats, il
faut au
Parmi
moins que ce ne
tous les
soit
pas en vain.
avantages sérieux
(?)
que comporte un protectorat, un des plus beaux sans contredit
avantages ou désavantages des traités antérieurement conclus
celui qui maintient à l'État protégé, les
par
avec les puissances étrangères. Ainsi, lorsque
lui
accords douaniers entre
les
le
nouvel État protégé et
qui concerne les Anglais spécialement,
ils
ont
les
le traité
les
de Kasar-Saïd a été signé avec
l'ont
pas
pas de
ment contre Le
lité.
les nôtres
Régence
;
En
ils
haut commerce.
devrais dire, font que dans ce pays nos nationaux sont privilégiés.
elle, je
même à Madagascar et nous
continuerons à voir,
si
et
ce
pourS'ils
nous allons dépenser des millions,
la
n'en est
grande
américaines lutter victorieuse-
avec lesquelles elles se trouveront placées, par ce traité néfaste, sur
résultat sera superbe;
Il
dans
l'on maintient le protectorat
maisons de commerce anglaises, allemandes
africaine, les grandes
île
le
la
à des circonstances spéciales qui, en dehors de l'administration des Affaires
fait, cela tient
étrangères, malgré
la Tunisie,
puissances étrangères ont été maintenus.
mêmes avantages que nous dans
raient donc, toutes choses égales d'ailleurs, s'emparer très facilement de tout
ne
est
sacrifier
le
pied d'éga-
pas mal d'hommes pour per-
mettre aux étrangers de venir nous battre à Madagascar.
comme pour absurde qui a nom
Et pourtant cette égalité des droits de douane, pour nos compatriotes qu'un des nombreux avantages que comporte ce système colonial
les étrangers, n'est :
protectorat.
Certainement, après l'expédition qui sera heureuse, je n'en doute pas, l'administration des Affaires étrangères agissant pro domo sua viendra nous dire qu'un protectorat seul s'impose;
elle
viendra,
comme
partout et toujours, faire le jeu de l'Angleterre, elle viendra aussi réclamer l'administration d'un pays
pour y placer nombre de ses agents. hypnotisée qu'elle est par ce
même
le
Il
est vrai que, depuis dix ans, elle n'a su rien faire
spectre britannique. Encore voit-on, par
la
dans ce pays,
plus étrange des aberrations, dans
ministère des Affaires étrangères, la direction des affaires politiques être chargée justement
des protectorats; ce
même bureau
des affaires politiques, qui vient peut-être de traiter une grave
question avec une grande puissance, l'Angleterre par exemple, débat quelconque dans lequel notre direction politique a cédé
on que ce
môme
comme
toujours,
comme
bureau puisse, en présence de
maintenir haut et ferme
le
drapeau de
la
France!
c'est
la Il
son habitude invétérée. Eh bien! comment veut-
puissance devant laquelle
en sera toujours ainsi.
gens ont pour mission d'apaiser des conflits éventuels entre nationaux, d'éviter en un
1.
Voir
le
chapitre
V
mot
toute cause,
des Antimerina.
si
Il
il
recule constamment,
est évident
les peuples, d'assouplir les
que ces mêmes rapports inter-
petite qu'elle soit, qui viendrait détruire plus
ou moins
CONCLUSION. bonne harmonie qui
la
nous
doit toujours régner entre
moment donné
chargés de tout cela puissent, à un
et
et
403
nos voisins.
Comment
veut-on que ces gens
sans y être forcés absolument, défendre nos droits
envers ces puissances étrangères! Je m'empresse d'ajouter que les Affaires étrangères sont très bien
même,
pénétrées de leur mission, trop bien
car pour ne pas donner aux étrangers un motif quelconque
de se plaindre de la France, cette administration, par tradition et par habitude, défend aussi mal que possible les intérêts, les personnes
sonnes qui ont quitté
la
France
même
de nos compatriotes à l'étranger. J'en appelle à toutes
rieur les intérêts français? Les fonctionnaires d'un protectorat ne tiennent pas
prendre de l'extension, l'industrie y
ils
les per-
qui donc a vu un minisire, un consul protéger sérieusement à l'exté-
:
ne tiennent pas du tout à y voir
la
du tout
à voir leur pays
colonisation se développer, le
commerce
et
prendre un certain essor. Et cela se conçoit aisément. Là un agent du ministère des colo-
nies se réjouira de la venue d'un colon français dans son gouvernement. Cet agent n'y verra qu'un
accroissement de puissance, en somme, une augmentation de bien, apportée au pays
agent consulaire, au contraire, verra toujours
la
qu'il dirige;
un
venue d'un Français d'un mauvais œil, c'est toujours
une cause éventuelle d'échange de notes diplomatiques
'.
Et puis encore un agent d'un protectorat français qui a été, je suppose, consul, ou vice-consul en
Chine ou au Japon ou dans tout autre pays, y aura
comme
des collègues jouissant des
pas du jour au lendemain ce
torat, n'oubliera
un consul français, l'égal sinon l'inférieur
ment antimerina. La devise des
consuls anglais, par exemple, transporté dans un protec-
vu dans toute sa carrière précédente,
qu'il a
(comme d'habitude du consul britannique i
Affaires étrangères a toujours été
administration ne sérail donc bonne, très bonne n'y aurait ni Français, ni
traité toujours les
mêmes droits que lui-même. Ce même agent,
même
il
sera toujours
près
le
gouverne-
pas d'affaires! pas d'affaires! Celte
:
(l'expérience le prouve), que dans
intérêts français à proléger; dans ce cas,
un pays où
il
c'est le seul, l'administration des
Affaires étrangères est loutc indiquée, sa tenue est parfaite, sa correction irréprochable, je m'empresse
de
reconnaître.
le
faudra-t-il perdre de nos territoires
Combien donc mal protégés
cl
mal soutenus? Combien
nistration des Affaires étrangères, terre, est la
moins démocratique de nos
Nous avons un ministère des
?
beaux de notre empire colonial ministère,
gères, ne
d'Outre-mer? Combien faudra-t-il voir nos colons
dépenser de millions pour s'apercevoir que l'admiinstitutions, la plus inféodée à l'Angle-
plus incapable de gérer nos intérêts dans tous pays soumis
pays de protectorat
Ce
la
faudrn-l-il
fait, si je
me semble
cl
noire influence, dans tout
Colonies, pourquoi donc ne lui donner que des lam-
en réserver les plus beaux pour
ne m'abuse, pour
à
le
ministère des Affaires étrangères?
traiter des rapports entre la
pas du loul indiqué pour traiter des rapports entre
France la
et les
France
et
puissances étran-
un pays protégé par
donner l'Administration des protecto-
vaudrai! loul autant et beaucoup mieux, j'oserai un ministère quelconque, à l'Instruction publique, aux Postes et Télégraphes, etc., elc. Du moins chacun de ces départements ministériels, en administrant un pays île Protectorat, y trouverait des ser-
elle.
le dire,
Il
rats à
vices dans lesquels
ment
il
serait
compétent.
Il
n'y a
que deux ministères en France qui doivent rester absolu-
étrangers à toute administration extérieure, concernant des peuples soumis ou protégés par
la
l'Intérieur et les Affaires étrangères. Ces deux rouages gouverneFrance. Ces deux ministères sont mentaux qui fonctionnent très bien, je ne fais aucune difficulté pour le reconnaître, doivent rester chacun de dans leurs attributions respectives le premier s'occupant de l'Administration intérieure du pays peuFrance ou des pays considérés comme sol métropolitain, et le second s'occupant des relations qui nous ne nous par protégées vent exister entre la France cl les puissances étrangères. Or, les puissances :
:
sont pas étrangères,
accoutumée
à traiter
ment impropre
1.
à
une administration qui, par ses traditions, ses habitudes, ses tendances, est absolud'égal à égal avec des puissances le plus souvent redoutables, me semble et
présidera nos rapports avec des puissances amoindries par une conquête,
Au Quai d'Orsay,
agent de Protectorat.
la
devise générale est
la
suivante
:
et
que nous
surtouj pas d'affaires! c'est une véritable consigne pour tout
VOYAGE
404
MADAGASCAR.
A
devons toujours tenir plus ou moins sous noire surveillance, sous notre définition
même du
protectorat
Enfin l'expérience qui dure depuis dix ans
France ne tienne pas à
beau pays
et
recommencer;
la
en faire une colonie.
Je suis donc convaincu, je
le
la
coûte assez cher pour que
la
il
Y
fermement
un protectorat
établir
concluante,
est, je crois,
je crois
répète encore, que
si
File
elle
Madagascar prendre ce
qu'il faut aller à
une pure
serait
folie.
de Madagascar forme un jour une de nos plus
formera jamais que notre plus mauvais pays de protectorat.
belles colonies, elle ne
J'en appelle de cette conclusion à tous les colons et voyageurs qui ont résidé quelque
grande
île. Il
me
me
semble,
tutelle. C'est là,
'.
faut toutefois récuser le
témoignage d'une
temps dans
petite coterie d'individus qui vivent soit
la
au
crochet du gouvernement antimerina, soit en exploitant dans une large mesure la corvée dure et implacable,
donnée par ce gouvernement de Tananarive, aux concessionnaires qui savent pécuniairement
reconnaître ces bons offices. Pour ceux-là, tout va bien;
ils
ne demandent que
le
maintien du statu quo,
du protectorat.
Pour terminer mon
livre,
il
ne m'est pas besoin de faire de grands efforts pour chercher une phrase
qui résume en quelques mots ce à quoi tendent tous
mes compatriotes,
leur montrer
Madagascar sous son
cette politique de protectorat à outrance
étrangères nous a
si
au
profit des
L'honorable M. Chautemps, rapporteur de
couronnement «
à
La
vieille
une date où
Il
laissé
n'était question
reine de Madagascar.
me
il
ministère des Affaires
ne voudra jamais s'écarter.
commission des crédits de Madagascar, a terminé
la
permettra de placer à
la fin
de
mon
livre,
dont
elle sera
encore ni d'une cour de Tananarive, ni d'un gouvernement hova ni d'une
de
niquer un grand secret à
la
discussion devant notre Parlement des crédits néces-
la
pour une expédition armée à Madagascar,
le
ministre des Affaires étrangères viendra
commission chargée de l'enquête.
la
Il
dira fort
France annexer Madagascar, sinon
une des plus éclatantes confirmations de mes observations
nous appliquons à Madagascar? Pour tout
moment, que
homme
relatives
commu-
probablement que l'Angleterre
elle ferait
prise de possession de l'Egypte; mais, en revanche, elle admettrait très bien
évident que du
de
»
ne consentirait pas à voir
là
le
l'inanité
sur Madagascar des droits qui remontent jusqu'au temps de Richelieu,
est fort probable, sinon certain que, lors
saires
Antimerina, dans laquelle
du doigt
:
France nous a il
qu'il
pages écrites pour éclairer
efforts, toutes ces
vrai jour, leur faire toucher
légèrement engagés, ligne de conduite immuable dont
son éloquent discours par cette phrase le
mes
toutes ses réserves pour sa
un
protectorat. N'est-ce pas
au régime politique mauvais que
tant soit peu versé dans les choses extérieures,
l'Angleterre reconnaît à la France (dans ce cas, le protectorat de
il
est
Mada-
1. Certaines personnes ont voulu trouver dans ce système colonial qu'on appelle Protectorat, beaucoup d'avantages administratifs et financiers. Ces avantages sont bien plutôt apparents que réels. Mais, sans m'attarder à en donner une
démonstration longue et minutieuse, admettons-les provisoirement. Ceci étant posé, les partisans à outrance des Protectorats admettront peut-être de leur côté que leur système provisoire de colonisation ne sera pas amoindri si, au lieu d'être dirigé par l'administration des Affaires étrangères, il est conduit par les Colonies. Or l'expérience a suffisamment montré, je crois, la façon dont l'administration des Affaires étrangères soutient nos nationaux et leurs intérêts dans les pays de Protectorat. Or, pourquoi a-t-on voulu néanmoins conserver aux Affaires étrangères l'administration des pays de Protectorat? Pour une seule raison, la suivante on a prétendu que les agents des Affaires étrangères, les traditions constantes de ce département ministériel éviteraient ou viendraient remédier dans une certaine mesure aux froissements, aux haines, aux motifs de désaccord quelconque qui pourraient survenir entre la République française et les Puissances étrangères, jalouses de l'extension de notre domaine colonial. Donc on admet qu'il faut dans ces entreprises de Protectorat faire des concessions incessantes, défendre avec mollesse les intérêts de nos nationaux, en somme nous établir dans un pays sans avoir l'air de le prendre et surtout sans avoir l'air de nous y poser en maîtres. Pour obtenir ce résultat, était-il nécessaire de venir à Madagascar pour la seconde fois, d'y envoyer quinze mille hommes et d'y dépenser 65 millions? On comprend si bien qu'un Protectorat n'est pas un système définitif de colonisation que tout le monde en France n'y voit qu'un acheminement pur et simple, vers l'annexion totale. On oublie trop volontiers que nous ne sommes pas seuls au monde et pour établir quelque part notre Protectorat il faut faire une première concession, puis vingt ou trente ans plus tard, lorsque nous serons amenés par la force des choses à annexer ce pays de Protectorat, il faudra faire encore une deuxième concession aux puissances jalouses de notre extension coloniale. On voit donc que, tout bien considéré, les Protectorats coûtent énormément plus cher que les colonies. :
CONCLUSION. avantage quelconque, on peut être sûr
gascar) un
Royaume-Uni certain
crie,
tempête, hurle, menace
que ce quelque chose
est bon. C'est
même
qu'il
40S
n'est pas bien
sérieux. Si, au contraire, le
lorsque nous entreprenons quelque chose,
un critérium
il
est
infaillible.
Bref, après avoir séjourné cinq ans à Madagascar, après avoir parcouru dans ce pays plus de G 000 kilo-
mètres, je suis convaincu que tant
pour
le
:
1°
cette
peuplement que pour
grande
île
l'exploitation
;
africaine formera 2» je suis aussi
un jour notre plus
convaincu que
la
belle colonie,
France ne pourra
administrer utilement ce beau et bon pays qu'en en confiant les destinées à un département ministériel
indépendant des pressions extérieures, non hypnotisé
et
pas davantage médusé par
le
spectre bri-
tannique. J'ai
voyagé quelque peu en Asie, beaucoup en
grinations à travers le monde,
Français
j'ai
km
Tique, davantage en Afrique, de toutes mes péré-
rapporté par-dessus tout
la
croyance absolue en cet axiome, pour nous
:
EN MATIÈRE COLONIALE, LA CRAINTE DE L'ANGLETERRE N'EST PAS LE COMMENCEMENT DE LA SAGESSE.
Dr
FIN.
Louis Catat.
APPENDICE
Il
me semble intéressant
compagnons
au long dans
et
mon
et utile tout à la fois
moi avons récit
suivis
dans
de voyage, mais
il
la
comme
de donner
grande
île
I
appendices
les itinéraires
que mes
Ces itinéraires sont bien indiqués tout
africaine.
y manque certaines données numériques, distance
et altitude,
qui peuvent être utiles à consulter dans certaines circonstances. D'autre part, réunis en un tableau et
présentés sous une forme abrégée, ces tableaux des itinéraires se présentent mieux aux yeux et à
Dans
la
première colonne de gauche figurent
rencontrées sur la route, etc. La
marche.
A Madagascar
les
noms de
l'esprit.
villes, villages, localités traversées, rivières
deuxième colonne et la troisième contiennent les heures et minutes de
plus que partout ailleurs, l'évaluation de la distance en temps employé pour
la
franchir est plus exacte en quelque sorte qu'une évaluation kilométrique approximative, mais, dans bien
des cas,
elle
ajoute à cette donnée linéaire, lorsqu'elle est
un peu connue ou soupçonnée la route parcourue. Dans
une notion assez exacte des difficultés que l'on rencontrera sur colonne
j'ai
placé en mètres l'altitude du point géographique considéré.
altitude est le plus
souvent
la lecture
11
d'autre part, la
quatrième
faut remarquer que cette
brute fournie par un baromètre holostérique altimétrique com-
pensé de première qualité. Cet instrument a d'ailleurs été confronté aussi souvent que possible avec un baromètre étalon à mercure (système Fortin de l'observatoire de ïananarive), mais mes observations corrigées de l'erreur instrumentale ne sont pas réduites à zéro
:
il
y aurait donc lieu de tenir compte
d'une légère variation dans ces chiffres. La cinquième colonne (à droite de
la
page) contient quelques
observations sur la roule parcourue, ses aspects différents, la contrée traversée, les localités rencontrées.
LOCALITÉS
OBSERVATIONS Villages, Riviéros, otc.
ITINERAIRE DE TAMATAVE A TANANARIVE Tamatave {Départ). Mananaresa Mananaresa
Hofa
Apetainomby. Mananaresa.
»
(le
N°
I.
capitale plus généralement suivi par ceux qui se rendent de Tamatave à la des Anlimerina). rare, quelques arbrisseaux. route. Petit village de 10 cases, à 200 mètres à droite de la m. 60 » (1S mars) ; après l'avoir traversé, Petit cours d'eau 150 m. mètres de la route le laisse à gauche et le suit quelque peu à 50
Route sablonneuse, herbe
X
son cours. la route, une 5 cases à 100 mètres sur la droite de case immédiatement à gauche. Petit hameau de 10 cases. rive On traverse une deuxième fois ce cours d'eau, puis on suit sa ou deux trouve on route, de la gauche et à endroit gauche; à cet trois maisons.
Hameau,
"f^.^™
^
par un premier chiffre la Toutes les fois que ma route traverse un cours d'eau, j'indique Il faut h.marquer que considéré. gué au moyenne la rivière, un second donne la profondeur guéage. un Bri prises; époque mentionnée d ailleurs à chaque de valeur qu'à l'époque où les mensurations ont été proportions. grandes de dans varie d'eau en effet que suivant les saisons le débit aqueux d'un cours t.
,
|«^™2SX
.
.
.
.
.
VOYAGE A MADAGASCAR.
408
LOCALITES
OBSERVATIONS
P 3 Villages, Rivières, etc.
40
Seraka
Traversée d'un petit ruisseau,
le sentier
pénètre dans des bois
marécageux.
Ampasimandreva Atapakala Ivondrona
32
Village de 10 cases à 500 mètres à droite de la route. Village de 10 cases. Gros village, 240 cases. La route longe ensuite la rivière
1
7
même
du
nom. Ivondrona Ambodinisiny.
Traversée de l'Ivondrona en pirogues. Village de 200 cases. Avant d*y arriver on traverse pendant un kilomètre environ un bois assez toulTu. Village de 10 cases, groupées en trois groupes à gauche de la route à droite un marais. Village de 10 cases. Village de 10 cases à gauche delà route. Champ de manioc. 30 cases, grand marais à droite. Village de 10 cases à droite de la roule. Village de 5 cases à gauche de la route. Village de 50 cases à 1 500 mètres à l'ouest du rivage de la mer;
2 S
An dramany
38
Andramanatsimo Ankorondrano
23
;
.
24
Ankarefa..
59
Tanambao Tranomaro
20
Antapoly
29
Itampy Ampanirana.
38
Andranokoditra
33
Mangoka
50
38
nous traversons
le
Tapoly, 20 m.
X
m.
60 (19 mars).
Village de 200 cases, la route en forme la rue principale. Village de 20 cases, une longue lagune se trouve à 500 mètres de la route en cet endroit. Village de 50 cases. La route forme la rue principale. Arrivée au bord de la lagune de Mangoka, depuis Andranoko-
nous avons fait les deux tiers de la route sur le rivage de mer, un tiers le long de la lagune. Il y a 7 minutes de traversée en pirogue, puis on entre dans un bois touffu. Village de 300 cases, établi de chaque côté de la route dans une plaine ondulée. Gros village. Le trajet de Vavony à Andavakamenarana peut se faire en pirogue. Village de 200 cases. 11 faut traverser une lagune pour arriver au village, la traversée qui ne dure pas une minute se fait en pirogue. Gros village commerçant de plus de 300 cases '. Nous arrivons au gué de l'embouchure de ITaroka 800 m. (20 mars), traversée en pirogues. Cours d'eau affluent de gauche de l'Iaroka. Traversée en pirogues, 10 m. 1 m. S0. Village de 200 cases. Andovoranto est le village commerçant de la contrée. Tanimandry, plus pauvre et moins important, est un poste militaire antimerina, c'est le siège du gouvernement de la ditra la
Ampanotoamaizina
Vavony
55
Andavakamenarana.
10
Andovoranto
47
Iaroka
38
Ambatsy
ii
—
X
"•
X
Tanimandry.
province. 23
Bemasoana. Iaroka
30
27
Depuis Tanimandry on marche très lentement sur des troncs d'arbres et des fascines jetés sur un marais profond, puis on arrive dans une plaine ondulée. Petit village de 5 cases. Fourrés de ravenala. Arrivée à la rive droite de l'Iaroka. 1 m. 80 (21 mars) Bac de ITaroka, traversé en pirogue, 500 à coté de la rivière est un petit village de 10 cases Ambanatrano. Village de 12 cases, te route suit de petites vallées, escalade des
10
X
48
;
:
Nomoka
mamelons, pays mouvementé. Manambonitra.
55
15
Village de 30 cases.
x
1 m. 50 la rivière du Manambonitra en pirogues, 100 mars). Traversée à gué du Ranomafana 50 m. 1 m. 10. Village de 100 cases, eaux thermales. Avant d'arriver au village, on traverse une rivière. Village de 35 cases. 2 minutes après la sortie du village, on traverse une rivière coulant de droite a gauche. La route est pénible, les mamelons plus élevés que précédemment sont très rapprochés les uns des autres.
Traversée de
1
(22
Ranomafana. Ranomafana.
43
Bedara
50
On
X
26 100
a l'habitude dans ce trajet de Tamatave à Tananarive de prendre a Andovoranto des pirogues qui, remonlant vont rejoindre au village de Maromby la route terrestre de Tamatave à Tananarive. Cette route fluviale raccourcit de beaucoup le trajet, elle est aussi un véritable soulagement pour les porteurs, qui en pirogues se reposent. On peut continuer le long de la côte jusqu'au village de Tanimandry et de là, se dirigeant directement vers l'ouest, arriver à Maromby. Cette route terrestre est très pénible, elle traverse des marais profonds. C'est la moins connue et pour cela nous l'avons choisie. 1.
l'Iaroka,
â&#x20AC;&#x201D; .
.
.
APPENDICES. LOCALITES s-
a
Villages, Rivières, etc.
Ambatoarana
35
.
i:;o
10 9
Antanzombato...
10
Tanambao
1S
29
330
Mahela
Ampasimbe
310
20
Antampomadilo
35
590
31
530 000
28
Marazevo
Beforona
510
.
.
51
4:0
39
520
Rihitra
Ambavanirana.
56
40
Nevoka
39 40
Analamazaotra
.
Ampasimpotsy.
Behena Ambodiviavy.
Moramanga
12 28
.
Andranokobaka.
13 7
Andakana
et
Mangoro
.
19
12
30
Ambodinifody.
.
22 48
Sabotsy
10
Ambodinangavo.
28
409
.
VOYAGE
410
LOCALITES
Villages, Rivières, etc
Ambodimanara
Ankeramadinika
Manzakandriana
Amboboasy Ampanatakely. Tanifotsy
Marihidaza Ambohimalaza..
y:
U H
A MADAGASCAR.
APPENDICES. LOCALITES H -a Villages, Rivières, etc.
Ankisatra Onibe
40
Andranovohitra
55
Talata Antsirihibe
25
Ambohimanjaka
35
15
55
Sarobaratra
Bemasoandro Sahanamandry Ranamalo
Kambana Tsinjoarivo
1500
1550
1590 24
411
. ...
.
. ..
.
VOYAGE
412
A
MADAGASCAR.
LOCALITES
OBSERVATIONS Villages, Rivières, etc.
Hameau
30
Ihadilanana Soavina
35
1370 1510
Manohasana Ambohimanambola Ambovona
1490 15
1110
45
1270
Hameau de 5 ou 6 maisons. Traversée à gué de l'Andrantsay, 80 m. 1 m. 30 Village de 60 cases, à l'Est du mont Ivohibe.
20
1330
Petit
30
1350
Id.
10
Andrantsay Andrantsaimahamasina Inanatonana Ambatomainty Avarabatolava Ambohiperenana Ambohibe.
10
1340
40
1335
so
Ambohimarina Antoby
20
1410
40
1440
Anivorana Ambatoloha
55
Sahasarotra
20
Zoma 1470
Fenoarivo
1310
Sahaomby
Mahasiniray.
50
Ambohimarina
10
1090
47
1410
.
(28 mai).
hameau.
Id.
Pauvre village d'une quinzaine de maisons. Petit hameau. Id.
Village d'environ 30 cases. laisse le hameau de Anivorana à droite. laisse le hameau de Ambatoloha à gauche.
Traversée à gué de cette rivière coulant de droite à gauche, 50 m. X 1 m. (31 mai). La route traverse l'emplacement du marché de Zoma. Village assez important de plus de 100 cases. Traversée a gué du Sahaomby, 20 m. m. S0 (1 er juin). Hameau à S00 mètres à gauche de la route.
x
Hameau.
5
.
x
La route La route
10
Voabaza Antenibe Kitsamby
de 12 maisons à droite de la route. Village de 40 cases. Arrivée au mont Manohasana. Village fortifié d'une trentaine de cases.
x
Traversée à gué du Kitsamby, S0 m. m. Village fortifié d'une vingtaine de cases.
70
(1
er juin).
49
Hameau.
10
Terrain volcanique et sources chaudes. Le lac Kasanga est à 800 mètres à droite de la route. Gros village de 150 cases situé sur une éminence. Le mont Kasige dans l'Ouest, c'est un cône volcanique à formes
Kasanga
30
Mahatsinjo
55
1440
55
très régulières.
1290
Ambodifarihy Manjakaravanina Ambohipolo
11
1240
58
1270
Lily
10
12
Hameau. Hameau.
Sangarana Ambarakely
Village de 20 cases. Suivons le Lily en le laissant à 500 mètres à gauche. Hameau, 400 mètres à droite de la route. Hameau à gauche de la route.
Lily
Passage du
Itasy
39
Atsinandalana.
n
courant (4 juin). Arrivée sur les bords du lac Itasy. Hameau à gauche de la route. Pauvre hameau de maisons.
Mangabe
50
Janadanta
40
Manazary
12
1255
1320
Lily, le déversoir
Petit hameau. Village de 20
du
lac Itasy, 100
m.
x
m.
70, fort
cases, construit sur une haute colline qui domine
dans l'Ouest. Hameau à gauche de la route. le lac
Ambatavo
40
Ierana Sahabenarivo..
30
1300
30
1320
Kianzamalaza
13
1340
Petit village.
1430
Hameau, 500 mètres à droite de la route. Pauvre village d'une vingtaine de cases.
Imoratsihazo.
.
30
.
Soamahamarina
33
Andranomanga Ambohibeloma
3
1320
15
1270
La route traverse l'emplacement d'un marché. Passage à gué de l'Onibe, 60 m. m. 60. Hameau a gauche de la route.
1350
Village assez important, de' plus de 300 cases, construit en haut
i
20 40
.
Id.
Petite contrée boisée de tapia (chrysopia).
45
Alatsinaina.
Petit village.
x
d'une colline.
Andrianambo.
30
Ombifotsy
15
Ankadilalamasiiia
33
Ambatotsangana
25
.
Andramatoakapila Matahitra...
Mampitoby.
1190
La route passe près des chutes de l'Ombifotsy. Passage à gué de l'Ombifotsy, il coule de droite à gauche, 2o m. X0 m. 60 (12 juin). Hameau. h).
1220 10
1130
50
1280
Arrivons au bord de l'Ikopa. Village d'une trentaine de cases à 1 kilomètre au Sud de l'Ikopa. Traversée de l'Ikopa en pirogues, 80 m. 2 m. (13 juin).
x
Hameau. Hameau.
.
APPENDICES. LOCALITES
en
u
H
Villages, Rivières, etc.
Tafaina
Maridaza Fiahonana
Babay Fantokana Sabotsy Soavinimerina. Anisovainto. Fenoarivo. .
Ambohimamary
a g
413
VOYAGE A MADAGASCAR.
114
LOCALITÃ&#x2030;S
.
. ..
APPENDICES.
415
m a a
LOCALITES
H-a
OBSERVATIONS
PS
Villages, Rivières, etc.
Morarano
"40
20
.
Ampango. Moramanga.
830 920
20
Coteaux couverts de bois clairs. Le village est sur la rive gauche du Sahanarirano. Hautes herbes et fougères. Traversée de plusieurs petits ruisseaux. Terrain en pente douce.
Cet itinéraire entièrement suivi par M. G. Foucart comporte 122 heures de marche, calculée de 4 kilom. à l'heure, une distance parcourue de 561 kilom. 2.
soit, à
une vitesse
moyenne
ITINÉRAIRE
N° IV.
DE TSINJOARIVO A TANANAR1VE PAR ANKAVANDRA ET TS1ROANOMAND1DY. Tsinjoarivo
Départi 10 mai.
Antseva Fierenana
2
50
1480
15
1
180
40
Morarano Ambohimandroso
27
Lakana
38
Ambatomena
.
.
.
I
511(1
13
.
1520
37
Mananzary Antsiramondy
i:;:;n
1530
Soandrarina
1050
Ambohiponana
;.;
Antsirabe
1430
51
1490
Betafo
is
1450
Andzazafotsy Andrantsay
30 30
1230
Ambohibary Tanisarotra
Il
Soavina
Sambaina
21
Mahamavo Ambohimanambola Andrantsay Akeladrano Inanatonana
Ambohitovalana. Antanatana
.
Fiesinana Ingalava
Ambodivato Saronenana Masoandro.
.
.
.
Sahasarotra
Ambidrano Antanetobe
Ambohitompona.
Sahaomby Antanambao Vohabaza Kitsaraby
Masindra
.
SU
..
..
.
.
.
.
.
VOYAGE A MADAGASCAR.
416
S a
LOCALITES
OBSERVATIONS Villages, Rivières, etc.
Kasanga
.
1300
Mahatsinjo.
Antaboka Lerano
sentier passe à 500 mètres à l'Est du pied du Vinany. sentier passe à 500 mètres de ce petit lac. Village d'une centaine de cases. Village d'une trentaine de cases. Village fortifié d'une trentaine de cases.
Le Le
.
;;o
.
1180
1180
X
m. 50. C'est le déversoir du lac Traversée de cette rivière, 19 m. Itasy, pays fertile et peuplé. Village d'une dizaine de cases. Hameau de cases. kilomètre au sud de la monVillage d'une dizaine de cases à tagne d'Ikiby, montagne terminée par une aiguille de granité de plus de 10 mètres de haut. Village d'une dizaine de cases. m. 25. Traversée de cette rivière, 40 m.x m. 90 (23 mai). Traversée de cette rivière, 35 m. Hameau de 6 cases, a côté un lac Farihy Lava, communiquant par le Sud-Est avec la rivière Sakay. Ce lac large de 150 à 200 mètres s'étend loin vers le Nord vers le Sud il se termine par des marécages, et ses rives disparaissent sous une abondante
Lily
Ambohimarim.
20
Aivtanety
n
Ambohitsara.
Antanio.
10
.
1
880
.
Mazo Sakay.
950
830 .
•
.
Antamena
20
820
50
850
x
:
;
végétation. Village d'une dizaine de cases. Hameau de 4 cases. Hameau de 10 cases. Village de 15 cases. Hameau de S cases. m. 16 (24 mai). Traversée de celte rivière à gué, 50 m. Gros village de plus de 200 cases près de la haute montagne du
Bangalesa Anosibe
53
890
54
900
Tongabato
21
Mahatsinjo Tsiasompaniry Passandava. Bevato
22
950 960
Avaradrano
12
900
Ambarovato Ambalarivo
50
760
35
760
Tsiroanomandidy. Imarovatana
43
790
15 cases. Village d'une douzaine de cases, culture, contrée peuplée. Hameau d'une dizaine de cases. Grand village de 200 cases, poste militaire antimerina.
S10
Hameau de
40 45
.
940
x
820
40
même nom. Hameau de
S
cases.
De ce point jusqu'à Ankavandra M. Maistre ne rencontre pas de villages sur sa route, pendant 2 jours il marche dans la brousse, campant le soir au bord d'un ruisseau ou près d'un petit bouquet de bois. Jusqu'à Ankavandra mon compagnon de voyage fournit 22 heures de marche. Ankavandra
I
»
• I
I
Village de 3 ou 400 cases, population en majorité formée par les
Sakalava.
D'Ankavandra M. Maistre pousse encore une reconnaissance dans l'Ouest, il traverse le Manambolo, un des plus grands fleuves de Madagascar. Dès ce jour, abandonné de tous ses porteurs, il est obligé de revenir à Tananarive.
Tsiroanomandidy.
Avaradrano ... Betavo
Passandava ... Ankadimelo Tsiazopanirana
Ampararana.
.
.
.
Ambalanira
Ambohitromby Ambohibohangy. .
Moratsihazo. Miandrarivo Tsaravihazo.
•'
.
.
APPENDICES. LOCALITES
Villages, Rivières, etc.
Bemasoandro Hafana Alatsinaina
.
Ankadilalana
.
.
Ambohimasina Itampolo
in
..
— .
VOYAGE
418
A
MADAGASCAR.
LOCALITES
OBSERVATIONS Villages, Rivières, etc.
<
<=
Marovato
19
Hameau de
Amberomanga.
28
gauche de la route; nous du Mangoro. Traversée du Mangoro a gué, 20 m. m. 60 (8 août). Petit village d'une dizaine de cases; non loin de là grand amas de
9 cases. Village de 10 cases à 500 mètres à
sommes
Mangoro Ambonga.
35
Beraketa
40
Andaingo Ankasy Ambohimanjaka.
32
.
010
23
X
de 8 cases. Village important d'une centaine de cases. Arrivée au bord du marais du Didy qui forme les sources Mangoro et de l'Ivondrona.
du
Nous nous sommes embarqués dans des pirogues et nous arrivons dans ce hameau de 6 cases bâti sur une colline qui surgit
Ambohitrinisoa
58
960
S
870
du marais. Après une deuxième navigation nous arrivons dans un autre ilôt. Troisième navigation pour gagner la terre ferme à l'Est du marais. Réunion de 2 ou 3 hameaux qui, réunis, comprennent une soixantaine de cases. Immédiatement au sortir du village on entre dans la forêt, prolongement de celle d'Analamazaotra. Nous arrivons à un endroit choisi pour le campement. Arrivée au camp près d'un ruisseau nommé Saratonga. Pas de
830
Arrivée au lieu
55
1070
50
Didy.
la vallée
Hameau 1010
so
Tanimena.
dans
sable blanc. Village de 12 cases. Village de 25 cases.
15
10
ici
3(1
village.
Tolongainy.
Ivondrona..
S20
.
Ambatoarana
830
.
Sahavelona..
55
50
Mariany.
10 55
Asivora.
1010
55
45
Fito
40
Sahafatra.
10
35
Ambinansaviany. Ambodibonara.. Ambodigiavo Marovato Laniranana Akosibe
10 2 10
55 38
52
Sahatsara
10
Ambodinonka
33
Anjiro
27
Lomboka Belomboka Saranasy
7
12
410
dit Tolongainy où nous nous arrêtons pour camper. Passage à gué de l'Ivondrona, 150 m.x m. 70 (18 août). Arrivée au lieu dit Ambatoarana. Campons. Traversée du ruisseau Sahavelona. Arrivée au camp dit Sahavelona. Passons au sommet du mont Mariany. Arrivée au camp. La route passe à gauche d'une cascade. Traversée de l'Asivora. Village betsimisaraka de 30 cases. Traversons le Sahafatra, affluent de droite de l'Ivondrona. Arrivée au village de Sahafatra. La route traverse le hameau de Ambiansaviany.
Hameau d'unejlizaine de cases. Arrivée à Ambodigiavo. hameau de 8 cases. Hameau de 6 cases. Hameau de 4 cases. Hameau de 6 cases. Village de 15 cases. Hameau de 6 cases. Hameau de 6 cases. Hameau de S cases. Petit village d'une quinzaine de cases. Hameau d'une vingtaine de cases; à côté de ce village coule le Saranindo, affluent de "droite de l'Ivondrona. Nous prenons à Saranasy des pirogues qui, par voies fluviales, nous amènent à Ivondrona où nous retrouvons la route ordinaire de Tananarivc à Tamatave. La durée du trajet est de 7 heures. Arrivée à Tamatave.
Cet itinéraire entièrement suivi par le docteur Catat et M. C. Maistre représente 92 heures de marche, à une moyenne calculée de 4 kilomètres à l'heure, une dislance parcourue de 308 kilomètres pour er aller de Tananarivc à Tamatave par la route dite de Radama I soit,
.
.. . .
.
APPENDICES. LOCALITES
Villages, KiviĂŞrcs, etc.
Ampanalava Ivolohina...
Vohidotra.
Angazavo. Betafo
â&#x20AC;&#x201D;
Ifontsy.
..
Fasendia.
Ankadirano Antetezana.
Antaratasy
.
Foulepointe
.
Mahavelona. Marifarihy
.
Manakaribahiny. Ambatovato Mahasoa
Ambatomalama.
Mahambo Itsiritra
Iazafy
Fenoarivo Sahavola
Antendro Tarapolo
Manangoro.
Manarampotsy Ambalakazaha. Manansatrana. Fatadrano
Manankatafana
Ivongo Marimbony. Rasabe
Tanambao. Rangazava
.
Antsiraka
Fandrarazana
Manompa
,
U9
VOYAGE
420
LOCALITÉS
Villages, Rivières, etc.
A
MADAGASCAR.
........
.
.
APPENDICES. LOCALITES
\±\
- y
OBSERVATIONS Villages, Rivières, etc.
Androkabe Ambatomilatra Antsomiky
35
Ambondrona
35
.
280
.
Anahidrano .... Andengalenga
10 18 o
.
Mahetsenfaly.
..
Ambodivongo..
S8
Bevala
40
Hameau Hameau
de 12 cases. de 8 cases. Village saUalava d'une douzaine de cases. Hameau de 10 cases. Village de 15 cases. Le sentier passe près des monts Andengalenga. Village de 18 cases. Village de 12 cases. Village de 50 cases. Route dans la brousse, dans les lataniers de l'Ouest.
Le sentier côtoie
Sophia Beroitra
10
Ankazomena.. Ambarijevo Ambararatabe Bezony Marovato Angado Anjobiny
150
18
.
Hameau Hameau Hameau
50
35
.
15 8
23 15
Bemarivo
17
Betsisiky
57 40
Ankoby Antatamo
3(1
5
.
Mahajamba
1
10
50
Tsaramaso
Madirombohana
Ambohimena Marokira Magnerenza.
Bemakamba.
.
.
.
.
32
.
10
.
Tanantafy
6
6 8
cases. cases. cases.
Passage à gué de cette du Sophia.
rivière, 70
m.
x
0.40 (14 octobre), affluent
Hameau
30
15
Andoanboary.
de de de
Village de 30 cases environ.
33
Beleingo
gauche du Sophia.
Village de 15 cases. 50
Belalitra
rive
Id.
20
Ambahibe
la
Village de 12 cases. Hameau de 8 cases.
3:1
de 12 cases. 0.40 (17 octobre). Traverser à gué le Bemarivo, 60 Village de 20 cases. Dans les bongalava. Arrivée au campement au lieu dit Beleingo (pas de village). Hameau de 6 cases. Hameau de lu cases. Village de 20 cases. Traversée en pirogues du Mahajamba, soxl m. 30 (20 octobre). Campement sur les bonis du fleuve. Hameau de 15 cases. Hameau de 10 cases. Hameau de 8 cases. Village de 14 cases. Village de 20 cases. Hameau de 5 cases. Hameau de S cases.
x
Arrivée à Majunga (24 octobre).
Majunga
Cet itinéraire entièrement suivi par le docteur Calât comporte 140 heures démarche, soit, à une septembre au vitesse calculée île 5 kilomètres à l'heure, 700 kilomètres de distance parcourue du 23 2't
octobre.
ITINÉRAIRE
N° IX.
DE MAJUNGA A TANANAR1VE. Départ de Majunga
(:i0 octobre)
30
Amparehingidro..
Ambohitromby Ambatokely Maevarano Miadana
.
200
.
00
.
.
couverts Traversée à gué des terrains submeri es à marée haute, de palétuviers. Village d'une douzaine de cases. Camp retranché au sommet d'une colline, établi là par les Antimerina lors de la dernière guerre, l'élit village de 15 cases. des bords du Belsiboka. Village d'une trentaine de cases non loin Village d'une soixantaine de cases. 2 m. 50 (1" novembre) Passage en pirogues de cette rivière, 12 m.
X
Andranolava.
Marovoay
terrain
.
Tsimahajao.
;
marche facile, sentier se déroule dans la brousse, ruisseaux dessèches. de beaucoup traversons dur, et sec argileux, habitants. 3 000 de plus Ville importante de de ce ruisseau sur un tronc d'arbre. le
33
Traversée
VOYAGE LOCALITÉS
Villages, Rivières, etc.
A
MADAGASCAR.
APPENn CES I
LOCALITES
Villages, riviàrcs, etc.
.
123
.
VOYAGE
424
LOCALITES
m w
« a Villages, Rivières, etc.
Talata Inkiala
Alarobia Matsiatra Ibita
Manalafaka
. .
A MADAGASCAR.
.
.
. .
.
APPENDICES.
423
LOCALITES H 3 Villages, Rivières, etc.
Ambalamarina. Andrianaboatsa Ianakaomby.
,.
.
Tamotamo Tsiesetra
Vorokasy Sahanona
Mandrare Iaramamy. .
Imitray Simieba
.
Esela
Ambatomasina. Imanevy Mandrare Andevoroka Imandroaka .
.
.
.
Izama Tarafasy
Manampany Rivoa Andreneinga
Andramanakana. Tsiarony Belavena
Ambarano
OBSERVATIONS
.
..
VOYAGE A MADAGASCAR.
426
LOCALITES
Villages, Rivières, Ýtc
Andingintana. Sandravinany.
Ambalafandrana.
Anakondro Anakondro
Mahabo Manambondro.
Betroka Ivato
Masianaka
Ambatomena Nositromby Saronona Antarapasy.
.
.
.
.
w a a H
APPENDICES. LOCALITES
en
M Villages, Rivières, etc.
Antananarivokely
Sahanambo Ambatomainty Manarabolo
427
APPENDICE
II
Au moment où paraîtra ce livre, les collections d'objets d'histoire MM. Maistre et Foucart, j'ai pu rapporter de Madagascar ne sont vue scientifique. Cependant
je crois utile de donner,
parmi
naturelle, que, avec
le
concours de
pas déterminées toutes au point de
les échantillons
déterminés, ceux qui peuvent
avoir une certaine valeur documentaire et servir ainsi à l'histoire naturelle et géographique de la grande île africaine.
GÉOLOGIE ET MINÉRALOGIE Quartz résinite avec limonitc Quartz Calcaire avec empreinte de bivalve Prisme de quartz pyramide Quartz en cristaux sur calcédoine Quartz avec tourmaline noire Quartz hyalin Quartzite
Pyroxène augite gros Quartz grisâtre Quartz de filon Quartz de filon
Environs de Fianarantsoa. Pied du Vontovorona. Route de Majunga à Mandrilsara
—
Ambositra
cristal
(Betsileo).
Mahamanina
(Imerina).
Kitsamby (Imerina). Ankisatra (Imerina).
Silex altéré
Ambositra
Quartzite Calcédoine Feldspath orthose rose
Mont
Feldspath altéré Jaspe jaune avec veines de quartz
Tananarive. Imarivo (vallée du Mangoro). Tananarive. Route d'Ambohipo. Tananarive.
(Betsileo).
Ibity (Imerina).
Route de Mandritsara à Majunga (18 octobre). Sommet du mont Iankina (Imerina)..
Quartzite
Gneiss (gros éléments) Gneiss (petits éléments) Gneiss avec cristaux de disthène Gneiss (envoie de décomposition) Gneiss Pegmatite Diorite avec mica noir à gros éléments ,
Manjaka (Imerina). vongo (Betsimisaraka). Tananarive, route de Soamanandrarina. Tananarive, route d'Ambohipo. I
Environs d'Ankavandra.
Manjaka (Imerina).
Diorite à grains fins
Tananarive.
Pegmatite Gneiss Gneiss décomposé Gneiss Gneiss à gros grains
Ampanaovampirika
Stalactite calcaire
Route de Majunga à Tananarive Fort-Dauphin (Tanosy).
Calcaire Calcaire Calcaire Calcaire Calcaire Calcaire Calcaire Calcaire
très
poreux
avec grains de quartz spathique avec mica blanc oolithique rouge (pierre à chaux) avec cuivre carbonate vert
compact
(24 octobre).
Fianarantsoa. Route de Mandrilsara à Majunga (19 octobre). Route d'Ankavandra, chaîne des Bonga-lava. Forêt de Mandrilsara (2S septembre). Tananarive. Route d'Ambohipo.
(Betsileo).
Betafo (Imerina).
Soamanandrarina (Imerina) Antsirabe, (Imerina).
Mahambo
(Betsimisaraka). (30 octobre).
Fort-Dauphin (Tanosy). Ambositra (Betsileo). Route de Majunga à Tananarive (4 novembre). Majunga. Ambatofangehena (Betsileo). Route de Majunga à Mandrilsara (23 octobre).
Gneiss
Antsirabe (Imerina) Vnalakondro (vallée du Mangoro).
Calcaire spathique Calcaire spathique rose Stalactite (calcaire concrélionné) Calcaire corrodé Calcaire cristallin jaunâtre
Ambositra (Betsileo). Environs de Tananarive. Vallée de Bemazemba (à gauche du Mania) Route de Majunga à Tananarive. Route de Majunga à Tananarive (4 novembre).
siliceux
APPENDICES.
429
Schiste graphitique Basalte Basalte avec péridot Basalte Basalte vacuolaire Diorite schistoïde Basalte
Ampanaovampirika.
Sanidophyre Mica blanc à grandes lames
Ampanaovampirika (Betsileo). Sahabe (Betsileo). Nord d'Ambositra (Betsileo). Ambatofangehena (Betsileo).
Kaolin Chalkopyrite
et
Foret de Vodivato (Imerina). Soavina (Imerina). Tsiafajavona (massif de l'Ankaratra). Ambositra (Betsileo). Ivongo (Betsimisaraka). Fort-Dauphin (Tanosy).
malachite (minerai de cuivre)
Ponce
Côtes Betsimisaraka.
Lingot de plomb Magnétite et quartz
Ambatofangehena (Betsileo). Ambatofaimebena Betsileo). Vatomandry (Betsimisaraka). ,
Lignite
Lave avec péridot
Vntsirabe (Imerina).
Moramanga (Bezanozano).
Lignite pyriteux Scorie volcanique Galène argentifère
Amiante
-
Kasige (Imerina).
ambatofangehena
:
Cuivre natif Schiste charbonneux Serpentine Malachite Lignite et sulfate de fer Lave scoriacée péridotique Calcaire cristallin avec mica blanc Granité rose
(Betsileo).
Vmbohimanga-Asimo (Betsimisaraka). Vmbongo (Sakalava). Ambavatobe (près de la rivière Ampero). Vohinana
(Betsileo).
Betafo (Imerina).
Amparihibe (Boeny). Antsirabe (Imerina). Environs de Tananarive.
Ambohimalaza
(Imerina).
Pegmatite Pegmatite
Ankisatra (Imerina).
Granité Calcaire cristallin. Granité Gneiss avec cristaux de dislhène Labradorite
Ilaf >' (Imerina).
Soamahamanina
Ambohimirakalra
(Betsileo).
Massifs de l'Ankaratra. Ankisatra (Imerina).
Analamahitsy (Imerina). Antsirabe (Imerina ). Ankisatra (Imerina). Tananarive.
Pegmatite Granité rose (
(Imerina).
Irnnitc
Analamahitsy (Imerina).
Granité Syénite Basalte altéré
Tananarive. Vnalakondro (vallée du Mangoro). Vmbatotsipihina (Imerina).
Limonite Hypérite Trachyte porphj rôïde Roche péridotique Leptynite Doloinie Trass Amphibolite Trachyte Turite Micaschiste Amphibolite altérée
Antsirabe [Imerina).
Dolérite l'once avec liuitres
Betafo (Imerina). Cèdes betsimisaraka près de la Pointe-à-Larée.
Tourbe Lave scoriacée
Moramanga
Malachite (cuivre carbonate vert) Vzurite (cuivre carbonate bleu)
Valves d'huîtres Magnétite Lave cloisonnée La\ e trachytique.
ampanaovampirika
Ambositra (Betsileo). Vontovorona (Imerina). ampanaovampirika (Betsileo). Nosy-Ndrava (vallée du Mangoro). Lac Itasy (rive méridionale). Sarobaratra (Imerina).
Ambodipaka
(vallée
du Mangoro).
Mangojohojo
(vallée
du Mangoro).
(vallée
Ampanaovampirika (Betsileo). Route dc Mandritsara à Majunga Imarovatana (Imerina). ambavatobe lAniankarana).
.'
.
Tritriva (Imerina).
Tananarive.
Minerai de plomb caverneuse I imonite
Ampanaovampirika
,
)„,. 1| .|
z ite
Leptynite
du Mangoro).
Tritriva (Imerina). Betafo (Imerina).
Pyrite lier sulfuré)
Quartz de filon Amphibolite Pegmatite Quartzite micacé Pegmatite
(Betsileo).
Antsirabe (Imerina).
(Betsileo).
imbatotsipihina (Imerina). Ambatotsipibina (Imerina). Andranolito. Ankisatra (Imerina).
ambatofangehena (Betsileo). *" Route d'Ambohipo.
"*
(24 octobre).
VOYAGE
430
MADAGASCAR.
A
Quartzite
Route d'Ambohipo
Gneiss
Antsirabe (Imerina).
Lave péridotique Lave scoriacée péridotique Lave basaltique avec péridot
Id. Id.
Id.
Trachyte porphyroïde Granité
Id.
u.
Calcaire siliceux
Id.
Plombagine
Antsefa (Imerina). Ankaratra (Imerina). Ambatotsipihina (Imerina). Tananarive. Analamabitzy. Ambatorato.
Granité gris
Limonite Calcaire spathique rose Labradorite à grains fins Diorite
Pegmatite
Bongo-Lava (Sakalava). .Ambohimalaza.
Granité rose Calcaire Calcaire empâtant des grains de quartz
Fort-Dauphin. Id.
Mica en lames
Fenoarivo. Fenerive.
Diorite
Jaspe jaune Magnétite Amphibolite schistoïde Gneiss et cristaux de dis thène
Ivohibe (Bara). Ivongo (Betsimisaraka).
Leptynite Eurite Feldspath orthose
Iankina (Imerina).
Ilorombe (Bara).
Id.
Id.
Id.
Diorite
U.
Quartz en Calcaire
filon
Kitsamby. 3 kilomètres au sud de Majunga. Bassin du Mangoro.
compact avec empreinte de bivalve
Jaspe jaune avec veine de quartz Quartz résinite Sadninopbyre Argile à porcelaine (terre bleue nettoyée)
— — — —
— — — —
Bois
argile blanche,
ï'aii'j
Vallée du Mangoky.
Route de Tamotamo
à Tsivorv.
Tananarive.
manga
fotsy.
argile blanc-jaunâtre, argile jaune, tany manga vony argile violette
Id.
Id. Id.
Tandraholatra (Imerina). Pointe sud-ouest de la baie de Bombetoke.
fossile
Calcaire fossilifère (tertiaire) Concrétions calcaires Ostrea santoniensis Ostrea frons
Id. \
J
/
>strea columba Fragment d'Ammonite Fragments de Bélemnites
>Ambohitromby (Boeny).
(
\ |
Quartz
/
:
ZOOLOGIE MAMMIFÈRES Setiger setosus.
Cynonycteris dupreana. Indris brevicaudatus, 3 éch. Hemicenteles variegatus. Vesperugo minutus. Propitheeus (foetus).
Lemur catta. Lemur mongoz. Lemur rubriventer.
Viverra Schlegeli. Hemicentetes variegatus. var. Buffoni. Centetes ecaudatus. 2 éch. Potamochoerus Ewardsii.
Lepilemur mustelinus Pteropus Edwardsii. Felis caffra.
OISEAUX Dicrurus forficatus.
Coua coerulea.
Cora copsis nigra. Milvus Korschum. Baza madagascariensis Astur Fiancesi. 2 éch. Tinnunculus Nerotoni.
Cenlropus madagascariensis. Brachypteracias leptosomus. Eroessa tenella. 2 éch.
Circus Maillardi. Strix flammea. 2 éch.
Tylas Edwardsii. Terpsiphone mu ta ta. 2 éch. Dicrurus forficatus. 2 éch. Foudias madagascariensis. Funingus madagascariensis. Turnix nigricollis.
Pratincola torquata. 3 éch. Motacilla Daviventris. Copsycbus albospecularis.
Hypsipetes madagascariensis.
Numida 3
éch.
">
tiarata.
Margaroperdix
striata. 2 éch.
éch.
APPENDICES. Coturnix communis. Ardea purpurea. Ardea gularis. s éch. Ardea alba. 6 éch. Ardea (bubulcus) ibis.
431
Gallinago nigripennis (var. Berniéri) 4 éch.
Rhynchœa
capensis.
éch.
2
Actitis hypoleucus. 2 éch. 3
éch.
Gallinula chloropus, var. pyrrhorhoa. Rallus gularis.
Charadrius tricollaris. Podiceps minor var. Pelzelni.
Dendrocygna viduata.
!
Anas Mulleri. Dendrocygna arcuata, var. major. Anas erythrorhyncha. 2 éch. Querquedula hottentota. 2 éch. Aythia nyroca. 2 éch. Sarcidiornis melanotus.
éch.
éch.
2
REPTILES CROCODILIENS Crocodilus robustus.
Vaill. et grand.
LACERTILIENS Chamoeleon Oustaleté, Mocq. lateralis, Gray.
— —
campain, Grand. nasutus, Gray.
Brookesia superciliaris. Kuhl.
Sepsina Johannoe, Giinth.
Phelsuma cepedianum, Gray.
— —
Hemidactylus mabouia, Mor. de J. Hophurus Seboe, D. B. Zonosaurus madagascariensis. Gray. Mabnia Gravenhorsti, D. B.
raacrocercus, Giinth.
mclanura, Giinth.
OPHIDIENS Leptopbis
Lioheterodon madagascariensis, D. R. Uroinicus sexlincalus, Giinth.
lateralis.
D. B.
Pseudoxyrhopus tritoematus, Mocq.
BATRACIENS Rana
—
guttulata, Boulgr. mascareniensis, D. B.
Rhacophorus Goudoti, Toch.
Megalixalus madagascariensis, D. B.
Rappia Horstocki, Schley.
Calophrynus sp.?
POISSONS Goljuis ocellaris, Brouss.
Ambassis Commersonii, C
|
et V.
INSECTES LÉPIDOPTÈRES Papilio.
éch.
i
Pieris. 3 éch.
Terias.
éch.
3
Cheuilles de Vanesse. 12 éch. Chenilles de Sphingides. 4 éch. Chenilles de Lasiocaupa. j éch. Chrysalides. 100 éch. Cocon de Saturnia. 1 éch.
\n.ic;i. 12 éch.
Vanessa. 2 éch. Danaïs. 12 éch. Hypanis. 2 éch.
éch.
Glaucopis.
lu
Lithosia.
1
éch.
Sphinx.
éch.
5
Urania ripheus. 6 éch. Macroglossa. 1 éch.
ORTHOPTÈRES Blatta.
éch.
!
Periplaneta.
8
éch.
Panchlora. 6 éch. Mantides. 15 éch. Conocephalides. 2 éch.
Brachytrypus.
Phaneropterides. s éch. Truxalides. 10 éch.
3
éch.
Gryllides. 7 éch. Gryllotalpa 9 éch.
Phymateus.
9 éch. éch. Poecilocera. Acridides. 44 écb. 1
NÉVROP.TÈRES Libellulides. 32 éch.
Myrmeleo.
|
1
éch.
DIPTÈRES Lucilia.
Miisca.
1
1
I
éch. éch.
éch. Tabanus. éch. Hippobosque. 1
1
|
HYMÉNOPTÈRES Apides. S éch. Xylocopides. 2 éch. Vespides. 3 éch.
Pompilius. Sphégides.
1
éch.
2
éch.
Ammophila.
1
éch.
Ophion. 1 écb. Fonnicides. 1 éch. Larves d'hyménoptères.
HÉMIPTÈRES Fulgorides.
1
éch.
Flatta. 1 éch. Anisoseelis. 2 éch. Mictis. 3 éch. Pentaloma. 16 éch.
Scutellarides.
1
éch.
Relostoma. 1 éch. Nepa. 3 éch. Cidnus. 1 écb. Pirates.
1
éch.
Lygeides. 13 éch. Corisa. 16 éch.
Hydrometra.
4
éch.
éch.
VOYAGE A MADAGASCAR.
432
COLÉOPTÈRES Cetonides. S éch. Melalonthides. 12 éch. Larves de Lamellicornes.
Nymphe.
1
Oryctes. 11 Passalus. 1
éch. éch. éch.
Onthophagus. Il éch. Dermestes. 3 éch.
Malacodermcs.
Cybister. 2 éch.
Hydrocanthares. éch.
Scarites. 11 éch.
Longicornes.
Chlaennis. 1 éch. Blaps. 1 éch. Ipatrum. 4 éch. Buprestides. " éch. 3
éch.
Gulérucides. 1 éch. Cassida. 2 éch. Coccinelides. 6 éch.
(
Elaterides.
écl
1
Lagria. 6 éch. Lixtus. 4 éch.
6 éch.
éch.
MYRIAPODES Zephronia. Geophilus.
1
Julus.
éch.
5
éch.
Scolopendra.
2 éch.
6
éch.
CRUSTACÉS Grapsus. 3 éch. Gelasimus. 4 éch.
Hippa.
1
Palcmon.
Astacus madagascariensis.
éch. 10 éch.
Oniscus.
3 éch.
Lycosa.
12 éch.
2 éch.
ARACHNIDES Mygale. 1 éch. Phrynos. 1 éch. Scorpionides. 1 éch. Argyope. 9 éch.
Nephila. 36 éch. Epeira. 9 éch. Oxyopa. 25 éch. Olios. 18 éch.
Thomisus.
1
éch.
Gasteracantha.
S
éch.
ANTHROPOLOGIE BETSILEO 50 crânes.
1
2
omoplates.
5
humérus.
'*
2
(de la caverne d'ifandana).
bassin.
4
os iliaques. sacrums. fémurs.
3 cubitus.
1
5 radius.
6 tibias.
1
ANTIMERINA crânes.
2
2
voûtes crâniennes.
2 radius.
1
mâchoire inférieure.
1
Uajunga à Kinajy).
(roule de
ANTANOSY
(de Fort-Dauphin).
crânes.
3
BETSIMISARAKA
[d'Antsiraka).
crâne.
1
BARA tètes
dans
l'alcool
lot de vertèbres et de côtes.
5
fémurs.
2 tibias.
4 crânes.
2
1
{de Tananarive).
os iliaque.
SAKALAVA
inférieures
lées.
humérus.
2
péronés. lot de mâchoires
|
2
mains.
iso-
.
TABLE DES GRAVURES
I.
II.
III.
IV.
V.
Femmes
betsimisaraka
1
Jeune Sakalava musulman de TOuest. M. le docteur Catat
.
..
I
5
Nos fidèles à Tananarive Rade de Tamatave
10
VI. Porteur Vil. VIII.
IX.
X.
Avenue
n"
1,
à Tamatave.
.
Vue générale île Tamatave Embarquement des bœufs nu porteur borizana Un Tana
La cruche d'Ambodinisiny Xlli. Dans les lagunes XIV. Porteurs (le peaux île bœufs XV. La caravane après le dépari
larive
XII.
11
LIX. LX.
île
Tananarive dans la forél XIX. Marchands de manioc XX. Bœufs de Madagascar
51
53 <>>
57
59 03 65 66
07
67 69 "3 79 N:i
87 s:i
90 '-'I
92 93
93 98
XLIL Crocodile..
99
de Mahatsinjo
XL1V. Pierre levée
>''
à Betafo.
XLV. Le gouverneur de Betafo XLVI. Le lac llasy XLVII. Bœuf-cheval et porte fortifiée XLVI1I. Porte de Fenoarivo XL1X. M. Maistre L. M. Foucart LI. Pieux dressés à Andranogavola LU. Moulin à Betsabetsa LUI. Chutes du Mangoro à Anosiarivo
loi I
153
bezanozano Village d'Ambohiboka Un lépreux d'Ambohiboka Le juillet à Tananarive Tombeaux antimerina à Ambatomena....
LXVI.
19
XLI. Cratère de Tritriva
151
152
31
47
XXVI. Élégantes de Tananarive XXVII. Rainimananabé XXVIII. Maisons du lac Anosy XXIX. Un fanataovana XXX. Femme portant son enfant XXXI. Village des environs de Tananarive XXXII. Danse des borizana XXXIII. Sarobaratra XXXIV. Place de Soandrarina XXXV. Esclaves vannant du riz XXXVI. Pic du Vontovorona XXXVII. Léproserie d'Antisirabé XXXVIII. Condamnés aux fers XXXIX. Pierre levée à Ambobiponana XL. Revue des troupes à Ambohiponana
antimerina LXL Un jeune Antimerina LXII. Observatoire d'Ambohidempona
137
13
XXV. Un coin du Zoma
149
Femme
153
il
XXI. Vallée de SaliHlsy XXII. Vue générale de Tananarive XXIII. I.e palais de la Heine XXIV. Les vieux canons
139
Tombeau antimerina
LX1V.
37
...
133
Types antimerina
25 2"
:s"
XVIII. Filanjana
133
133
LXI11. Coiffure
Tanana-
XVI. Enfants malgaches XVII. Vue prise sur la route d'Andovoranlo a
132
21
30
rive
XI. III. Village
LVIII.
13 1"
•
XI. Village sur In route de
il
13
.
LIV. Groupe de femmes malgaches LV. Famille antimerina LVI. Noble antimerina LVII. Famille antimerina
||:!
107
IU
LXV.
1
1
LXV1I. tsikafara • LXV1II. Lu LXIX. Notre maison à Didy I.XX. Noire ami Raininosy.
166 107
LXXXI. Village d'Ambodimadiro Les officiers de Mandritsara 1. XXXII. LXXXIII. Mandritsara vu de l'Ouest LXXX1V. Cimetière betsimisaraka
203
169 175 180 181
181 183 191
195
199 205
207 210
LXXXV. Village d'Ambohimena LXXXVI. Femme sakalava de Majunga LXXXMI. Troupeau de bœufs parqué
211 211
215 219
LXXXVI1I. La soif Tsievala et ses soldats I. XXXIX. xc. Les grands lataniers de l'Ouest XCI. Village des Bongalava
223 227 229
Dans la vallée du Mahajamba XC1II. En parlementaire devant les fahavalos... XCII.
231
233
237 XCIV. Campement au bord d'un étang 240-241 xcv. Panorama de Majunga 217 XCVI. Sakalava de Majunga 218 XCVII. Village dans la brousse XCVHI. Chutes de l'Ikopa à sa descente du pla-
teau central Mlle de Trabonjy c. Tombeaux arabes à Majunga CI. Femme sakalava de Marovoay CIL La musique du gouverneur de Marovoay.
XCIX. Jeune
Le capitaine de
' l-j
C1V. Jeunes
127
165
168
Clli.
125
101
163
LXXI. Le Rangahy Be LXXII. Types bezanozano LXXIII. Campemenl de Tolongainy LXXIV. Exploration d'une lagune LXXV. Le cap Bellones l.XXVI. Le gouverneur d'Ivongo. I.XXV11. Jeu du katra ou (Ifangha LXXVIII. Village d'Ivongo LXX1X. Forêt à l'est de Sahasoa LXXX. Le chemin d'Andasibe
l13
in
159
filles
la
- i3
249 251
231 255
237
Douane
261
antankara
263
cv. Rue d'Ampotaka CVI. Notre maison à Tananarive CVII. Rue d'Imarivolanitra, à Tananarive 55
266 267
TABLE DES CARTES.
434
CVHI. Église des Jésuites à Tananarive CVIX. Mon professeur de « fanorona » CX. Porte de Kinajy CXI. Village d'Alakamisy
273 275
CXII. Coiffure betsileo CX1I1. Palais de Soanierana
277
276 277
279
CX1V. Pierres levées au sud de Sabotsy CXV. Vue générale de Fianarantsoa CXVI. Marché de Fianarantsoa CXV1I. Ambatolaliikisoa et type <les maisons
291
betsileo
CXVIII. Porte du rova à Fianarantsoa CX1X. Maison d'un Vala CXX. Femme betsileo CXX1. Mendiant betsileo
CXX1I. Ifandana roche du CXXI1I. Types tanala CXX1V. Type tanala CXXV. Ifandana :
293 294
29b
299 301
sommet
308 309 314
CXXVI. Notre maison dans FHorombe CXXVII. Le frère du roi d'Ambararata CXXVIII. Montagnes rocheuses du Sud-Betsileo. CXXIX. Au village d'AnUaramena. Pileuses de riz.
.
d'Ankaramena CXXXI. Betsileo d'Ankaramena CXXXII. Coiffure betsileo d'Ankaramena
CXXX. Au
CXXXIII.
CXXXIV.
CXXXV. CXXXVI. CXXXVII. CXXXVIII.
CXXX1X. CXL.
bara Sur les bords du Lalanana Bara de Bctroky Le roi de Betroky et ses guerriers Deux chefs de Betroky Un sanglier de l'Horombe Sakoa » et nids de termites dans brousse Jeune fille chez les Antanosy émigrés
315 313
319 322
323
village
324
323
Femme
••
2S4 287 289
332 333 336 337 339 310 la
341
CXLI. Notre guide bara CXLII. Les sources de l'Onilahy ou Mangoky CXLIII. Cases bara manambia, à Tamotamo CXL1V. Indigènes bara manambia, à Tamotamo..
343 348 349 330
CXLV. Le pays de Tamotamo CXLVI. Case et grenier à riz chez les Antanosy émigrés CXLVII. Femme de Zoromanana face et profil... CXLVIII. Au pays des plantes grasses CXLIX. Un Antandroy face CL. Un Antandroy profil CLI. Un « bontona » chez les Bara Manambia. CLII. Pierre levée chez les Antanosy émigrés.. CLIII. Village d'Iaramamy CLIV. La côte, près d'Ambalafandrana CLV. Jeune fille antanosy de Fort-Dauphin CLVI. Les monts Beampingaratra CLVII. Fort-Dauphin CLVIII. Les remparts et l'avenue de Fort-Dauphin. CLIX. Maison du gouverneur antimerina à FortDauphin CLX. Pierres levées d'Ambaniaza CLX1. Types antanosy du Sud-Est CLXI1. Jeunes filles antanosy de la côte Sud-Est. CLX11I. Défrichement près de Manambondro CLXIV. Antanosy à Manambondro CLXV. Sépultures antanosy dans les environs de
331
:
357 361
:
363
:
363
Manambondro CLXVI. Pieux dressés antanosy près de Manambondro CLXVII. Guerriers antaisaka de Mangiily CLXVIII. Femme antaisaka de Mangidy CLXIX. Ancienne batterie française à Fort-Dauphin
335
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TABLE DES CARTES En tète du volume. Madagascar, carte générale, en couleurs Carte du voyage de MM. Catat, Maistre et Fonçait à Madagascar. D'après les itinéraires construits par M. Gran83 didier, membre de l'Institut, sur les carnets de route des voyageurs 225 Itinéraire de L. Catat, de Mananara à Majunga 253 Itinéraire de L. Catat, de Marovoay à Antananarive par la vallée de l'Ikopa
TABLE DES MATIÈRES
Avant -propos.
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Arrivée à Tamatave. Débarquement des voyageurs et 'les marchandises. La musique du Formalités de douane. Monnaie coupée et balances. Le commencement de la saison sèche. Commerce, importations et exportations. Voies de communication a MadaEmbarquement îles bœufs. Les borizana el les fllanjana. Dépari de Tamatave. Rainivoavy et Jean Boto. Ivondrona. gascar. Ankarcfa. Ambodinisiny. Légende de Darafély. La cruche géante. Vavony. Pirogues malgaches. Tanimandry. Ligne télégraphique de Les lagunes littorales. Andovoranlo. Végétation côtière. Tamatave à Tananarive. Le marais de Tanimandry
Chapitre
I.
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gouverneur.
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11. — A travers les dunes sablonneuses. — La tribu des Betsimisaraka. — Ranomafana. — Ampasimbe. MoraPremière zone forestière d'Analamazaotra. — Ampasimpotsy. La forge malgache. — Beforona. Passage du Mangoro. — Vallée de Sabotsy. — La deuxième forêt. — Ankemanga. — Province de l'Ankay. Panorama de la capitale. — Place d'Andohalo. Arrivée à Tananarive. ramadinika. — Dans l'Imerina.
Chapitre
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Tombeau du premier ministre. Maisons de Tananarive. Aviavy et vieux canons. Quartier d'Ambatovinaky. L'élément étranger Costumes européens. Marché du Zoma. La population. Industries antimerina. Départ de Tananarive Une audience au Palais. à Tananarive.
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Passage Ankisatra. Le massif de I'Ankaratra. Ankadivavala. III. La province de l'Imerina. Habitants du Vakinankaratra oriental. Tsinjoarivo. Un fanataovana. de l'Onive. Sarobaratra. Vallée de l'AmAntsirahe. Soandrarina. Le Vontovorona. Les Vazimba. Hameau de Bemasoandro. La légende Village d'Isandra. Le volcan de Tritriva. Ambohiponana. Les (lierres levées. boavato.
Chapitre
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du Lac
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Les sources chaudes de Betafo. —Vallée de Une pierre levée. Betafo. Départ d'Isandra. Sur les bords du Village de Mahatsinjo et pic d'Ambalavato. Dans les grandes herbes. Voyage de Maistre en pays sakaChutes de l'Ikopa à Farantsana. Village de Mananzary. lac Itasy. Entrée à Anosibe. Types et costumes des Bctanimena. Le Mangoro. Retour à Tananarive. lava. Le Les cascades du Mangoro. Mahanoro. La vanille et le café. Les copaliers. Ambodimanga. Beparasy La région des îles. Les modes à Ambalavcro. caoutchouc. La région des chutes.
Chapitre IV. l'Adrantsay.
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— Coup
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Agissements britanniques. — Les goud'œil historique sur la peuplade des Antimerina. Civilisation apparente des Antimerina. Le piège de sir Robert Farquhar. Maurice. Ce que vaut un protectorat à Madagascar. Quelques réflexions sur ce qui suivit notre expédition de 1885. Les Organisation politique et sociale de cette tribu. Légende sakalava sur les origines des Antimerina. Pas de Gouvernement, armée, finances, justice.— Ce qu'il faut faire à Madagascar. grands dignitaires.
Chapitre V.
verneurs de
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l'ile
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protectorat
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Retour de Foucart et de Maistre. Commencement de la saison sèche. Retour à Tananarive. Chapitre VI. lépreux. La lèpre à Madagascar. des ou village Amhohiboka d'Ambohipo. observatoire et Collège La route de Radama. Préparatifs de voyage. Les réjouissances populaires. Fête du 14 juillet 1889. A Didy. Chez les Bczanozano. Un tsikafara. Ambatomena et ses tombeaux. Départ de Tananarive. Dans les Aperçu général de la vallée du Mangoro. Les Dimalika. Un campement dans la forêt. Arrivée à Descente de l'Ivondrona en pirogues. Culture du riz chez les Bctanimena. défrichements.
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Tamatave
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Ifontsy. Ampanalava. Préparatifs pour la route du Nord. Une semaine à Tamatave. Chapitre VII. Fénoanvo. Sépulture et enterrement betsimisaraka. Mahambo. Tombeau betsimisaraka. Foulepointe. Les Le port de Tintingue. La pointe à Larrée. Ivongo. Les serpents. Colonels et capitaines. Mananara. Bellones. cap Au les Antimerina. d'après cl les Betsimisaraka du babakolo d'après légendes Attaque d'un village par les rats. Dans le Longoza. Les fahavaïo. Fort antimerina de Vohizanahary. Réception et parade Arrivée à Mandritsara. Ambodimadiro. La foret de Mananara à Mandritsara. La Le gouverneur et son état-major. Population de Mandritsara. Le Rova et ses portes. antimerina.
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cérémonie du Mamadika.
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Circoncision à Madagascar
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[TABLE DES MATIERES.
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Zone forestière, la brousse. Région dénudée. Récolte du raphia. Chapitre VIII. Départ de Mandritsara. Arrivée à BelaIncendie des brousses. Le satrana (latanier de Madagascar).— Les troupeaux de bœufs. Pillage d'Ambahibe. Mœurs et coutumes. litra. Caractères ethniques des Sakalava. Tsievala. Dans la vallée du Mahajamba. —Perdu dans la brousse. Traversée des grands bongalava. Les bonrjalava.
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Passage du Mahajamba. Chez le roi Diriamana. Mon ami Sélim. Attaqués par les fahavalo. Bemakamba. — Les étangs de Les moustiques à Madagascar. à balancier de la côte Ouest. Départ Commerce du Majunga. La ville et sa population. Arrivée à Majunga.
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Pirogue
la côte.
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— La pierre de Radama. — Dans les palétuviers. — Amparehingidro. — Camp retranché d'Ambohi— Maevarano et les moustiques. — Marovoay, la ville et ses habitants. — Chez le capitaine de — Musique antimerina. — Ambohibary. — La statue d'Androntsy. — Chez la reine de Trabonjy. — PasAndriba. — la Betsiboka. — Amparihibé et Maevatanana. — Fièvre rebelle. — Malatsy. — Le mont — — Ampotaka. — sakalava. Fanalaovana — — sakalava. enterrement Un Andriba. Marché d'AIakamisy. plateau central. — Le bain de la reine. — Musique et jeux antimerina. — Le fanorona. Kinajy. — Arrivée sur — En route pour Fianarantsoa — Chapitre X. — Départ de Tananarive. — Traversée de l'Ikopa. — Antanjombato. — Le marché de Sabotsy. — Traversée de l'Andromba. — Au village de Behenzy. — Ambohimanjaka. — Ankisatra. — Ambodifiakarana. — Arrivée à — Ambohinamboarina. — — — betsileo. levées Pierres Ambositra. Alarobia. Traversée du Mania. Fianarantsoa. — Division de la province. — Industrie des lamba. — Excursions à Ifandana. — Excursions dans — Préparatifs de voyage dans le Sud. le pays tanala et à Ambondrombe. — Peuplade tanala. — Ville d'Ikongo. — Recrutement des porteurs, leur solde. — Départ de Fianarantsoa.
Chapitre IX.
la
tromby. douane. sage de
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Les monts dénudés du Kabary des Borizana. Anbohimandroso. Départ de Fianarantsoa. Chapitre XI. Vallée du Tsimandao. Village d'Ankaramena. Massifs de l'Andringitra et chaîne des Lohatrafo. Betsileo. Le plateau des Lamboany. Dans la brousse. Sur le territoire bara. Les sauterelles à Madagascar. Au village Ihosy. Au village d'Ambararata. Le roi de Zazafotsy devient notre ami. Les mpanjaka bara. Attaque des Sur les rives du Lalana. Sur le plateau de l'Horombe. Chez les Bara. d'Antanambao.
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— Village
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Bara.
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de Betroky.
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Ivahona.
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Mangoky ou OniVillage d'Ivahona. Renseignements et noms géographiques à Madagascar. Chapitre XII. Le mont TsiombivoAu pays des Antanosy émigrés. Tamotamo. Iaborano. lahy, sa vallée, ses sources. Visite au roi de Tsivory. Les Antanosy. Séjour à Tsivory. Tsivory. De Tamotamo à Tsivory. sitra. Fabrication d'une amuUn commerce de ody. Nous reprenons la route du sud. Retour à Tamotamo. Au pays des Antandroy. Tsicsetra. Chez les Bara Manambia. Dans la brousse, nids de termites. lette. Pierres levées des Antanosy émigrés Au village d'Imitray. La grande plaine du sud. Arrêtés par les cactus.
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Arrivée Tsiarony et Belavena. Les monts Beampingaratra. Izama. La vallée d'AmboIo. Chapitre XIII. SainteLokaro. et Evatra Antanosy. coutumes des Mœurs et Tolanara. de Le pays Fort-Dauphin. à Pieux et pierres dressées antanosy.— Village et rivière d'Ambaniaza.— Village de ManamLuce ou Manafïafy. Imatio et son lac. Traversée du Manampany. Manantena. Les défrichements de la côte sud-est. bato. VégéVangaindrano. Centre populeux de Manambondro. Naufrage dans la rivière. Sandravinanv. Retour Tangirika et Maharasy. Au pays des Antaisaka. tation littorale.'— Le long des rives du Mangidy.
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à Fianarantsoa.
— — — Quatrième séjour
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à Tananarive.
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Retour en France
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Conclusion.
— Itinéraire S' — Itinéraire N° 111
V
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Itinéraire // à travers la province des Antimede Tamatave à Tananarive; 4(17. de Tsinjoarivo à Itinéraire N° IV de Tsinjoarivo à Tananarive par Mahanoro; 413. Tananarive à VI de Itinéraire N° 417. Itinéraire N° V; 113. Tsiroanomandidy et Ankavandra Tananarive par Itinéraire N° 17//: de de Tamatave cà la baie d'Antongil; 410. Itinéraire A'» VII Tamatave (route de Radama); 417. de TananaItinéraire N° X Itinéraire N° IX de Majunga à Tananarive; 42t. la baie d'Antongil à Majunga; 420. de Fort-DauItinéraire A'° XII Itinéraire S" XI de Fianarantsoa à Fort-Dauphin; 424. rive à Fianarantsoa; 423. Itinéraire Récapitulation 427. Itinéraire .V XIII de Vaingaindrano à Fianarantsoa 420. phin à Vaingaindrano 425. N° XIV de Fianarantsoa a Masindrano; 127.
Appendice
I.
rina; 410.
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Appendice
II.
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Géologie et minéralogie; 428.
— Zoologie:
Coulommiors.
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'.30.
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Anthropologie:
Paul BRODAHD.
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132.
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