Voyage à madagascar - 1895

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VOYAGE

A

MADAGASCAR


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GRANDE ROUTE

HEMIH D'ANDASIBE.

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M AD AG ASC Ut.

DESSIN DE MARIUS PERRET, GRAVÉ PAR ROUSSEAI

.


DOCTEUR LOUIS CATAT

YAGE

V

A

MADAGASCAR (

1889-4890)

PARIS LIBRAIRIE HACHETTE ET C 79,

BOULEVARD SAINT-GERMAIN, '

1893 Droits Je

lr.iiiucUi.il et

Je reprùJuctiou réservés.

79



BOSTON UNIVERSITY LIBRARIES



i

EMM1

BETSIMIS VRAXA.'

S

VOIP

P

''

'

AYANT-NtOPOS

V en

ers

la fin

(l'une

de l'année 1888, j'étais chargé par

le

Ministère de l'instruction publique

mis-ion scientifique à Madagascar. C'étail un grand honneur pour moi

même temps

une lourde tâche; une exploration

esl

chose

difficile,

surtout

à

et

notre

époque. Les voyageurs, nus

les

coloris,

le

teintes, ont été

savants qui sillonnent

l'harmonie de ce

à

clos l'ère des grandes

devanciers, ont

main de maître

ont dessiné de

le

l'esquisse de fixés

par

les

découvertes;

explorateurs,

les

naturalistes,

magnifique tableau;

nombreux voyageurs qui vont lumière

et,

les

monde. Sans doute, quelques ombres nuisent encore les

régions polaires

et

le

centre

mys-

térieux de l'Afrique couvrenl de leurs ténèbres de Irop larges espaces; mais

la

ils

notre terre, dont Ions les délails,

à la

dans peu d'années,

la

les

recherche de l'inconnu y porteront bientôt

géographie n'aura plus de grands progrès à

réaliser,

Madagascar

avait

déjà

une

xvn° siècle, cependant cette

visitées

avaient JEUNE

S AK ALA VA

MUSI

de l'ouest, (voir

P.

i

M

\

grande

été déterminée par les

tion avait

en partie par

même

les

dans nos tentatives de colonisation au

histoire île

était

imparfaitement connue. Sa posi-

marins en station dans ses parages, ses côtes

traitants;

des anciens colons et des missionnaires

pénétré fort loin dans l'intérieur. Quoi qu'il en

on ne pos-

soit,

N

sédai! sur ce

849.

petit continent que des

notions vagues, dénaturées

et

incom-

plètes.

Vers 1807,

l'attrait

de l'inconnu

un Français, voyageur

célèbre

cl

et

l'amour de

grand naturaliste

la :

science amenèrent dans

la

grande

île

M. A. Grandidier. Pendant cinq ans,

il

I

africaine

parcourut


VOYAGE

2 \isita les côtes el les

Madagascar,

MADAGASCAR.

A

lagunes du

hauts plateaux de

littoral, sillonna les

fran-

l'intérieur,

chaînes de montagnes et en détermina l'orientation malgré leurs réseaux inextricables

chit les

fouilla aussi les

profondes forêts, étudiant

la

faune

et

qui vinrent étonner

la flore

il

;

monde savant

le

par leur étrange nouveauté.

Dès

physique

lors, l'histoire

géographique de Madagascar

et

en avaient été rassemblés par M. Grandidier.

documents

Que

dans cette riche moisson, chercher des régions inconnues, quelques

presque terminée;

était

Glaner

restait-il à faire?

visiter des

peuplades ignorées, éclaircir

encore obscurs, compléter en un mot cette belle œuvre

petits faits

principaux

les

les épis oubliés

brillamment com-

si

mencée. Certes, cette mission présentait de sérieuses difficultés.

me

à atteindre, une entreprise bien déterminée

minutieux, délicat

travail incessant,

branches des sciences physiques

et

me

quand même;

succès peut quelquefois

le

si

davantage, je l'avoue franchement; mais nu

paraissait insurmontable.

résolu à tout tenter pour réussir, je voulais essayer

pensable au voyageur car.

précis

qui nécessitait des connaissances étendues dans les différentes

naturelles

et

tentait

Une découverte importante, un but

lui

Cependant j'acceptais, bien une grande énergie indis-

je savais

défaut,

faire

volonté ne doit jamais

la

l'abandonner.

mon voyage

Maintenant,

une

telle entreprise, si j'ai

chers collaborateurs, à

sont

fait

:

me

G. Foucart, ingénieur des Arts

ces

hommes

soutenu dans l'accomplissement de

rapidement

Je poussais

les

la

ma

qui ont su se faire un grand

mission

l'explorateur.

la

ici

visiter, ses habitants, le

la

en

soit

chronomètres

soumis.

Un

el

notre

certaines peuplades

du Sud

me

n'eus qu'à

nécessaire.

Dans bien des

sauvages,

îles

les

grand

restreints

et

ne nous

profit, je crois; les

que toujours

campement, une la

le

conve-

bagage du mission-

tente

dont nous nous

meilleure des tentes,

armes de guerre, ce qui

el

ses plaques, des

et

était

superflu.

Il

quelques

serait à désirer

je

me

albums

à dessiner, quelques

ils

soil,

furent

médicaments

trouvai des objets d'échange

usilés chez

de l'Ouest de Madagascar, je ne m'embarrassai d'aucune pacotille: par

féliciter

de celle prudence,

cas, l'explorateur fera

marchandises de troc qui dans

modes changent souvent,

les

la

j'ai

parures sont

le

trouvé facilement dans

sagement en agissant

suite ne lui seraient

saison à l'autre, une étoffe, une perle, vivement

occidentaux.

étaient

ne résistèrent pas aux épreuves multipliées auxquelles

avec dédain. Ces alternatives bizarres dans •

objets de

bagage. Dans l'ignorance où

la suite je

en Europe

ils

des l'alignes à supporter dans un voyage à dos d'homme. Quoi qu'il en

et les théodolites

appareil de photographie

complétaient

sciences géo-

les

toujours ainsi. J'apportai quelques modifications à notre matériel scientifique en vue

des services à rendre les

nom dans

but à atteindre, doivent seuls guider

hutte misérable de l'indigène vaut

ustensiles nécessaires à la vie journalière, des qu'il

le

facilité les préparatifs.

j'affirmerai, sans crainte d'être démenti,

servis

C. Maistre, dont

dans une nomenclature fastidieuse; rémunération des

considérable. J'achetai quelques

sommes rarement

et

mes

qui, à des titres divers, m'ont aidé

été faite plusieurs fois, et sans

nature du pays à

Néanmoins,

trop

m'en ont

et

du voyage. Du reste,

préparatifs

voyageur a

objets indispensables au

nances personnelles,

bien

à

confiance de ceux qui nous avaient envoyés.

que peu de temps. Je n'entrerai pas

est

Manufactures,

et

pu mener

si j'ai

résultai certain, je le dois à

donc permis de remercier sincèrement MM. X. Charmes, Milne Edwards,

soit

Puissions-nous avoir répondu à

naire

un

Namy, Maunoir, Gauthiot, Duveyrier, de Sainl-Arroman,

Grandidier,

prirent

Néanmoins

sais.

travail utile, arriver à

défaut. Je le dois aussi à tous ces protecteurs naturels des explorateurs,

nombreux en France,

graphiques. Qu'il

et

pu produire un

mes amis

concours ne m'a jamais et ils

accompli. Ai-je réussi? Je ne

est

ainsi;

d'aucune

il

le

pays ce qui

était

s'exposerait à prendre

utilité.

Chez

les

peuplades

sujettes à des variations fréquentes; d'une

désirée et prisée fort

cher, sera

plus

lard regardée

goût de ces races barbares ne doivent pas étonner

les


AVANT-PROPOS. Vers

la

de janvier,

lin

Je faisais mes adieux à

rassemblais notre matériel; malgré toutes mes réductions

je

encore effrayé par

j'étais

nombre des

le

ma

mes compagnons

Marseille avec

nous

caisses qu'il

mes amis,

famille, à

comprendront tous ceux qui ont quitté leur à

3

à

patrie,

fallait

France,

la

emporter. Nous étions prêts à partir.

et, le

cœur

pour marcher

une émotion que

serré par

vers l'inconnu, je m'embarquais

12 février 18811 sur l'Amazone, courrier de

le

mes économies,

et

la

côte

orientale

d'Afrique.

La traversée

se

en vingt-six ou vingt-huil jours, mais de nombreuses escales

généralement

t'ait

viennent interrompre

la

monotonie de ce long

côtes malgaches au nord de Nosy-Be,

les

commencer

El maintenant avant de

et le

\

mars, nous apercevions pour

8 mars, nous débarquions à

récit

le

Le

trajet.

la

première

l'ois

Tamatave.

de notre voyage, je crois utile d'exposer à grands

traits

d'indiquer sommairement les principales tribus que l'on y la rencontre. Ces quelques notions élémentaires sur la géographie de l'île el sur ses habitants permettront

configuration générale de Madagascar

et

au lecteur, peu familier peut-être avec ces questions malgaches, dans nos excursions. Encore

me

bien niais «les

me faudra-t-il

Je n'ignore pas que pour

lire.

compter sur

les récits

de voyage

public

y a généralement dans de tels ouvrages des aventures

il

batailles rangées dont

Pour moi,

qualités absentes.

Madagascar,

les

l'attrayante narration

n'y

ont jamais existé,

toujours disposé

est

--il

eu

était

orablemenl

;

besoin, de légères

lions, ni tigres, ni gros

ni

et, je

l'a\

émouvantes, des exploits cynégétiques,

compenser,

pourrait

de pareil. <>n ne trouve

rien

anthropophages

bienveillance de ceux qui voudront

l'entière le

nous suivre avec plus d'intérêt

<le

le

pachydermes

à

confesse humblement, je ne suis pas

écrivain. J'avais bien chez certaines tribus une réputation de science solidement établie, j'étais

même

accusé de sorcellerie, quand ces sauvages me voyaient au campement consigner mes notes sur journal de voyage, eux qui ne connaissaient passer des suffrages des l'ara

ni

le

papier

Madagascar, vestige probable d'un continent disparu, i0° 55' el

el

Ï8° 07'

l'écriture

aussi je pouvais

;

que

n'est

de longitude est de Paris

;

comprise entre

est

elle appartient

donc par

sa

système africain, Son étendue considérable, (loooito kilomètres carrés environ, et

de

la

Nouvelle-Guinée, parmi

les

présente

la

l'orme d'un ovoïde allongé

axe étant orienté N.-N.-E.

au couchant,

S.-S.-O.

loi)

effet

blement parallèles à l'île

la

11

faut

la

n'aurai

pas

la

.'{'.)'

de latitude

géographique au

place à côté de Bornéo

esl

moyenne

esl

de

de 1650 kilomètres.

petite extrémité regarde le nord, le

levant ses côtes sont battues parles flots de

l'île

le

la

merdes

grand Indes;

Mozam-

canal de

de Madagascar présente une structure géologique assez simple. tic

roches éruptives dont

direction générale de l'ovoïde. à

2o°

position

d'Ambre au cap Sainte-Marie

irrégulier dont

el

par un vaste noyau

sont venues s'appuyer

générale.

Au

je

kilomètres.

Considérée dans son ensemble,

formée en

et

séparée de l'Afrique, sa colossale voisine, par un bras de mer.

elle esl

bique, large tout au plus de

Elle esl

1-2°

plus grands corps insulaires du globe. Sa largeur

Î50 kilomètres, sa plus grande longueur du cap L'île

relatif, cl

mes compatriotes.

cette orgueilleuse prétention vis-à-vis de

sud

ni

des Antandroy, Mais ici-bas tout

cl

mon facilement me

l'occident des

les

axes de soulèvement sont sensi-

Sur ce massif qui occupe plus des deux

couches neptuniennes également parallèles

mentionner aussi quelques terrains

stratifiés

que

l'on

trouve sur

la

tiers

de

à la direction

côte esl dans le

pays des Antanosy, au sud du 24° parallèle. Mais ces terrains sédimentaires du Sud-Est sont très peu étendus l'ouest,

el

on peut

dans toute

moins vers

les la

l'intérieur,

négliger pour dire que

l'île

est

divisée en

deux parties d'inégales étendues.

longueur du pays Sakalava, des bandes de terrains

stratifiés, s'enl'onçanl

forment des plaines élevées, des hauts plateaux séparés

des ondulations, des collines dont l'orientation N.-N.-E.

— S.-S.-O.

au centre, on ne trouve que

émergences de gneiss

le

terrain primitif avec-ses

est à

les

uns des autres par

peu près constante. et

A

plus ou

A l'est

et

de granit qui traver-


VOYAGE A MADAGASCAR.

4 sent

assises superficielles de ces roches anciennes soni

un soubassement micâschisteux. Les

sées, le

temps

et les

agents atmosphériques ont rendu plus friables

décompo-

couches superficielles de ces

les

rouge plus ou moins foncée, teinte roches, puis les ont transformées finalement en argile d'une couleur duo aux minerais <le fer qui existent en grande quantité dans toutes ces régions. Celle tonalité rougeàtre qui impressionne vivement

le

voyageur dès son arrivée dans

le

pays donne à

de Madagascar cette

l'île

nuance caractéristique. J'ajouterai que l'on rencontre des soulèvements plus récents d'origine basalla direction générale '. tique dont les axes d'émergences semblent pour la plupart perpendiculaires à Des coulées considérables traversemble fort riche. La minéralogie de Madagascar est très variée cl maints endroits,

sent, en

instant.

Les métaux,

les

roches primitives. Le quart/., cuivre,

le fer, le

le

le

feldspath,

le

mica, se rencontrent à chaque

nombreux

plomb, sont extraitsde minerais

et

variés; l'or, dont

on exploite quelques gisements (alluvions ou quartz aurifères!, semble se trouver principalement sur versant du canal de Moçambique dans l'Ouest et le Sud.

le

Le système orographique de Madagascar est très compliqué, et sans entrer dans de longs détails, je ne saurais en donner une idée. Lorsque du haut d'une montagne élevée on observe les régions avoisinantes,

que

et

s'offrent

au regard des sommets

masses rocheuses, des mame-

irréguliers, des grosses

croupes arrondies, des collines ravinées, d'immenses blocs déchiquetés, tous ces accidents de

lons aux

terrain paraissent être les

lames monstrueuses d'un océan en furie qui se seraient subitement

solidifiées.

On peut reconnaître cependant dans ce chaos une chaîne de montagnes principales, parallèle à la côte est; elle s'appuierait au sud sur les masses rocheuses du mont Ivohibe en pays Bara et se terminerait au nord non loin de Mandritsara. Celle arête principale de

de

des Indes de celles qui vont se jeter dans

mer

la

le

que

le

la

la

à la partie septentrionale de se trouvent les

l'île

il

A

côte orientale

l'est

l'ouest

ces ,

montagnes

de nombreux

chaîne principale, forment par leurs inextricables réseaux,

grand massif central, qui, partant au sud du pays Bara, comprend

Anlimerina, s'abaisse au nord pour former

A

canal de Moçambique.

sont flanquées d'une chaîne parallèle plus rapprochée de contreforts, quelquefois plus élevés

sépare les eaux tributaires

l'île

les

la

province des Betsilco et des

grandes plaines du Mahajamba

va constituer

le

massif d'Ambre.

hauts plateaux des pays Sakalava dont

les

A

et se relève

de nouveau

l'occident de ce massif central,

étages successifs qui s'élèvent en gradin de

uns des autres par quatre ou cinq chaînes secondaires parallèles à

l'ouest vers l'est sont séparés les

la

principale.

Des extrémités nord

sud de

et

grande chaîne dont

la

secondaires plus ou moins importants dont

cap Sainte-Marie

la ligne

Ce système montagneux

dans Il

le

canal de

la

côte orientale:

mer des Indes

Moçambique

que le

a

dans

le

au

faîtes

à plans inclinés inégaux;

toit

rapide, tandis que celui qui vient se terminer

et le

plus considérables de

Mahajamba,

Manambolo.

l'île

se trouvent sur le versant

Betsiboka don!

Tsiribihina

le

Tous ces

le

son affluent

et

grand affluent l'Ikopa

le

le

Mania; enfin au sud,

fleuves occidentaux prennent naissance, ainsi

que

massif granitique du centre.

Les cours d'eau tributaires de

la

du nord au sud

le

allant

liés

les fleuves les

l'Onilahy ou rivière de Saint-Augustin. affluents,

forme une sorte de

il

une pente

Sophia

irrigue les rizières de Tanaffarive, le

eiler eu

et

une déclivité beaucoup moins prononcée.

offre

ressort de celle disposition

nombreux

d'Ambre

Madagascar en deux versants soutenant une ligne de

divise ainsi

occidental. Les principaux sont

leurs

direction variable vient terminer au cap

de partage des eaux.

beaucoup plus rapprochée de celui qui regarde la

la

détachent des chaînons

je viens de parler, se

mer des Indes

sont moins considérables,

Manangoro, l'Ivondrona,

le

Mangoro,

il

le

convient cependant de

Mananara

et

le

Man-

drare.

Comme

I.

C'est

'teints, en

c'est

la

règle

dans tous pays granitiques,

l'île

est très riche en

également suivant celte orientation perpendiculaire au grand axe grand nombre surtout dans le nord et le nord-ouest de l'Irherina.

île

eaux vives;

les fleuves,

les

l'ovoïde que l'on trouve îles volcans


e

AVANT-PROPOS. dans

rivières, qui serpentent

grandes plaines

les

et les belles vallées

du

ruisseaux innom-

littoral, les

brables qui bondissent dans les vallons encaissés des hauts plateaux, constituent un riche réseau gation, alimenté largement par la

masse d'eau considérable

cpii

tombe sur

régions élevées pendant

les

la saison des pluies, et que des infiltrations dans un sol compact ne peuvent amoindrir.

que des sections peu importantes susceptibles

ne présentent

comprend qu'il n'en pourrait être autrement, car

On

utilisées.

des Indes précipite leur cours interrompu trop souvent par

du côté du canal de Mozambique,

et,

les

la

d'être

pente trop rapide du versant delà mer

assises rocheuses des chaînes côtières,

eaux sont plus calmes sur

leurs

si

les

plateaux, elles sont bri-

pour arriver aux étages infé-

faut descendre

sées dans les rapides qu'il

Par contre,

proprement dites à Madagascar. Les grands cours d'eau ne sont

on ne rencontre pas de voies fluviales pas navigables, ou du moins

d'irri-

rieurs.

Le développement des rivages de mètres,

une

mais sur

étendue

gascar ne possède qu'un

dépasse 5000 kilo-

l'île

aussi

nombre de rades

petit

susceptibles d'abriter convenablement

du

l'estuaire

Passandava,

la

baie

baie

Betsiboka ou etc.,

la

et

sud du cap d'Ambre,

la

belle

la

côte nord-ouest

principaux sont

les

Bombétoke,

de

On

:

de

baie

nous possédons au

rade que

baie de Diego-Suarez. La côte orien-

du sud-ouesl ne possèdent que des rades

et le littoral

tale,

d'Antombona;

déports

et

navigateurs.

les

ne rencontre de bons mouillages que sur de la baie Baly à

Mada-

considérable,

foraines qui n'offriraient pas aux marins un abri convenable

pendant

les

parages.

tempêtes

les

cl

cyclones

fréquents dans ces

assez,

l'anse de Fort-Dauphin

La rade de Tamatave,

et

la

baie de Tuléar sonl néanmoins assez fréquentées. Sur ces côtes

remarque un

inhospitalières on

ces lagunes littorales

tic

les

fleuves,

si

nombreuses

Madagascar. En

à

rivières qui descendent en

les

veux parler

intéressant, je

l'ail

si

Indes apportent constamment sur

la

qui

le-

hérissent

région littorale

la

bas-fonds

marais, des étangs, de- lacs, qui donneul

les

ordinaire,

un équilibre

la

la

grande

de

boule

mer de-

la

mousson de

à

la

nappes d'eaux

s'amassent ainsi formant des

celle zone maritime un aspect particulier. Lorsque le

eaux rompront violemment celle barrière de sable prochain cyclone ou

el

de l'intérieur ne

vallées

qui s'appuient d'ailleurs sur le- végétations

cl

lies

côtiers.

liquide d'une lagune est trop considérable ou «pie

le

I'.

côte des dépôts arénacés considérables formant des dunes sablon-

neuses, véritables digues qui enserrent coralliennes

lame-

le-

DOCTEUR GATA

effet,

nombre de- hautes

grand

peuvent librement déverser leurs eaux dan- l'Océan,

M. LE

relatif s'établit entre les

cl

eaux de

ma—

une crue subite,

fleuve qui l'alimente éprouve

se creuseront des estuaires momentanés que

suivante viendront combler de

saison

la

la

lagune

el

celles

nouveau. En temps

de l'Océan par des

infiltra-

tions souterraines.

Presque tous sous

les

ouvrages

un jour trompeur. Sa

el

les relations

végétation luxuriante avait particulièrement frappé les voyageurs, qui sans

pousser plus loin leurs investigations les forêts el

magnifiques

de voyage qui oui traité de Madagascar non- l'ont montrée

qu'ils avaient

leurs recherches, avaienl

cl

aperçues sur

concluaient en généralisant leurs observai ions

les

à la

longuement dépeint

les

côtes boisées,

premières montagnes qui s'offraient à leur regard fertilité

étonnante de

la

grande

île

africaine. Celle

madécasse s'explique aisément par la disposition particuverdoyante. lière des zones forestières el des contrées boisées qui entourent Madagascar d'une ceinture mon voyage, Dès 18(17 M. Grandidier avail relevé celle disposition des bois; j'ai pu, dans le courant de confirmer celle observation en la complétant dans ses détails, dans les parties du sud cl du nord-est de idée trop optimiste

l'île;

que

l'on se faisait

de

l'île

ces bandes boisées, qui sont généralement au

nombre de deux

surtout sur

le

versant de

la

merdes


VOYAGE A MADAGASCAR.

il

sommets des montagnes

Indes, sont séparées par de larges vallées; elles cachent les hauts

voisines

sous un manteau de verdure. La largeur de ees bandes forestières est variable, assez étroite vers

sud

et

districts voisins

Dès que

la

végétation atteint sa plus grande vigueur.

l'on a traversé cette ceinture boisée et

que

cesse tout à coup. Les hauts plateaux du centre de

du

monts élevés sont

littoral; les

grandes plaines de l'Ouest

les

l'île,

ee grand corps insulaire

remarquer que, à côté

convient-il de

d'immenses masses rocheuses,

du Sud sont

et

arbres séculaires des

les

rougeâtrè dé

l'argile

et

un maigre gazon.

leurs lianes est à peine recouverte par

Une vue générale de

alors

grande végétation

l'on s'avance vers l'intérieur, la

en partie déboisés, de chétifs buissons, des arbustes rabougris ont remplacé forêts

présente doue sous des aspects différents, aussi

le

aux cultures, de grandes

terrains propices

île

plateaux que l'homme pourrait rendre aisément productifs,

n'a pas été sans

nous

offrir

contrées chaudes. Mais cette classification n'est exacte que pour

peu considérable. Son climat

est très variable,

35 degrés centigrades; par contre, sur

température maxima

Dauphin notamment,

cette

thermomètre

jamais de

4- 3

et

A degrés.

souvent un

vu dans

J'ai

froid

très

est

semblables hauteurs,

les

rangée dans

Tamatave,

et à

les

température à L'ombre dépasse

la

rivages méridionaux, dans les environs de Fort-

rarement il

atteinte.

descend

Dans

pendant

massif Central

le

le

saison sèche jusqu'à

la

des mois de juin

matinées brumeuses

les

les

plateaux

l'on s'élève vers les

montagnes de l'Ankaralra des gelées blanches

pendant

vif

les

est

A Majunga

Betsileo.

et le

chaleurs de l'hivernage sont pénibles à supporter en cette saison,

n'atteint

stériles,

traversée

régions côtières et les provinces

les

change dès que

il

du Centre pour devenir presque tempéré dans l'Imerina

et

la

de sérieuses difficultés.

Presque tout entière située au nord du tropique du Capricorne. Madagascar

souvent 30

de beaux

nombreuses régions

existe de

il

forêts,

des districts rocailleux, des sols ingrats, des contrées inhabitables, véritables déserts, dont

d'altitude

le

sud-ouest, leur profondeur dépasse 100 kilomètres dans la province d'Anlongil et dans les

le

et

ressenti

j'ai

pays

en

juillet

et

Betsileo.

On

a maintes fois reproché à

cimetière des Européens. Certes,

Madagascar son climat meurtrier, on si

compare ces régions avec

l'on

sont situés sous des zones tempérées où

la

culture alleinl

une comparaison plus équitable tenant compte de

géographique, de est

Les grandes maladies épidémiques,

montrées à Madagascar;

la

la

salubrité de

Madagascar

climatologie générale, de

la

laisse à

situation

redoutables dans

si

Madagascarsi tenace, ne le

se

les

pays intertropicaux, ne se sont jamais

quelques ravages dans sentir

l'ail

que sous

la

population indigène. La malaria,

formes ordinaires;

les

pays payent tribut aux miasmes paludéens

peinent séjourner indéfiniment dans

le

elle

plupart de nos colonies.

la

la variole seule fait

péens à leur arrivée dans

nombre

avec ceux qui

et

des terrains, enlèvera bien vite à Madagascar cette réputation imméritée;

l'état

an contraire beaucoup plus saine que

celte lièvre de

pays d'Europe

les

tout son développement, où les conditions

hygiéniques générales sont satisfaisantes, on pourra admettre (pie désirer. Mais

n'a pas craint de l'appeler le

pays. La lièvre

malgache

d'individus, chez lesquels une disposition spéciale,

un

étal

n'est

ils

si

tous les Euro-

s'acclimatent rapidement

dangereuse que pour un

et

petit

morbide antérieur, des conditions de

Aie déplorables, annihilent toute résistance.

Les Sèvres existent dans toutes les provinces, engendrées en plus ou moins grande quantité par les

miasmes palustres qui

se développent

dans

les

marais

el les rizières;

bénignes en général dans l'intérieur

des terres et sur les hauts plateaux, elles frappent plus durement dans

les

lagunes nombreuses

supérieure

et le

el

surtout

les

les

zones chaudes du

nappes d'eau souterraines, situées entre

sous-sol argileux, offrent au développement des

germes paludéens

la

Au de

la

xvii

siècle,

l'île

de Madagascar

de Flacourt

et

était

couche arénacée

les conditions les plu9

favorables. C'est du reste celle plus grande fréquence de la lièvre sur les cèdes de

supposer autrefois que

littoral,

l'île

qui avait

fait

inhabitable pour des Européens.

ses successeurs évaluaieni à quelques centaines de mille le chiffre total

population mftdécasse. Depuis celle époque jusqu'à ces dernières années, les voyageurs et les


AVANT-PROPOS.

7

géographes qui se sont occupés de cette question onl beaucoup varié dans leurs évaluations,

el

il

pour avoir une notion assez précise du nombre d'habitants de Madagascar, estimé par M. Grandidier à quatre ou cinq millions. Néanmoins celle évaluation me semble faut arriver jusqu'à l'année 1869

encore faible

nombre

cpie le

d'après les calculs approximatifs qu'il m'a été possible de faire, je serais porté à croire

et,

des habitants de cette grande

total

Le peuple malgache

dés

Vazimba;

Actuellement

gents amenés

Malheureusement des documents

Du

races qui l'ont formé.

moins,

el

des traditions, enfin

que

,

les

On

carac-

ne peut

csl

il

la

grande

fameuse tribu des Pygmées décrite dans l'ouvrage de Flacourt en 1631.

incontestable que

par

soit île.

1rs

l'île,

semble avoir disparu presque complètement. Je ne mentionnerai, que

la

plus grande partie de

A

polynésiennes.

el

hasards de

navigation,

la

le

par

le

se sont

a élé

constituée

nombreux contincommerce sur les rivages

réunis de

besoins de leur

les

est facile

ainsi qu'il

loin. C'est

fort

type africain,

population malgache

la

noyaux

ces

soit

Ces gens venaient quelquefois de

un grand nombre de naturels

chez,

0110.

les diverses

des coutumes, des légendes

el

celle race primitive

par des immigrations asiatiques

la

500

anthropologiques des indigènes viendront changer en certitude.

et

pour en nier l'existence,

de

7

présent émettre que des hypothèses plus ou moins plausibles sur les premiers habitants de

à

les

usages

l'île, «les

ethnographiques

tères

dépasse

grandes probabilités, qui reconnaissent pour base un idiome spécial adopté en

existe sur ce point de

partie dans toute

île

ses origines sont variées.

cl

pour reconnaître d'une manière certaine

font encore défaut il

pas homogène,

n'est

type arabe ou sémite,

même

cl

de reconnaître le

type euro-

péen.

A

une époque plus récente,

selon toute probabilité de

élément à

«le

Malacca, ou de l'archipel Malais,

;i

population malgache, je veux parler des Anliinerina ou Hova. Dans

la

étrangère a été mal accueillie par

hauts plateaux où

les

une immigration assez importante, venue

y a environ trois cents ans,

il

presqu'île

la

mauvaises,

la

les

un climat

races autochtones,

plus dur,

une

terre

elle a

encore ajouté un autre

dû se réfugier dans

moins

principe, celle tribu

le

l'intérieur de

l'île,

des conditions d'existence

fertile,

sur

plus

mettait dans une situation défavorable. Cependant celle tribu issue d'une race supérieure

devait triompher bien

de ces

vite

difficultés.

est

Il

juste d'ajouter

qu'ils onl

été

puissamment aidés

par l'appui de l'Angleterre, heureuse de soulèvera Madagascar des embûches aux visées françaises; vérité m'oblige aussi à dire qu'ils onl été égale

trompée par des relations politique

illogique

entière

tout

à

cl

Grâce étaient,

les

le

les

peuplades du Nord

Aujourd'hui

tement par Il

le

cl

les

puissance

Anliinerina.

eux.

à

rapidement interverti

De parias

les rôles.

côte de

côte orientale

la

deux

tiers

ils

oui

et

l'ail

qu'ils

soumis

du sud des hauts plateaux, réduit en vasselage reconnaître leur suprématie dans

l'île

à

les

presque tout

des territoires de Madagascar sont administrés plus on moins direc-

au milieu de ces mélanges, de ces croisements qui augmentent sans cesse par des el

par des apports étrangers

Mozambique, de discerner entre

fort

elles les diverses

nombreux venus plus particulièrement

peuplades de Madagascar. Cependant en

s'appuyant surtout sur leur lieu d'habitat, leurs coutumes particulières, leurs vêtements leurs

de--

Gouvernement de Tananarive.

est assez difficile,

la

vaincus viendraient

du Nord-Ouest,

alliances entre tribus voisines,

de

Les missionnaires

africaine. la

aux premiers

se sont faits conquérants, cl, après avoir agrandi considérablement leur territoire,

leur domination les tribus de

entière.

île

el

de l'Angleterre; les seconds, aveuglés par leur croyance, s'imaginaient

jeu

vainqueurs

à toutes ces circonstances, les Anliinerina onl ils

grande

la

catholiques onl puissamment contribué eux aussi à agrandir

Les premiers faisaient qu'en adulant

la

France qui, trompée par ses agents,

l'administration des Affaires étrangères

résidents généraux que noire gouvernement a envoyés dans

protestants

la

ce jour soutenu les Anliinerina à Madagascar. Celle

fantaisistes, a jusqu'à

incombe

soutenus par

ni

usages ethniques en

un mol, on peut diviser

les

el

populations madécasses en

leurs parures, trois

groupes

principaux.

Le premier groupe qui les

a

pour type

caractères africains. Ce groupe

le

Sakalava

est celui

comprend toutes

dans lequel on retrouve

les tribus

le

plus fréquemment

Sakalava qui habitent

le

versant occi-


VOYAGE

8

dental de

l'île

les divisions

depuis

MADAGASCAR.

A

cap d'Ambre jusqu'à l'embouchure de l'Onilahy.

le

de celle grande famille Sakalava dont

ristique.

Parmi

Menabe,

les

Boëny

me

il

l'aul

11

au

et

les (Tribus

Antandroy,

et les

nombre de deux

au nord

:

les

être rattachées

qui habitent

les tribus

Antsihanaka,

Bezanozano

les

Ces dix tribus dont de

serait tenté

et les

formé des populations de

est

l'aul

il

que

et

j'ai

massif central;

le

elles

côte orientale. Parmi

la

mentionner dans ce

et

les

même

peuplades

groupe

classées en trois groupes n'occupent pas,

croire, îles contrées nettement délimitées.

le

les

les

Tanala.

viens de parler

je

:

les Betsileo.

mer des Indes;

la

des

totalité

la

aux grandes familles

convient de citer, en allant du nord au sud, les populations Betsimisaraka

Antanosy, plus éloignées des rivages de

on

comprend

premier groupe ethnique malgache sont

le

Antimerina, au sud

Le troisième groupe ethnique de Madagascar il

bien caracté-

Fierenana, les

les

peuplades Antaisaka.

Le deuxième groupe ethnique de Madagascar comprend

elles,

et

à plaisir

peu connues jusqu'à présent, qui,

fort

sud-est, doivent

Sakalava. Ces tribus du Sud que je rangerai donc dans

sont au

Mahafaly,

ajouter à ce premier groupe malgache qui

cantonnées au sud du plateau central

populations Bara,

citer

l'aul

du canal de Moçâmbique, des tribus

rivages

les

comme

Antankaraha, mais ces noms désignent plutôt des provinces que des divisions

el les

ethniques bien tranchées. habitants des

a multiplié

type est cependant bien tranché

le

principales de ces subdivisions

les

On

Lue

comme

certaine partie de ces peuplades, sans

avoir à proprement parler des habitudes nomades, se déplace volontiers

el,

chassée par de turbulents

voisins ou refoulée par les empiétements d'une tribu plus forte, va loin de son lieu d'origine chercher des

emplacements plus favorables pour ses rizières. fuir

un

Il

en

de

est

même

édifier ses villages, faire paître ses

troupeaux de bœufs

cultiver

et

de certains groupes d'individus qui, tentés par l'appât du gain, en voulant

sort trop misérable, quittent

leur village

el

premier cas

s'en vont chercher fortune ailleurs, souvent sans

voyageur rencontrera par exemple sur

les

bords

esprit de retour; c'esl ainsi

que dans

de l'Onilahy des Tanala

des Antanosy établis en grand nombre; ces derniers ont quitté leur patrie,

le

et

le

le

pays de Tolanara, lorsqu'il fut occupé en partie par

Antimerina en 1845. Dans

les

le

second cas,

il

ne

faudra pas s'étonner de rencontrer des bandes nombreuses d'Antaimoro sur les bords du Betsiboka, et des indigènes de Fort-Dauphin dans les environs de Tamalave. Les Antimerina se rencontrent également en plus ou moins grand soit

pour

satisfaire

nombre dans beaucoup de régions de

aux obligations de leur

l'île,

pour

soit

colonies sur les rivages les plus éloignés,

emmenant avec eux en

et

cette

diversité

vient de débarquer à la

dans

l'île,

Il

la

qiii

rigoureuse

el

nombre des

tenir

compte de

Madagascar.

l'on trouve partout à

conçoit-on l'étonnemenl du voyageur qui

côtoie

le

ici

l'Africain

Malais au teint jaune, aux cheveux plats el lisses;

superficiel,

on aura

vile classé

correspondent justement aux trois groupes dont

est évident

donc

faut

barbe abondante, aux cheveux dressés marchera au côté d'un vrai

Néanmoins, après un examen

catégories

11

à l'aspect de ces physionomies étrangement dissemblables;

la toison laineuse,

plus loin un bel Océanien à sémite.

que

les différents types individuels; aussi

peau noire d'ébèné, à

plus ou moins grand

du peuple malgache, découlent tout naturellement des variétés plus

d'origine

nombreuses encore dans

ont fondé de véritables

de peuplades entières, pour s'orienter dans ce mélange

inextricable d'individus, de familles, de tribus et de races

De

et qu'ils

d'autres représentants des races soumises.

groupes d'individus

ces émigrations de

du commerce,

politique. C'est ainsi qu'ils ont construit des villages fortifiés,

des postes militaires qui relient leur pays à leurs établissements côtiers,

Betsileo, des Betsimisaraka et

aller faire

j'ai

que cette classification des peuplades madécasses

parlé plus haut

n'est

disparates en trois

ces lypes '.

pas d'une exactitude absolument

que, en présentant au lecteur chaque type différent de toutes les tribus de Madagascar,

j'éviterai toutes

chances d'erreur. Q.uôi

peuplades de Madagascar,

c'est

qu'il

en

soit, si je

maintiens ces trois grandes divisions dans

parce qu'elles correspondent à des groupements

les

naturels, à îles usages

I. Il ne faut pas oublier aussi que l'esclavage, cette institution barbare si répandue à Madagascar, surtout chez les Antimerina, vient encore augmenter relie confusion de types individuels dans la grande île africaine.


AVAN1V PROPOS. communs que

voyageur

toul

placé les Bara à côté

mais

différent,

les

<les

à

Madagascar aura

généraux sont

traits

comprend

comprend il

Anlimerina

les les

et

populations du

n'offre pas la

mêmes,

les

me semble

il

les

j'ai

coutumes sont identiques ou absolument

juste de placer

Bara à ccMé du Sakalava tout autant

le

du Betsimisaraka. Les deux premiers groupes ethniques

l'éloigner

faut

par exemple que

vile fait d'observer. C'est ainsi

Sakalava. Je reconnais que ces deux tribus ont un type général quelque peu

analogues, pour toutes ces raisons qu'il

9

Betsileo sont absolument

les

littoral

même homogénéité

à

de

la

mer des Indes

et

surtout

et

Cependant pour

nets.

auxquelles

le

second qui

le

troisième qui

rattaché les tribus Antanosy,

j'ai

cause justement de l'adjonction de ces Antanosy. Cette tribu, sous

bien des rapports, se différencie complètement des autres peuplades madécasses.

Le premier groupe ethnique de Madagascar que j'appellerai

Malgaches

à

cheveux crépus, d'une stature élevée; leur vigueur

groupe Sakalava comprend des

le

aux attaches puissantes de

se devine

leurs muscles; le front est bas et fuyant, le nez écrasé, les lèvres charnues. la

peau

noire, cependant celle teinte présente chez

ethnique de Madagascar

est celui

qui présente

parures de verroterie, les colliers de le

plus guerrier des Malgaches,

il

le

boucles d'oreilles,

perles, les

simbo

et

se

les

Ce groupe ethnique

est

fournil presque à lui seul les populations insoumises

drapent dans un lamba de cotonnade;

serrent affreusement

aux Anlimerina.

salaka ou simbo, puis

s'habillent d'un sac percé

poitrine dans

la

nomment

d'étoffe qu'ils

femmes

le-

Ce groupe

aiment beaucoup

ils

bracelets.

les

rare. Ils ont

est

Ions plus clairs.

de*-

plus des caractères africains;

Les hommes se roulent autour des reins une pièce

nomment

certains indigènes

La barbe

aux deux bonis

ils

se

qu'elles

une sorte de camisole ajustée qu'elles

appellent akanjo.

Le deuxième groupe

esl

caractérisé surtout par les Anlimerina. Les caractères malais dominent.

Dans

un corps d'apparence chétive, aux membres grêles mais bien proportionnés, l'Antimerina possède une force musculaire assez considérable, sa

présente des traits réguliers,

pas bridés,

le

nez

physionomie

la

esl

moins

n'a-t-elle

les

pommelles sont

aplati

rien

inférieure à

esl

saillantes

esl

il

de désagréable,

elle esl

même

les

yeux noirs

et vifs

autres groupes de

le--

ne sont

l'île,

auss

1

chez certains individus. Sou

belle

fort

Son visage ovale

nôtre.

la

mais

vrai,

moins épaisses que chez

les lèvres

el

ou moins foncée varie beaucoup, pour s'atténuer chez certaines

olivâtre, celle colorai ion plus

teint est

moyenne

taille

personnes jusqu'à disparaître presque complètement. Son système pileux

bien développé,

esl

il

a la

barbe

fournie, les cheveux noirs, lisses ou ondulés 1res abondants.

Mais

c'est

encore au moral que ce groupe des Anlimerina possède, sur

réelle supériorité. et

il

preuve en mainte circonstance d'un grand

fait

un peu

et enjoué' esl

fataliste, l'adversité

ne

talent

pas.

l'atteint

pratique largement

ses manières sont douces

el

affables,

aux ordres de ses chefs,

el

respecte religieusement

il

de gouvernemenl illogique ne paralysait ses ordinaires des peuples primitifs,

pillage et

le

vol; ce dernier est considéré

efforts. la

duplicité

et

vive

esl

les lois

il

la

même

obséquieux

développée

et

de l'hospitalité.

avec Il

étrangers,

les

obéit

aveuglément

du royaume. Apre au gain, désireux de sérail

excellent

Malheureusement

comme une

autres Malgaches, une

d'imitation. L'Antimerina d'un naturel gai Poli,

les lois

s'entourer d'un confort inconnu aux populations barbares,

les vices

les

Ses facultés intellectuelles sont nombreuses, son intelligence

à

travailleur

si

un système

ces brillantes qualités s'ajoutent

mauvaise

foi,

l'hypocrisie, la cruauté,

le

action méritoire lorsqu'il s'exerce au détriment

de l'étranger. En dehors de ces défauts innés. l'Antimerina a pris au 'contact

des

Européens un

orgueil sans limites.

Les Malgaches du troisième groupe qui, parmi anciens, son! de

taille

plus élevée

et

esl

que

et épais sonl lisses

peu abondante. Enfin l'on

«'.elle

rencontre

les

la

chez

habitants actuels de

de constitution plus robuste que

visage sont (''gaiement plus accentués;

cheveux noirs

les

nez aplati,

le

les

l'île,

traits

du

yeux légèrement bridés;

les

les

les lèvres fortes, les

Antanosy, ondulés ou crépus chez

coloration de

la

plus fortement accusés,

peau varie du jaune brun au les

paraissent être les plus

Anlimerina. Les

les

autres tribus,

la

barbe

noir. C'est chez ces tribus

caractères polynésiens.

division des Malgaches en trois groupes que l'on pourrait appeler: groupe africain, groupe


VOYAGE A MADAGASCAR.

10

néanmoins sur des

malais, groupe polynésien, sans rire absolument à l'abri de toute critique, repose

bases scientifiques indiscutables. Ce n'est pas

comme

elle le

dans un

ici

récit

de voyage que

breuses données

et

les

observations variées qu'il m'a

l'aire

puis développer

exemple entre

mériterai! cette division ethnographique. Je prendrai un seul été possible de

je

séjours à Madagascar. Parmi les caractères ethniques que peut présenter une peuplade, l'habitation est sans contredit l'un des plus importants. C'est ainsi que nous voyons se loger

dans des maisons édifiées au ras du

sol

en raphia ou en bararata

les

nom-

pendant mes deux longs

et

le

le

type de

premier groupe

couvertes de feuilles de

ravenala ou de satrana.

Le deuxième groupe habite des maisons

édifiées

en terre, ou loge dans des habitations construites

en planches ou en madriers et couvertes en bozaka.

Le troisième groupe loge dans des maisons

me

serait facile

bâties sur pilotis

de multiplier ces exemples en choisissant

instruments de travail, mais

j'ai

hâte d'entrer dans

occasions de revenir sur ces questions concernant

mon la

les

et

couvertes en feuilles de ravenala.

vêlements,

les

sujet. D'ailleurs, j'aurai

dans

géographie de Madagascar

ses habitants.

Mis FIDELES A fANANARIVE.

Il

parures, les armes, les la

et la

suile maintes

description de


)

WAVE.

CHAPITRE —

I

el des marchandises. — La musique du gouverneur.— Formalités Le commencement de la saison sèche. — Commerce, importations et exportations. immunicalion à Madagascar. Embarquemcnl '1rs bœufs. Voies ! Les borizana el 1rs filanjana. Dépari de Tamatave. Rainivoavj el .Iran Boto. - Ivondrona. - Pirogues malgaches. Ambodinisiny. Légende de Darafély. Les lagunes littorales. La cruche géante. - Ankarefa. - Vavony. Végétation côtière. Andovoranto. -JTanimandry. Ligne télégraphique de Tamatave a Tananartvc. - Le marais de Tanimandry.

Arrivée à Ta ma lave le

Débarquemenl des voyageurs

douane. — Monnaie coupée

balances.

el

-

\\s

D

la

miil

du s mars, nous avions quille Sainte-Marie

par un gros temps,

en

\

ue de Tamatai

Les

côtes sont

mamelons, les

el

le

lendemain de

bonne heure, nous arrivions

très

basses, mais

vers l'intérieur,

en gradins

lerres se relèvent, 1rs

les

dans

el

le

lointain se montrent

premières montagnes; toul disparaît sous un manteau de verdure,

confondre sur

des premiers plans les

cimes lointaines avec

maisons peu élevées, cachées derrière

ilu

ilonl

penl peu à peu pour aller

s'esl

les

brouillards du matin.

tave se distingue difficilement <lu large ; je devine plutôt

r

Madagascar,

e.

les collines s'élagenl

les teintes vives

',

il»'

1rs

cocotiers

que

et 1rs

s,.

Tama-

je n'aperçois

grands arbres

\

pi

les rivage, la la

masse

du

circulaire

pointe Tanio, seul

brillenl

au

soleil

dans

les

les

du poaTE ,..

par

courrier

nana,

l'île

de

France.

pyramide rouge de

marin dans son atterrissage.

franchit

A

s'accusent plus fortement, des et

indigènes. Bientôt les pavillons des se déploient

Mais nous avons dépassé

prunes, ['Amazone

la

massifs de verdure piquetés de noir çà

les

aux

le

détails

chaumes sombres des cases consulats el des maisons de commerce là

Anlimerina,

signal qui guide

mesure que nous approchons, Iciils

fort

la

un

passe

et

pour saluer îlot

boisé,

jette

l'arrivée

Nosy-Ala-

l'ancre

devant

Tamatave.

La rade formée par une légère incurvai ion de sablonneux, n'a

la

qu'une étendue peu considérable,

côte, elle

que prolonge au sud-est un promontoire

va de

la

pointe Tanio au

nord, aux récifs


VOYAGE A MADAGASCAR.

12

protégée par des bancs d'Hastie qui la limitent vers le sud, du côté du large elle est imparfaitement madréporiques, sur lesquels la grande houle de la mer des Indes déferle constamment. Cette rade foraine ne présente qu'un abri insuffisant; la tenue est médiocre et lorsque vient

faut se hâter de fuir ces parages dangereux, et de la

YÈbre sur

les brisants, les

du

reste les débris

prudence. Mais nous avons hâte de débarquer

du Dayot près de

après avoir pris congé de nos

et

il

ceux de Y Oise

de quelques boulres conseillent

et les carcasses

épaves d'un Irois-màls

mauvais temps

le

la côte,

compagnons de route

avec Lesquels une longue traversée de vingt-huit jours avait fait naître d'excellents rapports, et serré la main à M. Massé, commandant Y Amazone, je.prends passage avec mes amis dans une embarcation qui

nous conduit rapidement au débarcadère.

ne faut entendre par celte expression que l'endroit de

Il

marchandises.

plage où l'on débarque habituellement passagers et

11

l'occupation de Tamatave, un warff avait été construit par nos troupes, mais après leur départ, été détruit par les indigènes, qui trouvaient là les caisses et les ballots sont transportés

comme

une concurrence sérieuse. Maintenant

du navire à

la

y a quelques années, lors de il

avait

autrefois,

plage dans des chalands qui viennent s'échouer

la

sur le sable, de nombreux porteurs viennent alors s'emparer de ces objets, les charger sur leur dos, et en poussant des cris assourdissants les déposer en terrain ferme, non sans pouvoir éviter quelquefois

des chutes malheureuses. Pour les personnes

portés sur les épaules de deux vigoureux noirs,

Notre première

visite fut

mode de débarquement est analogue; c'est ainsi que nous sommes amenés enfin à fouler le sol malgache.

le

pour M. Jore, chargé par intérim de

gracieusement à notre disposition

et je

ne saurais trop

la

Résidence de France;

remercier de

le

l'affabilité et

il

se mit fort

de l'obligeance qu'il

nous a montrées pendant tout notre séjour.

Nous dépêchons lestement quelques

nous

courses, et après

être

assurés d'un gîte convenable au

grand hôtel de Tamatave, nous nous empressons, nouveaux venus, d'aller Tamatave, situé en partie sur la pointe d'Hastie, tend chaque année à dans

la

direction du chemin qui conduit à Tananarive,

les

températures élevées de

saison chaude

la

les pluies

et

du côté de

s'accroître

l'ouest

construite sur un sol sablonneux, où

la ville est

peu profondément une eau saumàtre

l'on trouve partout et

visiter la ville.

et malsaine, les fièvres

communes;

y sont

diluviennes qui tombent à chaque instant,

contribuent encore à l'insalubrité de Tamatave.

En

quittant le débarcadère, les bâtiments de

l'avoisincnt,

douane,

la

hangars des services maritimes qui

et les

on arrive au quartier européen. La première voie dans laquelle on s'engage qui

à la plage porte

nom d'Avenue

le

1,

c'est là

que se trouvent

la

est parallèle

Résidence de France, plusieurs

consulats étrangers, les principales maisons de commerce, les magasins des détaillants,

catholique avec une

une

église et

école.

L'Avenue

n° 2, parallèle à la première, n'a

la

mission

que des bâtiments

de moindre importance; ces deux voies principales sont reliées par des rues perpendiculaires qui vont d'une rive à l'autre de le

quartier européen,

narive; vers

la pointe.

suivant l'Avenue n°

indigène, puis

le village

l'est cette

En

le fort

vers l'ouest, on rencontre, après avoir dépassé

1,

Anlimerina

avenue conduit à l'extrémité de

la

et l'on

s'engage sur

la

route de Tana-

pointe où se trouvent quelques cases habitées

par des familles originaires de notre colonie de Sainte-Marie. Les matériaux de construction manquent

dans

environs de Tamatave, les maisons sont construites en bois, apporté en majeure partie par des

les

navires venant de

la

Réunion ou de Norvège; pour quelques habitations cependant on

nombreux incendies ont

plus durables, de

matières

généralisé l'emploi

d'ailleurs

s'est

servi de

des couvertures

métalliques.

Je remis au lendemain

dans

les rues

la soirée, la

entendre nettes,

il

ils

au village indigène

et

aux autorités Anlimerina;

à

faut en faire trois,

le

morceaux de son

piston,

nous jouèrent,

un tambour si

j'ose

recul est considérable. vint à

trois grosses caisses; en

m'exprimer

ainsi, l'air

de

la

Résidence nous

la

répertoire; les exécutants étaient peu et

promenade

cette

nous avait harassés de faligue; pour

musique du gouverneur Rainandriamampandry

les meilleurs

un cornet

infernal;

visite

de Tamatave où l'on ne foule qu'un sable mouvant

avancer de deux pas

Dans

ma

nombreux

revanche

ils

:

deux

faisaient

l'aire

clari-

un bruit

Reine, celui du Premier ministre, du


DE TAMATAYE A TANIMANDRY

AVENUE

gouverneur

ol

îles

divers officiers

écorchant d'une étrange façon

la

1,

A

TAMATAVE.

de Tamatave, des morceaux Marseillaise

13

Le lendemain,

variés faisais

je

el

lerminèrent

la

séance en

débarquer notre matériel

el

procédais à l'accomplissement des quelques formalités nécessaires.

Comme il

cl

a

garantie de l'emprunl que

abandonné aux annuités

le

le

gouvernemenl malgache

a 'là

émettre après

la

dernière guerre,

dos intérêts sociétés financières qui onl souscrit jusqu'à concurrence du paiement

produit

îles

douanes du royaume. Ce

service, -eus

le

contrôle du Comptoir national

d'Escompte, fonctionne assez régulièrement à Tamatave, Vatomandry, Mananjary, Fenoarivo, Vohemar, Mojanga où le comptoir a des agents européens; mais dans les autres provinces, les gouverneurs et leurs subalternes prélèvenl des

gement avec

1rs d

sommes

assez rondes sur les produits des douanes ou entrent en arran-

slinalaires ou expéditeurs. Souvent

même

ils

diminuent

les droits

pour

attirer les

transactions dans leur gouvernement, se l'aire bien coter en haut lieu par un gros chiffre d'affaires et augmenter d'autanl leurs petits bénéfices. Les marchandises sonl frappées d'un droit ad valorem de prohibée 10 pour 100 perçu en argenl ou en nature. L'importation des armes el munitions de guerre est ainsi .pie celle

du rhum

el

autres liqueurs alcooliques, mais cette dernière interdiction est autorisation spéciale les bois

purement

de construction.

il est défendu d'exporter sans Le village indigène n'offre à Tamatave rien de caractéristique; des cases groupées sans ordre en fort mauvais étal où les roseaux el les feuilles d'arbres employés d'habitude par les constructeurs

théorique;

malgaches sonl remplacés parfois par des abritent une population flottante de soldats

Le marché se trouve non loin de

tôles usées, des et

douves de barriques

et

des débris de caisses,

de porteurs.

en revenant vers

le

quartier Européen, les habitants des villages

voisins y apportent leurs produits, on y trouve de la viande de boucherie, des volailles,

du poisson, des


VOYAGE

H

MADAGASCAR.

A

légumes, des denrées indigènes. Les marchands accroupis sous un

pelil

toit

de

chaume supporté par

et

qui n'est pas toujours

quatre piquets débitent leurs marchandises amoncelées pêle-mêle devant eux, de

première fraîcheur. Les approvisionnements que l'on trouve au marché sont insuffisants pour

la

besoins des Européens,

les

continuels de

chère à Tamalave.

la vie est-elle fort

Au sud du Bazar

sont groupées les habitations des Indiens Malabars

commerce de

le petit

doivent y suppléer, principalement pour les légumes, par des envois

ils

Réunion ou des achats fréquents aux maîtres d'hôtel des paquebots de passage, aussi

la

si

bénéfice,

réalisent

au bout de l'année un

aux autres établissements. gnant l'Avenue n° jouent

un

ici

C'est dans

:

dans

se contentant

et la

les îles

d'un petit

une concurrence sérieuse

et font

laquelle les Malgaches paraissent très bien doués.

nous sommes arrêtés au passage par

1

important

rôle

le

important

chiffre d'affaires

et

voisinage des boutiques malabarcs que s'exercent les industries

notamment pour

ferblanterie

la

côte d'Afrique

la

grand nombre à Zanzibar, commencent à envahir Madagascar;

voisines, en

indigènes,

Ce sont eux qui détiennent

grandes maisons européennes

détail et servent d'intermédiaires entre les

population indigène. Ces marchands indiens (pie l'on trouve sur toute

ils

;

accroupis sur une natte,

de monnaies qu'ils vendent ou achètent suivant

usités dans le pays. Je m'approchai de l'un d'eux

ont devant eux

ils

un étalage de toutes

cas pour un certain poids de

les

pour

me

En

rejoi-

changeurs. Ces modestes industriels

les

faire initier à l'art

si

sortes

morceaux d'argent payer ses

difficile «le

dettes à Madagascar. Il

probable que

est

longues années taire:

la

que,

cl

connue

piastre mexicaine a été

comme

et

acceptée par

dans beaucoup de pays d'Orient,

formé

elle a

Malgaches depuis de

les la

base du système moné-

aujourd'hui, bien que cette pièce d'argent n'aie plus cours, on compte par piastres, en malgache

Maintenant dans toutes

ariary.

échanges,

les

parties de

l'île,

est

farantsay.

en

prétendent qu'elles contiennent

relief,

en particulier celles frappées à

qu'exceptionnellement dans

les

centres

plus

fragments. Pour parfaire une

somme quelconque

mizana ils

apprécient

ils

la

n'est

et

accepté

eux-mêmes

irréguliers; à

valeur des plus petits

la

se servent de poids en fer

vernement, correspondant aux subdivisions principales de

et

Les Malgaches font

côte.

de cinq francs en morceaux menus

d'une balance de fabrication indigène

la

nomment

de Louis-Philippe qu'ils

l'effigie

de métal. L'or n'a pas cours

commerciaux de

l'appoint divisionnaire, en sectionnant la pièce l'aide

indigènes se servent de l'argent dans leurs

les

de cinq francs de l'Union latine sont acceptées, les Malgaches préfèrent celles

les pièces

dont l'exergue Ils

poinçonnés par

pièce de cinq francs. Ces poids, au

le

gou-

nombre

de huit, permettent d'obtenir par des dispositions additives ou souslractives, quarante-quatre combinaisons principales

et

qui ont chacune une dénomination particulière. L'une des grandes difficultés

de ce système monétaire, déjà qu'elle soil

exécuter le

l'aile

uni'

si

compliqué, réside dans

avec des soins minutieux

la

pesée;

le

Malgache, défiant par nature, exige

délicats; avaclio (change), répète-t-il souvent.

et

Il

faut alors

double pesée en règle. Bien souvent, pour abréger celle opération fastidieuse, je donnais

bon poids, néanmoins

je devais attendre

que mon vendeur prenne dans sa main

d'argent, les soupèse, les frotte, les examine

un

à

un pour s'assurer de leur bonté

amis présents qui se livraient au

même examen. Dans

';

les petits

encore

morceaux

les donnait-il

à ses

parents

fallait

plus d une demi-heure pour peser le prix d'une poule, quatre sous de noire monnaie: l'opération

et

beaucoup

nécessitait

[dus

temps

de

quand

le

propriétaire

du

des villages

volatile

avait

île

une

l'intérieur,

il

nombreuse

famille.

POIDS MALGACHES POUR (

Loso,

i

j

Kirobo,

l/i-

Sikajy,

1/8

Roavoamena,

i/12

1.

On

falsifie

reconnaît apparaît.

la

piastre

souvent l'argent coupé le

L ARC. E NT. Grammes.

i\iniiLic>.

1/48

6 52

[lavoamena, Erinambatry,

::,i!C

Varifitoventy,

1/96

225

Varidimiventy, 1/144

13,!

fraude en frottant

;

piastre

m

0,36 h.:::

1/72

— —

0,28 0,18

y mêlant dos fragments île plomb on d'un mêlai quelconque argenté. On morceau soupçonné contre un corps dur les angles s'émoussent <i le mêlai intérieur :


DE TAMATAVE A TAN IM AN DRY

VUE

Comme

on

d'après

le voil

le

pièce de cinq francs, aussi les les

morceaux d'argent faux

'

15

TAMATAVE.

:

monnaie coupée pèse davantage que la Malgaches prennent-ils souvenl un ooamena pour le change, vans compter tableau précédent,

qu'ils glissenl

piastre de

la

subrepticemenl dans

Le lendemain, j'accompagnais M. Jore au

fort

le

las.

Antimerina pour rendre

visite

au gouverneur. La

un ouvrage de fortification circulaire, construite grossièreun vaste coraux. Ses murs protégés par un fossé extérieur entourent

batterie, c'est l'expression consacrée, est

ment en

briques

terre,

et

débris de

sans ordre quelques espace dans lequel nous pénétrons par un passa-,- couvert. Là, sont entassés pour les soldats de cases maisons «mi bois, résidence du gouverneur et de ses aides ,1c camp, des

hangars où sont abritées

service, des

l'extrémité duquel flotte

rencontre,

il

ses vêtements

la

cour

l'île;

l'ut

Notre entrevue

c'est le

à huit

élève un

Rainandriamampandrj

européens malgré son âge, ses yeux

fut

mal

a

vient à notre vifs, sa

une interprétation courtoise; après une conversation rendue pénible par

arrivés, nous prenions congé du gouverneur. Depuis quatre jours que nous sommes

continuelle,

s

parole

important de nomination déjà ancienne au gouvernement de Tamalave, le plus franco-malgache en 188o. principal agent plénipotentiaire lors de la signature du Irait,'

justifienl sa le

de campagne; au centre de

pavillon antimerina blanc à coin rouge.

bonne mine dans

a fort

animée il

le

trois pièces

<<•

sont

des averses diluviennes avec quelques rares éclaircies

commencement de

la

saison sèche;

heures. 30 degrés à l'ombre.

ferons roule pour

totale de

la

l'on

nous affirme que

mars, température est élevée, nous avons eu ee matin, 12 activement de nos préparatifs de départ, nous

Nous nous occupons

la capitale dès les premiers

de fréquentes promenades dans

La population

la

et

difficile,

pluie est presque

la ville et

beaux jours; en attendant, nous utilisons nos

loisirs

par

dans ses environs.

Tamalave dépasse certainement

huit mille habitants, sans tenir

compte des


.

VOYAGE

16

MADAGASCAR.

A

porteurs qui viennent à certaines époques g-ossir considérablement ce chiffre. L'élément malgache

comprend

autres gens de

la

le |>lus

important

fourni par les des de la Réunion et de Maurice. Je n'ai

esl

procurer des données précises, les inscriptions à

breuses, mais la

esl

il

probable que

métropole, de nos colonies de

Anglais viennent ensuite avec

nombre des

le

Réunion

la

gascar, Tamatave est

et

nombre

Dans ce mois,

sujets français, blancs

courants du marché de

Caoutchouc du Nord (à l'acide), p. 61 00 les Caoutchouc du Sud (au sol et au citron),

('.unies

18 à

gré

Gomme

p. 3 les lui)

la

tous les centres

actuellement

place de

100 livres. p. 32

à 35 tes

commerciaux d« Mada-

le

dans lesquelles

il

Tamatave

étaient les suivants

:

75 kilos.

Sel de Marseille (1res abondant), p. 0.70 à 0.75 les Sucre, p. G à 7 les 100 livres.

Toile américaine, grande largeur, les

contre espèces. p. 15 à 10 les 100 peaux.

7.30 les RIO livres

1

oui:

lui)

livres.

yards, 1™ marque,

p. 80 à 82.

Toile américaine, grande largeur.

marque,

p. 70 à 7s.

Toile américaine, grande largeur, inférieure, p. 73 à 74. Toile américaine, petite largeur, qualité supérieure, p. Rabanes fines délaissées, p. 10 les un pièce-. Toile américaine, petite largeur, qualité inférieure, p. 54 à Raphia, p. 3.20 à 3.50 les 100 livres. Rhum de Maurice, p. 13.50 à 13.751a barrique en gins. Pétrole, p. 1.73

la

caisse.

i

Ces prix sont tous donnés en piastres Voici d'après des données officielles

et '

Francs.

Francs.

lo 703,38

Absinthe

19 193,03

Accordéons

7167

Acide sulfuriquc Amer Picon Alcool pur Alpaca Allumettes

pour fumeurs Articles non dénommés...

46 5

»

061,75

3 424,60

150,73 3 608,35

Articles

473,30

1009,30

Ancres et chaînes Autruches

2 523

»

1123

»

B.eurre

3 827,93

fer

5

000

»

Bière

13 565,72

Bijouterie fausse Bimbeloterie

21 862,89

Biscuits

Bois (sapin)

Bougies Bonneterie

Bouchons

1083,75

lharbon de terre Châles en laine (

Chaussures

Chaux lhapeaux

Chocolal

Ciment Confiserie

Couvertures de laine Conserves alimentaires. Cuivre pour navires

688,43

6 550,63

10 666,75 1

pour bouteilles Briques

80 ,55 1

22,5»

635

Cale de Bourbon 5

»

(toile bleue)

Coaltar 1

Iraperie

Droguerie, produits phar-

maceutiques 1

i.iiiies-jeannes vides

Encre et fournitures bureau Eau minérale Eau-de-vie

commune

Ëtoùpe

233; 80

Épices

224

Étoffes de laine

»

.

Cuirs salés

Coupons

5 563,70 11

Brai

Caoutchouc

Capsules de chasse

(

56.

aux importations qu'aux exportations

DÉTAIL DE LA VALEUR DES IMPORTATIONS POUR L'ANNÉE 1890. Ameublement

56.

centièmes de piastre.

les chiffres relevés tant

des différentes marchandises manipulées à Tamatave.

Bâtiments en

se

débouché presque unique des

Riz malgache, p. 1.80 les 100 livres. Riz bengale, p. 3.25 à 3.50 la balle de Saindoux, p. II à 12 les 100 livres.

pièces.

copal, p. 30 à 38 les 100 livres.

Peaux do bœufs, p. Peaux de moulons,

,

De

conditions défavorables

les

18.25 les 100 livres.

de bœufs,

ou gens de couleur venus de

Indiens Malabars, enfin les Etats-Unis, l'Allemagne,

les

100 livres.

Cire, p.

peu nom-

très

proximité relative de Tananarive ont seuls développé son commerce.

et sa

les prix

Résidence de France sont

de Sainte-Marie dépasse quinze cents personnes. Les

trouve placé, sa position vis-à-vis les Mascareignes produits malgaches

la

d'individus.

Ma

plus important.

le

et

Mauriciens

les

sont représentés par un petit

l'Italie

et

côte. Les Européens sont peu nombreux, les Français, en majorité, sont environ une

centaine. L'élément blanc

pu me

quelques marchands antimerina, des Betsimisaraka,

fonctionnaires, les soldats et

les

de




LE LONG DE LA COTE, DE TAMATAVE A TANIMANDRY. Francs.

Mousseline Marmites Miroirs

Machines à coudre Machines diverses.. Moleskines .

(

lignons

(

Irnements d'église.

Outils divers

Papeterie

Patnas Passementerie Parfumerie Parasolerie Perles en verre

Papiers peints Peinture Pétrole

10


VOYAGE

20

MADAGASCAR.

A

charges furieuses qui souvent font lâcher prise à ses conducteurs qui ne

directions, pousse des

maintenaient qu'à grand'pcine, car, par précaution, dès la première tentative de résistance,

prudemment une grande longueur de corde entre eux on a ramené

folle,

bœuf

et le

incessants dont

les tiraillements

pousser à l'eau. L'animal est aussitôt entraîné près d'une pirogue fortement par

malheureuses bêles

les

ordinaires. Souvent dans le trajet

dans

un autre

et

n'existe

il

toujours une direction rationnelle;

le

demande pourquoi

ils

même

le

lit

immédiat ou certain;

montent sur

s'ils

s'il

embarque par

les

les

si

sans motifs apparents,

est

il

choisira

insouciant

;

s'il

d'autres fois

si

ils

la

les vallées

campagne, augmentant comme

la

et si les

Pour

lui

ou sur

les

il

un

fait

rapporte un bénéfice

circuit

;

un éboulement

plus loin,

un nouveau détour; souvent

voyageurs qui viennent après

lui

chemins fréquentés un pont

On

d'arbre jeté en travers des ruisseaux, ce sont des exceptions.

et, si

l'endroit lui paraît favorable,

voyageur devra cheminer péniblement sur

d'être précipité maintes fois par ses porteurs dans est

la

regardée non sans raison par

sérieux aux envahissements de l'étranger, et

il

s'est

primitif,

à barrer le

Dans

l'île

ils

les

et

l'on

si

un tronc

chemin pour

y établira ses rizières. Alors l'infortuné

il

les

champs de

riz,

au risque

vase et l'eau croupie. Celle absence de voies de

le

gouvernement anlimerina comme un obstacle

toujours appliqué à perpétuer cet état de choses dont

maintien n'offre d'ailleurs aux indigènes aucune espèce d'inconvénient, étant donnés

transport dont

suivent sa

trouve parfois des pirogues malheu-

digues qui limitent

les petites

même

traverser les grandes rivières, on se sert de

reusement trop peu nombreuses. Enfin l'indigène ne verra aucun inconvénient prolonger ses champs

se

à plaisir la

ne songera pas à l'enlever, un arbre mort

il

gros

est trop

voie sera créée.

capitale

des

les crêtes

descendent dans

ne fera aucun travail qui ne

et

une autre route, la

lorsqu'ils se rendent d'un point à

fréquentent. Ces sentiers n'ont pas

pirogues; mais les cours d'eau de moindre importance sont franchis à gué bien entendu,

rencontre dans les environs de

le

communs

pour tourner des roches abruptes, souvent on

torrent

l'enjambe

il

une nouvelle dérivation de

communications

moyens

des mots roules, chemins, etc.,

les collines élevées, s'ils suivent

ou

rencontre un obstacle sur sa roule,

du chemin

travers

d'un

les

des terres argileuses ou quelques broussailles lui occasionneront

trace,

par se laisser

finit

proie des requins

la

l'on se sert

nombre des piétons qui

serpentent capricieusement dans

longueur des étapes. Le Malgache

si

hommes

suivis par les

piste,

les fondrières des vallons voisins,

encaissées, empruntent

tombé en

un autre devient

se noie,

aucune voie de communications;

plus ou moins frayés selon

coteaux pour éviter

est

long du navire sur lequel on

le

un bœuf

ne désignent qu'un sentier, une

ils

il

ou d'un chaland auquel on l'amarre

méthode indigène.

la

A Madagascar,

est l'objet,

entend

qu'il

malheurs n'empêcheront pas de longtemps de continuer à embarquer

rade, mais tous ces petits

des bœufs par

hurlements

cornes. Après deux ou trois opérations semblables, l'embarcation qui a complété son

les

chargement conduit

la

il

le

ont laissé

Cependant après une course

irrité.

le fugitif; alors fatigué par ses vaines tentatives, les cris et les

de toute part, les coups qu'il reçoit,

ils

moyens de

les

font usage.

marchandises de loule nature sont portées à dos d'homme

et

pour

éviter les fatigues

de ces chemins abominables, les riches et les gens de qualité ainsi que les Européens se servent du /ilinijanii

ou

fiiacon, le

palanquin malgache. Une classe spéciale du peuple a monopolisé ce travail

sont les borizana (corruption sort,

du

nuit français bourgeois);

ils

:

ce

sont contents de leur

accomplissent avec beaucoup d'entrain leur pénible métier. Les borizana qui se recrutent en

cl

majeure partie dans

caste des esclaves et dans l'Imerina viennent de différentes provinces, et ce sont

la

leurs occupations bien plus

coutumes. Le porteur gai qu'inspire souvent satisfait

et

que leur origine qui en ont enjoué, exubérant

aux autres Malgaches

de son salaire

et, fidèle

la

même,

amour-propre

l'ait

empêche et

et,

sauf

le

il

et

ses

réserve et de timidité

discute les prix, ne se retire jamais

d'oublier à

Madagascar

son bavardage incessant,

à remplir la tâche qui lui est confiée.

rarement leur charge, en ont soin

une corporation ayant ses usages

a perdu celte sorte de

présence du blanc;

à la tradition,

nos automédons d'Occident. Malgré ses criailleries certain

exempts de corvées,

les le

récriminations de borizana met

un

Les porteurs de marchandises abandonnent

cas de force majeure,

la

rendent en bon

étal.

Ceux qui


LE LONG DE LA COTE, DE TAMATAVB A TANIMANDRY.' portent

pour

le

cependant quelques exceptions. Ainsi

du convoi porte

et

l'on

compagnon

la

suit

le

contenu fractionné en petites charges,

le

montrent une adresse étonnante pour

remarque chez

pas rare de voir sur

n'est-il

chargé d'une volumineuse caisse en Lois, son reste

voyageur,

des mauvais pas. Ces bonnes dispositions que

tirer

le

filanjqna sont pleins d'attentions

le

2i

les

porteurs, souffrent

route de Tananarive un porteur

avec une enveloppe en zinc,

le

quelque marchandise craignant

c'était

l'humidité et qu'on avait emballée avec beau-

coup de

mais

soins,

encombrant

ce colis

porteurs que gênait

les

l'ont divisé.

Cependant tout

arrivera intact à Tananarive, les objets seront

remis en place, l'enveloppe de zinc ressoudée

de bois clouée à nouveau avec beau-

et la caisse

coup d'adresse. Alors heureux

et satisfait

borizana se présentera

le

au destinataire qui n'aura

garde d'attribuer à un emballage défectueux détérioration de ses marchandises. D'autres

la

t'ois

porteurs sont arrêtés par des bandes armées

les

s'emparent de gré ou de

qui

charges; enfin,

le fait est

de leurs

force

assez rare, des borizana

ont disparu avec les paquets qui leur avaient été confiés.

arrive

Il

aussi des

moins désagréables avec

Tout d'abord on

est

les

incidents plus ou

porteurs du fitacon.

abasourdi par leur caque-

lage;leur conversation, que j'ai comprise lorsque

mes progrès en malgache me

l'ont

permis, roule

sans cesse sur leurs bonnes fortunes

voyages

aucun

ont

qu'ils

accomplis,

ne craignent pas

détail et

Puis lorsqu'on traverse fourrés,

un

sur

et

les

ils

n'omettent

les

répétitions.

quelques

bois ou

vous heurtent violemment

la

tête

contre les branches peu élevées et vous

l'ont

ils

dans quelques

faire

rizières

ou amas d'eau une

chute malheureuse. Tout cela doit être compté

dans

les

désagréments d'un voyage

Mada-

a

gascar; malheureusement, chose plus grave, des

Européens ont et

ont

eu

été

mille

abandonnés

peines

sur

la

route

pour continuer leur

chemin.

A

l'encontre des Chinois, les Malgaches se ser-

„„

,

WIM>NA

,

0B porteur.

vent pour porter leurs charges d'un morceau de bois rigide,

et

emploient pour cet usage une forte tige de

bambou

qu'ils

nomment

bao longue d'environ

charge avec des cordes de raphia, pins sur l'autre. La charge ils soulèvent le tout et le tiennent en équilibre tantôt sur une épaule, tantôt suivent moyenne d'un borizana est de 40 à 30 kilos; mais ces hommes portent beaucoup moins lorsqu'ils 1

m. 7U; aux deux extrémités du bao,

ils

attachent solidement

la

transporter sont doivent faire de longues étapes. Lorsque les marchandises à deux, trois, encombrantes et ne peuvent se diviser en petits paquets, les porteurs se réunissent, et fixés au milieu quatre hommes, souvent davantage son) nécessaires pour porter ces volumineux colis les porteurs d'un long bambou dont ils supportent les extrémités; dans ce cas, les difficultés que aller de Tamatave rencontrent dans le chemin sont si grandes qu'ils mettent plusieurs semaines pour

un filanjana ou quand

ils


VOYAGE

22

On

Tananarive (390 kilomètres).

à

MADAGASCAR.

A

m'a raconté que

transport d'un piano de

le

avait duré deux mois et demi et nécessité Ï0 porteurs, encore

onze jours au fond d'une dises,

il

Lorsqu'un commerçant a besoin de

rivière.

organise un convoi qu'il place sous

responsable des porteurs

et

de leurs charges. Ces commandeurs

capitale

séjourné

transporter des marchan-

l'aire

connu avantageusement

direction d'un autre borizana

la

la

avait-il

côte à

la

malheureux piano

le

et

s'acquittent assez bien de leur mission.

Les porteurs de marchandises exercent longtemps leur rude métier; appuyés sur leurs sagaies, pliant sous leur lourde charge, ils cheminent incessamment entre Tananarive et Tamatave; la pression répétée du bao malgré

donnent

le poli qu'ils lui

et

graisse dont

la

ils

développe sur leurs

le frottent,

épaules des callosités énormes et souvent des plaies repoussantes. Ce sont des borizana agiles

jeunes qui s'emploient au filanjana

un certain entraînement

ce. travail nécessite

:

et

une éducation

et

spéciale. L'appareil est formé de deux brancards de bois résistant, longs de 3 mètres environ

au

de leur longueur par deux traverses en fer; dans

tiers

une

soutient

tiennent un

forte toile

voyageur peut reposer

le

hommes ont chacun un brancard sur a la tète

pagnon en

[lassant le bras sous le coude.

lui

moyenne de

quelquefois avec une vitesse

changer d'épaule font passer

Dans

leurs camarades,

les

grands trajets

les

ils

saisissent

que

telle

conséquences d'une chute possible.

s'arrêter.

A

ne

le

hommes inoccupés

les

au vol

filanjana

le

fortement

poignet de son com-

le

hommes marchent une

voyageur éprouve de justes appréhensions en songeant aux

et

et

brancards au-dessus de leur

pas avec assez d'adresse

blement assis sur

tient

tète.

Le mouvement est exécuté sans

trottinent devant

le

fait

ainsi sans

brancard que

diminuer

la vitesse et

sans changer

que pour ce qui me concerne, ayant

à n'y avoir recours dans

la

suite

la

l'ait,

lance son compagnon.

lui

première année de

vite à la

abus de celle chaise à porteurs, j'arrivais

que quand

je

franchir

i\r

lixé à

le

On

est assez conforta-

principe

grand nombre leur marche.

me

qu'il

hommes

Un

et,

sans y renoncer complètement,

c'est

une sorte de panier rectangulaire

filanjana coûte ordinairement 3 piastres.

suffisent,

Ce système de transport des voyageurs

emploie, mais

il

nombreux

dispose de

qui

n'en est pas de

même

mais pour de longues étapes

et

pour

aller

de

la

capitale à la côte

ce tarif

monte souvent

peuples

civilisés, les

salaire,

ils

à trois,

quatre

la

et

Le samedi 10 mars,

la

un plus

fort

et

demie, sans compter

les

cher ses porteurs

demande

cadeaux

et

est

trois piastres, et

qu'il faut faire en

cinq piastres; dans certaines circonstances, à l'instar des et

refusent de partir

si

l'on

n'augmente pas leur

soutenus par leurs maîtres ou les chefs indigènes. Les tarifs

des transports vont sans cesse en augmentant

de Tamatave à Tananarive revient à

faut

plus ou moins grande quantité des porteurs disponibles,

borizana se mettent en grève

sont souvent encouragés et

il

sans interrompre

des marchandises à Madagascar semble tout

pour l'Européen qui paie

deux piastres

et

Pour

esclaves et d'une grande autorité sur le personnel

toujours exploité par eux. Pour aller de Tamatave à Tananarive, un borizana

chemin; ces prix sont variables suivant

hâte d'ajouter

séjour à Madagascar, un véritable

de porteurs, six, huit, douze, etc., qui se relaient à de courts intervalles

naturel à l'indigène

commode, sinon

ne pouvais m'en dispenser.

deux branches de raphia.

petites dislances quatre

mon

prendre en horreur

Les femmes anlimerina se font porter dans un fitacon spécial; et

l'allure,

les porteurs sont au trot, ou qu'un maladroit

mode de locomotion semble dans

ce

filanjana et viennent relayer

brancards qui leur sont lancés avec violence par ceux qu'ils

les

le

à un signal convenu, les porteurs pour

agréable; avec l'habitude on arrive très vite à se faire à cette façon de voyager. Je

peu profond

l'appareil

marchent d'un pas cadencé.

et

courent dès qu'ils en trouvent l'occasion,

les borizana

éprouver au voyageur quelques secousses quand saisit

La manœuvre de

les pieds.

épaule

peu accidenté, ces

terrain

de fréquents intervalles

viennent remplacer. Cette manœuvre, qui se fait

une armature métallique

kilomètres à l'heure, mais celte vitesse augmente souvent dans de notables

les petits trajets, surtout,

proportions dans et

5

En

même

la

brancards

l'intérieur des

engagée dans

Le porteur qui

vitesse

et reliés

figurant une chaise avec dossier; deux courroies fixées aux traverses sou-

morceau de bois sur lequel

simple, les

est

partie médiane,

la

encore

37;J

:

aujourd'hui

le

transport d'une tonne de marchandises

francs, presque un franc

pluie cesse cl le ciel parait vouloir se

le

kilomètre.

montrer plus clément, nous passons


LE LONG DE LA COTE, DE TAMATAVE A TANIMANDRY. journée à recruter nos porteurs

la

celle opération est

bientôt

nous

suffisant.

esl

au voyageur sons toutes

utile

même,

user, abuser

fallait

aux bons soins de la maison Alibert, nous réunissons Nous expédions aussitôt nos plus gros bagages avec 50 porteurs,

à les suivre sur la roule de Tananarive.

mars nous nous préparons

La patience

l'île,

assez délicate, mais grâce

un nombre d'hommes

et le 18

Pour des nouveaux venus dans

à organiser notre convoi.

el

23

latitudes, à

les

Madagascar

elle est

j'oserai

indispensable.

Il

commencé

noire

choisir pour

com-

dire, de celle vertu passive, avant d'avoir

première étape.

Un

esclave anlimerina. Rainivoavy, que de lionnes références nous avaient

mander

convoi, avait

le

porteurs de bagages.

el

réuni dès

nous

11

première heure un nombreux personnel, porteurs de filanjana

la

même

avail

de chaque borizana, celui de son maître qu'il n'y avail

dans

palpent

tous

s'accroupissent sur

les le

sens,

remis une

calligraphiée par lui, contenant

liste,

village qu'il habitait. Encore novice,

le

el

plus qu'à répartir les charges,

capitale. Quelle erreur élail

la

mienne! Les hommes prenneni nos paquets,

la

soin

avec

soupèsent

les

trois

heures

auditeurs. C'était

les

sans

el

l'aire

la

roule en six jours

le

c'est

la

les

les

et

réflexion,... fin,

doute.

j'assistais. Celle

séance

secours de quelques personnes obligeantes n'aurait pris

le

comme

examinent

très intéressants sans

premier kabary auquel

qu'à une époque indéterminée. Enfin tout s'explique,

à

les

nenccnl des conversations oiseuses, des discussions sans

sable. Aussitôt c

vivement soulignés par

dure depuis

m'imaginais

je

minutes de

après quelques

et,

nom

le

immédiatement pour

filanjana. et faire roule

monter en

quelques esprits forts prononcent des discours dont certains passages, sont

fait

fin, je crois,

porteurs, sachant «pie nous ne voulions pas

coutume, mais y consacrer deux semaines, temps nécessaire les nourrira

nos observations cl à nos recherches, réclamaient une augmentation. Je proposais de

mes

frais

au delà du sixième jour ou de leur donner

m'engageanl vient

de quinze jours en chemin. La séance

à ne pas rester plus

ma

nous annoncer que

seconde proposition

et

en un valsy de t

au porteur d'acheter ses vivres pendant conseillant

me

de ne payer

vatsy qu'à

le

est

IV.

la la

.">o

somme

de

la

et

demie.

el

commandeur

loucheraient quatre

demie payable

notre

à

destinéeà permettre

esl

gagna beaucoup dans mon estime en me

roule. Rainivoavy fin

de trois

est reprise, le

trois piastres

payable d'avance, celle

lieu

hommes

acceptée. Les

mode malgache en un karama de

piastres, salaire divisé suivant la

arrivée à Tananarive

quatre piastres an

à forfait

premier.' journée de

marche;

c'esl

plus prudent,

dit-il.

Les charges furent reprises, sition,

furent

après des modifications nombreuses dans l'arrangement

el

enveloppées dans des feuilles de ravenala qui devaient

l'humidité pendant

le

bao, non sans avoir préalablement

malgache correspond au mot heures

el

demie seulement

Nous sortons

hommes

bientôt de

m'indiquent

les

proléger de

paquets sonl ensuite confiés aux porteurs qui

les

trajet;

oui.

en

signe de consentemenl

Ce premier kabary nous

noire convoi se mettait en la ville,

dépassons

du doigt; c'esl

à

le fort

poussé nn

avail

l'ail

petit

les

el la

dispo-

pluie

la

el

de

attachent à leurs

grognement qui en

perdre toute

la

matinée, à dix

marche.

anlimerina, un

l'ombre de ces

malgaches tenaient leurs conférences, préliminaires du

petit

arbres que traité

bouquet de manguiers que mes

les

français

plénipotentiaires

de 1885. Nous laissons

vile derrière

el

nous

quelques cases disséminées, futur faubourg de Tamatave. Peu de minutes après, nous traversions une petite rivière, le esl

Manangarésa,

et

nous cuirions dans

monotone, une herbe peu fournie, qui nourrit

attendre

ici

leur

embarquement,

les

la

campagne

plaine ondulée de Bétainomby. La

troupeaux de bœufs venus de l'intérieur pour

a de la peine à recouvrir le sol

sablonneux: des buissons, des arbustes

une flaque d'eau noirâtre croupit entre deux ondulations de celle bande sablonneuse. Mais nous avons tourné vers le Sud, direction que nous allons suivre jusqu'à Andovo-

poussent au hasard; çà

et

ranto, la végétation devient fort belle,

de

nous allons marcher pendant quelques jours dans

la

zone boisée

la côte.

Notre colonne s'allongeait indéfiniment,

En

el

malgré mes recommandations chacun marchait

avant, en arrière, de tous côtés trottinent nos porteur-;

île

à sa guise.

bagages, quelques-uns se reposent déjà


VOYAGE A MADAGASCAR.

24

marche

à côté de leurs charges. Notre cuisinier-interprète

à l'extrême avant-garde.

Nous avons

confié

ces importantes fonctions à Jean Boto, noir de Sainte-Marie qui s'est offert dès notre arrivée à nous suivre pendant nos excursions.

de ses voyages précédents; pouvait

il

Du

tirer.

compter sur

lui.

nous tutoie

mots de

il

11

avait acquis, paraît-il, de grandes connaissances pratiques rapportées

connaissait tous les villages de la côte et les ravitaillements qu'on en

comme

reste,

citoyen français, notre compatriote par conséquent, nous pouvions

Jean Boto, qui

nous en parlant des blancs, parle assez

nous cause, mais

lorsqu'il

français.

dit

Dans

la suite,

français,

le

rous à ses collègues noirs qui peuvent comprendre quelques

dit

comme

couramment

interprète

nous rendit des services, ce qui ne nous

il

pas

fit

regretter son enrôlement; malheureusement ses connaissances culinaires n'existaient qu'à l'état de sou-

venirs confus et lointains; à ses côtés cheminent allègrement trois borizana chargés tout spécialement

de porter avec beaucoup de soins

les

instruments scientifiques d'un usage journalier. Ces malheureux,

— je ne pouvais encore me permettre des manifes— n'épargnaient aucun heurt aux boussoles et aux thermomètres,

malgré mes supplications muettes mais expressives tations plus bruyantes et plus articulées,

aux magnétomètres

aux théodolites. De plus

et

se tenaient

ils

prudemment hors de

lorsque pour une cause quelconque j'avais besoin de leurs services. Le notre petit monde,

veillait

il

portait

un

son prestige. Nos filanjana, précédés de

donné

longue

à Foucart, le plus léger d'entre nous,

C'était le

chronomètre que

bations dont

était

il

mon compagnon.

de

la

exécutait les

des borizana de

file

marche

nombreuses observations que

sur-

relai,

enlevé de

lui aurait

venaient ensuite. J'avais

dans une certaine mesure, aux nombreuses pertur-

menacé. Celte boîte assez volumineuse la

voix

la

au seul point de vue du poids matériel, une surcharge.

je voulais soustraire,

Maistre fermai!

la

une plus lourde charge

fusil et sa sagaie,

portée de

commandeur Rainivoavy

et

un singulier

faisait

effet derrière le

même temps

pourchassait les traînards, en

dos qu'il

nécessitait le tracé de notre itinéraire.

Vers midi nous arrivons à Ivondrona. Ce village, important autrefois, ne compte plus maintenant

qu'une centaine de cases;

les usines sucrières qui avaient été établies

malheureusement, par suite d'un rendements, que

le

dans

voisinage avaient prospéré,

le

perdu de leur valeur. Les

élat de choses bien différent, elles ont

gouvernement antimerina, aujourd'hui propriétaire,

de cette industrie, sont peu

retire

considérables. La rivière l'Ivondrona sur les bords de laquelle nos porteurs nous déposent en sortant

du

village, est

comme

c'est

A

partie.

le

premier cours d'eau important que nous rencontrons.

règle à Madagascar, et va former de grandes lagunes dont

la

comporte

se

d'ailleurs

nous ne voyions qu'une

notre gauche, est l'embouchure du fleuve avec son déversoir maritime, et les canaux qui la

communiquer avec

font

11

les lacs

de Nosy-Ve et de Sarobakina.

Trois pirogues où nous nous embarquons tous, vont nous conduire sur l'autre bord. Ces pirogues

que

l'on trouve

en plus ou moins grand nombre sur

les fleuves traversés

par celle roule fréquentée,

transporlent d'une rive à l'autre des voyageurs et des marchandises pour quelques morceaux d'argent.

Le prix

est à débattre;

besoins.

Comme

il

est très variable, suivant la richesse

Pour fabriquer ces pirogues qui atteignent souvent les

supposée du

10 mètres de longueur sur

indigènes vont chercher à quelque dislance vers l'Ouest un géant de

potsij

principalement, abattent l'arbre,

traînent leur ouvrage,

ornemenl percés

est

non sans peine,

le

façonnent,

à la rivière la

la

palanque qui

plus proche.

1

et ses

mètre de largeur,

varongy ou

la

hache

effilées

au rivage. Des planches qui maintiennent l'écarlement à

l'arrière,

longon-

le

et le feu

et

La pirogue, sans quille, sans aucun semblables, ces appendices sont

au large l'embarcation, ou bien

fixe

une dizaine de pagayes complètent l'armement. Assis

la forêt, le

creusent en employant

le

terminée aux deux extrémités par deux parties

d'un trou où l'on engage

retient l'esquif

son caractère

client,

toujours on est finalement exploité.

îles

la

corde qui

parois servent de bancs,

un Betsimisaraka dirige

la

et

pirogue

en se servant avec beaucoup d'adresse de sa pagaie.

11

nombreux équipage

traversée qui dure à peine une demi-heure, les

hommes

travaille avec ardeur.

Pendant

qui se servent de leur aviron primitif

la

comme

arrondis du bateau et chantent à pleins poumons.

en a distribué d'autres aux porteurs, et ce

les Africains,

frappent en cadence

les

flancs


LE LONG DE LA COTE, DE TAMATAVE A TANIMANDRY

v;i,L\M

Nous débarquons sous des grands

Srii

I.

\

l.'il

TK DE l'ANAN AR1V!:.

arbres, traversons vile un

touffu

taillis

cl

entrons dans

le village

d'Ambodinisiny. D'après une légende betsimisaraka, cette contrée Darafély.

Il

y

vivait

1res

il

heureux avec ses deux épouses, Rasoabe

Hercule malgache,

bienfaisant,

habitée

était

il

avait

délivré

la

y a bien

longtemps par

Rasoamasay.

et

géant

un génie

C'était

province des monstres terribles qui

le

désolaient,

la

grand serpent de ranifotsy. Néanmoins, les Ira vaux extraordinaires d'un de ses voisins vinrent troubler son repus en blessant son amour-propre. réussil à le précipiter dans Darafély déclara la guerre à son confrère, el dans mie lutte héroïque il

avait été assez puissant

pour couper en menus morceaux

le

il

les flots,

non sans perdre toutefois

main droite que, dans un dernier

la

Quelque temps après, Darafély mourut des forma

Fonga,

el

le

veuves inconsolables

<\r

l'île

témoin de

lieu

la

vaincu

lui

arracha.

La dextre puissante du géant

tuiles de celle opération.

lutte fut

effort, le

appelé Matitanana.

Rasoabe

cl

Rasoamasay,

Darafély, versèrent des torrents de larmes qui changèrent en lacs

les

immenses

les forêts désertes où elles étaient venues cacher leur profonde douleur.

C'csl la

dans

le

village d'Anbodinisiny

que

l'amphore colossale qui sans aucun doute

se trouve

était

coupe familière de Darafély. Celle cruche en terre

grandes dimensions, loin

du

village à

cl

commune les

de fabrication indigène n'offre rien de particulier,

cassures

el

fêlures qu'elle présente.

demi enfoncé- au milieu d'une

Ce

récipient

si

ce n'est

ses

sacré que Ion voit non

petite clairière est encore aujourd'hui

un objet vénéré

des indigènes. Fixés sur une perche, deux crânes de bœufs achèvent de se pourrir; ces modiques offrandes que des mains pieuses oui placées près de

cruche pour mériter

la

les

faveurs de Darafély,

gênaient par leurs émanations Foucart qui, en explorateur consciencieux, se hâtait de faire un relevé artistique de l'amphore sainte.

En du les

quittant Ambodinisiny,

nous marchons pendant deux heures

el

demie pour arriver

jour à Ankaréfa. Les soixante cases qui forment ce village sont bâties en terrain

bords de

la

lagune dont nous venons de suivre

la

rive orientale.

maison dont nous prenons possession;

je suis satisfait de notre

malgache. En général celle opération

esl

bagage

tout ce qui est nécessaire

:

peu compliquée, à

arrivé au village,

il

suffit

la

à la

tombée

marécageux sur

Jean nous conduit dans une

première installation dans un village condition toutefois d'avoir dans son

de choisir une habitation qui, par son


VOYAGE

26 aspect Ils

s'exécutent

cuit

même mira

le

sur

femme

la famille, sa

le

plancher de

la

quelques

suit avec

conjugal; en une minute,

lit

le

et

attendre avant

déménagement

le

Les porteurs se logent où

le

départ

c'est

un morceau d'argent presque imperceptible

lagunes

petite ('lape

à

hommages

un peu d'argent, non pas pour

achètent

l'asile

le

nu.

village de

Vavony.

mener

qui doit nous

et

qu'on veut bien leur donner pour

Andovoranto

à

terrain de largeur variable, qui esl comprise entre le rivage de

littorales.

une natte

place est libre. L'on étend

la

propriétaire viendra présenter ses

coutume

l'oeil

nous conduit au

mer

la

et

esl

tracé sur

la

ligne des

Depuis l'embouchure de l'Ivohdrona, ces nappes d'eau se succèdent presque sans

interruption. Les grands lacs de

Nosy-Ve

Sarobakina, de Mangoaka, de Rasoamasay

et

que nous avons aperçus, sont prolongés

notamment, par d'autres

dans

loin

fort

le

lacs, des étangs, des marais, des

maritime, utilisée depuis longtemps.

dans

le

la

ils

Le chemin que nous suivons depuis Tamatave

bande de

terminé,

est

marmite où

la

vaisselle et

peuvent, quelquefois 1res nombreux sur celle route où passent con-

ils

tinuellement de longs convois de marchandises,

Le 19 mars, une

un soupçon de

cuillers,

vend pas, mais pour reconnaître sa gracieuseté.

payer, l'hospitalité ne se

celle

prier les propriétaires d'en sortir.

case ainsi prise d'assaut, des nattes propres sur lesquelles l'étranger dor-

disposera ses bagages. Le lendemain malin,

et

au voyageur

et <Ie

plus souvent de fort bonne grâce. L'indigène emporte chez un voisin

le

de

le riz

tressée,

semble mériter cette laveur, d'y entrer,

ses dimensions,

et

MADAGASCAR.

A

vrai

esl

11

et

de Rasoabe,

sud jusqu'à l'embouchure du Matitanana

chenaux qui constituent une

que ce canal naturel

n'est

voie

véritable

pas toujours navigable;

saison sèche, on trouve en certains endroits plus de boue que d'eau, néanmoins celle roule

la

lacustre remplacerait avantageusement un cabotage presque impraticable, sur ces côtes inhospitalières

la

violence des courants

et

forte houle de l'Océan Indien rendent la petite navigation particuliè-

la

rement dangereuse. Cette ligne de lagunes, qui d'après totale de 485 kilomètres,

peu importants. lagunes,

Il

de couper

suffirait

les

isthmes, les ampanalana qui séparent sur certains points

qui obligent à traîner les pirogues sur

et

de M. Grandidier aurait une longueur

les relevés

ne nécessiterait pour devenir une véritable roule maritime que des travaux

le

sable pour les

marais voisin. Ce travail avait reçu un commencement d'exécution l'ordre

du gouvernement de Tananarive on

néanmoins de

se servent ils

réalisent

ainsi

a

dû renoncer

celle roule des lagunes

expose aux insolations

augmente

et

qui s'élèvent parfois vers

le

leur procure

elle

si

déclin

les

les

l'ont

le

y a quelques années, mais sur

il

voyageurs une navigation en

le

long de

la

côle:

pirogues esl plus

l'avantage de tuer quelque gibier d'eau, elle les

chances de contracter

du jour

les

à continuer celle entreprise. Les traitants

pour transporter leurs marchandises

une notable économie. Pour

pénible que les filanjana, car

passer d'un étang dans

l'aire

de plus,

les lièvres;

vents violents

les

chavirer aisément ces embarcations conduites par des

gens presque toujours inexpérimentés.

La bande de

terrain sur laquelle

nous marchons varie beaucoup de largeur. Dans certains endroits

ce n'est qu'une plage sablonneuse, digue éphémère qui

empêche

les

eaux de

lagune de se jeter dans

la

l'Océan. Ailleurs c'est un talus gazonné de quelques centaines de mètres. Plus loin celle zone s'élargira

notablement

dans une

et

mesurera, par places, plusieurs kilomètres de profondeur; alors

jolie contrée,

nous traversons des

son développement. La roule esl du sable des bouquets d'arbres, c'est

le vakott

bois, de petites forêts

de Ions côlés au milieu de l'herbe verte, s'élancent

fin. et

(Pandanus) au tronc rugueux, dont

les feuilles

hérissées de pointes aiguës, l'élégant badamier, le vaovotaka (Brehmia spinosa), dont

renferment sous une éepree résistante une pulpe goûtée des indigènes,

nombreuses

variétés, et tous ces arbres des zones

cuirons dans une clairière dont fougères.

A

les plantes

marécageux

droite réapparaît

aquatiques, les

les

le

la

rixes

lapis de verdure

lagune dont

la

sentier se déroule

le

végétation côtière atteint tout

la

et

les

penniformes sont les fruits

arrondis

gracieux palmiers aux

chaudes couverts d'orchidées parasites. Puis nous

ondoyante

est

soulevé çà

nappe liquide miroite au

en sont cachées par les joncs

cl

les

et

roseaux,

par des massifs de

soleil;

l'eau disparaît cl

dans

pandanus, solidement ancrés par leurs racines fourchues, semblent délier

la

les

sous

chenaux

violence des




LE LONG DE LA COTE, DE TAMATAVE A TANIMANDRY. nous apercevons de

venls. Derrière les lacs, éventails; dans

rentrons dans le

se profilent

le lointain

le taillis

29

petites collines, sur lesquelles les ravenala déploient leurs

indécises les sombres cimes de la chaîne côtière. Mais nous

où bientôt un sourd grondement nous annonce l'approche de l'Océan. Soudain

rideau de verdure qui nous enveloppait se déchire, nous gravissons les dunes et cheminons à travers

les

(Casuarina equiseiifolia)

filao

aux membres tordus, nous

sur

voici

le

sable

du rivage;

nos

porteurs nous secouent violemment pour éviter les lames qui viennent mourir à leurs pieds. C'est en traversant celte jolie contrée

que nous arrivons au coucher du

Le

village de

Vavony

du chemin, l'unique rue de

la localité.

betsimisaraka. Rectangulaire,

deux versants

est

elle

soutenu à

la

du

cette après-midi.

Rasoabé.

lac de

une cinquantaine à peu

les cases,

de logis représente

sert

mesure

\

Comme

dans ceux que

comme

toutes celles de

type habituel des constructions

le

mètres de large sur G mètres de long. Son

partie supérieure élevée de plus de

i

la

charpente. Pour

reliés

l'aire les

par des traverses

parois

Des

deux bâtons

claies glissant entre

obstruent les ouvertures, portes primitives que l'on

ménage sur

formé d'écorces d'arbres, généralement recouvert de Dattes, il

en

minces mais

est

Dans un coin

même

manière,

dans

établi sur de- pieux fichés

une sorte de caisson carré rempli de

esl

enfoncées des pierres pour placer

dans lequel sont

un boucanage sérieux assurera

et le poisson sec don) la

fumée s'échappe quand

elle veul cl

bien vite recouverte d'un enduit noir fort brillant,

suspendus

el

en général de loul

le

des arachnides

le sol,

en

Aussi

de

est

la

la

même

Au-dessus du foyer, qualre

sonl destinés à recevoir la viande

conservation.

la

elle peut. il

ils

Madagascar,

à

malgache

terre foulée, l'âlre

toko.

Il

ne faut pas chercher de che-

partie inférieure de la toiture est

de quelques objets qui

noirâtre donne un aspect

s'y

trouvent

vieillot.

Il

faut

piqûre des moustiques qui vivent en légions sur les

vrai qu'elle éloigne de l'habitation tous les représentants

nombreux

sonl

ils

el

esl

il

les salaza;

mobilier auquel celle teinte

noter que eetle fumée ne préserve nullement de

bords de ces marécages,

marmites,

les

pieux verticaux supportent un ou deux châssis de bois,

minées,

la

grandes faces. Le plancher, qui est

les

distant de 50 à 60 centimètres. Cette surélévation du plancher des cases s'observe sur toute

côle orientale.

la

es!

fabriquées de

et

el

cloisons, on

et les

se sert des côtes des feuilles du ravenala, maintenues juxtaposées par des baguettes

résistantes qui les traversent.

de chaume

toit

mètres par un laitage reposant

sur deux poteaux placés au milieu des pignons. Des poteaux d'angles

quelques autres perches de bois léger constituent

chaque côté

près, sont disposées de

Ces maisons paraissent assez propres

nous

cette partie de la côle, et celle qui

à

Ampanotoamaizina

se trouve à l'extrémité méridionale

nous avons vus précédemment,

sommes

ne compte aujourd'hui que

passés ce malin à Tranomaro, peut-être important autrefois mais qui

quatre cases délabrées, à Tampolo, à Autranokodilra, et à

à Vavony. Nous

soleil

n'ai

.le

jamais vu une

toile

de

la famille

d'araignées dans toutes

ces cases enfumées.

L'ameublement

esl

des plus simples, l'as de table, aucun siège, je n'ose donner ce

de planches à découper

la

viande sur lesquelles on

qu'une simple natte de jonc,

Un

que

esl rare

celle natte soit

nom

à des sortes

Le plus souvent

pour

riz, les

le

patates,

le

manioc,

les

provisions de

la

le lit n'est

rembourrée de quelques poignées de roseaux.

peu partout, des sobika, espèces de corbeilles, sacs ou paniers tressés fort artistement

ferment

et

qui ren-

famille. Les habitants de la côle se servent

de marmites en fonte d'origine européenne. Ces marmites, dont je vois plusieurs forme de calottes sphériques, munies sur leur pourtour de deux poignées en gros

faire cuire le riz

échantillons, ont fil

il

m'invitait à m'asseoir.

de

fer.

Les marmites à pieds, creuses, à couvercles

d'un placement riz esl cuit,

étroite.

La

la

facile.

Les indigènes ont de

en renversant

feuille fraîche

la

marmite,

la

la

el

resserrées à leur partie supérieure ne sonl pas

peine à les poser sur les pierres du foyer

masse pâteuse a de

la difficulté à sortir

de ravenala sert de plat, coupée en deux ou trois

el

quand

le

par l'ouverture plus

morceaux,

elle

remplace

les

assielles; des feuilles de cakoa, pliées en cornels, l'ont d'excellentes cuillères. Cette vaisselle incassable et

qui

ne demande aucun soin tant son renouvellement est facile

remplacée peu à peu sur à fleurs d'origine

les

roules fréquentées par de

allemande principalement.

la

poterie

et

occasionne peu de

commune,

frais a été

assiettes blanches et plats


VOYAGE

30

Sur

celle côte

de terre

«les

bambou

et

ne Irouve pas d'argile plastique,

l'on

autres tribus par un récipient assez original.

une longue expérience

demi de long,

je

mes amis,

heures

et

Nous

je

continue

me

gobelets (pie l'on

les

ma

route sur

trois

mètres je

mais encore ne tenant nul compte de

la

Mal m'en

mes infortunés compagnons qui

prit,

protestèrent violemment.

A Andavakamenarana mes compagnons me

el

Foucaft suivent

rejoignent,

et

vers dix

demie nous arrivions à Andovoranto.

étions dans une petite

rues

les

peu pratique

est

que pendant notre

C'est ainsi

bande sablonneuse pendant que Maistre

la

un long

respecte la

non seulement

difficultés.

tendait,

vaisseaux

la forêt voisine

les cloisons intérieures et

manier adroitement.

ville,

centre commercial assez important.

protestante, une école malgache; plusieurs maisons de

Dans

vont chercher dans

les

m'emparai d'un de ces bambous qui avaient bien

je

jet liquidé, j'arrosai

lagune de l'Imàsoa.

la

les

coup m'attaquer aux

voulais du premier

puissance hydraulique du

Le lendemain,

nécessaire pour

est

remplis plus que de raison

en pirogue

Ils

fond de celle cruche improvisée. Le maniement de ces ustensiles

le

repas du soir, voulant servir el

Betsimisaraka <ml remplacé

les

y introduisent une sagaie qui perfore imparfaitement

dernière qui sera cl

MADAGASCAR.

A

il

y a

On

y remarque une mission

commerce de Tamatave

y ont des représentants.

quelques boutiques dont beaucoup oui pour propriétaires des Indiens Malabars. Le

gouverneur de Tanimandrv. dans

la

circonscription duquel se trouve Andovoranto, y possède une maison qu'il vient habiter

entourée d'une enceinte palissadée

quelquefois, lorsqu'il peut quitter Taniiharidry,

sa résidence officielle.

Généralement, pour se diriger sur Tananarive, on prend à Andovoranto des pirogues qui remontent le

fleuve Iarôka pendant quelques kilomètres, puis

Maromby

de navigation dans l'ouest au village de

un de ses

d'où repari

traversée

si

on arrive après cinq heures

roule de la capitale. Cette voie fluviale,

la

du chemin

habituellement suivie, abrège considérablement celle partie la

affluents, el

el

surtout évite aux voyageurs

pénible des marais de Tanimandrv. Néanmoins, obligés de poursuivre nos travaux,

nous choisissons ce dernier

Nous traversons

itinéraire.

près du bord de

nous pénétrons dans

murs en

les

poste militaire antiinerina, fondé en

habitants antimerina

mer l'embouchure

la

lSlilJ

betsimisaraka

et

étroite

Tanimandrv. Ce

terre de

par

presque tous des

suidais,

dans des maisons groupées sans ordre autour du rova. On appelle pointus qui entoure

cases, n'est qu'un

établis

avec leurs familles

ainsi la palissade faite avec des bois

demeure du souverain, des princes, des hauts

la

Une demi-heure après

compte 200

reine Rasôherina lorsqu'elle vint visiter ces régions. Les

la

sont

de l'Iaroka.

village, qui

Mais ce mol désigne aussi par extension non seulement l'enceinte

dignitaires

el

des gouverneurs.

mais encore l'ensemble

fortifiée,

des constructions qui s'y trouvent renfermées. Ces cases ne diffèrent d'ailleurs des autres (pie parleurs

dimensions un peu plus grandes,

Devant

esclaves.

aux assemblées populaires qu'est planté

le

mât où

elles sont habitées

en dedans de

elles et

sert

el

la

pour

palissade

par

le

chef

el

camp et

sa famille, ses aides de

un vaste emplacement

reste libre,

il

est

ses

réservé

revues des troupes. C'est au centre de celle cour du rova

les

Tanimandrv

flotte le pavillon royal.

est le cher-lieu

de

la

province gouvernée par

Rahaga douzième honneur. Depuis que nous avons traversé l'Iaroka, sablonneux,

dans

les

l'argile apparaît

la

trouvons

différente.

Ce

n'est

plus un terrain

recouverte par places par une couche noirâtre d'humus. Aussi nous voyons

Des manguiers, des orangers, des citronniers

Le

riz.

lias-

de

Nous

la

nous aurons

de nombreuses

à traverser

la

nourriture des indigènes, croît 1res difficilement dans

rizières.

Le premier aide de camp du gouverneur

vint

de bienvenue. C'était une entrée en matière, la vieillesse

le

mer, mais dès de. nain, après quelques heures de marche dans l'intérieur,

voisinage immédiat de

de

des bananiers poussent en abondance.

el

contraste d'autant plus frappant que dans les villages traversés jusqu'alors, les cultures

le

étaient presque nulles.

et

est

environs du posle d'assez belles cultures de manioc, de patates douces, de songes, de cannes

à sucre.

fièvre

nature du sol

dont

il

il

nous voir désirait

el

nous apporta deux poules

surtout des remèdes pour

ressentait les inconvénients.

Lue

le

comme cadeau préserver de la

petite dose de quinine et

beaucoup de




LE LONG DE LA COTE, DE TAMATAVE A TANIMANDRY. bonnes paroles parurent pour réparer

comme cette

les

me

bien qu'il

satisfaire;

le

ravages des ans et que j'eusse de

première consultation en succédèrent beaucoup

ma

peine à

la

d'autres.

me

il

Ma

donner des médicaments

lui

comprendre qu'à Madagascar

prodigua ses remerciements.

réputation

revue toute

passer en

provision de quinine, j'allais

de

lui faire

moindre des maladies,

ailleurs la vieillesse n'est pas la

que diminuait

lût impossible

33

allait

grandissant pendant

garnison.

la

et

nous procura

de terminer

plaisir

le

la

soirée

de

L'arrivée

M. Estève, directeur du service télégraphique à Tamatave, vint heureusement mettre un terme à occupations philanthropiques

A

avec

mes

un compa-

triote.

M. Estève venait à Tanimandrv pour rechercher

coupé

dans plusieurs endroits; ces engins

le fd

attiraient la foudre

dans leur voisinage

Deux années avant notre été posée entre

Tananarive

deux

services dans ces

causes d'une interruption insolite dans son

les

des indigènes avaient renversé quelques poteaux dans les environs et

C'était tout simple,

service.

gênaient, faisaient avoir de mauvaises récoltes et

les

'.

du résident général, une ligne télégraphique

arrivée, sur les ordres

Tamatave sous

et

villes, et

de leurs agents. Ce

n'est

utile

si

aujourd'hui. Malheureusement

grande tension électrique de

eux-mêmes, mal

assujettis

l'air

dans ces contrées,

dans ce

sol

compact,

la

rupture du

côtes et beaucoup d'autres causes naturelles font que

souvent irrégulièrement

;

intermédiaires

confiées

par

usé'

fil

émanations salines des

les

transmission des dépêches s'opère

la

la

poteaux

forêts, des

les

plus

le

puis viennent s'ajouter encore les perturbations non moins fréquentes dues à

malveillance et à l'hostilité des habitants.

la

fréquents sur les hauts plateaux,

si

chute des arbres dans

la

avait

Estève, chefs de

pu terminer heureusement cette

l'on avait

orages

les

et

qu'au prix de mille peines, en surmontant de

grandes difficultés et en courant de sérieux dangers, que entreprise

MM. Deschamps

l'habile direction de

à

des employés

quelques jours, l'autre à Tanimandrv.

Entre Tananarive

indigènes, l'une

C'est

est

et

Tamatave, existent deux stations

Béforona où nous

à

que M. Estève non-

pour

offre

passerons dans

une gracieuse

celte nuit

hospitalité.

Le 21 mars, de nous assurent ture que l'on

très

lionne heure, nous quittons

hommes.

les

J'envoie tout

dénomme pompeusement

la

Tanimandrv. L'étape

mon monde

en avant

de

la

peine à balayer de gros

disparaissent, nous traversons

des

champs de cannes, des

La caravane est dans l'ordre ordinaire nos trois ftlanjana. Pour

aller à notre

l'une, la plus longue, suit

la

le soleil

se

nuages amoncelés au levant,

puis nous arrivons dans les hautes herbes

le

esl

pénible, d'après ce

et :

dans en

les

montre de temps en temps, mais

l'air

est

lourd. Les dernières cases

grands roseaux qui précèdent

tète, les

première étape,

du marais; plus court

les

hommes pour

bagages avec le village île

le

les taillis.

commandeur Rainivoavy,

Hanomafana,

ligne télégraphique, elle esl passable,

savoir quel

chemin nous devions

porteurs auraient certainement plus de

et ils se

nous a-l-on

il

peine, m'avaient-ils dit.

et

était

puis

y a deux routes

dit; la

suivre. L'on s'est décidé

reposeraient plus vile Ce raisonnement des borizana

pas fâchés, d'un autre côté, de voir ce fameux marais

il

plantation- de manguiers et d'orangers,

:

seconde, qui

traverse le marais, est plus courte, mais bien plus pénible. J'ai eu ce matin avant de partir

kabary avec mes

que

dernier par l'étroite ouver-

porte de l'Ouest.

Tout semble nous promettre une journée assez bonne, a

sors

et je

un grand

pour

la route

mais pendant un temps

assez juste

de nous rendre compte de

et

nous n'étions

la difficulté

de sa

traversée.

Bientôt nous entrons dans

nous pénètre. Le

la forêt

:

ne circule pas au milieu de ces frondaisons élevées, l'humidité

sol est solide, argile et sable

disparait sous les grandes herbes.

et

l'air

On

recouverts de débris organiques, puis

il

devient

mou

semble danser sur un plancher mouvant. Mais nos porteurs

croyances sont répandues dans lotîtes les populations par les Anglais pasteurs protestants pour surexpassions et pousser les indigènes à briser le matériel de la ligne télégraphique française qui va de Tamatave à Tananarive, 1.

De

telles

citer tes

5


VOYAGE

34

onl de

MADAGASCAR.

A

peine à marcher sur ce terrain détrempé,

la

ils

trouvent difficilement

de plus en plus au milieu des roseaux; c'est un bois arrêtés par

un étang profond;

par 30 centimètres d'eau. Ces jours derniers

nous marchons dans

et

il

et

s'enfoncent

A'ous

l'eau.

sommes

les

herbes,

tout est recouvert

le

a plu, et partout les rivières sont débordées, les marais

Ce

grossis, les plaines inondées. Je fais avancer les bagages.

considère nos instruments, nos malles, nos provisions.

homme

bonne voie

y a un pont, mais un pont malgache: deux ou trois troncs d'arbres

il

posés côte à côte et soutenus par des branchages mis en travers sur

indienne, chaque

la

pas sans quelque émotion que je

n'est

Nous traversons

nappe d'eau à

celte

va bien lentement, cherchant avec précaution où

il

la

file

doit poser le pied; à voir

nos porteurs l'un derrière l'autre, ayant de l'eau à peine jusqu'aux genoux, on croirait qu'ils passent à

gué quelque

rivière;

il

n'en est rien;

manœuvrent sur ce point d'appui bien

ils

une vase infecte des caisses a

et profonde.

fait

un faux

glissant, ayant à leurs côtés plus d'un

mais par un miracle d'adresse

la

grande traversée

nous

qu'il

Le marais de Tanimandry traversé, 1 200 à

1

mètre d'eau

et

au-dessous

a pu se relever. Foucart et Maistre

il

dernier et je suis bientôt de l'autre côté. Là,

le

grand marais; ce que nous avions vu jusque-là de

invisibles et véritables équilibristes

cependant est arrivé sans accident de l'autre bord; le porteur d'une

Tout

pas,

passent à leur tour, je marche

marchent sur des arbres

ils

n'était

nous entrons dans

le

qu'une sorte de préface nous initiant aux beautés

restait à faire.

est orienté N.-N.-E.

300 mètres; c'est

du

— S.-S.-O.

sud, où elle atteint 2 kilomètres et demi.

peut avoir, dans l'endroit où nous l'avons

et

moyenne, augmentant un peu dans

reste sa largeur

la

région

y a partout de grands arbres formant une véritable forêt

Il

lacustre; ces arbres élancés, bien droits, dont quelques-uns atteignent plus de 20 mètres de hauteur, ont

un

feuillage vert foncé s'étalant en touffes horizontales et offrant à l'œil

un aspect

pieds des arbres, des roseaux, des touffes de grandes herbes, des plantes aquatiques et

pittoresque.

aux

fleurs

Aux

blanches

jaunes et aux larges feuilles étalées, puis au milieu de tout cela, dégageant une odeur infecte, l'eau

noirâtre et croupissante, recouverte çà et là de

membranes ferrugineuses aux couleurs

comme

vif

de larges taches d'huile,

un

elles font

contraste avec

la teinte

noire

irisées. Flottant

du marais. Quelques

rares oiseaux voltigent autour de nous, des papillons et des libellules viennent se poser sur les fleurs et

montrent leurs

ailes

aux

belles couleurs; et

pour animer

des environs nous donnent un concert des plus variés;

scène, tous les crapauds et les grenouilles

la il

serait impossible d'analyser ces cris,

a sur tous les tons et sur tous les rythmes; je ne puis dire qu'une seule chose, c'est qu'il y a

il

y en

beaucoup

de musiciens.

La route serpente dans épaisse, mais ce

moins

chemin

l'heure, le

la forêt,

n'est

que

enfonce dans

glisse et

le

reux se relève péniblement

et

vous soulèvent

sensation qu'aurait quelqu'un porté par

Chose remarquable, rades se

moquent de

cependant je

compagnons soutiennent

reprend sa place. D'autres fois

mettent alors l'un derrière l'autre et la

ne

sais,

ils

les

hommes

lui et font

ont pour

le

ainsi;

il

les

un acrobate sur une corde

rêve,

;

de

la

que

le

malheu-

a, je crois,

cama-

pendant plus de dix minutes des gorges chaudes de sa mésaventure;

mais je suis

sorti sain,

prendre un bain, je rejoignais mes

la traversée

hommes

à l'un d'eux, ses

ils

sauf

et

le

même

première nappe,

il

s'était

de dévouement;

ont déployé d'adresse et de force;

mes ébats dans

la

vase;

j'ai failli

sec de l'aventure.

marais du côté de l'ouest

et avoir failli

compagnons qui m'attendaient sur une petite

hauteur.

Depuis

nos

lisse.

un accident

vazaha (l'étranger) beaucoup de prévenances, je dirai

mon

voit et

n'y a qu'un seul arbre, les porteurs se

sont toujours très gais arrive-t-il

Après avoir passé une dernière nappe d'eau qui borne fois

on

dans ce genre de locomotion on

pendant cette traversée qui m'a paru longue, combien

une dernière

ici

filanjana pendant

le

à chaque instant je choisissais l'endroit où j'allais tomber et prendre plusieurs fois réaliser

vase est moins

la

pont que nous avons passé tout à

le

pied sur ces passerelles flottantes; de temps en temps l'un d'entre eux

vase; ses trois

la

même. Comme

par une ligne de troncs d'arbres, mais

est constitué

peuvent poser assez facilement

cherchant autant que possible des endroits où

relatif, très relatif

écoulé cinquante-cinq minutes.


LE LONG DE LA COTE, DE TAMATAVE A TANIMANDRY. Nous venions d'achever

longe

et sud,

des lagunes que nous venions de traverser droit vers l'est, la

de Tamatave à Tananarive, ce segment

ainsi la première partie de la route

du chemin qui, suivant une direction nord

bord de

le

péniblement.

si

deuxième partie du sentier qui

Il

la

nous

mer

entre

rivage et la ligne

le

en marchant

restait à parcourir,

nous conduire du niveau de

allait

35

mer

la

à Tananarive,

250 mètres d'altitude sur un parcours de 250 kilomètres environ.

à 1

Ce chemin,

montée

cette

voyage de Tamatave

plutôt, de la ente à la capitale des

à Tananarive. Soit à

faire malgré tout

le

faut,

il

est la partie la plus pénible

du

pendant presque une semaine,

pour effectuer ce voyage.

les fatigues les plus pénibles

souvent davantage, endurer

Antimerina

au retour,

l'aller, soit

est fort difficile à

Il

confortable dont on peut s'entourer et malgré les conditions favorables au milieu

desquelles les riches et les puissants peuvent se placer.

Voici, à litre de et

dans laquelle «

Il

il

document, un fragment d'une raconte un voyage que

y avait longtemps que Hasoherina,

son royaume. Sa tante Ranavalona firmer dans sa résolution. la

disposition de

la

reine,

La

celle nouvelle,

si

elle

Le dépari

«

fut arrêté

<

les

le

marais

sommet

le

mois

qu'il lui aurait fallu

«les

l'intérieur de

assez pour la con-

était

('.'en

un Père

tenir

à

nombreux cas de maladie que

fatigues d'un long voyage. style ordinaire des administrateurs

le

tout cela est bon, cl c'est votre a lia ire.

hova

Sa Majesté

;

»

une promptitude

de juin 1867. Les préparatifs s'en lireni avec

Des abîmes furent littéralement comblés;

tement jusque sur

une excursion dans

uous proposâmes au premier minisire de

une habileté remarquables. Des ponts furent jetés sur toutes d'eau.

au mois de juin 1807.

vous, restez au milieu de vos enfants, continuez de leur enseigner

le l'esprit;

pour

reine Hasoherina.

trouvait lion, afin de soigner les

le

Pour

d'air et s'amuser.

la

H. Jouen, désirait faire

dil le

A

sagesse et de leur donner

rôle Est

la

reine vous remercie, nous écrit-il, dans

changer

va la

du R. P. Jouen adressée aux missions catholiques

en avait donné l'exemple en 1845.

lui

devaient nécessairement faire éclater «

à

fit

lettre

tic

rivières

les

montagnes, pour préserver Sa Majesté La laineuse forêt d'Analamazaolra

traverse!'.

cl

\il

indres cours

sur les

nouvelle- roules s'ouvrirent <l«'s

comme

miasmes

tout à

par enchan«le

coup

précipices convertis en voies presque carrossables, pour laisser circuler librement

et

quelques

ses effrayants

souveraine de

la

Madagascar. village de la côte Est, situé sur

Le terme du voyage devait être Andovoranlo. grand

'<

nier, à \ingl-cinq lieues «

de Tamatave

Enfin, tout étant prêt pour

10 juin vers les d'alentour que

1

la reine

défiler celle

le

bord

île

la

soixante-dix de Tananarive.

départ, chemins, tentes, provisions, etc., on se mil en

heures du matin. Une salve générale de tous

les

canons de

la ville

marche

le

jeudi

annonça aux échos

de Madagascar quittait sa capitale pour n'y rentrer que trois mois après. Jamais

sortie ne fut plus triomphale:

En voyant

le

et

Hasoherina parlait précédée ou suivie de près de soixante mille hommes.

immense caravane, dont

les esclaves à

eux seul- devaient former plus d'un

tiers,

on ne pouvait se défendre d'un sentiment pénible. Combien parmi ces pauvres gens qui ne reverraient pas leur lover domestique

aux

lièvres! C'esl

lin.

la

si

Mais

il

le

long de

vivement portés à

consolation d'administrer

«les

la

mort

«le

M.

«le

la

solliciter

roule à

de

la

fatigue, au froid, à la faim,

la reine,

bien moins l'honneur de

secours religieux à tant de malheureux dont

avait élé décidé en conseil

consul intérimaire de France après

il

était

qu'aucun blanc, à l'exception de M. Laborde.

Louvières, ne

ferait partie

du cortège

royal:

il

fallut

«le y suppléâmes de noire mieux en priant un de nos Pères néonos procurer temps à même en de se rendre à Andovoranlo, pour y saluer la reine, cl

donc se résigner à ce dur

Tamatave

succomberaient

('.«nubien

ce qui nous avait

l'accompagner, que aisé de prévoir la

!

sacrifice.

Xous

phytes, et spécialement aux malades, tous les soins que pourrait réclamer leur état. («

Jamais secours n'arriva plus à propos. Déjà

la

mortalité régnait dans presque tout le camp, occa-

sionnée surtout par les pluies torrentielles qui suivirent

le

départ. Ces pluies, qui ne cessèrent de

jour et nuit durant plus de quinze jours, eurent bientôt défoncé les roules formées pour

la

tomber

plupart de


VOYAGE A MADAGASCAR.

36 terres rapportées

le

;

passage de

la forêt

en particulier devint presque impraticable; ce n'élait partout

chutes d'eau roulant dans les ravins,

que torrents

et

sieurs mois.

Qu'on

et

détruisant en

se figure ces cinquante à soixante mille

hommes

un

clin d'œil les

travaux de plu-

piétinant dans ces bourbiers infects

enfonçaient jusqu'à mi-jambe. Les grands et les riches s'en tiraient encore, grâce à leurs palanquins et à leurs robustes porteurs. Mais que dire de cette immense multitude d'enfants, d'esclaves, de

ils

pauvres femmes, obligés de suivre à pied, avec de lourds paquets sur la tête? rechange, « Ils arrivaient au lieu du campement, tout ruisselants d'eau et de sueur; pas un vêlement de pas une lente pour s'abriter, pour toute nourriture quelques bouts de canne à sucre ou de manioc, et pour lit, la terre nue ou plutôt un sol froid et fangeux. Il est aisé de comprendre avec quelle effrayante rapidité durent se produire et se développer, sous de telles influences, les

germes de maladies. La

petite

vérole vint encore aggraver la situation. J'ai eu l'occasion, en descendant à Tamatave, de rencontrer à

son retour

les débris

qu'elle avait faites; sol.

Jamais je

faisait

soit «

n'ai

On

de cette immense caravane.

on

les reconnaissait

n'avait pas besoin de s'enquérir des diverses haltes

aux nombreuses

vu rien de plus hideux

ni de plus infect

sentira plusieurs lieues. Ce qu'il y a d'étonnant

pas venue mettre

le

si

et

:

l'odeur exhalée par ces agglomérations se

de vraiment providentiel, c'est que

la

peste ne

comble à tant de misères.

Enfin après un mois de marche, dans

voranto, terme

fosses, à peine recouvertes, qui jonchaient le

désiré el

si

les

circonstances que je viens de décrire, on se trouva à Ando-

chèrement acheté.

»

PORTEURS DE PEAUX DE DŒUt'S.


LA CARAVANE APRES

LE

DEPART DE TANANARIVE.

CHAPITRE A

II

dunes sablonneuses. -- La tribu des Bçtsimisaraka. -- Ranomafana. Ampasimbe. - La forge Beforona. Première zone forestière d'Analamazaotra. Vmpasimpotsy. Moramanga. —Province Passage du Mangoro. — Vallée de Sabotsy. — La deuxième forêt. -- Ankeramadinika. Dans Panorama de la capitale. Place d'Andohalo. l'Imerina. Arrivée à Tananarive. Aviavy et vieux canons. Quartier d'Ambatovinaky. -Tombeau du premier ministre. Maisons de Tananarive. — La population. -Marché du Zoma. Industries antiinerina. — Costumes européens. L'élément étranger à Tananarive. - Une audience au Palais. Départ de Tananarive. travers

les

malgache. de l'Ankay.

-

près avoir dépassé

rejoindre sur

la

hameau de Bemasoana, nous arrivons sur

petil

le

bords de l'Iaroka.

Il

nous

gauche

rive

la

faul

route de

L'Iaroka, grossi par quatre

nouveau traverser la

le

fleuve

les

pour

capitale.

mois de pluies continuelles, roule en

rapides des eaux jaunâtres chargées dos matières terreuses entraînées •les

hauts plateaux. Nous

pirogues au confluent

effectuons

le

passage dans de mauvaises

de l'Âmbavaroka.

Le fleuve mesure en cet

endroit plus de 200 mètres de largeur,

La route continue

à travers

une contrée mamelonnée. Des monti-

cules sablonneux se succèdent sans ordre; ce sont d'anciennes dunes fixées

maintenant parla végétation. Dans

ne peuvent

s'infiltrer

les

bas-fonds, les eaux qui

dans un sous-sol compact, forment des marais

des fondrières, où nous nous embourbons quelquefois, malgré les

et

circuits et les détours

que nous faisons pour

herbacées poussent en abondance sur

le

les éviter.

sommet de

Des plantes

collines arron-

dies, dont les flancs sont couverts de bruyères et de rougères, tandis

que dans r.XT.VNTS

MALGACHES.

aquatiques, arbres,

rares sur les versants,

plus rares

que

les

dépressions,

s'élèvent l'on

encore sur

en

touffes

au milieu d'une multitude de plantes serrées les

rencontre surtout les

Le raphia (Raphia Madagascariensis, Sagus raphia)

le

ravenala et les raphia. Ces

long des ruisseaux, deviennent

sommets. est

un palmier au port gracieux. Son tronc, géné-


VOYAGE A MADAGASCAR.

38

A

ralement peu élevé, est couvert d'aspérités, anciens points d'attache des feuilles tombées. stipe s'évasent en

du

bouquets de

composées d'un grand nombre de filaments insérés

belles feuilles qui,

à angle droit sur une nervure médiane, atteignent parfois o

rencontre partout à Madagascar, excepté sur

mètres de longueur. Cet arbre que l'on

et

massif central, est

le

l'extrémité

utilisé

par les indigènes en maintes

circonstances. Ainsi les nervures de ses grandes palmes donnent des perches solides et résistantes très

employées pour

la

construction des cases, pour

fabrication des filanjana et pour les gros ouvrages

la

de vannerie. Le bourgeon terminal du jeune raphia est comestible, analogue au chou palmiste; c'est

un aliment

Mais

fort goûté.

textile, solide et résistante.

En

1890,

par

produit

Ces

le

plus important que l'on relire de cet utile végétal est une fibre

le

fibres ténues sont

envoyée par paquets dans

textile est

fibres

le

commerciaux de

les centres

seul port de Tamatave en exportait pour

du raphia servent à

la fabrication

Ho 000

la

matière

la

côte pour être expédiée en Europe.

francs. Travaillées par les indigènes, les

des rabanes, des vêtements grossiers employés principalement

Bctsimisaraka, des cordes, etc. Les fibres de ce palmier sont souvent mélangées dans les

les

aux

tissus indigènes

fils

de soie

de coton.

et

communément

ravenala [Urania speciosa) est appelé

Le

employées à de nombreux usages. Brute,

Le tronc

souvent fort élevé de cet arbre, de

lisse et

Au nombre

fique éventail de larges feuilles vertes.

par les Européens

la famille

«

arbre du voyageur

».

des bananiers, est surmonté d'un magni-

d'une vingtaine, longues de deux mètres environ sur

près de 50 centimètres de large, ces feuilles sont supportées par de longs pétioles qui, se rapprochant

peu à peu, rayons d'une roue gigantesque, viennent s'encastrer les uns dans les autres. Cet arbre offre une silhouette singulière, qui se réduit à une simple ligne lorsqu'on le regarde par la tranche, et, lorsqu'on

de face au contraire, déploie un éventail colossal,

le voit

déchiqueté. feuilles et

On

explique

nom

le

<>

pas applicable à Madagascar; cours d'eau; on ne

le

il

un aspect

et

le

il

est

Comme

l'on si

cl leurs

mais

le

terrain

les

raphia,

il

du

:

le sol

hommes

est impossible d'aller plus loin

village

l'île,

confectionne avec les jeunes feuilles une

la

fine qui

le village

augmente

bientôt d'intensité, et c'est

de Maromby. Nos porteurs reçoivent

tète et en arrondissant

le

dos. Leurs

la

chapeaux

anli-

la pluie.

obliquement l'atmosphère obscurcie par d'épais nuages,

sablonneux

ont de

:

sorte de soupe

ce n'est pour des estomacs indigènes.

la

est

la

môme

je

contrée,

remplacé par une argile rougeàlre que l'eau

peine à marcher.

Vers deux heures nous nous arrêtons au village de Manambonilra. Rainivoavy vient

nous

à toute

majeure partie du versant oriental de

gros mamelons qui nous environnent. C'est toujours

a changé de nature

délaye et rend glissante. Les

voisinage des

qui donne

chemises de rabane deviennent luisantes sous

travers les larges gouttes qui strient

distingue difficilement

le

le

stoïquement ce baptême continu en baissant

A

base des

employé à de nombreux usages domestiques que j'énumérais dans

le

au milieu d'une averse diluvienne que nous traversons piteusement

la

condensation de l'humidité de

la

d'une digestion pénible,

s'affaissent

la

pas

rend de grands services dans

Depuis quelques heures nous avons à supporter une pluie

merina

parce que l'eau conservée à

l'a

passant altéré. Cette explication n'est certes

particulier, croit sur la

si

paragraphe précédent. J'ajouterai que

mauvaise

secourir

vent ne

le

ravenala se trouve toujours dans les marais et dans

ne dépasse pas 000 mètres d'altitude.

construction des cases,

fort

»

surtout quand

rencontre jamais dans les contrées arides. Cet arbre singulier,

région betsimisaraka

mais

le

arbre du voyageur

provenant en grande partie de

parait-il, à

sur ces larges surfaces, servirait,

l'air

la

d'

les replis des pétioles

dans

joli

me

prévenir qu'il

crue subite d'un ruisseau que nous devons traverser en sortant

met un obstacle à toute marche en avant.

Après avoir contrôlé celte affirmation, je suis forcé de

me

rendre

i\

l'évidence,

nous coucherons

à

Manambonitra. Cet arrêt forcé est mis à profit pour nous sécher, ce dont nous avons grandement besoin,

et

pour

passer en revue nos bagages. Les découvertes sont navrantes; malgré toutes les précautions que

nous avons pu prendre, beaucoup d'objets sont détériorés par sures et des effloreseences aux couleurs variées.

l'eau et l'humidité, partout des moisis-


LA MONTÉE, DE TANIMANDRY A TANANARIVE. Cela ne nous présage rien

nuellement flans

les

île

bon

on nous assure

qu'il pleut conti-

vaste conlrée que nous venons de traverser, formaient autrefois

la

Au commencement du xvm e

une confédération redoutée. ils

et

régions forestières que nous allons traverser.

Les Betsimisaraka, qui habitent

mulâtres,

mauvais temps continue,

si le

39

gagnèrent à leur cause toutes

conduits par des Européens

siècle,

Mahanoro à

éparses de

les tribus

la

des

et

baie d'Antongil

et

constituèrent alors une puissante nation. Malheureusement les divisions des tribus et la rivalité des chefs les affaiblirent, et

Le Betsimisaraka bridés.

Son

teint esl

nombreuses

«le

Radama

er I

roi

,

des Antimerina, conquit leur pays vers 1820.

généralement foncé, mais,

comme

chez

saillantes; ses

du front des enfants on

souvent un

laisse

yeux ne sont pas

autres tribus de Madagascar,

les

hommes

Les cheveux, crépus ou ondulés, sont épais. Les

variétés.

courts; au-dessus

pommelles légèrement

a le visage arrondi, les

les

présente

il

portent coupés

toupet proéminent en avant, touffe

petit

de ehe veux qu'ils se tirent consciencieusement lorsqu'ils nous rencontrent, et nous gratifient du finarilra,

bonjour betsimisaraka. Les femmes ont des coiffures assez compliquées finement tressées et réunies en boucles derrière

la

:

tantôt ce sont des nattes

au-dessus des oreilles; tantôt

tête cl

partagés par des raies multiples, forment sur l'occiput, de chaque côté du front

chignons volumineux.

six

cette dernière coiffure qui est

C'est

chemise à manches courtes,

s'habillent d'une

ceinture d'étoffe roulée autour des reins à <-e

la

taille

:

ces!

Quand

le salaka.

qui leur arrive souvent,

ils

ne se livrent pas

ils

se drapent

la

poitrine; par-dessus

à

les

des travaux exigeant

la

lixé

Comme

cuivre ou d'argent, quelquefois des colliers et

paisible, les actes d'énergie sont

antimerina

et

n'ont

établis sur la côte

ils

et

ornement

Le rhum malgache et de grands ravages sur

la

le betsa-belsa,

le

remontent sous

elles

s'ils

possèdent

l'est

le

du

village,

leur faut

Suivant

ils

le

ont acheté

la

de leurs chapeaux.

aux

jus de canne fermenté, font

le

soleil.

Rainivoavy

a

pu trouver deux pirogues

l'important cours d'eau qui nous avait arrêtés il

grossit rapidement

:

c'est

la

veille.

un fleuve

eaux pluviales

même

en rivière aux

plus modeste en torrent impétueux,

el

pluie qui

l'a

et la

crue ne dure

produite-

roule serpente dans une contrée mamelonnée. Ce sont des montées et des desel,

sur

le

sol

boueux, des chutes répétées qui font

la

joie de nos

cérémonial quotidien nous leur avons donné quelques morceaux d'argent avec le

manioc

malgache.

beaux morceaux de

et

fréquent à .Madagascar.

le

cuit

que

du chemin. Les hommes affirment que c'est l'expression

supporter

terrain argileux, au fond de ces vallons encaissés, les

ruisseau

centes continuelles, des glissades porteurs.

l'j

même

des boucles d'oreilles de

majestueuses allures. En sens inverse, on observe un changement aussi brusque

guère plus longtemps que

lesquels

C'est

cl

patiemment leurs gouverneurs

qu'il

infusion d'herbes aromatiques dans

fait esl très

Sur ces pentes rapides, dans ce ont rapidement transformé

la veille, la

bras

n'abusaient par trop des liqueurs alcooliques.

ordinaire, ce n'est qu'un ruisseau, mais dès qu'il a plu,

Comme

les

côte orientale.

grandes averses. Ce

les

mouvements,

vêtement national de

sont parfois victimes. Ces indigènes entrent volontiers au service des blancs

sur lesquelles nous passons, à

En temps

oui une

des bracelets de verroterie. Cette population est douce

Le 22 mars, nous quittons Manambonitra au lever du

après

ils

remonte se nouer

liberté des

lnmlni,

le

rares. Les Betsimisaraka supportent

seraient d'assez bons travailleurs

el

elle

incessamment renouvelées.

cl

que bien peu aux charges accablantes

résisté

mesures vexaloires don!

la

au-dessous

lamba, mais un lamba particulier. C'est une

le

par des torsions savamment combinées

une de leurs principales occupations.

oreilles,

une sorte de camisole toujours trop courte qui leur serre

cl

espèce de sac plus ou moins ample, ouvert aux deux bouts; elles

maintiennent

:

jambes, d'où

dans une pièce de cotonnade,

portent aussi

elle-;

au-dessus des

généralement adoptée. Les indigènes

d'un tissu grossier de raphia

descendant entre

el

Madagascar. Les femmes mettent un jupon affreusement

faite

et

cheveux,

les

Ils

l'on

trouve tout préparé dans

les villages

ce petit cadeau supplémentaire leur

ne manquaient jamais, je dois

celle racine filandreuse et de

nous

l'offrir,

le

échelonnés

le

long

donne du cœur au ventre,

reconnaître, de mettre à part quelques

disposés avec beaucoup de goût, au fond


VOYAGE A MADAGASCAR.

40

chaudes, Vers neuf heures, arrêt à Ranomafana. Ce misérable village doit son nom à des sources vallée ne la de générale L'inondation rivière. petite situées non loin de là, dans le lit môme d'une centigrades. nous permet pas d'approcher de ces eaux thermales dont la température dépasse 65 degrés Pendant que Maistre va emplir une bouteille d'eau minérale en vue d'une future analyse, nos porteurs presque tous les villages, se réconfortent l'estomac, creusé par les fatigues dé la route. Comme dans

des marchands de manioc attendent et

la

pratique avec des marmites pleines de racines cuites à l'eau

encore fumantes. Pour un imperceptible morceau d'argent que je

une ample portion,

et la répartit

donné, un borizana en achète

lui ai

entre ses camarades après avoir mis à part quelques beaux morceaux,

dans son chapeau. C'est une des nombreuses applications que le Malgache donne à il considère son son couvre-chef, voulant imiter l'Européen au moins dans une partie de son costume préserver s'imagine coquetterie, chapeau comme un objet de toilette indispensable, s'en couvre avec qu'il vient m'olïrir

:

ainsi son teint des ardeurs dévorantes

du

soleil.

sa coiffure qu'une médiocre importance;

seulement

un

c'est

filtre

chapeau

fait flotter le

il

l'emploie

n'attache,

et

le

chapeau devient entre

les

l'eau débarrassée des débris

on l'enfonce doucement. Alors, les

raison, à ces divers rôles de

Non

mains habiles

croupissante des marais. Pour obtenir

destiné à'épurer l'eau

des nombreux animalcules qui habitent

non sans

plus souvent à de tout autres usages.

le

dont on se sert souvent, mais encore

plat

de son propriétaire un

on

il

Mais

ce résultat

organiques

et

Madagascar pénètre à travers les étroits

marécages de

interstices de la paille.

Néanmoins,

bouche

la

et

l'indigène,

rendu défiant par l'expérience, se contente,

s'empresse de cracher

Entre Ranomafana

la

plupart du temps, de se rafraîchir

le liquide.

Bedara, où nous arrivons deux heures après une pluie épouvantable, nous

et

observons des émergences rocheuses de gneiss et de micaschiste, des coulées de basalte, et çà et là sur qui, témoins des siècles passés, ont les croupes gazonnées de gros rocs verdatres de porphyre granitoïde

décomposition argileuse. Nous rencontrons, allant en sens inverse, un long convoi de porplus lourde encore teurs de peaux de bœufs. Les malheureux, pliant sous leur pesante charge, rendue par l'eau dont elle est imbibée, se traînent péniblement, appuyés sur leurs sagaies, et se hâtent à petits résisté à la

un

pas, pressés de gagner rise. Ils se

me

firent

long du sentier.

ils

ils

vont attendre des temps meilleurs avec

En

trouver l'emploi de petites excavations que j'avais remarquées en grand effet,

Le

pente douce, ayant repris sans aide leur fardeau.

d'Ambatoharana dans

le

et

nombre

lorsque les porteurs veulent s'accroupir et déposer leurs charges sur

descendent dans ces trous, puis, lorsqu'ils se remettent en marche,

est situé

patience qui les caracté-

la

reposent fréquemment.

Ces haltes le

abri

sentier, après

de Mahéla, nous conduit à Ampasimbé.

diverses qui nous environnent, une plantation de caféiers nous

L'après-midi est employé à réparer

nous avoir

Comme

voisinage d'une petite rivière, dans une vallée

ils

les

le sol,

en sortent facilement par une fait

traverser les villages

hameaux précédents

fertile et pittoresque.

Parmi

ce village

les cultures

frappe par sa belle venue.

de Foucart. Dans les dislocations successives que cette

le filanjana

chaise à porteurs a dû subir dans nos étapes précédentes,

l'enl retoise

rompue

antérieure s'est

et

les

Rainivoavy, brancards n'étant plus maintenus, compriment désagréablement les jambes de notre ami. conduite de la Sous village. le dans qui est décidément un homme de ressources, connaît un forgeron notre

commandeur, nous

allons pataugeant péniblement dans les rues d' Ampasimbé

à la recherche de l'artisan. Bientôt nous le

feuillage.

Il

se

met au

La forge malgache

travail, èsl

dans l'archipel Malais.

nous l'aidons tous,

absolument analogue

Lu

ce n'est pas sans peine que

et

à celle

que

l'on trouve

feu de charbon de bois esl activé par

d'arbres creusés et placés verticalement côte à côte.

ment des

un

petits

percée d'une ouverture unique

et

bambous

sont enfoncés;

placée devant

le

dans

loyer.

ils

le

il

y en a trois

dommage

la presqu'île

soufflet

Dans ces deux tubes, on

liges de bois garnies à leur partie inférieure d'une rondelle

deux troncs d'arbres, deux

trouvons accroupi près de sa forge, sous un abri de

entourée

est réparé.

de Malacca et

formé de deux troncs

fait

mouvoir

d'étoile.

alternative-

Dans

le

bas des

vont en se réunissant aboutir à une pierre

En manœuvrant l'appareil on

produit un

jet

de


LA MONTÉE,

TANIMANDRY

f)K

A

VUE PRISE SUR LA ROUTE DAN

vent

Une grosse

continu,

complété par une pince

pierre

faite

geron malgache ne ménage teaux

forée

et

l'animal.

nous arrêtons à Ampasinibé;

le soir,

leur agilité sur un malheureux s'\

bœuf agacé

cramponne qui

arrêté dans sa

innombrables

fait

des bonds énormes

fuite par

qu'il

contusionnés, ont

In

lendemain

il

veut

il

îles

le

obtient en se servant de ses mar-

non à l'extrémité du

tenir l'outil

résultats satisfaisants.

grand vacarme l'on

ce sont les porteurs qui exercent leur

:

conduit à

la

mort. L'un d'eux saule sur

prend sa course au milieu du

comda

Il

l'aventure.

On

village.

quand

par

Mais

bientôt,

et

bœuf

que

l'arrière-goût

l'on fait

le

voilà

par les coups

est à bas, ses

il

le

compa-

hommes, plus ou moins

attache ensuite l'animal harassé au poteau du suppliée;

une certaine mesure

pays, trouvent toujours au

el

dos de

le

vite jeté à terre

est

ne se termine que lorsque tous les

sera immolé. Celle préparation toute spéciale

pourrait expliquer dans arrivée dans

l'habitude de

autre porteur succède au premier, la

est

instruments aussi imparfaits l'ouvrier indigène, pour

îles

bœuf que

et

fer; L'outillage

une longue corde attachée à une de ses jambes de derrière

reçoit.

tenté

a

il

de toutes ses forces et essaye de s'y maintenir.

gnons continuent ces exercices:

En

nécessaire, car

es!

temps ne compte pas, obtient quand

le

Nous

fer.

Néanmoins avec

une masse de

c'est

par des petits marteaux aussi mal fabriqués. Le for-

el

légers une action d'autant plus faible qu'il

manche, mais près du lequel

grossièrement,

pas ses coups; cela

41

TAHAHARIVB.

1

d'enclume; quelquefois

serl

TANANARIVE.

subira

de venaison que

la

le

viande de boucherie

les

Européens, à leur

indigène.

mamelons sont

quittant Ampasinibé, nous entrons dans une contrée d'un aspect différent. Les

remplacés par des collines aux lianes [dus abrupts, aux sommets plus élevés. Les vallées sont plus (3


VOYAGE

42

profondes,

peu; à

les

A MADAGASCAR.

pentes plus raides. Par une série de montées

du

la sortie

de descentes,

et

baromètre indiquait 400 mètres d'altitude. Sur ce terrain mouvementé,

village le

on commence à distinguer une tendance

du nord-nord-est au sud-sud-ouest de

à l'orientation

que nous allons franchir prochainement. En maints endroits,

côtière,

pointements rocheux; sur

lianes des

les

places de gros rochers. Les rivières rents; leurs eaux, limpides

sentier s'élève peu à

le

quand

il

petites

et les

chaîne

traversée par des

est

l'argile

la

montagnes qui nous environnent apparaissent par

ruisseaux précipitent leur cours, ce sont de véritables tor-

n"a pas plu

— ce

qui est rare,

se brisent sur les gros cailloux

roulés entraînés des terrains élevés par les grandes crues. Parfois, coupées par des assises rocheuses, elles

tombent en

jolies

tière

A mesure que nous nous

cascades.

Les ravenala ont déjà disparu

élevons, la végétation change également.

raphia deviennent rares; nous entrons dans

et les

grands bois, mais

les

la

première zone fores-

sommes pas encore dans

qui entoure Madagascar d'une verte ceinture. Cependant nous ne

arbres en bouquets ou disséminés, les fourrés de broussailles

et

d'arbustes, les

massifs de bambous, nous en annoncent l'approche. Souvent dans les grandes clairières,

pentes gazonnées, au milieu des hautes herbes et des roseaux, n'a

pu abattre se dressent à demi carbonisés. La hache

sur les

gros troncs d'arbres que l'indigène

les

et le feu

les

reculent loin vers l'ouest la limite des

pays boisés d'autrefois. Nous traversons maintenant des terrains défrichés en partie. Le déboisement probable de Madagascar, déboisement lent mais continu, a sans doute modifié beaucoup l'aspect de

nous nous proposons d'étudier avec soin

et

A peu

de dislance d'Ampasimbé on arrive, après une moulée longue

Là, au milieu des arbres, est le les

dans nos prochains

celle question intéressante

hameau de Madilo.

bords de laquelle des raphia cachent encore

Puis, sortant

du

l'île,

itinéraires.

pénible, dans une petite forêt.

et

taillis,

nous passons une

rivière sur

de Marbzevo. Avanl midi nous entrons à

les cases

Beforona.

Depuis habite

la côte, c'est le village le

un

une vingtaine de

Une case un peu

soldats.

Dans un modeste rova

plus important que nous ayons rencontré.

commande

antimerina qui

officier

poste;

le

il

sous ses ordres quelques' subalternes

a

et

plus spacieuse que les autres sert de temple, une école est

à côté. Beforona est situé au milieu d'une petite plaine marécageuse; les fièvres y sont particulièrement

redoutables. C'est aujourd'hui taires; ce n'est pas

en gaieté par

le

dimanche, nous profilons de l'occasion pour nous chose aisée,

rhum

le

calme

et la tranquillité

quelques travaux séden-

nécessaires nous font défaut. Les porteurs mis

belsa-betsa betsimisaraka'danseht

et le

livrer à

et

chantent toute

la nuit.

Le lendemain matin, nous nous remettons en marche dans un terrain détrempé, nous traversons des marais

des rizières, ce qui pour

et

nos circuits nous guéons treize

La

d'Ambavanihasy,

partie

boisée

nombreux porteurs çà les

est

à peu

près

et

nous pénétrons peu après dans

que traverse

Aidés par

cl là les

le

-même chose

sentier

la

grande

cantons respectés,

indigènes de passage,

la

ils

commerce ou

1

hameaux ont empiété sur la

roule, coupant

leur industrie. Néanmoins, dans

végétation est assez belle. Les arbres, trop serrés, poussent en hauteur

feuillage,

le ciel

chercher un peu de

soleil.

Sous

et,

les voûtes

où s'attachent des lianes puissantes bizarrement contournées, poussent des

fougères arborescentes et des palmiers nains, au milieu des roseaux ('pais.

interrompue quelquefois

est

onl exploité par places les abords de

ne pouvant se développer librement, vont -droit vers

fourrés

Dans

forêt.

qui suivent celle voie fréquentée. Les habitants de ces les

le lit.

Mais nous dépassons

construit des villages, lieux de repos nécessaires pour les

a

l'on

la roule.

époque de

à celle

emprunte souvent

chemin de Tamatave à Tananarive

arbres qui leur étaient nécessaires pour leur

sombres de leur

le

la

un torrent qui s'obstine à nous barrer

fois

par de grands espaces défrichés où

la forêt.

voyageur

nous passons un grand nombre de ruisseaux dont

l'année, et

le village

le

Les essences sont variées,

exploitation n'en était presque impossible.

jamais une grosseur remarquable

et

la

et

et

des arbustes qui forment des

plusieurs seraient l'objet d'un

Quoi

qu'il

en

soit,

commerce important

dans celle région

si

les arbres n'atteignent

végétation ne se développe pas avec la vigueur et la beauté

que nous avons pu voir L'année suivante dans

la

province d'Antongil

et

dans

le

pays de Tolanara. En




LA MONTÉE, DE TANIMANDRY A TANANARIVE. revanche,

donnés,

chemin

le

Dans

d'Analamazaotra ne mérite pas tous

la forêt

si

les

marcher, dans

ils

tantôt nous avons

enfoncent jusqu'à mi-corps, sur bondissants où

les torrents

des prodiges de force

d'adresse.

et

en bas,

la tète

éloges que certains voyageurs

lui

ont

digne de sa mauvaise réputation.

est bien

bourbiers où

les

4b

ils

les

roches glissantes où

ont peine à

porteurs accomplissent

sautent d'une pierre à l'autre, les

filanjana décrivent dans des plans variés tous les angles

Nos

pour ne pas tomber en arrière

cl

ils

connus

:

nous cramponner vigoureu-

faut

il

une descente dans une position inverse, nous évitons difficilement une chute en avant; d'autres fois, violemment secoués, nous inclinons brusquement d'une manière inquiétante. Ce sont de longues et pénibles ascensions à travers bois. Le chemin est encaissé entre les deux parois sement

tantôt, à

;

verticales d'une tranchée de 5 à 6 mètres de hauteur.

éphémères

escaliers

porteurs ont

les

taillé

renouvellent incessamment, abaissant peu à peu

qu'ils

dans

l'argile

de petits

niveau du sentier. Les

le

eaux pluviales qui descendent avec violence dans ces couloirs en augmentent encore la profondeur et y causent de fréquents éboulements. Le filanjana ne peut se manœuvrer aisément, et malgré l'étonne-

ment des borizana qui trouvent probablement «pie nous dérogeons, nous mettons pied à terre et nous pataugeons sur un des cAlés du couloir, en faisant clés efforts parfois infructueux pour ne pas glisser dans

le

fond rempli d'une boue rougeâtre

et

gluante.

Malgré toute noire bonne volonté nous avançons lentement, heureux quand une racine nous offre un léger point d'appui, maudissant le sorl quand dans nos pénibles exercices nous la heurtons vio-

lemment. Les murs d'argile sont dominés par des rochers qui reposenl

minée par

eaux; souvent des racines soni au-dessus de nos tèles

les

et les

à

peine sur un peu de terre

quelques points d'attache qui

passages se retiennent encore aux parois menacent à chaque instant de se rompre. Les mauvais

les

succèdent

se ressemblent.

el

Fitomanianomby

Un

Montée qui

la

a

,

Ils

indescriptibles, dans une

sont l'ail

pleurer les bœufs

silence presque absolu règne dans

coliques des babakoto

Les oiseaux étaient goaka, corbeau

beaucoup plus communs sur blanc

que nous retrouverons sur aussi faiblement

l'ois

nous ne voyons que rarement des perroquets noirs

el

noir et

les

les

représentés,

«le

Madagascar,

hauts plateaux, si

ce n'esl

côte

el

dans

les

hurlements mélan-

et

des pigeons verts.

région des «lunes; c'étaient

la

le

oorompolsy, aigrette blanche, beaucoup de coa,

le

el

la

Malgaches appellent

».

Nous n'entendons qu'une

forêt.

la

montée que

«le

nombreux oiseaux aquatiques. Les

un Sphaerotherium, gros myriapode

insectes sont

foncé qui se tient

vert

accroché aux pentes argileuses.

dominée au nord par un gros roc qui élève à plus de 180 mètres une muraille étions à Analamazaolra. pic, nous traversons le village d'Anévoka. Quelques heures après, nous celle de passée dans ce village, nous suivons une route un peu moins accidentée que Après une

Dans une

à

petite vallée

nuit

la

veille.

Il

Ranolahy, va se jeter dans l'Iaroka,

qui, avec le

Jusqu'à

Nous nous «les

nous avons guéé

l'Irihilra

ce village

un grand nombre de ruisseaux,

traverser

faut

arrêtons, au

milieu

«les

«!«'

environs. Cette couche arénacée est

40 cases qui composent ont cependanl

morsure

«'si

à

la

le

sable dont

el

nos

hommes

la

peu épaisse

village, disposées

du Ranombary,

kilomètres à

«le

«le

semble provenir

chaque côté

«!«•

la

vallée

la

blancheur tranche sur el

l'ouest

rivière

l'argile

«le

du nord

d'Andovoranto.

au sud se jeter directement

Ampasimpotsy. Le fond

mauvaise réputation de loger un

craindre

quelques

«l'eau «pii allaient

jour, à

«lu

recouvert d'une couche

est

cours

à

affluents

<»ù

«lans l'Iaroka. est

construit

fortement colorée

dépôts modernes. Les

route, sont assez propres, elles

nombre considérable de

petits

animaux dont

la

conduire à Moraqui nous donnent ce détail «ml hâte de nous

manga.

Au

delà «l'Ampasimpotsy nous cuirons

«le

nouveau

«lans la forêt, et, par «les

chemins aussi exécrables

clairières, et la jour précédent, nous nous élevons peu à peu. Maintenant il y a «le nombreuses limite que nous franchissons cesse lout à fait à l'est «lu hameau «le Behena. C'est près de cette

«pie le forêl

les «lerniers lorl

sommels de

loin «lans

1

esl

el

la

chaîne côtière à une altitude de 990 mètres.

«lans

ouest. Derrière nous, les

De ce point

élevé la vue s'étend

montagnes boisées que nous venons

«le

franchir


VOYAGE

m s'abaissent

peu

peu pour

à

tant

confondre fort loin dans l'horizon brumeux. Devant nous s'étend

aller se

une grande plaine parsemée de

MADAGASCAR.

A

petites collines

:

grande

c'est la

du versant oriental de Madagascar coule du nord au sud; fait

de

chaîne

la

littorale.

chent nettement sur

l'Imerina. Plus près de

beaucoup plus bas seulement après

:

nous

le lointain,

un passage dans

les défilés

de hautes montagnes se déta-

ce sont les monts d'Ankeramadinika, arête faîtière soutenant à

gigantesque escalier

qu'il

nous

faut

Moramanga, où nous descendons en suivant un

est

l'est

le

monter pour arriver dans sentier tracé sur

un

montagne.

la

Moramanga

Mahanoro. Dans

se jette prés de

Il

le ciel

massif central, dernière marche du

contrefort de

c'est

à l'est qu'il se dirige vers l'Océan Indien en se frayant

un coude

avoir

du Mangoro. Ce fleuve impor-

vallée

un gros

est

important

village

marché principal des produits de

c'est le

;

Le gouvernement de Tananarive y a depuis peu de temps chef-lieu politique de la province d'Ankay.

La

un poste

établi

militaire et

région.

la

en a

fait le

s'étend surtout en longueur. Les cases en raphia

ville

sont construites avec soin; la plupart sont divisées en plusieurs pièces et possèdent des portes et des fenêtres que l'on ferme par une large planche.

On

aperçoit sur certaines maisons des velléités d'or-

nementation. Jean nous a trouvé un logis confortable, une case située à l'entrée de

mur

d'une cour entourée d'un petit nattes;

il

même

y a

dans

la

A

d'argile.

chambre qui nous

l'intérieur les cloisons

est

et

le

la ville

au milieu

sont recouverts de

toit

destinée une table et deux chaises.

La population de Moramanga est d'environ un millier d'habitants, mais elle augmente notablement aux jours de grands marché. Dans cette ville, au milieu des Antimerina

à certaines époques, surtout

fonctionnaires, soldats ou commerçants,

et

des

nombreux borizana, population Bezanozano

variée, se trouvent quelques représentants de la tribu des

goro. Ces indigènes portent l'ouest de

route

le

Beforona,

et

nom

d'Antankay. Nous avons quitté

voyageur n'aura guère l'occasion de

La longue

et

faire des études

tribus qu'il

les

le

bassin du Man-

pays des Betsimisaraka à

le

ethnographiques intéressantes au milieu

rencontrera à chaque instant.

unique rue de Moramanga présente une grande animation. Bien que ce ne fût point

jour du marché, qui se tient

en plein vent

flottante d'origine très

dans

jusqu'à Ankeramadinika nous serons en territoire bezanozano, mais sur cette

des représentants de toutes

le

ici le

établis

le jeudi,

et débitaient leur

des commerçants en grand

nombre avaient

établi leur

boutique

marchandise accroupis à l'ombre de vastes parasols en coton écru ou

en rabane bariolée. Devant eux étaient étalés sur une bulle de terre battue quelques articles européens

cotonnades blanches ou

teintées,

couteaux, miroirs, aiguilles, boutons, du

sel,

du manioc

:

et divers

produits indigènes.

Près de notre case midi

et

nous

fil

est l'habitation

apporter

du gouverneur Ratrema

comme cadeau

de bienvenue

gracieuseté, je lui proposai de faire sa photographie;

Dans noire

il

la

11 e

honneur.

Il

vint

nous voir dans

l'après-

poule réglementaire. Pour reconnaître sa

accepla avec empressement.

nous pensions bien trouver

le

repos nécessaire après nos fatigues des

marches précédentes. Nos espérances furent déçues, Maislre

et

Foucàrt sont aussi malheureux que moi;

logis confortable

nous n'avons pu fermer à

Madagascar,

cl

l'œil,

dévorés toute

la nuit

par

les

ses morsures, qui partout ailleurs ne sont

leur multiplicité un réel danger.

H

est rare

puces. Cet insecte désagréable

en légions ici

par

qu'après deux ou trois nuits d'insomnie, les fièvres ne viennent

pas vous surprendre. Les puces pullulent dans les cases des indigènes cl surtout dans

du massif central; leur nombre dépasse

terre des habitants

vit

qu'un léger désagrément, deviennent

les limites

les

maisons en

de l'imagination. Ces animalcules

d'autres aptères y sont dignement

ne sont pas

les seuls, tant s'en faut, que. l'on

rencontre dans

représentés.

Dans les régions basses du

ces insectes sont remplacés par des nuées de moustiques

et

de maringouins. Malgré

la petitesse

littoral,

de ces adversaires,

il

l'île,

faut lutter vaillamment, et

dans bien des cas

on préférerait affronter d'autres dangers.

Nous quittons Moramanga lamba, que dans

les

rabane. Grelottant,

le "21

mars par une fraîche matinée. Les hommes s'enveloppent dans leurs

marches précédentes

ils

ils

portaient roulés autour des reins sous leur chemise de

trottinent à côté de nos filanjana.


_

..



LA MONTÉE, DE TANIMANDRY A TANANARIVE. A celle

nous trouvons un autre climat;

altitude

49

matinées sont particulièrement froides

les

et

humides,

ce n'est pas encore la température de l'Imerina, mais nous ne ressentons plus les chaleurs lourdes de la côte.

Dans

du Mangoro

la plaine

le

chemin

bas-fonds marécageux, mais dans terrain plat et

est

Au

beau.

grande

celle

milieu des herbes

bientôt après à Andakana. c'est un village construit sur les deux rives du Mangoro, à

Moramanga. En

Il kilomètres de

cet endroit,

de 80 mètres environ, a un cours assez

fleuve, large

le

rapide, ses eaux jaunâtres vont se briser sur les quelques îlots

i

les

quittant

Andakana,

bientôt par des

du mont Dans

\I'A'. \~i

rampes

le

assez,

parait-il. vivent

et

en aval.

in.

rapides sur

le

et

malgré mes regards attentifs

en grand nombre dans

sentier longe pendant quelque temps

la

le

rive droite

Heine.

du Mangoro

et

s'élève

liane occidental de la vallée, et sur les premiers contreforts

lfodv.

du Mangoro

la vallée

l'argile

rouge

généralement peu épaisse, où croissent en et

'.!

Non- passons ensuite

prenaient d'assaut.

ne vois pas de caïmans, qui pourtant,

En

M

:

que nous voyons en amont

faisons passer sur l'autre rive nos bagages dans des pirogues qu'il nous faut disputer assez chau-

dement aux borizana qui je

y a bien par places quelques

nous pouvons porter nos regards sur de lointains horizons.

Nous arrivons

Nous

il

inconnu jusqu'alors, nous marchons en

vallée, plaisir

souvent recouverte par une couche d'humus noirâtre

est

abondance des joncs et des roseaux, des fougères, des bruyères

une herbe bien fournie. Les lîezanozano, au nord de Moramanga principalement, y font paître de

grands troupeaux de bœufs.

Le bœuf de Madagascar Boa tale. et

zebu est

un bœuf

à liosse voisin

Haut sur jambes, portant de longues cornes,

il

est

des zébus de l'Inde

en général doux

et

paisible.

et

de l'Afrique orien-

La chair en

est

bonne

devient excellente lorsque l'animal est bien nourri. La protubérance qu'il porte sur les épaules atteint

pendant l'engraissement de fortes proportions: vaises laitières,

cl

quand

elles sont

c'est, parait-il.

un mets recherché. Les vaches sont mau-

séparées de leur veau elles ne donnent plus de

sauvage quelques troupeaux de ces zébus que

lait.

Dans certaines

Malgaches appellent

régions de

l'île,

omb\i

Je n'ai jamais pu rencontrer une autre variété de bœufs sauvages, sans bosses ceux-là.

halit.

désignés sous

vivent à

le

introduites dans

nom l'île

l'état

de omby

les

manga. Depuis quelque temps déjà des races européennes ont

et paraissent s'y

acclimater fort bien. Le

bœuf

été

est une des grandes richesses


VOYAGE

50 de Madagascar

de ces animaux prendra certainement

l'élevage

et

MADAGASCAR.

A

plus

grand dévelop-

un

lard

pement.

Au

delà du village de

Zomakely nous faisons l'ascension du mont Ifody. Les flancs sont dénudés; un petit bois regardé par les indigènes comme un lieu sacré couvre son sommet. Sur l'autre versant, une descente rapide nous amène dans une jolie vallée où, après une marche lente cl pénible à travers les marais

et

sur les petites levées de terre qui séparent les

un tronc d'arbre branlant

cl

champs de riz, nous traversons une rivière sur mal équarri. Nous arrivons ensuite au sommet d'une colline dans le village

de Sabotsy.

Nous sommes que

sur

premiers contreforts de

les

chaîne de partage des eaux. Dans

la

Mangoro. De Sabotsy nous dominons un de ces vallons; l'environnent sont arides

et

à

fond en

le

bien cultivé, mais les collines qui

est

désolées.

Le lendemain, nous arrivons en quelques heures

commençons

les petites vallées

eux ses chaînons prennent naissance de nombreux ruisseaux affluents de droite du

laissent entre

monter une rampe rapide, où

le

à

chemin

Ambodinangavo,

et

confond souvent avec

se

de ce village nous

à l'est le

d'un ruisseau qui

lit

vient des hauteurs.

Nous sautons de

A gauche

la

nous nous hissons péniblement sur

pierre en pierre et

route

est

dominée par

le

sommet du mont Angavo;

et

,

les

plus gros rochers.

hommes

pendant que nos

essoufflés

reprennent haleine, Maistre et moi, nous en faisons l'ascension (1270 mètres). Là une vue magnifiqne

nous

fait

oublier nos peines. .Malheureusement elles n'étaient pas terminées,

marche dans un chemin épouvantable;

une nouvelle édition de

c'est

la

couloirs boueux, les roches glissantes, les rampes abruptes, se succèdent.

ceinture boisée de

l'île,

accrochée aux sommets de

('elle forêt,

que quelques kilomètres d'épaisseur.

A

midi nous atteignons

sommes

heure après, nous

A

l'ouest

terre ont

de

point

le

remplacé

les

Nous traversons

deuxième

d'Ankeramadinika.

village

près du mont Ambalobe

la roule,

la

grande chaîne de partage des eaux, n'a

la

1

1 -4(30

Une

mètres).

à Manjakandriana.

deuxième ceinture

la

nous reprenons notre

route d'Analamazaotra. Les

brusquement en avant du

Elle cesse

culminant de

et

on entre dans

forestière

la

province de l'Imerina. Les maisons en

cases en roseaux. Le pays devient 1res peuplé, nous

sommes dans

les

environs

de-

là capitale.

Mais, sans nous attarder longtemps sur ce territoire des Anlimerina. que nous allons visiter en détail

dans notre premier voyage, nous avons hâte d'arriver à Tananarive.

Dans

celle description rapide

du chemin de Tananarive

Européens qui ont voyagea Madagascar, lnlana br, qui relie à la côte l'on y rencontre,

et'

le

pays des Antimerina.

n'est certes pas

à Tainatave,

des Européens obligés

et

de suivre ces sentiers exécrables, accompagnés parfois de leurs et

si

coûteuse pour

fréquentée de Madagascar. Continuellement entre Tamatave l'autre, plus

de 900 borizana sont échelonnés sur

le

cl

les

il

n'en esl pas de

femmes

l'île

cl

même

africaine, sont

de leurs enfants.

transports est cependant

la

plus

chemin;

ils

transportent environ deux tonnes

demie de marchandises.

la

une

montagne sur

laquelle est construite Tananarive,

petite ascension à faire, courte

une course

folle,

mais

difficile,

nous distinguons à peine

les

les

uns des autres,

où nous faisons notre entrée

dans des ruelles étroites

maisons

et

Nos hommes, heureux d'arriver au terme du vùyage, Veulent

les édifices, l'aire

pavage des rues, montent

et

descendent des escaliers

et,

et

le

et

arrive au pied

30 mars. Encore

sinueuses. Emportés dans

qui fuient devant nos yeux.

sans doute une belle entrée dans

capitale. Ils prennent leur trot le plus allongé, bondissent sur les blocs le

genres que

Tananarive, marchant dans un sens ou

Notre roule traverse encore plusieurs villages, 1res rapprochés de

les

grande roule

Si j'ai insisté' sur les difficultés de tous

des créoles qui, appelés par leurs situations ou leurs affaires dans

Cette route dangereuse pour les voyageurs

dans

la

pour m'en plaindre, un voyageur aurait mauvaise grâce à màudir

obstacles qu'il vient bénévolement chercher dans les pays lointains. Mais

les

cl

chemin bien connu de tous

essayé de montrer au lecteur ce qu'était

j'ai

la

énormes de granit qui forment

après mille détours, nous déposent sains et


LA MONTÉE. DE

TAMMANDRY

VALLÉE

Saufs à

SI

-

paratl pas médiocre, porte de V Hôtel de l'Europe, où nous éprouvons l'agrément, qui ne nous

la

de retrouver quelques-uns des raffinements de

Avant

l'I

A TANANARIVE.

la

la

civilisation.

fondation du royaume antimerina, Tananarive

au sommet d'une colline rocheuse dominant merina, tentés par

la

Intananarivo

à l'ouesl la plaine

position inexpugnable alors de ce

n'étail

qu'un village construit

de Betsimitatatra. Les premiers rois anti-

hameau,

y établirent leur résidence habituelle

et

nombreux mesure que leur puissance grandissait, ils voyaient s'accroître leur capitale. Bientôt de peu par de nouvelles villages se groupèrent autour de la demeure royale, puis ils se réunirent peu à

à

constructions. Leurs

noms désignèrent

aujourd'hui une grande

cité, la

alors les différents quartiers de

la

ville

des mille villages qui

est

publics et plus importante de Madagascar, avec ses palais, ses édifices

ses faubourgs.

proprement dite s'étend du nord au sud sur une longueur un gros massif de d'environ trois kilomètres el sur une largeur moyenne d'un millier de mètres. C'esl souvent par une plus le gneiss et de granité s'élevant à 150 mètres au-dessus de la plaine et recouvert

La

colline sur laquelle est bâtie

couche

la

d'argile rongeàtre qui atteint

ville

quelquefois une grande épaisseur.

Du

côté de l'orient, celle col-

partout ailleurs elle se trouve isolée line est rattachée aux monticules voisins par quelques contreforts, très escarpés à l'ouest, au sud au milieu des rizières de la vallée supérieure de l'Ikopa. Les versants sont sont rochers à pic cl même en surplomb. et à l'est; dans la partie méridionale, en certains endroits les des hauteurs et Dans la partie septentrionale les pentes sont moins rapides, deux ramifications partent vont, en s'abaissanl peu à peu, se perdre dans palais de

la

Reine,

de l'Imerina.

est

à

1

la

plaine.

Le point culminant de

420 métrés d'altitude. Ce sommet se distingue de

fort

la ville,

loin dans

est bâti le la

province


VOYAGE A MADAGASCAR.

s2

Lorsqu'on approche de Tananarive, l'aspect en est très pittoresque partout les pentes sont couvertes de maisons d'un rouge sombre groupées sans aucun ordre, conséquence inévitable de la disposition :

du

terrain.

Des bâtiments modernes, de construction soignée, apparaissent par places. Dans

cette tonalité rougeâtre

est particulièrement curieux

panorama

le

décrire ou plutôt de

lui

A

nos pieds se trouve

A l'ouest

blancheur des palais.

la

lui

énumérer

le lac

;

les

que

c'est là

de

sur les bords du petit lac Anosy,

la ville,

je vais

principaux quartiers

conduire

Anosy. C'est une propriété royale;

pour essayer de

le lecteur,

les édifices

et

hauts

vivement encore dans

ressortir plus

maisons de bois aux teintes foncées font

quartiers, quelques vieilles

les

remarquables.

a été creusé en partie par ordre

il

du

o-ouvernement pour fournir, par un déversoir artificiel, la force motrice nécessaire à des moulins a poudre, construits non loin d'ici et qui sont abandonnés aujourd'hui. Il est alimenté par un canal de dérivation de l'Ikopa.

Au

milieu de

nappe d'eau, sur un

la

digue en pierres sèches, sont édifiées des maisons vent maintenant de poudrière. Sur jacassent à l'envi

les

à leurs côtés, des

;

bords du

gamins

au rivage par une

terre-plein circulaire relié

en bois, palais d'été de la famille royale, qui ser-

une légion de blanchisseurs

lac,

de blanchisseuses

et

armés d'une ligne de pèche rudimenlaire prennent quelque-

fois des petits poissons rouges, seuls habitants des eaux; encore sont-ils d'importation européenne. De l'autre côté du lac Anosy est la plaine de Mahamasina, le Champ de Mars de Tananarive. Ce vaste

manœuvre des

carré d'environ oOO mètres de côté sert quelquefois à la là se

tiennent les grandes assemblées. Vers

sement maçonnée

:

ces

murs enserrent

le

troupes, aux revues de l'armée,

centre on remarque une construction circulaire soigneu-

la pierre sainte

son couronnement. Cette pierre, qui consacre

sur laquelle

le

souverain se tient debout lors de

pouvoir mys-

ainsi la toute-puissance royale, a, par ce

maha masina, donné son nom à l'emplacement qui l'environne. En temps ordicourt gazon de Mahamasina nourrit les bœufs que l'on amène journellement dans la ville et

térieux de rendre saint, naire le

quelques ânes ou chevaux, bien rares encore dans Derrière Mahamasina,

le

terrain s'élève

le

flancs de la grande colline de Tananarive, qui décrit le

centre

cl

en tournant

où nous allons suivre la tète

vers

le

du regard, de

sud, nous

pays.

brusquement

se dresser presque verticaux les

l'on voit

et

un gigantesque arc de cercle dont nous occupons

panorama de

droite à gauche, le

la ville.

Auparavant,

remarquons sur un plan plus rapproché un monticule arrondi

et

c'est la montagne d'Ambohijanahary. Des maisons qui s'entassent à ses pieds et sur ses flancs isolé forment le faubourg d'Imerintsiafindra. Le sommet du mont est dénudé, aucune construction n'y est :

élevée; on ne doit pas bâtir en face

teurs de ce

mamelon; ce sont des

voulait niveler est rattaché

Des lignes noires

palais de la reine.

parallèles rayent les hau-

fossés profonds creusés dans l'argile par ordre

du

roi

Radama, qui

sommet du mont. Cette entreprise gigantesque n'a pu être continuée. Ambohijanahary

par une petite crête au massif rocheux de Tananarive.

En suivant le

le

du

cette crête,

nous abordons l'extrémité méridionale de

quartier d'Ambohipotsy, au milieu duquel se dresse la

la

ville.

Sur

sommet

le

se trouve

flèche d'un temple prolestant. Les flancs

abrupts de ce versant sont par exception recouverts d'une argile blanchâtre;

et les

roches superfi-

cielles, décomposées en partie, qui apparaissent par places, sont extraites pour fournir des matériaux de

construction plus faciles à travailler, sinon plus durables, que

Continuant à parcourir du regard

la

ligne des crêtes, nous arrivons, après avoir dépassé

d'Ambohimitsimbina, à l'ancien palais de Ramboasalamy, qui

aux étrangers par rova,

le

gouvernement antimerina;

et,

et

surmonté de son

faucon malgache, emblème préféré des

sert

aux réceptions

et

aux

le

quartier

fêles offertes

tout à côté, à l'ensemble des bâtiments royaux ou

au milieu desquels se découpe vigoureusement sur

flanqué de ses quatre tourelles

granit.

le

toit

rois antimerina.

le

ciel le

grand palais de Manjakamiadana,

aigu, où plane au

sommet

Caché par ce grand

le

voronmaheri/,

édifice, est

le

le

palais de

Masoandro, où habile la reine. Au nord du Manjakamiadana, nous apercevons un édifice de proportions plus modestes c'est le Tranovola, « palais d'argent », où le premier ministre donne ses audiences. :

Au-dessous du rova,

la

paroi rocheuse est verticale, en cet

plaine, à plus de 100 mètres de profondeur, certains

endroit on

condamnés

à

mort.

précipitait

autrefois dans la




LA MONTÉE, DE

TAN1MAXDRY

PALAIS

Il

A gauche du

A TANANARIVE.

DE LA REIXE.

breuses du quartier d'Ambohijafy, plu-

rova on distingue, au milieu des maisons

sieurs constructions importantes, habitations des principaux officiers de l'armée el

grands fonctionnaires. Vienl ensuite

le

surmontée d'une grande coupole

carrée, ornée aux angles de clochetons, esl palais, la colline s'abaisse

peu

à

peu en

même temps

qu'elle se divise en

moins rapides, couverts parloul de nombreuses habitations, dans

le

quartier d'Ambodinandohalo, on

deux tours de

les

une vingtaine de canons sans

pice,

voil les

une défense sérieuse. En

la

la

la

successifs

étages,

verdure qui bordenl dans noire voisinage

hauteurs de

des

vitrée.

lac

le

ramification orientale. C'esl

le

Au uord de

ce

le la

ramification occidentale

mission catholique, que dominent

rina se figurenl

drale est le quartier d'Ambatovinaky, avec son église norvégienne

les

el

deux branches, aux versants

que ces batteries constituent

réalité elles ne servenl qu'à tirer des salves lors des fêles.

nombreuses maisons s'échelonuenl en

cour

la

cathédrale que s'alignent, braqués sur un préci-

Les Anti

affûts.

liés l'origi

constructions de

cathédrale. C'esl au-devanl de

la

de

palais du premier ministre. Cette vaste construction de l'orme

el

el

viennent

A gauche de

la

cathé-

son temple britannique. Puis de

cacher dans

se

massifs de

les

d'Anosy, tandis que, au second plan, apparaissent

quartier de Faravohitra.

A

l'extrémité se dresse la tour

carrée d'un temple. Enfin, à l'extrême

de

la

gauche du panorama,

le

quartier d'Ambohitsorohitra, où se trouvenl

les

bâtiments

résidence de France.

Si la ville de

Tananarive

esl

intéressante à contempler, une

promenade dans

les

rues de celle cité esl

souvent par de dénuée d'agréments. Ses voies tortueuses, coupées par des marches élevées, obstruées massive sert de roche la gros blocs de granit, sont pavées par places de pierres anguleuses: parfois chaussée, mais

le

plus souvent on

marche sur

l'argile

ravinée, maintenue sur les pentes trop

par d'insuffisants barrages. Pour l'Européen, l'usage du Glanjana s'il

veut sortir sain

Deux rues

el

est

raides

presque toujours indispensable,

sauf de ces périlleuses excursions.

principales partent du rova. L'une descend vers

Justice, petite construction en pierre de style grec, possède

l'est et

après avoir contourné

une chaussée pavée avec

soin.

le

Palais de

Ce

travail de

centaine de métrés, reprévoirie qui ne s'étend malheureusement que sur une petite longueur, une primitif cl après avoir sente le seul progrés réalisé récemment. Bientôt après la rue reprend son aspect qui gravit par des traversé le quartier d'Ambohitantely, où elle est rejointe par la roule de Tamatave pentes fort raides et des escaliers géants les flancs escarpés de

la

montagne. Le chemin

se dirige


VOYAGE A MADAGASCAR.

3(3

ensuite vers

le

nord en suivant

difotsy pour aller à

les

hauteurs de Faravohitra, puis

Anlanimena traverser

de

les rizières

La deuxième rue principale que nous allons suivre

plaine

la

est

des grands dignitaires et tructions.

faubourgs

le

proprement

l'autre, la cité

certaines parties de la plaine voisine,

et

haute

ville

grande

la

colline,

groupant ses nom-

environnée, surtout du côté de

était

versant occidental, presque à pic, rendait superflu ce système de défense

le

le

en deux parties. L'une comprenait les

était divisée

sur les hauteurs de

dite, était construite

breuses cases autour des bâtiments royaux. Celle de fossés profonds;

plus fréquentée,

la

palais elle passe au milieu des habitations

le

couvraient les flancs des collines

et les villages qui

les villages voisins.

long des vieilles maisons de bois, rares échantillons des anciennes cons-

y a quelque cinquante ans, Tananarive

Il

c'est

faubourgs d'Anka-

les

conduire dans

et

de l'ouest,

celle

boulevard élégant de Tananarive. Tout d'abord en quittant

descend dans

il

On remarque

portes massives donnaient accès dans les rues principale-.

l'est,

des

;

encore maintenant quelques

vestiges de ces fortifications, et des postes de soldats occupent aujourd'hui dans les voies fréquentées les

emplacements des anciennes portes.

Dans

cette enceinte primitive

on ne pouvait

que des maisons de bois; dans

édifier

d'alors la pierre, les briques et la terre étaient exclues. Les quelques

sont d'un

aspect avec leurs murailles sombres, leurs toits de

joli

chevrons des pignons qui dépassent

Continuant notre marche nous arrivons devant

chaume

très aigus et les derniers

le

du premier ministre

palais

grande terrasse sur laquelle

la

Cet espace triangulaire qui se trouve au point où

deux bras de

les

plate-forme de quelque étendue que l'on rencontre dans nord. La place d'Andohalo,

grands kabary;

Palais.

Autour de

entasser,

que

c'est là

promulgation des

lois, les

la

la ville,

peuple se réunit pour entendre

le

sur l'herbe,

c'est

rement. Dans tions sacrées

un

de réunion pour

lieu

se réunissent

demeurent de longues heures dans

ils

comme

celle

pour

au ras du

Au

sud de

parles soldats de garde au Palais qui viennent

sol

est

séparée de

la

le

maison de pierre construite les habitations

des Pères.

il

est

la

De

Mission catholique

le

le

la

terrain est en

l'autre côté

chemin

le Ciel

de

marché fréquenté surtout

c'est

la

Mission catholique. L'église fort

un endroit sacré auquel

Mgr

dominé

est

défendu est

une

Cazet, évêque de Madagascar, à droite est vaste;

il

descend jusque sur

grande partie d'une déclivité

telle

la

que maints

se trouve l'école des Frères. à l'est par des constructions importantes.

roches et d'argile, où poussent quelques aviavy centenaires, rares représentants de le sol

il

A gauche

bordé par un précipice de 120 mètres de profondeur. De ce côté, sur un

rescente dans les liants quartiers, gisent sur

aussi dans ce

d'Ambohimanga, remerciait

mission

du chemin

est

:

du jour. Accroupis

construction de leur cathédrale.

à l'européenne, résidence de

Mahamasina; malheureusement

lui quittant la

l'ouest

la

L'emplacement accordé à

endroits ne peuvent être utilisés.

curieux

approvisionner.

s'y

Pères dans

s'y

des maisons qui envi-

souverain, après une absence de Tana-

place se tient un petit

chaussée par un lac minuscule; les

les terrasses

la

une roche noirâtre qui a ses attribu-

place d'Andohalo l'on arrive bientôt devant

de loucher, ce qui a gêné beaucoup

et

monter au

une foule considérable peut-elle

les oisifs et les

narive, et particulièrement en revenant de son voyage annuel

la

terrain descend-il légèrement

se raconter les nouvelles

de Mahamasina. Sur celte pierre,

pouvoir rentrer en paix dans sa capitale.

En descendant de

le

aux assemblées populaires, aux

celle position qu'ils semblent affectionner particuliè-

partie centrale de la place, on voit

la

place d'Andohalo.

lecture des messages de la reine

la

terrain s'étage en amphithéâtre, aussi

nouveau forum beaucoup de Malgaches

plaine de

sert

augmentée encore de nombreux spectateurs groupés sur

ronnent Andohalo. Généralement

spacieuse

encore

Mahamasina,

plaine de

la

colline se divisent est la seule

déportations des provinces y attendent avec leurs tributs l'ordre de

place

la

le

comme

la

pendant quelque

cl

s'élève ce vaste édifice.

Après quelques détours sur une pente assez rapide, nous débouchons ensuite sur

le

constructions

de deux longues pointes acérées.

le faite

temps nous longeons une muraille qui soutient

vers

les

maisons qui subsistent encore

la

petit

A

remblai de

végétation arbo-

vingt-cinq canons de foule qui servent à tirer des

salves dans les grandes solennités. D'autres canons aussi délaissés se trouvent encore dans les différents

quartiers de la ville haute et sont employés aux

mêmes

usages. Près du Palais une de ces bouches à


LA MONTÉE, DE TANIMANDRY A TANANARIVE. feu

donne dans

couvre-

le

la

matinée

le

signal d'exécuter les corvées de la reine, et à neuf heures

les

plus achalandés

;

les

maisons anglaises

groupées de préférence sur l'autre branche de

sol c-l

le

annonce

la colline,

que

l'on fait

LES VIEUX

la

uni nous conduit au grand

cl,

après avoir dépassé

le

que mal, mais qui sont

le

la

loin d'être

CASONS.

marché du Zoma; non

résidence générale de France, Lu quittant

la

tant bien

au quartier d'Analakely,

la colline,

les

d'Ambatavinaky, nous descendons une

plaine de MaliainaMua. l'autre au nord va dans

deux ramifications de

de

et

deux voies secondaires viennent aboutir

suffisantes, l'rès d'un temple protestant

au sud descend vers

cl

maisons des missionnaires protestants se sont dans le quartier de Faravohitra. En continuant

cl les

particulièrement mouvementé; après chaque orage celle partie de

voie nécessite quelques réparations urgentes,

[ilus

soir

principaux établissements français

les

notre roule nous traversons les quartiers d'Imarivolanitra

rampe assez rapide où

elles les

du

l'eu.

Le long des chemins que nous suivons sont situés magasins

57

noire rue. L'une

que

vallée

laissent entre

l'uis la rue principale sur

loin de nous, sur

Zoma, nous traversons

tombeau delà famille du premier

la

à

la le

gauche,

est

un terrain

l'emplacement

quartier populeux d'Isotry

ministre, on arrive dans les rizières sur

la

route qui conduit à Màjunga.

Ce monument funéraire l'architecte, résidail

il

na

cessé de rendre

nèrent, et à juste titre,

et les

il

règne de

le

depuis longtemps déjà

dernières années de ce long règne

qu

sous

fui édifié

s'est

à

la

reine

rendu populaire dans l'Imerina par

industries variées qu'il a créées dans

un grand ascendant

est

1"'.

M. Laborde, qui en

Madagascar, chargé des intérêts de

à la cour.

le

Le tombeau

ministre puissant de Ranavalona I"\ père de Rainilaiarivony

de l'édifice

Ranavalona

le

les

la

France, dans

nombreux

fui les

services

pays, toutes choses qui lui donfui

construit pour Ramiharo,

le

premier ministre actuel. Le soubassement

formé d'un massif carré de maçonnerie de 20 mètres de côté, au-dessus une immense

dalle monolithe recouvre le

caveau de

élevées se dressent au nord du

la

famille, celle dalle esl entourée d'arcades,

deux colonnes

monument. s


VOYAGE

38

A

MADAGASCAR.

À

nombre considérable de rues de moindre impor-

ces deux voies principales viennent aboutir un

tance, ce ne sont que des sentiers tortueux et

Depuis longtemps Tananarive a perdu

si

étroits

que souvent on a de

peine à y passer.

la

de ses constructions primitives,

l'originalité

maisons de

les

bois des anciens Antimcrina, bàlies d'après un style uniforme; les grands palais d'alors, qui étonnaient

parleurs dimensions autant que parla grosseur des matériaux employés, ont disparu peu à peu, ou sont cachés sous une enveloppe moderne, qui laisse à désirer parfois sous le rapport de l'élégance. Partout la

brique ou

l'argile battue.

Quelquefois

la pierre est

maintenant employée,

constructeurs ont bâti

et les

des maisons de tvpes fort variés, copies toujours mal comprises de nos habitations.

En

général,

une

maison confortable de Tananarive possède deux étages; les murs en brique cuite ou crue, selon la richesse du propriétaire, soutiennent une toiture de tuiles; une ou deux varangues supportées par des piliers sont établies sur les côtés la

de

maison. Des portes assez bien

la

faites et

des fenêtres vitrées ornent

construction, surmontée toujours d'un paratonnerre. Le peuple habile des cases plus modestes

quatre murs de terre recouverts d'un

aux vents froids

— pratiquées

de

et violents

dans

le

mur

l'est,

toit

:

de chaume. Ces maisons, pour ne pas exposer leurs habitants

ont leurs ouvertures

occidental. Celte

— imparfaitement closes par des volets primitifs

coutume que nous observerons toujours dans

les villages

de l'intérieur est ici tombée en désuétude; l'usage des vitres se répand de plus en plus et cette règle inflexible gênait par trop les nouveaux architectes dans leurs conceptions modernes. Les constructions imporlanles sont entourées d'une cour plus ou moins vaste, limitée par un mur de pierre ou d'argile: c'est

dans celle enceinte que

se trouve, à coté

de l'habitation principale,

la

demeure des esclaves ou des

o-ens de service. Les maisons plus ordinaires sont réunies dans un enclos par groupes de trois, quatre ou* même davantage; d'autres fois elles s'entassent à côté les unes des autres, ne laissant entre elles que

d'étroites ruelles.

Ces emplacements ont élé conquis en entamant

sur les pentes pour niveler un peu

le sol.

Presque partout

le

rocher

la ville offre ainsi

en rejetant les déblais

et

une succession de terrasses

établies sur les lianes escarpés des collines.

nombre des habitants de Tananarive. 11 faut encore ajouter à cette population sédentaire une population flottante fort nombreuse. Beaucoup d'indigènes sont continuel-

On

peut évaluer à 100 000

le

lement en voyage.

Les habitants sont en grande majorité des Antimerina. des autres tribus, la capitale

appartiennent presque tous à

que résident

les officiers et les

ou leurs

ils

les

la

Si l'on

rencontre quelques représentants

classe des esclaves ou des affranchis. C'est dans

grands dignitaires du royaume,

les

nobles

et

les

gens riches de

des princes

Une

des environs. et

province,

meilleures troupes, puis des Antimerina marchands ou industriels avec leurs esclaves

serviteurs. L'indigène libre qui cultive la terre habile de préférence les

les villages

la

partie notable de la population est

des grandes familles

:

c'est

dans

cette catégorie

formée par

que

nombreux faubourgs

les esclaves

se recrutent

et

des ministres,

principalement

les

borizano, porteurs de filanjana ou porteurs de marchandises.

Malgré cette grande agglomération d'habitants, cautions les plus élémentaires de l'hygiène,

la

la ville est

relativement saine.

En

l'absence des pré-

position élevée de Tananarive, les vents violents qui dessè-

nettoient les chent l'atmosphère pendant plusieurs mois de l'année, les grosses pluies de l'hivernage qui hauts quartiers et entraînent dans les parties basses les immondices de toute nature, enfin l'abondance maintenir la ville dans d'assez et le bon marché de la nourriture qui rendent la vie facile, contribuent à

bonnes conditions de salubrité. des collines et suiL'eau est fournie en assez grande quantité par des sources qui jaillissent au pied ce qui nécessite des tes flancs des coteaux, mais il faut la transporter dans les différents quartiers,

ascensions continuelles

personne sert

et sa

maison de

que pour sa cuisine

un

et

cet

et

travail pénible. Aussi

l'

Antimerina ne se montre-t-il pas prodigue pour sa

élément essentiel de propreté,

sa boisson. Certaines sources

il

économise

le

précieux liquide et ne s'en

donnent une eau de bonne qualité;

les autres,

des mares stace sont les plus nombreuses, laissent à désirer sous ce rapport, elles se perdent dans en troupes gnantes. Ce sont des femmes esclaves qui vont chercher l'eau. Malin et soir elles assiègent


TANIMANDRY A TANANARIVE.

LA MONTÉE, DE

\

l

nombreuses

les

abords

contenance de 10 ronnes de

paille,

conduisent

vendredi

le

occasion remuante

cl

y remplissent des cruches de lerre aux formes arrondies, d'une

sommet de

le

1rs

la

tête

sionnements de toute nature il

1m

population, calme

que

C'est

plus important delà

le

el

le

lever

du la

la ville

soleil, ville

toutes les routes qui

sont

toute

la

journée

nonchalante habituellement, semble à •elle

Zoma ou marché

le

posées sur des petites cou-

chemins escarpés de

amènent une foule considérable. Los rues de

agitée.

de prédilection où

\.

jour du grand marché. Dès

est le

remplies de personnes affairées;

lieu

Z"M

DU

environ. Elles les portent sur

capitale

à la

el

.un

remontent ensuite en longues Ries

et

A Tananarive,

fontaines

îles

litres

i

59

esl

mais

ville,

non seulement qu'il

est

va volontiers apprendre les nouvelles, discuter

le

centre d'approvi-

encore pour les

le

Malgache un

prix des marchandises,

s'enquérir des besoins industriels ou commerciaux, chercher de l'ouvrage, enfin rencontrer les amis

des villages voisins. L'institution de ces

de l'Antimerina.

Il

a

marchés

si

nombreux

à

est un trait caractéristique de la vie sociale temps que son influence dans un grand nombre

Madagascar

répandu celle coutume en

même

de provinces. Ces sortes de foires se tiennent dans

les villes,

dans

les villages

importants, souvent aussi

en pleine campagne au milieu des hameaux disséminés. Les populations trouvent dans ces assemblées

un moyen de communications incessantes

temps

les objets qui leur sont utiles.

quelquefois de

comptent pour

fort loin;

rien.

Il

et

peuvent

écouler leurs produits

est nécessaire d'attendre,

mais pour l'indigène ces déplacements

Les noms des jours de

la

il

est vrai, le

et la

y trouver en

et

même

jour du marché, devenir

perle du temps qu'ils entraînent ne

semaine où sont ouverts ces marchés servent à

les

désigner.

En approchant du Zoma un passage dans

la

par

la

grande rue qui descend d'Ambatovinaky on a

foule pressée, des convois arrivent

île

toutes les directions

île la

el

peine à se frayer

partent

chargés de


VOYAGE A MADAGASCAR.

(50

produits divers.

Il

faut se garer à

chaque instant des marchandises transportées

pendant que l'on

et

évite une longue pièce de bois qui s'avance menaçante, une botte d'herbes sèches vous frotte vigou-

reusement ou de grands paniers pleins de

tombent sur vos épaules. Les maisons

volatiles effarés

sines du Zomasont occupées par des revendeurs qui profitent de leurs marchandises disparates, ou faire

une vente aux enchères qui ne manque jamais

Là, se trouvent les objets les plus divers, vieux habits,

clients, viennent essayer la force et la légèreté le

marché, l'animation

demandes, vante sa marchandise ou discute longuement

bambous de charge; bruyamment,

et vient

un vacarme assourdissant. Cependant

une grande poussée

dans

malheureux

la foule

:

c'est,

un voleur que

dérobé quelque chose à un étalage ou a coupé

a

grave encore, car

c'est

nœud

que, dans un

criminel est entraîné à l'écart

les borizana, leurs

de

ses offres

fait

ses

et

disputes sont rares. Parfois

les

surprend en flagrant

l'on

coin du lamba d'un passant,

le

délit. délit

Ce

plus

enserre ses morceaux d'argent. Le

l'étoffe, celui-ci

lapidé incontinent. Le Malgache ne pardonne pas

et

une cohue.

valeur des objets. Des appels, des cris, des

la

vociférations se croisent dans se produit

rue

de ces bois au grand détriment des passants inattentifs.

grande, chacun va

est très

d'attirer

voi-

la

défraîchies, conserves avariées, vaisselle

('toiles

d'occasion et spiritueux frelatés. Puis ce sont les vendeurs de

Sur

circonstance pour étaler dans

la

vol

le

commis

à

son préjudice.

La

du Zoma

partie haute

est,

couverte de petits abris; un

s'élève au-dessus d'un terre-plein carré qui

vendeur, surveillant

enjamber

les

Il

lui.

boutiques rudimentaires,

et

chaume supporté par quatre pieux

de le

On

niveau du

sol.

se lient accroupi le

a de la difficulté à circuler dans les

souvent, bravant les malédictions,

étalages. Puis ce sont des amoncellements de poterie, cruches de toutes

en terre rouge

à eau, plats

dépasse légèrement

marchandises amoncelées devant

les

étroites rigoles qui séparent ces

toit

et

blanche, assiettes à pied vernissé, marmites à

riz

de toutes

il

faut

formes, jarres

les

dimensions.

les

serait trop long d'énumérer tout ce que l'on trouve dans ce grand marché.

partie de la place a son affectation spéciale; l'on parcourt

Chaque

marchands

d'étoffes indigènes

meubles neufs

et

d'occasion, de

et

quartier des

le

d'instruments de musique, etc.

literie,

Le marché des produits alimentaires

est

toujours bien fourni.

pommes de

manioc, des patates, des fèves, du maïs, des

France

successivement

européennes, des chapeliers, cordonniers, vanniers, marchands de

On

y voit du

riz

en grande quantité, du

choux, presque tous nos légumes de

terre, des

différentes plantes indigènes comestibles.

et

Lorsque

Zoma, une

l'on quitte le

d'Analakely.

petite ruelle affreusement ravinée conduit vers le

Une annexe importante du grand marché y

C'est également sur cette place

que

l'on

pour

est établie

nord sur

trouve les madriers destinés aux charpentes et

menuiserie. Ces pièces de bois viennent de loin

la

place

vente des animaux vivants.

la

sont d'un transport difficile, aussi

les

planches

le

Malgache

pour

la

a-t-il

recours à certaines ruses pour diminuer ses maux. Les planches réunies par paquets d'une demi-

et

douzaine ont une assez belle apparence, mais sans grand examen on reconnaît bien vile

Ces planches

hache dans

taillées à la

deux planches

arbres de

la

la

partie centrale dans de tories proportions

sur les marchés sont travaillées de

quand

le

la

même

rabot y a passé.

.

Toutes

En regagnant

la ville

plus loin on longe des meules d'herbes sèches

tières

de

l'est.

fendu en longueur fournit

pour cuire

les

aliments

il

les pièces

de bois vendues

par une rue latérale on passe devant

des tas de gerbes de herana, jonc triangulaire employé pour les toitures

;

supercherie.

façon, elles sont ainsi moins lourdes à transporter, mais se

de zozoro, plante analogue mais plus fortequi dans

complètement

la

sont amincies patiemment par l'ouvrier qui respecte les bords et les extrémités des

plateaux mais creuse

réduisent à rien

les

forêt voisine — un tronc

el

les cases

et

contre des paquets de claies

pauvres sert déportes ou de cloisons;

des piles de pelils fagots. Dansl'Imerina

faut acheter au

Aussi pour remplacer ce rare combustible

le

bois

manque

marché du bois apporté des contrées la

grande majorité de

la

fores-

population se sert

des herbes coupées sur les coteaux dénudés de l'Imerina.

Selon l'abondance ou

la

rareté des produits mis en vente

fluctuations. Je crois utile de mettre sous les

les

cours du

yeux du lecteur certains

Zoma

sont soumis à quelques

prix, notés lors de

mon

dernier


LA MONTEE, DE TANIMANDRY A TANANARIVE. passage à Tananaiïvc à d'y revenir dans

la fin

la suite les

productions du pays; encore

de l'année

Ces renseignements serviront

1891).

à

('-faillir

61

sans qu'il

soit

besoin

conditions exceptionnelles de bon marché où sont livrées à Madagascar les faut-il

remarquer que partout, dans

dans de notables proportions pour devenir dérisoires dans

les

l'intérieur de

l'île,

ces prix diminuent

provinces méridionales où l'argent n'a

plus cours.

MARCHÉ DE TANANARIVE DU

3

OCTOBRE 1890.

1

Francs.

Riz décortiqué blanc, les

Hiz décortiqué rouge, les 16 kilogr Riz brut, les 16 kilogr...

I

Bœuf gras, vivant Mouton vivant Cuisse Je bœuf entière

o 40

où OS

Pigeon,

o 30

03 30

(Hjifs.

3 30

Choux

IS

60

1

»

Rosbif entier Filet de bœuf entier Gigot de mouton entier

Jambon

SO 1

entier

43

1

Lait, le litre

15

Poulet petit Poulet gros Poule grasse Dinde

20

Parmi pour

35 1

amenées

être

15

I

les principales

à

Francs.

Canard Canard de Barbarie

2 70

kilogr

16

douzaine

o 20 o 25

Paquet anamamy (morelle) Paquet anal si uma (chou de Chine) Paquet anamahalo (cresson de Para) Farine malgache (blé), les 50 kilogr Peaux île bœufs, les 50 kilogr Peaux île mouton, la pièce Bois de charpente, de menuiserie Bois à brûler, le petit paquet Herana pour toiture, les 12 pièces Paillote

marchandises étrangères qui ont

Tananarive, citons

la

o 50

paire

la

à

île

zozoro, les

supporter des

i

52 10

Sel, les 50 kilogr

Z3 75

Maximum

yards 10 yards Toiles blanches, les 40 yards Toiles blanches, les io yards

me

Il

Minimum. Maximum, Minimum.

les

suivantes

Augusta,

12 90

18 65

10

00

parmi

:;

75

:;

02

Francs.

Indiennes américaines, les 21 yards lin lien ies anglaises, les 21 yards

13 75

Indiennes allemandes, les 24 yards Patnas, les 6 yards Flanelle couleur, yard

10

-

I

85

10 40

20

1

les

cotonnades écrues

et

de couleur qui se vendent

Calvert, 1

2

10

yards

3 0G

Buck Head

3 S7 1/2

2 00

Toiles blanches.

200 3 87 1/2 :;

n;

Clifton Mills

::

De Witt mufg co

::

Garlîeld X....

:;

84

Great Faits Kelilambana Kinlana Kinlana (R. Sarrante) \\X.

:i

87 1,2

1>°

5

s

I

P

6

II'

i

1

M 87

60

2 60 2

ou

40

B.

» SB. D° D° Mamba » Andriamasinavalona ; B. Lalouette et Dupré D° .1. Amlrianisa D° Lion Ibrahim Ismacl P Buquet et Bonnet D» 1

I.

Dupuy

i

Wilson

10 • » .

»

1/2

3 87 1/2

— — —

B. 10

D» D°

3S7 3 87

1

3S7

1/2

2

3 87 1/2

yards

— — — — — — —

3 50 3 62 1/2 3 50

2 50 3 50 3 71 3 GG

R. Sarraute

2 G0

40

00

21

37 1/2

1

00

I

00

1

33

D" N° 882 882 D° N° 880 D° D° N° SS l i 1 I'. Aitken Proctor Bros Tafondro Procter Bros Sogafotsy

1

33

Sambôkely

Mpamono Voag Lohomby B

2 00

2 60

Les prix de ces colonnades sont marqués

»

1/2

3 87 1/2

A.

2 00

21 y;

21

— —

»

2 00

2 00

Kelilambana Lambrano, 16 yards D°

— — —

2 00

Miarainila

D"

12

3 87 1/2

2

PelzerA D° \Y Ranavalona Madagascar Mangasoatra

2

387

Destienne, 6 cour. 40 yards 5

1

2 G0 :;

F.

I>"

3 52

Mills.

Massachussetts Our Level Best

Toamasina Kelilambana,

o 25

13 30

Cabot

Leyman

20

20

:

yards yards Bangor A, 30 yards D° F. 40 yards Bennington F

Antarctic,

19 50

faut encore citer avec plus de détails,

au marché,

o 05

Divers.

considérables de transport

Francs.

io

22 50

:

Farine européenne, les 50 Kilogr Toiles écrues, les Toiles écrues, les

o S0 41 05

pièces

frais

15

I

o 90

» »

3 73

V

30 50

en piastres (de 5 francs) et en centièmes de piastre.


VOYAGE A MADAGASCAR.

62 L'industrie les

la

femmes qui

plus importante de Tananarive est

Avec de

font ce travail.

la

soie

lamba de luxe qui atteignent souvent un prix

fabrication des lamba de soie ou de coton.

la

du pays ou de provenance étrangère,

fort élevé, plusieurs centaines

Ce sont

elles lissent

des

de francs. Ces lamba sont

rayés de couleurs vives, où un violet criard prédomine malheureusement trop souvent. Des dessins

habilement

de manière

lissés,

paraître des

à

deux côtés de

représentent des fleurs, des feuilles,

l'étoffe,

des motifs divers.

Avec du coton obtenu en

des calicots d'importation cm fabrique des lamba moins coûteux.

effilant

de nombreux genres de lamba. Parmi les principaux, citons

rouge sombre avec bordures noires:

lamba-piraka

le

esl

le

:

lamba-mena en soie indigène,

Une

servent aussi à envelopper les morts.

ils

fond de cotonnade blanche traversée de bandes noires,

Quelques-uns de ces lamba de soie ou de colon, réelle,

mais aujourd'hui

donné peu

à

peu

portée

dans

nommée

variété

tissu d'un

grandes cérémonies

les

arindrano, qui présente un

plus souvent par

le

la classe

bourgeoise.

modèles anciens, ont une valeur

lissés d'après îles

désireux de vendre leurs produits aux Européens de passage ont aban-

les artistes

anciennes modes pour imiter

les

est

existe

analogue, mais ses extrémités sont semées de

petites perles d'un alliage' d'argent oud'étain; ces vêtements sont portés

nationales,

Il

papiers peints

les

surcharger leurs soieries de

et

dessins d'un goût douteux.

Dans

les

autres industries,

sont nombreuses, puisque tous les corps de métiers y sont repré-

et elles

une production originale. Ainsi des objets d'or

sentés, on chercherait vainement

d'argent travaillés

et

avec patience parles indigènes, des broches, des boucles d'oreilles, des bracelets, des chaînes, ne sont

que des imitations de nos bijoux d'Occident. L'Antimerina lui

lion a subi des

que

l'influence des étrangers l'aspect général de la ville s'est modifié, la popula-

changements

de cette évolution a été

la

dans ses habitudes extérieures. Là encore,

corrélatifs

faculté d'imitation

sa richesse, l'habitant se fera construire

voudra vivre ira

les professions

ont enseignées les blancs.

En même temps que sous •

devenu habile dans

esl

comme

la

capitale

de forme, redingote

costumes

les et

une maison

comme

celle

et

cause principale

la

haut degré. Suivant

si

du vazaha (du blanc, de

cherchera à prendre au moins l'apparence de ses

lui.

dans ses temples ou dans ses églises

rues de

que possède l'Antimerina à un

mœurs

l'étranger),

de ses coutumes,

et

surtout adoptera son vêtement. Aussi peut-on voir dans les

les plus variés.

Les riches sont mis avec recherche, chapeau haut

pantalon noirs, cravate voyante, bottines vernies; quelques-uns portent de préfé-

rence un complet de haute fantaisie. Chez les bourgeois moins fortunés, ces vêlements européens perdent graduellement leurs parties constituantes. gilet.

L'indigène conserve

tient

alors à la petite noblesse ou

marquée pour

le

le

sous avec une sorte de robe de chambre en

la

manque généralement

veste il

se drape

dans

le

et

les souliers

flanelle à

toile; certains

de

grands carreaux. Enfin, dans

peuvent s'acheter des chaussures ont

chemise de couleur. Les borizana eux-mêmes portent

saraka. Seuls, au milieu de toute celle population, les soldats

quelques esclaves attachés à

la

Les femmes recherchent aussi tées oui restreint le

le

culture des rizières portent

le

et

pour

les

vrai

modes européennes; mais

les

dans

la

bourgeoisie, les

de luxe, se remarquent fréquemment. L'usage du corset .Mais c'est

aux jours de

fêtes

cl

dans

vêlements des vazaha. Je

qui sortait du temple où

le

du cortège,

la

le lilanjana

de

il

le

appar-

les

me

peuple, les artisans

transformation

paille, et

sur

la

côte belsimi-

parties reculées de l'Imcrina

costume antimerina.

les prix élevés

certaines

robes de soie,

commence

le

des-

pantalon de laine ou tout au

chapeau de

amenés des

le

nombre des élégantes de Tananarive. Cependant

ont des toilettes tapageuses,

première, puis

mondains cachent ces

première du costume malgache, apporté depuis longtemps déjà à Tananarive

et

la

lamba traditionnel;

au monde commerçant. La jeunesse des écoles a une prédilection

caleçon, les bas de laine

et les petits propriétaires qui ne

moins

La

pantalon, les brodequins, et

les

des confections impor-

dames de

la

haute noblesse

chapeaux voyants,

à se répandre

dans

la

les souliers

grande société.

cérémonies qu'on observe surtout ce goût du riche Antimerina

rappelle avoir rencontré dans la rue

pasteur venait de donner

la

d'Ambatovinaky une noce

bénédiction nuptiale aux jeunes époux.

mariée, qui, parée d'une élégante robe de salin blanc

et

En

tète

coiffée à l'euro-

.


MONTÉE, DE TANIMANDRY A TANANARIVE.

LA

63

pèenne, portait une chaste couronne d'oranger! Son noble époux

la sui-

un

vait on frac,

cravate blanche,

bouquet à

boutonnière, puis

la

famille et de

mis à

nombreux

dernière

la

sent pas

('-lé

sur

et

qui n'eus-

déplacés sur nos boule-

vards parisiens Je

mode

'.

pas davantage

ne m'étendrai

habitudes extérieures de

les

bitant de Tahanarive.

a conservé

la

invités; tous

l'ha-

Sans doute,

quelques-unes des

il

an-

ciennes coutumes de ses pères, mais

sont

elles

dehors factices

nous

et

des

sous

dissimulées

retrouve-

les

rons plus apparentes chez les popu-

des campagnes en parcou-

lations rant

la

province de

11

merina.

Jusqu'à ces dernières années

ment européen

surtout

était

l'élé-

repré-

senté à Tananarive par les missions religieuses.

Des pasteurs anglais

établirent les premiers vers

au

convertirent

les

1H20, y

protestantisme

la

population

et

majeure partie de aujourd'hui

s'y

la

cultes

des églises E

indépendantes méthodistes

cl

canes sont célébrés dans de beaux temples où se pressenl des

missi

laires

les

français,

1*.

I!.

leur cause une forte minorité.

rallié à

des établissements

chrétiennes

importants où

les aident

I

M, AN

I

ES

!•!

I

A\

W \IIIV

I

.

angli-

Jésuites vinrent enseigner Ils

possèdent

des sœurs de

dans leur tâche

nombreux adepte-. Plus

>\<-

difficile.

à

le

catholicisme

Tananarive une

el

des

dans

les principes

du christianisme,

à leur manière,

qu'ils professent

en 185a ils

ont

des églises,

Frères des écoles

personnel des missions a été augmenté

le

par des pasteurs luthériens venus de Norvège. De sorte qu'à l'heure actuelle tous instruits

depuis

jolie cathédrale,

Saint-Joseph de Clunj

Enfin, en L866,

et

lard

les

habitants soid

comme nous

le

verrons

ultérieurement.

Cependant l'évangélisation

n'a

pas été

la

seule préoccupation des missionnaires ; sous leur influence,

d'immenses progrès ont été accomplis, l'instruction surtout y s'élever et

autour

île l'église et

du temple de nombreuses écoles où

aussi des collèges où se forment les instituteurs indigènes;

anglaise

et

a

d'Ambobipo des H.

1\ Jésuites.

De

plus, les

gagné. Au — voyons-nous dans

la

ville

i

se distribue

comme

une instruction élémentaire

ceux de Faravohitra de

la

mission

besoins de l'enseignement amenèrent les mis-

sionnaires à créer dans leurs maisons des industries telles qu'imprimerie, menuiserie, forge où leurs élèves puisèrent les notions d'une instruction technique variée. Enfin des établissements charitables furent ouverts, entre autres l'hôpital anglais d'Analakely

construites par les Pères

à

quelques kilomètres

à l'est

de

cl

la

les

maisons de refuge pour

ville.

les lépreux,

Toutes ces sociétés religieuses ont

Leur altitude pleine de 1. La vérité m'oblige à dire que ces riches AnUmerina y seraient quelque peu remarqués. Suffisance, leur pose, leur maintien sont d'un ridicule achevé: malgré leur orgueil à se parer de nos habits de cérémonie, ces primitifs ne se dépouilleront jamais pour un observateur exercé de leur port simiesque qui, malgré leurs efforts, les dénonce partout.


VOYAGE

64

MADAGASCAR.

A

des postes secondaires dans la province de l'Imerina et du Betsileo

dans d'antres

el

territoires,

même

sur les côtes les plus lointaines, où, dès loiO, des tentatives avaient été faites par des prêtres catholiques.

Pendant que part

les

missionnaires répandaient #insi chez lesAnlimerina l'instruction et les initiaient d'autre

aux principales

industries, ils contribuaient dans une large mesure à étendre les connaissances que nous possédions sur Madagascar. Les règles encore mal assises de la langue antimerina étaient étudiées dans des ouvrages importants, comme les dictionnaires du P. Abinal el du R. Richardson. De son côté,

géographie s'augmentait de leurs travaux

la

et

en

même temps

que

des provinces centrales, des pasteurs protestants parcouraient R. R. Richardson

lo

P. Roblet faisait avec soin la carie

le

notamment dans

pays,

le

sud où

Nilsendlund traversaient des régions jusque-là inexplorées. Des légendes

el

et

les

des

traditions étaient aussi recueillies par le P. Callet et maintenant encore la mission anglaise publie dans

une revue annuelle des d'arriver à Tananarive

pour l'élément

^ oilà

articles scientifiques intéressants et variés. Enfin

pour y diriger un observatoire appelé à rendre religieux.

Quant

un

jésuite, le P. Collin, vient

les plus

grands services.

à la colonie laïque étrangère, qui ne se composait autrefois

que

des consuls ou

quelques officiers et ingénieurs employés par le gouvernement antimerina, elle est devenue assez importante dans ces dernières années, car elle compte environ deux cents individus dont plus des deux tiers sont Français. Il est vrai que celte augmentation est due en grande partie au per-

sonnel de la Résidence de France, aux services qui y sont rattachés, et surtout à la garde d'honneur du résident général, composée d'une soixantaine d'hommes d'infanterie de marine seules troupes que les traités nous permettent d'entretenir à Madagascar en dehors de nos territoires coloniaux, Nosy.-Bé, ;

Sainte-Marie

et

Diego-Suarez.

Les autres Européens établis dans

deTamalave. les

Ils

mains de quelques créoles de Maurice

et

C'est dans le quartier d'Ambohitsorohilra,

On

résidence générale.

la

vaste terrain loué par

destinées aux bureaux

de

la

Réunion

comme

cl

et

font

gros commerce;

le

je l'ai dit plus haut, la

premier ministre au gouvernement français

partie de

que

s'élèvent les bâtiments de

grande rue du Zoma. Sur un les

maisons s'étagent en

trois

plate-forme supérieure est occupée par deux maisons en briques

la

aux logements des fonctionnaires. Le résident général habile provisoirement

et

de l'ouest en attendant

la

construction prochaine de l'hôtel qui

lui est

destiné et qui doit s'élever

en avant de ces deux bâtiments. La deuxième terrasse est une cour servant de

Leur caserne y

soldats de l'escorte.

entre

le détail est

des marchands indigènes.

y accède par une ruelle qui se détache de

le

Lue

gradins successifs.

celle

sont presque tous des représentants des grandes maisons

la capitale

ont des magasins assez bien approvisionnés

réservé aux maisons des officiers

el

champ de manœuvre aux

est construite sur l'un des côtés. Enfin le terrain en contre-bas est

des interprètes français et aux jardins qui s'étendenl jusqu'au lac

d'Anosy.

Le

1

er

avril, j'étais

présenté au premier ministre par M. Le Myre de Vilers, qui après

but de notre mission

le

pour

la

première

nalité de

lui

dans

fois

demandait de favoriser nos voyages dans palais

le

Ràinilaiarivony, premier minisire

homme

liers,

et

son

reine

cl

me

l'île.

Celle audience

mettait aussi en présence de

avoir expliqué

me

faisait entrer

plus grande person-

la

Madagascar.

Ranavalo Manjaka

un

île la

lui

III,

il

exerce

le

cl

commandant en

foncé

cl ses

Sa Majesté

pouvoir suprême depuis plus de vingt-sept ans. Rainilaiarivony est

d'une soixantaine d'années, de

teint

chef, est de parla loi l'époux obligé de

taille

peu élevée

cl

d'apparence délicate; ses

traits sont

régu-

cheveux ondulés attestent son origine bourgeoise. Sous des dehors modestes

sous une apparente bonhomie

tout

lona

il cache un espril souple el délié, une fourberie peu commune et surune volonté inébranlable. Depuis 1864 il a vu se succéder au trône les reines Rasoherina, Ranava-

II el

conserver

Ranavalona la

III et

cependant, par une politique extrêmement habile

cl

loul asiatique,

il

a su

toute-puissance.

C est dans L ensemble mètres de côté

le

Tranovola,

la

deuxième conslruclion du rova

que me reçut

royal,

le

premier ministre.

des bâtiments royaux est groupé sur une terrasse à peu près carrée d'une centaine de et

soutenue par une muraille maçonnée, sur laquelle un

petit

mur

à

hauteur d'appui

sert


LA MONTÉE, DE TANIMANDRY A TANANARIVE. de clôture. Dans

le

prolongement de

grande rue

la

à la porte principale du rova. Cette entrée est hery de bronze

au-dessous de l'oiseau royal

;

du coté du nord, on

et

arrive par

un portique flanqué de colonnes dans

est encastré

la

et

un grand

pierre

65

une dizaine de marches

surmonté d'un voronma-

miroir.

Quelques soldats

défendent l'accès du rova; ces troupes du palais ne sont guère supérieures aux soldats loqueteux que rencontre dans

l'on

vieilles

autres postes de

les

Après avoir franchi

du grand

I

er

sans

ainsi le veut la

de grosses som-

el

son! enfouis au-dessous dans

Le grand palais de -Manjakamiadana le

dans

fenêtres,

ni

des vêtements pour

el

l'usagedu mort. Des objets précieux

M. Laborde sous

Trano-

Rasoherina,

de

el

portes

lesquelles on a déposé des vivres

mes d'argent

le

Manjakamiadana.

des massifs de maçonnerie surmontés

maisons

petites

gauche,

à

;

de Rasoherina, puis

faut se découvrir

il

— sont

tradition,

et

palais de

Radama

Les tombeaux de devant Lesquels

I

er

'.

une cour assez

porte, on pénètre dans

la

tombeaux de Radama

vola, en face

de

ne s'en distinguent que par leurs uniformes bizarres,

et

peu près, de gros blocs de granit

vaste, pavée, à les

la ville,

tenues d'Europe où dominent les vestes rouges

construit par

fui

règne de Ranavalona

caveau.

le

I

r0

Cel édifice

.

mesure 35 mètres de long sur une largeur un peu moindre

Le

une élévation d'une quarantaine de mètres.

et

toit, très

hauteur

plus des d<'u\ cinquièmes de

rapide, a

Le palais

totale.

ipreml

,

trois étages,

entourés de galeries, qui sont formées de sepl avec arches cintrées sur pel

il

tes

.

Quatre

en pierre ainsi (pie <

la

aux angles.

(

îonsl

le

mi-

muraille extérieure, elles sont

le revêtement

demaçoi

a fait perdre

rie

bâtiment son cachet primitif. Le vieux palais,

à l'ancien

entièrement édifié en bois,

effet,

travées

grand côté, de cinq sur

tours carrés s'élèvenl

dédale récente.

en

le

la

tous

est

remarquable par

les

dimensions colossales des diverses pièces de charpentes, presque RA1NIMANANADE.

toutes d'un

morceau, dont

il

est

composé.

énorme pour amener au sommel de sur chaque face

il

est

et

fallu

un

colline ces bois

peu nombreuses

immense

milieu du palais un

pilier,

;

elles

travail

volumineux. el

Un

élevé recouvre l'édifice;

toil

surmonté d'un uoronmahery gigantesque.

se distinguent

difficilement derrière les vérandas.

traversant tous les étages, s'élance jusqu'au faite, qu'il sou-

après avoir pris son point d'appui dans une grande salle du rez-de-chaussée où, tous

lient

célèbre

le

Fandroana,

la

la l'ait

du bain de

fête

près d'un mètre de diamètre

et

qui occupe

la

le

reine. Celle

centre de

la

les ans,

se

énorme colonne de soutien, qui doit avoir une boiserie qui

pièce, est dissimulée derrière

paraître encore plus volumineuse.

Le Tranovola, son

a

orné de trois étages de mansardes

Les fenêtres sont petites

Au

la

11

nom

à

«

Maison d'argent

»,

fui

construil pour le prince Rakoto,

une ancienne maison royale qui avait

le

même emplacement

et

étaient en argent. Le Tranovola, quoique dans des proportions réduites,

Manjakamiadana;

il

n'a

que

*\c\\\

fils

de Ranavalona

dont est

donne

ses audiences

dans

la

er .

Il

doit

les clous cl les serrures

absolument analogue au

étages. Mais son architecture esl plus soignée,

originalité première. Rainilaiarivony

I

il

a conservé son

vaste salle du rez-de-chaussée. Cette

les Antimerina sont bien tiers de ces . gardes de la Reine », malheureux en guenilles la plupart du temps revêtent les jours de grande cérémonie de vieux uniformes anglais étrangement disparates. Ces soldats qui sont 200 à peine sont appelés les Invincibles'. Sur le papier et dans les discours ils sont plus de HO 000. 1.

Cependant

et qui


VOYAGE A MADAGASCAR.

60 pièce, élevée

<1p

plafond, est étrangement meublée.

A

gauche de

réservés au premier ministre et à ses secrétaires'; dans rité,

apparaissent les objets les plus curieux

:

le reste

la porte,

de

une table

et

quelques fauteuils

plongé dans une demi-obscu-

la salle,

sur des tables ou des consoles, des pendules, des vases de

des orgues de Barbarie, des boites à musique, des jouets mécaniques. Les murs, peints en

Sevrés,

haut de couleurs sombres, tapissés en bas d'un papier reproduisant

maréchal Bugeaud

et

des épisodes de

campagnes d'Afrique du

les

guerre de Crimée, sont ornés de glaces, dans

la

les intervalles

desquelles les portraits de la reine Victoria, de Napoléon III et de l'impératrice Eugénie s'étalent à côté

de nombreuses lithographies coloriées.

A

l'est

récente

du grand

palais et derrière le Tranovola se trouve

c'est le palais

:

la

architecture malgache, est mieux disposé sous

rien l'ancienne voisins, et

de Masoandro,

une maison de pierre de construction plus

résidence de Ranavalona

l'ameublement plus moderne

est de meilleur goût.

palais, plusieurs petites constructions; ce sont des

sous les règnes précédents, soit

pour abriter

les

III.

le

Ce bâtiment, qui ne rappelle en

rapport du confort que les édifices

On remarque

tombeaux des anciens

idoles,

soit

pour loger

encore, au sud des grands

ou quelques cases bâties

rois

le

un

souverain, qui, suivant

ancien usage, tenait à faire construire sa propre demeure dans l'enceinte du rova. Enfin, du côté oriental, sont les jardins, et vers le

sud

la

chapelle de

la reine.

Quelques jours après notre arrivée à Tananarive, nous avions loué, non

maison modeste mais assez confortable, où nous pouvions nous variées.

Le

propriétaire,

un

vieil

Anlimerina

livrer

nommé Rainimananabe,

loin

de

la

résidence, une

librement à nos occupations

avait consenti,

moyennant 10

pias-

tres par mois, à nous louer son immeuble.

Le temps passait

vite.

Des promenades multipliées dans

la ville et

dans

les

environs occupaient tous

nos instants.

Pour

étrangers ces

les

vérité n'est pas ruineux.

un

loso (2 fr. 30)

besoins

et

nombreux déplacements

pour sa nourriture mensuelle,

un personnel considérable, mais qui à

reçoit par

la

mois 10 francs auxquels on ajoute

et celle solde suffit à l'indigène

pour pourvoira tousses

entretenir son ménage.

Cependant

avril

commence dans

louche à sa

fin.

la capitale le

C'est par

Les pluies

et les

orages ont diminué de fréquence. La saison sèche

ces hautes régions, aussi nous préparons-nous à partir.

Rainivoavy nous a rassemblé quittons

nécessitent

Car à Tananarive un borizana

cinquante-quatre porteurs, et avec notre fidèle Jean Boto nous

29 avril pour aller visiter

la

province de l'Imerina.

une reconnaissance préalable du pays des Anlimerina que nous voulons commencer nos

voyages à Madagascar.

MAISONS DU LAC ANOSY.


UN

FANA AOVANA. 1

CHAPITRE

III

Passage de Vnkisatra. Le massif de l'Ankaratra. province de l'Imerina.— Aspect général.— Ankadivavala. Hameau de Habitants du Vakinankaratra oriental. Tsinjoarivo. - Un fanalaovana. Sarobaratra. Les Vallée de l'Amboavato. Antsirabe. Le Vontovorona. Soandrarina. Les Vazimba. Bemasoandro. Lac. du légende Tritriva. La de volcan Le Village d'Isandra. Arabohiponana. pierres lèvres.

.,-,

l'Onive.

-

A province de l'Imerina ou Ankova donl

la

partie

méridionale

esl

prend loul

c

occupée par

le

nord du massif central de

la tribu des Betsileo.

l'île

Le pays des Anti-

précises, on merina, divisé en dix gouvernements politiques, n'a pas de limites très su population à peut cependant évaluer sa superficie à 25 000 kilomètres carrés el

un million d'habitants.

Le

sol

de l'Imerina

région des n'est

esl

élrangemenl

mouvementé

el

la

dénomination

de

contrée hauts plateaux par laquelle on désigne quelquefois cette les espaces plais sont quoique consacrée par l'usage,

pas très

exacte—

rares au milieu de ce terrain accidenté.

eaux, que nous avons traversée

à

En

effet

la

grande chaîne de partage des

Ankeramadinika

el

qui à celle hauteur limite

sa direction génél'Imerina du côté de l'Orient, vient plus au sud, abandonnant rale,

pénétrer dans

plus hauts

et

province

sommets de Madagascar. De

là.

el

y

former

les

monts Ankaratra,

celle ligne de faîte revient peu à la

le

les

nombreux

D'innombrables ruisseaux prennent les

la

les

peu

région est

sud de l'Ankova reprendre son orientation primitive. Ainsi secondaires soulevée par les plus hautes montagnes de l'île et par les chaînons vers

FEMME PORTANT SON ENFANT.

centre de

le

contreforts qui s'en détachent dans toutes les directions. naissance dans ce pays montagneux. Les uns vont devenir

grands fleuves du versant occidental,

les

autres se jettent dans

le

Mangoro,

tributaire de la

mer

des Indes.

Malgréé cette richesse en eaux vives,

la

parfois. végétation de l'Imerina esl loin d'être luxuriante. Si,


VOYAGE A MADAGASCAR.

68

en plongeant dans

par

les vallées, l'œil est réjoui

de l'industrie humaine,

il

que

n'a plus devant lui

coteaux couverts d'une herbe courte

spectacle d'une fécondité due à l'intervention

le

l'aridité et

la

que percent çà

et rare

quand

désolation

relève sur les

se

il

Peu souvent

des blocs de granité.

et là

quelques chétifs buissons enfoncent leurs racines dans ce sol lavé par

pluies et privé de

les

terre

végétale; on ne voit pas un arbre à plusieurs kilomètres à la ronde.

Tel est

général

l'aspect

du pays des Antimerina. En

caractéristiques de ces régions active

et

Dans

l'étal

:

le

parcourant, nous verrons que

les

spontanée, sont plus fréquemment exagérées qu'amoindries.

la

journée du 29 avril une petite étape nous avait conduits, en dehors des environs immédiats

de Tananarivc, au village d'Ambohimana. Le 30, au matin, nous nous mettons en route dans tion des

deux

bouleversé du terrain et l'absence presque totale de végétation

monts de l'Ankaralra

et à la

tombée de

la

la direc-

nuit nous arrivions aux pieds des hauts sommets,

au hameau d'Ankadivavala.

Nous sommes

dans une contrée presque déserte qui contraste vivement avec

nous avons traversé en quittant Tananarivc. De

loin

et misérables, est le plus

gros village

région.

La case de tous

moins exiguë,

la

dont nous prenons possession,

celle

indigènes qui viennent en

les

croyances,

nous demander par

el

foule protester

suite force

lui

permettre de sonner

la

Cela nous vaut la visite

est l'église.

de leurs bons sentiments, de leurs

cadeaux pour soutenir leur

sans peine, surtout un jeune néophyte qui, chargé d'appeler

pour

pays peuplé que

en loin on aperçoit sur les mamelons dénudés

quelques huiles d'argile. Ankadivavala, avec ses huit maisons sales île la

le

Nous

foi.

Dans

la

s'il

était l'heure

mes compagnons

formé au centre de

est

s'est

',

vengé en venant

de tinter l'angélus.

étudiaient dans les environs la faune

ne paraissaient leur promettre qu'une récolte peu abondante,

Le massif de l'Ankaralra

une montre

cloche aux heures convenables. Débarrassés de tous ces mendiants

demander avant l'aube

journée, pendant que

fermes

renvoyons, non

les fidèles à la prière, voulait

nous pouvons enfin prendre quelque repos, de courte durée, hélas! Le sonneur plusieurs fois nous

les

j'allais visiter la

l'Iinerina,

comme

je

et la flore

qui

montagne.

l'ai

dit

plus haut, par une

incurvation vers l'ouest de la ligne de partage des eaux. Ces sommets élevés de 2 000 à 2 700 mètres sont

échelonnés du nord au sud sur une longueur d'environ 50 kilomètres. Séparés par des vallées peu profondes,

ils

ont l'apparence de ballons;

émergences rocheuses sont

rares,

si

les

pentes argileuses et peu rapides sont gazonnées, les

ce n'est sur les plus hautes cimes. Aussi ces monts, les plus

élevés de Madagascar, qui s'étagenl peu à peu au-dessus des collines, déjà d'une altitude considérable (1

G00 mètres, en moyenne), du pays des Antimerina, n'ont pas l'aspect imposant des monts rocheux

et

des mornes déchiquetés qui surgissent dans les plaines du sud Betsilco. La structure géologique du

massif de l'Ankaratra apparaît difficilement sous l'épaisse couche d'argile qui recouvre toute trée.

Aux

pieds des monts,

le

la

con-

gneiss fondamental est traversé en maints endroits par des éruptions

granitiques, sur les flancs ce sont des coulées de basaltes, de roches trachytiques formant principa-

lement

Le

les crêtes et les

soir, je

regagnais

pas été vaincs.

Ils

cimes élevées. le village

je trouvais

mes compagnons. Leurs

patientes recherches n'avaient

rapportaient une gerbe de fleurs, échantillons modestes et rares de

la

végétation her-

bacée de l'Ankaratra.

Rainivoavy

sommet de

me

présente deux guides qui nous conduiront demain sur

l'Ankaralra. Ces indigènes consentent à nous

graisse de porc, ni oignons. Ainsi

ni

le

veut

affreux malheurs le mortel assez téméraire

pas s'exposer à ces châtiments terribles

1.

accompagner

coutume. Le dieu de

si

la

Tsiafajavona,

montagne

contentent de notre parole,

vis-à-vis

du

civilisé.

le

plus haut

nous promettons de n'emporter

pour enfreindre cette défense. Aussi

et, s'ils se

Le primitif est toujours quelque peu mendiant

attribut des races inférieures.

la

le

ils

les

frapperait des plus

guides ne veulent

obligent nos porteurs

L'Anlimeiina possède au plus haut point cet


VOYAGES DAXS L'IMERIXA. à

une lessive générale de leurs vêtements qui pourraient

l'aire

passent donc une partie de larhba blancs,

ils

nuil

la

à

celle

être

besogne;

le

maculés de graisse. Les hommes

lendemain malin, drapés dans leurs

apparaissent superbes parmi les habitants sales el déguenillés d'Ankadivavala. Ces

Antimerina ne vont pas souvenl sur

La matinée

occupés

69

esl fraîche et

le

Tsiafaj'avona.

brumeuse,

premières heures du jour dans

-+-

11°.

Les Lasses températures «pie

régions élevées du centre de

les

l'île

gènes. Insuffisamment protégés par des vêlements de toile ou de colonnade,

VILLAGE DES

du

froid el se

ENVIRONS

maudite par

Elle est liés

les

hommes à

les

brouillards de

gazonné,

il

Ici

ravins sans issues, l'as les

la

(1

du brouillard,

nuages.

le

à

une

série interminable de

brume des formes

un oiseau, pas un

faite

saison sèche.

sommets de l'Ankaratra un

montées

Il

faut

cl

la

cime en

et

piédestal

de descentes. Le brouillard

un chétif aloès

croit sur

un

est

lerlre

étranges. Quelques flaques d'eau croupissent dans des

insecte, nul bruit les

dans ces solitudes. Mais nous avons franchi versants des grands monts.

de l'Ambohijamba se découpe tout à

En quelques minutes,

la

750 mètres). Gravissant pendant deux heures des rampes

mamelons rapprochés, nous atteignons maintenant

sortir

ne peuvent se garantir

peu sur les premiers épaulements du massif, puis nous trouvons sur

l'herbe est jaunie par les premiers froids, çà

prend dans

ils

Les guides s'étonnent de notre curiosité.

ln^is.

notre roule les arêtes des contreforts qui constituent aux grands

gigantesque, ce qui nous oblige

devenu intense.

les

qui grelottent dans leurs lamba humides.

l'aube nous quittons Ankadivavala

douces, nous nous élevons peu

le

observe pendant

DE TANANARIVE.

renferment dans leurs maisons pour éviter

des circonstances graves pour leur faire quitter

l'on

sont mal supportées par les indi-

esl atteinte

(2160 m.),

il

A

10 heures, au

coup devant nous dans un

ciel

sans

ne nous reste plus qu'à contourner


VOYAGE

70

Tsiafakafo pour aborder enfin

le

un (2

rampe plus rapide qui nous mènera sur le Tsiafajavona. Encore Nous sommes au sommet

la

sur les roches glissantes qui apparaissent maintenant par places.

effort

640 m.);

il

est 12

heures 30. La vue devrait s'étendre fort loin de l'endroit où nous sommes,

nom

géant de l'Ankaratra, ainsi que son

perdu dans petits

MADAGASCAR.

A

la

brume. Sur nos

tètes,

un

pour

l'indique, n'avait pas,

soleil

nuages blancs, qui se pelotonnent

et

radieux; à nos pieds,

gens de

les

cùnc émerge du brouillard

le

s'accrochent aux flancs de

si le

son sommet

la plaine,

et des

montagne, dérobent à nos

la

regards les cimes avoisinanles. Cependant, vers l'ouest, à travers une déchirure de ce voile nuageux,

nous voyons

amas de

au

scintiller

nappe argentée du

loin la

nous supplier de n'en rien

lac Ilasy.

Avant de quitter

Les tombeaux des Vazimba sont fady,

faire.

est

il

Tsiafajavona, deux

le

nous voulons nous en approcher, mais

pierres attirent notre attention,

les

guides viennent

défendu d'y toucher

et

personne ne veut nous renseigner sur leur origine.

Le mot fady joue un grand frappé d'interdit

;

Madagascar;

rôle à

il

détermine ce qui

est sacré,

défendu, inviolable ou

ce qualificatif, absolument analogue au tabou des Océaniens, s'applique aussi bien aux

personnes qu'aux choses; soit à tout jamais, est

bon ou mauvais,

une

loi

du royaume,

au contraire pour un temps

soit

est

Selon que

limité.

le

fady

bénéficie d'un caractère sacré, n'est pas astreint à

l'individu qui en est frappé

exempt de certaines obligations ou bien au contraire voit toujours peser sur

lui

une destinée malheureuse, reste soumis toute sa vie à une pénible tâche ou doit supporter dans l'avenir une privation quelconque.

C'est le fady originel;

une puissance divine qui dans une révélation les rois

ou

les chefs

de tribu, qui usent

il

peut être aussi accidentel. Prononcé alors, soit par

fortuite

fort

ou provoquée

fera connaître sa volonté, soit par

adroitement de ce moyen pratique

et

commode de gou-

verner leurs sujets'.

Le

3 mai,

nous quittons

le village

d'Ankadivavala

marchant vers

et

de l'Ankaratra. Les mamelons s'élargissent, leurs sommets aplatis

et

de

le

sud nous longeons

même

les flancs

élévation semblent former

devant nous un plateau continu où l'herbe jaunie ondoie au gré du vent. Apparence trompeuse;

maintes

fois

des ravins s'ouvrent sous nos pas.

dans une fondrière loin

une maison

11

faut descendre

remonter par un versant abrupt sur

et

isolée abrite les gardiens des

Les cultures sont rares, des champs de maïs

le

un escarpement

rapide, s'embourber

coteau suivant. Pas un village. De loin en

troupeaux de bœufs que nous rencontrons quelquefois.

et

de manioc, peu de

rizières,

cependant dans

les vallons

abrités, plusieurs chenevières.

Le chanvre

est cultivé

dans

régions élevées

les

(1

500 à 2000 m.) qui environnent l'Ankaratra, prin-

cipalement au nord et à l'ouest du massif montagneux, parties abritées des grands vents du sud-est. La plante textile, récoltée avant la les fibres à la

l'opération.

fin

de

la

saison des pluies, est décortiquée en cassant

main sans rouissage préalable; parfois

Le procédé malgache du

est des plus primitifs

:

il

bien au chanvre qu'à

consiste à tordre les fibres en les frottant de

comme

la soie, le

coton,

le

fil

la

main sur

fil

court

et

plein de rugosités.

Le

nouer fil

les fibres

le

fil

la cuisse.

Pour

le

chanvre

tordues les unes au bout des autres,

au coton,

Lorsque

les

il

et le

raphia,

obtient un

de chanvre ainsi préparé est souvent blanchi par une coction pro-

longée avec des cendres de roseaux ou avec une bouillie de farine de

avec

la soie,

obtenu est enroulé sur un fuseau,

ampela, simple baguette traversant près de son extrémité un disque de bois. l'ouvrier se contente souvent de

en tirant

indigènes font bouillir les brins pour faciliter

les

filage, qui s'applique aussi

brins se lient facilement par la torsion

la tige et

de chanvre on confectionne

les

lambarongony

,

riz.

Du

tissu grossier ainsi fabriqué

vêlements presque exclusifs des populations

1. Il est à remarquer on effet combien souvent, à Madagascar, les roitelets et les chefs des différentes tribus usent et abusent du feubj aussi bien contre leurs sujets que contre les étrangers. Les Antimerina sont absolument prodigues de ce systemo administratif venant en maintes circonstances paralyser les efforts de tout étranger qui tente d'introduire chez ces primitifs un perfectionnement quelconque. Le fady est là, il ne faut l'enfreindre, mieux vaut laisser les choses en état. On comprend sans peine qu'avec un pareil état de choses, tout effort, toute tentative faite par un étranger, qui ne plaît pas au gouvernement antimerina, doive échouer misérablement. La superstition des indigènes est plus puissante que tous les raisonnements, elle résiste à toutes les pressions, la force seule peut en triompher.

:


VOYAGES DANS L'IMERINA. Un

pauvres de l'Imerina.

Au hameau

d'Andraraty, nous quittons

Là, les collines

sont moins

m. 30, long du double, vaut environ

1

une ouvrière assidue un mois de

son tissage a nécessité à

(3 fr. 15),

o-oro.

lambarongony large de

le

"1

trois kirobo

travail.

versant occidental pour descendre dans

de petites rivières, irriguent dans les bas-fonds quelques champs de

le

bassin du Man-

devenus maintenant

larges, les vallées plus spacieuses; les ruisselets,

sur les hauteurs on distingue

riz;

des habitations.

Le

mai, nous arrivons à Ankisatra, village situé dans une plaine ondulée où coule

i

l'Onive; avec ses vingt maisons,

Le chef du pays, un «

un des centres

c'est

vieux tremblotant, vient nous souhaiter

petit

Manao abonna hianareo, tompoko e? Comment

— Traranlitra tompoko — Aza

Ne

marofy.

Toute une

Parvenez à

e.

plus importants de

les

messieurs.

»

de locutions aussi nombreuses que variées, employées en pareil cas.

série

ensuite un long discours pour nous annoncer ses cadeaux. rêter

dans son

village,

veut leur prouver son amitié. Ce

pour obéir aux ordres de aussi

pour montrer son

davantage, car

affirmative,

il

a

Reine

ses lionnes dispositions

comme

nous raconte sa

Boto

à fait

aux vazaha.

11

grandement

les

choses.

On

il

nous présente sa

mais

c'est

ses avances,

apporte un cochon de belle

famille, ses

cadeaux arrivent. Le

très long. Enfin les

nous saurions reconnaître convenablement

si

serviteur,

s'ar-

d'abord

c'est

s'excuse de ue pouvoir donner

de grands chefs. Fuis vie. C'est

généreusement

si

que l'humble

n'esl

il

commence

11

heureux de voir des étrangers

est

Il

qu'il leur offre

du premier ministre dont

et

et

ses serviteurs et

demandé

vieux a

la

plaisir

voudrait traiter ses hôtes

il

aides de camp,

:

allez-vous, messieurs?

la vieillesse,

soyez pas malades.

bienvenue

la

de

la rivière

du Vakinankaratra.

l'est

sur sa réponse

et

taille, trois

poules

et

un

panier d'écrevisses de l'Ankaratra.

Alors «

je

répète les petites formules d'usage en terminant par

:

Misaotra anareo tompokolahy. Nous vous remercions, monsieur.

coutume

C'est la

encore

la

et

en

il

est

A son

ainsi.

arrivée dans un village,

le

forme, toujours

la

cadeaux accompagnés d'une allocution variable pour échanges mutuels sont surtout

c'est

on

très

la

fréquents dans l'Imerina

et

voyageur

même

au Betsileo;

recuit

quelques

quant au fond. Ces on n'attend plus

les

vous arrête sur la roule.

La plus grande case du

village

nous

celles que l'on trouve dans l'Imerina

est et

indigènes des matériaux précieux pour

Une maison anlimerina

la

le

réservée, elle est construite en argile

Le

Betsileo.

ménagées sur

fenêtre sont

superposées

:

l'une éclaire la plus grande pièce

L'escalier de terre par lequel suite de la faible soit

face occidentale; sur

la

résistance

on accède

le

grand côté

le

presque toutes

est

du rez-de-chaussée,

à l'étage a des

orienté nord et sud, elle et

un grenier.

Une

marches

l'autre

donne du jour au grenier.

très élevées, c'est il

est

composé;

il

un

est

de six mètres,

grenier, la hauteur totale de la

la

largeur de quatre; on

par

vrai casse-cou

s'appuie sur

le

en dedans, soit en dehors. Les dimensions de ces maisons sont parfois très petites;

gueur moyenne

com-

porte et une

pignon du nord s'ouvrent deux autres fenêtres

de l'usure des matériaux dont

et

comme

plastique de ces régions fournit aux

construction de leurs habitations.

de forme rectangulaire,

est

terrain

prend généralement un rez-de-chaussée divisé en deux pièces inégales

du sud,

en argent,

coutume.

Partout à Madagascar

étapes,

trois fois leur valeur

donne en échange de ses présents

je lui

»

pignon la

lon-

peut à peine se tenir debout au milieu

maison ne dépasse pas quatre mètres; toutes

les

du

ouvertures sont minus-

Cependant depuis quelque temps on construit il dans les gros villages de la province des habitations plus vastes et sur des modèles quelque peu différents. Pour bâtir une maison on dispose sur l'emplacement choisi une couche d'argile réduite en boue cules et

faut se tourner de côté pour passer

la porte.

épaisse et suffisamment pétrie, haute de trente centimètres, large de cinquante. L'argile qui, ramollie

par l'eau, possède une grande force de cohésion, devient très dure en séchant. Après quelques jours on ajoute sur cette première couche une seconde et. quand elle est assez durcie pour supporter les


VOYAGE A MADAGASCAR.

72

suivantes, on continué peu à pou jusqu'à la hauteur voulue. Les murs, la cloison

sont ainsi terminés. Pendant

pour donner à

palettes de bois

construction, on a battu les couches demi-sèches au

la

surface extérieure plus de dureté en

la

enduit composé de terre argileuse délayée soigneusement

Un

comme au

enfin les murailles au dehors faire,

même

l'escalier massifs

et

moyen de grandes

temps que

le poli

désirable.

mélangée de bouse de vache recouvre

et

dedans. Mais tout n'est pas terminé,

plus

le

difficile reste à

car l'indigène est obligé, d'aller chercher au loin ou d'acheter pour un prix élevé les quelques

planches qui vont clore soutiendront

la

couverture de

la

et les

porte et les fenêtres,

perches qui formeront

chaume en heranà ou en

bozàka.

La

L'intérieur des maisons antimerina n'a rien de séduisant.

destinée aux porcs

et

aux moutons, les poules,

les

plancher de l'étage ou

le

canards

petite pièce

d'abord est

l'on entre

('gaiement en compagnie

et les oies s'y réfugient

des jeunes veaux. Ce n'est pas toujours aisé de traverser sans aventures cette sorte de vestibule pour pénétrer, par une petite porte percée au milieu de la cloison, dans la les propriétaires.

Pour que

comme

linteau

l'entrée a

moins de hauteur que

contusionné dans

l'on arrive

et

fassent pas des

chambre principale où

moyenne de

la

se tiennent

promenades trop fréquentes dans ce pour

a son seuil très élevé; aussi faut-il se hausser

porte de communication

temps,

animaux ne

les

la taille

humaine, on

se

cogne

chambre du nord réservée aux humains. A

la

local, la

franchir, mais en

le

même

la tète

au

longue,

la

l'expérience instruit. Le mobilier est très sommaire, des rouleaux de nattes, des cruches à eau, des pots

pour

une caisse en bois pour serrer s'enlèvent

jamais; quand

nord-ouest se trouve portent

les

sert

il

vêtements

les

des nattes sont étendues sur

Un

grossier occupe l'angle nord-est, -

lit

ou d'un mince matelas de roseaux. Le grenier de cuisine

et le

le sol

d'argile, elles ne

sont sales et usées, on les recouvre par un tissu plus neuf

elles

et

de

le

'.

A

l'angle

bois est simplement recouvert de

abrite la récolte de l'année, parfois cepen-

manger. Ces maisons d'argile forment avec

salle à

ravenalaou.de roseaux des régions basses, et Betsileo

;

quelquefois

trois calebasses cl

foyer disposé sur une plaie-forme où sont enfoncées les trois pierres qui sup-

le

marmites.

nattes fines

dant

deux ou

faire cuire le riz, des soÙika qui contiennent les provisions,

les

cases de bambous, de

maisons de bois que nous verrons surtout dans

les

le

Tanala, les trois types d'habitations construites à Madagascar suivant des règles générales

qui souffrent peu d'exceptions".

Tandis que

maison

les cases

de bois

de roseaux sont souvent bien tenues, confortables

et

dans des contrées plus froides,

d'argile est sale et misérable. Construite

seulement l'indigène, mais encore cohabitation de

la

plupart de ses

nombreux inconvénients. De plus pour

l'indigène pratique des ouvertures peu

nombreuses

une intensité remarquable; dans

les

L'Anlimerina ne va pas chercher loin trouve toujours une fosse large

au village à

écoulement. Aussi

la

terre

la

peu profonde,

el

tombée de

la

constamment

nuit,

la

qui

l'argile

sortir

Dans

On

les

de ce bain de boue

et aller

environs d'Ankisalra,

il

y

a

el

et

telle

maisons d'argile avec

les

et pullule.

est nécessaire.

piélinée, l'eau de pluie

paître

dans

A

proximité de sa maison on

pour renfermer ses bœufs dès

Ces sortes d'écuries creusées dans

plongés jusqu'au ventre. Dans cette position pénible,

non

d'une

leurs crevasses profondes, sous les

qu'il utilise d'ailleurs

mérerai pas, y forment bientôt un mélange vaseux

pour

et

vermine grouille lui

abriter

qui ne laissent passer qu'une quantité

se développe

murs

anfractuosités des

nattée pourries amoncelées les unes sur les autres,

elle doit

résulte-t-il

se préserver des vents frais de la saison sèche

et très étroites

La faune entomologique

insuffisante d'air et de lumière.

qu'ils rentrent

animaux domestiques. Aussi

propres, la

et

infect ils

et

dans lequel

attendent

le sol

n'ont

aucun

d'autres éléments que je n'énules

pauvres animaux sont

avec impatience

le

lever

du jour

se reposer sur les coteaux voisins.

quelques cultures de

riz,

de manioc

el

d'un légume introduit

conçoit aisément qu'avec un tel système, nui par la force tics eboses accumule sur le sol de toute case antimeun amoncellement île nattes sales et usées, cachées en même temps que recouvertes par un tissu plus neuf sur lequel on repose, combien la vermine peut se développer tout à lui sir dans ci' Ile sorte île litière que l'un n'enlève jamais. Aussi lorsque l'on connaît cette particularité, l'on n'éprouve aucun êtonnement île constater la présence d'insectes aussi répugnants que désagréables qui dans ces cases antimerina vivent innombrables. 1.

rina


10



VOYAGES DANS LIMERINA. récemment à Madagascar, les

veux parler de

je

régions élevées du centre de

l'île,

pomme

la

commence

et

quelques autres territoires qui avoisinent au sud

de terre. Ce tubercule pousse assez bien dans

à se répandre dans l'Imerina et le

aussi dans ces hautes régions

le

quelques jardins où croissent nos principaux légumes goûte pas encore ces végétaux comestibles et ne

:

les

procédés de

plant au bout de peu d'années.

principalement dans

et

Betsileo et dans

le

massif central. Malheureusement

culture par trop primitifs et surtout la nature du sol font dégénérer

On rencontre

75

les

alentours de Tananarive

choux, carottes, salades; mais l'indigène ne

les cultive

généralement que pour

les

vendre aux

Européens. En passant au règne animal, je signalerai un habitant des eaux vives de l'Ankaratra des

hautes montagne- de

ruissclets qui descendent des

n'aurons plus l'occasion de revoir dans

l'Est

:

autres parties de

les

l'île.

Madagascar

L'écrevisse de

et

nous

l'écrevisse, crustacé (pie

c'est

Asta-

codes Madagascar iensis) est différente de celle «l'Europe, sa carapace est garnie de piquants et d'aspérités

en grand nombre;

elle arrive

la tète,

souvent à une

Pendant nuire séjour complet. Aussi, contents

Chaque

gaielé. assis,

soir,

arrondie à l'extrémité,

On

forte taille.

est

en compte plusieurs variétés.

hommes

à

Ankisatra, nos

et

heureux de celle

sont dans l'abondance et jouissent

vie qui leur plaît fort,

groupés devanl notre case,

ils

les

temps

chanteur principal improvise un

comme

la

forts sont

manifestent

ils

chantent bien avant dans

sauf un sent qui, resté debout, psalmodie un théine;

gnement monotone, dont

presque aussi volumineuse que l'abdomen et

les

la nuit.

d'un repos

bruyamment

autres font avec leurs voix un accompa-

accentués par des battements de mains. D'autres

récitatif et tout

le

leur

Les porteurs sont

monde reprend

refrain en

le

fois, le

chœur. En général,

plupart des productions musicales des populations primitives, les airs s<ml mélancoliques et les

paroles peu significatives. Le chanteur

énumère

les

étapes

route connue

d'i

des villages d'un qualificatif plus ou moins bien choisi, chaque couplet

est

et fait

terminé par

le

suivre les refrain

:

noms appel

ou salutation. Quelques chants cependant ont une signification assez originale. Voici une des chansons préférées des borizana antimerina

:

VELOMA AUO

ke! MASINA A110 RE! I

i

Hatr'any Imamo aho Ko hatr'any Mandrarahody aho

lic-puis

Jusqu'à Mandrarahody le Mandrarahody, Jusqu'aux bords du lac Itasy Mes pensées n'élaienl une pour loi. Car c'est en toi que mon esprit repose! Vivez! soyez béni jusqu'au revoir!

Hatr'any Mandrarahody alio Ka hatr'any amoroD llasy Isy manan-tsaina afatsy hianao Ka hianao mandrian'ny saikol

Veloma aho

re!

masina aho

Imamo

l

rc!

II

II

Tranon

'iza

irony audrefan' ironj

.'

Tranon-d'Rasakalava Ka tsy misy mpitoetra (bis) Trano vaki-vovonana (bis) Veloma aho re! masina aho rc! !

A qui appartient C'est

'iza

re!

masina aho IV

iln

Sakalava,

C'est une maison au faite dégarni! Vivez! soyez béni jusqu'au revoir! III

irony andrcfan-d'Rova?

Tranon-d'Rainit simba Mitemitra taratasy (bis) Misary soavaly! (bis)

Veloma aho

maison

Elle est inhabitée,

III

Tranon

la

cette maison, là, à l'ouest?

A

qui appartient celle maison à l'ouest du palais? C'est la maison de Hainitsimha

Aux rc

!

salles tapissées de papier Représentant des chevaux '! Vivez! soyez béni jusqu'au revoir!

IV

Tsangam-bato d'Ratsiva

La pierre levée de Ratsiva

Avaratra Soanierana

Qui est au nord de Soanicrana

1. Pour l'Anliinerina. le comble du luxe est d'avoir sa maison tapissée d'un papier peint sur lequel sont représentes des chevaux. Cela tient probablement à ce que dans le Tranovola, maison célèbre entre toutes par son aménagement et son mobilier luxueux, existe une chambre OÙ le premier ministre donne ses audiences aux résidents et aux consuls et rangers, et que cette chambre, bien connue de tout Malgache, est tapissée d'un papier représentant dans nos guerres d'Afrique les exploits du maréchal Bugcaud, et qu'il y a beaucoup de chevaux.


VOYAGE A MADAGASCAR.

76

Tsy

mandata

tapait1 olona

Na tapaka

aza, mahalana!

Veloma aho

re

(bis)

masina aho

!

Et devant laquelle des passants circulent sans cesse Si quelquefois il n'y en a pas, c'est pour peu de temps! Vivez! soyez béni jusqu'au revoir!

(bis)

re

!

Notre maison à moi et à ma maîtresse Est une maison isolée dans les herbes, Le chemin y conduisant est tortueux; D'ailleurs on n'aperçoit la maison que lorsque on est Vivez! soyez béni jusqu'au revoir! [devant la porte.

Ny tranonay

sy ny tiako Irano anati-vero Lalana an-kodivirana (bis)

Tsy midosy Veloma alio

tsy re!

am-bavavarana masina aho re!

!

(bis)

VI Ilianao

Ranona

',

VI

valon-doso

Toi,

femme indéterminée,

VII

poids de [loso

comme une grande balance Qui ne trompe pas, Oui montre l'excédent à enlever, Le déficit qui doit être ajouté! Vivez! soyez béni jusqu'au revoir! Mil

VIII

Ny hazon'ny Ambohimanga

Les arbres d'Ambohimanga Sont très touffus, Ils n'ont été ni plantés ni semés,

Miroborobo faniry Tsy nafafy tsy nampariaka (bis) Mitsinjo zaza manjaka! (bis) Veloma aho re! masina aho re!

Ils regardent le souverain régner. Vivez! soyez béni jusqu'au revoir!

IX

IX Je vous dis au revoir, ô Andoliatapenaka,

M'ko veloma lay andoliatapenaka Fizahay sy maditra Ho eny Ambadin'Isotry (bis) Mitsinjo rano madio! [bis) Veloma aho re masina aho re !

Car moi

Nous

et

ma

maîtresse

allons à Ambodin'Isotry

Regarder

l'eau limpide. Vivez! soyez béni jusqu'au revoir!

!

X

X Je vous dis au revoir, o Ambodin'Isotry, Car moi et ma maîtresse Nous allons à Soraka,

M'ko veloma ny any Ambodin'Isolry Fizahay sy maditra Ho an Isoraka (bis) Ny any Soraka tsara rivotra maraina Veloma aho re! masina aho re!

dans toule

le

Toi, indéterminée, tu es

Mahalala ny be. anesorana (bis) Mahalala ny kely ampiana (bis) Veloma aho re! masina aho re!

l'air

comme

VII

Ranona mizana-be Tsy manda inga Ilianao

Voici

tu es

Parent proche de la piastre Qui n'agit que suivant la justice Qui ne fait rien qui ne soit juste. Vivez! soyez béni jusqu'au revoir!

Manolotra ariary, Tsy mikapa, raha tsy amin'ny tonany! (bis) Tsy mijoja raha tsy amin'ny vanony! (bù) Veloma aho re! masina aho re!

L'air du matin est bon à Soraka. Vivez! soyez béni jusqu'au revoir!

(bis)

de celle chanson antimerina, une des plus

lielles qu'ils aient cl

certainement

plus connue

la

l'île.

Les nombreux couplets qui suivent sont analogues aux deux dernières strophes. pérégrinations éventuelles du héros de

la

complainte

de sa maîtresse clans lous

cl

racontent

Ils

les

les

quartiers de

Tananarive, qualifiés par ce qu'ils ont de remarquable.

Depuis notre départ de Tananarive, en marchant vers constitution géologique est partout la

même

:

le

le

gneiss et

sud, nous avons traversé une région dont

le

granité recouvert par l'argile rouge,

présente un relief sensiblement uniforme sinon dans l'altitude, du moins dans ballons successifs, collines arrondies aux pentes peu rapides.

Au

pas un changement radical, mais quelques variations importantes.

la

En

effet

dans

on voit des

filons

de mica

et

la

qui

disposition générale

village d'Ankisatra, on observe l'est,

rocheuses deviennent fréquentes, des coulées de quartz viennent nombreuses diviser tiques,

et

les les

:

non

émergences roches grani-

d'autres minéraux accidentels, de grosses masses quartzeuses;

puis les collines changent de forme, les arêtes s'avivent, les cimes se dressent plus élancées, sur les

des montagnes de

flancs

l'ouest, l'aspect

de

la

gros blocs rocheux

contrée est encore plus différent

(''lèvent :

là,

leurs

dans un

murailles

verticales.

récentes traversent les anciennes roches déjà disloquées par des soulèvements basaltiques; I.

Jinnonn

:

une

telle,

Du

cédé

de

sol volcanique, des coulées éruplives

une, indéterminée. Le chanteur remplace Ranona par un

nom

de

femme

là,

se dressent

à son choix.


VOYAGES DANS L'IMERINA.

77

Andante

a^

pÊmm

^m.

A

«

les

cônes isolés

îles

volcans éteints; leurs cratères profonds son! devenus des lacs

qui rayent leurs lianes, les

vallées d'une

lave

la

peu

s'ell'rile

noire poussière.

à

peu pour

Encore plus

accidenté laisse deviner dans de larges vallons

Nous d'abord

allons la

donc nous diriger vers

la

nous

7

frontière

eaux

Nous reviendrons

le

le

coulées

les vents,

couvrir

l'Imerina,

«le

le

pays moins

plateaux sakalava.

cours de l'Onive, pour visiter

ensuite vers l'ouest pour aller,

au Vontovorona, desrendre sur

un grand circuit vers

el

les

dans

le

versant occidental dans

le

nord, nous rentrerons^ Tananarive en longeant

cet

itinéraire allait

nous montrer l'Imerina dans ses grandes lignes géographila province au double point de vue

ferait traverser les contrées les plus intéressantes de

de ses produits

Le

les

FIN

des pays sakalava.

En même temps que ques,

à

l'Orient en suivant à peu près

ligne de faîte

territoire volcanique; enfin, par

il

l'ouest,

la

commencements des grands

région des quartz jusqu'à Tsinjoarivo.

traversant de nouveau

la frontière

à

les

emportée par

aller,

et

A

et

de ses habitants.

mai, nous partons pour

A

l'est.

trois kilomètres d'Ankisalra,

nous arrivons sur

les

bords de

l'Onive qu'il nous faut traverser à gué; la rivière a soixante mètres de large, mais heureusement n'est pas très profonde. Quelques préparatifs sont nécessaires pour le passage. Nos porteurs se retirent un

peu à

l'écart

vêtements, les

il

et

procèdent à un déshabillage général

ne leur

charmes de

la

est

resté

que

Vénus de Médieis.

le

;

c'est

du reste

vile

chapeau. Revenant vers nous avec

ils

l'ail;

le

bientôt,

de tous leurs

geste pudique, mais non

nous remettent les costumes qu'ils viennent de quitter, puis


VOYAGE A MADAGASCAR.

78

rechargent

menton et les

filanjana sur leurs robustes épaules. Vers le milieu de la rivière, l'eau leur vient jusqu'au

le

et ils

sont obligés de nous soulever à

bras remplis de

défroque que toute

la

des poignets. Pour nous, les jambes horizontales

la force la

troupe nous a confiée, nous demeurons au-dessus du

niveau de l'eau, sinon toujours, au moins généralement. Une fois sur

quelques instants suffisent pour réparer

A

du

côté

village d'Andranovohitra,

chacun

rive,

la

se secoue:

désordre des toilettes.

le

où nous arrivons une heure après, nous voyons sur

le flanc

d'un

coteau une carrière de pierre exploitée. Une centaine d'indigènes tirent de toutes leurs forces sur des câbles de chanvre enroulés autour d'une large dalle de granité. pierre; sans leviers ni rouleaux,

beau non

funéraires.

Sur

les

grandes plaques de pierre employées dans

d'éclatement qui se produit; en frappant

l'eau,

la

si

flamme dans un endroit,

le

un tom-

roche

la

y met

il

il

le

l'eu.

entasse de la bouse de vache

surveille jour et nuit le travail

Il

averti par le son de la

est

dans un autre suivant

l'active

il

monuments

construction des

la

une roche dont la surface régulière parait lui convenir

desséchée en couches plus ou moins épaisses, puis

modère

important, sans doute

Cette dalle, qui doit couvrir

la voix.

par un procédé assez ingénieux. Le carrier malgache n'est

loin d'ici, vient d'être extraite

pas embarrassé pour avoir

Un personnage

font bien peu de chemin.

ils

chef du hameau, encourage les travailleurs du geste et de

traînent avec difficulté la lourde

Ils

profondeur atteinte

et

même

de

les indications,

cela est nécessaire, sur la roche surchauffée. C'est ainsi qu'à

la

il

longue

répand

obtient une dalle

il

répondant aux dimensions exigées.

Vers midi nous étions à Sarobaratra.

que dans ces régions de

ici c'est la règle, l'argile est

gnes; en allant vers

district de

un des principaux gisements

Sarobaratra est particulièrement aride

d'Ankisatra les pointemenls rocheux étaient fréquents

l'est

l'exception. Sarobaratra est

les

sommets

des contours sinueux. Ces collines apparaissent dénudées; çà et

le ciel

:

au milieu d'un hémicycle de hautes monta-

on gravit par des rampes rapides des masses quartzeuses dont

l'est

déchiquetés profilent sur

là,

dans une anfractuosité du rocher ou des mousses s'attachent sur ses parois

touffe d'herbe croit

rugueuses. Le sol est caillouteux,

la

roche friable

seaux qui descendent de ces monts pendant des cailloux et des blocs de quartz graviers.

loin de ce village se trouve

gouvernement antimerina. Le

aurifères exploités parle et désolé. J'ai dit

une

Non

Ce sont ces dépôts que

Le gouvernement antimerina

et

la

et

décomposée

au moindre choc. Les

se brise

ruis-

saison des pluies entraînent dans les espaces inférieurs

vont plus loin déposer peu à peu dans les vallées les sables et

l'on exploite

pendant

la

les

saison sèche.

Madagascar; des peines

avait toujours défendu la recherche de l'or à

très

sévères étaient édictées contre ceux qui fouillaient le sol. Mais depuis quelques années, Rainilaiarivony,

comprenant

les

avantages

qu'il

pourrait retirer de l'exploitation des mines, a rapporté ces mesures

prohibitives. Maintenant, dans l'ouest, en pays sakalava et dans l'intérieur de

ments

mines situées en dehors de l'Imerina

aurifères. Les

une certaine redevance,

à des

Européens;

les

et

l'île,

autres sont exploitées directement par

de Tananarive. C'est un ingénieur français, M. Rigaud, qui dirige les travaux; de nos compatriotes.

développement;

les

En

il

font encore défaut

aussi bien la richesse relative des filons

cl

pour

établir d'une

dis alluvions aurifères que

le

le

gouvernement

est assisté de plusieurs la

suite,

un certain

manière

même

approchée,

général, l'industrie minière paraît devoir prendre, dans

documents me

on exploite des gise-

du Betsileo sont concédées, moyennant

rendement

total des différents

centres exploités.

Le jour suivant, nous arrivions au village de Tsinjoarivo. Là nous avons atteint tale

la

frontière orien-

de l'Imerina. La limite du pays des Antimerina est nettement tranchée de ce côté; caria zone fores-

tière la plus éloignée et les

sommets de

la

de

la

côte que nous avons traversée à Ankeramadinika où elle recouvrait les flancs

grande chaîne

faîtière,

ne pénètre pas

vince; elle suit au contraire la direction générale

comme

celle-ci

dans

du nord-est au sud-ouest,

secondaire, qui, par une coupée étroite, livre passage à Tsinjoarivo à

la

l'intérieur

le

de

la

pro-

long d'un chaînon

rivière de l'Onive.

La zone

boisée élève donc à l'orient de l'Imerina une muraille sombre à laquelle nous venons nous heurter ici,

sans aucune transition.


VOYAGES DANS

UinllAII

Le

village de Tsinjoarivo n'échappe pas lui aussi à

IMERINA.

L

V

I

79

H \.

une division

si

brusque

:

-es cinquante cases son!

inégalemenl groupées sur deux collines voisines. A l'ouest, au milieu des herbes, un hameau qui ne diffère on rien

do ceux que nous avons vus précédemment, tandis qu'à

simulent dans les premiers arbres de verains antimerina. Ce rova occupe

la

le

forêt; près d'elles est

sommet d'un mamelon

y sont construites sur une terrasse circulaire portions, celles qui couvrent, à Tananarive,

adossé à

la

forêt,

il

domine au

loin

vers

el

l'îlol

l'esl

rappellent

du

les

lac

à

l'esl

maisons eu bois se

îles

dis-

un rova royal, résidence d'été des sou-

De nombreuses maisons en bois

élevé.

peu près, mais dans de plus vastes pro-

Anosy. La position du rova

espaces nus de l'Iiuerina:

cours ralenti jusqu'alors, précipite ses eaux qui s'engouffrent dans

les

à

osl

bien choisie

:

ses pieds, l'Onive, au

passes étroites des rochers

et

disparaissent dans des tourbillons d'écume.

Chaque année, quitte sa capitale

manga

et à

la

reine, observant fidèlement les traditions

pour

aller

Tsinjoarivo.

A

que

lui

oui

léguées ses prédécesseurs,

en villégiature dans une des résidences royales de l'Imerina, à Ambohi-

ces déplacements annuels s'ajoutent quelquefois, mais à intervalles beau-

coup plus éloignés, des voyages

lointains,

dans

le

Belsileo, sur

région des provinces soumises, quand les besoins de

la

politique

la '

côte orientale ou dans toute autre

exigent que

le

souverain vienne par

sa présence raffermir dans

leur fidélité des peuplades quelque peu hésitantes. Tandis

que Tsinjoarivo

a

à

cause de sa situation pittoresque, de ses ombrages

de sa verdure.

été

choisi probablement

et

1. Souvent aussi les besoins de celte politique antimerina (qui consiste à ne jamais répondre et à toujours gagner du temps) exigent que la reine ou son premier ministre s'éloignent de Tananarive pendant de longs jours. Alors, ils gagnent du temps par ces voyages périodiques. Quelquefois même, comme en Occident, ces souverains feignent d'être malades; toujours pour ne pas répondre et gagner du temps.


VOYAGE A MADAGASCAR.

80

Ambohimanga

est

année avant

Faridroana,

le

un

narive, est situé sur

sacré que les souverains antimerina sonl obligés d'aller visiter chaque

lieu

une

jour de

le

milieu desquels apparaissent, sur petite forêt qui fait tache

rare dans l'Imerina

dans

campagnes environnantes

plantés ni semés,

manga

est la troisième des villes saintes

Radama

I

er

des Antimerina, est enterré à à éprouver

même

qui a réuni sous un

pour

tombeaux de

le

justement célèbre; ses arbres

est

proclament bien haut

ses illustres ancêtres la

que

la

fait

chansons popu-

Ambohi-

interdit

est

à côté de Ranavalona

et

fondé

le

royaume actuel

sa petite-fille, dont l'ombre persiste

I,

son long règne. C'est donc sur

les étrangers l'aversion violente qui a caractérisé

commencement de

les

villages des environs de la capitale,

sceptre les petits Etats de l'Imerina

Ambohimanga

bâtiments royaux. La

les

et

ses flancs et au

aux Européens; on y conserve des du peuple antimerina. Andrianampoinimerina, père de

dont l'accès

idoles respectées, dieux tulélaires des rois et

le

comme

Avec Ambohimanambola, Amparafaravato, autres

laires.

quinze kilomètres au nord de Tana-

village, à

nombreux arbres qui couvrent

les

versant septentrional, les maisons

le

les

— n'ont été ni

malgache. Ce

l'an

remarquable par

colline

reine vient offrir des sacrifices

et

les

bénir leur mémoire, avant

nouvelle année.

Les souverains sont accompagnés, dans leurs déplacements à Madagascar, d'une suite nombreuse, qui en certaines circonstances dépasse 20 à 30 000 personnes. Le premier ministre, les grands officiers, les

juges

et

du Palais marchent avec

les fonctionnaires

la reine qu'ils

ne peuvent jamais abandonner;

puis c'est la foule des aides de camp, des officiers subalternes, des chefs de moindre importance; c'est

encore une année nombreuse

immense quantité de porteurs les

oii

toutes les meilleures troupes

populations sont appelées pour cette corvée; des

blement du palais royal ambulant, puis les

canons

et leurs affûts

les provisions

ils

vendent

plantée à

un

leurs marchandises à la foule;

l'avance. Généralement

la

établir le rova

ambulant où

doit s'arrêter la reine.

Un carré

quatre points cardinaux. Des gardes nombreux veillent toute

presque invariable,

lui

présenter

marquer, par des chants fonde

rivière,

et

le

pour

doil être terminé

il

sont très courtes, les chefs des villages souverain,

et

les

soldats marchent en

a préalablement choisi est

un

entouré d'une palissade

la

on y construit des

l'arrivée

le

à l'ex-

camp aux

aménagement des campe-

delà reine. Pendant

les

étapes qui

habitants des contrées traversées doivent venir saluer

piles

le

bonheur

qu'ils éprouvent. Lorsqu'il faut traverser

une pro-

de pierres sèches sur lesquelles on jette de longs madriers recoule

pont, puis de l'autre cè>lé de la rivière, assise sur son

trône, elle regarde son cortège qui défile pendant de longues heures.

concours de peuple que nécessitent ces voyages, aussi qu'ils ruinent

au cordeau dans

nuit. Cet

fait

hasina (offrande donnée à la reine pour reconnaître sa souveraineté) et

des danses,

verts de terre; la reine passe la première sur

pagnes

les

est réglée suivant

des officiers; enfin tout à

et

térieur les abris des porteurs et des esclaves; quatre allées sont tracées

le

On

officiers

à l'intérieur se trouvent les lentes royales; celle première enceinte est comprise dans

la hâte,

est

même

chemin des marchés pro-

multitude de porteurs et

vaste espace quadrangulaire dessiné par les lentes des soldats

ments royaux

beaucoup de grands

établir sur le

souverain vient ensuite avec son escorte et les grands officiers.

emplacement pour

munitions,

les

du maître aux soldats allâmes. La marche du cortège royal

le riz

un cérémonial déterminé à tète, le

portent les tentes, les poteaux, l'ameu-

de bouche de toute nature,

nombreux esclaves vont en avant

leur font concurrence et leurs

hommes

qui ne pourraient suivre autrement. Le cortège est encore grossi par les

nombreux marchands qui tâchent d'écouler visoires

En même temps une

sont réunies.

sont réquisitionnés pour le matériel du cortège royal et de l'armée. Toutes

pour longtemps,

soit

par

sont-ils très

On

conçoit sans peine

le

grand

appréhendés des habitants des cam-

les obligations qu'ils leur

imposent,

soit

par

les

réqui-

sitions multiples qu'ils occasionnent.

Notre personnel, moins nombreux sans doute que celui qui accompagne déplacements, n'avait pas été sans nous causer quelque embarras pour les petits villages

de l'Imerina; pour nous qui

étaient à peine suffisantes.

étendue possible de

la

En

partie

manquions de

l'île,

réservant

le

antimerina dans leurs

nourriture

et le

logement dans

palais portatif, les cases de tout

outre, nous voulions visiter pendant

moyenne de

la

les rois

Nord

et le

les

mois suivants

la

un hameau

plus

Sud pour des époques

grande

ultérieures.

.


VOYAGES DANS L'IMERINA. C'est

la

résolution do nous séparer et de suivre, à partir de Tsinjoarivo. des itinéraires différents qui

doivent nous ramènera un point

commun

chemin vers

Foucai'l va, continuant son

sakalava limitrophes de l'Imerina:

compte

De mon

le

il

le

descendre dans

l'est,

territoire des

le

lui est possible.

mois plus lard:

trois

parcourra par des roules nouvelles

travers

que nous prenons, mes amis

à cet inconvénient et surtout satisfaire à ce desideratum,

pour obvier

moi,

et

81

rendez-vous choisi

bassin inférieur du

le

Betanimena. Maistre

Ankavandra

aller jusqu'à

une division par

sesseur de

il

districts si

cela

un monotone voyage à

nous obligent

trois,

la

II mai,

commandeur

marmite, aura un porteur, Rainilavy, qui

augmentée de

la

au système des compensations

à avoir recours le

et

quelques mois de français

sait

casserole; Jean Boto reste avec moi, mais je n'ai que

après nous être souhaité mutuellement bon voyage

Madagascar, nous quittons Tsinjoarivo, mes amis

qu'il faut aussi

Rainivoavy suivra

;

el

ver-:

n'est pas superflu

régions volcaniques de l'ouest

sud. suivait

le

dictionnaire.

moi, chacun par une route différente. les

I

et

moulin à café.

le

bonne santé, ce qui

et

traverser à nouveau les districts quartzeux de Sarobaratra

faisait

bassin del'Onive; l'autre, plus longue, s'inclinait

qui en sont

Jean Boto. Ainsi Maistre, heureux pos-

notre bibliothèque malgache, grammaire

l)eux routes se présentaient pour gagner Antsiral

me

hommes

et les

Certaines choses qui ne se prêtent pas facilement à

fraternellement les provisions.

Foucarl, qui, privé d'interprète, possédera

directe,

les

plus à l'ouest encore

et

côté, fidèle à l'itinéraire primitif, je vais poursuivre seul

employer pour nous assigner respectivement

à

Mangoro où

pays des Antimerina.

chargés; on partage

même

Tananarive.

pour objectif

a

Les préparatifs ne sont pas longs; chacun aura ses bagages personnels

Le

est

et

partie supérieure

la

frontière de l'Imerina

la

l'une.

:

le

du

long

des contreforts boisés d'Ambohitompoina qu'elle abandonnait ensuite, pour franchir au Vontovorona

chaîne de partage des eaux,

la

qui devait

me montrer

descendre enfin sur

des pays différents

Celle détermination

étapes précédentes;

et

la

lil

préféraient l'argile

ils

La première journée de marche

gué, luttant contre un courant déjà rapide, les

au sud de el

plus nombreuses que par

le

sud du Vakinankaratra

la nuit.

le

les

passé. Les

nous barre

magique dont

chemin.

le

trouve souvent

C'est

le

du

sort

et

les

Le Malgache as-oiro qui

un

une roule

facile,

nous risquions

malgré

grosseur

il

la

n'a

jamais tenu

Le

soleil esl déjà

une case. Les réfugiés dans

nombre de

le

cl

la

l'intérieur de

éloigne les dangers

pierres

l'île

le

sur

el

amas de

cailloux qui

cùle betsimisaraka, on

la

modes

tas ce qui leur

au dieu des voyageurs

de terre,

tombe sous

lui

menus

la

vaut dans

la

main. suite

Ce dieu a certainement peu de puissance, car

que mes hommes

n'ont cessé de déposer sur les fanataovana,

se mettent

à courir, et

mes

el

paroles conciliantes

me

font ouvrir

borizana s'entassent sur les caisses à l'étage inférieur, je esl

compliments requis par

peu nombreuse, un la

vieillard

politesse antimerina

et

tête

du convoi me signale

par leurs cris de joie effrayent les habitants; ceux-ci

grenier refusent de nous abandonner leur maison.

La famille

à

porteurs vont tous, en pronon-

couché depuis longtemps, lorsque Boto qui marche en

vante; Je les rassure

logis.

raverser

de ne pas trouver un abri pour

les

On

peur du vazaha qui vient certainement chercher des travailleurs pour

du

l

première de ses promesses.

hommes

le

fort

sens m'échappe, déposer une pierre sur un

celle offrande peu coûteuse faite el

fallut

il

bagages avançaient lentement. Dans

qui nous menace,

un fanataovana. Dans

gîte prochain

les

descentes se succédèrent alors plus rapides

se lassaient, les

branchages, grossis incessamment par les passants qui jettenl sur 1

endommagés par

village de Tsinjoarn o,

long des roules des fanalaovana, amoncellement de pierres,

le

seconde

deux bras de l'Onive, en amont des chutes; puis gravir,

rares,

mauvais

le

pied- étaient gravement

les

sortant

hommes

maisons soûl

Sans doute pour conjurer

çant une évocation

En

des coteaux élevés. Les montées

la rivière,

la

aux pierres tranchantes.

pénible.

fut

Je choisis

l'Ile.

peut-être plus variés d'aspect.

el

mes hommes donl

joie de

versant oriental de

le

me

parlemente; ces Antimerina oui les

mines, celle corvée

les portes.

les

épou-

Pendant que mes dix-huit

hisse dans la soupenle

où sont

les maîtres

entouré de ses petits-enfants. Nous échangeons les

nous nous lions d'amitié; quelques cadeaux la cimentent.

Les paysans du Vakinankaratra sont misérables

et

paraissent d'une autre race que les Antimerina II

du


VOYAGE A MADAGASCAR.

82

Nord; ce sont prendre

mon

mieux me souvenir que, possesseur du moulin

hôtes. J'aime tique.

d'ailleurs de braves gens. Invité à partager le riz familial, je m'assois devant le toko

repas que je crois inutile de compléter par quelques sauterelles

Pendant

conversation, l'an cêlre s'obstine à

la

respectueuse dont est tard et

;

me

Avant de

sa natte.

une infusion aroma-

livrer

au sommeil,

honorable

«

je

vieillard

m'approche d'une

Mais

».

lige

il

de fer

supporte une cupule où, dans une graisse infecte, brûle péniblement un chiffon

l'àtre; elle

c'est la

à café, je puis prendre

qualifier toujours derangahibe; cette appellation

Malgaches se servent souvent doit se traduire par

chacun s'étend sur

piquée dans

de colon

les

me

pour

de mes

frites, les délices

lampe malgache,

le

fanaovanjiro. Je

me

hâte d'écrire

mon

journal à sa lumière

tremblotante.

Dans

les

deux jours qui

des montagnes de quartz font 13 mai, nous

couchons

avons rejoint

le

désespoir des porteurs; c'est

premiers épaulemenls de

les

(1

kina: lait

isolés et séparés les

coteaux de faible altitude. Hier nous montions sur

le

le

(2

010 mètres),

Antimerina, il

chaîne de partage des eaux en un point où des sommets

990 mètres), aujourd'hui sur l'Iankina ci 000 mètres), dans deux jours nous atteindrons

Vontovorona

Un

la

monts agglomérés du massif de l'Ankaratra, surgissent

uns des autres par de profondes vallées Botraro

région aurifère d'Analambato. Le

la

deux cases du hameau de Bemasoandro, au pied du mont Iankina. Nous

clans les

élevés, bien différents des

nous traversons encore une contrée où

suivirent, continuant vers le sud-ouest,

le

et des

c'est le pic le plus occidental.

Bemasoandro, m'avait accompagné sur

propriétaire de la hutte où je loge à

devait sacrifier

aux mânes des Vazimba. Au sommet de

assez par sa forme la fanataovana, est dédié à la

montagne un

la

tas de pierres, qui rappe-

mémoire de ces Vazimba redoutés. Entre

cailloux sont enfoncés des bâtonnets qui supportent des tètes de coqs, des pattes

lamba crasseux une

nom

mon

de

poules

mouton fraîchement coupée et de bœuf la grosse pierre du sommet

;

favorable l'âme du Vazimba, cachée non loin de là sous une

demander un remède pour

qui

la fièvre

le

la

plante sur un bâton disponible, puis

enfin

pour

terminer ses pieux exercices,

criptions «

Eh

du

les

touffe d'herbe;

il

il

s'est

coups répétés que

lui

une

assène

il

il

rendu

reste à l'interroger et à

consume. L'Anlimerina s'éloigne un peu du tombeau

près d'un gros bloc de phonolilhe. Cette large dalle est

résonne furieusement sous

des chiffons

;

les pierres les plus

ajoute au las, du côté du soleil couchant, quelques douzaines de cailloux. Maintenant

lui

les

propriétaire, sort avec précaution de dessous son

tète de

frotte avec de la graisse

île

bœufs sont placés sur

se balancent à l'extrémité de petites perches; des crânes de élevées. Rainisafitsimidrantany, c'est le

l'Ian-

et

va

pierre parlante; posée sur base étroite, elle

mon

propriétaire, elle lui transmet les pres-

Vazimba. Rainisafitsimidrantany est radieux.

bien, cs-lu guéri?

— Oui, mais je Et, s'éloignant

ne dois plus jamais manger de canards,

pour remercier

la

pierre parlante,

une mèche de ses cheveux. Dans l'Imerina on trouve sur des montagnes

il

c'est l'ady.

»

répand un peu d'huile de

rocheuse

ricin sur la paroi

et y colle

élevées,

au

faîte

des grands rochers ou dans des vallons

solitaires, les tombeaux des Vazimba. Ces constructions informes, simples amas de pierres grossières,

ne sont pas des

monuments

funéraires elles indiquent plutôt aux populations craintives les lieux choisis ;

par les âmes des défunts pour leur résidence habituelle. Les légendes antimerina, seuls documents que l'on

possède pour émettre quelques hypothèses plausibles sur

hommes comme

les

Vazimba, nous représentent ces

les premiers habitants des régions élevées du centre de Madagascar. Dépossédés de

leurs territoires, quelques-uns quittèrent le pays, d'autres se mélangèrent

nombre

fut mis à mort.

Ce sont

les

aux vainqueurs,

premiers chefs antimerina qui chassèrent définitivement

ces tribus aborigènes, sauvages, ignorantes et

le

plus grand

les

mal armées, confinées d'autre part dans un

Vazimba

;

isolement

complet, ne pouvaient résister à des ennemis bien supérieurs à elles par des connaissances puisées au dehors. Des descendants des

Vazimba

du Manambolo en pays sakalava; mélange, dans

le

nord-est

et

le

et

existent encore d'après M. Grandidicr au

d'après

le

Menabe sur

les

bords

P. Abinal quelques-uns se trouveraient exempts de tout

nord-ouest de l'Imerina. Je n'en

ai

jamais rencontré. Quoi

qu'il

en


VOYAGES DANS L'IMERINA. soit, les

Antimerina sont persuadés que dans un avenir plus ou moins lointain

en maîtres dans

lAnkova gardé maintenant par

les

qu'ils tachent d'apaiser les esprits vindicatifs qui, les

83

mauvais

âmes des ancêtres vaincus.

les

Vazimba rentreront

C'est

pour celte raison

cachés dans des endroits déserts, lancent

les fièvres,

sorts et toutes sortes de maléfices

nobles ou roturières

nobles

;

leur faut de riches présents,

les

aux descendants des usurpateurs, Ces âmes néfastes sont Zanakandriana, elles habitent de préférence les hauteurs, il

un crâne de bœuf, par exemple, pour apaiser leur courroux;

roturières,

l.ThuilUcr. dd'

elles se tiennent aussi

clans les vallées

sur

ou sur

le

les

montagnes, dans une anfractuosité de rochers, mais descendant souvent

bord des eaux pour ennuyer

parfois à rendre quelques services, guérissenl leur puissance; en retour elles exigent était

les

vivants.

Cependant ces ombres consentent

quand on reconnaît humblement

surtout les malades

une privation constante.

C'est ainsi

que Rainisafitsimidrantany

débarrassé d'une lièvre violente par un Vazimba, sans doute de basse extraction puisqu'il

contenté du crâne de mouton, tout en

lui

défendant pour l'avenir

la

s'était

viande d'un palmipède inconnu de

son temps. Le canard domestique est d'importation relativement récente à Madagascar.

La

partie

du Yakinankaralra

particulièremenl pauvre

pagne

et

et

— district

souvent fort éloignées

situé à proximité de leurs

méridional de l'Imerina

cases

les et

que nous venons de traverser

unes des autres, cultivent surtout

labouré à

la

le

manioc

atteint

le

bêche assez profondément,

meuble de jeunes tiges coupées sur des plants déjà années, rarement moins,

peu peuplée. Les habitants, disséminés dans des maisons isolées dans

forts, l'arbuste se

en moyenne

est

cam-

manioc. Dans un terrain ils

enfoncent dans

développe par bouture.

une hauteur de

la

1

m.

50,

la terre

En

trois

développement


VOYAGE

SI

MADAGASCAR.

A

Pour

nécessaire pour arracher utilement les racines charnues.

champs

l'indigène a plusieurs

assurée

,

pomme

de

terre,

patate,

la

le

mais:

Comme

le

nopal

mur

noire, appartient à la

pleine de graisse;

variété stéatopyge que

remarque

Iava sont différentes. Enfin

chien

et le

ou jaune

fleurs écarlates

On

chat mentionner

une variété

ici

n'ai

porc,

commun

soumis à des vicissitudes sans nombre sur

on

ville

le voit se vautrer,

peut dire que

le

il

chez le sol

Il

est surtout

il

les

des-

les (lièvres

à tête

chair en est coriace,

madécasse et

et

;

tantôt

je devrai avec le

tantôt

est proscrit,

il

commun

petites

du pays Saka-

Cet intéressant animal

et les Betsileo.

en supporte parfois

aux

poil court,

du Betsileo

quadrupèdes domestiques,

Antimerina

est

il

choyé;

conséquences; dans une

les

il

est igno-

sur les confins occidentaux justement en

ne peut pénétrer sans s'exposer à de grands malheurs. D'une manière générale on

porc a suivi l'Antimerina dans ses conquêtes; ainsi,

habitants dans certains ports sakalava

deTolanara.

la

maître de la rue, dans certains quartiers, tandis que d'autres

minieusement chassé. Dans l'Imerina face d'un pays où

au pelage roux, au

particulière,

jamais rencontrée ailleurs:

si

nombre; en

mouton de Madagascar, généralement

trouve bien aussi des chèvres à Madagascar, mais en

pour terminer rémunération le

pâle.

trouve en Asie et en Afrique; sa queue énorme est

occasionne des haines entre des peuplades voisines

même

aux

habite les régions élevées. Cet animal ne donne pas de laine;

il

cornes rejetées en arrière que je

il

l'on

possède toujours un goût peu agréable.

petite quantité ; j'en

est

s'ajoutent la

de clôture garni à son sommet de plantes

(E. splendens),

des chèvres. Le

et

récolte

partout dans

dans l'Ankaratra, nous avons rencontré des troupeaux de bœufs, mais en plus petit

revanche nous voyons des moutons

elle

Au manioc comme presque

plantés à des époques différentes.

une euphorbe

et

ménager chaque année une

y a peu de rizières. Les champs,

il

l'Imerina, sont entourés d'un fossé dont le déblai forme.un

épineuses, principalement

se

et,

malgré tous

est vrai qu'en 1885 lorsque les

il

est entré

fady des Àntanosy,

les

il

a foulé le sol de la pointe

Hova évacuèrent Fort-Dauphin qui

par un de nos croiseurs, les Antanosy révoltés pillèrent

le

port

et

au grand scandale des

bombardé

venait d'être

massacrèrent tous

les

porcs qu'ils

purent rencontrer.

Le 15 mai,

j'arrivais à

Soandrarina. Ce village, situé sur

comme un

m'apparut avec ses soixante cases les

hameaux de Botraro

contrées rocheuses

et

et

village quelques collines

entourer

le

de l'Iankina. Soandrarina

pauvres de

l'Est et les

route de Tananarive à Fianarantsoa,

la

centre important après est

souvenir que m'avaient laissé

le

dans une zone de transition comprise entre

régions argileuses

et

;

aux larges bases, presque des plateaux ondulés vont,

Yontovorona. qui surgit tout à coup

et

les

bien cultivées de l'Occident autour du s'élevant insensiblement,

dresse son pic isolé à deux kilomètres du village.

Cette zone de transition caractérisée par des espaces relativement plats sur une certaine étendue et que

nous avons traversée antérieurement à

la

d'Ambodifiakarana. C'est entre ce village l'Imerina.

A

et

temps sec la

et

Soandrarina que

me

persistant

saison sèche qui va durer encore cinq mois dans l'Imerina. Je et

curiosité gênante des naturels; seule, la

me

j'ai

me

Dans

les

visiter les collections

livre à

Depuis ce malin,

n'est

de

qu'un intermède

mes travaux dans une

le

me

bien envie de fermer pour

crainte d'une prompte asphyxie

privant d'air et de lumière, viennent m'examiner et

longtemps

me

relient.

public reste aussi

me

les

A

soustraire à

la

l'étroite ouver-

habitants du

pays

mettre au courant des usages d'une

nombreux

et

quelques amateurs gardent

bonnes places.

la salle voisine,

des indigènes sont occupés à fabriquer avec de

vases. Après l'avoir chauffée, à

pour

apparaissent une foule de tètes, avec des yeux grands ouverts. Ce sont

autre civilisation.

plateaux de

qui ne semble pas construite à l'échelle humaine. Elle est éclairée

par une petite fenêtre mince, d'un volet en bois que

(jui,

les

n'avaient nullement souffert grâce au beau

elles

que nous avions eu jusqu'alors. L'averse d'aujourd'hui

chambre aux dimensions minuscules

ture

trouve seulement

l'on

retint prisonnier. J'en profitais

d'animaux, recueillis depuis Tananarive; cl

sud, jusque près

le

les traverse.

Soandrarina, une journée de pluie

plantes

de

La route de Fianarantsoa

hauteur d'Ankisatra, se prolonge vers

ils

découpenl

la

la

corne des cuillers

et

des petits

matière ramollie en minces lamelles qu'ils appliquent

chaud sur des empreintes creusées dans un bloc de bois suivant

les

formes à reproduire;

ils

polis-


VOYAGES DANS L'IMERINA. sent ensuite les différentes pièces ainsi obtenues au

moyen de

grossiers racloirs de fer. Ces cuillers.

fourchettes, gobelets, boites diverses, seront portés à Tananarive et vendus à quelque vazaha. objets en corne, les petite calebasse

comme

emporter Mais

la pluie

lamba de

soie

ou de coton

un bloc de

tranquillité. est

Mou

un bœuf

d'un morceau de bambou, d'une

plus souvent tous les produits qu'un Européen peut

le

échantillon de l'industrie antiraerina.

a cessé et je peux enfin sortir de

acre et nauséabonde. Les promenades dans les seoir sur

les tabatières faites

et

ou d'une patte d'écrevisse, sont

Avec ces

la

case que l'occupation de

mes hôtes emplit d'une fumée

rues de Soandrarina sont fatigantes, aussi je vais m'as-

pierre en pensant à ceux qui vont

dans

pays lointains chercher

les

le

calme

et la

voisin

bosse,

à

qui sans doute se plaît

dans

peu

qu'on

domicile

le

a choisi, car

lui

pousse des mugisse-

il

ments ces

continuels.

Si

protestations sonl

motivées par un

confus de

lincl

ins-

pro-

la

preté, elles sont

alors

Légitimes bien que par

effet

En

bruyantes.

trop ,

l'animal n'est pas,

nous

ne

C

vu

l'avons

Ankisalra,

à

en-

fermé avec ses congénères dans une grande fosse,

habituel

de

rina;

pour

il

a

bœuf

parc à

le

30 iNDn \niN

gîte

un trou boueux de deux mètres de profondeur où

l'engraissement. Dans quelques mois, fête

du Fandroana sera

mon

eaux. La contrée change peu à peu,

quartz a disparu

et

voisin, gras

et

replet,

il

ira à

peut

à

peine se remuer;

Tananarive

et

à

il

est à

l'occasion de

la

offert à la reine.

Le lendemain, nous marchons vers

le

\.

l'Anliine-

l'ouest

les

et

franchissons au Vonlovorona

ondulations s'accentuent mais

parfois une lave celluleuse nous annonce

les

les

la

ligne de partage des

roches deviennent plus rares,

régions volcaniques. I>es

hameaux

se

voient en grand nombre, des villages importants sont entourés de cultures étendues. Après avoir dépassé le

village

d'Ambohidranandriana, nous traversons,

à

mi-chemin d'Antsirabc, l'Andranolobaka, petite rivière

qui va grossir au sud l'Amboavato, affluent du Mania. Sur

beaucoup de maisons abandonnées, privées de

murs ravinés par

les pluies

le

manifestée surtout après

lation est peut-être plus les

apparente que

Antimerina principalement,

par l'ivrognerie,

les

Sakalava,

et

quelques las de terre

hameaux. Le grand nombre de ces ruines qui

plus souvent au milieu des villages habités, ont pu faire croire à

elle se serait

chez

bords de ce cours d'eau, on remarque

tiennent à peine, souvent ces masures s'écroulent

sont les derniers restes de ces anciens l'Imcrina.

les

leurs toitures, elles offrent un aspect lamentable; les

le

règne de ltanavalona

réelle

les

dans

les tribus

Antanosy,

les Betsileo et

et les

I.

la

existent dans tout

dépopulation de l'Ankova

;

Cependant j'estime que celle dépopu-

où l'alcoolisme

n'est

pas encore 1res répandu,

Antaisaka, tandis que celles qui sonl abruties

surtout les Betsimisakara éprouvent une diminution continue

dans leur population appauvrie. Sans doute dans certaines circonstances, après des guerres cruelles, un règne sanguinaire, des incursions de peuplades ennemies, une tribu peut être décimée, mais ses pertes

si

elle

réparera

sa vitalité esl bien prouvée par les familles nombreuses, les enfants qui pullulent

comme


VOYAGE A MADAGASCAR.

86

chez

les

Antimerina et

les

Antaisaka. Presque toutes

les

ruines que Ion trouve en pays anlimerina s'ex-

pliquent facilement. Lorsque l'indigène voit que sa maison devient vieille, que les

murs

ne songe nullement à

il

que

pignons se lézardent,

les

il

faire les réparations nécessaires;

demeure une habitation nouvelle

bâtir à côté de son ancienne

et

ne se donne pas

se fendillent,

se contente de

peine dé démolir

la

son logis d'autrefois.

A

l'ouest de l'Andranotobaka,

dans une

belle vallée le petit

encore

chemin

le

Anlsirabe débarrassés de

poussière de

la

deTananarive sont propres

diffèrent

et

rampe

forte

d'Ambohimasina. Puis un

hommes me demandent

là les

;

nous descendons une

village

nous traversons avant d'arriver

et

petit ruisseau, le Sahatsio,

nous barre

de leur permettre de s'arrêter. Désireux d'entrer à

la route, ils

procèdent à des ablutions répétées. Ces Borizana

beaucoup sous ce rapport des Anlimerina des campagnes qui ne

se lavent jamais.

De

village

compte cent cases environ,

Tananarive,

c'est la plus

par des rizières artistement installées et

En

travaux considérables. l'eau et

de le

même

de

grande agglomération que nous ayons rencontrée depuis

le

hameau d'Ambohidranandriana

pour arriver à un

tel résultat, les

sur les bords des rivières

effet,

pour

terrain nivelé nécessaires

dans

et

le

fond des vallées est occupé

Antimerina ont dû exécuter des suffisamment étendues,

les plaines

culture du riz se trouvent aisément; mais

la

sur les flancs des coteaux et dans les vallons élevés. Dans ce cas

— et c'est

le

d'aménager au-dessous

terre.

Il

série,

de terrasses étagées

champs de

du moment. L'Anlimerina

puis les dessécher selon les besoins

montre un

en une

le sol incliné

peut ainsi inonder les plates-formes, avoir dans les

talent

vraiment remarquable pour créer des

et

il

n'en est pas

plus fréquent

canaux de dériva-

cultivateur est obligé d'amener souvent de fort loin l'eau indispensable, par des

tion et

Ce

s'élève Anlsirabe.

contrée environnante contraste singulièrement par ses cultures nombreuses avec les

et la

légions du bassin de l'Onive. Depuis

le

un plateau quelque peu étendu, où

se trouve

du Sahatsio

cùté

l'autre

séparées par des levées

l'eau stagnante

ou courante,

s'acquitte fort bien de celte tâche et

il

dans un pays généralement mal disposé

rizières

pour ce genre de culture. Les connaissances agricoles de l'indigène s'expliquent du

bonheur nécessaire 11

est suffisant.

v a plusieurs variétés de

riz

dans

l'île.

La

variété dite blanche est la plus estimée, et la seule habi-

tuellement récoltée dans les régions de l'intérieur. Voici, en quelques mots,

du Plateau Central obtiennent ce céréale qui leur occasionne ci

de transplantation. Vers

hommes

le

mois de novembre,

se réunissent et d'un effort

sécheresse.

Ils

se servent à cet effet de

force, s'enfoncent

dans

la terre

commun

D'ailleurs,

le

les rizières

sont labourées à

nommées angady

le

pénètre et le sol

le

ramollit.

détrempé

les

commencement de

mûr,

il

le

grain de

la paille.

la

saison des pluies, époque rizière

Lorsque

silos

champ

le

riz est

éminemment

favorable à la végétation.

les

soit

pilon et nettoyé par

le

le

van. Après

En

Malgache

ira

champs

le

voisin. Là,

les pel ites

dans

au milieu d'une

gerbes pour séparer

les cases, soit

dans des

pierre plate. Quelquefois, dans les terrains

grain subira encore une dernière manipulation la récolte, les

et

éléments nécessaires.

sont remplacés par une construction conique qui rappelle, en

chaux. Avant d'être accommodé,

est ainsi suffi-

d'une couche d'eau assez abondante

conservé dans de grands paniers serrés

une

et l'eau

en masses touffues. La plantation est

une pierre sur laquelle on frappera à coups redoublés

Le

trois

durci par six mois de

plonge toujours dans un pied d'eau. C'esl dans ce marais que

fosses circulaires creusées dans l'argile et fermées par

humides, ces

main. Deux ou

la

le sol

moissonner avec des couteaux grossiers sa récolte portée ensuite sur le coteau aire battue; se dresse

.Malgaches

jeunes plants qui, ensemencés quelques

petit enclos spécial, s'y élevaient

pendant cinq mois, l'indigène couvrira sa

le riz est

les

qui, soulevées et abaissées avec

toujours renouvelée pour fournir au développement du précieux végétal

mars

comment

plus souvent un double travail de semis-

divisent en grosses mottes

longues bêches

samment préparé, des femmes repiquent dans semaines auparavant dans un

le

par leur propre poids. Le travail terminé, on ouvre les canaux

qui envahit ce terrain fraîchement remué,

terminée pour

son

reste, le riz est sa nourriture préférée,

petit, certains ;

il

fours à

sera décortiqué au

sont desséchés. L'emploi des engrais est très


ESCLAVES VANNANT DU

HIZ.

(DESSIN

DE SLOM.)



VOYAGES DANS

DE W<N

[»1C

de

rare, la paille serl

hauteurs par

les

c

bustible.

Le

a

li

I.MEHINA.

V'ilu>\

I

déposé par

\.

les

eaux

les

principaux centres de production du

plaine de Betsimitatatra

les vallées

el

de l'Andromba

l'ois

mieux cultivées de

celui de la

la

province;

le

poids de

semence. L'Imerina produit

n'ulilisenl d'ailleurs

le

la

sont dans les environs de Tananarive,

riz

d'Antsirabe, les vallons arrosés par les eaux de l'Andrantsay senl les

el

qu'une partie des terrains propices

côte un onéreux transport à dos

la

Antsirabe doit son

de

ce petit vallon sont à

à

maisonnette pour y être

'les

Ce sont

En

ce genre de culture; el

ses habitants, qui

effel

Antimerina

les

incapable de supporter

qui es!

à

l'ouest

du

Les premières que l'on rencontre à

une température de 37° centigrades; utilisées.

la

environs de Betafo et

consommation de

eaux thermales. C'est

jaillissent les sources.

que

les

d'hommes

des dépôts que laissent

à

lu terrain,

lénivellati

i

nom

dans

récolte est, dans les meilleures années, de cinquante

ne peuvent songer à exporter celle marchandise de peu de valeur

jusqu'à

et,

de l'Ambavàlo. Ces trois régions pârais-

nécessaire à la

ri/

fécondité des rizières.

la

du Fisaona,

el

organiques amenés des

les détritus

el

pluies de l'hivernage enlretiennenl suffisamment

Dans l'Imerina,

89

elles ont été

captées

et

village, la

dans

naissance

dirigées dans une

missionnaires norvégiens établis à Antsirabe qui ont

les

fait

avec beaucoup de soins ces modestes travaux, premiers essais peut-être d'une station balnéaire à Madagascar. Oui sail ce que l'avenir nous réserve! Plus loin, on voit sourdre d'autres sources froides ou

chaudes; parmi ces dernières quelques-unes, qui dépassent voirs

où viennent se baigner

sels alcalins, sont surtout

infirmes

les

<lu

16° centigrades,

alimentent deux ou trois réser-

voisinage. Les eaux thermales d'Antsirabe. 1res riches en

bicarbonatées sodiques elles ont formé dans ;

la vallée

une couche assez épaisse

de dépôts calcaires. Les indigènes reliraient autrefois par l'évaporation de ces eaux des sels de soude et de potasse; cette industrie préfèrent

le sel

commun

les travertins el

La chaux

n'est

esl

abandonnée aujourd'hui;

qui leur vienl d'Europe,

les tufs calcaires

pas

commune

rieur cet élément essentiel

à

qui environnent

Madagascar

et

les il

à ce

mélange

salin

peu agréable au goût,

les pierres à

revanche, l'extracti

lui

sources fournissent de lions matériaux.

esl très difficile

de toute construction solide

et

de

s'y

durable. Je n'ai

procurer surtoul dans rencontré de

[lierres à

de formation sédimentaire .pie dans les environs de Mojanga, entre les villages d'Ambatolampy

Morompa;

partout ailleurs,

il

utilise les

l'inté-

chaux et

de

faut avoir recours à des depuis marins ou à des noyaux calcaires que l'on

trouve dans les roches massives. C'est ainsi que sur

on

ils

chaux continue;

roches coralliennes qui forment

les celles orientales,

mieux partagées sous ce rapport,

partout des récifs étendus, tandis

que dans

le

12

centre de


VOYAGE

90 l'île il

employé

est

geux, surtout à les

MADAGASCAR.

faut se contenter des cipolins qui existent par exemple dans

calcaires d'Antsirabe. tible

A

Pour

généralement

l'est

chaux,

faire la

sud-est de Tananarive ou des tufs

le

Anlimerina se servent de fours en briques;

la capitale et

merina fabriquaient autrefois des briques

et

la

même

uniformes 11

compriment

ils

combus-

matière que l'on cuit les briques nécessaires pour

des agglomérations importantes de la province. Les Anlides tuiles de qualité inférieure,

ils

leur donnaient souvent

des dimensions fort variables, ce qui rendait impossible tout travail régulier. Aujourd'hui, à se servir de moules où

le

tourbe que l'on trouve en abondance dans certains vallons maréca-

la

de l'Imerina. C'est avec

constructions modernes de

les

l'argile ramollie,

ont appris

ils

de sorte que leurs produits sont devenus plus

et plus solides.

un certain nombre de prisonniers. Les condamnés aux

v a dans le village d'Antsirabe

vus à Ivondrona où

j'avais déjà

Tananarive où

ils

des pierres à chaux. La peine des fers punit dans l'Imerina des Révérends, on

l'a

même

cl

Le patient ne peut

se

mouvoir qu'avec peine,

constamment par

est blessé

il

moins grave ou moyennant rançon,

les

les

restent seuls, c'est la petite chaîne. Enfin, chez les

certains cas,

emploient

temps dont

le

leur nourriture

le

ou

et l'on

condamné aux ils

elle consiste.

les chiffons

il

ou

marche

me pardonnera

pas

à petits

Le

et doit

de cuir dont

les bracelets

il

anneaux inférieurs. Quelquefois pour une faute

barres sont supprimées; les anneaux du cou

condamnés de

sont remplacées par des ficelles de chanvre; pour eux

gouvernement antimerina

sous l'influence

les délits;

et

va se fixer sur une maille unique à mi-hauteur du corps.

toujours soutenir ces fers d'un poids considérable; malgré

entoure ses chevilles,

crimes

à l'extraction

porte au cou et aux chevilles des anneaux de fer rivés, un maillon ou

une barre allongée part de chacun d'eux C'est la grande chaîne.

les

ministre, et à

ici

appliquée pour réprimer l'ivresse publique. Voici en quoi

homme ou femme,

condamné,

du premier

cultivent les plantations de cannes à sucre

ils

entretiennent tant bien que mal' les voies publiques, sont employés

que

fers

le fer est

des chevilles

cl

caste noble, les attaches

Comme

fady.

ce rapprochement,

il

rigides

tout fonctionnaire du

n'est peut-être pas inexact

dans

fersdnil subvenir lui-même à tous ses besoins. Aussi ces malheureux

peuvent disposer à faire dans

le village

quelques petits travaux pour gagner

à implorer la charité publique.

Le 19 mai, je quittais Antsirabeel descendais

mon

itinéraire à travers les

tant

du

sud de l'Imerina.

la vallée

de l'Amboavalo. Avant de continuer vers l'ouest

pays volcaniques, je voulais visiter Ambohiponana, dernier village impor-

La roule

est fort belle

vaste plaine allongée du nord au sud

et

;

nous sommes dans une vallée ou plutôt dans une

bornée au levant

et

au couchant par de hautes montagnes. La terre est noirâtre et les cultures

semble

fertile,

sont étendues; à droite

gauche du chemin, des habi-

et à

L'Amboavalo

tations rapprochées.

que nous côtoyons parfois reçoit de nombreux ruisseaux qui des-

cendent des hauteurs

dans

tombent

et

plaine en jolies cascades.

la

Celle contrée est une des plus pit-

toresques j'ai

Vers au

des plus riches que

cl

vues dans l'Ankova. le

milieu

village

du jour,

deux heures après rive droite de i: '

'

|}P'/ I.KPUOSKR1E D ANT1SIRAHE.

'

i

je passais

d'Ambohimanjaka, j'étais

sur

et la

l'Amboavato. Devant

nous, adossée au flanc occidental

I.

Plutôt mal que bien.


VOYAGES DANS L'IMEIUNA. de

91 la vallée,

line;

qu'un

prévenir

le

sommet. Pen-

mes

de

hommes va

autorités

les

d'Ambohi-

i'orlilié

ponana en occupe dant

une petite col-

s'élève

village

le

de l'arrivée

du vazaha, j'examine avec attention une pierre levée magnifique bonis de

'liesse sur les

se

cpui

rivière.

la

Le monolithe, qui s'élève à quatre mètres au-dessus du sol, présente

une

section

rectangulaire

uniforme de

m. 00 sur

m.

!•">;

en est grossière.

taille

la

assez

Des pierres levées, valotsangana,

l'île,

trouvenl partout dans

se

oatolahy,

principalement dans

du massif central chez rina

chez

oriental

Malgaches

conquête,

d'un

vœu

d'un jugement

mo-

numents érigés pour rappeler

à la

actes des ancêtres

peuple madécasse.si superstitieux, qu'il lui

suppose, pour

les

pour garder

morts dont

moire des

pouvoirs

a

le

lombeau de

la

Cependant

famille.

bien vite ajouté un culte véritable;

qu'il lui

prête sur l'univers entier.

Il

il

à

son mécontentement et

el

vatolahj ne répond pas

si le

son mépris. Par exemple, un indigène

d'entendre la sentence des juges,

peu de graisse loul en suite

lui

pierre

la

la prie, lui fait

pour

il

il

va près de

s'il

sort

même

il

passe dédaigneux devant

revient sur ses pas

une pierre levée sur sa roule: projectiles

demeurent sur

cl il

frappe

sol,

le

s'arrête,

la pierre, c'est

s'accorde avec les chiffres heureux le

lui

;

le

le

litige

Malgache

monolithe.

l'injurie,

autre

ramasse de- cailloux,

d'un bon présage pour

mais au contraire

si

sommet de

exprime d'une façon tangible

en instance.

est l'indice

Une

le

vertus

en procès ; avant de se rendre au kabary

est

menhir,

mé-

des offrandes, qui

pierre levée voisine de son habitation,

vainqueur du

gnement d'une mimique expressive qui chez fois

la

il

les

ci

restes

ces évocations du passé,

honore

expliquant son affaire avec beaucoup de déférence,

une onction plus étendue

regagnant sa demeure

à ses désirs,

la

les

consistent presque toujours en onctions graisseuses sur les parois ou en appositions sur le

quelques cailloux de quartz;

célèbre,

solennel; ce sont des

PEHS.

perdus au loin n'ont pu revenir dans

souve,

souvent aussi \L'\

le

énement important d'une

postérité les CONDAMNES

aux yeux

une divinité

non

adorer, mais

doit

l'on

nir d'un é\

les

ri

Ces menhirs isolés

mi groupés représentent

que

versant

le

Antanos]

les

Belsimisaraka.

des

Antime-

les

mu-

les Betsileo el

el

régions

1rs

le

lui

promet dans

cl

siffle

avec accompa-

du plus profond dégoût

fois, c'est

les jette

chemin

:

quelque-

un voyageur qui rencontre

sur

le

sommet;

futur, surtout

tous les cailloux,

la

perdu son procès, en

A-t-il

crache

il

frotte d'un

la

mal

dirigés,

si

si

quelques

leur

nombre

retombent sur

un sort funeste menace l'indigène, qui se hâtera de regagner sa demeure en atlendanl des jours

plus favorables.

Dans

l'Imerina, les pierres levées sont généralement isolées. Quelques-unes atteignent des dimensions


VOYAGE

02 considérables c'est le

la

plus grande que

MADAGASCAR.

A

rencontrée mesurait 6 m. 00 au-dessus du sol;

j'ai

plus grand nombre, ne dépassent guère

la taille

humaine

il

;

même de

en est

— les

autres, et

plus petites, dressées

des cultivateurs. Ces monolithes sont bruts,

les dieux Termes feu ou arrondis suivant les arêtes vives par des coups de masse. parle quelquefois éclatés grossièrement d'aucun culte. Le plus souvent Les pierres taillées d'origine toute récente et rares encore ne sont l'objet

au milieu des champs,

elles

deviennent

un mort ou quelque

elles rappellent

important

l'ail

;

un dessin grossier ou gravé une

parfois on y a tracé

inscription.

monuments

Ces

mégalithiques

Madagascar

curieux à

si

n'éprouvent chez les autres tribus (pie de faibles changements '

dans

la

forme

vénérés de

mêmes

la

même

manière

ques variantes

chez

:

clans la suite quel-

anciennes pierres

Betsileo, les

les

sont

ils

représentent à peu près les

et

Néanmoins nous verrons

idées.

Partout

disposition générale.

et la

polies entourées de bois sculptés; chez les Bara. les larges

Manambia,

dalles; chez les

les

menhirs enfermés dans une

enceinte de cailloux superposés; chez

hauts monolithes érigés à côté

les

Antanosy,

les

les

uns des autres à proxi-

mité d'un pieu aigu surmonté d'un oiseau.

Les Malgaches

et surtout les

Antimerina ne se conten-

tent pas d'honorer les pierres qu'ils ont dressées ils

entourent encore de leur vénérai ion

et

eux-mêmes,

de leurs res-

pects certains rochers, doués sans doute de propriétés

miraculeuses. Les uns, détachés de

la

montagne par une

puissance divine, sont venus naturellement dans

réclamer

hommages

les

meur moins vagabonde, formes

el

leurs aspects,

d'autres enfin qui

chefs et

ont

d'hu-

des humains; les autres, se sont fait il

été

souverains,

les

la plaine

remarquer par leurs

faut aller les prier;

en est

il

choisis directement par les

désireux

sur

d'asseoir

celle

base solide leur royauté naissante. Ainsi, nous avons vu à pierre

i.ev.;e a

Mahamasina

donnent

ambihiponana.

à Andohalo

et

l'investiture

aux

rois

les

sacrées;

pierres

antimerina.

Sur

le

fameux

Iankina, c'était notre guide qui demandait à un roc

de

lui

guérir sa fièvre.

En

sortant

elles

mont

de Tananarive pour aller à Ankadivavala, nous passions non

donne aux femmes par son simple contact toute la fécondité qu'elles désirent; la surface du rocher, lisse et noirâtre, indique suffisamment qu'il a de nombreuses clientes. Ambohiponana est un gros village de 500 habitants, c'est en même temps un poste militaire

loin d'une pierre célèbre qui

destiné à limiter, dans cette partie reculée de la province, les incursions des Sakalava. l'hospitalité

dans sa maison, une

vieille

case en bois, qui se dislingue par sa construction soignée

ancienne architecture des mauvaises habitations d'argile dont est à 80 centimètres

du

sol,

une pierre enfoncée

dans

toujours se livrer à une gymnastique effrénée pour gagner et

luisant

;

la

elle

est entourée.

terre en

île

Le

seuil

de

du

des matières charbonneuses pendent au-dessus de nos têtes en longues stalactites est lier

et

la

permet l'escalade, mais

ses appartements. Le dessous

vrent de moment à autre d'une épaisse couche de poussière. Mon hôte

preuve

Le chef m'offre

faut

il

noir

toit est

el

son

porte

nous cou-

de ce résultai qui est une

sa noblesse el de l'ancienneté de sa famille; la reine, nu; dit-il, appelle ses

bons sujets

»

ma

vieille suie ».

Le lendemain de

mon

arrivée, doil avoir lieu à

Ambohiponana

milices venues des villages voisins. Dès l'aube, un

tambour

la

revue de

la

garnison grossie par

les

a bal lu le rappel sur la place, les troupes




VOYAGES DANS L'IMERINA.

95

»

ï''-.'\:C^ïWw-' «-V-uv,.

il

pou

à peu.

Sans doute

en vient une quinzaine. Mais

reine;

plus grand

le

nombre

voamena nécessaire pour armés de le

fusils, six ont

a

les effectifs il

y

;i

ne son) pas au complel

quelques malades

:

on m'annonce trois cents hommes,

beaucoup de gens retenus par

et

versé entre les main- du chef de détachement

les autres...

c'est

le

un

service de

la

colonel —

le

une seule ligne; cinq sont

être dispensé d'exercice. Les soldats se rangent sur

des sagaies ou des hâtons,

%U\

/.

DK TUITIHVA.

luTKFIE

arrivent

y

ne portent rien. Les officiers passent sur

front des troupes, puis prononcent à tour de rôle de longs discours; cela dure cinq heures.

Commen-

cent ensuite les manœuvres, marches cadencées, alignements; un sergent mauvais conducteur de

condamne

droite est rieur.

On

à recevoir

se sépare après

Quelques soldais sont

douze coups de verge;

une allocution

finale

ainsi disséminés

la

sentence

est

du grand chef.

dans

les villages

côté de l'ouest sur les confins du pays sakalava, mais

ils

frontières de L'Imerina, principalement

et

nombreux

sont toujours peu

gouvernement anlimerina réserve ses meilleures troupes pour occuper conquis

l'aile

exécutée par un officier supé-

les

et

du

mal armés. Le

postes fortifiés des pays

surtout pour tenir garnison à Tananarive et dans les villes importantes placées directement

sous son autorité.

La crête des collines qui limitent d'Ambohiponana, pour former déchiqueté du Rotraro

et

le

à l'ouest la vallée

de l'Amboavato s'élève brusquement prés du village

massif rocheux du mont

Ibity

2200 m.

.

La montagne

plus sur ces hauteurs. Seule, une plante épineuse d'apparence fort bizarre pousse ça

rochers

:

a l'aspect

de l'Iankina; ses flancs rocailleux sont dénués de végétation, l'herbe ne croît

sur un tronc ligneux informe

et

ratatiné qui semble plaqué sur

la

et là

accolée aux

pierre ainsi qu'une boule

de terre glaise qu'on aurait jetée avec force, une petite Heur jaune se montre timidement au milieu de

longs piquants acérés.


VOYAGE A MADAGASCAR.

96

Le 21 mai, après avoir franchi

chaîne de

la

nous arrivons en une demi-journée de marche au

I'Ibity,

au pied du volcan de Trilriva qui dresse dans l'ouest son cône tronqué.

village d'Isandra, situé

proclamé

Je trouve le village sens dessus dessous; l'état de siège est

Une bande de Sakalava

transes continuelles.

des enfants, cinquante bœufs,

me donne

qui

ces détails en m'entraînanl dans sa maison, ajoute

Le brigandage s'exerce,

est très

ils

n'ont rien vu

nombre de nos ennemis

été grossir, sans doute, le

répandu à Madagascar

et

:

J'ai

«

bien envoyé, vers midi, des

quelques-uns ne sont pas rentrés;

même

dans une

gens des peuplades voisines); d'autre pari,

le

ils

ont

contrée, suivant l'endroit dans lequel

prend deux noms différents. Ainsi des vols de bœufs, des rapts de femmes

il

el

•>.

et

viennent-ils à se produire dans les villages frontières, les

brigands ont pris des femmes

les

sont partis dans loues! avec leur butin. Radrahona, chef du village,

el

soldats à la poursuite des fahavalo, mais

il

venue hier matin;

est

habitants sont dans des

et les

on accuse immédiatement

méfait

commis dans

est-il

les

fahavalo

et

d'enfants

(les

ennemis,

on

l'intérieur de la province,

l'impute aux tontakebj (bandes de voleurs). La dénomination do fahavalo semblerait donc désigner les guerriers des tribus hosliles aux Antimerina, qui viendraient dans leurs provinces ou chez leurs alliés faire

de fréquentes razzias. Cela arrive bien quelquefois, mais c'est l'exception. Presque toujours les

fahavalo qui dévastent les confins occidentaux

nord-ouest de

l'île

l'Imerina et du Betsileo et les grands territoires du

île

sont des bandes constituées par des esclaves fugitifs, des soldats insoumis, ou des

gens qu'une peccadille quelconque oblige à quitter leurs foyers; ces bandits se réunissent conduite d'un chef qu'ils ont choisi, pillent indistinctement

vont vendre, à droite recrues aux fahavalo

dans

les

Antimerina s'unissent aux Sakalava, tandis

:

le

Nord,

commune

avec

les

véritable industrie, et

le

Malgache, déjà

quelque peu violent de se procurer

nombreux surtout

donne

d'enceinte

mot

le

et

le

ce

A

ils

à Tananarive,

se sentent couverts par des chefs

Sous ces deux formes,

moyen

le

fort

vol est

devenu

commode mais

bien d'autrui.

huit heures,

sécurité du village d'Isandra;

la

tambour bat

le

la générale,

la nuit, la

moitié

tics

des factionnaires sont postés

le

de nombreuses patrouilles circulent dans les deux rues du village. Radrahona

d'ordre à ses soldais

leurs cases. L'obscurité,

Sud

au contraire des fahavalo qui

la nuit,

porté au larcin, a trouvé là un

si

journée, quelques soldats veillent à

habitants est réquisitionnée.

mur

le

fahavalo, les villes de l'intérieur et les roules fréquentées sont les théâtres

les

influents qui leur assurent généralement une impunité absolue.

long du

dans

(pie

Bara. Pendant que les pays frontières sont mis ainsi

opèrent généralement en plein jour. Us sont très audacieux, car

la

et

produits de leurs expéditions. Toutes les tribus envoient des

exercent leur métier lucratif pendant les premières heures de

Pendant

la

et,

les

ordinaires des exploits des tontakely. Ces voleurs de grand chemin, fort

une

sous

peuvent surprendre

ou à gauche,

sont des Betsileo qui font cause

en coupe réglée par

les villages qu'ils

me

dit-il,

vient ensuite

et

me

prier de défendre à

ne permet pas de distinguer

mes hommes de

amis des ennemis. Devant

les

sorlir de

la justesse

de cette observation, je m'empresse de prévenir les porteurs d'avoir à se conformer aux ordres de l'autorité, et je

me

Mais hélas! vaise, car les

montrer

prépare à goûter un repos que les Sakalava n'oseront pas interrompre. si

les

se chargèrent

de

à l'ennemi (pie le village est bien

ces misérables,

mon

fahavalo ne vinrent pas troubler

Antimerina

les

sommeil, celte nuit n'en

remplacer avantageusement. En

défendu, qu'ils ne dorment pas

non contents de répéter sans cesse

:

«

Zovy?

»

qui? qui

et

est là?

fui

pas moins mau-

eflel les

soldais veulent

qu'ils sonl sur leur «

Tandremo

(sara/

garde; Veillez

bien! poussent des cris stridents, dos appels désespérés, des rugissements épouvantables; c'est à qui

hurlera

le

plus fort;

en

il

est ainsi

jusqu'au malin. Radrahona, qui lient à

ma maison une

tions, a placé près de

garde

d'élite,

me

prouver ses bonnes inten-

recrutée parmi les crieurs éprouvés

:

elle doit

me

convaincre par un lapage infernal que je puis dormir tranquille!

Le lendemain,

je faisais l'ascension

dans l'ouest d'Isandra

pour on gravir

les

;

les lianes

du

Tritriva. Cette

montagne volcanique

gazonnés sonl à pentes rapides

rampes, tantôt nous marchons sur

l'argile

el

dans

les

se trouve à

-2

kilomètres

zigzags qu'il nous faut suivre

parsemée de scories on menus fragments,

tantôt nous traversons des coulées de laves qui, descendues dans

la

plaine, oui

formé dos amas considé-


VOYAGES DANS L'IMERINA. Ces

râbles.

premiers épaulements du mont, présentent cependant une déclivité

tufs, qui constituent les

moins prononcée. Bientôt nous arrivons sur obliquement arête, sorte

qui termine la montagne,

la crête elliptique

se trouve le point culminant,

vers l'ouest

97

1

elle s'élève

820 mètres. Lorsque l'on a franchi cette

de rempart qui environne une dépression profonde, l'abîme cratériforme apparaît au milieu

de cette coupe gigantesque. Le cratère-lac est ovalaire, des parois rocheuses l'entourent d'une muraille à pic, saut vers le

sud où un talus escarpé permet de descendre avec peine jusqu'au niveau de

Près des bords et tout autour du lac, je n'ai pu trouver

que pouvait atteindre ma torde de raphia. On éruption soudaine aurait changé

hommes

Les

ils

envoyé par Radrahona

est

la

nous sommes dans un cirque dont une

dirait qu'à Trilriva

le

sommet de

la

montagne ont

refusé de

me

ont peur d'une bête monstrueuse qui se cache dans les eaux du

ces espaces inférieurs;

l'eau.

plus grande profondeur

la

en abîme insondable.

la piste

accompagné sur

qui m'avaient

fond à 98 mètres,

le

plus audacieux,

reste

il

;'i

mes côtés

pendant que

ci

suivre dans

Le guide

lac.

je travaille

il

me

raconte

légende de Trilriva. «

Là-bas, dans l'Ouest, au pied de

homme renommé'

par sa force

montagne

la

son adresse

cl

dans

:

deux villages \oisins

sonl

:

dans

demeurait une jeune

l'autre,

un jeune

l'un habitai!

tille

remarquable par

sa

beauté.

Les deux jeunes gens étaient fiancés

<i

se

qu'ils

demandaient. Ni

pu loucher «

les

un éternel amour. Cependant

ils

ne pouvaient

»

Désespérés

cl

de soie

se jetèrent dans

el

que dans

fois

il

un jeune

ordonna

suivre leurs goûts

Celle

homme

ces malheureux enfants n'avaient

«le

loi a été

el

Trilriva. Ils s'attachèrent

de rouge.

eaux du

lac

Tananarive comprit

Chaque

fois

que dans

fille

venait à

le village

du

devenaient rouges. la

volonté du!

lest in.

de ne plus résister aux désirs de leurs enfants

à lous ses sujets

leurs inclinai ions.

Dans un kabary el

de

les laisser

»

même

bien accueillie; on a

à

montagne de

malheureuse fiancée une jeune

la

était teintée

la

sans fond.

le lac

trépassait, toutes les

gascar, les garçons sonl 1res libres, les

Le

supplications

village de

le

Andrianampoinimeriàna qui régnait alors

solennel,

ni les

jeunes fiancés gravirent

vie, les

la

liiiuliii

moitié des eaux du lac de Trilriva

la

fiancé désespéré »

de

las

Depuis ce jour chaque

mourir,

larmes,

les prières, ni les

à l'union

parents inflexibles.

ensemble dans leurs

et

s'étaient juré

ils

;

marier. Leurs familles divisées par des haines violentes n'avaient jamais voulu consentir

lilles

dépassé

les limites

d'une

gracieuse permission.

si

A Mada-

aussi.

an village d'Isandra, j'assiste à un combat de coqs. Les Antimerina, les Betsileo quelque peu,

soir,

beaucoup plus rarement

les

Betsimisaraka sonl amateurs de ce genre de sport.

Les indigènes choisissent dans leurs volatiles domestiques des poulets qui leur semblent, par leurs

formes

el

leurs allures, indiquer

entretiennent avec taire

beaucoup de

savoir dans

l'ail

le

indigène, propriétaire volatile. r^

soins, l'uis lorsque ces

village qu'il tient un coq lui

île

coqs sont parvenus

combat

les

ils

animaux

engagent

sonl

la lutte.

gent des paris minimes à

lorsque

le

avec peine

combat et les

a pris

la vérité, lin

el

les

leur proprié-

Un

autre

conditions, se présente avec son

mêmes

mis en présence. Excités par leurs propriétaires, par un <>n

fait

cercle autour d'eux. Ce sonl d'abord des parents

occasion de se distraire dans

mais qui sonl l'occasion

que

nourrissent, les

à l'âge adulte,

des amis des deux propriétaires; des oisifs, des curieux, habitants du village

laisser passer, sans y assister, celle rare

Ils les

prêt à soutenir des luttes sérieuses.

aussi d'un jeune coq élevé dans les

Au jour convenu,

cure de vie tout spécial,

el

une force et une aptitude favorables au combat.

île

el

qui ne veulent pas

village. Les spectateurs enga-

le

longues

el

d'interminables discussions

propriétaires des deux animaux combattants les ont séparés

ont ramenés ensanglantés dans leurdemeure respective.

Les Antimerina sont très amateurs de ces combats de coqs. Alors qu'un poulet ordinaire se vend

Couramment quatre sous de noire monnaie.

somme

est

jouit par

encore plus considérable

s'il

1.'

s'agit

prix d'un coq de

combat

est

d'environ une piastre. Celte

d'un animal réputé par ses victoires antérieures et qui

conséquent d'une grande renommée de bravoure

et

de force. 13


VOYAGE A MADAGASCAR.

98

Les combats de coqs sont luttes de taureaux, luttes les

les seules luttes

d'animaux provoquées par

soutenues par l'homme contre cet animal

courses de taureaux des pays espagnols. C'est inexact.

bravoure des indigènes leur

fait

A

cramponnent à

irrité,

Madagascar,

Malgaches.

On

a parlé de

analogues à ce que seraient il

n'y a rien de pareil et la

absolument défaut, pour cela aussi bien que pour autre chose.

Avant d'immoler un bœuf, des borizana, des enfants, s'amusent dos, se

les

sa bosse graisseuse, mais

il

à agacer l'animal. Ils sautent sur son

n'y a là rien qui ressemble à

une course de taureaux.


VILLAGE HE

MAHA1

CHAPITRE IV —

Dans Vallée de l'Andrantsay. Les sources chaudes de Betafo. Une pierre levée. Betafo. Départ d'Isandra. Village de Mananzary. Itasy. lac du bords les Sur d'Ambalavato. Mahatsinjo et pic Village de les grandes herbes. Le Mangoro. Retour à Tananarive. Maistre en pays sakalava. Voyag Chutes de l'Ikopa à Farantsana. La Mahanoro. Entrée a Ambodimanga. - 1rs copaliers. Types et costumes .les Betanimena. - Anosibe. a Ambalamodes Les .-luîtes. des région La caoutchouc. Le Les cascades du Mangoro. vanille et le café. Beparasy. vern. La région des îles.

-

-

-

-

-

-

-

L

e

23 mai, nous quittons Isandra

dispos

a

el

le

le

le

nord-est

le

monde

est

Tritriva el

nuit précédente.

la

non- laissons

L'étape est courte d'Isandra à Betafo;

dans

Tout

goûté un repos bien mérité après l'ascension du mont

surtout après l'insomnie de

Ë0^

faisons rouir pour Betafo.

el

pic de Tritriva.

11

existe sur

vite derrière

nous

un contrefort adossé, dans

lointain nord, au massif principal, un petit cratère bien dessiné; dans le voyons encore d'autres cirques volcaniques, qui émaillent la petite

nous

rendus plus sombres chaîne du Tritriva de larges Irons béants, parfois élevées. Près du encore par une épaisse couronne d'arbustes cl de plantes

que nous laissons

village d'Iavonarivo,

dement, vrons sa

les

el c'est

à

au point culminant dune

environs de Betafo

masse imposante, dont

cipal, laisse voir

gauche, nous nous élevons rapicolline ravinée que nous décou-

mont lavoko, qui domine le village de contour, échancré à l'est du sommet prin-

et le le

encore un cratère. Nous descendons dans

la plaine

de

Betafo.

Dans PIERRE

LEVÉE

.V

BETAFO

coulées de

régions que

noires des scories

geâtre caractéristique et monotone.

nous venons de

traverser,

le

Vontovorona,

nous avions bien rencontré au milieu de les rouge de nombreuses roches volcaniques; mais, malgré

Anlsirabé, Isandra l'argile

laves et les teintes

les

Ici, la

et

et

Tritriva,

des ponces,

le

pays conservait encore sa teinte rou-

poussiéreuse, plaine est formée d'une terre noire friable el

d'où émergent des roches et des -raviers noirs

el

brillants

:

l'argile se

distingue encore sur les sommets,


VOYAGE A MADAGASCAR.

100

mais dans

plaine on la chercherait vainement.

la

Sur

éminenees dont

les petites

s'entassent par petits groupes des maisons réunies dans des enclos

:

murs

la vallée est

d'enceinte

et

parsemée,

maisons sont

en pierres jointes par un mortier d'argile; quelques-unes sont couvertes en lave.

édifiés

Cependant cet aspect nouveau du pays cesse bientôt, ces constructions en pierre aux murs

noircis,

ce sol noirâtre, disparaissent rapidement, et en approchant de Betafo nous foulons encore l'argile rouge.

A

dix heures,

nous arrivons au marché d'Alatsinaina.

un vaste emplacement limité aux quatre

C'est

angles par des pierres levées de dimensions considérables; d'elles porte

des inscriptions que je transcris fidèlement

grossièrement; l'une

ces inscriptions qui ornent les faces du

;

premières que je voyais à Madagascar,

lithe étaient les

elles sont sculptées

et elles étaient

de ces pierres destinées surtout à rappeler aux vivants des événements importants

mémoire d'un homme riche

et puissant désireux en élevant ce

toute architecture) de passer à

Côté est

Anonobe

« J'ai

IX

cl

à perpétuer la

plus simple expression de

nilety

ny

lany efatra tao Antomboka, nikomandy

la fin

XI

laona ary

taona ary ny tafika nahako dia maro kanefa noho ny fitondrari Andriamanitra dia tongo

parcouru

les

»

quatre côtés de

gouverneur d'Anonobe neuf ans,

la Terre. J'ai été

et les

gouverneur

expéditions dont

grâce de Dieu je suis revenu des pays lointains

la

(la

:

Antanindrana hiany aho.

eto

monument

la postérité.

Rainimanda Ambohijafy. Izaho efa tao

mono-

bien caractéristiques de l'origine

ici.

j'ai fait

d'

Antomboka (Diego-Suarez) onze

partie sont

»

manao toavahiny. Ela lokoa ny

Alatsinaina ity tsy niba miova fa ny zànak'olona no

ans,

nombreuses. Cependant par

cla ka

ny vato tamy

Ambololara no tonga miresaka eiy alatsinaina.

Les enfants des

«

hommes

Ambolatara (nom d'un 2°

Côté ouest

sont

village),

comme

des voyageurs

viennent parler

ici

sur

le

:

passé

'est

bien loin et les pierres de là-bas,

place du Lundi.

la

»

:

Akory ratsizay lompokoe! Rainimandanarivo

XIV v " l

Ichibc 111

tamy ny Vakin'Ankaratra ny lenanay no

nijaraka taminarco fa ny anaranay mbola mitsanyana rlo afovoanarco hiany A'oa faby izahay raha mijery zato fahavorianarco ka mahaiza mivarotra fundroa

Andriamanitra jereo ny mahitsy.

malemy fanahy

Comment

«

Ka

maty antoka. Ary aza manambaka ny adala fa jereo

tandremo ny marina fa izay manao soa tsy mba maty antoka ary isaa

traranliira.

Rainimandanarivo XIV honneur, troisième chef

allez-vous, messieurs, (dit, sous-entendu)

des Vakin Ankaratra. Notre corps s'est séparé de vous, mais votre

vous

et

nous sommes heureux de vous voir

à perle et ne

font

le

trompez pas

la pierre

nom

se dresse encore ici

au milieu de

réunis en grand nombre. Sachez vendre de peur de vendre

simple; mais voyez Dieu, voyez l'équité et observez

bien ne sont pas frustrés et ceux qui sont doux atteignent

Autour de

le

ici

la

justice, car

'

ceux qui

la vieillesse. »

:

Izaho no ambato amclankafaira nilsanyana tamy ny 1888, 8 Alahamady. «

Je suis la pierre aux recommandations dressée en 1888,

La place du marché d'Alalsinainy

est séparée

de

la ville

minime étendue. Après quelques minutes d'une marche dans

le village.

et sa petite

damnés aux une

belle

8 d' Alahamady.

»

difficile

sur une levée argileuse, nous entrons

Betafo compte environ loO cases, huttes de roseau, maisons d'argile, groupées autour

d'un rova, fort rudimcnlaire, dont neur,

le

par un petit lac, nappe d'eau croupissante de

fers,

les

murs renferment

la

maison du gouverneur Ramiralio,

comme

armée de cinquante soldats; à Betafo,

se trouve

mais

cette dernière ville.

maison à

il

est

l'ouest

moins important que dans

du

village. Betafo est l'agglomération la plus

11 e

Mes hommes me logent dans

importante du Vakin'Ankaratra

occidental; c'est le centre autour duquel se pressent dans celle vallée fertile de l'Andranlsay de

breux villages;

1.

les rizières s'élagenl

Recommandation

hon-

à Antsirabé un dépôt de con-

partout en gradins pressés sur les bords des cours d'eau, qui

tout à fait caractéristique do PAntimerina, ce sémite de l'Extrême-Orient.

nomjail-


VOYAGES DANS L'IMERINA. nombreux des roches

lissent

me

tations et

noires;

oublier rapidement

fait

norvégienne existe à Betafo, ment. Je vais voir

passage à Betafo

pagnon

le

la

l'aridité et la

RR. PP.

et les

Pères Berbizier

les

terrain, propice

est

couvert partoui

belles plan-

<Ie

désolation du Vakin'Ankaratra oriental.

Une mission

Jésuites 'viennent d'y fonder tout récemment un établisse-

Caussèque, qui

et

me donnent

de lionnes nouvelles de Maislre, de

Mon com-

semaine dernière.

au nord cher-

a été obligé d'aller plus

une voie de pénétration dans

cher

aux culture*,

101

pays

les

sakalava.

me

Les Pères, qui conduisent

donnent

dehors de

en

comme

sources chaudes qui,

de guérir

réputation

mais je doute fort que de

chaud.

me

.le

suis

à Antsirabé, onl la

iourtes ablutions

si

mes porteurs qui

Au moins

lièvre.

visiter des

ville

nombreux malades;

de

puissent remettre sur pied lottent la

me

l'hospitalité,

la

gre-

prendront-ils un bain

Père Berbizier qui veul bien

le

conduire aux eaux chaudes. Le chemin

parfois

impraticable,

toujours

mandions constamment sur qui

séparent

rizières

les

niveau des eaux à

la

petites

levées

maintiennenl

hauteur voulue. Après

quarts d'heure de marche liques variés,

non

les

et

et

d'exercices

nous arrivons sur

de ces pelils éminences

si

esl

difficile,

le

trois

gymnas-

versant d'une

le

communes dans

cette

plaine de Betafo; sous de gros blocs de rochers el

au fond d'une anfràctuosité, on

par minute; celte eau dégage à

ques vapeurs sans saveur pérature est de

et

sourdre

voit

une source pouvant débiter 6 à 10

litres

l'air libre

d'eau quel-

sans odeur, sa tem-

+ 54° centigrades

;

le*

indigènes

nombre laver leur linge dans ruisseau qui murmure entre les cailloux

viennent en grand le pelil

:

après avoir coulé quelque* instants mu "milieu

de rochers, celte eau de lessive

dans une

sorte

roche; c'est

gner

de

que

baignoire

les

la

recueillie

dans

malades viennent

trouver sinon un

et

maux, du moins

esl

taillée

la

se bai-

soulagement à leurs

propreté' qui

le

[dus souvent

leur fait absolument défaut.

Devant l'ouest

la

du

porte de

j'ai

raires des

Antimerina.

moins en

je

ma

roule

GOUVERNEUn

DE

BETAFO,

logeais à

tombeau d'une noble Antimerina.

rencontrés sur

ne des principales

LE

maison où

village, élail le

genre que

I

la

el je

profite

«le

C'est

un de* plu* beaux spécimens de ce

l'occasion pour décrire au lecteur

coutumes des peuplades madécasses invoquée pour

partie, leur origine asiatique, est sans contredit

le

les rites

funé-

affirmer, sinon en totalité

culte des ancêtres

et

par suite

les

du

hommage*

honneurs rendus aux défunts. C'est donc chez les Antimerina (et les Betsileo), où se trouve dans sa plus grande pureté le type malayo-polvnésien, que nous allons voir la mémoire îles morts honorée par des cérémonies dans lesquelles l'indigène l'ail preuve d'une munificence el d'une largesse insolites el el les


VOYAGE

10 2

par des tombeaux construits avec plus de soin les tribus sakalava,

MADAGASCAR.

A

de recherche que

et

bara et ântàisaka, chez lesquelles un

fort

la

demeure des

Au

vivants.

contraire,

contingent africain est venu s'adjoindre au

type polynésien primitif, se contentent souvent de déposer dans un vallon désert, au fond de quelque recouvert de pierres; caverne, le mort couché dans un tronc d'arbre creusé ou enveloppé d'une nalte et moins compliqués plus ou rites suivie de ou mais encore celle inhumation sommaire est-elle précédée

dont je parlerai dans

la suite. C'est aussi

pour

même

la

raison que les peuplades à cheveux lisses (Anti-

des morts, merina, Betsileo, Antanosy ou ondulés (Anlaimoro, Antsihanaka) recherchent la compagnie publics ou le construisent les tombeaux près des habitations, au milieu des champs, dans les endroits |

long- des routes fréquentées

pour

le

lieu île leur sépulture,

d'un facly inviolable. Anlimerina de prendre de leur vivant toutes

quelquefois leurs

et leurs propriétés,

est

11

trépassés une crainte superstitieuse, entourent

les

noms

tandis que les autres tribus à cheveux crépus ou laineux éprouvent toujours

;

d'usage chez

les

venir

ies funérailles à

et

de régler minutieusement

les détails

les dispositions

de l'enterrement

et

nécessaires poul-

des fêles qui l'accom-

ce jour pagneront. Dans ce testament, l'indigène indique l'endroit où se trouve l'argent caché pour famille esl prêt, il peut solennel, le nombre de ses bœufs à immoler en son honneur. Son tombeau de

mourir tranquille, on exécutera ses dernières volontés. sont Lorsqu'un Anlimerina vient à trépasser, sa famille, ses amis arrivent en foule dans sa maison où fatal dénouement le déjà réunis ses proches qui l'assistent dans les derniers moments et hâtent souvent

en faisant ingurgiter au moribond force poignées de le

besoin et l'abandon. Tout

commence

le

monde

pour montrer qu'on ne

pleure et chante, se lamente

Le corps du défunt

à boire.

riz

reste

peu de temps dans

le laissait

pas mourir dans

vocifère; pour noyer

et

un jour

la case,

et

deux

le

chagrin on

nuits,

rarement

publique ou tomber dans une

davantage, à moins que l'inhumation ne doive coïncider avec une fêle journée néfaste, ce qui donne lieu alors à des usages spéciaux. Le cadavre étoffes rougeàlres la richesse

de

du mort,

le

somme

la

de

nombre de

ou moins considérable, on en met toujours le. visiteurs déposent quelques morceaux d'argent

linceuls employés esl plus

ombre deviendra favorable Dans

la

le village

Cependant

l'on

le

vacarme redouble; tous

la

les

s'anime peu à peu,

chants,

vants sentent

le

le

rythme

la

douleur

et

rois et

besoin de se rapprocher. Alors

montre ficelé

une est

la

les princes;

richesse

et la

dans ces cas,

civière, le farâfara.

bière

la

parfois.

et réduit ainsi

Pendant qu'on

le

en

ce n'est

de momie,

descend dans

le

corps enveloppé dans ses lamba de soie,

le

est

caveau

porté au et

la

qu'on

tombeau par le

met dans

ses proches sur la

sont bien fatigués

cl

:

place qui

Le père ne veut pas quitter son

lui fils,

tombe, les enfants menacent de se tuer, les esclaves le lien

qui l'unissait au défunt formule

lous se souhaitent morts pour ne pas être séparés de celui qu'ils ont perdu.

l'enterrement répètent sans cesse

Les

que dans des occasions exceptionnelles, pouleu argent massif (piastres fondues) ou en bois précieux si

réclament leur bon maître, chacun selon sa parenté ou

ils

les esprits troublés.

des morts est peu convenable.

la veillée

l'étal

l'épouse éplorée désire suivre son mari dans

dant

funèbre,

Les cris ont succédé aux lamentations;

destinée, les scènes de désolation se renouvellent plus violentes.

dil'lérent:

instruments de musique

quelques libations agissent sur

puissance du défunt. Donc au malin,

dans ses bandelettes

les

phrase musicale plus gaie; pour résister au chagrin, les survi-

est plus vif, la

Les Anlimerina ne se servent pas de cercueil ies

son

famille; parents, amis, esclaves, mêlent à l'envi leurs plaintifs accents.

épanchements deviennent plus bruyants, trop tendres dans

les vivants;

commence une chanson

sont réquisitionnés. Le plus proche parent

accompagné par toute

est

l'empêchera de venir troubler

et

et bienfaisante.

journée qui précède l'enterrement,

disponibles dans il

;

au ainsi recueillie sera partagée entre les parents attristés elle mort lui-même qui emportera offrande celte partage; échoit en dans sa bouche ou dans ses lamba, la même monnaie qui lui

dernière heure apaisera peut-être son courroux

la

dans des

suivant soie indigène (lamb amena), des cordelettes maintiennent les tissus serrés;

plus possible. Près du corps est étendue une natte où les

tombeau,

esl lavé et enseveli

Maty aho.'maly aho!

«

Je suis mort

paraissent toujours abattus.

!

»

un vomi

Les gens de

C'est peut-être exagéré et

cepen


i:

'



VOYAGES DANS L'IMERINA. Je devais partir

ravages dans

ma

devient nécessaire

Jean est à peu près remis

donne

A

le

mon

fidèle

route dans l'ouest, mais

Boto lui-même

Un

est atteint.

la fièvre

de trop grands

l'ait

repos de vingt-quatre heures

nous ne partirons qu'après-demain. Malgré tous mes soins, je dois abandonner deux

et

de mes porteurs, Rainiboto

midi, je

ma

23 de Betafo pour continuer

le

petite troupe;

103

Rainizanaka, qui rentrent à Tanararive, où

et

le 26,

grâce à une dose colossale de quinine,

cl

même

ce

mon

porteront

ils

courrier.

un peu avant

jour,

du départ.

signal

nous franchissons par un col de

2 kilomètres de Betafo,

ques qui limitent au nord

la vallée

de l'Andrantsay,

et

500 mètres d'altitude

1

en descendant sur

le

les collines volcani-

versant ouest, près du

hameau

d'Ihadilanana, nous passons à gué une petite rivière au cours torrentueux; deux heures après, nous arri-

vons à Soavina.

un

C'est

comme Ions ceux que nous voyons depuis le Vontovorona. Le chef, un nommé commande quelques dizaines de soldais. C'esl un brave homme, et pour une ne sait quels cadeaux me faire. Quand je sors dans le village, sa lui ai donnée,

village fortifié,

Abraham Balsimiharo, paire de lunettes

que je

il

musique

nie suit partout. Trois grosses caisses, cinq

tamment

;

c'esl

une aubade continuelle, toujours

Au

mettre un terme heureux à ce charivari. suis suivi de

tambours, deux clarinettes m'accompagnent cons-

même.

Je suis confuse! bien gêné. Enfin

mon

jour, avant

départ,

musique guette ma

la

Abraham m'a

«lit— il.

invité à déjeuner. Sa case est la plus belle

jolis que j'aie vus jusqu'à présent. L'épouse de mon hôte est une unisse femme Abraham, un vieux rangahybe, au dire de Jean, esl un brave homme; il est enchanté de

je lui fais.

Je

me confonds

Mme Abraham

en remerciements pour sa musique,

je

et

déjeuner

le

est servi

il

;

me

du régiment

cl

les

Cloches

Anlimerina aiment

commence

et

:

fort réjouie.

que

la \isite

breuvage

la

me

musique,

les

convoitée.

buffet à tiroirs

lapin blanc posé sur une étagère

petit

et

montre avec orgueil;

lient à

me

c'est

un

lettré

il

:

Nous passons

prouver.

le

par un verre d'anisette qu'une abondante

me

un

musique qui jouent simultanément

à

a

dans des

lu.

à table

addition d'eau a transformée en

:

c'est

lait

un

épais

;

rappelle Vanisao de l'Amérique du Sud. Puis vient une longue série de plais

copieux sinon succulents, suivis enfin, après de ferles rasades d'absinthe

promise

village

mesure aucune, sur un minuscule tambour. Abraham, qui aime à

s'entourer de toutes ces choses bruyantes, livres, (pie les

qu'un

Corneville, pendant

île

voisine frappe avec entrain, mais sans

cet affreux

café,

donne une nouvelle paire de lunettes,

faut passer tout d'abord devant

d'où sortent d'étranges sons; on y a enfermé deux vieilles bottes

repas qui

du

le

Ratsimiharo se pare immédiatement. Après L'échange de ces politesses mutuelles, je

monte au premier étage, où

In Fille

sortie et je

confortablement meublée. Dans une cour intérieure se trouve un tombeau en pierre sculptée,

un des plus

dont

nuit vient

la

nouveau dans une course matinale. Abraham Ratsimiharo m'attend pour prendre

ce premier repas du voyageur, elle est très

la

Du

pain de Tananarive figurait au

moi une agréable surprise après essayer, mais en vain, de

le

les

menu

;

cet

et

de bitter, de

aliment rare à Madagascar

nombreuses semaines pendant lesquelles

remplacer par

le riz si

lasse de café

la

cher au Malgache

cl

pour lequel

était

pour

dû m'en passer

j'avais

et

toujours éprouvé

j'ai

une répugnance invincible.

En prenant congé du chef Vinaniampy, qui est le

à

la limite

hospitalier de Soavina,

extrême vers

l'ouest

de

nous continuons vers la

l'ouest

milieu du jour, de l'autre côté du mont Nanasana, nous nous arrêtons au village

une altitude de

1

massée sur

est

la

direction de

longue,

et

vers

d'Ambohimanambola,

490 mètres.

Mais dès que nous sommes signalés dans ce village, chacun s'arme, entière,

dans

province de l'Imerina. L'étape

les

murs de

terre qui

et

nous voyons

forment l'enceinte, prêteau combat.

la

population tout

On nous prend

sans doute

pour des fahavalo, auxquels on veut opposer une vigoureuse résistance. Les portes sont fermées, et devant les manifestations hostiles nous devons nous arrêter. les explications

que nous

Ambohimanambola que après, narive,

lui

donnons

l'assentiment

le

rassurent bientôt

du chef du

village, qui,

nous l'octroyer généreusement. Nous sommes

néanmoins

le

pays esl peu sûr, et

la

el

Un il

ne nous

du

ici à trois

des notables vient à notre rencontre;

manque

reste, vient

plus pour entrer dans

lui-même, quelques minutes

journées de marche seulement de Tana-

suprématie du gouvernement de l'Imerina est purement nomi14


;

VOYAGE A MADAGASCAR.

10«

On

nale en réalité.

du voisinage des pays sakalava, et ces confins de la province de l'Imerina c'est l'anarchie et domination des Antimerina ils ne dépendent de personne

se ressent

échappent en partie à

la

:

;

non l'indépendance. Après quelques heures de repos, nous reprenons notre marche dans le nord-nord-est j'ai hâte d'arriver aux bords du lac Itasy. Dans la campagne, le sol esl toujours formé par l'argile rouge, les émergences ;

rocheuses deviennent rares; toujours pas d'arbres; cependant l'aspect de la contrée n'est plus le même que celui que nous avons vu les jours précédents. En effet, le gazon maigre, les petits roseaux qui ont peine à couvrir

de leur paille jaunie

le sol

et

cassante, sont remplacés maintenant par de grandes herbes,

graminée puissante de plus de 2 mètres de haut. La fdc des porteurs disparait tout entière dans ces taillis d'un nouveau genre, et quand surtout d'une roche élevée je puis dominer la plaine ondoyante des hautes herbes, je découvre devant moi une ligne noirâtre et tortueuse, c'est la file des le

vero,

porteurs qui marche et trace dans les hautes herbes un sillon sinueux,

marche

est pénible,

un gigantesque serpent. La

tel

surtout par une chaleur étouffante nous arrivons seulement pour la nuit au ;

hameau

d'Ambovona. Le 28 mai, après une longue étape dans c'est

un poste

comme

fortifié

les

grandes herbes, nous arrivons à Andrantsaimahamasina

les villages voisins,

mais

les

travaux de défense qui l'entourent sont encore

plus soignés et plus multipliés. C'est d'abord un fossé large et profond, aux parois verticales, l'argile à grands coups d'angady; le déblai est rejeté à l'intérieur; sur cette

masse de

taillé

dans

terre sont plantés,

depuis de longues années déjà, des cactus nopals aux fleurs jaunes. Ces arbustes épineux s'enchevêtrent de mille manières et forment un fourré impénétrable, que nul ne tenterait de franchir. Puis c'est encore

un mur

intérieur, sorte de banquette sur laquelle

on a disposé, de distance en distance, de

petits tas de

cailloux de quartz aux arêtes tranchantes. Ce sont des approvisionnements de projectiles pour les soldats de garde, qui, armés de fronde, feraient pleuvoir sur les assaillants une grêle de cailloux lancés avec force.

Les

hommes

fibres textiles

sont très adroits pour lancer ces balles primitives; leur fronde est une corde tressée de

du raphia

;

longue de

qui doit contenir la pierre,

de

petit doigt

avoir

fait

main

la

60, elle porte en

m.

1

une des extrémités

son centre un œil double de peau molle et flexible

se termine par

droite, l'autre extrémité effilée glisse

tourner suffisamment

Une haute montagne

la

corde abandonne

se dresse à l'ouest

du

un œil plus

dans

la

le projectile à

village

:

c'est le

main

dans lequel se place

petit

le

droite lorsque le frondeur après

son mouvement centrifuge.

mont Vohibe.

J'aurais vivement désiré en

pour découvrir du côté du couchant des contrées environnantes, mais je dois renoncer mes exhortations, mes porteurs antimerina refusent absolument de me suivre en pays sakalava. Le 29, nous atteignons dans le nord-est le village d'Ambohipcrenana, et le 30, celui d'Antoby, où nous

faire l'ascension, à

trouvons

sement

le

R. P. Caussèque, qui esl venu de Betafo, par un chemin plus court surveiller

qu'il

,

veut fonder dans ce village.

des incursions des Sakalava

et

plus soignées; les villages, plus

Ici

nous quittons

la

et

établis-

zone des villages frontières, théâtre habituel

des fahavalo, pour rentrer dans une zone plus tranquille

nombreux

un nouvel

;

les cultures

sont

plus propres, couronnent toujours les cimes, mais ne sont

plus enserrés dans de nombreuses circonvallal ions. Les principaux centres de cette région sont les villages

de Fenoarivo

de Mahatsinjo, où nous arrivons

cl

une nouvelle contrée volcanique, Tritriva.

Autour de

Ilasy, qui se trouve

C'est le Itasy,

le

et

contrée

la

la

plus volcanique de l'ouest.

la soirée, la

que nous couchons pour

.Mananzary

le

du

la

première fois sur

les

bords du lac

journée, nous avions contourné les rives orientales du lac sur les

mont volcanique de Kasige, et nous avions

Itasy; cette rivière, large à la sortie

dans

de Mahatsinjo, nous rentrons dans

dans

par une chaussée basaltique bien caractérisée,

se jeter

Au nord

pic d'Ambolavaky avec son cratère vient encore nous rappeler

rangés d'anciens cônes de laves en grand nombre; nous approchons du lac

de Mananzary. Dans

au village

2 juin.

lui sont

mardi 4 juin, dans

versants de laves du

le

la

passé, en

rivière torrentueuse

lac d'une centaine

amont d'une

du Lily.qui

de mètres, va, après un

petite

chute formée

esl le déversoir

du

lac

cours de 50 kilomètres,

Sakay, affluent de droite du Tsiribihina.

esl

un

village de vingl

maisons silué sur

le

sommet d'une montagne

qui domine

l'est

du

lac.


"^a?



VOYAGES DANS L'IMERINA. hameaux, disséminés sur

village est entouré de quelques

Ce

principale. Les

avec les tombeaux des anciens chefs de

De

ce point élevé on jouit de

la

contrée

la

centre

le

lac,

il

contreforts de cette colline

en Lois

;

plus grande, qui occupe

la

village, esl

une plate-forme

bâtie sur

vue du lac llasy, qui étend au loin sa nappe d'eau tranquille entourée

à confectionner des nattes fines et des

Lorsqu'on s'approche du

du

et

mélangés aux majestueux amonlana.

à feuilles urlieanles,

d'une épaisse ceinture de grands roseaux triangulaires, dont

,'f

nombreux

les

maisons de Mananzary sont construites en roseaux

ombragée d'amiana, grands arbres

109

chapeaux indigènes

diviséesen longs filaments servent

les feuilles

très soignés, principale richesse

dans celle épaisse

faut d'abord franchir,

de

la

contrée.

de roseaux de plus de

forêt

mètres de haut, une dislance de plusieurs centaines de mètres, puis on arrive sur une sorte de pelouse

d'un beau vert qui partout vous sépare de l'eau libre. Malheur à l'imprudent qui s'aventurerait sur ce lapis

trompeur! Celle couche d'herbe, ces plantes aquatiques aux racines chevelues, forment un plancher

mouvant qui cède

à

moindre pression;

la

y a au-dessous plusieurs mètres d'une vase molle

il

au visiteur audacieux l'accès du

qui, dans bien des endroits, interdisenl

Mais, dans

saison des pluies, ces marais boueux qui entourent

la

A

d'eau abondante.

celle

époque

des collines qui enserrent

et

boues, ont disparu

le

les

eaux:

changeait son contour. L'Ilasy du mois de février

rives

et

hic disparaissent

bassin de toutes parts; les piaules aquatiques,

sous une couche

un

jaunes. L'Itasy atteint surtout en son centre

immense;

lac

de

celui

de roseaux sous

forêl

un étang boueux

juillet,

nénuphars

les feuilles étalées des

près des plus hauts

cl

indigènes.

11

Le caïman, ou mieux

s'éloigne parfois de l'eau

sommets

qui bordent ses

convoite, les

bœufs

ne dédaigne pas

les

el

élé enlevés

au bord du

l'une, plus

grande, à

va

On me hideux

lac par ces lèle large,

la

croco-

dans

marais

les

cl

dans

roseaux attendre

les

la

proie qu'il

porcs qui viennenl se désaltérer sonl ses victimes habituelles, mais ce sa u rien

chair humaine.

la

les

crocodile de Madagascar, serait assez dangereux au dire des

le

cl

les

même temps que

au nord-ouest une grande profondeur; ses eaux sonl poissonneuses; malheureusement,

diles y pullulent.

libre.

plancher mouvant,

le

superficie du lac a doublé en

la

esl

dont l'eau disparaît presque entièrement derrière la blancs

visqueuse

sont formées par les premières assises rocheuses des montagnes

les rives

recouverts par

sont

cl

le

et

l'accès de l'eau

lac,

raconte que ces jours derniers une reptiles.

existe

Il

femme

deux espèces de crocodiles

aux membres plus épais, habile principalement

son enfant ont

cl

à

Madagascar

:

lac llasy el le lac

le

Alaotra, les grandes nappes d'eau de l'intérieur; on rencont re ainsi celte«espèce qui esl appelée Crocodilus robustus parles naturalistes

dans

les

cours supérieurs des grands fleuves du plateau central, surtout vers

sud, en pays betsileo. La seconde espèce ou Crocodilus madagascariensiss

le

membres plus

grêles, elle esl de plus petite taille

préférence

île

le

voisinage de

la

mer.

les

que

première;

la

le

mâchoire plus allongée,

la

les

Crocodilus madagascariensis habile

embouchures des cours d'eau; l'estuaire du Betsiboka en est

particulièrement infesté. Je restai plusieurs jours à Mananzary pour étudier je

dus abréger

mon

séjour

:

topographie du lac llasy

la

beaucoup de mes hommes

qui dans ces régions esl particulièrement redoutable,

étaient el. le

malades

cl

de ses environs, mais

cl

exténués par

la fièvre

palustre,

Mananzary pour retourner

10 juin, je quittai

à Tananarive.

Sur

les

bords du

comme

llasy. de l'Itasihanaka,

lac

première fois avec une bêle de

somme

particulière

disent les naturels,

je

toute spéciale, je crois,

cl

lis

connaissance pour

à l'île

la

de Madagascar; je

veux parler du bœuf-cheval. L)es la

Européens ont amené

race chevaline

;

il

y en a

à

grands

dans

Irais

même beaucoup

désireux d'imiter les vazaha dans leurs usages tles

montures

:

mais

venir à grands frais;

les il

surtout l'apparence, à

Le bœuf là était le

l'île,

et

fallut

donc chercher dans

le

à

Tananarive

ils

aux environs,

demandaient trop de

et

les naturels,

soins, et l'on devait les faire

pays un animal capable de suppléer, pour l'usage

noble conquête que l'homme

à bosse, Bos zebu, pouvait sans

el

dans leurs habitudes, ont résolu, eux aussi, d'avoir

chevaux étaient trop chers,

la [tins

y a quelque vingt ans, de rares échantillons de

il

maintenant

ail

jamais

doute porter un cavalier encore

point délicat. Les Malgaches eurent vite trouvé.

:

et

l'aile.

fallait-il l'habiller

On prend un animal jeune

en cheval

;

encore, remarquable


VOYAGE A MADAGASCAR.

110

dans

troupeau par ses belles allures, sa vivacité

le

robe brune, puis on

et sa

d'opérations chirurgicales toutes plus désagréables les unes que les autres lui

taille

en pointe, les cornes son! enlevées, ainsi que

les oreilles

porte sur le garrot, la peau du cou est retranchée. Le

bœuf

est

subir une série

lui fait

on

;

coupe

lui

queue, on

la

loupe graisseuse que l'animal

la

devenu un cheval

c'est

:

un omby-

soavaly.

Malgré ces mutilations, dont

ils

animaux rendent de

guérissent parfois avec peine, ces

franchissent au trot de grandes distances

ils

réels services;

portent de lourds fardeaux. Les mauvais sentiers ne les

et

rebutent pas.

Avant d'arriver au

successivement

lac Ilasy, j'avais visité

province de l'Imerina

me

il

;

restait à voirie

un chemin qui put me ramener

le

centre,

l'est, le

nord avant de rentrer dans

me

à Tananarive en

nord

et le

sud-ouest de

la

Ainsi je cherchais

la capitale.

faisant traverser la région septentrionale

du pays

des Anlimerina.

En neuf

jours, je décrivis une courbe dont la convexité était tournée vers le nord-ouest et dont

centre était

marqué presque exactement par

auprès duquel se trouve

de l'Ikopa,

la jolie

Je visitai ainsi

la capitale.

chute de l'Ombifqtsy, puis

le

le

village d'Andramatoakapila, sur les bords

grand affluent du Betsiboka. Je remontai ensuite cette grande

le

le

gros village d'Ambohibeloma,

Tafaina, chutes plus considérables encore que celles que je vis plus tard en

rivière

jusqu'aux chutes de

amont dans

environs de

les

Soavinimerina, au petit village de Farantsana.

A

Soavinimerina, je rentrais dans

les

enviions immédiats de Tananarive, dans la région populeuse,

riche et bien cultivée; l'étape suivante, je

massives dont

les ruines se voient

me

trouvai à Fenoarivo, ancien village célèbre par des portes

encore; enfin,

18 juin, j'étais de retour à Tananarive, dans la maison

le

de Rainimanambe, qu'un ami obligeant avait bien voulu

A mon marche

à l'occident, s'était avancé jusqu'à

Ménabe, Je transcris

ici

périlleuse entreprise,

il

«

En vous

sement on ne

me

fait

me

Manandona,

affluent

et

il

me le

mes deux compagnons. Maistre, dans sa Manambolo, le grand fleuve du

nord,

j'ai

me

rassurant sur les suites de sa

:

dirigeai vers

du Tsiribihina,

Ambohiponana, où et

d'aller jusqu'à la

Au moment de mon arrivée, un seul

fut impossible de trouver

les

mer. Malheureu-

Sakalava étaient en guerre

homme pour m'accompagner dans l'ouest.

Antimerina qui gardent

suivi la ligne des

j'arrivai le 13.

Le 20 mai,

la frontière.

Mahatsinjo, un peu au sud-ouest du lac Itasy, bien résolu celte fois à aller au moins jusqu'à

j'étais à

Ankavandra. Quatre jours après,

j'arrivai à

Bevato

d'attendre plus de quinze jours un Iaissez-passer

et le

faire

lendemain à Tsiroamandidy. Là,

du gouvernement,

ayant l'ordre de ne laisser passer aucun étranger

employé ce temps à

quelques excursions dans

les

s'il

n'est

environs;

les

le

sentier.

Les bords des rivières

J'ai été

jusqu'au Manambolo, qui coule à

et

j'étais

autorisation spéciale. J'ai

pays est d'ailleurs peu intéressant, il

faut se frayer un

des ravins font seuls exception et sont couverts d'une belle végétation. kilomètres environ au nord de Tsiroamandidy.

quinze jours, n'ayant rien reçu de Tananarive, je suis revenu à Bevato,

et

de

là j'ai

pu

aller

Au bout

la rivière

Masiaka. Celle rivière assez importante est indiquée sur certaines caries

supérieur du Marambitsy, qui va se jeter clans elle est

considérée

comme

Tsiribihina. Ces

confluent avec

le

allant se jeter

dans

comme

le

étant

la

:

la rivière

Masiaka

est

un

les

cours

affluent de l'Ikopa et a son

;

dans

le

mer au sud de Mojanga; sur la carte du R. P. Roblet rivière Sakay, affluent du Kitsamby et par conséquent

fleuve un peu au sud de Maevatanana c'est du moins ce que m'ont affirmé tous cl

bord de

la

deux opinions sont inexactes

gènes à Marandaza, Fenoarivo

de

au nord-nord-

jusqu'au village sakalava de Fenoarivo, à deux journées de marche. Fenoarivo est sur

est,

forcé

gouverneurs des postes-fron-

muni d'une

couvert de hautes herbes atteignant o ou G mètres de haut et à travers lesquelles

du

fois.

et avait atteint le

résumait son exploration dans l'ouest

pas toujours ce que l'on veut.

Obligé de remonter vers

tières

louer pour la seconde

dans laquelle, en

lettre

quittant à Tsinjoarivo, le 10 mai, je

Antimerina

les

Ankavandra

un fragment d'une

J'avais l'intention de descendre le

avec

me

arrivée dans la capitale, je trouvai des nouvelles de

autres villages que

affluent est d'ailleurs indiqué sur la carte du R. P. Roblet.

j'ai

traversés.

Le cours

les indi-

inférieur de cet


VOYAGES DANS L'IMERINA. A

«

Fenoarivo,

la

du gouvernement antimerina

lettre

suis revenu à

et je

reçu enfin

j'ai

111

Tsiroamandidy

:

presque tous mes porteurs m'ont

abandonné en apprenant que j'allais Ankavandra;

à

continuer

obligé, pour

j'ai été

mon chemin,

me

de

join-

une troupe de Sakalava. De

dre à

Tsiroamandidy à Ankavandra nous avons mis quatre jours; sauf village d'Imarovatana,

absolument désert. étions obligés de

La

le petit

pays

le

esl

nous

nuit,

camper au milieu

des grandes herbes ou au fond d'un

A

ravin.

mesure que

s'avance

l'on

vers l'ouest, les ravins deviennent de

mais

plus en plus boisés,

coteaux a toujours

des

aspect.

La

veille

Ankavandra,

j'ai

de

haut

le

même

le

mon

arrivée à

rencontré toute

la

antimerina d'Andrano-

population

nandrianaqui émigrait versTananaLes Sakalava avaienl attaqué

rive.

ce poste quelques jours auparavant

Antimerina avaient été obligés

et les

de l'évacuer. «

Ankavandra

est

un grand village

de 300 à 400 cases;

antimerina,

fort

perdu en

qui

possède un

comme

esl

pays sakalava. Je

resté huit jours à

pouvoir aller plus était

il

suis

Ankavandra sans Tout

loin.

le

pays IHTE

en guerre, depuis Beditsa, qui

a été attaqué

Imanandaza.

J'ai

pu cependant traverser

rendre au petit village d'Ambodifarihy, sur

pendant longtemps par

par Bevato,

FENOARIVO.

deux jours après mon

arrivée, jusqu'à

ici

ϻF.

les

Ambohibeloma

Maislre rentrait, en

el

effet, le

hostilités, je

la

rive droite

juillet

;

Manambolo

du fleuve;

compte rentrer

Soavinimerina V 9

le

à l'ouesl

comme je

d'Ankavandra

bienlôl à Tananarive;

mon

le

pays d'Imerina,

il

va nous raconter

me

retour se fera

»

quelques jours auparavant, j'avais été rejoint par Foucart;

avant que je passe à l'expédition que nous préparions vers des parages plus lointains

que

et

risque d'être immobilisé

le

voyage

qu'il avait

l'ail

dans

la

vallée

et

moins connus

du Mangoro.

i. Comme on le voit par cette lettre de M. C. Maistre, le gouvernement antimerina (à cette époque cependant notre protégé) Taisait tout son possible pour paralyser l'action de tout explorateur français à Madagascar. Combien d'ennuis les Antimerina et leurs gouverneurs et les différents officiers civils et militaires ne m'ont-ils pas causés au cours du

voyage! Jamais les fahavalo et les peuplades des tribus indépendantes ne m'ont tracassé ainsi. Cependanl les autorités françaises ne cessaient de me répéter de bien respecter les lois des Antimerina dans le cours de mon voyage, mais de recourir à la force si cela était nécessaire seulement en territoire indépendant du gouvernement antimerina. Or, si chez les

Antimerina mes projets de voyage étaient toujours contrariés,

il

n'en était pas de

même

chez les tribus indépendantes.


VOYAGE A MADAGASCAR.

112

EXPLORATION DE

Le Lui principal du voyage que j'entreprenais dans Mangoro. Ce

fleuve,

l'est

un des plus importants du versant

du nord au sud entre

les

brèche qui interrompt

la

FOUCART

G.

oriental, coule

deux chaînes de montagnes parallèles à première,

fait

il

un coude

à l'est

du Mangoro jusqu'au point où

passe à Tsinjoarivo où

delà reine. D'après

lui.

me

Je

mai au malin,

11

Mangoro

le

je parlais avec

des chutes qui dominent

la forêt

rend celte route

au voyageur que

et

gagner

maison

la

difficile, et la

qu'elle peut

l'intérêt

la côte.

quatorze hommes. Rainivoavy, qui

commandeur de

arrivée à Tamalave. était le

humeur vagabonde,

les ressources qu'elle offre

et

du Mangoro, qui

décidais donc à faire un crochet en remontant d'abord au nord, puis en mar-

chant au sud-est pour traverser

Le

Indien près de

remonter ensuite

ville et

l'Onive, affluent de droite

largeur de

pris, la

pendant plus de 200 kilomètres

mer, puis, passant à travers une

la

rendre dans cette

forme, au fond d'un ravin, des rapides

diminue aussi bien

rareté des villages

présenter pour

il

renseignements que je

les

cours inférieur du

par la route de Tamalave à Tananarive.

elle est traversée

Mahanoro en longeant

J'avais d'abord l'intention d'aller à

le

va se jeter dans l'océan

et

me

Mahanoro. Je devais donc, en quittant mes compagnons, la vallée

de reconnaître

était

Un

celle petite troupe.

assez fréquente chez les Malgaches, avait

fait

avec nous depuis notre

était

porteur, Rainivokata, à qui une

abandonner pour nous suivre

promu

fession sédentaire de ferblantier qu'il exerçait à Tananarive, avait été

la pro-

à la dignité de cuisinier;

je n'étais qu'imparfaitement renseigné sur ses talents culinaires, restés jusqu'alors à l'état latent, mais,

du moins,

j'étais

les fonctions

de

mon modeste attirail de domestique attaché à ma personne assuré que

malheureusement, honorifique que

il

considérait le

comme un

à papillons

filet

instrument de travail;

il

cuisine serait bien entretenu.

Un

autre cumulait

avec celles de collecteur de plantes

que

me

je lui avais confié plutôt fallut bien

d'insectes:

et

comme un

insigne

souvent stimuler, par des moyens

énergiques, son zèle insuffisant pour les sciences naturelles.

Une longue étape Parmi

du

les

moins

village, je choisis la

produits de

du

soir, la

d'aller

une campagne

à travers

douze cases que renferme

la

mur

le

sale; elle est petite cl ne possède,

pour

fumée qui me pique

manger dehors.

yeux

les

et

me

conduisit à Tanimalaza.

me prend

à la

gorge

me

comme pour

l'éclairer

combustion, qu'une ouverture étroite; dès qu'on allume

tations parmi les

le

évacuer

les

feu destiné à préparer le repas

force à déguerpir; je suis obligé

Puis, je m'installe dans la case pour la nuit, non sans exciter de timides protes-

moutons

chèvres qui avaient habituellement

et les

maison. Quant au propriétaire, à sa

femme

et

à ses sept enfants,

mètres auquel on accède par des échelons placés sur

premier sommeil, je vois, à le

monotone,

aride, d'un aspect

en terre couronné de cactus épineux constituant l'enceinte

les

ils

la libre

jouissance du sol de

couchent sur un

montants qui

le

soutiennent.

lueur d'une torche de paille, l'ascension de toute

la

lit

Au

la

élevé de trois

milieu

île

la famille allant

mon

goûter

repos.

Pendant

deux jours suivants,

les

je continue à

marcher dans l'Imerina sur un

terrain

peu accidenté.

Je franchis cependant, à l'altitude de 1080 mètres, une chaîne de collines qui ne s'élève que faible-

ment au-dessus du niveau sants de se jeter

dans

général, mais qui

marque

ligne de partage des eaux entre les

la

deux

ver-

Les ruisseaux que je traverse maintenant sont des affluents secondaires de l'Ikopa qui va

l'île.

le

canal de Moçambique. Arrivé à Tsiajanpaniry, village bâti à côté du mont lharamalaza,

énorme bloc de granit dont

la

roche

est à

nu sur une

me

face, je

dirige vers

l'est

et

je

me

retrouve

bientôt dans le bassin du Mangoro.

Jusque-là,

le

li mai, j'entre

pays conserve

dans

Peu

même

dans une région boisée.

tapissées seulement d'herbes vallées.

le

et

aspect; mais à partir de Miantsoarivo, que je quittai le matin du

Au commencement,

de maigres broussailles

;

à peu, l'aire de la haute végétation s'étend,

la forêt.

Le terrain

est

accidenté,

le

les

les

hauteurs restent encore dénudées ou

arbres emplissent les bas-fonds

gagne

sentier très mauvais.

les collines et,

On marche

et les

petites

bientôt, je suis en plein

bientôt sur un sol rougeàtre


DANS LA VALLÉE DU MANGORO. et glissant, tantôt clans le

bouillonnant sur les

les

d'un ruisseau qui descend des sommets, bruissant au milieu des cailloux et En quelques points, des couloirs étroits et sinueux ont été taillés dans

lit

grosses pierres.

massifs d'argile et se creusent constamment par le passage des

vages à peine a-t-on

la

place de se glisser dans

poussée des racines

et

dont

fouillis

tranchée dont

les

hommes

par l'action des eaux sau-

et

murailles croulantes se

dans tous

les

sens

et

le

obstruent

plantes parasites, d'orchidées

le petit village

la et

route; leurs troncs à demi pourris

el les

de mousses pendantes d'un vert pâle,

deux parties par une large

forêt est divisée en

trouve

la

bombent sous la fond est rempli d'une boue épaisse. La lumière arrive rare et tamisée par un inextricable de branchages, de fougères arborescentes et de lianes. Des arbres morts sont tombés

;

La

113

de Sahanalv où je passe

nuit.

la

altitude d'environ 870 mètres; je suis, après bien des

des descentes, à 550 mètres plus bas (pic

Sur

vallée. 11

est

à

les

arbres vivants sont couvertsde

comme

décoloré par l'obscurité.

bords du ruisseau qui l'arrose se

une

montées

el

la veille.

Le 15 mai au malin, nous reprenons notre marche sous bois dans les mêmes conditions que le j précédent.

Au

bout de dois heures, nous rencontrons

un large ruisseau chose extraordinaire: un poni ;

franchit

!

perches

même un

C'est

et

le

ponl suspendu formé par des

des lianes attachées aux arbres voisins

;

leurs

rameaux s'étendent horizontalement,

une

si

petite

hauteur au-dessus du rudimentaire tablier

à

claire-voie

et

s'y

enchevêtrent tellement

à

reste

qu'il

peu de place pour passer. J'arrive sans trop de peine

hommes

de l'autre côté, mais deux

qui portent

caisse s'accrochent avec leur fardeau

dans

en avant, en les poussant

bran-

les

chages; ce n'est qu'après de longs efforts, en

f

une

les tirant

par derrière, qu'on par-

vient à les dégager.

A peu de kilomètres dement forêt.

et, à

A

terrain

là, h'

descend

uns pieds s'étend du nord au sud

Mangoro. Sur dont

de

rapi-

mi-côte (850 mètres), nous sortons de

la rive

gauche, se dressent

la

les

la

vallée

du

montagnes

contreforts presque continus viennent

les

mourir au bord du fleuve. Les sommets, bien découpés, sont

"•'ft'i'if

*t~

boisés, tandis (pie les pentes, couvertes de hautes broussailles,

laissent

la rive droite,

grande leurs pas,

forêt.

se

seulement

A

à

nu

l'arête

je suis, la végétation

précipitent

comme

s'ils

moins puissante une

est

peine quelques arbustes

une heure après, de

et

n'avaient

se repaître

m.

MAISTRE.

des croupes. Sur fois

qu'on

franchi

a

la

limite de

la

des goyaviers chargés de fruits sur lesquels mes por-

pas

mangé depuis

plus solidement avec

le

huil

jours,

ce qui ne les

ri/ habituel au village de

empêche

Sahamampay

où nous nous arrêtons. L'après-midi, par un bon chemin, nous suivons le Mangoro en le descendant et nous trouvons bientôt des pirogues pour le traverser devant un petit village de la rive gauche. Naturellement il s'appelle Andakana, ainsi que tous ceux oii des embarcations attendent des voyageurs

pour

le

passage d'un cours d'eau. Le

nom

tion de telle autre circonstance locale; et

est l'indication

comme

de ce fail.de

elles se

même

qu'ailleurs il est la traduc-

reproduisent en des points différents,

résulte des appellations identiques qui ne contribuent pas à mettre de la clarté

dans

les

il

en

renseignements

fournis par les indigènes.

A Andakana, comme dans

les

autres villages où

oriental, je retrouve les cases légères

j'ai

séjourné depuis

mon

arrivée sur le versanl

en bois et en roseaux que nous avons déjà vues dans noire i;i

trajet


VOYAGE A M AI) AllASCAll.

114

delà côte à

A

côté de

là,

spacieuse

je rhe suis installé est

et

propre; des nattes, avec des des-

structure est encore Lien apparente. Celte structure reste

la

Les cases varient par

je vais visiter.

par un

toit

nombreux sur

ceux du milieu, plus hauts

de soutien de

et

les

grands côtés,

ils

en briques,

et

le

Andakana,

l'intérieur

d'Ambodihava

les villages

ont des marchandises variées

Même

dans

la

partie

Ce mode

maisons de l'Imerina,

les

la

première chaîne. Elles sont

et

surtout du

d'Andohasal'arv

et

mer

la

Mangoro, une voie assez fréquentée

le

terminent à

au milieu des pignons.

Ceux qui vont comme nous vers

porteurs.

nous avons passé

Dans

couvertes

faîtage qui supporte toute la toiture.

le

cases malgaches.

les

mai. nous gravissons les montagnes de

le 1

Le sentier qui passe par

viennent de

pays

plus solides sur les pignons;

et

le sol et se

couvertes de bois beaucoup moins épais que ceux de l'autre rive du Mangoro

nombre de

et

le

faîtage ne repose pas sur les murs, quoiqu'ils soient épais cl résis-

mais sur deux poteaux placés à quittant

nombre de cinq

sont au

plus gros que les autres, sont bien fixés dans

couverture est général dans

la

construites en terre

rières.

dans tout

dimensions, mais sont toujours rectangulaires

les

supérieure par des tenons dans lesquels s'enfourche

En

même

la

à deux versants; des montants reliés par des traverses en constituent la carcasse; faibles et

plus ou moins

tants,

parois et les planches d'écorce.

les

quelques indigènes ayant pour unique instrument Yonlsibc ou cognée élèvent une nouvelle

habitation dont

que

Celle

la capitale.

tonnés par l'entrelacement régulier de joncs teints en noir, cachent

sins

coupés par des

et

un Certain

suivi par

est

clai-

sont chargés de peaux de bœufs, ceux qui

sel.

Nous avons en

allant de

Mahanoro

l'après-midi, l'animation, toute relative d'ailleurs, de la route

depuis que

effet rejoint,

à Tananarive.

augmente

et

dénote

le

voisinage

d'une agglomération d'une certaine importance. J'aperçois bientôt de nombreuses cases qui s'étagent sur les flancs d'une colline formant une

me

dit-on, ville

où résident une garnison

En quelques minutes un

je suis sur les

escalier grossièrement taillé

line.

Une grande

européen, et qui s'en détacha et

commandeur demeurer,

dans

des officiers antimerina.

et

bords de

Mamavo, que

la rivière, le

pour atteindre

l'argile

foule y était réunie pour était, à

allongée au milieu d'une rivière assez large. C'est Anosibe.

île

la

un kabary; un personnage,

ce que j'appris plus tard,

le

je traverse à

rue principale qui suit

la

ville,

et je

gravis

de

la col-

costume à peu près

affublé d'un

sous-gouverneur de

gué

la crèle

nommé

Ramiakatra,

se mit à parlementer avec Rainivoavy pendant que je choisissais un logis; bientôt

me

vint

l'officier

dire

que

je ne pouvais pas rester dans

antimerina se retrancha derrière

à une discussion qui menaçait de s'éterniser, je

les

me

la

ville

cl,

comme

mon

pour y

j'insistais

ordres de son supérieur absent. Pour mettre

fin

décidai à aller m'installer dans un faubourg situé

sur la rive gauche du cours d'eau.

Comme hommes, fît

celte réception pouvait, surtout

j'écrivis aussitôt

répondre

qu'il

me

au début de

au gouverneur que

j'irais le

mon

voyage, produire un mauvais

voir le lendemain matin et visiter

effet

sur

mes

la ville. Il

me

recevrait.

Assis sur les bords

du Mamavo,

je passai les dernières heures

qu'offre le va-et-vient continuel des passants entre

l'île et

les

du jour

maisons de

à regarder le spectacle la rive

j'étais;

animé

en l'absence

d'un pont, hommes, femmes et enfants pataugent dans l'eau et se retroussent beaucoup plus haut que le

A

genou.

cette altitude, la température est

à ces bains réitérés;

ment

le

ils

en sont quittes, une

désordre de leur

Celle-ci est

du

le

haut du fourreau

voir

la

et si

il

est attaché à

La poitrine

comme

le

la

semblent prendre

plaisir

se secouer et réparer rapide-

ceinture par une ficelle au-dessus de

est étroitement serrée

dans un canezou en colonnade

court qu'il exislc toujours, entre sa partie inférieure et

peau. Au-dessus de ces

\

éléments,

colon blanc à dessins de couleurs ou à grands carreaux blancs les bras,

pour

Les femmes s'enveloppent dans un grand fourreau en rabane qui

est rabattu.

blanche fermé par des boulons intervalle laissant

et les habitants d' Anosibe

toilette.

reste assez simple.

tombe jusqu'aux pieds en formant jupon; laquelle

douce

fois arrivés sur le bord,

lamba des Antimerina. Les bijoux sont

ou de grandes boucles d'oreilles en cuivre.

les et

le

jupon, un

élégantes ont un second fourreau en bleus;

il

est

mobile

et

se maintient

rares; les seuls qu'on voit sont des

avec

anneaux


DANS LA VALLÉE DU MANGORO.

lKi

L'habillement des hommes est encore moins compliqué. Au-dessus du sadika, pièce d'étoffe entourant les reins, ils portent une camisole descendant jusqu'aux genoux et pourvue de courtes manches

généralement

;

en rabane ayant

elle est

loul

jaune naturelle des

la teinte

ceux d'un certain âge. ont mi bonnet en

souvent

une calotte hémisphérique;

c'est

à

Anosibe

deux cornes. Heureusement qu'à .Madagascar Le costume que je viens de décrire

Au moins dans

Anosibe:

que

partie

la

n'est

dont

paille

cet

ornement

mon

voyage.

des cheveux fournis

Comme

eux,

crépus. Les yeux sont grands,

cl

signification symbolique.

s'est effectue

noire,

nez est court,

le

ces bonnets se terminent par

la

peau foncée, mais pas

la

sur-

plus

province de Bezanozano où se trouve habitants ne se distinguent ni par leur façon

j'en ai visitée, les

ont

ils

aucune

pas particulier à

de se vêtir, ni par leur type lîclaniinena au milieu desquels ensuite

les environs,

n'a

hommes,

les localités; le

coiffure, les

forme varie suivant

la

dans

cl

Comme

de raphia.

fibres

la

bouche bordée de grosses lèvres entre lesquelles apparaissent des dénis blanches. Le corps bien développé

robustes et quelquefois

hommes

Les

Pour

courts. variée

peu de barbe

ont

les

que chez

femmes,

au niveau desoreilles la

graisse

un mois patience

[dus répandue consiste en

la

:

cl

ou cl

h'

deux derrière

et

quelquefois de

six

venablement.

mais

semaines,

la tête.

il

du

faut

Au moment

mon

de

ma

case

c

mencé

bien après

pas encore mis

capillaire n'avait

la

con-

l'établir

une voisine armée

arrivée,

et.

durer

temps; de

concours d'une main amie pour

du propriétaire de

soir, l'artiste

Consolidée avec

terre, la coiffure peut

la

de brosses de différentes dimensions avait la fille

cheveux

les

beaucoup moins

de cheveux placées deux au-dessus des veux, deux

six touffes

de

portent

et

coiffure est

la

Anlimerina

les

des formes

a

assez, belles.

la

à coiffer

mon

repas du

dernière main

œuvre.

à son

M. FOl'CAHT.

Le lendemain, j'attendis qu'un épais brouillard, qui emplissait toute la vallée, se fui dissipé- et, vers dix heures, je nu- préparai à aller à Anosibe: profile-

des loisirs de

pour enlever de leur- vêtements

veille

la

Ions étaient enveloppés dan-

la forêt;

île

Rainivoavy qui avait

le

mon

Après avoir passé

je

la

du

rivière

raccommodées avec du terminées, je

me

lui.

parce qu'il

était

Un

porteur,

ordinairement

la

colline et je suivi- la

fil

une sentinelle postée sur

soufflait

grande rue jusqu'à son extrémité sud où se m'y recevoir

vint

et

me

fil

entrer dans sa case

Aussitôt un serviteur, niellant genou à terre, déposa devant nous deux tasses

de

fer. cl

du café au

contenant un liquide fumant; nous trinquâmes avec cette boisson

lait,

cl

certainement

le

plus sucré que j'aie jamais bu. Ces politesses

plaignis vivement de l'accueil peu hospitalier qu'on m'avait

faire diversion, le

comme

le font

toujours

les

fait la veille: le

gouverneur

Anlimerina. Ces explications n'étaient pas

gouverneur me demanda une consultation pour

des Malgaches, tout blanc est un savant médecin, il

vie errante

portraitiste

le

paille tout neuf.

mais je ne pouvais que m'en contenter.

suffisantes,

peutique;

passage

en roule ne semblait pas

qu'il portait

aux sons d'une trompe dans laquelle

répondit d'une façon évasivè,

Four

Le gouverneur Andriantoanina

rova.

m'assis à côté de

qui n'était autre «pie

me

le

appareil photographique, nous accompagnait avec ses ustensiles.

une haute plate-forme, je gravis trouvait le poste

mince bagage

volumineux, un immense chapeau de

que ses camarades avaient surnommé mpanasary chargé de

rûaculations laissées par

des lamba d'une éclatante blancheur; à leur tête marchait

ne sais d'où, car

sorti je

pouvoir contenir un objet aussi

les

mes hommes avaient

faul dire

que mène

que

et

je

cet exercice, peut-être illégal, de la

le .voyageur;

sa

n'en étais plus à faire

changeant de gîte tous

médecine

les jours,

il

esl

femme malade. Aux yeux mes débuts dans la théragrandement

reçoit les

facilité

remerciements du

parla client


VOYAGE

116

auquel d'effet.

donne un remède, mais

il

On me

conduisit au premier étage où je trouvai une vieille

médiaire, qu'elle avait la fièvre

Un peu

fluxion.

seconde,

ma

et

mes

et

femme

assise sur ses talons, qui

comme

mal aux dents,

de quinine pour

du

manifestait

le

moins galonné,

et

chambre en drap

quittant une sorte de courte robe de

qui, par suite sans doute

manches de

les

vert avec laquelle

;

elle

un tour en

l'aire

ville;

dans

mon

La

objectif.

grande rue manœuvrait

la

même

181)

vivement avec

mon

Depuis l'époque de n'occupait alors que

le

la

ses fonctions avec tant de dureté que,

misère des villages environnants. théâtre d'événements tragiques. Ramiakatra, qui

le

malgré

la

les pays,

Tananarive

offrit

femmes

châtiment de son agent

et ;

la

fit

et

le

le

a

dépassé

la limite

à leurs dépens, le

grande misère.

elle attendit plu-

De retour

les

minis-

à Anosibe, les

du

massacra

festin et

gouvernement pût

le

différer

un fsimandoa accompagné

forme de procès.

fonctionnaire qui a soulevé des plaintes est appelé à

le

gouvernement

lui fait

le

rendre tout l'argent qu'il a pris et se le

gouverneur

est

com-

principe d'autorité, et on lui donne un nouveau

des exactions permises, on l'envoie il

commander une garnison dans

ne larde pas à mourir de

la fièvre.

l'ouest

Quelques

une élimination honorable des fonctionnaires compromettants.

ils

nommera un nouveau

qui n'aura d'autre désir que de s'enrichir rapidement

supportent d'habitude avec plus de patience que ceux d'Anosibe les mauvais traite-

système en vigueur depuis de longues années, S'ils

apprennent un métier, on

l'exercer gratuitement, en théorie, au profit de

la

fait

s'ils

n'en connaissent pas, on leur

ses agents;

s'ils

ils

sont actuellement réduits à la plus

les appelle aussitôt

gouverneur;

ou pour

;

habitants des provinces soumises aux Antimerina savent qu'ils ne gagneront rien au renvoi

d'un gouverneur, puisqu'on en

ments. Avec

soumises de

comme

et,

la salle

trop de bruit pour que

exerça

réunion fut troublée par

la

plus dévoués, envahit

sud, au milieu d'une région bien insalubre où

les

mais

il

1891, une députation,

reçut

la

moindre partie aux malheureux administrés; quand

forts ont ainsi la spécialité de servir à

Comme

la ville;

ses complices sans autre

plètement ruiné, on l'acquitte, pour maintenir sauf S'il

les tribus

population

la

aussi envoya-t-on immédiatement de la capitale

Généralement, on montre moins d'énergie;

garde bien d'en restituer

les

leurs enfants. L'affaire

Tananarive où on instruit son procès;

ou dans

doléances de

un repas en dehors de

de quelques soldats qui tuèrent Ramiakatra

poste.

;

une audience, mais enfin Rainilaiarivony

Ramiakatra, qui, avec quelques-uns de ses soldats

le

les

gouverneur;

au commencement de

répondit par de bonnes paroles aux plaintes formulées.

envoyés furent fêtés; on leur

délégués, leurs

nommé

et avait été

longue habitude que possèdent

tout supporter des Antimerina, ses administrés se lassèrent alla porter à

Ouelqucs-unes contiennent des bou-

l'îlot.

second rang, avait eu de l'avancement

sieurs semaines pour obtenir

province de

de quelques articles européens. Les habitants ont un

et

passage, Anosibe a été

composée des notables du pays,

la

cases environ, disposées sur plusieurs rangées parallèles, de part et

tiques bien approvisionnées d'objets indigènes air d'aisance qui contraste

de tous

hommes

morceaux de bambou.

d'Anosibe, qui est de fondation assez récente, est l'un des chefs-lieux de

Bezanozano. Elle se compose de

les

garnison forte de 230

la

faisaient l'exercice avec des

d'autre delà grande rue qui suit la plus grande longueur de

tres

héli-

costumes d'un goût

possédait un armement, plus varié que dangereux, consistant en fusils à pierre ou à piston,

en sabres, en sagaies; quelques soldats ville

m'avait

il

un gibus, non

sept galons d'or et mit

delà rupture d'un ressort, persistait à prendre une forme

analogue, formèrent aussi un groupe devant ensuite

voulut auparavant

il

coïdale, malgré les efforts de son possesseur. Les principaux officiers, revêtus de

environ

bien chaud pour la

riz

photographier avec son état-major;

le

endossa une redingote noire ornée sur

J'allai

suffisamment une

reste

première maladie, un cataplasme de

la

par son inter-

et j'appris,

réputation fut sauvée.

changer de costume, il

traitement n'a pas produit

si le

questions. Rainivoavy fut plus heureux

Je proposai ensuite au gouverneur de

reçu,

pour écouter ses reproches,

n'est pas là

refusa obstinément de répondre à

énorme

MADAGASCAR.

A

dans

reine, le plus souvent,

la

ville la

dans

la

plus voisine pour

pratique, au profil du

transporter des marchandises pour

le

gouvernement

trouvenl à s'employer dans une usine ou dans une plantation, on les convoque

pour une période de service militaire en leur

laissant entendre qu'en versant

quelques piastres,

ils

en


DANS LA VALLÉE DU MANGORO. seront dispensés; à l'occasion,

nullement pour empocher

le

gouverneur ne

117

gène

se

incorporer en-

les piastres et

suile celui qui les a données.

La journée, Anosibe.

En

nous traversons un

quittai

je

bois rempli

joli

gaiement

jouant

en

qu'illuminent,

d'arbustes fleuris

quand

assez avancée

était

parlant,

rayons obliques du

soleil à

son

déclin. Je voudrais être toul entier à ce spectacle,

sur

parmi

brandies,

les

lequel

ainsi

rimerina

que

yeux vers

pierre

d'un

lit

d'en

:

les

ouvert un passage en exerçant, leur

sur

érosive

action

faut

il

sol

le

pierre en

souvent,

il

Malgaches trouvent

les

quand

un

tracer

comme

ruisseau;

pas d'autre sentier

n'existe inutile

le

donner une entorse,

terre; pendant plus d'un kilo-

la

mandions en sautant de

mètre, en effet, nous

dans

parcouru

a

il

quelques jours aupara-

je le taisais

vant, mais, sous peine de se

abaisser les

quand

n'est pas blasé

voyageur

le

les

eaux sauvages mil

imparfaitement,

accidenté des

régions

montagneuses.

Nous quittons

enfin celle

voie

humide

Bemangahazo, dont

vons au village de

nous

et

sept

les

arri-

cases

sont disposées sur les côtés d'un triangle; au milieu

une petite

fichée en terre, saillant de quinze centimètres, pierre, précieuse sans

sède, puisqu'elle

les

soigneusement

esl

£^L

vertus qu'elle pos-

par

protégée

bambou. Ce

monument, que

pas

l'exagération

d'appeler mégalithique,

je

un

ne com-

de

treillage

mettrai

doute par

esl

PIEI

:

DRESSÉS

ANDRANOG

A

01

i,

esl

couvert d'offrandes consistant en de petites boîtes carrées, adroitement façonnées avec des feuilles

el

remplies de graisse

On a

précédemment

lu

la description

des pierres plantées qu'on rencontre dans l'Imerina. Celles du

pays betanimena sont différentes, sinon par par

la

forme

et

par

la

grandeur. Tandis que

!<•

respect qu'elles inspirent

les pierres

el

même le

j'ai

vues sur

le

versant

el

du moins

sculptées, attei-

oriental sont

toujours

comme

à

Bemangahazo, un

bloc, entouré d'une grosse barrière, est isolé au milieu d un

bord du sentier. Plus souvent se dressent alternativement sur une ligne, à l'ombre d'un arbre, des pierres et des poteaux en bois plus élevés, coupés carrément par

ou

haut;

tant

signification,

dépassent rarement un mètre de hauteur.

Quelquefois, village

la

des Antimerina, souvent taillées

gnent parfois des dimensions considérables, celles que brûles

par

el

le

loin des habitations, sur le

nombre de

ces pierres esl variable, mais ne dépasse jamais cinq. Plaqués sur elles ou

lourdement au sommet des pieux où

ils

sont pendus, des torchons imbibés de graisse

couleur indécise attestent aux yeux des passants

On rencontre

le

culte dont

le

et

<l

flot-

une

fétiche est l'objet.

aussi des pieux en bois au milieu des villages, mais

ils

sont pointus

el

servent a accrocher

de certaines fêtes, notamment de celles qu'on célèbre à l'occasion de la circoncision. Dans la partie du pays où je suis, ils sont presque toujours bifurques. Tels sont ceux dont j'ai l'ail le croquis a Andranogavola, où je couchai le lendemain de mon passage à Bemangahazo, après des tèles de bœufs au

moment

une journée de marche dépourvue d'intérêt. Faut-il attribuer leur rition

des anciennes croyances? Je ne sais; mais ce que je peux dire

cées par d'autres. Chez les Belanimena, je n'ai trouvé nulle part, la

état

si

de délabrement actuel à

c'est

qu

elles

ce n'est dans

moindre trace de religion d'importation, catholicisme ou protestantisme.

le

la

dispa-

n ont pas été remplavoisinage de

la côte,


VOYAGE

118

Le 19 mai,

momentanément dans général,

pour

je suis, tantôt déroulant sa ligne rouge,

rendus propres à

exactement

la culture. Cette

les elïels

table

ça

:

Peu

verdure, tantôt disparaissant

constamment, ont

été

et là,

méthode expéditive en vaudrait une autre

semer, ravage ainsi tout un canton;

il

ne veut brûler que quelques

voisine. L'aspect qu'offrent ces bois

la forêt

a passé le feu est lamen-

l'eau,

que n'élimine plus

puissante évaporation des feuillages, s'accumule à

la

mesure

«pie j'avance, l'altitude

diminue;

la

végétation change

et

prend un caractère plus

tropical. Les ravenala, avec leurs longues feuilles en éventail, font leur apparition isolés d'abord,

aller

t

ils

deviennent bientôt plus nombreux

du Manampontsy où

et

(3:25

uns contre

se pressent les

mètres); rares

cl

dans

la

les autres

j'arrive bientôt. Je passe sur la rive droite de celte rivière

je vais m'ins-

cl

au village d'Imanakana.

Le lendemain, quelques heures de marche sur mouillées par J'entre

du

dans

zone côtière, bien plus peuplée que

la

un vaste grenier

place, sous

rive droite

de

rivière, à travers

la

rosée nocturne, nous conduisent à Antanambao. C'est

la

reste

la

Quarante cases, donl plusieurs ont une varangue la

si

feu

le

on en pouvait

forme des marécages.

et

à peu, à

vallée

montagnes. En

dénudés par

vrais squelettes végétaux, des arbres restent debout, dressant leurs troncs, carbonisés

ou blanchis parle temps: leurs pieds

riz à

flamme vole jusqu'à

et la

la

au terrain dont on a besoin, mais l'incendie allumé ne s'arrête pas. Tel indi-

gène qui n'a qu'une poignée de herbes

dans

l'eau brunâtre d'un marais, continue à serpenter à travers les

boisé, mais de vastes espaces, qui s'étendent

le sol est

être

limiter

que

sentier

le

MADAGASCAR.

A

à

cl

le

un

d'école.

Au moment

de

village assez important.

pays parcouru depuis

le

Mangoro.

un étage, composenl Antanambao. Au milieu de

moulé sur colonnes, une balustrade entoure un plancher où

riz

habitants se réunissent à l'abri du soleil pour causer, rêver ou dormir. Près de bois sert

de hautes herbes

ma

visite, le

là,

un grand bâtiment en

maître, perché sur une cslrade devanl un pupitre,

l'appel des élèves. L'école esl mixTe; les filles sont à

gauche, à droite

les

l'ail

garçons.

les

Je suis tout étonné de voir parmi ces derniers, à côté de bambins depuis pou sortis de nourrice, de

grands

et

menton,

solides gaillards ayant barbe au

et

pourtant à en juger du moins par

tracés sur de longues et minces planchettes, (pie tiennent en

établissement consacré aux hautes études.

dans

pourvues d'une école,

les localités

soient dispensés par les Antimerina. Les

ne libèrent

que moyennant

l'élève

sources ou à celles des siens: l'argent qu'il possède, serait injuste

Il

il

si

le le

En m'informanl

les

mon voyage

La forme collines

et la

par

appris que,

encore une source de petits profils:

candidat ne peut pas les réunir ou

s'il

les

nom la

:

la

ne veut pas se dessaisir de

pratique, les inconvénients de celle application, peut-

Belanimena,

je n'en ai

grandement atténués parla rareté des

écoles.

Pendant

vu que deux.

la

Bc, grande; tany, lerre; mena, rouge. Mais avant d'entrer dans

végétation,

il

nous

faut franchir

quelques élévations sur

et comme malheureusement pour mes hommes qui,

aussi les arêtes coupantes, les

nouveaux caractères géologiques de

semelles de cuir, maintenues par une lanière passant entre

le

la

les flancs

ont l'éclat

ils

Les

et

qui

région des

la

desquelles brillent

du

verre,

ils

en ont

avec leurs pieds nus, ne goûtent

roule. Ils oui

pouce

.

zone forestière. Le sable rem-

la

plus grande partie du pays que je visite

des cristaux appartenant à diverses variétés de quartzites;

que médiocrement

ils

res-

attend, quelquefois pendant plusieurs années.

mollement arrondies ont succédé aux raides escarpements de

fixées

j'ai

fréquenter Jusqu'à ce qu'ils en

la

nature du terrain se modifient sensiblement à partir du point que nous avons atteint

a fourni son

dunes

plus tard sur celte particularité-,

gouverneurs trouvent

placera bientôt l'agile fortement colorée qui constitue lui

les syllabaires,

ne suis pas dans un'

versement préalable d'un nombre de piastres proportionné à ses

de ne pas ajouter que, dans

chez

les élèves, je

jeunes gens sonl obligés de

être intempestive, de l'instruction obligatoire sont

tout

mains

cl le

négligé de se munir de

doigt voisin, dont

ils

se servent

ordinairement dans ces occasions; aussi avancent-ils péniblement l'un d'eux, en tombant, se blesse assez ;

fortement pour ne plus avoir pu. depuis ce moment, suivre

la

colonne qu'en traînard;

charge qui va se répartir sur l'épaule des valides ne contribue pas vers

la

lin

de

l'étape, en arrivant

à

les

au sommet d'un mamelon plus haut

la

vue d'une

rendre moins moroses. Mais, (pie lés autres et

qui limitai!


DANS LA VALLÉE notre horizon, subitement, loul change nier! la

mer!

étendant

cl,

d'une

s'écrient-ils

les bras', ils

voix, tout

qu'après une longue roule

fois

côte ou la capitale,

d'une vie large

«•'est

me

me

hissent, sans

pieds endoloris,

un

village.

le

perspective de quelques jours de repos,

contentement

le

(h

on

article

mon

bras par des

îles, esl

Mangazohazo,

je

oubliant cailloux aigus

sur

la

mon

à

dîner,

qu'ils mil

accommodée

Ambodimanga. La collision nom me ni pois

avec ces légumes «pie les colon-

côte orientale, pari iculièremenl vers

le

Maurice

à

Manampontsj donl

le

parsemé de rochers formant de

ma

entrée à

même

la

ils

constituent un important

Réunion.

cour-, souvent divisé en plusieurs

Nous traversons beaucoup dé

roseaux

île

cl

cl à la le

petites chutes.

bambous,

roule au milieu de

sud,

cl

possèdent une peau tellement épaisse que

végétation touffue

à laquelle

viennent bien:

oranges

les

pulpe comestible du centre se réduit presque

la

ses

de ravenala. Aprèsavoir couché

s'ajouter des orangers chargés de fruits aux vives couleur-. Simple régal pour les yeux

tôt

l'inertie, je

se joignent les

forme de gros haricots. Sous celte appellation plus ou moins

la

journée, nous longeons

continue

force vive qu'il esl renversé

palmipèdes auxquels

mon

je lais

telle

naturellement, en vertu de

cl.

cris d'angoisse de-

mes hommes,

cl

qui ne se gare pas assez vite, reçoit

cl

véhicule animé d'une

affluents qui coulent dans des vallées remplies de à

Ils

pente rapide en bus de laquelle apparaît

la

bambou

de commerce; on eu expédie de grandes quantités la

et.

la

Dans

besoin de se dépenser en mouvement.

a

abandonné depuis longtemps

qu'aux

ainsi

('.'est

mange

je la

les cultive

Le 21 mai, toute

mer ou Tananarive:

borizana ne peut pas toujours se procurer en roule.

mes porteurs

1

fois la

première case, un indigène, qui transporte quelques canards dans deux grands

la

du Cap, probablement parce justifiée,

même chaque

1m

mes deux porteurs de devant tombent par-dessus

une victime;

les

d'un voyage, du moins

fin

injures qu'échangent leur propriétaire l'ail

esl

de

première

bondissent plutôt qu'ils ne courent sur

vais nfélaler sur le groupe,

a

en

Il

la

dans sa charge vivante un des brancards de elle;

la

Sans avoir des motifs aussi légitimes que

ciel.

paniers à claire-voie s'équilibrant aux extrémités d'un

avec

du Pont-Euxin,

porteurs aperçoivent pour

consulter, sur le filanjana

ils

Devant

les

des plaisirs variés que

cl facile,

les dix: mille à l'aspect

manifestent bruyamment une joie semblable.

sinon la

circonstances actuelles,

les

cl

ils

comme

bien loin, par delà les dernières ondulations du terrain, l'Océan

Indien qu'une ligne à peine perceptible distingue du

compagnons de Xénophon,

Ilîi

leur physionomie s'éclaire. Ranomasina! Ranomasina!

cl

commune

me montrent

MANGORO.

I) L

à

un poinl

mathémathique sans dimensions appréciables. Vers midi, j'arrive .à Ankonhaona, sur au sud. deux autres

cl,

me

toutes les embarcations rait

dicter

mon

choix,

les vociférations

si

les

je

bord- de patrons

rivières. Plusieurs

même

paraissant au

la île

lagune où viennent déboucher

un incendie qui mois de

des concurrents

;

le

vainqueur de celle épreuve nous aide à

beaucoup

plus.

de

la

Moins d'un an auparavant, en

un aliment

dans

facile

les

arrimer

les

sommes

à

bagages

cl

et,

des piaules

Beparasy.

Bien qu'elle eût élé aussi durement éprouvée

et

effet,

il

avait été totalement détruit

il

par

constructions légères surchauffées par plusieurs

saison sèche. Seuls, les greniers à

précaution que prennent toujours les Betanimena de

soires, la

à

pagayer avec entrain au milieu des nénuphars

passage, le village se composait d'environ 150 cases, mais, en temps normal,

avait trouvé

soleil à la lin

passer;

degré dépourvues de confortable, aucun motif ne pour-

aquatiques aux larges feuilles: après une demi-heure de navigation, nous

doit en contenir

faire

ne procédais par une voie d'adjudication au rabais, non sans être troublé par

sous sa conduite, mes porteurs se mettent

Au moment démon

Manampolsy

le

pirogues se proposent pour nous

avaient été épargnés, grâce à

riz

les établir à

la

sage

une grande distance de- habitations.

qu'une partie vécût encore dans des installations provi-

population de Beparasy paraissait jouir d'une certaine aisance. Les habitants sont commerçants

ou agriculteurs. Une sucrerie fonctionnai! avant l'incendie; chariot, ustensile assez rare à .Madagascar oriental, le terrain plat, entre les

lagunes

il

ne

pour que sa rencontre cl

la

mer,

esl le

restait d'autre vestige soi!

de matériel qu'un

digne d'être notée. Sur

le

versant

seul qui permette d'employer des véhicules à

roues.

Comme

Ions les villages malgaches, Beparasy doit son

nom

à

une particularité

locale,

généralement

bien choisie. Celui-ci vent dire beaucoup de puces; nombreuses partout, elles ne l'étaient pas là sensible-


VOYAGE

120

ment

plus

précédente

mais peut-être avaient-elles

qu'ailleurs,

La langue de

sable

s'étend entre Beparasy

cpii

herbe courte

lagune, aux eaux tranquilles

et serrée

Sur

catastrophe de l'année

la

et

gauche

silencieuses, s'allonge parallèlement à la cote; à

quelques grands villages

le trajet,

Mahanoro, où nous devons arriver en une journée,

et

A

sur laquelle la marche n'est plus qu'une promenade.

par intervalles, quelques bosquets dérobent Unis.

décimées par

été

!

est couverte d'une la

MADAGASCAR.

A

:

Tandroho,

l'un d'eux,

la

mer, dont

murmure cadencé de ses son nom et son importance d'un

vue, laisse toujours entendre

la

droite

lire

le

bois de copaliers long de plus d'un kilomètre, qui croît dans le voisinage.

Le copalier [Hymœnea

verrucosa),

grand

branches qu'on incise pour dure

et,

chez eux

et classée

gomme

du tronc

sécrète suinte en grosses larmes

qu'il

la recueillir; celle

par suite, plus recherchée pour

de main-d'œuvre. La

bel arbre appartenant à la famille des légumineuses, a

et

gomme

des feuilles épaisses et luisantes. La

et des

qui s'accumule entre les racines, dans la terre, est plus

la fabrication

des vernis, mais son nettoyage exige beaucoup

copal, achetée aux indigènes qui

en différentes catégories d'après sa teinte

la

récoltent, par les traitants, est triée

vend sur

et sa dureté. Elle se

la

côte de

80 à 250 francs les 100 kilogrammes. Sans valoir celle qui vient des Indes hollandaises, sans valoir surtout

la

résine originaire des forêts fossiles de la Xouvelle-Zélande, elle est fort estimée dans le

com-

merce européen.

Des colons m'ont affirmé que dans

les

Malgaches brûlent quelquefois

les

copaliers, afin

une grande quantité de gomme. Etant capables de toutes

les racines

d'exploitation des produits naturels,

les

île

faire refluer

barbaries en matière

sont peut-être aussi coupables de celle-là, mais je n'ai jamais

ils

vu celte pratique en usage.

Un peu

plus loin esl

neuse, La pèche

esl

le

village d'Ambilabè.

La lagune au bord de

laquelle

est

il

bâti est 1res poisson-

organisée collectivement par les habitants qui ont établi de grands barrages en

branchages entrelacés, avec des nasses dans

les

consommé

ouvertures. Le poisson est

envoyé au marché de Mahanoro après avoir été fumé sur

le salaza, 11

prendre. Je vois des enfants qui s'amusent à pêcher

entrent dans l'eau jusqu'au cou

bras,

ils

maux

forment un cercle

qu'ils resserrent

:

ils

Mahanoro.

J'arrive enfin à

Comme

semble ne demander qu'à se et,

laisser

agitant

les'

peu à peu, tandis qu'au centre l'un d'eux s'empare des ani-

au moyen d'un morceau de cotonnade remplissant

affolés

aussi primitif suppose chez les poissons

sur place ou

de

l'office

filet.

Le succès d'un procédé

une certaine dose de simplicité.

plusieurs autres villes du littoral, celle-ci se divise en deux parties,

l'une administrative et militaire, l'autre

commerçante. Comprenant seulement une centaine de cases

que domine

dans une

le

rova, la première est bâtie

courant du fleuve;

c'est

500 cases groupées sur

elle

île

escarpée formée par

le

Mangoro

qui s'appelle proprement Mahanoro. La seconde se

ferme, dans une plaine et se

la terre

nomme

et

un bras sans

compose d'environ

Androranga. C'est

que

je m'ins-

pour quelques jours.

talle

Beaucoup de négoce,

il

petits

est entre les

sentent dans

commerçants, indigènes ou hova mains de blancs, pour

la ville et

la

,

sont établis à Androranga.

plupart originaires de

le

raphia,

le

caoutchouc

et la vanille

venant de

la

les

Quant au grand

Maurice. Trois colons repré-

aux environs l'élément français; ce sont des créoles de

Les produits d'exportation qui se concentrent à Mahanoro sont vince centrale,

l'île

la

Réunion.

peaux de bœufs, arrivant de

zone côtière ou de

la

région moyenne. Les

marchandises importées consistent surtout en colonnades blanches, écrues ou imprimées, en

rhum. Quinze ou vingt navires orientale.

Le

reste

visitent

du commerce

annuellement

se fait par

la

rade, aussi mauvaise

Tamatave, en suivant

le

chemin de

que toutes terre

la pro-

ou

la

celles

sel et

de

la

en

côte

voie de lagunes.

En ce

l'absence de statistiques, il est impossible de se rendre un compte exact de l'importance totale de commerce. Les douanes, qui appartiennent aux Anlimerina, ne sont soumises à aucun contrôle; les

renseignements qu'ils pourraient fournir seraient forcément erronés, valeur des marchandises ayant, avec les agents chargés de inutile d'insister.

le

le

droit

de 10 pour 100 sur

percevoir, une élasticité sur laquelle

il

la

est


DANS LA VALLÉE DU MANGORO. Tous

les

Mahano m'ont reçu avec une grande

colons de

notre langue, nos usages

en

et,

parmi eux,

j'ai

avec ceux de nos nationaux que

effet,

1-21

j'ai

cordialité. Les Mauriciens ont conservé pu me croire au milieu de compatriotes, comme je l'étais

rencontrés.

Un

des principaux officiers antimerina de l'administration, Louis Raviro, ancien élève de nos écoles a Tananarivc, qui parle et écrit le français, s'efforça de rendre mon séjour utile et agréable.

Le gou-

verneur Rainisolofo,que sur

j'allai voir,

mer, une vue admirable,

la

s

me

reçut dans

le

belvédère qui surmonte son palais,

étendant jusqu'à Marosiky. J'eus avec

et d'où on a, une intéressante conversation

lui

sur les voies de communication à Madagascar et il y manifesta des idées tout à fait exemptes des préjugés qu'ont habituellement les Antimerina sur celle matière. L'entretien fut interrompu par des toasts qu'il porta en l'honneur du président de la République et du Résident général; j'y répondis naturellement en buvant à la santé de la reine et du premier ministre. A chaque l'ois, c'était un plein verre de

vermout

à vider. Si cette lutte de courtoisie

senter dignement arriva bientôt à

la

mon

poulets, canards,

diplomatique avait duré, j'aurais craint de n'y pas longtemps repréFrance, mais la journée s'avançait et le gouverneur désirai! me rendre ma visite; il

domicile, m'apportant, suivant

ananas, bananes formaient

riz,

la

coutume, d'amples cadeaux de

victuailles

:

dindons,

charge de deux porteurs. Mes hommes, qui comp-

la

taient bien m'aider à

absorber ces provisions, furent, autant que moi. sensiblesà cel honneur. environs de Mahanoro existent un certain nombre de plantations exploitées par les principaux commerçants de la ville. L'un d'eux, qui possédait une vanillerie sur la rive gauche du Mano-oro, m'in-

Aux

vita à

m'y arrêter avant de me remettre en route pour

rendis avec lui; noire trajet en pirogue, par

de caractère dont Autrefois

el

les

le

l'intérieur. J'acceptai cl.

bras du fleuve,

petil

pagayeurs s'accompagnent pour frapper

jusqu'à ces derniers temps,

poussaient rapidement

el

,

la

en peu d'années,

l'eau

l'ut

en une matinée,

avec ensemble

arbres donnaient

m'y

cl régularité.

culture du caféier étail en faveur sur les

je

agrémenté parles chants pleins

une

forte

côte. Les plants

la

récolte de -raines. Cette

prospérité n'a élé que passagère; après quelques périodes de production abondante, les plantations ont périclité; elles ont élé

Mangoro,

il

achevées par un champig

n'existe plus

Cet insuccès s'explique aisément

ces diverses influences,

1,

une seule piaulai ion de

le

:

sur

la

côte,

VHemileia vastatrix. Aujourd'hui, dans

le

terrain est

développement des arbustes

qui ne reçoit pas d'amendements,

esl

épuisé.

rature ne descendant pas au-dessous de 10"

conditions se rencontre plutôt dans

la

région

bas

el

humide,

rapide, mais

esl

Remarquons

il

le

s'arrête aussitôt

moyenne que

près de

le

Tamatave

d'ailleurs

soigneusement entretenues

reprendre

Sur

On

la

à Tananarive, donner, avec el

caféier,

A Madagascar, la

la

que

le sol,

une tempé-

seconde de ces

mer. Aussi voit-on

plantations cultivées par les indigènes à une certaine altitude autour des villages, roule de

région du

climat est chaud; sous

aussi qu'il faut, pour

n'excédanl guère 30°.

el

la

café.

les petites

notamment sur

une grande continuité, de bons produits;

la

elles sont

bien fumées. C'est en s'inspiranl de ces exemples qu'il faudrait

les essais.

côte orientale

el

particulièrement dans

le

voisinage de Mahanoro,

la vanille a

remplacé

le café.

compte pas moins d'une vingtaine de plantations au bord du Mangoro sur une longueur de quelques kilomètres. En moyenne, chacune renferme 6 000 pieds. n'en

Le

vanillier esl

une orchidée à

feuilles alternes el

charnues portées sur un

capsule allongée qui, convenablement préparée, constitue

Piaule parasite,

comme

le

vanillier a besoin d'un autre végétal

la

vanille

pour

pétiole.

Le

fruit esl

une

du commerce.

se développer; à

Madagascar, on emploie

supports nourriciers des pignons d'Inde (Jatropha curcas); ces arbustes sont disposés par ran-

gées parallèles espacées d'environ deux mètres;

les branches sont ramenées dans un même plan pour tonner une haie. Les boutures de vanillier, composées de Lois yeux, sont mises en terre et la plante,

en se développant, s'accroche par des racines aériennes aux branches des arbres; les pieds sont couverts de débris de bananiers destinés à entretenir

Dans

les

pays où

le vanillier

d un insecte; à Madagascar,

il

une humidité constante.

pousse spontanément, esl

la

fécondation des fleurs se

fait

par l'intermédiaire

nécessaire d'assurer artificiellement celle fécondation au

moyen d'une 16


VOYAGE

122

MADAGASCAR.

A

opération pratiquée sur chaque fleur; c'est ce qu'on

mûr; on

après, le fruit est

le cueille

quand

l'eau chaude,

la

vapeur

et

consiste à réunir les gousses bouillir;

on

les

et à les

expose ensuite au

Quelques semaines

la vanille.

à jaunir.

parfum. Trois méthodes sont employées

le

La première, qui

l'étuve sèche.

mariage de

le

commence

pour en développer

reste alors à préparer la vanille

Il

nomme

l'extrémité

est

la

plus ancienne

la

et

tremper pendant un temps très court dans de l'eau sur

on

soleil et

les fait

:

plus répandue, point de

le

sécher lentement en les enduisant quelquefois

légèrement d'huile d'acajou; cette dessiccation doit être surveillée de près pour enlever

les

gousses qui,

en se gâtant, communiqueraient aux autres une mauvaise odeur.

Les gousses provenant de bonnes espèces

préparées avec soin se couvrent au bout d'un certain

et

temps de petits cristaux de vanilline qui en constituent

principe actif, dans

le

On

2 pour 100. La vanille est alors dite givrée et a plus de valeur.

même aspect au moyen

de l'acide benzoïque;

à celle falsification qu'ils sont persuadés

que

une proportion

donne souvent

lui

de

artificiellement le

les

préparateurs se livrent avec d'autant moins de retenue

le

givre naturel n'est autre chose que celte substance;

je

pas pu leur enlever cette illusion. J'ajouterai, pour rassurer ceux qui ne loucheraient plus qu'avec

n'ai

défiance dans l'avenir, aux crèmes et aux glaces à

formé dans l'économie en acide hippurique,

Les vanilleries rapportent au bout de deux ans main-d'œuvre. La préparation du produit, léger

mains

tains tours de

On

il

n'exigent pas, pour leur entretien,

consommation va toujours

la

beaucoup de

peu encombrant, ne demande que du soin dans

et

n'est

Il

donc pas ('tonnant que

pourrait, dans tous les cas, en essayer d'autres, par

une matière dont isolés,

pas de matériel coûteux.

et

l'acide benzoïque, après s'être trans-

produire d'action nocive.

Je crois, néanmoins, que les colons auraient

liers se multiplient.

culture.

el

que

la vanille,

est éliminé sans

les plantations

de vanil-

de se livrer exclusivement à celte

tort

exemple

celle

que

pu en juger par

croissant. Autant

cer-

j'ai

du cacaoyer qui îles

fournil

individus

semble bien réussir aux environs de Mahanoro, mais on ne trouve encore aucune plantation

sérieuse de cet arbre; c'est qu'il ne rapporte qu'au bout de cinq ou six ans. Les colons, qui, malheu-

reusement, pensent plus au présent qu'à l'avenir, n'aiment pas

De

la

les

placements à

après avoir traversé

le village

du Betsizaraina, qui

longs bancs de sable que

le

Nosindrava où, à

la fin

le lit

ainsi

que

je

l'ai fait,

jusqu'à 15 ou 16 kilomètres de

la

mer, en aval de

des guerres entre les Antimerina et les Betsimisaraka, les principaux chefs de

A partir de

cette tribu ont été attirés parleurs ennemis, sous prétexte de parlementer et ont été massacrés.

ce point, la

navigation devient très

difficile

:

des rochers

et

de nombreux

îlots,

produisent des rapides, des tourbillons et des petites chutes. C'est ce qu'on goro. Pour

les franchir,

et l'avant très relevés.

perches sur est

le

fond

moins longue

et

el

il

les

cascades du Man-

On remonte

par certains passages connus

en raclant les pierres avec

moins pénible, mais plus elle s'arrête

le

îles

habitants du pays, en appuyant des

dessous de l'embarcation. La descente par

périlleuse.

A

les rapides

peu de kilomètres plus haut, toute navigation

à l'endroit où se jette dans

le

fleuve

un

petit affluent

de droite,

Sandakarina.

Un

métis français-belsimisaraka, qui se préparait à remonter

échanger des marchandises dans un voie. Si j'avais confiance

auraient dû conduire

la

En

Mangoro jusqu'à

ce point pour aller

de

la rivière,

m'avait proposé de suivre avec lui celle

j'en avais

moins dans l'adresse de mes hommes qui

village, près

pirogue contenant le

soir à

les

bagages. Je préférai donc prendre

aux cascades,

présentera plus de difficultés que

un chemin assez fréquenté, désormais

je

la

roule terrestre; nous

Ambodipaka.

quittant Menagisy, village qui fait face

mon voyage

le

dans ses talents nautiques,

nous donnâmes rendez-vous pour

de

mettant obstacle aux eaux,

nomme

faut des pirogues d'une construction spéciale, courtes, solides, ayant l'arrière

prolongée devient impossible; le

transfert''

peu profond s'étendent

courant déplace. Sans trop de risques d'échouement, on peut pourtant

remonter le Mangoro en pirogue, l'île

du gouvernement

était autrefois le siège

aujourd'hui à .Mahanoro. Le fleuve a plus d'un kilomètre de largeur; dans tle

longue échéance.

si

plantation où je passai quelques jours, on se rend en une heure à l'embouchure du Mangoro,

la

je m'aperçois bien vite

que

la

seconde partie

première. Tandis qu'en allant à Mahanoro je suivais

ne rencontrerai plus, pour

relier

de rares groupes d'habitations.


DANS LA VALLÉE DU MANGORO. que des sentiers envahis par des herbes

et

des arbustes,

parce qu'ils s'écartent de

je

veux garder.

la direction

Mais je suis encore dans

que

et

encore dcvrai-je souvent

suspendu à son

pement

fusil, qu'il

manche pour puiser de

l'eau,

une

touffe

île

piment

parles pattes. Tantôt c'est un anlimerina qu'il :

et à pied

tourner

ou

qu'il soit

chapeau de

que

le

le reste

paille,

portant en filanjana, celui-ci passe

le

nable, on les prendrait pour de vieilles connaissances:

voyage, ce

mémoire,

qu'il a

n'en est rien; souvent

il

le

remarqué d'intéressanl en roule; pour bien

second

le

les répète

second entame

au narrateur qui approuve ou

le récil

de ce qui

tion.

Ces) ainsi que se transmettent

mais

le

temps

\ ers la lin

n'a pas

les

personnel

lui esl

grande valeur chez

les

et

moyen

nouvelles. Le

Belanimena

si'

village

et

il

vient,

graver

le

fardeau

--es

ne se sont jamais

ils

va,

il

renseignements dans

en écoute ensuite attentivement

n'a

que l'inconvénient

de couleurs sur fond blanc qu'on

a apporté

.

Mon

le

Sandakarina qui prend sa source

nombreuse

métis, entouré d'une

nomme patna

une barrique de rhum. Le chef du village

el

de quatre

litres

de ce liquide. Etoffe

et

moyennant

le

boisson s'échangent contre du

versement préalable, ri/.,

clien-

d'antre,

el

dans sa pirogue plusieurs pièces de ces cotonnades

autoriser l'ouverture^des opérations commerciales que

répéti-

la

un peu long,

d'être

indigène, esl en plein dans ses affaires qui ne se concluent pas •-ans que, de part 11

la

:

qui n'a qu'un cours peu étendu.

dépense beaucoup de paroles.

de son

l'objet

chaque circonstance. Ce résumé

rectifie

de l'après-midi, j'arrive à Ambodipaka, après avoir passé

au sud-ouest du tèle

finarilra*

sont chargés et se mettent à causer; à les voir ainsi absorbés dans une conversation intermi-

rencontrés. D'après l'usage du pays, l'un des deux dit à l'autre d'où

achevé,

sans

lier,

Belanimena vous salue toujours gaiement d'un ,

ils

a

une poule vivante attachée

(bonjour;. Parfois deux indigènes, qui marchent en sens contraire, s'arrêtent déposent à terre

dont

il

de son équi-

une calebasse armée d'un long

est fortuné,

s'il

un des

fonctionnaire ou simple commerçant, qu'il s'avance seul

soit

accompagné de nombreux esclaves

tète vers l'Européen, tandis

la

et enfin,

riz,

commu-

soldat qui rejoint

porte horizontalement sur l'épaule, un paquet contenant

de l'autre côté, pour l'équilibrer, une marmite, un sac de

et,

un

habillé à la légère d'une rabane en loques, couvert d'un vieux

:

abandonner,

les

région côtière où les villages sont populeux et ont entre eux des

la

nications assez actives. Aussi fais-je de fréquentes rencontres. Tantôt c'est forts voisins

1-23

à

à

on

dessins

voulu

n'a

son

profit,

du raphia e\ du caoutchouc, ce

dernier produit en petite quantité. Autrefois, les bois \oisins de tation les a presque épuisés. les

indigènes

encore

ils

la

la

Sur

coupent au pied

mer

fournissaient

le

versant oriental,

el

abandonnent

beaucoup de caoutchouc un vicieux mode :

le

d'exploi-

caoutchouc provient d'une liane: non seulement

les parties qu'ils

ne peuvent atteindre aisément, mais

enlèvent souvent les racines qui contiennent une certaine quantité de sue;

la

plante

esl

ainsi

détruite sans grand profil.

Le

latex, qui s'écouledes

tronçons de lianes posés verticalement dans un baquet,

jus de citron ou quelquefois, mais rarement, avec l'acide sulfurique.

esl

Le caoutchouc

coagulé à

esl

l'aide

ensuite façonné

en houles, forme sous laquelle on l'exporte, particulièrement aux États-Unis. Suivant les points,

vend, sur

la

côte orientale, de 260 à loO francs les 100 kilogrammes.

grande valeur

menter

le

si

les

poids, de

11

du

aurait certainement

il

se

une plus

indigènes ne dépréciaient leur propre marchandise en y mélangeant, pour en augla

terre et d'autres impuretés.

La ruse

est

trop grossière pour tromper personne.

1. Il m'a été donné dans Ions mes voyagea à Madagascar de Millier l'observation faite en pays betsimisaraka par mon ami Foucart. Le blanc esl toujours accueilli chez toutes les peuplades de Madagascar sinon avec respect, du moins avec une certaine bienveillance. On le salue toujours. Chez les Antimerina, au contraire. l'Européen, le Français en particulier, est toujours mal vu, mal considéré; c'est à peine si on lui cède la place nécessaire pour passer. Est-ce parce que les Anlimerina uni tant de haine pour les étrangers el pour les Français en particulier alors que les autres peuplades leur l'ont presque toujours bon accueil, que la France semble vouloir faire des efforts coûteux pour faire des Antimerina la tribu maîtresse de Madagascar au détriment des autres peuplades dont on parail ignorer l'existence? {Noie du D< Calai.) i. La remarque l'aile par G. Foucart en pays belanimena esl le plus souvent très exacte. Quelquefois, cependant, j'ai été grandement surpris de la rapidité avec laquelle un l'ait important, une nouvelle intéressante, ainsi colportée de bouche en bouche le long d'une roule quelque lieu fréquentée, se communiquait d'un point à un autre, le second point éloigné quelquefois du premier de plusieurs centaines de kilomètres. (Soie du D' Calai.)


VOYAGE A MADAGASCAR.

1-24

Les commerçants de Mahanoro vont généralement vers

Dans

la direction cpje je suis, ils

dépassent rarement Ambodipaka

gnements que jusqu'à deux jours de marche au delà de ce Le 1" juin au matin, nous regagnons engageons, pour

remonter, dans

le

pour s'approvisionner de caoutchouc.

le Siul

bord du Mangoro; en marchant à

le

passage

l'étroit

me donner

pu

n'ont

et ils

de rensei-

village.

qu'il laisse à

la filé

indienne, nous nous

découvert, durant

saison sèche,

la

Encombré de roches micaschisteuses presque

entre ses eaux et l'épaisse végétation de la rive.

ment décomposées, semé de cailloux roulés de toutes

formes

les

et

entière-

de tous les calibres, ce passage est

barré par des racines bizarrement contournées contre lesquelles on trébuche, par des branches contre

on se cogne. On n'avance pas

lesquelles

mais comme, à quelques pas, commence

vile,

fourré qui

le

s'étend bien loin et qui ne se laisserait pas pénétrer, on n'a pas à choisir.

Le Mangoro a encore 400 à 500 mètres de largeur. L'eau coule parmi lonnant par-dessus

roches disposées en

les

descend, de distance en distance des l'époque des crues,

ils

s'élèvent

îlots

file,

ilôts

plus haut

et

un peu plus

l'un est

au sommet

le

pentes qu'elle

visiblement submergés à

et

terrain environnant qui devient de plus en plus acci-

Saharony, montagne aplatie dominant

pendant

j'ai

de

Vohibe, nous arrivons en face d'un de ces

le

encore vus;

gagnons un

les collines

il

divise le

Mangoro en deux

bras, dont

Ambatoramiangily, qui

petit village

est

juché

en dehors de sa position, n'a rien de remarquable.

et qui,

plus rien, pas

loin, fait

traversant, nous

Le lendemain, nous revenons sur moins abrupt que

le

plus grand que tous ceux que

presque à sec. En

glisse, limpide, sur les parois unies des

comme le

peu à peu

blocs épais, saute en bouil-

couverts de buissons; d'abord bas

denté. L'après-midi, après avoir passé devant la rive droite et à laquelle,

ou

les

les

même

chemins de ciel.

le

la rive droite

où nous rejoignons bientôt un sentier

la veille et j'en suis

heureux

mais

;

comme

(Amomum

Je suis au milieu des longoza

frayé.

Il

est

compensation, je ne vois

Ces plantes herbacées,

danielli).

dégageant une forte odeur de cannelle, ont environ quatre mètres de hauteur; d'une courte tige partent des longues

feuilles

et étroites

qui se recourbent gracieusement au-dessus de

une voûte que ses regards ne peuvent pas percer. On marche

ainsi

pendant des heures dans un couloir

de verdure dont on est obligé de suivre les sinuosités capricieuses, sans bien se est trop

du passant en formant

la tête

les expliquer.

L'horizon

borné pour qu'on recueille beaucoup d'impressions de voyage.

De temps villages.

à autre nous revenons près du fleuve où s'échelonnent très distancés quelques misérables

Devant

trois

ou quatre cases désertes,

d'eau venant du nord-ouest. cette rivière

— sur

A

je vois,

débouchant sur

bords de laquelle, bien plus haut,

les

la rive

droite, pas de gros affluent avant l'Onive.

gauche, un grand cours

Le point où

le

Mangoro

est situé Tsinjoarivo, d'où je suis

parti

reçoit

— est

entouré de marais. Afin de les éviter, je passe pour une demi-journée de l'autre côté du fleuve.

A

partir de Sahandileny,

du

je m'arrêtais le 4 juin vers le soir, la nature

milieu de roches amphiboliques décomposées s'intercalent de

nombreux

reparaît le gneiss recouvert d'une puissante

et là

couche

d'argile.

Çà

terrain se modifie.

filons

des blocs intacts sont restés en

place ou ont été transportés par les eaux dans les bas-fonds. Les collines s'accentuent

formes moins amollies d'une épaisse végétation d'herbes ;

en bouquets leurs énormes

Sur vendre

la côte, les fibres la

feuilles

et

de ces palmiers ne manquent pas d'acheteurs. effort

disposent donc en abondance de matière première pour

dont

le

les

une

lessive de feuilles d'indigotier.

La

le vent. Ici,

il

n'en vient jamais. Aller Ils

tissage. Les rabanes qu'ils fabriquent sont

plante est

fils

de chaîne trempés à plu-

commune

et fournil la seule tein-

ture qui soit d'un usage courant. Faute de débouchés, les rabanes sont à bas prix; profitent

prennent des

Belanimena semblent incapables.

unies ou ornées de minces raies bleues, très espacées, obtenues par des sieurs reprises dans

et

d'arbustes émergent de hauts raphia évasant

penninerves, toutes déchiquetées par

marchandise aux exportateurs exigerait un

Au

de basalte. Plus loin

mes hommes en

pour renouveler économiquement leur garde-robe.

Peu après Sahandileny, nous nous éloignons du Mangoro en montant rapidement. Le second jour, nous atteignons l'altitude de -400 mètres à Imarivalo. Quoique l'étape ait été courte, quand

vers midi,

Rainivoavy

me

propose de m'y arrêter, je n'élève aucune objection. Depuis

la veille, j'ai la fièvre, et j'aspire

,


DANS LA VALLÉE DL MANGORO. à ne plus bouger, les

yeux clos

et les oreilles tranquilles.

[>o

Souhait difficilement

réalisai île!

Chacun

vient

me donner son avis, m indiquer son remède. Rainikoto veut me masser, méthode infaillible, selon lui, pour me rendre frais et dispos. Je n'ai pas grande confiance et je préfère prendre un peu de quinine. Pendant que je

nonce que sentais,

la

prépare,

la

le

propriétaire de la case

drogue ne produira aucun

m'en guérir:

il

effet;

m'a vu. en arrivant

en roule; c'est au meurtre dont

je

me

il

connaît

je suis logé, sourianl d'un air incrédule, m'anla

cause de

suis rendu coupable qu'est

au lézard des funérailles donl

ma

maladie

et

pourrait,

con-

si j'y

mettre dans un bocal d'alcool un lézard que j'avais ramassé

.

I

(liait faire

le

due

la fièvre.

Pour

la

chasser

il

fau-

me

sui-

BETS Afil

vieillard est prêt à

me

fixer loul le

cérémonial. Je

guéri en train de tenter l'expérience.

Le lendemain, je repars à peu près remis. Par des bois clairs conduit vers

la lin

de

la

journée au village de Sakalava dont

les

cl

espacés, un chemin accidenté

vingt-cinq cases sonl proches du

me

Man-

goro.

Ma chant

moins de monotonie que d'habitude. compose de deux gros tambours, d'un petil cl de quatre

soirée s'y écoule avec

chestre se et

l'uni

halte dès qu'un

Pour

battements de mains. logis en frappant

cl

morceau linir la

sursaute, réveillé par

J'entrouvre donc, avec toute case

:

à la clarté

je

Comme

de

la

bambou

la

la

à

un grand concert. L'or-

Les musiciens jouent en mar-

intermède quelques danse- avec chants

instrumentistes tournent, par deux

me couche. A

un vacarme formidable.

nature d'un accompagnement dont

gros morceau de

terminé. les

flûtes.

soufflant avec un redoublement d'énergie destiné à

Rassasié- de bruit, sinon d'harmonie,

ma

esl

fête,

J'assiste

C'est

noie unique

cl

là.

me

l'aire

mes paupières

autour de

et

mon

honneur.

que

je

deviner

la

sont-elles fermées

nu chœur, mais je n'arrive pas d'abord

à

variant seulement d'intensité se répète sans trêve.

discrétion que réclame

lune j'aperçois, près de

peine

l'ois,

la

légèreté de

mon costume,

la

porte glissante de

deux femmes tenant par ses extrémités un

lone- e|

sur lequel plusieurs de leurs compagnes lapent en cadence à tours de bras avec


VOYAGE

120

A

MADAGASCAR.

des bâtons. Los coups pleuvenl dru, tombant simultanément sur la lige sonore ou se succédant, rapides, d'après les exigences d'un rythme étrange que les musiciennes suivent avec

de leur entente de

la

mesure, autant que de

un ensemble qui témoigne

vigueur de leurs biceps. D'autres femmes, assises en rond

la

autour des premières, chantent à tue-tête une complainte aux innombrables couplets. En vain j'espère

que

mains fatiguées par

les

les trépidations

lâcheront

les

instruments, que

gorges desséchées ne

les

symphonie des gour-

laisseront plus passer la voix; grâce à de fréquentes permutations dans les rôles, la

dins se continue, implacablement, une grande partie de la nuit. Si je n'en avais eu qu'une audition,

passe encore; mais

dans d'autres villages, j'entends de semblables sérénades.

les nuits suivantes,

Ambalavero, village de médiocre importance, où

moins une mention, parce que assez industrieux.

ils

est l'exception

;

tissent des

ils

rabanes

et entrelacent

"

le

juin, mérite néan-

aux populations environnantes,

habilement

les

joncs pour façonner

cuisent la terre; les plats, les marmites et les autres ustensiles qu'ils fabriquent

comme

ont d'ailleurs peu de solidité,

usage

quelques heures

ses habitants se montrent, contrairement

Non seulement

des nattes, mais encore

je m'arrêtai

pour servir

la

plupart des poteries de Madagascar. Chez les Betanimena, leur

les aliments,

on emploie des feuilles de ravenala ou de longoza pour ;

préparer, des marmites en fonte de provenance européenne

ou américaine. Ce sont

les seuls

les

objets

d'importation qui pénètrent jusque-là, mais aucune case n'en est dépourvue.

Au moment

mon

de

passage, plusieurs habitants sont occupés à

la

fabrication

servent, pour extraire le jus de la canne à sucre, d'un moulin assez primitif fixé

:

un morceau de bois creusé d'une rigole terminée par un bec; au-dessus,

d'arbre auquel

ils

donnent à

la

main un mouvement de

du

betsabrlsa.

Us

se

sur de solides supports est ils

font rouler

un tronc

va-et-vient en le tenant par des taquets dont

il

est

muni. Les fragments de canne interposés sont soumis à une pression trop faible pour qu'on recueille à l'extrémité

du

compenser

le

11

du suc

liée la totalité

qu'elles contiennent.

rendement insuffisant de

existe, en effet, à côté

les villages

entretenues, mais l'espèce est très saccharifère

Sur

la côte,

soit

;

les plants

durent longtemps

et

subissent un

nombre

obligé de renouveler les souches.

des plantations plus importantes ont, à diverses époques, été établies par des colons qui

et la fabrication n'a été reprise

la vallée

abondante pour

de petites plantations de cannes. Elles sont mal

possédaient des sucreries. La plupart de ces usines ont périclité au

J'ai aussi

est assez

l'appareil.

de presque tous

considérable de coupes avant qu'on

La matière première

moment

île la

guerre franco-hova

qu'en quelques points.

noté à Ambalavero des parures dont je n'ai pas vu d'autres exemples. Partout ailleurs dans

du Mangoro,

les

indigènes,

quand

Là, l'anneau est d'un grand diamètre

en bois qui garnit

le

et

ils

ont les oreilles percées, y mettent un petit anneau de cuivre.

passe dans une ouverture pratiquée au centre d'une rondelle

lobule de l'oreille démesurément dilaté. Cet ornement est

commun aux deux

sexes.

Au

delà d'Ambalavero,

son débouché, pour d'aspect.

Au

le

le

Mangoro

guéer. Depuis

lieu des rapides et

reçoit le

un

affluent, le Volove, (pie

nous devons remonter

des cascades qu'il forme, presque sans interruption, danslazonc eôtière,

ce sont maintenant, séparées par des intervalles où l'eau coule tranquille, des chutes brusques sives.

passe

La première, en amont de Sakalava, la nuit, est

plus imposante;

rendus glissants par couloir étroit vertical

et

En

buée

il

(pie je

est

même

aval de

et

succes-

peu élevée. La seconde, voisine d'Anosiarivo, où

est difficile d'en

approcher

peux voir d'ensemble

la

et

masse des eaux

j'aperçois une autre belle chute dont

le

se resserrer d'abord elle fait

dans un

un saut

continent d'une large rivière de gauche,

le seuil est

je

ce n'est qu'en escaladant des rochers

sinueux, puis descendre avec fracas une pente au bout de laquelle

de cinq mètres. Le lendemain, après avoir dépassé

Manambondry, sur une

la

loin de

point d'où je suis parti le matin le fleuve a changé complètement

coupé par des roches en

saillie

le

formant,

ligne, trois déversoirs nettement séparés.

chaque chute,

verdoyants. Ailleurs, des

le

îles

se creuse d'anses profondes.

Mangoro

s'élargit

plus grandes

le

en un vaste bassin (pie remplit une multitude d'îlots

divisent en plusieurs liras.

La

rive se

coude fréquemment,

La suivre dans ses détours, sur un terrain tourmenté qu'hérissent

les pierres


DANS LA VALLÉE

et les

la

marche

in

M

10

\

condamnera n'avancer que

buissons, sérail se

voisines

M-

M

est

Pendant deux jours, nous passons par

la

pluie glisse en les

les

vents

MANGORO.

\\M-!Am\

el

Nous gagnons

plus variées. Quelquefois non-- traversons

imbibenl nos vêtements, puis soleil

les

dépassant

sou-,

.

A

chaque pas qu'on

fait,

on

A coud

la voit

Une population douce, mais paresseuse, où

maint iennenl

la

les

il

remuer

offrirait

peu d'intérêt

el

el

onduler

à

une grande dislance.

trop peu énergique pour tenter de sortir de

7'sij

mis;/

lii

n'y en a pas

.

l'étal

de misère

Anlimerina.occu pe les rares villages de cette région montagneuse.

ne

me

sérail

les localités qu'ils

me

dit-on

mière, celle que tout Malgache, pour s'éviter de

A la

désignent ne contien-

pas toujours possible. Le 10 juin, arrivant. dans un

groupe d'habitations qui ne me semble pas d'une moindre importance que son nom.

surface de l'eau

la

de ne pas s'arrêter, on peut marcher sur celle prairie

ion

Rapporter leurs noms, renfermant parfois plus de syllabes que nent de cases,

et clai-

côté des pentes arides, sur lesquelles

Dans certains d'entre eux, de multiples générations de

végétation.

la

lacis épais assez résistant.

et d'abrutissement

plananl au-

en franchissant quelques crêtes. Bois

plantes aquatiques, en enchevêtrant leurs racines vivantes ou mortes, ont formé à

flottante; à

el

îles

ravinanl profondément, des dépressions sans écoulement sont transformées en

marécages qui disparaissent

dormante un

(lune les hauteurs

descentes.

les

vallons encaissés se succèdent

el

127

n.

bien lentement.

les altitudes les el

dessus d'eux, nous allons un instant nous sécher au

cimes battues par

\

plus facile malgré les montées

nuages qui nous enveloppent de brume

rières,

Dl"

la

les autres, je

vérité ces deux mois constituent

peine,

l'ail

d'abord

à

la

m'informe de

réponse coulu-

une demande quelconque; mais

cette fois, elle esl définitive.

Ce

village

anonyme

est le théâtre

d'une vive explication avec mes hommes. Depuis plusieurs jours, je

remarquais qu'ils étaient escortés de gens du pays auxquels souvent que île

les borizana, afin

ils

presque tous mes porteurs avaienl des aides la

mes paquets.

Comme

il

arrive

de se reposer, prennent ainsi des suppléants qu'ils paient avec une partie

l'argent qu'ils reçoivent, je ne m'étais pas inquiété de celle

eux

confiaient

el

augmentation de personnel, mais

voyageaient en touristes,

les

à la fin

bras ballants, poussant devant

troupe auxiliaire qui donnait des preuves non équivoques de mécontentement. Rainivoavy, que


VOYAGE A MADAGASCAR.

128

me

j'interroge à ce sujet,

assez embarrassé, que les indigènes qui nous

dit,

mais une courte enquête m'apprend fort les

qu'ils ont tout

simplement été réquisitionnés. Faisant sonner bien

hautes relations que j'avais à Mahanoro dans

mon compte

a exigé la corvée pour

et

les

accompagnent sont pavés,

le

monde

Betanimena, avec

administratif antimerina,

commandeur

le

simplicité qui les caractérise, ont obéi

la

sans demander plus d'explication.

Mes remontrances ont produit involontaires ont disparu

leur

qui ordinairement n'a en main que

comme

sac de riz; et il

a

malgré un volume

endossé un costume de circonstance

roulé son lamba en ceinture

apitoyé par

le

Ce

soir-là,

suivant

le

et,

sur

il

drape en

repasse plis

le ballot

l'est

pierres et des racines.

Au

pas longtemps.

la

roule;

arrière à la recherche d'une pirogue.

d'un

il

a

constatant bientôt que je ne suis pas et

dissimule ses guenilles sous

et, le

lendemain, nous redescendons dans

embouchure

Il

En

à Tsaravinany.

la

Mangoro,sur

et le

en

la vallée

quittant ce village, nous

la

berge, qui parait assez

nous faut bientôt recommencerla gymnastique aumilieu des

bout de trois heures d'exercices variés, un gros rocher presque

base dans l'eau, nous barre

comme Au bout

il

est

impossible de

le

de trois autres heures,

d'une embarcation. Celle-ci se montre enfin, avançant lentement le

:

un camarade

à

nous engageons entre de raides escarpements broussailleux praticable, mais qui ne

et

harmonieux.

ruisseau jusqu'à son

petit

marmite

planté un chapeau de paille dont les bords effrangés

s'est

il

nous couchons à Ambohimanarivo,

cours d'un

Nos compagnons

Rainivoavy, lui-même,

camisole en rabane toute déchirée,

vieille

La transformation ne dure pas longtemps

qu'il

L'élégant

renferme des ressources inépuisables,

restreint,

au-dessus d'une

:

la tête,

spectacle qu'il m'offre,

blancheur de son lamba

rentré dans l'ordre.

est

sagaie, insigne de ses fonctions, s'est chargé d'une

la

sa garde-robe,

s'affaissent piteusement.

au départ, tout

effet et,

chacun, maugréant, a repris son fardeau

et

et

poli,

ils

qui a sa

hommes

tourner, j'envoie deux

en

reviennent m'annoncer l'arrivée

pour cause; tout un cédé manque

et

conducteur, à califourchon sur celle ruine, plonge dans l'eau jusqu'à mi-jambes. Le pagayeur avec

un passager,

dans une position combien commode,

et

de voyages, tout libre

le

monde

est sur l'autre rive

avec

les

c'est tout ce qu'elle

bagages. Chacun

a

peut porter, lui une douzaine

accompli des prodiges d'équi-

pour ne pas chavirer; nous tenions d'autant moins à prendre un bain, malgré

douceur de

la

température, que, pendant notre longue attente, nous avons vu plusieurs crocodiles s'ébattre au l'eau

ou

se vautrer

au

sur des

soleil

îlots

sablonneux.

l'embouchure d'un gros affluent de

droite, le

du Sandramora,

le

petit

ruisseau sur

En nous

Ranomainty,

bord duquel

est

et

Au lieu

parvenus, à

la

nuit close, en face de celle

d'Ambonandrano, nous en hélons

le village

ou moins îles

les

comme

élevés,

il

heu-

plaisir,

que

le

Mangoro

a de

nouveau changé

d'allure.

Au

plus bas, des sinuosités continuelles, de descendre par bonds, des gradins plus

coule directement du nord au sud dans un

lit

souvent divisé en deux par de longues

basses, mais débarrassé d'obstacles. Les berges de terre sonl presque verticales; on se croirait sur

bords d'un canal.

En même temps,

la vallée s'esl élargie.

Sur

la rive

où nous sommes, entre

qui, de loin en loin seulement, envoient jusqu'à lui des ramifications, s'étend

poussent que des herbes

couronnent

aux

est,

les

l'autre.

non sans un certain

réveil, je constate,

de décrire,

de

remettant en marche, nous passons devant

habitants déjà endormis pour qu'ils nous envoient une pirogue. Celle qui vient nous chercher

reusement, moins délabrée (pie

fil

la

les

hauteurs.

teintes vives,

et

Au bord de

l'eau, c'est

un gazon court

et serré,

montagnes

terrasse,

les limites

de

Là ne

la forêt,

émaillé par places de fleurettes

que nous foulons aux pieds.

Pendant plusieurs jours

;

une vaste

des arbustes, tandis que de grands arbres, formant

le

paysage conserve

difficulté matérielle n'arrête plus la

s'espacent

le fleuve et les

le

même

caractère,

la

roule reste aussi dégagée.

Aucune

marche, mais nous en rencontrons d'un autre genre. Les villages

plus d'un se réduit à trois ou quatre cases

et les

cases elles-mêmes se réduisent à des dimen-

sions tellement minuscules qu'elles sont peu logeables. Les indigènes voient avec terreur s'arrêter notre

troupe, dont l'appétit, avivé par de longues étapes,

trouvons à acheter que du

riz et

menace d'épuiser

souvent en quantité insuffisante.

leurs maigres provisions. A'ous ne

A Ambonamanambamba,

village placé


DANS LA VALLÉE DU MANGORO. deux kilomètres du Mangoro, près d'une

129

rivière qui

prend sa source au mont Iharamalaza et dont je jamais un voyageur délicat s'aventure dans ces parages, il l'évite soigneusement, à Ambonamanambamba donc, je me réjouis, en arrivant, de la présence inespérée de quelques poules; malgré des offres généreuses, leur propriétaire refuse absolument de m'en céder une; c'est assurément son droit, mais ce qui est abusif, c'est de me vendre, au prix fort, des à

bien

fixe

la

position pour que,

si

œufs qui ont

Pour

déjà été couvés.

sous

la

être renouvelée des

dent ne m'en paraît pas de meilleur goût.

jamais manqué de

Quand

Non seulement on m'en

provisions.

pas plus économique, puisque, à ces cadeaux,

n'était

argent.

A

ma

case

attachés par les pattes, une corbeille de

un long discours dans lequel

et,

riz,

dans

fallait

il

le

des bananes, du manioc

d'autres victuailles,

et

brodait d'éloquentes variations sur

il

à alimenter

le

mon

m'embarrassaient par leur abondance. Maintenant qu'ils m'auraient été

les

mains vides;

La pauvreté du pays que

que

stérilité

moyenne

et

personnel

la

souvent même,

et,

utiles, les

ne doit pas être attribuée exclusivement

je traverse

les

travail,

trop fréquente du sol s'oppose à ce que

jamais bien largement

m'adres-

orateurs venaient

les discours.

Sans aucun doute, avec plus de

tants.

il

thème uniforme fourni par

ils

je n'avais plus

de l'omelette craquant

le voisinage de la côte, je n'avais vendait, mais encore on m'en donnait, ce qui

malgache. Les cadeaux suffisaient généralement

politesse

j'étais

la vieille facétie

répondre au moins par l'équivalent en tampon-tanana -chef du village), assisté d'une délétandis qu'on déposait à mes pieds plusieurs volatiles

peine étais-je installé quelque part que

gation de notables, arrivait dans

sait

romans picaresques,

la

Betanimena en

et

de ses habi-

meilleur parti, mais

population qu'il nourrit actuellement

devienne beaucoup plus dense. <>n a

participe des avantages du littoral

tireraient

à l'inertie

dit

si

la

mal vive

souvent qu'à Madagascar la zone

du massif central: dans

le

bassin du Mangoro, elle en

réunit plutôt les inconvénients.

A

l'absence de ressources que nous offrent les points d'arrêt, est venu s'ajouter, pendant la marche, du mauvais temps. Un épais brouillard emplit la vallée, limitant la vue à cinquante pas. Il ne se

l'ennui

que pour

dissipe en partie

jours (pic,

trois

sortant de

le

la foret.

l.'i

De

se résoudre en

là j'envoie à

une pluie

fine et persistante; c'est

Sahamampany où

juin, j'atteins

Tananarive, par deux porteurs,

éclopé se joint au convoi. Les premiers viendront nous ralliera

Le lendemain, nous reparlons en longeant de l'eau

et

la rive.

leurs croupes se prolongent dans

de cascades. Dans

seaux. Le plus important est

Les habitants de Manakana sont plus

l'état

du

sanitaire

un mois auparavant en que

les collections

j'ai recueillies

village parait mauvais,

quinine qu'ils désignent par

le

nom

soigneusement bouché, dans

sera guéri. Ils préfèrent

un

Moramanga dans une semaine.

le

énorme rocher dont une face dénudée s'élève presque à que mes hôtes des jours précédents; en revanche,

civilisés

conséquence probable du voisinage de

de fanafody fotsy (remède blanc). Ailleurs

des opérations compliquées, d'enfermer l'avoir

;

Les montagnes viennent maintenant jusqu'au bord

la forêt

jusque-là ses effluves pernicieuses. Plusieurs indigènes, grelottants de fièvre, viennent la

depuis

elle

Mangoro en éperons granitiques qui y forment autant que nous coupons serpentent, parmi les bois touffus, de nombreux ruisl'Isahana qui arrose Manakana, où nous nous arrêtons l'après-midi. Les

les vallées

vingt cases de ce village sont bâties à côté d'un pic.

accompagné par

je m'étais déjà arrêté

le

mal dans une calebasse, puis auraient

le fleuve,

un fébrifuge;

persuadés

j'ai affaire à

(pie

s'il

ils

qui envoie

me demander

de

auraient tâché, par

jeté ce récipient, après

arrive intact jusqu'à la mer, le

malade

des esprits forts.

A Manakana, nous sommes sinon dans l'abondance, au moins à l'abri du besoin. En échange de mes médicaments, on m'a donné une poule, mais sa transformation en fricassée demeure longtemps hypothétique; pour

un jonc

le

flexible

moment,

elle se

promène encore avec

nœud

terminé par un

avance avec des ruses habiles ou

qu'il

ses

compagnes; Rainivokata

coulant qu'il tente vainement de

lui

la suit,

bondisse brusquement, d'un vigoureux coup d'aile

se sauve en gloussant dès qu'il l'approche, et elle se réfugie sous le plancher des cases suite devient trop acharnée;

il

piège et Rainivokata rattrape

faut le

la

déloger de

et

recommencer

la

brandissant

passer autour du cou; qu'il la

poule alerte

quand

la

pour-

chasse. Enfin elle est prise au

temps perdu en l'accommodant rapidement. Absorbé par l'élaboration 17


VOYAGE

130 d'un plat devenu inaccoutumé, l'ample ration de

préparé à

le riz

nous, en une bouillie molle

du

touche pas pendant

d'une boue rougeàtre,

comme

la

marmite

un bon coup de trique ne

si

sous

les côtes saillant

ils

mon

temps avant

peuvent.

Pourquoi

militaires ne sont pas nourris. le

pas pour remuer

n'est

la

peau,

chez

le cuisinier

les

A

Madagascar,

les

on n'y

le riz,

est prêt

il

case

la

en

les faisait fuir

hirsute taché de flaques

le poil

donne jamais.

errent autour des habitations quêtant une pitance qu'on ne leur

ils

eux de se débrouiller

Comme j'ai

après l'avoir couverte,

sel;

Ce

chiens qui, à l'aspect des préparatifs d'un festin, envahissent

les

gémissant plaintivement. Faméliques,

A

du

et

trois mètres.

vingt minutes au bout desquelles, cuit à point, resté ferme et blanc,

les

pour chasser

au risque de se brider, renverseraient

et,

comme

que transformé,

est bien meilleur

de l'eau

le riz,

armé d'une gaule longue de

feu,

à être servi, c'est

malgache

la

la

gluante par une coction exagérée. Sur trois des cinq pierres du foyer, on

et

une marmite dans laquelle on met, avec

s'assied près

cuisson de

la

qui en est l'accessoire obligé. C'est du reste peu compliqué, mais en dépit de

riz

simplicité de la méthode,

cale

abandonné aux mains subalternes de Hainikoto

a

il

MADAGASCAR.

A

fonctionnaires ne sont pas payés, les

chiens seraient-ils plus favorisés?

rendez-vous de Moramanga, je

me

détourne un peu de

ma

route pour

aller visiter un centre important du voisinage. C'est encore un Beparasy, celui-ci juché dans les monta-

gnes, tandis que

premier

le

mauvais sentiers de

était

nous

la forêt,

éminence entre une

rivière,

d'Antimerina l'habitent

et

au niveau de

me

commerce un gouverneur y

y font du

;

Comme

un accès de

non sur ses

Le 19

nous regagnons

juin,

passons sur

pango nous

gauche

la rive

nous sommes

un

me

A

en allant

le

petite

peine arrivé, je reçois de lui en sortir, je lui

voir

le

envoie une carte

lendemain, je remarque

regarde attentivement à l'envers. Cette altitude

mais sur l'étendue de son instruction.

bords du Mangoro par une pente plus douce qu'en venant

les

lendemain, après avoir traversé un large affluent,

et, le

Les cases ont

abri.

:

les

chevrons des extrémités

nous

;

Sahamarirano,

le

très allongés et figurant des cornes;

c'est dire qu'à l'intérieur elles sont

remplie de rats. Dès

les autres,

kolo vient

et la

réside.

m'empêche de

visite;

talents administratifs,

ce sont donc des cases antimerina

comme

une

Beaucoup

rizières.

une pluie battante; au bout de deux heures nous nous estimons heureux qu'Am-

pris par

offre

fièvre

ma

main, tant que dure notre entretien,

laisse des doutes,

partie se passe dans les

un ruisseau qui alimente des

et

avec quelques mots pour m'excuser de retarder qu'il l'a à la

En une journée dont une

mer.

atteignons cette ville d'une soixantaine de cases, bâtie sur

Sahanalakoho,

le

cadeau une paire de poulets.

la

qu'on reste

dégoûtantes. Celle où je loge

une minute en repos

est,

en sort de tous cotés. Raini-

il

montrer, navré, son chapeau qu'il a déposé un instant dans un coin

et

dont

le

ruban

graisseux est plus qu'à moitié dévoré. Les provisions destinées au repas du soir sont fortement ébréchées,

quoiqu'on fasse bonne garde.

Pour mettre à

ménage

ustensile de

position qu'il a

manche,

la

le tient

ouvert,

le

plateau supérieur

les

et

un parapluie, qui

et s'y

concavité, tournée vers

friandises accrochéesau bout. C'est la

viande

ou quatre broches servent à attacher

trois

dont

la

le

serait entièrement

les victuailles.

sol,

Avec

balançait au milieu de était

un peu court

remplacer un

et,

oreiller,

voyant poindre,

et

ma

fusil,

quins dont

les

Comme

fait

quand

j'avais fait

me

le

dans

la

les

la

rencontrent une surface la

tige centrale

donner, dans greniers à

le

et

les

même

but,

riz.

suspendre, pour dormir, à l'appareil qui se

à l'ordinaire, je m'étends donc sur

grâce à l'inclinaison que

mon

lit

pliant en toile; ce

lit

fabricant avait donnée à une de ses extrémités pour

quelques mouvements, mes pieds sortaient à l'autre bout. Les

croyant peut-être que leur blancheur, encore inconnue à Ampango, dénote une

succulence particulière, en chien de

case.

ils

ne leur permet pas d'atteindre

une autre application du principe qui

volonté du monde, je ne pouvais pas

toit,

en bois; à l'extrémité du

Les rats peuvent descendre par

promener, mais, arrivés au bord,

forme d'un entonnoir renversé aux chapiteaux des colonnes supportant la meilleure

indigènes ont inventé un

fruits, les

assez ingénieux. Qu'on se figure, pendu par une corde au lattis du

quand on

corde jusque sur lisse

de pareilles attaques

l'abri

mais

les rats qui grouillent

le

aux environs viennent

les grignoter. Je

sommeil amène une délente suivie de nouvelles morsures.

clous défient

la

me

recroqueville

J'enfile

mes brode-

dent des rongeurs, mais je ne suis pas plus tranquille; deux rats qui


DANS LA VALLÉE DU MAXGORO. folâtraient

dans une soupente au-dessus de

plancher et

me

dégringolent sur

mon

qui

me

hommes que

rappelait.

j'avais

Reprenant donc

Le pays Retanimena que

tombent par une des nombreuses fissures du

lil

la figure.

Après une nuit agitée, je gagnais en quatre heures rejoint par les

131

de Moramanga. Le surlendemain,

la ville

envoyés à Tananarive;

route ordinaire et connue, je rentrai,

la

je venais

comme

de parcourir, présente,

le

27 juin, dans la capitale.

on l'aura remarqué, des caractères

trop variés pour qu'il soit possible d'en donner une vue d'ensemble. Si. sur fertilité

du

sol et

l'exubérance de

végétation,

la

si

dans

parfois,

j'y étais

m'apportaient une lettre du docteur Catat

ils

la

côte, j'avais

admiré

la

l'intérieur, j'avais traversé des vallées

que le travail de l'homme transformerait aisément en belles rizières, bien souvent aussi j'avais rencontré des terrains stériles et impropres à toute culture. Quant aux forêts qui renferment incontestablement de grandes richesses, l'état actuel «les voies de communication les rend inexploitables. Le Mangoro n'étant, d'une façon continue,

Pour

les habitants, ils sont

grands défauts, mais lence.

navigable

ni

Ce sont des par

l'intérieur

le

doux

êtres passifs.

Ils

se

donnent

faire-

même

variée. Ils ne

et se

et

les

vivent dans une certaine

eu à

abondance sur

profitent

ils

<lu bois.

me plaindre uns comme les autres n'ai

quand

d'eux. Ils n'ont pas de

viennent de leur indo-

le littoral,

elles sont

misérablement à

favorables,

pas

peine de cultiver les légumes

la

sont pas davantage pasteurs la

et les fruits

bœufs sont rares

les

:

fabrication de quel, pics tissus,

ils

qui rendraient leur nourriture plus et,

seules, les volailles sont assez

n'exercent nulle industrie. Produisant

contentant des ressources, quelquefois bien faibles, du territoire qu'ils habitent,

aucun commerce. Sans doute, grande partie

à l'état de

la

pauvreté dans laquelle

dépendance OÙ

En terminant

le récit

de

les ports

aucun

mon voyage dans de Mahanoro

et

ils

la

effort

vallée

pour en

ne font

je

Tout en

constatant,

le

il

pour améliorer leur situation.

sortir et

du Mangoro,

de Vatomandry

ils

croupissent presque partout est due en

oui été réduits par 1rs Anlimerina.

ils

faut reconnaître que les Betanimena ne font

commerciales sur

qu'ils

et

elles sont

mauvaises, sans chercher à les modifier. Chez eux, l'agriculpousser, par des méthodes rudimenlaires. le riz nécessaire à la subsistance; ils ne

répandues. En dehors de

peu

jamais je

de circonstances dont

fait

acceptent avec résignation quand ture se borne à

ne peut pas servir au transport

et sociables;

possèdent peu de qualités,

ils

seul

ni flottable,

veux donner quelques notions

'.

Vatomandry. Les

villes

d'affaires

de

la

côte,

que Tamatave,

comme

par exemple Vatomandry, font, sur une petite échelle,

Elles ont

beaucoup moins de rapports maritimes

marchandises sont souvent importées soit

par des boutres caboteurs,

Vatomandry

a

soit

eu temporairement,

exportées par Tamatave: elles font

par des pirogues en suivant il

guerre avec les Antimerina, Tamatave

nombreux pour

et

était

surveiller toute la côte, le

les

même

genre

le

trajet

jusqu'à cette

lagunes, soit par

la voie

ville

de terre.

y a quelques années, une assez grande importance. Pendant la

bloqué parles navires français;

commerce

comme

ils

étaient trop

peu

extérieur se faisait par Vatomandry. Certains bâti-

ments ont gardé l'habitude de fréquenter ce port, mais Aujourd'hui

les

le

directs avec l'étranger. Les

seuls établissements importants de

ils la

perdent peu à peu.

Vatomandry sont deux maisons américaines

et

quelques maisons anglaises. Les négociants français y font peu d'affaires.

Le commerce général qui n'a clé soit

s'élevait

en 1890 que de

en deux ans une diminution de

en 1888

à

553 760

fr.

15

425 714

61

128 045

54

ou 23,1 pour 100 du chiffre ancien. 1. Mon compagnon de voyage, M. G. Foucart, était plus spécialement chargé, pendant notre mission, des renseignements commerciaux, industriels et agricoles. Il a recueilli de nombreux documents dans cet ordre d'idées et il les a publiés en un volume intéressant et instructif Le commerce et la colonisation à Madagascar, Paris, 189i; Challamel, éditeur. :


VOYAGE A MADAGASCAR.

132

Les importations qui se font par Vatomandry et dont n'offrent, ni

parleur nature,

le

montant

s'est élevé,

par leur proportion, rien de particulier.

ni

un rapport

exportations, qui sont, entre elles, dans

en 1890, à 280 038

n'en est pas de

Il

différant notablement de

fr.

40,

même

des

ce qu'on constate à

Tamatave.

Le raphia y

tient la place la plus

importante

:

73 314 francs (1890).

M AUANORO. Mahanoro, ou plutôt Androranga

militaire d'une cinquantaine de cases,

car

est

le

premier

nom

appartient à une

merçants non indigènes ne sont pas plus d'une douzaine; ce sont pour Français, originaires de la

la

plupart des Mauriciens; deux

Réunion, se trouvent néanmoins parmi eux.

Les marchandises importées sont principalement indirectement par d'autres points,

ment ou

administrative et

ville

une agglomération de 3 000 à 4 000 habitants. Les com-

cotonnades,

les

le sel et le

rhum. On exporte,

du raphia, des rabanes façonnées en sacs pour

le

directe-

sucre,

du

gomme copal, du caoutchouc et de la cire, ces deux dernières matières en petite quantité. A Mahanoro, comme dans la plupart des petites villes de la côte, les commerçants sont aussi planteurs.

riz,

de

Dans

la

la

région du Mangoro,

seront en pleine production,

ils

récoltent surtout la vanille, et

les

Evidemment, Mahanoro deviendra,

d'ici

à quelques

années,

en raison de sa grande valeur et de son faible poids qui

par terre,

En

elle s'écoulera

quand

probablement par

lui

le

principal

petit

centre de

frais

de transport

les ports voisins.

chaque commerçant possède

dépôt de marchandises européennes dans sa plantation;

indigènes contre des produits du pays.

vanille, mais,

la

permettent de supporter des

dehors de son établissement principal qui est à Androranga,

nairement un

assez récentes,

les plantations,

gousses préparées formeront un important article d'exportation.

De temps

à autre,

il

il

les

ordi-

échange avec

les

envoie un agent, d'ordinaire un métis

européen-betsimisaraka, avec quelques marchandises dans les villages situés sur les bords du Mangoro.

Ces marchandises, destinées à être troquées contre du

riz

ou du caoutchouc, sont transportées en

pirogue, mais, à cause des rapides et des chutes, cette navigation s'arrête forcément à une petite dis-

tance de

la côte. J'ai

suis bientôt trouvé

pu constater

les

conséquences d'un

tel arrêt, car,

dans des villages que ne visitent jamais

les

en remontant

commerçants

et

le

les

fleuve, je

péens sont presque inconnus. G. Foucart.

GROUPE DE FEMMES MALGACHES.

me

produits euro-


FAMILLE ANTIMEIUNA.

CHAPITRE V sur la peuplade des An limer ina. Les gouverneurs de l'ile Maurice Agissements britanniques. Civilisation apparente des Vntimerina. Roberl Farquhar. Quelques réflexions sur ce qui suivit notre expédition de 188S. Ce que vaul un protectorat ù Madagascar. Légende sakalava sur les origines des Aniimerina. Organisation politique et sociale de cette tribu. Les grands dignitaires. Gouvernement) armée, finances, juslicc. Ce qu'il faut faire à Madagascar. Pas de protectorat.

Coup

d'œil historique

Le piège de

-

sir

"aintenant que

M'

parcouru en détail

j'ai

ayant de continuer

lcni|is,

quelque peu

el

de parler, dans

le récit

1rs lignes

province de l'Imerina,

la

de

mon

nous permel d'observer

Madagascar explique

les

toul

voyage, de m'y arrêter

de comprendre

la

l'histoire politique de

si

naïvement tombés,

Il

Le lecteur

remonter quelque peu en

colonisation

esl

à

tendu

elle

nous

affaires étrangères. et

politique

«le

arrière.

certainement au courant de nos tentatives de

Madagascar

échouèrent toutes

a

politique néfaste, autant qu'absurde, suivie

faut, pour esquisser l'histoire naturelle

cette peuplade,

nous

elle

piège qu'elle nous

Madagascar par notre administration des

me

plateau de l'Ankova,

depuis de longues années,

visées de l'Angleterre, le

explique, surtout,

le

du plateau central de Madagascar,

dans lequel nous sommes

el

à

el

entière,

est

qui vont suivre, de ses habitants.

La peuplade des Antimerina qui occupe celle terrasse la |>lus élevée

il

si

au

wi

el

au xvn- siècle

malheureusement. Depuis

lors,

el

qui

de longues

années s'écoulèrent sans que l'on songeât davantage à Madagascar

NOBLE ANTIMEIUNA.

île,

et

il

faut arriver après 1813

pour retrouver, dans

de nouvelles tentatives françaises de

que commence l'action que nous voyons se continuer de nos jours encore, dernières, l'abandon de

l'île

par

la

France ou son annexion pure

et

et

la

grande

colonisation. C'est alors

qui aura deux solutions

simple à notre domaine colonial.


VOYAGE

134

Ce

qu'une

n'est

savoir

si,

affaire

MADAGASCAR.

A

de temps. La question capitale pour

pour arriver à l'une ou

mon

France, à

la

ces deux solutions,

l'autre de

il

lui faut

du moins,

avis

est

de

dépenser des centaines de

millions et faire périr quelques-uns de ses enfants. 1815, c'est-à-dire après notre grand

Donc aprùs

principalement, quelques autres de

île.

Mais l'Angleterre

Réunion

colonial, des Français, de la

Métropole mais moins nombreux, tentèrent de fonder des établis-

la

même

sements coloniaux à Madagascar, en

démembrement

temps

chargé spécialement de ce soin

veillait, elle avait

colonie, qu'elle venait de nous prendre près de

dans cette grande

qu'ils relevaient l'influence française

Madagascar

:

hommes

ce gouverneur et ses successeurs se montrèrent très habiles. Ces

savaient que nous n'admettons pas une opposition brusque

gouverneur de

le

nouvelle

la

Maurice. La vérité m'oblige à dire que

l'île

savaient nous prendre,

ils

franche, mais que nous nous laissons

et

facilement duper, surtout en matière coloniale, pourvu que l'on fasse appel à nos sentiments humanitaires.

Le gouverneur difficile

d'alors de

Maurice,

l'île

Robert Farquhar, entreprit donc

sir

la

lâche plus ou moins

de venir faire échouer nos projets de colonisation à Madagascar. Cet homme, très intelligent

et qui connaissait bien les

peuples malgaches, mit en œuvre un plan fidèlement suivi par ses successeurs.

Ce plan très simple consistait en ceci ou moins malléable, plus ou moins

parmi

:

les différentes tribus

docile, plus intelligente

que

de Madagascar en choisir une, plus soutenir aussi bien

les autres, l'aider, la

contre ses ennemis du dedans que contre ses ennemis du dehors, y propager l'influence anglaise, soit par des agents politiques, soit surtout par des missionnaires. Il fallait aussi habiller celle tribu à

l'européenne en

même temps

intéressante. Puis,

quand

des intérêts anglais, finalement était très

malgache qui peut Maintenant,

il

la

résumer

se

et

Madagascar

ainsi à

est le

il

tristesse,

non seulement nous nous y sommes

présideront à l'administration de Madagascar. La grande

Ils

beaucoup y ont

été cependant,

n'ont vu que celte petite peuplade antimerina.

rive n'était,

comme

il

l'île,

que de pauvres

nœud

de

Andrianpoinimerina

Radama. Par

cl

la

question

la

que ce plan de Robert Far-

laissés

empêtrer jusqu'alors, mais étrangères

les affaires

mais qu'ont-ils vu?

Ils

n'ont vu

lehibe

'.

que

et les

le travail

de l'Angleterre. Tanana-

chefs de cette bourgade n'étaient,

Cependant, grâce à l'appui de l'Angleterre,

ses cadeaux, à son or, ces lehibe de Tananarive étaient devenus d'abord rois des Antimerina citer

au mieux

africaine est bien loin, peu de gens con-

île

y a quelque cinquante ans, qu'un petit village,

partout ailleurs dans

civilisation, aurait

l'Anlimerina opposé à la France par l'Angleterre.

:

beaucoup de

encore nous ne paraissons pas devoir en sortir dans l'avenir; du moins tant que

naissent le pays à fond,

surtout la rendre

soulever contre la France.

faut ajouter, et je le fais avec

quhar a complètement réussi

fallait

fallait la travailler, la pétrir

il

bon, je viens de l'analyser dans ses grandes lignes,

me

il

dans un semblant de

celte tribu, habillée, éduquée, drapée

acquis une organisation sociale, plus ou moins rudimentaire,

Ce plan

Madagascar,

qu'elle deviendrait prépondérante à

force des choses, Tananarive

était

:

il

me

à

faut

donc devenue une grande

d'autant plus que l'Angleterre ne voyait à Madagascar que l'Antimerina et que les missionnaires

ville,

que

protestants, la bible d'une main, le pavillon britannique de l'autre, ne fréquentaient C'est justement ce qui explique

nuèrent à ne voir à

que nos premiers colons

Madagascar que

les

et

celle peuplade.

voyageurs, entraînés par l'exemple, conti-

Antimerina. Le plan de Robert Farquhar réussissait donc admi-

rablement, mais ce n'était pas tout.

Cependant que

les

années succédaient aux années, on voyait, au grand déplaisir de l'Angleterre, des

tentatives de colonisation française se

on

vit

une compagnie

d'un roi antimerina,

montrer encore à Madagascar. Sous Napoléon

se fonder ayant à sa tète

Radama IL Mais

l'Angleterre veillai! toujours, ses agents

et

n'avaient pas travaillé pendant de longues années la tribu des Antimerina pour voir jeter

1.

dans

les

bras de

la

France.

Chef de village; en général

:

Radama

chef,

II

III,

Lambert, qui avait su se mellre dans

venait conlre-carrer

personnage important.

le

principalement,

les

bonnes grâces

ses missionnaires

un de

ses chefs se

projet de Robert Farquhar,

Radama

II

.


LA TRIBU DES ANTIMERINA.

ANTIMFRINA.

FAMII.LF

devait mourir, ce ne lui pas l'on appelait à

se jeter

blail

massacrés, îles

Tananarive

dans

le roi lui

Antimerina,

il

de s'instruire aux

merina

'.

les

>n

«

1

Les agents anglais travaillèrent avec ardeur

;_:*.

vieux

le

e

bras de

la

135

par oppositition au jeune parti qui, avec

.

France. Une conspiration s'organisa,

les

le

mi Radama

II, II

seni-

furent

étranglé. Le principal chef des conjurés d'alors est aujourd'hui premier ministre

s'appelle Rainilaiarivony,

nombreux

damnée de

l'âirite

l'Angleterre. Je renvéie

A

appréhension en nous voyant négliger les Antimerina

el

protectorat de

la

moment, l'Angleterre

ce

lecteur désireux

le

commencements du royaume

ouvrages qui traitent de l'histoire des

côte nord-ouest.

le

Radama

partisans do

Je passe rapidement sur nus premières hostilités avec 1rs Antimerina, à

nous obtenions

antimerina que

le parti

anti-

suite desquelles

la

devait avoir

une

vive

nous occuper des Sakalava. Mais notre ennemie

héréditaire eut vite repris son assurance lorsqu'elle assista à notre expédition récente de 1883.

A

celle

époque, par suite de circonstances que

dition française lui

merina, de

les laisser grelotter

sur les hauts plateaux

points de la côte les plus à notre élions tellement enlisés

dans

le

convenance

le

à

de nous établir bien tranquillement sur

el

mon gouvernement, mais non me

rais fort

de voir la France tomber

Maurice, piège que nous appellerons pour

le

ô lecteur! ce n'est pas tout

dans

VOUS

(lie!

de

réjouir des hélises qu'il

naïvement dans

si

leur appartient pas

comme

souverain antimerina

allez voir

gouvernants continuent à faire à Madagascar

le

les

nous

le

l'île

cl

.

les

\nl imerina seuls.

comme comble

de

la

entière. Je suis Français, je puis

fait. Si j'étais

Anglais, je

me

gaudi-

piège que lui oui tendu les gouverneurs de

léguer à l'histoire la

que

lors de nol re cxpédil ion,

Madagascar,

critiquer

el

eût été 1res facile de négliger fi^ Anti-

rebelles à leur domination. Mais, un lieu de cela,

cl

Nous leur demandons de nous céder Diégo-Suarez qui ne nous reconnaissons

il

plan Farquhar, nous étions tellement bien pris, tellement dupés par les

menées anglaises que nous ne voyions

naïveté,

raconter dans un récit de voyage, uni' expé-

je ne puis

dirigée contre Madagascar. A ce moment

le

piège de Robert Farquhar. Mais,

suite avec quelle ardeur nos fonctionnaires el nos

jeu de l'Angleterre, au grand détriment des intérêts de

notre pays.

Après 1885, forte de noire protectorat,

la

France

jours fidèles à nos engagements, nous considérons

cutons à la lettre. Ile leur côté, les

Antimerina s'en

entendu ne l'exécutent pas. Nous avons donc règle, toute expédition qui se

1.

En

graphie 2.

Il

particulier il<'

aux deux

fait

livres suivants

:

lî.

I'.

donc des fonctionnaires à Madagascar. Ton.

comme nous moquent comme

liant

est

absolument,

et

nous

de leur premier lamba

celle expédition de 1885 en

termine par un protectorat

pure perte

5 .

Comme

el

l'exé-

bien

c'est la

une opération désastreuse.

Abinal, Vingt ans à Madaga car, et Henry d'Escamps, Histoire el géo-

Madagascar.

est juste d'ajouter qu'elle aboutissait à

gaspillés

établit le traité

pour montrer

à la

France que

laudi'.i-l-il d'hommes tués et de millions ne valent rien? D'ailleurs les protectorats nous ont été con-

un protectorat. Combien donc

les protectorats


VOYAGE A MADAGASCAR.

136

En

effet,

depuis dix ans que voyons-nous? C'est un pays de protectorat. Par conséquent nous respec-

tons l'autorité antimerina.

comme, dans

Dans notre

nous traitons avec eux de puissance à puissance,

naïveté,

tout protectorat aussi, les fonctionnaires français ne sont que des agents consulaires

accrédités auprès de ce qu'on appelle

même

sance, je dirai

cour d'Emyrne.

la

avec plus d'influence sur

1885, pour avoir,

déguisés sous

nom

le

auprès du gouvernement antimerina. Ce

que nous avons combattu

de résident pas

n'était

côté d'eux, et avec tout autant de puis-

gouvernement antimerina,

le

anglais, allemands, italiens, américains, de sorte

A

se trouvent des consuls

et

dépensé des millions en

vice-résident, des consuls et des vice-consuls

et

peine de dépenser tant d'argent pour arriver à ce

la

piètre résultat.

Déplus, pendant dix ans, mier

du poste

titulaire

et

généraux français de Madagascar emboîtaient

les résidents

ne voyaient dans

tribus insoumises n'existaient pas,

il

Légion d'honneur,

cadeaux

l'assassin de

II,

Ranavalona

reine

la

:

Radama

France; des pendules, des objets

Rainilaiarivony, est

verrai monter,

pour

le

ma campagne du

palais de la reine,

c'est l'usage. Elle contient

111 est nommée grand cordon nommé commandeur. On ne sait

de

la

quels

22 novembre, des présents arrivent de

le

des vases de Sèvres, vont s'entasser au Palais d'argent. Dans

d'art,

quelques mois, lorsque je reviendrai de

rue,

Antimerina seuls. Pour ces fonctionnaires, les moyen de prendre Madagascar, si l'on ne flattait

les

aux Antimerina. Chaque année, un peu avant

faire

comme

que

n'y avait pas

Antimerina. Conséquences logiques

les

l'île

pas au pre-

le

nord, avant de partir pour Fianarantsoa, je

une grosse caisse que tous

les

Malgaches salueront dans

la

un manteau royal en velours rouge bordé d'hermine. Ce magni-

fique vêtement vient de la rue Royale et coûte 11 000 francs.

Malgré toutes ces largesses,

les

Antimerina se montrent récalcitrants à notre protectorat; on a beau

France que tout va bien à Madagascar, je constate que tout va mal, pour

dire en

France bien

la

entendu.

Les affaires étrangères continuent leur système de cadeaux. Cela ne mord pas.

aux Antimerina une

me

je

batterie de

canons de campagne

:

quelle dérision!

rends bien compte de ce système de colonisation absurde

fonctionnaires continuent a faire plus dans

jeu des Anglais,

le

ils

et

sont pris

En

1892. on donnera

Dans mon voyage

inepte qui a

nom

:

à Madagascar-

protectorat.

Nos

font prendre la France de plus en

et

piège de Robert Farquhar; pendant que notre résident général obtient à grand'peine

le

droit de s'asseoir

au Palais d'argent,

nement antimerina, continuent

les

à guider cette peuplade

au mieux de leurs intérêts; pour nous, nous

continuons à faire des cadeaux. Le guillotiné par persuasion est un personnage qui n'est jamais

du domaine de

la fantaisie; c'est, je

le

agents britanniques, accrédités officiellement auprès du gouver-

crois,

même domaine

dans ce

qu'il faut

reléguer

le roi

sorti

nègre con-.

quis et protégé par persuasion. Telles sont fortement abrégées les réflexions

que m'inspirait à

colonisation à Madagascar. Avant de reprendre

au lecteur quelques pensées que aveugle que

la

je crois les

me suggère ma

récit, qu'il

au contraire que je

j'écris ces lignes

le

cette

me

époque

soit

l'essai

de nos tentatives de

encore permis de communiquer

connaissance de ce pays malgache

France y a inaugurée. Je vais parler de

serait très désirable

moment où

mon

fusse.

l'avenir

et

je

Oui vivra verra, a

et

de

la

politique

ne crains pas d'être démenti. dit la

sagesse des nations.

Il

Au

(décembre 1893», qui ne seront publiées probablement que dans deux ans,

pouvoir affirmer à l'avance qu'une expédition se fera dans quelques années pour venir forcer

Antimerina à respecter

le traité

coûtera fort cher. Quel en sera

probable qui

a,

le

de 1883. Je crois pouvoir affirmer, d'autre pari, que celte expédition

résultat? je ne suis pas prophète, je ne puis que donner

néanmoins, grande chance de se

réaliser.

Après celte expédition onéreuse

cl

une opinion qui nécessi-

scillés par l'Angleterre dans nos entreprises coloniales, pour les faire échouer et nous dégoûter à jamais d'en tenter denouvelles. Ce nouveau piège tendu par l'Angleterre où, conduits comme toujours parles affaires étrangères, nous avons

donné tète baissée, est d'autant plus redoutable que par un heureux hasard qui ne se représentera jamais, notre premier protectorat semble avoir réussi. Il n'en fallait pas plus pour que nous généralisions le principe des protectorats sans tenir

compte des peuples, des pays, des circonstances.


LA TRIBU DES ANTIMERINA. un grand nombre d'hommes, car forcément l'administration des

tera

comme

grossir,

137

affaires étrangères

à plaisir, la puissance des Antimerina pour bien démontrer que,

c'est

parce qu'elle avait à faire à forte partie; après cette expédition,

dire,

que fera-t-on?

dis-je,

si elle

aura intérêt à

n'a pas réussi,

qui réussira, cela va sans

semble être indiqué de ne pas continuer cette politique néfaste de protectorat dans laquelle les Anglais nous ont engagés. Il semble tout indiqué d'abandonner enfin ces Antimerina, nos ennemis à Il

Madagascar.

semble tout indiqué de nous mettre du côté des tribus insoumises, de diviser pour la main sur la grande île africaine.

Il

régner, enfin de mettre

Voilà ce qu'on devrait faire, mais voilà selon toute probabilité ce qu'on ne fera pas. Je crois que l'administration des affaires étrangères ne voudra pas amoindrir son prestige en

gascar à d'autres. Et je crois que, après

Farquhar,

la

future expédition, toujours fidèle au

abandonnant Madamot d'ordre de Robert

ministre des affaires étrangères d'alors viendra dire aux représentants de notre pays, qu'il faut continuer à protéger une race (les Antimerina), et le gouvernement, à celte époque, peut-être proche, le

viendra, j'en suis convaincu, après celte expédition, faire ratifier au parlement

non une annexion, mais

un protectorat. deux expéditions qui vont nous couler très cher en hommes et en argent vont nous conduireà ce de proclamer les Antimerina la race supérieure de Madagascar, de conquérir l'île à leur profit,

Ainsi, résultat

de dépenser notre argent, de faire tuer nos soldats pour leur plus grand bien, pendant que des consuls anglais viendront comme par le passé conseiller ces indigènes, les soutenir dans leur lutte contre nous.

On a dit bien souvent que les entreprises me rallier à celle opinion, j'attends pour établirons à Madagascar.

Dans

coloniales étaient mauvaises pour la France, je

l'adopter complètement

le

commence

à

prochain protectorat que nous

jamais on n'aura vu un peuple agir avec tant de légèreté, dépenser tant d'argenl verser peut-être tant de son sang pour arriver à un si petit résultat un les fasles

de

l'histoire,

.

:

protectorat à Madagascar après deux expéditions onéreuses. Mais, laissons là ces réflexions que je n'ai pu m'einpèeher de

ment de retenir

le

communiquer au

lecteur; je le prie seule-

plan Farquhar.

Celle ingérence de l'Angleterre, dans cette petite peuplade de Madagascar, va nous expliquer, d'une

façon très logique,

la civilisation

vue ethnographique, qu'en n'est

pas.

tenant entre tous les Malgaches pour une race vraiment supérieure; ce qui

Dans l'avant-propos de

Antimerina; je leur type

les

appareille des Antimerina que l'on ne comprendrait guère au point de

le

les ai

plus

rangés dans

commun,

le

cet ouvrage, j'ai déjà dit quelques

deuxième groupe

Ilova.

<le

pas correcte,

Dans

cet

l'histoire

ethnique des j'ai

donné

je renvoie le lecteur à ce chapitre.

Ces indigènes sont au nombre d'environ 80DO00,

nom

mots de

groupe malais), à côté des Betsileo,

(le

ouvrage

je n'emploie

ils

sont plus généralement connus en France sous

jamais pour

les

désigner cette appellation, en

le

effet elle n'est

désigne une classe spéciale du peuple, intermédiaire entre les nobles et les esclaves, ce qu'on pourrait appeler la bourgeoisie. L'appellation Antimerina est la plus exacte, la plus conforme elle

aux

habitudes malgaches,

merina est connue

chaque

tribu,

appellent

et

c'est la seule

qu'on doit employer. Dans

comprise. Mais

elle n'est

Ambaniandro (ceux qui sont sous

le

Amboa-Lambo

(chien cochon).

résumées assez exactement d'après Abinal «

Il

entière, celte

pas exclusivement adoptée.

chaque peuplade, a un mot spécial pour désigner jour

et les

différentes tribus Sakalava, les Bara, les Antaisaka, les lent

l'île

est très difficile

la tradition

les

On

dénomination d'Anli-

peut dire au contraire que

Antimerina. Ainsi

les Betsileo les

peuplades du premier groupe, c'est-à-dire

Antandroy,

et les

Antanosy

même

de donner les origines des Antimerina

;

les voici

sakalava, tradition qne j'emprunte au livre du R. P.

'.

Les

Amboa-Lambo

sont venus d'au delà des mers Le navire qui les portait se brisa sur les côtes de

Madagascar.

1.

les

les appel-

Vingt ans à Madagascar, par le R. P. Abinal.

ts


VOYAGE A MADAGASCAR.

138

Ces naufragés s'établirent d'abord près de l'Océan sans se mêler aux habitants du pays. La fièvre

«

faisait

parmi eux de nombreuses victimes, cependant

Les indigènes en furent jaloux

trée.

se multipliaient

ils

et leur suscitèrent

peu à peu

occupaient

et

con-

la

d'abord de minces querelles, qui se changèrent

plus tard en combats meurtriers.

Amboa-Lambo

«

Les

«

Or un

nombre tirent

jour, après

furent vaincus et presque exterminés.

une sanglante

était fort réduit alors;

donc vers

Ils

ils

prirent

de se retirer vers l'intérieur de

hommes

trouvèrent l'un et l'autre vers

le

ils firent la

leur

l'île;

en état de porter les armes.

par-

Ils

recherche d'une terre plus paisible et

et leurs enfants, à la

rapidement. Plus tard,

s'y multiplièrent

le parti

n'y avait peut-être pas cent

avec leurs femmes

le désert,

d'un climat plus salubre. région et

il

défaite,

du pays;

centre

ils

se fixèrent clans cette

guerre à leurs voisins pour s'emparer de

leurs troupeaux et de leurs terres.

Des hommes sages, venus aussi d'au delà des mers, ont aidé

«

ont été vainqueurs

ils

ces

combats où

.

Ces Amboa-Lambo sont venus à Madagascar après

«

Amboa-Lambo dans

les

l

Silama (Arabes musulmans)

les

et ils

ont été

les

amis des Karany (Indiens). Tel est

«

fond du

le

on voit assez

récit sakalava;

locale; son origine est d'ailleurs fort ancienne

parmi

manque

ne

qu'il

les tribus

ni

de l'Ouest.

La mention des hommes sages, venus d'au delà des mers, qui ont aidé

«

combats, aurait bien pu être ajoutée à une date postérieure, pour signaler à

Radama

I

du vn c

«

siècle, est

pour nous tout à

fait certaine,

Ces Karany ou Indiens, avec lesquels

Madagascar. Nous pensons plutôt

du

leurs

concours prêté par les Anglais

les

mais

que

Antimerina auraient est

Il

fondus avec

qu'ils se sont

l'on fixe assez

communément

à la

rien ne l'indique clairement.

amitié, sont

lié

peu probable

probablement des

tra-

qu'ils aient ensuite quitté-

Amboa-Lambo ou avec quelqu'une

les

des

littoral. »

Dès que

l'on

examine de près

çoit bien vite qu'elle

conservé

Amboa-Lambo dans

.

fiquants venus à la côte ouest à une date assez récente.

tribus

le

les

er

L'arrivée des Antimerina, après celle des Silamas ou Arabes

«

fin

de patriotisme ni de couleur

comme

les autres la

d'une éducation qu'on

et

que

observe attentivement cette tribu des Antimerina, on s'aper-

l'on

somme

ne diffère guère en

lui

langue,

des autres tribus de Madagascar. Ces primitifs ont

usages, les habitudes de leurs pères sauvages; mais par suite

les

a donnée, par suite d'imitation d'usages étrangers (l'Antimerina imite parfai-

tement), cette peuplade des hauts plateaux a pris au contact prolongé des Européens un vernis de civilisation bien plus

rudimenlaire,

elle

apparent que

réel,

que

actuelle,

;

mais, masquée par cette couche

semble cependant toute différente des autres peuples malgaches ses

chapitres précédents, en parcourant fois

bien plus superficiel que profond

j'en avais l'occasion.

usage nouveau

Il

me

le

pays

j'ai

reste à dire quelques

qu'ils tiennent, je

voisins.

Dans

les

raconté les vrais usages, les antiques coutumes, chaque

mots de leur organisation sociale

m'empresse encore de

le dire,

et politique

en entier, des étrangers, des

Anglais principalement. Mais ces usages nouveaux, ces coutumes étrangères sont toujours suivis par l'Antimerina avec un ridicule achevé n'était

:

on

nous nous sommes

laissé

prendre

un gouvernement absolu,

1.

hymme

Cette phrase de

il

la

les

duper dans

la

grandes nations, est de penser que nous,

l'on

il

n'est pas fait

pauvres,

hommes

lois

comme

rythme

pour

les sujets.

les autres.

libres, esclaves, la

Le monarque antimerina, grâce à nous,

national, chant sacré à

les premiers,

plus large mesure. Le gouvernement des Antimerina

du souverain sont des

est beau,

et roturiers, riches et

l'objet d'un véritable culte.

ont joué un

et

les volontés

sacré; quels que soient ses traits,

Antimerina nobles

lui

si

pas arrêté par un certain sentiment de tristesse. Ce sentiment qui nous empêche de nous amuser

franchement de ces nègres orgueilleux, singeant

est

bien de voir ces nègres jouer à la grande nation

rirait

lent

que

les

légende sakalava est particulièrement remarquable.

est

De

Ce monarque

la part

de tous les

personne du souverain

devenu une majesté,

est

les

est

Anglais

Antimerina appellent Sidikina parce


TYPES ANTIMKHIN

\.



LA TRIBU DES ANTIMERINA. entendu

qu'ils ont

choisi

dans

Anglais parler de ce God save the Queen.

les

la famillle

A

141

côté du souverain

homme

ou femme

des anciens rois, on trouve un autre chef nègre qui ne porte pas

le nom de roi (Mpanjaka), mais celui de premier ministre. Ce ministre, qui n'a pas de mots malgaches pour se désigner, s'appelle « Prime minister sy commander in chief ». Le premier ministre est assiste d'autres ministres '

dirigeant les divers départements.

Voici quelle était en 1891

la

composition du gouvernement anlimerina,

fréquentaient au Palais d'argent. Je copie textuellement celle

voyage à Tananarivc, par

liste

la liste

des grands chefs qui

publiée en 1801, lors de

mon

premier

Friend'sforeign mission Association.

la

NY FANJAKANA MALAGASY. Le gouvernement malgache Ranavalomanjaka

trice des lois

.

Mjanjaka ny Madagascar, sy Mpiaro ny Lalariny Taniny,

III,

And' ra sy ny silrapon'ny vahoaka Mpanjaka Tamy ny

Ranavalomanjaka

5

III,

reine de Madagascar, par

du royaume,

etc., etc.

Couronnée ou

el

noho ny fitahian

22 novembre 1883. grâce de Dieu

la

sacrée

le

Rainilaiarivony, premier ministre sy commandant en chef, Rainilaiarivony, premier ministre

etc., e/r.,

commandant en

'

el la

volonté du peuple,

el

protec-

±2 novembre 1883.

rie., etc.

chef, etc., etc.

knliincti-a \ cabinet. Rainitsimbazafy,

/"> Ira.

0.

P.

I).

'

Lehiberiny mpanao raharaha

momba m/

Ati-tany.

Rainitsimbazafy, 1S IL. Officier du palais, ministre de l'intérieur. Rainisoa (Ravanomanana)

Rainisoaravanomanana 18 S. A.

II.

S. A. R.

Ratsimamanga

Ratsimamanga

Printsy

ira.

l.'i

II

P.

/>.

.)//'.

Chef des aide- de camp du premier minisire.

IL.

I :>

Lehiberiny

Ira.

.'>

1

/>.

I'.

M.

Prince aide de

1

.

camp du premier

minisire.

S. A. R. Razafimananlsoa. Printsy Lekiben 'ny Fitsarana. S. A. R.

Razafimananlsoa. Prince-ministre de

la

justice.

Ratsimisampy, Andriambaventy.

Ratsimisampy. Grand juge. Rainimanantoanina. Andriambaventy.

Rainimanantoanina. Grand juge Rama/iatra, 15 Ira. Lehibe

Ramahatra,

!.">

II'.

Razanakombana,

1.

et

% est

le

seul

commandant en

Minisire de

/.">

Razanakombana,

amy ny

l.'i

la

Ira. 0. D. P.

Miaramila.

guerre. Lehibe

amy ny raharaha momba ny

lalana

IL. 0. P. P. Minisire des lois.

mot malgache

intercalé

dans celle appellation anglaise,

c'esl noire

conjonction

el

premier ministre

chef.

Le gouvernement antimerina ne manque jamais en toute circonstance de s'intituler gouvernement malgache. Il le monde, personnifier Madagascar. Il est triste de dire nue ces prétentions que pourtant rien ne vient justifier sont admises sans conteste par le gouvernement français, au grand contentement de nos lion- amis les Anglais. .1. Il est très intéressant de voir .es sauvages qui. il y a cinquante ans à peine, adoraient de pelits morceaux de bois, dire aujourd'hui que leur souverain est reine par la grâce de Dieu. Il ne leur manque que d'ajouter: par la volonté du peuple. i. Le mot Kabinetra est entre plusieurs centaines un exemple des mois nouveaux donnés aux Antimerina par les mis2.

prétend, pour tout

sionnaires et les agents britanniques. ''<

Ces

f>.

t).

sont les initiales des trois mois français Officiers du Palais. trois initiales des mots suivants Decany prime Minister. Decany (y à la On d'un mot ne se prononce généralement pas en malgache) est encore de ces mots baroques empruntés par les Antimerina à notre langue. Ment de aide de camp. Chacun des grands dignitaires antimerina a un grand nombre d'aides de camp. Ces officiers ont pour principale mission de faire la cuisine de leurs supérieurs, de porter leurs bagages, de pourvoir à leurs besoins. Cette position de decany, 1res recherchée et qui exisle en grand nombre dans l'armée antimerina, vient augmenter encore le nombre des non-combattants de celle force dérisoire. Sans compter que ces ailles de camp primitifs trouvent un protecteur naturel dans la personne de leur maître et seigneur. trois lettres

P. M. sont les

:

:

:


VOYAGE A MADAGASCAR.

142

Radadanohatra,

5 tra.

1

H

Radadanohatra, 15

ou Ratsimanohatra.

r

amy ny Mainty Enindreny.

Rainiasitera, 15 tra. Lehibe

H

Rainiasitera, 13

Chef de

r .

noire (littéralement

amy ny raharaha momba ny

Andriamifidy. Lehibe

Andriamifidy

la caste

Ira.

D. P. M.

Ramaka,

H''.

Aide de camp du premier ministre.

Rainibemananlsoa, 14

Ira.

Rainibemanantsoa, 14

H

Rajoelina, 13

Rainitsimba,

II

r

.

D. P. M.

du premier ministre.

Fils

.

P

D.

ira.

1 1

D. P. M.

r

Zanaky ny P. M.

Ira.

Rajoelina, 13

chef des noirs de 6 mères!).

Ministre des affaires étrangères.

'.

Ramaka, 15 15

:

Vahiny.

M.

D. P. M.

Rainitsimba,llH

r

Rainimalanjaona,

1 1

.

ira. 0.

Rainimalanjaona, 11

H

p .

D. P.

du

Officier

palais.

Ralsarahoela.

Ratsarahoela. Ravelojaona.

Ravelojaona.

Rajahonah.

D'.

Rajahonah. Docteur. Rainimahatafandry. D. P. M. Mpanao raharaha amy ny Vahiny. Rainimahalafandry. D. P. M. Employé au Ministère des affaires étrangères.

Mpanao raharaha Isan-Toko Avry.

Membres du gouvernement chargés de I

IVu J

amy' nu J

militera

l \

:

,

,

,

:

.

H

r .

H

Andriamifidy

Rahûzafimanfja

r .

O. D. P.

sy.

i0lra

^

étrangères

:

] (

:

,

tra.

r

Rainitsimbazafy, 15

j

les affaires

Fitsarana

H

Radadanohatra, 13

(

Pour

-

,

Radadanohatra, lo

t

:

Ira.

,

Rainilsimbazafi, 15 tra. 0. D. P.

l'intérieur

N}] Vahiny

n

i

:

(

Ny Ati-Tany

Ramahalra, 15

Ramahalra, 15

{

Pour la guerre

Pour

:

l'administration intérieure du royaume.

_

/>.

p.

,)/.

Andriamifidy. .

.

Raimzafimanga, 10

IIr

ri*.

(

5. A. R. Razafimanantsoa. Printsy lehiben ny Filsarana.

<

Rainimananloanina, Andriambavenly,

[

Ralsimiseta, 13 tra. 0. D. P.

plus pauvre des fonctionnaires du Palais. Ministre des affaires étrangères des Anlimcrina, est le d,. 1885, juste au moment où les Antimerina s'engageaient traité notre depuis possède qu'il Malgré un titre pompeux des relations extérieures, Andriamifidy ne peut guère voler 1 arenvers nous à ne pas avoir de fonctionnaires chargés petits métiers. C'est ainsi que 1,' jour du fandroana, lorsque les quelques a il vivre Pour concitoyens. ses gent de s'empressr au-devant d'eux et les débarrasse de leurs parapluies et de leurs étrangers viennent assister à la cérémonie, il émoluments de ce grand fonctionnaire antimenna. cannes en sortant il reçoit quelques pourboires. Ce senties seuls sous les apparences d'un concierge. 11 porte consmes yeux devant toujours revient Andriamifidy Dans mes souvenirs, son oreille gauche. chatouiller soie vient de tamment une calotte ,1e velours noir dont le gland 1

Andriamifidy

le


LA TRIBU DES ANTIMERINA. Son Altesse Royale Razafimananlsoa. Prince minisire de Pou,

la justice

Ralsimiseta, 13

Lalana

Pour ,,

Razanakombana, 15

:

les lois .

,

,

: ]

_,

,

Trésor public

\ '

:

] (

Sekoly

-

O. D. P.

.

D. P. II

r

O. D. P.

.

Rainimalanjaona.

(

...

15

r

Rainandrianary Andriambavenlu.

(

Volam-panjakana

H

tra. O.

Razanakombana,

:

la justice.

Rainimananloanina. Grand juge.

1

:

143

D. V.

tra. 0.

1 1

Rainandrianarv. Grand-juge. " J & Rainimalanjaona, II H r O. D. P. .

Rakoto sy Radoara.

:

Instruction publique.

Mpiambin'Andriana

:

{

Randrianary, 12

tra.

Rafaralahisi foira,

12

tra.

Ramandiamanana, 12

tra.

Raobera, 12 tm. Rainoboto, 12 Ira.

Gardes de

reine

la

ou Chefs des gardes royales

Randrianary, 12

l

Rafaralahisifotra, 12

<*

Ramandiamanana, Raobera, 12

:/

:

:

H

r .

12 IP.

II'.

Rainiarivo, 12 IP.

:

Rainizafy, 12 tra.

Chefs des courriers de

Masombika

.

Rainiarivo, 12 tra.

:

Chefs des corps des Sagayeurs

Tsimandoa

r

Rainoboto, 12 IP.

\

Mpitan-Defona

H

I

reine

la

Rainizafy, 12 IP.

:

Rainilaionina, 9 tra.

Chef des Moçambiques

Rainilaionina, 9 IP.

:

Ny Mpanolo.

l'saina.

Conseillers du gouvernement. Rainisoa, 15 Ira.

P. M.

I).

».

Rainisoa, 13 IP. D. P. M. «S'.

.1.

R.

S. A. R.

Ratsimamanga,

I

5

Ratsimamanga, 15

Itadilofcra.

Ira. Printsu.

H

Zanaky ny premier

r .

Prince.

ministre.

du premier ministre.

Radilofera. Fils

Rasanjy, li ira. Secrétaire privé du premier ministre.

Rasanjy, 14 IP. Secrétaire privé du premier ministre. Randriantsilavo, li Ira. 0. D. P.

Randriantsilavo, li IP. O. D. P.

Rcnibemananlsoa, 14

tra.

D. P. M.

Renibemanantsoa, 14 IP. D. P. M. Marc Rabibisoa, 1 Ira. D. P. M. sy .'(

Marc Rabibisoa, 13

secrétaire particulier.

IP. D. P. M. et secrétaire particulier.

1- Ces fonctionnaires qui sont chargés des finances de l'État jouissent de Trésor public n'existe pas. - Sekoly vient de École.

la

plus douce des sinécures, puisque

le

:

Ces conseillers du gouvernement n'ont absolument rien à faire pour beaucoup de raisons, d'abord parce qu'il n'y a pas de gouvernement, et ensuite parce que si on leur demandait leur avis, ils se garderaient bien de le donner. i.


.

.

VOYAGE

144

Rasoa Rainiharisoa, 12

MADAGASCAR.

\

tra. Secrétaire particulier, etc., etc., etc.

H

Rasoa Rainiharisoa, 12

r .

Secrétaire particulier, etc., etc., etc.

Ny

Andriana.

Chefs de

Ralsimamanga, là

Zanak' Andriana

:

Zanakandriana

S. A. R. Ralsimamanga, 15

Zazamarolahy

:

:

S. A. R.

la

'.

H

1

noblesse.

Ira.

Printsy.

Prince.

'.

Zazamarolahy. Rasehenolahy.

Rasehenolalvj

2° Caste.

Andriamasinavalona

:

Ravelonanosy.

Andriamasinavalona

Ravelonanosy.

:

3 e Caste.

Zanatompo

:

Zanalompo

Razakavahy.

¥ Zanakambony

:

Zanakambony 5

e

Andriandranando 6''

Zanadralambo amin, Andrianjaka

Rabedasy.

:

Rasoamanana.

:

Casle.

Andriamamonj y

:

Razakavahy.

Caste.

Rasoamanana.

Andriandranando

:

:

Andriamamonjy.

Casle.

Zanadralambo

et

Andrianjaka

Rabedasy.

:

7 e et 8° Castes.

Voilà fidèlement reproduits et littéralement traduits les fonctions, les titres

jaompeux dont

les

noms des principaux dignitaires

Anglais se plaisent à

antimerina, leurs

grotesques que

les affubler; appellations

l'Annuaire du protectorat publiait à Tananarive par les soins du résident général de France, copiées reproduites d'après les presses évangéliques. Je laisse au lecteur

de se former une idée de cette peuplade antimerina sauvage

le

comme

les autres,

mais où

les tentatives

anglaises ont mélangé avec une rare patience les apparences d'une civilisation avancée avec barbarie. C'est

donc cet

comme par le passé donc que comme par le que

état

et

soin de conclure, je lui laisse le soin

un fond de

de choses que nous voulons continuer à Madagascar. Nous voulons donc

ce gouvernement ridicule subsiste, s'accroisse

même en

puissance.

Nous voulons

passé toujours, les agents britanniques viennent conseiller ce peuple protégé

par nous au prix des plus grands sacrifices. Avec un protectorat, nos millions dépensés, nos soldats ensevelis à Madagascar, toutes nos pertes en

aux

intérêts français.

même

un mol auront

Les Anglais continueront à avoir

la

servi à perpétuer

haute main sur

dans une colonie française? L'administration des colonies n'a pas

un

état

de choses néfaste

Antimerina!

les

comme

En

serait-il

de

celle des affaires étran-

gères l'habitude de se laisser mener par les agents britanniques. Madagascar doit être colonie française.

un jour, mais

Elle le sera

Voici succinctement

le

nomme

à quel prix!

fonctionnement normal du gouvernement antimerina. Le premier ministre

à son caprice qui

bon

tout-puissant,

il

Tananarive.

est plus vrai de dire qu'il les

Il

cependant être persona grata

chaque province le

même

et surtout être

est administrée par

Annuaire de Tananarive

Rainandriamampandry,

1.

lui

semble pour occuper

vend au plus ollVanl

charges

fictives

de

nommé

des gouverneurs de provinces mise au courant en 1891

Randreza, 10

Mahasoa (Soamandrakisay).

Ce sont

tra

les initiales des trois titre

mots français

:

Toamasina (Tamatave).

Vô tra

Yatomandry.

S. A. R.

cour à

parle premier ministre. Voici encore d'après

Rakotovao, 10 tra

résidents généraux gratifier du présents.

la

L'acheteur doit

de bonne paye. Puis à côté de ce gouvernement central,

un gouverneur

la liste

les

et dernier enchérisseur.

est

:

Son Altesse Royale. Il est vraiment très curieux de voir nos nous acharnons à combler d'honneurs et de

d'Altesse Royale des nègres que nous


LA TRIBU DES ANTIMERINA. Rahaga, 12

tra

Rantoandro, 10

143

Tanimandry (Andovoranto). Mahavelona (Vohimarina

tra

.

Rainizanamino, 9

tra

Ramiaramanana, 9

Ira

Tsarasaotranitompony.

Rainizanahoera, 11

tra

Vbhimasina (Fenoarivo

Rainikctamavo, 10

tra

Rainingavelo,

Ira

12

Rainimandranto,

.

Saomianina.

11 tra

Rabesandratana, 13

Ira

Maroantsétra.

Rainivoavy, 12 Ira

Raharinosy, 12

Vohijanahary.

tra

Andrianantony, 12 tra Rainisoa Rabetontonana, Rafaralahitsimandresy, 12

Ramanandray,

11

taonibe Ambohitsara 11

.

tra

tra

Iharana.

tra

Ratovclo, 13 Ira

Ramambazafy,

18 Ira

Rafaralahidimy, 10

tra

Rainimarobandro, 8

tra

Mojanga Majunga). Maevatanana (Ambodiroka Vntongodrahoja.

Rainijaobelina, 10 tra

Mahabo Avar

Rainivoanjo, 12 tra

Marovoay.

Andriantsiferana, lo

tra

Malatsy.

Andrianaivotraika, Tira

Kinajy.

Andriantseno, 9

Morokoloy.

Andriambelo, 8

Ira

.

Vmpotaka.

Ira

Rafaralahitsaroana, 8 Ira

^ndrova.

Rainisoa, 7

Unbodiamontana.

Ira

Ratsimihala, 9 Ira

Vnkoala.

Rainitandra, 10

Beseva.

Ira

Rainibemolaly, 8 tra

Vmparihibe.

Ramiandravola,

\jnberolia.

Rakotovao, 13

Il tra

Ira

V.norontsanga.

Rabesihanaka, 12 Rainizanaka, lo

Ira

^mbodimadiro.

Ira

Rainilaikely, 10 tra

Vnkaramy.

Randriaiiarv, 9 Ira

Vmpasimbitika.

Rainimanambahy,

s Ira

Razàfîndrazaka, 12

Ira

Vndranomalaza.

Mahabo.

Ratiaray, 11 tra

Andakabe (Amorondava

Rajafimbolo, 12 tra

Mania.

.

Andriamarovony, 12

tra

Faradofay (Fort-Dauphin).

Ralaimandanona, 12

Ira

Vangaindrano.

Rajaona, 11 tra

Mahamanina.

Rabcnjamina,

Vohipeno.

11 tra

Andriamanisa, 10 Radavidra, 12

Ira

tra

Mananjara.

Rakolo, 11 Ira Rainisolol'o, 12 Ira

Mahanoro. l'J

.


VOYAGE A MADAGASCAR.

146

Rainiketabao, 14 tra

Fianarantsoa.

Rainimakaola, 11 tra Rainizafy, 10 tra

Kalamavony.

Rabanona, 11

Fanjakana.

tra

Andrianaivo, 9 tra

Mahazony.

Andriamaro, 11 tra

Ambohimandroso.

Rananambahoaka, 10 tra Ramaniraka, 14

Tompoamanandrariny

tra

Rainitsara, 11 tra

Rasamimanana, 10

Malainbandy.

Ira

Tremo.

Ranidrampy, 8 tra Rakotovao, 9 Ratsima,

(Ihosy).

Midongy.

Janjina.

tra

Ambohinoma.

7 tra

Razafintsalama, 13 tra

Fierenana.

Rabeony, 12

Ambatondrazaka.

tra

Andriamikato, 11

Razakasoa, 11

Ira

Ramanilra, 10

tra

tra

Amparafaravola. Befandriana.

Rainizaly, 10 tra Rainitsizafy, 14 tra

Mandritsara.

A. Ramanitra, 11 Ira Rafaralahinantsa, 11 tra

Marotandrano.

Rainialy, 11 tra

Ankavandra (Miadanarivo).

Rainisoahita, 9 tra

Manandaza.

Rainisoatsifa, 9 tra

Analabe.

Rainibenaivo, 10 tra

Bevato.

Rakotovao, 10 tra

Tsiroamandidy.

Ratrema, 11 tra

Moramanga.

Rainimanarivo, 11 Ira

Ramiakatra, 10

Ratsimba, 10

Belanona (Anosibe).

tra

Betafo (Vakin 'Ankaratra).

tra

Rainijaonary, 11 tra

Nanatonana.

Rainisoavahia, 12 tra

Ambositra.

Rasoamanana,

11 tra

Ambohinamboarina.

Rainizanama, 11 tra Radaniela, 11 tra Ratsarahoela, 10 tra

Soavinandriana.

Ravanarivo, 13 tra

Ambohimanga

Ces gouverneurs de provinces, de

villes,

(Atsimo).

de villages, sont indépendants les uns des autres et reçoivent

directement leurs ordres du premier ministre de Tananarive. Avec ces gouverneurs sont d'autres

dont

le

premier, qui a

le titre

de

commandant en second

(lefitra),

officiers,

a pour principale mission

non de

suppléer au gouverneur, mais de l'espionner, et de rendre compte de ses faits et gestes au gouvernement central.

Telle est dans ses grandes lignes l'administration générale des Antimerina

:

à la tète, à Tananarive,

autocrate, le premier ministre; à l'extérieur, des gouverneurs qui dépendent exclusivement de terai

pour

nommé

être complet

lehibe,

que dans chaque

village,

dans chaque hameau,

il

lui.

un

J'ajou-

y a un chef de l'agglomération

Sakaizambohitra ou encore Anlily. Ces petits chefs de villages ne sont que les vestiges des


LA TRIBU DES ANTIMERINA.

147

anciens chefs de villages qui existaient autrefois clans toutes les tribus de placés sous l'autorité du gouverneur de la province ou du

Ces agents subalternes

l'île.

commandant de

la ville

principale dont

ils

sont proches, font exécuter les ordres des gouverneurs et des commandants. Telle est la description la plus simple

Le pouvoir que

j'ai

législatif ainsi

que

que

vues à Tananarive imprimées

seule

la

Anglais ont bien

fait

des lois

dans une brochure par Parret, un de nos bons amis ne signifie rien, pas plus que le reste le bon plaisir du :

d'ailleurs tous

loi;

les

et réunies

anglais de Madagascar, mais ce recueil de lois

premier ministre est

donner du pouvoir exécutif des Antimerina.

je puisse

pouvoir judiciaire n'existent pas;

le

achète leurs arrêts en piastres ou en bœufs. Si

les juges,

l'affaire

en vaut

les la

Andriambavenly sont

à

vendre

on

peine, le premier ministre se réserve

de juger en dernier ressort. Ce sont ses petits bénéfices.

Quoique

ne veuille pas m'étendre beaucoup sur celle organisation sociale

je

Antimerina,

n'en vaut pas

elle

la

peine vraiment.

11

me

faut expliquer une

de comprendre au lecteur désireux de s'instruire différents termes

et

politique actuelle des

coutume récente qui permettra

souvent employés dans

liés

qui traitent de Madagascar. Je veux parler des honneurs. Le gouvernement antimerina qui

le

veut bien pourvu qu'il paye;

aussi bien dans

gascar se

le civil

que dans

le

il

a

Ira;

1

nomme

officier

adopté une classification, une hiérarchie qui s'applique à tout,

qu'on appelle l'honneur, voninahitra, qui a Madasoldai aussi bien qu'un homme libre serait un honneur

militaire. C'est ce

mesure par degrés. Ainsi un simple

qu'on écrit

les livres

un caporal deux honneurs, un sous-lieutenant quatre honneurs, un lieutenant cinq

honneurs, un capitaine six honneurs, un commandant sept honneurs, un lieutenant-colonel huit honneurs, un colonel neuf honneurs, un général de brigade dix honneurs, un général de division onze honneurs, un général d'armée douze honneurs, un maréchal treize honneurs, un liés grand gouverneur quatorze honneurs, un prince quinze honneurs,

un personnage de quelque importance,

Le système

il

premier ministre a seul seize honneurs. Pour être

le

faul dépasser

la

douzaine.

financier chez les Antimerina esl aussi des plus simples.

de revenus pour

le

gouvcrnemenl. Les finances de

l'Étal

Il

n'y a pas d'impôts.

avec

s'identifienl

Il

n'y a pas

fortune personnelle du

la

premier ministre. Les revenus des douanes existent bien, mais seulement depuis 1883. Depuis lors, grâce à notre naïveté, les Antimerina tirent de celle source d'assez beaux bénéfices, cl sous ce beau régime de protectorat, les Français payent toul aussi cher que les autres. Davantage même, car ils sont sous

la

coupe

el la surveillance directe

des résidents français, tandis que

les

Anglais

les

el

autres

étrangers, absolument indépendants, dans un pays de protectorat, des agents du pays protecteur, peuvent, sous la

sauvegarde de leurs consuls, agir à leur guise. Lorsque

besoin d'argent,

il

le

gouvernement antimerina

appelle à Tananarive quelque gouverneur influent et l'oblige à verser une

importante. Le gouverneur s'exécute

et, lorsqu'il

retournera dans sa province,

il

se fera

a

somme

rembourser avec

usure par ses administrés.

L'armée antimerina a été constituée pour

la

première

l'ois

par

le roi

Radama

1".

Ses successeurs

minisires y ont apporté de notables perfectionnements. L'organisation militaire

ries

et

leurs

Antimerina, incom-

doute et qui laisse encore beaucoup à désirer sous tous les rapports, a suffi néanmoins pour leur un avantage marqué sur les bandes armées que peuvent leur opposer les autres tribus. Dans un pompeux, Rainilaiarivonv établit en 18791e service militaire obligatoire pour tout homme libre, sa

plète sans

assurer édif

durée devait être de cinq années. Après cette période active, l'Antimerina

une guerre nationale. Je transcris autre chose. Ainsi tout

homme

là l'édit

de Rainilaiarivony

libre se rachète facilement

,

n'était plus enrôlé

c'esl la théorie;

mais

l'effectif;

d'après

fournir à peu près (5000 les

mes

calculs, ce «pie

hommes

contingents que fourniraient

j'ai

vu

cl

ce que

en prenant tout. Mais les

il

j'ai

qu'il n'a qu'à

esl très difficile d'en

appris, la province de l'Imerina peut

convient d'ajouter à ces troupes antimerina

provinces soumises des Betsileo

gents auxiliaires, qui viendraient peut-être doubler ce

Il

que pour

pratique est bien

pour un voamena quatre sous),

verser au 7 Ira ou au 8 Ira chargé du recrutement, seuls les pauvres sont enrôlés.

estimer

la

et

nombre de 6000,

des Betsimisaraka

;

n'en viendraient pas,

ces contin-

comme on

pourrait le croire, augmenter la valeur. Bien au contraire, les Antimerina sont tellement aimés des autres


VOYAGE A MADAGASCAR.

148 tribus de veiller

l'île

que

lorsqu'ils lèvent des contingents chez leurs alliés,

de très près pour

empêcher de

les

fuir,

que

liaires ils n'auraient plus

i

doivent les enchaîner ou les sur-

de sorte que, en cas de guerre nationale,

hommes

pourraient opposer à l'envahisseur 6 000

ils

000 combattants

de leurs troupes,

Anlimerina

y aurait 2 000 de leurs soldats au moins, occupés à

il

;

les

des contingents auxi-

et s'ils levaient

garder leurs peu utiles auxiliaires. J'estime donc après des observations minutieuses, des renseignements précis, de longues recherches, à cinq

rina pourraient nous opposer

Mais

je

ou

m'empresse d'ajouter que

les

faire

le

nombre des troupes que

une expédition

militaire à

comme ceux que nous avons

me

analogue aux autres tribus de

l'île,

ne devait qu'aux étrangers seuls

jouit; cette réputation est le résultat d'un

l'

Antimerina

consolider

comme

était

nous nous sommes

comme

comme

efforcés,

monde que

grand

à plaisir.

d'une longue élucubration anglaise que nous

travail,

est

Il

réputation imméritée dont elle

la

triste

de reconnaître

à plaisir, à faire sortir

moins

travaillée

une race supérieure,

c'était

du néant

qu'eux par la seule,

cette

l'or et les

y a quelque vingt ans

qu'il

l'Antandroy; grâce à d'autres, mais à nous surtout,

leur opposer quelque autre tribu, croire au

suis attaché qu'aux

surtout voulu montrer au lecteur que celle peuplade de Madagascar, absolument

j'ai

sommes venus

Anlime-

trouvés devant nous en 1885.

Je termine ce rapide exposé de l'organisation politique des Antimerina. Je ne

grandes lignes,

les

Madagascar.

troupes seraient fortement soutenues par quelques aventuriers

ou Scherwinglon,

anglais, quelque "Willougby

combattants,

six mille

nous nous décidions à

si

il

devenu quelqu'un;

est

peuplade sauvage, au

de

lien

agents anglais; nous avons

fait

l'unique à Madagascar. C'est faux, absolu-

ment faux.

Dans je

me

le

mon

cours de

voyage, chargé d'une mission scientifique, par goût aussi bien que par devoir,

également, l'ethnographie tique.

Pour

suis appliqué surtout à relever les côtés scientifiques des choses observées.

Quoi

en

qu'il

et

soit, si j'ai

mon ouvrage, communiquer en faisant

l'anthropologie

me

cru dans ce chapitre,

faillie voix aurait peut-être quelque influence,

faire entendre.

opération.

Il

comme

je le ferai

faut pour

Il

dans

la

conclusion, à la

au lecteur quelques réflexions sur la politique malgache, c'est que

répondre à des questions qu'on ne manquerait pas de

cela,

peuplades

les

plaisaient et m'occupaient bien davantage que la poli-

si

minime

qu'elle soit.

Il

France prendre Madagascar, ce sera,

la

faut l'annexer purement

et

simplement,

la

me

cru aussi que

faire. J'ai

était

de

fin

j'ai

cru,

ma

donc de mon devoir de

je crois,

pour

la

une bonne

l'avenir

remettre ensuite à un ministère compétent; mais

ce qu'il faut se garder de faire, c'est de la laisser plus longtemps gérer par l'administration des affaires

étrangères. Depuis dix ans celte administration a montré ce dont elle était capable à

L'expérience

est

plus pratique

et

faite, elle est

concluante. Madagascar aux colonies, ou abstension

et

Madagascar.

abandon. C'est

moins coûteux.

Faire peut-être encore une expédition nouvelle dont

le

coût ajouté à celui de l'expédition de 1885

for-

mera un nombre respectable de millions, faire peut-être encore périr beaucoup de braves soldats, tout cela pour arriver à un nouveau protectorat, tout cela pour nous plonger davantage dans le piège de Robert Farquhar, pour élever plus haut les Antimerina, celle fois en faire une véritable puissance, ce serait

par trop absurde. Et puis encore, après ce nouveau protectorat établi,

vingt ans refaire

Enfin

il

me

il

faudrait dans dix ou

une troisième expédition.

reste à dire

quelques mots de l'esclavage, institution barbare

et

inhumaine

si

répandue à

Madagascar. Tout d'abord,

il

faut

distinguer parmi les esclaves ceux qui sont étrangers au pays, qui y sont

importés principalement de de Mozambique

i

l

la

côte d'Afrique située en face de Madagascar, et de l'autre côté du canal

ceux d'origine madécasse qui peuvent appartenir à toutes les tribus, hormis cependant

à celle des Antimerina. Je n'ai jamais vu d'esclaves de race antimerina pure, les diverses

peuplades de

l'île,

l'institution

et

cela se

de l'esclavage exisle en droit mais non en

fait

comprend. Parmi :

chez

les

Anlan-

drov, les Bara, lesAntanosj ,les Antaisaka, l'esclavage n'existe pas; chez les Sakalava et les Belsimisaraka, les

Antanala

cl

les

Bezanozano,

ainsi

que chez

exceptionnel. Mais c'est chez les Betsile'o

et

les

Antankarana,

si

l'esclavage existe en

fait,

il

est 1res

surtout chez les Antimerina, c'est-à-dire chez les peuplades


LA TRIBU DES AXTIMERIXA. du premier groupe, que

l'on trouve des esclaves

malgache, alors que chez

les

Sakalava

et les

149

en grand nombre; ceux-ci sont presque (ous d'origine

Antankarana,

les rares esclaves qui s'y

des Makoa. J'écarterai donc tout d'abord

tous d'origine étrangère, ce sonl

trouvent son! presque

les tribus

insoumises des

Anlandroy, des Antanosy, des Antaisaka, des Bara, qui ne connaissent pas l'esclavage; quant aux autres

aux Antimerina

tribus rebelles

Sakalava par exemple, esclaves

il

est

vrai,

la

il

et

me

qui possèdent quelques rares esclaves d'origine étrangère,

suffira

de

ilire

que dans ces

tribus,

oblige à reconnaître que la plupart du

vérité

si

comme

les

trouve quelques rares

l'on

temps leurs maîtres ne

sont

pas des Malgaches, mais pres-

que toujours des Arabes, des Silama,

comme

gaches,

disent les Mal-

des Karany, des

c'est-à-dire

In-

diens, sujets britanni-

ques. Je I

exceptionnelle-

rès

ment deux fois

vu que

n'ai

ou

trois

en cinq ans des

Malgaches de Ouest

la

côte

posséder

des

esclaves makoa. Je m'empresse d'ajouter que ces Sakalava prod'esclaves

priétaires

depuis

étaient

long-

temps devenus musulmans, ils s'étaient Silama.

faits

L'élude

l'esclavage

de

THMIIKUT AN

I

l\I!

Hl\

'.

Mada-

à

gascar avec ses détails répugnants doil donc être

groupe, c'est-à-dire un peu chez

longtemps déjà, de nombreuses personnes

faite

exclusivemenl chez

beaucoup chez

les Betsileo,

les

les

peuplades du premier

Antimerina. Je sais bien que depuis

nous parler de l'esclavage

se sonl plu à

à

Madagascar comme

d'une institution familiale; à en croire ces admirateurs des Antimerina, l'esclave d'un tribu est

devenu quelque peu

l'enfanl de sa

homme

de cette

maison.

Celte peinture fausse que l'on a (racée de l'esclavage à Madagascar peul reconnaître deux principales causes.

La première vouloir

pour célébrer

La

voici

esl

de vouloir quand

quand même fermer les

les

même

placer au-dessus de tout Malgache l'Anlimerina, c'esl de

yeux sur ses défauts

el

vertus qu'il n'a pas. La deuxième cause

en deux mois:

les

ses vice-, alors esl

que

l'on n'a

pas assez de voix

plus simple, quoique tout aussi importante.

gens qui ont été à Madagascar fonctionnaires, missionnaires

el

colons après être

débarqués àTamatave, sontmonlés à Tananarive en Glanjana, portés par huit borizana esclaves. Toul le long de la route, pendant six ou sepl jours, quelquefois plus, ils ont été en contact avec ces hommes qui, esclaves à la vérité, ont des occupations particulières, fon) partie d'une corporation qui a ses lois, ses

règlements, ses privilèges ont

même. Ces borizana

montré au voyageur pendant toute

la

qui formenl parmi tous

porteurs de Tananarive

Tamatave

et

de Tamalave.

('.el

homme,

à Tananarive, après avoir traversé Beforona,

ignorer des choses de Madagascar

cl

esclaves une classe privilégiée

roule une gaieté, un entrain qui lui feronl dire des choses fausses

ce voyageur, généralisant ce qu'il au i'a vu, croira que tous les esclaves à les

les

après avoir

Madagascar sont

l'ail

aussi

avec huit borizana

le

voyage de

Ampasimbe, Moramanga, prétendra ne plus

en particulier connaître très bien

le sorl

;

heureux que

rien

des esclaves madécasses.


VOYAGE A MADAGASCAR.

ISO

regret de venir contredire encore cette affirmation par trop optimiste en laveur de l'esclavage

J'ai le

à Madagascar.

Sans doute, parmi tous

que possèdent

les esclaves

Antimerina qui habitent Tamalave, Tananarive

les

moins malheureux que

lieux voisins, les porteurs de filanjana et de bagages jouissent d'un sort

et les

ceux qui sont disséminés dans toujours en chemin,

échappent à

ils

la

surveillance continuelle du maître,

de leurs bénéfices, puisqu'ils ont dépensé

pelite part

élapes successives.

11

il

ne

ils

lui

apportent qu'une

plus grande partie de leur argent dans leurs

que des esclaves borizana à Mada-

qu'il n'y a

grande

faut seulement visitera fond la

africaine, ce

île

que n'ont

viennent nous dire qu'à Madagascar l'esclavage est une institution

ces voyageurs qui

fait

la

ne faudrait pas croire cependant

gascar; pour s'en convaincre, jamais

province de l'Ankova. Sans doute ces porteurs ont un sort très doux;

la

familiale.

Madagascar comme

A

humain quelque peu

nombreux que

plus

les

une

ailleurs, l'esclavage est

élevé.

Pour m'en

borizana; ces

tenir

hommes, avec

répugne à tout sentiment

institution barbare et qui

au pays des Antimerina,

est

il

une classe d'esclaves beaucoup

Madagascar ne

lesquels l'Européen de passage à

se

trouve jamais en contact, sont disséminés dans les petits villages, chargés de cultiver les rizières, de

remuer

la terre. Ils naissent

dans

la peine, ils

meurent oubliés dans ces cases de

personne ne pense à leurs souffrances. Ces esclaves de possède en plus ou moins grand nombre, sont traités ]'

Antimerina

malheureusement à

l'esclave de la terre et à sa famille (famille est peut-être

l'esclave antimerina).

nubile; ce que l' Antimerina veut

doux

il

procure des femmes,

lui

la capitale;

dans ce cas,

les

la

s'ils

Les

et si la culture

du

sont robustes,

province de l'Imerina

riz et le

bon

plaisir

marie de force à peine

le

ils

et

chance

la

enfants. Puis,

la

les supplica-

trouvent un acqué-

s'ils

les autres

qui iront travailler la terre si

garçons qui ne trouveront

comme la

leurs parents.

Dans

distance n'est pas trop

de leur maître leur permettent, venir embrasser leur mère.

qui se vendent en général beaucoup plus cher que les garçons, sont (qu'on

ce détail) toujours réservées pour

quand

deviendront peut-être borizana, leur sort sera

leur malheur, ces pauvres petits pourront cependant de temps en temps,

filles, elles,

il

conduira au marché pour s'en défaire malgré

Moins favorisés au contraire seront

et ils seront enviés.

d'acquéreurs que dans

longue

déjà dit que

J'ai

une expression mal choisie

nombreux

ses esclaves lui rapportent de

mère éplorée, du père désespéré. Ces garçons auront de

tions de la

plus

Le maître

que

c'est

ces petits êtres auront quelques années,

reur dans

que chaque Antimerina agriculteur

des bêtes de somme.

avant tout un commerçant âpre au gain; ses aptitudes au négoce s'appliquent

était

quand on parle de

la glèbe,

comme

terre de l'Imcrina, et

reproduction.

Un

me pardonne

garçon d'une dizaine d'années se vend en moyenne

de 200 à 100 piastres, un adulte ne vaudra qu'une centaine de piastres, un vieillard ne trouverait pas

d'acquéreur pour une

somme

très

bien formées dépassent souvent

Que de

fois

esclavage à

si

pendant

mon

ou

modeste.

militaires,

exemple avait été

de se

Une

000 piastres sur

séjour à Madagascar

répandu à Madagascar. C'est

Madagascar des postes

civils

1

ainsi

militaires, ont besoin faire suivre

nommé gouverneur

petite le

atteint

un prix

les

pour ceux d'entre eux qui vont y

longues années

Un Antimerina

d'Andakabe,

la

Andakabe,

à

il

partit

avait acheté au

pour l'accompagner dans sa nouvelle résidence tuer plus facilement à son service.

négriers africains avec un

Il

résider, fonctionnaires

d'un nombre d'esclaves plus ou moins grand. il

;

il

les

pour ce poste éloigné de

le

comme

prenait jeunes,

pour

me

disait-il,

côte Ouest avec

pour pouvoir

et filles

les habi-

faire des enfants qu'il vendrait

jour du départ de cet

par

cet officier savait qu'il

marché de jeunes esclaves garçons

avait aussi des jeunes filles

grand bénéfice;

cet

Antimerina possédant dans beaucoup d'endroits

quelques-uns de ees esclaves adultes qui devaient porter ses bagages, mais resterait de

fort élevé, les jeunes filles

vu des scènes véritablement atroces, que cause

j'ai

que

fille

marché du Zoma.

officier, les

aux

mères de ees jeunes

enfants lui firent un cortège de pleureuses jusqu'à sa sortie de Tananarive. Ces esclaves d'origine malgache,

en

si

grand nombre dans

la

province des Antimerina, ont

Betsileo, des Betsimisaraka, des Sakalava, des Anlanosy, si

mis

tous une origine analogue

ramenés par

les

:

ce sont des

armées antimerina, lorsque,

des règnes précédents, elles ont soumis quelques provinces. Ces esclaves se sont mélangés,

le

type


,

LA TRIBU DES ANTIMERINA. originel est perdu depuis longtemps,

ils

151

se distinguent seulement de leurs maîtres antimerina par des

caractères africains plus accusés.

Voilà pour les esclaves d'origine malgache; pour les esclaves d'origine africaine,

coup plus embrouillée. Pour

me

la

présenter convenablement,

il

me

la

question est beau-

faudrait entamer un chapitre spécial,

faudrait parler de ces boutres négriers qui, partant tous d'un point

commun

il

qui est Zanzibar,

viennent sur les côtes malgaches prendre des bœufs vivants, en charger leurs boutres qu'ils conduisent ensuite sur la côte voisine d'Afrique;

là,

ces négriers

arabes échangent leur cargaison de bœufs contre une cargaison de chair humaine. Ces esclaves africains con-

Madagascar sont

duits à

par des

vite achetés

négociants arabes ou indiens qui

revendent

les

avec un bénéfice énorme aux Malgaches.

commerce très c'est

est

répandu.

absolument

est triste de dire,

Il

que quelques

vérité,

la

adonnent sur

ce trafic maritime

sillonnent

le

est

il

Ce

même

cependant

et

Européens

s'y

côte de Madagascar. Cependant

la

Des croiseurs

officiel,

est

nominalement anglais

fiançais,

canal de

Moçambique

interdit.

allemands

et

cl

les envi-

rons de Zanzibar pour y mettre un terme. Les

Français et

les

Allemands font à ces négriers

une chasse loyale

el

désin-

Les Anglais, eux, agissent d'une façon

téressée.

toute particulière à

franche

et correcte,

un croiseur anglais

:

vient-il

s'emparer d'un boutre chargé d'esclaves, qu'il

conduit

navire au consulat

le

le

bateau arborait

la

noire marchandise qu'il

ramènera son liberté.

Nos

le

le

plus voisin dont

pavillon, puis se

il

poinl de départ en

lui

une de leurs colonies, où

comme engagés pour une

la

ment capteur louche par prime payée par

tète

la colonie.

puissances européennes

le

ils

les

longue période

d'années; inutile d'ajouter que l'état-major

J'y rentre

de

rendant

voisins, toujours pratiques, conduisent

ces esclaves dans font entrer

m

embarque

garde bien

du

^^^R? FEMME AN mil

bâti-

ni'.

:

d'engagé forcé une

J'en aurais encore long à

long de

la

dire

sur celle répression de

côte orientale d'Afrique, mais je ne veux pas sortir de

donc en constatant avec peine qu'à Madagascar, pendant que d'un côté

son argent et emploie une partie de sa marine pour diminuer vage, d'un autre côté dans la grande

la traite

île

la traite

la

par les

mon

sujet.

France dépense

des nègres et combattre l'escla-

africaine elle dépense encore plus d'argent et emploie ses fonc-

tionnaires à proléger sinon l'esclavage chez les

Malgaches en général et les Antimerina en particulier, du moins, ceux qui l'admettent. Quoi qu'il en soit du résultat de l'expédition que la France parait devoir entreprendre à Madagascar,

il

faut espérer au moins que dans le traité imposé par nous aux Antimerina on supprimera

radicalement cet esclavage que nous n'avons pas craint de supprimer brutalement dans toutes nos autres colonies.

Celle suppression que nous avons faite chez nous au

l'humanité, mais contre nos intérêts, hésiterons-nous à la faire à

nom du

progrès universel de

Madagascar au détriment des Antime-

rina seuls ?

Ne pas supprimer

l'esclavage à

Madagascar

et

protéger entre toutes

les tribus

malgaches

celle qui


VOYAGE

152

justement l'admet et

le

plus et

le

pratique

A

MADAGASCAR.

mieux, ce

le

serait véritablement renier notre passé civilisateur

humanitaire.

Et pourquoi, je

me

le

demande, ne supprimerait-on pas l'esclavage

sakalava iraient retrouver leurs parents, l'argent, c'est encore exact,

est vrai;

il

est vrai

se passe à

que presque tout ce qui

sans détour. Celte grande

Madagascar? Quelques enfants

quelques propriétaires antimerina perdraient de

mais ces considérations suffisent-elles pour obliger

des idées libérales qu'elle n'a cessé d'avoir et de montrer au 11

à

ile

monde

Madagascar

est

la

France à renoncera

entier.

incompréhensible pour moi, je l'avoue

africaine est habitée par des tribus différentes. Les unes sont hostiles

Français, les autres ont pour eux, sinon de

la

aux

sympathie, du moins de l'indifférence; parmi ces tribus,

il

en est qui ont demandé notre appui, notre protection, qui nous ont appelé en un mot, nous offrant leur territoire;

il

en est d'autres, au contraire, qui nous ont combattus, qui nous combattront encore, qui nous

délestent cordialement. l'on veut faire plus

On

grands

reconnaît n'est-ce pas, les Antimerina? Et c'est justement ces Antimerina que ,

qu'ils

ne

le sont,

que

l'on veut

protéger au détriment des autres tribus. Nous

négligeons nos amis, ou tout au moins des neutres, pour ne servir que nos ennemis. Si cela se si

réalise,

de nouveau un protectorat français est établi à Madagascar au profit des Antimerina, je comprendrai

encore moins l'action de

la

France à Madagascar.

Il

me

faudrait pour l'expliquer invoquer des raisons,

des intérêts particuliers, invraisemblables peut-être, que j'ignore complètement à fait

même, de

chercher.

UN

JEUNE ANTIMERINA.

et

que

je

me

refuse, tout


OBSERVATOIRE D AMBOBIDEMPOM

CHAPITRE — —

\.

VI

Retour à Tananarive. Commencemenl de la saison sèche. Retour de Foucarl et de Maistre. Collège et observatoire d'Ambohipo. Ambohiboka ou village des lépreux. - La lèpre à Madagascar. Fête <]n 14 juillet 1SS9. Les réjouissances populaires. Préparatifs de voyage. La route de Radama. Départ de Tananarive. Ambatomena et ses tombeaux. Un tsikafara. Chez les Bezanozano. — A Didy. — Un campement dans la foret. Les Dimalika. —Aperçu général «le la vallée ilu Mangoro et de ses prolongements. Dans les défrichements.— Descente de l'Ivondrona en pirogues. - Arrivée à Tamatave, Culture du riz chez les Betanimena.

F.

11 juin 18K9",

nous rentrions pour

des Aulimerina,

cl

môme jour,

le

nimananabe nous rouvrait

seconde

la la

demeure

fois

dans

la capitale

hospitalière de Rai-

ses portes.

La température des hauts plateaux est particulièrement agréaLie à relie époque de l'année. Avec le mois d'avril a commencé la

saison sèche,

l'île,

la

central

la

saison où et

bonne saison dans les

nuits

principalement sur

sont les

la

presque

fraîches, où,

hauts sommets,

totalité

sur

le

les

de

massif

matinées

sont souvent brumeuses. Malheureusement cette froidure n'est

que

relative, elle

miasmes

est

dans

qui,

les

absolument impuissante à détruire trois

les

ou quatre mois de pluies conti-

nuelles qui précèdent, ont pullulé dans les marais et les fondrières,

dans

les

nombreux

petits lacs

formés pour un temps

par ces averses diluviennes, dans toutes COIt'FUItE

BEZANOZANO.

les rizières

aussi, à la fin de la saison des pluies, lorsque

tous

débordées; ces

prin-

cipes délétères sont recouverts par une épaisse nappe d'eau, se produit-il

une sorte d'apaisement dans

amas d'eau disparaissent

et les

boues

les

et les

ravages de

la

malaria; mais bientôt avec la sécheresse ces

vases, mises à découvert avant une dessiccation complète, 20


VOYAGE A MADAGASCAR.

loi

deviennent des générateurs féconds du miasme paludéen; de cette façon, contrairement à ce qu'on pourrait prévoir, avec

le

retour des beaux jours et avec un abaissement notable de la température, appa-

toujours une recrudescence sérieuse de la fièvre paludéenne.

raît

C'est à cette cause

mon

teurs à

que

recevoir de notre ami Foucart.

dionale

du Mangoro

exténué par

imputer

je devais

arrivée à Tananarive,

et,

les

nombreux malades que

chose plus grave encore,

avait pleinement réussi dans sa difficile exploration de la vallée méri-

Il

en suivant

et avait atteint,

cours de ce fleuve,

le

fatigue et brisé par de continuels accès de fièvre,

la

comptés parmi mes por-

j'avais

mauvaises nouvelles que je venais de

les

Moramanga, où,

village de

le

attendait quelque temps pour se

il

remettre en route. Je lui écrivis de ne pas prolonger son séjour sur ces rives malsaines et de venir à

Tananarive se reposer quelque peu. Vers

la fin

de juin,

était

il

de retour parmi nous, mais

la

malaria,

trop fidèle compagne, l'avait toujours suivi, ne lui laissant ni trêve ni repos. Maislre était aussi de retour

de son expédition aventureuse du versant ouest de vandra. Le

l

or

juillet 1889,

mois ou deux, tant pour étudier à nouveau mettre à mes compagnons

et à

tagne véritable, désignée sous Jésuites ont

du pays sakalava avoisinant

Antimerina

les

à Tananarive,

je résolus

clans leur capitale que, surtout,

un établissement scolaire important,

pour per-

colline élevée,

C'est près de cette haute colline

petite école

d'Anka-

les forces et la santé.

une distance de deux milles environ, une

nom d'Ambohipo.

le

le village

de demeurer encore un

moi-même de recouvrer par un repos bien mérité

existe à l'est-sud-est de Tananarive, à

Il

l'île,

nous étions tous réunis

que

monPères

les

normale où des professeurs dévoués

savants forment avec patience les futurs maîtres d'école ou assistants qui aideront les Pères de

la

et

pro-

vince dans leur mission civilisatrice.

Le collège d'Ambohipo

est vaste,

il

est

bien situé, au centre d'une grande propriété, dernière parcelle

d'une concession considérable que les Pères avaient obtenue, dans ce

du

collège, sur

du

lieu,

une élévation voisine désignée plus particulièrement sous

le

roi Radama II. Au nord nom d'Àmbohidempona,

s'élève l'observatoire de Tananarive.

Dans ma première

visite à l'observatoire

d'Ambohidempona,

hutte misérable en planches mal assemblées; là cependant

dont

se servait avec habileté, malgré

il

une

il

le

directeur,

avait réuni

le

R. P. Collin, habitait une.

un grand nombre d'instruments

installation des plus défectueuses;

il

partageait son temps

entre ses observations météorologiques et la surveillance incessante qu'il lui fallait accorder à truction de son observatoire. Aussi celui-ci

bâtiments modernes

A

les

et

bientôt terminé, et

il

la

cons-

constitue aujourd'hui l'un des

plus curieux de Tananarive.

l'extérieur, l'observatoire affecte la

nord

fut-il

sud étant de beaucoup

forme d'un

plus grande;

la

T

à branches inégales,

la petite

la

branche horizontale orientée

branche qui regarde

l'Est est

terminée à son

extrémité orientale par une coupole qui abrite une lunette astronomique. Ce

monument, en briques

granité, est d'un aspect agréable; soigneusement construit,

l'architecte et surtout au

il

honneur à

fait

et

directeur des travaux qui par un labeur incessant a su triompher de mille difficultés. Véritable contraste

des plus piquants, cet établissement scientifique, représentation

semble une amère dérision au milieu de ce peuple

Le R. P. sement

les

Collin,

homme

honneurs de son observatoire. Sans entrer dans des

me

énumération édifiera amplement

le

le

si

Baromètre.

très gracieu-

l'aménagement

détails fastidieux sur

que

me

fit

de ses instruments

le

et je vais

savant astronome. Cette

lecteur et lui montrera, sans qu'il soit besoin d'ajouter d'autres

que l'observatoire de Tananarive

dirige

fit

contenterai de laisser au R. P. Collin lui-même la parole

transcrire fidèlement l'énuméralion complète

qui

primitif.

aussi savant et distingué qu'aimable et bienveillant, nous

intérieur de l'observatoire, je

détails,

ultime d'une civilisation avancée,

est cligne

de figurer par son matériel

et surtout

par

personnel

le

habilement parmi nos plus importants établissements scientifiques d'outre-mer.

Depuis

le

mois de janvier 1889,

le

baromètre dont on se servait

construit par Poggi, de Florence, et étalonné à l'observatoire Ximénien de cette

était

un Fortin

En

juin 1890,

ville.

nous reçûmes du Bureau central météorologique de France deux baromètres à mercure Tonnelot, à large cuvette et compensés, n os 40" et 408; l'erreur instrumentale de ce dernier étant presque nulle,


LA ROUTE DE RADAMA.

155

nous l'avons choisi de préférence à tout autre. Une l'erreur

l'intérieur de tral,

série de 70 observations simultanées nous a fourni autres baromètres à mercure, en usage dans les divers postes de Dans toutes les réductions à opérées avec les Tables publiées par le Bureau cen-

du Forlin-Poggi

et

de tous

les

O

l'île.

nous avons ajouté l'erreur instrumentale.

Barographe anéroïde Richard. les

Cet instrument nous a donné d'assez bons résultats. Toutes

observations barométriques à lecture directe, faites d'ordinaire cinq fois par jour, après avoir été

réduites et corrigées, sont comparées avec les lectures directes

du diagramme, aux mêmes heures. La de correction la moyenne de l'erreur diurne, qui a été ajoutée ou retranchée, suivant que la lecture du diagramme comparée avec le baromètre Tonnelot 108 était ou trop faible ou trop forte. différence n'est pas toujours constante.

— Le psychromètre

Psychromètre.

qui ont servi à déterminer

On

donc

a

employé

pris

comme terme

est celui d'August, construit

par Tonnelot. Les Tables

tension en millimètres corrigée des variations de

la

la

pesanteur, ainsi que

l'humidité relative, sont celles de M. Renou.

Psychrographe Richard. l'abri.

Le psychrographe Richard

Les lectures des diagrammes ont été corrigées par

plus haut pour

Abri.

du psychromètre. sous

comme

placé sous

côté des thermomètres

il

a été expliqué

barographe.

le

Évaporomètre Piche. maxima

se trouve à côté

les lectures directes,

L'évaporomètre l'ichc

est

l'abri, à

minima.

et

— L'abri

se

compose, d'après

central, de 4 madriers enfoncés en

repose un

Les bords du

terre, el

formé d'une couche

toit

c

pacte

Cyperus

<\>-

que l'horizon;

sont plus lias

toi!

que nous suggéra M. Renou, secrétaire du Bureau s'élevant à 1 m. su au-dessus du sol; sur ces madriers

conseils

les

lalifolius

<\f

23 centimètres

orientée suivant

l'arête esl

le

d'épaisseur.

méridien;

est

il

donc

impossible que les rayons du soleil qui, deux fois par an. passent à notre zénith, puissent pénétrer dans

Tout alentour

l'intérieur.

cadre entouré d'un

Pluviomètre.

treillis

sol esl

le

gazonné. De plus,

métallique, à l'abri des voleurs

Le pluviomètre dont nous avons

décupleur placé au sud, loin des bâtiments, a prouvé

que

cet

les

instrument

n'était

cl

l'ail

pas sans défaut

;

ne reçût

la

rement supprimé dans

le

de l'entonnoir dans

vase.

vatoire, ce dernier

le

usage jusqu'au mois

les faillies

moindre goutte de

liquide.

les

<\<-

septembre,

l'Est.

était

un

L'expérience nous

quantités de pluie, ou

même

les rosées

parois supérieures du cylindre, sans que

Ce défaut d'humeclation des parois

\ous avons donc

établi au sud-ouest, à

esl entiè-

une certaine distance de l'obser-

pluviomètre qui donne de bien meilleurs résultats. et

à l'ouest de la ville, sont

du

même

l'observatoire est indiqué par la lettre E. Ces quatre instruments sont placés sur la

dans un

clef

pluviomètre du modèle de l'Association scientifique; l'eau s'écoule directement

Les pluviomètres placés au nord, au sud

embrasse

;'i

curieux.

exposé aux brises fréquentes de

abondantes des climats tropicaux mouillaient simplement la partie inférieure

instruments sont enfermés

et <\r<

plus grande

partie de Tananarive.

distance est d'environ 2 kilomètres;

la

De

l'observatoire

modèle; celui de

un quadrilatère qui

aux pluviomètres nord

et

sud,

la

station de l'ouest est éloignée de 2 500 mètres de notre pluvio-

mètre.

Les observations pluviométriques du nord sont extraites de I'Antananarivo Magasine, 1890.

Evaporomètre à air libre. Suivant les indications que voulut bien nous donner à ce sujet M. Antoine d'Abbadie, membre de l'Institut, nous avons fait construire une grande cuve en zinc de 1 mètre carré de surface sur C0 centimètres de profondeur, enfermée dans une caisse de bois; les bords sont taillés en biseau se trouvent tres

comme

les

bagues des entonnoirs des pluviomètres; sur

au bas deux tuyaux coudés, dont

l'un est

l'un des côtés

de

la

cuve,

surmonté d'un tube de verre gradué en centimè-

cubes avec dixièmes, à intervalles assez distants pour pouvoir apprécier à vue d'oeil le centième; à coude est fixé un thermomètre qui indique la température de l'eau. Sur une autre paroi est soudé

l'autre

un siphon intermittent qui communique avec

ment une certaine quantité d'eau, dans

le

le

liquide; ce siphon a

pour but de vider automatique-

cas de pluie torrentielle. Enfin, sur un troisième côté, est


VOYAGE A MADAGASCAR.

156

placé en contre-bas un robinet destiné à laisser écouler l'eau du bassin, lorsqu'on veut L'appareil est élevé de

prend déjà que

moment

m. 60 au-dessus du

1

un

sol et repose sur

en maçonnerie. L'on com-

pilier

Tous

cet instrument sert à la fois et d'évaporomètre et de pluviomètre.

des cinq observations, on

lit

directement

cette lecture notée servira de point de repère

quantité d'eau évaporée

s'il

hauteur du niveau du liquide dans

la

nettoyer.

le

le

les jours,

pour l'observation suivante. La différence exprimera

y a diminution de liquide, ou de pluie tombée

calculées pour l'instrument.

en caractères gras indiquent

chiffres

Dans

les

au

colonnes des observations de cet appareil, les

hauteur de pluie,

la

la

y a augmentation. Ces

s'il

différences sont ensuite transformées en millimètres de hauteur de liquide évaporé ou de pluie,

moyen de Tables

au

tube gradué;

chiffres ordinaires

les

hauteur d'eau

la

évaporée.

Un

des inconvénients de l'instrument consiste en ce qu'il n'indique pas d'une manière exacte

teur de pluie

;

car, dès qu'elle cesse de tomber, l'évaporalion

d'humidité; dès

lors, les chiffres relevés

d'eau accusée par si

le

recommence

l'air n'est

si

la

hau-

pas trop saturé

au moment de l'observation. sont parfois inférieurs à

la

quantité

pluviomètre décupleur qui se trouve à côté. Ce défaut disparaîtrait en grande partie

l'instrument était rendu enregistreur; nous avons essayé ce procédé, en transformant l'évaporomètre

en appareil de Haldat;

un

libre reçoit

la

colonne d'eau de

flotteur qui

lequel les amplifie en

cuve

la

fait

équilibre à une colonne de

communique au moyen d'un

même

temps

mercure dont

la partie

du niveau à un long

levier les variations

style,

sur un diagramme d'enregistreur Richard les données de

qu'il écrit

l'évaporation et de la pluie. Le flotteur, étant en plomb, nous a donné jusqu'ici des résultats peu satis-

nous reviendrons sur

faisants;

cette élude.

du vent qui

est facile d'atténuer les effets

Il

agite la surface

de l'eau, en étranglant les extrémités des tubes conducteurs du liquide. Nous n'avons guère à redouter

que

les

oiseaux viennent s'abreuver à la cuve, à cause de l'absence d'arbres sur notre montagne.

— Deux thermomètres conjugués

Actinomètre.

dans

le vide, l'un à

cuvette nue, l'autre à cuvette

noire, sont placés sur la balustrade de la terrasse, orientée suivant le méridien.

La mesure des constantes de l'instrument étant assez problématique, nous nous contentons de donner de

les résultats

la

lecture directe.

Actinographe servent à

la

Yiolle.

— L'instrument sort de

radiation et à l'absorption

du calorique

couleur noire. L'appareil constamment exposé au

Les diagrammes sont corrigés par

Héliographe Campbell. minutes pendant lesquelles

les lectures

maison Richard

la

;

solaire, sont l'une

soleil est placé aussi

les

deux boules de

en cuivre doré, l'autre peinte en sur

la

balustrade de

la terrasse.

de l'actinomètre.

L'héliographe brûleur Campbell indique

le soleil a brillé

l'appareil qui

sur l'horizon durant

la

nombre d'heures

le

journée.

11

et

de

est aussi placé sur la

balustrade et est constamment exposé au soleil dont les rayons, passant à travers une boule de verre,

déterminent

la

combustion d'un papier-carton placé au foyer de

pas des résultats très satisfaisants. Les rayons du

pour carboniser soleil se

le

soleil levant et

celte lentille. Cet instrument ne

donne

couchant ne sont pas assez puissants

papier; l'expérience nous a prouvé que l'appareil fonctionne seulement, lorsque

le

trouve à G environ au-dessus de l'horizon.

Héliographe Jordan. précédent;

il

L'héliographe photographique Jordan est placé à côté de l'instrument

enregistre d'ordinaire

Nêphoscope.

beaucoup plus de

clarté solaire.

— Le néphoscope sert à déterminer

la direction

des nuages;

il

se trouve aussi sur la

balustrade.

Anémomètre Rohinson. M. Alvergniat; dès placé dans

le

L'anémomètre Robinson à coupes hémisphériques

début, nous avions installé des

une des chambres de

foudre qui a suivi ces

fils

cinq fois par jour, on

lit

fils

sort des ateliers de

électriques qui aboutissaient à

un compteur

l'observatoire; les orages fréquents, et la visite inopportune de la

conducteurs, nous ont avec une lunette

le

fait

abandonner ce procédé par mesure de prudence;

cadran du compteur directement actionné par

le

moulinet;

ces quantités transformées en mètres donnent la vitesse du vent, d'une observation à l'autre. Jusqu'ici,

même

par des vents assez forts,

le

cadran des millions de tour n'a opéré une révolution complète que




LA ROUTE DE RADAMA. très rarement,

du

durant

la nuit;

du

reste,

il

159

est facile de déduire cette

donnée d'après

force elle-même

la

vent.

Géothermomètres.

Un thermomètre coudé

30 centimètres de profondeur la chaleur du sol et

trument est placé à l'ombre d'un petit arbuste;

la

afin de connaître à propagation du calorique à travers ce milieu. L'ins-

couche

terrestre végétale est assez légère, le sol est

Au mois

de mars, un deuxième thermomètre fut installé à 50 centimètres dans est renfermé dans un bambou, la cuvette entourée de colon; pour faire la lecture, on tire

surtout argileux. sol;

la

à 45° a été enfoncé en terre

il

bambou de son

on

trou,

le

rapidement à travers

lit

une rainure pratiquée dans

le

support lui-même, et

le

on remet l'instrument en place. En juin, un troisième thermomètre fut enfermé dans

cendu à

la

profondeur de

1

un

bambou

des-

et

mètre.

est assez facile de vérifier le zéro de ces instru-

Il

ments en suspendant à côté de

l'un de ces

thermo-

mètres un étalon dont on a auparavant entouré

la

cuvette de colon, et en lisant rapidement les deux appareils.

— Deux fois

Température du lac d'Ambohlpo.

par jour, à sept heures du matin et à six heures du

un thermomètre

soir,

d'Ambohipo

lac

l'observaloire,

est

plongé dans

à

kilomètres au sud-est de

;2

de connaître

afin

la

les

eaux du

température de

La cuvette étant pendant quelques minutes

l'eau.

immergée dans on

situé

l'ail

10 centimètres de profondeur,

l'eau, à

directement

Ambohidempona

la

lecture de la température.

souvent pour nous un but de

était

promenade agréable

et

utile;

cela

nous permettait de

ramènera un point de départ unique nos observations prises profit

un peu partout dans l'Imerina, pour nous que

et instructives

les

et c'était

un

vrai

longues causeries intéressantes

que nous avions toujours avec L'obligeant

directeur.

Un

UN LEPREUX

I)

A

M

1.

1

1

;

1

1

[i

1

1

K

\.

autre point des environs de Tananarive avait aussi

nos visites fréquentes,

c'était

Ambohiboka,

abriter les lépreux chassés et parqués

petit village construit

par

Missions

's

françaises

pour

dans ces huttes misérables par une coutume cruelle sans doute,

mais, à coup sur, indispensable.

La

lèpre fait de

oriental.

nombreux ravages

à

Madagascar, surtout sur

ont l'éléphanliasis des Arabes, infirmité inconnue à saraka. Les lépreux malgaches ne sont soumis à

des mesures d'isolement assez étroites, mais

la

ma

quer sa fréquence chez ce peuple,

aucun traitement; on

contagiosité de

la saleté

et

sur

Madagascar,

ment pour

la lèpre est aussi

la facilité

de

la

la

île;

les

Antimerina

versant

le

et les

et

les

elles

Betsimi-

se contente de prendre envers

maladie

eux

sans doute aussi l'hérédité

encore faudrait-il invoquer, pour expli-

repoussante, les mauvaises conditions hygiéniques,

misère physiologique dans laquelle sont plongés tous

A

massif central

connaissance chez

font que la lèpre n'est pas près de s'éteindre dans la grande

la

le

Les populations de l'Ouest sont presque indemnes de celle hideuse maladie, en revanche

individus

et

surtout

al teints.

fréquente dans l'intérieur qu'elle est rare sur les côtes; malheureuse-

contagion on met souvent sur

le

compte de diverses maladies cutanées ou

spécifiques, plus fréquentes encore, des lésions qui lui sont exclusivement imputables et qui contribuent

dans une large mesure à l'extension du fléau.


VOYAGE

160

Cependant nous arrivons à voisinage à

la

MADAGASCAR.

A

date du 14 juillet,

chez tous

et

Résidence générale on poussait activement

la

les vazaltael

les préparatifs

particulièrement dans notre

de

célébration du centenaire

la

de 1889 et de notre grande fête nationale.

Les Malgaches, dans

s'établir

par habitude, célèbrent avec joie toutes

oisifs

l'île; c'est

les fêtes

des étrangers qui viennent

non une idée plus élevée qui leur

leur paresse innée et

coutume

selon la

fait,

anglaise, observer strictement le repos du dimanche.

Enfin

le

grand jour arriva,

les cris et les

danses vinrent nous avertir dès

réjouissances populaires battaient leur plein fête était à la

Résidence générale. Dans

la

que tout

et

cour de

la

peuple

le

en

était

une fraternité vraiment touchante

:

première heure que

liesse.

les

Le grand centre de

la

caserne, nos soldats d'infanterie de marine avaient

au grand amusement des Malgaches, des jeux variés auxquels tout

établi,

la

le

monde

prenait part avec

sommet de nom-

des borizana essayaient inutilement d'arriver au

breux mais de cocagne où des cadeaux brillants accrochés à

la

cime tentaient leur convoitise; des

voninùhitra de grades élevés leur succédaient, mais sans plus de succès; leurs pénibles efforts excitaient

d'une foule compacte, pressée en rangs serrés autour des concurrents,

les lazzis

cour de le

cris et

de gaité, en

tout des tons clairs

Aux

un calme plus digne

en

qu'il

soit

me

pas sans

qui remplissait la

et

circonstance jetaient sur

la

vive clarté d'un soleil tropical.

Dans

devint encore plus expansive.

des divertissements variés que nous offrait

reprendre dans quelque pays nouveau n'était

la

observé; cependant les drapeaux déployés de la

était

des Antimerina mêlaient leurs couleurs éclatantes sous

et

la soirée, la gaîté

Quoi

lambas de fêtes sortis pour

les

du plus réjouissant aspect.

bariolés

et

terrains supérieurs,

France

même temps que

poumons

le

la

capitale,

il

songer bientôt à

fallait

cours de nos explorations. L'état de santé de Foucart

causer de grandes inquiétudes. Sans être dangereusement malade, notre ami, tou-

jours rongé parla fièvre, qui ne l'avait pas quitté depuis son retour de Moramanga, n'était plus en état

de continuer

voyage,

le

et je

rive

aux bons soins de M.

que

je continuerais

Il

nous

le

dus prendre, avec beaucoup de peine,

mon voyage

restait trois

J'ai

de

avec Maistre, dont

ou quatre mois de

voulions employer pour visiter

Tananarive pour

nord de

le

mauvaise saison des

la

résolution de

l'île

et

l'état

présente de difficultés, combien

le laisser

pousser,

à

Tanana-

marine, pendant

la

de santé était encore des plus satisfaisants.

saison, croyions-nous, et c'était le

la belle

si

possible, vers l'ouest,

temps que nous

pour revenir ensuite à

pluies.

déjà exposé, dans les premiers chapitres de ce récit, combien

l'est

la

Résident général et du docteur Baissade, médecin de

elle est pénible, je dirai

la

route de

la

capitale

au grand port

presque impraticable. Or j'avais entendu

raconter une légende qui mentionnait un chemin direct et sur pour se rendre de Tananarive à Tamatave;

il

avait été employé, paraît-il, par

dans

le

pays des Betsimisaraka.

non plus que des

En

11

le.

n'était

villages traversés:

explorateur consciencieux,

désireux de

faire

que

Radama

il

j'en doutais

Quoi

qu'il

en

soit, le

restait à vérifier l'exactitude

et,

bonté

la le

hasard

et

route suivie,

de ce

dire. J'étais d'autant plus

et

la

commodité de

a d'ailleurs élé

ce qu'il est

convenu d'appeler

système orographique du versant oriental de Madagascar

et

ma

défiance.

moi, nous quittions Tananarive, nous dirigeant vers elle

que des renseignements bien

sur noire bonne étoile; nous ne devions pas être déçus.

hommes

porteurs de fîlanjana sont

plus facile, nos connaissances antérieures nous viennent en

avec notre petit convoi au complet, nous sortons de bonne heure de Tananarive,

toujours précédés de notre fidèle Jean Boto. fièvre retient bien

la

davantage; l'expérience de notre première route d'Analamazaotra

sont déjà préparés depuis plusieurs jours et nos

Le recrutement

aide largement,

de

et directe, assurait la légende.

fameuse roule de Radama, ne possédant sur le

récit populaire,

nous

voie était

samedi 3 août, Maistre

la

vagues. Mais nous comptions sur

avertis.

bonne

la

géologique des terrains venaient encore augmenter

recherche de

Nos paquets

lorsqu'il conduisit, en 1820, ses troupes victorieuses

nullement question, dans ce

des routes à Madagascar; d'un autre côté,

l'est à la

er

mais

m'avait rendu singulièrement sceptique sur

et la constitution

I

malgré

lui et

Nous avons

fait

nos adieux à notre ami Foucart, que

oblige à ne pas nous accompagner.

11

la

devait bientôt rentrer en France;


21



LA ROUTE DE RADAMA.

ANTIMERINA A AMBATOMENA

IMBL'AUX

l'état

de sa santé ne

permettait plus,

lui

ilu

163

moins pendant un temps assez long, de nous suivre dans nos

A

excursions à travers ce pays malgache qu'il ne quittait qu'à regret. suivant,

En

notre arrivée à

Tamatave

quittant Tananarive, nous suivons un chemin que

lépreux, des bolca,

comme on

les appelle

ce village se trouve la fontaine de

la

dans

le

j'ai

conduites, alimentaient

négligé l'entretien,

ensuite à Soainanandriana. Prés de

Reine, où l'on va puiser l'eau lustrale pour

la fête

du Bain,

la

parties hautes de

la

milieu

du jour

à

bolca,

au

nous arrivons dans

Ambatomena

est

lieu de

prendre à droite par

la soirée à

un

demeuré un an

très précis

Soamanandriana,

a suivi, après avoir dépassé

il

le

Ambatomena.

village, Daniel

le

maisons en

sommet d'une

à .Maurice, a visité la

du porl de Liverpool.

lerre,

petite

environnées de quelques paillotes

éminence. Nous descendons dans

la

Rakoto; près de sa case s'élèvent deux beaux spécimens de tombeaux

antimerina. Notre hôte est un Antimerina fort intelligent, est

Antimerina en ont

les

marché d'Alalsinaina. En continuant noire marche,

le

village d'une cinquantaine de

en torchis; elles sont loutes situées sur

maison du chef du

malheureusement

pai-

Andranosoa, où nous constatons avec peine l'absence de

nous rejoint cependant avec quelque retard;

chemin des

ville;

Fan-

province.

Nous nous arrèlons au il

les

le

amenées

maintenant on ne trouve plus que quelques rares vestiges de ce premier essai de

el

travaux publics dans

Jean;

mois

déjà pris deux fois pour aller à l'hôpital des

Nous passons

pays.

droana. Celle fontaine avait élé captée autrefois par les soins de M. Laborde. Les eaux, lles

le

nous apprenions son départ.

Il

Réunion,

vient de

il

a

il

parle

même

commander

sur

couramment

le

français et l'anglais;

été en Angleterre cl a la

il

gardé un souvenir

côle ouest à Andakabe.

Nous avons avec


VOYAGE A MADAGASCAR.

164 lui

une conversation

Nous

plus intéressantes.

(les

entendu, que nous voulons à tout prix retrouver toujours à Madagascar, quelques cadeaux

la

exposons nos projets

lui

route de

cimentent,

la

comme

et

nous

et

Radama. Nous nous

lui disons, bien

comme

lions d'amitié;

conclusion, Daniel nous donne un

guide pour nous conduire.

Dans

l'étape

du lendemain, nous traversons

sommes encore

ici

sur

versant ouest de

le

à

l'île,

gué

Mananara, affluent de droite du Retsiboka. Nous

le

mais vers dix heures nous gravissons

200 mètres environ de son sommet

patra et nous passons à

arrondi.

les flancs

tombe une pluie

Il

fine,

du Somun gros

humide nous enveloppe, mais nous descendons bientôt des rampes glissantes et nous voici maintenant dans le bassin du Mangoro. Nous venons de franchir, au Sompatra, la ligne de partage des eaux, et de passer sur le versant oriental de l'île. Au delà du hameau de Fenoarivo, à l'ouest brouillard froid et

d'Ambohidratrimo,

la

configuration du pays est très mouvementée; ce sont de gros

mamelons aux pentes

rapides; de profondes vallées les entourent de toutes parts, et devant nous à 2 kilomètres environ, se

déroule sinueux

le

rideau sombre de

deuxième zone

la forêt. C'est la

nous avons traversée à Ankeramadinika en venant de Tamatave par

Le lundi 5 août, après avoir passé l'Antaranambo, petite

comme

nous engageons,

la veille,

par de profondes vallées,

fond de toutes ces vallées est formé de boue nuire

le

nous faut

des prodiges de force

faire

et

que

chemin ordinaire. de droite du Mangoro, nous

série indéfinie de petits

mamelons séparés

dans notre route vers

difficultés

le

nord-est, car

où nous enfonçons jusqu'à mi-corps.

infecte

d'adresse pour nous

et

le

rivière, affluent

dans un pays composé d'une

mais nous éprouvons plus de

forestière, la plus petite, celle

tirer

11

de ces mauvais pas. Vers midi, après

avoir traversé quelques dizaines de ces tourbières, nous arrivons dans un pileux état à Vodivato, petit

accidentées, nous traversons

août, en deux heures d'une

Le

village adossé à l'ouest de la première zone forestière.

bois et entrons celte fois dans

le

marche des plus

grande vallée du Mangoro, au village

la

de Manakana.

Dans

pays des Rezanozano,

le

il

n'y a pas de

monuments mégalithiques;

trent (pie sur les

confins du plateau de l'Ankova,

indigènes cul

peu de signes extérieurs de

les

ici

Retsimisaraka

et

ne dépassent pas

elles

religiosité,

moins

Ces pieux, qui portent

le

nom

gauche du Mangoro. Les

qu'ailleurs peut-être.

presque tous les peuples des côtes du reste,

les

ne se rencon-

les pierres levées

la rive

Ils

possèdent

,

comme

pieux dressés elles crânes de bœufs.

générique de (sikafara, sont des pièces de bois grossièrement équarries de

2 ou 3 mètres de hauteur et terminées par une ou deux pointes aiguës sur lesquelles, après avoir

vient planter son crâne encore sanglant. Ces pieux, plantés verlicalement, dépassent rare-

un bœuf, on

ment la hauteur

(pu je viens d'indiquer, au contraire 1

ils

sont souvent beaucoup plus petits. Les crânes

de bœufs ornés de leurs cornes sont tous tournés généralement vers peuples de

se trouvent toujours les

l'est,

pour rappeler un vœu qui

quand

ils

l'est, «

voit

ils

rapidement

la

par suite de »,

ils

la

venue des Antimerina dans

me

le

comme il

du mort.

dans toutes

les tribus

de Madagascar,

beaucoup de métis, surtout du côté de

y a

pays; plusieurs de ces types avec leurs cheveux en

rappelaient jusqu'à un certain point les faciès des Néo-Calédoniens

des Néo-IIébridais.

Nous traversons obliquement

la

vallée

du Mangoro

et le petit

cours d'eau qui à cette hauteur con-

A

stitue le fleuve, puis

nous arrivons au

oriental de la vallée

du Mangoro, nous trouvons un immense marais qui constitue

rivière

dant

la

fleurs

village

d'Ambohimanjaka.

l'est

de ce village, situé sur les

le

versant

sources de

la

lvondrona.

De grands roseaux couvrent

et

croyance des

tsikafara sont élevés le plus souvent

rappellent la richesse

physionomie des Bezanozano;

leur barbe inculte,

l'orient, où, d'après la

servent encore à rappeler un événement mémorable; ou bien,

que quelques individus purs de tout mélange;

vadrouille

et

exaucé;

a été

ombres des ancêtres. Ces

sont érigés aux alentours d'un tombeau,

J'ai décrit

on ne

lui 1

le

marais, véritable lac pendant la saison des pluies, nappe boueuse pen-

saison sèche. Par places, l'eau plus profonde est cachée sous un lapis de verdure, émaillé des

jaunes

et

de sarcelles.

blanches des nénuphars, au milieu desquelles viennent s'ébattre des milliers de canards


LA ROUTE DE RADAMA. Dès notre entrée dans vase

marais, nous étions péniblement affectés par l'odeur qui se dégageait de

de l'eau verdâtre dans lesquelles nous marchions; à ces senteurs se mêlait sans

et

musquée de nombreux

l'odeur et

le

bientôt

il

était

A

crocodiles.

mesure que nous avancions,

les

la

améliorer

l'eau devenait plus profonde,

impossible de continuer.

Cependant, des Bezanozano étaient venus à

163

nous amener deux petites pirogues.

notre rencontre;

à

ils

consentent après de longs pourparlers

peu pour nos 50 porteurs

C'était

et

loul

notre matériel; aussi

m i

plusieurs voyages furent nécessaires. <*n

garde activai! 11

nous

la

fallu!

marche de

la flottille;

TS1KAPAH

N

allai!

pour ma

lentement au milieu des roseaux; M. Maistre à l'avantpart, je veillais à ce

deux jours entiers pour effectuer

bezanozano. Là nous

sommes reçus

\

cette traversée

qu'aucun bagage ne el

lui

abandonné.

arrivera Didy, misérable village

par Raininosv, maître d'école antimerina, qui nous avail été recom-

mandé par Daniel Rakolo, chef d'Ambatomena. Nous devenons Nous perdons, à Didy, la journée du 1 août, à faire nos \

vile

bons amis.

préparatifs

pour traverser

la

grande

forêt. J'ai dil

ipie

nous étions dans

la

saison sèche

compagne, ne nous a pas quittés, une pluie lard qui

nous pénètre jusqu'aux os

météore aqueux bien axant et

nous sommes encore par

finie

de

grande

la

le 1

el

nous

:

or depuis noire départ de Tananarive

fine el persistante

transit de froid.

Sompatra, maintenant

Nous avons

et

la

pluie, fidèle

serrée, véritable brouil-

ressenti les premiers effets de ce

ne nous quitte plus, nous traversons des nuages

150 mètres d'altitude. Cette persistance, je devrais dire celle durée indé-

saison des pluies sur le versant oriental de

l'orèl

il

qui tombe drue

l'île

s'explique aisément

et

reconnaît pour cause la

sur laquelle une atmosphère humide plane constamment. Tandis que sur les hauts plateaux


VOYAGE A MADAGASCAR.

166

presque partout dénudés

et

sur

région de

la

côte ouest

la

s'éta-

il

deux saisons bien

blit

tranchées

l'été,

:

saison des pluies qui

dure de novembre en

au centre de

avril

l'île,

de décembre en mars sur

la

côte ouest

prend

mois

les autres

de l'année. Sur est,

l'hi-

;

saison sèche qui

ver,

sur tout

la côte

le littoral

en particulier dans

et

zone forestière,

l'été

empiète toujours

sur

la

l'hiver

se trouve

qui

dri;

dans

que pendant

Le

forêt

la

les

village de

NOTRE MAISON

pleut presque toujours,

il

mois d'août Didy

à l'est le marais;

est

et

les

beaux jours sont

rares,

nous sommes dans

le

trois

hameaux

Malheureusement ce palais

a

fait

que noire ami Raininosy nous

un grave défaut avec lequel

se bâtissent des maisons.

il

jours les usages et les coutumes des tribus dans lesquelles ils

ils

Dans

le

subsistent

cas qui nous occupe, un détail en apparence bien

La case de l'Antimerina Raininosy

était faite

a fait pré-

il

l'inverse des autres

construit en torchis,

est

beaucoup d'Antimerina, lorsque est vrai,

se trouvent,

ils

adoptent presque tou-

se les assimilent très vile,

ils

néanmoins quelques-unes de leurs

habitudes antérieures, quelques traces de leur industrie. Cette remarque l'île.

A

faut compter.

en bambous, ce lapa

et

Dans ces émigrations,

en se pliant eux-mêmes à ce nouveau genre de vie; mais

est

générale

minime nous

s'applique à toute

cl

faire celte observation.

fit

en torchis. Sur une sorte de carcasse en bois, charpente

rudimentaire de facture bezanozano, Raininosy avait

fait

appliquer un enduit d'argile plastique qui lui

rappelait par l'aspect extérieur qu'elle donnait à l'habitation les maisons de son pays d'origine. fidèle

aux

une bande de

traditions,

deux pièces de dominaient,

la case.

comme

il

Dans ce

est

volatiles plus

ou moins domestiques prenait

homme

poux de poules avaient

pris naissance.

hissants, au grand désespoir de Maislre. Je dois avouer atteintes;

mais enfin

était-ce

moins vivement ressentir acerbes. Je

une accoutumance plus

les invasions,

demande pardon au

mes

plaintes étaient si

les

poules

l'argile s'était

moins vives

ils

étaient enva-

je n'échappais pas à leurs

l'aligne plus

petits détails,

plus,

maison de Raininosy d'innom-

que moi non plus

ou une

mais

Or

Ces animalcules pullulaient,

réelle

lecteur d'entrer dans de

civilisé.

De

dans une des

ses ébats

réduit, tous les genres d'oiseaux étaient représentés,

de bonne règle dans toute basse-cour d'un

fendillée en maints endroits et dans tous les interstices des murailles de la

brables légions de

limitent

oublier les misérables huttes des villages précé-

sorte de construction composite, bois et terre, genre mixte adopté par ils

mamelons qui

construits sur les gros

plus important. C'est

cases de Didy qui sont édifiées en roseaux, en ravenala

loin de leurs pays

ne se rencontrent guère

ils

de septembre.

formé de deux ou

parer une grande case, demeure princière, qui nous dents.

A niDY.

amoin-

ainsi déplacé et

et

mais

grande qui m'en

faisait

mes imprécations moins il

me

faut bien parler de

nos pires ennemis à Madagascar.

La question forêt, est être,

la

plus importante pour notre voyage prochain, je veux parler de

de nous procurer un guide connaissant

depuis

le

temps

forl

long où

elle a été

la

la

traversée de la grande

fameuse roule de Radama, qui, j'en

ai

bien peur, doit

ouverte, transformée en un bien modeste sentier. Si nous ne


LA ROUTE DE H A DAM A. trouvions pas de guide dans

le village

nous a confié

me

Il

absolument impossible de continuer. J'expose à

serait

même temps que mon

Raininosy mes vives préoccupations en recherche de l'homme nécessaire.

nous

il

107

désir, et

peu de temps après avec

revient

mon ami

le vieil

se

met de suite à

la

esclave que Daniel Rakoto

Ambalomena pour nous amener jusqu'ici ce pauvre vieux, le rangahy be, comme l'appelle Canaque, comme nous le désignons moins poliment Maistre et moi à cause de son

à

;

nos hommes,

lent

faciès

de son

et

liai >il

promettre de

us extérieur, souffre d'une cystite invétérée

supplément de besogne;

bénévolement ce

débarrasser de sa longue maladie

le

donner par suite de bons fanafody

lui feront

fallu

lui

de

lui

et

et n'a

consenti qu'à grand' peine à accepter

un peu de thé dans de

:

prendre quelques gouttes tous

l'eau, à

m'a

il

matins,

les

grand bien dans un mois au plus. A celle

époque nous serons depuis longtemps arrivés au bord de

la

fort

merci

peu de

Convenu

cl

je dois

la

satisfaction,

demain

17 août cl

dans

forêt

midi se passe

je

me

soucierai

du guide résolue

question

entière

la

avouer qu'alors

santé de notre Canaque. Toul est bien

la

sur

nous comptons

partir

nous engager de bonne la

roule de

Radama.

compléter nos vivres

à

noire

à

bien

:

heure après-

('.cl

je fais acheter

commandeur Rainivoavy une de riz que j'ai pu me procurer

par notre

assez grande

quantité

fort

heureu-

sement dans ce pauvre village. Nos porteurs cl

le

vannent. Le chef du village

(pie j'avais torl qu'il savait

soldai de

m'a

pilenl

le

bien assuré'

de prendre ce supplément de bagages,

pertinemment par son grand-père, ancien

Radama, que

celle roule

que nous allions pouvoir

la

superbe

élail

parcourir facilement

cl

:

il

ajoutait d'ailleurs qu'il avait sacrifié une poule noire à noire intention cl que, à l'inspection des entrailles,

jugé que nous ne mettrions pas plus de quatre

ilavail

journées de marche pour arriver occidentale de

la

forêt.

ment d'hommes pour porter j'avais cru

prudent de

Fito à

à

Lisière

la

SOTHE AMI

Mais nous avions suffisam-

charges de

les

me munir,

j'y

avais

riz

même

RAININOSY.

dont ajouté une charge de

sel cl

um' autre de viande de bœuf

desséchée en lanières, sorte de conserve malgache, bien mauvaise d'ailleurs, mais d'une bonne conservation. Je

remerciais néanmoins

bien remarquer

que

je ne

le

chef

(lu village

de ses renseignements

cl

de son sacrifice en

don lais pas ww seul instant de ses affirmations, mais que

si

lui

faisant

nous nous arrêtions

en roule pour une cause quel ci un pie, détail prudent d'agir ainsi. Je n'ai d'ailleurs jamais ou presque jamais

douté de

la

parole d'un Malgache: je n'y

avions résolu de marcher à pied dans et

ai

jamais cru,

la forêt,

c'est

plus sûr

cl

plus simple. Maistre

et

moi nous

nos seize porteurs de fitacon allaient être ainsi disponibles

pourraient soulager un peu nos porteurs de bagages en

même temps

qu'ils porteraient les

charges de

Nous avions donc pour ce voyage présumé de quatre journées de marche six jours de vivres. Tous ces préparatifs terminés, je lais<ais aller Maistre faire le lever topographique du marais de Didy cl de ses environs, pendant (pie moi-même je visitais soigneusement le village pour compléter dans une vivres.

large

mesure mes documents sur ces populations bezanozano. Entre autres choses curieuses,

assister à la toilette capillaire des élégantes

Bezanozano. Dans celte tribu, dont

la

tribu des

les

femmes

de Didy;

se coiffent

j'ai

le

je

pus

parlé plus haut des caractères généraux des

plus souvent

comme

les

femmes betsimisaraka

Bezanozano dérive d'ailleurs. Cette coiffure, toujours assez compliquée, est constituée


.

VOYAGE

1(18

essentiellement par des

I

rosses ou nattes en plus ou

tresses sont serrées à leur origine,

puis

MADAGASCAR.

À

moins grand nombre, de 10 à 20 en moyenne; ces

mais à leurs extrémités

libres, les

cheveux sont réunis

très lâchement,

tresse est roulée sur elle-même, l'extrémité libre restant toujours en

la

dehors de manière à former une sorte de crêpé plus ou moins volumineux. La surface du cuir chevelu est divisée pour former ces tresses en un certain nombre de quadrilatères plus ou moins réguliers divisés en deux séries d'égal

nombre de chaque une

lois

On

côté d'une raie médiane.

considérable soit nécessaire, aussi

par lune environ,

conçoit que pour édifier une pareille coiffure un temps

femmes de

les

ces tribus de l'Est se font-elles coiffer fort peu souvent

devine aisément, sans que

et l'on

quand chaque crêpé

surtout

Sud

et

de l'Ouest,

et

cela

est

comme dans

recouvert,

pour l'empêcher de

bœuf d'un centimètre

de graisse de

inconvénients d'un

j'insiste, les

tel

système,

les tribus

du

se déformer, d'une couche.

d'épaisseur.

Au

bout d'une semaine

de coiffure un odorat des moins exercés avertit de fort loin de l'approche

femmes

des

Pour

ainsi parfumées.

ces coiffures à crêpé, à boules cotonneuses, une aide est tou-

jours nécessaire, ce sont de vieilles matrones expertes en cet art qui se

chargent

on

voit

plus volontiers de

le

même

On

ce soin.

peut trouver à Madagascar,

souvent des peignes en bois, en corne ou en métal,

et le

voyageur qui va de Tamatave à Tananarive s'aperçoit toujours que cet instrument de propreté zana;

il

remarque, en

du dos de

sa

l'ail

partie

du nécessaire de voyage de

que chacun de ses porteurs a dans

effet,

chemise de raphia, son peigne, sa cuillère

ses borila

poche

et sa tabatière,

piquée au fond de son chapeau, une épingle ou une aiguille.

et,

pourrait en conclure prématurément que

homme un

ou femme, porteur

le

peigne

le

est

pour

On

Malgache,

le

plus souvent d'une coiffure compliquée,

objet indispensable et nécessaire à leur usage.

Il

n'en est rien. Depuis,

des siècles, les Malgaches portent celle coiffure avec des variantes suiLE RAN'jAHÏ

vant

instrument

cet

européenne,

cl

depuis que les Anlimerina

cheveux courts, leurs

de

cheveux

l'île,

mode du

la

ils

se servent

lisses et épais,

hommes

et

femmes,

jour, mais

ils

ne se servent

ou tout au moins

hommes

modèles sont

les

et leurs esclaves ont

des peignes de fabrication indigène; les

peignes;

d'importation

mode de se couper les femmes anlimerina, grâce à

adopté

la

ont pu suivre cette nouvelle mode. Mais, pour toutes

c'est-à-dire

jamais de

les autres

peuplades

pour l'immense majorité des Malgaches qui ont conservé

la

mode

dos chevelures longues aux coiffures compliquées, l'usage du peigne est inconnu, cela est facile à concevoir, car

il

est

que quand

ils

;

se récoiffent, les

labourent avec force

le

nu dans

le sillon

le

la tète,

quand

très écartées

ne pourrait jamais passer

cela leur arrive, et ce qu'ils ne font

Malgaches se servent d'une longue épingle en os

cuir chevelu,

cheveux parleur base avec à

même

impraticable un peigne, un démêloir à dents

dans ces chevelures embrouillées; pour se nettoyer

pouce

cl le

posent

main

la

médium,

ils

le

et

en cuivre dont

ils

droite sur la raie ainsi formée et écartant les

grattent énergiqucmcnl avec l'index la peau mise

main gauche Ac L'opérateur maintient

ainsi formé, la

on ne s'étonne nullement de voir

ils

contentement que dépeint

le

les

cheveux par leur extrémité;

visage du patient soumis à ce grattage

vigoureux. Le jeudi 15 août, nous sortons du village de Didy à sept heures. Précédé de notre Canaque, je

marchais en avant pendant que Maislre poussant les retardataires formait l'amère-garde. Nous suivons un sentier mal frayé dans des buissons épineux de Cœsalpinia sappan. Bientôt nous descendons et arrivons au bord d'un la forêt

dont

petit le

marécage, bourbier fangeux d'une vingtaine de mètres de large, qui nous sépare de

rideau vert se dresse devant nous. Dans

apparaissent les hauts suivre le

el

nous devons

le

lointain,

sommets boisés dos monts Ambohitrakoholahy. les franchir

pour arriver dans

cours jusqu'à l'Océan. Derrière uous, à droite

cl à

le

émergeant d'une brume épaisse, Ils

nous indiquent

la

direction à

bassin do l'Ivondrona dont nous suivrons ensuite

gauche du monticule de Didy, s'élend

la vaste plaine


fYPES

BEZ VNOZANO.

(GRAVURE DE BERO,

D*

APRÈS

uts PHOTOGRAPHIES.)

22



m

LA ROUTE DE RADAMA. du Mangoro qui

se relève bien loin

avons franchies

dans

l'est

pour former

deuxième chaîne de montagnes que nous

la

y a quelques jours au col du Sompatra. Je dis adieu à ces vastes horizons que nous allons être de longs jours sans revoir; je connais les marches dans les forêts tropicales et je me défie

beaucoup de teints

il

Radama. Cependant

célèbre route de

la

tout

convoi a franchi

le

la

fondrière nous en sortons ;

en rouge; nos vêtements mouillés sont agglutinés par cette argile visqueuse

qu'un mauvais pas

et

nous espérons bien

être plus favorisés

que nous resterons mouillés pendant toute jours précédents, mais peu nous importe

:

pendant

cette étape, car la pluie est

même

par un beau

de

le reste

mais ce

et fétide, la

journée;

venue depuis l'aube

il

n'est

est vrai

comme

les

nous n'aurions pu parvenir à nous

soleil,

sécher sous les épaisses frondaisons de la forêt.

A

l'est

du marais, nous marchons encore quelques minutes dans

commencent

cesse et les arbres

min malgache. Le Canaque grandes herbes ont poussé

s'arrête et

que

sappans épineux, puis

les

autour de nous; mais, toujours pas de route, pas

à surgir

décontenancé,

que depuis longtemps

nie dit

il

cette végétation intempestive et surtout les

des pluies ont détruit dans cet endroit les derniers vestiges de la roule:

veux pas, par de trop graves reproches

est perdu. Je ne

décourager dès

le

veau dans tôt

nous

d'embarras. Le Canaque

tirer

houe pour émerger

de vue dans

et le

ses

la

Canaque,

son!

compagnons; ce

à

a

quelques pas plus

disant de revenir avec

lui

toujours de

accompagnés de deux Bezanozano

la

les

accompagne;

bonne volonté,

la

bonnes raisons dont

la

première

esl

suffisante

est conclu, je les couvrirai de piastres à Fito

beau revolver nickelé. Tout

hommes

en route; c'est trois

il

porteurs,

le

el

monde

va sans dire qu'il faut qu'il

il

ils

fail

côte;

la

onl

le trajet

de

veulent

ils

se replonge à nou-

:

perdons bien-

la

côte

bien

à

Didy en rame-

nous conduire jus-

calme leurs appréhensions par

je

n'y a pas d'autorités

c'est

le

peur que leurs mauvais antécédents,

dans ces parages. Le marché

j'achèterai à Raininosj lorsque

accepte,

la forêt,

nous arriverons à Tama-

marché conclu. Enfin nous nous remettons

dans un mauvais sentier;

trouvent détestable.

ils le

:

il

de plus à nourrir.

Nous sommes engagés dans mes

saison

nous voyons enfin arriver Raininosv

pluie

qui nous ont été dévoilés, ne nous poussent à les livrer aux autorités

disent

la

retrouver,

mine patibulaire, Raininosy nous présente

à

deux voleurs de bœufs qui oui souvenl

son!

qu'à Fito à la condition que Raininos]

lave un

la

Raininosy, qui saura

plus rouge que jamais; nous

loin,

nant du bétail qu'ils allaient dérober aux Betsimisaraka de

mille

plus

sait

che-

faits à la faible

brume. Après deux heures d'attente SOUS

la

ils

même un

buissons et les

les

grandes eaux de

ne

brousse

mémoire de notre Canaque, le commencement du voyage, mais après avoir rassemblé mes hommes sur un terrain à

peu près sec je renvoie notre mauvais guide à Didy en bien, je l'espère,

il

la

soit

c'est

un lalana omby,

«

chemin de bœufs

Or pour qu'un Malgache trouve un chemin

détestable,

», il

bien mauvais, c'est toujours l'argile rouge glissante et détrempée. Les

faux pas, les chutes sont nombreuses, on glisse sur les feuilles mortes

el

l'on

tombe sur des vakoas ou

dans des bouquets d'aloès aux épines acérées. Chaque chute nécessite un arrêt, nous faisons très peu de chemin, nous n'avançons que bien lentement. Une autre cause vient encore nous retarder, si

étroit,

il

esl

encaissé

si

profondément, ses détours sont

teurs sont surpris par des

longs

arrêt,

il

et si

nombreux que

le

sentier est

parfois les por-

faul défaire les paquets, les fractionner en petits colis

pour franchir ce mauvais pas. Or cela se renouvelle tous et

brusques

éboulements ou ne peuvent tourner au milieu des arbres serrés avec leurs

bambous de charge. Alors nouvel

Vers une heure

si

les

quarts d'heure.

demie, nous arrivons au terme de notre étape pour camper. Nous avons choisi à proxi-

mité d'un petit ruisseau un terrain relativement plat où nous allons nous établir, dîner et passer

Après avoir débarrassé

le sol

de

la

brousse

et

la nuit.

des feuilles mortes, en un mot, avoir nettoyé cet emplace-

ment, nous tendons une corde entre deux arbres sur laquelle nous jetons nos couvertures de voyage, dont

les

coins maintenus par des cordelettes sont tendus au loin avec une inclinaison convenable. Le

toit est fait et c'est le principal,

nos bagages sont mis au-dessous posés sur des branchages nous nous éten;

drons dessus et nous y jouirons, je le pense, d'un repos bien gagné. Les hommes se construisent des abris de branchages, et allument de grands feux pour essayer de nous sécher, car la pluie tombe toujours; pendant

la nuit, le

brouillard cesse un peu, mais c'est

une

faible

compensation, car

il

nous faut


VOYAGE

17*2

lutter sans relâche avec

MADAGASCAR.

A

une foule d'animalcules qui menacent de nous envahir;

les araignées, les scor-

pions, les scolopendres, d'énormes iules, des fourmis, des termites, toute une faune enlomologique des

plus variées.

La plus grande

que nous ayons rencontrée dans notre installation du campement, a été sans

difficulté

contredit l'allumage de notre feu. Cette opération qui semble facile à première vue est cependant assez

compliquée lorsqu'on se trouve dans une aussi déplorable (pie

le

nôtre;

forêt

dans un étal hygrométrique

est

l'on

:

aussi nos allumettes, quoique étrangères, résistaient énergi-

à nos tentatives réitérées.

nous

Il

que

et

va sans dire que nos bagages, quoique soigneusement emballés, se trou-

il

vaient dans d'aussi mauvaises conditions

quement

malgache

nous

fallut

me rappelait assez peuplades sauvages; heureusement nos hommes vinrent à un

livrer à

employés par certaines

travail préparatoire

qui

moyens

les

primitifs

notre secours et grâce

à eux nous voyons non pas flamber, mais fumer piteusement nos bûchers ruisselants sous la pluie. faire

du feu

Pour

.Malgaches se servent d'un briquet qu'ils portent à la ceinture et dont les différentes

les

pièces sont agencées avec

beaucoup de soin dans un

en cuir à côté d'une corne de

petit sac

bœuf qui

leur sert de poudrière, disposition que l'on rencontre surtout chez les peuplades insoumises de l'Ouest et

du Sud.

que

Inutile d'ajouter

en contact avec

de

les traitants

que

silex

petite

côte et les

et les

l'on frappe

Betsimisaraka, qui se trouvent plus spécialement

commerçants de se

l'intérieur, se servent tout

compose,

comme

vigoureusement avec une pièce d'acier

prosaïquement

ses similaires d'ailleurs, d'un et

dont on

fait jaillir ainsi les

allumcrdes bourres de raphia (hotohoto) comprimées dans un cône de bois creusé ou

étincelles, qui vont

une

la

Antimerina

Le briquet malgache

d'allumettes dites suédoises.

morceau de

les

corne de bœuf. Les silex sont presque tous achetés aux traitants européens, cependant j'en

rencontré quelques gisements dans

ai

exploités d'ailleurs par les naturels; ces silex se trouvaient tou-

l'île,

jours enveloppés par du quartz agate ou des jaspes aux couleurs vives. Vendredi 16 août. la

journée

et

— L'étape d'aujourd'hui est aussi pénible que celle d'hier, nous avons

vers midi pendant la halte

nous sommes

repas; impossible de nous asseoir sur l'argile détrempée,

de bœufs avaient mis de

cl

pourtant

le

Canaque

et

toute

nos guides voleurs

bonne volonté pour nous improviser des sièges; mais

la

la pluie

obligés de nous tenir debout pour prendre notre

les

malheureux

n'avaient que leurs couteaux et notre Canaque, que je soupçonne fort maintenant d'être un simple d'esprit, s'était attaqué à

travail acharné,

il

un ébénier (envilasse) de dimensions respectables. Après deux heures d'un

n'avait fait

qu'une

très

modeste

entaille

dans l'écorce

et l'aubier.

Dans

l'après-midi,

continuant notre marche, nous suivons toujours ce mauvais sentier, tantôt montant, tantôt descendant

de petites collines ou mamelons aux versants peu rapides. D'après nos indications barométriques, nous

ne nous sommes pas élevés d'une façon sensible depuis notre départ de Didy, nous sommes toujours en pleine forêt, les éclaircies sont très rares;

il

fait

sombre,

élevé, qui laisse à peine tamiser la lumière, entrelient

pire

A

les

mal sous ces frondaisons élevées. L'atmosphère chaude nos pieds, des feuilles

un arbre, qui

n'est

res-

est saturée d'humidité.

des branchages tombés dans les saisons dernières forment une couche

el

épaisse de terreau d'où se dégagent des taillis;

arbres sont rapprochés et leur feuillage

autour de nous une atmosphère viciée; l'on

miasmes putrides. Sous ces hautes

futaies

il

y a peu de

pas assez vigoureux pour percer cet épais manteau de verdure qui s'étend

sur nos tètes et aller chercher

l'air et la

périr étouffé par ses puissants voisins.

lumière qui

lui

sont nécessaires, est fatalement

En revanche, nous voyons

condamné

à

à nos côtés se développer dans toute

leur splendeur mille variétés de palmiers nains et une quantité plus considérable encore de fougères

arborescentes.

A

la

croisée des branches des grands arbres, dans les anfracluosilés des vieux troncs,

partout enfin où un peu de mousse ou de débris organiques ont pu s'accumuler, des orchidées aux variétés innombrables ont pris naissance; nous faisons bien de louables efforts

plus beaux échantillons, mais notre pauvre herbier les cartables le

nature

est la

papier gris

plus forte

el

el la

spongieux dont

il

est

est

dans un

formé

état

les

lamentable, et lorsque nous ouvrons

n'est plus

science ne prévaudra jamais contre

pour en collectionner

qu'une

elle, .le

bouillie.

Décidément

remarque encore dans

la

cette


LA ROUTE DE RADAMA. que

forêt ce

autour de

dans mes précédents voyages,

j'avais déjà observé

quelquefois dans

ne peuvent s'apercevoir qu'assez peu fréquemment.

le lointain,

ma

pas d'insectes; aussi pour enrichir C'est dans son

j'en puis

sentier

c'est le silence

profond que l'on constate nul bruit ne vient troubler ces solitudes, pas un oiseau, et les lémuriens, que l'on entend

soi,

belle recolle.

173

lit

Il

en

effet, et

auprès de sa bougie, que

de déterminer

est assez difficile

juger par

accidents de terrain

les

me

collection je

et

résignerai à y consacrer

voyageur dans de

le

rouge,

l'argile

dans

les

des ruisseaux que nous traversons, des fragments

de quartz adhérents;

fond des

le

torrentueuses charrient des sables blancs, des matières terreuses

la

les

parfois dans

une

déclivité

véritable végétation lacustre;

jours

difficile,

surtout

il

quand

trouvons, coulant de droite

à

gauche, une petite

nous franchissons avec beaucoup de

ils

coulent profondé-

qui continue à miner les berges se produit forcément quel-

il

('-lèvent le

el

prof

empêché

Nous ne pouvons même mener

difficultés.

L'érosion des terres.

bonis de celle rivière pour y camper

nons

mêmes

les

el

y passer la

brouillard semble encore plus opaque; nous

ment

(''lé

et le sol argileux est

soir.

La pluie

som mes encore

moins pénible que

celles

à

sel était

fondue. Pour calmer

principe d'une juste égalité, je

bien celle entreprise cl

qui avait jus-

n'a pas cessé

un seul instant

cl

le

des jours précédents, nous descendons sensible-

la jalousie

veulent

cl

un kabary

de ses collègues, autant que pour respecter pas une sinécure, dans celle forêt,

n'était

inspecteur de notre meute.

el

l'aire

à

allègrement, en portant deux sacs vides,

fort

donnais un emploi qui

lui

nommais incontinent chasseur de sangsues

je le

nous

Sarantanga que

c'est le

recouvert en maints endroits de sable blanc mélangé de paillettes de mica.

un de leurs compagnons. Cet heureux mortel cheminait, charge de

forment

soo mètres d'altitude.

à

Toujours cette maudite pluie. Mes porteurs s'arrêtent à un moment donné

sa

el

Nous nous arrêtons quelques minutes après sur les nuit. \ous confection s rapidement un abri cl pre-

dispositions de campement qu'hier

L'étape de ce malin a

niveau

Vers trois heures

les.

de ITvondrona,

rivière affluent

que grâce à une chaussée de basalte que je découvre à quelque cent mètres en amonl qu'à un certain point

lit

du terrain un étang, une nappe d'eau tranquille où se développe une nous faut contourner ces amas d'eau. Le passage des ruisseaux est toucoule entre deux parois abruptes

il

cl

cours des eaux, en

le

le

de 1res vagues indications.

racines des arbres voisins, mais

entanémenl

dans

ruisseaux dont les eaux

encaissé entre deux parois argileuses,

lil

quefois des éboulements, qui, arrêtanl

même

allées et surtout les

des détritus végétaux chassent très

violence de leurs eaux a creusé

maintenues pendant un certain temps par

\

me donner que

nature ne pourrait d'ailleurs

que

el

et là.

étapes suivantes. J'aperçois cepen-

cl,

celle tranchée

plus

qui nous annoncent déjà les

et

dant de distance en dislance un gros bloc de gneiss,

Ces cours d'eau ont presque toujours un

l'aire la

coupée cependant, cà

elle est

du jour

la fin

couches de roches micaschisteuses que nous allons trouver dans

ment au fond de

mes heures d'insomnie. régions peut

telles

nature du sol qui s'étend autour de nous, autant que par la tranchée sinueuse qui forment presque partout le

de veines blanchâtres ou jaunâtres, qui augmentent vers

la

nos pieds, presque

la

que nous suivons; nous gommes toujours sur

peu de cailloux roulés, dont

A

Cela

m'amène

le el

tout

naturellement à parler des sangsues des forêts de l'Est, encore des ennemis à Madagascar, qui pour être petits n'en sont

J'avais

pas moins redoutables.

remarqué, depuis deux jours

(pie

nous marchions dans

de nos deux pauvres chiens qui nous suivaient en gémissant.

dont

les

jambes nues

lamentable; Maistre

et

frôlaient à

chaque instant

les

herbes

et, à

et surtout

la

l'apparence triste

étaient couverts de sang.

les

les

et

la

maladive

Nos porteurs,

nos chaussures, n'avions pas la

croyant faites par

cause du mal, je n'avais les épines des

vraie raison, à force d'entendre les lamentations de nos

en constatant

cl

arbustes, étaient dans un état aussi

première vue trompé sur

pas attaché une grande importance à ces blessures,

gnons

el

la forêt,

moi, protégés jusqu'à présent par nos vêtements

encore ressenti ces morsures douloureuses,

lorsque j'en reconnus

Ils

buissons,

malheureux compa-

persistance de l'écoulement sanguin qui s'échappait de ces piqûres

profondes. Cette sorte de sangsue de Madagascar

nommée

dimatika par les indigènes peut avoir au repos

de 25 à 30 millimètres de longueur, mais lorsqu'elle se ment son corps est susceptible d'un grand allonge-

ment. Ces hirudinées se tiennent en embuscade sur

les feuilles

des arbustes

el

des petites plantes lorsque


VOYAGE A MADAGASCAR.

174 le

temps

humide,

est

que des gouttelettes de pluie ou de rosée sont sur

et

conditions d'humidité excessives leur étant

pays

— De plus,

elles

prennent naissance

et

passent les premiers

nombreuses mares d'eau que nous avons trouvées sur nos brables,

ils

dois reconnaître que dans ce

morts d'épuisement

et

sont réunies à souhait.

derniers jours de leur vie dans les

el les

pas. Ces

attaquent tout ce qui a vie; des bœufs, des voyageurs

des végétaux; ces

les feuilles

mener une existence bien heureuse. Toutes ces conditions y

doivent

elles

nécessaires pour vivre, — je

animaux

vivent en légions innom-

même, perdus dans

ces forêts, y sont

ont succombé aux morsures spoliatrices de ces êtres minuscules. Lorsque les

hirudinées sont en chasse, ce qui leur arrive souvent, car c'est toutes les fois qu'il pleut, elles se tiennent

aux

fixées par leurs ventouses caudales

geant leur corps

se faisant aussi fines

el

feuilles basses des arbustes et des petites plantes, puis, allon-

que possible,

elles agitent leur tête

chent une proie qui passe à portée. Ont-elles cette chance, d'appui, entaillent

peau

la

cl

el

la

la

les

sens

cher-

el

branche qui leur servait

elles quittent la

enfoncent leur suçoir bien loin dans

lâcher prise sans les briser que lorsqu'elles sont remplies,

après

dans tous

blessure; on ne peu! leur faire

blessure triangulaire qu'elles laissent

encore longtemps.

elles, .saigne

Celte nuit; je passe de longues heures avec Maistre à faire une chasse en règle à ces hirudinées, nos

hommes

ont

fait

comme nous

de son invention, lets le

bien avant dans

chique énormément

il

el,

la nuil

le

;

Canaque obtient un

crachant dans ses mains,

il

un remède

énergiquement

se frotte

les

mol-

qui deviennent après celle onction, paraît-il, fady (tabou) pour les dimatika. Je dois reconnaître que

remède de notre Canaque a du

lion,

quoique désagréable à employer; je

nombreux voyages sur

ajoute que dans de

cette roule,

il

,

Samedi 17 lieu dit

août.

— Nous nous

Tolongainy, du

mètres dans

semble un

l'est.

sile

nom

mettons en roule à l'aube

la tête.

et trois

A quelque

c'est

une

clairière d'un hectare environ qui

Il

y a

deux ou

ici

lorsque, traqués à Fito

trois petites cases assez bien construites, elles servent

et

à Didy,

ils

étendue de terrain pour nourrir considérer que

les résultais

les

elles

aux voya-

ont été construites par ces

ont dû chercher un refuge dans la grande forêt

Tolongainy, leur campement favori;

lieu dit

nous

merveilleux: enfin nous pouvons voir à 100 mètres devant nous. Cela ne nous élail pas.

geurs et surtout aux voleurs de bœufs qui fréquentent ces régions,

au

chose malheur est bon.

heures après nous arrivons en un

d'une petite rivière que nous devons traverser à quelques centaines de

Cet endroit nous paraît ravissant,

arrivé depuis Didy.

hommes,

surtout lorsqu'il

le félicite

remarqué que lorsque plus de cinquante

avait

sangsues vous avaient piqué chaque mollet on n'avait pas mal à

ici,

vrai succès par

bœufs. Quoi

ils

qu'il

y ont construit des cases

et

en soit des motifs qui les ont

acquis; nous voyons clair et nous

sommes

à l'abri.

:

celait

défriché une certaine fait

Nous

agir, je ne

restons deux jours

à Tolongainy, journées que nous mêlions à profit pour meltre un peu d'ordre dans nos bagages.

comble de bonheur,

perce

le soleil

les

nuages

et se

montre quelques heures vers

le

veux

Pour

milieu du jour, je

salue sa venue par quelques observations astronomiques dont j'avais grand besoin depuis huit jours.

Nous avons

fait très peu de chemin depuis le Mangoro, et dans la forêt, grâce à tous les empêchements que nous rencontrons à chaque instant, nous ne faisons pas plus de 3 kilomètres à l'heure. Le lundi 19 août, secs el dispos nous quittons ce lieu de délices et nous poursuivons notre roule.

Après une heure de marche, nous rencontrons el nous traversons le ruisseau Tolongainy qui donne son nom au campement que nous venons de quitter, c'est un affluent de gauche de I'Ivondrona. A neuf heures, après une raide moulée, nous sommes, par une altitude de 8o0 mètres, au Ambohitsililika.

De

sommet du mont

nous arrivons à I'Ivondrona que nous suivons sur sa rive gauche; nous sommes près du gué ou mieux près de l'endroit choisi, car ce n'est pas un gué, où nous devons passer la rivière pour côtoyer sa rive droite. En ce point la rivière, I'Ivondrona, a une direction O.-N.-O.

l'autre côté,

E.-S.-E., sa largeur est d'environ 150 mètres et sa profondeur

Pour passer du bassin du Mangoro dans qui est rare

dans

l'Est

l'orient

à

des cours d'eau

el

est

de

1

nous n'avions en somme franchi

que des hauteurs d'une altitude peu élevée;

donne naissance du côté de lesquelles, après avoir sui\i

celui de I'Ivondrona,

maxima

à des rivières

une direction sensiblement perpendiculaire

m.

30.

ce

celle ligne de hauteurs qui

même

à ce

assez considérables,

massif montagneux, vont


LA ROUTE DE

CAMPEMENT

se jeter

dans

mer des

la

[ndes.

A

étant parallèle.

lui

prolonge vers

le

et

rOLONGAlNY.

En somme

:

elle limite vers l'est

le

la

vallée

du Mangoro,

bassin du Mangoro, ainsi qu'une

et

celle

cours de ce <|ui le

lagnes orientées

huiles deux couvertes de forêts, celle de l'ouest où l'on remarque

S.; elles sont

Vohilangy,

le

immense contrée

nord, constitue une très large vallée, limitée par deux chaînes de

le

parallèlement N.

Sompatra

17.j

l'occident de cette petite chaîne, au contraire, ne prennent naissance

que des ruisseaux insignifiants; en revanche, grand fleuve

DE

RADAMA

de

l'est

qui n'est que

le

le

contrefort occidental du massif d'Ambohitra-

koholahy. Or ces deux chaînes laissent entre elles un vaste espace libre sectionné perpendiculairement à sa direction

Mangoro,

il

générale en trois segments d'inégale étendue. Le plus grand, au sud. forme

esl

incliné vers

midi, mais

le

accusée; au nord un autre segment, qui enfin

de

1

une troisième partie centrale

Ivondrona,

lac Alaotra, les

Il

esl

fort

et

a

n'a,

beaucoup

marais de Didy

de

la

vallée

ont chacun une trouée

chaîne orientale, trouée par laquelle

ou moins droite de mai

et

la

mer des

juin derniers; noire cl

compagnon

et

trionale de cette

finalement

hydrographiques, de longueur les

et

sources le

de pente différentes,

eaux gagnent en ligne plus

il

grande vallée

avait suivi le

Mangoro, fleuve considérable, au cours presque

torrentueux qu'à l'extrémité méridionale; en cet endroit

par une série de rapides,

ancien cours

les

Indes. La partie méridionale avait été explorée par Foucart pendant les mois

régulier ne devenant rapide ensuite,

et

de grands lacs, dont

du Mangoro, ne sont aujourd'hui

trois bassins

la

lac Alaotra et ses affluents;

trois bassins enserraient autrefois

que des vestiges. Actuellement ces

du côté de

le

plus petite constitue les marais de Didj

les riches tourbières

et

du

vallée

surtout dans sa partie supérieure, qu'une déclivité peu

une déclivité opposée, contient

probable que ces

la

il

passe par

la

I

va se jeter dans l'océan Indien, près de Ambodiharina. esl

il

reçoit l'Onibé;

rouée, prenant une direction perpendiculaire à son

beaucoup plus courte

et n'a

qu'une pente

La

partie septen-

très faible vers le nord.

Ce


VOYAGE A MADAGASCAR.

MB bassin, les

que Maistre devait

visiter

prochainement en faisant

le levé

eaux nombreuses des hautes montagnes qui l'environnent

topographique du lac Alaotra, reçoit

immense marais, au

ces eaux forment un

;

milieu duquel est une vaste nappe peu profonde, le lac Alaotra, qui se déverse lentement par

goro dans l'océan Indien; cependant ce fleuve, en passant va traversant

nord

la forêt côtière se jeter

et sud, divisions inclinées

beaucoup moins étendue.

dans l'Océan. Entre ces deux grandes divisions de

Elle est,

comme

gnantes ou à peu près, ce sont

du Mangoro

qui forment précisément

elles

de ses eaux par deux trouées de

chaîne de

la

seconde

Lorsque Maistre aura exploré nous aurons, mes compagnons

le

l'Est, l'une

Sabevany,

nous

moi, en

et

eaux qui

lac Alaotra

par

ramassent sont-elles

sta-

marais de Didy qui déverse

le

partageant

la

mer par

trop-plein

le

au sud;

l'autre

que nous venons de

la

première

suivre.

trouée du Manangoro,

la

besogne, terminé

la

reconnaissance

la

berge de l'Ivondrona, où mes porteurs le

groupés

assis,

les

fleuve dont les eaux bouillonnaient à leurs pieds.

demandait anxieusement comment nous pourrions

se

s'y

mon-

Madagascar.

cette partie orientale de

monde

les

au nord du bassin du

au nord de Didy,

c'est celle

Uns à côté des autres, regardaient philosophiquement le

et

lac Alaotra et qu'il sera revenu à la

le

Mais revenons à notre camp ou plutôt sur

Tout

longue vallée

la

ses voisines, bornée à l'est et à l'ouest par de hautes

de petits mamelons. Elle n'offre pas de pentes sensibles, aussi

méthodique de

Manan-

en sens contraire et d'inégale longueur, existe une contrée intermédiaire

tagnes, tandis qu'elle est séparée au sud du bassin

laisse passer l'Ivondrona, la

le

trouée d'Ambalomafana, devient rapide et

la

le franchir.

A

nage,

la

il

n'y fallait

pas songer à cause de nos bagages; construire des radeaux en coupant du bois léger

et

le

réunissant

en gros paquets, ce moyen

celui de

demander

évidemment pratique, mais

était

il

avait

un grave défaut

:

en

trop de temps. Je résolus alors d'employer un système qui ne m'est pas particulier sans doute, mais que

j'emploie toujours en pareil cas. J'en ai été satisfait en maintes circonstances,

pratique presque toujours

ce n'est dans

si

le

cas où les caïmans pullulent

que pour passer un fleuve dans ces circonstances,

aucune le

est pratique et

mes bagages un rouleau de

le

sauves, car

mes

est de toute évidence

ou de radeaux. Dans tous

solide cordelette de 200 mètres environ. J'en

un

rive à

fort

lis

le plaisir

tète. C'est

un beau

résultat dans

coulent rapidement sur une hauteur de

m.

1

30.

une

pu

se maintenir

rivière qui a 150

Deux heures après

nous

clairière

dispositifs habituels,

nous chassons

nous suivons

a, je crois, atteint

aucun pays du monde un chemin aussi mauvais puisse grandes dépasseraient

debout

et élever les

mètres de large

et

dont

et

bagages les

eaux

avoir repris notre marche, nous

A

quatre heures,

maximum

de difficultés

que des

se présenter. Je crois

et je

pris

nos

doute qu'en

difficultés plus

humaines; nous nous élevons à de grandes hauteurs pour redescendre

les forces

immédiatement dans de profondes leurs paquets,

son

l'un

les suivîmes.

pour y passer la nuit, et comme les jours précédents, après avoir les sangsues fort avant dans la nuit.

nous choisissons une

10, le sentier (pie

hommes

caisses étaient saines

traversons encore une petite rivière affluent de droite de l'Ivondrona, l'Ambaloarana.

Le lundi

autres cas.

porter une extrémité par un

mes

de constater que presque toutes

porteurs, maintenus par la corde, avaient

les

toujours dans

J'ai

tronc d'arbre. Puis tous les

fleuve en se maintenant après la corde fortement tendue;

passage effectué, j'eus

au-dessus de leur

il

recommandable à tous égards au voyageur.

nageur étnërite qui l'amarra solidement sur l'autre après l'autre passèrent

alors

:

est expéditif et sur,

faut se maintenir hors de l'eau pour ne donner

prise à ces féroces amphibies et se servir d'embarcations

système du va-et-vient

et, le

il

il

Les

vallées.

hommes pesamment chargés

ne peuvent monter avec

sont obligés de se hisser les uns après les autres en s'accrochanl péniblement aux

ils

racines des arbres qui nous permettent seules de monter et de descendre, les paquets sont attachés à des cordes, et remontés sur l'argile glissante ou descendus avec précaution au fond des ravins. Le Canaque

m'étonne par sa perspicacité

et

son adresse

:

arrivé au flanc d'un escarpement,

peut atteindre ensuite, par un bond vigoureux, l'escarpement voisin.

son élan

et est

retombé dans

reusement amorti de cette journée

la

le

la

Une

fois

il

se balance

cependant

il

aux

lianes,

il

a mal calculé

fondrière qui occupe le fond de la vallée; une boue épaisse a fort heu-

chute, mais

il

a eu

beaucoup de peine à

ruisseau de Sahavelona.

A

se tirer de là.

Nous passons dans

la

matinée

midi, nous avons constaté avec désespoir à notre déjeuner

.


LA ROUTE DE RADAMA. que nous mangions noire dernière provision de

riz;

n'avons plus de vivres. Nous campons

loin d'un pic qui a

non

le soir

177

nous sommes encore bien

nom

loin de Fito et

Marianany.

le

nous

est, paraît-il,

Il

défendu de parler à haute voix près de ce sommet, sons peine de voir immédiatement un vent violent assaillir. Je dois avouer que je ne respecte pas cette consigne, car je désire vivement la tempête.

vous

Je voudrais non moins vivement

voir

une forte luise dissiper

ronnent depuis notre départ de Tananarive. Mais

tombe de plus

pluie

m'étonne que médiocrement,

belle; cela ne

brume qui nous

pluie et la

la

beau parler à haute voix, chanter

j'ai

les

dictons de notre

envi-

même

vieille

la

France

sont donc plus vrais que les fady de ce pays de sauvages. Le soir, nous dînons par cœur, près de la chute

de l'Asivora.

Le mardi

nous continuons noire route, mais celle

20,

nombreuses émergences de quartz,

Nous nous arrêtons

là.

Vue

culinaire, les bois

vers

nous

le

les

il y a de gneiss sonl raie-, en revanche les micaschistes se montrent ça et

milieu du jour sur les bordsde l'Asivora. Je dois avouer que, au point de

quelques ressources,

offraienl

ces lémuriens qui remplacent les singes à Madagascar,

hommes

ajoutèrenl à ce

menu

des insectes variés

Mais ce régime alimentaire ne nousa

vons à Fito, village situé ;

laissé'

je suis assez

heureux pour tuer quelques maki,

une demi-douzaine de perroquets noirs;

el

vallées;

il

à

en résumé,

s'ensuivrait que, de

il

générale nord

système orographique de

le

seulement dans koholahy,

la

vue

la

chaîne principale

voisinage de noire roule; cardans

le

les collines

concourt, avec

el

les

Il

contrée;

pluies presque continuelles

la

Dans toutes

sud.

el

j'ai

la

pu

l'aire

quelques

quelques renseignements;

les

à sa direction

massifs d'Ambohitra-

les vallées

que

laissent entre

breux torrents qui vont grossir ITvondrona ou ses

à

végétation.

la

<

le-

el

loin

brouillards intenses, à entretenir dans

me dans

les

la forêt

une

premiers bois que nous avions rencontrés

le sol est

former

débris organiques sonl rapidement entraînés au fond des ravins;

le

le

arri-

direction habituelle est E.-O. Mais cela

dans l'ouest,

à (leur de terre, l'on

nous

y a beaucoup de sources sur les flancs des coteaux, partout des suintements; tout

humidité excessive favorable

el les

soirée

la

de ces gros chaînons parallèles

sud au contraire, vers

le

boisées paraissent orientées nord

ces hauteurs, coulenl capricieusement de n

principaux affluents,

la

était assez limitée, obtenir

sud, partent beaucoup de contreforts don)

cl

dans

et

de grandes hauteurs pour redescendre brusquement dans de profondes

à

assez difficile de démêler

es!

mes

mètres d'altitude. Les cotes barométriques sonl 1res inégales dans

:i"ii

sans cesse

l'on s'élève

et

des racines charnues qu'ils prétendaient comestibles.

el

que de désagréables impressions. Enfin, dans l'après-midi,

observations, mouler sur des so mincis d'où

elles

el

semble plus fréquenté, nous pouvons fournir une marche plus rapide

sentier

forêt

dans un sentier moins "lissant;

fois

constitué entièrement par de l'argile rouge ou jaunâtre, l'humus qui pourrait se

rencontre

granité rouge

le

gris, le

cl

plus souvent, des micaschites décomposés, des

gneiss granitoïde,

la

roche apparaît souvent

îles liions

pointements de schistes

de quartzite, mais

cristallins.

J'ai

rencontré

parmi différents gisements de roches modernes des coulées de basaltes.

La végétation

esl

bien fournie. Les arbres trop serrés poussent en hauteur

librement, vont droit vers taines seraient

1res

lianes puissantes •

;

le ciel

chercher un peu de

bonnes pour

construction

la

et

soleil, .l'en ai la

pu noter

menuiserie. Entre

et,

ne pouvant se développer

les principales essences, cerles

arbres se déroulent des

plusieurs portaient de jolies fleurs dont nous avons recueilli de beaux échantillons ainsi

pie plusieurs nouvelles espèces d'orchidées.

Il

y a beaucoup de fougères naines ou arborescentes, de

grands roseaux el surtout une espèce de bambou qui forment des fourrés inextricables Les seuls représentants de

la

faune que nous avions vus sont des maki

pas approcher, mais à certaines heures de

nous entendions leur

cri plaintif

dans toutes

breux, en revanche les insectes sont assez

Dans

cette forêt, de

Didy à Fito

vent sur de petits arbustes de d une concrétion résineuse

En

eflel

el

deux à

que

la

des babakoto;

journée, principalement au lever

les directions.

et

Les oiseaux sonl rares,

des

ils

taillis

épais.

ne se laissent

au coucher du les reptiles

soleil,

peu nom-

communs.

surtout en approchant de ce dernier village, je rencontre assez soutrois

mètres de hauteur de petits échantillons sphériques ou ovoïdes

je crois être

un échantillon au hasard

el

et

esl

de

la

gomme

laque.

plus souvent ovoïde que sphérique,

il

peut atteindre 23

la

grosseur


VOYAGE

178 d'un

œuf de

pigeon,

trouve toujours traversé par une petite branche suivant son grand axe ou son

et se

diamètre; l'extérieur paraît Si

A MADAGASCAR.

rugueux

et jaunâtre.

on coupe une de ces masses suivant

la

branche qui

la

traverse on voit l'intérieur tapissé d'une rangée

d'alvéoles de couleur brun foncé, remplies par des débris d'insectes dont l'enveloppe de l'abdomen

englobée dans

résine constitue chaque cellule.

la

Ces insectes étaient évidemment rangés en cercle autour de ils

gomme

sont plus gros que ceux de la

leur

nombre

restée

est très variable,

gomme

la tète

tournée vers

celle-ci

;

laque ordinaire, beaucoup atteignent 3 millimètres de diamètre;

dépasse souvent 60.

il

J'avais eu soin de mettre dans

ces concrétions de

branche,

la

mon

herbier des fouilles, des fleurs, des rameaux, des arbres qui portent

laque. J'avais mis aussi dans l'alcool deux colonies entières de ces insectes

remarquables. Malheureusement, en arrivant à Tamatave quelques jours plus tard, j'avais

le

regret de

constater que mes herbiers étaient détruits en grande partie par l'eau dont ils n'avaient cessé imprégnés pendant les trois semaines que nous employons à parcourir la route de Radama. Quant collections zoologiques, je perdrai une grande partie des animaux conservés dans la traversée de

d'être

mes

à

l'île

de

Mandritsara à Majunga. Alors, dans ce pays privé d'eau, dans ces contrées sablonneuses, brûlées par un

où on ne rencontre sur de grands espaces

soleil torride et

croupissante,

mes porteurs pourétancher

qui les tourmente boiront

la soif

même une mare

ni sources, ni ruisseaux, ni le

rhum

et

que renferment mes bocaux de collections zoologiques. forêt ne se termine pas brusquement. La limite n'est pas nettement tranchée,

l'alcool

de mau-

vaise qualité

A Fito, la

de bouquets de bois plus ou moins grands, réunis par des défrichements récents ou des Je ne suis pas encore fixé sur

la

question de savoir

entière était boisée, les forêts existantes n'étant si,

au contraire,

forêts,

la

grande

île

si,

que

à

les

une époque lointaine,

l'île

comme

plus considérable,

comme

que,

et

cela est probable, ses bois couvraient

notamment dans

cela existe actuellement à

du voyage de Fito

la

il

si

Madagascar

une étendue do

lorrain

la

un misérable

la

mer,

baie d'Anlongil. Cette opinion résulte non seulement

à la côte ouest, où

village belanimena,

n'était

beaucoup

ces parages, sa forêt orientale s'étendait jusqu'à

hauteur de

ville

plus anciens.

est vrai, de ses zones de

Mahasoa, mais des routes parcourues do Mananara à Mandritsara

à

l'itinéraire suivi de cette dernière

Fito est

taillis

de Madagascar tout

témoins actuels de sa végétation antérieure; ou

a toujours présenté ses massifs dénudés entourés,

zones qui l'enveloppent complètement. Néanmoins je pense dès à présent que

pas entièrement boisé,

y a beaucoup

il

le fait

surtout de

et

devient plus frappant encore.

ne compte pas plus de vingt cases. Ses malheureux habi-

il

tants appartiennent à la famille betanimena, qui n'est qu'une division des Relsimisaraka, comprenant,

comme

à l'ouest, et au nord et au sud, la baie d'Antongil

l'est et

la partie

septentrionale de cette région,

plus habituellement sous

ment

occupe l'espace compris entre l'Océan

l'on sait, toide cotte tribu qui

forêts, à

dits;

comme

le

nom

n'arrive

il

ils

que trop souvent

tribu sont ennemies les unes des autres, traiter de

mes

Comme

le

presque tous

anormal,

effort

quel que soit

prix

que

le

les

c'est

première zone de

la partie centrale,

on

les

désigne

sud, ce sont les Betsimisaraka propre-

le

Madagascar, ces différentes fractions d'une

à

même

une grande injure pour un Betsimisaraka que do

Malgache

peuples primitifs, à qui

le

est indolent

songer à rien

lui

demander,

il

est

vue des cases de Fito, une heure

monde

trouver tout

tomber dans

à faire

chaud

avancer

un

l'argile

rouge,

et

riz et

travail double.

incapable de tout et

les

effort,

et

Mais il

demie de marche à peine

hommes.

leur mets favori, mais

puissions leur envoyer du

de nature

est difficile

il

il

de demander à un

moment

ne faut pas trop compter sur

lui,

donne, mais enfin on peut admettre que, lorsqu'il est bien nourri, à un

l'on lui

salaire quadruple, correspondra à peine

peines du

et

dans

;

et la

l'embouchure du Mangoro. Dans

Betanimena. Nous pouvons refaire à Fito nos provisions épuisées, au grand contentement de

porteurs.

donné un

s'appellent Antavaratra

de Betanimena; enfin dans

et

ils

Ils

s'il

a

le

ventre creux,

il

ne faut plus

se croit mort. Ainsi ce matin, lorsque, en

me

séparait de ce village, j'eus toutes les

n'avaient plus pourtant qu'un petit effort à faire pour

en furent incapables,

el la

moitié des

hommes

se laissèrent

attendirent patiemment plusieurs heures, que, arrivés au village, nous

du manioc.

:


LA ROUTE DE R ADAM A. Pendant

journées des 21, 22, 23

les

nasy. Celle contrée présente

24 août, nous parcourons

et

un aspect tout particulier

:

179 dislance qui sépare Fito de Sara-

la

derrière nous, à l'ouest, la grande forêt couvre

de sa verdure les derniers contreforts de la chaîne eôtière;

les sommets, d'une altitude peu considérable, mètres environ, disparaissent presque toujours dans un brouillard épais; devant nous, s'étendant jusqu'à la mer, un pays hérissé de mamelons à pentes assez rapides, peu élevés, mais très

six à sept cents et

rapprochés

uns des autres, disposés sans aucun ordre

les

jusqu'à l'Océan ou plutôt jusqu'à

bande de

la

diminuant de hauteur progressivement

et

sable, et jusqu'aux lagunes côtières. Ces monticules, qui

enserrent l'ivondrona, ses affluents et les mille petits ruisseaux qui sillonnent vallons profonds, avec marais et fondrières. Le sol

La roche n'apparaît que rarement,

assez considérable.

morceaux de quartzite

roulés, des

ici,

l'on

rencontre bien plus souvent des cailloux

de basalte principalement, non seulement dans les

et

seaux, mais souvent à des hauteurs considérables. La végétation feste plus librement

ou dans

comme

dans

est

des bouquets de bois persistent bien, sur

la forêt,

main de l'homme montre

ses effets

de quelques villages betanimena, qui comptent dant, celle faible population

a

à

brutaux

pour cultiver celle graine précieuse, du sud

el

de Iduesl, où

dans ces régions

il

comment

méthode perfectionnée qu'emploient

la

temps qu'une

et

terre riche

opèrent.

ils

Ils

choisissenl

culture,

défrichent

ils

à proximité des

neuses. Celle terre, couverte

villages,

ou que

la

dans

la

offrira-t-elle, la

inintelligentes,

Madagascar,

grandes perturbations dans le riz

dans

les

sant dans un petit terrain

et

le

le

village, puis et,

on

le

trouve en

la

défrichement;

n'y

forêt,

conduit sur

aux brindilles

tels

el

el

el

aux menues bran-

des souches volumivierge

est

continuelles dansées régions, nous

forestières,

et

siècle

ou deux de ces coupes brutales

met bon ordre, n'aura plus de cl

les

amènera de

Pour

suffi-

repiquer avec un

petit

mais

est simple,

el

le

il

est

nécessaire de

ne nécessite que peu

troupeau de bœufs du

de culture. Là une dizaine d'hommes environnent

de bâtons

et

de cris aigus, on

fait

cultiver

nombre de plans

cultures dans les marais

les

dur, on ensemence directement,

qui

culture.

la

avoir obtenu un

l'époque des semailles, on rassemble

le terrain

forêt; ce

conséquemment dans

l'indigène, après

les ans,

s'avancent peu à peu dans l'ouest

nature se charge du reste. Pour

la

à grands renforts de coups

une nappe

trop épaisse pour permettre

esl

soigneusement à côté de sa case, va

sous-sol

Un peu avant

cl

même

D'autre part, lorsque de

défrichements de forêts changent de place tous

au terrain une culture préparatoire. Celte culture

d ellorls à l'indigène.

peau

les

les limites

régime des pluies

cultivé

fondrières peu profondes à

faire subir

l'on

l'eu

les pluies

grands bois. Au bout d'un

les si

défrichements de

bâton pointu dans

fondrières enserrés

riz

saison sèche un espace convenable

la le

ri/, cl

bon rendement. Ce

et les le

et

première année de l'exploitation, un rendement rémunérateur.

du nord au sud sur

en gagnant insensiblement sur cl

culture du

à la

de débris organiques amoncelés depuis des années,

cl

savons par expérience. Ces cultures dans

cheminent

marais

hache aidant, des plus gros Irones

Les eaux manqueront peut-être, mais l'indigène compte sur

elles

ci les

couche de boue

forêt, choisissenl

la

d'humus

la

Anlimerina

mais moins fatigante

un terrain propice

se développer en toute saison.

cl

ches desséchées, ce qui les débarrasse,

le

vrai,

terres qui soient susceptibles d'un

puis, au bout d'un certain temps, mettent

de toute culture, aussi

les

améliorée continuellement parle limon des eaux, une humidité

vont sur les contins de

le taillis,

est

il

sans déversoirs trop apparent-: dan- ces conditions,

aquatique suffisante pour s'abreuver terrains ne sont pas

peuplée

est

population clairsemée peut disposer par habitant d'une étendue

la

sont, d'une part, les contrées marécageuses à sous-sol imperméable,

dans des vallons étroits

plus souvent

hase de leur nourriture. Dan- ce- tribus orientales aussi bien que

la

que deux catégories de

n'y a

le

ri/.

relativement grande de terrain, on emploie une méthode barbare, plus expédilive. Voici

ne se mani-

elle

besoin d'une grande étendue de terrain pour se nourrir. Cela tient à

Nous avons vu dans un précédent chapitre celles

des ruis-

sommets escarpés

les

La contrée

inintelligents.

et

lits

peine chacun une dizaine de huttes misérables. Cepen-

façon toute primitive qu'ils emploient pour cultiver leur

la

mais

1res active,

marais, mais partout ailleurs, on voit des arbres isolés, morts, décapités,

les

brûlés. Partout la

dans

région, forment des

la

chose curieuse, possède une couche d'humus

le trou-

toute la journée piétiner


VOÏAGE

180 ces pauvres bêtes sur place.

Le

soir,

le

A MADAGASCAR.

terrain sera

suffisamment malaxé,

et

préparé pour être

ensemencé.

Au dant

village de Saranasy,

nous trouvons des pirogues qui vont nous conduire à Mahasoa, en descen-

cours de l'Ivondrona et du Sahatsara, son affluent de droite, qui coule au pied du village de

le

Saranasy. Nos misères sont

finies.

En deux heures nous sommes au

l'Ivondrona, qui a en cet endroit 90 mètres de large. ses rives sont bien cultivées, on voit

En

aval

et

demie, nous débarquons à Mahasoa.

tave à Tananarive, et avant

la

le

cours du fleuve,

que nous approchons deTamalaveel des établissements européens.

du confluent du Fahandrano, nous apercevons

gauche, au-dessous du petit village d'Ambatomanoliy, heures

confluent du Sahatsara et de

Nous descendons rapidement la

propriété de M. Charles; plus bas, sur la rive

c'est la sucrerie

Nous retrouvons

de M. Dupuy. Enfin vers quatre

à une roule déjà parcourue de

Tama-

nuit nous faisons, joyeux et dispos, notre entrée dans la cour de L'hôtel

de l'Europe.

EXPLORAI [ON D UNE LAGUNE.


i

)

l

Al*

LLONES.

BI

CHAPITRE Une semaine à Tamalave.

VII —

Préparatifs pour

la route du Nord. Ampanalava. [fontsy. Foulepointe. Tombeau Sépulture et enterrement betsimisaraka.Fénoarivo. Les serpents. Colonels et capitaines. Ivongo. ]..- ir-L'emlt-s du imbakolo d'aprëe les BetsiLa pointé à Larrée. Le port de Tintiiiu'in-. misaraka et d'après les Antimerina. Au <-.i|> Bellones. Los Mananara. Forl antimerina de Vohizanahary. Omis le Longoza. fahavalo. Attaque d'un village par 1rs rats. La forêt de Mananara à Mandritsara. Ambodimadiro. Arrivée à Mandritsara. Réception el parade anti rina. -- Le Rova el ses portes. — Population de Mandritsara. Le gouverneur el son état-major. - La céré lie du Mamadika. Circoncision à Madagascar.

betsimisaraka.

— Mahambo.

-

Nous

séjournons une semaine emaine

Tamal Tamalave, lemps que nous met-

à

Ions à profil pour nous remel re to iiul d'abord, l

achever tous à

la

baie d'Antongil. Cette roule

le littoral

l'Océan

«le

est,

il

surtout pour

el

nécessaires à noire voyage vers

les préparatifs

esl

que nous voulons suivre

vrai, assez

el

connue, surtout

centaines de kilomètres de Tamalave. Dans ces régions,

le

Nord

qui longe

quelques

à

elle

esl

par-

courue quelquefois par des Européens traitants ou voyageurs, on en a

donné

îles

descriptions jusqu'à

Cependant malgré la

suivre,

l'attrait

il

el

\

la

plus au nord.

nous résoudre à

partie septentrionale

surtout pour, de celle dernière

riger vers l'ouest, traverser

baie de Bombétoke. C'était

même

el

fallaitbien

pour en compléter l'exploration dans

au-dessous de Manara,

passèrent

Fénérive

de l'inconnu

complètement

là le

l'île el

ville,

ne nous arrêter qu'à

D IVONGO.

cier

encore une

fois

charmant accueil,

A

noire arrivée

le

25 aoùl à Tamalave,

ville

des progrès généraux accomplis, tant dans

la

iteàTamatave. Nous y retrouvions d'anciennes connaissances

dont le bienveillant accueil ne

GOUVLRNEtU

di-

principal but de noire voyage. Les jours

laissait

pas que de nous être forl agréai île

après notre isolement du mois précédent. Je m'empresse Lli

nous

et

M. Jore, alors chargé de

de l'assistance

qu'il a

la

j'avais quittée au

constructions que dans

de remer-

résidence, de son

bien voulu nous donner.

mois de mars dernier,

que les

ici

le

j'ai été

frappé

mouvement commercial


VOYAGE A MADAGASCAR.

182

général. Le principal port de la côte est s'est développé dans de grandes proportions, je suis heureux

de

le

constater et de voir ainsi que la colonisation française à Madagascar

Le lundi 2 septembre, nous partons vers

pu

partir plus tôt, car nos

lieu

hommes

le

chant vers

le fort

antimerina

et

du voyage précédent,

nous rapprochons de

nord. Cette fois j'augure mieux du voyage,

le

mais enfin cela vaut mieux que

c'est vrai,

Nous n'avons pas

milieu du jour, pour la route du nord.

se disent fatigués

de délices. Cependant, après de nombreuses recherches, tout

nous dépassons

toujours des progrès,

fait

mais continus.

lents à la vérité,

la pluie

le

ne quittent qu'à regret ce

et

monde

est enfin présent, et à midi

mer dont nous suivons

la

le soleil est

radieux et

la

rivage en mar-

le

chaleur étouffante,

qui ne nous a pas quittés sur la route de

Radama, de

Tananarive à Tamatave, pendant vingt-deux jours consécutifs.

Une heure après

notre départ, nous traversons

gros village d'Ampanalana. Cette agglomération de

le

plus de cent vingt cases n'est à proprement parler qu'un faubourg de Tamatave,

il

un assez

s'y fait

dans nombre de villages betsimisaraka, chaque habitant

est

marchand de rhum

ou de beisabetsa. Les cases montées sur pilotis sont construites en ravenala; c'est

le

type de la maison

grand commerce

comme

betsimisaraka, que je retrouve avec plaisir après les maisons de terre sales et enfumées des Antimerina.

Nous poursuivons notre route sur une bande sablonneuse qui

s'étend entre l'océan à droite, et une

lagune à gauche d'une centaine de piètres de large. Après une demi-heure de marche dans

sommes un

fort

arrêtés

fait

communiquer la lagune

Ce

après, nous arrivons à la suite d'une

moins grand que

village,

celte étape d'aujourd'hui,

le

deuxième traversée de

nous

le sable,

Ce chenal où

fièvre palustre est les contrées

maladie,

si

endémique

à

la

existe

lagune au village de Vohi-

précédent, nous offre cependant un gîte convenable.

deux hommes

atteints

de

la fièvre,

mais je m'attends à en avoir un plus grand nombre dans

ou

à l'océan.

courant constitue l'embouchure de l'Ivonohina, que nous passons en pirogues, assez rapidement.

Deux heures ilrotra.

brusquement par un chenal qui

Madagascar;

elle

les

ils

J'ai

eu dans

continuent cependant à nous suivre,

jours suivants. D'une manière générale

la

frappe plus ou moins, suivant les individus, les saisons

dans lesquelles on se trouve. Cependant

est à

il

remarquer que

de cette

les atteintes

régulière dans ses manifestations extérieures, sont soumises, elles aussi, à des règles

que

l'on

a vite apprises par expérience et qu'il est facile de prévoir après quelque temps d'observations. Ainsi un

voyageur a

vient-il

de France

et débarque-l-il

beaucoup de chance pour ne

à Tamatave,

rien ressentir

il

se

met en roule aussitôt pour Tananarive.

pendant ce pénible voyage; sa route vers

plus ou moins lente, plus ou moins pénible; dans presque tous les cas,

plateaux où

il

retrouvera, dans un climat relativement salubre,

cédent voyage. il

Il

se remettra de ses fatigues et s'adonnera

le

arrivera

il

la capitale

indemne sur

les

il

sera

hauts

manqué dans son

confort qui lui a

aux occupations pour lesquelles

pré-

est arrivé,

ne manquera pas non plus de dire que ce voyage de Tamatave à Tananarive n'est qu'une bagatelle,

que

les fièvres et le

mauvais climat ne peuvent

changeront en certitude, cubation est trompeuse,

il

et

rien contre lui.

Au bout

11

et

d'une semaine, ses doutes se

se croira sauvé. Mais tout vient à pointa qui sait attendre; celte période d'in-

dans presque tous

les cas

au bout d'une huitaine de jours

la fièvre,

que

l'on

aura gagnée en route, viendra vous visiter impitoyable. Cette règle générale ne souffre que peu d'exceptions qui tiennent

beaucoup plus aux précautions que

l'on a

pu prendre en roule, qu'à une résistance de

constitution exceptionnelle, dont on est toujours enclin à se croire doté. Ainsi, et

mes deux compagnons

moi étions montés de Tamatave à Tananarive au mois de mars dernier dans de

tions et, dix jours après notre arrivée

intermittentes.

Chose curieuse,

dans

et qui

la capitale,

nous étions terrassés tous

ne semble pas concorder avec ce que

sur les autres maladies fébriles, cette période d'incubation n'a rien de plus ou moins élastique, qui semble concorder avec

la

la

iixe, elle

durée du voyage

et

avec

dans lesquelles on se trouve. Elles ne se terminent brusquement que lorsque

très

les trois

bonnes condipar

les fièvres

science nous apprend

a au contraire une durée les

mauvaises conditions

l'on est arrivé

dans un

climat relativement plus salubre et que l'on a déjà pris quelques jours de repos. Ainsi, nous avions effectué notre

voyage de montée de

jours après notre arrivée dans

la

mer

la capitale

à Tananarive en quinze jours, et cependant ce n'est que dix

que nous avons eu

la fièvre; or,

tous les colons que nous avons


LE LITTORAL BETSIMISARAKA. consultés, nous ont assuré qu'ils avaient

voyage en cinq,

fait le

ou

six,

183

sept jours et

leur arrivée à Tananarive, eux aussi avaient ressenti les premières atteintes

Foucart explora

du Mangoro,

la vallée inférieure

dans des conditions d'existence

et

voyage

que dix jours après

du mal

palustre.

Lorsque

séjourna deux mois dans une contrée fort malsaine plus misérables, cependant il se porta très bien pendant son

les

il

ce n'est qu'une semaine après son retour à Tananarive qu'il ressentit ses premiers accès de qui .levait deux mois plus tard le forcer à rentrer en France. Enfin nous-mêmes,

et

fièvre, fièvre terrible

nous venons de

un

faire

sous bois de vingt-deux jours, toujours mouillés, mangeant à peine,

trajet

buvant une eau croupissante des marais que des milliers de sangsues qu'elle contenait.

sante,

nous allons probablement ressentir

le

de

septembre, nous marchons dans des

3

nord, paraît-il, en un

En somme

taillis.

les atteintes

mol

tout

le

long de

est

bord de

la

Loin

Ire

;'

gauche, dans

et

couronnés de leurs forêts touffues. En deçà,

nous

la

lagune, enfin

On

du rivage.

montrent

se

frappé par

ni

l'étendue de ces nappes d'eau saumàlre son!

la

les

le

à

que

même

la

j'ai :

au

moyenne recouverte

derniers contreforts de

chemin

celles

des scories légères d'origine volca-

et

mamelons avec

les petits

bande de sable sur laquelle

la

immédiate

est

des pierres ponces

l'ouest,

loin

fort

et

marche dans ces

peu près toujours

à

est

mer, c'est une plage de salde plus ou moins large, cent mètres en

parfois d'une poussière noire avec çà

reste,

i\\\

absolument comparable

de Tamatave à Andovoranto. La disposition du pays

suffi-

'.

Depuis Tamatave

taillis.

relati-

nourriture

gîte et

côte que nous devons suivre, on

la

végétation quoique plus fournie

la

bon

offrent

malaria

décrites,

nique.

que nous suivons une roule

l'océan,

la

débarrasser

la

plus mauvaises conditions possibles.

les

où nous trouvons des villages nombreux qui nous

facile

Le lendemain dans

de passer dans un linge, pour

Nous réunissons

sommes au bord de

cependant, maintenant que nous

et

vement

j'étais obligé

chatne côtière

la

leurs défrichements; tout près de

tracé au milieu des arbres rabougris

esl

disposition qu'affectent

les

lagunes,

nombre

le

considérables, nous en avons compté un grand

et

nombre

depuis Ampanalana jusqu'à Mananara. Cependant, elles ne suivent pas d'une manière presque intercela a lieu dans le sud de Tanialavo et fort loin sur la côte méridionale. Sur celle

rompue comme partie

du

littoral, elles

de chaque ruisseau

constituent, pour ainsi dire, de grands lacs

leur formation déjà décrite

:

aussi régulièrement,

et

les

embouchures des

et

sur

la

les

côte Esl de Madagascar, à

émergences

île

granité

el

de gneiss,

el

d un sabir assez

généralemenl lin,

cl

se

l'embouchure de chaque

à

fait

sur

la

les liions

de

la

lagune avec

des directions nouvelles. Ces déversoirs se tracent

la

suivons.

qiiarlzile. se est

venant 1res près du

A

«lu

sol esl

noire gauche, après

peu variée

les

dernières

monlrenl des micaschistes décomposés

littoral, l'uis

apparaît une bande côtière formée

plus ou moins mêlée de débris végétaux, de coquilles brisées, de

Elle a

précisément

empiète souvent sur

le

à

formation des nombreuses lagunes dont toute

terrain argileux

morceaux de

et le

la

et

des

côte est bordée.

recouvre en certains endroits d'une couche sablonneuse

ssez épaisse.

Ce terrain arénacé a une largeur à

la

el

presque partout recouvert d'une épaisse couche

coraux. Celte bande arénacée, sous l'action des vents, des eaux sauvages, du choc des lames courants, concourt

rivière,

côte où nous nous trouvons

communications de

sables du rivage. La constitution géologique

des scliislcs cristallins. Tout cet ensemble de roches d'argile rougeâtre

à

hauteur où nous

la

connue

fleuves, c'est-à-dire les

l'océan sont sujettes à de fréquents déplacements

péniblement un passage à travers

bien

esl el ouest 1res variable, 'tandis qu'elle

mesure plusieurs kilomètres

l'amatave, elle esl très étroite à Foulpointe, pour devenir très considérable au-dessus d'Ivongo,

tonner

la

totalité

l'argile

ou

les

de

la

el

pointe d'Antsiraka. Les couches sablonneuses reposent en certains points sur

roches inférieures, en d'autres, à l'ouest des premiers, sur des bancs coralliens de forma-

tion récente. Celle

disposition générale est importante à noter pour expliquer la genèse des

telluriques, qui infestent la

zone côtière. Ce terrain sablonneux

est

1res

perméable,

les

miasmes

eaux de pluie

le

1. C'est une remarque curieuse que de constater que la fièvre arrive le plus souvent non quand on est en chemin, niais lorsqu'on a fini une route quelconque, quelle que soit, d'ailleurs sa durée, et que. arrivé au ternie du voyage, on se trouve dans de meilleures conditions de confort et de repos.


VOYAGE A MADAGASCAR.

184

pénètrent facilement ainsi que les eaux saumâtres

lagunes voisines,

îles

et

chargent dans leur

se

descente de tous les principes solubles des éléments organiques qu'elles rencontrent. Mais ces eaux,

une certaine profondeur,

arrivées à

se trouvent arrêtées. Elles rencontrent en effet les parties profondes

complètement imperméables. Là, ces eaux impures se réunissent

argileuses

peuvent s'écouler dans

mer, empêchées

la

qu'elles en sont par les

lits

plus souvent

le

et

ne

plongeant vers l'ouest des

'

couches micaschisteuses. Elles forment alors de véritables marais souterrains éminemment favorables malaria. Je crois pouvoir généraliser cette hypothèse très plausible pour toutes

l'éclosion de la

de Madagascar,

dans

où un terrain perméable

l'intérieur de

l'île,

dont

taillis

j'ai

On marche

clairières.

superposé à une couche compact" 1 argileuse. Cependant

dans des contrées où n'existent que

cher uneexplication différente

Le

est

celle

:

sur un lapis de court gazon

presque tout

grande

la

forêt.

des troncs souvent brûlés

le littoral

On et

Pendant la

et

son

long de

et le

et

et à

grands

filao,

ces arbres que

qui rappellent seuls dans cette

taillis

chaque

la petite rivière

du bord de

la

mer

île,

par leur

faisait partie inté-

grands arbres secs:

instant, des témoins,

et

au bord de

la

mer devien;

le

de Rangazavo, une demi-heure après nous passons au

ensuite un bras de lagune qui forme en cet endroit une

village d'Ifontsy. Cette agglomération

que nous faisons

petit village de 10 cases, c'est Fasendia.

roule est

difficile

que

Nosy-Be

l'on appelle aussi

est

île

sur

impor-

halte.

quittant Ifonlsy, nous traversons la lagune en allant

la

les

défrichements récents des années précédentes.

Nous traversons

Bétafo.

grands bois un

cageux,

mer

la

Ces témoins que nous rencontrons çà

les

mer. puis nous traversons

tante, c'est là

En

souvent coupé de grandes

de bruyères; autour de nous des fougères arbores-

et

de Madagascar,

rencontre toujours,

maximum dans

laquelle est construit

les

faut cher-

première partie de notre étape nous marchons sur une langue de sable entre une lagune

la

hameau de

il

côté de l'ouest et la quantité va sans cesse en augmentant en marchant vers la foret

nombreux du

elle atteint

roche primitive,

la

qui atteignent quelquefois 15 mètres de hauteur, montrent ce que devait

être le pays avant le déboisement.

nent

ou

des marais superficiels.

aspect et leurs formes, nos arbres résineux d'Europe. Ce

grante de

l'argile

parlé plus haut et dans lequel nous cheminons, est

centes, des tanghins, des voavotaka., des citronniers, l'on retrouve sur

à

les côtes

du côté de

Au nord

jusqu'au village d'Ankadirano

;

nous trouvons dans

l'intérieur et

de ce village,

le

pays devient maré-

nous retrouvons une lagune jusqu'à

nous nous arrêtons dans ce village pour y passer la nuit. Le lendemain, après une marche de quelques heures dans une contrée absolumenl analogue, nous arrivons à Foulepoinle, en dialecte

Antetezana

;

antimerina Marofolotra.

Nous sommes

dans un

très

gros village qui a eu son heure de célébrité,

nanl un des centres commerciaux importants de cases, presque toutes isolées les

unes des autres

et

la cê>teEsl.

Celte ville

mesure que

le

nombre des

plus nombreux.

11

et

à

créoles de Maurice et de la

y a autour

du

village

une

Nosy-Be tend à

comprend environ deuxjcents

A

les

et

celle

s'établir

y a surtout de

les côtes

cultivés, des citronniers, des orangers, des bananiers en

de Tamalave,

abandonnée. Le port de Foulepoinle

elle est limitée

dans ces parages

est

beaux manguiers au

au-dessus du vingtième parallèle,

grand nombre.

environs de Foulepoinle, une grande propriété autrefois florissante de

cette propriété est maintenant

d'entourage, assez

côté d'eux, les cocotiers élancés, arbres rares à

Madagascar, car on n'en rencontre que quelques-uns sur

dans

il

mode

se généraliser de plus en plus, à

Réunion qui viennent

très belle végétation,

port majestueux qui sont célèbres dans la contrée.

tous plantés

qui est encore mainle-

placées au milieu d'un enclos palissade; ces clôtures,

appelées par les créoles entourages, limitent aussi quelques champs. Cette

fréquente en pays betsimisaraka, à Sainte-Marie

et

n'est

la

A

noter encore,

princesse Juliette:

qu'une rade foraine analogue

du côté du large par une ceinture de brisants qui

à

laissent entre eux

\. Sur la côte Est, de la baie d'Antongil à Vaingaindrano, la disposition plongeante vers l'ouest des couches inférieures compactes, argUes ou schistes, fait que les indigènes, en creusant peu profondément des puits, trouvent pour leurs besoins de l'eau douce en abondance sur le rivage de la mer. Je n'ai pas besoin d'insister sur les mauvaises qualités de celle eau corrompue.


LE LITTORAL BETSIMISARAKA. une passe d'un accès

La tenue

difficile.

mauvaise,

esl

n'y a pas d'abri.

il

185

Un petit voilier qui va assez même y viennent chercher

régulièrement de Fénérive à Tamatave y louche quelquefois; des vapeurs des bœufs; enfin on trouve dans

commerce

de Tamatave. Le

marmites,

la ville

quelques créoles qui sont des représentants de grandes maisons

principal avec les indigènes consiste en vente de rhum, toile et indienne,

en achat de cuir, rabane, raphia, caoutchouc et

etc., et

Mahavélona ce

l'ouest de Foulcpoinle, se trouve le fort antimerina de

malgré

redoutes qui l'environnent

les petites

que

cl

;

cire.

A

quelques kilomètres à

grande importance

fort n'a pas

pendant

l'on avait construites à la hâté

la

dernière

guerre de 1885.

Nous séjournons encore

mon

suivre de

:

onze

j'ai

hommes malades

me

journée à de

(fifangha

D'après

i.

mes

que

joue au katra,

je

celle après-midi quatre

notes,

il

nous

Foulepointe. Faute de mieux, j'emploie

à

el

cependant

et

j'ai passe''

grandes heures

page

xxxiv,

chapitre

première

la

du jeu de katra dans

description

Flacourt,

convoi;

faire

expérience personnelle que je crois

bonne, car ce n'est pas aujourd'hui fois

mon

me

perfectionner au jeu de katra

Flacourt

mon

d'après

la

sur trente-cinq qui composent

donc bon gré mal gré nous attarder une journée de plus

faut

ma

matériel

jeudi 5 septembre à Foulepointe, j'éprouve une certaine difficulté à

le

cription que de Flacourt donnait

à

le

de

livre

des-

celle

108,

en

vérifier

L661

en

est

tous points exacte, elle est très intéressante,

je

el

ne saurais mieux expliquer le jeu national que ne l'a

autrefois

l'ail

Dauphin;

gouverneur de Fort-

l'ancien

hml pour ne pas

aussi

expliquer plus mal que ficile

du

sa propre description, elle est

ici

«Le Fifangha fruits

si

à

JEU DU KATHA OU PIFAMGBA.

dif-

est

un Ieu

d'esprit qui lient

«'I

illustre

absolument conforme

du [eu de

dame

et

ronds qu'ils nomment bassy, sur une tablette de bois, où

seize servans à

un ioiieur

el seize à l'autre.

marquées

B, sonl les seconds chibon, dont

explorateur de Madagascar, je \ais à la vérité.

du tricquelrac, on iouë avec de certains il

y a trente-deux trous en quatre ràgs,

faul avoir chacun trente-deux bassy

11

A

Les premiers trous ou cases marquez

récréatif.

cases

jeu

le

que pour rendre hommage au premier

katra,

transcrire

m'exposer

devancier

sont les premiers chibon, don!

il

:

y en a quatre. Les

y en a aussi quatre. Celles qui sont

il

ce [eu est assez

marquées D, sont

cases de derrière ou du dehors qui sonl seize.

les «

L'on

avec soixante

ioiie

réservoirs qu'il y a en «

quatre boulettes que

el

une ou deux extrémitez du

L'on garnit premièrement

chibon

:

puis

les

l'on

nomme

bassy, lesquelles

on mel en un ou deux

Ieu, l'on peul ioûer aussi avec des ietlons.

douze cases du milieu de chacun un bassy, avec

les

quatre seconds

premier ioiieur porte un bassy dans une des cases du milieu des deux seconds chibon qui

le

sont de son costé,

prend

et

le

bassy dans

la

case opposite à celle où

il

a placé son bas*;/, et le porte

un des deux premiers chibon, qui sonl de son costé. L'autre ioiieur a un bassy en sa main

et le

un des deux chibon, ou une des quatre cases du milieu, qui sonl de son costé,

bassy de

opposite, et le porte à «

le il

un des deux premiers chibon qui

Le premier ioûeurprend un bassy dans

bassy opposite, et le porte le

en l'opposile

et il

Le second

dégar

ies,

y a un

bassi/,

il

et

prend

le

ioiieur en fait de

vous avez perdu,

le

et le

et le

;

et s'il

y a

un bassy dans

puis en porte une dans

le

dernier qu'il a en sa main dans

porte dans

le

premier chibon

la

case

qu'il a

le chibon opposite,

second chibon, qui la

case qui suit,

est

el si

de garny.

quand les chibon et cases de vostre coslé sonl

mesme de son costé, el mesme à l'opposite, et cela

de

le

place dans une des cases de son costé, et prend

au premier chibon de son costé,

porte un autre dans une case

prend

sonl de son costé.

réservoir et

prend avec ceux qui sont dans son premier chibon

de son costé,

«

le

cl

dans

place dans

s'appelle camou.

24


VOYAGE A MADAGASCAR.

186

L'on ne peut iamais porter de bassy dans une case où

«

on et

de prendre

est obligé

que

les autres cases

:

mais

si les

ou à gauche, comme voudrez dans ;

s'il

c'est

:

la

les bassy qui

la

main, vous

les cases

les

portez aux cases de derrière, et

laissez le dernier bassy, et cela s'appelle Mandre, c'est-à-dire

reste

«

Le jeu

«

et

en garnissez costé-là, et

y en avoil tant en vostre

s'il

L'on peut au lieu de bassy ioùer avec des jetions.

dormir ou se reposer.

est assez récréatif, et s'apprend plus facilement en ioùant

les

dernier bassy

le

au premier chibon suivant, en continuant iusqu'à ce que vous ayez trouvé une case vuide

où vous

que de parole.

»

environs de Foule pointe que je pus voir de près et Lien examiner pour

un tombeau betsimisaraka dont de terre qui affecte

la

la partie essentielle se

compose comme chez

les

la

première

l'ois

Antimcrina d'un tumulus

forme d'une pyramide tronquée à base rectangulaire (deux mètres de long, un

au

mètre de large, soixante centimètres de haut); mais, le

en portez un à droict

de derrière fussent garnies chacune de ceux que vous y auriez mis, vous

le

dans

el

vous estes au premier chibon de ce

si

et

:

porterez

C'est

y sont,

case prochaine, l'autre ensuivant, iusques à ce que

comme vous avez commencé

vous en reste dans

main, que toutes

y a à prendre,

que vous portez un bassy dans une de vos cases

y a un bassy, ou plusieurs dans cette dernière case, vous enlevez encores tout,

une case ensuivant, qu'il

il

cases à l'opposite de celles où vous avez des bassy sont dégarnies,

que vous y avez mis tous

garnies, et vous prenez avec celuy

posé

aussi quand

de vostre adversaire qui ne sont pas opposites à celles qui sont garnies devant

vous, soient garnies, vous faites lors Mamoneatsrha

soit

comme

n'y a rien,

il

tombeau, dans un mur de pierres sèches

et

de

le

lieu

d'enfermer

le

tumulus de

terre qui recouvre

recouvrir de larges dalles de granité, à

Antimerina qui trouvent sur leurs hauts plateaux

et à profusion ces pierres

dont

ils

la

façon des

ont besoin pour

l'entourage et l'ornementation des tombeaux, les Betsimisaraka, eux, n'emploient pour cet usage que le bois, et cela se conçoit aisément,

cachent donc

le

ont peu de pierres clans leur pays couvert de grandes forêts.

tumulus sous des planches mal équarries,

tombeau betsimisaraka et

ils

hauts d'environ

1

el l'entourent

cela est caractéristique

Ils

du

— d'une clôture en pieux plus ou moins gros, mais se touchant les uns les autres,

m. 50 au-dessus du

sol.

Le vendredi 6 septembre, ne pouvant séjourner plus longtemps à Foulepointe, nous prenons nos

hommes

de filanjana

comme

porteurs de bagages et nous nous mettons en route.

Nous nous enfonçons

tout d'abord dans l'ouest à deux kilomètres environ, pour aller reconnaître la batterie antimerina et

Mahavelona. Nous dépassons bientôt

village de

de Marifarihy;

le village

marais qui s'étendent très loin vers l'ouest, à droite

le taillis et la

le

nous avons à gauche des

lagune, plus à droite encore, à deux

kilomètres environ, l'Océan. Continuant notre route, nous arrivons aux embouchures continentes de l'Onibe et du Manonako. La lagune à cet endroit a environ quatre cents mètres de large; nous la traver-

sons sans incidents en pirogues et nous nous rapprochons du bord de la

mer nous nous arrêtons au

village

d'Ambalovato.

la

mer. Enfin, entre

la

lagune

éruptives dont je ramasse de beaux échantillons. Reprenant ensuite notre route, nous traversons un épais formé presque entièrement de ravenala et de grands roseaux.

Avant de traverser au bord de

la

petit village

la rivière

de Farifara

mer. Là, nous quittons

Ambatomalama

;

enfin

et le petit village

le taillis et

suivons

nous arrivons avant

un de nos compatriotes nous offre fort gracieusement M. Courau est un vieux colon de Madagascar, qui réussi

du

reste à les exploiter

voulu nous

faire.

taillis

Nous rencontrons encore des marais.

de Mahasoa, qui est situé sur sa rive gauche

le

rivage de la mer, où nous trouvons un autre

la nuit

au village de Mahambo, où M. Courau,

l'hospitalité.

a

ici

dans de bonnes conditions;

l'accueil bienveillant qu'il a bien

et

y a dans les environs de ce village des roches

Il

d'importantes concessions de forêts qu'il

me

Mahambo, qui

soit

est

permis de

un gros

le

el

remercier

village de plus de

qui a ici

de

deux

cents cases, forme une agglomération encore plus importante (pie celle de Foulepointe. Presque toutes les il

maisons sont alignées sur deux rangs

et

forment une grande avenue N.-S. Les cases sont assez belles

;

y a beaucoup de petits commerçants indigènes, qui vendent principalement du rhum, du belsabetsa, la quincaillerie et de la verroterie. L'élément blanc est représenté

des cotonnades et des indiennes, de

par M. Courau et ses deux employés,

MM. Lecomte

et

Rey, un créole de Maurice et M. Bouhis. M. Bouhis


LE LITTORAL BETSIMISARAKA. est

un ancien quartier-maître de

marine qui

la

depuis quelque trente ans. Je cite ce

Madagascar jour, au

le

pas voulu rentrer en France

n'a

en passant pour montrer

fail

cimetière des Européens, quand, au contraire,

moins dans

Nous passons

le

ses hauts plateaux,

samedi

septembre

7

à

limitant un espace rectangulaire,

le

qui s'est fixé à

et

Mahambo

bien fondé de l'opinion qui

le

de

fait

de Madagascar pourrait former un

l'île

une de nos rares colonies de peuplement.

Mahambo

nous mettons

el

la

environs, où je découvre un nouveau genre de cimetière betsimisaraka,

Nous en avons bien vu d'autres du type

187

ordinaire, entourés tous,

journée à profit pour visiter

me

qui

et

comme

d'une palissade

c'est l'usage,

tombeau. Quelques-uns de ces tombeaux

les

paraît fort intéressant.

surmontés du pays ou de quelques familles riches et bien posées dans la contrée. A côté de ce genre déjà connu, j'en découvre un autre dans un bouquet d'arbres qui couronnent la cime d'un pic isolé. Ce lieu de sépulture n'est plus un tombeau, c'est plutôt un d'un

toit

à

deux pentes égales,

cimetière, car le

ainsi clos sont

ce sont ceux des nobles

cercueils que l'on y rencontre semble indiquer

nombre de

non pas

le<

anciens repré-

sentants d'une seule famille, mais toute une population défunte.

Dans une des autres, tète vers

clairière de ce petit bois sacré,

une soixantai

orientés invariablemenl de façon

el

à

ce que

sud, Ces cercueils en bois massif sonl

le

énorme pièce de

le

cercueils reposent, rangés les uns à côté

cadavre

le

formés de deux parties

le

l'i

:

le

la

fond, est une

huis rectangulaire, creusée de trente-cinq centimètres environ; l'autre partie,

égalemenl formée d'un seul madrier, qui repose sur

vercle, est

pieds tournés vers le nord,

les

ail

le

cou-

massif rectangulaire inférieur en

le

débordant légèrement. La partie supérieure de ce couvercle

es) tantôt

rence de l'arbre que l'on a employé; lantôl au contraire,

bois a été abattu sur les deux angles, pour

le

arrondie.

constituer une arête médiane d'où parlenl deux pentes inclinées. C'est le

centre de

la clairière esl

une

installé

si

nie d'échafaudage sur lequel

forme

la

posé

est

conserve ainsi l'appa-

el

plus fréquente. Vers

la

le

cercueil d'un chef, en

vertu de cel axiome généralement adopté par les tribus malgaches qu'un puissant doit toujours planer

Un chef de

au-dessus des simples mortels.

ces tribus qui viendrait à

dans

Paris logerait

combles,

les

pendant que ses serviteurs habiteraient l'entresol.

Dans

me

cette clairière, je

trouvais en face de ce

misaraka qui osent suivre encore rina ont,

coutumes de

par un contact prolongé avec

cm mues

anciennes

il

quer par un à

les

rai

ils

;

comme

les

Betsi-

Antime-

les

son n ci ne: il plus moderne leurs anciennes superstitions, qui

une observation superficielle

fatalement incomplètes

marcher

leurs aïeux, car les Betsimisaraka

Européens, oublié ou plutôt délaissé une partie de leuren suivent bien encore quelques-unes, mais ils ont soin de se cacher ou d'expli-

el

du peuple madécasse, on ne peut

absolument erronées; pour

el

à ses côtés, lui parler

-raient

|

delà sorte échapper

surtout faite près d'un centre habité par des Européens. Près

endroits, par suite du caractère général

vie,

que j'appellerais un cimetière provisoire des

sans cesse,

el

juger

le

comme

faire il

sur

lui

«le

tels

que des observations

doit l'être,

il

faut vivre de sa

surtoul se garder de ce vernis factice que lui

donne

si

aisément toute influence étrangère. J'ai dit

certain

que ce cimetière

l'avis

la

de tous ceux qui ont

primitifs ont

tous

la

suprême. Je ne sais conclusion

que

de sépulture provisoire;

me

le

la.

notion

s'il

en

écrit

ne sert en

effet

d'un

esl ainsi

l'école

qu'à garder pendant un

famille entouré de la palissade régle-

cercueil contient.

le

sur Madagascar, qui ne faisaient du reste qu'exprimer une fois de

généralité des voyageurs dans les pays sauvages,

Dieu créateur,

peuplades

les

malgaches

chez d'autres peuples primitifs, 'mais chez

paraît peut-être prématurée.

pendant dix ans à

il

tombeau de

putréfaction complète du corps que

plus une opinion émise par

a été

lieu

temps ces cercueils qu'on transporte dans

mentaire, après

De

un

était

11

esl

évident que

des méthodistes anglais,

la

si

on demande

à

savoir que les peuples

à

reconnaissent un Etre

Malgaches une

les

religion de ses pères,

il

esl très

ses souvenirs classiques ne lui permettront pas de raconter fidèlement les traditions

léguées ses aïeux. précise en

En

réalité, si je n'ai

un Dieu créateur,

j'y ai

pas trouvé, chez

les

probable

que

lui

ont

indigènes madécasses, une croyance nette et

toujours trouvé certaines croyances vagues

dégageaient surtout, au milieu de superstitions grossières

telle

un jeune Antimerina qui

et

et

de pratiques bizarres,

confuses, d'où se la

croyance aux


VOYAGE A MADAGASCAR.

188

mauvais

esprits

et le

morts.

culte des

du Malgache,

la religion

lique, mais

qu'il

à se parer,

mais sous lesquels

supérieurs

:

n'abandonne jamais

l'un, esprit

du bien,

siques et auxquelles tout

esprit créateur,

même

génie du bien, ce Zanahary-Be.

On

Zanahary-Be, dont en général

temps que

la

le soleil, etc.

n'en est pas de

Il

un

sacrifient et rendent

nos campagnes craignent place toujours

la

pouvoir

les

les éviter, les

peu

se soucient fort

ils

grands phénomènes de

Le Malgache d'habitude

même pour

;

du mal

à cet esprit

A

feux follets elles revenants.

n'a

aucun

la

pour ce

culte

génie du mal, Angatra, qui préside aux

le

mauvais

culte. L'indigène craint les

croyance aux morts

aime

il

volonté suprême qui dirige les grandes lois phy-

mauvaises choses, aux calamités qui nous frappent. C'est

Malgaches

ou catho-

se dit protestant

il

peut dire que les Malgaches croient à deux esprits

est astreint sans

tonnerre, l'ouragan,

le vent, le

:

;

monde

le

quand

ses nouvelles croyances ne sont que des habits neufs dont

reste tout entier.

il

cet esprit supérieur représente, en

nature

Ces deux idées représentent, d'une manière générale, toute

religion qu'il cache quelquefois, surtout

à ses suppôts

el

comme

esprits,

de celte croyance générale,

cè>lé

que

les

paysans de

les

le

Malgache

qui se rattache toujours d'une façon très étroite à la pre-

mière, car suivant les circonstances, les morts deviennent des bons ou des mauvais esprits, qui font du

mal ou protègent plus spécialement leur

famille, leur peuple, leurs vassaux.

nent ainsi des petits Zanahary ou des petits Angatra

nom

le

et

qui peuvent

Mais ces morts qui devien-

communiquer avec

les vivants

de Lolo, el les favoriser ou leur faire du mal, n'atteignent cet état de perfection qu'après

faction complète des corps qu'ils ont occupés;

il

la

sous

putré-

faut aussi savoir que pendant que celte putréfaction

s'opère, les Lolo ont certains besoins corporels qu'ils ne peuvent satisfaire qu'avec l'assistance des vivants.

Partant donc de ces deux principes, un indigène vient-il à mourir, on

son cercueil;

un

le

corps est enveloppé de nattes

fines,

de riches rabanes, de son

petit oreiller soulève sa tète, le cercueil esl recouvert

occuper. Tous les jours,

qu'il doit

la famille

de l'eau dans des callebasses, et

riz cuit,

du mort

on

retire le cercueil

famille préparé à cet effet. se livre

du

pendant deux ou

belsabetsa,

de

Dans

même du rhum; cela Au bout

trois

la clairière, et

on va

cette circonstance,

et tout cela

porte dans

pour que

lors

le

du décès,

On

la

un coin de

la

du souvenir,

le riz

les plus

sion à laquelle je

place

si le

les-

corps est suffisamment

pompe dans famille

tombeau de

le

du mort

se réunit, et

lue des bœufs, on boit

du rhum,

Du

reste, le

souvenir du Loto

sera sans cesse répété dans les kabary de celle famille;

et

l'on fera brûler

même

en

me

suis laissé entraîner en parlant

temps dans une

petite cassolette les

du cimetière provisoire betsimisaraka, que

sommet de l'éminence sur

le

laquelle

l'explication la plus plausible et la seule exacte d'ailleurs des petits

vus depuis Didy aux environs de petits

la

assiette de

suaves que l'on pourra se procurer. J'ajouterai enfin, pour terminer cette longue digres-

bouquet de bois fady, qui garnit

Ces

du cercueil une

case lui sera consacré, angle du nord-est où l'on placera en son intention, dans les grandes

circonstances,

parfums

nom

de roseaux,

lit

Lolo soit favorable à la famille, qu'il s'en

constitue l'ange gardien et sauvegarde ses intérêts en toutes circonstances. sera ineffaçable, on l'invoquera toujours, son

bois sacré, dans

dure ainsi un mois ou deux pendant de ce temps,

porter en grande

le

comme

le

couché sur un

posé à côté des autres à

toil et

jours à des orgies ininterrompues.

on chante, on danse,

le

est

vient placer à la tête

quels les provisions sont renouvelées chaque semaine. putréfié,

il

la route, et à

bouquets de bois sur

les

le petit

nous nous trouvons, me donne

bouquets de bois analogues que j'avais

proximité des nombreux villages que nous avons traversés.

hauteurs, respectés par

pays forestiers, doivent leur conservation, non pas à un pur

le

effet

défrichement général qui s'attaque aux

du hasard,

ni

à ce que l'on ne veut pas

défricher sur des cimes difficiles à gravir, mais c'est tout simplement pour laisser en dehors des roules suivies et

néanmoins

à proximité des villages, des asiles,

champs de repos pour

les

morls, qu'aucune

visite

profane ne viendra troubler dans leur dernier sommeil. Ces petits bois sacrés où l'on place

les

morts

soit

d'une façon définitive, existent aussi bien chez les Sakalava

«le

d'une façon temporaire,

l'Ouest que chez les Belsimisaraka.

soit

On

lesrelrouve encore chez toutes les

Sud-Ouest, ce qui, conjointement à ce que nous savons sur les

Antimerina, nous

fait

habitants de Madagascar.

croire

que ces bois sacrés ont

été

la

tribus insoumises du Sud

situation des

tombeaux des

1

et

du

azimba (liez

employés généralement autrefois par tous

les


LE LITTORAL BETSIMISARAKA. Le lundi 9 septembre, nous nous décidons enfin

à quitter

Mahambo

189

continuer notre route vers

et à

nord: une petite étape doit nous mener à notre premier arrêt, à Fénérive. En

le

en quatre heures de

effet,

marche nous y arrivons, après avoir longé presque toul le temps le bord de la mer. La ville de Fénérive ou Féonarivoesl L'agglomération la plus importante que nous ayons vue depuis Tamatave. Ce doit être un des centres les plus importants de la cùtc nord-est. Comme Mahambo, la ville se compose presque exclusivement d'une longue rue, de chaque côté de laquelle sont

les maisons, pour la plupart assez y a quelques Européens et surtout quelques créoles qui se livrent au commerce el représentent en majeure partie les grandes maisons de Tamatave. 11 y a aussi beaucoup de petits commerçants indigènes, dans les boutiques desquels les liquides, rhum e! belsabetsa, tiennent la première place. Nous

propres.

Il

sommes

logés chez

le

le

commandant du

nous

me

capitaine des douanes antimerina, où nous

antimerina de Vahimasina, qui

fort

nous

reçoit fort bien, et

fait le

fait

plus sensible plaisir.

Soamianina Ivongo,

sommes

présenter les cadeaux d'usage, du

nous donne aussi une

Il

fort bien,

même temps

en

est

lettre

riz,

puis nous allons voir

gouverneui de

des poules

el

province

la

des [égu

s.

,-,.

;

il

qu

j

de recommandation pour sou collègue de

envoie un courriel- sur notre route, pour

l'aire préparer des gttes dans les que nous devons traverserai des pirogues sur les cours d'ei les lagunes que nous devons franchir. Celte dernière attention nous facilitera singulièrement noire voyage, aussi je l'en remercie chaleureusement. Je retrouve à Fénoarivo, dans celle population betsimisaraka, ce que j'avais déjà

et

s

i

villages

I

trouvé dans différents villages antimerina, des tatouages, peu fréquents, voir encore chez certains individus

pas fréquent,

n'esl

il

et

principalement chez,

nés de

;

généralement sur les avant-bras ou sur

emboîtés

uns dans

les

beaucoup plus rarement,

mais que

femmes. Le tatouage, chez

les

l'on

peut

Malgaches,

les

plus autrefois; celle pratique a été évidemment apportée chez les anciens

l'était

habitants, par des esclaves

cules,

vrai,

est

il

les

Les

la

côte d'Afrique. Ces tatouages exceptionnels se font plus souvenl

le front, el affectent le

autres

tatouages

el

trois

plus

le

V majus-

desquels on aurail effacé l'angle aigu. Quelquefois, mais

représentent

tatouages ne sonl guère plus fréquents chez

forme de

la

les

des dessins plus compliqués.

Malgaches que chez

emploienl pour se tatouer une manière de procédé analogue piqûres d'aiguilles enfoncées profondément dans

le

;

les

le-

dessins désirés par des

derme, puis frottent vigoureusement

saignante, avec une matière noire, tirée des feuilles d'un arbrisseau

les

Européens. Les Betsimisaraka

exécutent

ils

En somme,

nommé

la

Kalamaka,

plaie el

encore

mélangée

avec du charbon de bois.

m

Nous quittons Fénoarivo le mardi septembre, el nous marchons au sortir du village dans une grande plaine inondée, nous frayant péniblement un passage à travers des roseaux élevés cl serrés, puis nous rejoignons le bord de la mer où nous traversons la petite rivière de Antendro. Après celle rivière, de petites falaises d'argile on) remplacé

les levées

sablonneuses,

elles sont

supportées par des assises

friables, des roches micaschisteuses décomposées. Vers dix heures, s nous arrêtons au village de Tampolo. Dans l'après-midi, continuant notre roule, nous passons, près du rivage, la rivière de Manangoro, le grand déversoir du lac Alaotra, puis après une heureuse traversée, nous nous arrêtons pour i

coucher au village d'Ambinany, qui compte une douzaine- de cases. Toul le long de là route nous avons vu les bons effets produits par qu'avait envoyé

commandant de Fénoarivo. Partout aux

le

le

pirogues qui nous faisaient passer rapidement d'un bord à l'autre; dans

nous attendaient. nous

arrêtait

cuit et des

Ils

même

avaient

sur

la

l'ail

courrier qui nous précédai!

bacs, nous trouvions de grandes les villages, les

el

chefs prévenus

préparer leurs plus belles cases, des cadeaux tout prêts étaient

roule, dans les

morceaux de canne. Je

n'ai

hameaux

et

près des cases

isol ;es,

pour nous

el

bonnes

offrir

là,

on

du manioc

donc qu'à remercier Rainizanahœra, gouverneur de Fénoarivo,

de ses bons offices.

Le lendemain, nous faisons route dans de grands sablonneuse couverte de

filao

taillis,

puis,

nous marchons ensuite sur une digue

qui sépare une grande lagune de l'océan. Après avoir traversé un

ruisseau, nous passons au village de

Manarampotsy, puis plus

zaha, an nord duquel nous traversons

la petite

rivière de

loin,

nous traversons

Marokanga, sur

les

le

polit

hameau de Amba-

bords de laquelle je tue


VOYAGE A MADAGASCAR.

190

un gros serpent

caché au fond de noire pirogue, avait

qui,

mais

lection zoologique,

beaucoup de peine

j'ai

traversée avec nous.

fait la

donner

à le

comme

Il

ma

ornera

supplément de charge

col-

un de mes

à

porteurs.

Le serpent

Madagascar

à

me

les contrées, je

suis

un animal absolument

est

même

dans

ma

nombreux dans

dans

voit

caïmans, une haine à mort, après

les tribulations

dans presque toutes

effet,

animal qui mérite quelque

dans un serpent que

et

où nous faisons si

les esprits

enroulés

je le

peux un

jeleurai toujours voué, ainsi qu'aux

ma

Certaines tribus du

Sud

Pour

répulsion.

Mal-

le

et les Betsileo

les lolo tant

en particulier croient que

redoutés, vont se loger après

c'est

complète

la

Manansalrana

village de

L'industrie principale de ce village est la confection des rabanes à plusieurs

halte.

communes

lit,

que

sinon un objet de vénération, du moins un

les tribus, le serpent est

de leurs défunts,

mon

que m'ont causées ces animaux, dans mes précédents

du corps qu'ils occupaient auparavant. Nous arrivons ensuite au

putréfaction

teintes

pitié.

sur

fais toutes les fois

voyages dans l'Amérique équatoriale. Mes porteurs étaient loin de partager

gache en

des pigeons, de l'inno-

et

sont souvent très gros, mais

les cases, et j'en ai surpris plusieurs fois

vue m'est toujours désagréable,

parti à ces reptiles, leur

beaucoup dans toutes

pris

ai

l'île, ils

couverture de voyage. Malgré leur caractère inoffensif, je

mauvais

j'en

assuré par des expériences, sur des poulets

cuité de leurs morsures. Ces reptiles sont assez

peu longs, en général; on en

inoffensif;

sur

depuis Tamatave. mais

côte Est.

la

c'est ici

On

en

fait d'ailleurs

je vois les métiers les

dans tous

les villages

que nous avons traversés

mieux construits

et

le

Madagascar,

et

ce sont des sucs des végé-

personnel

plus

le

nom-

breux.

Les plantes tinctoriales existent en assez grande quantité taux dont les indigènes retirent leurs teintures

On

nuance en

obtient cette

paille

de

riz,

fil

Ces boues sont

ou

soie,

la

de poudre de

tremper pendant plusieurs jours

seule exception.

la

de raphia,

lagune, sur un terrain argileux.

mélangé aux détritus organiques qui forment

la

couche

donne une couleur noire assez solide mais peu intense.

couleur la

fait

les objets à teindre, fibres

dans une boue peu épaisse, prise au fond de

très riches en sulfate de fer qui,

inférieure du marais,

Le rouge,

laissant

à

plus usuelles. La couleur noire

les

la

plus

obtenir par les indigènes, provient d'un mélange de cendres et

difficile à

racine- d'une plante aquatique, le vnhalingo.

On

obtient un autre rouge

moins

vif en

faisant bouillir les feuilles et les fleurs de l'arbuste arongha.

Le bleu

est

produit par l'indigo; les objets macérés dans

la

décoction bouillante de

la [liante

sont

ensuite enfouis sous des cendres chaudes.

Le jaune

En

obtenu par

poudre de

la

le

la

racine du tamolamo (Cureuma longa)

nous passons de

quittant Manansalrana

lage, et

chez

est

une heure après nous traversons

suite la rivière

le village

si

qui coule au nord du

capitaine de la douane, qui tient absolument à nous avoir quelques instants

rares sur cette route

observation

si

Dans tous il

même nom

».

vil-

de Faladrano où nous devons absolument descendre

reux de vous avoir, venez prendre quelque chose dans sont

du

'.

ma

case, cela

Nous ne pouvons qu'accepter

cette

me

fera

:

grand

«

Je serai très heu-

plaisir, les

passants

gracieuse invitation appuyée par une

juste.

les

villages de

quelque importance de

la

côte Est

et

des tribus soumises de

la

côte Ouest,

y a un officier de douanes, chargé par le gouvernement de Tananarive de percevoir les droits de

douanes aux entrées sinécure, mais

ici,

et

à

gues qui apportent du

aux

sorties des marchandises.

Le plus souvent ces fonctions constituent une

cause du voisinage de Sainte-Marie, sel. cl

il

importent dans notre colonie du

se

fait

riz et

quelques mouvements de pirodes bœufs. Quoi qu'il en

modestes, mais peu intègres fonctionnaires perçoivent quelques droits dont

ils

envoient

la

soit,

ces

moitié envi-

1. Chez les Sakalava du Nord et chez les Antankarana, beaucoup d'indigènes fabriquent aussi des rabanes diversesemenl colorées. Leurs couleurs sont au nombre île cinq 1" le rouge, qui est obtenu au moyen île t'écorce du nato (Imbricaria madagascariensis) 2" le bleu, obtenu par une décoction d'indigo Haika; 3" le jaune, par le tamotamo; ï" le vert, parun mélange île ces deux dernières substances; 5°le brun-noir, obtenu par un procédé analogue à eelui employé par les Betsiniisaraka d'ivongo. :

;


LE LITTORAL BETSIMISARAKA.

191

ron au chef de leur province, qui s'empressera de n'en envoyer que quart, à

Tananarive.

bien vivre.

faul

Il

capitaines de douanes

Si

peuplent ainsi

ajoute

l'on

ces

à

nombreux

côtes Madagascar, les non moins nombreux commandants ou colonels qui gouvernenl les villages <lc l'intérieur, on arrive à un chiffre relativement formidable de col Is el de capitaines. C'esl là peut-être le seul poinl de res< j

u

i

semblance entre Madagascar

el

les

<!<•

États-Unis d'Amérique.

les

Après une halte un peu prolongée, nous reprei

s

nuire roule dans les

Depuis ce malin, loin dans l'Ouest, nous voyons émerger de l'océan Indien

\ous traversons, prés d'une lagune dans

Mario.

nous arrivons enfin au village du

Le lendemain jeudi Soamianina, mais taillis

se briser. les taillis

rivage de

le

Il

nous

va

Il

faut,

esl

qu'une petite étape pour atteindre Ivongo ou

au milieu de l'écume blanche de

plage.

la

:

que

mer

laisse à découvert.

rocher surplombant

la

A

la lame, sauter c'est

Heureusement

el

il

nous

il

de l'un à

l'autre.

n'y a

précède dans

Ivongo

est

s appelle plus

le

une

esl fort

profonde;

;

elle a 17

un

village

les

ma

caravane,

belsiniisaraka.

Le

l'uis,

fort

communément Somianina. Ivongo

plupart des cases,

le fort

ma

vient à

Ilot

se

sont

sablonneux

esl

il

dominé lui-même par une autre

deux, qu'une toute petite corniche que je

l'ois

à

ce que j'appelle

continuant sur

la

anlimerina que

est situé à

antimerina

et la

tribu

500 mètres de

maison du gouverneur.

la

fort difficile el péril-

on trouve par

la forêt

route delà corniche. Je

place, nous arrivons à midi à Ivongo.

la

on y cultive de beaux cocotiers. La plupart des maisons sont neuves. la

les flots

profiler d'un petit

centimètres de large. Le passage est

piste frayée el préférable cent

sentier le reste de

Ilot,

Vers huit heures,

maintenant mer basse,

leux; Maistre et quelques porteurs l'ont déjà franchi, lorsque, en cherchant bien, les éboulis,

le

pour peu de temps, une lagune el un marais

c'esl

pour tout passage, entre

mesure en explorateur consciencieux

contournant

bon gré

faul

di\ heures, nous nous heurtons à une grosse difficulté. C'est un gros

mer, qui à cet endroit

roche inclinée eu avant,

bambous,

i\'-

el

tout en saulanl de rocher en rocher, nous pouvons cà et

et

Manankatafana

petite rivière de

rencontrons souvenl des rochers, sur lesquels

j

deviennent moins épais; nous y cuirons, mais

retirés la

à l'aire

des fourrés de piaules épineuses

nous obligent, encore de suivre

la

mauvais. Nous no pouvons nous enfoncer vers l'intérieur dans dos

mer, mais nous

la

laquelle elle se jette,

mer

la

côtes basses de Sainte

où nous allons coucher.

septembre, nous n'avons

chemin

le

impénétrables.

gré suivre

1-2

même nom

du bord de

taillis

1rs

Un

la

conquérante

plage, sur

un

a bâti à côté,

sol

sablonneux,

incendie tout récent y a détruit


VOYAGE A MADAGASCAR.

192

Le commandant,

à qui j'ai

de Fénoarivo, nous a

fait

envoyer avec nos salutations

l'ait

préparer

maison du chef du

la

gascar, des chaises, une table et un plancher; de plus,

du gouverneur de Tamalave

les lettres

village

commandant nous

le

et

où nous trouvons, luxe rare à Madaattend à quatre heures,

il

sera heureux de nous voir.

A

nous nous rendons au

l'heure dite,

comme

à Tamatave, à Foule pointe, à

Mahambo, ou

Un

aide de

camp

circulaire en terre

ou en béton,

à Fénérive; mais une double enceinte de pieux

à l'intérieur, des cases des officiers groupées autour de la

construire récemment.

une batterie

flova; ce n'est pas

grande maison que

le

gouverneur vient de

qui était venu nous chercher nous introduit,

nous attendait dans une case de réception entouré de tous ses

officiers.

Il

est

le

et,

faire

gouverneur

vêtu d'une tunique avec

broderie d'or, et d'un pantalon à larges bandes d'argent, un chapeau à haute forme couvre son chef.

Nous prenons place autour de gouverneurs

la table, et

pour Mandrilsara en

et

causons en amis.

particulier, ce qui

mode, encore d'importation européenne, qui quittons bons amis

',

grand

fait

demande

remercier, lorsqu'il

le

et j'opère

plaisir.

me demande

qu'il

pour

Après avoir

les autres

sacrifié à

variés,

une

nous nous

veut donner demain en notre

de faire sa photographie. J'accède

lorsque ses préparatifs sont terminés

:

il

a revêtu sa plus belle tenue

trône au milieu d'une sorte de reposoir qu'il vient de faire à la hâte, pour que

et

lettres

un certain nombre d'apéritifs

emportant une invitation pour un grand dîner

honneur. Je ne sais comment volontiers à sa

me

est de boire

nous donnera des

Il

le

décor

soit

digne du

sujet.

Le lendemain, vers cinq heures

et

demie, un aide de

camp

vient

nous chercher pour dîner; nous

l'at-

tendions du reste depuis une heure et demie, mais ce léger retard est absolument réglementaire chez les

Antimerina. Avant

le

me demande

repas, le gouverneur

de

la

quinine, dont je lui donne généreuse-

ment plusieurs doses.

Comme

invétérées;

que ces fonctionnaires retournent de temps en temps dans leur pays d'origine,

il

faudrait

mais cela leur effet,

il

presque tous ses collègues de

la côte,

il

souffre cruellement de fièvres

avant un certain nombre d'années. Pour quitter leur

est impossible

leur faudrait payer au premier ministre une grosse

somme

commandement en

d'argent, aussi reculent-ils presque

tous devant cette dépense, aimant mieux garder pour leurs vieux jours l'argent qu'ils prélèvent sur leurs administrés. Vers six heures, plats, rôtis

pour

la

plupart, de

le

repas

bœuf ou de

commence,

volaille.

rompu

le

repas, des toasts

à ce genre d'exercice.

commencent,

Pour terminer

il

la

est

interminable. C'est une succession de

Les boissons sont à l'avenant, mais dans un ordre

tout à fait bizarre, et au vin rouge, au vin blanc et au

Picon. Après

il

Champagne succèdent

m'y faut répondre de

mon

les

absinthes

et les

amers

mieux, mais je suis déjà

soirée nous assistons à des danses variées, et nous

entendons des chœurs qui psalmodient surtout des cantiques appris au temple des missionnaires protestants.

On

a

commencé par

les

danses du pays, ce sont

les

plus intéressantes, puis les officiers et les

femmes nobles du pays ont exécuté nos pas européens, où on peut reconnaître nos principales danses sans en excepter même le menuet de nos pères. L'effet en est burlesque. L'orchestre se> compose de deux tambours, une grosse caisse mais

le

et

un accordéon. Enfin, à onze heures, nous pouvons prendre congé,

gouverneur veut à toutes forces nous

grand'peur,

et

par une partie de

la

faire

reconduire à notre case par

la

musique, dont

j'ai

garnison, qui est beaucoup moins à craindre. Rentrés chez nous,

nous avons beaucoup de peine à nous débarrasser de

nous donner une aubade pendant une partie de

la

musique dont

le

chef lient énergiquemenl à

la nuit.

Le lendemain, samedi 14 septembre, nous arrivons à Antsiraka. Ce

village de 40 cases est construit

mode des

apéritifs fortement enracinée dans les pays tropicaux est fort préjudiciable à la santé. On ne peut aucune promenade aux heures fraîches de la journée, de 5 heures à ~ heures du soir, sans que la personne chez laquelle vous vous arrêtez ne se croie obligée de vous offrir des apéritifs. En refusant, on la désoblige beaucoup, car celte mauvaise habitude est complètement passée dans les mœurs. Beaucoup de colons en abusent, et pour un grand nombre d'Européens les apéritifs sont une cause très réelle de maladie, dont on attribue les causes bien entendu au climat, au soleil, à la mauvaise qualité de l'eau dont on n'abuse jamais on en use a peine. On se garde bien de parler des boissons alcooliques, surtout prises avant les repas, et dans beaucoup de cas ce sont les 1.

faire

Cette

aucune

visite,

:

seules coupables.


LE LITTORAL BETSIMISARAKA.

193

à l'extrémité de la Pointe-à-Larrée. Ce promontoire sablonneux est le point de l'île de Madagascar le plus rapproché de notre colonie de Sainte-Marie, aussi beaucoup d'indigènes, sujets français, viennent-ils s'y réfugier. J'ai remarqué du reste, dans mon voyage le long de la côte est de Madagascar, le grand nombre d'indigènes de Sainte-Marie qui viennent s'établir sur la grande terre. Actuellement, notre

colonie se dépeuple au profit de Madagascar.

impôts dont

Nos

sujets quittent en foule Sainte-Marie,

ils

fuient les

sont écrasés dans notre colonie, et redoutent avec raison nos lois françaises qui ne sont pas faites pour eux et qu'on leur applique brutalement. Nous restons deux jours à visiter la Pointe-àLarrée.

Ce

clairières.

ils

qu'une longue bande de sable sans aucune éminence, couverte de taillis aux nombreuses Ces espaces dénudés sont transformés en marais pendant la saison des pluies. Sur la Pointen'est

à-Larrée, l'eau se trouve partout, et à peu de profondeur, mais elle est légèrement saumâtre.

Le mardi

17 septembre,

une

petite étape

nous conduit à Fandrarazana, où nous passons une

assez importante, puis nous arrivons, après avoir contourné

Manompa où nous nous

cl

arrêtons. Le port de Tintingue, bien

dépassé

le

rivière

port Tintingue, au village de

connu par

les

anciens navigateurs de

Madagascar, est avec Fort-Dauphin un des deux ports vraiment dignes de ce nom que l'on rencontre sur la côte est de Madagascar. Malheureusement ce port est d'un accès difficile, cl les anciens vaisseaux à voiles qui fréquentaient ces parages

manœuvres

d'ancres, longues

cl

dans

le siècle

dernier, n'y pouvaient venir mouiller qu'après des

difficiles.

Le mercredi 18 septembre, qous rencontrons pendanl notre étape du malin les mêmes difficultés de marche au bord de la mer cl sur le flanc des falaises que relies que non- avions trouvées il y a huit jours avanl d'arriver à [vongo. Vers

le milieu du jour, nous nous arrêtons au petit village d'Anoun ruisseau de peu d'importance qui porte le même nom, puis nous nous arrê-

nibe, après avoir traversé

tons dans

la soirée au village de Manambato. Le jeudi 19 septembre, nous continuons le long du au nord du village de Lapilava, dans les palétuviers.

En

littoral,

où nous marchons pour

général, depuis que nous avons quitté Tamatave, non- avons toujours

la

première

marché au bord

île la

fois.

mer

sur de belles plages de sable, d'où on voyail émerger quelquefois à marée basse quelques récifs coralliens;

depuis

port de Tintingue,

On

ne

voil q

dont

la

côte

plages. toires

le

le

les galets cl

littoral

de L'Océan

de gros entable

a

changé d'aspect,

il

n'y a plus de ces belles

ni- rocheux qui fortnenl lou- les petits

promon-

existe au large

.le

nombreux

coraux. De plus, à mesure que nous montons vers

le

nord, surtout en approchant du cap Bellones, que

<'sl

hérissée.

nous voyons devant nous,

les

Il

montagnes sont

brisants, en dehors

.le

la

ceinture de-

rapprochées de la côte. Ce sont les premiers contrede cette chaîne qui forment en s'inclinanl vers l'est tous ces petits promontoires que nous rencontrons à chaque instant. La forêt vient maintenant jusqu'au bord de la mer, plus au sud elle ne commençait que bien loin dans l'ouest, et le long de la côte il n y avait que des taillis et des clairières; ici 1res

forts

grands arbres couronnent les petites falaises rocheuses. Dans celle forêt, les ravenala dominent, et sur l'un d'entre eux, particulièrement élevé, je suis assez heureux pour hier un beau babakoto que je me propose d'empailler à noire prochain arrêt. Ce lémurien, sans queue, el qui appartient à la plus

les

grande espèce de Madagascar, mesure

I m. 10 de haut. Un des mes porteurs antimerina s'en charge nous reprenons notre route. Nous n'étions plus qu'à quelques centaines de mètres de Sahasoa, misérable village betsimisaraka d'une dizaine de cases, lorsque nous voyons venir vers nous en poussant de grands cris une vingtaine d'indigènes. Ils nous interpellent violemment, nos

sans trop de répugnance

et

porteurs s'arrêtent, un grand kabary se prépare. Les Betsimisaraka nous accusent d'avoir tué un de leurs grands-pères dans la forêt nous discutons, ils m'exposent leur théorie. Ce sont tout simplement des disciples convaincus de Lamarck et de Darwin, ces indigènes sont transformistes. La conversation est ;

des plus intéressantes. eux, Koto,

le

Ils

me comptent

premier betsimisaraka

bien entendu

el le

la

légende du babakoto [baba, père koto, koto). D'après

père de toute

:

la tribu, était

grand amateur de miel; un jour,

emporté par l'ardeur de la chasse de son mets favori, il était monté si haut sur un géant de la forêt pour s'emparer d'un essaim d'abeilles, qu'il se trouva, une fois possesseur du miel convoité, dans l'im-


VOYAGE

194 possibilité de descendre.

côté de

un singe bon enfant en eut

du

même

singe, descendit par le

chemin.

époque on appelle ces singes, particuliers à Madagascar,

cette

soit, faisant valoir

dépouiller

A

était fort perplexe, lorsque

Il

le

les

mon

surtout

ignorance,

me

indigènes ne

me

la

me

antimerina

fiction

les

semblerait

autres tribus de

la

beauté

si,

nous, Occidentaux, chez les races humaines, pour tous les autres caractères,

gens

les

moi,

et bien à tort selon

Belsimisaraka et

comme

même

les

mais ont encore

en général, leurs

ils

une

sujet

fallait choisir

que nous

telle

et soli-

proches parents.

si

l'île,

me

s'il

plus probable, car

la

physiques sont plus réguliers et se rapprochent un peu plus de

coup plus du babakoto que

leurs

babakoto, se place bien entendu sur le

le

voulu s'emparer de leurs anciennes traditions. Cependant, dans ce dernier cas,

deux légendes,

un endroit écarté

livrer à celle opération,

main sacrilège sur un de

verraient pas porter une

côté de la légende belsimisaraka, sur

raconta son aventure, et depuis

Il

père de Koto, babakoto. Quoi qu'il en

le

kabary s'apaisa, je dus promettre cependant de ne pas

le

babakoto au village et de choisir pour

légende antimerina. Ceux-ci ont tenté non seulement d'asservir

les

plaçant à

pitié, et se

descendit jusqu'au sol en sautant de branche en branche. Le Belsimisaraka Koto, mettant

lui,

à profit les enseignements

taire

MADAGASCAR.

A

la

entre traits

comprenons,

se rapprochent beau-

Sakalaves en particulier, représentés par beaucoup de

inférieurs à la race antimerina

j'estime que c'est absolument le

:

contraire qui est vrai.

Les Antimerina, dans leur orgueil sans limite, ont un mépris absolu pour tant,

pourquoi. Lorsque Dieu eut créé

les appellent babakoto, et voici

ils

leur dit de choisir sur la terre les contrées dont sirent l'Afrique

au Sud,

Arabes au Nord,

les

les

le

El à chaque ins-

les noirs.

grandes races des hommes,

les

climat leur conviendrait

mieux. Les Makoas

le

'

il

choi-

blancs se fixèrent en Europe et les Antimerina, au centre

de Madagascar. Lorsque ces peuples furent installés dans leurs domaines, les Antimerina s'aperçurent

que

centre de Madagascar leur convenait parfaitement

si le

du

côtes et

littoral, là ils

ne pouvaient descendre,

il

comme

climat,

il

hommes

leur fallait des

après une longue discussion, résolurent d'expédier à Dieu un envoyé pour

ambassadeur

se rendit

donc auprès du Zanahary, mais

occupé à créer tous

fort

revint sur ce premier

fut

n'en était pas de

spéciaux.

mouvement d'impatience qui

mal reçu parce que à

allait

mais content de son

travail.

trancha

la

queue,

de Madagascar ajoute

la

».

légende

excellente idée,

il

et le

Pour :

montrant à l'ambassadeur antimerina les

lorsque

Antimerina, le

ils

le

il

touchèrent, Il

et

semblait fatigué

résolut de lui

il

En

un Malgache,

faire

maintenant encore

lui

voici la preuve, satisfait

les

de son

esclaves et les

soupir guttural ouch! oucli! lorsqu'ils déposent

sont chargés, ou qu'ils sont arrivés après bien des efforts au

donner

Voilà celui qui habitera les côtes

«

dit venait d'être créé.

Zanahary eut trouvé ce singe pour en

même

:

et

et

singe qu'il venait de créer,

prit le

ajouta

Malgache proprement

poussa un soupir de satisfaction, ouch! ouch!

porteurs des Antimerina poussent ce

dont

le

un supplément de besogne.

était

Cependant Dieu

chasser de sa présence l'importun

lui faire

Les supplications de l'Anlimerina

kabary,

époque Dieu

cette

la terre.

ambassadeur des Antimerina. Le Zanahary venait de fabriquer justement un singe satisfaction, sans pourtant se créer

Ils firent

des

exposer leur désir. Cet

lui

d'animaux qui devaient peupler

les différents types

même

le

fardeau

sommet d'une montée ardue

et

difficile.

Ainsi disent les Antimerina pour se

moquer des

Le vendredi 20 septembre, notre étape plus mouvementée. Nous traversons dans tons au village de Morona, construit sur l'horizon au nord-est, se profile

le

se fait la

le

autres Malgaches.

encore en majeure partie dans

matinée

la rivière

de Menatany,

cap Bellones; nous sommes

cap Masoala, qui, avec

l'entrée de la baie d'Antongil. Celle baie, véritable

mer

le

ici

et

la forêt, la le

soir

contrée

est

nous nous arrê-

dans une contrée rocheuse.

A

cap Bellones sur lequel nous sommes, forme

intérieure, constitue

une exception sur

cette

côte est de Madagascar, qui du cap Sainte-Marie au cap d'Anibe présente une courbe parfaitement régulière.

Demain nous serons

à

Mananara,

le

point le plus septentrional

que nous devons atteindre sur

cette côte de Madagascar. I.

eux;

les Malgaches, le Makoa désigne le noir africain et principalement englobent sous cette dénomination tous les Africains on général.

Pour ils

les

Moçambiques, esclaves importes chez


LE LITTORAL BETSIMISARAKA. Le

village de

Mananara, où nous sommes arrivés enfin ce samedi 21 septembre,

compte plus de cent

cases,

côte depuis noire départ

comme

un

comme

dans toutes

d'ailleurs

fort et

un

la

mer,

tirer

mais

ville,

et ils

effet,

à quelques kilomètres de ce gros

anciennes agglomérations indigènes, mais s'établir

les

Dftl

I

v

i

-

i

mi

-

à

côté

et

sont

y fonder

et

IHASOA.

Partout on retrouve cette dispo-

plus générale encore dans les régions littorales. D'abord les Antimerina n'aiment pas

n'ont pas tout à

de leur isolement

cl

plus, sachant leurs villes

tort,

l'ail

leur assurer

car c'est une route ouverte pour les étrangers, qui voudraient les

une meilleure existence, ce dont

les

du rivage trop accessibles aux forces ennemies,

chefs ne se soucient guère.

ils

De

ont organisé ce semblant de

résistance à quelques lieues en arrière. Mais au point de vue militaire, ces forts n'exislenl pas, et au delà n'y a nulle résistance,

on ne trouverai! que

les

obstacles naturels avec lesquels

il

faut

pousse

Antimerina à

les

villages de soldats, auxquels

ils

bien marquer leurs propriétés

entretenir eoùleusemenl ce

donnent des noms pompeux,

el qu'ils veulent aussi

bien maîtres incontestés de toute

l'île

Dès mon arrivée

à

Mananara,

j'avais

et l'ail

la

seule

qu'ils appellent des postes militaires, des et

surtout très longs

:

c'est qu'ils

veulent

indiquer aux populations européennes qu'ils sont

de Madagascar, que l'on puisse

noms antimerina, peuplés d'Antimerina,

il

compter sans doute,

mais qui sont bien loin d'être infranchissables. Ces raisons son! plausibles, sinon véritables, mais réelle qui

il

dans toute celle province belsimisaraka,

qui dans leur pensée devait absorber l'ancienne.

elle est

important,

autres tribus soumises aux Antimerina, ceux-ci ont construit

I

une nouvelle

En

village antimerina.

les

venus se grouper non pas dans

est assez

toutes les agglomérations importantes que nous avons vues sur la

deTamatave. Dans ce pays des Belsimisaraka,

village, s'élèvenl

sition,

195

llolle le pavillon

envoyer au

fort

de

la

lire

partout sur

la

carte de

l'île,

des

reine de Tananarive.

antimerina,

nommé Vohizanaharv

ou Soavi-


,

VOYAGE A MADAGASCAR.

196 narivo, où habite

mandants du Sud pour

la

je lui annonçai

et

province, les lettres que m'avaient données pour lui les autres

ma

marche

compagnon de

me

Il

lui

comdemandant un guide pour l'ouest

une

route. Justement

mon compagnon

une sorte de

de voyage

fièvre bi-quotidienne,

en filanjana est très douloureux. Maistre ne peut donc con-

vois dans la triste nécessité de

est ici en partance

Tamatave,

lendemain, en

a des accès très fréquents, c'est

lui est impossible, et le transport

tinuer son voyage, et je

dernier

le

23 septembre, je reste à Mananara ou Manahara', pour soigner

et le

qui est gravement atteint de la malaria. la

pour

visite

de Mandritsara.

la ville

Le 22

gouverneur de

le

me

priver,

pour un temps

je l'espère,

petite goélette, la Dorade, qui appartient à

pour ce port du Sud,

elle fera voile

mon

de

M. Dupuis, de

dès qu'elle aura complété son charge-

ment. J'accepte pour Maistre, un passage que M. Hocard, agent de M. Dupuis, m'offre fort gracieusement. Maistre s'embarquera donc à bord aussitôt que

débarquera à Tamatave, où

Il

il

le

violent accès dont

trouvera tous les soins et

où j'espère

après sa guérison remonter à Tananarive

le

il

souffre sera

un peu calmé.

confortable qu'exige son état,

et

il

pourra

rejoindre dans quelques mois.

le

Le mardi 24 septembre, après avoir fait transporter Maistre et ses bagages à bord de la goélette, je me mets en route pour Soavinarivo où le gouverneur m'attendait. Le trajet de Mananara à Soavinarivo est assez court,

il

embouchures;

c'est la

rive o-auche, où, sur

demain et

voir

j'allai

La

s'effectue en pirogue.

un monticule,

le

Mananara, déverse ses eaux à l'Océan par deux et

nous accostons bientôt

s'élève le village antimerina de Soavinarivo

gouverneur. L'entrevue fut très cordiale,

le

un guide pour me

rivière,

bouche méridionale que nous suivons,

zone forestière

faire traverser la

littorale.

et j'obtins

Dans

le

point de la

ou Yohizanahary. Le

len-

des lettres pour Mandritsara

deux

l'après-midi j'apprenais par

de mes hommes, envoyés à Mananara pour prendre des nouvelles de Maistre, que mon compagnon allait un peu mieux, et s'était embarqué dans d'excellentes conditions à bord de la goélette la Dorade, qui, profilant d'un vent favorable, avait levé l'ancre hier soir à cinq heures et était partie

Soavinarivo est un village beaucoup moins grand que Mananara,

avec leurs familles, n'y font

champs de manioc La

me

ils

les soldats

antimerina qui l'habitent

se contentent de cultiver les

quelques rizières

et les

nécessaires à leur subsistance.

paraît longue.

Comme

dans

la

dernière partie de

mon voyage

en Imerina, je suis seul,

et

encore devant moi pas mal de kilomètres à parcourir je voudrais, du point où je suis, franchir encore

j'ai

:

une de

soirée

aucun commerce;

pour Tamatave.

fois la

l'est

ligne de partage des eaux, et marchant toujours vers l'occident, traverser

l'île

de Madagascar

à l'ouest. Puis lorsque je serai à Majunga, je reviendrai à Tananarive, en remontant

Betsiboka

de son principal affluent l'Ikopa. Je ne

et

me

surtout celles qui m'attendent de Mananara à Majunga.

11

dissimule pas les difficultés d'un

le

cours du

tel

voyage,

y a dans celle contrée, surtout à l'ouest de

Mandritsara, au sud du pays des Antankara, des bandes armées, des fahavalo, qui s'organisent dans le bassin du Betsiboka, le pays par excellence des fahavalo à Madagascar, et viennent, montant au nord, s'établir sur les rives

du Mahajamba

et

de

les territoires

insoumis du nord-ouest et

dévastée qu'il

me

la

les

Sophia,

prennent alors ce malheureux pays situé entre

provinces soumises de

faudra traverser en quittant

lava proprement dit

ils

le territoire

la

baie d'Anlongil. C'est cette zone

betsimisaraka pour entrer dans

le

pays saka-

2 .

Appellation moins usitée que la première. D'une manière générale on a mal représenté, dans les livres et rlans les relations de voyage, le rôle joué par les fahavalo, ces pirates de Madagascar. Sans doute, on n'a pas voulu diminuer le prestige des Antimerina en disant tout simplement Ja vérité. On n'a pas voulu dire que ces fameux fahavalo n'étaient tout simplement que des indigènes appartenant aux tribus insoumises aux Antimerina et qui par une guerre d'embuscade, par des razzias fréquentes sur les confins des territoires soumis, venaient protester à leur façon contre les empiétements des Antimerina. Je sais bien que tout fahavalo n'est pas nécessairement Sakalava, Bara ou Antaisaka; à côté de ces représentants des tribus insoumises viennent se grouper des gens sans aveu de toutes les tribus, des Antimerina même, soldats déserteurs, des esclaves fugitifs qui sont attirés par l'appât du pillage. Il n'en est pas moins vrai que les fahavalo ne sont pas du tout, comme on s'est plu à le dire, de vulgaires voleurs. Ce sont surtout des tribus rebelles qui font la guerre aux Antimerina. 1.

2.

Ils pillent, ils

comme

mais ne le feront jamais autant que les Antimerina. Si on a dépeint les fahavalo surtout en vue d'un protectorat futur. On voulait représenter le gouvernement

volent, cela est certain,

de vulgaires voleurs,

c'était


LE LITTORAL BETSIMISARAKA. mon

Le jeudi 26 septembre,

du jour,

lever

convoi est prêt pour

En

je quitte Soavinarivo.

sortant

le

du

voyage de

197

guides sont arrivés, et au

l'ouest, les

nous faisons immédiatement route à l'ouest en quelques minutes nous arrivons au bord du Mananara, près d'un gué que nous devons franchir. De l'autre côté de la rivière noire roule jusqu'à Mandritsara aura une direction générale O.-N.-O. Le Manavillage,

et

nara en cet endroit mesure plus

île

nous retrouvons exactement

même

cent mètres de largeur, nous

passons en pirogues. Sur l'autre rive

le

contrée que nous avons déjà traversée de Fito à Ivondrona. Ce sont toujours des petits mamelons arrondis, placés à côté les uns des autres, et sans aucun ordre, sans la

aucune orientation; herbes, et tout

le

le fruit

(Amonum

la végétation est aussi la même, nous marchons dans de petits taillis; dans de grandes plus souvent, au milieu des longoza, roseaux à larges feuilles dont les tiges mâchées et sur-

rouge rappellent, à

deviennent plus grands

taillis

s'y

Danielli) sont souvent

sommes dans

région limitrophe de

la forêt,

les

de ce hngoza

feuilles

indigènes en guise de cuillères. Vers dix heures, les

les

plus épais, nous voici maintenant dans l'ancienne zone forestière, nous

cl

Nous marchons dans

défrichements.

les

méprendre, l'écorce fraîche du cannelier;

employées par

entre Filo

les rizières, puis

Ivondrona. Pour que

et

dans

les longoza, c'est

ressemblance

la

bien

la

plus complète

soil

encore, une pluie assez forle vient nous assaillir.

Ce

n'est

pas sans quelques inquiétudes que j'envisage

Allons-nous retrouver sur cette roule toutes tave? Allons-nous

recommencer encore une

zone forestière de

l'est? Pourtant ici j'ai confiance,

ments que tout ce qui

j'ai pris, je

me

fait

trouverai des villages sur

le

ne devait pas être déçu. droite

Masoala

el

la

A onze

dans d'aussi mauvaises conditions, die doit être moins large

la

roule, enfin, d'après ce

la

Tama-

à

traversée de

à

Àndongo,

taillis

de ravenala.

dans

le

nous

la

vu

j'ai

hier, et c'esl sur-

ligne de faîte, qui à

Nous traversons

village, c'est

la

cases, construit

forêt.

ensuite une

Ambodiampambe,

sur une colline

à l'horizon se profilent

grande

l'est

spoir

Sahavv. petite rivière affluent de

le

village de quinze

c'est

la

d'après tous les renseigne-

:

que

chaîne de partage de- eaux,

de granité. Derrière nous l'Océan; bien loin

nous trouvons un autre

colossal qui a poussé

parcourir pour gagner Mandritsara.

à

que nous avons rencontrées de Didy

heures, après avoir traversé à une

presqu'île d'Antongil; devant

sommes dans un laquelle

cl

la

chemin

versant occidental du versanl oriental, ne doil pas être très élevée. M<

du Mananara, nous passons

rocheuse de gneiss

fois, el

bien augurer de l'avenir,

de Mandritsara sépare

le

les difficultés

En

petite

quittant rivière

village qui doil son

voisinage. Cet arbre, qui se trouve à droite de

la

encore

cap

le

Andongo. nous

sur

nom

les

à

bords

de

un ampan

roule, avant d'arriver

aux

premières cases est vraiment très gros.

Le vendredi 27 septembre, nous continuons notre roule, toujours dan- le- longoza. Chose extraordinous jouissons d'une belle journée. Depuis notre dépari de Mananara, nous nous sommes toujours

naire,

un pic aigu el d'aspect 1res remarquable, qui se voit dans le lointain, c'est le Manevarivo. Le nous sommes au pied de ce mont au village d'Amhodimanevarivo avant d'entrer dans ce village nous avons traversé une rivière assez grosse, assez considérable qui va se jeter dans la baie d'Antongil dirigés sur oir,

:

au nord du Mananara, au sud du Manambolosv.

Le samedi 28 septembre, nous continuons noire roule vers contrée des défrichements

et

l'ouest.

Nous sommes toujours dans

la

des longoza; les ravenala deviennent plus rares, en revanche nous voyons

beaucoup de bouquets de raphia. Nous nous arrêtons vers midi à un petit hameau Andasibe. Là, j'assiste à un spectacle très étrange c'est une véritable attaque du village par un nombre considérable de :

:

rats, les

habitants luttent vaillamment. Mes porteurs

nous décidons de lent

la victoire.

Le

rat,

comme

et

moi, nous leur apportons un précieux renfort,

la souris, est

un véritable

fléau

dans ce pays où rien ne vient s'opposer à leur développement. Partout

mettre les graines

et les fruits

aussi bien des côtes

que de

dont

ils

l'intérieur

pour Madagascar; les

à riz.

Dans chaque

Dans presque toutes

antimerina seul, et admis sans conteste par tous à Madagascar. On voulait aussi en faire les autres tribus comme un ramassis de voleurs et de pillards.

montrer

et

pullu-

indigènes ont cherché à

se nourrissent à l'abri de leurs déprédations.

on construit des greniers

ils

le

village

les cases

on

défenseur de l'ordre et


VOYAGE A MADAGASCAR.

198

suspend,

un

à

en bois, façonné d'une manière spéciale,

plat

de ces rongeurs. Ces greniers à construits tous sur un le sol,

mode du

les rats

sol,

Qu'on

mais

ils

du poteau

eux un obstacle infranchissable. Dans

il

l'on veut conserver.

que

même

pourra

se

promener sur

la

Dans ce

le

du

reste

ils

la

un des grands moyens que

se défient toujours

du blanc, on ne

les croient du moins toujours telles

est tout

le

elles

long

:

qui

les plats

simplement ce

même

une poutre du

de maïs, les racines de manioc ou tout

il

fatigués,

toit,

par

corde,

la

ne pourra en dépasser les bords

maïs succulent

pourtant

qu'il voit

si

près de

et

lui.

sont surtout découragés par

ils

ils

me

le

suivront partout pour ne pas perdre leurs créances.

les

si elles

en particulier à Madagascar

et

empêcher de l'abandonner, éventualité

mêmes dans

le

grave, échecs

si

dépassent

le

taux normal de leur salaire.

si

pays tropicaux,

les

décide pas à nous suivre par des promesses fallacieuses,

ils

comptent peu

Ils

sommes extraordinaires, qu'on leur donnera à l'arrivée si elles sont trop fortes, blanc se moque d'eux, si elles sont trop faibles ils n'acceptent pas, mais si au contraire,

sur les cadeaux, sur les ils

difficulté le

Ces surfaces concaves sont pour

loin.

voyageur doit employer partout

le

se rendre maître de ses porteurs, et les

pensent que

moindre

au moins à deux mètres au-dessus

fréquents de toutes les explorations. Les noirs sont à peu près tous les ils

Comme chacun

se trouvent arrêtés fatalement

les épis

mes hommes sont

plus fort puisque je leur dois de l'argent, et

pour

dent

leur reste à parcourir pour retournera Tananarive. Mais je suis maître d'eux, je suis le

loni>' trajet qu'il

Cela esl

riz situé'

surface convexe du plat, mais

jour,

la

qui n'est qu'une

riz,

rongeur pourra bien descendre du

cas, le

se trouvera encore arrêté avant de pouvoir atteindre

Je passe à Andasibe

grenier à

qui est suspendu par une corde à

et

au-dessous du plat on suspend à de petits crochets,

autre objet

le

garde-manger malgache

les cases le

plat en bois dont, la concavité regarde le sol '

de

concavité regarde

la

munis de plats semblables.

empêchent de grimper plus

les

de bois, dont

plat

peuvent donc s'élever sans

plancher du grenier à

le

lorsqu'ils sont arrivés en haut des poteaux,

débordent tout autour

toit

un grand

un des poteaux qui supportent

sont très forts en gymnastique,

l'on veut préserver

ces garde-manger spéciaux de l'intérieur des cases, sont se figure

pays, les trois autres pieds sont

des quatre poteaux qui supportent

du

comme

riz,

principe.

ce plal en bois est traversé par

petite case, bâtie a la sait

même

que

les objets

:

concordent avec ce qu'on a l'habitude de leur donner,

pas trop aux promesses,

et

aux

brillants

n'abandonnera pas son dû facilement,

le

il

ils

consentent à partir. Le noir, qui ne croit

cadeaux, croit beaucoup au contraire au salaire normal:

Quand donc

suivra avec ténacité.

il

commencer une

je devais

expédition un peu pénible, j'engageais des hommes à un prix guère plus élevé que le salaire habituel, puis je les promenais quelques jours dans des contrées faciles à parcourir, et quand je leur devais quel-

ques piastres,

je les aurais

emmenés

continuellement bien trouvé.

une

piastre, avec

dû.

lui est

belle et cl

il

un fardeau

Dans un

cas,

il

partout dans

Un Malgache

l'île. J'ai

ne consentira pas toujours à faire

n'a pas confiance, car

il

croit

il

doit l'avoir.

nous avait donnés retournent

Dans

ce village

à leur village,

la

que

le

blanc

somme

d' Andasibe, les

lui

et je

m'en

suis

deux heures de marche pour

pour réclamer un voamena qui

léger, alors qu'il fera volontiers des lieues

ne l'aura pas; dans l'autre cas au contraire,

en toute justice

toujours employé ce procédé

promet

mais

esl petite c'est vrai,

guides que

le

somme

trop, la

est trop

due

elle lui est

gouverneur de Vohizanahary

mais deux autres de ce hameau vont

les

remplacer

et

il

en

sera toujours ainsi jusqu'à Mandrilsara.

Le dimanche

2'J

septembre, en quittant

le

village d'Andasibe,

des escarpements rocheux, c'est un passade véritablement

nous nous élevons

très difficile, cl

il

nous

très

rapidement

sui-

faut passer dans

un

où coule un ruisseau torrentueux. Malgré mon expérience des mauvais chemins à Madagascar, je n'avais rien vu d'aussi détestable. Au sommet, nous sommes à 430 mètres d'altitude; peu après, nous arrivons vers midi, à Ambavala, village d'une douzaine de cases, où nous avons besoin de séjourner un

col

peu, pour faire nos vivres, car c'est forêt.

A

l'ouest d' Ambavala,

demain que va commencer pour nous

commence

petites journées à y arriver, alors qu'il

la

zone forestière proprement

nous avait

fallu

dite,

la

traversée de

et

au sud de

l'île,

elle

grande

nous n'avons mis que quatre

un temps beaucoup plus long

et

même

chant plus vile pour aller de Fito à Ivondrona. La zone forestière orientale de Madagascar

beaucoup plus rapprochée du littoral, au nord

la

ne s'arrête

même qu'au

esl

en maren

effel

rivage dans


u: QHEMIS p AN

DAM DU,



LE LITTORAL BETSIMISARAKA, environs de

les

dans

et

à la

la

baie d'Antongil

configuration de

dans

Le lundi

m'enfonce dans

30, je

Lu Européen,

parages.

établi

dite pluie, et de tous les (pie

moyenne que

la

beaucoup plus

fort

beaucoup plus éloignée du

sensiblement

longtemps à Mananara,

il

comme

supporter pendant

fait

il

vingt-dix-huit jours de pluie

me

mon

pendant plusieurs années

avait noté

.le la

de Didy,

forêt

nous nous arrangeons

Le

nous campons sur

soir,

bonheur,

les

eaux du ruisseau envahissent noire camp vers dix heures du soir

les pluies

continuelles déborde bien mal à propos.

peut s'asseoir

me

vois

ils

à

le

le sol est

sont plus touffus

du jour.

la forêt,

el

plu- belle,

est aussi

leur tronc a un développement

mêmes, mais on y compte plus de

d'arbres sont les

lever

la

:

bord d'un ruisseau

:

lAndrovahv grossi par

leurs abris par l'inondation

devient impossible de prendre

Il

«

le

marécageux; pour comble de

Il

est

défendu de parler mais on

route est relativement bonne, nous

pente très douce qui se relève insensiblement vers l'ouest, nous montons toujours formé d'argile rouge, el les roches primitives sont plus fréquentes

de Di.lv. La végétation

la forêt

terrain

Mes hommes chassés de

Le lendemain, nous continuons dans

».

excessivement peu,

élancés

que mal dans un

donc obligé de répéter cette phrase célèbre

marchons sur un plateau que dans

tant bien

un concert, en allendanl

et

jours de pluie. Or,

les

dimatika, les sangsues, qui sont encore en plus grand

possible.

fait

lel

les

et

.le

mau-

il

l'Amlravahy.

au. -un repus.

plaignais de cette

dernier voyage, m'a assuré

moi-même sur son carnet d'observation, y aurait deux cent quatrepar an. Dans la forêt, nous retrouvons de suite par ce temps humide, nos

nombre. Je n'aurais jamais cru un

veulent organiser un bal

de bonne règle dans ces

est

qui je

et a

je relevais

anciennes connaissances

rivage. Cela tient

ligne de faite, et aussi, à ce que,

la

loin ces défrichements.

sous une pluie battante

la forêt,

depuis

baie d'Antongil,

la

la forêt est

la forêt suit

ennuis qu'elle m'avait

dans celte région de

d'après

parages de Fort-Dauphin, tandis que dansla partie médiane,

les

chaîne côtière dont

la

partie médiane, on a poussé

la

dans

et

environs de Tamatave en particulier,

les

201

On

fougères sont relativement très rares.

\

trouve

variétés.

Il

les

si

arbres sont moins serrés et moins

beaucoup plus considérable; n'y a plus de fourrés

les

essences

de bambous,

et les

:

L'ébénier de Madagascar, hazomainty.

Le natte, hazomena

'

(Weinmannia Ruteinbergii ou Imbricaria Madagascariensis, est un bois rouge, beaucoup de tanin, est employée par les indigènes, comme teinture et

<bu- et fin. L'écorce, qui contient

pour tanneries cuirs, mais

les

peaux

ainsi préparées retiennent

la

matière colorante rouge

et

déteignent

par l'usage.

Uindraména, qui semble appartenir noircit à

l'air,

les

des résineux, a un suc d'une couleur rouge

on obtienl par évaporation de ce suc macéré dans

laque, cette résine est noire

que

à la famille

plus dure que

et très belle el

la

gomme

la

manches

sert à l'aire des

les

i

sorte de

copal. C'est avec du bois

vif,

qui

nomme

uindraména

construction des bordages des pirogues.

Leharuhara (Exocarpusxylophylloïdes),cet arbre qui vient qui en

bouillant,

indigènes fabriquent leurs torches.

Le tacamaka, bois blanc rougeàtre, employé pour

il

l'alcool

l'ont

commerce

gens qui ont

aval.'-

el

la

dans

d'outils, de sagaies, e!c.

vendent assez cher; macérée dans l'eau

des tsingala

Le lanona (Weinmannia Bojeriana grandes proportions,

;

très gros, a

est le bois le

et

un cœur

très

dur

son écorce est fort recherchée par l'eau, elle esl prise

comme

et très dense,

les indigènes,

antidote, par

-.

les variétés

W.

criocarpa

et

\V. Bojeriana), qui

atteint

de

plus généralement adopté' par les indigènes pour leurs construc-

tions.

Le varongy (Ocotea tricophlebia), autre arbre excellent pour

les

constructions.

1. Los Malgaches lisent Aza milondra hodinato mianlsinanana Ne portez pas l'écorce de natte vers l'est — elle vient de l'est où se trouve la forêt »; flg. Ne portez pas l'eau à la fontaine. 2. Les Malgaches appellent tsingala .le petits insectes aquatiques, espèce d'Hydrocorisc ou d'Hydrocanthare, ou variétés brunes de Noctonecte, qu'on suppose à tort être mortels pour les animaux qui les avalent dans leur breuvage, car ces animaux aussitôt avalés perceraient les parois .le l'intestin et. occasionneraient ainsi la mort Celle croyance est, générale dans presque t. mies les tribus de l'île. .

:

:

:


VOYAGE

202 n'est autre

Le ramy, qui

colossal, et celui-ci creusé

Le

;

que l'encens blanc d'Afrique; une

donne de grandes

gomme

de plus, sa résine fondue, mélangée avec de

brai pour calfater

les

odoriférante découle de son tronc

puissantes pirogues qui se conservent longtemps.

et

espèce de tamarin (Tamarindusindica), est employé dans

kily,

d'usages

MADAGASCAR.

A

la

la

médecine pour un grand nombre

graisse de bœuf, sert aux indigènes à faire un

embarcations.

Presque tous ces arbres

toutes ces essences différentes, présentent à la partie centrale de l'arbre,

et

une zone plus foncée, appelée

les indigènes.

par

téza

Ce

chose que

n'est autre

cœur du

le

végétal qui,

débarrassé de l'aubier, fournit une pièce de bois très dure, très résistante, et presque imputrescible. Enfin, je ne veux pas terminer celte énumération, sans parler d'un produit

gascar, de différentes sortes de caoutchouc que je Il

et

il

y a à Madagascar beaucoup de variétés de caoutchouc, l'on en trouve tous les jours de nouvelles, y aura de nombreuses découvertes encore dans les provinces de l'ouest et dans les vastes territoires

du sud que plus

ne connaît que très imparfaitement. Jusqu'à ces derniers temps,

l'on

communs

étaient fournis par

deux ou

trois espèces de lianes et

A à o mètres d'élévation. Les lianes sont très

communes dans

récolte de ce produit sans discernement

Malgaches reconnaissent

vu des indigènes qui

mal

très

celte forêt

Mais

toutes les espèces sont mélangées;

et

caoutchouc,

les lianes à

se livraient à cette récolte confondre

ils

non seulement

c'est

surtout quand elles ont des sucs parfaitement coagulablcs

bien du caoutchouc, mais qualités,

surtout par leurs

indigènes font

est juste

il

il

mais en augmentent

poids, ce qui

le

donne un

plus près possible du sol,

il

il

pétrit et

la

sel

en forme des boules. Presque toujours,

elles

les

produit

le

final contient

qui en altèrent les

ou

le

gomme,

la

les traitants

et

y jette

il

pendant

puis,

européens qui

sectionnent suivant un grand diamètre,

contiennent généralement des corps étrangers qui sont réunis pour servir de noyau sur lequel on

général,

le

caoutchouc provenant de

tel

ou

tel

arbuste ou de

telle

ou

telle

le

poids du produit.

caoutchoucs de Madagascar,

Ces derniers sont

Dans

arrivons au

nous traversons

village de

Mananara qui

le

occupe

peu accusée du côté de

la

ici

la

et Filo.

mer des

il

petit

c'est

et

nous

dite de la

zone

ruisseau

proprement

d'abord son peu d'épais-

ligne de faîte, elle ne se trouve pas de part la

et

ligne de partage des eaux.

y a bien des dénivellations, mais

En somme, nous avons marché sur un

elles

sont beau-

terrain uni, à décli-

Indes.

Le mercredi 2 octobre, nous continuons notre route dans le

la partie

accrochée au flanc oriental de

est relativement plat,

coup moins brusques qu'entre Didy

hauteur qu'un

deux particularités importantes,

ne couronne pas

d'autre des plus hauts sommets, elle est le territoire qu'elle

n'est à cette

Troboko. Nous venons de traverser

seur, c'est ensuite sa position, elle

trouvons sur

parmi

faut donc distinguer les caoutchoucs au sel, au citron, aux acides.

forestière qui présente à cette hauteur

Enfin

et

les plus estimés.

l'après-midi, petit

il

En

plante n'offre que peu de

dissemblance, mais sa valeur marchande varie beaucoup, suivant son mode de préparation,

vité

le

tronc de l'arbuste,

une calebasse,

enroule les lamelles de caoutchouc ou plus simplement encore pour augmenter

les

récolté.

rémunérateur. Pour obtenir la liane,

marin, pour faire coaguler

achètent ces boules de caoutchouc de 1/2 à 2 kilog. 1/2,

mais

elles,

du produit

et résine,

recueille ce lait qui découle de l'incision dans

de l'acide sulfurique, du jus de citron ou du qu'elle est fraîche,

de cette façon,

corps de

de dire que

étrangères au caoutchouc,

fait

salaire plus le

la

les espèces, et j'ai

les plantes entre

renferme aussi des matières étrangères, suc

caoutchouc, l'indigène incise avec un instrument tranchant le

:

caoutchouc

et

confondent toutes

on prend des lianes tout à

si

les

les

s'attaquer à d'autres lianes à sucre abondant et blanchâtre, qui altérait la qualité

Celte ignorance est quelquefois voulue, et

caoutchoucs

lianes à

les

:

feuilles

plus estimé.

le

les

un arbuste qui peut atteindre de

forme de leurs

(Vahea gommifera madagascariensis) diffèrent par fruits; celles à fruits piriformes donnent le caoutchouc, la

les

important de Mada-

très

vois en grand nombre autour de nous.

les

taillis et

les

défrichements,

et

nous

chemin, de grands espaces recouverts de sable blanc, où poussent des bruyères. Vers

le

milieu du jour, nous nous arrêtons à Andavalsoky. Le lendemain, nous faisons route cette fois dans les

grandes herbes,

c'esl

la

plaine à perle de vue. Ce

mol de plaine ne désigne pas dans ma pensée un


LE LITTORAL BETSIMISARAKA. endroit

mais

plat,

l'emploie

ter-

com-

bois a

le

je

dessein

à

pour désigner ce rain

203

plètement disparu.

Il

y a bien par-ci par-là

quelques bouquets de

grands arbres, témoins de

de il

grande étendue

la

la forêt

vers l'ouest

y a bien longtemps;

je les

remarque le plus au fond des

souvent vallées

dans

et

les

endroits marécageux, il

n'y en a plus sur le^

sommets les

on voit que

;

coutumes betsimine

saraka

VILLAGE D AMDODIMAUIHI).

pénètrent

pas sur ce versant. Puis ces bouquets d'arbres disparaissent peu

à

peu,el

il

ne reste plus de distance en

distance que des arbres isolés, des troncs carbonisés ou coupés. Vers neuf heures

nous atteignons

mer des Indes, d'altitude.

En

le

Nous

point culminant de

nous entrons dans

el

voici

par 790 mètres

ici

maintenant en pays sakalava.

nous retrouvons

n'esl déjà plus la Forêt,

que nous avons trouvé dans

est très accidentée, les rés par des le

laissons derrière nous le versant de la

is

du canal de Moçainbique. nous sommes

sortant de celle contrée d'anciens défrichements, qui a'esl pas encore un pays complètement aride,

mais qui celui

chaîne côtière,

la

celui

demie du malin,

el

la

le

même

paysage,

région des hauts plateaux, dan-

le

le

même aspect

el

le

éboulements de leur

sol argileux, sur les

les pluies,

nous marchons sur

Les ruisseaux sont nombreux sur ce heures

esl

nommé

le

sol

sommets

roche apparaît

la

nu, c'est

à

Or

chercher 1

;

ces gens, qui n'ont rien à

mais

le

coupants,

ils

n'en ont pas

à

gué

le

le

Mangarahara,

Nous en sommes encore

les

sui-

du quartz amorphe.

habitants ne trouvent pas de bois pour s'en construire de

l'aire,

n'auraient que quelques kilomètres

la rivière

à 2 kilomètres,

et

de Mandrilsara.

et toute la

garnison sous

les el

le

Rova,

le

dépassé el

l'aire,

le

hameau de Maroandriana,

nous arrivons à midi en vue de

la

armes, une trentaine d'hommes. Et

des grosses caisses, que

je

la ville,

c'est

me présente lui,

et

officiers

ou mieux grimper

les

état-

au milieu d'une haie de

au gouverneur qui m'a de

lui

tous les renseignements possibles sur sa province,

parade antimerina de rigueur, qu'un gouverneur antimerina ne

la

réception préparée pour nous

gouverneur nous attendait, avec son

d Un très brave homme. Mais.avant d'entrer en conversation avec

manque jamais de

parcourir pour en

que nous voyons arriver à notre rencontre des

escarpements qui l'environnent de toute pari. Dans

soldals.au bruit des tambours

à

courage,

terminée; au bout d'une demi-heure nous pouvons enfin entrer dans

major

que nous

et

plus important que nous traversons ver- onze

antimerina envoyés parle gouverneur pour nous prier d'attendre que soit

c'est

gneiss

après nous arrivons au village d'Ambodimadiro, ainsi

l'eu

octobre, une heure après avoir quitté Ambodimadiro,

nous traversons ville.

petits cailloux

le

des gros madiro (Tamarinus indica) qui l'environnent. C'est un pauvre village d'une vingtaine

plus belles.

Le

de

granitique;

Koaka, affluent du Sophia.

de cases, ou plutôt de huttes misérables,

aller

que

sol

monticules se succèdent sans ordre, certains de leurs lianes escarpés son! déchi-

granité, leurs lianes rougeâtres sont couverts de hautes herbes, de véro. La piste frayée

vons est ravinée par

même

pays des Antinierina. La région

demander ce que

il

manque jamais de

me

l'air

je

ne

faut supporter

la

l'aire

exécuter devant


VOYAGE

204 tout étranger qui vient dritsara. Cette

le

tion

que

conque,

si

est question

et tout le

çaise

fait

de Ranavalo

monde

se

III,

découvre

:

Les tambours battent

à

premier Européen français qui vient à Man-

le

sous une autre forme, des toasts d'Ivongo,

la répétition,

Madagascar. Pour ces parades un

c'est, paraît-il, l'air

de

petite allocu-

tambours battent d'une façon quelCette première partie est terminée.

la reine.

allocution qui cette fois se terminent par République Fran-

coups redoublés, ce qui il

officier s'avance

gouverneur prononce alors une

le

reine de Madagascar, puis les

suivent une série de parades identiques; l'air

ne m'abuse,

présenter les armes;

Nouveaux maniements d'armes, nouvelle '.

je

je devais voir bien souvent à

peloton de soldats, puis il

Je suis,

parade antimerina n'est que

toasts et parade

vers

le visiter.

MADAGASCAR.

À

n'y a

que

qu'on suppose être joué parle tambour. Tout

le

signifie, paraît-il

encore, la Marseillaise. Puis

dernière phrase des allocutions qui change, et

la

monde

y passe

le

:

premier ministre,

gouverneur,

le

femme et ses enfants, tous les officiers de Mandritsara, les soldats de la garnison, les habitants, moimême et mes porteurs ont cet honneur je trouve que ce gouverneur fait décidément bien les choses; mais.il est midi, le soleil est chaud, je préférerais être à l'ombre, je lui

en

lui faisant

très

heureux de

de venir qui

me

exprime timidement cette opinion

remarquer que je ne suis qu'un modeste voyageur, bien fatigué du

me retirer

le voir le

dans

la

case qu'il

me

donnera.

Il

mon

accède à

lendemain. Je n'aurai garde d'y manquer, car

j'ai

reste, et

désir en

besoin de

lui,

me

que

je serais

faisant promettre

pour avoir des hommes

conduiront vers l'ouest en pays sakalava. Je suis logé dans une case très propre, non loin du

poste militaire.

Mandritsara est une vraie mille à

mamelon par

1.

ville

douze cents habitants. La la vallée

pour Madagascar,

ville

y a environ deux cent

il

e§p?ur un coteau, orientée nord

du Maroambako,

s'élèvent

dfe.

cinquante cases,

soit

sud; au nord, séparés de ce

grands rochers; au sud,

Lorsque, dans une circonstance quelconque, visite d'un rés

ment d'un étranger de passage, un gouverneur antimerina

et

c'est la vallée

du Manga-

français, d'un consul étranger, ou tout simple-

le reçoit dans l'enceinte de son rova, une garde d'honneur est assemblée. Cette garde d'honneur, qui se tient près du gouverneur, est formée par une douzaine de soldats loqueteux, armés de fusils ou de bâtons et commandés par un officier subalterne de cinq ou six non-' ncurs. Puis, avant que le gouverneur et l'étranger se présentent l'un à l'autre, il se passe toujours la petite cérémonie portez armes àkarriy basy. Ce mouvement exécuté, il suivante l'officié.- fait aligner ses hommes, puis il commande prononce quelques paroles qui veulent dire que l'on va rendre honneur au gouvernement de la reine de Madagascar d'abord et ensuite au gouvernement de l'étranger qui se trouve là. Je suppose un Français. L'allocution de l'officier commence invariablement par ces mots fanjahana roa tonla, ce qui veut dire en dialecte antimerina aux deux gouvernements réunis par les traités écrits. Comme on le voit, les Antimerina sont loin d'avoir accepté le protectorat de 1S85-S6 et leurs gouverneurs ont soin de faire montre partout, dans l'île, d'une sorte d'alliance écrite que nous aurions signée avec eux en 18S5. C'est sous ces couleurs que le gouvernement antimerina, pour ne pas amoindrir son prestige, dépeint aux peuplades soumises, à ses sujets même, notre traité de protectorat de 188S-S6. Après l'allocution de l'officier, le tambour, qui se tient invariablement à la droite de la garde, bat quelques mesures qui représentent l'air de la reine, le Sidikina (prononcer çidikine; vient de Gode save the Queen); on a préalablement fait porter les armes. Nouvelle batterie de tambour qui cette fois représente la Marseillaise; mais alors on ne présente plus les armes comme pour la reine, c'est un autre mouvement de fusils ou de bâtons, supérieur comme signification honorifique au simple port d'armes, mais inférieur à la présentation que l'on vient de faire au nom de la reine. Rien ne peut

vient

:

vt...

i.e

:

vazaha, ou

:

:

:

comparé à leur souveraine. Quelque temps après rétablissement de notre protectorat en 18S5-S6, lorsqu'un navire de guerre français venait mouiller sur un point quelconque de la côte, un ou deux officiers antimerina venaient à bord où ils rendaient visite au commandant du navire. Celui-ci se montrait en général très satisfait de cette marque d'honneur, l'administration des Affaires étrangères ne manquait pas de dire à la Marine qu'elle avait pu obtenir du gouvernement antimerina cette marque de déférence pour nos navires de guerre. Cela m'étonnait fortement et je m'aperçus bien vite, après avoir été témoin plusieurs fois de ces visites, de l'erreur d'interprétation commise. Lorsqu'un commandant de navire de guerre français voit arriver à son bord les officiers antimerina, il ne manque pas de leur faire demander par un interprète quelconque Mitsapasambo, ce que l'interprète ne manque pas ce qu'ils viennent faire à son bord, les officiers répondent aussitôt être

:

Or

verbe mitsapa en dialecte antimerina veut bien dire visiter, mais non dans le sens de faire une visite, mais dans le sens d'inspecter quelqu'un ou quelque chose. Cette petite erreur est très importante, car elle montre aux populations que les Antimerina (les protégés), bien loin d'avoir quelque déférence pour les Français (les protecteurs), ne vont pas leur faire des visites de politesse, mais bien des visites d'inspection, lorsque leurs navires viennent sur les cotes de la Terre de la Reine. Cela et bien d'autres petites choses analogues habilement exploitées, dénaturées, mal présentées par les Antimerina, ont une importance considérable et frappent vivement l'esprit des populations cùtières, qui voient avec terreur pour leur indépendance les Antimerina si puissants près des Vazaha, si soutenus par les Français, si honorés par eux. J'oubliais de dire que ces officiers antimerina qui vont ainsi visiter (inspecter) nos navires reçoivent les mêmes honneurs que les officiers d'une puissance européenne.

de traduire

:

visiter le navire, vous visiter,

vous rendre

visite.

le


LE LITTORAL BETSIMISARAKA. raha, plus luiu les hauts plateaux d'Ambinininy.

Le

fort

antimerina occupe

un carré entouré de pieux d'un assez gros diamètre

ville, c'est

mier carré, qui renferme

les

et

deuxième carré intérieur renferme l'habitation du gouverneur %

un genre tout à

fait

élevé de trois à quatre nulles.

du

sol.

On

a

l'ail

ras

du

sol. cl

une

Ira verse

et

qui ne

le

la

Dl

MANDR11 SARV

en fer ou eu bois, horizontalement disposée à deux mètres au-dessus

palissade, mais au lieu d'être fichés en terre

peuvent osciller autour de

la

traverse qui les supporte,

comme

tue

ceux-ci.

petite

m' relever à l'extérieur,

suffit,

après leur avoir

un morceau

mais ou peu!

fait l'aire

bois supporté

île

les relever à l'intérieur et

retomber

ment attachée

les

ville,

la

diamètre

sont coupés au terre, légère

porte, les

empêche

maintenir ainsi l'ouverture béante.

aux deux extrémités par deux pieux fourchus. Pendant

Il

morceau de

la

nuit ou en cas

bois de dessus les fourches, et

on

pieux verticaux, on met alors une traverse derrière eux à l'intérieur qui est solide-

à ces

deux extrémités aux poteaux de

enfoncés à l'intérieur de chaque côté de

La

même

un quart de révolution, dépasser en dessous de leur extrémité inférieure,

d'attaque, lorsque l'on veut fermer la porte, on enlève ce laisse

ils

éminence de

surélévation du sol, maintenue par un madrier couché ru travers sur le seuil de île

Un

seront de longtemps.

dépendances; au milieu des quatre

et ses

passer préalablement celle traverse horizontale au travers de pieux, de

que ceux qui forment

Ce pre-

que l'on rencontre dans presque Dans une découpure de l'enceinte palissadée, limitée par

EBS

LES

loris pieux, est fixée

partie méridionale de la

spécial à Madagascar, et

loules les constructions militaires antimerina.

deux

la

cases des soldats, est flanqué, aux angles, de lours également palissadées, où

on doit placer des canons, qui ne sont pas encore arrivés d'ailleurs

faces sont des portes, d

205

qui se trouve au sud du

la

la

palissade, et

maintenue encore par deux pieux

porte.

mamelon,

est assez étendue, cl à côté d'un

grand nombre de cases,


VOYAGE A MADAGASCAR.

206 en roseaux

et

rina en teiTe

en raphia, des habitants betsimisaraka ou sakalava s'élèvenl de hautes maisons antimeet

en briques crues. C'est

première

la

depuis que

l'ois

quitté l'Imerina

j'ai

que

je revois ce

genre de constructions.

La population

mélangée

est très

:

des officiers et des soldats envoyés

il

y a d'abord un élément antimerina très important, l'orme surtout

ici

de Tananarive; puis d'un fort appoint de négociants antimerina

qui sont venus se fixer directement dans ces contrées, ou qui habitent la côte pendant la saison sèche, et

qui viennent uni' partie de l'année habiter Mandritsara où

du moins son aspect

nombre de

sa configuration

et

leurs compatriotes.

A

ils s'y

;

qu'ils

exécutent quelques corvées

pour gagner leur existence. Ce la

la

population sakalava.

commandées à

par

soit

garde sous de lourdes corvées.

Ils

deviennent fahavalo. Le fahavalisme,

que

les

ou au

occupés,

les voit

gouverneur,

le

sont très pauvres,

ils

par ses

soit

ne

et

souvent, c'est

fort

En

officiers.

effet,

qu'ils trouvent de plus simple c'est d'accabler les populations

ont

le

monopole des entreprises de transports

si

j'ose

beaux bénéfices.

m'exprimer

que

est vrai

Il

procédé mauvais.

se servent avec tant de désinvolture, trouvent ce

ils

climat de l'Imerina,

le

ces

Mandritsara qu'ailleurs, sont bien obligés de faire quelque chose

tions, et arrivent ainsi à réaliser quelquefois d'assez

et

En général

jamais ou presque jamais pour eux du moins. Si on

messieurs, qui ne sont pas plus payés

ont

retrouvent sinon

côté de ces éléments étrangers au pays, s'en ajoute un autre, moins

important quoique plus nombreux, c'est travaillent

ils

sentent d'ailleurs plus chez eux au milieu d'un grand

Ils fuient,

ils

les

dont

ils

de construc-

et

Sakalava, dont

gagnent

la

brousse

pas d'autre origine à Madagascar

ainsi, n'a

corvées inhumaines dont sont frappées les tribus soumises au profit des dignitaires antimerina,

profit de

quelques Européens concessionnaires qui marchent avec

les

Antimerina; dans ce dernier

cas, je dois le dire, les corvées sont encore plus lourdes.

Le lendemain de mon

arrivée, je vais dîner chez le gouverneur, après avoir fait les photographies de

tout son état-major; ses officiers sont absolument grotesques, sanglés dans des redingotes d'occasion,

chapeaux hauts de forme qui ont dû voir

et coiffés de

entretien très sérieux avec

le

révolution de 1848. J'avais eu, avant

gouverneur Rakotondravoavy quatorzième honneur. Avec

ces entretiens sont toujours les les

la

mêmes

:

va-t-on les

insignifiantes, ce n'est qu'au bout de ce

temps que

la

vous refuser,

ils

l'on ose dire

Comme

traiter.

ne nous donnent pas de raisons, mais

des faux fuyants, jamais on n'obtient une réponse franche,

enfin c'est la

coutume,

maison

rien d'eux,

que Français

c'est ce

et

s'extasie sur leur habileté.

faire valoir

vous racontent aussitôt

ils

qu'un demi-succès, car

si les

je n'avais pas à traiter

la force, est le

et

d'être

bon; en

accompagné de

réalité,

il

voulait

pour être sûr de bien

fut louché, et

il

me

dans

ma marche

me

faire suivre par ses soldats,

l'aire

le

au

les fahavalo.

les soldats étaient cl

de trop,

Ce

n'était

comme

je

le

des tribus insoumises

non pas pour me protéger, mais surtout pour

bassin inconnu de Mahajamba. J'ajouterai que

plaisir,

de

me donner

des guides

el

le

gouverneur, quoique

des soldats pour m'accompagner

vers l'ouest, m'imposa une condition fort bizarre en vérité, mais à laquelle je dus nie

soumettre bon gré, mal gré, je ne risquais rien d'ailleurs voir les rives

promit non seulement des

faire passer la région infestée par

guides étaient indispensables,

réussir,

soldats antimerina. Malgré les raisons les plus spécieuses, le gouverneur tint

me

savoir ce que j'allais faire dans tout à fait désireux de

de questions bien graves

meilleur argument que l'on puisse

montrerai plus tard; c'est une mauvaise recommandation auprès des fahavalo

que

prennent des

;

Pour moi,

auprès d'un Antimerina. Rakotondravoavy en

me

Ils

Anglais leur apprennent depuis un demi-siècle on n'obtient

quelques piastres, ce qui, avec

guides, mais encore des soldats pour

la

tous les gens

un oui ou un non bien catégorique. Mais

avec Rakotondravoavy, je voulais tout simplement obtenir des guides, j'alignai sur la table

Antimerina,

les

un mot, comme par hasard, de

des histoires interminables qui n'ont aucun rapport avec ce que vous leur avez demandé. biais,

un

conversation roule sur des choses parfaite-

question principale qui vous avait amenés près d'eux et que l'on avait à primitifs, s'ils veulent

dîner,

trouver pour traiter quelques sujets d'importance, on

aborde avec force politesses; pendant plus d'une heure

ment

le

cl j'étais

résolu à tout, pour aller à Majunga

du canal de Moçambique. Rakotondravoavy veuf qu'aujourd'hui dimanche

je

me

rende

service divin à l'église des protestants et que j'y prononce un sermon, pour l'édification des fidèles.


LE LITTORAL BETSIMISARAKA.

207

M IXDHI

En somme, cela m'est parfaitement

bonne grâce, d'autant plus que Rakotondravoavy,

cuterai de

gache depuis

môme

français et

m'a

qu'il

fait

dans

à le lire

avoir été dans la case

sa

à

le

que

livre

Au

milieu de

me

chapitre

ému que 111

Antimerina,

le

Mon étonnement

gouverneur en grand;

était

il

tête,

qu'une suite de discours pro-

mon lourde

\inl

prendre

la

parole,

se

terre de

la

Oh! peuple, Sakalava

et

J élais

si

vous vous révoltiez contre

courus

et

outré de voir

me pardonnera sans

doute, mais

gouverneur en défiance, la

côte ouest, j'aurais

il

le

la

changea en stupéfaction, lorsque

l'interprète offi-

Madagascar en

sa

Radama

langue maternelle, ail

conquis

les

il

qu'il avait décrit

provinces.

Betsimisaraka, ce Français envoyé par son gouvernement vient de vous

décrire les volcans et les sources d'eau dernier,

cl

donnèrent des marques non équivoques d'une

son état bouleversa et sa température brûlante, avant que

vu

après biblio-

du gouverneur, un ancien instituteur méthodiste d'Ambohimalaza, vint traduire mon discours:

raconta que l'Européen avait parlé de

«

et

ma modeste

prendre dans

je

les

vive approbation. ciel

prononcer mon discours on

moulais en chaire pour y prononcer ma première conférence, et je lus en entier de l'abrégé de géologie de A. de Lapparent, traitant de la dynamique terrestre interne. A

du chapitre,

fin

et

n'était d'ailleurs

noncés par les notables Antimerina, officiers ou commerçants, c'est 1res

à

rendis au temple, où Rakotondravoavy m'attendait

cérémonie, qui

la

m'exé-

je

m'exéculer immédiatement

je jugerai bon. Je devais

thèque de voyageur, un volume quelconque, je

et

qui je parle très peu correctement raal-

demande, m'autorise, vu mon ignorance,

où je logeais, revêtir des habits plus décents

avec sa maison militaire.

des idées très larges,

indifférent ayant sur ce point

si il

chaude qui

mal

traduit

fallait

que

de terre pour vous

été assez

l'aire

III.

périr jusqu'au

»

un chapitre de M. de Lapparent; ce distingué géologue je passe;

pouvait donner l'ordre

même

sortiraient

gouvernement de Sa Majesté Ranavalona

le

âmes

un mot

jeté par inadvertance pouvait mettre le

porteurs de m'abandonner

cl

je n'aurais

jamais

embarrassé pour rejoindre seul un cenlre habité par quelques-


VOYAGE

208

uns do nos compatriotes.

Il

esl

MADAGASCAR.

À

qu'aux yeux de loulo

vrai

population do Mandritsara,

la

passer

j'allais

homme dévoué aux Antimerina, non seulement c'était dangereux, mais c'était contraire à la je me proposais donc, une fois hors du pouvoir des Antimerina de dire mes vraies intentions

pour un vérité; et

de dévoiler mes sentiments véritables

le faire

«Tailleurs

;

dans

ne manquais jamais une occasion de

la suite, je

jusqu'à Majunga.

Cet après-midi, et demain, je vais encore rester à Mandritsara où

de deux fêtes bien chères aux Malgaches

au culte des morts,

c'est

et

qui seront célébrées

cérémonie du Mamadika;

la

sera possible d'être

le

témoin

en grande pompe. L'une, se rattache

ici

l'autre,

me

il

aura

<|ui

demain,

lieu

est

la fêle

de

la

Circoncision. J'ai parlé,

dans un précédent chapitre, des tombeaux

une espèce de complément minée.

ches

et

On

sait

que ce culte des morts

Mandritsara dont toute briques crues,

point de

le

au commerce du raphia

démon

l'île

on

et

allait

mort viendra

la

ville

pauvre Rakotovao

le

surprendre.

les

Tous

lui

et

on m'avait

ville

son décès a lieu pendant provisoirement où

il

la

On

profite

nombre de

même

avaient fait

même

les fois

Malga-

espèrent

commerçant de

ses esclaves, pour s'y

cité le

et là

des servi-

de très belles funérailles.

nombre de bœufs immolés en

et sa famille

semaine qui

se trouve, puis, dès famille,

pour recevoir

sont couchés depuis longtemps,

le

cette

venait de faire venir à grands

là la

qu'il

cause occasionnelle de

la

qu'un Antimerina meurt loin de son tombeau de famille ou que suit

que

ou qui précède le

moment prohibé

du bain de

fêle

la

est terminé,

on procède alors à son enterrement

Reine, on l'enterre

la

ou lorsque son corps a

définitif à cê>té

été

de ses ancê-

quand

le

nouveau mort, on enlève aux autres habitants du tombeau qui

y

justement de celte occasion pour honorer

est ouvert

riche

les

ils

inhumer définitivement Rakotovao dans un grand tombeau en granité

ramené près de son tombeau de

tombeau

Un

surpris près d'Ivongo.

l'avait

qu'un enterrement provisoire,

cérémonie du Mamadika. Toutes

et

l'île.

est

déter-

depuis de longues années, dans une belle maison en

du caoutchouc. La mort

el

dernier passage dans cette

son corps,

avait fait construire lui-même devant sa maison de Mandritsara. C'était

tres.

de

les tribus

côte depuis quelques mois, avec un grand

élait parti à la

circonstance. Mais ce n'était frais

membres défunts dans une occasion

à ses

fait

enraciné dans toutes

est très

habite celle

la famille

teurs dévoués avaient enterré

Lors

des funérailles antimerina. Le Mamadika

particulièrement les Antimerina possèdent des tombeaux de famille, dans lesquels

bien reposer, quel que soit

livrer

qu'une famille

tardif,

et

défunts de

les autres

la famille, et

vieux lambas dans lesquels on les a ensevelis, ces étoffes sont brûlées

les

remplacées par dos neuves. Ainsi chaque

fois

que dans de

circonstances on ouvre

telles

le

tombeau

de famille, on rend aux anciens morts un supplément d'hommages, on remplace leurs vieux lambas par de plus neufs,

cl c'est

précisément celle cérémonie que l'on appelle Mamadika. Dans toutes

lorsqu'elle se présente, elle est l'occasion de grandes réjouissances.

car non seulement

il

faudra bien des choses pour

faudra recevoir grandement

les

nombreux

le

nouveau

invités, parents,

el

amis

On

s'y

prépare longtemps à l'avance,

anciens défunts, mais encore

les et

les familles,

voisins que l'on aura en celle

il

cir-

constance.

Le corps du nouveau défunt

est

transporté sous une tente près de sa maison,

proches parents. Pendant ce temps,

le

maison, on a tué beaucoup de bœufs jour do

la

cérémonie,

comme

dans

reste de la famille el les

la veille, el

les

on

a

nombreux

il

gardé par ses plus

esl

bombance dans

invités font

mis en perce une ou deux barriques de rhum

enterrements ordinaires,

le

pendant que

variés de leur répertoire.

les

musiciens instrumentistes

Tous

les

membres de

la

et

Au

corps du nouveau défunt, roulé dans

des lambas do prix de teintes généralement rougeàlres, est porté près du tombeau, on en fois le tour,

'.

la

chanteurs exécutent

les

fait

cinq ou

morceaux

les

famille, tous les invités, revêtus de leurs plus

six

plus

beaux

1. Il est défendu aux Antimerina d'user do boissons alcooliques, dos peines s, \rivs sont édictées contre 1rs délinquants. Il faut reconnaître que dans la province de l'Imerina, les gens îles basses classes suivent très strictement celte prescription fort sage. Mais dés qu'ils se trouvent éloignés de leur pays d'origine, ils usent et abusent bientôt île l'alcool sous toutes ses formes. Quant aux Antimerina des hautes classes, ils boivent énormément, et lors de mon passage à Tananarive en 188!), 1890, les fils du premier ministre donnaient l'exemple d'une intempérance regrettable. ;


LE LITTORAL BETSIMISARAKA. habits, se pressent en foule autour

caveau.

du tombeau;

soleil,

on descend

faut bien remarquer que, pour cette cérémonie, l'on ne touche jamais au

Il

dans son tombeau avant l'heure de midi; et

au coucher du

enfin,

209

on indisposerait fâcheusement

son caveau que lorsque soleil, c'est-à-dire

le soleil

le lolo

faut

il

du mort.

lui-même

que

le soleil décline,

pour cette

C'est

le

corps dans

mort pour

le

le

porter

sinon on craindrait un malheur,

même

raison qu'on ne le descend dans

est prêt de terminer sa carrière.

depuis l'instant où on a apporté

Depuis midi au coucher du nouveau défunt jusqu'au moment où on va le

le

le caveau de famille, sur l'étagère qui lui est destinée, on remonte à la lumière du jour les anciens morts, on les dépouille avec précaution de leurs anciens lambas qui tombent en poussière, et on roule le corps de nouveau dans des étoffes neuves. Enfin dès que tout le monde a été remis en place, famille et invités se retirent dans un endroit écarté, où des chanteurs célèbrent les louanges des morls.

placer dans

On

improvisent des chansons en leur honneur.

chacun

fait

une nouvelle distribution de viande

du Mamadika

se retire. L'importante cérémonie

de rhum, puis

et

est terminée.

il me fut donné d'assister à la fête de la Circoncision de la province de Mandritsara. peuplades de Madagascar, sans aucune exception, ont pratiqué et pratiquent encore l'usage

Le jour suivant, Toutes

les

de la circoncision. Cette coutume a été apportée dans la grande tle par 1rs musulmans qui y viennent depuis longtemps. Plusieurs auteurs se sont complus à faire venir celte coutume, ainsi que d'autres, d'immigrations judaïques qui remontaient à quelques siècles. Je trouve «pie c'est aller bien loin chercher l'explication de certains faits, donl nous sommes témoins à Madagascar. De nos jours, plus qu'autrefois encore, les

musulmans

y font beaucoup de prosélytes,

par excellence du Malgache,

la religion

seule chose pour

la

y répandent surtout leurs fady,

ils

laquelle

il

ait

des aptitudes

vraiment

indiscutables.

Dans beaucoup de

tribus,

cérémonie delà Circoncision

une fête périodique annuelle. Chez les Antimerina, les souverains fixaient autrefois une date pour celle cérémonie, que l'on célébrait environ tous les cinq ou sept ans. Depuis la conversion apparente des Anlimerina au protestantisme, celle fêle a la

perdu, avec son caractère

officiel, sa

dans

ainsi dire à la dérobée,

les familles, el

Anlimerina,

pour

comme je

date périodique. Elle se célèbre aujourd'hui, selon les circonstances

déjà dit, aiment à

l'ai

est

dans

grands centres où vivent des Européens. Les dissimuler leurs anciennes coutumes qu'Us n'ont pasdu tout les

quittées, el qu'ils cachent seulement, sous le vernis peu épais d'une civilisation rudimentaire.

postes éloignés où et à

ils

aucune raison pour

n'ont

de certaines époques,

population

la

Mandritsara. L'époque de

la

cérémonie

à

se gêner, le

pratiquer

la

esl variable

gouverneur convie, suivant

les

Dans

les

circonstances

circoncision; c'est ce qui venait d'avoir lieu à

quant à l'âge de l'individu, mais

lement toujours lard, six mois, un an, quelquefois plus. Quant

à

l'époque de l'année,

c'est

généra-

toujours dans

c'est

saison froide, de juin à octobre.

la

Lorsque

jour de la cérémonie est déterminé, on prévient toute la famille qui arrive de tous côtés. soir, des jeunes evns armés de sagaies et brandissant des boucliers, vont à la tombée du jour chercher de l'eau à une source sainte, qui existe toujours aux environs des centres quelque peu

La

veille

le

au

importants.

Ils

population;

ils

reviennent au village en chantant, mais

ils sont reçus à coups de pierres par toute la doivent repousser victorieusement ce simulacre d'attaque, et surtout protéger leurs cruches d'eau au moyen de leurs boucliers, car si l'une d'elles venait à être cassée, ce serait un funeste

présage,

La

fêle

si

funeste

commence

même que dès

le

qu'un vieillard choisi par

la

famille à laquelle serait destinée l'eau

matin; une véritable orgie précède la

invités font toutes sortes de

famille y procède, avec

vœux pour

la

sainte remettrait la cérémonie.

le sacrifice

qui a lieu vers midi; pendant

un couteau de bambou

prospérité de l'enfant,

ils

lui

très effilé, parents,

amis

el

souhaitent longue vie et bonheur,

leurs cris de joie et leurs chants d'allégresse couvrent les sanglots de l'innocente victime. Détail bizarre

généralement un des oncles maternels de l'enfant, quand de banane les chairs encore saignantes. c'est

il

y en

a,

qui doit

manger sur un morceau

Tous mes préparatifs de voyage dans l'Ouest sont terminés maintenant à Mandritsara. en quantité suffisante: des guides pour

me

conduire à Bélalilra,

le

:

J'ai

seul centre important

27

des vivres

que

je dois


VOYAGE

210

rencontrer avant d'arriver à Majunga, et

tainement à

j'ai

A

MADAGASCAR.

aussi ces malheureux soldats dont je

me

débarrasserai cer-

première occasion favorable. D'après mes observations, qui concordent parfaitement

la

d'ailleurs avec les

renseignements dont

je

m'entoure,

et

que

de

la suite

mon voyage m'a

pleinement con-

firmés, je ne dois trouver d'ici à la côte Ouest qu'une vaste plaine. Cette constatation, qui peut paraître

bizarre au premier abord, est cependant très logique pour celui qui a bien saisi l'orographie générale

de Madagascar. est

peu élevée,

je suis je

ici

En

effet,

je n'ai

sur ce parallèle,

la

chaîne de partage des eaux est très près de

trouvé que 820 mètres au point culminant

à Mandrilsara, sur le versant occidental de

répète trois fois par jour depuis

mon

arrivée

ici,

l'île,

ma

et

à trois

par des observations

maison, qui

la

côte Est, elle

jours de marche de Mananara. Or,

est

très

minutieuses que

presque au point culminant du

mamelon sur lequel Mandrilsara est construit, n'est qu'à 320 mètres d'altitude. De plus, le Mangarahara, la rivière de Mandrilsara, qui coule en bas de la ville, à une cinquantaine de mètres au-dessous du rova, esl

un affluent du Sophia, grand fleuve qui va se jeter dans

suivre pendant très

verser

le

longtemps ce Mangarahara, puis

Mahajamba

et arriver enfin à la

rable au-dessus du niveau

canal de Moçambique. lais

il

île la

mer,

le

me

baie de

Mahajamba. Nous devons la

gauche pour

tra-

baie de Iîombclokc. Etant données cette altitude peu considé-

et la distance très

m'était facile de prévoir

grande

qu'il

me

fallait

franchir pour arriver au

que j'allais marcher dans de grandes

rencontrer de larges cours d'eau à courants très lents, aux

suite devait

la

Sophia, avant d'incliner sur

prouver que mes suppositions étaient exactes.

CIMETIERE BETSIMISARAkA.

lits

plaines,

que

j'al-

larges et peu profonds. D'ailleurs la


vn. t.

\C.i:

|.

A.MBOHIMEHA.

CHAPITRE

VIII

Départ de Mandritsara. — Récolle du raphia. Régi lénudée. Zone forestière, la brousse. - Le aatrana (latanier de Madagascar). - Les troupeaux de bœufs. Incendie des brousses. Arrivée à Belalitra. Tsievala. Caractères ethniques des Sakalava. - Mœurs cl coutumes.— Pillage d'Ambahibe. Les bongalava. — Traversée des grands bongalava. Dans la vallée du Mahajamba. — Perdu dans la brousse. Attaqués par les fahavalo. Mon ami Sélim. Chez le roi Diriamana. Passage du Mahajamba, Pirogue balancier de la cote st. Los moustiques à Madagascar. Bemakamba. - Les étangs de la côte Arrivée a Majunga. La ville el sa population. Commerce de Majunga. Départ. -

;

.

>

L

mardi

k

îs

octobre, je quille Mandritsara au lever

-anl devant

soldais

que

depuis hier traversons vers

droil

moi ma caravane bien an complet,

Rakotondravoavy soir.

le

Un

avail

l'ail

les

quarl d'heure après noir,' sortie de

peu

Fuis,

de

un hameau de quelques cases,

-a rive

lcm|ps

c'esl

s-

j

guides

ma

mettre à

Mangaraha, puis nous suivons

l'ouest.

«lu soleil,

el

1rs

disposition

la ville,

nous

gauche, marchanl

après,

Tsiandrorano.

nous

traversons

On me montre,

auprès du village, de nombreuses roches basaltiques qui à fleur de terre

semblent, avec beaucoup d'imagination, figurerune ancienne

ehaussr,' en ruines.

Il

n'y a

coups de marteau m'ont

Quoi

en soit,

qu'il

le

posées

par des

I

que de

rien

vile appris

que

très naturel el

je ne

quelques

me trompe aucunement.

chef du village, vieillard très respectable, m'af-

firme avoir entendu dire

A

à

son grand-père que ces pierres avaiehl été

azaha. C'esl absolument inexact el je peux suivre

pendant plus d'une demi lieue celle coulée basaltique qui plaque \K\I.\V.\

DE

sur l'argile rouge un large ruban noir. Cependant,

M UUNGA.

cl surloul

faisant allusion, je n'en

doute pas,

à la

le

renseignement que

roule autrefois célèbre

à

me

donnai!

le

si

je cite ce

l'ail,

chef du village, en

Madagascar de l'aventurier Benyowsky,


VOYAGE

212

que

c'est qu'il est le seul

MADAGASCAR.

A

pu entendre pendant mon voyage de Mananara ai d'ailleurs jamais vu aucune trace.

j'ai

fameuse chaussée je n'en ;

Benyowski, dans ses Mémoires, parle d'une route de 28 lieues tsy à Louisbourg. Elle aurait été commencée des deux côtés à

M. de Boispréaux,

de l'Est sous

celle

la

à

Majunga, au sujet de cette

pour

qu'il aurait fait faire

la fois

conduite de M. de Rozières

;

relier

Angon-

sa partie Ouest sous la direction de

:

sous deux ingénieurs, G000 ouvriers,

fournis par les chefs des différentes tribus, y avaient travaillé. Certains auteurs ajoutent qu'une dérivation de cette route, primitivement tracée, devait passer à Mandritsara et aller

Dans

l'après-midi, je passe à

Dans

gué l'Amboaboa,

m'arrête au village de Marangebato.

la soirée, je

Aux environs de

ce village, je vois

palmiers raphia qui constituent une des richesses actuelles de Madagascar.

cement de ce volume, de cet arbre dont toutes

textiles

que ce palmier fournit

et

le

J'ai

beaucoup de

déjà parlé, au

commen-

ont un emploi spécial: les Malgaches font

les parties

tout avec ce végétal, mais ce qui doit nous intéresser

gagner la baie de Majunga.

gauche du Mangarahara.

petite rivière, affluent de

nous autres Européens, ce sont

plus,

les fibres

dont l'emploi se généralise de plus en plus dans nos climats, chez

les

viticulteurs.

Dans

cet arbre,

comme dans

naux qui partent du centre de

tous ses congénères d'ailleurs, on ne trouve que des bourgeons termi-

l'arbre; à

chaque pousse d'un nouveau rameau,

un bourgeon droit

sort

et

pointu, dont les feuilles restent enroulées sur elles-mêmes pendant quelque temps. C'est dans cet état, et

lorsque ce bourgeon a pris un certain développement en longueur, mais lorsqu'il ne

épanoui, que l'indigène vient

le

conditions, les fibres dont ce

couper

et le fait

bourgeon

sécher hors de

la

portée des rayons du

formé sont blanchâtres

est

colorantes, qui viendraient en diminuer la valeur.

Le

soir

ou

le

et n'ont

lendemain de

feuille,

en ayant bien soin de ne pas attaquer

dos du couteau, l'épiderme supérieur incisé,

exposée au

recueillie et

bien tendu, puis au

soleil

le

fer

dont

les

la récolte, les la partie

La quantité de raphia qui

ces

femmes

enlè-

supérieure de

pouce

et le

elle est

sèche, chaque brin est pris à part

dents sont plus ou moins rapprochées, suivant le

s'exporte

la

sens des fibres. Ces fibres sont ensuite

nattées grossièrement, roulées généralement sur elles-mêmes, et vendues dans cet état traitants de la côte.

Dans

complètement. La partie inférieure est seule

grosseur du fd que l'on veut obtenir, on divise l'épiderme dans

aux

soleil.

revers; saisissant ensuite, entre le

elles l'enlèvent

pendant quelques heures. Quand

moyen d'un peigne en

pas encore

pas encore de matières

vent la côte ligneuse médiane, font avec un couteau une incision transversale sur

chaque

s'est

aux Européens

chaque année de Madagascar,

et

à destination

d'Europe, est considérable, on peut l'évaluer à plusieurs milliers de tonnes. Les raphia se trouvent surtout dans

le

nord de

l'île,

et c'est la partie

nord-ouest qui semble

végétal. Jusqu'à ces dernières années, l'achat de ces fibres par les la

côte est de

Vohemar

côté de l'Ouest, et le

commerce peut

ils

Depuis quelque temps,

à Mananjary.

ont raison, c'est

se développer le

la partie

la

mieux pourvue de ce précieux

commerçants

se faisait surtout sur

Européens se portent davantage du

les

qui est relativement

la

plus riche de Madagascar

;

plus librement, débarrassé de l'influence pernicieuse des Antimerina,

de leurs mesures restrictives et de leur mauvais vouloir.

Le mercredi 9 octobre, nous continuons notre route à sinueuse, mais

traverse toujours

elle

un

de Marangebato. La route est assez

l'ouest

terrain relativement plat;

il

y a bien de temps en temps

quelques petits mamelons, quelques blocs de rochers, qui nous obligent à des détours nombreux, mais enfin à

dant

Madagascar

l'avis

il

ne faut pas être

terrains accidentés de la côte,

montées ici c'est

difficile, et

en

somme

c'est

une bonne route. Tel

de nos porteurs, ces gens préfèrent certainement, à ce terrain plat, sec

et les descentes, ils

tout différent

aux angles avivés

et

:

le

les lits

n'est

pas cepen-

et caillouteux, les

de sable succèdent aux boues argileuses. Là, malgré

cheminaient allègrement. Pieds nus,

ils

les

ne se plaignaient que rarement ;

terrain est sec et dur, le sol est partout recouvert de petits cailloux quartzeux,

tranchants. Aussi, ceux qui n'ont pas eu

la

ce qu'ils appellent des kapa, souffrent de blessures fréquentes

et

précaution de s'acheter à Mandritsara

ne peuvent nous suivre que

ment. Les kapa sont des espèces de sandales indigènes, employées par tous

les

Malgaches

difficile-

le

terrain est analogue à celui sur lequel nous nous trouvons. C'est un simple morceau de peau de bœuf,


TRAVERSÉE DE suivant les contours de

taillé

plante

la

du pied

213

une autre lanière qui passe au-dessus du

chaussures sont très légères et protègent suffisamment, elles

A L'OUEST.

et contre laquelle elle se trouve fixée, en avant,

lanière qui emboîte le gros orteil; en arrière, par

ment,

LEST

L'ILE DE

comme

j'en ai fait l'expérience.

sont très glissantes, et les chutes sont nombreuses avec

elles,

par une

talon.

Ces

Malheureuse-

surtout lorsqu'on marche sur

des bancs de roches fortement inclinés; de plus, à chaque ruisseau qu'il vous faut traverser, et devant

chaque

détrempé

terrain

qu'il est nécessaire

qui se présente fort souvent dans

ne sont pas tannées;

elles

A

il

faut les enlever. Petit supplément de fatigue,

pratique. Ces kapa sont faites de peaux simplement séchées au soleil,

la

touchaient l'eau, elles ne pourraient plus vous être d'aucune

elles

si

de franchir,

utilité.

mesure que nous nous éloignons de Mandritsara, nous pénétrons dans un pays nouveau, dont

configuration générale est des plus pittoresques. Ce n'est plus forêt.

Partout et aussi loin que

la

la

plaine dénudée, ce n'est pas encore la

vue peut s'étendre sur l'immense terrain qui se déroule devant nous,

la

notre horizon semble borné par des bois épais, mais ce n'est

avançons, nous voyons que ces bois touffus

qu'une apparence,

et à

mesure que nous

et ces forêts épaisses n'existent pas. C'est toujours la plaine,

couverte de hautes herbes des grands vero; mais, partout, des arbres surgissent, ce ne sont pas ces arbres

imposants que nous avons vus dans hauteur, mais

ils

sont touffus,

les forêts

leur

et

de l'Est

ils

:

ombre cache un

n'ont en général que cinq ou six mètres de

large espace.

tous ces végétaux, arbres ou arbustes, sont disséminés dans

Je décrirai donc au lecteur Madagascar sous trois aspects différents

grandes divisions comprennent

totalité

la

de

qu'on peut

partager en zones

le

conclusion pratique de ce

territoire suivant

bien

l'ail

1res

pays dans

le

remarquable, que non

l'aspect général de la végétation, niais

tranchées, suivant

peut paraître paradoxale,

fait

brousse.

bien caractéristiques. Ces trois

et

tous les sens, que des zones intermédiaires. Madagascar présente ce

seulement on peut diviser son immense

beaucoup de buissons, mais

on ne trouve à côté, en parcourant

el

l'île,

y a

11

la plaine. C'est la

el

la

nature

en réalité

même

de celte végétation. La

n'en est rien.

il

encore

En

fait,

un Euro-

péen rompu au voyage dans ce pays, ou n'importe quels indigènes, vous diront, rien qu'à l'inspection

du paysage qui ils

les

environne, ou

à la

vue

«les

arbres qui poussent devant eux, dans quelles provinces

se trouvent et cela avec assez d'exactitude.

D'après l'aspect général de des grandes forêts; 2°

végétation, on peut diviser Madagascar en trois régions

la

région de

la

la

brousse; 3°

laquelle elle

première région,

la

forme presque une ceinture ininterrompue. Celte zone

peu épaisse vers

le

Sud,

elle est

au contraire

1res large

presque partout en deux cordons Imisés, qui sur

1° la

dans

tout autour de

forestière

couvre également la

les

hauts sommets parallèles

notamment

elle se

à

dédouble

sont accrochés aux cimes des

côte, dont elle est, en général,

à la

l'Ile,

forestière d'enveloppement es) très

régions septentrionales;

les

côte Est

la

elle s'étend

deux chaînes de montagnes qui forment l'ossature principale de Madagascar. Dans l'Ouest,

plus éloignée que sur

région

région dénudée.

la

Je ne m'étendrai pas inutilement pour définir

:

celle

zone

beaucoup

côte Est. Celle zone forestière est séparée de chaque cê>lé des autres zones par

une zone intermédiaire,

la

région des défrichements.

villages betsimisaraka de la côte Est

et

les

On

ne rencontre que dans cette dernière

agglomérations sakalava de

la

côte Ouest. Le sol

(\c

les

ces grands

bois est partout très accidenté, les dénivellations sonl profondes, les montées sont rapides. Les jours

de pluies y sont fréquents,

La région de aujourd'hui; territoires

le

presque continuels.

brousse, que je viens de décrire précédemment, est celle dans laquelle nous marchons

occupe

les trois

cinquièmes de

des tribus insoumises

occupe tout chées;

la

elle

les brouillards

versant du canal de

et

la

superficie totale de

l'île, et

comprend l'ensemble des

des tribus incomplètement administrées par les Antimerina. Elle

Moçambique

et le

sud de

l'île.

Les saisons y sont parfaitement tran-

de cette région est en général plat ou faiblement ondulé. Les villages y sont rares. La troisième région, où on ne rencontre pas un pied d'arbre, pas un buisson, n'occupe qu'un le sol

cinquième de

la

superficie de

n'empiète que fort peu à

que

la

population

est la

l'île; elle

l'est et

plus dense,

comprend

:

le

pays des Antimerina et celui des Betsileo, et

au sud de ces deux provinces. C'est dans cette région dénudée et

je serais porté à croire qu'autrefois

on ne distinguait à Madagascar


VOYAGE

214

que deux zones,

d'une part, beaucoup plus grandes qu'aujourd'hui, et

les forêts

couvrir l'immense majorité de lard, créée artificiellement

MADAGASCAR.

A

grande

la

dans

Quant

île.

à la zone dénudée, elle s'est

pays des Antimerina

les

la

des Belsileo, chez lesquels

et.

relativement assez dense. Celle zone dénudée, sur les hauts plateaux du centre de

mais à déclivité moins rapide que

très accidentée,

l'île,

la

population est

offre

une surface

zone forestière. Ce sont en général des mamelons

la

arrondis, des croupes rocheuses, que percent, ça et

brousse qui devait

formée beaucoup plus

là,

de gros blocs de granité

cl

de gneiss. Les eaux

vives y sont très abondantes.

On

trouve souvent dans

la

zone des brousses, des

peut être absolument certain dans ce cas que

importante des Antimerina. En somme,

admettre que teurs.

forestière ne

plus ou moins grands de terrains dénudés. l'îlot

est

l'

Antimerina

et

du

Betsileo, des peuples agricul-

semble pas caractériser spécialement une tribu, puisqu'elle entoure

tout entière. Cependant les Betsimisaraka en occupent la plus grande partie.

des territoires des tribus insoumises, des Sakalava

est caractéristique

être complet, d'elle,

de

au

trois

et

comme

comme

aspect et

l'île

La région des brousses

des Bahara en particulier. Pour

faut observer (pie notre colonie de Nosy-Be, et les côtes de

sont absolument analogues,

l'île,

Ces à

il

On

occupé par une agglomération

sans vouloir entrer dans de trop petits détails, on peut

et

zone dénudée est caractéristique de

la

La zone

îlots

centre de

le

Madagascar situées en face

végétation, à la région côtière occidentale

territoire de la tribu Betsimisaraka.

grandes divisions de Madagascar ne correspondent pas seulement à un aspect général

une végétation

différente, mais, chose liés

remarquable, semblent parfaitement concorder avec des

et

divi-

sions semblables que l'on voudrait faire dans la population. Elles correspondent aussi très exactement à

une similitude générale, non seulement dans

les

caractères ethniques des différentes tribus, dans leurs

usages et leurs coutumes, dans leur façon de vivre, dans leur manière de construire leurs maisons, de confectionner leurs vêtements; mais encore dans les caractères anthropologiques généraux des populations. Ainsi,

un Antimerina

semblable à un Bahara,

et

il

sera très difficile de distinguer

d'un Betsimisaraka proprement

Dans

la soirée

du

!t

parfaitement comparable à un Betsileo, un Sakalava est en tous points

est

à

Anahidrano. Dans l'après-midi, la plaine,

environs,

Ambondrona,

et

nous arrivons au milieu du jour

roule devient fatigante; nous marchons sur les flancs d'une mon-

la

nom

le

sommets

le

nous continuons dans

point la

très aigus et

de pic Andengalenga et pic Analaboloha.

chaleur devient de plus en plus accablante,

la

après Maevalanana

est

11 octobre,

à

qui présente celle particularité d'avoir deux

nous marchons vers l'Ouest,

Le

bonne heure

très

teur sensiblement égale, qui ont reçu

Majunga, qui

îles

octobre, nous nous arrêtons à Anlsomiky.

Le jour suivant, nous passons de tagne isolée dans

un Anlankara de Nosy-Be ou

dit.

le

chaud de

plus

brousse,

et

A

de hau-

mesure que

en sera ainsi jusqu'à

il

de Madagascar.

l'île

nous passons au hameau de Ambodivongo

et

à

Ce dernier village, que nous atteignons vers onze heures, est peuplé presque entièrement de Makoa, nègres du Moçambique. Ces Makoa sont très communs sur la côte Ouest, ils y sont celui de Bevala.

importés continuellement, par des boulres arabes; à Madagascar

pour de

l'argent, soit plus

généralement pour des bœufs, que

côte d'Afrique. Ces boutres qui,

comme

je viens

de

le dire,

les

ils

sont vendus

comme

esclaves, soil

boutres vont reporter et vendre sur

ont un équipage et

la

un capitaine arabes,

appartiennent presque toujours à des Indiens de Bombay, sujets britanniques, qui sont venus depuis

quelques années

s'établir en

commerce,

traite

le

et la

vernement antimerina, sous

champ

grand nombre sur

les

côtes occidentales de

l'île

madécasse;

des esclaves est une de leurs opérations les plus lucratives. la

En

ils

y font tous

1887, le gou-

pression des Européens, avait bien publié un édit qui libérait sur-le-

tous les esclaves d'origine africaine; mais

comme

ments, quels qu'ils soient, qui n'ont pas de sanctions, cet

toutes les lois malgaches et tous les règleédit est

devenu

lettre

morte

le

jour

même

de

sa proclamation. D'ailleurs, les Indiens, sujets britanniques, de par les capitulations consulaires, échap-

pent aux

lois

malgaches,

traitent d'ailleurs

et ils

ont tous sur

avec dureté sous

"

1

«

«-il

la

côte Ouest chacun une demi-douzaine d'Africains, qu'ils

bienveillant de leur consul.




TRAVERSÉE DE C'est dans la matinée çariensis), cet

du 12 octobre que

je vois

pour

l'île

première

la

arbre caractéristique de l'Ouest sakalava.

quelles on peut diviser toute

de

L'ILE DE L'EST A L'OUEST.

J'ai parlé

de Madagascar, suivant

217

des satrana {Hyphœna madagas-

fois

plus haut des trois régions entre les-

configuration du pays et l'aspect général

la

même

végétation. Mais on peut aussi établir de grandes subdivisions, d'après la nature

la

nombres

végétation, qui, sans pouvoir englober dans leurs

de

la superficie tolale

de celle

peuvent en

l'île,

déli-

miter du moins la plus grande partie. Ainsi, ces satrana que nous voyons maintenant tout autour de

nous, caractérisent

la

plus grande partie du versant du canal de Moçambique. Le ravenala, arbre du

voyageur (Ravenala madagascariensis),

au contraire spécial au versant de

est

de ce dernier palmier est moins soumise

lisation

uns, mais en très petit nombre, dans

au contraire,

je n'ai

à

satrana.

le

jamais rencontré de satrana sur

versant oriental de

le

Le botona

trouvent surtout,

le

Le longoza

voavolaka sont caractéristiques

le

et

premier dans l'Ouest,

(Amomum

le

second dans

augustifolium) couvre

equisetifolia) se trouve tout

de petits sujets;

«pie

y a de grandes forêts

la

contrée analogue du

côte voisine.

la

baobab de Madagascar,

(le

Indes. La loca-

en trouve quelques-

Il

l'île.

de ravenala en pays betsimisaraka, et on en rencontre quelques bouquets dans versant sakalava, à Nosy-Bc, et sur

On

du Betsiboka. Encore, ce ne sont

vallée

la

des règles fixes que

mer des

la

autour de

l'île,

mais

côte Esl

la

;

ne s'écarte jamais du bord de

il

et se

de Madagascar.

l'Est

défrichements de

les

pays de brousse

îles

le filao

cl

la

mer;

il

(Casnarina esl très fré-

quent sur les côtes betsimisaraka.

Nous sommes toujours en

comme

primitif,

terrain

tracées que par un

lit

de sable blanc, dont les sinuosités se perdent dans

mince

trouvons pas de village

et

d'eau qui se perd dans

filet

les

grandes herbes.

les

nous arrivons au bord du

les satrana, et

très important, n'est plus représenté à celle

Le cours d'eau, qui doit être

l'année que par un

presque tous

et

qui doivent être importantes, ne sont plus

Le samedi 12 octobre, nous reprenons notre marche dans fleuve le Sophia.

Madagascar,

règle à

la

c'est

même

ruisseaux que nous traversons son) à sec; des rivières

En marchant jusqu'au

les sables.

comme du

nous campons sous ces satrana. Dans ces parages,

époque de nous ne

soir,

reste

dans tout

l'Ouest de

l'île,

la

richesse du pays consiste surtout en grands troupeaux de boeufs que possèdent les

habitants.

Pour

le

Sakalava, l'élevage du

faudrait pas donner au

quelques vaches

possède-l-il

bœuf

mot élevage son sens cl

un taureau,

est

il

laisse faire la nature.

il

Le jour,

le

nature

II

l'île,

c'est aussi la

tons sont livrés à case

même du

même

pour tous

eux-mêmes pendant propriétaire.

On

la

d'un

tête

la

tous les

fait

les

cl

cependant

frais.

petit

Un

soit la saison;

nuit,

la

il

la

troupeau, que les

du loge-

ses bêtes

boeufs est

la

au

cl

le

soir rentrés sous un abri près de la case

ne leur donne jamais de nourriture,

cl

il

village,

même

animaux domestiques. Poules, cochons, chèvres

journée,

ne

brousse, où les animaux

ramène les

il

Sakalava

n'a à s'inquiéter ni de la nourriture ni

parque dans un enclos de branches d'arbres; celle façon d'élever

et les

la

seule occupation,

la la

Sakalava conduit son troupeau dans

trouvent une nourriture suffisante, quelle «pie

toute

ici

se trouve de suite à

naissances successives viendront bientôt accroître

ment,

peu près

à

habituel, car

et

dans

mou-

ou dans

faut des circonstances bien

exceptionnelles pour que l'homme pourvoie aux besoins de ses animaux domestiques. Cette façon de

procéder explique pourquoi on ne trouve que très difficilement

maux

:

propriétaire de ces jeunes

adulte sans faire

acheter à Madagascar de jeunes ani-

à

un œuf est presque aussi cher qu'une poule; un veau est vendu

animaux

aucune dépense,

il

n'a qu'à attendre

peut alors

les

comme un bœuf;

quelques mois pour

c'est

sur tout

le

de mettre

le

feu dans

la

brousse

versant Ouest du reste, l'herbe

cl

de dévaster toute

commence

pied, elle esl bientôt grillée par les rayons ardents

mois de juin,

juillet,

voir parvenir à l'étal

les

contrée.

la

à pousser, au

la

Dans

du

soleil, cl

il

le

la

région des brousses, et elle atteint

moment,

elle

son

sèche sur

faut de toute nécessité débarrasser la

de celle couche de végétaux morts

d'une couche de plusieurs décimètres d'épaisseur. Alors

nourriture de leurs ani-

mois de décembre,

plus grand développement, 2 m. 50 environ, au mois de mars; à partir de ce

terre, vers les

effet, le

vendre au prix normal. La seule chose que nous voyons

dans ces parages aux Sakalava, propriétaires de bœufs, pour amender

maux,

en

el

desséchés qui couvrent

Sakalava appelle

la

flamme

la terre

à son secours, 28


VOYAGE

218 il

met

le

MADAGASCAR.

A

feu dans la brousse, l'herbe sèche et les feuilles mortes forment bientôt d'immenses brasiers.

Les cendres servent d'amendement au

débarrassée de celle végétation morte, donnera

sol, et la terre,

au mois de décembre de nouvelles pousses qui seront une excellente nourriture pour

les

bœufs. Malheureusement, cette méthode barbare a des inconvénients

la

les

jeunes pousses des arbres; les gros troncs sont

feu du Sakalava

comme

la

même

avec l'herbe de

:

souvent calcinés à leur base

troupeaux de plaine brûlent

et,

hache du Betsimisâraka concourent au déboisement général de

en somme,

le

l'île.

Nous avons rencontré aujourd'hui, vers onze heures, le village de Berohitra, qui compte une douzaine sommes obligés d'y coucher, car nous ne trouverons pas de village ce soir notre marche

de cases, et nous

;

d'aujourd'hui est donc peu considérable.

aucun

étape, plus longue d'ailleurs et sans

Le jour suivant, nouvelle

incident, jusqu'au village de

Ambararatabe ou Bedjipty, où nous nous arrêtons pour coucher. Nous avons passé dans

Ankazomena

sommes

et

hameau

à Ambarijevo, petit

la

journée

à

sakalava, aussi misérable d'ailleurs que celui où nous

logés ce soir. L'eau esl très rare dans

contrée, et les bergers sakalava conduisent fort loin

la

leurs troupeaux pour les abreuver. Cette absence d'eau n'est pas sans

me

causer quelques inquiétudes,

d'autant plus que la contrée que nous devons traverser en deux jours pour atteindre Belalitra, en est

absolument dépourvue,

et

mes porteurs sont

fatigués ou plutôt

si

où nous devrions rencontrer, en quelques heures de marche,

Le lundi 14 octobre, nous reprenons noire marche dans dans

les environs.

petit village

Mes porteurs

Banzonv qui

se répandent

s'écarter bien loin par crainte des fahavalo; été vaines.

A

la

brousse

la

traversée de la forèl

cela est facile,

ne

fait

Il

nord

brousse,

ils

vont de tous cùlés, mais

ne peuvent

ils

reviennent quelques heures après, leurs recherches ont

;

la

fatigue et les sueurs nous accablent, el la soif

du moins pendant

les

premiers jours; mais

les

on

moi-même

qui

ai

il

on

réagit,

augmente sans

trompe par mille

la

pas ainsi pour

n'en est

cesse; dans

et souffert de la faim, mais artifices, el

ce n'est pas

la soif,

heures, et dans la rage que l'on éprouve, tout ce que l'on peut

qu'exaspérer ce! impérieux besoin. Mes

leur tabac, et

ment.

le

sous les lataniers. Vers dix heures,

et

de Didy à Fito, nous avions bien manqué de vivres

jours que l'on compte, ce sont

faire

pointe vers

fleuve le Sophia.

complètement abandonné, pas une goutte d'eau

cela n'est rien auprès de la privation d'eau; contre la faim

les

le

tra-

ces heures chaudes du jour, la privation de toutes boissons dans ces pays intertropicaux

est particulièrement pénible la

est

dans ils

paresseux qu'ils aiment mieux

manquer d'eau que de pousser une

verser cette contrée en ligne droite au risque de

nous passons près d'un

si

voulu, pour faire

y a quelques semaines, pendant

la

le

hommes

qui,

comme

d'habitude, ont voulu chiquer

brave, fumer force cigarettes, nous souffrons atroce-

première partie de notre voyage, nous maudissions

la pluie

persistante qui nous accompagnait dans la zone forestière, et nous donnerions maintenant beaucoup

pour en recevoir quelques gouttes dans

un

sentier pierreux,

cette région des brousses.

Nous reprenons notre

route, et suivant

nous arrivons à un autre village abandonné, dont on ne peut me donner

procédons à de nouvelles recherches, qui sont aussi vaines que vraiment critique, mes

hommes sont

exténués,

et je

celles

nom. Nous

le

de ce malin. Notre position

est

ne sais vraiment trop comment, demain, mes porteurs

pourront reprendre leur route sans abandonner mes bagages; nous nous logeons tant bien que mal dans ces cases vides, je suis exténué

et,

malgré

d'un profond sommeil. Le lendemain, à

les cris

mon

des porteurs qui chantent pour s'étourdir, je m'endors

réveil, je

trouve mes caisses de bagages enfoncées, mes

le rhum dans lequel je conservais mes pièces zoologiques. Quand je sor< mon monde rassemblé sur la place du village, ils entourent deux de mes meil-

malheureux porteurs ont bu de

ma

case, je vois tout

leurs porteurs, Rainiboto et Rainil'ringa, qui gisent inanimés sur

sont morts; je les fais ensevelir rapidement dans el

je presse les autres

ce sont probablement

dont

ils

se

met en marche

lui

depuis deux jours,

Beaucoup de mes hommes

tant bien el le

paraissent ivres,

que mal.

el

tout

le

monde

soir.

Il

le village,

y aura de

se traîne sous ce

thermomètre fronde à l'ombre marque

ils

souffrent véritablement,

mes

souffrent qu'ils en

de partir vite pour atteindre Belalitra, où nous devons arriver ce

Le convoi

centigrades.

:

la soif

plus belles nattes que nous trouvons dans

de feu, nous n'avons pas

l'eau, c'est le salut. soleil

les

sol

le

voleurs de rhum, ces malheureux en ont tellement bu pour étancher

el le

moindre

-f-

35°

effort




TRAVERSEE DE LTLE DE LEST A L'OUEST. musculaire, par cette chaleur intolérable,

A

poussière.

quatre heures,

pouvons nous arrêter pour l'Anjabiny,

un des

l'ait

plus vivement ressentir

nous marchons dans des cendres épaisses,

cette brousse est brûlée,

j'ai

hommes

onze

gauche du Sophia,

avons déjà traversées depuis Mandritsara; par largeur de son

lit

nous soulevons des nuages de

qui sont tombés épuisés sur la route, mais nous ne

Nous voulons

les secourir.

affluents de

221

besoin qui nous dévore. Toute

le

et

'

il

Un quart d'heure après, nous traversons comme presque toutes les rivières que nous

boire.

est à sec

les traces

qu'ont laissées les eaux sur ses rives et par

la

de sable blanc, cette rivière coulant normalement doit avoir plus de 80 mètres de large

moyenne d'environ un mètre. L'Anjabiny

sur une profondeur

dans

se jette

le

Sophia, dans

nord du

le

point où nous nous trouvons à un jour de marche, et tout près de son confluent est l'embouchure du

Bemarivo. Peu de temps après avoir traversé d'un panache touffu un petit

mamelon,

il

mamelon

la rivière,

nous voyons de beaux manguiers qui couronnent

plus élevé que les autres

y a des sources dans un petit bouquet de raphia. C'est alors une course

son paquet et court vers l'eau de toutes ses forces, moi-même je suis ce suis vite dépassé.

Il

ma

vie avoir

le

est

Ils

absolument invraisemblable,

bu avec autant de

quarante-huit heures m'a permis de constater par

Afrique et en Australie.

folle,

chacun

et

jette

mais je

irrésistible,

qui toute l'année

niveau de l'eau a dû baisser considérablement, la quantité

hommes

de ce liquide bienfaisant bue par mes rappelle pas dans

mouvement

y a dans ces raphia près de Belalitra des sources importantes,

coulent à pleins bords. Cependant ce jour-là,

en bas du

c'est là qu'est Belalitra, et

:

plaisir.

La

moi-même

et

me

je ne

soit

dont nous avions souffert depuis

l'ait

énoncé par certains voyageurs en

moi-même un

avaient remarqué, après des privations [dus longues encore que celles que

nous venions de subir, que

premières gorgées d'eau avalées éfaienl non seulement désagréables,

les

mais très douloureuses; je ne puis que confirmer ce phénomène bizarre.

un assez gros

Belalitra est

d'une enceinte palissadée, des autres,

et

dont

les

village, c'esl le centre le plus important de ce bassin

l'aile

de troncs de satrana, enfoncés verticalement dans

de l'année, celles où nous nous trouvons, par exemple. Belalitra tions et les troupeaux de le

bœufs des

Ils

la

et

moment, grâce s'avancer vers

que

une chance inespérée,

les

je n'en ai pas

arrivant à Belalitra, le district

j'ai

quitté

Il

le

ils

et

le

le

la

est

il

les

popula-

de prédilection hanté

le lieu

saison sèche

Betsiboka dans

En

ils

trouvent

cas d'attaque,

la

la

saison des

est bien établie.

les

A

ce

endroits guéables et

saison sèche

et

surtout dans

plus redoutables dans l'endroit où nous nous trouvons; par

encore vu, mais je crains bien d'en voir prochainement, avant

Bombe toke. le territoire

administré par

le

de Majunga. Le chef de Belalitra est un Sakalava,

vaste territoire dont

époques

à certaines

passent d'ordinaire toute

\

des bœufs. C'est donc dans

homme, gouvernant avec beaucoup de sagesse mieux

mais

de refuge pour

des

de Manerinerina. C'est sur les confins

forêt

peuvent traverser

ils

fahavalo sont

d'arriver sur les bords de la baie de

dans

grande

nombreuses que lorsque

Nord, voler des esclaves

ses derniers mois,

la

plupart d'entre eux ont leur village,

à la baisse des eaux,

le

lieu

de munit ions auprès des tribus sakalava insoumises.

pluies et ne se rassemblent en troupes

En

village,

de

à cèvlé et

territoires a voisinants.

un refuge assuré dans

trouveraient aussi

de celte forêt que

uns

sol les

habitent d'ordinaire au sud de Betsiboka sur les contins du Menabe, où

facilement à se ravitailler d'armes ils

le

sert

Boeny, immense province de Madagascar couverte de brousse,

par les fahavalo.

le

entouré

est

11

extrémités supérieures sont réunies solidement entre elles par des lianes

cordes de raphia. L'espace ainsi clos est beaucoup plus grand que

Tout

du Sophia.

et

de prudence son

gouverneur de Mandritsara,

nommé

Tsievala, qui est

petit village, et

et je suis

un excellent

administrant de son

est chargé.

est très intéressant d'observer la politique particulière des

Anlimerina à l'égard des tribus

qu'ils

ont

soumises, et en particulier à l'égard des Sakalava, les seules peuplades qui leur aient résisté victorieuse-

ment

et

qui en maints endroits ont su conserver leur indépendance. Tandis que, chez les Betsileo et les

Betsimisaraka par exemple, tribus fort paisibles et très facilement gouvernables, les

les

Anlimerina frappent

indigènes de lourdes corvées, y envoient des gouverneurs féroces et rapaces, et enfin mettent en

coupe réglée ces timides populations, ces mêmes Anlimerina en agissent tout autrement avec

les tribus


VOYAGE

222

du Sud

Sakalava, gens turbulents et

et les

chaque poste important, sakalava

même

et

presque tous

comme

manier.

difficiles à

du gouverneur

à côté

MADAGASCAR.

A

comblent de prévenances

Ils les

des officiers sakalava, qu'on traite sur

le

même

un Sakalava,

Belalitra par exemple, c'est

10 e Honneur, grade assez important dans

la

dans

Dans

pied que les officiers antimerina.

anciens chefs sakalava ont été maintenus,

les villages, les

;

des fonctionnaires antimerina se trouvent des juges

et

dans des centres importants,

et

nommé

Tsievala, qui a été

gouverneur;

est

il

même

hiérarchie compliquée des Antimerina. Mais ce qu'il y a de

plus remarquable dans l'administration antimerina des territoires nouvellement soumis à leur gouverne-

ment,

c'est qu'ils

tions;

ils

A

y ont respecté d'une façon absolue

usages

les

coutumes des anciennes popula-

et les

ont donné ainsi un bel exemple de colonisation à certains peuples occidentaux.

nous quitte

Belalitra,

le

guide principal que nous avait donné à Mandritsara Rakotondravoavy, qui

a remis à Tsievala nos lettres de recommandation

nos passeports. Tsievala, de son côté, va nous

et

donner des guides qui nous conduiront jusqu'à Majunga.

Comme

gouverneur de Mandritsara, Tsie-

le

vala a voulu nous rendre de grands honneurs; nous avons assisté à une grande parade où ses quatre

misérables soldats loqueteux ont

Pendant

j'entends de tous côtés des hurlements épouvantables, ce sont les factionnaires du

la nuit,

dont on a doublé

fort,

avec des morceaux de bambou.

fait l'exercice

le

nombre

sont plus du tout les zovy, zovy

mon

à l'occasion de

que

e,

j'avais

passage;

hurlements

les

qu'ils

entendus dans l'Imerina, ont pour

effet

poussent

et

qui ne

surtout de les empê-

cher d'avoir peur.

mon

Depuis Ouest,

départ de Mandritsara sur

j'ai suivi,

compte continuer

et je

mon

côte Est, et jusqu'à

la

à suivre,

un

Majunga sur

arrivée à

itinéraire qui passe à

la

côte

quelques lieues plus au

nord du chemin parcouru dans ces contrées par Rutemberg en 1877-1878. Et c'est justement ce tracé un

peu plus septentrional qui m'a permis de relever Les habitants de ce village sont et

la

cours du Sophia et de passer à Belalitra.

le

réunion de beaucoup de tribus différentes, on y voit des Antimerina

des Belsimisaraka, mais on y rencontre aussi des Sakalava de type pur; les

Makoa y sont aussi nombreux.

Les caractères ethniques des Sakalava diffèrent peu, du moins dans leur ensemble, de ceux des Beza-

nozano dont

j'ai

parlé plus haut. D'une stature plus élevée que les populations de l'Est,

titution plus robuste, des

membres

viron 15 à 20 centimètres; les

quand

petits

bandeaux

orientales par

la

tressés faite en fibres de raphia

un grand amour des bijoux

et

par leur esprit batailleur et querelleur que je

hommes

ou de

latanier.

au-dessus du front un disque et

taillé

est,

comme

ceignent et

il

le

le

lobule de

celui de tous les Malgaches,

bordée sur

les lisières

nomment

il

comme sur

le

et

que

les lisérés

celles des tribus

dos

elles ont

j'étais

habitué à

la timidité

Le Sakalava ne

même

métal,

mettent dans les cheveux felana. Les

femmes

se sépare jamais de son fusil à

de ses deux ou trois sagaies, nombre

et

il

s'accroupit et maintient ses armes le

plus général de celle tribu

formé essentiellement du lamba. Autour des reins

les

hommes

plus généralement kikoy quand celte pièce du vêtement est blanche

d'une bande d'une dizaine de centimètres de large, de couleurs voyantes,

quand

sont en tissus de soie. Les

du Sud,

Vakanjo.

le

se

un cylindre de bois plus ou moins

couche avec. Le costume

plus généralement rouge ou jaune, ou diboana

foncée

se parent volontiers, et aussi

nomment

qu'ils

l'oreille

Sakalava entre dans votre case,

ne s'en sépare dans aucun cas,

le sikiny, qu'ils

portent une perruque de

diffèrent surtout des tribus

ficelle tressée. Ils se

dans un coquillage nacré,

et portent dans

en cuivre ou de filigrane de

juge indispensable. Quand

verticales,

ils

remarque d'autant mieux que

sculpté, qui atteint souvent 3 centimètres de diamètre.

qu'il

ils

portent des colliers de verroterie, des dents de caïman, des fétiches en

de bracelets,

pierre, orné de clous

sont assez soigneux de leurs

ils

Ces indigènes

des ornements divers dont

grand nombre, suspendus au cou ou au bras par une

parent de colliers

mode malgache aux cheveux

qui ont toujours conservé l'ancienne

nature paraît leur refuser une chevelure convenable,

des Belsimisaraka. Les

ont une cons-

plus épais, un teint plus noir. Leurs cheveux crêpés sont longs d'en-

hommes

longs portent presque tous de petites nattes enduites de graisse de bœuf, coiffures, et

ils

le sikiny est

femmes

sac,

le

d'une cotonnade de couleur

comme les femmes qui se nomme simbo;

portent,

lamba cousu en forme de

fait

el

belsimisaraka

el

sur la poitrine

el




TRAVERSÉE DE Ce costume des hommes

femmes, qui

el des

est le

betsimisaraka, est le vrai costume malgache; on tribus de lerai

l'île,

les

Antimerina exceptés. Pour

les

le

n'a presque pas pénétré,

que

mises ont gardé pieusement

Antimerina

musulmane

s'est fait

mais que

l'on

mais qui pourtanl

comme dans

de leurs pères,

les traditions

c'est

que

j'ai

déjà décrit chez la tribu

coutumes générales des Sakalava,

et les

celles

anciennes coutumes

l'on voit les

que

celui

retrouve, sans grands changements, dans toutes les

mœurs

malgache, sans apprêts

vrai caractère

le

J'ajouterai dès maintenant

même que

et

de

el

du Sud, où

l'influence

européenne

mieux conservées ces tribus insou;

on y retrouve beaucoup mieux que chez les côte Ouest de Madagascar que l'influence

la

que non seulement on y retrouve des usages mahomé-

chéchia chère aux disciples du prophète

la

j'en par-

sans voiles.

et

dans ces peuplades de

particulièrement sentir,

les

rencontre fréquemment un Sakalava parfaitement ignorant de

est coiffé

223

route j'aurai l'occasion de les observer et de les décrire. D'ores

puis affirmer que c'est dans cette tribu,

et déjà, je

tans,

ma

avec plus d'à-propos lorsque sur

DE LEST A L'OUEST.

L'ILE

ri

la religion

affublé de la

de Mahomet,

grande chemise

blanche des Zanzibarites.

En

plus des deux guides

Majunga,

ma carayane s'est

parages pour

faire

cl

des trois suidais que un' donne Tsievala

encore augmentée de deux Arabes de Zanzibar, qui étaient venus dans ces

du commerce,

et

gner, par boutre, leur pays d'origine. teront certainement pas, la soirée, je

tres

comme

cadeau

.le

grand port de

côte Ouest [imir.de

là.

rega-

suis très heureux de cette acquisition, car ces gens ne

me

quit-

qui v<ml rejoindre

et je suis certain qu'ils

le

mon

lui fait

grand

amitié, mais

plaisir,

m'explique d'ailleurs que

il

si le

me

m'arrête de suite,

il

prie de ne lui

présent est

fait

la

m'accompagneront jusqu'au bout de mon voyage. Dans

remercie chaleureusement Tsievala de son obligeance, garant de

pour me conduire jusqu'à

et je

nie dit

el

veux

lui

donner quelques

confidentiellement, que

donner que dans sa case ou dans un endroit

devant

les officiers

serait obligé

il

si

pias-

mon

retiré

:

il

de partager avec eux,

ce qui lui sérail très désagréable.

Le mercredi

10 octobre, je quitte Belalitra au lever

du jour

et je

continue

ma

roule vers l'Ouest au

milieu des grands lataniers [satrana).

Depuis notre départ de Mandritsara, nous avions toujours joui d'un temps superbe; cette nuit nous avons eu une pluie assez forte; ce malin, onze heures du matin, ciel

tout

bleu réapparaît. le

le soleil a

elle est

plus fine, c'est presque un brouillard. Cependant, vers

complètement dégagé

Nous rencontrons

les noirs

nuages amoncelés sur nos

plusieurs villages abandonnés complètement.

Il

tètes.

existe ici et

Le

dans

pays que nous allons traverser, presque jusqu'à Majunga, des bandes de pillards, formés de

Sakalava insoumis, d'esclaves marrons, de soldats antimerina déserteurs. Ces brigands, qu'on appelle marofelana

',

ne sont qu'une espèce particulière de fahavalo dont

le

métier consiste à voler les bœufs

I. On appelle ainsi ces bandes de pillards: maro, beaucoup; felana, felana, parce qu'ils portent sur leur front et leur ebevelurc de ces disepucs en coquillages nommés felana, ornements très à la mode dans la tribu des Sakalava.

29

dans

Tous


VOYAGE

226

dans

A

campagnes.

les

celle

époque de l'année,

quelques vols de bœufs dans leurs troupeaux,

ils

leur case, chercher

A

les environs.

un

est aussi

le pillage

village

de ce qui reste

une grande quantité de

un des

et

Nous

du mobilier

et

chassant devant eux

primitif qu'ils possèdent dans

riz qu'ils

que

ses habitants. Malgré tous

Dans mon convoi

il

la

la

ne puis empê-

efforts, je

obtenu que

j'ai

l'on

n'empor-

gaieté revient vite dans ces jours d'abondance

du Malgache

il

:

oublie complètement

Le lendemain, nous marchons dans

mes

soixante ou quatre-vingts poules et prennent

ne prenne que ce que l'on pourra manger. La journée

l'on

traits caractéristiques

mais au premier jour d'abondance

village important de Belsisiky.

trouvent dans les greniers. Cependant, et

nous devons

n'irons pas plus loin aujourd'hui, car

mes hommes égorgent

se passe en repas pantagruéliques. et c'est bien là

ont quitté leur demeure,

Bemarivo au

le

abandonné par ici,

demain matin au départ

terait rien

ils

abri à Belalitra.

midi, nous arrivons au village d'Ambahibe.

Ambahibe

habitants de ces villages ont appris leur arrivée par

les

Alors

sont venus, chargés de leurs lamba

un

nous arrêter demain après avoir traversé

cher

MADAGASCAR.

A

se laisse abattre par la

moindre privation,

les fatigues passées.

brousse, les grands lataniers ont disparu complètement,

et le

pays semble un peu plus accidenté. Nous marchons sur de petites collines couvertes de hautes herbes, et

dans

les vallées

que

laissent entre

eux ces mamelons peu élevés où pendant

la

saison des pluies doivent

se former des mares d'eau croupissantes surgissent des bouquets de raphia Ce palmier est 1res

commun

dans cette région. Vers midi, nous faisons halte dans

sommes sommes

la

plaine,

nous souffrons de nouveau de

assez heureux pour trouver dans un petit bois de raphia

une marc d'eau croupissante dont

arrêtés,

il

et

non

la soif,

la

où nous nous

loin de l'endroit

nous faut énergiquement disputer

troupeaux de bœufs du voisinage. Dans l'étape de l'après-midi,

cependant nous

hauteur des

petits

la

possession aux

mamelons

«pie

nous

franchissons s'élève sensiblement. Les plus hauts sommets n'ont pas cependant une altitude de plus de

50 mètres au-dessus de

sud

la plaine

forment ce que

et ils

environnante. Ces mamelons suivent une direction générale nord et

dans

l'on appelle

propre, et ne désigne pas particulièrement

le

pays les bongalava. Ce mot bongalava n'est pas un nomchaîne de collines que nous traversons,

la

il

s'applique au

contraire et sans distinction de lieux à toutes les chaînes, et à toutes les montagnes, aux .contreforts

légèrement étendus qui sont situés sur

comme ceux Bemarana

et

qui dans

le

versant Ouest de Madagascar.

le

Benabe supportent

les

des Tsiandava ), mais en général les bongalava

très faible hauteur. Ceux-ci sont les

Ils

peuvent être

premières assises du plateau central

très élevés

(les

chaînes des

comme ceux que nous traversons

n'ont qu'une

premiers contreforts de

la

chaîne qui sépare

le

bassin du Sophia du

bassin du Mahajamba. Dans la soirée, nous arrivons à Betsisiky. Ce village qui ne compte que vingt-cinq

cases environ est néanmoins un centre important dans cette contrée où la population est Belsisiky,

Tsievala.

comme Dans

nous reste à jamba,

il

Dans lutte à

Belalitra, est entourée d'une enceinte palissadée et est

peu dense.

commandée par un

officier

de

l'après-midi, je fais à Betsisiky quelques jours de vivres, en prévision de la roule qu'il

faire, car

n'existe

dans

aucun

les

grands bongalava qui séparent

village et par

la soirée, j'assiste à

un jeu

trois

le

bassin du Sophia des bassins du Maha-

conséquent aucun centre de ravitaillement.

(pie

donnent en

coups de poings, sorte de boxe que

Les deux ou

si

les

mon honneur

les

jeunes gens du village,

c'est

une

Sakalava ont appris des Arabes.

tambours inséparables de tous

les

jeux malgaches sont

là; le

tamtam commence.

Les spectateurs forment un cercle, dans lequel un des boxeurs tourne en cadence, appelant un concurrent; celui-ci se présente bientôt, et les

tambours battent avec plus de violence. Les jouteurs

parla main se promènent à pas rythmés dans l'espace circulaire jouteurs exécutent une sorte de danse, puis y en

a-l-il

deux ou

les fahavalo en général

trois

donnés ou

possèdent

leur chevelure ou-dessus

du

front.

comme

ils

reçus

s'attaquent

de pari

les marofelann

el

;

les

laissé libre

par

les spectateurs.

coups échangés sont

d'autre que

tout

le

se tenant

Les

1res rares, à peine

monde s'empresse

de

un ou plusieurs de ces coquillages discoïdes plaqués sur


TRAVERSÉE DE somme,

séparer les combattants; en

DE L'EST A L'OUEST.

L'ILE

lutte n'est

la

227

animée. Les Sakalava

pas très

nomment

ce jeu

morengy. Hier

soir, j'avais

village,

ma

rencontré sur

roule, à quelques centaines de mètres des premières cases

deux cadavres d'enfants nouveau-nés qui

morts de faim

étaient

du

de froid, abandonnés par

et

des parents dénaturés. Ces enfants abandonnés sont appelés Zazatsihanono. Cette coutume barbare est

une des superstitions cruelles en usage autrefois partout

m'amène

;

madécasses.

faudrait plusieurs

11

cela

volumes pour donner par

LES

toutes plus ou

moins bizarres

Madagascar

à

et

qui subsiste encore dans les

tout naturellement à parler de la superstition générale des populations

tribus sakalava

et

oui

':'

INDS

I

\

I

DE

INIEAS

menu

le

'

toutes ces superstitions, elles sont

I

des origines très compliquées; ru général, ces superstitions, ces

coutumes, reconnaissenl pour cause une importai ion étrangère, mais aussi été inventées

de toutes pièces par des chefs ou des

créées de toutes pièces se sonl perpétuées ensuite,

pour

rois

les

il

besoins du moment.

leur origine se perd dans

el

beaucoup qui ont

y en a

la

Os

superstitions

nuit des temps.

Le

Malgache est, essentiellement, bien disposé pour accepter toutes ces croyances, ces fady, ces tabous, qu'ils lui soienl

mais encore

il

donnés d'une façon quelconque, non seulement

les

provoque,

gnait d'une souffrance

les

il

quelconque

donnais volontiers, mais

j'y

demande. Que de et

qui

le

les

accepte

et

il

aux quelques conseils que j'avais pu

lui

avais imposé qui l'avait seul guéri,

alors

el

même à sa femme mon deuxième voyage

guérissait,

donner, niais

il

il

les suit

aveuglément,

un malade qui se

m'est-il pas arrivé

médicamenl approprié

ajoutais un tabou quelconque, un fady sans lequel

n'aurait pas été coulent. Si, par hasard,

l'imposait

ne

l'ois

me demandait

il

mon

client de passage

imputait sa cure, non pas à mes remèdes, ni était

convaincu que

pour ne pas retomber malade,

il

c'était le

fady que je

à

lui

suivait toujours ce fady,

et à ses enfants, lui un mot, une nouvelle superstition était créée.

retrouvé dans

plai-

à sa maladie. Je le lui

il

J'ai

Madagascar; quatre ans après une consultation pour une fièvre

quelconque, ces fady rigoureusement observés par toute une famille, et je suis persuadé qu'il subsistera encore de longues années.

Une

chose, observée par les Malgaches, vient consolider leur foi et en créer

coutumes l'observance de ces fady. En effet, ils partent de ce principe, toujours souffrir de quelque chose et que les Malgaches, comme c'est

plus solidement encore dans leurs

que noire pauvre humanité doit

justice d'ailleurs, ne sont pas plus privilégiés rale. Si,

que

les autres, et

dans cette famille dont je viens de parler, un

ne font pas exception à cette règle géné-

homme

vient à se soustraire, soit par esprit


VOYAGE

228

d'indépendance,

soit

première maladie

pour toute autre cause, à

qu'il aura, le

MADAGASCAR.

A la

premier malaise

prescription imposée, on ne

manque pas

d'attribuer la

un accident quelconque, à

qu'il ressentira,

cette inob-

servance. Notre individu sera donc frappé de ce qu'il n'appelle pas une curieuse coïncidence et

s'em-

il

pressera de revenir au fadij imposé antérieurement. Pendant ce temps, la nature aura fait son œuvre, le

plus souvent,

maladie sera guérie,

la

le

malaise dissipé ou l'accident réparé. Nouvelle coïncidence

curieuse, mais heureuse cette fois, pour l'esprit simple de notre Malgache. Jamais plus, ni

du fady,

famille n'enfreindront la prescription

et la superstition

ni sa

lui,

malgache aura une nouvelle preuve qui

viendra l'étayer.

Dans

ce dédale,

il

stitions générales et dier, d'autant plus

faut nécessairement, pour s'orienter, diviser les superstitions

en superstitions locales. Les premières, très nombreuses, sont intéressantes a étu-

qu'on en retrouve un grand nombre dans l'Indo-Chine française

Quand dans

de Malacca. Je n'en citerai qu'un exemple.

un prince de

la

malgaches en super-

famille royale vient à mourir,

parla porte, mais par une brèche de

la

il

dans

et

l'enceinte d'un palais d'un roi,

la presqu'île

un souverain, ou

faut pour faire sortir le corps du palais passer

muraille pratiquée à cet

effet.

non pas

Le nouveau souverain ne pour-

rait plus passer dans cette porte du palais souillée par le passage d'un mort. Celte observation, qui a été

faite

par moi dans un palais royal sakalava, et que

les

missionnaires français avaient faite avant moi à

Tananarive, est absolument identique à celle faite par M.

ouvrage Trente mois au Tonkin, 1883. l'on retrouverait

Il

en Afrique, tant sur

le

docteur Hocquard, à Hué, relatée dans son

y a encore beaucoup de ces coutumes générales dans

la côte orientale

que sur

la

tions de voyage de Binger au Niger, l'histoire de certains grisgris africains, [qui ne sont autres

Comme

ody purement malgaches.

je

l'ai

veux cependant parler maintenant de lui-même en deux parties

il

serait

beaucoup trop long d'entrer dans des

la superstition principale,

comprendre dans ses grandes lignes diviser

dit,

l'histoire

que des

détails, je

du principe fondamental qui peut

superstitions

des

que

l'île,

côte occidentale. J'ai lu dans les rela-

faire

madécasses. Ce principe peut se

l'une, qui représente assez bien les superstitions locales, c'est la

:

croyance aux sorciers, mpamorika ou mpamosavy chez

les

Sakalava, ombiasy chez les tribus du sud,

ampisikidy chez- les Antimerina. Cette croyance aux sorciers est certainement d'importation africaine; elle

a

comme

base principale

le

Sikidy, opération qui consiste à jeter sur le sol des grains de sable ou

des graines d'arbres, principalement celles d'un arbre appelé fano (piptadenia chrysoslachys); en tombant, les graines ont

un agencement qui permet aux

et surtout d'y apporter il

a terminé sa prière,

un remède. Devant il

le tas

compte ses graines,

et

sorciers de prédire l'avenir, de prévoir les

de graines,

le

mpisikidy invoque

forme ensuite

maux

zanahary, et quand

le

les seize figures qui

forment

le sikidy.

Cette pratique est absolument arabe.

Toutes

les tribus

de

l'île

ont des sorciers, leur influence est souvent très grande et un événement ne se

produit pas sans qu'on accuse

le sorcier;

personne ne peut mourir de mort naturelle dans ce pays,

toujours on est sensé avoir été empoisonné. Dès qu'une maladie vous arrive, qu'un événement malheu-

reux vient vous frapper, vous, votre famille, vos richesses

et

vos biens, on accuse un sorcier d'avoir

causé ce malheur et l'on s'empresse vite d'aller en consulter un autre pour conjurer

le

mauvais

sort.

Naguère, les chefs et les rois des tribus mettaient à profit d'une façon très pratique cette croyance populaire.

Une calamité publique

mécontentement général qui en

venait-elle à se produire,

résultait,

ennemis, politiques ou personnels, et

ils

ils

excitaient de

s'en débarrassaient de la sorte, en leur faisant

Cet usage est heureusement tombé en complète désuétude, tous gascar en parlent longuement, je ne pourrais donc que la tribu

des Antimerina,

la

se débarrasser des nobles

toutes

mettaient les malheurs publiques sur

les citer,

les

le

leurs forces

le

compte de leurs

donner le tanghuin.

ouvrages qui traitent de Mada-

ce que je crois inutile. C'est évidemment

plus pratique, qui a usé dans la plus large mesure de ce poison national, pour

ou des princes qui gênaient

les

gens au pouvoir ou décimaient

les

malheu-

reuses peuplades, soumises à leur barbare domination. D'après des documents à peu près officiels que j'ai

le

pu me procurer, 43 000 personnes furent empoisonnées

grand tyran madécasse.

à

Madagascar sous

le

règne de Ranavalona

I

er ,


TRAVERSÉE DE

L'ILE DE

L'EST A L'OUEST,

229

VILLAGE DES BONOALAVA.

La deuxième île

par

les

heures de

les

partie fondamentale des superstitions

Arabes; la

c'est

malgaches a

une sorte d'astrologie rudimentairc

journée onl un

sorl

:

les

élé

importée également dans

années,

les

mois,

les

jours de

la

la

grande

semaine,

que suivent ceux qui commencent leur existence, qui s'adonnent

une occupation, qui entreprennent quelque chose

à

à

ces moments-là. Le malgache esl absolument fata-

persuadé que le sorl de sa vie ou d'une entreprise quelconque esl intimement liée au sort du moment précis dans lequel elle commence, De là la science de sorts des époques qui demanderait liste, et

il

esl

pour être bien présentée de longs développements. Je veux me contenter d'en exposer

ici les

mil ions les

plus élémentaires.

En malgache,

les

noms des jours de

la

semaine

comme

les

noms des mois viennent

tous de l'arabe

Malgache Français.

Le dimanche,

Arabe.

Dimanche

Alahady

Lundi Mardi

Alatsinaina

El-clhnin.

Talata Alarobia

Eth-thalâttaâ.

EI-ha' ad.

Mercredi Jeudi

Alakamisy

Vendredi

Zoma

Samedi

Sabotsy

le sorl

sent avec l'astre qui

DIALECTE HOVA.

de

nous

la

journée suit

le

cours du

El-arba' à.

soleil,

El-khamis. El-djoma' ah. Es-sebt.

bonheur

et

malheur grandissent

et

décrois-

éclaire,

Le lundi, jour rouge, convenable surtoul pour les offrandes pour enterrer les morts.

et les sacrifices, c'est le

jour par excellence

Mardi, jour noir, jour des morts; les enfants qui naissent un mardi dans les tribus sakalava sont

:


VOYAGE A MADAGASCAR.

230 abandonnés, leur sort sera rendre, en prévision des

funeste, puisqu'ils sont nés

si

maux

qui doivent

les assaillir

dans

un

jour, que c'est

tel

un

vrai service à leur

l'avenir.

Mercredi, jour de très bon sort, convient surtout pour célébrer

cérémonie du mamadika.

la

Jeudi, jour bon par excellence, mais f'ady pour la célébration de tout rite funéraire.

Vendredi, jour indéterminé, bon ou mauvais, suivant qu'il commence, précède ou suit une période lunaire.

Samedi, jour des morts

Chaque heure de heureux, à minuit,

Pour

les

mois,

de

et

bon de

qu'il est

se rappeler les défunts

que

l'on a aimés.

possède aussi un sort déterminé, qui varie de midi,

la nuit

le

plus

plus mauvais.

le

en

il

en ce jour

c'est

;

journée

la

même, chacun

de

esl

son sort particulier,

a

communique

qu'il

à celui qui voit le

jour sous ses auspices.

Alahamady Adaora

{

(janvier]. Destin

février). Destin

Bon

Adizaoza (mars).

heureux, destin royal

princier.

et

rouge, exposé au feu du ciel et au feu de

destin, contraire cependant

la terre.

aux entreprises de longue haleine.

aux constructions entreprises pendanl

Asoro(ani) (avril). Destin du fer, assure une longue durée

ce

mois.

Alahasaty (mai). Ceux qui naissent dans ce mois seront plus lard des sorciers ou auront des propensions à

devenir.

le

Asombola (juin

de l'arabe Soumboulah,

|,

du Zodiaque

esl la

Vierge du Zodiaque. Ce mot Asombola désigne aussi une des

la

du Sikidy; dans ce sens

ligures de la table

(die

indique les enfants,

Balance, sa planète Vénus, son métal est

l'or,

les

porteurs de nouvelles. Son signe

Comme

mois, Asombola esl un destin

d'argent favorable à celui qui cherche la fortune.

Adimizana mois, mais

il

(juillet),

de l'arabe Almizana

Alakarabo (août). Ce mol arabe de

malgache. (Alakarabo vient de

el'

Il

ne saurait mourir de mort violente.

côte orientale d'Afrique désigne

la

Balance). C'est un bon destin pour celui qui naît dans ce

(la

une balance.

doit toujours porter sur lui

Aqrab,

Scorpion.) Dans

le

le

huitième mois de l'année

le,

Sikidy, dont

il

représente une des

Comme mois, son sort est l'abondance des biens de la terre. Comme signe du Sikidy, c'est un signe des plus néfastes. néfaste un homme né' dans ce mois ruinerait tout ce qui l'entoure,

dernières figures, son élément esl l'eau.

Alakaosy (septembre), de l'arabe

Comme

mois,

destin est aussi

le

— Oous.

cl'

:

réduirait sa famille el ses amis à

misère,

la

et

causerail

sort. Voici la

sacrifice,

esl

il

et

si

les parents,

les

Antimerina

:

la

le

prennent l'enfant,

i

ainsi

que

les

le petit

doigt

effet,

il

avait,

honneurs, mais ses

fils,

el l'annulaire

doigts

tion prise par la famille de Rainilaiarivony, le destin d'Alakaosy était en partie reslé

En

cl lui

du pied gauche correspondant. Rainilaiarivony est né mois de Alakaosy. Certains Malgaches m'ont d'ailleurs assuré que malgré relie sage précau-

main gauche coupés,

pendant

ils

des mains pour permettre au mauvais sorl du mois de sortir par es

portes sanglantes. Ainsi Rainilaiarivony, premier ministre des Antimerina, a

de

pour une raison quel-

de toute nécessité de conjurer ce malheureux

manière de procéder généralement usitée chez

coupent quelques doigts des pieds

malheur de tous ceux qui l'aiment. On

ou bien

étouffe généralement les enfants qui naissent dans ce mois,

conque, ne veulent se résoudre à ce pénible

le

comme

il

et depuis

c'était écrit,

avait causé la

morl de

le

un caractère

malheur de

fier el

sa famille

Radama H, donl

il

fui

el le

dans son corps.

indomptable,

il

était

parvenu aux plus grands

de ses amis,

il

avait

empoisonné presque tous

principal assassin,

il

n'a cessé

de continuer

la

série de ses crimes.

Adijady (octobre). Destin de bronze; celui qui se marie dans ce mois

Adalo (novembre). C'est

le

mois des pleurs

el

du deuil

:

à cette

esl sûr

d'une union heureuse.

époque de l'année correspond un destin

de larmes. Alohotsy (décembre). Deslin inconstant.

On

voit

donc par ce qui précède, en

même temps

qu'une des bases de

la

attaché aux mois, aux jours, aux heures, mais encore l'emprunt énorme

superstition fail

par

le

malgache

:1e sorl

peuple madécasse


TRAVERSEE DE aux Arabes qui oui fréquenté celle

île.

L'ILE DE L'EST A L'OUEST.

Los noms

mois, des jours de

«les

la

-231

semaine sont arabes,

leur système de calendrier, leurs mesures du temps, presque toutes leurs superstitions

Avec

le

enfin

ont

dans

un grand nombre de leurs mois.

leurs idiomes

pouvoir

et

ils

Sikidy,

Malgache peut connaître

le

les prévenir.

non seulement savoir ses malheurs futurs, mais

l'avenir,

Lorsqu'un indigène consulte

le

Mpsikidy,

il

arrive parfois, j'oserai dire

le

plus SOU-

DANS LA VALLEE DU MAHAJAMBA.

vent,

que

les

prédictions du devin sonl mensongères

Malgache n'en Mpsikidy

:

Faut-il

«

que plus convaincu,

est

que

desl in <le

le

ma

et

ils

nous nous approchons de principaux.

el

hois. la

A

nuit

trois heures,

ils

constatent

el

nous continuons notre roule dans

l'après-midi,

Mais

le

la

lui.

•>

brousse,

le^

nous nous engageons dans une région pins accidentée;

hauts sommets,

les

arbres deviennenl pins rapprochés,

nous sommes au point culminant (280 mètres), puis nous

nous surprend au

effet.

l'impuissance du

chaîne principale des Bongalava dont nous n'avons passé hier qu'un des

la

Dans

pendant un certain temps, sur

un

tous quand

naissance soit fort, puisque le Mpsikidy n'a pu prévaloir contre

Le vendredi 1S octobre, nous parlons de Betsisiky

contreforts

que ses remèdes demeurent sans

et

s'écrient

lias

Nous sommes entrés dans

la

de

la

des<

c'esl

presque

endons rapidement

montagne.

vallée

du Mahajamba, quittant

le

bassin du Benarivo, son principal

affluent de droite.

Le samedi 19 octobre faisons

connue hier

ter ces trop

pas, dit-on,

1res

esl

noire première journée de

peu de roule dans

nombreux détours qui nous el

la

marche dans ce bassin du Mahajamba. Nous

bonne direction,

font perdre

el

je ne puis obtenir de

mon

convoi d'évi-

beaucoup de temps. Abondance de biens ne

nuit

cependant avec Ions nos guides, les trois soldais que m'a donnés à Mandritsara Rako-


VOYAGE

232

A MADAGASCAR.

tondravoavy, les deux guides qui m'ont été fournis à Belalitra par Tsievala,

caravane depuis deux jours,

joints à la

donne son

avis, qui est le seul

il

est impossible de connaître

bon, bien entendu. Chacun

ma

inonde à maintenir une parfaite cohésion dans

que dans ce pays de fahavalo avoir l'œil sur tous

il

serait

mes bagages. La plus grande

aller

Nous sommes toujours dans ferme

la

les

mes

tôt, et

brousse;

la

les

que

cl

et

il

me

marche

dans l'après-midi nous continuons notre route

guides

soldats sont devant, les porteurs les suivent

et les

le lit

il

arrière.

me

Mes prévisions ne de fahavalo.

fort parti

trois heures, j'entends

des

mes porteurs de bagages

qui

Vers

s'étaient réalisées

malheureusement

moment

sur une hauteur,

J'étais à ce

Les fahavalo qui nous cer-

fut possible de reconnaître nos assaillants.

nombre d'environ cent ou cent cinquante, desséché d'un ruisseau qui barrait

la

la route,

plus grosse troupe était en avant, dissi-

d'après les

mouvements des herbes,

avait sur nos côtés et en arrière, mais je ne pouvais préjuger de leur nombre. Je

hommes autour

bagages, je groupai mes

les

est terminée cl

caravane, rangée dans l'ordre accoutumé, décrit de lon-

paraissent très effrayés.

en m' avançant quelque peu

ment

la

je tiens essentiellement à

campagne du Nord

bientôt venir se ranger autour de moi

nous étions attaqués par un

naient étaient au

mulée dans

la

grandes herbes,

et je vois

poussent de grands cris

et

toute

collections perdues à quelques jours de

marche, veillant à ce qu'aucun paquet ne reste en

coups de feu en avant,

que trop

j'ai

Chacun

peine du

coucher à Antamotamo.

gues sinuosités dans et je

être réunis et

partie de cette

de Majunga. Vers midi nous nous arrêtons à Ankoby,

pour

la vraie route.

se sont

petite caravane; cohésion d'autant plus nécessaire

imprudent de ne pas

serait fort désagréable d'être pillé et d'avoir toutes

exactement

de son côté, et

tire

deux Arabes qui

et les

ruisseau, pour parlementer

des charges,

c'était le seul parti qu'il

:

me

et je

restait à

m'avançai seul vers

prendre et

il

il

y en

rassembler prompte-

fis

la

troupe du

entrer absolu-

fallait

ment en composition avec

les

brigands. Tout cela avait été exécuté très rapidement, et dans cette

circonstance, je n'eus qu'à

me

louer des deux Arabes qui étaient avec moi, et qui empêchèrent absolu-

ment mes porteurs malgaches de prendre

la

fuite

comme une volée de moineaux. En approchant hommes qui n'avaient pas l'air si terribles qu'on

des fahavalo, je fus très agréablement surpris de voir ces

me

les avait représentés.

Le chef

vint à

ma

rencontre,

felana qu'il portait sur le front, coquillage d'un

et

il

ne se distinguait des autres que par

quel motif très simple je veux traverser leur pays; c'est cependant assez

difficile à leur

qui croient, fort sagement du reste, que pour qu'un blanc vienne dans leur pays,

il

y fasse du commerce, ou bien qu'il serve quelque autre intérêt puissant. Mais un

qui casse les cailloux de et je

me

la

roule doit être un simple d'esprit ou un menteur.

résous à passer aux yeux de ces sauvages pour un simple fou

une consolation. La conversation avec ces brigands sakalava

comprends à

peine, n'étant pas familier avec ce dialecte de l'Ouest très différent

kabary se prolonge, mais

près les conditions qui visitera

mes bagages

cl

me

j'ai

homme

universel, est

pour

expliquer, à eux

ou bien

faut

homme

qu'il

qui vient

sont imposées

ennuyeuse, je crois, que certaines que

:

lui j'ai

me

faut

choisir,

ce qui est encore

est assez pénible, je les

du

dialecte anlimerina;

venu à mon secours. Avec ce nouveau renfort

beaucoup de patience pour

prendra ce qui

11

civilisé,

relativement

le

et

qui se contente d'y mettre des fourmis dans des bocaux, ou

plaisir,

heureusement que Jean Boto, mon

gros

grand diamètre, entouré de cercles d'argent finement

découpés. Nous entrons de suite en arrangement. Le kabary commence. Je leur dis qui je suis

dans leurs brousses pour son

le

le

supporter. J'accepte d'ailleurs à peu

on ne me prendra rien de force, mais

le

chef des fahavalo

conviendra. C'est une sorte de visite douanière, pas plus déjà eu à supporter dans

îles

pays

civilisés,

et j'espère

que

ces fahavalo de Madagascar ne se montreront pas trop protectionnistes. Je m'exécute donc de bonne

grâce

et la visite

tent de prendre,

commence. Je

suis

si

pauvre que mes

effets

personnels ne les tentent pas,

ils

dans ma lingerie d'explorateur, deux cravates blanches oubliées au fond de

suite d'une soirée officielle

systèmes compliqués de

quelconque; mes armes passent;

fusils, et

j'ai

bien eu quelques difficultés,

mes cartouches métalliques perfectionnées ne

collections passent en franchise et ne font qu'exciter à

bonne humeur; j'espère que mes instruments auront

un

les

très

haut

mêmes

ma

les

se conten-

malle à

la

mais mes

ont pas tentés; mes

point leur hilarité cl

par suite leur

prérogatives. Mais les espérances cl les


30



TRAVERSÉE DE hypothèses

L'ILE DE L'EST A L'OUEST.

235

même les plus plausibles sont souvent déjouées dans la vie humaine, j'en eus ce jour-là la triste mon théodolithe, le chef des brigands voulait absolument prendre l'oculaire et sa

preuve. En-examinant petite

monture en cuivre pour

un embout pour

s'en faire

sa canne

mes jumelles de voyages qui me

grosses lentilles de

cigarettes, ainsi qu'un objectif de ces

de sa canne. Enfin, j'abandonnai liqueurs alcooliques.

même,

A

mêmes

et je n'ai plus

Antamotamo,

à

je serrai

approchant du

mes

provisions, une partie de

ma

mon

sel,

toutes

et

devenus maintenant mes amis,

mes

Sélim

et

lui-

Antamotamo, me promettant formellement que

rentrée à Tananarive. Sélim

a

scrupuleusement tenu

je

cet

vu de fahavalo dans celle campagne du nord de Madagascar. Avant d'arriver

énergiquement

village, les fahavalo et

disparurent bientôt à mes yeux,

la

main de Sélim, en

hommes

donnai encore sur sa demande (ces

ils

mes

leur chef, m'accompagnait jusqu'au village de

engagement,

servaient habituellement d'allume-feu pour

six heures, je quittais ces fahavalo

n'aurais plus rien à craindre d'eux jusqu'à

cédant une des

lui

jumelles qu'il mit immédiatement à l'extrémité supérieure

moitié de

la

du monde à

j'eus toutes les peines

:

dissuader de mettre à exécution ce projet, et encore je n'y pus parvenir qu'en

le

el

Sélim partirent dans

ma

lui

rappelant ses engagements,

sont insatiables] tout le

le

nord, je

et je lui

tabac que j'avais sur moi.

les vis s'éloigner

me

jumelle borgne ne pouvait guère

dans

la

pour

servir

En

brousse,

les

suivre

îes

condi-

plus longtemps du regard.

En somme tions, et

ce n'élail qu'une alerte, cette attaque s'était d'ailleurs terminée dans de très b

j'en étais quitte à

si

si

Zanzibar qui étaient avec moi

métan peu

pour toutes

les

Millier a été assassiné

village de

pendant

absinthe. ils

mon

s'en étaient

deux Arabes de

et

avaient causé

avec Sélim en langue kisoahéli. La certaine sympathie que j'éprouve luis servi.

la

d'èlre attaqués,

que M. (ieorges

saison sèche de 181(2, en suivant d'ailleurs l'itinéraire qui" je venais de

je retrouve

mes guides,

qui étaient venus s'y réfugier dès

Toute

la nuit,

dansée

village,

il

les

le

y eut de grands kabary entre

du pays, conversations interminables dans lesquelles

les

commence-

deux autres avaient

été

mes hommes

porteurs racontèrent avec mille

tous plus mensongers les uns que les autres, et tous exagéraient, bien entendu, l'agression dont

nous venions

d'èlre victimes.

Le lendemain 20 octobre, nous nous mettons en marche au lever du jour. Les arbres de

1.

maho-

habitude, j'avais recueilli

souvenus

avaient pu ramener avec eux un des soldats antimerina,

tués par la première décharge.

détails,

'les

'.

Antamotamo,

l'alerte; ils

et les habitants

mon

Selon

du ruisseau près duquel nous venions

à l'est

tracer depuis Mandritsara

Au

cause de l'intervention

le crois, à

populations musulmanes m'avait encore une

beaucoup plus

ment de

Je

Belalilra avec quelque sympathie,

je l'appris plus lard

C'est

c'est

qui avaient reconnu dans Sélim un de leurs coreligionnaires,

zélé cependant, caril buvait fort bien

mes deux Arabes depuis

comme

bon compte et

Au mois de

juin 1892, un borizana venait à

d'après son dire ce qui était arrivé

Majunga

et

y annonçait

le

meurtre de l'explorateur M. G.

la

brousse

Millier.

Voici

:

M. Mûller avait quitté Mandritsara dopais doux ou trois jours, il marchait on tête <\r sa caravane qui à la file indienne Tout à coup d'un petit bois placé sur la gaucho éclatèrenl des coups de feu qui vinrent blesser un des porteurs, il tomba. M. Millier fit alors volte-face et, armé de son fusil de chasse, il lit feu dans la direction présumée dos assaillants. Une nouvelle décharge dos fahavalo s'en suivit, M. Miiller recevait dans la cuisse une balle ot dans l'abdomen un coup do sagaie. A ce moment, pendant que les fahavalo sortis de leur cachette se niaient sur le corps du malheureux explorateur, le mutilaient, et pendant qu'il respirait encore lui coupaient la tète avec un méchant couteau, les porteurs se sauvaient dans toutes les directions. « Doux ou trois jours après, des indigènes apportaient lo corps «lu français assassiné à Mandritsara, la tête ne fut pas retrouvée. Le meurtre de l'explorateur français M. G. Miiller esl assez inexplicable. Je sais bien que M. Miiller n'avait autour de lui que des Antimerina, ce qui est une très mauvaise chose lorsqu'on voyage à Madagascar, dans les tribus insoumises. En 1892, on parlait déjà d'une expédition éventuelle, les Antimerina étaient 1res surexcités contre les Français cl ils voyaient avec peine un Français parcourir leur pays; donc je soupçonne fort Rako tondra voavy, gouverneur antimerina de Mandritsara, d'avoir fait assassiner par ordre notre malheureux compatriote, ou du moins d'en avoir singulièrement facilité l'exécution. Cet événement malheureux, lorsqu'il sera complètement élucidé, montrera encore une l'ois l'esprit de haine qui anime les Antimerina contre les Français. En attendant, on a essayé de rendre responsable de ce meurtre le banditisme Madagascar. Les fahavalo ont bon dos. Cependant il ne faudrait pas trop généraliser. Les rendre responsables de tout, c'est très logique, je l'avoue, pour excuser en tonte circonstance le gouvernement antimerina cependant j'ajouterai que ce n'est pas tout à fait conforme à la vérité, tant s'en faut. » «

se déroulait dans les grandes herbes.

;'i

;


VOYAGE A MADAGASCAR.

236

sont plus touffus, plus rapprochés les uns des autres, les petits buissons se louchent presque, les raphia sont très abondants

et

de larges espaces sont couverts par les bavarata (Phragmites communie), sorte de

grands roseaux piquants

Le

sol est

fleuve dont les

Dans ce hameau,

la

roi

tous les terrains humides du versant Ouest de Madagascar.

végétation plus vigoureuse, on voit que nous approchons d'un grand

A

neuf heures, nous arrivons au village d'Andoamboary,

par Diriamana;

je suis fort bien accueilli

encore dans mes bagages, à deux heures du village,

Andoamboary

rési-

sakalava Diriamana.

de voyage que je

les projets

Je quitte

communs dans

eaux fécondent ce pays.

dence habituelle du

prendre

très

moins desséché,

et

lui

expose je ;

il

me

lui fais d'ailleurs les

nous sommes bientôt lions amis. Le Mahajamba, qui coule large

et je suis en

deux heures sur

bords du fleuve.

les

me restent

plus beaux cadeaux qui

sera facile à traverser, grâce aux pirogues que Diriamana va

me

com-

paraît assez intelligent, et paraît

Il

profond

et

me

procurer.

coule en cet endroit, sud-

sud-Est-nord-nord-Ouest, sa largeur est de 80 mètres, sa profondeur en moyenne supérieure à 2 mètres.

Sur

appelée Befanjava n'est qu'un bras de mer qui part du fond de

les cartes, la rivière

Mahajamba, d'arroyo

comme

fondément

profondément dans

et qui s'avance il

les terres

;

en existe d'ailleurs un très grand nombre dans les vastes baies qui découpent

côte nord-ouest de Madagascar; en général, ces arroyos coulent

la

sont bien pleins qu'au

flot.

qu'on appelle

En

préparer, el

fait

Tandis que

les

les

la

si

marées, le

procl

ne

même nom,

plus grande partie de l'année

Sambilahy.

le

arrivant sur les bords

nous avait

comme

Dans cet arroyo de Befanjava, l'eau atteint un village qui porte

au delà ce n'est plus qu'un petit ruisseau sans importance, à sec pendant el

baie de

la

ce n'est donc pas une rivière, mais une sorte

du Mahajamba, nous trouvons

pirogues à balanciers que Diriamana vile

sur l'autre bord.

se servent sur toute la côte Est de la pirogue ordinaire, creusée

Malgaches

seul tronc d'arbre et

trois

grâce à ces embarcations légères, nous sommes bien

marchant à

pagaie,

la

el qu'ils

nomment

dans un

lakana, les indigènes de la côte Ouest se

servent exclusivement d'une autre pirogue à balanciers faite en plusieurs

morceaux

appellent

el qu'ils

lakamfiara ou lakang'do.

Le lakamfiara, mètres;

le

quille est

longueur variable, de C

à

corps de l'embarcalion

10 mètres généralement, a

à

comme

forme

l'espars qui

le

formée d'une seule pièce de bois, entaillée en forme de Y,

sont fixés au

moyen

de chevilles et de coulures de raphia

mélange de graisse de bœuf,

d'argile

rouge

cl

;

une largeur de 50 à C0

ecnli-

balancier sont en bois très léger. La et les

les joints

bordages qui y sont ajustés,

sonl d'ailleurs remplis avec un

de fibres végélales.

Le balancier, fanary, est allongé parallèlement au corps de l'embarcalion; à environ 1 m. 50, il porle, à la partie supérieure, deux grosses chevilles percées d'un trou et nommées latiky. Dans ces tatiky, s'enfoncent perpendiculairement au balancier deux longs bois, nommés varona, qui viennent s'attacher à deux lianes de l'embarcation, fanaribitiky.

de

la

voile

Ce

el

fanaribitiky n'est

Les lakana de

Ouest au contraire ont celle

11

les

la

même

sorte de plaie-forme horizontale

section en Y;

cl

le

poids doil faire équilibre à

une section transversale en U,

côte Est ont

il

est

on peut

aux deux extrémités du lakamfiara, deux autres

dunette ou de gaillard d'avant que l'on Le lakamfiara proprement effilées, a

dil,

au

nomme

lieu

poussée

la

les lakamfiara

de

la

côte

donc nécessaire de placer dans l'embarcalion une

centrale, sur laquelle

s'asseoir

protège d'ailleurs par deux claies mobiles en raphia, que l'on fixe sur

exisle aussi,

nommé

dehors pour porter un autre petit balancier

pas à proprement parler un balancier.il ne sert qu'à amarrer les écoutes

ou à supporter du côté du venl un piroguier, dont

d'uni' forte brise.

on

se prolongent en

ou placer les

les

marchandises;

bordages de

pirogue.

la

petites plates-formes triangulaires, sorle de

basa.

d'avoir à l'avant el à l'arrière les deux extrémités simplement

un bordage central qui se recourbe en forme de proue antique,

(pie l'on

décore souvent de

couleurs vives.

Ces pirogues

à balanciers portent

un ou deux mâts, sur lequel ou entre lesquels

l'oilcs brises, la

une

voile

même

par de légères brises, une grande vitesse. Dans

les cas

bande donnée par ces pirogues

forte qu'elle pourrait les faire chavirer,

même

assez grande, qui imprime à l'embarcalion,

de

est fixée

sérail

si




TRAVERSÉE DE Pour ces navigations à

balancier.

avec

le

lient

debout du côté du vent,

mer,

et

soit

sur

ne sont que de

le balancier, soit

fivioy.

légères pirogues, ne craignent pas d'y mettre

existe toute

il

cultive la terre.

les

indigènes de

la

— se

marche de

la

côte Est craignent la

s'aventurent fort loin dans de

ils

un bœuf ou deux solidement attachés sur Mayotte ou aux Comores. Dans

une classe de Sakalava, qu'on appelle

vie en pirogues, tandis

sont généralement deux

fanaribitiky . L'autre dirige la

le

Autant

côte Ouest craignent peu cet élément;

la

centrale, et ainsi chargés d'aller quelquefois jusqu'à

André,

sur

ils

239

mauvais navigateurs, à l'exception toutefois des habitants de Sainte-Marie,

fort

autant les Malgaches de

un des piroguiers

la voile,

moyen d'une pagaie de queues d'une

pirogue au

DE L'EST A L'OUEST.

L'ILE

même

qu'une autre classe de cette

Ces deux dénominations de Vezy

les Vezy, et qui passent

nommée

tribu,

la

plate-forme

sud du cap Saint-

le

presque toute leur

Masikora, vit dans l'intérieur et

de Masikora, qui ne désignent que certaines classes

et

de Sakalava, qui s'adonnent à des occupations spéciales, ont

fait croire à

certains voyageurs que ces Vezy

et ces Masikora étaient des tribus différentes.

Le Mahajamba a un cours d'îlots,

très lent, son large

lit,

contenu par des berges sablonneuses,

est

Nous ne marchons que

fort

peu aujourd'hui,

et

près de quelques cases, qui se trouvent dans un

habitants de ce pays.

Nous avons eu

tort

nous nous arrêtons en amont

et sur les

principale des

de ne pas nous éloigner davantage du cours du fleuve, car sur

sion de parler, dans de précédents chapitres, de puces,

rencontre malheureusement trop souvent sur

la

poux

et

punaises

la

déjà eu occa-

J'ai

autres vermines que l'on

et

côte orientale et surtout sur

malcules désagréables se trouvent moins fréquemment sur

le

plateau central. Ces ani-

côte ouest, mais ces parages possèdent en

revanche un animalcule aussi désagréable, ennemi encore plus redoutable, car son nombre c'est le

moustique.

danser

et

nous

à

A

où nous nous trouvons,

l'endroit

il

avions allumés. Le lendemain, je suis très peu valide pour

deux nuits

comme

celle-là

la

du Mahajamba,

les rives

les

il

me

donneraient de forts accès de fièvre

Le lundi 21 octobre, nous continuons dans heure après avoir quitté

:

la nuit à

grands feux de bois vert que nous

mettre en route, et je suis persuadé que à

l'Européen

le

[dus robuste.

brousse notre route vers l'Ouest, le petit

est effrayant

y en a des nuées, aussi nous passons

mouvements désordonnés devni

livrer à des

soleil.

bords du fleuve,

immense champ de bananiers, nourriture

nous sommes environnés d'une nuée de moustiques.

ses bords et sous les bananiers

les

encombré

de bancs de sable, sur lesquels des quantités invraisemblables de caïmans se prélassent au

village de

Tsaramaso.

et

A

nous trouvons, une de ce village,

l'ouest

beaux salraua sous lesquels nous marchons depuis plusieurs jours, mil disparu

et sont

maintenant par d'autres salraua beaucoup plus petits aux troncs toujours inclinés, aux

remplacés

feuilles toujours

épineuses. Je ne connais pas celle deuxième espèce de latanier. qui se trouve dans tous les environs de

Majunga bilobés, fruits

au

que

lieu d'avoir des fruits ovoïdes

les

état est

les

et

grâce à l'humidité

suffisamment développé,

et

les

rebondis et à élroile ouverture. Sur de

fusil

les autres lataniers, ces salraua ont des petits fruits

derniers mois de la saison sèche,

sadjoa, et les placent dans

eux-mêmes

comme

indigènes recueillent en grande quantité pour faire du rhum. Les Sakalava cueillent

de ces satrana dans

nommées à

:

ou un simple bambou

ils

les incitent

du

un trou creusé

à la surface

à la chaleur

ne lardent pas

ils

à

dans de grandes jarres en

sol; les fruits sont alors

abandonnés

en lier en fermentation. Lorsque cet

indigènes les font cuire dans de grands vaisseaux en terre aux flancs le

col de ce vaisseau, et

dans un plan légèrement

luté avec de l'argile rouge, ce

canon de

incliné,

fusil, col et

dans un récipient quelconque

odeur

mais

tel qu'il est,

très forte,

il

l'alcool obtenu; je n'ai pas besoin de dire

malgré

nous conduit

les

grands lataniers,

déverse

contient

et

qui lui donnent une le village

de

nous nous arrêtons à Ambohimena. L'étape du

à Marokira.

Le mardi 22 octobre, toujours dans et l'argile

et

il

que cet alcool est de mauvaise

est très eslimé des indigènes qu'il grise parfaitement du reste. Après

Madirobohana, nous retrouvons soir

les éthers et les huiles essentielles qu'il

un canon

serpentin de cet

alambic primitif, passe dans une auge en bois où l'on renouvelle sans cesse de l'eau froide, puis

qualité,

les

terre,

la

brousse

et

dans

les lataniers, la route se

déroule dans

le

sable

rouge; nous traversons une chaîne de collines peu élevées, mais couronnées sur leur sommet

de quelques bouquets de bois. Derrière nous dans

l'Est, la

grande plaine du Mahajamba

fuit vers l'ho-


VOYAGE

240

MADAGASCAR.

A

PANORAMA DE MAJUNGA.

une ligne parfaitement droite: nous traversons vers

rizon, qui esi

se jette dans la baie de

continuons dans

la

Mahajamba. Nous arrivons dans

brousse toujours

matin, je m'aperçois que c'est

un

Pour

la

marneux auquel succède

terrain

mon

première fois depuis

heures l'Anjobajoba, rivière qui

Manierenza. Le jour suivant, nous

roule à l'Ouest sous les grands lalaniers. Dans cette étape du

la

change peu à peu de nature

le sol

liniL

la soirée à

:

ce n'est plus du sable

bientôt une terre noirâtre

arrivée à Madagascar,

et

de l'argile rouge,

je trouve des roches calcaires.

nombre

déjà parcouru cependant un

j'ai

respectable de kilomètres, je sors du terrain primitif pour entrer dans les étages neptuniens. Je ramasse

beaucoup de

fossiles, et je

remarque aujourd'hui que depuis Manierenza, ce qui va

jusqu'à Majuuga, nous marchons en terrain secondaire;

A

je crois, le terrain jurassique.

le

"21

Bemakamba

de

la

la reine

baie de

et le soir

à Tanantafy..

Anarena, reine de Marosakoa, qui gouverne

Mahajamba.

octobre, la brousse devient plus compacte, les arbres sont plus serrés, les buissons plus

fournis, on voit offre

les Étals

pays qui s'étend du nord de Majunga à

Le jeudi

qui nous environne est fort probablement,

dix heures, nous nous arrêtons à

Depuis Manierenza nous sommes dans tout

le sol

d'ailleurs se continuer

que nous nous approchons delà

côte.

Ce pays, comme tous

une curieuse particularité au point de vue hydrographique;

ruisseaux que l'on rencontre à chaque pas sur

le

il

les

environs de Majunga.

n'y a plus en effet ces mille petits

terrain granitique de

Madagascar. Les cours d'eau sont

remplacés dans ce pays par une série de petits étangs circulaires entourés d'un rideau de verdure

nous traversons

à

A

chaque instant sur notre route.

cette

époque de l'année,

ils

et (pie

sont entièrement dessé-

chés, et ressemblent assez exactement à des arènes de cirque; ces étangs, que nous voyons en grand

nombre, sont vraiment caractéristiques de ce pays; on rencontre

ou moins

circulaires,

dans tous

les

la colline

sur laquelle

est

de Majunga, et nous traversons dans les palétuviers un bras de

en

ville,

et la

marche

est très facile sur le sable

que chez lui,

et

pendant

cieuse hospitalité; qu'il

Majunga a

est

une

ville

me

et la

maison du gouverneur

mer qui nous en et

compact.

A

sépare. C'est juste-

midi, nous descendons

soit

plus bienveillant accueil. M. Ferrand ne veut pas que je descende

le

les huit

jours que je suis resté à Majunga,

donc permis de

le

centre de

la

ville

j'ai

reçu de

lui la

plus gra-

remercier bien sincèrement de sa bonne réception.

petite ville indo-arabe, qui vient faire

du pays madécasse. Ces constructions n'ont

en salrana du Sakalava

les

toute différente des autres villes malgaches (pie j'avais vues précédemment,

un cachet tout spécial de

tonie

humide

construite

plus

à Ambatolampy notam-

par l'avenue du rova. Je trouve, près de l'agent de France, M. Ferrand, qui remplissait alors

fonctions de vice-résident à Majunga. ailleurs

beaucoup de ces mares

environs de Majunga, à Amparehingidro

ment. Vers dix heures, nous apercevons

ment marée basse

d'ailleurs

et

du Makoa,

la

rien de régulier,

maison en

terre,

ou

des conslruclions en pierre, spacieuses

la el

une heureuse diversion on y trouve tous

les

à la

types

:

elle

monola case

bulle en raphia de l'Anlimerina,

et

au

relativement confortables, élevées par


TRAVERSÉE DE LIEE DE LEST A L'OUEST.

241

PANORAMA DE MAJCNCA.

Indiens

les

et les

Arabes. La population est aussi très mélangée.

y sont relativement peu nombreux,

ils

loger quand les hasards de

en temps habituel, dans

grande partie

du

la

Majunga depuis

colline à

la

makoa, dont

le

forl

Bombay

de

s'établir ici,

nombre

s'élève

donc que Majunga

est

non seulement une

même

extérieur, mais encore par le fond

péens, les Arabes

les

el

ville

habitent presque Ions.

lue d'Anlimerina. dont

longtemps; enfin dans ces dernières années beau-

chaque année

el

plupart, fonctionnaires

la

quelque peu étrangère

nombreuse

plus

ci

la

comme

ces Indiens ont

et

les

qui sonl traités fort durement.

à

les

et

AntiIl

tant

commerçants. On

Madagascar par son aspect

de sa population. La partie étrangère, qui

la

plus

la

musulmans

surtout de C.omoriens, lous

cl

C.omoriens sujets ou protégés français,

protégés britanniques, est de beaucoup

Ils

viennent

ils

quelques centaines de mètres dans l'Ouesl

principalement,

aussi mentionner une dizaine d'Européens, français pour voit

la ville.

y a aussi un certain n

il

en outre une grande quantité d'Arabes

d'ailleurs, et qui se sonl li\és à

inerina des esclaves

Majunga qu'une case où

vente de leurs produits les amèneiil dans

les villages voisins;

coup d'Indiens sont venus

y a d'abord quelques Sakalava, mais

Il

plupart, n'ont à

la

logée dans un village établi sur

est

On remarque

fort.

pour

et,

Indiens

cl

prend

c

les

Euro-

Zan/.ibarites, sujets

ou

[dus importante, non seulement par sa

quantité numérique, mais encore par sa situation commerciale, industrielle ou politique; aussi Majunga

de toutes

est-elle,

porte ouverte de

du chemin que

les villes

la

grande

doit suivre

pays des Antimerina. La

nord de

la baie,

marée haute

cl

par des

de Madagascar, celle où Ile, et,

comme je

le

Antimerina -c sentent

les

montrerai dans

une expédition quelconque pour

ville

liras

occupe

la

le

le

moins chez eux.

chapitre suivant, c'est

se rendre

dans

partie occidentale d'une sorte de

les liants

le

c'est la

commencement

plateaux, dans

le

grande presqu'île formée au

de mer qui s'enfoncent profondément dans l'intérieur des terres, surtout à

qui coupent les campagnes, au Nord, du côté d'Amborivy, à l'Est, du côté d'Amparehin-

gidro; ces deux rivières d'eau salée qui se perdent dans les palétuviers laissent cidre elles un isthme

qui va du sud-ouest au nord-ouest, sur laquelle serpente

Majunga

est bâtie

au bord de

la

mer.

partie occidentale, la plus longue

la

c'est le

quartier de Marofotona;

Comoriens, sujets les

et

elle s'étend Est et et

la

riens, et c'est aussi là effet.

Par

esl

formée entièrement de cases

que

cl

et

ville

de

de rochers

:

Ar paillottes,

habitent principalement les indigènes Sakalava et Makoa, et les

protégés français; en allant vers l'Ouest, c'est-à-dire au centre de

trouve un autre faubourg indigène

louée à cet

roule qui conduit à Tananarive. La

Ouesl sur une longue plage de sable

plus étendue,

maisons en pierres des Indiens Arabes

l'on observe,

la

nommé

l'on trouve la

el

Européens;

Maroiloka;

à l'extrémité orientale,

c'est là

suite des courants violents

du Betsiboka. des

dans certaines circonstances, peut devenir dangereux

il

pour

est

fortes

se passe à

même

sonl bâties large, se et

como-

une maison indienne que

l'on a

qu'habitent les pêcheurs sakalava

Résidence de France, qui

principalement sur cette côte en février,

la ville,

du côté du

marées

et

des coups de vent que

Majunga un phénomène

les habitants.

bizarre qui,

Je veux parler de l'éro31


VOYAGE A MADAGASCAR.

242 sion des côtes par les eaux

sans que rien puisse an,

le l'aire

une dizaine environ,

et

Marodoka

couche

C'est ainsi

nombreux

lames, et dans les gros temps, de

mine de nouveau

et le travail

du nivellement

grandsdépôts de boue;

la

Majunga

chaque année,

la rade,

vase gagne peu à peu, mais cependant,

encore aujourd'hui l'une des plus belles de Madagascar,

et

bien qu'il

de Tamatave,

soit inférieur à celui

derniers renseignements que

pu

j'ai

datent de 1892, donneront, en

même le

temps que ce

fond de

rade de Majunga la

les

de

la baie

même

nature

est

des

néanmoins considérable. Voici

est

les

de Majunga; ces renseignements, qui

l'île,

Les peaux de bœufs sont une des branches

d'exportation de Madagascar. Malheureusement

minée à chaque

commerce commerce de Majunga, un aperçu général sur

le

la

Madagascar. Son commerce augmente

d'affaires qui se traite dans toute l'étendue de la côte Ouest de

Cuirs et peaux.

forme dans

telle qu'elle est, la

il

recueillir sur le

même temps que

se

il

sans aucuns travaux, par

est appelé à devenir le port le plus important de

et,

est

Par contre, en

se continue.

que

mer gagne quelques

éboulis se produisent, la

mais continu se produit à l'entrée de

et

dues tout simplement à

couche

d'argile assez puissante qui recouvre le terrain calcaire; cette

pieds, elle

que dans deux ans,

maison de M. Ferrand où je loge, auront totalement disparu,

et cette

les

travail d'érosion lent

plusieurs mètres par

elle atteint

coup des proportions véritablement effrayantes.

marée par

choses,

certains points plus particulièrement,

cet endroit plusieurs centaines de mètres. Ces érosions sont

mer aura gagné en la

fait flans

temps ordinaire,

prévoir, est très notable; en

dans certaines circonstances, des ras de marées ou des cyclones par exemple, ces

érosions ont atteint tout à ce quartier de

mer; cette érosion, qui se

île la

le

genre

en pays sakalava par conséquent.

les

plus importantes du

indigènes les préparent fort mal,

commerce

et les livrent

presque

toujours en mauvais état à l'acheteur européen ou à son représentant. Aussitôt l'animal abattu, on enlève

peau sans précaution

la

coups de couteau, ce qui en diminue beaucoup il

ne

lui

portera pas

la

peau dans

cet état,

rasse grossièrement des matières grasses frottée d'argile

qualités

ou de cendres,

il

le

et

la

et

souvent

de plusieurs

elle est entaillée

valeur marchande Si l'indigène est loin de l'acheteur,

transport en serait trop lourd et trop pénible;

il

la

débar-

des chairs qui peuvent encore y adhérer; puis, après l'avoir

la fait saler et

sécher au

soleil; les

peaux de Majunga sont de deux

:

Les cuirs de boucherie valant de 20 à 23 francs

Les peaux venant de l'intérieur de

la côte,

les

100 kilos;

généralement traitées au

sel et

relativement beaucoup

moins chères. Le nombre des peaux exportées diminue sensiblement et 1889,

de 66 575; enfin

il

avait été de 98 000

pour

;

il

a été,

pour 1892

l'exercice précédent,

il

de 53847; pour 1888

et 1893,

s'en était

même

exporté plus

de 180 000 l'année d'avant.

Les bœufs de la région sont petits et grêles, assez généralement lîœufs et animaux vivants. semblables, d'ailleurs, à ceux du reste de Madagascar. Ils sont nombreux aux alentours des centres de

quelque importance (Majunga, Marovoay, Mahabo, Trabongy, Beseva, Ankoala villages de la baie

n'y a pas de

Il

de Mahajamba). Un bœuf bien

moutons sur

le

constitué vaut en

versant nord-ouest de

la

moyenne de 25

,

Mevatanana,

et les

à 30 francs.

grande terre; en revanche,

il

y a une grande

quantité de chèvres, l'animal préféré des Indiens dans ces parages.

Les porcs sont assez nombreux, mais l'usage de leur viande étant interdit aux Arabes, aux Indiens

et

aux Comoriens, et le plus souvent aux Sakalava, on ne les trouve guère qu'autour des centres peuplés par

les

Antimcrina. Ces animaux sont inférieurs à ceux de l'Europe,

foncé de l'Inde et de

La

volaille

la

Chine, à chair flasque.

abonde sur

la côte

Ouest, mais

Un

elle est

de race inférieure

40 centimes, un

poulet 30 centimes, une dinde 4 francs, une pintade

oie se paie 4

50.

fr.

Caoutchoucs. 1°

— Le caoutchouc comprend

Le caoutchouc préparé

trois qualités

à l'acide sulfurique, dil de

de 36 à 40 piastres les 100 livres anglaises;

et

appartiennent à

la variété gris

porc de belle venue vaut en moyenne 22 francs.

1

et fr.

d'aspect chélif. 75, et

Une poule

un canard

1

fr.

25.

vaul

Une

:

Majunga,

et récollé

par

les

Antimcrina. qui vaul


TRAVERSÉE DE

Le caoutchouc préparé au citron ou au tamarin par

renferme,

qu'il

très

L'ILE l)E L'EST A L'OUEST.

que

telles

terre, sable, cailloux et

peu de ce caoutchouc dans

la région.

Lecaoutchouc préparé ausel,

3'

dit

se

Il

Sakalava, lequel, vu les matières étrangères

les

vieux chiffons, subit toujours une déperdition.

Une

Il

du caoutchouc,

partie

augmenter. Mais

il

l'article

Lnmba de soie la

et rabanes.

les

vendu sur

cl

région, est dirigée sur Marseille avec option

cours étant toujours plus élevés en Angleterre

(pie, les

qu'en France, et les Messageries maritimes prenant est toujours réexpédié de France

la

en a été exporté environ 85 000 livres. Ce chiffre tend à

important de remarquer

est

il

1893,

et

mêmes

le

du pays, qui vaut une piastre:

rabane de raphia

la

la

:

pour Marseille que pour Londres,

frets

marché

y a quatre qualités de rabanes

Il

accuse une diminution de

il

100 livres anglaise*.

les

plus grande, achetée dans

la

pour Londres. Dans l'exercice 1802

fait

du menabé, venant du Sud. généralement assez propre, maisd'apprêt

de 25 à 30 piastres

se paie

On

vend 11 piastres 00 centièmes;

insuffisant à lui enlever toute son humidité; par suite, à l'arrivée en Europe,

poids de 50 pour 100.

243

anglais.

rabane

île tissu

chaîne de raphia

fine, à

soigné, donl

rabane ordinaire à grandes raies de couleurs vives pour tentures

et

le

et

trame

prix est indéterminé;

ameublement, qui

se paie

i

piastres

rabane grossière pour emballages.

1rs 20; la

Bois de construction. l'apparence des pièces.

Il

Le bois de construction

le

esl

marchands de bois dans

n'y a pas de

palissandre.

la

région,

Il

s'achète brut et suivant

faul l'envoyer

il

couper par

les

Sakalava.

Des pièces de

1

mètres de long sur 13

grosses pièces valent de 15 francs à

18 cenliiiièl res de diamètre se paient

à

I

l'r.

85

la pièce.

Les

francs; elles oui environ 5 mètres de long sur 35 centimètres de

3()

diamètre. (

)n

emploie aussi

se paie

— Les

Saindoux. s'en

l'ait

palétuvier choisi

le

:

la

pièce de 5 mèl res de long sur 15 à 20 centimètres de diamètre

centimes.

T.")

que de

Raphia.

Antimerina fabriquent du saindoux, qu'ils vendent environ

Majunga de

vaut à

Cire.

IV.

25

le litre. Il

ne

Le raphia, qui figurai! pour une valeur insignifiante aux exportations de ces dernières

années, a pris subilemenl une certaine importance: Il

1

petites quantités.

15 à 25 francs le- 50

La cire devient

1res rare

sur

la

s'en esl exporté, en 1893-1893, 30 000 livres anglaise--.

il

kilogrammes. côte nord-ouest;

elle

se

vend 6 piastres 50 centièmes

les

30 livres anglaises.

Café.

Le café du pays en coque

Riz, pois, maïs.

11

sionnellement des céréales, liés

peu

dans

la

maïs

le

vallée

el

le

Il

vend environ 15 piastres

se

ri/

il

— On

et les Iles

<>n en

C

Majunga toutes

reçoit à

les

culture du

la

charge des boulres mais

res,

;

les loi) livres

anglaises.

aussi n'y trouve-t-on qu'occa-

ne se vend aucun grain. Les Antimerina cultivent

sorgho pour leur besoin; par cou Ire

du Betsiboka principalement.

Conserves.

11

rare.

l'exception du

el, à

Nosy-Be, Diego-Suarez, Mayolte

vendent

esl

n'y a pas d'agriculture sur le versant nord-ouest

ils

à

riz esl

beaucoup plus étendue,

Majunga, qui vont

ont 1res peu de

fret

conserves d'Europe, anglaises

le

vendre

à

de retour. et

françaises. Elles se

fort cher.

ne s'en fabrique pas.

Orseille.

mais on ne

la

11

y en a, paraît-il, quelque peu sur

récolte sérieusement que dans

sont munis de presses pour

Coton.

Il

Le sucre

le

mettre en balles.

la

ne se cultive pas.

On

Sud.

la el

côte nord-ouest dan-

la

baie du

Bœny

A Majunga,

pas de marché

vient à

trouve quelques pieds à

Majunga de Mayolte

Le sucre blanc vaut 80 francs

les 100 kilos

Le sucre moyen, 00 francs

100 kilos:

Le sucre rouée, 45 francs

les

les 100 kilos.

:

el

Baly;

sauvage;

l'état

de Maurice.

11

s'en

;

ils

pas de prix.

cl

il

y a lieu de supposer qu'il

réussirait.

Sucre.

el à

ce sont les traitants de Nosy-Ve qui l'achètent

vend

trois qualités

:


VOYAGE A MADAGASCAR.

244

A Majunga,

ne s'en

il

fait pas.

Indigo. — L'indigo est inconnu dans région. Toiles et cotonnades écrues. — Les cotonnades écrues s'écoulent en assez grandes la

pièces de 30 yards et 40 yards en balles de 25 pièces, de 8 à 15 francs

la pièce.

Balles de 25 pièces de 30 yards, de 36 pouces de large, 10 francs à 12 1

11

comme

américaine qui n'est qu'une colonnade généralement écrue et qui se vend

50

IV.

y a de la toile dite

su il la

quantités par

:

pièce; vente environ

000 balles par an. Petites largeurs

31 pouces, pièces de 40 yards, 25 pièces à la balle au prix de 10 à 12

:

fr.

50; vente

60 balles par an.

Le

américain, 31 pouces, pièces de 40 yards, 25 pièces à

drill

la balle; prix,

20 francs

la pièce;

vente

environ 30 balles par an; sert à confectionner des voiles de boutres et des costumes d'Européens.

La

américaine vient exclusivement de Boston; l'importation en est monopolisée par deux mai-

toile

sons rivales de cette dernière

Depuis 1889,

ville.

américaines ne viennent plus ou très peu sur

les toiles

la

côte nord-ouest.

Il s'en importe quelque peu de Manchester, de mêmes dimenToiles et cotonnades blanches. mêmes prix que les précédentes, mais beaucoup moins solides.

sions et de

Indiennes et patnas. — L'indienne

arrive en caisses

sur 28 pouces de large; son prix varie de

environ

1

7 fr.

50 à 11

fr.

ou par 25

balles de 100 pièces de 24 yards de long

suivant

la pièce,

la qualité.

000 pièces par an.

Le patna

est très

connu sur

la côte nord-ouest.

Il

convient de mentionner

genre

ici le

qui s'importe par pièces de 12 mouchoirs, suffisant à confectionner deux simbo;

24 pouces sur 27, et 29 sur 30;

50 à 3

fr.

75.

fr.

il

vient de Manchester.

Le débit en

Le dessin préféré

est la fleur

le

«

mouchoirs

80 à 3 francs la pièce

fr.

»

mouchoir mesure

est considérable et se fait

à 200 douzaines; la dimension inférieure vaut 2

ou par caisses de 100 de 3

s'en importe

Il

blanche sur fond rouge; vient ensuite

par balles

et la

la fleur

grande rouge

sur fond blanc.

Manchester (simbo);

il

vaut 15

fr.

et

Walhenstadt envoient à Majunga un

tissu dit

«

suisse

»,

qui se vend fort bien pour kikoy

arrive par balles de 50 pièces de 12 kikoy, mesurant 42 pouces et 31 pouces. La grande largeur

00

la

pièce;

la petite, 7 fr. 50.

Ce

tissu est de colon, de couleur

blanche avec raies rouges sur

les côtés.

Percales. 1

s'importe des percales anglaises par balles de 100 pièces de 16 yards, au prix de

Il

piastre 25 centièmes

Mousseline.

la pièce.

Peu ou pas de vente en mousseline; cependant

Bombay

Les mousselines de

pièce de 9 yards se paie 3

fr.

75, celle

La mousseline de Manchester de dessins, de fleurs

Soieries.

et

est

de 18 yards, 6

fr.

de meilleure qualité;

en sont fort diverses. la

25. elle est

blanche

cl

ornée,

comme

la

précédente,

de figures diverses.

— Les soieries ne donnent lieu qu'à des affaires

Les soieries de l'Inde sont des tissus de soie le

les qualités

s'importent en pièces de 9 et de 18 yards, de 70 centimètres de largeur;

et

insignifiantes.

de coton de couleurs voyantes,

telles

que

le

rouge

et

jaune, et de prix modérés.

Draps et lainages. — Pas de marché sur la côte nord-ouest. Draps communs. — Affaires 1res restreintes. Couvertures de laine et de coton. — Affaires restreintes. Flanelle. — On ne vend à Majunga que de la flanelle de colon prix de

1 fr.

25 à 2

fr.

50

le

à grosses raies de Manchester, au

mètre.

Fers travaillés, serrurerie, cadenas, quincaillerie.

— Le

marché

est pauvre.

Il

se vend sur-

tout des cadenas grossiers, les portes n'ayant pas de serrures.

De Bombay viennent de grandes quantités de clous employés dans Verroterie.

Il

la

construction des boutres.

s'importe de petites perles blanches, rouges et noires, en barils de 400 livres


TRAVERSÉE DE

L'ILE DE L'EST A L'OUEST.

245

environ; elles viennent de France ou d'Angleterre et d'Autriche principalement, et se vendent 4 piastres les 1G

kilogrammes.

Horlog-crie. Il

La seule horlogerie connue à Majunga est

Lampes. ment en

et

Instruments de musique. — Le et d'Autriche.

Il

vaut

7 fr.

Il

d'Amérique.

sans valeur.

Les lampes arrivent en petites quantités d'Autriche

verre, rarement en métal grossier.

lemagne

celle

communes

s'importe des réveils et quelques rares pendules

et

d'Allemagne. Elles sont générale-

communes.

s'importe aussi quelques suspensions

musique importé

seul instrument de

50 à 20 francs

et affecte soit la

est l'accordéon,

forme octogonale,

venant d'Al-

forme allongée

soit la

rectangulaire.

Faïences et poteries. Les

assiettes,

L'Allemagne envoie

généralement blanches,

Les grands plats à

riz

Itluim et alcool.

— Le

prix

rie

rouges

à fleurs

Les bols se paient suivant leur grandeur

:

fr..

Ci

valent de 5 à 15 francs

15 à 20 piastres

la

rhum

Majunga

à

la

12

d'assez grandes quantités de faïences.

bleues, valent de

et

-1

IV.

50 à 5 francs

la

douzaine.

15 francs la douzaine.

IV. et

douzaine.

vient exclusivement de Maurice par barriques de 210 à 215 litres, au

barrique.

Il

est

de mauvaise qualité

son débit atteint 14 à

et

1

500 barriques

par an. L'absinthe de marques inférieures a un débouché de 5 à 1000 caisses par an, au prix de 10 à 12 la caisse

de 12

caisse, et

se placer qu'autant

Le cognac ne peut

que son prix ne dépasse pas 20 francs

50 la

encore ne se vend-il qu'une centaine de caisses dans l'année.

— L'Allemagne

Papier. lité et à

litres.

fr.

importe du papier

dit

>•

écolier

o

et

des registres,

le

tout de mauvaise qua-

bas prix.

Peinture à Fer-blanc. D'Allemagne

— Elle vient de

l'huile.

L'usage en est

fort restreint et la

Le fer-blanc proprement

et d'Angleterre s'importe

au prix de 4 à 5 francs

kilos.

dil

de

la

ne se traite que tôle

fort

peu sur

pour toitures en

la

feuilles

côte Ouest.

de 2 m. 50 sur 70 centimètres,

la feuille.

En dehors du Tabac. lité commune. Miroirs.

France en petite quantité, par boites de 10

vente rare.

— Majunga

tabac français,

il

se

consomme

à

Majunga du tabac de

reçoit quelques miroirs d'Allemagne, d'Autriche

cl

la

Réunion, de qua-

de Bombay. Les Indiens en

sont les seuls acheteurs.

Chapellerie.

— Cet article se

réduit à quelques casques blancs

et

feutres

mous, à l'usage des Euro-

péens. 11

ne m'a pas été possible d'obtenir

Tamatave la

cl

dans

les

le

total

commerce de Majunga,

général du

autres ports de Madagascar,

il

ne faut pas se baser sur

douane. Les statistiques douanières qui sont, à Majunga

surveillées par des agents européens et

toujours au-dessous de

le

monde y concourt, mais dans

la vérité.

sujets britanniques, cl qui, à

comme dans

les

les

et

là,

pas plus qu'à

données

officielles

principaux ports de

de

l'île,

du Comptoir national d'Escompte, sont absolument mensongères

Partout

la

fraude se

l'Ouest, elle est

l'aile

l'ail

sur une trop vaste échelle; dans l'Est, tout

principalement par les commerçants indiens,

Majunga surtout, couverts

et

encouragés

même

par leur consul', font

1. Le, vice-consul anglais à Majunga, M. Stratton Knott, est un ancien pasteur protestant uni antérieurement à ses fonctions consulaires avait séjourné quelques années a Madagascar. Actuellement M. Knott est vice-consul britannique à Majunga. C'est en même lemps un gros commerçant de la ville. Faisant l'exportation et la commission, il achète (Unis de très lionnes conditions aux indigènes les produits du pays, qu'il expédie en Angleterre et approvisionne ses

administrés les Indiens de tout ce dont ils ont besoin. Il va sans dire qu'il exerce ses fonctions commerciales avant ses fondions consulaires et que, par exemple, s'il doit juger un Indien accusé par un Français d'un délit quelconque, il donnera tort invariablement à notre compatriote, et renverra indemne son administré indien. Il ne faudrait pas en effet perdre un bon client. Cet état de choses que je connais très bien et dont je parle savamment pour Majunga. doit être absolument la même chose à Tamatave, à Tananarive, dans toutes les villes, en un mot, où il existe un agent britannique. Il est triste de constater que l'on va peut-être faire une expédition longue et onéreuse à Madagascar pour consacrer cet état de choses, au plus grand bien des étrangers et au grand dommage des colons français. Voilà donc à quoi servent les Protectorats !


VOYAGE A MADAGASCAR.

246

passer en franchise toutes leurs marchandises.

aucune sanction;

n'y a

Il

comme

n'ayant pas de pouvoir à Madagascar sur les étrangers,

les fonctionnaires français

sur personne, ne peuvent que constater

fraude; quant aux officiers hova, avec quelques pièces de o francs, pot-de-vin

la

nécessaire de cacher, on en fait tout ce qu'on veut. Voici

comment

niques, pour éviter non pas de payer les droits de douane,

il

apparences

et

empêcher même toute constatation de

Bombay notamment, chargés rade de Majunga. Là,

de

toile (indiennes,

ce gros village, où

devant un

leurs trafics. Les boutres venant des Indes, de

patnas, mouchoirs, etc.), viennent bien mouiller en

Bombéloke,

et

remonte

n'y a pas de fonctionnaire européen,

il

officier hova,

dont on achète

embarque

à son

on débarque pour

la

bord

les

marchan-

Marovoay;

la rivière jusqu'à

forme

silence avec quelques piastres. Puis,

le

nullement

n'en est nul besoin, mais pour sauver les

sont accostés par un autre boutre vide, qui

ils

dises, puis qui part, traversant la baie de

qu'il n'est

agissent les Indiens, sujets britan-

on

dans

marchandises

les

les

là,

rembarque, en

ayant soin de se munir d'un laisser-passer de transit pour Majunga. Le boutre revient alors dans ce dernier port, conduisant des marchandises d'un point à un autre de Madagascar. Officiellement, a pas d'importation directe et le tour est joué.

partant moins de fraude. Cependant, tres

Sur

côte Est,

la

nombre de commerçants

il

il

n'y

y a moins de sujets britanniques

se font expédier par goélette

et

ou par bou-

arabes leurs marchandises venant d'Europe dans un de leurs comptoirs, dans un petit village du

littoral; là,

on achète un laisser-passer d'un

hova, qui n'a nul contrôle, et l'on rentre triompha-

officier

lement à Tamatave. Ces fraudes, dont soutire l'administration des douanes à Madagascar, n'auraient

aucune importance

maintenus

français,

gouvernement antimcrina seul en

si le

de

des commerçants étrangers, sur lesquels ces

voir. Aussi,

il

currents,

que par

suite,

comme

plusieurs points sur

et

Majunga,

arrive

ils

et

la

une ligne de postes

non par

la

et

et

ne peuvent frauder;

du Comptoir il

n'en est pas

agents du protectorat n'ont aucun pou-

visite

un

fortifiés.

soumis aux Antimcrina

territoire

De chaque

côté de la

ville,

et relié

on trouve des

plupart viennent cepen-

la

au gouverneur de Majunga. Les Antimcrina

sonl

force qu'ils sont incapables de déployer, mais par un artifice, basé uni-

les superstitions et les

Majunga

et

des reines sakalava, dont

croyances des Sakalava de

de cette province du Bœny, conquête qui a eu lieu à lava, de

mêmes

côte Ouest, est

dant à certaines époques de l'année rendre

quement sur

douane

sont dans un état réel d'infériorité.

Etats indépendants, gouvernés par des roitelets

arrivés à ce résultat,

commerçants

les

que nos nationaux reçoivent leurs marchandises à un prix plus élevé que leurs con-

une route

à la capitale par

malheureusement,

surveilles plus étroitement par les résidents et les fonctionnaires

et

national d'Escompte, payent intégralement leurs droits de

même

souffrait;

la fin

la

région.

Avant

du règne de Radama

conquête antimcrina

la

I". ces territoires saka-

de Bombéloke étaient soumis à des Andriana Sakalava, qui avaient leur résidence

habituelle à Majunga. et leur

tombeau dominait

la colline

sur laquelle est maintenant construit

le rova

antimerina. Dans ce tombeau étaient réunis non seulement les ossements des anciens rois du pays,

mais encore

les restes

grande vénération de

de toutes la

les

grandes familles de

part des Sakalava. et

la

contrée. Ces sépultures étaient l'objet d'une

une croyance bien enracinée dans

ceux qui auraient en leur possession ces reliques des ancêtres posséderaient

le

le

pays assurait que

pays tant qu'ils con-

serveraient ces ossements entre leurs mains. Les Antimcrina, bien au courant de ces croyances sakalava,

obtinrent par trahison

la

possession de ces reliques anccstrales

et

eurent par cela

même

encore aujourd'hui, ces reliques des rois sakalava sonl soigneusement gardées par leur rova,

et

deux

fois

dans l'année

les

viennent vénérer ces reliques. Ce jour réjouissances; selon leur habitude,

Sakalava de

est,

pour

tirent

ils

les

la

les

région, conduits par leurs chefs

Sakalava de toute

la

tout le

Bœn\

;

Antimerina dans et

leurs roitelet-.

région, une occasion de grandes

un grand nombre de coups de

fusil,

égorgent des bœufs,

chantent et dansent toute une semaine.

A

Majunga,

la

végétation est bien fournie, on remarque surtout de beaux manguiers qui poussent en

grosses masses derrière la

on

n'y rencontre pas

ville et

dans

immédiatement

La rade de Majunga, qui

est

les

les

environs du fort antimerina; plus loin,

grands satramt, qui ne poussent pas

fort belle, est

très

souvent animée par

les

si

c'est la

brousse, mais

près du bord de

boutres indiens

et

la

mer.

arabes qui


TRAVERSÉE DE

L'ILE

DE LEST A L'OUEST.

viennent au mouillage. Le boutre, bateau arabe, trop connu pour que le

bâtiment de cabotage par excellence de

de Madagascar où

d'Ambre ou

cap Sainte-Marie, navigation

le

communs

charger des bœufs ou du cieuses; enfin,

riz

sur toute

la

pour Mayotle

difficile

besoin de

et

ils

Comores,

et les

décrire

le

ici, est

devraient doubler

le

cap

en somme, pour atterrir ou sortir de ces côtes, viennent en général y amènent de l'Inde des marchandises pré-

côte occidentale de Madagascar; ils

ils

font sur toute la côte le petit cabotage entre

ils

commerçants. Tous

négociants de l'Ouest,

les

Como-

OU deux

Arabes, Indiens surtout, possèdent un

riens,

j'aie

Indes. Si l'on en voit fort peu sur la côte orientale

îles

trouveraient grosse mer, abris insuffisants

ils

sont au contraire très

les points

mer

la

247

boutres qui leur sont nécessaires pour leur négoce ; ces boutres, qui portent jusqu'à 120 tonneaux, peuvent aller

non seulement sur

ente du Moçambiquej mais encore,

la

en profitant des moussons de l'océan Indien, jusqu'à Zan-

Mascasle,

zibar,

Persique, les côtes de l'Hin-

golfe

le

doustan. Quelques-uns de ces boutres, ceux qui apparsurtout aux

tiennent

non

livrent

encore au

Indiens,

seulement

sujets britanniques,

commerce

au

delà chair humaine; ces boutres négriers

trafic

vont à Moçambique chargés de bœufs

Madagascar avec un charge qu'ils vont

les

côte Ouest, ou

la

sont

ils

à

l'abri

<\<^

vapeur qui ne pour-

poursuivre sur ces bas-fonds. Ces négriers trou-

vent d'ailleurs à terre

insoumises,

tribus

à

de jeune-- esclaves

nt

visites intempestives d'un navire à rail

reviennent

et

déposer au fond des baies profondes, donl

découpée

est

se

mais

ordinaire,

meilleur accueil,

le

dans ces

et

Sakalava s'empressent

les

d'aller

changer aux Indiens négociants leurs jeunes esclaves africains contre des fusils

Par est

el

de

la

poudre.

suite de sa position au milieu des marais,

un point

très malsain

chaleur y

car;

la

plus

chaud de

est

l'île

;

de

la

côte Ouest de

excessive, c'est, je crois, les

conditions

Majunga Madagas-

le

point

5AKALAVA DE MAJUNGA.

le

matérielles de l'exis-

tence sont un peu plus chères qu'ailleurs, cela tient à une plus grande rareté des produits alimentaires

dans ce pays

très

eau malsaine

esl

peu peuplé.

trois siècles;

de

la

Il

boit de l'eau de puits,

presque tous creusés non

loin

du rivage; celle

souvent saumâtre, toujours désagréable au goût.

Je passe une semaine à

photographies.

On

Majunga que

existe à

Marofolona

je

les

mets

à profit

pour compléter mes noie-

l'aire

ruines d'une ancienne mosquée arabe, que l'on

des ruines également musulmanes se trouvent à Ambatolampy,

comme beaucoup

d'autres villes sur

la

de nombreuses

le

Bœny

musulmanes qui ont imprimé aux constructions, aux habitants dans leurs mœurs tumes un cachet particulier, qu'on chercherait en vain partout ailleurs, à Madagascar. je fais

mes adieux

avant

côte Ouest, a reçu de

colonies

Le mercredi 30 octobre,

remonter à

dil

petit village situé

rade; toutes témoignent d'une ère de prospérité et de force dont joiiissail

quête antimerina. Majunga,

et

au fond la

con-

nombreuses et

leurs cou-

à M. Ferrand, chargé' de la vice-résidence de France,

cl

à

M. Garnier, un de nos compatriotes, notable commerçant dans la ville, en les remerciant encore une de l'accueil si gracieux qu'ils ont bien voulu me faire, et dans l'après-midi je me mets en route pour

fois

Tananarive.

I

Avant de quitter Majunga, par sonnelles qu

il

m'est

donné de

les

faire,

renseignements dont je m'entoure il

m'est

permis de constater que

le

el les

quelques observations per-

port de

Majunga

est

non seule-


VOYAGE

248

ment

le

plus vaste de ceux que

à tous les points de vue. fois, et

dans mes voyages à Madagascar, mais

j'ai visités

Dans deux ans

mes nombreuses observations

A MADAGASCAR.

je reviendrai

relatives

c'est

encore

le

meilleur

encore à Majunga pour y faire un long séjour cette

au port de Majunga ne feront que confirmer ce que

je

présume déjà en 1889.

Tout d'abord proximité de la il

le

Majunga

port de

ville.

est vaste.

Des

flottes entières

Le mouillage de Majunga comprend en

faut citer la baie de

Majunga proprement

kana, plus vaste [encore,

et

dite,

mais

effet

la

une vaste superficie; non seulement

faut encore mentionner la baie

il

qui constitue l'estuaire du Betsiboka.

Ampombitokana réunies forment

peuvent venir chercher un refuge à

La baie de Majunga

baie de Bombétoke. C'est une véritable petite

mer

d'Ampombitoet la baie

intérieure.

tenue des navires y est excellente. Les fonds, très suffisamment bas, sont quelquefois de sable,

le

de

La

plus

souvent de vase molle, alluvions du Betsiboka. Ces bancs vaseux se déplacent fort souvent, mais une surveillance ordinaire peut renseigner très suffisamment les navigateurs; ce n'est donc paslà un incon-

vénient sérieux. Le mouillage de les

Majunga

est d'un atterrissage relativement facile, les côtes sont élevées,

relèvements aisés à prendre. De plus

les cyclones,

si

redoutables à Madagascar de janvier à mars,

sont absolument inconnus à Majunga. Cette considération est capitale, et dans l'expédition militaire qui se prépare,

si

l'on envoyait

nos navires sur

gers, en cas de cyclones éventuels.

retarder

un peu

le

la

côte Est en février ou mars,

Nul ne peut savoir

s'il

ils

y en aura, mais

y courraient de réels danil

est plus prudent, soit de

départ des troupes, soit plutôt de ne fréquenter pendant ces mois dangereux que

Nos navires y seront en sûreté et à l'abri d'un naufrage Tamalave notamment; sinistres maritimes qui seraient

la

baie de Bombétoke.

qui pourrait très bien se pro-

duire ailleurs, à

les seules pertes sérieuses à

notre actif dans l'expédition de Madagascar qui, selon toute probabilité, sera des plus faciles et des plus utiles, si,

après son achèvement,

au contraire,

si elle

la

se termine par

France prend possession de

un nouveau protectorat, qui

l'ancien, parce qu'il sera conduit par les

mêmes hommes.

VILLAGE DANS LA BROUSSE.

la

grande

sera, j'en

île

africaine; des plus inutiles

suis sûr, aussi

mauvais que


a

m

tlKOP* A SA DESCENTL

"I-

PLATEA1

CENTRAL.

CHAPITRE IX La

-

-

-

Amparehingidro. - Ci retranché d'Ambohitromby. Maevarano - Chez le capitaine de la douane. - Musique antimerina Ambohibary. La statue d'Androntsy. - Chez la rei le Tri jy. - Passag la Bets ka. - Amparihibé et Maevatanana. Malatsy. - Fièvre rebelle.— Arrivée sur le plateau central. -Malatsy. Le il Andriba.— Marché d'Alakamisy. Andriba. - Un enterremenl sakalava. Fanataovana sakalava. Ampotaka. Kinajy. - Arrivée sur le plateau central. Le bain de la reine. - Musique el jeux antimerina.— Le fanorona. En route pour pierre de

et les

Radama.

moustiques.

-

Dans

les palétuviers.

Marovoay,

ville

la

ses habitants.

el

-

-

-

-

Fianarantsoa.

L

\

route de Tananarive pari de Majunga, du quartier Européen, c'est-à-dire de la partie centrale de la ville, puis, contournant quelques huiles indi-

gènes placées entre

la

européenne

ville

el

la

sons un massif de manguiers, de cotonniers,

colline de Rova,

s'enfonce

de bolona qui, au Nord

el

de Marofoto, forme un

(I

joli bois, promenade des plus agréables à Majunga, beaucoup de commerçants européens el indiens ont de maisons de campagne nommées dans le pays, bostana. Après avoir

ailleurs

petites

passé sous

ces frais ombrages, on entre

on s'élève un peu pour contourner rade vers

f

le

Nord-Est. En

cet endroit, je

de pierres de forme allongée, el

brusquement dans

colline

la

nommé

du Rova,

la

brousse

el

s'éloigner de la

rencontre un fanataovana,

tas

par les Antimerina Vatond' Radama,

dont l'origine remonte, dit-on, à l'époque de

par ce prince; plus loin sur

et

la

conquête du

la

droite, et entourant les dernières

de Marofotona, à l'ombre des grands manguiers

et

Bœny

maisons

des botona, sont cons-

beaucoup de tombeaux arabes.

truits JEUNE FILLE DE TRABONJY.

J'ai déjà dit

qu'exercent,

Arabes, être

1res

Zanzibarites,

quelques mots, dans sur

les

côtes

Ouest

indigènes des Comores. Celle influence,

grande dans

merina «l'une partie de

les la

siècles

côte

précédents, a

été

le

chapitre précédent, de l'influence

de

Madagascar,

qui selon

les

toute

fortement amoindrie par

nord-ouest, el par les postes militaires qu'ils

mahométans,

probabilité

les

a

conquêtes anti-

ont créés 32

dans

le


VOYAGE A MADAGASCAR.

250

Sud; mais à mesure que

Sakalava revendiquent leur indépendance, à mesure que parla guerre

les

de partisans incessante qu'ils font aux Antimerina qui lâchent pied peu à peu, des prosélytes tous les jours plus nombreux,

la tète, ils font

et l'influence

une marche ascendante, lente mais continue. Pour qui connaît

Chez

très logique et s'explique aisément.

les

Sakalava,

mahomélane

relèvent

maintenant

suit

populations malgaches, ce

les

mode

la

Musulmans

les

est à

est

l'ait

l'islamisme pour deux raisons

principales: la première est une raison purement religieuse; la seconde, d'ordre plus spéciale aux populations madécasses. L'islamisme, religion très simple, avec sa logique toute matérielle, j'oserai dire, plaît

essentiellement aux noirs; de plus, pour

La deuxième raison

l'adopter.

un noir ordinaire foncés que

comme

et,

ou

lui

milite plus

le

Malgache,

comme elle

tous les gens de celte race,

qu'il croit tels, car

aime à

il

contient des fady,

il

s'empresse vile de

puissamment encore en faveur de l'islamisme. Le Malgache

est

méprise profondément ceux qui sont plus

il

grandes illusions. Le Malgache de

se faire à ce sujet de

la

côte Ouest est en contact d'une part avec les Makoa, qu'il traite de sales nègres, et d'autre part avec les

Musulmans,

comme

considère

courager une

telle

marquer surtout

musulman, la

considère

qu'il

Mecque

comme

des vazaha, c'est-â-dire que, dans son intellect rudimentaire,

des êtres d'une essence supérieure à

— et cherche bien

pensée

différence qui existe entre eux

la

comme

s'habille

et qu'il est

les disciples

mans étrangers

«

[tour

Ils

Musulmans ne manquent pas

les

sales nègres

un peu

».

Le Malgache que

d'en-

pour bien

les égaler,

ferait croire

il

conduisent par

la religion.

De

du caractère malgache, là

ils

à devenir leurs chefs, et les

donc

se fait

sa famille habile

il

qu'il

en

affaires,

Musul-

soit, les

s'insinuent vite dans leurs n'y a qu'un pas

roitelets sakalava qui se

pour ministres, pour hommes dirigeant leurs

territoire avoir

Quoi

croient changer de peau.

franchi. Aussi voit-on sur la côte Ouest toutes les reines

immense

Charifou (descendant de Mahomet). C'est surtout à ce mobile orgueilleux qu'obéis-

exploitent hardiment ce côté faible et les

les

cl

du Prophète;

sent les Malgaches en se faisant Musulmans.

bonnes grâces,

lui

entendu à s'en rapprocher, sinon à

les

il

:

il

est

t

ite

partagent cet

des Musulmans d'origine

même, aux environs de la baie de Mahajamba par exemple, ont de véritables comme souverains. Les lien Ali, les Ben Mohammed, les Ben Abdallah, sont donc très fréquents

étrangère. Quelques pays sultans

sur

la

côte Ouest, mais on est très étonné d'apprendre que leurs pères étaient de vulgaires Rakolo,

Ranaivo, Rainifringa. El pourtant ces Arabes, qui jouissent d'une

souvent d'arabe que Mascale,

la

le

nom

donnent.

qu'ils se

S'il

y a

si

haute considération, n'ont

plupart sont (oui simplement des Comoriens ou des nègres du Moçambique.

reste, tous, le soahili, la

gache n'y regarde pas de qu'ils n'étaient

Ils

près,

il

a fait

comme

les

plus

parlent du

langue des Grands Lacs; excessivement peu connaissent l'arabe, mais si

le

parmi eux quelques indigènes de Sour ou de

le

Mal-

Comoriens, qui eux voulaient devenir Arabes, alors

que de vulgaires nègres du Moçambique; maintenant toutes leurs familles habitent

Mecque, Médine ou autres lieux

saints. Ils

viennent d'Andafy, donc

ils

la

sont vazaha.

Les tombeaux arabes, que nous voyons sur notre droite, sont des quadrilatères en maçonnerie portant

aux quatre angles une sorte de

pyramide peu élevée, au bord intérieur

petite

égales, au bord extérieur taillé à pic, d'aplomb au niveau vieilles citernes, reste

près de la roule.

probable d'une ancienne mosquée ou d'une

En somme, en dehors

immédiatement séduits,

sauf un cependant, celui concernant l'exemple des Arabes

grandes idées

gache en

qu'il

eux-mêmes

les

c'est

particulier.

Pour

lui, et

deux

maison arabe qui se trouvait

changé leurs manières

vrai, aussi

d'être; les petits côtés de

en onl-ils pris bien vile tous

liqueurs fermentées, que peu d'entre eux

les

fady,

suivant en cela

observent scrupuleusement. Quant au précepte du Koran, aux

renferme, tout cela demeure

à ne pas toucher au chien

Dans

vieille

en petites marches

je vois également

de cette satisfaction, très platonique, qu'éprouvenl lesMusulmans

à Madagascar, à se croire des vazaha, l'islamisme a peu celle religion les ont

taillé

du mur d'enceinte;

l'islamisme,

lettre

morte pour l'homme de couleur

connue pour

les

et

pour

le

Mal-

nègres des Comores, consiste exclusivement

au cochon.

tout l'Ouest de Madagascar, les Antimerina sont appelés

gnation n'est pas à proprement parler,

comme

Amboalambo (chien cochon).

Cette dési-

certains voyageurs l'ont dit, un terme de mépris, employé

par les vaincus pour désigner leurs vainqueurs. Celle appellation indique tout simplement, dans

l'esprit


DE MAJUNGA A TANAXARIYE. des Sakalava, des gens qui n'observent pas

grand fady de l'islamisme

le

251 et

qui touchent à ces animaux

impurs. Mais, nous voilà maintenant loin de derrière nous, dans le

le

la ville,

Un

bleu de l'Océan.

traverser; à nuire gauche, s'élève

beaux manguiers;;» notre

droite,

dont

rideau de verdure entoure Majunga, nous venons à peine de

du Rova, dont

colline

la

maisons blanches se détachent vigoureusement

les

un terrain couver!

les

contreforts sont encore couverts de

d'argile rougeâtre, dissimulée à peine sous

un maigre

'

'

il

]

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A

M

'

gazon, d'où émergent parfois quelques gros bouquets de mokonasy, descend en pente douce vers les dernières les

maisons de Marofotona.Devanl nous,c'csl

la

brousse.Les arbres isolés sont rares, les grands salrana,

botona oui disparu, ce ne sont plus .pic de chélifs buissons. Le pays esl relativemenl plat,

quelques petites ondulations de terrain, mais chacune a rapprochées, ce qui ne permet pas de

distinguer

les

à

à

peu près

cl

Amboaboaka-Kely. Dans

le

zony, à gauche au contraire, c'est une

l'embouchure de

la

à

et

que

il

esl

pénible pour les

aux roches calcaires coupantes qui encombrent

je n'avais

y a bien

elles sont très

l'ombre desquels s'élèvent quelques cases,

Betsiboka avec ses forêts de palétuviers. Le chemin

sentier esl bordé

cl

de Paha-

plaine de verdure qui s'étend à perte de vue, c'est

chaleur est 1res forte; mes porteurs m'apportent pour le

hauteur,

lointain se profilent, à l'horizon, à droite, les collines

immense

qui se blessent douloureusement les pieds

seau dont

même

une certaine dislance. Cependant, au loin, surgis-

sent deux ou trois mamelons, couverts de beaux manguiers

Andrehitra

la

me

rafraîchir un

hommes.

le sentier; la

fruit, qu'ils cueillent à

un arbris-

pas encore vu jusqu'ici à Madagascar. C'est un fruit 1res

curieux, à noyau extérieur. Les indigènes cassent ces noyaux, pour en obtenir une amande, qu'ils font


VOYAGE

252 griller, et qu'ils

mangent avec beaucoup de

jaune

il

rouge,

et

(Anacardium

pour suivre

est très

proprement

plaisir; le fruit

aqueux, sa saveur

occidentale). Cette route

MADAGASCAR.

A

est acidulé, c'est ce

le

Nord-Est, et passe dans

ventre, on patauge péniblement dans

une boue

Les grands fleuves du versant oriental de

comme

sablonneuses

ment en forme de le

gulier,

A marée

mer sur

la

au

lieu d'avoir leur

côte occidentale de

delta, cl placées

comme volume

si

grand détour,

il

s'avance

marche

basse, cela est parfait et l'on

embouchure obstruée par des

l'île

entraînent, lorsqu'ils coulent à pleins bords,

;

en revanche, leur cours est très

zone forestière

la

en rapides à

et

Il

est 1res

et l'autre

la fin

de

la

les

peu marquée

et

s'établit

il

de pluie torrentielle, les grands saison des pluies; en revanche,

en résulte que ces cours d'eau au régime irrégulier

beaucoup de dépôts vaseux qui viennent s'accumuler non berges du fleuve, mais

forment aussi de nom-

embouchure. Ces dépôts s'appuient sur

breuses

qui encombrent leur delta. Les roules de navigation changenl d'une saison à l'autre,

pilotes habiles sont nécessaires

se heurtent continuellement. Ainsi à

les

Majunga on peut

voir à

marée basse

et

par

les

les

les

et

des

boues:

eaux du fleuve qui

eaux jaunes de

la Belsi-

répandent à plus de dix milles au large. Sur ces dépôts vaseux, couverts ou découverts par

se

eaux saumatres, ont pris naissance de grandes forêts de palétuviers,

poussée par

la

marée montante. Au

nous arrivons bientôt C'est

ils

eaux ont creusé dans

les

mouvements des marées

cours du fleuve, croissent en grande abondance sur

et

les

pour suivre un chenal sinueux que

de plus, ces vases sont sans cesse remuées par

les

irré-

cours d'eau

loin de leur

boka qui

du

par de larges embouchures, divisées générale-

d'eau charrié. Tandis que, sur la côte Est, les pluies presque continuelles qui tom-

souvent à sec pendant l'autre saison.

îles

levées

au fond de profondes baies. Ces fleuves occidentaux de Madagascar

cours d'eau de cette côte coulenl à pleins bords est

pas un

zone forestière alimentent toute l'année, d'une manière presque constante,

la

mahabiba

le

je le croyais,

mais à marée haute, avec de l'eau jusqu'au

le soleil;

deux saisons parfaitement tranchées, l'une de sécheresse absolue

lit

pays

le

comme

infecte.

l'île,

de ce versant, sur la côle Ouest au contraire,

leur

fait

plus souvent plus forts et plus gros que ceux de la côte Est

bent dans

nord-ouest,

le

cela a lieu sur la côte Est, et de former des lagunes et des marais tout le long

littoral, se jettent à la

sont

les palétuviers.

sur ce sable mêlé de vase et durci par

facilité

grosseur du poing.

la

des hauteurs que j'avais longée en venant d'Anlananlafy, et qui constitue celte

la ligne

directement vers

de

qu'on appelle dans

de Tananarive ne va pas vers

espèce d'isthme qui réunit Majunga au pays voisin. Le chemin ne

avec

dit est

un

à

les rives

sortir des palétuviers,

et

ces arbres, remontant

jusqu'au point précis où l'eau de mer

nous reprenons notre route dans

la

le

esl

brousse,

Amparehingidro.

village d'une douzaine de cases; j'y

remarque dans

les

alentours plusieurs petits lacs et

étangs d'une formation analogue à celle que j'avais observée près de Antananlafy. Ces réservoirs d'eau

douce sont

très

précieux pour

car

les habitants,

il

n'y a pas de sources dans la région,

permet aux indigènes de se livrera quelques cultures maraîchères, qui leur ont

cl

leur voisinage

été enseignées par les

Européens de Majunga.

Le jeudi 31 octobre, nous marchons dans un pays relativement boisé

;

végétation est plus active et les incendies qu'allument constamment les

grand nombre d'arbres. Nous sommes toujours en terrain secondaire, grand nombre

c'est

encore

brousse, mais

la

et je

ramasse sur

mon chemin

la

de 500 mètres de côté. Ses fortifications sont faites de fossés

embrasures de distance en distance. Ces

fortifications,

dernière guerre. C'est un rectangle de plus

et

de remblais en pierres

et

en terre, avec des

quoique rudimentaires, sont assez bien comprises,

et des Européens ont dû certainement participer plus ou moins directement à leur construction.

camp retranché où

ont dû exister,

encore une enceinte palissadée qui entoure cl

de ses quatre soldats.

En le

quittant

fond de

la

un

de petites pierres calcaires, semblables à des bâtonnets. Vers dix heures, nous arrivons à

Ambohitromby, grand camp retranché, construit pendant

milieu de ce

la

indigènes oui respecté un plus

il

y a quelques années, de nombreuses maisons, subsiste

les trois cases

On me montre quatre

Majunga

et les

de

l'officier

antimerina qui

commande

le fort

vieux canons lisses, en foule, qui reposent sur des madriers.

Ambohitromby, nous marchons plus au sud,

baie de

Au

maisons blanches de

et à noire droite, la

ville,

nous voyons bien maintenant

l'embouchure

71e

la

Betsiboka, pin-


DE MAJUNGA A TANANARIVE.

253

sieurs des bras qui la constituent, les îles, et surtout la belle

Ambo-

venue des palétuviers qui recouvrent toute cette

vallée.

hitromby, établi sur une hauteur dominant

route et toute

la

ment,

manque

place

la

la

une bonne position stratégique. Malheureuse-

vallée, est

d'eau,

de

est obligé

et l'on

l'aller

chercher à une assez grande dislance. Ce défaut est d'ailleurs

commun

tous les forts

à

postes militaires antimerina qui,

sommets, sont assez éloignés des sources qui

édifiés sur les

alimentent. Le soir,

les

et

j'allai

coucher

situé sur les bords de la Betsiboka.

arriver en

un ou deux

pour

les

ma

besoins de

me

pour

De ce

Marovoay;

à

courte, Il

traversée

la

et

voyageurs

les

fleuve la

le

pirogue ou en boutre

en

j'avais

rendre compte du pays,

mission; généralement

qui montent à Tananarive vont à Marovoay par

Betsiboka,

comptais

village, je

marche

jours de

choisi cette roule par terre

Maevarano, village

à

assez

est

voyage beaucoup moins pénible.

et le

marche pour

faut neuf heures trente minutes de

Majiingaà Maevarono; pendant tout ce temps sensiblement

même,

la

parler,

mais

coteaux

et

c'est

<<•

un

la

aller

de

contrée reste

pas une plaine à proprement

n'es!

relativement

terrain

Quelques

plat.

monticules peu élevés y forment de longues ondula-

tions à pentes douces; une ligne de collines de 150 à 200 mèl res

de hauteur limite l'horizon dans

au contraire, perdre dans

le

nord-est ; dans le sud-ouest

plateau s'abaisse insensiblement pour aller se

le

du Betsiboka. Néanmoins, partoul

la vallée

s'étend à une assez

grande distance,

un terrain découvert. La végétation de tout par des lataniers épineux qui

Betsiboka,

suit

à

deux ou

de

la

sur-

et

là,

croissent partout

kilomètres

trois

vue

la

toujours

relie région esl repré-

arbres isolés, des buissons çà et

sentée par des

la

chemin

et le

il

;

roule,

n'y

a les

pas de

taillis,

ce

si

près de

n'est

une

forment

palétuviers

véritable

forêt.

Maevarano, où nous passons

de troncs d'arbres, on y trouve également par

les

au point de vue militaire de droite de

la

canons

't

lisses,

nuit passée à

le

;

l'est

esl

entouré d'une enceinte

par de hautes collines, n'a qu'une position très défectueuse

avant d'arriver à Maevarano, on traverse une petite

Maevarano

a été

la

plus grande

sommes

à

Maevarano, pour nous

sortis victorieux

de

la lutte

qu'avec

livrer bataille. les

Il

ture, et les

malheur

à l'être vivant,

nombreux voyages que

homme ou

la.

pendant

la

saison

l'état adulte,

la

(''lé'

dévorés par

les

mous-

côte Ouest, se sont probablement

plus grandes difficultés.

innombrables; leurs larves aquatiques se développent avec

A

et

a fallu combattre toute

coup de sang répandu. Les moustiques, nos grands ennemis de douce croupissante qui nous environnent.

premier affluent

rivière,

facilité.

absolument épouvantable. Nous avons

Ces insectes, très nombreux auprès des grands fleuves de

donné rendez-vous

dans

il

en foule, montés sur affût en bois, fabriqués

Belsiboka. Cette rivière était desséchée à celle époque de l'année,

des pluies, elle se traverse à gué, avec

tiques.

village de 10 rases environ,

indigènes. Ce village, qui est à une altitude de 20 mètres, esl peu éloigné de l'estuaire du Bet-

siboka; ce village, dominé au nord et à

Cri

un

la nuit, est

la

De

part

et

la nuit, et

plus grande facilité

il

y eut beau-

ici

en légions

d'autre,

côte Ouest, vivent

dans

nous ne

les

mares d'eau

ces insectes cherchent partout leur nourri-

animal, qui s'aventure dans ces parages. Je n'ai jamais vu,

j'ai entrepris,

une

telle

affluence de ces insectes désagréables.

dislingue plusieurs espèces, dont 1rs deux principales sont lesmoka, qui piquent principalement

On le

en

jour,


VOYAGE A MADAGASCAR.

25i et les

mokafohy, plus petites, qui préfèrent les ombres de

malheureux voyageur

Le vendredi

I

er

n'a pas

Marovôay. La contrée

à

moins accidentée encore;

sol est très caillouteux, c'est

nombre,

et

semblable à

est

la

comme

brousse

à

Marovôay; on compte sept heures de que j'avais traversée les jours précé-

leur plus petite

taille,

loin,

de

la

première espèce, d'abord par

ensuite parce que leurs troncs rugueux,

et

toujours penchés, ne s'élèvent jamais verticalement,

les

A

12 kilomètres dans

le

village antimerina de

lalanier.

avoir dépassé

bords de

le

Andraholava,

rivière

la

continuer notre route. Le passage

long; car pour toute

roule des eaux jaunâtres,

du

après

et

nous faut traverser pour

qu'il

est,

celui

Miadana, nous arrivons sur

chent* de crabes a bien voulu

ma

cara-

pirogue, qu'un pè-

petite

nous

louer.

L'Andranôlavë

n'y a qu'un très faible cou-

il

marée monte encore,

rant, la

comme

nord de Marovôay,

nous n'avons qu'une

vane,

le

en grand

poussent des touffes de petits satrana épineux,

élevé,

et

mamelons,

petits

végétation. Les lataniers y sont

qu'on distingue facilement de

grand

le

celle

une grande plaine a peine ondulée par de

c'est

toujours

du grand satrana au tronc uni

à côté

grâce à celte diversité de goût,

la nuit;

répit.

novembre, une bonne étape va nous conduire

marche de Maevarano dents,

un instant de

les

berges d'argile rouge

détrempées par les changements quotidiens du niveau de

l'eau,

sont pénibles à franchir,

et l'on

enfonce pro-

fondément dans cette bouillie rougeàtre. De de

P\

l'

Andraholava, nous marchons quelque temps dans

même

la

contrée qu'auparavant, faisant

massif de manguiers, dont les

roule sur un

verdure annonce au loin

la

premières maisons de Marovôay. Vers deux heures,

nous entrons dans

Marovôay

est

la ville.

une des grandes agglomérations dé

côte Ouest; elle est,

/

l'autre côté

la

sensiblement, aussi peuplée que

Majunga, comptant 4 000 habitants environ. La

ville est

orientée sud-est nord-ouest et les maisons se disposent

peu près symétriquement, d'une longue avenue qui

à

FEMME SAKALAVA DE MAROVOAY.

s'étend dans cette direction. Les habitations de

son!

maisons en pierre construites

maisons en torchis

et

est

le

même nom que

Majunga d'ordre

malgaches la ville,

el

les

extrémités de

la ville,

africains, qui sont ici en assez

surtout du côté Ouest, par où nous

du côté du nord, s'élèvent deux ou

Antimerina oui

la ville

édifié leurs posles militaires;

fossés

et

relire

v a des

la

popu-

rivière,

il

monter jusqu'à Marovôay. arrivés, s'élèvent de beaux

particulier.

Parallèlement à

flancs assez escarpés; sur leur

officiers.

la

la

sommet,

défendu par deux petites pièces de canon

est

dernières que l'on rencontre sur

aux

le

il

el

ren-

Ces fortifications n'ont aucune impor-

roule; celles des autres posles.

murs de

terre,

palissades, oui surtout pour objet de défendre les populations des villages contre les bandes

de maraudeurs

Marovôay

les

ville

la il

:

grand nombre. Une petite

sommes

un cachet tout

trois collines

ferme l'habitation du gôuverneùret de ses principaux tance; elles sont

composite

passe au sud de Marovôay; ce cours d'eau n'est pas très large, mais

manguiers. Ces arbres magnifiques donnent à rivière, el

1res

Antimerina, enfin des cases en roseaux où se logent

profond, et permet, en tout temps, aux boutres el aux embarcations de

Aux deux

les

à

habitées par les Indiens et les Arabes, gros négociants du pays, puis des

en terre occupées par

lation sakalava, les esclaves

qui porte

et

comme

étafi

el

de pillards, qui sont

destiné

à

couvrir

nombreux dans

la retraite

la

région. Pendant la dernière guerre,

le

poste de

de Ramambazafy, alors gouverneur général du Bœny,

el

avec des troupes à Ambohitromby. Les Antimerina avaient prévu celle retraite, qui n'était que trop




DE MAJUNGA A TANAXARIYE. probable

si

nous avions voulu. Le commerce de Marovoay

n'offre rien

de particulier à signaler. Les prin-

cipaux négociants de Majunga, Européens et gens de couleur, y ont presque tous des comptoirs;

vendent leurs produits

et retirent

ceux de

couverte tous les ans par des alluvions rizières.

Marovoay

un peu

est

y achète beaucoup de

la

centre de cette production, et chaque année, au

le

cet état, ce produit se

grands voyages; on en amène de grandes quantités

Majunga,

à

Mayotte, sur les côtes d'Afrique. L'industrie de Marovoay

exclusivement entre

mains de quelques Indiens, qui

les

quent, avec de l'argile rouge des environs, de vaise qualité. Ces cruches, ces sadjoa,

et

de

moment de

conserve bien là

y a de nombreuses

il

et

on envoie ce

la récolte,

on

peut supporter de

riz

aux Comores,

à

es!

fabri-

poterie de

la

comme

y

terres basses de la Betsiboka. la plaine est

qui amènent les grandes eaux,

fertiles

non décortiqué. En

riz

Dans ces

région.

ils

mau-

appellent les

les

indigènes, leur servent dans leurs cases à conserver l'eau douce

de consommation journalière. Je suis logé dans

maison du

la

douane, un Antimerina de type presque

capitaine de

la

pur. C'est

qui reçoit les étrangers; sa maison en torchis

lui

est très confortable. Qu'on

en juge du papier peint tapisse :

toutes les pièces, des plafonds en toile sont tendus,

rideaux aux

une

la soirée,

musique

sa

des couverts, de

Pour un explorateur,

table.

Dans

fenêtres,

le

c'est

îles

la

porcelaine,

un

palais.

gouverneur de Marovoay m'envoie

mon

qui, pendant

vais essayer de transcrire

me

repas du soir,

continuellement un motif de valse assez

joue

que

joli, el

je

pour piano.

ici

Celte valse antimerina que j'avais déjà entendu jouer

pour

à Mandritsara

la

première

entendue souvent partout

ment importée dans l'origine, aussi bien

je la

donne, parce que

et

que

depuis

j'ai

a été certaine-

par des Européens; j'en ignore

l'île

que

fois,

Madagascar,

à

l'auteur, mais quoi qu'il en soit,

remaniements que

les

lui

ont fait

subir les Antimerina, sont assez curieux, et qu'ils nous

donnent bien

la

mesure

et

LE CAPITAINE

rythme de ces indigènes.

le

UF.

LA DOUANE.

»

Après ce concert, j'entendsdes chœurs, qui m'intéressent par leur chant. Certaines personnes qui ont

écrit

des relations de voyage à Madagascar ont été prodigues de louanges pour les dispositions musicales que

montre

le

peuple madécasse

:

j'ai

beaucoup étudié

cette question

pendant

mon

malheureusement à une tout autre conclusion. Pour l'exprimer, j'emprunterai qu'il a «

donné an sujet de

chanteurs chantent faux, et

la

musique japonaise,

Elle est assez désagréable les

pour nos

oreilles

à

exploration, et j'arrive

M. Guimet

qui convient parfaitement à la

et

le

jugement

musique malgache

musiciens jouent faux; mais néanmoins leur unisson

chantent

est juste. Ils

jouent faux, d'une quantité égale, de sorte qu'ils chantent faux avec une justesse admirable.

Sans doute, on pourra voir un joueur de valiha qui répétera sur son instrument primitif des aura entendu jouer, par des instruments européens, voir aussi un adolescent répéter parfaitement

des exceptions

et,

un

même

air qu'il

musique japonaise, peut s'appliquer strictement à

la

mon

avis. Je

s'ils

non contents d'apprendre aux Malgaches de

la

le

chœurs de

En

les

que

jugement porté par M. Guimet sur

musique malgache. Toute personne

chantent toujours faux.

airs qu'il

aura entendu chanter, mais ce ne sont

m'empresse d'ajouterpour excuser

de leur professeur habituel,

»

avec assez de justesse. Sans doute on pourra

d'une manière générale, je suis convaincu que

gascar, a pénétré dans un temple, et qui a entendu des

gera de suite

:

européennes. Les intervalles sont toujours trop courts. Les

fidèles

chanter des cantiques parta-

Malgaches que

effet, les

qui,

la

à Mada-

c'est

un peu de

la faute

missionnaires protestants anglais,

mauvaise musique sur un thème incompréhensible pour 33


238

VALSE

/&-—^—Tr

VOYAGE A MADAGASCAR.


DE MAJUNGA A TANANARIVE. Au moment

en rizière par les indigènes.

239

des pluies, c'est un passage très

difficile,

on ne peut suivre

les

levées de terre qui séparent les rizières et qui ont presque partout été enlevées par les grandes eaux.

faut donc patauger dans une boue infecte, dans laquelle on enfonce jusqu'au ventre. difficultés ont disparu,

nous trouvons, ces

De nombreuses

bles à vaincre.

grands détours. De plus,

mais

flaques d'eau restent encore dans les rizières, ce qui nous oblige à de

découvert d'où

le terrain

eaux

les

se sont écoulées a été desséché par

nous ne pouvons

les sens,

qu'avec les plus grandes difficultés, car elles sont profondes, et leurs bords

moindre pression; cette plaine doit s'étendre

taillés à pic

mais

très loin à l'Est et à l'Ouest,

les limites

cachées par des fourrés de bararata. Devant nous, un rideau sombre de verdure

sommes

Est; nous

Sud,

et

bientôt à

la limite

les

un

soleil

enjamber

cèdent à

la

nous en sont le

Sud-

Nord

et le

vers

limite de ce petit bois, qui semble s'étendre assez loin vers le

la

où nous

ont été remplacées par d'autres, non moins péni-

elles

grandes crevasses sinueuses se sont formées dans tous

torride, de

A l'époque

Il

qui constitue la petite zone forestière de cette partie de la côte. Ce ne sont pas de hautes futaies,

c'est plutôt les plantes

un

taillis,

la

marche

chemin

est difficile, le

coupé à chaque instant par

est

grimpantes qui s'accrochent ou qui pendent aux arbres dont

pouvoir marcher avec plus de

facilite,

nous empruntons

le

la

les lianes et

roule est bordée. Aussi, pour

desséché d'un ruisseau, qui court parallè-

lit

lement à notre route. Vers onze heures, nous arrivons à Andronlsy. C'est

un

village sakalava de 15 cases,

renferme

forts pieux en bois, qui

de

est fad)i

de

me

que

pour pouvoir

subit, la

interdit

On

y trouve un carré formé par une enceinte

tombeau d'une ancienne

aux vivants de prononcer

sommaire sur

très

mais fort mal comprise par

la

pauvre.

compte des changements

se rendre

même

principe, la langue

dans

est très

langue parlée, à Madagascar, sur

présent une élude près,

il

reine

du pays. Je demande son nom.

Il

le dire.

Ce fady sakalava, qui naître

le

malgache

les

nom

le

côte Ouest de

la

des morts, est très important à con-

successifs, sorte d'évolution lente mais continue l'île.

langue madécasse;

la

personnes qui ont entrepris un

est unique. C'est

théoriquement vrai,

pratique, les missionnaires catholiques

Je ne veux pas aborder encore à

et

travail.

tel

évident que, en

met en doute, mais

le

Tananarive des diction-

à

('•«•rit

est

Il

personne ne

protestants qui ont

et

en général été étudiée de très

elle a

naires cl des

grammaires malgaches-anglaises ont méconnu, comme beaucoup d'autres, ce principe fon-

damental de

l'histoire sociale et politique

de cet ouvrage, à savoir

:

les

encore loin d'avoir absorbé

de Madagascar que

Anlimerina, quoique étant les

antres peuplades, et

la

tribu

à

Madagascar, tenir grand compte des usages, des coutumes de

il

est

absolument illogique

voir dans

Madagascar que

et contraire à

En

dans toute question qui se rattache

langue, de

nos intérêts aussi bien qu'à

aux Anlimerina

:

on pourra voir dans

la

suite des

temps

de ne vouloir

un piège tendu à notre politique

nousysommes lombes

la

politique des Antimcrina,

la vérité scientifique

celte peuplade. Depuis de longues années, c'est

parles Anglais. Dans la dernière guerre, et depuis lors, tout sacrifié

la

plus puissante de Madagascar, sont

la

doit

l'on

si

exposé d'ailleurs, dans un avanl-propos

j'ai

grossièrement, nous avons

les fruits

ce qui concerne les ouvrages de linguistique publiés à Tananarive,

ils

d'une

telle politique.

doivent s'appeler, non pas,

par exemple, grammaire malgache-française, mais antimerina-française. Le dialecte anlimerina peut être sans doute

compris dans toute l'étendue de

l'île,

aussi bien par un Sakalava

raka, cela est indiscutable, mais enfin, les dialectes sakalava

dans chaque tribu, et je ne vois pas pourquoi langue malgache.

Au

le

point de vue scientifique,

le

et

que par un Betsimisa-

comme d'ailleurs comme type de la

betsimisaraka existent,

dialecte des Antimcrina serait pris seul dont je doive

m'occuper

ici,

il

est infiniment pro-

bable que les Anlimerina, peuplade venue du dehors, ont dû apporter avec eux des mots et des règles

grammaticales inconnus dans de provinces,

il

existe encore

Le dialecte sakalava Ils

est,

l'île

avant leur arrivée,

une grande partie du

et s'ils les

territoire

parmi tous ceux parlés dans

de

l'île,

ont répandus avec eux dans beaucoup

l'île

où ce dialecte n'a pas pénétré.

un des moins purs

et

des moins corrects.

n'ont pas de langue écrite, et les lettres n'ayant pas fixé les sons d'une manière définitive, on peut

remarquer d'un village à l'autre des différences dialecte sakalava est justement ce fady des

très notables.

noms

Une des grandes causes de corruption du

des morts, contre lequel je venais de

me

heurter à


VOYAGE A MADAGASCAR.

260

Androntsy. Ce fady m'a donné de suite

la clef

de différences notables que j'avais remarquées entre

le

sakalava et l'antimerina. Par exemple, presque toutes les peuplades de Madagascar appellent les œufs atody

;

l'eau

Chez

rano.

:

les

Sakalava au contraire,

comme

il

probablement trouvé des

s'est

reines qui se sont appelés Rainatody ou Rainirano, et que, à leur mort,

:

rois et des

a été défendu de prononcer

il

ces mots atodij et rano, les indigènes sakalava, du moins ceux qui se conforment scrupuleusement à ces fadij,

ont dû se mettre l'esprit à

désigner ces objets, dont

ils

la

font

torture pour trouver, dans leur langue

un usage journalier.

Ils

y ont réussi,

mahalena (ce qui mouille) et l'œuf fandatsaka (ce qui tombe);

l'eau

pour dire masoandro

Dans

(l'œil

jour, le soleil), ce

mot étant

fady,

ils

Sakalava du

appellent

pour un motif analogue que,

c'est

disent

Rœny

mahamay

:

(ce qui brûle).

mes appartements, si j'ose m'exprimer ainsi, est une statuette en mode indigène; elle représente l'ancienne reine et est

case où sont

la

rement sculptée

du

pauvre, des mots qui puissent

si

et les

et habillée à la

bois grossièl'objet

d'une

vénération toute spéciale des habitants du pays. Ces figures grossières qui représentent un bon ou un

mauvais génie, ou encore un défunt, ne sont pas communes à Madagascar;

que dans certaines tribus du Sud, chez

j'en voyais, et je n'en ai plus revu

Dans

c'est ici la

tombeau de l'ancienne

l'enceinte palissadée qui contient le

les

reine,

première

Antanosy en

fois

que

particulier.

y a beaucoup d'autres

il

forme de pyramides quadrangulaires. Mais ces pyramides, au

lieu d'être constituées

tombes, qui ont

la

comme

Betsimisaraka, par de petites baguettes de bois mises les unes à côté des autres, sont

chez

les

chez les Sakalava édifiées avec de forts madriers.

Il

du

existe autour

village et dans le bois qui l'envi-

ronne d'autres types de sépultures sakalava; ce sont des parallélipipèdes rectangles, sur lesquels (pour les

gens de marque probablement) on a plaqué de petites dalles de granité, sur d'autres (pour des gens

de conditions inférieures) on

Quoi

en

qu'il

soit,

il

s'élève à

s'est

contenté de disposer tout simplement un

une des extrémités de ces tombeaux,

grosse pierre qui indique l'emplacement de

le

lit

de cailloux de quartz.

plus souvent tournés vers l'Est, une

du mort. Nous passons l'après-midi au

la tète

village, la cha-

leur est tellement forte qu'il nous serait impossible de traverser, pendant sept heures, la grande plaine

aride qui nous sépare de Befotaka. Vers six heures, au lever de la lune, nous quittons Androntsy, nous mar-

du

pendant longtemps, dans une grande plaine couverte

chons pendant une heure pour

sortir

de vero, d'où émergent ça

de petits bouquets de lalaniers nains.

L'accès de ce misérable

et là

bois, puis,

hameau de cinq ou

A

minuit, nous arrivonsà Befotaka.

six cases est difficile, périlleux

même,

il

nous faut

traverser,

sur une longue branche d'arbre, une rivière de boue, encaissée entre deux parois rocheuses taillées à pic.

Au

milieu de la nuit, ce n'est que par des prodiges d'équilibre que nous pouvons franchir heureusement sur un ,

tronc d'arbre, cette rivière d'un nouveau genre ce passage est délicat. Le lendemain une petite étape nous ,

;

conduit à Ambato. je n'ai

pu

résister

A

aux

peu de distance de Befotaka,

l'art si difficile

vieille;

de gouverner

un Islam,

les peuples.

Mahatombo, qui continue

militaire de

me

suis arrêté

sollicitations pressantes de la reine qui veut

une bonne

royale. C'est

je

il

est habité

Betsiboka.

Le lundi dont le

le

Ambato i

Dans

la série

faire entrer

les

Antimerina ont

est en effet sur les

la

dans sa case

l'assiste

dans

édifié le poste

de ceux qui sont échelonnés de Majunga à Maevatanana.

Ambato. C'est un

à

village important de la

en majorité par des Antimerina qui font du commerce dans cette vallée de

confluent avec

la

Betsiboka est à un kilomètre, à

Betsiboka.

Ici

la

bords du fleuve.

son cours

nous arrivons à Bepako, misérable hameau de 5

Trabongy,

l'E.-N.-E. de

me

de premier ministre,

novembre, nous traversons, à quelques minutes de marche d'Ambato,

long des rives de

Le mardi

absolument

investi des hautes fonctions

De Trabongy, deux heures de marche nous conduisent région,

au village sakalava de Trabongy, où

novembre, nous continuons dans

est

six la

l'est

parsemé

la rivière

Ikamoro,

du gué, puis nous continuons notre route,

d'îlots et

de bancs de sable. Dans

la soirée,

ou sept cases.

brousse

et,

à neuf heures, nous arrivons à

un gué de

la

Nous devons atterrir de l'autre côté, dans une île formée par deux bras du fleuve. Dans celte en haut d'un gros mamelon que nous voyons d'ici, est le village d'Amparihibe. La traversée de ce

Betsiboka. île,

bras de

la

Betsiboka se

avoir traversé

fait

sans incidents dans de larges pirogues, et de l'autre côté du fleuve, après

un grand fourré de

bararata,

nous montons à Amparihibe.


JEUNES PILLES ANTANKARA.

(

GRAVURE HE ROUSSEAU, d'aPRES UNE PHOTOGRAPHIE.]



DE MAJUNGA A TANANARIVE. comme Ambato, un

C'est,

gros village antimerina;

il

n'y a

que

fort

263

peu de Sakahv

qui ont d'ailleurs,

a,

remarque, quitté en masse cette contrée, par crainte de corvées aussi injustes qu'écrasantes. Le lendemain, une petite étape nous conduit à Maevalanana. Nous avons, au sortir d'Amparihibe,

je le

versé

deuxième bras de

le

sont plus rares.

On

nous aurons quitté

les

en

une végétation beaucoup plus pauvre,

les confins

de

pays

le

Maevalanana

la

zone dénudée. Aux envi-

pointements rocheux s'observent fréquemment.

est très accidenté, les

est le plus

même temps

important de ceux que

Le

rencontre en allant de Marovoay à Tana-

l'on

Ramambazafy, me loge dans une maison convenable. Ramambazafy,

la ville,

commande à Maevalanana. est le gouverneur de toute la contrée. Dans les entreil me parut être un homme fort intelligent malheureusement les lourdes corvées administrés n'ont pas rendu son nom bien populaire dans le Bœny, il est craint,

qu'il

tiens

que j'eus avec

qu'il

impose à ses

lui,

;

mais détesté dans toute

Maevatanana

tra-

arbres

les

région des brousses, et bientôt lorsque

la

pays sakalava, nous serons en pays antimerina dans

les

Le gouverneur de

elle est

a

éboulis d'argile, on observe des filons de quartz entre des couches de schistes cristallins.

village de

narive.

La contrée

que nous sommes sur

voit

rons de Maevatanana,

Dans

Betsiboka.

la

contrée, aussi bien par les Antimerina que par les Sakalava.

la

sur une hauteur, colline escarpée par les ravinements de l'argile rouge dont

est bâtie

formée, à pic de tous

les côtés,

surtout du côté de l'Ouest.

sages où sont construites deux portes grossières;

il

est assez difficile

On

entre dans

la ville

par deux pas-

de pénétrer dans Maevalanana sans

passer par ces deux portes, tant par suite des fortifications que l'on a édifiées, haies de cactus, palissades, et par les fossés

autour de

la ville.

que

l'on a creusés,

on remarque une rue principale, Esl

tants;

que par

creusés naturellement dans l'argile toul

les ravins

Ces ravins ont d'ailleurs une grande profondeur. Le village compte environ

ou en briques crues;

celles-ci plus

Indiens qui sont venus s'établir

ici,

el

1

S00 habi-

Ouest, bordée de cases, dont quelques-unes sont en terre

confortables

abritent îles Antimerina

pour acheter des produits

(cuir,

commerçants ou quelques

caoutchouc

el

raphia), et vendre

marchandises (colonnade, armes, quincaillerie).

leurs

Depuis Majunga jusqu'à Maevatanana,

le

chemin

est 1res

beau,

el suit

un terrain

plat.

En

Maeva-

effet,

tanana, qui est situé à une distance considérable de Majunga, n'est qu'à 170 mètres d'altitude, c'est dire

que

la

pente est insensible. Malheureusement, Maevalanana. situé non loin de

pays découvert,

même plus

la triste

un des points

expérience

heureusement

devait

me

(pie

frapper plus

deux à Maevatanana où

Retsiboka,

est.

en ce

j'y contractais,

en

effet, les

germes de

la

malaria,

et si

jusqu'alors j'avais pu,

ils

rencontraient beaucoup de leurs compagnons. J'eus beaucoup de peine à

de violents accès fébriles qui

me

ardemment

d'arriver à

Tana-

fleuve sur sa rive droite, mais ce

grand

faisaient désirer

terme de ce voyage.

Le jeudi

7

novembre, nous continuons notre roule, longeant

cours d'eau n'est plus

la

le

Betsiboka, c'est son grand affilient de gauche, l'Ikopa, dont nous avons dépassé

confluent après Amparihibe. La contrée est très rocheuse,

le

la

plus chauds et les plus malsains de Madagascar. J'en devais faire moi-

mes compagnons, échapper aux fièvres de Madagascar, cette première atteinte profondément. Mes porteurs, suivant l'usage, avaient voulu s'arrêter un jour ou

les.en dissuader, j'avais

narive, le

:

les

et,

comme dans

les

environs de Maeva-

tanana, la végétation est très peu active. Vers dix heures, nous

compte 33 cases environ, 1

est bâti

sommes à Tsarasoatra. Ce village, qui comme d'habitude sur une hauteur. Nous avons laissé Ambodiroka à

Ouest, l'Ikopa, distant de nous d'environ un kilomètre, n'est plus navigable, ni

est

même

flottable,

son

lit

obstrué de gros rochers, sur lesquels les eaux se brisent en tourbillons d'écume.

Le vendredi 8 novembre, nous nous mettons en route sous

la pluie; c'est la

première que nous res-

sentons depuis que nous avons quitté les forêts de l'Est, mais nous nous approchons du plateau central

la

saison des pluies

Nosy-Fito,

le

commence en novembre. Nous suivons

barrage important

le

Mandendamba, nous traversons deux Enfin, a midi,

de palissades.

l'Ikopa, et

nous passons en vue des

îles

de

plus bas de cette grande rivière. Puis, avant d'arriver au village de affluents de l'Ikopa, l'un, l'Andranokely, l'autre, le

nous arrivions à Ampasiria, gros village

fortifié,

Mandendamba.

entouré de plantations de cactus, et


VOYAGE

264

MADAGASCAR.

A

Le samedi 9 novembre, après avoir traversé, au sortir du village, la petite rivière d'Ampasiria, nous suivons la vallée du Morokoloy, et nous nous arrêtons à un village du même nom. Dans la soirée, continuant notre étape, nous gagnons Malatsy. Ce village a des fortifications très complètes

A

pénétrer qu'après avoir franchi quatre portes successives.

peut

et l'on n'y

Malatsy, les fièvres dont j'éprouvais les vio-

me mouvoir que très hommage aux bons soins que me prodi-

lents accès depuis plusieurs jours, redoublèrent encore d'intensité, je ne pouvais

guèrent mes

je dois rendre

dans cette pénible occurrence,

difficilement, et

porteurs. Pendant les jours qui suivirent,

me

il

A

Malatsy, les maisons en terre des Antimerina réapparaissent;

pierres levées, toute végétation a disparu. la

presque impossible de continuer mes

hommes, pour continuer mon voyage jusqu'à

observations et je dus m'en remettre complètement à mes

Tananarive.

fut

Nord

plus intéressante de ce voyage dans le

Le dimanche 10 novembre, je

Nous sommes en pays hova

dénudée

la route. Cette zone

clans la

ne m'a pas quitté,

la fièvre

accès semblent augmenter d'intensité.

fais, les

affluent de droite de l'Ikopa.

et

malgré

En

sortant

Beaucoup de ruisseaux barrent

comme

en eau vive,

est d'ailleurs très riche

les

zone dénudée. La partie

terminée.

et l'Ouest est

quitte Malatsy, porté en filanjana;

la grande consommation de quinine que je de Malatsy, nous traversons le Kamolandy,

lendemain, ce sont

le

il

dans tous

est de règle

les

pays granitiques.

Le sentier que nous suivons passe à huit cents mètres au nord du mont Andriba près du premier contrefort méridional de ce mont, sont groupés trois villages, pauvres aujourd'hui, niais très peuplés ;

Ce sont

autrefois.

Antsahamena

:

huit cases; Alakamisy

:

village d'Alakamisy était autrefois le siège d'un

vanes de porteurs, venant

misy a subi

les

de tous

le sort

marché

uns de Tananarive,

les

:

très important, c'était le

vingt cases. Le

:

rendez-vOus des cara-

autres de Majunga. Depuis quelques années, Alaka-

autres villages du Bœtiy,

les

douze cases; Maroharona

s'est

il

dépeuplé peu à peu. La crainte de

lourdes corvées en est la seule raison; quelques personnes font entrer aussi en ligne de compte les bri-

gands qui rendent il

très

peu sûres

les routes,

ne faut pas oublier que l'existence

lourdes corvées qui pèsent sur

harona, nous traversons Là,

ma

marches

qu'ils

le

,

sur

rive

la

viennent de

Quoi

elles-mêmes

la il

gauche de

faire.

Ils

lamba de

semblent supporter vaillamment

l'Ikopa,

crient et

gesticulent;

le

de temps en temps,

gauche du

sentier.

conduit provisoirement quelque part,

en

soit,

dansée premier transport du défunt,

volonté du mort qui leur indique, par les petits

veut

recouvertes de

Le

soie,

est

ils

les

longues

reviennent sur

Je les crois ivres;

En

n>n

il

effet,

dès

dans

la

maison de

ses proches

sienne généralement; l'enterrement proprement dit n'aura lieu que beaucoup plus tard.

la

qu'il

vallée.

dernier soupir, on procède immédiatement à son ensevelissement et à sa

le

mortuaire, puis on

ou dans

de Maro-

et

profonde

encore une coutume sakalava qui va m'expliquer leurs allures étranges.

qu'un Sakalava a rendu toilette

la

convoi d'un mort sakalava, que l'on porte dans le Nord.

leurs pas, puis se dirigent tantôt à droite, tantôt à est rien. C'est

sud d'Alakamisy

sorte de civière par huit vigoureux gaillards. Ces gens qui viennent de fort loin, du

une

Menavava

sud de

Au

peuple, surtout dans ces régions.

roulé dans des nattes épaisses,

défunt,

porté sur

de ces fahavalo n'est qu'une conséquence immédiate des

Mamokomita, dont nous suivons pendant quelque temps

le

caravane est arrêtée par

du

corps

le

par lesquelles on pouvait y amener des marchandises, mais

même

aller. Il leur

indique

même

porteurs du cadavre prétendent connaître

les

coups

qu'il

donne aux portants de

la civière,

en frappant ou en retenant tantôt d'un côté, tantôt d'un autre,

où la

direction qu'ils doivent suivre. Les porteurs de ce Sakalava obéissaient donc aux indications que leur

donnait leur mort, mais j'avoue que ces indications devaient être fort contradictoires, car chacun prétendant les entendre,

ils

entraînaient la civière, tantôt à droite, tantôt à gauche, s'élançaient en avant

pour revenir immédiatement sur leurs pas. Dans ces conditions, droite.

On m'a

un Sakalava qui

bond qui

n'était pas

se débattait

posthumes,

et

ils

faisaient fort

peu de chemin en

ligne

raconté que dans un cas semblable, où l'on avait transporté dans une civière mortuaire

au

lieu

dans

complètement mort, les nattes

de transporter

les porteurs,

en sentant les chocs produits par

le

mori-

qui l'enserraient, avaient tout simplement répondu à ces indications le

corps vers

le nor,d,

comme

ils

en avaient l'intention,

ils l'avaient


DE MAJUNGA A TANANARIVE ramené

même

à son point de départ, et avaient

continué vers

ments;

sud, parce qu'ils

le

quelques mouve-

encore

avaient senti

marchèrent sans cesse, sans

ils

repos,

trêve,

ni

mort

sembla

que

tant

pour cette

rendu

fois

au

mort ou

Le

avait con-

tel les

lieu

pour sa sépulture.

choisi

enfin,

eut vraiment

il

s'arrêtèrent exténués.

duits, pensaient-ils,

prétendu

dernier soupir,

le

celui qu'ils croyaient

le

Lorsque

s'agiter.

sous ses lamba,

étouffé

ils

Ils

donc

là, et s'en

Les tombeaux sakalava du

rina, des

revinrent dans leur vil-

comme

ne sont pas,

avait

qu'il

l'enterrèrent

lage.

chez

Bœny

les

Antinie-

ils

en creu-

caveaux de famille,

généralement un pour chaque

sent

indi-

un simple trou en forme de

vidu, c'est

rectangle allongé;

il

n'est pas très pro-

un mètre environ; au fond, on

fond,

couche

le

du côté

corps

di 1

la tête

toujours tournée

on comble

l'Orient, puis

la

fosse.

A

tertre

peu élevé, pyramide quadrangu-

laire

205

surface du

la

sol,

s'élève

un

de terre argileuse sur laquelle on

plaque quelques pierres plates, en ayant soin d'en réserver l'élever à l'Est tète;

souvent

venant

visiter

la

plus grande, pour

du

tertre

les

parents du mort,

du côté de

Ainsi, chez les Sakalava,

répandu chez

mais

ils

en m

son tombeau, déposent sur

ce tertre de petits cailloux

si

la

les

ont quelque

sont

Antimerina. Les Sakalava n'ont,

chose d'analogue à ces

généralement plus

rares

las

que dans

Lorsqu'un Sakalava voyage sur une route, heureux,

il

ramasse un

caillou,

buisson voisin. Dans tout

le

H A.MPO l'AK

\.

de quartz.

nous retrouvons quelques traces de est vrai,

ni les

il

une

les

pierres levées,

zone dénudée,

et la

un

a

un fanataovana

sentier, souvent

peu à peu

particulier.

pour que son voyage

soit

place à l'intersection de deux branches du

environs de Majunga notamment,

j'ai

bien souvent observé

1

autrement; sur un gros rocher qui se trouve à proximité d'une route quelquefois suivie,

grande quantité de

pierre

funataovana,

ni

voyageurs forment

ces pierres placées dans les branches des buissons qui bordent les sentiers. Souvent aussi, agit

la

effet, vivant dans un pays de brousse ou les

lorsqu'il suit

petite pierre,

Bœny, dans

la

de culte de

cette espèce

de pierres que

sur les bords des routes fréquentées. Le Sakalava en pierres

E

petits cailloux, puis plante verticalement

le il

Sakalava place une

au milieu d'eux un bâtonnet, à l'extrémité

supérieure duquel flotte un bout de chiffon. Ces sortes de petits drapeaux minuscules sont souvent plaides sur les tombes fraîchement ouvertes.

Au sud du Mamokomita, à la

le

pays devient très montagneux,

route de Tamalave, elle est encore très belle.

la

route est assez

difficile,

Nous suivons de profondes

rouge détrempée forme de nombreuses fondrières. Enfin après avoir traversé

le

vallées

mais, comparée

où une

argile

Maharivana, affluent

de gauche du Firingalava, nous arrivons à Ampotaka. C'est un village antimerina,

fortifié

3V

comme


VOYAGE A MADAGASCAR.

266

Malatsy; toutes les cases sont en terre,

dans

la

il

une seule en raphia

n'y en a plus

inconnu

qui, d'ailleurs, est

contrée. Quelques huttes cependant sont encore faites en roseaux, en bararata; sur ces claies de

roseaux, on a plaqué un mélange d'argile rouge et de bouse de vache.

Le lundi

11

novembre, nous suivons au

d'Ampotaka, jusqu'au village abandonné d'Ambohi-

sortir

nora, la vallée du Firingalava; dans le fond de cette vallée, je retrouve un végétal avec lequel j'avais fait

une trop longue connaissance, dans

(Amomum

longoza

angustifolium).

région des défrichements de la côte Est, je veux parler du

la

Dans

celte région, le quartz a totalement disparu, et je retrouve à

chaque instant nité et

les

poinlements rocheux de gneiss, de gra-

de roches porphyroïdes, qui caractérisent

si

bien la

zone dénudée de Madagascar. Enfin, à onze heures, nous passons en face du village de Kangara

nous arrivons à

et

Kinajy, après avoir traversé à gué une. dernière rivière, le

Manankazo, affluent de gauche de assez gros village fortifié

l'Ikopa. Kinajy est

comme Ampolaka. Depuis

un

Malatsy,

depuis deux jours, nous montons les derniers

c'est-à-dire

échelons qui conduisent au plateau central à Kinajy; nous

sommes

niveau du plateau, par 1080 mètres

arrivés au

presque

d'altitude. Maintenant, j'ai

de

quinine, et

fièvre

la

épuisé

accès deviennent plus violents, tous

marche en

taires, la

souffrir,

Kinajy, nous étions arrivés sur regrettais

NOTilt MAISON

A TANANARIVE.

provision

mouvements volon-

me

mouvoir.

plateau central,

le

Madagascar.

Il

me

et je

me

habituelles dans celle contrée,

décrite d'ailleurs par le

les

faisaient cruellement

que médiocrement de ne pas pouvoir

mes observations

à

les

me

particulier

m'était presque impossible de

il

ma

ne cesse pas; au contraire,

A né

livrer

bien

si

Père Roblet, en sa grande carte de (rois

fallut

journées de marche, de

Kinajy, pour arriver à Tananarive; ce voyage, qui ne présente aucune difficulté, n'offre également rien d'intéressant qui vaille la peine d'être raconté.

A mon pait

arrivée à Tananarive, je retrouvais

mon ami

Maistre, qui était revenu dans la capitale et occu-

non pas notre ancienne maison d'Ambohitsorohitra, mais un nouveau logement

dans

la ville

taire,

haute, dans

le

quartier d'Ambodihandoala.

Rainimananabe, pour un médecin hova

nommé

Nous avions donc

Rainiketabao, dont

gouverneur de Fianarantsoa. Maistre, après m'avoir quitté à Mananara,

une navigation longue

et difficile,

avait fait quelque bien, et

des fatigues (''prouvées.

sur la goélette

la

Mon compagnon, au lieu de revenir comme je le lui avais conseillé

quelque repos en m'altendant,

nord de

encore une fois de

du Mangoro,

la vallée

et je le fais

mon compagnon

et le

la capitale

— rendre

il

pour

le

Sud,

était

Tamalave après

mer

lui

n'avait pas lardé à se remettre

directement à Tananarive pour prendre d'ailleurs, en

le

voyant

si

malade avant

par un chemin nouveau, en explorant

celle troisième section dont j'ai parlé

avec grand plaisir

père, parti

était arrivé à

Dorade. Néanmoins, ce séjour forcé en

peu de jours après son arrivée à Tamatave,

son départ de Mananara, avait voulu revenir à

le

qu'il avait trouvé

quitté notre ancien proprié-

dans

le

chapitre VI.

hommage au courage

et à la

Il

me

le

faut

bonne volonté

qui, guéri à peine de fièvres graves, revint à la capitale en explorant le lac Alaotra

pays des Antsihanaka.

Parfaitement installé à Tananarive,

bons soins, j'eus

vite

recouvré

peu au bout de deux mois, ;

celle fois

me

porter dans

le

et

la santé,

au milieu de mes compatriotes que je remercie encore de leurs

mes douleurs

cessèrent, et les accès de fièvre disparurent peu à

j'étais tout à fait rétabli et prêt à

Sud. Néanmoins

il

me

pouvais partir qu'aux premiers beaux jours, vers

fallait la fin

recommencer mes explorations qui devaient

attendre la

fin

de

la saison

du mois de mars. Quoi

des pluies, et je ne

qu'il

en

soit,

ce séjour


RUE

H

IM.VHIVOLVNITHA.

A.

TAN ANAR1VE. (DESSIN DE

G.

VUILLIER,

GRAVÉ PAR PRIVAT.)



DE MAJUNGA A TANANARIVE. forcé à Tananarive ne fut pas perdu

mise dans

les

voyages précédents,

dont j'habitais

même temps que

en

:

mes notes

je complétais

269

je rétablissais

mes

et

ma

santé, fortement

la capitale.

La maison de Rainiketabao

beaucoup plus spacieuse

était

confortable que celle que nous avait

et plus

un certain cachet,

louée autrefois Rainimananabe. Notre demeure, construite en briques crues, avait

en bordure de

était

passagère

est très

compro-

observations sur ce peuple antimerina

rue principale de Tananarive, en haut de

la

la

elle

montée d'Imarivolanitra. Cette rue

de notre véranda, nous jouissons d'un coup d'œil fort animé. Rainiketabao, qui

et,

venait naguère d'achever sa maison, avait, peu de jours avant notre arrivée, célébré

le fitokantrano.

Cette

fêle antimerina est une cérémonie privée qui se célèbre en famille pour fêler l'achèvement d'une nou-

demeure, appeler sur

velle

fices et les sorts

bœufs, chanté-

A

(22

grande pompe dans

Le fandroana,

bons esprits

fêle

et

Comme même

pas mal, on avait

novembre), eut

appelé

importante des Antimerina;

origine assez difficile à trouver. Certains auteurs en

pas exact, Celte

fête,

année (1889) Adimizana,

la fête

T

mémorable dans

cèdent

le

du souverain régnant

du bain sera célébrée dans quelques jours,

toute

province

la

dale de relie fête solennelle,

dans tous

cl il

est

épouses divorcées, qui sont

promulguée, on

est

si

el

il

fandroana

le

les

cl

même

Quoi

'.

fête,

un décret

le

«lu

en

soit, cette

jour du mois de

souverain

postes antimerina de les

qu'il

11"

«les

Antime-

Par celle

l'île.

loi

cinq jours qui suivent ou qui pré-

se réconcilier

»rdonnance royale,

il

au moins pendant ces jours de

assez curieux de voir, pendant ces jouis de

fêle,

les

à

laquelle les admirateurs des Antimerina ont voulu voir

avant

des bœufs, a une

fêle

Madagascar, venir retrouver leurs anciens maris. Lorsque payer an souverain un petit tribu d'allégeance, offrande minime, dans

nombreuses

doit

est

célébrée en

c'est leur fête nationale.

22 novembre,

le

défendu, pendant

aux parents brouillés, aux époux séparés de

Cela est assez strictement observé

la loi

vie

fête,

±1 novembre de notre calendrier, semble

le

fandroana, de mettre à mort aucun quadrupède; de plus, par celle

est enjoint fêle.

la

la

malé-

premier jour de l'année malgache, ce n'est

mois de l'année malgache. Un mois avant cette

rina en fixe la date dans

qui fixe ainsi

le

l'ont

que j'ai vue revenir pendant quatre ans

plutôt correspondre à une date

du fandroana. Cette

la fêle

qu'on pourrait appeler plus exactement

la reine, et

les

beaucoup de

le sorcier.

Tananarive

lieu à

fête la plus

la capitale, est la

du bain de

en chasser les mauvais qui pourraient par

dans toute cérémonie malgache, on avait tué

nuire aux habitants.

et festoyé

du mois

la fin

elle les

plus longtemps,

toutes les affaires sont suspendues. Après

le

une cote personnelle. nécessaire

si cela est

fandroana,

il

à

la

I

ne quinzaine de jours

politique du premier ministre,

y aura de nouvelles vacances aussi longues

que les premières, ce qui fera une quarantaine de jours de gagnés à

la

politique de temporisation des

Antimerina.

Pendant

les jours qui

du palais s'occupent à douanes,

el

précèdent l'aire

le

fandroana,

des largesses au peuple

et

premier ministre

nombre, dont on envoie

les

morceaux

à

on ne rencontre (pie des esclaves

trois selon

les

principaux officiers

effet;

l'on connaît. C'esl

les

produits des

puis les cadeaux de bœufs

l'importance du destinataire, on en

tous ceux que et

el

aux modestes fonctionnaires;

surtout ceux qui ont été payés en nature, servent à cet

commencent, on en envoie un, deux ou

ville,

la reine, le

fait

tuer un grand

une véritable orgie. Dans

la

des domestiqués chargés de quartiers de bœufs, qu'ils vont

porter dans toutes les directions. Des visites ont lieu, les familles vont se voir, pour se souhaiter réci-

proquement toutes sortes de prospérité, jusqu'au fandroana prochain. Dans ces ques présents, généralement un petit morceau d'argent,

Les parents éloignés

visité.

tume

et

et les

comme

visites,

on échange quel-

signe de l'amitié qui unit visiteur et

protégés des personnes influentes n'ont garde de manquer à celte cou-

apportent loujours un petit présent qui les rappelle annuellement au bon souvenir d'un prolec-

teur influent. Enfin les esclaves et les serviteurs des riches habitants de Tananarive rallient ce jour-là

autant que possible

la capitale,

époque acte de soumission 1.

;

pour

c'est la

offrir

un présent quelconque à leur maître

coutume.

L'époque du Fandroana, 22 novembre, correspond à l'anniversaire de reine de Madagascar.

comme

et faire ainsi à cette

la

proclamation de Ranavalona

III

à Tananarive,


VOYAGE A MADAGASCAR.

270

Les habitants se préparent aussi activement à maisons,

ils

Enfin, le 21

novembre

arrive;

dans

tent et se répandent dans les rues, la ville, ils portent et

en appelant

De

la

la fête

;

pour

dignement célébrer,

la

ils

approprient leurs

soignent leur toilette et préparent leurs plus brillants costumes nationaux pour

un bambou

véranda de

la

coucher du

le

même

courent

ils

ciel

enfants et les jeunes gens sor-

soleil, les

sur les chemins et dans les rizières qui environnent

à l'extrémité duquel est fixée

bénédictions du

les

après

la soirée,

grand jour.

le

une torche allumée.

en criant

Ils l'agitent

sur la nouvelle période annuelle qui va commencer.

maison de Rainiketabao,

vraiment fort

j'assiste à ce spectacle, qui est

La

joli.

domine

nuit s'est faite et on voit partout où la vue peut s'étendre dans les quartiers bas de la ville que je

de très haut, dans les rizières, dans les villages voisins échelonnés sur les hautes collines qui environnent

tous ces feux agités par mille mains, ces lueurs qui, naissant partout, jettent un grand

la capitale,

éclat, puis disparaissent;

il

brume du

petits points brillants percer la

Le Malgache,

même

en est de

dans toute l'étendue de l'Imerina,

et

l'on voit fort loin ces

soir.

soucieux du culte des morts, n'a pas voulu célébrer une grande fête sans rendre hom-

si

mage aux défunts

aussi craints que vénérés.

chaque case, souvent

même

on porte un

célébrer le fandroana, tout le

monde

La matinée du 22

leur est consacrée, on les invoque dans

tombes. Pour se préparer dignement à

petit présent sur leurs

se purifie et, tandis

que

le

peuple se livre à de simples ablutions,

la

reine et

ses officiers se purifient par un cérémonial spécial dont l'origine remonte aux anciens rois anti-

merina.

On égorge un coq

paux le

officiers

rouge;

le

sang, recueilli dans une coupe, est présenté à

du

Depuis que

et les principales articulations.

creux de l'estomac

le

et a fait

semblant de

fication préparatoire de la le

passé, et les

quement de

dans

la

le

le

ils

de l'Imerina, on

sont les

reli-

exactement suivie que par qu'ils se

a, t en

défendent énergi-

prévision de la fête du bain de la reine, engraissé des

comme présent au

souverain. Les bœufs engraissés

fandroana sont en général de fort beaux animaux; privilégiés entre toutes

des Malgaches,

protestantisme

cachent soigneusement aux yeux des étrangers.

bœufs dont on envoie un certain nombre à Tananarive, pour

elle est aussi

nouveaux convertis ont gardé nombre d'anciennes coutumes

les villages

princi-

le front,

personne de ses principaux membres, cette puri-

fête du bain est tenue secrète, mais

pratiquer, et qu'ils

Dans tous

s'y convertir

aux

marquent

gouvernement antimerina, entraîné

par son penchant d'imitation, et poussé par des influences étrangères, a décrété gion d'État

la reine et

palais qui, trempant leurs doigts dans ce liquide encore tiède, s'en

seuls dont s'occupe l'indigène,

les seuls

auxquels

il

les bêtes

domestiques

donne une nourriture

sans laisser ce soin à la nature. Ces bœufs destinés au fandroana, et élevés dans les villages de l'Imerina, sont descendus dans des fosses qui ont servi à l'indigène à extraire l'argile dont

il

avait besoin pour

construire sa maison; dans ces excavations, d'où l'animal ne peut sortir et au fond desquelles

que

mouvoir

se

ou deux avant

difficilement, en lui

le

péens

la reine.

du rova royal; on en

et autres

il

engraisse fort

vite.

fandroana, on creuse une tranchée qui permet à l'animal de sortir, et

Tananarive. au palais de l'enceinte

donnant quelques herbages,

Avant

le

21 novembre, au peuple et surtout

la capitale,

mais

plus grand

le

aux corps de métiers qui ont

dont de nombreuses délégations viennent

nombre

est

travaillé

d'aller saluer le souverain.

aux principaux Euro-

donné dans l'après-midi du

en corvée au palais royal,

ma

maison à Imarivolanitra

ont dépassé l'enceinte du rova royal,

ils

quand

;

les

ville,

bœufs courent dans

appartiennent à ceux qui

et

Vers deux heures, ces bœufs, chassés

en petits groupes de l'enceinte du rova, se répandent bientôt dans les rues de la

grand nombre devant

ne peut

fandroana, on compte plus de 500 bœufs amenés ainsi dans

a bien distribué quelques-uns hier et avant-hier

gens de marque à

il

Une semaine il est amené à

les

prennent.

Ils

il

en passe un

la ville, sitôt

qu

ils

ont bien été donnés

théoriquement aux forgerons, charpentiers, maçons, ferblantiers, et à tous les autres corps de métiers l'année qui sont venus travailler au palais, mais comme bien d'autres gens ont été pris dans le cours de

pour

le

service de la reine, la

que tout

le

monde en

coutume a voulu que

eût sa part; c'est ce qui a lieu.

une véritable chasse aux bœufs dans toute dans

les ruelles, ils

la ville.

peuple tout entier fût convié à ce cadeau royal, cl novembre, 11 s'organise, dans cet après-midi du 21

le

Les animaux

affolés se

sauvent dans toutes

ne connaissent pas d'obstacles. Malheur au passant inoffensif qu'un bœuf

les rues,

affolé ren-


DE MAJUNGA A TANANARIVE. murs

contrera flans une ruelle étroite bordée de

Une armée

rive.

massée dans

animaux

bœufs ont

été pris et

ment

ou

avant dans

fort

du

la soirée

le

21,

ne sera tout à l'heure que

la

consécration

officielle.

eau lustrale du bout des doigts,

pour ceux que

el

sont gardées par des détachements de soldats,

massés dans

les

couchés sur

la

roule d'Andohalo, c'est

la

et

tète,

la

dans laquelle on nous

a

reine

on prend de

celles-ci,

en formulant des vieux de longue vie

y a grande affluence au palais royal, les portes

il

d'artillerie esl

cérémonie

el je

reine qui va

la

par

tirée

vieux canons

les

commencer.

.le

me

mêlai

montai au rova.

du Palais d'argent, où

le

premier ministre donne ses

attendre quelques instants, nous suivons Andriamifidy

l'ail

ministre des affaires étrangères, qui nous conduit dans

pons, guidés par ses soins, en arrière de

la

tous ceux porteurs d'un uniforme quelconque sont

el

la salle

bain de

le

celte purification, des vases rem-

quand on entre dans

cérémonie du bain de

invités à assistera celle

Lorsque nous sommes tous réunis dans audiences

el

cours intérieures. Vers huil heures, une salve

aux Européens

alors

du bain propre-

la fête

sommaire dont

Pour accomplir

on s'en humecte

Pendant ce temps,

l'on vient visiter.

imprudent quelques heures aupa-

qu'aura lieu au palais

d'eau sont posés près des portes de toutes les maisons,

cette

les balcons, excite

calme, les derniers

vont faire visite à leurs amis et à leurs parents, et

ils

:

par une des

et à les attacher

haut des murs, entassée sur

cérémonie très usitée ce jour, sorte de purification très

accomplir une

grand nombre à Tanana-

rues sont très animées, une foule d'indigènes,

la nuit, les

revêtus de leurs plus beaux lamba, les parcourent

plis

bœufs

si

pour maîtriser l'animal épouvanté. La

sortir de chez soi, ce qui eût été fort

Jusqu'aux premières heures de

dite.

y en a un

et ses vociférations; enfin, vers cinq heures, tout se

on peut enfin

ravant. C'est à minuit,

tireront

ils

cours intérieures, accroupie sur

les

chasseurs par ses cris

et

il

d'esclaves et d'enfants cherche à s'emparer des

jambes de derrière a une longue corde sur laquelle foule,

comme

élevés,

271

basse du grand palais où nous nous grou-

la salle

grande colonne qui soutient

la

',

ce!

que

édifice

décril au

j'ai

chapitre V. Cette grande salle, où se presse une foule vraimeni considérable, offre un aspect 1res animé et très pittoresque.

Involontairement, en voyant

transporté bien loin de Madagascar,

un peu

frivole, je le

el

je

la

scène et

pense assister

à

décor que j'ai sous

le

conviens, m'a poursuivi malgré moi pendant toute

mur

face de nous, adossé au

yeux, je

les

me

crois

un opéra-comique quelconque. Celle pensée,

septentrional de la salle.se dresse

le

la

trône de

la

la

cérémonie. En

est

composé d'une

durée de reine:

il

estrade de plusieurs marches, sur laquelle esl un fauteuil doré', tapissé de velours rouge, où esl assise

Ranavalona taille

peu

III.

A

ses pieds esl conclu'' un enfant, à ses côtés se tient

élevée, a les traits

drapée dans un lamba rouge

moins délicats vif, et

sous ce lamba rouge, couleur de de

l'île,

la

et

porte sur

le

une couronne

la tête

royauté chez

plus brun que

teint

les

Antimerina

le

la

premier ministre; plupart

comme

reine, de

de ses sujets,

d'or, elle n'a pas d'autre

chez toutes

Ranavalona porte une robe rouge de coupe européenne; son maintien

la

les

est

elle

esl

ornement;

autres peuplades

grave, sa figure esl

sévère et semble pénétrée des lois/étroites de l'étiquette. Le premier ministre a un costume fantaisiste très difficile à décrire

:

sa taille est 1res serrée

dans une sorte de dolman de

salin blanc,

il

porte la

culotte courte, ses vêtements sont soutachés d'or, de grands brodequins en cuir jaune et à talons liés élevés

lui

emboîtent

recourbé, dont

le

les

chevilles,

il

manie un sabre

fourreau en cuir noir incrusté d'or pend à son côté gauche, soutenu par un énorme

baudrier doré. Rainilaiarivony, dont neur, est nerveux et agité; autant l'aspect

des bas blancs avec jarretières enrubannées;

du premier ministre

le

le

col esl orné de

maintien de

est ridicule.

la

Ranavalona

la

cravate de

commandeur delà Légion

d'hon-

reine semble digne, j'oserai dire ennuyé, autant III

me

rappelle, tant par sa personne

que par

le

1. Andriamifidy est un officier du palais chargé des affaires avec les étrangers. Le gouvernement antimerina, autant par gloriole que pour bien montrer que le traité de 1.S85 n'existe pas pour lui, l'appelle le ministre des affaires étrangères. C'est également pour bien montrer qu'il ne tient nul compte de ce même traité franco-malgache que ce même gouvernement antimerina a installé, à Londres et à Maurice, deux consuls MM. Paul Le Mière et Samuel Procter. Voilà dix ans que cela dure, et comme le gouvernement français n'a jamais rien fait que des protestations tout à fait platoniques, le gouvernement antimerina continue à fouler aux pieds très joyeusement les articles de ce traite, qui lui :

paraissent contraires à ses intérêts; il n'en retient qu'un qu'il proclame bien haut d'ailleurs, c'est celui par lequel, contrairement au bon sens, à la justice et à la vérité, nous avons reconnu la reine des llova comme reine de toute l'île.


VOYAGE A MADAGASCAR.

272

cadre qui l'entoure, quelque idole indienne; Rainilaiarivony n'est qu'un jeune premier d'opérette. Entre le

trône et l'espace qui nous est réservé derrière la grande colonne, ainsi que sur les deux côtés de

salle,

la

sont accroupis sur leurs talons les principaux représentants de la noblesse et des bourgeois

monde

antimerina; tout ce

enveloppé du lamba traditionnel,

est

rayures noires et bordures foncées. Pour

la

plus souvent Yarindrano, blanc à

le

cérémonie du fandroana, en

effet,

par une des rares cou-

tumes anciennes qui subsistent encore, les étoffes européennes ont été bannies, et les Antimerina s'habillent ce jour-là d'étoffes

du pays, avec

péenne, pantalon et veston, cachés,

il

lesquelles

néanmoins des vêtements de coupe euro-

font

ils

lamba arindrano. Le premier ministre

est vrai, sous des

et

quelques

grands chefs militaires font seuls exception, mais dans quelques années celte vieille coutume disparaîtra sans doute, et les Antimerina, dans leur désir d'imiter les Européens, au moins dans leurs cou-

tumes extérieures, pénétreront dans principales castes de

la salle

du bain en redingote

noblesse sont représentées

la

en chapeau haut de forme. Les

et

au nombre de

ici

six

proches parents de

1° les

:

reine; 2° les Zanak'andriamasinavalona, qui sont les descendants du chef célèbre qui conquit

o-rande partie de l'Imerina

Zazamarolahy

3' les

;

4° les

;

rent Tananarive sous la conduite d'Andrianjaka; o" les

sont issus de

Ralambo, ancien

manger! Derrière ces castes de nous

derrière

et

dans

les

groupes, les esclaves de des

Antimerina

France

et

le

:

Zafinandriandranando

;

premier que

le

noblesse sont les représentants de

la

6° les

la

plus

Zanak'Ambony, descendants des soldats qui

d'Ambohilrabiby, qui découvrit

roi

la

pri-

Zanadralambo, qui le

bœuf

était

bon

à

bourgeoisie, ce sont les Hova;

la

coins de la salle, relégués au dernier rang, sont les esclaves divisés en deux

couronne

la

Zazahova

:

Tsiarondahv, Tsimandoa, Manisotra et Makoa, et

Zazavery. Tout ce

et

monde

sur des

consul d'Angleterre sont assis

seuls le résident général

est accroupi,

coussins;

les esclaves

de

nous nous tenons debout derrière

eux.

La cérémonie commence rythmées

ce sont d'abord des paroles élogieuses pour

:

psalmodiées, sur un ton haut

et

et plaintif;

un grand nombre

d'assistants les soulignent en

cadence par de vigoureux battements de mains, puis les proches parents de des différentes castes de

noblesse, des

la

présenter une offrande avec leurs et après, le

il

a pris

des esclaves vont faire

premier ministre prononce un long discours, dans lequel

n'a garde de s'oublier.

bles et tout le il

et

monde

une mesure

s'écrie

qu'il a

tous les assistants. Ces

:

11

le

la reine, les représentants-

hasina devant la reine et lui

de longue vie et de prospérité. Cela demande plusieurs heures,

vœux

paux événements de l'année qui vient de nement,

Hova

souverain et ses aïeux,

le

s'écouler,

il

demande au peuple qui A-t-il

bien

la

reine et de son gouver-

l'écoute, sises actions sont justes et équita-

marina! izayf (c'est vrai, c'est cela).

crue équitable.

rappelle brièvement les princi-

il

louanges de

célèbre les

fait ? alors

Il

:

explique que, dans telles circonstances,

marina!

izaxj! s'écrient

d'une seule voix

commence à donner des signes non équivoques

discours sont très longs, et la reine

d'un profond ennui. Sa Majesté antimerina, sans doute pour

le

chasser, fait une ample consommation

de tabac à chiquer. Les dames d'honneur, qui connaissent son faible, s'empressent de prévenir ses

moindres

désirs, lui présentent

un vase d'argent où

crache à tous moments. Quand

elle

discours

les

sont terminés, entrent en scène de nouveaux personnages; en voyant leur défilé, mon imagination, le défilé folâtre ce soir, je ne sais pourquoi, reporte ma pensée au premier acte du Songe d'une nuit d'été :

des marmitons. Le

premier, en tricot et en

tement un tablier de cuisine,

est l'oncle

laquelle on va faire cuire le riz

costume,

ils

portent

le riz, le

de

la

de

lamba blanc, roulé autour des reins, ce qui est assez exacla reine,

il

porte une marmite aux flancs rebondis dans

nouvelle année; des nobles

et

des esclaves

le

suivent dans

le

bois, l'eau nécessaire à la préparation culinaire qui va se faire sous nos

yeux, ainsi qu'à l'apprêt du bain de Sa Majesté. Chose curieuse, tous ces gens défilent par rang de l'oncle de la reine, gros et grand, a ouvert la

une énorme

marche; un

petit enfant,

neveu de Sa

cuire

taille;

Majesté, qui portail

cuillère en bois, a clôturé le défilé.

Pendant que des chœurs chantent des cantiques de circonstance, on allume fait

même

le riz et

chef (l'oncle de

on

fait

la reine),

chauffer l'eau du bain de la reine. Je dois rendre qui avait

si

les

feux sur lesquels on

hommage

à l'habileté du

bien choisi son combustible ligneux que pendant toute l'opéra-


DE MAJUNGA A TANANARIVE.

ÉGLISE

lion, qui fui assez

longue

d'ailleurs, je ne

IE3U1TES

DES

»

273

TANAN IMVE.

pus percevoir dans

me

vaste salle où je

la

trouvais

la

moindre

sensation de fumée. C'est

dans l'angle Nord-Esl de

que

salle

la

se trouve

baignoire royale, entourée d'un rideau rouge

la

derrière lequel la reine se dissimule. Lorsque toul esl prêt,

moment,

éclate

une deuxième salve

d'artillerie qui

la

reine entre derrière

annonce dans toute

souverain. L'opération n'est pas longue. La reine ressorl bientôt

dans une corne de bœuf montée d'argenl

sainte. Elle

faille tour

,

on

lui

la

el

juste à ce

purification du

cette fois elle a quitté son lamba

rouge

apporte de l'eau du bain. Les représentants des

énumérées plushaul viennent alors

trempe ses doigts dans

lève et parcourt la salle prodigalité,

rideau

parée de quelques bijoux dan- sa robe européenne. Elle reprend place sur son trône,

et se fait voir

rentes castes

;

le

province

la

la

corne

en aspergeanl tout

en mouille leur

el

le

se présenter à ses pieds

monde

palais

et

revient sur son trône

asperge aussi, dans

pour manger

le

les

premier

La

lui

demander

diffé-

l'onction

reine, après cette opération, se

d'eau lustrale, elle montre sa bienveillance par sa

etceux qui reçoivent une bonne aspersion doivenl

du

tête.

pour

el

comme

se considérer

1res

heureux. Elle

cours, les troupes qui présentent les armes. Enfin, elle

riz,

faire

le

premier repas de

nouvelle année, le jaka.

la

moins nombreuse, ne comptait presque pas d'étrangers, on y mangeait le chacun recevait un peu de ce riz cuit au fandroana, avec du miel et un peu de bœuf

Autrefois, lorsque l'assistance,

jaka en

commun,

et

de l'année précédente, conservé dans

que la reine

et les

membres de

bain. Les indigènes

jours après

le

l'ont

le

la

la graisse.

Maintenant celle coutume

famille royale qui, avec

jaka dans leur famille

et,

le

s'est

modifiée

et

il

n'y a plus

premier ministre, prennent part au jaka du

quant aux Européens,

ils

sont conviés quelques

fandroana, au repas du jaka, par Andriamifidy, dans une maison au nord du grand

C'est là d'ailleurs le seul repas

donné aux étrangers européens par

le

gouvernement antimerina. 3.">

palais.


VOYAGE A MADAGASCAR.

274

Après sième

consommation dujaka, lefandroana

la

dernière salve d'artillerie,

et

mais non débarrassé de

Cependant

mon

et je

est terminé, la fin vient d'en être

dans plusieurs points,

tatra, qui est à

desséché

pendant

est vrai

il

moyen de

endiguer eaux,

la

faire, les rois

repiqué depuis

la

un mois de pluies

grossi par

La grande

fondation de

tor-

plaine de Betsimita-

un immense marais,

la ville,

mesure que

notamment

le

fallut

il

chercher à étendre

les cultures

sur les eaux celte vaste plaine boueuse de Betsimi-

les environs de la capitale.

grande

Ce

De

terrain, ainsi

conquis par ces grands travaux, ne

ménageant de dislance en distance des canaux

devait pas rester improductif, car, en

et firent

régime des

cette façon, suivant le

ou s'abaisser en dedans des digues, mais

rivière pouvait s'élever

les plaines voisines.

niveau

population plus nombreuse, qui venait se

la

antimerina levèrent dans leurs États des corvées extraordinaires,

fluide de cette

ne pouvait plus envahir

elle

riz

saison sèche, mais changé en étang pendant la saison des pluies, car à

la

cours de l'Ikopa dans

le

nappe

le

hautes eaux de l'Ikopa étaient souvent sensiblement plus élevées que

capitale, et à conquérir

la

Pour ce

tatatra.

et le fleuve,

de Tananarive, sentait grandir ses besoins,

fixer sur les collines

autour de

les

troi-

soirée,

plaine de Betsimitatatra est inondée en partie,

avant

était autrefois,

plaine de Betsimitatatra. Depuis, à

la

la

eaux de l'Ikopa ont débordé

de Tananarive,

l'est

époque de l'année

celle

les

plusieurs points les digues qui limitent son cours.

rompu en

rentielles, a

ma

obsession théâtrale.

saison des pluies est maintenant bien établie; dans les rizières,

la

quelques semaines montre ses pousses vigoureuses; car,

annoncée par une

rentre chez moi à deux heures du matin, content de

d'irrigation, et en

coupant de loin en loin les digues pour les alimenter, on pouvait permettre en temps opportun à l'eau de venir inonder

mois

Il

plaine qui, cultivée et arrosée avec méthode, est devenue une rizière d'une grande

Malheureusement, presque tous

lité.

riz,

la

à pleins bords, les digues, qui

les ans,

sous

ne sont que de

la

la terre

et

faire

appel à

la

la plaine, et la récolte est

le

compromise.

corvée. C'est alors que l'on peut voir Rainilaiarivony, drapé

dans son grand manteau rouge de commandement, la

rapportée, se rompent fréquemment; alors

encore en herbe, est noyé sous cette masse d'eau qui envahit

faut réparer les digues

ferti-

violence des eaux de l'Ikopa qui coulent en ces

aller sur les

digues de l'Ikopa.

Il

fait

appel à toute

population, chacun apporte sa sobika de terre, la digue est bientôt réparée.

Pendant

saison des pluies à Tananarive, c'est-à-dire pendant les mois de novembre, décembre, jan-

la

vier, février et

même

mars,

la

tombe tous

pluie

La matinée

les jours.

jour disparaît. Vers

ou dans

nord,

le

il

le ciel

s'avance peu

à peu, les

du

s'obscurcit, l'astre

heures, au sein de ces nimbus, un orage se forme, presque toujours dans

-4

l'est

roulements de tonnerre d'abord lointains deviennent plus

Tantôt ce sont de lointaines décharges

violents.

montre

est relativement belle, le soleil se

quelquefois, puis de midi à 3 heures, de gros nuages s'amoncellent,

d'artillerie,

d'autres fois on dirait que l'on arrache

violemment une cotonnade neuve; ce sont des crépitements, alors l'orage est dans toute sa force, crève sur nos tètes, la pluie tombe en larges gouttes, bientôt cataractes du ciel semblent ouvertes. Vers G heures

du

soir,

même

on ne distingue plus

sistante.

dant cinq mois, et présentent

le

et électriques se

plus souvent

dans

la capitale profiter

pour éviter l'averse du

soir.

Pendant

ces mois que

mois de juin (iiie

souvent

pluies au

et

de

même

il

le

pantalon et

Pour charmer mes que

je

vraies

il

fait très

le

loisirs

quand

elle est

petite pluie froide et per-

les

décrire.

Il

me fallait donc

et revenir à la

maison avant

à Tananarive, et alors

pendant i

heures

que pendant

les

vêlements de drap sont de rigueur,

un pardessus de demi-saison, pendant

la

et

saison des

bien établie, en décembre et janvier, on ne peut plus

veston blanc, vêtement colonial par excellence.

pendant

les

heures de pluie,

connaissais, principalement du bas peuple où

coutumes malgaches,

chaud

en pleine saison sèche,

esl nécessaire d'avoir recours à

contraire, et surtout

porter que

du malin pour sortir,

les pluies

juillet, c'est-à-dire

une

renouvellent généralement sans interruption pen-

marche que je viens de

la

je restais

les

on observe généralement une rémission,

l'averse reprend vers 11 heures; le reste de la nuit jusqu'au matin, c'est

Ces phénomènes aqueux

celles-ci,

il

les

jeux

et les

il

j'allais

souvent chez

amusements indigènes. Dans un pays

doit surtout s'attacher à fréquenter ces basses classes

:

les familles

antimerina

m'était plus facile de pénétrer et d'observer

j'ai

qu'il visite le

les

voyageur

beaucoup plus appris au rude langage des


MAJUNtiA A TANANARIVE. paysans

me

cl

des esclaves, en ne craignant pas d'entrer dans leurs cases

frotter à leurs lamba crasseux; j'ai préféré

monde de Tananarive, aux Anlimerina nobles haine et

mépris

le

même,

dont l'orgueil

A

j'ai

toujours songé aux siniic<

voyais dans

ma

jeunesse, dans les fêles de

que

je

cl la

vanité n'ont d'égales que

la

voir ces gens, en redingote, chapeau haut

de forme et souliers vernis, habillés

plus souvent malpropres, et de

franchement, leur compagnie au grand

je l'avoue

et riches,

pour nos compatriotes.

qu'ils professent

le

village.

comme

Les Anlimerina,

beaucoup

aimenl et

toutes les autres tribus de

danse,

la

des esclaves qui se livrent

l'île,

et

ce sont surtout des porteurs

le

plus volontiers en public à ce

divertissement. Pendant que les borizana dansent, tous ceux qui se trouvent dans

de

les excitent

la

voix

une romance qui villes

la

case,

cl

du

H

qui environnent

geste.

chantenl

Ils

danseurs,

les

plus souvenl

le

qu'un itinéraire entre deux grandes

n'esl

de Madagascar, p

'iidanl qu'ils

s'accompagnent de bat-

^

tements de mains rythmés à contretemps sur leurs chants.

Avec

danses

les

beaucoup

chants, les Anlimerina affectionnenl

les

cl

musique joués sur

de

les airs

Parmi ces derniers de fabrication indigène, tionné

valika, d'origine antimerina;

le

lokanga-voatavo, d'origine plutôt se

j'ai

men-

déjà

y ajouter

faul

il

betsimisaraka

;

le

lokanga

le

compose d'une calebasse creuse de forme hémisphérique

qui sert de boite sonore

que

el

une OU deux COrdes; avec tige, et

avec

les

la

une

main gauche,

une

la

la

poi-

lige rigide supportanl

doigts qui compriment

corde, sur des renflements dont cordelette

applique contre

l'on

trine; sur cette calebasse est fixée

la

instruments.

les

(in

celle

saisil

allernativemenl

la

munie, nu donne

lige esl

longueur vibratoire différente, avec

main droite on produit

son en grattant

le

la

à la

corde au moyen

d'un petit éclat de bois. Les autres amusements des Anlimesorte de jeu de

rina sont le fanorona,

dame, que

l'on

MON

joue

PI

K-\

I

avec trente-deux fèves sur une planche ou sur toute autre surface

lisse,

sur laquelle on a tracé des lignes convergentes

katra est très peu

mamely

dia

manga

connu (faire

à

Tananarive.

des bleus avec

Comme jeu

la

se tenant par la

Dans ce long séjour que très bizarre qu'oui les

je venais

de

Anlimerina pour

l'aire

le

.

chaque camp

main, cherchent à coups de pieds

porter

à

des rectangles concentriques. Le jeu du

physique,

piaule du pied

partenaires qui se divisent en deux camps;

cl

à Tananarive,

les

Antimerina oui ce

se

compose de cinq ou

le

désordre dans

il

me

fut

ville esl

jours de marche. Enoncer qu'une famille a douze enfants, c'est dire qu'elle esl

sion

aux douze

rois de l'Imerina el

vue géographique, tions et

j'ai

instruits

patientes,

que j'interrogeais à ce

les autres, les avis étaient

adverse.

éloignée, on

1

la dit

affection à

douze

1res nombreuse. L'Antime-

ne prononce pas un kabary public sans faire allu-

il

les

noms de

ces douze collines sacrées,

m'a élé impossible de réunir

sujet,

les

suivantes

hidratrimo, Ambohidrapeto, Alasora,

("es

m'en nommaient bien sept ou

partagés, on se perdait dans

généralement nommées étaient

camp

aux douze montagnes sainlesqui environnent Tananarive. Au point de

voulu connaître

mes recherches

On

le

jeunes gens, qui,

six

donné d'observer encore

nombre douze; quand une

rina trouve maintes occasions de placer son douze.

appellent

qu'ils

Le plus souvent, ce jeu exige de nombreux

:

Ilal'y,

le

cl,

malgré mes investiga-

douze montagnes. Les Anlimerina huit, toujours les

domaine de

la

mêmes; pour

fantaisie. Les collines

les

les

plus

Ambohitrabiby, Ambohimanga, Namehana, Anibo-

Ambohimanambola,

cl

Ambohimanjaka.


VOYAGE

276

Cependant, à mesure que de continuer et

la série

nous avions vu

explorations en visitant la vallée inférieure

jours s'écoulaient, je voyais, avec

les

le lac

et

mes

forces, renaître

le

pays des Antsihanaka,

jusqu'au rivage de

la

mer

comme

et

Nous

avions pu

même

Il

nous

la

question

la

l'île

plus importante est celle des et

si

une grande

hommes

nous

de Tananarive, fallut

nos bagages nous avaient

qui nous avaient accompagnés, bien

partie voulait bien

nous conduire jusqu'à Fiana-

ranlsoa,nous n'avions plus que neuf borizanà qui voulussent nous suivre dans

il

Sud de

restait à voirie

nous servir souvent de nos filanjana, ce qui nous avait permis

peu consentaient à nous accompagner;

Fort-Dauphin;

les

Eoucartde son côté avait descendu

des Indes.

partout ailleurs du reste,

de parcourir de plus grandes distances. Parmi tous ces

appelions nos

l'île,

à l'Ouest les grandes contrées sakalava. Maistre avait complété ses

porteurs. Jusqu'à présent nous en avions toujours trouvé suffisamment,

fidèles

de

visité, à l'Est

méridionale de Madagascar que nous voulions visiter pendant l'année 1890. Dans

ces voyages à Madagascar,

toujours suivis.

un désir impérieux

moi, étions maintenant en bonne santé,

pays des Antimerina, puis nous avions

Alaotra et

du Mangoro

et

des pays nouveaux. Dans cette année de 1889 qui venait de

aller visiter

très en détail le

Nord

tribus belsimisaraka, au

et c'était cette partie

MADAGASCAR.

de mes voyages à Madagascar; Maistre

nous nous apprêtions à

s'écouler,

A

le

Sud,

donc chercher d'autres moyens de transport. En cherchant bien,

un petit cheval et un mulet, triste

('-pave

de noire expédition de 1885,

Tananarive; Maistre el moi nous passons je dois le reconnaître, avaient

que nous

c'était ce

nous ne trouvions personne pour nous accompagner jusqu'à

el

le

el

je trouve

qui avaient été amenés jusqu'à

mois de janvier à parfaire l'éducation de nos montures

beaucoup perdu de leur aptitude naturelle sous

qui,

la direction de leurs anciens

maîtres.

Vers

la fin

de mars, nous avions terminé tous nos préparatifs pour notre prochaine campagne,

et le

samedi 22, nous partions de Tananarive faisant roule pour Fianarantsoa. Nous partions pleins d'espoir, et je dois dire d'ores et déjà qu'il n'a pas été déçu. Car,

elles privations ont été pénibles quelquefois,

si

si,

pendant cette campagne du Sud,

noire santé alrop souvent laissé à désirer;

les fatigues si,

enfin, les

tracasseries el les attaques des populations ont mis maintes fois notre patience à l'épreuve el nous ont

causé à différentes reprises de graves embarras, nous avons été largement dédommagés par je dirai

même

par l'heureuse chance qui nous a constamment favorisés. Nous avons en

point par point, l'itinéraire que nous nous étions tracé à travers des contrées inconnues

fermées à tout Européen.

POHTK DE KINAJV.

effet el

le

succès,

accompli,

jusqu'alors


..

•**Wf9?*aP VILLAGE D AI.AK AM1SY.

CHAPITRE X —

— —

Départ de Tananarive.— Traversée de l'Ikopa. Antanjombato. Le marché de Sabotsy. — Traversée de l'Andromba. An village de Behenzy. Âmbohimanjaka. Ankisatra. Ambodiflakarana. - Traversée du Mania, Alarobia. — Ambositra. — Pierres levées betsileo. — Ambohinamboarina. Arrivée Fianarantsoa. — Division de la province. — industrie îles lamba. — Excursions à [fandana. — Excursions dans le pays tanala el à Ambondrombe. — Peuplade tanala. Ville d'Ikongo. — Préparatifs de voyage dans le Sud. Recrutement des porteurs, leur solde. — Départ de

;

.

i

-

Pianarantsoa.

L

e

samedi 22 murs, au matin, je quitte route vers

avec

le

Sud. Maistre

la

parti depuis quatre jours,

est déjà

plus gros de uotre matériel,

lui le

capitale des Antimerina, Taisant

le

cheval

et le

nous avons fondé de grandes espérances pour nus voyages

Nous descendons sur

la

emmenant

mulet sur lesquels ultérieurs.

place de Mahamasina, que nous

traversons

dans toute sa longueur, puis nous passons

d:uis le défilé qui sépare la

montagne

d'Ambohizanahary. Au sud

sainte

du rova royal de

la

colline

de cette colline, sur une terrasse construite sous s'élève le palais de

le

règne de

Radama

I

er ,

Soanierana. Cette vaste construction en bois servait

naguère de résidence d'été au souverain antimerina. Mon convoi a déjà dépassé- les rizières

el

faubourgsde

les

la

capitale, nous

marchons maintenant dans

les

plaines cultivées qui s'étendent en pentes douces de ce côté

de Tananarive jusqu'au bord de l'Ikopa. Le fleuve, qui en cet endroit à cette

époque de l'année mesure environ 70 mètres de

large, roule

eaux rapides, qui viennent se briser devant nous contre coiri'um:

pierres sèches d'un pont jeté là sous

nersiLiio

tien, les

piles qui

ésistent encore, par

lanles cl des branches tique.

arches se sont écroulées,

un miracle d'équilibre ou par

mal assemblées sur lesquelles

il

la

et

les piles

et

ses

en

un règne précédent. Faute d'entreon a posé tout simplement sur les

force de l'habitude, des poutres bran-

nous faut passer en faisant force gymnas-


VOYAGE

278

De

du

l'autre côté

un gros

fleuve, c'est

MADAGASCAR.

A

village de 200 cases

Antanjorabato

:

maisons rouges en pisé ou en briques crues, semblables d'ailleurs à toutes

vaste agglomération de

;

celles qui

environnent

la

capitale.

Au

du

delà

nous retrouvons de suite l'aspect général de

village,

la

province des Antimcrina; aupara-

vant, nous avions, en quittant les faubourgs de Tananarivc, traversé des

champs

cultivés et les jardins

qui environnent de toute pari la capitale; après Antanjombato, nous ne trouvons plus que quelques

au fond des vallées ou de

rizières

champs de manioc sur

petits

les

bords de

dénudée des Antimerina, toujours

aussi loin que la vue peut s'étendre, c'est toujours la désolation de la zone le

même

paysage, une succession sans

fin

de mamelons

et

de collines aux croupes arrondies dont

commence

rougeàtre n'est pas toujours caché par un maigre gazon qui

gauche

et loin

devant nous se profile

éloignée dont les

massif de l'Ankaratra, sur

le

sommets s'estompent dans

la

brume;

elle

route; partout ailleurs et

la

sépare

déjà à se dessécher. Sur

la

une chaîne beaucoup plus

la droite est le

le sol

bassin de l'Ikopa des grands bassins

côtiers de l'Est.

Nous

voici

maintenant à l'entrée d'une large

marché de Sabotsy. Nous traversons les produits

de

Tananarivc; au marché de Sabotsy,

fond de cette vallée

le

Nous sommes dans

lie;

il

nous

les

un des plus animés de l'Imerina;

champs. Le terrain

est impossible

cours sont beaucoup plus bas, car

le

village

pour assurer

les rizières cl,

de suivre la

deux

la fructification

est détrempé.

du

on a

riz,

marchandises ne s'écou-

gauche de

roule est très mauvaise.

la

laissé

une pirogue qui nous

cl

depuis plus d'un mois ramol-

l'argile

facilite la traversée.

de granité. Nous longeons ainsi pendant un temps assez considérable

celle

la vallée,

assez délicate, car

dans l'Ouest. Mes

ici

vers l'Ouest .s'élève

mont Iaranandriana en quelques heures nous sommes sur ;

époque de l'année, ce cours d'eau coule à pleins bords, son

soixante mètres de largeur, sa profondeur dépasse de beaucoup nulle embarcation, et pour trouve:'

hommes

la taille

un gué

lit

les rives

de l'An-

torrentueux a au moins

humaine. La traversée

me

semble

nous faudrait remonter bien

il

loin

et ils se font fort de me faire traverser autrement qu'à la me rassure, non pas que je craigne pour moi un peu de natapour mon chronomètre, mes plaques de photographie, mes muni-

nage

ont bon espoir

cours d'eau. Cette perspective

mais

j'ai

tions, tout

de vives appréhensions

mon

matériel en un

mot qui

se montrerait rebelle, j'en suis sur, à ce genre d'exercice.

Quelques-uns de mes porteurs qui ont traversé l'Andromba à sary faire une ample provision de [tories de zozoro. laire qui comporte plusieurs variétés. cl (in les enfile

Ou

Le

de plusieurs baguettes de bois dur.

ouvertures de leurs cases, à

les

la

nage vont au

village voisin

Amboa-

zozoro (Cyperus sequalis) est un roseau triangu-

dispose à cùlé les uns des autres une centaine de ces roseaux île

de haut sur 80 centimètres de large environ; ces claie les

l'on

de terre qui séparent les champs; ces petites digues ont été

les levée-

mass;> imposante du

tion,

que

violence dss eaux. C'est maintenant une rivière au cours rapide qui-

la

pareil

c'est là

Nous marchons, nous enfonçons daus

versant Est delà vallée de l'Andromba;en face de nous.de l'autre côté de

un

tous

grand marché de

petits ruisseaux affluents de

le

A

le

c'est le

:

offrir

Fisahoa. nous nous élevons davantage et nous cheminons maintenant sur un terrain par-

semé de gros blocs de gneiss

dromba.

Zoma,

si les

d'Amboanzobe. Maintenant

route, le Fisahoa; heureusement, nous trouvons

la

Au sud du

animée

et

marchands qui veulent nous

perdues, surtout les objets d'une difficile conservation.

gauche

coupées en maints endroits par barre

est

ïlO mètres), nous traversons

1

!

l'Ikopa et nous laissons sur la

l'eau envahir les

Devant nous une scène vive

toutes les marchandises qui n'ont pu être vendus au

et

laient, elles risqueraient fort d'être

Dans

vallée.

foule et passons près des

marché de Sabotsy

province. Ce

la

porte tous les objets

la

couvrir

même

façon à en former une sorte de claie de

1

m. "0

en roseaux servent aux Antimerina à boucher

quelquefois

et

à remplacer en

un mot dans une

foule de circonstances les planches qui, dans ce pays déboisé, se vendent très cher. Ces zozoro ont

encore

uni'

autre propriété

volume considérable,

ils

:

grâce à leur oonsistance spongieuse

flottent parfaitement sur l'eau en portant

teurs connaissaient parfaitement

ou six

(le

ces portes de zozoro,

ils

et

à leur légèreté relative sous

même un

un

poids assez fort. Mes por-

celle particularité; aussi, en plaçant l'une au-dessus de l'autre cinq

me

cônfectionnenl un radeau improvisé sur lequel, couché tout de

mon

%


DE TANANARIVE A FIANARANTSOA. mes

long, et maintenant

ments

mes

et

279

instru-

objets les plus pré-

bord,

sur l'autre

cieux, j'arrive

sain, sec et sauf, poussé par une

demi-douzaine

na-

d'excellents

geurs.

Reprenant notre roule au sud

l'Andromba,

de

dépassons Amboasary arrivons

bientôt

nous

et

nous

après

au

village

de Rehenzy, où

s'arrête

pour passer

la

l'on

nuit.

Le village de Rehenzy, qui

compte AO cases environ, n'esl pas

sans m'olïrir

ressources à

me

j'y

'et

quelques

je n'aurais pas

plaindre du séjour «pie

fis,

si

je

retrouvais

n'y

PALAIS

d'anciens ennemis minuscules

nt:

SOAKIf

li

\n

\.

mais voraces, aux morsures douloureuses. Les puces, fort nombreuses

innombrables. Si

éminemment humides, sileo

le

fira

littoral el

même du

territoire d'élection des puces, car

les favoriser,

intensité.

contrées chaudes du

Madagascar, se rencontrenl sur le plateau central en légions surtout

des grands fleuves de l'Ouest seul

les vallées

favorables à l'éclosion des moustiques que l'on trouveen foule dans ces régions chaudes

régions tempérées, froides

les

sont

les

à

mais

la saleté

plateau central dans

là,

non seulement

les

le

pays des Antimerina

est

el

conditions climatériques semblent

des habitants, leur genre d'habitation, donnent

Le nombre de ces insectes

à leur

élevage une grande

vraiment incroyable; pour en donner une faible idée,

de dire que lorsqu'on entre dans une case

el

des Bet-

me

du plus beau

noir.

L'étape que nous venions de faire depuis Tananarive, sans être une marche forcée, nous avait franchir néanmoins une dislance assez considérable. Celle longue

suf-

couleur claire, celle

antimerina avec un pantalon de

partie indispensable de nos vêtements européens de\ ienl en peu d'instants

il

marche m'avait permis de

encore une fois une remarque notée bien souvent dans mes voyages antérieurs. En

effet,

toutes

l'ail

refaire les fois

que cela m'avait paru utile, je m'étais astreint dans mes marches à Madagascar à pousser devant moi mes porteurs de bagages el à former toujours l'arrière-garde de mon petit convoi; je me suis toujours conformé

à celle règle aussi bien

voyages antérieurs, sur

le

dans mes explorai ions

à travers la

grande

africaine

ile

tous les cas très avantageuse au voyageur, car sa présence à l'arrière-garde de

dans bien des circonstances son matériel; relative

— comme c'est le cas

tous ses

hommes

el.

il

en arrivant au

campement il

il

pourra surtout activer

choisi, les trouver Ions

pourra prendre immédiatement

groupés autour de les

ne s'occupanl que de sa propre personne,

quelconque, bêle de somme, chaise à porteurs (comme

de

la

le

avec leurs

voyageur prend

ne demande, par un le

marche de

la tète

de

mode de locomotion

cas à Madagascar), ou à pied tout sim-

plus rapidement possible, son convoi s'allonge indéfiniment; à

la

colonne, toule surveillance devient impossible, car dans ces pays on ne peut s'en remet Ire

à

plement, qu'à faire des kilomètres fin

il

c'est

la

lui

objets qui lui sont nécessaires

pour sa nourriture, son coucher ou pour tout autre motif. Si, au contraire, si,

son convoi protégera

pourra veiller sur ses bagages dans ces pays de sécurité

général des pays qu'on explore,

charges respectives, dans lesquelles

sa colonne,

que dans mes

continent américain notamment. Celle façon de procéder sera dans presque

personne du soin de paresseux;

les

veiller à

le

son matériel

:

bientôt des porteurs de bagages s'arrêtent, ce sont

les plus

plus diligents se fatiguent bien vile à rattraper les dislances qu'ont perdues leurs mauvais


;

A MADAGASCAR.

VOYAGE

280

compagnons,

monde

tout ce

du

fatigue à l'étape

soir,

il

s'égrène peu à peu sur la route

et,

lorsque

le

voyageur arrive harassé de

doit attendre pendant de longues heures ses bagages,

les retardataires et

Au milieu de la nuit seulement quelques provisions m'arrivent pour au moment de repartir, j'entre en possession de mon lit.

leurs charges. C'est ce qui eut lieu.

mon

repas du soir, et vers l'aube,

Le dimanche 23 mars,

Deux heures

je continue

Antimerina, qui m'avait

si

immédiat de de patience

moment

je retrouve tout

à

mètres d'altitude), nous arrivons au

vil-

l'aspect désolé de cette province des

l'ail

mon premier voyage au mois

d'avril

de l'année der-

Tananarive, nous avions traversé cette zone tout aussi dénudée, tout

celle qui s'étend

la capitale, nourrit

et

Dans

vince.

et

heures du matin dans cette contrée de l'Imerina.

7

vivement frappé lors de

Entre Ambohiinanjaka

aussi infertile que

route dès

petits ruisseaux (1 320

après, ayant traversé deux

lage d'Ambohimanjaka. Dès ce

nière.

ma

devant nous bien loin dans

le

Sud, mais qui, située dans

une population relativement dense dont

le

voisinage

l'industrie et le travail à force

de soins ont pu donner à celle région un aspect moins pauvre que celui du reste de

cette sorte de banlieue de la capitale,

si

j'ose

m'exprimer

la pro-

de

ainsi, toutes les parcelles

rain susceptibles d'une culture quelconque ont été utilisées; maintenant,

il

même,

n'en sera plus de

ter-

et à

part les profondes vallées dans le fond desquelles se sont déposées des alluvions riches formées d'un

humus

même

sur un

noirâtre

qui sont disposées en rizières, partout ailleurs l'œil ne se reposera sur rien, pas

et

arbuste rabougri. Les mamelons se succèdent devant nous; ces croupes arrondies disposées sans ordre

nous sembleront toujours

les

ondes puissantes d'une mer sans

Au sud d'Ambohimanjaka, nous bilana, puis vers

Dans

du

l'étape

soir

plus important est l'Andriam-

Ambatolampy.

Nous cheminons ensuite sur un

la rivière

pirogues deux autres rivières, le

le

1

700 mètres

vaste plateau sur lequel, à quelques kilomètres à notre gauche, il

nous faut encore traverser en

Sur

Kelilalina et l'Ankajomenahavahata.

hameau de Maromoka

satra, avant d'arriver à la nuit au village

passé deux journées entières dans ce

en sortant

et

du même nom. Là nous sommes par

viennent mourir les derniers contreforts du massif de l'Ankaratra, puis

cours d'eau se trouve

le

solidifiées.

nous trouvons, à une heure de marche de ce dernier village, Iazolava,

de ce hameau, nous traversons en pirogues d'altitude.

miraculeusement

traversons plusieurs ruisseaux dont

milieu du jour nous nous arrêtons à

le

fin,

et

un peu plus

loin

du même nom. Aous sommes

même

village,

les

bords de ce dernier'

nous faut encore traverser

il

ici

en pays connu

et

au commencement de l'année dernière

l'Anki-

nous avons

(4 mai),

dans

notre voyage à travers la province de l'Imerina.

Le lundi 23 mars, une heure après village

nous traversons en pirogues

départ d'Ankisatra, nous passons à Begoaka, puis au sortir du

le

la rivière l'Onive, principal affluent

bord sont édifiées quelques cases qui forment

une

une ligne de

vers le Sud, nous descendons flancs rapides

sinueuse, et

faîtes. Elle est très

comme

à gm''

loin

hameau

c'est

encore

nous suivons pour un

notre route se dirige presque en ligne droite

constamment dans de profondes

vallées,

Au

pour nous hisser péniblement sur un nouveau sommet.

nous traversons

de droite du Mangoro; sur l'antre

d'Antanety; au sud de ce

nous faut traverser en pirogues. Plus

rivière importante, le Tanifotsy, qu'il

instant

le village

nous remontons ensuite

leurs

fond de chacune de ces vallées

des ruisseaux souvent considérables qui vont, tantôt à droite, grossir un fleuve du

canal de Mozambique, ou qui descendent vers la gauche, tributaires d'un cours d'eau qui se jette dans l'océan Indien.

Chemin

pona

Ambatomena

(9 cases),

retrouve encore village

que

le

même

j'ai visité

ma

en continuant

faisant,

gîte

nous avons trouvé plusieurs villages

(18 cases

que

.

Au coucher du

dans mes voyages antérieurs

route, je serai en pays

province des Betsileo. Soandrarina est en

nous sommes à Il

est à

1

12 cases), Betam-

nous nous arrêtons à Soandrarina où

et

que

je vais retrouver sur ce

est le

chemin du Sud. Demain,

nouveau pour moi, m'approchant de plus en plus

effet situé

sur

les

je

dernier

île la

confins méridionaux du pays des Antimerina.

quitté Soandrarina, nous

passons au village de Talikiatsaka

970 mètres d'altitude.

remarquer que

raie nord-sud

Ambalomainty

occupé quelques mois auparavant. Soandrarina,

j'avais

Le jour suivant, une heure après avoir

soleil,

:

cette route qui va de

du plateau central de l'île,

Tananarive à Fianaranlsoa, en suivant

est assez belle.

Dans

cette contrée

la direction

on trouve, recouvrant

généj

l'argile


DE TANANARIVE A FIANARANTSOA. rouge, une couche assez épaisse d'humus noirâtre qui semble assez

de maïs que nous voyons tout autour de nous. Le maïs paraît être

culture la

de Ranomainty. Depuis notre départ de Soan-

traversons peu après les deux villages de Sahanivôtry

et

drarina nous n'avons pas rencontré une seule rizière.

Il

semble que sur cette partie

central le riz ne puisse être cultivé, mais par contre

il

y a de

de manioc. De l'endroit où nous nous trouvons

tueux

le

semble plus limitée,

si

I

ruine

tentrionale de

l'île,

n'esl pas,

davantage

n'affecte pas

la

sensiblement nord

el

sud,

derrière nous s'élève majes-

:

grandes plaines du pays sakalava qui

rimes boisées de

les

toul le

le

croire, constitué' par

grande

[tasser

esl

qui vient s'appuyer généralement du côté

le

partie nord,

la

dans

Ce massif

le

il

L'ouest en l'englobant quel-

'le

exhaussement longitudinal de :

sol,

qui a une direction

sol

n'a

l'île

pas un niveau

niveau supérieur semble correspondre à

la partie

du

province des Bet-

la

pays des A.ntankara,quese trouve le niveau inférieur.

le

qui,

sommets plus ou moins

les

formé au contraire par une élévation du

y a trois étages nettement déterminés

dans

île.

un seul exhaussement du

forme d'une longue chaîne de montagnes dont

el

vue

la

chaîne de

sud, s'étend du 22 parallèle sud presque jusqu'à l'extrémité sep-

ou pourraîl

11

la

nord du pays betsileo apparaît à nos yeux. Cela lient

central, ossature principale de la

massif centra] situé dans la province des Antimerina ; le niveau moyen comprend sileo; c'est

patates et

grande plaine du Mangoro, par contre, devant nous, nous

ligne de partage des eaux. Cet

la

les

jolie

du plateau

e

el

comme

aplatis viendraient le constituer.

quefois sur

la

du massif

très curieuse

suivant une direction générale nord

il

vraiment très

nous ne distinguons de ce côté qu'avec peine

découvrons une immense contrée, presque

une disposition

très élevée

nombreux champs de maïs, de

premiers contreforts du plateau que nous longeons. Si à gauche

les

partage des eaux derrière laquelle se

moyen;

est

massif de l'Ankaratra, à droite nous pouvons voir

viennent s'appuyer sur

à

vue

la

nombreux champs plus répandue. Nous

d'après les

fertile

ici la

281

Il

existe,

pour

du niveau supérieur au niveau moyen dans le Sud, et du niveau supérieur au niveau inférieur dans

Nord, des dénivellations brusques. Ces montées remarquables, marches gigantesques, ont été dénom-

mées par

les indigènes.

Dans

Nord,

le

le

c'est

précipice de Mandrilsara

;

dans

le

Sud,

c'est la

grande

montée d'Ambodiliakaraiia. faut encore noter que les principales roches constituantes que l'on trouve sur le plateau central

Il

semblent cantonnées dans chacune de ces parties qui ne présentent en général pas du tout

mais qui

assises rocheuses,

Nous commençons

La roule

à descendre.

en une demi-heure à Ambodifiakarana ration betsileo

est belle,

ce village, qui la

d'arriver

au

mêmes

nous faisons beaucoup de chemin. Nous arrivons

compte 80 cases environ,

limite méridionale

en ±1 minutes, nous

el,

mes porteurs, pressés Le

;

que nous rencontrons. A

pays des Antimerina

les

au contraire des variétés nettement tranchées.

offrent

mètres;

esl

il

quitté le

juste de dire que

avec une allure inquiétante.

compte une cinquantaine de cases environ,

village d' Ambodifiakarana, qui

première agglomé-

du plateau supérieur, nous avons

sommes descendus de 530

village, ont dévalé la côte

est la

important que nous ayons rencontré depuis notre dé-part de Tananarive.

II

est le centre le plus

faut aussi

remarquer que

les

environs de ce premier village betsileo qui se présentent à nous sont bien cultivés. J'y trouve presque toutes les cultures de l'Imerina

Parmi toutes

les tribus

que

cl

de

fort

belles rizières.

j'avais visitées jusqu'alors, sans contredit les

première place cou une cultivateurs, mais dès maintenant celle observation)

il

me

Ce

Os

de lorrain

suite de

mon

Antimerina occupaient

la

voyage ne pourra que confirmer

faut reconnaître qui' les Betsileo peuvent leur disputer sérieusement cette pre-

mière place. Je n'avais pas encore vu peli le parcelle

el la

esl utilisée, ce

village d' Ambodifiakarana esl

comme

à

Ambodifiakarana des

rizières

si

bien aménagées;

la

plus

qui esl absolument en dehors des habitudes indigènes à Madagascar.

absolument comparable, semblable

même aux

villages antimerina.

habitants, des Betsileo dont je parlerai plus longuement dans les pages suivantes, n'offrent d'ailleurs

que des différences

Dans

très

l'après-midi,

minimes avec leurs voisins du Nord

les

Antimerina.

une étape moyenne nous conduit au village d'Alakamisy. La roule suit pendant

la

dernière partie du jour h côté ouest d'une rivière (pie nous avons traversée en sortant d 'Ambodifiakarana 1

et

nommée Mahazina. 36


VOYAGE A MADAGASCAR.

282

Alakamisy

est le

nom donné

composé de deux agglomérations de maisons

à un village

mètres environ l'une de

l'autre, elles sont d'ailleurs séparées

nous voyons dans

Nous traversons sans nous y

reçu

le

nom

l'Est.

de Alakamisy Avaratra,

situées à 2 kilo-

par un contrefort élevé du mont Kiroka que

arrêter la première agglomération de maisons qui a

nous poussons jusqu'à Alakamisy Atsimo, où nous allons passer

et

la

nuit.

Le mercredi 27 mars, une heure après avoir

Alakamisy Atsimo, nous traversons à gué une

quitté

assez importante, l'Ambohimatiaty, puis continuant notre chemin nous traversons un pauvre

A

d'une dizaine de cases, lvaha.

quelque distance au sud de ce

d'un cours d'eau considérable, c'est

le

Mania. Xous

sommes

ici

par 1330 mètres d'altitude.

fleuve; ce sont des tas de pierres assez rapprochées jetées

dans

le

le

Il

se jette clans le canal de lorsqu'il a reçu

le

nom

courant

et

le

sur lesquels reposent des utilité.

Le

de Bctsiriry, devient un des plus grands fleuves de Madagascar;

Moçambique par

son grand affluent de droite

Quelques minutes après avoir franchi

le

il

plusieurs embouchures, et porte dans les régions littorales, le

Kitsambv ou Mahajilo (dont nous avons traversé

supérieur dans notre voyage de l'Imerina non loin de Betafo),

le

nom

cours

le

de Tsiribihina.

Mania, nous passons au village d'Amoromania. Plus au sud

nous traversons encore à gué un affluent du Mania, la

y a déjà

Sud, on a construit un pont sur

madriers grossièrement équarris. Ce pont tout rudimentaire nous est néanmoins d'une grande

Mania, qui porte plus à l'Ouest

hameau

nous arrivons au bord

petit village,

longtemps que, pour un voyage d'un souverain des Antimerina dans

rivière

c'est le

Sandrandra. Puis, suivant une belle

vallée,

A

route serpente sur les levées étroites d'innombrables rizières. C'est encore un passage délicat.

onze heures, nous arrivons à un assez beau village instants.

Au

sud d'Alarobia,

le

Alarobia-Sandrandra, où nous nous arrêtons quelques

:

chemin devient caillouteux, ce sont toujours des mamelons gazonnés,

nombreux

toujours des montées et des descentes, nous traversons de assez fortes.

A deux heures,

nous laissons à 200 mètres sur notre droite

plusieurs maisons en bois aux toits aigus,

vement

très anciennes.

Sur

le

comme j'en

plateau central en

ai

village d'Iary.

même

Ce village compte

déjà vu dans l'Imerina et qui doivent être relati-

chez

effet,

le

ruisseaux, des rivières

Antimerina

les

et

chez

les Betsileo, les

con-

structions d'une certaine importance étaient toutes faites en bois; mais depuis une trentaine d'années les

matériaux ligneux étant devenus

très rares

dans

les parties centrales

continus des forêts, du côté de l'Est principalement, l'argile plastique qui

forme entre

les

les

rochers dénudés

ont appris bientôt à se servir de briques crues; pendant

de

l'île,

par suite des défrichements

indigènes ont adopté pour leurs constructions

le sol

de leur pays; suivant

mon voyage

enfin,

de briques cuites. Malheureusement ces derniers matériaux coûtent relativement central, par suite de l'absence complète de voies de le

de chaux dans

l'herbe desséchée.

j'ai

il

n'y faut pas songer,

Ces maisons en bois d'Iary se trouvent presque toutes groupées au centre du

il

y a beaucoup de culture, tout nous

lequel la ville

nous sommes

:

en

rares.

au sommet d'un

que nous traversons, ce sont toujours de :

n'y a pas

extrêmement

village,

prévoir les approches d'un gros village

il

effet,

belles rizières.

du sommet sur

maintenant, nous voyons au milieu d'une grande vallée qui s'ouvre devant nos yeux

d'Ambositra encore une dernière descente et nous y faisons notre entrée.

Le gros

;

pour Madagascar, compte plus de deux cents cases. On y convient de citer parmi celles-ci le rova, demeure du gouverneur de

village d'Ambositra, véritable ville

trouve des maisons assez belles, et la

fait

vallée

ils

à se servir

dû, sur ces hauts plateaux, faire cuire

Quant aux matériaux rocheux,

Dans le fond de chaque

progrès,

Sur le plateau

fort cher.

ces pays de sol primaire, les gisements accidentels de cipolin sont

petit tertre fortifié.

le

communication, il n'y a presque pas de combustibles

bois vient de très loin, la tourbe est rare, pendant deux ans

mes aliments avec de

même

on commençait déjà

il

province, entouré d'une enceinte palissadée

Doctrine chrétienne

et

et

un établissement, tout récent

des R. P. jésuites qui ont à Ambosilra,

province des Betsileo, des missions importantes. C'est dans

maison entourée de murs de armés. C'est

là le lieu d'exil

terre et

comme dans

le

d'ailleurs, des frères de la

plusieurs autres points de

la

rova d'Ambositra que s'élève une petite

gardée à vue constamment par une troupe nombreuse d'hommes

de Rainivoninahitriniony. Ce grand officier malgache est enfermé dans celte

maison depuis plus de vingt-cinq ans. Lors de

mon

passage à Ambositia, on venait de

lui

permettre


DE TANANARIVE A FIANARANTSOA*. d'avoir avec lui sa

femme

ses enfants. Rainivoninahitriniony fut, avec son frère Rainilaiarivony, le

et

premier ministre actuel, l'un des principaux assassins du

merina qui

mort

pas

n'ait

ce prince,

île

une Lasse cruauté

allié à

Radama, Rasoherina,

s'en

proclamer

fit

le

II,

l'unique souverain des Anti-

le

A

haine des Européens et surtout des Français.

la

la

femme de

la

premier ministre; mais peu de temps après son avènement,

une cruauté rare rendaient tous

une émeute à Tananarive. Ce mouvement

fut vite réprimé,

nombre qui déterminèrent

point de départ d'exécutions sans

Rasoherina

Radama

roi

chef des conjurés, Rainivoninahitriniony, en faisant monter au trône

le

ses ennemis, qu'un orgueil sans limite cl

tèrent

283

les

jours plus nombreux, ten-

mais Rainivoninahitriniony en

fit

le

sa disgrâce, et le 14 juillet 1864 la reine

remplaça par son frère Rainilaiarivony, qui occupe encore aujourd'hui

mêmes fonctions.

les

Quelque temps après, Rainivoninahitriniony voulut tenter de reprendre le pouvoir, mais ses plans furent déjoués par Rainilaiarivony

et

exilé

fut

il

dans

le

pays des Betsileo

interné dans

et

rova d'Ambo-

le

sitra.

La population de ce gros forment non seulement

rina

fonctionnaires

les

gros propriétaires d'esclaves,

marchands

île

soldats de

cl

troupeaux, de rizières,

commerçants de

et les

comporte presque autant d Anliinerina que de Betsileo

village

région, mais

la

santes.

Dans

dont, elle

la

région d'Ambositra,

n'occupe que

contre à quelques kilomètres

nord du Betsileo l'Est et

soit

la

province des Betsileo

sommet. Vers

le

les

L'Est se

trouve de suite

le

plement

comme

plus

trouve tous

prolongé

les

11

n'est

et

mon

séjour,

des plus intéres-

et

comme

pays des Tanala

le

plateau central

vers l'Ouest on ren-

donc pas étonnant que

comme

ici

;

richesse des environs d'Ambositra les lente

la

Madagascar,

partout ailleurs à

qui font une guerre continuelle aux Anliinerina. Ces indigènes sauvages et

l'on

les

cette partie

souvent visitée par de nombreux partis de fahavalo. Les provinces limitrophes de

nation anliinerina les excite

des vols

j'y ai

très resserrée,

est

premiers villages sakalava.

de l'Ouest leur offrent un abri assuré,

tent bien

Antime-

la ville.

un vaste champ d'observations nouvelles pour moi

ville m'offrait

les

:

comptent parmi

aussi parmi eux que

et c'est

Le jeudi 27 mars, nous quittons Ambositra vers onze heures du matin; parce que celle

ils

des déprédations,

maison

des brigands, opinion que

le

serait

dans l'erreur en

les

comme

les

gouvernement anliinerina

et

et la

domi-

fahavalo sont des partisans leurs

ennemis commet-

considérant purement lous

les

ennemis de

la

et

sim-

France

voudraient bien faire prévaloir.

Au sud d'Ambositra, le sol

la

argileux est ferme,

roule est toujours aussi belle, les

appellent plus

dans

la

montées

el les

descentes sont moins rapides,

gros blocs de rochers sont plus rares. A mesure que j'entre plus avant

dans cette province des Betsileo, je remarque que les

les

communément

les pierres levées, les vatotsangana, les vaiolahy,

les Betsileo, sont très

comme

fréquentes, plus nombreuses peut-être encore que

province des Anliinerina.

Deux heures après notre départ d'Ambositra. nous traversons sur un tronc d'arbre la rivière d'Ivato. ou 4 kilomètres sur notre gauche apparaît une contrée boisée, ce n'est pas la forêt proprement dite;

A3

celle contrée

correspond plus exactement à celle zone de défrichements que nous avons rencontrée

avant d'arriver à Mandrilsara. terrains découverts;

dans

rapprochent peu à peu,

Il

y a de petits

l'Est, ces

ils

isolés

d'abord par de grands espaces de

espaces dénudés diminuent insensiblement, les bouquets de bois se

se louchent bientôt et forment plus loin la

levant recouvrir d'un rideau

eaux, sur laquelle s'appuie

bouquets de bois

sombre

les

grande forêt que nous voyons au

premiers contreforts occidentaux de

le

plateau central et qui à celle hauteur sépare

et c'est

le

la ligne

de partage des

pays des Tanala du pays

des Relsileo.

En marchant

la

vers

le

Sud

uni»

observation que je ferai jusqu'à notre arrivée à Fort-Dauphin,

zone dénudée dans laquelle nous sommes se resserre de plus en plus, à mesure que nous nous

gnons de Tananarive où

elle atteint sa

plus grande largeur,

el

tant

que nous fuyons

le

éloi-

pays soumis aux

Anliinerina, celte zone artificielle de déboisements complets disparaît peu à peu, et au sud d'Ihosv,

poste militaire anliinerina îles

le

plus méridional,

brousses que nous devinons vers l'Ouest,

la

et la

zone dénudée n'existera plus; au contraire, zone des forêts que nous voyons dans

la

le

zone

l'Est, feront leur


VOYAGE

284 jonction.

Nous descendons pou

à

peu

et

MADAGASCAR.

A

au coucher du

soleil,

par

1

470 mètres d'altitude, nous arrivons au

village de Zoma, qui compte une cinquantaine de rases environ.

Là un

très

étions effet,

mon compagnon

je retrouve Maistre;

heureux voyage.

Il

s'est

a fait

depuis Tananarive, en

rendu compte par lui-même que

munis à Tananarive ne pouvaient nous être d'aucune ces pauvres animaux, malgré la bonne volonté dont

harassés de fatigue;

avaient

ils

ils

enfonçaient profondément,

et

il

Madagascar;

il

ne

borizana par des

présent, depuis

plus belle parmi toutes les pistes frayées que l'on rencontre à

la

animaux de charge.

mon

tous les passages boueux, où dans l'argile

et

concluante sur cette route fréquentée de Tananarive à

nous faudra donc quitter ces peu

Il

hommes pour nous

conduire dans

Le vendredi 28 mars, nous quittons Zoma pour l'heure,

faisaient certainement preuve, étaient

pas songer à vouloir économiser du temps cl de l'argent en remplaçant

fallait

procurer à tout prix des

somme dont nous nous dans nos voyages postérieurs. En de

leur fallait alors l'aide de plusieurs porteurs pour les aider

à se tirer des fondrières. Ainsi l'expérience était

Fianarantsoa et qui est relativement

précédant de quelques jours,

de nombreuses chutes sur les roches de granité, mais les plus

fait

graves difficultés pour eux étaient sans contredit les rizières visqueuse

utilité ils

me

les bêtes

le

utiles auxiliaires et

nous

Sud.

faire étape jusqu'à Sabotsy-Kely et Ikiangara. Jusqu'à

départ de Tananarive, j'avais marché avec une vilesse moyenne de 5 kilom. o à

maintenant nous n'irons plus qu'à une vilesse réduite de A kilom. 2 à l'heure.

peu de distance de Sabotsy-Kély, Ikiangara, nous trouvons au bord de pierres levées dont je m'empresse de faire la photographie.

A

Ces valolahy betsileo ne sont pas simplement des pierres dressées à rina.

les

Ces monolithes qui atteignent

le

roule de magnifiques

la

comme

l'état brut,

chez les Anlime-

plus souvent des dimensions considérables sont polis, bien dressés plus souvent contenus dans un cadre en bois

et le

dur de

très

la

finement sculpté; souvent même, à côté

vatolahy, on dresse

thes ont la

ici

même

comme

un madrier; ces mégali-

partout ailleurs à Madagascar

signification

que dans

province de

la

l'Imerina.

Le monument commémoratif que nous avons sous les yeux se compose de deux pierres levées

un

entre lesquelles se dresse

et

La

madrier.

fort

du côté du nord

pierre qui est

qui est la plus haute, car

mesure plus de dessus du

2

sol, est

elle

mètres

au-

lisse et polie,

forme

est parfaitement régu-

lière, les

angles supérieurs sont

sa

seulement un peu écornés, on

plaqué

sur

ses

,,..,

deux

grandes

vers l'Est et

l'aees,

l'Ouesl

,

cadre

en

sculpté,

une

avec

vers

de

sorte

bois

a

finement de

assez

symétrie, ce que je remar-

que d'autant mieux que cette

qualité

plus

souvent

les PIEÎ1RES

LEVEES AU SUD DE

S

\BOTSY.

manque dans

le

tous

ouvrages manuels des

populations malgaches.


DE TANANARIVE A FIANARANTSOA. Posé sur ces deux cadres

esl

ouest

et

du monolithe

-285

un autre encadrement, qui entoure

est

de la pierre levée et qui porte encastrées dans les madriers qui

sommet

chevilles pointues sur lesquelles n'est revêtue

d'aucun ornement,

La

fixer des offrandes.

on vient

est moins bien travaillée,

elle

pierre

et la

le

forment, de longues

le

du sud, sensiblement plus

petite,

date de sa pose est sans aucun doute

plus récente. Ces deux pierres sont en granité. Le madrier qui s'élève entre les deux monolithes est

encore plus élevé,

mesure plus de

il

mètres de haut sur 43 centimètres d'équarrissage; une coupe per-

3

sommet

pendiculaire à l'axe et jusqu'à une certaine distance de son

légèrement tronconique,

extrémité est

et la partie

un étranglement bien prononcé. Le madrier

Son

est celle d'un carré parfait.

conique se raccorde avec

la partie

quadrangulaire par

esl sculpté sur toutes ses faces; ce sont les

mêmes

dessins

qui s'élagent en quatre séries.

Ce madrier levé

même époque que

est de la

Comme

gros monolithe.

le

celui-ci d'ailleurs,

son pied

repose au centre d'un espace rectangulaire formé de dalles de gneiss grisâtres qui on! dû être apportées

de fort loin, car

Dans

il

n'en existe pas dans la contrée environnante.

l'après-midi,

nous marchons toujours sur'

rouge qui disparaît maintenant sous une

l'argile

épaisse couche de vero. Plus loin ce sont des fanoro, dans lesquels

il

nous frayer péniblement un

faut

passage. Ce petit arbuste à fleurs jaunes (Gompkocarpus fruticosus), el dont les baies cotonneuses servent aux indigènes à se fabriquer des oreillers, se trouve

A

y a quelques années par les Antimerina sur ce point de n'est pas isolé, el la

ici

en grande quantité.

cinq heures, nous arrivons à Ambohinamboiriiia. Ce village de construction récente a élé fondé

il

la

convient de remarquer que, dans loule

roule de Tananarive à l'ianaranlsoa. Ce la

celles qui

supportent

tiennent donc

race

si

de .Madagascar conquises par

les tribus le

mieux

beaucoup

voisins et

la

dure servitude que

à celle province,

semblables sous tous

si

du plateau central sont actuellement fertiles, el la

population douce

véeset sous les exactions sans

el

les

les

les rois

dans

nord de

la

el les Betsileo.

I

(pie leur font subir leurs

province, un certain

el

murmurer, écraser sous

vainqueurs. Aussi, sans parler des gouver-

des soldais relativemenl il

les cor-

nombreux

(pie les

Antimerina

y a aus^i dans presque toutes ces

nombre d'Antimerina

purement

établis à litre

villes,

Ambohinamboarina

il

n'y a

que de

cela.

En fondant

ce posle militaire, les Antimerina ont pris loul

ration importante, se trouve situé de part

occidental d'une colline élevée dont

le

et

cl

qui esl donc pour Madagascar une agglomé-

d'autre de la route, en cet endroit fort belle, sur

rova, poste militaire

proprement

dit,

occupe

Les environs du village sont particulièrement bien cultivés; à coté de toutes

du plateau central, je remarque des champs que je n'avais vus encore nulle part sont spéciaux à la province des Betsileo; on en rencontre depuis

sans interruption jusqu'à la partie méridionale de

droso que l'on en rencontre neuses,

il

le

plus. Ces

la

le

mais

ils

les cultures ordinaires

Ambohinamboarina

et ils

province. C'est dans les environs

petits haricots

à nourrir un ver à soie indigène

nommé

le feuillage

s'étendent

d'Ambohiman-

la famille

nommés ambatry

ne se livrent pas à cette culture dans ce seul but,

versant

ailleurs, et qui, je crois,

champs sont couverts d'un arbrisseau de

ou ambrevade). Les Malgaches mangent ces

le

sommet.

des légumi-

porte de petites fleurs jaunes, ses graines forment des petits haricots aplatis (c'est

arrivés à maturité, sert

le

venus fonder un village

fort,

Ambohinamboarina, qui compte une centaine de cases

hidicus

Nous

nombre de ces Antimerina, propriétaires ou marchands, à Ambositra, à

terrain environnant, l'ont distribué à plusieurs de leurs compatriotes, qui sont

au pied du

sur-

privé, sorte

de colons que les Antimerina favorisent pour tenir plus étroitement encore ces malheureux lîelsileo. avions rencontré un grand

même

régions Sud

les

plus riches de Madagascar, elles comptent aussi parmi les plus

entretiennent dans les principales agglomérations betsileo, le

son.l

leur ont imposée leurs vainqueurs. Les Antimerina

rapports que les Antimerina

neurs, des officiers civils et militaires, des juges

tout

antimerina, les populations betsileo

paisible qui les habite se laisse, sans

nombre

une large mesure.

assimilée, ce qui esl chose aisée entre gens de

ils l'ont

fait

province des Betsileo, principalement dans

partie septentrionale, les Antimerina ont multiplié leurs postes militaires dans

Parmi toules

il

le

Cajanus

lorsqu'ils sont

des ambrevades

landinamberivatry {Borocera madagascariensis), qui leur


VOYAGE

28G

donne des cocons avec lesquels

ils

font une soie lustrée

Betsileo que l'on se sert de cette soie

malgache pour

lamba de soie de

Le samedi 29 mars, dans

de belle apparence.

et

faire des

comme nous

tinés à envelopper les morts. Les Anlimerina, faire leurs

MADAGASCAR.

A

Il

n'y a

que dans

lamba rouge brun généralement

l'avons vu

le

et des-

précédemment, emploient pour

matière première qui leur vient de l'étranger.

la la

première partie de

l'étape, la route reste

toujours assez belle, mais

elle

devient fortement caillouteuse, les blocs de rochers sont plus fréquents, des émergences de gneiss et de granité soulèvent et percent en maints endroits

L'herbe

couche

la

superficielle rougeâtre de l'argile plastique.

toujours rare, en revanche on rencontre beaucoup de petits arbrisseaux à fleurs jaunes

est

nommés

par les indigènes

quentes.

A

Dans ces contrées rocheuses,

tsilolsokola.

neuf heures, nous passons à gué

Ankona,

coule en rapide, son

elle

lit

est très large

une épaisse végétation, ce sont des fourrés inextricables de bararaia

et ses bords disparaissent sous

(l'hragmites communis), ce roseau

aux

Nous sommes

dos fleuves de l'Ouest.

la rivière

les pierres levées sont très fré-

feuilles acérées, et

ici

à

1

que nous avons vu

si

souvent sur

les rives

170 mètres d'altitude. Quelques minutes après notre passage

de l'Ankona, nous arrivons à Talata Inkiala, nous faisons arrêt dans ce petit village et continuons noire roule vers

sud.

le

Nous traversons encore de nombreux

par monts et par vaux nous

fait

descendre insensiblement à

où nous nous arrêtons pour passer

Le

ruisseaux, en suivant une roule sinueuse qui

compte une cinquantaine de cases,

village d'Alarobia

1

130 mètres d'altitude, au village d'Alarobia,

et

cependant nous y voyons une grande popu-

la nuit.

lation qui semble ne pas pouvoir contenir dans les maisons du village, et qui n'est pas venue des

hameaux

voisins, m'affirment

raison,

n'habitent pas en

ils

mes porteurs;

effet

ce sont tous des habitants d'Alarobia.

au village d'Alarobia proprement

voisins. L'explication de ce fait est assez simple. les autres provinces de

pays des Betsileo,

les

l'île

et

notamment dans

dit, et ils

Dans mes précédents voyages à Madagascar, à

travers

l'Imerina, avec laquelle je comparerais le plus souvent

habitants sont cantonnés dans

îles villages,

des maisons réunies en agglomérations que l'on trouve principalement

une autre partie

(la

plus souvent

sommet d'un monticule,

le

fossés, plantes épineuses

duquel sont construites

long des routes fréquentées

le

;

ou rakeia,

la

est

Chaque

formé essentiellement d'une clôture murs :

d'argile,

un espace souvent considérable au milieu

celte clôture enserre

maison du propriétaire du vala

vala, qui

et celle

de ses esclaves. Cette disposition qui

au pays betsileo n'a pu qu'augmenter mes chances d'erreur dans les évaluations

est tout à fait spéciale

approximatives que

dans

plus grande) habite des maisons isolées et disséminées dans la campagne. Ces mai-

sons, qui s'appelleraient des fermes dans notre France, s'appellent là-bas des vala. le

le

des bourgs, des hameaux.

cette province des Betsileo, cette population des villages est en partie (la plus infime) logée

Dans

occupe

Nous avons tous

ne viennent pas des villages

j'ai

tenté de faire partout, à Madagascar, de la population.

Le dimanche 30 mars, une demi-heure après notre départ d'Alarobia, nous arrivons sur les bords du comme le Mania, que nous avons traversé plus au nord, un des grands

Malsiatra, formant lui aussi, lleuves

du versant occidental de Madagascar

passage

est à 1

090 mètres d'altitude,

:

cl à celle

le

Mangoky. Nous passons

époque de l'année

le

le

Matsiatra en pirogue. Le

mesure 80 mètres de largeur

fleuve

m. 30 de profondeur. Après la traversée du Malsiatra, nous passons encore à gué un de ses affluents l'Ibita. Nous marchons ensuite dans de belles rizières. Les cultures deviennent abondantes, sur 2

:

des vala couronnent chaque colline; à une heure, nous entrons à Fianarantsoa,

la capitale

du sud de

Madagascar.

Sans aucun

doute,"

Fianarantsoa n'occupe pas

le

deuxième rang parmi

villes

les

de Madagascar au

du nombre d'habitants. Sous ce rapport, Tamalave viendrait avant cette ville; néanmoins l'habitude de désigner Fianarantsoa comme la deuxième cité de l'île tant au point de vue de l'impor-

point de vue

on a

tance politique

Anlimerina

que urs

cl

elle esl

effet la

capitale des Belsileo,

celle qui a accepté, toléré, cl souffert

— qu'au point

rina dans le

en

le

la

mieux

de vue géographique; sa position en

tribu la plus les

mœurs,

fait le

centre

anciennement soumise aux

les

usages, les lois des vain-

île la

domination des Anlime-

sud du plateau central. La population totale de Fianarantsoa, en laissant de côté bien




DE TANANARIVE A FIANARANTSOA.

MAHC11E

entendu tout les

les

l'IANAUANTSOA.

— qui en

quelques villages qui L'environnent

vnffi,

Lit:

289

faubourgs

sont en quelque sorte les

habitations isolées, que l'on rencontre en grand

nombre dans

tout

le

el

sur-

voisinage, ne dépasse

pas G 000 habitants.

Comme c'est l'usage occupe

le

à Madagascar et principalement sur

sommet d'une

du rova antimerina, Rainiketabao,

l'i"

colline élevée.

Le

le

unes contre

les autres el qui

escaliers de granité

narive.

Le chemin

el

à pente

ne laissent entre

nous rappelaient

le

plateau central,

la

mamelon

maison

la

\ ill«'

est pris

de Fianarantsoa

par l'emplacement

spacieuse du gouverneur

assez,

père du médecin malgache qui nous avait loué sa maison à Tananarive.

Les flânes de cette colline de forme conique les

en briques crues

c'est là qu'est construite

honneur,

le

point culminant de ce

plus praticable

très

elles

exactement

douce sont couverts partout de maisons pressées que des ruelles étroites dont

partant

est celui qui,

les sinuosités et les

d'ailleurs l'aspect de certains quartiers de <\i\

pied de

colline

la

Tana-

du côté nord, monte en

suivant une direction sensiblement droite jusqu'aux portes du palais du gouverneur. Celle rue n'est que la

prolongation directe de

roule de Tananarive.

la

Lorsque venant du nord on approche de

ment toutes

les

maisons qui

se présentent

d'édifices religieux, d'églises et

a dépassé et laissé sur

premières maisons de principal

la

capitale des Betsileo

aux regards, on

est

et

que

l'on

peut distinguer bien nette-

de suile frappé du nombre considérable

de temples qui se trouvent bâtis sur ce côté nord de

gauche

la ville,

la

les

bâtiments de

on arrive de suile

à

la

Lorsque

l'on

vice-résidence de France qui sont à la limite des

l'emplacement de

coupe en deux parties à peu près égales, à

la ville.

droite,

la

mission catholique que

le

chemin

dans l'ouest par conséquent, se trouve

bâtiment occupé parles pères jésuites,

l'église lui est

emplacement assez vaste on ramassait,

lors de notre passage, des

contiguë; dans

le

le

nord, un peu plus loin, sur un

matériaux

:

les

missionnaires catholi37


VOYAGE A MADAGASCAR.

290

ques faisaient construire en

maison

dont malheureusement

En de

principale occupe le fond d'un ravin.

la partie

sud

le

grand chemin de Fianarantsoa qui

le

aux tons rougeâtres

les terrains et les bâtiments des missionnaires norvégiens dont l'église

gauche avec son clocheton aux quatre faces égales. Une

à notre

lui

secte,

face;

fait

s'en

il

s'élève bientôt sur les flancs

à droite l'emplacement du grand marché, puis ce sont successivement

on rencontre

colline,

église en pierres; de l'autre côté de la rue, se trouvent la

Doctrine chrétienne, derrière ces bâtiments s'étendent de beaux jardins

la

continuant de suivre vers

la

une grande

effet

des frères de

et l'école

trouve

église anglaise, de je ne sais quelle

une demi-douzaine

encore

se dresse

dans

de

hauts

quartiers

les

la

ville.

l'île

on parcourait des

de l'Imerina

Tamatave.

et

On

du

seulement dans

que sur

les côtes, à

des Antimerina et des Belsileo

les tribus

ont fondé des établissements. Dans tout

milliers de kilomètres sans en voir;

Belsileo,

il

ma

n'y en a, à

les

Antimerina,

plus forte

la tribu la

et

que

je n'en dirai

si

convenu en Europe de trouver

l'on est

ici,

amené

à formuler à la suite de

tiendront les

ils

importante mériterait de longs développements dans lesquels je ne puis

que quelques mots lorsque j'exposerai

entrer

et à

ne sont venus à

religion,

plus civilisée. Ces missionnaires espéreraient-ils que, après avoir converti les maîtres,

esclaves? Celte observation

le reste

connaissance, en dehors

Fort-Dauphin, à Manambondro, à Andevoranto

que ces apôtres du christianisme, sans distinction de

dirait

Madagascar que pour la

c'est

les missionnaires, français, anglais et norvégiens,

que de

remarquer à Madagascar que

est à

Il

mon voyage

à

les

conclusions générales que

j'ai été

Madagascar.

Les environs immédiats de Fianarantsoa sont encore plus mouvementés que ceux de Tananarive, ce sont des collines élevées, de gros monticules aux pentes rapides, aux

semble plus vigoureuse, des hauts plateaux

;

mieux

les rizières sont plus jolies et

mais, malgré

la

sommets rocheux. La végétation

travaillées.

dénudée

C'est toujours la zone

densité de la population chez les Belsileo,

le

défrichement de

la

contrée est moins absolu que chez leurs voisins du Nord. Dans les environs immédiats de Fianarantsoa,

on observe quelques bouquets de bois qui ont entourant

la ville.

A4

kilomètres dans l'Est se

été respectés et qui tient,

une

C'est quelque chose d'analogue au zoma de Tananarive.

de ce zoma

était

fois

par semaine,

Des

vieillards

principalement chez

les

mais continu de toutes

vendredi, un grand marché.

m'ont affirmé que l'emplacement

comme

chez

les autres

Malgaches

et

Antimerina, nous assistons, à l'époque contemporaine, à un défrichement lent

les parties

de

l'île

;

ce défrichement est d'ailleurs en raison directe de la densité de

population. Quoi qu'il en soit, ces vestiges de végétation, que nous voyons déjà aux environs de

Fianarantsoa, nous annoncent

marche vers le

le

boisé dans leur jeunesse; maintenant les premiers arbres de la forêt de l'Est sont à

plus de 60 kilomètres de Fianarantsoa. Chez les Betsileo donc,

la

couronnent plusieurs des monticules

le

la

zone des brousses dans laquelle nous entrerons en

Sud, et qui est plus rapprochée encore du côté de l'Ouest; à

trois

l'Est, c'est la

journées de

zone forestière,

pays des Tanala.

Dès notre

arrivée,

à Fianarantsoa,

nous avions reçu de

la

part de M. le docteur Besson, vice-résident de France

un accueil des plus bienveillants dont

je

ne saurais trop

le

remercier. Le docteur Besson

y a quelques années sur les ordres du résident général de Tananarive. Malheureusement remplacement a été mal choisi, peut-être est-il plus juste de habite en famille une maison spacieuse, construite

dire

que

le

gouvernement français a dû

à poids d'or. Mais à Madagascar

se contenter de ce

comme

du chemin qui

vient de Tananarive;

oriental d'une colline élevée. s'y tenir

saire

debout,

il

a

donc

La

fallu à

que

partout ailleurs c'est

gères, imitant le sage, se contente de peu.

[nés

il

le

les

la règle, et le

La résidence de Fianarantsoa terrain au milieu duquel

grands

frais

est édifiée

au nord de

maison

prononcée

y aménager des terrasses et

vendre

lui

Ministère des affaires étran-

s'élève la

déclivité de ce terrain est tellement

l'aire

est

qu'il est

sur

le

la ville,

versant

impossible de

en un mol tout

le

néces-

pour rendre celle portion de lerrain habitable.

Grâce au docteur Besson, nous trouvons à louer en dehors de

heu

Antimerina ont bien voulu

dit

Ambalolahikisoa, une maison assez spacieuse

et

très

la ville et

non

loin

de

la résidence,

suffisamment confortable. C'est

au

que


DE TANANARIVE A FIANARANTSOA. nous allons séjourner quelques semaines, pour attendre

Lorsque nous avions quitté Tananarive,

bonne saison semblait nettement Ce ne sont mais tous froid et

plus,

dans

les jours,

tombe une

il

la

de particulièrement curieux dans

chaude que ce

menée

redevenu beau

nous retrouvons

le

et la

mauvais temps.

mauvaise saison à Madagascar,

Bet-

le

com-

*W* »

à se faire sentir. J'avais déjà

journalières dans

Nous

la

zone des

grelottons

forêts;

et

on y

est

autres parties de

plusieurs jours

-+- 5°

si

I

hl'l

MAISONS

DES

Bl

el

surtout dans l'Est que

à s<m déclin des petites pluies sont

mais ce que je n'avais jamais éprouvé

littéralement.

ici

en

n'est

un

elles

tel

sont

degré de

somme qu'une si

peu à

mois précédents

el

dans

qu'elle nous semble rigoureuse.

A

les

cinq heures du matin,

j'ai

noté pendant

centigrades.

nos journées passent

\ile.

Nous avons beaucoup de

distractions; ce sont, ;

en compagnie du docteur

ce sont de nombreuses visites

sommes empressés de

de longues causeries avec des Betsileo dont nous nous

faire

nos amis pour

lier

nous instruire des coutumes de celle peuplade. Les travaux ne nous manquent pas non

connaissance

el

plus,

consacrer nos soins

faut

saison des

dans ces pays intertropicaux, on s'attend

Besson, des excursions très intéressantes aux environs de Pianarantsoa

il

ailleurs, c'est

mal préparé par les températures ressenties dans

l'île,

la

encore Fréquentes,

La température dont nous jouissons

Européens, mais

froidure printanière pour des

l'éprouver

!:

-«SPSr,

remarqué un peu partout

brusquement,

pluies ne se termine pas

el

était

belle.

froid vif qui

AMDATOLAHIKISOA

Ici,

Bclsileo,

le

temps

petite pluie,

journée devient

&$+

les

Ici,

dans

ce ne sont pas tant les petites pluies persistantes

à la fin de la saison

froid.

Sud.

le

les pluies avaient cessé, le

commencer.

peuple

le

matinée principalement, nous nous trouvons enveloppés d'un brouillard

la

humide; vers midi,

,Cc qu'il y a sileo,

retour des beaux jours, étudier

est vrai, les averses diluviennes qui caractérisent la

il

vent s'élève bientôt, puis

le

le

surtout nous préparer à notre prochain voyage dans

betsileo et

291

à

nos collections, prendre des noies, rédiger nos rapports

cl

surtout

nous préparer à notre grand voyage futur.

Parmi nos nouveaux amis

betsileo.

ment au courant des mœurs de

Rainimanana, qui

ses compatriotes.

D'esprit

éphémères connaissances, ses renseignements sont facultés, ses souvenirs sont sileo.

très précis et

Rainimanana nous raconte un

grâce

soir des

me semble

à lui

plus instruit, nous met rapide-

beaucoup moins borné que

très précieux;

légendes

le

son Age avancé ne

nous allons connaître et

de

vieilles histoires

à

fond

la

la

plupart de nos

lui oie rien

de ses

peuplade des Bet-

que nous trouvons d'autant

plus remarquables que, jusqu'à présent, nous avions eu une peine ('norme à en réunir quelques-unes sur le

peuple malgache.


VOYAGE A MADAGASCAR.

292

Je vais donner une de ces légendes betsileo dont la traduction française littérale offre cependant

quelques charmes malgré sa naïveté. Je crois bon aussi d'y joindre

yeux du lecteur deux échantillons de dialectes parlés

dialecte antimerina, car ces textes mettront sous les

dans

I.

la

grande

traduction en

le texte betsileo et sa

île africaine.

Texte betsileo

:

— Nihavana hoe ny akoho aminy mpanpango fah*ela,

Ka nifankatea soasoa ara Mb a ampindramo fanjaitsa :

ko rota ny lamban'ny akoho Ka dia nanao hoe taminy mpanpango i « aho hanjairako itoy lambako iloy (sady miatats'y no manao izay). Dia nomen'ny mpanpango; ko tsiveho te-he nanjaitsa igny ko vere ny fanjaitsa; nitadia ny akoho ko tsi'ela

:

;

nitsindroka ko nilsindroka ko,

akoho

:

ko avy ny mpanpango nanao hoe

tsi cla

Izao ny mitadia fa vere etato ko Isa hitako

Nadiky hoe ny mpapango ko roso mitsidigna Filoko ô

:

anadroe ro

sisa.

Dia hoe ny akoho

aho nileraka ro vakivaky

no mangaika nanao hoe

Filoko ô!

«

:

hoe

io

ny

ela

nony

Mba ampindramo

ny tongony

= Terak

tiraika tsa

:

ho

tratsa, terak'iraika tsa

ho

tratsa, fa

Ira!

mpanpango ny anak'akoho nagnare ny

filone

natao hanjairangn'i clanc rota,

./.

Traduction antimerina

nifankatia; ary

pignaogne ny zanaky ny akobo, ko nahatongane be, dia

fa dia

;

tsi ela

vakivaky tratsa vakivaky tra a

tratsa!

Izany hoe ro ihinanan'-ny

«

i

Izao ny mitadia ko andrazo velivety.

Tsa nahandry koa hoe ny mpanpango

II.

Aia ny fanjaitso? Dia hoe ny

!

Taitsa hoe ny akoho ko nanao hoe

fa iraika

«

sady mitsmdrok'amin'iz'ay ny akoho.

;

ko egn'ambony

:

:

ela,

— Nisakaiza, hono, ny akoho sy ny papango taloha, ka nifankatia dia

:

hono, rovotra ny lambany akoho (ny elany)

lambako

fanjaitra kely aho, hanjairako ity

ity

:

hoy

dia

tamy ny papango

izy

:

(sady mialatr'izy no saronany ny elany

anila).

Dia nomen'ny papango; ka vantany vao nanao hanjaitra ka very ny fanjaitra. Nitady, hono, ny akoho sady mitsindroka re! ka mitsindroka re!

Dia hoy ny akoho

:

Nony

ela

avy ny papango nanao hoe

Izao no mitady azy fa very eto iky ka

:

Aiza ny fanjailro?

«

no manao

hitako! (sady mitsindrok'izy

tsi

»

izany).

Tezitra, hono,

Filoko ô

!

ô

ny papango ka nanid ina; ka eny ampanidinan'izy no miantso nanao hoe

Filoko ô!

:

!

Taitra tamin'izay akoho ka nanao hoe

:

Izao mitady azy ka andraso vetivety.

Tsy naharitra intsony, hono, ny papango fa dia no faohiny ny zanaky ny akoho isan'andro mandrapandrainy ny fanjaitra; nefa tsy nahita mandrak'ankehitriny. Dia izao, hono, mba hery nataon'ny akoho Terak'iry tsy ho tratra; terak'iry tsy ho traira; izaho :

:

niteraka no vakivaky tratra! vakivaky tratra.

papango ny zanak'akoho; manary ny

Izany, hono, no nihinanan'ny

Nefa, asa

moa

fa

ny antilra no ho banga

ela

:

filony

ny akoho.

nihinanana; ary ny osy no misy somolra

andro nitcrahana; ka tsy izaho no mandainga fa toa mifanilsy samy mai'ina ireo

On

raconte qu'autrefois,

G. m. gros oiseau de proie) étaient

liés

d'amitié

III.

Traduction française

Inmba

(aile)

lamba

» (et

déchiré, s'adressa au

en

Le papango

même temps lui

est

mon

aiguille?

papango

«

elle se

donna une

mil alors à chercher «

:

aiguille,

— Je

la

mais quand

pour cela

et

la

:

le

papango (Milvus œgyplius

un jour

la

poule, ayant son

Prèle-moi une aiguille pour coudre

«

couvrait une de ses pattes avec son

eut

elle

picola...

cherche, répondit

poule et

s'aimaient beaucoup;

en ces termes

pâmait de douleur

l'aiguille et »

»

et

la

fini

diso kely ny

:

./.

de s'en servir

picota....

poule, car je

— l'ai

elle la perdit.

Le papango survint perdue

et

ne

la

La poule

et

demanda

retrouve pas

disant cela elle continuait de picoter).

Le papango, en colère, s'envola,

cl tout

en volanl demandait

:

«

Mon

aiguille!

mon

mon

aile).

aiguille!

»

(el

se :

en


DE TANANARIVE A FIANARANTSOA

POR il nu

Ln poule, prise parla peur,

lui dit alors

Le papango ne supporta pas de

pelils

la

cela plus

poule, jusqu'à ce .pie l'on

:

«

Je

la

PIANARANTSOA.

A

liov.v

cherche, attends un peu

longtemps

lui rendît

293

el

se mil

m

».

devoir de s'emparer chaque jour des

sou aiguille, mais jusqu'ici

la

poule n'a pas encore

retrouvé l'aiguille.

Pour terminer,

même

sort! Aussi

Voilà pourquoi

poule

dit

moi qui

les

la

le

:

«

Je fais un petit

mets au monde

papango mange

Cependant, j'ignore

si

vres ont de la barbe au

les petits

les vieillards sont

menton parce

je

de

el

me la

ne puis

le

conserver! J'en

fatigue en pure perte.

poule

:

c'esl

édentés parce qu'ils

qu'il y a

que

fais

Et cela

est si vrai, ajoutait

toutes les poules J'ai dit

dans

le

Rainimanana, que depuis cette époque

du monde picotent toujours pour chercher

le

subit le

aiguille.

cl

si les

jour de leur naissance

mais

./.

papango ne cesse de

malheureuse

:

chè-

se

venger

et

aiguille. »

le

plus des Anlimerina.

que l'Anlimerina.

Il

est très sou-

assez difficile de les distinguer l'un de l'autre; cependant, d'une manière générale,

le

Betsileo a le

Le Belsileo appartient

teint

le

il

chapitre précédent que, parmi toutes les tribus de Madagascar, celle des Belsileo étad,

sous une foule de rapports, celle qui se rapprochait

vent,

la

perdu son

mangent depuis longtemps

eu une petite erreur dans

el

»

celle-ci lui a

ce n'est pas moi qui ment, car je ne fais que justifier des choses également vraies

«

un autre

très

certainement à

la

même

famille ethnique

plus noir que l'Anlimerina; ses lèvres sont plus épaisses, son nez plus aplati, ses cheveux; plus

crépus. Tout semble donc indiquer que

le

Belsileo est le produit d'un

avec un élément africain, mélange dans lequel

le

mélange d'un élément asiatique

dernier élément entre pour une part bien 'plus considé-


VOYAGE A MADAGASCAR.

29i

rable que chez l'Antimerina actuel, qui est la stature

produit d'une fusion analogue. Le Betsileo a généralement

plus forts que l'Antimerina. Les facultés intellectuelles du Betsileo

membres

plus élevée et les

le

Le Betsileo

ne semblent pas, d'une manière évidente, être inférieures à celles de son vainqueur.

doux, plus calme que l'Antimerina; malheureusement son apathie égale sa soumission, volontiers aux opérations commerciales; bien moins hardi

MAISON D'UN

VAI.A.

qu'à vivre tranquille au sein de sa famille

Le

Betsileo est surloul

tout son horizon.

Il

un paysan,

naïve ne veut pas céder, et

de sa fortune;

c'est à

de scrupules,

comme

monnaie en vendant

se

couper

les

les

ils

esl si le

On

voit

en

effet,

comme l'Antimerina

esl

il

a la bet-

son seul juge

recherché des Anlimerina

— peul

influents.

Gonséquemment,

chaque année, des familles

est très jaloux de sa propriété.

les procès.

sont tous d'ailleurs

pas

n'aspire

agglomérations; sa ferme, son valu, forme

les

cause de ces procès incessanls que soutiennent

verneur de Fianarantsoa

Comme

semble aimer

il

il

livre,

il

sur ses terres qu'il cultive avec beaucoup de soins.

dans des contestations qui ont pour objets des parcelles de

sileo se ruiner foi

et à se fixer

terres,

ne se

il

entreprenant que l'Antimerina,

BOUDIER, D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.)

n'aime pas vivre dans

aime beaucoup ses

réputation d'un chicanier,

bonne

il

DE

(DESSIN

et

est plus

terrains. il

y perd

les Betsileo,

Dans ce

se l'aire environ

posle,

Le Betsileo dans sa la

plus grande partie

que

le

posle de gou-

un gouverneur

— dénué

300 000 francs de renie de noire

ses arrêts.

Anlimerina,

les Betsileo on!

cheveux courts. Les femmes

adopté pour

les

hommes

depuis quelques années

les portent tressés artistement, elles oui

le

talent

la

mode de

de donner

à

leurs chevelures toutes espèces de formes. Tête nue, on les croirait coiffées d'un bonnel de dentelle. Chez les Betsileo, le

Dans

le

costume

esl le

même

courant de cet ouvrage,

que chez

j'ai

les

Anlimerina.

déjà eu l'occasion de parler plusieurs fois de quelques coutumes

spéciales à la tribu des Anlimerina. Je retrouve presque loules ces

coutumes

ici; je

ne signalerai donc


.

DE TANANARIVE A FIANARANTSOA. que

celles qui

me

295

semblent spéciales aux Betsileo. L'une des plus étranges, qui caractérise cette tribu,

est sans contredit leur façon de traiter les morts.

Lorsqu'un Betsileo vient à mourir, son corps est placé clans

il

un cercueil de

Lorsqu'elles ont pris

Comme

de famille.

Comme

bois.

fin,

chez

on porte

chez

cercueil dans

le

Mais chez

les

Betsileo

le

de s'ouvrir en levant

par

une galerie

débouche

forl

tombeau

est

longue

parfois 1res

bas sur

de

liane:

le

el

sommet d'une

du mort

cérémonies.

généil

est

colline.

plus profond,

est

famille

et

au

supérieure, on y accède

dalle

la

la

mêmes

tombeau

le

ralement formé de cinq grandes dalles de granité, aussi le plus généralement construit au

lieu

autres tribus de Madagascar,

les

Antimerina, ce tombeau

les

peu après son trépas dans de riches lamba, puis

du défunt, ce sont toujours pour cet instant les

a chanté les louanges

on

s'est réunie,

est roulé

souvent

qui

et

colline

la

toujours

el

du côté du sud-ouest. Ces tombeaux betsileo sont construits

avec soin,

de

pari

la

sont l'objet d'une grande vénération

des indigène

cachaient dans

précieux

ils

le

tombeau de

leurs ancêtres leurs objets

leur argent

et

Lorsque

le

cercueil a été déposé dans

tombeau, on

le

immole des bceufs qui sont partagés entre

les assistants,

on boit de nombreuses bouteilles de rhum pare souvent

Deux ou tume

fort

tout

esl

du tombeau,

On

maison.

le

l'on se sé-

le

c'est ici

el

que

cou-

la

particulière, on retire le

l'ail

défunt

ramené dans

est

sa

cuire deux planches,

plus qu'une masse informe, on

debout contre

ficelle

à

roule fortement

lorsqu'il n'est

el

ému

el

après toutes ces libations.

trois jours plus tard,

betsileo

cercueil

riches

Autrefois les ramilles

.

poteau principal de

le

avec des lanières de peaux de bœufs.

On

lui

a

le

case

la i 1

1< •

i

'•

< •

plante des pieds sous lesquels esl placée une cru-

la

che ou une marmite de lent'; putréfaction,

la

on laisse alors agir

que

cependant

la

famille

les

et

FEMME BETSILEO.

amis du mort sont entassés dans sa demeure, (hantent

ses

louanges,

rhum pour

vent force rasades de

cadavre en décomposition.

un liquide putride

et

on

ses

célèbrent

Au

s'étourdir

boi-

et

pouvoir résister

et

à l'odear

bout d'un mois, quelquefois plus,

et infect esl

surveille attentivement la

bienfaits

venu remplir

épouvantable qui se dégage

s'y

autres que toute la famille se réjouit, car l'âme du

forment

:

un d'entre eux

à l'inhumation des restes

on place aussi dans

le

tombeau

ver, ultime incarnation

dans

le

et

du défunt dans prés de

la tête

du défunt désignée par

vase de terre un long

bambou

le

tombeau de

du cadavre

les

paraît-il plus

gros que

mort s'est réincarnée sous celle forme.

encore quelques semaines pour permettre aux vers de grossir quelque peu.

pompe

«lu

putréfaction a continué son œuvre,

vaisseau de terre. Celui-ci est l'objet de soins jaloux,

le

venue des vers qui

la

le

famille.

Il

procédé avec grande

esl

En même temps que

vaisseau de terre dans lequel

Betsileo sous

le

nom

de fanano.

par lequel plus lard doit remonter sur

la

On

les

attend

On

a

ces restes vil le

gros

soin de placer

surface de

la terre le

fanano mystérieux. Toutes ces opérations se font sans grandes variantes dans toutes les familles betsileo et je les ai

vues maintes

fois.

Pour

la

suite je vais laisser la parole à notre

ami Rainimanana.

Après un certain temps, temps variable qui ne dépasse jamais une année, rieur

du bambou

et

fait

son apparition sur

la terre. Cet

le

fanano remonte à

animal mystérieux affecte non pas

la

l'inté-

forme


VOYAGE A MADAGASCAR.

296

comme

d'un serpent,

tacheté de rouge sur

Dès que l'animal

croient les Antimerina, mais bien celle d'un petit crocodile de couleur brune et

le

dos,

le

le

ventre est blanchâtre.

reconnu par

a été

la famille

du défunt, ceux-ci

s'en approchent et lui

un signe certain que

est bien réellement le parent qu'ils ont perdu. Si le lézard lève la tète, c'est

bien le mort. Lorsque cette certitude est acquise, des endroit le plat dans lequel

le

mort a mangé pour

membres de

placé devant

le

fanano;

grandes réjouissances.

demeure,

il

si

On met dans l'oreille

s'il

c'est

du défunt apportent en

la famille

la dernière fois.

mélangé à quelques gouttelettes de sang obtenues en coupant

demandent

ce plat un peu de

cet

rhum

d'un jeune bœuf. Le plat est

cet animal accepte celle offrande en y goûtant tant soit peu, c'est le signal de

Rainimanana ajoute que

le

fanano retourne au tombeau, qu'il choisit

comme

sa

y devient très gros, c'est un dieu lutélaire qui protège la famille du mort et les contrées

voisines.

On

conçoit aisément

reptiles.

la

crainte respectueuse qu'éprouvent généralement les Betsileo pour tous les

coutume de

Celte

tribu des Belsileo; plus encore

beaux avec beaucoup de

morts

traiter les

qu?

les

est

dans

Antimerina

ont

ils

soins, en font de véritables

l'île

de Madagascar tout à

le

culte des morts,

fait particulière

à la

construisenl leurs tom-

ils

monuments ornés d'une façon

toute spéciale, avec

des pierres souvent très grosses, des madriers finement sculptés ou des crânes de bœufs qui ont conservé leurs cornes.

Le

Betsileo est aussi très superstitieux, plus encore

que ses voisins du Nord,

les

dans cette tribu dont chaque individu porte ostensiblement ou en cachette plusieurs odij

que nous trouverons encore dans toutes

croyances religieuses du Malgache,

il

est très

odij

mêmes pour toutes

sont les

elles

ou talismans. Le

répandu, est

Dans un chapitre précédent, j 'exposais dans

extérieur de religiosité de ces peuplades. les

du Sud, où

les tribus

fady sont nombreux

les tribus;

le

seul signe

ses grandes lignes

mais dans

le

Sud

des fétiches, des amulettes,

bon Principe

est bien laissé

de côté,

des talismans et porte-bonheur

qu'ils croient

conjurer les attaques du mauvais Principe. Pour toutes

principalement,

le

les circonstances

de

la vie, quelles qu'elles soient,

nous verrons plus lard,

comme conséquences

chez les Bahara principalement,

chez un Malgache, parce

En

ils

qu'ils sont

se

ocly,

un homme du Sud bien

pratiques de ce

montrent

avec des

et c'est

l'ail,

que dans

outillé

très osés et très entreprenants, ce qui est

fermement convaincus de

la

faits les plus importants qui les différencient des Antimerina.

anneau d'argent

qu'elles portent

dans

tels

que

11

des maisons dans celle partie du plateau central.

On

il

aime à entourer ses nobles

et le

peut dire en général que

plus religieusement (nie l 'Antimerina les coutumes de ses pères religieux dont

et ses chefs

j'ai

compliquée des femmes

la coiffure

et

remarquable

signalé les deux

n'y aurait plus maintenant à noter

cheveux lorsqu'elles sont fiancées,

les

ochj

du Sud,

vertu de leur ody.

parlant de la façon d'enterrer chez les Belsileo et de leurs croyances aux ody,

quelques détails sans grande importance,

possède un

les tribus guerrières

;

on

le voit

que

betsileo, le gros

mode de construction le

Belsileo a conservé

tout d'abord par

le

respect

de caste, au grand désespoir des Antimerina qui

pu jusqu'à ce jour déraciner le respect des vieilles familles chez les Betsileo et le remplacer par l'adoration de leur propre reine, eux qui, cependant, sur tous les autres points, sont les maîtres incontestés de celle peuplade douce et docile. Ce respect des anciennes coutumes chez les Belsileo nous esl n'ont

encore indiqué par leur croyance aux n'est cachée superficiellement

verts à grand'pcine. les

Antimerina

les

La

odij.

que chez

coiffure chez

Celle ancienne croyance générale

les

Antimerina sous

le

et

incontestée à Madagascar

vernis de civilisation dont on les a recou-

les Belsileo est resiée (elle qu'elle

modes européennes ont prévalu,

cl

que chez

était autrefois, tandis

cependant j'ai encore vu, en 1889, un Antimerina de

type pur, parent du chef de Mahatsinjo, qui possédait une longue chevelure divisée en tresses,

ter-

minées par des boules enduites de graisse de bœuf. Enfin les maisons en bois belsileo sont tout à fait comparables,

antimerina d'ilafy, au tombeau de

Radama

palais de la reine à Tananarive.

est à

les

Il

ouvertures sont excessivement petites,

II,

et à la vieille

si

ce n'est identiques, aux maisons

maison en bois de Ranavalona

I

rc

remarquer cependant que dans ces maisons en bois et qu'il faut

de savants efforts pour pénétrer à

dans

le

belsileo

l'intérieur.

Les


DE TANANARIVE A FIANARANTSOA. comme

Betsileo chantent et dansent qu'ils appellent la

danse de

les

Anlimerina,

n'ont conservé qu'une vieille danse spéciale

ils

sagaie; nous y retrouvons toujours

la

297

un ou deux acteurs principaux debout

au milieu d'un cercle de gens accroupis, qui psalmodient en ton mineur et qui s'accompagnent à contre-

temps de battements de mains. Mais tandis que

les

Anlimerina manquent complètement de poésie dans leurs chansons populaires

se contentent le plus souvent de psalmodier le récit d'un voyage, simple itinéraire

sèchement

de

les villages

comme

la roule, les Betsileo,

et

mentionne

l'on

autres tribus du Sud, manifestent dans leurs

les

chants et leurs récits populaires quelques velléilés poétiques. Voici traduits en antimerina et en français les

chants de Barimaso

et

de Dombita; c'étaient

barimaso.

plus répandus lors de

les

La

La

belle

aux grands yeux est fatiguée de

ses rendez-vous, ear je suis retenu Aime-moi, car je me laisse aimer facilement. Fais-moi <\n bien, car je réponds volontiers. Si tu veux je serai ton fusil (!!). Si tu ne veux pas. je serai celui d'un autre. Placée là-bas au boni du chemin. Il ne manquera pas de gens qui me prendront! Si ce n'étail pour loi. je ne serais pas venue ici. Si ce n'était pour toi, je n'aurais pas suivi celte route. Allons nous aimer! Nous aimer et ne pas nous disputer, - séparer. Ne pas Il déplail aux gens de nous voir unis! - Aimez-vous, jeunes gens, car tous êtes peu nombreux. Allons folâtrer ensemble, Car à notre retour nous serons grondés tous les deux.

!

hiady

Tsy mba hisaraka. Satry ny olona tsy mba miray.

i

Mifankatiava re ry tanora falon-bitsyl -

Andeha isika hiaraka adala Fa rehefa tonga miara-terezany.

Traduction anlimera.

dombita!

Nisy vehivavy anankiray nisaoran' nv vadinv, ka nanenina; dia nilrnv sadv nanao

Maly

re

mpiloto vary aza

!

na ho

iley lehilaly

mpaka rano!

ka nanao hoe

Izaho tsy tianao inlsony,

l'a

Dia hoy indray ravehivavy

Ka deha

rehefa fa

hira io izy,

io

:

aho nariany; nisaorany omaly hariva

voamena antandrako anao; mananda Nainaly

faire appeler.

— Je ne puis nie rendre à

Raha tianao alio dia basinao! Raha tsy tianao dia basin 'olon' kafa Apetraka ery amoron — dalana Tsy ilao zan' izay olon — kandray. — Raha isy hianao aho tsy tonga tatj Raha tsy hianao aho tsj mahalala trano! Raha tsy hianao aho tsy mahalala, lalana! — Andeha isika mba hifankatia

nanao hoe

me

[par une laide amie.

le Betsileo.

Traduction française.

Barimaso sasa manafalra Njola kely tsy misy bialana. Nba tiavo kely ah fa raora tianal Asivo soa atro fa mora mamaly!

mba

passage dans

aux grands yeux.

belle

Traduction antimerina.

Hifankatia ka tsy

mon

:

re

Mifona

mba

aho! avelaore

avelaore

mba ho

re

aho Tompokolahy

;

mivalo, indry vola

hitoetra aminaol aoka re

mba

hoato! naho

ato!

namalv.

mandehana miala

;

Izaho tsy tianao intsony.

:

manandra ho hianao

Isy

manaiky ko hanao ahoana aho! Baby karv Kolo! andeha

isika

han-

rahefa lehibe hianao hateriko aty! Baby aiv rakoto! Baby aryl Baby. Dia nandeha hono izy

mianake ka nony louga anv an-trano ny ray amandreninv, dia maly lampo ka rahevivavy nanenina. Traduction française. Il

la

y avait une

femme

chanson suivante

qui avait élé répudiée par son mari; elle se repentit, prononça ces paroles et

fil

:

Je suis perdue, car

me

— dombita!

il

m'a rejetée;

repens, voici voamena

(2-'t

e

il

m'a répudiée hier

partie de la piastre)

'

que

je

soir.

Je vous

demande pardon, monsieur,

vous donne; je vous

fais

un don!

je

laissez-moi

t. Cet usage, très répandu dans toute l'Ile et surtout chez les Antimerina et chez les Retsileo, est très remarquable; il parait être caractéristique des peuples madécasses. En elTet, lorsque dans une occasion quelconque un Malgache vient à offenser, à outrager même très cruellement une personne quelconque, il s'imagine très volontiers que, en donnant à la

38


VOYAGE A MADAGASCAR.

298

demeurer avec vous! permettez-moi de rester à la source! permettez-moi de rester

Le mari répondit en ces termes Je ne vous aime plus du tout,

La femme

reprit

Je

un don

t'ai fait

encore

même

ici!

je dois piler

du

riz!

ou

chercher de l'eau

aller

ici.

:

allez, partez, je

ne vous aime plus du tout.

:

mon dos! mon dos!...

n'acceptes rien, que dois-je faire! Viens, Koto, que je te porte sur

et tu

Allons, partons, lorsque tu seras grand, je te ramènerai

La mère

si

et l'enfant partirent et

.

dans

à peine arrivée

ici!

Viens, Rakoto, que je te porte sur

maison de ses parents, l'épouse repentie mourut

la

subitement.

Si

nous trouvons sous ce rapport une certaine supériorité des tribus du Sud sur

En

en ce qui touche la sculpture, cette supériorité devient encore plus évidente. les

temps

les

plus reculés presque toutes les races humaines

ont.

sculptures spontanées font absolument défaut dans

le

on

sait

du Nord,

que depuis

reproduit sur une matière quelconque,

corne, os, bois, pierres, etc., les objets qui frappaient le plus souvent leurs

les

les tribus

effet,

regards. Ces premières

nord de Madagascar. Les Antimerina eux-mêmes,

plus civilisés des Malgaches (par convention), n'ont aucune idée d'une sculpture quelconque. Sans

doute certains de leurs ouvriers à Tananarive ont pu faire ou principalement copier plusieurs figurines importées d'Europe tout récemment, mais d'ornementation. Leurs idoles

les

plus

n'ont jamais trouvé dans leur tête

ils

renommées

des cailloux bruts roulés dans des chiffons.

Ici,

trons de véritables sculptures, ce sont encore,

d'abord sur

les

planches qui ferment

n'étaient

que des morceaux de bois informes ou

dès notre première étape dans

il

remarque

portes des cases des dessins géométriques aux bois dur. Ces mêmes dessins sont comme ceux que nous avons vus au

le

reproduits encore sur des pierres levées, sur des madriers dressés

mêmes

Sud, nous rencon-

le

est vrai, des essais grossiers et naïfs; je

les fenêtres et les

contours plus ou moins réguliers .qui entaillent profondément

sud de Sabotsy. Ces

un motif quelconque

dessins géométriques sont également souvent reproduits sur les palissades,

qui entourent les tombeaux ou sur les mégalithes qui s'élèvent dans leurs voisinages. Le plus beau spé-

cimen que nous avons rencontré dans ce genre

est l'entourage en bois sculpté

un des descendants des anciens roisbetsileo de Lalangina, construit non

du tombeau de Ramaharo,

loin des rives

du Matsiatra,

et

près du village d'Ialananindro.

Au-dessus de cette sculpture géométrique, je trouve encore des essais plus compliqués dont est l'auteur sur ses principaux ustensiles de

ménage. Ce sont des mortiers à

le

Retsileo

des mortiers à piment,

riz,

des cuillères, des plats, des salières; tous ces objets en bois sont souvent très finement sculptés. trouve déjà des figures plus compliquées, ce sont quelquefois des formes animales,

le

bœuf

On

y

est le plus

souvent représenté. Les artistes belsileo se sont donné aussi libre carrière pour l'ornementation de leurs cases en bois.

ment

les volets qui

Dans

cette tribu des Betsileo

ferment

sont artistement gravés;

il

les

celle

ouvertures sont sculptés, mais encore

en est de

oiseau qui représente assez bien si

comme dans

même

des deux pignons qui

un pigeon au

repos.

le

des Tanala plus à l'Est, non seuleles piliers

principaux de

la

maison

plus souvent sont surmontés d'un

La forme humaine

est très

rarement employée.

ce n'est pour des ody, des talismans ou des amulettes.

La «

tribu des Betsileo a été signalée par de Flacourt dans son grand ouvrage à Madagascar.

Le païs des Eringdranes

Eringdranes sont au sud

est

et c'est

un grand pais qui

se divise en

un païs

très

;

les petites

d'où sort la rivière Mangharac (Menarahaka). Les grandes Eringdranes

sont au nord et finissent au pais des Vohito'Anghombes dont séparation. C'est

grandes etpeliles Eringdranes

peuplé

et

la

rivière

qui peut fournir plus de 30 000

de Manlsialrc (Matsiatra)

hommes

fait la

en un besoin. Le païs

personne ainsi outragée un morceau d'argent d'une valeur infime, l'injure sera oubliée, le pardon complet sera accordé, l'offense sera effacée. Pour ces peuplades qui ont un véritable culte pour l'argent, le don d'un voamena (i sous de notre monnaie), d'un haslna quelconque, doit vous permettre de compter sur l'entière bienveillance de la personne à laquelle ce présent est offert.


DE TANANARIVE A FIANARANTSOA. bordé à l'Est de grandes montagnes

est tout plein et bestial.

A

l'Ouest,

il

mer de Moçambique

degré

le 20°

et Aethiopique.

Les

Manatangh (Mananantanana), Zoumando

(Tsi-

sur la

rivières s'appellent

en

fertiles

y a trois grandes rivières qui courent et se

vont rendre dans une grande baye qui est située sous latitude sud,

299

mandao), Sahanang, lesquelles sourdent des montagnes qui sont à l'Est des Eringdranes et traversent tout le pais.

Mantsialre, une grande rivière qui sépare

«

Anghombes

comme baye.

et des

Eringdranes,

est

une

païs des Voliito-

le

1res

grande

pourrait être la Loire, el se va rendre dans

rivière

susdite

la

»

La tribu ou

peuplade que de Flacourl désigne sous

la

le

nom

de Eringdranes, est celle des Belsileo. Le mol Eringdranes a été

employé par

pour Arindrano.

lui

La province des Belsileo comprend deux parties principales l'une,

au nord du Matsialra,

au sud. Dans

l'autre

dirai

même

le

suis à Fianarantsoa de

que

ressemblance, je

la

de l'identité qui existe entre ces Belsileo du nord

Antimerina leurs voisins. Dans

les

première,

la

frappé plus vivement

située sur les confins de l'Imerina, on est

encore que je ne

:

cl

sud, au contraire,

la partie

indigènes appellent plus généralement andafy aisimony

les

Matsiatra,

différences

les

plus marquées.

Dans

le

entre

sud en

les effet,

davantage à l'influence antimerina. se placer

pour

les

deux tribus voisines sont les

C'est

donc

mieux connaître. Le mol

appellation a sans doute pris naissance

merina, qui a conquis

la

MENDIANT DETSILEO.

Belsileo ont échappé qu'il

betsileo est

après

la

faut 1res

complète du

peu employé par

les indigènes, celte

Radama

pays. C'est

1", roi

des Anti-

province des Betsileo en 1812 environ. Ses prédécesseurs avaient déjà fait quel-

ques expéditions dans ce pays du Sud, mais des révoltes continuelles des Betsileo venaient toujours menacer la domination antimerina. Radama I" voulut étouffer ces révoltes dans le sang cl il y réussit. d'Ambosilra, dans

La

ville

ies

Antimerina.

Toutes

«

enfants

le

Betsileo nord, qui n'avait pas voulu reconnaître son autorité, fut prise pâl-

maisons d'Ambositra lurent détruites, ses défenseurs mis

les

emmenés en

captivité

dans l'Imerina. Défense

à s'établir sur les ruines de celle cité rebelle

Beaucoup de cette province J'ai dit

champs,

que

villages importants

'.

fut l'aile

faire produire ses rizières;

il

le

sort

d'Ambositra

l'île

femmes

et les

on ne peut guère dans

et

la férocité

des Antimerina.

un agriculteur; plus encore que l'Anlimcrina

il

sait travailler ses

possède aussi de nombreux troupeaux de bœufs; mais chose rare

à Madagascar, le Betsileo n'est pas seulement agriculteur et pasteur,

quer des lamba. Dans

les

»

du Betsileo subirent

Betsileo était surtout

mort,

aux habitants du pays de songer jamais

marcher quelques heures sans rencontrer des traces de le

à

il

est aussi très habile

entière les tomba de l'Arindrano jouissent d'une juste

du Sud principalement font aussi avec une

pour

fabri-

renommée. Les Betsileo

soie indigène des lamba bien lissés qui atteignent souvent

des prix fort élevés; ces him/ni sont surtout réservés pour l'ensevelissement des morts. Enfin les Betsileo nom de de l'Est fabriquent, avec une écorce d'arbres, des lamba rayés de couleurs vives connus sous le sarimbo.

L'une des principales excursions

et

sans contredit

la

plus intéressante que nous faisons aux environs

de Fianarantsoa en compagnie du docteur Besson est celle d'Ifandana.

I.

R. P. Abinal, Vingt ans ù Madagascar.


VOYAGE A MADAGASCAR.

300

Le lundi

7 avril,

Le lendemain

nous partons de Fianarantsoa dès l'aube

et

nous allons coucher à Tanbohimandrevo.

jour suivant, nous allons à Ambohimandroso, village important du Betsileo méri-

et le

hommes pour

dional où nous espérons trouver des renseignements et peut-être des

notre prochaine

campagne du Sud. D'Ambohimandroso, nous

allons à Ifandana.

Ifandana est un ancien village betsileo situé, d'une colline élevée. La

980 mètres d'altitude, mais colline a été

la

du mamelon

générale

moyenne

en allant

deux parties principales, quant à

recouvrent.

La

partie ouest est

accusées sont inaccessibles;

sommet

le

culminant est à environ

une

du nord au sud. La

pentes très

les flancs à

en maints endroits, surtout dans gigan-

taille

de cette deuxième partie ont une déclivité moins prononcée que celle de

flancs

partie rocheuse, on peut donc monter au sommet. Mais

en occupent totalement

superficie

la

on trouve

partie rocheuse qui se trouve derrière eux.

Comme

ces blocs ont

la

deux blocs rocheux qui

les

sommet

qui rendent fort difficile l'accès du

et

de

forment ou plutôt qui

la

complètement rocheuse dont

partie est est recouverte d'argile

la

dis-

mètres en allant

colline d'Ifandana peut se

nature des matériaux qui

la

partie

peut avoir 200 ou 300

mais sur son sommet se tiennent deux blocs de rochers d'une

les parties inférieures,

tesque. Les

coutume à Madagascar, sur

formée par une poussée gigantesque de roches éruptives, son sommet qui a une

vers l'ouest, et 50 mètres en

diviser en

c'est la

ne s'élève que de 530 mètres au-dessus du plateau environnant. Cette

il

position analogue à la forme l'est

comme

colline d'Ifandana est orientée Est et Ouest, son point

aplati

de

la

une forme sensiblement cubique aux

angles arrondis et qu'ils reposent par une large base sur une surface sensiblement plate et malheureu-

sement pas plus large qu'eux, on peut en rampant sur cette surface

du

laissent leurs angles arrondis parvenir de l'autre côté

comment

Voici

il

de couloir. Le ventre repose sur de

la

paroi inférieure

contourner d'abord

rocheux de

On engage

faut s'y prendre.

du cube,

la

la colline

le

en s'cngageant dans l'espace que

une opération

du cube occidental, puis

dos s'appuie contre l'angle arrondi

En rampant

le vide.

fort difficile.

supérieure du corps dans celte espèce

la colline, le

jambes pendent dans

les

face nord

la tète et la partie

sommet rocheux de

et

bloc. Mais c'est

ainsi latéralement,

sa face est, et on arrive enfin sur

le

on peut

sommet

pas besoin de dire que cet exercice gym-

était bâti le village d'Ifandana. Je n'ai

nastique n'a rien d'attrayant. Cet affreux passage que nous avons dû suivre a dû servir avant nous à bien des générations,

comme

en témoigne

la

roche qui en cet endroit a

le poli

de

l'ivoire.

Le moindre

faux mouvement vous précipiterait à 500 mètres en bas dans un massif de cactus aux épines menaçantes. Mais enfin je ne regrette pas

dans une anfractuosité de

une

la

belle récolte et je suis

ments

est d'ailleurs

à Madagascar

mon

excursion, car en visitant

le

sommet d'Ifandana,

je trouve

roche un riche gisement de crânes et d'ossements betsileo; nous faisons

heureux de

connue dans

le

ma

journée au delà de toute expression. Celte caverne d'osse-

pays, et voici ce que dit à ce sujet

le

R. P. Abinal dans Vingt ans

:

Ifandana, bâti sur un roc élevé, coupé à pic de tous côtés, et où l'on ne pouvait arriver que par un sentier impraticable, servait de retraite à

un

grand nombre de

très

prendre par un blocus rigoureux. La disette ne larda pas en Obligés de choisir entre

les cruelles tortures

paroxysme du désespoir, préférèrent

se

de

la

faim et

donner eux-mêmes

effet à se

rebelles.

la

résolut de les

déclarer dans la petite cité.

glaive de

le

Radama

Radama, les

mort; et on

Betsileo, arrivés au

les vit alors

avec stupeur

se

présenter par groupes nombreux, sur les bords du rocher à pic, au haut duquel Ifandana était perché; puis, là, les

yeux bandés, commencer, sous

être infailliblement

On

évalue à plusieurs milliers

les plus fanatiques

les

yeux des Hova, une ronde homicide dont

une chute en masse dans l'abîme, comme le

il

nombre des malheureux qui

le

terme devait

arriva en effet. se suicidèrent de cette façon.

Lorsque

eurent succombé, et qu'il ne resta plus à Ifandana que des femmes et des enfants,

courage leur manqua pour continuer cette ronde infernale,

et trois cents d'entre

le

eux devinrent les esclaves

des Hova.

Rainimanana m'avait bien raconté celte légende

relatée par le père Abinal,

mais

il

m'avait assuré que


mmmmm

r

1FANDANA

:

ROCHE DU SOMMET. (DESSIN DE TAYLOR, GRAVÉ PAR DERG.)



DE TANANARIVE A FIANARANTSOA. cette histoire

répandue par

les vivres

comme

En

pas exacte.

n'était

ceux-ci en faisant le siège du

effet,

prendre de vive force, mais l'entourer de leurs soldats pour

le

aux assiégés. Les Betsileo, pressés par

avec les assiégeants et leur

encore imposé

Antimerina

pu non pas

village d'Ifandana avaient

couper

les

303

la faim, avaient

voulu entrer en composition

soumission. Celle-ci avait été acceptée

offrir leur

et les

Antimerina avaient

conditions aux Betsileo de sortir deux par deux de leurs retranchements. Les

que

Betsileo trop confiants avaient accepté et dès

ces malheureux désarmés,

ils les

les rusés et cruels

Antimerina voyaient venir à eux

tuaient et jetaient leurs corps dans la caverne où nous venons de trouver

des ossements. Cette deuxième version est certainement plus conforme à

geuse aux Antimerina, mais cela importe peu. Si

les

qui y sont amoncelées, les ossements présenteraient certainement des bris

à leurs

malheureux compatriotes plutôt que

la colline.

Les crânes

que

et les os

la

et les

d'aller porter les

employées par

les

un

de plus à

fait

Antimerina pour réduire

mais plus probable;

cadavres dans une caverne sur

Ce voyage à Ifandana nous avait Betsileo

:

fait

dans

et

la liste

les autres tribus

l'histoire qui est

<lu

moins

Tanala. L'Ouest tentait moins notre curiosité

Majunga

de

l'île,

Ivohidahy, à

me

il

:

Maistre

suffira d'indiquer

que

la

vu à Ifandana.

j'ai

Ambohimandroso

à Ambalavao,

et

l'Est,

moi avions parcouru de vastes

et

d'ailleurs,

devions traverser des pays absolument analogues, entre Isalo

et

sud du

du côté des

territoires

de

dans noire voyage du Sud, nous

Ihosy.

docteur Besson veut bien encore une

le

des perfidies

et

a de plus intéressant, la région

dans ce qu'elle

et

Ankavandra;

et à

Cette deuxième excursion, dans laquelle

haut de

somme peu impor-

en

nous ne voulions pas quitter Fianaranlsoa sans faire une excursion dans

ces pays sakalava, en allant à

le

coupants qui

non seulement plus conforme aux habitudes antime-

est

les villages voisins, à

connaître, en partie

et

déjà longue des cruautés

concorde beaucoup mieux avec ce que

elle

légende

la

sabres antimerina.

légende d'Ifandana racontée par Rainimanana rina,

veut

des fractures que je ne

marques d'instruments piquants

Sans chercher encore d'autres preuves pour rétablir ce point de tant, et sans qu'il soit besoin d'ajouter

et

le

colline sur les roches

plaine auraient certainement rendu les derniers devoirs

je trouve portent les

ne peuvent être autres que les sagaies

comme

défenseurs d'Ifandana,

sommets escarpés en bas delà

antimerina, s'étaient précipités du haut de leurs

constate pas, sans compter que les Betsileo de

peut-être plus désavanta-

la vérité, elle est

fois

nous accompa-

mène de Fianaranlsoa aux confins de la forêt de l'Est, au village d'Amlmasarv. Nous nous j Nous sommes là en face de la haute montagne d'Ambondrombe, sur la limite du pays des Tanala. Cette montagne d'Ambondrombe est célèbre partout à Madagascar; son

gner, nous

arrêtons quelque peu. orientale

accès est

faclij.

C'est le séjour des ombres, et

aucun Malgache ne voudrait essayer

crainte de s'aliéner quelques mauvais esprits. Maistre et stition des indigènes, gravir la la

population

et je

J'ai

compromettre

appris d'ailleurs, depuis

mon

sommet dénudé du cédé du sud,

la

le

sommes

élevés.

docteur Besson, plus libre

superstition et le mauvais vouloir des indigènes, s'élève à environ 1750 mètres, est

couverte

et l'accès en est

rendu

surtout par les broussailles et

difficile

épineux qui couvrent ses flancs. La légende d'Ambondrombe, qui est connue de presque

toutes les tribus de

l'île,

est

particulièrement répandue chez les Antimerina

dans son ouvrage Vingt ans à Madagascar

Madagascar.

1$.

campagne du sud, que

malgré

et

campagne

laisse apercevoir de gros massifs de rochers, ses flancs ne sont pas

très rapides, si ce n'est les fourrés

la

super-

succès en gravissant une montagne qui, en somme, ne

montagne d'Ambondrombe. Celle montagne, qui

de broussailles; son

1.

le

retour de notre

que nous, avait pu, avec un missionnaire,

à

moi aurions bien voulu, en dépit de

la

sacrée, mais nous nous exposions à mécontenter probablement

en rien de beaucoup d'autres sommets de Madagascar sur lesquels nous nous

gravir la

monter dans

n'en avais garde; nous avions trop grand besoin des indigènes pour notre

future, dont je ne voulais pas diffère

montagne

d'y

Comme

son

récit est

P. Abinal, Vingt ans à Madagascar.

1 ,

la

donne

telle

que

je

l'ai

et les Betsileo.

Le R. P. Abinal,

entendu raconter plusieurs

fois

de tout point conforme à celui que je pourrais faire, je vais citer

le


VOYAGE A MADAGASCAR.

304

passage de son

me

je

livre

gascar et qui

auquel je

fais allusion.

hommage au

plais à rendre

y a

Il

si

complu à raconter sincèrement

s'est

peu d'ouvrages sincères écrits sur Madagascar que

du R. P. Abinal,

livre

et

écrit

par un

franchement ce

homme

pu observer.

qu'il a

Les anciens Hova n'avaient pas songé à créer des Champs-Elysées pour

«

morts

un an environ

ces âmes, pensaient-ils, passaient

;

qui a bien connu Mada-

séjour des Ames de leurs

le

tombeau

à aller et venir de leur

à leur case el de

leur case au tombeau, et mouraient ensuite de la seconde mort, qui les replongeait dans le néant.

Au commencement

«

Ce

«

le

siècle, les Retsileo, les

lieu serait situé, d'après eux,

amenés dans l'Imerina par

âmes des morts passent

que

C'est là

au fond de leur pays, bien

les

Ames terminent

enfin leur course, au

dominant au

loin la

grande

forêt

autour des arbres

lent

rendre

le

Comme

comme

Sud.

Il

porte en leur langue

roseaux abondent.

les

royaume des morts.

montagne d'Ambondrombe

tion exceptionnelle, au-dessus de pestilentiels, en

le

l'ait

gorges profondes

que

s'enchevêtrent dans les broussailles, de manière à

d'Ambondrombe

gris.

les

est

Le peuple appelle ces vapeurs

au temps de

Jadis,

la

et

impénétrables, de forêts humides

vapeurs malignes des environs. Elles

la

marche, porte

les

faits

et

rend

le salut.

fois,

unit de

On jeune homme tomba un

même

ses accords

des morts,

et la

homme

ses amis.

Dès son arrivée à

la

Ame voyageait

nombre

erraient

çà

L'armée arrête

musique d'Ambondrombe,

le

crut mort et

fameuse montagne,

sans soucis, tandis qu'ici

et

Elle entend des salves

commença les Ambon-

et se rendit, paraît-il, à

de personnes qui vaquaient tranquillement à leurs occupations de tous

en grand

là.

l'air royal.

des environs d'Ambohidralrino. Ce

jour dans une léthargie profonde; sa famille

un de

d'un

aux fanfares joyeuses des vainqueurs.

préparatifs de ses funérailles. Or, pendant ce temps, son visiter

soleil

les Hova furent en effet manqua pas de s'arrêter au pied de la Au bruit du canon tiré par les vivants, se

l'artillerie

raconte aussi, dans l'Imerina, l'histoire d'un jeune

drombe pour

comme

Le prodige parut de bon augure;

mêlèrent de nouveau les fraternelles détonations de

seconde

aux rayons d'un

son expédition, ne

montagne pour immoler des bœufs en actions de grâces.

la

condensent

merveilleux.

conquête, une armée en campagne passait non loin de

armes

de marais

el

s'y

fumée des ombres.

qui saluent son approche, puis une musique militaire exécutant

victorieux, et le général, au retour de

pour

osent seuls s'avancer dans ces fourrés.

encore couvert d'un amas de nuages sombres

raconte au sujet de cette montagne des

d'artillerie

les singes

tout le pays d'alentour s'illumine et resplendit

et

étincelant, le rocher

On

en

canal de Mozambique, les autres vers l'océan Indien. Sa posi-

rendez-vous de toutes alors

il

se trouve sur la ligne de partage des eaux, les rivières qui sortent le

en épais brouillards,

manteau

el

passage presque impossible. Les sangliers et

la

comme

de gigantesques serpents, grimpent jusqu'au sommet, jettent d'un arbre

de ses flancs se dirigent les unes vers

«

le

Des lianes innombrables, parfois hérissées d'épines, s'enrou-

à l'autre des ponts aériens, retombent, se relèvent

sa

dans

des Tanala. Ses flancs sont couverts d'une forêt vierge

reste encore quelques-unes à Madagascar.

«

loin

Or, ce royaume des morts est une haute montagne, que couronne un énorme rocher abrupt, dénudé

«

«

leurs vainqueurs, y introdui-

trois ans.

de Ralsy, mauvais. Les Hova lui ont donné celui d'Ambondrombe, pays où

nom

et

de ce

un séjour où

sirent la croyance à

les

elle

aperçoit des milliers

jours

des jeunes

filles

:

des jeunes gens

retouchaient les

comme pour une fêle; plus loin, quelques vieillards appuyé au mur de leur case, réchauffaient aux feux du

tresses de leur chevelure et s'ajustaient

appesantis

par l'Age, accroupis à

soleil leurs

membres

terre, le

dos

homme, ou son Ame, s'engage alors dans les rues d'une ville au milieu de nombreux habitants, et finit par arriver au quartier et à la case qu'habitait

languissants. Le jeune

de laquelle se pressaient son ami. «

Le premier élonnement passé

nouveau venu, tout ce que le

el les

salutations d'usage échangées

je viens de voir?

— Ne sais-tu pas,

séjour des ombres? Toutes les Ames, aussi bien celles des

des maisons, des rizières, en un «

Mais déjà

les

mot

tout ce qui a existé

ombres entraient dans

la

case

et

lui

:

«

à

signifie

donc, demande

le

répond son ami, que tu es entré dans

hommes que

un jour

Que

celles des brutes, des plantes,

Madagascar, se trouvent

ici.

»

s'attroupaient autour de l'Ame de l'étranger nouvel-


.

DR TANANARIVE A FIANARANTSOA.

303

lement arrivée dans leur séjour. Elles paraissaient affamées de nouvelles

demander de tous

côlés.

Leur curiosité s'accrut avec

les

commençaient

et

réponses qu'elle leur donna

homme

importune au delà de toute expression. L'âme du pauvre jeune

en

échapper. La voilà donc se juchant sur

l'agrément d'y être enfumée jusqu'au

donc au plus

soir.

du séchoir qui surmonte

El on ne

tôt, à

tout foyer

servit d'ailleurs

lui

demi morte de fatigue

et

les

se

elle

malgache. Elle eul

au repas que l'âme du

de faim, franchit

et

en

lui

où se mettre pour leur

dîner peu substantiel acheva de

Ambondrombe. Ce

nourriture unique des morts à Elle s'échappe

claie

la

à

devint bientôt

accablée,

était

sentait d'ailleurs tellement pressée par la foule des ombres, qu'elle ne savait

et

la

riz,

dégoûter du pays.

marais

et

revint chez elle

en toute haie. qu'elle rencontre en entrant clans son village, «'est son cadavre qu'on portail en

La première chose

«

terre. Inutile

de dire qu'elle s'empressa d'arrêter

le

convoi

de réveiller sur-le-champ son corps de sa

et

trop longue léthargie, au grand ébahissement de tous les parents, voisins «

Cette Ame, heureusement, n'avait élé séparée de son corps que

autres

Ames définitivement séparées de

leur corps

Ambondrombe,

qui se rendent à

et

connaissances.

et

manière transitoire. Toutes

d'

les

qu'elles viennent

de loin ou de près, doivent demeurer uniformément un an en route avant de L'atteindre.

Le maître

«

rocher.

et

Chaque jour

nouveaux venus, «

seigneur du

ri

sic séjour des

Certaines Ames n'arrivent pas seules, mais escortées par

ou à ceux

bœuf au moins,

populace

immolés «

les esclaves,

et

de sa hauteur. Durant la

seconde zone

La quatrième année

On

«

ignore

Durant

si le

et

la

esl divisée

elles

arrivent, vers les le

de jury et pour

la

les

vie

les

la

les

:

autres son) logés avec

ce qu'il y

A

des bœufs

ail

la

/.ducs circulaires (''gales,

les

Ame- habitent

commencements de

comprenant chacune un

zone inférieure;

la

sommet du

troisième année, au

la

montent

elles

anéantit ou

s'il

les

dévore

et

se les incorpore. :

l'ombre du

fait

défiler ses

tambour; l'ombre d'un avocat pérore devant des ombres

portes, les

Ames des canons

les

souverains sont aux portes de les voit crier

mort prochaine du monarque, inspire

ombres des

et

qu'en

que ceux-ci eux-mêmes sont

aux Malgaches une terreur

n'y ont porté le feu, ni la cognée; et

esl-il

mort, des ombres choisies sont

la

autour de

feux de leurs torches lugubres. Ce sont sans doute

Ambondrombe

sont braquées; les

fontaine, portant l'âme de leur cruche pleine de l'âme de L'eau.

raconte aussi que lorsque

les

mis

d'ombre, chacune garde ses habitudes passées

ombre de palanquin; aux Ames des

prochain par

I

des rizières à certaines époques de l'année. Toujours

«

tant

jours de revue l'ombre de son mousquet; l'ombre du général

envoyées d'Ambondrombe au-devant d'eux; on

de

avec distinction

ruine des ombres de ses clients; l'ombre de l'esclave y porte l'ombre de son maître

servantes reviennent de

On

traité

couronne.

bataillons d'ombres, au son de l'ombre d'un

«

leur condition.

meurent.

ans que dure une

pour

en

première année,

seigneur d'Ambondrombe

les trois

militaire prépare

sur une

et

Voilà pourquoi les Malgaches tiennent

rocher, dans la région du nuage qui «

et

des bœufs tués à leur enterrement.

à leurs funérailles.

ensuite A

<(

s

les A

introduire les

et

un privilège qui, de droit, n'appartient qu'aux grands chefs

est

assuré d'être reçu

esl

La montagne d'Ambondrombe

tiers

recevoir

ont voulu honorer. Ainsi, quiconque se présente aux portes d'Ambondrombe, suivi de

qu'ils

l'Ame d'un

du nuage qui couvre le sommet du

réside au centre

distribuer dans leurs quartiers respectifs, selon leur caste

Avoir des bœufs tués à son enterrement

la

ombres

envoie des officiers aux quatre points cardinaux, p

il

et les

I

religieuse.

les

capitale et annoncer le deuil

la

feux follets courant au-dessus

les

voyant

terrifiés

Sa forêt

le

peuple croit au présage

par ces feux.

est sacrée;

jamais

les

personne n'oserait pénétrer dans ses épais fourrés. On

indigènes

dit

que ses

arbres parlent cl peuvent donner la mort «

Autrefois cependant,

Ambondrombe

si

en traversant

l'on en croit la légende, la

forci et

réussit à

un jeune

mener

à

homme

bonne

fin sa

consulter son père sur une affaire 1res embrouillée, dont dépendait

grandes difficultés

et

de grandes

l'alignes,

il

eut

le

le

courage de se rendre

téméraire entreprise. sort

arriva enfin à l'enceinte sacrée.

A

11

à

voulait

de sa famille. Après de peine

a-l-il

39

l'ail

quelques


VOYAGE A MADAGASCAR.

306

pas, que des voix se font entendre froide couvre ses

décliner son

Oui va Ià>

«

et ses titres

— Quel est ton — Avance donc, car rouge de figure.

<

répond

il

tête, et

une sueur

et

se hâte de

moi!

C'est

«

:

»

il

il

qui joue au fanorona (sorte de jeu de

au pied de ce grand arbre qui ombrage

On

Ses cheveux se dressent sur sa

«

le voici

là-bas,

»

Que viens-tu faire ici? — Je viens consulter mon père sur une est court de taille père? Comment est-il fait? — C'est un tel,

de noblesse.

importante.

affaire très cl

nom

:

membres; mais domptant son émotion,

place de son quartier.

la

ajoute qu'après avoir consulté son père,

jeune

le

homme

dames ou de

trictrac)

»

reprit le

même chemin pour revenir

sans

On

peut

encombre, mais non sans peur, au milieu des vivants. «

Lorsqu'une guerre

même

alors voir le

est

sur

le

mouvement

point d'éclater, la forêt, dit-on enfin, s'illumine toutes les nuits.

prépare à porter secours aux vivants et fourbit ses armes «

dans

et l'animation qui régnent

royaume des ombres

le

chaque tribu

:

se

ou s'exerce au combat.

Les âmes des morts ne sont pas tellement attachées à leur séjour d'Ambondrombe, qu'elles ne voya-

gent quelquefois

et

ne retournent

commun

visiter les vivants qui les

évoquent.

Madagascar que leurs apparitions vraies ou imaginaires!

«

Quoi de plus

<(

Les Malgaches distinguent à ce propos deux sortes d'apparitions ou visites faites par leurs morts,

à

au même, de l'âme toute seule;

l'une de l'ombre, ou, ce qui revient

Chacun de ces deux genres de apportent à rable;

la

visite

conduite que tiennent les morts.

S'ils

oppressent ou obsèdent les vivants,

s'ils les

et

en

os.

et l'on reconnaît ce qu'elles

parlent et se conduisent en amis, l'augure est favo-

sont mélancoliques, ne proférant point de paroles,

s'ils

du spectre en chair

l'autre,

peut apporter bonheur ou malheur;

et

semant

le

désordre sous leurs pas,

s'ils

suivent clans les rues et à la campagne, ce sont des artisans

de malheur, des malfaiteurs ou des sorciers. «

Autant

seconde

et

;

est désirable, d'après les

éviter l'autre.

nom

Malgaches,

la

première espèce d'apparition, autant

Avant de draper

le

mort dans ses lamba, chaque membre de

de tous, dépose donc une pièce d'argent dans

lèvres et lui délier

la

la

bouche du défunt;

langue, lors de ses apparitions futures. Ce seul

coutume malgache, dont

l'erreur des écrivains qui ont assimilé la

il

fait

Madagascar du Styx,

«

la

ni de la

barque à Caron, tandis que tout

le

ou l'un d'eux au

coutume analogue

n'entendit jamais parler à

tient

au contraire à ouvrir

la

ses parents défunts lors de leurs apparitions.

Ce résultat s'obtient presque infailliblement, dit-on, si que

la famille,

indique assez déjà quelle est

effet

monde

l'on

accompagne la pièce

bouche du défunt, d'une tabatière garnie de bon tabac qu'on place

cela

la

cette pièce doit lui ouvrir les

s'agit ici, à la

pratiquée par les anciens aux funérailles de leurs morts. Personne en

bouche de

craindre

est à

dès l'ensevelissement des morts, chacun prend ses précautions pour se procurer l'une et

le

parent mort

ait

eu l'habitude du tabac pendant sa

précautions prises, on attend

vie.

d'argent, déposée dans

à côté de lui;

mais

Or quel Malgache ne

apparitions avec l'assurance la plus complète, souvent

les

faut pour

il

l'a

pas? Ces

même

avec

impatience. «

Pour quelques-uns

elles

commencent

au bout d'une année, quelquefois plus «

Au

place

dire des Malgaches, les parents

oit

jadis

ils

coupe commune,

On

pour d'autres seulement

d'autres fois plus tard.

morts viennent s'entretenir avec leurs enfants, qui reposent à

ont eux-mêmes pris leur repos;

choses dans leur ancienne case. à la

à avoir lieu dès le jour des funérailles,

tôt,

les voit

ils

montent à

manger l'âme du

l'étage,

riz

ou

redescendent

celle

et

la

inspectent toutes

du miel qui leur

est servi, boire

etc., etc.

Comment avoir des doutes sur la réalité de ces apparitions, puisqu'on retrouve alors pendant la nuit les mêmes personnes avec lesquelles on fut autrefois en rapport. C'est leur voix, leur figure, leur démarche, rien n'est changé à leurs traits et à leurs mœurs bien connus. leurs manières, leurs habitudes <«

:

Parfois ces chères ombres demandent un objet qui leur manque, un chapeau neuf, un lamba, une tabatière;

on se hâte d'apporter « «

l'objet

réclamé au tombeau du défunt, et le lendemain son ombre vient remercier.

Les maris reviennent consoler leurs épouses Si elles enfantent

dans

fidèles, et

leur veuvage, serait-ce

ne

les laissent

douze ans après

la

veuves que de nom.

mort de leur mari,

la loi,

fondée sur


DE TANANARIVE A FIANARANTSOA. la foi

en ces apparitions singulières, admet reniant au partage de

enfant peut être privilégié,

du vivant de leur

on pourra

et

le

de consolant.

père.

Ils

aiment à se

procurer

les

et

Une mère, par exemple, inconsolable de

«

couche, à l'heure où tout

l'ail

possèdent certains secrets pour cela. ce que ses enfants ne sont plus, se lèvera doucement de sa

silence dans la nature, et les appellera de sa voix la plus tendre. Puis dou-

cement, dans sa case, à l'angle appelé angle de

ombres, ainsi qu'une coupe pleine d'eau pure; conduit à l'étage,

du

prière, elle servira

la

effet,

sement «

la

le

ou du miel

à ses chères

montant

l'escalier qui

cl.

à paraître, elle verra leurs silhouettes se

ne larderont point

cloison opposée, elle pourra les contempler avec amour, durant lout

départ, elle aura

riz

placera une lampe à côté,

elle

accroupira, les yeux attachés sur son offrande.

elle s'y

Les chères ombres, en

«

le

fortune du mort; bien plus, cet

la

choisir pour chef de la famille, au détriment des frères nés

Les apparitions de ce premier gerire sont, aux yeux des Malgaches, des événements qui n'ont rien que

«

la

307

bonheur de

les

entendre de leurs voix d'enfants

le

temps de leur repas,

saluer en

la

dessiner sur

au

cl

adressant respect ueu-

lui

formule habituelle du remerciement.

Nous venons de

parler des apparitions consolantes

nom de récréatives; nous On sait que rien n'égale

d'autres qu'on désignerait mieux smis

est

n'en dirons qu'un seul mot. la

(i

Dans un passé encore bien

comme nous

en

il

;

passion des Malgaches pour les combats de taureaux, de chiens ou de coqs.

récent, les souverains

cl

riches possédaient

le-,

entretenons en Europe des chevaux de course

animaux pour les nourrir, les dresser

cl les

;

cl ils

conduire au combat.

<

ici

des animaux de combat,

avaient des escla\ es au sen >r,

il

ici'

parfois que des

est arrivé

ont été réveillés en sursaut, par les cris tumultueux d'une foule d'ombres, qui se donnaient

A

temps d'une de ces joules.

la

laveur d'une vive lumière on apercevait distinctement dans

de ces

\

illages

le

passe-

la pi ai ni'

des

ombres de taureaux, qu'entouraient des ombres de spectateurs; des esclaves chargés de dresser leurs bêles, les poussaient l'une contre l'autre, les encourageaient par

un coup d'éclat, s'apitoyaient sur gnaient «

les plaies

d'usage, les applaudissaient après

après leur défaite; leurs mains caressaient

elles

le

vainqueur,

cl

><>i-

du vaincu.

L'Européen qui

ces lignes sourira peut-être d'un sourire d'incrédulité,

lira

Nous axons

rêves ou d'hallucination. «

le cri

Ce que nous devons cependant

et

certifier, c'est

que

témoins de qui nous tenons ces

les

sérieusement. Tous affirmaient avoir vu de leurs yeux, entendu de leurs oreilles, parole du témoignage

des faits publics, et

«les

ils

habitants de leur village qui Ions avaient

s'étonnaient

traitera ces récits de

premiers éprouvé ces sentiments.

les

forl

de nous voir en douter

\

a el

el

entendu

et

ils

faits parlaient

appuyaient leur

comme

eux

;

c'étaient

ne pas prendre au sérieux leurs

étranges récits. «

Voici d'ailleurs un

«

Le grand conquérant de Madagascar, Andrianampoinimérina, venait de passer de

l'ail

analogue,

el

bien plus célèbre

moins, durant l'espace d'un an environ, on le

passé.

Au

signal

qu'on appelle

garde

les

du couvre-feu, alors que

rues de

lui portait les

un mot de blâme à

la

capitale,

armes, lorsqu'il

il

le vit

la

circula lion esl interdite

ronde

occurrences

à

à

coup dans

le

labyrinthe de casse-cou,

l'enceinte intérieure

du

cl le

mérite.

Il

entrait ensuite la

palais.

La

à celui-ci,

dans ses appartements

garde quintuplée aux portes,

el

consigne sévère de ne laisser en lier personne. «

le

dans

Néan-

comme par

son ordinaire, donnant un mol déluge

privés, et y faisait paraître des signes sensibles de sa présence, malgré la

vie à trépas.

continuer, dit-on, de loul régler à sa cour,

se montrai) tout

faisait sa

celui-là, suivant les

:

D'autres commandaient lejour,

il

régnait

la nuit, cl

prenait à plaisir

jour. Dix mille vétérans, qui se sonl succédé dans la garde

de ces

laits, el

du

le

contre-pied désordres donnés

palais, se portent

comme

les

témoins

assurent avoir mille preuves de leur réalité objective.

«

Un mot

«

Nous avons

encore, pour dit

que

finir,

sur les apparitions désagréables el les

les visiteurs

moyens de

s'en débarrasser.

de mauvais augure se connaissaient à leur silence obstiné, au

désordre qu'ils mettaient partout sur leur passage, à leurs obsessions insupportables, etc.


VOYAGE A MADAGASCAR.

308

Ces signes une

«

obtenus,

fois

n'y a pas lieu

il

de douter,

l'on doit

et

aussitôt songer à mettre

en

l'ombre

fuite

malheur;

de

d'abord

par

moyens simples

les

ordinaires,

et

ensuite par

les plus redoutables.

en

se peut

II

ci

que ce

effet

un parent qui

soit

vient avertir ainsi quel-

qu'un

des

siens

d'un

danger imminent auquel ne

celui-ci

Le

songe pas. d'un coq

sacrifice

dont

on

tète,

suffira

jurer

le

offrira la

lui

pour con-

péril

et

faire

cesser l'apparition,

Le fantôme

«

molester

à

l-il

son,

persistela

mai-

faut s'armer de

il

haricots et de tout pedébris de pots

tits

cas-

dès que l'ombre

sés, et

reparait,

la

harceler

sans relâche avec cette

de

mitraille

espèce. sûr,

pas

parent,

jours

et

obstiné esl un paient, c'est un signe manifeste qu'il élait sorcier.

se

garde de rendre son déshonneur public,

il

tient

Investi d'une pareille mission, celui-ci va trouver

juge convenable. Le mpsikidy de

la

lui

le

mpsikidy,

coq, un

mouton ou même un bœuf, »

le sacrifice doil

Rainimanana me donnait bien d'autres

du

s'offrir

le

1er leur

En

aura entièresi

visiteur désagréable

pareil cas,

un honnête Malgache

que ce

les

membres

les plus dis-

qu'il faut.

met au courantde

el le

sorcier.

Que

au plus

détails encore sur les

ancêtres. Toutes ces croyances seraient trop longues à relater

voyer

elle

cinq

l'affaire,

autant

déclare alors quelle victime doit être immolée pour sauver

famille poursuivi sans relâche par l'ombre

conjuré.

l'ombre d'un qu'avant

le

secrètement conseil avec

crets de la famille, et désigne avec eux le plus capable de ne dire

membre

être

ment disparu. Mais

TYPES TANALA.

qu'il le

peut

pourvu que ce ne

soit

«

On

nouvelle

tôt.

la

Le mauvais

soit sera ainsi

coutumes bizarres des ombres de

ici, et

je

le

victime désignée soit un

ses

ne puis mieux faire que de ren-

soucieux de s'instruire des idées religieuses des peuples madécasses à l'ouvrage remar-

quable du P. Abinal.


DE TANANARIVE A FIANARANTSOA. Les Tanala, qui se trouvent non loin

309

et

d'ici

qui sont par conséquent voisins des Belsileo, en diffèrent

cependant quelque peu au point de vue

ethnique. Leurs caractères anthropologiques se

rapprochent beaucoup plus des Bctsimisaraka, d'une manière très logique

dans

doit les faire rentrer

on

et très naturelle,

grande

la

et

famille des

tribus de l'Est de Madagascar, dont le Betsimi-

saraka

est le type.

Beaucoup plus que

Belsileo.

le

Tanala présente certains caractères africains

le

comme

Bctsimisaraka,

le

a

il

lèvres épaisses, le nez écrasé, et laineux.

pus

dans

tribu

celte

Pas

duelles.

Quoiqu'il en

Madagascar,

que

les

on peut trouver

soit,

beaucoup

plus

cheveux cré-

les

el

:

leinl noir, les

le

de variétés indiviautres

les

de

tribus

Tanala n'onl pu échapper aux in-

fluences de voisinage; les métis sonl par consé-

quent très nombreux, Tanala

cl les autres

alliances entre les

les

et

tribus de

l'île,

les Belsileo

principalement, ont altéré chez beaucoup d'individus

que

type primitif;

le

il

n'en esl pas moins vrai

trouver souvent les vrais caractères

l'on peul

de cctle tribu.

Parmi toutes les

les

Tanala forment un

ressants à particulier

connaître. :

peuplades de Madagascar,

Leur pays

ce sonl les

tribu des Tanala esl

peuple

petit

hommes

en

îles [tins inté-

esl

de

à

tout

l'ail

La

forêt.

la

confinée entre

effel

la

parlie méridionale du plateau central, à l'Ouest,

habitée

par les Belsileo,

el

la

zone

habitée par les Betsimisaraka

l'Est,

Antaimoro du Nord; au Sud, ne va pas plus loin que

le

le

littorale, el

les

à

tribus

pays des Tanala TYPE

Mananara; au Nord,

T \N

V

\

pas de limites précises: dans celle parlie,

il

n'a

le

pays des Tanala, très peu large,

prement

dite;

il

resserré entre l'Imerina

esl

semble cependant atteindre

les

contins du

el

la

province

«les

pays bezanozano.

tribu des Tanala doit se placer à côté des Betsimisaraka, par conséquent dans

La

Betsimisaraka pro-

le

groupe des popu-

lations de la côte orientale de Madagascar. Si tous leurs usages, leurs habitudes, leurs celles des Betsimisaraka,

coutumes, sont absolument analogues à

moins acquis au contact des peuplades

leurs voisins de l'Est,

belsileo, leurs voisins de l'Ouest,

mœurs, ils

leurs

on! néan-

certaines coutumes dont

la

plus apparente esl sans contredil leur système d'architecture.

On Lux

raconte beaucoup de légendes sur ces Tanala. que les Antimerina

aussi sonl traités de èabakoto, el les tribus

gache

comme

du plateau

el les

Belsileo connaissent peu.

central aimenl à donner ce lémurien mal-

ancêtre aux Tanala.

Voici la traduction française d'une de ces légendes tanala que je donne d'après

m'a été fourni par Bainimanana. D'après

Antimerina se trouvent dans

les

texte antimerina qui

Tanala seraient des chais sauvages, dangereux pour les lorsque sont dans leurs forêts, mais au contraire inoffensifs

lui, les

hérissons (les Antimerina) lorsque ces Tanala les

le

pays dénudés

et

campent sur

les

massifs rocheux de l'Arindrano.


VOYAGE A MADAGASCAR.

310

LE HÉRISSON ET LE CUAT SAUVAGE.

Un

hérisson et un chai sauvage avaient, dit-on, échangé

chez nous, l'ami

»,

chat sauvage. —

dit le

serment du sang.

le

rendirent et

Ils s'y

quand

gros os qu'une poule avait dérobé et qu'ils mangèrent tous deux. hérisson dit à son tour

«

:

Ami, partons maintenant

compagnon dans

hérisson ne conduisit pas son

«

Allons nous réjouir

furent arrivés

Lorsqu'ils furent rassasiés, le

au chat sauvage

cria

tomba sur

Voici quelqu'un, l'ami!

«

:

pieu qui lui traversa

le

mes parents

invité

« J'ai

tout

».

Tous

les

s'adressant à tous, leur cria les

Oh!

«

:

museaux

les

Ne me

«

:

mais sur cette pierre plate là-bas,

quand

tuez pas

mangé

les

le

os de leur parent!

»

il

Quand

tout fut achevé,

le

aplatis qui ont mangé' les os de leur parent! :

«

Tuons-le à l'instant, car

leur dit

il

nous

:

le

hérisson, »

— Tous

a ensorcelés!

»

messieurs, car je ne pourrais être tué en cet endroit,

ici,

— Les chats sauvages acceptèrent, mais

».

hérisson pénétra dans une fente de la roche

salua les chats sauvages

il

bois pointu, après

convenable de manger seuls

n'est pas

il

je pourrais l'être facilement

furent fous arrivés au lieu indiqué,

ils

hors d'atteinte, et de nouveau ont

de viande, car

chats sauvages se mirent en colère et s'écrièrent

— Le hérisson leur dit alors

Le chat sauvage

pour leur expliquer son présent

et

remercièrent et mangèrent.

le

»

ventre et mourut. Le hérisson lui coupa alors une cuisse qu'il

le

et voici votre part

chats sauvages

le

— Le chat sauvage sauta du haut de l'arbre,

»

compagnons du mort,

porta à d'autres chats sauvages,

mais

mais dans un verger de citronniers.

sa maison,

Nous y sommes, dit-il à ce dernier, il y a des fruits, monte sur cet arbre et mange. grimpa sur un citronnier, le hérisson planta alors au pied de l'arbre un morceau de il

ils

Ils s'éloignèrent,

».

«

quoi

trouvèrent un

ils

chez nous

et allons

ert

leur disant

Oh!

«

:

et se

museaux

les

trouva

aplatis! qui

Les chats sauvages, honteux, s'en retournèrent chez eux.

Ces indigènes, réunis en agglomérations peu importantes, demeurent dans des maisons en bois analogues à celles que nous voyons dans défrichent cependant

autour de

le

Betsileo;

vivent surtout de chasse et de pèche;

ils

espaces, dans

leurs villages quelques

cipalement, qui produisent des graines et des légumes en quantité

ils

fonds des vallées prin-

les

suffisante

pour leur alimenta-

tion.

C'est J'ai

dans cette tribu forestière que

vu quelques adultes dont

la

l'on rencontre le plus d'individus

hauteur totale ne dépassait pas

1

m.

15.

de petite

taille

observations faites par mes prédécesseurs à Madagascar qui ont pu donner naissance à

Kimos, ces peuples nains qui habitaient sur les centres

gascar, à

ma

Lors de dans

le

inconnus.

la

A

arbres et

les

à la

(

Sud

légende des

ce sujet de peuples nains, je m'empresse de dire qu'il n'en existe pas à Mada-

connaissance du moins.

conquête du Betsileo par Radama

I

er ,

et

de l'établissement de

la

domination antimerina

sud du plateau central, beaucoup d'indigènes conquis, mais non soumis aux vainqueurs, quit-

l'est

surtout dans

la

du Tanala, qui

province d'Arindrano que se recrutèrent avec

domination antimerina.

qu'ils découvrirent

La

la

que certains voyageurs aiment à placer dans

tèrent leur pays et se réfugièrent dans l'Est, dans les forêts lable.

à Madagascar.

Peut-être sont-ce de semblables

Ils se

au milieu de

rendirent

la forêt ils

partie habitée d'Ikongo forme

une

nombreux chez

vinrent fonder

vallée

les

un

asile invio-

Tanala, et dans une vallée profonde

d'Ikongo.

la ville

ou un bassin long

est d'environ GO kilomètres et de 23 à 30 kilomètres à

leur offraient

plus de facilité ces insoumis

le

et

peu près de

étroit,

dont l'étendue du Nord au

l'Est à l'Ouest.

Elle est enfermée de tous côtés par une suite de collines élevées qui font partie, à l'Est et à l'Ouest, du

système général des montagnes de Madagascar. Les monts en forme d'aiguillons à l'extrémité

îles

si

moins élevés au Nord

et

au Sud s'élèvent

plus longues chaînes de montagnes.

De tous côtés, s'étend une immense el magnifique ment épaisse qu'elle est presque impénétrable. Les voyager à Madagascar) sont

les

étroits et couverts

forêt, vaste,

roules ou

en

telle

majestueuse

et

imposante, mais

plutôt les sentiers (seuls

abondance de

telle-

moyens pour

petits arbrisseaux et autres

plantes touffues, qu'il est impossible à deux personnes d'y marcher de front.

La

difficulté

de voyager


DE TANANARIVE A FIANARANTSOA. est

encore augmentée par

toujours dans

même

la

rière bien difficile,

A

rempart

nature ardue du terrain, par les troncs d'arbres renversés que l'on laisse

la

position

sont tombés,

ils

pour ne pas dire impossible,

l'Est, la forêt est

large d'environ dix-huit heures de marche, de sorte qu'elle forme pour Ikongo un

une protection toute naturelle.

et

repoussés,

et,

siège devant Ikongo, mais

le

pour cette raison. Ikongo

est

le

devenue

rapport du commerce,

gens des provinces voisines.

Il

il

n'y a

que

peu

fort

île

impre-

où vont s'enfermer ceux qui

l'asile

transactions entre les populations tanala ci

pour

aller s'approvisionner

ces forèls seraient

les

marchés

voisins.

11

du

maxima. Les planches

mon

les

et

marchands

d'il les

eux-mêmes par conséquent n'aiment pas n'y a

une des plus grandes richesses de Madagascar

façon intelligente. Je donne, d'après trouve aux environs

sur

cl

la

insistant principalement en toiles et

indiennes, cotonnades, quincaillerie, mais les Tanala ne voient pas toujours d'un bon

la

comme

gouvernement de Tananarive.

commerce

y aurait bien un certain

antimerina qui s'aventurent sur leurs territoires, leurs forêts

toujours été

ont

Antimerina pour un motif quelconque. La tribu des Tanala vient donc grossir encore

les

déjà longue des provinces malgaches insoumises au

Sous

ils

qui est sur les confins du Betsileo, peut être considérée

et celte ville tanala,

nable par les Antimerina,

craignent

Lien qu'ils forment, dans certains cas. une bar-

si

à franchir.

Plusieurs fois, les Antimerina sont venus mettre

liste

311

aucune

si

industrie,

elles étaient

el

de

à sortir

«•(pendant

exploitées d'une

journal de voyageur, les principales essences forestières que

je

d'Amboasary. Les hauteurs données sont presque toutes des hauteurs

village

hache ont une longueur

faites à la

une épaisseur variable- au gré de

el

largeur ne peut varier que dans des limites beaucoup plus étroites selon

le

l'artisan,

diamètre exploitable de

l'arbre considéré.

On trouve dans les forèls tanala de fort beaux me montre mon guide sont les suivantes

que

arbres, les essences forestière- sont 1res variées, celles

:

Lalona.

— Grand arbre,

30 mètres de haut, bois rouge, lourd, dur, peut

bois de construction, pirogues;

Voamboana.

Grand arbre, 30 mètres de haut, buis rouge.

bois de construction Itotro.

el

des planches de

in.

80.

1res Awv. assez lourd, pourrit assez vile.

m. 80.

d'ébénisterie, planches de

Grand arbre,

l'aire

lalonavavy sert à faire du charbon.

le

18 mètres de hauteur, bois rougefttre, résistée

la

pourriture, planches de

m. 30.

Varongy.

13

mètres de haut, bois jaune, assez léger,

vite pourri,

planches de o m. 30. bois de con-

struction.

Tsitsihina.

8 mètres de haut, bois jaunâtre, assez lourd, dur. résiste à

struction, planches de

Vintanina.

m.

Ambora.

— 30 mètres de

Vandrika.

ches de

les palais,

Om.

Zahana.

i

m.

20.

haut, bois jaune veiné, bois dur

presque imputrescible,

el

m.

des cercueil-, ébénisterie, planches de

mètres de haut, bois jaune, dur

et

sert

à l'aire

des

60.

assez lourd, vite pourri, bois de construction, plan-

10.

3 mètres de haut, reflets bleuâtres, lourd

ches de sagaies

el d'outils,

planches de

m.

el

struction, filanjana, planches de

Lambinana. Valanirana

— (

et

dur,

|

ourrit vite, bois de construction,

man-

08.

— 2 mèlres de haut, bois jaune, dur Hajondrano. — 20 mètres de haut, bois jaune,

Famelona.

assez lourd,

dur

et

manches de sagaies

lourd, pourrit

el d'outils.

peu facilement, fois de con-

ni. 20.

18 mètres de haut, bois blanc, tendre et assez lourd, pièces de charpentes.

Voavarana, Betsi).

bois mauvais, planches de

Leliambo.

putréfaction, bois de con-

10 mètres de haut, bois jaunâtre, léger, vite pourri, bois de construction, ébéniste rie,

odeur agréable, planches de

bardeaux pour

la

20.

m.

30 mètres de hauteur, bois blanc léger, résiste peu à

25.

— 2 m. 30 de haut, bois blanc, dur

el

lourd,

manches de sagaies

et d'outils.

la

pourriture,


VOYAGE A MADAGASCAR.

312

— 10 mètres de haut, bois violacé, dur et lourd, bois de construction, de charpente. — assez lourd, pourrit assez vite, bois de con28 mètres de hauteur, bois rougeâtre, dur Hetatra. Haîombaio.

et

m.

struction, planches de

Hajobongo (Nato,

30.

Betsi). — 6 mètres de

hauteur, bois rouge, dur

lourd, l'écorce sert à la teinture

et

en rouge, manches de sagaies et d'outils.

— 6 mètres de haut, bois blanc,

Masehizano ou Masaizano.

— G mètres de haut, bois jaunâtre, léger

Voalava.

léger

tendre, mauvais bois.

et

tendre, odeur empyreumatique, sec, on en fait de

et

grandes pirogues. Harjonloha.

fliaka.

— 2 mètres de haut,

bois rougeâtre, dur et lourd,

1S mètres de haut, bois jaunâtre, dur

m.

planches de

manches de sagaies

et d'outils.

assez lourd, pourrit vite, bois de construction,

el

25.

Ambovitsika. — 1G mètres de haut, bois blanc, léger Bajonovy. — Arbuste. lovoka, — 2 mètres de haut, bois jaune, sert aux ody. Voara. — 10 mètres de haut, bois blanc, tendre

et

tendre, se pourrit vile, mauvais bois.

et

très léger,

boucliers,

tambours, ne

plats,

se

fend pas.

— 12 mètres de haut, bois blanc, léger et tendre, bois — mètres de haut, bois jaunâtre, assez lourd dur.

de charpente.

Voatauovaralra.

Valopangady. Maroiravina.

et

\

Arbuste, feuilles épineuses.

Hajon-dreana. Arbuste.

— Arbuste, sert aux ody. foudre. Tsilai-baratra. — Arbuste ody, contre syphilis tertiaire. Andraisoa [Kimboiboy en Betsi). — Arbuste, feuilles employées contre bois lourd, ne se pourrit pas Finga. — 20 mètres de hauteur, bois jaunâtre, veiné, dur Tsilailra.

la

la

vite,

et

m.

struction, planches de

A

celle liste

40.

que

déjà longue des essences de bois

L'arbre du voyageur, qui, en

le ravenala.

forestière orientale, est

ici

très

commun.

effet, à

l'on trouve

en est de

Il

quittant

revoir, et

le village

nous arrivons

même

betsileo,

da moins dans

les forêts tanala,

le

traversant celte

même

manière moins absolue cependant que

zone forestière orien-

(pie là

nous ne devons plus

en pays betsileo, dans

celle de l'Imerina.

Autour des

on peut voir dans des enclos assez bien entretenus

manguiers, caféiers, citronniers, goyaviers, bananiers; à côté de ces arbres à

siers,

disséminés dans voandelaka,

lilas

la

campagne

el

principalement groupés sur

de l'erse (Melia Azederach

');

le

dans l'Ouest

et

dans

dodonexfolia), et

arbuste

le

le

les

:

le

pêchers, bibas-

fruits,

hauts sommets, des arbustes

et

on trouve, tels

que

qui sert de bois à brûler (Ficus Baronï);

le

le

tsiafakomby arbuste épineux que nous avons déjà rencontré ,

Nord, sappan de Bourbon Csesalpinia sappan);

le

dingadingana, arbuste (Psiadia

dingadingambasaha, autre arbuste (Juslicia gendarussa): Yamberana (Urera amberana),

à feuilles urticantes, très

employé pour

les clôtures, ainsi

que

le

roingiry;Yampaly (Ficus

ccoides), dont les feuilles sont employées par les indigènes en guise de papier de verre;

dont

villages

zahamborozano, jambose ou jam-rosa (Jambosa-Eugenia);

Vamontana, qui atteint quelquefois 8 mètres de hauteur seva, arbuste (Beddleia Madagascmiensls); le

faut ajouter

des fougères arborescentes des vakoa, des

au village d'Antandrokazo. Nous sommes revenus

cette partie,

me

il

végétal caractéristique de la zone

d'Amboasary, nous faisons nos adieux aux Tanala,

vite

cette zone dénudée, d'une

dans

Madagascar, est

bambous que nous avons déjà rencontrés plus au nord, en tale, à notre départ de Tamatave et de Mananara.

En

de con-

bois dur sert à faire des

manches

d'outils

le

soro-

zahana, arbre

ou de sagaies (Phyllarlhron bojerianum);

le

hasina

(Dracxna anguslifolia), arbuste, que l'on suppose aimé des Vazimba, est employé par les Betsileo

pour fabriquer des instruments de musique;

^.

Ce

lilas

le

tainakoho, arbuste à fleurs jaunes, en betsileo sannlry

de Perse ainsi qu'une variété d'eucalyptus sont des arbres importés récemment à Madagascar.


DE TANANARIVE A FIANARANTSOA. (Cassia Isevigata);

grandes fleurs

le

falahidambo {Dichroslachys lenuifolia);

grande espèce (Hibiscus

roibevavy, la

le

donl l'écorce rugueuse sert aux enfants à

et

arbuste à piquants qui donne de

roibe,

des frondes

l'aire

diversifolius), et le roimainty

313

espèce d'hibiscus

[Rubus fructicosus

servent à

comme

une boisson

l'aire

Cependant nous

celle

le

donl

.

'

rappelle assez bien nos framboises de France;

du thé (Aphloia iheseformis

le

mûr

fruit

le

fandramanana ou voafotsy, arbuste dont

:

les feuilles

.

maintenanl au milieu de mai. La température se maintient toujours fraîche, principalement pendanl les heures qui précèdent le lever du soleil; mais les pluies fines, les brouillards voici

ont cessé complètemenl

pas de temps

à

perdre

nous sommes entrés tout à

;

je hâte de tout

el

mon pouvoir

patientes recherches, nous trouvonsà Fianarantsoa tent à

nous suivre dans

Sud

le

convoi. Bien entendu, dans

el

saison sèche des Betsileo.

la

nos préparatifs de voyage vers

dan-

et

vont se dire Betsileo

ils

Nous n'avons

Sud.

hommes

environs quelques

les

le

qui, ajoutés à nos fidèles de Tananarive, vont former

Sud

le

dans

l'ait

le

A

force de

qui consen-

noyau de notre

ne faul pas que dans les tribus insoumises que nous allons traverser on nous voie accompagnés d'Antimerina. Cette compagnie pourrait compro-

mettre totalement

le

aux tribus rebelles

succès de notre entreprise,

chez, lesquelles

quelques excursions chez

les

dan- tous

les cas.

fort

probablement consentiront

à

le

commandeur de

dan-

mal

fort

sa

jeunesse

qui veut bien voyager avec nous.

il

le

l'ail

nous suivre. Le- avis de Rainimanana

Ambohimandroso nous trouvons un esclave betsileo Rainizanaka, c'est son nom, a été l'aire du commerce chez le- Bara; de celle tribu, en parle

a

sur ses conseils nous allons dans l'extrême Sud-Betsileo, chercher

cl

sonl bons, car à

toire

nous recommanderait

nous allons passer. .Noire ami Rainimanana

Bara,

de ses anciens compagnons, qui

et,

il

:

dialecte,

noire caravane,

i-

cl

non- sera certainement

trouve rapidemenl

compléter noire convoi. Je suis heureux d'avoir terminé en dehors des Malgache- proprement dits, un créole de

le- h,

connaît un peu

fort

mimes qui nous

le

recrute

la

Réunion

ni

-,|

du

terri-

sonl nécessaires pour

de notre persoi Mitra

i

le

Rainizanaka, qui doit être

utile.

1.

Nous avons,

un natif

el

-le

Sainte-

Marie, Barthélemj Louai, qui s'occupe plus spécialement de nos armes, de no-

,,,-lr mts et des col—j'avais jugé que la santé de notre fidèle Jean Botonelui permettait pas de s accompagner dan- le Sud, et, à son grand regret, j'avais «lu le laisser à Tananarive un commandeur indigène, Rainizanaka, avec 32 homme-, 16 porteurs de bagages el 16 porteurs de filanjana. Comme <m voit, j'avais renoncé aux bêtes de s ne, qui ne pouvaient pas non- être d'un grand

lections d'histoire naturelle '

;

service,

el

j'avais

conservé

comme

yen de

malgache, qui restera, quoi qu'on en péenne n'y aura pas Notre personne] kirobo par jour

gascar, el

élail

el

était

néa

complet

homme

lins

el

c'était

le

matériel,

longtemps pour de interdisait

le

la

grande

plus important; je

problème

telles

Ce

.

acceptable, vu les circonstances

fie,

le

pavais

et les ,

pays

car

il

difficiles élail

qu'une nation euro-

fort

cher,

il

que nous

esl vrai,

un

pour Mada-

allions traverser,

expressément stipulé, avec nos

pavés en argent coupé à Fianarantsoa.

si

Maislre

el

moi

du voyage.

élail

moins

expéditions,

et

difficile à

résoudre.

d'un autre côté

le

Nous

étions d'ailleurs équipés depuis

nombre de nos porteurs de bagages nous

absolument toutes proi isious superflues. Nous n'avions donc que

quantité suffisante.

tant

salaire, relativement 1res élevé

marché, convention

salaires leur seraient

le

sous de notre monnaie

(2o

n'étions pas morts, tués en cours

Four

iode,le filanjana, cette chaise à porteurs

ci

dise, l'unique véhicule de

surtout les termes de notre fanekena

porteurs, que leurs

cl

construire des voies de communication.

l'ail

par

tion, rapide

loc

Nous n'avions en somme trouvé dans

seule difficulté, mais elle élail aussi grande qu'imprévue.

les préparatifs

Lu

le strict

nécessaire, mais en

de notre voyage du Sud qu'une

dans

les provinces méridionales que nous nous proposions d'explorer, l'argent ne passait plus sous aucune forme. Tandis que toutes les autres tribus que nous avons rencontrées jusqu'à ce jour admettaient au moins la pièce de cinq francs, entière elle!,

ou fractionnée en petits morceaux:

les tribus méridionales, qui vivent à Madagascar dans un isolement presque complet, ne connaissent aucun métal précieux, exigenl pour leur transaction des perles, de la verroterie, en un mol des marchandises d'échange. Nous étions fort embarrassés, d'abord parce que nous n'avions aucune idée des objets qu'il nous fallait emporter, el ensuite à cause du poids fort lourd (pie

40


VOYAGE A MADAGASCAR.

314 cela

nous obligeait à traîner avec nous. Dans

seepurs, et nous n'avons eu qu'à nous louer dans

Madagascar, qui

même

contredit village

donner

comme

connu pour

mesure de suffise

riz

de ses indications. Dans

la

le

Sud

;

détaillée

les

el

l'aile

l'ut

les tribus

des étoiles de cotonnade

marebandise d'échange

la

d'un grand

et

du sud de

d'indienne,

plus appréciée

est

sans

faisons donc une certaine provision sur lemarclié d'Ambalavao,

cela dans tout le S.ud-Betsileo et réputé

une nomenclature

ici

Nous en

perle de verroterie.

sons provision pour

me

la suite

autrefois dans tout l'Ouest, abstraction

maintenant ont cours un peu partout, la

Rainizanaka nous

celte circonstance,

pour ses

odij

ou talismans. Je ne veux pas

une description minutieuse des différentes perles dont nous

modes changent

,

cl

avec

tint»

perle dans

le

fai-

goût du jour on obtiendra une

chez des Bara, alors qu'avec deux perles démodées on n'en aurait pas une poignée. Qu'il

de dire que ces perles de verroterie, de fabrication allemande, sont très répandues dans tout

le

sud de Madagascar. Elles se divisent en deux types principaux. Les unes sont de petites perles spbériques blanches, bleues, rouges, noires, toujours opaques. Les petites perles bleues, qui ont environ 5 milli-

mètres de diamètre, s'obtiennent aisément chez

les

marchands du

Betsileo à raison de 18 sous le 100, et

avec quatre d'entre elles on rachète une poule dans toutes les tribus

forme cylindrique

:

elles sont

beaucoup plus grosses que

facette plane, tantôt tordus sur leur

grand

axe.

les perles

j'achèterais chez les Bara et chez les

Antaisaka un bœuf de

qui représente une valeur réelle à un

moment donné chez

de

sphériques; les cylindres sont tantôt à

me

procurer à Ambalavao pour

-2

fr.

50,

fort belle taille. Mais, je le répète, telle perle

certaines tribus du Sud, peut la perdre complè-

Donc, pour l'achat des perles de verroterie, on ne saurait trop s'entourer

et récents. En plus de nos perles de verroterie et toujours sur commandeur Rainizanaka, nous augmentons notre pacotille d'échange de petits

de renseignements minidieux exacts conseils de notre

est

Avec une perle cylindrique à facette de 10 centimètres

de long sur 2 d'épaisseur, de couleur rougeâtre, que je peux

tement quelques mois plus tard.

du Sud. L'autre type de perles

roirs ronds, d'aiguilles, de couteaux, de pinces à effiler, de quelques

coupons

d'étoffe. J'ai

môme

les

mi-

au fond

d'une malle deux petites boites à musique qui viennent de France, et qui, chez ces peuplades sauvages, atteindront, je n'en doute pas, une grande valeur.

Maintenant tous nos préparatifs sont terminés. Nous présentons nos adieux à M. et,

le

docteur Besson,

munis de souhaits de réussite des deux ou trois Européens qui habitent Fianaranlsoa, nous quittons

la capitale

des Betsileo

le

samedi 24 mai

18'JO.

ÎSC3 *

Il

A.NDANA.


NI

I

i

MAISON

RE

DANS

L

HOHOMBE

CHAPITRE Départ de Fianarantsoa.

\1

— Ambohimandroso.

Kabarj des Borizana. -. Les monts dénudés du Betsileo. Massifs d'Ankaramena. Vallée Tsimandao. - Les sauterelles Sur le territoire bara. Madagascar. Dans la brousse.- Le plateau des Lamboany. Les mpanjaka bara. Le roi de Zazafotsy devient notre ami.- Au village d'Ambararata. Ihosy. Au village d'Antanambao. Chez les Bara. Sur le plateau de l'Horombe. Sur les rives du Lalana. - Attaque des Bara. \ illage de Betroky. Ivahona. de l'Andingitra

el

chaîne des Lohatrafo.

Village

«

1

;

1 1

.

i

-

D

ans presque Ions les pays du monde, lorsqu'on

commence un

grand voyage avec un personnel nombreux, dès

la

première heure loul

Nous voyons, par règle s'applique

n

le

rare que

temps

prêl en

le soil

esl

il

el lieu.

ce qui nous arrive aujourd'hui, que cette

bien à Madagascar.

liï's

S'il

était

besoin de

preuves, nous en aurions ce malin une confirmation éclatante. lies les

faire acte

premières heures du jour, quelques zélés sonl venus de présence, mais

heures

1()

hommes que

<ln

malin. Selon

aillent à

les

charge sur

gros de

le

el

alors...

d'entre

leurs familles

eux

l'oint

FRERE

n'esl

in:

HOI

DAMBARARATA.

besoin de

me demandent

charges,

poser

trouve, bien

le

bambou de

il

faul en passer

à aller faire

par

là.

leurs adieux à

ou à prendre dans leur case quelques objets indispen-

nous partirions ce malin,

raisonner avec ces

lie les

on ne pari pas. Oh! je suis Lien

sables qu'ils oui oubliés. Voilà huit LE

)n

vérifie les cordelettes,

poids exagérés, se décide enfin à

les épaules,

(

les

d'impartialité possible. Puis, cha-

|>lns

habitué à celle façon d'agir des porteurs;

Beaucoup

troupe ne vient qu'à

la

habitude bien malgache,

empaqueter noire matériel.

je distribue avec

cun soupèse son paquet, entendu,

le i

et

jours qu'ils sont prévenus que

leurs dispositions

nègres. Je sais qu'ils poursuivent

ne sont pas prises.

un but

obtenir qui lque avance sur leur salaire du voyage. Si cette avance était forle,

il

est

:

ils

veulent

bien entendu


VOYAGE A MADAGASCAR.

316

que

je

no los reverraîs plus, et n'ayant pas et surtout je

donc quelque argent,

me

force pour moi,

la

propose

d'aller très

me

il

employer

faut

lentement au débui de

Betsileo méridional, contrée relativement très sûre. Je ne m'engagerai sur je

devrai à chacun de

ce

moment

me

ils

jusqu'à Ihosy,

Après 1

les

mes porteurs une somme

suivront partout, j'en

assez importante.

quasi-certitude;

ai la

dernier poste antimerina dans

le

ne

il

mon voyage dans

connais

Malgaches, dès

les

maintenant que de

s'agit

le

bara que lorsque

le territoire

Comme je

Je leur donne

amuser

les

Sud-Betsileo.

le

kabary d'usage, et de nouvelles répartitions des charges, nous parlons enfin pour

le

Sud

à

heure de l'après-midi.

Nous suivons

la

route que nous avons prise

il

y a quelques jours

pour

nous faisons halle au village d'Ambalafeta. Le dimanche 25 mai, nous marchons trois heures pour nous rendre

plaine de

comme

village, construit,

un important

C'est la

la ruse.

Mananantanana. On compte

Ambohimandroso environ 150

ne verrons plus que de pauvres villages betsileo, dont

mœurs

et les

coutumes

Ambohimandroso. mamelon assez élevé

à

sur un

la règle,

cases; c'est

qui domine

donc une agglomé-

reste que nous allons trouver sur notre route jusqu'à Ihosy. Nous

dernière du

ration assez importante, la

à

c'est

Vers S heures,

aller à Ifandana.

habitants ont conservé plus qu'ailleurs

les

les

de leurs pères.

Le jour suivant, nous restons encore à Ambohimandroso; nos hommes ont de nouveau des adieux à ils réclament faire à certains de leurs compatriotes, et, sur les observations des porteurs de bagages

toujours, c'est la règle,

me

il

Heureusement

qui sont déjà bien légères.

hommes

de bonne volonté;

de plusieurs ballots de

mes

porteurs,

ils

je

à

Ambohimandroso,

trouve à

même

s'engagent au

Ce jour perdu

sel.

et, faisant

faut prendre des porteurs supplémentaires

que

prix

pour diminuer le

les autres, et je dois

Ambohimandroso

mes

favorise

appel à une patience rare, je partirai quand

ils

charges,

les

pays de Rainizanaka, des

augmenter

les

projets, je laisse

charges

donc

faire

voudront.

Le 27 mai, de très bonne heure, nous sommes heureusement surpris de trouver tous nos hommes réunis à la porte de la case que le R. P. Fabre, chargé de la mission catholique d'Ambohimandroso,

Nos porteurs, qui viennent prendre leurs charges, ont presque tous acheté des sagaies pour se défendre contre les nombreux fahavalo qui, disent-ils, infestent les bouteilles de rhum le pays. Nous augurons bien de ces achats, qui valent certainement mieux que avait mise fort gracieusement à notre disposition.

dont se sont munis certains hommes. Nous partons à8 heures et demie, après avoir recommandé à nos hommes de rester groupés et de ne pas s'éloigner trop de nos filanjana. Nous prenons notre ordre de habituel, ordre que nous ne quitterons plus durant cette

marche

deux hommes en lesquels nous avons

Mitra, les

ment de et

surveiller les guides

moi formons

;

le

puis derrière eux, à

l'arrière-garde et veillons à ce

campagne du Sud. En

plus de confiance

la file

qu'aucun

et

tète,

Douai

et

qui seront chargés éventuelle-

indienne, tous nos porteurs de bagages. Maistre

homme

ne reste en arrière de

la

troupe.

D'une manière générale notre vitesse de marche pendant cette campagne du Sud, du moins à l'aller de Fianaranlsoa à Fort-Dauphin, est assez réduite. Nous ne cheminons plus en effet dans une contrée

comme

parfaitement connue,

dans

la

ment

définis. Ici tout

et

dans notre voyage à travers l'Imerina, ou mal déterminée,

il

est vrai,

comme

traversée de Mananara à Majunga, mais présentant cependant quelques points de repaire nette-

au contraire, après Ihosy, nous serons sur des

nous marcherons vers

tout quel sera le point

le

Sud jusqu'à

la

mer

si

les

terminus que nous atteindrons.

pas marcher à l'aventure,

et

nous serons sûrs d'arriver,

il

circonstances nous favorisent. Je ne sais pas du Il

est

donc de toute nécessité, pour nous, de ne

faut

nous la

relier

constamment par

fixés

par

inconnus,

la

le

(pie

l'arrière, c'est-à-dire vers le

comme

point de départ les deux derniers

P. Roblel, dans sa triangulation récente du plateau central. D'ores

nous avons pu arriver à ce résultat

triangulation du P.

Nord, avec

province des Betsileo. Pour satisfaire ce desideratum, nous avons

dû relever notre route par cheminements successifs, en prenant

heureux de dire

complètement inconnus,

puisque nous n'avons pas devant nous des points nettement déterminés où

un point de départ connu qui sera

sommets

territoires

et

réunir, à

cl

déjà je suis

travers 500 kilomètres de pays

Roblel au village de Fort-Dauphin. Sans aucun doute, malgré nos


CHEZ LES BARA.

317

instruments assez précis et notre bonne volonté, malgré les circonstances qui nous ont constamment favorisés, nous n'avons pas la prétention d'avoir fait œuvre parfaite, mais nous avons fait cependant

un tracé géographique de notre

du Sud assez exael

itinéraire

et assez précis pour répondre complèproposer tout missionnaire scientifique qui traverse des pays inconnus. A ce tracé géographique et comme contrôle, sont venues s'adjoindre des observations astronomiques, lati-

tement au but

(pie doit se

tudes par des circumméridiennes prises

le plus souvent possible; j'ajouterai enfin que les distances ont chaque étape, depuis notre départ de Fianarantsoa jusqu'au retour dans celle ville, par un podomètre convenablement réglé. J'ai hàle de reconnaître que seul je n'aurais jamais pu faire

été calculées entre

toutes ces observations

la

:

conduite de

la

caravane

mes

observations d'histoire naturelle prenaient tous

me

mes

causait trop de soucis,

instants. C'est

mon compagnon

qui s'occupait plus spécialement des observations topographiques. Pendant

les

collections

et

mes

de voyage Maistre

trois

mois qu'uni duré

mon

noire voyage du Sud.

ami, gravissant tous les sommets de quelque importance que nous rencontrions sur noire mule, s'en écartant même souvent de plusieurs kilomètres, l'ail plus de 150 tours d'horizon ;i

avec

soil

À

le

théodolite à boussole (marine N° 60 ,soil avec

boussole Kater modèle de l'état-major russe

la

.

nombreux indigènes nous accompagnent jusqu'aux dernières plupart, «les femmes quj viennent dire adieu à nos porteurs, leurs

notre sortie d'Ambohimandroso, de

maisons de maris.

II

ce sont, pour

la ville;

est étonnant de

la

remarquer

Madagascar combien

à

les

porteurs de filanjana ou de bagages ont

de femmes; ces épouses, légitimes ou non, se trouvent dans chaque village d'habitude. Rainizanaka m'explique que pour eux c'est fort

Tandis

utile.

sont assurés de trouver, dans n'importe quel village où les amèneront tureuses,

bon

bon souper,

gîte,

autres que l'Imerina, comprennent une aotable proporti

presque tous

porteurs sont des esclaves. C'est

les

proportion des esclaves

est la

les

et autres choses encore. C'est évidem

quer que tous les porteurs, en général, qui se trouvent dan-

aussi,

le

<p\r

[es

borizana traversent

qu'ils font leur

rude métier

ils

hasards de leurs courses aven-

ni très

pratique.

Sud comme dans

Il

est

à

remar-

toutes les provinces

l'hommes libres. Dans l'Imerina, au contraire dans l'Ankova, que d'une manière absolue la

plus forte; faible ailleurs, elle devient

presque, nulle dans les territoires

insoumis.

En esl

quittant

Ambohimandroso, nous entrons dans

la

grande plaine de Mananantanana. Celle plaine

en grande partie inculte, couverte de hautes herbes, vero {Andropogon hirlns),horona

sionis).

On remarque cependant autour

rizières,

mêmes

des piaulai ions de canne à sucre, de manioc

que

variétés

La plaine

esl

j'ai

el

sur

le ciel

;

les

Au

sud. c'est

le

ma— if

enfin, loin

dan-

pic

d'Andraintonga, terminé par un cône

de l'Ivohibe, I'

-I.

le-

le

somme! pointu du Vohi-

grandes roche- arides des

leurs formes bizarres.

Nous avons vu dans nos voyages précédents,

et

principalement dans l'Imerina

teau central, de nombreuses montagnes ou collines élevées. Ces hauts

toujours sous la

[ristidaq/tscen-

quelques champs d'ambrer ades des

de pal a les. Les arbres sont très rare-. Ce -uni

au nord-ouest l'Isomahy, l'énorme

surmonté d'un tombeau, l'Ansahaviro

Manampy découpent

el

et

signalées aux environs de Fianarantsoa.

entourée de montagnes élevées.

de grande; au nord tafia,

des va la disséminés çà

même forme invariable.

Ils

el

dans

le

sommets du nord

nord du plase présentent

sont constitués par de puissantes assises rocheuses recou-

couche rougeâtre le plus souvent un maigre gazon revêt leurs lianes aux pentes douées. Très rarement des émergences rocheuses apparaissent au sommet, quelques blocsde roches primitives sont accrochés à leurs flancs. Nulle part on ne voit d'arêtes vives; l'argile, résultat de la décomvertes d'une épaisse

;

position pendant de longs siècles des roches sous-jacentes, a

comblé toutes les anfractuosités. De loin en loin, l'œil ne découvre sur ces croupes arrondies que de petits ravins creusés dans l'argile par les eaux sauvages. En somme, dans les provinces du nord, dans les plaines comme sur les sommets, l'argile rougeâtre recouvre

la

roche fondamentale. Dans

Là en

le

sud au contraire, on observe

le

plus souvent une dis-

comme ailleurs un sol argileux, les sommets, les montagnes comme les collines, les mamelons comme les monticules, sont d'énormes masses rocheuses. Comme nous l'avons vu à Ifandana, comme nous le voyons aux Manampy, position toute différente.

effet,

tandis que les plaines

el

les vallées offrent


VOYAGE

318

comme nous la vallée

le

verrons plus lard sur noire roule du Sud jusqu'aux monts Béampingaratra qui enserrent

d'Ambolo, tous

entre

Au

sommets du nord

milieu de

plaine

la

le

plus souvent massives, déchirées, bizarre-

les

anfractuosités fréquentes. Cette différence

hauts sommets sont des roches,

et les

sommets du sud

impies,

vraiment frappante à Madagascar.

esl

du Mananantanana nous traversons un

un marais qui

celle rivière; puis

faisons

les

les arêtes sont vives, les parois al

ment contournées; les

MADAGASCAR.

A

takatra.

et. de herana. Nous y Nous croisons de nombreux

hommes

portent des paquets suivant

disparaît sous une végétation épaisse de barârata

une chasse fructueuse de vorompotsy [Ardea

de

bubulçu's) et

indigènes, qui nous souhaitent en.passant un heureux voyage. Ces

système que je n'avais pas encore vu employer jusqu'à ce jour à Madagascar.

un

dos un grand panier, sorte de hotte, maintenu sur draingilra et par les assises inférieures des

dans

pour déjeuner. Ce

effel

sur

le

Manampy.

hameau de 25 cases environ

polit

ont en

parles premiers contreforts de l'An-

l'ouesl

Manambolo, où nous nous arrêtons

se trouve construit le petit village de

Sur ces derniers contreforts

Ils

épaules par des lanières de cuir.

les

plaine devient plus étroite, resserrée qu'elle esl

La

de son confluent avec

petit ruisseau près

esl

A

entouré d'une épaisse haie de cactus.

côté des

cases qui sont encore en terre, on remarque plusieurs greniers à riz; ce sont de petites constructions cylindriques faites en bois

et

en torchis

recouvertes d'un

et

même nom. En

moyenne. Ce cours d'eau

se dirige vers

le

nord,

peu de distance

et à

petite rivière

du

large sur iO centimètres de profondeur

Manambolo mesure 10 mètres de

cet endroit, le

de chaume. Lorsque nous reprenons

toit

Manambolo. nous traversons à gué une

notre roule après avoir quitté le village de

d'ici

il

va se jeter dans

Mananan-

le

tanana.

A

du Manambolo,

l'ouest

à gravir les

senlier que

le

nord

qui percent l'argile

et

la

du Valotsilondroina;

devient mauvais,

il

en maints endroits,

et

nous

il

nous

sitondroina, à

De

150 mètres d'altitude.

1

Mananantanana

la direction

contourner

faut

commence

et

générale de ces col-

bon dans cette plaine qui environne

faufiler entre des bloc-;

plus souvent ne laissent entreeux que d'étroits passages.

le

plaine du

sud. Jusqu'à présent le chemin a été assez

et

Ambohimandroso, mais maintenant qui

Manampy

premiers contreforts des

lines rocheuses est

nous suivons quille

les

émergences rocheuses

énormes de gneiss

et

de granité,,

Nous arrivons enfin au sommet du

Yalol-

de ce point culminant où nous nous sommes arrêtés

l'autre côté

quelques instants pour nos observations, s'étend un plateau légèrement ondulé couvert de cultures d'ambrevades.

Il

trouve aussi des

s'y

champs d'ompembe

(flolcus sorgho),

que

je n'avais pas encore vus

jusqu'à ce jour à Madagascar.

Le sorgho, presque inconnu sur

commun

dans

le

Sud

el

dans

le

plateau central

fermé par

les

la

zone des brousses, vers ;

le

le

nord

vers

des blocs de quartz; ces montagnes, très hautes soutenant

de

l'Est

la

grande

île,

est

au contraire assez

1res loin vers l'ouest,

vue peut s'étendre

la

hauts sommets du Sud-Betsileo

et les Belsileo et

dans

les territoires sakalava.

Tandis que de l'endroit où nous sommes, naissons sans peine

el

vers

l'es!

midi, ce sont de hautes

le

montagnes où

vaste, est scintillent

1res déchiquetées, barrières naturelles entre les

et

plateau central vers

et

où nous recon-

l'horizon, beaucoup moins

sud, forment

le

le

massif de l'Andraingitra

et la

Bara

chaîne

des Lohatrafo.

A

heures et demie, nous faisons halle à Andranovoronloha. C'est un misérable village, qui compte

4

18 maisons, plus malpropres les unes que les autres. L'enceinte de cactus qui environne aussi de pare à bœufs, et

dous bloquent dans vons pas

la

le

case «pie nous avons choisie,

mont

ce pauvre endroit

du jour, nous tentons une Ifaha. qui se trouve

non

la

ils

Ces animaux

sont d'humeur belliqueuse, nous ne pou-

journée du 28 mai en lèle-à-lè(e avec nos bœufs. Vers

sortie vigoureuse,

loin d'ici et dont, le

couronnée de succès

sommet

sera

d'ailleurs,

pour

aller gravir

Aux

dans

herbes à celle époque de l'année, afin qu'à

la

le le

pour nous une bonne station topogra-

alentours du village, L'immense majorité des terres est inculte. Les Bctsileo mettent

phique. les

comme

et

le village.

village sert

sortir.

Nous passons donc dans milieu

troupeau, qui vient de revenir du pâturage, a envahi

le

prochaine saison des pluies

elles

le l'en

repoussent plus


I

l



CHEZ LES BARA. tendres

et

environ

1

plus vivaces, pour servir à

la

321

nourriture de leurs troupeaux de bœufs. Le

810 mètres d'altitude, est isolé au milieu de ce plateau. Son sommet

rochers à pic de tous côtés,

Le jeudi

-29

nous sommes obligés de rester

la

pour prendre nos observations peu d'instants après nous traversons

et

contrée où nous sommes, qui appartient encore à

qui est très voisine de la zone des brousses, apparaissent devant nous de termite à Madagascar, vitsikazo, est absolument confiné dans

la

tous les territoires sakalava. Maintenant que nous sortons à peine

A

sud.

le

Madagascar,

termites se

les

la

zone dénudée, mais

nombreux

nids de termites. Le

zone des brousses ou sur

autres territoires qui touchent de très près cette zone; c'est dire que

vers

Ifaha, qui a

à leurs pieds

mai, nous quittons dès l'aube Andranovoronloha,

de Targay. Dans

le village

et

mont

formé de deux immenses

est

notamment du

il

esl

les parties

des

commun

sur

très

nous en trouvons déjà construisent des nids coniques, répandus en grand nombre Betsileo,

dans toutes ces campagnes argileuses. Ces cônes atteignent en moyenne 00 centimètres de hauteur sur 50 de diamètre inférieur.

Dans toutes

contrées où se trouve

les

le

termite existent en plus ou moins grand

gnies de pintades sauvages, akanga [Numida milrata).

Dans

le Vintalala.

comme

ensuite près

cette partie de la roule, la roche est à nu. plus loin l'argile

toujours de grandes herbes de vero

et

de horona. Çà

encore ce sont des arbres. Avant

petits buissons, plus loin

brousses. Ces arbres isolés et qui

commencent

à couvrir

Cythère ou Evi (Spondias Cylherœa), et des nonoka fleurs jaunes, de songosongo Ici

Nous passons

nous arrivons à un

[Euphorbia splendida

col, et à partir

d'Ankaramena. Au sommet du

col, à

sur la vallée du Tsimandao

sur

et

lonnée de nombreux ruisseaux dont

1

la

\

la fin la

rouge réapparaît, couverte

commencent

et

nombre des compad'une montagne c'esl

à sortir

des herbes de

du jour nous entrerons dans

plaine sont

Fiais malien).

îles

surtout des takoa, arbre de

y a aussi

11

zone

la

beaucoup d'euphorbes

à

.

de ce point nous allons descendre brusquement jusqu'au

310 mètres d'altitude,

s

avons une

plaine d'Ankaramena. Le pays

très belle

change d'aspect,

\

illage

vue vers l'Ouest la

plaine est

sil-

bords -eut couverts d'une belle végétation formant des lignes de verdure qui vont se perdre loin dans l'Ouest. On remarque surtout beaucoup de petits arbustes qui ont

îles feuilles

Xerophyla

De ce

comme

les

nos pins d'Europe; ce sonl des espèces de hosana (Xerophyta pectinata et

sessiliflora).

col, le

Tsimandao semble venir du nord, puis

du village d'Ankaramena.

partir

à

vers l'ouest et passe près d'un autre village betsileo, Mai'aitra; ensuite

nord-ouest.

Nous sommes descendus dans

la

d'Ankaramena.

vallée

d'argile

rouge couverte partout de hautes herbes

quefois

si

à

il

il

se dirige

prend une direction générale

S1U mètres d'altitude. Le sol est

les arbres isolés sonl en

grand nombre. De distance en distance on aperçoit, semblables à des petites huttes, d'énormes nids de termites. Ces nids sont quel-

A midi,

rapprochés que

l'on croirait se

;

trouver en présence d'un village en miniature.

nous passons à Vohibola. Une pierre levée

d'un arbre au feuillage arrêter. Al'ouest

du

('pais,

village,

esl à l'entrée

de ce village; non loin de

un groupe de femmes travaillant à

nous traversons à gué

le

piler

Tsimandao. Cette

du

riz.

là, à

l'ombre

Nous passons sans nous

rivière, large

d'une vingtaine de

mètres, n'a pas à celle époque de l'année plus de 30 centimètres de profondeur; elle coule sur un sable blanc auquel des paillettes de mica donnent çà et village

lit

de

des reflets métalliques. Puis nous arrivons au

d'Ankaramena, où nous nous arrêtons vingt-quatre heures.

Ankaramena est la seule agglomération importante que nous ayons rencontrée depuis notre départ d'Ambohimandroso. Elle compte environ 60 cases, construites presque toutes sur le même modèle. Sur une charpente en bois sont appliquées des cloisons de bararata tressé ou des claies de vero. Ankaramena.

comme

presque tous

les villages betsileo, est

enfermé dans une enceinte de cactus de plus de 50 mètres

d'épaisseur, absolument impénétrable par conséquent; on accède au village par

ménagé dans

l'enceinte

tions, générales à

et

coupé par quatre portes que

Madasgascar,

se retrouvent plus

l'on

ferme chaque

ou moins partout;

dans les villages des Antimerina construits récemment. Par contre, la plaine; celte disposition, contraire à celle

elles

soir.

un couloir sinueux

Ces mesures de précau-

ne manquent totalement que

le village

que nous avons vue partout sur

d'Ankaramena le

est bâti

dans

plateau central, chez les 41


VOYAGE A MADAGASCAR.

:\±i

VILLAGE d'aNKARAMENA. PILEUSES

Al

comme

Belsileo

DE

RIZ.

(l)EsMN

D'A.

chez les Anlimerina, se rencontrent dans tous

PARIS,

GRAVÉ PAR BEBG.}

les territoires

insoumis.

Ankaramena

encore divisé en quatre villages distincts par des haies intérieures de cactus. Les bœufs, qui sont

nombreux, ont une enceinte réservée

;

ils

beaucoup de poules

et

le

nord

(8 piastres environ,

quelques moutons, mais pas de porcs. On

A

côté de presque toutes les cases

40 francs).

voit

du

culière faite

et

semblables à ceux des Betsimisaraka. Les habitants

Belsileo, mais très éloignés du centre de la province,

ils

que

les

village,

de bararata ou de grands roseaux, se trouvent des greniers à

au-dessus du sol

riz,

Il

y a dans le village

Anlimerina n'ont pas

dans une enceinte

les

cheveux tressés

31 mai,

Le samedi mètre à

la

savamment

disposés,

le

pays présente

le

même

Ce sont toujours de grandes herbes

encore,

Une s'il

fois

en

dAnkaramena

était

nous traversons un sol esl

femmes. C'est la vallée

rétrécit à

la vieille

hommes

besoin, que cl

le

le

l'on s'avance vers l'ouest;

kilo-

comme

29 mai à partir du col de Vintanala.

des sakoa, sur lesquels voltigent d'innombrables petites perruches

me

prouver

déboisement complet du plateau central, de toutes ces contrées

relativement des plus fertiles de Madagascar, n'est pas un

petit

portent

coutume malgache.

du Tsimandao, large de plus d'un

mesure que

aspect que celui traversé

cl

sont encore des

ont gardé presque intactes les coutumes de

de plus, l'aspect de ce pays desséché et cependant couvert d'arbres vient

riches en eaux vives

Le

les

nous continuons notre route dans

hauteur d'Ankaramena, mais qui se

végétation

vertes.

comme

parti-

élevés de 2 mètres environ

leurs pères. C'est ainsi que, contrairement à ce que nous avons vu à Fianaranlsoa, les cl

ici très

constituent d'ailleurs la principale richesse des indigènes, et dans

ces contrées se vendent plus cher que dans

encore pénétré dans ces régions.

esl

ruisseau qui se jette dans

le

fait

naturel.

A

Tsimandao, dont nous côtoyons presque

couvert de petits cailloux de quartz aux arêtes vives

et

si

9 heures, les rives.

tranchantes, mais tous nos porteurs

ont des kapa, sandales indigènes, qui préservent leurs pieds des coupures dangereuses.

Un immense


CHEZ LES BARA.

AL

remonte vers

vol de sauterelles qui

le

VILLAOE D ANK.VU.VMl.N

323

V.

nord vienl nous envelopper;

hauteur, et s'étend sur une largeur de plusieurs kilomètres.

il

mesure

Nous voyons

le

trois

ou quatre mètres de

long de

route quelques

la

indigènes qui s'occupenl à défendre leurs rizières contre ces terribles adversaires. Leurs efforts ne sont

pas toujours couronnés de succès. Malgré les foyers qu'ils entretiennent ettjui

criquets dévastateurs, poussés par

la

les cris qu'ils

répandenl dans

poussent

et

les

branches d'arbres

des nuages d'une fumée acre

l'air

le sol.

elles

Presque tous

forment

même un

Nous arrivons au

sommes

ici à la

les

Malgaches mangent

mets

les sauterelles

tion et

dans

sans répugnance. Cuites

mais

dans l'enceinte

femmes

et

estomacs

à l'eau et frites,

village de Mafaitra et les sauterelles passent encore au-dessus de nos

limite de la province des Betsileo

la plaine,

il

esl

se

breux cada\ res étendus

très apprécié.

:

Mafaitra

est

en

effel le

qui soit habité par des indigènes de celle tribu; plus petit qu'Ankaramena, taine de cases,

agitent,

épaisse, les

masse des autres insectes qui volent derrière eux, ne peuvenl

détourner. Los indigènes se vengent en mettant dans des sacs de roseaux de n

sur

<|u'ils et

absolument analogue au

enceinte de cactus identique

les greniers à riz, et le

parc

;

à

village

lèles.

Nous

dernier village de noire route il

ne compte qu'uni' quaran-

que nous avons quitté ce malin.

Même

situa-

couloir sinueux, les quatre portes,

nous y retrouvons le bœufs. A noire arrivée, toute

la

population,

hommes,

enfants, se bourre de sauterelles que l'on vient de prendre. Ces indigènes doivent avoir des fort

robustes pour digérer celle quantité d'acridiens.

Les sauterelles de Madagascar, valala Capilo), sont très

communes dans

la

comme

grande

île

disent el

les

indigènes

i

Pachytylus migratorioïdes, variété

ne se trouvent généralement, que dans

la

zone des

brousses, au Nord, à l'Ouest et au Sud du plateau central. Leurs migrations assez fréquentes ne semblent pas suivre des règles lixes; c'est à l'époque de

la

ponte, m'affirment quelques indigènes, que ces


VOYAGE

324

voyages en niasses sont

le

plus fréquents. Les

A.

MADAGASCAR. des criquets ne semblent pas différer à Mada-

mœurs

acridiens. gascar de ce qu'ils sont ailleurs, je ne m'étendrai donc pas davantage sur le compte de ces je vois comme voici J'ai dit que presque tous les Malgaches mangeaient ces criquets migrateurs;

les

préparer à Mafaitra.

Les valala, sauterelles, sont mises dans une grande marmite avec une

Après

très petite quantité d'eau.

BETSILEO D ANKARAMENA.

avoir fermé hermétiquement le vaisseau de terre, on cuits à l'éluvée. et

On

le

voulu essayer de goûter j'ai

le feu, et les

étend ensuite les sauterelles sur une natte que

séchées, elles peuvent se conserver très longtemps.

je crois,

place sur

à ce

mets indigène,

et

Pour

les

l'on

insectes sont longuement

expose au

manger, on

soleil.

Ainsi préparées

les fait griller

ou

frire. J'ai

malgré une répugnance que tout Européen éprouverait,

goûté à deux ou trois valala ainsi préparés. La vérité m'oblige à dire que ces insectes,

débarrassés, selon la coutume, de leurs pattes

et île

leurs ailes, ne sont pas trop mauvais;

dans cet aliment un arrière-goût de noisette pas trop désagréable; mais, je dégustation, aimant mieux donner

arrêté dans cette

à

Rainizanaka

la

le

confesse, je

il

y a

me

pleine assiette qu'il

même

suis vite

m'avait

apportée.

Nous passons de

le dire.

par suite

En

le

reste de la journée à recueillir quelques provisions, toutes différentes, je

Pendant deux ou

trois

journées de marche environ, nous ne rencontrerons pas de villages,

nous ne pourrons pas nous

entrant sur

le territoire

m'empresse et

ravitailler.

bara existe donc ce que j'avais constaté toutes les fois que

j'étais

passé

d'un territoire soumis au gouvernement anlimerina dans une tribu rebelle. Je veux parler d'un espace "t

assez grand, sorte de zone frontière

où on ne rencontre pas de

existe en effet toujours entre les possessions anlimerina et

villages. Celle sorte

les territoires

de territoire tampon

insoumis. C'est un terrain


CHEZ LES BARA. favori des fahavalo ils

;

de toute agglomération,

loin

ils

peuvent de suite tenter un coup de main sur

mité; en cas de revers au contraire,

insoumis;

les territoires

325

ne craignent pas

les villages

les

gêneurs.

En cas de bonne fortune,

soumis aux Anlimerina

qui sont à proxi-

et

n'ont que peu de distance à franchir pour se mettre à l'abri dans

ils

savent d'ailleurs que dans les tribus rebelles, chez les Bara,

ils

comme

chez

les

Sakalava, un ennemi des Anlimerina, serait-ce un vulgaire pillard, sera toujours bien reçu pourvu qu'il

son industrie que contre

n'exerce sujets

les

Amboalambo,

ou leurs amis.

Le dimanche 1" nous quittons

juin, ayant fait trois journées de vivres,

de Mafaitra et laissant

le village

du Tsimandao, nous entrons dans un

Vallée

leurs

Au

vers l'ouest.

petit vallon dirigé

point précis où nous l'avons quitté,

mandao change de nom, affluent de

droite la

à

et devient le

Ranomaitso, principal

gauche du Mangoky. Après avoir trayersé un du Tsimandao, par 820 mètres

ruisseau, affluent

Tsi-

le

pelil

d'altitude,

nous entrons dans une grande plaine limitée au sud par des collines peu élevées et à l'ouest par la chaîne et le massif

du

Lamboany;

et, à

esl

limitée par

une chaîne de montagnes parlant d'Ankaramena

el

environ

mont Vohidrosa,

le

semble bornerai! nord

la vallée

L'aspect général du pays et là trés

des sakoa.

dans

la

la

d'Ankaramena

remarquable qui nous a

pic

le

même, partout du

Nous

mètres

niveau

traversons

d'un

passons au village ce village

ueroj çà

définitivement en-

el

COIFFURE DETSILEO D AHKAIUMEM». le

de

des

descendre pour nuit- voir transportés du

fallait

grandes plaines du sud, niveau que nous venons d'atteindre

un

Sabanona, puis

le

plateau

longue déclivité

dernière marche qu'il nous

était la

aujourd'hui.

île

du Tsimandao.

journée d'hier. La rapide

Belsileo au

de

esl

Nous sommes maintenant

plateau des

milieu

nord, elle

zone des brousses; nous avons quille

Central dans

taines

le

point de repère pendant nus précédentes étapes,

de

servi

kilomètres dans

nord-ouest. Celle chaîne', à laquelle

se dirigeant vers le

appartient

i'j

rocher qui ressemble

à

la

Mandazaka. agglomération

de

passe un petit cours d'eau qui va dans

branches un bouquet de longues

végétation, des fandrana en grand

nombre puis des

nia jambolana), des hafotra (Abulilon ils

se font des vêlements.

mince

lalona

t

pagnes decorces préparées; ce n'est qu'en arrivant dans cotonnades

et.

rejoindre

le

Sabanona. Sur

pelil ruisseau s'épanouit

une belle

si

le

les

répandu à Madagascar, commence à sud, plus nous verrons

le

lamba,

le

et

aux

environs de Fort-Dauphin que nous

ver-

faire place

aux nattes tressées

indiennes réapparaître. Après nous être arrêtés quelques heures au milieu

Lamboany; au sommet, par 1230 mètres ment aride. L'herbe qui le recouvrait a deux jours à traverser

est

fahavalo et des voleurs de bœufs. Notre

considéré par les indigènes

Au

et droite, portant à l'extrémité des

du jour nous reprenons noire route au sud-ouest. Nous commençons de suite

allons mettre

nous

Dans ces contrées relativement éloignées de tous centres commer-

qu'une exceplion, et plus nous avancerons vers

toiles,

à quelques cen-

angulatum), arbres précieux pour les indigènes, car de leur écorce

vêtement malgache par excellence, disparaître peu à peu pour

rons les

el,

Weininannia Bojeriana), des voira (Eugc-

ciaux, l'usage des lamba et des chemises de toile et colonnade, n'être plus ici

l'Ouest

Le long de ce

feuilles filiformes.

affluents

aujourd'hui de ses habitants.

abandonnée

ses rives croissent des fandrana (espèces de pindanus) à tige

préparée

petits

ses

croupe de quelque animal gigantesque,

comme

d'altitude,

à gravir la chaîne

des

nous découvrons devant nous un plateau complète-

été brûlée par les indigènes. Cette contrée désolée

absolument inhabitée,

elle n'est

que nous

fréquentée que par quelques

commandeur Rainizanaka nous assure que ce plateau désert est

territoire neutre entre les

Bara

et les Betsileo,

il

assure que

le

gou-


VOYAGE A MADAGASCAR.

326

verneur antimerina d'Ihosy a depuis quelques années donné des ordres pour que tous les voyageurs armés qui traverseraient ces solitudes donnent la chasse et attaquent sans provocation aucune tous les

Bara

qu'ils rencontreraient et qui

ne seraient pas conduits par un Antimerina.

mon commandeur que

J'eus bien soin de répondre à

les

me

ordres antimerina

absolument

laissaient

indifférent et que les indigènes, Bara ou Antimerina, que nous rencontrerions devaient être absolument respectés; du reste j'assurais à tout mon monde que, à l'occasion, je saurais faire exécuter les ordres

donnés. L'on m'avait raconté à Fianarantsoa et ailleurs

le sort

Sud; cela ne m'étonne nullement, maintenant que je vois

le

malheureux de plusieurs expéditions dans

les dispositions

que prennent

Antimerina

les

contre les indigènes insoumis, et les dispositions qu'ont dû prendre, sans en rien changer, presque tous les explorateurs, mes prédécesseurs, qui se faisaient passer et à justes raisons dans ces contrées du sud

pour

les

amis

admirateurs des Antimerina. Cette façon d'agir

et les

"•ens qui voulaient traverser et

demander

pas très logique pour des

n'était

mais l'exemple

l'hospitalité à des tribus insoumises,

dieu du

est conta-

jour.

l' Antimerina est le Sur ce plateau des Lamboany, plus un arbre, plus un arbuste. Par contre, les émergences rocheuses sont très fréquentes; chose rare à Madagascar, le terrain est caillouteux, ses pierres sont pour la plupart des quartzites aux angles vifs. Cependant la contrée était peuplée autrefois, nous y voyons des

gieux, et à Madagascar,

restes d'un ancien village,

Ambalamaty. Dans

l'après-midi,

nous nous arrêtons pour camper sur

bords

les

d'un ruisseau, l'Akazomsidika, affluent du Menarahaka.

Dimanche 1" juin.

— Celte nuit a été fraîche et humide, et quelque temps avant

le

du

lever

soleil

nous

avons dû tous nous réunir autour des feux que nos porteurs n'avaient cessé d'entretenir pendant la village de nuit entière. Trois heures après notre départ des bords de l'Akazomsidika, nous passons au Zazafotsy. Il

en plaine

est construit

moyen de

claies

comme les

de bararata appliquées sur une charpente en bois.

Zazafotsy, qui compte cinq ou six

trouve près de

agglomérations précédentes. Les cases sont également faites au

porte lors de notre passage, nous invite à entrer voir

la

nous sommes chez

Ici

les Bara.

cases environ, possède dix à douze habitants; l'un d'entre eux, qui sele roi.

Dans tous les territoires que nous avons traversés à Madagascar jusqu'à présent, le mot mpanjaka ou ampanjaka signifiait roi, souverain, et il n'était employé chez les Antimerina ou chez les tribus qui leur sont soumises que pour désigner le souverain de Tananarive; chez les Sakalava insoumis de l'Ouest, on

homme

désigne par mpanjaka l'individu, vaste territoire.

Dans

ces

deux

mot mpanjaka

contraire, le

ou femme, qui commande à toute

cas, la signification propre

du mot

est

la tribu

ou qui gouverne un

donc identique. Dans

commandent

étendue. Cette appellation désigne non seulement les grands chefs des tribus ou ceux qui

à de vastes territoires, mais encore les mille petits potentats qui sont à

la tête

sud au

beaucoup plus

disent plus volontiers ampanjaka) a une signification

(ils

le

de chaque

district,

de

un ampanjaka complètement indéchaque village. Toute agglomération, si peu pendant de tous ses voisins. Chez les tribus du sud, ampanjaka ne désigne pas seulement un chef quelconque, c'est encore une appellation honorifique que l'on donne sans aucune parcimonie à tout importante qu'elle soit, a

étranger qui traverse et

moi avons

été des

le

ampanjaka

;

je dois à la vérité

nos idées et que nous n'étions pas plus

Le

roi

plus orné, aucun insigne ne

nous

fiers

pour

lui offrons

Il

le

sud, Maistre

de dire que jamais cette appellation royale n'a troublé

ça.

de Zazafotsy est un solide gaillard d'une quarantaine d'années.

aussi désagréable.

campagne du

pays, suivi de quelques serviteurs. Durant toute cette

En dehors de son

fusil

distingue de ses sujets. Son lamba est aussi crasseux, son odeur

nous reçoit dans sa case

et

nous

offre

une corbeille de

en retour quelques petits cadeaux, qui semblent

lui faire

riz.

grand

Nous

le

plaisir.

sui

un peu genern

remercions

Quoique

et

ce roi

ne me paraisse pas jouir d'une grande notoriété parmi ses compatriotes, puisqu'il n'a que neuf sujets, bien je ne laisse pas passer l'occasion de lui dire que nous voulons aller jusqu'au territoire Anlandroy, loin il

se

dans

le

sud.

Il

est d'abord

quelque peu défiant, mais de nouveaux présents viennent

montre surtout plein de confiance

à notre égard lorsque

nous

lui

avons

vite le rassurer;

affirmé, très chaleureuse-


CHEZ LES BARA. ment du

que nous n'avons aucun rapport avec

reste,

les

327

Antimerina; nous venons de leur pays,

mais ce n'est nullement pour eux que nous voyageons à Madagascar. Notre

vrai,

profondément,

nous assure que dès que nous aurons dépassé Ihosy

il

petit discours le

que nous entrerons dans

et

complètement insoumis, nous trouverons partout bon accueil; des émissaires

territoires

tout de suite vont aller dire dans

le

sud

Madagascar

à

c'est

touche

les nouvelles se

répandent

— qu'on

vile

les

va envoyer

qu'il

ait

à

nous laisser librement passer, du moment que nous semblons èlre de braves gens, étrangers soucieux de respecter les coutumes du pays, et surtout n'ayant rien de commun avec les Antimerina. Sur cette bonne promesse, nous nous quittons bons amis avec Je dois dire que

comme je

jours,

su depuis, été précédés dans

l'ai

de Zazafotsy.

le roi

chef obscur de ce pauvre village bara n'a pas oublié sa promesse, nous avons tou-

le

sud d'une bonne réputation grâce à celle renommée,

le

;

nous n'avons jamais rencontré de gros empêchements attaqués par les indigènes

cl

sauf

à

nos projets de marche, nous n'avons jamais élé

kabary sans importance que nous ont valu plusieurs fois cer-

les petits

nous avons relativement marché dans

taines maladresses de nos porteurs,

le

Sud avec

même

la

que dans l'Imcrina. Et pourtant ces tribus sont jalouses du droit de passage, un étranger

facilité

pas tou-

n'est

jours en sûreté au milieu d'elles, elles sont très superstitieuses, les indigènes sont ràpaces et cruels;

nous en avons eu bien souvent

preuve, par des ennuis fréquents que nous avons rencontrés dans beau-

la

coup de villages bara, mànambia, antanosy et antaisaka, mais qui

se sont toujours résolus

nos intérêts, bien que nous nous soyons trouvés parfois dans des positions affirmer, sans crainte d'être démenti par l'expérience, véritable force

armée

Il

est

au mieux de Aussi puis-je

que tout voyageur qui ne disposerait pas d'une

qui voudrait traverser ce sud de Madagascar avec

el

courrait les plus grands dangers.

fort délicates.

la

protection des Antimerina,

juste d'ajouter que notre réputation enlevait toute gène

toute

el

défiance aux indigènes, sujets des rois que nous interrogions. Personne ne songeait à dissimuler devant

nous, et chacun disait

entendu, acquiescer

le

le

Pour

plus grand mal des Antimerina.

rester dans notre rôle,

il

nous

Fallait,

bien

plus souvent, mais, cela n'étant pas en contradiction avec nos propres pensées,

nous n'en étions que plus sincères. Zazafotsy est

premier village bara que nous rencontrons sur notre roule.

le

encore parcourir pendant une ou deux semaines

le

territoire

me propose

la

suite.

ques notes, que je

nous

offrir

aucune ressource,

un grand ruisseau

et

La végétation

font oublier

il

En

le

nous

nous traversons

arrêter,

la

même

:

c'est la brousse.

mètres, des sakoa principalement, dont

si

les

différent des villages

les fruits

indigènes n'incendiaient constamment

que nous avons traversés

chose rare, on ne voit que des enclos de bararala;

En

les

Remarquant

rire;

appelle tous les gens

il

uns après

nous

un

du

les autres; ce n'est

est destinée.

homme

l'attention

Le

roi

nous

acides el bons

la prairie.

la

la

brousse

formidable haie de cactus qui entoure d'habi-

que nous mêlions à examiner sa village

pour nous

les faire

coiffure,

admirer.

Il

il

accompagné de

fait alors les

compliments d'usage

taille

moyenne, mais

de son visage est rasé.

posent son vêlement. Autour du cou

il

et

nous

offre

1res fort et bien

Un

ses

deux

est pris aussitôt d'un fou

nous faut

les

regarder tous les

qu'après celle revue de détail que nous pouvons entrer dans

le reste

Ambara-

ici.

qui frise la cinquantaine, de

porte une petite barbiche,

très

jours précédents. Les maisons,

arrivant au village, Tsiaviry, roi d'Ambararata, vient à noire rencontre

frères.

gué

Les arbres forment de petits bouquets de bois près des ruisseaux.

la soif.

tude tous les villages n'existe pas

à

Grande plaine

du même modèle, sont disposées sans aucun ordre au milieu d'un grand espace défriché de et,

que quel-

plateau. Jusqu'au village d'Ambararata, ou nous arrivons

contrée reste sensiblement les dix

nous devons ici

sortant de ce village, qui ne peut d'ailleurs

est par conséquent inutile de

serait encore plus active

nous semble tout

rata

la

un arbre en moyenne Ions

manger nous

à

nous continuons sur

vers quatre heures du soir, boisée,

de compléter dans

et

Comme

de celle tribu, je ne prends

un peu de

riz.

la

case qui

Tsiaviry est

proportionné; au menton

il

salaka et un lamba rouge en landy com-

porle un collier de perles auquel est suspendu un petit

morceau

de bois travaillé, un ody certainement.

Son

frère aîné,

Tandrosa, est un grand diable de

1

m. 80;

le

plus jeune, Rainibanaka, très grand lui


VOYAGE A MADAGASCAR.

328

aussi cl bedonnant passablement, est

d'immenses éclats de

rire

tour d'un rire convulsif.

et

enveloppe cutanée

de

même

devient

ils

sommes venus

faire

signal d'une folle gaieté. Dieu

appelant gros farceurs.

;

palpent nos habits et s'étonnent de la laxité de ce

ils

;

les clous de

nos souliers provoquent chez eux un grand

Il

est

devenu

dans leur pays. La vue de nos collections d'histoire naturelle

me pardonne! Rainibanaka nous

est très gai et

nous sommes

le

tape sur

Nous sommes longtemps

très familier.

qui commencent à devenir incommodants,

monde

pris à notre

ont appris notre arrivée par leurs cousins de Zazafotsy, mais ne comprennent pas tout

ce que nous

le

sommes

Rainibanaka en particulier ont des étonnements d'enfants.

Leurs questions sont des plus embarrassantes

étonnemcnt;

poussant à chaque instant

qui n'en finissent plus. C'est contagieux, dit-on, et nous

Nos hôtes royaux

qu'ils croient être notre

très gai et très bavard,

un personnage

ventre en nous

le

à expliquer à nos visiteurs,

fonctionnement de certains de nos instruments. Tout

vite populaires

chez

le

Rara d'Ambararala.

les

sommes pas très Le mercredi 4 juin, nous quittons le éloignés maintenant. Nous cheminons tout d'abord sur un plateau à fond marécageux, où l'on trouve quelques rizières, quelques cultures de manioc et de patates; puis nous nous élevons sur les flancs d'une village, faisant route sur Ihosy, dont nous ne

haute colline qui se prolonge dans

le

nord-Est

et le

sud-Est par des chaînons assez importants. Cette

franchissons la chaîne par un col de 870 mètres

chaîne de collines est celle de l'Analatelo. Nous

d'alti-

tude, puis nous descendons rapidement de 150 mètres environ pour atteindre le niveau inférieur de vallée de l'Ihosy, affluent de

rapides d'un

mamelon

A

gauche du Tsimandao. au milieu de

isolé

cette plaine,

deux heures

et

la

demie, nous gravissions les pentes

au sommet duquel sont construits

le fort et le vil-

lage antimerina d'Ihosy.

Le

comprend environ

village d'Ihosy

-400

habitants, dont la grande majorité se

compose d'Antimerina,

de leurs esclaves et de leurs métis.

La

ville est bâtie

sur une colline qui se raccorde vers l'Est, par un petit contrefort, à

la

chaîne d'Ana-

latelo. Les maisons, une centaine environ, en bois ou en roseau, sont presque toutes enduites d'un

mélange de bouse de vache bâti tout

et d'argile plastique.

au sommet du mamelon a lui-môme une enceinte palissadée. En

une maison un peu mieux construite que vient de mourir après côtés, surtout

verneur à Ihosy

intelligent;

envoyé

il

actuel,

parle

grands

pour cela que

et très

que nous allons

couramment

comme ambassadeur

le

Ramaniraka 14

voir,

l'anglais et dit quelques

pour

la

plupart, sont toujours

n'en est pas la seule cause

:

les

il

il

en

la saison

des pluies. Ce village

il

comme

un Antimerina qui semble

français.

Il

y a quelques années,

fort il

A

s'était fait

une certaine popularité à Tanana-

Son

me

a

sa rentrée dans son pays, comme,

exil à Ihosy. C'est là la

que ce malheu-

mort. Si les fièvres certai-

se fasse pas d'illusion sur le sort qui l'attend,

est chargé.

Je

gou-

veut se débarrasser.

un tsimandoa envoyé par Rainilaiarivony viendra

éveil.

rova

missionnaire norvégien qui

dévouée, attend philosophiquement

Quoique Ramaniraka ne

remplit de son mieux les fonctions dont Betsileo

fille

font pas disparaître assez vite,

l'issue fatale.

mots de

soupçonneux, l'envoya en

reux Ramaniraka, entouré des soins d'une

nement hâter

tra, est

en Europe par son gouvernement.

rive, Rainilaiarivony, toujours jaloux et

le

profonds dans

le

nous voyons

d'Ihosy est entouré de tous

portent ombrage et dont

lui

par ses connaissances étendues et par sa manière d'agir,

des marais ne

village fortifié

la ville,

premier ministre des Antimerina envoie

personnes de son entourage qui

les

Le gouverneur

très

bas de

les autres. C'est là qu'habitait le

un séjour de quinze mois à Ihosy. Le

dans l'Ouest, de marais

est très malsain. C'est peut-être

été

y a une triple enceinte de cactus épineux, et

Il

il

rova est assez bien tenu, et ses soldats, des

hâte d'ajouter que

incursions des Bara causent souvent

ici

la vigilance

de Ramaniraka

de vives alertes, et les Antime-

rina ne sonl pas toujours en sûreté.

Ihosy

peut

est le poste militaire construit

même

dire

que

d'ici

par les Antimerina

Antimerina avec

les

plus au sud dans l'intérieur de

l'île.

On

à de longues années, c'est le point extrême que pourront atteindre les Antime-

rina dans ces régions; au sud d'Ihosy en effet, existe ies

le

moyens de transport dont

ils

le

vaste désert de l'Horombe, infranchissable poul-

disposent dans

D'une manière générale on a fort mal compris jusqu'à ce jour

l'île

de Madagascar.

la situation

de ces postes militaires


CHEZ LES BARA. antimerina dans

insoumises; on a cru, sur

les tribus

de quelques cartes,

Madagascar,

(pie, à

soumis à cette tribu.

Il

do rapports mensongers ou sur l'inspection

la foi

où existaient des

329

mode du pays de défenses rudimentaires, pompeusement du nom de postes militaires. Il

la

baptisés

se trouvait en territoire

n'en est rien. Sans doute, dans beaucoup de territoires insoumis, sur les côtes

principalement, les Antimerina ont fondé des comptoirs ou des villages, suivant

on

forts antimerina,

ont ensuite entourés

les

ils

puis selon leur orgueilleuse habitude

qui les défendent pour savoir ce que ces mots signifient à Madagascar. Quoi qu'il en soit,

peut exprimer

les idées

qu'avec des mots, dont on ne calcule pas toujours assez

ont

presque

la

pu

ne

faire

totalité

de

de Madagascar.

l'île

En

réalité, voici

comment

d'autant mieux choisi que

cela se passe dans

la

surtout à en protéger

ce qu'ils sont aujourd'hui

enguerreles unes avec

comme exemple; exemple

pratique. Je prendrai Ihosy

conquête totale du Betsileo par Radama

la

Antimerina virent leur autorité bien établie les limites, et

la

fondation de ce poste m'a été racontée toul au long par des chefs bara des

plus intelligents. Lorsque, après

les

el

bien admise dans cette tribu,

A

confins par quelques garnisons.

il-

les

conquérants du Nord eurent recours

à leurs armes nombreux cadeaux aux principaux chefs bara el

mission

était

même temps

eux, ou

le

I

quelques

les territoires

hommes

habituelleles

tuèrent fort à propos dans

de

la

la

les

à la

:

ruse

le

pierre

s'en

les

à la duplicité. Ils tirent

de

fallacieuses promesses;

ils

territoire bara,

le

motif avoué de cette

Antimerina missionnaires perdirent

occupée maintenant parle el

pour personne. Mais

el

chaîne de l'Analatelo. Le lendemain,

colline

tombeau provisoire une haute

ensevelirent

ils

village d'Ihosy.

retournèrent dans

le

l'un d'entre

Ils

le

crainte ou par les pr

esses, par les

cadeaux

Betsileo. Alors

el

par

discorde semée parmi

la

obtinrenl deceux-cique des Antimerina iraient fonder un village à Ihosj lui

même

temps, dans ce village d'Ihosy qu'on

marchands qui vendraient

à très

bon compte, aux indigènes de

l'officier lue

en voyage,

la

gouverne

le

allait

fonder, la

et

toile,

.

ils

tombeau de

le

allait

il

ni

à Ih<>s\

chefs bara.

les

pour garder

contrée, de

corps de

dressèrent près de

antimerina résolut de profiter de celle petite comédie qui venait de se jouer dans l'Analatelo la

en étendre

à

de leurs pères. Les Bara, dans

trompèrent par de

en tournée sur

En cours de voyage,

achat de bœufs.

compagnonau sommet

leur

songèrent

relie époque, les

celle circonstance, auraient été vainqueurs des Antimerina, ce qui n'est difficile

envoyaienl en

ses successeurs, 1rs

I" el

Bara étaient de vulgaires sauvages, divisés en une foule de petites principautés toujours autres. Ces petites tribus se seraient bien mise- contre les Antimerina, si

:

ceux-ci s'étaient présentés avec des velléités de conquête sur

Par

les

comme on

valeur, on a

la

croire en France à la puissance des Antimerina et à leurs prises de possession de

ce

ils

faut avoir vu ces postes militaires et les troupes

venir des

des perles, des

marchandises de toutes sortes. Les Antimerina demandaient tout naturellement ensuite que quelquesuns de leurs soldats viennent à Ihosy pour garder les marchandises cl faire respecter le tombeau. Les Bara, dans leur intellect primitif, ne voyaient pas dans la construction de ce fort d'Ihosy une atteinte très

grave à leur liberté,

el

encore de nos jours,

comme au Nord,

Sakalava, au Sud

chez

les

ici

comme dans l'Ouest, chez les Bara comme chez les comme chez les Antankara, ces pauvres villages

Antanosy

antimerina (pie l'on convient d'appeler, je ne sais pourquoi,

moins du monde une insoumis,

les

prise de

possession

du pays par

indigènes m'ont affirmé maintes

étaient considérés par

eux

comme

les

postes militaires, ne constituent pas

le

les

Antimerina. Partout dans ces territoires

fois, et je l'ai

vu d'ailleurs, que ces villages antimerina

des centres commerciaux des gens de l'Imerina

saient ce qu'ils voulaient dans leur village et n'avaient

et

aucune espèce d'autorité dans

.pie ceux-ci fai-

contrée envi-

la

ronnante. Ainsi, à Ihosy où nous nous trouvons, les Antimerina ne sortent que très rarement de leurs

retranchements. Bien entendu

Mpanjaka, J'ai

niais

ils

ils

proclament bien haut que

le

territoire

bara

est

Hanavalona

terre de

ne se soucient pas d'aller y faire jamais aucun acte de souveraineté.

cru devoir m'élendre sur cette question des postes militaires antimerina, parce que

comme

tant

d'autres elle a été mal comprise en France, ou plutôt mal présentée par des gens qui avaient intérêt à faire.

En somme,

les

Antimerina ont demandé,

le

plus souvent bien

humblement

tribus indépendantes la permission de s'établir sur leurs terres, sur

un

petit

le

d'ailleurs, à des chefs de

emplacement généreuse42


VOYAGE

330

ment payé par eux, sement factice

dont

et

Madagascar tout

A l'ouest de

et 1res

Comme

la ville,

et,

rarement conquis par

dénaturaient

entière. C'est

au milieu de laquelle d'Analatelo,

ils

une

sens,

force des armes. Puis se faisant fort de cet établis-

la

ils

ont

fait

accroire à la France qu'ils possédaient

l'île

de

plaisanterie.

coule la rivière Ihosy, dans une plaine marécageuse large de plusieurs kilomètres,

de nombreux circuits; à

elle décrit

à l'Ouest, par le

Ihosy était

le

MADAGASCAR.

A

le

l'Est, cette vallée est limitée

contrefort rocheux qui soutient

le

par

la

chaîne

plateau désert de l'Horombe.

dernier village antimerina que nous devions rencontrer sur cette route du sud,

nos porteurs, selon toute probabilité, allaient encore essayer de nous faire renoncer à nos projets de courses aventureuse. C'est en

Le samedi

7 juin, j'avais

ce qui arriva.

effet

prévenu

les

porteurs dès

grand matin de

le

se tenir prêts à partir

au plus

tôt.

Mais nos hommes, réunis en troupe compacte près de notre case, voulurent tenter île commencer un kabary je les laissai faire, sachant où ils voulaient en venir et bien résolu d'ailleurs à continuer à tout ;

prix

ma

route vers

le

assuré ne vouloir se mêler en rien de

merina,

comme

bon espoir

sud. D'ailleurs j'avais

mes

:

gouverneur d'Ihosy, Ramaniraka, m'avait

le

affaires. Si j'avais

obtenu

explorateur français, je devais m'en estimer très heureux; dans

Français ne doit attendre que de

l'hostilité

de

la

du gouverneur

la neutralité

la

part d'un semblable fonctionnaire.

chacun de mes porteurs une quinzaine de francs environ;

je

me

anti-

plupart des cas, un

De

plus je devais à

trouvais donc dans d'excellentes condi-

tions pour résister à leurs exigences. Je les laissai dire et les écoutai patiemment pendant plusieurs heures. Le discours qu'ils me firent ne fut qu'une répétition de ce qu'ils m'avaient dit déjà dans mon

précédent voyage du nord. C'est toujours

même

la

chose

:

l'éternelle histoire

de l'homme primitif qui

veut tromper l'Européen. Ce thème invariable à Madagascar est le suivant un Malgache traite d'une façon quelconque avec un Européen; si celui-ci accepte, le Malgache se dit qu'évidemment il a été :

trompé, et qu'il n'a pas demandé assez cher; donc le

marché conclu. conçoit combien un

On

pareil système facilite les transactions

notre solde de porteurs sur de nouvelles bases, ou

simplement que puisqu'ils annulaient notre contrat, chez eux. Maistre

ou cinq

mes

fidèles

et

invente une histoire invraisemblable pour rompre

il

moi, nous

nous auraient

ils

je

dans ce pays sauvage.

ne leur devais

étions d'ailleurs parfaitement résolus à

suivis, c'était assez

Il

fallait établir,

menaçaient de nous quitter. Je leur répondis tout rien, et qu'ils

marcher

pour un bagage indispensable à

porteurs discuter, et je vais à quelques kilomètres d'Ihosy sur les

pouvaient retourner

seuls dans le sud; quatre l'existence. Je laisse

monts Analatelo continuer

la

mes porteurs ont rendez-vous pour demain matin, et, malgré ma juin, date irrévocablement ce n'est pas sans quelques appréhensions que je vois l'aube du dimanche 8 trouver tous mes hommes fixée pour notre départ dans le sud. Je suis donc très agréablement surpris de tranquillité apparente,

triangulation;

prêts à partir à cette heure matinale.

chacun d'eux, rencontrer

Pour

ni retourner

le roi

dans

le

Us n'ont pas voulu perdre

Betsileo seuls à travers le désert

bara de Zazafotsy, qui n'aurait pas

les explorateurs,

on

dit qu'il

manqué de

y a d'heureux hasards

occurrence ce fut une circonstance tout à

fait fortuite

:

que je leur devais à

les trois piastres

leur

c'est

du Lamboany, où

ils

auraient pu

demander de nos nouvelles. parfaitement exact, et dans cette

qui vint faire pencher

la

balance en notre

comme que nos porteurs étaient en grande majorité des Or le gouvernement antimerina tels, ils étaient susceptibles d'être réquisitionnés pour le service militaire. pour les forts frontières; soldats rencontre toujours les plus grandes difficultés lorsqu'il veut lever des enchaîner et les pousser de force jusqu'au poste militaire. Faute d'emil faut prendre des hommes, les faveur.

On

hommes

se rappelle

libres, et que,

tout ployer ces moyens, les Betsileo, sur qui tombent généralement ces corvées peu agréables, refusent compléter les service et désertent en masse. Ramaniraka, qui justement avait besoin d'hommes pour dire à tous

mes porteurs hommes

effectifs

de sa garnison, avait

moi,

seraient pris par lui pour le service de la reine.

ils

fait

libres que, s'ils ne restaient pas avec

Mes hommes

n'hésitèrent pas entre ces deux

autorité antimealternatives. Tous voulurent quitter Ihosy au plus vite et se sauver bien loin de toute donné aux porteurs de filanjana les rina. Je profile sans larder de leurs bonnes dispositions, et, ayant


CHEZ LES BARA. charges du

riz

blanc que j'avais acheté hier en prévision de

Ihosy aujourd'hui dimanche, à huit heures du malin. La ville d'Ihosy est à 870 mètres au-dessus du niveau de

de 190 mètres au fond de la

la vallée,

le

la

la

convoi passe à gué

les

premiers contreforts qui soutiennent vers

Là nous nous arrêtons à Antanambao. C'est entouré

un

traversée de l'Horombe, nous quittons

mer,

l'Esl le

el

rapidement nous descendons

très

et

Ihosy. l'uis nous continuons dans

la rivière

brousse, et nous traversons deux villages Lara, Antsambilo

peu sur

331

Ivoka. Enfin nous nous élevons peu à

plateau de l'Horombe.

d'une trentaine de cases environ,

petit village bara,

toujours d'une enceinte de cactus. C'est la dernière agglomérai ion des Bara propre-

comme

au sud nous rencontrerons probablement encore quelques Bara nommés Manambia ou Antaivondro, qui présentent avec les Bara que nous quittons quelques différences ethniques. Je remarque ici que le nom de cette tribu devrait correctement s'écrire Bahara. Comme je le montrerai dits; plus

ment

plus tard, les Bara viennent de l'Esl,

nom, qui

leur

el

signifie «

sauvages

»,

leur a été donné parles

populations betsimisaraka.

Les Bara sont divisés en plusieurs tribus

:

Les Bara de l'Ouest, dont

Ce sont ceux qui supporten)

les

centres principaux sont

plus difficilement

le

voisinage

le

:

îles

Ihosy, Ranokira, Betanimena, etc. Antimerina. Cependant leur grand mi Voira, qui habite tantôl Ranokira, tantôt Betanimena, a été 2" Les Bara de l'Est, qui onl pour acheté par les Antimerina et a reçu d'eux le titre de in- honneur.

principal centre Ivohibe;

Sambo

le roi

complètement indépendant.

esl

au sud des deux tribus précédentes, à

hauteur de Vaingaindrano.

la

Au

d'Antandroy, qui s'appellent

Bara Manambia.

lava les

du jaune

cheveux

au noir

clair

très crépus.

le

taille élevée,

plus foncé,

En somme,

se rapprochent sous tous

Les

de

cl

les

le

nombreux

el

mélangés en

le

leur teint esl 1res variable,

nez

il

passe

esl aplati, les lèvres épaisses, les

type africain

comme yeux

chez

1res

genre arabe. Ce qui frappe

soid roulés

le

domine beaucoup dans toutes ces populations, qui

menton une

petite barbiche, et sur les joues

un

collier de

tète

deux ou

barbe

beaucoup

plus chez les Bara, c'est leur genre de coiffure. Leurs cheveux très longs

en boules de nombre

ment autour de la

Saka-

peu brides,

très étroit. Quelques-uns, surtout les chefs, sont véritablement de beaux types qui rappellent le

le-;

el

rapports du type sakalava.

portent généralement au

hommes

Les Antaivondro, qui habitent sont

sud des Antaivondro on rencontre des populations métisses de Bara

partie avec les Anlaisaka. 4°

Les Bara sont robustes

:t"

Ils

cl

trois

de grosseur variables. Ces boules, disposées 1res savamment, for-

couronnes concentriques, sur

le

sommet un énorme pompon forme

un chignon. Toutes ces boules de cheveux sont recouvertes d'une couche épaisse de terre blanche mêlée avec de la "raissc et de la bouse de vache, pommade qui donne à ces indigènes une odeur repoussante. La coiffure est

la

seur des boules,

même pour les deux

el

Les coiffures une

l'épaisseur de la fois faites

sexes

et

ne diffère entre

couche de graisse; plus

les

bois,

nombre

et la gros-

cet enduit esl .'pais, plus l'individu est élégant.

durent environ un mois. Les femmes laissenl quelquefois, en avant de

première couronne de cheveux, quelques mèches soigneusement ce qui rappelle la coiffure à

individus que parle

la

chien.

Au

lissées qu'elles

ramènent sur

le

la

front;

milieu des cheveux se trouve plantée une longue aiguille en

en os ou en cuivre, objet indispensable pour déloger ou tout au moins ennuyer les trop nom-

breuses petites bêles qui peuplent (outes ces tètes bara.

Comme

vêtement, les

fabriquée dans

le

hommes

portent

pays. Ces derniers ont

un salaka en

de provenance européenne, tantôt

étoffe, tantôt

beaucoup plus de

prix;

ils

sont faits soit en coton, soit en

chanvre, soit encore avec l'écorce de Vhofotra. Larges de 20 à 30 centimètres, les deux extrémités qui tombent par devant sont ornées de perles de verroterie formant des dessins et terminées par une

Beaucoup d'hommes onl un lamba presque toujours en colon ou en chanvre, seuls les chefs ont des lamba en lundi/. L'usage des kapa ou semelles en peau de bœuf est assez répandu. Les femmes portent comme vêtement une pièce d'étoffe ou pagne (pi 'elles fixent tantôt au-dessus, tantôt frange.

au-dessous des seins sur les épaules et

el

qui tombe jusqu'aux genoux.

Beaucoup portent un

retenu au cou par un cordon de perles; ce

petit carré

petit vêtement,

de natte jeté

appelé hela, sert


VOYAGE

332 à

abriter,

contre les rayons

ornements;

les

bracelets en étain ou en cuivre aux mains

MADAGASCAR.

aussi contre

soleil cl

<lu

Les Bara aiment beaucoup

A

hommes

le froid,

femmes portent des

et

aux pieds, des boucles

et

portent

l'enfant qu'elles

d'oreilles;

sur

dos.

le

colliers de perles,

chez

hommes,

les

des

ce sont

de simples morceaux de bois, chez les femmes ce sont tantôt de petites chaînes argentées longues de 10 à 15 centimètres (Manambia), tantôt des boucles d'oreilles en cuivre (Ivohibe), tantôt de grands anneaux en étain (Bara d'Ihosy), etc.

Tous portent

le felana,

coquillage marin que l'on trouve à la côte Ouest

hommes

les

femmes sur souvent

on leur

fait

les

même

en rencontre

l'on

se font

;

front, les

Quelques hommes de

poitrine.

la

tribu

cette

du

portent au milieu

le

Dans

tatouer.

assez

jeune Age,

le

coupures longitudinales sur

trois

pommettes, ces

coupures longitudinales

trois

longues d'environ 3 centimètres vont converger

au menton. Nous retrouvons

ment Il

un usage pure-

africain.

ne faut pas non plus oublier les

Chaque Bara

fétiches.

au moins deux ou

ou

odij

en porte

trois; ce sont tantôt des

bœuf

de cornes de

qui se respecte

bouts

remplies de miel, de résine,

de boue, tantôt de simples morceaux de bois,

comme

tantôt,

chez

portent les uns sur ture ou sur

Manambia, de

petites

sculptées.

orfy

les

statuettes grossièrement

Dans

fétiche

c'est

les

que

se font

Bara

leurs armes.

fabrication française), très long

et

dont

cuivre formant des dessins divers; 2° deux sagaies, dont

il

le

de

roi.

un briquet,

etc.

Le

tribu bara est divisée en

La monnaie

est

Ils

ont tous

:

fer très bien travaillé a

peau de bœuf, à laquelle

tout,

d'appliquer à

terre blanche et

un

fusil à pierre fils

de

en général une

(mi

bambou contenant de

suspendus une

la

graisse,

un grand nombre de

villages ayant ils

chacun un chef qui prend

une

etc.

le titre

sont entourés de haies de cactus et

plusieurs quartiers.

inconnue chez

des articles d'échange

se trouvent

orné de clous de cuivre, chaînettes en cuivre ou acier,

Les villages sont ordinairement situés dans des plaines,

quelquefois divisés

suffit

crosse est ornée de clous et de

la

corne servant de poire à poudre, un couteau, une boite en

Chaque

La

Pour

est très simple. il

ùilo,

quelques-unes sont ornées d'anneaux de cuivre. Pour avoir l'équipement complet

faut ajouter la ceinture (ou Katra) en

petite corne avec

le

de graisse. Les Bara ne se séparent jamais de

FEMME RARA.

d'un Bara,

les prières.

malade une couche de

l'endroit

effilée,

se

le

guérir un mal quelconque,

assez,

la cein-

les villages

grande perche en bois représentant

médecine chez

forme

se

trouve planté, sur une place principale,

commun,

beaucoup sont de

autres à

la tète, les

bras, etc.

le

Ces

;

les

les

Bara. Pour se procurer des vivres

plus estimés sont

:

les toiles

et

payer

américaines bon marché

les ;

achats on doit avoir

les verroteries

:

perles

bleues rondes, ou atody podji (quatre de ces atody pody valent une poule), les voronosy, perles allongées

en porcelaine avec dessins en bleu les

autres de

0m.

;

les

rangues, perles rouges octogonales longues les unes de

03; enfin les petites perles blanches vakapotsy en cordon, les

nettes, les miroirs, les couteaux, les

bagues en

anneaux en

m.

Kl,

étain, les chaî-

étain, les aiguilles, lespinces à épiler, les ciseaux, le sel, etc.


r.HEZ LES BARA.

au village d'Antanambao que commence véritablemenl notre voyage du sud de Madagascar.

f.'rsl

Comme

premier jour, nous voulons

le

présentent pour gagner

se

333

Augustin

elle a été faite

;

pays nouveaux

Fort-Dauphin,

aller à

pays de Tonalara. L'une,

le

el

de l'endroil où nous sommes, trois roules

que

les

grandes plaines du sud,

el

nouveauté

nous l'abandonnons dune,

:

droit au Sud, par

ce ni re de

le

l'île pi

gagner

ferail

Masikora

1rs territoires 'les

dans

un- l'aller, l'autre

long de

l'Est, le

Antan-

îles

el

très longue, elle n'a pas l'attrail

esl

noire choix se lixe définitivement sur

et

baie de Saint-

la

Nous n'aurions donc comme

en 1H71 par Richardson, missionnaire protestant.

à traverser

droy, pour aller de Saint-Augustin à Fort-Dauphin. Celle roule la

nous

à l'ouest,

deux autres

les

de

l'une

:

No)

la côte, puni- le retour.

re

roule d'aller, qui se maintiendra sensiblement jusqu'au tropique par 13 degrés ÎO minutes de longitude

nous fera traverser

Esl,

pays déserl de l'Horombe

le

Lorsque nous aurons dépassé

d'Ambolo

vallée

de

el

le 24'

plus au sud des territoires également inexplorés.

el

degré de latitude Sud, nous inclinerons vers

pour gagner

l'Est

la

pays de Tolanara. Je ne doute pas que nous ne puissions réussir, maintenant

là le

que nous avons quitté définitivement des

territoires

soumis aux Antimerina. Nos porteurs vont nous

suivre partout, et,'à moins de mauvaises rencontres, nous devons arriver à Fort-Dauphin dans un mois.

Le lundi rescente

juin,

'.i

esl très

nous quittons Antanambao dans

fournie, mais bientôt

Enfin nous arrivons sur le plateau de l'Horombe,

à

I

à

le

sud

bord d'un ruisseau, près de roches élevées contre lesquelles

Au

point

'le

le

comme On

plate.

l'Imerina

Lainhoanx

le

le

el

Betsileo,

parsemée de montagnes

l'Andringit ra

el

;

loin les

forl

vers

le

végétation arbo-

la

Après une heure d'arrêt

comme une

Nous devions quelques jours plus

lard,

non

el

de hautes collines,

el

l'Est

:

de ce côté,

/une forestière

la

chaînes de Sa loi

loin

sur

sorte de pro-

i

les

la

el

\

les

lieu

absolument

esl

ne s'arrête sur

la

long de laquelle

le

massifs du :

Bemarana

:

une plaine

c'esl

l'Horombe que prennent naissance

ruisseaux qui, suivant une pente assez douce, vont constituer

nombreux

les

affluents de droite de l'Onilahy.

du village hara de llelrokv. découvrir

de ce fleuve important du versant du canal de Moçambique qui \a se jeter dans

même

le soir

dressons noire huile.

sud. au contraire, rien n'arrête l'œil

se déroule à perte de vue. C'est dans

immense qui

s

i

ne remarque que quelques ondulations 1res légères vers

nord,

village,

sud du grand massif central, avec cette différence que cette roui rée élevée, au

coule l'Ongaivo. ha us l'ouest, on distingue le

du

arbres disparaissent peu à peu.

nous ne nous arrêtons que

el

haute chaîne de partage des eaux qui limite dans relie direction

vers

et les

vue géographique, ou peul considérer ce plateau de l'Horombe

longement vers d'être,

sortir

monter

130 mètres d'altitude.

pour noire déjeuner, nous reprenons notre marche vers le

Au

matinée.

la

nous commençons

la

s

re

baie de

la

Saint-Augustin.

L'Horombe

esl

couvert de hautes herbes;

brousses. Pas un arbre, pas un arbuste,

Dans

endroits. l'horizon,

l'homme

el

Nos élapes jour,

du

le

sol aride el

là,

une enclave de

même

el

«1rs

la

ces hautes herbes

rocailleux esl

fumée produite par l'incendie

la ;

d'autres,

c'esl

absolument

grandes

zone dénudée dans ne

stérile.

Aucune

étaient longues, je pressais les

nous campions sur

les

trace d'habitation

herbes indique quelquefois

des ossements blanchis, des crânes de bœufs jalonnent

hommes, craignant

le

zone des

hi

trouvent qu'en certains

se

la

;

à

présence de

sentier.

le

manque de

bords d'un ruisseau, pour nous remettre en marche

vivres. le

A

la

tombée du

lendemain, au lever

soleil.

Au

point de vue géologique,

le

plateau de l'Horombe présente des particularités intéressantes. L'assise

fondamentale parait consister non pas en gneiss

el

en granité

comme nous

en avons vu dans

le

sud du

Betsileo, et

bien en roches micaschis-

teuses,

des gisements considéra-

bles

dans

comme nous en verrons encore près des inouïs Ampingaratra, mais quelquefois même en véritables schistes cristallins. On trouve encore

de jaspe jaune l'histoire

et

beaucoup de magnétite. Mais ce qui constitue une anomalie plus grande encore c'esl que dans l'Horombe la roche fondamentale n'es! pas

géologique de Madagascar,

partout recouverte d'une puissante couche argileuse;

le

plus souvent, au contraire,

bien profondément sous des couches épaisses de pelils graviers. I'ius loin,

de

paille) tes

de mica

el

de quelque peu d'argile.

c'esl

la

roche

esl

enfouie

du sable blanc mélangé'


VOYAGE A MADAGASCAR.

334

Cetlo particularité géologique avait une importance pratique fort grande pour notre caravane. effet

,

lorsque nous traversions ces espaces déserts

et

que nous marchions sur

la

roche ou sur

En

le gravier,

nous avions quelques chances de rencontrer des cours d'eau. Lorsqu'au contraire nous traversions un sablonneux,

territoire

il

rare de pouvoir étancher notre soif, qui se faisait vivement sentir

était Lien

dans ces solitudes. Sur ce terrain arénacé,

difficile;

mètres dans

dans certains endroits, un

le sable. Il

est

homme

ordinaire

donc de toute nécessité pour

à Belroky, en suivant

allongement du chemin

est très

le

terrain caillouteux;

il

On

faut faire parfois de grands détours, mais cet

l'Horombe ont une superficie

des privations moins

et

très variable

tantôt

:

on

voit

devant

qu'une petite tache blanche, en

n'est

terrain rougeàtre et caillouteux qui l'environne. Ces

le

petits espaces circulaires de sable blanc sont particulièrement

dent qui dans ces endroits s'aventurerait sur

centi-

plateau

le

peut passer du nord au sud, de Anla-

une vaste nappe de sable qui s'étend à perle de vue, tantôt ce

général circulaire, qui tranche vivement sur

était excessive-

voyageur qui voudrait traverser

largement compensé par une fatigue moindre

pénibles. Ces territoires arénacés de soi

réverbération des rayons

sans être chargé enfonçait de 80

et

le

de l'IIorombe, de fuir absolument ces espaces sablonneux.

nambao

la

et.

marche, sur ces sables presque toujours mouvants,

solaires était pénible; de plus la

ment

chaleur était insupportable

la

dangereux pour

la

marche,

l'impru-

et

sable risquerait bien de payer fort cher sa précipitation.

le

Il

pourrait disparaître en effet dans la partie centrale. Ces îlots sablonneux au milieu de ces terrains

rocheux sont encore d'une petite hauteur

dans la

que

qu'un cours d'eau, ruisseau ou petite rivière

il

l'on rencontre

dans l'Horombe sont ou bien des fragments de quartz amorphes, fer; ces derniers étaient autrefois très

pour

les frondes.

même

de marmites de fonte, qui remplissent

nous atteindrons une sorte de

les

silex

le

même

mes

usage. Malgré

le

et

conseils,

les

des Sakalava;

ils

les

indigènes

comme pierre

est particulièrement fraîche.

Le 10

juin,

les

sable a disparu.

Nous campons

le

soir sur les

ronnés par un

fort parti

bords de les

chacun de mes

roches de l'Horombe

à fusil.

nous suivons

Lalanana presque depuis sa

le

y a quelques végétations sur ses bords, l'argile et les grandes herbes se

minutes après avoir repris notre route, traversant

'

veulent les vendre lorsque

ils

premiers villages du sud. Enfin je citerai encore parmi

employée par

La nuit du 9 juin Il

recherchés par

achetés assez cher par ces indigènes, mais atteignent un prix moins élevé cependant que

porteurs se charge de quelques kilos de ces cailloux de minerai de fer,

source.

et quel-

Actuellement, ces petits cailloux

bruns, rougeâtres, servent à l'occasion de projectiles pour les armes à feu des Bara

les pieds

flanc

Dans l'Horombe, on trouve de l'hématite rouge, sanguine, brune; on en venait chercher de

fort loin, c'était les projectiles les plus recherchés

sont

le

les rencontre, les eaux diparaissent

ne faut pas être étonné de voir sourdre du sable une jolie petite rivière. Tous

ques cailloux de jaspe, ou bien des minerais de indigènes.

occupent

effet, lorsqu'ils

à quelques kilomètres en contre-bas, à l'endroit où le terrain sablonneux cesse et où

le sable, et,

roche recommence,

les cailloux

cause d'une particularité très intéressante. En

la et

la rivière, et le

montrent de nouveau,

lendemain malin, quelques

grandes herbes, nous sommes tout à coup envi-

de guerriers bara. Notre caravane s'arrête; je m'attends à une attaque

et je

prends mes dispositions en conséquence. Malgré l'attitude belliqueuse des guerriers qui nous environnent,

mes hommes,

s'étaient

peu

à

à

ma grande

surprise, ne manifestent

peu rapprochés de nos bagages,

un grand diable drapé dans un lamba rouge éloquent, car ses gestes sont expressifs.

montre

le

sud, et semble indiquer

Il

et

aucune

crainte.

portant tout un arsenal, leur

désigne successivement de

que nous allons bien

loin.

la

des Antimerina). Des deux côtés on s'observait curieusement.

hommes

comme

d'autre pari je ne voulais à

de se remettre en route; Maislre

garde. Les Bara nous suivirent toute

la

cl

les

Bara, qui

fait

sans doute un discours

main Maislre

et

moi, puis

Comme

les guerriers le

bara soulignent

marina izayl marina izay!

celte situation pouvait durer 1res

aucun prix commencer

les hostilités,

j'ordonnai à nos

moi, prêts à tout événement, nous protégions

journée; vers

il

Les paroles n'arrivent pas jusqu'à nous,

mais nous percevons cependanl un bruit confus de voix humaines, lorsque quelque passage important du discours de leur chef (c'est probablement longtemps,

Cependant

s'arrêtent tout à coup. Celui qui parait être leur chef,

le soir, ils

disparurent derrière un

pli

l'arrière-

de terrain.


CHEZ LES BARA.

SI

En somme,

II

[.ES

HO

LiU

335

LALANANA.

ce n'était qu'une simple alerte. Les Bara indépendants axaient voulu pousser une recon-

naissance et j'étais fermement convaincu «pie devant notre attitude

pendant les

la

marche

rassemblai

s'écarter de notre route.

porteurs

me

Pendant

se tiendraient

pour

j'eus bien soin de manifester quelques inquiétudes en présence de

même pour

leur faisais voir

ils

leur dire que

Mes paroles

comme une

position était critique,

la

furent très bien prises,

attaque de Bara nous fermait

et

un heureux résultat

c'était

le

nous nous sommes dirigés vers un

gauche, depuis que nous avons quitté

la

vallée

le petit

de-

pie

remarquable,

heureusement en tuer un. Ce

petits. Je puis

bel échantillon

sentiment de satisfaction par nos cuisiniers, qui, depuis confection de nos repas. L'animal que

de couleur fauve avec une raie grise sur

les

mes

j'ai

le

Le jeudi 12

juin, à notre sortie

a dissipé la

du

petit

le

mont Ambohi-

grandes herbes où nous avons sangliers gros et

du sanglier de Madagascar le

reçu avec un

est

départ d'ihosy, étaient embarrassés pour

tué pèse plus de 100 kilogrammes; c'est une liés belle bête,

dos.

Sur

la tête

il

ressemblant à des cornes minuscules; sa mâchoire inférieure

le soleil

ce que je

chaînon de monticules qui se trouve à noter

Lalanana. Dans

rencontré ce malin les guerriers bara, se trouvaient en assez grand nombre des

la

:

nord. Dès lors

suivirent aveuglément.

l'étape d'aujourd'hui,

trakoholahy. Cette montagne termine vers l'Ouest

vif

porteurs, et je

sous aucun prétexte

et qu'il ne fallait

roule de retour vers

la

mes

Mais

satisfaits.

porte deux petites excroissances de chair, est

armée de grosses défenses.

bouquet de bois où nous venons de passer

brume du matin, nous apercevons dans

la nuit, et

ou G kilomètres,

lorsque

lo village

bara

de Mandrehenana, puis, par 970 mètres d'altitude, nous traversons un marécage avec beaucoup de

diffi-

cultés,

l'ouest, à 5

dans une contrée basse relativement au plateau environnant. Deux ou

été retardée

quelque peu par un vol important de sauterelles,

la

trois

heures après avoir

caravane entrait dans

le

village de

Betroky; l'Horombe était traversé.

Le

village de

Betroky est une agglomération absolument identique à

jours suivants, jusqu'aux pays des Antanosy émigrés. C'est

celles

que nous rencontrerons

les

Dans

cette tribu,

tout village est bâti en terrain plat, à proximité d'un grand ruisseau ou d'une petite rivière.

Nous avons

le

type

du

village bara.


VOYAGE

336

MADAGASCAR.

A

vu précédemment qu'à Madagascar, en particulier sur tiellement d'un

nombre plus ou moins considérable de

haies de cactus. Chez les Bara, on trouve Lien la

plateau central, un village se compose essen-

le

cases, entourées à l'ordinaire d'une enceinte de

même disposition

générale, mais avec des modifications

importantes. Ainsi Betroky, qui compte une cinquantaine de cases, semble très grand. Cela tient à ce

que

les

cases sont disposées par groupes de o ou G unités.

DAR.V

Chaque groupe comporte pour

une seule agglomération de cases;

hameaux. Celle disposition,

très utile

pour

d'une seule haie, mais bien

l'effraction

désagréable pour nous;

faut,

il

il

est la le

une

DE BETHOKY

enceinte spéciale, haie de cactus, large, fournie et épaisse. être

lui seul

plutôt

la

En somme

défense des villages bara

passage de plusieurs

pour rentrer chez

le village

juxtaposition d'un certain

soi, se faire

bara ne semble pas

nombre de en

elle nécessite

enceintes

effet,

successives

ouvrir un grand

nombre de

petits

non pas est

liés

portes, et

ce n'est pas toujours chose facile de retrouver son chemin dans ces labyrinthes épineux. Chacune de ces enceintes

comprend

quent pas entre général

'.

Ce

elles.

ses portes, ses cases, son parc à bœufs.

Ce sont aulant de

petits villages juxtaposés et

tout est toujours susceptible d'agrandissement par

s'appuyer contre

le

;

vaste;

il

elles

ne communi-

formant un tout qui porte

le

un nouvel enclos de cactus qui

nom vient

précédent.

Betroky est assez propre dans son ensemble esl

Le plus souvent

il

compte 150

contient, en plus de ses six cases, de ses

à 200 habitants. L'enclos

où nous sommes

deux parcs à bœufs spéciaux,

1. Chacune do ces petites enceintes a un nom particulier qui malheureusement peut donné au voyageur au lieu et place du nom général du village.

et

de son

petit

être, suivant les circonstances,


43



CHEZ LES BARA. pour

réduit

piler le riz,

339

un assez large

espace découvert où nous pouvons

nos cinquante pas, chose

faire à l'aise

rare dans

Betroky

pris

j'ai

un village malgache.

comme

village bara, je puis

son où nous

sommes

Si

type d'un

prendre

mai-

la

comme

logés,

le

type général des cases de cette tribu.

Lue maison bara possède, sur plan horizontal,

de3m.

parfait,

du

l'arête

sud.

la

10 à 4 mètres de côté, étant orientée nord et

toit

façade principale du

la

Là charpente générale

ouest.

le

forme d'un carré

se

côté

com-

nommés

pose de deux grands poteaux

handry plantés verticalement au mides deux côtés nord

lien

deux

forts

pieux supportant

drier longitudinal

tage

que

el

sud. ces

el

l'on

Aux angles du autres pieux

<pii

forme

le

ma-

le

faî-

appelle vovonana.

carré

quatre

son)

verticaux,

zoron-

les

leur extrémité supé-

trano, reliés à

rieure par des traverses latérales, les

Sur

sokona.

parallèlement Ir/niu,

partie supérieure de

la

cette charpente

rudimen taire, on pose des chevrons, landro-

qui Supportent eux-mêmes des

traverses longitunales, en bararata;

ces

nommées chaume (chez

traverses,

supportent

le

varivary, les

Bara I

ou

les

feuilles

de lataniers (dans

l'Ouest); l'ensemble du

loi!

se

(1EFS

DE

BEI ROKY.

nomme

couverture en herbes sèches, teny. Les cloisons sont formées par des claies debararata, enduites le plus souvent d'une couche de bouse de vache el d'argile plastique, ce revêtement est très utile pour protéger les habitants du logis du froid et de l'air vil' de la nuit. La porte es! ménagée le plus souvent tafo, la

sur

la

faite

face ouest

cl

du côté nord,

d'une seulepièce de bois,

porte s'ouvre en laisse passer

cl la

fenêtre sur

mesure

elle

1

la

face

m. 25 :<

m.

-d

il

du côté

x

dedans, un cadre forme un recouvrement en dehors.

une queue de bœuf,

elle sert à

plantée dans l'encadrement en bas

et

Est. La porte,

m. 03

Au

en dehors assure

la

fermeture.

.

est

Celle

milieu de la porte, un trou

porte lorsqu'on sort de

tirer la

wravarana,

maison de Betroky

Comme

la

maison.

Une

cheville

gonds, on a ménagé à

la

porte deux ergots, l'un en haut, l'autre en bas. qui pénètrent dans des trous correspondants de l'enca-

drement.

L'ameublement d'une case

est

des plus simples. Le

foyer, fata, carre de 70 centimètres, est

lit, kibany, occupe la plus grande place. Le une masse argileuse au centre de laquelle sont élevées trois

pierres hautes de 20 centimètres; les loko,

prières dans l'angle sud-ouest, de est construite une petite étagère

la

le

foyer

est

case. Les ody sont

nommée

toujours au nord. Les indigènes disent, leurs

pendus après

la

cloison est, dans

taky, elle porte divers ustensiles.

le

coin sud-est

Près du foyer, une grande


VOYAGE A MADAGASCAR.

340

cruche, simjbe, repose sur un support en pierres

nommé

sous une petite corbeille de jonc. Nous avons vu que chez les Anlimerina

les Betsileo les

chez

et

Nous

élevés; chez les Bara, ces seuils ont disparu.

entrerons dans

cruche

torasiny. L'ouverture de la

est

cachée

portes des cases avaient des seuils très

verrons de nouveau plus au sud, lorsque nous

les

pays des Antanosy émigrés.

le

Les Bara de Betroky

et

de

la

indigènes, qui appartiennent à la suite

environ 12 ans, à

contrée environnante s'appellent plus particulièrement Antaivondro

grande tribu de Bara, sont venus de

la

l'Est,

du

sudd'Ivohibe. C'est,

d'une guerre heureuse avec une autre tribu bara. que

les

Antaivondro

;

il

ces y a

se sont

étendus jusqu'à Betroky.

Nous séjournons dans

le village le

samedi 11 juin

nous passons un bon moment

et

petit

du pays, qui sont décidément très nombreux. En enclos, chaque division dont est formé le village a un

qu'il

nous faut voir

aux

effet,

rois

et

combler de cadeaux. Le

roi

roi,

à l'aire des visites

Betroky n'a pas un chef unique; chaque

des ministres, des personnages importants,

de notre quartier nous procure un guide, Andrianèvo,

Comme chez les Sakalava, je retrouve faut me cacher pour préparer la peau du

qui doit nous conduire demain au prochain village.

de

l'ady

plus ennuyeux les uns que

tué hier

j'ai

titre

que

le

Comme

porc. Enlin,

miroirs, des aiguilles, à

ma

les autres. 11

nous ne sommes plus en pays anlimerina,

un

il

y a partout des

lot

de perles, on

les

me

je

Maistre, que n'absorbent pas ces soins de collections zoologiques,

en bulle

raire, est

à

la curiosité

indiscrète des

hommes

sortes de petites misères: son encrier est renversé s'épilent avec ses

compas, une femme

gros roi d'un quartier voisin regardant par l'objectif, et,

pour

le

monde

le

il

a tous

deux ou

a pris ses tire-lignes

est tout joyeux

nous

et

parce

des

cl

mais

ma

réputation en souffre

livre à cette

:

opération sacrilège.

qui s'occupe adresser notre itiné-

femmes du

village.

On

lui fait toutes

trois fois sur sa planchette, des indigènes

pour

qu'il a saisi les

s'en servir d'épingles à

jumelles de

ma peau

chignon; un

mon compagnon,

vus dans des proportions minuscules. Maistre

délivrer des curieux, je suis obligé d'aller porter

même

croyances. Grâce à quelques petits

laisse relativement libre,

grande satisfaction, on s'éloigne de moi pendant que

beaucoup

sanglier que

sanglier est mis en interdit au

le

accommodements avec

me

ici

est très

et

que,

importuné

de sanglier à ses côtés. Aussitôt tout

se relire et fait place nette.

Le dimanche

13 juin,

où nous avons logé hier

nous quittons Betroky sous soir veut bien

nous donner,

mpanjaka de

la

conduite du guide que

et

une lionne étape nous conduit au village bara

le

l'enclos

d'Ivahona.

Toute lalany

la

et

journée nous avons marché dans

la

brousse,

et

nous avons passé près de deux

Analalisaka.

'

\

/

'

UN

SANGLIER DE

L

HOROMBt

.

villages,

Amba-


m

5AK0A

h

NIDS

ET

DE

y

DAKS LA BROUSSE.

fERMITES

CHAPITRE

XII —

Mangoky ou Onilahy, sa vallée, ses géographiques à Madagascar. — Village d'Ivahona. Tsivory. — Le mont Tsiombivositra. Au pays 'les Antanosy émigrés. Tamott Retour à Tamotamo. Visite au roi de Tsivoy. Séjour à Tsivory. Les Antanosy. De Tamotamo à Tsivory. Dans la brousse, nids de s la route du Sud. n commerce de ody. — Fabrication d'une amulette. Nous repre La Arrêtés par les cactus. Au pays des Antandroy. termites. —Chez les Bara Manambia. Tiesetra. Pierres levées des Antanosy émigrés. grande plaine du Sud. Au village d'Imitray.

Renseignements sources.

et n

a

[aborano.

-

I

pendant

par

marche d'aujourd'hui,

la

les

renseignements

le

pouvons

à lui, nuits

Il

il

la

el

tant s'en

faut. J'ai

écriture,

qui parait

parle dcvanl nous sans défiance; grâce

surtout obtenir les vrais

noms

points remarquables que nous ne cessons de

faite

à

cause de

la

mon voyage

à

n'es!

pas parfaite,

Madagascar

l'écriture

Européens ont données aux Antimerina; mais celle seulement pour le dialecte antimerina, répond mal, dans bien

noms géographiques

les

à

Madagascar

tribus superstitieuses une leurs

langue du pays, qui

toujours adopté dans

des eas. au dialeele des autres tribus.

coutumes, tout

A

côté de celle question d'écriture des

vient se placer surtout

dans ces pays de

nouvelle cause d'erreur. D'après leurs idées et

village, toutelocalité

ou point quelconque dénommé,

Mais lorsa reçu son nom d'un mpanjaka ou d'un personnage influent. personnage vient à mourir, le point géographique considéré perd que ce

son premier nom, puis

est interdit de

homme,

de nous donner. Cel

il

pour nous,

route.

l'orthographe que

chef défunt. Ce n'est pas (oui

été très précieux

remarquer que, pour placer un nom propre sur une carie malgache, ouvrir une petite enquête', el malgré cela, on a toujours beaucoup de

l'an!

JEUNE PILLE CHEZ LES ANTANOSY EMIGRES.

a

esl à

chances d'erreur; d'abord

et

el

rectifier notre itinéraire el

dos villages, pics, montagnes relever sur

guide bara

qu'il n'a cessé

intelligent, a banni toute crainte

il

mais

— —

:

non seulement

prononcer

le

nom

les

est

dénommé

de nouveau par

le

successeur du

points géographiques changent constamment de nom,

d'autrefois;

il

est fady de parler d'un mort,

On

conçoit qu'avec


VOYAGE A MADAGASCAR.

342 pareil système

un

mées

il

assez difficile de reconnaître dans ces pays des localités antérieurement

est

décrites par les voyageurs. Ainsi, je viens de parler de Betroky, et

et

que dans quelques années, après

mon

trouvât plus trace de

ne

le village

itinéraire.

compte

village bara d'Ivahona

Le

mort de Monsieur Betroky, un voyageur passant dans

la

dénom-

pourrait très bien se faire

il

peu près soixante cases;

à

Nous avons encore quelques heures de

jour,

il

absolument disposé

est

température est très supportable;

la

comme

Betroky.

bas cepen-

le soleil,

dant, nous inonde encore d'une vive lumière. Voulant profiter de ces circonstances favorables, je vais et j'invite le roi principal

quelques photographies,

faire

grande place du village. Je

lire

d'Ivahona

tout à loisir leurs portraits,

et je

et tous ses guerriers, à venir

termine

prenant sur ces indigènes quelques mensurations anthropologiques. Les membres de

la

la

famille royale

qui nous servaient de sujets d'expérience, se prêtaient assez mal à nos recherches scientifiques.

Ils

avaient

manifesté quelque répugnance à se soumettre à nos passes de sorcellerie, éprouvé un certain

même

effroi à la

et

sur

séance de photographie en

la

vue de notre appareil de photographie; quelques cadeaux avaient eu raison de leur frayeur,

nous leur assurions du

que ces pratiques bizarres, en usage chez

reste

moi nous reliions dans

eux un

excellent remède. Maistre et

j'allais

donner l'ordre du départ lorsque

la

empêché par un grand kabary

j'en fus

voulurent commencer contre nous. Mes opérations photographiques de

mal comprises,

me

il

el l'on

de son mal de

m'accusait de sorcellerie.

Chose bien plus grave encore

projeter. sur le sol, l'ombre de

:

avait élé mise sur

son corps,

me

donc procéder

mon

Bara, guéri ce malin

n'avait pas vu,

m'accusait, tout naturellement, de

el l'on

L'un de mes

le dire.

même

ce

bara

(pie les indigènes

avaient, paraît-il, élé très

m'empresse de

je

mais plongé néanmoins dans une certaine torpeur,

tète,

la veille

Immédiatement, cette migraine intempestive

sujets d'hier avait eu mal à la tête.

compte,

dommage, imaginaire,

réparer un

fallait

pour

les étrangers, seraient

case qui nous est destinée. Le lendemain,

dans

lui

la

matinée, se

avoir dérobé son

âme. Afin d'éviter des ennuis,

il

fallut

rendre à son ancien propriétaire; je

mon innocence

et

de

la

me

mes

pureté de

à la

livrai à cette petite

intentions; j'alléguai

âme

recherche de cette

fugitive,

pour

la

chasse d'un nouveau genre en protestant de

même que

l'ombre était

difficile

à retrouver

à cause du temps couvert; j'y réussis enfin. Avec quelques cadeaux tout est oublié et nous pouvons en

paix quitter

le

village d'Ivahona.

Pour raconter ce qui

était arrivé et

pour expliquer ce nouveau genre de sport,

je suis obligé d'entrer

dans quelques renseignements.

Pour la

l'intellect

rudimentaire des Malgaches,

personnalité est

Jamais non plus

il

l'idée

de la mort complète, de l'anéantissement total de

absolument inconcevable. Jamais un Malgache n'admettra ne supposera un seul instant qu'une maladie puisse

de sorcellerie. Pour ces primitifs,

la

maladie

el

morl ne sont que

la

lui

l'idée

d'une mort naturelle.

venir en dehors d'une opération

le résultat

d'un mauvais sort qu'on

leur a jeté, d'une mauvaise chose qu'on leur a fait prendre, d'un poison quelconque, d'une invocation

magique; donc, tout logiquement,

le

Malgache, croyant que

mort

la

maladie n'est qu'une tentative de meurtre, dans ces deux cas veut 11

es! aussi à

ment

peu près calquée sur

coutumes d'une

race,

même

par l'intelligence, la vie future, idée produite par l'imagination,

la vie terrestre; il

de

telle

tout n'est pas fini

dans une autre contrée

'

:

1.

âmes de

el

en présence de

son âme, son esprit, vont quitter

la le

le

genre de

mort d'un individu, corps,

il

est vrai,

L'âme d'un Malgache

s'en va

donc

à

mœurs

cl

les

vie future. Les ils

mais

s'imaginent s'en iront

Ambondrombe ou

ses troupeaux, de sa maison, de son mobilier; elle se nourrit

Ambondrombe, pour

vie, les

au sujet de cette

est à

au

revivre d'une autre vie, entourés des êtres et des objets qui leur étaient

familiers lors de la première existence. suivie des

sorte que, étant donnés

est possible d'en déduire ce qu'elle doit croire

Malgaches n'échappent pas à celte remarque,

loin

la

remarquer que l'imagination humaine n'étant qu'un ensemble de souvenirs, capricieuse-

intervertis, disloqués

volontiers que

qu'un assassinai, que

n'est

les venger.

les habitants

du plateau

central.

même

ailleurs,

des âmes de son


.

LES ANTANOSY ÉMIGRÉS, LES MANAMBIA, LES ANTANDROY. En somme,

sa viande.

riz, île

c'est

une existence toute semblable

à la

343

première qui recommence; l'imagi-

nation ne va pas au delà.

La perte

capture de l'âme à Madagascar sont un

et la

Mon ami Rainimanana, de

l'indigène.

pour donner tous P. Abinal, qui

l'âme, récit

sans lité

les

allusion à celte chasse à

l'ail

que

je ne saurais

mieux raconter,

une partie de son origina-

enlever

lui

très commun, du moins dans la pensée de Fianarantsoa, m'avait parlé de celte croyance, el à celle occasion éclaircissements nécessaires au lecteur, je vais citer un passage du livre du l'ait

'.

Le Malgache

«

de l'âme.

claire

pas une notion

n'a

n'en

11

de l'homme; pour

vital

pas

l'ait

lui

âme

bien

principe

le

sont

vie

el

choses distinctes, indépendantes, quoique cor-

Le corps peu! vivre sans l'âme, du

rélatives.

moins pendant un certain temps; l'âme, de son peut

côté,

sans

vivre

manière précaire

le

mais

corps,

d'une

pendant quelques années

el

seulement «

Pour

l'âme des aliments,

de

rir

subsister, paraît-il, elle doil se nour-

comme

tout

temps, d'ailleurs, de son union avec

au

corps,

que l'âme humaine mangeait l'âme végé-

alors tale

le

du

riz,

donl

le

corps n'avalait que

la

sub-

sistance matérielle. «.

Une

pareille conception

a son

animé ou inanimé

être

aussi bien que

canon,

âme,

l'animal. Le bœuf,

la

le

piaule

chou,

le

une âme, absolument

uni

pierre,

la

suppose que loul

comme chacun de nous. <

Mais enfin, qu'est-ce que L'âme humaine

pour «

les

Malgaches?

L'Ame

fait à

humaine

n'est

l'image du Créateur;

un

point c'est

nothe

esprit,

plutôt

«

le

même modèle que

La morl ne

l'ait

\.

une

doublure de l'homme, plus subtile que l'homme sur

Giint: haï

visible el

corporel, qui tombe sous les sens, et (aillée

lui.

que séparer l'homme de sa doublure.

.Mais

comme

ils

sont faits l'un pour l'autre,

ils

ne peuvent vivre séparés qu'au détriment l'un de l'autre. Aussi tous deux s'aeheminenl-ils d'abord d'un pas inégal vers leur terme fatal, qui est la seconde morl, le néant. Les Malgaches ont plusieurs noms

pour désigner l'âme; parle second;

ils

Sans avoir

la

on leur demande ce

définissent

ainsi le cercle vicieux ,

si

le

second par

dans lequel

ils

qu'ils le

ici

troisième,

Ame

se dit

premier de ces noms,

dernier enfin par

le

ils

premier, complétant

fond de leurs obscures idées, en pareille matière, nous ce que nous avons pu comprendre des théories émises par eux, sur la nature de

mots dont

ambiroa,moroa ou miroa. Or. amby

ils

se servent

pour

la

désigner.

ou ambiny signine surplus, ce qui est ajouté; roa

pour miroa, est veut dire deux; ambiroa signine doue surplus de deux, ajouté à deux. Moroa,

1.

répondent

le

l'âme, en nous aidanl de l'étymologie probable des «

el le

le

s'enferment

prétention de voir clairement

essayerons d'exposer

entendent par

H. P. Abinal, Vingt ans à Madagascar.

un verbe


VOYAGE A MADAGASCAR.

344

avis sont partagés. qui signifie être deux. Qu'est-ce que ces deux, ou ce surplus de deux? Les

néanmoins

qu'elle

curieuse explication

objet, tout corps a

Tout

«

la

voici

:

une ombre, mais on trouve auprès de l'ombre quelque chose de moins obscur

pénombre.

c'est la

:

En

«

El qui donc

«

Pour

produit, cette pénombre,

la

les partisans

de miroa, l'âme,

ce n'est l'âme?

si

pénombre.

c'est la

et la pénombre; mais il y aencore, ajoutent-ils, celte « Les partisans d'ambiroa admettent aussi l'ombre l'ombre, qui côtoie la pénombre voilà l'âme. légère nuance indécise et presque imperceptible de :

Cette dernière opinion est

<

qui est reçue

A

<,

comme

la

plus certaine.

la

comme

maloatoa. Ma, préfixe du mot ton.

Le tout peut se traduire par L'âme se désigne encore par

«

chose signifiée par

Nous

l'être.

mot

le

dirions

Dans

«

mot

les provinces, ce

elle

prend

le

nom

spécial de

diminutif.

l'individu.

Le préfixe a marque un acte ou une tension vers la obscur, noir, indécis. A-velo, vaguement obscur, fantôme de

l'être.

malfaiteur mort prend

lame d'un

mauvais

signifie lutin,

Les angalra sont des êtres maigres

nom

le

génie. Les

d'angaiïa.

âmes des

sorciers s'appellent /olo;

des squelettes, avec de longues dents, une longue cheve-

comme

seule bouffée de leur haleine empestée peut donner la mort à distance.

Une

lure et de longues griffes.

du corps

très opiniâtre, s'acharne sur la partie

Le Mo,

«

indique

le

reviennent assaillir les vivants pour les faire souffrir.

elles «

de

ion,

d'avelo.

principal; vélo,

Chez les peuples de l'Imerina,

«

nom

le

une ombre de

:

la répétition

un semblant de

:

.,

mais en outre

s'appelle encore ambiroa;

du corps, l'âme

la sortie

plus générale, je dirai presque, l'universelle croyance du pays, et celle

attaque; les poitrinaires surtout meu-

qu'il

rent victimes de sa rage.

L'âme, n'étant point

«

diatement. L'opinion sa vie.

Pour

le

principe vital, peut s'envoler sans que

la

mort de l'homme en résulte immé-

un an avant

plus générale est que l'âme se retire du corps de l'homme

la

certains, c'est onze

la fin

de

c'est treize lunes.

mois environ; pour d'autres,

L'âme ne s'envole point de son plein gré. Quelle est celle qui se dégoûte du séjour des vivants, au Malgache. Elle redoute ces froides point de lui préférer celui des ombres? Certes, ce n'est point l'âme du «

demeures,

et

ne cherche à

rendre que

s'y

plus tard possible.

le

Mais un être malfaisant par nature, un être dont

«

nommer par

blable, le sorcier, puisqu'il faut le

paisible

mort

du corps,

naturelle.

n'attribuera sa

et

de

la jeter

Personne ne mort

sur

la

destin est de haïr, par-dessus tout, son sem-

le

son nom, possède

roule du néant. De

là vient

naturellement chez eux.

finit

ni à l'âge ni à la

maladie, mais à

la

l'art

infernal de ravir l'âme à la

que

les

demeure

Malgaches ne croient pas

à la

vieillard meurt-il plus qu'octogénaire, on

Un

malice d'un sorcier.

Quand un sorcier a choisi sa victime, il passe près d'elle inconnu, inoffensif en apparence; il met le pied sur son ombre ou la pénombre! Voilà l'âme saisie! 11 l'emporte captive sous la plante de son pied; «

son art accomplira «

L'âme

est

si

dice; mais bientôt

Comme

« c

<.

le

reste.

légère, il

que

maigrit,

celui qui en est privé ne s'aperçoit pas d'abord il

Mais vous avez perdu votre âme!

lui dit-on!

lime du sorcier, cela doit être puisque vous reconnais plus moi-même. «

Là-dessus,

le

pauvre

(.

11

est

remarquez. D'ailleursje

inspecte ses trois ombres;

comment

un premier moyen pour

mpsikidy (diseur de sorts).

le

On

faire

ressaisir

va donc

pour

lame

le

:

la la

m'avez

saisi; j'en ai

me

commis

— Hélas,

débilite à

trouver

mesuré toute

la gravité.

il

n'en voit (pie deux, d'où

à son préju-

répond

la vie-

vue d'œil, je ne

me

conclul qu

n a

il

il

rejoindre? famille éplorée tienl conseil,

et

on expose

se recueille d'abord profondément, puis, relevant la tète ».

vol

»

homme

plus d'âme. Elle est déjà loin;

le

perd ses forces; à peine

vous avez changé,

du

peut se traîner.

s'il

:

ci

J'ai

Consentez-vous

à

l'affaire.

parcouru

el

décide de consulter

En homme le

expert, le mpsikidy

labyrinthe du cas dont VOUS

en subir les suites, ou voulez-vous que


LES ANTANOSY ÉMIGRÉS, LES MANAMBIA, LES ANTANDROY. «j'opère?

«

A ces mois,

»

avec ardeur

s'écrie

suite

le

«

:

patient qui ne peut plus se sentir de crainte dans l'Ame, puisqu'il n'a plus d'âme, monseigneur, faites; si votre art peut encore quelque chose, opérez de

Faites,

En même temps,

».

345

porte

il

main à

la

ceinture et en tire

la

la

pièce d'argent d'usage, nerf de

l'art

divinatoire chez tous les peuples. «

La

pièce reçue,

listiques, des «

Bientôt

mpsikidy paraîl plein d'espoir.

le

mois bizarres,

tout à

le

annonce gravement

il

11

de découvrir

l'effet

aligne ses jetons, prononce des formules caba-

de l'âme fugitive.

la piste

qu'il la tient; elle est là-bas, errant

sur

montagne,

telle

faut partir

il

à sa poursuite.

Le malade, sa famille

«

devin s'acheminent donc vers

et le

corbeille à couvercle, destinée à rapporter sûrement l'âme « <•

On

mais

arrive,

piège où

le

montagne désignée, emportant une

la

logis, après sa capture.

encore assez long.

le travail est

Avant de tendre

au

fugitive doit se prendre,

la

faut, dil le mpsikidy, épier ses allées et

il

venues, reconnaître les endroits qu'elle fréquente de préférence. «

On

donc promener

fait

malade ni chaise

le

Si le devin connaîl son métier,

Le

Au bout

tions.

même temps

compère amuse en

l'usé'

de son côté

a

qu'il

à la

fraîcheur du malin ou du soleil couchant.

temps force bouillons de poulets avec légumes

son malade par des contes joyeux

de quelques jours, quand

homme annonce

porteurs,

;'i

prescrit pendant ce

il

les

couleurs revenues indiquent un retour de santé, notre

par découvrir

fini

frais.

toutes sortes de distrac-

el

lieu

le

hanté par l'âme vagabonde

il

:

va

la

prendre. «

A

feuille

cette

fin,

dans l'endroit

si

péniblement découverl

de bananier propremenl installée

relevé, puis

il

lance vivement aux quatre vents du

garde soigneusement sa langue; chaque mettre obstacle ci

la

le

momenl

L'âme

yeux

sur

fixés

que le devin

fugitive,

suc embaumé, doux «

Le sorcier se

décisif,

les

du

lïuil

le

laisse l'aire sans résistance

la «

«

L'heureux chasseur,

maison, où

On

On «

s'en réjouit par

Quelquefois

retrouve pas. faille malade.

Il

Il

le

monde

le

seul peul voir, arrive entin à

devants

malade

le

entre, on s'assied sur

couvercle

(oui

Malgache

se lait aussi, recueilli, palpitant, el attend,

son pas ordinaire

;

puis déguste

elle flaire et

elle s'en

donne

cœur

à

joie, la

Encore

voilà prise.

la

cl

que dirige

corbeille

l'habile

du nectar,

tout enivrée

elle se

el

cl

vont toul préparer pour une réception joyeuse.

son

âme

en corbeille, arrivent ensuite

apprêts d'un festin

la

sommes

:

«

Soyez

les

ravis de votre retour

natte neuve déployée à

la

el se

présentent à

porte de

la

bienvenus, leur crient de l'intérieur, des ».

place d'honneur. Puis enfin, sur

la

demande

corbeille, et chacun peul y constater de ses yeux que l'âme n'y est pas, preuve

la

manifeste que duranl

le

on l'emporte en toute hâte.

;

les

l'on seul déjà les

générale, on ouvre

corbeille avec

travail des abeilles.

voix pleines d'allégresse; entrez, nous «

la

un coup porté aux marnais génies qui pourraient

esl

Tout

tait.

Tandis qu'oubliant toute autre chose,

Les parents prennent

place

miel.

main du chasseur l'enveloppe doucement....

«

il

une kyrielle de mois hideux, dont

ciel

mol

vilain

dépose quelques rayons de miel, sur une

il

tout à côté,

cl

de l'âme.

à l'arrivée

bouche béante, -

le

Voici

terre,

à

trajet,

le

une

fête

mpsikidy

n'en fera s'agit,

en

aux cadeaux d'usage, en

ennuyée

de famille, esl

cl le

dans

la

corbeille, elle a préféré rentrer

devin est congédié, chargé de présents

:

dans sa demeure.

il

a réussi.

sensé se tromper de montagne; son client ne va pas mieux;

pas moins effet,

d'être

pour

faire la lui,

cérémonie du retour avant que

de ne pas perdre

le fruit

la vie

lame ne

se

abandonne tout à

de ses peines, et de ne pas renoncer

pareille circonstance.

âmes perdues. Elle fut employée jadis avec succès, en faveur de la reine Ranavolana I ", par un mpsikidy bien connu encore àTananarive sous le nom de maloâ. Ayant donné la chasse à l'âme royale, il eut l'adresse de la ramener et de la retenir dans «

Telle est la première

méthode pour retrouver

el

ramener

les

r

le

corps de

celle

la

souveraine jusqu'à une vieillesse avancée. Si on

de Rasoherina

;

l'avait cru,

il

aurait également retrouvé

mais, contrairement à ses prescriptions, on s'obstina à ne pas

aller la

chercher sur


VOYAGE A MADAGASCAR.

346 les

montagnes.

On

la

chercha seulement dans

plaine

la

rejoindre

elle n'était pas, et la reine s'en alla

ses aïeux. « «

La seconde méthode

est plus expéditive

que par l'inspection des ombres

Sitôt

que

En voici du reste le procédé Tort que lame a disparu, on s'adresse à

première.

la

est constaté

il

habiles dans l'art de la ramener. Celui-ci, dès la veille du jour où à

mange

l'urne

:

lui

en apporte une seconde

l'ois; elle

de son invisible repas, l'opérateur se lève;

la fin

lient

il

du

:

l'un des riz cuit

qui, naturellement,

approche

se rendre à cet angle. Elle voit le riz servi, s'en

comment supposer qu'une àme malgache

car,

Le lendemain, on

manquer de

doit opérer, fait servir

ou L'angle des ancêtres. L'âme

l'angle de la case, dit l'angle de la prière

rejoindre ses aïeux, ne peut

il

simple

el

va en

puisse résister à l'appât d'un plat de riz?

y revient et en

mange en

toute sécurité. Or, vers

d'une main une gourde vide percée par

le

d'abord tout doucement, ensuite un peu plus fort; bientôt

haut;

il

siffle

dans toutes les directions, présente sa gourde aux quatre points cardinaux, regarde au dedans et

siffle

de l'autre, une feuille verte.

Il si l'Ile

encore, tout en présentant sa gourde aux points intermédiaires.

gourde en tournant, tantôt «

au son,

Si,

l'élevant, tantôt

juge n'avoir rien

il

son sifflement devient strident fois

1

les reins et

du sud il

à l'angle

Il

tend

el

à saisir la fugitive

commence une course grotesque

du nord, revient au

le

;

sifflant, et

manœuvre

sa

l'ouverture de l'instrument.

le sol,

change de diapason

il

mouvements

plus souvent elle est rebelle

;

se précipitent. Par-

et

exige, avant de se

chasseur se dépouille de son lamba, s'en ceint forte-

le

à la poursuite de l'âme.

Il

se

démène, court de l'angle l'ois

en une minute;

hommes

éperdus, jouant

sud, passe à l'ouest, bondit à l'est, et cela vingt,

cependant sans interruption, saute, se courbe, se relève; on

siffle

tourne en

l'oreille à

du côté du plafond, rien capturé vers

rendre, de pénibles elïorts, une longue lutte. Alors

ment

il

accéléré; son geste s'en ressent et ses

promptement

réussit assez

il

saisi

abaissant; puis

dirait cinq

aux quatre coins dans la maison. La gourde rapide passe partout, effleure tout, suivie du chasseur et de son «

sifflet strident.

La pauvre âme, déjà

par

affaiblie

épuisée. Elle cherche, dans sa fuite,

dédoublement, n'y tiendra pas longtemps;

le

un trou pour

que

se blottir; elle ne voit

la voilà

celui de la

toyable. Elle s'y précipite, pensant n'être ni vue, ni entendue de son persécuteur. Hélas le

frôlement de son «

Un

aile;

il

Et

s'était

il

gourde impi-

celui-ci a saisi

s'arrête et tend l'oreille.

bourdonnement, imperceptible à tout autre,

lui

décèle la présence de la fugitive. Plus rapide que

main applique aussitôt la feuille verte sur l'orifice de la gourde « Je la tiens! » s'écrie-t-il. reprend haleine avant de terminer l'opération, car il n'en peut plus de fatigue; et si l'âme ne

l'éclair, sa «

1

haletante,

:

pas rendue,

allait

il

tomber lui-même de lassitude

et d'épuisement.

Ne

pas d'ailleurs laisser

faut-il

à sa prisonnière quelques minutes de réflexion? «

Pauvre àme! Elle

se voir réduite à

un

en

réfléchit

effet,

étroit espace, à

si

n'importe quel individu que ce

soit,

dans

une

le

si

fond de celte gourde. Humiliée donc profondément de

demeure,

petite

dès qu'un rayon de lumière

Cependant on

«

Son premier possesseur, enveloppé d'une longue

chasseur d'âmes. Celui-ci passe issue et retire la feuille, «

La

«

que

la

gourde,

le souffle

et

que

le

toile

blanche, s'approche et s'accroupit auprès du

dans

le

il

Quelquefois,

le

reçoit

pour prix de ses sueurs il

a

un peu de

Dans

mêmes

voiles

par suite sa santé première.

somme

ramené

de 5 francs ou de

1 fr.

50 cen-

l'âme. la

gourde, largement

miel. Mais, avec celle méthode, l'attente est

longue parfois; on préfère généralement donner l'assaut à l'âme

«

la

et

mpsikidy se contente d'exposer dans un endroit favorable,

ouverte, et de faire couler, au fond de la gourde,

venons de

blanche, ferme toute

toile

corps qu'elle rencontre sous

malade retrouve son ancienne compagne,

Quant à l'heureux chasseur,

la

de l'âme a desséchée.

times environ, selon les conditions de fortune de celui dont «

résolution de passer chez

la

en fournira l'occasion.

l'âme qu'elle renferme, sous

captive, de s'envoler à l'instant et d'entrer

qu'elle. C'est ainsi

lui

prépare son logement.

«

lui

prend

elle

el la

prendre à

la

course,

comme nous

le voir.

les

maladies graves, on simule aussi quelquefois, avec des liges de papyrus, un bosquel dressé


LES ANTANOSY ÉMIGRÉS, LES MANAMBIA, LES ANTANDROY. à l'angle de la ease, appelé l'angle des ancêtres.

dépose, à côté, un bassin plein d'eau, où

y voit

son ame

que

et

naison funeste; mais connaît, par

elle s'obstine à voltiger

si

même,

le sort

qui l'attend.

allèche alors l'âme avec

vase désaltérer

elle

montre disposée

celle-ci se

On

ne

Il

au

à rentrer

logis, la

du miel

Le malade

et se mirer.

du

et

s'y

347

S'il

maladie n'aura pas une termi-

de branche en branche, et refuse de revenir, lui

et l'on

riz,

mire aussi.

le

malade

reste qu'à faire son testament et à prendre ses der-

nières dispositions. «

Quand

tout est réglé,

en jouisse à son aise une dernière

Du

du

sortir

village,

on l'expose aux rayons du

se fait porter hors de la case et

il

fois. Il

rentre ensuite pour mourir.

nous longeons, pendant quelques instants, des lacs

et

des étangs, qui environnent

complètement Ivahona, excepté du côté de l'Est; puis, nous passons près de deux

nimena un le

et

Mandisoa. Vers dix heures, nous traversons un ruisseau,

non

village situé

sud. C'est

le

y a quelques années,

Il

encore dans

la partie liasse

notre route,

cl

en

Tous

loin d'ici.

Mangoky.

ces ruisseaux se rendent à

de son cours.

le

Mangokv

En remontant

le

occidental de

hameaux

bara, Beta-

nom

Sokoarohy, qui donne son

à

un cours d'eau qui prend sa source dans

dénommé

était

Onilahy,

nom

qu'il porte

ce cours d'eau, nous trouverons sa source sur

qous aurons découvert un fait géographique des plus importants. Jusqu'ici on supposait

que l'Onilahv ou rivière de Sainl-Auguslin prenait sa source par

effet

soleil, afin qu'il

»

chaîne d'Isalo; que

la

le

travers d'Ihosy, sur

le

fleuve descendait ensuite directement vers

le 23° 30' de latitude, s'infléchissanl brusquement, coulait droit vers l'ouest

et

le

le

versant

sud, puis, vers

enfin se jetait

dans

la baie

de Saint-Augustin.

Mangokv

Celle vallée du

1res peuplée.

est

['Onilahy,

cours de ce fleuve

el

y a partout de

marquée pays

cartes existantes, cette contrée esl le

Il

désert.

nombreux

nombreux

celui de ses affluents,

villages. Et

cependant, sur

A mesure que nous remontons petits ruisseaux qu'il

la

les

vallée de

nous faut

tra-

Leurs rives disparaissent sous d'épais fourrés

verser à chaque instant, deviennent de plus en plus lents.

de bararata. Cela va continuer ainsi les jours suivants jusqu'à ce que nous trouvions la source avant, d'arriver à

Tamotamo. Dans

celle région

montagneuse,

le

Mangoky

tueux. Nous franchissons une petite chaîne de collines vallée de l'Onilahv OU

une

est disposé

et les

ruisseaux ses affluents deviennent torren-

nommée

[androtsy, qui limite, dans l'Est, la

Mangoky. Nous nous arrêtons, vers cinq heures, au

les précédents; niais

village d'Iaborano.

on remarque au nord-est, compris dans

la

Ce

village

haie de cactus, une

sorte de blockhaus élevé sur pilotis.

la

Iaborano compte environ cinquante cases. Ce village vallée du Mangoky, qui coule à 200 ou 300 mètres de

Le mardi

17 juin,

nous traversons un cours d'eau

passe à quelques centaines de mètres dans lahy à

1

kilomètre

celle étape

d'ici.

Nous traversons

nous avons remonté

de plus en plus,

elle

compte

à

les rives

peine

(1

le

là,

dans

nommé

franchi

le

ici

dans

le

de l'Onilahv, qui est

kilomètres de large.

ici

le

et qui

un grand ruisseau. Sa vallée se resserre

De chaque le

côté de celle vallée s'élèvent d'assez

Tanienomby. Avec la

les contreforts

qui

valléede l'Onilahy; c'est sur son

prend sa source.

bassin du canal de Mozambique, mais demain, lorsque nous aurons

mont Tanienomby, nous rentrerons de nouveau sur

serons alors dans

de l'Est

ensuite les villages d'Imiarina et d'Andriamdapy. Pendant toute

que L'Onilahy ou Mangoky

Nous sommes encore

dans

sud du village que nous venons de quitter, va grossir l'Oni-

prolongent dans l'Est et dans l'Ouest, celle montagne limite au sud

liane méridional

belle,

l'ouest.

Irina. Celle rivière, qui vient

hautes montagnes; en face de nous surgit un pic remarquable, la

au milieu d'une plaine assez

esl situé

le

versant de

bassin du Man.lrare, grand fleuve qui se jette dans

le

la

merdes

Indes.

Nous

sud, à G0 kilomètres environ à

village bara que nous devons l'ouest de Fort-Dauphin. Le soir, nous arrivons à Tanimalaza, dernier

trouver sur notre roule.

Bara Antaivondro, que nous venons de traverser, comme des Antanosy émigrés que nous allons la limite de leur territoire vers le sud. Au delà, c'est dans le pays des Manambia. Poursuivant entrer. Plus au sud encore, nous traverserons une nouvelle tribu bara, celle

Le mont Tanienomby

est considéré par les


VOYAGE

358

A

MADAGASCAR

LES SOURCES DE L'ONILAHY OU MANGOKY.

notre chemin, nous rentrerons chez les Antanosy, celle fois pour ne pins les quitter jusqu'à la mer. Quel-

ques heures avant Tanimalaza, nous avons eu à traverser un passage vraiment

un bas-fond, au milieu d'un marais où la route.

les pieds

l'on voyait

une

Mais, en s'engageant sur ce tapis de verdure, on s'apercevait que

enfoncèrent peu à peu;

la

fort difficile. C'était

dans

sorte de prairie naturelle, dans laquelle serpentait le sol

cédait sous les pas. Puis

position devint grave. Quelques hommes, restés en

jeter à l'avant-garde des paquets de fascines, grâce auxquels leurs

compagnons

arrière,

purent

réussirent à sortir de ce

marais dangereux. observe très souvent, à Madagascar, ces sortes de fondrières qui peuvent se trouver non seule-

On

ment sur situés

les

bords des lacs et des étangs de quelque importance, et dans

au fond des profondes

vallées,

mais encore sur

les plus

les

marécages qui sont

hauts plateaux, entre deux replis de

terrain.

Ces fondrières se forment toujours de

la

môme

façon. Pendant l'hivernage, les eaux des pluies, qui

viennent s'accumuler dans tous les fonds, ne peuvent être absorbées par un sol complètement imperméable, elles

forment donc des masses d'eau stagnantes plus ou moins importantes. Par suite de

se développe sur

les

bords de ces petits étangs,

cl

1

humidité qui

grâce au climat chaud, une végétation exubérante

se

développe bientôt. Des plantes aquatiques croissent en grand nombre, leurs feuillages s'entrecroisent,

formant à

la

surlace du lagon un véritable feutrage. Dans la suite des temps, ce feutrage augmente

d'épaisseur et de solidité; les vents amoncellent, sur sa surface, des feuilles mortes, des débris organi-

ques qui forment une couche d'humus éminemment favorable à une végétation d'herbe

En quelques

années, la couche d'eau est recouverte de ce tapis épais, qui peut

et

de roseaux.

même, dans

certains

endroits, supporter le poids de l'homme, mais dans d'autres, ce sol factice peut s'cnl r'ouvrir et engloutir


LES ANTANOSY ÉMIGRÉS, LES MANAMBIA, LES ANTANDROY

349

CASES liAUA MANAMBIA, A rAMOTAMO

l'imprudent qui

aventuré

recommander

rais trop el

s'esl

esl

toujours prévenu du danger, parce que,

l'après-midi

à

par

la

grande

'lès

île

africaine, je ne sau-

couche de feutrage, d'herbe les

le sol

premiers instants,

les |ias.

Le mercredi IS juin, nous suivons de 1res près

silra,

à travers

de se méfier de tous ces lagons recouverts de relie

de joncs. D'ailleurs un

cède sous

Dans les marches

à sa surface.

1

nous sommes aux sources du Meuve. A

la

Mangoky,

rive droite <lu

vers deux heures de

et

cinq heures, après avoir passé au col de Tsiombivo-

250 mètres d'altitude, nous descendons dans

le

bassin du Mandrare

nous sommes bientôt

el

Tamotamo. C'est

un grand

village <|ui

compte environ quatre-vingts cases; son plan général

que celui des villages que nous venons de traverser. Mais, par spéciale; ce qui frappe tout d'abord, c'esl

ment une majorité d'Antanosy, mais,

la

à côté

Manambia. Je remarque même quelques

diversité des types

sa population,

que

il

est d'ailleurs le

mérite une mention

rencontre.

l'on

même

11

existe certaine-

de ces derniers, habitent beaucoup de Bara Antaivondro et

Betsileo, et, chose plus bizarre encore, je vois dans

le

village

ces parages. Ces de nombreuses familles aulimerina, que je ne m'attendais certes pas à rencontrer dans esclaves qui ont des sont ce indigènes me racontent leur histoire; elle esl presque toujours la même :

quitté la

maison d'un maître trop exigeant ou trop brûlai;

vage n'existe pour ainsi dire pas,

elles ont trouvé,

or,

comme

dans ces contrées,

les tribus

insoumises

la tranquillité el le

fraction de cette population, qui esl descendue des hauts plateaux, est

breuse; ce sont des -eus qui oui quelques

dans

peccadilles à faire oublier,

moins

repos.

intéressante et

l'escla-

Une autre

moins nom-

de vulgaires criminels,

et

surtout

renseignements des réfractaires au recrutement ou aux corvées du gouvernement aulimerina. Parmi les nous avons en esl un que nous ne pouvons contrôler complètement, mais que que l'on me donne, il


VOYAGE A MADAGASCAR.

350

reconnu parfaitement exact dans

la

contrée traversée avant et après

densité de la population. D'une manière générale, presque ont pensé et affirmé

que

la

population de

auxquels s'ajoutaient un certain nombre fiantes. livrés,

Il

l'île

était

:

je

veux parler de

tous les auteurs qui ont écrit sur

formée en

grande majorité par

très

les

Antimerina,

n'en csl rien. Je crois pouvoir affirmer, par les calculs minutieux auxquels nous nous

que

la

population totale de Madagascar dépasse

Antimerina

et les Betsileo ne'

forment pas

ou tributaires des Antimerina représentent à gascar. Sans

aucun doute,

les

la

Madagascar

de Belsilco, les autres tribus n'existant qu'en quantités insigni-

7 millions d'habitants, et je suis

INDIGÈNES BARA MANAMIUA, A TAMOTAMO. [GRAVURE

les

Tamolamo

le

in:

sommes

persuadé que

BERG, d'aPRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.)

cinquième de ce

chiffre total.

Les peuplades insoumises

quatre cinquièmes des habitants de Mada-

elles seules les

environs de Tananarive sont occupés par une population très dense; nous

verrons cependanl plus lard qu'un territoire presque inconnu,

la

contrée des Antaisaka, est plus peuplé

encore; mais presque tous les Européens qui vont à Madagascar débarquent à Tamatave, et vont passer

quelques jours à Tananarive

ils

:

ne voient donc que

rentrés en France, de parler exclusivement de celles

du sud en

particulier, sont laissées

Antimerina,

et

s'empressent, lorsqu'ils sont

population qu'ils ont vue. Les tribus indépendantes,

complètement dans

l'oubli, el

on ne les mentionne que pour

dire

court elles seront absorbées par

les

Le mont Tsiombivosilra, dans une gorge duquel nous venons de passer pour atteindre Tamotamo,

est

qu'elles

comptent

Antimerina.

('.'est

1res

peu d'individus, et que dans un temps

les

eaux

la

géographie de ces régions.

se partagent el se rendent

Mananara;à

liés

complètement faux.

un point des pins importants pour où

la

les

l'Ouest, l'Onilahv

;

11

se trouve en effet à l'endroit précis

dans trois bassins différents. Les eaux vont grossir

au Sud,

le

Mandrare. La

rivière

:

à l'Est, le

que nous passerons à une demi-heure




LES ANTANOSY ÉMIGRÉS, LES MANAMBIA, LES ANTANDROY. dans

d'ici,

du

l'oucsl

de Tamotamo, pour nous rendre à Tsivory, est

(Tamolamo)

village

se

nomme Ianakaomby.

Tamotamo. Celle qui se trouve près un jour d'ici au sud-est; nous pas-

le

Elles se rejoignent à

scions d'ailleurs près de ce confluent. Après cette jonction,

Tamotamo.

333

la rivière, ainsi grossie,

conserve

le

nom

de

Elle se jette ensuite dans le Vorokasy; ce cours d'eau naît dans

le nord et se jette dans le Sahanony, affluent principal du Mandrare, qui arrose une grande contrée nommée Manambo. La source du Mandrare esl à Ifanantera, montagne située dans le sud, à deux jours de marche de Tamotamo.

Outre

le

Sahanony,

Mandrare

le

Tamotamo, au mont

un autre grand

reçoit

affluent, qui

Pisopiso, à deux jours d'ici dans

Tamotamo

phique des environs de

est très

au sud prend naissance un autre bassin, lage de Tsil'anihv. non loin

sud-est.

le

compliqué. Mais ce

celui

un grand

est

les cartes existantes; le

et

c'esl la

je le disais

l'ouest.

rencontre des Antimerina. Nous

l'on est

dans

une bonne

vieille, à la

est

11

vil-

;

il

se dirige ensuite droit

passe au sud-ouest chez les

ce fleuve, et quelque temps en loin, c'est

raheta.

de villages sur chaque hauteur: des cases en assez grand

village à 10 kilomètres

il

Aux sources de

précédemment, ces plaines de Tamotamo sont

plus belles agglomérations de ce pays sont

du

contrairement à ce qu'indiquent

zone des brousses, où l'on remarque de beaux satrana. Puis, plus

une contrée où ne poussent que des cactus

Comme

l'est

considérable, n'est également jamais à sec. Ce cours

plus à l'ouest encore chez les Masikora.

suivant son cours,

système hydrogra-

au sud, un peu à

Vohipary

et

d'eau, peu connu, arrose d'abord les grandes plaines antandroy, puis

Mahafaly,

le

Caramboules. Le Manambovo prend sa

la baie

fleuve, qui a de l'eau en toute saison,

Manambovo, un peu moins

donc que

se jette

source à deux jours de marche au sud de Tsivory, aux monts Ihoka

au sud. Le Mandrare

voit

pas tout, car à trois jours de marche

n'est

du Manambovo, qui

du cap Sainte-Marie, dans

prend sa source également près de

On

nombre

très

et

Tamotamo, où nous venons à remarquer que ce

sommes

populeuses;

y a beaucoup

il

sur chaque monticule. Les deux d'arriver, et Tsivory, autre gros

n'esl qu'à

Tamotamo

et à

Tsivory que

Tamotamo, chez la mère du roi. Vonanara énorme d'un bonnet de jonc. Elle met sa case à

bien installés à

physionomie réjouie,

coiffée

noire disposition. Son 61s, Zoromanana, roi du pays,

esl

absent

:

il

esl

parti

guerroyer dans

En

l'Est.

attendant son retour, qui, nous dit-on, ne peut tarder, nous irons demain à Tsivory, passer les quelques

jours qui vont précéder son arrivée.

Tsivory

esl

un village plus considérable encore que Tamotamo;

nommé

d'un roi lanosy.

En

sortanl de

rivière

en

Rainiloiijv. très influent

Tamotamo,

qui

esl

dans

le

du même nom. Puis nous cheminons

la

résidence habituelle

pays.

130 mètres au-dessus

à

c'est aussi

du niveau de

la

mer, nous traversons

la

à travers une belle plaine, presque entièrement convertie

Nous n'en avions pas vu depuis notre dépari d'Ambohimandroso, dans le Sud-Belsileo. Nous sommes encore assaillis, au sortir de celle plaine, en traversant «le petites collines, par un rizières.

vol

épais de sauterelles.

Enfin nous arrivons à Tsivory. Ce chemin, que nous avons parcouru de

sensiblemenl une ligne droite dirigée vers l'ouest. les

deux plaines.

rivière

fois

11

y a en

effel

vers

le

On

traverse

sud une trouée par où

de Tamolamo. Dans ce chaînon,

le

chemin

Tamotamo

à Tsivory, suit

un chaînon qui sépare incomplètement

le

ruisseau de Tsivory va se jeter dans la

esl difficile et rocailleux, et je le trouve

deux ou

trois

coupé par des chaussées basaltiques.

A Tamotamo,

pas plus qu'à Tsivory où nous venons d'arriver,

la

population ne se montre hostile. Les

indigènes sonl plutôt importuns; toutes nos actions sont surveillées, ce qui n'est pas sans nous gêner

beaucoup dans certaines circonstances. Les Bara Manambia ou Antaivondro sont plus sauvages que

les

Les Antimerina

craintifs et plus

autres; les Antanosy émigrés sont plus dociles et semblent infiniment plus intelligents.

el

les Betsileo

réfugiés dansées villages sont, en revanche, insupportables. Eux, qui ont

sans doute vu des blancs dans leur pays d'origine, nous assaillent constamment de leurs demandes;

pour

la

plus petite chose dont nous avons besoin,

ils

exigent un prix exorbitant,

et,

comme nous nous

adressons de préférence aux Antanosy, pour lesquels, je ne sais pourquoi, j'éprouve déjà un

cement de sympathie,

ils

commen-

essayent toujours de se mettre en travers de nos marchés, ou, tout au moins, 45


A MADAGASCAR.

VOYAGE

331

de s'entremettre pour loucher quelque argent. Tandis que les indigènes insoumis s'occupent surtout de la

culture de leurs champs, les réfugiés antimerina ont pris tout

commerce de

le

d'entre eux, qui ont fait, semble-t-il, de brillantes affaires, ont, parles

su prendre une réelle influence dans

Au

région; quelques-uns

pays.

mal partagée; nous

point de vue commercial, celte région, très populeuse cependant, est bien

verrons

qu'il

même

en est de

dans tout

le

sud de

l'île,

je suis

Les commerçants antimerina de Tsivory

affaires à réaliser. la

le

la

quelques piastres qu'ils ont gagnées,

poudre, des aimes, des

et

persuadé pourtant

qu'il

Tamotamo vendent

de

y a de brillantes

principalement

de

:

des cotonnades. Ils dirigent des convois sur Mantaora, village visité,

toiles cl

en 1807, par M. A. Grandidier. De ce point,

envoient à Tulear leurs pirogues chargées de caout-

ils

chouc, de peaux de bœufs, aux commerçants européens, établis sur l'île de Nosy-Ve, clans la baie de Saint-Augustin. Ces pirogues reviennent ensuite à Mantaora, en remontant le cours de l'Onilahy,

chargées des produits

qu'ils ont achetés; mais, je le répèle, ces produits, enlevés très

rapidement par

les

indigènes de celle région populeuse, sont complètement insuffisants à satisfaire les demandes. Pour ces

convois de marchandises,

les

négociants antimerina emploient, sur

la

roule de terre, de Tsivory à Man-

desAnlanosv émigrés; de Mantaora à Tulear, les pirogues son! montées par des Masikora, nommés Vezo dans le pays. Mantaora est à deux jours et demi de marche, à l'ouest de Tsivory. A Tamotamo, à Tsivory, et dans plusieurs villages voisins, des Antanosy émigrés me montrent des approvisionnements taora,

de boules de caoutchouc, qu'ils oui recueilli dans prix,

ils

ramassent beaucoup,

et

tronc, près de sa naissance, sont les parties de

abondante. Les indigènes recueillent

Sud encore, dans

comme

La population, comme

ils

ont

tôt, le

en

sud de Madagascar fournira une

fournit est un arbuste peu élevé; les racines ou

le

le

plante que l'on doit inciser pour avoir une recolle

marin,

sel

si

à

celui de

coagulent en

le

le

avec du jus de citron. Ces arbustes à caout-

soit

Tamotamo, enserré dans une enceinte de

nommé pour

les villages bara

fréquentes dans

beaucoup

encore,

et,

grâce à

chef un Betsileo esclave qui

cactus, mais

il

n'y

que nous avons traversés ces jours variétés dans les types individuels.

Tamotamo, présente beaucoup de

Les Antimerina sont en plus grand nombre Tsivory,

celui ils

pays des Bara Manambia.

le

a plus de ces divisions intérieures, derniers.

moins bon que

toute la vallée supérieure de l'Onilahy; nous en trouverons

communs dans

village de Tsivory est,

la

est peut-être

liquide obtenu dans des calebasses, puis

avec une solution aqueuse de

soil

chouc sont très plus au

le

à vil

coaguler proprement, mais, cependant,

dans quelques années, peut-être plus

grande quantité de ce précieux suc. La plante qui

malaxant

le

même

ne peuvent s'en défaire,

auprès des commerçants antimerina. Ce caoutchouc du Sud

du Menabe; les indigènes manquent d'acide pour

Le

brousse;

la

la force

s'était enfui

numérique

qu'ils

possèdent à

de chez son maître antimerina-

après avoir subi une grave mutilation. Rainitavy, c'est son

nom, nous

n'y a pas d'Antimerina;

Tandis qu'à

il

Tamotamo

reçoit fort bien, après s'être assuré cependant

les déteste, car, dit-il,

les

Bara Manambia

grés, des Bara Antaivondro, des Antimerina

qui prédominent. il

On

ils

«

m'ont volé

ma

qualité

que dans nos porteurs

d'homme

étaient en majorité, ayant à côté d'eux des

et

des Betsileo,

ici,

et

de Betsileo.

Au

Antanosy émi-

à Tsivory, ce sont les Antanosy émigrés

trouve bien à côté d'eux quelques Bara Antaivondro, mais

y a aussi beaucoup d'Antimerina

il

».

sont peu nombreux;

ils

milieu de tous ces représentants de tribus

diffé-

rentes, je rémarque un certain nombre d'individus représentant une peuplade que je ne m'attendais guère à trouver dans ces parages. Ce sont des Tanala. De même qu'il y a dans ces régions des Antanosy

émigrés, qui ont quitté leur pays d'origine pour fuir

la

tyrannie des Antimerina, de

des Tanala émigrés qui oui quitté leurs forêts de l'Est, poussés par Je parlerai dans toire qu'elle

le

le

même

même

on y rencontre

mobile.

chapitre suivant des Antanosy émigrés; l'importance de cette tribu,

le

vaste terri-

occupe, ses caractères ethniques, méritent une mention particulière. Quant aux Tanala

émigrés, leur importance est beaucoup moins grande. D'après tous cette population de

Tanala ne dépasserait pas

ici

les

renseignements que je prends,

quelques milliers d'individus. Cependant ce

important, ces exodes successifs, ces populations qui préfèrent quitter leurs pays plutôt

l'ail,

assez

que de subir

la


LES ANTANOSY ÉMIGRÉS, LES MANAMBIA, LES ANTANDROY.

355

tyrannie antimerina, toutes ces choses montrent que, malgré l'appui intéressé ou aveugle que prêtent aux Antimerina certaines nations européennes, ceux-ci n'ont pas encore fini de conquérir Madagascar.

Nous

restons trois jours à Tsivory.

Ce

grés.

la dominaiton des Antimerina.

de l'Est vers

faite

Nous sommes du

qualificatif d'émigrés leur vient

'< 1

>uest.

Il

ici

dans une contrée habitée par des Antanosy émiont quitté

fait qu'ils

est assez difficile de

donner

le

pays d'Anosy, pour se soustraire à

le récit

exact de cette migration, qui s'est

Les documents font complètement défaut. Quant aux légendes des indigènes,

toujours fantaisistes, elles sont souvent contradictoires.

Quoi

en

qu'il

soif, les

Antanosy qui, pendant près de deux

siècles, avaient

vécu dans

les

environs de

Fort-Dauphin à l'ombre de notre drapeau, et qui, pendant ce grand nombre d'années, restaient souvent

sur leurs vastes territoires du sud-est,

fort paisibles

abandon de Fort-Dauphin,

Antimerina vinrent

les

s'établir

le

le plus

quittèrent en foule, lorsque, après notre

dans

les lieux

si

longtemps occupés par nos

troupes.

Vers 1845, trop

Antanosy,

les

nombreux

chefs, firent alliance avec

Beaucoup d'Anlanosv

Tamotamo

comme

affaiblis,

de Tsivory. Depuis, leur puissance

et

ouest

vondro

A

Bara Manambia.

el les

roi

des Bara Manambia, qui les appela près de

lui.

devant eux avec ses plaines

fertiles.

et

;

ils

vivent en

sens nord

le

bonne intelligence avec leurs

sud. mais très long dans

cl

au midi, enclavés

le

sens

qu'ils étaient entre les Antai-

heurtaient à de hautes montagnes, qui soutiennent un grand

zone forestière.

la

accrue

au nord

eflel

l'est, ils se

plateau désert allant jusqu'à

s'e<l

peu large dans

ne pouvaient s'étendre en

Ils

.

un grand

sont donc venus à celte époque se lixerau sud de l'Horombe, dans les environs de

voisins; le territoire qu'ils occupent est est el

toutes les tribus indépendantes, par les rivalités de leurs

A

l'ouest,

au contraire,

Les Antanosj se sont donc peu

à

la vallée

de l'Onilahy s'ouvrait

peu avancés dans celle direction

jusqu'à quelques kilomèl res de l'embouchure du fleuve. Les Antanosy émigrés vivent en 1res bonne intelligence avec le^ différentes tribus bara, donl

ils

ont adopté peu à peu presque toutes les coutumes.

point de vue ethnique, l'Antanosy diffère sensiblement

sous ce rapport

se rapprocherait

il

moins grosses,

lèvres sont

ou légèrement ondulés. chevelures. L'Antanosy

et,

(Test esl

davantage des gens de

caractère tout à la

du Bara; sou

seule tribu de

la

fait distinctif ,

Madagascar

teint est

cependant plus foncé,

côte orientale. Son nez

esl

moins épaté,

peu qu'on supérieur

le

il

al Ici ni

des

lai lies

élevées.

fréquente, bien

Ions ses voisins.

à

Je ne saurais mieux

parer qu'à

l'

Antimerina, avec

que

cette restriction

plus superstitieux et

sède plus de

che

n'a

il

qui'

pas tous de

l'habitant

sonl

s'il

est

pos-

s'il

en revan-

fm/ij.

présente à un Ils

com-

le

\ices

les

l'Ankova

haut degré.

si

doue bien supérieurs

à l'Anlimerina

el

plus inté-

ressants, ces boni n les du SudEst, dont si

une partie

longtemps

domination,

été

sous

notre

que

nous

cl

avons abandonnés ment.

a

si

ses

qui, avec les Antimerina, présente de telles

bien musclé, souvent de forte corpulence,

montre, pour

se

il

ef

l'Antanosj de race pure a les cheveux lisses

de vue des qualités intellectuelles,

Au

légèreCASE ET GRENIER A RIZ CHEZ LES ANTANOSY ÉMIGRÉS.

Au

point


VOYAGE A MADAGASCAR.

356

des coutumes générales que l'on trouve partout à Madagascar

En dehors

et qu'il est

inutile de décrire

de nouveau, les Antanosy présentent à l'observateur des usages spéciaux que j'aurai soin de montrer à l'occasion et au fur et à mesure que nous cheminerons dans leur pays. D'ores et déjà je dois dire qu'ils sont surtout intéressants à observer dans les territoires du Sud-Est, c'est-à-dire dans

le

pays d'origine

de ces peuplades. Les Antanosy émigrés ont bien conservé, jusqu'à un certain point, les coutumes de leurs pères, mais elles ne se dégagent pas évidentes, au milieu d'une foule de pratiques bara ou mahafaly

que

Antanosy émigrés ont adoptées. Pendant noire séjour à Tsivory,

les

des Antanosy émigrés

Rainitonjy habite à 2 kilomètres

;

deur Rainizanaka m'a fortement engagé à

faire cette

d'ici;

il

je vais rendre visite

est aveugle et très âgé.

démarche, car

il

au

roi

Mon comman-

prétend que Rainitonjy, malgré

son grand âge et son infirmité, a beaucoup d'autorité, non seulement sur ses sujets de Tsivory, mais encore sur les autres Antanosy, que nous devons rencontrer dans le Sud en allant à Fort-Dauphin. Je

me donne

rends d'autant plus volontiers aux excellentes raisons que désireux de voir le vieux monarque antanosy et son entourage.

me

Un

après-midi,

accompagné de Rainizanaka

me

troupe d'habitants de Tsivory, je village.

Une

rends à

Rainizanaka, que je suis très

de quelques-uns de nos hommes, suivi d'une nombreuse

et la

résidence du vieux Rainitonjy.

Nous arrivons

case, un peu plus grande peut-être que les autres, se trouve devant nous

:

vite

au

c'est le palais.

Sur la façade nord est ménagée une petite ouverture. Je distingue dans l'ombre un vieillard accroupi occupe le centre. Rangés en c'est Rainitonjy. Devant la case royale s'étend un large espace. J'en :

cercle, à gauche, sont des guerriers

armés

;

femmes

à droite, des

et

des enfants.

Mes hommes

se grou-

pent à mes côtés. Des Antanosy armés de sagaies exécutent des danses guerrières, pendant que, probablement pour soutenir leur ardeur, les femmes et les enfants psalmodient des chants sur un rythme plaintif.

Ces divertissements

Cependant

les sièges

et ces

jeux madécasses

manquent sur

mes hommes me

ce

sont,

toujours

les

champ de manœuvres. Au

chercher un mortier à

mêmes

:

on s'en fatigue

vite.

risque de ne pas suivre l'étiquette,

sur lequel je puis m'asseoir. Quelques

deux de Antanosy ont bien manifesté un certain étonnement de voir l'étranger prendre un siège en présence de leur souverain, mais, comme tout Malgache, ils n'ont rien dit devant le fait acquis, et je reste assis, le

j'envoie

plus paisiblement du monde, plus heureux en cela que

le

riz,

Résident Général de France qui, chez

les Anti-

merina, a dû user de tant de diplomatie pour obtenir un modeste tabouret au fandroana de Tananarive. Je profite d'un moment de répit que me laissent les danseurs et les chanteurs pour présenter au vieux Rainitonjy

mes cadeaux de bienvenue.

répandra probablement pour

la

J'ai sorti

première

les

fois

quelques mètres de cotonnade, des perles, de

ce que j'avais de airs

poudre

la

de et

la

mieux

:

une boîte à musique, qui

Mascotte sur les rives de l'Onilahy, puis

quelques aiguilles.

Un

vieillard, qui se tient

près de Rainitonjy, me remercie. C'est sans doute un ministre, puisque chacun des souverains de Madagascar en a au moins une demi-douzaine. Cet homme respectable m'a parlé en antanosy. J'ai fort bien compris, mais je ne saisis pas un mot du discours que m'adresse un de ses collègues. Il emploie saisir et comprendre un traître mot le créole de la Réunion, je le perçois vaguement, mais je ne puis

de cette langue nègre et là. Enfin la

et

cérémonie

malgache, où quelques mots français, est

mal prononcés, sont disséminés çà

terminée, et je puis retourner à Tsivory, convaincu que Rainitonjy ne mettra

pas d'obstacles à mes projets de marche vers

Le monarque antanosy

fort

fait

le

bien les choses

Sud. ;

les airs

de

la

Mascotte ont été agréables à son oreille

puisque, ce soir, je reçois de sa part un petit troupeau de bœufs. Ce cadeau royal n'est pas sans me gêner quelque peu; je n'ose le refuser, et je suis très embarrassé pour le loger. Je suis en quête d'un

expédient quelconque, car je ne puis raisonnablement songer à faire entrer les bœufs dans ma case, lorsqu'un messager royal, à mine renfrognée, vient me les reprendre de la part de Rainitonjy. Ce pro-

cédé

me

laisse rêveur.

Tout s'explique néanmoins, lorsque mes porteurs viennent

se

ranger autour de

moi, en m'assurant que nous allons être attaqués par les Antanosy émigrés; ils m'expliquent que ce revirement soudain de Rainitonjy a été causé par une grave insulte de ma part. Parmi les cadeaux que je lui ai faits, se trouvaient des aiguilles;

il

y en avait sept

:

ce chiffre sept est fady à Madagascar, et


LES ANTANOSY ÉMIGRÉS, LES MANAMBIA, LES ANTANDROY. malheur en

porte

Je

constances.

nitonjy.

me

disculper de

cette accusation,

pas compté

avant

de

ma

vieillard

que

expliquer

même

part,

c'était

;

un oubli de

une simple ignorance

du pays.

des coutumes

beaucoup de choses,

et

nie

Il

longtemps,

causer

faut

n'avais

je

donner

les

et

les aiguilles

simplement

tout

un

pour me

faut,

retourner près du lui

cir-

donc

du mal à Rai-

sorcier qui veut Il

toutes

suis

dire

surtout

pas mal de cadeaux, pour

faire

obtenir qu'il ne

Vers

guilles.

plus ques-

soit

malheureuses

ces

de

tion

ai-

deux heures du

matin, j'obtiens gain de cause,

mais ce

n'est

PEMME

dans

KOROMANANA

:

FACE

PROP1L.

f:t

effets

de couchage. Celle privation

me

parut pénible

longtemps de n'avoir pas donné une aiguille de plus ou moins au

regrettai

suite, el je

la

l'F.

pas sans peine. Je

abandonner à Rainitonjy une partie de nos

dois

357

roi

des Antanosy émigrés.

Harassé de fatigue, je quille Rainitonjy

malheur

est

bon

je suis débarrassé de

:

Le 24 juin, nous revenons

un Manambia;

esl

de Maistre

visite

il

habite,

non

loin d'ici,

absolument réglée

fui

dois dire, à la louange des l'ara l'avait

(

ma maison

rentre dans

je

mon troupeau

Taniolamo.

à

et

un

comme

village qui

petit

l'avail été la

Manambia, que

monarque manambia,

cl les

guerriers de

porte aussi

mienne

leur accueil

la tribu le

A

quelque chose

de bœufs.

Jette fois, Maisl re esl chargé d'aller voir

fui

lors de

à

le

grand chef. Ce

roi

le nom de Tamotanio. La mon voyage à Tsivory. Je

beaucoup plus

Antanôsy. Maislre, après avoir remis nos cadeaux

élé celui des

de Tsivory.

bienveillant tpie ne

Zoromanana,

prit

congé du

reconduisirent en armes jusqu'à noire village, tirant

des coups de fusil en son honneur.

Pendant ce temps rassuré lorsque

le

je travaillais à

collège triomphal de

air au milieu de Ions ces guerriers

chacune sur Ce

la tête

n'est pas loul

nous

fait

:

Tamotamo.

une

Je sors vivement en entendant cette fusillade. Je suis

mon ami

manambia;

se présente il

petite sobika de riz blanc qui

deux bœufs arrivent ensuite,

encore un plus grand

cl

aux portes

«lu

village. Maislre a 1res

bon

précédé par une longue fde de femmes, portant

esl

nous

esl destinée. C'est

un cadeau de Zoromanana.

des guides, pour nous conduire dans

le

Sud, ce qui

plaisir.

J'avais hâte de repartir; je Craignais toujours quelque incident.

est à

Il

remarquer, en

effet,

que

le

voyageur qui traverse un pays sauvage, ne doit jamais s'attarder trop longtemps dans le même endroitCelte remarque que j'ai faite depuis longtemps dans mes différentes explorations est absolument juste. Lorsqu'on séjourne dans un se

familiarisenl

vive

dans toutes

bientôt avec l'étranger; la les tribus

venue du voyageur avait quelque peu surpris, crainte de l'homme blanc, que l'on trouve plus ou moins

village, les habitants,

que

la

sauvages, diminue peu à peu, en

s'accroît d'autant. Les naturels interrogent les porteurs; ces

même temps que

l'audace des indigènes

grands enfants, toujours prêts à répondre

par des mensonges maladroits, ne savenl pas dissimuler les choses les plus simples. Involontairement, pour faire voir qu'ils suivent un maître généreux services, l'orgueil les pousse à exagérer les richesses

du voyageur

et

qu'ils

qui sait bien reconnaître leurs

accompagnent. En peu de jours,


VOYAGE A MADAGASCAR.

358

s'allument les convoitises

que prennent naissance

el

voyageur de ne séjourner dans sable à à

l'homme blanc diminue graduellement, en même temps que les audaces. En somme, je conseillerai donc au

crainte respectueuse donl est environné

la

mission donl

la

il

contrées sauvages qu'il traverse, que

les

Un jour perdu

chargé.

s'esl

une faute,

est

et

le

temps strictement indispen-

une faute peut conduire souvenl

un échec. que Rainitonjy

C'est ainsi

autres chefs devenaient tous les jours plus exigeants;

et les

aurait fallu

il

payer tribut; plutôt que d'accéder à ces conditions par trop déraisonnables, je préférais abréger noire séjour et donner

Ce

le

signal du départ,

21 juin.

le

pas sans quelque difficulté «pie nous reprenons

n'es!

les

kabary des jours précédents, hésitent

les

Antandroy,

mauvais

manque de

le

nous suivre dans

à

A

entendre,

les

même;

la

seraient pas astreints au régime des baies de cactus,

enfin

me

Ces lionnes raisons ne pouvaient porteurs

à

reprendre encore une fois

quelque confiance, d'après

le

Madagascar, nous avions trouvé des huiles végétales, ('.liez

les

Manambia,

les

la

faits

toujours de l'eau, ne

ne rencontreraient pas d'Antandroy.

ils

nous

faisait

manambia de Tamotano,

lequel,

bon accueil. Jusqu'à présent,

liés

à

d'une corne de bœuf remplie de terre pétrie avec du miel

que plus au Sud, chez

n'offre rien

Antandroy

les

de caractéristique,

pour connaître leur vertu. D'autres

attributs qui ne peuvent laisser C'est

de l'Onilahy,

la vallée

trouveraient

et les

Antanosy,

ody

les

hommes ou femmes

'

représentent

selon la destination

du précieux talisman.

Souvent leur aspect saire

qui, disait-on, était très

route du Sud; je voulais aller jusqu'au bout. D'ailleurs j'avais

voisin de Tsivory,

ody

craignent

convaincre; moitié par force, moitié par persuasion, j'obligeai

d'ordinaire un ou plusieurs personnages grossièrement sculptés, spéciale

ils

effrayés par

Ils

renfermant de menus objets qui jouissent d'une propriété magique.

le toùl

ainsi

du chemin,

rapport de Maistre, en Zoromanana, roi

beaucoup moins susceptible que son

el

el

hommes,

direction de Fort-Dauphin.

la

marcher sur Tulear, par

faut

il

qui offre uni' roule moins périlleuse. La distance est

les

roule du Sud; uns

vivres, la privation d'eau, les fatigues

presque impraticable.

et

la

ainsi

fois,

aucun don h sur 1

une longue explication

et

au contraire,

l'artiste a

les a spiral ions

est

absolument néces-

représenté très naïvement des

de l'heureux possesseur de l'ody.

que l'homme qui désire posséder de nombreux troupeaux portera,

fixée

plaque de bois sur laquelle sont Ggurés plusieurs zébus ou bœufs à bosse de Madagascar.

an Il

bras,

une

est difficile

de se procurer ces porte-bonheur; leurs propriétaires y tiennent beaucoup et consentent rarement à

Un

s'en dessaisir; ils les gardent continuellement sur eux.

douze chaque fétiche ;

Le ody

répondre à un besoin de

plus répandu est celui qui donne

le

grandes distances J'avais

doit

et

de se proléger en

remarqué un de ces

pouvoir de

le

même temps

Dans

la soirée

pour des perles Je cachai «

ma

pourtant,

ou de

dit-il,

mes

el lui

son ennemi à de

un grand

intérêt ethnographique, et je désirais

propriétaire,

le

un sieur Rainimamona,

fut intrai-

propositions.

vint nous voir el nous

la toile,

surprise

Toi, étranger,

il

tirer juste, d'atteindre

des balles de l'adversaire.

fétiches, qui présentait

vivement l'acheter. Malgré des offres séduisantes, table et refusa catégoriquement toutes

indigène bien posé en possède environ dix à

la vie.

fît

entendre

qu'il voulait,

non pas vendre son talisman

mais l'échanger contre un ody d'origine étrangère.

demandai des explications.

tu as de bons fusils; cela ne m'étonne pas, car lu possèdes un ody qui vient de

du Suit do Madagascar, la consonne D, employée par les Anlimerina, prend le son de L. des Antanosy ont toujours été nommés par De Flacourt oly. La tribu des Mahafaly devient pour un Anthnerina, la tribu des Mahafady; il ne faut donc pas voir dans la signification du mot malgache qui désigne cette tribu, une folle gaieté, mais bien une idée de choses défendues Mafia, qui rend faly, joyeux malui, qui rend fudij, défendu. Il me faudrait entrer dans de trop longs développements pour exposer, même d'une manière très sommaire, le mécanisme fondamental de la linguistique malgache, .le me contenterai, d'ores et déjà, de faire observer que beaucoup de voyageurs, de missionnaires, de cartographes, qui se sont occupés de l'île malgache, ont été induits en erreur, parce que, jusqu'à présent, ils ont voulu, envers et contre toutes les règles de la logique et de l'usage, ne considérera Madagascar que la seule tribu des Anlimerina. On a vu que leur dialecte, leurs appellations, font, le plus souvent, l'étonnement des autres tribus, quand elles savent comment on les appelle ou comment on désigne leurs villages. 1.

Dans tous

C'est ainsi

une

les dialectes

les ody

:

;


LES ANTANOSY ÉMIGRÉS, LES MANAMBIA, LES ANTANDROY. aux nôtres; donne-le-moi,

loin cl qui esl bien supérieur

Fort-Dauphin.

un fétiche

démon

génie

le

hâte

à la

Le lendemain,

A

quitter.

lendemain, car

le

Rainimamona

peine

quelques chiffons ornés de perles, enveloppanl de

:

mms

donner une forme

lui

Taisions l'échange

sais pas encore son ody; pour

poitrine,

me

talisman à

cailloux de quartz, suffirent à

sa

mien

le

cl

conduirai jusqu'à

je te

»

J'acceptai avec empressement, lui disanl de revenir

préparer

je te céderai

359

:

fut-il parti

que

je lui certifiai

j'y

confectionnai

perdais probablement, car il

devail

surtout ne pas faire usage de son fusilavanl un mois.

cl

nécessaire pour je

de l'iodoforme, de pelils

pilé,

l'ail

que

une odeur convenables.

cl

mien, j'en répondais. Seulement

le

là nuil m'étail

le Il

je

ne connais-

porter continuellemenl sur csl

superflu d'expliquer les

motifs pour lesquels je lui imposais ce délai.

Conformément il

à l'usage

malgache, qui exige que. pour qu'un talisman jouisse de toute son

que son propriétaire s'impose une privation quelconque,

faut

efficacité,

j'ajoutai à ces conditions l'obligation

de ne jamais manger de volailles.

Ayant congédié lui a

donné toutes

Ayant

ma nu ma

I

semaines après ce marché, je ne saurais dire

rois

une précieux

I

et avisé,

si

son ody européen

en entendait.

les satisfactions qu'il

quelques approvisionnements

fait

dément un

liai ni

Tamotamo

à

nous quittons

sur les instances de Rainizanaka, qui

',

village le jeudi 26 juin, à midi,

le

esl déci-

accompagnés de

Rainimamona. Quelques minutes après être traversons

Dans

village

le

arbres isolés de

prochenl peu

à

la

peu,

.">o

qui

1res

et

gauche de ce

la rive

ils

couvrent complètement le

Tamotamo, qui

les l'omis

s'en

va

est

compte unesoixantaine de

même

le

de

roule,

la

l'Est,

à

il

ne faut jamais

tenter vivement

dans

tra-

tamo;

le Tj

Le pays devient plus boisé.

de- profondes vallées

vers le sud-est.

les

si,

la

leur--

ces indigènes

Aux

En

cet endroit à

sommets des mon-

ilmesure

Tsiesetra.

10

mètres

un village

('.'esl

tribu des Lara.

voisins du

Nord

Ils

et

offrent d'ailleurs, sous

de l'Est, les Bara Antai-

Manambia d'un Bara Antaivondro. Cepenles

quatre points cardinaux;

le

Bara Antai-

le Manambia indiquera -es préférences pour le Nord. loules les peuplades manambia oui un l'ady particulier

en cours de voyage,

l'aire l'ace

les

et

tandis que

cela csl encore plus caraclérisl ique,

Nord. C'est ainsi que

pour

nous

d'altitude,

d'ici se jeter

coui's d'eau.

de reconnaître un Bara

assez difficile

vondro commencera toujours par et

nids de termites, les volry,

cases.

dant on peu! y arriver en faisant énumérer

En OUtre,

les

et

centimètres de profondeur. Peu après, non- arrivons

tous les rapports, unecertaine ressemblance avec Il

ns,

nombreux. Par 330 mètres

Ces Manambia forment une subdivision importante de

vomlro.

d'Ambalamarina, puis nous

brousse siiecèdenl des bouquets d'arbres. Ces pelils Lois, espacés d'abord, se rap-

Nous traversons

de large sur

m eau

l'Ianakaomby, qui va non loin

petite rivière. C'est

nous suivons pendant quelque temps

manambia

sakoa sont très coi

les

appellent les indigènes, sont élevés

versons à gué une

lia

d'Andrianaboatsa \

brousse, où nous marchons,

la

comme les

ticules.

Tamotamo, nous passons au

sortis de

au nord

et

et

pressé par un besoin naturel

se tenir debout

;

s'écarte

sans cela on risquerait

indigènes manambia, qui ne manqueraient pas de dire que

cet

fort

un peu

de mécon-

oubli des conve-

impardonnable, etqu'il va sûrement adirer sur toute la contrée des pluie-, des orages cl des inondations. Au contraire, il faut avoir soin de regarderdans une autre direction et de s'accroupir selon nances

esl

l'habitude malgache.

Au

point de

par une teinte plus foncée de car

si

les

la

v

ue ethnographique,

peau

et

les

Lara Manambia diffèrent des Bara Antaivondro

par des caractères africains plus accusés. Cela se conçoit aisément,

Lara Antaivondro sonl surtout mélangés avec des Lclsilco

cl

des Lelsimisaraka. qui présen-

1. En effet celle précaution était nécessaire; pendant les quelques jours <i l|i vont suivre, nous ne trouverons que quelques misérables villages, où il est impossible de se ravitailler. 2. La finale tsa, 1res fréquente dans les dialectes du Sud, devienl tra, en dialecte antimerina. J'ai cependant conservé, peur Ions les noms propres du Sud, le Isa, car en appliquante ces dénominations géographiques, la désinence et l'orthographe antimerina, j'en munis dénaturé quelquefois le sens, toujours la prononciation.


VOYAGE A MADAGASCAR.

360

Manambia sont mélangés dans une

tent quelques traits asiatiques, les Bara

peuplades antandroy, qui, parmi toutes

les tribus

Le village de Tsiesetra est construit sur

le

forte proportion avec les

madécasses, sont africaines au plus haut point.

même modèle que

peu d'étonnement aux habitants, mais après quelques heures

Betroky; notre venue a bien causé un étaient retombés dans leur apathique

ils

indifférence.

Le vendredi 27

nous poursuivons notre route vers

juin,

sente quelques petits

le

Sud,

et,

changements dans sa configuration générale

presque aussitôt,

et surtout

contrée pré-

la

dans sa végétation.

A

changements sont rarement brusques lorsqu'on passe d'un territoire sur un autre; il y a toujours, sur les confins de ces contrées différentes, une sorte de zone de transition. C'est ainsi que

Madagascar,

les

nous avons vu maintes

zone de transition s'étendre sur de larges espaces, entre les contrées

fois celte

complètement dénudées

et les

grandes forêts épaisses. Tout dernièrement, en quittant Ambohiman-

droso, nous avons traversé cette zone qui nous a menés, de l'Arindrano, où l'on ne voit pas

aux plaines d'Ambararata, dont

les

sakoa touffus

et

me prépare donc, dès maintenant, à voir nous marchons, mon étonnement grandit. J'avais songé normandes. Je

forestière de

l'île,

mais j'abandonne

rares; les petits cours d'eau, qui

vile celle idée.

un

arbre,

rapprochés font songer quelque peu aux campagnes et à

Tout d'abord

annoncent toujours

les

un angle rentrant de

que

la ceinture

ruisseaux et les rivières deviennent

zone forestière, n'existent pas

la

A mesure

observer un pays nouveau.

tout d'abord à

signe encore

;

plus certain, les arbres, espacés dans la brousse, qui hier étaient réunis en bouquets, s'isolent les uns

des autres; relativement à une surface donnée, leur nombre diminue beaucoup. Ce n'est donc pas la forêt que nous allons voir devant nous. Est-ce une contrée complètement dénudée? Je ne le crois pas.

D'abord

la

population diminue; sur les troncs des arbres rabougris qui nous environnent

il

n'existe

ce qui serait

aucune trace d'incendie, ancienne ou récente. Enfin nous descendons sensiblement, contraire à toutes mes observations à Madagascar, nous ne trouverons pas de contrée complètement dénudée à 200 ou 300 mètres d'altitude. Or, devant nous, nous découvrons le pays, fort loin vers le sud; et,

brume

la

seule limite notre horizon.

11

n'existe

aucun sommet, aucun haussement du

nous annoncer une chaîne de montagnes. Devant nous,

sol,

qui puisse

une immense plaine, et cependant nous

c'est

allons quitter la brousse, j'en suis sûr.

Au

bout de quelques heures,

mon étonnement augmente

encore,

et ce

n'est pas sans quelques

inquiétudes que j'envisage l'avenir. Les arbres, et les sakoa notamment, ont complètement disparu. a encore quelques buissons, surtout des arbustes à caoutchouc; mais la végétation, en géné11 y

ral,

a complètement changé.

ailleurs.

Nous voyons des

plantes bizarres, que je n'avais jamais

Nous voici maintenant dans un pays nouveau pour moi à Madagascar.

environnés

de

plantes épineuses

,

de

ces

végétaux

nommés

vulgairement,

rencontrées

Nous sommes

plantes grasses.

Tous

opuntia ou Cactus les genres et toutes les espèces y sont représentés. Il y a surtout les raketa (Caclas des végétaux nopal), et beaucoup d'euphorbes. Il y a aussi de véritables petits bois formés par acérées. Par et longues pointes de qui ressemblent à des cierges, hérissés, sur toute leur surface,

unes aux autres. Ces sphères épineuses ont jusqu'à 50 centimètres de diamètre; lorsqu'elles atteignent ce volume, elles sont couvertes de boules plus petites soudées en sur elles. Ce sont encore des câbles épineux, bizarrement contournés ils portent, de distance terre, ce sont des boules, réunies les

:

tour donnent distance, des étranglements, d'où partent de jeunes tiges, cordes plus petites, qui à leur l'on peut naissance à des rameaux minuscules. Nous sommes donc dans h- pays des épines. Tout ce que rêver en fait de plantes grasses se trouve réuni autour de nous, et

mes

porteurs, nus jusqu'à

la cein-

complique vraiment; aussi nous ture, marchent dans ces fourrés d'un nouveau genre. La situation se traverser. arrêtons-nous à midi, et campons-nous sur les bords d'un cours d'eau (pie nous venons de C'est le le

Yorokasy, dont

sud, dans

le

la

source

est à

une journée

Sahanona. Nous sommes

à

d'ici

dans

le

nord-est; celle rivière va se jeter dans

environ 30 kilomètres de ce confluent. Le Sahanona, à son

tour, va grossir le Mandrare.

Le 28

juin,

nous continuons notre chemin dans celte contrée

si

extraordinaire. Les cactus forment de


LES ANTANOSY ÉMIGRÉS, LES MANAMBIA, LES ANTANDROY.

M

l-

V> S

D£S

301

PLANTES

véritables fourrés; leurs grandes fleurs jaunes sonl du plus joli effet, sur

le

tapis de verdure qui s'étend

aous allons dans des couloirs, que nos guides nous oui les troupeaux de bœufs des indifail découvrir. Ces seules. au milieu des cactus, oui été frayées par misérable. Il gènes. Dans l'après-midi, nous arrivons au village d'Iararaamy. Ce village esl absolument Manambia, des Bara u\ a pas nue goutte d'eau dans les environs. Le hameau esl encore habité par loindevanl nous. La marche

mais leur type général aisément

:

laramamy

les territoires habités

Nous recevons

esl

esl

par

assez,

la

esl

très pénible;

différenl

de celui que nous .nous observé dans

dernière agglomération

les

Antandroy,

hou accueil

.les

el

manambia

vers

le

le

nord. Ce

sud. Tout près

fait

s'explique

commencent

d'ici

ces indigènes se sonl mélangés fortement avec les

Manambia.

habitants d'Iararaamy. Le chef du village nous donne de nouveaux

guides, que je m'empresse d'interroger sur

le

pays du sud.

les territoires antanD'après eux, immédiatemenl au sud du village où nous sommes, commencent termine brusquedroy. C'esl une vaste contrée, absolumenl plate el qui s'étend jusqu'à la mer: là elle se

ment par des il

falaises

peu élevées. Le territoire antandroy confine

à l'esl

au pays des Antanosy à l'ouest, ;

s'étend 1res loin jusqu'à celui des Mahafaly et des Masikora. Celle contrée,

absolument

plate, esl très

s'amasse dans des pauvre, -n eau vive; on n'y trouve, d'espace en espace, que de l'eau croupissante, qui entièrement disparaît creux de terrain après la saison des pluies, 1res «ourle sous ces latitudes. Le sol

sous d'épais fourrés de cactus;

antandroy

s,, ni

la

marche y

est

excessivement

1res affirmatifs sur ce point, et, d'après eux,

il

difficile,

me

sinon impossible.

faut prendre à

l'Est

Nos guides

pour gagner Fort-

arriver à Tulear. Je l'avoue, Dauphin, en suivant le pays des Antanosy, ou remonter dans l'ouest, pour découragement. Tous nos efforts, ces déclarations ne sont pas sans me faire éprouver un moment de noire itinéraire vers le sud, par une toutes nos marches vont donc être inutiles; nous voici arrêtés dans 46


VOYAGE A MADAGASCAR.

362 végétation que

midi;

je

les protestations

si

Si jusqu'à présent rien n'avait

maudis de grand cœur. de nos

hommes nous

étaient

pu arrêter noire marche au

demeurées indifférentes

;

si

les

coutumes

supersti-

direction tieuses des peuplades traversées, les kabary interminables, n'avaient pu nous faire dévier de la nous avions choisie et qui devait nous mener jusqu'au cap Sainte-Marie, pour aller ensuite vers

que

l'Est, à

Andrahombe

et à

Fort-Dauphin, des cactus nopal allaient nous arrêter d'une manière absolue.

Voilà donc celte contrée différente

'

que

j'avais devinée les jours précédents. Je pensais bien devoir

me

trouver en présence d'un pays nouveau, mais jamais je ne me serais figuré un si vaste territoire couvert entièrement de cactus nopal. Sans aucun doute, on pourra m'objecter que, n'ayant pas poussé plus avant

dans cette plaine, quoi

qu'il

en

soit,

je

ne puis affirmer l'existence des cactus sur une aussi vaste étendue. Cela est certain;

d'après ce que nous voyons avec de fortes jumelles, d'après ce que les Antandroy nous

affirment, en parfait accord avec ce

ce que nous avons vu dans l'étape

immédiat,

il

est

que mes porteurs ont déjà appris des Bara Manambia; enfin, d'après d'aujourd'hui et d'après ce que nous constatons dans noire voisinage

excessivement probable que l'exislence de ce vaste territoire couvert de cactus est une

réalité.

Nous prenons donc

la

résolution d'obliquer vers l'Est

et

de suivre, jusqu'à Fort-Dauphin, les confins

épineuse. Au des territoires antandroy, en nous maintenant toujours en dehors de celle végétation m'empresse d'entrer en rapport village d'Iaramamy, on trouve beaucoup d Antandroy de pure race; je

avec eux. Celle peuplade des Antandroy doil être 1res intéressante à étudier. Malheureusement, je ne puis obtenir

que des renseignements

fort

vagues, que je recueille à

mes conversations avec

résulterait de

les

la

hâte pendant

la

dit aussi qu'ils se

première partie de

la nuit. Il

Antandroy d'Iaramamy que ces indigènes oui pour seule nour-

riture, sur leur territoire désolé, les baies de cactus, qu'ils on)

On me

la

servent de la sève des raketa

comme

débarrassées de leurs téguments épineux. de boisson ordinaire.

Ils

recueillent aussi

rosée du malin sur les feuilles charnues de ces plantes épineuses.

Antandroy possèdent quelques troupeaux de bœufs. La fiente de ces animaux est leur des Bara Manambia, mais seul combustible. Pour beaucoup d'usages, ils se rapprochent sensiblement je n'aurais jamais cru possible. En somme, celle tribu des ils sont encore plus superstitieux, ce que Antandroy est, sous tous les rapports, la dernière de Madagascar; ces indigènes semblent même consliPlus au sud,

luer,

dans

les

grande

la

île,

une peuplade exceptionnelle;

religion africaine faite de croyances bizarres

ils

sont superstitieux au plus haut point, ont une

aux fétiches

et

aux amulettes. Leurs

traits sont africains;

large (pie long; leur peau est du leurs cheveux, 1res crépus, sonl portés en broussailles; leur nez est plus

plus beau noir.

Nous n'avons pas trouvé de le

vivres dans ce misérable village d'Iaramamy. Aussi avons-nous hà

le

de

quitter et de rentrer en territoire lanosy.

Le 29

nous partons, dans

juin,

l'Est

du

village; je suis

peu à peu; ce sont d'abord des espaces où

heureux de constater que

l'argile rougeàtre se

montre

les

cactus diminuent

à nu. Les grandes herbes

poussent quelquefois.

Le pays, absolument

plat vers le sud, se relève

peu à peu vers

l'est;

nous franchissons quelques

sont de petits monticules; plus loin encore, des mamelons, des collines. Le quelques fond de ces accidents de terrain, les thalwegs de ces vallées, deviennent humides. Bientôt aussilùf la végétation arborescente réapparaît; nous laissons les épines loin filets d'eau se montrent

ondulations

2

.

Plus

loin, ce

:

plaine du sud, couverte de cactus nopal et habitée par les peuplades antan1. D'ailleurs l'existence do celle vaste traverser. droy, est connue vaguement dans les pays du sud, que nous venons de. indigènes, l'immense plaine couverte de cactus qui con2. D'après les renseignements que j'ai obtenus de mes guides la mer. Là. elle se signe le remarquable pays des Antandroy, s'étend vers le sud, sans aucune dénivellation, jusqu'à aucun cours falaises ,1e -ravier de 200 mètres de haut, environ. Dans ce pays épineux,

termine brusquement par des

de cactus. Deux fleuves seulement d'eau aucune rivière, dont les eaux ne soient rapidement absorbées par les racines sont le Manambovo et le Mandrare, ce Ce saison. toute en parviennent jusqu'à la mer, roulant leurs eaux vers l'Océan dernier étant de beaucoup le plus important.


LES ANTANOSY ÉMIGRÉS, LES MANAMBIA, LES ANTANDROY. à

noire droite. Vers

en pleine brousse;

A

sol rocailleux.

le

milieu du jour, nous

pays esl montagneux,

le

363

sommes de nouveau

le

terrain accidenté, le

côté des sakoa, nos anciennes connaissances, se

montre un végétal nouveau pour ces pays, mais que j'ai déjà vu Majunga c'est un arbre caractéristique de la cote ouest, le

à

:

malgache (Adansonia

ce baobab

bonlona,

quelques-uns de vraimenl

liés gros; la

gros fruits (pain de singes) bien

la

digitata); j'en

mesure

pulpe farineuse de leurs

esl acidulée et

étanche fort

soif.

Apres avoir traversé l'Iatranatrana, affluent du Manambolo, et gravi une dernière

moulée raide

nous entrons dans

d'Imitray.

le village

et

rocailleuse,

Pendant noire étape d'aujourd'hui, nous nous sommes élevés sensiblement; laissant la grande plaine anlandroy' à noire droite,

nous avons gravi d'abord une chaîne de

petites collines, puis

assez

trée

rapprochés

dans

forts,

nous sommes entrés dans une con-

accidentée. les

Ce système de monticules,

uns des autres, l'orme

l'ouest,

de

la

chaîne de partage des eaux,

dont nous nous rapprochons UN ANTANDROY

1res

rapidement.

Le village d'Imitray, qui compte

l'IinilL.

:

1res

premiers contre-

les

3.j

cases, est habité

par des Antanosy mélangés avec quelques Anlandroy.

Au moment OÙ nous les

arrivons,

il

ne reste que cinq OU six hommes, presque tous des vieillards; tous

autres son! partis pour guerroyer dans les environs contre une tribu d'Antandroy qui esl venue

voler, à

sant

Imilray,

c'esl

:

des femmes

des bœufs. Dans

el

femmes dont

sont à la guerre se soûl réunies près de

chef du village les

;

lienl à la

comme

ou

les

maison du

à

la

ceinture,

el

esl

chacune

d'une couche

elles,

tam-tam,

de

peinture blanche;

elles se

mettent

«les

piquées

groupenl autour de l'une

à

danser, toujours groupées,

tournée vers l'Est, elles avancent en rangs

serrés dans celle direction; plaintifs,

l'ronl

qui joue du tambour, puis, au son du

elles se

l'ace

d'elles

censé représenter

vertes ou des plumes d'oiseaux sonl

feuilles

la

la

maris

les

^agaies du guerrier hien-aimé. Leur

dans leur chevelure;

el,

mais bientôt

qu'elles prient

le

le

leurs chants soûl lents

rythme s'accélère,

Zanahary

el

les

el

el

pendant

mauvais génies de

rendre leurs époux vainqueurs, et de tuer ceux qu

ils

vers l'Est, recu-

elles avancent rapidement pour s'avancer de nouveau en brandissanl leurs

combattent, lent

un spectacle intéres-

vêtement une pièce d'étoffe ou

main un long bâton, qui

couvert

d'entre

à

quelques-unes sont 1res jeunes, d'autres

une natte attachée

esl

nous assistons

cheveux blancs.

Elles portent

le fusil

soirée,

une prière ou une invocation en faveur des

guerriers absents, 'l'ouïes les

ont

la

même

la

case

de chaque absent. Ce manège dure très longtemps,

et la

bâtons. Elles répètent

le

exercice devant

UN ANTANDROY

:

FACE.


VOYAGE A MADAGASCAR.

364 soirée est

déjà fort avancée lorsqu'elles ont

Les épouses éplorées se réunissent sur

tout.

ceux qui ne reviendront pas;

elles

fini.

la

Malheureusement pour notre sommeil, ce

n'est pas

place du village, et se mettent à pleurer par anticipation

poussent des cris stridents qu'elles modulent en saccades, suivant

la

peuples primitifs. lendemain, nous n'avions pu goûter qu'un sommeil 1res court, Lorsque nous partîmes, le Le village d'Imitray est situé dans une sorte de petite plaine circulaire, entourée de hautes montagnes.

coutume de presque tous

Le fond de ce cirque,

les

c'est-à-dire les environs

avoir franchies, et avant de monter sur les trons, près de la route,

une pierre

du

en

village, est assez bien cultivé

flancs des montagnes qui environnent

le

rizières.

Après

les

cirque, nous rencon-

levée.

premier que nous voyons depuis notre départ du Betsileo. Ces monuments commémoratifs sont absolument inconnus chez les Bara Manambia, et je n'en ai pas rencontré chez les Bara Anlaivondro; cependant, il en existe, en très petit nombre, chez les Antanosy émigrés. Ici nous sommes

Ce mégalithe

est le

chez les Antanosy qui n'ont jamais quitté leur pays,

cl à

mesure que nous avancerons vers

sud, c'est-

le

monuments mégalithiques

liés que nous pénétrerons davantage dans le nombreux, plus grands, plus beaux et mieux disposés que chez les Antimerina et même chez les Betplus intéressantes de sileo. Jusqu'à présent ces derniers nous avaient cependant paru une des tribus les

Tanosy, nous verrons ces

à-dire

Madagascar, une des rares peuplades de

la

grande

quelque peu l'histoire de ces peuples étranges.

île

monuments pouvaient

qui par leurs

Comme

lecteur

le

verra dans

le

Antanosy, qui se révèle déjà à nous par des signes extérieurs de religiosité,

est,

Le monument

tribu des

sous beaucoup d'autres

rapports encore, bien supérieure, plus sympathique, j'oserai dire, que les autres tribus de africaine, y compris, bien entendu, celle des Antimerina.

débrouiller

la suite, la

la

grande

île

que nous voyons au sortir

d'Imitray se compose d'un carré construit en pierres sèches qui peut avoir 3 mètres de côté. A chacun grossièrement des angles de ce carré est enfoncé verticalement un fort pieu qui supporte deux madriers, lesquels équarris. Ces quatre madriers, réunis ainsi deux à deux par les quatre pieux verticaux sur

sont

fixés,

forment un entourage, balustrade assez large, sur laquelle on

a

posé, à côté les

ils

uns des

carré ainsi autres, et faisant face au dehors, des crânes de bœufs ornés de leurs cornes. Au centre de ce Ce d'épaisseur. délimité se dresse une pierre levée, haute de 3 m. 80, large de 1 mètre, sur oU centimètres

bloc énorme est en granité rose, roche que je ne trouve pas dans les environs; travail

énorme pour élever un

célèbre d'Imitray,

pareil

monument. Le mégalithe

mort en guerroyant contre

les

il

a

certainement fallu un

mémoire d un chef

sert à rappeler la

Anlandroy.

Pendant que nous examinions ce monument, un indigène antanosy, qui nous regardait avec intérêt que j'ai depuis quelque temps, se jette au cou d'un de mes porteurs. Le Betsileo Bamasy, c'est son nom, engagé à Fianarantsoa, sur

la

recommandation du docteur Besson Bamasy, ;

pathique démonstration, reste d'abord quelque peu ahuri

;

cependant

il

finit

dis-je,

objet de celle sym-

par reconnaître son jeune

Tout s'explique. Le frère de frère, qu'il croyait soldat à Fort-Dauphin, au service de Banavalomanjaka. grossir Bamasy, un ci-devant Betsileo, a élé pris, il y a quelques années, par les Antimerina, pour aller la

ne

garnison de Fort-Dauphin. Mais les

aime pas du

à Iuiitray,

il

tout, s'est

vil paisible et

mon

Betsileo, qui,

comme

ses compatriotes, craint les Antimerina, et

échappé du pays de Tolanara, soumis aux Antimerina, heureux, s'étant

l'ait

cl est

venu ensuite

Antanosy.

peu près 8 kilomètres de diamètre. A côté d'Imitray sonl de montagnes; les villages de Simieba, Sesela et Ambatomasina. Xous commençons à gravir une chaîne mètres d'altitude, puis nous la montée csl ardue, le sentier difficile; nous passons par un col à 1 190 par descendons très rapidement sur l'autre versant nous arrivons à Imanevy, au fond delà vallée,

La plaine

circulaire dont j'ai parlé

mesure

à

;

560 mètres d'altitude. Celte étape a élé très rude; pendant la première partie de

la roule,

nous avons véritablement escaladé

montagne, pour redescendre de l'autre côté, suivant une pente aussi raide;au affluent village d'Imitray, que nous avons quitté ce matin, nous étions dans le bassin du Manambolo, tout coule fleuve Mandrare. Ce du Mandrare; maintenant nous voici descendus dans la vallée même du

le

liane abrupt d'une


UN

«

BONTOHA

»

DAPRÈS L'KE PHOTOGRAPHE.) CHEZ LES BARA MANAMBIA. (GRAVURE DE BOCHEH,



— LES ANTANOSY ÉMIGRÉS, LES MANAMBIA, LES ANTANDROY.

i*

PII

près d'ici

;

nous

l.l

VÉE CHEZ

une chaîne nommée monts

franchir formenl

il-

\\

r

INOSY

traverserons demain matin au sortir

le

micaschisteuses,

m

el esl

du

^fi tU c '

p-

'

village.

Les montagnes que nous venons de

constituée presque entièrement de roches

Fsira; elle esl

dirigée du nord-esl au sud-ouest. Devant nous s'étend une autre chaîne

qui paraît plus longue encore que

beaucoup plus haute,

chaîne de Maroampingaratra ou Beampingaratra. Les monts Isira au nord-ouest

et

Beampingaratra au sud-est limitent doue celle faut remarquer aussi que les

monts

Isira

vallée

séparent

le

celle

sol; les

y a de

nombreux

Le mardi

1

er

a

arbres sont touffus,

j'avais déjà

Il

ils

jonction des doux cours

mer des Indes après

autour de nous, devient déplus en plus

croîl

d'humus noirâtre couvre le reconnais beaucoup de plantes que

|

la

ligne de partage des eaux; sur

la

Mananjara, qui va se jeter dans

d'Ambolo. La végétation, qui

;

monts

les

el

bassin d'un affluent du Mandrare du fleuve principal,

monts Beampingaratra, au contraire, continuent le

mon-

du Mandrare, au fond de laquelle nous sommes.

plus au sud, ces monts Isira se termineront brusquement, pour permettre

oriental, nous trouverons

«le

que nous venons de franchir

tagnes,

Il

£%-

i

c'est la

d'eau. Les

367

se réunissent

versant

le

avoir arrosé

belle:

le

pays

une épaisse couche

maintenant par bouquets

vues en pays betsimisaraka. La population

est très

;

je

dense.

villages.

juillet,

nous quittons Imanevy,

et,

bientôt après,

nous traversons à gué

le

Mandrare, qui,

en cet endroit et en cette saison, mesure 10 mètres de large sur 50 centimètres de profondeur. La vallée est,

étroite, el bientôt

dans une gorge,

il

nous nous élevons sur

les

lianes des

monts Beampingaratra. Le

sentier s'engage

longe un torrent qui bouillonne en cascade à nos pieds; c'est l'Andrevoroka, affluent

du Mandrare. Nous sommes dans une brousse

très épaisse, el.

quelques instants après, nous voici dans

une forêt touffue, qui, accrochée aux lianes des Beampingaratra, en couronne les cimes. Nous marchons rapidement, mais la nuit nous surprend sous les hautes futaies; nos guides nous conduisent pour camper dans une caverne qu'ils connaissent dans

les fourrés.

Notre logis

esl 1res

pittoresque,

el

les

feux de


VOYAGE

3fi8

nos

hommes

no peuvent dissiper

ténèbres qui emplissent ces salles souterraines.

les

moi devons, pendant une bonne partie de souris, petites et grosses,

que notre venue

la nuit,

a

que toutes

jolie

celles

la

spectacle

tout

dix heures nous

que nous avons vues précédemment à Madagascar.

nouveau pour nous. Par

commençons

à voir

avec des fourrés de bambous; des défrichements. vallée

d'Ambolo,

le

A

ils

onze heures

instants,

nous pensons

quelques clairières. Des longoza

nous annoncent et

et

première heure. Celle forêt du pays des Antanosy est

forêt tropicale, avec sa végétation vigoureuse, ses arbres magnifiques, son est

Mon compagnon

donner une chasse vigoureuse aux fanihy, chauves-

mises en émoi.

Le matin, nous nous remettons en marche dès beaucoup plus

MADAGASCAR.

À

la

être bien loin de et

C'est

enchevêtrement de

une vraie lianes.

Le

Madagascar. Vers

des ravenala se montrent eà

et là,

végétation d'une contrée maritime. Puis, ce sont

demie, nous arrivons au village d'Izama.

plus beau pays de Madagascar.

VILLAGE h IARAMAMY.

Nous sommes

dans

la


LA COTE, NIES D AMBALAFANDIIANA.

CHAPITRE —

La

XIII

— —

vallée d'Ambolo. Izama. Les monts Beampingaratra. Tsiarony et Belavena. Arrivée à Fort-Dauphin. Le pays de Tolanara. Mœurs et coutumes des Antanosy. — Evatra et Lokaro. Sainte-Luce ou Manaflafy. Pieux et pierres dressées antanosy. — Village et rivière d'Ambaniaza. — Village de Manambato. Les défrichements de la côte sud-est. Mànantena. Traversée du Manampany. — [matio et son lac. — Sandravinany. Naufrage dans la rivière. — Centre populeux île Manambondro. Vangaindrano. — Végétation littorale. — Le long des rives du Mangidy. — Au pays des Antaisaka — Tangirika el Mahafasy. — Retour Fianarantsoa. Quatrième séjour à Tananarive. Retour en France,

:

.

i

vec sa superficie plus grande que celle de

A"

1res Lien

çoit

que

l'île

«le

la

France, on con-

Madagascar présente des pays

d'aspecl tout différent. Les uns sont 1res fertiles, la végétation y

magnifique; d'autres, au contraire, sont arides.

est à

En somme,

côté de lorrains propices aux cultures, de grandes forêts, de

beaux plateaux que l'homme pourrait rendre aisément productifs,

il

existe de

nombreuses régions

des districts rocail-

qui contribuent à donner à la grande

leux, des sols ingrats, ile

stériles,

un aspect peu séduisant. Quoi

qu'il

fertiles,

en

soit,

nombreuses

tout n'est que relatif ici-bas, et ces contrées et

étendues, quoi qu'on en dise, à Mada-

gascar, suffisent largement à compenser, en quelque sorte, les

mauvais

territoires.

présente, lente en

avec ses

somme

De manière que bons

la

bonne opération. Que

JEUNE FILLE ANTANOSY DE FOUT- DAUPHIN.

l'on

rendement immédiat, ce qui

établisse

France

serait

si

grande côtés,

La

un protectorat

l'on veut, bien

une utopie. La

sera, j'en

ile

africaine se

comme

équiva-

prise de possession

suis

convaincu, une

procède brutalement à l'annexion, ou

l'on

mise sur Madagascar sera une France,

la

mauvais

à nos meilleures colonies.

de Madagascar par

que

et ses

réel,

très

peu importe!

la

main-

bonne conquête pour

la

entendu, envisager l'avenir et non pas

prise de

Madagascar parla France

el la

47

con-


VOYAGE A MADAGASCAR.

370

servation de cette belle colonie seront chose très facile, l'administration de cette grande contrée sera

également pratique, à condition qu'on l'enlève aux Affaires étrangères. vues et les idées émises par ceux qui ont Il existe de nombreuses divergences, parmi les

Madagascar. Cela s'explique,

et

qu'un auteur dont on ne pourra suspecter

est évident

il

la

écrit sur sincérité,

dépeindra Madagascar sous des couleurs absolument opposées, selon les contrées fertiles ou arides qu'il aura visitées. Du reste, je m'étendrai plus longuement sur les avantages que peut présenter Madagascar à

la

colonisation française lorsque je terminerai cet ouvrage.

Revenons au pays d'Ambolo.

Il

me

faudrait de longues pages pour décrire cette magnifique vallée,

avec ses forêts d ebénierset de palissandres, ses bois d'orangers, ses cultures, sa terre noire et ses ruisseaux innombrables, ses rivières, ses sources chaudes.

fertile,

nous étions surtout attachés à parcourir les territoires relativement inconnus de Madagascar, et par conséquent des pays peu peuplés, arides, montagneux, le plus souvent quelque sorte, Madaéloignés des sentiers de communication. Nous avions donc commencé par voir, en impressionnait nous d'autant belle vallée cette de gascar sous ses mauvais côtés. Par suite, la richesse nous n'avions jamais été frappés plus que jusqu'à présent, dans le cours de nos voyages antérieurs,

Dans nos

explorations, nous

la beauté du pays. dans lequel nous venons d'entrer, est habité par des Antanosy, qui prennent nom d'Antambolo. Avant d'arriver dans le village, nous avons traversé pendant

d'une façon bien vive par

Izama,

le petit village

plus spécialement

ici le

que nous avons rencontrés quelques instants des fourrés de longoza, ces roseaux à odeur de cannelle des massifs de citronniers, de en si grand nombre dans les défrichements de la côte Est. Puis ce sont des goyaviers, des bibasy café, de des cultures nombreuses de canne à sucre, des champs voavotaka,

du Japon (Eriobotrya Japonica). Nous sommes fort bien reçus par les chefs du village. Ces chefs Antaimoro. Leur tête est enveloppée d'un mouet leurs familles sont, nous dit-on, originaires du pays des coutumes arabes, réminischoir de soie de couleur rouge; ils ont conservé presque intactes une foule de Autour d'Izama, d'origine. pays leur orientale, cences curieuses d'invasions musulmanes sur la côte néfliers

sur chaque

monticule, disséminés dans

vallée,

la

nous sommes dans

le

villages.

Les Antanosy qui

population très dense.

habitent ce pays d'Ambolo forment donc une Ici

nous voyons des

pays de Tolanara, patrie d'origine des Antanosy. Nous voyons donc ces

gènes chez eux, avec leurs usages

et leurs

coutumes

particulières.

En somme,

les

indi-

Antanosy se rappro-

orientale de Madagascar. Nous retrouchent beaucoup des Betsimisaraka: ce sont des peuples de la côte de raphia, est élevée sur pilotis charpente d'une faite maison, vons chez eux les usages betsimisaraka. La ces indigènes, peu de poterie, leur réservoir le toit et les cloisons sont en feuilles de ravenala. Chez ;

d'eau est celui que l'on rencontre sur toute la côte orientale rieur creux emmagasine vallée en suivant la rive

:

un long morceau de bambou, dont

l'inté-

nous marchons dans

une certaine quantité d'eau. En partant de ce village, gauche de l'Amandroaka, affluent de gauche du Mananjara,

le

la

grand fleuve de

rocheuse, pas de pierres, si ce n'est quelques la vallée d'Ambolo. Sur notre route, aucune émergence des ruisseaux. Sous nos pieds, cailloux roulés qui, descendus des montagnes voisines, encombrent le lit plus d'argile rouge, un

humus

noirâtre très épais.

La vallée d'Ambolo se trouve comprise dans un dédoublement de l'environnent de toute part. Sous les

eaux sauvages

les

la

zone forestière,

les

grands bois

ces hautes futaies, les débris^ végétaux s'amassent en chaque saison,

poussent dans

la vallée

:

là ils

s'amoncellent depuis des siècles, et ont formé (elle

juger par des fosses, terre végétale qui a plusieurs mètres d'épaisseur, autant qu'on en peut chées et les berges des ruisseaux. Nous nous arrêtons à Tarafasy.

Le jeudi

3 juillet,

nous continuons dans

la vallée.

Toute

la

journée, l'altitude

«les tran-

moyenne du pays

est de

nous nous arrêtons au village d'Ambolo. d'Ambolo Le lendemain, 4 juillet, nous commençons à gravir les montagnes qui limitent la vallée cime est leur Beampingaralra vers le sud-esl. Ces montagnes ne sont qu'un contrefort élevé des monts formée couverte d'une forêt (pie nous traversons en deux heures; nous rentrons ensuite dans la brousse, 1

10 mètres.

Le

soir,

;


AUX PAYS TANOSY.

LES

371

MONTS BEAMPINGARATRA.

végétation côtière que nous connaissons déjà. N'eus nous arrêtons au village d'Andramavue de nakana, puis, continuanl noire roule, nous arrivons sur un terrain sablonneux, nous sommes en Nous entre l'Océan el «les lagunes. Celle contrée esl absolument comparable, idencelle

l'ois

de

la

marchons

mer.

la

tique je devrais

.lire,

à celle

que

j'ai

décrite de

Tamatave

Andovoranto. Les villages y sont nombreux.

à

Les habitants antanosy, absolumenl analogues aux Betsimisaraka, auxquels je renvoie

lecteur, rendent

le

plus frappante encore celle ressenibance.

Le

soir,

nous passons

village esl situé

à

Tsiarony

cl à

Belavena, où nous nous arrêtons pour passer

au pied d'un pic remarquable,

Le samedi 5 juillet, nous arrivons

à

le

l'ail

nuit.

Ce

petit

Barabe, «pie nous voyons depuis quelques jours.

Fort-Dauphin.

Lorsqu'on approche de Fort-Dauphin, on remarque à

la

différente des autres contrées maritimes

que

vile

que

l'on a

celle contrée littorale

du sud-est

pu voir à Madagascar. En

effet,

au

est tout

lieu

de

souvent présenter des côtes liasses et sablonneuses où l'on ne trouve que quelques dunes recouvertes de plantes herbacées, toujours

les

mêmes

sur

la

côte Esl, les rives sont formées, à Fort-Dauphin

et

dans

Ces de puissantes assises calcaires, qui disparaissent" sous un épais manteau de verdure. l'île. de nord-ouest du granitiques falaises côtes rocheuses du sud-est sont encore plus jolies que les avant de passer près les parages de Tolanara, la première zone forestière que nous avons quittée,

les environs,

Dans du la

pic Barabe,

descend jusqu'à

la

mer. Nous avons vu qu'elle en

hauteur de Tamatave. Là s'étend une zone

de bois

:

c'est

la

région des lagunes.

En

littorale

quittant

élail assez éloignée,

au contraire, à

assez large, couverte de brousse

Fort-Dauphin

retrouverons cette contrée des lagunes, mais ce sera toujours

el

en remontant vers

la forêt.

Dans

et le

de bouquets nord, nous

ce sud-est privilégié, les


VOYAGE

37-2

arbres poussent jusqu'au bord de

la

MADAGASCAR.

À

mer. Ainsi, sous

le

rapport de

végétation

la

physique du terrain, on trouve une certaine analogie entre le sud-est et

Nosy-Be

de Passandava d'une part et d'autre part entre Fort-Dauphin

et la baie

nent. Cette analogie est encore plus grande lorsqu'on examine

de

et

la disposition

nord-ouest de

le

et les

l'île,

rades qui

entre

l'avoisi-

constitution géologique du terrain.

la

Nous avons trouvé à Majunga un terrain calcaire, mais malheureusement infertile, par suite du manque d'eau. Dans le sud-est, les terrains calcaires ont commencé à la vallée d'Ambolo, mais depuis là jusqu'à la

mer nous

les

avons vus

fertiles

au plus haut point, parce

voyageur qui a parcouru Madagascar

est, à la

partout, le sol, sur les hauts plateaux et

sent dans

le

sud-est.

Il

dans

les plaines

;

il

agréablement surpris

est

y verra, au lieu de l'éternelle terre à briques de

noire à laquelle on n'est pas accoutumé. J'aurai territoire des

Antanosy sur tout

le reste

de

l'île

merveilleusement arrosés. Le

qu'ils étaient

longue, fatigué de celte tonalité rougeàtre que présente

fini

ses pas le condui-

si

Madagascar, une

terre végétale

d'esquisser à grands traits la supériorité de ce

lorsque j'aurai dit que nous ne

sommes

plus

en terre

ici

tropicale. Fort-Dauphin, qui se trouve par 25 degrés de latitude sud, jouit d'un climat tempéré. Les

pluies n'y sont pas continuelles en certains mois, mais intermittentes toute l'année; l'été y est très

supportable. Les cyclones y sont inconnus, mais de grands vents du large, du sud principalement, y viennent dans certaines saisons abaisser sensiblement la température.

Fort-Dauphin consiste en une presqu'île comprise entre deux baies

au sud

la fausse baie

des Galions dans laquelle débarquaient

il

:

au nord

la

rade de Fort-Dauphin,

y a quelques siècles des navigateurs

portugais, venant fonder des établissements sur ces côtes.

Sur

cette presqu'île qui constitue Fort-Dauphin, s'élevaient le fort et la citadelle française;

vraient une superficie d'un kilomètre carré environ

soutenue par des falaises à

au sud,

pic, la plus

la

et

occupaient dans

plus éloignée de

l'île

la

le

y est rendu absolument impossible par

les

recou-

par conséquent. Cette position

militaire était admirable et nos soldats d'autrefois s'y maintinrent longtemps

Un débarquement

ils

presqu'île la partie plate

le

plus aisément du monde.

hautes falaises à pic, et du côté de

la terre,

seul endroit accessible aux naturels du pays, on avait creusé des fossés, élevé des murs, établi des

batteries circulaires dont l'ensemble constituait

gènes, le poste militaire de

Fort-Dauphin

pour prendre Madagascar tout

Tout

cela a été

abanbonné

était

une défense de premier ordre. Donc,

une

citadelle

vis-à-vis des indi-

imprenable d'où nous pouvions nous élancer

entier.

et la vérité

m'oblige à dire que l'on ne s'empresse pas de réparer ce malheu-

reux événement.

Lorsqu'on entre dans Fort-Dauphin, on est tout de suite envahi par un immense sentiment de

A

tristesse.

chaque pas, presque derrière chaque case, on découvre un souvenir navrant de notre domination

d'autrefois.

Je vais prier

le

lecteur de

m'accompagner dans

ma

première

visite à la ville.

Nous partirons de

point d'arrivée d'hier, c'est-à-dire de la grève au nord de la localité, à l'endroit où

Dauphin

se rattache à la

grande

la presqu'île

notre

de Fort-

île.

Par un sentier de chèvres, on parvient non sans peine sur

sommet du

le

plateau.

Ce plateau, formé de

puissantes assises calcaires, est recouvert par les sables qu'y ont déposé les tempêtes. Son niveau

moyen, qui

est

nord, à laquelle

de 28 mètres au-dessus de il

se rattache par

la

mer, est quelque peu plus élevé que

une bande sablonneuse. Le plateau

contrée du

la

a 2 kilom. 500

dans sa plus

grande longueur, sur une largeur moyenne de 000 mètres. Dans sa partie nord, située au dehors de nos anciennes limites, s'élève

le village

de Fort-Dauphin, agglomération importante qui compte plus de

200 cases. Les habitants, paisibles et curieux, se pressent en foule sur notre passage.

sommes

Français, j'en entends quelques-uns qui

les anciens maîtres

de cette

groupées sans ordre,

terre).

les ruelles

murmurent

:

la

Jereo tompon

Le village antanosy ne présente

le

Ils

savent que nous

lany taloha

rien de particulier; les

sinueuses rendent toute orientation

nombre, nous arrivons enfin à l'ancien mur d'enceinte; nous devant

«

difficile.

(Regardez

»

maisons sont

Après des détours sans

longeons quelque peu,

et

nous

porte d'entrée. Cette porte monumentale, en maçonnerie, est très bien conservée. Sur

le

voilà

fronton


I

รป i

i



AUX PAYS TANOSY. sont gravées les armes de France.

seur du

mur en

On

décrit de la sorte

les

deux angles droits avant de

Antimerina. Nous

emplacement

pénètre ensuite dans un couloir long de 4 mètres

c'est l'épais-

:

pierres sèches, puis on tourne à angle droit dans un autre passage couvert, et l'on

maison carrée tombe en ruines. Les par

375

sommes

s'élèvent les cases

trois fleurs

se trouver en face de l'ancien corps de garde. Cette

de

lis

appliquées à gauche de

la

porte ont été grattées

arrivés maintenant dans l'intérieur de Fort-Dauphin.

du

Sur ce vaste

vil-

lage antimerina; elles sont alignées en

de

partie

chaque

côté

d'une

large

avenue qui conduit à l'ancienne delle, autrefois

nègre

antimerina, gouverneur

Fort-Dauphin.

de

avant de nous enga-

Si,

ger dans cette jetons

maison de Flacourt, au-

— amère dérision! — demeure

jourd'hui

du

cita-

longue

avenue,

nous

un regard en arrière, nous voyons,

chaque côté

de

de

la

porte et des couloirs for-

que nous venons de

tifiés

traverser,

droite

et

s'étendre

à

gauche

les

à

restes des anciens

Ces

murailles,

de plusieurs

murs.

épaisses

mètres

cl

faites d'assises de pierres

des

injures

du

temps;

elles disparaissent

par

dant

cepen-

sous

places

l'épaisse végétation qui a REMPARTS ET l'aVENOE DE FORT-DAUPHIN.

LES

naissance

pris

anciens

sur

remparts.

ces

Un

accotements sont soutenus par des murs de pierre; plus loin ce sont des épaulements de terre. De distance en distance, sur l'ancien mur. se trouve ménagée une sorte de plateforme sur laquelle étaient construites «les batteries circulaires en pierres cimentées. Ces construcfoss é

est (Mi

avanl

tions, qui sont

;

ses

en assez grand

.iliaque par terre; elles

nent nait

le

fort

cinq

pour

canons.

le

nombre, commandaient l'isthme pour défendre

se trouvaient

également disséminées sur

défendre contre toute attaque maritime.

Les embrasures

sont

intactes,

on

voit

I.'

sommet

le

Chacune de ces

encore sur

les

fort contre toute

des falaises qui soutienbatteries compre-

parois de

ses

réduits

nombreuse, qui crocs et les manilles des anciennes caronades. La population antimerina, assez du fort et de garnison la forment qui occupe le Fort-Dauphin, est surtout composée des soldais les

Fort-Dauphin, entourés de toutes parts de peuplades insoumises, leurs gardes et ne ne se sentent pas chez eux en pays tanosy; ils se tiennent toujours sur vrai, mais comme c'est étrangers, laissent pénétrer dans le fort que leurs compatriotes. Nous étions leurs familles. Les Antimerina de


VOYAGE A MADAGASCAR.

376

une exception en notre faveur. Malgré toutes ces mesures de précaution, beaucoup d'Antimerina avaient été massacrés par les Antanosy en 1883, lors de la malheureuse

nous

allions voir le

gouverneur, on avait

fait

expédition franco-malgache; les Antanosy avaient cru alors être débarrassés des Antimerina; grâce au

concours de par ce

la

même

France,

ils

les

ont vus revenir depuis, plus arrogants et plus cruels que jamais, soutenus

pays, qui n'est pas toujours logique dans ses entreprises coloniales. Le gouverneur Raini-

nous pouvons pénétrer dans l'ancienne

jaobelina, 11° honneur, nous attendait. Les portes sont ouvertes et citadelle.

Au

milieu des ruines s'élèvent les eases des officiers

du gouverneur antimerina. L'habitation

et

que

de celui-ci, plus grande

immédiatement en entrant, profite

à

les autres,

gauche de

ruines de

maison Flacourt.

la

Tout

pèlerinage.

extrême de

des

près

la presqu'île

le jardin,

Flacourt; à côté,

falaises,

fort. C'est

prison dontles

visiter

un véritable à

pointe

la

la

les

maison carrée de

douce tous

les habi-

encore une tour ronde, ancienne

murs

d'inscriptions.

aller

il

au milieu duquel se trou-

vaille puits qui alimentait d'eau

du

C'est

du côté du sud, s'élèvent

quatre murs en maçonnerie de

tants

Je

la porte.

des bonnes dispositions dans lesquelles

semble se trouver en ce moment pour les

se trouve

intérieurs cimentés sont couverts

Au-dessus de cette tour ronde

était

une construction légère servant d'abri au guetteur. MAISON DU GOUVERNEUR ANTIMERINA A FORT-DAUPIIIN.

Nous avons élu domicile au milieu des Antanosy. Nous restons à Fort-Dauphin plus de trois semaines,

ayant bien gagné ce repos par nos l'alignes antérieures; d'ailleurs ce temps n'est pas perdu

augmenter nos collections

vaillons toujours à

Fort-Dauphin, sans oublier offre

encore

les restes

de

véritablement charmants.

mamelons

Nous

scientifiques.

lagune de Fanjahira

la

et la petite île

On

nous

d'Anosy, qui s'élève au milieu

maison de campagne de Flacourt. Tous

la

et

tra-

visitons également les environs de et

qui

ces environs de Fort-Dauphin sont

entre tout à coup dans de hautes forêts, puis ce sont des prairies, des

boisés, les rivages de l'océan, facilement accessibles, présentant au pied des falaises calcaires de

larges plages sablonneuses. Sur ce coin de terre privilégié se trouvent donc réunies toutes les zones de

Madagascar. Le pays

est

trouve tous les oiseaux

île l'île;

très

de véritables massacres de sangliers; on y grands flamants roses pullulent sur l'étang de Fanjahira. Il n'y a pas

giboyeux les

:

on peut y

faire

d'Européens à Fort-Dauphin; on y trouve l'établissement important d'un Mauricien qui, avec quelques employés, est établi ici depuis plus de vingt ans. M. Marschall a d'importantes concessions de bois. et,

au milieu de ses nombreuses occupations,

il

ne peut suffire a tous les besoins commerciaux de

la

contrée. Il

est assez curieux de reconnaître

que par un enchaînement

point de vue politique qu'au point de vue religieux nières années dans

l'île

et

de circonstances aussi bien au

fortuit

commercial, on ne se

soit

occupéjusqu

a ces der-

de Madagascar que des Antimerina et des habitants du plateau central. Chose

étrange, tandis que tous les efforts des missionnaires et des colons tendaient à pénétrer jusqu'à Tanananve. à se répandre dans

complètement

le

pays des Antimerina, disons

les territoires

les

le

mot, à faire cause

commune

avec eux, on délaissait

Antimerina ne régnaient pas en maîtres. Personne n'essayait de venir

au milieu de ces riches territoires antanosy. Et pourtant

population très dense devait certainement

la

Nous avons vu depuis Fianaranlsoa jusqu'à Fort-Dauphin et nous rons encore mieux au retour que toutes ces populations du Sud ne demandent qu'à échanger leurs

présenter de

nombreux

besoins.

duits contre des marchandises européennes. Ces pays du Sud,

comme

partout

et

les

le

pro-

plus riches de Madagascar, présentent

plus qu'ailleurs de nombreuses richesses naturelles

raphia en quantité énorme,

ver-

;

d'après ce que

centre de la production de ce produit étant

la vallée

j'ai

vu,

ils

ont du

d'Ambolo. Les parties

.


AUX PAYS TANOSY. sud de Madagascar peuvent ou pourront bientôt fournir à

377

l'activité

européenne des stocks considérables

d'un caoutchouc de bonne qualité. Les indigènes n'ont rien pour se couvrir,

une pièce et

d'étoffe,

une marmite de fonte,

ils

donneraient dix bœufs pour un

cependant nos commerçants délaissent ces pays,

dire

que beaucoup d'entre eux font

vive satisfaction de

conque qui

succomber sous

ils

ils

achèteraient bien cher

fusil et

un

baril de

vont s'entasser à Tamatave, où

poudre

est juste de

il

éprouvent peut-être dans leur désastre commercial une narquois des Antimerina, d'un Rainandriamampandry quel-

faillite; ils

l'œil

s'en gaudit à loisir.

Cet état de choses ne peut durer. Le commerce, qui ne peut être guidé que par un intérêt pécuniaire, se portera bientôt vers ce Sud qui couronnera ces entreprises. Nous verrons ce fait s'accomplir pro-

chainement. Pour ce qui est des missionnaires

et

des fonctionnaires, tout

hypnotisés par les Antimerina. Tous les efforts de ces çais de venir à Madagascar, d'abord et surtout

Antimerina, seuls

donc bien peur de faire,

ont l'audace de

s'ils

le

monde

s'y établir,

de ne pas quitter

démêlés avec ces idoles du jour auxquelles

ils

li

Ils

les

ont

ne savent quels présents

puisqu'on donne à Ranavalo, tantôt un manteau de velours écarlate qui sort de

tantôt une batterie de

sait qu'ils sont

tendent à dissuader les colons fran-

maîtres du pays, et de fuir bien loin des territoires insoumis.

civilisés, seuls

se créer des

hommes

rue Rovale,

la

pièces d'artillerie avec ses munitions, tantôt un grand cordon de notre ordre

national de la Légion d'honneur.

Quoique Anglais, M. Marschall, qui pendant tout notre séjour

beaux échantillons de à la

à

est

un excellent homme, nous

tous les bois

du pays d'Anosy;

Réunion, des chargements entiers d'ébène

Anlanosy Voici la

lui

liste

cl

il

fait choisir

des principales essences de bois que l'on trouve dans

Bois rougeàlre

atteint

au dialecte anlanosy;

1

de très

expédie presque mensuellement, à Maurice ou

de palissandre

l'appellation antimerina correspondante, toutes les fois

nous a

il

cl

d'autres bois précieux, que les

apportent journellement en échange de quelques brasses d'indienne

essences appartiennent presque tous

Zambo.

a rendu les plus grands services

Fort-Dauphin. Dans ses vastes entrepôts,

que

j'ai

j'ai

mètre de diamètre

les furets

de cotonnade.

noms de

ces

donné à côté de ce nom antanosy

pu me

et

tanosy, les

procurer.

la

planches

bois de construction, se

pourrit peu.

— Ébène marbré, atteint m. 80 de diamètre. Tombobisa. — Bois de rose — gros comme l'ébène —

Forofaka.

est assez rare

imputrescible, très dur et

très dense.

— Ébénisterie et construction — planches mètre de largeur — très élevé, bois dur et dense. précédent — bois de construction. Menuhij. — Bois rougeàlre — assez dur, aussi gros que — — — — léger bois de construction, bonnes planches. peu dur Bois blanchâtre Arimbilla. Ropasa. — Très dur et lourd — rouge foncé, bois de construction, très gros. Hazofotsij. — Analogue au Ropasa, mais moins fonce et moins lourd. Ropasa — fruits comestibles acidulés. Iîosa. — Comme — Très gros — bois assez léger, se pourrit vite. Tavolahazo. Arandaniafotsg — En dialecte betsimisaraka Intsafotsy — faux Gaïac — très gros — bonnes planches — bois de construction. Manpaluj. — Très gros — bois de construction — pourrit peu. Nata Inla. — Très gros — bois de construction. Hazomaïnty. — Ebène noir. Tavolahazo — bon bois léger, mais se fend toujours facilement. Voapaka. — Comme Motg — arbre très haut, très droit — bois dur et dense, imputresIndingindra. — En antimerina cible — très bon bois de construction — très dur, plus dur que l'ébène. Fansiko.

1

le

le

.

:

le

:

— En antimerina Voamboana (Datbergia Baroni) — palissandre Fanolamena. — Bois de fer — vient très gros — bois de construction — est souvent Mangara.

:

clair.

marbré

et dense.

48

dur


VOYAGE A MADAGASCAR.

378 Fanolafolsy.

— Comme

Tendrohazo.

le

bois de fer.

En antimerina

:

Nalo

d'ébénisterie et de construction

bois

cet arbre vient

très gros.

Natoboaka.

Lalona.

Lona.

— Vient au bord de Même nom

la

mer

— fruit comestible (pomme Jacquot) — sert pour l'ébénisterie.

en dialecte antimerina (Weinmannia Bojeriana), bon bois de construction.

Bois de construction.

— Bel arbre — atteint une quarantaine de mètres de long sur imputrescible — les graines donnent une graisse avec laquelle les Mafotra.

1

m. 50 de diamètre

indigènes

— bois

enduisent

leurs

cheveux. Sota.

dense

— En

sert

antimerina

pour

les

— En — Vient très

Mangararnainty Vintana.

.

Ilarahara (Exocarpus xylophylloïdes), vient très gros

:

manches

bois dur et très

d'outils et l'ébénisterie.

antimerina

:

Voamloana

palissandre.

gros, son tronc atteint 3 mètres de diamètre sur 25 mètres de hauteur

sert

à faire les pirogues.

— Bois blanc, très dur — imputrescible, mais se fendille. Hazombaro. — En antimerina Varongy — grand et gros arbre sert pour les

constructions.

Bois de Tambanicoque (nom malgache inconnu

— bois très bon pour

Hazoambo.

:

;

patois créole de la Réunion),

la

— vient très gros. Valomafo. — Bois de construction. Voabaza. — Bois très dur et noirâtre, comme l'ébène. Tavïa. — Bois de construction. Haramafolsy — En antimerina Ramy — grand et gros arbre. Haradrantamainly. — En dialecte betsimisaraka Intsamainty — bon bois de construction. Akïly. — Les indigènes se servent de la résine de cet arbre comme brai, — bois de construction. Uazomalanyy. — Ce bois vient de côte ouest du pays sakalava — bois très léger — imputres— — cible odeur empyreumatique sert pour les balanciers de pirogues, et surtout pour faire des construction

.

:

:

la

cercueils.

— En antimerina Harahara — bois de construction. Kabatsikalolsy. — Bois blanc. Haronga. — Bois blanc, les feuilles donnent une teinture noire.

Sontro.

Voakazo.

:

— Porte des baies, sorte de prunes sauvages.

— Grand arbre, bois blanc. Giavala. — Bois de construction. Tsiokomby. — Bois rouge. Tsikondrokondro. — Grand arbre, bois blanc. Taolangy. — Arbuste, bois très dur. Nonoky ou Nonoka. — Bois blanc. Voalaka. — Grand arbre. Tsilanitria. — Fruits comestibles. Volelakn.

Tsilorany.

Tainoro. Latapiso.

Voahantsy.

— Donne un fruit comestible.

Voakarempoka.

Tainamboalaidamboa.

— Arbre du bord de

— Écorce — Fruits comestibles. Anakoa. — Filao en antimerina. Futandrano.

Voaromy.

textile.

la

mer.


AUX PAYS TANOSY.

370

Sontsorova. Sivora.

— Grand et gros arbre. — Voasary. Citronnier.

Fandrianakanga.

Tanghin.

— Grand arbre. Sasakala. — Arbuste. Varo. — Ecorce petit arbre. Somatsny. — Fruit comestible. Voavoahatasimo. — Grand arbre, fruit comestible. Knboha. — On de glu avec fruits de ce grand Ambora.

textile,

la

fait

Tangatanganaly.

les

arbre.

Grand arbre.

— Arbuste, on savon avec cendres de ce végétal. Fantsikahisa. — Sert à fabriquer des manches de sagaies, grand arbre. Hazomgalala. — Arbuste, graines comestibles, bois servant à faire des torches. Famotsy.

fait le

les

Lalipito.

Votaka.

Fosivava.

— Construction, pour porter

les

lourds fardeaux, grand arbre.

liakaraka.

Vaadrika.

Arbuste,

fruit

comestible.

— Grand arbre. Torches. Savonrt. — En anlimerina Tanatanapotsy — pignon d'Inde, clôtures, fruit oléagineux. Ampoly.

:

Pour en

avec celle végétation du pays des Antanosy, j'ajouterai que certains végétaux que nous avons vus dans le nord, l'est el l'ouest de la grande île. tels (pie cocotiers, /interna, palmiers divers, foufinir

:

gères arborescentes, sont complètement inconnus dans ce pays tanosy. La température

moyenne y

est

beaucoup trop basse. Nous retrouvons cependant sur les côtes la plus grande partie des végétaux que nous avons vus près de Tamalave. Les vakoa el les pandanus, les ravenala y sont surtout très communs, mais sans s'écarter beaucoup de

M. Marschall

me

voir une

l'ail

la

/.une littorale.

grande propriété

qu'il

possède dans

sorte de maison de campagne, entourée de grandes plantations

qui valent certes

la

d'Europe, ainsi que

peine d'être mentionnés dans les

mon

On

île

nord de Fort-Dauphin. C'est une

café

sp. Libéria) el

Pendant Tassez long séjour que nous venons de véritablement

:

et leurs

faire à

de beaux jardins,

y trouve en abondance tous

principaux arbres de nos jardins. Tout cela pousse

dans leurs pays avec leurs usages

me manque

récit.

le

Fort-Dauphin,

et

les

légumes

rapporte admirablement.

j'étais bien placé

coutumes ces peuplades antanosy

si

pour étudier

intéressantes.

La place

plusieurs chapitres seraient nécessaires pour exposer complètement l'histoire

scientifique cl politique de ces peuplades. Je puis affirmer

au lecteur désireux de

s'instruire qu'il trou-

vera dans l'ouvrage de M. de Flacourt, tous les renseignements désirables; les descriptions du peuple

antanosy, de ses cl,

en parcourant

véracité.

Pour

le

mœurs le

el

de ses coutumes faites par ces anciens ailleurs français, sont très exactes,

pays de Tolanara,

Les circonstances ont changé avec anlimerina

si

la vallée

d'Ambolo. tout

le

voyageur moderne, beaucoup de ces coutumes les

impatiemment supportée

Tanosy, et

il

faut rendre

époques, des familles se sont éteintes a

hommage

à leur

de ces usages, ne seront pas évidents. ',

et

surtout la domination

amené des changements considérables dans les habitudes

et l'exis-

tence des Antanosy. Cependant les Antanosy, Malgaches d'origine asiatique évidente, présentent avec les

autres peuplades de

l'île

de nombreuses ressemblances,

et je vais

exposer très brièvement

les

points

1. Actuellement on chercherait vainement, dans le Tanosy, ces Roandriana, familles souveraines d'alors, dont parle de Flacourt, el qu'il nous dépeint comme individus à peau blanche, et très civilisés. Ces gens ont disparu. Quoi qu'il en soit, il est liés fréquent de trouver chez les Antanosy des types à peau jaune clair, à chevelure lisse et bien fournie, bien plus beaux en somme que les Antimerina.


VOYAGE A MADAGASCAR.

380

principaux sur lesquels le répéter, les ils

ils

diffèrent d'avec leurs compatriotes.

Antanosy doivent

ne portent pas

galonnée, mais

comme

au premier rang parmi

être placés

quoique peuplade primitive

comme

merina d'accomplir un progrès

réel et

les

Malgaches,

femmes ont

également sur

tent

de défauts, leur morale est bien meilleure,

le

les

nombreux usages betsimisaraka champs

et leurs

le

Antanosy, lorsqu'on

les

qu'ils présentent; leurs cases,

rizières, sont disposés et

Antanosy, hommes, portent

lamba betsimisaraka,

la poitrine

et,

le

aménagés de

la

salaka et se drapent dans le lamba

simbo, ce sac ouvert

aux deux extrémités;

Yakanjo, mais Yakanjo antanosy que nous avons rencontré à

elles por-

Tamotamo

nous voyons à Fort-Dauphin, mérite une description spéciale. Cet akanjo spécial

et à Tsivory, que

aux Antanosy a

ne crains pas de

de Madagascar. Sans doute,

non apparent. Ce qui frappe surtout chez

leurs greniers à riz, leurs ustensiles, leurs

national, les

les tribus

soit, et je

Antimerina, un Antanosy est bien plus susceptible qu'un Anti-

les

les voit dans leur pays d'origine, c'est les

même façon. Comme tous

en

qu'il

les Antimerina un chapeau haut de forme, ou une redingote prétentieusement

n'ont pas autant qu'eux de vices,

ils

Quoi

la

même

forme, la

même

coupe que Yakanjo betsimisaraka, mais

par des bandes d'indienne cousues ensemble, alternativement rouges

et

est toujours

il

formé

blanches, une bande de couleur

rouge rehausse encore ce vêtement cher aux femmes antanosy. Il est à remarquer, comme on a pu le voir lorsque j'ai parlé des différentes façons de s'habiller employées par les tribus de Madagascar, que l'on peut

pour

la

seul type le vêtement

ramener à un

du Malgache que

c'est le simbo et Yakanjo. Je sais bien

femme,

:

pour l'homme,

je vais trouver

c'est le salaka et le lamba;

de nombreux contradicteurs,

toujours les mômes, qui n'ont visité de Madagascar que la plaine de l'Imerina. Là, en

Yakanjo sont inconnus; en revanche, les robes à volants et les jupes à traîne ont

effet, le

simbo et

fait leur apparition.

La

coiffure des Antanosy n'offre rien de bien particulier. Ces indigènes ont conservé l'ancienne mode

malgache; hommes

femmes portent

et

cheveux divisés en un grand nombre de

les

petites tresses; et

généralement ces tresses enduites d'huile ou d'un corps gras quelconque sont roulées en boules sur elles-mêmes, les femmes les portent le plus souvent tombantes sur le cou. Dans le village antanosy de Fort-Dauphin, je découvre un véritable

artiste.

Cet

homme,

couramment des

qui fabrique

poires à

poudre, des tabatières, des boîtes en argent très gentiment sculptées, suivant des motifs inventés par l'auteur et pas

fabriquer un

du tout copiés servilement, comme

fusil.

antanosy, sauf phin, de

le

vu

faire à Tananarive, cet

homme

canon

et les ressorts

de gâchette. Nous allons encore trouver, en quittant Fort-Dau-

juillet,

long de

le

la côte.

après avoir présenté nos adieux et nos remerciements à M. Marschall

M. Joseph Clozel, son principal employé, nous quittons Fort-Dauphin, faisant roule vers route du

vient de

Cette arme, qui fonctionne d'une façon satisfaisante, est tout entière de fabrication

nombreuses peuplades antanosy

Le mercredi 30

je l'avais

le

et à

nord. C'est

la

retour.

En sortant

de

la ville,

Dauphin. Près de

nous marchons sur

le

rivage de la

pointe qui la termine

la

vers

le

mer

et

contournons

nord, nous

passons

ainsi la rade de Fort-

en

pirogues

la

rivière

Evatra.

Après avoir traversé cette embouchure de l'Evatra, nous arrivons au village du après une autre petite marche

le

long de

la

mer, nous faisons de

même pour

la

même nom;

étape d'aujourd'hui se termine au village d'Itaperina, petite agglomération antanosy groupée sur qui porte ce nom. Le lendemain, une bonne la soirée,

nous gagnons

le village

marche dans

la

puis,

rivière de Lokaro. Notre le

cap

matinée nous conduit à Iandranana. Dans

de Manafiafa, sur l'emplacement duquel se trouvait autrefois un

éta-

blissement français. Devant nous, des rochers en ceinture, de petites îles disposées les unes au bout des autres, circonscrivent

un large espace

:

c'est la baie

de Sainte-Luce, de Maudave et de Flacourt. Main-

tenant ces lieux historiques sont complètement oubliés.

M. Marschall recueillent des bois que très touffue, arrive

Nous avions

les

A

Manafiafa, des parents et des employés de

indigènes apportent de

presque jusqu'au bord de

la

la forêt voisine; celle-ci, très belle cl

mer.

vu, dans le Nord, la première zone forestière séparée de la

mer par un

assez large espace.


AUX PAYS TANOSY

PIBRRBS LEVEES

l>

381

AMRAN1AZA.

Cet espace est couvert de brousse d'une végétation spéciale, coupé de marais

du rivage

île la

Le lundi

1

er

août, nous

marchons sur

Manahana. Dans

rivière de

la

la

une

même

el

plage autour de

de lagunes, relevé, près

la

la

baie de Sainte-Luce, el nous passons la

au village d'Ambaniaza, grosse agglomération

soirée, avanl d'arriver

anlanosy, nous voyons, dans un fourré de

Antanosy,

el

mer, eu hautes dunes dé sable.

brousse, des pierres levées, qui nul élé dressées par des

qui sont vraiment remarquables. Celles que nous voyons devant nous sont disposées sur

ligne; celle qui

occupe

le

centre

esl

1res élevée.

Devant une autre plus

petite se dresse

madrier sculpté. Ce pieu, à section carrée dans sa partie inférieure, devient tronconique [dus haut

marqué

est alors

d'entailles régulières; sur son

sommet

esl placée une figurine de bois

:

un ;

il

un oiseau au

repos.

Le

village

d'Ambaniaza

est construit sur

une hauteur

et

entouré d'une haie de cactus, ce que nous

n'avions pas vu depuis longtemps.

Le samedi 2 août, quelques minutes après notre nord,

et

mer, et

nous passons en pirogues

la rivière

territoire

que

les

Nous sommes

gens que nous trouverons dans bords de

la rivière

ces peuplades sont anlanosy.

nom

village,

de

la

Nous

nous continuons notre roule vers

le

à environ 5 kilomètres de

la

d'Ambaniaza. Là nous sommes

anlanosy; cette limite est absolument

qu'ils habitent les

le

du

pendant longtemps nous nous maintenons sensiblement

arrêtons au gros village de Manambato.

est vrai

sortie

ici

à cette distance de la côte;

nous nous

à la limite que l'on est convenu d'assigner au

ne repose sur aucune donnée scientifique. 11 villages du nord vont s'appeler Antaiavibola, parce

fictive et les

Iavibola. Plus au nord, ce seront les Antaifasy.

En

réalité, toutes

avons vu qu'il élait dans l'habitude des gens de celte tribu de prendre

contrée qu'ils habitent. C'est ainsi que nous avons vu

les

Antanosy de

la vallée

d'Ambolo


VOYAGE A MADAGASCAR.

382 s'appeler Anfambolo, de

mémo

que

les

Antanosy qui habitent

les

bords de

la rivière Iavibola s'appellent

Antaiavibola. D'ailleurs tous les Antanosy, à quelque tribu qu'ils appartiennent, lorsqu'ils se trouvent loin de leur

que

j'ai

pays d'origine, aiment à s'appeler Antatsimo (gens du Sud). Les gens instruits elles vieillards

interrogés à Fort-Dauphin,

auxquels je demandais l'origine du

et

jours répondu que leurs pères habitaient,

Fanjahira: depuis, toute

Le dimanche

3 août, après avoir,

nom, nous arrivons d'être situé

à Ifotaka.

Ce

il

y a bien longtemps,

conservé

la tribu avait

le

nom

nom

de leur tribu, m'ont tou-

habitants des

:

îles (ant, anosy).

au sortir du village de Manambato, traversé

rivière

la

même

du

de cases environ, présente cette particularité

village, d'une trentaine

dans un espace carré, clos par des palissades. Le lendemain, nous marchons d'abord dans

des marais, puis nous entrons de suite dans une contrée qui est actuellement

la

autrefois partie intégrante de la grande forêl littorale. Celle contrée est tout à

déboisements qu'opèrenl dans

la forêt voisine les

pourront remplacer avec avantage

morts se dressent ça

et là,

les

dans une contrée bien défrichée cette

Antanosy de

tion de ravenala. Ces

la

comme documents,

meilleures descriptions.

fois, et

qui

caractéristique des

fait

En

auront une grande valeur

commence

à être

n'ont pas de rizières proprement dites,

Ils

qui habitent

le

forêt voisine

un

suivante,

défricheront un autre terrain à côté, et

plateau central. Selon leurs besoins,

le sol,

nous entrons

envahie par une vigoureuse végéta-

côte sud-est cultivent le riz exactement

simisaraka.

comme

les

peuplades bet-

aménagées comme on en trouve dans

ils

et

sortant de ces espaces où des arbres

branches à demi carbonisés jonchent

et des

où des troncs

brousse, et qui faisait

populations denses à Madagascar. Je prends plusieurs

photographies de ces défrichements récents, qui,

ils

de l'étang de

les petites îles (anosy)

qui signifie

les tribus

chaque année de défricher dans

se contentent

la

terrain de contenance suffisante; ces terres vierges leur rapportent beaucoup; l'année

année un terrain nouveau. De celle façon,

ils

continueront ainsi, de manière à avoir chaque

travail est

si le

beaucoup plus pénible,

le

rendement

est plus

considérable.

Nous passons

près du village de Marahao, et nous nous arrêtons à Manantena. Avant d'aborder celte

agglomération, nous avons traversé une sorte de plateau qui domine l'Océan d'une vingtaine de mètres;

sommes me semble

sur notre route nous rencontrons de l'argile rouge. La contrée où nous

réapparaître un

de

humus

noirâtre et profond. Cette fertilité apparente,

qui doit être aussi très réelle,

et

sommes en

contrée que nous traversons, se conçoit aisément; nous

la

très fertile.

montrée que pendant quelques centaines de mètres, puis on voit de nouveau

L'argile rouge ne s'esl

effet, à cette

hauteur, sur

la

côte à l'entrée de la vallée d'Ambolo. Devant nous se montre maintenant un grand fleuve, qui se jette à la

mer par plusieurs embouchures, avant de fleuve de la vallée

d'Ambolo

est

se diviser en

un cours d'eau puissant,

de large. C'est donc une voie naturelle pour entrer dans

où s'écouleront dans l'avenir un port

établi

les

très

delta compliqué,

profond

la vallée

nomme Àmbatobe.

Le

effet,

traire à celui qui se produit partout sur cette côte orientale

l'on voit,

les sables

du rivage;

batobe semble indiquer qu'on a affaire

dans

le

Manampany

et

de

dans

c'est le canal tout fait

Les eaux se jettent à

des lagunes et des grands fleuves changer de

à

à

la vallée

définitif, très

ici

plus

la

mer, dans une fond

un phénomène con-

par suite de circonstances for-

et se frayer à

l'embouchure du Manampany,

un estuaire

la

par

dans

ici,

seuil de la rivière et le

on constate

lit

grand

le

Manampany. La branche

de ce canal sont également rocheux, ce qui est un avantage; en

nouveau cours à travers

Manampany;

produits de celle riche contrée, qui viendront se concentrer

falaises rocheuses qui bordent en cet endroit le rivage.

tuites, les déversoirs

le

qui mesure plus de 450 mètres

et

d'Ambolo;

sans doute sur une des branches de l'embouchure du

considérable de ce delta est au sud, et se

découpure des

un

chaque saison un

le seuil

rocheux de

l'

Am-

avantageux pour pénétrer de l'océan

d'Ambolo. Avant de traverser

le

Manampany, nous nous arrê-

tons au village de Manantena, établi à côté du Sarota, petit affluent de droite du grand fleuve de vallée

la

d'Ambolo.

A Manantena Comme étiez indépendants

ou Vohitrarivo, nous sommes sur les

et, à

Antanosy proprement

dits,

le territoire

des Antanosy Antaiavibola.

nous nous trouvons chez

les

Antaiavibola en territoires

Manantena, nous allons voir d'une façon plus apparente que jamais

la

cause qui

fait

que


**,

-



AUX PAYS TANOSY. la

g8g

puissance de ces tribus indépendantes est toujours tenue en échec par

cause générale,

favorable aux intérêts de l'Imerina, est

si

Comme

ces territoires insoumis.

chaque

lava,

absolu,

le

nous l'avons vu dans tout

le

village de cette côte anlanosy constitue

une petite principauté ayant à sa tête un chef plus souvent indépendant de ses voisins. Ces États minuscules sont toujours en guerre les uns

contre les autres. fusil tirés

tribu des Antimerina. Cette

la

de division extrême où se trouvent tous Sud, comme cela existe dans l'Ouest saka-

l'état

en

que

est vrai

Il

celte lutte fratricide se

borne à quelques vols de bœufs, à des coups de

surtout à d'interminables kabary.

l'air, et

de Mananlena, qui est en guerre depuis plus de vingt ans avec ses voisins, n'a pas eu un de son village tué pendant ce long espace de temps. Il est juste d'ajouter (pie pendant la

Ainsi

le roi

homme même période seul

armée

sa petite

anormale, cette

rivalité

ment favorable

à la politique

gascar,

n'a pas fait plus de tort

des agglomérations que l'on trouve dans oui es I

des Antimerina. Ces

ont mis en pratique sur tout

ils

aux ennemis. Quoi

hommes

le territoire

de

la

les tribus

rusés nous donnent

grande

ile

en

qu'il

soit, cette situation

insoumises, est éminem-

un

exemple à Mada-

bel

axiome célèbre

cet

diviser

:

pour

régner. Je m'empresse d'ajouter que l'administration des Affaires étrangères, qui, suivant sa tradition

immuable, s'est le

à

se soucie fort

peu des intérêts français à Madagascar, au

appliquée au contraire

premier qui

a

dans

à fortifier

jouer

en soutenant

soit,

pondérant

le rôle

aurons

tirée

au

:

la

l'étal

lieu

la

cl

de guerre continuel où se trouve

la

région de Mananlena, tous

terre.

Nous remarquons :

à

'le

rouge, formant ainsi un

en distance, on a ménagé

peuvent se tenir à

Le mardi

l'abri

le

Comme

yeux,

mur

ses pies se

fortifications

que nous

centimètres l'un de l'autre

•">()

et

entre ces planches on a foulé

;

qui entoure complètement

Mananlena, nous obliquons un peu vers

cl

à 30

ou

l'on puisse

Ï0 kilomètres

le village.

De distance

montrent arides

et pelés.

l'ouest,

pour

aller chercher, le

aisémenJ effectuer sa traversée. Dans cette marche, nous

au plus,

la

partout, ses lianes sont couverts de forêts, niais

mornes de

les villages, petits et

des coups de l'ennemi des sentinelles ou des guerriers.

long du Manampany, un endroit où les

inté-

force des choses à

long de celte enceinte des sortes de réduits ou de blockhaus, dans lesquels

5 août, en sortant de

avons devant

de nous trouver

cactus ou d'autres plantes

Mananlena un genre de

des pieux dressés verticalement à

maintenus par des traverses supportant des planches d'éeorces de ravenala l'argile

la

lieu

une médiation

de tout cela, nous allons nous trouver en face d'une tribu que nous

n'avions pas encore vu à Madagascar

dos herbes et de

sage conduite,

plus grand désavantage de notre influence coloniale.

h'

murs de

au

plus forte, on serait arrivé par

contrée, sont entourés de défenses, pieux, palissades, haies

piquantes, fossés

:

rivales auprès desquelles, suit en offrant

plus faible contre

la

du néant pour

Par suite de grands, de

lieu d'imiter cette

puissance antimerina. Les Résidents Généraux, surtout

inauguré cette façon d'agir, oui amené ce magnifique résultat

Madagascar en face de plusieurs tribus

ressée,

l'île la

silhouette de la chaîne de partage des eaux. ici

ses

sommets déchiquetés

et

rocheux, les

Les cimes émergent donc des grands bois, qui ne peuvent

empiéter sur ces masses rocheuses, impropres à toute végétation. Mais bientôt nous arrivons à un gros village de 200 cases. C'est

Nous partons de

Moramanga, où nous prenons des pirogues pour

l'autre rive,

cl

en quelques minutes nous arrivons à un

Imalio. Avant d'y pénétrer, nous avons de nouveau traversé en pirogues d'eau, qui mesure, à l'endroit

où nous venons de

le

le

traverser

le

village plus

Manampany.

grand encore,

fleuve Iavibola.

Ce cours

traverser, 250 mètres de large, s'élargit beaucoup en

aval d'Imalioel l'orme une sorte de lac dont la surface est parsemée de petits îlots boisés, véritables bou-

quets de verdure qui, posés çà rives

du

et là

sur cette grande nappe liquide, sont du plus agréable aspect. Les

Le site est un des plus jolis que j'aie compter mes agréables surprises de voyageur dans

lac sont des collines de faible hauteur, boisées partout.

jamais vus à Madagascar.

Du

reste, je n'en suis plus à

ce pays du Sud-Est.

Imatio est

fortifié

de venir nous voir,

comme Mananlena. Le roi du village, un vénérable Anlanosy, nous et nous raconte, comme son cousin de Mananlena, mille prouesses de

fait

l'honneur

ses guerriers,

plus insignifiantes les unes que les autres. J'ai dit que dans toutes ces populations antanosy on trouvait

de nombreux usages betsimisaraka. L'architecture notamment est absolument analogue. Tout 49

le

long de


VOYAGE A MADAGASCAR.

380

celles des Betsimisaraka. cette côte, ce son! des cases élevées sur pilotis, de tous points semblables à

La

seule différence que l'on puisse observer après un

examen

un peu plus rapide.

le faîte est peut-être un peu plus élevé, la pente du Antaiavibola atteignent des tailles très élevées, j'ai mesuré souvent des hommes de Antanosy Ces mètre 80 et 1 mètre 85; ces hommes grands sonl torts en proportion, le type général est fort beau, ce

toit

du Sud-Est,

1

dans ces maisons antanosy

attentif est que,

prétend descendre type antanosy est le plus joli que l'on puisse voir à Madagascar. Le chef d'Imalio, qui ce village plusieurs aussi dans trouvé J'ai blanc. absolument d'une ancienne Camille du Matitanana, est

A

indigènes qui parlaient français.

Dauphin,

est

remarquable par

les

ce propos, je dois dire que ce Sud-Est, cl surtout la région de Fort-

souvenirs vivaces qu'y a laissés l'ancienne occupation française. Sans

insister encore sur les ruines qu'on y rencontre, les

murs

d'enceinte, les batteries et les ouvrages divers

de fortification dont quelques-uns sont assez bien conservés et utilisés, je devrais dire profanés, par peuple antanosy les Antimerina, j'ai élé frappé des traces profondes, des réminiscences curieuses que le a conservées de notre ancienne domination lages, les

femmes et

les

.

Souvent, dans

enfants m'interpellent:

«

les plus petits

hameaux comme dans les gros vil-

Salut, monsieur; bonjour, monsieur; adieu, monsieur

montrent surabondamment

Mille petites choses analogues, petits faits insignifiants sans doule, mais qui ipie ces indigènes ont

antanosy trer

pour

est la seule lui

les

entendu depuis longtemps de indigène malgache que

sentiments

et

les

j'ai

telles expressions, ont

vu de

vue embrasser son enfant

actions extérieures de l'affection

comme engagés

apprennent vite

à temps, soit

le français, et

comme

travailleurs libres.

Dans

ne pas craindre de mon-

et

plus vive. Depuis de longues

la

l'île

Réunion,

la

ils

terminé, possédant notre langue

csl

parfaitement.

De

comme

retour à Madagascar,

leur dialecte est pauvre et qu'ils

vent de mots pour exprimer

donne

de

cette colonie de l'océan Indien,

reviennent chez eux quand leur travail

l'Anlanosy

veaux,

femme

usages. La

tels

années déjà, un grand nombre d'indigènes antanosy s'en vont chaque année dans snil

».

manquent sou-

revient de

qui

nou-

objets

les

Réunion

la

son appellation française, bientôt adoptée

par sa famille, par son village, par une partie

de

contrée.

la

On

ne s'étonnera donc pas des

français que l'on pourrait

nombreux mots

tendre dans ce pays des Antanosy, l'on

songe que

allant

el

indigènes

les

venant à

la

en-

surtout

de celle

Réunion sont

si

tribu

très

nom-

breux.

Le mercredi

G août, dès

notre départ, nous

entrons de suite dans ces défrichements récents

dont

j'ai

déjà parlé.

temps dans une

Nous cheminons quelque grands arbres morts

forêt de

aux troncs carbonisés ou ensuite,

de

près

nous passons

son embouchure,

rivière d'Andengilana,

bords de

pelés,

el

la

petite

nous arrivons sur

les

la

rivière de Sandravinany. Nous pas-

sons un premier cours d'eau d'une cinquantaine de mètres de large,

première

île,

nous abordons dans une

au sortir de laquelle

il

nous

traverser un deuxième cours d'eau. Cela

encore une élevée, JEUNES PILLES ANTANOSY

DE

LA

CÔTE SUD-EST.

csl

fois

avant d'arriver devant une

mais moins étendue que

rouverte de maisons,

les

faut

se répète île

plus

autres et qui

c'est le village

de Sandra-


AUX PAYS TANOSY Nous

vinany.

387

allions y

aborder enfin, lorsque pirogues

nos

peut-

,

ou

être trop chargées

mal conduites, chavirent et

ensemble,

avec

nous

voilà tous

à

barboter à qui mieux

mieux dans

la rivière

de Sandravinany à

la

recherche de nos ba-

Nous sommes

gages. aidés

secourus par

e(

des Antanosy, braves

gens

qui

viennenl

nous prêter

assis-

Mouillés

lance.

dans un

el

iWR?

équi-

triste

page, nous abordons DEFRICHEMENT PRES DE MANAMBONDBO.

enfin au pied

du

vil-

lage de Sandravinanv. Ce village, qui compte

de l'estuaire de rivière

la

rivière

[tins

de 200 cases, n'est pas

fortifié

calcaires

du

sa situation sur

un

îlot

au milieu

Sandravinany rendait superflu toul autre moyen de défense. L'estuaire de

la

que, après s'être élargie de

la

Sandravinany mesure plus de 2 kilomètres de large;

sorte, la rivière ne

:

communique

plus avec

la

mer que par de

il

est vrai

petits déversoirs qui ont coupé les roches

que nous venions de prendre en arrivant à Sandravinany

rivage. Le bain forcé

plusieurs fois en cours de voyage

Une

sur celle côte sud-est.

telle

s'est répété

roule dans cette zone littorale n'est

pas sans présenter quelques difficultés on rencontre à chaque instant de puissantes rivières, qui des;

cendent des montagnes de

l'est;

ces rivières, empêchées dans leur cours, forment près de leur estuaire

de véritables lacs, nappes tranquilles,

il

est vrai,

pirogues du pays. Les Antanosy se servent, grandes,

dans un seul tronc d'arbre,

taillées

mais étendues.

comme el

les

11

vent pas toujours empêcher les accidents. La vérité m'oblige à dire que souvent

mauvais

état

des lacs ou des lagunes, m'avaient prié d'attendre

en cours de voyage,

il

bords de chaque lagune

comme moi faisait le

et,

les

mauvaises

sans balancier. Les indigènes manœuvrent très bien ces

pirogues; mais, lorsqu'elles sont chargées ou lorsque des lames trop fortes agitent

le

dans

faut les traverser

Betsimisaraka, de pirogues [lakanà] petites et

et

de laisser

les

eaux,

les indigènes, les

ils

ne peu-

en voyant

eaux se calmer; mais

est très désagréable, sinon impossible, d'attendre deux ou trois jours sur les la

réunion des circonstances

au risque d'un bain, voudraient

plus de peine était certainement

le triste

les

plus favorables.

tenter le

Tous

les

voyageurs feraient

passage. Dans ces moments-là, ce qui

me

étal dans lequel je voyais réduits nos bagages. Nos

herbiers, nos papiers divers, offraient un aspect lamentable.

défrichements nous conduit à Ambalafandrana. Nous marchons au bord de la mer pendant quelques instants. A celle hauteur sur la côte sud-est, les falaises de roches aux émercalcaires ont disparu et nous sommes rentrés dans le terrain primitif; je m'en suis aperçu hier

Le

7 août,

une

petite étape

dans

gences rocheuses trouvées sur

la

les

roule.

Le

littoral se

ressent de ce

changement géologique

:

il

est bas, et

décomposées, la plage sablonneuse, où se montrent de temps en temps des roches micaschisleuses des vakoas, des s'appuie du côté de la terre sur un bourrelet argileux et porte une pauvre végétation,

pandanus, quelques ravenala.

Le vendredi 8 août, nous arrivons en une bonne étape au gros

village de

Manambondro,

établi sur

une


VOYAGE

388 petite

île,

comme

Sandravinany.

A

L'îlot est situé

Manambondro avant son embouchure. Ce

MADAGASCAR.

dans une lagune formée par l'élargissement de

village

compte plus de 500 cases. En estimant

2 500 habitants, on voit que c'est plutôt une ville pour Madagascar.

la

la rivière

population à

Dans ce centre populeux de Manam-

bondro est venu s'établir, il y a quelques années, un missionnaire norvégien; malheureusement, comme il est accompagné d'un instituteur antimerina, son protégé, il est détesté par tous les habitants de

Manambondro.

C'est ce

que me raconte

le

chef du village qui est venu avec moi partager notre repas du

ANTANOSY A MANAMBONDRO. (GRAVURE DK BERG, DAPHES UNE PHOTOGRAPHIE.)

installés. Sa conversation est des plus intéressantes. Cet Antapays de Matitanana, écoute avec intérêt le récit de nos excurdu nosy, qui, comme sions précédentes, et perd bientôt toute méfiance. Il regrette même que dans la dernière guerre que nous avons faite aux Antimerina on n'ait pas songé à lui demander, sinon des guerriers, du moins des porteurs. Je ne m'exagère pas l'importance de ces offres, et je ne pense pas que la France eût trouvé dans

soir

dans

la belle

case où nous

sommes

tous les chefs, vient

ces Anlanosy de la côte sud-est des alliés bien précieux, mais au moins aurait-on dû se douter de leur existence.

A Madagascar,

on

ont dépeint ce pays

même

a

procédé en tout et pour tout, par des résolutions extrêmes. C'est ainsi que certains

comme

très fertile, d'autres

à tenter. Je pense avoir réussi à

au contraire ont affirmé

montrer que, entre ces deux opinions extrêmes, se plaçait une

autre opinion plus exacte, pondérée, et raisonnable. Ce qu'on a

quand

il

s'est

agi

qu'il n'y avait rien à faire ni

dit

pour

la fertilité

de

l'île

on

l'a

répété

de prendre une attitude vis-à-vis des tribus insoumises. Certaines personnes ont

voulu voir dans ces peuplades hostiles aux Antimerina, ont voulu trouver chez

les

Sakalava notamment

des auxiliaires porteurs et guerriers que l'on pourrait opposer utilement aux Antimerina en cas d'expé-


AUX PAYS TANOSY. dilions dirigées contre eux; cette opinion était

évidemment exagérée. Les

mier Résident général français à Madagascar ont pris aussitôt

une exagération non moins grande

389

prétendu

lorsqu'ils ont

qu'il

la

ne

plades insoumises à Madagascar. Entre ces deux opinions extrêmes, faut pas considérer, je

Dans raires le

les

répète,

le

que

les

Affaires étrangères et le pre-

contre-partie et sont tombés dans

aucun compte des peu-

fallait tenir

y a encore un juste milieu;

il

environs de Manambondro, je vois des tombeaux antanosy. Les Antanosy ont des

analogues aux Betsimisaraka

composé

d'arbres

grossièrement

de

deux

évidés.

,j

Ces

INTANOSY n\NS LKS ENVIRONS DE MANAMBONDRO.

troncs d'arbres sont posés dans droil

de ravenala, en forme de livre ouvei

nombre

rites funé-

troncs

SÉPULTURES

plus ou moins grand

ne

;

corps du défunt est placé dans un

cercueil

il

Antimerina à Madagascar.

à côté

ui les

quelconque

et

on

Au bord

cache complètement.

les

la

brousse à un en-

recouvre d'un petit

des tombeaux,

< j

ni

toit

sont en

uns des autres, on dresse des madriers sculptés, effdés et

le

plus souvent ornés de cornes de boeufs. Des pieux analogues, mais d'une plus grande hauteur, remplacent souvent, chez ces Antanosy du nord, les pierres levées des autres tribus. Je pus encore faire à

Manambondro une remarque jeunes

intéressante. Tandis que, chez toutes les autres tribus de Madagascar, les

filles à peine nubiles sonl

absolument

libres

d'elles-mêmes

mener une existence peu compatible avec nos principes de morale,

ment chez

les

Antanosy.

Ici,

en

effet,

il

n'est

il

el

qu'elles s'empressent alors de

en est

le

plus souvent tout autre-

pas rare de rencontrer des jeunes fdlcs qui restent

chastes jusqu'à leur mariage. J'ai

déjà dit quelques mots sur les vêtements les plus généralement adoptés par ces Antanosy et presque

par toutes les autres tribus du sud. Tous ces indigènes, et

ils

sonl nombreux, qui ne demanderaient

pas mieux que d'acheter aux traitants européens ou créoles des toiles et des cotonnades nécessaires pour s'habiller, n'en trouvent pas et sont obligés de se couvrir plus ou moins avec des nattes faites des

joncs des lagunes tressés. Le plus généralement,

les

d'indienne, qu'ils vont chercher fort loin, puisque les

hommes

ont un lamba crasseux de colonnade ou

commerçants ne

se décident pas à aller

dans leur

pays. Les femmes, qui ne peuvent pas faire d'aussi longs voyages, sonl moins bien partagées. Elles portent le plus souvent un simbo en nattes de roseaux, maintenu sur les reins par une large ceinture en


VOYAGE A MADAGASCAR.

390

peau de bœuf

sur

;

portent une large bandelette de derrière

pour cacher

la poitrine et

nattes

les seins elles

maintenue

tressées,

dos par des cordelettes de raphia. Nous avons vu

le

employer ces vêtements en nattes, non seulement chez Antanosy, mais encore chez

les

Anlambolo, chez

droy, chez les différentes tribus bara, chez les Tanala, et

dans

le

les

Antan-

les

même

Sud-Betsileo, partout enfin où les traitants européens

ou créoles n'ont pas, contrairement à leurs

intérêts, établi des

comptoirs ou des factoreries.

D'une manière générale, voici quel

costume classique

est le

des Antanosy.

Pour

les

hommes,

des Antandroy,

l'anakesy (salaka des Antimerina), sikatrq

sadika

des Betsimisaraka

quelquefois une chemise en rabane ou en natte

quelques-uns ont des reins, petit

le

lamba. Les

kitamby, qui est

le

le

une

c'est

;

femmes

pagne

(sehely), enfin

portent, roulé autour

africain, Valcanzo volasaba,

caraco à larges raies verticales rouges, blanches

couvrant

les

et bleues,

épaules et les seins, mais laissant entre l'abdomen

une solution de continuité. Quelques femmes portent helonzaza, petite natte carrée jetée sur

léger les enfants contre le froid et

Gomme

ornements,

verroterie; souvent

ils

un

ont

petit

de chat sauvage (vomira),

est

le

le

le helo

Une

petite pièce en or

le soleil.

felana et des colliers de

morceau de bois avec suspendu au cou

;

ils

poils

portent

anneaux

ou en cuivre placée sur

front est attachée derrière la tète au

cordon

ou

dos, pour pro-

aussi des boucles d'oreilles (kavina), ce sont des d'or.

pièce

passant entre les jambes;

d'étoffe faisant le tour des reins et

moyen d'un

le

petit

noir.

Les Antanosy seraient au nombre de 200 000 établis

dans jusqu'au Mandrare.

les districts

de Tolanara, d'Ambolo, de Vinanibe

faut ajouter à ce

Il

nombre environ 100 000 Antanosy

qui ont émigré vers 1845 et qui sont établis aujourd'hui sur les bords de Z

UX

l'Onilaliy.

LUESSES ANTANOSY

une ron, à la figure fine

comme

visite

pendant notre séjour à Tolanara. C'est un

à l'air intelligent;

et

il

Ranony

était la

sœur de Mahomet)

le 1 .

des Zafindravola

Le lundi rina

que

;

homme

vint

nous

roi

faire

de 30 ans envi-

C'est

parmi la

zafiranoinj, c'est-à-dire

la classe

un descendant

des zafiranony que se recrutent

classe des Zafitomana, ceux de

lAndroy

zafin signifie descendant.

11 août, en longeant la côte,

l'on trouve après

un

front; c'est

rois de Fort-Dauphin, ceux d'Ambolo appartiennent à

à celle

il

porte une barbiche et un collier de barbe sur les joues,

unique ornement un grand felana sur

des Arabes les

Les Antanosy sont divisés en cinquante-deux royaumes. Le

de Fort-Dauphin, Rabealy, habite à l'ouest de Vinanibe,

PRÈS DE MANAMBONDRO.

nous arrivons à Vangaindrano, premier poste militaire antime-

Fort-Dauphin. Là nous séjournons deux jours; nous allons maintenant mar-

cher dans lest pour retourner à Fianarantsoa.

Les deux remarques

les

plus importantes que nous avons pu faire en marchant

le

long de cette côte

sud-est, c'est d'une part l'énorme densité relative de cette population antonosy, et d'autre part la disposition des fleuves et

i.

des lagunes de cette côte sud-est.

D'après les Malgaches.

En

effet,

tandis que sur la côte est, dans la partie


AUX PAYS TANOSY.

391

centrale et septentrionale, nous avions vu de nombreuses lagunes proprement dites situées entre la

bande arénacée qui constitue partout la

côte proprement dite,

là,

les

rivages de

la

mer,

bourrelet argileux sur lequel s'appuie

et le

quand ces lagunes formées parles

collines voisines, atteignent un niveau trop élevé, elles séparent

séparent de la mer,

et se

créent ainsi

les

descendent des

dunes de sable qui

un déversoir provisoire. En somme, sur ces

communiquent par intermittence avec

cession d'étangs qui

petits ruisseaux qui

violemment

côtes, c'est

les

une suc-

l'Océan. Sur la côte sud-est au contraire.

ce sont pari oui de grands fleuves, dont les dunes ou les falaises de la côte viennent gêner l'embouchure ils

forment ainsi des

Dans

sud-est.

lacs,

élargissement de leurs estuaires près de

sud, ces lagunes ont de l'eau douce à marée liasse; dans

le

le

nord

dans

et

:

sont les lagunes du

la côte. Telles

le

centre, c'est

toujours de l'eau salée.

Le mercredi

nous quittons Vangaindrano

13 août,

nous marchons

et

long du Mananara. Nous

le

allons autant que possible suivre les rives de ce fleuve tant que nous serons dans

puis arrivés sur les territoires bara, nous remonterons vers

le

pays des Antaisaka;

le

nord-ouest pour gagner Ambohimandroso

et Fianarantsoa.

Vangaindrano,

comme

tous les forts antimerina de

quelques kilomètres dans rova palissade

A

antimerina.

d'un village habité par les soldats

el

el

pas placé au bord de

la côte, n'est

Ce poste «lu

rova

la

mer,

est à

il

Vangaindrano se compose d'un

militaire de

leurs familles, et par quelques colons

el

plus de 20 kilomètres autour du fort, on ne trouve pas un seul indigène anlanosy. Les

Antimerina vivent pas bostiles

l'intérieur des terres.

Vangaindrano dans un isolement complet. Les indigènes ne

à

agressifs vis-à-vis de ces envahisseurs, mais

comme des pesl itérés. Au sortir de Vangaindrano, nous

ils

retrouvons l'argile rouge

que nous avons quitté définitivement ce sud-est

si

fertile, la

font

el

le

se battent pas, ne sont

vide autour d'eux,

Mananara. Nous passons successivement

les fuient

brousse des Betsimisaraka.

la

villages d'ifonoloza

et

On

voit

A mesure que nous

pairie des Anlanosy.

marchons, nous entrons dans une contrée excessivement peuplée. Nous rencontrons les

el ils

A

de Tsienl'ana.

la

rive droite

du

midi, nous nous

arrêtons au village de Nosy-Ambo.

Nous sommes cidres ici sur le territoire d'une autre tribu, encore bien indépendante, celle-là. Nous sommes chez les Antaisaka, les guerriers par excellence de Madagascar. Depuis Nosy-Ambo, les mille petites tracasseries^ les

Antaivondro

les

et

nous traversions

!<

kabary interminables, vont recommencer de plus

chez les Bara,

les

la

sympathie au milieu de ces peuplades anlanosy, douces

intelligentes.

Dès Nosy-Ambo, nous,

el

la

végétation littorale cesse tout à

nous sommes au milieu d'un

grande densité

1res

relative

de

la

îlot

sur une Ivolube

'colline.

Bara

d'altitude.

ment

,

cl

La

vue

l'ail,

population antaisaka. Autour du

champs de manioc

s'étend 1res loin vers l'ouest cl

cependant nous ne sommes

cl

peuvent pénétrer en suivant

.les

nous continuons

à

remonter

rapides. Jusqu'ici, en aval de ce point,

moyenne élail supérieure encombrer son lit; il doit nent sa vallée déjà

si

à 100 mètres. Ici les

esl

nom-

nous montons

plateau central,

le

mont

mer. à moins de 150 mètres

Elle

s'abaisse en effet sensible-

trouée

l'aile

1res précieux

dans ces montagnes :

il

nous permet de

du Mananara, où nous voyons des chutes ce grand fleuve roulait des eaux paisibles, sa largeur viennent rives s'encaissent, des émergences rocheuse, la rive

droite

contourner également des promontoires rocheux qui festonNous traversons à gué la rivière d'Andohanosiambo, qui, à 00 mètres de

les franchir et

étroite.

la

le

là,

la

la

qu'à une faible dislance de

le

14 août,

de patates. Près de

délails.

donnée

village, les cultures sont

nous découvrons

La ligne de partage des eaux ne nous cache pas ces

à celle bailleur, el nos regards

Le jeudi

n'a rien d'étonnant, étant

l'ail

Mananara. Ce relèvement du mont Ivobibe (Para) nous déterminer exactement la direction que nous devons suivre. par

arbres apparaissent bien loin devant

les

de zone dénudée. Ce

breuses; ce soid de belles rizières, de beaux

et

comme

Manambia. Nous en avions presque perdu l'habitude. Depuis longtemps, en effet, vaste territoire des Anlanosy, chez lesquels nous n'avons jamais eu d'ennuis. Bien

au contraire, nous n'avons rencontré que de el

belle,


VOYAGE

392

A

MADAGASCAR. route,

la

nara.

se jette dans le

du

Près

laombv,

Mananara

son

lit

contrée au milieu de

la-

le

parsemé Cette

Mana-

d'Amba-

village

a

d'îlots.

marchons

quelle nous

est absolu-

ment dénudée, partout couverte de cultures. Ce n'est qu'un accident dans

zone des brousses que nous

la

pouvons distinguer

à quelques kilo-

Au

mètres autour de nous.

du jour, nous arrivons au

milieu village

de Mangidy, village qui occupe

sommet d'une

le

colline boisée.

Les indigènes de Mangidy, qui de loin nous ont aperçus, nous ont

pour une troupe anlimcrina,

pris

et

après avoir appelé tous les habitants

hameaux

des

dent

à

voisins, ils

nous atten-

de leur village.

l'entrée

Ils

sont en costume de guerre, vêtus

seulement d'un salaka en écorce,

ou d'un morceau de natte, mais

armés chacun d'un

fusil

de

deux sagaies,

d'un bouclier en bois

et

recouvert de peau de bœuf. C'est

première

la

fois

que nous voyons

des naturels de Madagascar armés

GL'ERRIERS

ANTAISAKA DE MANGIDY.

de boucliers.

Ces indigènes sont

très

Les

effrayés.

femmes

enfants vont se cacher dans les

de bambous qui couvrent

delà colline;

les

les

et

taillis

les flancs

hommes se réunissent en armes

auprès delà case du roi. Nous envoyons Rainizanaka en sommes pas des ennemis; enfin, après un kabary assez long, on peu tout le monde se rassure, et les femmes ne lardent pas à rentrer dans

axant pour expliquer que nous ne

nous donne une case; peu à le village et à

venir nous vendre des poules, des œufs, des bananes, etc. Au-dessus de notre porte est

suspendue une toute

une offrande

petite corbeille en jonc

contenant quelques grains de

riz.

On nous

dit

que

c'est

à Zanahary.

Parmi tous

les

auteurs qui ont écrit sur Madagascar, bien peu, pour ne pas dire aucun, se sont

occupés de celle peuplade antaisaka. Cependant, on aurait tort delà négliger, vu sa population qui, dense

et

très

serrée,

très

compte certainement, sur quelques centaines de kilomètres carrés, plus de

200 UOU habitants. Dans tout Madagascar, ce territoire que nous traversons est celui qui nourrit plus d'habitants par kilomètre carré. voit

donc combien

précédemment, carré.

Pour

et

il

se dislingue des

En

en niellant 00, je suis certainement au-dessous de la vérité.

grands

territoires

du nord

préciser davantage, je dirai que ce pays

Les Antaisaka, qui font certainement partie de

la

îles si

de l'ouest que nous avons traversés

plus d'une dizaine d'habitants au kilomètre

qui ne comptaient certainement pas

immédiats de Tananarivc, qui comptent pourtant de

et

le

On

Antaisaka

nombreux

esl plus

et

de

si

peuplé que

les

environs

importants villages.

grande tribu bara, ont pour voisins, au nord

les


AUX PAYS TANOSY. Tanala, à

sont

élevée;

Antanosy, à

les

Bara Antaivondro. Ces indi-

l'ouest les

gènes

au sud

l'est et

393

généralement de

I

aille

ont la peau très noire,

ils

le

peu nez

écrasé, les lèvres charnues. Plus que les

Bara,

ils

cains.

Comme

présentent des caractères africes derniers,

se coiffent

ils

au nombre de sept

grosses boules,

de

environ; l'une se dresse en petites masses

Comme

relevées sur le vertex.

coup d'Anlanosy du sud-est, en

toile

chez beau-

vêlements

les

en cotonnade sont 1res rares

et

chez eux; aucune marchandise ne pénètre

dans leur pays,

et

cependant

ils

ne deman-

deraient pas mieux que d'en acheter. Les

femmes, généralement

le

tort

petites, s'ha-

d'une natte cousue en sac,

billent toujours

simbo malgache, maintenu

par une bande de elles portent

derrière

poitrine

la

une bande de natte attachée dos.

le

ceinture

à la

sur

toile;

(les

primitifs sonl

avides d'ornements. Ce sonl

colliers et des perles de différents

une

tillons enfilés sur

ficelle.

aussi

élain

échan-

Les pauvres

de petits morceaux de bois tra-

portent

vaillés en guise de perles.

ont

très

surtout des

Ces indigènes

des bracelets en cuivre ou en

aux poignets

boucles d'oreilles,

aux

et

chevilles,

plus souvent

le

FEMME

des

MANGIDY.

HK

.\NTA1S.\K\

faites

d'un anneau métallique (argent!. Les AnlaisaUa sonl divisés en un grand nombre de tribus; leurs

maisons, bâties

comme

haut des collines gascar; sent,

ils

cl

celles des

des mamelons;

non sans quelque raison, à

On dans

plus souvcnl situés sur

le

Antaisaka forment une des tribus

les

le

plus guerrières de Mada-

à l'aire

aux Bara une réputation de sauvagerie

et

traverser les territoires de cette tribu sous prétexte de

gènes antimerina se risquent si

les

sont extrêmement jaloux de leur indépendance. Tandis que certains Antimerina qui se plai-

hasardent quelquefois

encore,

Antanosy, sonl réunies en villages,

beaucoup moins souvent en

territoire

de brigandage, se

commerce,

les indi-

antanosy, bien plus rarement

ce n'est jamais, sur les terres des Antaisaka.

a pu voir par ce qui précède (pie Fort-Dauphin, la plus importante des possessions antimerina le

sud de Madagascar, est complètement isolée de

terrompu de peuplades hostiles Augustin, qui

est

et

indépendantes.

comme Fort-Dauphin un

ne peuvent donc ravitailler leurs postes de

éprouvent, on

le

Il

la

province des Antimerina par un cercle inin-

en est de

point militaire

la partie

méridionale de

conçoit sans peine, une certaine difficulté.

aux Antimerina, pour augmenter

la

même

Il

l'île

la

les

la

baie de Saint-

Antimerina. Ceux-ci

que par voies maritimes.

est vrai (pie,

puissance de ces ennemis de

tion des Affaires étrangères a établi

de Tulear dans

du sud occupé par

France

pour enlever cette à

Ils

en

difficulté

Madagascar, l'administra-

dans ces deux postes antimerina du Sud, des résidents qui, aux

yeux des indigènes habitant ces régions, indiquent quel appui nous portons à Madagascar, à nos bons amis la

les

Antimerina.

Il

y a quelques années,

il

s'agissait de ravitailler Tulear, de

garnison de ce poste. Les Antimerina firent courir

le

changer

et

de renforcer

bruit chez les Sakalava que les 50

hommes


VOYAGE

394

approvisionnements allaient venir à Fort-Dauphin apportés par des bateaux français. étaient sous les ordres serait certainement devenu un fait, si nos navires de l'océan Indien

nouveaux Ce

bruit,

MADAGASCAR.

A

et les

du Ministre des Affaires étrangères.

Dans

continuant notre route, nous traversons plusieurs villages;

la soirée,

le soir,

nous nous arrêtons

à Tangirika.

Antaisaka, Ratsimiola. Le vendredi 13 août, une bonne étape nous conduit à Mahafasy, résidence du roi nous dire qu'il a plus de soin de bien Ce chef nous reçoit assez bien, dans son kabary, il a s'il le veut, nous serons villages sous ses ordres cl qu'il commande à plus de 6 000 guerriers;

2 000

toujours bien reçus sur notre route; sinon

il

peut nous créer partout de graves embarras

ne sont rien moins que rassurantes. Rainizanaka nous rassure un peu en nous disant

bonnes grâces de Ratsimiola;

c'est

qu'il

connaît un

moyen

:

ses paroles

certain d'entrer dans les

de devenir, Maistre et moi, ses frères! Maistre, qui, chez

les

Anta-

cérémonie du faudra, se propose nosy émigrés de Tsivory, est entré dans une nouvelle famille par cette avec tous les Antaisaka. de suite. Ratsimiola accepte de grand cœur et nous voilà frères entend par cérémonie du fatidra, ou l'on ce que raconter lui faut Pour éclairer le lecteur, il me fabrication des frères à Madagascar. Cette cérémonie a été

connue

et

racontée depuis longtemps déjà

auteurs qui se sont occupés de Madagascar; et pour ne pas répéter une centième fois, un l'histoire et à la géographie de Madagascar, de récit connu de beaucoup, j'emprunte tout simplement à M. Henry D'Escamps, la citation suivante

par tous

les

:

«

On

appelle faudra

ou serment du sang, à Madagascar, l'engagement que prennent deux personnes

de s'aider réciproquement pendant

la

durée de leur existence

et

de se considérer

une origine commune. Cette coutume parait être venue de Rornéo. Voici cet

la

comme

si

elles avaient

manière dont on contracte

engagement.

vase contenant de l'eau est apporté; l'officiant, qui est ordinairement un vieillard, y plonge la individu pointe d'une sagaie, dont les deux néophytes tiennent la hampe à pleines mains; puis un autre balles, fusil, des pierres la poudre, des d'argent, de à jette alternativement dans le vase, de la monnaie «

Un

plusieurs petits

même

temps, celui qui dirige

couteau, l'argent cl

morceaux de

hampe de

la

emblème de

bois et quelques pincées de terre prise la

la sagaie,

rappelant

la richesse, signifie

le

que

sens attaché à chacun des objets ci-dessus mentionnés

les

Quand

communs;

les

fragments de bois

tous ces objets ont été mis dans

promettent de remplir

les

le vase, le

emblèmes de

et

le

individu

guerre, indiquent que les dangers

demande aux deux

futurs parents

serment, et sur leur réponse affirmative,

prévient que les plus grands malheurs retomberaient sur eux,

nonce

la

de terre ont aussi une signification particulière.

même

engagements imposés par

les conjurations les plus terribles,

:

deux contractants devront partager leurs biens présents

futurs; la poudre, les pierres à fusil et les balles,

doivent leur être

aux quatre points cardinaux. En

cérémonie, accroupi auprès du vase, frappe à petits coups, avec un

s'ils

en évoquant Angatch,

le

s'ils

il

les

venaient à y manquer. Puis, il promauvais génie. Ses yeux s'animent

sonore, celle par degrés et prennent une expression surnaturelle, lorsqu'il adresse, d'une voix forte et des imprécation « Que le caïman vous dévore la langue, que vos enfants soient déchirés par les chiens :

«

«

que toutes sources se tarissent pour vous, et que vos corps abandonnés aux vouroundoules » (effraies), soient privés de sépulture, si vous vous parjuriez! première partie de la cérémonie terminée, le vieillard fait à chacun des impétrants, avec un « forêts;

Cette

du creux de l'estomac, imbibe deux morceaux de gingembre du sang boire après, dans qui en coule et donne à avaler à chacun des deux le morceau de son vis-à-vis. Il fait banquet une feuille de ravenala, une petite quantité de l'eau qu'il a préparée. En sortant, on se rend à un que la bien fatidra, du cérémonie foule. La de la servi sur le gazon, el on reçoit les félicitations de rigueur, •s

rasoir,

une

petite incision au-dessus

même dans ,

lieu.

toute

l'île,

elle subit quelques modifications dans la forme, selon la peuplade chez laquelle

Ainsi quelquefois, le sang, au lieu d'être reçu sur un

avec l'eau que, clans

le

premier cas, l'on prend après.

morceau de gingembre,

est

mêlé de suite


AUX PAYS TANOSY. «

Quoique

le

serment du sang ne

un étranger, bien

être utile à

importunilés de son frère

fictif.

Deux

soit

pas toujours agréable, pour

celui-ci,

les

la fraternité charnelle,

dont

fatidra

le

impose

sang doivent partager leur fortune, se soutenir dans

frères de

Malgaches,

peut

il

qui devient en butte aux

Les liens ainsi contractés sont, aux yeux des Malgaches, aussi sacrés

souvent plus respectés que ceux de devoirs.

pas toujours observé religieusement par

soit

ne

qu'il

393

le

et

d'ailleurs tous les

danger, mettre en

commun tous les biens et tous les maux de la vie, enfin, se prêter assistance en temps de guerre, quand même ils appartiendraient à des tribus ennemies. Dans ce dernier cas, ils doivent non seulement éviter de se faire du mal, mais encore, obligé de

le

préserver de

la

l'un des

si

jours du prisonnier, dès qu'ils connaissent

Une femme

«

deux tombe entre

le lien

Radama

agents anglais échanger ce serment avec

M. Grandidier a

II.

parti ennemi, l'autre est

qui l'unit à son protecteur.

homme; deux femmes peuvent

peut faire le serment du sang avec un

entre elles, cl rien ne s'oppose à ce qu'un étranger

Radama

mains du

les

fureur de ses compagnons, qui s'abstiennent ordinairement d'attenter aux

fait le

contracte avec un indigène.

le

I

Nous

er .

aussi le faire

Nous avons vu Lambert

l'avons vu échanger entre M.

serment du sang avec Razoumaner,

les

et

des Antanosses, et avec

roi

du Fiéérègne. Ceux qui veulent voyager à Madagascar, ou s'y livrer à quelque opération de commerce trouvent avantage à le faire; cette formalité facilite beaucoup leurs rapports avec les habitants, à qui ils inspirent tout d'abord une confiance plus grande. Lahimeriza,

roi

se sont liés par le fatidra, les parents de

Dès que deux Malgaches

«

de l'autre

ment sens,

même

le

titre

de parenté qu'ils auraient,

entre les deux contractants.

aux membres des deux

l'Européen qui les véritables

fréquentes.

Lorsque

visite ce

Il

la

fraternité selon

le

uns par rapport aux autres.

De

à l'égard

sang avait existé naturelle-

y a plus, les effets de cette alliance s'étendent aussi

familles, les

peuple

si

chacun d'eux prennent

celte

dans

coutume

le

même

résulte

pour

l'observe superficiellement, une très grande difficulté à reconnaître

et

liens de parenté qui existent

entre les individus, et c'est pour

lui

une source d'erreurs

»

la

cérémonie du fatidra fui terminée, Halsimiola nous assura de son amitié

cours dévoué. Dès

lors,

grâce au concours de

mon brave

et

de son con-

ami, (pie dès ce jour je n'appelai plus que

:

Maislre l'Anlaisaka, nous ne devions trouver aucune difficulté sur notre roule de retour. sommes toujours Le samedi 11! août, nous reprenons notre roule. La contrée change peu à peu; nous

dans

la

région des Brousses,

il

est vrai, niais les arbres plus rapprochés, les buissons plus touffus cl qui

nous indique que bientôt nous allons rentrer dans la zone forestière. endroits en montiLe sol est devenu maintenant argileux, en même temps qu'il se soulève en maints de la ligne montagnes des hautes collines élevées. Nous approchons cules, en mamelons, voire mèm se réunissent en fourrés, toul cela

1

générale de partage des eaux, nous

sommes

arrivés sur leur premier contrefort. C'en est

fait

aussi de la

frappés sur les territoires antanosy. Loin de moi fertilité générale du pays, qui nous avait si vivement Mais nous ne sommes plus en présence de la pensée de «lire que ces terres sont complètement stériles. par les produits du sol, comme nous celle végétation exubérante, nous ne sommes plus émerveillés en un mot. Nous rentrons à Madagascar, si été dans la vallée d'Ambolo, dans tout le Tanosy, l'avions j'ose

m 'exprimer ainsi.

passons dans de mauvaises piroVers 10 heures, nous nous rapprochons des rives du fleuve et nous le de large sur 3 mètres de profongues par 230 mètres d'altitude. En cet endroit, le Mananara a 00 mètres deur.

Le fleuve

Dans fait

précipite ses eaux en aval

la soirée,

cl

et

surtout en amont.

village de Mahalava.

nous nous arrêtons au

place aux maisons de roseaux

du passage

maisons sur

les

de bararata des gens du Centre.

pilotis des

Antanosy ont

A Mahalava, nous sommes chez

les

Bara Antaivondro.

Le lendemain, nous passons, avec Le Mananara, ce grand fleuve de

le la

Mananara, une haute chaîne de montagnes. vue, au côte orientale, peut être comparé, à tous les points de

Mangoro du pays betsimisaraka. Comme Mananara traverse

la

le

Mangoro, dont

il

a le

volume

haute chaîne côtière par une tranchée profonde,

d'eau,

et les

si

ce n'est davantage, le

sources de son principal


VOYAGE A MADAGASCAR.

396

Menarahaka,

affluent, le

se trouvent

non

loin d'Ihosy,

au sud des monts Analatelo, que nous avons

franchis près de ce poste militaire antimerina. Cette coupée du côtière est particulièrement curieuse; sur

d'un grand Y. Le fleuve coule au fond; sur les roches dont son

lit

Mananara

à travers la

une longueur de 30 kilomètres environ, c'est

étroit et resserré est

un immense torrent qui précipite encombré. Les deux versants de

grande chaîne

la section

ses la

a la forme

eaux mugissantes

trouée sont presque

sont taillés dans de puissantes assises de schiste cristallin.

lisses, ils

Pendant deux jours, nous cheminons sur cher aux parois rocheuses, utiliser

plus petites

les

élever et gagner les sommets. Ceux-ci, en

Souvent

trable forêt.

effet,

je

des deux côtés du fleuve, sont recouverts d'une impéné-

mètres d'altitude;

il

côtoyer de très près

et

torrent furieux. Pen-

le

ne sais comment, sur cette route épouvanlablement

sommes

lorsque, le 18 août, nous arrivons à Imanity, nous fiOO

nous faut nous accro-

il

pour avancer, car nous ne pouvons nous

saillies

nous faut descendre au contraire,

il

dant deux jours, nous marchons,

nara coule à

septentrional de la coupure;

le flanc

delà

difficile, et

Près de ce village,

le Manadonc une chute de près de 300 mètres, dans ce couloir de 30 kilo-

a

sortis

forêt.

mètres.

Au

nous retrouvons une population de Bara Antaivondro, mélangée dans une

village,

Au

avec des Tanala.

ments qui brousse,

chons

se

remarque souvent

comme dans

les

à

forte proportion

nous marchons d'abord dans cette zone de défriche-

sortir d'Imanity, le 18 août,

Madagascar, de chaque côté des grands bois. Puis, vers midi,

environs d'Ankaramena

;

nous traversons beaucoup de

villages.

c'est la

Nous mar-

pendant plusieurs jours jusqu'au village bara d'Ivohibe, où nous retrouvons d'anciennes

ainsi

connaissances. Enfin c'est

zone dénudée, nous sommes dans

la

le Betsilco

méridional,

23 août,

et, le

nous faisons notre entrée à Ambohimandroso. Les nouvelles se propagent vite à Madagascar.

On

de notre retour. Toutes

était déjà avisé

femmes

les

de nos porteurs les attendent aux premières maisons du village. Deux jours après, nous étions à Fianarantsoa, et

présenter nos compliments au docteur Besson, qui, depuis un mois ou deux, était avisé

j'allai

de notre mort. C'est un

de

fait

absolument régulier dans

la vie

de l'explorateur. Depuis que je voyage, que

ne m'a-t-on pas cru décédé!

fois

Après avoir payé nos porteurs du sud, Maislre

et

moi nous retournons

à Tananarive. Fidèles à nos

anciennes habitudes, nous retrouvons Bainimananabe, qui, de nouveau, nous loue sa maison pour un

Pendant notre absence, Tananarive

prix exorbitant.

maison du Résident général de France sous

la

est

beaucoup changé. Cependant

direction de M. A. Jully, jeune architecte de grand talent.

compatriotes,

comme

par

le

delà population. Plusieurs personnes

sud.

est certain qu'il y en a

me demandaient

beaucoup moins que chez

Pendant ce quatrième séjour que je de malfaiteurs; au milieu de

Dans

fait

la capitale

la

nouvelle

sous les ordres

et

des Antimerina, nos

passé, continuent à être en butte aux sarcasmes, aux quolibets, aux injures

même Il

n'a pas

presque terminée. Ce beau travail a été

fais à

la nuit, ils

parce qu'il se refuse à leur ouvrir

les

Tananarive,

enfoncent

la

de

la

le coffre-fort

la

si

vu beaucoup de fahavalo dans

j'avais

le

Antimerina.

mission catholique est envahie par une bande

porte d'un père mission. Le

P..

et

le

frappent de coups de sabre,

P. Montant

manque de mourir

de

ses blessures. Toutes les nuits, ces attaques contre les Français se renouvellent; des soldats de l'escorte

du Bésidenl général, au nombre de autour de

la

trois ou quatre, sont obligés d'aller, chaque nuit, monter maison du Comptoir d'escompte à Ambodinandohalo. On craint pour la caisse.

J'en arrive de plus en plus à regretter

jamais rien volé, les

Antimerina.

et je

Un

me

mes Bara, mes Antanosy,

primitif, couvert d'une natte de roseau, et les

face simiesque est abritée d'un gibus

1.

Dans

la

très mal,

que chez

cheveux roulés en boules, m'inspire

une redingote d'occasion,

et

dont

la

'.

non seulement nous ne sommes pas des protecteurs, mais nous ne sommes pas Tout au plus, sommes-nous les parias de ces sauvages.

capitale des Antimerina,

les protégés.

même

garde

mes Anlaisaka. Là, on ne m'a

sentais mille fois plus en sûreté chez ces peuplades indépendantes

toujours plus de confiance qu'un nègre, qui porte

même

et

la


AUX PAYS TANOSY.

397

A Tananarive, nous avons beaucoup d'ouvrage. Il nous faut mettre en ordre tous nos documents et nos collections. Mais, à la rigueur, je pouvais faire cette besogne tout seul et je renvoyai Maistre en France, au moment de la fête du Bain. Mon compagnon avait bien gagné' un peu de repos. Les fatigues et les privations l'avaient complètement surmené. Pour moi, mon travail terminé, je me rendis à Tamatave, où je pris le paquebot pour la France. Le 22 janvier 1891, je débarquai à Marseille de Y Amazone, ce même paquebot de la cote orientale d'Afrique qui m'avail emmené deux ans auparavant.

ANCIENNE BATTERIE FRANÇAISE A PORT-DAUPHIN.



CONCLUSION

ETde Madagascar,me maintenant,

il

faut conclure. Je viens, dans cet ouvrage, de présentera ceux qui

que

telle

deux

siècles, vaut-elle oui

je l'ai

ou non

les sacrifices

qu'on

est

laquelle elle est plongée, cl pour la mettre en valeur,

l'accroissement de récit, j'ai

la

patrie? Je

montré ce que valaienl

les différentes

iei

ce que

j'ai dil

les

mines,

les forêts, les différentes

plus haut,

disposé à faire pour

m'exprimer

j'ose

Dans

la tirer île la

le

barbarie dans

ainsi, cl la l'aire

les différents

concourir à

chapitres de

mon

1

comme on

l'a

l'ail

trop souvent, les cultures possibles,

richesses; tout cela existe bien réellement, mais

quelque chose qu'autant qu'on saura

Au commencement

l'île

régions qui nous avons parcourues. Je ne veux pas répéter

passer en revue,

cl

si

dis bien haut, oui! cent fois oui!

le

me liront,

vue. Cette terre, dont on s'occupe plus ou moins en France, depuis

le

tout ne vaudra

mettre en valeur.

de toute tentative de colonisation,

il

y a une période de tâtonnements, d'essais

improductifs, de spéculations malheureuses qui nuisent énormément à nos tentatives réitérées. Le Français se

décourage beaucoup trop

ce qu'il entreprend.

Il

vile et surtout

il

n'apporte pas a-^ez en argent et en travail, dans tout

faut savoir semer pour récoller. Avec

un

petit capital,

de grands bénéfices. En envisageant Madagascar en particulier et en encore

fait,

annexée purement

et

la

il

est difficile de réaliser

supposant, ce qui n'est pas

simplement à notre domaine colonial, cette

île

formera certainement

dans l'avenir l'une de nos plus belles possessions.

Tout d'abord côte du la

géographique dans

sa position

Moçambique, escale

la

mer des

Indes; voisine de

la

Réunion, en face de

la

refuge naturels de nos flottes en route pour l'Extrême-Orient, tout cela

et

place dans une situation incomparable. Puis, Madagascar est une

est la

chose

la

de l'étranger; nous serons dise, n'est

île,

beaucoup. Là, pas de voisins, une

c'est

fois les naturels

soumis, ce qui

plus facile du monde, pas de rébellions possibles et surtout pas de renforts, pas d'appuis là

absolument chez nous. En temps que colonie, Madagascar, quoi qu'on en

pas un pays malsain. Sans doute, un corps expéditionnaire où

nement pas du confortable, où

ils

éprouveront des fatigues

et

les

hommes

ne jouiront certai-

subiront des privations journalières; évi-

demment, placés dans de déplorables conditions hygiéniques, nos

soldats payeront

un lourd

tribut à la

malaria. Mais qu'est-ce que cela prouve? Je pourrais dire que nos troupes d'occupation de Diego-Suarez

ont un bulletin médical quotidien logées, bien nourries,

îles

on y trouve

plus satisfaisants. Maintenant que ces troupes sont au repos, bien

très

peu de malades. De toutes nos garnisons

coloniales, Diego-


VOYAGE A MADAGASCAR.

400

Suarez

aux

est la plus salubre. J'en appelle

'

chiffres officiels

du Ministère de

marine. Je ne crains

la

pas d'être démenti.

On

a divisé nos possessions d'outre-mer en terre d'exploitation et en terre de peuplement. Madagascar

comme

de l'une

tient

donné comme

que

comme

l'on fait

si

l'on exploite et

qui possède plus de sept millions d'habitants et qui a

si,

exportations, plus de trente millions

et

2

de

dédaigner pour notre commerce national.

n'est certes pas à

a dit qu'on ne trouvait pas de

dent que

île,

de commerce général, importations

chiffre

un débouché qui

francs, est

On

de l'autre. Cette

lient

il

main-d'œuvre à Madagascar. C'est une grande erreur.

certains concessionnaires,

gouverneur de

l'on va trouver le

si

moyennant une certaine somme d'argent, on s'entend avec

lui

Il

la

est évi-

province

pour obtenir des

on n'en trouvera pas beaucoup de sérieux. Le gouverneur en question usant du fanamcorvée, désignera tel ou tel village pour fournir des hommes aux concessionnaires. Ces

travailleurs,

poana,

la

hommes, qui en

fait

de paiement ne reçoivent que des coups de bâton, désertent en masse, et n'osant

plus retourner dans leurs villages,

Madagascar.

à

Si,

ils

se font bandits

au contraire, on agit suivant

dans

la

brousse. Voilà

la justice et l'équité,

si

comme on à

devient fahavalo

chaque indigène que

emploie on donne un salaire raisonnable, on obtient des Malgaches presque tout ce que ils

consentent parfaitement à travailler pour l'Européen.

choisie entre

beaucoup d'exemples,

France à Tananarive. M.

une assuidité au

travail,

remarquables pour

m'empresse de

hommes

à

Jully, l'architecte de ce

coups de bâton.

rait

de

la

peuvent

Comme la

il

ne

Don

poids,

l'homme

pas

faisait

tous les primitifs,

Madagascar, de sa

fertilité

comme beaucoup le

bonne mesure, civilisé et

probable. Je ne

en résumé, un pareil sujet.

présenté

comme un

suivie, véritablement

On

ne payait pas ses

plus, est la justice poussée jusqu'au scru-

l'obtenir, faire

doit être

il

noir de Madagascar est défiant au suprême le

Madagascar,

et

preuve d'une certaine douceur

une règle absolue, pour tous

qui désireet

surtout

les rapports qui

l'homme sauvage.

me

fais

fais

qu'ébaucher, disons quelques mots du sol de

pas d'illusion sur

les difficultés

que je trouve à

traiter,

a dit là-dessus, pour Madagascar, les choses les plus erronées, les

plus contradictoires. Certains auteurs ont parlé de Madagascar l'ont

Résidence générale de

d'autres,

industriel, qui irait s'établir à

Après cette question de main-d'œuvre que je ne

même

la

une application journalière

vertu donc, qu'il admire

que tout négociant, tout

s'établir entre

de l'hôtel de

beau monument, a obtenu des choses merveilleuses,

les chantiers,

main-d'œuvre indigène, devrait, pour

d'une grande justice.

l'on veut, et

preuve récente de ce que j'avance,

de Madagascar. M. Jully a trouvé tous les ouvriers qu'il a voulus. Mais, je

sa louange,

degré. C'est aussi un enfant; pule. Je puis affirmer

je pourrais citer la construction

un entrain dans

les noirs

le dire à

Comme

l'on

Sahara. Ainsi qu'il arrive

le

extrêmes; les premiers voyageurs qui nous vantaient

ment. Mais, pour leur répondre, d'autres voyageurs,

comme

d'un Eldorado, d'autres nous

plus souvent, la vérité est entre ces deux opinions la

beauté de

l'île

africaine exagéraient certaine-

tombaient dans une autre exagé-

les pessimistes,

ration.

Pour juger sainement

la

question,

il

ne faut pas envisager

faut voir

Madagascar dans son ensemble

modérée.

Il

i.

Si je

est évident

:

telle

ou

telle

alors on pourra se faire

que Madagascar a de bons pays, mais ce corps

province,

tel

ou

tel district

une opinion raisonnable, saine insulaire,

comme

;

il

et

toutes les con-

reconnais que notre colonie de Diego-Suarez est un des points les plus sains de Madagascar et l'un des mieux

choisis sous ce rapport, je n'hésite pas à affirmer que, malgré tout ce que l'on a pu dire, la rade de Diego-Suarez est une mauvaise station navale; je pourrai aussi ajouter que, placée comme elle se trouve à l'extrémité de la ligne de partage des eaux, creusée au milieu d'un promontoire stérile, battue des vents, brûlée du soleil, elle n'a aucun avenir

colonie continentale pas plus que comme place maritime. Sans doute la rade est bonne, les fonds suffisants, tenue parfaite, mais le tout est d'y entrer. A certaines époques de l'année, plus principalement au moment de la forte mousson du sud-ouest, il est absolument impossible à tous voiliers de doubler le cap d'Ambre, et un vapeur qui n'a que des dimensions moyennes a toutes les peines du monde à le faire. Ln somme, Diego-Suarez est une très belle rade, mais on ne peut ni y entrer, ni en sortir. Le poste maritime le meilleur de Madagascar, le mieux placé sous tous les rapports est sans contredit la magnifique baie de Passandava. 2. Ce chiffre officiel de, trente millions est encore inférieur à la réalité. 11 n'a pu être calculé que d'après les statistiques douanières forcément incomplètes dans le calcul de ce chiffre, on n'a pu tenir compte, et pour cause, de la fraude qui, à Madagascar, se pratique sur une très vaste échelle.

comme la

;


CONCLUSION.

401

contrées d'une étendue considérable, présente des provinces pauvres et infertiles. Les uns compensent les

En somme,

autres.

la

grande

île

africaine est

un pays d'une bonne moyenne dont

sans être merveilleux, parait cependant devoir être très rémunérateur. tout est

On

le

rendement du

là.

a aussi parlé d'une végétation luxuriante, puis après on est venu dire qu'il n'y avait pas

d'herbe à Madagascar. Là encore je constate de part et d'autre une exagération fort grande.

menses

forêts,

de Madagascar n'est pas

le sol

peut produire, mais non sans peine. C'est une

on n'obtient

loi

du

les faits, les

faisant entrer

ingrat qu'on veut bien

comme

documents que

j'ai

exposés tout au long dans

voyagé

Madagascar dans

Sans

travail

la

de cet

France fera une excellente spéculation en

séjourné fort longtemps dans ce pays malgache,

et

mais

les lignes qui précèdent,

ses possessions coloniales.

nombreux documents

G. Foucart et C. Maistre, réunir de le vif.

le dire, et qu'il

ailleurs.

les différents chapitres

j'y ai travaillé

grâce aux circonstances, aux hasards heureux, aidé surtout par mes amis

sur

poil

y a d'im-

sous-sol, je n'en veux point parler, j'en ai suffisamment entretenu le lecteur

ouvrage, pour dire que Madagascar est un bon pays et que

J'ai

si

inéluctable à Madagascar

ouvrage. Je conclurai donc en m'appuyant non seulement sur

encore sur

un

rien.

les richesses

mon

dans

Il

y a des étendues plus considérables encore complètement défrichées. Ces déboisements

il

viennent prouver justement que

Pour

sol,

faudra savoir choisir les pays,

Il

et vaillants collaborateurs

prises

parcouru à Madagascar plus

j'ai

;

et j'ai pu,

beaucoup d'observations

et entasser

Mes conversations avec les gens du pays ont été multiples

quelque peu,

de GUUO kilomètres et je suis revenu en France avec une riche moisson. Je m'applique à mettre à profit ce que

j'ai

pu rapporter de mes voyages dans ce pays

l'indulgence du lecteur, forme la première partie de

On me

de montrer sa grande qualité.

que

j'ai

vu;

j'ai écrit

le

lointain.

mon

Ce

travail.

livre,

Au

pardonnera, car j'en suis

avec mes carnets de route ouverts sur

ma

notes de voyage. Ces notes, je les

j'ai

besoin de toute

milieu de tous ses défauts,

Ce

fier.

table

instant par instant, j'ai raconté mes voyages. Il y a s:ms doute des tier à riz, près du foyer malgache dont la flamme m 'éclairait de

pour lequel

;

j'ai

hâte

livre est vrai, j'ai raconté tel

jour par jour, heure par heure,

répétitions. Là-bas assis sur

un mor-

sa lueur incertaine, je rédigeais

mes

exposées au lecteur, dans toute leur simplicité, mais aussi dans

ai

toute leur véracité.

La deuxième consacrée à

partie de

mon

travail,

de

la partie scientifique

que je

ma

suis encore loin d'avoir terminée, sera plus spécialement

mission. Celle deuxième partie comprendra l'anthropologie et

l'ethnographie des différentes tribus madécasses, ainsi que quelques notions d'histoire naturelle sur des points encore obscurs de la grande

mots

ile.

Enfin, dans une troisième et dernière partie, je dirai quelques

quelques chapitres pour résumer

et j'écrirai

de notre protectorat depuis 1885

tenue cachée ou

clic a été

:

elle

l'histoire

de Madagascar

est fort peu connue en France,

dénaturée par ceux-là

mêmes

et

elle a

plus spécialement l'histoire

toujours été soigneusement

qui avaient pour mission de

la

propager dans

la

métropole.

La façon dont

les Affaires

inspirer à un auteur,

cl

étrangères administrent

le

sans que pour cela une imagination féconde

vaudeville, qui, malgré quelques notes tristes, offrirait

prendre pour à

litre

Madagascar

:

«

protectorat de la France à Madagascar pourrait

Le protégé par persuasion, ou

soit

bien nécessaire,

un ensemble assez

l'Art de

gai.

le

sujet d'un

Ce vaudeville pourrait

tromper ses concitoyens sur ce qui

se passe

».

Au moment où

j'écris ce dernier chapitre

de

mon ouvrage

',

on s'occupe vivement en France de

la

mes travaux. question malgache. Je crois donc devoir exposer tout de suite les conclusions résumées de précèdent, je crois avoir établi que Madagascar en elle-même constituerait, pour la Par

1.

les lignes

Octobre

qui

1894.

SI


VOYAGE A MADAGASCAR.

402

France, sinon

le

en observant les peuples de

grande

la

île

africaine, j'ai été

amené

contraire à la vérité scientifique de considérer les Antimerina

que cela concorde absolument avec

mon

veux parler de

la

comme une

race absolument supérieure

conclusion à laquelle je suis amené dans

c'est justement

parce

troisième partie de

la

de notre protectorat à Madagascar. Là, je conclus en disant

l'histoire

qu'un protectorat à Madagascar est une chose absolument néfaste », absolument contraire à nos C'est faire le jeu de l'Angleterre

et

à conclure qu'il était absolument

au reste des Malgaches. Si je proclame bien haut que c'est une erreur scientifique,

travail, je

En examinant

joyau, du moins l'un des plus beaux bijoux de notre parure coloniale.

intérêts.

que s'obstiner contre toute logique, contre toute expérience, à vouloir

continuer à ne considérer à Madagascar que les Antimerina. Peut-être fera-t-on une expédition, peutêtre se décidera-t-on enfin à

surtout, ce qu'il ne

comprendre en France que Madagascar ne

abandonnée, mais

doit pas être

faut pas faire après celte expédition qui coûtera certainement très cher et qui sera

seconde, c'est de nous obstiner à vouloir établir à Madagascar un deuxième protectorat.

la

regrettable, triste, j'oserai dire, de voir notre

vraiment

serait

Il

pays s'engager dans une expédition coloniale et

dépenser tant de millions pour plaire à l'administration des Affaires étrangères et établir à Madagascar,

au

profit des

comme

Antimerina, un protectorat dispendieux où nous continuerons à voir

par

passé

le

un agent consulaire britannique accrédité officiellement auprès du souverain des Antimerina. Tant qu'à faire une expédition à Madagascar, tant qu'à y dépenser nos millions et à y voir mourir nos soldats, il

faut au

Parmi

moins que ce ne

tous les

soit

pas en vain.

avantages sérieux

(?)

que comporte un protectorat, un des plus beaux sans contredit

avantages ou désavantages des traités antérieurement conclus

celui qui maintient à l'État protégé, les

par

avec les puissances étrangères. Ainsi, lorsque

lui

accords douaniers entre

les

le

nouvel État protégé et

qui concerne les Anglais spécialement,

ils

ont

les

le traité

les

de Kasar-Saïd a été signé avec

l'ont

pas

pas de

ment contre Le

lité.

les nôtres

Régence

;

En

ils

haut commerce.

devrais dire, font que dans ce pays nos nationaux sont privilégiés.

elle, je

même à Madagascar et nous

continuerons à voir,

si

et

ce

pourS'ils

nous allons dépenser des millions,

la

n'en est

grande

américaines lutter victorieuse-

avec lesquelles elles se trouveront placées, par ce traité néfaste, sur

résultat sera superbe;

Il

dans

l'on maintient le protectorat

maisons de commerce anglaises, allemandes

africaine, les grandes

île

le

la

à des circonstances spéciales qui, en dehors de l'administration des Affaires

fait, cela tient

étrangères, malgré

la Tunisie,

puissances étrangères ont été maintenus.

mêmes avantages que nous dans

raient donc, toutes choses égales d'ailleurs, s'emparer très facilement de tout

ne

est

sacrifier

le

pied d'éga-

pas mal d'hommes pour per-

mettre aux étrangers de venir nous battre à Madagascar.

comme pour absurde qui a nom

Et pourtant cette égalité des droits de douane, pour nos compatriotes qu'un des nombreux avantages que comporte ce système colonial

les étrangers, n'est :

protectorat.

Certainement, après l'expédition qui sera heureuse, je n'en doute pas, l'administration des Affaires étrangères agissant pro domo sua viendra nous dire qu'un protectorat seul s'impose;

elle

viendra,

comme

partout et toujours, faire le jeu de l'Angleterre, elle viendra aussi réclamer l'administration d'un pays

pour y placer nombre de ses agents. hypnotisée qu'elle est par ce

même

le

Il

est vrai que, depuis dix ans, elle n'a su rien faire

spectre britannique. Encore voit-on, par

la

dans ce pays,

plus étrange des aberrations, dans

ministère des Affaires étrangères, la direction des affaires politiques être chargée justement

des protectorats; ce

même bureau

des affaires politiques, qui vient peut-être de traiter une grave

question avec une grande puissance, l'Angleterre par exemple, débat quelconque dans lequel notre direction politique a cédé

on que ce

môme

comme

toujours,

comme

bureau puisse, en présence de

maintenir haut et ferme

le

drapeau de

la

France!

c'est

la Il

son habitude invétérée. Eh bien! comment veut-

puissance devant laquelle

en sera toujours ainsi.

gens ont pour mission d'apaiser des conflits éventuels entre nationaux, d'éviter en un

1.

Voir

le

chapitre

V

mot

toute cause,

des Antimerina.

si

Il

il

recule constamment,

est évident

les peuples, d'assouplir les

que ces mêmes rapports inter-

petite qu'elle soit, qui viendrait détruire plus

ou moins


CONCLUSION. bonne harmonie qui

la

nous

doit toujours régner entre

moment donné

chargés de tout cela puissent, à un

et

et

403

nos voisins.

Comment

veut-on que ces gens

sans y être forcés absolument, défendre nos droits

envers ces puissances étrangères! Je m'empresse d'ajouter que les Affaires étrangères sont très bien

même,

pénétrées de leur mission, trop bien

car pour ne pas donner aux étrangers un motif quelconque

de se plaindre de la France, cette administration, par tradition et par habitude, défend aussi mal que possible les intérêts, les personnes

sonnes qui ont quitté

la

France

même

de nos compatriotes à l'étranger. J'en appelle à toutes

rieur les intérêts français? Les fonctionnaires d'un protectorat ne tiennent pas

prendre de l'extension, l'industrie y

ils

les per-

qui donc a vu un minisire, un consul protéger sérieusement à l'exté-

:

ne tiennent pas du tout à y voir

la

du tout

à voir leur pays

colonisation se développer, le

commerce

et

prendre un certain essor. Et cela se conçoit aisément. Là un agent du ministère des colo-

nies se réjouira de la venue d'un colon français dans son gouvernement. Cet agent n'y verra qu'un

accroissement de puissance, en somme, une augmentation de bien, apportée au pays

agent consulaire, au contraire, verra toujours

la

qu'il dirige;

un

venue d'un Français d'un mauvais œil, c'est toujours

une cause éventuelle d'échange de notes diplomatiques

'.

Et puis encore un agent d'un protectorat français qui a été, je suppose, consul, ou vice-consul en

Chine ou au Japon ou dans tout autre pays, y aura

comme

des collègues jouissant des

pas du jour au lendemain ce

torat, n'oubliera

un consul français, l'égal sinon l'inférieur

ment antimerina. La devise des

consuls anglais, par exemple, transporté dans un protec-

vu dans toute sa carrière précédente,

qu'il a

(comme d'habitude du consul britannique i

Affaires étrangères a toujours été

administration ne sérail donc bonne, très bonne n'y aurait ni Français, ni

traité toujours les

mêmes droits que lui-même. Ce même agent,

même

il

sera toujours

près

le

gouverne-

pas d'affaires! pas d'affaires! Celte

:

(l'expérience le prouve), que dans

intérêts français à proléger; dans ce cas,

un pays où

il

c'est le seul, l'administration des

Affaires étrangères est loutc indiquée, sa tenue est parfaite, sa correction irréprochable, je m'empresse

de

reconnaître.

le

faudra-t-il perdre de nos territoires

Combien donc mal protégés

cl

mal soutenus? Combien

nistration des Affaires étrangères, terre, est la

moins démocratique de nos

Nous avons un ministère des

?

beaux de notre empire colonial ministère,

gères, ne

d'Outre-mer? Combien faudra-t-il voir nos colons

dépenser de millions pour s'apercevoir que l'admiinstitutions, la plus inféodée à l'Angle-

plus incapable de gérer nos intérêts dans tous pays soumis

pays de protectorat

Ce

la

faudrn-l-il

fait, si je

me semble

cl

noire influence, dans tout

Colonies, pourquoi donc ne lui donner que des lam-

en réserver les plus beaux pour

ne m'abuse, pour

à

le

ministère des Affaires étrangères?

traiter des rapports entre la

pas du loul indiqué pour traiter des rapports entre

France la

et les

France

et

puissances étran-

un pays protégé par

donner l'Administration des protecto-

vaudrai! loul autant et beaucoup mieux, j'oserai un ministère quelconque, à l'Instruction publique, aux Postes et Télégraphes, etc., elc. Du moins chacun de ces départements ministériels, en administrant un pays île Protectorat, y trouverait des ser-

elle.

le dire,

Il

rats à

vices dans lesquels

ment

il

serait

compétent.

Il

n'y a

que deux ministères en France qui doivent rester absolu-

étrangers à toute administration extérieure, concernant des peuples soumis ou protégés par

la

l'Intérieur et les Affaires étrangères. Ces deux rouages gouverneFrance. Ces deux ministères sont mentaux qui fonctionnent très bien, je ne fais aucune difficulté pour le reconnaître, doivent rester chacun de dans leurs attributions respectives le premier s'occupant de l'Administration intérieure du pays peuFrance ou des pays considérés comme sol métropolitain, et le second s'occupant des relations qui nous ne nous par protégées vent exister entre la France cl les puissances étrangères. Or, les puissances :

:

sont pas étrangères,

accoutumée

à traiter

ment impropre

1.

à

une administration qui, par ses traditions, ses habitudes, ses tendances, est absolud'égal à égal avec des puissances le plus souvent redoutables, me semble et

présidera nos rapports avec des puissances amoindries par une conquête,

Au Quai d'Orsay,

agent de Protectorat.

la

devise générale est

la

suivante

:

et

que nous

surtouj pas d'affaires! c'est une véritable consigne pour tout


VOYAGE

404

MADAGASCAR.

A

devons toujours tenir plus ou moins sous noire surveillance, sous notre définition

même du

protectorat

Enfin l'expérience qui dure depuis dix ans

France ne tienne pas à

beau pays

et

recommencer;

la

en faire une colonie.

Je suis donc convaincu, je

le

la

coûte assez cher pour que

la

il

Y

fermement

un protectorat

établir

concluante,

est, je crois,

je crois

répète encore, que

si

File

elle

Madagascar prendre ce

qu'il faut aller à

une pure

serait

folie.

de Madagascar forme un jour une de nos plus

formera jamais que notre plus mauvais pays de protectorat.

belles colonies, elle ne

J'en appelle de cette conclusion à tous les colons et voyageurs qui ont résidé quelque

grande

île. Il

me

me

semble,

tutelle. C'est là,

'.

faut toutefois récuser le

témoignage d'une

temps dans

petite coterie d'individus qui vivent soit

la

au

crochet du gouvernement antimerina, soit en exploitant dans une large mesure la corvée dure et implacable,

donnée par ce gouvernement de Tananarive, aux concessionnaires qui savent pécuniairement

reconnaître ces bons offices. Pour ceux-là, tout va bien;

ils

ne demandent que

le

maintien du statu quo,

du protectorat.

Pour terminer mon

livre,

il

ne m'est pas besoin de faire de grands efforts pour chercher une phrase

qui résume en quelques mots ce à quoi tendent tous

mes compatriotes,

leur montrer

Madagascar sous son

cette politique de protectorat à outrance

étrangères nous a

si

au

profit des

L'honorable M. Chautemps, rapporteur de

couronnement «

à

La

vieille

une date où

Il

laissé

n'était question

reine de Madagascar.

me

il

ministère des Affaires

ne voudra jamais s'écarter.

commission des crédits de Madagascar, a terminé

la

permettra de placer à

la fin

de

mon

livre,

dont

elle sera

encore ni d'une cour de Tananarive, ni d'un gouvernement hova ni d'une

de

niquer un grand secret à

la

discussion devant notre Parlement des crédits néces-

la

pour une expédition armée à Madagascar,

le

ministre des Affaires étrangères viendra

commission chargée de l'enquête.

la

Il

dira fort

France annexer Madagascar, sinon

une des plus éclatantes confirmations de mes observations

nous appliquons à Madagascar? Pour tout

moment, que

homme

relatives

commu-

probablement que l'Angleterre

elle ferait

prise de possession de l'Egypte; mais, en revanche, elle admettrait très bien

évident que du

de

»

ne consentirait pas à voir

le

l'inanité

sur Madagascar des droits qui remontent jusqu'au temps de Richelieu,

est fort probable, sinon certain que, lors

saires

Antimerina, dans laquelle

du doigt

:

France nous a il

qu'il

pages écrites pour éclairer

efforts, toutes ces

vrai jour, leur faire toucher

légèrement engagés, ligne de conduite immuable dont

son éloquent discours par cette phrase le

mes

toutes ses réserves pour sa

un

protectorat. N'est-ce pas

au régime politique mauvais que

tant soit peu versé dans les choses extérieures,

l'Angleterre reconnaît à la France (dans ce cas, le protectorat de

il

est

Mada-

1. Certaines personnes ont voulu trouver dans ce système colonial qu'on appelle Protectorat, beaucoup d'avantages administratifs et financiers. Ces avantages sont bien plutôt apparents que réels. Mais, sans m'attarder à en donner une

démonstration longue et minutieuse, admettons-les provisoirement. Ceci étant posé, les partisans à outrance des Protectorats admettront peut-être de leur côté que leur système provisoire de colonisation ne sera pas amoindri si, au lieu d'être dirigé par l'administration des Affaires étrangères, il est conduit par les Colonies. Or l'expérience a suffisamment montré, je crois, la façon dont l'administration des Affaires étrangères soutient nos nationaux et leurs intérêts dans les pays de Protectorat. Or, pourquoi a-t-on voulu néanmoins conserver aux Affaires étrangères l'administration des pays de Protectorat? Pour une seule raison, la suivante on a prétendu que les agents des Affaires étrangères, les traditions constantes de ce département ministériel éviteraient ou viendraient remédier dans une certaine mesure aux froissements, aux haines, aux motifs de désaccord quelconque qui pourraient survenir entre la République française et les Puissances étrangères, jalouses de l'extension de notre domaine colonial. Donc on admet qu'il faut dans ces entreprises de Protectorat faire des concessions incessantes, défendre avec mollesse les intérêts de nos nationaux, en somme nous établir dans un pays sans avoir l'air de le prendre et surtout sans avoir l'air de nous y poser en maîtres. Pour obtenir ce résultat, était-il nécessaire de venir à Madagascar pour la seconde fois, d'y envoyer quinze mille hommes et d'y dépenser 65 millions? On comprend si bien qu'un Protectorat n'est pas un système définitif de colonisation que tout le monde en France n'y voit qu'un acheminement pur et simple, vers l'annexion totale. On oublie trop volontiers que nous ne sommes pas seuls au monde et pour établir quelque part notre Protectorat il faut faire une première concession, puis vingt ou trente ans plus tard, lorsque nous serons amenés par la force des choses à annexer ce pays de Protectorat, il faudra faire encore une deuxième concession aux puissances jalouses de notre extension coloniale. On voit donc que, tout bien considéré, les Protectorats coûtent énormément plus cher que les colonies. :


CONCLUSION. avantage quelconque, on peut être sûr

gascar) un

Royaume-Uni certain

crie,

tempête, hurle, menace

que ce quelque chose

est bon. C'est

même

qu'il

40S

n'est pas bien

sérieux. Si, au contraire, le

lorsque nous entreprenons quelque chose,

un critérium

il

est

infaillible.

Bref, après avoir séjourné cinq ans à Madagascar, après avoir parcouru dans ce pays plus de G 000 kilo-

mètres, je suis convaincu que tant

pour

le

:

cette

peuplement que pour

grande

île

l'exploitation

;

africaine formera 2» je suis aussi

un jour notre plus

convaincu que

la

belle colonie,

France ne pourra

administrer utilement ce beau et bon pays qu'en en confiant les destinées à un département ministériel

indépendant des pressions extérieures, non hypnotisé

et

pas davantage médusé par

le

spectre bri-

tannique. J'ai

voyagé quelque peu en Asie, beaucoup en

grinations à travers le monde,

Français

j'ai

km

Tique, davantage en Afrique, de toutes mes péré-

rapporté par-dessus tout

la

croyance absolue en cet axiome, pour nous

:

EN MATIÈRE COLONIALE, LA CRAINTE DE L'ANGLETERRE N'EST PAS LE COMMENCEMENT DE LA SAGESSE.

Dr

FIN.

Louis Catat.



APPENDICE

Il

me semble intéressant

compagnons

au long dans

et

mon

et utile tout à la fois

moi avons récit

suivis

dans

de voyage, mais

il

la

comme

de donner

grande

île

I

appendices

les itinéraires

que mes

Ces itinéraires sont bien indiqués tout

africaine.

y manque certaines données numériques, distance

et altitude,

qui peuvent être utiles à consulter dans certaines circonstances. D'autre part, réunis en un tableau et

présentés sous une forme abrégée, ces tableaux des itinéraires se présentent mieux aux yeux et à

Dans

la

première colonne de gauche figurent

rencontrées sur la route, etc. La

marche.

A Madagascar

les

noms de

l'esprit.

villes, villages, localités traversées, rivières

deuxième colonne et la troisième contiennent les heures et minutes de

plus que partout ailleurs, l'évaluation de la distance en temps employé pour

la

franchir est plus exacte en quelque sorte qu'une évaluation kilométrique approximative, mais, dans bien

des cas,

elle

ajoute à cette donnée linéaire, lorsqu'elle est

un peu connue ou soupçonnée la route parcourue. Dans

une notion assez exacte des difficultés que l'on rencontrera sur colonne

j'ai

placé en mètres l'altitude du point géographique considéré.

altitude est le plus

souvent

la lecture

11

d'autre part, la

quatrième

faut remarquer que cette

brute fournie par un baromètre holostérique altimétrique com-

pensé de première qualité. Cet instrument a d'ailleurs été confronté aussi souvent que possible avec un baromètre étalon à mercure (système Fortin de l'observatoire de ïananarive), mais mes observations corrigées de l'erreur instrumentale ne sont pas réduites à zéro

:

il

y aurait donc lieu de tenir compte

d'une légère variation dans ces chiffres. La cinquième colonne (à droite de

la

page) contient quelques

observations sur la roule parcourue, ses aspects différents, la contrée traversée, les localités rencontrées.

LOCALITÉS

OBSERVATIONS Villages, Riviéros, otc.

ITINERAIRE DE TAMATAVE A TANANARIVE Tamatave {Départ). Mananaresa Mananaresa

Hofa

Apetainomby. Mananaresa.

»

(le

I.

capitale plus généralement suivi par ceux qui se rendent de Tamatave à la des Anlimerina). rare, quelques arbrisseaux. route. Petit village de 10 cases, à 200 mètres à droite de la m. 60 » (1S mars) ; après l'avoir traversé, Petit cours d'eau 150 m. mètres de la route le laisse à gauche et le suit quelque peu à 50

Route sablonneuse, herbe

X

son cours. la route, une 5 cases à 100 mètres sur la droite de case immédiatement à gauche. Petit hameau de 10 cases. rive On traverse une deuxième fois ce cours d'eau, puis on suit sa ou deux trouve on route, de la gauche et à endroit gauche; à cet trois maisons.

Hameau,

"f^.^™

^

par un premier chiffre la Toutes les fois que ma route traverse un cours d'eau, j'indique Il faut h.marquer que considéré. gué au moyenne la rivière, un second donne la profondeur guéage. un Bri prises; époque mentionnée d ailleurs à chaque de valeur qu'à l'époque où les mensurations ont été proportions. grandes de dans varie d'eau en effet que suivant les saisons le débit aqueux d'un cours t.

,

|«^™2SX


.

.

.

.

.

VOYAGE A MADAGASCAR.

408

LOCALITES

OBSERVATIONS

P 3 Villages, Rivières, etc.

40

Seraka

Traversée d'un petit ruisseau,

le sentier

pénètre dans des bois

marécageux.

Ampasimandreva Atapakala Ivondrona

32

Village de 10 cases à 500 mètres à droite de la route. Village de 10 cases. Gros village, 240 cases. La route longe ensuite la rivière

1

7

même

du

nom. Ivondrona Ambodinisiny.

Traversée de l'Ivondrona en pirogues. Village de 200 cases. Avant d*y arriver on traverse pendant un kilomètre environ un bois assez toulTu. Village de 10 cases, groupées en trois groupes à gauche de la route à droite un marais. Village de 10 cases. Village de 10 cases à gauche delà route. Champ de manioc. 30 cases, grand marais à droite. Village de 10 cases à droite de la roule. Village de 5 cases à gauche de la route. Village de 50 cases à 1 500 mètres à l'ouest du rivage de la mer;

2 S

An dramany

38

Andramanatsimo Ankorondrano

23

;

.

24

Ankarefa..

59

Tanambao Tranomaro

20

Antapoly

29

Itampy Ampanirana.

38

Andranokoditra

33

Mangoka

50

38

nous traversons

le

Tapoly, 20 m.

X

m.

60 (19 mars).

Village de 200 cases, la route en forme la rue principale. Village de 20 cases, une longue lagune se trouve à 500 mètres de la route en cet endroit. Village de 50 cases. La route forme la rue principale. Arrivée au bord de la lagune de Mangoka, depuis Andranoko-

nous avons fait les deux tiers de la route sur le rivage de mer, un tiers le long de la lagune. Il y a 7 minutes de traversée en pirogue, puis on entre dans un bois touffu. Village de 300 cases, établi de chaque côté de la route dans une plaine ondulée. Gros village. Le trajet de Vavony à Andavakamenarana peut se faire en pirogue. Village de 200 cases. 11 faut traverser une lagune pour arriver au village, la traversée qui ne dure pas une minute se fait en pirogue. Gros village commerçant de plus de 300 cases '. Nous arrivons au gué de l'embouchure de ITaroka 800 m. (20 mars), traversée en pirogues. Cours d'eau affluent de gauche de l'Iaroka. Traversée en pirogues, 10 m. 1 m. S0. Village de 200 cases. Andovoranto est le village commerçant de la contrée. Tanimandry, plus pauvre et moins important, est un poste militaire antimerina, c'est le siège du gouvernement de la ditra la

Ampanotoamaizina

Vavony

55

Andavakamenarana.

10

Andovoranto

47

Iaroka

38

Ambatsy

ii

X

"•

X

Tanimandry.

province. 23

Bemasoana. Iaroka

30

27

Depuis Tanimandry on marche très lentement sur des troncs d'arbres et des fascines jetés sur un marais profond, puis on arrive dans une plaine ondulée. Petit village de 5 cases. Fourrés de ravenala. Arrivée à la rive droite de l'Iaroka. 1 m. 80 (21 mars) Bac de ITaroka, traversé en pirogue, 500 à coté de la rivière est un petit village de 10 cases Ambanatrano. Village de 12 cases, te route suit de petites vallées, escalade des

10

X

48

;

:

Nomoka

mamelons, pays mouvementé. Manambonitra.

55

15

Village de 30 cases.

x

1 m. 50 la rivière du Manambonitra en pirogues, 100 mars). Traversée à gué du Ranomafana 50 m. 1 m. 10. Village de 100 cases, eaux thermales. Avant d'arriver au village, on traverse une rivière. Village de 35 cases. 2 minutes après la sortie du village, on traverse une rivière coulant de droite a gauche. La route est pénible, les mamelons plus élevés que précédemment sont très rapprochés les uns des autres.

Traversée de

1

(22

Ranomafana. Ranomafana.

43

Bedara

50

On

X

26 100

a l'habitude dans ce trajet de Tamatave à Tananarive de prendre a Andovoranto des pirogues qui, remonlant vont rejoindre au village de Maromby la route terrestre de Tamatave à Tananarive. Cette route fluviale raccourcit de beaucoup le trajet, elle est aussi un véritable soulagement pour les porteurs, qui en pirogues se reposent. On peut continuer le long de la côte jusqu'au village de Tanimandry et de là, se dirigeant directement vers l'ouest, arriver à Maromby. Cette route terrestre est très pénible, elle traverse des marais profonds. C'est la moins connue et pour cela nous l'avons choisie. 1.

l'Iaroka,


— .

.

.

APPENDICES. LOCALITES s-

a

Villages, Rivières, etc.

Ambatoarana

35

.

i:;o

10 9

Antanzombato...

10

Tanambao

1S

29

330

Mahela

Ampasimbe

310

20

Antampomadilo

35

590

31

530 000

28

Marazevo

Beforona

510

.

.

51

4:0

39

520

Rihitra

Ambavanirana.

56

40

Nevoka

39 40

Analamazaotra

.

Ampasimpotsy.

Behena Ambodiviavy.

Moramanga

12 28

.

Andranokobaka.

13 7

Andakana

et

Mangoro

.

19

12

30

Ambodinifody.

.

22 48

Sabotsy

10

Ambodinangavo.

28

409


.

VOYAGE

410

LOCALITES

Villages, Rivières, etc

Ambodimanara

Ankeramadinika

Manzakandriana

Amboboasy Ampanatakely. Tanifotsy

Marihidaza Ambohimalaza..

y:

U H

A MADAGASCAR.


APPENDICES. LOCALITES H -a Villages, Rivières, etc.

Ankisatra Onibe

40

Andranovohitra

55

Talata Antsirihibe

25

Ambohimanjaka

35

15

55

Sarobaratra

Bemasoandro Sahanamandry Ranamalo

Kambana Tsinjoarivo

1500

1550

1590 24

411


. ...

.

. ..

.

VOYAGE

412

A

MADAGASCAR.

LOCALITES

OBSERVATIONS Villages, Rivières, etc.

Hameau

30

Ihadilanana Soavina

35

1370 1510

Manohasana Ambohimanambola Ambovona

1490 15

1110

45

1270

Hameau de 5 ou 6 maisons. Traversée à gué de l'Andrantsay, 80 m. 1 m. 30 Village de 60 cases, à l'Est du mont Ivohibe.

20

1330

Petit

30

1350

Id.

10

Andrantsay Andrantsaimahamasina Inanatonana Ambatomainty Avarabatolava Ambohiperenana Ambohibe.

10

1340

40

1335

so

Ambohimarina Antoby

20

1410

40

1440

Anivorana Ambatoloha

55

Sahasarotra

20

Zoma 1470

Fenoarivo

1310

Sahaomby

Mahasiniray.

50

Ambohimarina

10

1090

47

1410

.

(28 mai).

hameau.

Id.

Pauvre village d'une quinzaine de maisons. Petit hameau. Id.

Village d'environ 30 cases. laisse le hameau de Anivorana à droite. laisse le hameau de Ambatoloha à gauche.

Traversée à gué de cette rivière coulant de droite à gauche, 50 m. X 1 m. (31 mai). La route traverse l'emplacement du marché de Zoma. Village assez important de plus de 100 cases. Traversée a gué du Sahaomby, 20 m. m. S0 (1 er juin). Hameau à S00 mètres à gauche de la route.

x

Hameau.

5

.

x

La route La route

10

Voabaza Antenibe Kitsamby

de 12 maisons à droite de la route. Village de 40 cases. Arrivée au mont Manohasana. Village fortifié d'une trentaine de cases.

x

Traversée à gué du Kitsamby, S0 m. m. Village fortifié d'une vingtaine de cases.

70

(1

er juin).

49

Hameau.

10

Terrain volcanique et sources chaudes. Le lac Kasanga est à 800 mètres à droite de la route. Gros village de 150 cases situé sur une éminence. Le mont Kasige dans l'Ouest, c'est un cône volcanique à formes

Kasanga

30

Mahatsinjo

55

1440

55

très régulières.

1290

Ambodifarihy Manjakaravanina Ambohipolo

11

1240

58

1270

Lily

10

12

Hameau. Hameau.

Sangarana Ambarakely

Village de 20 cases. Suivons le Lily en le laissant à 500 mètres à gauche. Hameau, 400 mètres à droite de la route. Hameau à gauche de la route.

Lily

Passage du

Itasy

39

Atsinandalana.

n

courant (4 juin). Arrivée sur les bords du lac Itasy. Hameau à gauche de la route. Pauvre hameau de maisons.

Mangabe

50

Janadanta

40

Manazary

12

1255

1320

Lily, le déversoir

Petit hameau. Village de 20

du

lac Itasy, 100

m.

x

m.

70, fort

cases, construit sur une haute colline qui domine

dans l'Ouest. Hameau à gauche de la route. le lac

Ambatavo

40

Ierana Sahabenarivo..

30

1300

30

1320

Kianzamalaza

13

1340

Petit village.

1430

Hameau, 500 mètres à droite de la route. Pauvre village d'une vingtaine de cases.

Imoratsihazo.

.

30

.

Soamahamarina

33

Andranomanga Ambohibeloma

3

1320

15

1270

La route traverse l'emplacement d'un marché. Passage à gué de l'Onibe, 60 m. m. 60. Hameau a gauche de la route.

1350

Village assez important, de' plus de 300 cases, construit en haut

i

20 40

.

Id.

Petite contrée boisée de tapia (chrysopia).

45

Alatsinaina.

Petit village.

x

d'une colline.

Andrianambo.

30

Ombifotsy

15

Ankadilalamasiiia

33

Ambatotsangana

25

.

Andramatoakapila Matahitra...

Mampitoby.

1190

La route passe près des chutes de l'Ombifotsy. Passage à gué de l'Ombifotsy, il coule de droite à gauche, 2o m. X0 m. 60 (12 juin). Hameau. h).

1220 10

1130

50

1280

Arrivons au bord de l'Ikopa. Village d'une trentaine de cases à 1 kilomètre au Sud de l'Ikopa. Traversée de l'Ikopa en pirogues, 80 m. 2 m. (13 juin).

x

Hameau. Hameau.


.

APPENDICES. LOCALITES

en

u

H

Villages, Rivières, etc.

Tafaina

Maridaza Fiahonana

Babay Fantokana Sabotsy Soavinimerina. Anisovainto. Fenoarivo. .

Ambohimamary

a g

413


VOYAGE A MADAGASCAR.

114

LOCALITÉS


.

. ..

APPENDICES.

415

m a a

LOCALITES

H-a

OBSERVATIONS

PS

Villages, Rivières, etc.

Morarano

"40

20

.

Ampango. Moramanga.

830 920

20

Coteaux couverts de bois clairs. Le village est sur la rive gauche du Sahanarirano. Hautes herbes et fougères. Traversée de plusieurs petits ruisseaux. Terrain en pente douce.

Cet itinéraire entièrement suivi par M. G. Foucart comporte 122 heures de marche, calculée de 4 kilom. à l'heure, une distance parcourue de 561 kilom. 2.

soit, à

une vitesse

moyenne

ITINÉRAIRE

N° IV.

DE TSINJOARIVO A TANANAR1VE PAR ANKAVANDRA ET TS1ROANOMAND1DY. Tsinjoarivo

Départi 10 mai.

Antseva Fierenana

2

50

1480

15

1

180

40

Morarano Ambohimandroso

27

Lakana

38

Ambatomena

.

.

.

I

511(1

13

.

1520

37

Mananzary Antsiramondy

i:;:;n

1530

Soandrarina

1050

Ambohiponana

;.;

Antsirabe

1430

51

1490

Betafo

is

1450

Andzazafotsy Andrantsay

30 30

1230

Ambohibary Tanisarotra

Il

Soavina

Sambaina

21

Mahamavo Ambohimanambola Andrantsay Akeladrano Inanatonana

Ambohitovalana. Antanatana

.

Fiesinana Ingalava

Ambodivato Saronenana Masoandro.

.

.

.

Sahasarotra

Ambidrano Antanetobe

Ambohitompona.

Sahaomby Antanambao Vohabaza Kitsaraby

Masindra

.

SU


..

..

.

.

.

.

.

VOYAGE A MADAGASCAR.

416

S a

LOCALITES

OBSERVATIONS Villages, Rivières, etc.

Kasanga

.

1300

Mahatsinjo.

Antaboka Lerano

sentier passe à 500 mètres à l'Est du pied du Vinany. sentier passe à 500 mètres de ce petit lac. Village d'une centaine de cases. Village d'une trentaine de cases. Village fortifié d'une trentaine de cases.

Le Le

.

;;o

.

1180

1180

X

m. 50. C'est le déversoir du lac Traversée de cette rivière, 19 m. Itasy, pays fertile et peuplé. Village d'une dizaine de cases. Hameau de cases. kilomètre au sud de la monVillage d'une dizaine de cases à tagne d'Ikiby, montagne terminée par une aiguille de granité de plus de 10 mètres de haut. Village d'une dizaine de cases. m. 25. Traversée de cette rivière, 40 m.x m. 90 (23 mai). Traversée de cette rivière, 35 m. Hameau de 6 cases, a côté un lac Farihy Lava, communiquant par le Sud-Est avec la rivière Sakay. Ce lac large de 150 à 200 mètres s'étend loin vers le Nord vers le Sud il se termine par des marécages, et ses rives disparaissent sous une abondante

Lily

Ambohimarim.

20

Aivtanety

n

Ambohitsara.

Antanio.

10

.

1

880

.

Mazo Sakay.

950

830 .

.

Antamena

20

820

50

850

x

:

;

végétation. Village d'une dizaine de cases. Hameau de 4 cases. Hameau de 10 cases. Village de 15 cases. Hameau de S cases. m. 16 (24 mai). Traversée de celte rivière à gué, 50 m. Gros village de plus de 200 cases près de la haute montagne du

Bangalesa Anosibe

53

890

54

900

Tongabato

21

Mahatsinjo Tsiasompaniry Passandava. Bevato

22

950 960

Avaradrano

12

900

Ambarovato Ambalarivo

50

760

35

760

Tsiroanomandidy. Imarovatana

43

790

15 cases. Village d'une douzaine de cases, culture, contrée peuplée. Hameau d'une dizaine de cases. Grand village de 200 cases, poste militaire antimerina.

S10

Hameau de

40 45

.

940

x

820

40

même nom. Hameau de

S

cases.

De ce point jusqu'à Ankavandra M. Maistre ne rencontre pas de villages sur sa route, pendant 2 jours il marche dans la brousse, campant le soir au bord d'un ruisseau ou près d'un petit bouquet de bois. Jusqu'à Ankavandra mon compagnon de voyage fournit 22 heures de marche. Ankavandra

I

»

• I

I

Village de 3 ou 400 cases, population en majorité formée par les

Sakalava.

D'Ankavandra M. Maistre pousse encore une reconnaissance dans l'Ouest, il traverse le Manambolo, un des plus grands fleuves de Madagascar. Dès ce jour, abandonné de tous ses porteurs, il est obligé de revenir à Tananarive.

Tsiroanomandidy.

Avaradrano ... Betavo

Passandava ... Ankadimelo Tsiazopanirana

Ampararana.

.

.

.

Ambalanira

Ambohitromby Ambohibohangy. .

Moratsihazo. Miandrarivo Tsaravihazo.

•'


.

.

APPENDICES. LOCALITES

Villages, Rivières, etc.

Bemasoandro Hafana Alatsinaina

.

Ankadilalana

.

.

Ambohimasina Itampolo

QQ

in


..

— .

VOYAGE

418

A

MADAGASCAR.

LOCALITES

OBSERVATIONS Villages, Rivières, etc.

<

<=

Marovato

19

Hameau de

Amberomanga.

28

gauche de la route; nous du Mangoro. Traversée du Mangoro a gué, 20 m. m. 60 (8 août). Petit village d'une dizaine de cases; non loin de là grand amas de

9 cases. Village de 10 cases à 500 mètres à

sommes

Mangoro Ambonga.

35

Beraketa

40

Andaingo Ankasy Ambohimanjaka.

32

.

010

23

X

de 8 cases. Village important d'une centaine de cases. Arrivée au bord du marais du Didy qui forme les sources Mangoro et de l'Ivondrona.

du

Nous nous sommes embarqués dans des pirogues et nous arrivons dans ce hameau de 6 cases bâti sur une colline qui surgit

Ambohitrinisoa

58

960

S

870

du marais. Après une deuxième navigation nous arrivons dans un autre ilôt. Troisième navigation pour gagner la terre ferme à l'Est du marais. Réunion de 2 ou 3 hameaux qui, réunis, comprennent une soixantaine de cases. Immédiatement au sortir du village on entre dans la forêt, prolongement de celle d'Analamazaotra. Nous arrivons à un endroit choisi pour le campement. Arrivée au camp près d'un ruisseau nommé Saratonga. Pas de

830

Arrivée au lieu

55

1070

50

Didy.

la vallée

Hameau 1010

so

Tanimena.

dans

sable blanc. Village de 12 cases. Village de 25 cases.

15

10

ici

3(1

village.

Tolongainy.

Ivondrona..

S20

.

Ambatoarana

830

.

Sahavelona..

55

50

Mariany.

10 55

Asivora.

1010

55

45

Fito

40

Sahafatra.

10

35

Ambinansaviany. Ambodibonara.. Ambodigiavo Marovato Laniranana Akosibe

10 2 10

55 38

52

Sahatsara

10

Ambodinonka

33

Anjiro

27

Lomboka Belomboka Saranasy

7

12

410

dit Tolongainy où nous nous arrêtons pour camper. Passage à gué de l'Ivondrona, 150 m.x m. 70 (18 août). Arrivée au lieu dit Ambatoarana. Campons. Traversée du ruisseau Sahavelona. Arrivée au camp dit Sahavelona. Passons au sommet du mont Mariany. Arrivée au camp. La route passe à gauche d'une cascade. Traversée de l'Asivora. Village betsimisaraka de 30 cases. Traversons le Sahafatra, affluent de droite de l'Ivondrona. Arrivée au village de Sahafatra. La route traverse le hameau de Ambiansaviany.

Hameau d'unejlizaine de cases. Arrivée à Ambodigiavo. hameau de 8 cases. Hameau de 6 cases. Hameau de 4 cases. Hameau de 6 cases. Village de 15 cases. Hameau de 6 cases. Hameau de 6 cases. Hameau de S cases. Petit village d'une quinzaine de cases. Hameau d'une vingtaine de cases; à côté de ce village coule le Saranindo, affluent de "droite de l'Ivondrona. Nous prenons à Saranasy des pirogues qui, par voies fluviales, nous amènent à Ivondrona où nous retrouvons la route ordinaire de Tananarivc à Tamatave. La durée du trajet est de 7 heures. Arrivée à Tamatave.

Cet itinéraire entièrement suivi par le docteur Catat et M. C. Maistre représente 92 heures de marche, à une moyenne calculée de 4 kilomètres à l'heure, une dislance parcourue de 308 kilomètres pour er aller de Tananarivc à Tamatave par la route dite de Radama I soit,

.


.. . .

.

APPENDICES. LOCALITES

Villages, KiviĂŞrcs, etc.

Ampanalava Ivolohina...

Vohidotra.

Angazavo. Betafo

—

Ifontsy.

..

Fasendia.

Ankadirano Antetezana.

Antaratasy

.

Foulepointe

.

Mahavelona. Marifarihy

.

Manakaribahiny. Ambatovato Mahasoa

Ambatomalama.

Mahambo Itsiritra

Iazafy

Fenoarivo Sahavola

Antendro Tarapolo

Manangoro.

Manarampotsy Ambalakazaha. Manansatrana. Fatadrano

Manankatafana

Ivongo Marimbony. Rasabe

Tanambao. Rangazava

.

Antsiraka

Fandrarazana

Manompa

,

U9


VOYAGE

420

LOCALITÉS

Villages, Rivières, etc.

A

MADAGASCAR.


........

.

.

APPENDICES. LOCALITES

\±\

- y

OBSERVATIONS Villages, Rivières, etc.

Androkabe Ambatomilatra Antsomiky

35

Ambondrona

35

.

280

.

Anahidrano .... Andengalenga

10 18 o

.

Mahetsenfaly.

..

Ambodivongo..

S8

Bevala

40

Hameau Hameau

de 12 cases. de 8 cases. Village saUalava d'une douzaine de cases. Hameau de 10 cases. Village de 15 cases. Le sentier passe près des monts Andengalenga. Village de 18 cases. Village de 12 cases. Village de 50 cases. Route dans la brousse, dans les lataniers de l'Ouest.

Le sentier côtoie

Sophia Beroitra

10

Ankazomena.. Ambarijevo Ambararatabe Bezony Marovato Angado Anjobiny

150

18

.

Hameau Hameau Hameau

50

35

.

15 8

23 15

Bemarivo

17

Betsisiky

57 40

Ankoby Antatamo

3(1

5

.

Mahajamba

1

10

50

Tsaramaso

Madirombohana

Ambohimena Marokira Magnerenza.

Bemakamba.

.

.

.

.

32

.

10

.

Tanantafy

6

6 8

cases. cases. cases.

Passage à gué de cette du Sophia.

rivière, 70

m.

x

0.40 (14 octobre), affluent

Hameau

30

15

Andoanboary.

de de de

Village de 30 cases environ.

33

Beleingo

gauche du Sophia.

Village de 15 cases. 50

Belalitra

rive

Id.

20

Ambahibe

la

Village de 12 cases. Hameau de 8 cases.

3:1

de 12 cases. 0.40 (17 octobre). Traverser à gué le Bemarivo, 60 Village de 20 cases. Dans les bongalava. Arrivée au campement au lieu dit Beleingo (pas de village). Hameau de 6 cases. Hameau de lu cases. Village de 20 cases. Traversée en pirogues du Mahajamba, soxl m. 30 (20 octobre). Campement sur les bonis du fleuve. Hameau de 15 cases. Hameau de 10 cases. Hameau de 8 cases. Village de 14 cases. Village de 20 cases. Hameau de 5 cases. Hameau de S cases.

x

Arrivée à Majunga (24 octobre).

Majunga

Cet itinéraire entièrement suivi par le docteur Calât comporte 140 heures démarche, soit, à une septembre au vitesse calculée île 5 kilomètres à l'heure, 700 kilomètres de distance parcourue du 23 2't

octobre.

ITINÉRAIRE

N° IX.

DE MAJUNGA A TANANAR1VE. Départ de Majunga

(:i0 octobre)

30

Amparehingidro..

Ambohitromby Ambatokely Maevarano Miadana

.

200

.

00

.

.

couverts Traversée à gué des terrains submeri es à marée haute, de palétuviers. Village d'une douzaine de cases. Camp retranché au sommet d'une colline, établi là par les Antimerina lors de la dernière guerre, l'élit village de 15 cases. des bords du Belsiboka. Village d'une trentaine de cases non loin Village d'une soixantaine de cases. 2 m. 50 (1" novembre) Passage en pirogues de cette rivière, 12 m.

X

Andranolava.

Marovoay

terrain

.

Tsimahajao.

;

marche facile, sentier se déroule dans la brousse, ruisseaux dessèches. de beaucoup traversons dur, et sec argileux, habitants. 3 000 de plus Ville importante de de ce ruisseau sur un tronc d'arbre. le

33

Traversée


VOYAGE LOCALITÉS

Villages, Rivières, etc.

A

MADAGASCAR.


APPENn CES I

LOCALITES

Villages, riviàrcs, etc.

.

123


.

VOYAGE

424

LOCALITES

m w

« a Villages, Rivières, etc.

Talata Inkiala

Alarobia Matsiatra Ibita

Manalafaka

. .

A MADAGASCAR.


.

.

. .

.

APPENDICES.

423

LOCALITES H 3 Villages, Rivières, etc.

Ambalamarina. Andrianaboatsa Ianakaomby.

,.

.

Tamotamo Tsiesetra

Vorokasy Sahanona

Mandrare Iaramamy. .

Imitray Simieba

.

Esela

Ambatomasina. Imanevy Mandrare Andevoroka Imandroaka .

.

.

.

Izama Tarafasy

Manampany Rivoa Andreneinga

Andramanakana. Tsiarony Belavena

Ambarano

OBSERVATIONS


.

..

VOYAGE A MADAGASCAR.

426

LOCALITES

Villages, Rivières, Ýtc

Andingintana. Sandravinany.

Ambalafandrana.

Anakondro Anakondro

Mahabo Manambondro.

Betroka Ivato

Masianaka

Ambatomena Nositromby Saronona Antarapasy.

.

.

.

.

w a a H


APPENDICES. LOCALITES

en

M Villages, Rivières, etc.

Antananarivokely

Sahanambo Ambatomainty Manarabolo

427


APPENDICE

II

Au moment où paraîtra ce livre, les collections d'objets d'histoire MM. Maistre et Foucart, j'ai pu rapporter de Madagascar ne sont vue scientifique. Cependant

je crois utile de donner,

parmi

naturelle, que, avec

le

concours de

pas déterminées toutes au point de

les échantillons

déterminés, ceux qui peuvent

avoir une certaine valeur documentaire et servir ainsi à l'histoire naturelle et géographique de la grande île africaine.

GÉOLOGIE ET MINÉRALOGIE Quartz résinite avec limonitc Quartz Calcaire avec empreinte de bivalve Prisme de quartz pyramide Quartz en cristaux sur calcédoine Quartz avec tourmaline noire Quartz hyalin Quartzite

Pyroxène augite gros Quartz grisâtre Quartz de filon Quartz de filon

Environs de Fianarantsoa. Pied du Vontovorona. Route de Majunga à Mandrilsara

Ambositra

cristal

(Betsileo).

Mahamanina

(Imerina).

Kitsamby (Imerina). Ankisatra (Imerina).

Silex altéré

Ambositra

Quartzite Calcédoine Feldspath orthose rose

Mont

Feldspath altéré Jaspe jaune avec veines de quartz

Tananarive. Imarivo (vallée du Mangoro). Tananarive. Route d'Ambohipo. Tananarive.

(Betsileo).

Ibity (Imerina).

Route de Mandritsara à Majunga (18 octobre). Sommet du mont Iankina (Imerina)..

Quartzite

Gneiss (gros éléments) Gneiss (petits éléments) Gneiss avec cristaux de disthène Gneiss (envoie de décomposition) Gneiss Pegmatite Diorite avec mica noir à gros éléments ,

Manjaka (Imerina). vongo (Betsimisaraka). Tananarive, route de Soamanandrarina. Tananarive, route d'Ambohipo. I

Environs d'Ankavandra.

Manjaka (Imerina).

Diorite à grains fins

Tananarive.

Pegmatite Gneiss Gneiss décomposé Gneiss Gneiss à gros grains

Ampanaovampirika

Stalactite calcaire

Route de Majunga à Tananarive Fort-Dauphin (Tanosy).

Calcaire Calcaire Calcaire Calcaire Calcaire Calcaire Calcaire Calcaire

très

poreux

avec grains de quartz spathique avec mica blanc oolithique rouge (pierre à chaux) avec cuivre carbonate vert

compact

(24 octobre).

Fianarantsoa. Route de Mandrilsara à Majunga (19 octobre). Route d'Ankavandra, chaîne des Bonga-lava. Forêt de Mandrilsara (2S septembre). Tananarive. Route d'Ambohipo.

(Betsileo).

Betafo (Imerina).

Soamanandrarina (Imerina) Antsirabe, (Imerina).

Mahambo

(Betsimisaraka). (30 octobre).

Fort-Dauphin (Tanosy). Ambositra (Betsileo). Route de Majunga à Tananarive (4 novembre). Majunga. Ambatofangehena (Betsileo). Route de Majunga à Mandrilsara (23 octobre).

Gneiss

Antsirabe (Imerina) Vnalakondro (vallée du Mangoro).

Calcaire spathique Calcaire spathique rose Stalactite (calcaire concrélionné) Calcaire corrodé Calcaire cristallin jaunâtre

Ambositra (Betsileo). Environs de Tananarive. Vallée de Bemazemba (à gauche du Mania) Route de Majunga à Tananarive. Route de Majunga à Tananarive (4 novembre).

siliceux


APPENDICES.

429

Schiste graphitique Basalte Basalte avec péridot Basalte Basalte vacuolaire Diorite schistoïde Basalte

Ampanaovampirika.

Sanidophyre Mica blanc à grandes lames

Ampanaovampirika (Betsileo). Sahabe (Betsileo). Nord d'Ambositra (Betsileo). Ambatofangehena (Betsileo).

Kaolin Chalkopyrite

et

Foret de Vodivato (Imerina). Soavina (Imerina). Tsiafajavona (massif de l'Ankaratra). Ambositra (Betsileo). Ivongo (Betsimisaraka). Fort-Dauphin (Tanosy).

malachite (minerai de cuivre)

Ponce

Côtes Betsimisaraka.

Lingot de plomb Magnétite et quartz

Ambatofangehena (Betsileo). Ambatofaimebena Betsileo). Vatomandry (Betsimisaraka). ,

Lignite

Lave avec péridot

Vntsirabe (Imerina).

Moramanga (Bezanozano).

Lignite pyriteux Scorie volcanique Galène argentifère

Amiante

-

Kasige (Imerina).

ambatofangehena

:

Cuivre natif Schiste charbonneux Serpentine Malachite Lignite et sulfate de fer Lave scoriacée péridotique Calcaire cristallin avec mica blanc Granité rose

(Betsileo).

Vmbohimanga-Asimo (Betsimisaraka). Vmbongo (Sakalava). Ambavatobe (près de la rivière Ampero). Vohinana

(Betsileo).

Betafo (Imerina).

Amparihibe (Boeny). Antsirabe (Imerina). Environs de Tananarive.

Ambohimalaza

(Imerina).

Pegmatite Pegmatite

Ankisatra (Imerina).

Granité Calcaire cristallin. Granité Gneiss avec cristaux de dislhène Labradorite

Ilaf >' (Imerina).

Soamahamanina

Ambohimirakalra

(Betsileo).

Massifs de l'Ankaratra. Ankisatra (Imerina).

Analamahitsy (Imerina). Antsirabe (Imerina ). Ankisatra (Imerina). Tananarive.

Pegmatite Granité rose (

(Imerina).

Irnnitc

Analamahitsy (Imerina).

Granité Syénite Basalte altéré

Tananarive. Vnalakondro (vallée du Mangoro). Vmbatotsipihina (Imerina).

Limonite Hypérite Trachyte porphj rôïde Roche péridotique Leptynite Doloinie Trass Amphibolite Trachyte Turite Micaschiste Amphibolite altérée

Antsirabe [Imerina).

Dolérite l'once avec liuitres

Betafo (Imerina). Cèdes betsimisaraka près de la Pointe-à-Larée.

Tourbe Lave scoriacée

Moramanga

Malachite (cuivre carbonate vert) Vzurite (cuivre carbonate bleu)

Valves d'huîtres Magnétite Lave cloisonnée La\ e trachytique.

ampanaovampirika

Ambositra (Betsileo). Vontovorona (Imerina). ampanaovampirika (Betsileo). Nosy-Ndrava (vallée du Mangoro). Lac Itasy (rive méridionale). Sarobaratra (Imerina).

Ambodipaka

(vallée

du Mangoro).

Mangojohojo

(vallée

du Mangoro).

(vallée

Ampanaovampirika (Betsileo). Route dc Mandritsara à Majunga Imarovatana (Imerina). ambavatobe lAniankarana).

.'

.

Tritriva (Imerina).

Tananarive.

Minerai de plomb caverneuse I imonite

Ampanaovampirika

,

)„,. 1| .|

z ite

Leptynite

du Mangoro).

Tritriva (Imerina). Betafo (Imerina).

Pyrite lier sulfuré)

Quartz de filon Amphibolite Pegmatite Quartzite micacé Pegmatite

(Betsileo).

Antsirabe (Imerina).

(Betsileo).

imbatotsipihina (Imerina). Ambatotsipibina (Imerina). Andranolito. Ankisatra (Imerina).

ambatofangehena (Betsileo). *" Route d'Ambohipo.

"*

(24 octobre).


VOYAGE

430

MADAGASCAR.

A

Quartzite

Route d'Ambohipo

Gneiss

Antsirabe (Imerina).

Lave péridotique Lave scoriacée péridotique Lave basaltique avec péridot

Id. Id.

Id.

Trachyte porphyroïde Granité

Id.

u.

Calcaire siliceux

Id.

Plombagine

Antsefa (Imerina). Ankaratra (Imerina). Ambatotsipihina (Imerina). Tananarive. Analamabitzy. Ambatorato.

Granité gris

Limonite Calcaire spathique rose Labradorite à grains fins Diorite

Pegmatite

Bongo-Lava (Sakalava). .Ambohimalaza.

Granité rose Calcaire Calcaire empâtant des grains de quartz

Fort-Dauphin. Id.

Mica en lames

Fenoarivo. Fenerive.

Diorite

Jaspe jaune Magnétite Amphibolite schistoïde Gneiss et cristaux de dis thène

Ivohibe (Bara). Ivongo (Betsimisaraka).

Leptynite Eurite Feldspath orthose

Iankina (Imerina).

Ilorombe (Bara).

Id.

Id.

Id.

Diorite

U.

Quartz en Calcaire

filon

Kitsamby. 3 kilomètres au sud de Majunga. Bassin du Mangoro.

compact avec empreinte de bivalve

Jaspe jaune avec veine de quartz Quartz résinite Sadninopbyre Argile à porcelaine (terre bleue nettoyée)

— — — —

— — — —

Bois

argile blanche,

ï'aii'j

Vallée du Mangoky.

Route de Tamotamo

à Tsivorv.

Tananarive.

manga

fotsy.

argile blanc-jaunâtre, argile jaune, tany manga vony argile violette

Id.

Id. Id.

Tandraholatra (Imerina). Pointe sud-ouest de la baie de Bombetoke.

fossile

Calcaire fossilifère (tertiaire) Concrétions calcaires Ostrea santoniensis Ostrea frons

Id. \

J

/

>strea columba Fragment d'Ammonite Fragments de Bélemnites

>Ambohitromby (Boeny).

(

\ |

Quartz

/

:

ZOOLOGIE MAMMIFÈRES Setiger setosus.

Cynonycteris dupreana. Indris brevicaudatus, 3 éch. Hemicenteles variegatus. Vesperugo minutus. Propitheeus (foetus).

Lemur catta. Lemur mongoz. Lemur rubriventer.

Viverra Schlegeli. Hemicentetes variegatus. var. Buffoni. Centetes ecaudatus. 2 éch. Potamochoerus Ewardsii.

Lepilemur mustelinus Pteropus Edwardsii. Felis caffra.

OISEAUX Dicrurus forficatus.

Coua coerulea.

Cora copsis nigra. Milvus Korschum. Baza madagascariensis Astur Fiancesi. 2 éch. Tinnunculus Nerotoni.

Cenlropus madagascariensis. Brachypteracias leptosomus. Eroessa tenella. 2 éch.

Circus Maillardi. Strix flammea. 2 éch.

Tylas Edwardsii. Terpsiphone mu ta ta. 2 éch. Dicrurus forficatus. 2 éch. Foudias madagascariensis. Funingus madagascariensis. Turnix nigricollis.

Pratincola torquata. 3 éch. Motacilla Daviventris. Copsycbus albospecularis.

Hypsipetes madagascariensis.

Numida 3

éch.

">

tiarata.

Margaroperdix

striata. 2 éch.

éch.


APPENDICES. Coturnix communis. Ardea purpurea. Ardea gularis. s éch. Ardea alba. 6 éch. Ardea (bubulcus) ibis.

431

Gallinago nigripennis (var. Berniéri) 4 éch.

Rhynchœa

capensis.

éch.

2

Actitis hypoleucus. 2 éch. 3

éch.

Gallinula chloropus, var. pyrrhorhoa. Rallus gularis.

Charadrius tricollaris. Podiceps minor var. Pelzelni.

Dendrocygna viduata.

!

Anas Mulleri. Dendrocygna arcuata, var. major. Anas erythrorhyncha. 2 éch. Querquedula hottentota. 2 éch. Aythia nyroca. 2 éch. Sarcidiornis melanotus.

éch.

éch.

2

REPTILES CROCODILIENS Crocodilus robustus.

Vaill. et grand.

LACERTILIENS Chamoeleon Oustaleté, Mocq. lateralis, Gray.

— —

campain, Grand. nasutus, Gray.

Brookesia superciliaris. Kuhl.

Sepsina Johannoe, Giinth.

Phelsuma cepedianum, Gray.

— —

Hemidactylus mabouia, Mor. de J. Hophurus Seboe, D. B. Zonosaurus madagascariensis. Gray. Mabnia Gravenhorsti, D. B.

raacrocercus, Giinth.

mclanura, Giinth.

OPHIDIENS Leptopbis

Lioheterodon madagascariensis, D. R. Uroinicus sexlincalus, Giinth.

lateralis.

D. B.

Pseudoxyrhopus tritoematus, Mocq.

BATRACIENS Rana

guttulata, Boulgr. mascareniensis, D. B.

Rhacophorus Goudoti, Toch.

Megalixalus madagascariensis, D. B.

Rappia Horstocki, Schley.

Calophrynus sp.?

POISSONS Goljuis ocellaris, Brouss.

Ambassis Commersonii, C

|

et V.

INSECTES LÉPIDOPTÈRES Papilio.

éch.

i

Pieris. 3 éch.

Terias.

éch.

3

Cheuilles de Vanesse. 12 éch. Chenilles de Sphingides. 4 éch. Chenilles de Lasiocaupa. j éch. Chrysalides. 100 éch. Cocon de Saturnia. 1 éch.

\n.ic;i. 12 éch.

Vanessa. 2 éch. Danaïs. 12 éch. Hypanis. 2 éch.

éch.

Glaucopis.

lu

Lithosia.

1

éch.

Sphinx.

éch.

5

Urania ripheus. 6 éch. Macroglossa. 1 éch.

ORTHOPTÈRES Blatta.

éch.

!

Periplaneta.

8

éch.

Panchlora. 6 éch. Mantides. 15 éch. Conocephalides. 2 éch.

Brachytrypus.

Phaneropterides. s éch. Truxalides. 10 éch.

3

éch.

Gryllides. 7 éch. Gryllotalpa 9 éch.

Phymateus.

9 éch. éch. Poecilocera. Acridides. 44 écb. 1

NÉVROP.TÈRES Libellulides. 32 éch.

Myrmeleo.

|

1

éch.

DIPTÈRES Lucilia.

Miisca.

1

1

I

éch. éch.

éch. Tabanus. éch. Hippobosque. 1

1

|

HYMÉNOPTÈRES Apides. S éch. Xylocopides. 2 éch. Vespides. 3 éch.

Pompilius. Sphégides.

1

éch.

2

éch.

Ammophila.

1

éch.

Ophion. 1 écb. Fonnicides. 1 éch. Larves d'hyménoptères.

HÉMIPTÈRES Fulgorides.

1

éch.

Flatta. 1 éch. Anisoseelis. 2 éch. Mictis. 3 éch. Pentaloma. 16 éch.

Scutellarides.

1

éch.

Relostoma. 1 éch. Nepa. 3 éch. Cidnus. 1 écb. Pirates.

1

éch.

Lygeides. 13 éch. Corisa. 16 éch.

Hydrometra.

4

éch.

éch.


VOYAGE A MADAGASCAR.

432

COLÉOPTÈRES Cetonides. S éch. Melalonthides. 12 éch. Larves de Lamellicornes.

Nymphe.

1

Oryctes. 11 Passalus. 1

éch. éch. éch.

Onthophagus. Il éch. Dermestes. 3 éch.

Malacodermcs.

Cybister. 2 éch.

Hydrocanthares. éch.

Scarites. 11 éch.

Longicornes.

Chlaennis. 1 éch. Blaps. 1 éch. Ipatrum. 4 éch. Buprestides. " éch. 3

éch.

Gulérucides. 1 éch. Cassida. 2 éch. Coccinelides. 6 éch.

(

Elaterides.

écl

1

Lagria. 6 éch. Lixtus. 4 éch.

6 éch.

éch.

MYRIAPODES Zephronia. Geophilus.

1

Julus.

éch.

5

éch.

Scolopendra.

2 éch.

6

éch.

CRUSTACÉS Grapsus. 3 éch. Gelasimus. 4 éch.

Hippa.

1

Palcmon.

Astacus madagascariensis.

éch. 10 éch.

Oniscus.

3 éch.

Lycosa.

12 éch.

2 éch.

ARACHNIDES Mygale. 1 éch. Phrynos. 1 éch. Scorpionides. 1 éch. Argyope. 9 éch.

Nephila. 36 éch. Epeira. 9 éch. Oxyopa. 25 éch. Olios. 18 éch.

Thomisus.

1

éch.

Gasteracantha.

S

éch.

ANTHROPOLOGIE BETSILEO 50 crânes.

1

2

omoplates.

5

humérus.

'*

2

(de la caverne d'ifandana).

bassin.

4

os iliaques. sacrums. fémurs.

3 cubitus.

1

5 radius.

6 tibias.

1

ANTIMERINA crânes.

2

2

voûtes crâniennes.

2 radius.

1

mâchoire inférieure.

1

Uajunga à Kinajy).

(roule de

ANTANOSY

(de Fort-Dauphin).

crânes.

3

BETSIMISARAKA

[d'Antsiraka).

crâne.

1

BARA tètes

dans

l'alcool

lot de vertèbres et de côtes.

5

fémurs.

2 tibias.

4 crânes.

2

1

{de Tananarive).

os iliaque.

SAKALAVA

inférieures

lées.

humérus.

2

péronés. lot de mâchoires

|

2

mains.

iso-


.

TABLE DES GRAVURES

I.

II.

III.

IV.

V.

Femmes

betsimisaraka

1

Jeune Sakalava musulman de TOuest. M. le docteur Catat

.

..

I

5

Nos fidèles à Tananarive Rade de Tamatave

10

VI. Porteur Vil. VIII.

IX.

X.

Avenue

n"

1,

à Tamatave.

.

Vue générale île Tamatave Embarquement des bœufs nu porteur borizana Un Tana

La cruche d'Ambodinisiny Xlli. Dans les lagunes XIV. Porteurs (le peaux île bœufs XV. La caravane après le dépari

larive

XII.

11

LIX. LX.

île

Tananarive dans la forél XIX. Marchands de manioc XX. Bœufs de Madagascar

51

53 <>>

57

59 03 65 66

07

67 69 "3 79 N:i

87 s:i

90 '-'I

92 93

93 98

XLIL Crocodile..

99

de Mahatsinjo

XL1V. Pierre levée

>''

à Betafo.

XLV. Le gouverneur de Betafo XLVI. Le lac llasy XLVII. Bœuf-cheval et porte fortifiée XLVI1I. Porte de Fenoarivo XL1X. M. Maistre L. M. Foucart LI. Pieux dressés à Andranogavola LU. Moulin à Betsabetsa LUI. Chutes du Mangoro à Anosiarivo

loi I

153

bezanozano Village d'Ambohiboka Un lépreux d'Ambohiboka Le juillet à Tananarive Tombeaux antimerina à Ambatomena....

LXVI.

19

XLI. Cratère de Tritriva

151

152

31

47

XXVI. Élégantes de Tananarive XXVII. Rainimananabé XXVIII. Maisons du lac Anosy XXIX. Un fanataovana XXX. Femme portant son enfant XXXI. Village des environs de Tananarive XXXII. Danse des borizana XXXIII. Sarobaratra XXXIV. Place de Soandrarina XXXV. Esclaves vannant du riz XXXVI. Pic du Vontovorona XXXVII. Léproserie d'Antisirabé XXXVIII. Condamnés aux fers XXXIX. Pierre levée à Ambobiponana XL. Revue des troupes à Ambohiponana

antimerina LXL Un jeune Antimerina LXII. Observatoire d'Ambohidempona

137

13

XXV. Un coin du Zoma

149

Femme

153

il

XXI. Vallée de SaliHlsy XXII. Vue générale de Tananarive XXIII. I.e palais de la Heine XXIV. Les vieux canons

139

Tombeau antimerina

LX1V.

37

...

133

Types antimerina

25 2"

:s"

XVIII. Filanjana

133

133

LXI11. Coiffure

Tanana-

XVI. Enfants malgaches XVII. Vue prise sur la route d'Andovoranlo a

132

21

30

rive

XI. III. Village

LVIII.

13 1"

XI. Village sur In route de

il

13

.

LIV. Groupe de femmes malgaches LV. Famille antimerina LVI. Noble antimerina LVII. Famille antimerina

||:!

107

IU

LXV.

1

1

LXV1I. tsikafara • LXV1II. Lu LXIX. Notre maison à Didy I.XX. Noire ami Raininosy.

166 107

LXXXI. Village d'Ambodimadiro Les officiers de Mandritsara 1. XXXII. LXXXIII. Mandritsara vu de l'Ouest LXXX1V. Cimetière betsimisaraka

203

169 175 180 181

181 183 191

195

199 205

207 210

LXXXV. Village d'Ambohimena LXXXVI. Femme sakalava de Majunga LXXXMI. Troupeau de bœufs parqué

211 211

215 219

LXXXVI1I. La soif Tsievala et ses soldats I. XXXIX. xc. Les grands lataniers de l'Ouest XCI. Village des Bongalava

223 227 229

Dans la vallée du Mahajamba XC1II. En parlementaire devant les fahavalos... XCII.

231

233

237 XCIV. Campement au bord d'un étang 240-241 xcv. Panorama de Majunga 217 XCVI. Sakalava de Majunga 218 XCVII. Village dans la brousse XCVHI. Chutes de l'Ikopa à sa descente du pla-

teau central Mlle de Trabonjy c. Tombeaux arabes à Majunga CI. Femme sakalava de Marovoay CIL La musique du gouverneur de Marovoay.

XCIX. Jeune

Le capitaine de

' l-j

C1V. Jeunes

127

165

168

Clli.

125

101

163

LXXI. Le Rangahy Be LXXII. Types bezanozano LXXIII. Campemenl de Tolongainy LXXIV. Exploration d'une lagune LXXV. Le cap Bellones l.XXVI. Le gouverneur d'Ivongo. I.XXV11. Jeu du katra ou (Ifangha LXXVIII. Village d'Ivongo LXX1X. Forêt à l'est de Sahasoa LXXX. Le chemin d'Andasibe

l13

in

159

filles

la

- i3

249 251

231 255

237

Douane

261

antankara

263

cv. Rue d'Ampotaka CVI. Notre maison à Tananarive CVII. Rue d'Imarivolanitra, à Tananarive 55

266 267


TABLE DES CARTES.

434

CVHI. Église des Jésuites à Tananarive CVIX. Mon professeur de « fanorona » CX. Porte de Kinajy CXI. Village d'Alakamisy

273 275

CXII. Coiffure betsileo CX1I1. Palais de Soanierana

277

276 277

279

CX1V. Pierres levées au sud de Sabotsy CXV. Vue générale de Fianarantsoa CXVI. Marché de Fianarantsoa CXV1I. Ambatolaliikisoa et type <les maisons

291

betsileo

CXVIII. Porte du rova à Fianarantsoa CX1X. Maison d'un Vala CXX. Femme betsileo CXX1. Mendiant betsileo

CXX1I. Ifandana roche du CXXI1I. Types tanala CXX1V. Type tanala CXXV. Ifandana :

293 294

29b

299 301

sommet

308 309 314

CXXVI. Notre maison dans FHorombe CXXVII. Le frère du roi d'Ambararata CXXVIII. Montagnes rocheuses du Sud-Betsileo. CXXIX. Au village d'AnUaramena. Pileuses de riz.

.

d'Ankaramena CXXXI. Betsileo d'Ankaramena CXXXII. Coiffure betsileo d'Ankaramena

CXXX. Au

CXXXIII.

CXXXIV.

CXXXV. CXXXVI. CXXXVII. CXXXVIII.

CXXX1X. CXL.

bara Sur les bords du Lalanana Bara de Bctroky Le roi de Betroky et ses guerriers Deux chefs de Betroky Un sanglier de l'Horombe Sakoa » et nids de termites dans brousse Jeune fille chez les Antanosy émigrés

315 313

319 322

323

village

324

323

Femme

••

2S4 287 289

332 333 336 337 339 310 la

341

CXLI. Notre guide bara CXLII. Les sources de l'Onilahy ou Mangoky CXLIII. Cases bara manambia, à Tamotamo CXL1V. Indigènes bara manambia, à Tamotamo..

343 348 349 330

CXLV. Le pays de Tamotamo CXLVI. Case et grenier à riz chez les Antanosy émigrés CXLVII. Femme de Zoromanana face et profil... CXLVIII. Au pays des plantes grasses CXLIX. Un Antandroy face CL. Un Antandroy profil CLI. Un « bontona » chez les Bara Manambia. CLII. Pierre levée chez les Antanosy émigrés.. CLIII. Village d'Iaramamy CLIV. La côte, près d'Ambalafandrana CLV. Jeune fille antanosy de Fort-Dauphin CLVI. Les monts Beampingaratra CLVII. Fort-Dauphin CLVIII. Les remparts et l'avenue de Fort-Dauphin. CLIX. Maison du gouverneur antimerina à FortDauphin CLX. Pierres levées d'Ambaniaza CLX1. Types antanosy du Sud-Est CLXI1. Jeunes filles antanosy de la côte Sud-Est. CLX11I. Défrichement près de Manambondro CLXIV. Antanosy à Manambondro CLXV. Sépultures antanosy dans les environs de

331

:

357 361

:

363

:

363

Manambondro CLXVI. Pieux dressés antanosy près de Manambondro CLXVII. Guerriers antaisaka de Mangiily CLXVIII. Femme antaisaka de Mangidy CLXIX. Ancienne batterie française à Fort-Dauphin

335

365 367 368

369

369 371

373 375 376 381 3S3 386 387 388 3S9 390

392 393 397

341

TABLE DES CARTES En tète du volume. Madagascar, carte générale, en couleurs Carte du voyage de MM. Catat, Maistre et Fonçait à Madagascar. D'après les itinéraires construits par M. Gran83 didier, membre de l'Institut, sur les carnets de route des voyageurs 225 Itinéraire de L. Catat, de Mananara à Majunga 253 Itinéraire de L. Catat, de Marovoay à Antananarive par la vallée de l'Ikopa


TABLE DES MATIÈRES

Avant -propos.

Arrivée à Tamatave. Débarquement des voyageurs et 'les marchandises. La musique du Formalités de douane. Monnaie coupée et balances. Le commencement de la saison sèche. Commerce, importations et exportations. Voies de communication a MadaEmbarquement îles bœufs. Les borizana el les fllanjana. Dépari de Tamatave. Rainivoavy et Jean Boto. Ivondrona. gascar. Ankarcfa. Ambodinisiny. Légende de Darafély. La cruche géante. Vavony. Pirogues malgaches. Tanimandry. Ligne télégraphique de Les lagunes littorales. Andovoranlo. Végétation côtière. Tamatave à Tananarive. Le marais de Tanimandry

Chapitre

I.

gouverneur.

— —

— —

— —

Il

11. — A travers les dunes sablonneuses. — La tribu des Betsimisaraka. — Ranomafana. — Ampasimbe. MoraPremière zone forestière d'Analamazaotra. — Ampasimpotsy. La forge malgache. — Beforona. Passage du Mangoro. — Vallée de Sabotsy. — La deuxième forêt. — Ankemanga. — Province de l'Ankay. Panorama de la capitale. — Place d'Andohalo. Arrivée à Tananarive. ramadinika. — Dans l'Imerina.

Chapitre

— —

Tombeau du premier ministre. Maisons de Tananarive. Aviavy et vieux canons. Quartier d'Ambatovinaky. L'élément étranger Costumes européens. Marché du Zoma. La population. Industries antimerina. Départ de Tananarive Une audience au Palais. à Tananarive.

— — —

37

Passage Ankisatra. Le massif de I'Ankaratra. Ankadivavala. III. La province de l'Imerina. Habitants du Vakinankaratra oriental. Tsinjoarivo. Un fanataovana. de l'Onive. Sarobaratra. Vallée de l'AmAntsirahe. Soandrarina. Le Vontovorona. Les Vazimba. Hameau de Bemasoandro. La légende Village d'Isandra. Le volcan de Tritriva. Ambohiponana. Les (lierres levées. boavato.

Chapitre

— —

— —

67

du Lac

— —

Les sources chaudes de Betafo. —Vallée de Une pierre levée. Betafo. Départ d'Isandra. Sur les bords du Village de Mahatsinjo et pic d'Ambalavato. Dans les grandes herbes. Voyage de Maistre en pays sakaChutes de l'Ikopa à Farantsana. Village de Mananzary. lac Itasy. Entrée à Anosibe. Types et costumes des Bctanimena. Le Mangoro. Retour à Tananarive. lava. Le Les cascades du Mangoro. Mahanoro. La vanille et le café. Les copaliers. Ambodimanga. Beparasy La région des îles. Les modes à Ambalavcro. caoutchouc. La région des chutes.

Chapitre IV. l'Adrantsay.

— Coup

— —

99

Agissements britanniques. — Les goud'œil historique sur la peuplade des Antimerina. Civilisation apparente des Antimerina. Le piège de sir Robert Farquhar. Maurice. Ce que vaut un protectorat à Madagascar. Quelques réflexions sur ce qui suivit notre expédition de 1885. Les Organisation politique et sociale de cette tribu. Légende sakalava sur les origines des Antimerina. Pas de Gouvernement, armée, finances, justice.— Ce qu'il faut faire à Madagascar. grands dignitaires.

Chapitre V.

verneurs de

— —

l'ile

133

protectorat

Retour de Foucart et de Maistre. Commencement de la saison sèche. Retour à Tananarive. Chapitre VI. lépreux. La lèpre à Madagascar. des ou village Amhohiboka d'Ambohipo. observatoire et Collège La route de Radama. Préparatifs de voyage. Les réjouissances populaires. Fête du 14 juillet 1889. A Didy. Chez les Bczanozano. Un tsikafara. Ambatomena et ses tombeaux. Départ de Tananarive. Dans les Aperçu général de la vallée du Mangoro. Les Dimalika. Un campement dans la forêt. Arrivée à Descente de l'Ivondrona en pirogues. Culture du riz chez les Bctanimena. défrichements.

— —

— —

— —

— — —

i:;:i

Tamatave

— — —

Ifontsy. Ampanalava. Préparatifs pour la route du Nord. Une semaine à Tamatave. Chapitre VII. Fénoanvo. Sépulture et enterrement betsimisaraka. Mahambo. Tombeau betsimisaraka. Foulepointe. Les Le port de Tintingue. La pointe à Larrée. Ivongo. Les serpents. Colonels et capitaines. Mananara. Bellones. cap Au les Antimerina. d'après cl les Betsimisaraka du babakolo d'après légendes Attaque d'un village par les rats. Dans le Longoza. Les fahavaïo. Fort antimerina de Vohizanahary. Réception et parade Arrivée à Mandritsara. Ambodimadiro. La foret de Mananara à Mandritsara. La Le gouverneur et son état-major. Population de Mandritsara. Le Rova et ses portes. antimerina.

— —

— —

cérémonie du Mamadika.

— —

-

Circoncision à Madagascar

— —


[TABLE DES MATIERES.

43fi

Zone forestière, la brousse. Région dénudée. Récolte du raphia. Chapitre VIII. Départ de Mandritsara. Arrivée à BelaIncendie des brousses. Le satrana (latanier de Madagascar).— Les troupeaux de bœufs. Pillage d'Ambahibe. Mœurs et coutumes. litra. Caractères ethniques des Sakalava. Tsievala. Dans la vallée du Mahajamba. —Perdu dans la brousse. Traversée des grands bongalava. Les bonrjalava.

Passage du Mahajamba. Chez le roi Diriamana. Mon ami Sélim. Attaqués par les fahavalo. Bemakamba. — Les étangs de Les moustiques à Madagascar. à balancier de la côte Ouest. Départ Commerce du Majunga. La ville et sa population. Arrivée à Majunga.

Pirogue

la côte.

211

— La pierre de Radama. — Dans les palétuviers. — Amparehingidro. — Camp retranché d'Ambohi— Maevarano et les moustiques. — Marovoay, la ville et ses habitants. — Chez le capitaine de — Musique antimerina. — Ambohibary. — La statue d'Androntsy. — Chez la reine de Trabonjy. — PasAndriba. — la Betsiboka. — Amparihibé et Maevatanana. — Fièvre rebelle. — Malatsy. — Le mont — — Ampotaka. — sakalava. Fanalaovana — — sakalava. enterrement Un Andriba. Marché d'AIakamisy. plateau central. — Le bain de la reine. — Musique et jeux antimerina. — Le fanorona. Kinajy. — Arrivée sur — En route pour Fianarantsoa — Chapitre X. — Départ de Tananarive. — Traversée de l'Ikopa. — Antanjombato. — Le marché de Sabotsy. — Traversée de l'Andromba. — Au village de Behenzy. — Ambohimanjaka. — Ankisatra. — Ambodifiakarana. — Arrivée à — Ambohinamboarina. — — — betsileo. levées Pierres Ambositra. Alarobia. Traversée du Mania. Fianarantsoa. — Division de la province. — Industrie des lamba. — Excursions à Ifandana. — Excursions dans — Préparatifs de voyage dans le Sud. le pays tanala et à Ambondrombe. — Peuplade tanala. — Ville d'Ikongo. — Recrutement des porteurs, leur solde. — Départ de Fianarantsoa.

Chapitre IX.

la

tromby. douane. sage de

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Les monts dénudés du Kabary des Borizana. Anbohimandroso. Départ de Fianarantsoa. Chapitre XI. Vallée du Tsimandao. Village d'Ankaramena. Massifs de l'Andringitra et chaîne des Lohatrafo. Betsileo. Le plateau des Lamboany. Dans la brousse. Sur le territoire bara. Les sauterelles à Madagascar. Au village Ihosy. Au village d'Ambararata. Le roi de Zazafotsy devient notre ami. Les mpanjaka bara. Attaque des Sur les rives du Lalana. Sur le plateau de l'Horombe. Chez les Bara. d'Antanambao.

— Village

Bara.

— — —

de Betroky.

31

Ivahona.

Mangoky ou OniVillage d'Ivahona. Renseignements et noms géographiques à Madagascar. Chapitre XII. Le mont TsiombivoAu pays des Antanosy émigrés. Tamotamo. Iaborano. lahy, sa vallée, ses sources. Visite au roi de Tsivory. Les Antanosy. Séjour à Tsivory. Tsivory. De Tamotamo à Tsivory. sitra. Fabrication d'une amuUn commerce de ody. Nous reprenons la route du sud. Retour à Tamotamo. Au pays des Antandroy. Tsicsetra. Chez les Bara Manambia. Dans la brousse, nids de termites. lette. Pierres levées des Antanosy émigrés Au village d'Imitray. La grande plaine du sud. Arrêtés par les cactus.

— —

J

— —

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341

Arrivée Tsiarony et Belavena. Les monts Beampingaratra. Izama. La vallée d'AmboIo. Chapitre XIII. SainteLokaro. et Evatra Antanosy. coutumes des Mœurs et Tolanara. de Le pays Fort-Dauphin. à Pieux et pierres dressées antanosy.— Village et rivière d'Ambaniaza.— Village de ManamLuce ou Manafïafy. Imatio et son lac. Traversée du Manampany. Manantena. Les défrichements de la côte sud-est. bato. VégéVangaindrano. Centre populeux de Manambondro. Naufrage dans la rivière. Sandravinanv. Retour Tangirika et Maharasy. Au pays des Antaisaka. tation littorale.'— Le long des rives du Mangidy.

à Fianarantsoa.

— — — Quatrième séjour

— —

à Tananarive.

— —

3G9

Retour en France

300

Conclusion.

— Itinéraire S' — Itinéraire N° 111

V

Itinéraire // à travers la province des Antimede Tamatave à Tananarive; 4(17. de Tsinjoarivo à Itinéraire N° IV de Tsinjoarivo à Tananarive par Mahanoro; 413. Tananarive à VI de Itinéraire N° 417. Itinéraire N° V; 113. Tsiroanomandidy et Ankavandra Tananarive par Itinéraire N° 17//: de de Tamatave cà la baie d'Antongil; 410. Itinéraire A'» VII Tamatave (route de Radama); 417. de TananaItinéraire N° X Itinéraire N° IX de Majunga à Tananarive; 42t. la baie d'Antongil à Majunga; 420. de Fort-DauItinéraire A'° XII Itinéraire S" XI de Fianarantsoa à Fort-Dauphin; 424. rive à Fianarantsoa; 423. Itinéraire Récapitulation 427. Itinéraire .V XIII de Vaingaindrano à Fianarantsoa 420. phin à Vaingaindrano 425. N° XIV de Fianarantsoa a Masindrano; 127.

Appendice

I.

rina; 410.

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Appendice

II.

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Géologie et minéralogie; 428.

— Zoologie:

Coulommiors.

— Imp,

'.30.

Anthropologie:

Paul BRODAHD.

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132.

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