RÉSISTANCE ET TRANSFORMATION DU PATRIMOINE EN BOLIVIE

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RÉSISTANCE ET TRANSFORMATION DU PATRIMOINE EN BOLIVIE vers une nouvelle identité Lenin COCHI CHAMBI

Master 2 | 2013 ENSACF | METAPHAUR



Ministère de la Culture et de la Communication Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Clermont-Ferrand

Mémoire de 5ème année

RÉSISTANCE ET TRANSFORMATION DU PATRIMOINE EN BOLIVIE vers une nouvelle identité LENIN COCHI CHAMBI Directeur d’étude: Yvon Cottier Alain Charre Mathilde Lavenu Date de présentation: 22 mai 2013


Sommaire

Avant-propos

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Introduction

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I.- Les origines du passé

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1. L’héritage précolombien et ses coutumes a) Les ancêtres des Wankaranis.

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b) Structure organisationnelle spatiale et urbaine des Chiripas.

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c) L’empire cérémoniel de Tiwanaku.

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d) Codes esthétiques Andino-Aymaras

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2. La Paz, ville coloniale

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3. Potosi, ville impériale vers une occidentalisation architecturale

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Casa de la Moneda

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4. Résistance du patrimoine

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La ville espagnole dans un contexte indien


II.- Le Métissage un éclecticisme

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1. La réinterprétation du baroque dans le métissage

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a) Baroque métis de Potosí

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b) Les Missions Jesuites à Santa Cruz

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Édifices religieux dans les villes indigènes

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3. La Paz hybride

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Miraflores, éclectique

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El Alto, une expansion spontanée

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4. Appropriation de l’architecture occidentale, une perte du patrimoine ?

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III.- Recherche d’une identité

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1. La Paz, scène traditionnelle.

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a) Fête, espace temporel

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b) Influence de l’Art andin

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c) Politique renversement identitaire

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2. Nouvelle architecture émergente, un éclectisme en recherche d’une identité

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Morphologie architectural

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3. L’identité fait-il un patrimoine ?

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Conclusion

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Annexes

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Bibliographie

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2. Décodification de l’architecture occidentale

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Avant-propos Ce travail révèle un intérêt sur le l’héritage ancestral face à un processus d’hybridation architecturale et urbaine historique. L’objectif de ce travail est d’interroger la répercussion de l’influence esthétique occidentale et locale dans l’architecture d’aujourd’hui et de questionner sa valeur et son avenir. Ce travail suit un processus chronologique qui permet de faire une étude analytique des héritages qui ont survécus au cours de l’historie politique, économique, social et culturel.

Situation géographique Bolivie

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Enrichi des mes différents voyages dans diverses villes et pays, et des connaissances acquises dans mon parcours d’étudiant en Bolivie et à l’étranger, j’ai pu découvrir les valeurs identitaires de différents passés historiques qui sont confrontés aujourd’hui à de nouvelles écritures architecturales. Ces valeurs patrimoniales marquent le caractère identitaire du lieu, notamment dans les centres historiques des villes. Ceci est à l’origine des mes préoccupations concernant le patrimoine. En effet, partout, les villes se développent hâtivement, dans un monde globalisé, effaçant peu à peu les origines

initiales et l’identité locale. Ce travail est un retour vers mes propres origines. La question de l’identité bolivienne et du patrimoine architectural et culturel est au cœur de ce travail. En effet, aujourd’hui, la Bolivie présente divers édifices patrimoniaux, certains édifices qui ont une influence architecturale européenne d’autres qui sont d’origine précolombienne et d’autres encore qui sont le mélange de ces deux civilisations.


Introduction La Bolivie est un pays situé au centre de l’Amérique du Sud. Il est l’unique pays sans accès à une cote maritime. Il est considéré comme un pays ayant des racines indiennes encore très présentes, c’est ce qui fait l’existence des contrastes culturaux complexes. Il est constitué d’un état plurinational, qui le rend multiculturel avec 37 langues reconnues dans la nouvelle constitution Bolivienne. En Bolivie, la politique et l’histoire des cultures sont des facteurs essentiels dans les constitutions des villes et la construction d’édifices publics autant que privés. Le caractère des sociétés et la confrontation des différentes cultures à différentes époques se reflètent dans l’architecture. Aujourd’hui la population assume ses origines en recherchant une identité, la population favorise un retour de symboles indigènes dont l’architecture est un élément phare. La culture précolombiennes et les cultures occidentales influencent cette recherche identitaire actuelle.

Ce travail se construit à partir d’un développement descriptif et analytique des facteurs déterminants des esthétiques passés et des esthétiques actuelles. Il étudie l’évolution architecturale et notamment sa construction hybride. Il s’appuie sur une chronologie d’œuvres architecturales qui montrent les tendances et les évolutions depuis ces origines. La première partie nous immerge dans le contexte des civilisations originelles et leurs richesses culturales qui vont avoir une influence dans le développement des villes et surtout dans l’architecture suivante. Nous verrons comment ces cultures anciennes feront face à l’arrivée des colons espagnols, et quel est le patrimoine intact qu’il reste aujourd’hui. Dans la deuxième partie, nous verrons comment ses deux cultures se mélangent et comment l’architecture coloniale s’adapte progressivement et s’approprie les anciennes cultures. Nous verrons si cette appropriation peut elle être une forme de patrimoine.

Ce retour aux sources et cette recherche des origines se traduit par différents mouvements artistiques et La troisième partie montre une critique sur la mouvements architecturaux. perte du patrimoine et ses conséquences, montre aussi les architectures émergentes qui sont liés aux imaginaires culturelles d’un passé hérité.

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I. Les origines du passé

I. Les origines du passé L’architecture précolombienne1 est très influente dans l’histoire de l’architecture bolivienne. En Amérique latine, les cultures andines seront celles qui résisteront le plus aux nouvelles cultures européennes. Aujourd’hui, elles ont encore une place importante dans les questionnements sur le patrimoine. L’arrivée inattendue de nouvelles cultures se produit en 1532 avec la conquête de l’Empire Inca par les colons espagnols. Ceux-ci ont imposé leurs codes, leurs habitudes et leur religion. C’est le début de l’époque coloniale. Cette société possédant un système socio-économique bien établi, va donner naissance à des villes coloniales qui contrastent avec la population andine. Cette culture occidentale va ignorer les cultures ancestrales en imposant sa culture. Cette colonisation va se refléter également dans les arts et bien évidemment dans l’architecture qui, plus tard, seront appropriés par le peuple andin.

1  Précolombien : terme qui s’applique au peuple autochtone de l’Amérique dont l’unité culturelle s’est déterminée avant la découverte de ce continent par Christophe Colomb. 7


I. Les origines du passé

1. L’héritage précolombien et ses coutumes. 1200 avant J-C à 200 avant J-C. 800 avant J-C à 100 avant J-C.

1500 avant J-C à 1172 après J-C. 200 avant J-C.

Wankaranis Chiripas Tiwanaku Aymaras

La culture précolombienne débute avec l’apparition des premiers regroupements d’hommes appelés Viscachanis qui se sont installés sur le territoire bolivien. Suite aux recherches1 sur le bassin hydrographique du Lac Sacré Titicaca2 dans l’altiplano central, comprenant la rivière Desaguadero et le lac Poopó (voir carte ci-contre), on a découvert la présence de ces premiers nomades préhistoriques qui vivaient de 40 000 à 20 000 avant J-C. Des peintures rupestres représentant des silhouettes de mains et d’animaux vivant autour d’eux tel que les lamas, marquent l’existence de ces nomades durant cette époque.

Les cultures précolombiennes sont fondées sur la croyance envers le dieu soleil, Viracocha3, considéré comme le créateur de l’humanité, et la déesse Pachamama4, représentant la terre mère.

Dans les années 1500 avant J-C, les premières cultures et civilisations andines s’épanouissent sur ces mêmes lieux : celle des Wankaranis, Chiripas, Chipayas et Urus. Les Tiwanakus et les Aymaras sont les deux dernières civilisations qui vont prendre de plus en plus d’importance dans la constitution des cultures. Elles sont encore présentes aujourd’hui, notamment dans l’architecture. Bassin hydrographique du Lac Titicaca 1. Lac Titicaca 2. Rivière Desaguadero 3. Lac Poopó 4. Salar de Coipasa 5. Salar de Uyuni

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1  ESCALANTE MOSCOSO, Javier, Arquitectura prehispánica en los Andes bolivianos, La Paz, 1997 2  Le lac Titicaca, est un lac de la Cordillère des Andes traversé par la frontière entre la Bolivie et le Pérou. Considéré par les cultures andines comme lac sacré.

3  Viracocha est le principal dieu des cultures andines, dieu créateur, roi de la foudre et des tempêtes. Il est parfois représenté comme un vieil homme portant une barbe (symbole du dieu de l’eau), une longue robe et transportant un sac. 4  Pachamama, étroitement liée à la fertilité dans la cosmogonie andine, est la déesse-terre dans la religion des Amérindiens d’Amérique du Sud. Elle constitue une déesse majeure de la culture Tiwanaku en Bolivie.


I. Les origines du passé

a) Les ancêtres des Wankaranis. La culture wankarani est une des premières civilisations qui se développe entre la Ville de La Paz et Oruro, de 1200 avant J-C à 200 avant J-C. L’économie de cette civilisation est basée sur l’agriculture et l’élevage, constituant un système auto suffisant.

Pointure mixte, Pablo Villagomez, Culture Wankarani, 1994

Les aspects les plus importants de cette civilisation sont les représentations des dieux et des éléments sacrés, comme les animaux. C’est une des premières cultures qui vénère le soleil comme son dieu suprême avec la croyance qu’il était à l’origine de leur création. En effet, le soleil et les animaux vont être représentés sur des céramiques et des sculptures.

Sculpture de lama , par Javier Escalante

On retrouve dans cette culture les premières traces d’un indice culturel établit à l’époque. Pour les Wankaranis , la religion n’est pas encore représentée dans les constructions. Aujourd’hui les Chipayas1, descendants des Wankaranis, maintiennent le savoir-faire dans leurs constructions.

Représentation de Wiracocha, 1  Les Chipayas sont un peuple, habitant dans un désert de l’Altiplano bolivien. Cette ethnie fut un des premiers foyers de peuplement de l’Altiplano.

Dieu créateur de l’humanité sur la Puerta Del Sol 9


I. Les origines du passé

Ces constructions ont des caractéristiques morphologiques orthogonales et rectangulaires avec des toits à deux pentes et sont également à l’origine de l’invention constructive du mur double (Image p. 22). Les constructions qui se sont développées à cette époque sont de type vernaculaire et sont aujourd’hui encore en pratique dans les zones rurales de l’altiplano bolivien occidental.

Peinture mixte, VILLAGOMEZ, Pablo Culture Chiripa, 1994

b) Structure d’organisation spatiale et urbaine des Chiripas. En général, les cultures andines avaient une organisation sociale, économique et territoriale que l’on appelait Ayllu1. Ce principe d’organisation andine est basé sur une division symbolique territoriale. L’Aransaya symbolisant le dessus et Urunsaya2 le dessous. Ce principe s’est implanté dans le tracé des civilisations andines et aussi repris 1  Ayllu, (mot d’origine de la langue quechua et aymara) est une communauté composée de plusieurs familles dont les membres considèrent qu’ils ont une origine commune (réelle ou fictive) et qui travaille de façon collective dans un territoire de propriété commune. Cette forme d’organisation sociale était l’une des plus présentes dans la région andine à l’époque précolombienne 2  Aransaya et Urunsaya, termes d’origine aymara qui signifie le nord et le sud, ou le dessous et le dessus. 10 10

par les cultures suivantes. La culture Chiripa se situe dans la péninsule de Taraco, sur le lac Titicaca. Elle se développe dans les années 800 avant J-C à 100 avant J-C. Sous l’influence politique dualiste andine3 qui se traduit par une symétrie dans l’agencement des constructions. L’implantation du bâti est placé sur une colline artificielle autour d’un espace cérémoniel où se situait un Temple semi‑souterrain : Aransaya et Urunsaya . La disposition des maisons permet de fermer l’espace central et former une barrière. (Image ci-dessus) 3 Ce terme définit un système dans lequel les membres de la communauté – tribu ou village – sont répartis en deux divisions, qui entretiennent des relations complexes allant de l’hostilité déclarée à une intimité très étroite, et où diverses formes de rivalité et de coopération se trouvent habituellement associées

La culture Chiripas se caractérise par une l’implantation du bâti orthogonale qui s’organise autour d’un espace cérémonial (schéma p22). Cette disposition morphologique orthogonale ressemble dans une certaine mesure à celle que les espagnols réalisent dans les villes coloniales comme à La Paz. Du côté espagnole, un centre est présent appelé «plaza» mais il est consacré aux événement en rapport avec la politique et la religion (catholique). Aujourd’hui les espaces cérémoniaux Chiripas ne se construisent plus car la religion chrétienne a effacé les religions précolombiennes avec l’évangélisation, mais la façon de construire avec la pierre comme leurs ancêtres autour du lac sacré Titicaca est présente pour le village Sampaya4.

4  Sampaya est une communauté Aymara qui est situé sur les rives du lac Titicaca, à environ 25 minutes de Copacabana.


I. Les origines du passé

Reconstruction du centre cérémonial de Tiwanaku, ESCALANTE, Javier, Arquitectura prehispánica en los Andes bolivianos, La Paz, 1997

c) L’empire cérémoniel de Tiwanaku. La civilisation de Tiwanaku est l’un des empires les plus anciens d’Amérique du sud concentré sur le territoire Bolivien. Il fut fondé dans les années 1500 à 1172 après J-C. Cette civilisation plus ancienne que les Incas, est l’une des cultures qui a marqué l’histoire bolivienne jusqu’à nos jours. Elle est arrivée à développer des connaissances dans certains domaines en rapport à l’architecture et la détermination d’une esthétique. La civilisation de Tiwanaku s’est constituée à partir de principes andins dualistes provenant des Chiripas. Elle est caractérisée par un système de classe sociale défini et une croyance forte envers les dieux. Ces caractéristiques vont être représentées sur de grands

monuments cérémoniaux dédiés à leurs dieux et particulièrement pour leur dieu suprême Viracocha. La construction des monuments cérémoniaux de Tiwanaku s’est développée sur une surface de 600 hectares environ. Ses grands temples ont une configuration fermée par des murs et ouvert vers le ciel, car les tiwanakus1 devaient, selon la religion, recevoir des signes astronomiques. Ce principe va être repris dans les constructions des églises durant la période d’évangélisation. A l’époque, la projection urbaine de cette civilisation a été pensée et développée par des spécialistes 1  Personnes appartenant à la culture Tixanaku 11


I. Les origines du passé

Puerta del Sol, Tiwanaku

de l’urbanisme. Cette implantation urbaine se caractérise par une conception symétrique dans la construction des temples. Parmi les édifices cérémoniaux, on trouve la pyramide de Akapana qui est constituée de terrasses, le Templete semisubterraneo avec une différence de deux mètres par rapport au sol et le temple de Kalasasaya (Image p22). L’orientation de ces monuments a toujours été en rapport avec le dieu suprême, Viracocha, et d’autres étoiles. Grâce à cette orientation et leurs connaissances astronomiques, cette civilisation pouvait déterminer les saisons et les équinoxes1. L’alignement du temple Kalasasaya avec La puerta del Sol2 nous illustre cette caractéristique. Ces monuments ont été planifiés en rapport avec leur culture, en respectant des principes orthogonaux et symétriques. Dans ses murs, le templete semisubterraneo, est embelli de cent soixante-quinze têtes sculptées en pierre. Ce temple reprend ainsi une morphologie des civilisations plus anciennes, les Chiripas.

Croix PumaPunku, Tiwanaku

La culture tiwanaku a trois périodes : la période contemporaine, la période urbaine et enfin la période impériale. Dans la première période, tiwanaku est une ville en formation avec la présence de centres cérémoniaux et de classes sociales stratifiées. Dans 1  ESCALANTE MOSCOSO, Javier, Arquitectura prehispánica en los Andes bolivianos, La Paz, 1997 2  La Puerta del Sol (en inca : Inti Punku, en français : la porte du Soleil) est une monument situé sur le site archéologique de Tiwanaku en Bolivie.

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la deuxième période, c’est l’expansion de la culture tiwanakota qui prolonge un territoire considérable au nord du lac Titicaca. La troisième période est aussi une extension politique représentée par des symboles et des éléments tiwanakotas qui apparaissent dans les décors de céramiques et textiles.


I. Les origines du passé

d) Codes esthétiques Andino-Aymaras sont représentés : ils sont construits en terre avec une volumétrie cubique et peints de couleurs vives. Les motifs sur les murs ressemblent aux couleurs et formes des céramiques et textiles. En ornant les monuments, les peintres racontent l’histoire de leur culture. L’idéologie Aymara est représentée par des symboles, des couleurs et reprend les principes de cultures andines plus anciennes comme la dualité homme-femme, soleil-lune, ciel-terre, etc. Ce principe de dualité produit une représentation symétrique dans les monuments, peintures, textiles et céramiques.

Chullpar, au Parc National de Sajama Oruro, Bolivie

Les cultures andines ont représenté leurs dieux et leur histoire à travers les textiles, les céramiques, les sculptures et les monuments. Ils sont tous caractérisés par des couleurs, symboles et formes respectant une esthétique andine. La culture Aymara est particulièrement présente dans la construction des monuments dédiés aux morts. Les codes artistiques propre aux Aymaras

Cette civilisation va reprendre le symbole tiwanakota qui est encore présent aujourd’hui, sous le nom de croix andine1 (Image p12). Cette croix représente les quatre saisons de l’année, ainsi que des notions philosophiques tel que l’énergie, le temps, l’espace et la matière. Les aymaras prennent beaucoup de puissance. Aujourd’hui encore, la langue aymara est toujours parlée et reconnue comme une des langues officielles du pays.

1  Le «Chacana» ou croix andine est un symbole récurrent dans les cultures indigènes des Andes. 13


I. Les origines du passé

2. La Paz, ville coloniale La Paz, ville située entre l’altiplano et les vallées, est fondée en 1548 sous le nom de Nuestra señora de La Paz.

CUADROS, Alvaro, La Paz

L’implantation géographique de cette ville coloniale était stratégique pour les espagnols car elle se situe sur une ancienne route commerciale précolombienne existante depuis 1200 avant J-C. Entre Cusco, les mines de Porco et les vallées de Charkas, ce passage était contrôlé par les tambos1 (colonies indiennes qui étaient des points d’échange, qui avaient comme objectif le contrôle de la population et des produits en circulation). Elles étaient répartis sur tout le long de cet axe commercial. La Paz s’est implantée à côté de l’un de ces points d’échange précolombien. Il permettait l’échange des produits entre les cultures de l’Altiplano comme les Tiwanakus et les Incas avec les civilisations amazoniennes comme les Mollos2. C’est donc un carrefour comercial entre ces différentes cultures. El camino del Takesi est le nom donné à une partie de cette route commerciale toujours existante aujourd’hui.

1  Tambo, auberge et réserve des produits placées sur des réseaux de chemins à l’époque précolombienne. 2  Culture Mollo, civilisation pré-inca qui habitaient la partie oriental de l’actuel département de La Paz en Bolivie. 14 14

Les espagnols ont voulu reproduire le modèle espagnol à La Paz. La trame orthogonale de cette ville respecte une grille appelée damero3. Les rues ont une longueur de 10 mètres et la largeur des îlots carrés est de 84 mètres de côté. Cependant, le tracé urbain n’avait pas pris en compte le contexte topographique4 de la ville. Durant son expansion, la trame orthogonale s’est donc heurtée au relief et s’est déformée. La ville espagnole est située sur un plateau, qui dominait la ville amérindienne. Cette situation stratégique permettait d’avoir un contrôle visuel sur les terrains colonisés et bien évidemment sur les colonies amérindiennes. La ville espagnole dispose d’un centre politique et administratif. Les équipements publics importants se situent autour de la Plaza Mayor (place majeur), qui s’est implantée dans un des vides crée par la trame orthogonale. Simultanément au cours de son installation urbaine elle efface les traces ancestrales précolombiennes.

3  Damero, trame urbaine qui organise une ville en fonction d’un tracé de rues orthogonales et de Manzanas 4  La ville de La Paz est située dans un vallée. La partie basse


I. Les origines du passé

Dans les premiers temps, la ville espagnole Nuestra señora de La Paz indique l’intention d’une séparation radicale avec la civilisation amérindienne. Elle est en tout point, l’opposée de cette dernière, et se met à l’écart pour mieux la dominer. Elle n’intègre pas les civilisations préexistantes dans leur composition. Cependant, en s’implantant à côté des villes amérindiennes, elle les préserve et les respecte, sans les effacer complètement. Cette organisation va générer des ségrégations raciales qui vont se développer de plus en plus au fil des années. Les villes apparues après la colonisation en Amérique du sud sont organisées suivant un modèle européen du XIème siècle. En Espagne, les villes se développaient à cette époque suivant un tissu orthogonal appelé Manzanas1 particulièrement adapté à des villes en expansion.

CUADROS, Alvaro, La Paz 1  Manzanas, îlot carré de dimensions identiques. 15


I. Les origines du passé

La ville espagnole dans un contexte indien Pendant le pouvoir du Virrey Toledo1 (1570-1580), les espagnols ont créé des villes indigènes pour regrouper et contrôler la population amérindienne qui était alors dispersés sur le territoire. Des lois appelés « Las Reducciones »2 ont été instaurées imposant le modèle espagnol, l’évangélisation et contrôlant le travail des indigènes. Voulant imposer leur religion chrétienne, les espagnols vont implanter des édifices religieux à la place des monuments ancestraux. Ce sont les seuls bâtiments qui seront construits par les espagnols dans les villes indiennes. Presque tous les espaces cérémoniels ancestraux seront détruits. Heurtant profondément leurs croyances traditionnelles, tout cela sera difficilement accepté par les indiens. Au fur et à mesure des années, les espagnols ont compris l’importance des relations qu’ils pouvaient entretenir avec les indiens et de l’échange réciproque en terme de travail. L’expansion des villes espagnoles en direction des villes indiennes et l’intégration de 1  Francisco Alvarez de Toledo, était un aristocrate et militaire du Royaume d’Espagne, qui était le cinquième vice-roi (Virrey) du Pérou. 2  Des réductions indigènes, également appelés missions, étaient des villes où les Indiens se sont installés à l’époque coloniale, séparés des villes espagnoles, avec la finalité d’une évangélisation.

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la civilisation indienne dans la culture espagnole et inversement, vont créer de nouveaux codes et progressivement unir ces deux civilisations. Ceci va avoir des incidences directes dans la composition des nouveaux quartiers : l’orthogonalité de la trame d’origine va se fragmenter et se confronter au contexte social des indiens et aux contraintes topologiques du terrain. Dans un premier temps (voir carte ci-contre), la ville indigène avait une disposition dispersée mais qui fonctionnait autour d’un Tambo par lequel passait l’ancienne route commerciale.Le Tambo, comme générateur d’économie, sera le centre plus tard de l’expansion de la ville indigène. A contrario, l’expansion coloniale de la Paz s’est étendue vers la rivière Choqueyapu. La « norme »3 culturelle, urbaine et sociale qui avait été programmée à l’avance par les espagnols va s’adapter petit à petit pour intégrer progressivement les civilisations indiennes. Sans oublier l’importance des villes coloniales qui ont apporté à l’évolution constructive des 3  Mise en place des réduccions


I. Les origines du passé

civilisations indigènes, mais qui entraina aussi des différences entre indiens et européens. C’est le cas à La Paz qui présente un tissu urbain colonial et indien qui créa à l’époque colonial une ségrégation racial et qui aujourd’hui se traduit par une autre inégalité plus économique et sociale. En effet « l’architecture commença avec les premières traces de la ville »1 Dans le cas de La Paz ces traces qui montrent une ségrégation vont d’influencer la ville d’aujourd’hui. Il va se créer différents quartiers différenciés par la classe économique et social de l’habitant, par exemple « la zona sur2 ».

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ROSSI, Aldo, L’architecture de la ville

2  La zona sur est un ensemble de quartiers d’économie remarquable et élitiste dans les années 90

CUADROS, Alvaro, La Paz

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I. Les origines du passé

3. Potosi, vers une occidentalisation architecturale. A côté de Porco qui était une ancienne mine Inca, se trouve la « Cerro Rico »1. Cette montagne sacré pour les indiens, s’est révélée être une considérable mine d’argent. Cette découverte entraîna la construction de la ville de Potosi fondé en 1545 sous les ordres du capitaine « Juan Villaroel »2 pour exploiter cette mine. Grâce à l’argent extrait en quantités colossales, Potosi se développa considérablement. L’empereur Carlos V lui donna le statut de « Villa Imperial », ainsi qu’un blason à son effigie. La ville devient un centre économique très important. Elle attire beaucoup de monde et entraine des ségrégations entre les Criollos3, les indigènes nobles, les métisses, les indiens et les esclaves.

Description du Cerro Rico e Imperial Villa de Potosí Gaspar Miguel de Berrío,1758 Potosí, Bolivie

En 1630 Potosí atteint les 160 000 habitants. C’est la ville la plus peuplée d’Amérique à cette époque qui devance les villes de Paris et Londres. Les richesses produites par la mine vont enrichir la couronne espagnole et vont pouvoir favoriser 1  Cerro Rico : traduction « montagne riche » 2  Juan de Villarroel était capitaine à l’époque de la conquête, qui a découvert l’énorme richesse du célèbre Cerro Rico de Potosi. 3  Espagnols nées en Amérique

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I. Les origines du passé

les arts et les constructions dans un contexte d’expansion territoriale et commerciale. Potosí sera un témoignage de l’architecture coloniale. Elle est considérée comme patrimoine de l’Unesco depuis 1987.

Photographie Casa Nacional de la Moneda, Potosí, Bolivie

a) Casa de la Moneda Les richesses découvertes à Potosí vont faire de cette ville le centre de la Bolivie au XVI siècle. C’est une ville où s’implante des architectures de d’origine européenne diverses. L’un des bâtiments le plus emblématique est La casa de la moneda construit de 1759 à 1773. C’est Virrey Toledo 1 qui ordonne en 1572, la construction de bâtiments publics nécessaires pour l’extension de la ville en pleine croissance. Ces infrastructures et équipements sont la reproduction du schéma espagnol institutionnel et 1  Francisco Alvarez de Toledo, était un aristocrate et militaire du Royaume d’Espagne, qui était le cinquième vice-roi (Virrey) du Pérou.

économique. Il sera construit : La Casa de Fundicion y de Moneda, qui servirent à la confection des pièces d’argent, marqué par son esthétique baroque. C’est un bâtiment qui montre la véritable position économique de Potosí. Il est le reflet de l’Espagne montrant sa puissance culturelle et économique et imposant la culture occidentale dans son architecture. Cependant on y trouve quelques hybridations dans les systèmes techniques de production : les fours par exemple reprennent la forme et le système de fondation que les indiens développaient avant leur arrivée. On est déjà dans un principe d’appropriation des techniques qui vont être développées plus tard.

Façade Casa Nacional de la Moneda, 1772 Potosí, Bolivie

La casa de la moneda est aujourd’hui un musée qui illustre l’apogée de Potosí de l’époque, lorsque le territoire attirait les européens. L’architecture à Potosí est un patrimoine européen qui aujourd’hui appartient aux Boliviens. C’est un élément fondamental pour la construction d’une nouvelle architecture avec des codes qui vont être réinterprètes par l’influence précolombienne. C’est l’intégration des amérindiens à travers les villes coloniales espagnoles qui vont donner naissance à de nouveaux termes architecturaux comme Baroque-métis2 Plan Casa Nacional de la Moneda, 1772 Potosí, Bolivie 2  Baroque--métis, Dérivé du mot portugais qui signifie impur Barrueco panaché extravagant audace, l’exemple le plus frappant est l’art andin dans l’architecture religieuse, où les artisans indigènes ont donné un caractère unique au baroque 19


I. Les origines du passé

4. Resistance du patrimoine Comment ces civilisations ancestrales ont pu résister au temps et confrontation des nouvelles cultures? Les Chiripas n’ont pas pu résister à la apparition des nouvelles cultures plus évoluées et plus puissantes, la civilisation Tiwanaku a pris leur place intégrant leur culture et se réappropriant leurs monuments cérémoniels. Les Tiwanaku à leur tour, ont disparu et seront dominés par la culture Aymara. Que reste-t-il aujourd’hui de ces deux civilisations disparues ? La civilisation Tiwanaku présente aujourd’hui les vestiges les plus majestueux de l’époque précolombienne. Il conserve en lui, les espaces cérémonielles qui ont intégré ceux des Chiripas. Grâce aux matériaux utilisés dans ces constructions comme la pierre, ces monuments imposants et solides ont pu résister au temps. Et également des iconographies reproduites dans les architectures futures. Les savoir-faire des Chiripas et des Tiwanaku perdurent aujourd’hui autour du Lac Titicaca dans le village nommé Sampaya. Il s’agit de constructions en pierre, et de toit en paille. L’arrivée des colons a profondément bouleversé les 20 20

cultures déjà présentes. Ils n’ont pas pu effacé dans leur totalité les cultures traditionnelles ancestrales. Néanmoins, ils sont venus avec un esprit de domination. Les espagnoles voulaient imposer leur culture. Ils n’avaient pas l’intention au départ de se mélanger. Ils n’ont pas voulu intégrer les civilisations pré-existantes dans leur composition. Ils se sont mis à l’écart, avec des architectures et un urbanisme qui leur est propre et qui était complètement différents des cultures pré-existantes. On peut donc parler d’une confrontation de deux cultures. Cette séparation est une forme de conservation réciproque de chacune de ces deux cultures. On peut parler également d’une architecture dominante et d’une architecture dominée. La proximité de ces deux cultures, l’une dominée et l’autre dominante, conduit à une perte du patrimoine de la partie dominée. Les espagnoles vont contrôler, imposer l’évangélisation et influencer les indigènes. Dans un premier temps les seuls interventions architecturales dans les villes indiennes sont les Eglises. Elles vont prendre une nouvelle forme différente des églises habituellement construite par les espagnoles.


I. Les origines du passé

Bien qu’influencées et contrôlées par les espagnoles, conquête espagnole et leurs principes hispaniques. les villes indiennes ont donc au début été relativement Ils sont aujourd’hui isolés sur l’altiplano bolivien peu touchée au niveau architectural. pour maintenir leur culture. Leur architecture est montré comme vestige précolombien et conserve la Une résistance face à la domination espagnole même fonction d’habiter qu’à l’époque. s’est instaurée de plusieurs manières. Les cultures Chipayas, descendants directs des Wankaranis, L’héritage des tiwanakus va rester marquer dans ont décidé de s’isoler et de s’éloigner de cette leurs monuments en pierre. Les représentations confrontation. Ils ont pu ainsi conserver leur de leur dieu et des personnages sculptés en pierre culture, leur patrimoine dans toute son intégrité. Un ont une valeur historique, car la culture tiwanaku patrimoine qui date des premières origines andines, arrive à avoir un statut d’empire. Aujourd’hui ces qui n’a pas été modifié. iconographies sont des éléments qui appartiennent à une construction identitaire. A la différence des Chipayas, les Aymaras ont côtoyé les espagnoles mais on pu résisté à un certain degré à La culture aymara est la représentation de l’influence cette confrontation. Ils ont acceptés l’évangélisation de toutes les cultures andines de l’altiplano bolivien, et leurs modes de vie. Ils se sont intégrés mais par cette résistance culturelle a une valeur historique qui la force de leur culture et de leur langue, ils ont pu a permis aujourd’hui d’influencer la culture aymara, résister à la culture espagnole dominante dans une car la population parle encore la langue et réalise certaine mesure. En effet, l’influence espagnole des événements traditionnels comme les danses étant si importante, les cultures aymara ont évolué autochtones et rites ancestraux à la pachamama. Ces et se sont peu à peu transformées. événements vont créer des scénarios urbains qui ont des répercussions sur la ville. A l’époque Précolombienne, les cultures qui se succédaient héritait d’un savoir-faire, de coutumes, La façon de construire des aymaras est toujours de croyances qui influencait les cultures qui pratiquées sur l’altiplano bolivien. Aujourd’hui on suivirent. Par exemple : la culture Wankaranis retrouve des constructions vernaculaires avec la influenca le savoir-faire et les coutumes de la philosophie ancestrale comme le principe de « El ayllu culture Chipayas. Cependant ils vont se heurter à la » des Chiripas, repris par les aymaras aujourd’hui. 21


I. Les origines du passé

Reconstruction du disposition des constructions,

Reconstruction du centre cérémonial de Chiripas,

Reconstruction du centre cérémonial de Tiwanaku,

ESCALANTE, Javier, Arquitectura prehispánica en los Andes bolivianos, La Paz, 1997

ESCALANTE, Javier, Arquitectura prehispánica en los Andes bolivianos, La Paz, 1997

ESCALANTE, Javier, Arquitectura prehispánica en los Andes bolivianos, La Paz, 1997

Avant Aujourd’hui

22 22

Maison Chipaya

Maison Chiripa

Maison Tiwanaku

Templete semisubterraneo et le temple Kalasasaya

Oruro, Bolivie

Lac Titicaca, La Paz, Bolivie

La Paz, Bolivie

Tiwanaku, La Paz, Bolivie


I. Les origines du passé

La Paz 1781, OLIVARES,

Casa de la Moneda

La Paz colonial un paseo por la ciudad

Potosí, Bolivie

Reconstruction du centre Monuments aux morts Aymra, ESCALANTE, Javier, Arquitectura prehispánica en los Andes bolivianos, La Paz, 1997

Chulpar, à el Parque Nacional de

Museo Nacional de Arte

Museo Nacional de Etnografia

Casa de la Moneda

Sajama, Oruro, Bolivie

La Paz, Bolivie

y Folklore, La Paz, Bolivie

Potosí, Bolivie 23


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II.- Le Métissage un éclecticisme Le métissage n’est pas qu’un mélange racial sinon aussi des activités produites par l’être humain, c’est l’assimilation d’une hybridation culturelle où les coutumes vont prendre plusieurs valeurs. Dans le cas de la Bolivie c’est le commencement d’une nouvelle société qui réincorpore des éléments iconographiques précédents (précolombiens) aux compositions d’influence européenne. A l’époque d’évangélisation, on peut voir l’importance qu’avait les représentations graphiques dans les églises. L’apprentissage de la religion aux amérindiennes, qui ne savaient pas lire, se faisait par l’intermédiaire de ces images. A cette époque, la puissance espagnole s’exprimait dans l’art et la construction des monuments, qui pouvaient être une arme plus efficace que les canons pour étouffer les rébellions. L’art prend plus d’importance dans la conscience collective avec l’incorporation des iconographies précolombiennes dans la religion chrétienne. En effet le caractère symbolique dans les architectures crée des questionnements d’esthétique dans les édifices religieux. Depuis ce métissage entre la culture précolombienne et la culture amenée par les conquistadors, l’architecture bolivienne a essayé de se chercher de nouveaux avenirs. Un éclectisme stylistique prend forme, où les architectures occidentales sont appropriées et réinterprétées. La croissance rapide de la capitale, La Paz, crée des extensions de ville qui vont donner deux influences dans l’urbanisme et l’architecture. Des hybridations vont avoir comme conséquence les questions complexes de sa constitution et ses origines.

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II.- Le Métissage un éclecticisme

1. La réinterprétation du baroque dans le métissage a) Baroque métis de Potosí Le terme baroco vient de la langue portugaise et signifie une perle déformée, impure, extravagante, audacieuse et chargée . Après la colonisation au cours des XVI et XVII siècles, les édifices construient à Potosí avaient dans leur majorité une influence Renaissance. Cette tendance a été remplacée plus tard par le baroque au XVIII siècle, avec ses caractéristiques d’extravagances dans les décorations et des ornements. C’est le baroque qui est à l’origine du baroque métis, lequel a le même principe de décoration abondante du baroque, mais avec l’insertion des iconographies locales, dite natives.

La virgen del cerro, XVIII Museo de la Moneda

Les bâtiments construits vont intégrer des iconographies en rapport à la faune et à la flore tropicale du site. Les motifs implantés ont un caractère précolombien, reprenant en particulier des icônes comme le soleil, la lune, le puma, etc. Ces motifs sont bien évidement incorporés dans les éléments iconographiques chrétiens, créant un métissage. Dans les églises européennes à l’époque baroque, les retables sont normalement disposées à l’intérieur

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comme décor principal, mais dans le baroque métis la morphologie des églises est différente. En effet l’assemblée indigène est nombreuse a assister aux cérémonies, et donc la messe se réalise à l’extérieur. En conséquence, les retables seront exposés sur les façades principales extérieures pour montrer la puissance de l’Eglise. La représentation métisse commence dans la ville de Potosí avec l’église de San Lorenzo construite en 1548. Elle a en effet des iconographies natives dans sa façade principale, où les cariatides contiennent des images de personnages natifs, des sirènes qui jouent le charango1, ou encore des décors de faune tropicale sur ses colonnes. L’église Santa Teresa (construite entre 1685 et 1692) se caractérise par des couleurs vives, une entrée flanquée de deux colonnes construite en pierre, un retable comprenant une couronne à trois niches. Son style est baroque métis, ou Barroco Méstizos nouveau terme qui apparaît dans l’histoire de la Bolivie.

1  Charango, La charango était un instrument de musique à cordes pincées inspiré de la guitare et originaire de la Bolivie.


II.- Le Métissage un éclecticisme

Grâce à l’intervention des indigènes dans la construction des édifices religieux catholiques, le langage architectural va être différent des codes édictés en Europe. Dans ces deux exemples, on voit un échange culturel avec une réinterprétation des codes et des icônes précolombiens dans une architecture issue du baroque espagnol.

Église San Lorenzo de Carangas Potosí, Bolivie

Le baroque métis reflète les premiers indices d’une hybridation des iconographies dans les bâtiments, mais ce n’est pas encore une appropriation architecturale. On parlera plus d’une réinterprétation d’une esthétique étrangère, qui a du s’adapter dans un contexte indigène et qui a répondu à des codes ancestraux. L’intégration des codes locaux (motifs, couleurs) dans une architecture de caractère européenne tel que le baroque constitue un métissage qui donne une direction dans la recherche d’une nouvelle construction identitaire. Musée Santa Teresa

Compañia de Jesus

Potosí, Bolivie

Potosí, Bolivie

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II.- Le Métissage un éclecticisme

b) Les Missions Jésuites à Santa Cruz L’évangélisation dans la région tropicale d’Amérique du Sud a été effectuée par différents ordres religieux, parmi lesquels on trouvait les Jésuites et les Franciscains. En 1540, Ignacio de Loyola1 avait donné l’ordre d’évangéliser le nouveau monde . À la fin du XVII siècle, les missions Jésuites s’établissent en Bolivie, en particulier dans la région de Chiquitos. La première mission est fondée comme San Francisco Xavier en 1691, et s’achève en 1767, date à laquelle la compagnie de Jésus est expulsée d’Espagne et d’Amérique. La conséquence est la disparition assez certaine des Missions en Argentine, au Paraguay et au Brésil. Mais en Bolivie cette démarche d’évangélisation a perdurée jusqu’à nos jours.

Eglise San Javier Santa Cruz, Bolivie

Le Père suisse Marin Shmid , architecte et musicien, a été le créateur de l’église avec un style baroque métisse qui incorpore dans sa construction l’utilisation des matériaux de site .Le bois utilisé rend son architecture particulièrement bien identifiable. Ce sont les indiens qui construisaient l’églises, et en effet les techniques de construction mises en œuvre témoignent des savoirs précolombiens. La décoration et les sculptures sont des iconographies 1  Íñigo López de Loyola, francisé en Ignace de Loyola (né le 24 décembre 1491note 1 à Azpeitia dans le Pays basque espagnol

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II.- Le Métissage un éclecticisme

qui représentent un baroque métis, décors qui appartiennent à la culture indienne. L’église de moxos1 et de chiquitos se caractérisent par leur composition à trois nefs, avec un toit en bois à deux pentes soutenues par des poteaux en bois provenant d’un cèdre appelé « horcones »2. La construction vernaculaire des indiens Pahuichi va se refléter dans plusieurs églises, notamment celle de San Javier, qui est construite avec une structure en bois traitéd’une façon vernaculaire traditionnelle. Des troncs qui ont des racines légèrement brûlées sont traités avec étoupe et goudron, pour faire des fondations résistantes à la putréfaction. Disposé dans les nefs latérales, tout le système structurel en bois est indépendant des murs.

Pahuichi Santa Cruz, Bolivie

La particularité des missions Jésuites est son intégration religieuse à travers les arts, la musique, la sculpture, la peinture. C’est ce qui en fait aujourd’hui un identité pour les indigènes, qui se sont appropriés des savoirs, et ont conservés leurs anciennes pratiques qui sont toujours utilisées aujourd’hui et continueront à l’être dans les générations futures.

1  Los moxos ou mojos son une ethnie au Nord Est de la Bolivie

Des troncs qui ont des racines légèrement brûlées sont traités avec étoupe et goudron, pour faire des fondations résistantes à la putréfaction 2

Eglise San Javier Santa Cruz, Bolivie

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II.- Le Métissage un éclecticisme

2. Décodification de l’architecture occidentale. L’architecture coloniale souhaitait s’imposer, en étant majestueuse, dans un territoire qui n’avait évidemment pas les mêmes caractéristiques que l’Espagne. Les sociétés indiennes vont reprocher aux espagnols d’imposer cette culture et cette architecture qui ne leur appartenait pas. La religion chrétienne a alors été un moyen de liaison culturelle entre les colons et les indiens, elle va remplacer progressivement les religions anciennes. Cette origine va changer la vision espagnole de la morphologie des bâtiments, et elle va être modifiés en particulier dans les villes indiennes. C’est dans l’altiplano andin qu’on va voir la décodification des églises dans les villes indigènes. Les croyances indiennes vont évoluées, depuis l’implantation des églises dans l’altiplano, lorsque les dieux adorés et les croyances locales vont être remplacés, puis réappropriés plus tard. Le dieu Viracocha, le grand astre créateur de l’humanité va être remplacé par le dieu catholique. La déesse de la terre, la Pachamama, va être remplacée par la vierge Maria. Dans l’époque précolombienne la montagne est un élément sacré, sera remplacé par la vierge durant l’évangélisation. A Potosí, le tableau de La Virgen del Cerro est un témoin évident de ce processus. 30

Édifices religieux dans les villes indiennes La Basílica de Nuestra Señora de Copacabana est un édifice construit entre 1610 et 1651, avec un style Renaissance. Cette basilique est marqué par la présence d’une magnifique sculpture de la vierge de la Candelaria, ou vierge Morena réalisé par un amérindien appelé Tito Yupanqui 1. La caractéristique principale de cet édifice est l’intégration d’un atrium extérieur, qui est destinée à l’assemblée d’indiens pour l’évangélisation. Il est entouré de las posas, petites chapelles installées autour du temple servant à faire des pauses progressives dans les processions. La chapelle ouverte ou chapelle des indiens est adossée au temple où est prêché la messe. La peur des voûtes et la coutume traditionnelle ancestrale des rites précolombiens en espaces ouverts obligent à créer des chapelles ouvertes. La culture indienne a toujours vénérée la Terre et le soleil, les deux éléments primordiaux pour eux. C’est la raison pour laquelle les églises vont avoir un 1  Tito Yupanqui, descendant direct de Tupac Yupanqui, l’empereur Inca qui régna entre 1471 et 1493).


II.- Le Métissage un éclecticisme

parvis important pour la réalisation de la messe. L’église de Curahuara de Carangas est construite en terre et en paille. L’église de Carabuco, construite au XVIe siècle, est en adobe. L’église de Tiwanaku, achevée en 1612 est construite en pierre, avec une inspiration métisse incorporant des signes et masques. Il intègre des gargouilles en têtes de puma, et une inspiration précolombienne dans son intégralité. À cette époque, l’église est l’origine de l’urbanisation des villes, le moyen pour le développement : où il y a une église il y a une ville. Les églises dans l’altiplano bolivien vont avoir un caractère vernaculaire dans leurs techniques de constructions. L’adobe que les Wankaranis utilisent traditionnellement, la paille utilisée dans les toits des Chiripas et la peinture sur les murs des Aymaras vont donner un nouveau caractère aux églises. Dans l’église de Tiwanaku, l’intégration des monolithes dans l’entrée de l’église et des gargouilles qui ont des morphologies animales trouvent leurs origines dans les sculptures et céramiques du peuple Tiwanaku. L’hybridation des religions crée des pérégrinations religieuses, où las posas apparaissent à l’extérieur des églises et forment une limite autour, créant ainsi un espace central cérémoniel à ciel ouvert comme dans les lieux de cultes traditionnels des Chiripas où des Tiwanakus.

Posas

Eglise de Curahuara de Carangas, La Paz, Bolivie

Chapelle exterieure

Atrium Posas

Eglise de Curahuara de Carangas, La Paz, Bolivie

Basilique de Copacabana

Eglise de Tiwanaku, La Paz, Bolivie

La Paz, Bolivie 31


II.- Le Métissage un éclecticisme

4. La Paz hybride a) Miraflores éclectique

La ville de la Paz, s’est considérablement développée au XXème siècle avec l’arrivée du courant moderne et différents courants internationaux. La Paz va avoir une expansion créant des nouveaux quartiers hétérogènes dans leur architecture.

Un architecte célèbre du XX siècle appelé Emilio Villanueva1, concevra avec son influence européenne, une révolutionnaire position sur l’urbanisme et l’architecture moderne avec une tendance du néo-tiwanaku.

La croissance économique de la capitale politique de la Bolivie, se trouve avec des secteurs de la bourgeoisie comme la classe sociale dominante qui effectuent des voyages à l’étranger. À la fin du XIXe siècle les constructions s’inspirent des influences européenne.

Emilio Villanueva est l’architecte urbaniste le plus célèbre de l’époque moderne en Bolivie, qui a étudié à Paris (1925 et 1927). Il va structurer la ville avec la création de l’avenue Mariscal Santa Cruz qui est la porte nord de la ville, ce qui pourrait distribuer la circulation automobile et soulager le centreville. Dans cette structuration l’avenue Camacho servirait d’accès à Miraflores, (un nouveau quartier de la ville), qui démarre de la Place de l’Obelisco, connecte avec l’avenue Bolivar et termine dans la place du stade appelé Tiwanaku à l’époque. La nouvelle avenue Camacho présente une perspective directe à al Illimani qui est le symbole de la ville.

La croissance démographique de la ville, apporte divers problèmes. La conséquence de l’exode rural produit une planification et une réorganisation de la ville. La capitale est confrontée à des tentions politiques. La voie publique est une nouvelle scène politique nationale et internationale.

La planification urbaine de Miraflores « la cité jardin»2 va avoir un tracé urbain d’influence anglaise 1  Architecte, urbaniste et théoricien de l’architecture (1882-1970)

CUADROS, Alvaro, La Paz

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2  La Cité-jardin est un concept théorisé par l’urbaniste britannique Ebenezer Howard en 1898, dans son livre Tomorrow-. A peaceful path to real reform


II.- Le Métissage un éclecticisme

avec un réseau direct entre équipements et espaces publics. Les réseaux des voies principales créent une grille orthogonale. En résultat de cette projection urbaine, des nouveaux bâtiments sont intégrées le long. Les bâtiments le plus remarquables sont l’hôpital Obrero et l’édifice de YPFB1. Si bien il y a une projection urbaine à Miraflores est d’influence européenne, les principales espaces publiques de ce réseau, comme la place du stade va reconstituer le fameux espace cérémoniel des tiwanakus. Ainsi dans ce réseau, la place Uyuni intègre un tour dans son espace publique, ce tour qui a des codes du Big ben à Londres.

Les tendances de Villanueva sont acapées par la population ouvrière comme un icône de révolution. Cette démarche donne cours à la construction du Monoblock qui est le bâtiment principal de l’Universidad Mayor de San Andres (image p 35). Ce bâtiment est une réinterprétation des Monolithes de la civilisation des tiwanakus morphologiquement. Sa volumétrie reprend de telle manière des principes Chiripas Urunsaya (dessous) donc dans les espaces latéraux du bâtiment s’implantent des jardins enterrent. Ce bâtiment représente la recherche d’un nouveau langage identitaire populaire.

Depuis avoir une influence européenne des écoles françaises du modernisme éclectique, Villanueva reprend les racines architecturales vernaculaires des cultures précolombiennes andines des Tiwanakus qui vont s’implanter dans une construction moderne avec des iconographies des cultures précolombiennes, il reprend des esthétiques tiwanakotas dans leurs façades qui met en question l’architecture nationale. À cette époque, le modernisme prend une direction qui change la démarche architecturele traditionnelle, la construction du stade Tiwanaku à La Paz. Sous une conception qui serait perceptible des influences modernes le-corbusiennes et le néo-tiwanaku. Évolution du trace urbain de la ville 1  YPFB : Yacimientos Petrolíferos Fiscales Bolivianos-Corporación : Réserves pétrolières fiscales de la société bolivienne

CUADROS, Alvaro, La Paz

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II.- Le Métissage un éclecticisme

Place Stade Hernando Siles Suazo

Place Villaroel

CUADROS, Alvaro, La Paz

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Place Uyuni


II.- Le Métissage un éclecticisme

l’ espace public reprend le principe des Chiripas Jardin sous terre

Disposition spatiale, croix andine Université Saint Andres, Monoblock central La Paz, Bolivie 35


II.- Le Métissage un éclecticisme

b) El Alto, une expansion spontanée L’expension de la Paz s’étend au Nord de la Paz. Cependant elle se présente sous une forme différente de celle de Miraflores. Tout commence avec la guerre « Chaco »1 en 1932 et la révolution des mineurs en 1952 qui ont occasionnées des migrations vers l’extention Nord de la Paz qui deviendra par la suite une ville indépendante : la ville de El Alto. Au début des années quarante une planification urbaine est instauré sur le quartier de Villa Dolores. Il s’est développé en 1942 et reprend la trace orthogonale coloniale de Damero, cette trame est limitée par la voie ferrée de Oruro et Viacha. La question de l’insertion des équipements publics ainsi que la hiérarchisation des voies n’avait pas été suffisamment réfléchie à l’avance. L’extension de El Alto se poursuit dans les années cinquante, six quartiers vont intégrer El Alto : Bolivar, 12 de Octubre, Villa Dolores, 16 de Julio, Ballivian et Alto Lima. La nouvelle planification urbaine commence par des programmes de logements, Ciudad Satelite avec une trame orthogonale rectangulaire particulièrement adaptés pour une division parcellaire dédiée aux logements. CUADROS, Alvaro, La Paz

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1  La guerre du Chaco qui se déroula entre 1932 et 1935 opposa la Bolivie et le Paraguay.

La ville d’El Alto a apporté, avec son expansion, une architecture de caractère rural. L’origine de cette expansion a produite une architecture particulière qui va évoluer progressivement. Tout d’abord les bâtiments ont été auto-construits d’une façon vernaculaire comme à la campagne, où l’architecture précolombienne est encore présente, bien qu’aujourd’hui, ces quartiers présentent des architectures assez éclectiques.


II.- Le Métissage un éclecticisme

4. Appropriation de l’architecture occidentale, une perte du patrimoine ? Cette appropriation de la culture précolombienne par différents courants architecturaux occidentaux peut-elle être une forme de conservation du patrimoine ? L’interêt des cultures précolombiennes et leur intégration dans l’architecture ont été inégale dans l’évolution de l’histoire de l’architecture en Bolivie. On peut identifier une première période (du XVI siècle au XVIII siècle) où se produit une intégration progressive aboutissant à une réelle appropriation. Elle est suivit d’une période où précolombiennes ont perdues de laissant place aux mouvements (classique, néo-classique, renaissance...).

les cultures leur intérêt républicains mouvement

La troisième période se situe lorsque le modernisme fait sont apparition dans un contexte d’expansions. Cette période est caractérisée par des reproductions et des collages des cultures précolombienne. L’hybridation entre les deux cultures se fait

au départ discrètement par l’intégration d’iconographies et des motifs précolombiens dans les Églises. On voit apparaître à ce moment là, la création de mouvement hybride (Néotiwanaku, baroque métisse).

architectures sont en quelque sorte un équilibre entre ces deux cultures qui peut à mon sens certainement faire partie du patrimoine. Cela permet une certaine conservation du patrimoine et perpétue la culture et les savoir-faire ancestraux.

La composition spatiale de celles-ci évolue ensuite en les adaptant aux pratiques cérémoniels des indiens : on organise l’espace extérieur de façon à ce que les indiens suivent les cérémonies en plein air. Enfin, l’appropriation devient totale en transposant les techniques et les savoirs-faire des indiens dans ces édifices religieux.

Pendant la période moderne, le regain d’intérêt pour les culture ancestrales se traduit par des réinterprétations, des reproduction et des collages.

L’usage spécifique de ces bâtiments ne reflète pas la culture précolombienne, elles sont en effet typiquement occidentales. Cependant, la participation des indiens et l’appropriation de leur esthétique permet une réelle valorisation de ces populations et de leur traditions. Les techniques ancestrales et les principes constructifs sont repris fidélement, ils sont simplement adaptés à l’échelle beaucoup plus grande que nécessite les équipements religieux de ce type. L’amplification de l’échelle met certainement en valeur l’identité originelle précolombienne. Ces

Les éléments ancestraux (morphologie spatiales, décors, compositions urbaines) sont repris mais ne sont pas reproduit dans leur contexte initiale : ils sont mélangés avec d’autres types d’architecture complètement différents. Ces reproductions perdent par conséquence leur force et leur véritable sens. En effet, dans l’éclectisme, on ne conserve pas l’intégralité d’une culture, mais on n’en prend que certains fragments. Ce collage d’une culture dans une autre génèrent obligatoirement des déformations, une perte de valeurs architecturales. C’est une réinterprétation qui de mon point de vue, ne peut pas faire partie du patrimoine.

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III.- Recherche d’une identité La recherche d’une identité architecturale bolivienne est aujourd’hui une préoccupation. Elle s’appuie sur diverses cultures et codes architecturaux hérités au cours de l’histoire bolivienne. La résistance des civilisations précolombiennes permet de maintenir son héritage et prendre part à l’imaginaire urbain de la ville actuelle de La Paz. Depuis la colonisation, une nouvelle histoire démarre dans les pays qui ont été conquis par les espagnols. La Bolivie fait partie de cette histoire où des termes comme le métissage, le baroque métis sont présents et conduisent à une appropriation discrète des architectures du type européen par les amérindiens. Parmi les appropriations architecturales, on peut citer celles des collages crées à Sucre par la bourgeoisie qui voulait révéler leur pouvoir économique. Suite à cette démarche, l’architecture du XIXe siècle crée le néo-tiwanaku qui est une réincorporation des décors précolombiens dans l’architecture moderne. Aujourd’hui cette résistance a permis d’incorporer des codes précolombiens dans l’architecture dans lesquels les sociétés populaires peuvent s’identifier. Actuellement la ville de La Paz introduit de plus en plus des mutations urbaines, des architectures émergentes qui créent des esthétiques identitaires de la résistance. Il se produit donc une appropriation et une réinterprétation des esthétiques précolombiennes. C’est en effet un amalgame qui s’opère entre les cultures ancestrales 38


et la culture internationale, entre l’urbain métis et le rural indigène. La culture bolivienne est d’une grande importance pour l’imaginaire bolivien. L’hybridation des cultures qui a commencé au départ par le mélange du baroque avec la culture précolombienne et aujourd’hui par le mélange de la globalisation et du local, produit une nouvelle société qui génère à la fois une homogénéisation et une fragmentation. La Bolivie est le lieu où se jouent l’affrontement et l’interpénétration des cultures locales et des médias globaux. Plus qu’un métissage, on parle ici d’un retour vers les origines, tout montre l’intérêt grandissant pour les civilisations précolombiennes à travers les arts, les fêtes traditionnelles ou encore la politique. Une nouvelle catégorie de population appelée Chola nom donné par Carlos Villagomez fait son apparition depuis le XXème siècle. Elle a de plus en plus d’influence dans la société. On fait face alors à un retournenement de la situation. Les civilisations précolombiene qui étaient au départ dominé par les espagnoles reprend par l’intérmédiaire de cette nouvelle bourgeoisie une importance certaine. L’univers chola prend de la valeur, et toute une économie se crée autour de cela. Il crée aujourd’hui une nouvelle identité propre à la Bolivie.

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III.- Recherche d’une identité

1. La Paz, scène traditionnelle. a) Fête, espace temporel Dans un pays où les coutumes traditionnelles reprennent de l’important, des événements culturaux racontent l’histoire des indigènes et des espagnoles dans l’époque coloniale, représentée par des danses comme la « morenada », « diablada »1, etc dans le carnaval de Oruro et le Gran Poder2 à La Paz..

CALDERON, Christian, Gran Poder

Oruro est la ville capitale du folklore bolivien. Un de plus grand carnaval de sud-Amérique s’y déroule (400 mille personnes environ). Cet événement est dédié à la vierge de Socavón3. Un défilé est composé de groupes différents dansant des compositions autochtones. Ces danses racontent l’histoire des cultures indiennes et espagnoles. C’est un événement hybride entre la religion et les croyances ancestrales. En effet, ces festivités andines célèbrent la Pachamama , la mère terre et également son équivalant dans la religion chrétienne : la vierge Marie. On célèbre également une autre divinité

1  La Diablada est une danse traditionnelle des hauts plateaux des Andes en Bolivie représentant l’affrontement entre les forces infernales et celles des anges et créée dans un but d’évangélisation. CALDERON, Christian, Gran Poder

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andine importante el Tio Supay4 qui est le dieu des montagnes, remplacé, lui, par le diable. Les événements culturels, mouvements artistiques et politiques, font partie de la construction de la ville. Ces événements folkloriques qui investissent l’espace urbain des villes influencent les architectures d’aujourd’hui. L’essor de cette nouvelle bourgeoisie jouent un rôle important dans l’architecture, puisque cette population construit pour eux-mêmes des architectures qui les ressemble. Elle garde un imaginaire teintée d’une vision populaire. La ville de La Paz se divise en quartiers très marqués par une ségrégation sociale où la nouvelle bourgeoisie Chola5 s’installe au quartier Uyustus qui est reconnu pour être commerçant. Ce quartier serait l’origine de la fête de Gran Poder mettant un exergue leur richesse, qui a comme scène la ville, un spectacle où la couleur, le mouvement et la musique, vont s’approprier peu à peu des espaces urbains.

2  La fête de Jesús del Gran Poder est une fête religieuse qui se réalise à La Paz, Bolivia.

4  Supay dieu de la mort, est associée à des rituels de mineurs.

3  Relatif aux mines.

5  Chola, surnom péjorative des métis, créé par espagnoles au 16ème siècle


III.- Recherche d’une identité

b) Influence de l’Art andin

Depuis l’existence des Tambos de l’époque précolombienne, appropriées après par les espagnoles comme espaces commerciaux, ils sont actuellement lieu de marché d’un espace de rencontre et d’échange culturale à La Paz. Pour l’imaginaire Paceño le marché crée une scène urbaine où les quartiers commerciaux autour montrent un pouvoir économique représenté dans l’architecture. En Bolivie les arts ont pris de plus en plus de force dans toutes ses expressions, Gaston Ugalde un artiste qui se caractérise par ses installations où des imaginaires politiques et andins ont une influence dans ces œuvres, réalise une remarquable installation appelé « Marcha por la vida ».Il crée un assemblage d e textiles, représentant diverses cultures andines. Il s’étend dans le hall principal du palais du gouvernemental. Cette installation engage le paysage bolivien, avec ses tissus attachés aux traditions des cultures andines, et représente le commerce, la politique et la tradition spirituelle, de l’histoire géographie de la Bolivie.

picturales avec des couleurs et formes particulières qui participent à l’identification des origines de cette société. Une société qui hypnotise par ses couleurs et ses formes. Ses peintures sont reproduites dans des affiches publiques, des calendriers, etc. Mais le plus remarquable est la reproduction de ces images sur des façades de bâtiments. Ces façades reflètent la culture de l’art d’un imaginaire collectif dans la partie occidentale de la Bolivie. Il est étonnant de constater qu’au cours de l’histoire, des artistes indigènes avaient produit des œuvres remarquables qui avaient eu une influence directe sur l’architecture. (Dans l’époque baroque métisse, Tito Yupanki descend des incas, réalise la sculpture de la Vierge Morena, qui conduit la construction de l’église de Copacabana à sa commémoration).

UGALDE, Gaston, Marcha por la vida,

MAMANI MAMANI

Inspiré des cultures andines Mamani Mamani, un artiste d’origine indienne produit des œuvres 41


III.- Recherche d’une identité

Politique renversement identitaire Parmi la fondation de MNR1 en 1941 et quand le parti prend le pouvoir en 1952 la nation se montre comme un état métisse, elle a comme objectif la construction d’un état moderne, mais avec un passé présent. À l’époque nationaliste des années quarante et cinquante, on reconnait le terme « cholos2 », un terme qui avait une expression péjorative à l’époque. En Bolivie l’élection de Evo Morales comme président de la République Bolivienne en 2005 a changé le regard de la population bolivienne vers un « renversement historique de la question indienne en Amérique latine »3 . Ce pays qui a une population métisse dans sa majorité refuse un système politique d’ordre colonial, où les civilisations indiennes sont exclues de la société. Manifestation à la Paz

Les origines aymaras d’Evo Morales permettent aux populations métisses de s’identifier en lui et de mieux affirmer leur statut social et leurs origines ancestrales. Ce renversement politique a eu une grande influence dans la production populaire de l’architecture et dans la nouvelle architecture Chola. Elle se caractérise par une affirmation de son identité.

Evo Morales, President de l‘État plurinational de Bolivie

1  Mouvement nationaliste révolutionnaire, partí politique. 2  Cholo, surnom péjorative des métis, créé par espagnoles au 16ème siècle 3  LE BOT, Yvon, Du refus à l’affirmation.

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III.- Recherche d’une identité

Céramique Tiwanaku,

Fête des miniatures,

La Paz, Bolivie

La Paz, Bolivie

Textiles femmes de l’altiplano,

Mamani Mamani,

La Paz, Bolivie

La Paz, Bolivie

Architecture Chola La Paz, Bolivia

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III.- Recherche d’une identité

UGALDE, Gaston, Marcha por la vida,

CALDERON, Christian, Gran Poder

Architecture Chola La Paz, Bolivia

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III.- Recherche d’une identité

2. Nouvelle architecture émergente, un éclectisme en recherche d’une identité Cette nouvelle architecture est un modèle postmoderniste. Il est marqué par des couleurs et des formes d’origines diverses (architecture néoclassique, précolombien, moderne). Le collage pratiqué dans le XXe siècle intégré au modernisme, nourrit aujourd’hui ces esthétiques qui confirment une philosophie d’art populaire. Cet art populaire fragmente et met en évidence la reproduction des esthétiques du passé. Les couleurs de la fête du Gran poder se reflètent dans les façades, avec des dessins exubérants qui représentent les valeurs de cet imaginaire. « plus de décors, plus de valeur » Dans un interview du journal La Razon à ville de La Paz, Monsieur Adolfo fait une remarque sur l’esthétique de son immeuble : Architecture Chola La Paz, Bolivia

« Il est comme les textiles andins, où se montre l’histoire de la famille et son origine. Dans la première partie on trouve un petit bateau en roseau dans le lac Titicaca car je viens de là bas, dans la deuxième partie on trouve la porte du soleil de Tiwanaku, à travers on peut voir l’Illimani qui emmène une rivière et huit tombes qui représentent les membres de la famille. Les couleurs ne sont mises là par l’hasard, elles ont été pensées à la Fraternité 45


III.- Recherche d’une identité

Maison, Monsieur Adolfo CANDELA, Gemma, Journal La Razón, 27 de mayo de 2012

de « los Fanaticos »1 » (membres du festival d’ El GranPoder)2.

se produit et qui s’appuie dans une continuité des réinterprétations des architectures du passé.

L’esthétique architecturale des bâtiments a une importance pour les propriétaires car c’est un témoignage de leur origine et de leur statut social. Le dessin et les couleurs des façades sont plus importants que la fonctionnalité spatiale du bâtiment.

a) Morphologie architectural, Esthétique et le témoignage du passé

Ces constructions ont eu une évolution progressive de sa volumétrie depuis une forme première qui est un héritage précolombien. Cette évolution traduit la croissance progressive d’une identité populaire. Le renversement social produit dans la population, la confirmation de ce modèle architecturale et son identification affective. Cette architecture est appréciée et considérée comme un style expressif de la ville par la population indigène, mais ne sont pas considérées comme de l’architecture pour d’autres. La survivance des expressions sociales des diverses cultures ont développé à La Paz la nouvelle architecture appelée chola. Elle remet en question l’intégrité des esthétiques traditionnelles dans les constructions des bâtiments. C’est en effet la multiplicité des origines conduit à une transformation et une altération des esthétiques ancestrales. C’est donc une nouvelle architecture émergeante qui 1  Los Fanaticos c’est une groupe de personnes qui participe aux danses du Gran Poder 2

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CANDELA, Gemma, Journal La Razón, 27 de mayo de 2012

Dans l’évolution morphologique des bâtiments au cours de l’histoire, on peut voir en premier une implantation précolombienne avec des caractéristiques orthogonales construites en terre ou pierre, une disposition de toiture à deux ou une pente construite en paille. Ces types de construction ont des caractéristiques simples et économiques. C’est principe morphologique sont repris aujourd’hui mais évolue avec la société actuelle. En effet, les morphologies architecturales du passé sont réinterprétées en les adaptant aux nouvelles techniques constructives et aux nouvelles tendances architecturales d’aujourd’hui. On peut noter l’importance que joue actuellement l’affirmation de la propriété privée, la délimitation entre espace privé et espace public va apparaître plus fortement. La reprise de principes morphologiques espagnoles sont également repris comme l’intégration du Patio espagnol dans les maisons indigènes. Le volume traditionnel des maisons d’autrefois va s’élever d’un étage. L’accès à cet étage se fait par un escalier extérieur qui en relation directe avec un balcon extérieur qui sert d’accès aux différents


III.- Recherche d’une identité

espaces. Les escaliers extérieurs avec un balcon qui donne sur le patio central sont des éléments qu’appartiennent à l’architecture espagnole. La hauteur en générale dans les bâtiments a une signification de progrès et de prestige social dans la culture andine. Et donc se vont construire des bâtiments en hauteur avec une volumétrie d’influence moderne. L’influence commerciale à La Paz génère des maisons qui sont adaptées au commerce avec une organisation spatiale particulière. Le rez-de-chaussée est réservé au commerce (magasins ou galerie commerciale qui ont un accès direct sur la rue). Aux étages supérieurs, on trouve des appartements qui sont loués où habités par des propriétaires. Ce modèle de maison plait énormément à la fois pour son esthétique particulière, pour sa typologie mais aussi pour son coût modéré. Ce modèle sera reproduit dans différents quartiers de la ville. À l’intérieur de ces bâtiments, dans les espaces commerciales notamment on retrouve des « copiéscollés » des représentations d’éléments du patrimoine occidental comme des arcades, des balustres et des colonnes. Mais on y retrouve aussi des iconographies de la culture précolombienne comme la croix andine, ce qui donne lieu à des collages précolombiens, classiques, modernes et contemporains. Schéma évolutife maison

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III.- Recherche d’une identité

3. L’identité fait-il un patrimoine ? Depuis le XXème siècle l’imaginaire bolivien est en recherche d’identité. Il cherche un style, une tendance qui lui soit propre car la mondialisation et les architectures « internationales » effacent et écrasent les valeurs locales. Plus qu’un métissage, on parle ici d’un retour vers les origines, tout montre l’intérêt grandissant pour les civilisations précolombiennes à travers les arts, les fêtes traditionnelles, la politique ou encore l’architecture. Ce retour aux origines est représenté par la bourgeoisie chola qui a de plus en plus d’influence dans la société. L’univers Chola prend de la valeur et crée aujourd’hui une identité propre à la Bolivie. La particularité de la ville de La Paz est d’appartenir aux Andes américaines et d’être à une altitude de 3200 à 4000 mètres. Cella participe de l’identification urbaines des populations et donne de l’importance à « l’esprit du lieu » ou comme on dirait en aymara « su ajayu ». Dans le livre « L’architecture de la ville », Aldo Rossi mentionne que la vision urbaine fonctionnelle va être remplacée par une vision plutôt culturelle et artistique. Rossi affirme que l’hétérogénéité des constructions urbaines forme une structure urbaine 48

sociale homogène. La société participe de cette construction et fait de l’urbain un espace culturel artistique. Cela se produit particulièrement à La Paz. Aujourd’hui La Paz traverse une époque chaotique faite d’hybridation mais qui est accepté par une certaine catégorie de la population. Cette construction urbaine hybride conduit à la construction de nouvelles architectures représentant des esthétiques qui appartiennent à une identité populaire chola. On ne peut pas définir cette architecture comme une architecture identitaire nationale car l’identité de la Bolivie est faite de divers contrastes culturels. Cette architecture est représentative d’une population particulière mais pas pour toute la Bolivie. On observe une confrontation et une résistance du local face à la mondialisation. Cette résistance utilise les médias actuelles pour montrer une caractéristique culturelle, ancestrales qui le rend identitaire et unique à l’opposé des mouvements internationaux qui uniformise et écrase les cultures anciennes et locales. Cette résistance se traduit au niveau culturel par l’appropriation des espaces urbains où se réalisent des fêtes traditionnelles, les manifestations politiques représenté par un


III.- Recherche d’une identité

gouvernement indien au pouvoir, également par les représentations artistiques qui forme une affirmation d’identité culturelle. Cette résistance se traduit également en architecture par des évolutions de morphologies anciennes, par des collages d’esthétiques différentes aussi bien sur les façades qu’à l’intérieur. La complexité de la ville de la Paz résulte d’une histoire sociale et d’une recherche d’identité par les populations chola, d’un retour vers des valeurs locales. L’image urbaine s’est constituée en partie par le regard des habitants et par leur recherche de singularité. De l’Espagne au nouveau monde, du précolombien au présent, l’identité latino-américaine se nourrit des nouvelles cultures, des mythes et des croyances représentées dans une religion hybride et une architectures qui reprend les codes du passé et produit depuis le métissage une nouvelle histoire en Bolivie.

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III.- Recherche d’une identité

Conclusion

L’action du temps, les dominations des cultures successives, la colonisation, l’occidentalisation, la modernité ont à plusieurs reprises menacés durant différentes époques de l’histoire les cultures locales et le patrimoine ancestral. Un héritage ancestral peut résister à ces menaces de deux manières. Un milieu naturel, un peuple ou une culture peut être étanche aux apports extérieurs, par exemple dans le cas où elle serait très isolée géographiquement (comme certaines îles où peuvent prospérer une faune et une flore endémiques). Ou bien un héritage peut subsister en étant réintégré dans une nouvelle culture qui s’inspire de diverses influences. L’intégration d’une société européenne colonisatrice dans un contexte indien a emmené de nouveaux savoirs, qui vont être pour la plupart appropriés par les peuples natifs. Suite à la confrontation entre les indigènes et les conquistadores, on a vu l’apparition sur le continent d’une culture importée et imposée par les espagnols, avec des architectures qui reflétaient les idées de leur société et de leur religion catholique. C’est quand deux cultures différentes partagent un même espace et un même contexte que le terme « métis » né. Ce métissage est constitué de l’héritage des croyances, des icones et de la culture constructive des peuples et des civilisations précolombiennes, qui sont injectés sur une architecture européenne délocalisée. Ce début d’hybridation discrète qui produira plus tard une appropriation des héritages occidentaux par les natifs boliviens. C’est à l’époque moderne que des reproductions des typologies architecturales et urbaines du passé précolombien ont été vraiment intégrées et appliquées dans les villes. Ces interventions qui ont marquées les esprits consistaient à réinterpréter des codes esthétiques du passé dans une architecture neuve, à la recherche d’une identité architecturale propre à la Bolivie. 50


III.- Recherche d’une identité

Avec la croissance rapide et désordonnée de la ville, La Paz est confrontée à une série de menaces d’une échelle plus grande, celles liées à la mondialisation. La population se crée des imaginaires locaux grâce aux arts, à la politique, à la culture pour faire face à cette menace. Il se produit alors une réincorporation des codes de l’héritage précolombien. Cette recombinaison, ou réinterprétation, crée de nouveaux imaginaires et une hybridation complexe mais identitaire pour la population. Aujourd’hui, l’héritage actuel est une superposition de ces trois processus : une confrontation et une séparation entre les conquistadores les natifs boliviens ; un métissage, et une hybridation des deux cultures ; et enfin un retour aux origines ancestrales et aux valeurs identitaires où les origines précolombiennes prennent le dessus sur la société. Le métissage a produit une série d’hybridations, où des nouvelles esthétiques et techniques constructives ont au fur et à mesure fait évoluer l’architecture, fusionnant l’héritage ancestral bolivien et l’apport de la culture hispanique. Aujourd’hui la population bolivienne s’y identifie. On ne peut cependant pas considérer cette architecture comme une identité nationale, car elle porte les codes architectoniques des cultures andines mais oublie les autres cultures moins puissantes, les influences des cultures amazoniennes notamment. Si cette architecture n’est pas à proprement parler un facteur d’identité nationale, c’est en tout cas une architecture à l’image d’une population métissée. Et cette identité collective nouvelle, cette culture architecturale partagée, inspirée des racines qui ont fabriquées la société bolivienne contemporaine, va renforcer la construction d’une résistance face à la globalisation qui tend à effacer la mémoire ancestrale locale. 51


III.- Recherche d’une identité

Anexes

Puerta del Sol, Tiwanaku

Musée d’ archéologie national, La Paz, Bolivia

Chullpar, au Parc National de Sajama Oruro, Bolivie

Architecture Chola La Paz, Bolivia

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III.- Recherche d’une identité

Resurrection, Kostroma

Louvre, Paris

La Bourse de la soie, Valence

Villa savoye, Poissy

Architecture Chola La Paz, Bolivia 53


Bibliographie Livres

Sites web

CUADROS BUSTOS, Alvaro. La Paz. La Paz, Bolivia. Éditions AGP. 2004.

www.lapaz.bo

ALVIZURI, Verushka, Le savant, le militant, et l’ aymara, Armand Colin, Paris, 2012 VENTURI, Robert, De l’ ambiguïté en architecture, Dunod, Paris, 1971 ROSSY, Aldo, L’ architecture de la ville, l’Equerre, Paris, 1981 Escalante Moscoso, Javier, Arquitectura prehispánica en los Andes bolivianos, La Paz, 1997 FISBACH Erich. La Bolivie, L’histoire chaotique d’un pays en quête de son histoire. Paris, France. Éditions du Temps. 2001 GUMUCIO – DRAGON Alfonso. BOLIVIE. Paris, France. Editions su Seuil. Collection Microcosme « Petite Planète ». 1981. LEMPERIERE, Annick, LOMNE, Georges, MARTINEZ, Frédéric. L’Amérique latine et les modèles européens. L’Harmattan. 1998. RUDEL Christian. La BOLIVIE. Paris, France. Éditions KARATHALA. 1995.

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www.skycrapercity.com www.la-razon.com. www.eldiario.net www.embolivia.org.br www.zetud.net www.bv.umsa.bo http://www.revues.org http://esenciasurbanas.blogspot.fr


Je souhaite adresser mes remerciements les plus sincères aux personnes qui m’ont apporté leur aide et qui ont contribué à l’élaboration de ce mémoire : Je tiens à remercier ma famille qui m’a permis de réaliser mes études dans le monde merveilleux de l’architecture, aux professeurs du master Metaphaur. Merci à toutes les amis qui m’ont apporté son soutien dans les dernier jours de travail, merci à la gentillesse de Eva, Max, Lau, Mati, Godo et Cemi, pour la patience de lire et corriger mon mémoire. Enfin, je remercie l’ENSACF qui m’a accueilli et gardé dans son établissement.

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