Magazine Gratuit Culture, Arts et Artistes Visuels de Franche-Comté et d’ailleurs Octobre 2014 Édition Besançon
UN ŒIL SUR Mélaine Richert EXPOSITION Christophe Roy LE DOSSIER Olivier Pautot
À LA UNE
#2
[ Artiste Plasticienne ]
[ Bodypainter ]
[ Photographe ]
HORS FRONTIÈRES Ilko Allexandroff
[ Illustrateur 3D ]
Yannick Lallemand
[ Peintre Numérique ]
Singer le monde
[ Instaclaque ] Murad Osmann #followmeto [ Débrief ] Bien Urbain, et les murs prennent vie [ La Recette ] Comprendre son Reflex
Ma muse m’amuse [ Coup de Patte ]
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Culture, Arts et Artistes Visuels de Franche-ComtÊ et d’ailleurs
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ÉDITO
3
ABILISCOM 47 av. Georges Clémenceau 25000 Besançon [Directeur de la publication] Stéphane Pellaton dirpub@degrekelvinmag.com
Merci. Grâce à vous, le premier numéro de
[Régie Publicitaire] Stéphane Pellaton Isabelle Mercier
Degré Kelvin a été un franc succès. Merci pour votre accueil. Merci pour vos nombreux messages. Merci pour vos selfies en compagnie du magazine, pour vos sollicitations, pour l’attention que vous avez portée aux artistes dont nous promouvons l’art. Tous ces remerciements, votre soutien les a mérités.
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[Directeur de création, Rédacteur en chef, Maquettiste Graphiste] Stéphane Pellaton [Secrétaire de rédaction] Samuel Balmeur [Équipe de création] Samuel Balmeur Marine Barret Samuel Deschaseaux Marc Jardot Jérémy Kartner Samy Khechkhouche Stéphane Pellaton redac@degrekelvinmag.com
[Vidéaste] (Internet) Samy Khechkhouche Disponible gratuitement dans plus de 215 points de dépôt à Besançon et Grand Besançon. Carte des points de dépôt disponible sur le site internet : www.degrekelvinmag.com [Distribution Besançon] Joséphine Martin distri@degrekelvinmag.com
[Photos de couverture et arrière de couverture] © Yannick Lallemand -Tous droits réservés
Vous avez été nombreux à exprimer votre impatience de lire ce nouveau numéro. Quel plaisir de se sentir espéré et attendu ! Quelle pression aussi ! Être à la hauteur de vos attentes demeure notre préoccupation majeure. C’est évidemment un défi, mais rassurez-vous : c’est le besoin de relever cet éternel défi qui nous anime ! Le deuxième volet de Degré Kelvin est plus riche. Son contenu est plus dense. Arts et artistes de Franche-Comté sont toujours en première ligne. Sous le feu chaleureux des projecteurs. En pleine lumière. L’équipe a également choisi d’inaugurer en plein format une nouvelle
rubrique : Hors Frontières est une fenêtre de curiosité découpée dans nos pages pour ouvrir nos horizons aux beautés qui dépassent les frontières de notre belle région. Enfin, nous tenons à saluer nos partenaires. Sans eux, ce projet ne pourrait voir le jour. N’hésitez pas à leur rendre visite et à utiliser les tickets promotionnels qu’ils mettent à votre disposition en page 7. En espérant que vous passerez un agréable moment à découvrir cette nouvelle édition. Bonne lecture. Stéphane Pellaton et toute l’équipe du magazine.
Et rendez-vous dans quelques semaines pour le prochain volet de Degré Kelvin Magazine !
Imprimé en France. Tirage : 10.000 exemplaires La rédaction n’est pas responsable des documents qui lui sont adressés et qui engagent la seule responsabilité de leurs auteurs (Visuels inclus). La reproduction, même partielle, des textes ou illustrations publiés dans ce numéro est interdite sans l’autorisation écrite préalable de l’éditeur.
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#2
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SOMMAIRE
#2 Octobre 2014
À LA UNE
9 17 24
EXPOSITION
HORS FRONTIÈRES
C ompren dre s on appare il photo Refl ex UN ŒIL SUR
39 [ÉVÉNEM EN T]
B i e n U r b a i n , e t l e s m urs p r e n n e nt v ie LE DOSSIER
53
Murad Osmann #follow meto Le jeu : Les 7 différences des transports en commun La planche : Ma muse m’amuse
[ PEI N TU RE N U M ÉRI Q U E]
Ya n ni c k L a l l e ma nd Singer le monde [ BO DYPA I N T]
C h ri s tophe R oy L a p e i n tu re d a n s l a p e a u [ PH OTO G RA PH I E]
Il ko A l l e x a n drof f F l a sh e u r a u g ra n d c œ u r LA RECETTE
34
[ A RT PLA STI Q U E ]
M é l a i n e R i c h e rt ME L N se d é m è n e DÉBRIEF
46 [ I LLU STRATI O N 3D ]
O l i v i e r Pa utot I l l u stra te u r 3 D : D i m e n si o n s i nconnue s INSTACLAQUE
60 64/65 COUP DE PATTE
#2
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LA SÉLECTION DE LA RÉDAC’
#2
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À LA UNE
[ PEI N TU RE N U M ÉRI Q U E]
Yannick Lallemand Singer le monde
Interview / Rédaction : Stéphane Pellaton / Samuel Balmeur
Un carton de pizza, une planche en contreplaqué et une tablette graphique se partagent un coin de bureau. Les trois objets ont un ami en commun : un peintre. Yannick Lallemand. Son dada, c’est plutôt le numérique, mais l’homme touche à tout. Même à la toile. Il aime disperser les couleurs sur des surfaces planes. Expérimenter.
L’illustration est une conversation à plusieurs au sein de laquelle le Bisontin prend volontiers la parole. Il y a l’auteur, le support et le matériau graphique. Et puis voilà que Degré Kelvin s’invite dans la discussion. En toute discrétion, l’équipe du magazine écoute l’orateur et relate sa vision.
#2
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À LA UNE
[PEINTURE NUMÉRIQUE]
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as d’ordinateur, ni de tablette graphique dans les parages. Yannick est debout. Seul. En face d’un chevalet. Au milieu d’un atelier où s’entassent ses travaux et ceux d’autres artistes avec lesquels il loue cet espace à la ville de Besançon. Un pochoir géant de Hulk étalé sur le sol, un vidéoprojecteur orienté vers un mur recouvert d’une toile, des posters du tigre dessiné pour le festival Détonation, l’imaginaire des occupants dévore l’endroit, exception faite du plafond. Posté à côté d’un bar recouvert de tubes de peinture, de feutres et de pinceaux, Yannick aspire une bouffée de tabac et la souffle au-dessus du crâne d’un phacochère en tenue de salary man. Un grand bocal bleu recueille les cendres de sa cigarette. Le peintre s’écarte de la toile pour évaluer le portrait de sa bête : « C’est pour un ami qui souhaite me l’acheter. Je ne pouvais pas lui vendre en l’état, il ne me plaisait pas. Alors, je le reprends. Ce n’est pas évident. » Dans les premières heures de son ravalement de façade, le mammifère exhibe un visage lisse, peu expressif. Un peu comme celui des vedettes de cinéma qui ont trop copiné avec le bistouri de leur chirurgien. Ou qui ont abusé du botox. L’animal est en réanimation. Son regard est mort, offert en pâture à une nouvelle couche de matière, à l’épaisseur de vie qui lui rendra sa superbe.
D
epuis peu, Yannick s’adonne à la peinture traditionnelle. Non pas qu’il délaisse le numérique, c’est juste que le pinceau complète son expérience de l’image. Ses premiers essais, il les couche sur des cartons de pizzas : « Les toiles coûtaient un peu cher. C’était surtout pour faire de l’illustration rigolote, parce que le support était assez marrant. Mes personnages étaient un peu déglingués, fous, avec de gros ‘noeils’ ».
L
es couleurs qui garnissent sa palette le rapprochent de la matière, d’une réalité plus dense que les impulsions électriques du numérique. La poésie n’est plus la même, la créativité palpite à une autre cadence. Le risque est plus franc, plus tentant, comme un coup de stylo à bille donné dans la marge d’un cahier d’écolier : « J’exploite le stylo bic depuis longtemps. Tous mes croquis sont réalisés avec cet outil. Avec lui, pas de retour en arrière. S’il y a plantage, on rattrape comme on peut. Il a un côté mise en danger. On ne peut pas le gommer. Cela demande un trait qui soit le plus sûr possible. Avec le numérique, par contre, on peut toujours revenir en arrière… »
L
’indispensable Ctrl+Z. Annuler un raté, quel luxe ! Avec le numérique, Yannick ose ce qu’il ne peut pas toujours oser sur toile : « Je réalise tout à la tablette graphique. Mise en couleur, traitement… On peut vraiment s’éclater sur les couleurs, procéder à des modifications. Au début, le numérique était surtout un terrain d’expérimentation, parce que je pouvais essayer plein de choses sans gâcher des toiles ».
#2
À LA UNE
[ PEI N TU RE N U M ÉRI Q U E]
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xpérimenter. Le verbe plaît. Il suggère tant. Dix ans de peinture numérique, et Yannick lorgne cette fois la surface du bois. Un support différent, original : « Le bois a un côté chaleureux. Sa couleur, son fond, le fait qu’il boive la peinture. Cela facilite grandement le travail et permet à la peinture de sécher plus vite. J’aime peindre en one shot. Le bois me donne plus de liberté. La toile, si elle est mal fixée, s’enfonce… J’ai une préférence pour le bois et pour mes bouts de carton ! »
« J’aimais beaucoup toute cette imagerie des pochettes CD de métal »
S
i Yannick bondit d’une plateforme artistique à l’autre avec autant de curiosité, c’est parce que son univers graphique est vaste. Personnages en tous genres peuplent ses créations, naissent dans des teintes qui mêlent variations de noir et couleurs criardes. Les visages sont rugueux, les textures abrasives : « J’ai commencé par des choses très sombres. Quand j’étais adolescent, j’aimais bien les trucs gothiques. Parce que ça m’éclatait, c’était mon délire du moment. J’avais de longs cheveux, j’étais barbu… J’aimais beaucoup toute cette imagerie des pochettes CD de métal, d’indus… Cet univers un peu sombre m’a bercé. Aujourd’hui, j’ai gardé ce petit côté grinçant. Mon univers, on peut dire qu’il reste sombre, mais beaucoup plus travaillé, illustré ».
P
our entrer dans l’œil, l’image force le passage, accroche les parois de la pupille. Elle ne cherche pas à marchander de la douceur ou à séduire. Elle impose son caractère, sans compromis. Et pourtant, on décèle dans ces œuvres une profonde humilité. L’anthropomorphisme des êtres qui posent sur les toiles de Yannick y est
sans doute pour quelque chose. L’homme devient animal. L’animal devient homme. L’humanité de ces animaux déstabilise. L’animalité de ces hommes surprend autant qu’elle nous semble évidente. Il y a comme une indicible faille. Comme si ces créations nous permettaient de nous reconnaître dans des traits qui sont ceux d’un autre visage. #2
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À LA UNE
[PEINTURE NUMÉRIQUE]
L
’omniprésence du singe dans le bestiaire de l’artiste n’est pas anodine : « Le singe est assez redondant. Je suis un peu darwiniste. Je ne crois pas en une Bible ou quoi que ce soit de religieux. Je crois en une évolution, d’où le fait que j’humanise le singe ». Représentation simiesque de l’homme, mais aussi regard critique sur son mode de vie, notamment celui du travail. D’où les personnages en costumes : « Il y a une certaine animalité dans le milieu du boulot, des tensions entre les travailleurs. Quand tu arrives, c’est tout nouveau tout neuf, et puis tu finis par te rendre compte que tout est hiérarchisé, comme les sociétés animales ».
S
’il met en exergue de nombreuses analogies entre l’homme et l’animal, Yannick donne aussi par son style les clés d’une distanciation. Et cet effort confère toute son intelligibilité à son travail. Le style Lallemand est grandement inspiré par la bande dessinée : « J’essaie de produire des ambiances sombres, un peu noires, mais avec des personnages très illustrés, très bande dessinée. Je collectionne des BD depuis longtemps. Je ne sais plus quoi en foutre… Ce que j’apprécie dans ce domaine, ce sont les curiosités. J’essaie de me procurer des œuvres hors du commun. Je ne vais pas lire Tintin ou Spirou, parce que ça m’emmerde. J’aime la BD underground européenne, quelques trucs américains… Mais pas les comics. Les superhéros, ce n’est pas mon truc ». #2
À LA UNE
[ PEI N TU RE N U M ÉRI Q U E]
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À LA UNE
[PEINTURE NUMÉRIQUE]
L
’influence du dessin animé est également palpable. La patte cartoon de certaines créations rappelle grandement le style de Jean-Yves Raimbaud, père de séries à succès comme Les Zinzins de l’espace et Oggy et les cafards : « J’aime beaucoup la nouvelle vague du dessin animé. Les gamins ont des séries de fous furieux. Il faut dire ce qui est. Des dessins animés complètement décalés, super colorés, avec un côté déglingué dans l’humour. Comme Bob l’éponge… Je trouve ça fun, et ça m’inspire ». Ce n’est donc pas un hasard si Yannick avance doucement sur un projet de bande dessinée. L’illustration colorée, très flashy, avec ses sonorités « grinçantes » l’incite progressivement à se tourner vers un public d’adolescents, de jeunes adultes.
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« Mes toiles, il y en a pour toutes les bourses »
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es idées, il en a en pagaille. Des talents aussi. La musique, orientée beatmaking, la vidéo ainsi que la photo sont également des terrains d’expérimentation qu’il étudie. Mais la peinture reste une priorité. Son potentiel économique est plus solide, même si vivre de sa passion n’est pas une mince affaire : « C’est du vivotage [sic]. J’essaie d’en vivre parce que je suis vraiment motivé et que c’est ce qui me plaît le plus. Je participe à des expositions pour que le public puisse venir voir et acheter mes toiles, mes dessins et mes posters. Il y en a pour toutes les bourses ».
À LA UNE
[ PEI N TU RE N U M ÉRI Q U E]
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’après-midi touche à sa fin et la rumeur de la ville paraît toujours aussi lointaine. Une fois encore, Yannick s’écarte de sa toile. Il n’est plus seul dans son atelier. Un phacochère a pris vie sur son chevalet. Toujours la cravate de salary man, mais quelque chose a changé dans son regard. La bête fronce. Ses yeux luisent. Ses défenses ne ressemblent plus à de l’ivoire exposé dans un musée, mais à des armes usées par le soleil et la poussière de la savane. Le poil dru et le cuir rêche se sont enfin matérialisés. Yannick jette son mégot dans le grand cendrier. Le phacochère a retrouvé toute son assurance. Une dernière touche, et il inspirera bientôt la crainte à ceux qui croiseront son chemin.
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Christophe Roy
Interview / RĂŠdaction : Samuel Deschaseaux / Samuel Balmeur
EXPOSITION
La peinture dans la peau
[ BO DYPA I N T]
A n n e
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EXPOSITION
[BODYPAINT]
C’est au détour d’une exposition accueillie dans les ateliers de Zone Art à Besançon que l’équipe de Degré Kelvin rencontre Christophe Roy. Quelques minutes après la fermeture des portes, il nous offre un interlude canapé et bavardage. Casquette Batman version old school vissée sur la tête, épaules relâchées, Chris brosse un aperçu de ses activités artistiques. Graffeur, bodypainter, photographe… le Bisontin explique avec placidité que des casquettes, justement, il en a une belle collection. Et aucune ne reste au placard !
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Justine
EXPOSITION
Peindre sur une toile qui respire, sur un « support » vivant. Guider un pinceau sur des reliefs de peau. Ajouter au corps le trait et la forme qui embelliront sa complexion. Dessiner sur la matière humaine. Au premier abord, la pratique paraît peu commune. Au premier abord seulement. La filiation du bodypainting trouve son point d’accroche dans les temps immémoriaux de la peinture corporelle. À des âges où celle-ci colorait la vie des hommes dans les diverses étapes de leur vie, dans leurs croyances, dans leurs traditions ou dans des tâches aussi élémentaires que vitales comme la chasse. Cette peinture traditionnelle existe toujours dans certaines parties du monde. Elle s’est modernisée du côté de chez nous afin de s’élever dans le grand cercle des arts visuels. Penser aux ornements corporels revient à citer d’office le tatouage. Mais, le bodypainting gagne à être connu. À être vu. Parce que le corps agit comme un catalyseur de la créativité. Il inspire, exprime et transcende l’émotion. Et en art, l’émotion circule en une variété infinie de déclinaisons.
« En bodypainting, l’approche est différente, car le support est vivant » Deborah
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[BODYPAINT]
C’est cet ondoiement qui finit un jour par séduire Chris Roy - aussi connu sous le blase de Mesh jeune graffeur habitué aux bombes du street art et aux surfaces dures et froides qu’offrent les murs des bâtiments désaffectés. Le Bisontin, membre d’un crew de graffeurs le LCG - qu’il a lui-même créé, se penche sur ce mode d’expression qu’il n’a jamais réellement étudié : « J’ai découvert le bodypainting quelques années après le graff. Je ne m’y suis pas intéressé tout de suite. Il s’agit d’un art qui est
beaucoup pratiqué dans le milieu. En voyant certaines réalisations d’autres graffeurs, j’ai eu envie d’en faire aussi et de réaliser mes propres productions ». Troquer la bombe contre les pinceaux n’est toutefois pas aussi simple qu’on pourrait le croire. Les pierres d’achoppement sont nombreuses, mais Chris persévère : « D’une part, je ne voulais pas peindre du graffiti sur des corps. Je souhaitais vraiment proposer quelque chose qui se démarquait de mes travaux précédents, car je trouve
Miss Violette / Photo : Mika-L
Sollicité par les modèles, il oriente alors son bodypainting dans deux directions : les réalisations que l’on pourrait qualifier de tatouages éphémères, exigeant une grande précision, et les réalisations abstraites, plus conceptuelles guidées par les ficelles de la géométrie. Ces dernières ont pris la succession des lettres et de la mise en avant #2
que l’approche est différente. Le support est vivant, ce n’est pas un support plat. D’autre part, quand tu commences, que tu n’as rien à montrer, ce n’est pas évident de trouver les premiers modèles qui vont se lancer là-dedans avec toi ». De ses premiers essais datant du printemps 2011 à aujourd’hui, la ligne graphique de Mesh s’est affinée. Et son carnet d’adresses s’est étoffé. Juste récompense pour ses efforts.
Miss Violette
du blase de l’artiste, signature distinctive des graffeurs : « Au départ, mes productions étaient une espèce de calligraphie un peu en harmonie avec le corps. Mais, c’était très compliqué à déchiffrer pour un public non spécialiste. À présent, je dessine des arabesques. Il n’y a pas de signification particulière à ces formes, si ce n’est une recherche
d’harmonie. J’imagine un graphisme qui présente une harmonie avec le corps, qui colle aux courbes de mes modèles. Il ne faut pas que la peinture soit collée à un endroit et qu’on s’interroge sur son sens. Elle doit mettre en valeur le modèle. Et réciproquement. C’est un alliage. Voilà ma vision du bodypainting ».
[ BO DYPA I N T]
EXPOSITION
« Je cherche à réaliser des graphismes en harmonie avec le corps »
Quant à ses œuvres de tatouages éphémères, elles trouvent leur origine dans une rencontre, comme c’est souvent le cas dans les cercles d’artistes. Il y a un peu plus d’un an, Mesh collabore avec un photographe sur une séance de shooting et relève le défi qui lui est soumis : réaliser une peinture corporelle dont l’effet serait celui d’un faux tatouage. L’idée lui plaît : « Certains tatoueurs dessinent des choses assez incroyables ! Ce qu’ils parviennent à imprimer sur la peau me fascine. Donc, mon travail est en quelque sorte un petit hommage à l’univers du tatouage. Même si cet univers rassemble aussi des graffeurs, je ne le côtoie pas spécialement. Pour ma part, je ne suis pas tatoué ».
Alexandrine
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Que l’auteur s’attèle aux tatouages éphémères ou aux tracés moins figuratifs, il emprunte toujours à ses propres ressources le temps et la concentration nécessaires. Car le bodypainting relève autant de l’impermanence que de la patience. Pour coucher une œuvre picturale sur l’étendue vallonnée d’un dos, d’un ventre ou d’une cuisse, Chris fixe la pointe de son pinceau pendant des heures. Au minimum, quatre heures peuvent suffire. Bien souvent, ce sont cinq à huit heures que l’horloge égraine lentement. Une séance récente a duré dix heures. Et ce, sans compter le shooting qui a suivi. C’est évidemment pour la photographie que Mesh peint, et cette étape est en quelque sorte le bouquet final d’un projet. Durant la première phase de ses expérimentations, la collaboration avec un photographe semble incontournable : « Lorsque j’ai commencé, je travaillais souvent avec divers photographes de Besançon. Simplement parce que je ne maîtrisais pas du tout les techniques de la photographie. Cependant, je me suis intéressé à cette discipline au même moment que le bodypainting. Ce que je faisais au début, comme toute personne qui se lance sans avoir de notions de base, n’était pas terrible. Et puis comme mon but était d’obtenir un rendu le plus propre possible pour présenter de belles choses, j’ai préféré fonctionner pendant deux ans avec des collaborateurs de Besançon et ses alentours, de Belfort ou de Dijon ». Puis, Mesh peaufine sa vision et sa relation avec l’objectif jusqu’à pouvoir élaborer sa mise en scène et ses clichés lui-même. Au contact d’autres photographes, il emmagasine les réponses au pourquoi et au comment. Il se libère et libère son art. En termes d’organisation, de vision et de droit à l’image, les contraintes desserrent leur étreinte.
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« Certains me surnomment ‘le couteau suisse’ » Les progrès qu’il accomplit lui ouvrant une marge de manœuvre plus vaste, Mesh injecte son énergie dans plusieurs projets. En bodypainting, il songe à mettre en place une exposition pour dévoiler les productions d’une série qu’il nomme, pour l’instant, Les Poupées de Porcelaine. En photo, sa passion pour les prises nocturnes agite son imaginaire. Le « photograffeur » n’a pas encore formulé de programme concret, mais les intentions sont là, nombreuses, comme une foule en effusion compactée dans un coin de sa tête. Dans le graff, Chris amorce un virage : « En rapport avec mon approche du bodypainting, j’ai entamé des réalisations sur toile. Je n’avais pas essayé jusqu’à présent. Je trouvais cela bête de faire du graffiti sur toile. Pour autant, je ne désapprouvais pas cette pratique… Ma vision
là-dessus n’était pas restreinte, car j’apprécie ce que d’autres parviennent à en tirer. C’est juste que, personnellement, je ne me voyais pas reproduire sur une toile ce que j’entreprends sur un mur. Donc j’ai attendu afin d’avoir un vrai concept à développer sur toile ». Réfléchi, Mesh s’embarque dans une autre aventure après une longue réflexion. Trouver un sens à ses créations, un leitmotiv qui semble rythmer son flux artistique. C’est la raison pour laquelle le graffeur n’hésite pas à s’impliquer dans diverses activités. Rien n’est exécuté machinalement : « Souvent, on me dit que j’en fais beaucoup trop. Certains me surnomment ‘le couteau suisse’. Il est vrai que j’aime approfondir ce qui me passionne. Pour la photographie, par exemple, j’y vais comme un acharné. Je veux aller plus loin, essayer de réussir du mieux possible ».
I n n a
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Chris Roy aime s’investir dans ce qui captive son attention. Les pigments d’opiniâtreté qui donnent tant de fard à son portrait attirent modèles et collaborateurs de tous bords. C’est ainsi qu’il a fondé son propre réseau de modèles en bodypainting, les Uniko Girls by Mesh, ou qu’il s’est
joint à l’association 1DSens pour apposer sa griffe sur la diffusion de la culture hip-hop du 25. S’investir. Toujours. Participer et s’entourer d’un collectif pour partager, échanger et enrichir la culture locale. S’il s’agissait de politique et non pas d’art, Mesh pourrait être décrit comme un véritable activiste.
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Au sens le plus vertueux du terme, car ce jeune auto-entrepreneur en webdesign consacre temps et sueur à ses passions. Et à travers ces mêmes passions, c’est tout autant de temps et de sueur qu’il consacre à l’épanouissement de sa ville et de sa région.
Eve
i
Christophe Roy / Mesh
U niko G i r l s by M e sh
Christophe Roy / Mesh Bodypainter Bes ançon (25)
www.meshuniko.fr
www.facebook.com/unikogirls
w w w. g r o u p e g r e n a r d . c o m EST AUTO - 6 Rue Paul Eluard, 25000 BESANÇON -
03 81 47 78 78 2 #
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HORS FRONTIÈRES
[PHOTOGRAPHIE]
JA P O N
Interview / Rédaction : Samuel Balmeur, Marc Jardot / Samuel Balmeur
ILKO ALLEXANDROFF FLASHEUR AU GRAND CŒUR
De la lumière, toujours plus de lumière. Cette dernière est la clé. Ilko Allexandroff l’a faite sienne dès qu’il a commencé la photographie. Leur rencontre était inéluctable tant cet homme rayonne. L’artiste d’origine bulgare est un flasheur épanoui, pionnier du strobisme au Japon. Depuis qu’il a posé ses valises à Kobe, il œuvre pour la communauté des photographes adeptes du flash déporté. Généreux et soucieux de partager son savoir, toujours prêt à éclairer les plus curieux, Ilko n’a pas hésité une seconde à répondre aux questions de Degré Kelvin. #2
JAPON
[ PH OTO G RA PH I E ]
HORS FRONTIÈRES
Ilko, on plante le décor : vous êtes un photographe bulgare qui exerce au pays du Soleil Levant. Comment est-ce possible ?
À l’origine, je me suis installé ici parce que j’étudiais le japonais. Après deux-trois ans d’apprentissage dans mon pays, je désirais changer d’air. C’est ainsi que l’opportunité d’aller en Asie s’est présentée. J’ai bénéficié d’une bourse. Peu d’étudiants bulgares peuvent se permettre de voyager pendant leurs études. Les salaires sont très bas dans mon pays. Pour m’offrir un semestre au Japon, il aurait fallu que mes parents me donnent l’équivalent de plusieurs années de salaire. Le fossé est profond. Heureusement, j’ai eu une bourse et je suis venu ici pour étudier. Devinez quoi ? Le management des ressources humaines ! Nos cultures sont si contrastées, c’était vraiment très intéressant de débarquer si loin de chez moi. Les six premières années, je n’ai fait qu’étudier le japonais. Ensuite, il y a eu les RH. Et puis, vous savez, c’était tellement peu divertissant que j’ai commencé à me consacrer à la photographie. C’est ici que tout a commencé. Cela remonte à quatre ou cinq ans. Voilà six ans que je vis au Japon. À Kobe. L’une des plus belles villes de l’archipel. Les nuits y sont magnifiques, j’ai l’impression que c’est l’endroit dans lequel j’ai toujours voulu vivre.
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[PHOTOGRAPHIE]
Oui mais, pourquoi avoir choisi le Japon et pas un autre pays ?
Je n’avais pas de passion initiale pour le Japon ou sa culture. Cela s’est construit en route. J’apprenais l’allemand à l’université. Après plusieurs mois, mon professeur m’a expliqué qu’à ce stade de ma formation, je devais connaître environ un millier de mots. Or, je savais à peine dire mon nom. Cette langue ne m’amusait pas. Je ne prenais pas de plaisir à l’apprendre. Un jour, alors que j’étais en cours de mathématiques - ce qui à l’époque était exceptionnel compte tenu du fait que je séchais beaucoup - le prof de japonais est passé dans la salle. Il était à la recherche d’étudiants pour assister à ses leçons. Il n’en avait qu’un. Ça a été l’occasion de fuir l’allemand. Nous nous sommes retrouvés à deux à son cours. Ce qui a commencé par simple curiosité est devenu de semaine en semaine de plus en plus captivant. Parler une langue que personne ne connaissait à l’université, c’était grisant. Progressivement, mon niveau est devenu un problème parce que j’ai adopté un rythme de travail soutenu à la maison. Quand j’arrivais en classe, j’avais beaucoup d’avance sur le programme. J’ai continué sur cette voie jusqu’à quitter mon pays. Le japonais est une langue très particulière. Il est impossible de parler japonais si vous pensez dans votre langue d’origine. Il faut s’investir à fond dans l’apprentissage.
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JA P O N
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[ PH OTO G RA PH I E ]
HORS FRONTIÈRES
Vos premiers pas dans la photographie, racontez-les-nous.
J’ai toujours été envieux des personnes capables de chanter, de jouer de la guitare ou du piano. Dessiner, aussi. Peu importe… Cela n’était pas à ma portée. Je me contentais d’étudier. Point barre. Et puis, il y a environ cinq ans, j’ai voyagé au Vietnam. Une semaine avant de partir, j’ai pensé : « Si j’achète un bon appareil photo, je ferai de bons clichés ». Et j’ai acheté un excellent appareil… Et mes photos n’étaient vraiment pas bonnes (rires). Néanmoins, le temps passant, j’ai approfondi mon travail, de sorte qu’il devienne de plus en plus intéressant. J’ai commencé à prendre goût à l’idée de montrer le monde à travers ma propre vision. Je me suis dès lors posé la question suivante : « Qu’arriverait-il si une autre personne, au même endroit, avec le même objectif, shootait les mêmes éléments que moi ? » Probablement que nos photos se ressembleraient. Alors, comment éviter cet écueil ? Que faire pour que mes prises de vue soient uniques ? C’est là que sont entrées en jeu les lumières et les techniques du strobisme. Il se trouve que j’avais également visionné une vidéo de Zack Arias qui traitait de l’utilisation de la lumière. Ce documentaire, je l’ai vu une fois. Puis deux. Puis trois. Il durait quatre heures, mine de rien ! Au bout de dix visionnages, je me suis décidé à acheter mon premier projecteur.
Comment expliquez-vous qu’on puisse tomber amoureux du Japon en voyant vos clichés ?
Mes amis restés en Bulgarie me demandent toujours plus d’images du Japon. De la culture nippone. Des Japonais, des éléments liés à la tradition. Ils me disent : « Arrête de shooter des modèles ! » J’essaie de mixer les multiples possibilités qui se présentent à moi ici. Je cherche constamment de nouveaux environnements et privilégie ces derniers par rapport à du shooting en studio. Lorsqu’ils voient mes photos, les Japonais s’étonnent souvent de ne pas y reconnaître le Japon, mais plutôt un pays étranger. Alors, je leur explique : « Non, cette photo a été prise à tout juste dix kilomètres de la ville ! » Il y a quelques spécificités qui sont incontournables. Le pays a notamment deux très belles saisons. Celle des cerisiers en fleurs et des érables rouges. La première est vraiment magnifique. On la désigne par Sakura, ou cherry blossom. C’est très court. Une semaine et c’est fini. La saison des érables rouges est elle aussi éphémère. Si vous voulez réussir de belles photos, ce sont deux moments dans l’année où il faut se hâter et ne pas perdre une minute… Tout cela contribue à mon amour pour le Japon. Y finir mes jours est un souhait. C’est un beau pays. Très sécurisant. Je pense que c’est le pays le plus tranquille du monde. Par exemple, quand je shoote en extérieur, je peux abandonner mon matériel dans la rue et m’éloigner de trente mètres sans crainte. Personne ne va s’en préoccuper ou surveiller d’un mauvais œil mes affaires. Je peux revenir vingt minutes plus tard et personne n’aura songé à me prendre le moindre outil. Le soir, vous pouvez sortir seul. Il n’y a strictement rien à craindre. C’est partout comme ça. Si vous vous rendez à un bureau administratif pour des démarches, vous savez d’avance que vous serez pris en charge et que le service que vous demandez sera rempli. Tout est strictement bien organisé. Cerise sur le gâteau : les Japonais sont très gentils. #2
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S’installer sur le marché japonais, pour un Européen, n’était-ce pas un défi trop relevé ?
Au Japon, tout le monde est équipé du matériel dernier cri. En gros, quand vous achetez un bon appareil, vous devenez simplement comme les autres. Rien ne vous distingue du reste du lot. Avant, ce constat me préoccupait au point de ne pas me croire capable de percer. Vint un jour où j’ai arrêté de m’occuper de ce détail. Construire mon propre style est devenu mon but. Je me suis approprié les techniques du mouvement strobist. Et vous ne me croirez peutêtre pas, mais cinq ans auparavant, pratiquement personne ne les utilisait au Japon. Par conséquent, c’était plus facile de se faire remarquer. Ajoutez à cela que mes origines européennes influencent mon style, ma façon de voir ce qui nous entoure, ou de lire les lieux dans lesquels nous shootons. À cette époque-là, deux choses se reproduisaient régulièrement dans mes expérimentations. Quand je travaillais en extérieur, il m’arrivait de croiser des professionnels de la photographie. Ces derniers me demandaient, parfois avec un cynisme mal dissimulé, pourquoi j’utilisais de la lumière par temps clair. Ils s’interrogeaient sur la logique de ma méthode. De surcroît, j’ai aussi beaucoup entendu dire qu’en optant pour ce procédé, je ne deviendrais jamais photographe. Cela paraissait impossible. Ces personnes ont aujourd’hui changé d’avis. Sur le plan culturel, il y a une période d’adaptation. Je suis un étranger qui vit au Japon ; je suis photographe ; ces paramètres requièrent de l’investissement pour réussir son intégration. Quand je collabore avec de nouveaux modèles, qu’il y a des stylistes avec nous et que nous nous rendons sur le lieu de shoot, la première chose que ces nouvelles connaissances voient en moi est un étranger. Elles se demandent s’il faut parler en anglais, par exemple. Au début, il est impératif de gérer au mieux ces rencontres pour que personne ne se sente lésé. D’où le réel besoin de savoir parler japonais. C’est même capital. Il m’a fallu aussi montrer que j’étudiais. Parfois, les Japonais ont l’impression que les étrangers travaillent peu, ou pas autant qu’eux. Ce peuple est très travailleur. Et il en récolte les fruits. Du coup, si vous venez d’un pays européen assez tranquille, ils vont avoir tendance à croire que vous n’êtes pas un bosseur. Donc, il faut leur prouver que vous êtes un des leurs. Sinon, vous pouvez vite vous heurter à des obstacles. #2
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[ PH OTO G RA PH I E ]
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Quels sont les éléments qui composent votre arsenal ?
Je me sers de beaucoup de choses. Mais en toute franchise, j’essaie de me déplacer avec le minimum. Je suis un photographe. Je bosse avec mon appareil photo. J’ai commencé ainsi, et je continue de cette façon parce que je me sens à l’aise avec un appareil. J’utilise beaucoup de strobs. À mes débuts, je me suis d’abord servi d’un flash. Mon raisonnement était basique : si j’ai un appareil photo, il faut qu’il soit équipé d’un flash. Sans flash, rien ne marchera. Et puis, j’ai découvert que les flashs Nikon étaient très bon marché au Japon. Notamment le sb-20 (F4, F5, F6). Je pouvais m’en procurer un pour 40 $. Si j’avais su cela depuis le début, je n’aurais probablement jamais utilisé de flash à l’ancienne. Je n’ai pas besoin de mode automatique. Pour moi, il faut que ça flashe et c’est tout. 95 % de mes shoots sont réalisés avec une focale fixe. Pas de zoom. Je n’emporte que deux objectifs, du 135 mm F2, même si au départ, je regrettais plus ou moins cet achat. Ce format est unique. Une fois que je l’ai compris, que j’ai su m’en servir, j’en suis tombé amoureux. Vous pouvez même shooter en grand-angle, si vous le voulez. Récemment, un nouvel objectif a atterri dans mon sac. Là encore, je me suis demandé en quoi il allait m’aider. Apprivoiser un objectif est un authentique défi, au sens d’apprendre à l’utiliser pour qu’il réponde à la vision du photographe. Il s’agit d’un 24 mm 1.4. Mais, je commence à comprendre son fonctionnement. Pour résumer, je ne veux pas transporter cinquante objectifs sur moi. Il y aurait de quoi avoir des migraines. Deux me suffisent. Même un. Cela m’évite de me poser mille questions quand je suis sur place, puisque je n’ai pas l’embarras du choix. À mon sens, quand un photographe est en shoot, il y a des paramètres plus importants à prendre en compte que le simple choix de l’objectif. L’objectif, j’y songe avant de me rendre à une séance. Cela me permet de me concentrer ensuite sur l’essentiel, comme la communication avec mon équipe, la lumière, ou d’autres réglages. Ironiquement, j’ai pris certaines de mes meilleures photos avec des objectifs de très mauvaise qualité. Il y a trois ans, c’est ce qui s’est réellement passé. Tout le monde ignore de quelles photos il s’agit. Je l’ai eu pour 30 $. Et je l’utilisais sur un bon appareil. Vraiment de l’abus (rires). Mais c’était marrant. J’ai alors réalisé que le rôle de la lumière était primordial. Qu’il ne faut pas miser exclusivement sur la qualité d’un objectif. Et justement, en l’absence du matériel le plus abouti, il devient capital de trouver d’autres moyens pour atteindre un résultat optimal. Je fonctionne ainsi : lorsque j’ai besoin d’un boîtier, j’attends six mois pour l’acheter. Si je me le procure immédiatement, je me prive de la véritable sensation de besoin. Si j’attends, je me contrains à être créatif. Lorsqu’on a épuisé les possibilités pour contourner le manque, on finit par réellement apprécier l’aide d’un nouvel appareil. Mon conseil est simple : ne vous procurez pas un objet sans en avoir réellement besoin. #2
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Dans votre univers, quelle place accordez-vous aux concours de photographie ? Je n’ai jamais participé à un concours. Cela ne m’a jamais attiré. Juger de beaux clichés n’est pas une mince affaire. Qu’est-ce qui est bon ? Qu’est-ce qui est mauvais ? Selon qui ? D’après quoi ? Les concours de photos ressemblent aux concours de beauté. Et je m’en rends compte aujourd’hui, car je suis moimême jury dans des concours au Japon. J’en ai même organisé un. Il s’intitule Strobist Japan. Je suis à l’origine de la communauté strobist au Japon. C’est la première de ce type. Elle grossit rapidement et rassemble près de deux mille membres. Même les fabricants y participent et donnent des prix, de l’équipement. Moi, je dois juger. Je décide du vainqueur. Et, c’est très compliqué. Cela me met sous pression. Maintenant, j’ai quelques juges avec moi. Cinq personnes, exactement. Pour autant, #2
lorsque nos opinions diffèrent, cela ne simplifie pas la réflexion. À cause de ce rôle, je ne cherche pas spécialement à m’inscrire à des concours. Audelà des compétitions, il y a des événements et des rencontres qui valent plus qu’un prix. Lorsque je montre mon travail sur mes réseaux sociaux ou sur mon site et que les gens m’invitent à boire une bière en leur compagnie pour me signifier leur appréciation, à mes yeux, la récompense est fantastique. De quoi me rendre heureux et me motiver. Ou encore lorsqu’un éditeur prévoit la publication d’un livre sur le strobisme et me demande la permission d’utiliser une de mes photos… Et puis aussi que les gens partagent mon travail et permettent à d’autres de me découvrir. Ce sont des prix qui ont une immense valeur.
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La photographie dans les dix prochaines années, comment la voyez-vous évoluer ?
D’abord, les appareils photo vont aller en rapetissant. On pourra vraiment surfer sur Internet et éditer les photos directement avec Photoshop et partager encore plus vite sur FlickR. En revanche, l’optique reste de l’optique. Le côté scientifique, la matière dure, ne changera pas. L’ouverture, la vitesse d’obturation… Pour cette raison, la photographie « sérieuse » ne changera pas. Par contre, s’il y a une chose que j’apprécierais de voir changer, c’est la taille des lumières. Tout ce matériel est bien trop encombrant et lourd. Le dernier flash que j’ai acheté va dans le sens de cette évolution. Il s’agit du Nissin i42. Il est tout petit, la moitié d’un flash traditionnel. Tellement léger. Vous le glissez dans votre poche et voilà. Aussi, il me semble que le temps passant, les photographes deviendront de véritables artistes digitaux. Il y a dix ans, le photographe sortait peu de ses prérogatives. Les technologies d’édition prennent de plus en plus le pas. L’un des principes qui régit mes travaux et de n’utiliser que ce que mon appareil capte. Passer dix minutes sur mon PC, ce n’est pas ma tasse de thé. Dans le futur, les photographes s’en remettront de plus en plus à la technologie d’édition. Le monde tourne de cette manière, on n’y peut rien. Il faut accepter ces changements et s’adapter. #2
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Vous êtes très attaché au partage des connaissances. Pourquoi cette ouverture et ce besoin d’échanger constamment ?
Sur mon site, j’écris de nombreuses descriptions sur la façon dont j’ai pris mes photos. J’essaie de produire des articles intéressants. Deux catégories de visiteurs consultent mes photos selon moi. La première concerne les gens qui veulent simplement contempler de belles photos, ou qui aiment le Japon et les voyages. L’autre catégorie examine mes pages pour découvrir la genèse de mes clichés. Et si je partage mes techniques, c’est parce que j’estime que cela peut être utile à d’autres. Et cette perspective me rend heureux. Très souvent, je reçois des questions sur les pages de mon site. Sur mes techniques de travail. J’attache beaucoup d’importance à répondre
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à chacune d’entre elles. Pourquoi ? Parce qu’à mes débuts, quand je ne savais pas comment m’y prendre, j’interrogeais les autres photographes. Certains ne cachaient pas leur façon de faire… Je prépare aussi des articles-conseils du genre « Comment shooter un portrait de nuit ? » ; « Comment utiliser un éclairage de fond en éclairage principal ? » Vendre mes photos n’est pas trop dans mes pratiques. Parfois, certaines entreprises veulent m’en acheter. Mais pour l’instant, je n’ai pas d’espace spécifique de vente. C’est toutefois un projet. La plupart de mes productions sont disponibles en ligne. Sur mon website ilkoallexandroff. com ou sur mon compte Facebook Ilko Allexandroff Photography.
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Strobisme, quésaco ?
Le photographe strobist travaille essentiellement avec des flashs déportés. Cela signifie qu’il utilise des sources lumineuses qui n’émanent pas uniquement de son flash frontal, c’est-à-dire le flash monté sur l’appareil, qu’il soit interne ou externe (amovible). Grâce à un système de déclenchement à distance, les flashs déportés permettent de modeler l’éclairage au souhait du photographe, de prendre des clichés à une distance plus grande du sujet et d’obtenir une lumière proche de celle d’un studio. Les applications de cet éclairage sont multiples. Et loin d’être récentes, même si le mouvement strobist n’a éclos qu’au cours des dix dernières années. Elles ont notamment été développées par des photoreporters. En raison des conditions parfois spartiates dans lesquelles ils exercent leur travail, ces derniers ont appris à faire preuve d’inventivité pour optimiser leur éclairage sur le terrain. L’Américain David Hobby, lui-même reporter, est un des acteurs majeurs de la démocratisation de cette pratique. C’est par l’intermédiaire de ses productions et de son blog strobist.com que cette méthode d’éclairage a connu une forte expansion parmi les photographes artistiques.
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Ilko Allexandroff
Ilko Allexandroff Photographe Jap o n
Nissan Besançon www.nissan-besancon.fr
w w w. i l koallexandrof f.c om w w w.fa c eb o o k.c o m /ilko.a llex a n dr off.phot ography tw itter.c o m/ilkoalle xandr of p lu s.g o o g le.c o m /+IlkoAlle xandr off
03 81 47 47 17
4 BOULEVARD KENNEDY - 25000 BESANÇON
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LA RECETTE
e t t e c e R La Par Marc
Jardot
Comprendre son
Appareil Photo Reflex Avant de vous aventurer dans la jungle de l’image, saviez-vous que l’ancêtre de la photographie datait de l’Antiquité ? Ainsi, nos ancêtres ont conçu le premier dispositif à sténopé : un trou minuscule percé dans une boîte (ou une chambre noire) qui permettait alors la formation en son sein d’une image inversée de la réalité extérieure. Il ne restera plus qu’à capturer l’image sur un support photographique. L’homme découvrira ce procédé environ 1 400 ans plus tard.
Les premières pellicules 24 x 36, encore utilisées à l’heure actuelle, virent le jour en 1924, grâce à l’ingénieur allemand Oskar Barnack, inventeur du Leica. Beaucoup d’autres formats existent, entre autres pour le cinéma. Ce qui nous intéresse ce mois-ci, ce sont les appareils photo Reflex numériques, nés dans les années 80. Leur évolution n’a pas de limites.
Oskar Barnack
Un boîtier à objectif interchangeable monté sur baïonnette offre un grand panel d’utilisations. Pour les Reflex actuels, il est composé de ces éléments :
Un capteur photosensible
Un pentaprisme
qui «fixe» la photo
associé à un miroir mobile pour la visée
Une grande panoplie de réglages
Un écran de contrôle des photos prises
que nous verrons plus loin
permettant également la navigation dans les menus
Sans entrer dans les détails du processus de capture de la lumière, cette recette va vous donner les clés d’une meilleure compréhension de ce merveilleux objet qu’est le Reflex. #2
LA RECETTE
1.
Les Modes de votre boîtier
Sur la plupart des boîtiers de ces dernières années, les modes sont représentés ainsi :
Le mode tout Auto (VERT) où l’appareil décide pour vous tous les réglages techniques. Un choix vite limité pour les aspects créatifs et surtout pour approfondir l’utilisation de votre équipement. Les modes Semi-Automatiques (AV, TV et P pour Canon et A, S et P pour Nikon) : le photographe gère la vitesse d’obturation ou son ouverture. C’est un bon moyen de comprendre un peu
mieux comment fonctionne l’appareil et de progresser dans l’utilisation de son boîtier. Ces modes sont aussi utilisés dans certaines conditions comme la prise de vue lors d’événements sportifs ou dans un milieu exposé à une lumière changeante… Le mode Manuel où tous les paramètres sont définis par l’utilisateur. Il permet une plus grande maîtrise du rendu final. La vitesse, l’obturation et
la sensibilité y sont paramétrables. La mise au point Autofocus et mise au point manuelle : La mise au point est l’un des paramètres importants de la prise de vue. C’est le fait de voir son sujet net dans le viseur. La plupart des objectifs et appareils photo modernes en sont équipés. La mise au point peut être définie manuellement dans les cas où l’automatisme ferait défaut à l’utilisateur.
2.
L’ Exposition
À présent, évoquons l’un des termes les plus récurrents de la photo : l’exposition. Voici trois paramètres dédiés à ce contrôle. 2a.
La vitesse d’exposition
La vitesse d’exposition, ou temps de pose, est l’intervalle de temps pendant lequel la lumière va pénétrer dans l’appareil. Elle est codifiée ainsi : 1/XXX seconde. Plusieurs valeurs sont déclinées selon un modèle établi depuis longtemps. Cet intervalle nous permet de « fixer » plus ou moins longtemps la lumière dégagée par le sujet. Comme ci-après, la photo de l’eau est prise avec trois temps de pose différents. Vous est-il déjà arrivé de faire une photo en bougeant l’appareil ? Si le rendu est flou, c’est sûrement que la vitesse d’exposition est trop lente. C’est ce qu’on désigne par « un flou de bougé ».
1/200e de seconde
1/40e de seconde
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LA RECETTE
2b.
L’ouverture
L’ouverture est un paramètre défini par votre objectif. Elle est nommée « F/X » et régule la quantité de lumière qui entre sur le capteur grâce au diaphragme de l’objectif. Plus le diaphragme est ouvert, plus la lumière entre en quantité dans le boîtier. Il en résulte qu’il y aura beaucoup de flou à l’avant et à l’arrière de votre sujet. Les photographes recherchent les objectifs à grande ouverture de type F/1.4 F/1.8 ou encore F/2.8, pour des raisons pratiques et esthétiques (photo en basse lumière dans une église par exemple, et de jolis flous d’arrière-plan).
F22
2c.
F11
F2.8
La sensibilité ISO
La sensibilité ISO fait référence à la sensibilité du capteur. Plus le nombre ISO est élevé, plus le capteur sera sensible à la lumière. Et inversement. Les photos prises à une sensibilité élevée ont tendance à être couvertes de « bruit », comme une fine couche de petits grains qui vient se coller sur la photo. La montée en ISO est souvent due à un manque de lumière afin de garder une vitesse d’exposition correcte qui garantit une photographie nette, sans flou de bougé.
ISO 160
ISO 1200
ISO 6400
C’est avec la définition de ces trois paramètres que vous donnerez « vie » à votre photo. Pour ma part, à l’époque où j’ai commencé la photographie au Reflex, j’ai procédé à de nombreux tests avec tous ces paramètres afin de mieux comprendre le pourquoi du comment. Prenez votre boîtier en main, installez-vous dans votre canapé et faites des milliers de tests. Prenez n’importe quel sujet. La télécommande de la TV, le chat qui passe, les lampes de salon… C’est de cette manière que vous intégrerez le sens des définitions présentées. Bien sûr, tout ceci n’est que de la théorie, c’est pourquoi il est temps de vous lancer, de prendre du plaisir et de faire rêver votre entourage. #2
BONUS ASTUCES BONUS ASTUCES BONUS ASTUCES
LA RECETTE
Astuce n°1
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La pause longue de nuit
Pour la pause longue de nuit, il est préférable d’utiliser un trépied afin d’augmenter la durée d’exposition de la photo. Amusez-vous à photographier les autoroutes, le passage des trains, les cours d’eau, tout ce qui est potentiellement en mouvement. Vous découvrirez alors un tout autre aspect de ce que vos yeux auront vu. 240 secondes | F8 | ISO 100 | Sur trépied
Astuce n°2
Les bokehs créatifs Les bokehs sont les flous d’arrière-plan qui se trouvent principalement derrière le sujet. Il est possible de donner des formes simples à ces flous. Pour cela, il vous faudra un objectif à grande ouverture (F2.8, F1.8, F1.4). Il existe des 50 mm F1.8 pour environ 80 euros. Pour réaliser ces bokehs, il suffit de découper dans du carton un cercle du diamètre de l’objectif, d’en perforer le centre avec la forme de votre choix (étoile, cœur, losange) et de placer le disque de carton (cf. photo).
Au niveau des réglages, votre ouverture doit être relativement grande (F2.8, F1.8, F1.4) et le reste des paramètres vitesse et ISO sont à configurer de façon à obtenir une bonne exposition de votre photo. Il ne vous reste plus qu’à trouver en arrière-plan des sources de lumière pour que les formes viennent se placer sur le fond (diodes, leds de guirlandes de Noël, lumières de la rue, bougies). Plus vous multiplierez le nombre de lumières, plus vous aurez de motifs sur le fond.
C L A S S I Q U E . M O D E . B E AU T É . A RT I S T I Q U E . M A R I AG E . E V E N E M E N T I E L . R E P O RTAG E . P U B L I C I TA I R E . PAC K S H O OT M A R I A G E . E V E N E M E N T I E L . R E P O R T A G E . P U B L I C I T A I R E . P A C K S H O O T. C L A S S I Q U E . M O D E . B E A U T É . A R T I S T I Q U E P U B L I C I T A I R E . P A C K S H O O T. C L A S S I Q U E . M O D E . B E A U T É . A R T I S T I Q U E . M A R I A G E . E V E N E M E N T I E L . R E P O R T A G E
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UN OEIL SUR
MELN MELN Interview & Rédaction : Samuel Balmeur
M e l a i ne
richert
se démène Elle peint, elle colle, elle récupère, assemble et rafistole. Elle stocke des dizaines de toiles, de tableaux, de tentures, de machines, de sculptures… Elle s’appelle Mélaine Richert. Elle signe toujours « MelN ». Esprit voyageur à l’inspiration tentaculaire, MelN pioche autant dans le monde qui l’entoure que dans son propre imaginaire. Remodeler la réalité selon des formes qui interpellent devient alors possible. Restaurer un rêve avec des couleurs saisissantes se transforme en jeu.
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UN OEIL SUR
[ART PLASTIQUE]
« J’ai rêvé de ce bateau. C’était un paquebot, avec des gens à bord. Il allait s’écraser derrière mon jardin. Il volait grâce à des sacoches en tissu. Je ne sais pas comment ça fonctionnait… mais c’est ce dont j’ai rêvé. Mon copain est un musicien répondant au nom d’Asphalt-Pirates. Les têtes de mort, les corbeaux correspondent à son univers et je pense que ça m’a influencée sur ce travail. Il est vrai que j’observe ce qui existe sur le plan technique, mais quand il s’agit du sujet, l’inspiration vient surtout d’un ressenti. Dans le cas de ce tableau, le sol désertique représente la Terre. Elle est dévastée et les habitants partent pour investir d’autres lieux, comme l’îlot qu’on aperçoit au loin. Ce tableau représente un monde, notre société en quelque sorte, qui t’emprisonne, t’utilise et qui inspire la fuite. » Le Nomad’Air est une toile peinte à l’acrylique et composée de collages de journaux. La nuit qui en habille le fond engloutit l’attention dans un bleu céruléen surnaturel. Parfois éclairé par la lune d’un sommeil paradoxal, l’onirisme de MELN déplie ses ailes entre ciel et terre. Il y a les petits poulpes multicolores aux yeux globuleux, les créatures qui se bousculent pour une portion de tableau, les êtres empreints d’ésotérisme, les peuplades d’autres continents… Des courants variés comme des routes parcourues le nez collé aux vitres d’un camion pour voir ce qui se passe au dehors.
« Le numérique ne procure rien de palpable » MELN aime bouger, naviguer sur les mers de bitume avec son compagnon entre la France, l’Allemagne, et le reste de l’Europe. Il y a toujours quelque chose à ramener avec soi à la maison. À l’atelier. De retour à son port d’attache, la Vésulienne s’approvisionne dans un large répertoire où l’étrange vient toujours apporter son grain de sel : « Mon inspiration, je pense qu’elle vient de tout ce que j’ai vécu, de ce que j’ai vu à travers le monde… Certains artistes comme Tim Burton ainsi que des films dans la veine de Beetlejuice m’ont également inspirée. Ce sont des mondes farfelus avec un côté noir, mais toujours amusant.
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[ART PLASTIQUE]
Il y a aussi les Walt Disney. Quand j’étais jeune, il est vrai que le dessin animé, on va dire d’animation pure, me plaisait. Parce que je suis vraiment portée sur le manuel. Moins sur le digital. J’aime les choses vraies. Par exemple, un travail réalisé sur le numérique ne procure rien de palpable, de concret. Tout ce qui se rapproche des animations Walt Disney, où c’est de la peinture, où c’est concret, m’attire. Parce que le support reste ». Créer du fantastique avec les mains. Pour y parvenir, MELN travaille principalement avec de la peinture acrylique. Depuis quelques années, le collage de matériaux est venu épaissir ses œuvres. La jeune femme récupère également des patrons de vêtements, des partitions de musique…
Tout ce qui peut être collé et peint, tout ce qui peut rendre encore plus vivantes ses productions : « Cela donne une matière, un quelque chose que j’aime bien, en fait. Plutôt que de commencer sur une feuille toute blanche, on obtient une petite matière par la transparence des peintures. J’utilise aussi du posca - du marqueur acrylique - et voilà…
avec un petit peu de bombe de peinture. Certaines toiles ont un côté street art ». Cette matière est une chair. Une couche supplémentaire, symbole d’une esthétique instinctive qui serpente librement sous le nez de l’académisme sans toutefois le défier. Il en résulte un style qui reflète un parcours aux multiples rebondissements.
« J’ai quitté l’école sur un coup de tête » Baccalauréat scientifique en poche, MELN s’oriente curieusement dans une branche bien éloignée des mathématiques et de la physique. Elle choisit de se lancer dans une préparation aux entrées en école d’art à Besançon pour pouvoir ensuite accéder à l’école de l’image à Épinal. Elle y apprend beaucoup, mais décide de tout arrêter brutalement : « Je suis partie de l’école sur un coup de tête, après avoir visionné une vidéo en cours avec mes camarades de classe. C’était un reportage sur des gens qui vivaient dans une tour. Une simple tour. Et ces personnes imaginaient le monde qui existait autour d’elles. Comment peut-on
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voir le monde sans bouger de son quartier ? En voyant ça, j’ai été blessée. J’ai pris une claque. J’ai réalisé que des gens pouvaient vivre ainsi, sans voyager, sans voir autre chose que leur petit quartier. J’ai remarqué que mes camarades rigolaient, plaisantaient… Ils s’amusaient de ça. Et c’est là que j’ai eu le déclic. Je suis sortie de la salle et j’ai dit ‘’non, je ne peux pas rester là ! Je veux voir autre chose !’’ Dans l’heure qui suivait, je suis allée auprès du directeur, je lui ai expliqué que je ne pouvais pas rester… Je ne regrette pas ce choix puisque j’ai trouvé l’atelier qui m’a permis de faire ce que je fais aujourd’hui ».
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UN OEIL SUR
Peu disposée à se laisser dicter sa conduite, volontaire pour découvrir la vie par elle-même, MELN a en elle cette pincée de piraterie. Une pincée de poudre à canon qu’elle distille sur ses réalisations avec un œil plus perçant et vigilant qu’une longuevue. De l’épisode de prépa, elle a conservé l’imagerie des tours d’immeubles et de leurs milliers de fenêtres. Restructurées en coquelicots géants aux allures carnivores ou compressées les unes contre les autres dans des spirales sans fin, ces tours immobiles pullulent et font le brouhaha d’une colonie de tocsins : MELN attire l’attention sur le conditionnement et l’enfermement. Lorsqu’elle dessine du béton, son coup de patte est claustrophobique.
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Depuis qu’elle s’est installée dans son atelier en tant qu’artiste indépendante, MELN se démène. Elle n’a que deux mains, mais on jurerait qu’elle en a autant qu’une déesse hindoue. Cette activité incessante est l’écho de sa conception de l’art : le mouvement, le voyage, la rencontre. Étrangère à la sensation de satiété, elle songe sérieusement à approfondir ses connaissances en vidéo. Le dessin animé, image par image, commence à lui titiller le bout des doigts. Du 12 images par seconde ou du 24 images par seconde, peu importe. C’est là, ça frétille quelque part dans un coin de sa tête.
En revanche, MELN est immunisée contre la phobie des autres. Quand elle n’occupe pas son atelier aux Écuries, à Lure, elle s’investit dans les programmes scolaires des établissements de sa région. Son statut d’intervenante artistique lui permet de mener des projets de l’école primaire au lycée. Cela peut aller de la fresque réalisée sous le préau d’une école à une sculpture en métal représentant le logotype d’un lycée. Cet échange est précieux : « Quand on est gamin, on n’a peur de rien, on n’a pas de limites. On ne craint pas de montrer ce qu’on a créé ». La créativité téméraire est un langage qui parle à MELN. Sa volonté d’aller à la rencontre des autres multiplie implicitement les opportunités de projets. Les ponts qu’elle a établis avec le monde de la musique électronique lui donnent l’occasion d’illustrer les pochettes d’albums d’Asphalt-Pirates, du Londonien Ed Cox ou de musiciens de Berlin. Autre type d’illustration, l’illustration pour enfants. Avec l’Anglaise BigMouth Mina, MELN publie le livre « In the rhino’s stomac* » outre-Manche et se consacre à son adaptation française. De temps en temps, la ravissante pirate monte même sur scène pour un exercice original avec son amie Chacha La Farouche : « Ensemble, nous avons créé une performance bodypainting, avec danse sur de la musique électronique ». Ambiance burlesque dans un spectacle transdisciplinaire intitulé Das Kabaret. Évidemment, Asphalt-Pirates prend la barre des synthés. Là encore, le voyage vaut le détour. *Dans le ventre du rhinocéros #2
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MELN aime passer de longues heures à peaufiner les motifs d’une toile immense comme Freedom ou les détails d’un pastiche de Michel-Ange. Elle le dit le plus sérieusement du monde, prête à s’embarquer corps et âme dans l’aventure. Elle le dit en une phrase qui résume tout : « Le travail minutieux, ça ne me fait pas peur ! »
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MELN exposera ses œuvres au Salon d’art de Seloncourt le 7 novembre, à partir de 18h, ainsi que le 8 novembre, au Chapitre à Lure. Le vernissage aura également lieu à 18h.
Mélaine Richert / MELN
w w w. m e l n . f r
Melaine Richert / MELN
www.facebook.com/melainerichert
Artiste plasticienne Lure (70)
Atelier : «Les écuries» www.les-ecuries.org
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Interview & Rédaction / Photographies : Stéphane Pellaton / Samuel Deschaseaux
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Bien Urbain,
[ ÉV ÉN EM EN T ]
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et les murs prennent vie... Cela ne vous a forcément pas échappé, au détour d’une rue du centre-ville lors d’une de vos ballades familiales ou de passage devant le campus pour aller retrouver vos salles de cours préférés, ces peintures qui ont pris vie sur ces murs mornes et fades que l’on ne remarquait pas auparavant ; c’est l’œuvre de Bien Urbain, un événement créé et mis en place par l’association Juste ici, pour la quatrième année consécutive.
Cette 4e édition a rassemblé une quinzaine d’artistes internationaux qui ont investis Besançon - pour la première fois en période estivale - du 7 juin au 5 juillet, pour apporter un regard neuf sur notre ville en réalisant un « parcours artistique dans (et avec) l’espace public », par le biais d’interventions sur les murs, dans les cours, et rues qui nous entourent. Un mois, c’est le temps que ce festival de couleurs et de peinture a duré. Paysages sonores, rencontres avec les artistes, ateliers de peinture, projections de documentaires et même des visites à pied et à vélo sont venus compléter le tableau de cette organisation. Ce festival est entièrement gratuit, accessible à tous.
Pour ce Débrief, nous vous proposons une présentation des artistes étant intervenus visuellement dans l’espace public, ainsi qu’une carte situant leurs œuvres. Il ne vous reste plus qu’à partir en balade un de ces dimanches, le magazine dans vos mains, pour découvrir tout ce que vous n’avez pas encore pu voir !
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3 rue Petit Charmont Rue de Vesoul 11 rue Battant 11 rue Battant Rue Weiss Rue du Balcon Rue Henri Baigue UFR SJEPG - campus Bouloie ESPE Montjoux Le Privé, rue Antide Janvier 52 rue Battant Bar le Vélodrome Division vie étudiante Université 52 rue Battant École Fanart École Fanart Stade Montboucons
Tellas Tellas Brad Downey Elian Zosen & Mina Hamada Elian Pastel - Francisco Diaz Jaz - Franco Fasoli Jaz - Franco Fasoli Zosen & Mina Hamada Zosen & Mina Hamada - Installation Pastel - Les feuilles d’automne Graphic Surgery Ever Les Frères Ripoulain - Univers parallèle Momo Momo Les Frères Ripoulain - Decauxisation
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[ÉVÉ NEMENT]
LES FRÈRES RIPOULAIN (FR) Depuis 2006, Mathieu Tremblin et David Renault interviennent ensemble sous le nom des Frères Ripoulain (référence aux Frères Ripoulin dont faisait partie OX dans les années 80) et épinglent les codes et normes urbaines que le graffiti a bousculées, en y apportant un décalage drôle ou désabusé. Leurs interventions traitent de l’éphémère, d’il/légalité et impliquent les espaces « libres », les rebuts et déchets des villes ainsi que le regard des passants. http://www.lesfreresripoulain.eu
ELIAN (AR)
TELLAS (IT) Originaire de Sardaigne, Tellas n’est pas le stéréotype du peintre urbain de mégalopole. Les motifs récurrents dans son œuvre sont empruntés au répertoire naturel : feuilles et motifs évoquant la pierre deviennent un point central dans son travail. Il y développe une peinture qui accorde une importance au support et à l’ambiance des lieux, où la dimension et les couleurs nous font perdre certains repères, et même parfois l’équilibre. http://www.tellas.org/
ZOSEN BANDIDO et MINA HAMADA (ES - JA)
MOMO (US)
GRAPHIC SURGERY (NL) C’est en comparant leurs travaux photographiques autour de l’effondrement de vieilles usines que Erris Huigens et Gysbert Zijlstra y ont décelé l’omniprésence des formes géométriques. Ensemble, ils ont commencé à épurer ces images et à générer une sorte de répertoire de formes géométriques et abstraites, ancrées dans notre ère post-industrielle. Leurs peintures en noir et blanc, extrêmement précises et mécaniques, donnent à voir les bâtiments et la ville comme des organismes vivants. http://www.graphicsurgery.nl
PASTEL – FRANCISCO DÍAZ (AR)
Pastel partage avec Jaz un atelier, un passé dans le graffiti de Buenos Aires et une envie d’expérimenter diverses techniques en fonction des lieux d’interventions. Architecte de formation, il s’attache aux relations entre art et urbanisme à travers des dessins techniques abstraits ou des structures organiques, réseaux complexes de formes faussement figuratives. http://www.pastelfd.com.ar
EVER (FR) Artiste peintre autodidacte, née en 1966 et résident en Bretagne, Ever peint à l’instinct, en fonction de ses émotions, ses humeurs. L’art est pour elle un moyen d’expression, mais avant tout une passion. Elle aime avoir de la matière et du relief sur ses toiles et s’amuse beaucoup avec les couleurs. Seulement des formes et des couleurs pour elles-mêmes. http://www.ever.odexpo.com/
BRAD DOWNEY (US)
JAZ – FRANCO FASOLI (AR)
De retour à Besançon après une peinture rue de Vesoul et des expérimentations avec Eltono en 2012, Momo a depuis acquis la reconnaissance qu’il mérite et est aujourd’hui l’un des muralistes les plus plébiscités. Son alliage unique de formes abstraites à l’apparence vectorielle, sa méticuleuse façon de peindre et d’accorder formes, couleurs et surfaces, ainsi que sa recherche et ses expérimentations permanentes donnent à son actualité un caractère toujours aussi palpitant. http://www.momoshowpalace.com
Chez Brad Downey, tout fait référence à l’extérieur et aux limites réelles ou sociales qui composent l’espace urbain. Profitant des failles du quotidien (rambarde abîmée, vélo abandonné, chantier en cours…), il use des moyens en sa possession, des détritus aux outils de chantier, pour réaliser ses sculptures spontanées et créer des situations éphémères fortes, incongrues ou irrévérencieuses. http://www.braddowney.com
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Elian aime jouer avec les textures et les ornements des murs sur lesquels il peint de grands aplats colorés et apparemment perméables, sortes de tâches ou flaques de couleurs saisissantes. Paradoxalement, la peinture qui vient gommer les reliefs des bâtiments peints est tellement intrigante qu’elle invite à regarder avec précision l’ensemble des détails de l’architecture ainsi figée. Elian est aussi l’un des actifs militants de l’art urbain de Cordoba où il dirige la Kosovo Gallery. http://www.elianelian.com.ar
Zosen est un des représentants de la fabuleuse scène de peintres de Barcelone. Couleurs vives et formes simples sont les bases de ses compositions denses et explosives. Féru de collaborations, il travaille aujourd’hui avec Mina Hamada et le duo semble pris par des soubresauts créatifs tant leur production des derniers mois est riche : installations sur matériaux récupérés, collages, peintures murales, dessins à la craie, papiers découpés, tableaux, sérigraphies… http://www.zosenymina.tumblr.com
Après des années de pratique intensive du graffiti à Buenos Aires, Franco Fasoli s’est penché sur d’autres façons de peindre dans la rue, que ce soit par la technique, souvent expérimentale, ou par le style pictural. Il s’est alors fait connaître sous le nom de Jaz par sa manière atypique de représenter des rencontres, situations ou sentiments humains à travers des scènes où animaux et formes géométriques se croisent. Phénomènes de masses ou duels à mains nues sont des sujets qui se retrouvent souvent dans ses peintures, où les corps se confondent dans une voie sans issue. http://www.francofasoli.com.ar
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Encore un succès pour cette association qui ne s’arrête pas à ce festival pour véhiculer divers courants de la culture artistique. Juste ici travaille également toute l’année avec plusieurs écoles, collèges et lycées dans toute la région pour faire intervenir des artistes dans leurs enceintes, mais également dans les rues avoisinantes, comme ce fut le cas cette année à Besançon avec l’artiste OX dans les quartiers des ClairsSoleils, Palente ou de Planoise. La suite de Bien Urbain est d’ores et déjà en préparation, comme nous l’annonce David Demougeot, à l’origine de ce festival : « Nous préparons la 5e édition avec Eltono, un artiste très important à nos yeux, avec qui nous inviterons les artistes à la réflexion sur la forme que prendra Bien Urbain cette année. Il sera par ailleurs régulièrement à Besançon sur les trois années à venir, dans les écoles de la Grette et de la Butte. Rendez-vous en juin 2015 pour de nouvelles interventions d’artistes à Besançon ! » #2
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[ I LLU STRATI O N 3D ]
OLIVIER PAUTOT
LE DOSSIER
Interview & Rédaction : Samuel Balmeur
ILLUSTRATEUR 3D : DIMENSIONS INCONNUES Ils sont là. Partout où nos yeux se posent. Un panda spécialiste de kung fu, un dragon qui parle, un chat qui vend des amortisseurs de voiture. Au cinéma, à la télévision ou sur les affiches publicitaires, les personnages en 3D font désormais partie du paysage. Leur présence ne nous étonne plus. Tous les jours, nous adoptons ces créatures de synthèse par milliers. Elles naissent dans le ventre chaud des ordinateurs. Mais ce sont bien les méninges humaines qui leur servent de véritable placenta. Olivier Pautot, illustrateur 2D et 3D basé à Besançon, ne dira pas le contraire. Pour Degré Kelvin, cet indépendant a accepté de mettre en volume un métier dont on ne connaît en réalité, que des aplats.
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LE DOSSIER
[ ILLUSTRATION 3D]
« L’éclairage a représenté un an de travail pour dix plans. Un plan par mois ! »
« Un film des studios Pixar - parents de Toy Story -, c’est trois cents personnes, deux ans de pré-production et de production. » Deux ans de gestation pour une heure et demie de divertissement. Réaliser un blockbuster familial demande beaucoup de temps et de savoir-faire. Ce n’est pas un hasard si le terme d’industrie du film d’animation est largement employé. Ce cinéma est ultrasegmenté. Tout autant que le cinéma traditionnel. Et cette segmentation explique en partie la grande complexité de la création numérique. Dreamworks, manufacture des hits
Kung Fu Panda et Shrek, accueille depuis quelques années un ami d’Olivier. Sa fonction : « éclairagiste virtuel » (Lighting Artist). « Sur Bee Movie, puis Shrek, cette personne a planché sur quatre plans. Pas d’animation ni de modélisation. Pas de cadrage, pas de réalisation des textures. Juste du positionnement d’éclairage pour obtenir un rendu fidèle à la vision du réalisateur. De l’éclairage narratif, pour être précis. Pour Kung Fu Panda, l’éclairage a représenté un an de travail pour dix plans. Un plan par mois ! » L’animation 3D, une affaire de minutie. Qui l’eût cru ? Vous pensiez que les ordinateurs permettaient d’aller plus vite ? Ils servent en réalité à aller plus loin. Où ça ? Dans l’effet, la suggestion ou encore le détail. La trame globale de ce process, Olivier la maîtrise complètement. Ramenée à l’échelle de son statut d’indépendant, il a dû en comprendre les multiples étapes lors de sa formation de « Réalisateur numérique ». #2
[ I LLU STRATI O N 3D ]
Six années d’études après le bac
LE DOSSIER
Les années 90. Le micro-ordinateur en est encore à ses balbutiements. Microsoft lance son système d’exploitation Windows 3.0 avant que la version 95 ne prenne pour de bon les rênes du PC. Olivier utilise une toute autre machine. Plutôt orientée jeux vidéo. L’Amiga, du fabricant Commodore. Avec son lecteur de disquettes, ce petit ordinateur personnel est rapidement détourné pour devenir un outil de graphiste : « Je m’en suis servi pour mes premières images de synthèse. C’était très rudimentaire. Au regard de ce qu’on trouve aujourd’hui, les performances de cette machine étaient dérisoires. Mais, on produisait des images… Cela m’a permis d’avoir des références,
de garnir mon premier book et de faire une école spécialisée ». Grâce à ses créations, ses « démos » comme on dit dans le jargon de l’informatique, le Bisontin intègre Supinfocom, à Valenciennes, après trois ans passés à Reims. Le parcours est long - trois années d’études supplémentaires - et exigeant. Il est ponctué par une épreuve finale qui consiste à réaliser un court-métrage d’animation d’une durée de cinq minutes. Un micro-Pixar, en collaboration avec trois autres étudiants. « Nos équipes étaient censées prendre en charge les différentes étapes de production d’un film : écriture du scénario, réalisation du storyboard… Chaque personne avait un nombre de tâches défini dans l’optique de respecter le fonctionnement du monde du
travail. II a fallu six mois de pré-production et dix-huit mois pour la réalisation. » Aujourd’hui, Olivier ne participe plus à des projets d’une telle envergure. Néanmoins, certains clients lui passent des commandes qui s’en rapprochent. Comme
dans le cas de la production de billboards, ces courtes séquences publicitaires qui présentent une marque au début ou à la fin d’un programme TV. Dans ces cas-là, il faut gérer le processus seul. Et de A à Z.
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LE DOSSIER
[ ILLUSTRATION 3D]
Les œuvres de commande : le véritable quotidien du réalisateur numérique Les œuvres numériques publicitaires ou cinématographiques qui défilent devant nos yeux résultent rarement d’un élan artistique fougueux de leur créateur. En vérité, leur conception est mûrement pensée. Le souffle qui leur a donné naissance est guidé par un besoin et une attente. Ceux du client. L’inspiration est donc déviée. Elle prend les nombreuses courbes imposées par le brief des agences, que l’on pourrait qualifier de cahier des charges. Il est alors question de public cible, de plan média et de contraintes des diffuseurs. Le métier prend une toute autre dimension : « Récemment, j’ai réalisé une publicité de vingt secondes pour les chaînes nationales. Elle présentait des produits vitaminés vendus en grande surface. Et bien les clauses sanitaires à intégrer dans cette publicité consistaient à ne pas montrer le produit en action. Seulement
le packaging. Parce qu’il ne s’agissait pas d’un médicament. C’est typiquement une contrainte. Tout comme l’insertion obligatoire des messages sanitaires ». Réaliser une œuvre cohérente qui tient compte de ces obligations présente un réel défi. Sans doute le défi n°1 de la profession.
Contrairement aux idées reçues, l’illustrateur ne vit pas uniquement en tête à tête avec sa tablette graphique. Il assume un rôle de médiation entre le client et son objectif publicitaire. Olivier souligne l’importance de ces échanges. Comprendre et être compris. Expliciter un besoin pour en définir les conditions de création et répondre aux attentes de la commande avec un maximum de justesse : « Je ne vais pas travailler deux jours sur la modélisation d’un personnage pour qu’il soit ensuite refusé par le client. On fait d’abord un dessin que l’on soumet pour validation. Ensuite, interviennent les opérations suivantes ». L’illustrateur veille à la faisabilité du projet, aussi bien en termes de temps que de budget. Son expertise va bien au-delà des applications techniques que l’on peut lui attribuer. Dans ce jeu des contraintes, il est également impératif de savoir
convaincre son interlocuteur. Et ce, même sur des détails en apparence mineurs : « Si vous regardez bien, tous mes personnages ont quatre doigts par main. C’est rare que j’en dessine cinq. Dans la lecture d’une main, il n’y a pas besoin d’autant de doigts. Je ne cherche pas à développer un côté réaliste chez mes personnages. Il y a toujours un doigt dont on ne sait pas quoi faire. Le pouce et les trois doigts qui suivent sont les seuls essentiels. Les clients, lorsqu’ils s’adressent à un public jeune, craignent que les enfants ne s’identifient pas à un personnage amputé d’un doigt. Or, l’argument massue consiste à évoquer Mickey Mouse. Ou encore les Simpsons. Eux n’ont que quatre doigts par main. Cela provient de contraintes techniques d’animation, mais aussi parce que les dessinateurs se sont aperçus que cela suffisait pour exprimer une direction, un salut ou tout autre geste ».
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LE DOSSIER
Top Chrono
Olivier sourit. Il assume totalement les mains à quatre doigts de ses personnages. Parce que mine de rien, si une société sollicite ses services, c’est aussi parce qu’elle apprécie son coup de patte, sa touch.
En moyenne, quatre jours sont nécessaires à Olivier pour créer un personnage 3D. Voici le détail du processus :
• ½ journée pour le character design
Plusieurs pistes de dessin sont explorées et soumises au client
• 2 jours pour la mise en volume
Passage du dessin de la deuxième à la troisième dimension
• ½ journée pour le choix des textures
Définition des matériaux qui vont recouvrir le personnage (matière brillante, opaque, poils…)
• 1 journée pour composer l’ossature (squelette qui permet au personnage de se mouvoir) et pour générer les premières poses
« Appliquée à mon domaine, l’illustration n’est pas un métier artistique d’auteur »
Parce que son métier répond aux besoins de sa clientèle, Olivier ne classe pas l’illustration dans le groupe des professions artistiques d’auteur. Étranges, nous venons pourtant d’évoquer sa touch !? « La demande ne provient pas de l’illustrateur lui-même » souligne l’indépendant. Le distinguo est légitime. Et utile pour quiconque souhaiterait poursuivre un cursus dans la réalisation numérique. Cette assertion doit-elle pour autant casser le mythe de l’artiste illustrateur ? Les contraintes techniques et publicitaires
sont-elles des conditions imperméables à la créativité ? Pas complètement. Les beautés picturales de la Chapelle Sixtine réalisées par Michel-Ange étaient, elles aussi, des commandes. Celle d’un client nommé Vatican. Cargaison de codes picturaux et iconographiques à l’appui. Ce qui rassemble depuis des siècles les éléments clés d’un message religieux ciblé, est encore vu aujourd’hui comme une œuvre d’art. Si la comparaison est volontairement disproportionnée, c’est pour démontrer que par nature, elle n’est pas infondée. Peut-être que la réelle subtilité du métier d’illustrateur réside dans l’adaptabilité qu’il requiert. Une certaine plasticité de l’esprit qui permet de formaliser une idée en utilisant un nombre de pièces restreint. En outre, cette adaptabilité est régulièrement sollicitée par l’évolution technologique et logicielle. #2
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LE DOSSIER
[ ILLUSTRATION 3D]
Veiller l’outil, styliser le produit L’outil informatique est en perpétuelle évolution. C’est encore plus vrai pour les logiciels que pour le hardware (matériel). Il y a le format standard des évolutions ponctuelles (par exemple, Microsoft commercialise une nouvelle version de Windows chaque année), et puis il y a l’opensource qui évolue constamment grâce à un réseau de programmeurs qui peuvent modifier et améliorer librement les fonctionnalités d’un logiciel. Deux rythmes qui, bien que différents, impliquent d’être toujours à la page. Olivier travaille avec Blender un logiciel qui varie au quotidien. Pour lui, la question n’est pas d’en suivre scrupuleusement les évolutions, de courir après la dernière mode graphique. Sa vision du métier d’illustrateur est bien plus conceptuelle : c’est dans le bouillonnement des possibilités que la dimension personnelle d’un travail s’affine. « Actuellement, la réalisation de personnages hyper détaillés est en vogue. Avec le grain de peau, les rides, les cicatrices. C’est ce qu’on voit dans le Seigneur des Anneaux. Les Orques par exemple. Intellectuellement, ça ne m’intéresse pas. Donc, je ne vais pas aller vers les outils qui permettent de réaliser de telles images. Par contre, je vais m’efforcer de me perfectionner dans une esthétique que j’apprécie. Et du coup, l’outil évoluant, je vais pouvoir en optimiser le rendu. C’est ce qui me permet de « styliser » le rendu. En ça, l’illustrateur est dans une démarche personnelle. Cette veille, je la gère seul. » L’illustrateur 3D est bien un créatif. Ses coups de patte sont soumis à des forces extérieures, mais le stylet qui danse sur la tablette graphique ne peut tenir que dans une seule main. Du propre aveu d’Olivier, être illustrateur 3D et nul en dessin, c’est tout bonnement inconcevable : « Bien qu’il s’agisse de 3D ou d’image de synthèse, le résultat final demeure de l’image. Les notions de perspective, de proportions, de cadrage et de lumière sont des classiques dans le domaine du dessin. Évidemment, l’ordinateur et le logiciel vont aider à automatiser beaucoup de choses, mais
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à la base, le geste reste artistique. Pour ma spécialité, qui est la création/mise en scène de personnage, il est fondamental de savoir dessiner, de mettre en pose. Cela s’apprend dans des écoles d’art traditionnelles. Pour certains, c’est inné ».
Bien que le pragmatisme s’avère être la valeur cardinale du métier d’illustrateur 3D, pour beaucoup de ces spécialistes le point de départ reste la passion du dessin. Apprendre à transposer la réalité, à la reproduire, constitue le passage obligé vers cette profession. C’est ainsi que s’éveillent les codes graphiques chez un individu. Un univers naît, et en son centre flamboie un noyau artistique nourri par des influences qui remontent souvent à l’enfance. À chacun son combustible. Pour certains, la BD a été une source d’inspiration, pour d’autres la simple vue d’un tableau dans une galerie a servi de catalyseur. Olivier a été séduit par l’expressivité des personnages de Wallace et Gromit. Son émerveillement perdure. Une image, un matériau ou encore un mouvement suffisent parfois à allumer le feu d’une carrière professionnelle. Avec le temps, et face aux libertés resserrées du travail, les petits morceaux de pâte à modeler des studios Aardman sont devenus la madeleine de Proust du jeune Bisontin. Preuve que l’efficacité du style Pautot repose aussi sur des fondations artistiques. Parce que transmettre un message ou une émotion par l’intermédiaire d’une simple image, il faut bien admettre que c’est tout un art.
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Parcours atypique Faut-il impérativement passer par une école pour réussir dans le monde de l’illustration numérique ? Olivier répond : « Aujourd’hui, le monde de l’illustration est très concurrentiel. L’image de synthèse est partout. Au nom de cette concurrence, avoir un parcours atypique s’avère plutôt difficile. L’employeur va privilégier le diplôme au portfolio. En France, c’est comme ça. Pour l’anecdote, je connais un illustrateur qui a réussi dans le métier sans être titulaire du baccalauréat. Il s’est toujours intéressé au dessin, a suivi des cours de nuit aux beaux-arts ainsi qu’à la fac de médecine (pour les dessins d’anatomie)… Tout ça en candidat libre. Il a constitué un book et a commencé à le montrer en agences. Au début des années 90, il a été embauché dans une grosse agence de communication qui l’a formé aux outils informatiques, notamment à la première version de Photoshop. Il a ensuite grimpé les échelons pour devenir directeur artistique. Puis, il s’est implanté dans une autre agence à rayonnement international avant de passer en indépendant. C’est là qu’il a créé l’égérie d’une revue pour les enfants. Un parcours comme celui-là, il en existe peu ! »
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Olivier Pautot
3 1 Gr and e R ue - 2 5 0 0 0 B e sa n ç o n
Olivier Pautot
Site internet : www.pautot.net Mail : olivier@pautot.net
Illustrateur 2D, 3D Bes ançon (25)
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#followmeto Murad Osmann Par Samuel Balmeur
Le globe terrestre roule sous leurs pieds et la planète web plébiscite leur complicité. Murad et Nataly vont d’un continent à l’autre sans jamais se quitter. Il y a sa main à lui, et sa main à elle. Un petit nœud de dix doigts qui relie deux êtres et fait de ce couple une des gracieuses attractions d’Instagram, le leader des réseaux sociaux de partage de photographies. Plus d’un million de suiveurs ont été conquis par les clichés en vue à la première personne de Murad Osmann. Entraîné par sa compagne dans des
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INSTACLAQUE
lieux tous plus somptueux les uns que les autres, le jeune Russe donne à la subjectivité de ses images un élan romantique saisissant. Parce que sa main apparaît sur chaque photographie, Murad prête au public une impression touchante : celle d’arpenter le monde à la suite d’une vénus. Cette sensation, qui transforme le contact graphique du couple en picotement dans le creux de la paume du spectateur, concentre la justesse émotionnelle de #FollowMeTo («Suis-moi» mot-clé que l’artiste associe à ses prises de vue). L’idée séduit parce qu’elle vient du cœur et d’un geste spontané : « Pour être franc, tout est arrivé par accident », déclare l’esthète. L’histoire a commencé sans véritable préambule alors qu’il visitait Barcelone avec sa compagne, il y a trois ans. « À un moment donné, Nataly m’a saisi le bras pour m’entraîner vers un quartier de la vieille ville. Elle m’a tiré vers l’avant et, au lieu de me laisser aller en rêvassant, j’ai pris une photo de son mouvement. C’est ainsi qu’est né notre premier cliché et que notre vie a changé. » Un coup de foudre ne peut être prémédité…
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Après Barcelone, d’autres villes sont venues remplir leur carnet de voyage. D’autres pays. D’autres paysages. Les Alpes françaises, Central Park, la Mosquée Bleue d’Istanbul, les amoureux courent partout, passant volontiers à travers un champ de colza, dans les rayonnages d’un entrepôt Ikea ou dans les rues de Hong Kong. Leur escapade se poursuit jour après jour et garnit régulièrement le mur Instagram de Murad Osmann.
Conquise, l’équipe du magazine Degré Kelvin vous recommande chaudement d’y jeter un œil. Pour la beauté des lieux visités, ou tout simplement pour les courbes élégantes de la mystérieuse Nataly. En tout cas, la rédaction a d’ores et déjà choisi ses clichés favoris et s’empresse de les partager avec vous. Et puisque le couple vient récemment de célébrer son mariage, nous nous glissons sans hésitation dans le costume de témoin !
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INSTACLAQUE
ins ta gra m.com
/ muradosmann # followmeto
Murad Osmann
P hot og r ap he & P r od u c t e u r vi dĂŠ o www. mur ad os mann. c om / ww w. h y pe pr o. t v
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COUP DE PATTE
[LE JEU]
Les 7 différences
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des Transports
Par Jérémy Kartner
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[ LA PLA N C H E ]
COUP DE PATTE
Ma muse m’amuse Jérémy Kartner
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Vos artistes locaux préférés se mettent en vente pour décorer
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