Les Affaires "Charlie Hebdo" by ActuaBD

CHRONIQUES DE LA BD

LES AFFAIRES CHARLIE HEBDO

ACTUABD.COM

"Dieu a dit : tu aimeras ton prochain comme toi-même. D’abord, Dieu ou pas, j’ai horreur qu’on me tutoie…" Pierre Desproges.

La version papier de ce livre est disponible sur http://amzn.to/2j34cxJ

Textes de Nicolas Anspach, Charles-Louis Detournay, Frédéric Hojlo, Christian Missia Dio, Dominique Molinaro, Didier Pasamonik et Patrick Pinchart © ActuaBD.com, 2016. Dessins de couverture et en pages intérieures : © Charlie Hebdo Les articles repris ici ont été préalablement publiés sur le site www.actuabd.com et sont rassemblés dans cette compilation thématique avec l'accord de leurs auteurs, qui restent entièrement responsables de leur contenu, dont ils conservent la propriété intellectuelle. Droits de traduction et de reproduction réservés pour tous pays. Il est strictement interdit, sauf accord préalable et écrit de l’éditeur ou des auteurs, de reproduire partiellement ou totalement le présent ouvrage, par quelque procédé que ce soit (et notamment par photocopie ou numérisation), de le stocker dans une banque de données ou de le communiquer au public. Une copie ou reproduction constitue une contrefaçon passible des peines prévues par la loi du 11 mars 1957 sur la protection des droits d’auteur. Les commentaires qui accompagnent les articles ont été rendus publics sur le site à la demande de leurs auteurs et sont reproduits ici en accord avec les conditions générales du site. Leurs auteurs ont majoritairement choisi de les publier sous pseudonyme ou anonymement ; les identités des autres ont été, dans le présent ouvrage, remplacées par leurs initiales. Nous publions les URL des articles au cas où certains lecteurs souhaiteraient réactiver certaines discussions. Les interventions qui ne respectaient pas les règles de la nétiquette, ou trop laconiques, de même que celles présentant trop de fautes d’orthographe n’ont pas été reproduites ici. Nous assumons notre subjectivité dans le choix des interventions conservées ici. L’intégralité est toujours consultable en ligne. ISBN : 978-2-930750-02-6

Table des matières Préface : Charlie Hebdo n'est pas un long fleuve tranquille

Prologue Mourir pour des idées... Mourir pour Charlie Hebdo ?

Siné massacre... Joann Sfar dans Charlie Hebdo

Charb : "Pour les religions et l’extrême-droite, c’est feu à volonté !" 46 Parenthèse : L’Église et la bande dessinée

L'affaire des caricatures de Mahomet touche la France

Le numéro de Charlie Hebdo "spécial caricatures" échappe à la censure

Caricatures de Mahomet : Une BD de Ville Ranta censurée en Finlande

L’affaire des caricatures de Belleville

Philippe Val : "Quand on cultive la différence, on est un con, forcément !"

Charlie Hebdo reçoit quatre assignations en justice pour l’Affaire des caricatures 99 Le procès de Charlie Hebdo : une tentative de censure

102

Charlie Hebdo : Le parquet demande la relaxe

107

Sfar au procès de Charlie Hebdo

113

Procès des caricatures : Charlie Hebdo gagne son procès

114

Charlie Hebdo au Festival de Cannes

122

Siné s’exclut de Charlie Hebdo

126

Siné massacre… Philippe Val !

134

"Affaire Siné" : SOS Racisme se range aux côtés de Philippe Val et de Charlie Hebdo 153 3

"Siné contre Charlie Hebdo" : un résumé de l’affaire

160

L’Affaire Siné : le soufflé retombe

171

Charlie Hebdo lance sa maison d’édition : "Les échappés"

194

Affaire Siné : Delfeil de Ton remet en cause la propriété du titre "Charlie Hebdo" 197 Ce que la LICRA reproche à Siné

201

Siné lance "Siné Hebdo"

220

Charlie Hebdo lance son site Charliehebdo.com

240

Le No 1 de "Siné Hebdo" est dans les kiosques

244

Siné relaxé contre la LICRA attend le délibéré dans son procès contre Claude Askolovitch

251

Siné victime d’un Poisson d’avril ?

254

Philippe Val partant de Charlie Hebdo ? L’incertitude demeure. 265 Philippe Val quitte Charlie Hebdo pour France Inter

272

Charb prend la direction de Charlie Hebdo

277

Siné l’effronté

279

Siné : "J’ai demandé mon inscription au Medef"

286

Le Tribunal de Grande Instance donne raison à Siné contre Charlie Hebdo 295 Philippe Val quitte l’actionnariat de Charlie Hebdo

298

Siné crée son mensuel en vue des présidentielles de 2012

302

Parenthèse Charlie Hebdo : Un journal qui déménage

304

Le dernier coup fumant de Charlie Hebdo

309

La page Facebook de Charlie Hebdo attaquée par les intégristes musulmans 316 Louison, dessinatrice à Charlie Hebdo : "Je ne pensais pas faire un métier à risque !" 319 Charlie Hebdo, le "SDF du Net", ouvre un blog ! 4

322

L’Affaire Charlie Hebdo ou la censure mondialisée

323

Siné : victoire totale sur Charlie Hebdo

333

Atroce attentat contre Charlie Hebdo — Wolinski, Cabu, CharI et Tignous assasSinés 336 Il faut continuer le combat de Charlie Hebdo

340

Sondron & Samuel (caricaturistes belges) : "La mort de nos amis de Charlie Hebdo nous bouleverse !" 346 Charlie Hebdo en passe de devenir une religion

349

Johan De Moor : "À travers l’attentat de Charlie Hebdo, on cherche à nous intimider." 353 Slim : "Les fanatiques religieux n’ont pas le sens de l’humour, mais le sens de la mort." 355 Une marche pour Charlie Hebdo, mais pas seulement...

358

Farid Boudjellal : "Pour l’instant, les politiques se déchirent sur le cadavre encore chaud de Charlie Hebdo." 364 Charlie Hebdo — Le paradoxe de l’émotion

370

Nicolas Vadot : "Je n’étais pas d’accord avec Charlie Hebdo, mais ils avaient parfaitement le droit de s’exprimer." 378 Spirou réunit le monde de la BD dans un numéro spécial en hommage à Charlie

383

Lucie Lomová (auteure tchèque) : "Nous ne voulons pas vivre dans un monde où l’humour est puni par la peine de mort." 389 Hommages à Charlie Hebdo — Le formidable courage des éditeurs et des caricaturistes turcs 393 Ersin Karabulut : "Si demain quelqu’un s’en prend à une mosquée, nous serons de ceux qui dénonceront cet acte en écrivant et en dessinant. Tout comme Charlie Hebdo." 401 Memo Tembelçizer : "L’attaque contre Charlie Hebdo est un événement dont la dimension mondiale me fait peur." Le "Charlie Hebdo des survivants" passe le cap des 7 millions 5

406

d’exemplaires de tirage

411

Le Musée Hergé programme, puis annule une expo en hommage à Charlie Hebdo 414 Après le succès du Journal de Spirou, Casemate publie également son hors-série "Spécial Charlie" 422 La bande dessinée, la Shoah et... Charlie Hebdo

427

Angoulême est Charlie !

433

Réplique terroriste des attentats de Charlie Hebdo à Copenhague 436 Des assassinats de Charlie Hebdo à ceux de Copenhague : quand la violence réelle répond à la violence symbolique 440 Charlie Hebdo à nouveau dans les kiosques

443

Charlie Hebdo rend fous même les médias les plus sérieux

447

Penguen condamné — L’étau se resserre autour des caricaturistes et de la liberté d’expression en Turquie. 451 Deux journalistes inculpés à cause de Charlie Hebdo : Le double-jeu des conservateurs turcs 454 L’impossible Catharsis de Luz (et de Charlie Hebdo)

456

Saint-Just-le-Martel rend hommage aux dessinateurs de Charlie Hebdo 460 Pour ceux qui sont tombés cette nuit

465

Coco signe la Une du Charlie Hebdo post-13 novembre 2015

476

Charlie Hebdo, personnalité BD de l’année 2015

479

Parenthèse Une faute dans la plaque d’hommage à Charlie Hebdo 487 Où en est l’esprit de Charlie Hebdo ?

488

Affaire Aylan et Riss/Charlie Hebdo : Les dessinateurs dans la ligne de mire 495 Livre Paris 2016 : Contrôle de l’information, censure, politiquement correct... la bande dessinée fait de la résistance. 506 6

La une sulfureuse de Charlie Hebdo: «Le premier affecté sera Stromae»

511

Turquie : la répression touche le magazine satirique LeMan

514

#JeSuisLeMan

518

Charlie Hebdo à la conquête de l’Allemagne

521

Épilogue Charlie Hebdo de nouveau poursuivi en justice : un retour à la normale ? 526 À propos d’ActuaBD

532

PRÉFACE :

CHARLIE HEBDO N'EST PAS UN LONG FLEUVE TRANQUILLE Le premier article d'ActuaBD relatif au célèbre hebdomadaire satirique a pour titre "Mourir pour des idées... Mourir pour Charlie Hebdo". Il date de... 2002. Pour la planète entière, Charlie Hebdo est né en janvier 2015. Une poignée de psychopathes qui espéraient le réduire au silence lui ont offert une célébrité que nul autre média n’a jamais atteinte auparavant. Et une pérennité financière inespérée pour un journal qu'on annonçait moribond. La carrière de Charlie Hebdo n'a pas été un long fleuve tranquille. Bien au contraire. Les différentes "affaires" traitées tout au long de ce recueil de chroniques et — surtout — les réactions des internautes (la plupart rédigées courageusement sous couvert d'anonymat), le démontrent sans conteste. L'unanimité autour de la liberté d'expression qu'il symbolise, manifestée par une bonne partie de la planète en janvier 2015, n'a été qu'une parenthèse pour un journal adulé par certains, honni par d'autres comme vous pourrez lire dans les pages qui suivent. "Crève, Charlie !" était, pour beaucoup, avant les 8

7 janvier de cette année-là, la solution finale pour faire taire ce trublion iconoclaste et irrévérencieux qui ne respectait et ne respectera jamais aucun tabou. Cette irrévérence est pourtant à l'origine de sa création. Car elle fut fatale à son prédécesseur, l'hebdo Hara-Kiri. Flash-back. À la fin des années, au n° 50 de la rue Choron à Paris, Cavanna, entouré de Fred et de Georges Bernier — qui se fera ensuite appeler "Professeur Choron", devinez pourquoi... —, lance le premier numéro d'un nouveau magazine, influencé partiellement par le mensuel américain Mad, mais en nettement plus corrosif : Hara-Kiri. Son génial slogan "le journal bête et méchant" assume rapidement l'orientation du contenu. On sait à quoi s'attendre en l'ouvrant. Par sa liberté de ton, il attire d'autres auteurs, futurs piliers, comme Wolinski, Topor, Reiser, Cabu, Siné ou Gébé.

Irrévérencieux, il n'hésite pas, alors que la censure sous de Gaulle est extrêmement forte, à tourner son impertinence vers les instances du pouvoir. Ce qui lui vaut très vite une interdiction, en 1961, suivie d'une seconde, en 1966. Qui lui est provisoirement fatale. La société qui édite Hara-Kiri doit déposer le bilan. Mais, très vite, Georges Bernier en crée une nouvelle, "Les éditions du Square", qui reprend la publication en 1967. Et lance, en février 1969, outre le mensuel Charlie, un magazine satirique, l'hebdo Hara-Kiri. Dont l'existence sera courte. Le 1er novembre 1970, en effet, la France est traumatisée par un drame terrible qui coûte la vie à 146 jeunes dans une boîte de nuit à Saint-Laurent-Du-Pont, le "5-7". Ils périssent brûlés vifs ou asphyxiés dans l'incendie du dancing, piégés par des portes de sortie bloquées pour empêcher les resquilleurs d'y pénétrer. Le 9 novembre 1970, une semaine plus tard, donc, le général de Gaulle meurt. Quel rapport avec l'hebdo Hara-Kiri ? Dans le numéro qui suit, daté du 16 novembre, celui-ci titre : "Bal tragique à Colombey — 1 mort". La réaction du pouvoir en place est rapide. Le journal est "interdit à l'exposition et à la vente aux mineurs". Ce qui le condamne à mort. L'équipe réagit tout aussi rapidement. Une semaine après, un nouveau journal est dans toutes les librairies : Charlie Hebdo, en référence au mensuel Charlie lancé en 1969 par Cavanna, Geroges Bernier et Delfeil de Ton. Avec un slogan ironique, en rapport avec son défunt prédécesseur : "L’hebdo Hara-Kiri est mort. Lisez Charlie Hebdo, le journal qui profite du malheur des autres."

L'ultime numéro de l'Hebdo Hara-Kiri, devenu pièce de collection. Charlie Hebdo s'installe comme un journal satirique sans concession, n'hésitant pas à franchir toutes les limites de ce que certains veulent définir comme "le bon goût", ce qui l'éloigne d'un public qui le trouve "vulgaire", mais le rapproche d'un autre qui apprécie ses audaces... et aussi que l'on se moque de ce carcan culturel. On est dans les années 60, un vieux monde s'écroule, les mentalités changent. Ses dessins ciblent les hommes politiques, mais aussi les "grands" de ce monde, le racisme, le sexisme, la société de consommation, l'environnement, le militarisme. À cet humour au vitriol s'ajoute un journalisme d'investigation qui lui fait aborder des sujets sensibles et le positionne en outre parmi les journaux de gauche critiques.

Le dernier numéro de Charlie Hebdo, période historique. © Charlie Hebdo. À l'arrivée de la gauche au pouvoir, son lectorat se démobilise. La première vie de Charlie Hebdo s'interrompt en décembre 1981. Le 2 janvier 1982, l'équipe se retrouve dans une émission spéciale "Droit de réponse" qui tourne au chaos et aux échanges

d'insultes1. Un ultime numéro, 581, paraîtra pour commenter cette émission restée dans les annales de la télévision.

Il est toujours possible de la revoir sur le site de l'INA :

http://www.ina.fr/video/CPA82052296

Le journal est relancé en 1992 par Philippe Val. Une bonne partie de l'équipe historique est présente, sauf le professeur Choron, rejointe par de nouveaux comme Plantu et Charb. Tous se revendiquent de l'"esprit Charlie", grosso modo un irrespect qui permet de rire de tout, avec comme cibles privilégiées ceux qui détestent cela, soit les militaires, les religieux intégristes, les hommes de pouvoir et l’extrême droite. Entre autres. Dès lors, polémiques et procès vont se succéder2. Les plus importants sont commentés dans les pages qui suivent. En débutant par la publication des caricatures de Mahomet dans un numéro montrant, en couverture, le prophète se plaignant en se tenant la tête dans les mains : "C'est dur d'être aimé par des cons !". Les ventes explosent. Un procès très médiatisé s'en suit, dont l'enjeu est majeur, celui de la liberté d'expression face à la montée de l'intégrisme religieux. Dans les forums et sur les réseaux sociaux, on se déchire. D'un côté, les défenseurs de Charlie ("Je suis pour la liberté d'expression"), de l'autre, des musulmans qui ne parviennent pas à comprendre que le journal vise uniquement les intégristes. Suit l'"Affaire Siné", quand Val vire le dessinateur historique pour une chronique qu'il considère comme antisémite. Dans les forums et les réseaux sociaux, on continue à se déchirer. Le numéro spécial "Charia Hebdo", qui "fête la victoire" (sic) du parti islamiste Ennahda en Tunisie, provoque les mêmes débats enflammés.

Le journal leur consacre une page sur son site : https://charliehebdo.fr/proces/

"Charia Madame", un extrait de l'une des rubriques de "Charia Hebdo". © Charlie Hebdo. Mais l'affaire prend un autre niveau lorsque l'on apprend que les locaux de la rédaction ont été incendiés la veille de la parution. En décembre 2013, le rappeur Nekfeu réclame, dans une de ses chansons : "un autodafé pour ces chiens de Charlie Hebdo". Et, le 7 janvier 2015, a lieu le terrible attentat qui décime une partie de la rédaction. Dans un premier temps, l'unanimité se fait autour de Charlie Hebdo. Parmi les millions de gens qui, sur internet, affirment "Je suis Charlie", peu le connaissent. Tous le soutiennent au nom d'une liberté d'expression devenue soudain valeur universelle — on voit même défiler à Paris des dirigeants autoritaires qui musèlent totalement celle-ci dans leur propre pays. Des milliers de personnes s'abonnent sans avoir lu une seule de ses pages et 15

sans connaître son humour satirique. Ils vont être surpris ! Cette unanimité va rapidement s'effriter. Les projecteurs des médias et, surtout, des réseaux sociaux sont désormais braqués sur le journal. Ses unes, autrefois majoritairement lues par des lecteurs acquis et initiés à ce fameux "esprit Charlie", sont désormais prises au premier degré par les nouveaux lecteurs qui ne le comprennent pas. Qui sont choqués. Et qui le clament sur les réseaux sociaux, accompagnés de slogans "Je ne suis plus Charlie". On ne lui pardonne rien. Les scandales se multiplient. Charlie, pourtant, reste fidèle à sa ligne éditoriale. Il lutte contre l'hypocrisie, le double discours. Ce "politiquement incorrect" qu'il revendique est lu dans d'autres milieux, d'autres pays, d'autres cultures, qui ne peuvent le comprendre. Ses "unes" sont critiquées aux plus hauts niveaux par des personnalités qui ne connaissaient pas le journal avant le 7 janvier 2015 et se fichaient alors totalement de ce qui pouvait y être publié. On lira dans les pages qui suivent les réactions de moins en moins mesurées en réaction à ces publications. La liberté d'expression, oui, mais NIMBY, "not in my back yard". La caricature, oui, mais niveau bisounours. Le 2 décembre, Vladimir Poutine mettait en garde les artistes russes contre un "comportement dangereusement révoltant" et les appelait à "ne pas diviser la société" en dépassant les limites de la liberté d'expression à l'instar de Charlie Hebdo. Au moment où nous écrivons ces lignes, une pétition a été lancée par le journaliste Nikolai Zubov pour demander des sanctions contre la France, Charlie Hebdo et la ministre de la Culture, Audrey Azoulay, à la suite de dessins relatifs au crash d'un avion russe qui a entraîné la disparition d'un chœur de l’armée rouge. Faisant suite à de nombreuses manifestations choquées et des menaces de réactions officielles tout au long de l'année 2016. La vie de l'hebdomadaire satirique n'est décidément pas un long fleuve tranquille. 16

On le devine, les "Affaires Charlie Hebdo" ne sont pas près de s'arrêter. On ne peut que s'en réjouir. Le jour où Charlie Hebdo ne sera plus là pour choquer, nous serons définitivement entrés dans l'ère du politiquement correct. Nous avons la chance extraordinaire de vivre dans l'un de ces rares coins de la planète où la liberté d'expression est un droit et où le délit de blasphème n'existe pas. Une région où vous avez tout à fait le droit d'imaginer qu'un dieu barbu a créé le monde ou, au contraire, de considérer que c'est tout à fait crétin et l'affirmer sans vous retrouver lapidé ; une région où vous avez tout à fait le droit de penser que les prophètes sont des envoyés de cette même divinité, et en même temps, d'affirmer que quelqu'un qui se prend pour un envoyé du ciel est en plein délire et a plus sa place dans un hôpital psychiatrique, sans que l'on vous coupe la tête. Tout le monde n'a pas cette chance. Dans d'autres pays, comme la Turquie (voir en fin de volume l'"affaire LeMan"), d'autres journalistes tentent de faire paraître des magazines satiriques et se retrouvent, au mieux en prison, au pire exécutés. 18

À lire (si vous le trouvez), ce numéro hors-série de "Charlie Hebdo" suite à l'affaire des caricatures et, ci-après, un court extrait. © Charlie Hebdo.

Charlie est l'expression de cette liberté que nous avons d'affirmer nos opinions en public, pourvu qu'elles ne soient pas diffamatoires ou qu'elles n'appellent pas à la haine, à la

xénophobie, au racisme, au négationnisme ou à la violence — le cadre et les limites sont bien posés — et de nous moquer, par exemple par la caricature3. Certains psychopathes essaient de museler celle-ci par la violence extrême. On doit admirer le courage des survivants de Charlie qui, malgré la menace, continuent à tenter de la faire respecter. Il faut tout faire pour qu'ils poursuivent ce travail salutaire. Même — et surtout — s'ils dérangent. Même si leur humour peut paraître vulgaire et inacceptable. Ce qui est vulgaire et inacceptable, c'est de considérer que caricaturer un personnage mort il y a près de 1400 ans mérite la mort. Car définitivement, la seule valeur qui compte, c'est la vie. Patrick Pinchart À propos des commentaires des internautes Il n’est pas simple de retranscrire dans un livre la vivacité des échanges sur Internet. Nous avons choisi de reprendre la structure indentée qui aide à comprendre qui répond à qui : une réponse à un message est systématiquement décalée vers la droite. Nous avons corrigé partiellement, dans la mesure du possible, l’orthographe et la ponctuation, mais nous n’avons pas voulu réécrire les propos. Une grande indulgence est donc demandée dans la lecture de ceux-ci. Les messages que nous considérions comme n'apportant rien au débat, ainsi que ceux rédigés en langage SMS ou en français approximatif ont, par contre, été supprimés.

On lira à ce propos l'excellent article de Baptiste Nicaud "Tolérance contre

intolérance : jusqu’où va la liberté de caricaturer selon la Cour européenne des droits de l’homme ?" sur le site "Justice en ligne". http://www.justice-en-ligne.be/article709.html

PROLOGUE MOURIR POUR DES IDÉES... MOURIR POUR CHARLIE HEBDO 4 ? 12 décembre 2002 Dans son édition du 27 novembre, Charlie Hebdo présentait en couverture un dessin de Cabu représentant une série de femmes portant le voile islamique sous le calicot : "Élection de Miss Sac à Patates organisée par Mahomet". "Je choisis la Belle-de-Fonteney", ricanait ce dernier, cigare et verre d'alcool à la main. Un dessin qui n'a pas plu à la communauté musulmane qui, chauffée à blanc par le site islamiya.net, a envoyé des centaines de messages de protestation, d'insultes et de menaces. - "Dis, Philippe, on ne va pas mourir pour le journal ?"

http://www.actuabd.com/Mourir-pour-des-idees-Mourir-pour-Charlie-Hebdo

demande anxieusement Luce Lapin à Philippe Val, le rédacteur en chef, dans sa chronique du numéro de cette semaine (No 547). – "Si, si", répond le Val, "on va mourir pour le journal". – "Bon, d’accord". À la lecture du ton de quelques-uns des messages reçus au nom du "prophète Mohammad que la paix et la miséricorde de Dieu soient sur lui", il y a de quoi s’inquiéter. "Préparez-vous au pire. Vous l’avez bien cherché (sic) cette fois." Mais cela ne refroidit pas la verve de Philippe Val. "Que les choses soient claires", explique-t-il dans son éditorial. "Le droit — que l’on a acquis de haute lutte — de se moquer du petit Jésus ou de Mahomet, on n’est pas près de l’abandonner. Il est constitutif du monde dans lequel nous voulons vivre. Ceux qui ne sont pas d’accord avec nous peuvent librement se foutre de notre gueule, on ne risque pas de les menacer de mort pour ça. (...) La critique des idées — y compris les idées religieuses — est la raison d’être même de notre journal. Si l’on s’en excusait, cela reviendrait à dire que l’on regrette d’exister, ce qui est une impossibilité logique. C’est une manie des semeurs de certitudes de menacer de mort les semeurs de doutes. (...) Quant à ceux qui se disent humiliés, car on a humilié leur dieu, ils prouvent qu’ils se prennent pour dieu lui-même. Pour eux, c’est sûr, les bombardiers de Bush ne peuvent rien. En revanche, un bon psychiatre..." Le site islamyia.net continue la polémique avec un éditorial traitant Charlie Hebdo de "journal-torchon" et en rappelant qu’il est de leur devoir de faire respecter "l’être qui possède la plus haute distinction de l’histoire de ce monde" (resic). On y trouve l’éditorial complet de Philippe Val. Patrick Albray

Extraits des commentaires du forum de cet article "Une femme voilée affligée par une insolence non fondée", 27 décembre 2002 Vos idées sont-elles donc si importantes pour que vous les mainteniez ou est-ce le principe de ne pas pouvoir critiquer qui vous dérange ? Mais critique et blasphème sont-ils deux choses identiques ? Le visage d’un saint homme devient visage diabolique, un homme qui n’a jamais approché l’alcool, se retrouve avec un verre d’alcool ? 24

Dites-moi simplement où est l’exagération. Car j’essaie de voir une vérité quelconque dans votre dessin, mais j’ai du mal à la voir ! Non, messieurs ce n’est pas de la critique, c’est du n’importe quoi, ou plutôt une provocation alors expliquez-moi pourquoi vous vous étonnez d’avoir eu autant de menaces de MUSULMANS et non pas "d’islamistes", car tout musulman croit en Mohamad que la Paix soit sur lui et a pour devoir de le défendre. Et veuillez également m’expliquer, car je ne saisis vraiment pas : pourquoi autant d’insolence ? Ne pensez pas simplement être en train de jouer sur un terrain sensible. Non, vous jouez avec le feu. Que la Paix, la miséricorde et les bienfaisances de Dieu soient avec vous. Roland, 28 décembre 2002 Voltaire écrivait à Rousseau une phrase que je cite de mémoire : "Je suis contre vos idées, mais je me battrai à mort pour que vous puissiez les exprimer.5" Ce n’est visiblement pas ce qu’écriraient à Charlie Hebdo leurs opposants. Le siècle des Lumières, français par essence, est bien loin... ou, du moins, il n’est pas encore venu (excepté peut-être dans la République des Lettres). Les auteurs des réponses précédentes évoquent la paix. Mais je me demande bien de quelle forme de paix il peut s’agir. Les religions monothéistes (et polythéistes, d’ailleurs) n’ont pas particulièrement brillé par des démonstrations pacifistes, au cours des derniers siècles, et je crains que les prochains ne soient encore pires. Mais je sais ce que les partisans m’objecteront : ce que je dis et cite est la parole d’un homme ; nous parlons de la parole de Dieu. Que répondre à cela ? Où est la raison dans toutes ces fariboles ? La seule certitude que nous avons est celle de la mort. Les dessins et les enquêtes de Charlie Hebdo font partie du divertissement pascalien :

Citation apocryphe. Voltaire n'aurait jamais dit cela, mais c'est joli quand

même. https://fr.wikipedia.org/wiki/Citation_apocryphe (NDPP)

nous divertir de l’idée de la mort. Peut-être que la religion n’est rien d’autre, quelle qu’elle soit. Marx disait : "La religion, c’est l’opium du peuple." Un autre homme a dit : "La religion est un poison". Ne pensez-vous pas que les dignitaires religieux, les lobbies religieux, et les autres, les Rois de ce Monde, inconnus, car puissants et cachés, sont souverains, et que nous sommes tous, nous les petits, les obscurs, les sans-grades, dans une même galère ? Nous sommes tous des marionnettes aux mains de ces grands hommes, qui nous inventent des divertissements, afin de mieux nous manipuler. Comme le divertissement proposé aux humains asservis dans "The Matrix"... Mais ne cherchons pas à convaincre. Comme dit Zarathoustra dans "Ainsi parlait Zarathoustra" : "Je ne suis pas la bouche qui convient à ces oreilles". Une dernière citation, d’un homme, je sais, mais elle vaut bien d’autres pages, qui de toute façon, se désagrégeront comme les autres dans l’infini des temps, quand la Terre, le système solaire, les hommes et leurs luttes, vaines et ridicules, ne seront même plus un souvenir pour l’univers qui se retournera sur lui-même. "Peut-on rire de tout ? Oui, mais pas avec tout le monde." Pierre Desproges Homer, 28 décembre 2002 Pas d’accord avec tout ce monde, qui critique Charlie, Cabu et tous les autres. Le but de ces journalistes, c’est de nous faire réagir à l’actualité qui n’est pas toujours drôle. Alors quand on voit le fanatisme de certains islamistes au Nigéria, qui se battent, qui veulent faire revivre l’inquisition au XXIe Siècle, on ne peut s’empêcher de rire de toutes ces religions. C’est légitime de votre part de réclamer qu’on respecte un Dieu, dont, jusqu’à preuve du contraire, on n’a jamais vu le bout du nez. Dans ce cas-là, critiquez aussi quand on représente le Pape, quand on représente un Pasteur, Le Pen, Chirac..... Mais franchement, croyez-vous vraiment que le simple fait de railler un fait divers comme ça, sans autre but que de faire rire et réfléchir, vaille vraiment toutes les insultes et menaces envoyées à l’équipe de Charlie ? Moi, je ne pense pas. L’humour est une arme qui sert à nous faire réfléchir. Ne déclenchez pas la guerre pour ça. Cela ne prouvera aucunement votre intelligence. 26

Anonyme, 12 janvier 2003 "Vos idées sont-elles donc si importantes pour que vous les mainteniez" Bien entendu. La critique de la société et de ses diverses composantes, même religieuses, est un acquis indissociable de la démocratie. "Où est-ce le principe de ne pas pouvoir critiquer qui vous dérange ? Mais critique et blasphème sont-ils deux choses identiques ?" Bien sûr que non. Le blasphème est un point de vue purement religieux, qui n’a aucune valeur légale dans un pays laïque comme la France. "Le visage d’un saint homme devient visage diabolique, un homme qui n’a jamais approché l’alcool, se retrouve avec un verre d’alcool ?" C’est tout simplement une caricature. Eh ! Faudrait avoir un peu d’humour ! "Dites-moi simplement où est l’exagération. Car j’essaie de voir une vérité quelconque dans votre dessin, mais j’ai du mal à la voir !" Faute de lecture assidue de Charlie Hebdo, sans doute. "Non, messieurs ce n’est pas de la critique," Si, madame. C’est de la critique d’une religion. Eh oui, ici on A LE DROIT de critiquer une religion, n’importe quelle religion. C’est comme cela, POINT FINAL, le respect de la loi est supérieur aux préceptes religieux. "C’est du n’importe quoi, ou plutôt une provocation alors expliquezmoi pourquoi vous vous étonnez d’avoir eu autant de menaces de MUSULMANS et non pas "d’islamistes"." Vouloir qu’un journal libre se plie au respect d’une religion, c’est de l’intégrisme. "Car tout musulman croit en Mohamad que la Paix soit sur lui et a pour devoir de le défendre. Et veuillez également m’expliquer, car je ne saisis vraiment pas : pourquoi autant d’insolence ?" La première insolence est dans les textes sacrés, le Coran entre 27

autres, qui prétendent régir l’existence de personnes à partir de pseudo principes divins. La seconde insolence est celle de vouloir imposer sa croyance à autrui. Si ça embête certains qu’un prophète barbu soit représenté un verre à la main, qu’ils n’achètent pas le journal, voilà tout. "Ne pensez pas simplement être en train de jouer sur un terrain sensible. Non, vous jouez avec le feu." Serait-ce une menace ? Ah, ces intégristes... "Que la Paix, la miséricorde et les bienfaisances de Dieu soient avec vous" Dieu ? Non merci. Je préfère voir les choses en face sans avoir besoin d’une béquille pour supporter ce monde. Juste quelqu’un le 27 avril 2003 Jamais de la vie je ne mourrais pour Charlie Hebdo ! Ca va pas la tête ou quoi ? Cela dit, en tant qu’humaine et femme d’autant plus, je me dois de me défendre, de défendre ma liberté d’expression, ma liberté de vie, ma liberté d’habits, ma liberté de me trimbaler en jupe ras-la-moule et archihauts talons ou en bleu de travail tout sale... Un jour, dans le train, un musulman et un bouddhiste, que je ne connaissais et qui ne me connaissaient ni d’Ève ni d’Adam, si je peux me permettre, m’ont fait une leçon de morale sévère parce que j’osais dire haut et fort que JE SUIS ATHÉE, que je tente de réfléchir le plus par moi-même et non pas de suivre une conduite dictée ou "aiguillée" par n’importe quel livre ou personnage quel qu’il soit. Malheur à moi, incendie dans le wagon ! Comme je ne suivais pas de règles, j’étais (je raccourcis un peu...) une fille qui boit sans modération et qui par la suite fait n’importe quoi avec son zizi ! Sympa, la tolérance envers l’athée. Et aussi, sympa avec les gens qui adorent le sexe au goût si délicieux et à la sensation si explosive... Rien, je n’ai en rien critiqué leurs dieux (qui selon moi n’existent que dans leurs minuscules caboches). Je n’ai rien dit de blasphématoire. La seule qui s’en soit prise plus que pleine dans la tronche, c’est qui ? C’est bibi ! NOM DE DIEU DE BORDEL DE M. ! Chacun fait ce qu’il veut, chacun pense comme il veut, et chacun 28

laisse penser l’autre comme il veut dans la mesure ou il n’impose rien et à personne. Ce qui ici n’était pas le cas. Je ne leur ai quasiment rien dit, à part avoir poser les questions : Pourquoi si peu de femmes moine bouddhiste ? Pourquoi chez les rastas (et autres probablement) la femme qui a ses règles estelle inapprochable ? Pourquoi les rastas hallucinent-ils tant sur l’affameur éthiopien ? Pourquoi dans le Coran la femme n’a-t-elle pas d’accès au Paradis ? Et pourquoi dans la Bible, la femme estelle la traîtresse ? Pourquoi si un homme, Adam en l’occurrence, a une gaule monumentale, est-ce de la faute de la femme ? Non, mais on entend de ces choses ! Quelle honte ! Si vous croyez en Dieu, dites-vous que c’est de la faute de Dieu puisqu’il a fait l’homme a son image... Re incendie ! Blasphème et j’étais inculte, c’est parce que, pendant un temps, j’avais oublié que nous vivions dans un monde où la femme est inférieure à l’homme aux yeux de Dieu, mais surtout aux yeux de l’homme... Alors, à tous les frustrés de l’humanité, qu’ils soient sous l’étiquette machos, religieux à fond la caisse (je ne critique en rien la foi), homophobes, racistes, antivieux, antijeunes, anti-joies, antisexuelles, hum..., antitout, SALUT A VOUS !! ET RAS-LE-BOL DE VOTRE DICTATURE MORALE ! CIAO BYE PS Quand la femme musulmane, chrétienne, hindoue, bouddhiste, rasta, juive... s’éveillera... ça va valser ! Jumanji, 17 décembre 2003 Mohamad n’a jamais approché l’alcool ? Ceci est un mensonge de plus de la part des ismalistes acharchés. Sachez que Mohamad avait une vie "Avant". Et dans cet avant, Mohamad faisait partie de caravaniers et autres bandits de grand chemin. Ce n’est qu’après un cheminement personnel dans la spiritualité qu’il s’est éloigné des choses terrestres. Je rappelle simplement qu’avant l’avènement de l’islam, l’alcool était une boisson TOTALEMENT autorisée dans les populations arabes. Ce n’est qu’après la révélation que l’alcool fut interdit. Pourquoi ? 29

Cela est une autre histoire. Que je sache, Mohamad était déjà adulte avant d’avoir eu la révélation !! Branqui, 14 mars 2004 Il est quand même dommage que tant d’encre coule pour le voile et toutes ces différences religieuses entre les peuples. En France, notre pays vit à travers une école laïque. Mais depuis longtemps, on accepte toute personne quelle que soi sa religion, parfois même avec des signes religieux. Cela n’a jamais été un gros problème. Mais aujourd’hui. Tout change, l’étranger arrivé en France, il y a 30 ans, était heureux de pouvoir faire vivre sa famille à l’abri des haines de religions, sans soucis de mettre ou ne pas mettre le voile (ou modifier ces et ses coutumes). Il a pu donner plus de liberté, de joie de vivre et trouver une éducation pour sa famille. Et aujourd’hui les nouvelles générations de famille immigrées soulèvent le problème de leurs coutumes. Ils ont été accueillis (ou pas, en tout cas), ils sont ici sur une Terre laïque qui souhaite conserver ses valeurs fortes de liberté et de partage. Alors, respectez nos valeurs et tous pourraient aller mieux. Pourquoi, ceux qui veulent le voile, ne défendent pas ceux qui ne peuvent le retirer ? Pourquoi se "battre" pour des idées, non, mieux, pourquoi défendre des idées ? Parce qu’elles nous ont permis à nous, Français, d’avoir le choix de donner son opinion sans devoir faire couler le sang. Personne n’a tort ou raison, mais n’a le droit de parler et de s’exprimer. Alors ensemble défendons l’école Laïque et nous essaierons de défendre les idées diverses de chacun, mais attention dans notre société européenne. Avec le respect de l’autre, on arrivera à trouver la place de l’autre et l’autre trouvera notre place. Je ne veux aucune haine sur ce pays qui aujourd’hui, propose de manger cachère, d’avoir un voisin ivoirien et de se marier avec une Tunisienne. Nous sommes d’HOMMES pas d’animaux, alors utilisons notre 30

cerveau. Très heureux d’avoir vos idées. Maho, 22 août 2004 Il en est des idées imparfaites, mais celle qui depuis la nuit des temps obsède le plus l’être humain est celle de la présence d’une puissance divine qui est censée le protéger (contre qui ? contre lui-même ?) de ses propres erreurs, de la nature ou je ne sais de quelles autres "malédictions divines". Il est temps de prendre en conscience que si ce monde ne tourne pas rond c’est uniquement de notre faute, c’est l’évolution humaine qui en est arrivée à créer tout ce qui est sur cette planète. Il est grand temps de comprendre qu’aucun dieu n’est responsable de rien et les hommes, en particulier les fanatiques (j’entends par là tous les représentants religieux de chaque religion, mais j’englobe aussi tous les moutons qui subissent cette religion sous le prétexte de la tradition). Qu’est-ce qui différencie une religion d’une secte ? Le nombre d’adhérents ? Il est fort probable c’est pour cela que la scientologie a était reconnue religion aux États-Unis.Tous ceux qui croient en une religion sont des ignorants ayant peur de l’obscurantisme qui leur est propre, qu’il possède en eux, cependant le fait d’agréer a une religion est en soit le fait développer l’obscurantisme alors messieurs laisser CHARLIE s’exprimer et tourner en dérision ce qui est risible, mais apparemment non accessible par la grande partie de la société. Messieurs les brebis, je vous salue. Anonyme, 7 juin 2005 Yep ! Bravo Charlie ! J’ai gardé ces deux numéros, de vrais collectors que je bichonne. Honte aux prophètes autoproclamés, à l’éléphant bleu, à Jésus, à Mohammed, à Moïse et aux charlatans en général. Honte à ceux qui parlent au nom de Dieu, Dieu appartient à tout le monde et les prophètes n’ont pas le monopole de Dieu.

Foissey, 3 février 2006 Que de cinéma pour un dieu (catho, juif, musulman, bouddhisme ou autre), qui n’existe sûrement pas ! Inventé de toute pièce pour que l’obscurantisme et la crainte asservissent cette populace microcéphale. Enfin j’espère qu’il n’existe pas, car s’il existe et qu’il a créé l’homme à son image et bien ce doit être un sacré fumier. Ah ! Si cette notion de dieu disparaissait de la Terre, que de guerres de malheurs seraient éradiquées ! Alors n’hésitons pas à nous moquer, caricaturer, ridiculiser ces croyances néfastes de tous bords, dignes du Moyen Âge. Anonyme, 3 février 2006 C’est vous les brebis qui ne savent que railler ! C’est triste a voir, et vous avez la prétention d’espérer arranger le monde ? LA PLUPART DES SOUCIS DE CE MONDE PROVIENNENT DE L’INTOLÉRANCE. Pourquoi s’étonner que le monde musulman soit hostile quand vous ne savez que railler ! Comment tu réagirais si je représentais ton père de manière humiliante ? Répondre a la raillerie par la même chose ? Ce serait la plus grosse connerie a faire Je préfère faire appel a votre bon sens, car même si votre principe est le foutage de gueule, il y a des limites, celle des DROITS DE L’HOMME. Nasro, 27 décembre 2002 Que la Paix soit avec vous. Le prophète Mohamad, que la paix soit sur lui, est l’homme le plus pur du monde, et cela toute l’humanité le sait ; alors que l’homme que vous avez caricaturé reflète votre civilisation et non pas la nôtre, désolé. Et les femmes que vous avez représentées sont des femmes qui préservent leur pudeur, si vous en manquez dans votre société, vous n’avez qu'à revoir votre éducation. Je ne comprends pas le but de votre caricature. En faisant ceci, vous ne toucherez en rien la place et la valeur qu’a le prophète dans le cœur des musulmans, mais au contraire vous ne faites 32

que vous ridiculiser et ridiculisez votre journal en montrant des mensonges. Pour tous aujourd’hui Charlie Hebdo = mensonges. Que la paix soit avec vous. Anonyme, 29 décembre 2002 Je comprends Nasro pourquoi pas tu as parlé de manque de pudeur, mais je comprends ta réaction et celle de tous les musulmans qui défendent leur religion, car après tout il faut se respecter les un et les autres sinon c’est ce qui conduit à 1 certaine radicalisation de la part de certains. Anonyme, 10 septembre 2005 Vive la liberté de pensée : de toutes les pensées... même les vôtres, même les nôtres... La preuve ultime que Dieu n’existe pas : nous sommes là, nous les incroyants, et le diable aussi, et la leucémie des bébés, et les malheurs du monde.... Vive la vie, vive l’amour, et ne nous empêchez pas de vivre nom de... Anonyme, 12 janvier 2003 "Que la Paix soit avec vous." Même sur les horribles blasphémateurs ? "Le prophète Mohamad, que la paix soit sur lui, est l’homme le plus pur du monde," C’est ton opinion. Tu n’as aucun droit de l’imposer aux autres. "Et cela toute l’humanité le sait." N'importe quoi. "Alors que l’homme que vous avez caricaturé reflète votre civilisation et non pas la nôtre, désolées." Alors pourquoi tant de haine ? "Et les femmes que vous avez représentées sont des femmes qui préservent leur pudeur, si vous en manquez dans votre société, vous n’avez qu'à revoir votre éducation." 33

Relis ce que dit Val des concours de beauté. Quoi qu’il en soit, ce n’est pas tes oignons. "Je ne comprends pas le but de votre caricature." Je comprends mieux. "En faisant ceci, vous ne toucherez en rien la place et la valeur qu’a le prophète dans le cœur des musulmans, mais au contraire vous ne faites que vous ridiculiser et ridiculiser votre journal en montrant des mensonges." Quelle position déplorable... l’humour est bien le pire ennemi des intégristes ! "Pour tous aujourd’hui Charlie Hebdo = mensonges" En disant cela, tu ne risques rien. En revanche si un journaliste écrit le Coran = mensonge il risque gros. "Que la paix soit avec vous." Même sur les horribles blasphémateurs ? Anonyme, 8 juin 2004 Toute croyance religieuse — qu’elle quelle soit — est en absolue contradiction avec l’idée de liberté. Derrière votre idée de piété se cachent nombre de traumatismes moraux et physiques provenant de votre incapacité à faire face à la vie. Car c’est bien de cela qu’il est question. La religion s’impose aux plus faibles. Elle leur concocte des réponses toutes faites et prêtes à l’emploi. Les saintes lectures ne sont que des recueils de poèmes en proses douées d’un pouvoir de rétrospection assez accablant. Vos histoires — au même titre que toute Histoire — ne sont qu’éternelles réécritures, essais personnels et fantaisies sémantiques. Un Homme libre, dénué de toute conviction — hormis celle qu’il juge la plus adaptée à un moment donné (n’est-ce pas là la définition de l’intelligence) — vous fait peur. La religion ne sert pas la vie, elle la détruit. L’excellence n’est pas dans la nature et encore moins dans cette sottise que vous nommez dieu. Acceptez la critique et, quitte à demeurer dans votre obscurantisme sectaire, vulgairement appelé religion, 34

servez-vous-en pour en sortir encore plus fort. Un œil externe peut vous apporter une vision de vous que vous ne possédez pas. N’oubliez pas, étymologiquement, religion vient de religio qui signifie "lien", en grec ! Aimez vous les uns les autres et ce quelques soient vos croyances, plutôt que de vous frappez dessus comme des demeurés ! Roy Bernadette, 17 février 2003 Je suis de religion catholique. C’est un choix personnel. Ma foi, relève de la conviction intime et je ne peux ni ne veux l’imposer à quiconque. Je suis par ailleurs viscéralement attachée à la démocratie et à sa valeur fondamentale : la laïcité. Je suis fière d’habiter un pays libre qui respecte (encore) la liberté de pensée et de presse. On a encore le droit de rire de l’Église catholique et de dénoncer ses travers ; voire d’un dieu auquel on ne croit pas. C’est le prix de la liberté. Ce n’est qu’à la condition qu’elles respectent absolument ce principe de la laïcité de la république que les religions obtiendront leurs véritables lettres de noblesse. Enfin, je suis une femme libre et j’aimerais qu’il en soit de même pour toutes mes "sœurs". J’ai autant de pudeur que celles qui sont enfermées dans des carcans vestimentaires, culturels, idéologiques, etc. À bon entendeur, salut. Anonyme, le 21 décembre 2003 Je suis catholique et je soutiens ce message. Le dessin de Charlie Hebdo est grotesque et vulgaire en plus d’être haineux. Charlie Hebdo devrait se rebaptiser National Hebdo, ils sont du même niveau. Honte à eux... Anonyme, 2 novembre 2004 Il faut arrêter avec ces religions, ce sont toutes des sectes (dont certaine ont réussi à convaincre beaucoup de monde, certes), elles ne servent qu’à permettre à certains de renforcer leur domination, comme on te dit que c’est dieu qui décide, ça laisse supposer que les dominants le sont par la volonté de ce dieu et qu’il n’y a donc aucune raison de se révolter contre eux... eh non, dieu n’existe pas, 35

ta vie c’est toi qui la fait et qui la décides... Anonyme, 28 juillet 2005 Nasro, tu parles comme un robot. Un robot-poète, mais un robot quand même. C’est triste. Anonyme, 3 août 2005 L’Humour est frère de la Liberté et meilleur ami de la Vérité. Se moquer de quelque chose c’est déjà accepter son existence. Critiquer ce qui nous entoure c’est être libre de penser dans un État policier. La Religion est l’opium du peuple, les mensonges mystico-religieux jugés "profonds" ne sont en réalité même pas superficiels. Mais si tu ne crois pas en la liberté de tes ennemis, alors tu ne crois pas en la Liberté du tout. Yashiro, 4 août 2005 Liberté d’expression, mes amis les Orientaux ! Parfois, il faut savoir prendre les choses comme elles doivent être prises cet à dire au 2e degré surtout avec Cabu et Val qui je pense respectent les religions autres que la notre. ;-) Hop hop ! c’est parti pour la petite controverse à mon égard. Jerem, 11 octobre 2005 Les religions ne sont que des ramassis de conneries visant à rassurer l’humanité. Les croyants se cachent derrière leur religion pour imposer une dictature, la dictature de dieu. Je pense que toute idée de religion est incompatible avec la liberté et la démocratie. Ochoajoher, 21 février 2003 La liberté commence dans ton foyer !! Les premiers tyrans sont nos parents (je suis père) en essayant de nous communiquer l’obéissance et le sens du comportement, rien est banal à ce moment-là, seulement que chacun parmi nous joue son jeu hypocrite et critique. L’homme est malheureux à cause de tout ça, il s’abrite en dieu (vraiment irresponsable) et laisse ses responsabilités de coté, et vous ? La sensibilité de l’homme vers un être supérieur a été liée à ses connaissances de la nature même et en plus l’on fait croire que leur sens mystique était quelque chose divine et surnaturel, et la 36

religion est faite comme un parfum qui devient catastrophique pour l’humanité. Yves mlv, 23 mars 2003 Je suis père moi aussi, 36 ans et dessinateur... ouf ! Pour te répondre en toute franchise que celui qui n’a jamais goûté au doux parfum des fleurs et n’ai bu le fruit de la vigne comment celui-ci pourrait-il douter qu’elles soient l’œuvre de dieu ? Je pense que tu doutes et le doute est humain il est le propre de l’homme ouvre ton cœur et tes yeux alors tu verras que dieu existe, mais au fond de toi tu le sais j’en suis convaincu. Un ami qui répond a une détresse. Amicalement, Yves. Pascal, 20 septembre 2004 Je pense quant à moi exactement le contraire : il n’y a pas de croyant véritable ; même les plus fanatiques savent au fond d’euxmêmes que Dieu (en tant que représentation mentale) n’existe pas. Anonyme, 26 novembre 2004 C’est sûrement grâce a des journaux comme Charlie Hebdo, à travers la dérision et le deuxième degré, que les absurdités de notre montre se révèlent... il est vrai que certaines personnes ne comprennent pas ce type d’humour et prennent ces mots au pied de la lettre... mais de telles sensibilités et susceptibilités sont peut être le résultat de cette compression que nous subissons par la mondialisation et l’éradication des cultures au profit du grand capitalisme chrétien... l’islam est aujourd’hui vu comme un thème ultra-sensible, le poids de chaque mot à ce sujet augmente de façon exponentielle... mais n’oublions pas qu’ici se cache une détresse et une crise identitaire due a ce gommage des cultures qu’effectue (entre autres...) bush et son impérialisme galopant... face a un écrasement mondial des différences et des cultures, les identités s’aiguisent au maximum et deviennent radicales. L’intégrisme et son application terroriste surviennent... Le problème n’a rien a voir avec dieu ou croire... il est dans le contexte culturel, historique, géographique et politique. Et pour répondre a ces messieurs persuadés, la croyance est légitime, on 37

croit sûrement tous plus ou moins en quelque chose (en la nature, en nous même, en l’humanité, en son hamster ou en la Star Academy... peu importe), mais c’est un sentiment si profond et si individuel qu’il me conduit a cette question, comment peut-on tous croire du fond de notre cœur en quelque chose d’unique et de différent par le biais de quelque chose qui nous est complètement étranger et extérieur : la religion ? Charles-Henri, 5 février 2005 Je suis prof de français à Roubaix et à l’époque, j’avais utilisé ce support pour évoquer la liberté d’expression. Je projetais d’abord le dessin de Cabu, que j’analysais avec les élèves, puis je distribuais des extraits des courriers et courriels qui avaient submergé la rédaction de Charlie Hebdo pour enfin terminer par la réponse de Philippe Val. Je me souviens que mes élèves avaient sifflé, hué et déchiré les documents. Mon collègue Ahmed, qui à l’époque avait eu la même idée que moi avait mieux réussi, ses origines l’expliquent en partie, car hélas ! pour nos élèves, un Maghrébin est forcément un musulman. Renaud, 8 octobre 2005 Charly, moi qui te connais bien et qui suis prof de français à Lomme, donc à Lille, je sais que nos élèves se trompent souvent et mélangent allègrement Maghrébin, arabe, musulman... Ce sont des notions riches de sens, d’interprétations, qu’ils ne maîtrisent pas. Je te cite par exemple Roger Brunet dans les mots de la Géographie : "Qui est d’Afrique du Nord, c’est-à-dire de l’occident (en arabe) ? Terme commode pour ne pas distinguer entre Marocains, Algériens et Tunisiens, ou entre Arabes et Berbères. Le mot n’est pas encore tout à fait péjoratif." (p. 312) Ne crois-tu pas mon ami qu’il nous incombe de débrouillasse le terrain miné des certitudes de l’inculture relative de nos élèves avant de les plonger dans des analyses qui les dépassent en tout point et dans lesquelles, par réflexes, ils adoptent une position tranchée ?... Anonyme, 27 juin 2005 Je chie sur Charlie Hebdo journal mort a la botte du patronat "ouiouiste" ! J’emmerde avec bonheur Val et Cabu ces pauvres imbéciles vendus depuis maintenant longtemps, je pleure ce pauvre Charb qui semble bien seule à être libre dans ce papier et bien sûr je pleure ce 38

journal qui fut autrefois ce compagnon railleur et irrévérencieux de la liberté d’expression que beaucoup regrettent. Quant à Dieu... Anonyme, 16 septembre 2005 N’importe quoi ! Tu sais ce que ça veut dire Liberté ? La liberté c’est de dire ce qu’on pense sans prêter attention nécessairement à la majorité. Vive Charlie Hebdo avec toutes ses contradictions, c’est ça que j’aime justement et vive la liberté ! SM, 17 septembre 2005 Halala.... La religion quelle connerie. Halala... Charlie Hebdo quelle intelligence ! La preuve que les intégristes n’ont aucun sens de l’humour : ce débat. Bah... après tout, à la place des journalistes de Charlie, je ne m’en ferais pas. Ils sont attaqués tout le temps par des crétins de toutes sortes. Et puis ça leur fait de la pub... Ah oui, au fait. La religion est synonyme de convictions. Un homme ou une femme pleine de conviction ne se pose jamais de questions. Si on ne se pose jamais de questions, on reste ignorant. La bêtise et la stupidité sont les maux les plus infects de la terre, et sont à l’origine des pires atrocités dont l’humanité est capable... Anonyme, 3 février 2006 Ce n’est pas pour rien que, bien souvent, "croire" est utilisé comme le contraire de "savoir" ! Rien n’est pire que la certitude du croyant ! Anonyme, 4 février 2006 "Si la liberté d’expression consiste à pouvoir insulter l’être le plus cher au cœur d’un quart de la population mondiale, alors chacun peut réagir (comme il l’entend)". Franck, 7 février 2006 Des remarques de ce genre ne nous avancent guère dans la réflexion. Elles appellent seulement à la polémique. "Si la 39

liberté d’expression consiste en...". Non, elle ne "consiste en", mais elle INCLUT le droit de critiquer tout et n’import quoi... ou bien elle n’inclut pas ce droit. Tout le débat est là. Mais il ne peut pas être expédié avec des remarques polémiques, sans raisonnement. Muslim, 7 février 2006 L’islam n’est pas fier des gestes de minorités qui ont besoin comme vous de le découvrir mieux. La science prouve et découvert chaque jour ce que l’islam a publié depuis + de 14siécles, comment un ignorant peut révéler des faits scientifiques sans qu’il soit un prophète de dieux. Modérateur, 8 mars 2006 Bien. Nous avons vu défiler suffisamment de posts où chacun a pu s’exprimer sur ce sujet. Comme notre travail est de modérer, nous avons tenté de supprimer tous les messages qui nous semblaient relever de l’insulte personnelle, qui n’élevaient pas le débat et qui nous semblaient alimenter inutilement la polémique. Là, nous arrêtons le débat (le serveur n’en peut plus), chacun s’étant exprimé. Ceci est un site d’information sur la bande dessinée et le dessin, pas un lieu de débat théologique et/ou social. Dès lors, nous clôturons le débat pour cet article, sauf si l’intervention dont il s’agit parle précisément de bande dessinée. Merci pour votre compréhension. Le modérateur.

Pour découvrir quelques hommages de dessinateurs : http://www.glenatbd.com/dossiers/je-suis-charlie.htm http://www.spi0n.com/hommage-charlie-hebdo-dessinateurs-cabucharb-wolinski-tignous/ http://focus.levif.be/culture/livres-bd/charlie-hebdo-des-dessinspour-rendre-hommage/article-normal-360423.html http://www.koreus.com/modules/news/article17358.html "Casemate" spécial Charlie http://casemate.fr/casemate-special-charlie-hebdo/ "La BD est Charlie" — Glénat http://amzn.to/2igupIP "Nous sommes tous Charlie" — Sandawe (gratuit) https://goo.gl/1dL9Ap

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