Actus IV, Performance Art platform

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PLATEFORME D'ART PERFORMANCE

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ACTUS IV 19-24/10/2015, ESAVL (21 rue des Anglais, Liège) Solo performances, concert installation, open session, workshops, lectures… Avec/With Pierre Berthet, Zhou Bin, Marita Bullmann, He Chengyao, Maud Hagelstein, Béatrice Didier, Duan Yingmei, Anaïs Héraud, Chen Jin, Boris Nieslony, Sylvie Pichrist, Anja Plonka, Gwendoline Robin, Barbara Roland, Gaëtan Rusquet, Evamaria Schaller, Feng Weidong...

Réalisation du catalogue Coordination/Réalisation : Béatrice Didier/Mathieu Richelle/Daniel Sluse Traduction français-anglais : Monica Klingler Design graphique : Déborah Marino Photo Couverture : An Debie, Untitled. © PP

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SOMMAIRE

Introduction, Daniel Sluse (fr/en/cn)

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Actus IV Introduction (fr/en) Workshops Conférences Actions performatives Chen Jin Anja Plonka Zhou Bin Pierre Berthet Duan Yingmei Anja Plonka II Chen Jin & Boris Nieslony Boris Nieslony Feng Weidong Evamaria Schaller Gaëtan Rusquet Anaïs Héraud He Chengyao Gwendoline Robin Open Session Au sujet des artistes et conférenciers/ About the artists and lecturers

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Maud Hagelstein : Comment les artistes performeurs créent-ils du commun ? (fr)

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Au sujet d’ACTUS I, II, III/About Actus I, II, III Actus I Actus II Actus III

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Last night i dreamt i could change, Veronika Mabardi (fr)

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Crédits photographiques/Photos credits Remerciements/Thanks

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Documentation Vidéo Pour la documentation audiovisuelle d’Actus IV, rendez-vous sur la page Youtube : « Actus Performance Art ». Watch our audiovisual documentation on Actus Youtube channel: “Actus Performance Art”.

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Introduction

La performance est un des champs du possible proposé dans notre ESA (École supérieure des Arts), l’organisation d’Actus en son sein non seulement répond pleinement au projet pédagogique de notre École supérieure des Arts, mais entre parfaitement dans les tiroirs artistiques prévus à cet effet. L’Art Performance est un domaine de la création qui peut donner quelques craintes à nos étudiants peu habitués à se mettre en scène ; vivre durant une semaine avec des artistes dont la performance est un des moyens d’expression n’a pu que les enrichir tant sur le plan créatif que sur le plan intellectuel. Prendre la direction de l’Art Performance demande une connaissance de soi et de ses limites en tenant compte du public, en étant conscient que le spectateur non averti sera certainement bousculé dans l’idée qu’il a de la création artistique actuelle. Faire ce choix de la performance amène nos futurs artistes à se remettre en question, la connaissance de soi, de son corps et de son environnement sont des éléments essentiels pour que le travail

Performance is one of a range of possibilities proposed in our ESA (Superior School of Arts), the organization of Actus within not only answers the educational project of our Arts College, but also fits perfectly into the artistic drawers provided for this purpose. Performance Art is an area of creation that can cause quite some fears to our students who are not used to being on stage; spending a week with artists for whom performance is one of their means of expression has certainly been enriching for them creatively as well as intellectually. To take the direction of Performance Art requires self-knowledge and the knowledge of ones limits, considering the audience, while being conscious of the fact that the uninitiated viewer will certainly be shaken in the idea he can have about current artistic creation. Making this choice of performance brings our future artists to question themelves; self-knowledge, knowledge of the body and the environment are essential elements for the proposed work to be not only understood but also integrated by whom the artist wants to affect. 5


proposé soit non seulement compris mais intégré par ceux que l’artiste veut toucher. Oser se montrer, oser agir sur soi et sur l’autre est un défi qui va au-delà d’un savoir-faire. Une remise en question constante de l’artiste performeur est le passage obligé pour que la performance ait un sens. Sens pas toujours compris par le spectateur qui doit aussi remettre en question ses acquis pour pouvoir « entrer » dans la proposition de l’artiste. Les étudiants de l’École supérieure des Arts de la Ville de Liège ont pu durant cette semaine Actus IV découvrir des artistes performeurs de haut niveau et audelà de la découverte, la rencontre est un élément déterminant pour bien comprendre, dans le cadre de leur formation, la démarche particulière de l’artiste performeur. Cette semaine de rencontres aura permis un questionnement, une compréhension et peut-être de nouvelles ambitions. L’ESAVL tient à remercier toute l’équipe d’Actus IV et de l’asbl Ricochets pour son dynamisme et son travail qui est à noter comme un plus dans la formation artistique de nos étudiants. Daniel SLUSE Directeur de l’Académie des Beaux-Arts de Liège École supérieure des Arts de la Ville de Liège

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To dare show oneself, to dare act on oneself and on the other is a challenge that goes beyond a skill. A constant questioning of the performance artist is the inescapable passage for the performance to make sense. A sense which is not always understood by the spectator who must also question his/her own acquired values. During the week of Actus IV the students of the ESAVL could discover high-level performers and, beyond the discovery, the encounter is a key factor to understand, in the context of their training, the particular approach of the performance artist. This week of encounters made a questioning, an understanding and perhaps new ambitions possible. The ESAVL is thankful to the team of Actus IV and the association Ricochets for its dynamism and its work which is noted as an advantage in the artistic education of our students. Daniel Sluse Director of the Academy of Fine Arts in Liège High School of Arts of the City of Liège


列日皇家高等美术学院毫不犹豫的接受了名为Ricochets 组织的共益项目, 在 Actus IV组织范围下,与美院共同合作了时长为一周的艺术行为和工作坊活动。 行为艺术展示的平台,交流思考的平台 行为艺术是我们高等美术学院中所拥有的学科领域之一,Actus IV组织的活动不仅仅是 充分回应了我们美院的高等美术教育方案,也更是为艺术领域添写了完美的一章。 作为艺术创作领域之一的行为艺术, 他给学生们带来了一场别开生面的,又有几分让人 畏惧的表演; 在与艺术家长达一周的交流中,作为表达方式之一的行为艺术让学生们在提 高了创作水平的同时也丰富了知识层次。 想要把握行为艺术的主旨就得在了解它和它的局限性的同时又要考虑到大众, 又要意识 到出人意料的表演者将会推翻现实生活中艺术创作的想法。 行为艺术的这种抉择给我们未来艺术家们又提出问题来了,对自己内在的认识,自我身 体的认识以及他所在环境的认识,这些问题都是本质的元素 这些元素让提供的作品不仅 仅是为人所理解更是使艺术家想触及的东西能被整合起来 敢于呈现,敢于摆脱自我,敢于影响他人,这是一场超越认知的挑战。 行为艺术家都在质问一个不变的问题,对于行为艺术能有一个意义,这是一段必须要走 的路。表演者也未必总明白意义何在,为了能够“进入”艺术家的主张, 他也需要在经 验中加以质问 在为时一周的Actus IV 组织的活动中,列日美院的学生不仅揭开了高水准行为艺术家的 面纱而且也拥有了更深的了解,相见交流是非常关键的,为了让学生们能够很好地接受 艺术家们给予的教导和理解他们独具一格的表达方法。 这一周的交流将激发出新的问题与新的理解,或许也会产生出新的想法。 列日美院感谢Actus IV 的整个团队和Ricochets公益组织, 感谢他们带来的无限的活力 和作品, 这所有的一切都在艺术教导的过程中被牢牢地铭记下来了。 Liège

列日 Daniel SLUSE

列日美院校长

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ACTUS IV J. Beuys, Qu’est-ce que l’art ?, L’Arche, 1992.

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1 J. Beuys, What is Art?, L’Arche, 1992.

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Actus se situe dans la lignée de la démarche artistique de l’association Ricochets qui construit des projets sur le terrain. Avec ceux et celles qui saisissent la balle au bond. Avec le temps qui transforme les propositions et redéfinit les enjeux. Avec les lieux de collaboration, parfois récurrente, où le projet s’inscrit pour un moment. Avec le désir de maintenir une tension entre les pôles de la pédagogie, de la création, de la recherche et du rapport au spectateur. Nous avons commencé à comprendre un peu ce que l’on appelait au Moyen Âge en philosophie « actus » et « potentia », les deux concepts latins correspondant aux expressions aristotéliciennes « energeia » et « dynamis », réalité et possibilité1. Créé en 2012 par Béatrice Didier,

Actus is situated in the lineage of the approach of Ricochets, an association which constructs artistic projects on site. With those who seize the ball when it rebounds. With time transforming proposals and redefining stakes. With the places of collaboration, where the project takes place for a moment sometimes recurring. With the desire to maintain a tension between the poles of pedagogy, creation, research and the relationship to the spectator. We began to understand something of what in medieval philosophy is called “actus” and “potentia”, two latin terms for the Aristotelian expressions “energeia” and “dynamis” – reality and potential.1 Created in 2012 by Béatrice Didier, Maud Hagelstein and Mathieu


2 Momentum a été fondé en 2005 par Monica Klingler et Luea de Ritter, avec comme particularité de relier la Belgique à la scène internationale et d’inviter des artistes, principalement plasticiens, qui ont choisi l’Art Performance comme médium principal.

Basé en Allemagne PAErsche est un réseau international de performeurs. Se définissant comme « nomade », PAErsche se propose d’être un laboratoire ouvert à des artistes de différentes générations.

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2 Momentum was initiated in 2005 by Monica Klingler and Luea Ritter, with characteristics like to connect Belgium with the international scene and to invite artists, especially visual artists, who have chosen Performance-Art as their main medium.

Based in Germany, PAErsche is an international network of performers. Defining itself as “nomadic”, PAErsche intends to be an open laboratory to artists of various generations.

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Maud Hagelstein et Mathieu Richelle, s’inspirant entre autres du festival Momentum2 et de PAErsche3, nourri de la lecture du livre de Jacques Rancière : Le spectateur émancipé, Actus se définit comme une plateforme d’expérimentations, d’échanges et de réflexions sur l’Art Performance. Actus affirme que l’Art Performance, même si (trop) peu connu du grand public, n’est pas une forme d’art élitiste et hermétique. Invitant l’artiste pour ce qu’il est et non ce qu’il produit, Actus offre au performeur une grande liberté de création, et au spectateur une place possible en dehors de celle de « consommateur passif », l’invitant à mettre en jeu son imaginaire. Actus invite des artistes à échanger sur leur pratique (par la mise en place de moments de résidence commune), à partager leur expérience (par l’organisation d’ateliers), à (se) questionner (au travers de conférences), à co-créer (lors des open sessions ou des actions performatives dans l’espace public), à rencontrer des spectateurs issus de différents milieux (lors des événements publics). Actus IV s’est inscrit dans le contexte d’Art of Encountering, projet créé par Boris Nielsony qui, pour cette sixième édition, invitait des artistes chinois à travailler avec des artistes européens en Autriche, Allemagne, Suisse et Belgique.

Richelle, inspired among others by the festival Momentum 2 and PAErsche 3, by the reading of the book The emancipated spectator (Jacques Rancière), Actus defines itself as a platform for experiments, exchanges and debates about Performance Art. Actus asserts that Performance Art, even if (too) little known to the general public, is not an elitist and hermetic art form. Inviting the artist for what he is and not what he produces, Actus offers a big freedom of creation to the performer and to the audience a possible role, other than that of “passive consumer”, an invitation to activate ones own imaginary. Actus invites artists to an exchange about their practice (by setting up common residence moments ), to share their experience (by organizing workshops), to ask (themselves) questions (through lectures), to co-create (during open sessions or performative actions in the public space), to meet spectators from various backgrounds (at public events). Actus IV took place in the context of “Art of Encountering”, a project developed by Boris Nieslony who, for this sixth edition, invited Chinese artists to work with European artists in Austria, Germany, Switzerland and Belgium.

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Boris Nieslony définit la performance en tant qu’« art de la rencontre ». Rencontre, échange, contact, mise en commun. Performer, c’est projeter des images qui invitent à la participation, c’est créer des images interactives issues des événements et des expériences (processus et actions) qui constituent la vie en société (…) Il y a quelque chose de profondément vicié dans nos sociétés et dans leurs dirigeants. Ce constat a profondément imprégné les pratiques artistiques ainsi que la pensée critique depuis les années soixante, coïncidant avec l’avènement de l’Art Performance. La société est faussée, et toute tentative de penser le social au sein de cette société sera faussée. Nous ne pouvons comprendre notre penchant à l’autodestruction, notre fascination pour la cruauté, notre folie devant le vide… Cependant, il est possible de nous accorder un répit, de créer des plages d’expérience où nous pouvons vivre autrement, à titre expérimental du moins. Ce sont des moments d’ouverture propices à la rencontre, la Begegnung, de ce qui vient à notre rencontre – précision de Jacques van Poppel –, de ce qui prend contact avec nous, à l’occasion d’actions concrètes se déroulant devant nos yeux, quand chacun des spectateurs, y compris l’artiste, se présente avec une multitude de questions, certaines sans rapport avec l’art, et transforme de lui-même certains gestes,

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Boris Nieslony defines performance as an “art of encountering”. Meet, exchange, contact, share. To perform, he says, is to project pictures that invite participation, it’s is to create interactive images stemming from events and experiences (processes and actions) that constitute life in society (...) There is something deeply deformed in our societies and their leaders. This fact has deeply permeated artistic practices and critical thinking since the sixties, coinciding with the beginning of Performance Art. Society is perverted, and any attempt to think the social in this society will be falsified. We can not understand our tendency to self-destruction, our fascination with cruelty, our madness in front of the empty space... However, it is possible to allow ourselves a moment of respite, to create spaces of experience where we can live differently, on an experimental basis at least. These are moments of openness favorable to the encounter, Begegnung, with what comes our way - Precision Jacques van Poppel – of what gets in touch with us, on the occasion of concrete actions taking place in front of our eyes, when each of the spectators, including the artist, comes with a multitude of questions , some unrelated to art, and transforms some gestures, some situations himself, as a whole and in part, as a kind of answer. Among these questions: what is this cannibal period? Where is the real life?


certaines situations, dans le tout et les parties, en éléments de réponse. Parmi ces questions : quelle est cette époque cannibale ? Où est la vraie vie ? Comment puis-je me trouver ? Comment saurons-nous trouver une vérité qui ne serait pas figée ? Ce qui crée la rencontre, c’est la manière dont ces questions sont partagées (…) 4 Actus IV a réuni à Liège, pendant une semaine, Pierre Berthet (BE), Marita Bullmann (DE), Zhou Bin (CN), He Chengyao (CN), Maud Hagelstein (BE), Béatrice Didier (BE), Duan Yingmei (CN), Anaïs Héraud (DE/FR/ BE), Chen Jin (CN), Boris Nieslony (DE), Sylvie Pichrist (BE), Anja Plonka (DE), Gwendoline Robin (BE), Barbara Roland (BE), Gaëtan Rusquet (BE/FR), Evamaria Schaller (AT/DE) et Feng Weidong (CN). Performant ensemble ou en solo, ils ont collaboré avec des étudiants, professeurs ou d’autres artistes et sont allés à la rencontre du public invité à l’ESAVL ou passant dans l’espace urbain.

How can I find myself? How will we be able to find a non fixed truth? What creates the encounter is the way in which these questions are shared (…) 4 Actus IV brought together in Liège, for a week, Pierre Berthet (BE), Marita Bullmann (DE), Zhou Bin (CN), He Chengyao (CN), Maud Hagelstein (BE), Béatrice Didier (BE), Duan Yingmei (CN), Anais Heraud (DE/FR/ BE), Chen Jin (CN), Boris Nieslony (DE), Sylvie Pichrist (BE), Anja Plonka (DE), Gwendoline Robin (BE), Barbara Roland (BE), Gaëtan Rusquet (BE/FR), Evamaria Schaller (AT/DE) and Feng Weidong (CN). Performing in solo or together, they collaborated with students, teachers or other artists and went to an encounter with an audience invited to ESAVL or passing into the public space.

4 M. la Chance, « Boris Nieslony, Art de la rencontre et autodidaxie poétique » in Inter, n°117, 2014.

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Avec/With Louise Bastin, Natacha Bosch, Isabelle De Neuville, Marylin Delhaye, Nicolas Fontaine, Nathalie Noël, Romero Pinazo, Laura Cuppens…

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WORKSHOPS BÉatrice didier

Salle 7 de l’Académie, ESAVL, 20/10/2015


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Avec/With Océane Hardenne, Victorine Halleur, Marion Kails, Iman Moussamih, Lisa Choudna, Romina Sorgi, Gabrielle Guy, Zou Yang…

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He Chengyao

Salle 7 de l’Académie, ESAVL, 21/10/2015


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« La performance parle-t-elle un langage universel ? »

Est-ce que la performance est universelle ou est-ce que les gestes de la performance sont des gestes universels ? Qu’est ce qui fait qu’un geste bascule dans le registre de l’art, devient un geste artistique ? Quelle est la différence entre un geste quotidien et un geste dans la performance ?

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Conférences Maud Hagelstein & Barbara Roland

Salle 7 de l’Académie ESAVL, 22/10/2015, 18h30

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Zhou Bin

Salle 7 de l’Académie ESAVL, 22/10/2015, 19h30 « Focus sur la performance en Chine »

La performance en Chine se développe principalement de façon « underground », ce qui s’explique par sa nature expérimentale : par définition l’avant-garde artistique se situe en marge du système et l’approche créative de la performance est naturellement incompatible avec les conventions.

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Avec/With : Pierre Berthet, Marita Bullmann, Zhou Bin, He Chengyao, Maud Hagelstein, Duan Yingmei, Anaïs Héraud, Chen Jin, Boris Nieslony, Sylvie Pichrist, Anja Plonka, Barbara Roland, Evamaria Schaller, Feng Weidong & Zou Yang.

Initially, events are defined to be public, that arise attention of persons. Only through the participating spectators, listeners or readers an event becomes public. Boris Nieslony.

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ACTIONS PERFORMATIVES

Place de l’Opéra de Liège, 23/10/2015, 10h

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TEST - 测试 Chen jin

Cafétéria de l’Académie, ESAVL, 23/10/2015, 12h15


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Avec/With Nando Rodrigues.

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Dessin d’étudiant. © ES

Dessin d’étudiant. © ES

DESSIN DE NU Anja Plonka

Classe de dessin de l’ Académie, ESAVL, 23/10/2015, 14h00


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Avec/With Anja Plonka, Barbara Roland, Sarah Minutillo, Nathalie Schmit & Zou Yang.

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Classical statues - 经典造像 ZHOU BIN

Hall d’entrée de l’Académie, ESAVL, 23/10/2015, 16h00-19h00


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Plantes mortes, gouttes, bidons et Filter QueenS Pierre Berthet

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Salle 7 de l’Académie, ESAVL, 23/10/2015, 19h18


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The glory of the Solitude - 孤独的光芒 DuaN Yingmei

Hall d’entrée de l’Académie, ESAVL, 23/10/2015, 20h10

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FALL Anja Plonka

Escaliers de l’Académie, ESAVL, 23/10/2015, 20h50


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BALANCE OF POWER - 力量的平衡 Chen Jin & Boris Nieslony

Salle 7 de l’Académie, ESAVL, 23/10/2015, 21h05


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10 poems Boris Nieslony

Salle 7 de l’Académie, ESAVL, 23/10/2015, 21h12


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The Prophecy of InK, Liege - 墨谶 烈日 Feng Weidong

Fontaine de l’Académie, ESAVL, 24/10/2015, 16h30


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ROBO Evamaria Schaller

Couloir sous-sol de l’Académie, ESAVL, 24/10/2015, 16h50


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BLANK GaËtan Rusquet

Salle de cours généraux de l’Académie, ESAVL, 24/10/2015, 17h30


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Ritournelle 1 & 2 AnaÏs HÉraud

Salle 7 et Bibliothèque de l’Académie, ESAVL, 24/10/2015, 17h58


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Stories - 故事 He Chengyao

De la Salle 7 à la Cour de l’Académie, ESAVL, 24/10/2015, 18h52


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De terre et de feu Gwendoline Robin

Jardin de l’Académie, ESAVL, 24/10/2015, 19h08


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Avec/With Pierre Berthet, Zhou Bin, He Chengyao, Béatrice Didier, Duan Yingmei, Anaïs Héraud, Chen Jin, Boris Nieslony, Sylvie Pichrist, Anja Plonka, Gwendoline Robin, Barbara Roland, Gaëtan Rusquet, Evamaria Schaller, Feng Weidong & Zou Yang.

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Open session

Salle 7 de l’Académie, ESAVL, 24/10/2015, 19h45

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Au sujet des artistes et confĂŠrenciers / ACTUS IV About the artists and lecturers / ACTUS IV


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Pierre Berthet (BE, 1958) Né à Bruxelles, Pierre Berthet est musicien diplômé des Conservatoires de Bruxelles et de Liège. C’est en travaillant la percussion, en écoutant diverses musiques mais surtout en passant beaucoup de temps dans un clocher à jouer du carillon et à écouter les bruits de l’environnement qu’il a trouvé, comme il dit, la pente naturelle sur laquelle il glissait depuis son jeune âge, consistant à frapper, frotter, secouer ou lancer des objets hétéroclites pour entendre les sons pouvant s’en échapper… Depuis 1990, Pierre Berthet conçoit, réalise des performances et installations sonores et visuelles dans différents contextes, seul ou parfois en collaboration avec d’autres artistes sonores ou musiciens.

Born in Brussels, Pierre Berthet is a musician who graduated from the Conservatories of Brussels and Liège. By working on percussion, listening to different music but particularly by spending a lot of time in a bell tower playing the carillon and listening to the sounds of the environment he found, as he says, the natural slope on which he has been sliding since childhood, consisting in striking, rubbing, shaking or throwing various objects in order to hear the sounds which can escape them… Since 1990, Pierre Berthet creates sound/visual performances and installations in different contexts, alone as well as in collaboration with other musicians or sound artists.

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Zhou Bin (CN, 1970) Né à Xi’an, Zhou Bin est diplômé de l’Institut des Beaux-Arts de Xi’an et de Pékin en peinture. C’est à Chengdu, où il s’est installé en 1997, qu’il a commencé l’Art Performance, médium qui permet selon lui une critique plus puissante que d’autres formes d’art dans le contexte de la Chine contemporaine, et ce dans une situation où l’art se matérialise. Ses performances sont axées sur l’émotion et l’expérience même du langage de l’Art Performance. Depuis 1997, il a créé plus de 50 performances dans de nombreux pays. Il est également le fondateur de UP-ON International Live Art Festival. L’ Art Performance aujourd’hui est de plus en plus marginalisé et avili, alors il faut repenser et redécouvrir le rôle de l’action en elle-même ; la chose importante n’est pas dans l’action, mais dans le comment de celle-ci et le pourquoi.

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Born in Xi’an, Zhou Bin is a painter graduated from the Fine Arts Institute in Xi’an and Beijing. It is when he moved to Chengdu that he started Performance Art, which is more powerfull than other art forms in the context of contemporary China, especially in a situation where art is materialized. His performances focus on the emotion and the creative experiment of the language of performance art itself. Since 1997, Zhou Bin has created more than 50 performances in many countries. He is also the founder of the UP-ON International Live Art Festival. Today’s performance art is more and more marginalized and debased, so one should rethink and introspect the role of action itself; but the important thing is not to act but how to act and what for.


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Marita Bullmann (DE, 1982) Née à Munich, Marita Bullmann a étudié la photographie à l’Université Folkwang des Arts à Essen, et dans la même période a étudié à l’Académie Bezalel d’Art et de Design à Jérusalem, où elle s’est initiée à la performance avec Adina Bar-On. Membre de PAErsche, elle est fondatrice de la plate-forme internationale d’Art Performance Interval. Dans ses performances, Marita Bullmann utilise des matériaux de tous les jours, les détournant dans la relation qu’elle crée avec ceux-ci. Dans mon travail, j’examine les situations qui sont présentes dans notre vie quotidienne, mais pas perçues consciemment. Mon intention est d’affecter les mécanismes visuels et perceptions normales loin de leur monnayage culturel et de créer un nouvel « espace » qui nous rappelle comment nous pouvons percevoir différemment les choses. Je cherche des images et des actions qui témoignent de la beauté de l’instant et sa simplicité.

Born in Munich, Marita Bullmann studied photography at the Folkwang University of the Arts in Essen, and went to Israel to study at the Bezalel Academy of Art and Design in Jerusalem in the same period, where she followed classes in Performance Art with Adina Bar-On. Member of PAErsche, she is the founder of the international Platform of Performance Art Interval. In her performances, Marita Bullmann uses everyday materials, diverting them trough the relationship she creates with them. In my work I examine the situations which are present in our everyday life but not perceived consciously. My intention is to affect normal visual and perceptual mechanisms far away from their cultural coinages and to create a new “space” that reminds us of how differently we can perceive things. I’m searching for images and actions which manifest the beauty of the instant and its simplicity.

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He Chengyao (CN, 1964) Née à Chongqing d’un couple non marié, He Chengyao a étudié à l’Académie des Arts avant de partir vers Pékin pour devenir artiste indépendante. Initialement peintre, son travail est aujourd’hui principalement axé sur la performance, tout en utilisant la photographie. La plupart de ses œuvres ont comme références la folie et les traumas familiaux. Dans les performances d’He Chengyao, ce n’est pas le corps qui est politique ; le corps est à l’avant-plan avec la politique en arrière-plan. Nous devons lire de l’arrière-plan vers l’avant-plan pour comprendre pleinement son travail.

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Born the child of an unmarried couple in Chongqing, He Chengyao studied at the Academy of Arts before leaving to Beijing to become a freelance artist. She is an artist who initially worked as an oil-painter but who now predominantly engages in performances, while also using photography. Much of He Chengyao’s work is influenced by her troubled family background and the mental illness of her mother. He Chengyao’s performances are body politics, not that body is politics; the body is in the foreground with politics in the background. We have to read from the background to the foreground in order to fully understand her work.


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Béatrice Didier (BE,1971) Après des études au Conservatoire de Bruxelles et plusieurs projets en arts de la scène, c’est la rencontre avec Monica Klingler puis Boris Nieslony en 2005 qui a amené Béatrice Didier vers l’Art Performance, devenu son principal médium de création artistique. Par ailleurs membre de PAErsche en Allemagne et de Ricochets en Belgique, elle est curatrice/co-organisatrice de la plate-forme d’Art Performance ACTUS.

After studying at the Royal Theatre School in Brussels, teaching and working on several projects in performing arts, it is the encounter with Monica Klingler then Boris Nieslony in 2005 that brought Beatrice Didier to Performance Art, which then became her principal medium of artistic creation. As a member of PAErsche in Germany and Ricochets in Belgium, she is curator/co-organizer of the Art Performance platform ACTUS.

La plupart du temps, mes actions s’ancrent dans ce que je nommerais la « rencontre » : rencontre avec une personne, un lieu, un matériau… Les actions se passent dans des lieux « réels » de la vie quotidienne ou artistique. Mon travail part le plus souvent d’une expérience intime pour être traitée, traduite en une action artistique ici et maintenant. Une action qui questionne ma présence en tant qu’être humain dans ce monde. Qui questionne aussi parfois le lieu dans lequel je performe. Le lieu et sa mémoire...

Most of the time, my projects start with an encounter with a person, a space, a material... Actions take place in “real” spaces of artistic or everyday life. My work is rooted in raw emotion connected to an autobiographical context to be treated in an artistic action. An action which questions my presence as a human being in this world. An action which sometimes also questions the venue where I perform. The venue and its memory…

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Duan Yingmei (CN, 1969) Duan Yingmei fait partie de l’avant-garde chinoise, travaillant de nombreuses années dans l’East Village, quartier légendaire de Pékin qui l’a par ailleurs amenée vers l’Art Performance. En 1995, elle a participé à la performance « Ajouter un mètre à une montagne anonyme », considérée comme l’un des classiques de l’art contemporain chinois. Le dernier tournant est venu quand elle a commencé à étudier à l’Université de Braunschweig, en 2000, où elle a rencontré Marina Abramović. Depuis, Duan Yingmei se consacre principalement à la performance comme expression artistique. C’est également en Allemagne qu’elle a étudié et travaillé avec le cinéaste et artiste Christoph Schlingensief. La plupart des performances de Duan Yingmei explorent une esthétique de ce qu’elle appelle « pathologies », comme la peur et le désir, reflétant et questionnant la société au niveau de ses conventions et du comportement humain.

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Duan Yingmei is part of the Chinese avantgarde, working creatively for many years in the legendary art district of Beijing’s East Village. In 1995 she participated in the performance “To Add One Meter to an Anonymous Mountain” which is considered to be one of the classics of Chinese contemporary art. Being based in the East Village between 1993-1995 prompted her curiosity, which led to her interest in Performance Art. The final turning point came when she began to study at The Braunschweig University of Art, in 2000, where she met Marina Abramović. Since that time Duan Yingmei has dedicated herself to performance as her artistic expression. There, she also studied and worked with the filmmaker and action artist Christoph Schlingensief. Most of Duan’s performances explore pathological aesthetics such as fear and desire, reflecting and questioning society both its conventions and human behavior.


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Maud Hagelstein (BE, 1980) Maud Hagelstein est Docteur en Philosophie, chercheuse FNRS à l’ULG. Ses recherches et ses enseignements portent essentiellement sur l’esthétique contemporaine et la théorie de l’image. Elle a publié une vingtaine d’articles et écrit deux livres. Ses thèmes de recherche l’ont menée à participer activement à plusieurs collectifs de chercheurs qui se consacrent à la culture visuelle et artistique. Elle participe régulièrement à l’organisation de colloques et manifestations scientifiques. Associée depuis plusieurs années à l’asbl Ricochets, Maud Hagelstein s’intéresse entre autres à l’Art Performance, auquel elle a consacré plusieurs conférences et textes.

Maud Hagelstein is a Doctor of Philosophy, FNRS researcher at the ULG. Her research and teaching focus mainly on contemporary aesthetics and the theory of the image. She has published around twenty articles and written two books. Her research themes led her to be involved in several groups of researchers dedicated to the visual and artistic culture. She regularly participates in the organization of conferences and scientific events. Associated for many years with Ricochets Maud Hagelstein is interested in Performance Art, to which she dedicated several conferences and texts.

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AnaÏs Héraud (FR, 1988) Le travail d’Anaïs Héraud, qui a porté sur la peinture et la performance au cours de ses études à Nancy et Bruxelles, examine les dimensions du son, du langage et de la voix par rapport à l’image ainsi que la relation entre la voix et le corps dans le contexte de l’activisme social et politique. Elle est également active dans le domaine de l’éducation, travaillant dans des écoles, associations et prisons. Anaïs Héraud vit aujourd’hui à Berlin où elle est par ailleurs co-commissaire des événements Reflektor. Générer une narration en mouvement, catalysée par l’action du corps…

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The work of Anaïs Héraud, who focused on painting and performance during her studies in Nancy and Brussel, examines the dimensions of sound, language and voice in relation to image, as well as the relationship between voice and body within the context of social and political activism. She is also active in the educational field, working in schools, non profit organizations, prison. Anaïs Héraud lives in Berlin where she is the co-curator of the series Reflektor. To generate a narration in motion, catalyzed by the action of the body...


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Chen Jin (CN, 1964) Diplômé de la Faculté des Beaux-Arts de l’Université de Lanzhou, Chen Jin a été membre du groupe avant-gardiste de l’East Village de Pékin dans les années 1990. Il est aussi connu comme le principal organisateur de l’un des plus anciens festivals d’Art Performance en Chine, organisé à Pékin depuis 1999 : l’Open Festival International Performance Art. Les performances de Chen Jin sont imprégnées de références politiques et sociales liées à la situation en Chine ou à des problématiques plus globales. Il crée des situations esthétiquement raffinées qui, dans leur simplicité, portent une charge émotionnelle forte. Beaucoup de ses œuvres traitent de la répression et de l’asservissement de l’être humain. Je n’utilise pas l’art comme moyen de gagner ma vie ; je fais de l’art tout d’abord comme un moyen d’introspection quant à moi-même et par rapport à des questions de la société et des êtres humains. En fait la plupart des mes idées et attitudes sont façonnées par l’art.

Graduated from the Faculty of Fine Arts, Northwest Normal University in Lanzhou, Chen Jin was a member of the avant-garde group Beijing East Village in the 1990s. He is also known as the main organizer of one of the oldest Art Performance festivals in China: Open International Performance Art Festival, held in Beijing since 1999. Chen Jin’s performances are permeated with political and social references relating to the situation in China or touching on global problems. He creates aesthetically refined situations which, in their simplicity, carry a strong emotional charge. Many of his works address the repression and enslavement of the human being. I don’t use art as a way of making a living; I make art firstly as a kind of introspection regarding myself as well as regarding society and the human being. In fact a lot of my attitudes and ideas are shaped by art.

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Boris Nielsony (DE, 1945) Boris Nieslony est reconnu internationalement comme l’une des personnes ayant énormément contribué à l’avancement de l’Art Performance et ce en tant qu’artiste, théoricien, archiviste et organisateur. Il est le fondateur de Black Market International, un groupe de performeurs qui se rencontrent périodiquement un peu partout à travers le monde afin de présenter des actions performatives de longue durée. Il a également mis sur pied PAErsche, le réseau d’artistes ASA et un centre d’archives unique sur l’Art Performance. Dans son art, il s’intéresse surtout à des thèmes sociaux, humains ou existentiels, avec une dimension politique marquée. Il interroge les objets, les images et les rapports entre eux.

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Boris Nieslony is internationally recognized as one of the most important contributors to performance art, as an artist, curator, archivist and independent scholar. He is the founder of Black Market International, a performance group that meets regularly all over the world in various configurations to set up long duration group performance projects. He also started PAErsche, ASA, a foundation for the auto-organization of artists and a network of performance artists, and a unique archive center for Performance Art. His work is centered on social, human or existential themes and includes a marked political dimension. He questions objects and images and the relationship between them.


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Sylvie Pichrist (BE, 1970) Diplomée de l’ESAPV, Sylvie Pichrist est une artiste pratiquant aussi bien un travail d’ateliers (« maison ») que l’installation, la vidéo ou la photo pour partager les traces d’un instant saisi d’une mise en situation (d’une action ou d’une performance). Elle transforme et transcende les objets et les habitudes du quotidien. Elle interroge les limites et les temps avec des médiums non limités et de différentes manières. Dans ses performances, mises en situation ou actions, les « toiles de fond » de ses « mises en abîme » subtiles soulignent la fragilité et les limites de l’interaction avec « l’Autre ». « L’autre » en tant qu’individu, temps, espace, groupe et conformisme. La limite entre le sérieux et l’humour, entre « le bien fait » et le « mal fait », entre ce qui existe et ce que l’on interprète m’interpelle beaucoup…

Graduated from the ESAPV, Sylvie Pichrist is an artist practising as well a work in studio (“house”) as installation, video or foto to share traces of a moment seized with a “scenario” (of an action or a performance). She transforms and transcends objects and habits of daily life. She questions the limits and times, with non restricted mediums and in different ways. Her performances, scenarios or actions emphasizes the fragility and limitations of interaction with “the Other”. “The Other” as individual, time, space, group and conformity. The boundary between seriousness and humor, between “well done” and “poorly made” between what exists and what is interpreted concerns me a lot...

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Anja Plonka (DE, 1985) Née dans la Forêt-Noire, Anja Plonka a étudié la photographie et la vidéo à l’Université des Sciences et des Arts appliqués de Dortmund et à l’École Nationale supérieure de la Photographie en France. Au travers de l’analyse des conditions d’images et de la représentation photographique, son processus artistique l’a amenée sur les questions du corps et de ses représentations. Dans son travail de vidéo et ses performances, Anja Plonka joue avec les relations du corps et ses images, tentant de les défaire et de les repenser. Pour son Master à l’Université de la Rhur Bochum, elle approfondit son travail de recherche tant au niveau théorique que pratique. Son intérêt se situe dans les champs des questions et stratégies interdisciplinaires.

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Born in the Schwarzwald, Anja Plonka studied photography and video at the University of Applied Sciences and Arts Dortmund and at the National Superior School of Photography in France. Through the struggle and the analysis of the conditions of images and the question of representation of the world in photography her artistic process took her to questions of the body and its images. In her video and performance work she plays with the relation of the body and its images and tries to undo and rethink them. In her Master Studies about Artistic Research at the Ruhr University Bochum she broadens her research in practical and theoretical ways and is interested in interdisciplinary questions and strategies.


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Gwendoline Robin (BE, 1968) Diplômée en Arts plastiques de la Cambre et enseignante, Gwendoline Robin construit depuis plus de quinze ans une œuvre qui met son corps en jeu et en danger. Le feu et les explosifs, mais aussi le verre et la terre, sont autant d’éléments auxquels elle se confronte lors d’actions éphémères qui semblent densifier le temps et l’espace. En dehors de ses créations au cours de nombreux festivals dans le monde entier, son engagement pour l’Art Performance l’a amenée par ailleurs à s’associer à la programmation artistique du Festival Momentum à Bruxelles. J’utilise la pyrotechnie pour communiquer quelque chose, mais ce n’est pas cela qui me définit. Je ne me considère pas pyrotechnicienne. Je fais de la performance et de la sculpture. Mes performances sont des sculptures éphémères.

For more than fiteen years Gwendoline Robin, a graduate in Fine Arts at la Cambre and a teacher, has been constructing an oeuvre which puts her body in play and in danger. Fire and explosives, but also glass and soil, are the elements with which she confronts herself during ephemeral actions which seem to densify time and space. Apart from her creations at many festivals all over the world, her involvement in Performance Art also brought her to join the Momentum Festival artistic program in Brussels. I use fireworks to communicate something, but this is not what defines me. I do not see myself as pyrotechnician. I do performance and sculpture. My performances are ephemeral sculptures.

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Barbara Roland (BE, 1978)

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Formée en arts depuis l’enfance et diplômée de l’Université de Liège, Barbara Roland a obtenu un doctorat en Information et Communication (arts vivants) à l’Université libre de Bruxelles. Dans le cadre de son approche actuelle, la performance est envisagée comme plate-forme et moyen d’expérimentation et d’investigation (d’action, de participation, de collaboration, d’intervention…) au croisement de la pratique, de la théorie et de la critique.

Trained in the arts since childhood and graduated from the Université de Liège, Barbara Roland completed a PhD in Information and Communication (performing arts) at l’Université Libre de Bruxelles. In the context of her current approach, the performance is considered as means and platform of experimentation and investigation (action, participation, collaboration, intervention...) at the junction between practice, theory and critique.

Elle présente des performances et des conférences à un niveau national et international, et écrit des articles spécialisés et scientifiques dans des revues telles que Scènes, L’art même, Inter, M@gm@, Degrés…

She is a performer and lecturer on a national and international level, and also writes some specialized and scientific articles in revues such as Scènes, L’art même, Inter, M@gm@, Degrés…


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GaËtan Rusquet (FR, 1984) Gaëtan Rusquet travaille comme performeur, interprète et porteur de projet, dans le domaine de la performance, de la danse et des arts visuels. Après avoir étudié les Arts appliqués à Paris à l’ENSAAMA, Gaëtan Rusquet a suivi un master en Scénographie et Performance à la Cambre, École Nationale supérieure des Arts Visuels. À travers ses propositions, il se questionne sur la place du corps et la nécessité du mouvement en performance et leurs relations avec les médiums utilisés. Il conçoit la performance comme un temps et une expérience partagée, liant autour de questions plastiques et performatives, le performeur et le public. Ses performances ont été présentées dans divers festivals et lieux en Europe.

Gaëtan Rusquet is currently working as a performer, an interpret, a collaborator or project leader, in the field of performance, dance and visual arts. After studing Applied Arts at L’ENSAAMA (Paris), he graduated a Master in stage design and performance at La Cambre, National High School of Visual Arts. Through his proposals, he questions the role of the body and the necessity of movement in performance and their relationship to the mediums employed. He sees performance as a shared time and experience, connecting the performer and the audience around plastic and performative questions. His work has been presented in various European festivals and venues.

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Evamaria Schaller (AT, 1980) Née à Graz, Evamaria Schaller vit et travaille aujourd’hui à Cologne, après avoir étudié le Cinéma expérimental et l’Art Performance. Son travail a été montré dans différents pays d’Europe et d’Asie et son engagement pour l’Art Performance l’a amenée à être membre co-fondatrice de PAErsche. Je crée des images comme un sculpteur avec le corps comme matériel. Je crée des motifs comme un peintre et le temps est mon pinceau. J’interviens comme un musicien et l’espace devient son. Dans ces moments de rencontre, je tente de partager mon univers et la façon dont je le découvre.

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Born in Graz, Evamaria Schaller lives and works actually in Köln, after studying Performance Art and experimental film at the Academy of Media Arts, Cologne. Her work has been shown in different countries in Europe and Asia, and her engagement for Performance Art brought her to be member/co founder of PAErsche. I create images as a sculptor with the body as my material. I create patterns as a painter and time is my brush. I intervene as a musician and the space starts to sound. In these sophisticated moments of encounter I try to share my universe and the way of how I discover it.


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Feng Weidong (CN, 1969) Feng Weidong a émigré en Mongolie avec sa famille durant son enfance avant de revenir dans sa ville natale, Pékin, où il travaille depuis 1989. Il réside depuis longtemps dans la montagne, se concentrant sur la performance, la peinture et l’installation, le bois étant son matériau principal. Depuis 1996, son travail a été régulièrement exposé au Japon et en Chine. En 2000, il a été invité par Ai Weiwei pour l’exposition « Fuck off ». En 2006, il a collaboré avec le groupe Tongue Band pour la performance « Drop blood – Closure throat ».

Born in Beijing and moved to Inner Mongolia with family during childhood. He lives and works in Beijing since 1989. He has been resided in the mountains for long-time, focusing on the creation of performance art, painting and installation, wood is the main material use in his creation. Started from 1996, his works displayed in the mainland of China, Hong Kong, Japan etc. Invited by Ai Wei Wei for the exhibition “Fuck Off” in the context of the Shanghai Biennale in 2000. He collaborated with Tongue Band for the live performance “Drop blood – Closure throat” at Beijing in 2006.

Chaque fois que des espèces sont dans un processus entre la vie et la mort, s’en dégagent des messages à plusieurs couches et des lumières éternelles à tout moment. Normalement, mon corps est un être sous photosynthèse. Ici et maintenant ! Qui es-tu ? Un praticien qui présente en quelque sorte une objectivation du corps.

Whenever species are in the actual process in between birth and death, there floats multi-layered messages and eternal lights at any time. Normally, my body is a being under the action of light. Here and now! Who are you? A practitioner of presenting body objectification.

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72 Sandra Johnston, Holding sky. Š TR


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Maud Hagelstein

Comment les artistes performeurs créent-ils du commun ? Polysémie du geste et réceptions multiples

Malgré sa position marginale sur la scène artistique contemporaine, l’Art Performance peut être envisagé comme une sorte de laboratoire de l’expérience esthétique en général. Au sens où il donne à voir l’exercice de la créativité en acte. Du coup, pour le spectateur, se confronter à cette forme d’expression – parfois radicale – revient bien souvent à transformer en profondeur le rapport qu’il entretient aux œuvres d’art, quelles qu’elles soient. À suivre les théoriciens de l’art contemporain, le propre de l’art serait de faire vivre au spectateur une expérience sensible prise dans un rapport paradoxal de continuité et d’exception avec l’expérience commune (celle de tous les jours). Nos sens et notre imagination seraient directement touchés, au profit d’une expérience dont la tonalité particulière s’avère reconnaissable : une expérience en excès par rapport à nos habitudes et qui nous fait basculer dans le domaine si singulier de l’art. L’Art Performance s’inscrit de manière exemplaire dans ce projet ; il apparaît comme l’un des animateurs principaux de l’art actuel parce qu’il vise à dégager – au-delà des particularismes des médias d’expression – un territoire très large (un laboratoire) d’expérimentation pour l’art. À travers leurs propositions, les artistes performeurs montrent le travail de la créativité à l’œuvre (plutôt qu’ils ne présentent des œuvres – au sens de « produits finis »). Par ailleurs, l’Art Performance permet d’élargir l’expérience artistique audelà des seules formes officiellement répertoriées dans les Beaux-Arts. En ce sens, il est emblématique de l’art contemporain ; il est la lutte qui permet que se dessine autrement le territoire des choses artistiques. Empiler des verres peut tout à coup devenir une action dont la densité stimule directement notre imaginaire (Anaïs Héraud). Par son audace, l’Art Performance transforme le découpage hiérarchique entre ceux qui ont droit au chapitre de l’art et ceux

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qui n’y ont pas droit. Le domaine des actions mobilisées par l’Art performance contribue exemplairement à la mise en exergue du découpage toujours problématique de la sphère des objets posés comme artistiques (reconnus et désignés comme tels par des individus) : qui autrefois aurait reconnu comme appartenant au domaine très privé de l’art des actions telles que secouer une feuille de papier (Boris Nieslony), écouter l’eau s’écouler d’une bouteille en plastique percée (Pierre Berthet), éclairer un couloir avec un projecteur (Duan Yingmei) ou demander à un spectateur d’essayer d’insérer sa main entre deux côtes (Gaëtan Rusquet) ? Et pour cause : en plus d’être potentiellement incongrues, ces actions ne rencontrent aucune des convenances reconnues par le système des Beaux-Arts et ne requièrent aucune forme d’expression obéissant à des canons bien établis. Qu’est-ce qui fait alors qu’une action puisse être valorisée au rang d’action artistique ? Et surtout : ces gestes à la fois quotidiens et décalés observés chez les performeurs sont-ils universels ? Inviter des artistes chinois à présenter leur travail à Liège, alors même que leur culture ne nous est pas familière, et proposer une session collective avec des performeurs belges ou allemands (faire le pari de la possibilité d’un dialogue), a constitué pour cette édition un défi inédit – et une expérience qui donnera certainement à penser. Controversé et régulièrement soumis à la censure par les autorités, l’Art Performance s’est imposé en Chine à partir des années 1980 comme une démystification critique des codes et des conventions de la culture chinoise : « Le concept de corps hérité de la tradition confucianiste et communiste veut que l’on ne soit pas maître de son propre corps, lequel reste la possession d’une entité autoritaire plus qualifiée que soi. Aussi le simple fait de créer avec son corps devient-il une action contre l’ordre établi » (Bérénice Angremy). Baignés dans une culture symbolique différente, sommes-nous capables de mesurer la force subversive des actions souvent très physiques proposées par les artistes chinois ?

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La conférence introductive organisée dans le cadre de ces journées abordait frontalement le problème suivant : L’Art Performance pose-t-il des gestes universels ? Est-il l’occasion d’un langage plus sensible, plus direct, moins dépendant des conjonctures où il s’inscrit (parce que basé sur une expérience de présence effective) ? Autrement dit : le langage des actions est-il transposable d’une culture à l’autre ? À qui s’adresse l’Art Performance ? Et peut-on échanger en l’absence de codes communs ? Les actions présentées font à l’occasion appel à des symboles, précisément parce qu’elles sont généralement plastiques, et que les matières utilisées (l’encre, le papier, le feu, l’eau, la lumière, par ex.) sont souvent suggestives. Or, même si des constantes ne sont pas inimaginables, l’idée d’une symbolique universelle qui rassemblerait tous les individus autour de thèmes communs – évidents pour tous – semble, sinon impossible, à tout le moins bancale. Si tous les hommes possèdent un corps, il reste assez évident que les postures et les usages en sont infinis : les signes de salutation, les gestes rituels, le rapport du corps à l’espace, aux distances, les habitudes liées à la nourriture, aux objets, toutes ces choses sont culturellement conditionnées. Ceci dit, même si son langage n’est pas à proprement parler universel, l’Art Performance veut pouvoir s’adresser à tous. Ne peut-on considérer que le geste constitue l’élément rassembleur, de par son marquage anthropologique ? Le théoricien de l’art Aby Warburg (1866-1929) a centré sa réflexion autour de la question du geste. Certains types de gestes, dit-il, se retrouvent étrangement à toutes sortes d’occasion dans l’histoire de l’art. Certains types de gestes survivent (c’est-à-dire : ils persistent, même si bien entendu ils sont transformés à chaque actualisation). Ces gestes, Warburg pense qu’ils sont liés à l’expression du pathos. Des affects forts provoquent chez l’homme des gestes impulsifs qui servent de matière aux œuvres d’art. Perdre un être cher et lever les bras au ciel (pour désigner ce destin fatal qui nous l’enlève). Frapper sa poitrine. Mettre le genou au sol. Tendre les mains. Joindre les mains. Toutes sortes de gestes qui jaillissent

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du corps et qui sont ensuite associés à des valeurs anthropologiques : ils sont liés au désir, au deuil, à la lamentation. Ces gestes, on les retrouve à des époques pourtant très éloignées les unes des autres, dans des conjonctures parfois très différentes. Bien entendu, selon les contextes où ils s’inscrivent, et selon les usages artistiques que l’on en fait, ces gestes sont retravaillés, chargés de valeurs spécifiques, et génèrent des effets très différents. Il n’empêche, Warburg semble penser qu’il y a dans ces gestes quelque chose de commun, de partageable. Surtout, il y aurait un excès du geste qui permet la partageabilité des formes – c’est-à-dire la possibilité de circulation et d’échange de ces formes. La formule de pathos (autrement dit : le geste associé à l’expression d’un affect puissant) se définit par son caractère superlatif. La forme est tellement intense qu’elle est en rupture. L’intensité du geste fait péter les coutures qui la relient à sa source, la forme s’arrache, elle coupe son cordon ombilical, etc. (je reprends ici le vocabulaire de Warburg). La « formule du pathos » se présente comme un geste (mettre le genou à terre, lever les bras au ciel, arracher sa robe) qui aurait gardé la trace de l’intensité du pathos qui s’y manifeste. Or, l’excessivité de ce geste, son caractère superlatif, son exagération est pour Warburg la condition d’une rupture avec son lieu d’enracinement. Les gestes qui intéressent Warburg – parce qu’ils sont ceux qui circulent dans l’histoire de l’art – sont des gestes gonflés de pathos qui surviennent en situations extrêmes : deuil, passion, désir, lutte. On aurait donc – à l’antiquité – une expressivité folle et débridée, où les mouvements sont amplifiés, intensifiés et où émergent toutes sortes de superlatifs du langage des gestes. Directement, dans cette théorie de l’art, quelque chose pose problème, et c’est précisément l’universalité supposée de ces formules. Pour ne pas être mal à l’aise avec cette idée, je suis obligée de plier le concept d’universalité, pour l’éloigner le plus possible d’une universalité naturelle : or, Warburg était un lecteur de Darwin, il avait – de son propre aveu – lu avec énormément

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d’intérêt le texte de 1871 sur L’Expression des émotions chez l’homme et les animaux. Un livre dans lequel Darwin note tout de même qu’il est convaincu de la nature universelle des expressions faciales : pour lui « les jeunes et les vieux d’un très grand nombre de races, que ce soit chez les animaux ou les humains, expriment le même état d’esprit avec les mêmes mouvement ». Sans vouloir à tout prix camoufler cette référence, il me semble qu’on peut la contourner en s’appuyant plutôt sur Nietzsche, sur le concept de dionysiaque et sur les principes de la tragédie grecque pour défendre l’idée que l’universalité dont parle Warburg relève plutôt de la partageabilité, d’une mise à disposition publique des formes, qui passent dans le registre du collectif : c’est-à-dire qu’il y aurait une dépersonnalisation de l’affect dans la formule de pathos, une intensité telle que l’affect déborde la figure, et qu’il y a rupture avec la situation locale, individuelle, intime où elle naît. On voit bien que cette idée convient typiquement bien à la tragédie grecque : l’affect est tellement vif, tellement intense, et insupportable (« c’est trop pour un seul homme ») qu’il déchire en quelque sorte l’enveloppe individuelle où il s’incarne originairement pour devenir une forme impersonnelle, qui réclame autre chose qu’une psychologie. On passe à un style public. Par ailleurs, il y a un autre aspect tout à fait central dans la théorie de Warburg : cette exagération intensive se comprend aussi comme une indétermination, comme une forme de neutralité (pas une neutralité « plate », mais un moment de suspension). Warburg dit lui-même : la formule est dépolarisée, elle perd son ancrage originaire, elle perd son assignation à représenter un individu, et pour le coup, elle appelle de nouvelles déterminations, de nouveaux possibles, etc. Il y aurait donc dans le geste artistique une « force d’indétermination » qui trouble sa polarisation première et permet qu’elle soit polarisée autrement, déterminée autrement. Or, il semble que même si son langage n’est pas à proprement parler universel, l’Art Performance veut pouvoir s’adresser à tous (cela semble naïf... mais ça

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ne l’est pas). Non pas que son interprétation s’impose avec évidence, mais au sens où cette forme d’expression serait explicitement polysémique, ouverte et indéterminée, elle offre à chacun la possibilité d’y trouver des prises. Dans cette indétermination réside son caractère politique, comme l’a montré avec force le philosophe Jacques Rancière. L’Art Performance permet de sortir des déterminations rigides, de ce qui nous assigne trop définitivement à une culture, à un genre, à une classe sociale ou politique. Le spectateur doit avoir droit à son anonymat. Il a droit à ce qu’on ne l’assigne pas à une position, que l’on n’attende pas de lui qu’il se comporte de telle ou telle manière (comme un bourgeois, comme un homme cultivé, comme un novice, comme la masse, comme la plupart des gens, etc.). Il a le droit de s’inventer lui-même une position à partir de ce qu’il voit. L’Art Performance assume une certaine indétermination positive au sens où il n’est pas bouclé par avance et laisse généralement pressentir son caractère tâtonnant et expérimental. On parlera cette fois d’une indétermination de l’issue – qui intensifie l’ensemble de la proposition artistique. Lorsque l’aspirateur musical de fortune installé par Pierre Berthet s’emballe, lorsque Chen Jin est à deux doigts de se brûler la main, lorsque les bois empilés d’Anaïs Héraud s’effondrent sans prévenir, on s’aperçoit avec émotion que la maitrise n’est jamais parfaite. C’est là sans doute que se niche la possibilité d’une poésie des actions. Ceci ne veut évidemment pas dire que l’artiste soit dépourvu de projet ou indifférent aux effets que pourrait produire son travail. Mais dans le cadre d’une performance, une expérience artistique pourra être considérée comme aboutie indépendamment de son seul résultat, pour autant que toutes les opérations constitutives de l’action auront mérité la même attention : chaque moment doit être soigné, y compris lorsqu’on s’éloigne du projet de départ. Autrement dit, si l’errance et les bégaiements font partie intégrante du processus créatif, il aurait été absurde de les écarter systématiquement. Ils peuvent ouvrir le travail artistique aux imprévus. L’open session dans l’espace public rend exponentiel ce risque : les

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passants-spectateurs ne sont pas avertis, adressent des questions directes aux artistes, partagent avec eux le site provisoirement occupé. Selon le philosophe anglo-saxon John Dewey (L’art comme expérience), une œuvre – quelle qu’elle soit – ne peut atteindre à l’excellence sans quelque étrangeté dans sa composition, c’est-à-dire sans intégrer au moins un élément inattendu : les aspects imprévisibles sont précieux en tant qu’ils mettent l’œuvre à l’abri du mécanique et en tant qu’ils lui offrent une spontanéité que seule la non-préméditation permet d’atteindre. L’artiste, comme le scientifique, doit être un découvreur, un expérimentateur. Sans quoi il prend le risque de ne produire qu’un travail strictement académique et sans vie. En évitant les répétitions à l’identique, l’artiste performeur cherche à préserver la créativité de la maitrise virtuose. Il y aurait en effet une technique stérile : celle qui tourne à vide, qui se donne à voir de manière narcissique, qui s’observe sans se mettre en danger. En tenant compte des incidents, en les intensifiant ou en les provoquant, l’artiste performeur se donnerait par contre les moyens de proposer une expérience artistique forte qui dépasse la seule production de l’œuvre mais qui l’accompagne – depuis l’émergence de l’idée, en passant par toutes les errances ou erreurs, et jusqu’à l’accomplissement du projet (qui n’est pas une fin en soi mais qui poursuit l’ensemble de la démarche). En effet, l’expérience visée par l’art commence bien avant la production d’un objet fini et strictement identifiable. Elle est nettement plus large. L’indétermination de la performance – son caractère ouvert, non définitif, polysémique – affecte également la réception, par le spectateur, de la proposition. Si l’œuvre est suffisamment indéterminée, chacun peut potentiellement y trouver matière à faire une expérience sensible, émotive ou même intellectuelle, mais surtout librement menée. La performance nous dit « faites ce que vous voulez de moi », en tenant à l’écart l’idée d’une juste compréhension, d’une interprétation conforme. Chacun peut vivre à partir de là une expérience singulière, sans risquer de se tromper. L’interprétation de

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la performance n’est pas dirigée par les intentions de l’artiste, comme dans le cas des œuvres codées dont il faut décrypter le sens. Telle est selon Jacques Rancière la force critique de cette forme d’expression : l’artiste performeur n’anticipe pas sur la compréhension du spectateur, il ne parie pas à l’avance sur ses compétences ou sur sa connaissance (voir Le spectateur émancipé). Surtout, le spectateur a droit à son anonymat : il a droit à ce que l’on ne vise pas en lui une certaine identité (sociale, intellectuelle, raciale, ou autre). En ce sens très particulier, l’Art Performance est potentiellement partageable et générateur de communautés provisoires. Il n’est pas universel au sens où il rassemblerait des individualités autour d’un système de normes particulier. Il n’est pas universel au sens où l’on partagerait un même code symbolique. Mais en tant qu’il s’abstient de viser tel ou tel individu, rien n’interdit de penser qu’il puisse être reçu avec un engagement aussi intense dans des contextes – culturels, notamment – extrêmement différents.

Maud Hagelstein

B. Angremy, « L’art performance en Chine », in Scènes, n°26, décembre 2009. J. Dewey, L’art comme expérience (1934), trad. O. Marci, Paris, Gallimard, 2010. G. Didi-Huberman, L’image survivante. Histoire de l’art et temps des fantômes selon Aby Warburg, Paris, Minuit, 2002. J. Rancière, « Le spectateur émancipé », in Le spectateur émancipé, Paris, La Fabrique, 2008. A. Warburg, Essais florentins, Paris, Klincksieck, 2003.

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Au sujet D’ACtus I / II / III About ACTUS I / II / III


Aller à une performance. La destination. La performance, on pourrait la voir sur un écran de télévision, à distance. Il resterait la trace de la trace, multiples liens indexés perdant sans cesse la force du présent et de l’être. Oui, la présence physique, indispensable sur le lieu « où ». Présence physique du spectateur, de l’artiste. Lieu habité par le temps de l’action créatrice, par des corps. Déjà, se trouver là bas, sur le lieu, donne une force exceptionnelle au moment qui va se vivre, dans l’attente qu’il se passe quelque chose. Une première approche d’un Art qui se présente comme une première expérience, une découverte personnelle. Et un lieu, surtout et avant tout. Philippe Thoma, spectateur.

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ACTUS I 84

23-25/02/2012, Les Brasseurs – Liège Avec/With Églantine Chaumont (BE) - An Debie (BE) - Béatrice Didier (BE) Helge Meyer (DE) - Boris Nieslony (DE) - Pietro Pellini (DE)


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1- An Debie, Untitled. © PP 2- Églantine Chaumont, PAIN! © PP 3- Béatrice Didier, News I. © PP 4- Open session. © PP

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1- Boris Nieslony, A Feather Fell Down on Liège. © PP 2- Helge Meyer, Fade away An homage. © PP 3- Open session. ©PP

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ACTUS II 86

10-22/03/2014, La Fabrique de Theâtre - Frameries Avec/With : Elisa Andessner (AT) - Marita Bullmann (DE) - Alice De Visscher (BE) Béatrice Didier (BE) - Rachel Echenberg (CAN) - Maud Hagelstein (BE) Lala Nomada (MX/DE) - Sylvie Pichrist (BE) - Evamaria Schaller (AT/DE)


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1- Alice De Visscher, Cadre. © BD 2- Béatrice Didier, Clouds & Stones. © NL 3- Elisa Andessner, Surrender to Spaces. © EA 4- Evamaria Schaller, Bench Balance. © BD

1- Open Session. © MH

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1- Lala Nomada, Mineur. © LA 2- Marita Bullmann, Ritual. © ES 3- Rachel Echenberg, Confetti. © LA 4- Sylvie Pichrist, Mire Noire. © LA

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1- Workshop with children. © LA 2- Workshop with students at Arts2. © DK 3- Round Table with Maud Hagelstein.© AC

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ACTUS III 90

01/10/2015, Académie des Beaux-Arts de Saint-Gilles Avec/With : Fergus Byrne (IE) - Marita Bullmann (DE) Chrissie Cadman (IE) - An Debie (BE) - Alice De Visscher (BE) Christof Gillen (IE) - Sandra Johnston (IE) - James King (IE) Monali Meher (BE/IN) - Boris Nieslony (DE) - Brian Patterson (DE) Elvira Santamaria (IE) - Evamaria Schaller (DE)


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1- Alice De Visscher, Haut. © TR 2- An Debie, Re-vision/The women I was. © BD 3- Boris Nielsony, Koan, Daily life plot. © TR 4- Brian Patterson & Elvira Santamaria, Hits and Mistakes. © TR

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1- Chrissie Cadman, Untitled. © TR 2- Christoff Gillen, Last night i dreamt... © TR 3- Evamaria Schaller, The bucket‘s round dance. © TR 4- Fergus Byrne, Collapsible Edition. © TR

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1- James King, Balancing options. © TR 2- Marita Bullmann, Rainbow Eyes. © TR 3- Monali Meher, Balance II. © TR 4- Sandra Johnston, Holding sky. © TR

1/2/3- Open Session. © TR

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VERONIKA MABARDI 94

Last night I dreamt I could change ACTUS III, Automne 2014

Le temps

Quand est-ce que ça a commencé ? Dans la cour de l’Académie, le passage de l’attente à l’action n’a pas eu lieu au même moment pour chacun. Certains attendaient le signal alors que déjà la voix de James King nous parvenait, distordue, et que Christoff Gillen se frayait un chemin parmi nous, arborant sa pancarte : Last night I dreamt I could change the world. Boris Nieslony, accroupi sur la terrasse entre le jardin et la cour, regardait le groupe que nous formions. Est-ce qu’il avait commencé ? Et moi, quand ai-je commencé ? Où est-ce que « ça » commence ? Dans mon souvenir, il regarde, sans observer. Semble absorber, recevoir, avant de faire. Mes neurones miroirs se mettent au travail et je me saisis de son attitude. Plus tard, il se plantera dans la bouche une fleur et se couchera en travers de l’espace. Il ne fera pas autre chose. Ça me suffit. Son immobilité de terreau m’aide à intégrer l’expérience. Un homme, planté à côté de son corps, barre le passage : il est au téléphone. Lequel a le comportement le plus absurde ? L’homme-terreau, ou celui qui est connecté ailleurs ? À quelques pas, Chrissie Cadman, entièrement couverte de terre humide, pose à ses pieds une bassine d’eau. Aucune mise en scène n’a prévu de placer côte à côte la fleur enracinée dans l’homme et la déesse-mère à peine arrachée à la terre, sculpture archaïque qu’aucun historien n’a encore interprétée.

Être présent

Qui suis-je, quand je m’assieds contre le mur de la petite pièce où Sandra Johnston couvre sa main de cire, assise à une table où sont posées des plumes d’oiseau ? À l’instant où l’acte a lieu, je ne me pose pas la question de mon identité, de ma posture, de ma relation à la femme que je regarde. Je me sens en interaction. Pour que la relation existe, pour y entrer, j’ai besoin d’abandonner toute forme d’analyse, de pensée « sur » ce qui a lieu. Dans mon souvenir, elle est assise à une table devant une fenêtre et tient à la main une bougie.


La pièce donne sur le ciel. Sa main se couvre de duvet, de plumes d’oiseau. Son attention à chacun de ses gestes donne à sa présence une qualité particulière, qui englobe l’espace où nous nous trouvons. Nous sommes plusieurs. Certains assis au sol, appuyés aux murs, d’autres debout. Certains restent, d’autres ne font que passer. La présence de la performeuse crée un « nous » temporaire, mouvant. Intussusception

Prendre en soi ce qui compose l’instant. L’absorber, comme une nourriture. On entend dire fréquemment que le monde perd son sens. Ce n’est pas de sens que je manque, mais de nourriture. Que l’on partage avec moi une substance qui élargit ma conscience, mes perceptions, et transforme le sens que je donne au monde.

Expérience

Ici, maintenant, je participe à un acte poétique, comme Michaux le définit : un soudain élargissement du monde. À ma manière, je travaille sur ma présence à ce qui m’entoure : me déplacer, demeurer immobile, tourner la tête, porter mon attention ici ou là – fermer les yeux, écouter. Je façonne le moment, perceptible pour ceux qui m’entourent.

Émotion

Ceci ne m’est pas adressé, je ne suis pas installée en témoin d’un événement qui a lieu hors de moi. Il n’y a, pour les performeurs, aucune stratégie possible. Je ne sais pas de quoi est faite leur préparation, quels sont leurs rituels intimes, leurs présupposés. Je ne sais pas d’où leur est venue l’idée de faire « ça ». Cela prend sens pour moi, et si ce n’est pas le cas, j’ai le droit d’aller voir ailleurs. Ici, on ne m’explique rien ; je suis reconnaissante qu’on me laisse tranquille. Je peux sentir, sans y être obligée, ce que j’ai besoin de sentir. De petites catharsis ont lieu, que j’emporte avec moi.

Le monde d’en haut, le monde d’en bas

Ces gestes s’adressent au cosmos. S’ils me parviennent, c’est que, de ce cosmos, je fais partie. Nous sommes faits de la même matière que le monde. Quelque chose m’arrive et me transforme, physiquement.

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Ici

Du dehors, me parviennent des sons – ailleurs, il se passe d’autres choses, dont l’écho me parvient. Est-ce qu’être ici me convient ? Quel est mon désir ? Lorsque je vais vers l’autre, que j’entre dans son monde, quelles sont mes attentes, et qu’est-ce que j’apporte ? Venir à l’autre n’est pas anodin.

Suspension

Rêver blotti dans le rêve d’un autre, s’arrêter dans le temps d’un autre, son monde, ce qu’il construit, avec le sérieux et la légèreté, l’exigence, la brutalité de l’enfance. Se tenir dans son silence.

Mémoire

Dans le travail d’alignement, après-coup, reviennent des lieux : ici, j’ai regardé les murs, ici, j’ai hésité à aller vers Christoff Gillen qui portait un carton – contact me. Ici, j’ai eu envie de photographier Chrissie Cadman – ne pas oublier. Ici, j’ai eu envie d’un sommeil végétal. Ici, je me suis demandé ce que vivaient les autres. Ici, j’ai hésité à rester seule au jardin pendant que les autres se rendaient à l’open session. Ici, j’ai choisi ma place, et l’open session avait commencé. Ici, James King est revenu à la source de l’écriture, un combat entre son corps et les battement des touches d’une machine à écrire. Si j’avais su que je devrais témoigner du moment, j’aurais accompagné mon regard et ma pensée, anticipé l’expérience. Mais je n’étais pas là pour ça. J’ai quitté un instant la construction d’un sens soumis au langage. Libre d’associer. De questionner sans besoin de répondre. De sentir avant d’élaborer. Sentir, comme on agit.

Veronika MabardI

Membre fondatrice de l’association Ricochets créée en 1996, Veronika Mabardi est aujourd’hui avant tout autrice. Actante par les mots. C’est en tant que spectatrice privilégiée d’Actus III qu’elle a écrit ce texte. 96


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Crédits photographiques Photos credits

LA EA MB AC BD MH DK NR LN PP AP TR ES

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Luis Alvarez Elisa Andessner Marita Bullmann Alessia Contu Béatrice Didier Maud Hagelstein Drita Kotaj Nicolas Leroy Lala Nomada Pietro Pellini Anja Plonka Thomas Reul Evamaria Schaller


REMERCIEMeNTS THANKS

Pour la quatrième édition d’Actus et l’édition de ce catalogue, l’association Ricochets est reconnaissante à Daniel Sluse, directeur de l’Académie Royale des Beaux-Arts de la Ville de Liège ainsi qu’à toute son équipe, aux étudiants et professeurs. Nos remerciements vont aussi bien évidemment à PAErsche, à Boris Nieslony pour avoir fondé Art of Encountering et aux nombreux collaborateurs en Autriche, Suisse et Allemagne qui ont aidé à la venue des artistes chinois en Europe. Merci à la Ville et à la Province de Liège, à la Fédération Wallonie Bruxelles, à Wallonie-Bruxelles International, WallonieBruxelles Théâtre/Danse et à leurs équipes pour leur soutien financier et techique. Merci également aux nombreuses personnes et institutions qui nous ont soutenus de diverses manières pour les réalisations d’Actus et l’édition de ce catalogue : Pierre Ansay, Arts2, Aziz Bekkaoui, Édith Bertholet, Carmen Blanco Principal, BMUKK, le British Council, Zoé Catsaras, Émilie Catdev, le Centre Culturel Zhong Ren et Wenhai Zhang, Églantine Chaumont, le Conseil des Arts du Canada, Nicole Convents, Valérie Cordy et l’équipe de la Fabrique de Théâtre, Caroline Coste, Paul Decleire, Alice De Visscher, Geneviève Dufey, Serge Kevers, Monica Klingler, Emmanuelle Lambert, Land Oberösterreich, Linz Kultur, Déborah Marino, Dominique Mathieu et l’équipe des Brasseurs, Veronika Mabardi, Marie Rose Meysman, Henriette Michaux, Luc Navet, Nicolas, Moïra Odaert, Robin Pourbaix et l’Académie de Saint Gilles, Gwendoline Robin, l’ULG, Frank Vandenbussche, Karyne Wattiaux, Joanna Wong…

The association Ricochets is grateful for this 4th edition of Actus and the publication of this catalog to Daniel Sluse, director of the Royal Academy of Fine Arts of the City of Liège, his team, students and teachers. Also thanks to PAErsche, to Boris Nieslony for initiating Art of Encountering and to all collaborators in Austria, Switzerland and Germany who made the coming of the Chinese artists to Europe possible. Thanks to the City of Liege, the Province of Liege, to the Fédération Wallonie Bruxelles, to Wallonie-Bruxelles International, to Wallonie-Bruxelles Théâtre/Danse for their financial and technical support. And thanks to the many persons and institutions that have helped us in various ways to realize Actus and to edit this catalog: Pierre Ansay, Arts2, Aziz Bekkaoui, Edith Bertholet, Carmen Blanco Principal, BMUKK, the British Council, Zoé Catsaras, Emilie Catdev, the Cultural Centrum Culturel Zhong Ren and Wenhai Zhang, Eglantine Chaumont, the Conseil des Arts du Canada, Nicole Convents, Valérie Cordy and the team of the Fabrique, Caroline Coste, Paul Decleire, Alice De Visscher, Geneviève Dufey, Serge Kevers, Monica Klingler, Emmanuelle Lambert, Land Oberösterreich, Linz Kultur, Déborah Marino, Dominique Mathieu and the team of Les Brasseurs, Veronika Mabardi, Marie Rose Meysman, Henriette Michaux, Luc Navet, Nicolas, Moïra Odaert, Robin Pourbaix and the Academy of Saint Gilles, Nadine Petit, Gwendoline Robin, the ULG, Frank Vandenbussche, Karyne Wattiaux, Joanna Wong…

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La performance, c’est merveilleux, c’est le plus libre et le plus démocratique de tous les arts, tu n’as besoin d’aucune discipline, tu n’as besoin de rien, tu n’as besoin que de toimême, tout sort de toi, tout le monde a ça. La performance, c’est comme un oiseau qui vole, qui s’arrête picoter ici et là et qui reprend son vol, comme un nomade, comme un gitan qui n’a même pas de charrette – c’est un art sans domicile fixe qui peut s’installer partout. Esther Ferrer

Achevé d’imprimer en mars 2016 pour le compte de

Rue des Anglais - 21 – B-4000 Liège - www.esavl.be

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Pierre Berthet · Zhou Bin · Marita Bullmann · He Chengyao · Maud Hagelstein · Béatrice Didier · Duan Yingmei · Anaïs Héraud · Chen Jin Boris Nieslony · Sylvie Pichrist Anja Plonka · Gwendoline Robin Barbara Roland · Gaëtan Rusquet Evamaria Schaller · Feng Weidong


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