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Bulletin d’Information Adventiste
Adventist News NetworksŠ
Sommaire
Mensuel • 37e annÊe • n° 399 - Janvier 2016
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Nouvelles des Églises adventistes
Istambul, Turquie - PrĂŠsence adventiste au sommet interconfessionnel du G20
SĂŠville, Espagne - Premier cours pour interprĂŠte des sourds
Protestantisme international
Paris, France - Dans le monde, un chrĂŠtien sur quatre est ĂŠvangĂŠlique
FĂŠdĂŠration protestante de France
Paris, France - François Clavairoly vante les atouts de la famille protestante
LibertĂŠ religieuse
Paris, France - La RĂŠpublique se doit de protĂŠger les croyants, affirme Bernard Cazeneuve
Bruxelles, Belgique - En 2015, 20 pays ont emprisonnĂŠs les croyants Ă cause de leur religion
Bulletin publiÊ par le Service de presse adventiste (Service de communication adventiste francophone) n BP 100 30, avenue Émile-Zola 77193 Dammarie-lès-Lys Cedex, France. n 11-13, rue Ernest Allard, 1000 Bruxelles, Belgique. n 19, chemin des PÊpinières 1020 Renens, Suisse. RÊdaction TÊl. 01 64 79 87 00 communications.u@adventiste.org
Site web : www.adventiste.org Les communiquĂŠs peuvent ĂŞtre reproduits avec mention de la source : BIA
Paris, France - Pour aborder la laĂŻcitĂŠ, il faut rappeler le droit, seulement le droit
SociĂŠtĂŠ
Paris, France - L’espÊrance de vie recule et les naissances baissent en France Bruxelles, Belgique - Les belges francophones et la religion
Directeur de la Publication Jean-Paul Barquon RĂŠdaction Jean-Paul Barquon Correspondants Emanuel Lopes Jeroen Tuinstra JĂŠthro Camille Rickson Nobre Corrado Cozzi SecrĂŠtaire de rĂŠdaction Dina Lambert Abonnements - ExpĂŠditions MĂŠlanie Padre
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Les vœux de la rÊdaction
L
e service de presse adventiste, son rÊdacteur en chef et son Êquipe vous prÊsentent leurs meilleurs vœux pour cette nouvelle annÊe 2016. Nous espÊrons que le fait religieux soit un facteur de paix, de comprÊhension et d’entente entre les hommes et les femmes de bonne volontÊ. Au cours de cette annÊe, nous vous souhaitons les plus belles joies tant au niveau personnel, familial que professionnel dans la rÊussite des nombreux dÊfis de la vie.
Nouvelles des Églises adventistes
(ANN/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Istambul, Turquie – PrÊsence adventiste au sommet interconfessionnel du G20
Plusieurs leaders religieux se sont retrouvÊs en Turquie pour mettre en Êvidence le rôle majeur de la foi sur la scène mondiale. Le sommet interconfessionel du G20, qui s’est tenu du 16 au 18 novembre à Istanbul, a ÊtÊ la deuxième rÊunion des leaders religieux en marge du fameux meeting du G20. L’ÊvÊnement a rÊuni des acadÊmiciens, des responsables publics, et des reprÊsentants d’un large Êventail de groupes religieux, dont les musulmans, les chrÊtiens, les bouddhistes et les hindous, dans le but d’explorer le rôle de la religion et des valeurs religieuses pour un dÊveloppement Êconomique positif. Ganoune Diop, directeur gÊnÊral du dÊpartement des affaires publiques et et de la libertÊ religieuse à la ConfÊrence GÊnÊrale, reprÊsentait l’Église adventiste durant cet ÊvÊnement et a dÊlivrÊ un message en sÊance plÊnière, le dernier jour du sommet. Son intervention intitulÊ  Des bases morales en faveur d’un dÊveloppent durable : dignitÊ, libertÊ et solidaritÊ, a explorÊ entre autres, l’importance de promouvoir la libertÊ religieuse. G. Diop a citÊ l’argument que la libertÊ religieuse est un pivot des droits de l’homme – un droit qui est au centre de toutes les autres libertÊs, et un droit essentiel pour s’attaquer à la pauvretÊ et favoriser le dÊveloppement durable.  Les stratÊgies politiques et Êconomiques sont, bien sÝr, importantes pour trouver des solutions au dÊveloppent durable  a affirmÊ G. Diop.  Mais la foi et ses valeurs jouent un rôle Ênorme et bien souvent non reconnu, sur diffÊrentes facettes des interactions humaines. Pour cette raison, les religions devraient apporter leurs meilleures valeurs aux dÊfis Êconomiques du monde, et les gens de foi ont besoin de travailler ensemble pour diminuer la souffrance et promouvoir le bien-être de tous.  D’autres orateurs sont intervenus durant le sommet : David Saperstein, ambassadeur itinÊrant pour la libertÊ religieuse internationale au DÊpartement d’État des États-Unis, Rahmi Yaran, le Grand Mufti d’Istanbul, et Heiner Bielefeld, reporter spÊcial des Nations Unies pour la libertÊ de la religion et de la croyance. Les attaques terroristes à Paris, survenus quelques jours avant le dÊbut du sommet, ont donnÊ un caractère urgent aux discussions, a prÊcisÊ G. Diop, surtout lors des discussions liÊes à la construction de relations harmonieuses entre les croyants.
Selon G. Diop, il est vital que les adventistes prennent part au dÊbat au niveau international.  Lorsque JÊsus-Christ est venu sur terre, il s’est mêlÊ aux gens,  explique-t-il.  Il s’est intÊressÊ à leur problème et s’est impliquÊ de manière concrète et pleine de compassion .  En tant que disciples du Christ, les adventistes ne peuvent pas vivre en autarcie , a dit G. Diop.  Nous sommes connectÊs à l’humanitÊ, et nous sommes solidaires avec le monde qui souffre d’injustice et bien d’autres manières . Il ajoute que les adventistes ont des propositions uniques à faire dans tous les dÊbats cherchant comment la religion peut amÊliorer la qualitÊ de vie. L’association internationale pour la libertÊ religieuse (IRLA), une ONG originellement portÊe par l’Église adventiste en 1893 et encore aujourd’hui soutenue par les membres adventistes. Elle Êtait l’une des 25 organisations, groupes et universitÊs qui ont sponsorisÊs le sommet interconfessionnel du G20.
(EUD/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
SÊville, Espagne – Premier cours pour interprète des sourds
La Division intereuropÊenne (EUD) de l’Église adventiste a organisÊ la première formation pour interprètes en langue des signes du 18 au 20 septembre dans la ville de SÊville en Espagne. Près de 35 interprètes pour sourds, traducteurs et personnes en contact avec des sourds ont participÊ à la formation. Ils sont venus d’Allemagne, France, Portugal, Mexique, États-Unis et Espagne.  Je suis ÊmerveillÊ de la manière dont tout s’est dÊroulÊ  dit Taida Riveiro, interprète en langue des signes, et responsable d’un projet en faveur des sourds en Espagne.  C’est un rêve qui se rÊalise, et je suis très heureux d’avoir pu contribuer à sa rÊalisation . Les organisateurs de ces cours ont prÊsentÊ quelques uns de leurs objectifs, notamment souligner les codes Êthiques d’un interprète, analyser les problèmes rencontrÊs par la communautÊ de sourds, enseigner le langage des signes international (ISL), aborder les aspects physiques, intellectuels et Êmotionnels d’un interprète, planifier la logistique du congrès des sourds 2016 et favoriser l’amitiÊ entre les participants. Il existe plus de 400 langages des signes dans le monde. ISL a ÊtÊ enseignÊ durant la formation pour faciliter la communication entre les interprètes, surtout en vue du prochain congrès international pour les sourds et les muets, qui aura lieu à SÊville du 13 au 16 mai 2016. Parmi les Églises adventistes du territoire de l’EUD, il y a maintenant au moins 4 organisations officielles pour les sourds, Signes d’espÊrance en France,
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GehÜrlosengemeinschaft en Allemagne, ASAE en Espagne et Raise and Walk en Roumanie. Chaque organisation utilise sa langue des signes locale. Noemi Fariùa, interprête en langue des signes, a jouÊ un rôle important dans la formation des participants. Fariùa a donnÊ une attention particulière à l’entraÎnement physique des interprètes. InterprÊter en langue des signes est aussi un dÊfi sur le plan physique, et cet entraÎnement personnel aide les interprètes à Êviter tout effet nÊgatif sur le corps.  C’est une chose à laquelle nous [qui Êcoutons] ne pensons pas automatiquement , affirme Corrado Cozzi, en lien avec les sourds pour l’EUD.  Pour chaque orateur le plus grand besoin est d’ordre homilÊtique, mais pour un interprète ou même pour un sourd qui s’exprime, il est très important d’être en bonne forme physique . Parmi les animateurs, on comptait Larry Evans, attachÊ au relation avec le ministère auprès des sourds de la ConfÊrence gÊnÊrale, qui a prÊsentÊ les bienfaits que procure la fidÊlitÊ aux principes divins. Javier Moliner, directeur de l’EDS (catÊchèse) et Ministère personnel pour l’Union des Églises adventistes d’Espagne, qui a dÊveloppÊ une animation biblique pour un public exclusivement de sourds, Taida Riveiro, qui a pointÊ la forte nÊcessitÊ de crÊer un esprit d’Êquipe solide entre les interprètes, et Pedro Torres, directeur des communications de l’Église adventiste en Espagne, qui a traduit l’ensemble de la formation. Pour prÊparer le prochain congrès des sourdsmuets, l’annÊe prochaine, les organisateurs ont invitÊ les participants à rÊflÊchir sur la manière de faciliter la visite des monuments et attractions.
Protestantisme international
(La Croix/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Paris, France - Dans le monde, un chrĂŠtien sur quatre est ĂŠvangĂŠlique
Les protestants ÊvangÊliques reprÊsentent dÊsormais les deux tiers du protestantisme mondial soit environ 619 millions de fidèles ÊvangÊliques, selon une estimation Êtablie par l’historien SÊbastien Fath, chercheur au CNRS et spÊcialiste du monde ÊvangÊlique. Le chercheur s’appuie sur des donnÊes publiÊes par plusieurs instituts, dont le Pew Forum, l’Alliance ÊvangÊlique mondiale, et  Evangelicals around the world , qui fait rÊfÊrence en la matière. Premier continent oÚ vivent des ÊvangÊliques : l’Asie, avec 200 millions de fidèles, dont 60 millions en Chine et 28 millions en Inde.
Vient ensuite l’Afrique, avec 170 millions d’ÊvangÊliques, poursuit SÊbastien Fath. Premiers pays africains en la matière : le Nigeria (55 millions de fidèles), le Kenya (20 millions) et l’Éthiopie (17 millions). Mais avec un missionnaire pour 11 000 habitants, l’expansion ÊvangÊlique sur ce continent ne peut que croÎtre. 23 millions en Europe
L’AmÊrique latine compte pour sa part 122 millions d’ÊvangÊliques, et l’AmÊrique du Nord 97 millions.
Enfin, 23 millions d’ÊvangÊliques vivent en Europe (dont 5 millions au Royaume-Uni) et 7 millions en OcÊanie.
600 000 en France
Le chercheur au CNRS n’aborde pas spÊcifiquement la situation française. Les derniers chiffres disponibles, publiÊs en janvier 2015 par le Conseil national des ÊvangÊliques de France (Cnef) font Êtat de l’implantation de 2 440 Êglises en France, dont 2 184 en mÊtropole. En tout, 600 000 pratiquants rÊguliers frÊquentent ainsi les Êglises ÊvangÊliques en France. Dans l’Hexagone, ils reprÊsentent un tiers des protestants. Le nombre de protestants ÊvangÊliques a ÊtÊ multipliÊ par dix en 65 ans : en 1950, le pays comptait 50 000 pratiquants rÊguliers.
FĂŠdĂŠration protestante de France
(EvangĂŠlique.info/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Paris, France - François Clavairoly vante les atouts de la famille protestante
 Les attentats de janvier et de novembre nous auront encore ouvert les yeux sur ce qu’est la folie meurtrière des hommes si, par mÊgarde, nous l’avions oubliÊe. Ils nous auront aussi mis en demeure de rÊflÊchir à cette incroyable charge de violence que peut contenir la religion - si elle n’est pas pensÊe, traduite, rÊflÊchie, en quelque sorte canalisÊe par des mots, des rites et des concepts, - si elle renonce à l’intelligence ou au difficile mais nÊcessaire exercice de l’interprÊtation et celui de la lente et profonde mÊditation, - si elle se rÊduit à une objurgation, à une obÊissance, à une injonction, à un ordre, - ou si elle se caricature en un appel à asservir le monde et les hommes par les actes violents qu’elle commande, dÊcrÊtant brutalement sous peine de mort, l’observance du permis et de l’interdit, du pur et de l’impur, du licite et de l’illicite, du bien et du mal .
Le 20 janvier, le prÊsident de la FÊdÊration protestante de France (FPF) François Clavairoly a tenu a rappelÊ que le rôle de la religion est de contribuer à la paix, loin de toute violence. La FPF donnait une rÊception à l'occasion de la nouvelle annÊe, en prÊsence du ministre de l'IntÊrieur Bernard Cazeneuve.
Contribuer Ă ce que le monde soit habitable et fraternel
François Clavairoly a ajoutÊ que  chacun, là oÚ il se trouve, peut, et doit prendre sa part dans ce combat et maintenant contribuer à l’Êlaboration jamais finie d’une sociÊtÊ et d’un monde habitable. C’est-à -dire un monde commun, juste et respirable, non seulement au plan Êcologique, mais aussi unmonde commun habitable et fraternel, oÚ la relation entre les humains est fondÊe sur la bienveillance et non la violence, la mÊfiance, la dÊfiance, la surveillance .
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La France ne serait pas ce qu'elle est sans le protestantisme
Le prÊsident de la FPF s'est ensuite rÊjoui de ce que  le protestantisme a largement contribuÊ, et contribue encore à l’Êlaboration de cette sociÊtÊ telle que nous la connaissons aujourd’hui. La France ne serait pas ce qu'elle est sans le protestantisme . Et de citer tous les bienfaits de ce protestantisme : appel à la libertÊ de conscience, actes et paroles qui tÊmoignent de l'Évangile dans l'espace public, engagements dans le monde de l'enseignement, dans l'Êconomie et la culture, actions auprès des exclus et des Êtrangers, prises de position Êthiques, etc.
Le protestantisme, une famille moderne et recomposĂŠe
Pour François Clavairoly, le protestantisme doit continuer sa mission, mais sans opter pour une  doctrine excluante qui serait contenue dans les textes depuis toujours et qu’il suffirait de dÊrouler ou qu’il faudrait assÊner au voisin de chapelle, quitte à l’excommunier s’il n’Êtait pas d’accord . Il a appelÊ les chrÊtiens à  aller vers l'autre , à mettre cette annÊe sous le sceau de la bienveillance et de la fraternitÊ. Ce qui commence à ses yeux par la rencontre interreligieuse, par la rencontre oecumÊnique et par la rencontre  avec nos frères et soeurs protestants ÊvangÊliques . Et d'ajouter que le protestantisme est une famille,  une famille moderne et donc sans cesse recomposÊe .
LibertĂŠ religieuse
(La Croix/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Paris, France - La RĂŠpublique se doit de protĂŠger les croyants, affirme Bernard Cazeneuve
Le ministre de l’intÊrieur recevait mardi 22 dÊcembre matin, place Beauvau, les reprÊsentants des cultes français pour une rÊunion prÊvue de longue date, consacrÊe à l’Êtat d’urgence. À l’issue de celle-ci, Bernard Cazeneuve a redit, lors d’une dÊclaration aux côtÊs de ses invitÊs,  la nÊcessitÊ, dans la pÊriode que nous traversons, qu’il y ait une parole forte qui apaise . Appelant de ses vœux un  front rÊpublicain des religions , il a Êgalement exprimÊ de  chaleureux remerciements aux reprÊsentants des cultes qui expriment depuis des mois une parole sage .  La RÊpublique à besoin de cette sagesse plus que de polÊmiques , a-t-il ajoutÊ, s’attendant à ce que l’État et les religions soient amenÊs dans l’avenir à  multiplier les initiatives de fraternitÊ et de concorde .
Concorde sur l’Êtat d’urgence
L’Êtat d’urgence a bien ÊtÊ abordÊ au cours de la rÊunion, ainsi que la question des assignations à rÊsidence.  Il y avait une vraie concorde entre nous tous , assure le pasteur François Clavairoly, prÊsident de la FÊdÊration protestante de France. Tous ont convenu du bienfondÊ de ces mesures exceptionnelles, qui ont provoquÊ une certaine Êmotion au sein de la communautÊ musulmane.
 Le ministre nous a rassurÊs , assure Anouar Kbichech.  Il a donnÊ des consignes très claires aux prÊfets, notamment en ce qui concerne les mosquÊes, qui sont des lieux ayant une certaine sacralitÊ.  Quelques instants plus tôt, il avait affirmÊ, lors de la dÊclaration conjointe, sa  grande satisfaction  de voir  la fermetÊ du ministre contre certains prêcheurs dont les propos tombent sous le coup de la loi , et en même temps  le refus de tout amalgame et de toute atteinte à l’intÊgritÊ physique et morale des musulmans . Bernard Cazeneuve avait, pour sa part, saluÊ le rassemblement des musulmans de France le 20 novembre dernier, au cours duquel, a-t-il dit,  les responsables musulmans ont rappelÊ avec beaucoup de force leur attachement à la RÊpublique .
La sĂŠcuritĂŠ des messes de NoĂŤl, sujet principal
En dehors de ces quelques mots, l’ordre du jour initial a ÊtÊ largement ÊclipsÊ par la question de la sÊcuritÊ dans les Êglises à NoÍl. Il faut dire que le ministère de l’intÊrieur avait rendu publique, quatre jours plus tôt une note aux prÊfets et aux responsables paroissiaux suggÊrant des mesures de sÊcuritÊ très inhabituelles pour des offices catholiques, comme la fouille des fidèles à l’entrÊe ou l’interdiction temporaire de stationner à proximitÊ des Êglises. Bernard Cazeneuve a ÊvoquÊ à nouveau ces consignes, citant notamment la possibilitÊ de fermer certaines portes des Êglises  pour garantir un meilleur filtrage . Mgr Stanislas Lalanne, Êvêque de Pontoise, qui reprÊsentait l’Église de France, a estimÊ que cette mesure Êtait envisageable. Mais il a exclu la fouille des fidèles. De son côtÊ, François Clavairoly a paru plus rÊservÊ sur ces mesures de surveillance exceptionnelles.  Dans les temples, nous souhaitons qu’il n’y ait pas plus qu’une surveillance lÊgère, justement pour ne pas focaliser l’attention sur les lieux de cultes, explique-t-il. D’autant que les attentats du 13 novembre ont montrÊ que les lieux de cultes ne sont pas spÊcialement visÊs‌   Garantir à chaque culte qu’il sera protÊgÊ par la RÊpublique  Plus largement, Bernard Cazeneuve a souhaitÊ rappeler que  le ministère de l’intÊrieur ne tolÊrera aucun acte antisÊmite, aucun acte islamophobe, aucun acte antichrÊtien . Une fermetÊ qui  commence à payer , s’est fÊlicitÊ le ministre en Êvoquant une baisse des actes antisÊmites par rapport à l’annÊe dernière, et un nombre d’actes islamophobes après le 13 novembre en baisse par rapport aux attentats de janvier.  Le ministère de l’intÊrieur a l’obligation de garantir à chaque culte qu’il sera protÊgÊ par la RÊpublique, a soulignÊ le ministre. C’est aussi cela, la laïcitÊ. La RÊpublique, parce qu’elle est laïque, a vocation à protÊger avec la plus grande fermetÊ tous ses enfants. 
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(La Libre.be/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Bruxelles, Belgique - En 2015, 20 pays ont emprisonnĂŠ des croyants Ă cause de leur religion
Dans son rapport, l'ONG Human Rights Without Frontiers (HRWF) dÊplore :  les pays oÚ le plus grand nombre de personnes ont ÊtÊ emprisonnÊes pour leur foi sont la Chine et l'Iran . En Chine, cinq confessions sont particulièrement persÊcutÊes, comme le Falun Gong ou le protestantisme ÊvangÊlique, souligne l'organisation qui dÊfend notamment la libertÊ de culte. La communautÊ musulmane ouïgoure et les bouddhistes tibÊtains restent Êgalement des cibles. En Iran, ce sont les baha'is, considÊrÊs comme hÊrÊtiques, qui sont les plus reprÊsentÊs parmi les  prisonniers de religion  du rÊgime de TÊhÊran. Ils sont suivis entre autres par les soufis. La CorÊe du Nord figure aussi dans la liste, bien qu'aucune information ne filtre rÊellement. Quatre chrÊtiens Êtrangers (un Canadien et trois prêtres sud-corÊens) y ont, en tout cas, ÊtÊ incarcÊrÊs l'an dernier pour avoir voulu mener des activitÊs missionnaires dans ce pays. L'un a même ÊtÊ condamnÊ à la prison à vie.  Ce n'est là que le sommet de l'iceberg , commente Willy FautrÊ, directeur de l'ONG basÊe à Bruxelles. D'autres pays sont citÊs, tels que l'Azerbaïdjan, l'Égypte, l'ÉrythrÊe, l'IndonÊsie ou encore l'Arabie Saoudite et le Vietnam. HRWF a identifiÊ au total 15 croyances victimes de la rÊpression d'un État en 2015, par exemple les TÊmoins de JÊhovah. En CorÊe du Sud, ils Êtaient l'annÊe dernière 555 derrière les barreaux pour avoir refusÊ le service militaire. Par ce rapport, l'ONG souhaite attirer l'attention de l'Union europÊenne et ses États membres sur ces phÊnomènes  contraires à la libertÊ de religion et de culte .
(Le Monde/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Paris, France - Pour aborder la laĂŻcitĂŠ, il faut rappeler le droit, seulement le droit
Les polÊmiques sur la laïcitÊ se multiplient sans que les Français saisissent les enjeux qu’elles impliquent. Évidemment, la laïcitÊ implique une conception de notre sociÊtÊ et l’attitude que cette dernière devrait avoir vis-à -vis des cultes ou des philosophies de pensÊe. Or, une vision philosophique de la laïcitÊ ne permet pas aujourd’hui de gouverner les individus, puisqu’elle est susceptible de se dÊcliner en autant de typologies qu’il y a de façon de la conceptualiser. La seule rÊponse Êvidente qui s’impose dans le dÊbat houleux concernant la laïcitÊ est la conception juridique de la laïcitÊ. En la matière, nous soutenons l’attitude bienveillante de l’Observatoire de la laïcitÊ qui n’a fait que respecter la ligne de conduite fondamentale : lorsque la passion veut s’imposer, mieux vaut se rÊfÊrer au droit applicable et rien qu’au droit applicable. Voilà qu’il est toutefois reprochÊ à ce même Observatoire - et à ceux qui le soutiennent - de faire de la laïcitÊ  un ÊlÊment fantasmÊ , de modifier les termes et l’objet du dÊbat sur la laïcitÊ. Nous le maintenons, n’en dÊplaise aux dÊtracteurs : la laïcitÊ est une loi de sÊparation, et d’organisation du culte dans le domaine public, et non une loi de contrôle. Juridiquement, l’État, depuis la loi de 1905, est neutre. En consÊquence de cette neutralitÊ,
deux obligations, l’une positive, l’autre nÊgative, dÊcoulent. D’abord, l’obligation de ne pas se mêler des affaires des cultes ; ensuite l’obligation positive d’assurer et de garantir la libertÊ de conscience (croire ou ne pas croire, pratiquer ou ne pas pratiquer) à tous les citoyens de la RÊpublique Française.
Le droit de manifester sa religiositĂŠ
La reconnaissance de la libertÊ de conscience passe Êgalement par le droit de manifester sa religiositÊ dans l’espace public, dans un cadre donnÊ. C’est la raison pour laquelle toute personne est libre de s’habiller ou d’arborer le signe religieux de son choix dans l’espace public, à condition de ne pas porter atteinte à l’ordre public. La garantie de la libertÊ de conscience ne suppose pas que l’État s’impose une distanciation totale avec les religions. Les religions sont une composante de notre tissu social : en consÊquence l’État est amenÊ à interagir avec elles, tout en se rappelant son inhÊrente neutralitÊ. Nous avons oubliÊ que la laïcitÊ doit être lue de manière cohÊsive avec notre principe de fraternitÊ. C’est la plus grande faiblesse des analyses que nous voyons ces derniers jours. Loin de la laïcitÊ, l’idÊe de dÊtruire la cohÊsion sociale ; la laïcitÊ vise à ressouder les liens fraternels entre les enfants de la RÊpublique. Mais, pour garantir son effectivitÊ, la laïcitÊ a besoin de la mixitÊ sociale, de mixitÊ scolaire et d’une lutte constante contre toutes les inÊgalitÊs et discriminations. C’est à cela que l’État doit d’abord s’attaquer, afin de dÊfendre une laïcitÊ comprise et effective. Pour la promouvoir à l’Êcole, il faut la prÊsenter à nos enfants, qui feront la rÊalitÊ sociale de demain, comme un principe qui vise à rassembler tous les Français quelles que soient leurs convictions, et assurer la fraternitÊ sociale. Or, les dÊbats actuels s’enlisent vers une laïcitÊ rÊpressive. En tÊmoigne la volontÊ d’interdire le voile à l’universitÊ ou encore la mise en place d’un menu unique dans les cantines de notre RÊpublique. Alors que les repas à la cantine reprÊsentent justement toute la diversitÊ de notre RÊpublique rÊunie à une seule et même table, nous constatons aujourd’hui que des interprÊtations restrictives de la laïcitÊ excluent, quelque part, des citoyens Français en raison de leurs confessions.
Rassembler, non pas diviser
Alors oui, nous refusons ces interprÊtations. Nous refusons une vision antirÊpublicaine, qui ne correspond pas aux idÊaux portÊs par de grands penseurs de notre loi de sÊparation. Nous refusons l’instrumentalisation de la laïcitÊ pour en faire un outil de rÊpression qui enlève des droits, plus qu’elle n’en garantit. N’oublions pas que sur l’État pèse cette obligation de garantir la libertÊ de conscience. Demandons à nos concitoyens aujourd’hui : l’État a-t-il rÊellement assurÊ la libertÊ de conscience pour tous ? Une grande partie des intervenants dans le dÊbat public mÊconnait les fondamentaux de la laïcitÊ, ou souhaite les mettre de côtÊ. Ces intervenants les mÊconnaissent car ils voient dans l’espace public un espace de neutralitÊ des individus et de neutralisation des cultes. Cette logique antireligieuse doit suffire. La laïcitÊ ne reprÊsente pas un athÊisme d’État, puisque l’État ne favorise aucune philosophie de pensÊe. L’État, en tant qu’institution, est neutre, et la neutralitÊ suppose l’absence de jugement sur les questions religieuses.
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N’essayons pas d’être plus laïques que la laïcitÊ ellemême. Cessons cette instrumentalisation de la loi de 1905. Relisons, avec vigueur et force, les dispositions de cette loi de libertÊ et non de contrainte. Soudons notre sociÊtÊ plutôt que de la diviser. Voilà le message que la laïcitÊ doit aujourd’hui communiquer aux citoyens français. Asif Arif est avocat au Barreau de Paris et directeur de la collection Religions et LaïcitÊs aux Êditions l’Harmattan ; Valentine Zuber est historienne et sociologue, spÊcialiste de l’histoire de la libertÊ religieuse en Europe et de la laïcitÊ en France ; RaphaÍl Liogier est professeur à l’IEP d’Aix-en-Provence et au Collège international de philosophie de Paris ; Marc Cheb Zoun est auteur, rÊdacteur en chef de la revue D’ailleurs et d’ici.
SociĂŠtĂŠ
(Le point/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Paris, France – L'espÊrance de vie recule et les naissances baissent en France
L'Hexagone compte 66,6 millions d'habitants au 1er janvier 2016, soit une croissance de près de 250 000 personnes. Les dÊcès sont en hausse. La France a connu un nombre de dÊcès  au plus haut depuis l'après-guerre  en 2015, marquÊ aussi par un faible recul des naissances, pour atteindre 66,6 millions d'habitants au 1er janvier 2016, selon les chiffres publiÊs mardi par l'Insee. Ainsi, 64,5 millions d'habitants vivent en mÊtropole et 2,1 millions dans les cinq dÊpartements d'outre-mer. La population a augmentÊ de 247 000 personnes au cours de 2015 (+ 0,4 %), quasi exclusivement portÊe par le solde naturel, diffÊrence entre les naissances et les dÊcès. Ce solde naturel, le plus faible enregistrÊ depuis quarante ans (+ 200 000 en 2015 sur un an), reste le principal moteur de la croissance dÊmographique, bien supÊrieur au solde migratoire (+ 47 000). Autre fait notable de l'annÊe ÊcoulÊe, les naissances ont lÊgèrement diminuÊ (- 19 000 sur un an) et le nombre de dÊcès a fortement augmentÊ (+ 41 000 sur un an), enregistrant  son plus haut niveau depuis l'après-guerre , souligne Marie Reynaud, responsable des Êtudes dÊmographiques et sociales de l'Insee. En 2015, 600 000 personnes sont dÊcÊdÊes (+ 7,3 % sur un an). Cette  forte hausse s'explique par l'augmentation du nombre des 65 ans et plus et par la hausse des taux de mortalitÊ après 65 ans . En cause, trois Êpisodes sanitaires de surmortalitÊ : la grippe au premier trimestre 2015, la canicule en juillet et une vague de froid en octobre. Sous l'effet de ce surcroÎt de mortalitÊ, l'espÊrance de vie à la naissance  diminue nettement , de 0,4 an pour les femmes, de 0,3 an pour les hommes. En 2015, une femme peut espÊrer vivre 85 ans et un homme 78,9 ans.  On ne peut pas dire que cela marque un coup d'arrêt dans la tendance à la hausse de l'espÊrance de vie , relève Marie Reynaud. Depuis vingt ans, elle a augmentÊ de 3,1 ans pour les femmes et de 5,1 ans pour les hommes. En 2003 et en 2012, l'espÊrance de vie à la naissance avait reculÊ pour les femmes uniquement pour repartir ensuite à la hausse. Elle avait baissÊ pour les deux sexes en 1969.
800 000 bĂŠbĂŠs en 2015
 La population rÊsidant en France continue de vieillir, avec l'avancÊe en âge des baby-boomers (nÊs entre 1946 et 1974, ndlr). La part des 65 ans et plus s'Êtablit à 18,8 % au 1er janvier 2016, contre 18,4 % un an plus tôt ,
ajoute-t-elle. Quant à la baisse des naissances en 2015,  elle n'a rien d'exceptionnel , assure l'Insee. D'une part, elle est faible (- 2,3 % par rapport à 2014), d'autre part, la natalitÊ reste à un niveau ÊlevÊ, avec 800 000 nouveau-nÊs, nombre autour duquel elle oscille depuis la fin du baby-boom.  De telles fluctuations ont dÊjà ÊtÊ observÊes dans le passÊ. Le point le plus bas avait ÊtÊ atteint en 1994 avec 741 000 naissances et le pic en 2010 avec 833 000 bÊbÊs , prÊcise l'institut. Cette baisse s'explique par la diminution depuis 1995 du nombre de femmes en âge de procrÊer et le lÊger recul de la fÊconditÊ en 2015 : 1,96 enfant par femme, contre 2 en 2014. En cause, la baisse de la fÊconditÊ des femmes de moins de 30 ans, qui s'est un peu accentuÊe. Celle des femmes de 30 à 34 ans a Êgalement reculÊ. Elle Êtait stable depuis 2011.  La baisse des naissances devrait se poursuivre, avec le recul du nombre de femmes en âge de procrÊer, mais rien n'indique que la fÊconditÊ suive le même chemin , selon Marie Reynaud. L'âge moyen à l'accouchement, en constante augmentation, atteint dÊsormais 30,4 ans. NÊanmoins, la fÊconditÊ française maintient son rang en Europe. L'Irlande et la France restent depuis 1999 les deux pays europÊens les plus fÊconds. Enfin, si le nombre de mariages entre personnes de sexe diffÊrent reste stable, à 231 000, les mariages entre personnes de même sexe sont moins nombreux : 8 000 l'an dernier contre 10 522 en 2014. La loi autorisant le mariage pour tous avait ÊtÊ promulguÊe en mai 2013.
(La Croix/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Paris, France - L’enseignement du fait religieux progresse mais peut mieux faire
Un an après le lancement de la  Grande mobilisation de l’École pour les valeurs de la RÊpublique , qui prÊvoyait d’inclure les enseignements de la laïcitÊ et des faits religieux dans les programmes scolaires, et quelques mois après la mise en route de l’Êducation morale et civique, qui leur offrait un nouvel espace pour le faire, les enseignants s’en sont-ils rÊellement emparÊs ? Les derniers attentats les ont-ils incitÊs davantage à consacrer du temps pour aborder ces questions avec leurs Êlèves ? C’est ce qu’a voulu explorer le think tank Vers le haut, l’association Enquête et Bayard Éducation, en rÊalisant un sondage auprès des enseignants du primaire. L’enseignement de la laïcitÊ ne semble pas poser de problèmes : 85 % des professeurs des Êcoles s’y dÊclarent favorables, et les trois quarts d’entre eux (76 %) le pratiquent dÊjà dans leur classe. Même s’il semble subsister dans l’esprit des enseignants un certain flou sur ce qu’ils entendent par  laïcitÊ , observe Marc Vannesson, dÊlÊguÊ gÊnÊral du think tank.  Une grande majoritÊ (91 %) plÊbiscite une laïcitÊ de combat, en considÊrant qu’il s’agit d’apprendre aux Êlèves que les expressions religieuses doivent demeurer dans l’espace privÊ . Sur l’enseignement des faits religieux, ils sont en revanche beaucoup plus divisÊs : ils ne sont que 59 % à y être favorables et seulement 39 % à le pratiquer. Parmi eux, plusieurs profils-types semblent se dessiner. Les  hostiles , qui y sont opposÊs par principe et reprÊsentent plus d’un tiers des enseignants (37 %). Les  oui mais  (24 %) y sont plutôt favorables, mais ne le
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pratiquent pas dans leur classe surtout parce qu’ils considèrent qu’ils n’ont pas les outils ou la formation nÊcessaires, craignent les rÊactions des familles, des enfants ou de leur hiÊrarchie‌ Enfin, parmi ceux qui s’y dÊclarent  favorables  (35 %), la plupart d’entre eux (31 %) sont  convaincus  que cet enseignement permet aux enfants de mieux comprendre le monde dans lequel ils grandissent, et contribue au vivre-ensemble. Vers le haut formule une sÊrie de propositions pour mieux accompagner les enseignants dans cette tâche qui contribue, selon Marc Vannesson, à faire reculer  l’ignorance et le choc des incultures .
(ORELA/IPSOS/Le Soir/RTBF/BIA) Dammarie-les-Lys, France
Bruxelles, Belgique - Les Belges francophones et la religion
La manière dont le grand public et les mÊdias se reprÊsentent le fait religieux est souvent tributaire des coups de projecteurs braquÊs sur les religions en raison de l’actualitÊ immÊdiate et des rapports de force qu’elles subissent ou entretiennent entre elles — voire avec l’État et les collectivitÊs locales. Dès lors, beaucoup de stÊrÊotypes et a prioris circulent sur les religions, leurs pratiques et les croyants. Pour les sciences humaines, l’une des manières les plus efficaces d’approcher la façon dont la religion est vÊcue, pratiquÊe, perçue et expÊrimentÊe par les individus est l’enquête. ORELA, dans le cadre de  La Religion dans la CitÊ , et en collaboration avec Le Soir et la RTBF, vient ainsi de faire rÊaliser par IPSOS un sondage sur  Les Belges francophones et la religion . Quels enseignements en tirer ? On constate tout d’abord que la progression de la sÊcularisation constante observÊe jusqu’ici ne peut se vÊrifier, même si elle paraÎt en rÊalitÊ freinÊe ; il n’y a pas de rejet massif de la religion, dont l’image est globalement plutôt positive, même si sur certaines questions, les Belges francophones sont divisÊs. L’adhÊsion au catholicisme demeure largement majoritaire. Cependant, la pratique religieuse est basse et le lien avec le catholicisme est donc davantage un lien culturel, ramenant plutôt à l’identitÊ ; le prÊsent sondage affiche ici une tendance que ne montraient pas les enquêtes prÊcÊdentes qui ne distinguaient pas entre identitÊ convictionnelle et pratique religieuse. Bien que les diffÊrentes enquêtes de ces dernières annÊes rÊvÊlaient une sÊcularisation constante, ici, les donnÊes semblent contredire cette tendance, puisque 75% de l’Êchantillon sondÊ se revendique d’une culture ou d’une identitÊ religieuse. Ceci rÊsulte du caractère particulier de la question posÊe, laquelle distinguait sentiment d’appartenance à une religion (renvoyant donc plutôt à une identitÊ culturelle) et pratique de cette religion (ce qui peut recouvrir des formes diverses, depuis la pratique rÊgulière conjuguÊe à l’observance stricte jusqu’à des manières très diffuses, peu rÊgulières et très lâches de manifester sa pratique). Une minoritÊ des rÊpondants se dÊclarent pratiquants : 19 % de catholiques, 6 % de musulmans. S’il y a 26 % de pratiquants en Belgique francophone, ils sont 34 % à Bruxelles — le poids de l’islam y influence la tendance, à savoir le nombre total de pratiquants. Dans le même temps, Bruxelles est plus contrastÊe parce qu’elle compte davantage d’incroyants et une plus grande diversitÊ
convictionnelle. Alors que chez les catholiques, plus l’on est jeune, moins l’on pratique (contrairement à la France, comme le rÊvÊlait l’enquête Opnion Way menÊe pour la ConfÊrence des religieux et religieuses de France en 2015), la tendance s’inverse chez les musulmans : la pratique y est davantage le fait des plus jeunes. Toutefois, ces constats ne permettent pas d’identifier la nature de la pratique religieuse, ni le type d’adhÊsion aux institutions religieuses. En 2007 et 2009, les derniers chiffres relatifs à la pratique catholique diffusÊs par l’Êpiscopat montraient que moins de 5 % de la population avait une pratique dominicale hebdomadaire et que seuls un peu plus 50 % des enfants nÊs en Belgique Êtaient baptisÊs (54,6% pour l’ensemble du pays, mais seulement 14,8 % à Bruxelles). Par ailleurs l’enquête europÊenne sur les valeurs menÊe elle aussi en 2009 confirmait que la pratique dominicale (à savoir l’assistance mensuelle à la messe) concernait seulement 4 % des Belges. Les donnÊes recueillies ici semblent confirmer ainsi que les catholiques se revendiquent davantage d’une proximitÊ avec la culture chrÊtienne que d’un respect des pratiques, une adhÊsion au dogme ou à la morale religieuse — comme l’ont montrÊ diverses Êtudes antÊrieures, insistant sur une pratique  à la carte . Moins d’un tiers des catholiques (31 %) se dÊclarent en effet pratiquants, alors qu’ils sont 89 % des musulmans à se dÊclarer tels (sans que l’on sache si cette pratique se rÊsume par exemple à l’observance du Ramadan ou si elle concerne les cinq prières quotidiennes et les autres  piliers  de l’islam). Ainsi, l’enquête de la Fondation Roi Baudouin intitulÊe  Belgo-Marocains et Belgo-Turcs : (auto)-portrait de nos concitoyens  et dont les rÊsultats avaient ÊtÊ livrÊs en mai 2015 montrait que moins d’un rÊpondant sur trois seulement (environ 30 %) disait frÊquenter la mosquÊe au moins une fois par semaine. Il y aurait 7 % de musulmans en Belgique francophone (ce qui corrobore les donnÊes rÊcentes de l’enquête du Pew Forum on Religion and Public Life), et 23 % de musulmans à Bruxelles, un pic dÊmographique qui pourrait ne pas être dÊpassÊ si le taux de natalitÊ des musulmans se calque progressivement sur celui de la population gÊnÊrale, comme cela paraÎt être observÊ par d’aucuns (sauf si le regroupement familial ou des migrations nouvelles viennent bouleverser ce constat. Ceci est à mettre en relation avec le fait qu’à Bruxelles, le cours de religion islamique est le plus suivi dans l’enseignement officiel (qui rassemble environ la moitiÊ des Êlèves), avec 47,5 % des Êlèves, comme l’a montrÊ le rapport ORELA portant sur l’annÊe 2014. Bruxelles et la Wallonie comptent 25 % d’incroyants et assimilÊs ; mais on peut supposer qu’il y a Êgalement des incroyants parmi les non-pratiquants, surtout catholiques, voire même chez les pratiquants. On constate un grand dimorphisme sexuel. Il y a beaucoup plus de femmes pratiquantes, principalement chez les catholiques (24 % contre 14 % d’hommes chez les catholiques pratiquants, pour 48 % contre 37 % chez les catholiques non pratiquants) ; il n’y a, en revanche, pas de diffÊrence significative de ce point de vue chez les musulmans. Les hommes sont en gÊnÊral davantage incroyants ou indiffÊrents que les femmes (37 % contre 14 %). Le profil de l’incroyant ou de l’indiffÊrent est ainsi plutôt celui d’un homme jeune et ÊduquÊ, tandis que celui du pratiquant catholique est celui d’une femme, senior, peu ÊduquÊe, rurale et inactive.
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Pour 73 % des Belges francophones, la religion appartient au domaine privÊ. Il n’y a pas de distinction de ce point de vue entre Bruxelles et la Wallonie. Les hommes en sont lÊgèrement plus convaincus ; de manière gÊnÊrale, plus on est ÊduquÊ, plus l’on considère que la religion appartient au domaine privÊ. Il est à remarquer que les musulmans et les incroyants/indiffÊrents en sont davantage convaincus que les catholiques : on ne doit pas nÊcessairement y voir chez les premiers le reflet d’une vision laïque de la sociÊtÊ, mais plus vraisemblablement une rÊaction face aux politiques publiques menÊes à l’Êgard de l’islam : les musulmans souhaiteraient ainsi se prÊmunir d’une ingÊrence des autoritÊs publiques dans la gestion de leur culte notamment. Parmi ceux qui considèrent que la religion appartient davantage au domaine public, on compte sans doute surtout des protestants ÊvangÊliques. Pour 48 % des personnes interrogÊes, la religion contribue au renforcement de l’identitÊ. Il est toutefois difficile d’apprÊcier si ce constat est perçu de manière positive ou nÊgative. Une proportion quasi Êgale de Belges francophones estiment que la religion est un facteur de paix (46 %) ou un facteur de violence (43 %) : ceux-ci sont donc divisÊs de ce point de vue. Ceci se marque davantage à Bruxelles en raison de la propension des musulmans à considÊrer que la religion est un facteur de paix et sans doute aussi en raison de la diversitÊ culturelle bruxelloise, qui entraÎne vraisemblablement une vision plus positive de la religion. Ceci peut s’expliquer soit par la conviction forte chez les musulmans que la religion constitue un facteur de paix et d’amour de l’autre, soit par la nÊcessitÊ à leurs yeux de dÊfendre l’idÊe que la religion, et en particulier l’islam, ne sont pas facteurs de violence (seuls 6 % des musulmans pensent que la religion est un facteur de violence). Les catholiques sont en revanche une minoritÊ à le penser : sans doute portent-ils un regard plus critique sur leur propre religion, combinÊ à une vision de l’islam considÊrÊ par certains d’entre eux comme une religion intrinsèquement violente. Les jeunes sont plus enclins à penser que la religion est davantage facteur de paix que de violence. Les incroyants se caractÊrisent Êgalement par une attitude moins nÊgative à l’Êgard de la religion qu’on ne pouvait le penser ; de manière gÊnÊrale, dans le contexte actuel, il est remarquable de noter qu’on ne stigmatise pas la religion de manière exacerbÊe : elle n’est facteur de violence que pour 43 % des personnes sondÊes. [...] Le regard portÊ sur les convictions des autres s’Ênonce de manière fort contrastÊe. De manière gÊnÊrale, plus l’on est ÊduquÊ, plus on est tolÊrant. La confiance en la tolÊrance du catholicisme et du bouddhisme est forte, surtout chez les plus jeunes et les plus ÊduquÊs. Il est plus surprenant de constater que la laïcitÊ vient en deuxième position et qu’elle est à ce point bien vue, même chez les musulmans (68 % d’entre eux considèrent la laïcitÊ comme tolÊrante, 28 % comme non tolÊrante). Peut-être peut-on y lire le fait qu’en des temps Commission paritaire 1111 G 88583 DÊpôt lÊgal N° 79 – CAB – 019 PrÊfecture de Seine-et-Marne
troublÊs, en particulier au lendemain des attentats de janvier 2015 qui ont visÊ la libertÊ d’expression, l’idÊologie rÊpublicaine et les valeurs des Lumières, la laïcitÊ apparaisse comme une rÊponse ou à tout le moins un recours. Dans le même temps, tout dÊpend du sens que l’on donne au terme laïcitÊ, dont on sait que les interprÊtations sont nombreuses et divergentes. Les musulmans sont par ailleurs globalement plutôt tolÊrants à l’Êgard des religions du Livre ; ils le sont en revanche moins à l’Êgard du bouddhisme et de l’hindouisme. Ce sont aussi ceux qui ont la meilleure image de leur propre religion. Il est Êgalement surprenant de constater que, contrairement aux idÊes prÊconçues, la tolÊrance est moindre à l’Êgard du judaïsme — même si 20 % des sondÊs sont sans avis à ce sujet — que de l’islam — qui recueille des avis très contrastÊs, 23 % le considÊrant comme très peu tolÊrant et 38 % comme plutôt tolÊrant. La moindre tolÊrance à l’endroit du judaïsme se marque surtout en Wallonie, chez les femmes, chez les seniors, chez les moins ÊduquÊs et les catholiques. On peut sans doute y voir la persistance de stÊrÊotypes chrÊtiens nÊgatifs traditionnels ou le fait qu’il s’agisse d’une religion non prosÊlyte, paraissant repliÊe sur elle-même ; mais il est vraisemblable aussi que la perception souvent nÊgative de l’État d’IsraÍl contribue par incidence ou par amalgame à nourrir cette vision d’un judaïsme peu tolÊrant. L’image des protestants ÊvangÊliques est Êgalement plutôt nÊgative : les raisons peuvent en être multiples : il est possible qu’ils soient assimilÊs à une image trop visible et trop envahissante de la religion, et/ou qu’ils soient associÊs au phÊnomène dit sectaire. En conclusion, si les rÊsultats de ce sondage sont très instructifs de la rÊcurrence de certaines tendances dÊjà signalÊes par les spÊcialistes du fait religieux contemporain, l’enquête mÊriterait d’être poursuivie afin de dÊtailler et affiner certains points. Les questions posÊes partent ici d’une vision très institutionnalisÊe de la croyance, montrant les limites d’un sondage rÊsumÊ à quelques questions de base. Croyance, adhÊsion et pratiques sont perçues comme intrinsèquement liÊes. Or, le propre de la sociÊtÊ post-moderne est d’avoir dÊliÊ ce triptyque. Autrement dit, il n’est pas rare de rencontrer un individu qui se dit catholique, va à la messe et communie, mais ne croit pas en Dieu. D’autres disent n’appartenir à aucune religion mais affirment croire en une sÊrie de transcendantaux plus ou moins liÊs à des traditions religieuses : les forces surnaturelles, les êtres surnaturels (les jedis par exemple), la rÊincarnation,  quelque chose après la mort , l’astrologie, le sens de la vie (et donc la possibilitÊ de prÊdire l’avenir), l’âme, etc. Ces croyances peuvent se rÊaliser par des pratiques plus ou moins matÊrialisÊes (la mÊditation, des sÊminaires de  bien-être , des rÊgimes alimentaires‌). La multiplicitÊ des rapports individuels au fait religieux qui dessinent l’être au monde à l’ère de l’ego rend Êvidemment toute enquête transversale et standardisÊe difficile. C’est pourtant bien cette direction qu’il faudra poursuivre dans les annÊes à venir‌
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