2016-01 BIA

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Bulletin d’Information Adventiste

Adventist News NetworksŠ

Sommaire

Mensuel • 37e annĂŠe • n° 399 - Janvier 2016

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Nouvelles des Églises adventistes

Istambul, Turquie - PrĂŠsence adventiste au sommet interconfessionnel du G20

SĂŠville, Espagne - Premier cours pour interprĂŠte des sourds

Protestantisme international

Paris, France - Dans le monde, un chrĂŠtien sur quatre est ĂŠvangĂŠlique

FĂŠdĂŠration protestante de France

Paris, France - François Clavairoly vante les atouts de la famille protestante

LibertĂŠ religieuse

Paris, France - La RĂŠpublique se doit de protĂŠger les croyants, affirme Bernard Cazeneuve

Bruxelles, Belgique - En 2015, 20 pays ont emprisonnĂŠs les croyants Ă cause de leur religion

Bulletin publiĂŠ par le Service de presse adventiste (Service de communication adventiste francophone) n BP 100 30, avenue Émile-Zola 77193 Dammarie-lès-Lys Cedex, France. n 11-13, rue Ernest Allard, 1000 Bruxelles, Belgique. n 19, chemin des PĂŠpinières 1020 Renens, Suisse. RĂŠdaction TĂŠl. 01 64 79 87 00 communications.uî‚’@adventiste.org

Site web : www.adventiste.org Les communiquĂŠs peuvent ĂŞtre reproduits avec mention de la source : BIA

Paris, France - Pour aborder la laĂŻcitĂŠ, il faut rappeler le droit, seulement le droit

SociĂŠtĂŠ

Paris, France - L’espÊrance de vie recule et les naissances baissent en France Bruxelles, Belgique - Les belges francophones et la religion

Directeur de la Publication Jean-Paul Barquon RĂŠdaction Jean-Paul Barquon Correspondants Emanuel Lopes Jeroen Tuinstra JĂŠthro Camille Rickson Nobre Corrado Cozzi SecrĂŠtaire de rĂŠdaction Dina Lambert Abonnements - ExpĂŠditions MĂŠlanie Padre


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Les vœux de la rÊdaction

L

e service de presse adventiste, son rÊdacteur en chef et son Êquipe vous prÊsentent leurs meilleurs vœux pour cette nouvelle annÊe 2016. Nous espÊrons que le fait religieux soit un facteur de paix, de comprÊhension et d’entente entre les hommes et les femmes de bonne volontÊ. Au cours de cette annÊe, nous vous souhaitons les plus belles joies tant au niveau personnel, familial que professionnel dans la rÊussite des nombreux dÊfis de la vie.

Nouvelles des Églises adventistes

(ANN/BIA) - Dammarie-les-Lys, France

Istambul, Turquie – PrÊsence adventiste au sommet interconfessionnel du G20

Plusieurs leaders religieux se sont retrouvĂŠs en Turquie pour mettre en ĂŠvidence le rĂ´le majeur de la foi sur la scène mondiale. Le sommet interconfessionel du G20, qui s’est tenu du 16 au 18 novembre Ă Istanbul, a ĂŠtĂŠ la deuxième rĂŠunion des leaders religieux en marge du fameux meeting du G20. L’ÊvĂŠnement a rĂŠuni des acadĂŠmiciens, des responsables publics, et des reprĂŠsentants d’un large ĂŠventail de groupes religieux, dont les musulmans, les chrĂŠtiens, les bouddhistes et les hindous, dans le but d’explorer le rĂ´le de la religion et des valeurs religieuses pour un dĂŠveloppement ĂŠconomique positif. Ganoune Diop, directeur gĂŠnĂŠral du dĂŠpartement des affaires publiques et et de la libertĂŠ religieuse Ă la ConfĂŠrence GĂŠnĂŠrale, reprĂŠsentait l’Église adventiste durant cet ĂŠvĂŠnement et a dĂŠlivrĂŠ un message en sĂŠance plĂŠnière, le dernier jour du sommet. Son intervention intitulĂŠ ÂŤ Des bases morales en faveur d’un dĂŠveloppent durable : dignitĂŠ, libertĂŠ et solidaritĂŠ,Âť a explorĂŠ entre autres, l’importance de promouvoir la libertĂŠ religieuse. G. Diop a citĂŠ l’argument que la libertĂŠ religieuse est un pivot des droits de l’homme – un droit qui est au centre de toutes les autres libertĂŠs, et un droit essentiel pour s’attaquer Ă la pauvretĂŠ et favoriser le dĂŠveloppement durable. ÂŤ Les stratĂŠgies politiques et ĂŠconomiques sont, bien sĂťr, importantes pour trouver des solutions au dĂŠveloppent durable Âť a affirmĂŠ G. Diop. ÂŤ Mais la foi et ses valeurs jouent un rĂ´le ĂŠnorme et bien souvent non reconnu, sur diffĂŠrentes facettes des interactions humaines. Pour cette raison, les religions devraient apporter leurs meilleures valeurs aux dĂŠfis ĂŠconomiques du monde, et les gens de foi ont besoin de travailler ensemble pour diminuer la souffrance et promouvoir le bien-ĂŞtre de tous. Âť D’autres orateurs sont intervenus durant le sommet : David Saperstein, ambassadeur itinĂŠrant pour la libertĂŠ religieuse internationale au DĂŠpartement d’État des États-Unis, Rahmi Yaran, le Grand Mufti d’Istanbul, et Heiner Bielefeld, reporter spĂŠcial des Nations Unies pour la libertĂŠ de la religion et de la croyance. Les attaques terroristes Ă Paris, survenus quelques jours avant le dĂŠbut du sommet, ont donnĂŠ un caractère urgent aux discussions, a prĂŠcisĂŠ G. Diop, surtout lors des discussions liĂŠes Ă la construction de relations harmonieuses entre les croyants.

Selon G. Diop, il est vital que les adventistes prennent part au dĂŠbat au niveau international. ÂŤ Lorsque JĂŠsus-Christ est venu sur terre, il s’est mĂŞlĂŠ aux gens, Âť explique-t-il. ÂŤ Il s’est intĂŠressĂŠ Ă leur problème et s’est impliquĂŠ de manière concrète et pleine de compassion Âť. ÂŤ En tant que disciples du Christ, les adventistes ne peuvent pas vivre en autarcie Âť, a dit G. Diop. ÂŤ Nous sommes connectĂŠs Ă l’humanitĂŠ, et nous sommes solidaires avec le monde qui souffre d’injustice et bien d’autres manières Âť. Il ajoute que les adventistes ont des propositions uniques Ă faire dans tous les dĂŠbats cherchant comment la religion peut amĂŠliorer la qualitĂŠ de vie. L’association internationale pour la libertĂŠ religieuse (IRLA), une ONG originellement portĂŠe par l’Église adventiste en 1893 et encore aujourd’hui soutenue par les membres adventistes. Elle ĂŠtait l’une des 25 organisations, groupes et universitĂŠs qui ont sponsorisĂŠs le sommet interconfessionnel du G20.

(EUD/BIA) - Dammarie-les-Lys, France

SĂŠville, Espagne – Premier cours pour interprète des sourds

La Division intereuropĂŠenne (EUD) de l’Église adventiste a organisĂŠ la première formation pour interprètes en langue des signes du 18 au 20 septembre dans la ville de SĂŠville en Espagne. Près de 35 interprètes pour sourds, traducteurs et personnes en contact avec des sourds ont participĂŠ Ă la formation. Ils sont venus d’Allemagne, France, Portugal, Mexique, États-Unis et Espagne. ÂŤ Je suis ĂŠmerveillĂŠ de la manière dont tout s’est dĂŠroulĂŠ Âť dit Taida Riveiro, interprète en langue des signes, et responsable d’un projet en faveur des sourds en Espagne. ÂŤ C’est un rĂŞve qui se rĂŠalise, et je suis très heureux d’avoir pu contribuer Ă sa rĂŠalisation Âť. Les organisateurs de ces cours ont prĂŠsentĂŠ quelques uns de leurs objectifs, notamment souligner les codes ĂŠthiques d’un interprète, analyser les problèmes rencontrĂŠs par la communautĂŠ de sourds, enseigner le langage des signes international (ISL), aborder les aspects physiques, intellectuels et ĂŠmotionnels d’un interprète, planifier la logistique du congrès des sourds 2016 et favoriser l’amitiĂŠ entre les participants. Il existe plus de 400 langages des signes dans le monde. ISL a ĂŠtĂŠ enseignĂŠ durant la formation pour faciliter la communication entre les interprètes, surtout en vue du prochain congrès international pour les sourds et les muets, qui aura lieu Ă SĂŠville du 13 au 16 mai 2016. Parmi les Églises adventistes du territoire de l’EUD, il y a maintenant au moins 4 organisations officielles pour les sourds, Signes d’espĂŠrance en France,


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GehĂśrlosengemeinschaft en Allemagne, ASAE en Espagne et Raise and Walk en Roumanie. Chaque organisation utilise sa langue des signes locale. Noemi FariĂąa, interprĂŞte en langue des signes, a jouĂŠ un rĂ´le important dans la formation des participants. FariĂąa a donnĂŠ une attention particulière Ă l’entraĂŽnement physique des interprètes. InterprĂŠter en langue des signes est aussi un dĂŠfi sur le plan physique, et cet entraĂŽnement personnel aide les interprètes Ă ĂŠviter tout effet nĂŠgatif sur le corps. ÂŤ C’est une chose Ă laquelle nous [qui ĂŠcoutons] ne pensons pas automatiquement Âť, affirme Corrado Cozzi, en lien avec les sourds pour l’EUD. ÂŤ Pour chaque orateur le plus grand besoin est d’ordre homilĂŠtique, mais pour un interprète ou mĂŞme pour un sourd qui s’exprime, il est très important d’être en bonne forme physique Âť. Parmi les animateurs, on comptait Larry Evans, attachĂŠ au relation avec le ministère auprès des sourds de la ConfĂŠrence gĂŠnĂŠrale, qui a prĂŠsentĂŠ les bienfaits que procure la fidĂŠlitĂŠ aux principes divins. Javier Moliner, directeur de l’EDS (catĂŠchèse) et Ministère personnel pour l’Union des Églises adventistes d’Espagne, qui a dĂŠveloppĂŠ une animation biblique pour un public exclusivement de sourds, Taida Riveiro, qui a pointĂŠ la forte nĂŠcessitĂŠ de crĂŠer un esprit d’Êquipe solide entre les interprètes, et Pedro Torres, directeur des communications de l’Église adventiste en Espagne, qui a traduit l’ensemble de la formation. Pour prĂŠparer le prochain congrès des sourdsmuets, l’annĂŠe prochaine, les organisateurs ont invitĂŠ les participants Ă rĂŠflĂŠchir sur la manière de faciliter la visite des monuments et attractions.

Protestantisme international

(La Croix/BIA) - Dammarie-les-Lys, France

Paris, France - Dans le monde, un chrĂŠtien sur quatre est ĂŠvangĂŠlique

Les protestants ĂŠvangĂŠliques reprĂŠsentent dĂŠsormais les deux tiers du protestantisme mondial soit environ 619 millions de fidèles ĂŠvangĂŠliques, selon une estimation ĂŠtablie par l’historien SĂŠbastien Fath, chercheur au CNRS et spĂŠcialiste du monde ĂŠvangĂŠlique. Le chercheur s’appuie sur des donnĂŠes publiĂŠes par plusieurs instituts, dont le Pew Forum, l’Alliance ĂŠvangĂŠlique mondiale, et ÂŤ Evangelicals around the world Âť, qui fait rĂŠfĂŠrence en la matière. Premier continent oĂš vivent des ĂŠvangĂŠliques : l’Asie, avec 200 millions de fidèles, dont 60 millions en Chine et 28 millions en Inde.

Vient ensuite l’Afrique, avec 170 millions d’ÊvangĂŠliques, poursuit SĂŠbastien Fath. Premiers pays africains en la matière : le Nigeria (55 millions de fidèles), le Kenya (20 millions) et l’Éthiopie (17 millions). Mais avec un missionnaire pour 11 000 habitants, l’expansion ĂŠvangĂŠlique sur ce continent ne peut que croĂŽtre. 23 millions en Europe

L’AmÊrique latine compte pour sa part 122 millions d’ÊvangÊliques, et l’AmÊrique du Nord 97 millions.

Enfin, 23 millions d’ÊvangÊliques vivent en Europe (dont 5 millions au Royaume-Uni) et 7 millions en OcÊanie.

600 000 en France

Le chercheur au CNRS n’aborde pas spĂŠcifiquement la situation française. Les derniers chiffres disponibles, publiĂŠs en janvier 2015 par le Conseil national des ĂŠvangĂŠliques de France (Cnef) font ĂŠtat de l’implantation de 2 440 ĂŠglises en France, dont 2 184 en mĂŠtropole. En tout, 600 000 pratiquants rĂŠguliers frĂŠquentent ainsi les ĂŠglises ĂŠvangĂŠliques en France. Dans l’Hexagone, ils reprĂŠsentent un tiers des protestants. Le nombre de protestants ĂŠvangĂŠliques a ĂŠtĂŠ multipliĂŠ par dix en 65 ans : en 1950, le pays comptait 50 000 pratiquants rĂŠguliers.

FĂŠdĂŠration protestante de France

(EvangĂŠlique.info/BIA) - Dammarie-les-Lys, France

Paris, France - François Clavairoly vante les atouts de la famille protestante

ÂŤ Les attentats de janvier et de novembre nous auront encore ouvert les yeux sur ce qu’est la folie meurtrière des hommes si, par mĂŠgarde, nous l’avions oubliĂŠe. Ils nous auront aussi mis en demeure de rĂŠflĂŠchir Ă cette incroyable charge de violence que peut contenir la religion - si elle n’est pas pensĂŠe, traduite, rĂŠflĂŠchie, en quelque sorte canalisĂŠe par des mots, des rites et des concepts, - si elle renonce Ă l’intelligence ou au difficile mais nĂŠcessaire exercice de l’interprĂŠtation et celui de la lente et profonde mĂŠditation, - si elle se rĂŠduit Ă une objurgation, Ă une obĂŠissance, Ă une injonction, Ă un ordre, - ou si elle se caricature en un appel Ă asservir le monde et les hommes par les actes violents qu’elle commande, dĂŠcrĂŠtant brutalement sous peine de mort, l’observance du permis et de l’interdit, du pur et de l’impur, du licite et de l’illicite, du bien et du mal Âť.

Le 20 janvier, le prÊsident de la FÊdÊration protestante de France (FPF) François Clavairoly a tenu a rappelÊ que le rôle de la religion est de contribuer à la paix, loin de toute violence. La FPF donnait une rÊception à l'occasion de la nouvelle annÊe, en prÊsence du ministre de l'IntÊrieur Bernard Cazeneuve.

Contribuer Ă ce que le monde soit habitable et fraternel

François Clavairoly a ajoutĂŠ que ÂŤ chacun, lĂ oĂš il se trouve, peut, et doit prendre sa part dans ce combat et maintenant contribuer Ă l’Êlaboration jamais finie d’une sociĂŠtĂŠ et d’un monde habitable. C’est-Ă -dire un monde commun, juste et respirable, non seulement au plan ĂŠcologique, mais aussi unmonde commun habitable et fraternel, oĂš la relation entre les humains est fondĂŠe sur la bienveillance et non la violence, la mĂŠfiance, la dĂŠfiance, la surveillance Âť.


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La France ne serait pas ce qu'elle est sans le protestantisme

Le prĂŠsident de la FPF s'est ensuite rĂŠjoui de ce que ÂŤ le protestantisme a largement contribuĂŠ, et contribue encore Ă l’Êlaboration de cette sociĂŠtĂŠ telle que nous la connaissons aujourd’hui. La France ne serait pas ce qu'elle est sans le protestantisme Âť. Et de citer tous les bienfaits de ce protestantisme : appel Ă la libertĂŠ de conscience, actes et paroles qui tĂŠmoignent de l'Évangile dans l'espace public, engagements dans le monde de l'enseignement, dans l'ĂŠconomie et la culture, actions auprès des exclus et des ĂŠtrangers, prises de position ĂŠthiques, etc.

Le protestantisme, une famille moderne et recomposĂŠe

Pour François Clavairoly, le protestantisme doit continuer sa mission, mais sans opter pour une ÂŤ doctrine excluante qui serait contenue dans les textes depuis toujours et qu’il suffirait de dĂŠrouler ou qu’il faudrait assĂŠner au voisin de chapelle, quitte Ă l’excommunier s’il n’Êtait pas d’accord Âť. Il a appelĂŠ les chrĂŠtiens Ă ÂŤ aller vers l'autre Âť, Ă mettre cette annĂŠe sous le sceau de la bienveillance et de la fraternitĂŠ. Ce qui commence Ă ses yeux par la rencontre interreligieuse, par la rencontre oecumĂŠnique et par la rencontre ÂŤ avec nos frères et soeurs protestants ĂŠvangĂŠliques Âť. Et d'ajouter que le protestantisme est une famille, ÂŤ une famille moderne et donc sans cesse recomposĂŠe Âť.

LibertĂŠ religieuse

(La Croix/BIA) - Dammarie-les-Lys, France

Paris, France - La RĂŠpublique se doit de protĂŠger les croyants, affirme Bernard Cazeneuve

Le ministre de l’intĂŠrieur recevait mardi 22 dĂŠcembre matin, place Beauvau, les reprĂŠsentants des cultes français pour une rĂŠunion prĂŠvue de longue date, consacrĂŠe Ă l’Êtat d’urgence. Ă€ l’issue de celle-ci, Bernard Cazeneuve a redit, lors d’une dĂŠclaration aux cĂ´tĂŠs de ses invitĂŠs, ÂŤ la nĂŠcessitĂŠ, dans la pĂŠriode que nous traversons, qu’il y ait une parole forte qui apaise Âť. Appelant de ses vĹ“ux un ÂŤ front rĂŠpublicain des religions Âť, il a ĂŠgalement exprimĂŠ de ÂŤ chaleureux remerciements aux reprĂŠsentants des cultes qui expriment depuis des mois une parole sage Âť. ÂŤ La RĂŠpublique Ă besoin de cette sagesse plus que de polĂŠmiques Âť, a-t-il ajoutĂŠ, s’attendant Ă ce que l’État et les religions soient amenĂŠs dans l’avenir Ă ÂŤ multiplier les initiatives de fraternitĂŠ et de concorde Âť.

Concorde sur l’Êtat d’urgence

L’Êtat d’urgence a bien ĂŠtĂŠ abordĂŠ au cours de la rĂŠunion, ainsi que la question des assignations Ă rĂŠsidence. ÂŤ Il y avait une vraie concorde entre nous tous Âť, assure le pasteur François Clavairoly, prĂŠsident de la FĂŠdĂŠration protestante de France. Tous ont convenu du bienfondĂŠ de ces mesures exceptionnelles, qui ont provoquĂŠ une certaine ĂŠmotion au sein de la communautĂŠ musulmane.

ÂŤ Le ministre nous a rassurĂŠs Âť, assure Anouar Kbichech. ÂŤ Il a donnĂŠ des consignes très claires aux prĂŠfets, notamment en ce qui concerne les mosquĂŠes, qui sont des lieux ayant une certaine sacralitĂŠ. Âť Quelques instants plus tĂ´t, il avait affirmĂŠ, lors de la dĂŠclaration conjointe, sa ÂŤ grande satisfaction Âť de voir ÂŤ la fermetĂŠ du ministre contre certains prĂŞcheurs dont les propos tombent sous le coup de la loi Âť, et en mĂŞme temps ÂŤ le refus de tout amalgame et de toute atteinte Ă l’intĂŠgritĂŠ physique et morale des musulmans Âť. Bernard Cazeneuve avait, pour sa part, saluĂŠ le rassemblement des musulmans de France le 20 novembre dernier, au cours duquel, a-t-il dit, ÂŤ les responsables musulmans ont rappelĂŠ avec beaucoup de force leur attachement Ă la RĂŠpublique Âť.

La sĂŠcuritĂŠ des messes de NoĂŤl, sujet principal

En dehors de ces quelques mots, l’ordre du jour initial a ĂŠtĂŠ largement ĂŠclipsĂŠ par la question de la sĂŠcuritĂŠ dans les ĂŠglises Ă NoĂŤl. Il faut dire que le ministère de l’intĂŠrieur avait rendu publique, quatre jours plus tĂ´t une note aux prĂŠfets et aux responsables paroissiaux suggĂŠrant des mesures de sĂŠcuritĂŠ très inhabituelles pour des offices catholiques, comme la fouille des fidèles Ă l’entrĂŠe ou l’interdiction temporaire de stationner Ă proximitĂŠ des ĂŠglises. Bernard Cazeneuve a ĂŠvoquĂŠ Ă nouveau ces consignes, citant notamment la possibilitĂŠ de fermer certaines portes des ĂŠglises ÂŤ pour garantir un meilleur filtrage Âť. Mgr Stanislas Lalanne, ĂŠvĂŞque de Pontoise, qui reprĂŠsentait l’Église de France, a estimĂŠ que cette mesure ĂŠtait envisageable. Mais il a exclu la fouille des fidèles. De son cĂ´tĂŠ, François Clavairoly a paru plus rĂŠservĂŠ sur ces mesures de surveillance exceptionnelles. ÂŤ Dans les temples, nous souhaitons qu’il n’y ait pas plus qu’une surveillance lĂŠgère, justement pour ne pas focaliser l’attention sur les lieux de cultes, explique-t-il. D’autant que les attentats du 13 novembre ont montrĂŠ que les lieux de cultes ne sont pas spĂŠcialement visĂŠs‌ Âť ÂŤ Garantir Ă chaque culte qu’il sera protĂŠgĂŠ par la RĂŠpublique Âť Plus largement, Bernard Cazeneuve a souhaitĂŠ rappeler que ÂŤ le ministère de l’intĂŠrieur ne tolĂŠrera aucun acte antisĂŠmite, aucun acte islamophobe, aucun acte antichrĂŠtien Âť. Une fermetĂŠ qui ÂŤ commence Ă payer Âť, s’est fĂŠlicitĂŠ le ministre en ĂŠvoquant une baisse des actes antisĂŠmites par rapport Ă l’annĂŠe dernière, et un nombre d’actes islamophobes après le 13 novembre en baisse par rapport aux attentats de janvier. ÂŤ Le ministère de l’intĂŠrieur a l’obligation de garantir Ă chaque culte qu’il sera protĂŠgĂŠ par la RĂŠpublique, a soulignĂŠ le ministre. C’est aussi cela, la laĂŻcitĂŠ. La RĂŠpublique, parce qu’elle est laĂŻque, a vocation Ă protĂŠger avec la plus grande fermetĂŠ tous ses enfants. Âť


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(La Libre.be/BIA) - Dammarie-les-Lys, France

Bruxelles, Belgique - En 2015, 20 pays ont emprisonnĂŠ des croyants Ă cause de leur religion

Dans son rapport, l'ONG Human Rights Without Frontiers (HRWF) dĂŠplore : ÂŤ les pays oĂš le plus grand nombre de personnes ont ĂŠtĂŠ emprisonnĂŠes pour leur foi sont la Chine et l'Iran Âť. En Chine, cinq confessions sont particulièrement persĂŠcutĂŠes, comme le Falun Gong ou le protestantisme ĂŠvangĂŠlique, souligne l'organisation qui dĂŠfend notamment la libertĂŠ de culte. La communautĂŠ musulmane ouĂŻgoure et les bouddhistes tibĂŠtains restent ĂŠgalement des cibles. En Iran, ce sont les baha'is, considĂŠrĂŠs comme hĂŠrĂŠtiques, qui sont les plus reprĂŠsentĂŠs parmi les ÂŤ prisonniers de religion Âť du rĂŠgime de TĂŠhĂŠran. Ils sont suivis entre autres par les soufis. La CorĂŠe du Nord figure aussi dans la liste, bien qu'aucune information ne filtre rĂŠellement. Quatre chrĂŠtiens ĂŠtrangers (un Canadien et trois prĂŞtres sud-corĂŠens) y ont, en tout cas, ĂŠtĂŠ incarcĂŠrĂŠs l'an dernier pour avoir voulu mener des activitĂŠs missionnaires dans ce pays. L'un a mĂŞme ĂŠtĂŠ condamnĂŠ Ă la prison Ă vie. ÂŤ Ce n'est lĂ que le sommet de l'iceberg Âť, commente Willy FautrĂŠ, directeur de l'ONG basĂŠe Ă Bruxelles. D'autres pays sont citĂŠs, tels que l'AzerbaĂŻdjan, l'Égypte, l'ÉrythrĂŠe, l'IndonĂŠsie ou encore l'Arabie Saoudite et le Vietnam. HRWF a identifiĂŠ au total 15 croyances victimes de la rĂŠpression d'un État en 2015, par exemple les TĂŠmoins de JĂŠhovah. En CorĂŠe du Sud, ils ĂŠtaient l'annĂŠe dernière 555 derrière les barreaux pour avoir refusĂŠ le service militaire. Par ce rapport, l'ONG souhaite attirer l'attention de l'Union europĂŠenne et ses États membres sur ces phĂŠnomènes ÂŤ contraires Ă la libertĂŠ de religion et de culte Âť.

(Le Monde/BIA) - Dammarie-les-Lys, France

Paris, France - Pour aborder la laĂŻcitĂŠ, il faut rappeler le droit, seulement le droit

Les polĂŠmiques sur la laĂŻcitĂŠ se multiplient sans que les Français saisissent les enjeux qu’elles impliquent. Évidemment, la laĂŻcitĂŠ implique une conception de notre sociĂŠtĂŠ et l’attitude que cette dernière devrait avoir vis-Ă -vis des cultes ou des philosophies de pensĂŠe. Or, une vision philosophique de la laĂŻcitĂŠ ne permet pas aujourd’hui de gouverner les individus, puisqu’elle est susceptible de se dĂŠcliner en autant de typologies qu’il y a de façon de la conceptualiser. La seule rĂŠponse ĂŠvidente qui s’impose dans le dĂŠbat houleux concernant la laĂŻcitĂŠ est la conception juridique de la laĂŻcitĂŠ. En la matière, nous soutenons l’attitude bienveillante de l’Observatoire de la laĂŻcitĂŠ qui n’a fait que respecter la ligne de conduite fondamentale : lorsque la passion veut s’imposer, mieux vaut se rĂŠfĂŠrer au droit applicable et rien qu’au droit applicable. VoilĂ qu’il est toutefois reprochĂŠ Ă ce mĂŞme Observatoire - et Ă ceux qui le soutiennent - de faire de la laĂŻcitĂŠ ÂŤ un ĂŠlĂŠment fantasmĂŠ Âť, de modifier les termes et l’objet du dĂŠbat sur la laĂŻcitĂŠ. Nous le maintenons, n’en dĂŠplaise aux dĂŠtracteurs : la laĂŻcitĂŠ est une loi de sĂŠparation, et d’organisation du culte dans le domaine public, et non une loi de contrĂ´le. Juridiquement, l’État, depuis la loi de 1905, est neutre. En consĂŠquence de cette neutralitĂŠ,

deux obligations, l’une positive, l’autre nĂŠgative, dĂŠcoulent. D’abord, l’obligation de ne pas se mĂŞler des affaires des cultes ; ensuite l’obligation positive d’assurer et de garantir la libertĂŠ de conscience (croire ou ne pas croire, pratiquer ou ne pas pratiquer) Ă tous les citoyens de la RĂŠpublique Française.

Le droit de manifester sa religiositĂŠ

La reconnaissance de la libertĂŠ de conscience passe ĂŠgalement par le droit de manifester sa religiositĂŠ dans l’espace public, dans un cadre donnĂŠ. C’est la raison pour laquelle toute personne est libre de s’habiller ou d’arborer le signe religieux de son choix dans l’espace public, Ă condition de ne pas porter atteinte Ă l’ordre public. La garantie de la libertĂŠ de conscience ne suppose pas que l’État s’impose une distanciation totale avec les religions. Les religions sont une composante de notre tissu social : en consĂŠquence l’État est amenĂŠ Ă interagir avec elles, tout en se rappelant son inhĂŠrente neutralitĂŠ. Nous avons oubliĂŠ que la laĂŻcitĂŠ doit ĂŞtre lue de manière cohĂŠsive avec notre principe de fraternitĂŠ. C’est la plus grande faiblesse des analyses que nous voyons ces derniers jours. Loin de la laĂŻcitĂŠ, l’idĂŠe de dĂŠtruire la cohĂŠsion sociale ; la laĂŻcitĂŠ vise Ă ressouder les liens fraternels entre les enfants de la RĂŠpublique. Mais, pour garantir son effectivitĂŠ, la laĂŻcitĂŠ a besoin de la mixitĂŠ sociale, de mixitĂŠ scolaire et d’une lutte constante contre toutes les inĂŠgalitĂŠs et discriminations. C’est Ă cela que l’État doit d’abord s’attaquer, afin de dĂŠfendre une laĂŻcitĂŠ comprise et effective. Pour la promouvoir Ă l’Êcole, il faut la prĂŠsenter Ă nos enfants, qui feront la rĂŠalitĂŠ sociale de demain, comme un principe qui vise Ă rassembler tous les Français quelles que soient leurs convictions, et assurer la fraternitĂŠ sociale. Or, les dĂŠbats actuels s’enlisent vers une laĂŻcitĂŠ rĂŠpressive. En tĂŠmoigne la volontĂŠ d’interdire le voile Ă l’universitĂŠ ou encore la mise en place d’un menu unique dans les cantines de notre RĂŠpublique. Alors que les repas Ă la cantine reprĂŠsentent justement toute la diversitĂŠ de notre RĂŠpublique rĂŠunie Ă une seule et mĂŞme table, nous constatons aujourd’hui que des interprĂŠtations restrictives de la laĂŻcitĂŠ excluent, quelque part, des citoyens Français en raison de leurs confessions.

Rassembler, non pas diviser

Alors oui, nous refusons ces interprĂŠtations. Nous refusons une vision antirĂŠpublicaine, qui ne correspond pas aux idĂŠaux portĂŠs par de grands penseurs de notre loi de sĂŠparation. Nous refusons l’instrumentalisation de la laĂŻcitĂŠ pour en faire un outil de rĂŠpression qui enlève des droits, plus qu’elle n’en garantit. N’oublions pas que sur l’État pèse cette obligation de garantir la libertĂŠ de conscience. Demandons Ă nos concitoyens aujourd’hui : l’État a-t-il rĂŠellement assurĂŠ la libertĂŠ de conscience pour tous ? Une grande partie des intervenants dans le dĂŠbat public mĂŠconnait les fondamentaux de la laĂŻcitĂŠ, ou souhaite les mettre de cĂ´tĂŠ. Ces intervenants les mĂŠconnaissent car ils voient dans l’espace public un espace de neutralitĂŠ des individus et de neutralisation des cultes. Cette logique antireligieuse doit suffire. La laĂŻcitĂŠ ne reprĂŠsente pas un athĂŠisme d’État, puisque l’État ne favorise aucune philosophie de pensĂŠe. L’État, en tant qu’institution, est neutre, et la neutralitĂŠ suppose l’absence de jugement sur les questions religieuses.


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N’essayons pas d’être plus laĂŻques que la laĂŻcitĂŠ ellemĂŞme. Cessons cette instrumentalisation de la loi de 1905. Relisons, avec vigueur et force, les dispositions de cette loi de libertĂŠ et non de contrainte. Soudons notre sociĂŠtĂŠ plutĂ´t que de la diviser. VoilĂ le message que la laĂŻcitĂŠ doit aujourd’hui communiquer aux citoyens français. Asif Arif est avocat au Barreau de Paris et directeur de la collection Religions et LaĂŻcitĂŠs aux ĂŠditions l’Harmattan ; Valentine Zuber est historienne et sociologue, spĂŠcialiste de l’histoire de la libertĂŠ religieuse en Europe et de la laĂŻcitĂŠ en France ; RaphaĂŤl Liogier est professeur Ă l’IEP d’Aix-en-Provence et au Collège international de philosophie de Paris ; Marc Cheb Zoun est auteur, rĂŠdacteur en chef de la revue D’ailleurs et d’ici.

SociĂŠtĂŠ

(Le point/BIA) - Dammarie-les-Lys, France

Paris, France – L'espÊrance de vie recule et les naissances baissent en France

L'Hexagone compte 66,6 millions d'habitants au 1er janvier 2016, soit une croissance de près de 250 000 personnes. Les dÊcès sont en hausse. La France a connu un nombre de dÊcès  au plus haut depuis l'après-guerre  en 2015, marquÊ aussi par un faible recul des naissances, pour atteindre 66,6 millions d'habitants au 1er janvier 2016, selon les chiffres publiÊs mardi par l'Insee. Ainsi, 64,5 millions d'habitants vivent en mÊtropole et 2,1 millions dans les cinq dÊpartements d'outre-mer. La population a augmentÊ de 247 000 personnes au cours de 2015 (+ 0,4 %), quasi exclusivement portÊe par le solde naturel, diffÊrence entre les naissances et les dÊcès. Ce solde naturel, le plus faible enregistrÊ depuis quarante ans (+ 200 000 en 2015 sur un an), reste le principal moteur de la croissance dÊmographique, bien supÊrieur au solde migratoire (+ 47 000). Autre fait notable de l'annÊe ÊcoulÊe, les naissances ont lÊgèrement diminuÊ (- 19 000 sur un an) et le nombre de dÊcès a fortement augmentÊ (+ 41 000 sur un an), enregistrant  son plus haut niveau depuis l'après-guerre , souligne Marie Reynaud, responsable des Êtudes dÊmographiques et sociales de l'Insee. En 2015, 600 000 personnes sont dÊcÊdÊes (+ 7,3 % sur un an). Cette  forte hausse s'explique par l'augmentation du nombre des 65 ans et plus et par la hausse des taux de mortalitÊ après 65 ans . En cause, trois Êpisodes sanitaires de surmortalitÊ : la grippe au premier trimestre 2015, la canicule en juillet et une vague de froid en octobre. Sous l'effet de ce surcroÎt de mortalitÊ, l'espÊrance de vie à la naissance  diminue nettement , de 0,4 an pour les femmes, de 0,3 an pour les hommes. En 2015, une femme peut espÊrer vivre 85 ans et un homme 78,9 ans.  On ne peut pas dire que cela marque un coup d'arrêt dans la tendance à la hausse de l'espÊrance de vie , relève Marie Reynaud. Depuis vingt ans, elle a augmentÊ de 3,1 ans pour les femmes et de 5,1 ans pour les hommes. En 2003 et en 2012, l'espÊrance de vie à la naissance avait reculÊ pour les femmes uniquement pour repartir ensuite à la hausse. Elle avait baissÊ pour les deux sexes en 1969.

800 000 bĂŠbĂŠs en 2015

 La population rÊsidant en France continue de vieillir, avec l'avancÊe en âge des baby-boomers (nÊs entre 1946 et 1974, ndlr). La part des 65 ans et plus s'Êtablit à 18,8 % au 1er janvier 2016, contre 18,4 % un an plus tôt ,

ajoute-t-elle. Quant à la baisse des naissances en 2015,  elle n'a rien d'exceptionnel , assure l'Insee. D'une part, elle est faible (- 2,3 % par rapport à 2014), d'autre part, la natalitÊ reste à un niveau ÊlevÊ, avec 800 000 nouveau-nÊs, nombre autour duquel elle oscille depuis la fin du baby-boom.  De telles fluctuations ont dÊjà ÊtÊ observÊes dans le passÊ. Le point le plus bas avait ÊtÊ atteint en 1994 avec 741 000 naissances et le pic en 2010 avec 833 000 bÊbÊs , prÊcise l'institut. Cette baisse s'explique par la diminution depuis 1995 du nombre de femmes en âge de procrÊer et le lÊger recul de la fÊconditÊ en 2015 : 1,96 enfant par femme, contre 2 en 2014. En cause, la baisse de la fÊconditÊ des femmes de moins de 30 ans, qui s'est un peu accentuÊe. Celle des femmes de 30 à 34 ans a Êgalement reculÊ. Elle Êtait stable depuis 2011.  La baisse des naissances devrait se poursuivre, avec le recul du nombre de femmes en âge de procrÊer, mais rien n'indique que la fÊconditÊ suive le même chemin , selon Marie Reynaud. L'âge moyen à l'accouchement, en constante augmentation, atteint dÊsormais 30,4 ans. NÊanmoins, la fÊconditÊ française maintient son rang en Europe. L'Irlande et la France restent depuis 1999 les deux pays europÊens les plus fÊconds. Enfin, si le nombre de mariages entre personnes de sexe diffÊrent reste stable, à 231 000, les mariages entre personnes de même sexe sont moins nombreux : 8 000 l'an dernier contre 10 522 en 2014. La loi autorisant le mariage pour tous avait ÊtÊ promulguÊe en mai 2013.

(La Croix/BIA) - Dammarie-les-Lys, France

Paris, France - L’enseignement du fait religieux progresse mais peut mieux faire

Un an après le lancement de la ÂŤ Grande mobilisation de l’École pour les valeurs de la RĂŠpublique Âť, qui prĂŠvoyait d’inclure les enseignements de la laĂŻcitĂŠ et des faits religieux dans les programmes scolaires, et quelques mois après la mise en route de l’Êducation morale et civique, qui leur offrait un nouvel espace pour le faire, les enseignants s’en sont-ils rĂŠellement emparĂŠs ? Les derniers attentats les ont-ils incitĂŠs davantage Ă consacrer du temps pour aborder ces questions avec leurs ĂŠlèves ? C’est ce qu’a voulu explorer le think tank Vers le haut, l’association EnquĂŞte et Bayard Éducation, en rĂŠalisant un sondage auprès des enseignants du primaire. L’enseignement de la laĂŻcitĂŠ ne semble pas poser de problèmes : 85 % des professeurs des ĂŠcoles s’y dĂŠclarent favorables, et les trois quarts d’entre eux (76 %) le pratiquent dĂŠjĂ dans leur classe. MĂŞme s’il semble subsister dans l’esprit des enseignants un certain flou sur ce qu’ils entendent par ÂŤ laĂŻcitĂŠ Âť, observe Marc Vannesson, dĂŠlĂŠguĂŠ gĂŠnĂŠral du think tank. ÂŤ Une grande majoritĂŠ (91 %) plĂŠbiscite une laĂŻcitĂŠ de combat, en considĂŠrant qu’il s’agit d’apprendre aux ĂŠlèves que les expressions religieuses doivent demeurer dans l’espace privĂŠ Âť. Sur l’enseignement des faits religieux, ils sont en revanche beaucoup plus divisĂŠs : ils ne sont que 59 % Ă y ĂŞtre favorables et seulement 39 % Ă le pratiquer. Parmi eux, plusieurs profils-types semblent se dessiner. Les ÂŤ hostiles Âť, qui y sont opposĂŠs par principe et reprĂŠsentent plus d’un tiers des enseignants (37 %). Les ÂŤ oui mais Âť (24 %) y sont plutĂ´t favorables, mais ne le


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pratiquent pas dans leur classe surtout parce qu’ils considèrent qu’ils n’ont pas les outils ou la formation nĂŠcessaires, craignent les rĂŠactions des familles, des enfants ou de leur hiĂŠrarchie‌ Enfin, parmi ceux qui s’y dĂŠclarent ÂŤ favorables Âť (35 %), la plupart d’entre eux (31 %) sont ÂŤ convaincus Âť que cet enseignement permet aux enfants de mieux comprendre le monde dans lequel ils grandissent, et contribue au vivre-ensemble. Vers le haut formule une sĂŠrie de propositions pour mieux accompagner les enseignants dans cette tâche qui contribue, selon Marc Vannesson, Ă faire reculer ÂŤ l’ignorance et le choc des incultures Âť.

(ORELA/IPSOS/Le Soir/RTBF/BIA) Dammarie-les-Lys, France

Bruxelles, Belgique - Les Belges francophones et la religion

La manière dont le grand public et les mĂŠdias se reprĂŠsentent le fait religieux est souvent tributaire des coups de projecteurs braquĂŠs sur les religions en raison de l’actualitĂŠ immĂŠdiate et des rapports de force qu’elles subissent ou entretiennent entre elles — voire avec l’État et les collectivitĂŠs locales. Dès lors, beaucoup de stĂŠrĂŠotypes et a prioris circulent sur les religions, leurs pratiques et les croyants. Pour les sciences humaines, l’une des manières les plus efficaces d’approcher la façon dont la religion est vĂŠcue, pratiquĂŠe, perçue et expĂŠrimentĂŠe par les individus est l’enquĂŞte. ORELA, dans le cadre de ÂŤ La Religion dans la CitĂŠ Âť, et en collaboration avec Le Soir et la RTBF, vient ainsi de faire rĂŠaliser par IPSOS un sondage sur ÂŤ Les Belges francophones et la religion Âť. Quels enseignements en tirer ? On constate tout d’abord que la progression de la sĂŠcularisation constante observĂŠe jusqu’ici ne peut se vĂŠrifier, mĂŞme si elle paraĂŽt en rĂŠalitĂŠ freinĂŠe ; il n’y a pas de rejet massif de la religion, dont l’image est globalement plutĂ´t positive, mĂŞme si sur certaines questions, les Belges francophones sont divisĂŠs. L’adhĂŠsion au catholicisme demeure largement majoritaire. Cependant, la pratique religieuse est basse et le lien avec le catholicisme est donc davantage un lien culturel, ramenant plutĂ´t Ă l’identitĂŠ ; le prĂŠsent sondage affiche ici une tendance que ne montraient pas les enquĂŞtes prĂŠcĂŠdentes qui ne distinguaient pas entre identitĂŠ convictionnelle et pratique religieuse. Bien que les diffĂŠrentes enquĂŞtes de ces dernières annĂŠes rĂŠvĂŠlaient une sĂŠcularisation constante, ici, les donnĂŠes semblent contredire cette tendance, puisque 75% de l’Êchantillon sondĂŠ se revendique d’une culture ou d’une identitĂŠ religieuse. Ceci rĂŠsulte du caractère particulier de la question posĂŠe, laquelle distinguait sentiment d’appartenance Ă une religion (renvoyant donc plutĂ´t Ă une identitĂŠ culturelle) et pratique de cette religion (ce qui peut recouvrir des formes diverses, depuis la pratique rĂŠgulière conjuguĂŠe Ă l’observance stricte jusqu’à des manières très diffuses, peu rĂŠgulières et très lâches de manifester sa pratique). Une minoritĂŠ des rĂŠpondants se dĂŠclarent pratiquants : 19 % de catholiques, 6 % de musulmans. S’il y a 26 % de pratiquants en Belgique francophone, ils sont 34 % Ă Bruxelles — le poids de l’islam y influence la tendance, Ă savoir le nombre total de pratiquants. Dans le mĂŞme temps, Bruxelles est plus contrastĂŠe parce qu’elle compte davantage d’incroyants et une plus grande diversitĂŠ

convictionnelle. Alors que chez les catholiques, plus l’on est jeune, moins l’on pratique (contrairement Ă la France, comme le rĂŠvĂŠlait l’enquĂŞte Opnion Way menĂŠe pour la ConfĂŠrence des religieux et religieuses de France en 2015), la tendance s’inverse chez les musulmans : la pratique y est davantage le fait des plus jeunes. Toutefois, ces constats ne permettent pas d’identifier la nature de la pratique religieuse, ni le type d’adhĂŠsion aux institutions religieuses. En 2007 et 2009, les derniers chiffres relatifs Ă la pratique catholique diffusĂŠs par l’Êpiscopat montraient que moins de 5 % de la population avait une pratique dominicale hebdomadaire et que seuls un peu plus 50 % des enfants nĂŠs en Belgique ĂŠtaient baptisĂŠs (54,6% pour l’ensemble du pays, mais seulement 14,8 % Ă Bruxelles). Par ailleurs l’enquĂŞte europĂŠenne sur les valeurs menĂŠe elle aussi en 2009 confirmait que la pratique dominicale (Ă savoir l’assistance mensuelle Ă la messe) concernait seulement 4 % des Belges. Les donnĂŠes recueillies ici semblent confirmer ainsi que les catholiques se revendiquent davantage d’une proximitĂŠ avec la culture chrĂŠtienne que d’un respect des pratiques, une adhĂŠsion au dogme ou Ă la morale religieuse — comme l’ont montrĂŠ diverses ĂŠtudes antĂŠrieures, insistant sur une pratique ÂŤ Ă la carte Âť. Moins d’un tiers des catholiques (31 %) se dĂŠclarent en effet pratiquants, alors qu’ils sont 89 % des musulmans Ă se dĂŠclarer tels (sans que l’on sache si cette pratique se rĂŠsume par exemple Ă l’observance du Ramadan ou si elle concerne les cinq prières quotidiennes et les autres ÂŤ piliers Âť de l’islam). Ainsi, l’enquĂŞte de la Fondation Roi Baudouin intitulĂŠe ÂŤ Belgo-Marocains et Belgo-Turcs : (auto)-portrait de nos concitoyens Âť et dont les rĂŠsultats avaient ĂŠtĂŠ livrĂŠs en mai 2015 montrait que moins d’un rĂŠpondant sur trois seulement (environ 30 %) disait frĂŠquenter la mosquĂŠe au moins une fois par semaine. Il y aurait 7 % de musulmans en Belgique francophone (ce qui corrobore les donnĂŠes rĂŠcentes de l’enquĂŞte du Pew Forum on Religion and Public Life), et 23 % de musulmans Ă Bruxelles, un pic dĂŠmographique qui pourrait ne pas ĂŞtre dĂŠpassĂŠ si le taux de natalitĂŠ des musulmans se calque progressivement sur celui de la population gĂŠnĂŠrale, comme cela paraĂŽt ĂŞtre observĂŠ par d’aucuns (sauf si le regroupement familial ou des migrations nouvelles viennent bouleverser ce constat. Ceci est Ă mettre en relation avec le fait qu’à Bruxelles, le cours de religion islamique est le plus suivi dans l’enseignement officiel (qui rassemble environ la moitiĂŠ des ĂŠlèves), avec 47,5 % des ĂŠlèves, comme l’a montrĂŠ le rapport ORELA portant sur l’annĂŠe 2014. Bruxelles et la Wallonie comptent 25 % d’incroyants et assimilĂŠs ; mais on peut supposer qu’il y a ĂŠgalement des incroyants parmi les non-pratiquants, surtout catholiques, voire mĂŞme chez les pratiquants. On constate un grand dimorphisme sexuel. Il y a beaucoup plus de femmes pratiquantes, principalement chez les catholiques (24 % contre 14 % d’hommes chez les catholiques pratiquants, pour 48 % contre 37 % chez les catholiques non pratiquants) ; il n’y a, en revanche, pas de diffĂŠrence significative de ce point de vue chez les musulmans. Les hommes sont en gĂŠnĂŠral davantage incroyants ou indiffĂŠrents que les femmes (37 % contre 14 %). Le profil de l’incroyant ou de l’indiffĂŠrent est ainsi plutĂ´t celui d’un homme jeune et ĂŠduquĂŠ, tandis que celui du pratiquant catholique est celui d’une femme, senior, peu ĂŠduquĂŠe, rurale et inactive.


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Pour 73 % des Belges francophones, la religion appartient au domaine privĂŠ. Il n’y a pas de distinction de ce point de vue entre Bruxelles et la Wallonie. Les hommes en sont lĂŠgèrement plus convaincus ; de manière gĂŠnĂŠrale, plus on est ĂŠduquĂŠ, plus l’on considère que la religion appartient au domaine privĂŠ. Il est Ă remarquer que les musulmans et les incroyants/indiffĂŠrents en sont davantage convaincus que les catholiques : on ne doit pas nĂŠcessairement y voir chez les premiers le reflet d’une vision laĂŻque de la sociĂŠtĂŠ, mais plus vraisemblablement une rĂŠaction face aux politiques publiques menĂŠes Ă l’Êgard de l’islam : les musulmans souhaiteraient ainsi se prĂŠmunir d’une ingĂŠrence des autoritĂŠs publiques dans la gestion de leur culte notamment. Parmi ceux qui considèrent que la religion appartient davantage au domaine public, on compte sans doute surtout des protestants ĂŠvangĂŠliques. Pour 48 % des personnes interrogĂŠes, la religion contribue au renforcement de l’identitĂŠ. Il est toutefois difficile d’apprĂŠcier si ce constat est perçu de manière positive ou nĂŠgative. Une proportion quasi ĂŠgale de Belges francophones estiment que la religion est un facteur de paix (46 %) ou un facteur de violence (43 %) : ceux-ci sont donc divisĂŠs de ce point de vue. Ceci se marque davantage Ă Bruxelles en raison de la propension des musulmans Ă considĂŠrer que la religion est un facteur de paix et sans doute aussi en raison de la diversitĂŠ culturelle bruxelloise, qui entraĂŽne vraisemblablement une vision plus positive de la religion. Ceci peut s’expliquer soit par la conviction forte chez les musulmans que la religion constitue un facteur de paix et d’amour de l’autre, soit par la nĂŠcessitĂŠ Ă leurs yeux de dĂŠfendre l’idĂŠe que la religion, et en particulier l’islam, ne sont pas facteurs de violence (seuls 6 % des musulmans pensent que la religion est un facteur de violence). Les catholiques sont en revanche une minoritĂŠ Ă le penser : sans doute portent-ils un regard plus critique sur leur propre religion, combinĂŠ Ă une vision de l’islam considĂŠrĂŠ par certains d’entre eux comme une religion intrinsèquement violente. Les jeunes sont plus enclins Ă penser que la religion est davantage facteur de paix que de violence. Les incroyants se caractĂŠrisent ĂŠgalement par une attitude moins nĂŠgative Ă l’Êgard de la religion qu’on ne pouvait le penser ; de manière gĂŠnĂŠrale, dans le contexte actuel, il est remarquable de noter qu’on ne stigmatise pas la religion de manière exacerbĂŠe : elle n’est facteur de violence que pour 43 % des personnes sondĂŠes. [...] Le regard portĂŠ sur les convictions des autres s’Ênonce de manière fort contrastĂŠe. De manière gĂŠnĂŠrale, plus l’on est ĂŠduquĂŠ, plus on est tolĂŠrant. La confiance en la tolĂŠrance du catholicisme et du bouddhisme est forte, surtout chez les plus jeunes et les plus ĂŠduquĂŠs. Il est plus surprenant de constater que la laĂŻcitĂŠ vient en deuxième position et qu’elle est Ă ce point bien vue, mĂŞme chez les musulmans (68 % d’entre eux considèrent la laĂŻcitĂŠ comme tolĂŠrante, 28 % comme non tolĂŠrante). Peut-ĂŞtre peut-on y lire le fait qu’en des temps Commission paritaire 1111 G 88583 DĂŠpĂ´t lĂŠgal N° 79 – CAB – 019 PrĂŠfecture de Seine-et-Marne

troublĂŠs, en particulier au lendemain des attentats de janvier 2015 qui ont visĂŠ la libertĂŠ d’expression, l’idĂŠologie rĂŠpublicaine et les valeurs des Lumières, la laĂŻcitĂŠ apparaisse comme une rĂŠponse ou Ă tout le moins un recours. Dans le mĂŞme temps, tout dĂŠpend du sens que l’on donne au terme laĂŻcitĂŠ, dont on sait que les interprĂŠtations sont nombreuses et divergentes. Les musulmans sont par ailleurs globalement plutĂ´t tolĂŠrants Ă l’Êgard des religions du Livre ; ils le sont en revanche moins Ă l’Êgard du bouddhisme et de l’hindouisme. Ce sont aussi ceux qui ont la meilleure image de leur propre religion. Il est ĂŠgalement surprenant de constater que, contrairement aux idĂŠes prĂŠconçues, la tolĂŠrance est moindre Ă l’Êgard du judaĂŻsme — mĂŞme si 20 % des sondĂŠs sont sans avis Ă ce sujet — que de l’islam — qui recueille des avis très contrastĂŠs, 23 % le considĂŠrant comme très peu tolĂŠrant et 38 % comme plutĂ´t tolĂŠrant. La moindre tolĂŠrance Ă l’endroit du judaĂŻsme se marque surtout en Wallonie, chez les femmes, chez les seniors, chez les moins ĂŠduquĂŠs et les catholiques. On peut sans doute y voir la persistance de stĂŠrĂŠotypes chrĂŠtiens nĂŠgatifs traditionnels ou le fait qu’il s’agisse d’une religion non prosĂŠlyte, paraissant repliĂŠe sur elle-mĂŞme ; mais il est vraisemblable aussi que la perception souvent nĂŠgative de l’État d’IsraĂŤl contribue par incidence ou par amalgame Ă nourrir cette vision d’un judaĂŻsme peu tolĂŠrant. L’image des protestants ĂŠvangĂŠliques est ĂŠgalement plutĂ´t nĂŠgative : les raisons peuvent en ĂŞtre multiples : il est possible qu’ils soient assimilĂŠs Ă une image trop visible et trop envahissante de la religion, et/ou qu’ils soient associĂŠs au phĂŠnomène dit sectaire. En conclusion, si les rĂŠsultats de ce sondage sont très instructifs de la rĂŠcurrence de certaines tendances dĂŠjĂ signalĂŠes par les spĂŠcialistes du fait religieux contemporain, l’enquĂŞte mĂŠriterait d’être poursuivie afin de dĂŠtailler et affiner certains points. Les questions posĂŠes partent ici d’une vision très institutionnalisĂŠe de la croyance, montrant les limites d’un sondage rĂŠsumĂŠ Ă quelques questions de base. Croyance, adhĂŠsion et pratiques sont perçues comme intrinsèquement liĂŠes. Or, le propre de la sociĂŠtĂŠ post-moderne est d’avoir dĂŠliĂŠ ce triptyque. Autrement dit, il n’est pas rare de rencontrer un individu qui se dit catholique, va Ă la messe et communie, mais ne croit pas en Dieu. D’autres disent n’appartenir Ă aucune religion mais affirment croire en une sĂŠrie de transcendantaux plus ou moins liĂŠs Ă des traditions religieuses : les forces surnaturelles, les ĂŞtres surnaturels (les jedis par exemple), la rĂŠincarnation, ÂŤ quelque chose après la mort Âť, l’astrologie, le sens de la vie (et donc la possibilitĂŠ de prĂŠdire l’avenir), l’âme, etc. Ces croyances peuvent se rĂŠaliser par des pratiques plus ou moins matĂŠrialisĂŠes (la mĂŠditation, des sĂŠminaires de ÂŤ bien-ĂŞtre Âť, des rĂŠgimes alimentaires‌). La multiplicitĂŠ des rapports individuels au fait religieux qui dessinent l’être au monde Ă l’ère de l’ego rend ĂŠvidemment toute enquĂŞte transversale et standardisĂŠe difficile. C’est pourtant bien cette direction qu’il faudra poursuivre dans les annĂŠes Ă venir‌

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