2018-02 BIA

Page 1

B i A

Bulletin d’Information Adventiste

Adventist News NetworksŠ

Sommaire

Mensuel • 39e annĂŠe • n° 422 - FĂŠvrier 2018

Bulletin publiĂŠ par le Service de presse adventiste 2 3 3 4 4 5 5 6 7 7 8

Nouvelles des Églises adventistes

Lisbonne, Portugal - Rencontre des dirigeants de la ConfÊrence gÊnÊrale Dhaka, Bengladesh - Une Êducation sanitaire des musulmans et des Hindous en charge d’enfants dispensÊe au Bangladesh

Protestantisme mondial

Lima, PÊrou - Croissance protestante au PÊrou Genève, Suisse - En chaire comme sur Facebook, le pasteur peut dÊfendre un point de vue

Rio, BrÊsil - Les Églises ÊvangÊliques dans la vie

religieuse et politique brĂŠsilienne

États-Unis - Une nouvelle application biblique pour les

chrĂŠtiens progressistes

(Service de communication adventiste francophone) n BP 100 30, avenue Émile-Zola 77193 Dammarie-lès-Lys Cedex, France. n 11-13, rue Ernest Allard, 1000 Bruxelles, Belgique. n 19, chemin des PĂŠpinières 1020 Renens, Suisse. RĂŠdaction TĂŠl. 01 64 79 87 00 communications.uî‚’@adventiste.org

Site web : www.adventiste.org Les communiquĂŠs peuvent ĂŞtre reproduits avec mention de la source : BIA

LibertĂŠ religieuse

Paris, France - Les signes religieux ostensibles interdits à l’AssemblÊe Nationale PÊkin, Chine - La Chine renforce son contrôle sur les religions Paris, France - La lutte contre la haine et la discrimi-

naton parfois stĂŠrile

Ĺ’cumĂŠnisme

Allemagne - La traduction du ÂŤ Notre Père Âť ne changera pas en Allemagne Lausanne, Suisse - L’Association des familles interconfessionnelles de Suisse met la clĂŠ sous la porte

Directeur de la Publication Jean-Paul Barquon RĂŠdaction Jean-Paul Barquon Correspondants Emanuel Lopes Pedro Torres Jeroen Tuinstra Rickson Nobre Corrado Cozzi SecrĂŠtaire de rĂŠdaction Dina Lambert Abonnements - ExpĂŠditions Dina Lambert


BIA - N° 422 - FÊvrier 2018 - 2

Nouvelles des Églises adventistes

(EUD/BIA) - Dammarie-les-Lys, France

Lisbonne, Portugal – Rencontre des dirigeants de l’Église adventiste

Après plusieurs jours de rĂŠunions, de prĂŠsentations et de dĂŠbats, les principaux dirigeants adventistes du septième jour reprĂŠsentant le siège de la ConfĂŠrence gĂŠnĂŠrale et de ses divisions administratives mondiales ont conclu le XIe Sommet mondial du leadership Ă Lisbonne au Portugal, les 6 et 7 fĂŠvrier 2018. Les participants se sont penchĂŠs sur de multiples questions, notamment : Qu'est-ce qui est prioritraire dans l’Église, : la mission ou l'organisation ? Est-il possible d'ĂŞtre fidèle et loyal Ă l'Église, tout en ayant des convictions personnelles ? Comment la dĂŠnomination parvient-elle Ă trouver un ĂŠquilibre entre une structure ecclĂŠsiale centralisĂŠe et les besoins dans divers domaines Ă travers le monde ? Comment les dirigeants adventistes peuvent-ils enrichir les discussions sur l'unitĂŠ de l'Église en restant attentifs aux autres dĂŠfis ? Depuis fĂŠvrier 2008, de tels sommets ont lieu chaque annĂŠe. L’objectif est de faciliter les discussions sur les questions liĂŠes Ă la formation continue des dirigeants du monde entier, principalement au niveau administratif et institutionnel, a expliquĂŠ Claude Richli, secrĂŠtaire associĂŠ de la ConfĂŠrence gĂŠnĂŠrale. ÂŤ Leur format est une sĂŠrie de prĂŠsentations principalement acadĂŠmiques, entrecoupĂŠes de rapports des divisions et des institutionsÂť, a-t-il dĂŠclarĂŠ. ÂŤ les tables rondes ont lieu pour rĂŠflĂŠchir sur les sujets prĂŠsentĂŠs Âť. Le sommet de cette annĂŠe, sur le thème : ÂŤ La nĂŠcessitĂŠ spirituelle de l'unitĂŠ de l'Église et de l'autoritĂŠ biblique pour accomplir la mission de Dieu Âť, visait Ă aborder la question de l'unitĂŠ et de l'autoritĂŠ de l'Église sous diffĂŠrents angles. Les prĂŠsentations comprenaient des aperçus de la Bible, l'Esprit de prophĂŠtie et l'histoire de l'Église adventiste du septième jour. Les dirigeants prĂŠsents ont caractĂŠrisĂŠ les prĂŠsentations et le dialogue comme ÂŤ francs Âť, ÂŤ ouverts Âť et ÂŤ honnĂŞtes Âť. Pour de nombreux dirigeants y compris le prĂŠsident de l'Église adventiste mondiale Ted N. C. Wilson, l'unitĂŠ de l'Église est un sujet de la plus haute importance. ÂŤ Il est vital de n'avoir d'unitĂŠ que par la puissance du Christ, alors que nous proclamons les messages des trois anges Âť, ĂŠcrit-il dans un commentaire diffusĂŠ dans la publication Adventist Review, sur cette rencontre. ÂŤ La soumission Ă la Sainte Parole de Dieu, la prière et la direction du Saint-Esprit sont la clĂŠ de l'unitĂŠ dans le mouvement Adventiste Âť. Le prĂŠsident Ted Wilson a dĂŠveloppĂŠ ses convictions dans une prĂŠsentation principale lors du sommet. ÂŤ Notre vĂŠritable unitĂŠ cĂŠleste ne peut ĂŞtre accomplie que lorsque nous nous soumettons humblement Ă l'instruction de Dieu par les incitations du Saint-Esprit et notre comprĂŠhension de sa volontĂŠ Ă travers les Saintes Écritures de la Bible et le conseil inspirĂŠ de l'Esprit de ProphĂŠtie Âť. il a encouragĂŠ les participants Ă considĂŠrer la ÂŤ demande ĂŠtonnante Âť de Christ pour l'unitĂŠ consignĂŠe dans l’Êvangile de Jean 17. Pour Artur Stele, l’un des vice-prĂŠsidents de la ConfĂŠrence gĂŠnĂŠrale : ÂŤ L'unitĂŠ ĂŠtait une grande prĂŠoccupation pour JĂŠsus-Christ, alors qu'il achevait son ministère terrestre. Lorsque l'harmonie existe nous pouvons

vraiment cĂŠlĂŠbrer la diversitĂŠ des dons, des talents, des services et des ministères.Âť Pour le prĂŠsident de la commission sur l'unitĂŠ Ă la ConfĂŠrence gĂŠnĂŠrale, Michael Ryan : ÂŤ il est essentiel que le leadership comprenne, valorise et protège le don de l'unitĂŠ Âť, a-t-il dit dans la revue Adventist Review. Au cours de ce Sommet mondial de deux jours, les principaux dirigeants de l'Église ont approfondi certaines des implications contemporaines, les dĂŠfis et les nuances de l'UnitĂŠ pour l'Église adventiste du septième jour.

Mission première

ÂŤ Qu'est-ce qui vient en premier, la Mission ou l'organisation de l'Église ? Âť a demandĂŠ l'assistant du prĂŠsident de la ConfĂŠrence gĂŠnĂŠrale, l'ĂŠvangĂŠliste Mark Finley, qui a partagĂŠ trois prĂŠsentations au cours de ces rencontres. Dans l’un de ses exposĂŠs publiĂŠ dans l’Adventist Review, après avoir fait une analyse du premier chapitre du livre des Actes apĂ´tres, Mark Finley explique que l’organisation de l’Église sort du mandat de la Mission. Il prĂŠcise : ÂŤ l’organisation de l’Église n’est pas une finalitĂŠ parce que Dieu ne se glorifie pas de l'administration bureaucratique Âť. Il ajoute ÂŤ L'organisation est toujours un serviteur de la Mission...Âť. Michael Ryan a approuvĂŠ cette analyse et de son cĂ´tĂŠ, il affirma ÂŤ Toutes les fonctions de l'Église servent la Mission Âť. Tom Lemon, un autre vice-prĂŠsident de la ConfĂŠrence gĂŠnĂŠrale, a ĂŠgalement soulignĂŠ la prĂŠĂŠminence et l'engagement Ă la mission qu'il voit dans les membres de l'Église Ă travers le monde. ÂŤ Quand il s'agit de la mission, peu importe qui vous ĂŞtes et d’oĂš vous ĂŞtes... Il n'y a aucune hĂŠsitation Ă avoir sur la mission, sur l'engagement de toute personne envers la mission Âť. Selon T. Lemon, la prioritĂŠ de la mission est un signe encourageant. ÂŤ Nous luttons avec l'unitĂŠ sur certaines questions mais je ne pense pas que nous soyons si divisĂŠs Âť. ĂŠcrit dans ses commentaires.

La question de l'autoritĂŠ

Ella Simmons, ĂŠgalement vice-prĂŠsidente de la ConfĂŠrence gĂŠnĂŠrale a prĂŠsentĂŠ dans sa prĂŠsentation de fĂŠvrier, les fondements bibliques et les caratĂŠristiques de l’autoritĂŠ de l’Église. Pour elle, ÂŤ Toute autoritĂŠ que l’Église ou l’un de ses dirigeants pourrait avoir est en rĂŠalitĂŠ gardien de l’autoritĂŠ de Dieu. Les dirigeants de l’Église auraient certaines responsabilitĂŠs avec des exigences et des limites. Âť Selon Ella Simmons, ces ÂŤ limites Âť impliquent de s'assurer que l'autoritĂŠ de l'Église fonctionne selon ÂŤ l’urgence de la volontĂŠ de Dieu Âť, et ne s'aventure pas audelĂ de ce qu'il a clairement dĂŠclarĂŠ. ÂŤ Nous devons exiger ou chercher seulement ce qui est clair de l'Écriture, ne permettant pas Ă l'autoritĂŠ de s'ĂŠtendre au-delĂ de la parole de Dieu Âť, a-t-elle dit. ÂŤ Nous devons donc interdire ce que Dieu interdit et exiger ce qu’il exige. Rien de plus ou rien de moins. Tout le reste relèverait des traditions ou des opinions des ĂŞtres humains. Âť [...] Mark Finley a convenu, soulignant que la formation en leadership est une tâche interminable. ÂŤ Il est essentiel comme dirigeants, de nous mettre constamment au dĂŠfi d'ĂŠlargir notre processus de rĂŠflexion et d'approfondir notre comprĂŠhension des responsabilitĂŠs du leadership Âť, a-t-il dĂŠclarĂŠ dans la revue Adventist Review.


BIA - N° 422 - FĂŠvrier 2018 - 3 Dans ce contexte, M. Finley a dĂŠclarĂŠ qu'il ĂŠtait impressionnĂŠ par la qualitĂŠ des prĂŠsentations de l'ĂŠvĂŠnement, un sentiment partagĂŠ par les autres responsables prĂŠsents. Il a ĂŠgalement soulignĂŠ l'esprit gĂŠnĂŠral du sommet. ÂŤ Ce qui m'a le plus impressionnĂŠ ĂŠtait... l'esprit collĂŠgial et le sens unifiĂŠ de la Mission de la part des gens ici Âť. Les dirigeants ont quittĂŠ le sommet du Portugal sur une note très optimiste. ÂŤ J'ai pleinement confiance que nous verrons une Église pleinement unifiĂŠe alors qu'un esprit sacrificiel et soumis prend le contrĂ´le en rĂŠponse Ă la direction du Saint-Esprit dans nos vies Âť, a t-il ĂŠcrit dans la revue. (ANN/BIA) - Dammarie-les-Lys, France

Dhaka, Bengladesh - Une Êducation sanitaire des Musulmans et des Hindous en charge d’enfants dispensÊe au Bangladesh

Connue au Bangladesh pour l’accent portĂŠe sur l’Êducation1, l’Église adventiste Ă Dhaka est rĂŠcemment sortie des salles de classe pour une initiative d’Êducation proposĂŠe Ă une population souvent nĂŠgligĂŠe. Les responsables de trois dĂŠpartements de l’Union de Mission Adventiste du Bangladesh (BAUM) ont proposĂŠ un programme de santĂŠ appelĂŠ Atelier et SĂŠminaire pour une Vie Meilleure pour les tuteurs et les parents de la plus grande ĂŠcole adventiste de Dhaka. La plupart des plus de 1 500 ĂŠtudiants de l’Ecole prĂŠparatoire au SĂŠminaire adventiste de Dhaka (DAPS) sont musulmans, un pourcentage beaucoup plus faible reprĂŠsentent les Hindous et les autres religions. Les tuteurs qui sont majoritairement musulmans, accompagnent les ĂŠlèves Ă l’Êcole et certains les attendent jusqu’à la fin des cours toute la journĂŠe. Les dirigeants de DAPS ont cherchĂŠ des moyens d’apporter quelque chose de plus Ă ces femmes et aux parents des ĂŠtudiants. En collaboration avec le DĂŠpartement de la SantĂŠ, celui des Ministères des enfants et celui des Ministères des Femmes de BAUM, l’Êcole prĂŠparatoire (DAPS) a organisĂŠ deux sessions pour les tuteurs et les parents, le 1er fĂŠvrier. Plus de 250 personnes au total y ont assistĂŠ. Pendant les sessions, Litton S. Halder, directeur de la communication de BAUM, a soulignĂŠ l’importance de la santĂŠ pour tous. Mme Mahuya Roy, responsable des Ministères des Femmes, a parlĂŠ des opportunitĂŠs et des responsabilitĂŠs des femmes. Des rĂŠcompenses ĂŠtaient offertes aux participants pour leurs rĂŠponses correctes aux questions posĂŠes par Mahuya Roy, ce qui a rendu le public très attentif. Mme Young Moon Lee, responsable des Ministères des Femmes de BAUM, a expliquĂŠ les avantages d’une saine diĂŠtĂŠtique et a fait une dĂŠmonstration de la prĂŠparation du kimchi (nourriture locale). Sa session a ĂŠtĂŠ très apprĂŠciĂŠe puisque cette salade / condiment corĂŠenne peut ĂŞtre facilement prĂŠparĂŠe avec des ingrĂŠdients locaux peu coĂťteux. Ils ont ĂŠgalement pu savourer des ĂŠchantillons et en ont ramenĂŠ chez eux pour les partager avec leurs employeurs, les membres de leur famille et leurs proches. Concernant les plans de suivi, MahuyaRoy proposera ce type de format de sĂŠminaire dans diffĂŠrentes ĂŠcoles, missions et institutions. Chose intĂŠressante, les tuteurs ont voulu prendre des photos avec Mme Lee et ÂŤ lui ont demandĂŠ de faire ce type de programmes aussi souvent que possible, Âť d’après ce qu’a indiquĂŠ Dr Halder. ÂŤ Tous les parents et les tuteurs ont vraiment apprĂŠciĂŠ

nos programmes. Certains d’entre eux nous ont invitĂŠs Ă mener ce type de programmes dans leurs propres ĂŠcoles et institutions Âť, a dit Litton Halder. ÂŤ Nous avons passĂŠ un très bon moment Ă partager nos messages sur la santĂŠ, la famille et le ministère auprès des enfants avec nos amis Musulmans, Hindous et ChrĂŠtiens, ainsi qu’avec des personnes d’autres religions, Âť a-t-il ajoutĂŠ. Il y a plus de 30 000 adventistes au Bangladesh ; ils se rĂŠunissent dans plus de 120 ĂŠglises et on dĂŠnombre plus de 170 ĂŠcoles, 10 ĂŠcoles urbaines et neuf internats dans ce pays Ă prĂŠdominance musulmane. La population compte un peu plus de 90% de Musulmans et moins de 9% d’Hindous ; le bouddhisme, le christianisme et d’autres religions constituant moins de 1% de la population2. Le Bangladesh est l’un des 14 pays du territoire de la Division de l’Asie et du Pacifique Sud. 1. McChesney, Andrew. ÂŤ Schools power the Adventist church in Bangladesh Âť, (ÂŤ Les ĂŠcoles, la force de l’Église adventiste au Bangladesh. Âť) Adventist Review. 13 novembre 2016. Web. 2. Rapport du Recensement 2011. Bureau des Statistiques du Bangladesh.

Protestantisme mondial

(ProtestInter/BIA) - Dammarie-les-Lys, France

Lima, PĂŠrou - Croissance protestante au PĂŠrou

Le protestantisme ĂŠvangĂŠlique est en fort dĂŠveloppement au PĂŠrou. De nombreux dĂŠmunis quittent le catholicisme guidĂŠs par des pasteurs qui ne s’occupent pas que de leur vie spirituelle, mais qui sont de vĂŠritables coaches de vie. Il y a deux ans encore, Maria vivait dans un garage avec ses deux fils, comme la majoritĂŠ des habitants de Comas, quartier dĂŠfavorisĂŠ de Lima oĂš le taux de chĂ´mage s’Êlève Ă 30%. Aujourd’hui, Maria a pu acquĂŠrir une vraie maison, modeste il est vrai, mais construite en briques. Elle est sa propre chef, gĂŠrant sa propre entreprise de mototaxis. Tout a commencĂŠ au moment oĂš un de ses deux fils est entrĂŠ Ă l’Êcole Gutenberg. Dans cette ĂŠcole privĂŠe, un pasteur protestant entretient un bureau de consultation. Il a recommandĂŠ Ă Maria de suivre des cours d’Êconomie. Maria a alors pris l’habitude de placer rĂŠgulièrement de l’argent. Elle a achetĂŠ une mototaxi et fondĂŠ son autoentreprise. Aujourd’hui, elle s’est acquittĂŠe de toute la somme de 12 000 soles (= 3 600 FS) pour sa mototaxi. Grâce Ă l’Église ĂŠvangĂŠlique libre, Maria est devenue chef d’entreprise. L’enjeu ĂŠconomique d’une adhĂŠsion religieuse Ainsi Ă Lima, le choix d’une Église se fait aussi en fonction de ses nĂŠcessitĂŠs financières et de ses besoins professionnels. Le pasteur ĂŠvangĂŠlique postmoderne est avant tout un bon coach, et le protestantisme ĂŠvangĂŠlique se prĂŠsente aujourd’hui Ă Lima comme la religion des autoentrepreneurs. Dans certains quartiers de Lima, on trouve une Église ĂŠvangĂŠlique tous les coins de rue. Baptistes, pentecĂ´tistes, ou Églises dites ÂŤ très libres Âť. Les ĂŠvangĂŠliques peuvent ainsi reprĂŠsenter jusqu’à 40% de la population de certaines parties de l’agglomĂŠration. La grande majoritĂŠ de ces protestants ĂŠtaient auparavant catholiques. Et jusqu’à 25% des fidèles vont Ă l’Église libre qui n’est pas situĂŠe dans leur quartier. Chaque jour amène de nouveaux dĂŠmunis venus des zones montagneuses. Ils s’installent dans la banlieue de Lima dans l’espoir d’y trouver une vie meilleure. La capitale est situĂŠe au milieu d’un dĂŠsert, ainsi dans un premier temps ces nouveaux habitants se contentent de casser de la pierre dans des carrières. Mais ils rĂŞvent tous de fonder leur autoentreprise.


BIA - N° 422 - FĂŠvrier 2018 - 4 Dans les bureaux des deux ĂŠcoles Gutenberg, les pasteurs de l’Alliance ĂŠvangĂŠlique proposent un suivi aux familles des ĂŠlèves. Dans ce cadre, pasteur et fidèles rĂŠdigent un plan de dĂŠsendettement et de crĂŠation d’autoentreprises. (ProtestInter/BIA) - Dammarie-les-Lys, France

Genève, Suisse - En chaire comme sur Facebook, le pasteur peut dÊfendre un point de vue politique

La chaire n’est pas le lieu de dĂŠfense des opinions personnelles, mais si la mĂŠditation de l’Évangile amène Ă une prise de position ĂŠthique publique, le ministre du Culte est libre de l’exprimer. Cela ne plaĂŽt pas toujours aux fidèles. Sur les rĂŠseaux sociaux, les appels Ă refuser l’initiative ÂŤ No-Billag Âť de certains pasteurs font dĂŠbat, et ce malgrĂŠ bien que l’Église ĂŠvangĂŠlique rĂŠformĂŠe vaudoise (EERV), tout comme la FĂŠdĂŠration des Églises protestantes de Suisse (FEPS) appellent ĂŠgalement Ă un refus du texte. Alors les pasteurs sont-ils libres d’exprimer leurs opinions politiques ? ÂŤ Il n’y a pas de règle qui interdise Ă l’EERV ou Ă l’un de ses ministres de prendre position sur un sujet politique Âť, tranche Paolo Mariani, responsable de la communication de l’institution. ÂŤ Ă€ plusieurs reprises, lorsque l’Église, au nom de l’Évangile, dĂŠfendait une position politique, cela nous a ĂŠtĂŠ reprochĂŠ, soit par des personnes issues du monde politique, soit par des personnes proches des Églises. Âť Le mĂŞme dĂŠbat agite l’Église protestante allemande depuis que le rĂŠdacteur en chef du quotidien ÂŤ Die Welt Âť a tweetĂŠ depuis la veillĂŠe de NoĂŤl Ă laquelle il assistait : ÂŤ Qui viendra encore de son plein grĂŠ assister Ă un culte de minuit s’il a l’impression, après le sermon, d’avoir passĂŠ la soirĂŠe chez les jeunes socialistes ou chez les jeunes verts ? Âť

On attend du pasteur qu’il soit conservateur

 Ce que je constate, c’est que ce qui apparait comme problÊmatique, c’est quand un pasteur exprime une position situÊe sur la gauche de l’Êchiquier politique. Cela lui est gÊnÊralement reprochÊ par un paroissien ou un politicien de droite. Je n’ai pas connaissance de cas oÚ l’inverse s’est produit , note quant à lui Didier Halter, directeur de l’Office protestant de la formation (OPF) qui assume la formation initiale des pasteurs et diacres rÊformÊs de Suisse romande.  Les gens qui attendent que le pasteur joue un rôle dans l’espace public, ce sont des personnes plutôt conservatrices. Les gens de gauche n’attendent rien de l’Église. On reproche donc le plus souvent au pasteur de sortir de son rôle de gardien d’une certaine ligne un peu conservatrice. 

Le chrÊtien a le devoir de s’exprimer

Ă€ l’Église protestante de Genève (EPG), il existe une directive concernant la prise de parole publique. On peut y lire : ÂŤ l’EPG doit mieux exploiter et relayer les prises de position de la FEPS, de l’Alliance rĂŠformĂŠe mondiale (ARM), du Conseil Ĺ“cumĂŠnique des Églises (COE), de la CEVAA et des Ĺ“uvres d’entraides (EPER - DM Echange et Mission ‌) ; par nature, elles sont nuancĂŠes et par essence, elles sont le rĂŠsultat d’un consensus entre les diverses Églises. La sauvegarde de la CrĂŠation est par exemple un thème de nature politique, sur lequel la FEPS prend position. L’EPG en relaie les contenus lorsqu’elle l’estime adĂŠquat. Lorsqu’elle l’estime nĂŠcessaire, elle peut jouer le rĂ´le d’aiguillon, afin d’initier par l’intermĂŠdiaire de la ConfĂŠrence des Églises romandes (CER) une prise de position de la FEPS. Âť

Ă€ l’Êchelle cantonale, ÂŤ l’EPG doit tĂŠmoigner de l’Évangile et faire valoir ses valeurs dĂŠmocratiques, sociales et ĂŠthiques. Sans donner de consigne de vote, l’Église peut, selon le sujet, ĂŠclairer le dĂŠbat et inciter chacun Ă aller voter et Ă assumer ainsi ses responsabilitĂŠs de citoyen, mais aussi celles de protestant. L’action politique de l’Église peut ĂŠgalement se manifester sous forme de lettres, ou d’une lettre ouverte aux autoritĂŠs politiques ou judiciaires du canton. Âť Un autre texte prĂŠcise : ÂŤ tout chrĂŠtien a le droit et le devoir de s’exprimer. Cependant: les prises de paroles Ă titre personnel devront ĂŞtre formulĂŠes en “jeâ€?; pour les prises de paroles d’entitĂŠs (paroisse, ministère cantonal, service, etc.), ces dernières veilleront Ă bien prĂŠciser leur identitĂŠ, afin de ne pas engager formellement l’EPG. Âť

Pas de position personnelle en chaire

De manière gĂŠnĂŠrale, mis Ă part le devoir pour les ministres d’annoncer voire d’obtenir l’autorisation de sa hiĂŠrarchie avant de briguer un mandat ĂŠlectif, rien ne figure dans les diffĂŠrents règlements des Églises rĂŠformĂŠes cantonales. ÂŤ Par contre, il y a des règles dĂŠontologiques. Un pasteur ne doit pas dĂŠfendre une position personnelle en chaire ou dans une autre prise de parole publique oĂš il intervient en tant que ministre Âť, prĂŠvient Didier Halter. ÂŤ Durant mes ĂŠtudes, mes professeurs nous disaient que chaque fois que l’on ouvre la bouche c’est politique. Lorsque je parle de la misère ou de l’expulsion des ĂŠtrangers, c’est politique Âť, rĂŠtorque Paolo Mariani. Deux thèmes qui sont effectivement prĂŠsents dans la Bible et se retrouvent donc rĂŠgulièrement au cĹ“ur de prĂŠdications dominicales. ÂŤ La limite entre dĂŠfendre une position personnelle et prĂŞcher sur un texte biblique est confiĂŠe au discernement personnel Âť, reconnaĂŽt Didier Halter. ÂŤ Personnellement si je prĂŞche sur un thème qui peut revĂŞtir une dimension politique, je m’efforce de m’appuyer sur une prise de position officielle d’une autoritĂŠ ecclĂŠsiale telle que la FEPS ou l’Entraide protestante (EPER). Cela m’Êtait notamment arrivĂŠ quand j’ai dĂŠfendu le partenariat enregistrĂŠ pour couples de mĂŞme sexe. Cela ne calme pas les râleurs, mais moi cela m’assure d’être dans une autoritĂŠ autre que mon avis personnel. Âť D’ailleurs durant leur formation, les jeunes ministres reçoivent un conseil similaire. ÂŤ On rappelle aux stagiaires qu’ils doivent prendre un moment de discernement pour faire la part des choses entre fidĂŠlitĂŠ au message de l’Évangile et sauvegarde de l’unitĂŠ de la communautĂŠ qui leur est confiĂŠe. Et ce que nous leur conseillons c’est de ne pas faire ce discernement seul. Âť

GÊnÊration dÊsintÊressÊe par l’Évangile politique

Didier Halter constate toutefois que la question perd de son importance pour les ministres de la nouvelle gÊnÊration.  Que l’Évangile ait une dimension politique, qu’il joue un rôle dans la vie publique, ils ne sont pas contre, mais cela les intÊresse peu. Ils sont plus attachÊs aux questions de spiritualitÊ individuelle. Alors j’essaie de les sensibiliser au rôle de l’Évangile dans la sociÊtÊ.  (Slate.fr/BIA) Dammarie-les-Lys, France

Rio, BrÊsil - Les Églises ÊvangÊliques dans la vie religieuse et politique brÊsilienne

Au BrÊsil, l’essor des Églises ÊvangÊliques bouleverse tant la vie sociale que le paysage politique. Une  dÊferlante  qui pourrait bien toucher d’autres pays du souscontinent latino-amÊricain, voire au-delà .


BIA - N° 422 - FĂŠvrier 2018 - 5 Le système politique brĂŠsilien apparaĂŽt souvent compliquĂŠ, tant sur le plan institutionnel que sur le plan de l’organisation de sa vie partisane. Il faut ĂŠgalement ajouter Ă cette complexitĂŠ de ÂŤ nouveaux Âť venus dans la vie sociale et politique : les Églises ĂŠvangĂŠliques.

ThĂŠologie de la prospĂŠritĂŠ

Dans un ouvrage qui vient de paraitre (JĂŠsus t’aime. Le dĂŠferlante ĂŠvangĂŠlique (Éditions du Cerf), Lamia Oualalou, journaliste spĂŠcialiste de l’AmĂŠrique latine ayant longtemps vĂŠcu au BrĂŠsil, conte et analyse l’essor rapide de ces Églises composant un ensemble aussi bouillonnant que fragmentĂŠ. Elle montre ainsi l’influence et la puissance de ces nouveaux venus dans la vie dĂŠmocratique du BrĂŠsil. Si des Églises ĂŠvangĂŠliques existaient dĂŠjĂ dans les annĂŠes 1910, L’Église Universelle du Royaume de Dieu est nĂŠe en 1977 et s’impose, peu Ă peu, comme la principale reprĂŠsentante d’une galaxie regroupant un grand nombre d’Églises autonomes. Elle pratique une forme de syncrĂŠtisme religieux empruntant Ă plusieurs traditions brĂŠsiliennes, dont des spiritualitĂŠs populaires afro-brĂŠsiliennes – ce qui renforce sa capacitĂŠ d’infiltration de l’ensemble de la sociĂŠtĂŠ. La relation des ĂŠvangĂŠliques avec l’argent et le pouvoir est totalement dĂŠcomplexĂŠe. OrganisĂŠe comme une grande entreprise, elle s’Êpargne – au contraire des catholiques – les difficultĂŠs thĂŠologiques avec l’argent. Au contraire, elle encourage Ă en gagner, mais ĂŠgalement Ă s’investir en politique. PrĂŠdomine comme source d’inspiration des ĂŠvangĂŠliques une thĂŠologie de la prospĂŠritĂŠ, dĂŠjĂ en vogue Ă la Maison-Blanche et qui a infusĂŠ la sociĂŠtĂŠ brĂŠsilienne. Offrant une synthèse entre la foi en Dieu et un solide appĂŠtit de consommation, cette doctrine consiste essentiellement Ă expliquer Ă chacun que la prospĂŠritĂŠ du monde passe d’abord par la sienne. Elle a, d’autant plus, pu se dĂŠvelopper au BrĂŠsil que l’Église catholique a condamnĂŠ la thĂŠologie de la libĂŠration1 et a ainsi offert un vide Ă remplir par des Églises concurrentes et dynamiques.

1. Courant de pensÊe nÊ en AmÊrique latine, visant à rendre dignitÊ et espoir aux pauvres, aux exclus et à les libÊrer d’intolÊrables conditions de vie.

(ProtestInfo/La Croix ) Dammarie-les-Lys, France

États-Unis - Une nouvelle application biblique pour les chrÊtiens progressistes

Crystal Cheatham a grandi dans un foyer adventiste conservateur et a appris, quand elle a fait son coming out en tant que lesbienne, qu’ il n’y avait pas de place pour elle dans cette communautĂŠ Âť. Elle s’est ĂŠgalement rendu compte, en rencontrant des gens d’autres dĂŠnominations qui se sentaient aussi marginalisĂŠs par les Églises, que cette dĂŠconnexion ĂŠtait gĂŠnĂŠralisĂŠe. ÂŤ Il y a un grand gouffre entre le christianisme conservateur et le christianisme que je vis Âť, constate-t-elle. C’est de lĂ que lui est venue l’idĂŠe de crĂŠer l’application ÂŤ Notre Bible Âť (Our Bible). Grâce au travail de trois dĂŠveloppeurs, une campagne de financement participatif sur Indiegogo et des nuits de travail comme chauffeuse, Crystal Cheatham a crĂŠĂŠ en 18 mois ÂŤ Notre Bible Âť prĂŠsentĂŠe comme ÂŤ une application pour les chrĂŠtiens LGBT+, leurs amis, famille et alliĂŠs Âť. Mais l’interface a ĂŠtĂŠ conçue pour les personnes qui se sentent marginalisĂŠes par leurs

Églises pour un certain nombre de raisons, et pas seulement des questions d’orientation sexuelle, a-t-elle soulignĂŠ. Il existe d’autres applications bibliques, dont trois se trouvent dans le top 10 des applications gratuites de l’App Store d’Apple. Elles permettent notamment aux chrĂŠtiens conservateurs ÂŤ de rĂŠpondre Ă leurs besoins spirituels et communautaires Âť, selon Crystal Cheatham, âgĂŠe de 32 ans. ÂŤ Toutefois, il n’y avait pas d’interface similaire pour les chrĂŠtiens qui doutent ou qui interprètent diffĂŠremment ce que dit la Bible sur les relations LGBT+, sur les genres, sur la justice sociale ou sur les femmes dans l’Église Âť, a-t-elle remarquĂŠ.

Des tĂŠmoignages de tout horizon

L’application ÂŤ Notre Bible Âť encourage les tĂŠmoignages de tous. ÂŤ Certaines personnes ĂŠcrivent Ă propos des reprĂŠsentations noires de JĂŠsus. D’autres voient JĂŠsus comme une mĂŠtaphore du passage de la vie Âť. Et grâce Ă la diversitĂŠ des contributeurs sur l’application — ÂŤ des thĂŠologiennes et des rĂŠvĂŠrends du monde entier Âť — elle s’attend Ă ce que ÂŤ Notre Bible Âť attire un groupe d’utilisateurs tout aussi divers, y compris ÂŤ ceux qui sont habituĂŠs Ă des applications plus conservatrices Âť. Certains ont demandĂŠ Ă Crystal Cheatham si elle rĂŠĂŠcrivait la Bible. ÂŤ Non Âť, a-t-elle rĂŠpondu. ÂŤ Notre Bible Âť contient les mĂŞmes traductions de la Bible que celles trouvĂŠes dans d’autres applications, telles que la King James Version et la New American Standard Bible. Mais elle contient ĂŠgalement des podcasts, des chapitres et des services religieux sur ÂŤ la justice sociale en tant que culte Âť, ÂŤ les mĂŠditations gratuites de la Bible Âť et ÂŤ la spiritualitĂŠ LGBT+ Âť. Parmi les commentaires au sujet de ÂŤ Notre Bible Âť trouvĂŠs dans l’App Store d’Apple, certains utilisateurs se demandent si une application pour chrĂŠtiens progressistes ne va pas agrandir le fossĂŠ avec les conservateurs. Mais dans l’ensemble, les critiques sont extrĂŞmement positives. Les utilisateurs notent qu’ils n’ont pas d’Églises dans leur entourage oĂš ils peuvent avoir de telles conversations et trouver des ressources similaires. C’est gratifiant, s’est rĂŠjouie Crystal Cheatham, de voir que l’application rĂŠpond Ă un besoin. Et elle a exprimĂŠ sa profonde gratitude pour tous ceux qui ont contribuĂŠ Ă rendre l’application possible : ÂŤ C’est gĂŠnial de savoir qu’il y a une communautĂŠ derrière tout cela Âť.

LibertĂŠ religieuse

(SaphirNews/La Croix ) Dammarie-les-Lys, France

Paris, France - Les signes religieux  ostensibles  interdits aux dÊputÊs à l’AssemblÊe nationale

Le bureau de l’AssemblĂŠe nationale a adoptĂŠ mercredi 24 janvier la nouvelle ÂŤ instruction gĂŠnĂŠrale Âť qui fixe notamment les règles de comportement dans l’hĂŠmicycle. L’article 9 dispose que ÂŤ la tenue vestimentaire adoptĂŠe doit rester neutre et s’apparenter Ă une tenue de ville Âť. ÂŤ Il est dĂŠsormais prĂŠcisĂŠ que, dans l’hĂŠmicycle, l’expression est exclusivement orale Âť, a fait savoir François de Rugy, prĂŠsident de l’AssemblĂŠe nationale. Un nouveau devoir de neutralitĂŠ vestimentaire comprenant l'interdiction des signes religieux est ainsi imposĂŠ Ă des ĂŠlus, ce qui n’Êtait pas le cas jusqu’ici en France.


BIA - N° 422 - FĂŠvrier 2018 - 6 Si la cravate n’est dĂŠsormais plus obligatoire, ÂŤ la tenue vestimentaire adoptĂŠe par les dĂŠputĂŠs dans l'hĂŠmicycle doit rester neutre et s'apparenter Ă une tenue de ville Âť, est-il aujourd’hui signifiĂŠ. ÂŤ Elle ne saurait ĂŞtre le prĂŠtexte Ă la manifestation de l'expression d'une quelconque opinion : est ainsi notamment prohibĂŠ le port de tout signe religieux ostensible, d'un uniforme, d'emblèmes, logos ou messages commerciaux ou de slogans de nature politique. Âť ÂŤ L’expression est exclusivement orale Âť, prĂŠcise-ton, interdisant de fait aux dĂŠputĂŠs de brandir des pancartes ou des vĂŞtements imprimĂŠs de messages. Cette dĂŠcision a ĂŠtĂŠ prise, indique la prĂŠsidence, après une polĂŠmique suscitĂŠe en dĂŠcembre 2017 par la venue dans l’hĂŠmicycle de François Ruffin en‌ maillot de foot. Le dĂŠputĂŠ de la France Insoumise voulait alors dĂŠfendre une proposition de loi visant Ă mieux financer le sport amateur. Il avait ĂŠcopĂŠ pour cela d’une sanction financière Ă hauteur du quart de son indemnitĂŠ parlementaire pendant un mois (près de 1 400 â‚Ź). Membre du bureau, la dĂŠputĂŠe Les RĂŠpublicains Annie Genevard a choisi de s’abstenir, rappelant qu’initialement, il s’agissait seulement d’Êviter certaines provocations vestimentaires, comme celle de l’Êlu de La France insoumise (LFI) François Ruffin, qui a rĂŠcemment arborĂŠ un maillot de foot. ÂŤ Qu’on fasse en sorte d’Êviter ces dĂŠrapages, je suis d’accord. Mais pourquoi ĂŠtendre cela au port de signes religieux alors que le problème n’existe pas ? Vouloir rĂŠglementer par prĂŠvention, comme l’a dit François de Rugy, est très pĂŠrilleux. Âť Outre le port de signes religieux, est aussi visĂŠ celui ÂŤ d’un uniforme, de logos ou messages commerciaux ou de slogans de nature politique Âť. Cette dĂŠcision provoque la colère de certains ĂŠlus. Le dĂŠputĂŠ socialiste François Pupponi dĂŠnonce ÂŤ une trahison de la laĂŻcitĂŠ Âť. L’AssemblĂŠe nationale, insiste l’Êlu, est le lieu public ÂŤ le plus symbolique de la RĂŠpublique, et l’on va interdire aux reprĂŠsentants du peuple ce que l’on autorise aux citoyens ! Âť. François Pupponi s’inquiète des effets que cette dĂŠcision va produire dans toutes les communes oĂš bien des ĂŠlus locaux portent une croix, une kippa ou un voile : ÂŤ On piĂŠtine les fondamentaux de la RĂŠpublique. Âť La mesure a ĂŠtĂŠ adoptĂŠe par la majoritĂŠ des 22 membres du bureau, Ă l’exception de la dĂŠputĂŠe LFI ClĂŠmentine Autain. (Le Figaro/BIA) Dammarie-les-Lys, France

PĂŠkin, Chine - La Chine renforce son contrĂ´le sur les religions

L'ĂŠtau s’est resserrĂŠe sur les religions en Chine depuis le dĂŠbut du mois de fĂŠvrier. C'est le jeudi 1er fĂŠvrier que sont entrĂŠes en vigueur de nouvelles règles publiĂŠes en septembre et destinĂŠes Ă encadrer la libertĂŠ de culte. Elles visent Ă restreindre les pratiques non reconnues par l'État, Ă ÂŤ faire barrage Ă l'extrĂŠmisme Âť et Ă ÂŤ contrer les infiltrations Âť ĂŠtrangères. Lors du dernier Congrès du Parti communiste chinois (PCC), en octobre dernier, le numĂŠro un chinois avait appelĂŠ Ă combattre tout ce qui pourrait menacer l'autoritĂŠ du rĂŠgime et la ÂŤ sĂŠcuritĂŠ nationale Âť. D'oĂš sa volontĂŠ de ÂŤ siniser Âť les croyances rĂŠpandues sur le territoire. Il avait insistĂŠ pour que les religions se ÂŤ conforment mieux Âť aux ÂŤ rĂŠalitĂŠs chinoises Âť et Ă la ÂŤ sociĂŠtĂŠ socialiste Âť.

Les religions officiellement reconnues (catholicisme, protestantisme, islam, bouddhisme, taoĂŻsme) sont dĂŠjĂ ĂŠtroitement contrĂ´lĂŠes. Elles doivent faire allĂŠgeance Ă des associations ÂŤ patriotiques Âť supervisĂŠes par l'État. Le pouvoir est particulièrement mĂŠfiant Ă l'ĂŠgard de l'islam, du christianisme et du bouddhisme tibĂŠtain, davantage soumis Ă une influence externe. Mais les nouvelles directives franchissent une ĂŠtape supplĂŠmentaire. Elles interdisent par exemple d'accepter des dons venant de l'ĂŠtranger et prĂŠvoient de lourdes amendes en cas d'organisation d'ĂŠvĂŠnements non autorisĂŠs. L'ouverture d'ĂŠcoles religieuses sera ĂŠgalement soumise Ă des conditions plus strictes. La Chine se dit particulièrement prĂŠoccupĂŠe par la situation de la province du Xinjiang, oĂš vivent quelque 10 millions d'OuĂŻghours, de confession musulmane. Alors que la rĂŠgion a connu des violences ces dernières annĂŠes, les autoritĂŠs, inquiètes des liens supposĂŠs entre ÂŤ sĂŠparatistes Âť et groupes djihadistes internationaux, ont dĂŠployĂŠ des dispositifs ultrasĂŠcuritaires et multipliĂŠ les initiatives pour rĂŠglementer chaque parcelle de la vie des musulmans. Le gouvernement a notamment interdit le port du voile intĂŠgral, appelle Ă dĂŠnoncer les ÂŤ barbes anormales Âť et dĂŠcourage l'ĂŠducation religieuse pour les enfants et les adolescents ou l'observance du jeĂťne du ramadan pour les fonctionnaires et les ĂŠtudiants. Le rĂŠgime intimide par ailleurs les prĂŞtres ÂŤ clandestins Âť qui refusent de lui faire allĂŠgeance. Certains catholiques s'inquiètent d'ailleurs des tentatives de rapprochement entre le Vatican et PĂŠkin, craignant d'ĂŞtre rĂŠcupĂŠrĂŠs par le pouvoir communiste. Deux ĂŠvĂŞques chinois reconnus par le pape ont ainsi ĂŠtĂŠ priĂŠs rĂŠcemment par un haut diplomate du Saint-Siège de cĂŠder leur place Ă des prĂŠlats choisis directement par PĂŠkin, dont l'un avait ĂŠtĂŠ excommuniĂŠ par le Vatican en 2011. Signe d'une forte dĂŠfiance envers le christianisme, plus d'un millier de croix surmontant des ĂŠglises, essentiellement protestantes, ont ĂŠtĂŠ dĂŠcrochĂŠes par le gouvernement, qui les jugeait trop voyantes, ces dernières annĂŠes. En dĂŠbut d'annĂŠe, les autoritĂŠs chinoises ont, par ailleurs, dĂŠtruit une immense ĂŠglise ĂŠvangĂŠlique dans la province du Shanxi, dans le nord du pays, jugĂŠe ÂŤ illĂŠgale Âť. Plusieurs dizaines d'ĂŠglises non officielles ont ĂŠtĂŠ rasĂŠes ces dernières annĂŠes dans le pays. Les moines tibĂŠtains, enfin, sont surveillĂŠs en permanence. Human rights watch (HRW) a dĂŠnoncĂŠ le mois dernier le processus de ÂŤ prise de contrĂ´le Âť par les autoritĂŠs chinoises de l'un des plus grands centres monastiques du bouddhisme tibĂŠtain du monde, Larung Gar, situĂŠ dans le sud-ouest de la province du Sichuan. Selon l'ONG, qui s'est procurĂŠ un document officiel, quelque 200 cadres du Parti communiste sont en train de s'octroyer tous les postes de management et mĂŞme le choix des ouvrages ĂŠtudiĂŠs. Cette offensive intervient alors qu'une opĂŠration de dĂŠmolitions et d'expulsions, qui a durĂŠ huit mois et s'est achevĂŠe en avril 2017, a dĂŠjĂ rĂŠduit la taille de l'institution, insiste HRW. Niant les destructions, la Chine a ĂŠvoquĂŠ des ÂŤ reconstructions Âť, notamment pour des raisons de sĂŠcuritĂŠ.


BIA - N° 422 - FÊvrier 2018 - 7 (FRA/BIA) Dammarie-les-Lys, France

Paris, France - La lutte contre la haine et la discrimination parfois stĂŠrile

La haine, l’intolĂŠrance et la discrimination, toujours largement rĂŠpandues dans l’Union europĂŠenne, menacent de marginalisation et d’aliĂŠnation de nombreuses personnes issues de minoritĂŠs, qui sont pourtant très attachĂŠes Ă leur pays d’accueil et font confiance Ă ses institutions. Tels sont les rĂŠsultats de l’enquĂŞte de grande envergure reconduite par l’Agence des droits fondamentaux de l’Union europĂŠenne (FRA). ÂŤ Il y a près de 10 ans, nous signalions la prĂŠsence, Ă grande ĂŠchelle, de discrimination ethnique et de haine. Aujourd’hui, ces nouveaux rĂŠsultats rĂŠvèlent que nos lĂŠgislations et nos politiques actuelles ne protègent pas de manière appropriĂŠe les individus censĂŠs bĂŠnĂŠficier de cette protection Âť, dĂŠclare Michael O’Flaherty, directeur de la FRA. ÂŤ Chaque nouvel acte de haine et de discrimination vient un peu plus ĂŠroder la cohĂŠsion sociale et crĂŠe des inĂŠgalitĂŠs qui affligent des gĂŠnĂŠrations entières et alimentent une aliĂŠnation qui finira peut-ĂŞtre par engendrer des consĂŠquences dĂŠsastreuses. Âť Le rapport sur les principaux rĂŠsultats de la deuxième enquĂŞte de l’Union europĂŠenne sur les minoritĂŠs et la discrimination (EU-MIDIS II) met en lumière la nĂŠcessitĂŠ de mettre en place des mesures spĂŠcifiques renforcĂŠes afin d’offrir une protection juridique contre la discrimination, accompagnĂŠe de sanctions efficaces. En outre, puisque 88 % des actes de discrimination ethnique, 90 % du harcèlement motivĂŠ par la haine et 72 % des violences motivĂŠes par la haine n’ont pas fait l’objet d’une plainte, il est nĂŠcessaire de renforcer le travail de sensibilisation afin d’encourager les victimes Ă signaler les incidents qui surviennent. Par ailleurs, les forces de l’ordre et les organismes de promotion de l’ÊgalitĂŠ doivent disposer des outils appropriĂŠs pour traiter ces signalements de manière efficace. Voici quelques-unes des principales conclusions de l’enquĂŞte : q 38 % des rĂŠpondants ont ĂŠtĂŠ victimes de discrimination au cours des cinq dernières annĂŠes, les NordAfricains (45 %), les Roms (41 %) et les Africains subsahariens (39 %) ĂŠtant particulièrement touchĂŠs par ce problème. Les taux de discrimination ĂŠtaient les plus ĂŠlevĂŠs lors de la recherche d’emploi (29 %). q 31 % des rĂŠpondants de deuxième gĂŠnĂŠration d’immigrĂŠs ont ĂŠtĂŠ victimes de harcèlement motivĂŠ par la haine au cours de l’annĂŠe passĂŠe. 50 % de ces victimes ont ĂŠtĂŠ harcelĂŠes au moins six fois sur cette pĂŠriode de temps. q Le taux de personnes issues de minoritĂŠs ayant obtenu au minimum un diplĂ´me de l’enseignement secondaire supĂŠrieur (61 %) est infĂŠrieur Ă celui de l’ensemble de la population (74 %), ce qui rĂŠduit leurs opportunitĂŠs sur le marchĂŠ du travail. Les rĂŠsultats de l’enquĂŞte indiquent ĂŠgalement un niveau de confiance envers les institutions publiques supĂŠrieur au niveau de confiance global de la population, la majoritĂŠ des rĂŠpondants ĂŠtant fortement attachĂŠs Ă leur pays d’accueil. Par ailleurs, ils sont en grande partie ouverts aux autres groupes ethniques. Toutefois, l’incidence de la discrimination, du harcèlement ou de la violence est ĂŠgalement manifeste. Les personnes ayant ĂŠtĂŠ victimes de tels actes ont un niveau de confiance infĂŠrieur envers les institutions publiques

et se sentent moins attachĂŠes Ă leur pays d’accueil. Il s’agit de la deuxième enquĂŞte sur les minoritĂŠs et la discrimination rĂŠalisĂŠe par l’Agence des droits fondamentaux. Cette enquĂŞte a portĂŠ sur les expĂŠriences de discrimination, de harcèlement, de contrĂ´les de police et de connaissance des droits, ainsi que sur les indicateurs d’intĂŠgration, tels que le sentiment d’appartenance ainsi que le niveau de confiance envers les institutions publiques, et le niveau d’ouverture envers les autres groupes. q Ce rapport a ĂŠtĂŠ rĂŠdigĂŠ dans le cadre d’une enquĂŞte rĂŠalisĂŠe Ă l’Êchelle de l’Union europĂŠenne Ă laquelle 25 500 personnes issues d’une minoritĂŠ ethnique ou de l’immigration, y compris des personnes roms et russes, ont participĂŠ dans l’ensemble des 28 États membres de l’UE. Elle s’appuie sur la première enquĂŞte de ce type menĂŠe par la FRA en 2008. q La FRA est l’organe indĂŠpendant de l’UE chargĂŠ d’apporter son assistance et son expertise en matière de droits fondamentaux Ă l’UE et Ă ses États membres.

Ĺ’cumĂŠnisme

(La Croix/BIA) Dammarie-les-Lys, France

Allemagne - La traduction du  Notre Père  ne changera pas en Allemagne

Ă€ la diffĂŠrence des Français, les ĂŠvĂŞques allemands ont prĂŠfĂŠrĂŠ conserver l’ancienne version de la prière enseignĂŠe par JĂŠsus Ă ses disciples – ÂŤ Ne nous soumets pas Ă la tentation Âť –, pour ÂŤ maintenir l’unitĂŠ Âť avec les autres chrĂŠtiens de leur pays, protestants et orthodoxes. Les catholiques allemands continueront de dire ÂŤ Ne nous soumets pas Ă la tentation Âť lorsqu’ils prient le ÂŤ Notre Père Âť. Les ĂŠvĂŞques d’outre-Rhin ont annoncĂŠ, jeudi 25 janvier, en clĂ´ture de la Semaine de prière pour l’unitĂŠ des chrĂŠtiens, avoir dĂŠcidĂŠ de ne pas changer la traduction de cette prière enseignĂŠe par JĂŠsus Ă ses disciples et de conserver la version en cours, utilisĂŠe depuis 1966 Ă la suite d’un compromis Ĺ“cumĂŠnique signĂŠ dans la foulĂŠe de Vatican II. Afin d’être plus fidèle au texte original, la sixième demande du ÂŤ Notre Père Âť avait ĂŠtĂŠ modifiĂŠe en France dans le cadre de la nouvelle traduction liturgique de la Bible, confirmĂŠe en 2013 par la CongrĂŠgation pour le culte divin et la discipline des sacrements. Depuis le 3 dĂŠcembre dernier, et l’entrĂŠe en vigueur de cette nouvelle traduction, les catholiques français ne disent donc plus ÂŤ Ne nous soumets pas Ă la tentation Âť mais ÂŤ Ne nous laisse pas entrer en tentation Âť. En France, le ÂŤ Ne nous laisse pas entrer en tentation Âť est dĂŠsormais utilisĂŠ lors des cĂŠlĂŠbrations Ĺ“cumĂŠniques. Évoquant cette nouvelle version en français, le pape François avait lui-mĂŞme suggĂŠrĂŠ en dĂŠcembre de rĂŠflĂŠchir Ă la traduction de cette prière, car Ă son sens, ÂŤ dire que Dieu induit en tentation n’est pas une bonne traductionâ€? de la prière enseignĂŠe par le Christ Âť. Le pape rappelait que ÂŤ ce n’est pas Dieu mais Satan qui soumet l’homme Ă la tentation Âť.

Le contexte des Êvêques allemands est très diffÊrent

ÂŤ Dieu ne pousse pas vers la tentation Âť pour ensuite observer comment l’homme est tombĂŠ. Bien au contraire, ÂŤ comme Père Âť, il aide ÂŤ aussitĂ´t Âť l’homme qui est tombĂŠ Ă se relever, ajoutait le pape, qui avait


BIA - N° 422 - FĂŠvrier 2018 - 8 nĂŠanmoins accordĂŠ plus de libertĂŠ aux confĂŠrences ĂŠpiscopales pour traduire les textes liturgiques. Dans son communiquĂŠ, la ConfĂŠrence ĂŠpiscopale allemande a reconnu qu’il faudrait ÂŤ mettre davantage l’accent sur la clarification du sens et du contexte thĂŠologique de cette demande faite Ă Dieu, dans les conversations, les discussions et les contributions de texte Âť. Elle a toutefois souhaitĂŠ conserver l’actuelle traduction pour ÂŤ maintenir l’unitĂŠ Âť avec les autres confessions chrĂŠtiennes du pays. ÂŤ Le contexte des ĂŠvĂŞques allemands est très diffĂŠrent, explique un bon spĂŠcialiste du dossier. Cela aurait ĂŠtĂŠ très mal perçu dans un pays oĂš la version allemande du Notre Père actuelle rĂŠsulte non pas de Vatican II, mais avant tout du travail de la RĂŠforme et de la traduction de Luther en particulier. Il aurait fallu consulter d’abord les thĂŠologiens allemands, qui auraient sĂťrement sollicitĂŠ un travail de fond sur la traduction d’une plus grande ampleur. Âť

La France a jouÊ le jeu de la consultation dès le dÊpart

Contrairement Ă la version ÂŤ Ĺ“cumĂŠnique Âť de 1966, protestants et orthodoxes n’ont pas ĂŠtĂŠ associĂŠs Ă l’Êlaboration de cette nouvelle traduction mais ÂŤ la France a jouĂŠ le jeu de la consultation dès le dĂŠpart Âť, explique le père Emmanuel Gougaud, directeur du service national pour l’unitĂŠ des chrĂŠtiens Ă la ConfĂŠrence des ĂŠvĂŞques de France. Le projet de nouvelle traduction a ĂŠtĂŠ prĂŠsentĂŠ aux protestants et orthodoxes dès 2009, quand les ĂŠvĂŞques français l’ont mis en route. Le Conseil d’Églises chrĂŠtiennes en France (Cecef) a abordĂŠ la question au cours de ses rencontres – deux par trimestre environ – et les partenaires Ĺ“cumĂŠniques ont pu faire leurs remarques, rĂŠflĂŠchissant eux aussi, simultanĂŠment, Ă la traduction. En 2010, la dĂŠlĂŠgation orthodoxe a rappelĂŠ que ses communautĂŠs qui rĂŠcitent le Notre Père en français ne le font pas toujours avec la version dite ÂŤ Ĺ“cumĂŠnique Âť, qu’elles l’utilisent toutefois lors des cĂŠlĂŠbrations Ĺ“cumĂŠniques, et que la formulation en projet d’adoption par l’Église catholique ne leur posait pas problème – mĂŞme s’ils auraient souhaitĂŠ retraduire l’ensemble du texte, d’autres ĂŠlĂŠments leur posant problème1. Nul obstacle non plus du cĂ´tĂŠ de la FĂŠdĂŠration protestante de France (FPF), qui avait mĂŞme lancĂŠ Ă son tour une rĂŠflexion sur cette traduction. Pour son actuel prĂŠsident, le pasteur François Clavairoly, la traduction proposĂŠe par la nouvelle traduction liturgique catholique ĂŠtait mĂŞme ÂŤ celle qui correspond le mieux Ă ce que les exĂŠgètes comprennent Âť. Le ÂŤ Ne nous laisse pas entrer en tentation Âť a finalement ĂŠtĂŠ adoptĂŠ par l’Église protestante unie de France en mai 2016, et par l’ Union des Églises protestantes d’Alsace et de Lorraine (Uepal) en 2017. Certaines Églises ĂŠvangĂŠliques l’ont aussi adoptĂŠe. C’est cette formule qui est aujourd’hui utilisĂŠe lors des cĂŠlĂŠbrations Ĺ“cumĂŠniques, notamment celles de la Semaine de prière pour l’unitĂŠ des chrĂŠtiens qui vient de s’achever. Commission paritaire DĂŠpĂ´t lĂŠgal

: renouvellement en cours N° 79 – CAB – 019 PrĂŠfecture de Seine-et-Marne

Impression : Syren System Melun 10, rue Saint-Etienne

1. En particulier le  pain quotidien , trop ÊloignÊ d’un terme grec qu’on peut traduire littÊralement par  super-essentiel , et le  dÊlivre-nous du mal  que les orthodoxes auraient prÊfÊrÊ remplacer par  dÊlivre-nous du malin .

(ProtestInfo/BIA) Dammarie-les-Lys, France

Lausanne, Suisse - L’Association des familles interconfessionnelles de Suisse met la clÊ sous la porte

Comment gĂŠrer le mariage ou le baptĂŞme des enfants quand papa est catholique et maman protestante ? C’est Ă cette question que l’Association des familles interconfessionnelles de Suisse (AFI-CH) s’est intĂŠressĂŠe pendant plus de douze ans. Une problĂŠmatique qui ne semble toutefois plus concerner le public cible. ÂŤ Une sorte de relativisation de l’identitĂŠ religieuse, liĂŠe au fait que de moins en moins de personnes se marient Ă l’Église a progressivement sclĂŠrosĂŠ les activitĂŠs de l’association. Ni les couples ni les institutions ne semblent plus vraiment s’y intĂŠresser Âť, dĂŠplore le pasteur Jean-Baptiste Lipp, aumĂ´nier protestant de l’AFI-CH. Courant 2018, cette association cessera ses activĂŠs. CrĂŠĂŠe en 2004, l’AFI-CH est hĂŠritière du Mouvement des foyers mixtes et vise Ă conseiller et soutenir les couples et les familles interconfessionnelles, ainsi que les ministres qui prĂŠsident des cĂŠlĂŠbrations Ĺ“cumĂŠniques. Au-delĂ de la question du mariage, les enterrements, les baptĂŞmes, le catĂŠchisme pour les enfants et la possibilitĂŠ d’appartenir Ă deux confessions simultanĂŠment sont au centre des rĂŠflexions. ÂŤ Nous avons voulu proposer un groupe d’entraide par rapport Ă des questions de loyautĂŠ. Mais alors que la religion se privatise et fait de plus en plus partie de l’intime, les gens n’ont plus forcĂŠment envie d’en parler Âť.

Quelque 60 membres

L’association compte actuellement quelque 60 membres, des couples mais aussi des ministres et des paroisses. Elle a ĂŠtĂŠ mise en place après le second rassemblement mondial des familles interconfessionnelles Ă Rome en 2003. ÂŤ Ă€ cette ĂŠpoque, la plupart des pays comportaient des associations de ce type, issues de l’Êmergence du mouvement Ĺ“cumĂŠnique dans les annĂŠes 1970. Nous souhaitions initialement crĂŠer une plate-forme nationale, mais cela n’a jamais pris du cĂ´tĂŠ suisse alĂŠmanique qui ne voyait pas la nĂŠcessitĂŠ de se fĂŠdĂŠrer Âť, prĂŠcise le pasteur de la paroisse Pully-Paudex de l’Église ĂŠvangĂŠlique rĂŠformĂŠe du canton de Vaud, engagĂŠ de longue date dans le mouvement Ĺ“cumĂŠnique. Porteuse d’une histoire, l’association a le projet de publier un ouvrage rassemblant les tĂŠmoignages de couples mixtes et de ministres qui les ont accompagnĂŠs. ÂŤ J’espère secrètement que des gens vont se rĂŠveiller et relancer une plate-forme de rĂŠflexion, d'ĂŠcoute et d'interpellation. La question de la mixitĂŠ, de l’ouverture Ă l’autre, est particulièrement stimulante dans les couples. Qu’elles soient religieuses ou culturelles, nous devrions ĂŠlever les dĂŠbats Ă toutes les mixitĂŠs Âť.

Abonnement d’un an

Règlement

France 18 ₏ Outre Mer 19 ₏ Union europÊenne et Suisse 20 ₏ Autres pays et abonnement en cours d’annÊe : nous consulter. Au nom du  BIA  CCP – La Source 46 727 83 C


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.