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Bulletin d’Information Adventiste
Adventist News NetworksŠ
Sommaire
Mensuel • 39e annÊe • n° 423 - Mars 2018
Bulletin publiĂŠ par le Service de presse adventiste 2 2 3
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Nouvelles des Églises adventistes
Nyarunazi, Rwanda - Quinze membres meurent dans une Êglise au Rwanda après avoir ÊtÊ frappÊs par la foudre Lisbonne, Portugal - Visite du prÊsident de la RÊpublique portugaise à l’Église adventiste de Lisbonne Allemagne - Le comitÊ de consultation sur les abus
Protestantisme mondial
Genève, Suisse - La RÊforme aussi a ses  fake news  Genève, Suisse - La Bible toujours plus traduite
Montreat, États-Unis - DÊcès de l’influent prÊdicateur ÊvangÊliste amÊricain Billy Graham
LibertĂŠ religieuse
(Service de communication adventiste francophone) n BP 100 30, avenue Émile-Zola 77193 Dammarie-lès-Lys Cedex, France. n 11-13, rue Ernest Allard, 1000 Bruxelles, Belgique. n 19, chemin des PÊpinières 1020 Renens, Suisse. RÊdaction TÊl. 01 64 79 87 00 communications.u@adventiste.org
Site web : www.adventiste.org Les communiquĂŠs peuvent ĂŞtre reproduits avec mention de la source : BIA
Islande - ChrĂŠtiens solidaires des musulmans et des juifs contre une loi anti-circoncision Paris, France - Un guide sur la ÂŤ laĂŻcitĂŠ militaire Âť ĂŠditĂŠ
pour mieux expliquer la laïcitÊ française à l’Êtranger
Paris, France - Le fait religieux, un incontournable de la diplomatie française
Ĺ’cumĂŠnisme
Lausanne, Suisse - L’Arzillier cÊlèbre 20 ans de dialogues interreligieux Genève, Suisse - Une religion qui n’admet pas le côtÊ humoristique de la vie humaine est suspecte et dangereuse
Directeur de la Publication Jean-Paul Barquon RĂŠdaction Jean-Paul Barquon Correspondants Emanuel Lopes Pedro Torres Jeroen Tuinstra Rickson Nobre Corrado Cozzi SecrĂŠtaire de rĂŠdaction Dina Lambert Abonnements - ExpĂŠditions Dina Lambert
BIA - N° 423 - Mars 2018 - 2
Nouvelles des Églises adventistes
(ANN/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Nyarunazi, Rwanda – Quinze membres meurent dans une Êglise au Rwanda après avoir ÊtÊ frappÊs par la foudre
La foudre a frappÊ une Êglise adventiste rwandaise le 10 mars, tuant 15 membres. Plus de 130 autres personnes assistant au service du culte à l’Église adventiste de Gihemvu ont ÊtÊ transportÊes vers un hôpital de la rÊgion et dans d’autres centres mÊdicaux. Certaines personnes qui y Êtaient traitÊes sont depuis sorties de l’hôpital. Les dirigeants de l’Église et les reprÊsentants du gouvernement, dont Abidan Ruhongeka, prÊsident du Champ du Sud du Rwanda et Mureshyankwano Marie Rose, gouverneur de la Province du Sud du Rwanda, ont assistÊ à une cÊrÊmonie spÊciale lors des funÊrailles organisÊes le dimanche 11 mars. Mureshyankwano Marie Rose a prÊsentÊ ses condolÊances aux familles des dÊfunts et a dÊclarÊ que le district de Nyaruguru paiera les factures mÊdicales de ceux qui sont encore soignÊs. Lors de la cÊrÊmonie, Abidan Ruhongeka a partagÊ:  Nous compatissons avec les familles des dÊfunts et avec ceux qui ont ÊtÊ touchÊs à l’occasion de ce moment difficile. Rappelons-nous tous que lorsque JÊsus reviendra, ceux qui sont morts en Christ ressusciteront.  Il a indiquÊ que l’Êglise a fourni des cercueils pour enterrer les dÊfunts et qu’elle apporte son soutien et son assistance aux personnes touchÊes par cette tragÊdie. Sur sa page Face-book, le pasteur Ted N.C. Wilson, prÊsident de la ConfÊrence GÊnÊrale de l’Église adventiste, a exprimÊ sa sympathie pour l’Église au Rwanda.  Nous avons reçu des informations alarmantes indiquant que le samedi 10 mars, à l’Église adventiste de Gihemvu dans le district de Nyaruguru au sud du Rwanda, au moins 15 de nos membres adventistes ont perdu la vie alors que d’autres ont ÊtÊ blessÊs lorsque la foudre a frappÊ l’Êglise. Nos pensÊes vont vers nos chers membres d’Êglise au Rwanda qui ont subi cette perte très difficile. Quelle tragÊdie d’avoir une incidence aussi Êtrange de la foudre qui frappe pendant un service religieux.  Au nom de la famille mondiale des adventistes à travers le monde, nous avons offert notre profonde sympathie et notre amour chrÊtien à tous nos membres de l’Union du Rwanda qui se trouve dans la Division de l’Afrique du Centre-Est, et en particulier aux familles qui ont perdu des êtres chers, et à ceux qui ont ÊtÊ blessÊs lors de cet ÊvÊnement traumatisant.  AssurÊment Dieu apportera rÊconfort et encouragement à l’occasion de cette terrible Êpreuve. Nous avons encouragÊ nos membres d’Êglise au Rwanda à garder leurs yeux fixÊs sur le Seigneur et son prochain retour quand il ramènera à la vie, par la rÊsurrection, selon la promesse biblique, tous ceux qui sont morts en lui. Quelle espÊrance nous avons pour l’avenir. Priez avec nous pour nos membres d’Êglise et en particulier pour les familles touchÊes alors qu’elles se tournent vers le Seigneur pour trouver un encouragement ...  L’Église adventiste du Septième Jour de Nyarunazi se trouve dans le Champ du Sud du Rwanda. L’Êglise se
trouve dans le district de Nyaruguru, dans la Province du Sud du Rwanda.
(EUD/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Lisbonne, Portugal - Visite du prÊsident de la RÊpublique portugaise à l’Église adventiste de Lisbonne
Le samedi 3 mars restera dans l'histoire de l'Église adventiste du septième jour au Portugal comme le jour oĂš, pour la première fois, le plus haut fonctionnaire de l'État portugais a visitĂŠ une ĂŠglise adventiste et a participĂŠ au service cultuel. Faisant suite Ă l’invitation faite par l’Eglise, lors d’une rencontre qui s’Êtait tenue le 12 fĂŠvrier au Palais de Belem, le prĂŠsident de la RĂŠpublique portugaise, Marcelo Rebelo de Sousa, a visitĂŠ l’Eglise adventiste de Lisbonne. Le pasteur AntĂłnio Amorim, prĂŠsident de l’Union des ĂŠglises adventistes du Portugal, a remerciĂŠ le prĂŠsident de la RĂŠpublique pour sa visite et l'a fĂŠlicitĂŠ pour son action, en faveur des plus fragiles et des nĂŠcessiteux. Il a offert au chef de l’État, entre autres, une version de la Bible datant de 1809 et traduite par le cĂŠlĂŠbre traducteur portugais JoĂŁo Ferreira de Almeida. En prenant la parole, le chef de l’État portugais commença son intervention en prĂŠcisant son apprĂŠciation pour les diffĂŠrentes confessions prĂŠsentes au Portugal. Il ĂŠnumèra un ensemble de principes sur lesquels repose le cadre juridique et constitutionnel portugais, parmi lesquels la sĂŠparation entre l’État et l’Église, la non-discrimination fondĂŠe sur la religion, le traitement impartial des ĂŠglises et des croyances et l'avancement de la loi sur la libertĂŠ religieuse.  Ce cadre implique ÂŤ non pas l'indiffĂŠrence, mais l'acceptation du devoir de collaboration avec les ĂŠglises et les communautĂŠs religieuses enracinĂŠes au Portugal, dans le but de promouvoir les droits des peuples, la solidaritĂŠ et la tolĂŠrance Âť, mentionnant que ÂŤ cet ensemble de valeurs est un point de rencontre entre l'État portugais et l'Église adventiste du septième jour Âť. Le PrĂŠsident de la RĂŠpublique a mentionnĂŠ directement l’implication de l’Église adventiste dans la sociĂŠtĂŠ portugaise. ÂŤ Ayant une histoire ancienne et une lignĂŠe illustre, l'Église adventiste a une intĂŠgration reconnue et respectĂŠe dans la sociĂŠtĂŠ portugaise . Les valeurs et les principes qu'elle proclame, influencĂŠs par le christianisme, sont les valeurs et les principes de la dignitĂŠ humaine, du respect de l'autre et de la solidaritĂŠ Âť. Il a soulignĂŠ l'aide sociale et humanitaire dans le monde entier de l'Église, avec ADRA ; le travail de promotion de la paix et des droits de l'homme et la pratique de l’Êthique conforme aux principes guidant la doctrine religieuse. Concluant son intervention, le PrĂŠsident de la RĂŠpublique a affirmĂŠ ÂŤ sa grande joie d’avoir acceptĂŠ l'invitation afin de mieux connaĂŽtre vos aspirations et vos innombrables rĂŠalisations, en partageant un moment spĂŠcial de votre culte Âť. ÂŤ Je vous souhaite de toujours continuer votre action libĂŠrĂŠs des contraintes de l’État et restant troujours attentifs Ă la dĂŠfense des valeurs ĂŠthiques sur lesquelles la sociĂŠtĂŠ portugaise est fondĂŠe et qui constituent notre patrimoine moral Âť, et en ajoutant par ces remerciements : ÂŤ Au nom du Portugal, merci Ă vous tous Âť. Le service liturgique a permis d’enrichir la prĂŠdication assurĂŠe par le pasteur AntĂłnio Amorim. Le sermon a dĂŠ-
BIA - N° 423 - Mars 2018 - 3 veloppÊ les textes d’Esaïe et de Luc empruntÊs aux Écritures, en Êvoquant le service de ceux qui souffrent le plus, en prenant l’exemple de la mission du Christ et de l’hÊritage de la libÊration de l’humanitÊ. Le programme liturgique a rassemblÊ diffÊrents accompagnements musicaux avec des prestations exceptionnelles, l’hymne  Pai Nosso  interprÊtÊ par Gerson Coello accompagnÊ au piano par João Domingos. La partie liturgique s’est terminÊe par l’Êmotion du chant de l’hymne  Cidade Santa  de Nathalie Gal et de la chorale. En rÊpondant à quelques journalistes prÊsents pour couvrir sa visite, le prÊsident de la RÊpublique a dÊclarÊ avoir l'intention, durant son mandat, d’assurer  la proximitÊ non seulement avec des personnes croyantes, avec des communautÊs religieuses mais aussi avec ceux qui n’ont aucune foi ni aucune croyance.  Il expliqua Êgalement le but de sa visite :  J'ai remerciÊ cette Eglise pour sa contribution dans le domaine de la promotion de la justice et de la solidaritÊ sociale, pour un Portugal plus humain, plus fraternel et plus solidaire.  (EUD/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Allemagne - Le comitĂŠ de consultation sur les abus
L'Église adventiste du septième jour en Allemagne a crÊÊ un comitÊ de consultation dont le but est de traiter les cas d'abus au sein de l'Église ainsi que d'aider les victimes à trouver des conseils. Environ 120 pasteurs, anciens de l'Êglise, enseignants, pionniers et responsables de jeunesse se sont rÊunis à Tßbingen pour une journÊe d'information et de prÊvention. Le comitÊ de consultation est composÊ d'une Êquipe de professionnels. Oliver Gall, un avocat, a dÊclarÊ qu'il prÊfÊrait prendre la parole lors de ces rÊunions d'information prÊventive plutôt que d'avoir à faire à un seul cas d'abus. Malheureusement, l'Église n'est pas à l'abri de cas d'abus.
Les sujets abordÊs Êtaient les suivants : Les symptômes d'abus, la dÊvastation et le traumatisme causÊs par les abus, la façon dont l'Église devrait traiter les prÊdateurs, les fausses attentes de pardon de la part de la communautÊ et comment les victimes peuvent apprendre à faire face aux traumatismes. Les confÊrences ont ÊtÊ suivies attentivement et les prÊsentateurs espèrent que leurs propos auront un impact et aideront les Êglises et les pasteurs à faire preuve de sensibilitÊ face aux abus.
Protestantisme mondial
(ProtestInter/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Genève, Suisse - La RÊforme aussi a ses  fake news 
 Le concept de RÊforme est l’un des concepts les plus ÊculÊs au XVIe siècle. Tout le monde parle de rÊformer l’Église. DÊjà un siècle avant Luther, Jan Hus revendique des rÊformes, mais le concile qui l’a condamnÊ voulait aussi rÊformer , explique Michel Grandjean, professeur d’histoire à l’UniversitÊ de Genève.  Victor Hugo disait que rien n’est plus puissant qu’une idÊe dont l’heure est venue. Jan Hus avait beau être un bon prÊdicateur, même devant 1000 personnes, après une heure on se souvenait qu’il Êtait convaincant, mais après deux mois que restait-il de ses arguments ? Un siècle après, Luther a pu profiter de l’im-
primerie. Ses Êcrits Êtaient diffusÊs en milliers d’exemplaires, si bien qu’au moment de la Diète de Worms, on peut imaginer que tout le monde en Allemagne avait entendu parler de lui.  Ainsi l’idÊe que l’on se fait du thÊologien solitaire dÊveloppant ses thèses est à mettre en doute. D’ailleurs, les at-il seulement affichÊes, ses 95 thèses le 31 octobre 1517 ?  On n’en sait rien , interroge Michel Grandjean.  La première mention publique d’un affichage des thèses par Luther remonte à 1546, soit près de 30 ans plus tard, quand MÊlanchthon Êcrit la vie de Luther‌ qui vient de mourir.  C’est d’ailleurs l’une des fausses idÊes sur la RÊforme que l’historien dÊmontrera jeudi soir au château d’Yverdon. Alors faut-il garder cette date comme moment de la naissance de la RÊforme ?  D’autres dates de naissance seraient aussi possibles, et d’ailleurs beaucoup plus fortes symboliquement. Comme le 10 dÊcembre 1520 (quand Luther brÝle la bulle qui le menace d’excommunication), ou le 18 avril 1521 (quand, à la diète de Worms, il tient tête à l’empereur et aux thÊologiens romains).  Alors, peut-on au moins dire que la doctrine du  sola Scriptura  (l’Écriture comme seul critère de foi) met en place un critère de vÊritÊ simple et comprÊhensible par tous ?  Non, la dispute de Luther contre Zwingli à Marbourg en 1529 montre que les rÊformateurs eux-mêmes ne sont pas parvenus à se mettre d’accord autour de la question de l’interprÊtation de la Bible , rÊtorque Michel Grandjean qui Êvoquera aussi cette question durant sa confÊrence. Outre la confÊrence du professeur Grandjean, le Château d’Yverdon a accueilli le jeudi 8 fÊvrier, deux expositions ÊphÊmères. L’une d’ouvrages religieux anciens prÊsentÊs par la Bibliothèque d’Yverdon et l’autre des costumes de l’opÊra  Les puritains  de Bellini. Ce spectacle avait ÊtÊ prÊsentÊ en 2011 à Genève. Les costumes crÊÊs pour l’Êpoque donnent l’occasion de se plonger dans le puritanisme britannique du XVIIe siècle. Enfin, un encas de boulettes de pommes de terre (Thßringer KlÜsse) et de bière permettra aux participants de dÊcouvrir la gastronomie de Thuringe, la rÊgion qui a vu grandir Luther. (ProtestInter/BIA) - Dammarie-les-Lys, France
Genève, Suisse - La Bible toujours plus traduite
L’an passÊ, la Bible a ÊtÊ publiÊe pour la première fois dans sept nouvelles langues. Le texte sacrÊ du christianisme existe dÊsormais dans 674 langues. La Bible dans son intÊgralitÊ a ÊtÊ publiÊe pour la première fois en 2017 dans sept nouvelles langues. À cela s’ajoutent quatre langues qui disposent dÊsormais du Nouveau Testament et neuf dans lesquels des nouveaux fragments de la Bible ont ÊtÊ traduits. Au total, la Bible existe, au 1er janvier 2018, dans 674 langues. Le Nouveau Testament seul existe dans 1515 langues supplÊmentaires et au moins quelques Êcrits sont disponibles dans 1135 langues supplÊmentaires. C’est ce qui ressort dans le rapport annuel sur l’accès aux Écritures de l’Alliance biblique universelle (ABU) relayÊ par la SociÊtÊ biblique suisse (SBS).  Les langues Êvoluent et se dÊveloppent avec le temps. C’est pourquoi 26 nouvelles traductions et rÊvisions et 9 Êditions d’Êtude ont ÊtÊ publiÊes dans des langues qui disposaient dÊjà de traductions de la Bible, ajoute encore le communiquÊ de la SBS qui rappelle que les linguistes estiment à près de 7100 le nombre de langues vivantes dans le monde. 
BIA - N° 423 - Mars 2018 - 4  Le turkmène, l’elomwe et le tà y sont parmi les langues qui bÊnÊficient maintenant d’une première traduction , Ênumère la SBS.  Le turkmène est parlÊ par environ 7 millions de locuteurs au TurkmÊnistan et dans les pays voisins (Asie centrale). L’elomwe est l’une des langues autochtones du Mozambique africain, comptabilisant environ 1,6 million de locuteurs. Ces deux langues disposent dorÊnavant d’une Bible complète. Les Tà y bÊnÊficient maintenant d’un Nouveau Testament. Ce groupe linguistique du Vietnam compte Êgalement près de 1,6 million de locuteurs.  En français, au moins une vingtaine de traductions de la Bible sont proposÊes, dont six sur le site www.lire.labible.net de l’Alliance biblique française (ABF). Cette dernière organisation invite les lecteurs  à savourer les nuances de styles et usages entre les versions.  Les chiffres publiÊs par l’ABU prennent en compte les travaux des 148 organisations membres, dont la SBS et l’ABF. Il existe, bien entendu, d’autres Êditeurs, liÊs ou non à des Églises, par exemple la SociÊtÊ biblique de Genève. La SBS signale Êgalement son engagement en faveur des sourds et malvoyants.  Une bible en braille est constituÊe d’environ 40 volumes. En 2017, les SociÊtÊs bibliques [de l’ABU] ont menÊ des projets en braille dans 32 pays et elles sont actives dans la prÊparation de 26 Êditions en langue des signes , prÊcise l’organisation.
Reagan mais est aussi au mieux avec le couple Clinton. George W. Bush a même confiÊ avoir arrêtÊ de boire et  trouvÊ le chemin de Dieu  grâce à lui. Le père de ce dernier, le prÊsident George H.W. Bush, l’a invitÊ à venir prier à la Maison Blanche en 1991 pour l’aider à surmonter le premier jour de la première Guerre du Golfe.  Je pense que Billy n’a pas touchÊ uniquement le coeur des ChrÊtiens mais (celui) des gens de toutes fois parce qu’il Êtait un homme tellement bon , a indiquÊ Bush père dans un communiquÊ.  J’ai le privilège de l’avoir eu comme ami personnel (‌) Il a ÊtÊ un mentor pour plusieurs de mes enfants . En soixante ans de carrière, celui qui Êtait surnommÊ le  Pasteur de l’AmÊrique  a organisÊ plus de 400 immenses rassemblements dans des stades et des salles de concert, menÊ des  croisades  dans 185 pays, Êcrit une trentaine de livres traduits en une quarantaine de langues et prononcÊ des prêches suivis au total par 2,2 milliards de tÊlÊspectateurs.
PrĂŠdicateur cathodique
Ce prÊdicateur très cathodique a su habilement utiliser la radio et la tÊlÊvision dès le dÊbut des annÊes 1950 pour faire renaÎtre le mouvement ÊvangÊliste, devenant ainsi un pionnier du  tÊlÊvangÊlisme . (AFP/BIA) Dammarie-les-Lys, France Son refus de prêcher à partir de 1953 devant un public Montreat, États-Unis - DÊcès de l’influent prÊ- oÚ Blancs et Noirs Êtaient sÊparÊs aurait permis d’accÊdicateur ÊvangÊliste amÊricain Billy Graham lÊrer la fin de la sÊgrÊgation dans son État natal. William Franklin Graham Jr est dÊcÊdÊ le 21 fÊvrier ConsidÊrÊ comme une prÊsence rÊconfortante en chez lui à Montreat, en Caroline du Nord (sud-est des temps de crise, il avait dirigÊ un service religieux national États-Unis), a tweetÊ la Billy Graham Evangelistic Asso- après les attentats du 11 septembre 2001. Il avait prÊsidÊ ciation (BGEA), qu’il avait fondÊe en 1950. Sa famille avait le service de l’enterrement du prÊsident Lyndon Johnson annoncÊ son dÊcès un peu plus tôt à plusieurs mÊdias. en 1973 et avait pris la parole aux funÊrailles de Richard De santÊ fragile ces dernières annÊes, il souffrait no- Nixon en 1994. tamment de la maladie de Parkinson et d’un cancer de NÊ le 7 novembre 1918, aÎnÊ de quatre enfants, la prostate. Graham a ÊtÊ ÊlevÊ dans une ferme laitière de Charlotte  Le GRAND Billy Graham est mort. Il Êtait unique ! Il en Caroline du Nord. manquera aux ChrÊtiens et à toutes les religions. Un OrdonnÊ pasteur baptiste en 1939, il a ÊpousÊ la fille homme très spÊcial , a rÊagi le prÊsident amÊricain d’un missionnaire chrÊtien en Chine, Ruth McCue Bell qui Donald Trump sur Twitter. est dÊcÊdÊe en 2007 à 87 ans et avec laquelle il a eu cinq  Mon plus grand rÊconfort vient du fait que j’appartiens enfants. MalgrÊ près de 64 ans de mariage, elle est touau Christ et que, peu importe ce qui se passe, il ne me jours restÊe presbytÊrienne. quittera ni ne m’abandonnera jamais , avait-il dit au Son fils aÎnÊ William Franklin Graham III, 65 ans, a repris Minneapolis Tribune. le flambeau paternel: ordonnÊ en 1982, il est prÊdicateur Il avait eu une rÊvÊlation religieuse à 16 ans et, grâce ÊvangÊliste et prÊside notamment la BGEA depuis 1995. à son charisme, sa voix de stentor et ses prêches fouSon autre fils, Nelson, et l’une de ses filles, Anne gueux, il avait très vite attirÊ les foules devenant une vÊ- Graham Lotz, ont Êgalement ÊtÊ ordonnÊs et sont des ritable pop-star de la Bible et un quasi  pape  protestant. prÊdicateurs. Elle a Êcrit plusieurs ouvrages. Des annÊes 1940 au milieu des annÊes 2000, il multiplie les prêches aux quatre coins de la planète, y compris en URSS et en Chine. Et même deux fois, en 1992 et (SaphirNews/BIA) Dammarie-les-Lys, France 1994, en CorÊe du Nord.
LibertĂŠ religieuse
Islande - ChrÊtiens solidaires des musulmans et juifs contre une loi anti-circoncision De la reine Elizabeth –il apparaÎt comme un confident en Islande
Tous les prĂŠsidents
de la jeune souveraine dans la sÊrie  The Crown  sur Netflix– au pape Jean-Paul II, en passant par Mère Teresa, il rencontre tous les grands de ce monde. Mais son influence est importante surtout auprès des prÊsidents amÊricains qu’il côtoie tous sans exception, depuis Harry Truman jusqu’à Barack Obama: il joue au golf avec Eisenhower, est un intime de Nixon et des Êpoux
Alors que l'interdiction de la circoncision en Islande est en dÊbat depuis fÊvrier, deux grandes organisations chrÊtiennes d'Europe ont joint leurs voix, le jeudi 15 mars, à celles des organisations juives et musulmanes pour condamner toute atteinte à la libertÊ de culte. L’Islande deviendra-t-il le premier pays europÊen à interdire explicitement la circoncision à but non-mÊdical ?
BIA - N° 423 - Mars 2018 - 5 Une proposition de loi contre la circoncision est actuellement à l’Êtude par les parlementaires du pays. Si l’initiative lÊgislative vient à être adoptÊe, la loi stipulera alors que, sauf en cas de nÊcessitÊ mÊdicale, la circoncision sera interdite, peu importe les religions ou les croyances des parents, au nom du  droit à l’intÊgritÊ physique  des enfants. Tout contrevenant sera passible de six ans d’emprisonnement. Un garçon qui dÊsire être circoncis devra attendre  un âge auquel il comprend ce que cet acte implique . Les organisations religieuses en Islande et en Europe, inquiètes des consÊquences du vote de cette loi pour la libertÊ religieuse, haussent le ton depuis l’annonce de cette proposition de loi en fÊvrier. Cette fois, c’est au tour du Conseil des confÊrences Êpiscopales d’Europe (CCEE) et de la ConfÊrence des Églises europÊennes (CEC) de s’insurger publiquement contre la loi. Ne pas condamner la pratique à la clandestinitÊ Dans un communiquÊ paru le jeudi 15 mars, les deux organisations estiment que la proposition de loi est une atteinte au droit fondamental de la libertÊ de culte et serait aussi  perçue comme un signal pour les personnes à rÊfÊrence juive et musulmane qu’elles ne sont plus les bienvenues . Rappelant que la circoncision n’est pas un rite optionnel mais une pratique fondamentale pour les juifs et les musulmans ainsi que dans certaines traditions chrÊtiennes comme celles des Êglises orthodoxes Êthiopiennes et ÊrythrÊennes, les organisations chrÊtiennes insistent sur l’importance de sa lÊgalitÊ.  Il est important que la circoncision soit pratiquÊe lÊgalement, dans un cadre mÊdical appropriÊ et sÝr, afin que la santÊ de l'enfant ne soit pas compromise , a indiquÊ l’Êvêque anglican Christopher Hill, prÊsident du CEC. De son côtÊ, le cardinal Angelo Bagnasco, prÊsident du CCEE, souligne que  l’Église catholique est particulièrement engagÊe à dÊfendre le droit des enfants, ce qui inclut, le droit et le devoir de la famille d’Êduquer leurs enfants selon leurs propres convictions religieuses . La circoncision n’a rien à voir avec  la pratique cruelle des mutilations gÊnitales fÊminines  Pour Albert Guigui, Grand Rabbin de Bruxelles et reprÊsentant de la ConfÊrence des rabbins europÊens, l’interdiction de la circoncision signifie tout simplement qu’ aucune communautÊ juive n’est dÊsormais plus la bienvenue  en Islande. Même son de cloche pour Sayed Razawi, un leader religieux musulman en Ecosse, qui est d’avis pour dire qu’ interdire un rite religieux de cette manière reviendrait à interdire aux musulmans de pratiquer leur foi . Si les communautÊs juives et musulmanes sont très limitÊes en Islande, la crainte est qu’une telle initiative en Islande, si adoptÊe par le Parlement, puisse être reproduite dans d’autres pays europÊens. Les communautÊs religieuses mettent l’accent sur le fait que la circoncision appliquÊe aux très jeunes garçons n’a rien à voir avec  la pratique cruelle des mutilations gÊnitales fÊminines qui constitue une atteinte à l'intÊgritÊ physique des femmes, en violation de leurs droits humains fondamentaux et de leur dignitÊ .
(SaphirNews/BIA) Dammarie-les-Lys, France
Paris, France - Un guide sur la  laïcitÊ militaire  ÊditÊ pour mieux expliquer la laïcitÊ française à l'Êtranger
Mieux expliquer la laĂŻcitĂŠ française Ă l'ĂŠtranger Ă travers ÂŤ l’exemple de sa pratique Âť dans l’institution militaire, tel est l'objectif d'un livret rendu public mercredi 14 mars par le ministère des ArmĂŠes, qui entend ainsi participer Ă offrir une meilleure image de la France dans le monde. Le ministère des ArmĂŠes a rendu public, mercredi 14 mars, un livret sur la laĂŻcitĂŠ destinĂŠ aux attachĂŠs de dĂŠfense en poste Ă l’Êtranger. Le guide, intitulĂŠ ÂŤ Expliquer la laĂŻcitĂŠ française : une pĂŠdagogie par l’exemple de la "laĂŻcitĂŠ militaire" Âť, est ÂŤ nĂŠe d’un triple constat fait par plusieurs attachĂŠs de dĂŠfense notant que leurs interlocuteurs locaux considèrent la laĂŻcitĂŠ comme une singularitĂŠ française ; associent la laĂŻcitĂŠ "Ă la française" Ă une hostilitĂŠ envers toute afďŹ rmation publique d’une identitĂŠ religieuse ; notent que chaque Français interrogĂŠ sur la laĂŻcitĂŠ en donne une dĂŠďŹ nition très personnelle Âť. Pour la Direction gĂŠnĂŠrale des relations internationales et de la stratĂŠgie (DGRIS), le guide – Ă l’origine, nous dit-on, une publication interne ĂŠditĂŠ en novembre 2017 – est une rĂŠponse Ă la ÂŤ perception caricaturale Âť d’une France ÂŤ hostile aux religions Âť de par sa conception propre de la laĂŻcitĂŠ et les polĂŠmiques rĂŠgulières qui l'entoure, une image qui ÂŤ gĂŠnère souvent des sentiments nĂŠgatifs envers notre pays Âť. Il est ainsi conçu comme un livret pratique expliquant ce qu’est la laĂŻcitĂŠ – et, surtout, ce qu’elle n’est pas – Ă travers ÂŤ l’exemple de sa pratique Âť dans l’institution militaire, lit-on en prĂŠambule du document que Saphirnews a pu consulter.
La pratique de la laĂŻcitĂŠ dans ses armĂŠes en exemple
ÂŤ Dire que c'est bien au nom de la laĂŻcitĂŠ que la RĂŠpublique salarie dans ses armĂŠes des prĂŞtres, des rabbins, des pasteurs et maintenant des aumĂ´niers musulmans ĂŠbranle bien des stĂŠrĂŠotypes qui pèsent sur notre rĂŠgime de laĂŻcitĂŠ, pas uniquement Ă l'ĂŠtranger d'ailleurs Âť, nous fait part Eric Germain, chargĂŠ de mission ÂŤ fait religieux & laĂŻcitĂŠ Âť Ă la DGRIS. ÂŤ La "laĂŻcitĂŠ militaire" illustre que la RĂŠpublique n’est en rien hostile Ă l’expression publique de sentiments religieux. AďŹ n de garantir la libertĂŠ de pratique religieuse dans l’environnement particulièrement contraignant des armĂŠes, l’État salarie des aumĂ´niers militaires de quatre cultes – catholique, israĂŠlite, protestant depuis 1874 et musulman depuis 2005 Âť, est-il signifiĂŠ dans le livret.
Une rĂŠponse diplomatique Ă des perceptions nĂŠgatives de la France sur le fait religieux
Pour apporter des rÊponses concrètes aux attachÊs du ministère et autres diplomates faisant face à des interrogations de leurs interlocuteurs, une liste de questions les plus frÊquentes y sont recensÊes :  La laïcitÊ française est-elle hostile aux religions ? ,  La laïcitÊ française estelle l’expression d’une indiffÊrence absolue de l’État visà -vis du religieux ? ,  La laïcitÊ française interdit-elle d’exprimer son identitÊ religieuse dans l’espace public ?  ou encore  La RÊpublique française reconnaÎt-elle des communautÊs religieuses ? .
BIA - N° 423 - Mars 2018 - 6  Pour le citoyen, la laïcitÊ peut aussi renvoyer à une perception subjective. Mais pour un reprÊsentant de l’État, la laïcitÊ ne peut être une opinion. Elle doit être une rÊfÊrence claire et objective, car fondÊe sur la loi , soulignet-on, indiquant Êgalement que  la laïcitÊ française est aussi une culture politique, un ensemble de perceptions enracinÊes dans une histoire longue et singulière . Cet outil dont s’est dotÊ le ministère des ArmÊes entre dans le cadre plus global d’une stratÊgie de communication de la diplomatie française consistant à promouvoir une meilleure comprÊhension de la laïcitÊ à la française à l'Êtranger, un travail considÊrÊ depuis des annÊes comme nÊcessaire par le Quai d’Orsay. (SaphirNews/BIA) Dammarie-les-Lys, France
Paris, France - Le fait religieux, un incontournable de la diplomatie française
Le fait religieux, une dimension devenue incontournable dans les affaires Êtrangères.  Nombre des crises internationales actuelles restent inintelligibles et d’ailleurs insolubles quand le fait religieux n’est pas pris en compte , avait affirmÊ Laurent Fabius dans son discours de clôture du colloque  Religions et politique Êtrangère  à Paris en novembre dernier. La nÊcessitÊ de cette prise en compte s’illustre de longue date par des rencontres rÊgulières entre le Quai d’Orsay et les dignitaires religieux de tous bords mais surtout par la crÊation en 2010 du  Pôle religions  au sein du ministère.  La religion, parce qu’elle influence les comportements individuels et collectifs, relève de notre mission de connaissance des rÊalitÊs, on pourrait dire de connaissance du terrain , a-t-il fait savoir.
L'instrumentalisation des religions dĂŠnoncĂŠe
 Le fait religieux s’impose aujourd’hui de façon croissante à la vie internationale. Dans ces conditions, aucune politique Êtrangère ne peut se passer de l’expertise sur les religions et d’outils diplomatiques adÊquats , d’autant que ces Êvolutions  dans certaines parties du monde ont accrÊditÊ des idÊes fausses, comme celle dite du choc des civilisations , a dÊclarÊ le ministre. Parmi les dÊfis que posent les conflits religieux dans le monde, Laurent Fabius a ainsi citÊ  l’instrumentalisation de la religion au service de luttes politiques, qui constitue un piège redoutable pour les États comme pour les communautÊs religieuses  et  permet à l’extrÊmisme religieux de contaminer les conflits locaux qui se prolongent ou même s’Êternisent (‌) en profitant de l’affaiblissement du lien entre les citoyens et l’État . Premiers responsables,  les groupes terroristes internationaux liÊs notamment à Al-Qaïda, qui se prÊsentent comme les hÊritiers des guerres de religion passÊes .
Le facteur religieux, un outil de diplomatie d'influence
Selon une Êtude rÊcente du Pew Research Center que le chef de la diplomatie rapporte, près de 30 pays sont touchÊs par des conflits  à dimension religieuse , entraÎnant le dÊplacement de plus de 18 millions de personnes. La protection des minoritÊs est alors un autre dÊfi à relever, l’instrumentalisation des religions couplÊe d’une montÊe des intÊgrismes entraÎnant de facto des restrictions de libertÊs pour les groupes dominÊs. Pour Laurent Fabius, la France ne peut plus faire fi
de la place importante du fait religieux dans la diplomatie du fait que de plus en plus d’États intègrent pleinement cette dimension dans leur politique Êtrangère pour en faire, pour certains,  un outil de diplomatie d’influence en mettant en avant les spÊcificitÊs de leur modèle  comme la Turquie.  Le fait religieux entraÎne de plus en plus des rÊpercussions sur les relations internationales , insiste-t-il, citant les polÊmiques liÊes à la question du blasphème en hausse ces dernières annÊes telles que la vidÊo  L’innocence des musulmans  en 2012. Controverses qui ont amenÊ notamment l’introduction de la notion de  diffamation des religions ,  que les efforts conjuguÊs de la France, du Royaume-Uni et des ÉtatsUnis ont conduit à Êcarter depuis 2011 .
La laïcitÊ à la française non exportable
 Faire des propositions pour mieux expliquer à l’Êtranger ce qu’est la laïcitÊ en France, ses fondements et son application , tel est l’un des objectifs que s’Êtait fixÊ l’Observatoire de la laïcitÊ dans son rapport d’Êtape paru en juin dernier. Dans ce cadre, Roland Dubertrand, conseiller pour les affaires religieuses du ministère des Affaires Êtrangères, avait alors estimÊ qu’ un travail d’explication et de communication sur la laïcitÊ française s’avère nÊcessaire pour promouvoir une meilleure comprÊhension de notre système à l’Êtranger .  La laïcitÊ telle que nous la concevons rÊsulte d’une histoire qui nous est spÊcifique  et ce système juridique  n’a pas vocation à être exportÊ tel quel. Nous savons que la laïcitÊ ne peut faire l’objet de formules incantatoires qui s’appliqueraient à n’importe quel contexte , a dÊclarÊ le 6 novembre le chef de la diplomatie, tout en relevant la nÊcessitÊ de promouvoir les principes  qui l’animent  à l’instar de  la libertÊ de conscience ,  la neutralitÊ de l’État, lequel doit à la fois garantir le libre exercice des cultes, en privÊ comme en public  et  la primautÊ des droits civils et politiques, laquelle implique le refus d’une vision relativiste des Droits de l’Homme qui consisterait à leur opposer telle ou telle norme religieuse pour en restreindre la portÊe  en Êvoquant les droits des femmes et des homosexuels. DÊnonçant la confessionnalisation des conflits, le ministre a appelÊ, en guise de conclusion, les personnalitÊs religieuses à  peser par leur autoritÊ morale en faveur du dialogue  et les responsables diplomatiques à  chercher sans relâche les formules politiques capables d’assurer une coexistence pacifique durable . PlacÊ au même niveau que les diplomates, le potentiel des acteurs religieux à dÊgager des solutions aux conflits internationaux se voit ainsi pleinement reconnu dans une France qui s'est construite par la mise au ban des religions dans sa propre sociÊtÊ.
Ĺ’cumĂŠnisme
(Protestinfo/BIA) Dammarie-les-Lys, France
Lausanne, Suisse - L’Arzillier cÊlèbre 20 ans de dialogues interreligieux
Depuis deux dÊcennies, l’Arzillier-Maison du dialogue promeut les Êchanges entre les diffÊrentes religions. ChrÊtiens, musulmans, bouddhistes, juifs, bahà ’ie, hindous. L’Arizillier-Maison du dialogue rassemble depuis 20 ans des membres de multiples religions. ConstituÊe le 17 mars 1998 à Lausanne, cette association interreligieuse a pour vocation non seulement de favoriser les Êchanges entre diffÊrentes religions, mais aussi au sein d’une même confession entre les diffÊrentes mouvances.  Il s’agit de construire des ponts en vue de la paix, sans pression prosÊlytique les uns envers les autres ni confusion de doctrine , explique TimothÊe Reymond, membre du comitÊ de l’Arzillier et pasteur de l’Église ÊvangÊlique rÊformÊe du canton de Vaud (EERV).  Le dialogue interreligieux fait partie des responsabilitÊs des musulmans, surtout en Occident. Il permet de casser les prÊjugÊs et de tisser des liens , ajoute Mustapha Habes, Êgalement membre du comitÊ et responsable du Conseil des imams. Le 17 mars prochain, l’association sise au centre de Lausanne cÊlÊbrera son 20e anniversaire en organisant une soirÊe festive ouverte à tous.
DĂŠpasser le repli identitaire
En deux dÊcennies, l’Arzillier a relevÊ de nombreux dÊfis.  Une des difficultÊs rÊside dans le manque d’intÊrêt de certains croyants qui sont plutôt dans une attitude de repli , estime TimothÊe Reymond.  Le risque consiste Êgalement à se montrer trop poli et par peur de blesser l’autre, on n’ose pas mentionner les diffÊrences. Par exemple, pour l’instant, nous n’avons pas abordÊ le thème d’actualitÊ tel que l’affaire Ramadan. Nous devons trouver le courage de le faire tout en restant fraternels et amicaux. Le dialogue permet de constater les diffÊrences sans que cela nous dÊtruise , ajoute Dominique Voinçon, membre du comitÊ, dÊlÊguÊ de l’Église catholique romaine au dialogue interreligieux.  Parallèlement, tout le discours mÊdiatique sur l’extrÊmisme islamique dessert notre travail , relève TimothÊe Reymond. Depuis sa crÊation, l’association propose tout au long de l’annÊe des confÊrences, des dÊbats et des cÊlÊbrations religieuses. En 2001, elle a crÊÊ les groupes  musulmans et chrÊtiens pour le dialogue et l’amitiÊ  (MCDA). L’Arzillier est Êgalement responsable de la semaine des religions pour le canton de Vaud.  Ce rendez-vous pendant lequel toutes les communautÊs ouvrent leurs lieux de culte et prÊsentent leurs doctrines constitue l’ÊvÊnement phare de l’association , relève Mustapha Habes. De plus, pour la première fois cette annÊe, elle tiendra un stand au Salon du livre à Genève avec d’autres plateformes interreligieuses.  Bien que la sociÊtÊ actuelle tende à se laïciser, je pense que le dialogue interreligieux a toute sa place, car il concerne Êgalement les penseurs non croyants. Et il devient d’autant plus important quand il y a des tentations de repli identitaire , pointe TimothÊe Reymond.  Je remarque Êgalement un regain d’intÊrêts de la part des autoritÊs alors que la question de la reconnaissance de l’islam se pose actuellement. Souvent, moins les gens sont impliquÊs dans une religion, plus ils ont un discours de rejet , constate Dominique Voinçon.
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Analyse
(ProtestInfo/BIA) Dammarie-les-Lys, France
Genève, Suisse - Une religion qui n’admet pas le côtÊ humoristique de la vie humaine est suspecte et dangereuse
L’humour est-il soluble dans la foi ? L’UniversitÊ de Genève organise un cours public sur cette thÊmatique, du 28 fÊvrier au 16 mai. ProtestInfo a suscitÊ un entretien avec le professeur de thÊologie systÊmatique HansChristoph Askani, à l’origine de ce projet. Dans la Bible, JÊsus n’est pas prÊsentÊ comme rieur, est-ce surprenant pour les textes de cette Êpoque ? On raconte dans les Évangiles que JÊsus a pleurÊ, qu’il s’est mis en colère, qu’il Êtait aimable et quelquefois peu aimable, qu’il a eu peur, etc. Pourquoi ne devraiton pas raconter aussi qu’il a ri ou ÊclatÊ de rire ? Ce n’est pas le cas. Dans l’histoire de la thÊologie pendant une certaine pÊriode, on a rejetÊ le rire et la gaietÊ comme quelque chose qui ne serait pas digne de la foi chrÊtienne. On peut d’ailleurs expliquer cette rÊserve par le fait que le rire a en lui quelque chose de subversif. C’est pour cela qu’une attitude critique face à l’humour et au rire existe non seulement dans la thÊologie, mais dans certains courants philosophiques Êgalement. Dans la religion chrÊtienne, le rejet de l’humour et du rire repose sur un profond malentendu. Si la joie est le grand sujet du Nouveau Testament, la joie par rapport au fait que Dieu en JÊsus vient au monde, et que rien n’est comme avant grâce à cette proximitÊ de Dieu, alors vouloir contester le rire et l’humour au nom du sÊrieux de la foi, est absurde. Montrer cela sera un des buts de ce cours. De manière gÊnÊrale, l’humour Êtait-il valorisÊ dans l’AntiquitÊ ? Il y a dans l’AntiquitÊ beaucoup de textes drôles et comiques. Quand à Athènes aux Ve et IVe siècles avant J.C., on a jouÊ des tragÊdies, il fallait toujours jouer aussi des comÊdies qui les interrompaient et qui ouvraient un autre horizon. Dans la philosophie de l’AntiquitÊ, notamment chez Platon et Aristote, nous trouvons cependant un refus de l’humour, notamment du rire sans contrôle. Ce dernier semblait remettre en question l’ordre de la sociÊtÊ et, sur le plan personnel, l’Êquilibre entre l’esprit et le corps. L’humour existe-t-il dans la Bible ? Il serait Êtonnant que la Bible, qui parle à peu près de tout ce qui concerne l’être humain, fasse l’Êconomie de l’humour. En effet, des traits humoristiques se trouvent dans divers textes des Écritures. Par exemple, dans l’Ancien Testament, on peut penser à Exode 9.11 oÚ les magiciens d’Égypte sont dÊcrits de manière ironique, ou à Juges 9.7-15: la dispute entre les arbres qui ne veulent pas devenir roi; on pense Êvidemment aussi à Esther 6: l’humiliation d’Haman par le roi qui honore à sa place MardochÊe. Dans le Nouveau Testament, on trouve des traits d’humour dans le rÊcit de Luc 19 oÚ ZachÊe monte sur un arbre pour voir JÊsus, et c’est justement chez lui que JÊsus s’invite. Le fait que JÊsus dorme dans un petit bateau durant une violente tempête sur un coussin (Marc 4. 35-41) fait rire, surtout si on ne lit pas le texte avec le prÊjugÊ que JÊsus est de toute façon un saint homme,
BIA - N° 423 - Mars 2018 - 8 capable de tout. Même dans le rÊcit de la rÊsurrection oÚ on voit les soldats romains, censÊs monter la garde devant le tombeau, il y a un ÊlÊment d’humour qui a une signification profonde: la mort n’est pas tout, elle n’a pas le dernier mot, même face à elle, un rire peut surgir. Peut-on prendre au sÊrieux une religion qui serait drôle ? Une religion regardÊe dans son  intÊgralitÊ , comme un ensemble de croyances, de rites, de traditions et d’engagements Êthiques n’est probablement jamais particulièrement drôle. Si dans sa religion une communautÊ humaine vit sa relation avec une dimension qui la dÊpasse radicalement, alors l’attribut prÊpondÊrant de cette religion ne sera pas son caractère comique ou humoristique. Mais on peut poser la question dans l'autre sens : peut-on prendre au sÊrieux une religion qui exclut tout ce qui est drôle, tout ce qui est liÊ au rire et à l’humour ? Je pense que non. Une religion qui n’admet pas en elle le côtÊ humoristique de la vie humaine et qui n’est pas à même de lui donner une place, une religion qui a besoin, pour être sÊrieuse, d’exclure tout ce qui est comique, est suspecte et dangereuse. Il y a un certain totalitarisme du sÊrieux qui devient violent, car il ne peut rien accepter qui n’entre pas dans ses schÊmas. Normalement, une religion est le contraire de cette fermeture. Existe-t-il des liens entre foi et humour ? L’humour a une tendance antitotalitaire. Ce n’est pas pour rien que, dans des dictatures politiques, il joue un rôle de critique  sous-terraine  que le rÊgime totalitaire n’arrive pas à supprimer. Dans l’humour surgit la libertÊ de prendre distance et de ne pas se laisser complètement enfermer dans le système du pouvoir et de ses mÊcanismes. Mais l’humour est aussi antitotalitaire en ce qui concerne le rapport de l’être humain avec luimême et avec les autres. Il est l’antidote contre le penchant de l’homme de se prendre totalement au sÊrieux, de vouloir être tout en tout. Si l’être humain commence à rire de lui-même, il Êchappe à cette tendance. Il y a donc une analogie avec la foi qui, elle aussi, est une libÊration de l’homme en rapport avec lui-même. Selon la foi chrÊtienne, l’être humain n’est pas complètement dÊterminÊ par ce qu’il rÊalise, mais par une ouverture oÚ il est devant Dieu ce qu'il ne serait pas en lui-même.
Commission paritaire DĂŠpĂ´t lĂŠgal
: renouvellement en cours N° 79 – CAB – 019 PrÊfecture de Seine-et-Marne
Impression : Syren System Melun 10, rue Saint-Etienne
La foi laisse la place à Dieu, et ainsi elle reçoit du divin une place pour elle et pour son  sujet , le croyant. C’est la même structure que celle qui caractÊrise l’humour: il introduit dans le rapport de l’être humain avec le monde, avec lui-même et avec autrui un espace d’ouverture. Les sujets abordÊs dans ce cours public sont particulièrement variÊs, allant du judaïsme, à Baudelaire, Dßrrenmatt pour terminer par la grâce. Comment l’humour lie-t-il ces thÊmatiques ? J’ai fait ce choix dÊlibÊrÊment, car le sujet de l’humour ne concerne pas seulement une discipline et ne peut pas être considÊrÊ sous un seul aspect. Ainsi l’organisation du cours essaie de prendre en compte l’ouverture à une autre religion (le judaïsme) et le rôle que l’humour joue en cette dernière, l’aspect historique dans la confÊrence sur le Moyen Âge, les aspects littÊraires avec Baudelaire et Dßrrenmatt, et les aspects thÊologiques qui deviennent explicites dans la première et la dernière confÊrence. Il va de soi que c’est un choix limitÊ; il manque ici notamment les approches psychologiques et philosophiques qui seront traitÊes dans le sÊminaire que je donne en même temps pour les Êtudiants de notre FacultÊ. Le cours public intitulÊ  La foi et l’humour  se dÊroule depuis le 28 fÊvrier jusqu’au 16 mai, de 18h15 à 20h, à l’Uni Philosophes (salle 201) à Genève. - 28 fÊvrier :  Et si l’humour n’existait pas‌ par Hans-Christoph Askani (UniversitÊ de Genève). - 14 mars :  La vie juive avec un sourire  par Éphraïm Meir (UniversitÊ Bat-Ilan, Ramat Gan). - 28 mars :  Vaut-il mieux faire peur ou faire rire ? La mort de JÊsus dans la prÊdication des derniers siècles du Moyen-Âge  par Michel Grandjean (UNIGE). - 11 avril :  Rire satanique et sublime chez Baudelaire  par Patrizia Lombardo (UNIGE). - 2 mai :  Friedrich Dßrrenmatt: l’humour comme catÊgorie religieuse et potentiel artistique  par Pierre Bßhler (UniversitÊ de Zurich). - 16 mai :  La grâce et l’humour  par Hans-Christoph Askani (UNIGE).
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