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Deux vitrines pour une même église
DEUX VITRINES POUR UNE MÊME ÉGLISE
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La fin de l’année 2020 aura marqué l’aboutissement d’un grand bouleversement administratif pour l’église adventiste à La Réunion. L’Assemblée Générale Extraordinaire du 6 décembre 2020 a entériné la création de la FACSAR.
Il faudra un peu de temps aux membres pour assimiler le rôle et les subtilités de la nouvelle association de l’église, la FACSAR. Il faut reconnaitre que cette réflexion juridique ne suscite que peu de passion chez grand nombre de membres. Derrière l’enjeu juridique se cache pourtant un enjeu spirituel crucial. Mais quel est-il ?
Que signifie le sigle FACSAR ?
Commençons par définir ce qu’est la FACSAR. C’est le sigle de la Fédération des Activités Culturelles et Sociales Adventistes de La Réunion. Comme l’indiquent ses statuts, elle a pour but « de créer, développer, promouvoir, soutenir les activités culturelles, sociales, sanitaires, éducatives et humanitaires dans le respect des principes et croyances fondant la doctrine chrétienne adventiste. »1
À première vue, c’est déjà ce que fait la Fédération des Églises Adventistes à La Réunion (FEAR) depuis sa création. Alors pourquoi la création de la FACSAR était-elle nécessaire ?
Essayons de le comprendre en deux temps :
1. Ce que dit la loi
La FEAR est une association cultuelle et en France, « les associations cultuelles ont exclusivement pour objet d’assurer l’exercice public d’un culte religieux. Elles ont pour objet la célébration de cérémonies organisées en vue de l’accomplissement de certains rites ou de certaines pratiques par des personnes réunies par une même croyance religieuse. »2 Elles ne peuvent pas organiser des activités autres que celle-ci, notamment en faveur de personnes ne partageant pas « une même croyance religieuse », autrement dit, les personnes extérieures à l’église.
Il serait impensable de réduire l’église aux seuls cultes d’adoration, saintes cènes et baptêmes, car la mission de l’église a toujours été tournée vers l’extérieur, comme Jésus-Christ le déclare aux apôtres avant son ascension : « vous serez mes témoins […] jusqu’aux extrémités de la terre. »3
Faut-il comprendre que la France interdise l’évangélisation ?
La réponse est non ! La France donne un cadre strict aux associations cultuelles (loi 1905). Mais il existe en France un autre type d’association permettant à l’église d’élargir son champ d’activités au-delà du cultuel. Il s’agit de l’association culturelle (loi 1901).
Aussi, pour être en conformité avec la législation française, sans renoncer notamment à sa vocation missionnaire, l’église se doit d’œuvrer en association culturelle.
2. Etat des lieux de nos associations
L’église adventiste à La Réunion dispose déjà de structures constituées en association (1901), la Fédération Réunionnaise de la Jeunesse Adventiste, la Librairie Signes des Temps, la Ligue Vie et Santé Réunion et Secours Adventiste Réunion. Chacune de ces associations travaille dans un domaine qui lui est spécifique et cela n’englobe pas toutes les activités considérées par l’État comme culturelles.
Dans un souci, d’une part, de corriger ce point en intégrant tous les champs d’activités dites culturelles de l’église et, d’autre part, de simplifier la gestion administrative induite par la multitude de petites associations, l’Assemblée Générale Extraordinaire du 6 décembre 2020 a validé les nouveaux statuts cultuels et a créé une nouvelle association au nom de l’église :
• La FEAR, l’association cultuelle, loi 1905
• La FACSAR, l’association culturelle, loi 1901 (La FACSAR étant destinée à remplacer définitivement les associations culturelles de l’église à La Réunion.)
S’il y a maintenant deux associations, y a-til aussi deux bureaux ?
Le bureau est l’équipe qui administre une association. Dans l’église, nous parlons communément du comité exécutif (EXCOM) et du comité administratif (ADCOM). Les deux associations ont leur propre bureau, mais concrètement, les membres du bureau de la FEAR sont automatiquement nommés ou élus en tant que membres du bureau de la FACSAR, qu’il s’agisse de l’EXCOM ou de l’ADCOM. C’est donc un même groupe de personnes qui administre les deux entités, mais avec deux casquettes.
Qu’est-ce que cela change concrètement pour les membres ?
Le bouleversement est principalement administratif, ne modifiant que très peu le fonctionnement courant de l’église. Chaque association ayant sa propre comptabilité et ses propres financements, le changement le plus notable pour les membres concerne leurs dîmes, offrandes et dons. S’ils continuent à les amener fidèlement à « la maison du trésor », ils veillent dorénavant à utiliser deux enveloppes spécifiques : l’enveloppe rouge de la FEAR pour les dimes et les dons dédiés au patrimoine bâti et la verte de la FACSAR pour les offrandes et autres dons.
Qu’en est-il des antennes locales ?
Si, avec ses deux associations, la fédération de La Réunion a maintenant deux vitrines, c’est aussi le cas pour les églises qu’elle fédère. Les églises deviennent ainsi des antennes locales de la FEAR, pour organiser les activités cultuelles, et parallèlement des antennes locales de la FACSAR, pour organiser les activités culturelles. En somme, elle continue à fonctionner comme avant, car là encore, il n’y a quasiment aucun impact sur la vie de l’église. Un même comité et une même équipe de responsables de département pilotent l’ensemble des activités de l’Église qu’elles soient cultuelles ou culturelles. La différence est surtout administrative.
Notes
1. Article 2 des statuts de la Fédération des Activités Culturelles et Sociales Adventistes de La Réunion
2. https://www.service-public.fr/associations/vosdroits/F21925
3. Actes 1:8