AW French - March 2018

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Mars 2018


Destinations

Par-dessus tout

A BRÉSIL

Couverture Gerald Daniel Obando Cari se sent chez lui dans deux mondes. Né et élevé au Pérou, il a passé les deux dernières années avec ses parents à Salvador, au Brésil, où son père est pasteur d’un district en plein essor dans la partie historique de la ville. Il est sur le point de vivre une nouvelle aventure en tant qu’étudiant admis en 10e année : il fréquentera un pensionnat à Engenheiro Coelho, à Sāo Paulo, à plus de 2 000 kilomètres de chez lui. Gerald aime le foot, la natation, et aime lire des livres sur l’histoire. Il désire mettre en pratique Proverbes 16.3, son texte biblique préféré. « J’aimerais devenir un missionnaire médical – quelqu’un qui peut aider ses semblables tant physiquement que spirituellement. » Photo de couverture : Gerald A. Klingbeil

Sous les projecteurs 10 Soupirer après Dieu La Parole 18 Méditation 22 Ce que nous croyons 26 La Bible répond Mon Église 15 Place aux jeunes 16 Perspective mondiale 24 À la découverte de l’Esprit de prophétie Foi vivante 20 Foi en action 27 Santé et bien-être 28 « Je vais vous raconter… » 30 Foi en herbe – le coin des enfants

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u-dessus du lecteur de cassette sur l’autre lit, je cherche le Seigneur… Quelque part, très loin au-dessus de cette cité éclairée de néons, son Saint-Esprit désire entendre ma prière et y répondre avec joie. » Ces lignes, je les ai écrites il y a 40 ans, depuis le troisième étage d’une auberge de jeunesse pleine à craquer, le tout premier vendredi soir que j’aie jamais passé à Paris. Elles reflètent, tout comme d’autres petits éclats de prose que j’ai consignés dans ce journal écorné, des parties maîtresses de mon éducation adventiste – l’habitude de saluer le sabbat par la prière ; la confiance que ma prière est importante pour un Dieu bienveillant ; et les distractions qui, si fréquemment, s’infiltrent même dans mes moments de prière. Au fil des années, ce « lecteur de cassette sur l’autre lit » qu’un camarade de chambre négligent avait fait jouer pendant mon culte personnel est devenu un symbole puissant de toutes les choses qui font de l’expérience de la prière un exercice tout autant difficile que vital. La vérité, cependant, c’est que je ne peux plus prétendre que les distractions sont toutes causées par les autres. Ma capacité de me distraire moi-même de ma plus importante conversation semble infinie – ou du moins, incessante : restes de fragments du travail d’hier ; inquiétudes devant la journée qui s’amorce ; cacophonie de voix émergeant du flux d’information sur mon smartphone ; perte de focalisation en raison de tâches urgentes oubliées… Toutes ces choses s’immiscent dans mes intercessions et mes requêtes. Toutes conspirent pour me dérober ce temps paisible et tranquille avec Jésus auquel mon cœur aspire et dont mon corps a tellement besoin. Des décennies plus tard, je cherche encore le Seigneur – le vendredi soir, le matin, à toute heure du jour – au-dessus des nombreux morceaux de ma vie qui détournent si facilement mon attention. En vérité, cela peut constituer le plus grand apprentissage des années – à savoir que la foi perdure, que Dieu est patient, que la grâce continue à me donner le privilège de parler avec mon créateur. Ce mois-ci, tandis que vous lisez l’article intitulé « Soupirer après Dieu » de la rubrique « Sous les projecteurs », trouvez un endroit paisible, loin de la foule, pour engager une conversation primordiale avec le Seigneur – avec celui qui désire, encore et toujours, vous entendre et vous répondre avec joie.


Infos

Un membre de la tribu Carajá, dans l’État de Tocantins, au Brésil. Neuf bénévoles adventistes passent une année dans la région pour soutenir les projets d’évangélisation. Photo : Division sud-américaine

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En bref

Arabe Farsi Turc Kurde Anglais Français

« Pas de place dans le royaume de Dieu, ni dans l’Église, pour l’immoralité prédatrice [de l’abus sexuel]. »

Une nouvelle revue de théologie en français

– Dwight Nelson, pasteur en chef de l’église Pioneer Memorial à l’Université Andrews, alors qu’il commentait les révélations récentes fort médiatisées de centaines de cas de harcèlement sexuel.

« Nous savons depuis quelque temps que la caféine est liée Au Moyen-Orient et en Afrique à la cardiopathie, du Nord, le livre Vers Jésus – un classique – est maintenant qu’elle altère disponible dans ces six langues. la qualité Désormais, presque tous les membres d’église pourront lire ce du sommeil, livre dans leur langue maternelle. et qu’elle augmente l’anxiété et la « Les surdoses d’opiacés fauchent dépression. »

5% Classement donné à une région en Écosse, ce qui la porte au nombre des régions du pays les plus défavorisées sur l’index social. L’Église adventiste locale vient juste de signer un bail de location d’un bâtiment au cœur d’une ville, où les membres d’église pourront mettre sur pied un centre de vie saine pour ses résidents. Le bâtiment comporte un auditorium de 80 places, de même qu’une cuisine de qualité commerciale.

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La faculté de théologie du campus adventiste du Salève – l’Université adventiste en France – a publié le premier numéro d’une nouvelle revue théologique intitulée Servir : Revue adventiste de théologie. Publiée en français, cette revue se propose d’encourager la recherche théologique ainsi qu’une réflexion approfondie.

– Ross Grant, directeur général de l’Institut de recherche australasien (ARI) à l’Hôpital adventiste de Sydney, une institution de santé adventiste. ARI a publié une étude montrant que la caféine – aux côtés de la viande rouge, du stress, et du manque de sommeil – est au nombre des facteurs clés ayant un impact négatif sur la santé. Les facteurs sont associés au stress oxydatif – une condition biochimique liée au vieillissement accéléré et au développement de maladies imputables au mode de vie, telles que la cardiopathie et certains types de démence.

la vie d’approximativement 91 Américains par jour. »

– Wonha Kim, directrice du Centre de bioéthique chrétienne à l’École de santé publique de l’Université de Loma Linda. Cette institution de santé adventiste a récemment organisé un panel d’experts pour discuter des questions entourant l’épidémie de dépendance aux opiacés, et de l’abus qu’une telle dépendance entraîne.


En bref

« Nous avons, certes, de grands souliers à chausser, mais cette œuvre a toujours été celle de Dieu. Nous serons fidèles à la tâche qu’il nous a confiée. » – Darren Garlett, premier pasteur indigène nommé directeur du Ministère envers les aborigènes et les insulaires du détroit de Torres, pour l’Église adventiste en Australie.

Jeux olympiques de 2020 : les adventistes japonais se préparent Au Japon, les dirigeants adventistes font des plans pour interagir de façon intentionnelle lors des Jeux olympiques de 2020, lesquels se tiendront à Tokyo. Lors de sa dernière réunion annuelle du leadership, l’Union des fédérations du Japon a discuté de l’importance de commencer à planifier différentes méthodes d’évangélisation, et des façons de partager l’Évangile. Le Japon compte environ 120 millions d’habitants. Moins de un pour cent de cette population est chrétienne, et de ce un pour cent, on ne compte que 15 000 adventistes environ.

« Avant de prendre une décision, je m’agenouille et demande au Seigneur : “Est-ce la bonne décision, Seigneur ?” » – George Konrote, président des Fidji, dans une entrevue donnée quelques jours avant qu’il prenne la parole devant plus de 500 jeunes venus de 13 îles différentes, lors du Congrès de la jeunesse de l’Union des missions Trans-Pacifique, à Sabeto, aux Fidji.

266 Nombre des familles qui, ne pouvant rentrer chez elles, demeureront dans le camp de réfugiés Hassan Sham U2. Depuis décembre 2013, le conflit sanglant entre les forces de sécurité irakiennes et ISIS a forcé de nombreux individus à fuir la région de Mossoul, en Irak, pour échapper aux violentes attaques. Maintenant que la situation est plus stable, des centaines de personnes ont pris le chemin du retour. Toutefois, de nombreuses familles ne peuvent encore partir. L’Agence de développement et de secours adventiste (ADRA) et l’organisation Aide adventiste coordonnent un centre médical de secours dans le camp de réfugiés. Photo : ADRA Irak/Kurdistan AdventistWorld.org Mars 2018

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Actualités

En Amérique du sud, l’Église adopte une déclaration s’opposant à la peine de mort

Ce document a été rédigé en collaboration avec l’Institut de recherche biblique

La rédaction de Adventist World

Lors des réunions de fin d’année, lesquelles se sont tenues à Salvador, dans l’État de Bahia, au Brésil, les délégués des huit pays composant la Division sud-américaine (SAD) ont voté d’accepter une déclaration d’opinion sur la peine capitale, ainsi que sa promotion au sein des églises locales. La déclaration a été élaborée par l’Institut de recherche biblique (BRI) – l’organe de conseil de l’Église mondiale sur les questions d’ordre théologique, en réponse à une demande spécifique de l’Église régionale. Ce document discute de textes et de passages bibliques qui semblent soutenir l’application de la peine de mort par les gouvernements. Voici sa conclusion : « Les adventistes croient que la violence et la peine capitale n’ont aucune place au sein de l’Église. En d’autres termes, l’Église n’est pas chargée d’enlever la vie humaine. » TENEUR DU DOCUMENT

Même si la Bible n’ignore pas la souffrance de ceux qui sont affectés par des crimes odieux, une question se pose, à savoir si la peine capitale est une réponse appropriée, stipule le document. L’application d’une

telle peine « comporte souvent des difficultés de procédure » et « est irréversible » – ce qui « devrait nous rendre très prudents ». Selon la déclaration, il faut avant tout connaître la position biblique sur la peine capitale en étudiant les textes bibliques traitant de ce sujet dans différents contextes. Il est aussi important de la comprendre à partir « d’une anthropologie biblique robuste », tandis qu’au fil des années, l’Église adventiste a émis des déclarations officielles « contre la violence, la guerre, et l’euthanasie, et en faveur de la tolérance et de la non-combattance », y lit-on. « La Bible enseigne la valeur inestimable de toute vie, et particulièrement le caractère sacré de la vie humaine, laquelle a été créée à l’image de Dieu. L’Église adventiste partage une telle valeur, et cherche à conserver et à protéger la vie humaine », poursuit la déclaration. Après avoir expliqué que sous la théocratie de l’Ancien Testament, « la peine de mort est mentionnée dans différents cas », la déclaration stipule que « dans le Nouveau Testament, la loi [de la peine capitale] n’est pas appliquée dans l’Église chrétienne ». Elle ajoute :

Photo : Gerald A. Klingbeil 6

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« Lors de son premier avènement, Jésus a mis fin à la théocratie juive et a établi l’éthique de son royaume. » Citant 1 Corinthiens 5 – un exemple spécifique de relation incestueuse – le document déclare que dans le Nouveau Testament, « la peine capitale n’était plus pratiquée par le peuple de Dieu ». Dans ce contexte, « l’exécution des hérétiques – à laquelle se livrèrent certaines Églises chrétiennes dans le passé – est du point de vue biblique non seulement injustifiée, mais aussi absolument erronée et illégale ». LES GOUVERNEMENTS ET LA PEINE CAPITALE

La déclaration aborde ensuite deux textes bibliques spécifiques : Genèse 9.5,6, et Romains 13.4 – textes couramment utilisés pour soutenir le droit de l’État d’appliquer la peine de mort. Après une analyse contextuelle, le document reconnaît qu’« actuellement, au sein de la communauté chrétienne plus large ou de l’Église adventiste, on ne s’entend toujours pas sur l’interprétation de ces textes ». Il ajoute : « Par conséquent, on achoppe sur la question suivante : du point de vue biblique, les gouvernements ont-ils le droit, le devoir même, d’instituer la peine capitale ? » Dans le dernier paragraphe du document, les membres du Comité d’éthique de BRI – lesquels ont élaboré le document – recommandent aux membres d’église de ne pas s’impliquer dans des campagnes promouvant la peine de mort. « La mission de l’Église ne consiste pas à promouvoir la mort, mais à annoncer la vie et l’espérance. »


Actualités

En Colombie, un dirigeant adventiste milite pour une « société inclusive »

Le directeur de la liberté religieuse de l’Église adventiste rencontre des dignitaires du gouvernement

Bettina Krause, Affaires publiques et Liberté religieuse

Photo : Association internationale de la liberté religieuse

Tandis qu’une Colombie épuisée par la guerre fait face aux défis qu’engendrent les opérations de consolidation de la paix après des décennies de conflit avec des groupes rebelles, un dirigeant adventiste a rappelé à des dignitaires du gouvernement que les groupes religieux minoritaires ont un rôle précieux à jouer. « Un dialogue inclusif, un dialogue qui attire des voix de toutes les parties de la société colombienne, favorisera une paix solide et durable », a dit Ganoune Diop, directeur des Affaires publiques et de la liberté religieuse pour l’Église adventiste mondiale, lors d’une réunion le mois dernier avec Guillermo Rivera Flórez, ministre de l’Intérieur de la Colombie. Lors de cette réunion qui s’est tenue le 9 novembre 2017 au bureau du ministre à Bogota, capitale du pays, Ganoune Diop a parlé de shalom – le terme hébreu pour paix. Ganoune Diop : « Ce mot englobe l’idée de « complétude » et l’inclusion de toutes les parties. Il ne peut y avoir de shalom – de paix profonde et durable – sans une large participation de tous les secteurs de la société, dont les voix des groupes religieux minoritaires. » Depuis la fin des années 1950, la Co-

lombie a été le théâtre d’une agitation et de violences continues alors que les groupes rebelles de gauche et les organisations paramilitaires de droite se sont battus contre le gouvernement. Ce conflit a été marqué par l’usage répandu de la torture, par les meurtres, et par la prise d’otage. Selon les rapports, des groupes rebelles se sont aussi engagés dans la culture de la cocaïne à grande échelle et dans le trafic de drogue pour financer leurs activités, ce qui, en retour, a alimenté l’ascension de puissants barons de la drogue. Selon des évaluations effectuées par le Centre national de mémoire historique de la Colombie, le conflit a déraciné plus de 5 millions de Colombiens de chez eux, et tué plus de 220 000 individus, des civils pour la plupart. Bien qu’un accord de paix historique ait été établi l’année dernière entre le gouvernement et les groupes rebelles, la tâche consistant à guérir les blessures du passé et à construire une société post-conflit nouvelle est décourageante. Plus de 80 pour cent de la population colombienne se dit catholique romaine, laquelle a été jusqu’en 1991 la religion d’État officielle. Bien que la liberté de religion ou de croyance

soit protégée constitutionnellement dans le pays, Ganoune Diop dit que les membres des Églises minoritaires en Colombie trouvent parfois difficile de faire entendre leurs voix dans le discours public plus large. « Ces confessions, dont l’Église adventiste en Colombie, souhaitent être des partenaires productifs en établissant une société plus stable, plus inclusive, plus paisible », a-t-il souligné. Ganoune Diop a rencontré le ministre de l’Intérieur Rivera à titre de membre d’une délégation de dirigeants chrétiens mondiaux, lesquels se trouvaient en Colombie pour une réunion du Congrès des secrétaires des confessions chrétiennes mondiales (CS/CWC). Le CS/CWC est un rassemblement informel de dirigeants de différentes confessions chrétiennes en un lieu différent chaque année. Ils y tiennent des conversations bilatérales et multilatérales pour dissiper les préjugés et l’hostilité, et pour partager des préoccupations, des informations, et des nouvelles sur leurs confessions respectives. Ganoune Diop sert en tant que secrétaire du CS/CWC depuis 2014, et l’Église adventiste mondiale est représentée à ces réunions annuelles depuis plus de 50 ans.

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Coup d’œil sur… la Division Afrique centre-est (ECD)

3 792 471 Effectif de l’ECD en novembre 2017

Au Burundi, des émissions de radio atteignent un public mondial grâce à WhatsApp Une émission de radio adventiste diffusée sur la radio nationale du Burundi a rejoint un public mondial par le biais de WhatsApp, surtout parmi ceux qui s’expriment en kirundi. L’émission, intitulée Ijwi Ry’Inzamba Y’Iherezo (La voix de la dernière trompette) est offerte par l’Église adventiste au Burundi. Diffusée tous les samedis, elle a suscité un intérêt international chez des auditeurs de radio du monde entier.

« Ces camps devraient être le début d’un partenariat entre le gouvernement et l’Église adventiste dans l’éradication de la pauvreté et de la toxicomanie. » Jolly Kagira, représentante du gouvernement ougandais, dans un commentaire sur les plus de 3 000 camps médicaux gratuits mis en place par l’Église adventiste à travers le pays. Ces camps prodiguent des soins médicaux et offrent des études bibliques.

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Au Rwanda, l’Université adventiste décerne des diplômes à 657 étudiants

Nombre de détenus servis dans le cadre d’une initiative dirigée par l’église adventiste Newlife, à Nairobi, au Kenya. Les membres d’église organisent des classes de l’École du sabbat pour les prisonniers, ce qui occasionne une

L’Université adventiste du centre de l’Afrique (AUCA) a récemment remis des diplômes à 657 étudiants – un chiffre record – dont 386 (57 pour cent) sont des femmes. Pour la toute première fois, l’université a décerné des diplômes de

croissance spirituelle au sein de cette communauté. Récemment, 400 d’entre eux y ont participé ! Depuis le lancement de cette initiative en 2012, environ 1 000 détenus ont été baptisés.

maîtrise en administration des affaires (MBA) et de maîtrise en éducation.

Une fois par mois, des adventistes au Rwanda se réunissent pour offrir une journée de services à la communauté. Le gouvernement rwandais a félicité l’Église pour son engagement à servir. (^-)

« Vous n’êtes pas seuls. Mais à partir de maintenant, vous volerez de vos propres ailes. Sortez donc pour servir Dieu et vos semblables où que Dieu vous envoie. » Blasious Ruguri, président de l’ECD et chancelier d’AUCA, exhortant les diplômés de l’université à servir leurs collectivités alors qu’ils quittent l’université.

Photo : Rwanda Union Mission 8

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Point de vue

Glenn Townend, président de la Division Pacifique Sud

Photo : Xan Griffin

Où sont-ils donc ? Visiter une église et une communauté dont on a déjà été pasteur ou membre est toujours une expérience émouvante. Il est encourageant de voir que les fidèles avec qui l’on a travaillé dans les différentes communautés et lors des efforts d’évangélisation, servent encore Dieu fidèlement et au mieux de leurs capacités. Quelle joie de voir que les anciens adventistes que l’on a visités et qui, croyait-on, ne reviendraient jamais à l’église, sont aujourd’hui des disciples de Jésus pleinement engagés ! Qu’il est satisfaisant de voir que ces gens que l’on a baptisés et que l’on a quittés alors qu’ils n’étaient que des nourrissons spirituels font aujourd’hui partie du comité d’église et dirigent l’École du sabbat des enfants ! Qu’il est merveilleux de voir que ces indécis à qui l’on a donné des études bibliques et des séminaires se réjouissent aujourd’hui dans la vérité de Jésus et aident leurs semblables à découvrir une vie nouvelle par la foi en Jésus ! Sur ces mots, j’aimerais poser ma plume, remercier Dieu, et simplement m’attarder sur ces histoires. Mais le tableau, hélas, est incomplet. Que dire de ceux dont on se rappelle tendrement et qui ne sont plus là ?… Après enquête, on découvre que quelques-uns sont décédés et attendent de se réjouir en Jésus.

D’autres ont été transférés dans une autre église. Il y a aussi ceux dont les histoires ne génèrent que du chagrin. Je pense au moniteur de l’École du sabbat qui n’avait pas son pareil pour mettre sur pied un groupe et amener les participants à s’intéresser à la Bible. Il ne vient plus à l’église parce que de mauvaises langues ont répandu des mensonges sur son compte. Je pense à la femme qui dirigeait une classe d’exercices physiques. De nombreuses personnes de la collectivité participaient à cette activité. Pourquoi ne vient-elle donc plus à l’église ? Parce que le comité d’église a tout fait pour bloquer et stopper son ministère à cause du genre de vêtements que les participants portaient pendant les sessions d’exercice. Je pense aux enfants avec lesquels j’ai participé aux Explorateurs et à l’École du sabbat. Ce sont maintenant des avocats, des architectes, des gens d’affaires, tous prospères. Mais ils ne sont pas là ! Et personne ne semble savoir pourquoi. Je pense à un médecin, à un mécanicien, à un fleuriste. Aucun d’eux ne trouve l’église intéressante. Certains sont des antagonistes ; d’autres sont simplement allés à la dérive. En constatant ces choses, j’éprouve du chagrin. À l’échelle mondiale, ces gens représentent 50 pour cent de tous les adventistes, nous disent les statistiques, qui ne s’associent plus à nous. Les églises locales sont très fluides. La Parole de Dieu et l’Esprit changent puissamment des vies en butte à des

effondrements relationnels, à des dettes financières, à un manque de travail significatif, à la maltraitance de la part d’un conjoint, à la vengeance d’un ami jaloux. Mais parfois, ces fragilités humaines ont un impact sur les autres et donnent aux gens une raison de quitter l’Église. Au sein de bien des églises, l’absence de ceux qui, d’ordinaire, étaient là – fils, fille, cousin, frère, sœur, oncle, père, mère, meilleur ami – cause un chagrin latent considérable. Leur éloignement nous est douloureux. Nous prions et savons que Dieu entend et agit, mais aussi qu’il ne force jamais la volonté de ces personnes qu’il aime infiniment plus que nous ne les aimons. Nous le savons, mais nous souffrons quand même. Tandis que nous prions pour les autres, demandons à Dieu de nous aider à persévérer jusqu’à la fin (Mt 24.13). Car il arrive que la vie dans l’église ressemble à des montagnes russes émotionnelles. De quelle autre façon pouvons-nous gérer une telle souffrance ? Outre la prière, nous pouvons choisir d’être différents. Utilisons la douleur de la perte pour devenir plus authentiques ; pour écouter, pour prier, pour nous soutenir et nous conseiller les uns les autres sans jugement (Mt 7.1,2 ; Rm 13.8 ; Col 3.13). C’est ça, être disciple de Jésus. Et c’est le genre d’église que nous recherchons tous. Cet article a d’abord paru dans la revue Adventist Record.

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Sous les projecteurs

Soupirer après Dieu Le paradoxe de la prière FRANK M. HASEL

L

a prière est fort importante pour notre vie spirituelle. Elle donne la force de résister aux tentations. Elle a la puissance d’éliminer la peur et d’insuffler l’espoir. Elle assujettit même les forces démoniaques et change littéralement les gens et le cours des événements. Elle accroît l’efficacité de notre œuvre pour le royaume. Elle est tout aussi essentielle à notre vie spirituelle que la respiration l’est à notre vie physique. Bref, nous avons tous entendu parler des résultats de la prière et entendu des histoires racontant sa puissance. Pourtant, bien que nous sachions ces choses, nous passons souvent à côté de la prière ! Alors que nous avons désespérément besoin d’elle, nous l’évitons avec une aisance déconcertante… Quel paradoxe étrange ! Se pourrait-il que nous soyons fatigués d’une routine ennuyeuse ? Las de demander sans cesse à Dieu de nous aider ou de satisfaire nos désirs ? Y allons-nous de prières toutes faites, répétitives qui, au fil du temps, sont devenues superficielles et creuses ? Au fond, peut-être avons-nous perdu contact avec Dieu. Notre raison sait que nous pouvons demander à Dieu n’importe quoi, que rien ne lui est impossible. Mais bien souvent, cette réalité spirituelle est, pour nous, très différente. EST-CE QUE ÇA MARCHE VRAIMENT ?

Je me souviens très distinctement d’une jeune étudiante qui, ayant assisté à ma présentation « l’ABC de la prière biblique » à un groupe de jeunes de l’église1, m’a abordé environ trois semaines plus tard. Passablement bouleversée et agitée, elle s’est écriée : « Ça ne marche pas ! Ce que vous

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Image : Diana Simumpande


« Prier, c’est ouvrir à Dieu son cœur comme on le ferait à son plus intime ami. Non pas que la prière soit nécessaire pour instruire Dieu de ce qui nous concerne, mais elle nous met à même de le recevoir. La prière ne fait pas descendre Dieu jusqu’à nous : elle nous élève jusqu’à lui. » – Ellen G. White, Vers Jésus, p. 142.

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nous avez dit n’est pas vrai ! » Que s’était-il donc passé ? Elle m’a alors raconté son histoire. Sa camarade de chambre n’a pas la même conception qu’elle de la propreté, de l’ordre, et du confort. Elle laisse des piles de vaisselle sale dans l’évier de la cuisine pendant des jours ! Plutôt que de s’efforcer d’améliorer sa relation avec sa camarade de chambre, cette étudiante a commencé à prier pour qu’elle soit plus ordonnée. Pas question pour elle d’exercer plus longtemps sa patience ; par contre, sa camarade de chambre devait se plier à sa façon de voir les choses. Il n’est pas mauvais de prier pour les autres. Après tout, c’est ce que nous faisons lorsque nous demandons à Dieu de convertir nos semblables et de changer leur cœur. Mais se pourrait-il que nos prières, bien que fréquemment revêtues d’un manteau de piété, soient, au fond, l’expression de nos mobiles égoïstes ? Qu’elles procèdent souvent de l’intérêt personnel plutôt que d’un amour authentique pour les autres ? Je peux prier pour la conversion de mon conjoint simplement parce que ma vie en sera facilitée. Je peux

demander à Dieu des choses spécifiques parce qu’étant maintenant habitué à un certain standard de vie, je ne me contente plus de moins. Je peux prier pour qu’il m’accorde la santé parce que je crains de souffrir et ne veux surtout pas que la maladie perturbe ma petite existence. Je peux même prier pour l’efficacité de mon travail pour la cause de Dieu simplement parce que j’y jouerai un rôle significatif et que mon influence sera renforcée si ma prière est exaucée… TROUVER LE CENTRE DE LA PRIÈRE

Trop souvent, nos prières se centrent non sur Dieu, mais sur nous. Trop souvent, nous utilisons la prière comme un distributeur automatique spirituel. Tout tourne autour de notre « Seigneur, je veux… ». Quand nous prions, nous devons nous refocaliser sur Dieu et reléguer les choses au second plan. Faisons du Seigneur le centre de nos prières. Notre quête et notre appréciation de la présence de Dieu importent beaucoup plus que les choses que celui-ci nous accorde. Se pourrait-il qu’il nous faille redécouvrir la prière qui est agréable

à Dieu2 ? Une telle prière commence par une communion personnelle avec le Créateur plutôt que par une liste de souhaits et de requêtes. Lorsque nos souhaits ne s’ancrent pas dans une relation vivante avec lui, ils reflètent davantage nos désirs et nos conceptions du bien-être que la volonté divine. Mais dès que nous comprenons que notre relation avec Dieu et notre admiration de son caractère constituent l’axe central de nos prières, celles-ci retrouvent une focalisation absolument nouvelle. Nous commençons à penser et à prier du point de vue de Dieu ; nous nous mettons à voir nos requêtes, nos désirs, nos circonstances, et même notre vie tout entière à travers ses yeux. C’est ce que des personnages bibliques ont fait avec succès, nous laissant un exemple à imiter. Lorsque de nombreux ennemis menacèrent de détruire le royaume de Juda, le roi Josaphat ne sut que faire pour venir à bout de telles forces ennemies. Au lieu de commencer sa prière en mentionnant son grand besoin d’aide ou en demandant à Dieu d’intervenir, il fixa les yeux sur son créateur, sur ses capacités. Il évoqua sa fidélité en citant ses actes salvateurs passés

La prière : dix textes bibliques importants Si mon peuple sur qui est invoqué mon nom s’humilie, prie, et cherche ma face, et s’il se détourne de ses mauvaises voies, – je l’exaucerai des cieux, je lui pardonnerai son péché, et je guérirai son pays. (2 Ch 7.14) Prête l’oreille à mes paroles, ô Éternel ! Écoute mes gémissements ! Sois

attentif à mes cris, mon roi et mon Dieu ! C’est à toi que j’adresse ma prière. Éternel ! Le matin tu entends ma voix ; le matin je me tourne vers toi, et je regarde. (Ps 5.2-4) Je t’invoque, car tu m’exauces, ô Dieu ! Incline vers moi ton oreille, écoute ma parole ! (Ps 17.6) Image : Josh Applegate


(voir 2 Ch 20.5-12). Il termina sa prière par ces paroles : « Nos yeux sont sur toi. » (v. 12) Ainsi, plutôt que de se focaliser sur les difficultés auxquelles il était en butte, Josaphat se focalisa sur le Maître de tout – même de nos difficultés. En considérant notre réalité du point de vue divin, nos difficultés apparaissent sous un jour nouveau. Lorsque nous pensons consciencieusement au caractère, aux qualités et aux capacités de Dieu, et qu’à cause d’eux, nous adorons notre créateur, nos prières s’animent d’une nouvelle vie spirituelle. Soudain, elles contiennent un élément de révérence et d’admiration. Nos problèmes ne sont plus le centre de nos prières – Dieu l’est. De telles prières ne font pas descendre Dieu à notre niveau ; elles nous élèvent plutôt en sa présence. La prière ne change pas Dieu. Elle nous change. Une telle prière focalisée sur Dieu nous permet de devenir honnêtes avec nous-mêmes et avec Dieu. À la lumière de son amour et de sa sainteté, nous commençons à percevoir différemment notre personne, nos désirs et nos besoins. Comprise de

« Nous avons le privilège d’ouvrir notre cœur et de laisser entrer la lumière de la présence du Christ. Mon frère, ma sœur, tournez-vous vers la lumière ! Entrez réellement et personnellement en contact avec Christ, afin de pouvoir exercer une influence qui élève et ravive. Que votre foi soit forte, pure, inébranlable. Que votre cœur déborde de reconnaissance envers Dieu. Le matin, à votre réveil, agenouillez-vous à côté de votre lit. Priez Dieu de vous donner la force de remplir vos devoirs et de résister aux tentations de la journée. Demandez-lui de vous aider à imprégner votre travail de la douceur du caractère du Christ. Suppliez-le de vous aider à prononcer des paroles qui insufflent espoir et courage à votre entourage, des paroles qui vous rapprochent du Sauveur. » – Ellen G. White, Sons and Daughters of God, p. 199.

cette manière, la prière devient alors une expression première de notre amour pour Dieu ! AVOIR UN APERÇU DE SON AMOUR

Pourquoi Dieu exaucerait-il nos prières ? Lorsque nous nous approchons de lui par la prière, nous n’avons absolument rien pour nous recommander – aucun registre de réalisations impressionnantes, aucune sagesse, aucun amour qui nous rend particulièrement dignes. Nous n’avons rien qui fasse de Dieu notre débiteur, rien pour l’obliger à nous manifester sa faveur.

L’Éternel est près de tous ceux qui l’invoquent, de tous ceux qui l’invoquent avec sincérité. (Ps 145.18)

est dans les cieux donnera-t-il de bonnes choses à ceux qui les lui demandent. (Mt 7.11)

Vous m’invoquerez, et vous partirez ; vous me prierez, et je vous exaucerai. (Jr 29.12)

C’est pourquoi je vous dis : Tout ce que vous demanderez en priant, croyez que vous l’avez reçu, et vous le verrez s’accomplir. (Mc 11.24)

Si donc, méchants comme vous l’êtes, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, à combien plus forte raison votre Père qui

De même aussi l’Esprit nous aide dans notre faiblesse, car nous ne savons pas

Alors pourquoi Dieu exaucerait-il nos prières ? La réponse est simple : « Parce que Dieu est sa propre raison de répondre. La prière trouve son espérance non dans les qualifications de celui qui prie, mais dans le caractère et le plan du Dieu qui entend3. » Dieu exauce nos prières parce qu’il est amour et qu’il nous aime d’un tendre amour. Et parce que Dieu est Dieu, il aime nous donner bien plus et bien au-delà de ce que nous pouvons comprendre et demander ! Il nous accorde d’abord et avant tout la bénédiction de sa présence. C’est dans cette relation qu’il se réjouit lorsque nous demandons de grandes choses de sa part.

ce qu’il nous convient de demander dans nos prières. Mais l’Esprit lui-même intercède par des soupirs inexprimables. (Rm 8.26) Par amour fraternel, soyez pleins d’affection les uns pour les autres ; par honneur, usez de prévenances réciproques. Ayez du zèle, et non de la paresse. Soyez fervents d’esprit. Servez le Seigneur. Réjouissez-vous

en espérance. Soyez patients dans l’affliction. Persévérez dans la prière. (Rm 12.10-12) Ne vous inquiétez de rien ; mais en toute chose faites connaître vos besoins à Dieu par des prières et des supplications, avec des actions de grâces. (Ph 4.6)

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Une telle relation de prière avec Dieu savoure le temps passé en la présence de notre créateur et rédempteur. Malheureusement, nous sommes devenus habitués à la prière de style « fast-food ». Notre culture ne supporte pas un rythme de vie qui cultive naturellement la prière qui prend du temps. Prendre le temps, c’est apprendre à attendre. Mais notre rythme de vie est plus souvent déterminé par les micro-ondes et les McDonald. Lorsque nous présentons à Dieu notre liste de souhaits, nous nous attendons à recevoir ses réponses dans les secondes qui suivent. Nous voulons que nos prières soient exaucées instantanément : « Seigneur, accorde-moi la patience… Et accorde-la-moi tout de suite ! » gémissons-nous. Tandis que Dieu écoute nos « McPrières » précipitées – et souvent égoïstes – elles feront souvent bien peu pour nous en termes de nourriture spirituelle ou de disposition à entendre la volonté divine. Les prières « fast-food » n’auront pas l’impact profond qui seul procède de la prière persévérante. Jésus, certes, n’a pas vécu dans une culture au rythme rapide comme la nôtre. Cependant, il a fait face à un défi temporel plus pressant encore. Il n’avait que trois courtes années pour compléter son plan du salut. Quelques mois de ministère signifiaient que beaucoup de gens ne seraient pas guéris, enseignés, et discipulés. Mais à la fin de sa vie, Jésus put quand même s’écrier : « Tout est accompli ». Si Jésus n’accomplit sans doute pas tout ce qu’il aurait pu accomplir s’il avait eu davantage de temps, en revanche, il atteignit l’objectif de sa mission. Lors des moments où il communiait paisiblement avec son Père, la prière l’aida à discerner ses priorités, à cristalliser les plus importantes, et à écarter les moins urgentes. De même, le moment de prière en compagnie de notre créateur et Dieu sauveur a, lui aussi, un impact profond sur notre existence. Dès que nous commençons à rencontrer Dieu régulièrement dans la prière, nous changeons. Et nos valeurs aussi. Ces choses qui auparavant nous semblaient essentielles sont, soudain, moins importantes. Alors qu’elles perdent de leur fascination, d’autres revêtent une signification nouvelle. Nous voyons nos semblables d’un œil différent. La prière en la présence de Dieu est un moyen des plus efficaces d’obtenir un cœur nouveau. Elle nous donne une nouvelle direction, une nouvelle motivation, ce qui nous permet de voir les choses du point de vue divin. Une telle prière est, à coup sûr, une merveilleuse occasion de permettre à Dieu de nous modeler à son image.

« C’est la prière qui unit les cœurs. C’est la prière demandant au grand Médecin la guérison de l’âme qui entraînera la bénédiction divine. La prière nous unit aux autres et à Dieu. C’est elle qui attire Jésus à nos côtés et communique aux cœurs abattus et défaillants une force nouvelle pour vaincre le monde, la chair et Satan ; c’est elle qui détourne les assauts de cet adversaire. » – Ellen G. White, Our High Calling, p. 177.

Pour ceci et pour de nombreuses autres idées de prière pratiques, voir Frank M. Hasel, Longing for God: A Prayer and Bible Journal, Nampa, Idaho, Pacific Press Pub. Assn., 2017, p. 121-124 ; voir aussi l’importante condition préalable « Prayer That Pleases God », p. 43-45. 2 Ibid., p. 42-45. 3 Paul David Tripp, A Shelter in the Time of Storm: Meditations on God and Trouble, Wheaton, Ill., Crossway Books, 2009, p. 53. 1

Frank M. Hasel, originaire de l’Allemagne, est directeur adjoint de l’Institut de recherche biblique à la Conférence générale.

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Image : Ben White


Place aux jeunes

Êtes-vous vraiment un adventiste du septième jour ?

B

onjour ! C’est ton pasteur à l’appareil. Tu as été nommé responsable adjoint de la jeunesse. » Cette nouvelle me paralyse. Comment peut-on s’attendre à ce qu’un jeune de 23 ans dirige efficacement les jeunes d’une congrégation de 3 000 membres ? Mon église est l’une des 50 églises adventistes au service des 6,5 millions de résidents du Nairobi métropolitain, au Kenya. Je forge alors des dizaines d’excuses, avec force de détails, quant à mon inaptitude pour cette tâche colossale de leadership. Ils peuvent sûrement trouver des membres plus âgés, plus qualifiés, et plus expérimentés qui feraient parfaitement l’affaire, non ? En fait, je parie que je battrais un Moïse bégayant à son jeu des excuses au buisson ardent ! Notre plus grand défi en tant que dirigeants de la jeunesse consiste à trouver la façon d’attirer les jeunes à l’église, à capter leur attention, et à les inciter à participer activement et régulièrement aux programmes pour les jeunes le sabbat après-midi. Comme à bien d’autres endroits dans le monde, notre église est souvent pleine à craquer le sabbat matin à l’heure du culte ; mais l’après-midi, seule une poignée de précieux jeunes participent à nos programmes. Comment ces programmes pourraient-ils rivaliser avec les attraits que la société sécularisée postmoderne a à offrir ? Tandis que nous réfléchissons à cette question, nous sentons le besoin de recourir à des méthodes non conventionnelles et novatrices, lesquelles trouvent un bon équilibre entre la maturité spirituelle et une pertinence moderne. Notre objectif étant d’enflammer la passion de nos jeunes pour Christ, nous décidons de lancer un service spécial pour les jeunes intitulé « Enflammés ». Pendant ce programme d’une heure et demie, un présentateur de nouvelles d’une station de télévision pour le grand public « anime » le service. Entre les sessions de prière et d’adoration, on présente des entrevues interactives avec des personnalités célèbres au sujet de leur parcours spirituel, et de la musique interprétée par des musiciens adventistes chevronnés. Le service se termine par une prédication dynamique et christocentrique. Abel Kirui, un marathonien adventiste de calibre international et médaillé olympique, est l’une des célébrités locales que nous interviewons. Il partage son témoignage personnel – comparable à celui d’Eric Liddell (du Image : Frederick Kimani

célèbre film Les chariots de feu), et à celui de Desmond Doss (Tu ne tueras point). Sa décision inébranlable de ne pas participer aux compétitions le sabbat est d’une grande inspiration pour les jeunes et les encourage à tenir bon pour leur foi au lieu de travail. Lors d’un autre service, nous interviewons la nièce de Chinua Achebe – un auteur africain prolifique pressenti à plusieurs reprises pour le prix Nobel de littérature. Elle raconte comment sa famille a découvert l’adventisme et nous dévoile le côté spirituel peu connu de son oncle célèbre. Tous nos programmes visent à inciter nos jeunes adultes à adopter un parcours de foi actif dans tous les secteurs de leur vie. Christ ne doit pas être un personnage historique dont on entend juste parler le sabbat, mais devenir un être réel, tangible et personnel dans notre vie quotidienne. Dans le monde actuel, de nombreux jeunes sont en butte à l’indifférence. Je suis un adventiste de troisième génération. Pendant mon enfance, ma présence à l’église n’était pour moi qu’une case à cocher de ma liste hebdomadaire d’activités routinières. Au fil des années, j’ai finalement compris la nécessité d’un changement de paradigme dans ma propre pensée. Il faut troquer la religion routinière contre un mode de vie pertinent en matière de culte, et avoir un impact actif sur chaque secteur de notre vie – sept jours sur sept. Ceci inclut de mourir chaque jour à nos propres désirs afin de vivre pour Christ 24/7. Un Paul du 21e siècle exhorterait les adventistes à être transformés en adventistes de sept jours – ce qu’il a résumé en ces termes : « Je vous exhorte donc, frères, par les compassions de Dieu, à offrir vos corps comme un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui sera de votre part un culte raisonnable. » (Rm 12.1) Comment un sacrifice peut-il devenir « vivant » quand son seul objectif est la mort ? Or, être un adventiste du septième jour, c’est exactement cela : un sacrifice vivant.

Frederick Kimani est médecin consultant à Nairobi, au Kenya. Avec passion, il s’efforce de jeter des ponts entre Dieu et les jeunes par le biais de la musique. AdventistWorld.org Mars 2018

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L Perspective mondiale

Parvenir à la véritable lumière Accepter la Parole de Dieu textuellement

’homme était animé des meilleures intentions. Pendant 77 ans, il avait accompli de grandes choses, et cependant, un autre projet lui tenait à cœur. Il rassembla soigneusement les articles nécessaires à son exécution : un rasoir bien affuté, de la colle, et « six volumes publiés en anglais, français, latin, et grec des Évangiles du Nouveau Testament »1. Plaçant les articles sur une surface plane, il commença son travail méticuleux : il découpa puis colla des fragments des Évangiles qu’il considérait pertinents pour raconter « une histoire chronologique et révisée de la vie, des paraboles, et de l’enseignement moral de Jésus. Il écarta les passages qu’il ne pouvait soutenir par la raison ou qui, selon lui, n’étaient que des embellissements ajoutés ultérieurement, tels que les miracles et la résurrection2. » Il qualifiait ces événements surnaturels « de choses impossibles, de superstitions, de fanatisme, et de pure fabrication »3. LA BIBLE DE JEFFERSON

C’est à partir de cette Bible que Thomas Jefferson a créé sa nouvelle Bible. Remarquez les sections découpées de cette page.

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Complété en 1820, ce livre artisanal de 84 pages devint connu sous le nom de Bible de Jefferson, bien qu’il fut initialement intitulé The Life and Morals of Jesus of Nazareth Extracted Textually from the Gospels in Greek, Latin, French, and English par le compilateur lui-même, à savoir, Thomas Jefferson. Instruit, doué en de nombreux domaines, Jefferson fut le troisième président des États-Unis d’Amérique et le principal auteur de la Déclaration d’indépendance des États-Unis. Déiste, il « martelait que la vérité religieuse devrait être soumise à l’autorité de la raison humaine plutôt qu’à la révélation divine »4. Comme les déistes nient que la Bible est la Parole révélée de Dieu, ils rejettent les Écritures en tant que source de doctrine religieuse. Faisant Image : Hugh Talman/Musée national d’histoire américaine de l’Institut Smithsonian


partie des élites intellectuelles du « Siècle des lumières » du 18e siècle, Jefferson sondait les Écritures à travers ses lunettes naturalistes, et n’acceptait que ce que l’on pouvait expliquer par une vision naturaliste ou scientifique du monde5. Tandis qu’il purgeait les Évangiles des « inventions » qui, selon lui, leur furent ajoutées plus tard, Jefferson croyait qu’il conservait les purs enseignements de Jésus. Cette pratique du « Siècle des lumières » est largement utilisée aujourd’hui sous le nom de méthode historico-critique. Cette méthode continue de placer la raison humaine au-dessus de la révélation divine dans les Écritures, d’écarter l’intervention surnaturelle, et de chercher à trouver une explication par le biais de suppositions et de compréhensions humanistes. Bien que ceux qui utilisent la méthode historico-critique aujourd’hui n’utilisent plus de rasoir et de colle pour créer leur propre version des Écritures à l’instar de Jefferson, le résultat est le même : une version humaniste médiocre d’un livre divinement inspiré. L’HERMÉNEUTIQUE PROTESTANTE

La méthode historico-biblique6 est, à l’opposé, la méthode protestante de l’interprétation biblique dont Martin Luther et d’autres réformateurs protestants se servaient. C’est cette méthode que les adventistes utilisent depuis le début du mouvement adventiste. C’est aussi la façon dont les écrivains bibliques interprètent les Écritures : comparer les Écritures avec les Écritures. Contrairement à la méthode historico-critique, la méthode historico-biblique (aussi connue en tant que méthode historico-grammaticale) estime qu’il existe un Dieu créateur et actif à travers l’histoire humaine. Elle accepte que « toute Écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice » (2 Tm 3.16). Elle reconnaît que « le cœur est tortueux par-dessus tout, et [qu’]il est méchant : Qui peut le connaître ? » (Jr 17.9), et du coup, que la raison humaine ne peut s’ériger en juge de la Parole de Dieu. Lorsque Dieu créa les êtres humains, il les dota de la raison – de la capacité d’observer, d’analyser, et de tirer des conclusions7. Donc, par la prière, la direction du Saint-Esprit, et une raison sanctifiée soumise à Dieu et à sa volonté, nous sommes parfaitement capables d’avoir une compréhension claire de la Parole de Dieu. LE PREMIER ET LE PLUS IMPORTANT DEVOIR

L’inspiration divine nous dit : « Le premier et le plus important devoir de tout être raisonnable, c’est d’apprendre par les Écritures ce qu’est la vérité ; c’est de marcher dans la lumière, et d’encourager ses semblables à faire de même. Nous devons chaque jour étudier la Bible avec diligence, nous arrêtant avec soin sur chaque pensée et comparant les versets entre eux8. » Nous sommes également instruits de la façon de comprendre les Écritures : « Là où il n’y a ni figures ni

symboles, il faut donner aux termes de la Bible leur sens le plus évident. […] « Si l’on voulait attribuer aux paroles de l’Écriture leur sens propre, s’il n’y avait pas de faux docteurs pour égarer et troubler les esprits, il s’accomplirait sur la terre une œuvre qui réjouirait les anges et grâce à laquelle des milliers de brebis qui errent maintenant dans les ténèbres seraient introduites dans le céleste bercail9. » Finalement, nous sommes exhortés à utiliser notre intelligence tandis que nous étudions les Écritures, mais toujours dans un esprit humble, disposé à apprendre, comptant sur Dieu pour obtenir la sagesse. Ellen White a écrit : « Nous devons appliquer toutes nos facultés à l’étude de la Parole, en nous efforçant de pénétrer, aussi loin qu’il est possible à des mortels, dans les profondeurs de Dieu, sans oublier que la docilité et la soumission d’un enfant sont les véritables caractéristiques d’un disciple. On ne saurait résoudre les difficultés scripturaires au moyen des méthodes utilisées pour résoudre les problèmes philosophiques. Nous ne devons pas entreprendre l’étude de la Bible dans l’esprit de suffisance avec lequel tant d’hommes abordent le domaine scientifique, mais avec prière, en comptant humblement sur Dieu, et avec le désir sincère de connaître sa volonté. Autrement, les mauvais anges aveugleront notre entendement et endurciront nos cœurs au point que la vérité ne fera sur nous aucune impression10. » L’un de mes passages bibliques préférés est Jean 1.1 : « Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu. » La Parole de Dieu est puissante ! Dans cette collection d’écrits sacrés produite sur une période de 1 500 années, Dieu parle d’une même voix. À travers les siècles, les langues, les lieux, et les cultures, la vérité immuable de Dieu est proclamée par sa Parole révélée – la Bible. Ce n’est pas la Bible que nous adorons, telle une relique religieuse, mais plutôt le Dieu de la Bible, dont la voix peut encore être entendue clairement aujourd’hui à travers sa Parole pour tous ceux qui voudront l’entendre. « Thomas Jefferson’s Bible », American History, Smithsonian Institution, p. 4, americanhistory.si.edu/ JeffersonBible/history/page-4.cfm. 2 Ibid. 3 Lettre, Thomas Jefferson à William Short, 4 août 1820. www.let.rug.nl/usa/presidents/thomas-jefferson/ letters-of-thomas-jefferson/jefl261.php. 4 Darren Staloff, « Deism and the Founding of the United States », National Humanities Center, nationalhumanitiescenter.org/tserve/eighteen/ekeyinfo/deism.htm. 5 « Thomas Jefferson’s Bible », American History, Smithsonian Institution, p. 3, americanhistory.si.edu/ JeffersonBible/history/page-3.cfm. 6 Richard M. Davidson, « Interpreting Scripture According to the Scriptures: Toward an Understanding of Seventh-day Adventist Hermeneutics », 20-21mai, 2003. 7 Voir Ángel Manuel Rodríguez, « Human Reason and Biblical Hermeneutics: An Introduction », dans le Journal of the Adventist Theological Society, 27/1-2, 2016, 8 Ellen G. White, La tragédie des siècles, p. 649. 9 Ibid. 10 Ibid., p. 649, 650. 1

Ted N. C. Wilson est le président de l’Église adventiste du septième jour à Silver Spring, au Maryland (États-Unis). Vous pouvez le suivre sur Twitter : @pastortedwilson, et sur Facebook : @PastorTedWilson.

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S Méditation

L’échec : une option, ou pas ?

ur le campus, un poster est affiché partout (même dans les toilettes !)… Difficile de le rater ! Soudain, je m’aperçois qu’en fait, je l’ai regardé pendant tout le semestre. Son message est-il valable ? Cette question persiste quelque part dans mon esprit. Tout en haut, on peut lire, en caractères gras : « L’échec n’est PAS une option ». Comme des tas d’autres posters affichés un peu partout rivalisent pour mon attention, je ne l’ai jamais vraiment lu entièrement. Mais d’une façon ou d’une autre, son message m’a frappé de façon subliminale. Un jour, je décide de le lire en entier. Il s’agit d’une invitation encourageante du Service de soutien aux handicapés de l’université à l’endroit des étudiants qui luttent pour surmonter leurs limitations et réussir. Un excellent message ! Jusqu’ici, rien à redire. Néanmoins, je suis encore déconcerté par le message initial. Pas par rapport aux étudiants qui triment dur, mais à notre société obsédée par les accomplissements. Une telle obsession


fait du succès le but ultime dans la vie et par conséquent, ne tolère absolument pas l’échec. J’ai déjà discuté avec une amie de l’éducation des ados (nous en avons deux chez nous). Au cours de la conversation, elle s’est tournée vers moi et m’a dit que la pire chose pour sa fille, c’est de penser qu’elle pourrait échouer quelque part. Résultats scolaires, sports, Explorateurs même, fréquentations – elle s’impose la réussite en tout, souvent au prix d’une importante dépense émotionnelle. L’ANGLE PSYCHOLOGIQUE ET L’ANGLE SOCIOLOGIQUE

Une étude récente effectuée en Allemagne a montré qu’un étudiant sur sept reçoit des cours particuliers – bien que ses notes soient assez bonnes – ce qui ajoute des heures et des heures d’études supplémentaires en aprèsmidi à un horaire déjà trop chargé. Pourtant, ces étudiants ne sont pas forcément en train d’échouer. Ce sont leurs parents qui veulent les voir réussir – et seulement réussir. L’enfant n’apprend pas forcément davantage d’algèbre et de grammaire, mais l’idée suivante : « Je dois continuellement obtenir d’excellents résultats. Si ce n’est pas possible, il me faut de l’aide – de l’aide sérieuse, sinon c’est ma scolarité qui sera en jeu et, finalement, mon progrès social. Je dois progresser ; par conséquent, “pas question d’échouer”. » Les psychologues pour enfants ont tiré la sonnette d’alarme. Ils parlent de dépression, d’anxiété, d’épuisement même, chez des enfants de plus en plus jeunes1. Selon eux, une partie du problème est que les enfants n’apprennent pas à échouer, et par conséquent, n’apprennent pas à partir de leurs échecs. De plus, une société qui ne tolère pas les échecs contribue davantage à la spirale qui exige toujours mieux et davantage, laissant ainsi une somme énorme d’insécurité et de doutes personnels dans son sillage. Par conséquent, dès que les échecs et les désappointements inévitables de la vie se pointent, ils n’y sont absolument pas préparés. Il ne s’agit pas ici d’un appel à la médiocrité, ni de décourager la poursuite de l’excellence, mais plutôt d’une invitation à réfléchir pour savoir si le temps est venu de sauter du train en marche, et de chercher un moyen plus sain d’apprendre et de maîtriser la vie – même la vie éternelle. L’ANGLE THÉOLOGIQUE

La Bible foisonne de gens qui ont échoué : Moïse, qui le premier frappa l’Égyptien, et plus tard, le rocher à plusieurs reprises ; David, qui échoua royalement (jeu de mots intentionnel) en donnant libre cours à sa convoitise pour une femme mariée d’une grande beauté ; Pierre, qui ne laissa pas son épée dans son fourreau et jura de façon implicite ; Paul, qui persécuta farouchement les premiers disciples de Jésus jusqu’à ce que celui-ci le confronte sur le chemin de Damas et lui révèle l’échec de sa vie. Et la liste pourrait s’allonger ! En définitive, ce fut précisément leurs échecs qui les condui-

En définitive, ce fut précisément leurs échecs qui les conduisirent directement dans les bras d’un tendre sauveur.

sirent directement dans les bras d’un tendre sauveur, lequel leur pardonna et les transforma en puissants héros de la foi. Tout au long du parcours, ils apprirent deux choses fondamentales. Premièrement, quand nous échouons, nous nous rendons compte que nous devons nous fier davantage à la grâce de Dieu qu’à nos accomplissements personnels : « Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse. Je me glorifierai donc bien plus volontiers de mes faiblesses, afin que la puissance de Christ repose sur moi2. » (2 Co 12.9) L’échec est un pas vers le pardon et la force en Christ. Mais si l’échec n’est pas une option, nous pouvons nous retrouver du côté d’une image perfectionniste et déformée de la justice de Dieu. Deuxièmement, l’échec peut nous rendre plus compatissants envers nos semblables. Ellen White commente l’expérience de Pierre : « Le souvenir de sa faiblesse et de son égarement l’amènerait à se comporter, envers les brebis et les agneaux confiés à ses soins, avec la même tendresse que le Christ lui avait témoignée3. » Une reconnaissance saine de nos propres égarements nous rend plus prompts à pardonner les faiblesses des autres et nous aide à développer une empathie semblable à celle du Christ. Dans un monde affecté par le péché, l’échec est certes – malheureusement, mais définitivement – une option. Non pas une option que nous recherchons ou pour laquelle nous devons nous battre volontairement, mais une option qui, tôt ou tard, se mettra en travers de notre chemin. Et c’est bien ainsi ! Nous ne sommes pas tenus de nous mettre sous pression pour réussir constamment, ni de nous effondrer au premier échec. De même, nous reconnaissons que nous ne devons pas imposer à nos enfants la performance à tout prix. Ils doivent savoir qu’ils ont le droit d’échouer, qu’ils peuvent grandir en apprenant de leurs erreurs, et que la grâce divine prévoit tout ça. En ce qui me concerne, je prie Dieu de ne pas sourciller quand mes enfants me présenteront leur prochain bulletin scolaire. http://www.spiegel.de/lebenundlernen/schule/burnout-bei-kindern-wie-kommt-es-so-frueh-zu-depressionen-a-1045734.html. 2 Sauf mention contraire, toutes les citations des Écritures sont tirées de la version Louis Segond 1910. 3 Ellen G. White, Conquérants pacifiques, p. 463. 1

Martin G. Klingbeil, titulaire d’un doctorat en littérature, est professeur d’études bibliques et d’archéologie, ainsi que directeur adjoint de l’Institut d’archéologie de l’Université adventiste Southern, à Collegedale, au Tennessee (États-Unis).

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Foi en action

Coup de maître

Atteindre un public particulier pour Christ

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ous sommes à Paris, au mois d’août. Il fait terriblement chaud. C’est le genre de température où l’on a envie de s’asseoir dans un café climatisé pour siroter un grand verre de Perrier glacé. Mais ce n’est pas ce qui se passe ici. On aperçoit plutôt des foules de gens des quatre coins du monde faisant la file dans une immense cour, sous les rayons ardents du soleil de midi. Mais qu’attendent-ils donc ? Pas une star de cinéma, pas un événement sportif, ni un politicien. Et certainement pas un service religieux. En cet après-midi à la chaleur accablante, ces foules affluent au musée du Louvre. Un visiteur commente : « La collection d’art du Louvre est fabuleuse, mais la file d’attente aussi ! Nous avons patienté pendant des heures avant d’entrer ! » Des heures d’attente pour entrer dans une galerie d’art ? C’est un peu fort ! Cependant, ces longues files de visiteurs venus pour admirer des œuvres d’art extraordinaires n’ont rien d’inhabituel. Qu’il s’agisse de la Galerie nationale de Londres, du Musée d’art métropolitain de New York, ou de la Galerie des Offices de Florence, les grandes œuvres d’art attirent toujours d’imposantes foules. De quoi faire réfléchir Neale Schofield, originaire d’Australie, titulaire

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d’une maîtrise en art et en religion de l’Université de Londres, et gérant actuel de Hope Channel Nouvelle-Zélande. Si nous voulons atteindre les vastes publics des métropoles du monde, quoi de mieux pour commencer que l’art que les gens aiment tant ? s’est dit Neale. Après tout, une bonne partie de l’art aussi hautement apprécié de la société moderne sécularisée a été créé pour communiquer des vérités spirituelles profondes. Est-il possible de redécouvrir les secrets spirituels derrière les œuvres d’art les plus célèbres du monde, et, dans le processus, de réintroduire le plus grand Artiste à des spectateurs séculiers ? Fort de cette idée, Neale Schofield s’est chargé de développer une série télévisée novatrice pour atteindre cet objectif, série qu’il a intitulée Masterstroke (Coup de maître). « À Sydney, l’équipe d’Adventist Media et moi-même avons développé un concept qui incorpore l’art que nous connaissons tous dans les curieuses histoires qui se cachent derrière celui-ci, explique Neale. Chaque émission transmet le message suivant : l’art peut être complexe, les histoires, tordues, et les artistes, brisés. Mais il comporte une réalité plus spectaculaire encore que toute la beauté que l’on découvre dans les galeries prestigieuses de ce monde. »

UNE APPROCHE NOVATRICE

Jusqu’à quel point la narration de Coup de maître est-elle novatrice ? Dans l’épisode sur Vincent van Gogh, Neale Schofield raconte que des années avant de se disputer violemment avec Gauguin et de couper sa propre oreille, van Gogh avait projeté de devenir pasteur. L’émission encourage l’auditoire à poser les questions fascinantes que la vie complexe de van Gogh soulève : De quelle façon ses idées religieuses ont-elles influencé son art ? Comment sa relation avec Dieu a-t-elle changé au cours de sa vie ? Et quels secrets de son art pouvons-nous dévoiler en connaissant l’histoire de sa vie ? « Une émission portant sur le grand art doit inclure de grandes œuvres, dit Neale. Nous ne pouvions, évidemment, nous procurer les originaux. J’ai donc déniché des artistes dont les compétences techniques sont exceptionnelles. Ils ont réalisé des reproductions qui, à l’écran, ne peuvent être distinguées des originales. Notre équipe a aussi animé de façon unique quelques-uns des tableaux les plus célèbres de l’histoire pour les faire devenir réalité. » Entre des animations de pointe, un décor d’entrepôt urbain, des séquences tournées sur place, et des histoires actuelles, les émissions ont un caractère particulièrement raffiné. Image : courtoisie de Masterstroke


PAS SEULEMENT LES PLUS CÉLÈBRES

Coup de maître cible un auditoire que les adventistes atteignent rarement. Si nous voulons atteindre les vastes publics des métropoles du monde, quoi de mieux pour commencer que l’art que les gens aiment tant ?

La narration ne se limite pas à des noms très connus. Dans la seconde saison de Coup de maître, Neale raconte l’histoire incroyable de l’une des artistes les plus influentes – quoique fréquemment oubliée – de l’histoire : Artemisia Gentileschi. Artemisia est l’unique femme prémoderne systématiquement classée parmi les plus grands artistes de l’histoire. Bien que née dans les années 1600, elle a vécu une vie qui pourrait s’inspirer de l’actualité moderne. Un jour, un homme puissant la viola. Cet homme utilisa le système pour se protéger. Après avoir accusé publiquement son agresseur, elle fut torturée. Finalement, elle fut innocentée. Tout au long de son parcours, elle peignit les images les plus évocatrices prises des Écritures et y associa des sources religieuses pour exprimer une vérité fondamentale : le Dieu de la Bible est impartial. Sa justice s’applique également aux riches, aux puissants, et aux célèbres. C’est là une leçon tout aussi importante aujourd’hui que lorsqu’Artemisia Gentileschi peignit ses chefs-d’œuvre il y a 400 ans. UN AUDITOIRE UNIQUE

Tel que prévu, Coup de maître cible un auditoire que les adventistes atteignent rarement. « Depuis la diffusion de la première série, des gens du monde entier m’ont contacté, dit Neale. Ce qui est intéressant, c’est que les données démographiques diffèrent largement de tout autre projet auquel j’ai travaillé. Un grand nombre de ceux qui entrent en contact avec nous sont des citadins riches et instruits. » L’un des développements les plus surprenants s’est produit dans une école prestigieuse pour garçons à Melbourne, en Australie. « J’ai été contacté par le professeur de 12e année. Il a découvert Coup de maître en ligne et l’utilise dans son programme scolaire, poursuit

Neale. Voilà qui est incroyable ! Ces étudiants viennent d’une tranche de population que nous n’atteignons à peu près jamais. Mais le grand art ? C’est quelque chose qui nous rapproche. Sa signification, son contexte et son message les intéresse. « C’est vraiment simple, poursuit Neale. Tout ce qu’il faut, c’est rencontrer les gens là où ils sont, trouver un terrain commun, et dans ce contexte, répandre l’amour du Christ. » PLANS FUTURS

Deux saisons complètes de Coup de maître ont été tournées. Actuellement, on fait des plans pour ajouter à cette émission télévisée un livre et des leçons en ligne combinant l’histoire de l’art et l’Évangile. « Nous devons utiliser tous les moyens possibles pour atteindre notre monde agonisant, conclut Neale. Coup de maître est conçu pour atteindre ces centaines de millions de gens disposés à faire la queue par les journées les plus chaudes, rien que pour découvrir la beauté sublime du grand art. Nous voulons amener ces foules de nos grandes villes – ces foules fatiguées, qui ont chaud – à se rafraîchir à la source d’eau vive. » C’est là un objectif louable – et Neale Schofield a trouvé une façon particulièrement fascinante de l’atteindre.

James Standish est avocat. Il habite avec sa femme et leurs deux enfants à Silver Spring, au Maryland (ÉtatsUnis), où il dirige une firme d’expertsconseils, se focalisant sur les relations gouvernementales et les médias.

Vous pouvez regarder les épisodes de Masterstroke en ligne sur www.ARTVNow.com.

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Ce que nous croyons

La Trinité

Un Dieu en trois personnes Un examen plus approfondi des données pertinentes

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mue de compassion pour le genre humain, la Divinité – le Père, le Fils, et le Saint-Esprit – se donna elle-même dans l’élaboration du plan du salut1. » Cette scène se déroula au ciel avant l’accord selon lequel Christ agirait en tant que Sauveur2. Les Écritures attestent que l’origine du Christ – le Messie qui devait venir – « remonte aux temps anciens, aux jours de l’éternité » (Mi 5.1). Le Christ pré-incarné est le « Dieu puissant » et le « Père éternel » (Es 9.5). « Christ fut alors glorifié de la gloire même qu’il partageait avec le Père de toute éternité », explique Ellen White3. Il savait, ce qui n’est pas étonnant, qu’il était « l’égal de Dieu » (Ph 2.6, TOB)4. La messagère du Seigneur poursuit : « [Christ] était l’égal de Dieu, infini et tout-puissant »5 ; « Le Christ était Dieu essentiellement, dans le sens le plus élevé du terme. Il était Dieu de toute éternité, Dieu suprême, éternellement béni, [… une] personne distincte »6. « Quand il parle de sa préexistence, le Christ évoque un passé lointain et sans limites. Il affirme qu’aussi loin que nous remontions dans le temps, il n’y a jamais eu un instant où il n’était en communion étroite avec le Dieu éternel7. » Ici, le terme communion signifie une relation mutuelle. À la mort de Lazare, Jésus déclara à Marthe : « Je suis la résurrection et la vie. […] [Q]uiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. » (Jn 11.25) « En Christ réside la vie, une vie originelle, non empruntée, et qu’il ne tient de personne. “Celui qui a le Fils a la vie.” (1 Jn 5.12) La divinité du Christ donne au croyant l’assurance de la vie éternelle8. » Lors de son ministère terrestre, Jésus fut confronté par les pharisiens au sujet de son âge. « Il leur dit : je vous le dis, avant qu’Abraham fût, je suis. » (Jn 8.58) Ellen White commente : « Un grand silence s’établit dans l’assemblée. Le rabbi galiléen s’était approprié le nom de Dieu, révélé à Moïse pour exprimer l’idée de la présence éternelle. Il se donnait comme l’Être existant par lui-même, celui qui avait été promis à Israël, “celui dont l’origine remonte aux temps

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anciens, aux jours éternels” »9. « Existant par luimême » signifie qu’il était la source originale de la vie, laquelle ne dérive de personne. Et le Saint-Esprit ? « Nous devons prendre conscience du fait que le Saint-Esprit […] est une personne tout comme Dieu lui-même »10. Le Saint-Esprit est la troisième Personne de la Divinité »11. « Le Père, le Fils, et le Saint-Esprit [sont] les trois saints dignitaires du ciel12. » « Les dignitaires célestes éternels – Dieu, et Christ, et le Saint-Esprit13. » CHRIST PARLE AVEC AUTORITÉ

Sachant qu’il allait bientôt quitter ses disciples, Jésus leur dit ces paroles consolantes : « Et moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre consolateur, afin qu’il demeure éternellement avec vous, l’Esprit de vérité, que le monde ne peut recevoir, parce qu’il ne le voit point et ne le connaît point ; mais vous, vous le connaissez, car il demeure avec vous, et il sera en vous. Je ne vous laisserai pas orphelins, je viendrai à vous. » (Jn 14.16-18) Deux chapitres plus tard, il ajouta : « Il vous est avantageux que je m’en aille, car si je ne m’en vais pas, le consolateur ne viendra pas vers vous ; mais, si je m’en vais, je vous l’enverrai [l’ est ici un pronom personnel]. » (Jn 16.7). Ensuite, il mentionna certaines des responsabilités du Saint-Esprit (v. 8-11). Jésus poursuivit : « J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pouvez pas les porter maintenant. Quand le consolateur sera venu, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans toute la vérité ; car il ne parlera pas de lui-même, mais il dira tout ce qu’il aura entendu, et il vous annoncera les choses à venir. » (v. 12,13) Dans ces deux chapitres, il parle de deux personnes – de lui-même et de l’Esprit de vérité. Le Saint-Esprit « est le représentant du Christ » et son successeur sur la terre14. AUTRES FONCTIONS DU SAINT-ESPRIT

Seule une personne divine pouvait donner naissance au Christ incarné (Mt 1.20). Seule une personne divine pouvait être l’Auteur de l’Ancien Testament (Ac 28.25-27) et du Nouveau (1 P 1.20,21 ; voir 1 Th 2.13). Seule une personne divine pouvait administrer l’Église primitive, soit la guider (Ac 8.29 ; 10.19,20 ; 11.12.28 ; 13.2-4 ; 16.6,7 ; 20.23,28), remplir les croyants (Ac 4.8,31 ; 8.17 ; 9.17 ; 10.44,45 ; 11.15,24 ; 13.9,52 ; 19.6), accorder le don des langues (Ac 2.4), enseigner (Jn 14.26), rappeler les paroles du Christ (Jn 14.26), encourager

Image : Johny Goerend

(Ac 9.31, NBS), être un témoin (Ac 5.32). Le Saint-Esprit intercède (Rm 8.26), peut être attristé (Ep 4.30), sanctifie (1 P 1.2 ; voir Jn 17.17), produit le fruit de l’Esprit – l’amour avec toutes ses qualités (Ga 5.22,23), confie aux croyants différents ministères au sein de l’Église (1 Co 12.4-11), et fait vivre le Christ ressuscité dans le cœur de ses disciples (Jn 17.26 ; Ga 2.20 ; 4.19 ; Ep 3.17 ; Ph 2.13 ; Col 1.27). À la fin du Concile de Jérusalem, les dirigeants reconnurent le Saint-Esprit en tant que personne : « Car il a paru bon au Saint-Esprit et à nous de ne vous imposer d’autre charge que ce qui est nécessaire » (Ac 15.28). Le Saint-Esprit dit : « Que la grâce du Seigneur Jésus-Christ, l’amour de Dieu [voir Jn 3.16], et la communication du Saint-Esprit, soient avec vous tous ! » (2 Co 13.14). « Car il y en a trois qui rendent témoignage dans le ciel : le Père, la Parole [Jean appelle Christ la Parole (Jn 1.1,14)] et l’Esprit-Saint. Et ces trois sont un. » (1 Jn 5.7,8, SER) Dans les Écritures, chaque personne de la Trinité est appelée Dieu. Le Père appelle Christ Dieu (He 1.3,8). Christ appelle le Père Dieu (Jn 8.42). Pierre réprouva Ananias en ces termes : « Tu as menti au Saint-Esprit [et ce faisant,] ce n’est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu » (Ac 5.3,4, SEM). Bref, les écrits inspirés définissent Dieu en tant que trois personnes au sein de la Divinité – une communion imprégnée d’amour, possédant une vie originale, existant par elle-même, non empruntée, et non dérivée. Ellen G. White, Counsels on Health, Mountain View, Calif., Pacific Press Pub. Assn., 1923, p. 222. Pour une comparaison plus étendue, voir Ellen G. White, Patriarches et prophètes, p. 12. Idem., Conquérants pacifiques, p. 36. 4 Sauf mention contraire, toutes les citations des Écritures sont tirées de la version Louis Segond 1910. 5 Idem., Évangéliser, p. 550. 6 Idem., Messages choisis, vol. 1, p. 290, 291. 7 Idem., Évangéliser, p. 550. 8 Idem., Jésus-Christ, p. 526. 9 Ibid., p. 467. C’est nous qui soulignons. 10 Idem., Évangéliser, p. 551. 11 Idem., Jésus-Christ, p. 675. 12 Voir la compréhension d’Ellen White de Matthieu 28.19 dans Ellen G. White, Manuscrit 92, 1901. Dans The Seventh-day Adventist Bible Commentary, Ellen G. White Comments, Washington, D.C., Review and Herald Pub. Assn., 1956, vol. 5, p. 1110. 13 Ellen G. White, Manuscrit 145, 1901, dans Évangéliser, p. 551. 14 Idem., Jésus-Christ, p. 672. 1 2 3

Norman Gulley, titulaire d’un doctorat, professeur émérite à l’Université adventiste Southern, a servi en tant que pasteur, missionnaire, et professeur. Norman et sa femme habitent à Collegedale, au Tennessee (États-Unis)

Pour en découvrir davantage sur ce que nous croyons, consultez le site www.adventist.org/en/beliefs/.

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À la découverte de l’Esprit de prophétie

Compilations et condensés Rendre les écrits d’Ellen G. White plus accessibles

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llen White est l’un des écrivains les plus prolifiques de tous les temps. Elle a laissé une mine aussi vaste que précieuse de livres, d’articles, de lettres, et d’écrits non publiés. À l’époque de son décès en 1915, seulement 24 livres issus de sa plume avaient été publiés, et deux autres étaient presque sur le point de l’être. Au fil des années, de nombreuses compilations nouvelles et, plus récemment, certains livres et éditions condensées dans la langue d’aujourd’hui, ont été publiés. D’aucuns remettent en question la validité et la fiabilité de ces nouvelles publications. Pour eux, seuls les livres publiés pendant la vie de la messagère du Seigneur ont une réelle valeur et devraient être pris au sérieux. Il est donc crucial pour nous de comprendre la nature et l’objectif de telles publications. COMPILATIONS

Deux principales raisons ont amené les administrateurs du Ellen G. White Estate à préparer de nouvelles compilations de ses écrits. Tout d’abord, Ellen White désirait et prévoyait qu’il en soit ainsi. Dans ses dernières volontés (1912), elle chargea les administrateurs de ses biens de procéder à « l’impression des compilations tirées de [ses] manuscrits »1. Les écrits d’Ellen White ne devaient pas seulement être conservés en lieu sûr dans les dossiers de sa succession, mais aussi continuer à parler au peuple « jusqu’à la fin des temps »2. Voici ses propres termes : « La question qui a été présentée au peuple doit l’être sans cesse. Les articles qui sont imprimés dans nos journaux sont rapidement oubliés par les lecteurs. Ils doivent être réunis, réimprimés sous la forme d’un livre, et présentés aux croyants et aux incroyants3. » Le même principe s’appliquait à ses écrits non publiés. Elle explique : « Au cours de tous mes voyages, j’ai consigné de nombreuses réflexions dans mon journal personnel. On devrait

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les rendre disponibles au peuple si nécessaire, même si je ne devais pas écrire une ligne de plus. Je veux que tout ce qui est jugé digne d’attention soit publié. Il faut que le peuple ait accès à l’abondante lumière que j’ai reçue du Seigneur4. » Ensuite, il fallait préparer de nouvelles compilations en raison des besoins et des défis émergents de l’Église. On pourrait toujours dire que tous les croyants devraient idéalement étudier les écrits d’Ellen White pour euxmêmes. Mais d’un point de vue pratique, les lecteurs n’ont pas tous le temps et l’expertise nécessaire pour éplucher la somme impressionnante de ses écrits. Par contre, des compilations peuvent aider les lecteurs à trouver dans un seul volume les principales citations traitant d’un sujet donné. Si les lecteurs désirent revérifier le contenu original duquel une citation a été tirée, ils peuvent le faire en consultant le site EGWwritings.org. Certains lecteurs se demandent si on devrait inclure les lettres personnelles dans ces compilations. Il convient de nous souvenir que de nombreux livres du Nouveau Testament sont des lettres ouvertes (ou épîtres) adressées à des églises spécifiques, et même des lettres personnelles. Si aucune lettre d’auteurs inspirés ne peut être utilisée dans une compilation, alors une bonne partie du Nouveau Testament doit aussi être enlevée – ce qui est complètement impensable. CONDENSÉS ET EXTRAITS

Les condensés les plus importants des ouvrages classiques d’Ellen White sont les cinq volumes de la série La grande controverse. Le livre Patriarchs and Prophets [Patriarches et prophètes] a été condensé et publié sous le titre From Eternity Past (1983) ; Prophets and Kings [Prophètes et rois], sous le titre From Splendor to Shadow (1984) ; The Desire of Ages [Jésus-Christ], sous le


titre From Heaven With Love (1984) ; The Acts of the Apostles [Conquérants pacifiques], sous le titre From Trials to Triumph (1984) ; et The Great Controversy [La tragédie des siècles], sous le titre From Here to Forever (1982). Le contenu de certains livres missionnaires plus petits, publiés pour une distribution à grande échelle, provient de livres plus volumineux d’Ellen White. Par exemple, Le grand espoir (2012) a été tiré de La tragédie des siècles ; Espérance perdue, espérance retrouvée (2016), de L’histoire de la rédemption. Dans les deux cas, l’attention du lecteur est attirée vers la version classique originale. Ces condensés et extraits ne doivent en aucun cas être considérés comme remplaçant les versions classiques dont leur contenu dérive. Ils ont pour mission 1) de fournir des aperçus utiles du contenu de base des versions originales à un prix plus abordable, et 2) d’atteindre une génération très occupée qui n’achètera et/ou ne lira jamais l’ouvrage original. On pourrait dire, à juste titre d’ailleurs, qu’il vaut mieux pour quelqu’un de lire au moins des extraits d’un livre donné que de ne rien lire du tout. LE LANGAGE D’AUJOURD’HUI

Les écrits d’Ellen White, lesquels ont maintenant plus de 100 ans, reflètent bien évidemment le style littéraire de cette époque. Au fil du temps, certains termes utilisés ont changé de signification. Par exemple, Ellen utilisait le mot anglais intercourse [rapports] dans le sens de socialiser, et non dans celui d’avoir des rapports intimes5 ; quant au mot nicest, eh bien elle l’utilisait dans le sens de délicatesse plutôt que dans celui de bonté6. Comment arrivons-nous donc à rendre certains de ses écrits les plus populaires compréhensibles pour les nouvelles générations qui ne sont pas habituées au style littéraire de son temps ? On a tenté de publier Steps to Christ (Vers Jésus) dans un

Image : Stefan Schweihofer

langage plus simple, un langage de tous les jours, sous le titre Steps to Jesus (1981). D’autres livres ont été mis à jour en anglais moderne. Par exemple, nous disposons aujourd’hui d’une version adaptée des livres suivants : Education [Éducation] –True Education (2000) ; The Ministry of Healing [Le ministère de la guérison] – The Ministry of Health and Healing (2004) ; les versions condensées de la série La grande controverse mentionnées plus haut, soit, respectivement, Beginning of the End (2007), Royalty and Ruin (2008), Humble Hero (2009), Unlikely Leaders (2010), et Love Under Fire (2011). Toutes ces publications – compilations, condensés, extraits, éditions dans la langue d’aujourd’hui – sont destinées à rendre les écrits d’Ellen White plus accessibles et plus compréhensibles pour notre monde contemporain. Chaque fois que le langage est mis à jour, il est regardé à la loupe par des réviseurs compétents, lesquels s’assurent que la pensée demeure la même que dans la version originale. Ce processus est effectué en présumant que le Saint-Esprit a donné aux prophètes le message divin, message qu’ils ont ensuite exprimé dans leur propre langage humain7. Bref, toutes ces adaptations ne remplacent aucunement les versions originales, et leurs nouveaux titres permettent simplement de les différencier davantage. Publié dans Herbert E. Douglass, Messenger of the Lord: The Prophetic Ministry of Ellen G. White, Nampa, Idaho, Pacific Press Pub. Assn., 1998, p. 571. Pour une discussion plus détaillée des compilations tirées des écrits d’Ellen White, voir p. 528-533. 2 Ellen G. White, Messages choisis, vol. 1, p. 63. 3 Idem., Counsels to Writers and Editors, Nashville, Southern Pub. Assn., 1946, p. 145, 146. 4 E. G. White, Selected Messages, vol. 3, p. 32. 5 E. G. White, Testimonies for the Church, Mountain View, Calif., Pacific Press Pub. Assn., 1948, vol. 2, p. 123. 6 Ellen G. White, Éducation, p. 324. 7 Voir Ellen G. White, Messages choisis, vol. 1, p. 17-26. 1

Alberto R. Timm, titulaire d’un doctorat, est directeur adjoint du Ellen G. White Estate, au siège de l’Église mondiale à Silver Spring, au Maryland (États-Unis).

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La Bible répond

Un arbre, deux branches Q R

Que signifie la déclaration « Et ainsi tout Israël sera sauvé » (Rm 11.26) ?

Cette phrase a été interprétée de différentes manières. Pour certains, elle fait référence à la nation d’Israël tout entière ; ou à la nation en tant que tout, mais pas à chaque individu ; ou à tous les Juifs qui sont vivants dans le pays d’Israël au retour du Christ. Comme d’habitude, nous devons prêter une attention particulière au contexte du passage, ainsi qu’à l’enseignement de Paul au sujet de l’Israël fidèle. 1. L’ENDURCISSEMENT D’ISRAËL

Dans sa discussion sur la façon dont les individus sont sauvés, Paul utilise l’image d’un olivier pour représenter le peuple de Dieu dans l’Ancien Testament. Avec la venue du Messie, certaines des branches naturelles – certains Juifs – avaient été retranchées, tandis que certaines des branches sauvages – les Gentils – avaient été greffées (Rm 11.17-21, SER). Au verset 25, Paul explique que les branches coupées symbolisent l’endurcissement de certains Juifs. Les autres Juifs constituent le reste fidèle qui a trouvé en Jésus le Messie (v. 5,6). L’endurcissement n’est pas final ; il montre que Dieu travaille encore en eux et ne les a pas rejetés (v. 1,2). Dans ce passage, le mystère dont Paul discute n’est pas seulement le mystère de l’endurcissement de certains Juifs, mais le fait que pendant leur endurcissement, la mission envers les Gentils prend place, « jusqu’à ce que la totalité des païens soit entrée » (v. 25). L’idée n’est pas que l’endurcissement se produit « jusqu’à », mais plutôt « tandis que » les Gentils sont évangélisés. La totalité des Gentils signifie que Dieu œuvre pour sauver autant de païens que possible. En d’autres termes, il transforme l’endurcissement de certains Juifs en occasion de faire des Gentils une partie

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de l’Israël fidèle (l’olivier). Peut-être qu’en voyant ce que Dieu fait parmi les Gentils, les Juifs incrédules ne persisteront pas dans leur incrédulité, et ainsi, seront greffés de nouveau par la puissance de Dieu (v. 23). 2. « ET AINSI TOUT ISRAËL »

Dans ce passage, qui donc est Israël ? Certains ont soutenus que dans Romains, Paul utilise ce terme pour se référer spécifiquement à l’Israël ethnique. Mais ce n’est clairement pas le cas. Dans Romains 9.6, il déclare : « Car tous ceux qui descendent d’Israël ne sont pas Israël ». Être un Israélite, c’est davantage que posséder une identité ethnique ; c’est plutôt avoir la foi d’Abraham, « le père de tous ceux qui croient » (Rm 4.11, SER). Ce concept joue un rôle central dans la compréhension de Paul de la justification par la foi : « Reconnaissez donc que ce sont ceux qui ont la foi qui sont fils d’Abraham. Aussi l’Écriture, prévoyant que Dieu justifierait les païens par la foi, a d’avance annoncé cette bonne nouvelle à Abraham : Toutes les nations seront bénies en toi ! » (Ga 3.7,8) La grâce salvatrice de Dieu par la foi en le Messie, annoncée à Abraham, est maintenant universellement accessible aux Gentils qui mettent, eux aussi, leur foi en Christ, le Messie. Dans ce contexte, le mot « ainsi » ou « de cette manière » (houtōs) indique que Dieu sauvera « tout Israël » en préservant un reste fidèle, en cherchant à toucher ceux qui sont endurcis, et en greffant les Gentils par la proclamation de l’Évangile. Par conséquent, cette phrase se réfère au véritable Israël de Dieu, lequel a intégré les croyants de la gentilité dans la foi d’Abraham (Ga 6.16).

Ángel Manuel Rodríguez habite au Texas, aux États-Unis. Avant sa retraite, il a servi l’Église à différents paliers.


Santé & bien-être

L’hypertension artérielle et le mode de vie La prise de médicaments suffit-elle pour contrôler l’hypertension artérielle ? Dans vos articles, vous avez traité de différents aspects de l’hypertension artérielle (hypertension). Il semble que le traitement soit efficace et que les complications de l’hypertension diminuent. J’ai 40 ans, et je prends mes comprimés régulièrement. Compte tenu d’un tel résultat, est-il vraiment nécessaire d’apporter des changements à mon mode de vie ?

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u cours des 15 dernières années, nous avons reçu et traité de nombreuses questions au sujet de l’hypertension artérielle (hypertension), ou le « tueur silencieux », parce que c’est là un problème courant. En 2015, on a rapporté les évaluations suivantes : • plus de 1,3 milliard d’individus à l’échelle mondiale souffraient d’une hypertension haute-normale/précoce avec une lecture de pression artérielle (PA) de 130-139/85-89 mm de pression de mercure ; • entre 1975 et 2015, la moyenne des lectures de PA est restée environ la même chez les hommes, et a diminué légèrement chez les femmes1. Ces évaluations sont inquiétantes étant donné qu’auparavant, on a fortement insisté sur une sensibilisation à l’hypertension et à son traitement. En dépit de l’éducation sanitaire et des efforts de sensibilisation à l’échelle mondiale, seulement 57 pour cent des gens souffrant d’hypertension sont au courant de leur condition. Seulement 40,6 pour cent d’entre eux reçoivent un médicament anti-hypertensif, et seulement 13,2 pour cent de ces derniers jouissent d’un contrôle optimal de leur hypertension. C’est dans les pays à faible et moyen revenu qu’une telle disparité entre le nombre de patients souffrant d’hypertension, leur accès au traitement, et le contrôle de la PA, est la plus élevée2. Ces chiffres alarmants méritent une action mûrement réfléchie et intentionnelle. Récemment, l’Association américaine du cœur et l’Institut universitaire américain de cardiologie ont réduit la définition de l’hypertension artérielle pour permettre une intervention plus précoce. Le plus grand impact est prévu chez une population plus jeune, en-dessous de 45 ans. L’implication, ou la lumière jaune, pour la gestion de l’hypertension artérielle non seulement pour les États-Unis, mais aussi pour le monde entier, est la suivante : nous devons abaisser l’hypertension artérielle en insistant principalement sur les approches naturelles ! En ce qui nous concerne, nous suivons attentivement la littérature scientifique révisée par des pairs. Il y a eu récemment une augmentation notable d’articles, de révisions, et de recommandations relatives à la gestion de l’hypertension, où l’on insiste sur le rôle clé des approches et des interventions liées au mode de vie. Ces approches préconisent, entre autres :

• de perdre du poids et de maintenir un poids et un indice de masse musculaire idéaux ; • de faire quotidiennement de l’exercice ; • de cesser de fumer ; • d’éviter la consommation d’alcool ; • d’adopter un régime riche en légumes, fruits, céréales complètes, noix, et gras insaturés ; • d’éviter la viande rouge, les gras saturés, les hydrates de carbone raffinées (gâteaux, boissons contenant du sucre, douceurs) ; • de réduire l’apport en sel. Beaucoup doivent prendre des médicaments pour contrôler leur PA. Dans le contrôle et même le renversement de l’hypertension artérielle, des modifications au mode de vie sont essentielles pour tous. On utilise le terme « renversement » avec prudence parce que dès que le mode de vie sain a contribué à atteindre l’objectif désiré, il doit être maintenu toute la vie. Sans surprise, les interventions ci-dessus liées au mode de vie sont intrinsèques au message adventiste de la santé ! Cette information peut nous aider à exercer une influence positive dans nos collectivités tandis que nous faisons bouger activement les choses en matière de santé et de bien-être par le biais de programmes de dépistage, et que nous identifions les facteurs de risque tels que l’hypertension. Ainsi, le mode de vie compte ! Nous pouvons déterminer des parcours de marche, lancer des clubs d’exercice, enseigner une nutrition saine, partager l’espérance, et encourager l’équilibre global même si nous sommes mal en point. Ceci peut être un véritable ministère global de la santé – une extension du ministère de guérison de Jésus. http://www.who.int/gho/ncd/risk_factors/blood_pressure_prevalence/en/. http://www.paho.org/hq/index.php?option=com_content&view=article& id=13257%3Adia-mundial-de-la-hipertension-2017-conoce-tus-numeros& catid=9283%3Aworld-hypertension-day&Itemid=42345&lang=en. 1 2

Peter N. Landless est cardiologue spécialisé en cardiologie nucléaire, et directeur du Ministère de la santé de la Conférence générale. Zeno L. Charles-Marcel, M.D., est directeur adjoint du Ministère de la santé de la Conférence générale. AdventistWorld.org Mars 2018

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La presse de Dieu H

« Je vais vous raconter… » DICK DUERKSEN

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ernán est imprimeur. Dans sa petite imprimerie installée chez lui, à Quito, en Équateur, il imprime des documents pour de nombreuses entreprises locales. Mais ce qu’il préfère, c’est imprimer du matériel d’évangélisation pour l’Église adventiste. Dès qu’il en a la possibilité, il quitte le bureau pour donner des études bibliques ou pour prendre la parole lors de campagnes d’évangélisation tenues par des laïcs. Un jour, l’Union équatorienne est invitée à distribuer des imprimés et à tenir une campagne d’évangélisation à Cuba. Hernán se porte immédiatement volontaire au sein de l’équipe. Il a toujours rêvé d’être un missionnaire… Il a maintenant la chance de réaliser son rêve – du moins, en partie. Pour financer son voyage, il trouve plusieurs emplois supplémentaires et trime jusque tard dans la soirée pendant plusieurs mois. Voulant donner le meilleur de lui-même, il répète à maintes reprises ses présentations bibliques tout en se servant de sa presse à imprimer. Le jour du départ, Hernán et sa famille s’agenouillent à côté de la presse et prient de façon très spécifique. « Seigneur, bénit s’il te plaît Papa Hernán tandis qu’il se rend en mission à Cuba. Puisse son travail là-bas aider les gens à tomber amoureux de Jésus ! Amen. » Tout le long du vol, Hernán révise ses notes et rêve des nouveaux amis qu’il se fera lors de la campagne. « Pas de presse pendant un mois ! se dit-il en souriant. Pendant mon séjour, je me consacrerai entièrement à l’évangélisation ! » Pendant les deux premiers jours à

Cuba, Hernán prépare la salle de réunion et réunit les imprimés devant être distribués dans la ville. Au lieu de visiter La Havane et le fort espagnol, il rencontre les membres locaux et prie pour que leur œuvre soit couronnée de succès. « Hernán » ! Hernán, qui est en train de prendre son petit-déjeuner, lève les yeux pour voir qui l’appelle. « Hernán, je suis tellement heureux de ce que vous soyez venu avec l’équipe de l’Équateur ! » Vêtu d’un beau costume gris rehaussé d’une cravate vert vif, le président de la mission cubaine s’approche de la table d’Hernán, les bras grand ouverts. « Je suis si heureux de vous voir ici ! Nous avons besoin de votre expertise au bureau de la mission. » « En quoi puis-je vous être utile ? » demande Hernán. « Nous avons un problème de taille. Notre presse est très vieille. Elle a fonctionné parfaitement pendant des années. Mais aujourd’hui, elle ne fonctionne pas. Or, nous devons terminer l’impression des études bibliques de la Voix de la prophétie que vous-même et votre équipe d’évangélisation utiliserez ce mois-ci. Je viens juste d’apprendre que vous êtes imprimeur et que vous savez comment réparer les presses ! Nous avons vraiment besoin de vous. Je suis très heureux de ce que Dieu vous ait envoyé à Cuba pour nous aider ! » Hernán se lève très lentement. Au-dedans de lui, rien ne va plus ! « Je vais voir ce que je peux faire », répond-il en souriant. Mais dans son cœur, il peste. Je suis venu à Cuba pour faire de l’évangélisation, moi, pas pour réparer une presse !


Tandis qu’il me raconte son histoire, il frissonne au souvenir de sa frustration, de son stress, et de son espoir de ce séjour à Cuba. « Dieu avait fait en sorte que leur vieille presse fonctionne pendant plus de 35 ans. Mais maintenant, le papier n’avançait plus. Lorsque nous sommes entrés dans la salle d’impression, de jeunes ouvriers – des ados – m’ont salué, puis m’ont demandé de faire un miracle. » Hernán, l’imprimeur visiteur venu de l’Équateur, essaie toutes les solutions imaginables. Peine perdue. Il abandonne – enfin, presque. « Si nous la démontons complètement, nous découvrirons peut-être la cause du bris, et ainsi, nous saurons comment la réparer », suggère-t-il alors. Bientôt, la vieille presse n’est plus qu’un squelette en fer. Dans la salle, ses entrailles sont éparpillées comme dans le dépotoir d’un imprimeur. Là, au milieu des différentes pièces, Hernán et les quatre ados qui l’assistent transpirent, torse nu, dans la chaleur et l’humidité accablantes. « Il manque un petit levier, s’écrie soudain Hernán, c’est pour ça que la presse n’arrive pas à fournir le papier ! Je ne l’aperçois nulle part. Et je ne sais pas comment en fabriquer un qui soit identique ! » Au même instant, le président de la mission entre dans la salle. Quelle scène ! C’est plus qu’il ne peut supporter. « Oh non ! Elle est détruite ! Qu’allons-nous faire ? Nous devons absolument imprimer les études bibliques de La voix de la prophétie et les manuels de l’École du sabbat pour toute l’île. Et vous, au lieu de réparer notre presse, vous l’avez détruite ! » À ce souvenir, Hernán frissonne de nouveau. Il revit en pensée le pire moment de sa vie. « Monsieur, je suis en train d’essayer de la réparer. » Son explication exaspère tellement le président que celui-ci s’agite et monte le ton. « S’il vous plaît… remontez-la immédiatement ! » Calmement, Hernán lui explique qu’il manque un levier, et que la dernière chose qui reste à faire, c’est de prier. « Nous allons

prier, puis je vais remonter la presse. » « Tous ceux qui étaient dans la pièce étaient bouleversés, me raconte ensuite Hernán. Bouleversés au point de tourner les talons ! Tous ! Alors que je venais de dire que nous devions prier, ils ont tous pris la poudre d’escampette ! Et moi, je me suis retrouvé tout seul avec la presse brisée. » Seul, au milieu des pièces jonchant le plancher, Hernán s’agenouille et prie. Il n’espère qu’en son seul ami. Des éternités plus tard, lui semble-t-il, tous les « déserteurs » reviennent. Leur visage est propre, leurs cheveux, coiffés. Ils portent une chemise propre. Le président me regarde alors et dit : « Nous sommes prêts à prier maintenant. Hernán, commencez. » Mais Hernán, toujours torse nu et en sueur, n’y arrive pas. « Je voulais leur dire combien je m’étais senti seul quand ils sont partis, combien j’avais peur d’avoir brisé leur presse. Maintenant, j’étais trop bouleversé pour dire quoi que ce soit, même à Dieu. » Le président et les autres prient avec ferveur. Ensuite, Hernán se lève, ouvre les yeux. Son regard se pose alors sur le plancher. Là, exactement entre ses pieds, où quelques minutes avant il n’y avait qu’un plancher en ciment poussiéreux, il aperçoit la pièce manquante ! Hernán et les ados remontent la presse et l’huilent. Va-t-elle fonctionner de nouveau ? Alors qu’Hernán guide une page blanche sur la presse « renouvelée », tous retiennent leur souffle. La page imprimée est affreuse. « Ne vous inquiétez pas. La première page est toujours mauvaise », explique Hernán tandis qu’il tourne les cadrans, ajuste les rouleaux, et prie silencieusement le céleste Imprimeur. « Voyons maintenant ce que ça donne. » Tandis que la presse de Dieu imprime parfaitement une étude biblique de La voix de la prophétie, la salle est remplie d’actions de grâces et de louanges !

Éditeur Adventist World est une revue internationale de l’Église adventiste du septième jour. La Division Asie-Pacifique Nord de la Conférence générale des adventistes du septième jour en est l’éditeur. Éditeur exécutif/Directeur de Adventist Review Ministries Bill Knott Directeur international de la publication Chun, Pyung Duk Comité de coordination de Adventist World Si Young Kim, président ; Yukata Inada ; German Lust ; Chun, Pyung Duk ; Han, Suk Hee ; Lyu, Dong Jin Rédacteurs en chef adjoints/Directeurs, Adventist Review Ministries Lael Caesar, Gerald Klingbeil, Greg Scott Rédacteurs basés à Silver Spring, au Maryland (États-Unis) Sandra Blackmer, Stephen Chavez, Costin Jordache, Wilona Karimabadi Rédacteurs basés à Séoul, en Corée Chun, Pyung Duk ; Park, Jae Man ; Kim, Hyo-Jun Gestionnaire des opérations Merle Poirier Rédacteurs extraordinaires/Conseillers Mark A. Finley, John M. Fowler, E. Edward Zinke Directrice financière Kimberly Brown Conseil d’administration Si Young Kim, président ; Bill Knott, secrétaire ; Chun, Pyung Duk ; Karnik Doukmetzian ; Han, Suk Hee ; Yutaka Inada ; German Lust ; Ray Wahlen ; membres d’office : Juan Prestol-Puesán ; G. T. Ng ; Ted N. C. Wilson Direction artistique et design Types & Symbols Aux auteurs : Nous acceptons les manuscrits non sollicités. Adressez toute correspondance rédactionnelle au 12501 Old Columbia Pike, Silver Spring MD 209046600, U.S.A. Numéro de fax de la rédaction : (301) 680-6638

Courriel : worldeditor@gc.adventist.org Site Web : www.adventistworld.org Sauf mention contraire, toutes les citations des Écritures sont tirées de la version Louis Segond 1910 (LSG). Avec Num. Strongs pour Grec et Hébreu. Texte libre de droits sauf pour les Strong. © Timnathserah Inc. - Canada Sauf mention contraire, toutes les photos importantes portent le © Thinkstock 2017. Adventist World paraît chaque mois et est imprimé simultanément dans les pays suivants : Corée, Brésil, Indonésie, Australie, Allemagne, Autriche, Argentine, Mexique, Afrique du Sud, États-Unis d’Amérique Vol. 14, n° 3

Dick Duerksen, pasteur et conteur, habite à Portland, en Oregon, aux États-Unis. Il est connu dans le monde entier en tant que « pollinisateur itinérant de la grâce. »

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Foi en herbe

Pages amusantes pour les plus jeunes

À la dérive

dans le Pacifique Sud

Ô

Dieu, je n’en peux plus, s’exclame Timmi-Ti. Si tu veux me sauver, il faut que ce soit bientôt ! » Tout a commencé à Bora Bora, l’île natale de Timmi-Ti située dans les mers du Sud. On a rempli le bateau de Timmi-Ti de melons d’eau, de bananes, et de papayes. Le marché se trouve sur une autre île à environ un jour de bateau. Mais tandis que l’embarcation se trouve encore à quelque distance de l’île, les deux moteurs – le moteur d’usage régulier et le moteur de secours – lâchent. Comme il n’y a pas de rames à bord, Timmi-Ti doit trouver un autre moyen de s’en sortir. Levant les yeux, il aperçoit un avion ! Il enlève rapidement sa chemise et la brandit furieuse30

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ment en l’air. Le pilote, hélas, ne l’aperçoit pas. Ce soir-là, au coucher du soleil, son bateau est toujours à la dérive. Heureusement, il dispose de quelques articles utiles : une paire de ciseaux à ongles, un bout de ficelle, une longue perche, un crayon gros et court, quelques feuilles de papier. Les jours passent. Aucun signe de secours. Après avoir mangé les fruits, Timmi-Ti utilise les ciseaux, la perche et le crayon pour attraper du poisson. Les jours se transforment en semaines. Timmi-Ti ne cesse de prier Dieu de le secourir. Heureusement, il connaît de nombreux versets bibliques par cœur et les récite régulièrement. Maintenant, sa peau est brû-

lée par le soleil ; ses yeux sont rouges ; ses lèvres craquelées saignent. Parfois, des requins encerclent le bateau, attendant que le pire arrive à Timmi-Ti. Timmi-Ti est perdu depuis plus de quatre mois maintenant. Alors que le pauvre homme est à peine vivant, il fait monter sa prière la plus désespérée. Soudain – au 154e jour de son aventure cauchemardesque – il aperçoit, dans la brume du petit matin, une montagne. Est-ce possible ? Terre ferme en vue ? Sentant le courant l’entraîner dans la direction inverse, il attache aussi vite qu’il le peut une extrémité de sa chemise au bateau, puis saute dans l’eau. Il nage jusqu’à la rive en tirant le bateau… avec ses dents ! Illustration : Xuan Le


WILONA KARIMABADI

Les noms de Jésus

J

Perle biblique « Tu es la forteresse où je trouve refuge, tu es mon Dieu, j’ai confiance en toi. » (Psaumes 91.2, BFC)

ésus est notre grand ami, et plus encore ! La Bible utilise différents noms pour nous montrer qu’il est bien plus qu’un grand ami pour nous. Pour en découvrir davantage sur lui, essaie l’activité suivante avec ta famille lors du culte familial. Prends un sac en papier ou en tissu de couleur dans lequel tu mettras les articles suivants : une roche lisse, une fleur, un morceau de pain, une petite lampe de poche ; ensuite, les jouets suivants : un mouton, un lion, une étoile, et une petite couronne. Passe le sac aux membres de ta famille, l’un après l’autre. Chacun doit piger un article sans regarder. Ensuite, dit à chacun de deviner le nom de Jésus dans la Bible, tel que représenté par l’article pigé. Ensuite, il doit dire en quoi ce nom s’applique à sa propre vie. Cherchez ensemble un verset biblique décrivant ce nom.

Rocher « Ils buvaient en effet au rocher spirituel qui les accompagnait, et ce rocher était le Christ. » (1 Corinthiens 10.4, BFC*)

Lampe de poche « Je suis la lumière du monde. Celui qui me suit aura la lumière de la vie et ne marchera plus jamais dans l’obscurité. » (Jean 8.12, BFC) Tandis qu’il approche du rivage, Timmi-Ti aperçoit des gens. Finalement, il atteint la plage, trébuche, et s’effondre. Les gens se précipitent vers lui et l’amènent rapidement à l’hôpital. Timmi-Ti a dérivé sur une distance de 2 000 kilomètres, soit jusqu’aux Samoa américaines ! Chez lui, on a déjà procédé à ses funérailles. Imagine le choc des gens en voyant cet homme de Dieu se promener dans son village, sur l’île de Bora Bora ! Que leur a-t-il dit ? « Si je n’avais pas mémorisé autant de versets bibliques, je n’aurais jamais pu tenir le coup. » Un merci spécial à Dorothy Aitken, dont le récit complet tiré de Guide, numéro du 7 juillet 1970, a servi de base à cette histoire.

Brebis « Je suis le bon berger. Le bon berger est prêt à donner sa vie pour ses brebis. » (Jean 10.11, BFC)

Lion

Pain « Je suis le pain de vie. » (Jean 6.35, BFC)

« Alors l’un des anciens me dit : “Ne pleure pas. Regarde : le lion de la tribu de Juda, le descendant du roi David, a remporté la victoire ; il peut donc briser les sept sceaux et ouvrir le livre.” » (Apocalypse 5.5, BFC) * Sauf mention contraire, toutes les citations des Écritures sont tirées de la version Louis Segond 1910.

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U N P E N S I O N N AT I N T E R N AT I O N A L A D V E N T I S T E À H A M B U R G , E N P E N N S Y LVA N I E

learn. Viens trouver ta place dans le corps du Christ !

Apprendre l’anglais, faire l’expérience de la culture américaine, acquérir de l’expérience dans le partage de l’Évangile avec les autres, ça t’intéresse ? Alors tu pourrais considérer Blue Mountain Academy ! Avec plus de 14 pays représentés, tels que le Brésil, la Chine, la Corée, et la Russie, les étudiants et le personnel de BMA répondent à l’appel à aller dans le monde et à y prêcher l’Évangile !

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