7 minute read
Perspective mondiale
Veiller et attendre
« Le Patron peut revenir aujourd’hui ! »
Le projet était audacieux : être le premier à traverser le continent glacé de l’Antarctique et à revenir vivant de l’expédition pour la raconter. Le 5 décembre 1914, alors que Sir Ernest Shackleton et son équipage – 27 hommes, 69 chiens, 1 chat, et 1 passager clandestin – mettaient le cap sur les confins de l’Antarctique, personne ne savait à quel point leur voyage serait éprouvant1 .
À bord du H.M.S. Endurance – un nom des plus appropriés pour ce navire – la progression se fit lente en raison des premières glaces de la mer arctique de Weddell. Les conditions s’aggravèrent à un point tel que le 19 janvier 1915, le navire resta figé dans une mer de glace, « gelé comme une amande au milieu d’une barre de chocolat », a écrit Thomas Orde-Lees, un membre de l’équipage2 .
Pendant huit mois, les membres de l’équipage se blottirent les uns contre les autres à bord de l’Endurance toujours piégé, espérant pouvoir libérer le navire dès la fonte des glaces. Malheureusement, lorsque la fonte commença en septembre, la pression devint si forte que le navire, complètement écrasé, finit par couler. Le groupe fut contraint d’établir un camp sur la glace. Mais comme la fonte se poursuivait, ils durent transférer leurs provisions et leur équipement sur une banquise plus grande, laquelle finit par se briser en deux.
À ce moment-là, ils n’eurent d’autre choix que de prendre ce qu’ils pouvaient dans trois canots de sauvetage et se diriger vers la terre la plus proche.
Après six jours horribles sur la mer arctique glaciale, sans eau douce à boire et avec la moitié de l’équipage souffrant de mal de mer et de dysenterie, le groupe épuisé débarqua finalement sur l’île de l’Éléphant, à 556 kilomètres de l’endroit où l’Endurance avait sombré. Pour la première fois depuis plus d’un an, ils se retrouvèrent sur la terre ferme.
Ayant débarqué à la pointe de l’île, le groupe se déplaça vers l’ouest jusqu’à un endroit plus approprié.
Ils installèrent leur campement en utilisant deux des canots de sauvetage pour construire des huttes de fortune, et donnèrent à ce site le nom de « Point Wild »3 .
EN QUÊTE D’AIDE
Conscient que les chances d’être retrouvés sur cette petite île arctique inhabitée étaient minces, Shackleton décida que lui et cinq hommes de confiance prendraient un canot de sauvetage et se rendraient à une station baleinière sur l’île de la Géorgie du Sud, à plus de 1287 kilomètres de là, pour y chercher de l’aide.
Assurant au reste de l’équipage qu’il reviendrait, Shackleton confia à Frank Wild, son second, le commandement du groupe et partit pour un autre
horrible voyage en haute mer, affrontant pendant 16 longs jours des vagues monstrueuses et des vents mugissants poussant les glaces.
Lorsque ces hommes arrivèrent enfin sur l’île de la Géorgie du Sud, ils découvrirent que le vent les avait poussés de l’autre côté de l’île, et que pour atteindre la station baleinière, ils devraient soit braver à nouveau la mer au risque d’être écrasés contre les rochers, soit escalader des montagnes glacées et risquer de glisser. Shackleton choisit cette dernière solution, et « après 36 heures de marche désespérée, ils arrivèrent en titubant à la station [baleinière] »4. Il fallut attendre plus de quatre mois avant qu’un navire de sauvetage n’atteigne enfin le groupe resté sur l’île de l’Éléphant.
« LE PATRON PEUT REVENIR AUJOURD’HUI »
À Point Wild, tandis que certains guettaient le retour de leur capitaine, d’autres perdirent courage. Vivant dans l’obscurité perpétuelle de l’hiver arctique, ils « fabriquaient des lampes avec des boîtes de sardines, utilisaient des pansements chirurgicaux en guise de mèches, et brûlaient de l’huile de graisse de phoque »5 .
L’un d’eux a écrit : « Ils guettent avec impatience l’arrivée du navire de secours.” » « Certains membres du groupe ont abandonné tout espoir de le voir arriver, a écrit un autre. Il n’y a rien de bon à continuer de se bercer d’illusion6 . »
Néanmoins, chaque matin, Frank Wild, que Shackleton avait laissé en charge, donnait l’ordre à chacun de « sangler et de ranger » ses affaires, disant : « Le patron peut revenir aujourd’hui7 ! »
Enfin, le 30 août 1916, alors que les hommes s’asseyaient pour manger leur déjeuner composé d’épines dorsales de phoque bouillies, un petit navire pointa à l’horizon. C’était Shackleton qui revenait pour les ramener chez eux ! Tous les membres de l’équipage de l’Endurance furent sauvés.
ATTENDRE AVEC PERSÉVÉRANCE
Mes amis, êtes-vous las d’attendre le retour du Seigneur ? Les tempêtes de la vie vous ont-elles assaillis ? Êtes-vous tentés de perdre espoir parce que l’attente, semble-t-il, n’en finit pas ? Eh bien, sachez que vous n’êtes pas les seuls ! La Bible nous dit : « Or, nous savons que, jusqu’à ce jour, la création tout entière soupire et souffre les douleurs de l’enfantement. Et ce n’est pas elle seulement ; mais nous aussi, […] nous aussi nous soupirons en nous-mêmes, en attendant l’adoption, la rédemption de notre corps. Car c’est en espérance que nous sommes sauvés. Or, l’espérance qu’on voit n’est plus espérance : ce qu’on voit, peut-on l’espérer encore ? Mais si nous espérons ce que nous ne voyons pas, nous l’attendons avec persévérance. » (Rm 8.22-25)
En outre, il ne nous est pas demandé d’attendre dans les ténèbres ! « Ce n’est pas, en effet, en suivant des fables habilement conçues, que nous vous avons fait connaître la puissance et l’avènement de notre Seigneur Jésus-Christ, mais c’est comme ayant vu sa majesté de nos propres yeux », écrit l’apôtre Pierre (2 P 1.16). Mais plus encore, poursuit-il, « nous tenons pour d’autant plus certaine la parole prophétique, à laquelle vous faites bien de prêter attention, comme à une lampe qui brille dans un lieu obscur, jusqu’à ce que le jour vienne à paraître et que l’étoile du matin se lève dans vos cœurs » (v. 19).
Ainsi, aujourd’hui, alors que le monde s’assombrit, la lumière de la prophétie brille encore plus fort qu’auparavant ! Des signes se produisent ; les prophéties s’accomplissent rapidement. Jésus revient très bientôt !
« N’ABANDONNEZ PAS VOTRE ASSURANCE »
Imaginez la vie sur cette île sombre, glaciale, alors que les hommes guettaient et attendaient le retour de leur capitaine. Chaque jour devait leur sembler être une éternité, et pourtant, ils entretenaient l’espoir alors que chaque matin, on leur disait de faire leurs bagages : « Le patron peut revenir aujourd’hui ! » Et à l’un de ces « aujourd’hui », il revint enfin !
Jésus nous invite à nous préparer chaque jour à sa venue. Il nous est dit : « Par l’exercice d’une foi vivante, il nous faut aujourd’hui vaincre l’ennemi, rechercher Dieu, bien décidés à ne pas nous déclarer satisfaits avant de l’avoir trouvé. Nous devons veiller, agir et prier comme si aujourd’hui était le dernier jour qui doive nous être accordé8 . » « Si vous êtes en accord avec Dieu aujourd’hui, et si Christ revient aujourd’hui, alors, vous serez prêts9 . »
Mes amis, je crois qu’un de ces jours, très bientôt, ce sera le jour J. Veillez donc et priez. Demandez au Saint-Esprit d’entretenir la flamme de l’espérance dans votre cœur et de vous aider à partager cette lumière avec vos semblables !
« N’abandonnez donc pas votre assurance, à laquelle est attachée une grande rémunération. Car vous avez besoin de persévérance, afin qu’après avoir accompli la volonté de Dieu, vous obteniez ce qui vous est promis. Encore un peu, un peu de temps : celui qui doit venir viendra, et il ne tardera pas. » (He 10.35-37)
Maranatha ! Jésus revient bientôt !
1 Une bonne partie de l’information historique contenue dans cet article est tirée de «The Stunning Survival Story of Ernest Shackleton and His Endurance Crew», de Kieran Mulvaney, The History Channel, sur le site suivant:https://www.history.com/news/shackleton-endurance-survival. 2 Ibid. 3 «Elephant Island», Earth Observatory, NASA, en ligne sur le site suivant: https://earthobservatory.nasa.gov/images/147696/ elephant-island. 4 Kieran Mulvaney. 5 «Elephant Island». 6 Kieran Mulvaney. 7 Ibid. 8 Ellen G. White, Conseils à l’Église, p. 236. 9 Idem., The Faith I Live By, Washington, D.C., Review and Herald Pub. Assn., 1958, p. 249.
Ted N. C. Wilson est le président de l’Église adventiste du septième jour. Des articles et des commentaires supplémentaires sont disponibles depuis le bureau du président sur Twitter : @pastortedwilson, et sur Facebook : @PastorTedWilson.