Des scalaires précieuses
A « Je vais vous raconter… » DICK DUERKSEN
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Juin 2021 AdventistWorld.org
ujourd’hui, sur l’île caribéenne de Porto Rico, il fait chaud en ce jour de sabbat. Ce matin, nous sommes allés à l’église et avons mangé les sandwichs au beurre d’arachides et à la gelée que Maman a préparés pour le voyage. Oh, ce n’est pas un long voyage, non ; ça prend un peu plus d’une heure au nord de chez nous à l’Hôpital Bella Vista, sur la colline surplombant la ville de Mayaguez. Maintenant, nous vivons le rêve préféré de Maman pour un sabbat après-midi. Nous sommes à la recherche de précieuses scalaires dans les flaques de marée, près d’Isabela, un village de pêcheurs. Maman aime beaucoup cet endroit. Tout y est spécial pour elle : les longues rangées de cocotiers qui bordent la plage ; les criques sablonneuses cachées où le sable est souvent recouvert de coquillages rejetés par la tempête ; les hautes falaises noires qui se dressent majestueusement contre l’océan. C’est un endroit magique ! Ce qu’elle préfère surtout, ce sont ces lits de roches volcaniques effilées qui font saillie dans le ressac. C’est là qu’on peut trouver de précieuses scalaires. Elle les appelle Epitonium scalare, en référence à leur nom latin. « Les scalaires – de la taille d’une grosse cacahuète – sont rares, délicates, exquises, d’un blanc cristal, et valent cher. » Maman est une collectionneuse professionnelle de coquillages. Elle aime les coquillages comme un professeur aime les livres. Elle ne garde que les plus beaux spécimens. Chacun de ses trésors est catalogué – elle tape son nom latin en caractères gras,
et son nom commun en lettres minuscules. Ses Epitonium scalare sont conservées dans une boîte en plastique spéciale, à côté de sa machine à coudre. Ce sont ses coquillages préférés. *** Comme Papa a des responsabilités dont il doit s’acquitter le sabbat après-midi, Maman nous emmène, mon frère Jack, l’infirmière Jeannie, et moi. Nous conduisons notre vieux break sur la route asphaltée jusqu’à Isabela, puis sur le sentier poussiéreux qui traverse la plantation de cocotiers jusqu’au sentier de la plage. « Soyez prudents, nous prévient-elle. La marée est basse, et les roches volcaniques sont plus tranchantes que des couteaux. Gardez vos baskets et surveillez bien les vagues ! » Maman nous met toujours en garde contre quelque chose, mais on sait que lorsqu’il s’agit des roches et des vagues, elle a raison. Les précieuses scalaires se trouvent dans les étagères rocheuses qui s’avancent dans l’eau à la base des falaises. De loin, les flaques de marée ressemblent à des miroirs plats et calmes situés juste au-dessus de l’océan. Mais quand on y arrive, on a l’impression de marcher sur la surface de la lune ! Des siècles de vagues océaniques ont usé la roche plus tendre, laissant un million de poches d’eau entourées de « couteaux » volcaniques. Les scalaires vivent dans les poches des roches volcaniques. On les voit en général dans les profondeurs de l’eau, attaquant tantôt des anémones de mer, tantôt des petits coquillages, bref, tout ce qui peut être Photo : Steve Jurvetson