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ABOUDIA L’ENFANT PRODIGE

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EN MODE NOUCHI !

EN MODE NOUCHI !

ABDOULAYE DIARRASSOUBA naît en 1983 à Abengourou. Dès 15 ans, il quitte le cocon familial pour étudier au Centre technique des arts appliqués de Bingerville, dont il ressort diplômé en 2003. Sept ans plus tard, c’est la guerre. Caché dans son studio lorsqu’il entend les tirs qui font rage en ville, il imagine… Et dessine des toiles sombres, des enfants armés, la tristesse, à l’aide de pastels gras aux couleurs foncées où le rouge sang domine. Un photographe de Reuters remarque alors ses toiles, et ses images font le tour du monde. Dès 2011, l’artiste expose à Londres, puis en 2012 à la galerie Cécile Fakhoury, à Abidjan. Sa carrière décolle et, peu à peu, sa cote avec elle. À la fin des conflits, il change de thème, pas de style. Et devient Aboudia, partageant sa vie entre Abidjan et Brooklyn. Il s’intéresse aux jeunes des rues, aux graffitis, invente ses personnages môgôs (amis fidèles au quotidien, en argot nouchi), récurrents dans ses toiles. Et garde ce trait rapide, coloré, plein d’urgence, « street art africain à la Basquiat », selon certains. À 39 ans, Aboudia collectionne les expos personnelles dans le monde entier, et le prix de ses toiles s’envole. En mars 2022, son tableau Haut les mains part pour 378 000 livres sterling (432 000 euros) lors d’une vente aux enchères chez Christie’s, à Londres. En avril, l’artiste est exposé à la 59e Biennale de Venise au pavillon ivoirien. On le retrouve aussi au Maroc, pour une vente aux enchères à la Mamounia, avec une toile monumentale (Sans titre) présentée par la galerie Artcurial. L’enfant prodige de l’art contemporain ivoirien a aussi créé l’Aboudia Foundation à Bingerville, il y a quatre ans, pour soutenir les enfants et les jeunes talents. Et dans son sillage, depuis une dizaine d’années, c’est toute la scène artistique du pays qui se retrouve dopée, avec une explosion de collectionneurs passionnés. ■ Emmanuelle Pontié

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