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MUSIQUE LES GAOUS RÈGNENT SUR LA VILLE

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EN MODE NOUCHI !

EN MODE NOUCHI !

Natifs du quartier populaire d’Anoumabo, à Marcory, A’salfo, Goudé, Tino et Manadja ont fait de MAGIC SYSTEM le g roupe de zouglou le plus connu du monde. Zoom sur une carrière fulgurante, couronnée de 16 d isques d’or.

« PREMIER GAOU N’EST PAS GAOU »… Ces mots tirés du tube de 1999 du groupe Magic System sonnent comme l’étendard d’une histoire dont les protagonistes, A’salfo, Goudé, Tino et Manadja, s’étonnent toujours eux-mêmes… Car depuis bien longtemps, plus question de qualifier de « gaous » (« innocents » en nouchi) ces jeunes sortis d’Anoumabo, un quartier historique et populaire de Marcory. Devenu une vedette mondialement connue et un homme d’affaires averti, A’salfo aime raconter leurs débuts.

Durant leur jeunesse, les compères amusent la galerie dans leur quartier natal. L’âpre quotidien n’empêche pas l’imagination, le rêve et la joie de vivre, leur permettant d’entrevoir un horizon meilleur. En 1997, la petite bande a toutes les peines du monde à réunir les 1 000 francs CFA nécessaires pour prendre un taxi et rejoindre un éditeur de disques à Cocody. Quand elle y réussit, l’homme a finalement oublié le rendez-vous. Leur premier single est un échec, mais cela ne les empêche pas de persévérer. Deux ans plus tard sort leur premier tube, « 1er gaou ». C’est le début d’une carrière fulgurante, un véritable conte de fées. Car le succès est immédiat et ne s’arrêtera plus. Dans leur pays d’abord, et dans le monde ensuite.

« 1er gaou », « Même pas fatigué ! », « Magic in the Air »… Tube après tube, ils répandent la bonne humeur autour d’eux.

Pionnier du zouglou, courant musical urbain né en Côte d’Ivoire dans lequel les chanteurs se racontent, abordent leur quotidien dans les quartiers, leurs problèmes, leurs peines et leurs joies, le groupe enchaîne tube sur tube. En 2018, pendant la Coupe du monde en Russie, l’équipe de France de football s’empare de la chanson « Magic in the Air », et sa victoire propulse Magic System sur de nouveaux territoires. Sur YouTube, le groupe est le représentant du zouglou le plus suivi, notamment grâce aux 400 millions de vues du clip de cette iconique chanson. Sa carrière est couronnée de 16 disques d’or et de 3 de platine. Devenu star de la musique africaine, il positionne Abidjan comme un creuset de la créativité du continent.

Forts de leur notoriété, ses membres créent en 2008 le Festival des musiques urbaines d’Anoumabo (FEMUA), dans le quartier de leur enfance donc, qui s’ouvre chaque année aux artistes afropop du continent. Toujours dans un esprit de partage et n’oubliant pas leur origine modeste, ils créent une fondation en 2014 : ils font de l’action sociale, particulièrement pour l’enfance et la jeunesse, un axe central de leurs activités. C’est ce qu’A’salfo appelle un « code d’honneur ». Depuis sa création, la fondation lève des fonds pour mener des actions caritatives d’ampleur et organiser des événements dans les domaines de l’éducation, la santé, la culture, l’environnement. Personnalité incontournable de la vie abidjanaise et véritable ambassadeur de son pays (au point de réagir dans les médias internationaux sur les grands dossiers de l’actualité, notamment la libération des 46 militaires ivoiriens emprisonnés au Mali), A’salfo est nommé Ambassadeur de bonne volonté de l’Unesco en 2012.

En 2016, le groupe vit un drame. Son batteur et choriste, Didier Bonaventure Deigna, dit Pépito, se noie à Jacqueville en tentant de sauver quelqu’un. Le coup est rude, mais « the show must go on », comme on dit. Cela n’a pas entamé la créativité des magiciens, puisqu’un nouvel opus est annoncé pour 2023, assorti d’une tournée européenne à partir de juin. A’salfo, Goudé, Tino et Manadja, les quatre étoiles de la lagune Ébrié, vont illuminer pour longtemps encore le ciel d’Abidjan. ■ P.D.N.

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