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PRISCA GILBERT AMBASSADRICE DE LA GASTRONOMIE LOCALE

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EN MODE NOUCHI !

EN MODE NOUCHI !

CHEFFE MULTI-TOQUES, comme elle aime à se définir, Prisca Gilbert est derrière les fourneaux depuis bientôt neuf ans. Ingénieure en communication et marketing avant cela, elle combine aujourd’hui son expérience passée à sa passion de la cuisine, qu’elle a développée dès son plus jeune âge, apprenant auprès de sa famille. À la fois formatrice, productrice de contenu culinaire et autrice , elle a ouvert son restaurant, Le Mosaïc, à Abidjan, en 2013, puis s’est envolée pour la France, où elle a suivi une formation à l’Institut Paul Bocuse. Elle est devenue par la suite la première cheffe du groupe Barrière en prenant la tête des cuisines de L’Éléphant d’or (le restaurant du casino du même nom, à Abidjan), puis chroniqueuse sur RFI, et, depuis peu, ambassadrice de l’Unicef. Mosaïc représente pour elle une passerelle entre son goût de l’entrepreneuriat et celui de la cuisine. L’occasion de troquer ses escarpins pour des baskets et de quitter les bureaux feutrés pour les ambiances plus chaudes de la création culinaire. Le plus gros challenge a été de maîtriser son enthousiasme, tout en faisant face aux réalités : « J’avais envie de créer, partager, donner du plaisir, mais je me suis très vite retrouvée happée par les difficultés de la profession. » Peu à peu, elle y est pourtant arrivée : « J’ai découvert le plus beau métier du monde. » Actuellement cheffe itinérante, elle expérimente sa vocation sur tous les plans. Ce mode de vie lui permet de voyager et d’écrire, en travaillant pour des événements professionnels ou privés. C’est une autre façon d’exercer son métier. La cordon-bleu met un point d’honneur à soigner l’esthétique de ses assiettes et à offrir un tableau tout aussi alléchant pour les yeux que pour la bouche. Les matières et les couleurs sont choisies avec soin, dans le souci d’une harmonie des sens. Instinctive en ce qui concerne l’association des saveurs, elle est très rigoureuse dans le traitement des produits. Le processus de création d’un plat passe par plusieurs étapes, dont l’aboutissement est un véritable équilibre qui doit sublimer les produits du terroir. L’objectif est avant tout de faire vivre une expérience culinaire.

Prisca Gilbert valorise la cuisine de chez elle, notamment dans ses chroniques « La Vie ici », sur RFI. Elle y présente les produits et les matières premières locales, leurs valeurs et qualités nutritives, et propose des astuces et des recettes. Au cours des événements auxquels elle est invitée, elle anime souvent des ateliers et des formations, et souhaite toujours transmettre les valeurs des cuisines ivoirienne et africaine, lesquelles suscitent beaucoup d’intérêt. « Il est important d’y entrer de plain-pied, sans complexe, de partager notre culture. » Pour elle, transmettre son savoir-faire est primordial. La Côte d’Ivoire est riche de ses produits, qui diffèrent du nord au sud, et la profession de chef est en pleine expansion. De plus en plus de cuisiniers s’affichent dans les médias pour communiquer sur ce qu’il y a de beau dans leur activité et donner envie aux jeunes générations de l’exercer. La cheffe s’est aussi fixée comme objectif de briser les idées préconçues sur la cuisine locale, trop souvent perçue comme grasse, calorique et sans réelle valeur nutritive. Mais comme elle aime à le rappeler, la nourriture végane n’a pas été inventée en Occident. Les campagnes regorgent de céréales, tel que le fonio, qui présentent l’avantage d’être sans gluten, et les sauces ne sont pas toujours à base d’huile. Il faut communiquer sur la richesse et faire l’éloge des spécialités du pays.

Quand elle ne cuisine pas, la quadragénaire se consacre à la création. En 2021, elle a publié un livre de recettes de goûters pour enfants, Les Recettes de Mamie Akissi (Nimba Éditions), en hommage à sa grand-mère, qu’elle suivait partout. Au marché pour faire les courses, chez ses amies, et surtout derrière les fourneaux. C’est avec elle qu’elle a appris les bases de son art. Prisca Gilbert ouvrira bientôt un centre culinaire des cuisines africaines, lequel aura pour mission la formation professionnelle d’étudiants qui utiliseront des produits locaux. Ce centre disposera d’un restaurant d’application ouvert au public, permettant ainsi aux consommateurs d’en apprendre davantage. ■ J.Z.

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