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EN MODE NOUCHI !

EN MODE NOUCHI !

la fin des années 1950 et au début de la décennie suivante, alors que la plupart des pays d’Afrique subsaharienne accédaient à l’indépendance, l’architecture devint l’un des principaux moyens pour les jeunes nations d’exprimer leur vigueur et leur désir de grandeur. Dans les capitales africaines, parlements, banques centrales, stades, centres de conférences, universités et monuments commémoratifs se mirent à sortir de terre, souvent construits dans des styles audacieux. L’aspect moderne et futuriste caractérisant ces édifices reflétait les aspirations et la foi en l’avenir qui imprégnait alors les mentalités, coïncidant avec une période de prospérité économique qui permit de recourir à des procédés de construction élaborés, tandis que le climat tropical s’harmonisait parfaitement avec cette architecture de style international brouillant la limite entre espaces intérieur et extérieur, axée sur la forme et l’expression de la matérialité. Félix Houphouët-Boigny, premier président de Côte d’Ivoire, perçut très rapidement que les hôtels de luxe constituaient un élément clé dans le processus de construction d’une nation. Non seulement ils ouvraient le pays à un marché touristique en pleine expansion, mais ils offraient également la possibilité d’accueillir hommes d’affaires et politiciens du monde entier, grâce à une infrastructure adaptée à l’organisation de conférences et de réunions, véhiculant une image de réussite et de glamour au monde occidental. Par conséquent, l’un des premiers projets qu’il engagea après l’indépendance fut la mise en chantier de l’un des complexes les plus fastueux de toute l’Afrique occidentale, si ce n’est de tout le continent : l’hôtel Ivoire, point de départ d’un boom sans précédent du secteur, qui aboutit à un vaste programme de construction hôtelière et d’aménagement de sites touristiques. Le nombre de visiteurs fut ainsi multiplié par plus de quatre entre 1970 et 1985, passant de 45 000 à 204 000.

LA GENÈSE D’UN MYTHE

Au moment de l’accession à l’autonomie de la Côte d’Ivoire, le 7 août 1960, les principaux réceptifs hôteliers d’Abidjan étaient le Bardon (devenu l’hôtel du Parc), le Grand Hôtel, au Plateau, et l’hôtel du Relais (occupé actuellement par le Bureau national d’études techniques et de développement), à Cocody. Ces établissements appartenaient tous aux Relais aériens, une société qui construisait et exploitait lieux d’hébergement, restaurants ou bars d’aérodrome dans l’Union française. Leur standing correspondait davantage à celui d’une petite ville provinciale hexagonale qu’à une capitale africaine digne de ce nom, calquant le modèle américain qui faisait tant rêver Houphouët-Boigny. Le long du littoral atlantique, de Dakar à Kinshasa, les hôtels qui se distinguaient étaient l’Ambassador à Accra, le Ngor à Dakar et le Ducor à Monrovia, qui reçut le président ivoirien peu après l’indépendance, lors d’une visite officielle qu’il effectuait au Liberia. Il y rencontra le maître d’œuvre de l’établissement, l’architecte, promoteur immobilier et homme d’affaires roumano-israélien Moshe Mayer, auquel il aurait demandé de lui édifier un « hôtel de ce genre chez [lui], à Abidjan, mais plus joli ». L’entrepreneur se rendit donc en Côte d’Ivoire, visita la ville et accepta de diriger les travaux de planification et de construction du complexe de l’Ivoire imaginé par Félix Houphouët-Boigny dans le quartier de Cocody – déjà un

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