3 minute read
Repères
from AM Hors série
by afmag
1966. Naissance à Daloa 1987-1989. Formation en France Expositions solos 1990. Première exposition avec La Femme masquée 1991. Bassam la vieille, à la galerie Arts pluriels 1993. Les Fous d’Abidjan, à Lisbonne, Coimbra, Lorient, Bamako, Düsseldorf, Genève et Abidjan 1995. Les Gamins d’Abidjan
Expositions collectives 1993-1996. Stages des Rencontres de la photographie d’Arles
Résidence au Centre international de création vidéo (Hérimoncourt)
1994. L’Œil du temps (13 photographes découverts par l'artiste au cours de sa tournée de prospection à travers le pays, dont Cornélius Yao Augustt Azaglo et Ananias Leki Dago), au Centre culturel français
Première édition des Rencontres de Bamako 1998. L’Afrique par elle-même, au Museum of Arts (Washington), à la Maison européenne de la photographie (Paris) et au Guggenheim Museum (New York)
2004-2005. Asphalte, à la galerie de l’École supérieure des beaux-arts (Montpellier) 2014. Charcot : Une vie avec l’image, à l'hôpital de la Pitié Salpêtrière (Paris) 2016. Bazouam', galerie sur route, au village artisanal de Grand-Bassam 2017. Dilogie, au MuCAT Vidéo et cinéma 1996. Docu Arsène, Patrice, Clémentine, sur les malades du sida 2001. Docu Djaatala, projeté aux Rencontres de Bamako 2002. Docu L’Innocence en péril, primé au Festival international du film d’Amiens. ■ qu’il est impossible d’en saisir une image permanente, singulière et pérenne. Parfois, quand je parcours mes fichiers photo, je me rends compte que mes images n’ont pas le temps de vieillir de plus de quelques mois que, d’une certaine façon, elles sont déjà devenues des archives. Abidjan est mouvante, il y a une vraie difficulté à la fixer : elle t’échappe tout le temps, et c’est aussi ce qui fait son charme photographiquement parlant. C’est une ville facile, elle te donne toujours, il suffit d’ouvrir les yeux comme il faut. En tant que photographe, mon rapport à Abidjan est dicté par la curiosité. Conserver un regard neuf, c’est primordial pour moi, car j’ai besoin d’être fasciné par quelque chose et de partager cette fascination.
Qu’est-ce qui fait sa spécificité ?
Ses nuits comme je disais, sa cacophonie visuelle et sonore, et son sens inaltérable de la fête : on ne fait pas la fête à Dakar comme on la fait à Abidjan, on ne retrouve pas ça au Mali ni au Burkina. Elle a cette particularité, au point d’être enviée et copiée par ses voisins. Avec la nouvelle mode des afterworks, le week-end se dilue même dans la semaine, on fait tout pour qu'il y ait des occasions de se rassembler. À l’heure de la productivité exacerbée et des réseaux sociaux, vous privilégiez une méthode inscrite dans la durée et refusez la communication numérique. Pourquoi ?
C’est vrai qu’Instagram, TikTok, et tout le tralala, très peu pour moi. J’ai un peu de mal avec tout ça, car il y a une forme de mise en scène derrière : en y recourant, tu orientes le regard et conditionnes ce que tu veux que l’autre perçoive de toi. Je n'ai pas besoin d’orienter les gens qui s’intéressent à mon travail ni d’exister de cette façon. Mes photos, il faut aller les chercher ; ça prend du temps, mais ce sont aussi des images que j’ai mis du temps à produire. Et je ne prends pas Internet comme une galerie d’exposition personnelle. Je n’agresse pas les gens avec ce que je fais. Je donne à voir de façon très suggérée et libre, peutêtre parce que je me suis intéressé à beaucoup de choses assez dures. Je ne me sens pas le besoin d’imposer. Je ne fais pas de la photographie, je suis photographe, et ça ne passe pas forcément par l’acquisition de matériel dernier cri ou une impression sur papier ou autre. Mon premier appareil, c’est ma tête. Je fais de la photographie tout le temps parce que je la pense. Une photo, avant qu’elle soit donnée à voir sur un support, je l’ai déjà pensée, et quand j’enclenche le geste mécanique ou la démarche de recherche, je suis dirigé par une impulsion qui ne me permet pas de désobéir ou de me dérober. Il faut que je le fasse, c’est tout. L’appareil photo, dans ce contexte, devient juste un accompagnateur, comme un pinceau pour l’artiste. C’est pour ça qu’il y a des photos qui ne verront jamais le jour. J’ai toute une galerie d’images dans ma tête, que je garde, et dans cette galerie, parfois je vais puiser une image et prendre un appareil pour la saisir, la développer, etc. Pour ce qui est de mon approche immersive, j’ai la chance de ne pas travailler sur commande, et donc de ne pas être dicté par l’urgence. Il s’agit avant tout de comprendre un phénomène, et la plupart des sujets que je traite ne peuvent