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Mon premier appareil, c’est ma tête. Je fais de la photographie tout le temps, parce que je la pense.

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EN MODE NOUCHI !

EN MODE NOUCHI !

Depuis 2014, il s'intéresse également aux infrastructures routières.

pas s’aborder de la même manière qu'un reportage avec une deadline. Ce qui m’a pris le plus de temps pour ma série sur les fous, c’est de les approcher, d’essayer de discuter avec eux afin de comprendre ce qu’ils vivaient de leur point de vue. Et j’ai fini par comprendre bien plus tard que quelqu’un qui a déconnecté de la société conventionnelle, ou plutôt qui a été rejeté, écrasé, et livré à l’oubli par cette société, ne peut pas, du jour au lendemain, accepter un inconnu qui vient vers lui et appartient par ailleurs à cette société qui l’a rejeté. Dans ma démarche sur des sujets comme les rescapés du Rwanda, je regarde d’abord les choses de l’intérieur ; c’est le genre de travail qui demande beaucoup d’empathie, on ne peut pas le faire sans. Mais l’empathie dont je parle ne veut en aucun cas dire que l’on puisse vivre la vie des autres, surtout pas avec du matériel high-tech et une condition de privilégié. Il faut savoir rester à sa place, trouver sa place aussi en quelque sorte pour établir un dialogue authentique. Et ça, ça doit déterminer la manière dont on s’engage à traiter son sujet. On ne peut pas faire un travail comme celui-là sans prendre son temps. Aujourd’hui, c’est vrai, c’est un luxe, mais c’est un luxe que j’ai la possibilité de m’offrir donc je ne m’en prive pas. ■

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