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Black Charles «Put Abidjan on the map»

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EN MODE NOUCHI !

EN MODE NOUCHI !

Charles Tanoh-Boutchoué est DJ, beatmaker, producteur, directeur artistique et cofondateur du collectif Bain de foule. Son mot d’ordre est « Put Abidjan on the map » : il veut pousser la scène artistique à son summum et faire parler d’elle. Black Charles est un enfant du monde, et cela se ressent dans son univers. Dès l’enfance, il est piqué par le virus de la musique et développe son oreille, piochant dans la collection de vinyles de son père, diplomate, faisant alterner galettes brésiliennes, africaines et américaines. Né au Brésil, il y vit jusqu’à l’âge de 6 ans, puis il fait son cycle primaire en Côte d’Ivoire, avant de s’envoler aux États-Unis, où il effectue ses études secondaires et une partie de sa formation supérieure.

C’est à New York que naît réellement sa passion. Au lycée, il monte un groupe de hip-hop avec des amis, puis, en parallèle de ses études de business et de marketing, apprend en autodidacte le beatmaking et la production. Il arpente l'univers underground de la nuit, et commence sa carrière de DJ dans une boîte branchée de l'East Village. L'occasion de s'imprégner de la scène alternative et d'élargir son horizon auprès des communautés hispaniques, blanches, noires. Il tombe sous le charme de la soul, du jazz, et surtout du rock. En 2008, il quitte la Big Apple et rejoint son père en Égypte, où il suit un cursus médias et communication, avec une option production audio musicale, à l’Université américaine du Caire. Se plongeant dans la scène égyptienne, il découvre le monde de l’électro. Une période de transition pendant laquelle il délaisse ses influences hip-hop.

Trois ans plus tard, il retourne en Côte d’Ivoire et s’y établit. À l'image du pays, qui sort d'une forte crise politique, c'est le moment pour le jeune homme de se réinventer et de repartir de zéro. Il commence par de petits boulots, puis obtient une première résidence de DJ dans un bar aux 2 Plateaux Vallon. Mais l'établissement ferme en 2013, ce qui est un mal pour un bien, puisqu'il devient DJ du Bao Café, très en vogue à l’époque. Ces résidences lui permettent de créer son univers musical et de tisser son réseau. En décembre 2018, avec DJ Jeune Lio, Aziz Doumbia (propriétaire du concept store Dozo), Aurore Aoussi (fondatrice d’Apéro Abidjan) et Fayçal Lazraq (à la tête des restaurants Fé Ta Crêpe et d’une salle de sport à Grand-Bassam) – qui forment à eux cinq le collectif Bain de foule –, il lance l’événement La Sunday. « L’idée était de recréer une ambiance qui existait en Occident et qu’on ne trouvait pas ici, un espace où l’on pouvait se retrouver le dimanche après-midi entre amis. » L’aventure démarre et prend de l’ampleur. Les happenings itinérants attirent chaque fois plusieurs milliers de personnes.

En parallèle, Bain de Foule Studio voit le jour à la Fondation Donwahi : un espace de rencontre pour les créateurs de tout poil, où l’on parle de ses projets, et une plate-forme pour les artistes et les marques. Pour Black Charles, « la scène créative à Abidjan est la plus intéressante, tout est à faire. » Il fait partie de cette nouvelle génération de créateurs qui ose et n’a pas peur. Aidé par ses connaissances en marketing et en networking, il utilise les réseaux sociaux pour échanger avec d’autres artistes du monde entier, espérant que les générations à venir s’en inspireront et que se développera un véritable secteur créatif dans sa ville.

Ses projets ? Le beatmaker travaille sur un premier EP de 6 titres et souhaite fonder une école de DJ, voire de production. Il aimerait également collaborer avec des artistes issus de diverses disciplines. « J’aime l’idée du mélange et du partage, on n’a pas tous la même manière de voir les choses, mais on peut s'associer pour les expliquer de façons différentes et arriver ainsi à une nouvelle interprétation. » Son projet le plus fou : développer la scène électronique ivoirienne pour aboutir à la création d’un véritable son local. ■

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