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Clentélex L’intello engagé
from AM Hors série
by afmag
JEUNE ÉTOILE MONTANTE, André Niamke Wandan, connu sous le nom de Clentélex, est lauréat du prix Africa Comedy by Montreux Comedy 2019 et du prix Révélation au Grand Prix Ivoire humour 2020. Il met régulièrement en avant sa commune, Abobo, dans ses « stand-up abobolais » et espère bien la représenter sur les planches internationales. L’humour est son arme, et il se sert de ses sketchs pour faire connaître les difficultés que connaît la population de ce quartier d’Abidjan.
Ensuite : Vous vous considérez comme un humoriste engagé ?
Clentélex : Je suis comédien humoriste, et je précise toujours abobolais. Chaque comique se doit d’avoir une identité qui lui est propre, et la mienne, c’est que je viens d’Abobo. C’est une commune qui collectionne les clichés négatifs, mais j’ai décidé de la mettre à l’honneur, justement. D’une certaine manière, oui, je m’engage, mais j’engage aussi tout le quartier avec moi ! Mon but est avant tout de faire rire, mais j’aime faire passer des messages par le biais de l’humour, mettre en avant les problèmes que l’on rencontre et essayer ensemble de trouver des solutions. Certes, il y a des difficultés à Abobo, mais comme partout. Je traite aussi des réalités vécues par l’ensemble des Abidjanais, comme le trafic routier aux heures de pointe, ou le non-respect du code de la route, ou encore le service à l’hôpital. Dans tout instant vécu, il y a une part d’humour. Même dans la mort, il y a un côté drôle. Il suffit de voir les choses avec un regard différent.
Quelle est la réaction du public abobolais face à vos sketchs ?
Certaines personnes ne comprennent pas le second degré et trouvent que je présente la commune sous son plus mauvais jour. Mais d’un autre côté, je suis énormément soutenu. Ça fait plaisir à plein de monde de voir un jeune du quartier réussir et mettre en avant les problèmes rencontrés. Abobo est malheureusement réputé pour sa violence et sa précarité, alors quand certains d’entre nous arrivent à s’en sortir et écrivent des textes pour dénoncer des situations vécues, cela ne peut que faire plaisir. Par ailleurs, tout cela est bénéfique pour moi, parce que ça m’a permis de me faire un nom et de me démarquer par mon style.
Parlez-nous du film J’irai faire rire les Blancs
Il a été réalisé par Jean-Charles Guichard et Noémie Mayaudon en 2019, pendant le casting du Montreux Comedy Festival. L’idée était de montrer comment un jeune humoriste africain écrit ses textes de manière qu’un public européen arrive à rire de ses blagues. À la suite de ma victoire au concours, ils m’ont donc accompagné. Mon objectif était d’être universel. Quand je me produis à l’international, je fais en sorte que mon humour puisse être compris par tous. Il suffit d’adapter ses textes dans ce sens. J’articule mon spectacle comme une carte postale, je joue le guide, et le public me suit dans le voyage. Je les transporte à Abidjan, chez moi, à Abobo. Quel est votre avis sur la scène humoristique ivoirienne ?
Je dirais que les Ivoiriens sont sur le devant de la scène africaine francophone. Nous avons de très grands artistes, comme le Magnific, DJ Ramatoulaye ou encore Oualas, qui ont mis la barre très haut. Grâce à eux, lorsque l’on se présente en tant que comique ivoirien à l’étranger, on est déjà respecté et apprécié. En ce qui concerne les planches internationales, il y a encore du chemin à parcourir. Mais nous sommes sur la bonne voie. Si nous nous en donnons la peine, si l’on travaille dur, on peut très rapidement gravir les échelons et se positionner sur le marché. La jeune génération représente un énorme potentiel. Il faut juste se donner les moyens d’y arriver. À Abidjan, une dynamique se crée, nous assistons à un boom des comedy clubs. Avant, il n’y avait que le Bao Café. Aujourd’hui, je peux vous citer plusieurs espaces artistiques, comme le MAC, le Gondwana Club, le Dycoco, et énormément d’émissions de télé, telles que Bonjour, ou de radio, comme Surtout ne riez pas, sur Fréquence 2. Tout est mis en œuvre pour la promotion du domaine. ■