Magazine octobre 2017

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LE MAGAZ NE

Association Gendarmes & Citoyens ASSOCIATION PROFESSIONNELLE NATIONALE MILITAIRE

Temps de travail Parly juge ” dommageable” la décision de la Gendarmerie

Mensuel en ligne et gratuit - N° 96 OCTOBRE 2017 - AG&C®

www.AssoGendarmesetCitoyens.com



L’édito Le mois d’octobre 2017 a été marqué par la disparition voix de ceux qui sont sur le terrain sans que des enjeux du doyen de notre association. Je salue respectueuse- parasitaires ne viennent amoindrir la force de ce noument sa mémoire. veau concept. S’il est un domaine où l'on aime se faire peur en Gendarmerie, c'est sans aucun doute sur les rumeurs de changements. Il n'y a qu'à constater depuis un mois, à la suite de la déclaration du Président de la République, LE sujet d'inquiétude des gendarmes : l'application de la directive européenne sur le temps de travail. On assiste donc à des phases montantes et descendantes d'inquiétudes puis de propos qui se veulent rassurants. On a tout entendu, même son contraire. Certains ont déjà brûlé l'IP 36132 quand d'autres affirment que c'est une excellente base de travail pour l'ensemble des forces armées.

C'est ambitieux car cela n'a jamais été tenté. C'est ambitieux car notre volonté n'est rien sans l'adhésion de nos membres. C'est ambitieux car si ceux-ci ne sont pas assez nombreux, notre voix ne pourra pas porter aussi loin que possible.

Une fois de plus cette année, cet édito sera un appel à nous rejoindre, notamment pour ceux qui sont dans la crainte, pour ceux qui veulent défendre les valeurs militaires que porte la Gendarmerie. Oui il est possible de faire comme souvent en cas de crise : apporter une réponse qui soit à notre image, à la fois innovante et repoEntre les propos de notre Directeur Général se voulant sant sur nos valeurs. D'autres choix sont possibles mais tranquillisants et le pavé dans la mare de la ministre des chacun doit bien comprendre qu'ils engageront l'avenir Armées, il est vrai qu'il y a de quoi perdre son latin. A de toute notre communauté. croire qu'il a fallu attendre ces dernières semaines pour qu’elle découvre le statut militaire des gendarmes, sans Si vous lisez ces lignes et que vous partagez notre vision, savoir qu’ils ne lui sont pas rattachés organiquement. c'est assez simple, faites le savoir en cliquant sur ce lien : https://www.assogendarmesetcitoyens.com/... Bref, les rumeurs de changements sont sources d'inquiétude dans la Gendarmerie, cela a toujours été ainsi. Il y a un acteur nouveau désormais sur lequel il faudra comp- Etre homme, c’est précisément être responsable. C’est sentir, ter : les APNM. Et la réception dans le cabinet du Géné- en posant sa pierre, que l’on contribue à bâtir le monde. Anral d’armée Lizurey, le 27 octobre dernier augure d’une toine de Saint Exupéry nouvelle dimension de AG&C dans le panorama de la concertation. Il n'est donc plus temps que nos épouses prennent la plume pour alerter les ministres. Il n'est plus utile que les retraités fassent entendre leur voix. Il n'est plus nécessaire de lancer des mots d'ordre ravageurs à descendre dans la rue. Laissons le passé au passé et regardons l'avenir ! Il semble qu'il y ait deux voies devant nous, celle menaçante de la confrontation de type banalement syndicale, qui consiste à crier très fort et à récupérer les moindres miettes, et celle plus innovante, car jamais tentée d'un dialogue apaisé mais n'occultant pas les réalités. On ne travaille pas contre l’administration centrale, mais avec elle. C'est cette ambition que porte AG&C depuis bientôt une décennie, celle d'un dialogue vrai et franc avec nos autorités et la certitude de représenter réellement la

Gendarme David SOYER Vice-président PAGE

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Le sommaire

Association Gendarmes et Citoyens Quartier BETEILLE Bâtiment 01 App. 05 33270 BOULIAC Directeur de publication Jérémy Langlade admin@assogendarmesetcitoyens.fr

06 11 47 18 85 Comité de rédaction Le conseil d’administration Des membres volontaires Corrections Capitaine ER Jean-François Charrat Conception graphique Maquette - Jérémy Langlade Photos - Médiathèque AG&C, Images et photos internet Couverture - Montage AG&C Dépôt légal - Reproduction autorisée dès parution Contact@assogendarmesetcitoyens.fr Magazine sponsorisé par

3 - L’édito du vice-président 5 - Réception de l’APNM G&C place BEAUVAU 6 - L’affaire du « temps de travail en Gendarmerie « L’annonce du Président Macron qui va réduire le temps de repos » « Réaction AG&C » « Interrogation suite aux propos du DGGN du 10 octobre devant la Commission de la Défense » « Réponse de la DGGN, fin d’une polémique ? » « Parly juge ” dommageable” la décision de la Gendarmerie » « Réaction AG&C, de quoi je me mêle ? » 14 - Incendie à la Gendarmerie de MEYLAN Décès d’un camarade dans le Var Un camarade nous quitte… Gendarmerie en deuil… Adieu Camarade 16 - PARTENARIAT – UNEO – GKPRO 17 - AG&C reçue au Sénat 17 - Présentation de l’équipe AG&C. 18 - Rejoindre AG&C 18 - Enquête pour violation du secret de l’instruction - REACTION 20 - UNEO – Précompte sur solde 22 - TRIBUNE LIBRE Sécurité des casernes… Force de l’ordre : L’hécatombe Un peu d’histoire… 28 - Edouard MARCAUD : Du Maquis à la Gendarmerie, une vie au service de la France 42 - L’équipe AG&C 44 - Nous rejoindre ! 46 - Nos partenaires


Réception de l’APNM G&C place BEAUVAU

Le vendredi 27 octobre 2017, le Mdl/C Thierry GUERRERO, président de AG&C et le Mdl/C Lionel DELILLE, vice-président, étaient reçus par le Général d’Armée Richard LIZUREY au cabinet du Directeur Général au sein du Ministère de l’Intérieur. Durant cet entretien, et en présence également du Colonel ARVISET, Secrétaire général du CFMG, de nombreux sujets ont été abordés durant près d’une heure et demi. Il a été bien évidemment question des futurs travaux de la prochaine session CFMG, notamment en ce qui concerne le temps de travail. Après avoir de nouveau rappelé et confirmé qu’il était absolument hors de question de revenir sur la disposition des 11 heures de RPJ ( Repos Physiologique Journalier ), le Directeur souhaitait avoir l’avis de l’association quant à une approche différente sur le temps de travail. Questionnés sur la ligne directrice de l'association, le président et le viceprésident ont rappelé l'attachement de ses membres au statut militaire de la Gendarmerie, tout en proposant de nouvelles pistes sur la notion de permanence dans les brigades territoriales et l'aménagement du temps de travail en fonction des contraintes locales. Des propositions ont également été faites afin de mutualiser sur des secteurs prédéfinis, localement, des forces vives pour éviter des astreintes redondantes et inutiles de personnels qualifiés. Enfin, il a été rappelé au Directeur Général que depuis plusieurs années, l’association prône une réorganisation du service qui tendrait vers un travail jour OU nuit, et non comme actuellement jour ET nuit. Le Général LIZUREY a été sensible aux arguments développés et a exprimé son souhait de remettre les compagnies au cœur de l'action. Il nous a informé d’une réflexion sur le redéploiement de certains effectifs la nuit. Par ailleurs, rebondissant sur l’actualité, il nous a également indiqué que très rapidement un plan de sécurisation des casernes de Gendarmerie allait être mis en œuvre, mais il est revenu aussi sur les déclarations du Procureur de la

République de GRENOBLE. Le Directeur a rappelé son attachement et son soutien à tous les services œuvrant dans l’enquête de la disparition de la petite Maëlys. Ce fut l’occasion d’aborder l’immense chantier concernant les liens Gendarmerie/Justice et la nécessité de mettre des moyens en place afin de faire cesser l’arrivée dans les Brigades Territoriales de missions indues et chronophages, tels les soit-transmis pouvant être traités directement par les juridictions locales ( demandes de photocopies de document, convocation, etc). Les échanges francs et directs ont été conduits sans filtre, ce qui a toujours été la marque de fabrique de l'association. Le Directeur Général s'est félicité de cette rencontre et, même si APNM G&C se démarque par la publication parfois caustique de ses communiqués sur un événement ou un incident, le Général a répété son implication à entretenir des relations fructueuses et sans équivoque avec elle. Pour finir, le Directeur Général a confirmé toute la légitimité de la place de l’association dans le paysage de la concertation interne, en complément de la chaîne de concertation existante. APNM G&C, en devenant un acteur inévitable de la concertation, montre au quotidien qu'elle œuvre pour défendre l'intérêt des militaires de la gendarmerie, dans un cadre général. Elle prouve une fois de plus sa capacité à s'emparer des problématiques du moment tout en préservant l'esprit de corps qui a toujours fait la force de l'Institution. Que ceux qui en doutaient soient désormais convaincus que APNM G&C a toute sa place dans le paysage représentatif de la gendarmerie. Enfin, le Président, le Vice-Président et l'ensemble du conseil d'administration remercient sincèrement le Directeur Général de la Gendarmerie Nationale et le Secrétaire général du CFMG d'avoir pris le temps de les écouter et de répondre à leurs propositions. P A G E 5


Le 18 octobre 2017 « L’annonce du Président Macron qui va réduire le temps de repos »

C'est une petite phrase au milieu du discours d'Emmanuel Macron sur la sécurité intérieure qui pourrait changer le quotidien des gendarmes et des militaires. "Ma détermination est complète pour qu'aussi bien la gendarmerie que le ministère des Armées ne soient pas concernés par la directive bien connue", a déclaré le chef de l'État. Cette directive européenne date de 2003 et impose que tous les travailleurs bénéficient d'une "période minimale de repos de 11 heures consécutives au cours de chaque période de 24 heures".

Les associations professionnelles inquiètes Depuis un an, les gendarmes s'étaient mis en conformité avec cette directive et s'ils n'arrivaient pas à prendre 11 heures de repos consécutives dans la même journée, ils bénéficiaient d'une période de récupération. Un an après, vont-ils à nouveau devoir réorganiser leur temps de travail et perdre d'éventuelles heures de repos ? C'est ce qui préoccupe les associations professionnelles. Aux demandes de questions complémentaires, Gérard Collomb a préféré botter en touche ce jeudi 19 octobre.

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Le 19 octobre 2017 « Réaction AG&C » Le 18 octobre 2017, le Président de la République s'est adressé aux personnels du ministère de l'intérieur. Durant une heure et demi, il a dressé la liste des mesures qu'il entendait mettre en œuvre tout au long de son mandat dans le domaine de la sécurité. Devant une assemblée très attentive, il a déroulé le programme qu'il avait concocté au cours de sa campagne. Et puis, en fin de discours, une phrase sibylline a plongé la communauté de la gendarmerie dans la perplexité.

d’une part et à la communauté européenne dont la France s’est engagée à transposer les directives, d’autre part ? Le but serait-il de jeter les gendarmes dans l'arène de revendications intenables, laissant comme seule solution au Président de la République de prendre une décision radicale sur l'existence d'une Institution multiséculaire?

La gendarmerie, dans l'urgence a fait le choix de transposer la directive européenne sur le temps de repos plutôt «Ma détermination sera complète pour que la gendarmeque sur le temps de travail hebdomadaire. rie ne soit pas concernée par la directive bien connue Aujourd’hui, il n'est pas inutile de rappeler qu'un gen» (sic). darme de brigade ou d'escadron est une ressource emAprès le premier étonnement naturel, tant la transposi- ployable pour son institution au moins 65 heures par setion de la directive européenne a suscité beaucoup maine. Doit-on comprendre que ce volume horaire n’est d’interrogations, conduisant dans l’urgence à l’abrogation pas suffisant aux yeux du Président de la République ? de la circulaire 1000 et à la rédaction de l’Instruction Provisoire 36132, il est temps de réfléchir à l’affirmation d’un AG&C a toujours défendu la condition des militaires de la tel propos. Quelles sont les raisons qui ont poussé le gendarmerie en adaptant son discours aux contraintes du Président de la République à lancer un tel pavé dans la moment. Cependant, depuis dix ans, et nos différents mare ? Mais surtout quelles en seront les conséquences communiqués sont là pour en attester, nous avons mainsur les conditions professionnelles et personnelles des tenu la même ligne éditoriale et nous ne serons pas des gendarmes ? Le statut militaire de la gendarmerie est re- témoins placides de l'évanouissement programmée des mis sans cesse en question par la Communauté Euro- périodes de repos dues aux gendarmes. L'association met péenne qui exclut de ses textes toutes formes de police en garde, dores et déjà, ceux qui profiteraient de cette militaire. L’adhésion de la France à cette organisation en- déclaration pour s'engouffrer dans la brèche afin de faire traîne un certain nombre de contraintes juridiques. Mais disparaître, même momentanément, les RPJ ou les RPC la gendarmerie existe depuis huit siècles et elle tire sa de leurs subordonnés. Les nombreux contacts que l'assolégitimité et son efficacité de sa disponibilité au plus près ciation entretient avec les plus hautes autorités de l'Instide la population. La transposition de la directive en ques- tution garantiront, soyez en certains, la remontée immétion et “bien connue” permet à chaque gendarme de bé- diate d'éventuelles dérives. Les adhérents sont invités à néficier de 11 heures de repos par journée travaillée et contacter rapidement la permanence téléphonique en cas éventuellement de compenser ce repos en cas d’incapaci- de difficultés avérées à ce sujet. té factuelle. Cette possibilité de couper avec un quotidien contraignant est appréciée par toutes les subdivisions La vigilance est de mise et AG&C ne peut qu’exprimer d’arme. En lançant une telle déclaration devant un par- son incompréhension face à une telle déclaration. L’assoterre de gendarmes, le Président Macron a-t-il cherché à ciation attend de la chaîne hiérarchique des éclaircisseinstiller l’idée selon laquelle il n’est pas concevable qu’un ments sur l’éventuelle décision de ne plus appliquer l’enmilitaire puisse bénéficier de temps de repos ou d’une cadrement de cycles horaires. amplitude maximale hebdomadaire ? En raison du peu En outre, elle regrette, au même titre que les membres d’éléments dus certainement, à une “pensée complexe”, des syndicats de policiers et des membres du CFMG, AG&C refuse de croire qu’il sous-entend que le fonction- qu’aucun représentant des APNM n'ait été convié à écounement de la gendarmerie ferait machine arrière en ma- ter un message qui se voulait offensif et résolu. tière de conditions de travail. Si cette éventualité venait à devenir une réalité, quels seraient les messages adressés à l’ensemble des gendarmes et globalement des militaires, PAGE

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Le 20 octobre 2017 à 18 heures « Interrogation suite aux propos du DGGN du 10 octobre devant la Commission de la Défense » «Ma détermination sera complète pour que la gendarme- Lizurey. Si l'on peut s'étonner de la discordance de ce propos avec les messages de fermeté sur l'application de rie ne soit pas concernée par la directive bien connue » l'Instruction Provisoire adressé par le Directeur Général La stupéfaction de cette déclaration du Président de la aux échelons hiérarchiques subordonnés, on doit relever République a laissé place à une forme d'incompréhenque dans la bouche du Président de la République, il ne sion, voire de colère chez certains. Contrairement à ce s'agissait probablement pas d'une idée lancée en l'air. qui a été évoqué dans l'instant, cette phrase sibylline est C'est notre devoir que de nous interroger sur la cohésimplement la continuité d’une réflexion assénée par le rence de cette posture qui est à mettre en perspective Directeur Général de la Gendarmerie devant la commis- avec l'entretien accordé à un journal corporatiste où le sion de la Défense le 10 octobre 2017, soit une semaine Général encense « un dispositif qui fonctionne depuis un avant l'intervention du Chef des Armées. « Il semble tou- an et il n’y a pas de raison de le remettre en cause » . tefois essentiel que nous puissions obtenir, soit une dé- Le flou artistique qui entoure cette séquence de maurogation générale, ou du moins une dérogation telle que vaise communication n'est pas de nature à rassurer sur le notre capacité opérationnelle sur le terrain ne soit pas devenir des repos journaliers des gendarmes. remise en cause. » Cette phrase a été prononcée en préliminaire du propos concernant le Projet de Loi de Finances 2018 et plus précisément du budget de la gendarmerie, par le Général

Commission de la défense nationale et des forces armées Mardi 10 octobre 2017 Séance de 17 heures Compte rendu n° 07 Présidence de M. Jean-Jacques Bridey, président CLIQUEZ ICI

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Le 20 octobre 2017 à 19 heures « Réponse de la DGGN, fin d’une polémique ? »

Il est des jours où l'action, ou plutôt la réactivité de l'association donne toute sa légitimité à sa participation à la concertation interne. L'interrogation suscitée par l’ambiguïté de la déclaration du Président de la République, d'une part et les affirmations du Directeur Général devant des parlementaires, d'autre part, a provoqué une inquiétude profonde au sein du conseil d'administration et plus généralement dans la communauté « gendarmique ». Relayées par voie de presse notamment, ces incompréhensions quant à l'avenir de la transposition des directives de la communauté européenne, à travers la désormais incontournable Instruction Provisoire 36132, ont déclenché une vague de protestations qui a conduit le Directeur de la Gendarmerie à confirmer par visio-conférence les points suivants. Les Repos Physiologiques Journaliers et les quartiers libres sont sanctuarisés. Il n'est pas question de revenir sur cette disposition.

AG&C entretient des contacts réguliers avec les plus hautes autorités de la Gendarmerie. C'est à ce titre que le Colonel ARVISET, Secrétaire Général du CFMG a contacté le président de l'association pour lever les incompréhensions relatées dans notre dernier communiqué. Il l'a assuré, sans aucune restriction, de la volonté du Directeur Général de conserver le cap et sacraliser les 11 heures de repos par journées travaillées. C'est son unique objectif. AG&C prend acte de ce positionnement clair de la part du Directeur de la Gendarmerie mais demeurera extrêmement vigilante quant aux futurs travaux sur la question du temps de travail, auxquels par ailleurs, elle espère être pleinement associée. Elle réaffirme ce soir les principes qu'elle a décidés de soutenir depuis sa création, défendre la condition militaire et les intérêts des personnels de la Gendarmerie Nationale.

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Le 7 novembre « Parly juge ” dommageable” la décision de la Gendarmerie »

La France va demander des “exemptions maximales” dans la mise en oeuvre de la directive européenne sur le temps de travail au sein de l’armée, a indiqué mardi la ministre des Armées Florence Parly, très critique avec la décision de la Gendarmerie qui a commencé pour sa part à transposer la directive en septembre 2016 en mettant en oeuvre la règle du repos journalier de 11 heures minimum. Fin octobre, le directeur, le général Richard Lizurey, a affirmé que cette instruction provisoire ne serait pas remise en cause. “la gendarmerie a pris l’initiative de transposer à sa manière cette directive, ce qui est dommageable pour ce qui concerne la disponibilité des forces dont dispose la gendarmerie et aussi malheureusement dommageable pour le reste des forces armées puisque cela crée une sorte de précédent dont nous ne souhaitons surtout pas l’extension“, a ainsi déclaré Florence Parly “Il ne me semble pas réaliste, alors même que l’échéance définitive pour la transposition de cette directive connue depuis 14 ans est la fin 2017, de se dire au mois d’octobre 2017 que peut-être nous pourrions envisager la renégociation de cette directive dont la France a été l’initiatrice“, a-t-elle déclaré lors d’une audition au Sénat. “En revanche, ce sur quoi nous pensons devoir travailler avec beaucoup de détermination, c’est la négociation des exemptions et d’exemptions maximales dans leur ampleur“, a ajouté Florence Parly devant la Commission des Affaires étrangères et de la Défense du Sénat. Le président Emmanuel Macron a semé l’inquiétude et le mécontentement dans les rangs des militaires en annonçant le 18 octobre que la France n’appliquerait pas dans les armées ni la gendarmerie ce texte adopté en 2003 et encadrant le temps d’activité. Il fixe des seuils à ne pas dépasser, hors opérations extérieures ou de guerre, notamment un repos minimal de 11 heures consécutives par tranches de 24 heures et une durée hebdomadaire maximale de travail de 48 heures. “La prise de conscience qui existe auprès de nos partenaires européens quant à la gravité des menaces qui pèsent sur l’Europe (…) nous aidera, je l’espère, à obtenir des autorités européennes une vision aussi bienveillante et ouverte que possible“, a poursuivi la ministre des Armées, ajoutant que les “résultats” de cette réflexion seraient présentés “très rapidement” au chef de l’État.

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Le 9 novembre « Réaction AG&C, de quoi je me mêle ? »

Depuis deux jours, cette réflexion fait écho à l'affirmation de la ministre des armées selon laquelle la « Gendarmerie a pris l’initiative de transposer à sa manière cette directive, ce qui est dommageable, pour ce qui concerne la disponibilité des forces dont dispose la Gendarmerie, et ce qui est malheureusement dommageable pour le reste des forces armées, puisque cela créé une sorte de précédent dont nous ne souhaitons surtout pas l’extension. » Entendue par les sénateurs en commission de la défense le 7 novembre 2017, Florence Parly, à travers cette observation lapidaire, a montré toute son ignorance quant au fonctionnement de la plus vieille institution de sécurité civile à essence militaire dont la France assume la paternité dans le monde. Il semble donc judicieusement nécessaire de rappeler un certain nombre de principes afin que les poncifs déclinés par la ministre ne prennent valeur de vérité devant un parterre d'élus censés fabriquer la Loi.

La Gendarmerie Nationale est l'une des plus vieilles institutions régaliennes de la France. Son savoir faire et sa capacité d'adaptation ont été reconnus au cours des siècles et bien que son nom ait changé en 1791, même la révolution française et les transformations de la vie publique n'ont pas eu raison de son fonctionnement au service du citoyen. Le statut militaire de ses personnels n'a jamais été remis en cause pour assurer une continuité et une disponibilité dans les actions entreprises au quotidien. Avec le détachement pour emploi au ministère de l'intérieur en 2003, puis son rattachement à ce ministère, ses missions au profit quasi essentiellement des autorités civiles ont été reconnues et sacralisées. Les quelques unités qui sont encore détachées pour emploi auprès du ministère des armées ne représentent que quelques décimales de pourcentage de missions à caractère essentiellement militaire.

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Le budget de la Gendarmerie est inscrit dans celui du ministère de l'intérieur, aux côtés de la Police Nationale et de la Protection Civile. La plupart des textes appliqués à la Police Nationale le sont également à la Gendarmerie. Les missions qui lui sont confiées sont complètement différentes de celles qui sont affectées aux militaires des autres armées. Si la « militarité » des personnels de la Gendarmerie a été réaffirmée par les différents chefs d'état et de gouvernement, elle n'a pas, pour autant, vocation à faire travailler les gendarmes au delà du supportable en matière de repos physiologique. Est-il encore utile de rappeler que lorsqu'il est en service, un gendarme est disponible et rappelable 24/24 heures. Il est donc naturel, voire vital pour sa santé physique et morale qu'il puisse bénéficier d'un temps de repos entre deux missions toutes aussi longues qu'exigeantes. Les propos de la ministre des armées sont révélateurs de sa méconnaissance de l'organisation d'une Arme qui n'appartient pas à son secteur de compétence. Une petite piqûre de rappel est donc impérative pour qu'elle comprenne les différences sur lesquelles se fondent chaque corps. Il faut espérer que cela arrive dans son cabinet. Les militaires des Armées de l'Air, de la Marine et de Terre concourent essentiellement à la défense du Pays sur des théâtres d'opérations extérieures. Et sauf les quelques milliers qui depuis quelques mois participent sur le territoire français à la « mission sentinelle », les 260.000 soldats s’entraînent et maintiennent en condition les matériels, en attendant au fond de leur caserne qu'ils soient déployés pour défendre la nation, en cas de conflit. Ce n'est pas une pique malicieuse, c'est un fait. Et cela est constitutif de l'essence même d'une armée. En temps de paix, on se prépare à la guerre et cette fameuse disponibilité en tous lieux et en tous temps des militaires peut supposer que les soldats bénéficient d'une vie normale, comme tout citoyen. Ce qui est le cas actuellement et fort heureusement. En temps de paix, la Gendarmerie est quand même employée - oserait-on écrire sur-employée ? - « pour la sécurité au quotidien » de ses concitoyens. Elle est soumise à un régime de travail qui ne souffre d'aucune discontinuité dans le service. Et au contraire des militaires, dont les casernes tournent à effectifs réduits certains jours de la semaine, ou sont carrément fermées et gardées par des employés civils, les gendarmes assu-

rent un service de qualité et en nombre, les 365 jours que compte une année. Il est donc intellectuellement spécieux d'opposer deux types de missions pour des personnels possédant le même statut. Et par conséquent de reprocher à la Direction Générale de la Gendarmerie de se préoccuper de ses personnels qui font la guerre au quotidien à toutes les formes de délinquance et répondent à toutes les sollicitations sans aucune interruption, sur la quasi totalité du territoire national. La crainte que la transposition partielle de la directive européenne qui a été mise en place par la Direction Générale de la Gendarmerie Nationale crée un précédent dans le ministère des armées est totalement infondée. Elle repose sur un postulat qui ne prend pas en compte toutes les facettes d'un métier destiné à sauvegarder la sécurité publique. Le gendarme est attaché à ce statut militaire qui prend ses racines au moyen-âge. Il a su s’approprier les évolutions de la société et a toujours démontré ses capacités d'adaptation, dans tous les domaines. L'application intelligente d'une directive communautaire qui s'appuie sur une considération basique en matière de récupération physique -11 heures de repos sur une journée de travailen est la preuve éminente. D'autant qu'en cas de troubles graves, des garde-fous ont été érigés pour qu'aucune rupture dans le service ne puisse être envisageable. Ceci rend encore plus prégnant le caractère militaire du statut du gendarme. Madame PARLY serait bien inspirée de consulter son conseiller spécial pour la Gendarmerie et qu'elle puisse enfin apprécier les fondements des principes d'exécution du service de la Gendarmerie Nationale. Le ministre de l'intérieur, dont le silence assourdit la communauté de la Gendarmerie, pourrait également l'instruire sur le catalogue des tâches qu'il confie à ces personnels et dont il dirige l'action au quotidien en fixant des objectifs précis et variés. Il faut le répéter, De quoi je me mêle ? « Jamais la nature n'est si avilie que quand l'ignorance superstitieuse est armée du pouvoir. (Voltaire) »

LES REACTIONS... PAGE

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Décès de l'Adjudant Edouard MARCAUD doyen de l'AG&C. Nous avons l’immense regret de vous annoncer le décès, le 15 octobre 2017 de l’Adjudant er Edouard MARCAUD, doyen de l’Association Gendarmes & Citoyens, à l’âge de 93 ans. Edouard MARCAUD s’était inscrit sur le forum G&C dès 2008 et avait adhéré à l’AG&C dès sa création ! Dès lors doyen de l’association, il fut désigné à l’unanimité Président d’honneur. Edouard MARCAUD, c’est une vie au service de la France. Résistant, puis soldat de la 1ère armée du Général De LATTRE DE TASSIGNY avant de rejoindre la Gendarmerie, nous perdons aujourd’hui bien plus qu’un camarade… Ces dernières années, la santé, les affres de la vie propres à chacun, auront fait que nous, les « jeunes » de l’Association, n’ayons malheureusement pas eu la chance de le côtoyer. Mais au gré des transitions et des évolutions de notre association, chaque porteur du flambeau AG&C, a toujours veillé à transmettre l’histoire et les valeurs que l’Adjudant Edouard MARCAUD représentait par son engagement. Vous retrouverez à la fin de ce magazine un long récit rédigé par ce dernier, pavé d’histoires d’Hommes qui ont fait de la France ce qu’elle est aujourd’hui, et des Valeurs à ne jamais oublier. Nous devons tous aujourd’hui nous souvenir et nous persuader, qu’Edouard MARCAUD est de ceux qui ont œuvré pour qu’ aujourd’hui nous ayons toujours un drapeau bleu, blanc et rouge respecté dans le monde entier !

La cérémonie de ses obsèques a eu lieu le jeudi 19 octobre 2017 à 15 heures en l’église d’HURIEL (03). Nous adressons à sa famille et ses proches nos plus sincères condoléances et nous nous associons très sincèrement à leur douleur. PAGE

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Incendie à la Gendarmerie de MEYLAN sionnant la destruction de biens, ce sont les gendarmes et leur famille qui ont frôlé la catastrophe, pour ne pas dire le drame, les véhicules étant stationnés près du bâtiment où sont logés les militaires. Celui-ci a été gravement endommagé et les familles ont du être évacuées, semant la terreur chez les plus jeunes enfants. Il va sans dire que la réactivité des gendarmes et la rapidité d'intervention des services de secours ont permis d'éviter un bilan qui aurait pu être lourd de conséquences. Dans la nuit du 25 au 26 octobre 2017, la Brigade de Gendarmerie de MEYLAN, située en banlieue grenobloise (38), a été la cible d'actes incendiaires visant les véhicules personnels des militaires de cette unité. Outre l'aspect extrêmement grave de ces faits, occa-

Devant la nature inqualifiable de ces faits, devant ces actes d'une extrême violence mettant en péril des hommes, des femmes et des enfants, rappelant les incendies ayant touché les casernes de Limoges et de Grenoble, AG&C assure nos frères d'arme et leur famille d'un soutien inconditionnel et leur adresse un message se voulant fort, franc et solidaire.

Mardi 17 octobre, une sombre journée pour notre institution et particulièrement à la Brigade de Draguignan (Var) C'est avec une immense tristesse que nous pleurons le décès d'un camarade. L'adjudant chef GAGNAIRE Didier commandait la Brigade de Proximité de Draguignan. Il était âgé de 46 ans, pacsé et père d'une fillette de 10 ans. Il se trouvait en position de repos à son domicile lorsqu'il a été victime d'un malaise foudroyant. Nous transmettons à sa fille, sa famille, ses amis et camarades nos sincères condoléances, et nous leur apportons notre soutien attristé dans cette tragique épreuve.

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Un camarade nous quitte… Le 8 novembre Nous apprenons avec une grande tristesse le décès du Gendarme Sébastien BOCQUET du PSIG de MÉRU (60). Sébastien avait notamment été gendarme à la BTP CIRES LES MELLO sur la Compagnie GD de CHANTILLY. C’était un bon camarade, toujours souriant. Âgé de 38 ans, il laisse derrière lui deux jeunes enfants à qui nous pensons tout particulièrement. Nous assurons tous nos camarades de MERU, dont nous connaissons les difficultés quotidiennes, de notre soutien dans cette difficile épreuve et pensons à la famille et aux proches de Sébastien dans le désarroi et la peine.

Gendarmerie en deuil… C’est avec émotion et incompréhension que nous avons la douleur de vous faire part du décès le vendredi 10 novembre 2017, de l’Adjudant-Chef Sylvain KOELBLEN, commandant la Brigade de Proximité de LES VANS (07). Récemment nommé, âgé de 56 ans, reconnu et apprécié pour ses qualités humaines, il était une référence pour les jeunes gendarmes. Nous présentons à sa famille, ses camarades et ses amis, nos plus sincères condoléances dans un moment tragique et douloureux, dans une période où les Forces de l’Ordre sont sévèrement touchées. Qu’ils soient assurés de notre plus grand soutien.

Adieu camarade Le 10 novembre dernier, le gendarme Yoenn DELAPORTE nous a quittés. Il était affecté à la CSH 2/II (2ème compagnie de sécurité et d’honneur du 2ème régiment d’infanterie de la Garde Républicaine). D’un tempérament courageux et optimiste, il aura servi et combattu la maladie jusqu’au bout ! Malgré les difficultés, il laisse le souvenir d’un camarade toujours souriant, optimiste, empreint de dignité. Yoenn avait 29 ans et était marié. Nous adressons à son épouse, ses proches et ses camarades nos plus sincères condoléances. Une campagne de dons a été mise en place par ses camarades, vous trouverez le lien ci-dessous. Au-delà de l’aspect financier, nous comptons sur vous pour démontrer, une fois encore, que l’esprit de camaraderie, le soutien, n’est pas un vain mot. FAIRE UN DON

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Nous sommes heureux de vous annoncer la signature d’une convention de partenariat avec Unéo - la mutuelle des forces armées. Ce partenariat sera développé dans les semaines à venir, avec notamment une page d’information dans notre magazine mensuel et la mise en place d’un formulaire en ligne de contact afin de vous permettre de vous informer précisément sur cette thématique. Par ce partenariat historique, UNEO soutient les travaux des gendarmes d’active de l’équipe AG&C dans l’amélioration du quotidien des gendarmes et de leur famille. Nous remercions UNEO pour son soutien ! Plus d’informations bientôt…

Nous avons le plaisir de vous annoncer la signature d’un partenariat avec GK Pro Équipementier pour les forces de sécurité depuis 30 ans, sa renommée et son savoir-faire ne sont plus à démontrer ! Par ce partenariat, GK® -PRO- s’engage aux côtés d’AG&C dans la défense du quotidien des gendarmes. Nous remercions GK® -PRO- pour son soutien !

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AG&C reçue au Sénat

Le 23 octobre 2018, répondant à l'invitation du rapporteur spécial du Sénat, AG&C a pu développer les éléments de son analyse du Projet de Loi de Finances pour l'année 2018, concernant la Gendarmerie. En complément des propos d’une autre APNM entendue également, l'intervenant de AG&C a évoqué un budget qui démarre « à découvert », car il ne tient pas compte de l'annulation de crédits de 100 millions d'euros entérinée au mois de septembre 2017. L'augmentation globale de plus de 4% du budget du ministère de l'intérieur est à mettre en perspective avec celui prévu pour la gendarmerie, à savoir un peu plus de 1%, ce qui laisse peu de marge de manœuvre pour le Directeur Général de la Gendarmerie. Et même si la mise en réserve pour 2018 est bien moins importante que celle prévue pour 2017 (qui a été en partie annulée purement et simplement), AG&C a dit toute son inquiétude sur un projet qui ne lui paraît pas à la hauteur des annonces présidentielles. Elle a mis l'accent sur le manque d'équilibre entre le budget prévu pour l'augmentation de 500 postes et la façon dont ils seront équipés. Le manque d'ambition et d'information sur l'immobilier domanial a été soulevé, car la crainte des occupants de ces casernes sera alors fondée. Elle a regretté qu'un véritable « plan Marshall » n'ait pas été imaginé par le ministère à ce sujet. Enfin, AG&C a noté le flou persistant sur la mise en œuvre des différentes amé-

liorations de matériels (sur-blindage des VBRG, bulles tactiques, renouvellement de matériels informatiques) qui avaient été reportées dans l'ancien budget, faute de moyens financiers, l’absence d’information concernant les “trous à l’emploi” relevés en 2017 et la suspension du plan de transfert des escortes judiciaires vers l'administration pénitentiaire de plusieurs années, conduisant la Gendarmerie à poursuivre d'assurer une mission dont elle a déjà transmis matériels et Équivalant Temps Plein, sans aucune compensation. Le Sénateur a parfaitement entendu les inquiétudes formulées par AG&C et a partagé en partie son analyse. L'association remercie chaleureusement le Rapporteur spécial de la commission des finances du Sénat pour l'accueil qui lui a été réservé. C'est en faisant entendre sa voix sur des sujets aussi prégnants, que AG&C démontre sa capacité à participer aux sujets importants touchant au budget de l'Institution.

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Ouverture d’une enquête pour violation du secret de l’instruction dans l’affaire Maëlys : l’enquête confiée à la police

Près de deux mois après la disparition de la petite Maëlys, le parquet de Grenoble a ouvert une enquête pour violation du secret de l’instruction en raison des multiples fuites parues dans la presse, a-t-on appris mardi. Selon le magistrat, cette procédure est “assez rare” et “c’est la première fois qu’une enquête n’est pas confiée à l’inspection du service en question“. “Si les auteurs sont identifiés, il y aura des sanctions“, a-t-il averti “J’ai ouvert vendredi dernier une enquête préliminaire pour violation du secret de l’enquête et de l’instruction, confiée à la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) et à la Direction interrégionale de police judiciaire de Lyon (DIPJ)“, a déclaré le procureur de la République de Grenoble, Jean-Yves Coquillat. Cette enquête fait suite à une plainte, vendredi, de Me Alain Jakubowicz, le nouvel avocat de Nordahl Lelandais, suspecté d’avoir enlevé la fillette de presque 9 ans, lors d’un mariage fin août à Pont-de-Beauvoisin en Isère. Cet ancien militaire de 34 ans, qui nie toute implication en dépit d’éléments troublants, a été mis en examen et écroué, le 3 septembre, pour enlèvement et séquestration. Le procureur a par ailleurs formellement démenti des informations de presse selon lesquelles l’audition du suspect par les juges d’instruction, qui avait été reportée à la demande de son conseil, aurait lieu vendredi. M. Coquillat s’est dit excédé de “voir tous les jours dans la presse tous les détails de l’enquête, y compris ceux que le parquet ne connaît pas, des choses qui n’ont pas à être connues” et nuisent à son bon déroulement. Selon lui, “les fuites sont au niveau local et parisien, au niveau de la direction de la gendarmerie, de la Section de recherches et de l’IRCGN (Institut de recherche criminelle de la Gendarmerie nationale)“. Depuis la disparition de l’enfant, la région a été passée au peigne fin, les enquêteurs de la gendarmerie ayant sondé notamment de nombreux points d’eau, en vain.

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REACTION !

Le 25 octobre "J’ai ouvert vendredi dernier une enquête préliminaire pour violation du secret de l’enquête et de l’instruction, confiée à la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) et à la Direction interrégionale de police judiciaire de Lyon (DIPJ).” ... "les fuites sont au niveau local et parisien, au niveau de la direction de la gendarmerie, de la Section de recherches et de l’IRCGN ", c'est par ces mots que le Procureur de la République de Grenoble, vient de démontrer toute la défiance qu'un magistrat peut éprouver à l’égard d’une Institution disciplinée et servile. AG&C dans son magazine de septembre dénonçait déjà la mise en cause systématique par les magistrats, des membres des forces de l’ordre, dès lors qu’ils exerçaient leur mission de sécurité (cf. Pourquoi tant de défiance ?) et leurs mauvaises habitudes viennent de frapper une nouvelle fois des enquêteurs spécialisés et plus globalement des unités de la Gendarmerie Nationale. Faire planer des soupçons de “fuites” d’informations, dans un dossier d’instruction sensible, sur leurs épaules c’est bafouer la présomption d’innocence que la loi doit garantir à chaque citoyen. Une fois de plus, un procureur de la république vient de démontrer que les gendarmes sont exclus de cette règle fondamentale. Et la défiance ne s’arrête pas à cette mise en cause publique. Elle atteint une bassesse insupportable quand ce magistrat, certainement en mal de notoriété, déclare à la presse, confier l'enquête à un service enquêteur de la police nationale démontrant ainsi tout le mépris non déguisé qu’il éprouve envers un corps multiséculaire, faisant fi d’une règle établie en matière de contrôle de l’activité d’une administration. Douterait-il de la conscience professionnelle qui anime chacun des enquêteurs de l’Inspection de la Gendarmerie Nationale ? AG&C dénonce une telle agression gratuite à l'égard de gendarmes, officiers de police judiciaire, qui mettent toute leur énergie depuis plusieurs semaines à faire jaillir la vérité dans la disparition insupportable d'une enfant. Elle dénonce aussi le parti pris d’un magistrat qui cible volontairement et publiquement la Gendarmerie Nationale, orientant injustement les investigations sur les enquêteurs de cette Institution. AG&C apporte un soutien indéfectible aux gendarmes et gradés confrontés malgré eux à cette “présomption de culpabilité” inique, et au Général Lizurey, Directeur Général de la Gendarmerie Nationale, dans son combat contre une mise en cause infondée en l’état. PAGE

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Sécurité des casernes : la ligne rouge est franchie... En outre, et d'une façon jamais atteinte auparavant, cet acte met en évidence non pas la défaillance de la sécurité des casernes qui est assurée par les militaires, mais la vulnérabilité de certaines de nos installations. Il va sans dire que si les matériels « sensibles » sont stockés en toute sécurité, cet incendie met en avant la sécurité des bâtiments où sont logées les familles... nos familles ainsi que certains biens qui leur sont rattachés. Comment peut-on, de façon décente, assurer la sécurité de nos concitoyens en devant quitter notre caserne l'esprit préoccupé par le retour ? Comment peut-on ne pas être inquiet lorsque la Presse se fait largement l'écho des faits qui viennent de se produire ? C'est avec une grande colère et une forte amertume que j'ai décidé de prendre ma plume. J'aurais aimé et j'aurais même du le faire avant mais il m'a fallu, hélas devrais-je dire, un fait d'une grande violence pour que je sorte de ma réserve. Je voudrais en premier lieu avoir une pensée profonde et sincère pour mes camarades de la Brigade de MEYLAN (38), durement touchés ce jour, jeudi 26 octobre 2017, à la suite de l'incendie qui a visé volontairement leur caserne. Je voudrais avoir une pensée pour leur famille qui ont vécu des heures que j'imagine terrifiantes et dramatiques. J'ai une pensée émue pour les jeunes enfants qui ont du supporté une violence gratuite qu'ils ne sont pas encore en âge de comprendre. J'ai, bien évidemment, en mémoire les incendies qui se sont produits récemment dans les casernes de GRENOBLE et LIMOGES où ce sont principalement des locaux techniques et des véhicules de l'Arme qui ont été visés. L'incendie qui a touché la Brigade de MEYLAN, et dont les conséquences auraient pu être autrement plus dramatiques sans la réactivité des militaires et des services de secours, fait monter d'un niveau la menace pesant sur nos casernes. Il s'agit là d'un acte d'une violence extrême visant non seulement des matériels personnels mais aussi des hommes, des femmes et des enfants. Ce fait ne pouvait être ignoré de la part des instigateurs de cet incendie, du fait de la proximité des bâtiments logeant les militaires et leur famille. PAGE

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Il est impensable qu'on puisse ne serait-ce qu'évoquer la seule volonté de « détruire « des objets dès lors que les véhicules visés à MEYLAN se trouvaient stationnés sous le bâtiment des familles. La volonté de nuire est là et bien là : l'atteinte à l'intégrité physique l'est en filigrane. Il est temps, et il devient même urgent, de la part de nos dirigeants et de nos décideurs de rappeler que les casernes de Gendarmerie sont des zones militaires et que la défense de celles-ci obéit à des règles clairement définies. Il devient, hélas, urgent de mieux se protéger afin de pouvoir assurer la sécurité de nos familles et de nousmêmes. La violence à l'encontre des Forces de l'Ordre vient de prendre un nouveau tournant. Les faits qui se sont produits à MEYLAN démontrent clairement qu'il nous faut redoubler, voire tripler, de vigilance. Ce talent d'ubiquité, dont on nous affuble volontiers, devra alors prendre de tout son sens. Il aura aussi ses limites dès lors que les moyens nécessaires ne seront pas mis en place. Il convient d'en avoir conscience, d'en prendre acte et d’œuvrer pour assurer la sécurité des citoyens que nous sommes. WLR



Forces de l’Ordre : l’hécatombe... Novembre vient d'ouvrir ses portes il n'y a que quelques durer une situation délicate voire difficile ? Comment peut jours de cela et déjà la liste de nos disparus s'allonge de -on demander à des gens d'attendre dans un métier ou les manière dramatique. résultats sont réclamés pour hier... ? Faut-il toujours que cette période automnale vienne as- Combien d'entre nous doivent encore aller jusqu'au geste ultime, ce geste incompréhensif, ce geste de désespoir sombrir un ciel déjà gris ? poussé à son paroxysme pour que nous comprenions enDepuis quelques jours, les mauvaises nouvelles ne cessent fin qu'il existe un véritable malaise au sein même de notre de tomber, plus désastreuses les unes que les autres, et métier ? Bien sûr que nous avançons en matière de prise toujours ces questions, cette incompréhension, ce « pour- en compte de tel ou tel problème, bien sûr que nous quoi » ? Qu'est-ce que nous avons raté ? Qu'est-ce que cherchons les réponses les mieux adaptées, bien sûr que nous n'avons pas fait ? Qu'est-ce que nous n'avons pas vu nous mettons en place des cellules d'écoute mais sontou su percevoir ? En quoi pouvons-nous nous sentir res- elles des réponses aux questions posées ? ponsable ? Depuis maintenant plusieurs années, notre Institution s'est dotée de tout un panel de spécialistes, du Posons les mots tels qu'ils sont, au risque d'en choquer moins de gens dont le métier est, à défaut de comprendre, certains : le suicide n'est pas une fatalité, il est le résultat d'aider celles et ceux qui traversent une mauvaise période d'un échec, de notre échec. Parce que nous n'avons pas su ou de les orienter vers une structure qui soit adaptée à entendre, écouter, agir, dire les choses. Parce que nous avons estimé, à un moment où à un autre, que d'en parler leurs besoins. était une violation de la vie privée d'autrui. Aujourd'hui, je Assistantes sociales, médecins, psy... les moyens existent le dis haut et fort : où est cette cohésion, cet esprit de mais conviennent-ils vraiment à une profession où les pro- corps, ces principes dont on nous rabâche les mérites ? blèmes personnels sont, bien souvent, associés aux pro- L'écoute de l'autre s'arrête-t-elle au moment ou vous fermez la porte de chez vous ? On a tous nos « emmerdes », fessionnels ? Et vice versa… nos soucis, professionnels et/ou personnels. Référents de ceci, formateurs de cela, sommes-nous armés pour nous aider nous mêmes ? Avons-nous les Est-ce suffisant pour ne pas prêter attention à celles et moyens de venir en aide à ceux qui en ont besoin et qui, ceux qui nous entourent ? Doit-on habilement poser un « le plus souvent, se taisent parce que « ça fait pas bien de c'est à la hiérarchie de régler ce genre de soucis » pour se retirer de toutes formes de responsabilité ? Sommesse plaindre » ? nous, au final, suffisamment « formés » pour être à Quel que soit le service auquel nous appartenons, mais je l'écoute des autres et savoir déceler ce détail qui fera pense aussi et surtout à ceux qui, chaque jour, sont con- toute la différence ? Il est plus que temps qu'au sein de frontés à la misère sociale, à la détresse, à ce que la vie chaque unité, de chaque service, on parle de ces « choses offre de plus terrible, nous avons tous ces moments de qui dérangent » parce que c'est en parlant qu'on les identidoute. Nous avons tous ces passages à vide. Nous avons fie le mieux. Je reste et je demeure persuadé que le diatous traversé des moments difficiles même si le degré de logue est non seulement essentiel mais primordial. Le dialogue est ce qui permet aux uns comme aux autres de ne difficulté n'est peut-être pas le même partout. pas se sentir isolés. Harcèlement, dépression, maladie... ne sont plus des mots tabou, des mots qu'on cache parce qu'ils ne sont pas « Une publicité des sociétés d'autoroute disait : « derrière corrects ». Ils font aussi partie d'un quotidien qui est le les panneaux, il y a des hommes ». Derrière les hommes nôtre. Comment, dès lors que nous avons conscience que et les femmes qui constituent notre Grande Maison, derdes dysfonctionnements existent chez nous, pouvons-nous rière les tenues, les protections, il y a des cœurs qui batles appréhender, les comprendre, les prendre en compte ? tent et c'est à nous d'en prendre soin. Ne sommes-nous que des numéros de matricule placés ici et là et qu'on ne peut déplacer eu égard à certaines diffiWLR cultés ? La Gendarmerie Nationale, une force humaine... avec ses qualités et ses défauts... Comment peut-on, aujourd'hui, ne pas prendre en compte le malaise des uns ou des autres ? Comment peut-on, en son âme et conscience, laisser perPAGE

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Un peu d’histoire pour s'éclaircir les méninges Par Arnaud CHADELAT - Président d’honneur

En 1888 le Capitaine François PAOLI fonde la « Caisse Nationale du Gendarme ». 130 ans plus tard, il semble naturel pour tous les militaires de la Gendarmerie de cotiser volontairement à cet organisme, symbole de la solidarité et de l’esprit de corps de l'Institution. C'est le seul organisme qui regroupe actuellement, ''tous'' des militaires au sein de l'Arme. Au cours du XX° et depuis ce début de XXI° siècle, force est de constater que les évolutions notables de la société ne sont pas équitablement répercutées pour les militaires de la Gendarmerie. Il faudra deux soubresauts majeurs, en 1989 et en 2001, mouvements principalement portés par les épouses de gendarmes, pour que la concertation interne ne voit réellement le jour et prenne son essor. Au rythme lent des rénovations des circulaires dont la plupart datent de Napoléon, les élections indirectes des membres du CFMG ne sont réellement acquises qu’en 2016, mais les effets ne sont pas vraiment au ''rendez-vous''...

Ce qu'il faut retenir de notre histoire commence le 1er avril 2007. Un gendarme d’active crée sur internet le forum « Gendarmes et Citoyens » ''G&C'' , forum hautement revendicatif, issu d'une première expérience lancée en 2001, le forum ''Gendarmes en colère''... Le haut commandement Gendarmique se rend compte alors que ses personnels ont beaucoup de choses à dire malgré le peu de moyens dont ils disposent pour y parvenir... En 2008, huit membres de ce forum, ''tous d’active'', sous l'impulsion du Chef d'Escadron Jean-Hugues MATELLY, fondent une association ''loi 1901'' pour donner une base légale à l'existence de ce forum et lui permettre une reconnaissance ''légale'' et un accès à ce fameux ''droit d'expression'' qu'il revendique. Ils sont alors immédiatement et réglementairement, ''sommés'' de démissionner sur le champ par le Directeur Général de l'époque, Guy PARAYRE, sous prétexte que cette association présente selon lui, toutes les caractéristiques d’une association professionnelle syndicale, ce que n'autorisent expressément pas le régime et la condition militaire dont dépend la Gendarmerie... Des retraités reprennent alors le flambeau et les rênes de cette jeune association afin de lui permettre de survivre, les actives restant néanmoins par ''obligation'' en retrait, mais agissant toujours dans '' l'ombre '' pour en diriger les grandes lignes idéologiques initialement définies dans ses statuts.

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Aujourd'hui cette association existe toujours, car depuis la loi du 28 juillet 2015, et ce suite à la procédure engagée à l'époque auprès de la cour Européenne des droits de l'Homme par le Chef d'Escadron Jean-Hugues MATELLY et l’ADEFDROMIL, la décision rendue par cette haute cour édicte : que ''tous les militaires'' (et par voie de conséquence ceux de la Gendarmerie), ont le droit ''fondamental'' de se regrouper au sein d'associations voire même de ''syndicats'', pour défendre leurs droits et conditions d'exercice ! À dater de cette décision ''historique'', il ne leur est donc plus nécessaire d’avoir recours aux actions de leurs conjoints ou des retraités de leurs subdivisions catégorielles, pour faire remonter les conditions dans lesquelles ils vivent ou dans lesquelles on engage parfois ''outrageusement'' les personnels des forces armées Françaises, et donc les gendarmes. Ils sont depuis, ''officiellement'' libres de s’associer pour défendre leurs droits et leurs intérêts. Cette possibilité s'est vue renforcée en 2016, par la signature de la ''Charte des associations de la Gendarmerie Nationale'', qui reconnaît à l'AG&C sa place d’interlocutrice avec la DGGN et tous ses échelons hiérarchiques. Le dispositif issu de la loi de 2015 est récent. Les associations professionnelles doivent trouver ''tant bien que mal'' leur place au sein de l’Institution. L'A.G&C travaille depuis plus de 9 ans au profit des gendarmes et de la Gendarmerie Nationale (à l'insu de son plein gré...), pour en défendre les valeurs et faire que cette ''force humaine'' largement plébiscitée par la haute hiérarchie, ne soient pas de simples vues de l'esprit... Il y a des domaines dans lesquels l'A.G&C n’entend pas intervenir : Avancements, mutations, obtention d'avantages personnels...etc... Ce sont autant de sujets qu'elle entend exclure de son champ d'action. On peut néanmoins réaliser que sa latitude d'action est des plus vastes... : Conditions de logements, de rémunération, les cas de harcèlements et problématique des multiples causes de suicides, défense de l’institution, défense de ses adhérents, autant de sujets considérés pour nous comme ''prioritaires'', voire ''existentiels. Ce sont aux adhérents de l’association qu’il reviendra le choix à terme de fixer le cap, et au conseil d’administration de définir les moyens à mettre en œuvre pour le suivre. Au terme de l’arrêté du 21 octobre 2016, beaucoup s’interrogent sur la diffusion possible des listes des adhérents vers le Ministère de la Défense. Ce procédé, découlant d’un angle de lecture particulier de l’arrêté, ne

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survivra pas à la pratique. D’abord parce que l'A.G&C ne donnera jamais le nom des cotisants qui ne le souhaitent pas. Enfin, il faut conserver à l'esprit que le Ministère de la Défense ne cherche pas vraiment à établir un rapport de fond avec des APNM naissantes et sans moyens. Quand celles-ci auront atteint un nombre significatif de membres, dépassant les 5000 adhérents par exemple, on ne cherchera plus alors à décrédibiliser le dialogue avec elles mais au contraire à en profiter. La DGGN l'a compris depuis fort longtemps. Preuve en est, l'accueil qu'elle réserve aujourd'hui à l'AG&C. De nombreuses personnes intéressées nous demandent qu’elle est donc la spécificité de l'AG&C et quelles seraient les raisons qui devraient les conduire à nous choisir plutôt qu’une autre APNM. A ceux-là nous répondons qu'elle agit depuis près de dix ans et publie ses résultats de manière continue. Il n’y a qu’à lire ses publications sur son site internet pour en être convaincu. Tous les membres du bureau de l’association sont des officiers, des sous-officiers de terrain et des réservistes de la Gendarmerie, qui œuvrent bénévolement au profit de tous. Les moyens de l'association sont limités. C’est pour cette raison qu’elle sollicite 15 € de cotisation annuelle à chacun de ses membres. L'objectif que nous nous étions fixés serait d'atteindre idéalement 1500 membres d'ici fin 2017. Ce premier palier permettrait sans conteste, de boucler et de pérenniser le budget nécessaire à son fonctionnement et à sa survie. L'AG&C n’a pas vocation à se substituer aux organes de concertation interne existants. Elle permet au contraire à ceux-ci de mieux fonctionner, en apportant un éclairage nouveau et une liberté de parole garantie. C’est le nombre de ses membres qui apportera une vraie réponse à la question de sa crédibilité et de sa légitimité. Si dans deux ans le chiffre de 5000 adhérents est atteint, ses interlocuteurs n’auront plus la capacité de l'ignorer ou de la mépriser. C'est l'unique engagement que l’AG&C s'emploie à pérenniser pour garantir à ses membres une parole écoutée, recherchée voire recommandée grâce à un dialogue réellement ouvert avec tous les échelons hiérarchiques.


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L’équipe AG&C

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Cartes de membres et de sympathisants 2018

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