Extrait Boulogne les bains, photographies 1850 - 1914

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Catalogue édité à l’occasion de l’exposition Boulogne-les-Bains, photographies 1850-1914, exposition présentée aux Archives municipales de Boulogne-sur-Mer du 11 septembre au 10 novembre 2010, sous la direction de Karine Berthaud, directrice des Archives municipales.


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prĂŠface


Madame, Mademoiselle, Monsieur,

L’

audacieuse idée de rassembler différents fonds photographiques pour illustrer cette exposition retraçant les débuts du tourisme balnéaire, nous plonge littéralement au cœur de l’âge d’or de notre cité portuaire, le XIXe siècle, époque où le monde entier transitait par Boulogne-sur-Mer, devenue une station en vogue et l’une des premières destinations touristiques en Europe.

Boulogne-les-Bains vous donne ainsi l’occasion de saisir à quel point les activités touristiques vont devenir essentielles pour notre ville, qui accueillera, notamment grâce au développement et à la modernisation des transports, des flux continus de touristes anglais, parisiens ou encore nordistes, en quête d’air iodé, de soins, mais aussi de distractions mondaines. De la révolution balnéaire qui gagne Boulogne dès 1785 avec la construction du premier établissement de bains de mer chauds né en France, à l’inauguration du casino municipal et sa célèbre piscine découverte, en passant par le palais de Neptune, vous découvrirez comment la mer et les éléments qui l’entourent, notamment la plage, vont former au fil des années un espace de loisir et de plaisance à part entière, que touristes et Boulonnais vont peu à peu s’approprier et façonner au gré de leurs besoins, jusqu’à l’ériger en modèle de station balnéaire. Je tiens à adresser tous mes remerciements aux nombreuses personnes et institutions qui se sont impliquées avec passion pour réaliser cette exposition et le présent catalogue qui l’accompagne, vous permettant ainsi de prendre conscience du formidable potentiel touristique de notre cité maritime, que nous continuons de développer au quotidien.

Frédéric CUVILLIER

Député-Maire de Boulogne-sur-Mer Président de la Communauté d’agglomération du Boulonnais

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Ax-les-Thermes, Palavas-les-Flots, Boulogne-les-Bains ?

Eh

oui, « c’était au temps où… » Boulogne « chantait », en ce Siècle d’or de Boulogne-sur-Mer, le XIXe ! Le siècle des premiers bains de mer avec leurs élégantes chapeautées, leurs baigneurs à moustaches, leurs « belles étrangères » et leurs riches banquiers… Caricature ? Oui et non, car Boulogne connut alors une prospérité économique, un foisonnement artistique, une richesse intellectuelle dont témoignaient le casino, les nombreux hôtels et commerces d’import-export, les transatlantiques, le théâtre, l’effervescence des cercles académiques alimentés par une importante communauté anglaise. Alors, certes, on peut toujours résumer cette période à quelques clichés : les cabines de bain tirées par les chevaux, les familles bourgeoises, et endimanchées, côtoyant sur les quais le peuple des pêcheurs et des matelotes, les jeux de sable des uns, les travaux des autres, l’étonnante promiscuité du luxe et de l’indigence, aussi « photogéniques » l’un que l’autre… Mais, foin de toute nostalgie ! Notre présent, nourri de ce passé prestigieux, porte en lui toutes les potentialités, toutes les richesses - avant tout humaines – qui permettront demain de réinventer Boulogne, celle de ce nouveau siècle naissant.

Max PAPYLE

Adjoint au Maire Chargé de la mémoire de la Ville

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introduction


N

ombreux sont les témoignages qui démontrent, et ce depuis l’Antiquité, une grande crainte de la mer éprouvée par la plupart des hommes, et tout particulièrement par les marins. On la croit peuplée de monstres, on la sait agitée de violentes tempêtes, on l’imagine vecteur des pires maladies, telle la peste véhiculée par les bateaux. Pourtant, même si ce phénomène reste marginal, il est certain que, bien avant la Révolution, on se baigne à Boulogne-sur-Mer ; en attestent les quelques actes de sépultures mentionnant plusieurs hommes qui, en été, se sont noyés « en se baignant dans la mer ». De plus, le fait que le maire doive défendre, le 16 messidor an XI, « de se baigner dans le port sans être vêtu d’un caleçon » indique que cette pratique tend à se répandre dans la population boulonnaise. Parallèlement à cette démythification de la mer dans la population, croît un mouvement hygiéniste provenant d’Angleterre, où depuis le milieu du XVIIIe siècle, on pare de toutes les vertus thérapeutiques les bains en eau froide et vive, et l’air iodé. D’abord réputés soigner la rage, puis une multitude de maux, tels le rachitisme, l’anémie, la scrofule…, les bains de mer sont considérés bénéfiques de par la température et la densité de l’eau de mer, mais aussi grâce au mouvement des vagues et des marées, ou à la salinité de l’air. C’est dans ce contexte que Michel Cléry de Bécourt, après un voyage en Italie, crée à Boulogne le premier établissement de bains de mer chauds en France. Approuvé dès 1785, le projet de construction est accordé le 20 avril 1787, et le bâtiment édifié par Giraux Sannier quai du Petit-Paradis, actuel quai Gambetta. Mais ce premier établissement ne rencontre pas le succès escompté ; d’abord parce qu’il ouvre ses portes dans les vicissitudes de la Révolution, alors que sa clientèle potentielle fuit le pays ; surtout parce que les services qu’il propose sont en inadéquation avec les attentes du public, friand de bains de mer froids, pris à la lame. Pourtant, ce tout premier établissement de bains boulonnais perdure, puisqu’il est intégré dans les années 1820 à l’Hôtel des Bains, et ouvre la voie à un second, toujours d’initiative privée, et à la vogue balnéaire qui fait de Boulogne au XIXe siècle l’une des premières destinations touristiques d’Europe.

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aroline de Bourbon-Siciles, duchesse de Berry et belle-fille du roi Charles X, a 27 ans lorsque le 24 août 1825, elle vient prendre les bains à Boulogne. Fait anecdotique aujourd’hui, il est alors fondateur. En effet, après un passage à Dieppe, où un premier établissement de bains de mer froids, inauguré en 1822, a été réellement lancé par sa visite, la duchesse de Berry accorde son intérêt au tout nouvel établissement de Boulogne, entrainant à sa suite une véritable mode des bains de mer. Second en France, édifié par le Grenoblois Antoine Versial, sur les plans de l’ingénieur Pierre Marguet, l’établissement de bains de Boulogne, dont la construction a débuté en mars 1824, est inauguré le 29 mai 1825 ; il offre à ses visiteurs, dans un bâtiment à l’origine sur un unique niveau, toutes les commodités nécessaires à la vie mondaine. Les services d’hydrothérapie sont alors cantonnés à la plage, où les bains se prennent à la lame, grâce aux toutes nouvelles voitures-baignoires créées pour l’occasion par Marguet. Vendu pour 55 000 F en avril 1833 à François Mancel, le casino connaît d’importantes transformations : un étage vient l’agrandir, l’éclairage au gaz est installé… Pourtant, la capacité d’accueil de l’établissement reste insuffisante face à l’afflux des touristes attirés par le prestige de Boulogne, et l’essor de nombreuses autres stations balnéaires oblige à innover. La ville, consciente de ces besoins, achète à son tour en 1858 l’établissement aux héritiers Mancel pour la somme de 125 000 F, et entreprend dès mai 1861 la construction d’un nouveau casino municipal, légèrement en retrait de l’ancien établissement Versial, afin de permettre à celui-ci de fonctionner dans l’attente de l’inauguration du nouvel édifice, le 29 juin 1863.

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1. Au-delà de l’aviso Ariel, photographié durant l’été 1855 par Édouard Baldus dans le chenal du port de Boulogne, cette épreuve est la seule connue de l’établissement des bains de mer Versial, qui sera totalement détruit huit années plus tard. Cliché Édouard Baldus.

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2. L’arrivée en 1848 du chemin de fer, par la ligne Amiens-Boulogne, ne met plus Paris qu’à sept heures, quatre heures en 1890. Ce gain de temps permet la mise en place de trains de plaisir amenant Parisiens et nordistes à Boulogne pour la journée ou le week-end. À partir de 1853, leur accueil se fait à la gare centrale, édifiée sur la rive gauche de la Liane. Cliché Henri Caudevelle.

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3. Le transport transmanche prend un réel essor avec le développement de la vapeur au milieu du XIXe siècle. Le trajet Folkestone-Boulogne passe alors de plus de deux heures à, en moyenne, une heure et demie, amenant dans la ville de nombreux visiteurs britanniques attirés par la réputation des bains de mer boulonnais. Cliché Charles Grassin.

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4. Touristes et voyageurs regagnant l’Angleterre après leur séjour à Boulogne. Cliché anonyme.

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