Extrait catalogue affiches2011

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Catalogue édité à l’occasion de l’exposition La Côte d’Opale s’affiche , présentée aux Archives municipales de Boulogne-sur-Mer du 17septembre au 18 novembre 2011, sous la direction de Karine Berthaud, directrice des Archives municipales.


À Louise…


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PrĂŠface

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Madame, Mademoiselle, Monsieur,

Depuis déjà une dizaine d’années, les Archives municipales de Boulogne-sur-Mer s’efforcent, à travers une politique d’acquisition pertinente, d’enrichir leur fonds d’une manière relativement variée. Au-delà des photographies rares – telle celle du port prise par Baldus en 1855 – ou de nombreuses gravures, la Ville de Boulogne-sur-Mer a eu l’opportunité, grâce à un efficace partenariat avec le monde de l’entreprise et le monde associatif, d’acquérir en 2011 une collection d’affiches rares, venues enrichir encore le fonds déjà dense des Archives municipales. Celles-ci conservent dorénavant une collection d’affiches de Boulogne-sur-Mer - mais aussi des communes balnéaires environnantes - extraordinaire.

La Côte d’Opale s’affiche, exposition conçue et présentée par les Archives municipales de Boulogne-sur-Mer, constitue sans aucun doute une invitation à un nouveau voyage à travers l’histoire de notre ville. Grâce à la présentation et à la mise en valeur de ce riche fonds d’affiches dont certaines constituent de réelles œuvres d’art -, qui fait la part belle au monde de la pêche et à celui du tourisme, vous allez effectivement redécouvrir les richesses et multiples visages de la région boulonnaise. Ainsi, des charmes de notre station balnéaire aux nombreuses festivités traditionnelles mises en avant dans de magnifiques affiches touristiques, de la mise en valeur publicitaire des produits issus de la transformation du poisson à celle de la fabrication des célèbres plumes, vous verrez combien et surtout de quelle belle manière notre ville et ses symboles ont été, et sont encore représentés. Tous mes remerciements à celles et ceux qui ont concrétisé cette audacieuse exposition, dont vous gardez une précieuse trace, avant tout visuelle, grâce au riche catalogue qui l’accompagne.

Frédéric Cuvillier Maire de Boulogne-sur-Mer Député du Pas-de-Calais Président de la Communauté d’agglomération du Boulonnais

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Et si le « soleil » boulonnais se levait à nouveau, porteur d’espérances, comme sur cette très belle affiche publicitaire des établissements Vanheeckhoet où « la Pêcheuse », forte de sa tranquille assurance, domine un port et une ville de Boulogne-sur-Mer en pleine effervescence ? Et si demain cet autre « soleil » boulonnais, porté par cette radieuse - et ravissante - personnification de notre cité, éclairait de nouvelles « Exposition(s) internationale(s) de la pêche et des industries annexes » ? Et si habitat et loisirs, sport et culture, économie et environnement cohabitaient encore plus harmonieusement, à l’image de cette Entente cordiale entre deux marins français et anglais, sous le regard bienveillant de notre Zabelle ? Utopie ? Bien-sûr que non ! Volonté, au contraire, confiance et détermination d’une population rassemblée autour d’un même projet : redonner à Boulognesur-Mer l’élan, le souffle qui lui permettront de concilier le rêve et la réalité, de dépasser la nostalgie, de retrouver - comme sur ces magnifiques affiches du passé - toutes les couleurs d’un avenir en train de se reconstruire. « Ils ont échoué car ils n’avaient pas commencé par le rêve » disait le poète… Puisse cette très belle exposition d’affiches – que nous devons une fois de plus au dynamisme et au talent de toute l’équipe des Archives municipales conduite par Karine Berthaud – éclairer, comme cet étrange aéronef, notre « envolée »… résolument optimiste ! Max Papyle Adjoint au Maire Chargé de la mémoire de la Ville

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« L’affiche est fille des rues. Populaire et aristocratique. Fleur du pavé ou reine de la palissade, elle s’offre à tous comme un cadeau sans jamais perdre son quant à soi. Cette belle gosse haute en couleur qui fait tourner les têtes, c’est la championne de la communication claire et concise. » Raymond SAVIGNAC, affichiste.

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Introduction

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Destinée à interpeller ou à séduire, l’affiche est un excellent moyen de communication mais également une incontestable source de renseignements. Miroir d’une époque, elle dévoile la société qui lui est contemporaine. Selon certains historiens, les origines de l’affichage peuvent remonter à l’Antiquité ; en effet, à titre d’exemple, sont souvent cités les « albums » romains, ces murs blanchis à la chaux et divisés en rectangles, situés aux carrefours et places publiques et permettant d’annoncer les jeux du cirque. Quant au terme d’affiche, il apparaît au XII e siècle au sens d’« épingle » ou « agrafe » ; il faut attendre le XV e siècle pour qu’il prenne son sens d’« avis imprimé ». Néanmoins, avant le XVI e siècle, malgré la découverte de quelques rares prototypes d’affiches, l’annonce des actes officiels et des manifestations se faisait exclusivement par voie orale. Parcourant les rues et s’arrêtant aux carrefours, des crieurs annonçaient à la population – souvent illettrée -, à son de trompette ou de tambour, aussi bien les actes officiels du roi, de l’Église ou des confréries, que les enterrements ou autres événements. C’est en 1539 qu’un décret de François 1 er réglemente l’affichage en France en stipulant que les ordonnances « après avoir été publiées à son de trompe et cri public, seront attachées à un tableau, écrites sur des parchemins en grosses lettres…, afin qu’elles soient connues et entendues de chacun ». À partir du XVII e siècle, l’apposition d’affiches et placards est soumise à une taxation, telle l’obligation du papier timbré, mesure fiscale permettant également de garantir l’authenticité des pièces imposées et l’autorisation d’affichage. Les affiches sont en général, sous l’Ancien Régime, apposées « aux coins des rues, aux portes des particuliers, ou aux églises ». Il faut néanmoins attendre la Révolution française pour que l’affichage, monopole jusqu’alors de l’Église et de l’État, prenne une réelle ampleur, à l’image des différents domaines de la communication. Dès 1792, 11


L’une des plus anciennes affiches officielles conservées à Boulogne-sur-Mer (1681). Arch. mun. Boulogne-sur-Mer, AA28.

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l’administration municipale boulonnaise, « informée que des particuliers arrachent les lois affichées et se permettent de placarder des affiches aux lieux exclusivement destinés aux actes émanés de l’authorité publique » rappelle aux Boulonnais les lieux destinés à l’apposition des affiches et précise l’interdiction de les enlever. Au XIX e siècle, la législation nationale concernant l’affichage se précise notamment avec la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, qui reconnaît entre autre la liberté de l’affichage. À cette époque, les grands travaux urbanistiques offrent à l’affiche d’importantes surfaces de support ; les affiches se superposent, se chevauchent pour former sur les murs et palissades de vastes mosaïques colorées. En parallèle se développe également l’affichage mobile, avec notamment l’hommesandwich ou le fiacre-réclame. C’est également au XIX e siècle que l’affiche au sens moderne du terme devient à la fois documentaire et artistique ; elle était auparavant essentiellement typographique, avec parfois quelques rares illustrations. Le développement des techniques d’impression, en particulier la lithographie, et dans les années 1880, la mécanisation et l’organisation de la production lui confèrent une place privilégiée parmi les médias de l’époque. Elle devient alors l’illustration de ces bouleversements économiques et la mutation sociale qui s’opèrent à l’époque. L’affiche apparaît rapidement comme un nouveau mode d’expression pour les peintres et dessinateurs qui s’inspirent des évolutions de leur temps. C’est à Jules Chéret que revient le titre de père de l’affiche moderne, avec sa contribution au perfectionnement des techniques d’impression et sa conception esthétique et colorée de l’affiche. Parmi les plus grands, Steinlen, ToulouseLautrec, Mucha sont autant d’artistes qui s’approprient ce nouveau support. Cet élan artistique de l’affiche perdure jusqu’à la seconde guerre mondiale, et prend dans l’entre-deux guerres un aspect publicitaire de plus en plus important. Des candélabres de l’éclairage public aux chalets de nécessité en passant par les murs pignons, les supports se diversifient et le mobilier urbain, avec la colonne Morris ou les bancs et corbeilles à papier publicitaires, s’adapte à l’essor de l’affichage. Sous l’occupation allemande, l’affiche et l’affichage, fortement censurés, traversent une période de crise, aggravée notamment par la pénurie du papier ; ce dernier se réduit principalement aux seules affiches officielles civiles et militaires. De plus, la publicité est affectée par la situation économique et le manque des différents produits et services. Au lendemain de la Libération, dans une ville en ruine, l’affichage profite des palissades entourant les destructions et reprend progressivement 13


au rythme de la reconstruction. L’affiche se doit de retrouver sa place et certains publicitaires adoptent dans les années 50, à l’instar des Américains, la photographie comme style graphique. Néanmoins, petit à petit, les autres moyens de communication supplantent l’affiche qui perd progressivement sa place privilégiée.

La typologie des affiches est assez éclectique ; si les affiches publicitaires, culturelles et touristiques sont certainement les plus esthétiques, il convient de ne pas évincer les affiches officielles. En général, plus sobres et typographiques, à caractère administratif, légal ou judiciaire, elles informent le public des lois et actes pris par l’autorité publique. L’utilisation de papiers de couleur est autorisée au milieu du XIX e siècle ; l’impression en noir sur blanc était d’usage depuis la loi Le Chapelier du 28 juillet 1791. Les affiches à caractère politique, notamment les affiches électorales, présentent les mêmes caractéristiques visuelles, avec toutefois l’insertion progressive de la photographie des candidats. Parmi les pièces officielles, apparaissent à compter de la première guerre mondiale, les affiches de propagande dont les illustrations et le texte percutant, à l’instar des affiches publicitaires, incitent à la mobilisation ou appellent à la générosité publique.

Au-delà de la multitude d’affiches typographiques insérées dans les dossiers, les Archives municipales de Boulogne-sur-Mer conservent deux fonds d’affiches iconographiques majeurs : le premier, sous la cote 66Fi, est issu des archives traitant des deux guerres mondiales, et se compose d’affiches à portée nationale ; le second, coté 64Fi, contient toutes les affiches évoquant Boulogne et le Boulonnais depuis le XIX e siècle. L’acquisition en 2011 d’une magnifique collection d’affiches touristiques est venue enrichir ce fonds, et a motivé l’organisation de l’exposition La Côte d’Opale s’affiche , présentant une cinquantaine de pièces destinées à louer partout en France et à l’étranger le charme et les produits du Boulonnais. Des affiches publicitaires aux affiches touristiques, de la seconde moitié du XIX e siècle à la fin du XX e siècle, l’exposition tend à montrer la richesse esthétique et informative de ce document, produit à l’origine pour n’être qu’éphémère. 14


1. Charles WALHAIN del., F. Champenois imp., Paris, 1920. 81,5 x 121. Arch. mun. Boulogne-sur-Mer, 64Fi11.

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2. Même si Boulogne-sur-Mer est libérée depuis déjà quatre ans lors de la création de cette affiche, la représentation proposée par Georget et Nathan ne correspond en rien, ni à l’état du port à l’époque, ni à ce qui va en advenir. Guy GEORGET, Jacques NATHAN del., Techniques et Architecture éd., [1948]. 58,5 x 79. Arch. mun. Boulogne-sur-Mer, 64Fi36.

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