Pertuis
En Héritage
Octobre 2023
L’ÉDITO
Michèle
Chargée de mission tourisme
Chers amis, lecteurs de « Pertuis en Héritage »,
C’est la rentrée !
Et oui, en ce début d’octobre, voilà déjà un mois que la fête des associations a ouvert la saison automnale !
Avec sa deuxième édition le 17 septembre dernier, « Pertuis Equestre » est entré dans la tradition.
Cette nouvelle fête du cheval a été organisée de main de maître par l’Office de Tourisme sous la houlette d’Aurélien Auclair, dans le cadre des journées du patrimoine.
Ces journées attirent toujours bon nombre de Pertuisiens venus découvrir les trésors patrimoniaux de Pertuis, au gré des visites du donjon et des projections son et lumière «Pertuis historique» proposées par Jacques Barone, ainsi que des visites de l’église proposées par Jean-Jacques Dias... et encore de nombreuses autres initiatives et découvertes.
Je vous propose en complément l’histoire du musée à ciel ouvert qu’est notre cimetière. Il recèle une richesse architecturale et esthétique exceptionnelle qui mérite d’être remarquée.
Dylan Gambari continue quant à lui, de vous présenter nos jumelages.
Voici donc les thèmes évoqués dans ce numéro. J’espère qu’ils vous intéresseront.
Bonne lecture !
« AU PAS, AU TROT, AU GALOP »...PERTUIS ÉQUESTRE SUR LA ROUTE DE D’ARTAGNAN
En ce dimanche 17 septembre, journée européenne du patrimoine, et après le succès mémorable de l’année dernière, l’Office de Tourisme s’attendait à accueillir une foule importante sur le Pré du Roy à l’occasion de la deuxième édition de la manifestation Pertuis Equestre. Ce fut largement le cas ! Le public a afflué depuis Marseille et Aix en Provence et même des Alpes. La rumeur a bien fonctionné, les réseaux sociaux ont fait le reste.
Le défilé des chevaux dans les rues de la ville, rythmé par la musique des tambours d’Arcole toujours fidèles au poste, avec la garde républicaine et Monsieur le Maire en calèche, a été salué avec enthousiasme et a entrainé dans son sillage toute une population qui s’est régalée du repas simple et rustique mais excellent, proposé sur place par le comité des fêtes de Peyrolles, partenaire de la manifestation.
Expo artisanale, retour au moyen-âge, ferme pédagogique, balade en calèche, escape game… Une organisation parfaite et bon enfant, le tout adapté à tous les âges et à tous les goûts.
Et le spectacle ? Ah le spectacle... Un grand coup de chapeau à Charly Andrieux, le « deüs ex machina » de cette création sur le thème du western et du folklore américain. Quelle musique et quelle ambiance !
Les charriots, les indiens, les lassos, rien ne manquait pour le plaisir des petits et des grands.
Bref, de grands moments de joie comme les aiment les pertuisiens !
Mais alors, dans tout ça, qu’est-ce que la route de d’Artagnan ? Et que viennent faire les mousquetaires à Pertuis ?
« AU PAS, AU
TROT, AU GALOP »...PERTUIS ÉQUESTRE SUR LA ROUTE DE D’ARTAGNAN (SUITE)
Il s’agit d’une route en création de randonnées à pied, à vélo, à cheval, en calèche (mais pas en voiture) qui parcourt l’Europe à partir de Lupiac dans le Gers, ville de naissance de Charles de Batz de Castelmore, dit d’Artagnan (nom de sa mère), mousquetaire du roi, jusqu’à Maastricht au Pays- Bas où il est mort au combat. Cette route se veut symbolique d’une qualité de vie en osmose avec la nature, privilégiant les chemins de terre plutôt que le goudron et parcourant la France campagnarde du sud au nord, à la découverte d’un patrimoine culturel et naturel incroyable. Il s’agit de recréer un nouvel esprit « mousquetaire » que l’on peut définir par les mots : curiosité, convivialité, solidarité et... Panache !
Pertuis, autrefois bourg agricole, devenue « une ville à la campagne », et depuis toujours un passage, a toutes les qualités pour devenir un incontournable sur ce chemin.
Michèle GAMETUN MUSÉE À CIEL OUVERT : LE CIMETIÈRE DE LA RUE DU CHANOINE TROUILLET
Parler du cimetière d’une ville, c’est aborder un sujet qui touche tous ses habitants. C’est un lieu de silence et de respect où des personnes aimées reposent pour l’éternité. C’est aussi très souvent un petit patrimoine ignoré et presque un musée à ciel ouvert.
Le nôtre, celui de la rue du Chanoine Trouillet, ne déroge pas à la règle, et se pencher sur son histoire et sur celle des monuments qu’il abrite m’est apparu comme « un devoir de mémoire ».
L’histoire du cimetière débute entre 1854 et 1856 lorsqu’il a remplacé l’ancien cimetière de la Coudoulouse qui avait rempli sa fonction de 1779 à 1854. Ce dernier avait été créé suite aux lettres patentes du roi Louis XVI du 15 mai 1776, interdisant les inhumations à l’intérieur et autour des églises avec ordre d’installer de nouveaux cimetières hors de l’enceinte des habitations. L’entrée était située sur l’ancienne route d’Avignon, actuellement au « Moulin de Caro ». En effet, les cimetières de l’église Saint Pierre et celui de l’église Saint Nicolas étaient successivement devenus obsolètes et il fallait se soumettre à la nouvelle loi.
1G40, extrait du plan cadastral de 1837, section K dite de la Ville, permettant de situer l’ancien cimetière de la Ville au quartier de la Coudoulouse
GG27, Lettres patentes de Louis XVI interdisant les inhumations dans les églises (1776)
En 1854, la Coudoulouse, devenu insuffisant et ne correspondant plus aux normes en usage, une décision municipale fut prise, sous la houlette du maire Alfred Morel, le 4 mai 1854, pour installer un nouveau cimetière route de la Bastidonne, dans lequel les 12 000 corps ensevelis en 75 ans furent transférés dès la réception des travaux, soit à partir du 24 novembre 1856. L’emplacement du nouveau cimetière est de 1 ha 11 ares 85 centiares. Le terrain appartenait à Madame Léonide Péchier et Monsieur Pierre André Viau. Il s’agrandira plusieurs fois par la suite. Actuellement sa surface est de plus de 3,5 ha.
C’est alors l’époque où l’art funéraire se développe avec une très grande richesse, et ou les différences sociales vont franchir ses murs.
Plusieurs sortes de tombeaux furent ainsi autorisées. On peut dater les sépultures en fonction de leur style, mais surtout on peut imaginer les moyens financiers de leurs propriétaires, en fonction de leur modestie ou de leur opulence.
Ce qu’il faut remarquer, c’est que « la mort est bavarde ». Le cimetière est un musée vivant de la biographie personnelle, de l’inscription et du portrait ; on « apprivoise » la mort. Chaque pierre tombale est personnalisée, et donne, le plus souvent, une image touchante des défunts. La sépulture devient alors un véritable monument d’architecture, voire d’art.
On peut remarquer plusieurs sortes de tombes à Pertuis. Les simples pierres tombales, à deux pentes avec croix à faible relief, les inscriptions et épitaphes rappelant les qualités et vertus des défunts. Pierres à chevalet, surélevées, souvent entourées de balustrade en fer ou en fonte.
On trouve aussi des colonnes et cippes (arbres de vie symboliques), les cippes étant souvent rectangulaires avec une croix en sommet ou des colonnes brisées, symboles de la vie qui s’en va. Egalement, des stèles à la tête de la sépulture, avec médaillons et photos, couronnes ou objets familiers, bien aimés par le défunt.
UN MUSÉE À CIEL OUVERT : LE CIMETIÈRE DE LA
RUE DU CHANOINE TROUILLET (SUITE)
Architectes, constructeurs, sculpteurs, laissent libre court à leur imagination. Certaines tombes sont spectaculaires de par leurs statues et leurs ornements. Certaines chapelles sont grandioses. Les épitaphes rappellent la vie de nos ancêtres, le chagrin ressenti par la perte d’un être cher. Certaines retiennent l’attention plus que d’autres et permettent d’imaginer comment ont vécu, ou sont morts, nos prédécesseurs.
L’épitaphe gravée sur la tombe d’Auguste Aubert est un exemple de générosité et de pardon. Ce monsieur, agressé le 8 janvier 1858 à coup de poignard dans le ventre et décédé suite à cette attaque a pardonné à ses assassins. Il est écrit :
« Expirant sous les coups d’une infernale audace, A ses bourreaux Aubert pardonna de grand cœur, Fut-il passant, répond oh merveille de grâce, Du Christ au Golgotha, plus noble imitateur. »
Épitaphe remarquable aussi, celle découverte sur la tombe familiale des Chaffard, précisant que sont enterrées avec la famille, deux domestiques fidèles pendant des années !
« Ici reposent avec leurs maîtres, Claudine Portier décédée le 11 février 1886 et Thérèse Vaux veuve Cauvan décédée le 11 octobre 1915. Par leurs vertus, leur fidélité et leur dévouement à leurs maîtres, elles ont mérité d’être unies à eux dans leur tombe. »
Quelques tombeaux sont exceptionnels par la beauté des décors sculptés, notamment :
- La tombe pyramide de la famille Morel-Verneuil (2 maires de Pertuis y sont inhumés, François et Alfred) sculptée par Adolphe Itasse en 1857, supportant une urne à laquelle sont adossées 2 figures : la Douleur à droite et l’Espérance à gauche.
- La tombe d’Edouard Lançon, maire de Pertuis de 1859 à 1867, également sculptée par Adolphe Itasse, l’allégorie de l’âme du défunt : une femme drapée d’un voile qui s’élance vers le ciel, avec une étoile au sommet de la tête.
- La tombe de la famille Cornarel-Roquesante (transférée depuis le cimetière de la Coudoulouse en 1861). Le piédestal sur lequel sont sculptées les armoiries de cette famille noble de Pertuis et de Grambois, est surmonté d’une urne.
- La tombe des Samat-Mikaelly, plus tardive, puisque bâtie au XXème siècle , comportant un obélisque sommé d’un pot à feu, entouré de 2 urnes et orné d’instruments de musique, violon et flûte de Pan, et d’un masque symbolisant l’art lyrique. Au-devant, une plaque en marbre avec une photo du couple en tenue de scène et l’inscription suivante « Avec vous, nos voix d’or se sont tues », signée de la ville de Pertuis.
- Enfin, tout aussi émouvante, la tombe de la famille Bascle, avec la statue en pied de Jean Bascle, tué à 22 ans durant la guerre 1914-1918 réalisée par César Manéoni sculpteur marseillais. Bien sûr, cette liste n’est pas exhaustive, beaucoup d’autres tombes ont un intérêt artistique et historique. Il s’agit le plus souvent de celles de personnages importants ou célèbres de la ville.
Le portail d’entrée du cimetière est lui aussi tout à fait remarquable. Il est compris dans un hémicycle et surmonté d’un fronton avec corniche où ont été sculptées 2 figures en relief : 2 anges tenant une croix sur fond de gloire. Il est probable que cette sculpture soit l’œuvre d’Adolphe Itasse, mais on n’a pas retrouvé sa signature. Il faut remarquer aussi qu’il existe « une mode », dans la façon dont les pierres tombales ont évolué. Après le XIXème et le début du XXème siècle, riches en inscriptions et fioritures de toutes sortes, le style devient plus sobre et le marbre remplace la pierre sculptée. Les « souvenirs » et les épitaphes changent. Pour s’en convaincre, il suffit de parcourir la partie la plus récente du lieu derrière l’ancien mur du nord.
L’association « Patrimoine à Venir » proposera en novembre une visite guidée du cimetière à ses membres, mais aussi à toute personne intéressée par la découverte de ces nombreux trésors architecturaux (sur réservation).
Michèle GAMET
(Source : archives de Pertuis, et Wikipédia)
La tombe pyramide de la famille MorelVerneuil La tombe d’Edouard Lançon Buste du sculpteur Adolphe Itasse au cimetière du Père LachaisePERTUIS ET SES QUATRE JUMELAGES : ESTE
Comme vous le savez, la ville de Pertuis est jumelée avec 4 villes : Utiel en Espagne, Herborn en Allemagne, Alton en Angleterre et Este en Italie.
C’est avec engouement que je vous présente le Comité de Jumelage Pertuis-Este, dans cette avant-dernière partie de Pertuis et ses jumelages.
L’histoire de ce jumelage avec nos voisins italiens est une belle histoire de connectivité moderne, il a en effet vu le jour grâce à un site de mise en relation de personnes souhaitant créer des jumelages.
À la suite de diverses réunions et discussions passionnées, le Comité de Jumelage-Pertuis Este voit le jour en 2000. Les signatures officielles pour le jumelage ont été apposées lors de deux événements mémorables : le 29 janvier 2001 à Este en Italie, et le 9 juin 2001 à Pertuis, lors du célèbre Corso fleuri.
Aujourd’hui, le jumelage entre notre cité et nos amis d’Este demeure vibrant, comptant entre 130 et 140 membres actifs. Parmi eux, pas moins de 45 élèves participent aux classes d’italien du comité, réparties en trois niveaux : débutants, intermédiaires et confirmés. Les cours ont lieu de manière régulière, chaque semaine, à l’exception des périodes de vacances scolaires.
Le Comité de Jumelages met en place un cercle de discussion en italien, sobrement intitulé «Parole fra di noi» (ce qui signifie « mots/paroles entre nous»).
Ainsi, les membres se retrouvent pour échanger sur des thématiques diverses et ce, bien évidemment dans la langue italienne.
En plus de ces activités linguistiques, des soirées thématiques sont régulièrement organisées autour de sujets liés à la culture italienne, comme la gastronomie par exemple. Ces événements offrent aux membres une occasion de découvrir et d’apprécier les richesses de la culture italienne sous ses divers aspects.
Je remercie Christian Flesia et Alain Porrachia d’avoir gentiment accepté et pris le temps de répondre à mes questions.
Vous souhaitez en savoir plus ? Vous pouvez les retrouver au stand des jumelages lors de la Fête des Associations chaque année ou en découvrir plus sur leur site ww w.pertuis-este.com.
Je vous dis à très vite pour la dernière de Pertuis et de ses jumelages où j’aurai l’occasion de vous parler d’Alton, notre jumeau anglais !
Dylan GAMBARIDISPARITION DE MONIQUE PERRIN
Je ne peux laisser paraître ce numéro 28, sans vous dire que Monique Perrin nous a quittés il y a quelques jours.
Monique était un pilier fidèle de Patrimoine à Venir et de Pertuis en Héritage, dont elle conservait précieusement tous les numéros.
Toujours gaie et enjouée, elle n’hésitait pas à donner de son temps pour mettre en avant l’histoire de la ville. Lorsqu’en 2010, nous avions mis en scène les 6 couvents de Pertuis au XVIIème siècle, elle a passé de longues journées à créer et coudre les costumes des moines et nonnes de l’époque.
Puis pour la Belle Estelle, tous les ans, elle s’était attelée à concevoir les vêtements moyenageux, nécessaires pour le défilé du mois de janvier.
Généreuse et dévouée, avec un sens esthétique remarquable, elle est ainsi devenue indispensable dans notre association, et les avis, qu’elle ne manquait pas de donner, influençaient souvent nos orientations.
Sois certaine Monique que tu as toute notre gratitude et que nous ne t’oublierons pas.
Michèle GAMET