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BAM !

LES TROIS MOUSQUETAIRES

Qui sont donc ces compagnons semblables à la troupe des Voltron, devenus partenaires et véritables héros de leur propre histoire ?

Le partenaire fondateur de BAM, Daniel Anthony Gass, a remporté le Merril Presidential Scholar Award en architecture à l’université de Cornell. Dan a joué un rôle de premier plan dans la formation de l’approche de conception de paysage adoptée par BAM et a personnellement dirigé de nombreux projets emblématiques, de la conception à la construction. Son travail au sein de BAM a été présenté à la Biennale de Venise, au Maxxi Museum et au Reykjavic Modern Art Museum.

Allison MacNeil Dailey est diplômée en architecture de paysage, en architecture et en beaux-arts. Après Cornell, elle s’est tournée vers Harvard où elle a obtenu un master en architecture de paysage et a enseigné un séminaire appelé DoodleTech, qui explore la pensée intuitive analytique exprimée par des gribouillis, résultant en des propositions viscérales spatiales et matérielles. BAM met désormais en œuvre cette technique au sein de sa pratique.

Le designer Jacob Schwartz Walker se concentre sur le paysage urbain en Chine. Formé à l’origine comme architecte à Cornell, Jake pense que l’architecture n’est qu’un outil parmi d’autres au service d’une idée plus large du paysage, et que le paysage est le domaine qui requiert le plus d’attention de la part des concepteurs alors que les villes du monde entier se densifient et se transforment en mégamétropoles. Amen ! Chez BAM, Jake est le fer de lance de nombreuses initiatives urbaines.

RETOUR AU DÉBUT

« Notre relation de travail est née de nos installations artistiques communes réalisées dans des espaces publics sur le campus de Cornell », raconte Daniel, qui se souvient de la façon dont tout s’est mis en place en dehors des heures de classe. Le trio se lançait alors dans la réalisation d’installations furtives autour du campus, avec pour avantage de servir de prétexte à festoyer entre amis. En ce sens, le design en tant que « boulot » ou moyen de payer les factures est venu après le design pour nous, pauvres étudiants qui traînions, fabriquions des choses et jouions sur les espaces publics. »

LE PLAISIR DES AFFAIRES

Bien que ces premières installations aient exigé une somme de travail considérable, il était toujours agréable de s’y attarder.

« Nous avons obtenu un certain degré d’approbation de la part de conseillers pour des installations qui, nous le supposions, amélioraient considérablement le campus de manière temporaire. Cependant, certains professeurs étaient agacés par notre travail et par les défis posés à l’espace public. Ils se sont opposés à notre travail au point que pour l’installation de la conférence de Martha Schwartz, nous avons dû défendre nos actions sur le plan académique afin d’éviter d’être expulsés de l’école. »

Rester Vrai

« Aujourd’hui, dans les studios de BAM, nous organisons les choses de manière à conserver ce sens de la découverte, du jeu et de la flânerie, en tant que base de travail », explique le cofondateur Gass. « Les bonnes idées naissent du jeu et la créativité découle du fait de travailler avec ce que l’on a sous la main. En même temps, nous prenons le jeu et notre travail vraiment au sérieux, surtout en ce qui concerne les détails et le développement technique. » Une façon inspirante et libératrice d’aborder une journée au bureau, je dirais !

VENEZ NAVIGUER !

Dan Gass et Jake Walker, copains de Cornell et partenaires en affaires, partagent une autre passion que le design : la voile ! Cherchant des occasions de naviguer autour de la Chine, les partenaires fondateurs ont même organisé une équipe de course BAM et sont invités à participer à des régates de temps en temps. C’est un excellent moyen de resserrer les liens au sein de l’équipe tout en profitant des beautés du monde.

Des Tudiants En Chine

Comment une triforce aux liens tissés si serrés peut-elle passer du Dragon Day à Ithaca, NY, à l’ouverture d’un bureau à Pékin en l’instant d’une New York minute ? Comme dans beaucoup d’histoires, les sentiers et les signes de la vie ont ouvert la voie. « J’ai étudié le chinois au lycée et, à l’université, j’ai organisé un voyage d’été avec Nasrine Seraji pour une tournée en studio autour de la Chine », raconte Gass.

Les complices Jake et Allie se sont joints à ce voyage et, ensemble, tous trois se sont totalement immergés dans l’expérience et le pays en réalisant des installations artistiques tandis que le studio se déplaçait, agissant sur le paysage en cours de talisée que d’autres villes de Chine. Étant donné que notre travail est fondamentalement axé sur le domaine public et qu’il contient un important message socialement progressiste, nous pensions que le fait de nous placer dans un milieu plus orienté vers l’art et la politique plutôt que dans un environnement axé uniquement sur les affaires serait essentiel afin de renverser les points de vue habituels sur la valeur du paysage », explique Jake.

PARI RÉUSSI route. Ils sont tombés amoureux de tout, partout et tout à la fois, et en peu de temps, ils sont retournés en Chine pour installer leur premier studio à Pékin en 2009.

Aujourd’hui, le studio BAM Beijing est en passe de devenir, sans conteste, le meilleur studio de conception paysagère de Chine. Alors que les domaines de l’architecture, de l’art et de l’ingénierie reçoivent une attention considérable de la part des concepteurs et des clients en Chine, BAM estime que le paysage urbain est d’une importance primordiale, même s’il n’est pas encore conçu ou qu’il l’est insuffisamment.

UNE ÉTOILE QUI BRILLE

« Dans notre esprit, Pékin était l’endroit idéal pour nous lancer en affaires, simplement parce qu’elle semblait moins occiden-

Lorsqu’il aborde les valeurs de conception, la vision du paysage et l’évolution de l’entreprise, Jake ajoute : « Le paysage urbain est tout ce qui se trouve à l’extérieur des bâtiments, et BAM s’intéresse à tous les espaces intermédiaires, aux conditions marginales, aux limites et à la périphérie. BAM considère le paysage urbain comme le véritable matériau de la ville et pense qu’à l’avenir, ce sont les paysages plutôt que les bâtiments qui devraient être les véritables icônes des villes ».

POURQUOI L’ARCHITECTURE DU PAYSAGE ?

Comment trois diplômés en architecture peuvent-ils atteindre des sommets dans le domaine du paysage ? Selon BAM, l’être humain a un besoin interne de se connecter à la nature, et le simple fait d’évoquer la nature a un effet positif sur l’état d’esprit et le sentiment de bien-être des gens. C’est dire que le champ (jeu de mots) de l’architecture de paysage encourage l’interaction sociale.

POURQUOI LA CHINE ?

En outre, l’agence en question estime que le paysage est le domaine de conception le plus important en Chine parce qu’il traite de tout ce qui se trouve à l’extérieur et entre les bâtiments, un domaine qui a non seulement la capacité de diminuer les effets négatifs de l’architecture galopante et de la planification urbaine robotisée, mais qui apporte à l’humanité quelque chose qui ne peut être obtenu uniquement par la conception de bâtiments et d’infrastructures.

En Chine, poursuit BAM, le paysage est un meilleur domaine de conception qu’aux États-Unis, simplement parce que la culture chinoise s’est développée à partir d’une culture du jardin. C’est un fait. Historiquement, les jardins chinois ont vu des artistes peindre et des poètes composer des poèmes, des gouverneurs réfléchir à l’ordre social et des érudits contempler la vie qui les entoure. Hier comme aujourd’hui, le jardin est intimement lié à l’expression culturelle chinoise. Par extension, le paysage est considéré comme un support culturel qu’il convient de concevoir. Aux États-Unis, les paysages ne sont pas perçus à travers le même prisme culturel.

Une Quatri Me Force

L’architecte paysagiste Guan Jingwen a récemment été la première employée à devenir partenaire depuis la création du cabinet par les trois membres fondateurs. Combinant des compétences de négociation aiguisées à un sens politique sensible et à un dévouement inébranlable à la plus haute qualité du travail de conception, son leadership gracieux et puissant a propulsé BAM au rang de meilleur cabinet d’architecture de paysage en Chine.

BRILLER À SHANGHAI

Forte de son succès, appelant à la nécessité de voir son équipe s’agrandir, et comme moyen de mobiliser et de garder près de soi d’excellents collaborateurs talentueux dans le sud de la Chine et dans d’autres régions, BAM a ouvert un studio à Shanghai en 2018.

Qu’on se le dise, BAM aime tout simplement travailler et agir comme une force positive de la nature en Chine, à bien des égards, en raison de la richesse de ses diverses cultures locales.

UNE HISTOIRE D’AMOUR

Une anecdote convaincante prouve notre point de vue. Dans une ville voisine d’un chantier, l’équipe de BAM a trouvé un chapeau en bambou tressé typiquement porté par la population locale, un chapeau dépourvu de centre, mais drapé d’un rideau sur son pourtour. Un sombrero, une visière et un hijab, le tout mélangé, en quelque sorte. « Nous aimions beaucoup ce chapeau, qui permettait un contrôle intelligent de l’environnement par l’utilisateur, et nous nous sommes dit que nous pourrions peut-être le surdimensionner pour en faire un salon de thé ! »

La Chine et le thé entretiennent une histoire d’amour millénaire, ce n’est un secret pour personne ! BAM a donc conçu un pavillon de thé en bambou dans la zone humide pour permettre aux ouvriers de l’usine voisine de prendre des pauses à l’ombre. Un moment de bonheur ! Son mur-écran dissimule toute architecture et permet aux travailleurs en pause de concentrer tous leurs sens sur la végétation, l’eau… et le thé.

CONSCIENT DE LA CULTURE

« La culture est un sujet délicat », poursuit Jake. « Souvent, les populations locales ne veulent pas aborder leur propre culture. Dans de nombreux cas, BAM est beaucoup plus sensible et intéressé par la culture locale que les clients ou les gouvernements locaux ne semblent l’être. Souvent, les lieux en cours de développement semblent vouloir effacer leur histoire locale et envisager un avenir plus ambitieux dans lequel on suppose à tort qu’une rupture avec le passé ou les situations actuelles donnera lieu à un avenir meilleur. »

Selon BAM, le problème de la négation de sa propre histoire locale est que lorsque le développement éventuel se produit, un lieu qui était autrefois unique devient alors fade, ressemblant à n’importe quel autre nouveau développement à travers la Chine.

L’HEURE DU CONTE

Par exemple, la ville chinoise de Daxing est reconnue pour ses pastèques et, à l’endroit où le parc de BAM s’épanouit aujourd’hui, se trouvait autrefois un champ de pastèques. Pourtant, bien trop souvent, ce type de patrimoine et de culture n’est pas ce que les gens veulent qu’on leur rappelle. Le projet de parc sportif de Tianjin a été construit sur le site d’une ancienne ville qui a été déplacée pièce par pièce le long du Grand Canal et reconstruite à l’identique par des habitants venus de leur ville d’origine, Yixing.

Ce sont des idées que BAM a largement exploitées au cours des premières phases de conception de chaque projet. Pour- tant, au fur et à mesure qu’ils se concrétisent, les éléments qui peuvent rendre un lieu unique sont souvent les premiers à être supprimés. Voilà matière à réflexion et à changement…

AU-DELÀ DE LA NOSTALGIE

Pour BAM, nous vivons à une époque où les technologies environnementales comblent le fossé entre des civilisations désuètes fondées sur les combustibles fossiles et des avenirs plus durables.

« L’idée que la plupart des gens se font de la durabilité dans le paysage est ancrée dans une mentalité nostalgique de jardin d’Eden, où la terre est un système qui s’ordonne de lui-même et où les humains trahissent le système. Le problème est qu’il existe une idée visuelle de ce à quoi la nature et le paysage devraient ressembler dans cet état intact. Mais en réalité, vos déchets, votre électricité, vos places de stationnement, vos eaux usées, toutes ces choses sont des éléments bien réels du paysage urbain d’aujourd’hui. »

D’UN CAMPUS À L’AUTRE

Ce qui est étonnant aujourd’hui, c’est que nous n’avons plus de « paysage » au sens nostalgique du terme. Chaque parcelle de paysage est d’une certaine manière soutenue par l’homme, dans une mesure de plus en plus grande. » Le récent campus conçu par BAM pour les usines et les bureaux du plus grand producteur mondial d’équipements environnementaux, le Longking Pro-Environmental Campus, en est un excellent exemple. Pour que cette usine fonctionne, le paysage doit filtrer les eaux usées, absorber les métaux lourds et récupérer les eaux de ruissellement.

BAM a abordé le campus de Longking avec une mission en tête : concevoir un paysage pour ses employés, afin qu’ils puissent travailler mieux et plus efficacement à la mise au point de nouvelles technologies afin d’assainir en permanence nos autres secteurs d’activité. C’est tout à fait louable ! (Pour en savoir plus sur ce projet, consultez INTÉRIEURS #87 p.110).

UN AVENIR BRILLANT

En se projetant dans l’avenir, BAM se réjouit de voir que le monde commence à réaliser que le problème du climat ne peut être résolu par un retour aux idées nostalgiques de la « nature ». « Pour que les humains améliorent leur relation avec la terre, nous avons besoin de technologies environnementales telles que celles développées à Longking. Nous devons également comprendre que le paysage doit être à la fois bénéfique pour nous et pour la planète. Il ne peut pas se contenter de prétendre guérir la terre comme c’est le cas depuis les années 70 ».

« Nous sommes très enthousiastes à propos de notre usine de valorisation énergétique des déchets à Shanghai, notre plus grande œuvre architecturale à ce jour. C’est un projet très intéressant parce qu’il prend quelque chose dont personne ne veut, une usine de traitement des déchets, et le transforme en musée et en parc. Étant donné que la technologie de filtration a atteint un point où le principal sous-produit est la vapeur, la prochaine étape consiste à faire comprendre au public combien il est important de rapprocher ces technologies de la source des déchets et de réduire ainsi le carbone généré par le transport. » Et voilà… BAM, BAM, thank you land! (Pour en savoir plus sur le projet Longking Pro-environmental Campus, voir INTÉRIEURS 87, p.110)

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