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Trevor Kruse A

UN NOUVEAU RÔLE

Grande première pour Interior Designers of Canada (IDC) qui confiait sa destinée à un designer d’intérieur. Trevor Kruse, son nouveau directeur général, circonscrit actuellement les tenants et aboutissants du nouveau poste qu’il occupe. Mais déjà, il fait bénéficier la profession de sa vision d’ensemble rassembleuse, son humour et son optimisme, a mari usque ad mare.

UNE APPROCHE UNIQUE

« Je ne suis qu’un enfant qu'on laisse entrer dans une pièce. Il n'y a aucune prétention lorsque je suis à une table de conseil. Je ne suis pas plus corporatif ni à cheval sur les règles. Je veux que les gens s’amusent. Si je fais le clown et que cela profite à la conversation... Les gens ne cessent de m’inviter. »

Reste que ses pieds sont bien ancrés au sol. Reconnaître le problème, le définir, tenter de le résoudre, voilà son modus operandi. Trevor Kruse veille à ce que tous les éléments d’un « écosystème » aillent dans la même direction, car dit-il, « à direction claire, résultat clair. »

LONGUE HISTOIRE COURTE

Établi en design d’intérieur en 1986, fondant Hudson Kruse en 1999, se retirant de sa pratique prospère en 2020, Trevor Kruse développe une expertise en bénévolat au sein de nombreuses associations provinciales et nationales, notamment ARIDO (pendant environ 21 ans en tant que directeur, président et enfin en tant que membre permanent non- près trente-cinq ans d'expérience dans le métier, le designer Trevor Kruse s'est vu confier le rôle de directeur général de l'IDC en juin 2020. Appréciant son rôle de « chuchoteur » auprès du conseil d'administration, il supervise cette association qui vise à défendre les intérêts communs des designers d'intérieur au Canada.votant). Au fait des rouages des comités, son écoute et sa capacité à tirer toute réunion de l’impasse lui ont mérité le sobriquet de « chuchoteur de conseils d’administration. »

PRAGMATISME VERSUS IDÉOLOGIE

« L’idéologie est le fait d’avoir une idée préconçue. Le pragmatique plonge dans une conversation, un projet sans idée préconçue. Il écoute patiemment, digère et développe une solution et je pense que c’est ce qui m’a permis de participer aux réunions, sans droit de vote. Je voyais ce qui se passait, je saisissais les diverses prises de positions et pouvais ainsi façonner divers aspects afin d’obtenir un résultat exceptionnel. »

UN MOT SUR L’IDC Fondée en 1972, à Toronto, l’association nationale IDC voit à la défense des intérêts des designers d’intérieur. Elle veille également à l'intégrité et à l'excellence de plus de 5 000 professionnels, qui comprennent des designers d'intérieur ainsi que des fournisseurs et fabricants de produits.

SA DIRECTION

« J’entends d’abord terminer les projets amorcés en 2010, lors de la restructuration des associations au pays, analyser les dépenses en s’assurant qu’elles sont utiles et profitables aux membres. J’ai procédé déjà à l’augmentation du nombre de nouveaux membres, en instaurant l’adhésion gratuite pour les étudiants, les enseignants et les designers d’intérieur à la retraite qui ont un savoir immense à transmettre ! »

Toronto, Canada

SON MENTORAT

Également, Trevor Kruse continue son mentorat auprès de diplômés et d’étudiants des grandes écoles de design, faisant valoir en conférence que la participation est le moyen d'améliorer la profession et d’enrichir leur expérience. Après tout, le bénévolat ce n’est pas que donner, c’est aussi recevoir…

SON RÉSEAU

« Lorsque je siégeais au conseil d'administration de l'ARIDO (Professional Body for Interior Design of Ontario), j'étais le seul designer d'intérieur travaillant dans le domaine résidentiel. Au sein de ce conseil, il y avait une directrice qui pratiquait dans le design commercial. Elle m'a présenté au client qui allait développer un projet résidentiel... Au final, j'ai réalisé 25 tours avec ce client tout au long de ma carrière. »

SON BÉNÉVOLAT

Son mentor, Susan Wiggins, alors directrice générale de l'ARIDO, puis de l'IDC, l'a poussé à se lancer dans une diversité d'expériences enrichissantes afin de ne pas stagner que dans le bénévolat.

« J’ai appris à me mêler aux autres, à parler aux gens, à les écouter et à devenir une personne beaucoup plus équilibrée. Mon bénévolat ne se limitait pas seulement au design d'intérieur. J'ai été président de la marche contre le SIDA à Toronto pendant 11 ans et j'ai récolté 7 millions de dollars simplement en m'engageant à m'asseoir à une table avec des personnes intéressées à rendre le monde meilleur. »

UN PEU DE FOLIE

Établi à Guatemala City et créé il y a 25 ans, le projet de l'Apollo Bowl illustre un parcours de type « sans risque, il est impossible de réaliser quelque chose de grand. » Malgré le fait que Trevor ne parle pas espagnol et que l'architecte ne soit pas fluent en anglais, le designer a réussi à communiquer avec son interlocuteur pour développer une brillante et unique salle de bowling.

« L'architecte agissait comme si nous étions en train de négocier. Il faisait un croquis sur un morceau de papier et le glissait sur la table. Je le regardais, apportais des modifications et le lui rendais. Ce jeu de propositions et de contre-propositions est devenu notre langage. Le deuxième jour, ils m'ont donné un chauffeur et nous avons parcouru la ville en voiture. Chaque fois que je voyais quelque chose qui semblait futuriste, nous nous arrêtions, je descendais et le montrais du doigt. Le chauffeur réfléchissait quelques instants puis trouvait où nous pouvions trouver le matériau. La leçon ici est que même s'il semble qu'il n'y ait pas de solution appropriée, si vous cherchez suffisamment, vous pouvez toujours en trouver une. »

DINGUE DE L’AMÉNAGEMENT

Né à Swift Current, en Saskatchewan, une ville de 15 000 habitants dans les années 1960 à une époque où la région était en plein essor, Trevor Kruse a été exposé très jeune aux chantiers de construction. Il aimait s'imprégner des espaces et des bâtiments et observer comment ils étaient construits. Il a commencé à dessiner dès l'école primaire et au Swift Current Comprehensive High School, une école incroyable qui proposait de nombreux programmes de trois ans dans les métiers pour les élèves du secondaire qui ne souhaitaient pas nécessairement aller à l'université, il a commencé à étudier l'architecture et le design d'intérieur.

UN JEUNE PRODIGUE

« J'ai fait deux années d'études en design d'intérieur et en architecture, c'était vraiment ma voie. J'ai étudié la technologie architecturale où nous avions des machines qui brisaient le béton que nous avions fabriqué, et nous devions calculer le point de rupture. En 9e ou 10e année, mes parents allaient construire une nouvelle maison, et j'ai fini par réaliser tous les plans de travail en tant que jeune homme de 15 ans ! J'ai travaillé avec mon père, le constructeur, et l'ingénieur. Je me rendais sur le chantier tous les jours et j'apprenais quels étaient les problèmes et comment ils devaient être résolus. Cette expérience a été déterminante pour affiner mes objectifs et déterminer où je voulais me diriger. »

Une Passion

Concevoir pour améliorer la vie des gens est une passion qui le suit même en vacances, en compagnie des trente-deux membres de sa famille. Pendant que l’on relaxe sur la plage, Trevor s’amuse à faire des plans d’aménagement pour une commande d’intérieurs de tours résidentielles. Pourquoi donc travailler en vacances ? Car pour lui, et je cite, « c’est comme faire des mots croisés. »

« Aussi étrange que cela puisse paraître, mon passe-temps est l'aménagement de l'espace. Même si j'ai pris ma retraite du domaine du design, j'ai cette sorte d'addiction à toutes sortes d'émissions de télévision liées au design. Je suis particulièrement fan d'une émission australienne appelée The Block, une compétition entre des couples pour reconstruire et rénover des maisons délabrées en maisons valant des millions de dollars. Je crie fréquemment devant ma télé parce qu'ils font tout de travers ! Alors, je vais en ligne pour trouver les plans d'origine et les réaménager juste pour mon propre plaisir. Ca me procure tellement de joie ! »

UNE ÉPIPHANIE!

Trevor Kruse est sidéré lors d’un voyage en Italie avec neuf de ses compagnons étudiants de TMU (Toronto Metropolitan University, anciennement Ryerson University). Déambulant à Rome parmi les ruines, il prend conscience que ce qu’il connaît de l’histoire n’a rien à voir avec deux mille ans d’art, d’architecture, d’écriture ciselée dans la pierre, témoins d’une civilisation avancée.

« C’est le jour et la nuit entre l’histoire de ce pays et celle de la Saskatchewan où j'ai grandi. Je pensais à mes grands-parents et arrière-grands-parents qui ont émigré en Saskatchewan il y a moins de 100 ans, au milieu de nulle part, et qui construisaient des cabanes en terre. Je n'avais aucun point de référence pour mon expérience de l'histoire et ce qu'était réellement l'histoire, et cela a suscité en moi le désir de voyager, d'apprendre et d'apprécier l'histoire d'une manière très différente, car ce que je ressentais au quotidien ne correspondait pas à l'histoire réelle ! »

Moriyama et l’atrium du centre commercial Brookfield Place conçu par Santiago Calatrava. « Quelle présence, telle la coque d’un navire… l’arche de Noé ! »

Les Incontournables

L’intégrité, l’éthique, l’honnêteté, la sincérité et une pensée positive en toute simplicité sont des valeurs primordiales personnellement et professionnellement pour Trevor Kruse.

« Je crois que ces traits spécifiques renforcent l’âme et garantissent que vous ne réduisez pas à néant, par inadvertance, certaines réussites ou expériences que vous avez eues. C’est en quelque sorte protéger son propre héritage. »

Un Caract Re Bien Tremp

De l'âge de 10 à 20 ans, Trevor Kruse s'est lancé dans le patinage artistique compétitif. Un entraînement rigoureux six jours par semaine, avec une volonté de fer pour se lever à 5 heures du matin chaque jour et participer à des sessions de patinage en matinée et en soirée, a laissé une empreinte durable sur sa vie et son caractère.

« Lorsque vous vous entraînez en tant qu'athlète, vous avez une telle volonté et une telle concentration que cela vous apprend à organiser tout le reste autour de cet objectif, sans nuire à tout le reste, mais plutôt pour en tirer bénéfice. Je crédite le succès de cela à l'éducation que mes parents m'ont donnée, en me permettant d'explorer ce que je voulais faire, comment je voulais m'impliquer dans le monde en tant qu'adulte, et en me montrant toutes les opportunités et les options qui s'offraient à moi. »

Forme Et Esth Tique

Si la relation-client prime avant tout, un bon design est un problème résolu sans en donner l’impression. Que ça ait l’air de s’être fait tout seul révèle un certain don, selon Trevor Kruse.

« Je suis attentif à l’organisation, à la symétrie, aux lignes droites classiques. C’est un aménagement de l’espace assez structuré. Mais en ce qui a trait à l’esthétique, mon style est éclectique. Vous disposez une chaise de banquet dorée contre la table tulipe de Saarinen… la vie est parfaite ! »

Animée par la passion de créer des designs réfléchis et intemporels en travaillant de concert avec les clients et les créatifs, la fondatrice et directrice de Lukstudio Design by Christina Luk ne perçoit aucune montagne trop élevée à surmonter, aucune rivière trop vaste à traverser, et c’est ainsi qu’elle s’est forgée sa propre chance dans la vie.

Nous avons fait sa rencontre grâce à l’efficacité virtuelle des outils Web, alors qu’elle était assise sur un balcon à Stockholm, surplombant un plan d’eau. Le soleil était levé, la nature printanière fleurissait tout autour, les oiseaux gazouillaient et elle était, je cite, « aussi sereine que je puisse l’être. »

LE CHEMIN PARCOURU

Avant de créer son propre cabinet de design à Shanghai, Christina Luk a fait ses classes à Toronto, chez Diamond Schmitt Architects et B+H Architects. Sa carrière a pris de l’ampleur et s’est diversifiée lorsqu’elle a été transférée au bureau de B+H à Shanghai. Elle a ensuite affiné ses compétences au sein du cabinet de design de renommée mondiale Neri and Hu Design and Research Office.

LA BEAUTÉ DANS LES COULEURS

Christina a toujours été attirée par la beauté et se souvient des cours de dessin qu’elle suivait tous les week-ends lorsqu’elle était une fillette à Hong Kong, en Chine, dans les années 80. « Quand j’avais 6 ans, je pensais et rêvais de devenir peintre un jour. »

La Main La P Te

Quelle est la dernière chose que Christina a faite de ses propres mains, osons-nous demander ? Elle répond : « Est-ce que faire du yogourt maison, ça compte ? « Sinon, hier, j’ai fait un croquis d’une résidence contemporaine dans la banlieue de Stockholm à l’aide de crayons et d’un carnet de notes. C’est le bruit apaisant des crayons qui me revient le plus en tête, plus que les croquis que j’ai dessinés, en fait ! »

UN PEU D’ELLE

Un jour à Stockholm, l’autre à Hong Kong où vivent ses parents, Christina Luk apprécie la vie en mode accéléré, à l’instar de l’environnement qui habite ses bureaux permanents donnant sur une autoroute surélevée très mouvementée du centre-ville de Shanghaï. Sur sa table de nuit à la maison, ou à l’hôtel d’ailleurs, se trouvent des livres, des écouteurs et son portable... en cours de chargement. Allez imaginer !

Que possède-t-elle en vrac ? « Des robes noires, des sacs fourre-tout et des sandales plates de toutes les couleurs », répond-elle. En parlant de palettes de couleurs, Christina aime s’habiller dans des tons neutres comme le blanc, le noir, le bleu marine et le beige, mais elle privilégie autant que possible les matériaux naturels comme le bois, la pierre, l’argile, et tutti quanti lorsqu’elle choisit des éléments d’architecture et d’intérieur.

Tudier Avec Honneurs

L’histoire est la suivante. Après avoir passé son baccalauréat en Angleterre, Christina a suivi un cours de base en art et design à l’université de Middlesex. « Mon professeur Valerie m’a dit que j’avais un talent pour la conception en 3D et m’a encouragée à réfléchir à l’espace et à la perspective. »

1er Juillet 1997

Lorsque la rétrocession de Hong Kong du Royaume-Uni à la République populaire de Chine a eu lieu le 1er juillet 1997, sa famille a immigré à Toronto, au Canada, et Christina s’est trouvée confrontée à trois choix en matière d’inscription à l’université.

Derrière la porte-numéro 1 : les beaux-arts à l’université York. Porte-numéro 2 : Design d’intérieur à l’université Ryerson. Et porte 3 : Architecture à l’Université de Toronto. Il s’avère que l’architecture et Christina se sont choisies l’une et l’autre. À ce moment-là, elle non plus ne savait pas vraiment dans quoi elle s’engageait.

Cinq Toiles

Pratiquant son métier avec passion depuis ce temps, elle a eu la chance de concevoir pour de nouvelles marques locales en quête d’un design audacieux. Des projets innovants tels que « The Noodle Rack » et « The Assembled Market » ont permis à Lukstudio d’acquérir la réputation d’injecter une nouvelle énergie dans des typologies existantes. Aujourd’hui, Christina et son équipe talentueuse travaillent également avec des marques internationales telles que Nikon et NIO.

Relier Les Points

« Améliorer la qualité d’un lieu et, je l’espère, donner aux occupants une meilleure connexion avec leur environnement, les autres et eux-mêmes, c’est vraiment addictif. J’aime aussi le fait que l’architecture me donne un contexte pour découvrir le monde et entrer en contact avec tous les horizons de la vie. »

LA PERFECTION PAR L’ERREUR

« J’aime l’idée que chaque erreur est une occasion d’apprendre et de s’améliorer plutôt qu’une raison de se faire du mal. L’ironie de la chose, c’est que les architectes et les designers que je respecte le plus sont souvent ces perfectionnistes qui semblent ne jamais être satisfaits du résultat de leur projet. »

UNE QUALITÉ DURABLE

Au cours des dix dernières années, Lukstudio Design s’est forgé un portefeuille de projets essentiellement commerciaux, comme des boutiques ou des restaurants, et commence à avoir l’occasion de concevoir des maisons d’hôtes de charme à partir de zéro. Cela implique la planification, l’architecture, la décoration d’intérieur et la spécification de l’ameublement. Quelques résidences haut de gamme sont également en cours de réalisation. « Je suis heureuse que notre équipe puisse travailler sur des projets qui durent grâce à une meilleure qualité ».

UNE APPROCHE HOLISTIQUE

Lukstudio Deisgn est un studio de conception pluridisciplinaire qui croit au « changement possible ». Sa méthodologie se concentre sur l’optimisation du potentiel des sites afin de créer des expériences centrées sur l’homme. En trouvant un équilibre délicat entre l’art et la fonctionnalité, en affinant chaque concept avec la matérialité et l’éclairage, l’équipe a l’intention de créer un effet maximal pour un minimum d’intervention.

Chaque projet est conçu pour refléter une véritable compréhension du client et de la marque, répondre au contexte du site, s’inspirer de la culture et évoquer l’histoire de l’espace. Le résultat ? Des conceptions qui sont méticuleusement sensibles et conçues avec innovation.

ÉCHAPPEMENT URBAIN

« Shanghai est une ville où il fait bon vivre et travailler. Elle est pleine d’opportunités, déborde de saveurs et son West Bund est une Mecque de la culture et de l’événementiel. Cela dit, comme beaucoup de citadins, j’aime autant sortir de la ville qu’y vivre ». Alors, une pause, une respiration, un trajet en voiture, c’est ce qu’il faut faire. Surtout quand Smile de Nat King Cole passe à la radio !

MOI DU PASSÉ, DU PRÉSENT ET DU FUTUR

Lorsqu’on lui demande avec qui elle aimerait passer un rendez-vous imaginaire, Christina ose la spiritualité et répond franchement quelque chose de profondément beau à nos yeux.

« Je me rappelle souvent qu’il est plus important d’être gentil dans la vie que d’avoir raison. J’ai récemment appris qu’on pouvait lire ‘Son œuvre vit’ sur la tombe de l’architecte suédois Erik Gunnar Asplund. Je trouve cela très simple et tellement puissant. Si l’on pouvait lire ‘Elle a fait plus de bien que de mal’ sur ma tombe, je partirais heureuse. »

Chef d'équipe Bureau du design

Montréal, Québec designMontréal.com

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