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Koen de Winter

Le designer industriel et graphique Koen de Winter a été professeur à l'école de design de l'UQAM. Son talent et sa carrière internationale lui ont valu plusieurs reconnaissances, toutes plus méritées les unes que les autres. Il a notamment reçu le prix hommage aux GRANDS PRIX DU DESIGN.

L’UNIQUE LENA

Pendant 53 ans, il fut marié à la Suédoise Lena et vivait un amour parfait, dit-il, d’un synchronisme rare et précieux.

Leur quotidien se passe alors à Saint-André-Avellin dans leur maison près de champs maraîchers et de cultures de pommes de terre. Pour son épouse, ces champs furent un doux rappel de son enfance vécue au cœur de paysages semblables en Suède. Ils y vécurent un bonheur tranquille.

LE DRAME

Puis, un jour, Lena reçoit un diagnostic de troubles neurocognitifs. Hélas, en plus des défaillances du système musculaire sont venues s’ajouter à sa maladie neurodégénérative.

Quelques années plus tard, ces défaillances finiront dans une paralysie complète du côté gauche.

LES PREMIERS PAS

En se conformant à la politique en matière de soins médicaux, Koen est encouragé à garder sa femme à domicile.

Les soins à la maison sont un choix qu’il fait avec plaisir, et l’aide qui accompagne cet encouragement comporte entre autres, pour susciter la mobilité, la « marchette ». Il va de soi qu’avec l’adoption de la marchette vient une courte période d’entraînement durant laquelle on est plus tolérant par rapport aux défaillances du produit.

Progressivement, Koen observe Lena l’utiliser avec grande difficulté. C’est le ferment qui amènera une démarche pour qu’il dessine et invente une nouvelle marchette.

En effet, en bon designer qu’il est, il arrive inévitablement à ce moment où il n’accepte tout simplement plus l’« outil » tel qu’il est, ce produit destiné à des personnes dont plus de 45 % souffrent aussi d’une forme d’arthrite. Celui-ci demande à l’utilisateur de prendre appui sur deux tubes horizontaux, obligeant le patient à plier le poignet créant une déviation radiale ou une adduction souvent combinée d’une supination ou une pronation dans la direction opposée. Pour ces 45 % d’utilisateurs, cet effort est pénible, et pour les autres, il est peu confortable.

EURÊKA

C’est illico et sur plusieurs mois que Koen commence à travailler et à développer une meilleure solution.

Contrairement aux marchettes habituelles, celle-ci n’est pas ajustable. Toutefois, à partir d’une seule prise de mensurations de l’utilisateur, elle est faite sur mesure… comme une chaussure à son pied.

La raison est simple. Les mécanismes d’ajustements ajoutent au poids et les recherches confirment que les ajustements sont, dans la plupart des cas, mal faits.

Plus légère, car faite en aluminium, elle est plus facile à soulever. Les poignées sont plus flexibles et elles se plient dans les deux sens. Comme atout final, la manchette nommée Tac, signifiant merci en suédois, a fière allure, avec ses gris en camaïeu qui lui ajoutent un grain de noblesse.

L’AVENIR

Tristement, Koen ne put pas offrir ce premier prototype à Lena puisque son étoile s’est éteinte depuis. Mais on peut souhaiter que ce nouveau déambulateur, maintenant breveté et qui sera distribué tant ici à Longueuil qu’aux États-Unis, soit, en quelque sorte, le legs unique d’une histoire d’amour.

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