6 minute read

Tomate de plein champ

Next Article
CONCOMBRE

CONCOMBRE

Un marché de plus en plus exigeant

Au Maroc, la culture de plein champ de tomate indéterminée destinée à la consommation en frais était jusqu’à récemment concentrée principalement sur la zone côtière Skhirat-Oualidia, répondant mieux aux exigences de cette culture en termes de température et d’humidité. Cependant, ces dernières campagnes sa production s’est étendue à d’autres régions comme le Gharb et l’Oriental qui produisent désormais de quoi satisfaire les besoins locaux et régionaux.

Advertisement

Par ailleurs, dans plusieurs localités des régions traditionnelles de production de la tomate de plein champ (Oualidia, Tnin Chtouka, Ouled Ghanem, …), cette culture a été abandonnée à cause des problèmes de fatigue des sols, de disponibilité des ressources en eau et de leur qualité (salinité). En effet, plus la salinité de l’eau est élevée, plus elle a un effet dépressif sur la production. Or, dans certaines localités de la région d’Eljadida, la salinité de l’eau d’irrigation est très fréquente et varie d’un puits à l’autre. Elle peut atteindre une conductivité électrique entre 3 et 5 milimhos/cm, sachant qu’un niveau de salinité de 5 mmhos/cm peut entrainer une chute de 25% de la production. Le choix des producteurs doit donc se porter sur des variétés tolérantes à la salinité ou des de variétés à gros calibre pour limiter l’effet de la salinité de l’eau d’irrigation. La qualité du sol est également essentielle et les parcelles ayant déjà connu la production de tomate sont à éviter (fatigue, problèmes phytosanitaires, obligation de désinfection du sol…), d’où la difficulté de trouver des terrains relativement vierges dont les prix de location sont de plus en plus chers en plus des réticences de leurs propriétaires à les louer. Les producteurs de ces zones ont donc recherché des terrains plus adaptés, notamment sur la route de Ouled Frej, offrant des conditions de sol et d’eau plus propices à la culture. Certains producteurs de la région sont connus pour leur sérieux et engagement, assurant à leurs cultures tous les besoins en facteurs de production et n’hésitant pas devant les dépenses et efforts nécessaires, même s’ils sont très coûteux. En même temps, ils sont exigeants dans leur choix de variétés, de parcelles, … n’hésitant pas à essayer de nouvelles variétés (en constante évolution) pour mieux répondre aux besoins du marché en termes de tonnages et de qualité. Les variétés de tomate indéterminée utilisées par les producteurs sont des variétés

hybrides en totalité, hautement productives, mais dont les coûts de production (mise en place, entretien de la culture) sont élevés, surtout s’il s’agit d’une première installation (palissage et tuteurage, charges élevées en main d’œuvre pour l’entretien quotidien : effeuillage, ébourgeonnage, désherbage, …). A savoir que pour une culture bien conduite et irriguée avec une eau de bonne qualité, la production peut atteindre 130 t/ ha, alors qu’elle ne dépasse pas 60 à 80 t/ha en général surtout quand la salinité de l’eau est élevée et que la conduite est mal menée.

Cycles de production

Selon les régions, le semis en janvier et s’échelonne jusqu’au mois de juillet. Certains producteurs font appel aux pépinières professionnelles tandis que d’autres préfèrent préparer les plants directement dans leur exploitation. Dans la plupart des régions, la culture est conduite en deux cycles de production : - un cycle précoce caractérisé par un semis courant janvier et début février. Les variétés utilisées sont non tolérantes au Tylc du fait de la faible pression du virus en cette période froide, peu favorable à la prolifération de ses vecteurs, les aleurodes, - un cycle normal au cours duquel les semis sont étalés entre avril et juin pour une production commençant en aout et pouvant se poursuivre jusqu’en décembre sachant que les producteurs de certaines régions peuvent continuer à récolter jusqu’à fin janvier cette, tant que les prix sont favorables. Cependant, ils doivent arracher les plantes de tomate pour ne pas rater le créneau de la culture suivante. Pour ce créneau, les producteurs doivent obligatoirement recourir à des variétés vigoureuses et tolérantes au virus du Tylc, en raison de la prolifération de la mouche blanche.

Commercialisation

Le marché local est approvi-

sionné en tomates fraiches pratiquement toute l’année, grâce à la complémentarité des productions de plein champs et de serres du Souss. Les récoltes de tomate de plein champs s’échelonnent d’avril jusqu’à décembre, en fonction des conditions climatiques (pluie, froid) et des prix du marché. Pendant cette période, les tonnages issus des abris serres du Souss (à la base destinés à l’export) sont généralement faibles à moyens ce qui permet de valoriser la tomate de plein champ sur le marché local. Généralement, les ventes se font à la ferme entre le producteur et les intermédiaires. Les prix varient d’une année à l’autre et même au cours de la campagne et dépendent de l’offre et la demande. Certaines campagnes, les prix de vente peuvent culminer à plus de 70 dh par caisse, alors que d’autres années, ils peuvent descendre jusqu’à 20 dh/caisse, ce qui ne permet même pas au producteur de rentrer dans ses frais. Par ailleurs, le gap entre le prix de vente entre producteur et consommateur est de trois fois ou plus, suite aux nombreuses interventions des intermédiaires. Certains agriculteurs peuvent tenter de vendre eux-mêmes leur production sur les marchés, mais les coûts élevés liés au transport et autres frais d’approche sont prohibitifs. A noter que les producteurs se plaignent d’une offre de plus en plus importante des différentes régions alors que la demande ne suit pas. En outre, la production de tomate ‘’export’’ d’Agadir commence à les concurrencer sur le créneau d’octobre novembre et à se prolonger jusqu’à la période estivale qui est la principale sur le plan commercial pour les producteurs de tomate de plein champ.

Exigences variétales actuelles

Les tomates de plein champ ont profité du long processus de développement technologique en passant des variétés fixées dont les semences étaient prélevées par les producteurs sur les fruits en fin de culture, aux variétés hybrides dotées des meilleures caractéristiques (résistances, productivité, conservation, …) et qui sont actuellement généralisées et bien connues des producteurs. Aujourd’hui, en réponse aux at-

tentes des consommateurs devenus plus exigeants (qui font la comparaison avec les tomates qualité ‘’export’’ que l’on trouve sur le marché à certaines périodes de l’année), les agriculteurs optent pour des variétés offrant des fruits de bon calibre (le gros calibre n’est plus très demandé comme avant), bien rondes, fermes, rouges, homogènes et qui se conservent plus longtemps. Le gout n’est malheureusement pas encore à l’ordre du jour. A côté de quelques variétés phares qui dominent la filière depuis plusieurs années, de nouvelles obtentions prometteuses ont vu le jour et gagnent chaque année plus de parts de marché, grâce à leurs caractéristiques qui séduisent de plus en plus de producteurs à la recherche de meilleures performances et tolérances aux facteurs de stress (ennemis de culture, facteurs abiotiques…). En effet, la culture de plein champ reste vulnérable parce qu’elle ne dispose pas des mêmes moyens de protection que la culture sous serre. Les plantes sont confrontées tout au long du cycle de production à de multiples risques phytosanitaires. Dans ce sens, des variétés dotées de plus de résistances ou tolérances permettent un contrôle phytosanitaire intégré plus efficace tout en diminuant le recours à l’utilisation des pesticides. A noter que dans certaines régions comme le Gharb, des producteurs de tomate se tournent vers des variétés dites semi-indéterminées de forme allongées, caractérisée par un taux de matière sèche plus élevé, à la base considérée comme industrielles, mais très appréciées en salade aussi.

This article is from: