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Annexes

Annexes

Dans ce travail, les répercussions néfastes d’architectures et de schémas urbains peu soucieux de la raréfaction des ressources naturelles et de leur impact sur l’environnement ont été dénombrées et analysées. Continuer de bâtir selon les pratiques de l’industrie du bâtiment héritées de la seconde moitié du XXème siècle c’est émettre des quantités importantes de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. En plus de l’énergie consommée durant son cycle de vie, une construction consomme aussi de l’énergie durant son usage. Par ailleurs, le secteur du bâtiment est derrière le rejet de plusieurs autres polluants dans l’atmosphère (un exemple notable est le soufre qui cause le smog et les pluies acides), et de composés organiques volatiles à l’intérieur des édifices, qui peuvent causer de graves pathologies pour l’homme. Aussi, avec l’expansion incessante des villes, les impacts engendrés sont particulièrement préjudiciables. Sous l’effet de ces bouleversements environnementaux, de plus en plus d’espèces animales et végétales voient leurs habitats naturels se réduire et leurs populations diminuer jusqu’à l’extinction totale et de plus en plus de sols sont artificialisés exacerbant ainsi les problèmes liés aux inondations.

Il faut également rappeler que toutes les ressources que nous consommons et toute la matière première que l’on extrait et que l’on exploite sont loin d’être inépuisables, et à moins de penser à des modes de gestion plus durables, nous serons contraints durant les prochaines décennies, à trouver de nouvelles alternatives pour des minéraux et des métaux qui sont indispensables dans notre quotidien.

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Malgré les effets néfastes des constructions sur l’environnement, il est toutefois possible de bâtir et édifier tout en limitant l’impact de l’homme sur l’écosystème et en diminuant les rejets de gaz carbonique dans l’atmosphère. Préconiser des schémas directeurs qui réhabilitent et interviennent sur les centres anciens et les bâtiments existants constitue l’une des solutions les plus efficaces pour limiter et freiner l’étalement urbain. Qui plus est, cette solution permet de diminuer l’énergie grise émise au cours du cycle de vie d’un bâtiment vu que réaliser des excavations, des fondations et une structure (qui sont responsables d’une part importante des émissions au cours de la vie d’un bâtiment) n’est que rarement nécessaire dans le cas d’une intervention sur un édifice existant comme le démontre d’ailleurs un grand nombre de réhabilitations étudiées.

Parallèlement à la réhabilitation, l’usage de matériaux durables doit être envisagé dans une perspective écologique et durable. Un matériau durable est un matériau dont l’empreinte carbone est faible et dont les ressources primaires peuvent se

renouveler, garantissant ainsi leur pérennité sous condition d’une bonne gestion. L’exemple qui fut retenu dans ce travail, à savoir le bois est caractérisé par plusieurs attributs qui font de lui une solution concevable, voire peut-être incontournable dans certains cas. Il est solide, léger, pérenne, modulable, réutilisable et recyclable. Sa faible conductivité thermique en fait également un bon isolant et son comportement au feu est favorable. Et finalement, en plus d’être faiblement émissif au cours de son cycle de vie, le bois a la particularité de stocker le CO2.

Afin de démontrer l’utilité et l’efficacité du bois comme matériau dans des projets d’intervention sur l’existant, trois cas d’études ont été présentés et analysés. Ces projets ont pour cadre commun leurs localisations au sein de la France métropolitaine.

Le premier cas d’étude était catégorisé dans les opérations de grandes ampleurs, à savoir les extensions. Les extensions sont généralement des volumes agrafés au bâtiment existant et qui ont un impact considérable sur sa configuration, sa perception et son architecture. Le projet retenu est une surélévation en plein cœur de la métropole parisienne. Le contexte est un site dense avec plusieurs bâtiments hauts. Surélever était la seule solution possible pour répondre aux problèmes, mais la reprise des fondations aurait été nécessaire si une certaine masse critique avait été dépassée et le chantier avait dû être effectué sans espaces dédiés au stockage et sans possibilité de reloger temporairement les occupants de l’édifice. Ici, le bois a prouvé son utilité. Sa faible masse a permis d’éviter le renforcement des fondations et ce, même avec deux à trois étages supplémentaires, et la préfabrication des éléments en atelier a permis de contourner la problématique du stockage et du relogement. Par ailleurs, en ayant fait appel à des essences locales, l’empreinte carbone liée à l’exploitation et au transport de la matière première a été considérablement réduite et le projet était globalement performant au niveau énergétique.

Le second cas d’étude concernait les opérations de réaménagement intérieur. Ces interventions modifient essentiellement la configuration interne d’un édifice ainsi que son fonctionnement mais n’engendrent pas de mètres carrés additionnels et ne sont visibles qu’une fois à l’intérieur. Le projet retenu est une réhabilitation d’une ancienne centrale d’énergie à Saint-Etienne. Le bâtiment était inscrit dans l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques ce qui fait que l’intervention était particulièrement conditionnée par les textes législatifs. Ici, le bois sera surtout utilisé sous forme de laine afin de garantir une isolation thermique adéquate. Il sera également employé pour le plafond acoustique, les parois intérieures, ainsi que l’ameublement. Dans cet exemple, la flexibilité du bois, son adaptabilité, la diversité de ses produits et sa capacité à être utilisé en parallèle avec d’autres matériaux, a

permis de répondre aux exigences du projet. Ainsi, la réhabilitation de l’ancienne centrale de Manufrance à Saint-Etienne a non seulement su respecter le caractère architectural de l’édifice et ses éléments représentatifs, mais a atteint tous les objectifs environnementaux listés dès le départ et a pu obtenir le label PassivHaus.

Le dernier exemple concerne une opération de réhabilitation de l’enveloppe. A la différence du cas précédent, celle-ci est bien visible depuis l’extérieur et altère la lecture du bâtiment, mais ne modifie généralement pas sa configuration et son fonctionnement. Le projet retenu est une maison de retraite située dans la commune rurale d’Arlanc, dont la dernière extension réalisée durant les années 1980 souffrait de plusieurs problèmes liés à la qualité spatiale des chambres et au confort thermique. Dans cet exemple, le choix de supprimer les façades existantes et de les remplacer par des voiles en bois a non seulement permis la résolution des deux problèmes évoqués, mais a également permis de soutenir les scieries de la région et de mettre en valeur le savoir-faire local.

Dans les exemples ainsi étudiés, nous avons pu voir de multiples usages pour le matériau bois, diverses façons de le mettre en œuvre dans des opérations de réhabilitation et les avantages de cette mise en œuvre. Nous avons également vu différentes manières d’intervenir sur des édifices existants, qui dépendent du contexte et du programme.

Nul doute que la réhabilitation du parc existant ne constitue désormais plus une alternative, mais une priorité. Dans les schémas directeurs et les plans urbains, l’intervention sur le parc existant doit être préconisée dans la plupart des cas, et la création de bâtiments neufs doit être laissée comme une solution de dernier recours. Quant aux matériaux de construction, la mise en œuvre de matériaux durables est indispensable dans la plupart des projets. En France, mais également dans plusieurs pays, le bois constitue l’un de ces matériaux écologiques qui a fait ses preuves et qui a résisté à l’épreuve du temps. Par ailleurs, c’est un matériau qui permet d’envisager une grande variété d’expressions et d’écritures architecturales. Il peut être mis en avant, être utilisé comme bardage et contribuer à l’esthétique du projet, ou bien être camouflé et être utilisé comme élément structurel ou comme isolation. Et finalement, avec les récentes innovations, des structures caractérisées par de grandes portées ou des hauteurs importantes peuvent être réalisées uniquement avec le bois.

Ce matériau a toutefois plusieurs défauts et inconvénients. En effet, il est particulièrement sensible à l’eau, à plusieurs espèces d’insectes et de champignons et peut causer plusieurs problèmes au niveau acoustique et thermique. Il nécessite

aussi beaucoup d’entretien et d’attention.

Aussi, si la mise en œuvre du bois est assez aisée en France ou dans les contrées septentrionales (où l’usage de ce matériau a perduré pendant des siècles et même au cours de l’industrialisation des procédés de construction), celle-ci demeure assez difficile et donc plus rare dans plusieurs autres pays. En effet, dans des régions comme l’Afrique du Nord, les forêts ne couvrent qu’une faible superficie, et une exploitation du bois ne peut être envisagée de la même manière qu’en France, en Scandinavie ou au Canada. Aussi, si le bois fait partie des traditions constructives de plusieurs de ces pays, l’usage du béton lui est désormais préféré et les artisans du bois sont moins nombreux qu’autrefois. Toutefois, avec les enjeux écologiques actuels, les architectes et les maitres d’ouvrage ont pris conscience de la nécessité d’envisager des méthodes de constructions plus durables, et donc de recourir au bois.

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