Soutient l’action des communautés contre le SIDA dans les pays en développement
Approches du genre et de la sexualité : les réponses au VIH
Rapport sur les résultats d’une enquête auprès des organisations de liaison de l’Alliance
Remerciements L’Alliance remercie les nombreuses personnes et organisations qui ont soutenu l’enquête sur le genre et la sexualité. Ce rapport a été rédigé par Sarah Middleton-Lee, une consultante indépendante.
Photos de couverture Travailleuse du sexe à Hyderabad, Inde. © Shailaja Jathi
© International HIV/AIDS Alliance 2010 Les informations contenues dans cette publication peuvent être reproduites, publiées ou autrement utilisées gratuitement, sans la permission préalable de l’International HIV/AIDS Alliance. Toutefois, International HIV/AIDS Alliance demande à être citée comme source des informations. Date de publication : février 2011 ISBN : 978-1-905055-84-5 Conception : www.janeshepherd.com
Un groupe de discussion dirigée de travailleuses du sexe et de rescapées de violences à Ennakhil, une organisation marocaine y aide les femmes et les enfants. © 2006 Nell Freeman pour l’Alliance Le programme intégré de prise en charge de prévention de KHANA est axé sur la prestation de services de prise en charge à domicile pour les personnes vivant avec le VIH, les orphelins, les enfants vulnérables et leur famille au Cambodge. © Michael Nott pour KHANA et l’Alliance Fondateur de l’Association African Solidarité, un groupe qui propose un traitement, des soins à domicile et un soutien aux adultes et aux enfants vivant avec le VIH, Ouagadougou, Burkina Faso. © Gideon Mendel pour l’Alliance
1
Approches du genre et de la sexualité : les réponses au VIH
TABLE DES MATIERES Acronymes et abréviations Pays/partenaires ayant répondu à l’enquête sur le genre et la sexualité
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Résumé exécutif
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1. Introduction
8
2
Le contexte mondial Le contexte de l’Alliance L’enquête : objectif, méthodes et participants Les limites de l’enquête
8 10 12 12
2. Résultats
14 14 16 18 28 29
Quelles sont les principales préoccupations concernant le genre ? Qu’est-ce qu’une approche du VIH intégrant le genre et la sexualité ? Quel est notre travail sur le genre et la sexualité ? Quelles sont les difficultés liées au travail sur le genre et la sexualité ? Évaluer notre capacité et nos besoins futurs en matière de soutien
3. Conclusions et recommandations
31 Conclusions 31 Recommandations 32
Annexes
34
Annexe 1 : exemples d’approches transformatives du genre Annexe 2 : questions de l’enquête sur le genre et la sexualité Annexe 3 : standards de bonne pratique dans la programmation VIH Annexe 4 : conseils complets essentiels en matière d’approches sur le genre et la sexualité
34 35 36 38
Approches du genre et de la sexualité : les réponses au VIH
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ACRONYMES ET ABRÉVIATIONS Alliance
International HIV/AIDS Alliance
Fonds mondial
Le Fonds mondial de lutte contre le Sida, la tuberculose et le paludisme
GIPA
La participation accrue des personnes vivant avec le VIH/SIDA
IST
Infection sexuellement transmissible
OBC
Organisation à base communautaire
OL
Organisation de liaison
ONG
Organisation non-gouvernementale
SSR
La sante sexuelle et reproductive
SDSR
La santé et les droits sexuels et reproductifs
UNGASS
Session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations unies sur le VIH/SIDA
PAYS/PARTENAIRES AYANT RÉPONDU À L’ENQUÊTE SUR LE GENRE ET LA SEXUALITÉ Amérique latine et Caraïbes :
Red Latinoamericana y del Caribe de Personas Trans (RedLacTrans)
Bangladesh :
HIV/AIDS and STD Alliance Bangladesh (HASAB)
Bolivie :
Instituto de Desarrollo Humano (IDH)
Burkina Faso :
Initiative Privée et Communautaire de Lutte Contre le VIH/SIDA (IPC)
Cambodge :
Khmer HIV/AIDS NGO Alliance (KHANA)
Chine :
International HIV/AIDS Alliance in China (Alliance China)
Côte d’Ivoire :
Alliance Nationale contre le SIDA en Côte d’Ivoire (ANS-CI)
Haïti :
Promoteurs Objectif ZeroSida (POZ)
Inde :
Tamil Nadu Social Service Society (TASSOS) ; South Indian AIDS Action Programme (SIAAP) ; MAMTA Health Institute for Mother and Child (MAMTA) ; International HIV/AIDS Alliance India (Alliance India) ; Network of Maharashtra People with HIV (NMP+) ; Humsafar ; Palmyrah Workers Development Society (PWDS) ; Social Awareness Service Organisation (SASO)
Indonésie :
Rumah Cemara
Kenya :
Kenya AIDS NGO Consortium (KANCO)
Liban :
Soins Infirmiers et Développement Communautaire (SIDC-Helem-Liban)
Malaisie :
Malaysian AIDS Council (MAC)
Mongolie :
National AIDS Foundation (NAF)
Maroc :
Association Marocaine de Solidarité et Développement (AMSED)
Nigéria :
Network on Ethics, Human Rights, Law, HIV/AIDS Prevention, Support and Care
(NELA ); Civil Society for HIV/AIDS in Nigeria (CiSHAN)
Sénégal :
Alliance Nationale Contre le SIDA (ANCS)
Ouganda :
International HIV/AIDS Alliance in Uganda (Alliance Uganda)
Ukraine :
International HIV/AIDS Alliance in Ukraine (Alliance Ukraine)
Approches du genre et de la sexualité : les réponses au VIH
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Résumé exécutif
Depuis longtemps, le genre et la sexualité sont reconnus comme des facteurs clés ayant une incidence sur les dynamiques de l’épidémie du VIH. Les problèmes diffèrent selon les communautés et les pays, mais les déséquilibres du pouvoir, les normes sociales néfastes, la violence et la marginalisation impactent les femmes, les hommes, les filles, les garçons et les personnes transgenres dans le monde entier, diminuant leurs capacités à prévenir l’infection au VIH. Un nombre croissant d’initiatives concernant le VIH, et plus largement la santé, mettent en évidence les problèmes liés au genre, mais ont également pour objectif de faire évoluer les normes et les pratiques néfastes. Ces initiatives sont appelées les approches « de transformation du genre ». Il existe cependant peu d’approches pour parvenir à changer les relations entre genre et de nombreuses organisations, appartenant ou non à l’Alliance, s’efforcent de surmonter les controverses, les sensibilités et les obstacles structurels qui freinent les progrès. En mai 2010, nous avons réalisé une enquête auprès de nos organisations de liaison nationales pour planifier notre travail actuel, pour évaluer la capacité, les difficultés et les objectifs souhaités concernant les programmes sur le genre et la sexualité et enfin pour mieux comprendre le contexte en matière de genre et de sexualité dans lequel nos partenaires travaillent. 28 organisations de 19 pays différents ont répondu à cette enquête.
Approches du genre et de la sexualité : les réponses au VIH
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Une mère et son bébé au centre de santé Mukono, district de Mukono, Uganda. La clinique bénéficie d’un programme de prévention de la transmission de la mère à l’enfant, dirigé par une infirmière et par plusieurs agents de soutien de réseau. © Nell Freeman pour l’Alliance
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Principaux résultats
1. L’inégalité entre les genres et la discrimination, alimentées par des problèmes socioculturels, sont les principales préoccupations liées au genre. D’autres préoccupations concernent les obstacles à l’accès aux services, l’insuffisance des programmes sensibles aux questions de genre, le manque d’attention accordée aux droits humains, à la stigmatisation et à la discrimination liés au genre, le manque de leadership politique, l’insuffisance de cadres juridiques favorables et la nécessité d’intégrer le genre au sein des organisations.
2. Les partenaires de l’Alliance ont des avis partagés sur la réponse qu’apportent les programmes nationaux à ces difficultés liées au genre – depuis l’appui partiel, jusqu’à l’exclusion active. Le soutien du Fonds mondial a intensifié les actions liées au genre, y compris dans les pays où les programmes nationaux ne soutiennent pas cette question.
3. Un grand nombre des personnes ayant répondu à l’enquête considère qu’une approche basée sur le genre et la sexualité est un moyen utile pour comprendre les activités VIH fondées sur le rôle et les attentes qui ont une incidence sur les vies, les choix et les interactions des personnes (en particulier en matière de sentiments, de désirs et de comportement sexuels). D’autres considèrent qu’une telle approche donne un aperçu des principaux facteurs qui engendrent des différences et des inégalités entre hommes et femmes.
4. Les partenaires de l’Alliance participent à un large éventail d’activités liées aux approches transformatives pour l’equité entre genre. 82 % des partenaires interviennent au niveau des organisations et des programmes, 86 % au niveau des individus, des familles et des pairs et 75 % au niveau des communautés et des prestataires de services. Plus de la moitié (57 %) interviennent également au niveau politique et sociétal et 12 partenaires (soit 43 %) interviennent dans les quatre niveaux à la fois.
5. Les principales difficultés concernant le travail sur le genre et la sexualité comprennent notamment les normes discriminatoires et l’inégalité des genres, la faible implication des hommes dans les programmes et les interventions, l’accès limité des femmes et des filles à l’éducation, une mauvaise compréhension ou une insuffisance de consensus sur le genre et la sexualité, des occasions insuffisantes pour partager les bonnes pratiques, des niveaux faibles de financement, la stigmatisation et la discrimination et une insuffisance de leadership, de ressources humaines, des capacités et d’outils en matière de genre et de sexualité.
6. Seuls 25 % des personnes ayant répondu à l’enquête estiment qu’elles ont la capacité à mettre en pratique une approche basée sur le genre et la sexualité. Les 75 % restants ont une capacité limitée. Les deux principaux obstacles à la capacité sont l’insuffisance des fonds accordés par les bailleurs pour des initiatives pertinentes et le manque de personnel compétent et de formation.
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Conclusions et recommandations
L’enquête confirme que les partenaires de l’Alliance déploient des efforts importants en ce qui concerne les activités sur le genre et la sexualité. Cependant, le nombre relativement faible de partenaires impliqués dans le plaidoyer politique et sociétal signifie que les efforts ne répondent pas toujours à l’environnement politique et juridique plus large. Mais ils devront y répondre pour que la transformation des genres devienne réalité. Certains éléments indiquent également que, dans certains cas, des partenaires peuvent être moins activement engagés dans les aspects les plus sensibles ou les plus complexes des approches complètes de transformation du genre. En revanche, bien que la capacité soit de manière évidente un problème, il semble que certains partenaires effectuent un travail de transformation des relations de genre plus important qu’ils ne le pensent ou qu’ils sont en mesure de l’effectuer. À tort, une approche transformative des relations de genre peut être perçue comme un domaine distinct, très spécialisé et indépendant du travail habituel de nos partenaires. L’enquête démontre que les problèmes liés au genre et la sexualité sont considérés comme étant inextricablement liés aux droits humains. Les réponses individuelles indiquent que certains partenaires ont besoin de davantage de précision sur ce qu’englobe une approche transformative pour l’equité entre genre, dans la pratique tout comme dans la théorie. Afin d’améliorer notre travail sur le genre et la sexualité à l’avenir, nous devons :
1. élaborer une stratégie liée aux genres pour les partenaires de l’Alliance ; 2. effectuer une évaluation plus précise des besoins en matière de capacité des partenaires de l’Alliance pour ce qui concerne les approches de transformative entre genre et élaborer un plan pour répondre à ces besoins ;
3. documenter des exemples de bonne pratique d’approches transformatives entre genre de partenaires de l’Alliance qui travaillent dans des contextes d’épidémies généralisées, d’épidémies concentrées et d’épidémies mixtes ;
4. garantir que l’approche transformative entre genre est pleinement intégrée et prise en compte dans les activités actuelles et futures de l’Alliance concernant les réponses de bonne pratique au VIH.
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Un homme marié qui a des rapports sexuels avec d’autres hommes, Inde © Jenny Mathews/L’Alliance/Photovoice
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Section 1 : Introduction Le contexte mondial Pourquoi le genre et la sexualité sont-ils importants ? Depuis longtemps, le genre et la sexualité, ainsi que les normes et pratiques connexes, sont reconnus comme des facteurs clés ayant une incidence sur les dynamiques de l’épidémie du VIH et sur la réponse mondiale au VIH.1 Les problèmes diffèrent selon les communautés et les pays, mais les déséquilibres du pouvoir, les normes sociales néfastes, la violence et la marginalisation impactent à la fois les femmes, les hommes, les filles, les garçons et les personnes transgenres dans le monde entier, diminuant leurs capacités à prévenir l’infection du VIH.2 Ces problèmes augmentent la vulnérabilité des personnes et limitent leur capacité à prévenir l’infection par le VIH.3 La moitié des personnes vivant avec le VIH sont des femmes. Pourtant, en Afrique subsaharienne, on compte trois fois plus de jeunes femmes vivant avec le VIH que de jeunes hommes.4 Et dans presque chaque pays de la région, la majorité des personnes séropositives sont des femmes, en particulier les femmes âgées de 15 à 24 ans. Dans d’autres régions du monde, les hommes sont plus susceptibles d’être infectés par le VIH que les femmes, souvent dans des épidémies concentrées qui ont une incidence disproportionnée sur les populations clés, telles que les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les personnes transgenres, les utilisateurs de drogue impliqués dans des transactions d’ordre sexuel. En Amérique latine et aux Caraïbes par exemple, il y a environ trois fois plus d’hommes séropositifs que de femmes, la transmission du VIH se faisant principalement parmi les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes.5
Cependant, la réalité concernant la question du genre est souvent bien plus nuancée et bien plus complexe que ce que montrent les données. Par exemple, dans certains pays des Caraïbes, la majorité des personnes vivant avec le VIH sont des femmes. En outre, dans les épidémies généralisées de nombreux pays d’Afrique subsaharienne, les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes ont un taux particulièrement élevé d’infection par le VIH. Mais les réponses nationales ignorent largement les comportements homosexuels, du fait de l’homophobie et de l’importante criminalisation de l’homosexualité.6 Les inégalités entre les genres ont également un impact sur la prise en charge, le traitement et l’atténuation du VIH. Par exemple, les femmes et les filles assurent la prise en charge des membres malades de la famille. Pourtant, des éléments indiquent que les hommes ayant les rapports sexuels avec des hommes et les personnes transgenres sont moins susceptibles d’avoir accès aux traitements et aux services de soutien appropriés que d’autres groupes.7 Pour maximiser l’impact sur le VIH, il est important que les personnes engagées dans la réponse au VIH prennent en compte l’intégralité et la diversité des problèmes liés au genre qui touchent les individus, les communautés et les pays. Par exemple, de nombreux hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes ont également des rapports sexuels avec des femmes. En Asie, une étude récente met également en évidence que les femmes sont essentiellement infectées par leurs maris ou par leurs partenaires intimes ; cela démontre qu’il est indispensable de mieux comprendre la complexité des relations dans certains mariages et dans certains couples dans le cadre d’une relation durable.8
1. Dans ce rapport, la définition du genre inclut les hommes, les femmes, les garçons, les filles, les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes, les femmes ayant des rapports sexuels avec des femmes et les personnes transgenres. 2. ONUSIDA (2010), Rapport sur l’épidémie mondiale de Sida 2010. 3. ONUSIDA (consulté le 22.11.10), Genre, disponible à l’adresse : www.who.int/gender/hiv_aids/fr/index.html 4. ONUSIDA (2010), Rapport sur l’épidémie mondiale de Sida 2010, disponible à l’adresse : www.unaids.org/globalreport/documents/20101123_GlobalReport_ Full_Fr.pdf 5. OMS, ONUSIDA, UNICEF (2009), Vers un accès universel : étendre les interventions prioritaires liées au VIH/Sida dans le secteur de la santé, rapport de situation 2009. 6. ONUSIDA (2010), Rapport sur l’épidémie mondiale de Sida 2010, disponible à l’adresse : www.unaids.org/globalreport/documents/20101123_GlobalReport_ Full_Fr.pdf 7. ONUSIDA (2009), Cadre d’action de l’ONUSIDA sur l’accès universel pour les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et les personnes transsexuelles. 8. ONUSIDA (2009), La transmission du VIH entre partenaires intimes en Asie.
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Réponses politiques au genre et à la sexualité La notion de genre est au cœur de nombreux engagements politiques pris par les gouvernements mondiaux. Par exemple, la Déclaration d’engagement sur le VIH/SIDA9 et la Déclaration politique sur le VIH/SIDA10 reconnaissent la nécessité, au sein du cadre de travail pour l’accès universel, de combattre les stéréotypes, les inégalités et la discrimination liées au genre et concernant les femmes, les filles et les groupes vulnérables. Des indicateurs d’évaluation de progrès sont également inclus dans les processus de contrôle nationaux du cadre de travail de l’accès universel, mis en place par la Session extraordinaire de l’assemblée générale des Nations unies sur le VIH/SIDA (UNGASS). Au fil des ans, de nombreuses initiatives mondiales ont eu pour thème « les femmes et le SIDA », notamment la Global Coalition on Women and Girls [coalition mondiale sur les femmes et les filles] lancée en 2004.11 Récemment, les minorités sexuelles ont également fait l’objet d’une plus grande d’attention. En effet, des données plus précises sont maintenant disponibles et elles apportent maintenant des éléments de preuve sur comment et pourquoi des groupes transgenres sont plus vulnérables et doivent être de priorités stratégiques pour l’appui12, notamment les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les travailleurs/ travailleuses du sexe et les personnes transgenres. Cependant, le genre (en tant que terme générique pour les approches de politiques et de programmes) a également fait l’objet d’intenses débats. Par exemple, la définition de ce terme a suscité des tensions : doit-il fait référence uniquement aux femmes et aux filles ou plus généralement aux femmes, aux filles, aux hommes et aux garçons ainsi qu’aux minorités sexuelles13 ? De nombreux facteurs ont influencé les avis sur ce sujet, notamment : les priorités différentes des épidémies VIH généralisées (dans lesquelles les rapports hétérosexuels sont le principal mode de transmission et les femmes sont souvent bien plus affectées) et des épidémies VIH concentrées (dans lesquelles les modes de transmission peuvent être plus nombreux et les populations clés sont souvent bien plus affectées).
Certaines institutions ont clairement encouragé une compréhension globale du genre et un engagement concernant le genre. Par exemple, l’égalité des sexes est une des trois directions stratégiques de la stratégie 2011–2015 d’ONUSIDA, les objectifs concernant à la fois les femmes, les filles et les minorités sexuelles.14 En outre, l’ensemble des priorités défendues dans le Cadre de résultats de l’ONUSIDA 2009–2011 aborde sur le genre, mais deux de ces priotiés sont spécifiquement axées sur les engagements concernant le genre : « Nous pouvons protéger les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et les personnes transsexuelles contre l’infection au VIH » et « Nous pouvons mettre fin à la violence à l’encontre des femmes et des filles ».15 Le « guide pratique » de ces engagements est défini dans les ressources, notamment le Cadre d’action de l’ONUSIDA sur l’accès universel pour les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et les personnes transsexuelles16 et l’Agenda pour une Action Accélérée au Niveau des Pays en Faveur des Femmes, des filles et de l’Égalité des Sexes et du VIH (consulter le résumé des points clés des deux documents à l’annexe 4).17 Dans le même temps, le Fonds mondial de lutte contre le Sida, la tuberculose et le paludisme (le Fonds mondial) a élaboré des stratégies concernant le genre (axées sur les femmes et les filles) et sur l’orientation sexuelle et les identités de genre (axées sur les minorités sexuelles),18 ayant pour objectif d’impacter positivement son affectation de fonds. Le genre a également fait partie intégrante des politiques de nombreux autres bailleurs internationaux. Certaines agences, dont les politiques ou les stratégies donnent la priorité aux questions de genre (telles que l’Agence canadienne de développement international, la Swedish International Development Cooperation Agency [Agence de coopération suédoise pour le développement international], le UK Department for International Development [Département du développement international du Royaume-Uni ] et la United States Agency for International Development [Agence des États-Unis pour le développement international]) exigent souvent des organisations qu’elles formulent leur engagement envers la sexospécificité, mais également qu’elles démontrent comment elles le mettront en œuvre dans leurs activités.
9. Assemblée générale des Nations unies (2001), Déclaration d’engagement sur le VIH/SIDA. 10. Assemblée générale des Nations unies (2006), Déclaration politique sur le VIH/SIDA. 11. Une Alliance mondiale d’organisations de la société civile, de réseaux de femmes vivant avec le VIH, d’organisations de femmes, d’organisations de services liés au SIDA et le système des Nations-Unies, engagée à renforcer les programmes VIH destinés aux femmes et aux filles. Global Coalition on Women and AIDS (consulté le 22.11.10), disponible à l’adresse suivante : www.womenandaids.net/News-and-Media-Centre/Latest-News/UNAIDS-takes-action-to-empower-womenand-girls-to-.aspx. 12. OMS, ONUSIDA, UNICEF (2009), Vers un accès universel : étendre les interventions prioritaires liées au VIH/Sida dans le secteur de la santé, rapport de situation 2009. 13. Voir les documents concernant la 22e réunion du conseil de coordination de programme d’avril 2008, ONUSIDA. Disponible à l’adresse suivante : www.unaids. org/fr/aboutunaids/unaidsprogrammecoordinatingboard/pcbmeetingarchive/name,794,fr.html 14. ONUSIDA (2010), ONUSIDA, Stratégie 2011–2015. 15. ONUSIDA (2010), Une action conjointe en vue de résultat : cadre de résultats de l’ONUSIDA 2009–2011. 16. ONUSIDA (2009), Cadre d’action de l’ONUSIDA sur l’accès universel pour les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et les personnes transsexuelles. 17. ONUSIDA (2010), Agenda pour une Action Accélérée au Niveau des Pays en Faveur des Femmes, des filles et de l’Égalité des Sexes et du VIH : Plan d’opérations pour le Cadre d’action de l’ONUSIDA sur les femmes, les filles, l’égalité des sexes et le VIH. 18. Le fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme (2009), Stratégie du fonds mondial en matière d’égalité des genres et The Global Fund Strategy in Relation to Sexual Orientation and Gender Identities.
Approches du genre et de la sexualité : les réponses au VIH
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Ces priorités des bailleurs correspondent aux Objectifs de développement du millénaire et à des tendances plus importantes dans le financement mondial ainsi que dans l’architecture de la santé et des systèmes de santé. D’une manière plus générale, les systèmes de santé représentent à la fois une opportunité et une menace pour les initiatives liées au genre. La plus grande attention portée aux liens entre le VIH et la santé et les droits sexuels et reproductifs (SDSR) est une véritable opportunité pour répondre à l’intégralité des besoins des femmes, des filles et des minorités sexuelles.19 Pourtant, les réponses nationales à la santé, plus larges et plus intégrées, pourraient constituer une menace pour le soutien apporté aux groupes marginalisés et pour leur implication, notamment les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes et les personnes transgenres. De la même façon, l’environnement juridique concernant les réponses VIH liées au genre et à la sexualité présente également des difficultés. Dans de nombreux pays par exemple, il n’existe pas de lois appropriées pour lutter contre la violence liée au genre. Et dans d’autres pays, certaines nouvelles lois pourraient interdire l’homosexualité et les rapports sexuels entre hommes.20
Réponses programmatiques au genre et à la sexualité Un nombre croissant d’initiatives de lutte contre le VIH s’inspirent des premières approches « femmes et filles », « intégration des questions de genre » et « sexospécifiques » et vont maintenant au-delà. Non seulement ces approches mettent en avant les questions liées au genre, mais en réalité elles ont pour objectif de modifier les normes et pratiques néfastes. Parmi ces approches de « transformation des relations entre genre », on trouve notamment : le guide pédagogique Stepping Stones (édité par Stratégies pour l’espoir), le programme Men as Partners (rédigé par Engenderhealth), le Programme M (élaboré par Promundo), la campagne One Man Can [Un seul homme peut] (mise sur pied par Sonke Gender Justice) et le programme Frontiers Prevention (développé par l’International HIV/AIDS Alliance). (Consulter l’annexe 1 pour de brèves descriptions de ces approches). Chacun de ces exemples est adapté à son contexte spécifique et a en commun un certain nombre de caractéristiques (voir Encadré 1). De nombreuses organisations à travers le monde ont cependant du faire face aux difficultés bien réelles que représentent les activités liées au genre et à la sexualité, en particulier le fait de changer. Dans certains contextes, ces difficultés sont dues à une mauvaise compréhension de l’importance des questions de genre ou par crainte des
controverses et sensibilités associées à cette question. Dans d’autres contextes, elles sont liées aux obstacles qui entravent la mise en oeuvre de ce type d’approches. Plus spécifiquement, les barrières structurelles enracinées (telles que les normes culturelles et les restrictions juridiques) freinent toujours considérablement les progrès. Quelques solutions rapides existent, mais leur mise en oeuvre demande un certain temps, des compétences et de l’inventivité. En outre, la définition complète du genre, mise en avant par l’International HIV/AIDS Alliance (l’Alliance) et d’autres organisations, permettra vraisemblablement d’obtenir des résultats plus importants et plus durables sur le long terme. En premier lieu, elle peut néanmoins rendre l’élaboration et la mise en oeuvre des programmes plus difficile et plus complexe.
Le contexte de l’Alliance Depuis sa création en 1993, il y a eu une sensibilisation et un engagement important sur les questions sexuelles et sexospécifiques au sein de l’Alliance. À ce jour, l’Alliance n’a cependant pas formulé de stratégie officielle sur le genre, ni mis en oeuvre des approches ou des standards dans ses programmes de façon systématique. Le conseil d’administration international de l’Alliance, les bailleurs de l’Alliance et une évaluation externe ont insisté sur la nécessité d’y remédier. La stratégie de l’Alliance pour 2010–2012 (VIH et communauté en bonne santé21) founit des bases solides pour une stratégie sur le genre et la sexualité. Elle énonce clairement la nécessité de renforcer le travail actuel et d’adopter une approche de transformation du genre (voir l’encadré 2 pour la définition de l’Alliance). Les trois objectifs et les quatre réponses stratégiques de ce plan stratégique mentionnent les questions sexospécifiques. Il est important de noter que l’objectif 1 (protéger les droits humains) implique de prendre des mesures concernant l’égalité des genres et de mettre en avant une approche de transformation complète concernant les femmes, les hommes, les filles et les garçons ainsi que tous ceux perçus comme transgressant les normes de genre, tels que les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les femmes ayant des rapports sexuels avec des femmes, les travailleurs/travailleuses du sexe, les femmes non mariées ayant une activité sexuelle et les personnes transgenres. À noter également, la réponse stratégique 1 (renforcer la programmation VIH intégrée) précise différentes façons de travailler sur l’égalité des genres et les droits humains des minorités sexuelles dans des épidémies généralisées et concentrées.
19. Global AIDS Alliance , International HIV/AIDS Alliance , Interact Worldwide, Population Action International, International Planned Parenthood Federation et Friends of the Global Fund Africa (2010), Make or Break: 2010: A Pivotal Year for Scaling Up RH/HIV Integration and Accelerating Progress Towards MDGs 5 and 6. 20. Pour de plus amples informations, merci de consulter la publication de l’International HIV/AIDS Alliance (2010), Faire avancer les Droits humains : répondre au VIH : rapport des résultats d’une enquête sur les droits humains auprès de partenaires de l’Alliance. 21. International HIV/AIDS Alliance (2010), VIH et communautés en bonne santé : plan stratégique 2010–2012
Approches du genre et de la sexualité : les réponses au VIH
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Encadré 1 :
Les programmes bases sur les approches transformatives equité entre genre :
approches transformatives equité entre genre – caractéristiques de la bonne pratique
4 reconnaissent que les hommes et les garçons, les femmes et les filles ainsi que les personnes transgenres ont une influence sur les questions de genre et que ces questions sont pertinentes ; 4 associent activement tous ces groupes et leur attribuent des rôles constructifs ; 4 utilisent une définition complète du genre et reconnaissent toute la diversité des identités et des pratiques ; 4 abordent un éventail complet de problèmes, de normes et de pratiques qui façonnent les relations entre les sexes et les dynamiques et qui ont un impact sur la santé, le bien-être et la vulnérabilité des personnes. Cela comporte en particulier des questions éventuellement sensibles ou controversées, telles que la violence basée sur le genre et la diversité sexuelle ; 4 ont recourt à des méthodes diversifiées, créatives et adaptées aux contextes pour motiver et mobiliser les participants ; 4 responsabilisent les communautés, en permettant aux participants d’identifier leurs propres problèmes concernant le genre, d’en parler ensemble et d’identifier des façons de faire évoluer les pratiques néfastes ; 4 mettent en place des lieux sûrs pour permettre aux membres de la communauté de parler librement et ouvertement ; 4 complètent le travail programmatique en proposant un plaidoyer, ou des liens avec les initiatives de plaidoyer, pour surmonter les obstacles structurels à la transformation ; 4 complètent la mobilisation communautaire en proposant des services VIH et sexospécifiques en dirigeant les personnes vers ces services ; 4 mettent en place des mesures sexospécifiques transsectorielles, par exemple en impliquant des médiateurs ou des décideurs communautaires ; 4 mettent en avant la transformation dans les organisations et parmi les personnes qui fournissent des services et des programmes grâce à la formation du personnel d’ONG et de professionnels de la santé.
Encadré 2 : définition d’une approche de transformation du genre
Une approche qui engage les personnes à changer les normes néfastes de genre, à la fois de masculinité et de féminité, normes qui façonnent et limitent l’autonomie et la capacité des individus. Ces normes sont aussi essentielles à la compréhension et à la réponse aux risques et à la vulnérabilité liés au VIH ainsi qu’à une prévention efficace du VIH. Cette approche engage les hommes et les femmes séparément et ensemble, selon le contexte local, et aborde la violence, la coercition et les sévices subis par tous ceux qui sont perçus comme défiants ou transgressant les normes de genre. Cette approche traite à la fois de l’inégalité de genre et des vulnérabilités spécifiques des hommes et des garçons, notamment la coercition sexuelle entre les hommes et les garçons, les rapports sexuels en milieu pénitentiaire et le statut légal des rapports sexuels entre hommes. » VIH et communautés en bonne santé : plan stratégique 2010–2012, International HIV/AIDS Alliance
Approches du genre et de la sexualité : les réponses au VIH
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L’enquête : objectif, méthodes et participants En mai 2010, l’Alliance a réalisé une enquête auprès de ses organisations de liaison et autres partenaires nationaux.22 Cette enquête a pour objectif : n
d’évaluer le travail actuel, la capacité, les difficultés et les objectifs souhaités des programmes sur le genre et la sexualité de l’Alliance ;
n
de mieux comprendre le contexte en matière de genre et de sexualité dans lequel travaillent nos partenaires.
Elle comporte 2 questions d’introduction et 11 questions ouvertes (voir annexe 2). 28 organisations de 19 pays ont répondu à cette enquête (voir Tableau 1).23 Ce rapport propose une synthèse des réponses.24 L’analyse est basée sur les Standards de bonne pratique dans la programmation VIH de l’Alliance et se base également sur des études de cas pour souligner le travail des partenaires et fournir des observations et des recommandations afin d’améliorer les actions futures.
Les limites de l’enquête Cette enquête comporte plusieurs limites. En particulier, de par l’utilisation de questions ouvertes, les résultats fournissent un bref aperçu du travail des partenaires et des questions liées au genre et à la sexualité, et non une évaluation quantitative et systématique. Par exemple, il a été demandé aux partenaires de commenter la question « Quel travail sur le genre et la sexualité effectue votre organisation ? » ; aucune liste permettant de sélectionner les types d’activités n’a été fournie. Il est donc possible qu’un partenaire effectue certaines activités, mais qu’il est omis de les mentionner. Autre limite de cette enquête : environ un tiers des réponses (9 sur 28) provient d’un seul pays (Inde).
Tableau 1 : participants à l’enquête Région
Pays
Partenaires
Asie et Europe de l'Est
8
16
Afrique
8
9
Amérique latine et Caraïbes
3
3
Total
19
28
22. L’Alliance collabore avec des organisations de liaison basées dans les pays (qui développent et soutiennent la capacité des organisations communautaires) et avec d’autres partenaires, par exemple ceux travaillant avec des populations spécifiques, telles que les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes. Dans ce rapport, les organisations de liaison et autres partenaires sont appelés collectivement « partenaires ». 23. Les réponses ont été recueillies par deux partenaires de l’Alliance au Nigéria et par neuf en Inde. Ceci explique pourquoi le nombre de partenaires de l’enquête est supérieur au nombre de pays. 24. Au total, 30 personnes appartenant à 28 organisations ont participé à cette enquête. Cependant, dans ce rapport, les pourcentages sont calculés à partir du nombre total d’organisations, et non pas du nombre d’individus ayant participé à l’enquête.
Approaches to gender and sexuality: responding to HIV
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Un groupe de discussions sur la santé et le VIH pour les adolescentes, organisé par Alliance Nationale Contre le SIDA, Sénégal. © 2007 Nell Freeman pour l’Alliance
Helvina Phiri, enseignante, distribue des livres scolaires sur la sexualité et les compétences de la vie courante à sa classe à l’école élémentaire Chiwoko, une des écoles ayant accepté d’être un centre pilote pour intégrer la sexualité et les compétences de la vie courante en tant que sujet régulier du programme académique, Zambie. © 2006 Nell Freeman pour l’Alliance
Approches du genre et de la sexualité : les réponses au VIH
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Section 2: RESULTATS Quelles sont les principales préoccupations concernant le genre ? Préoccupations concernant le genre et la sexualité Il a été demandé aux personnes répondant à l’enquête d’identifier les principales préoccupations concernant le genre et la sexualité dans leur pays ; plusieurs thèmes en ressortent. n
L’inégalité des genres et la discrimination sont les préoccupations les plus fréquemment citées, alimentées par des problèmes socioculturels touchant les femmes, les filles et les minorités sexuelles, notamment les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les travailleurs/travailleuses du sexe et les personnes transgenres. Le Kenya AIDS NGO Consortium (KANCO) précise que les problématiques sexospécifiques sont culturellement façonnées par des normes religieuses et conservatrices. Ces normes empêchent les femmes d’exercer leurs droits et poussent les populations clés à vivre dans le secret : ces groupes prioritaires sont donc plus difficiles à atteindre. Rumah Cemara (Indonesie), Civil Society for HIV/AIDS in Nigeria (CiSHAN) et le Network of Maharashtra People with HIV (NMP+, Inde) décrivent également les incidences complexes d’une société patriarcale, alors que d’autres partenaires soulignent des problématiques socioculturelles spécifiques. Par exemple, Soins Infirmiers et Développement Communautaire (SIDC-
Encadré 3 : préoccupations concernant le genre, Bolivie
Helem-Liban, Liban) mentionne la violence basée sur le genre et Palmyrah Workers Development Society (PWDS, Inde) indique le mariage précoce et l’exploitation sexuelle. Parmi les exemples de problématiques majeures, on trouve notamment : n
Les obstacles à l’accès aux services. L’International HIV/AIDS Alliance en Ukraine (Alliance Ukraine) déclare que le large éventail des questions sexospécifiques (telles que la domination masculine, la violence basée sur le genre et le faible accès des femmes à l’information) limite l’utilisation des services et des produits par les femmes.
n
L’insuffisance de programmes sensibles aux questions de genre. Le Malaysian AIDS Council (MAC) précise l’insuffisance des programmes destinés à répondre aux questions sexospécifiques liées aux épidémies VIH locales. En Malaisie, cette problématique s’inscrit dans un contexte dans lequel les femmes sont majoritairement infectées lors de rapports hétérosexuels et les hommes par l’utilisation de drogue. Alliance Ukraine fait également part de cette insuffisance de programmes et sollicite des ripostes pour répondre aux vulnérabilités spécifiques des femmes et d’autres groupes ainsi que pour intégrer une approche de transformation et améliorer la mesure des résultats liés au genre. L’Association Marocaine de Solidarité et Développement (AMSED, Maroc) fait aussi part des difficultés pour développer des approches de
La construction sociale des genres détermine les différents modèles de masculinité et de féminité. Certaines familles et communautés en Bolivie acceptent, encouragent et façonnent les schémas de comportement sexuel machiste, alors que les femmes sont appréciées pour leur passivité, leur soumission et leur auto-exclusion. Les femmes n’ont pas accès à l’information sur la réduction des risques et, lorsqu’elles sont informées, elles ne sont pas en mesure de discuter l’utilisation du préservatif. En conséquence, la Bolivie continue de transmettre ses standards et ses valeurs qui favorisent la transmission du VIH. Les inégalités sont étroitement liées aux attitudes envers les femmes, attitudes qui se manifestent par la subordination, l’oppression et l’exploitation. Ces comportements sont caractérisés par la violence domestique, l’humiliation et les sévices physiques et sexuels. Différents aspects culturels, mythes et même plaisanteries façonnent des comportements qui perpétuent le manque de respect pour la dignité des femmes. » Instituto de Desarrollo Humano, Bolivie
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programmes appropriées et baseés sur les droits qui luttent contre la stigmatisation, la discrimination et la violence basée sur le genre. n
Le manque d’attention accordée aux droits humains, à la stigmatisation et à la discrimination liés au genre. Des partenaires, notamment HIV/AIDS and STD Alliance Bangladesh (HASAB), soulignent que des efforts supplémentaires sont nécessaires sur le terrain pour promouvoir les droits des populations clés, telles que les travailleurs/travailleuses du sexe, les hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes et les personnes transgenres. Selon l’International HIV/AIDS Alliance en China (Alliance China), des mesures supplémentaires sont également indispensables pour lutter contre la stigmatisation et la discrimination, car ces dernières poussent des groupes marginalisés, notamment les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes, à vivre dans la clandestinité.
n
Le manque de leadership politique. MAC (Malaisie) appelle à un leadship national plus fort sur les questions liées au genre et à la sexualité.
n
L’insuffisance de cadres juridiques favorables. Des partenaires de pays très différents, par exemple le Kenya et le Liban, mentionnent la nécessité d’un cadre juridique favorable ou l’insuffisance du cadre concernant les activités en rapport avec la sexualité. Rumah Cemara, South Indian AIDS Action Programme (SIAAP) et Initiative Privée et Communautaire de Lutte Contre le SIDA (IPC, Burkina Faso) soulignent les préoccupations concernant la législation à l’encontre des groupes vulnérables, tels que les travailleurs/travailleuses du sexe. Au moment de la réalisation de cette enquête, l’International HIV/AIDS Alliance in Uganda (Alliance Uganda) est très préoccupée par un projet de loi contre l’homosexualité.
n
La nécessité d’intégrer le genre au sein des organisations. L’AMSED identifie la nécessité d’intégrer le genre à tous les niveaux de son organisation, y compris dans la planification, la programmation et les budgets.
Encadré 4 : point de vue sur le genre et le leadership politique
Les questions de genre dans les réponses nationales au VIH Lorsqu’on demande aux partenaires de l’Alliance d’indiquer le niveau de réponse des programmes nationaux à ces défis sexospécifiques, les avis sont de nouveau partagés. Un grand nombre d’entre eux indiquent que les questions de genre sont jusqu’à un certain niveau, intégrées dans les réponses nationales au VIH, notamment dans les pays suivants : Cambodge, Chine, Inde, Kenya, Malaisie, Mongolie, Maroc et Nigéria. Au Maroc, par exemple, le Plan stratégique national de lutte contre le SIDA définit l’engagement à l’accès universel, avec des principes directeurs axés sur l’égalité, la confidentialité, les droits humains et la lutte contre la stigmatisation et la discrimination. En Malaisie, le Plan stratégique national de lutte contre le VIH/Sida s’engage à réduire la vulnérabilité chez les femmes vivant avec le VIH, les compagnes d’utilisateurs de drogue et les femmes de la population générale. La National AIDS Foundation (NAF, Mongolie) et Alliance Ukraine, deux partenaires de l’Alliance, précisent surtout l’augmentation des activités sexospécifiques dans leur pays, résultat du soutien du Fonds mondial. En Ukraine, par exemple, les programmes du Fonds mondial ont permis de concentrer les efforts sur des questions pertinentes de genre, alors que la stratégie nationale de lutte contre le VIH n’est pas axée sur le genre. D’autres partenaires constatent que les mesures concernant le genre sont intégrées au déploiement des stratégies nationales. En Chine par exemple, les partenaires de gestion de projet, et les agences gouvernementales exhortent de plus en plus les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes à participer aux programmes. Au Bangladesh, il existe des programmes qui soutiennent les travailleurs/travailleuses du sexe, les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et les personnes transgenres.
Les stratégies destinées à inverser la tendance de l’épidémie VIH ne peuvent pas aboutir sans un leadership politique continu et sans la responsabilisation des femmes et des filles. Le gouvernement doit utiliser des ressources pour répondre aux besoins et aux réalités des femmes et des filles. Ces ressources doivent être mises à disposition là où elles sont les plus nécessaires, dans des programmes pour les femmes et les filles affectées par le VIH et le Sida. Il faut davantage de programmes et d’interventions VIH sexospécifiques, qui prennent en compte la double nature de l’épidémie en Malaisie : les femmes sont actuellement infectées lors de rapports hétérosexuels alors que les hommes contractent le VIH en utilisant des drogues injectables … Les femmes et le VIH est une problématique aux aspects multiples ; d’autres ministères doivent davantage s’impliquer et des réseaux plus larges de collaboration multisectorielle doivent être créés. Si cette urgence, ce leadership, cette volonté politique et cet engagement ne sont pas reconnus, la situation des femmes et des filles continuera de se détériorer et la proportion de femmes dans l’épidémie malaisienne augmentera. » Malaysia AIDS Council, Malaisie
Approches du genre et de la sexualité : les réponses au VIH
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Dans l’ensemble cependant, de nombreux partenaires qualifient leurs commentaires de positifs concernant la réponse nationale. Kanco, par exemple, considère que l’attention accordée au genre est insuffisante, bien que ce point fasse partie intégrante de la stratégie nationale du Kenya. De la même façon, l’Alliance Nationale contre le SIDA en Côte d’Ivoire (ANS-CI) estime que son pays « pourrait mieux faire », un avis partagé par le Network on Ethics, Human Rights, Law, HIV/AIDS Prevention, Support and Care (NELA) et CiSHAN au Nigéria. Cette dernière demande d’ailleurs que les politiques et les programmes soient systématiquement examinés afin de voir comment ils peuvent mieux répondre à la question du genre. MAC mentionne que l’insuffisance de données disponibles et ventilées, et donc le manque d’analyse et de preuves concernant le genre et la sexualité qui en découle, représente un obstacle majeur à une compréhension claire du contexte malaisien complexe et au développement de programmes adéquats pour réduire la vulnérabilité.
le sujet, la reconnaissance et le respect des questions sexospécifiques font partie intégrante de l’élaboration des interventions VIH.
Plusieurs partenaires de l’Alliance en Inde considèrent que l’attention accordée au genre est insuffisante dans leur réponse nationale. Les programmes sont généralement axés sur la maladie (plutôt que sur des domaines tels que la responsabilisation et les des droits humains) et une « intégration du genre » généralisée est non seulement nécessaire, mais également urgente, notamment dans les domaines de programmes, tels que la santé des femmes et des adolescents.
D’autres partenaires, tels que Alliance Uganda, MAMTA Health Institute for Mother and Child (MAMTA, Inde) et AMSED (Maroc), insistent sur le fait qu’une approche intégrant le genre et la sexualité donne un aperçu des principaux facteurs qui engendrent les différences et les inégalités entre hommes et femmes dans un contexte spécifique. Ces facteurs ont ensuite une incidence sur la vulnérabilité et les risques auxquels un individu est confronté, ainsi que sur sa capacité à accéder aux services et à exercer ses droits humains. En conclusion, IPC (Burkina Faso) précise que le genre et la sexualité est une approche complète qui intègre toutes les questions liées au VIH.
Un autre groupe de partenaires de l’Alliance, notamment de Bolivie ou d’Ouganda, sont plus négatifs et indiquent que les réponses nationales au VIH excluent le genre. Promoteurs Objectif ZeroSida (POZ, Haïti) déclare que le genre est abordé uniquement dans les initiatives du Ministère de la condition féminine, alors qu’IPC estime que, malgré des progrès dans certains programmes, la réponse nationale est fonction de ce qui est « moralement acceptable », plutôt que des droits humains. RedLacTrans (Amérique latine et Caraïbes) indique que les programmes nationaux sont souvent centrés sur la transmission verticale du VIH, alors que Rumah Cemara souligne l’absence d’un programme national concernant directement l’égalité des genres. Dans le même temps, SIDC-Helem-Liban mentionne que, malgré l’absence de stratégies nationales spécifiques sur
Encadré 5 : point de vue sur une approche intégrant le genre et la sexualité
Qu’est-ce qu’une approche du VIH intégrant le genre et la sexualité ? En réponse à la question « Qu’entend-on par une approche du VIH intégrant le genre et la sexualité ? », différents thèmes sont mentionnés. Les partenaires d’Inde, de Malaisie et d’Ouganda ont un avis commun : ce type d’approche est un moyen utile pour comprendre les activités VIH basées sur le rôle et les attentes qui ont une incidence sur les vies, les choix et les interactions des personnes (en particulier en matière de sentiments, de désirs et de comportement sexuels). Même s’il est probable que ces rôles et attentes sont liés à des différences biologiques, ils sont créés et perpétuer par des facteurs sociétaux, culturels, économiques et politiques.
Dans certains cas, les définitions représentent différents axes de réflexion. Certains partenaires en Afrique (tels que NELA et CISHAN au Nigéria et ANS-CI en Côte d’Ivoire) mentionnent presque exclusivement le besoin d’aborder les droits et l’accès aux services des femmes (dans le contexte d’épidémies dans lesquelles les rapports hétérosexuels sont le mode de transmission le plus fréquent). Cependant, d’autres partenaires, tels que Alliance China et Rumah Cemara (Indonésie), qui travaillent tous deux dans un contexte asiatique d’épidémies concentrées, insistent sur le fait qu’il est également nécessaire de traiter les questions liées aux populations clés, telles que les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et les travailleurs/travailleuses du
Dans notre travail, une approche VIH intégrant le genre et la sexualité signifie une meilleure prise en compte des questions liées au genre et à la sexualité lors de l’élaboration de nouvelles politiques et de nouveaux programmes de lutte contre le VIH. En d’autres termes, cela signifie que les intervenants de la lutte contre le SIDA doivent mettre l’accent sur les besoins de femmes et des groupes minoritaires (sexuels et sociaux) lors des exercices de planification et de l’élaboration de politiques. » Alliance Nationale Contre le SIDA, Sénégal
Approches du genre et de la sexualité : les réponses au VIH
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sexe. Alliance India explique qu’une approche complète est nécessaire ; en Inde, le contexte national exige de prêter attention à la fois à l’augmentation de la féminisation de l’épidémie et aussi à la prévalence accrue chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et les personnes transgenres. D’autres partenaires intègrent des problématiques spécifiques dans leurs définitions. NELA (Nigéria) et NAF (Mongolie) insistent sur la violence basée sur le genre, alors que SIDC-Helem-Liban, (Liban), NMP+ et MAMTA (tous les deux en Inde) mettent l’accent sur les inégalités entre les genres concernant les personnes vivant avec le VIH, en particulier les femmes. Alliance China formule la nécessité d’examiner les questions spécifiques concernant les hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes, les travailleuses du sexe et les femmes utilisatrices de drogue. De son côté, SIAPP (Inde) précise la nécessité d’élaborer des programmes qui répondent aux problématiques spécifiques de genre de sexualité des personnes transgenres. Alors que certains partenaires optent pour une définition plus théorique du genre et de la sexualité, d’autres, notamment HASAB (Bangladesh) et NAF (Mongolie), mentionnent qu’une telle approche doit être mise en pratique dans le travail programmatique et politique. AMSED (Maroc) explique en quoi consiste cette approche : comprendre les inégalités et les risques sexospécifiques et leurs liens avec le VIH et
utiliser ensuite cette compréhension pour développer des interventions qui réduisent les inégalités et luttent contre le VIH. SASO (Inde) affirme qu’une compréhension du genre et de la sexualité est indissociable d’une réponse efficace au VIH. Selon KANCO (Kenya), cette approche suppose de prendre en compte un ensemble d’éléments : depuis l’intégration du genre et de la sexualité dans les programmes VIH à celle des préoccupations des hommes et des femmes dans l’élaboration, la mise en oeuvre, le suivi et l’évaluation de tous les programmes. Certains partenaires expliquent la nécessité d’aller au-delà d’une approche sensible au genre pour utiliser une approche transformativedu genre. Par exemple, HASAB (Bangladesh) précise que les interventions destinées à répondre à l’inégalité des genres doivent non seulement responsabiliser les femmes, mais également les hommes en luttant contre les idées traditionnelles de masculinité et en renforçant des rapports d’égalité entre les genres. Tout comme d’autres partenaires, notamment NAF et RedLACTrans (voir l’étude de cas n°1), KANCO (Kenya) insiste sur le fait qu’une approche sur le genre à la sexualité nécessite également un travail de politique et de plaidoyer pour répondre aux obstacles juridiques et politiques.
Étude de cas n° 1 travailler en réseau pour un plaidoyer de transformation en Amérique latine et aux Caraïbes Red Latinoamericana y del Caribe de Personas Trans (RedLacTrans) est un réseau régional de personnes transgenres opérant dans 16 pays en Amérique latine et aux Caraïbes. Il a été créé pour diffuser les informations, pour mener des actions et pour servir de plate-forme pour signaler les violations des droits humains à l’encontre des personnes transgenres. En 2008, le travail de politique et de plaidoyer du réseau auprès des chefs de gouvernement et des fonctionnaires du domaine de la santé a permis une meilleure représentation des personnes transgenres dans les forums de décisions régionaux. Ce réseau a également agi sur les politiques en augmentant la visibilité des personnes transgenres et en intégrant leurs priorités dans les politiques de santé et dans la réforme juridique. Au Guatemala, RedLacTrans et l’organisation locale Reinas de la Noche ont eu recours aux
médias pour informer des meurtres ou des disparitions de personnes transgenres et ont participé à la manifestation nationale destinée à mettre fin à la violence à l’encontre les femmes. Cependant, cela n’a fait qu’aggraver la situation. Comme l’explique Johana, directrice de RedLacTrans, « suite à ses actions, les attaques et les menaces se sont multipliées. J’ai été agressée et quelqu’un a essayé de me tuer. » Cela montre que, lorsque la haine et la violence viennent des forces de police et d’un ministère public, il est difficile de réclamer la justice. Les organisations transgenres se rendent maintenant au Bureau des droits de l’Homme pour dénoncer et informer des crimes haineux. Le réseau RedLacTrans travaille également pour obtenir une audience auprès de la Cour interaméricaine des droits de l’Homme et faire pression au niveau international.
Approches du genre et de la sexualité : les réponses au VIH
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Quel est notre travail sur le genre et la sexualité ? Les standards de bonne pratique dans la programmation vih de l’Alliance En juin 2010, l’Alliance a publié ses standards de bonne pratique dans la programmation VIH afin d’orienter l’élaboration, la mise en oeuvre et l’évaluation des programmes de l’Alliance25 (pour de plus amples informations, consulter l’Annexe 4). Les standards concernent sept domaines de programmes :26
1. Droits humains et participation accrue des personnes
sexualité effectue votre organisation ? » sont associées aux quatre groupes d’actions de mise en oeuvre détaillés dans le standard 3.9 des standards de programmation (voir Tableau ).
Actions au niveau organisationnel et programmatique (1er groupe d’actions de mise en œuvre) 82 % des 28 partenaires indiquent qu’ils mènent une ou plusieurs actions de mise en oeuvre au niveau organisationnel et programmatique pour le standard 3.9 (comme indiqué dans le tableau 2).
séropositives (GIPA)
2. Recherche, évaluation et documentation 3. Prévention du VIH 4. Santé sexuelle et reproductrice (SSR), VIH et droits 5. VIH et tuberculose 6. Enfants et programmes VIH 7. Utilisation des drogues et VIH.
Ces actions comprennent notamment : intégrer l’analyse du genre à la planification, à la programmation et aux évaluations de l’organisation, collecter et analyser les données et indicateurs ventilés relatifs au genre, analyser et renforcer les capacités organisationnelles en matière de genre et introduire une approche de transformation du genre dans les programmes actuels et futurs de lutte contre le VIH.
Chaque domaine de programmes comporte un certain nombre de standards convenus. Ils sont mesurables et sont des références qualitatives basées sur des faits. Chaque standard est décrit : sa signification, les faits à l’appui. Des suggestions d’actions de mise en oeuvre, des indicateurs de progrès et une liste de ressources et de recherches pertinentes sont également fournis.
Certains partenaires indiquent que leurs stratégies organisationnelles sont basées sur un certain type d’analyse du genre. CiSHAN (Nigéria) utilise ce type d’analyse pour étudier les disparités dans les informations ventilées par sexe, afin que ses politiques, ses programmes et ses projets identifient les différents besoins des hommes et des femmes et y répondent. Pour AMSED (Maroc), l’intégration d’une approche du genre est une des recommandations clés suggérées par une étude sur les connaissances, les comportements et les pratiques des filles et des femmes illettrées, sur les infections sexuellement transmissibles (IST) et la prévention du VIH. En conséquence, AMSED axe ses programmes sur les filles et les femmes illettrées et les travailleurs/travailleuses du sexe. Dans le même temps, MAC (Malaisie) base sa stratégie sur le plan stratégique national de lutte contre le VIH du gouvernement, basé sur l’épidémiologie et le contexte national et caractérisé par une forte inégalité des genres. MAC axe son travail sur le soutien aux femmes vivant avec le VIH, aux femmes en couple avec des personnes qui utilisent des drogues et aux femmes dans la population générale.
Les standards apportent un cadre de travail qui permet d’étudier l’étendue du lien de causalité entre le travail de l’Alliance et la bonne pratique et, de ce fait, d’identifier le soutien éventuellement nécessaire pour permettre aux organisations de respecter ces standards. La section suivante est basée sur le standard 3.9, et aborde spécifiquement l’approche de transformation du genre tout en examinant rapidement quelques exemples d’autres standards pertinents.
Standard de bonne pratique de l’Alliance pour les approches de transformation du genre Domaine de programme 3. Prévention du VIH
Standard de bonne pratique 3.9 Notre organisation adopte une approche de transformation du genre
Dans le cadre de ce rapport, on considère que le standard 3.9 aborde la prévention du VIH et la prise en charge, le soutien et le traitement afin de permettre une analyse poussée des approches de transformation du genre. Les réponses à la question de l’enquête : « Quel travail sur le genre et la
IPC (Burkina Faso) utilise des informations sur la situation épidémiologique du pays pour étudier les problématiques de vulnérabilité et pour déterminer une direction stratégique pour ses programmes : l’intégration du genre et la SDSR. Les valeurs et les principes d’IPC encouragent l’égalité des droits pour tous et sont au coeur de ses processus de planification, de mise en œuvre et de son approche du suivi-évaluation. De même, Alliance Nationale Contre le SIDA (ANCS, Sénégal) prend en compte son contexte national, caractérisé par la féminisation de l’épidémie et une prévalence accrue chez les populations clés, en élaborant une double stratégie qui s’adresse aux femmes et aux minorités sexuelles, en
25. L’Alliance a été une organisation « chef de file » dans l’élaboration du Code de bonnes pratiques pour les ONG engagées dans la lutte contre le VIH/Sida (2004) et a approuvé le code. Ces standards de programmation reflètent l’engagement de l’Alliance dans la mise en oeuvre du code. 26. Les standards concernant le traitement et les soins sont en cours de rédaction et seront intégrés plus tard.
Approches du genre et de la sexualité : les réponses au VIH
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Tableau 2 : pourcentage des partenaires de l’Alliance ayant fait part d’au moins une action de mise en œuvre liée à l’utilisation d’une approche de transformation du genre Groupes d’actions de mise en œuvre du standard de bonne pratique dans la programmation de l’Alliance 3.9 : « Notre organisation adopte une approche de transformation du genre »
% de partenaires
1er groupe d’actions de mise en œuvre : actions au niveau organisationnel et programmatique
82%
> Intégrer l’analyse du genre à la planification et au cycle programmatique de l’organisation, et incorporer les considérations liées au genre dans les analyses communautaires participatives. > Collecter et analyser les données et indicateurs ventilés par sexe, âge, et autres paramètres d’équité. Les incorporer au système de suivi-évaluation de l’organisation. > Analyser et renforcer les capacités nécessaires à la compréhension des rapports entre les inégalités de genre et le VIH. > Incorporer une approche de transformation du genre dans les programmes actuels et futurs de prévention du VIH.
2e groupe d’actions de mise en œuvre : actions au niveau des individus, des familles et des pairs
86%
> Inclure les personnes de toutes identités de genre, séparément et ensemble (y compris les personnes vivant avec le VIH) dans les programmes de prévention du VIH ; améliorer la qualité des relations entre ces personnes et intégrer les questions de genre dans les interventions et matériels de communication pour le changement de comportement. > Fournir (ou orienter vers) un espace sécurisé, accueillant et neutre aux personnes de n’importe quelle identité de genre qui sont particulièrement vulnérables ou à risque de contamination ou de violences. > Renforcer les mécanismes de documentation, de reportage et de réponse aux violences sexospécifiques et autres violations des droits de l’Homme. > Autonomiser les personnes de toutes identités de genre pour qu’elles puissent maîtriser les décisions relatives à leur sexualité et réduire leur prise de risque, en renforçant leurs compétences et en fournissant (ou en les orientant vers) des initiatives de soutien économique qui répondent aux problèmes liés aux inégalités socio-économiques. > Opter pour une approche centrée sur la famille et travailler avec les familles pour créer un environnement familial qui permet de changer les normes sociales et sexospécifiques (les hommes en tant que soignants par exemple). Ceci peut être effectué par le biais de la communication pour le changement de comportements, le renforcement des compétences, et des initiatives de soutien économique qui autonomisent les familles (plus particulièrement les femmes) et leur donnent accès aux ressources financières, entre autres. > Changer les normes de fonctionnement des groupes à travers des activités éducatives et la promotion de normes positives.
3e groupe d’actions de mise en œuvre : actions au niveau des communautés et des prestataires de services
75%
> Engage community leaders in educational activities, campaigns and the media to challenge harmful gender norms. > Faire participer les leaders communautaires aux activités éducatives et aux campagnes médiatiques afin de remettre en question les normes nocives. > Mobiliser les communautés à travers des activités de proximité, l’information, l’éducation et des interventions participatives. > Sécuriser l’environnement au niveau local en coopération avec les communautés. > Former et sensibiliser les agents de santé, la police, le personnel pénitencier et autres prestataires afin que les services fournis soient non-discriminatoires et sensibles aux besoins des personnes de toutes identités de genre. > Fournir (ou orienter vers) des services sanitaires, sociaux, d’assistance juridique et autres, qui impliquent les personnes de n’importe quelle identité de genre ou orientation sexuelle.
4e groupe d’actions de mise en œuvre : actions au niveau politique et sociétal
57%
Plaidoyer pour : > L’accès équitable aux services intégrés de lutte contre le VIH pour les personnes de n’importe quelle identité de genre ou orientation sexuelle. > La protection contre les violences, contraintes et abus basés sur le genre, plus particulièrement à l’encontre de ceux qui soi-disant transgressent les normes sexospécifiques et de sexualité. > Le changement des politiques, lois ou coutumes qui limitent le pouvoir et l’autonomie des femmes en imposant des définitions contraignantes ou traditionnelles de la masculinité, de la féminité et d’autres identités de genre, et qui affectent les droits à la propriété et à l’héritage et l’accès à l’éducation. > Trouver des alliés (tels que des organisations des droits de l’Homme, des organisations de femmes et des réseaux communautaires, parmi d’autres) et renforcer leur capacité à tisser des liens entre le VIH, les droits de l’Homme et le genre. > Donner la priorité aux besoins des personnes dans les situations de conflit, de guerre et de déplacement de populations. > S’assurer que les interventions de transformation du genre reflètent la diversité des identités de genre et des orientations sexuelles, et répondent aux besoins spécifiques et changeants. Par exemple, promouvoir les réflexions critiques au sujet de l’identité de genre et le rôle des adolescents à travers l’information, l’éducation, les évènements spéciaux et les campagnes ; faire participer les hommes aux interventions de santé maternelle et infantile, de prévention de la transmission de la mère à l’enfant, et de prévention des violences faites aux femmes ; faire participer les femmes aux programmes de circoncision des hommes. > Prêter une attention particulière aux personnes les plus à risque face à l’infection au VIH, telles que les familles et individus affectés par le VIH, les couples discordants, les adultes et les jeunes qui ont des rapports sexuels multiples ou intergénérationnels, et les femmes transgenres.
Approches du genre et de la sexualité : les réponses au VIH
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particulier les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et les travailleurs/travailleuses du sexe. Parmi les exemples des stratégies d’ANCS pour traiter les questions sexospécifiques dans ces populations, on peut notamment citer : la mobilisation et la sensibilisation, la réduction de la stigmatisation et la discrimination, la promotion des services de prévention de la transmission de la mère à l’enfant, la distribution de préservatifs masculins et féminins, un meilleur accès aux services de conseil et de dépistage volontaire et anonyme du VIH et des groupes de discussions. Les partenaires de l’Alliance aident également des organisations non gouvernementales (ONG) et des organisations à base communautaire (OBC) à fonder leurs activités sur une analyse de leur contexte sexospécifique. Par exemple, Alliance China a soutenu un groupe d’hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes à Kaiyuan dans la province du Yunnan afin d’intégrer les questions relatives au genre et à la sexualité dans une évaluation communautaire participative. Les hommes ont ensuite été associés à l’élaboration et à la mise en oeuvre du projet, avec un parrainage très important concernant les approches de programmation. D’autres partenaires indiquent également qu’ils collectent et analysent des données et des indicateurs ventilés par sexe, par âge et autres paramètres d’équité. KANCO (Kenya) a réalisé un audit de ses organisations membres pour déterminer le niveau d’intégration du genre ainsi qu’une étude de référence sur les violations des droits humains et celles liées au genre et au VIH dans les communautés. Les résultats de cet audit et de cette étude ont été déterminants pour définir les programmes et le plaidoyer de l’organisation. Certains partenaires précisent également qu’ils ont recours à différentes étapes pour évaluer et renforcer leurs propres capacités organisationnelles sur le genre. Pour Alliance Ukraine, ces étapes comprennent notamment : étudier l’égalité des sexes dans les processus de recrutement, proposer une formation au personnel, informer régulièrement le personnel des problématiques liées au genre, faire des recherches sur le genre et la sexualité, revoir la programmation avec l’aide du programme des Nations unies pour le développement et de l’Open Society Institute et rédiger des supports d’information ciblés et sensibles au genre (sur les femmes et les filles et les hommes et les garçons). AMSED (Maroc), tout comme NMP+ (Inde) propose également à son personnel une formation sur le genre et la sexualité, axée sur la stigmatisation et la discrimination. Un grand nombre de partenaires, tels qu’Alliance Uganda, IPC (Burkina Faso) et KANCO (Kenya), précisent qu’ils proposent un renforcement de capacités sur le genre aux ONG et aux OBC qu’ils soutiennent. Voici quelques exemples particuliers : n
RedLacTrans propose des ateliers de travail pour les personnes transgenres qui traitent de différentes questions, notamment de l’identité de genre.
n
SIAAP (Inde) intègre des informations détaillées sur le genre et la sexualité dans sa formation sur des domaines tels que le conseil auprès des ONG et les OBC travaillant avec des travailleurs du sexe et des hommes homosexuels et bisexuels
Approches du genre et de la sexualité : les réponses au VIH
n
AMSED (Maroc) propose un renforcement de capacité sur des questions relatives à la prévention du VIH et à la violence dans le cadre de projets avec des travailleurs/ travailleuses du sexe
n
Alliance Ukraine associe l’information sur le genre et la fourniture d’informations et de supports aux partenaires.
Le travail de SIDC-Helem-Liban (Liban) sur le renforcement de capacité a notamment comporté : former des groupes de jeunes sur le genre, la sexualité et le VIH ; intégrer le genre dans le travail d’éducation et de prévention et renforcer la capacité des femmes vivant avec le VIH à s’occuper d’ellesmêmes. MAMTA (Inde), qui intègre le genre, la sexualité et les droits humains en tant que questions transversales de son programme, complète son renforcement des capacités des ONG et des OBC en rédigeant des documents et des manuels (notamment sur l’éducation sexuelle et la formation sur le genre) ; créant un ensemble de ressources nationales et internationales et favorisant un réseau de 134 ONG de 7 états indiens, axé sur les jeunes et la santé sexuelle reproductive (SSR). Depuis 2005, Alliance China finance un programme pour soutenir les femmes séropositives. Ce programme associe renforcement des capacités et implication dans l’élaboration du projet, sa mise en oeuvre et sa gestion. Enfin, bien que l’enquête de l’Alliance ne demande pas spécifiquement aux personnes interrogées de définir ou de décrire une approche de transformation du genre, certains éléments indiquent l’utilisation de stratégies pertinentes. Par exemple, avec l’aide du Fonds mondial, NAF (Mongolie) soutient des programmes de prévention auprès des populations clés, telles que les travailleurs/travailleuses du sexe, les hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes, les populations mobiles, les mineurs et les utilisateurs de drogue. Grâce à la formation et au renforcement de capacité, NAF aborde un grand nombre de questions depuis l’orientation sexuelle jusqu’aux pratiques sexuelles à moindre risque et la santé de la reproduction. Instituto de Desarrollo Humano (IDH, Bolivie) inclut également le genre et la sexualité dans ses programmes de prévention, par exemple en travaillant avec des parents pour améliorer leur compréhension des questions liées à la sexualité. Pour IDH, tout comme pour Khmer HIV/AIDS NGO Alliance (KHANA) au Cambodge (voir l’Annexe 4), l’engagement organisationnel envers des approches sur le genre et la transformation a permis d’élaborer des stratégies et des politiques organisationnelles complètes.
Étude de cas n° 2
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élaborer une stratégie organisationnelle sur le genre, la sexualité et la diversité au Cambodge KHANA est la plus importante ONG nationale engagée dans la lutte contre le VIH au Cambodge et soutient environ 70 organisations locales. En 2010, elle a développé une stratégie sur le genre, la sécurité et la diversité. Cette stratégie s’appuyait sur une évaluation rapide commandée par l’équipe de management senior afin d’identifier les lacunes et les problématiques liées au genre dans le programme, la culture de l’institution et les pratiques de l’organisation. L’évaluation a abordé le genre au sens large, pour étudier l’ensemble des relations et rôles socialement construits, les traits de personnalité, les attitudes, les comportements, les valeurs des pouvoirs et l’influence que la société attribue aux hommes et aux femmes. La stratégie sur le genre implique que la politique organisationnelle, la planification et les programmes de KHANA doivent : > être basés sur une analyse complète du genre et de la sexualité ainsi que sur des données ventilées par sexe, âge et autres facteurs de diversité déterminants ; > intégrer le genre et la sexualité dans chacune des étapes de la planification, la mise en oeuvre, du suivi-évaluation ; > garantir la disponibilité d’un financement et de ressources techniques suffisantes pour renforcer les capacités d’intégration du genre de la sexualité et faire évoluer le comportement vis-à-vis de l’égalité des genres et des droits humains au sein de KHANA et de ses partenaires de mise en œuvre ; > promouvoir l’égalité des sexes et les droits humains pour tous ; > promouvoir la diversité et l’implication significative des personnes vivant avec le VIH et des personnes affectées par le VIH au sein de KHANA, de ses partenaires de mise en oeuvre et dans la réponse nationale VIH ; > répondre, de façon active, au problème de l’homophobie, de la discrimination sexuelle, du harcèlement et de l’inégalité au sein de l’organisation grâce à un code de conduite et à des systèmes de sensibilisation et de responsabilisation ; > éliminer les pratiques systémiques qui sont des obstacles à la réduction de la vulnérabilité des femmes et des filles au VIH, notamment la violence basée sur le genre, l’exploitation sexuelle et les mauvais traitements ; > impliquer, de façon active, les hommes et les garçons en tant qu’alliés pour promouvoir l’égalité des genres et répondre aux besoins sexospécifiques stratégiques et concrets des femmes ; > collaborer et coordonner des actions avec des partenaires, des gouvernements, des bailleurs de fonds et des organisations de la société civile afin de mettre en avant et de soutenir des moyens créatifs et efficaces de promouvoir l’égalité des sexes ; > suivre, évaluer et institutionnaliser l’apprentissage organisationnel de l’intégration du genre dans les programmes VIH à base communautaire ; > garantir que les budgets et les systèmes de recrutement,
de formation, de gestion et de prise de décision soutiennent les droits des femmes et l’égalité des genres. La stratégie est axée sur des actions à la fois internes et externes, basées sur quatre objectifs. 1. Créer un environnement interne favorable qui encourage la diversité et l’égalité des chances quels que soient le genre, la sexualité ou le statut sérologique et qui aide le personnel à contribuer pleinement au fonctionnement de l’organisation. Parmi les principales activités, on trouve notamment : mettre en pratique des politiques favorables à la famille sur le lieu de travail, accroître l’aptitude de KHANA à recruter et à mettre en avant du personnel féminin, la sensibilisation, le leadership et le modèle de comportement de la part de l’équipe de management senior sur la diversité et l’égalité des chances et lutter contre les normes de genre qui découragent les femmes de postuler pour une promotion. 2. Inclure l’analyse et l’intégration du genre dans tout le processus de programmation, par exemple lors des évaluations et de la planification des besoins, de la sous-traitance et de l’appui technique de partenaires de mise en oeuvre, la prestation de service et du suivi et évaluation. Parmi les principales activités, on trouve notamment : sensibiliser sur l’inégalité des genres et son impact sur la vulnérabilité au VIH, renforcer la capacité pour d’intégration du genre et de la sexualité, faire face aux normes sur le genre et la sexualité et l’inégalité des genres dans les programmes de prévention du VIH et produire et diffuser les informations nécessaires pour soutenir l’intégration du genre. 3. Plaidoyer pour promouvoir, protéger et exercer les droits des femmes, des hommes, des personnes transgenres et des enfants pour empêcher et réduire les vulnérabilités sexospécifiques au VIH et les impacts du VIH. Parmi les principales activités, on trouve notamment : un plaidoyer au sein de KHANA et des partenaires de mise en oeuvre et un plaidoyer concernant les politiques et les programmes nationaux. 4. Responsabiliser les personnes vivant avec le VIH ou affectées par le VIH et les populations les plus à risque afin de diminuer leur vulnérabilité à l’infection par le VIH et de réduire les impacts sexospécifiques du VIH. Parmi les principales activités, on trouve notamment : collaborer avec d’autres organisations pour bénéficier de programmes et d’expertise en matière de responsabilisation et apporter les connaissances, les compétences et les opportunités dont les personnes ont besoin pour se responsabiliser. Cette stratégie du genre comporte un plan de travail indicatif et des actions clés associées à des indicateurs de court terme, de moyen terme et de long terme. Cette stratégie est également basée sur le processus de planification annuelle de KHANA. En avril 2010, l’ébauche de la stratégie a été présentée au conseil d’administration de KHANA et a été approuvée de manière informelle. Approches du genre et de la sexualité : les réponses au VIH
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Actions au niveau des individus, des familles et des pairs (2e groupe d’actions de mise en œuvre) 86 % des partenaires indiquent qu’ils mènent une ou plusieurs actions de mise en oeuvre au niveau des individus, des familles et des pairs pour le standard 3.9 (comme indiqué dans le tableau 2). Ces actions comprennent notamment : inclure les personnes de toutes identités de genre dans les programmes, fournir des espaces sécurisés, documenter ou riposter aux violences sexospécifiques et autres violations des droits humains, responsabiliser les personnes afin qu’elles maîtrisent les décisions relatives à leur sexualité et réduisent leur prise de risque, opter pour une approche centrée sur la famille pour faire évoluer les normes sexospécifiques et changer les normes de fonctionnement des groupes à travers des activités éducatives et le soutien par les pairs. L’étude confirme que les partenaires de l’Alliance soutiennent le travail sur le genre et la sexualité dans différents types de communautés (voir l’Encadré ). Parmi les exemples d’actions pertinentes, on trouve notamment : les activités d’AMSED (Maroc) qui renforce la capacité des travailleurs/travailleuses du sexe à négocier l’utilisation du préservatif tout en sensibilisant leurs clients à la prévention. MAC (Malaisie) cible ses efforts sur la responsabilisation des femmes de la population générale, des femmes vivant avec le VIH et des compagnes avec d’utilisateurs de drogue. L’organisation propose un hébergement ainsi qu’un travail de proximité, des ateliers de travail, des activités de sensibilisation et le soutien par les pairs (voir Étude de cas n° 1). Quelques partenaires seulement, notamment TASSOS (Inde), décrivent les efforts pour répondre aux questions de la violence basée sur le genre. Hamsafar (Inde), qui organise des ateliers de travail sur la sexualité dans les écoles et les collèges, mentionne des activités éducatives. Rumah Cemara (Indonésie) décrit son approche de soutien par les
Encadré 6 : Les communautés avec lesquelles nous travaillons
pairs auprès de différents types de personnes vivant avec le VIH dans la province de Java occidentale, notamment les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les personnes transgenres, les femmes, les travailleurs/ travailleuses du sexe et les utilisateurs/utilisatrices de drogue. Pour ces activités, il est nécessaire de diffuser des informations, de distribuer des préservatifs et d’améliorer l’accès aux services, tels que le traitement des infections sexuellement transmissibles (IST) et les services de conseil et de dépistage volontaires et anonymes. Tous les trois mois, une réunion du groupe de soutien par les pairs est organisée pour les personnes vivant avec le VIH. Ce travail a permis de créer une unité entre les différents groupes de la région, d’aider les personnes vivant avec le VIH à travailler avec la commission de lutte contre le Sida afin qu’elles prennent part au programme. Sur la question du genre, NMP+ (Inde) mentionne également le soutien par les paris. Grâce à ses programmes ciblés de prévention, ANS-CI (Côte d’Ivoire) permet aux femmes de mieux aborder et négocier l’utilisation du préservatif lors de transactions d’ordre sexuel. Les centres de conseil et de dépistage volontaires et anonymes soutenus par l’organisation collaborent également avec des centres pour la jeunesse, qui mènent des activités liées au genre et à la sexualité. NELA (Nigéria) illustre la signification de son travail sexospécifique pour une femme. Le travail de l’organisation inclut notamment le fait de prêter attention au soutien financier, la responsabilisation des femmes et l’information sur le VIH, les IST et la planification familiale. NELA explique comment une cliente a été maltraitée par son mari et orientée vers une clinique de l’organisation par le centre de soins de santé primaire voisin. Tous deux ont bénéficié d’un counselling. Pourtant le mari a continué de négliger sa femme et a refusé de la soutenir. NELA a aidé cette femme à créer un projet générateur de revenus qui lui a permis de se nourrir et de nourrir son bébé. Voyant sa femme en bonne santé et ayant des revenus, le mari s’est excusé.
Parmi les 28 partenaires de l’Alliance qui ont répondu à cette étude, 82 % travaillent avec des travailleurs/travailleuses du sexe, 79 % avec des hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes, 39 % avec des utilisateurs/utilisatrices de drogue et 36 % avec des personnes transgenres. Parmi les autres groupes, on trouve notamment : les femmes vivant avec le VIH, les enfants vivant et le VIH, les orphelins et enfants vulnérables, les filles et les femmes illettrées, les femmes de la population générale, les enfants scolarisés, les femmes en couple avec des personnes utilisant de la drogue, les enfants des rues, les clients des travailleurs/travailleuses du sexe, les jeunes, les étudiants, les anciens toxicomanes, les prisonniers, les personnes souffrant de handicap, les enseignants, les parents, la jeunesse rurale et des travailleurs immigrés.
Approches du genre et de la sexualité : les réponses au VIH
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Étude de cas n° 3 soutenir et responsabiliser les femmes vulnérables en Malaisie MAC reconnaît que l’inégalité des genres en Malaisie impacte la vulnérabilité des femmes de la population générale, des femmes vivant avec le VIH et des compagnes d’utilisateurs de drogue, impact à la fois similaire et différent. Des croyances et des attentes profondément ancrées concernant le rôle et les comportements sociaux des femmes et des filles les empêchent d’avoir accès à l’éducation, aux services et au soutien appropriés. Les femmes vivant avec le VIH et les compagnes d’utilisateurs de drogue sont victimes d’une plus forte stigmatisation, car leur situation est considérée comme hors des normes de genre acceptées. Le travail de MAC est axé sur la responsabilisation des femmes de ces groupes par le biais d’un éventail d’activités, telles que les programmes de proximité, les événements destinés à sensibiliser la communauté, les ateliers de travail, les cliniques d’accueil, les programmes de soutien par les pairs et l’offre d’hébergements. Les programmes de proximité mis en oeuvre par MAC et ses partenaires concernent principalement l’éducation sur la SSR. En partenariat avec le Ministère des Femmes, certaines des activités comportent des événements destinés à sensibiliser la communauté et des ateliers le travail ayant pour objectif de sensibiliser sur l’inégalité des genres et la discrimination et également de proposer une formation ciblée sur la SSR. Ces initiatives concernent l’ensemble des communautés et visent à associer les hommes autant que les femmes et à attirer l’attention sur les questions sexospécifiques. Depuis 2006, MAC organise également des ateliers de renforcement des capacités uniquement avec des femmes vivant avec le VIH. Ces ateliers de « formation des formateurs » permettent aux participants d’acquérir les compétences nécessaires pour transmettre les informations à d’autres femmes vivant avec le VIH. Grâce à cela, des femmes vivant avec le VIH et ayant participé aux ateliers travaillent maintenant sur le terrain avec MAC ou avec ses partenaires de mise en oeuvre. Avec l’aide de ses partenaires, MAC soutient également quatre foyers d’hébergement pour accueillir des groupes spécifiques de femmes vulnérables. Deux foyers proposent un hébergement temporaire pour des femmes vivant avec le VIH et leurs enfants, principalement orientés vers ces foyers par les hôpitaux. Le personnel du foyer utilise une approche centrée sur la famille en associant des activités éducatives au sein du foyer avec un travail de proximité auprès des amis et des familles de la femme pour faciliter leur retour éventuel
dans la communauté. Un troisième foyer accueille des compagnes d’utilisateurs de drogue tandis que le quatrième propose un hébergement et des services pour les travailleuses du sexe et les femmes vivant avec le VIH et sans domicile fixe. MAC conseille à chacun de ses foyers de travailler avec les familles et les communautés afin que les femmes puissent éventuellement quitter le centre et trouvent des moyens de subsistance dans leurs propres communautés. Certains des foyers ont également des cliniques d’accueil destinées aux femmes vivant avec le VIH et aux compagnes d’utilisateurs de drogue et proposent des informations éducatives et un soutien. Enfin, MAC propose également des programmes de soutien par les pairs dans des hôpitaux pour les hommes et les femmes vivant avec le VIH. Ces programmes s’appuient sur des orientations d’autres hôpitaux et sont principalement axés sur le soutien psychosocial et l’observance du traitement antirétroviral. Selon MAC, cela représente une opportunité pour intégrer les programmes de soutien par les pairs aux activités de proximité. L’organisation concentre actuellement ses efforts de plaidoyer afin d’obtenir le soutien du gouvernement pour un programme de prise en charge à domicile qui permettrait aux professionnels de la santé de combiner le traitement et la prise en charge des individus vivant avec le VIH avec les activités de sensibilisation auprès de leurs familles. MAC est convaincu que cette approche peut jouer un rôle essentiel dans la réduction de la stigmatisation et permettre d’étendre la sensibilisation. MAC constate des résultats positifs dans chacun de ses programmes et de ses activités. Mais surtout, l’organisation identifie également de nouvelles opportunités pour étendre la portée de son travail sensible au genre. En particulier, MAC pense qu’utiliser une approche centrée sur la famille dans les programmes destinés aux utilisateurs de drogue pourrait donner des résultats positifs et pourrait permettre d’atteindre également les partenaires de ces membres de la communauté et favoriser la protection. Pour cela, l’organisation explique qu’un changement idéologique est nécessaire : ne plus prendre un compte uniquement les aspects sanitaires de l’utilisation de drogue, mais prendre également en compte les aspects sexospécifiques des relations des utilisateurs de drogue et concentrer les efforts sur la responsabilisation de leurs partenaires. Par conséquent, MAC a commencé à cibler des efforts nationaux de plaidoyer dans ce domaine.
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Actions au niveau des communautés et des prestataires de services (3e groupe d’actions de mise en œuvre) 75 % des partenaires indiquent qu’ils mènent une ou plusieurs actions de mise en oeuvre au niveau des communautés et des prestataires de services pour le standard 3.9 (comme indiqué dans le tableau 2). Elles englobent des actions sexospécifiques, telles que la mobilisation des communautés à travers des activités de proximité, la formation et la sensibilisation des agents de santé et d’autres intervenants, la participation des leaders communautaires et la prestation de services sociaux et d’assistance juridique.
TASSOS (Inde) a encouragé une politique sur le genre au niveau étatique et diffusé une traduction à l’ensemble de ses partenaires. À Tamil Nadu et à Pondicherry, l’organisation propose des ateliers de travail et une formation pour les professionnels de la santé. SIAAP (Inde) responsabilise les travailleuses du sexe et des hommes homosexuels et bisexuels en renforçant des organisations communautaires afin qu’elles puissent aborder la stigmatisation et la discrimination liées au genre et à la sexualité. Outre différents programmes de formation abordant les questions de genre et de sexualité, l’organisation offre également un soutien aux travailleurs/travailleuses du sexe lors des arrestations, notamment une assistance juridique. IDH (Bolivie) illustre une approche complète d’actions au niveau des communautés et des prestataires de service par un exemple frappant. L’organisation aborde les questions de genre dans un environnement socioculturel difficile (voir Étude de cas n° 2).
Étude de cas n° 4 faire face aux normes sexospécifiques néfastes grâce à la formation et au travail de proximité en Bolivie Pour IDH, le genre est une question qui concerne l’ensemble de ses activités. L’organisation a développé des standards pour une programmation interne sexospécifique. Elle reconnaît que l’inégalité des genres est un moteur structurel de la transmission du VIH en Bolivie, pays dans lequel la culture machiste profondément ancrée alimente des problématiques comme la violence basée sur le genre et la consommation excessive d’alcool. L’immense travail d’IDH dans ce domaine comporte une analyse sexospécifique du machisme et du statut socioéconomique et culturel des femmes. L’organisation étudie également les conséquences d’une consommation excessive d’alcool et son impact sur les familles, les enfants, les épouses, les relations sexuelles, la maladie et la violence. Depuis 2010, IDH intègre la notion de genre et de sexualité dans son programme de prévention, reconnaissant ainsi que la sexualité est le point de départ indispensable d’une meilleure compréhension du VIH. IDH comprend que l’inégalité des genres a également un impact sur l’accès au traitement et à la prise en charge du VIH. L’organisation a donc formé plus d’un millier de professionnels de la santé aux questions sexospécifiques, en contextes urbains et ruraux. IDH organise également des sessions de formation avec les écoles, les universités, la police et l’armée. En règle générale,
Approches du genre et de la sexualité : les réponses au VIH
les facilitateurs utilisent une des deux principales méthodes : des projections de films (pour favoriser la réflexion et la discussion parmi les participants) ou du théâtre-forum (pour permettre aux participants d’explorer l’influence des questions de genre, d’alcool et de VIH sur leurs propres vies). Les sondages réalisés avant et après les interventions révèlent des changements positifs concernant la connaissance du VIH, du genre et des comportements à haut risque liés à l’alcool et à la violence. Ces sondages démontrent également que les participants sont davantage sensibilisés au machisme et plus à même de le remettre en cause. En Bolivie, la mise en oeuvre d’activités sexospécifiques peut s’avérer difficile surtout étant donné le niveau de normalisation du machisme, de l’alcool et de la violence dans ce pays. IDH comprend qu’elle doit aborder ces questions avec tact, surtout certains aspects du machisme de la culture locale, car le fait de critiquer quelque aspect que ce soit de cette culture est un point politiquement sensible. L’organisation constate également que de nombreuses organisations travaillent déjà avec des femmes sur les questions sexospécifiques. Elle a donc décidé d’axer ses activités sur les questions liées à la masculinité et de travailler avec des hommes pour parvenir à un changement social.
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Actions au niveau politique et sociétal (4e groupe d’actions de mise en œuvre) 57 % des 28 partenaires indiquent qu’ils mènent une ou plusieurs actions de mise en oeuvre au niveau politique et sociétal pour le standard 3.9 (comme indiqué dans le tableau 2). Ces actions ciblent différents types de plaidoyer autour de la question de transformation du genre, par exemple l’équitabilité, la violence basée sur le genre, les contraintes et les mauvais traitements ainsi que les politiques, lois ou coutumes qui limitent l’autonomie des femmes. Elles ont également pour objectif de trouver des alliés et de créer des mouvements sur le genre, de donner la priorité aux besoins des personnes dans les situations de conflit, de s’assurer que les interventions de transformation du genre reflètent la diversité des identités de genre et des orientations sexuelles et de prêter une attention particulière aux personnes les plus à risque face à l’infection au VIH.
Étude de cas n° 5
Par exemple, dans certains contextes, des partenaires de l’Alliance mobilisent des organisations de la société civile afin qu’elles travaillent ensemble, qu’elles étudient les questions de genre et de sexualité et qu’elles déterminent des messages communs. RedLacTrans a organisé une réunion sur le genre et la sexualité qui a permis de regrouper 16 organisations, représentant diverses identités sexuelles au Nicaragua. NAF (Mongolie) permet à la société civile de pouvoir s’exprimer au niveau politique et juridique sur les questions qui affectent les personnes vivant avec le VIH, les travailleurs/travailleuses du sexe et les hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes. KANCO (Kenya) participe activement à diverses initiatives nationales de plaidoyer : en étant membre du groupe d’interventions nationales sur le genre ou en encourageant l’élaboration et la mise en oeuvre de politiques sexospécifiques (voir l’Annexe 4). MAMTA (Inde) a aidé l’Organisation nationale indienne de lutte contre le Sida (NACO) à créer un comité d’experts pour examiner le curriculum du programme national d’éducation
définir une stratégie nationale de lutte contre le VIH au Kenya KANCO est une des principales organisations kenyanes engagées dans la lutte contre le VIH, avec plus de 960 groupes communautaires, organisations confessionnelles et ONG membres. Le genre est une composante importante des programmes et du travail politique de KANCO. Ces dernières années, ses programmes sur le genre comprenaient notamment un projet de développement sur le genre auprès des communautés, qui a permis de former des femmes et des filles ainsi que quelques hommes et garçons sur des questions liées au genre, au VIH et aux droits humains et un programme de renforcement des capacités pour les organisations membres sur l’intégration du genre et la violence basée sur le genre. Afin d’effectuer son travail de programmation, KANCO est également membre de divers organismes nationaux de politique et de coordination, qui plaident en faveur de l’élaboration et la mise en oeuvre de politiques sexospécifiques. L’organisation contribue par exemple au groupe d’intervention national sur le genre en participant à la réunion d’examen du programme conjoint des Nations Unies sur le VIH/Sida et à d’autres forums pendant la révision de la stratégie nationale de lutte contre le Sida. La nouvelle stratégie du Kenya comporte notamment des indicateurs, des priorités, des objectifs et des budgets ventilés par genre. KANCO travaille également pour s’assurer que le genre est intégré dans les lois du pays. L’organisation contribue à la mise en place de la HIV Laws Act (loi relative au VIH) pour s’assurer qu’une audience du tribunal est organisée, lorsque la loi n’est pas respectée, et dans laquelle deux des
sept membres doivent être des femmes. KANCO travaille actuellement pour faire amender certains aspects de la Law of Succession Act (loi relative aux successions) (qui définit les transferts de propriété d’une personne à une autre) afin de garantir que cette loi est davantage sensible au genre. L’organisation a également participé à la création de provisions dans le cadre de la constitution nationale qui stipule que certains comités ne peuvent pas être organisés sans un certain pourcentage de femmes présentes. Malgré certaines modifications récentes sensibles au genre de la loi kenyane, la mise en oeuvre demeure une difficulté majeure. Certaines pratiques culturelles, notamment le legs de l’épouse et l’exhérédation des veuves (laissant les femmes appauvries et vulnérables aux comportements à haut risque, tels que les transactions d’ordre sexuel non protégées) persistent et contribuent à la propagation du VIH. La nature profondément enracinée de l’inégalité des genres dans la société kenyane, en particulier dans les zones rurales, représente une autre difficulté. Les femmes ressortent des ateliers de formation sur le genre se sentant responsabilisées et davantage conscientes de leurs droits ; pourtant, bon nombre d’entre elles rencontrent des difficultés pour surmonter les inégalités des sexes dans leur vie quotidienne. Grâce à cette expérience, KANCO est maintenant consciente que des programmes supplémentaires sont nécessaires afin de modèler les comportements masculins. Le programme fait participer et travailler avec d’autres hommes pour faire évoluer les normes de genre néfastes.
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des adolescents et pour le modifier afin de s’assurer qu’il aborde plus largement les SDSR, notamment les questions liées aux gens et à la sexualité. Ce comité comportait des organismes gouvernementaux, mais également des représentants des institutions de recherche et de formation, des enseignants et des associations parents-enseignants. Le gouvernement a maintenant implanté le programme modifié de 16 heures dans tout le pays. De nombreux partenaires ayant répondu à l’enquête de l’Alliance sur le genre et la sexualité mettent en oeuvre le Projet d’action pour l’Asie du Sud (HASAB au Bangladesh, Alliance India, MAMTA et SASO en Inde). Ce projet est une initiative de mobilisation communautaire et de plaidoyer destinée à appuyer la santé et les droits sexuels et reproductifs d’adolescents vulnérables et de jeunes dans la région. Il renforce les groupes et les réseaux de jeunes et plaide en faveur de leur participation aux programmes de SDSR et aux processus politiques. Il permet de favoriser l’accès de jeunes issus de communautés vulnérables à l’éducation et aux services complets en matière de SDSR. Les activités de plaidoyer permettent de promouvoir des services adaptés à la jeunesse et ont pour objectif d’aborder les normes de genre et les normes culturelles néfastes et de renforcer les connaissances et les compétences pour vivre des jeunes, en particulier les hommes jeunes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes et les jeunes qui utilisent des drogues.
Autres standards de bonne pratique de l’Alliance en matiere de genre et de sexualite Outre le standard 3.9, un certain nombre d’autres standards de bonne pratique dans la programmation VIH sont en rapport direct avec le travail sur le genre et la sexualité réalisé par les partenaires de l’Alliance. Ces standards sont présentés ci-dessous, avec un bref aperçu du travail effectué dans ces domaines, à partir des réponses de l’enquête. HASAB (Bangladesh) indique que son projet « Promoting Rights of Extreme Socially Excluded People » (promouvoir les droits des personnes très exclues socialement) répond au standard 1.4. Le projet aide des travailleurs/travailleuses du sexe à protéger leurs droits et à les mettre en avant, à
Domaine de programme 1. Droits humains et participation accrue des personnes séropositives (GIPA)
Standards de bonne pratique 1.4 Nos programmes s’engagent à consolider la capacité de ceux qui détiennent les droits et de ceux qui assument les devoirs pour réclamer leurs droits et pour promouvoir, protéger et respecter les droits. 1.7 Notre organisation s’engage pour la mise en oeuvre effective du principe GIPA à travers tous les départements de notre organisation.
Approches du genre et de la sexualité : les réponses au VIH
réduire la stigmatisation et la discrimination et à améliorer leurs compétences pour négocier l’utilisation du préservatif. Ce programme propose donc régulièrement une formation aux travailleurs/travailleuses du sexe pour renforcer leurs compétences à agir ensemble et à faire entendre leurs voix. Mina (une travailleuse du sexe aux maison close de Maymenshing qui participe au projet) explique que ces clients ont toujours refusé d’utiliser le préservatif. Après avoir reçu une formation sur les droits humains et sur le VIH de la part d’un groupe d’autosoutien de travailleuses du sexe, elle a pu avoir suffisamment de compétences, de connaissances et d’assurance pour négocier l’utilisation du préservatif. Maintenant, Mina et d’autres membres du groupe essayent toutes de négocier l’utilisation du préservatif avec les clients. HASAB soutient également un autre projet avec les clients des travailleuses du sexe et maintenant environ 80 % des clients du bordel de Maymenshing utilisent des préservatifs. Les réponses à l’enquête révèlent également que de nombreux partenaires de l’Alliance abordent la notion de genre dans le cadre de leur soutien aux personnes vivant avec le VIH et dans leurs efforts pour mettre en pratique le principe de la participation accrue des personnes séropositives (GIPA) (standard 1.7). En particulier, SIDC-Helem-Liban (Liban) explique que cela permet à des femmes séropositives de prendre part aux activités de prévention et d’éducation sur le VIH tout en renforçant leur capacité à prendre soin d’ellesmêmes. Dans le cadre de ce travail, l’organisation a soutenu un atelier de travail pour 20 femmes vivant avec le VIH au Moyen-Orient et en Afrique du Nord axé sur les besoins spécifiques des femmes, notamment en matière de sexualité. Comme précisé précédemment, les réponses à la question « Quel travail sur le genre et la sexualité effectue votre organisation ? » montrent qu’un grand nombre de partenaires de l’Alliance utilisent déjà, d’une certaine façon et à un certain niveau, une approche sur le genre et la sexualité dans leurs programmes, d’après une définition large qui inclut non seulement les questions liées au VIH, mais également d’autres domaines, par exemple la SSR (standard 4.9). Certains éléments montrent également que la violence et les sévices sexuels et basés sur le genre sont abordés : AMSED (Maroc) travaille par exemple avec des travailleuses/travailleurs du sexe pour renforcer leur capacité à surmonter des questions essentielles qui affectent leurs vies, notamment la violence et la prévention du VIH. Concernant le standard 4.11, les réponses à l’enquête confirment que l’action sur la stigmatisation et la discrimination est déterminante pour l’approche de l’Alliance dans ses programmes sexospécifiques. À la question « Effectuez-vous un travail sur la stigmatisation et la discrimination ? », 25 des 28 partenaires (89 %) répondent oui. Parmi les exemples de leur travail, on trouve notamment : fournir des subventions aux ONG et aux OBC pour les programmes concernés, favoriser des audits sur la stigmatisation et la discrimination et proposer une formation et « une formation des formateurs » aux participants, notamment des professionnels de la santé, des personnes vivant et le VIH, des travailleurs/travailleuses du sexe, des leaders communautaires et des leaders religieux.
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Domaine de programme 4. Intégration de la santé sexuelle et reproductrice (SSR), du VIH et des droits.
Standards de bonne pratique 4.9 Notre organisation collabore avec les autres pour promouvoir et/ ou appliquer les programmes qui traitent de la sexualité et le genre comme élément intégral de la réponse SSR et VIH. 4.10 Notre organisation encourage et/ou propose des interventions qui traitent de la violence et des abus liés au genre dans sa réponse au VIH et à la SSR. 4.11 Notre organisation dispose d’un programme et d’une politique pour combattre la stigmatisation et la discrimination comme barrière à la protection des comportements, comme soutien et accès à la prévention et au traitement de la SSR et du VIH.
Pour certains partenaires, lutter contre la stigmatisation et la discrimination implique d’utiliser différentes stratégies. KHANA (Cambodge) soutient l’écoute et la sensibilisation des communautés, l’organisation d’événements, le forum, le travail auprès des médias, les réunions et les ateliers de travail. De la même façon, l’approche complète de KANCO (Kenya) inclut plusieurs aspects : sensibiliser ses membres, encourager des audits sur la stigmatisation, diffuser les directives GIPA et le code de conduite de la société civile, plaidoyer pour
Étude de cas n° 6
éradiquer la stigmatisation et la discrimination liées au VIH et créer des politiques de soutien sur le lieu de travail. Lutter contre la stigmatisation est également un point central du travail d’ANCS (Sénégal). L’organisation propose notamment une formation des formateurs pour les personnes vivant avec le VIH, les hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes, les travailleurs/travailleuses du sexe et d’autres acteurs communautaires. Dans bien des cas, le travail des partenaires sur la stigmatisation et la discrimination comporte également des activités de sensibilisation et de plaidoyer auprès d’un large éventail d’intervenants et de médiateurs communautaires. Par exemple, TASSOS (Inde) concentre ses efforts sur les étudiants en médecine et sur les jeunes alors qu’HASAB (Bangladesh) a engagé le dialogue avec des médias, des prestataires de services de santé, des agences du maintien de l’ordre, des leaders religieux, des dirigeants élus, des jeunes, des enseignants, des militants, des propriétaires immobiliers, des responsables de magasins, des tireurs de Rickshaw, des chauffeurs routiers, des membres de l’élite, des employés, des intervenants gouvernementaux, des ONG et des groupes sur les droits humains. IPC (Burkina Faso) et CISHAN (Nigéria) comptent parmi les partenaires qui livrent un plaidoyer national sur la stigmatisation et la discrimination, appelant leurs gouvernements à adopter des lois contre la discrimination. Les efforts des partenaires nécessitent souvent des interventions ciblées. Alliance China, par exemple, aide des groupes de personnes vivant avec le VIH à mettre en place un programme de lutte contre la stigmatisation et à rédiger une publication pour partager leurs expériences. De son côté, Alliance India soutient une équipe d’intervention d’urgence pour les hommes qui ont des rapports sexuels
lutter contre la violence à l’encontre des travailleuses du sexe en Inde En Inde, les travailleuses du sexe subissent la violence de criminels, de partenaires, de proxénètes, de maquerelles et de la police. Elles sont donc moins à même de négocier l’utilisation des préservatifs ou d’accéder aux services de santé ; la probabilité qu’elles adoptent des comportements sexuels à moindre risque est donc plus faible et cela augmente donc leur vulnérabilité au VIH. Pour surmonter ce problème, le projet Avahan de la fondation Bill and Melinda Gates, dont Alliance India est partenaire, renforce la capacité des organisations et, en particulier des travailleuses du sexe elles-mêmes, à améliorer leur protection contre la violence et à sensibiliser les auteurs de ces violences. D’après le projet, un groupe de femmes travaillant ensemble est plus susceptible d’agir contre la violence qu’une personne seule. Il aide donc les travailleuses du sexe à créer des groupes de soutien. Les principales approches de ce projet sont : la formation sur le plaidoyer pour les travailleuses du sexe, la création d’équipes d’interventions (composées notamment de travailleuses du sexe et de partenaires n’étant pas des ONG) et la sensibilisation de la communauté sur le droit des travailleuses du sexe. Le projet a également
collaboré avec des hauts fonctionnaires des forces de police pour faire évoluer les comportements des policiers. Ce travail a été renforcé par une campagne médiatique pour « nommer et dénoncer ». Les résultats du projet sont positifs. Pourtant il est difficile d’évaluer l’impact de ce plaidoyer sur le niveau de violence : les travailleuses du sexe signalent rarement les violences subies (par loyauté ou par peur des représailles). Le projet appelle à mettre l’accent sur la protection et repose sur l’idée que des femmes moins effrayées par la menace de la violence sont davantage capables de l’éviter. Dans l’état du Manipur, des femmes ont déclaré que l’ouverture d’un foyer de nuit est ce qui a le plus contribué à réduire la violence, car elles peuvent s’y réfugier, évitant ainsi les criminels et la police, et obtenir des conseils sur les possibilités de protection. Dans l’état d’Andhra Pradesh, des femmes ont déclaré que la confiance en soi est la meilleure protection. Les travailleuses du sexe qui ont été formées par les travailleurs de proximité ont expliqué qu’elles avaient presque totalement fait disparaître la violence de leurs vies, car elles sont davantage capables de se défendre. Approches du genre et de la sexualité : les réponses au VIH
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en quoi les difficultés liées au genre et à la sexualité sont représentatives du statut général socio-économique et politique des femmes. Dans ce pays, il n’est pas culturellement acceptable de parler de sexualité et les femmes doivent être passives, les hommes étant les seuls décideurs de quand et où auront lieu les rapports sexuels (entre autres choses).
avec des hommes, les travailleuses du sexe et les personnes transgenres (voir l’Étude de cas n° 4). Alliance Ukraine a réalisé une formation sur le plaidoyer auprès des ONG qui travaillent avec des utilisateurs/utilisatrices de drogue et des travailleurs/ travailleuses du sexe.
Domaine de programme 7. Utilisation de drogues et VIH
Standard de bonne pratique
Des partenaires de Bolivie, du Cambodge, d’Inde, du Kenya, du Liban, du Maroc, du Nigéria et d’Ouganda mentionnent également d’autres difficultés, telles que l’inégalité des genres et la discrimination à l’encontre des femmes. AMSED précise qu’au Maroc, les questions culturelles affectent les femmes de la population générale et celle de populations clés. Elles ont donc un accès insuffisant aux services.
n
La faible implication des hommes dans les programmes et les interventions. NELA (Nigéria) explique que les hommes sont souvent réticents à participer aux programmes, même lorsqu’il s’agit uniquement d’un test de dépistage du VIH ou d’avoir accès aux soins et au soutien au moment approprié. IDH (Bolivie) indique qu’il est nécessaire d’avoir recours à une approche globale pour les interventions, une approche qui associe les hommes ainsi que les femmes de façon active.
n
L’accès limité (formel et informel) des femmes et des filles à l’éducation. Cette difficulté est mentionnée par NELA (Nigéria) ainsi que par Humsafar et NMP+ (toutes deux en Inde).
n
Une mauvaise compréhension ou une insuffisance de consensus sur le genre et la sexualité. SIAAP (Inde) exprime son inquiétude quant au fait que les principaux intervenants et décideurs nationaux considèrent les questions de genre et de sexualité du point de vue de la santé publique, et non du point de vue des droits. TASSOS (Inde également) estime que les organisations comprennent différemment ce que signifient genre et sexualité.
n
L’insuffisance de plates-formes et d’opportunités nationales pour partager la bonne pratique. Certains partenaires en Inde (SIAPP), au Nigéria (CiSHAN) et au Sénégal (ANCS) soulignent le manque d’opportunités pour que les différents types d’intervenants puissent partager leurs expériences et leurs pratiques du genre et de la sexualité. SIAPP s’inquiète, car il n’existe aucune plate-forme permettant un échange régulier avec des agences de maintien de l’ordre, des représentants du gouvernement ou des décideurs politiques. ANCS souligne qu’il n’existe aucun mécanisme pour favoriser les échanges entre les personnes engagées dans la réponse au VIH et celles travaillant dans le domaine du genre et de la sexualité.
n
L’insuffisance des politiques nationales et du leadership concernant le genre et la sexualité. Des partenaires du Sénégal (ANCS), du Kenya (KANCO) et du Burkina Faso (IPC) notamment, indiquent qu’ils sont préoccupés par l’intégration insuffisante du genre et de la sexualité dans les politiques, les structures et l’orientation technique nationales.
7.6. Nos programmes qui visent les utilisateurs de drogues développent des interventions sensibles au genre, y compris des interventions à l’intention des partenaires sexuels des utilisateurs de drogues.
Des partenaires de Malaisie, d’Inde et d’Ukraine indiquent que leurs activités destinées à soutenir les utilisateurs de drogues et leurs partenaires abordent les questions sexospécifiques. MAC (Malaisie) responsabilise les compagnes d’utilisateurs de drogue grâce à un travail de proximité, à des ateliers de travail, à une sensibilisation et à un soutien par les pairs. SASO (Inde) était une organisation dont le travail était principalement orienté sur les utilisateurs de drogues, mais ces activités ont évolué et comprennent maintenant les utilisatrices de drogue ainsi que les partenaires et enfants d’utilisateurs et utilisatrices de drogue. Alliance Ukraine soutient la recherche concernant des approches sensibles au genre pour la prévention du VIH et les interventions de réduction des risques parmi les utilisateurs et les utilisatrices de drogue, avec des recommandations sur la manière d’élaborer ces approches dans les futurs programmes.
Quelles sont les difficultés liées au travail sur le genre et la sexualité ? Les réponses à l’enquête de l’Alliance établissent que les partenaires sont confrontés à un certain nombre de difficultés dans leurs activités sur le genre et la sexualité, notamment : n
Les normes et l’inégalité liées au genre. MAC a remarqué par exemple que, malgré les progrès concernant la responsabilisation, les femmes malaisiennes sont toujours vulnérables au VIH pour des raisons biologiques, financières et culturelles qui les positionnent dans des rôles de soumission. Les filles et les jeunes femmes sont censées être inexpérimentés sexuellement, elles ont donc peu accès à l’information et aux services et sont plus exposées aux risques de rapports sexuels forcés et de violence. En même temps, les dynamiques de l’épidémie nationale évoluent également. Elle était auparavant caractérisée par une transmission chez les hommes liée à l’utilisation de drogues. Bien que la proportion de femmes vivant avec le VIH reste faible dans l’ensemble, le nombre de nouvelles infections chez les femmes augmente maintenant considérablement. CiSHAN (Nigéria) explique également le lien entre la pauvreté, le statut social inférieur des femmes, la violence basée sur le genre et le VIH, qui engendrent « un engrenage de nouvelles infections et de pauvreté accrue ». HASAB (Bangladesh) décrit également
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n
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n
n
Le manque de ressources humaines, de capacité et d’outils concernant le genre et la sexualité. Plusieurs organisations mentionnent ce manque de ressources parmi les intervenants nationaux, les organisations de liaison et les ONG et les OBC de mise en oeuvre, notamment AMSED (Maroc), CiSHAN (Nigéria), KHANA (Cambodge), IPC (Burkina Faso), MAMTA et Alliance India (toutes deux en Inde), POZ (Haïti) et RedLacTrans (Nicaragua). Plusieurs préoccupations particulières sont également précisées, notamment : le nombre d’outils disponibles en espagnol est insuffisant ; les expériences réussies ne sont pas correctement documentées (RedLACTrans) ; le choix en matière d’outils est trop limité (modules, guides pédagogiques, etc.) pour pouvoir réaliser des sessions (ANCS) ; il est nécessaire d’avoir plus d’outils et de documents d’appui sur le travail de programmation et de plaidoyers (IPC). Le « savoir-faire » limité concernant les programmes sur le genre et à la sexualité AMSED (Maroc) mentionne certaines difficultés concernant le renforcement des compétences de négociation des femmes et la promotion des droits humains pour lutter contre la violence à l’encontre des femmes, la stigmatisation et la discrimination. IDH (Bolivie) indique qu’un travail supplémentaire est nécessaire pour faire évoluer les comportements, même si la connaissance sur le genre et la sexualité s’est améliorée. Alliance Ukraine précise qu’il est difficile de trouver des moyens appropriés pour travailler avec des utilisatrices de drogue et combattre la violence à l’encontre des utilisateurs/utilisatrices de drogue et des travailleurs/travailleuses du sexe. L’insuffisance du financement pour les initiatives sur le genre et la sexualité. En Bolivie (IDH), au Burkina Faso (IPC), en Mongolie (NAF), au Nigéria (CiSHAN) et au Sénégal (ANCS), une des difficultés identifiées est l’insuffisance de financement. NAF (Mongolie) souligne d’ailleurs la difficulté d’intensifier le travail sur le genre et à la sexualité lorsque les ressources pour le travail auprès des communautés marginalisées sont déjà limitées. La stigmatisation et la discrimination. Ces deux éléments demeurent un obstacle considérable pour le travail de nombreux partenaires de l’Alliance parmi les domaines abordés, on compte notamment la stigmatisation et la discrimination à l’encontre des hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes (Alliance China), l’auto-stigmatisation chez les personnes vivant avec le VIH (NMP+, Inde) et une double stigmatisation des personnes affectées par le VIH et membres de populations clés (Rumah Cemara, Indonésie).
Évaluer notre capacité et nos besoins futurs en matière de soutien L’insuffisance des fonds de bailleurs pour des initiatives pertinentes et le manque de personnel compétent et le manque de formation (sur le genre et la sexualité ainsi que sur des domaines connexes, notamment les droits humains) sont les deux obstacles les plus fréquemment cités en matière de capacité.
25 % des partenaires ayant répondu à l’enquête déclarent avoir la capacité suffisante pour mettre en pratique une approche sur le genre et à la sexualité. Les 75 % restants déclarent avoir une capacité limitée. Un peu plus de la moitié (54 %) ont une personne dédiée pour le genre et la sexualité. À la question « Selon vous, quelle capacité est nécessaire pour mettre en pratique une approche du genre et de la sécurité dans les programmes ? », la liste des réponses est longue et variée. Le besoin en matière de formation et de renforcement des capacités pour comprendre la théorie et, encore bien plus important, la pratique des approches du genre et de la sexualité (à la fois pour leur personnel et pour celui des ONG/OBC qu’elles soutiennent) est le plus fréquemment cité, notamment KANCO (Kenya) et ANCS (Sénégal). Certains partenaires, notamment ANC-CI (Côte d’Ivoire) et ANCS (Sénégal), demandent un appui technique pour des approches générales à l’intégration du genre, y compris les droits d’humains. D’autres le demandent pour des domaines spécifiques, tels que les travailleurs/ travailleuses du sexe (MAC, Malaisie) et d’autres populations clés (Alliance Ukraine). Une analyse du genre pour collecter, analyser et publier des données ventilées sur le genre, associée à une recherche sociale pour mieux comprendre le lien de ces données avec les vulnérabilités et les risques liés au VIH est également un besoin fréquemment mentionné notamment par KHANA (Cambodge) et MAC (Malaisie). MAC (Malaisie) ainsi que d’autres partenaires du Maroc, Sénégal et du Nigéria, ont identifié des insuffisances de capacité dans le cadre du travail de plaidoyer sexospécifique, notamment pour modifier les politiques et les lois nationales et pour faire participer les intervenants appropriés, tels que des décideurs politiques, des représentants du maintien de l’ordre et le système judiciaire. D’autres lacunes en matière de capacité incluent notamment : le leadership, la mobilisation de ressources, les directives techniques et les outils (notamment des guides de planification simplifiés), des personnes dédiées ou « des lieux d’accueil » pour le genre et la sexualité, des solutions pour impliquer des leaders communautaires, des approches spécifiques aux différentes cultures du genre et de la sexualité et des indicateurs sensibles au genre. Les partenaires identifient également d’autres besoins en matière d’appui : notamment l’élaboration et la gestion de programmes sur le genre, des informations actualisées (notamment des données et une analyse ventilées sur le genre, des supports d’information, des manuels et des outils), des exemples de bonne pratique, des opportunités pour publier et partager les expériences, des produits (tels que des préservatifs, des lubrifiants et des contraceptifs) et le travail en réseau (à la fois de partenaires au niveau régional et international et par des organisations locales, telles que des groupes de travailleurs/travailleuses du sexe et d’hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes).
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Jaqueline Anchundia Paladines de l’organisation de travailleuses du sexe d’Esmeraldas effectue un travail de proximité dans le parc local, Équateur. © 2006 Marcela Nievas pour l’Alliance
N’Deye Coumba Gaye, présidente de l’association des travailleuses du sexe, Dakar, Sénégal. © 2007 Nell Freeman for Alliance
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Section 3: 3. CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS recueillies ne précisent pas si les actions des ONG et des OBC auprès des communautés impliquent des activités au sein de ces groupes, et surtout si ces activités réunissent, ou non, ces groupes pour effectivement faire évoluer les normes de genre et aborder les questions d’inégalité. En outre, le nombre relativement faible de partenaires impliqués dans le plaidoyer politique et sociétal signifie que les efforts ne répondent pas toujours à l’environnement politique et juridique plus large. Mais ils devront y répondre pour que la transformation des genres devienne réalité.
Conclusions n
n
Action sur le genre et la sexualité à tous les niveaux L’enquête confirme que les partenaires de l’Alliance déploient des efforts importants pour les activités sur le genre et la sexualité. Évaluée en fonction du standard de bonne pratique propre à l’Alliance pour une approche de transformation du genre, une forte proportion de partenaires mènent des actions au niveau organisationnel et programmatique (82 %), au niveau des individus, des familles et des pairs (86 %) et au niveau des communautés et des prestataires de services (75 %). Plus de la moitié (57 %) réalise également des actions au niveau politique et sociétal. Douze partenaires (40 %) mènent des actions à ces quatre niveaux à la fois. Les résultats de l’enquête montrent que le travail des partenaires correspond largement aux standards de l’Alliance pour ce domaine, avec les stratégies mises en avant par les agences qui définissent les normes mondiales (voir annexe 4) et avec la bonne pratique d’autres organisations (voir l’Encadré 1 et l’annexe 1). Néanmoins, comme précisé dans l’introduction de ce rapport, il existe certaines limites à cette enquête. Les réponses apportent une indication du travail effectué, mais ne fournissent que peu de détails ou d’analyse systématique sur les approches précises qu’utilisent les organisations et sur la réalisation du travail effectué. En conséquence, il est impossible d’évaluer la qualité, l’efficacité ou l’impact des activités.
n
Approches de transformation du genre ou sensibles au genre ? Il est difficile d’évaluer dans quelle mesure les partenaires de l’Alliance utilisent des approches de transformation du genre (telles que définies dans VIH et communauté en bonne santé : plan stratégique pour 2010-2012, voir Encadré 2) plutôt que des approches « sensibles » ou « répondant » au genre. De nombreux partenaires confirment qu’ils travaillent avec des femmes ou des minorités sexuelles, par exemple 79 % avec des hommes sur des rapports sexuels avec des hommes et 36 % avec des personnes transgenres. Néanmoins, les informations
n
L’enquête fournit également certains éléments qui indiquent que, dans certains cas, des partenaires peuvent être moins activement engagés dans des aspects plus sensibles ou plus complexes d’approches complètes de transformation du genre. Par exemple, un nombre relativement faible de partenaires mentionnent des efforts pour répondre à la violence basée sur le genre ou pour faire participer des hommes et des garçons hétérosexuels.
Compréhension des approches théoriques et pratiques Il a été demandé aux partenaires ce qu’ils comprennent par « approche sur le genre et la sexualité ». Dans l’ensemble, les réponses montrent une bonne compréhension avec notamment des explications claires et enthousiastes de l’impact du genre et de la sexualité sur la vulnérabilité des personnes et de son importance dans l’action de lutte contre le VIH.Cependant, les réponses individuelles indiquent que certains partenaires ont besoin de davantage de précision sur ce qu’englobe une telle approche, dans la pratique plus que dans la théorie.
Perceptions de la capacité Une approche dtransformative du genre nécessite que les questions de genre soient abordées consciencieusement et systématiquement à tous les niveaux, notamment dans l’élaboration, la mise en oeuvre, la gestion et le suivi et l’évaluation des programmes et des politiques. Cependant, 75 % des partenaires ayant répondu à l’enquête déclarent avoir une capacité limitée pour réaliser ces activités, notamment en ce qui concerne les compétences et l’expertise, les ressources techniques
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et le financement. Malgré le respect des avis de ces partenaires, certains sous-estiment en réalité leurs capacités actuelles à mettre en oeuvre des approches sur le genre et la sexualité. Il est probable qu’ils fassent, ou soient déjà en mesure de faire, davantage d’activités de transformation du genre qu’ils ne le pensent. Une approche transformative du genre peut être perçue comme un domaine distinct et très spécialisé indépendant du travail habituel des partenaires de l’Alliance. Cette perception peut être amplifiée par certains termes conventionnels liés à ce sujet. n
2. Effectuer une évaluation plus précise des besoins en matière de capacité des partenaires de l’Alliance en ce qui concerne les approches de transformation du genre. Élaborer un plan pour répondre à ces besoins : n
en optimisant les ressources actuelles de l’Alliance et d’autres, notamment des outils d’analyse du genre et de guides d’intégration du genre ;
n
en s’assurant que les centres d’appui technique de l’Alliance peuvent fournir un renforcement des capacités de grande qualité, basé sur une compréhension commune d’une approche de transformation du genre et des stratégies techniques s’y rapportant ;
n
en mobilisant et en soutenant les partenaires de l’Alliance afin qu’ils développent leurs propres stratégies sur le genre ;
n
en renforçant la capacité des organisations de liaison à intégrer des approches de transformation du genre aux activités d’élaboration de propositions et de mobilisation de ressources.
Genre, sexualité et droits humains Enfin, l’enquête démontre que les problèmes liés au genre et à la sexualité doivent être considérés comme étant inextricablement liés aux droits humains. Cela confirme les résultats d’une enquête, similaire, axée sur les droits humains et menée en 2010 auprès des partenaires de l’Alliance.27 Cette enquête a révélé que les plus importantes questions liées aux droits humains sont celles autour du thème de l’inégalité des sexes, de la discrimination et de la criminalisation des minorités sexuelles. Cela démontre que de nombreux partenaires considèrent les questions de genre comme faisant partie intégrante de la définition d’une approche basée sur les droits humains.
Recommandations Un certain nombre de recommandations sont présentées cidessous. Elles sont basées sur les résultats et les conclusions tirées de l’enquête et ont pour objectif pour permettre à l’Alliance d’améliorer son travail sur le genre et la sexualité.
1. Élaborer une stratégie liée au genre pour les partenaires de l’Alliance qui : n
respecte VIH et communautés en bonne santé : planstratégique pour 2010-2012 et les standards de bonne pratique dans les programmes VIH ;
n
confirme une compréhension commune d’une approche transformatives des relations entre genre et des termes, notamment genre et sexualité ;
n
encourage une démarche complète d’une approche de transformation du genre, basée sur les droits et avec une attention particulière sur les questions sensibles (notamment la violence basée sur le genre) ;
n
formule clairement et promeut ce qu’une telle approche signifie dans la pratique, avec des exemples de stratégies, d’activités et d’indicateurs pertinents ;
n
explique comment une telle approche peut être mesurée ;
n
s’appuie sur les expériences nationales, régionales et mondiales de l’Alliance ainsi que sur la bonne pratique internationale et le dialogue politique mondial, y compris les Objectifs du Millénaire pour le développement en matière de santé.
3. Documenter des exemples de bonne pratique en matière d’approches de transformation du genre des partenaires de l’Alliance qui travaillent dans des contextes d’épidémies généralisées, d’épidémies concentrées et d’épidémies mixtes ; l’Alliance est une organisation qui possède une expérience considérable dans la mobilisation de ressources et le soutien auprès des groupes les plus affectés par le VIH. Utiliser avant tout cet avantage comparatif pour formuler la complexité et la nécessité d’approches de transformation au niveau communautaire.
4. Garantir que la transformation du genre est pleinement intégrée et prise en compte dans le travail actuel et futur de l’Alliance sur des réponses de bonne pratique au VIH. Parmi les exemples, on trouve notamment : les enquêtes auprès des partenaires de l’Alliance sur d’autres thèmes particuliers, des guides de bonne pratique, le processus d’accréditation de l’Alliance et le suivi et l’évaluation de VIH et communautés en bonne santé : plan stratégique du 2010–2012.
27. Faire avancer les Droits humains : répondre au VIH : rapport des résultats d’une enquête sur les droits humains auprès de partenaires de l’Alliance, International HIV/AIDS Alliance, septembre 2010.
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Centre d’accueil pour les hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes, Battambang, Cambodge© Eugenie Dolgberg pour l’Alliance
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AnnexE 1 : EXEMPLES D’APPROCHES TRANSFORMATIVES DU GENRE Stepping Stones (Parcours) a été développé par Strategies for Hope (Stratégies pour l’espoir) et par ActionAid en 1995 et a été utilisé dans le monde entier. C’est un manuel de formation et de sensibilisation sur les thèmes du genre, du VIH, de la communication, des relations humaines et des compétences de vie courante. Il recouvre différents thèmes du quotidien, tels que nos réactions et attitudes ; l’influence de la différence de genre, de générations, et d’autres éléments sur notre prise de décision ; et les moyens par lesquels nous pouvons faire évoluer nos comportements. Stepping Stones emploie 14 sessions parmi des groupes de pairs individuels ou combinés. Toutes les sessions sont basées sur une approche participative qui débouche sur des discussions informelles et des activités créatives, basées les expériences personnelles de chaque participant. Chacun est invité à y prendre part, soit à travers des dessins, soit par le biais de jeux de rôles. Strategies for Hope (1995), Stepping Stones: A Training Package in HIV/AIDS, Communication and Relationship Skills Men as Partners (Les hommes en tant que partenaires) a été lancé par EngenderHealth en 1996 et a été mis en œuvre dans plus de 15 pays en Afrique, en Asie, en Amérique latine ainsi qu’aux États-Unis. Son programme invite les hommes à jouer des rôles constructifs pour la promotion de l’équité de genre et de la santé dans leurs familles et leurs communautés. Les différentes approches comprennent notamment : des ateliers de travail interactifs et de renforcement des compétences qui confrontent les hommes aux stéréotypes néfastes de ce que signifie être un homme, la formation de professionnels de la santé afin qu’ils proposent des services adaptés aux hommes, mener des campagnes locales et nationales concernant l’éducation publique et renforcer les réseaux de plaidoyer nationaux et internationaux pour créer un mouvement mondial. Engenderhealth (consulté le 06.01.11), Men as Partners, disponible à l’adresse suivante (en anglais) : www.engenderhealth.org/our-work/gender/men-as-partners.php Promundo est une organisation non gouvernementale brésilienne créée en 1997 afin de promouvoir l’égalité des sexes et de mettre fin à la violence à l’encontre des femmes, des enfants et des jeunes. L’organisation associe un travail de plaidoyer et de recherche avec des programmes destinés à faire évoluer, de façon positive, les normes de genre et les comportements parmi les individus, les familles et les communautés. Par exemple, le Programme M (M pour mujeres et mulheres qui signifient femmes en espagnol et portugais) vise à promouvoir la santé et la responsabilisation des jeunes femmes par le biais de réflexions cruciales sur le genre, les droits et la santé. Le programme est composé d’ateliers éducatifs, de campagnes communautaires et Approches du genre et de la sexualité : les réponses au VIH
d’instruments d’évaluation innovants pour mesurer l’impact des attitudes liées au genre sur les jeunes femmes et leur façon de percevoir leur auto-efficacité dans des relations interpersonnelles. Le curriculum du programme a été testé sur le terrain au Brésil, en Jamaïque, au Mexique et au Nicaragua et a été adapté pour l’Inde et la Tanzanie. Promundo (consulté le 06.01.11), programmes, disponible à l’adresse suivante (en anglais) : www.promundo.org.br/en/activities/programs Le projet Sonke Gender Justice (réseau pour la justice de genre de Sonke) a été lancé en 2006 et fonctionne dans toute l’Afrique afin de renforcer la capacité du gouvernement, de la société civile et des citoyens pour aider les hommes et les garçons à agir. La campagne « One Man Can » [Un seul homme peut] soutient les hommes et les garçons pour qu’ils mettent fin à la violence domestique et sexuelle et qu’ils encouragent des relations saines et équitables, bénéfiques pour les hommes comme pour les femmes. Le programme met en avant l’idée que chaque personne a un rôle à jouer et peut permettre de créer un monde meilleur, équitable et juste. Il encourage les hommes à travailler ensemble avec d’autres hommes et d’autres femmes pour agir. La campagne comporte un kit d’intervention (avec de la musique et des fiches d’information) et propose aux hommes des idées pratiques pour agir, par exemple comment aider une rescapée ou comment inciter d’autres hommes à agir. Sonke Gender Justice (consulté le 06.01.11), One Man Can, disponible à l’adresse suivante (en anglais) : www.genderjustice.org.za/onemancan/?php MyAdmin= l06quHmc2HyKa50XHUSFkShStJ8 Le Frontiers Prevention Project de l’International HIV/AIDS Alliance India comporte un programme ciblé de prévention à Andhra Pradesh, visant les populations clés et atteignant plus de 22 000 travailleuses du sexe et 12 000 hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes. L’approche de transformation du genre du programme, associée à des stratégies multiples, notamment évaluer de sites participatifs, encourager les réseaux à apporter un soutien mutuel, former des leaders, renforcer la capacité de réponse aux déterminants structurels de l’inégalité (notamment la violence basée sur le genre), le plaidoyer sur l’élaboration des politiques, le travail de proximité auprès des médiateurs, la fourniture de lieux sûrs et le renforcement de capacité des ONG. International HIV/AIDS Alliance India (2006), Focused Prevention in Andhra Pradesh.
35
AnnexE 2 : QUESTIONS DE L’ENQUETE SUR LE GENRE ET LA SEXUALITE Introduction 1.
Organisation de liaison/partenaire
2.
Y a-t-il est une personne dédiée pour le genre et la sexualité dans votre organisation ?
3.
Comment comprenez-vous la notion d’approche sur le genre et la sexualité du VIH ?
4.
Quel travail sur le genre et la sexualité effectue votre organisation ? (merci d’inclure les activités de programme, de politique et de renforcement de capacité dans votre réponse)
5.
Avez-vous une étude de cas d’activités réussie à partager ?
6.
À quelles difficultés avez-vous été confronté lors de vos activités sur le genre et la sexualité ?
Capacité 7.
Selon vous, quelle est la capacité nécessaire pour mettre en pratique une approche sur le genre et la sexualité dans la programmation ?
8.
Pensez-vous que votre organisation ait cette capacité ?
9.
De quel type d’appui avez-vous besoin pour ce domaine sur le genre et la sexualité ?
Contexte national 10.
Quelles sont les principales problématiques de genre et de sexualité en matière de VIH dans votre pays ?
11.
Les programmes nationaux répondent-ils aux problématiques les plus importantes ?
12.
Travaillez-vous avec les groupes suivants ? (cochez toutes les réponses qui s’appliquent)
13.
Effectuez-vous un travail de lutte contre la stigmatisation et la discrimination ?
Approches du genre et de la sexualité : les réponses au VIH
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Annexe 3 : STANDARDS DE BONNE PRATIQUE DANS LES PROGRAMMES VIH Quels sont les standards de bonne pratique dans les programmes VIH? n
Ces standards de programmation définissent l’Approche de l’Alliance envers la programmation. Ils expliquent ce que nos bénéficiaires peuvent attendre de nos programmes VIH et de notre recherche
n
Les standards de programmes définissent la bonne pratique dans divers domaines techniques et sont basés sur des faits et sur l’expérience et les valeurs de l’Alliance.
n
Au niveau d’intervention spécifique, nous faisons appel aux instruments qui définissent la bonne pratique pour des types d’intervention spécifique ou qui aident à la mise en œuvre du standard. Ces standards de programmation ne se proposent pas de définir la portée et l’étendue des programmes. Les objectifs pour la portée et l’étendue sont mis en place par les personnes qui sont proches des programmes spécifiques, selon l’épidémiologie locale et le contexte.
n
Ces standards sont proposés comme des objectifs à atteindre. Là où notre programmation ne répond pas au standard, elle fera apparaître nos priorités pour l’amélioration de la qualité et nous permettra d’identifier les besoins en soutien technique.
n
Ces standards restent incomplets. Nous travaillons actuellement sur les standards relatifs au traitement et aux soins qui seront ensuite ajoutés au document final sur les standards.
n
Ces standards renvoient à une gamme de thèmes et de sujets. Ils ne doivent être appliqués qu’au travail en cours. Par exemple, si une OL ne travaille pas sur l’utilisation des drogues et le VIH, alors les standards sur l’utilisation des drogues et le VIH ne s’appliquent pas. Certains standards, comme les droits de l’Homme et les standards GIPA, sont communs à plusieurs domaines et seront utiles à toutes les organisations de l’Alliance.
Pourquoi développer des standards de bonne pratique pour les programmes ? n
Pour définir et promouvoir la bonne pratique dans les programmes VIH communautaires. Les définitions de la bonne pratique et de la qualité sont basées sur les faits, sur l’apprentissage des programmes et sont dictées par les valeurs de l’Alliance.
n
Pour soutenir l’évaluation de la qualité des programmes.
n
Pour influer sur l’élaboration des programmes.
n
Pour construire une base factuelle pour une programmation de qualité.
n
Pour formuler la fourniture du soutien technique disponible à travers les centres d’appui technique de l’Alliance.
Approches du genre et de la sexualité : les réponses au VIH
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Qui est concerné ? n
Les organisations de liaison de l’Alliance et leurs partenaires d’application (organisations communautaires et organisations confessionnelles – OBC, OC) et les centres d’appui technique de l’Alliance, leurs utilisateurs et bénéficiaires, auront recours aux standards de programmation pour élaborer, mettre en œuvre et évaluer les programmes VIH.
n
Les utilisateurs ou les bénéficiaires des services et des programmes de l’Alliance utiliseront les standards de programmation pour comprendre à quoi servent nos programmes et pour aider au processus d’évaluation des programmes de l’Alliance.
n
Les chargés de programme et les responsables des programmes de l’Alliance utiliseront les standards de programmation pour concevoir et évaluer les programmes (à l’aide d’un instrument d’auto-évaluation)
n
Le personnel responsable de la mobilisation des ressources utilisera les standards de programmation pour élaborer des propositions de qualité supérieure.
n
Les soutiens financiers des programmes de l’Alliance sont concernés par les standards de qualité pour les programmes communautaires. Les standards de l’Alliance démontrent que nos programmes sont basées sur une culture de la qualité et de la bonne pratique, qu’ils sont appuyés sur des faits concrets et qu’ils sont suivis et évalués conformément à l’ensemble des standards.
n
D’autres organisations de la société civile souhaitent des standards qualitatifs pour leurs programmes au niveau communautaire. Les standards de programmation de l’Alliance peuvent faire évoluer et orienter la bonne programmation dans d’autres organisations de la société civile.
Est-ce que nous atteignons les standards ? Nous avons développé un instrument d’auto-évaluation que les organisations de l’Alliance peuvent utiliser pour : 1. évaluer et décrire objectivement le statut actuel d’une organisation et de ses programmes par rapport aux standards qualitatifs de programmation de l’Alliance 2. permettre aux organisations d’identifier et de s’accorder sur un plan de développement continu de la qualité des programmes (notamment le renforcement des compétences et l’apport de soutien technique) 3. faire un rapport sur la qualité de notre programmation.
Approches du genre et de la sexualité : les réponses au VIH
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Annexe 4 : CONSEILS COMPLETS ESSENTIELS EN MATIERE D’APPROCHES SUR LE GENRE ET LA SEXUALITE 1. Agenda pour une Action Accélérée au Niveau des Pays en Faveur des Femmes, des filles et de l’Egalité des Sexes et du VIH Plan d’opérations pour le Cadre d’action de l’ONUSIDA sur les femmes, les filles, l’égalité des sexes et le VIH, ONUSIDA (2010) Principes Une approche fondée sur les droits de l’homme ; la participation, des ripostes éthiques et fondées sur le concret ; le partenariat ; l’engagement des hommes et des garçons, un leadership solide et courageux.
Recommandation Renforcer la traduction des engagements politiques en actions et ressources intensifiées destinées aux politiques et programmes de défense des droits et des besoins des femmes et des filles dans le contexte du VIH, avec le soutien de tous les partenaires concernés, aux niveaux mondial, national et communautaire.
Résultats n
Une plus forte responsabilisation des pouvoirs publics à transformer leurs engagements sur les droits des femmes et l’égalité des sexes en résultats, et riposter ainsi plus efficacement au Sida.
Connaître, comprendre et traiter les effets particuliers et variés de l’épidémie de VIH sur les femmes et les filles.
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Toutes les formes de violence exercées à l’égard des femmes et des filles sont reconnues et gérées comme des violations des droits humains dans le contexte du VIH.
Recommandation
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Les femmes et les filles ont toutes accès aux services intégrés et multisectoriels de lutte contre le VIH, de lutte contre la tuberculose et de santé sexuelle et reproductive, notamment les services de réduction des risques et de nutrition, ainsi qu’aux services oeuvrant dans le domaine des violences exercées à l’égard des femmes.
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Des efforts de prévention du VIH renforcés pour les femmes et les filles grâce à la protection, la promotion et le respect des droits des femmes et des filles et à une plus grande égalité des sexes.
1er principe
Générer conjointement des données fiables et mieux comprendre les besoins spécifiques des femmes et des filles dans le contexte du VIH afin d’assurer des ripostes nationales au Sida prioritaires et adaptées, protégeant et promouvant les droits des femmes et des filles (connaître son épidémie et sa riposte).
Résultats n
Des données quantitatives et qualitatives sur les besoins spécifiques, les risques et impacts sur les femmes et les filles dans le contexte du VIH existent grâce à un vaste processus participatif de collecte de données, comprenant les différences d’impact de l’épidémie sur les hommes et les femmes, et une meilleure information sur la mise en oeuvre de politiques et de programmes efficaces qui soutiennent et protègent les droits des femmes et des filles et répondent à leurs besoins.
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L’utilisation d’indicateurs de genre harmonisés afin de mieux comprendre les facteurs socioculturels, économiques et épidémiologiques contribuant aux risques et à la vulnérabilité des femmes et des filles au VIH.
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Des politiques, programmes et allocations de ressources fondés sur le concret, mis en place au niveau national, répondant aux besoins des femmes et des filles.
2e principe
3e principe Instaurer un environnement favorable à l’accomplissement des droits des femmes et des filles et à leur émancipation dans le contexte du VIH.
Recommandation Soutenir l’émergence d’un environnement favorable qui promeut et protège les droits des femmes et des filles et leur autonomisation, dans le contexte du VIH, à travers le renforcement du plaidoyer et des capacités et la mise à disposition des ressources adéquates.
Résultats n
Les femmes et les filles ont la responsabilité de transformer les normes sociales et les dynamiques de pouvoirs, dans le contexte du VIH.
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Un leadership fort, audacieux et multiforme en faveur des femmes, des filles et de l’égalité des sexes, pour que les femmes et les filles participent aux prises de décisions dans le contexte de la lutte contre le VIH.
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Une augmentation des ressources financières pour les femmes, les filles et l’égalité des sexes dans le contexte de la lutte contre le VIH.
Traduire les engagements politiques en actions intensifiées pour prendre en compte les droits et les besoins des femmes et des filles dans le contexte du VIH.
Approches du genre et de la sexualité : les réponses au VIH
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Un Programme commun des Nations Unies sur le VIH/ Sida sensible aux questions de genre.
soutien d’organisations non gouvernementales et à base communautaire, y compris les organisations de personnes vivant avec le VIH ;
2. UNAIDS Action Framework: Universal Access for Men who have Sex with Men and Transgender People [Cadre d’action de l’ONUSIDA sur l’accès universel pour les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et les personnes transsexuelles], ONUSIDA (2009)
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des campagnes publiques pour lutter contre l’homophobie et la discrimination à l’encontre des personnes transgenres ;
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la formation et la sensibilisation des fournisseurs de soins médicaux pour éviter la discrimination à l’encontre des hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes et des personnes transgenres et leur assurer une fourniture appropriée de services VIH ;
Le Cadre d’action est axé sur trois objectifs :
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l’accès à l’assistance médicale et juridique pour les garçons, les hommes et les personnes transgenres qui sont victimes de sévices sexuels ;
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la promotion de liens multisectoriels et d’une élaboration coordonnée des politiques, de la planification et des programmes, notamment les ministères de la Santé, de la Justice (y compris la police), de l’Intérieur et des Affaires sociales (et les ministères similaires et associés) aux niveaux national, local et régional.
1. améliorer la situation des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et des personnes transsexuelles sur le plan des droits humains ; 2. renforcer et favoriser le développement de la base de connaissances sur les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les personnes transsexuelles et le VIH ; 3. renforcer les capacités et favoriser des partenariats afin de garantir des réponses plus larges et plus appropriées au problème des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, des personnes transgenres et du VIH. Dans le cadre d’un ensemble de mesures pour répondre aux questions liées au VIH chez les hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes et les personnes transgenres, un contexte juridique, politique et social favorable est nécessaire et doit s’appuyer sur : n
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la promotion et la garantie des droits humains des hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes et des personnes transgenres. cela inclut la protection contre la discrimination ; l’élimination des obstacles juridiques empêchant l’accès aux services adaptés en matière de VIH, notamment les lois qui condamnent les rapports sexuels entre hommes ; l’évaluation et la compréhension du nombre, des caractéristiques et des besoins des hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes et des personnes transgenres liés au VIH et aux questions connexes, notamment des risques liés à l’utilisation de drogues injectables, au commerce du sexe et à la détention en milieu carcéral. ; la garantie que les hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes et les personnes transgenres sont pris en compte de façon adaptée dans les plans nationaux et locaux de lutte contre le Sida, que les budgets prévoient des fonds suffisants pour ces activités et que ces activités sont planifiées et réalisées par le personnel approprié et dûment qualifié ; la responsabilisation des communautés d’hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes et de personnes transgenres à participer, de façon égale, à la vie sociale et politique ; la garantie de la participation des hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes et des personnes transgenres à la planification, à la mise en œuvre et à l’examen des réponses liées au VIH, notamment le
Toutes les interventions doivent être basées sur des faits, préparées avec des hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes et des personnes transgenres, doivent protéger leurs droits et doivent inclure un accès sécurisé : n
à l’information et l’éducation en matière de VIH et d’autres infections sexuellement transmissibles, pour promouvoir une sexualité et une utilisation des drogues plus sûres, par le biais de services appropriés (notamment, des services organisés, gérés et fournis par les pairs) ;
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aux préservatifs et aux lubrifiants à base d’eau ;
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au conseil et dépistage volontaires et anonymes ;
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à la détection et à la prise en charge des infections sexuellement transmissibles grâce à la prestation de services cliniques (par des membres du personnel formés pour gérer les infections sexuellement transmissibles, car elles affectent les hommes qui ont des rapports sexuels avec les hommes et les personnes transgenres) ;
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à des systèmes d’orientation vers les services juridiques, sociaux et de santé et un accès aux services appropriés ;
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à des produits et services pour une utilisation des drogues à moindre risque ;
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à des traitements antirétroviraux et des traitements annexes adaptés, si nécessaire, et un appui médico-social spécifique au VIH ;
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aux services de prévention et de traitement des hépatites virales ;
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à des moyens pour aiguiller les personnes entre les divers services de prévention, de soins et de traitement ;
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à des services permettant de prendre en compte les risques et les besoins des partenaires sexuelles des hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes et des personnes transgenres en matière de VIH.
Approaches to gender and sexuality: responding to HIV
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Pour les personnes transgenres, les points suivants doivent être abordés : n
l’accès à des informations, soutiens et conseils adaptés aux personnes transgenres ;
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l’accès aux médicaments, aux procédures et au soutien liés au changement de sexe, si nécessaire ;
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la possibilité de faire modifier le nom et l’identité de genre d’une personne sur les documents officiels et le droit légal de vivre avec un autre genre, sans stigmatisation ni discrimination ;
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une compréhension des effets des antirétroviraux et des traitements contre les infections opportunistes pour les personnes transgenres qui suivre un traitement pour un changement de sexe ;
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le travail pour comprendre les risques VIH liés à un traitement médicamenteux pour un changement de sexe et les interventions chirurgicales.
(Basés sur les recommandations de la réunion de consultation de l’OMS sur les hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes, les VIH et autres IST, qui a eu lieu à Genève entre le 15 et le 17 septembre 2008, la publication de l’OMS du mois d’août 2008 Les Interventions prioritaires liées au VIH dans le secteur de la santé : prévention, traitement et soins, la publication de l’ONUSIDA Directives pratiques pour l’intensification de la prévention du VIH en vue de l’accès universel (2007) et le rapport de politique générale d’ONUSIDA VIH et sexualité entres hommes).
Approches du genre et de la sexualité : les réponses au VIH
Isaiah Wabwire, un travailleur de proximité du projet, en compagnie de « Niko » et « Omar », utilisateurs de drogues injectables, Mombasa, Kenya. © Nell Freeman pour l’Alliance
Un couple HSH vivant avec le VIH. Après avoir participé à un projet photographique, travaillé pour un service de travail de proximité et de conseils de KHANA, le couple a été responsabilisé pour suivre un traitement et divulguer leur statut sérologique à leurs familles, Battambang, Cambodge. © Eugenie Dolberg pour l’Alliance
Approaches to gender and sexuality: responding to HIV
Un partenariat global : Soutient l´action des communautés contre le SIDA dans les pays en voie de développement
À propos de l’International HIV/AIDS Alliance Créée en 1993, l’International HIV/AIDS Alliance (l’Alliance) est un partenariat international d’organisations nationales qui soutiennent l’action communautaire contre le SIDA dans les pays en voie de développement. À ce jour, nous avons aidé des organisations dans plus de 40 pays en voie de développement à mettre en œuvre plus de 3 000 projets qui fournissent des services de prévention, de prise en charge et de traitement du VIH aux communautés les plus démunies et les plus vulnérables. Les membres nationaux de l’Alliance soutiennent les groupes communautaires locaux et les autres ONG dans leur action contre le SIDA, en leur fournissant un appui technique, une expertise politique, un partage des connaissances et un soutien en mobilisation de fonds. L’Alliance coordonne également des nombreux programmes régionaux avec des bureaux de représentation aux États-Unis et à Bruxelles. L’Alliance met en œuvre une multitude d’activités au niveau international dans le cadre de la coopération sud-sud, de la recherche opérationnelle, de la formation, de l’élaboration de programmes de bonne pratique, de l’analyse politique et du plaidoyer.
International HIV/AIDS Alliance (Secrétariat international) Preece House 91-101 Davigdor Road Hove, BN3 1RE UK
Téléphone : +44(0)1273 718900 Fax : +44(0)1273 718901 mail@aidsalliance.org www.aidsalliance.org Organisation caritative : numéro 1038860
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