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III.6.1 Origine du concept de résilience
III.6.1 Origine du concept de résilience
Introduction
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La résilience est un terme très utilisé ces jours-ci, non seulement dans la recherche scientifique mais aussi dans diverses décisions politiques. Depuis son origine en physique, le concept de résilience a été utilisé en science sociale, en particulier en psychologie et en économie, avant d'être adopté en écologie et pour la lutte contre le changement climatique 117 et aujourd’hui on parle aussi la résilience urbaine118. Une fois adopté, le concept se diversifie et devient plus en plus polysémique.
La signification du concept, ‘Résilience’
Pour comprendre la signification du mot ״Résilience״ il ne suffit pas de chercher dans le dictionnaire et de consulter des autres ouvrages qui ont développé ce concept, mais aussi de prendre une position, sinon on risque de désappointé. La définition de la résilience persiste à diverger selon les domaines et les opinions.
La résilience est définie par la capacité de résister119, qui tourne vers les ouvrages de protection. Par ailleurs, la fréquente menace globale que représentent les catastrophes liées à la vulnérabilité croissante aux aléas multiples a poussé les chercheurs à définir un système résilient par sa capacité de rebondir120 .
Le terme de résilience vient du latin ‘Resilio’ qui signifie rebondir.
En physique la résilience mesure la capacité d’un objet à retrouver son état initial après un choc ou une pression continue (Mathieu, 1991), qui est de fait considéré comme la signification primitive de résilience avant son application et son inspiration dans des travaux innombrables en psychologie, écologie, urbanisme etc. cependant, à l’échelle systémique la résilience est la capacité à absorber une perturbation, à se réorganiser, et à continuer de fonctionner de la même manière qu’avant. Initialement introduit par C.S Holling en tant qu’un concept pour aider à comprendre la capacité des écosystèmes dotés d’attracteurs alternatifs à persister sans changement qualitatif de la structure de l’état d’origine soumis à des perturbations 121 , la résilience tout comme son contraire, la vulnérabilité, est fortement liée à un aléa spécifique, dans un contexte donné. On peut parler de la résilience d’une personne qui se remet d’un choc émotionnel, comme on peut parler de la résilience d’un écosystème qui survit après un feu de forêt, prenons l’exemple du papaver californicum, c’est
117 Manfred Bölter et Felix Müller, « Resilience in Polar Ecosystems - from drivers to impacts and change », Polar Science 10 (1 septembre 2015): 2015, https://doi.org/10.1016/j.polar.2015.09.002. 118 Toubin et al., « La Résilience urbaine ». 119 Eric Rigaud, « La `` pensée résilience ’ ’: une opportunité pour une approche intégrée de la gestion de la sécurité des organisations et des territoires », 2016, 8. 120 Scott Jackson, Architecting Resilient Systems: Accident Avoidance and Survival and Recovery from Disruptions (John Wiley & Sons, 2009). 121 C S Holling, « Resilience and Stability of Ecological Systems », Annual Review of Ecology and Systematics 4, no 1 (1973): 1‑23, https://doi.org/10.1146/annurev.es.04.110173.000245.
après l’incendie de forêt que ses fleur puissent pousser, la chaleur d’un incendie de forêt va servir à écarter le tégument qui entoure les graines et permettre la fleur de jouer son rôle et commencer une nouvelle forêt.122 .
En s’adaptant sur la définition de l’ONU/Secrétariat inter institutions de la stratégie internationale de prévention des catastrophes, (Genève,2004), la résilience est l’aptitude d’un système, d’une collectivité ou d’une société potentiellement exposé à des aléas, à s’adapter en opposant une résistance ou en se modifiant, afin de parvenir ou de continuer à fonctionner convenablement avec des structures acceptables. Dans le cadre de Sendai l’importance est reconnue de l’implication des communautés dans la réduction du risque de catastrophes et il est souligné que les connaissances traditionnelles peuvent être un complément aux connaissances scientifiques dans la gestion de ce risque123 .
Finalement, pour assurer la réussite d’un projet résilient à l’échelle de la ville, durant notre étude nous partons à l’échelle plus réduite pour saisir au plus près la spécificité du lieu, sa situation, sa demande, son comportement ainsi que ses problèmes d’une manière générale.
La résilience urbaine
La résilience urbaine garde donc son sens physique primitif, cela dépend de l'intensité de la perturbation. Elle est peut être défini comme la capacité d’un système urbain à absorber une telle perturbation et à retrouver ses fonctions suite à cette perturbation124 .
Du point de vue technique et fonctionnel, l’objectif de ce positionnement n’est pas pour l’interpréter le concept de la résilience mais plutôt d’apprendre de l’objet d’étude auquel il est appliqué.
Sous cette forme, le concept de la résilience s’inscrit dans un paradigme de mono-équilibre, où chaque système à une échelle réduite possède un seul état d’équilibre dont il s’éloigne plus ou moins. On dit que l’état est équilibré quand sa variable reste constante.
A cet état d’équilibre, généralisable à un système comportant plusieurs variables, correspond à une valeur nulle de la dérivée et d'un attracteur. Cet état d’équilibre, obtenu avec des entrées et des sorties très variables, est stable ou instable comme l’enseigne l’étude des systèmes dynamiques. Cependant, toute catastrophe est assimilable à un système dynamique. Toujours dans le paradigme d’un équilibre unique, le système met un certain temps pour retourner à son état d’équilibre après avoir été perturbé125 .
La résilience urbaine est donc aussi assimilable au temps de retour à l’état d’équilibre, ou à la vitesse mise pour revenir à cet état antérieur. La résilience se distingue cependant de la persistance
122 Nick Winder, « Innovation and Metastability: a Systems Model », Ecology and Society 12, no 2 (2007), https://www.jstor.org/stable/26267886. 123 « Cadre d’action de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe 2015 - 2030 », s. d. 40. 124 Toubin et al. « La Résilience urbaine ». 125 Philippe Woloszyn, « Les structures évolutionnaires de la résilience. Modélisation systémique de la durabilité des systèmes territoriaux, l’exemple de la sécheresse de 2012 aux États-Unis », VertigO - la revue électronique en sciences de l’environnement, no Hors-série 30 (15 mai 2018), https://doi.org/10.4000/vertigo.19252. 92