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FIGURE 48: INONDATION A DOUALA, CAMEROUN SEPT 2020
(sécurité, appartenance, reconnaissance)et spirituels (dépassement)128, nous se rendons compte que, avec nos petits gestes, nous pouvons contribuer beaucoup contre le changement.
Aujourd’hui, il y a toujours des personnes qui ne peuvent pas satisfaire leur besoins fondamentaux tels qu’habiter et manger129. Les catastrophes aussi continuent de nous affecter, par exemple les inondations qui figurent parmi les principaux risques climatiques, des sécheresses, des températures élevées ou d'autres catastrophes naturelles comme les cyclones. Le système urbain souffre et en général est déstabilisé130 .
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L’usage du concept de résilience en matière de prévention des inondations se traduit par un basculement vers une recherche d’adaptation, essentiellement concrétisée dans certaines formes urbaines en zone inondable.
Figure 48: Inondation à Douala, Cameroun sept 2020131
Les inondations sont un phénomène récurrent à Douala (figure 48), comme dans certaines autres grandes villes en Afrique
Un système urbain stable et résilient
De la prise de conscience des vulnérabilités sociétales à une résilience réussie
La prise de conscience est une étape préliminaire dans une société en transition (dans laquelle nous vivons) vers le développement durable. Nous devrions faire face aux conséquences de la modernisation en s’appuyant sur les ressources respectueuses de l’environnement.
Les phases de la résilience
Basé sur des études menées par différentes chercheurs 132 ,
133 et134, il existe trois phases de la résilience énumérée ici d’une façon chronologique: la résilience proactive, la résilience réactive et la résilience post-active.
Au premier lieu, la résilience proactive est définie comme la capacité d’apprentissage et d’anticipation face à un risque. Cette phase qui consiste à évaluer la vulnérabilité du territoire et
128 Abraham H Maslow, L’accomplissement de soi: de la motivation à la plénitude (Paris: Eyrolles, 2008). 129 « Poverty », Text/HTML, World Bank, consulté le 9 janvier 2021, https://www.worldbank.org/en/topic/poverty. 130 « Urban Disaster Management », consulté le 9 janvier 2021, https://www.wvi.org/disaster-management/urbandisaster-management. 131 « Douala: le réveil sous l’eau – Blog sur l’urbanisation », consulté le 9 janvier 2021, https://kenajanou.com/douala-le-reveil-sous-leau/. 132 Scott Jackson et Timothy Ferris, « Proactive and Reactive Resilience: A Comparison of Perspectives », INCOSE Insight 18 (1 avril 2015): 7. 133 D Provitolo et Sophia Antipolis, « Vulnérabilité et résilience: géométrie variable des deux concepts », 2009, 42. 134 Richard Laganier, « Améliorer les conditions de la résilience urbaine dans un monde pluriel : des défis et une stratégie sous contrainte », Annales des Mines - Responsabilite et environnement N° 72, no 4 (25 octobre 2013): 65‑71.
évoluer sa capacité adaptative, se déroule par la prévision de l’aléa, ensuite, la prévention et à la fin la préparation des individus face à un risque.
Au cours de cette phase très importante que nous avons choisie pour centrer notre étude plus particulièrement, c’est là où naissent des réflexions nouvelles et innovantes de la part des architectes, des urbanistes, des autorités publiques, des chercheurs et des autres organisations concernées, sur la meilleure planification résiliente.
Deuxièmement, la résilience réactive qui est la plus dangereuse, fait référence à la capacité de répondre à un aléa qui traverse le territoire. Si la première phase n’est pas bien réussie, celui-ci risque de causer beaucoup des dégâts et rendre difficile la troisième phase qui est la résilience postactive.
La résilience post-active est la capacité à rebondir. Selon l’ampleur de l’impact psychologique sur les individus et selon l’ampleur des dégâts matériels, structurels et fonctionnels, le temps de cette phase devient de plus ou moins long. (Le temps de la reconstruction)135 .
Les facteurs de la résilience
Les facteurs de la résilience varient en fonction du contexte et la contextualisation comprend :
• Identifier les risques et les tendances qui s’appliquent, • L'identification précise des questions spécifiques de genre qui s'appliquent, • La détermination des seuils et des caractéristiques applicables aux forces et aux écarts de résilience, • L'adaptation des questions directrices, • L'adaptation de la pondération appliquée aux indicateurs et / ou caractéristiques et / ou domaines.
Les aléas comprennent également les changements à long terme qui affectent les conditions de vie à savoir :
Le changement climatique, le déclin de la biodiversité, l’épuisement des ressources naturelles, des inondations ainsi que des autres catastrophes naturelles, La croissance démographique, la migration, l’urbanisation rapide, la mondialisation économique, la dépendance énergétiques, Les pandémies, les épidémies, l’instabilité sociale/économique, l’insécurité alimentaire, les guerres civiles, les inégalités sociales.
En fonction de vulnérabilité et des capacités résiliente d’un système concerné, la probabilité de conséquences néfastes ou de pertes potentielles varient.
135 Annabelle Moatty, « Pour une Géographie des reconstructions post-catastrophe: risques, sociétés et territoires », s. d. 491.
La résilience proactive
La résilience proactive, fait référence à deux notions, celles de l’apprentissage et de l’anticipation d’aménagement territoriale face aux aléas.
Pour augmenter la résilience d’un territoire urbain, il faut s'attaquer aux facteurs qui sous-tendent sa vulnérabilité et renforcer sa capacité d'adaptation / de rebond. La résistance aux chocs était auparavant une qualité majeure d'un système résilient ; d'où l'importance des actions et recherches menées dans le domaine de la réduction des risques de catastrophe. Cependant, dans un monde en constante évolution, l'adaptation au changement est une qualité qui est aujourd'hui considérée comme aussi importante que le soutien de la résilience. De plus, la pauvreté étant antithétique à la résilience d’une communauté, la réduction de la pauvreté et des inégalités est considérée comme une condition essentielle pour renforcer la résilience.
Dans le contexte globale, le Cadre d'action de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe 2015-2030 a été adopté par l'Assemblée générale des Nations Unies en tant qu'instrument qui succède au Cadre d'action de Hyogo pour 2005-2015136 . Il vise le résultat suivant : ‘La réduction substantielle des pertes et des risques associés aux catastrophes en termes de vies humaines, de dommages aux moyens de subsistance et de santé des personnes, et de dommages aux biens économiques, physiques et sociaux, aux problèmes culturels et environnementaux des personnes, entreprises, communautés et pays’. Elle reconnaît que l'État joue un rôle clé dans la réduction des risques de catastrophe, mais cette responsabilité doit être partagée avec d'autres parties prenantes, notamment les communautés locales, le secteur privé et d'autres parties prenantes.
Le cadre de Sendai comprend sept objectifs mondiaux et quatre actions prioritaires :
• Priorité 1 : comprendre les risques de catastrophe. • Priorité 2 : renforcer la gouvernance des risques de catastrophe pour mieux les gérer. • Priorité 3 : Investir dans la réduction des risques de catastrophe pour la résilience. • Priorité 4 : Renforcer la préparation aux catastrophes pour réagir efficacement et « mieux reconstruire » pendant la phase de relèvement, de réhabilitation et de reconstruction.
La priorité 3&4 établit le lien entre la réduction des risques de catastrophe et le réaménagement efficace. Les investissements dans des projets de réaménagement des territoires vulnérable pour la réduction et la prévention des risques de catastrophe est le seul moyen sûr pour le développement sociale, économique, et la préservation de l'environnement.
Les principes de l’architecture résiliente
En tirant les leçons des tristes circonstances qui ont affecté de nombreuses parties du globe au cours des dernières décennies, le cas de North Adams, Massachusetts (USA), qui a été très touché par la tempête de vent et les inondations, a été utile pour comprendre les principes de la conception résiliente dans le but de créer un développement écoresponsable.
136 « Cadre d’action de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe 2015 - 2030 ».
La résilience se décline à toutes les échelles
Les stratégies pour aborder la résilience s'appliquent à l'échelle des bâtiments individuels, des communautés et de plus grandes échelles régionales et écosystémiques ; ils s'appliquent également à différentes échelles de temps (de l'immédiat au long terme).
Les systèmes résilients répondent aux besoins humains fondamentaux
Il s'agit notamment de l'eau potable, de l'assainissement, de l'énergie, des conditions de vie (température et humidité), de l'éclairage, de la qualité de l'air, de la santé des occupants et de la nourriture ; (ceux-ci devraient être équitablement répartis).
Les systèmes diversifiés et redondants sont intrinsèquement plus résilients
Des communautés, des écosystèmes, des économies et des systèmes sociaux plus diversifiés sont mieux à même de répondre aux interruptions ou aux changements, ce qui les rend intrinsèquement plus résilients. Bien que parfois en conflit avec les priorités d'efficacité et de construction écologique, les systèmes redondants pour des besoins tels que l'électricité, l'eau et les transports, améliorent la résilience.
Les systèmes simples, passifs et flexibles
Les systèmes passifs ou manuels sont plus résistants que les solutions complexes qui peuvent tomber en panne et nécessitent une maintenance continue. Les solutions flexibles sont capables de s'adapter aux conditions changeantes à la fois à court et à long terme.
La durabilité renforce la résilience
Les stratégies qui augmentent la durabilité améliorent la résilience. La durabilité implique non seulement les pratiques de construction, mais aussi la conception des bâtiments (les beaux bâtiments seront entretenus et dureront plus longtemps), les infrastructures et les écosystèmes.
Utilisation des ressources disponibles localement, renouvelables ou récupérables
La dépendance à des ressources locales abondantes, telles que les matériaux de construction locaux, l'énergie solaire, les eaux souterraines reconstituées chaque année et la nourriture locale offre une plus grande résilience que la dépendance à des ressources non renouvelables ou à des ressources de loin.
La résilience anticipe les interruptions et un avenir dynamique
L'adaptation à un climat changeant avec des températures plus élevées, des tempêtes plus intenses, une élévation du niveau de la mer, des inondations, des sécheresses et des incendies de forêt est une nécessité croissante, tandis que les catastrophes naturelles non liées au climat, telles que les tremblements de terre et les éruptions solaires, et les actions anthropiques comme le terrorisme et les cyber terrorisme, appelle également à une conception résiliente. Répondre au changement est une opportunité pour un large éventail d'améliorations du système.
Trouver et favoriser la résilience dans la nature
Les systèmes naturels ont évolué pour atteindre la résilience ; nous pouvons améliorer la résilience en nous appuyant sur et en appliquant les leçons de la nature. Les stratégies qui protègent l'environnement naturel renforcent la résilience de tous les systèmes vivants.
L'équité sociale et la communauté contribuent à la résilience
Des communautés fortes et culturellement diverses dans lesquelles les gens se connaissent, se respectent et se soucient les uns des autres s'en sortiront mieux en période de stress ou de trouble. Les aspects sociaux de la résilience peuvent être aussi importants que réponses physiques et techniques.
La résilience n'est pas absolue
Des mesures progressives peuvent être prises et qu'une résilience totale face à toutes les situations n'est pas possible. Mettre en œuvre ce qui est faisable à court terme et travailler pour atteindre une plus grande résilience par étapes.
Des stratégies pour réussir une conception résiliente
La résilience n'est pas une solution, un concept ou une perspective unique. La résilience est une lentille à multiples facettes qui équilibre la proactivité, la réactivité et la post-activité pour apporter des solutions aux perturbations. La conception résiliente prend cet objectif et l'utilise pour repenser l'environnement bâti.
Atteindre la résilience à l'échelle du bâtiment
Concevoir et construire (ou rénover) des bâtiments pour faire face aux tempêtes de vent, aux inondations, aux incendies de forêt et à d'autres impacts qui devraient résulter d'un réchauffement climatique. Localiser les systèmes critiques pour résister aux inondations et aux événements météorologiques extrêmes.
Modéliser des solutions de conception basées sur les conditions climatiques futures autant que possible, plutôt que sur des données passées. Créer des bâtiments qui maintiendront des conditions de vie en cas de perte prolongée d'électricité ou de combustible de chauffage grâce à des réductions de la charge énergétique et au recours à des stratégies passives de chauffage et de refroidissement (capacité de survie passive).
Créer des bâtiments durables en utilisant des caractéristiques telles que les détails de l'écran pare-pluie, les fenêtres qui peuvent résister aux vents d'ouragan et les matériaux de finition intérieure qui peuvent sécher s'ils sont mouillés et ne nécessitent pas de remplacement. Créer de beaux bâtiments qui seront aimés et entretenus. Réduction de la dépendance vis-à-vis des commandes et des systèmes complexes du bâtiment. Fournir des commandes manuelles en cas de dysfonctionnement ou de coupures de courant temporaires. Optimiser l'utilisation des énergies renouvelables sur site. Mettre en œuvre des pratiques de conservation de l'eau et compter sur des ressources en eau reconstituées chaque année, y compris, potentiellement, l'eau de pluie récoltée, comme approvisionnement en eau primaire ou d'appoint. Fournir des approvisionnements en eau redondants ou un stockage d'eau à utiliser en cas d'urgence. Pour les pompes pour puits profonds, fournissez, si possible, de l'électricité solaire autonome ou des options de pompage manuel. Lorsqu'il n'y a pas d'option pour l'eau sur place, envisagez un stockage d'eau qui peut alimenter par gravité le bâtiment. Envisager une option pour l'élimination des déchets humains en cas de système d'eaux usées municipal non opérationnel. Cela pourrait inclure des toilettes à compost et des urinoirs sans eau. Utiliser des produits et des compétences disponibles localement.
Spécifiez les produits et matériaux qui ne dégagent pas de gaz ou ne lixivient pas les substances dangereuses en cas d'inondation ou d'incendie. Utiliser des pratiques de conception vernaculaires qui prévalaient avant l'avènement de la climatisation et du chauffage central.
Atteindre la résilience à l'échelle communautaire
Construire ou faciliter des structures sociales qui renforcent le tissu communautaire. Cela pourrait inclure des lieux de rassemblement communautaires, des parcs où les résidents apprennent à connaître leurs voisins, des cuisines communautaires, l’«Umuganda» travaux communs d’intérêt général pour le développement des citoyens, ce modèle rwandais peut fournir un lien utile entre les habitants d'une communauté. Concevoir des communautés pour minimiser la dépendance aux carburants de transport provenant de loin ; fournir des options de transport à propulsion humaine pour accéder aux services clés.
Assurer la sécurité alimentaire en s'appuyant sur des systèmes alimentaires locaux ou régionaux et des stratégies pour le stockage des aliments à long terme et à faible consommation d'énergie. Concevoir des toits végétalisés pour réduire l'effet d'îlot de chaleur urbain et gérer les eaux pluviales. Concevoir et construire (ou reconstruire) des infrastructures physiques, telles que des égouts pluviaux, des routes et des ponts, pour gérer l'augmentation des flux d'eaux pluviales. Avoir confiance à des solutions naturelles de lutte contre l'érosion qui deviendra plus fortes avec le temps. Créer des installations communautaires (centres de résilience) qui peuvent servir de lieux de rassemblement pendant les urgences et les interruptions de services, et doter ces installations d'un accès aux services clés, y compris l'eau, l'électricité, etc. Ces capacités pourraient être intégrées dans des installations communautaires existantes. Tenir en compte des événements météorologiques extrêmes potentiels et du changement climatique pour déterminer l'emplacement des projets. Favoriser des programmes d'éducation communautaire solides qui permettront de mieux comprendre l'énergie, l'eau et les autres systèmes de ressources naturelles ainsi que le fonctionnement des bâtiments et des infrastructures communautaires. Construire une telle capacité dans les systèmes d'éducation publique.
Atteindre la résilience à l'échelle de la ville
Adopter des politiques qui reconnaissent et valorisent les services écosystémiques et protègent ou rétablissent la capacité de s'appuyer sur ces services (par exemple, filtration de l'eau, contrôle naturel de l'érosion le long des cours d'eau et des rivières, forêts saines qui purifient et reconstituent l'air). Développer ou renforcer les réseaux de transport urbain qui peuvent servir à transporter non seulement des personnes, mais aussi de la nourriture et d'autres besoins critiques et qui peuvent fonctionner en cas d'urgence. Développer des systèmes de production d'énergie renouvelable pour assurer un réseau électrique distribué et plus stable. Travailler pour parvenir à une économie régionale plus diversifiée. Favoriser une plus grande dépendance vis-à-vis des produits manufacturés au niveau local137 .
137 Ed Latson says, « North Adams, Massachusetts and the Need for Resilience », Resilient Design Institute (blog), 1 avril 2014, https://www.resilientdesign.org/north-adams-massachusetts-and-the-need-for-resilience/.