9 minute read

alin avila

Next Article
laëtitia testard

laëtitia testard

Marie Rauzy est peintre. Par quelle condensation verbale pourrions-nous dire que cela n’est pas une seconde, mais son essentielle nature, tentons ce mot : homopictor. Homopictor, non parce qu’elle produit de la peinture – trop nombreux qui s’en prétendent au titre d’artiste… mais parce qu’en sa joie d’être, elle est la peinture même. Ce qu’elle nous confirme mettant en exergue de sa dernière exposition à la Galerie Vitoux : “la grande joie du métier de peintre est de pouvoir tout essayer. Alors je ne me refuse rien.” La race des homopictors, les scientifiques ne la reconnaissent pas, alors qu’ils s’appuient sur son essentielle caractéristique pour prouver l’humanité de l’homme, en reconnaissant que l’acte de déposer signes et traces, affirme une sensibilité libérée de l’instant où elle s’exprime. C’est alors qu’elle projette en avant un message qui résonne au-delà du présent et fait que l’homme quitte son animalité.

Marie Rauzy est sereine, et les vérités qu’elle délivre valent pour son total détachement aux sujets qu’elle aborde. Je pourrais même dire qu’elle peint n’importe quoi, pourvu que cela devienne cette chose visuelle qui témoigne de l’investissement ontologique de son geste qui est la peinture même.

Advertisement

Son geste rapide, fougueux ne prétend pas fouiller tréfonds et turpitudes de la vie, ni d’entretenir le jardin suranné du surréalisme. Sa peinture est mensonge et non pas fiction, de par son sujet, mais aussi de par sa manière à n’être qu’un leurre saisi par son pinceau. Cris de singes sous la coupole, violence délicieuse de l’air quand le sublime cramoisi d’un pourpoint rencontre une stupide gaufre ou qu’un essaim d’oiseaux remplit de son vol un bel habit. Ici Marie Rauzy réunit au point de les fondre sans les confondre, un sujet et un autre, pour n’en avoir aucun, ou du moins un seul, essentiel : la peinture. Toujours, elle pose sur ses toiles au moins deux natures d’espaces, deux temps.

Le non-sens qui en résulte ne fonctionne que par une maîtrise inconsciente des matières, et jette le regard dans la jubilation d’un doute spécifique, allez, disons d’un mystère en quelque sorte, mais qui n’a qu’un seul nom, celui de peinture. Ici se heurtent des temps disjoints, se produit de l’inimaginable et quelque chose semble se maintenir vivant. Et atteindre ce mensonge, ce merveilleux mensonge qui nous fait encore croire qu’un sourire peint voilà cinq siècles peut s’envoler vers nous.

Alin Avila

Née en 1961 à Marseille Diplômée de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris en 1988 . Vit et travaille en région parisienne . Nombreuses expositions personnelles en France, Belgique, Allemagne, Chine, Japon depuis 1987.

“J’aime toujours deux choses, alors, je choisis les deux. Ainsi, je ne suis jamais déçue”. Cela ne pourrait mieux définir mon travail. J’aime le calme et la tempête, le chaud et le froid, la peinture classique et le minimalisme. J’aime tout et même son contraire. J’aime surtout chercher cette complexité, cette réalité humaine faite de paradoxes.

La grande joie du métier d’artiste est de pouvoir tout essayer, alors, je ne me refuse rien.

Je peux rater, gâcher, salir, faire du joli ; aller du pastel au stylo 3D, mêler le stylo-bille et la peinture à l’huile ; peindre mes promenades en forêt ou des pains au chocolat. Je confronte, mixe, associe les sujets et les techniques pour peu que j’y trouve du sens. Dans l’histoire de l’art, je trouve mille façons de peindre. Les mélanges de dessins et de peintures, du flou et du net, la traînée de pinceau, les rapprochements colorés me servent de vocabulaire.

La magnificence de Louis XIV de Rigaud, l’énergie du cheval de Napoléon peint par David, la légèreté de Fragonard, me procurent des émotions que j’aime confronter à d’autres univers qui me sont plus familiers. Ils apportent au métro, à la forêt, au réel amplifié par le prisme de la télévision, un sentiment de liberté, de frivolité, de ridicule, de décalage qui met en perspective et relativise le quotidien.

Quand je me pose la question du sujet en peinture, je vais voir des œuvres d’art. L’effet merveilleux que me produisent les tableaux me répond : il n’y a pas de sujet, il y a une façon d’aborder les choses qui les rend sujets : la manière de les peindre. Autrement dit, une pomme n’est qu’un fruit, jusqu’au moment où, représentée sur le tableau, elle devient, une tache, un cercle, le point d’équilibre de l’œuvre. Elle devient faim, désir et beauté. Alors, quand je regarde autour de moi tout peut devenir “sujet” et l’envie de tout peindre me prend.

Marie Rauzy

◀ AU MILIEU COULE UNE RIVIÈRE Marie Rauzy 97x89 cm., huile sur toile, 2020

◀ LE TEMPS PASSÉ À REGARDER LES FLEURS Marie Rauzy 100x150 cm., huile sur toile, 2021

◀ ANABEL LISANT Marie Rauzy 100x81 cm., huile sur toile, 2020

◀ OISELLERIE Marie Rauzy 120x80 cm., huile sur toile, 2020

paola becerril

colibries de loto

Esta colección en acuarela surge del juego con la mancha, de lo inesperado, de la sobrecarga del agua que corre sobre el papel y se detiene en donde lo prefiere, haciéndome consciente del proceso de incertidumbre al que nos enfrentó a todos el año 2020.

Todo comenzó por la mancha, por el accidente, por el no saber. Los colibríes empezaron a surgir de lo que cada mancha me sugería cuando la afectaba con el pincel y un poco de agua, justo como las flores de loto surgen de los pantanos.

El colibrí tiene un significado muy profundo en mi cultura mexicana. Los aztecas lo valoraban por su fuerza física dentro de su fragilidad, los mayas lo consideraban un mensajero espiritual, hoy gozamos además de su colorida belleza. Cada una de estás obras me conecto con la fuerza que vive debajo de mi fragilidad, la que experimenté ante la inesperada muerte de mi padre.

Cada una me conecto también con ese mundo espiritual en el que me refugie ante la pérdida de casi todo lo que para mi era conocido. Cada una me conecto con esa labor de mensajera que hoy difundo a través de la Arteterapia.

“Colibrí de Loto. Fragilidad y fuerza. Encuentras en una mancha tu belleza. Protector de guerreros. Polinizador de corazones. Puente entre lo divino y lo humano. Forma que contiene al fondo. Corazón de carne y universo. Vuelas colibrí con el poder del alma en las alas”.

Paola Becerril

SUBSISTIR Paola Becerril 27x35 cm., acuarela sobre papel, 2020 RENACER Paola Becerril 27x35 cm., acuarela sobre papel, 2020

THIS IMPURE WORLD . Tanihara Natsuko 245x340 cm., oil, acrylic, glitter, rhinestone, spangles on velvet, 2015 ©Natsuko Tanihara, courtesy MEM, Tokyo Photographed by Kazuo Fukunaga

– 41 – III THE NEW CODE

TANIHARA NATSUKO . a modern ukiyo-e painter

‘Art’ and ‘death’ have always maintained a close relationship with each other. Religious subjects provided one of the earliest forms of art and together with sculpture, paintings were used to capture an image of the departed or even create a likeness of the gods that rule the next world. With the advent of modern times, people began to talk of the ‘death of God’, and art’s role as a device to express fables decreased, to be replaced by Surrealism, which gave new meaning to artworks and started a new trend to reveal the world that exists in the subconscious. These artworks, which attempt to express something that is invisible to the eye, serve to constantly rein in the progressive tendencies that are driven by the intellectual and superficial world, as represented by Formalism.

However, in Japan, we are able to discern another artistic lineage - the ukiyo-e school of genre paintings that is said to have been founded by Iwasa Matabe-e. Iwasa miraculously survived the massacre of his entire family, including his young mother, the year after he was born, which resulted from his father, Araki Murashige’s, rebellion against Oda Nobunaga. After the death of his family, Matabe-e became a page to Nobunaga’s son, Oda Nobukatsu, and being well-versed in all the arts, such as writing, painting, etc., he became a trusted advisor. After Nobukatsu was banished, Matabe-e moved to Kyoto as a ronin (masterless samurai) where he became active as a painter. At around the age of 40, he was invited to serve the daimyō of Fukui domain, Matsudaira Tadanao, and later his younger brother, Tadamasa, living in Fukui for around 20 years and producing numerous works. It is thought that it was while he was living in Fukui that he created his greatest work, the picture scroll, ‘Yamanaka tokiwa monogatari’.

This work was based on a ningyō jōruri (puppet theater) play that was popular at the time. The main plot of this play follows Tokiwa gozen, who travels to Hiraizumi to visit her son Ushiwakamaru (later to become the hero, Yoshitsune) but is attacked and murdered in the mountains by bandits who are in turn killed in revenge by Ushiwakamaru. Consisting of 12 scrolls and with a total length of 150 meters, this work has long been famous for the horrific depiction of Tokiwa gozen’s murder. It shows a man with his hand wrapped in her hair as he stabs her with a sword, the dark red blood flowing from her soft white skin creating a shocking scene that is easily the equal of any Hollywood splatter movie. It is unlikely that Matabe-e could remember the murder of his family when he was an infant, but it is quite possible that he took the tales of the people who had witnessed it and superimposed them on the plot of the drama, adding his own emotions to the scene. It seems that this masochistic act of recreating the cruel murder of his own mother served as proof of his existence, while presenting the viewer with a frightful scene.

It may be thought that I have concentrated too much on Matabe-e, but the fact is that when I was first confronted with the work of Tanihara Natsuko I found it quite fascinating, but for some reason its dark atmosphere reminded me of the gruesome scene from Matabe-e’s picture scroll. That is why I gave a rough outline of Matabe-e’s career as a painter. Now however, I must explain the details of my chance encounter with Tanihara’s work. Four years ago I visited ‘Hanarart’, a local art project in Nara Prefecture that is held in multiple venues dotted around the area. The last place I visited was the old, deserted Takiman Ryokan hotel that is situated on the approach to Hōzanji Temple in Ikoma and which had been converted into a huge exhibition space. Before I went there, I had visited the old Kawamoto building that had once served as a brothel in the castle town of Kōriyama. The memory of the dark, narrow rooms in the brothel were still fresh in my memory and dusk was fast approaching as I entered the guest rooms of the

◀ ENCOUNTER - NEW THEORY OF TAKETORI MONOGATARI ((THE TALE OF THE BAMBOO CUTTER) Tanihara Natsuko 45,5x45,5 cm., oil, glitter on velvet, 2020

◀ GENESIS Tanihara Natsuko 227,3x291 cm., oil, acrylic, glitter, oil pastel on velvet, 2021 ©Natsuko Tanihara, courtesy MEM, Tokyo Photographed by Kazuo Fukunaga

◀ I FOLLOW YOU WHEREVER YOU GO Tanihara Natsuko 73x52 cm., oil, glitter, oil pastel on velvet, 2019 ©Natsuko Tanihara, courtesy MEM, Tokyo Photographed by Kazuo Fukunaga

This article is from: