Travailler autrement. Alain Tanguy 2017 Mémoire de recherche en design

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Travailler autrement L’espace de travail : vers de nouvelles perspectives



Alain TANGUY Mémoire de recherche en design, sous la direction de Ann Pham Ngoc Cuong et de Laurence Pache

Diplôme Supérieur des Arts Appliqués, spécialisé en Design Éco-responsable Option design d’espace Cité Scolaire Raymond Loewy 2017


Sommaire

Avant-propos

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Introduction

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I. Le travail en mutation et ses implantations spatiales

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Les enjeux de l’activité humaine

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Les évolutions du travail et des lieux de travail

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L’aménagement a un rôle à jouer

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II. L’espace de travail : entre conditions de travail et incarnations spatiales

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Vers une utopie du bien-être et de la mobilité

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Vers une autogestion à échelle humaine et une ouverture au monde

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Vers une amélioration de l’habitabilité tendant à une éthique éco-responsable

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III. Le designer d’espace au service des espaces de travail

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L’action du designer d’espace dans l’espace de travail

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D’un espace vacant à un espace de travail éco-responsable et social

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Conclusion

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Résumé

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Remerciements

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Index

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Sources

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Avant-propos

Quand j’étais enfant, je me souviens de mon père qui me disait souvent « Dans la vie, il faut travailler pour avoir ce que l’on veut. ». Imaginer une société fondée sur la sobriété, la créativité et la valorisation des temps libérés, tel était le rêve d’André Gorz (1923-2007) journaliste et penseur du XXe siècle, construire une société porteuse d’égalité et de liberté. Son ouvrage Bâtir la civilisation du temps libéré1 écrit en 1993, a été une lecture qui a déclenché ma réflexion. Même si le texte a été écrit il y a maintenant 24 ans, André Gorz propose selon moi une vision du travail actuelle et porteuse de sens. Sa vision de la décroissance, dans le but de travailler beaucoup moins, surtout mieux et donc de travailler autrement pour produire moins, est pour moi un axe de réflexion important et fondateur. Même si je ne suis à ce jour qu’un simple étudiant et que je ne suis pas encore dans le monde du travail, c’est un sujet qui m’anime, me passionne et attise ma curiosité. C’est pour cela que la lecture de cet ouvrage a renforcé mon ambition d’apporter une nouvelle appréhension de l’espace de travail. Et en tant que designer d’espace, je me demande donc dans quelles situations je peux agir. Nous le voyons bien, aujourd’hui la société s’articule autour de la question du travail. Les élections présidentielles où le 1. André Gorz. 2013 Bâtir la civilisation du temps libéré. Édition : Les liens qui libèrent. 7


travail est une thématique majeure de tous les programmes, la colère des agriculteurs sur la reconnaissance de leur travail ou bien la préoccupation sur l’augmentation du chômage montre bien que le travail est en pleine mutation et doit être questionné. Par conséquent, mon principal objectif sera de participer aux changements en tant que designer dans les évolutions possibles du travail dans l’espace. Et je suis persuadé que les écrits d’André Gorz sont une source d’inspiration qui me permettra d’agir dans une éthique responsable. Penser, renouveler, transformer l’expérience au travail était l’objectif d’André Gorz, qui est maintenant également le mien. Pour moi, ces transformations ont pour élément déclencheur la question de l’espace. Un travail s’effectue tout d’abord dans un lieu, un environnement. « Les lieux dans lesquels nous vivons et travaillons façonnent en quelque sorte nos manièWres d’être et nos comportements.2 ». Cette citation de Gustave-Nicolas Fischer montre bien que si nous voulons repenser le travail, il nous faut aussi questionner les lieux dans lesquels nous le pratiquons. Le lieu doit être en adéquation et adapté aux conditions de travail. Néanmoins, qui décide de la conception de ces lieux ? Qu’est ce qui fait que le lieu est bon pour ceux qui y exercent leur activité professionnelle ? Qui les façonne ? Dans quel contexte le designer d’espace peut-il intervenir pour rendre le lieu mieux adapté aux conditions de travail ? Où y a-t-il un besoin de questionnement sur l’espace de travail ? Dans quels champs d’interventions peut opérer le design d’espace ? 2. Gustave-Nicolas Fischer. 2011 Psychologie sociale de l’environnement (chapitre VIII : Les espaces de travail). Collection : Psycho Sup, Dunod. 8


Le monde du travail a encore de nombreuses perspectives à découvrir. Et il se peut que l’espace soit un réel enjeu dans ses évolutions possibles pour demain.

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Introduction

Il semble qu’à l’heure d’aujourd’hui il est temps que nous relevions la tête. Nous sommes depuis plusieurs années dans une société de consommation qui s’est progressivement tournée vers une société de production. Et, l’une des principales raisons est que nous sommes entrés dans une folie du travail3 depuis le XIXe siècle. Incessamment, la répartition entre nos espaces de travail (activité professionnelle), nos lieux de vie (habitations) et de loisirs est devenue difficile. On accorde aujourd’hui une grande importance à notre activité professionnelle et donc à nos espaces de travail. Proportionnellement, l’espace de travail a pris le dessus sur nos autres lieux d’activités. Et les individus peuvent ressentir un sentiment de dépendance vis-à-vis de leur espace de travail. L’équilibre entre ces différents lieux de vie est difficile à trouver. Nous sommes aujourd’hui confrontés à l’omniprésence du travail et ceci implique une confusion entre vie privée et vie professionnelle. En France près de 67 % des individus affirment que le travail est très important, faisant de la France, l’un des pays de l’Europe où les individus sont les plus attachés à leur travail 4. Il semble important de différencier travail et emploi. Le travail correspond à toute activité humaine, tandis que l’emploi est le fait de percevoir une rémunération 3. Paul Lafargue, 1880 Le droit à la paresse. Mille et une nuits. p. 11 4. Les grands dossiers des sciences humaines, septembre. 2016 Les métamorphoses de la société française n° 44.p 46 11


contre un travail effectué. Pour Adam Smith, les facultés du travail humain sont une source de création de valeur et d’enrichissement5. En conséquence, le travail deviendra par la suite un système de distributions de revenus, de droit et de protections : c’est la société salariale6. Deux aspects peuvent caractériser le travail : le positif, car il apporte une sécurité économique à l’individu, le négatif car en contrepartie il peut être synonyme d’emprisonnement. L’activité professionnelle peut susciter des craintes et de l’angoisse dues à son importance et à sa nécessité. Nous sommes inquiets de ne pas en avoir et la perte de notre emploi nous effraie par peur par la suite du chômage et de l’exclusion7. Mais nous avons également peur de ne pas pouvoir suivre le rythme, 59 % des Français déclarent travailler à des rythmes élevés8. Peut-on faire en sorte que l’individu modère son temps de travail grâce à l’espace ? M. Peter Glotz disait « faire en sorte que le temps dont chacun dispose pour sa quête du sens soit plus important que le temps dont il a besoin pour son travail, ses récréations et son repos »9. Et ainsi, l’espace de travail pourrait-il modifier l’organisation sociale ? Et permettre une libération du temps ?

5. Adam Smith (1723-1790) : de la morale à l’économie, de Dorothée Picon, Sciences humains 2007, n° 179 6. Travail et changement, février 2013. Les promesses de la qualité de vie au travail n° 347. p. 6 7. Christophe Dejours. 1998 Souffrance en France : la banalisation de l’injustice sociale. Édition du Seuil. p. 19 8. Les grands dossiers des sciences humaines, septembre 2016. Les métamorphoses de la société française n° 44. p. 47 9. Peter Glotz. Die Malaise der Linken, Der Spiegel, 1987 12


D’après l’Anact, l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail, l’espace de travail constitue un élément essentiel à la qualité de vie au travail et à la performance de l’entreprise, au même titre que le management ou l’organisation du travail10. En effet, quelles que soient ces conditions de travail, le travailleur ou salarié a besoin d’un lieu de travail situé, correspondant au contexte professionnel de l’entreprise. L’espace de travail a un impact sur son bien-être et sa santé, il est indispensable à son épanouissement. Mais paradoxalement, l’espace de travail est souvent absent des réflexions sur l’organisation du travail. Le rôle du designer est donc certainement de trouver comment les conditions de travail peuvent-elles être améliorées dans des activités professionnelles identifiées grâce à une incarnation spatiale ? Mon objectif sera de pratiquer une recherche qui proposerait de nouvelles manières d’appréhender l’espace en fonction des différents profils présents dans l’espace de travail. Afin de mener à bien cette recherche, il m’a paru essentiel de faire un état des lieux de ce que représente le travail, du bénéfice qu’il apporte aux individus et dans lequel il est pratiqué, ensuite de démontrer que l’aménagement a un rôle à jouer grâce à l’analyse des évolutions du travail et des lieux de travail. Par la suite, un appui sur des aménagements incarnant des espaces singuliers a été effectué pour en extraire des notions afin de les utiliser dans ma recherche.

10. www.anact.fr/themes/espaces-de-travail 13



1 LE TR AVAIL EN MUTATION ET SES IMPLANTATIONS SPATIALES

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Les enjeux de l’activité humaine

Qu’est-ce que le travail ? Le travail du latin trépalium représente un instrument de torture formé de trois pieux pour punir les esclaves. Cela signifie-t-il que le travail est une torture pour l’Homme ? Ou au contraire représente-t-il un bénéfice ? Le travail est l’effort physique ou intellectuel qu’exerce l’Homme pour accomplir quelque chose ou obtenir un résultat recherché. Quels sont donc les effets pour l’Homme ? Prenons comme point de départ une citation de Dominique Méda, dans son ouvrage Le travail : une valeur en voie de disparition ? qui pense le travail sous trois enjeux : « Le concept de travail rêvé est donc au centre d’une triple relation : de l’individu au donné naturel ; de l’individu aux autres ; de l’individu à lui-même1. » Ainsi, l’épanouissement au travail peut être représenté sous la forme d’un triangle mettant en relation ces trois enjeux. Le premier sommet est l’action de faire, c’est-à-dire l’intérêt du travail comme valeur. Le deuxième sommet est l’action par rapport à soi et enfin le troisième sommet est l’action par rapport aux autres. Autrement dit, pour que le travail apporte un épanouissement, l’activité doit permettre cette triple relation procurant en résultat une satisfaction. 1. Dominique Méda. 2010 Le travail : Une valeur en voie de disparition ? Paris : Flammarion. p. 112 16


Schéma personnel des facteurs de l’épanouissement

Action

Épanouissement

Soi-même

Autrui

L’activité professionnelle ou non professionnelle, d’ailleurs, a un fort impact sur notre expérience personnelle. Pourquoi ? Parce qu’exercer une activité permet d’exister. Car Selon Hegel, il y a une importance dans l’activité humaine. Il le décrit dans son ouvrage Phénoménologie de l’esprit de 18072, à travers la dialectique du maître et de l’esclave. Le maître restant oisif et sans action, l’esclave quant à lui accroît progressivement la connaissance de lui-même. L’esclave est actif. Par conséquent, il grandit par les activités qui sont au début un profit pour le maître, et qui deviennent par la suite un bénéfice personnel. La raison, est que son travail est avant tout une activité de matière et non un travail de salaire. Ainsi, grâce aux 2. Georg Wilhelm Friedrich Hegel. 1807 La phénoménologie de l’esprit. Édition : Système de la science 17


connaissances qu’il acquiert et au pouvoir sur les choses qu’il gagne, il évolue au fur et à mesure dans sa quête de liberté. Pour Hegel, « Le travail est la seule façon pour l’homme de réaliser son essence, c’est-à-dire d’accéder à la plus haute liberté. ». De ce fait, le but n’est pas seulement de bénéficier d’une rémunération mais plutôt d’accroître son savoir pour atteindre une réalisation de soi. Et en conséquence, l’esclave et le maître dépendent l’un de l’autre. L’activité matérielle a un rôle sur la construction de soi et il se peut que cette dimension du travail dans les espaces d’activité professionnelle soit aujourd’hui de plus en plus absente. En somme l’action manuelle peut avoir une incidence sur l’individu, comme le montre un philosophe plus contemporain, Matthew B.Crawford. Brillant universitaire, il est par la suite employé par une think tank à Washington, où il gagne très bien sa vie. Lassé d’un « travail intellectuel » qui ne lui correspondait plus, il se reconvertit dans un métier manuel, qui va s’avérer être plus attrayant : réparateur de moto. Penseur manuel, Matthew B. Crawford dans son ouvrage Éloge du carburateur : Essai sur le sens et la valeur du travail, publié en 2010, met en évidence les métiers d’artisans et de savoir-faire comme un potentiel d’épanouissement humain. Pour lui ces activités s’éteignent au profit des métiers de bureau3. Ces deux espaces d’activités sont pourtant aussi importants l’un que l’autre. Il n’y a pas un espace de travail qui prévaut sur un autre. Ces espaces de travail doivent être choisis en fonction des convictions, envies de chacun. Ces deux lieux d’activité peuvent apporter le même bénéfice aux travailleurs, car on peut 3. Matthew B. Crawford. 2010 Éloge du carburateur : Essai sur le sens et la valeur du travail. Paris : éditions La Découverte. 18


aussi bien s’épanouir dans l’un que dans l’autre. Crawford, à travers son expérience du métier manuel, nous démontre que l’atelier est un espace propice aux rapports avec autrui. Il permet la transmission du savoir-faire. Le travail et l’espace de travail permettent le rapport avec autrui comme exposé précédemment par Dominique Méda à travers la triple relation. Le travail par l’individu s’effectue par conséquent dans un lieu d’expérience où il nourrit ses connaissances et collabore pour son enrichissement personnel. L’espace de travail doit permettre le partage de savoir et aussi le partage d’une action commune. Il doit favoriser les interactions, afin que chacun contribue à la socialisation par la coopération et un lieu de rencontre. Il s’agit d’une expérience totale. C’est ce que Patrick Cingolani exprime dans Révolutions précaires : « C’est dans cet ancrage affectif et expérientiel qu’il représente une façon de s’accomplir comme personne et de construire son identité dans une sorte d’expérience totale4. » Ainsi, l’espace d’activité est avant tout un lieu d’expérience pour soi et surtout avec les autres. La richesse collective de cette expérience est occultée par l’objectif de production5. En effet, la surproduction et la recherche exclusive d’efficacité entravent l’épanouissement. Hartmut Rosa, dans son ouvrage Accélération : Une critique sociale du temps6, apporte un regard porteur de réflexion sur la question de la temporalité et de l’accélération. Il constate que nous souffrons de la pénurie 4. Patrick Cingolani. 2014 Révolutions précaires : Essai sur l’avenir de l’émancipation. Paris : éditions La Découverte. 5. Christophe Dejours. 1998 Souffrance en France : la banalisation de l’injustice sociale. Édition du Seuil. 6. Hartmut Rosa. 2010 Accélération : Une critique sociale du temps. Paris : éditions La Découverte. 19


du temps. La raison étant que le temps nous manque à cause de l’optimisation, la surproduction et la cadence, qui font perdre du sens à notre travail. Nous assistons à une pénurie du temps. Pouvons-nous réduire son emprise sur notre travail ? C’est pour cela que nous avons besoin de temps libérés car nous avons besoin de relâchement. La prise de recul est indispensable au travail, sans cette prise de recul le travail devient aliénant. La temporalité est donc en relation avec l’épanouissement. Sa gestion nous permettrait-elle un équilibre entre le travail rémunéré et le travail non rémunéré ? D’après, Harmut Rosa : « Nous n’avons pas le temps, alors même que nous en gagnons toujours plus. » La durée de travail a diminué depuis plusieurs années du fait de l’arrivée de la technologie qui a considérablement changé le travail ainsi que les espaces de travail, et malgré cela nous manquons toujours de temps. L’espace de travail est un repère pour le travailleur car son activité professionnelle est chronophage. Cette accelération du temps est le résultat de l’apparition de la robotique et du digital dans notre travail, ce qui a bouleversé notre espace de travail et la manière de s’y organiser.

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Banderole du collectif Roosvelt lors de la manifestation des chĂ´meurs et prĂŠcaire. Paris 2016


Les évolutions du travail et des lieux de travail

Le monde du travail connaît aujourd’hui une grande transformation. Le développement des nouveaux outils a modifié le travail dans toutes ses dimensions : son temps, ses modalités et son espace. L’arrivée de la robotisation dans les usines a permis d’alléger la pénibilité du travail. Par contre elle a eu pour conséquence de supprimer des emplois dans l’industrie7. L’ère numérique a également eu des conséquences sur nos lieux d’activités, notamment par des moyens de communication plus faciles, rapides et constants. Par contre, il devient plus difficile de formaliser la frontière entre la vie professionnelle et vie privée, à savoir à quel moment une journée de travail se termine-t-elle vraiment 8? La revue de Sciences Humaines, Comment allons-nous travailler demain ? de novembre 20169, traite des espaces de travail tendances actuels qui découlent de ces transformations, tels que : télétravail à domicile, co-working, pépinières d’entreprises, etc. D’autres lieux sont également apparus, tels que : les entreprises humanistes et les Scops. 7. Jean-François Dortier, 2015. Les robots vont-ils tuer les emlois ? Sciences Humaines, changer le travail [en ligne], (30/04/2016) « http://www. changerletravail.fr/les-robots-vont-ils-tuer-les-emplois » 8. 10e Biennale internationale design Saint-Étienne. 2017 Working promesse : les mutations du travail. p. 32 9. Revue Sciences Humaines. 2016 Comment allons-nous travailler demain ? n° 286. 22


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Coworking Cantou. Lmoges. 2017 © Alain Tanguy

Pépinière d’entreprise 2cube. Aubusson. 2017 © Alain Tanguy


Le télétravail consiste à exercer son activité à l’extérieur des locaux de l’entreprise (à son domicile, dans des espaces partagés, etc.) grâce aux moyens de communication d’information technologiques. Il permet de gagner du temps (non perte de temps dans les transports) et de moduler son temps de travail. Il peut donner un sentiment de liberté et une facilité à s’isoler pour la concentration. Par contre, ses inconvénients sont qu’il peut accentuer le sentiment d’isolement et de surmonter seul les difficultés. Ainsi pour contrer ces désavantages, les travailleurs indépendants s’orientent vers des espaces partagés (co-working) pour travailler dans de meilleures conditions. Apparu il y a maintenant 10 ans dans la baie de San Francisco, le co-working est avant tout un espace de mutualisation. C’est un lieu principalement utilisé par les créatifs au sein du tissu urbain, mais qui se développe aussi dans le milieu rural. L’espace de co-working permet aux travailleurs de briser l’isolement, de partager leurs connaissances et ressources avec d’autres individus et de bénéficier d’un regard extérieur sur leur activité. C’est pourquoi il s’agit avant tout de travailler dans un même lieu, sans faire partie de la même entreprise. L’enjeu est de pouvoir travailler individuellement sur un poste de travail mais aussi d’échanger avec les autres, même si c’est seulement lors des temps de pause. Le co-working est un lieu intéressant car il n’est pas obligatoirement lié à un espace précis, le co-working est une situation de travail, à savoir d’obtenir d’éventuelles opportunités de collaboration. Ces situations de co-travail peuvent également être pratiquées et transférées dans d’autres types d’espaces. On peut prendre comme exemple Les usines nouvelles situées à la périphérie de Poitiers qui

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sont un exemple parfait de tiers espaces proposant des lieux d’activités pluridisciplinaires. Ancienne zone industrielle de la filature de Ligué, ce site est devenu en 2013 un lieu de co-travail entre différents travailleurs. Il rassemble des entreprises, des auto-entrepreneurs, des plasticiens, des étudiants, etc. dans un même lieu. Les co-fondateurs avaient pour souhait de rassembler les différents profils de travail dans un même bâtiment dans le but de faciliter les relations et la proximité des différents travailleurs du site. Un autre lieu de travail est utilisé aujourd’hui mais qui existe depuis plus de 20 ans, il s’agit des pépinières d’entreprises. Les pépinières d’entreprises aident à la création d’entreprise. Ce sont des lieux proposant des services (suivis personnalisés, accès aux matériels numériques) à des entreprises afin de démarrer leur activité et de se développer. Ces services permettent à la fois l’autonomie des travailleurs mais également des suivis administratifs et économiques et surtout de construire leur profil de travail, ce qui est primordial et décisif. Ces lieux sont avantageux car ils proposent des accompagnements personnels (financier et soutien moral) mais aussi ils mettent à disposition des espaces qui permettent de bien construire son activité (espace de réunion, espace personnel, un accueil avec un personnel à disposition, etc.). Les espaces de pépinières proposent des temps d’utilisation sur une durée déterminée, maximum de 5 ans. Une fois passé ce délai les avantages financiers disparaissent avec les locaux, seul un soutien moral peut continuer. Un autre point important, la pépinière aide à mettre en place son éthique, à savoir une entreprise plus humaine et responsable. Et ainsi les entreprises peuvent s’orienter vers d’autres méthodes de fonctionnement.

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Outre les pépinières, d’autres entreprises humanistes s’engagent vers ces méthodes de fonctionnement, plus humaines et responsables. Les entreprises ont souvent pour objectif d’être performantes et rentables, néanmoins, les travailleurs souhaitent évoluer dans un cadre plus humain. L’ouvrage de Jacques Lecomte, Les entreprises humanistes. Comment elles vont changer le monde10, est l’un des textes fondateurs. Il étudie les enjeux de l’entreprise en fonction des individus, à la fois par rapport à lui-même et à autrui et à une échelle humaine. Paul Lafargue l’exprimait très bien également à la fin du XIXe siècle. La production capitaliste demande toujours un travail plus conséquent. De telle sorte que travailler sans cesse nous rend au final plus pauvre. Une citation dans son ouvrage illustre parfaitement cette machination : « Travaillez, travaillez, prolétaires, pour agrandir la fortune sociale et vos misères individuelles, travaillez, travaillez, pour que, devenant plus pauvres, vous ayez plus de raisons de travailler et d’être misérables. Telle est la loi inexorable de la production capitaliste11. » Ainsi travailler sans cesse absorbe la nature altruiste de l’individu. Il ne s’agit pas de faire l’éloge de la paresse. Il s’agit plutôt de revenir à l’essentiel, à savoir, à une échelle humaine. La sobriété de l’activité professionnelle peut être envisagée par exemple grâce aux rapports humains. En relation avec les propos d’André Gorz, c’est vers cette distinction que le travailleur devrait tendre à se développer, ceci notamment pour permettre un nouvel humanisme. L’essor des entreprises, dites cooperate en est le parfait exemple. 10. Jacques Lecomte. 2016 Les entreprises humanistes. Comment elles vont changer le monde. Paris : éditions Les arénes. 11. Paul Lafargue. Op. cit. p. 23 26


Pocheco. entreprise écologique à Forest-sur-Marque. France

Comme la société Pocheco12 à Forest-sur-Marque en France, présentée dans le documentaire Demain13 de 2016, montre bien qu’il existe d’autres méthodes de travail, notamment dans le management, sur les espaces collaboratifs, etc. Inscrite dans une démarche écologique, l’entreprise favorise un environnement bienveillant qui base sa philosophie sur l’intérêt général. Ainsi chacun a sa place et a un rôle à jouer, peu importe son statut. Par conséquent, l’entreprise change et de ce fait les rapports humains évoluent. Ils mettent en avant une entreprise libérée où chaque personne est autonome et responsable de son travail. L’impact sur l’espace de travail a été la mise en place d’actions collectives (potager, repas, etc.),

12. Pocheco est une société industrielle écologique fabriquant des enveloppes, pochettes et sacs à soufflets en papier depuis 20 ans, dans le Nord pas de calais. 13. Mélanie Laurent, Cyril Dion. 2015 Demain (Documentaire) 27


afin de consolider les liens entre employés. Par conséquent cela interroge la question de la hiérarchie sociale. De plus en plus la hiérarchie verticale se transforme progressivement en une hiérarchie horizontale, à savoir une Halocratie, comme cela est le cas pour des entreprises dites Scop. Une scop est une société coopérative et participative sous forme de SA, SARL ou SAS. Elles bénéficient d’une direction démocratique. Dans une Scop, chaque salarié a un pouvoir décisionnaire, il est majoritaire au capital et bénéficie d’un partage équitable des profits. Par conséquent, comment peuvent-ils dans un même espace prendre des décisions communes ? Selon moi, l’espace de travail ne devrait pas être considéré comme un lieu écrasant. L’entreprise humaniste c’est avant tout d’avancer ensemble dans un même espace, mais sans oublier l’aspect économique. Ainsi ces différents exemples d’espaces de travail, co-working, pépinières d’entreprises et entreprises humaines ont pour enjeux de proposer de meilleures conditions de travail d’un point de vue organisationnel. Ils proposent des espaces qui correspondent aux attentes d’aujourd’hui, tout en restant différents. La pépinière propose un espace standardisé, avec le strict nécessaire, le co-working apporte une recherche plus prononcée sur les types de mobiliers, ambiance et couleur, alors que les entreprises humanistes apportent plus d’actions sur le management envers les individus au sein de l’entreprise que réellement sur l’espace. Le rôle de l’aménagement ne serait-il pas de créer des espaces répondant à ces besoins ? Des lieux spécifiques, comme les espaces de convivialité, des espaces personnels 28


adaptÊs, de maintenir les distances entres travailleurs ou des espaces de coopÊration, etc. afin d’exercer dans de bonnes conditions de travail.

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L’aménagement a un rôle à jouer

L’espace de travail a une influence sur le vécu personnel. Il est perçu comme un repère spatial où nous devons effectuer notre activité. Il est un lieu en dehors, à l’extérieur du logement. C’est le deuxième espace dans lequel nous passons le plus de temps après notre habitation. Il peut être considéré comme notre deuxième maison. Il procure le sentiment d’en être le propriétaire. C’est notre coquille et il définit notre place professionnelle dans la société. Nous lui attachons une valeur affective. Au sein de l’espace de travail, en plus de son espace familier, il est important également d’avoir accès à des lieux de sociabilité. L’espace de travail permet de vivre des moments de lien social dans des lieux spécifiques. Par exemple, Gustave Nicolas Fischer, dans son ouvrage Psychologie sociale de l’environnement, montre l’importance des espaces d’échange. Il donne un exemple très parlant de ces moments dans l’espace de travail contrôlé par la hiérarchie : « A titre d’exemple, un petit espace dans un atelier était l’objet d’une vague tolérance : sans affection clairement définie, il avait été investi de manière informelle par un groupe d’ouvriers qui en avait fait son petit coin… jusqu’à ce qu’un membre de la hiérarchie ait porté son attention sur les rassemblements

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sporadiques qui s’y déroulaient14. » Ces micro lieux ont une importance dans la vie sociale dans l’espace de travail. Ce sont des lieux investis temporairement par les travailleurs leur permettant d’échanger dans un espace informel et spontané sans contrôle extérieur. Comment le designer d’espace peut-il agir sur les espaces informels contribuant au bien-être ? Le projet Buzzi Jungle de Jonas Van Put peut être un exemple d’espace informel et d’interactions au travail, car il propose une installation collective d’appropriation. La structure est installée au sein d’une usine et tous les employés ont la possibilité de s’y rendre pour discuter. Malgré l’esthétique minimaliste et métallique, Jonas Van Put pose la question d’espaces complémentaires au sein même de l’espace de travail. Ainsi le rôle du designer d’espace ne serait-il pas de proposer de nouvelles organisations ? Comme envisager des nouveaux espaces informels, libres d’utilisation, dans le but de revenir à des rapports plus humains ? C’est pourquoi, le designer d’espace peut aider à apporter des nouveaux comportements au sein de l’espace de travail par des aménagements. En effet, par la suite, se pose la question du comportement des individus, et du caractère psychosocial de l’espace. L’espace induit sur l’expérience et ces expériences ont ainsi des incidences sur le comportement. Par conséquent l’environnement a un rôle fondamental sur l’attitude, le ressenti et le vécu sur le lieu de travail. La structure permet un moment de détente collective. Elle n’apporte pas un objectif optimal dans les comportements d’échanges, car elle propose une configuration non adaptée à cause des distances entre les individus, de la non-sécurité et d’une 14. Gustave-Nicolas Fischer. Op. cit. p. 8 31


influence d’attitude statique. Prenons comme exemple les recherches de Kinnarps et de Luca Nichetto, designer italien, présentées lors d’une exposition à la design week de Milan. Leurs recherches sont une exploration d’idées possibles sur l’environnement de travail de demain. Leur projet, intitulé Scandinative, combine la créativité et la Scandinavie commandité par Brera, design district Milano. L’objectif est de proposer des environnements qui montrent la capacité des individus d’intégrer de la créativité sur le lieu de travail, notamment par la prise de risque et d’encourager l’enthousiasme ainsi que la participation. Ainsi, ils ont développé des espaces sollicitant la concentration, la détente, la rencontre et la conversation. Cinq facteurs clés ont donc été présentés lors de cette exposition. Le premier est de pouvoir « construire et

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Buzzi Jungle. Jonas Van Put. 2016 © Cathérine Duval

Structure de 10 m x 13 m est construite avec de l’aluminium tissé galvanisé et fini avec la laque jaune

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changer » son lieu d’activité. Le deuxième est de « prendre des risques », dans le but d’épanouir la créativité. Le troisième est de « jouer sans limites », afin de briser les structures sociales et la hiérarchie. Le quatrième est « désorientons-nous », en vue d’encourager la créativité dans un environnement surprenant et imprévisible. Et le cinquième, intitulé « écosystèmes d’idées » sont des espaces de réunion informels pour faciliter l’émergence de créativité. Luca Nichetto explique : « J’aime à penser qu’un espace de travail est constitué de micro et de macro communautés différentes, que c’est un lieu où les personnes interagissent et dont la créativité ce nourrit 15. ». Ainsi, même si ces 5 espaces sont au stade de recherches possibles, elles montrent les multiples possibilités que peut offrir le designer d’espace. L’environnement de travail doit être envisagé comme un lieu décontracté, permettant aux travailleurs d’utiliser librement l’espace. Le bien vivre, l’altruisme et l’enthousiasme sont certainement des facteurs clés essentiels dans le design d’espace de l’environnement de travail. L’aménagement a une influence sur les comportements au travail. Elle permet d’apporter des conditions de travail adaptées et souhaitées dans les espaces personnels ou collectifs. C’est vers ce rôle, d’apporter du bien-être au travail que s’oriente l’aménagement. L’aménagement de l’espace de travail doit prendre en compte les conditions de travail en même temps que les incarnations spatiales. Ces incarnations spatiales aidant à de meilleures conditions de travail semblent se diriger vers différentes pistes envisageables.

15. Propos récolté de Luca Nichetto sûr : vimeo.com/91688830 34


Scandinative espace de travail. Kinnarps et le designer Italien Nichetto. 2014

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2 L’ESPACE DE TR AVAIL : ENTRE CONDITIONS DE TR AVAIL ET INCARNATIONS SPATIALES

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Vers une utopie du bien-être et de la mobilité

L’espace de travail de demain veillera-t-il au bien-être de l’individu ? On l’a vu, le bien-être est important, voire indispensable dans l’espace de travail pour le psychisme de l’individu. Mais pour un bien-être global il est aussi important de prendre en compte la mobilité pour un confort physique. Dominique Méda dit dans son ouvrage : « Le travail apparaît d’abord comme le moyen dont dispose désormais l’humanité pour progresser vers le bien-être1. » Par conséquent, l’environnement de travail doit-il encourager d’autres manières de s’approprier l’espace par exemple par la déambulation et proposer des attitudes de bien-être pour le travailleur, ce qui lui permet ainsi d’exercer dans un cadre apaisé ? William Morris dans son pamphlet sur l’usine socialiste, intitulé A factory as it might be de 18842, propose une vision utopique d’un lieu de travail centré sur le plaisir et non sur le profit. Tous les travailleurs exercent pendant quatre heures et peuvent, le reste du temps, pratiquer d’autres activités. C’est une vision utopiste mais qui a du sens, car chacun est libre de s’approprier l’espace durant ses activités. Se surpasser, se découvrir, communiquer, méditer, sont un ensemble d’appropriation libre à chacun. 1. Dominique Méda. Op.cit p. 99 2. William Morris. 1884 A Factory as it might be 38


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Reimagined Factory. Joanne Chen. 2016


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Reimagined Factory. Joanne Chen. 2016


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En 2016, Joanne Chen tente avec son projet intitulé Reimagined Factory de matérialiser l’utopie de William Morris. Elle a mis en place un lieu d’atelier pour des artisans avec des zones d’activité s’organisant dans un cadre de bassin, de labyrinthe et de verdure. Le travailleur est donc libre de s’approprier l’espace qui est mis à disposition. L’appropriation est mise en avant par une déambulation, permettant d’avoir un sentiment de calme et de quiétude. Gustave-Nicolas Fischer critique l’espace social assigné et les circulations restreintes, il dit : « espace neutre, banalisé et mécanisé, dans lequel chaque individu occupe une position fixe dans un cadre fixe et pour une tâche fixe, selon la logique taylorienne du travail3 ». « Les espaces de travail sont eux aussi délimités et identifiés par des clôtures diverses, qui sont comme autant de manières d’annoncer la privatisation d’un lieu et les codes requis pour y pénétrer4. » L’environnement extérieur doit être pris en compte au même titre que l’environnement individuel. C’est l’environnement dans sa globalité qui a impact sur l’individu. Cet espace est un lieu où l’individu se réalise, crée, examine ses pensées, imagine, il vit dans un environnement d’ataraxie, et de quiétude. Par conséquent la réalisation de soi doit-elle se faire dans un espace informel, laissant une appropriation libre ? Est-ce que l’espace de travail de demain engendrera une absence de hiérarchie spatiale et proposera une mobilité permanente dans l’espace ? L’espace de travail basé sur l’affordance de RAAAF & Barbara Visser peut être un bon exemple. Intitulé Affordances the end of sitting, c’est un espace à mi-chemin entre art, 3. Gustave-Nicolas Fischer. Op. cit. p. 182 4. Gustave-Nicolas Fischer. Op. cit. p. 180 42


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Affordances the end of sitting. RAAAF & Barabara Visser. 2014 Š Jan Kempenaers et Richy Kenberg


architecture et science empirique. Situé au Looiersgracht 60, cet espace d’art et de science à Amsterdam, est un espace expérimental qui explore les possibilités de changement de position du corps de l’Homme dans un espace de travail. Les chercheurs ont substitué aux chaises et tables un lieu de formes et contre formes proposant des positions du corps plus libres. L’affordance c’est la capacité d’un objet ou d’un lieu à suggérer sa propre utilisation, si bien qu’il permet une utilisation intuitive de l’espace. L’individu est libre d’utiliser l’espace à sa guise. Ils s’adaptent à l’espace disponible en fonction de ses désirs et besoins. Y trouve-t-il finalement sa place ? Est-il facile de s’approprier l’espace ? L’espace n’offre-t-il pas une trop grande mobilité ? Bien qu’il s’y sente libre, aucun n’espace ne lui est attribué. Il est dans une attitude de flottement, car l’espace n’a aucune organisation définie. Pour bien exercer son activité, il y a un besoin d’avoir un espace personnel dédié. Cependant, pour éviter l’inoccupation des bureaux durant l’absence d’employés, les entreprises ont opté pour une non attribution des bureaux afin d’optimiser l’espace mais le travailleur arrive t-il à s’approprier ce bureau qui ne lui est pas dédié ? Faut-il donc trouver un juste équilibre entre une attribution et une non attribution de l’espace de travail ? Avant le lancement de la Cop 21 à Paris en 2015, Sciences Po et les médias internationaux ont organisé un forum citoyen intitulé make it work pour le climat. L’objectif était d’amener des discussions dynamiques grâce à un aménagement évolutif de la salle. Les participants pouvaient organiser leur discussion par une appropriation et une implantation libre du mobilier mis à disposition. Ne faut-il pas attribuer un poste d’activité où le travailleur disposerait à sa guise les éléments présents dans

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Make it work. Raumlabor architectures. Théâtre des Amandiers Nanterre. 2015 © Martin Argyroglo

Make it work. Raumlabor architectures. Théâtre des Amandiers Nanterre. 2015 © Martin Argyroglo


l’espace de travail ? Les questions de l’appropriation et de la mobilité et de répartitions des lieux sont-elles des facteurs clés pour l’espace de travail de demain ? J’introduis ce questionnement de répartition par une vision utopique de Yona Friedman. Son ouvrage Comment habiter la terre vise à éclaircir notre futur. Yona Friedman propose des perspectives utopiques afin de vivre autrement sur notre terre. L’être humain vivant en pleine période de crise économique et écologique, l’auteur tente de montrer comment l’Homme pourrait survivre en repensant ses espaces de vie. Ainsi, il exprime, lors d’un passage, le rôle néfaste de l’industrialisation : « La civilisation industrielle, convaincue de sa supériorité a détruit (au moins temporairement) les autres civilisations. Une infection en entraîne une autre : une chaîne d’infections peut devenir une épidémie. Est-ce que l’industrialisation n’est pas l’épidémie de notre espèce 5? » C’est la raison pour laquelle il propose une nouvelle répartition et organisation de la terre. Par exemple il dessine une carte du monde où les zones tropicales seront réservées à l’industrialisation et les zones tempérées seront, elles, réservées à l’agriculture. Comment cette répartition à échelle mondiale peut-elle être repensée à plus petite échelle ? À savoir à l’espace de travail. Bien sûr, aujourd’hui il y a des lieux de travail qui se sont orientés vers ces répartitions, comme les grandes entreprises (telles que : Google, Apple, Facebook, Uber ou encore Beats by Dre) à la Silicon Valley dans la baie de San Francisco. Elles ont été élues comme les entreprises les plus agréables pour les travailleurs, car elles proposent dans leurs infrastructures des espaces spécifiques (restaurations, zones de détentes, espaces créatifs, etc). 5. Yona Friedman. 2016 Comment habiter la terre. Paris : édition de l’éclat. 46


La répartition de l’espace de travail crée un univers familier et incite le travailleur à rester plus longtemps sur son lieu de travail. L’aménagement de l’espace génère une confusion entre les temps professionnel et privé, ceci encourageant plus d’exploitation de la part des GAFA envers leurs employés. Est-il possible qu’une répartition logique de l’espace de travail améliore les conditions de travail et amène à une productivité plus frugale ? L’espace peut-il associer production de valeur et production de soi ? Je pense qu’un aménagement hiérarchisé, alliant bien-être et implantation libre, aiderait à associer une production de valeur et production de soi ? L’espace hiérarchisé permet de créer un univers où l’individu s’organise dans l’espace. Dans quel univers est-il possible de l’adapter afin d’obtenir un espace de travail simple (matériaux et aménagement) et à échelle humaine ? L’espace de travail pourrait être un univers auto géré.

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Vers une autogestion à échelle humaine et une ouverture au monde

L’espace de travail doit-il être envisagé à une échelle plus humaine permettant une accessibilité et une autogestion ? Un espace de travail envisagé par une sobriété semble pouvoir permettre d’accéder à une proximité à portée de tous, permettant des circulations et interactions libres. Prenons comme exemple l’espace de travail de la Red Bull Music Academy par Langarita Navarro Arquitectos, situé à Madrid pour des artistes musicaux. Le projet s’inscrit dans un environnement de 4 700 m2. Il s’agit d’un ancien entrepôt abandonné, réinvesti par différents espaces de studio d’enregistrement et des espaces de création musicale. Les architectes ont imaginé le lieu comme un village de création, un univers de travail paysagé avec des micros-architectures et végétations. Différents espaces sont identifiés : des lieux de création, des lieux de rassemblement et des lieux laissant une certaine liberté d’occupation, notamment les espaces verts et terrasses. Chaque espace de travail est accessible à chacune des personnes souhaitant y pratiquer son activité. Les lieux de création sont destinés à des usages pluriels et collaboratifs. L’ensemble de l’espace étant structuré et offrant un libre accès permet aux individus de s’organiser collectivement. Ils peuvent 48


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Red Bull Music Academy. Langarita Navarro Arquitecto. Madrid. 2012 © Luiz Diaz Diaz

Red Bull Music Academy. Langarita Navarro Arquitecto. Madrid. 2012 © Luiz Diaz Diaz


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AxonomĂŠtrie Red Bull Music Academy. Langarita Navarro Arquitecto. Madrid. 2012


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Red Bull Music Academy. Langarita Navarro Arquitecto. Madrid. 2012 Š Luiz Diaz Diaz


créer, se rencontrer, se mouvoir dans l’environnement coloré, façonné avec différents matériaux et textures. L’univers conçu sans excès de luxe et de raffinement, mais plutôt vers le naturel et la spontanéité apporte une échelle humaine à l’espace de travail. Dans l’ouvrage À quoi ressemblera le travail de demain ? Technologies numériques, nouvelles organisations et relations au travail de Sandra Enlart et Olivier Charbonnier, de 20136, les auteurs expliquent l’importance de l’autogestion dans les relations au travail. Pour les individus il sera indispensable d’avoir la capacité à s’autogérer dans l’objectif de se mouvoir dans un système d’autonomie et de mobilité. Un aménagement humble et à échelle humaine peut induire un espace de travail ouvert au monde, car rendre le lieu accessible peut permettre de meilleures situations de travail pour les travailleurs indépendants. Prenons comme exemple l’espace collaboratif entre designers intitulé C-Fabriek production lines curated par Itay Ohaly et Thomas Vailly. Situé dans une usine vide à Eindhoven, C-Fabriek est à mi-chemin entre un studio, un musée, une boutique et un lieu de travail. C’est un lieu où les designers travaillent et créent, mais présentent surtout leurs processus de création et leur méthode au public. L’intérêt de cette démarche est de construire un dialogue autour d’une création et de partager l’activité. L’environnement simple, composé de structures s’implantant aisément dans l’espace en font un lieu de rencontre ouvert à une mixité sociale. La particularité 6. Sandra Enlart et Olivier Charbonnier. 2013 À quoi ressemblera le travail demain ? Technologies numériques, nouvelles organisations et relations au travail. Malakoff : éditions Dunod. 52


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C-Fabriek production lines curated. Itay Ohaly and Thomas Vailly. 2012 Š Kim Costantino et Christian Fiebig.

C-Fabriek production lines curated. Itay Ohaly and Thomas Vailly. 2012 Š Kim Costantino et Christian Fiebig.


du lieu est due à une visibilité d’ensemble permettant une proximité entre les individus. Un dialogue et une interaction se créent entre le designer et le public à partir d’un objet produit. Le designer est libre dans son espace de travail, il est libre de discuter, de créer, d’imaginer, de partager son savoir-faire, de vendre sa production. Il occupe un lieu qui propose des aménagements et qui induit une éthique de travail autour d’une activité matérielle, favorisant l’échange, la discussion et la rencontre. La notion de partage est importante au sein des lieux de travail. Elle peut permettre de participer à l’amélioration des conditions de travail d’un point de vue psychique. Dominique Méda, dans son ouvrage Le travail : une valeur en voie de disparition ? insiste sur le fait que le travail doit être partagé. Pour elle, le travail est avant tout vecteur de lien social. « Le travail, c’est cette activité essentielle de l’homme grâce à laquelle il est mis en contact avec son extériorité7. » Ainsi, l’activité professionnelle dans l’espace de travail n’est pas seulement pour soi, mais aussi pour les autres et avec les autres. The Carrosserie, un espace de coworking à Marseille de 230 m2 est dans cet élan de lien social et de partage. Il s’agit d’un lieu collectif hybride qui propose diverses utilisations du lieu. Ancien atelier automobile, il offre des espaces de travail partagé, un marché de créateurs, une exposition ou des vides-dressing, etc. La caractéristique de la façade, une grande baie vitrée, apporte une ouverture vers l’extérieur et facilite l’accessibilité. La modularité du lieu, s’adaptant aux différents usages permet de réunir différents profils de partage, qu’il soit d’ordre professionnel ou privé. L’aménagement des espaces entre les espaces en hauteur, ouverts et fermés apporte une répartition équilibrée du lieu. Les caractéristiques du lieu, sa modularité 7. Dominique Méda. Op. cit. p. 18 54


et son aménagement encouragent les rencontres, le partage entre les différents acteurs dans un lieu atypique accueillant, lumineux et brut.

The Carrosserie. Marseille. © DR

Un lieu à l’échelle humaine, une autogestion des individus, l’ouverture au monde par la rencontre et le partage des usages et des acteurs permettent une habitabilité complète des lieux de travail. L’habitabilité contribue à l’objectif à la fois d’offrir des conditions de travail favorable et à la fois de proposer des incarnations spatiales adaptées aux travailleurs et à leurs activités. L’habitabilité désigne une équation entre la capacité des individus à investir le lieu en fonction de leur besoin et la qualité d’un espace à être occupé selon ces caractéristiques8. L’habitabilité est liée à l’appropriation. L’appropriation de l’espace semble fondamentale. S’approprier, s’attribuer son espace peut avoir un impact psychique sur la manière d’habiter l’espace de travail.

8. Isabelle Daëne. 2009 Habitabilité. Mémoire de recherche sous la direction de Maris-Haude Caraës. Paris 55


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The Carrosserie. Marseille. Š DR


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Vers une amélioration de l’habitabilité tendant à une éthique éco-responsable

Qu’est-ce qui nous permet d’évaluer l’habitabilité d’un lieu de travail  ? Habiter représente l’occupation habituelle d’un lieu. Habiter son espace de travail c’est donc se l’approprier. Par quelles méthodes l’habitabilité de l’espace de travail est-elle possible ? C’est la qualité de l’environnement, la jouissance du lieu, la sécurité, l’accessibilité, la proximité des services qui rendent possible l’habitabilité du lieu de travail9. Elle permet de concevoir un espace proposant des conditions nécessaires au développement de l’individu10. Le designer d’espace rendant l’espace habitable met en place des conditions d’organisation matérielle et des typologies d’espaces qui rendent propice la vie en collectivité. L’idée majeure est d’appréhender l’espace de manière globale. D’après Gustave-Nicolas Fischer et Virginie Dodeler dans leur ouvrage Mon bureau, ma maison et moi : Comment nos espaces de vie nous influencent de 201611, le travailleur marque son territoire en le personnalisant 9. Olivier Coutard et Jean-Pierre Lévy. 2010 Écologie urbaines (Chapitre X : L’habitabilité urbaines de Nathalie Blanc). Édition : Anthropos 10. Michel Lussault. 2007 Habiter, le propre de l’humain (chapitre II : habiter, du lieu au monde. Réflexions géographiques sur l’habitat humain). Édition : La découverte 11. Gustave-Nicolas Fischer et Virginie Dodeler. 2016 Mon bureau, ma maison et moi : Comment nos espaces de vie nous influencent. Édition : Dunod.p. 131 58


afin de délimiter clairement son espace de travail. La prise en compte de l’habitabilité interroge-t-elle la notion de l’éco-responsabilité de l’espace de travail ? Si l’environnement de travail tend vers la responsabilité envers autrui et envers le lieu, a-t-il une répercussion sur notre travail d’un point éco-responsable ? Est-il possible de parvenir à un équilibre entre l’éco-responsabilité de l’espace de travail et l’économie produite ? Est-ce que l’éco-responsabilité a un rôle à jouer sur l’environnement de travail ? Comme le dit Stéphane Vital, dans son Court traité du design, le design a un rôle dans cette réalité spatiale, dans le but d’élaborer de nouvelles manières d’exister ensemble. En effet, pour lui, le design joue un effet socio plastique et est un véritable enjeu permettant d’améliorer notre cadre de vie12. Gustave Nicolas Fischer considère également l’environnement de travail comme une composition spatiale induisant des attitudes13. Comment l’aménagement peut-il permettre d’accompagner d’autres manières de travailler grâce à une éthique plus responsable pour les travailleurs indépendants ? Et comment le designer d’espace peut-il proposer des moyens le permettant ? Le projet Darwin de 2010 peut illustrer cette question de l’écoresponsabilité dans le lieu de travail. A Bordeaux, c’est dans le quartier de la Bastide qu’un patrimoine historique militaire de 10 000 m2 a été réinvesti en un tiers lieu durable. L’objectif recherché de ce lieu est de faire cohabiter entreprises, associations et vie de quartier, dans un espace dont la principale caractéristique est la prise en compte de l’environnement. 12. Stéphane Vial. 2014 Court traité du design. édition : Puf 13. Gustave-Nicolas Fischer. 2011 Psychologie sociale de l’environnement (chapitre VIII : Les espaces de travail). Collection : Psycho Sup, Dunod. 59


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Darwin Co-working. LaLa Architecture. Bordeaux, 2013 © Julien Fernandez


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Le site met à disposition un ensemble de services : des espaces de travail d’éco-conception, une conciergerie (qui offre des services comme la garde d’enfants, la gestion du courrier, etc. pour le confort personnel des employés et travailleurs du site), pour les associations, des ateliers de réparation, des jardins-potager, des lieux sportifs, de restauration, etc. L’une des particularités de Darwin, c’est qu’il responsabilise les occupants dans le système écologique. Les occupants adoptent un éco-comportement en s’impliquant dans le fonctionnement du lieu grâce à leur contribution. Situé dans le premier bâtiment l’espace de travail de co-working conçu par LaLa architectures accueille une pluridisciplinarité de profils. Le lieu fait cohabiter des entreprises et des co-workers résidents dans des espaces modulables favorisant les échanges et interactions. Une disposition spatiale rapprochée et une visibilité compléte de l’espace par une ligne d’horizon dégagée permettent des connexions entres individus. L’intégralité du mobilier et de l’aménagement de l’espace est issue de matériaux recyclés. Un même modèle de construction en bois récupéré a été utilisé et répété pour composer l’espace apportant esthétisme et sobriété. Des combinaisons en tête-bêche et en vis-à-vis offrent une intégration permettant d’organiser l’espace par des zones personnelles et collectives. L’espace de travail doit être aménagé par des éléments issus d’une éthique d’éco-conception. Il est important de penser à l’éco-responsabilité mais il ne faut pas oublier les conditions de travail, à savoir, les postures, les conditions sonores et d’intimité. Un espace de travail est éco-responsable par sa nature technique mais surtout par le respect de la vie en société.

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Lors de ma visite à la 10e Biennale internationale de design de Saint-Etienne, était présentée une amorce de projet d’un espace de co-working solidaire et responsable, sous la forme d’un projet intitulé ecowork, mené en association avec l’Ensci les ateliers et l’association Lkecowork14, qui se sont questionnés sur la façon dont des pratiques éco-responsables pouvaient être intégrées dans le fonctionnement d’un espace de co-working ? Trois entrées possibles semblaient envisageables. La première est un espace inscrit dans un quartier proposant des espaces de travail animés, à la fois par les habitants et par les co-workers afin de donner une vie sociale forte. La deuxième est de créer une communauté responsable et solidaire de coworkers variés. La troisième est de proposer une ouverture vers les acteurs locaux permettant des partenariats avec l’extérieur grâce à un animateur pour redynamiser la vie locale. L’espace de travail ne se compose pas seulement d’un aménagement, mais il se caractérise également par des services permettant une vie sociale. L’espace de travail s’oriente vers une éco-responsabilité s’il tient compte des relations humaines et la conception du lieu. Ces recherches me permettent de penser que les conditions de travail et l’espace de travail pourraient être perçus différemment et améliorés grâce à une éthique d’habitabilité et d’éco-responsabilité.

14. LKecowork est une association agréée ESUS (Entreprise Solidaire d’Utilité Sociale). Il propose un concept de co-working solidaire, éco-responsable et innovant. 63



3 LE DESIGNER D’ESPACE AU SERVICE DES ESPACES DE TR AVAIL

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L’action du designer d’espace dans l’espace de travail

Dans une période économique difficile, s’orienter vers des modes de vie durables devient une exigence. Le développement de nombreux espaces pour y projeter des activités, une vie associative, culturelle ou sociale peut amener à des villes plus responsables. Par exemple lors de la Biennale internationale de design à Saint-Etienne de 2017, plusieurs projets étaient proposés vers cette orientation. À Londres un projet intitulé Clear Village rassemble une communauté de bénévoles créatifs pour encourager l’esprit d’entreprise sociale. Pour les travailleurs indépendants ce sont des pratiques déjà fortement exercées en milieu urbain, qui semblent également transférables en milieu rural. Le designer d’espace peut-il proposer des environnements de travail qui permettent aux travailleurs de se sentir mieux dans leur activité professionnelle, mais également de se sentir acteur d’une vie sociale ? L’objectif est d’obtenir un résultat qui améliore les conditions de travail, et de démontrer qu’il s’agit du rôle du designer d’espace. Il a à sa disposition différents outils qui lui permettent de concevoir ou d’améliorer l’espace. Quels sont donc les outils du designer d’espace ? Comment peut-il améliorer les conditions de travail ? Un designer d’espace peut améliorer l’accessibilité et l’habitabilité du lieu, aménager l’espace en fonction des usages. Il peut donner des ambiances ou bien des éléments qui organisent l’espace. Le designer d’espace

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Ekimetrics. Estelle Vincent. Paris, 2015 Š Arnaud Schelstraete

Ekimetrics. Estelle Vincent. Paris, 2015 Š Arnaud Schelstraete


peut réaménager l’ensemble d’un lieu de travail. Il peut identifier les besoins et mettre en place des dispositifs pour apporter davantage de confort, faciliter les déplacements, les relations. Prenons comme exemple, le projet d’Estelle Vincent, architecte, intitulé Ekimetrics. Il s’agit d’un aménagement pour la société Ekimetrics spécialiste en marketing média et domaine artistique. Situé en plein 8e arrondissement de Paris, l’espace de travail est un plateau de 1 000 m2 de bureaux sur un même niveau. Estelle Vincent est intervenue en apportant une action pour définir les espaces tout en permettant d’autres conditions de travail. Elle a mis en place des systèmes nommés EKi cube, Eki cabane, Eki table, Eki truck afin d’organiser les différents espaces. Les Eki sont disposés dans certains espaces pour garantir une meilleure compréhension de la fonctionnalité du lieu. Chaque module a son utilité, par exemple l’Eki cube offre un espace pour des réunions informelles, l’Eki truck est, lui, destiné à un lieu de convivialité, l’Eki cabane est un lieu d’échange avec des espaces de bureaux et des modules pouvant être disposés selon les besoins et l’Eki gallery pour y présenter des œuvres et pour avoir un lieu de détente et d’échange. Ainsi ces structures sont des outils que peut utiliser le designer pour organiser les lieux. Ils offrent des caractéristiques acoustiques et esthétiques permettant une divergence dans l’espace de travail. Le designer peut, par exemple, agir pour proposer des structures autonomes par pôle d’activité. Pour l’entreprise Ekimetrics, ces structures agissent positivement sur les employés car elles induisent une organisation moins routinière. Au final un espace de travail peut être agencé par des structures organisant le lieu. Cela permet à la fois aux designers d’espace de proposer des

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Plan Ekimetrics. Estelle Vincent. Paris, 2015


espaces inattendus mais également de différencier les usages. Ainsi les structures induisent des usages pour les utilisateurs. Ce sont comme des repères spatiaux qui permettent de suggérer l’activité exercée. L’ambiance est également un point important que le designer d’espace doit prendre en compte, car elle a des conséquences sur le psychisme et le physique. Il peut permettre à la fois une bonne circulation dans l’espace mais aussi influencer l’attachement du lieu. La factoria Cultural à Madrid est un exemple d’espace réhabilité en un lieu d’activité professionnelle. Les architectes d’Affoce For Stratégic Spaces (OSS) ont créé un ensemble d’espaces de travail pour un incubateur d’industries culturelles et créatives au sein d’une ancienne usine inoccupée de 484 m2 à Madrid. L’objectif de ce projet était de proposer un environnement de travail serein le moins coûteux possible. Comme on le voit sur les images proposées, le lieu reste en l’état originel. L’intervention des architectes par l’utilisation de matériaux simples et par une fabrication simple crée une ambiance frugale. L’ensemble des interventions est sobre et s’adapte parfaitement au lieu. Ici les entrepreneurs co-travaillent dans un environnement atypique grâce aux constructions et en fonction des spécificités spatiales en adaptant les interventions à celui-ci (poutre, hauteur sous-plafond). Le designer d’espace doit prendre en compte ce que lui offre le site, ses qualités mais aussi ses défauts. Il peut agir pour réhabiliter l’espace par un aménagement du mobilier ou par des structures qui créent des micro-architectures dans

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La factoria cultural. Office for Strategic Spaces. Madrid, 2014 © Simona Rota

l’architecture initiale. Il peut faire en sorte de concevoir des espaces proposant des aménagements sobres par des interventions minimalistes. De plus, l’espace a été étudié de telle sorte que le lieu propose de bonnes conditions de travail, aidant à une meilleure acoustique du lieu, réduisant les nuisances sonores. Les 3 volumes près de l’entrée créent un gradient, passant de compact à expansif, de occupé à silencieux, favorisant des conditions adaptées aux occupants. Le designer d’espace peut donc agir positivement en créant une ambiance et une configuration spatiale adaptée aux conditions de travail. Ainsi un espace individuel est indispensable. 71


Le designer d’espace peut apporter une action possible par les espaces individuels. Ce constat peut se faire suite à l’engouement pour de nouveaux espaces au XXe siècle : les open-spaces. Les open-spaces sont aménagés sur le modèle d’une salle de classe. Ils décloisonnent les espaces et ont l’avantage d’aider à la communication mais des inconvénients tels le bruit, l’absence de confidentialité liée à l’exposition au regard de tous. Ils n’offrent aucun espace personnel au travailleur, qui a du mal à se concentrer. Des deux dernières enquêtes d’Actineo1, il ressort que les travailleurs français se disent insatisfaits de ces espaces de travail occasionnant des nuisances et contribuant au stress. L’open space va ensuite être repensé prenant en compte le fait que le travailleur a besoin de calme pour se concentrer et effectuer au mieux son travail. La prise en compte de ses conditions de travail sont un facteur fondamental à la conception de son espace de travail. Le rôle du designer est de justement trouver une subtilité dans sa recherche pour permettre cette action possible. A contrario, un espace cloisonné qui enferme l’individu dans un espace individuel fermé peut devenir problématique. C’est ce qu’a voulu montrer Jacques Tati dans le film Play time de 19672. Il a représenté des espaces de travail individuels fermés, impersonnels, tous similaires organisés sur une trame unique sur l’ensemble de l’espace. Le lieu est assimilé à la densité des travailleurs à la chaîne ne permettant pas une identité propre à chacun.

1. Actineo est observateur de la qualité de vie au bureau, lancé en 2005 2. Jacquis Tati. 1967 Play time 72


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La factoria cultural. Office for Strategic Spaces. Madrid, 2014 Š Simona Rota


Par conséquent le designer d’espace peut-il donc apporter une identité propre par une construction et une appropriation par le travailleur de son espace individuel ? Lors du salon mobilier de milan de 206, les étudiants de l’école de design de l’Université de Lund en Suéde ont proposé un ensemble de meubles de bureaux, dont l’un permet un système de construction personnelle. Le designer d’espace ne peut-il pas agir sur la sphère individuelle du travailleur, en pensant le périmètre délimité par un globe qui apporte un environnement créatif et de concentration ? Le designer d’espace peut agir sur les conditions de travail individuelles. Il peut proposer des systèmes qui apportent du confort et une singularité à l’occupant.

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Workaround. Sofie Aschan Eriksson Université de Lund. 2016 © DR Play Time. Jacques Tati. 1967


D’un espace vacant à un espace de travail éco-responsable et social

Par conséquent l’utilisation d’un espace non actif permettra de proposer des aménagements de travail et des organisations possibles d’espace de travail pour les travailleurs indépendants. Il s’agit comme d’un terrain de jeux pour expérimenter des aménagements. La Biennale internationale du design de Saint-Étienne intitulée working promesse évoque dans son catalogue : « Investir des espaces vacants dans la ville pour tester de nouveaux modes de travail, pour contribuer au développement d’un quartier3. » La mission du designer d’espace consistera donc à utiliser les actions qui lui seront possibles au sein d’un espace vacant pour y proposer des conditions de travail différentes. Pour exploiter les actions du designer d’espace, j’ai choisi de m’orienter vers un lieu de type co-working. Le lieu à investir est un bâtiment historique du XIXe siécle au centre de Limoges, vacant depuis 10 ans. Situé place Jourdan, à proximité de la gare de Limoges-Bénédictins et d’espace verts publics, il s’agit d’une ancienne salle de réception s’étendant sur 3 niveaux proposant différentes typologies d’espaces. Le bâtiment est l’un des symboles de Limoges. Il était utilisé par les habitants qui s’y retrouvaient 3. 10e Biennale internationale design Saint-Étienne. 2017 Working promesse : les mutations du travail. p. 77. 76


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Bâtiment innocupé. Vue 1er étage. Limoges, 2017 ©Alain Tanguy

Bâtiment innocupé sur 3 niveaux. Limoges, 2017 ©Alain Tanguy


pour converser et se cultiver. Il est témoin de la période faste de l’industrie de la porcelaine. Au premier étage se trouve un jardin d’hiver classé, composé de vitraux du maître verrier limougeaud Francis Chigot. L’ensemble du reste des étages est constitué d’une salle de reception, d’un bibliothéque, d’une salle de lecture, d’une salle de restauration et de différents appartements, etc. Le lieu est géographiquement situé à proximité d’établissements en lien avec le monde du travail, comme la chambre des métiers et de l’artisanat de la Haute-Vienne, la Chambre de commerce et d’industrie de Limoges et de la Haute-vienne, la Cité des Métiers et des Arts, la faculté des droits et des sciences économiques, Pôle emploi. Sa restauration est nécessaire car il est condamné à être définitivement inutilisable du fait d’une détérioration provoquée par l’humidité. C’est un lieu adapté, car il permet d’être investi de façon à envisager l’espace de travail de demain et à redonner une activité au bâtiment. L’espace de travail devra prendre ne compte des tendances émergentes, telles que le dialogue social, le développement du territoire et l’ouverture sur la ville, le bien-être des travailleurs et le co-travail. Partout en France, de nombreuses constructions sont vacantes et à l’abandon. Souvent amenés à être détruits, ces lieux pourraient être réhabilités et réinvestis en de nouveaux lieux sociaux. La réutilisation de bâtiments vacants a un enjeu environnemental qui est de plus en plus pratiquée car elle permet d’atteindre une éthique éco-responsable. Un espace de travail peut aider à développer un quartier. Il encourage une économie locale qui fait apparaître des nouveaux profils de travailleurs (entrepreneur, plasticien, designer, artisan, ou étudiant) au sein de la ville. Mon objectif est d’envisager le lieu

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comme un espace économique et social inscrit dans un tissu local. L’intérêt est de projeter des aménagements qui permettent de travailler dans de bonnes conditions et dans une éthique de travailleurs éco-responsables.

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Conclusion

L’espace de travail a un fort rôle à jouer sur les conditions de travail. On l’a vu précédemment, l’organisation spatiale dans laquelle se pratique l’activité professionnelle est très importante. Il est une étape charnière de conception pour que les conditions de travail soient les meilleures possibles pour tout type de travailleurs, qu’ils soient ébéniste, archiviste, créateur, etc. Néanmoins, une amélioration des conditions de travail doit avant tout viser à offrir du bien-être aux employés et aux travailleurs et non à encourager la productivité. Dans une démarche cherchant à comprendre comment l’espace de travail peut évoluer, le designer d’espace peut agir pour améliorer les conditions de travail. Il a différents outils d’aménagement d’espace qui peuvent lui permettre d’apporter des solutions. Comme on l’a vu, l’utilisation d’un espace vacant permettra d’engager une recherche sur comment proposer des organisations spatiales de travail pour des travailleurs indépendants. Mon objectif est de mettre en perspective un lieu éco-responsable ouvert sur un quartier et à tout type de travailleurs (artisans, créatifs, administratifs, etc.) voulant s’engager vers une activité professionnelle à échelle humaine. Il s’agit de s’orienter vers une relocalisation des espaces de travail et sur d’autres manières de travailler en collectivité. La recherche a pour but de proposer

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plusieurs dispositifs possibles pour exercer son activité professionnelle en lien avec le tissu social et avec une ouverture vers la ville et le quartier. Ma recherche s’oriente vers deux regards complémentaires. Le designer d’espace doit prendre en compte la réalité mais également l’imaginaire. L’utopie a un rôle majeur. Je vais utiliser l’utopie pour envisager des concepts qui permettent d’aller au-delà de ce qui est envisageable. Son rôle, dans la recherche, est d’imaginer des organisations de travail possibles dans un futur proche. Le designer est avant tout un rêveur. Que serait une création sans l’avoir préalablement rêvée ? Ensuite l’autre point serait d’envisager une recherche d’un point de vue frugal. Car, après avoir dépassé les limites du possible, revenir à l’essentiel est déterminant. Il s’agit de revenir à un procédé humble, à une recherche sobre pour améliorer les conditions de vie. Le designer se doit de proposer des aménagements à une échelle humaine, qui apportent de la sérénité. Ma recherche ambitionne un design à la fois humble, sobre et juste.

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Résumé

Le travail, cette activité idolâtrée et sujet de société est actuellement en pleine mutation. Entre la mutualisation des lieux de travail et la prégnance du travail, que nous réserve l’avenir ? La répartition entre les espaces de travail et les espaces de vie privée est devenue abstraite et délicate. De plus, d’après des études récentes près de 67 % des Français affirment que le travail est important dans leur vie1. Ainsi, pour projeter le travail de demain il est important aujourd’hui de reconsidérer sa place. Car, il faut préparer la transition du travail de demain. En effet, les objectifs de travailler plus pour produire et gagner plus sont désormais illusoires. Notamment pour les travailleurs indépendants et les entreprises qui doivent s’adapter aux changements. L’objectif actuel est plutôt de travailler moins, surtout mieux et donc de travailler autrement pour produire de manière juste, adaptée aux besoins. Basé sur les propos d’André Gorz sur la décroissance et une société construite sur la sobriété, ce mémoire a pour objectif de questionner et de proposer une nouvelle appréhension du travail par l’usage de l’espace, dans le but d’exercer dans des conditions de travail plus humaines, responsables et apaisées.

1. Les grands dossiers des sciences humaines, septembre. 2016 Les métamorphoses de la société française n° 44. p. 46 82


Comment travaillerons-nous demain ? Quel en sera l’impact sur les conditions de travail ? Par quels moyens le designer d’espace peut-il améliorer les conditions de travail ? Et si le designer d’espace avait également un rôle à jouer au même rang que les politiciens, philosophes ou sociologues pour participer aux changements possibles du travail ? Est-il donc possible que le designer d’espace repense l’aménagement des espaces de travail pour y travailler autrement ?

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Remerciements

Tout d’abord, je tiens à remercier mes tutrices de mémoire, qui m’ont soutenu, épaulé et encouragé tout au long de ma recherche. Un grand merci à Mme Pham Ngoc Cuong de m’avoir guidé, conseillé et encouragé à tout moment, de m’avoir toujours donné la volonté de me dépasser afin d’obtenir un travail qui me corresponde. Merci également à Mme Pache pour tous ses précieux conseils, qui m’ont aidé à concrétiser ce mémoire. Je remercie toute l’équipe enseignante pour son soutien et son aide. Je remercie tous mes camarades, avec qui j’ai passé mes deux années dans la région creusoise. Nous avons construit une famille, une équipe solidaire dans les bons comme dans les moins bons moments. Un soutien permanent et des moments agréables vécus pendant ces deux ans, qui ont fait de ce DSAA, plus qu’une simple formation. Merci à ma famille et à mes amis d’enfance qui m’ont soutenu et aidé durant ces deux années.

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Index

A Altruiste (p. 22) Appropriation (p. 31) Auto-entrepreuneur (p. 25) Auto-gestion (p. 52) B Bénéfice (p. 16) Bien-être (p. 38) C Cadence (p. 19) Chronophage (p. 20) Collaboration (p. 24) Conditions de travail (p. 34) Coopération (p. 19) Co-working (p. 13) D Décroissance (p. 7) E Echelle humaine (p. 48) Economie locale (p. 78) Eco-responsabilité (p. 59) Entreprise humaniste (p. 26) Épanouissement (p. 16) Espace de travail (p. 7) Espace vacant (p. 76) 86


F Frugale (p. 70) H Habitabilité (p. 58) Halocratie (p. 28) M Métier manuel (p. 18) Mobilité (p. 42) Mutation (p. 7) Mutualisation (p. 16) P Pépinières d’entreprises (p. 25) R Robotisation (p. 22) S Savoir-faire (p. 18) Scop (p. 22) Sobriété (p. 26) Surproduction (p. 19) T Télétravail (p. 24) Tiers espace (p. 25) Travail responsable (p. 50) Travailleurs indépendants (p. 66)

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Isabelle Daëne. 2009 Habitabilité. Mémoire de recherche sous la direction de Maris-Haude Caraës. Paris Michel Lussault. 2007 Habiter, le propre de l’humain (chapitre II : habiter, du lieu au monde. Réflexions géographiques sur l’habitat humain). Édition : La découverte ISBN : 97827007153203 Olivier Coutard et Jean-Pierre Lévy. 2010 Écologie urbaines (Chapitre X : L’habitabilité urbaines de Nathalie Blanc). Édition : Anthropos ISBN : 2717858024 Gustave-Nicolas Fischer et Virginie Dodeler. 2016 Mon bureau, ma maison et moi : Comment nos espaces de vie nous influencent. Édition : Dunod ISBN : 22100711245

Articles et revues Revue Sciences Humaines. 2016 Comment allons-nous travailler demain ? n° 286 Dominique Méda. 2016 Ce qu’attendent les salariés. Revue les grands dossiers des sciences humaines. n° 44. p 46-47

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Les grands dossiers des sciences humaines, septembre 2016, Les métamorphoses de la société française. n° 44 Socialter : L’obsolescence programmée, comment s’en libérer ? Novembre 2016 À l’aube des smarts villages. N° 19 Revue Sciences humains 2007 Adam Smith (1723-1790) : de la morale à l’économie. Dorothée Picon. n° 179 Travail et changement, février 2013. Les promesses de la qualité de vie au travail n° 347. [en ligne], (20 août 2016) « http://www.changerletravail.fr/ les-robots-vont-ils-tuer-les-emplois » Jean-François Dortier, 2015. Les robots vont-ils tuer les emlois ? Sciences Humaines, changer le travail [en ligne], (30/04/2016) « http://www. changerletravail.fr/les-robots-vont-ils-tuer-lesemplois » Idée Collaborative 2016

Filmographie consultée Terry Gilliam. 1985 Brazil Antarès Bassis et Sophie. 2016 Trepalium (Série)

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Mélanie Laurent et Cyril Dion. 2015 Demain (Documentaire) Fritz Lang. 1927 Metropolis Jacquis Tati. 1967 Play time Yann Arthus-Bertrand ; 2015 Human (Documentaire) Brad Anderson ; 2005 The machinist Andrew Niccol. 2011 Time out

Ouvrages et articles consultés Guillaume Borel. 2015 Le travail : Histoire d’une idéologie. Paris : Les éditions Utopia. p. 84 ISBN : 978-2-919160-20-4 Bruno Marzloff. 2013 Sans bureau fixe : transitions du travail, transitions des mobilités. France : FYP éditions. p. 95 ISBN : 978-2-36405-102-7 Georges Friedmann et Matéo Alaluf (Préface). 2012 Le travail en miettes. Bruxelles : Universite De Bruxelles Eds. p. 304. - (Ublire Poche, numéro 23) ISBN : 2800415258

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Jeremy Rifkin. 2005 La fin du travail. Paris : éditions La Découverte. p. 476 ISBN : 978-2707127334 Jacques Le Goff. 2013 Salarié, une espèce en voie de disparition ? Revue Projet, vol (N° 336-337), p. 23-31 Fabrice, Gendal, Johann, Ludo, Marion, Stéphane, Tatiana, Tommy, Xavier.2016 On vaut mieux que ça. Paris : édition Flammarion. p. 44 ISBN : 978-2-0813-9279-3

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Conception graphique : Alain TANGUY Typographies : Freight : Regular, Light, Italic. Azo Sans : Light et Bold Papier intérieur : Cocoon (115 g) Papier Couverture : Rives tradition blanc naturel sensation. Gloss tactil (270 g)

Imprimé en 12 exemplaires par Agi Graphic à la Souterraine dans le cadre du DSAA Éco-responsable. Design d’espace

Le copyright de chaque image du corpus appartient aux entreprises ou auteurs respectivement cités. Malgré les recherches entreprises pour identifier les ayants droit des images reproduites, l’étudiant rédacteur s’excuse pour les oublis éventuels et se tient à la disposition de personnes dont involontairement il n’aurait pas cité le nom.


Travailler autrement L’espace de travail : vers de nouvelles perspectives

À l’heure où le travail est un sujet actuel de société, son rôle et sa valeur sont de plus en plus questionnés. Le travail structure notre vie car chaque jour nous y consacrons 10 heures de notre temps, voire plus et nous passons en moyenne 8 heures par jour au sein de nos espaces de travail. La répartition entre les espaces de travail et les espaces de vie privée est devenue abstraite et délicate. Par conséquent comment travaillerons-nous demain ? Quels seront les métiers de demain et les possibilités d’organisation envisageable : co-working, groupe-projet, indépendance, intermittence ? Et quels en seront les impacts sur les conditions de travail ? L’espace de travail compte beaucoup sur l’organisation du travail d’après l’Anact (Agence national pour l’amélioration des conditions de travail), car en fonction de l’aménagement de l’espace proposé, la qualité de vie et les conditions de travail peuvent changer. Ainsi comment les conditions d’aménagement, d’usages et d’expériences peuvent permettre une amélioration de vie au travail ? Et si le designer d’espace repensait l’aménagement des espaces de travail pour y travailler autrement ? Et s’il était possible de proposer de nouveaux modes de travail dans un environnement travailleurs ?

Tension at work. Photographie réalisée lors du workshop avc Antti Ahtiluoto. 2017 ©Alain Tanguy

plus éco-responsable, apaisé et humain apportant du bien-être aux


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