LATOUILLE Alexane MOTTIER Mélanie
Un troisième temps pour emmen,
Vivre autrement la ruralité.
PFE - Master «Architecture, Villes, Ressources» 2019/2020
Un troisième temps pour emmen,
Vivre autrement la ruralité.
Directeur d’études : Florian Golay 2020 ENSAG
«Je ne vois aucun moyen de vous décrire la campagne de Drenthe comme il se doit, car les mots me manquent. Mais imaginez les rives du canal comme des kilomètres et des kilomètres. [...] Plans ou bandes plats de couleurs différentes, qui deviennent de plus en plus étroits à mesure qu’ils approchent de l’horizon. Accentué ici et là par une hutte de gazon ou une petite ferme ou quelques bouleaux maigres, peupliers, chênes. Des tas de tourbe partout et toujours des péniches naviguant avec de la tourbe ou des joncs des marais.» Vincent Van Gogh, décrivant la campagne, lors de son voyage à Nieuw-Amsterdam (Emmen) en 1883. Lettre à son frère, Théo, en 1883, n°392.
SOMMAIRE
Introduction :
Les changements fondamentaux des espaces ruraux : le cas des Pays-Bas ?
Emmen, une métropole rurale. Les régions rurales dans un pays densément peuplé
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Une spécificité urbaine, héritée d’un regroupement administratif Le paysage néerlandais : Fondateur de l’identité d’Emmen Un territoire organisé et contrôlé, dans une plaine agricole Une mosaïque aux noyaux urbains métropolisés Les conséquences de la ville archipel : La dépendance à la voiture dans un territoire distendu Une population vieillissante en quête de mobilité Les limites de la métropolisation rurale : Restructuration et optimisation foncière
Quelle place pour le temps libre dans une ville binaire ?
Un équipement hybride, pour un territoire multifonctionnel.
Klazienaveen, un pôle de vie L’Ecole de Spil, un témoin de l’architecture néerlandaise Extraction de valeur : Qualité structurelle de la brique Articulation urbaine : Une place en retrait à la croisée des flux Un tiers-lieu rural, au service de son territoire Une gradation des programmes, du public au privé
Des pratiques émergentes et évolutives
La halte, un tiers-lieu rural.
Nouvelle ruralité : La solidarité en plus, l’étalement en moins Un nouveau rythme de vie Repenser les services de proximités à partir des usagers La halte, tiers-lieu rural Repenser l’habitat à partir des modes de vie La transition énergétique : Utilisation des ressources naturelles et retour au local Extraction de valeur : Utilisation des cultures constructives locales Le paysage au coeur du lieu Un parcours paysager : Une reconnexion urbaine et paysagère
Conclusion : Notre apprentissage de l’espace rural
Remerciements Annexes Bibliographie
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avant-propos Ce tome 2 clôture notre dernière année passée à l’ENSAG au sein du master “Architecture, Villes, Ressources”. Il y a quelques mois, les douze binômes du master ont choisi une ville moyenne européenne en décroissance comme terrain pour leur projet de fin d’étude. Un premier tome, rédigé collectivement, nous a permis de découvrir chacune de nos villes à distance, par le biais de chroniques urbaines. En se rendant dans nos villes respectives, en février dernier, nous avons tous confirmé ou contredit les hypothèses que nous avons eues, et entamé notre projet de fin d’étude. Quelques semaines après, la France était confinée et nous avons dû nous adapter au travail à distance. Il est certain que ce confinement a eu un impact sur notre travail et sur chaque étudiant du master. Ainsi, ce document est le fruit de plusieurs mois de travail, restituant notre dernière année en tant qu’étudiant au sein des murs de l’ENSAG, mais aussi en tant que binôme séparé pendant plusieurs semaines.
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INTRODUCTION
Les changements fondamentaux des espaces ruraux : le cas des Pays-Bas ? À partir des années 1970, les relations villes-campagnes connaissent des changements profonds en lien direct avec les nouveaux modes d’habiter. Autrefois considérés comme les terres de production agricoles des pays européens, les espaces ruraux sont aujourd’hui devenus des régions multifonctionnelles de vie et de consommation, au même titre que les espaces urbains. En effet, les populations désirent avoir les avantages d’une vie urbaine (proximité du travail, offre culturelle et récréative, etc.) tout en ayant les qualités d’une vie à la campagne (posséder un jardin, éduquer ses enfants dans un cadre naturel important, etc.). 1 Selon l’organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), il n’existe pas d’espace rural aux Pays-Bas.2 Afin de mettre en place des politiques d’aménagements du territoire, le gouvernement néerlandais redéfinit l’espace rural comme étant “l’espace physique pour la production alimentaire”. Nous baserons notre projet et ce mémoire sur la définition rurale des Pays-Bas et non celle de l’OCDE. En appliquant cette définition, les Pays-Bas comptent 80 % de leur territoire en espace rural, habité par 40 % de leur population.3 Nous l’avons vu dans le premier tome de ce mémoire, de nombreux éléments démontrent que la population d’Emmen adopte peu à peu un mode de vie urbain. La centralisation des services entraîne une utilisation quotidienne de la voiture, ainsi que la fermeture des boutiques et services dans les anciens villages. Les gilets jaunes sont le témoin d’une dualité qui s’exprime aujourd’hui à Emmen : avoir un mode de vie urbain dans un territoire rural. Dans le premier tome de ce mémoire, les gilets jaunes furent pour nous la porte d’entrée dans cette ville jusqu’alors inconnue, que nous avons appris à découvrir à travers leurs regards et leurs revendications. Nous nous la représentions comme une métropole européenne, telle que nous les connaissons : en plein développement urbain, économique et démographique. Cependant, Emmen est une ville rurale excentrée, au passé agricole encore présent. Au cours des dernières années, l’organisation et le contrôle strict de son développement urbain, lui ont permis de préserver ses espaces agricoles. 1) VAN DAM Frank, HUIGEN Paulus P.P. “L’espace rural aux Pays-Bas : un changement fondamental”, in Hommes et Terres du Nord, 1997. pp. 115-123. 2) SERRANO José. “Approches de la ruralité dans trois pays européens (France,Suisse,Pays-Bas).” in Le régime institutionnel d’une nouvelle ruralité. Analyses à partir des cas de la France, des Pays-Bas et de la Suisse, 2014, p.8 3) L’OCDE définit un espace rural au seuil de 150 hab/km², hors les Pays-Bas ne descendent pas en dessous des 200 hab/km², toutes communes confondues. C’est deux à trois fois plus que les densités des espaces périurbains suisses ou français. Contrairement à la France qui définit un espace rural en fonction de la concentration d’emploi, les Pays-Bas retiennent la densité de maison dans un rayon de 1km (Espace ruraux à moins de 500 maisons pour 1km de rayon).
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Emmen, une mĂŠtropole rurale
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Source : MÊlanie Mottier Centre-ville d’Emmen
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Source : MÊlanie Mottier Centre-ville d’Emmen
Source : Mélanie Mottier Pôle résidentiel Weerdinge
Source : MĂŠlanie Mottier Airbnb au milieu des champs
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Carte densité des Pays-Bas Source : Densité de population des Pays-Bas, Wikipédia.fr
> 750 hab/km² 750 - 500 hab/km² > 500 hab/km²
Les régions rurales dans un pays densément peuplé Les Pays-Bas apparaissent comme le pays le plus densément peuplé d’Europe (400 hab./km² en moyenne). Même les espaces ruraux comptent une densité de plus de 200 hab./km², contre une densité moyenne de 118 hab./km² sur tout le territoire français. La population est très largement urbanisée et elle se concentre dans les villes d’Amsterdam, Rotterdam, Utrecht et La Haye. L’état s’organise autour de trois grandes zones géographiques :
1. L’Ouest
2. Le centre
L’Ouest, qui profite pleinement des intérêts économiques de la mégalopole européenne, autrement appelé la banane bleu, de part sa position centrale avec les grandes puissances européennes (Londres, Paris, Hambourg, etc.). De plus, sa proximité avec la mer baltique lui permet de bénéficier des échanges commerciaux internationaux. Le centre économique des Pays-Bas s’articule, aujourd’hui, autour d’Amsterdam, La Haye et Rotterdam.
Le centre du pays, le sud et l’est, qui se trouvent être l’arrière pays urbain, font vivre la population et profitent de l’essor des grandes villes.
3. Le nord et le Sud Ouest Et enfin, le Nord et le sud ouest sont les régions les plus rurales du pays.
Tant en superficie qu’en démographie, les espaces ruraux occupent une place importante du pays. Ces régions, autrefois autonomes et agricoles, sont aujourd’hui devenues plurielles.
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La ville archipel Une spécifité urbaine, héritée d’un regroupement administratif À partir des années 1980, de nombreuses communes néerlandaises ont été regroupées afin d’assurer une gouvernance territoriale contrôlée.4 Les régions les plus rurales ont été les premières concernées par ces regroupements, étant autrefois les plus petites communes (autre exemple : Leeuwarden, dans la région voisine). Emmen est un exemple type puisqu’elle a vécu un groupement de dixneuf communes en 1998.
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Ce phénomène administratif se traduit aujourd’hui par un tissu urbain étendu et dilaté. En acceptant les espaces ruraux au sein du territoire, ces villes du nord des Pays-Bas développent le concept de “ville archipel” : un territoire conciliant la préservation de l’environnement agricole et son développement urbain.5
En terme de spatialité, il s’agit d’une ville qui se développe autour de différentes entités urbaines. Ces entités sont indépendantes les unes des autres et adoptent une stratégie urbaine globale, faisant d’elles une seule et même commune. On retrouve également le concept de ville archipel en France : la métropole de Rennes met en avant ce concept d’organisation spatiale dans son Projet d’aménagement et de Développement Durable (PADD).6 À Emmen, comme à Rennes, différents noyaux urbains gravitent autour du centreville. Même si le principe d’organisation spatiale est similaire, une grande différence les distingue : Rennes est une métropole régionale regroupant 43 communes, d’une superficie de 705 km², tant dis qu’ Emmen est une commune rurale de 346 km².
De gauche à droite :
Carte de Leeuwarden, commune de 167 km². Carte Emmen, commune néerlandaise de 346 km². Carte Métropole de Rennes, France. 43 communes réparties sur 705 km². 0
5 km
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Cette disparité fait apparaître une information importante pour la compréhension du territoire d’Emmen. Le paradoxe de cette commune de 100 000 habitants, c’est la taille de son territoire. Aussi grande qu’une métropole, mais composée de quartiers, qui fonctionnent comme nos villages français de 1 000 habitants.
Ainsi, la ville d’Emmen regroupent des caractéristiques urbaines révélatrices d’une grande région des Pays-Bas, qui font d’elle un “territoire d’étude type” : une ville rurale, un regroupement de plusieurs communes, une organisation satellitaire dans le modèle urbain actuel.
4) Article sur le Regroupement des communes aux Pays-Bas, http://meinamsterdam.nl/regroupement-de-communes 5) Projet d’Aménagement et de Développement Durable - Métropole de Rennes, extrait du Plan Local d’Urbanisme (PLU). 6) Ibid. p.12
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Source : MĂŠlanie Mottier Canal en direction de Barger-Compascuum
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6 km
Carte d’Emmen et de ses espaces naturels
(champs/fôrets/jardins privés/parcs/etc. )
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Le paysage néerlandais : fondateur de l’identité d’Emmen Bien que les Pays-Bas soient un des pays les plus urbanisés, la représentation qui règne dans l’imaginaire collectif est celle d’une ruralité agricole : les moulins à vent, les sabots, les tulipes et le fromage. Maintenir ce patrimoine, tout en développant l’urbanisation des villes, est une des caractéristiques du développement des Pays-Bas, lors des 50 dernières années. Emmen ne déroge pas à la règle. Pour le gouvernement néerlandais, les régions agricoles et rurales ne sont pas des espaces par défaut qui attendent d’être urbanisés dans les prochaines années. Il s’agit d’espaces structurant la croissance urbaine du pays, permettant de contrôler l’étalement urbain et de préserver le patrimoine paysager.
À Emmen, l’alternance entre une ville en croissance urbaine et une campagne préservée est un élément fondateur pour la ville. Au-delà de ses champs agricoles, la ville se caractérise par sa géologie. Se trouvant sur une crête de sable tourbeux, la ville appartient à une zone géologique protégée et labellisée Géoparc. De nombreux parcs sont présents dans la ville, ainsi que dans toutes la région afin de favoriser la préservation de l’environnement proche, constitué de : forêts de conifères et de feuillus, des lacs, des prairies, des villages, des ruisseaux, des sables mouvants, des landes et des champs.
Carte du centre-ville d’Emmen
Commerces Zones industrielles Voierie Zones Eau rĂŠsidentielles Zones pavillonaires
0
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300 m
7) SERRANO José. “Approches de la ruralité dans trois pays européens (France,Suisse,Pays-Bas).” in Le régime institutionnel d’une nouvelle ruralité. Analyses à partir des cas de la France, des Pays-Bas et de la Suisse, 2014, p.18
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Un territoire organisé et contrôlé dans une plaine agricole Dans les années 1970, les PaysBas se dotent d’un schéma d’aménagement du territoire à l’échelle nationale qui a pour but de préserver son paysage, tout en permettant son développement urbain. Le gouvernement a donc défini des zones d’action et d’inaction : les zones urbaines, les zones tampons et le coeur vert. 7 Les zones tampons sont des espaces intermédiaires où le développement urbain est autorisé, mais limité, afin de protéger les zones agricoles. Le coeur vert est un espace ouvert, ayant pour but de fournir des espaces récréatifs de proximité aux citadins.
Il s’agit de maintenir une continuité des espaces non bâtis pour des objectifs agricoles mais aussi de préservation de la biodiversité. Ce zonage a permis d’atteindre certains objectifs comme la limitation de la consommation des terres agricoles et la proximité des espaces ouverts pour la population. Ainsi, Emmen est représentative d’une densité homogène et locale très planifiée, ce qui permet une cohabitation entre urbain et agriculture.
Source : MÊlanie Mottier Champs d’agriculture
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Source : MÊlanie Mottier Route nationale au milieu des champs d’agriculture
Une mosaïque aux noyaux urbains métropolisés Depuis quelques années, l’Europe voit émerger une métropolisation de ces espaces ruraux. Arnaud Brennetot définit la métropolisation rurale comme étant “le processus d’accentuation des polarités, de fluidification et de densification des réseaux de circulation, bouleversant les catégories usuelles de l’espace.” 8 Cette accentuation s’explique par la facilité à se déplacer dans les territoires, permettant l’ouverture des ruralités aux villes et métropoles. L’intensification des différentes polarités constituant la métropolisation rurale révèle un changement de société : nous sommes face à une population urbanisée vivant dans un espace rural. Emmen se construit aujourd’hui autour de plusieurs noyaux urbains, devenus de vraies entités constitutives de son tissu. Nous identifions trois typologies urbaines : le coeur de ville, les pôles de vie et les pôles résidentiels.
1. Le coeur de ville 22
Le coeur de ville accueille les principales fonctions métropolitaines de la ville et les grands équipements publics (centre commercial, mairie, zoo, complexe cinéma, rues commerçantes, etc.). Ses entités attractives rayonnent audelà de la municipalité et apportent une offre complète de divertissement pour les habitants. D’autre part, le coeur de ville propose une multitude de commerces à l’ensemble de ses habitants: besoins courants, occasionnels et exceptionnels. Le tissu du coeur de ville s’organise autour de ces offres attractives, mais comprend aussi des immeubles de logements, des quartiers résidentiels et une importante zone industrielle au sud de la centralité. Le coeur de ville compte 56 600 habitants.
2. Les pôles de vies Les pôles de vie fonctionnent comme des pôles d’équipements de proximité et de services pour les habitants. Dans chaque pôle de vie, la population varie entre 10 000 et 15 000 habitants. Le tissu des pôles de vie s’organise autour d’un canal. Les commerces se développent généralement autour de ce couloir d’eau, et offrent une diversité de l’ordre du courant et de l’occasionnel. Le reste de leurs tissus urbains est composé marjoritairement de zones pavillonaires.
3. Les pôles résidentiels Enfin, les “pôles résidentiels” ne répondent pas à une offre de diversité, si ce n’est d’avoir une épicerie de proximité pour répondre aux besoins quotidiens de ses habitants. Ces pôles sont les anciens hameaux, ou petits villages, et sont composés uniquement de maisons individuelles ou de vieilles fermes. Leurs populations varient entre 1 500 et 3 500 hab.
8) BRENNETOT Arnaud, “Métropolisation et ruralités” in Ruralités et Métropolisation, à la recherche d’une équité territoriale Espace rural et projet spatial, vol. 6., 2016, p.94-96
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Coeur de ville Limite de ville
3 km
Pôle de vie
Pôle résidentiel
Rayonnement des activités
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Carte d’Emmen
Echantillon de trajet entre noyaux urbains 0
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3 km
Source : CBS, RDW
Les conséquences de la ville archipel :
La dépendance de la voiture dans un territoire distendu Les néerlandais sont connus pour leur importante utilisation du vélo dans les villes. À Emmen, les transports alternatifs (bus et vélos notamment) sont utilisés au sein des noyaux urbains. Cependant, les déplacements entre les différentes entités de la ville se font en grande majorité en voiture, du fait des grandes distances qui séparent ces entités urbaines. En moyenne, il faut 15 minutes en voiture pour rejoindre l’une à l’autre. La “ville zéro voiture” ne peut être l’avenir d’Emmen, où l’utilisation de la voiture reste prédominant dans 79,7 % du temps.9 Les contraintes liées aux déplacements automobiles sont une des revendications primordiales des gilets jaunes locaux. Comment se déplacer, se rendre au travail, parcourir plusieurs dizaines de kilomètres
dans des villes si diffuses, avec la hausse des prix du carburant et le réchauffement climatique ? Si certaines solutions alternatives apparaissent depuis quelques années dans certains territoires ruraux, elles ne sont pas encore assez démocratisées pour répondre sérieusement à la question soulevée par les manifestants.10 La voiture reste donc nécessaire dans cette ville rurale où les habitants vont travailler à plusieurs dizaines de kilomètres de leur domicile. C’est dans cette vision que nous pensons le projet architectural. Selon nous, il n’est pas cohérent d’imaginer un projet qui exclurait la voiture, mais plutôt élaborer une manière d’adapter l’architecture à des mobilités complémentaires et alternatives, tels que le covoiturage, l’autopartage, etc.
9) Données statistiques issues du site de l’Institut National de Statistiques des Pays-Bas : https://opendata.cbs.nl/ 10) SERY Johanna et SAUNIER Frédéric, “Ruralités et Métropolisation, à la recherche d’une équité territoriale” in Espace rural et projet spatial, vol. 6., 2016 , p.43
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Source : Journal local (RDTV Drenthe) Personnes âgées à Emmerhout, l’uns des quartiers d’Emmen
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Source : CBS, RDW
Une population vieillisante en quête de mobilité Le vieillissement de la population est une question qui apparaît de plus en plus dans les pays européens. Avec une estimation de 25 % de personnes âgées vivants aux Pays-Bas d’ici 2040, le pays ne déroge pas à la règle. Le vieillissement de la population dans la commune d’Emmen est encore plus fort que dans le reste du pays. Dans moins de vingt ans, la municipalité devrait compter plus de 32 % de seniors. 11
Ce sont pourtant eux qui sont exclus d’une mobilité libre : ils sont dépendants du réseau de transport, encore faiblement développé, ou de leurs proches motorisés. Or, ceux qui bénéficient du temps libre, sont les retraités et les plus jeunes, qui ne travaillent pas ou peu. Ces deux usagers représentent plus de 37 % de la population d’Emmen.
11) Auteur inconnu, « Près d’un quart des habitants d’Emmen ont plus de 65 ans. », in Emmer Courant,[En ligne], Mise en ligne le 9.04,2019, Consulté le 27/05/2020, sur : https://emmercourant.nl/artikel/1007036/bijna-kwart-inwonersemmen-is-65-plusser.html?harvest_referrer=https%3A%2F%2Fwww.google.fr%2F
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Un paysage linĂŠaire parcouru
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emmer-compascuum pôle résidentiel
coeur de ville
Emmen
klazienaveen
7 écoles dont 2 fermées Bassischool Braakherhe Parcelle : 6500m² Ecole : 765 m²
29 écoles dont 2 fermées Basisschool de IJsvagelv Parcelle : 7300m² Ecole : 646 m²
8 écoles dont 2 fermées Basisschool De Spil Parcelle : 880m² Ecole : 1 145 m²
pôle de vie
ETENDUES D’EAU
CENTRE
CHAMPS RESIDENCES PAVILLONNAIRES
ZONE INDUSTRIELLE
CENTRE RURAL
RESIDENCES PAVILLONNAIRES
CENTRE
RESIDENCES PAVILLONNAIRES
FORET
RESIDENCES PAVILLONNAIRES
CENTRE URBAIN
CHAMPS
CENTRE RESIDENCES PAVILLONNAIRES
CHAMPS
CHAMPS
ETENDUES D’EAU
CENTRE
CHAMPS RESIDENCES PAVILLONNAIRES
RESIDENCES PAVILLONNAIRES
VILLAGE RESIDENTIEL
CENTRE RURAL
Suite à la fusion des villages en commune nouvelle, une autre spécificité du développement urbain apparaît : les noyaux urbains regroupent leurs équipements publics. À Emmen, les parcelles vides et constructibles se font rares pour l’immobilier. Ainsi, de nombreux bâtiments sont sacrifiés et déconstruits. Cette stratégie permet de vider des parcelles occupées pour répondre à la demande de logement. Cette logique de déconstruction est présente à l’échelle de la ville, mais aussi de la région. Au sein de chaque noyau urbain, on identifie différents groupes scolaires déjà ou prochainement abandonnés. De nombreuses écoles sont vouées à être déconstruites pour être regroupées dans une logique d’optimisation pédagogique. Cette logique laisse place à une optimisation foncière.
Ces équipements, qui maillent le territoire d’Emmen, sont des ressources disponibles pour notre projet. La multiplicité des écoles, potentiellement «abandonnées», permet de penser un projet reproductible qui se développe dans plusieurs quartiers de la commune. À Emmen, la disparition du sentiment de proximité et l’éloignement entre les anciens villages génèrent la frustration des gilets jaunes : l’impression d’être délaissé au quotidien. De nouvelles formes d’activités doivent être adaptées pour répondre aux spécificités du territoire. En s’inscrivant dans différents pôles de vie, le projet vise à rééquilibrer le territoire en offrant un équipement récréatif. L’objectif est de répondre à la demande de proximité, sans avoir les contraintes liées aux déplacements. Plutôt que de déconstruire la vie urbaine et renforcer les problèmes de cette polarité dortoire, nous proposons de l’amplifier, la complexifier et de l’enrichir avec un réseau tissé dans toute la ville.
CEN
CHAMPS CHAMPS RESIDENCES PAVILLONNAIRES
ETENDUES D’EAU ZONE INDUSTRIELLE
CHAMPS CENTRE
CENTRE RURAL
CHAMPS RESIDENCES PAVILLONNAIRES
Les limites de la métropolisation rurale : Restructuration institutionnelle et optimisation foncière
RESIDENCES PAVILLONNAIRES ETENDUES D’EAU
CHAMPS CENTRE ZONE INDUSTRIELLE
CENTRE URBAIN CENTRE RURAL
ETENDUES FORET D’EAU CHAMPS RESIDENCES PAVILLONNAIRES PAVILLONNAIRES RESIDENCES
RESIDENCES PAVILLONNAIRES CENTRE RESIDENCES PAVILLONNAIRES ZONE INDUSTRIELLE
RESIDENCES PAVILLONNAIRES CHAMPS RESIDENCES PAVILLONNAIRES CENTRE
CENTRE CENTRE URBAIN RURAL
RESIDENCES PAVILLONNAIRES FORET ZONE INDUSTRIELLE CHAMPS
RESIDENCES PAVILLONNAIRES CENTRE
RESIDENCES PAVILLONNAIRES RESIDENCES PAVILLONNAIRES
CHAMPS FORET RESIDENCES PAVILLONNAIRES CENTRE
RESIDENCES PAVILLONNAIRES RESIDENCES PAVILLONNAIRES CENTRE
VILLAGE CENTRE URBAIN CENTRE URBAIN RESIDENTIEL
CHAMPS RESIDENCES PAVILLONNAIRES
CENTRE CHAMPS RESIDENCES PAVILLONNAIRES FORET
RESIDENCES PAVILLONNAIRES
VILLAGE RESIDENTIEL
RESIDENCES PAVILLONNAIRES
CENTRE CHAMPS RESIDENCES PAVILLONNAIRES CHAMPS
VILLAGE RESIDENTIEL
RESIDENCES PAVILLONNAIRES
CHAMPS CENTRE RESIDENCES PAVILLONNAIRES CHAMPS
AGE NTIEL
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Source : Marieke Kwak, Journal local (dvhn.nl) Manifestation des gilets jaunes dans le centre-ville d’Emmen
Quelle place pour le temps libre dans une ville binaire ? Emmen est confrontée à des problématiques comparables à ce que nous appelons couramment en France le «péri-urbain», notamment avec la nécessité de se déplacer. Les quartiers résidentiels sont éloignés des secteurs de travail. Cela contraint les habitants à des déplacements quotidiens domicile-travail, de plus d’une trentaine de kilomètres. Vincent Kaufmaan parle lui de «pendularité longue distance», en distinguant «les mobilités quotidiennes et les mobilités résidentielles». 12 Ce rythme binaire, ponctué par le temps passé au domicile, puis au travail, structure la vie des quartiers périurbains. Ils se vident et se remplissent au rythme des déplacements de ses habitants. Depuis plusieurs générations, un troisième temps vient compléter ce rythme binaire : le temps libre. Jean Viard évoque dans un article, que le temps consacré au travail est passé de 40 % à 12 % en moins d’un siècle.
Ainsi, “en Europe, la place du temps libre dans les sociétés est devenue complètement centrale.” 13 En effet, les Pays-Bas estiment une augmentation de 175 % de temps consacré aux loisirs dans les villes rurales, d’ici 2030. 14 Le temps libre introduit la nécessité d’un troisième lieu. Un lieu qui diffère de celui où l’on dort, et de celui où l’on travaille. Cependant, dans les différents pôles d’Emmen, les habitants manquent de structures collectives d’animations pour se distraire, se retrouver, coopérer, échanger, etc. Ce troisième temps les oblige alors à sortir hors du quartier. Comment permettre l’accessibilité d’une offre récréative qui puisse toucher le plus grand nombre ? Comment penser l’optimisation des déplacements dans le territoire ?
12) KAUFMAN Vincent “De l’espace au temps : ces mobilités hybrides qui transforment la ville.” in La mobilité qui fait la ville, 2008, p.53 13) RADIER Véronique, «Nous ne passons plus que 12% de notre vie au travail» in L’OBS, 2008, Consulté en ligne. 14) De Boer, C. et H. Bressers, The Netherlands country screening. Twente, University of Twente: 149., 2009
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un equipement hybride
dans un territoire multifonctionnel
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Source : MĂŠlanie Mottier Lotissement Ă Klazienaveen
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Source : MĂŠlanie Mottier Zone pavillonaire Ă Klazienaveen
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Source : startboxemmen.nl Lotissement Ă Klazienaveen
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Source : startboxemmen.nl Zone pavillonaire Ă Klazienaveen
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Klazienaveen Un pôle de vie Klazienaveen est l’un des pôles de vie de la ville. Il est composé de lotissements compacts et fermés, ainsi que d’une rue commerçante. Comme la plupart des quartiers d’Emmen, Klazienaveen est traversé par un canal, l’axe structurant du développement urbain. En observant le réseau viaire, on constate qu’il n’y a pas une grande porosité à l’intérieur des îlots. L’organisation spatiale rappelle celle d’une ville à l’américaine : un territoire planifié et très organisé, où l’utilisation de la voiture est le moyen de transport privilégié pour contourner les îlots et traverser la ville. Parmi les différents noyaux urbains de la ville, nous avons fait le choix de travailler sur l’un de ses pôles de vie.
L’école primaire De Spil est le prochain équipement à subir la pression de l’optimisation foncière. En juin 2020 elle fermera définitivement ses portes pour laisser place à sa déconstruction L’école De Spil est cernée par des zones pavillonnaires perméables, à 150 mètres au sud de la rue commerçante principale. Au sein de son îlot on retrouve, au nord une église avec un grand parking, au sud l’école avec son gymnase, ainsi qu’un grand terrain vague. L’un des derniers constructibles de Klazienaveen.
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Carte Klazienaveen Commerces Zones industrielles Voierie Eau Zones pavillonaires Zones résidentielles
0
200 m
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Source : Photo d’archive Ecole De Spil en 1969 - EntrÊe principale
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Source : Mélanie Mottier Ecole De Spil - cour de récréation à l’arrière du bâtiment
B
20 m
C1
0
C
Plan masse - Existant
X
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C1
B
C
A
de spil bassischool En 1960, le Sud de Klazienaveen accueille une nouvelle école publique. Cet équipement fédérateur du quartier à été conçu par un architecte de la province : H.J. van Wissen. Aujourd’hui, même si la fréquentation diminue, le bâtiment vieux de 70 ans, reste en bon état. Cette institution est plus qu’un repère géographique pour ses habitants. L’attachement émotionnel se fait ressentir sur les réseaux sociaux suite à l’annonce de sa déconstruction. 15
A
15) Témoignages recueillis Facebook, sur le compte de “Oud Klazienaveen De Enige Echte”De Boer, C. et H. Bres
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A
Salle de sport 450 m2
Classe 7 65 m2
Classe 5 54 m2
Classe 4 54 m2
Préau 88 m2
Cour de récréation 2000 m2
Couloir 2 100 m2
Classe 3 54 m2
Classe 2 54 m2
Garde-robe 33 m2 Armoire de travail 5 m2
4 m2
Bibliothèque et aide pédagogique 54 m2
Bureau directeur adjoint 22 m2
Toilettes garçons 17 m2
X1
Bureau directeur 22 m2
Toilettes filles 17 m2
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Classe 6 54 m2
Espace excédent 100 m2
Local 1 85 m2
Local 2 64 m2
Classe 1 54 m2
Local Salle des professeurs technique Conciergerie 7 m2 30 m2 15 m2
Entrée 56 m2
Plan de rez - Existant 0 6m
A
Couloir 1 45 m2
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0
4m
Façade Ouest et Coupe AA - Existant
de spil bassischool Un témoin de l’architecture néerlandaise L’organisation spatiale de l’école est simple et lisible depuis l’extérieur : les murs de refend en briques offrent sept classes de 54 m², desservies par deux longs couloirs. Cette lisibilité pragmatique témoigne de la pensée architecturale des pays-bas. Une première toiture basse recouvre les espaces administratifs et les espaces de distributions.
Deux autres toitures, offrent une plus grande hauteur sous plafond avec un meilleur apport lumineux pour les espaces d’apprentissage. La cour donne accès à un gymnase standard, sans grandes qualités architecturales. Le sol tourbeux de la région impose des fondations profondes pour le bâtiment, ici les murs de soubassements reposent sur des semelles en béton situées à 2,80m de profondeur.
Façade Ouest et Coupe AA - Existant
0
Coupe Coupe détails détails constructifs constructifs
+ + 375 375
1. 1. Poutre Poutre -- 8x18cm 8x18cm **
+ + 340 340
50 cm
11 22 33
2. 2. Couverture Couverture papier papier d'asphalte d'asphalte ** 3. 3. Panneau Panneau de de lame lame -- 5cm 5cm ** 4. 4. Revêtement Revêtement de de plâtre plâtre -- 3cm 3cm 5. 5. Briques Briques -- 11cm 11cm ** 6. 6. Lame Lame d'air d'air -- 10cm 10cm
11 22 33
7. 7. Briques Briques -- 11cm 11cm ** 8. 8. Revêtement Revêtement -- 3cm 3cm **
44 55 66 77
9. 9. Plancher Plancher de de briques briques creux creux **
+ 375
Coupe détails constructifs
1 2 3
10. 10. Briques Briques **
+ 340
1. Poutre - 8x18cm *
11. 11. Transit Transit des des eaux eaux usées usées et et vide vide sanitaire sanitaire **
2. 12. Couverture Béton * papier d'asphalte * 12. Béton *
48
GSEducationalVersion GSEducationalVersion
88 99
+ + 20 20 00
Briques ** lame - 5cm * 3. 13. Panneau 13. Briquesde
A A
10 10 11 11 12 12
B B
13 13
4. Géologie Revêtement de plâtre - 3cm Géologie
44 55 66 77
5. A. Briques - 11cm * A. Litière Litière et et humus humus Tourbe 6. B. Lame d'air - 10cm B. Tourbe C. Lit de sable et graviers
Lit de sable et graviers 7. C. Briques - 11cm *
-- 75 75
4 5 6 7
8. *Revêtement - 3cm * Traduit du néerlandais * Traduit du néerlandais
9. Sources Plancher :: de briques creux * Sources
Plan Plan de de 1960 1960 -- Bureau Bureau d'architecture d'architecture de de
J.J. van 10.H. * H.Briques van WISSEN WISSEN
Couches Couches géologiques géologiques -- Hondsrug Hondsrug Emmen Emmen
88 99
11. Transit des eaux usées et vide sanitaire * 12. Béton * 13. Briques *
AA
Géologie
C C
-- 280 280
8 9
+ 20 0
1010 1111 1212
A
10 11 12
B
13
- 75 A. Litière et humus B. Tourbe C. Lit de sable et graviers B B
1313
* Traduit du néerlandais Sources : Plan de 1960 - Bureau d'architecture de H. J. van WISSEN C C Emmen Couches géologiques - Hondsrug
- 280
C
extraction de valeur Qualité structurelle de la brique 49 La brique est un matériau fréquemment utilisé dans la région de Drenthe pour ses qualités structurelles, acoustiques, et thermiques. Les dimensionnements des briques varient en fonction de leur emplacements dans le bâtiment (fondations, murs porteurs, vides sanitaires ou plancher). Cette disparité de brique témoigne des cultures constructives liées aux matériaux. Les murs porteurs de l’école sont des murs doubles en brique. Cette technique associe deux murs séparés, ici composés de briques (11x22x5cm), à une coulisse creuse. Ces murs répondent à des problèmes d’étanchéité des sols, et sont totalement adaptés à la région tourbeuse d’Emmen. Les murs doubles permettent de ventiler naturellement l’ancienne école grâce à leur porosité. Ils sont aussi très appréciés pour leur qualités thermiques et acoustiques.
Pour le plancher, des briques creuses ont été utilisé. L’argile est mise en oeuvre afin d’obtenir de longues briques (17x40x600cm) composée à 80 % de vide. Le plancher absorbe la chaleur, puis la diffuse lentement au niveau du sol, profitant aux usagers. Le vide sanitaire, d’une hauteur de 60cm, utilise des briques pleines en quinconces (11x22x5cm), formant ainsi des murs de 33cm d’épaisseur. Ces murs, en contact avec le sol, empêchent la condensation de se développer, permettant au vide sanitaire de rester sec et sans odeur. On retrouve également l’utilisation de la brique en partie basse des fondations. Celles-ci, plus massives, permettent une bonne stabilité du bâtiment dans cette géologie particulière.
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Limites Ilôts imperméables Flux principaux
Articulation urbaine :
Une place reculée à la croisée des flux Les grandes voies de circulation, les îlots impénétrables, et sa densité urbaine font de Klazienaveen une ville qui n’est pas très agréable à parcourir pour le piéton. En nous saisissant du potentiel de lîlot poreux et traversant, à quelques mètres de la rue principale de Klazienavenn, il s’agit de faire de cette école un espace ouvert à tous. Notre intention n’est pas de créer une nouvelle centralité pour Klazienaveen mais de penser un espace reculé, à la croisée des principaux flux (Nord-est, Nord-ouest et Sud).
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Articulation urbaine :
Une place reculée à la croisée des flux La forme de l’école s’est présentée à nous comme une figure dans le tissu local, importante à préserver. Toutefois, il est nécessaire, à nos yeux, de donner à la cours arrière une fonction plus importante. En créant une extension, pensée en fonction des flux et des programmes, nous construisons le vide et le qualifions pour le faire devenir une place publique à part entière.
L’objectif étant de donner à cet angle, une nouvelle identité visuelle dans le quartier.
L’enjeu a ensuite été de savoir ce que l’on devait garder et déconstruire dans le bâtiment existant, en fonction de la programmation. Le gymnase existant, sans grande qualité architecturale, et l’angle du bâtiment sont ainsi déconstruits, dans le but de réutiliser les briques, mais aussi de reconstruire l’angle principal.
La seconde exploration formelle a été de trouver un équilibre dans le rapport plein/vide, en radicalisant les ouvertures de certains espaces. L’ancienne cours de récréation devient une véritable place publique, fédératrice du lieu. Nous pensons son traitement de sol avec les briques de déconstruction du bâtiment existant.
À partir de l’existant, nous avons exploré par la forme différentes propositions qui nous ont permises de qualifier nos intentions sur cette entrée, mais aussi de comprendre quel rapport entretenir avec l’existant et l’environnement urbain proche.
Un tiers-lieu rural, au service de son territoire La mixité apparaît comme une valeur essentielle de la ville rurale de demain. Aujourd’hui concentrée dans les zones urbaines, l’hybridité des services apparaît peu à peu comme une nécessité (Madec P., 2016).16 On relève par exemple, partout en Europe, l’apparition de commerces coopératifs, de commerces multifonctions ou encore de commerces ambulants.
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C’est une économie solidaire alternative qui se développe autour de ces espaces pour faire vivre le territoire. Nous proposons d’introduire un troisième temps de vie en créant un substitut aux proximités qui disparaissent. Un équipement hybride qui offre à chacun la possibilité de s’installer et vivre à son rythme. Cet équipement vise à recréer un sentiment de proximité locale.
55 En la transformant et en l’agrandissant, l’ancienne école deviendra un tiers-lieu rural. Un espace alternatif au lieu de vie ou de travail, qui vise à retrouver un sentiment de proximité et de solidarité. Afin de répondre aux problématiques de chaque générations d’habitants, le centre communautaire sera composé de divers programmes.
Une halte garderie Afin de garantir aux habitants du quartier la conservation d’un lieu de proximité, où ils peuvent déposer leurs enfants en journée.
Une cantine solidaire Basée sur l’échange de savoir-faire mais aussi une gouvernance de la part des personnes âgées vivant dans le quartier, afin de proposer un lieu alternatif de partage en dehors du temps de travail.
Un atelier des mobilités Pour sensibiliser, former mais aussi réparer les objets du quotidien.
Des espaces polyvalents Modulables et adaptables aux besoins et envies de la municipalité et de ses habitants. Nous imaginons, par exemple, la possibilité à certains services urbains délocalisés, de venir s’y installer de manière hebdomadaire.
Des logements intergénérationnels Regroupant des colocations pour personnes âgées, des logements tremplins et des duplex pour jeunes familles. Chaque typologie de logement vient répondre à la forte demande de création d’habitat de la municipalité, tout en complétant l’offre résidentielle déjà présente à Klazienaveen.
16) MADEC Philippe, “Mots et outils de la durabilité” in “Ruralités et Métropolisation, à la recherche d’une équité territoriale” - Espace rural et projet spatial, vol. 6., 2016, p.41-45
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Une gradation des programmes Du public au privé L’architecture est organisée en fonction des programmes qui viennent s’y insérer. Une gradation du plus public, au nord, au plus privé, au sud, nous a permis de hiérarchiser les volumes, les ouvertures et leurs accès. La cantine solidiare se trouve dans l’angle du bâtiment, faisant office d’appel visuel dans le tissu urbain et d’entrée pour le tiers-lieu. En rapport direct avec le parking situé au nord et la principale rue commerçante, cette cantine est pour nous un espace fédérateur, ouvert à tous. L’espace des mobilités est en lien direct avec le parking déjà présent et la place centrale du tiers-lieu. Les espaces polyvalents encadrent le vide de la place en y laissant rentrer l’espace public à l’intérieur. La halte garderie, se devant d’être à la fois publique mais intime pour les enfants, est tournée vers l’intérieur, vers la place et fait face, de l’autre côté à des maisons pavillonnaires. Les logements, quant à eux, se situent au sud de la parcelle, orientés vers les quartiers résidentiels environnants.
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Des pratiques émergentes et évolutives En revenant à l’essence du tierslieu en tant que third place, comme le définit R.Oldenburg, nous proposons “un lieu où l’on prend plaisir à se rassembler, où l’on tient des conversations, où l’on échange” à travers une nouvelle forme de gouvernance. En saisissant le patrimoine ordinaire qu’est l’école De spil, les associations locales, les habitants monte le projet du tiers-lieu, via un bail emphytéotique avec la mairie d’Emmen.
Ainsi, les locaux appartiennent à la communauté mais le collectif d’usagers s’approprie les lieux sur une durée déterminée. La cantine solidaire, ainsi que les jardins partagés, sont géré par l’association alimentaire Voedselbank et les habitants de Klazienaveen. La haltegarderie et les espaces polyvalents sont administrés par la ville. Enfin, l’atelier des mobilités est un service public offert par la ville qui est entretenu est régi par la collectivité des usagers.
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LA HALTE
UN TIERS-lieu rural
Nouvelle ruralité : «La solidarité en plus, l’étalement en moins» “La halte est lieu de partage et de vie. À proximité de la rue principale, il nous suffit de marcher quelques dizaines de mètres pour nous rendre à la cantine solidaire, qui fait l’angle du bâtiment. Là, nous pouvons échanger avec les voisins du quartier, le temps de boire un verre ou de prendre un repas, réalisé par les membres de l’association alimentaire de la ville. Chaque jour des produits locaux sont proposés, à prix réduit pour aider l’économie circulaire et les petits producteurs. En plus, nous pouvons directement participer à la production des fruits et légumes avec le jardin potager à l’arrière. Le fait d’être impliqué à cette économie locale, nous implique dans la vie du tiers-lieu. Les discussions amicales du repas de midi, laissent place aux rires des enfants l’après-midi, dans la halte-garderie. Chaque mercredi est consacré aux ateliers solidaires dans l’espace des mobilités. Là, nous pouvons partager nos connaissances pour réparer nos objets et s’entraider. Nous pouvons aussi louer certains espaces pour y fêter certaines occasions, mais la plupart du temps la mairie d’Emmen installe ses services urbains et administratifs. Le soir, c’est le moment où l’agitation disparaît, le rythme ralentit. La halte devient l’espace de vie des personnes qui y habitent. Que ce soit pour les seniors, les familles où les jeunes en réinsertion professionnelle et sociale, chacun trouve un intérêt à vivre ici.” Marjolein, habitante du quartier
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Plan de rez - Projet
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12 m
A
C
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B
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Un nouveau rythme de vie Le centre communautaire s’anime au rythme du quartier, avec les services urbains ambulants qui viennent s’installer et activer les lieux. Comme l’explique Antoine Brès17, certaines zones de la ville sont les nouveaux potentiels pour favoriser l’intermodalité. Ces noeuds, appelés lieux de « halte », sont l’inscription spatiale de la mobilité dans le tissu urbain : « le moment où le mouvement s’arrête, l’espace où le voyageur, qu’il soit automobiliste, piéton ou usager des transports en commun, passe du flux au séjour». 17
C
B
La halte est à considérer comme un troisième temps à introduire dans le rythme binaire de la vie locale, dans notre réflexion sur nos mobilités quotidiennes. Suivant les modalités de déplacement, on fait halte différemment, on aborde d’autres territoires, mais aussi, suivant les opportunités qu’il y a au sein de la ville, on se déplace différemment. Il n’existe pas la même représentation, ni la même pratique du déplacement selon les territoires empruntés. Le parking, qui communique directement avec le Nord de la parcelle, est un atout pour le projet. Il devient un entre-deux entre l’espace de circulation de la ville et l’espace de vie du tiers-lieu. Notre but est de développer une interface, un point de passages entre la ville et les espaces d’accés à la mobilité. 17) BRES Antoine “L’urbain, une halte plus ou moins étendue et complexe” in La mobilité qui fait la ville, sous la direction de CHALAS Yves et PAULHIAC Florence, Jouve - France. éd. Certu. 2008, p.11.
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Repenser les services de proximité à partir des usagers Lieu de rencontre et de partage, les tiers-lieux apportent dynamisme et vitalité au sein des territoires ruraux. Avec les difficultés de mobilité et la population vieillissante, l’objectif est de relocaliser l’offre sociale et culturelle, en offrant une proximité alternative. Nous nous inspirons des besoins et des usages locaux pour penser les programmes et les espaces qui composent le tiers-lieu du projet.
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L’ambition est que chacun apporte ses propres compétences, pour nourrir l’ensemble. “Untel peut réparer des objets, un autre sait remettre en route un ordinateur ou programmer une nouvelle imprimante, une autre encore sait organiser une rencontre sur la culture alimentaire en collectivité, un autre est assez rigoureux pour pouvoir formaliser des procédures d’épicerie.” 18
La gradation selon les programmes, nous permet de hiérarchiser nos interventions. Le niveau d’usage impacte directement sur les moyens financiers et immatériels que nous mettons en place pour la réalisation du projet. Nous imaginons le bâtiment de manière sobre et minimaliste. Dans cette idée, nous nous fixons différentes règles pour penser l’architecture du bâtiment, telles que : - Des espaces ouverts sur l’extérieur, non isolé, ni chauffé.
- Une sobriété des matériaux, bruts et apparents, dans un souci d’économie. - Des pièces orientées soit sur la place intérieure, soit sur l’environnement proche du quartier, selon leur niveau d’intimité. - La préservation des murs de refends existants, afin d’organiser et structurer les différentes pièces. - De grandes baies vitrées, afin d’optimiser l’espace et la luminosité, dans un tissu urbain relativement dense.
18) BIELMANN Loïc et PATERNOSTER Quentin, “La renouée, creuset d’initiatives et de lien social en milieu rural”, in L’observatoire, La revue des politiques culturels. Tiers-Lieux : Un modèle à suivre?. N°52, Été 2018. p.79-p.82
Coupe CC - Projet 0
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Cantine solidaire
Auvent
Dans l’angle Nord-ouest de la parcelle, se déploie, sur deux niveaux, une cantine solidaire pour le quartier. La cuisine, au coeur de l’espace, crée un sentiment de proximité, invitant à la participation. Cet espace libre, avec sa façade ouest vitrée, permet un bon apport lumineux.
Cet auvent vient marquer l’entrée du centre communautaire. Il permet de faire une transition entre la rue et la nouvelle place publique, mais aussi de créer un seuil entre les éléments de programmes fermés, comme la halte garderie et la cantine solidaire.
A l’étage, comme au rez-de-chaussée, la brique est réutilisée pour ses effets acoustiques et thermiques. Le travail contemporain de l’ajournement de la brique apporte une image plus moderne et contemporaine à ce bâtiment de 50 ans. Cet espace clos et chauffé au premier étage, se prolonge par une terrasse extérieure, elle même couverte par un auvent.
De plus, il permet au marché alimentaire de venir s’y installer en partie malgré les intempéries.
Plan de rez - Projet 0
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Ateliers des mobilités C’est en pensant l’articulation, entre le circuler et l’habiter, qu’est venue notre première idée d’intervention sur le bâtiment de l’ancienne école : mettre en valeur les murs de refends. Ces murs découpent les 300 m² en trois box, supports des ateliers consacrés aux mobilités. Les murs de refend sont des murs habités où l’on retrouve des espaces techniques. Les ateliers sont dédiés à la réparation des vélos, à l’information sur les nouvelles mobilités, une forme d’apprentissage et de transmission de savoirs.
Ce lieu est complètement ouvert sur l’aire de stationnement et la nouvelle place intérieure. Ils sont non chauffés, simplement fermables par des grilles de garage, dans un esprit de matérialité brute en laissant apparaître la brique. Ces espaces ouverts et traversants peuvent également accueillir les véhicules des primeurs du marché et des services urbains.
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La halte-garderie La halte garderie vient s’inscrire dans une partie de l’ancienne école, avec le couloir qui dessert les espaces adaptés selon les âges et les usages. Mis à part des travaux de rénovation thermique, cet espace est celui que nous préservons le plus dans son état actuel, comme témoin de l’architecture de l’ancienne école. Les menuiseries sont remplacées par des ouvertures plus verticales et linéaires avec
des menuiseries en bois, rapportant un esprit contemporain et chaud à la façade. Le revêtement du sol est changé, un sol souple de type lino naturel est ajouté pour sa ouplesse mais aussi son confort accoustique et sa douceur au toucher. Les murs de refend intérieurs sont préservés également pour délimiter les différents espaces de jeux, selon l’âge des enfants.
Plan de rez - Projet 0
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Les espaces polyvalents Les espaces polyvalents sont pensés en continuité de la cour, comme un espace ouvert et poreux. Les matériaux sont bruts et apparents : structure bois, baies vitrées, murs porteurs en brique et dalle en béton. Les murs de refend sont des murs habités où l’on retrouve
des espaces techniques. Des cloisons modulables posées sur rails viennent se déployer dans l’espace pour répondre aux besoins variants des usagers : espace de lecture, services urbains de la municipalité, anniversaire, etc.
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Repenser l’habitat à partir des modes de vie
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Aux Pays-Bas , la plupart des habitats collectifs sont construits autour de trois types : cheap en rangées, under one roof (modèle mitoyen), ou free standing (pavillon au milieu de sa parcelle). Nous nous sommes inspirées des caractéristiques de l’habitat individuel néerlandais pour concevoir nos logements. Dans cette idée, nous proposons différents éléments de composition : - Des typologies en duplex ou triplex, courantes dans les logements collectifs, permettent de donner le sentiment de vivre véritablement dans une maison. - L’utilisation de grandes baies vitrées, sans rideaux, comme une vitrine sur la vie de famille. Aux Pays-Bas la séparation entre la partie publique et la partie privée est rarement développée, puisqu’ils ont un rapport différent à l’intimité de ce que nous connaissons en France. L’espace et la luminosité sont optimisés dans un contexte où les constructions sont relativement denses : rez-de-chaussée en open space, baies vitrées pour un maximum de lumière, portes coulissantes pour agrandir les pièces, etc. - Un vestibule d’entrée, comme zone d’interface entre l’espace public et l’appartement. Au delà de l’intimité, ces espaces ont un rôle fonctionnel pour les habitants. Ils sont de vrais lieux de vie et d’appropriation pour les habitants. - Des appartements traversants mais mono-orientés, afin de permettre une ventilation naturelle dans le logement, sans pour autant avoir un vis-à-vis trop important sur la place publique du tierslieu.
- Des puits de lumière, au niveau des escaliers et en bout de logement. Ces espaces permettent de ventiler l’appartement, tout en lui apportant un éclairage particulier et une singularité. Le puits de lumière le plus étroit permet d’éclairer à la fois les espaces de vie et les chambres dans les duplex. - Un rapport particulier à l’eau et la nature en ville. Nous développons cette proximité dans le projet dans les prochaines pages.
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Logements Initialement, la démolition programée de l’école De Spil s’inscrit dans un programme d’optimisation foncière mené par la municipalité, dans le but de valoriser les terrains qu’elle possède à travers la production de nouveaux logements. Afin de répondre à cette importante demande, nous intégrons dans notre programme des logements collectifs.
des colocations pour personnes âgées, des appartements tremplins, et des duplex. De plus, des espaces mutualisés sont mis à disposition en rez-de-chaussée: une tierce chambre et une buanderie. Ces espaces complètent les habitations et permettent de dégager de la superficie dans les logements mais aussi de faire des économies.
Suite à un état des lieux des différentes typologies d’habitat de Klazienaveen, à savoir majoritairement des maisons individuelles avec petit jardin, nous décidons de proposer des logements alternatifs et complémentaires à l’offre présente. Pour ce faire, nous concevons trois typologies de logements :
Ces typologies attirent différents habitants pratiquant la cohabitation intergénérationnelle. Les personnes âgées sont au coeur de la stratégie du projet, comme habitants moteurs, et gérants de nombreux programmes tels que l’ouverture et la fermeture de l’atelier des mobilités, la gestion du jardin potager, etc.
Plan de rez - Projet 0
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Logements - Colocation pour personnes âgées (page de droite et de gauche sur les plans) Les colocations pour personnes âgées, toutes situées en rez-de-chaussée, offrent des appartements pour 2 à 3 personnes. Vieillir semble aujourd’hui synonyme de rupture : avec la société, avec le domicile, avec la vie quotidienne, les habitudes et les autres générations. Ces logements sont pour nous l’occasion d’offrir aux seniors une alternative à la vie en maison individuelle ou en maison de retraite.
L’entrée se fait par un vestibule vitré. Cet espace tampon permet de créer une distance avec l’espace public extérieur mais aussi d’y déposer son parapluie et ses chaussures, avant de rentrer dans l’appartement. L’espace s’organise autour de la pièce de vie principale et les chambres sont accessibles directement depuis l’espace de vie. La superficie des colocations seniors est en moyenne 60 m².
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Logements - Tremplins A l’étage, des logements tremplins sont créés pour les personnes en réinsertion professionnelle et sociale. Ils sont disponibles en location de durée plus ou moins longue, généralement d’un an, à loyer modéré. L’objectif est d’aider les personnes dans un moment de transition dans leur vie. Situé en R+1, au dessus des colocations seniors, ces appartements font entre 25 et 30 m².
Plan R+1 - Projet 0
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Logements - Duplex Les logements en duplex sont organisés par groupes de deux. L’accès au logement se fait par un escalier partagé avec les voisins et l’entrée est dans le vestibule vitré. Cet espace tampon permet de créer une distance avec le pallier commun aux deux logements mais aussi d’y déposer son parapluie et ses chaussures avant de rentrer dans l’appartement. Le premier niveau est organisé en open space avec la cuisine, le salon et la salle à manger.
A l’étage, on retrouve les chambres et la salle de bain ainsi qu’une toiture terrasse partagée. La superficie des logements en duplex varient de 80 à 107 m². Ces appartements sont pensés pour des jeunes ménages, qui n’ont pas les moyens d’accéder à la propriété. L’objectif étant de proposer une alternative à l’offre résidentielle existante mais aussi de garder les jeunes dans la commune sur le long terme.
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La transition énergétique en milieu rural : Utilisation des ressources naturelles et retour au local Dans un souci de transition énergétique, nous utilisons des matériaux locaux pour la construction du projet. Nous profitons également des ressources intrinsèques du site dans le cycle de vie du projet. Dans un premier temps, l’utilisation de matières renouvelables, comme le bois et la brique, nous permet de concevoir le projet en adéquation avec les savoir-faires de la région (Exemple : utilisation de la brique produite à 50 km d’Emmen ou les scieries de la région). Dans un second temps, plusieurs systèmes sont mis en place afin d’exploiter la richesse naturelle du site, tel que l’eau, la ventilation naturelle, ou encore le sol tourbeux.
L’urbanisation et le réchauffement climatique réduisent considérablement les ressources en eau douce. De plus, l’eau potable est aujourd’hui utilisée dans les eaux domestiques - à savoir pour les sanitaires, le lave-vaisselle, l’arrosage du jardin, etc. - alors que ce n’est pas nécessaire. L’eau doit être traitée et dépolluée, mais pas obligatoirement potabilisée. Nous pensons la récupération des eaux de pluie de deux manières : par des moyens low-tech en toiture (récupération par la mise en place de pente douce), et par un aménagement paysager de la place publique intérieure. Cette eau, une fois récupérée et stockée, est conduite dans les logements et le tiers-lieu comme eau domestique non potable.
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eaux pluviales Le potager partagé, au sud de la parcelle, permet également de revenir à des circuits courts d’alimentation. Il est bénéfique pour les habitants du projet, mais aussi pour la cantine solidaire, et l’association Voedselbank. L’association a pour ambition de rapprocher les lieux de production des lieux de consommation en implantant plusieurs potagers écologiques dans la région d’Emmen. Les clients de la banque alimentaire participeront à l’entretien et à la récolte des cultures de manière raisonnée. Cela se traduit par le travail du sol, sa fertilisation et le contrôle des mauvaises herbes.
capter
stocker
Distribuer
sanitaires
lave linge
potager
1. 2. 3.
4.
5.
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1. Brique terre creuse
7. Equerre
2. Isolant fibre de bois
8. Planelle et chainage
3. Attahce
9. Vide sanitaire
4. Brique de parement
10. Cuves de stockage
6.
5. Dalle béton
7.
6. Isolant chanvre
8. 9. 10. 12.
12.
de l’eau
11. Texte 12. Longrine béton
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Extraction de valeur Utilisation des cultures constructives locales Suite à l’analyse de la structure du bâtiment existant, nous avons fait le choix de nous inscrire dans les techniques de constructions utilisées dans celui-ci. Pour notre nouvelle construction, nous réinterprétons le mur double. Le mur est constitué de briques de terre creuses porteuses, associées à un parement en brique en partie exterieure, lui conférant une esthétique. Un mur double est un mur maçonné creux, séparé par une lame d’air. Sa partie externe reçoit les aléas, dont l’humidité, le vent, etc. La lame d‘air permet de faire respirer le mur, jouant à la fois un rôle d’isolant thermique et de frein aux aléas : il sert notamment à empêcher les transmissions capillaires entre l’intérieur et l’extérieur. La lame d’air permet ensuite de sécher le mur extérieur et empêche la condensation.
La partie extérieure est composée de briques de terre de parement (brique pleine), tandis que le mur intérieur est composé de briques de terre creuse (comme montré sur le document ci-contre à gauche). En raison du sol tourbeux du site, nous réutilisons la même technique de construction pour les fondations que dans l’existant ; à savoir un vide sanitaire, des murs descendants à 2,70 m de profondeur et des longrines. L’alliance du matériau de la brique de terre cuite et de sa mise en œuvre particulière sont aussi garants de la bonne santé des bâtiments et des classes les plus délaissées, plus précaires.
Le paysage au coeur du lieu Cette coupe transversale, nous permet de mettre en avant la relation et le dialogue qu’entretiennent les deux bâtiments. Le vide, construit par ces derniers, est un espace à part entière du projet. Nous le pensons comme une véritable place publique ouverte et traversante. L’aménagement paysager de la place participe à la récupération des eaux pluviales.
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Pour ce faire, un passage vient traverser la parcelle, sous lequel se trouve un point bas qui récupère l’eau. La perméabilisation des sols - type système alvéolaire, pelouse ou gravier - et la pente douce qui est créée permet d’amener l’eau de pluie dans des cuves de stockage et des pompes de relevage, situés sous le sol. Le revêtement du parking, au nord de la parcelle, est lui aussi repensé afin de le rendre perméable.
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Un parcours paysager Une reconnexion urbaine et territoriale L’aspect paysager prend une part important dans le projet. Au delà de l’esthétique de la place, il a une réelle fonction technique pour utiliser les ressources du site. La place végétalisée nous permet de tisser une relation physique à la trame verte et bleue déjà présente de Klazienaveen, et de s’inscrire dans une trame végétale déjà présente. Que ce soit au travers de parcs ou d’aménagements paysagers spécifique,s la trame verte et bleue d’Emmen, et de Klazienaveen, permet d’identifier et de préserver les espaces végétalisés au sein de la ville. Celle-ci favorise la proximité avec le paysage agricole proche, et fait partie intégrante de l’organisation territorial contrôlé, que nous énnoncions en première partie de ce mémoire. Ainsi, le projet entretient ainsi une relation étroite à la nature en s’ouvrant sur le paysage proche du quartier. Cette reconnexion paysagère a pour objectif de devenir une articulation dans le tissu urbain et végétal de Klazienaveen.
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conclusion
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conclusion
Notre apprentissage de l’espace métropolitain rural Dans une ville où les habitants se sentent délaissés, la question de la proximité est devenue fondamentale. Les anciens villages, devenus de réelles entités urbaines, ont été polarisés et forment la métropole rurale que nous avons étudiée. Aujourd’hui, la ville fait face a une dualité complexe entre un territoire agricole et une population urbanisée. Emmen, au même titre que de nombreux espaces ruraux européens, doit désormais répondre à des changements sociaux profonds tels que : les déplacements pendulaires, une population vieillissante, la centralisation et le regroupement des services, l’optimisation foncière, etc. Penser le projet de manière hybride, avec une programmation multiple, nous permet de développer un montage qui combine des opérations aux temporalités différentes pour un projet pensé sur le long terme. L’objectif de la relocalisation des services et de l’inter-modalité est étroitement liée aux questions d’usage en terme d’habitat. L’offre de logement collectif intergénérationnel (colocations seniors, logements tremplins, appartements en duplex) permet d’accueillir des populations plus variées en milieu rural sur le long terme, et de sortir du modèle pavillonnaire en extension. La dimension multifonctionnelle et sociale est particulièrement importante pour les tiers-lieux ruraux et le nouveau dynamisme qu’ils insufflent. Ils font vivre des services de proximité, tout en répondant à une demande récréative alternative. Les tiers-lieux incarnent les points névralgiques de la ville d’aujourd’hui et de demain, pour (ré)activer les ressources des territoires ruraux et intégrer de nouvelles formes de développement et d’innovation. S’intéresser aux espaces ruraux d’un des pays les plus densément peuplé d’Europe, est pour nous l’opportunité de mettre en avant ces territoires souvent mis de côté dans notre apprentissage. La question du “patrimoine bâti ordinaire”19, nous a permis de questionner le rôle de l’architecte dans la valorisation et la compréhension de l’existant “ordinaire”. Le croisement des échelles nous a permis de saisir l’étroite imbrication qu’il existe entre la compréhension du territoire rural métropolisé à l’analyse de la brique. Nous défendons, à travers la Halte, la valorisation du “patrimoine bâti ordinaire”19 en proposant une architecture ancrée dans son territoire et les besoins de ses usagers.
19) Vincent Farges définit la notion de “patrimoine bâti ordinaire” comme étant l’ensemble des bâtis anciens (immeubles d’habitation et édifices publics) caractérisés par une architecture modeste mais constitutifs dans leur valeur esthétique, historique et patrimoniale. Vincent Farges La valorisation du patrimoine bâti ordinaire lors d’opérations d’amélioration de l’habitat. Droit. 2016.
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Architecture, Villes, Ressources Promotion 2019 - 2020
Ecole Nationale SupÊrieure d’Architecture de Grenoble
Merci, Pour leur suivi et leur soutien durant cette période si particulière, nous tenons à remercier: L’ensemble de l’équipe enseignante du master, pour leur bienveillance à notre égard. Merci à Stéphanie David et Fred Guillaud pour leur expertise et leur implication tout au long du semestre. Merci à Cécile Léonardi pour toujours avoir pris le temps de nous aider, même en étant débordée par son travail. Merci à Florian Golay, notre directeur d’études, pour son implication, sa disponibilité et ses précieux conseils sur l’analyse de notre territoire. Le personnel des archives d’Emmen, pour leur accueil, leur disponibilité et leur gentillesse lors de notre séjour, et tout particulièrement Marjolein pour son aide. Nos familles et nos amis. Merci pour votre soutien dans les bons moments, comme les mauvais, des cinq dernières années. Et enfin, chaque étudiant du master. Merci à vous tous. Vous avez fait de nos derniers mois à l’ENSAG, une année mémorable chargée de mots-fléchés, de photos sur la porte, de codes lapins, et de fous rires. Et plus particulièrement : - Sophie et Farah pour avoir été les meilleurs binômes de table, même en étant séparées par plusieurs centaines de kilomètres, aux quatre coins de la France, pendant le confinement. Merci de nous avoir toujours aidé et donné de si bons conseils, même à 3h du matin sur Discord. - Nos deux anglo-saxonnes préférées, Margot et Julie pour leur talent inné à nous faire rire tous les jours, et encore plus pendant nos mémorables journées de travail post-confinement. Merci pour ces longues heures passées avec nous à jouer aux cartes ou à aller au lac. - Yaëlle, Marine et Adrien pour leur tendresse et leur grand coeur.
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annexes
glossaire Déplacements pendulaires : Le déplacement pendulaire, appelé aussi migration ou mobilité pendulaire, est le déplacement journalier de la population des grands centres urbains entre les lieux de domiciles et les lieux de travail ou de scolarité. Ce phénomène est caractéristique de la dissociation entre les zones d’activités (centre-ville, pôle d’activités) et les zones d’habitations en périphérie (banlieues, espaces péri-urbanisés). Ce type de mobilité pose de nombreux problèmes de gestion des moyens de transport et des voies de communication aux heures de pointe, le matin, le soir et dans une moindre mesure le temps de midi : pollution, embouteillages, zones de stationnement, etc.
Espace rural aux Pays-Bas: 102
Selon l’organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), il n’existe pas d’espace rural aux Pays-Bas. L’OCDE définit un espace rural au seuil de 150 hab/km², hors les Pays-Bas ne descendent pas en dessous des 200 hab/km², toutes communes confondues. C’est deux à trois fois plus que les densités des espaces périurbains suisses ou français. Contrairement à la France qui définit un espace rural en fonction de la concentration d’emploi, les Pays-Bas retiennent la densité de maison dans un rayon de 1km (Espace ruraux à moins de 500 maisons pour 1km de rayon). Afin de mettre en place des politiques d’aménagements du territoire, le gouvernement néerlandais redéfinit l’espace rural comme étant “l’espace physique pour la production alimentaire”. *
Intermodalité : «L’intermodalité est un terme employé pour désigner l’aptitude des transports à permettre l’utilisation successive d’au moins deux d’entre eux, intégrés dans une chaîne de déplacement. L’intermodalité doit garantir un cheminement « porte-à-porte », sans rupture entre les différents modes de transport utilisés au cours d’un même déplacement (voiture, tram, bus, vélo, train, avion, navette fluviale ou maritime). Ce dispositif nécessite la mise en complémentarité sur les plans technique, organisationnel et informationnel, de réseaux différenciés, à plusieurs échelles et par une pluralité d’acteurs. Cela suppose des lieux d’interconnexion, ponctuels ou parfois linéaires. Le pôle d’échanges est par excellence le lieu de concentration, de dispersion des flux et de gestion de leur complexité : à la fois, « noeud de réseau » ou espace nodal circulatoire, et lieu de consommation et de sociabilité pour le voyageur.» **
* SERRANO José. “Approches de la ruralité dans trois pays européens (France,Suisse,Pays-Bas).” in Le régime institutionnel d’une nouvelle ruralité. Analyses à partir des cas de la France, des Pays-Bas et de la Suisse, 2014. ** Pierre Ageron, 2014. « Notion à la une : intermodalité », in Géoconfluences. [En ligne] Mis en ligne le 30.09.2014, Consulté le 24.06.2020 sur http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/a-la-une/notion-a-la-une/ notion-a-la-une-intermodalite
Métropolisation rurale : Arnaud Brennetot définit la métropolisation rurale comme étant “le processus d’accentuation des polarités, de fluidification et de densification des réseaux de circulation, bouleversant les catégories usuelles de l’espace. [...] La métropolisation est souvent envisagée comme l’aboutissement de l’affirmation des grandes villes et de leur rôle structurant dans l’organisation de l’espace.[...] L’amélioration des conditions de circulation ne connecte pas seulement les métropoles entre elles mais elle facilite aussi l’ouverture des périphéries rurales aux différents centres qui organisent leur environnement géographique.» ***
Rythme binaire : En musique ou en grammaire, le rythme binaire désigne deux membres distincts qui se font face. On parle de ville ou rythme binaire, lorsqu’il y a déplacement pendualires domicile-travail. Nous associons le rythme binaire d’une ville aux déplacements pendulaires des habitants. La vie urbaine n’est rythmé que par ces deux temps de composition.
Tiers-lieux : La notion de tiers-lieu a été introduite par le sociologue américain, Ray Oldenburg dans The Great, Good Place (1989), à l’occasion d’une étude sur l’évolution de la structure urbaine en Amérique du Nord. Il propose ce concept afin de caractériser les espaces qui favorisent les relations et les échanges entre les individus dans un contexte de déclin de la socialisation dans les banlieues. Il définit le tiers-lieu comme « un lieu où l’on prend plaisir à se rassembler, où l’on tient des conversations, où l’on échange. Cette “troisième place” (third place en anglais) se distingue des deux premiers lieux de vie : le domicile et le travail.
Ville archipel : La métropole de Rennes définit la ville archipel comme étant la ville préservant les espaces agricoles et les espaces naturels sensibles, tout en conservant les moyens de son développement et de sa croissance. «Le territoire de la ville archipel a différentes intensités. Les territoires n’ont pas tous les mêmes atouts. Ils doivent pouvoir répondre à des demandes différentes, d’où la notion de ville multiple.» ****
*** BRENNETOT Arnaud, “Métropolisation et ruralités” in Ruralités et Métropolisation, à la recherche d’une équité territoriale - Espace rural et projet spatial, vol. 6., 2016, p.94-96 **** «Pour une ville archipel» in Ouest France, [En ligne] Mis en ligne le 22.08.2012, Consulté le 24.06.2020 sur https://www. ouest-france.fr/bretagne/pour-une-ville-archipel-1568898#:~:text=On%20parle%20aujourd’hui%20de,familles%20 monoparentales...).
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plans de niveaux Rez-de-chaussĂŠe 0
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plans de niveaux R+1 0
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LisibilitÊ pragmatique des programmes Composition des façades
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plans existant des archives
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Bibliographie Livres :
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- Sous la direction de CHALAS Yves et PAULHIAC Florence, “De l’espace au temps : ces mobilités hybrides qui transforment la ville.” in La mobilité qui fait la ville. Jouve - France. éd. Certu. 2008. - Sous la direction de CHALAS Yves et PAULHIAC Florence, “L’urbain, une halte plus ou moins étendue et complexe” in La mobilité qui fait la ville. Jouve - France. éd. Certu. 2008. - Sous la direction de COSTE Anne, EMILIO Luna et GUILLOT Xavier, “Ruralités post-carbone - Milieux, échelles et acteurs de la transition énergétique.” in Espace rural et projet spatial, vol. 7. Saint-Etienne - France. éd. Université de Saint-Etienne. 2018. - Sous la direction de MUZARD Florian et ALLEMAND Sylvain, “Le périurbain, espace à vivre” in Territoires en projets - Ministère de la Cohésion des territoires. Marseille - France. éd. Parenthèses. 2018. - Sous la direction de SERY Johanna et SAUNIER Frédéric, “Ruralités et Métropolisation, à la recherche d’une équité territoriale” in Espace rural et projet spatial, vol. 6. Saint-Etienne - France. éd. Université de Saint-Etienne. 2016. - VIARD Jean, Introduction, Nouveau portrait de la France : Les sociétés des modes de vie. éd. l’Aube, 2011, coll. Monde en cours.
Revues :
- L’observatoire, La revue des politiques culturels. Tiers-Lieux : Un modèle à suivre?. N°52, Été 2018.
Articles en ligne : - BESSON, Raphaël, « Les Tiers Lieux. Des outils de régénération économique des territoires ruraux », Renouveler la géographie économique, 2018, Paris : Economica. [En ligne] Mis en ligne en Mars 2018, consulté le 06/04/20. https://hal.archives-ouvertes. fr/halshs-01733322 - BESSON Raphaël , « La régénération des territoires ruraux par les tiers lieux les cas des tiers-lieux creusois », Urbanews, Septembre 2017 [En ligne] https://www. urbanews.fr/2017/09/18/52487-la-regeneration-des-territoires-ruraux-par-les-tierslieux-le-cas-des-tiers-lieux-creusois/ - DODIER Rodolphe, “Modes d’habiter périurbains et intégration sociale et urbaine” in EspacesTemps.nt, Peer review, [En ligne] Mis en ligne le 6 mai 2013, consulté le 17/03/2020. https://www.espacestemps.net/articles/modes-dhabiter-periurbains-etintegration/
- OTHAR Nathalie, “Entre ville et campagne, le diffiçile équilibre des périurbaines lointaines”, in Métropoles, [En ligne] Mis en ligne sept. 2018, Consulté le 15/03/20, https://journals.openedition.org/metropoles/1642 - SERRANO José. “Approches de la ruralité dans trois pays européens (France,Suisse,Pays-Bas).” Corrinne Larrue. Le régime institutionnel d’une nouvelle ruralité. Analyses à partir des cas de la France, des Pays-Bas et de la Suisse, P.I.E.Peter Lang, pp.25-59, 201. [En ligne] Consulté le 17/03/2020, https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01339407 - VAN DAM Frank, HUIGEN Paulus P.P. “L’espace rural aux Pays-Bas : un changement fondamental”, in Hommes et Terres du Nord, 1997. Pays-Bas : dynamique des villes et des campagnes. pp. 115-123. [En ligne] Consulté le 18/03/2020, https://www. persee.fr/doc/htn_0018-439x_1997_num_2_1_2587 - Regroupement des communes, http://meinamsterdam.nl/regroupement-decommunes - RADIER Véronique, «Nous ne passons plus que 12% de notre vie au travail» in L’OBS, [En ligne] Mis en ligne 23 oct. 2013, consulté le 03/05/20. https://www. nouvelobs.com/societe/20131023.OBS2270/nous-ne-passons-plus-que-12-de-notrevie-au-travail.html
Mémoire / PFE :
- FOURNEL Elodie, Sous la direction de Clémence Dupuis. Saint-Étienne territoire d’innovation sociale. Mémoire de Master 1 - Architecture, Villes, Ressources. 2018/2019. Ecole Nationale Supérieur d’architecture de Grenoble. - CHANUT Margot , Sous la direction de Florian Golay. Du squat au Tiers-lieux, quand la politique squatte la friche. Mémoire de Master 1 - Architecture, Villes, Ressources. 2018/2019. Ecole Nationale Supérieur d’architecture de Grenoble.
Autres :
- CCAS énergies, “Entretien avec… Jean Viard” in Youtube, [En ligne] Vidéo mise en ligne le 08/07/18, consultée le 03/05/20. https://www.youtube.com/ watch?v=MX8oK5uD8ZI - Projet d’Aménagement et de Développement Durable - Métropole de Rennes, extrait du Plan Local d’Urbanisme (PLU). Mai 2015 [En ligne] consulté le 17/03/2020, http://www.paysderennes.fr/-PADD-.html
Iconographie : L’ensemble des documents et photographies de ce mémoire ont été produits par nos soins, sauf précisé en légénde.
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Autrefois considérés comme les terres de production agricoles des pays européens, les espaces ruraux sont aujourd’hui devenus des régions multifonctionnelles de vie et de consommation, au même titre que les espaces urbains. Comment permettre l’accessibilité d’une offre récréative qui puisse toucher le plus grand nombre ? Comment introduire un troisième temps, alternatif au lieu de domicile ou au lieu de travail, dans une ville binaire ? Certains lieux de la ville sont les nouveaux lieux potentiels pour favoriser l’intermodalité. Ces noeuds, appelés lieux de « halte », sont l’inscription spatiale de la mobilité dans le tissu urbain : « le moment où le mouvement s’arrête, l’espace où le voyageur, qu’il soit automobiliste, piéton ou usager des transports en commun, passe du flux au séjour. » Le tierslieux rural que nous concevons est un espace de proximité qui vise à réduire les déplacements pendulaires évoqués précédemment et offrir au noyau urbain un temps alternatif. Nous défendons à travers ce projet la valorisation du patrimoine ordinaire en proposant une architecture ancrée dans son territoire et les besoins de ses usagers.
Directeur détudes : Florian Golay Responsable Master : Stéphanie David Juillet 2020. Ecole Nationnale Supérieure d’Architecture de Grenoble