Eugène LE DRUGSTORE RENAISSANCE D’UN MAGASIN DE JOUETS
EN UN TABAC-PRESSE.
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Abécédaire e
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nom masculin (latin abecedarius, de a b c d).
Livre d’apprentissage de l’alphabet, qui illustre, en suivant l’ordre alphabétique, chaque lettre par un ou plusieurs mots dont cette lettre est l’initiale. A comme Introduction ne semblait alors pas approprié à la situation. Cher lecteur, l’ouvrage que vous avez entre les mains est le mémoire de mon sujet de diplôme, ou plutôt, l’abécédaire de mon sujet de diplôme. A comme Abécédaire devenait alors beaucoup plus logique.
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sséna Rue Ma
3ème arr. Lyon e d Deruell Boulevar
FRANCE
LYON
25, BD E. DERUELLE
PLAN TOITURE
PLAN R+1
PLAN RDC
AXO
ELEVATION
FACADE
BÂTIMENT Je pense avoir 5 ans le jour où ma mère m’emmène acheter de quoi tout organiser pour mon premier anniversaire à la maison. Cotillons, ballons, cadeaux, nous pouvons tout trouver dans ce lieu qui, aujourd’hui, est devenu le point de départ de mon diplôme. Ce capharnaüm se cachait derrière une façade atypique, boulevard Eugène Deruelle, dans le 3ème arrondissement de Lyon, à deux pas de la Part-Dieu. «Pourquoi était-il là? Pourquoi avait-il une telle allure?» étaient les questions récurrentes que je me posais en sortant des Galeries Lafayette. La façade extérieure de ce bâtiment est «hors normes» de par sa petite taille, notamment, dans un quartier où aucun immeuble n’est en dessous de 4 étages, mais également de par sa forme de maison traditionnelle avec un toit à deux pans. Une fois la mystérieuse porte métallique peinte en bleu franchie, nous entrions dans un entrepôt qui paraîssait gigantesque aux yeux d’un enfant : un grand espace aux murs recouverts de rayonnages, du sol au plafond. 17 ans plus tard, souhaitant me pencher plus en détails sur le sujet, je trouve un autre visage à ce lieu. Comme si on m’apprenait la solution d’un tour de magie, je découvre la vraie physionomie du bâtiment. Aujourd’hui, le bâtiment est à l’abandon. Seule sa façade est habitée par les affiches publicitaires collées en abondance et par les pigeons, désormais maîtres des lieux. Les fenêtres se cassent petit à petit, les murs se salissent, la toiture s’abîme. L’espace intérieur que je connaissais n’était en fait qu’une partie cachée de l’iceberg puisqu’une partie arrière m’était inconnue. En effet, un deuxième corps de bâtiment, équivalent au premier, se cache derrière. Cette surface était, à l’époque, interdite au public puisqu’utilisée en tant que réserve. Les combles l’étaient également. Je découvre alors tout un espace sous les toits, avec une imposante charpente en bois. Au total, trois espaces peuvent être distingués dans mon bâtiment. Derrière la façade donnant sur le boulevard se cache un grand espace en rez-de-chaussée, divisé par deux murs de refend et souffrant d’un manque de lumière naturelle. A l’étage, les combles sont aussi divisés par les éléments de charpente en bois, et bénéficient de trois ouvertures sur chaque pignon. Du côté cour, le bâtiment dispose d’un grand espace divisé en deux ailes latérales, réunies par une toiture de taule légère. Un escalier de bois -se rapprochant plus d’une échelle de meunier bricolée- rejoint l’étage par l’extérieur depuis la cour. Une des fenêtres est alors transformée en porte d’accès. La réhabilitation d’un tel édifice questionne : Pourquoi conserver? Pourquoi ne pas démolir pour mieux reconstruire? Depuis de nombreuses années, je côtoie ce bâtiment, sans me dire qu’un jour, j’allais peut-être changer le cours de son existence. A l’heure où le quartier évolue à la vitesse des pelleteuses, l’intérêt de la conservation du patrimoine bâti ne semble pas obsolète. En effet, cette construction plus que centenaire présente de nombreuses qualités de par ses volumes, son potentiel architectural et sa situation géographique.
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OMMERCE ULTURE
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En 1964, Andy Warhol scandalise une fois de plus l’opinion publique en associant art et consommation : ses sculptures en bois représentent à l’identique des cartons d’emballage de lessive «Brillo». Sur les traces des «ready made» de Duchamp et dans la continuité de ses boîtes de soupe Campbell, il impose encore son art à la limite de la provocation : «Si je peins de cette façon, c’est parce que je veux être une machine.» Warhol veut nous faire prendre conscience du monde dans lequel nous vivons : des gens sont payés pour nous séduire grâce à un bel emballage, lui est capable de magnifier cet objet en le banalisant. D’autres artistes ont repris ce leitmotiv, dénonçant non sans ambiguité les dangers d’une société de consommation souvent trop impersonnelle (Damien Hirst, par exemple, crée une pharmacie hyper-réaliste en multipliant à l’infini des cachets et autres gélules).
Souvent inspirés par la publicité ou les autres médias, ces artistes «pop» invitent le spectateur à un autre regard sur son propre monde. Depuis la mondialisation, notre société évolue vers un monde de communication, et ce, d’une échelle de plus en plus grande. La culture, berceau de notre civilisation, tend elle aussi à une certaine mondialisation. Pendant des siècles, l’accès à la culture était réservé à une certaine élite, puisque les supports de transmission circulaient en vase clos. Désormais, on peut faire une visite virtuelle du Louvre sur un iPad, écouter de la musique d’un groupe folklorique d’un pays où l’on n’a jamais mis les pieds, regarder le film de son choix, assis sur son canapé. Aujourd’hui, la culture a désormais l’atout d’être accessible au plus grand nombre, partout.
Le premier magasin FNAC (1954), Boulevard Sébastopol à Paris et la boutique de l’artiste Ben Vautier à Nice (1963).
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Dans les pharmacies, Dans les pharmacies... On vent du nougat et du chocolat, Des bonbons au citron, des stylos, Des poupées gentilles Pour les petites filles Et pour les garçons, Des lapins qui sont Sauteurs et polissons. On vend de tout : Des toutous blancs Qui se tiennent debout, Tout tremblants, Des arlequins, des cailles qui rient Et tout un lot de quincaillerie. Dans les pharmacies, Dans les pharmacies, On entend parfois cet ordre sec : "Garçon ! Des petits pois ou un bifteck Ou des choux farcis." Dans les pharmacies. Ces pharmacies-là Sont celles du Canada Où l'on prend ses repas, parfois, par-ci, par-là. On y vend aussi des pilules, mais sachez Que la vente des cachets est un peu cachée, Car ici, ce n'est pas un crime De commander un ice-cream Où l'on ajoute un peu de soda, Mais des remèdes, on n'en voit pas. Dans les pharmacies, Dans les pharmacies, J'entre par hasard et, le plus bizarre, Je n'en sors qu'après deux heures et quart, Les poches gonflées De pommes soufflées, De rasoirs à main En duralumin, De mille produits humains. Un phonographe immense et lourd Y joue des chansons d'amour Et pour vingt cents, on peut entendre Un baryton à voix tendre. Les oiseaux sont couchés dans leur nid Et moi, je suis couché dans mon lit. Il fait froid ce soir, il fait nuit, Alors tendrement, je te dis : "Bonne nuit, bonne nuit, Suzy. Bonne nuit, bonne nuit, Suzy, Suzy, oh oui, bien sûr. Certainement que oui, bonne nuit, Bonne nuit, Suzy jolie... euh... Bonne nuit."
C'est une chanson qui s'appelle "Bonne nuit Suzy" Dans les pharmacies, Dans les pharmacies, Je suis très heureux, Tout le monde le sait, Car j'y viens joyeux parler français Et ce plaisir-là est unique là-bas, Dans les pharmacies Si, si, si bémol... Du Canada.
Charles Trenet - Dans les pharmacies - 1951
Drugsto «Magasin de drogue» en américain dans le texte, un drugstore n’évoque rien d’illégal. Enfin, presque... Retour en arrière. A New York, en 1949, le fondateur de Publicis (3ème groupe mondial de publicité aujourd’hui) considéré comme «visionnaire», Marcel Bleustein-Blanchet, eut une illumination. A minuit, dans la rue, sans avoir dîné, il trouve son salut dans une de ces boutiques où l’on peut acheter, en cinq minutes, un hamburger, une brosse à dents, un journal. Pourquoi ne pas transposer le concept en France ? Neuf ans plus tard, en 1958, l’enseigne géante Drugstore s’étale tout en haut des Champs-Elysées, aussi connue sous le nom de «la plus belle avenue du monde». Un mythe est né. « Un Drugstore pour tous ! » Le concept de ce nouveau style de vie imaginé par son créateur est simple : le luxe à la portée de tous les Parisiens, créant un espace accueillant où l’on se plaît à flâner, à faire du shopping, à prendre un verre... Pour goûter l’air du temps au gré de ses envies. Le Premier ministre de l’époque, Michel Debré, est choqué par «ce jargon à l’américaine» sur la plus célèbre avenue française. Ce terme de «drugstore» a été calqué sur le terme canadien qui désigne les pharmacies. Le lieu, qui offre restauration, tabac ou pharmacie, est ouvert dix-huit heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept. Du jamais vu dans la France des Trente Glorieuses. Le succès prend rapidement. Vedettes, députés, étudiants, midinettes y accourent : le Drugstore s’est naturellement imposé dès le début comme un point de repère à Paris En 1965, Publicis inaugure un deuxième Drugstore à Saint-Germain. Gainsbourg y est client, les «minets» s’y retrouvent en bande. En 1970, le Drugstore Matignon ouvre en bas des Champs-Elysées au niveau du rond-point.
«J’ai pas peur des petits minets Qui mangent leur ronron au Drugstore» Jacques Dutronc - Les Play-Boys, 1966. Avec le temps, le concept s’émousse, la décoration vieillit avec ses plafonds trop bas, Publicis perd de l’argent. En 1995, le Saint-Germain est vendu et transformé en boutique Armani. Le 31 décembre 2001, le Drugstore historique des Champs-Elysées est fermé dans l’anonymat le plus total. La saga américaine se termine avec la fermeture de Matignon.
«Le Drugstore» aujourd’hui ? Malgré les rumeurs de fermeture définitive du fameux Drugstore en 2002, le mythe parisien est toujours debout, et encore pour longtemps... Détruit entièrement par un incendie en 1972, il renaît de ses cendres par le biais de l’architecte Pierre Dufau, spécialiste et théoricien de l’architecture de bureau. Celui-ci réalise un bâtiment sobre et sans compromission, imposant jardins suspendus, verre miroir coloré réfléchissant l’Arc de Triomphe. En 2004, l’architecte californien d’origine italienne Michele Saee, transforme le drugstore en installant sur les anciennes façades des éléments de verre éclairés au moyen de fibres optiques et aux formes sculpturales tourmentées. Dans l’environnement historique de la Place de l’Étoile, il est resté un lieu de référence contemporain pour de nombreux rendez-vous privés ou professionnels. Parisiens ou touristes du monde entier, ils sont environ 15 000 à fréquenter et côtoyer cet espace chaque jour. Depuis ces cinq dernières années, ce sont quelques 35 millions de visiteurs qui ont foulé les 2000m2 du Drugstore, ouvert désormais 24h/24.
nom masculin Magasin constitué de commerces indépendants vendant des cadeaux, des vêtements, des journaux et magazines, des disques et comportant aussi un restaurant, un cinéma, etc., ouvert tard le soir, même le dimanche.
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[dʁœɡ.stɔʁ] Pourquoi un Drugstore? La notion de «drugstore» n’est pas tout le temps précise et connue du grand public. Pour certains, elle peut paraître désuète. Dans mon cas, cette notion s’impose comme une évidence. Le manque de lieux comme cela est réellement manifeste dans une ville comme Lyon. A l’heure où les commerces et les moyens de communication deviennent de plus en plus hybrides, il me semblait important de réunir dans un lieu simple, des choses simples, pour des gens simples. Le «drugstore» n’est pas un «lieu-type» mais plus un état d’esprit de lieu. En effet, je qualifierais mon projet d’ «à la manière d’un drugstore» plutôt que de «drugstore» in extenso. C’est par plusieurs points que l’on va reconnaître mon lieu comme étant «à la manière d’un drugstore» : - le mélange des commerces in situ - le «melting pot» des consommateurs, entre habitués et badauds - les horaires d’ouverture (7j/7 et tard le soir) Bref, une grande liberté de temps et d’espace.
Le Drugstore Saint-Germain et son décor Art Nouveau photographié par Dalmas, Paris Match, 30 Octobre 1965.
1965 : lES «minets» envahiSSENT TOUS les drugstores DE PARIS. Image tirée du film La Bande du Drugstore, 2002
2012 : ON PEUT ENCORE MANGER SON CLUB SANDWICH AU DRUGSTORE. Publicité pour le PublicisDrugstore, 2009
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A la mémoire de Monsieur Eugène Deruelle, vétérinaire, 1859-1928.
C’est comme un accouchement ! A chaque projet, l’envie de nommer ce dernier est assez naturelle de la part de son créateur. Après des mois de gestation, le projet naît enfin, baptisé ! Le nom qu’il porte est synonyme de sa personnalité et donne en quelques lettres une idée assez claire du projet global. Parfois plus technique, parfois plus conceptuel, ce nom va devoir mettre en lumière des choix, des idées, un imaginaire.
[ø.ʒɛn] Du grec ancien Εὐγένιος, Eúgénios, dérivé de εὐγενής eúgenếs dérivé du préfixe εὐ- bien, et du nom γένος, la naissance ou l’origine. (« bien-né »). Prénom typiquement français reconnu au delà de nos frontières, Eugène évoque un personnage qui séduit immédiatement. Son attrait est universel, et son image simple et concrète.
Alors mon projet devait forcément, lui aussi, hériter d’un nom. Plutôt, d’un prénom. Eugène.
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FAÇADE & FILTRE
FACADE, n.F./synonymes: apparence, aspect, avant, dehors, devant, devanture, entrée, EXTérieur, face, figure, front, frontispice, fronton, masque, mur, paravent, péristyle, revêtement, semblant, surface, trompe-l’oeil. FILTRE, N.M./SYNONYMES: antiparasite, barrage, barricade, blindage, buvard, cache, censure, cloison, écran, éventail, épurateur, feutre, obstacle, panneau, papier, paravent, passoire, percolateur, protection, purificateur, rideau, séparation, store, voilage. C’est un peu la première chose qui saute aux yeux de ceux qui découvrent ce bâtiment. En effet, on croirait qu’un enfant de 5 ans a dessiné la façade de cet entrepôt (avec tout le respect que je porte à l’architecte des lieux). N’ayant rien à voir avec les immeubles haussmaniens qui l’entourent ou les grandes tours de verre qui lui font façe, cette adorable façade est un peu «hors contexte». Que renferme-t-elle? Est-ce une maison? Est-elle réelle? Cette façade intrigue, comme elle a pu m’intriguer quand je l’ai abordée pour la première fois. Sa forme archétypale de maison à toit à deux pans paraît évoquer à tout le monde une architecture simple. La toiture est bordée d’une frise en bois sculptée rappelant un chalet de montagne, ramenant davantage le bâtiment dans un imaginaire de maison de poupée. Pourtant, les ouvertures et les proportions montrent qu’il ne s’agit pas d’une maison d’habitation classique : de grandes ouvertures en rez de chaussée de plus de 4 mètres de haut et 3 petites fenêtres sous les toits. Des grands mots peints au dessus des ouvertures servent d’enseigne où on peut lire : ARTICLES DE BAZAR / Ets MOGNAT / JOUETS EN GROS. Le volume intérieur découle donc naturellement de la forme de sa façade : un premier volume au rez-de-chaussée, puis un deuxième, sous le toit. L’idée du filtre intervient alors. Comment conserver cette façade si symbolique tout en invitant les visiteurs à l’intérieur du bâtiment? Comment configurer l’espace intérieur en conservant les volumes existants?
En tant qu’assistante de galerie, l’une de mes plus grosses gaffes a été de me faire un sandwich avec un «jambon brodé» d’un artiste que nous devions exposer. Illustration de Jean-Philippe Delhomme, tiré de son ouvrage Art Contemporain, ed. Denoël, 2001.
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Galerie
Toute grande ville européenne qui se respecte offre une place importante à l’art et l’expose sous toutes ses formes : foires, biennales, fashion weeks, design weeks, etc. Il est donc important qu’elle conserve un lien fort avec ses galeries qui relayent en permanence un flux d’artistes aux yeux de ceux qui la fréquentent. Lyon est de ces villes et entend bien le rester. Une galerie est un lieu ouvert à tous (malgré certaines apparences) qui permet à chacun de se questionner, de se faire une propre opinion, ou tout simplement d’admirer. Photographies, peintures, sculptures, vidéos, mobilier et installations envahissent ces lieux qui évoluent au fil du temps. Il est donc important que chaque quartier bénéficie de ces véritables «vitrines culturelles» : elles complètent les musées et gardent un rapport plus humain qu’un livre ou qu’un site internet. Souvent regroupées dans des secteurs très précis (pentes de la Croix-Rousse, quartier Auguste Comte, Confluence, par exemple), ces galeries se font rares dans d’autres. C’est le cas de la Part-Dieu qui peine a intégrer une dimension culturelle à son environnement. La raison qui m’amène à intégrer une galerie d’exposition dans un drugstore est l’idée qu’une personne qui va acheter ses cigarettes va passer à côté d’une photographie d’un artiste japonais, qu’un homme d’affaires qui va prendre un café va regarder une vidéo d’art abstrait pour faire une pause. Bref, l’idée principale est d’amener la culture aux gens plutôt que l’inverse.
AU TABAC, C’EST GEORGETTE, LA MALADE IMAGINAIRE. QUAND ELLE N’A PAS DE MIGRAINE, C’EST LE NERF SCIATIQUE QUI COINCE. CELLE-LÀ N’AIME PAS ENTENDRE «LE FRUIT DE VOS ENTRAILLES EST BÉNI».
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-H La designer Constance guisset a pensé ce meuble hybride, a la fois cage à oiseaux et aquarium. «duplex», 2010, éditions specimen
HYbride adjectif (latin hybrida, de sang mêlé)
la volonté d’un programme hybride dans un lieu hybride. réunir sous le même toit plusieurs usages rend ce lieu unique. un lien spatial se crée entre ces différents pôles, se trouvant ainsi à la frontière du mélange et de la singularité. exemples de lieux hybrides + La cité radieuse de marseille - le corbusier - 1945 +
• immeuble d’habitation bureaux commerces ecole gymnase piscine • + LE CENT QUATRE - JACQUES PAJOT - 2008 +
• COMmERCES BUREAUX création artistique représentation artistique appartements •
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IN& out
(ou Intérieur&extérieur en français...)
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la règle est simple : vous devez relier les points dans l’ordre. vous découvrirez alors une surprise !
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Koolhassrem & son projet : «Epicentre Prada» - New-York City - 2001.
D’après Koolhaas et ses collaborateurs, le lieu de vente agit sur l’ambiance de la ville bien plus que le bureau, l’équipement sportif, l’espace vert, le théâtre, l’aéroport ou tout autre espace consacré aux échanges humains. Les gens se retrouvent dans les magasins de chaussures, les bijouteries ou les restaurants. Les épicentres de Prada s’inscrivent dans la stratégie du «flagship store» («magasin portedrapeau» ou vitrine de la marque). L’épicentre n’est pas une architecture en soi, mais intègre l’expérimentation et l’innovation au coeur du concept, en permettant aux architectes de reconsidérer l’expérience du shopping dans leurs recherches esthétiques. Certaines solutions sont des extrapolations formelles d’éléments standards : c’est le cas des cages suspendues pour les vêtements, des présentoirs mobiles glissant sur des rails comme des étagères de bibliothèques, ou des portes transparentes de cabines d’essayage qui s’opacifient instantanément. L’association de Prada avec Rem Koolhaas de l’agence OMA (Office for Metropolitan Architecture) pour la création de boutiques dans certaines villes marque un tournant, en plaçant l’architecture et le design au coeur de l’identité de l’enseigne. Prada souhaite cette fois mettre en avant la différence et non l’uniformité de ses points de vente. Partout, la flexibilité des épicentres, des matériaux de construction, des technologies et des modes de présentation innovants créent l’identité et apportent une valeur ajoutée à la marque. Un immeuble original du XIXè siècle, à la façade de brique et de fonte, situé dans le fameux quartier de Soho, est choisi pour accueillir la fameuse boutique de New York. Le lieu d’intervention, qui inclut la totalité du rez-de-chaussée du bâtiment ainsi que le soussol, dépasse les 2000 m2, le local occupe toute la profondeur de l’immeuble. La boutique s’aligne le long d’un mur plaqué de panneaux de polycarbonate iridescent, qui représente la nouvelle image corporative de Prada, créative et transparente. Cependant, l’élément le plus remarquable est la «vague» intérieure, un sol courbe qui descend du niveau de la rue jusqu’au sous-sol, créant un vaste volume et invitant ouvertement le visiteur à descendre vers les espaces d’exposition de la partie inférieure. En redéfinissant la nature même de l’espace commercial, le projet consiste à orienter le public vers une plus grande conscience de la marque. Le lien avec un projet comme celui que je mets en place est d’arriver à redéfinir la place du «shopping» dans la ville et dans un lieu atypique : comment consommer différemment? Il faudra alors remettre en question les agencements classiques des différents commerces de proximité et s’interroger sur une nouvelle manière de consommer. On peut noter l’importance, dans un projet comme celui de Koolhaas pour Prada, de l’implantation de nombreux éléments architecturaux («la vague», «les boîtes suspendues»,...). Ces derniers doivent favoriser une nouvelle vision du consommateur: Suis-je bien dans un tabac-presse?
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Lumière
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elle peut être naturelle, artificielle, directe ou indirecte, colorée, diffuse, la lumière est souvent considérée comme un élément moteur du projet d’architecture. Charles-edouard Jeanneret souligne l’importance de la lumière jouant sur les volumes pour parler d’architecture. Dans le cas de mon bâtiment, la lumière naturelle peine à investir les lieux. malgré sa façade sud, cet entrepôt n’a pas été conçu pour capter la lumière. Peu d’ouvertures sont présentes, mais les possibilités sont nombreuses : agrandir les ouvertures existantes ? Créer de nouvelles ouvertures ? ouvrir zénithalement ? Ne pas ouvrir ? accentuer ce manque de lumière naturelle ?
MOGNAT e m m co
-M En 1878, la famille Mognat fait appel à l’architecte M.Paradis pour construire une usine de jouets artisanaux. Pendant longtemps, cette usine faisait partie d’une zone semi industrielle, située en périphérie de la ville. Des dizaines d’années plus tard, Mognat est toujours là, s’étant transformé en magasin de jouets suivant la dynamique du quartier. «une veritable caverne d’ali baba.» DANS LES ANNEES 1970, PUIS 80, la famille vend en gros et demi gros, aux Forains et aux particuliers, pour le bonheur des petits et des grands. DEPUIS les années 2000, les etablissements mognat ont migré, quelques numéros plus bas dans la rue, s’appelant désormais «la porte bleue» en référence a la célèbre porte d’entrée de l’ancien magasin. ils laissent derrière eux leur «usine-stock-magasin-bazar», ayant désormais comme seuls occupants des pigeons.
Notes personnelles :
Sources : Bibliographie : + Dictionnaire Larousse + Alejandro Bahamon, Ana Canizares, Mode architecture corporative, ed. L’inedite, 2008. + Collectif, Philippe Thiébaut, direction Musée d’Orsay, Catalogue «Art Nouveau Revival, 1900.1933.1966.1974», ed. Snoeck - 2009 Webographie : + fr.wikipedia.org + www.tumblr.com + www.publicisdrugstore.com Filmographie : + Jean-Pierre Jeunet, Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain, 2001 + François Armanet, La Bande du Drugstore, 2002 + Pierre-André Boutang, L’Abécédaire de Gilles Deleuze, 1988
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Nota bene
du latin Nota Bene, remarquez bien. Abrévation : N.B.
Playlist (ce que j’ai écouté pendant
Remerciements :
+ The XX - Basic Space + Moderat - A new error + Roxy Music - Avalon + Pyramid - Troubles + Friendly Fires - Hurting (Tensnake Remix) + Franz Schubert - Trio N°2 Op.100 + Kurt Ville - Baby’s arms + Foster The People - Pumped Up Kicks
Les professeurs de projets dont Philippe Bousquet (tuteur), Guy Planet, Claude Mathieu. Ma famille & mes amis, dont mes compagnons d’école. Toutes les personnes que j’ai fréquentées de près ou de loin ces dernières années (en stage, en Erasmus, etc).
l’écriture de ce mémoire) :
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OBJETS Briquet - Bic 2,5x8,2x1,5
Verre GIGOGNE - DURALEX 7,3x7,7
Livre - gallimard 15,5x22,5x3,1
Chaise A - Tolix 85x45x46
Cigarettes - marlboro 8,8x5,5x2,2
JOURNAL - LE MONDE 47x32
Cigares - partagas DIM. variables
NAPPE A CARREAUX VICHY 90x90
aller au petit coin Boire un café fumer une cigarette boire un verre d’eau lire un journal regarder la télévision
PAUSE lire un mail appeler un ami boire un verre de chardonnay caresser son chien prendre le temps
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-Q Mon b창timent est ici.
Quartier:
PART DIEU
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Du domaine agricole qui donna son nom au quartier, il ne reste rien. Longtemps inoccupés parce que très marécageux, les terrains de la rive gauche du Rhône ne furent urbanisés qu’à partir de la fin du XVIIIe siècle. Le domaine de la Part Dieu devint alors propriété militaire et des casernes y resteront jusque dans les années 1960. C’est à partir de cette époque que la Part Dieu va devenir le nouveau centre de Lyon. Le quartier va faire l’objet d’une vaste urbanisation résolument moderne. Centre commercial, centre d’affaires et centre décisionnel, le quartier de la Part Dieu s’articule autour de la gare TGV, de la tour du Crédit Lyonnais (surnommée « crayon » par les Lyonnais), de l’Auditorium Maurice Ravel et du centre commercial. Ici se côtoient des immeubles d’habitation inspirés par Le Corbusier et des tours de verre. Au nord et au sud du quartier subsistent quelques ilots d’habitation construits au XIXe et au début du XXe siècle. Non loin du centre commercial, subsiste mon bâtiment: Dernier vestige d’une epoque et d’une architecture. LE projet est donc là pour redonner vie à ce patrimoine oublié en lui influant un souffle nouveau par le biais d’un programme et d’une architecture adéquats.
_VOUS VOULEZ DIRE QUE SI ELLE AVAIT ÉTÉ VIEILLE ET MOCHE C’ÉTAIT MOINS GRAVE?
_QUEL MALHEUR ! POUR UNE FOIS QU'UNE PRINCESSE ÉTAIT JEUNE ET JOLIE...
_BAH OUI QUAND MÊME ! REGARDEZ MÈRE THÉRÉSA...
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ESTAURANT ou «Cantine».
Cantine n.f. sing.
fam : restaurant où l’on se rend régulièrement. Comme tout drugstore qui se respecte, la présence d’un espace de restauration est nécessaire à mon projet. Le terme de «cantine» s’adapte parfaitement à l’idée de cette restauration : prendre un café, un plat simple ou un verre de vin. Ce n’est pas tout à fait aussi raffiné qu’un restaurant, moins important qu’une brasserie et moins américain qu’un snack. Les gens qui déambulent dans ce drugstore s’y attardent plus ou moins selon leurs envies. Mais ceux qui la fréquentent s’y rendent souvent puisqu’ils se plaisent à flâner dans la galerie ou la librairie. Dans ce quartier, la restauration est souvent réduite à la rapidité alors qu’ici elle prône une curieuse simplicité.
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SURFACE
Plans du Rez-de-chaussĂŠe, du R+1 et de la toiture
Coupes longitudinale et transversale
Mon bâtiment a une emprise au sol de forme rectangulaire d’une surface de 460m2 (15,5m x 29,5m). Il est divisé en 2 corps principaux presque équivalent en terme de surface au sol. le premier est divisé en 3 parties dans le sens vertical par 2 murs de refend qui soutiennent les combles. la Hauteur sous dalle est de 5m. les combles sont habités par une charpente en bois, mais qui les laissent accessibles.
ELEVATIONS
Quant à la partie arrière du bâtiment, elle est constituée de 3 zones découpées par 2 murs longitudinaux formant 2 ailes latérales. les deux facades présentent un accès principal de chaque côté (Boulevard et cour d’immeuble). les deux autres murs sont mitoyens aux immeubles entourant le bâtiment.
TABAC-PRESSE 1492
Christophe Colomb découvre l’Amérique, et notamment le tabac à Cuba qu’il importe en Europe à son retour.
1560
Le tabac triomphe en France grâce à Jean Nicot : «l’herbe à la reine» en référence à l’addiction de la Reine Catherine de Médicis.
1629
Le Cardinal de Richelieu instaure un Droit de Douane depuis les importations de tabac du Nouveau Monde.
1631
Création de «La Gazette», premier journal français sous Richelieu.
1777
«Le Journal de Paris» est le premier quotidien à paraître en France.
1789
La liberté de la presse naît avec la Déclaration des Droits de l’Homme.
1826
Première édition du «Figaro», une édition hebdomadaire de 4 pages. Il devient quotidien 40 ans plus tard.
1836
Emile de Girardin fonde «La Presse», le premier journal bon marché grâce aux annonceurs.
1950
Le tabac est cultivé dans 55 départements, avec 105000 producteurs sur 28000 hectares.
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-TEncore appelé bar-tabac, PMU, ou même plus familièrement «le tabac du coin», le Tabac-Presse est un établissement de référence pour une rue, un quartier ou un village. Il est indispensable aux bonnes relations de la société. Pour certains, il délivre un paquet de Marlboro Light, pour d’autres, le dernier numéro de ParisMatch. Généralement, ce commerce de proximité est tenu par un personnage. Tout le monde connaît celui, celle ou ceux qui sont à la tête de ces petits empires, et inversement. On peut rester des heures à bouquiner et flâner dans les rayonnages ou alors y rester 3 secondes et demi, le temps de prendre son paquet de cigarettes et de filer. Dans tous les cas, ces lieux n’ont en commun que le nom : chaque tabac-presse est unique. Selon la clientèle, le quartier, le tenancier, le tabac-presse se fait caméléon et évolue en fonction de son environnement. Nous ne serions pas étonnés de voir des tourniquets à cartes postales, un rayon de DVD, des jouets, des bouquins de cuisine, ou même trois tabourets de bar accueillant les fidèles qui boivent leur café. Le centre névralgique de mon programme est donc ce fameux «Tabac-Presse». Ce commerce simple et utilisé par tous devient alors le point de départ du projet : l’histoire d’un tabac qui aurait grandi, puis s’installant dans cette «maison», y aurait investi le toit pour en faire une galerie et la cour un restaurant.
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UTOPIES
«La tranche» House with Empty Lot ON design 2011
RÉALISTES
«LE filtre» LADDERSTiLE HOUSE threefoldarchitects 2009
VÉGÉTAL
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Dans un quartier qui laisse peu de place à la nature, comment intégrer l’élément végétal à l’architecture ? Souvent réduite à de simples plantes en pot ou, au mieux, à un mur végétal, la nature doit aussi avoir sa place en ville dans les espaces publics & commerciaux. le végétal doit alors intervenir comme une pause sensorielle.
Mistletoe Viscum album. Prof. Dr. Otto Wilhelm Thome Flora von Deutschland. (1885)
Who is eugene ?
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Behind this name there is my scheme for my interior architecture diploma. The project I implant in place of 25th Boulevard Eugene Deruelle is a combination of retail trade and culture. A kind of «corner shop» of the XXIst Century in the style of Parisian drugstores, my program gathers 3 principal poles : a smoke shop, an exhibition gallery and a canteen. This place is both simple by its functions, and singular by the fact they are united under the same roof. The goal of such a project in such a district is to rassemble people from varied backgrounds in a total freedom of space and time. My building’s architecture is just like its history : it’s simple. this former toy warehouse situated in la Part-Dieu, Lyon (which is today abandoned) shows an intriguing and elementary facade : a simple house squeezed between two Haussmanian buildings. I think that it is the starting point of this story...
Qui est Eugène ?
Derrière ce prénom se cache le projet d’architecture intérieure qu’il me tenait à coeur de réaliser pour mon diplôme. Le projet que j’implante en lieu et place du 25, Boulevard Eugène Deruelle est à la croisée du commerce et de la culture. Sorte de «commerce de proximité» du XXIème siècle à la manière des drugstores parisiens, mon programme réunit trois pôles principaux : un tabac-presse, une galerie d’exposition et une cantine. Ce lieu se veut donc à la fois simple de par ses fonctions, mais singulier de par le fait qu’il les rassemble sous le même toit. Le but d’un tel projet dans un tel quartier est de réunir des personnes d’horizons différents dans une grande liberté de temps et d’espace. L’architecture de mon bâtiment est à l’image de son histoire : elle est simple. Ce vieil entrepôt de jouets du quartier de la Part-Dieu (aujourd’hui à l’abandon) présente une façade aussi intrigante qu’élémentaire : une façade de maison à toit à deux pans coincée entre deux immeubles haussmaniens. Je crois que mon histoire commence ici...
X&Y
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comme inconnues...
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Zooms
A comme abécédaire b comme bâtiment c comme culture & commerce d comme drugstore e comme eugène f comme façade & filtre g comme galerie h comme hybride i comme in & out j comme jeu k comme koolhaas l comme lumière m comme mognat n comme NOTA BENE O comme objets p comme pause q comme quartier r comme restaurant s comme surface t comme tabac-presse u comme utopies réalistes v comme végétal w comme who is eugene? x & y comme inconnues z comme zooms Alexis Dupont Ecole Supérieure d’Architecture IntérieurE de lyon mars 2012