Copyright / Copywrong?

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copyright ¶ copywrong ?#

Alice Lagarde ¶ design graphique ¶ juin 2011 ¶ La Martinière Diderot, Lyon, ¶ Pôle supérieur de design #



sommaire·# 1¶ >·Page·7·¶ copie&plagiat :¶ une première¶ approche législative·# 2¶ >·Page·21·¶ la copie,¶ une pratique¶ valorisée puis ¶ décriée·# 3¶ >·Page·35·¶ la copie,¶ source de création·#


«·Existe t-il une idée qui n’ait jamais été pensée ou exécutée auparavant par quelqu’un quelque part? Où finit l’inspiration et où commence le plagiat?·»·# Nicolas Bordas (http://www.nicolasbordas.fr/et-si-le-plagiat-etait-l%E2%80%99avenir-de-la-pub)


introduction·# Le choix d’un thème de projet de fin d’études n’est pas chose simple. Il s’agit de trouver un sujet qui nous plait, voir nous passionne et faire que ce sujet ait une résonnance particulière avec l’époque dans laquelle nous nous trouvons. Il est censé amorcer également la direction que nous souhaitons prendre dans notre futur métier de graphiste. Une série de critères qui rend d’ores et déjà la recherche complexe. Lorsque l’on a enfin trouvé le sujet parfait (celui qui conjugue notre interêt et une pertinence actuelle), une dernière épreuve nous attend. Le moment fatidique où l’on découvre que ce sujet si prometteur a... déjà été réalisé.

La question de la copie se pose particulièrement dans l’époque dans laquelle nous nous trouvons, à l’ère du numérique et de la dématérialisation des supports, la circulation des images et leur partage n’a, en effet, jamais été aussi facile :

Nous sommes à l’ère du sample, du montage, de l’appropriation et tout rendu extrêmement simple grâce aux nouvelles techniques, il suffit de cliquer sur l’un des nombreux sites de veille visuelle pour avoir accès à plusieurs milliers d’images provenant du monde entier. Mais de la simple réminiscence d’une forme ou d’un principe, à la copie malhonnête, où se situent les limites du plagiat ? Il s’agit donc pour ma part, à travers l’analyse de ce phénomène, d’essayer de renverser les a priori, et de démontrer de quelles façons la copie peut-être un acte créatif. Montaigne n’avait-il pas déjà dit : « Les paroles redites ont , comme autre son, autre sens ? ». Un détour par l’histoire nous permettra de situer le moment où le plagiat, pratique admise, voire recommandée, est devenu une tare. À partir de quand et pour quelles raisons est-on passé de la nécéssité de l’imitation, comme le faisaient les peintres débutants en copiant les tableaux des grands maîtres, à l’infamie du plagiat, illustrée par les nombreux procès intentés aujourd’hui ? Que condamne-t-on dans le plagiat ? Que vole-t-on ? Comment les pratiques artistiques modernes, qui utilisent l’appropriation et la citation, s’accomodent-elles d’une protection des œuvres de plus en plus stricte ? Quelles solutions sont envisagées et dévelopées pour parer à ces contraintes législatives ?

Ce que j’évoque est une problématique très ancienne, ne concernant pas uniquement les arts appliqués, une question qu’aborde La Bruyère en 1688, dans Les Caractères : «Tout est dit, et l’on vient trop tard depuis plus de sept mille ans qu’il y a des hommes et qui pensent.». Alors plutôt que de re-traiter un sujet qui l’a déjà été, j’ai pris le parti d’analyser ce phénomène, le « refaire », la copie et son pendant subversif : le plagiat. ¶

«On peut formuler le paradoxe de l’inédit et du déjà dit de deux façons. D’une part, si grand soit votre désir de neuf et votre génie inventif, votre appétit de l’inédit rencontre toujours la satiété du déjà dit.» Michel Schneider, Voleur de mots

Cependant choisir ce sujet est un pari risqué, en effet la copie a mauvaise réputation, on y voit l’élève paresseux et envieux qui copie sur son voisin, le faussaire produisant la copie frauduleuse d’une œuvre d’art originale ou encore l’artiste en panne d’idée, ne faisant preuve d’aucune créativité. Que craint le plagiaire ? La honte d’être démasqué. « Vous vous disiez auteur, créateur et n’êtes qu’un plagiaire, un copiste. Vous êtes nul. Vous n’êtes rien. Vous n’êtes personne. Vous vouliez vous faire un nom propre, et vous voici réduit à l’état commun d’une épithète infamante. »

«Ready-made, collage, écriture automatique, intertexte, combinaisons détournement, appropriation : autant d’expressions qui témoignent des explorations du plagiat.» 3 Critical Art Ensemble, Libres Enfants du savoir numérique

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copie¶ ¶ Plagiat : ¶

une première¶ approche¶ législative¶

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«·Pourquoi s’ennuyer à trouver des idées neuves alors que tout semble déjà avoir été dit et fait ?·»·# Jœ la pompe


Une première approche legislative·# ¬9

a¶ Notions·# Voici la définition du plagiat proposée par le dictionnaire : ¶

Le plagiat consiste à s’inspirer d’un modèle que l’on omet délibérément ou par négligence de désigner. Le plagiaire est celui qui s’approprie frauduleusement le style, les idées, ou les faits. ¶

Copier une œuvre, que l’on s’approprie sans en désigner la source (par exemple, les nom et prénom de l’auteur, référence d’un livre ou d’un site internet...) c’est s’adonner au vol et par conséquence au plagiat. ¶

Cependant, la limite entre l’inspiration, l’imitation et la contrefaçon est très difficile à déterminer. Dans le champ des arts appliqués (du graphisme plus précisément), on peut constater qu’aujourd’hui nous avons tous accès à un nombre important d’images au quotidien, via les sites de veilles visuelles, les livres et magazines ou tout simplement dans notre environnement quotidien (la rue, dans le métro...). Nous nous imprégnons inconsciemment de toutes ces images et il arrive que parfois l’une d’elle refasse surface dans notre propre création sans que la démarche consciente de la copie entre en jeu. Il peut également arriver qu’on ait la même idée que quelqu’un d’autre au même moment ou après-coup. C’est un phénomène récurrent, il suffit de comparer les images issues de ces fameux sites de veilles visuelle (ffffound, fubiz...) pour constater que de nombreuses productions se recoupent et se ressemblent. Elles ne répondent cependant pas toute au terme de « plagiat ». ¶

En effet on peut dégager quatre degrés différents dans le champ sémantique du plagiat.

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Recherche ¶ une "appropriation". #


Une première approche legislative·# ¬10

1¶ Similitude d’idée / Réminiscence ¶ Coïncidence fortuite / Analogie de sujet·#

Similitude d'idée

Alice Tétaud, Petites histoires (2010)

Pleaseletmedesign, first name (2010)

l’idée est strictement la même sans qu’il n’y ait eu plagiat ni inspiration, le procédé étant le même le résultat est également le même. #

Coïncidence ?

Ola Podrida (avril 2007)

Interpol, Our Love To Admire (juillet 2007)

Sortis à quelques semaines d’intervalle, ces deux disques affichent pour leur couv une scène animale : des bêtes tranquilles et fières chez Ola Podrida, sauvages et affamés chez les New Yorkais d’Interpol. #


Une première approche legislative·# ¬11

2¶ Inspiration / Influence / Tendance ¶ Référence / Citation / Hommage·# Influence / Tendance

Antoine&Manuel , Affiche pour le CCNT (2003)

Morwenna Moal et Marie Lauvergeon, Exposition Biodiversité (2010)

Hommage

La chaise master (2009), par Phillipe Starck, est un hommage, une combinaison de trois chaises dessinées par les grands noms du design.


Une première approche legislative·# ¬12

3¶ Emprunt / Appropriation / Recyclage ¶ Adaptation / Compilation / Détournement·# Détournement

James Montgomery, Flagg « I Want You », affiche de recrutement de l'armée des États-Unis (1917)

«Je veux rentrer», Comittee to help Unsell the war, affiche contre la guerre du vietnam (1971)

Appropriation

Herbert Matter, affiche touristique suisse (1934)

Paula Scher, pub swatch (1987)


Une première approche legislative·# ¬13

4¶ Imitation / Pastiche / Copie ¶ Contrefaçon / Faux / Larcin·# Imitation

ouverture du Livre “Le Pouvoir du présent.” ar Mevis & Van Deursen invitation pour l’exposition “Le choix de Simon” par Annelys De Vet

Inviation 'Simon's keuze'

Couverture du Livre “Le Pouvoir du présent.” par Mevis & Van Deursen

Annelys de Vet, « De kracht van heden » Mevis & Van Deursen

designs de qualité demandent à être copiés.»

invitation pour l’exposition “Le choix de Simon” par Annelys De Ve

«Les designs de qualité demandent à êtr Plagiat

Richard Chartier and Taylor Deupree, Specification Fifteen

U2, No line on the horizon


Une première approche legislative·# ¬14

larité irréductible du style et du sentiment. Il se constitua ainsi, dès la seconde moitié du XVIIIe siècle, un lien assez curieux entre la professionnalisation de l’activité littéraire et une idéologie du génie propre de l’auteur. Mais naturellement, quand se mit en place cette esthétique de l’appropriation, on fut amené à condamner moralement ou judiciairement tous ceux qui s’en écartaient.»

Nous l’avons vu, il existe de nombreuses nuances dans la pratique de la citation, de l’appropriation ou de la copie, dans quel cadre juridique ces pratiques s’inscrivent-elles ? Quelle est la position de la loi par rapport à la copie et au plagiat?

apparition de la¶ notion de droit¶ d'auteur¶ La notion d’auteur telle que nous l’entendons, est une notion moderne et occidentale. Jusqu’au XIXe siècle, la conception de la propriété artistique, sa juridiction, sa transgression étaient assez confuses. En effet l’adaptation était un mode ordinaire et le vol artistique chose courante, il devenait clair qu’il s’agissait non pas de voler, mais de dissimuler ses vols. « Celui qui emprunte ou qui pille avec art et précaution, déclarait Reynolds dans son sixième discours de distribution des prix de peinture (1774), a droit à la même indulgence dont usaient les Lacédémoniens, qui ne punissaient pas le vol, mais le manque d’adresse à le cacher. » La réprobation du plagiat a donc une histoire. De plus, si le terme plagiat apparaît chez Bayle en 1697, et l’adjectif plagiaire (dans son sens actuel) en 1555, le verbe plagier, lui, n’est utilisé pour la première fois qu’en 1801 par Louis Sébastien Mercier dans sa Néologie. De fait, ce n’est qu’au début du XIXe siècle que le plagiat commence à faire l’objet de travaux spécialisés et que l’on commence à poursuivre en justice des emprunts jusque-là licites et même recommandés. L’illégitimité du plagiat dérive directement de la défense du privilège de librairie qui garantit un droit exclusif sur un titre au libraire qui l’a obtenu. ¶

«Sur quoi s’appuyait cette invention de l’auteur propriétaire qui fondait l’imprescriptibilité et la perpétuité du copyrignt ou du privilège? Sur l’esthétique de l’originalité. Même si les idées, disait-on, sont «de libre parcours», la forme, elle, exprime la singu-

Jean-Luc Hennig, Apologie du plagiat

On sait du reste que le plagiat, du point de vue de la loi, n’existe pas, seule est répréhensible la contrefaçon. Sous l’Ancien Régime, la contrefaçon consistait, pour un libraire-éditeur, à publier un livre sur lequel un de ses confrères avait un privilège . C’était donc un phénomène purement interne à la librairie.

Du point de vue¶ de la loi ?¶ - Le plagiaire est donc celui qui s’approprie frauduleusement le style, les idées, ou les faits. - Le plagiat est considéré comme la copie d’une œuvre, que l’on s’approprie sans en désigner la source (exemple de source: les nom et prénom de l’auteur, référence d’un livre ou d’un site internet). ¶

L’œuvre : En droit français, cette notion est très large, d’une part on retrouve les œuvres littéraires comme les romans, les poèmes, les pièces de théâtre, les ouvrages de référence, ou encore les journaux, les compositions musicales et chorégraphiques, d’autre part les œuvres « numériques » les bases de données, les films, et les logiciels, mais aussi les œuvres artistiques comme que les peintures, les dessins, les photographies et les sculptures, l’architecture et les créations publicitaires, ainsi que les cartes géographiques et les dessins techniques. ¶


Une première approche legislative·# ¬15

- Article L122-1 Le droit d’exploitation appartenant à l’auteur comprend le droit de représentation et le droit de reproduction.

« le plagiat habile est moralement coupable mais juridiquement irréprochable.»

- Article L122-4 Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite. Il en est de même pour la traduction, l’adaptation ou la transformation, l’arrangement ou la reproduction par un art ou un procédé quelconque. ¶

Ce sont là quelques-uns des « droits patrimoniaux » qui s’attachent à tout créateur (donc auteur) d’œuvre (images, vidéos, textes, etc...) Ce qui est dit est donc très clair : seul l’auteur a le droit de mettre à disposition ses œuvres et de permettre leur utilisation. Nul autre n’en a la possibilité au préalable. Si quelqu’un ne respecte pas ce principe il enfreint la loi, et peut même être qualifié de « plagiaire » donc de quelqu’un se livrant à la contrefaçon : ¶

- Article L335-2 Toute édition d’écrits, de composition musicale, de dessin, de peinture ou de toute autre production, imprimée ou gravée en entier ou en partie, au mépris des lois et règlements relatifs à la propriété des auteurs, est une contrefaçon et toute contrefaçon est un délit. La contrefaçon en France d’ouvrages publiés en France ou à l’étranger est punie de trois ans d’emprisonnement et de 300 000 euros d’amende. Seront punis des mêmes peines le débit, l’exportation et l’importation des ouvrages contrefaisants. Lorsque les délits prévus par le présent article ont été commis en bande organisée, les peines sont portées à cinq ans d’emprisonnement et à 500 000 euros d’amende. ¶

- Article L335-3 Est également un délit de contrefaçon toute reproduction, représentation ou diffusion, par quelque moyen que ce soit, d’une œuvre de l’esprit en violation des droits de l’auteur, tels qu’ils sont définis et réglementés par la loi. Est également un délit de contrefaçon la violation de l’un des droits de l’auteur d’un logiciel définis à l’article L. 122-6. ¶

Article L335-9 En cas de récidive des délits prévus et réprimés au présent chapitre ou si le délinquant est ou a été lié par convention avec la partie lésée, les peines encourues sont portées au double.

R. Plaisant

La contrefaçon est donc l’appellation juridique du plagiat, sa version condamnable. À ce titre, elle constitue un délit et il est souvent délicat de distinguer ces deux notions. C’est Le juge qui décide finalement du caractère licite ou non de l’emprunt, il fait une distinction entre les emprunts concernant les idées – qui ne sont pas condamnables – et les emprunts – condamnables – concernant la forme sous laquelle sont présentées les idées, à savoir l’expression et la composition. ¶

S’agissant de l’expression et de la composition, le juge prend en compte l’importance quantitative de l’emprunt. Cela dit, un emprunt formel, même de faible étendue, peut être jugé illicite, s’il porte sur un élément caractéristique de l’œuvre plagiée. Un élément est dit caractéristique, s’il est marqué par la personnalité de l’auteur et s’il apparaît comme vraiment original. Dans ce cas, il est protégé par la loi. Par contre, un emprunt, même important sur le plan quantitatif, peut être autorisé. Dans une biographie par exemple, un auteur est autorisé à reprendre la même composition chronologique qu’un autre ouvrage sur le même sujet, car elle découle du sujet même, elle est dite « fonctionnelle », sans originalité aucune. ¶

En revanche, le juge n’est pas dupe d’un recopiage habile, comportant des variantes non significatives et uniquement destinées à masquer le délit. La loi ne protège donc pas seulement l’expression littérale. La transposition directe (sans aucune transformation de l’original) n’est pas la seule à être interdite. L’emprunt indirect peut lui aussi faire l’objet d’une condamnation. ¶

Il faut toujours aussi s’interroger sur le caractère intentionnel de l’emprunt, même s’il relève apparemment de la contrefaçon. En ce sens, le juge tient compte des mouvements de mode, des coïncidences, de l’utilisation de sources communes due à l’assimilation par deux auteurs différents d’une culture commune, d’ouvrages fréquentés par une même génération. ¶

Enfin, il faut s’interroger sur l’importance à accorder à l’ensemble du corpus dans lequel s’intègre l’emprunt : par principe, la réglementation française est a priori très protectrice, puisqu’elle interdit simplement d’en tenir compte. Un recopiage, même s’il s’intègre dans un ensemble


Une première approche legislative·# ¬16

beaucoup plus vaste et lui-même doté d’une certaine originalité, est illicite. Le juge, en effet, se doit d’apprécier la contrefaçon d’après les ressemblances avec l’œuvre plagiée et non d’après les différences. En droit, il convient d’apprécier la contrefaçon de manière absolue et non relative (en relation avec le contexte). En réalité, ce principe est fréquemment contourné par les tribunaux qui tiennent compte de « l’environnement » de l’emprunt. La tolérance est de mise, lorsque l’auteur mis en cause sait, dans le reste de son ouvrage, créer un univers personnel qui se démarque nettement de l’œuvre dont il s’est inspiré. ¶

«La raison pour laquelle il est difficile d’administrer la preuve du plagiat dans le domaine de l’art et de la littérature tient au fait qu’il ne suffit pas seulement de montrer que B s’est inspiré de A, sans citer éventuellement ses sources, mais de prouver aussi que A ne s’est inspiré de personne. Le plagiat suppose en effet que la régression de B vers A s’épuise dans celui-ci, car si l’on venait à prouver que A s’inspire et pour ainsi dire plagie un X situé en position d’antériorité chronologique, la dénonciation de A se verrait fragilisée.» Jacques Soulillou, «L’auteur, mode d’emploi»

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Une première approche legislative·# ¬17

Campagne contre la contrefaçon, comité Colbert (Porte-parole de 75 maisons de luxe françaises) France (2010)

Le photocopillage, est un mot-valise construit sur les termes copie et pillage. Il désigne l'opération qui consiste, pour une personne physique ou morale (le copieur), à dupliquer ou exploiter un contenu intellectuel encore protégé par le droit d'auteur, sans autorisation ou sans respecter les termes de la licence décrivant ses droits de reproduction. #


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D¶ étude de cas¶ (à vous de juger !)·# Nous venons de le voir, juger ce qui relève du plagiat ou de la coïncidence n'est pas chose aisée. Voici l'exemple d'une accusation de plagiat entre deux graphistes, témoignant de la confusion qui peut se créer au vu de travaux similaires. ¶

Afin de préserver l'anonymat des protagonistes, leurs noms et noms de projet ont été modifiés.

j'ai pu échanger avec certains professeurs de "Ecole X" qui me confortent dans ma position. ¶

Pour votre information : une telle attitude, à tout le moins une forte présomption, est tout à fait passible de se voir présentée aux tribunaux : il y a là manifestation d'une copie quasi servile (d'un concept PUIS-ET de sa traduction plastique).

cher "graphiste B" Un sacré hasard m'a fait découvrir votre création graphique pour "Projet 2".

je veux bien croire que tout cela soit fortuit mais (et au vu des 2 caractères pré-cités) pas trop quand même. Dans l'idée que cela ne le soit pas (fortuit) et pour ne rien vous cacher je suis assez en colère, triste de découvrir pareille appropriation quand il me semble me plier en 4 et donner avec beaucoup de générosité, pédagogique, lorsque je présente mon travail... Si c'est pour en recolté de tels fruits...

8/09/10 Graphiste A › Graphiste b ¶

Après une courte enquête je découvre que vous étiez à "Ecole X" et que vous (toutes ou partie) avez probablement assisté à une de "mes conférences"...

je me trompe peut-être... bien désolé d'avoir à adopter telle plume, je reste à votre disposition pour en parler, échanger par mail.

Ce me semble, ladite création, est plus qu'étrangement proche d'une mienne, en l'espèce, celle faite pour la marque "Projet 1" (pour laquelle j'ai également inventé le nom de marque) que vous avez donc pu voir en conférence OU très simplement sur Google et autres (double page ds "étapes")....

8/09/10 Graphiste B › Graphiste A

vous en jugerez par la pièce jointe qui rapproche 2 "caractères" de la création originale : - s'exprimer via un gribouillis qui plus est dans un même domaine de création bouillonnante (ce qui est en soi et déjà une "œuvre de l'esprit" (du mien) - quant au dessin, à l'encombrement du gribouillis, il est à noter une ressemblance également frappante... (or vous savez comme moi qu'il y a gribouillis et gribouillis)

"graphiste A"

Bonsoir "graphiste A", je me permets de vous répondre à vif à la réception de ce mail qui m'a fort surpris et agressé. ¶

Tout d'abord, sachez qu'à aucun moment je n'ai voulu plagier quoi que se soit et je vous prie de m'excuser si je vous ai énervé et froissé à en croire votre plume. J'ai remporté l'appel d'offres pour la communication du "Projet 2" de Lyon.


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Mon concept était fondé sur la participation des habitants lyonnais. Sur l'idée que le graphisme pouvait s'échapper de la sphère graphique et être saisi par des novices. J'ai travaillé sous formes d'atelier graphique dans Lyon (qui peuvent être confirmé par les Subsistances). Durant ces ateliers nous donnions des affiches vierges aux passants et autres public. Ceux ci, ont donc créé des visuels uniques pour les affiches.

votre travail mais j'étais dans ce que l'on peut nommer un état second graphique. J'ai chez moi des carnet rempli de gribouillon, et zigouigoui en tous genres. J'ai même fabriqué des prothèses pour désaprendre à écrire et dessiner.

Bien à vous

Je soutiens beaucoup cette idée de caractère unique qui s'oppose à la série composant intrinsèque des arts appliqués et de sa chaine de production. Après la création des différents visuels je les ai scanné et j'ais crée une bibliothèque de formes qui m'a servi pour toute la déclinaison et notamment le programme. J'ai ensuite créé une opération affichage "sauvage" dans Lyon de ces affiches. Pour des histoires de communication : les subsistances ont choisi de sélectionner 4 visuels génériques pour les affiches; pour plus de visibilité de l'évènement.

Je me sens responsable de votre énervement bien que je ressente mal de votre agression, car je pense être loin de ce genre de graphiste. ¶

"graphiste B"

9/09/10 Graphiste A › Graphiste b ¶

rebonjour ¶

on dira qu'il s'agit d'un vraiment sacré double concours de circonstances (qui m'a également "agressé"...) ¶

Un visuel gribouillons, un visuel typo prénom, un visuel yeux et un visuel avec de multiples petits dessins. Pour moi toute cette démarche venait questionner la place entière du graphiste, de sa posture, de son importance et de son rôle. ¶

Je vous raconte tout ceci et je pense que les professeurs de "Ecole X" pourront confirmer : je conçois les projets et ne suis pas dans la copie de forme. Par contre j'admet la ressemblance plastique (que personne ne pourrais nier entre votre gribouillon et le notre). ¶

Cependant, et ne le prenez pas mal, mais les ratures, gribouillis et autres petites bêtes graphiques de ce type sont multiples et pullulent dans les cahiers, sur des post-it, dans la rue... ¶

Enfin, si vous ne me croyez toujours pas, j'ai travaillé et continue encore sur tout ce qui touche aux dysfonctionnements du langage (dyslexie, dyscalculie, dysgraphie...) je me suis intéressé aux désécritures et autres traces graphiques. J'aime cette approche limite du graphisme qui je pense me ressemble : une approche très plasticienne et peu ffonctionnelle ou devrais je dire dysfonctionnelle . ¶

J'ai tracé de ma main ce gribouilli car j'ai participé aux différents ateliers proposés. Je n'ai pas pensé à

- votre choix de CE visuel (parmi 4 autres) pour exprimer, tout comme moi, un bouillonnement créatif ET mettre ce signe en vedette. - un dessin tellement proche du mien mettez-vous JUSTE deux secondes à ma place... ¶

je voudrais vous croire mais reste plus que perplexe (à aucun moment dans votre mail vous ne dissertez quant à clairement me préciser si vous connaissiez l'idée de "Projet 1" avant votre "Projet 2" (étiez vous à la conférence ?, ou autres sources) : aimerais bien savoir) l'incident est clos. merci. ¶

"graphiste A"

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La¶ ¶ copie : ¶

une pratique¶ valorisée puis¶ décriée¶

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«·Semblables à Bouvard et Pécuchet, ces éternels copistes, nous montrons le profond ridicule qui est, précisément, la vérité de la peinture. Nous pouvons seulement imiter un geste qui est toujours antérieur, jamais original. Successeur du peintre, le plagiaire ne porte plus en lui de passion, d’humeurs, d’émotions, d’impressions; il transporte plutôt cette immense encyclopédie dont il s’inspire.·»·# Sherrie Levine, Art en théorie


la copie : une pratique valorisée puis décriée·# ¬23

A¶ la copie¶ valorisée·#

Copier pour ¶ rendre hommage #

La copie : un rôle ¶ d'enseignement essentiel #

Un des sommets de l’imitation est l’hommage que rend un artiste à un autre :

La conception actuelle, essentiellement péjorative, du plagiat, et surtout sa pénalisation sous le terme de contrefaçon découle assez directement de la conception moderne du droit d’auteur, évoquée précédemment. Avant l’époque Romantique, en effet, le plagiat n’était pas considéré d’une façon aussi dépréciative qu’aujourd’hui. Les quelques procès pour plagiat connus avant l’époque romantique se soldaient pour la plupart par un jugement clément et leur auteur était finalement davantage admiré pour son habileté que réprouvé pour son acte frauduleux. La copie était même une activité valorisée. Elle était considérée comme nécessaire puisqu’elle avait à la fois une fonction de diffusion et d’apprentissage.

On n’accusa point Euripide de plagiat pour avoir imité un chœur d’Iphigénie le second livre de l’Iliade ; au contraire, on lui sut très bon gré de cette imitation, qu’on regarda comme un hommage rendu à Homère sur le théâtre d’Athènes. Virgile n’essuya jamais de reproche pour avoir heureusement imité dans l’Énéide une centaine de vers du premier des poètes grecs. Voltaire, « Épopée », Questions sur l’Encyclopédie par des amateurs, 1775.

Ce genre d’hommage – de citation, mais aussi d’enrichissement, sans lequel il ne serait qu’un écho de l’original – se retrouve dans tous les arts.

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«Concernant la diffusion, la copie était le seul moyen de faire connaître une œuvre sur un vaste territoire. La fonction de copiste avait même un certain prestige puisqu’il était choisi par des commanditaires éclairés et cultivés parmi les peintres jugés les plus dignes de restituer la manière d’un maître.» Frédérique Entrialgo, La notion d'auteur comme objet de l'art


la copie : une pratique valorisée puis décriée·# ¬24

«La désaffection progressive du musée par les copistes est remarquée. Plusieurs facteurs peuvent en être la cause, à commencer par le discrédit dans lequel est tombé petit à petit la notion de copie. "Les étrangers autrefois faisaient la fortune des copistes du Louvre. Aujourd'hui, le métier est tombé. La photographie les a ruinés". s'exclame Charles Galbun en 1894.»

En outre, la copie est inséparable de la notion d'apprentissage, ou d'enseignement académique : historiquement le professeur fait d'abord copier des dessins à l'élève, pour qu'il maîtrise progressivement les instruments et les techniques picturales. ¶

«Une copie fidèle peut aussi bien constituer un exercice scolaire, une commande à des fins précises (on sait le nombre de tableaux du Louvre commandés pour les églises de tout le pays sous la Restauration et le Second Empire) ou une discipline que s'impose un artiste pour connaître une œuvre en profondeur» Copier/Créer, de Turner à Picasso : 300 œuvre inspiréees par les maîtres du Louvre

La copie jouait donc un rôle d’enseignement essentiel puisque cela permettait au jeune peintre de se confronter aux chefs d’œuvres des grands maîtres. En effet pendant des siècles la tradition picturale s’enrichissait de l’apport successif des grands maîtres et chaque élève apprenait en copiant et en s’exerçant sur les chefs-d’œuvre reconnus. En témoigne La grande exposition du Louvre de 1993 "Copier/Créer : de Turner à Picasso : 300 œuvres inspiréees par les maîtres du Louvre ", qui rendait hommage à l'une des vocations originelles du grand musée parisien : « Les chefs d'œuvres exposés devaient servir d'exemples aux jeunes artistes et aider à la régénération des arts. ». ¶

André Chastel écrit: « Les premières imitations "conformes" sont des démonstrations de virtuosité en même temps que des hommages au modèle. Mais, le plus souvent, la tentative de reproduire les formes et les compositions conduit à d’étranges déformations, qui datent assez facilement l’ouvrage. » En d’autres termes, les modèles se trouvaient cités et transformés par des imitateurs, sans que personne n’y trouva à redire. Et Chastel ajoute : « Dans les usages de la Renaissance, il importe peu qu’on ait affaire à une reprise naïvement fidèle d’un original antique, à une adaptation libre, ou encore à un pastiche constituant une variation – parfois amusante – sur le modèle ancien ou supposé tel. L’imitation n’est pas répréhensible si elle arrive au niveau de I’œuvre. » Seule compte la virtuosité technique du copiste.

Copier/Créer, de Turner à Picasso : 300 œuvre inspiréees par les maîtres du Louvre

« En consacrant la singularité de l’auteur, l’époque Romantique valorise la subjectivité et la solitude du génie créateur. » nous explique Frederique Entrialgo, c’est à ce moment là que se forge la notion moderne d’œuvre originale et unique, réalisée de la main du maître et à laquelle est attachée la notion d’authenticité. La pratique de la copie perd de son intérêt artistique parce que, sous l’influence de cette notion d’originalité, les critères qui valorisent une œuvre d’art et la sanctifient en tant que telle se modifient. Toute la valeur de l’œuvre est allouée à son caractère d’originalité, c’est à dire sur ce qui y constitue l’empreinte de la personnalité de l’auteur, et non plus sur son habileté technique. L’originalité est d’ailleurs ce qui constitue la définition d’une œuvre d’art au regard de la loi. Une œuvre d’art, d’un point de vue juridique, est « une œuvre de l’esprit », c’est à dire « toute création qui porte l’empreinte de son auteur ». Aussi longtemps que l’imitation, la valorisation de la tradition, le “canon”, formaient malgré tout l’épine dorsale de l’expression artistique, le plagiat, sauf s’il revêtait des formes trop littérales, n’en était pas moins perçu comme partie intégrante et nécessaire du travail de création. Le peintre Ingres lui-même dira : ¶

«Prétendre se passer de l'étude des antiques et des classiques, ou c'est folie, ou c'est paresse. Oui, l'art anticlassique n'est qu'un art de paresseux» ¶

Mais lorsque le processus méthodologique de création (basé auparavant sur l’appropriation et la


la copie : une pratique valorisée puis décriée·# ¬25

Vénus d’Urbino, Le Titien (1538) Huile sur toile, 119 × 165 cm Galerie des Offices, Florence

L’Olympia, Edouard Manet (1863) Huile sur toile, 130,5 × 190 cm Musée d’Orsay, Paris

Les glanneuses, François Millet, (1857) huile sur toile, 83 cm × 111 cm Musée d’Orsay, Paris

recomposition d’éléments considérés comme appartenant à une sorte de “fonds commun”) commence à être dévalorisé , ne voyant plus la création comme une recomposition d ‘éléments déjà existants mais comme une composition originale faisant soi-disant appel exclusivement à un “fonds propre”, personnel, alors le plagiat et l’appropriation commencent à être stigmatisés, invectivés, et dénoncés et deviennent alors des événements exceptionnels.

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Les sarcleuses, Vincent Van Gogh, (1890) huile sur toile, 49,5 x 64 cm collection E.G. Bührle, Zurich

«La copie n’était donc pas considérée comme un genre méprisable, elle pouvait même susciter un engouement presque aussi important que pour le tableau dont elle était la réplique. Elles pouvaient atteindre, à la fin du 17è siècle, la moitié du prix de l’original.» Frederique Entrialgo, La notion d'auteur comme objet de l'art

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«·Quand l’originalité devient une vertu il semblerait que l’imitation perd de son intérêt, et le plaisr qui l’accompagne, s’il n’est dénié, s’en trouve dévalorisé.·»·# Guy Rosolato, «Le plaisir de l'imitation», L'imitation, aliénation ou source de liberté?


la copie : une pratique valorisée puis décriée·# ¬27

B¶ la copie¶ dévalorisée·#

1¶ La contradiction d’une époque ¶ Un débat de société # Alors où se dessine la frontière entre plagiat, copie, hommage, inspiration ? Pour Michael Bierut (critique de design graphique à l'école Yale) les accusations de plagiat sont très subjectives. Elles dépendent d’une interprétation très personelle et on ne peut pas se permettre de qualifier tout le monde de plagiaire chaque fois que des formes similaires se retrouvent dans les travaux des uns et des autres.

honteusement les travaux des graphistes. Ainsi les formes très rhizomiques de Manuel se sont-elles retrouvées copiées / collées dans le book d’une agence de presse « complètement vidées de leur originalité ». Nous décrit Catherine Guiral (graphiste membre de Office ABC), à croire que la création a désormais fait long feu. De plus il peut y avoir dans la copie une certaine forme de flatterie, mais reconnaitre ses sources d’inspiration avant de crier au procès d’intention serait de bon ton et n’enlèverait rien à l’originalité de la copie (si originalité il y a). ¶

«Ce serait comme dire que plus personne ne peut utiliser les taches d’encre et les caractères filaires-filamenteux depuis que M/M a rendu le procédé célèbre. M/M tire d’ailleurs ses mêmes ‘inspirations’ des travaux de Raymond Hains (entre autres).»

«Si tout devait etre subjectif, alors les faussaires ne seraient pas des copistes et les copistes seraient tous des originaux.» Catherine Guiral, Et si le graphisme n’était que plagiat généralisé ?

Il y a effectivement une différence entre le plagiat et le partage d’un langage graphique à la mode. L’inspiration est une autre chose, tout le monde ingurgite une quantité phénoménale d’images, a ses propres modèles et la réappropriation des formes est une pratique plus que courante dans le monde de la communication visuelle. ¶

«Je discutais dernièrement avec les graphistes Antoine et Manuel à propos d’une interview qu’ils avaient donnée sur le blog de Jeremie Werner. Ils s’attristaient de la tendance actuelle des agences de pub à copier

Catherine Guiral, Et si le graphisme n’était que plagiat généralisé ?

Le plagiat visuel reste difficile à juger, que ce soit une appréciation subjective ou un constat évident qui ne laisse que peu de doute, on ne peut pas laisser de côté les intentions du plagiaire (ou non). Catherine Guiral à travers son article « Et si le graphisme n’était que plagiat généralisé ? » nous dit que tous les designers sont des plagiaires ou plutôt des "emprunteurs" qui traduisent et reinterprètent les différent styles empruntés aux différents domaines de l’art et du vernaculaire.


la copie : une pratique valorisée puis décriée·# ¬28

«L’inspiration, c’est pour Antoine et Manuel un cheminement universel, à la fois propre à chacun et commun à tous. Des images emmagasinées depuis l’enfance, mais surtout des sensations, des émotions et des souvenirs. Plus tard, avec du recul on leur donne une nouvelle forme.»

Cependant à moins d’être une encyclopédie visuelle vivante, difficile de tout le temps se rappeler que telle chose est empruntée à telle autre. « L’éducation visuelle fait le juge plus sévère. »

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2¶ L'ère numérique, ¶ la Cyberculture #

http://www.evasion.cc/blog/comments/entretien-avec-antoine-et-manuel//

«Chaque minute qui passe, de nouvelles personnes s’abonnent à Internet, de nouveaux ordinateurs s’interconnectent, de nouvelles informations sont injectées dans le Réseau. Plus le cyberespace s’étend, plus il devient "universel", moins le monde informationnel devient totalisable.»

Nous assistons donc aujourd’hui à un véritable paradoxe, on a d’un côté le fait artistique qui veut que la création se nourrisse de pratiques qui mettent en œuvre le détournement, le sampling, le réechantillonage, Les artistes s’emparant de plus en plus d’images, de sons ou de textes produits par d’autres pour les intégrer, de façon durable ou éphémère, à leur propres œuvres.

«Et ce d’autant plus aujourd’hui qu’elles sont rendues encore plus sensibles et perceptibles par le domaine de la création numérique dont l’une des caractéristiques principales consiste dans la dématérialisation du support. Cette dématérialisation, c’est à dire de l’existence d’images et de sons qui peuvent circuler en tant que fichiers numériques, est un des facteurs qui facilite la copie, la manipulation et la transformation des ces sons ou de ces images.»

Pierre Lévy, l’universel sans totalité, essence de la cyberculture

Est-il possible aujourd’hui de se dire original ? Dégagé de toute influence ? Harold Rosenberg dira : « Les artistes connaissent tant et tant d'œuvres d'art, et si contradictoires, qu'ils sont toujours "après", et donc quelques peu "d'après" » ¶

Publicité, affiches, graffitis, panneaux de signalisation... Le simple fait de se promener dans la rue nous confronte à une multitude d’images et de formes en tout genre. Et il nous suffit de nous connecter à internet pour que cette multitude d’images se multiplie à l’infini. Nous avons accès grâce à internet à de nombreux contenus dédiés à la pratique du graphisme, sites de professionnels, d’étudiants, blogs critiques (la cuisine du graphiste, visual évasion...), journaux spécialisés (étapes, grafik, Back cover...), des sites de « veille visuelle » tels que Fubiz ou Ffffound proposent des centaines d’images par jour provenant du monde entier nous donne notre « daily dose of inspiration » (slogan du site de veille visuelle Fubiz).

Frédérique Entrialgo, La notion d'auteur comme objet de l'art

Et on a d’autre part, une attitude contradictoire qui consiste à rigidifier les cadres juridiques de la gestion des droits d’auteurs, à porter un regard de plus en plus sévère et répressif sur ces pratiques. Un des exemples les plus frappants du moment est la pénalisation des logiciels de peer to peer qui permettent de télécharger et de partager, des fichiers musicaux (ou autres) gratuitement. Or, cette pratique est illégale puisqu’elle viole le principe du droit d’auteur qui assimile la mise à disposition des fichiers (et non le simple téléchargement) à de la contrefaçon.

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la copie : une pratique valorisée puis décriée·# ¬29

Visitez-vous des sites internet dédiés à l’actualité du graphisme?

NON OUI

92%

Recherche ¶

Recherche ¶

Questionnaire soumis à 80 étudiants en graphisme français entre novembre et décembre 2010.#

3¶ Les affaires de plagiat pointées ¶ du doigt médiatique. ¶ Les plagiaires villipendés. #

Récolte des images postées sur le site fffound.com durant une semaine, afin de visualiser la quantité d'images qu'une personne qui va quotidiennement sur ce site peut voir. #

producteur et le scénariste du film Séraphine, qui a décroché sept César en février 2009, ont été condamnés pour plagiat par le Tribunal de Grande Instance de Paris, après avoir été assignés par Alain Vircondelet. Celui-ci avait publié aux éditions Albin Michel une biographie intitulée Séraphine de Senlis.). ¶

Les affaires de plagiat font souvent la une des médias, et rien qu’en préparant la rédaction de ce mémoire j’ai pu juste en lisant le journal ou regarder la télévision assister à plusieurs accusations de plagiat dans des domaines aussi divers que la littérature (avec la biographie d’Hemingway de Patrick Poivre d’Arvor ou encore les accusations à l’encontre du prix goncourt Michel Houellebecq), la musique (la chanteuse américaine Lady Gaga est accusée d’avoir plagié les chansons de Madonna et Mylène Farmer dans sa nouvelle chanson « born this way »), le cinéma (Le

Être soupçonné de plagiat, c’est être frappé du sceau de la honte dans notre société. Il suffit de taper «plagiat» dans le moteur de recherche Google pour trou-


la copie : une pratique valorisée puis décriée·# ¬30

ver une kyrielle d’affaires, telle que celle du ministre de la Défense allemand Karl-Theodor zu Guttenberg, qui a dû démissionné après avoir perdu son titre de docteur. En effet des chercheurs ont prouvé que sa thèse était en large partie plagiée : « Le 16 février 2011, le Süddeutsche Zeitung révèle onze passages dans la thèse de Karl-Theodor zu Guttenberg susceptibles d’avoir été plagiés. Après le déni du ministre, un site wiki est lancé par un juriste, pour inviter les internautes à analyser l’ensemble des 475 pages de la thèse: le travail collaboratif permet de mettre à jour d’autres emprunts à des auteurs non cités. Ces plagiats constituent les deux tiers du texte. Karl-Theodor zu Guttenberg reconnaît des fautes graves tout en niant avoir eu l’intention de tricher, et se remet à la décision de l’université. Le 23 février, l’université de Bayreuth lui retire son titre de docteur. Il démissionne le 1er mars du ministère de la Défense. » ¶

Cette affaire révèle un débat qui a lieu en ce moment même en France : le plagiat est une pratique courante dans l’enseignement supérieur. Une étude menée en 2007 à l’université de Lyon révèle que 79,7% des étudiants, toutes filières confondues, déclarent avoir recours au « copier-coller », et que la majorité des citations sont mal identifiées dans les travaux des étudiants. (En France, un site à l’usage des professeurs et des étudiants a été créé afin de détécter tout plagiat ou similitude dans les travaux) ¶

Pour ce qui est du domaine du graphisme, Catherine Guiral porte un jugement sévère sur la pratique : ¶

«Je crois, pour conclure, que plagiat il y a quand on peut presque prendre une feuille calque et retracer les contours d’une même composition, d’un même choix évident d’éléments formels. Cela prouve un manque flagrant de creativité, une fainéantise intellectuelle et une passivité qui laisserait les uns faire le travail des autres.» ¶

En ce qui concerne la publicité, il est un personnage qui s’est spécialisé dans la dénonciation de plagiat c’est Joe La Pompe, un concepteur-rédacteur parisien anonyme, qui depuis 1999, date où il créé le site www. joelapompe.net , archive sans relâche les publicités copiées plus ou moins réussies.

Pour expliquer un tel phénomène Joe La Pompe nous dit : « Sur la plupart des secteurs ultra concurrentiels que sont l’automobile ou l’agro-alimentaire ou les télécom, des centaines de milliers d’idées ont déjà vu le jour sous forme d’affiches, de films, de bannières, de messages radios et tout semble avoir été dit de toutes les manières et dans tous les pays. Les produits sont plus ou moins les mêmes, les promesses se ressemblent toujours (plaisir, vitesse, bien-être) et même quand on croit être original on se retrouve bien souvent, malgré soi, pointé du doigt. Si de nouveaux médias se créent, de nouvelles formes d’expression voient le jour, on en revient toujours plus ou moins à ressortir les mêmes idées, les mêmes vieilles mécaniques éprouvées, pour ne pas dire éculées. On a bien trop souvent l’impression de tourner en rond. Alors à quoi bon ? » ¶

Quand un soupçon de plagiat émerge, les agences se réfugient derrière un « manque de chance », une « coïncidence », un « accident industriel », et disent que c’est « dans l’air du temps ». Est-ce normal que les grandes agences qui comptent des centaines, voire des milliers d’employés n’en aient pas un seul chargé de vérifier l’originalité des idées proposées, ni d’aider les créatifs à savoir ce qui a déjà été fait ? Résultat le site Joelapompe grossit de jour en jour et les créatifs des agences de pub passent tous pour des imposteurs, des recycleurs ou des amnésiques. Pour Joe La Pompe il est normal qu’ils n’aient pas la science infuse, surtout à 25 / 30 ans, l’âge moyen en agence. Pour lui la solution serait de réhabiliter les services de docs qui se sont grandement marginalisés, ceux-ci étant dédiés à la vérification de l’originalité d’une idée. ¶

Car il est des fois où le plagiat, voire la copie grossière est si evidente qu’elle en devient presque gênante. Dans l'article "Bird in Hand : When Dœs A Copy Become Plagiarism ?" (01.06.05) pour le Design Observer, William Drenttel se met violemment en colère contre le magazine américain STEP qui pour sa couverture de Jan-Fev 2005 a tranquillement "pompé" le travail du photographe Victor Shrager. Les deux images sont différentes dans leur composition mais les formes, le sujet sont les mêmes. Drenttel explique que le travail de Shrager n’étant pas celui d’un obscur photographe, de nombreuses expositions ont permis de voir ses photographies et de conclure qu’il pense que c’est en toute connaissance de cause que la rédaction de STEP a decidé de publier la photographie de Marcie Jan Bronstein qui a crée la polémique. Ils ne pouvaient pas ignorer la


la copie : une pratique valorisée puis décriée·# ¬31

Trinôme via Serge Vandenput, directeur artistique de l’agence, envoie ce droit de réponse : ¶

« Bonsoir Renaud, ¶

ressemblance flagrante. Je ne pense pas personnellement que Bronstein ait ‘pompé’ le travail de Shrager. Elle s’en inspire très fortement certes mais ce n’est pas une copie servile de l’original. Pourtant le doute subsiste et c’est peut-etre ça le plus troublant. On ne connaitra jamais les intentions réelles derrière une image, une photo, un texte à moins que celles-ci soient révelées par leur auteur. ¶

Les présumés plagiaires se voient ainsi accusés publiquement de faux et en quelque sorte de "sale copieur", expérience déplaisante qu'a pu faire l'agence Trinôme, accusé de plagiat via le blog de Renaud Huberlant, à propos de leur travail pour la foire du livre 2007 de Bruxelles : qui selon Renaud huberlant ne serait qu'une copie de cet événement datant de 2002 :

Après avoir été averti de la petite polémique autour du concept graphique de la Foire du livre, l’agence

J’ai parcouru votre blog avec beaucoup d’intérêt, pas mal d’étonnement, un zeste d’amusement et une pointe d’humeur. De l’intérêt bien sûr car il est rare pour nous, concepteurs de l’ombre qui ne nous répandons pas de remises d’Awards en Graf’Academy, qu’un de nos bébés soit mis ainsi à l’honneur, par l’un de ses pairs, qui plus est ! Merci à vous de cette opportunité rare qui nous fait passer pour un instant, du verso de l’affiche à sa plus belle face. De l’étonnement ensuite car si votre instruction à la vavite a tôt fait de nous pourfendre de plagiat, vous semblez occulter un phénomène que les graphistes expérimentés ont maintes fois observé durant leur parcours : la concordance des réponses à des briefings différents. Et oui, le hasard fait parfois bizarrement les choses et suit un chemin qui ne nous arrange que rarement ! De l’amusement aussi! Car lorsqu’on trébuche sur son alter ego, la première surprise passée, on ne peut qu’en sourire ! Voire s’en tordre de rire mais en tous cas ne pas en revenir. Une pointe d’humeur enfin et bien sûr. Car s’il est un métier exigeant, s’il est un métier où l’on triture ses tripes avec ses méninges, s’il est un métier qui ne ment pas, qui ne tolère pas le médiocre, c’est bien le notre ! Celui de lézard graphique ou de caméléon, celui qui hume son environnement afin de s’en parer. Et s’il revêt les mêmes atours que son voisin, qu’estce qui lui fera distinguer l’inspiration de la copie? L’intention. Restait à déterminer l’intention. Mais il eût fallu pour cela abandonner la paranoïa pour le doute, préférer le bénéfice à l’infortune et faire l’apologie de la récurrence plutôt que celle de la banalité. Un petit mail, un petit mot, un petit saut auraient suffi pour éclairer le débat d’une lumière moins glauque, le front de vos futurs pratiquants d’une lueur plus clignotante. Le mal n’est pas bien grand; il ne sera pas très répandu. Et c’est sans rancune aucune que nous vous ouvririons le Pan d’or de nos projets refusés, immolés sur l’autel du "Jèèèmpa". ¶

Mes graphiques salutations Serge »

#


la copie : une pratique valorisée puis décriée·# ¬32

étude de cas¶ (à vous de juger !)·# Catherine guiral nous dit à juste titre que à moins d’etre une encyclopédie visuelle vivante, difficile de tout le temps se rappeler que telle chose est empruntée à telle autre. Au sens moral, le plagiat désigne un comportement réfléchi, visant à utiliser la production d’autrui et à se l’approprier frauduleusement, il se distingue alors de la cryptomnésie, oubli inconscient des sources, ou de l’influence involontaire, par le caractère conscient de l’emprunt et de l’effacement des sources. Voici le repentir d'un graphiste ayant reproduit de façon inconsciente un travail existant.

ont affirmé qu’elle avait copié des passages d’ouvrages rédigés par un autre jeune auteur. Très vite, ces enquêteurs ont pris un malin plaisir à découvrir des ressemblances avec d’autres ouvrages. Face aux preuves, Viswanathan a, dans un premier temps, nié tout en bloc (« Je ne vois pas ce que vous voulez dire. »), puis elle a concédé une faute par inadvertance (« Certaines ressemblances entre ses travaux et les miens ne sont absolument pas intentionnelles et sont inconscientes. »), pour finalement admettre au New York Times que c’était la faute de sa mémoire photographique (« Je mémorise en lisant. Je ne prends jamais de notes... J’ai vraiment cru que les mots étaient les miens. »). ¶

En analysant la controverse dans le New York Magazine, Kurt Andersen a observé : « Les plagiaires n’avouent jamais de but en blanc. Ils ont toujours des circonstances atténuantes. » ¶

Alors, laissez-moi être le premier à avouer :

oui, je suis un plagiaire. – Michael Bierut a étudié le design graphique à l'Université de Cincinnati et a été associé dans le bureau New-Yorkais de Pentagramme depuis 1990. Michael est professeur de Design Graphique à l'École d'Art de Yale. –

05.11.06

Est-ce bien vrai ? Il y a un an, un client de longue date, la Yale School of Architecture, m’a demandé de créer une affiche pour un symposium qu’elle organisait. L’évènement avait un des titres les plus ronflants que j’avais eu à traiter : « Structures atypiques : architecture organique des figures géométriques irrégulières, des éléments hybrides et des ensembles chaotiques. » ["Non-Standard Structures: An Organic Order of Irregular Geometries, Hybrid Members, and Chaotic Assemblies." dans le texte] Je séchais. J’ai alors décrit à l’un de mes associés, Abbott, Miller, ce que le thème du symposium représentait pour moi, à savoir les formes étranges que les programmes informatiques peuvent générer. Il me conseilla d’utiliser une version de la police de caractère Retina inédite créée par Hœfler & Frere-Jones. C’était une excellente idée. Destinée à l’origine pour la petite reproduction en presse écrite, la forme des lettres était élaborée avec des traits intérieurs accentués pour compenser la diffusion de l’encre. En la grossissant, la police de caractère est bizarrement déformée, mais chaque élément atypique est bien plus qu’une contrainte technique ; il s’agit d’une métaphore pertinente du travail de design que le symposium va aborder.

"Je suis un plagiaire" ¶ "I am a plagiarist" # ¶

« Depuis quelque temps, le monde des médias new-yorkais est obsédé par l’histoire de Kaavya Viswanathan, étudiante de Harvard qui avait décroché un contrat de 500.000 $ avec l’éditeur Little, Brown alors qu’elle était encore au lycée. Quelques semaines après la publication de son premier roman How Opal Mehta Got Kissed, Got Wild, and Got a Life, certains

Mais le titre restait toujours aussi long. C’était compliqué d’agrandir suffisamment les lettres pour montrer la déformation. J’ai fait un certain nombre de tentatives. En vain. Finalement, la date butoir se rapprochant, j’eus soudain une idée : grosses lettres en haut, taille décroissante à chaque ligne passée, une parodie en quelque sorte du titre sans fin du sym-


la copie : une pratique valorisée puis décriée·# ¬33

posium. Et cerise sur le gâteau : de larges barres pour souligner chaque mot. Cette approche s’est imposée très rapidement. Il s’agissait d’une de ces solutions qui, pour ma part, tombait sous le sens. ¶

Et la raison en était simple. Ma solution ressemblait étrangement à quelque chose que j’avais vu près de 30 ans plus tôt, une œuvre créée par l’un de mes designers préférés, Willi Kunz. Il existe des différences, bien sûr : la taille de la police de Kunz va en s’agrandissant alors que moi, je fais le contraire, les lignes horizontales de Kunz n’ont pas toutes la même taille alors que moi si, et, naturellement, Kunz utilise une Akzidenz Grotesk, plutôt qu’une police de caractère qui n’a été inventée qu’après 2002. Mais malgré cela, le noir sur le blanc, le changement d’échelle typographique, le fait de souligner, tout cela s’ajoute et les deux solutions finissent par être plus ressemblantes que différentes. Je n’ai pas fait le rapprochement tout de suite. Ce n’est qu’il y a quelques semaines, lorsque j’ai parcouru la quatrième édition qui vient de paraître du History of Graphic Design de Phil Meggs. C’est là, à la page 476, devant une reproduction de l’œuvre typographique abstraite de Willi Kunz datant de 1975, que j’ai réalisé tout cela. J’ai immédiatement reconnu une œuvre que j’avais vue lors de mes études de design. Plus récemment, cette œuvre avait été reproduite dans Kunz’s Typography : Macro- and Microaesthetics, livre publié deux ans plus tôt et dont je possédais un exemplaire. ¶

Y ai-je pensé inconsciemment lorsque j’ai créé mon affiche ? Non, mon excuse est la même que celle de Kaavya Viswanathan : j’ai vu quelque chose, je l’ai gardé en mémoire, j’ai oublié d’où cela venait et je l’ai ressorti plus tard, bien plus tard, lorsque j’en ai eu besoin. Contrairement à certains plagiaires, je n’ai pas effacé mes traces pour ne pas être démasqué. (Il semble qu’à plusieurs reprises, Viswanathan a modifié les noms comme « Mrs. Fields » au lieu de « Cinnabon » et « Psych » à la place de « Human Evolution » afin, comme l’un des professeurs de Harvard, l’a fait remarqué, de « rendre le résultat moins susceptible d’être repéré sur Google. ») Ma faute ressemble donc plus à l’erreur commise par George Harrison, qui a été poursuivi et condamné pour avoir composé sa chanson My Sweet Lord en s’inspirant d’un succès antérieur des Chiffons intitulé He’s So Fine. Tout comme moi, Harrison avait soutenu, dans une version bien plus crédible que celle de Viswanathan, que toute ressemblance entre son travail et celui d’un autre n’était pas intentionnelle et relevait d’un comportement inconscient. Néanmoins, la décision rendue par

le juge à l’encontre du chanteur était sans équivoque : « Son subconscient savait que cela avait fonctionné dans une chanson dont sa conscience ne se souvenait pas... D’un point de vue juridique, il s’agit d’une violation du droit d’auteur, même si cela s’est fait de façon inconsciente. » ¶

Cela me fait plutôt peur. Je ne revendique pas une mémoire photographique, mais ma tête est pleine d’œuvres graphiques, œuvres créées par d’autres. Comment puis-je être sûr que toutes les idées qui sortent de ma tête sont des créations absolument personnelles ? Dans Slate, Joshua Fœr explique qu’après avoir été accusée de plagiat, Helen Keller s’est trouvée virtuellement tétanisée. L’auteur a d’ailleurs déclaré : « Depuis cet épisode, je suis pétrifiée par la crainte d’écrire quelque chose qui n’est pas de moi. Pendant longtemps, lorsque j’écrivais une lettre, même à ma mère, j’étais envahie par un sentiment soudain. Il fallait alors que je relise encore et encore chaque phrase pour m’assurer que je ne l’avais pas déjà lue dans un livre. » La difficulté est encore plus grande en matière de design, où nous manipulons des formes visuelles plus générales plutôt qu’une suite de mots bien précise. Tout compte fait, force est de constater que les accusations de plagiat sont hautement subjectives, et certaines personnes qui ont vu mon affiche et l’œuvre de Kunz côte à côte ont d’ailleurs déclaré que les deux œuvres sont bien différentes. Jugez-en par vous-même. Tout ce que je sais, c’est que j’ai éprouvé un profond malaise en tournant la page 476 de A History of Graphic Design. Cela seul suffit à me pousser à présenter mes excuses à Willi Kunz. J’aurais simplement aimé pour notre bien à tous les deux pouvoir lui proposer une avance sur recette de 500.000 $ » ¶

Michael Bierut ¶

(traduit de l'anglais par Olivia Romero Lux) ¶

http://observatory.designobserver.com/entry. html?entry=4357

#



¶ La

Copie :¶ ¶

Source de¶ création¶

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«·En copiant l'artiste a le sentiment d'être fidèle à l'idée même de peinture, tout en ressentant fortement la nécéssité de faire "autre chose". On voit que la notion d'influence, molle et généralisatrice, ne suffit pas à désigner ce qu'il y a d'ardeur, et parfois de violence, dans ces dialogues entre les artistes.·»·# Copier/Créer, de Turner à Picasso : 300 œuvre inspiréees par les maîtres du Louvre


la copie : source de création·# ¬37

A¶ imiter,¶ une copie stérile ?·# «À moins de recopier Madame Bovary de la première à la dernière ligne et de coller dessus votre nom, ce qui ne serait plus un plagiat mais une farce, toute imitation suppose à un degré ou un autre des décalages, des inventions stylistiques, des écarts sémantiques...»

d’un maître". Ils font ainsi cette distinction si difficile dans la langue française où le mot imitation est un concept gazeux. Dans la langue chinoise, le mot imiter implique éducation et éducation auprès d’un modèle respectable. Imiter signifie donc tout autre chose que copier, c’est peut-être même le contraire : imiter implique une disponibilité à la création, c’est au cours d’un processus d’imitation que se forme vraiment une personnalité esthétique, et très rares sont les créateurs qui ont commencé d’emblée par une nouveauté réelle. ¶

À bas l’originalité, le stérile et tyrannique ego qui emprisonne comme il crée. Vive le vol pur, sans honte, total. Nous ne sommes pas responsables. Volez tout ce qui est en vue.»

Michel schneider, Voleur de mots

Volontaire, le plagiat signale une maladie, de la moralité au mieux, de la créativité au pire, en tout cas un trouble de l’identité. ¶

Plus le plagiaire s’efforce d'imiter l'autre plus il se découvre et s’affirme, en déformant le modèle qu'il a emprunté à travers le prisme de ses goûts et de ses préférences : « C’est toujours de lui-même que le copiste s’approche. » nous dit Michel Schneider. En effet même copier une sculpture, ce n'est jamais exactement la copier : une copie de sculpture est une sculpture à part entière. ¶

Alors peut-on concilier l’innocent emprunt et le plagiat coupable en disant : « j’ai pris, je n’ai pas volé » Comment admettre ce plaidoyer qui dit : je ne prend pas, je transforme ? ¶

La notion de plagiat recouvre en réalité toute une zone "grise", allant de l’emprunt servile à l’emprunt créateur. ¶

L’imitation suppose un sujet autonome et un choix de valeurs. Les chinois désignent par le même Caractère l’action d’ "imiter" et celle d’ "étudier auprès

Guy Rosolato, Le plaisir de l’imitation

Affirmer que la copie peut-être créative n'est pas novateur c'est une prise de position qui existe depuis déjà longtemps comme nous avons pu le voir. Mais la revendiquer dans le contexte très répressif actuel, c'est peut être là que se trouve la prise de risque. Nous allons voir dans cette partie comment la copie peut être facteur de création en passant par l'art du XXe siècle tout d'abord puis dans le design.

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la copie : source de création·# ¬38

B¶ une pratique ¶ artistique·#

1¶ L'appropriation dans ¶ dans l'art au XXe siècle # ¶

Au XXe siècle, alors que les autres domaines de la culture passaient à la production de masse et à l'automatisation, les beaux-arts continuèrent de mettre en avant le modèle artisanal. Ce n'est que dans les années dix, lorsque certains artistes se mirent à assembler collages et montages à partir d'éléments culturels existants, que la méthode industrielle de production pénétra dans le domaine de l'art. Au début des années vingt, les praticiens du photomontage avaient déjà créé certaines des plus remarquables images de l'art moderne. Le photomontage était une pratique courante des dadaïstes, des surréalistes et des constructivistes dans les années vingt ainsi que des artistes du pop-art dans les années soixante. ¶

«Warhol pompait allègrement les créations de sa bande de courtisans à la Factory, avait un œil et un sens aigu de ce qui ‘marcherait’ ou pas. Il ne copiait que ce qui valait la peine d’être copié. Ce n’est donc pas demain que nous verrons des plagiats du dernier tube de Carlos ou de Paris Hilton…ou quand la copie plagiaire sert aussi

d’appareil de mesure du très moche au très bon.» Catherine Guiral, Et si le graphisme n’était que plagiat généralisé ?

Les artistes du XXe siècle n'ont cessé d'aller de l'avant, inventant de nouvelles formes et démarches, mais dans un mouvement paradoxal, ils ont adoré ce qu'ils cherchaient à dépasser. Loin de la prétendue table-rase des avant-gardes, tout grand artiste travaille avec, contre ou d'après l'histoire de l'art et « c'est peut-être grâce au regard des artistes que nous parviendrons à nouveau à "voir" les originaux du musée, aujourd'hui quelque peu vidés de sens, abâtardis par tant de reproductions et de petites prostitutions, à les voir comme jamais encore vus. A voir l'œuvre riche des significations les plus diverses, elle qui paraissait usée par les regards, embaumée d'admiration, engluée par les vagues déferlantes des reproductions, et presque oubliée dans sa véritée d'objet unique, de dimensions déterminée, incarné dans une matière qui travaille le temps. » nous dit Fabrice Hergott (directeur du Musée d'art moderne de la ville de Paris) et à lui d'ajouter que « la capacité de reproduction de la photographie, du cinéma et maintenant d’ Internet a considérablement modifié notre rapport à l’ œuvre et son aura, pour reprendre le terme de Walter Benjamin. À l’ ère des réseaux numériques, où tout contenu tend à n’exister qu’ à partir de sa diffusion, vouloir réduire la création à la production d’une œuvre unique relève de l’aveuglement : c’est aussi sa descendance, ce qu’elle génère qui en fait sa valeur. Que ce soit à travers une réflexion sur la tradition du nouveau, la place de l’auteur, la production de masse, la fin des avant-gardes, la mondialisation ou la marchandisation de l’art, la reprise s’avère une attitude plus subversive et inventive qu’il n’y paraît. »

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la copie : source de création·# ¬39

2¶ Des pratiques artistiques ¶ qui utilisent le détournement, ¶ le sampling, le réechantillonage...# ¶

Citer est un droit. Mais également une étape sur le chemin de l'appropriation, que la loi a essayé de cadrer en fixant des limites; celles-ci apparaissent aujourd'hui obsolètes face au développement de la technologie et aux modes de consommation culturelle qu'il induit. À l'ère du numérique, la dématérialisation des supports, l'absence de déperdition de qualité entre original et copie mettent en crise leur statut respectif. L'exposition Monter / Sampler (qui a eu lieu au centre Pompidou en 2000) tenta d'appporter un éclairage sur l'historicité d'un phénomène contemporain majeur, et plus spécifiquement dans les domaines de l'image en mouvement et de la musique.

prunts et de transformations d'œuvres musicales d'Elvis Presley, d'Igor Stravinsky, de Count Basie, de Dolly Parton ou de Michael Jackson. L'artiste distribua gracieusement aux radios son disque très exposé; Plunderphonic pouvait être copié et recopié, mais il ne pouvait être vendu (Organisant ainsi la circulation d'un produit à valeur d'usage sans valeur d'échange, il levait toute ambiguïté sur ses intentions et surtout semblait se protéger juridiquement). ¶

Des œuvres composites :

Le sampler (ordinateur dédié à la numérisation et à la conservation d'échantillons de son ou d'image) est l'objet de controverse. Détournement, échantillonage, remix, réappropriation. L'image, comme le son sont en passe de devenir de simples produits manufacturés dans un monde industriel, des matériaux, des matières premières qui entrent dans le processus de création des artistes. ¶

Le compositeur John Oswald est à l'origine de ce courant artistique du plagiarisme avec notamment son œuvre Plunderphonic (1988), conçue à partir d'em-

La Classe américaine ou Le Grand Détournement est un film français, écrit et réalisé par Michel Hazanavicius et Dominique Mézerette, diffusé sur Canal+. Il est exclusivement composé d'extraits de films de Warner Bros. réalisés entre 1952 et 1980, montés et doublés afin de créer un nouveau film inédit. ¶

À l'occasion de son centenaire en 1993, la Warner délivre à Canal+ l'autorisation d'utiliser les extraits de son catalogue (environ 3 000 titres) afin de monter un petit film promotionnel, avec néanmoins quelques recommandations : ne pas toucher, entre autres, ni à Clint Eastwood ni à Stanley Kubrick. Le tour de force de Michel Hazanavicius et Dominique Mézerette fut alors de réussir à réaliser un longmétrage complet en s'adjoignant les services des authentiques comédiens de doublage de l'époque des personnages détournés : la voix de Raymond Loyer, l'acteur de doublage attitré de John Wayne, et celle de Roger Rudel, la voix familière et nasillarde de Kirk Douglas et Richard Widmark entre autres.

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la copie : source de création·# ¬40

C¶ graphisme ¶ & copie·#

1¶ Le manifeste ¶ d'Annelys de Vet #

The right to copy ¶ Le droit ¶ de copier # Conférence donnée par Annelys De Vet lors du Congrès “Invlœdszone” (Zone d’influence) Montréal, 20.10.00 / Publié le 09.01.01

Je suis Annelys De Vet. Je suis 6 heures de télévision par semaine. Je suis 20 heures + 12 minutes + 43 secondes de téléphone tous les deux mois. Je suis au moins 30 minutes de Mobi-carte par mois. Je suis 6 messages SMS par semaine. Je suis 6 heures d’ordinateur par jour. Je suis une exposition par semaine. Je suis 10 e-mails par jour. Je suis 6 invitations par semaine. Je suis 3 magazines par semaine. Je suis 9 conversations par jour. Je suis théâtre deux fois par mois. Je suis 5 ans d’études secondaires + 5 ans d’école d’art + 2,5 ans d’études supérieures. Je suis 5 offres d’abonnements à des journaux par an. Je suis 7 heures d’Internet par semaine. Je suis un voyage à l’étranger une fois par mois. Je suis une séance de cinéma deux fois par mois. Je suis 3 heures de radio par jour. Je suis 4 livres par mois. Je suis ce que je copie. Je copie ce que je suis. ¶

Aucun de vous n’a jamais copié. Aucun de vous n’a jamais rien fait d’original. Aucun de vous ne parle sa propre langue. Aucun de vous n’utilise son propre logiciel.


la copie : source de création·# ¬41

Vous êtes tous comme Annelys De Vet. Elle imite ce qui est bien, reproduit les œuvres des autres designers, s’approprie ce dont elle a besoin, copie ce qu’elle est, colle ce qu’elle remarque, échange des contextes, associe différents styles et idées, monte et utilise ce qui lui arrive.

Cette photo illustre bien comment De Vet se sert de ses expériences personnelles. Annelys De Vet conduisait cette voiture. Une autre voiture est arrivée trop vite et l’a touchée, lui donnant l’opportunité de prendre cette photo ! Peu de temps après, la section Sculpture de l’université de Melbourne préparait son Honours Year Graduation Show (un spectacle de fin d’année), qui devait avoir lieu dans un ancien garage. De Vet conçut l’invitation en se servant de la photo de son accident de voiture. À la place de la plaque d’immatriculation, on pouvait lire “Rmit Sculpture Department”, et “Honours Year Graduation Show” à la place de la marque et du modèle de la voiture. ¶

La création originale n’existe pas. Chaque création crée un contexte original.

La création originale n’existe pas. Chaque création crée un contexte original. Vous avez certainement déjà vu la jaquette d’une cassette Maxell. Rien d’extraordinaire. Annelys l’a aperçue sur le bureau d’un designer du son, Nathalie Bruys qui utilise beaucoup de cassettes dans son travail. Elle mixe des sons analogiques et numériques existants pour en créer de nouveaux. Ses choix, ses associations, son tempo, et ses filtres donnent une nouvelle signification aux sons samplés. Elle a donc reproduit le détail le plus reconnaissable du design de Maxell et l’a appliqué sur sa carte de visite.

Les designs de qualité demandent à être copiés. ¶

Les designs de qualité demandent à être copiés. De Vet va montrer comment un design efficace l’a forcée à l’imiter. Elle a trouvé l’inspiration pour le travail suivant dans la Color Identification Chart in Flora of British Fungi (tableau d’identification des couleurs des champignons britanniques). C’est une carte présentant les couleurs des spores, des chapeaux, et des pieds des champignons, ainsi que leur apparence une fois cueillis. L’artiste Rudy J. Luijters a acheté cette carte aux Kew Gardens, à


la copie : source de création·# ¬42

d’Aalsmeer, pour la carte de visite de Rudy.Ses photos remplaçaient les couleurs vives, et des réflexions personnelles les noms de couleurs techniques. Annelys De Vet a aiguisé ces deux éléments pour le nouveau contexte. ¶

Il est ridicule de n’utiliser les idées intéressantes qu’une seule fois. côté de Londres. Il s’en servait pour identifier des champignons. Il trouvait les noms des couleurs remarquables. Plus tard, Luijters a créé une nouvelle carte d’identification des couleurs du jardin médiéval d’Aalsmeer. Le premier jour du printemps 1999, il a photographié toutes les couleurs de ce jardin médiéval. Il a reproduit ces photos sur le design de sa carte, avec des noms de couleurs inspirés par l’histoire des fleurs,

leurs noms latins, leurs noms néerlandais ou d’autres informations contextuelles. Le graphisme de la carte d’Aalsmeer s’inspirait de celui de la carte britannique. La police utilisée était la Swift, créée par Gerard Unger. Annelys a ensuite conçu une carte de visite pour J. Luijters. Regardez attentivement la gamme chromati-

que de Kodak. Cette échelle est utilisée en photographie pour rester au plus près des couleurs de la réalité. Rudy Luijters s’est servi de cette carte en photographiant le jardin médiéval. Annelys a – évidemment – usé du design de cette échelle de couleurs, associé à celui de la carte d’identification de couleurs

Il est ridicule de n’utiliser les idées intéressantes qu’une seule fois. Le plus important est de s’approprier les bonnes

idées, et de les développer. Ceci n’est pas un graphisme d’Annelys De Vet. C’est la carte de visite du graphiste néerlandais Persijn Brœrsen (le recto). Notez les cercles concentriques (au verso) – De Vet a apprécié ce design et a eu envie de l’exploiter. Cette carte a attiré son attention alors qu’elle travaillait sur une commande. L’école de musique d’Utrecht organisait de nouveaux concerts, des concerts de leur orchestre symphonique. De Vet a créé les affiches pour ces concerts. Et avec la mêmedémarche que celle suivie pour la musique classique où il est de tradition de citer d’autres compositeurs, où la copie et l’interprétation sont nées en même temps que la musique elle-même, où les thèmes sont répétés sans fin, et où d’anciens extraits sont intégrés dans de nouvelles compositions, parfois littéralement, parfois dans une configuration un peu différente, Annelys De Vet n’a pas résisté au désir d’intégrer l’idée graphique de son ami dans une nouvelle composition. Ceci est le graphisme d’Annelys De Vet pour le concert


la copie : source de création·# ¬43

de l’orchestre symphonique de l’école de musique d’Utrecht. On y reconnaît l’influence de la carte de visite de Brœrsen. Mais l’affiche représente également un aperçu schématique d’un orchestre symphonique.

pouvez le voir, le logo est formé de deux flèches. La police a été assemblée par De Vet. On peut reconnaître la police Letter Gothic Regular pour le sommet, et Clarendon Regular pour le pied. Un graphisme de Mevis & Van Deursen a inspiré ce logo. Ce sont deux formidables designers, et l’un d’eux, Armand Mevis, a également tenu une conférence à “Invlœdszones”. Mevis & Van Deursen ont créé le graphisme de ce livre, appelé Le Pouvoir du présent. Regardez la couverture : qui n’aimerait pas profiter de ce graphisme ? .

L’imitation est une histoire de résistance des plus fortes. ¶

L’imitation est une histoire de résistance des plus fortes. Les designs les plus forts devraient être

Tout coûte de l’argent. ¶

préservés du déclin. Voici l’invitation pour l’exposition intitulée “Le choix de Simon”. Cet événement était organisé par Simon Den Hartog, ancien directeur de l’académie Rietveld à Amsterdam. Comme vous

Tout coûte de l’argent. Tout le monde a besoin d’argent. Surtout les designers, les artistes, et les architectes. Sachant cela, les Pays-Bas ont un fonds appelé le Fonds pour l’art, le design et l’architecture. C’est la plus grande source de subventions des PaysBas. La demande étant plus importante que l’offre, il existe une procédure de sélection. Les designers, artistes, et architectes doivent remplir des dossiers. Des dossiers terribles, parce que le non est sans appel, et le oui rapporte beaucoup d’argent. Chaque designer, chaque artiste ou architecte qui postule doit joindre des diapositives de son travail. Celles-ci sont souvent fixées sur des supports de diapositives GEPE CQCR, une marque courante aux Pays-Bas. Quand Annelys a postulé pour une subvention, elle a aussi acheté une boîte de ces supports. Au même moment, le Fonds pour l’art, le design et l’architecture préparait son dixième anniversaire.


la copie : source de création·# ¬44

rée d’un livre du graphiste néerlandais Piet Zwart – un graphisme de maître à imiter. Le logo a servi de cou-

L’occasion était marquée par un événement de trois jours. L’artiste Moniek Tœbosch l’organisait et a engagé De Vet pour en créer le graphisme. De Vet était donc à la fois candidate pour la subvention et graphiste de l’événement. Pourvue de cette double casquette, elle a visité les bureaux de l’organisme et a été frappée par les nombreuses archives, les placards remplis de diapositives et de dossiers de candidatures. Pour la couverture de l’invitation, elle a donc copié le design de la boîte à diapositives si familière. verture au catalogue du fonds. Comme vous pouvez le voir, De Vet s’est servie à la fois du graphisme de la boîte de diapositives et de celui de Piet Zwart. Le design ne concerne pas l’image produite. Il concerne les conditions dans lesquelles le design évolue. ¶

Pour l’intérieur de l’invitation, elle a reproduit le formulaire d’inscription. Le formulaire n’était pas vierge. Annelys De Vet s’est servie de sa propre demande de subvention pour remplir les blancs. En d’autres termes, le porteur de l’invitation réalisait que la même graphiste à qui l’on avait commandé la conception de cette invitation postulait pour une subvention. “Pour quelle subvention postulez-vous ? - Bourse de démarrage - Comment décririez-vous votre travail actuel ? - Conception de l’invitation, des communiqués de presse, du catalogue et du site Web du dixième anniversaire du Fonds pour l’art, le design et l’architecture.” Le nom de l’événement était De Tœkomst Die Ons Tœkomt – l’Avenir qui vient à nous. De Vet a créé un logo à rayures de largeurs différentes. Elle s’est inspi-

Que serait le design néerlandais sans l’imitation ? Il n’existerait pas. Et les outils d’aujourd’hui fournissent encore plus d’occasions de copier. Plus que cela, ils vous obligent à copier (n’est-il pas curieux que tous les designers travaillent avec les mêmes logiciels ?). Ce n’est que le début. Le design de qualité se reproduit lui-même. ¶

Assurez-vous d’être copiés. Stimulez vos propres imitateurs. ¶

Copiez. Appropriezvous. Imitez. Assemblez. Contrefaites. Utilisez. Détournez. N’hésitez pas.

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la copie : source de création·# ¬45

herbert Matter, affiche touristique suisse (1934)

Paula Scher, pub swatch (1987)

«J’aime beaucoup l’affiche de Paula Scher qui revisite presque "trait pour trait" celle de Herbert Matter. Cet exemple apporte un autre éclairage à la notion de réappropriation, de réinterprétation et de copie où quand la copie sert à faire passer un autre type de message, elle prend un sens complètement différent. Perdant de sa servile ressemblance, elle s’enrichit d’un décodage avec les outils de son époque. La vieille Suisse touristique prend un coup de jeunesse avec l’arrivée de la Swatch, mais en même temps les valeurs helvetiques restent éternelles et le Style International s’enrichit juste d’un nouveau goût de postmodernisme. Il y a des clash temporels et visuels, des anachronismes graphiques qui font plaisir à voir.» Catherine Guiral, Et si le graphisme n’était que plagiat généralisé ?

#


la copie : source de création·# ¬46

D¶ copyleft &¶ creative commons·# La démarche tautologique de Keith Sanborn dans The Art Work in the Age of its Mechanical Reproduction by Walter Benjamin as told by Keith Sanborn (1996) ouvre le débat sur la question de la protection du droit d'auteur, ébranlé par les possibilités infinies de reproduction. Sur une musique pour «tromper l'ennui» Sanborn fait défiler une collection de ces cartons qui précèdent toute cassette vidéo du commerce, émettant le message du FBI américain sur les risques encourus pour contrefaçon. L'accumulation et l'attente vaine d'un spectacle qui ne viendra jamais font sourire. Benjamin défie le FBI; tout est sample, tout se sample, y compris le texte de loi censé dissuader les pirates, que l'artiste détourne de sa fonction.

Dès leurs apparitions au XVIIIe siècle, copyright et droit d'auteur ont été sujet à de vives critiques, qui n'ont cessé de s'intensifier avec le développement des technologies facilitant la copie et le partage d'informations. Certaines personnes voient les licences libres comme un moyen d'abolir ces notions de propriété intellectuelle en les retournant contre elles-mêmes.

1¶ Copyleft & Creative commons, ¶ definitions # ¶

Le terme copyleft est un double jeu de mots faisant référence au copyright traditionnel. D'une part, il oppose left (gauche) au right de copyright (ici droit, dans le sens légal du terme, mais qui signifie aussi droite, la direction). D'autre part il oppose au « droit de copie » l'expression copy left (copie laissée ou copie autorisée).

Le copyleft est la possibilité donnée par l'auteur d'un travail soumis au droit d'auteur (œuvre d'art, texte, programme informatique, etc.) de copier, d'utiliser, d'étudier, de modifier et / ou de distribuer son œuvre dans la mesure où ces possibilités restent préservées. L'auteur n'autorise donc pas que son travail puisse évoluer avec une restriction de ce droit à la copie, ce qui fait que le contributeur apportant une modification (une correction, l'ajout d'une fonctionnalité, une réutilisation d'une œuvre d'art, etc.) est contraint de ne redistribuer ses propres contributions qu'avec les mêmes conditions d'utilisation. Autrement dit, les créations réalisées à partir d'éléments sous copyleft héritent de cette caractéristique.


la copie : source de création·# ¬47

2¶ Une alternative au ¶ "tous droits réservés" ? # Le Creative Commons (CC) est une organisation à but non lucratif dont le but est de proposer une solution alternative légale aux personnes ne souhaitant pas protéger leurs œuvres en utilisant les droits de propriété intellectuelle standards de leur pays, jugés trop restrictifs. L’organisation a créé plusieurs licences, connues sous le nom de licences Creative Commons. ¶

Par exemple, l’auteur peut autoriser la diffusion de son œuvre à la condition de mentionner sa paternité, de ne pas la commercialiser et de ne pas en faire des œuvres dérivées (c’est alors une licence Attribution Non-Commercial No Derivatives, abrégée cc by-ncnd). Il peut également en autoriser tous les usages librement dans la mesure où les productions dérivées respectent les mêmes conditions de licence (Attribution Share Alike, cc by).

Les licences Creative Commons constituent une grammaire du droit d’auteur, à partir de quatre catégories de base : mention de la paternité, autorisation ou non d’en faire des œuvres dérivées, obligation ou non de diffuser ces œuvres dérivées aux mêmes conditions, autorisation ou non à des tiers de faire une exploitation commerciale de l’œuvre. Ces licences partent du principe que les œuvres de l’esprit doivent circuler librement tant que le droit moral des auteurs est sauf, ce qui les distingue radicalement du copyright, qui vient du présupposé contraire, à savoir que les productions intellectuelles ont vocation à être commercialisées L’objectif recherché est d’encourager de manière simple et licite la circulation des œuvres, l’échange et la créativité. Creative Commons s’adresse ainsi aux auteurs qui préfèrent partager leur travail et enrichir le patrimoine commun (les Commons) de la culture et de l'information accessible librement. L'œuvre peut ainsi évoluer tout au long de sa diffusion. ¶

«Si la créativité est un champ, le Copyright en est la clôture.» John Oswald

Si le droit d’auteur venait à disparaître, faut-il craindre la fin de la création intellectuelle, comme le redoutent et le clament les professionnels des industries de loisirs ? La réponse à cette objection se trouve sans peine, puisque le droit de la propriété intellectuelle est récent. Il suffit de se reporter aux époques antérieures. Dans le domaine des idées, comment Platon, Sénèque, Érasme, Descartes, Kant et tous les savants ont-ils produit leurs essais ? Dans le domaine des lettres, comment Homère, Euripide, Virgile, Chrétien de Troyes, Ronsard, Molière et tant d’autres ont-ils écrit leurs livres ? Pour les idées, la plupart étaient professeurs, précepteurs ou bien encore conseillers des grands, et tiraient leurs revenus de ces activités. Pour les hommes de lettres, comme pour les compositeurs, leur rémunération venait des représentations pour les dramaturges et les musiciens, ou alors de mécènes qui accolaient leur nom aux œuvres qu’ils parrainaient. La création en fut-elle de moindre qualité ? De toute évidence, non. Si on y regarde de plus près, on remarque que les revenus des auteurs provenaient non pas de la reproduction de leurs œuvres, mais de leur représentation auprès d’un public. Qu’il s’agisse des leçons d’un maître, des avis d’un conseiller, des pièces de théâtre ou des chansons d’un poète, on rémunérait l’auteur à sa prestation, et les écrits n’en étaient que la mémoire figée. Les pratiques contemporaines commencent à rejoindre ces usages antiques : les musiciens vivent de leurs concerts et non plus de leurs disques, et de plus en plus d’acteurs de cinéma font des apparitions dans des publicités ou au théâtre. Une telle évolution n’est pas anodine. ¶

La créativité n’est pas menacée par le recul du régime de la propriété intellectuelle. Du droit d’auteur, seul le droit moral est vraiment important, au titre du respect dû aux personnes. Les droits patrimoniaux font de moins en moins sens, à mesure que la dématérialisation progresse. Rien ne sert de s’y accrocher à tout prix : le droit d’auteur était une invention juridique récente, il a fait son temps, il peut passer. L’esprit demeurera sans lui

#


conclusion·#

«Aussi longtemps que l’imitation, la valorisation de la tradition, le “canon”, formaient malgré tout l’épine dorsale de l’expression artistique, le plagiat, sauf s’il revêtait des formes trop littérales, n’en était pas moins perçu comme partie intégrante et nécessaire du travail de création.» Frédérique Entrialgo, La notion d'auteur comme objet de l'art

Nous l'avons dit, la propriété intellectuelle est une construction juridique récente. Elle apparaît à la Renaissance, se répand à la fin du XVIIIe siècle et trouve sa formalisation complète avec la convention de Berne de 1886. Le fond du droit d’auteur est simple : la loi attribue à toute personne un droit de propriété incorporelle sur les œuvres de l’esprit qu’elle crée. Ce droit porte non sur les idées, qui restent libres, mais sur leur expression. Certes, la distinction est toujours délicate entre une idée et son expression dans une œuvre déterminée. ¶

Cependant les domaines de la culture et des savoirs sont bouleversés : - Il y a le piratage, massif dans la musique, le cinéma, le jeu, la photographie... - Le développement stupéfiant du contenu généré par les utilisateurs sur internet, avec les blogs, sites internet et autres réseaux sociaux... - Et le monde du logiciel libre (copyleft et creative commons notamment), dont l’ampleur et le sérieux rivalisent avec le logiciel propriétaire. ¶

«La situation de l’artiste est donc au centre d’une contradiction : l’artiste qui

s’approprie tout ce que lui commande son désir pour servir l’acte de création mais qui se replie derrière l’écran protecteur du droit pour s’approprier tout ou partie de ses productions.» Frédérique Entrialgo, La notion d'auteur comme objet de l'art

Face au déferlement de ce nouvel univers numérique, est-il encore possible de se dire libre de toute influence? Cependant, il ne s’agit pas non plus de défendre le plagiat, juridiquement condamnable, qui est un délit. ¶

Croyez-vous avoir déjà été plagié ? Quelle a été votre réaction ? ¶

« Oui, c’est toujours une défaite, ça remet toujours en question le travail, à mon sens la copie altère l’original, ça le duplique, le rends moins précieux, moins pertinent et le résultat est souvent faible. Mais c’est comme ça depuis la nuit des temps, il faut l’accepter. Bon parfois c’est involontaire et là c’est dommage, mais c’est du hasard pas du plagiat. » Akroe ¶

« J’espère, c’est toujours bon signe, mais je vous avoue que ça m’est totalement égal. » Agnes Dahan ¶

« Je vois parfois quelques personnages qui ressemblent aux miens, cela ne me dérange pas plus que ça, car en tant que graphiste j’ai l’habitude. Et je suis aussi influencée. » Genevieve Gauckler ¶

Les réactions sont diverses, être plagié (quand la copie est avéré) c'est être (selon la loi) volé mais c'est également un signe de reconnaissance (ma production, par sa qualité, mérite d'être imité).


«Entre un ouvrage qui demeurera un plagiat en dépit des transformations opérées par rapport à ceux dont il s’inspire de trop près, et une œuvre, influencée certes, mais une œuvre, ce qui fait la différence, c’est la valeur esthétique. Il y a là comme une absolution, par la réussite formelle, de l’impureté du procédé de fabrication, une excuse par la beauté du résultat. L’art est amoral et peut être immoral.» Michel Schneider, Voleur de mots

Dans un contexte de mondialisation, où l'on assiste à un lissage des formes, à une uniformisation des créations graphiques, et là je plagie les propos d'un de mes professeurs, mon projet se positionne clairement en tant que manifeste et comme une réflexion autour du métier de graphiste même. Le graphisme sera à la fois le sujet et l'outil de ma réflexion. Comment un style devient un tic ? Les marques de fabriques de graphistes reconnus comme Fanette Mellier ou Antoine&Manuel sont-elles à ce point identifiables et répertoriables que l'on puisse les reproduire ?

#

Recherche ¶ Réalisation d'un répertoire de formes récurrentes chez trois graphistes reconnus : Frederic Teschner (ci-dessus), Etienne Robial et Fanette Mellier #



copier¶ ¶ coller ? : ¶

annexes 1 ¶

#


Copier-coller ? - Annexe·# ¬52

Sosies ¶ graphiques ?·#·

Mode, inspiration, copie ou simple hasard ?


Copier-coller ? - Annexe·# ¬53


Copier-coller ? - Annexe·# ¬54


Copier-coller ? - Annexe·# ¬55


Copier-coller ? - Annexe·# ¬56


Copier-coller ? - Annexe·# ¬57


Copier-coller ? - Annexe·# ¬58


Copier-coller ? - Annexe·# ¬59

Recherche ¶ Réalisation d'un mode d'emploi "pour présenter un poster à la manière d'un graphiste". Illustrations réalisées à partir de photos "volées" sur le site de François Feutrie (www.francoisfeutrie.com/). #


Copier-coller ? - Annexe·# ¬60

«·voici l'image dont je me suis inspirée pour réaliser la couverture de ce mémoire. Je l' ai trouvé sur le web et Je ne me souviens absolument pas de sa provenance...·»·# Alice Lagarde, Copyrignt, Copywrong?


Copier-coller ? - Annexe·# ¬61



Questions¶ réponses¶ ¶

annexes 2 ¶

#


80 étudiants en graphisme ont la parole - Annexe·# ¬64

80 étudiants¶ ont la parole.·# Voici quelques extraits d'un ¶ questionnaire soumis à 80 ¶ étudiants en graphisme français ¶ entre novembre et décembre 2010 ¶ sur le thème de la copie, du plagiat ¶ et de leur pratique du graphisme ¶ en général. #

Pensez-vous avoir été influencé par votre (ou vos) école (s) ? « Cela me parait évident, du moment ou on évolue dans un milieu précis qui a déjà une identité établie et un cadre de fonctionnement. Que ce soit une école, une agence ou un groupe d’amis la notion d’influence devient inévitable. » « Oui, parfois pour avoir une bonne note il faut suivre les consignes. alors souvent on le fait! Mais ces consignes sont dictées par un mode d’enseignement et une vision propre à l’école où on se trouve. »

« Oui, il règne une atmosphère, des codes graphiques "dans l’air" dans chaque école. » « Oui puisqu’elles sont le cadre de notre travail durant plusieurs années, et on finit toujours par avoir un regard proche de celui de certains professeurs. D’autant qu’ils nous apportent leurs références, qu’on ne peut pas ignorer par la suite. Le but devient alors de se détacher, sans forcément cracher sur les acquis scolaires. »

« Bien sur, rien que vis à vis des méthodes de travail, de réflexions. Certaines techniques sont aussi privilégiées, dès lors qu’elles reçoivent un écho favorable »

« Oui. Pour la technique et l’approche des logiciels, mais également dans l’organisation du temps de travail et les modes d’inspiration. »

«Evidemment, j’ai passé mon BTS à Nevers, et il me semble que le corps professoral nous amène, dirige sur des pistes créatives ciblées. CF étapes graphique.»

« Bien sur, la mentalité de l’école apporte quelque chose de commun. »

#


80 étudiants en graphisme ont la parole - Annexe·# ¬65

Avez-vous déjà imité un principe graphique que vous avez vu ? « Obsession, admiration, appropriation, apprentissage, développer son propre langage. »

« Parce que j’aurais tellement aimé avoir cette idée avant ! »

«Quand tu ne sais pas quoi faire de tes mains de bébé graphiste, tu essayes de faire ce que tu aimes voir, tu imites, c’est humain.» ¶

« En BTS, j’ai honteusement recopié un truc d’un bouquin de graphisme pour berner mes profs d’expression plastique. Mais cela avait tellement bien marché qu’ils m’avaient demandé de le refaire en grand format pour les portes ouvertes. Depuis je me méfie. » ¶

« Parce que je veux faire "aussi beau" »

« Un système graphique qui marche peut-être réutilisé dans un autre cadre ! » ¶

« Pour créer mon style à partir du sien. » ¶

« Pour faire ce qui marche actuellement. » ¶

« Il s’agit plus d’une technique, d’un moyen d’arriver à un résultat Que je vais observer chez quelques graphistes, designers et qui va m’intéresser et que je vais alors parfois réutiliser en l’aménageant selon mes besoins. » ¶

« Parce qu’ils sont trop fortttts quoiii !. »

#

Pensez vous avoir été copié ? Si oui, quelle a été votre réaction ? «ça fait chier même si c’est pour trois fois rien!»

« Très énervée, "vol" de ma personne et de ma création. » ¶

« Au début c’est extrêment frustrant. On se sent violé. Et puis on se dit que notre travail n’est pas unique et que certains ont déjà du obtenir ce résultat avant nous. » ¶

« Un peu dégouté au debut puis plutot fière après. » ¶

« J’éspère en fait, ca me ferait plaisir. Enfin si on sait que la base vient de moi. » ¶

« Je ne pense pas je n’ai pas eu cette chance. Par contre, je pense m’être fait piquer des idées.. j’ai laissé couler... j’ai l’impression que c’est de bonne guerre un peu pendant les études. Tout le monde s’inspire de tout le monde, chacun à sa mesure, et en s’en rendant plus ou moins compte.. on est un peu des graphistes en construction, chacun se cherche un peu. Tout le monde essaie de trouver l’identité graphique qui lui ressemble le plus. »

« De l’étonnement en premier lieu pour de la rancune. Mais c’etait un fait courant dans ma classe. Une bonne idée était souvent reprise par des étudiants voulant faire bonne impression à moindre effort. Mais, le fait de plagier n’apporte rien. La créativité personnel n’est pas mise en avant. » ¶

«  Je n’ai rien dit parce qu’il y avait tout de même des différences et qu’elle n’était pas équivalente en terme de style. Seule la composition et la représentation générale avait été plagiées. » ¶

« plutôt ravi !!! »

#


80 étudiants en graphisme ont la parole - Annexe·# ¬66

Pensez-vous

100 90

avoir été

82% 80

influencé

70 60

par votre

50

OUI

40

école

30

?

20

18% 10

Lisez-vous des revues consacrées aux graphisme?

21% NON

OUI

79%

NON

Êtes-vous abonné À l’un d’eux?

01 Étapes (86%) 02 Back Cover 03 Graphê

Quelles est LA référence selon vous?

“ÉTAPES”


80 étudiants en graphisme ont la parole - Annexe·# ¬67

Si oui, À quelle fréquence?

Visitez-vous des sites internet dédiés à l’actualité du graphisme?

01 Quotidiennement 02 Plusieurs fois par semaine 03 Une fois par semaine 04 Une fois par mois 05 Rarement 8% NON OUI

Pour Quelles raisons?

01 Nouveauté/Actualités 02 Inspiration 03 Tendances 04 Curiosité 05 Plaisir 06 Culture

92%

Récoltez-vous des images trouvées sur ces sites / blogs / webzines?

Pour Quel usage?

100 90

90%

01 Banque d’images 02 Inspiration 03 Référence 04 Composition/collage 05 Plaisir

80 70 60 50

Vous arrive-t-il de les prendre comme exemple?

OUI

40 30 20

10% 10

NON

OUI

NON

67%

33%


80 étudiants en graphisme ont la parole - Annexe·# ¬68

Diriez-vous avoir déjà suivi une «tendance» du graphisme?

Avez-vous déjà été tenté d’imiter un principe graphique que vous avez-vu? 100

100

87%

90

90

80

80

70

70

60

60

OUI

50

86%

50

40

40

30

30

20

20

13% 10

10

Pensez-vous avoir déjà été copié par quelqu’un d’autre?

OUI

14% NON

quelle a été votre réaction?

01 Colère 02 Fierté 03 Agacement 04 Choc 05 Indifférence

OUI

52%

NON

48%


80 étudiants en graphisme ont la parole - Annexe·# ¬69

Avez-vous déjà copié?

Diriez-vous que c’est une étape obligée pour un étudiant?

12% NON

Sans opinion

61%

47% OUI

39%

OUI NON

41%

Si vous deviez vous situez, diriez que vous avez déjà : copié imité Reproduit contrefait été inspiré été influencé Recyclé détourné cité Autre 10

20

30

40

50

60

70

80

90

100


bibliographie·#

Livres # ¶ Voleurs de mots : Essai sur le plagiat, la psychanalyse et la pensée, Michel Schneider, NRF. Connaissance de l'inconscient, 1985 ¶ Apologie du plagiat, Jean-Luc Hennig Gallimard, 1998 ¶ Catalogue Copier Créer - De Turner à Picasso : 300 œuvres inspirées par les maîtres du Louvre, Réunion des Musées Nationaux, 1993 ¶ Catalogue Monter/Sampler, L'échantillonnage généralisé, Editions du Centre Pompidou/Scratch, 2000 ¶ «Le plaisir de l'imitation», Guy Rosolato L'Imitation, aliénation ou source de liberté? Rencontres de l'Ecole du Louvre, Paris, La Documentation française, 1985 ¶ Le Graphisme de 1890 à nos jours, Richard Hollis, Seuil, édition revue et augmentée, 2002

Le droit d'auteur est-il une notion périmée ? 2010 http://www.nonfiction.fr/article-3332-p1-le_droit_dauteur_est_ il_une_notion_perimee_.htm ¶ The right to copy, Annelys De Vet, Etapes n°72, avril 2001 ¶ Entretien avec Antoine et Manuel, Jeremie Werner, 2006 http://www.evasion.cc/blog/comments/entretien-avec-antoine-et-manuel/ ¶ Qu’est-ce que le plagiat ? http://forum.forumactif.com/questions-reponses-frequentes-f14/plagiat-t203544.htm

Exposition # Exposition Seconde Main, Musée d’Art moderne de la Vile de Paris , 25 MARS - 24 OCTOBRE 2010 ¶

Conférence # Sites internet # ¶ Site de Jœ la Pompe, http://www.jœlapompe.net/ (le trop peu souvent cité :) http://fr.wikipedia.org

Articles # I Am a Plagiarist, Michael Bierut, 2006 http://observatory.designobserver.com ¶ Bird in Hand: When Dœs A Copy Become Plagiarism? William Drenttel, 2005 http://observatory.designobserver.com ¶ Et si le graphisme n’était que plagiat généralisé? Catherine Guiral, 2007 http://www.salutpublic.be/2ou3choses/

Autour de la notion d'auteur, Frédérique Entrialgo, Ecole Supérieure des Beaux Arts de Marseille [enseignements théoriques], 2005 ¶ Le titre de ce mémoire est emprunté au livre Copyright, copywrong : actes du colloque, Le Mans, Nantes, Saint-Nazaire, édition MeMo, février 2000

#


Remerciements·# Gilles Marion David Pilloix Eric Combet ¶

Catherine Guiral (pour ses précieux conseils bibliographiques) ¶

Doriane Roche Mahé Chemelle Olivia Romero Lux David Sin Piel (pour avoir traqué pour moi le plagiat sur internet) ¶

étapes revue (qui a pris le temps de m'envoyer un numéro épuisé, vieux de 10 ans, en PDF) ¶

Ma maman (qui me soutient depuis 22 ans)

Mon papa (qui paye mon loyer tous les mois) ¶

Jean Matelot (qui m'a si souvent préparé à manger, pendant que je travaillais) ¶

Mes acolytes de DSAA ¶

Les 80 étudiants qui ont répondu à mon questionnaire ¶

Google (qui m'a permis de trouver tout un tas de références en un seul clic)

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