Le Monde du 9 Janvier 2008

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www.lemonde.fr Mercredi 9 janvier 2008

64e Année - N˚19583 - 1,30 ¤ - France métropolitaine ---

Bush en visite dans un ProcheOrient sous haute tension eorge Bush entreprend, à partir du 8 janvier, une tournée au Proche et au Moyen-Orient, de Jérusalem au Golfe. Dans cette région où le volontarisme de Washington a été mis en échec, le président des Etats-Unis est attendu avec des sentiments mitigés par ses alliés arabes sunnites, tiraillés entre la défiance vis-à-vis de la politique américaine et la crainte alimentée par les ambitions de l’Iran. L’intransigeance face au régime de Téhéran devrait constituer le principal message du président, au lendemain d’un incident naval dans le Golfe qui a mis aux prises la marine américaine et des vedettes iraniennes. M. Bush devrait également exprimer sa confiance dans le dialogue politique qui vient d’être renoué entre Israéliens et Palestiniens. a

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Fondateur : Hubert Beuve-Méry - Directeur : Eric Fottorino

Le travail, un espoir pour les sans-papiers Régularisation Les préfets examineront les dossiers avec « bienveillance »

Avec la saison des soldes revient celle de la polémique

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mis lecteurs, il n’est pas simple de vous éclairer sur notre situation complexe. Il le faut cependant. Depuis le 4 janvier, le directoire du groupe Le Monde ne compte plus qu’un membre, en l’occurrence le directeur du quotidien que je suis. Privé de son président, le directoire ne peut donc plus fonctionner en droit. Dans ces conditions, la porte est ouverte à la saisine du tribunal de commerÉDITORIAL ce par le président du conseil de surveillance, Alain Minc ; saisine qui conduirait à la nomination au Monde d’un administrateur provisoire. Une telle issue est impensable. Elle serait dévastatrice en termes d’image. Dévastatrice aussi pour une entreprise qui vivrait cette intrusion comme un traumatisme injustifié. Un dur plan d’économies – par ailleurs nécessaire – serait appliqué par un mandataire étranger à notre histoire et à notre culture. Ce serait pour Le Monde et l’ensemble du groupe, pour ses personnels, la perte de la maîtrise de leur destinée. Le constat d’échec collectif de n’avoir pas su opérer nousmêmes notre redressement. C’est pourquoi j’ai annoncé au président du conseil de surveillance et à nos actionnaires ma candidature à la présidence du directoire. Si nos actionnaires, internes et externes, appuient cette proposition, je constituerai autour de moi une équipe resserrée qui enclenchera très vite, de façon résolue et irréversible, les mesures d’économie qui s’imposent. Je suis conscient de leur nécessité. Nous ne sommes pas de purs esprits qui trouveraient vulgaires ou dérisoires les questions de gestion. Mais, entre les résoudre par nous-mêmes et en confier le règlement à la justice, nous avons choisi la première solution. Je forme l’espoir que nos actionnaires, dont je sais l’immense attachement au Monde et à ses valeurs d’indépendance, approuveront ce choix. Le moment venu, je souhaite qu’ils se prononcent en toute liberté. Avec une pleine conscience des enjeux. a

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Lire page 4, l’analyse page 2 et Portrait page 18

a période des soldes d’hiver s’ouvre mercredi 9 janvier. Christine Lagarde, ministre de l’économie, relance la polémique sur leur libéralisation totale. Elle a évoqué, lundi 7 janvier, des « soldes récurrents », les jugeant « propices à la consommation ». Pour Charles Memcer, président de la Fédération nationale de l’habillement, qui représente 55 000 boutiques, « c’est la première fausse bonne idée de l’année ». Pour Jean-Marc Genis, président exécutif de la Fédération des enseignes de l’habillement (H & M, Zara…), il serait préférable de « tout déréglementer », y compris le travail le dimanche. Aujourd’hui, les commerçants peuvent vendre à perte deux fois par an, lors des soldes, au cours desquels ils réalisent plus de 25 % de leur chiffre d’affaires. La situation varie d’un pays européen à l’autre. a

L’heure du choix

n employeur de « bonne foi », ayant fait travailler un sanspapiers à son insu, pourra désormais se tourner vers la préfecture pour demander sa régularisation. Il devrait pouvoir compter sur la « bienveillance » des services préfectoraux. Dans une circulaire qui leur a été adressée lundi 7 janvier, et dont Le Monde a obtenu une copie, le ministère de l’immigration demande aux employeurs d’étudier « avec une particulière diligence » les dossiers qu’ils porteront eux-mêmes. Auteur de l’amendement qui a introduit la régularisation par le travail dans

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Pavel Lounguine ressuscite la Russie des fous de Dieu

la loi sur l’immigration du 20 novembre 2007, le député (UMP) Frédéric Lefebvre a veillé « à ce que les entreprises soient au centre » des démarches qui seront entreprises. Le nombre de sans-papiers en France est estimé entre 200 000 et 400 000. Nul ne sait combien d’entre eux disposent – grâce à des faux papiers – d’un emploi déclaré. Selon la circulaire gouvernementale, un étranger devra satisfaire à deux conditions pour prétendre à une régularisation par le travail. La première : disposer d’une qualification ou d’une expérience

dans un des métiers de la liste des 30 professions ouvertes aux ressortissants des pays non membres de l’Union européenne ; ce métier devant connaître des difficultés de recrutement dans la région où le sans-papiers dépose sa demande. Pour chaque région, les professions « en tension » ont été recensées : 24 en Champagne, 18 en Lorraine, 14 en Bretagne… Ces listes pourront être élargies aux métiers supplémentaires prévus dans le cadre des « accords bilatéraux de gestion des flux migratoires ». Laetitia Van Eeckhout

E. F.

Lire la suite page 11

Lire nos informations page 17

PAGE TROIS

Barack Obama, basketteur

L’ouvrage définitif sur John Ford enfin traduit !

Le sénateur démocrate de l’Illinois, en tête dans les sondages (lire page 7), a un violon d’Ingres : le basket-ball. « C’est en jouant au basket qu’il a rencontré des Noirs pour la première fois », dit son beau-frère Craig Robinson, entraîneur dans une grande université.

Environnement UK price £ 1,40

Paul Crutzen et l’« anthropocène » Les humains sont-ils en train de submerger les grandes forces de la nature ? Le Prix Nobel de chimie 1995 examine, avec deux coauteurs, les implications de l’entrée dans une ère qu’ils baptisent « anthropocène ». Page 8, lire aussi page 20 l’enquête sur la déforestation à Sumatra (Indonésie)

Espagne Piotr Mamonov (Anatoli) et Viktoria Issakova (Nastia). DR norme succès en Russie, L’Ile, film de Pavel Lounguine, sort en France mercredi 9 janvier. C’est l’histoire d’un moine mystique et indiscipliné qui, dans une île perdue de la mer Blanche, a la réputation de faire des miracles. Il attire les fidèles et perturbe la hiérarchie du monastère. Dans un entretien au Monde, Pavel Lounguine explique que son moine, « un emmerdeur »,

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appartient à une tradition très ancienne en Russie, « celle des fous de Dieu ayant le don de lire dans le passé et dans le futur ». Ils défient le pouvoir et sont respectés par le peuple. La Russie actuelle évoque à Pavel Lounguine la Rome ancienne, où « on consomme de manière triste et frustrée » en attendant « un nouvel idéal, une nouvelle religion ». a Lire page 25

La scientologie est une religion Au terme d’une longue procédure, la justice espagnole a autorisé, le 19 décembre 2007, l’inscription de l’Eglise de scientologie au registre légal des religions. Page 9

Société

La punition réhabilitée

« Ce livre est un trésor et une révélation » Martin Scorsese

Cela ne se faisait plus. Les sanctions infligées aux enfants sont de nouveau concevables. Elles doivent être éducatives et adaptées à la faute. Page 28

Algérie 60 DA, Allemagne 1,90 ¤, Antilles-Guyane 1,90 ¤, Autriche 2,00 ¤, Belgique 1,40 ¤, Cameroun 1 400 F CFA, Canada 3,25 $, Côte d’Ivoire 1 400 F CFA, Croatie 18,50 Kn, Danemark 20 KRD, Espagne 2,00 ¤, Finlande 2,50 ¤, Gabon 1 400 F CFA, Grande-Bretagne 1,40 £, Grèce 2,00 ¤, Hongrie 650 HUF, Irlande 2,00 ¤, Italie 2,00 ¤, Luxembourg 1,40 ¤, Maroc 10 DH, Norvège 24 KRN, Pays-Bas 2,00 ¤, Portugal cont. 2,00 ¤, Réunion 1,90 ¤, Sénégal 1 400 F CFA, Slovénie 2,20 ¤, Suède 25 KRS, Suisse 2,90 FS, Tunisie 1,8 DT, USA 3,30 $, Afrique CFA autres 1 400 F CFA,


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Editorial

Israël et l’ami américain

Dangereuse dangerosité

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ix jours après avoir promulgué une nouvelle loi sur la prévention de la récidive, Nicolas Sarkozy décidait, en plein mois d’août 2007, à la suite de l’émotion légitimement suscitée par le viol du petit Enis à Roubaix par un pédophile récidiviste, de durcir de nouveau la législation. C’est ainsi qu’est né, par réaction à un crime odieux, ce concept de « rétention de sûreté » qui est au cœur du projet de loi examiné, à partir du mardi 8 janvier, par l’Assemblée nationale. En clair, des pédophiles, des violeurs, des meurtriers de mineurs, ayant été condamnés à au moins quinze ans de prison, pourront se voir infliger par une commission pluridisciplinaire une deuxième peine qui conduira à leur enfermement dans une « prison-hôpital », pour une durée sans cesse renouvelable. Au-delà de la confirmation d’une tendance préoccupante depuis une dizaine d’années, consistant à durcir sans cesse le droit pénal à la suite de faits divers particulièrement abominables – et il en est ainsi des crimes pédophiles –, l’invention de cette « rétention de sûreté » ouvre la voie à de multiples dérives. Va-t-on, avec cette double peine, réintroduire de fait les condamnations à perpétuité à l’encontre de personnes maintenues en détention en raison d’une « dangerosité sociale » supposée, non plus pour une infraction commise, mais pour une infraction éventuelle ? L’ancien garde des sceaux Pascal Clément a déjà mis en garde contre le risque d’inconstitutionnalité d’un tel texte. Ce projet rend tout à fait illusoires les chances de réinsertion et l’idée même que la sanction pénale ait la moindre valeur rédemptrice. Les défenseurs du texte de Rachida Dati mettent en avant son caractère protecteur de la société mais aussi des victimes, face au danger de voir des criminels récidiver ; ils se félicitent de la fin du principe de l’automaticité des remises de peine ; ils soulignent enfin que l’enfermement pour dangerosité relèvera d’une décision collégiale, susceptible de recours. Mais c’est oublier que, si la détention est une punition, elle a aussi pour but la réinsertion du coupable. Avec la « rétention de sûreté », dont il serait menacé dès le prononcé de sa condamnation, le détenu sait que, même s’il se comporte bien en prison, il pourra y être maintenu pour sa « dangerosité ». M. Sarkozy fait de l’efficacité de son action un maître mot de sa politique, mais plutôt que de défaire ou de refaire sans cesse des lois encore faudrait-il commencer par appliquer celles qui existent. Sur la récidive, du suivi socio-judiciaire avec injonction de soins (1998) à la surveillance électronique par bracelet mobile (2005), les lois se sont multipliées. Mais les moyens n’ont pas suivi, et la psychiatrie souffre d’un manque criant de praticiens. Alors, sous le coup de l’émotion, on crée à la hâte de nouveaux outils. A risques. a

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amais les relations entre les Etats-Unis et Israël n’ont été aussi bonnes. George Bush, au cours de ses sept années d’exercice du pouvoir, a toujours soutenu, sans sourciller, la politique de l’Etat juif. L’administration américaine l’a même souvent déterminée. Aucune décision importante n’a été prise, que ce soit par le gouvernement d’Ariel Sharon ou par celui d’Ehoud Olmert, sans que Washington n’ait été informé, sondé et qu’une ligne d’action soit choisie en commun. Les proches conseillers des deux premiers ministres israéliens ont effectué, au cours de ces sept années, d’innombrables allées et venues à la Maison Blanche. Les chefs de gouvernement aussi. De hauts responsables américains comme Anthony Zinni, George Mitchell, George Tenet ont fait de longs séjours à Jérusalem pour se pencher sur le conflit israélo-palestinien. La concertation a été permanente, complète. Le fidèle allié de Washington n’a jamais outrepassé les lignes rouges fixées par l’administration Bush à tel point que certains analystes ont parlé d’Israël comme du 51e Etat de l’Union. En dépit de cet accord parfait, le président Bush ne s’est jamais rendu en Israël dans l’exercice de ses fonctions. Il était encore gouverneur du Texas lorsque, en 1998, Ariel Sharon, qui n’était pas premier ministre, lui a fait faire un tour en hélicoptère au-dessus de la Cisjordanie. Il en garde un souvenir ému, et ce n’est pas sans une certaine nostalgie, comme il l’a confié la semaine dernière au quotidien Yedioth Aharonot, qu’il doit se retrouver pour trois jours, du 9 au 11 janvier, dans la ville sainte. George Bush s’est fixé trois objectifs pour cette visi-

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te qui va se poursuivre au Koweït, à Bahrein, aux Emirats arabes unis, en Arabie saoudite et en Egypte : tout d’abord, a-t-il dit, « convaincre les Etats arabes qu’Israël est un partenaire pour la paix et que c’est dans l’intérêt des Palestiniens et du monde arabe » ; ensuite « faire avancer le processus de paix en rappelant aux alliés de l’Amérique au Moyen-Orient l’importance de la solution de deux Etats (Israël , Palestine) et voir ce qui peut être fait pour la mettre en pla-

Analyse Michel Bôle-Richard ce » ; enfin, « comment renforcer les régimes de ces pays pour qu’ils servent de barrière à l’agression iranienne ». La première étape de cette tournée va être la plus facile. George Bush a qualifié Ehoud Olmert de « visionnaire », car « il a compris l’importance de créer un espoir pour les Palestiniens dans l’Etat qu’ils veulent créer ». De son côté, le premier ministre israélien, dans un entretien au Jerusalem Post, a estimé que le président Bush était « un homme avisé », « c’est l’homme qui a été le plus proche d’Israël depuis Gerald Ford », avant d’ajouter : « Il ne fait rien avec quoi je ne suis pas d’accord. Il ne soutient rien auquel je suis opposé. Il fait attention à ne rien dire qui pourrait causer du tort à Israël. » Dans ces conditions, la visite de George Bush à Jérusalem ne peut être que la consécration de cette bonne entente. Une véritable osmose ! L’aboutissement d’une politique de proximité et de connivence depuis l’accession au

Baisse par Pessin

pouvoir de George Bush, qui a coïncidé avec celle d’Ariel Sharon en février 2001. Les deux hommes ont pratiquement toujours été sur la même longueur d’onde. Ils ont décidé en commun de mettre « hors-jeu » Yasser Arafat. Ils se sont retrouvés en phase pour déclarer la guerre à l’Irak. Ils se sont mis d’accord pour décider du retrait unilatéral de la bande de Gaza pendant l’été 2005. Ce partenariat s’est poursuivi sans nuage avec Ehoud Olmert. L’appui a été total lors de la deuxième guerre du Liban pendant l’été 2006. Les Etats-Unis ont fourni à l’une de leurs principales têtes de pont au Proche-Orient toute l’assistance militaire et diplomatique dont Israël avait besoin. Il y a eu quelques crispations du côté israélien lors de la publication du rapport Baker-Hamilton en décembre 2006 (qui appelait Washington à un effort sérieux et urgent sur le conflit israélo-palestinien). Finalement, les choses sont rentrées dans l’ordre lorsque l’administration Bush a jeté par-dessus bord les suggestions du rapport qui ne lui convenaient pas. Le président Bush n’a guère montré que le conflit israélo-palestinien était l’une de ses préoccupations. Il a laissé carte blanche à son allié. Il y a bien eu le fameux discours du 24 juin 2002, au cours duquel, pour la première fois, George Bush a exprimé la volonté de créer un Etat palestinien « viable, continu, souverain et indépendant ». Cette intention n’a guère été suivie d’effet en dépit du lancement de la feuille de route, le plan de paix international, le 4 juin 2003 à Akaba, en Jordanie, lors d’un sommet entre MM. Bush, Sharon et Mahmoud Abbas, alors premier ministre. Par la suite, le Quartet (entité composée des Etats-Unis, de l’ONU, de la Russie et de l’Union européenne) sera incapable d’imposer une solution car, comme l’a dénoncé Alvaro de Soto, ancien envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU, il est totalement soumis au bon vouloir des autorités américaines qui, sur le conflit israélo-palestinien, ont toujours imposé leur loi, édictée en étroite collaboration avec Israël. Pas d’avancée La victoire du Hamas aux élections de janvier 2006 et la prise du pouvoir par la force dans la bande de Gaza par cette organisation islamiste ont soudain réveillé l’administration Bush. Jusqu’à présent, cette dernière se contentait de gérer de façon lointaine une crise considérée comme subalterne par rapport aux menaces surgies dans des contrées orientales plus éloignées. Et ce d’autant qu’Israël était jugé suffisamment solide pour y faire face. Réalisant soudain que la menace islamiste pouvait également saper la sécurité d’Israël, George Bush a eu l’idée, au mois de juillet, de lancer une conférence internationale. Cette initiative n’a pas réjoui le gouvernement israélien, qui se méfie comme d’une peste des grandes messes internationales destinées à trouver une solution à un conflit dont il veut être le seul maître. Mais, comme il s’agissait de l’ami américain, le gouvernement s’est plié de bonne grâce aux volontés du grand frère. C’est ainsi, que le 27 novembre 2007 à Annapolis, dans le Maryland, la mise en orbite d’un nouveau processus de paix a été effectuée. Depuis, en dépit de deux réunions entre les délégations palestinienne et israélienne, et de deux rencontres entre MM. Olmert et Abbas, le processus de paix n’a pas avancé d’un iota. La venue de George Bush ne devrait rien changer à l’affaire. Le président américain est dans un rôle de bons offices. C’est aux Israéliens et aux Palestiniens de s’entendre, dit-il. Un nouvel émissaire américain va veiller au bon déroulement des négociations. Il s’agit du général James Jones, un marine qui fut secrétaire général de l’OTAN. Espérons qu’il aura plus de chance que ses prédécesseurs. a

De la difficulté à sortir du soviétisme

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a réélection de Mikheïl Saakachvili à la présidence de la Géorgie illustre la difficulté des Etats issus de la disparition de l’URSS à sortir du soviétisme. La bonne nouvelle, c’est que le score d’environ 52 %, même contesté et contestable, est plus conforme aux résultats généralement obtenus dans les démocraties adultes que les 96 %, dignes des régimes totalitaires, obtenus par le même Saakachvili en 2004, au lendemain de la « révolution des roses ». Le culte du chef ou du héros a fait place à une appréciation plus contrastée de son action, c’est le moins qu’on puisse dire. La mauvaise nouvelle, c’est que les conditions du scrutin laissent encore à désirer, malgré les satisfecit ambigus délivrés par l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). La culture des consultations libres, transparentes, démocratiques, est loin de s’être implantée en Géorgie, comme dans d’autres républiques de l’ex-URSS. Les mauvaises habitudes ne se perdent pas du jour au lendemain. Les élections y sont toujours conçues comme une manière de donner un vernis populaire au pouvoir et non comme un moyen d’assurer l’alternance. Le premier réflexe des autorités est de manipuler le vote en empruntant des voies diverses, plus ou moins grossières ou sophistiquées selon les cas. Celui de l’opposition est de contester le résultat avant même la tenue du scru-

tin. Nulle part la bataille politique n’est exempte de coups bas mais le « kompromat », le matériel compromettant, archivé ou fabriqué par les services de sécurité, reste, dans ces pays, une pratique courante pour déconsidérer les adversaires politiques. Celui qui pense autrement n’est pas un adversaire mais un ennemi à abattre. C’est le plus souvent un traître, issu des mêmes rangs que les nouveaux maîtres, d’autant plus dangereux qu’il connaît les mauvaises manières du pouvoir. Au cours des quatre dernières années, la Géorgie « démocratique » de « Micha » Saakachvili

Chronique International Daniel Vernet n’a pas échappé à ces dérives. Au point que l’ancien dissident polonais Adam Michnik, envoyé en mission à Tbilissi par l’OSCE pour veiller à la liberté de la presse, a menacé de comparer le président géorgien aux potentats d’Asie centrale. La Géorgie n’est pas l’Ouzbékistan. Ni la Biélorussie. Parmi les trois républiques ex-soviétiques à avoir connu une « révolution de couleur », elle ne s’en sort pas trop mal. Le Kirghizstan est retombé dans le despotisme asiatique. L’Ukraine souffre des

maux postcommunistes accrus par l’instabilité. A Kiev, les divisions passent entre les prorusses et les pro-occidentaux. A Tbilissi, le gouvernement et l’opposition sont favorables à l’ancrage à l’Ouest dont M. Saakachvili a été érigé en symbole. Le drapeau bleu étoilé de l’Union européenne flotte partout et l’adhésion à l’OTAN est un objectif prioritaire. Le chemin sera plus long que les dirigeants géorgiens ne l’imaginaient avant la crise de novembre 2007, avec les manifestations de l’opposition finalement dispersées par la force, l’état d’urgence et ces élections anticipées. La Géorgie n’est pas la Biélorussie. Elle n’est pas non plus la Pologne ou la Hongrie. Outre un niveau de développement plus avancé, les pays d’Europe centrale et orientale ont, pour réussir leur transition, bénéficié dès le début des années 1990 de la perspective européenne et otanienne. Les Géorgiens devront patienter avant d’être acceptés dans l’Alliance atlantique et plus longtemps encore avant de pouvoir seulement envisager des liens étroits avec une UE gavée d’élargissements. Sous la surveillance d’une Russie prête à exploiter le moindre faux pas pour reconquérir le terrain perdu. P.S. : depuis qu’il est entré en politique, M. Saakachvili a toujours été prénommé Mikhaïl. Il insiste aujourd’hui pour être appelé Mikheïl, sans doute pour bien montrer que son prénom n’est pas russe. Dont acte. a


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Le sénateur de l’Illinois, candidat à l’investiture démocrate à la présidence des Etats-Unis, a construit une partie de son identité sur les parquets. Il y a aussi trouvé des soutiens

Barack Obama, le basket dans la peau NEW YORK CORRESPONDANCE

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e matin de son triomphe dans les primaires de l’Iowa, Barack Obama a disputé, avec son équipe de campagne, une petite partie de basket-ball. Une simple coquetterie de communication, destinée à montrer son allant, à l’heure où les hommes politiques aiment s’afficher sportifs ? Mauvais procès : l’attachement du sénateur de l’Illinois au basket-ball remonte à loin, et, selon ses proches, dépasse la seule anecdote. « Il ne savait pas qui il était avant de découvrir cette discipline, explique au Monde son beau-frère et ami, Craig Robinson, entraîneur de l’équipe de basket de l’université de Brown. C’est là qu’il a rencontré des Noirs pour la première fois. » Son agenda ne précisait pas si Barack Obama devait à nouveau s’adonner à quelques tirs et autres feintes de corps avant la primaire du New Hampshire, qui devait, mardi 8 janvier, être une nouvelle étape importante dans sa course à l’investiture pour représenter le Parti démocrate à l’élection présidentielle américaine. Son emploi du temps surchargé ne lui a guère laissé le temps, ces dernières semaines, d’user ses semelles sur les playgrounds. Pourtant, adolescent, et même adulte, cette activité a façonné l’homme et le politique. Métis, né à Hawaï d’une mère blanche et d’un père Kényan, Barack Obama a passé ses premières années coupé de ses racines noires, à la suite de la rupture entre ses parents, alors qu’il avait 2 ans. A l’âge de 10 ans, revenu à Hawaï après quatre ans en Indonésie, il a reçu la visite de son père, qu’il n’avait plus revu depuis huit ans. En cette année 1971, ce quasi-inconnu lui a offert, pour Noël, un ballon orange qui allait lui changer la vie. Grâce au basket-ball, sport fétiche des Blacks américains, Barack Obama a pu se faire ses premiers amis, s’émanciper, intégrer une communauté répondant à des codes d’honneur spécifiques. Dans son premier livre autobiographique, Dreams From My Father, il raconte comment « ces hommes noirs [lui] ont enseigné la notion de respect et à ne pas afficher [ses] émotions, comme la peur ou la souffrance ». « Ils m’ont appris, dit-il, cette unité toute particulière se dégageant lors

Le 17 décembre, en pleine campagne dans l’Iowa, Barack Obama s’est mesuré à Scott Price, de l’hebdomadaire sportif « Sports Illustrated ». BILL FRAKES/SPORTS ILLUSTRATED/PRESSE SPORTS des fins de matches serrées. » Une vidéo de 1979, à l’image de mauvaise qualité, le montre, mini-coupe afro au vent, vêtu du maillot no 23, concluant une action pour l’équipe du lycée de Punahou. A cette époque, le futur candidat à la présidence des Etats-Unis se faisait encore appeler Barry, un surnom passe-partout qui lui a permis plus jeune d’éviter les questions énervantes sur ses origines. Le basket a également permis de rassurer sa future femme, Michelle. Originaire d’une famille de Chicago croyant que le basket révèle le caractère d’une person-

ne, quand sa relation avec Barack est devenue sérieuse, elle a demandé à son frère, ancien joueur professionnel, de mesurer le mordant de son prétendant. « Le basket de rue est un jeu où l’honneur est important, analyse Craig Robinson. Il n’y a pas d’arbitres, donc tout dépend de ton honnêteté. Si tu perds, essayes-tu de déconcentrer ton adversaire en lui parlant, ou en trichant ? Tout ce que tu fais sur le terrain permet de découvrir quel genre de personne tu es vraiment dans la vie. » Star de l’université de Princeton au début des années 1980, Craig Robinson a

donc emmené Barack Obama sur un terrain afin de jouer avec certains de ses amis. Il a rapidement été conquis. Le natif d’Honolulu était confiant, adepte de bons mots, parfois moqueur, mais nullement arrogant. A la fin de l’après-midi, il avait passé son test avec succès. Alliés et donateurs Le 17 décembre, en pleine campagne dans l’Iowa, Barack Obama, âgé de 46 ans, a accepté avec enthousiasme de se mesurer, en un contre un, à Scott Price, de l’hebdomadaire sportif Sports

Joakim Noah, premier supporteur du candidat « CE SERAIT génial pour ce pays, d’avoir un président nommé Barack Obama ! Cela démontrerait combien l’Amérique a évolué dans sa façon de penser. Cela refléterait sa diversité, qui est la véritable richesse de ce pays. » Joakim Noah ne tarit pas d’éloges sur le candidat démocrate. Le joueur de basket-ball des Chicago Bulls est même l’un de ses plus fervents supporteurs. Au point qu’à l’été 2007, les responsables de la campagne de Barack Obama ont essayé de le convaincre d’ap-

porter son soutien au sénateur de l’Illinois en participant à des meetings. « J’ai dit, non, je ne voulais pas le faire, pas encore, explique Joakim Noah. C’est mon vote, mais je n’avais pas envie d’être récupéré. J’aimerai bien le rencontrer, cela dit. » Sensible à l’actualité politique de son pays et sur le point de voter pour la deuxième fois, le jeune Franco-Américano-Suédois avoue suivre la carrière de Barack Obama depuis cinq ans. « Cela fait longtemps que je le pousse, ce gars, dit-

il. J’ai adoré son bouquin. C’est un type intelligent, qui a du mérite, car ce n’est pas facile d’être noir en politique dans ce pays. » Quand il était encore à l’université de Floride, Joakim Noah, 22 ans, se lançait dans des discussions politiques enflammées avec son entraîneur Billy Donovan, fervent supporteur, lui, de George Bush. « On parlait de la guerre en Irak et cela devenait chaud, parfois, se souvient, amusé, le joueur des Chicago Bulls. Barack

Obama est contre la guerre, et je pense qu’il peut faire beaucoup de choses pour la politique étrangère de ce pays. Ses détracteurs disent qu’il n’a pas beaucoup d’expérience, mais, en politique, cela peut être une bonne chose, car on a un regard neuf et on est moins corrompu par le système. » Et l’expérience, Joakim Noah, qui démarre péniblement sa carrière chez les professionnels, sait qu’elle se forge dans l’adversité. a P. Gi.

Illustrated. « Je sais que les politiciens veulent toujours offrir un visage différent au public, je ne suis pas naïf, explique en riant Scott Price. Mais quand je l’ai appelé, c’était un peu comme si je contactais un pote pour lui proposer d’aller jouer au basket. Il était marrant, spontané, il ne s’est pas soucié du “qu’en-dira-t-on”. Pour lui, c’était enfin l’opportunité de faire quelque chose de relaxant. » Barack Obama, impitoyable, a battu le journaliste. Dans les clubs sportifs de Chicago, le sénateur de l’Illinois s’est bâti au fil des années une solide réputation. Gentleman, il peut toutefois être physique, agripper les maillots et donner un coup de coude pour prendre position dans la raquette. « Il trouve toujours un moyen de gagner », constatait récemment un ami proche, Martin Nesbitt, sur la chaîne ABC. C’est aussi sur les parquets que Barack Obama s’est constitué ses plus précieux alliés et donateurs. Au sein de son équipe actuelle, on retrouve des banquiers, des financiers, des politiciens et des hommes d’affaires influents de l’Illinois rencontrés dans les années 1990, en short et en chaussures de sport, transpirant lors d’intenses joutes physiques. a Pascal Giberné

Moi, Anne, je veux faire une superbe collection d’enfants. Luc est d’accord. Luc, c’est mon mari. Il a ajouté : « Pour les enfants, ça ne devrait pas poser de problème mais pour la maison, t’aurais pas une idée… » A) Vous vous dites que 1 c’est un début de collection. B) Vous demandez un plan d’action à un écureuil.


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0123 Mercredi 9 janvier 2008

Proche-Orient Première tournée régionale du président américain en Israël et auprès de ses alliés arabes

Visite de M. Bush : l’Iran éclipse le dossier palestinien BEYROUTH, WASHINGTON CORRESPONDANTES

e président George Bush devait quitter Washington, mardi 8 janvier, pour une tournée de neuf jours au Moyen-Orient, la première en sept ans de présidence, alors que ses efforts pour relancer le processus de paix israélo-palestinien tardent à se concrétiser depuis la réunion d’Annapolis (Maryland), fin novembre 2007. Intervenant alors que la classe politique américaine a les yeux rivés sur la course des primaires pour l’élection présidentielle de novembre qui doit désigner son successeur, la visite, qui commence en Israël et dans les territoires palestiniens, n’est pas considérée avec grand optimisme à Washington. Cherchant à compenser l’absence d’intérêt des médias pour une tournée qui devrait pourtant être historique, dans une région à risques, M. Bush a consacré son message hebdomadaire, le 5 janvier, à expliquer son voyage aux Américains. Il a indiqué qu’il s’efforcerait de convaincre le premier ministre israélien, Ehoud Olmert,

L

Al-Qaida appelle à accueillir M. Bush avec « des bombes » Adam Yahiye Gadahn, un Américain converti à l'islam et membre d'Al-Qaida, a appelé, dimanche 6 janvier, les militants islamistes à accueillir le président américain « avec des bombes et des voitures piégées » au cours de sa tournée au Proche-Orient et dans le Golfe. « J'adresse cet appel urgent à nos frères moudjahidins en Palestine et dans la péninsule des Arabes en particulier, et dans la région en général, (pour qu'ils soient) prêts à accueillir le croisé, le bourreau Bush, au cours de sa visite (...) en Palestine la musulmane et dans la péninsule occupée, non pas avec des fleurs et des applaudissements, mais avec des bombes et des voitures piégée », a-t-il dit dans un message sonore diffusé sur l’un des sites généralement utilisés par le groupe djihadiste. « Al-Qaida n'offre rien d'autre que la mort et la violence », a répliqué le porte-parole de la Maison Blanche Gordon Johndroe, qui a ajouté que la visite du président Bush était destinée « à offrir une idéologie de l'espoir ». – (AFP.)

et le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, de « poursuivre dans la voie des négociations de paix ». « La tâche est ardue, a-t-il ajouté, mais je suis optimiste. » Dans les autres pays – Egypte, Koweït, Bahreïn, Emirats arabes unis et Arabie saoudite –, où il doit poursuivre sa tournée, le président américain a indiqué qu’il chercherait à convaincre les dirigeants de « soutenir les négociations israélopalestiniennes » et qu’il « discuterait de l’importance de contrer les ambitions agressives de l’Iran ». A deux jours de l’arrivée de M. Bush, les tensions persistantes entre la République islamique et les Etats-Unis ont failli virer à la confrontation, dimanche 6 janvier, lorsque des bateaux iraniens se sont livrés à des manœuvres, qualifiées de « provocatrices » par Washington, à l’encontre de navires de guerre de la marine américaine dans les eaux internationales du détroit d’Ormuz. S’approchant à 500 mètres de la flotte américaine, qui maintient une présence permanente dans cette région stratégique du Golfe, une vedette iranienne a envoyé, selon Washington, un message de menace : « Je vais vous attaquer, je vais vous faire exploser dans quelques minutes. » Il n’y a pas eu de tir, mais la Maison Blanche a mis en garde l’Iran contre tous « agissements provocateurs qui pourraient conduire à un incident dangereux à l’avenir ». « C’est une région très volatile et le risque d’un incident et d’une escalade est réel. Je ne comprends pas ce qu’ils avaient en tête », a déclaré, lundi, le secrétaire américain à la défense, Robert Gates De son côté, Téhéran a minimisé l’incident. « Trois navires de guerre américains sont entrés dans les eaux régionales. Comme à l’habitude, ils ont été (…) identifiés » et leur commandement « questionné », avant de poursuivre « leur route sans encombre », a ainsi affirmé à l’agence de presse iranienne Fars une source au sein des Gardiens de la révolution, le corps d’élite du régime iranien. La montée en puissance de l’Iran, redoutée par les pays du Golfe, devrait figurer au cœur des discussions entre le président des Etats-Unis et ses alliés arabes. Ces derniers ne se privent pas, déjà, d’afficher leur différence avec l’administration américaine en ce qui concerne la

méthode et les meilleurs moyens de défen- les questions de sécurité. Ils ont promis de dre leurs intérêts face à la République isla- prendre le temps de la réflexion, manière mique. Peu désireux de mettre ce pays en sans doute d’évacuer la question, Ces pays demeurent sur leurs gardes. quarantaine, encore moins d’approuver un éventuel recours à la force contre lui, Le spectre d’un Iran doté de l’arme nucléaire est certes un souci prioritaices gouvernements tentent de re, mais les affirmations contrale contenir par les voies diplo« C’est une dictoires de la Maison Blanche, matiques. région très de la CIA et de l’Agence internaLa dernière manifestation de volatile, le risque tionale de l’énergie atomique cette ouverture frileuse envers d’un incident (AIEA) sur ce dossier ne sont l’Iran date de décembre 2007. et d’une escalade pas non plus très rassurantes. Les six pays membres du est réel » L’affaire des armes de desConseil de coopération du Goltruction massive irakiennes est fe (Arabie saoudite, Koweït, d’autant plus vive dans les Bahreïn, Qatar, Emirats arabes Robert Gates, mémoires que, depuis la chute unis et Oman) ont invité, à sa secrétaire américain à la défense du régime de Saddam Hussein, propre demande, le président l’Irak est à feu et à sang, et le iranien, Mahmoud Ahmadinejad, à leur dernier sommet, en décembre, à théâtre le plus récent du conflit d’intérêts Doha. Le dirigeant iranien y avait tenu un entre les deux rives du Golfe. Dans la contilong discours, proposant à ses hôtes une nuité de cette rivalité a surgi une autre coopération régionale plurielle, incluant source d’inquiétude : la présumée résur-

L

M. Bush jouira d’une vue imprenable sur les remparts de la vieille ville, dont l’illumination sera prolongée jusqu’à l’aube. Le célèbre hôtel, qui abritait le commandement de l’armée britannique avant l’indépendance d’Israël, en 1948, a été transformé en Maison Blanche bis. Huit camions ont apporté le matériel nécessaire au bon fonctionnement d’une présidence en déplacement. Un dais à l’américaine a été installé à l’entrée de l’imposant bâtiment. Deux autres hôtels situés à la périphérie immédiate ont également été réservés pour l’entourage, la sécurité et la presse. Inutile de préciser qu’il sera impossible de pénétrer dans cette zone, sur laquelle veilleront des snipers perchés sur les toits ainsi qu’un ballon équipé de caméras.

Depuis plusieurs jours, tout le secteur fait l’objet de vérifications et d’un « toilettage » méticuleux. Bien évidemment, des drapeaux américains ont été déployés sur tout le parcours qui sera emprunté par George Bush. Mais il n’aura guère l’occasion de voir un Hiérosolomytain ni d’être confronté à une manifestation d’opposants à sa visite. Horizon dégagé L’opération a été baptisée « Clear Skies » (Cieux clairs), ce qui signifie que l’horizon sera totalement dégagé pour le plus haut dignitaire de la première puissance mondiale. D’ores et déjà, la municipalité de Jérusalem s’est excusée auprès de ses administrés des inconvénients et des tracas qu’ils devront subir. L’opéra-

Mouna Naïm et Corine Lesnes

REPÈRES

Cauchemar sécuritaire pour les habitants de Jérusalem a première visite du président Bush à Jérusalem s’annonce comme un cauchemar pour ses habitants. Pendant deux jours et demi, le centre de la Ville sainte va être transformé en Fort Knox. Dans un large périmètre autour de l’hôtel King David, la circulation des véhicules et des piétons sera interdite. Toutes les voitures en stationnement seront déplacées. La zone sera pratiquement désertifiée pendant la plus grande partie du séjour. Certains commerces ont décidé de fermer boutique. La police sera omniprésente. Plus de 10 000 policiers veilleront à la tranquillité du président américain et de son entourage, qui ont réquisitionné les 237 chambres de l’hôtel King David. De sa suite 622 à 2 600 dollars la nuit,

gence des ingérences iraniennes dans les affaires intérieures de certains de ces pays, via les minorités chiites qui s’y trouvent. Ce dont Téhéran se défend. Début 2007 déjà, le monarque saoudien, Abdallah Ben Abdel Aziz, avait pris l’initiative de prendre langue avec le pouvoir iranien à propos du Liban. Tirant les leçons des guerres intercommunautaires en Irak, il avait réussi, par le biais de ce dialogue, à éviter que la crise politique au Liban dégénère en une guerre de tranchées lourde de risques pour l’ensemble de la région entre familles religieuses musulmanes, c’est-à-dire entre chiites et sunnites. L’Egypte a elle aussi engagé un dialogue avec Téhéran, pour sonder les possibilités d’apurer un contentieux dont l’origine remonte aux premiers temps de l’instauration de la République islamique. a

tion devrait coûter près de 400 000 dollars. Le gouvernement israélien a prévu des encarts publicitaires dans les journaux pour faire amende honorable auprès du public. A l’origine, il était même prévu de bloquer l’autoroute qui conduit de l’aéroport Ben-Gourion à Jérusalem. Finalement l’option de l’hélicoptère a été choisie pour l’arrivée de M. Bush dans la ville trois fois sainte, mais également pour ses autres déplacements. Il y aura évidemment une visite en territoire palestinien : Ramallah, Jéricho, puis, pour l’Histoire, Bethléem et Capharnaüm où le président Bush pourra contempler… le mont des Béatitudes. a Michel Bôle-Richard (Jérusalem, correspondant)

Proche-Orient. George Bush doit effectuer, du 8 au 15 janvier, un déplacement qui va lui donner l’occasion de visiter Israël, les Territoires palestiniens, le Koweït, Bahreïn, les Emirats arabes unis, l’Arabie saoudite et l’Egypte. Déplacements. Depuis son élection à la présidence des Etats-Unis, en 2000, M. Bush s’est rendu en Egypte (à Charm El-Cheikh) et en Jordanie (à Akaba et à Amman) pour participer à des réunions diplomatiques. Il est aussi allé en Irak sur les bases américaines installées après le renversement de Saddam Hussein. Israël. M. Bush a attendu la dernière année de son second mandat pour effectuer une visite en Israël, allié traditionnel des Etats-Unis, alors que son prédécesseur, Bill Clinton, s’était rendu sur place à trois reprises.

IRAN À L’APPROCHE DES ÉLECTIONS LÉGISLATIVES DE MARS

Le président et le Parlement iraniens s’affrontent sur l’économie UNE ÉPREUVE de force est engagée, en Iran, sur le terrain économique, entre le président Mahmoud Ahmadinejad et le Parlement, quelques semaines avant des élections législatives prévues le 14 mars. M. Ahmadinejad défend une politique budgétaire destinée à « apporter l’argent du pétrole sur la table des Iraniens ». Il a présenté au Parlement, le 7 janvier, un projet de budget 2008-2009 en hausse de 17 %. Ce projet, qui comprend les dépenses du gouvernement et celles des entreprises publiques, s’élève à 2 710 000 milliards de rials (198,5 milliards d’euros) contre 2 310 000 millions de rials (169 milliards d’euros) pour le précédent, déjà en hausse de 20 %. « Le prix du baril est de 70 dollars en moyenne depuis le début de l’année, a déclaré le président. Les

gens se demandent quel effet la hausse du pétrole a dans leur vie quotidienne (…). Il faut redistribuer l’argent du pétrole. » L’Etat iranien continuera à consacrer les dizaines de milliards de dollars (51 milliards de dollars en 2006-2007) que lui rapporte la rente pétrolière à la subvention des produits de consommation courante, notamment le carburant. Deuxième producteur de l’OPEP, l’Iran doit en effet importer 40 % de sa consommation d’essence, faute de capacités de raffinage, ce qui lui coûte plus de 5 milliards de dollars par an. Ces déficits forcent le gouvernement à ponctionner le fonds de stabilisation où sont cantonnés, en principe, les surplus des rentrées pétrolières. Dix milliards de dollars ont été ainsi prélevés en 2005 et 17,4 milliards en 2006.

Ce laxisme a déclenché une hyperinflation qui a atteint, en novembre 2007, le taux de 19,1 %. Les prix des fruits et légumes ont ainsi été multipliés par trois en deux ans. Valse des prix Au Parlement, même les élus conservateurs ont pris conscience du danger d’une valse des prix qui suscite de plus en plus d’hostilité à l’égard du pouvoir. Proche de M. Ahmadinejad, le président du Parlement, Gholam Ali Hadad Adel, a tenu, le 6 janvier, des propos très critiques rapportés par l’agence Fars. Il a affirmé qu’« une grande partie de l’inflation est due aux décisions du gouvernement ». Le même jour, le Parlement a pris la décision de rétablir le conseil monétaire de la Banque centrale iranienne, supprimé par le président Ahmadinejad en rai-

son du refus de cette instance d’approuver, en mai 2007, l’abaissement autoritaire du taux d’intérêt des banques privées à 13 %. Malgré la renaissance de ce conseil, le quotidien proche des réformateurs Etemad-e-Melli s’est demandé si « le président de la Banque centrale pourra s’opposer aux projets “idéologiques” du gouvernement ». Le gouvernement a logiquement annoncé la libération du marché monétaire. En effet, le coût de l’argent, inférieur au taux d’inflation, a contribué à orienter les capitaux vers l’immobilier, où les prix ont doublé depuis l’été 2007. Des politiques budgétaire et monétaire aussi antagonistes augurent mal, selon les économistes iraniens, de la stabilité économique et politique du pays. a Alain Faujas


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Le tribunal pour la Sierra Leone reprend le procès de Charles Taylor L’ancien président libérien comparaît pour crimes contre l’humanité. Son procès, ouvert le 4 juin 2007 à La Haye, avait été suspendu afin qu’il puisse organiser sa défense LA HAYE CORRESPONDANCE

’audition de Ian Smillie, un expert canadien de l’industrie du diamant, par les juges du Tribunal spécial pour la Sierra Leone (TSSL), lundi 7 janvier, a donné la couleur du procès intenté contre l’ancien président du Liberia, Charles Taylor : celle des « diamants de sang ». Accusé de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre commis lors de la guerre civile qui a ravagé la Sierra Leone, le pays voisin du Liberia, de 1991 à 2002, Charles Taylor aurait, alors qu’il était chef de l’Etat, exporté sa guerre vers la Sierra Leone pour « piller ses richesses diamantifères », estime le procureur en chef du TSSL,

L

144 témoins, dont 77 victimes, prévus par le procureur Le procès de Charles Taylor s’est ouvert le 4 juin 2007 devant les juges du Tribunal spécial pour la Sierra Leone (TSSL) qui siègent à La Haye puis a été immédiatement suspendu pour laisser le temps à l’accusé d’organiser sa défense. Le procès a repris lundi 7 janvier. Le procureur prévoit l’audition de 144 témoins parmi lesquels 77 victimes directes des crimes et huit experts. Cinquante-neuf autres témoins évoqueront les liens entre l’ancien président du Liberia et les rebelles du Front révolutionnaire uni en Sierra Leone. Charles Taylor présentera ensuite ses propre témoins. Le jugement est attendu fin 2009. – (Corresp.)

Stephen Rapp. Ses alliés du Front révolu- processus de Kimberley en janvier 2003, tionnaire uni (RUF), armée rebelle dont il lancé par plusieurs Etats et relayé par un aurait rencontré les chefs dans les camps lobby d’organisations non gouvernemend’entraînement de Kadhafi en Libye, dans tales, pour tracer la provenance des diales années 1980, s’emparaient des mines mants et éviter qu’ils ne servent notamen massacrant les civils, imposaient le tra- ment aux divers trafics de guerre ou qu’ils vail forcé, puis échangeaient leur précieux soient blanchis par « la mafia russe », explique l’expert. butin contre armes et munitions. Mais, face à Ian Smillie, l’un des avocats A la barre des témoins, Ian Smillie n’en est pas à sa première rencontre avec l’an- de M. Taylor, le Britannique Terry cien président libérien. La première fois, Munyard, estime que les Etats où sont traic’était dans son bureau présidentiel de tés et vendus les diamants – la Belgique, Monrovia, le 6 octobre 2000. Les Nations les Etats-Unis, Israël, la Russie et l’Inde unies avaient, tardivement, décidé d’en- notamment – n’ont pas attendu le rapport voyer un panel d’experts pour enquêter des Nations unies pour savoir. « Ils sur les liens entre les trafics d’armes et de savaient. Tout le monde savait », lance-t-il, espérant dédouaner l’accusé. diamants. La mission s’était solAvec cette enquête, « nous ne dée par le vote d’une résolution L’audition de cherchions pas à revenir en arrièinterdisant l’importation de dial’expert canadien re et pointer du doigt les auteurs mants depuis le Liberia. de l’industrie de ce commerce illégal, nous sou« J’avais demandé à Charles du diamant, haitions juste stopper cette Taylor de m’expliquer comment Ian Smillie, place guerre », rétorque Ian Smillie. il pouvait exporter tant de diale procès sous Tout au long de sa déposimants depuis le Liberia vers la le signe tion, l’expert a égrainé les noms Belgique, raconte l’expert. Il m’a des « diamants de personnes croisées lors de répondu : “Il est hautement prode sang » ses enquêtes sur les liens entre bable que le RUF fasse des affailes diamants et la guerre : Vicres avec les diamants et que certains soient passés par le Liberia, mais pas tor Bout, le marchand d’armes tadjik, officiellement. Les frontières sont poreu- soupçonné d’être derrière des livraisons ses”. » Un demi-aveu. Avec le début de la d’armes au Liberia découvertes en décemguerre en 1991, Freetown ne peut plus bre 1998 ; Sanjivan Ruprah, trafiquant exporter ses diamants et passe donc par d’armes kényan d’origine indienne « qui circulait sous un faux nom muni d’un passeMonrovia, au Liberia voisin. Mais, au cours de son enquête, chiffres port libérien » ; et Mohammed Jamil Derà l’appui, l’expert s’interroge. A Anvers, en bah, suspecté par les Nations unies d’entreBelgique, place forte du commerce dia- tenir des liens avec Al-Qaida et le Hezbolmantifère, il arrive plus de diamants que le lah, et qui était devenu « le pourvoyeur d’arseul Liberia, qui ne dispose d’ailleurs pas mes de Charles Taylor et revendait des diade gisements de grande qualité, ne peut en mants ». Que reste-t-il aujourd’hui des fonds produire. A l’époque, la provenance des diamants, malgré les lois en vigueur en empochés par Charles Taylor ? La quesBelgique, n’est pas clairement identifiée. tion n’est pas posée au témoin, et la réponVendeurs et acheteurs entretiennent le se ne se trouve ni dans le costume de bonne facture ni dans la cravate de soie que flou. Il faudra attendre la mise en place du porte l’accusé pour ce premier jour

L’ex-président libérien Charles Taylor, jugé pour crimes contre l’humanité, écoute les premiers témoignages à la reprise de son procès, lundi 7 janvier. MICHAEL KOOREN/REUTERS d’audience. Après la mise en accusation de M. Taylor, en mars 2003, le procureur avait demandé aux Etats d’identifier et de geler les avoirs de l’ancien président. Sans grand succès. Mais, pour l’heure, le procureur Stephen Rapp n’en fait pas son cheval de bataille. Il donne la priorité au procès. Le 4 juin 2007, arguant notamment d’un

manque de moyens financiers pour préparer sa défense, Charles Taylor avait d’ailleurs boycotté l’ouverture de son procès. Depuis, une équipe d’avocats aguerris a été formée, à laquelle le tribunal alloue une enveloppe de près de 100 000 dollars par mois (près de 70 000 euros). a Stéphanie Maupas

GÉORGIE RÉÉLECTION DU PRÉSIDENT SAAKACHVILI

Les sacrifiés de la transition économique nourrissent les rangs de l’opposition géorgienne TBILISSI ENVOYÉ SPÉCIAL

Il existe un point commun entre tous ces gens qui affluaient, dimanche 6 janvier, vers la place Rike, dans le centre de Tbilissi, pour dénoncer l’issue du scrutin présidentiel de la veille. Sur les trottoirs difficilement praticables en raison du gel, ils traversent la rivière, emmitouflés, et arrivent par grappes de plus en plus consistantes. Il y a là des gueules cassées et des mains calleuses, des petits vieux et quelques jeunes, des femmes venues avec leurs enfants. Tous ont voté Saakachvili en 2004. C’était le temps de l’euphorie, après la « révolution des roses » de novembre 2003. Puis tous ont voté contre le président sortant, le 5 janvier, la rage au ventre. Depuis l’automne, l’opposition est parvenue à réunir des foules considérables dans la capitale contre le régime de Mikheïl Saakachvili. Ils étaient plus de 40 000 le 2 novembre, encore 10 000 à une semaine du premier tour ; ce sont des chiffres considérables à l’échelle d’une population de 4,3 millions d’habitants, pour laquelle Roustaveli, l’avenue principale de la capitale, est devenue le centre d’une sorte de contre-pouvoir. La grande majorité de ces manifestants est composée de ceux qui estiment être les victimes ou les oubliés des réformes libérales

conduites à grande vitesse depuis 2004. Outre la transition vers une économie de marché, ces réformes visaient à renouveler radicalement le personnel dans l’éducation nationale, la police, les hauts postes administratifs, pour que le changement de génération et de mentalité s’accomplisse sans tarder. « La corruption règne » Nata Antize, 60 ans, se classe parmi les sacrifiés. Elle est sans emploi depuis quatre ans, période à laquelle elle travaillait comme comptable dans une usine de fabrication de cigarettes. « Je fais partie des gens qui ont été précipités au fond des toilettes ces dernières années, dit-elle. Mon fils, qui travaille en Irlande, m’aide financièrement. » Elle loue son appartement et vit chez sa sœur. Les réformes ? Quelles réformes ? « On n’a eu que l’électricité et des routes neuves, dit-elle. Sinon, le chômage est énorme et la corruption règne partout. » A l’écouter, l’opposition, au moins, « a le cœur pur », tandis que M. Saakachvili « ne pense qu’à son intérêt et à celui de sa clique. » A ses côtés, Ilia Nakhoutsrichvili, 45 ans, réclame la parole et s’étouffe presque de colère. « Je travaillais avant comme technicien sur une chaîne de télévision, mais elle a fermé il y a quatre ans. Je suis obligé à mon âge de faire des démé-

nagements pour nourrir mes trois enfants, vous vous rendez compte ? », interroge-t-il. « Si le pouvoir vole le résultat des élections, si on ne nous entend pas, je serai d’humeur très agressive ! », menace-t-il. Jana Beriachvili, elle, cache son ressentiment derrière un sourire coquet, honorée d’être écoutée. Agée de 59 ans, elle ne fait rien depuis 2005. « J’étais enseignante, payée 25 dollars par mois, mais à mon âge, je ne les intéresse pas, soupire-t-elle. Toute ma génération a subi ce sort. Ils considèrent que nous sommes bons à rien car on ne comprend pas leurs réformes. » Le pouvoir personnel de Mikheïl Saakachvili la rebute. Elle se dit séduite par l’idée d’un régime parlementaire, proposé par l’opposition. Mais en réalité, ce que dit l’opposition est presque secondaire pour ces personnes qui semblent mues par un désir de revanche et aux yeux desquelles le présent est plus hideux et le passé trop vertueux, par rapport à la réalité. Inga Boutikachvili a tout juste 40 ans et travaille comme entraîneuse de patinage sur glace. Dans son esprit, pas de nuance. « Les choses n’ont fait qu’empirer, socialement, depuis que Saakachvili est arrivé au pouvoir », dit-elle. « Je me dis même que la vie était meilleure durant la présidence d’Edouard Chevardnadze. » a Piotr Smolar

COLOMBIE

KENYA

SRI LANKA

Bogota n’acceptera plus de mission internationale pour libérer les otages des FARC

Les violences ont fait près de 500 morts

Un ministre tué dans un attentat

Le gouvernement kenyan a fait état de « 486 morts et de 255 686 personnes déplacées » au cours des violences postélectorales. Le président en exercice de l’Union africaine, le Ghanéen John Kufuor, était attendu, mardi 8 janvier en fin de journée, à Nairobi, pour tenter de résoudre la crise née de l’élection présidentielle. – (AFP.)

COLOMBO.

BOGOTA. La

Colombie n’acceptera plus « la présence de missions internationales humanitaires » pour libérer les otages de la guérilla, a averti, lundi 7 janvier, le ministre des affaires étrangères, Fernando Araujo, qui dit toujours envisager « la possibilité que les FARC respectent leur engagement ». – (AFP.)

NAIROBI.

Le ministre sri-lankais de la construction a été tué, mardi 8 janvier, dans un attentat à la bombe contre son véhicule. D. M. Dassanayake a été victime, selon la police, d’une mine à fragmentation qui a explosé au passage de son convoi à 25 km au nord de la capitale. Cette arme est souvent utilisée par les rebelles des Tigres tamouls. – (AFP.)


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Hillary Clinton veut rester offensive malgré la percée de Barack Obama

SALEM (New Hampshire) ENVOYÉ SPÉCIAL

undi matin 7 janvier, un court moment, elle a craqué. A Portsmouth, dans le New Hampshire, la sénatrice de New York, Hillary Clinton, candidate à l’investiture démocrate pour l’élection présidentielle américaine de novembre, s’est vu demander par un sympathisant si cette campagne des primaires n’était pas trop cruelle pour elle. Les larmes ont perlé. « Ce n’est pas facile. Pas facile… », a-t-elle répondu, la gorge nouée. Une fois les primaires engagées – le 3 janvier dans l’Iowa – la campagne est en effet montée de plusieurs crans en termes de « cruauté ». Et Mme Clinton en est, de tous les candidats, républicains comme démocrates, la principale victime. Lors du débat télévisé, samedi 5 janvier, le modérateur lui avait déjà demandé ce que cela lui faisait d’apparaître moins « aimée » que son adversaire, le sénateur de l’Illinois Barack Obama. « Cela blesse mes sentiments », avait-elle répondu, maîtrisant difficilement son émotion. Le lendemain, le Boston Herald, un quotidien populaire très lu dans le New Hampshire, avait montré sa photo avec ce titre : « Elle fait tellement datée » (« She’s so yesterday ») – entendre : comparée à son jeune adversaire.

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Lundi soir, Mme Clinton est apparue ragaillardie, lors de son ultime meeting avant le scrutin dans le New Hampshire, mardi 8 janvier. Elle s’exprimait à Salem, petite bourgade du sud de l’Etat, au cœur de la Nouvelle-Angleterre. « Blancs moyens » Le New Hampshire a basculé dans le camp démocrate lors des scrutins législatifs de 2006. Mais Salem est « plutôt républicaine », explique Jonathan Sistare, son « manager municipal », appointé par le conseil élu pour gérer les affaires de cette ville de 30 000 habitants abritant quelques PME spécialisées dans les nouvelles technologies. Un condensé de l’Amérique « blanche et laïque », note M. Sistare : quasiment pas d’immigrés ; un quartier résidentiel de cadres supérieurs, beaucoup de membres des classes moyennes, y compris peu fortunés ; une ville où « la religion ne joue pas un rôle politique majeur ». Durant son meeting, Mme Clinton a souvent fustigé M. Obama, évoquant « le gouffre entre la rhétorique et la réalité ». « On ne peut pas avoir voté la loi sur l’énergie de Dick Cheney en 2005 et se présenter

CANADA

ÉTATS-UNIS

V E R M O N T Lancaster

MAINE

NEW HAMPSHIRE Connecticut

L’Etat du New Hampshire choisit, le 8 janvier, ses candidats pour l’élection présidentielle. Les sondages donnent le républicain John McCain et le démocrate Barack Obama vainqueurs

Océan Atlantique

Laconia

Concord

Manchester Londonderry Nashua

Derry

Portsmouth

Salem

MASSACHUSETTS

50 km

comme l’homme du changement », a-t-elle lancé. Elle a affirmé vouloir libérer l’économie américaine de la férule des industries pétrolière et pharmaceutique. Mais, au-delà de ses propos, la réunion était surtout indicative, à travers les questions de l’assistance, des préoccupations de ces « Blancs moyens » : la fiscalité, d’abord, perçue comme « injuste » ; le coût exorbitant de la couverture santé et des études des enfants, « obligés de s’endetter à l’âge de 20 ans » pour aller à l’université ; enfin, la crainte d’une récession et de ses conséquences sur l’emploi. Mme Clinton, toute la soirée, a surfé sur l’anxiété qui étreint ces familles, dénonçant la politique de l’administration Bush, qui consiste à « acheter son pétrole en Arabie et à aller fabriquer en Chine ». Avec elle, l’Etat fédéral saura aider ceux que « les huit années Bush ont affaiblis », a-t-elle affirmé. Applaudissements nourris. Mais elle a aussi enfourché le cheval de bataille de M. Obama : restaurer la confiance des Américains en eux-mêmes et celle du monde en l’Amérique. En d’autres termes, elle a continué à courir derrière la logique de campagne mise en place par l’équipe de M. Obama. M. Sistare, qui a passé un an en Irak en 2006-2007 comme lieutenant de réserve, n’en a cure : à l’évidence, son candidat préféré est le républicain John McCain. « On a l’impression, dit-il, que [Mitt] Romney, [Rudolph] Giuliani, [Hillary] Clinton sont des démagogues : ils disent à leurs publics ce qu’ils souhaitent entendre. McCain, lui, dit ce qu’il pense. C’est un républicain, mais surtout un homme indépendant, et le New Hampshire a une tradition d’indépendance. » Les derniers sondages donnaient M. McCain et M. Obama vainqueurs. Ils indiquaient aussi que 45 % des votants « indépendants » n’avaient toujours pas fait leur choix. a Sylvain Cypel

ÉTATS-UNIS PEINE DE MORT

La Cour suprême américaine divisée sur l’exécution par injection létale WASHINGTON CORRESPONDANTE

La Cour suprême des Etats-Unis commence l’année 2008 avec un programme chargé. Outre un nouvel examen de la constitutionnalité des détentions extrajudiciaires sur la base américaine de Guantanamo (Cuba), elle s’est saisie de plusieurs contentieux qu’elle avait évités ces dernières années : le contrôle des armes à feu, l’avortement et la peine de mort. En année électorale, ses décisions, qui ne devraient pas intervenir avant la fin du printemps, sont très attendues. Les neuf juges ont examiné, lundi 7 janvier, le recours de deux condamnés à mort, Ralph Baze et Thomas Bowling, contre les autorités du Kentucky. Les détenus estiment que la méthode d’exécution, l’injection létale, contrevient au 8e amendement de la Constitution, qui réprouve les châtiments « cruels et inhabituels ». Selon le protocole en vigueur dans le Kentucky et 35 autres Etats, le détenu est exécuté par une triple injection : d’abord de 3 grammes de sodium de thiopental, un barbiturique à action rapide qui provoque une perte de connaissance ; ensuite de 50 mg de bromure de pancuronium qui entraîne une paralysie musculaire ; et enfin de 240 mg de chlorure de potassium qui conduit à un arrêt cardiaque. Le « cocktail » n’a pas changé depuis son introduction, il y a trente ans, dans l’Oklahoma. Pendant l’audience, plusieurs juges ont manifesté un certain désarroi d’avoir à juger du seuil de douleur constitutionnellement tolérable dans une exécution. Le magistrat ultraconservateur Antonin Scalia a, lui, paru agacé de voir la question de la peine capitale revenir une nouvelle fois devant la Cour. Selon lui, rien n’interdit dans le 8e amendement qu’une certaine douleur accompagne une exécu-

tion : « Il s’agit d’une exécution. Pas d’une opération chirurgicale. » Les magistrats se sont aussi interrogés sur la combinaison des trois substances, une procédure abandonnée pour les animaux, sur la recommandation de l’Association des vétérinaires américains. « Dans le Kentucky, il est illégal d’euthanasier les animaux de la manière dont se pratiquent les exécutions », a fait remarquer l’avocat des plaignants, Donald Verrilli. Il est aussi apparu qu’une injection lente de la première substance serait potentiellement moins douloureuse mais allongerait la durée de l’exécution de manière inconfortable pour les témoins. Le doyen de la Cour, le juge John Paul Stevens, a également regretté que l’utilisation de la deuxième drogue – paralysante – soit essentiellement destinée à préserver la « dignité » de la cérémonie (c’est-à-dire à empêcher les spasmes du mourant, désagréables à regarder). La Cour est apparue divisée, les deux juges de gauche proposant de renvoyer la question aux juridictions inférieures pour une évaluation sur d’éventuelles procédures alternatives. Les associations humanitaires considèrent comme un progrès le fait que la Cour se soit saisie de la question, ce qui a conduit à un moratoire de fait dans les exécutions. Mais l’audience a montré que les « sages » ne sont pas prêts à remettre fondamentalement en cause la méthode, encore moins la constitutionnalité de la peine elle-même. Dans sa précédente décision sur une méthode d’exécution, en 1945, la Cour avait statué que la « cruauté » dont il est question dans le 8e amendement concerne la méthode d’exécution elle-même, non pas la souffrance qui pourrait être encourue du fait de ce châtiment. Il s’agissait alors de la chaise électrique, qui n’est pratiquement plus employée aujourd’hui. a Corine Lesnes


Environnement & Sciences

8

La Terre est entrée dans une nouvelle ère géologique : l’« anthropocène » nières cinquante années, son environne- première (« business as usual ») consiste ment comme jamais auparavant en per- à ne rien changer à nos habitudes, en turbant la machinerie climatique et en espérant que l’adaptabilité humaine et détériorant l’équilibre de la biosphère, l’économie de marché permettront de fail’espèce humaine, devenue une « force re face aux chamboulements environnegéophysique planétaire », doit mainte- mentaux. Cette orientation comporte nant agir très vite pour limiter les dégâts. « des risques considérables », selon les Mais sera-t-elle capable de relever ce auteurs de l’article, car il sera peut-être défi ? C’est la question que se posent les trop tard lorsqu’on se décidera à prendre les mesures adéquates. a Terre est entrée dans une nouvelle trois chercheurs. La seconde option (« mitigation ») Selon eux, nous nous trouvons actuelère géologique : l’anthropocène. Ce néologisme a été proposé par le lement dans la phase II (1945-2015) de vise à atténuer considérablement l’inNéerlandais Paul Crutzen, Prix Nobel de l’anthropocène, qu’ils dénomment fluence humaine sur la Terre par une chimie (1995), pour décrire l’impact « grande accélération », car la mainmise meilleure gestion de l’environnement. croissant de l’humanité sur la biosphère. de l’homme sur la nature s’est considéra- Cela implique l’utilisation de nouvelles technologies, une gestion plus Cet âge a, selon lui, débuté autour de blement accélérée pendant cetsage des ressources terrestres, 1800, avec l’avènement de la société te période. « La grande accélé« 60 % des un contrôle des populations industrielle, caractérisé par l’utilisation ration a atteint un stade critiservices fournis humaines et une remise en massive des hydrocarbures. Depuis, la que, écrivent-ils, car 60 % des par les état des zones dégradées. Ce concentration atmosphérique en dioxy- services fournis par les écosystèécosystèmes qui ne peut se faire sans « des de de carbone produit par leur combus- mes terrestres sont déjà dégraterrestres sont tion n’a cessé d’augmenter. L’accumula- dés. » déjà dégradés » changements importants dans les comportements individuels et Un point positif, cepention de ce gaz à effet de serre contribue les valeurs sociales ». Mais ces dant : pendant les années au réchauffement de la planète. Dans le numéro de décembre de la 1980 à 2000, les hommes ont pris pro- tendances vers moins de matérialisme revue Ambio, Paul Crutzen détaille les gressivement conscience des dangers « seront-elles assez fortes pour déclencher bouleversements qui marquent l’entrée que leur activité débordante faisait cou- la transition de notre société vers un dévedans l’anthropocène. Avec Will Steffen, rir au « système Terre ». Les différentes loppement durable ? », s’interrogent les spécialiste de l’environnement à l’univer- réunions internationales de 2007 sur le scientifiques. Si cela n’est pas possible, et si le sité nationale australienne de Canberra, climat et les nombreux travaux scientifiet John McNeill, professeur d’histoire à ques sur le sujet et sur la perte de biodi- réchauffement climatique est trop brutal, reste alors la troisième option consisla School of Foreign Service à Washing- versité en témoignent. Face à cet état des lieux inquiétant, tant à mettre en œuvre la géo-ingénierie ton, il cosigne un article intitulé « L’anthropocène : les humains sont-ils en trois possibilités s’offrent à l’humanité climatique. Ce choix implique de très train de submerger les grandes forces de pour faire face à la phase III de l’anthro- puissantes manipulations de l’environnela nature ? » Après avoir modifié, ces der- pocène (à partir de 2015 et au-delà). La ment à l’échelle mondiale, destinées à contrebalancer l’impact des activités De l’humanité considérée comme une « force géophysique » humaines. Déjà, on pense à séquestrer le gaz carbonique dans des réservoirs souterrains. Pour désigner les 10 000 dernières ment la Nature. Dès 1873, rappelle-t-il, le On peut aussi envisager de répandre des années, le Congrès international de géogéologue italien Antonio Stoppani voyait particules de sulfates dans la stratosphèlogie a adopté, en 1885, le terme « holodans les activités humaines « une nouvelcène » : étymologiquement, une ère le force tellurique » et parlait d’ère re pour réfléchir la lumière solaire vers « entièrement nouvelle ». Cette période « anthropozoïque ». l’espace. Ce qui diminuera les taux de CO2 de l’atmosphère et refroidira les temcorrespond au passage d’une société de Pour Paul Crutzen, l’entrée dans l’anthrochasseurs-cueilleurs à l’avènement de pocène date de 1800. La concentration pératures. Mais il faudra agir de telle sorte que cela ne se traduise pas par un noul’agriculture. de CO2 dans l’atmosphère était alors de vel âge glaciaire, qu’on ne pourrait En 2000, le Nobel de chimie Paul Crut283 parties par million (ppm). L’accumucontrecarrer qu’en ajoutant de nouveau zen a estimé que le terme « anthropocèlation de ce gaz à effet de serre a été marne » était plus adéquat pour décrire les du gaz carbonique dans l’atmosphère… quée par une accélération subite depuis Conclusion : « Le remède pourrait être deux derniers siècles écoulés, où l’hom1950, date d’entrée dans la « phase II » pire que le mal. » a me est devenue un « force géophyside l’anthropocène. Le CO2 était alors à

Le Nobel Paul Crutzen estime que notre planète se trouve, depuis la révolution industrielle, dans un âge façonné par l’humanité. Celle-ci a, selon lui, le choix entre trois options

L

que » capable de transformer profondé-

publications judiciaires 56, bd Mission Marchand 92411 Courbevoie cedex Tél. 01 49 04 01 85 - Fax. 01 43 33 51 36 www.osp.fr - publicationsjudiciaires@osp.fr

EXTRAIT DES MINUTES DU GREFFE DE LA COUR D’APPEL DE RENNES Par décision définitive rendue par la Cour de Cassation le 24/10/2007 d’une décision de la Chambre des Appels Correctionnels de la Cour d’Appel de Rennes le 8/03/2007, sur appel d’un jugement du Tribunal Correctionnel de Vannes en date du 15/12/2005, LEVY Laurent né le vendredi 7 octobre 1966 à Neuilly sur Seine (92), demeurant 33 Réhov Ismach Melech 94121 Jérusalem Israel, a été condamné en application pour l’infraction prévue par les art. L.121-1, L.121-5, L.121-6 al.1 du code de la consommation et réprimée par les art. L.121-6, L.121-4, L.213-1 du c. de la consommation pour PUBLICITE MENSONGERE OU D E N AT U R E A I N D U I R E E N ERREUR. Sur l’action publique : a confirmé le jugement entrepris sur la déclaration de culpabilité et sur la peine ; l’a condamné à une peine d’emprisonnement de 3 mois avec sursis ; l’a condamné à une amende délictuelle de 20.000 euros. Sur l’action civile : a confirmé le jugement entrepris sur l’irrecevabilité des actions civiles de Maria VALERA et de la Sté AFFLELOU FRANCHISEUR ; a déclaré irrecevable en cause d’appel les demandes de la Sté AFFLELOU FRANCHISEUR ; a conf ir mé le jugement en ce qu’il a déclaré recevables les actions civiles des autres parties civiles, à l’exception de la Sté OPTIQUE VANNES et du syndicat SYNOPE pour la période comprise entre le mois d’avril 2003 et le 12/02/2004 ; le réformant pour le surplus et, statuant à nouveau : a déclaré irrecevable l’action civile de la Sté OPTIQUE VANNES et l’action du syndicat SYNOPE pour la période de prévention antérieure au 13/02/2004 ; a débouté les parties civiles de toutes leurs demandes. La cour a en outre ordonné : la publication de cet arrêt, par extrait, dans les journaux OUESTFRANCE édition régionale, LE TELEGRAMME, édition régionale, LE MONDE et LE FIGARO, par extraits, conformément aux dispositions des art. 131-35 du code pénal et L.121-4 du code de la consommation. Vu au Parquet Général le 21/12/2007. L. BELAN, Substitut Général, Le Procureur Général. P/ le Greffier en Chef.

311 ppm. Il a atteint 379 ppm en 2005.

Christiane Galus

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ENVIRONNEMENT PRÉPARATION DE LA LOI-CADRE

Mme Lepage défend la transparence de l’information sur l’écologie Grenelle de l’environnement LES ÉTUDES toxicologiques sur les organismes génétiquement modifiés (OGM) seront-elles ouvertes aux experts indépendants ? Le dossier de sécurité du réacteur nucléaire EPR sera-t-il transparent ? Les dangers des relais téléphoniques et des bornes Wi-Fi seront-ils discutés sans contraintes ? Si les propositions du groupe dirigé par Corinne Lepage sont adoptées, la réponse à ces questions pourrait être positive. Dans le cadre du « Grenelle », l’ancienne ministre de l’environnement s’est vu confier, en novembre 2007, par JeanLouis Borloo, le ministre de l’écologie, une mission de réflexion sur la gouvernance de ce domaine. Lundi 7 janvier, Mme Lepage a diffusé son rapport d’étape, pour nourrir discussions et auditions qui conduiront au rapport final fin février. Celui-ci devrait alimenter le projet de loi-cadre sur l’environnement qui, selon la lettre de mission de M. Borloo, « sera soumis au Parlement au cours du premier trimestre 2008 ». Les propositions du rapport modifieraient profondément le régime de l’information et de la responsabilité environnementales, si elles étaient mises en œuvre. Mme Lepage s’est appuyée sur l’engagement de Nicolas Sarkozy dans son discours du 25 octobre 2007 : « Nous allons donc créer un droit à la transparence totale des informations environnementales et de l’expertise, avait affirmé le président de la République. Toutes les données, sans exception, seront désormais communicables, y compris sur le nucléaire et les OGM. Les seules limites seront le secret de la vie privée – beaucoup à faire dans ce domaine –, la sécurité nationale et les secrets industriels. » La mission propose donc « une mise à disposition active des informations », telle que l’on passe « d’un droit à la communication pour les particuliers à une obligation d’information des autorités publiques ».

Cela pourrait se faire en modifiant quelques dispositions du code de l’environnement, en redonnant à l’Institut français de l’environnement (IFEN) une autonomie d’action pour la collecte et la mise à disposition des données et en renforçant la commission d’accès aux documents administratifs (CADA). Il faudrait aussi, en s’inspirant des réglementations britannique et américaine, limiter le champ du secret industriel. Celui-ci « ne pourrait être invoqué pour dissimuler des conséquences négatives, pour la santé ou l’environnement, connues de l’entreprise ». L’exemple des OGM, où des études toxicologiques ont été retenues au nom du « secret industriel », inspire particulièrement cette proposition. « Lanceurs d’alerte » La mission propose aussi de créer un statut des « lanceurs d’alerte », afin de protéger ces scientifiques ou employés d’entreprise qui avertissent le public des dangers éventuels d’une activité particulière. En ce qui concerne l’information du consommateur, le rapport suggère d’élargir la mention de la consommation d’énergie à un grand nombre de produits et d’encadrer plus strictement la publicité. Mme Lepage veut aussi renforcer l’indépendance des journalistes à l’égard des contraintes économiques en proposant « que l’organisation capitalistique des médias, qu’ils soient audiovisuels, écrits ou informatiques, puisse être régulièrement rappelée au public ». En effet, « des considérations économiques peuvent entrer en ligne de compte dans le choix des sujets de société, dans la manière dont ils sont présentés, sans que le public non averti le sache ». Le droit de la responsabilité environnementale est aussi exploré. Mme Lepage juge nécessaire de « formuler un principe général de responsabilité des sociétés mères du fait de leurs filiales ». Il s’agit de faire en sorte que des entreprises puissent être poursuivies pour les atteintes à l’environnement commises par leurs filiales dans des pays du Sud, où le droit des citoyens est moins bien défendu qu’en Europe. a

BIODIVERSITÉ LA SARDAIGNE TENTE DE RECONSTITUER DES FORÊTS

HISTOIRE DES SCIENCES

Le bouchon synthétique menace les plantations de chênes-lièges TEMPIO PAUSANIA (Sardaigne) ENVOYÉ SPÉCIAL

De plus en plus employé pour les vins de qualité courante, le bouchon synthétique va-t-il provoquer la disparition des forêts de chênes-lièges, les suberaies, paysage typique de l’ouest du bassin méditerranéen ? Selon le Fonds mondial de la nature (WWF), la concurrence dont est victime le bouchon de liège est l’une des principales raisons – avec le défrichement, l’urbanisation et les mauvaises pratiques de gestion – pour lesquelles les forêts de chênes-lièges sont menacées à l’horizon d’une dizaine d’années. Il ne reste déjà plus que le quart des 3 millions d’hectares plantés au Maghreb. En France, les plantations de chênes-lièges sont passées de 100 000 hectares à 45 000 hectares en vingt ans. Une tendance semblable s’observe en Espagne et au Portugal, premier producteur mondial de liège. En Sardaigne, où l’on trouve 80 % des 160 000 hectares de chêneslièges d’Italie, la moitié de la superficie est encore exploitée par des petits propriétaires et par les industriels du bouchon. « Le reste est très dégradé », observe Carlo Murgia, président de l’Office régional des forêts, tandis qu’un groupe d’ouvriers s’affairent autour de jeunes arbres, plantés il y a une trentaine d’années dans cette forêt domaniale, près de Tempio Pausania, dans le nord de l’île. La hache est leur scalpel. Elle ne dévie pas de 1 centimètre lorsqu’ils la plongent d’un coup sec entre le tronc et l’écorce pour en détacher de larges lambeaux. Le liège prélevé à l’occasion de cette première récolte est tout juste bon à être vendu comme isolant. « C’est à partir de la

Hervé Kempf

La revue « Nature » met en ligne toute sa collection L’hebdomadaire scientifique Nature a annoncé, lundi 7 janvier, la mise en ligne de l’ensemble de sa collection, depuis 1869. La revue donne ainsi accès à ses abonnés aux premières années de ses archives, au cours desquelles elle a publié la première observation des rayons X (Wilhelm Röntgen, 1896) ou encore la première preuve fossile de l’origine africaine de l’homme (Raymond Dart, 1925). Une sélection de ces articles est en accès libre sur le site Internet nature. com/nature/history/century. html. AGROCARBURANTS

Une graminée pour produire de l’éthanol à moindre coût

Chêne-liège écorcé près de la réserve de Garcia Sola, dans la province de Badajoz (Espagne). JOSÉ MANUEL NAVIA/AGENCE VU

deuxième récolte, d’ici dix à douze ans, qu’ils donneront un liège de qualité suffisante pour faire des bouchons », explique M. Murgia. La suberaie est un écosystème qui doit son équilibre et sa richesse à l’activité humaine. La diversité de la flore y est telle qu’on peut trouver jusqu’à 135 espèces au kilomètre carré. Bouclier antiincendie grâce à l’épaisseur des écorces, la forêt de chênes-lièges est souvent l’ultime refuge d’une faune menacée (lynx et aigles ibériques, cerfs sardes et berbères, etc.). A la fois sanctuaire écologique et source de revenus pour l’homme, « la suberaie est un modèle de développement durable », affirme Nora Berrahmouni, expert au WWF.

La Sardaigne est un laboratoire pour le gouvernement italien, qui tente de reconstituer les forêts existantes tout en encourageant de nouvelles plantations. Le plan national mis en œuvre conjointement par les ministères de l’environnement et de l’agriculture, grâce à des fonds européens, vise à développer la production locale de liège et à améliorer sa qualité face au bouchon de silicone. « Zéro défaut » « Cela passe par une certification de qualité de toute la filière », souligne Battista Giannottu, agronome et consultant du gouvernement. La certification forestière FSC (Forest Stewardship Council), qui distingue les forêts bien gérées

aux plans environnemental, social et économique, concerne déjà 14 000 hectares de forêts sardes, dont les 70 hectares de la suberaie expérimentale implantée depuis 1956 à Tempio Pausania. Selon son directeur, Agostino Pintus, « il y a déjà des demandes de bouchons certifiés, y compris de la part d’embouteilleurs américains ». Grâce au « zéro défaut » visé pour l’ensemble de la filière, le bouchon de liège pourrait reconquérir une bonne partie des 30 % de parts de marché abandonnés à son concurrent synthétique. La sauvegarde des suberaies, un paysage unique au monde, présent dans seulement sept pays méditerranéens, est à cette condition. a Jean-Jacques Bozonnet

Panicum Virgatum, une graminée parfois utilisée comme plante d’ornement, pourrait offrir des rendements intéressants en matière de production d’éthanol, selon une étude américaine parue lundi 7 janvier dans la revue PNAS. Des chercheurs associés au département de l’agriculture du Nebraska on calculé qu’elle permettait d’obtenir 5,4 fois plus d’énergie qu’il n’en est consommé pour sa culture et la transformation de sa cellulose en agrocarburant. Ce qui pourrait en faire une alternative au maïs et à d’autres céréales. MÉDECINE

Une carence en vitamine D augmenterait le risque cardio-vasculaire Selon une étude publiée, lundi 7 janvier, dans la revue américaine Heart, une carence en vitamine D apparaît étroitement associée à une augmentation du risque cardio-vasculaire. Le péril en lien avec cette carence serait notablement accru chez les sujets souffrant d’hypertension artérielle.


Europe

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La justice espagnole accorde à la Scientologie le statut de religion L’organisation, considérée différemment selon les pays, peut se prévaloir de plusieurs décisions favorables récentes en Europe. Son statut semble en voie de normalisation ’Eglise de scientologie s’installe peu à peu dans le paysage cultuel européen. Après la Suède, le Portugal, la Slovénie, la Croatie ou la Hongrie, la justice espagnole vient à son tour d’inscrire la scientologie au registre légal des religions. Cette inscription, intervenue le 19 décembre, fait suite à une décision de l’Audience nationale, la plus haute juridiction espagnole. Dans sa décision, datant du mois d’octobre, l’Audience nationale estimait que le refus du gouvernement d’inscrire l’Eglise de scientologie au registre des religions ne respectait pas les règles de « neu-

L

RÉFÉRENCES Fondation. Ron Hubbard, auteur de science-fiction, a fondé l’Eglise de scientologie aux Etats-Unis dans les années 1950. La première église est enregistrée en 1954 à Los Angeles. Ron Hubbard développe le concept de dianétique, présenté comme une méthode d’éveil personnel. La scientologie se considère comme une religion non révélée, selon laquelle chaque homme travaille à son propre salut spirituel. Les scientologues affirment « opérer comme n’importe quel culte » et proposent des cérémonies de baptême, de mariage, l’ordination de ministres… Effectifs. Selon l’Eglise de scientologie, il existe 7 500 centres dans 163 pays ; les adeptes seraient au nombre de 7 millions à 10 millions.

tralité et d’impartialité des Etats face aux mouvement ne devrait pas disposer, avec croyances religieuses ». Selon le tribunal, son nouveau statut, d’avantages fiscaux « aucun des documents présentés » par le particuliers. En octobre 2007 aussi, l’Eglise de mouvement ou par l’administration espagnole n’« a montré qu’il ne s’agit pas d’une scientologie avait pu se prévaloir d’une entité religieuse ou avec des fins religieu- décision favorable. La municipalité de Moscou avait refusé d’enregistrer l’Eglise ses ». Considérée selon les pays comme un de scientologie comme association relimouvement sectaire (en Belgique), une gieuse. Mais cette décision avait été annuentreprise purement commerciale (en lée en avril et confirmée par la Cour euroSuisse), ou une association loi 1901 (en péenne des droits de l’homme, qui a rejeFrance), la scientologie est donc désor- té une requête du gouvernement russe. mais en Espagne une religion comme les Régulièrement, à travers l’Europe, des autres. Ce changement a été perçu com- décisions administratives et juridiques me une victoire par les quelque reconnaissent la nature religieuse de la 10 000 scientologues d’Espagne. « C’est scientologie. Même dans les pays les plus réticents la fin d’une ère durant laquelle nous avons dû lutter pour la reconnaissance de nos face aux activités et aux méthodes des droits », a affirmé le président de l’Eglise scientologues, au premier rang desquels de scientologie en Espagne, Ivan Arjona, la France et l’Allemagne, le statut de l’Eglise de Ron Hubbard semun jeune homme de 27 ans, à la en voie de normalisation. tête du mouvement depuis « Nous pouvons bleAlors que le ministre alle2002. faire du mand de l’intérieur et ses collèCette reconnaissance interprosélytisme plus gues des Länder avaient déclavient alors que l’organisation, tranquillement » ré, en décembre 2007, que après plusieurs années de l’Eglise de scientologie était déboires judiciaires, connaît contraire à la Loi fondamentale un certain développement en Ivan Arjona et devait de ce fait être interdite Espagne et que le luxueux siè- Président de la sur le territoire, les services de ge de l’Eglise de scientologie à Scientologie renseignement, cités par la Madrid, installé sur cinq étages espagnole presse allemande, ont estimé non loin du Parlement espagnol, a été inauguré en 2004 par l’un des qu’ils ne disposaient pas d’éléments suffiplus célèbres adeptes de la scientologie, sants pour justifier une telle interdiction. Par ailleurs, en dépit de réactions assez l’acteur américain Tom Cruise. « La scientologie était déjà légale, car ins- violentes dans la classe politique allemancrite au registre des associations religieuses, de, l’ouverture d’un nouveau siège de mais cette inscription nous place au rang l’Eglise de scientologie s’est déroulée en des grandes religions. Nous bénéficions janvier 2007, en plein cœur de Berlin, insdésormais de certaines facilités, et nous pou- tallant dans la capitale allemande une vons faire du prosélytisme plus tranquille- tête de pont pour une implantation dans les anciens pays de l’Est. ment », souligne M. Arjona. En France aussi, la justice administratiConcrètement, cela ne devrait pas changer grand-chose au quotidien de ve a, ces derniers mois, donné raison aux l’Eglise de scientologie dans le pays : le scientologues. Ainsi, en avril 2007, la ville mariage religieux n’y est pas reconnu et le d’Angers a été déboutée après avoir voulu

L’acteur américain Tom Cruise inaugure le nouveau siège de l’Eglise de scientologie, à Madrid, en 2004. Le bâtiment est situé en face du Parlement espagnol. J.J. GUILLEN/EPA/SIPA interdire la vente d’ouvrages de scientologie sur des marchés. « Soit on considère que l’Eglise de scientologie représente un danger et on demande sa dissolution, avec un dossier bien étayé, soit on lui réserve un traitement équivalent à n’importe quelle association relevant de la loi de 1901 », souligne un spécialiste du dossier. « Les critiques concernant la manipulation mentale sont éculées », déclarait récemment au Monde Danièle Gounord, la porte-parole de l’Eglise en France. « Notre activité prin-

cipale consiste à dispenser des enseignements payants. » La Miviludes, mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires, estimait récemment que la France, avec ses « 2 000 à 3 000 » adeptes, n’est pas une terre de mission et considèrait l’Eglise de scientologie comme une « multinationale commerciale » soucieuse de mener des actions de « lobbying ». a Stéphanie Le Bars (avec Intérim à Madrid)

GRÈCE LA GESTION DU MINISTÈRE DE LA CULTURE EN CAUSE

Sexe, suicide, chantage… : une sombre affaire embarrasse le gouvernement conservateur grec ATHÈNES CORRESPONDANCE

Les Grecs suivent depuis bientôt trois semaines une sombre affaire mêlant sexe et politique, qui met dans l’embarras le gouvernement conservateur de Costas Caramanlis. Tout a commencé le 19 décembre avec la démission surprise pour « raisons de santé » du toutpuissant secrétaire général du ministère de la culture, Christos Zachopoulos, un homme corpulent de 54 ans. Le lendemain de sa démission, il se jeta dans le vide, du 4e étage de son domicile. Il est, depuis, hospitalisé dans un état critique. Très vite, la presse affirmait que son ex-secrétaire, Eva Tsekou, 34 ans, démise depuis peu de ses fonctions, avait tenté de négocier, avec l’aide de deux avocats, son silence sur des documents compromettants pour M. Zachopoulos, dont un DVD où elle apparaissait dans des ébats érotiques avec son ancien patron. La jeune femme, qui s’est livrée à la justice, a démenti toute implication. Elle a été inculpée, le 24 décembre, pour « chantage » et « incitation au suicide », et placée en détention provisoire. Dernier épisode du feuilleton, l’un des deux avocats qui devaient être entendus par la justice cette EUROPE

1 861 immigrés clandestins sont morts en 2007 en tentant de rejoindre l’UE Au cours de l’année 2007, 1 861 immigrés clandestins sont morts en tentant de rejoindre un des pays du sud de l’Union européenne, dont 1 684 en mer Méditerranée, selon le recensement de l’association italienne Fortress Europe publié lundi 7 janvier. En 2006, le bilan annuel avait été de 2 088. Décembre 2007 a été un des mois les plus meurtriers de

semaine s’est jeté, vendredi 4 janvier, sous les roues d’un camion sur une grande avenue du bord de mer. Il a été hospitalisé mais ses jours ne sont pas en danger. Silencieux, le gouvernement s’est retranché derrière la thèse d’un drame privé. Sans évoquer l’affaire, M. Caramanlis a, dans ses vœux de Nouvel An, renouvelé sa détermination à lutter contre la corruption, son cheval de bataille depuis qu’il est aux affaires. Déclassements de terrains Alimentée par des fuites judiciaires et des révélations de presse, l’affaire a pris un tour politique en suscitant des interrogations sur plusieurs dossiers de gestion des subventions européennes et de déclassements de terrains situés dans des zones archéologiques protégées. Originaire de Salonique et byzantinologue, M. Zachopoulos est un proche du premier ministre et de son épouse. Dès son arrivée au pouvoir, M. Caramanlis l’a nommé au poste clé de secrétaire général à la culture, poste qu’il a conservé après la reconduction de la droite au pouvoir, lors des législatives de septembre 2007. M. Zachopoulos était président du Conseil supérieur de l’archéologie (KAS) et avait, à ce titre, la haute main sur les classements et l’année, avec 243 morts au total dont 120 en mer Egée. – (AFP.) ESPAGNE

Des cliniques pro avortement en grève contre leur « persécution » Une grève d’une semaine, qui doit impliquer une quarantaine de cliniques privées pratiquant l’avortement, a commencé lundi 7 janvier en Catalogne (nord-est de l’Espagne), pour protester contre « la persécution » dont elles se disent l’objet, après plu-

déclassements de terrains et de bâtiments historiques. C’est lui qui décida de déclasser un immeuble art déco, sous prétexte qu’il gênerait la vue sur les ruines depuis le restaurant du nouveau musée de l’Acropole. Cette décision, qui a suscité une levée de boucliers internationale, n’a toujours pas été appliquée. M. Caramanlis a aussi été rattrapé par le rôle joué par le directeur de son bureau de presse, Yannis Adrianos, qui a reconnu que le DVD « rose » lui avait été remis par un journaliste avant l’éclatement de l’affaire. Invoquant le secret de ses sources, M. Adrianos s’est refusé à révéler qui lui avait donné le document, qu’il a transmis à la justice au lendemain du saut dans le vide de M. Zachopoulos. Le parquet d’Athènes a ordonné une enquête préliminaire sur la gestion du ministère depuis 2004, sur plusieurs dossiers de délivrance de subventions et de déclassements. Le parquet de Salonique a aussi ordonné une enquête sur la construction d’un immeuble sur un terrain protégé. L’opposition de gauche a crié au scandale et, dans une question écrite au Parlement, dix-sept députés socialistes ont exigé des explications du gouvernement. a

Samedi soir, vous étiez 8 millions* à tailler la route avec Line Renaud et Muriel Robin

Merci !

Didier Kunz

sieurs actions policières menées contre elles. Selon Francisca Garcia Gallego, porte-parole de l’Association des cliniques accréditées pour l’interruption de grossesse, certains établissements sont victimes de « persécution » et de « chasse aux sorcières ». L’avortement n’est dépénalisé en Espagne, depuis 1985, que dans trois cas précis : viols, malformations du fœtus et lorsqu’il y a « danger pour la santé physique ou psychique de la mère ». – (AFP.)

Fugueuses Une pièce écrite par Pierre Palmade et Christophe Duthuron * Source Médiamat/Médiamétrie - Individus 4 ans et +


France

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0123 Mercredi 9 janvier 2008

Social Patronat et syndicats doivent conclure mercredi et jeudi les négociations sur le marché du travail

Ultimes affrontements sur le contrat de travail e constat de désaccord est net à la veille de l’ultime marathon de négociation sur la « modernisation du marché du travail » des mercredi 9 et jeudi 10 janvier. A la lecture de la dernière mouture du texte proposé par le Medef, les syndicats ont exprimé leur déception et leur inquiétude de ne pouvoir parvenir, dans la nuit de jeudi à vendredi au plus tard, à un accord. A défaut, leur a redit plusieurs fois Nicolas Sarkozy, le gouvernement « prendra ses responsabilités » et décidera unilatéralement des modalités de réforme du contrat de travail, ou encore du droit du licenciement. Un scénario que certains partenaires sociaux disent vouloir éviter. Au-delà de postures classiques à la veille d’entrer dans un dernier round de négociation, chaque camp va essayer de

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pousser l’avantage sans faire de concession trop importante. Face à l’ultime offensive patronale sur l’assouplissement des conditions de licenciement dans le cadre d’un nouveau contrat « à objet précis », ou encore de l’allongement de la période d’essai, les cinq confédérations ont décidé de se retrouver entre elles, mardi matin, pour élaborer une stratégie commune. A défaut d’être d’accord sur les mesures à proposer pour sécuriser les parcours professionnels (maintien des droits d’une entreprise à une autre, accès à la formation), en échange d’une flexibilisation du marché du travail, les syndicats voudraient au moins pouvoir peser pour amener le patronat à plus de concessions. Car, sans avancées et contreparties plus importantes, tous affirment ne pas vouloir signer. Même la CFDT, la plus

optimiste et désireuse de conclure positivement quatre mois de négociation dit, par la voix de son secrétaire général François Chérèque, ne pas trouver son compte en terme de garanties supplémentaires pour le salarié. Gabrielle Simon (CFTC) considère que les nouvelles propositions faites par le patronat traduisent sa volonté de « pouvoir licencier qui il veut quand il veut ». Stéphane Lardy (FO) a trouvé le texte « très décevant ». Offensive sur trois points Déjà, la dernière séance de l’année 2007, le 21 décembre, avait été vécue comme un échec par les organisations syndicales. La CGT, qui n’a jamais caché son peu d’enthousiasme pour parapher un texte qui « libéraliserait les conditions du licenciement et créerait un nouveau contrat de tra-

vail précaire », selon les mots de Maryse Dumas, espère quand même, à l’instar de ses homologues syndicaux, pouvoir faire évoluer les positions patronales. Durant deux jours, les délégations syndicales vont donc mener l’offensive sur trois points en particulier. La « rupture conventionnelle », proposée par le Medef, est la nouvelle appellation de la rupture de gré à gré, chère à Laurence Parisot, présidente de l’organisation patronale. Conclue entre le salarié et l’employeur, elle permettrait d’éviter les recours devant la justice prud’homale et devrait être « constatée » par le directeur départemental du travail qui disposerait d’un délai de cinq jours pour donner son appréciation, « à l’issue duquel son silence vaut constat ». Les possibilités de recours pour le salarié seraient alors ensuite nulles.

Deuxième sujet de mécontentement syndical, le patronat propose toujours l’allongement de la période d’essai à trois mois pour les ouvriers et employés, et à six mois pour les cadres, chaque période étant renouvelable une fois. Redoutant le retour par la bande du contrat nouvelles embauches (CNE) qui instaurait une période d’essai de deux ans, condamnée par le bureau international du travail, les syndicats refusent tout allongement généralisé de la période d’essai. Quitte, pour certains, à l’envisager dans des négociations de branche et pour certains métiers. Enfin, le nouveau contrat à « objet précis », présenté sous la forme d’un CDI qui se terminerait, sans précision dans le temps, à l’issue d’une mission, est loin de faire l’unanimité. a Rémi Barroux

ENTRETIEN AVEC FRANÇOIS CHÉRÈQUE, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE LA CFDT

« M. Fillon nous propose d’acter l’échec du “travailler plus pour gagner plus” » La négociation sur la « modernisation du marché du travail » entre syndicats et patronat se conclut jeudi 10 janvier. La CFDT est-elle prête à signer un accord ?

L’élément central de cette négociation tourne autour de la rupture individuelle du contrat de travail et des nouveaux droits qu’il faut lui adosser. Il faut mieux définir cette forme de rupture, en améliorant les indemnités de licenciement, l’accès à l’assurance-chômage et la sécurisation des parcours notamment en termes de transférabilité des droits d’une entreprise à une autre (formation, complémentaire santé…). A la veille de cette dernière étape de discussion, le compte n’y est pas en termes de contreparties. Le Medef n’est pas allé assez loin. Ce sera sur l’équilibre global de l’accord que nous nous déciderons. Acceptez-vous l’instauration d’une rupture par « consentement mutuel », incontournable pour le camp patronal ?

Je ne crois pas à la rupture par consentement mutuel. Il peut y avoir une discussion entre le salarié et son employeur sur les conditions de la rupture, mais pas sur celle-ci. Dans la plupart des cas, il n’y a pas de « gré à gré ». Le chef d’entreprise décide de la rupture et l’employé désire rarement se retrouver au chômage. Le Medef insiste sur l’allongement de la période d’essai. Y êtes-vous favorable ?

Il n’est pas question, sous couvert d’augmentation de la période d’essai, de recréer un petit CNE [contrat nouvelles embauches, qui prévoyait une période d’essai de deux ans]. Les propositions actuelles sont excessives. Il faudra raccourcir les délais envisagés ou les renvoyer à des négociations de branche. Entre un mois et six mois d’essai, comme cela est proposé, il existe un espace de négociation. Que pense la CFDT du nouveau contrat « à objet précis » que souhaite instau-

rer le Medef, un contrat dont la durée est liée à la réalisation d’une mission et qui pourrait être choisi « de gré à gré » ?

Là encore, le gré à gré n’existe pas. Je ne connais aucun salarié à qui l’on proposerait un CDI et qui choisisse la précarité. C’est l’employeur qui décide du type de contrat. Dans des cas particuliers, la CFDT est favorable à discuter de la création d’un contrat à objet précis qui dépasse la durée des CDD, habituellement de dix-huit mois. Mais notre acceptation dépendra notamment des modalités de fin de ce contrat et d’un accord de branche. Cette réforme, éventuelle, du marché du travail, répond-elle à vos attentes, en abordant peu l’assurance-chômage, l’insertion des jeunes… ?

Cette réforme sera de toute façon inachevée. Cet accord, si accord il y a, devra être suivi d’autres négociations complémentaires. Je pense effectivement à celles sur la convention de l’assurance-chômage, la formation professionnelle. Mais je mets au défi quiconque d’avoir avancé sur tous ces points dans un temps si court alors que la France n’a pas été capable de le faire en vingt ans. Etes-vous prêts à renégocier le temps de travail dans les entreprises, comme vous y invite François Fillon ?

En premier lieu, il n’est pas question pour nous de mélanger le débat sur la représentativité syndicale et la réforme du temps de travail dans les entreprises. Nous voulons d’abord régler le problème de la représentativité et du dialogue social, puis aborder la discussion sur le temps de travail, mais dans le respect des 35 heures. C’est-à-dire qu’au-delà de cette durée, il s’agit d’heures supplémentaires. Le premier ministre, en nous demandant de discuter de la suppression de la durée légale du travail, nous demande en

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fait de revenir sur le principe du « travailler plus pour gagner plus ». C’est un comble ! Il nous propose, en limitant de fait l’accès aux heures supplémentaires, d’acter l’échec de la principale promesse de Nicolas Sarkozy et de sa loi sur le pouvoir d’achat. S’agissant des retraites, êtes-vous favorable à l’augmentation de la durée de cotisation à quarante et un ans annoncée par le gouvernement ?

D’abord, la CFDT n’accepte pas de revenir sur le dispositif permettant le départ anticipé des salariés qui ont commencé à travailler jeune. Si telle était son intention, le gouvernement prendrait le risque d’une confrontation alors que cette mesure bénéficie d’un grand soutien populaire. Sur la situation financière délicate du régime général, les secrétaires généraux des cinq confédérations ont décidé d’écrire au chef de l’Etat pour lui rappeler les engagements sur la nécessité de pérenniser le fonds de réserve des retraites. Il était prévu que ce fonds soit abondé à hauteur de 152 milliards d’euros pour anticiper les difficultés à l’horizon 2020, par une partie de l’argent des privatisations et une cotisation sur les bénéfices des entreprises. Or ni Chirac ni Sarkozy n’ont rempli ces engagements. Quant à l’augmentation de la durée de cotisation à quarante et un ans, elle était inscrite dans la loi de 2003 en cas de nécessité financière et au vu de la situation de l’emploi. Pour la CFDT, tant que le niveau d’emploi des seniors reste si faible, le passage à quarante et un ans ne sert à rien. Le Medef a beau jeu de réclamer le départ à 61 ans alors que ce sont les entreprises qui ne permettent pas aux seniors de rester dans l’emploi. Aux chefs d’entreprise de prendre leurs responsabilités. a BRUNO LÉVY POUR « LE MONDE »

Propos recueillis par R. Bx

SOCIAL

Le service minimum sera expérimenté dès le 24 janvier dans l’éducation nationale Le ministre de l’éducation nationale, Xavier Darcos, a demandé, mardi 8 janvier, aux recteurs et inspecteurs d’académie de participer avec les communes volontaires à l’« expérimentation » du service minimum d’accueil dans les écoles dès la grève du 24 janvier. Ce service sera financé par les retenues sur salaire des grévistes. MUNICIPALES

Nouvelles défections au MoDem à Paris Quatre ex-candidats du Mouvement démocrate aux législatives de 2007 à Paris, dont l’eurodéputée Claire Gibault, ont annoncé, lundi 7 janvier, qu’ils rejoignaient Jean-Marie Cavada, qui a rompu avec François Bayrou pour figurer sur les listes de l’UMP. FISCALITÉ

Baisse des recettes TIPP et TVA sur neuf mois en 2007 Au 30 septembre 2007, les recettes fiscales pétrolières (TVA et TIPP) enregistraient une baisse de 654 millions d’euros par rapport aux prévisions, en raison de la baisse de consommation des produits pétroliers, selon Bercy.

SANTÉ NÉGOCIATIONS AVEC ROSELYNE BACHELOT

Médecins : près de 700 millions d’euros seraient disponibles pour payer RTT et heures supplémentaires LES QUATRE organisations syndicales de praticiens hospitaliers ont émis un satisfecit prudent, lundi 7 janvier, sur la question des 35 heures à l’hôpital, à l’issue de leur première réunion de concertation avec la ministre de la santé. Roselyne Bachelot, qui affirme disposer de près de 700 millions d’euros pour « monétiser » les comptes épargne-temps des médecins ainsi que les heures supplémentaires impayées des agents hospitaliers, recevra à nouveau les représentants des praticiens, jeudi 10 et mardi 15 janvier. « A cette date, je compte bien sortir avec un accord en bonne et due forme », a affirmé Mme Bachelot, qui devait recevoir, mardi, les syndicats des autres salariés de l’hôpital (cadres, infirmières, aides-soignants). Selon les chiffres de la ministre, les personnels hospitaliers ont épargné, au 31 décembre 2007, 4 millions de journées, soit une moyenne de 42 jours par praticien et de 3,5 jours par agent hospitalier. Les hôpitaux ont également accumulé 23 millions d’heures sup-

plémentaires impayées, surtout chez les personnels non médicaux. La ministre assure disposer de « marges budgétaires » : 348,5 millions d’euros proviendraient du Fonds pour l’emploi hospitalier, un dispositif spécialement abondé pour les 35 heures, et 324 millions des économies réalisées par les hôpitaux. La négociation devra fixer un prix de rachat des jours épargnés (compris entre 450 et 600 euros), un calendrier de règlement et la possibilité de transformer ces RTT en points retraite. « Campagne d’intoxication » La volonté affichée de Mme Bachelot de conclure rapidement les négociations a été saluée par les syndicats. « Le calendrier est serré, la ministre s’est engagée personnellement, c’est un début de réponse, estime Rachel Bocher, présidente de l’Intersyndicat national des praticiens hospitaliers (INPH). Mais la vraie question demeure : est-ce que le compte y est ou pas ? » « L’enveloppe de 700 millions d’euros est importante, mais le

système est en folie, explique pour sa part François Aubart, président de la Coordination médicale hospitalière (CMH). On ne peut pas solder les comptes des 35 heures tous les quatre ans, il faut des modifications structurelles. » Les syndicats ont enfin reçu l’assurance que la ministre entamera des négociations sur la rémunération et les gardes et astreintes. Alors qu’ils se déclaraient prêts, le 4 janvier, à rejoindre la grève symbolique des urgentistes et des anesthésistes-réanimateurs si les négociations piétinaient, les syndicats de praticiens jouent dorénavant la prudence. De leur coté, les urgentistes et anesthésistes, qui réclament d’être reçus à la table des négociations, ne décolèrent pas. « Mme Bachelot mène une campagne d’intoxication en affirmant qu’elle va racheter les 35 heures, mais ce ne peut être qu’à bas prix », affirme Max-André Doppia, membre de la Fédération de la permanence des soins hospitaliers, qui rassemble les grévistes. a Cécile Prieur


France

0123 Mercredi 9 janvier 2008

11 FÉMINISME

Les employeurs pourront demander la régularisation de leurs salariés sans papiers

La Cour des comptes salue la gestion de l’association Ni putes ni soumises

Une circulaire du ministère de l’immigration, transmise aux préfets lundi 7 janvier, précise les conditions d’une « admission exceptionnelle au séjour » par le travail suite de la première page

La seconde condition pour prétendre à une régularisation par le travail est la nécessité d’apporter « la preuve d’un engagement ferme de l’employeur », c’est-à-dire une promesse d’embauche « sous contrat à durée indéterminée ou, à titre exceptionnel, à durée déterminée mais d’une durée supérieure à un an ». Seules les demandes remplissant ces conditions seront recevables, conclut la circulaire. Celle-ci précise toutefois qu’« à titre exceptionnel » pourront « tout de même » être examinées les demandes portant sur un métier qui ne figure pas sur la liste régionale mais « connaît des difficultés de recrutement particulièrement aiguës dans le bassin d’emploi concerné ». « La possibilité d’une régularisation est ainsi ouverte là où il y a un besoin économique, et que les compétences existent sur le terrain », se félicite M. Lefebvre, qui a voulu « privilégier le monde économique et non les associations ». Afin de tenir compte des préoccupations de son électorat, le gouvernement cherche à relativiser la portée du dispositif. Dès les premières lignes de la circulaire, le ministre de l’immigration et de l’identité nationale, Brice Hortefeux, écarte l’idée « d’engager une opération générale de régularisation ». « Ce dispositif couvre par définition un nombre très

Raynald Plateaux (au centre) entouré de salariés en situation régulière. Il a dû se séparer, du jour au lendemain, de treize employés sans papiers. MARC CHAUMEIL/FEDEPHOTO POUR « LE MONDE » limité de bénéficiaires », insiste-t-il, en rappelant « la priorité qu’[il] attache à la lutte contre l’emploi illégal des étrangers ». Soucieux, toutefois, de ne pas voir la mesure vidée de sa substance, M. Lefebvre a obtenu que le ministre s’engage par écrit à ce que, après six mois d’application, le dispositif soit évalué, au regard des résultats obtenus dans la lutte contre le travail illégal. a Laetitia Van Eeckhout

M. Hortefeux récuse toute « chasse accrue » aux sans-papiers Brice Hortefeux a rejeté, lundi 7 janvier, les accusations de « chasse accrue » et de « violence exacerbée » à l’égard des étrangers en situation irrégulière. Interrogé sur France Info, le ministre de l’immigration a officiellement admis que l’objectif des 25 000 expulsions, que lui avait fixé Nicolas Sarkozy dans sa lettre de mission, ne serait pas atteint pour 2007. « Les chiffres définitifs ne sont pas

encore connus, mais on se situe au même niveau global que l’an dernier, soit entre 23 000 et 24 000 », a-t-il expliqué, justifiant à nouveau ce résultat par deux raisons : d’une part, le fait qu’« en période électorale, les services lèvent un peu le pied » et, d’autre part, « l’évolution de la situation des Bulgares et des Roumains », membres de l’Union européenne depuis le 1er janvier 2007.

Un patron : « Nous avons des gens sérieux, de confiance, autant les régulariser » PATRON franc et direct, Raynald Plateaux raconte volontiers comment sa petite affaire, lancée en 1986, est devenue une PME de 70 salariés, prospère dans le secteur du gardiennage et du nettoyage. Universel Service assure le nettoyage des parties communes d’environ 200 résidences d’habitation et de bureaux en région parisienne. Mais cette réussite a failli voler en éclats, quand cet entrepreneur a appris qu’un de ses employés, titulaire de faux papiers, venait d’être interpellé. Cette arrestation lui a valu de se séparer du jour au lendemain de 13 salariés. « La législation en vigueur depuis juillet obligeant les employeurs à s’assurer de la validité du titre de séjour de leurs salariés étrangers, j’ai procédé à une vérification auprès de la préfecture et il s’est avéré que 13 d’entre eux avaient de faux papiers, raconte M. Plateaux. J’ai été contraint de les licencier sans indemnités ni préavis. Je n’avais pas le choix. » Le coup est rude. La plupart des employés étaient dans l’entreprise depuis plus de cinq ans. Jus-

qu’alors, « remplissant mes obligations, je ne me posais même pas de questions », ajoute M. Plateaux, qui déclarait ses salariés. « Nous avons bien failli perdre nos chantiers », explique le chef d’entreprise. « Nous avons besoin de gens sérieux, de confiance. Nous les avons, autant les régulariser », plaide-t-il, en espérant pouvoir réembaucher ses salariés. « Bons ouvriers » « Ces personnes ne sont pas celles qui brûlent les voitures ! » abonde Gilberte Bertoni, gérante d’une entreprise de couverture et de charpente, qui compte, parmi ses 20 salariés, 12 étrangers d’origine malienne ou haïtienne. Elle aussi assure avoir été prise au dépourvu quand, à la suite d’un accident du travail, elle a appris de la Sécurité sociale que la carte de séjour de son salarié n’était pas bonne. « Notre entreprise familiale est devenue une petite PME avec 20 salariés. Cette réussite, on la leur doit, fait valoir Mme Bertoni. Si nous sommes capables de prendre des chantiers d’une valeur de 400 000 à

500 000 euros, c’est possible grâce à notre personnel. » Mme Bertoni ne s’était jamais méfiée. D’autant qu’elle a recruté son salarié par le biais de l’intérim. « Pour tous, j’ai établi une déclaration unique d’embauche, en leur demandant leur carte Vitale et leur titre de séjour », témoigne-t-elle. « Français ou étrangers, ils sont tous payés au même tarif, assure-t-elle. Ce qui m’intéresse, c’est la qualité du travail. Nous n’embauchons pas des gens pour les voir partir. Il est suffisamment difficile de trouver de bons ouvriers. Quand on les a formés, on les garde. » Et puis, insiste-t-elle, « cela fait dix ans que ce garçon travaille. Il paie tout, assurance-maladie, retraite, chômage, impôts et il n’a droit à rien ! » Résolus à garder leurs salariés, M. Plateaux et Mme Bertoni les ont aidés à déposer une demande de régularisation. M. Plateaux a adressé au préfet du Val-d’Oise une lettre en recommandé sollicitant sa bienveillance. La préfecture lui a donné rendez-vous avec ses treize salariés, le 16 janvier. a L.V.E

JUSTICE EXAMEN DU PROJET DE LOI SUR LA RÉTENTION DE SÛRETÉ

Plusieurs associations s’inquiètent des risques de violation du secret médical dans les prisons LE SECRET médical en prison estil menacé par le projet de loi sur la rétention de sûreté ? A la veille du début de l’examen de ce texte à l’Assemblée nationale, mardi 8 janvier, trois associations (l’Association des secteurs de psychiatrie en milieu pénitentiaire, l’Association des professionnels de santé exerçant en prison et l’Observatoire international des prisons) ont saisi le comité consultatif national d’éthique de cette question. La Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) a également fait part de son inquiétude dans une note au

gouvernement. Le projet de loi prévoit que « dès lors qu’il existe un risque sérieux pour la sécurité des personnes », les personnels des centres de rétention de sûreté, comme des prisons, doivent « le signaler dans les plus brefs délais au directeur de l’établissement en lui transmettant, dans le respect des dispositions relatives au secret médical, les informations utiles à la mise en œuvre des mesures de protection ». Pour la CNCDH, « tout se passe comme si, hors de son rôle soignant, le médecin participait à une mission de contrôle sur le patient, en assistant l’administration pénitentiaire ».

Rappelant que le Conseil de l’Europe exige « le respect des règles ordinaires du secret médical », les trois associations qui saisissent le Comité d’éthique estiment que d’autres projets le menacent. Des possibilités d’informations sur l’état de santé des détenus pourraient être inscrites dans la future loi pénitentiaire. Selon ces associations, il s’agirait « d’une régression très nette par rapport à la loi de janvier 1994 », qui prévoit que la médecine en prison relève du ministère de la santé. a Alain Salles

PRIX CICAE PRIX “COUPDECŒUR”

PAT SHORTT

QUELQUES MOIS après la crise provoquée par l’entrée au gouvernement de Fadela Amara, Ni putes ni soumises vient de recevoir un satisfecit de la Cour des comptes. « Le train de vie de l’association est volontairement modeste, note le rapport d’observations définitives de la Cour. L’association ne possède pas de bien immobilier, pas de véhicule, dispose de mobilier dont une partie lui a été donnée. De même, les frais de déplacement et de repas des administrateurs et du personnel sont limités au maximum. » Créée en 2003, Ni putes ni soumises dispose d’un budget de 500 000 euros en 2006. Le mouvement emploie moins de dix personnes aux salaires « très modérés » : le plus élevé est inférieur à 2 000 euros. « Le budget et le nombre des salariés du mouvement sont sans commune mesure avec sa notoriété et sa capacité d’intervention dans le débat public », résument les magistrats. Le rapport, qui porte sur les années 2003-2006, montre que Ni putes ni soumises vit de subventions publiques : 300 000 euros d’aides en 2006, soit 60 % du budget. Depuis sa création, Ni putes ni soumises a également su convaincre des partenaires privés. La Fondation Vinci, Philip Morris et Dassault ont participé en 2005 au financement de la Maison de la mixité, à Paris, dont la garantie et la caution ont été prises en charge par Daniel Hechter. Les magistrats constatent que plus de 1 700 personnes ont contacté en 2006 la plate-forme de soutien aux femmes en difficulté, ouverte cinq jours sur sept. Ils notent aussi que Le Guide du respect, un « petit manuel très bien fait » destiné aux adolescents, a été distribué gratuitement à 100 000 exemplaires avant d’être vendu au prix symbolique de 1 euro. a Anne Chemin

ANNE-MARIE DUFF

FESTIVALDUFILMBRITANNIQUEDEDINARD

“On n’est pas prêt d’oublier Josie...” LE MONDE

“Un des meilleurs films britanniques, pardon, irlandais, de l’année !” TELERAMA

UN FILM DE

LENNY ABRAHAMSON

CONOR J RYAN


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L’ex-président de l’exportateur d’armes Sofresa poursuit son ancienne entreprise Michel Mazens affirme avoir été limogé par l’Elysée et réclame 4 500 000 euros. L’entreprise travaille auprès de l’Arabie saoudite e tribunal de commerce de Nanterre (Hauts-de-Seine) sera amené à examiner, à partir du 30 janvier, une affaire sensible. L’ancien président de la Société française d’exportation de systèmes avancés (Sofresa), Michel Mazens, réclame à l’entreprise qu’il a dirigée pendant plus de dix ans la somme de 4 500 000 euros, estimant avoir fait l’objet d’une révocation abusive en janvier 2006, sur ordre de l’Elysée. Il assure aussi que son éviction a porté un coup d’arrêt aux ventes d’armes françaises. Une assignation a été déposée par son conseil, Me Jean-Marc Fédida, en décembre 2007. « C’est une affaire d’honneur, estime l’avocat. Il a le sentiment d’avoir été remercié comme un laquais après avoir fait tant d’efforts pour le rayonnement de la France. » La Sofresa est chargée, pour le compte du gouvernement français, d’organiser l’exportation d’arEn 2002, la situation se complimes à destination, principalement, de l’Arabie saoudite. C’est dans ce que. « Les industriels français comroyaume que doit se rendre Nico- mençaient à être nerveux de voir que las Sarkozy, à partir du dimanche les grands programmes n’arrivaient 13 janvier, dans l’optique de décro- pas, explique-t-il, d’autant qu’ils cher de nouveaux contrats. Le mar- avaient des intérêts divergents. » ché Miksa – 7 milliards d’euros Chez Dassault, on s’inquiète de voir que le dossier Rafapour la sécurisation des le ne progresse guère. frontières – n’a pas enco« Il a le « En 2005, se rappelle re été attribué, et Thalès sentiment d’avoir Bruno Cotté, ancien espère l’obtenir. été remercié patron du secteur interNommé en 1995 à la comme un laquais national chez Dassault tête de la Sofresa, après avoir fait et futur président de la Michel Mazens était tant d’efforts pour Sofresa, M. Mazens nous chargé de clarifier les le rayonnement avait interdit de faire la procédures. « Dominide la France » promotion du Rafale en que de Villepin, alors Arabie saoudite, disant secrétaire général à l’Elye sée, m’a demandé d’annu- M Jean-Marc Fédida qu’il s’en chargeait. En décembre 2005, on a ler un réseau d’intermédiaires qui n’avait pas de raison appris que l’Eurofighter avait été d’être », se souvient M. Mazens, choisi au détriment du Rafale. Le traqui a ensuite tenté de décrocher vail effectué par M. Mazens n’était des contrats. « Je me suis battu pas réaliste. Du coup, on s’est réunis, pour que la France ait la meilleure avec d’autres industriels, et sa révocation a été décidée à l’unanimité, influence possible », assure-t-il.

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d’autant qu’il était déjà âgé de 66 ans. Et nous sommes allés voir les pouvoirs publics… » A l’époque, le patron de la Sofresa assure n’avoir jamais été alerté des problèmes liés au Rafale par les services français. « On disait pourtant que je n’avais pas été assez vigilant vis-à-vis de la lutte des Anglais pour repositionner l’Eurofighter », explique Michel Mazens qui, le 4 janvier 2006, est convoqué à l’Elysée, dans le bureau de Maurice Gourdault-Montagne, le conseiller diplomatique de Jacques Chirac. Le général Jean-Louis Georgelin, chef de l’état-major particulier du président de la République, assiste à l’entretien. « J’avais établi un plan pour que le voyage de M. Chirac, trois mois plus tard, en Arabie saoudite, se déroule au mieux, le projet Miksa était au cabinet du roi Abdallah, relate M. Mazens. Mais on m’a demandé de donner ma démission, en m’inter-

disant de rendre une dernière visite aux autorités saoudiennes. J’ai refusé. Et le voyage de M. Chirac a été un échec retentissant, alors que les contrats étaient prêts à être signés ! Je me suis heurté à des groupes de pression, c’est une injustice évidente. » M. Cotté, aujourd’hui responsable du secteur international d’Alstom, estime qu’il s’agit d’une malheureuse « affaire d’hommes ». « M. Mazens avait fait son temps, dit-il, il regrette d’avoir refusé les deux ans de salaire qu’on lui offrait pour son départ. » A l’Elysée, on prépare activement le voyage de M. Sarkozy en Arabie saoudite. « Les autorités saoudiennes ne veulent plus passer par la Sofresa, déclare Claude Guéant, le secrétaire général de l’Elysée, ils réclament des contrats d’Etat à Etat, en faisant explicitement référence à l’époque Mazens qu’ils n’ont pas appréciée. » a Gérard Davet

INTÉRIEUR DES EXPERTISES PLUS SYSTÉMATIQUES

GAUCHE PRÉPARATION DU CONGRÈS DU PS

Mme Royal force ses adversaires à se positionner EN AFFIRMANT sa capacité à « rassembler les socialistes » sur la base d’une « nouvelle offre politique », Ségolène Royal a fait de sa candidature au poste de premier secrétaire du Parti socialiste ce que les exégètes appellent une donnée objective. De ce fait, la présidente de la région Poitou-Charentes a libéré la parole de ses détracteurs. Et ceux-ci apparaissent d’autant plus déterminés qu’ils ont le sentiment d’avoir sous-estimé leur rivale lors des primaires de 2006. Thème fédérateur des « anti-Royal » : l’heure n’est pas à afficher des ambitions mais à préserver l’unité du parti alors que le président de la République connaît ses premières difficultés sérieuses. L’offensive de Mme Royal vise à prendre de vitesse Bertrand Delanoë. Candidat implicite à la direction du PS, le maire de Paris ne pourra mobiliser ses soutiens qu’après avoir assuré sa réélection. « Les questions de leadership apparaissent décalées. Cela exaspère les militants », insiste Harlem Désir, député européen et proche de M. Delanoë. Quant aux partisans de Dominique Strauss-Kahn et aux fabiusiens, qui redoutent d’être éclipsés par un face-à-face Royal-Delanoë, ils se disent déterminés à éviter ce que Jean-Christophe Cambadélis, député strauss-kahnien, qualifie de « conflit délétère ». Claude Bartolone, lieutenant de Laurent Fabius, observe « qu’aucune grosse fédération n’a apporté son soutien à l’ancienne candidate » et dit éprouver un sentiment de déjà-vu. « On retrouve la Ségolène Royal de la présidentielle, celle de la fuite en avant », persifle le député de Seine-

Saint-Denis. Pour les chantres du « ni Ségolène ni Bertrand », le prochain congrès a déjà commencé. Fin janvier, ils doivent publier un « manifeste de la rénovation » qui marquera en particulier leur attachement à la représentation proportionnelle au sein du PS. Ils envisagent ensuite – et l’affaire s’annonce délicate – de désigner un « porte-parole ». Autrement dit, un candidat au poste de premier secrétaire. Rapport de forces Anti-Royal patenté, Jean-Luc Mélenchon rend hommage à son adversaire. « C’est bien qu’elle assume ses ambitions ; cela va enfin obliger tout le monde à se positionner », se réjouit-il. Le sénateur de l’Essonne veut profiter de l’occasion pour « regrouper la gauche du parti » en rassemblant, outre son propre courant, les amis d’Henri Emmanuelli, ceux de Marie-Noëlle Lienemann, « mais aussi beaucoup de fabiusiens ». Maître du calendrier, François Hollande n’a guère apprécié l’entrée en lice précoce de Mme Royal qui, selon lui, n’a pas les moyens d’aller seule à la bataille. Fort du soutien de plusieurs fédérations et résolu à peser sur la désignation de son successeur, le premier secrétaire veut jouer sa propre carte dans la perspective de 2012. Il n’accordera son soutien que sur la base d’un rapport de forces qui reste à établir. Pour l’instant, la préparation du congrès du PS se résume à des stratégies d’empêchement croisées. La « rénovation » promise n’y a pas encore trouvé son compte. a Jean-Michel Normand

L’ex-candidate PS « meilleur leader » selon un sondage Les sympathisants socialistes placent en tête Ségolène Royal comme « meilleur leader de la gauche » devant Dominique StraussKahn et Bertrand Delanoë, selon un sondage LH2 paru mardi 8 janvier dans Libération. Mme Royal est citée par 30 % des proches du PS alors que l’actuel directeur du FMI recueille 24 % et le maire de Paris 17 % des opinions. Selon

60 % des sympathisants de gauche (63% de ceux du PS), le prochain candidat PS à la présidentielle devra être choisi par « tous les électeurs qui le souhaitent ». Ce sondage a été réalisé par téléphone les 4 et 5 janvier sur un échantillon de 1 003 personnes représentatives de la population française âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

PÊCHE LE MINISTÈRE PROMET DES MESURES

Mme Alliot-Marie veut une police Le naufrage de « La P’tite Julie » compte parmi les plus graves scientifique pour tous

Dossier spécial ■ Etre juif en France en 2008 : une grande enquête et l’interview croisée du grand rabbin René-Samuel Sirat et de Joann Sfar ■ Age d’or, pogroms, émancipation, antisémitisme : la saga des juifs français

EN VENTE CHEZ VOTRE MARCHAND DE JOURNAUX

C’EST l’un des principaux vœux pour l’année 2008 de la ministre de l’intérieur, Michèle AlliotMarie : une police technique et scientifique (PTS) de « masse ». A l’occasion d’une visite, lundi 7 janvier, dans les locaux de la PTS de la préfecture de police, la ministre a indiqué qu’elle souhaitait désormais « qu’on puisse utiliser la PTS pour des délits commis au quotidien » afin que « les gens puissent être assurés que l’on utilisera les moyens les mieux à même de trouver les auteurs ». Aujourd’hui, les recherches et analyses de la PTS sont une des étapes majeures des enquêtes judiciaires. Via le recueil d’empreintes digitales, salivaires, ou autres, la PTS contribue pour beaucoup à l’identification d’auteurs de crimes, délits ou infractions. « Mais, faute de moyens ou de formation suffisante, elle n’est pas toujours saisie systématiquement », explique-t-on au ministère de l’intérieur. « Culture de la preuve » Pour y remédier, Mme AlliotMarie a annoncé « 50 % de crédit de plus » par rapport au budget de la PTS, qui est de 115 millions d’euros. Ces nouveaux crédits seront intégrés à la future loi d’orientation et de programmation pour la sécurité intérieure (Lopsi) qui devrait être votée au cours du 1er semestre. Cet argent sera essentiellement

consacré au matériel technique, ainsi qu’à la formation. Environ 400 « bornes de signalisation », soit des ordinateurs reliés aux différents fichiers de police, devraient notamment être attribués à la gendarmerie. « C’est le passage de la culture de l’aveu à la culture de la preuve », se félicite-t-on dans l’entourage de la ministre. A l’échelle nationale, la saisie de la PTS permet actuellement de retrouver environ 80 % des auteurs de crimes. Lors de sa visite, Mme Alliot-Marie a révélé qu’un test effectué sur 200 affaires de petite et moyenne délinquance, réalisé ces derniers mois, avait montré également « 80 % de résultat ». Sur les cambriolages dont le taux d’élucidation est actuellement d’environ 60 %, la ministre a donc souhaité, comme pour « un certain nombre d’autres délits », atteindre les « 100 % ». Cette volonté de systématiser le déplacement de la PTS, notamment sur la délinquance dite « d’appropriation », se fera « dans le respect du cadre juridique en vigueur », précise-t-on au ministère de l’intérieur. Depuis 2004, plusieurs collectifs s’inquiètent de l’extension du fichier national automatisé des empreintes génétiques (Fnaeg) notamment aux vols simples, tags, dégradations, alors qu’il était à l’origine limité aux auteurs d’agressions sexuelles. a Elise Vincent

DEUX morts, quatre disparus et un seul rescapé. Le bilan, lundi 7 janvier, du naufrage du chalutier La P’tite Julie au large du nord du Finistère est très lourd. A la suite d’un appel de détresse, à 5 heures, d’intenses moyens ont été déployés toute la journée. Les recherches aériennes, interrompues pour la nuit, ont repris au lever du jour mardi 8 dans l’espoir de retrouver les corps disparus de l’équipage franco-portugais. L’unique rescapé a passé deux heures dans une eau autour de 10 degrés. Il s’agit de l’un des trois marins portugais de l’équipage, David Dourado Marquès. Mardi matin, le parquet de SaintBrieuc, chargé de l’enquête judiciaire, indiquait avoir la certitude, après l’audition du rescapé, qu’il ne restait aucun corps coincé dans le bateau. Les marins auraient tous sauté à l’eau. Le parquet a aussi acquis la quasi-certitude qu’il n’y a pas eu collision avec un autre bateau, M. Marquès n’ayant pas ressenti de choc. Le bateau aurait coulé par l’avant, et rapidement. Le Bureau enquête accidents sur les événements de mer doit mener des investigations techniques. La P’tite Julie, un bateau de 24 mètres construit en 1991 et pratiquant la pêche hauturière, appartenait à l’armement Porcher, le plus gros de Bretagne Nord. Il compte une quinzaine de chalutiers, réputés en bon état, et 150 salariés.

Les trois marins retrouvés ne portaient pas de gilet de sauvetage. Selon le témoignage du rescapé, hospitalisé à Brest, les hommes ont juste eu le temps de sauter de la passerelle. Lui dormait au moment des faits et a été réveillé par un coéquipier. Balise individuelle Cet accident compte parmi les plus graves des dernières années, marquées notamment par les naufrages du Bugaled Breizh en 2004 et du Klein-Familie en 2006. Le métier de marin-pêcheur est le plus dangereux : un marin pour 1 000 meurt chaque année dans l’exercice de ses fonctions. Le ministre de la pêche, Michel Barnier, est venu mardi à Erquy, pour témoigner de la solidarité nationale. Il a rappelé la nécessité de renforcer la sécurité des marins, pour laquelle un volet est prévu dans le plan sur la pêche durable, qui sera présenté fin janvier. Le ministère propose de rendre obligatoire la balise AIS (système automatique d’identification) pour les navires de plus de 15 mètres, un équipement en alarme de vigilance pour les bateaux sortants plus de vingt-quatre heures, et surtout une balise individuelle, comme en montagne, pour les pêcheurs. Elle sera financée à 75 % par l’Etat, a annoncé mardi M. Barnier. a Laetitia Clavreul et Vincent Durupt (à Brest)


Economie & Entreprises

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Consommation La période des soldes d’hiver doit s’ouvrir mercredi 9 janvier

Bercy relance la polémique des soldes toute l’année a commence à devenir un rituel. crève ! » Ainsi, des soldes répétés se Avant le début des soldes d’hiver, feraient au détriment de leur bénéfice, un ministre de l’économie annonce mais aussi de la production française. qu’il voudrait les modifier, les bana- « Favoriser les prix bas évincera forcément liser pour relancer le pouvoir d’achat. En nos industries qui ne peuvent pas suivre, 2006, c’était Thierry Breton. Il s’était explique Gildas Minvielle, directeur de alors farouchement opposé à un autre l’observatoire économique à l’Institut membre du gouvernement, Renaud français de la mode. Ça va intensifier les Dutreil, secrétaire d’Etat aux PME et au importations. » A Bercy, on ne répond pas sur le fond commerce, qui refusait tout changement du sujet : « Nous voulons simplement en la matière. C’est au tour de Christine Lagarde de ouvrir un débat sur le pouvoir d’achat », faireprendre cette bataille, alors que les sol- sait-on savoir dans l’entourage de la des doivent débuter mercredi 9 janvier. ministre, qui rappelle un sondage paru La ministre a invoqué sur Canal+, lundi, dans Dimanche Ouest-France, le 6 janle principe de « soldes récurrents » pour vier : selon lui, quelque 57 % des Fran« encourager la consommation ». Un çais souhaitent que les commerçants puismagasin, peu importe sa taille, pourrait sent procéder aux soldes quand ils le veuavoir un emplacement qui soit en perma- lent. En dehors des périodes de soldes, les nence disponible pour des articles soldés. « Je crois que, contrairement à une idée commerçants peuvent faire des promoreçue, des soldes récurrents sont propices à tions qui leur permettent, tout au long de l’année, de brader librement leur produit. la consommation », assure-t-elle. Les organisations de commerçants et « Le consommateur ne sait plus quelle est la vraie valeur du produit. Trop de d’associations de consommapromotion tue la promotion », teurs ne veulent pas en entenassure Philippe Moati, profesdre parler. « C’est la première « S’il n’y a seur d’économie à l’université fausse bonne idée de l’année, que des soldes, Paris-VII. Il éprouve « une assène Charles Melcer, prési- comment fait-on défiance » à l’égard des prix de dent de la Fédération nationale pour récupérer vente. Une défiance qu’ont de l’habillement (FNH), qui notre mise ? accentuée le passage à l’euro et représente 55 000 boutiques. C’est marge la multiplication des ventes sur C’est stupide ! » « C’est parce ou crève ! » Internet à des prix imbattables. que les soldes sont un événement Avec des soldes récurrents, que les Français s’y préparent », Charles Melcer « comment savoir si le prix affirme, pour sa part, Jacques Fédération nationale qu’on nous propose n’est pas une Périllat, président de l’Union de l’habillement arnaque ? », s’interroge Alain des grands commerces de cenBazot, président de l’associatre-ville qui regroupe des magasins comme les Galeries Lafayette ou le tion de consommateurs UFC-Que choisir. Pierre Simon, président de la chambre Printemps. Pour les commerçants, les deux pério- de commerce et d’industrie de Paris, prodes de soldes sont les seuls moments de pose que les commerces puissent ouvrir l’année où ils peuvent vendre à perte. plus souvent les dimanches en période de Elles leur permettent de réaliser plus du soldes. « Ça permettrait de relancer la quart de leur chiffre d’affaires annuel. consommation », juge-t-il. Même si beaucoup de professionnels « A notre grand regret, lance M. Melcer. S’il n’y a que des soldes, comment fait-on n’adhèrent pas aux propos de Christine pour récupérer notre mise ? C’est marge ou Lagarde, certains reconnaissent que le

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Soldes en 2006 dans un grand magasin parisien. FRANCK PRIGNET POUR « LE MONDE » système actuel n’est pas satisfaisant. Pour François-Marie Grau, délégué adjoint de l’Union française des industries de l’habillement, les soldes sont beaucoup trop longs et ne sont plus adaptés à la réalité du marché. Jean-Marc Genis, président exécutif de la Fédération des enseignes de l’habillement, qui regroupe H & M ou Zara, va plus loin. Si le gouvernement souhaite multiplier les périodes de soldes, il serait préférable « de tout déréglementer ». D’ailleurs, la commission Attali avait proposé le 15 octobre 2007 au chef de

l’Etat de mettre fin à l’interdiction de la revente à perte pour libérer la croissance. C’est un des vœux les plus chers de JeanPierre Mocho, président de la Fédération française du prêt-à-porter féminin. Selon lui, puisque désormais dans la distribution les collections sont réactualisées en permanence, « c’est normal qu’il faille des soldes en permanence ». En revanche, il faut supprimer les promotions qui « perturbent trop le marché ». Didier Parakian, PDG d’une marque d’habillement haut de gamme qui porte son nom (28 millions d’euros de chiffre

d’affaires), verrait bien quatre périodes de soldes, coïncidant avec les quatre saisons de l’année. « Ça nous permettrait d’écouler plus facilement et plus vite des collections qui ne marchent pas », insiste-t-il. Depuis quelques années, les marquent multiplient les ventes privées, ce qui leur permet, avant la période légale des soldes, d’inviter de fidèles clients à profiter de rabais. « C’est une manière de contourner les soldes », assure Frédéric Lener, PDG de la marque Chemins blancs, « tout le monde le fait. » a Mustapha Kessous

Des réglementations qui varient fortement d’un pays européen à l’autre En Belgique, les deux périodes annuelles de soldes – quatre semaines en janvier, quatre semaines en juillet – sont fixées par la loi. Elles sont précédées de phases dites d’attente, démarrant l’une le 15 novembre, l’autre le 15 mai. Pendant celles-ci, les commerçants des secteurs du vêtement, de la chaussure, de la maroquinerie et du cuir se sont vu interdire toute possibilité d’annoncer des rabais. Le système des soldes est jugé satisfaisant par la Fédération de la distribution et les consommateurs. Pour les commerçants, les deux périodes de soldes sont devenues cruciales : les hausses des volumes des ventes, même assorties d’importantes baisses de prix qui sont enregistrées durant ces deux mois, leur permettent de se maintenir à flot. Au Luxembourg, le système de la période d’attente n’existe pas et les pouvoirs publics déterminent chaque année la durée et le moment des soldes.

Les Pays-Bas ont aboli toute réglementation et ont totalement libéralisé le commerce, autorisant même les ventes à perte. Les soldes n’y font l’objet d’aucune limite. En Espagne, les soldes ont commencé lundi 7 janvier. Les dix-sept régions autonomes espagnoles établissent chacune une période de soldes, qui s’étend par exemple du 1er janvier au 31 mars dans la région de Madrid, ou du 7 janvier au 6 mars en Catalogne. Pendant ce laps de temps, chaque commerçant doit choisir une période allant d’une semaine minimum à deux mois maximum pour solder ses articles. Les commerçants espèrent que les Espagnols dépenseront cette année 5 % de plus que lors des précédents soldes d’hiver, lorsqu’ils avaient déboursé en moyenne 250 euros par personne, selon des estimations de la Confédération espagnole de commerce (CEC). En Allemagne, le secteur du commerce a été libéralisé à plusieurs reprises

depuis 2001. Le marchandage a été officiellement autorisé en 2004 et les soldes à date fixe ont été abolis. Depuis, les Allemands ont la possibilité d’acheter au rabais toute l’année, même si les réductions de prix les plus fortes s’appliquent pendant les périodes traditionnelles de soldes au mois de janvier et au mois de juillet. D’ailleurs, chaque année, la plupart des commerçants se mettent d’accord sur une date commune pour lancer les soldes. Cet hiver, ils doivent débuter le 21 janvier. En Italie, les soldes sont réglementés par la loi et les périodes sont fixées région par région. Les soldes d’hiver ont commencé dès le 1er janvier à Turin, le 2 à Naples et le 5 à Rome ou à Milan, mais les Calabrais devront attendre le 15 janvier. Ces derniers devront en outre se décider avant le 28 février pour faire leurs achats à prix soldé, alors qu’en Piémont la saison des rabais est ouverte jusqu’au 31 mars, soit trois mois pleins.

Selon la Confcommercio (Confédération des chambres de commerce), les soldes concerneront environ 12 millions de familles qui dépenseront 500 euros en moyenne. 66 % des consommateurs et 40 % des commerçants seraient favorables à des « soldes libres », selon le quotidien La Repubblica. En Angleterre, les soldes peuvent avoir lieu n’importe quand. Il n’y a pas de période légalement fixée, mais les grands magasins et la plupart des boutiques de mode organisent des soldes en fin de saison, au mois de décembre et en juin. Chez Harrods, à Londres, les soldes d’hiver ont commencé le 28 décembre 2007 et se termineront le 26 janvier. Au Portugal, les soldes sont régis par la loi et ont lieu deux fois par an. Ils durent à chaque fois deux mois. Cet hiver, les soldes ont commencé le 28 décembre. Les soldes d’été sont prévus du 15 juillet au 15 septembre. En Suède, la période juste après Noël

Parcours créatif, trendy, chic ou amoureux à Paris aris et ses monuments, Paris et ses musées, Paris et son art de vivre… et, aujourd’hui, Paris et ses soldes. Pour la deuxième année, Paris devait donner, mercredi 9 janvier, le coup d’envoi à « Soldes by Paris », une mise en scène de la traditionnelle période de soldes d’hiver destinée à contrer sa rivale européenne, Londres, dont les fameuses january sales commencent au lendemain de… Noël. Cette opération menée à l’initiative de la chambre de commerce et d’industrie de Paris, de l’office du tourisme et des congrès de Paris (OTCP), de la Mairie, associe, cette année, les grands magasins, Mai-

son de la France, 2 000 commerces et 500 professionnels du tourisme (hôteliers, restaurateurs, transporteurs, cabarets) fédérés par l’OTCP. Ensemble, avec un budget de 500 000 euros, ils ont conçu des animations autour des soldes, jusqu’au 20 janvier. La plus importante est une série de parcours allant à la découverte des différents Paris. Il y a le parcours « créatif », pour les « touristes responsables et concernés, les lieux bios et équitables », le « trendy » pour un shopping « branché », le « chic » pour la « découverte de l’art de vivre à la française » ou le « romantique » pour un « shopping en amoureux ».

Quelque 400 hôteliers de la capitale – du une-étoile au quatre-étoiles, de l’hôtel de charme à l’hôtel de chaîne – vont, pour la période des soldes, proposer des prix avec des réductions de 10 % à 55 %. Pour Paul Roll, directeur général de l’OTCP, cette démarche est inhabituelle car la « France assume difficilement le shopping comme un élément de promotion touristique ». Pourtant, ajoute M. Roll, « à l’image de Londres, Paris a toute légitimité pour lancer ce type d’opération parce qu’elle est le berceau des trois plus grands groupes de luxe dans le monde, parce que la quasi-totalité des grandes marques sont parties de France ou de Paris, parce qu’on a le

plus grand magasin au monde avec les Galeries Lafayette ». Au-delà de ce constat, la capitale a tout intérêt à promouvoir cette période, car le mois de janvier est généralement un mois de « basse saison », les touristes préférant fréquenter la capitale pour les fêtes de fin d’année. Seule petite ombre au tableau pour les accros au shopping : les grands magasins resteront portes closes dimanche 13 janvier. L’Union du grand commerce de centre-ville n’a pas obtenu l’autorisation d’ouverture, contrairement à ce qui lui avait été promis par le gouvernement. a

AGROALIMENTAIRE

marché du café aux Etats-Unis. Il compte ainsi, en distribuant expressos et cappuccinos, attaquer un créneau jusqu’ici dominé par Starbucks. Le groupe entend également proposer à sa clientèle des

thés, thés glacés et même de l’eau en bouteille. Dans ses 14 000 enseignes américaines, McDonald’s va installer des « baristas », c’est-à-dire des serveurs confectionnant des capuc-

cinos et autres frappés à la façon Starbucks. Cette chaîne de Seattle, qui comptait six cafés en 1987, est désormais le leader mondial du genre avec 13 000 magasins répartis dans 38 pays. – (AFP.)

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McDonald’s veut concurrencer Starbucks Le géant des hamburgers, McDonald’s, a annoncé, lundi 7 janvier, qu’il s’apprêtait à se lancer dans le

François Bostnavaron

est la plus propice aux soldes, « rea » en suédois, abréviation de « realisation ». Un tiers du commerce de Noël s’effectue dans la semaine qui suit le 25 décembre, soit un peu plus de 20 milliards de couronnes (2,2 milliards d’euros). L’autre période traditionnelle de soldes est le début de l’été, lorsque s’effectue le passage à la mode d’automne. Les périodes de soldes ne sont pas déterminées de façon précise. Elles doivent être évaluées au cas par cas, en fonction des conditions en vigueur dans les différents secteurs. Certaines boutiques font deux gros soldes dans l’année, d’autres quatre. Dans le secteur de la mode, où les saisons sont de plus en plus nombreuses, les soldes peuvent se multiplier. Selon le tribunal du marché, les soldes doivent durer au plus deux mois. S’agissant des produits alimentaires, le tribunal a placé la limite à quatre semaines. a Avec nos correspondants en Europe


Economie & Finances

14 AUTOMOBILE

Les ventes de PSA ont progressé de 1,8 % en 2007 PSA Peugeot-Citroën a enregistré, en 2007, une hausse de 1,8 % de ses ventes de véhicules par rapport à 2006 à 3,428 millions d’unités. Elles ont fortement progressé dans les pays en développement rapide et ont augmenté, pour la première fois depuis 2002, en Europe occidentale. En France, PSA est le premier constructeur, avec une part de marché 30,9 % et 779 800 véhicules immatriculés (+ 1,9 %). TRANSPORTS

RATP : résultat net 2007 en hausse d’au moins 50 % La RATP s’attend à un bénéfice 2007 « d’au moins 50 % » supérieur à celui de 2006, soit moins que prévu, a indiqué, lundi 7 janvier le PDG de la Régie, Pierre Mongin. Celui-ci a rappelé que la grève des cheminots à l’automne contre la réforme des régimes spéciaux avait coûté 35 millions d’euros. Il a par ailleurs déclaré que les mesures d’accompagnement de la réforme des retraites coûteront « 20 millions d’euros par an à partir de 2012 ».

SNCF : la CFDT-Cheminots critique le projet de décret sur les retraites Le projet de décret sur la réforme des régimes spéciaux de retraite « ne restitue pas le contenu des négociations tripartites » et « renie les engagements pris par le ministre du travail, Xavier Bertrand » a affirmé, lundi 7 janvier, la CFDT-Cheminots dans un communiqué.

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Innovation et philanthropie dopent le marché des vaccins Le chiffre d’affaires total du secteur pourrait plus que doubler d’ici dix ans. En 2007, le laboratoire américain Merck est passé devant Sanofi Aventis n 2007, le laboratoire américain Merck a supplanté Sanofi Aventis à la tête du classement mondial des producteurs de vaccins. GlaxoSmithKline (GSK), qui talonnait Sanofi, se retrouve donc numéro trois. Sur les neuf premiers mois de 2007, Merck a réalisé 2,13 milliards d’euros de chiffre d’affaires, son dauphin Sanofi Aventis 2,12 milliards et GSK 1,9 milliard. Grâce au Gardasil, un vaccin innovant contre le cancer du col de l’utérus, les ventes 2007 du nouveau leader mondial devraient approcher les 3 milliards d’euros. Ce bouleversement du classement caractérise le dynamisme d’un secteur traditionnellement stable et très concentré. Hanspeter Spek, vice-président de Sanofi, a ainsi déclaré au magazine allemand WirtschaftsWoche, le 5 janvier, que le laboratoire français étudiait « toutes les opérations de croissance externe possibles » dans le domaine des vaccins. M. Spek justifie cet intérêt par le taux de croissance du marché (10 % à

E

15 % par an prévus pour les trois prochaines années). Le chiffre d’affaires total pourrait ainsi passer de 11 milliards d’euros en 2006 à 24 milliards en 2016. L’innovation est la première cause de cette accélération actuelle de ce segment du médicament. Le Gardasil de Merck est ainsi le premier vaccin préventif du cancer et il aura un rival avec le Cervarix de GSK sitôt que ce laboratoire aura dissipé toutes les interrogations de la Food and Drug Administration (FDA), l’agence sanitaire américaine. Nouveaux produits D’autres produits nouveaux sont attendus au cours des années à venir : des vaccins contre la dengue (1 milliard de dollars, soit 680 millions d’euros, de chiffre d’affaires attendu), le paludisme, les nouvelles formes de tuberculose, la méningite B… La recherche actuelle est aussi beaucoup dopée par les fonds débloqués tant en Europe qu’aux Etats-Unis pour réduire les risques d’une éventuelle pandémie aviaire. Le deuxième vecteur de dynamisme tient au souci d’améliorer les produits existants. Sanofi met ainsi au point un vaccin antigrippe pour les personnes âgées et un autre pour patients immuno-déficients. Les nouveaux « vaccins acellulaire » utilisent des frag-

ments – plutôt que l’ensemble – du germe tué et obtiennent une efficacité identique tout en réduisant les effets secondaires (fièvres, éruptions…). Les nouveaux pays émergents constituent le troisième facteur de dynamisme des vaccins. Le Brésil, la Russie, la Chine et l’Inde mettent en place des programmes de vaccinations. Des pays comme la Turquie ou le Mexique se préoccupent du niveau de santé de leur population, tandis que d’autres, comme l’Indonésie, engagent des bras de fer avec les laboratoires pour qu’ils créent des unités de production sur leur territoire. Chez Sanofi, on estime que les nouveaux pays émergents représenteront bientôt un marché équivalent à celui des Etats-Unis. Le quatrième facteur de croissance – et non des moindres – tient aux flux financiers nouveaux en provenance de fondations (Bill et Melinda Gates par exemple) ou de nouveaux mécanismes comme l’Iffim (Facilité internationale pour la vaccination) qui a mobilisé 1 milliard de dollars pour sa première année de fonctionnement en 2007. Ces capitaux charitables s’investissent aussi bien dans la recherche que dans des programmes de vaccinations et jouent un rôle-clé dans la dynamisation du secteur. a Yves Mamou

TABLEAU DE BORD

LES BOURSES DANS LE MONDE 8/1, 9h50

Chine

Pays

Le gouvernement chinois a annoncé la création d’une taxe de 20 % sur les terrains à bâtir laissés en friche pendant un an par leurs acquéreurs, mardi 8 janvier. Au bout de deux ans, ces terrains pourront être confisqués. Ces mesures sont destinées à empêcher les promoteurs de spéculer sur la rareté des terrains à bâtir et à ralentir une hausse des prix immobiliers qui a atteint + 7,3 % au cours des onze premiers mois de 2007.

Zone euro Les prix à la production industrielle ont progressé en novembre 2007, dans la zone euro, de 0,8 % sur un mois après une hausse de 0,7 % en octobre, selon les données publiées par l’office statistique européen Eurostat, lundi 7 janvier. En un an, les prix ont augmenté de 4,1 %.

France Les chefs d’entreprise français se montrent optimistes à 36 % pour 2008, contre 30 % en 2007, selon une étude publiée par le cabinet d’audit Grant Thornton, lundi 7 janvier. Les dirigeants français restent dans la moyenne

européenne (35 %). L’indice de confiance reste toutefois beaucoup moins élevé que chez les patrons danois (74 %), allemands (67 %) ou suédois (61 %). Il est supérieur à ceux des dirigeants américains (22 %) et anglais (14 %). L’étude a été réalisée auprès de 7 800 entreprises privées dans 34 pays. L’indicateur du moral des patrons de petites et moyennes entreprises (PME) français est en baisse d’un point, à 33 points, en décembre 2007, selon le baromètre BNP Paribas Lease GroupAFP publié mardi 8 décembre 2007. Miné par une « glissade continue de l’activité », l’indice avait déjà décroché en septembre à 34 points contre 53 en août.

Argentine

Indice

FRANCE

SUISSE ETATS-UNIS

CAC 40

5495,04 8/1

Maxi 2007

Mini 2007

PER

0,77

5665,94 2/1

5417,53 4/1

12,20

CAC Mid100

7245,26 8/1

0,93

7736,69 2/1

7153,93 7/1

7648,54 7/1

-2,48

8124,81 2/1

7648,54 7/1

SBF 250

3818,76 7/1

-0,25

3953,69 2/1

3817,44 7/1

12,60

DAX Index

7866,93 8/1

0,64

8100,64 2/1

7782,99 7/1

12,40

FTSE 100 index

6374,60 8/1

0,61

6534,70 4/1

6275,20 7/1

11,90

Swiss market

8176,88 8/1

0,82

8421,00 3/1

8070,31 7/1

12,50

0,21 13279,54 2/1

12733,84 7/1

13,30

Dow Jones ind. 12827,49 7/1 Nasdaq composite

JAPON

2499,46 7/1

Nikkei 225 14528,67 8/1

-0,21

2661,50 2/1

2471,23 7/1

19,70

0,19 15156,66 4/1

14365,86 8/1

14,00

PER - Price Earning Ratio (ou cours/bénéfice) : cours de Bourse divisé par le bénéfice par action estimé pour l'exercice courant. PER : Jacques Chahine Finances ; données : la Cote Bleue. n/d : valeur non disponible.

COURS DE L'EURO

OR

Achat

Vente

MARDI 8 JANVIER 9h50

Cours

% var.

dollar us ................................1,4715...........1,4717 yen .......................................161,1600 ......161,2000

ONCE D'OR EN DOLLAR.................857,50.......-0,15

couronne tchèque.............26,0950.........26,1150

PÉTROLE

couronne danoise ...............7,4487...........7,4497 livre sterling.........................0,7424...........0,7426 forint hongrois...............254,3400 ......255,3400

MARDI 8 JANVIER 9h50

Cours

% var.

LIGHT SWEET CRUDE.......................95,98 ........0,94

zloty polonais ......................3,5970...........3,6070

L’inflation en Argentine a officiellement atteint 8,5 % en 2007, selon les chiffres publiés par l’Institut national des statistiques (Indec), lundi 7 janvier, mais contestés par la plupart des économistes, qui évaluent la hausse des prix à 15-20 %. L’indice est sujet à caution depuis le limogeage, il y a plusieurs mois, de la fonctionnaire chargée de l’établir.

couronne suédoise ..............9,3688...........9,3738

ATOUT EURO MONDED ATOUT FRANCE C ATOUT FRANCE D ATOUT MODERATIONSC ATOUT MONDE C ATOUT VERT HORIZ C ATOUT VIVACTIONS C CAPITOP EUROBLIG C CAPITOP EUROBLIG D CAPITOP MONETAIREC CAPITOP REVENUS D ATOUT HORIZON DUO

CM-CIC ACTS USA CM- CIC ACTS JAPON CIC PROFILE EQUILI CM-CIC TEMPERE CIC PLAN BOURSE CIC FRANCE D CIC EUROLEADERS C

couronne slovaque ..........33,3570.........33,4570 franc suisse ...........................1,6431...........1,6434 couronne norvég. ...............7,8842...........7,8892

TAUX TAUX D'INTÉRÊT LE 8/1

rouble...................................35,9450.........36,0450

COMME tous les investisseurs emportés dans une bulle, les collectionneurs d’art contemporain ont du mal à imaginer qu’elle peut éclater. Mais la raréfaction et le renchérissement du crédit, le ralentissement de l’activité économique et l’instabilité des marchés financiers pourraient avoir des conséquences fâcheuses. Lors des dernières années, il est devenu à la mode de considérer l’art comme un pur investissement. Si c’est le cas, les acheteurs intelligents pourraient vouloir couvrir leurs risques avec des actifs moins volatils. Ceux qui réellement résistent à l’épreuve du temps sont les œuvres des grands maîtres du passé. Il est facile de voir pourquoi les investisseurs ont inondé de liquidités l’art contemporain. Au cours de la dernière décennie, l’indice Contemporary Art 100 s’est envolé de plus de 800 %, selon Art Market Research de Londres. Lors de la même période, l’indice reflétant la valeur des œuvres des grands maîtres a enregistré la moitié de cette performance. Mais si les investisseurs commencent à prendre peur, les grands maîtres devraient briller. Entre 1991 et 1995, quand le marché de l’art s’est effondré, l’indice des prix des œuvres contemporai-

nes a perdu plus de 40 % et celui des grands maîtres seulement 20 %. Cela est largement lié à la longue histoire de la peinture. Les maîtres classiques ont résisté pendant des siècles aux hauts et aux bas du marché de l’art et à ses modes. Leurs collectionneurs savent que ces peintures conserveront une grande part de leur valeur. Les peintures de Venise de Canaletto, dont plusieurs ont été vendues récemment par la maison d’enchères Sotheby’s pour près de 10 millions de dollars pièce, ont été peintes il y a plus de deux cents ans. Par contraste, Jeff Koons peut créer une œuvre quelques mois seulement avant sa commercialisation. Si les grands maîtres ne sont pas immunisés contre les retournements du marché de l’art, leur plus faible volatilité en fait des couvertures efficaces. Cela ne garantit pas que Bruegel et le Greco réaliseront de meilleures performances à long terme que Bacon ou Rothko. Mais de nombreux grands collectionneurs sont aussi des investisseurs professionnels et comprennent la nécessité de se protéger. a Jeff Segal

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VALEURS DU CAC40

% var.

CAC Small 90 ALLEMAGNE ROYAUME UNI

Dernier cours

Les grands maîtres sont les valeurs sûres de l’art

Taux j.le j.

Taux 3 mois

Taux 10 ans

Taux 30 ans

livre turque...........................1,7071...........1,7171

france

4,11

4,62

4,23

4,54

dollar australien ................1,6729...........1,6739

royaume-uni

5,59

5,76

4,45

4,37

dollar canadien...................1,4735...........1,4745

italie

4,11

4,62

4,46

4,89

yuan chinois .......................10,6930.........10,7030 won sud-coréen ............1382,5000 ....1383,5000

allemagne

4,11

4,62

4,08

4,51

japon

0,57

0,91

1,48

2,36

dollar néo-zéland...............1,9021...........1,9121

états-unis

4,30

4,54

3,90

4,44

rand sud-africain .............10,1329.........10,1429

suisse

2,24

2,77

2,94

3,25

Mardi 8 janvier 9h30 Valeur

Dernier cours

ACCOR ............................◗ AIR FRANCE-KLM .............◗ AIR LIQUIDE ......................◗ ALCATEL-LUCENT .............◗ ALSTOM.............................◗ ARCELORMITTAL ..............◗ AXA....................................◗ BNP PARIBAS ....................◗ BOUYGUES........................◗ CAP GEMINI ......................◗ CARREFOUR ......................◗ CREDIT AGRICOLE ............◗ DANONE............................◗ DEXIA.................................◗ EADS ..................................◗ EDF .....................................◗ ESSILOR INTL.....................◗ FRANCE TELECOM ............◗ GAZ DE FRANCE................◗ LAFARGE............................◗ LAGARDERE ......................◗ L'OREAL .............................◗ LVMH MOET HEN.............◗ MICHELIN ..........................◗ PERNOD RICARD ..............◗ PEUGEOT ...........................◗ PPR .....................................◗ RENAULT ...........................◗ SAINT-GOBAIN.................◗ SANOFI-AVENTIS .............◗ SCHNEIDER ELECTRIC.......◗ SOCIETE GENERALE ..........◗ STMICROELECTRONICS ...◗ SUEZ...................................◗ TOTAL ................................◗ UNIBAIL-RODAMCO ........◗ VALLOUREC.......................◗ VEOLIA ENVIRON. ............◗ VINCI..................................◗ VIVENDI.............................◗

51,72 22,48 103,72 4,66 130,71 49,05 26,00 72,66 52,88 38,46 50,70 22,18 62,44 17,19 19,35 83,45 42,30 25,51 42,59 115,80 53,38 95,79 79,61 71,07 156,35 47,72 98,70 85,61 59,03 63,45 83,27 97,13 8,98 48,97 58,61 142,47 168,10 63,70 43,80 31,10

% var. % var. /préc. 31/12

Plus haut

Plus bas

51,66 0,12 -5,45 22,13 1,58 -6,53 103,90 -0,17 1,90 4,61 1,08 -5,86 127,45 2,56 -11,08 48,40 1,34 -7,78 26,06 -0,23 -5,07 72,37 0,40 -2,10 52,39 0,94 -7,23 38,14 0,84 -10,56 50,07 1,26 -4,86 22,11 0,32 -3,86 61,80 1,04 1,69 17,05 0,82 -0,12 19,20 0,78 -11,36 82,94 0,61 2,42 42,12 0,43 -3,09 25,19 1,27 3,61 41,97 1,48 6,47 115,05 0,65 -6,99 51,24 4,18 4,07 95,19 0,63 -2,24 79,09 0,66 -3,71 69,81 1,80 -9,46 155,71 0,41 -1,11 46,70 2,18 -7,97 97,89 0,83 -10,27 84,25 1,61 -11,75 58,83 0,34 -8,47 62,89 0,89 0,75 82,50 0,93 -10,15 96,87 0,27 -1,82 8,95 0,34 -8,37 48,53 0,91 5,15 58,40 0,36 3,13 141,61 0,61 -4,97 166,38 1,03 -9,21 62,83 1,38 2,00 42,72 2,53 -13,52 30,80 0,97 -0,89

Cours préc.

55,75 24,61 105,10 5,15 150,48 54,15 27,60 74,98 57,25 43,58 53,75 23,38 62,50 17,64 22,20 83,65 44,39 25,53 42,61 125,45 53,45 99,26 83,93 79,90 159,93 53,19 112,76 99,16 65,26 63,73 94,29 99,91 9,89 49,00 58,63 153,97 185,25 63,89 50,80 31,60

51,35 21,38 101,15 4,59 120,21 47,82 25,79 71,66 52,00 38,00 49,86 22,01 59,52 16,90 18,73 80,00 41,94 24,07 39,53 113,90 49,61 94,36 78,57 69,50 154,31 45,51 97,89 82,90 58,15 60,83 82,12 95,80 8,71 46,17 56,15 140,67 165,08 61,50 42,72 30,11

Divid. net

2,95 0,48 4,00 0,16 0,80 0,19 1,06 3,10 1,20 0,70 1,03 1,15 2,00 0,61 0,10 0,58 1,10 1,20 1,10 3,00 1,20 1,18 0,35 1,45 1,26 1,35 3,00 3,10 1,70 1,75 3,00 5,20 0,19 1,20 1,00 1,70 4,00 1,05 0,47 1,20

T T T T T A T T T T T T T T T A T T T T T T A T S T T T T T T T T T A A S T T T

Code ISIN

FR0000120404 FR0000031122 FR0000120073 FR0000130007 FR0010220475 LU0323134006 FR0000120628 FR0000131104 FR0000120503 FR0000125338 FR0000120172 FR0000045072 FR0000120644 BE0003796134 NL0000235190 FR0010242511 FR0000121667 FR0000133308 FR0010208488 FR0000120537 FR0000130213 FR0000120321 FR0000121014 FR0000121261 FR0000120693 FR0000121501 FR0000121485 FR0000131906 FR0000125007 FR0000120578 FR0000121972 FR0000130809 NL0000226223 FR0000120529 FR0000120271 FR0000124711 FR0000120354 FR0000124141 FR0000125486 FR0000127771

Cours en euros. ◗ : valeur pouvant bénéficier du service de règlement différé (SRD). # : valeur faisant l'objet d'un contrat d'animation. Plus haut et plus bas : depuis le 1/1/2007. n/d : valeur non disponible. A : acompte, S : solde, T : totalité.

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SICAV ET FCP SÉLECTION publiée sous la responsabilité de l'émetteur Dernier cours connu le 8/1 à 9h

Valeur

Cours

date

41,63 248,10 196,24 121,41 43,32 16,30 128,61 126,10 82,78 214,29 158,74 11,31

4/1 4/1 4/1 4/1 4/1 4/1 4/1 4/1 4/1 9/1 4/1 4/1

Fonds communs de placements ECUR.1,2,3 FUTUR ECUR.ACTS EUROPEC ECUR.CAPIPREMIEREC ECUR.CAPITAL.C ECUR.DYNAMIQUE +D ECUR.ENERGIE D ECUR.EURIBOR ECUR.EXPANSION C ECUR.INVEST D ECUR.MONEPRE.INSTC ECUR.MONEPREMIEREC ECUR.SECURIPREM.C ECUREUIL SENSIPREM ECUR.TRESORERIE C ECUR.TRIMESTRIEL D

57,59 20,95 2630,07 54,04 45,49 49,41 1188,30 17452,41 61,96 112412,54 2295,05 2471,03 3207,96 63,79 257,19

6/1 6/1 6/1 6/1 6/1 6/1 6/1 6/1 6/1 6/1 6/1 6/1 6/1 6/1 6/1

131,77 383,89 67,66

4/1 4/1 4/1

192,72 570,24

4/1 4/1

ATOUT QUANTEURO D CAAM ACTS EUROPE C CAPITOP MONDOBLIG

Fonds communs de placements ATOUT EUROLAND D ATOUT EUROPE C

3/1 4/1 4/1 4/1 4/1 7/1 7/1

30,41

7/1

28,01 9,90 192,57 23,22 167,31 40,92 42,86 275,02 75,31 49,97

7/1 7/1 7/1 4/1 4/1 4/1 7/1 4/1 4/1 7/1

Multi-promoteurs CM EUROPE ACTIONS

en euro valeur

7,25 4,54 20,73 167,31 13,65 37,53 46,33

Fonds communs de placements EURCO SOLIDARITE MONELION JOUR C MONELION JOUR D SICAV 5000 SLIVAFRANCE SLIVARENTE SLIVINTER TRILION

256,63 552,30 426,87 190,28 291,72 40,67 139,73 773,25

4/1 7/1 7/1 4/1 4/1 3/1 4/1 4/1

98,44 197,15 157,10 183,92 151,58 176,76 67,83 201,31 308,18 109,13

4/1 4/1 4/1 4/1 4/1 4/1 4/1 7/1 4/1 4/1

30,41 132,85 25,28 38,09

4/1 7/1 7/1 7/1

CM ACTIONS EURO C CM SELECTION PEA CM OBLIG CT C CM MID ACTS EUROPE CM-CIC TEMPERE CM-CIC DYN.EUROPE CM FRANCE ACTION C CM MONDE ACTIONS CM-CIC EQUILIBRE CM MID-ACTS FRANCE

Fonds communs de placements DYNALION EUROPE EGERIS AC 25-65C EGERIS AC 25-65D EGERIS AC 55-100C EGERIS AC 55-100D EGERIS AC PEA25-65 EGERIS ACPEA55-100 EGERIS PRUDENT INTERLION EGERIS OBJ CAC7000

Fonds communs de placements CM-CIC DYN.INTERN. CIC OBLI C.T. D CIC OBLIGATIONS D CIC EURO OPPORTUNI

LBPAM ACTIONS PACIFIQUE D LBPAM MONETAIRE 1 C LBPAM MONETAIRE E LBPAM MONETAIRE1D LBPAM OBLI COURT TERME C LBPAM OBLI COURT TERME D LBPAM OBLI LONG TERME 1 C LBPAM OBLI LONG TERME 1 D LBPAM OBLI MOYEN TERME C LBPAM OBLI MOYENTERME D LBPAM OBLI MONDE C LBPAM OBLI MONDE D LBPAM OBLI REVENUS LBPAM PROFIL 80 PEA D LBPAM PROFIL 100 C LBPAM PROFIL 100 D LBPAM PROFIL 15 C LBPAM PROFIL 15 D LBPAM PROFIL 50 C LBPAM PROFIL 50 D LBPAM PROFIL 80 C LBPAM PROFIL 80 D LBPAM PROFIL 80 PEA C LBPAM TRESORERIE 2 C LBPAM TRESORERIE 2 D

18,23 122,51 55817,89 111,36 23,35 17,95 140,13 128,40 229,16 179,53 149,32 127,65 755,51 90,04 83,75 76,80 220,57 202,07 235,98 216,77 253,73 233,78 98,31 3039,71 2304,59

4/1 6/1 6/1 6/1 6/1 6/1 6/1 6/1 6/1 6/1 6/1 6/1 6/1 6/1 4/1 4/1 6/1 6/1 6/1 6/1 6/1 6/1 6/1 7/1 7/1

Fonds communs de placements LBPAM ACTIONS AMERIQUE C 22,78 LBPAM ACTIONS AMERIQUE D 20,86 LBPAM ACTIONS DEVELDURABLE C 148,48 LBPAM ACTIONS DEVELDURABLE D 138,66 LBPAM ACTIONS EURO R 34,38 LBPAM ACTIONS FRANCE C 112,94 LBPAM ACTIONS FRANCE D 101,81 LBPAM ACTIONS INDICE FRANCE 44,81 LBPAM ACTIONS INDICE EURO 110,00 LBPAM ACTIONS MIDCAP C 125,31 LBPAM ACTIONS MIDCAP D 116,03 LBPAM ACTIONS MIDCAP E 10078,65 LBPAM ACTIONS MONDE C 217,22 LBPAM ACTIONS MONDE D 184,46 LBPAM ACTIONS PACIFIQUE C 20,51

4/1 4/1 4/1 4/1 4/1 4/1 4/1 4/1 4/1 4/1 4/1 4/1 4/1 4/1 4/1

LBPAM ACTIONS TELECOM 56,99 LBPAM 1ERE MOYEN TERME 11151,63 LBPAM 1ERE MONETAIRE E 8250,16 LBPAM ACTIONS EUROPE C 77,64 LBPAM ACTIONS FINANCE 90,59 LBPAM ACTIONS SANTE 102,00 LBPAM ACTIONS TECHNOLOGIE 24,44 LBPAM ACTIONS EUROPE D 75,77 LBPAM ALTERNA 10 R 118,45 LBPAM MONETAIRE I 590904,18 LBPAM OBLI CREDIT 128,09 LBPAM OBLI EUROPE C 115,73 LBPAM OBLI EUROPE D 103,68

FCP Multi-gestion

4/1 6/1 7/1 4/1 4/1 4/1 4/1 4/1 6/1 6/1 6/1 6/1 6/1

F&C ASIA PACIFIC DYNAMIC A F&C ASIA PACIFIC DYNAMIC I F&C ASIA PACIFIC DYNAMIC X F&C COM GL EM MKTS HDG F&C DIVERS.GR. X GBP F&C EMERGING MKTS. BD A USD F&C ENHALPHAUKEQ I GBP F&C ENHALPHAUKEQ X GBP F&C EUR INFLATION LINK BD A F&C EUR INFLATION LINK BD B F&C EUROPEAN CORPORATE BD A F&C EURO HIGH YLD BD A F&C EUROP SM CAP A F&C EUROPEAN EQTY A F&C GL .EMG. MKT. A USD F&C GL CONV BD AH F&G GLOBAL CONVERTIBLE BD A F&C GL REAL ESTATE A F&C GTAA ALPHA FUND A F&C GTAA ALPHA FUND I F&C JAPAN.EQTY A F&C NORTH AMER EQ. A F&C PACIFIC EQTY A F&C STEWARDSHIP INT A F&C STEWARDSHIP INT I

16,88 16,87 16,92 105,11 101,49 12,72 106,70 107,00 9,93 9,67 16,93 13,47 15,62 17,72 29,01 13,17 12,66 13,50 94,07 94,46 22,93 20,95 48,56 9,54 9,90

7/1 7/1 7/1 7/1 7/1 7/1 7/1 7/1 7/1 7/1 7/1 7/1 7/1 7/1 7/1 7/1 7/1 7/1 4/1 4/1 7/1 7/1 7/1 7/1 7/1

F&C US SMALL COMP A USD 76,50 7/1 F&C US SMALL COMP C USD 8,18 7/1 ...................................................................................... ...................................................................................... ...................................................................................... ...................................................................................... ...................................................................................... ...................................................................................... ...................................................................................... ...................................................................................... ...................................................................................... ...................................................................................... ...................................................................................... ...................................................................................... ...................................................................................... ...................................................................................... ...................................................................................... ...................................................................................... ...................................................................................... ...................................................................................... ...................................................................................... ...................................................................................... ...................................................................................... ...................................................................................... ......................................................................................


Economie & Entreprises

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Après 140 % de hausse en dix ans, le marché immobilier ralentit en 2007

IMMOBILIER UN AUDIT CONFIDENTIEL

Les prix des logements anciens ont progressé de 3,8 %, contre 7,1 % en 2006, selon les chiffres publiés par la Fnaim, qui pronostique une quasi-stabilité en 2008

LE 15 JANVIER 2007, les Banques populaires annonçaient l’achat, pour 1,3 milliard d’euros, du plus grand administrateur de biens français, Foncia (300 agences et 116 cabinets). Cette belle prise était saluée par les analystes comme une convergence pertinente entre les métiers de la banque et de l’immobilier. Le fondateur et PDG de Foncia, Jacky Lorenzetti, empochait au passage 800 millions d’euros, devenant la 61e fortune de France selon le classement du magazine Challenges. Ayant finalisé l’opération en mai 2007, les Banques populaires ont voulu faire le tour du propriétaire. Un audit a été réalisé dont la première mouture a été remise en novembre. Sa lecture révèle les méthodes pratiquées par Foncia depuis des années envers ses salariés et ses clients. Au cours de la période 2004-2007, Foncia a affiché une progression annuelle de son activité de 18 %, mais en privilégiant, remarquent les auteurs du rapport, « la croissance externe (…) au détriment de la valorisation du fonds de commerce existant qui a connu une lente érosion de sa rentabilité ». Foncia a acheté une centaine de cabinets sur la période et, au 30 juin 2007, gérait 836 500 appartements en copropriété et 190 000 en location.

près 140 % de hausse en dix ans, le marché immobilier a commencé à ralentir en 2007, comme l’avaient anticipé la plupart des analystes. Selon les statistiques de la Fédération nationale de l’immobilier (Fnaim), publiées mardi 8 janvier, « le freinage est saisissant puisqu’en 2007 les prix des logements anciens ont progressé de 3,8 %, contre 7,1 % l’année précédente et 10,4 % en 2005, et il est plus appuyé pour les maisons (4,3 %) que pour les appartements (3,3 %) ». La tendance aussi atteint les loyers, qui n’auront, en moyenne, progressé que de 0,9 %, en 2007. La tendance sur l’année 2007 aura été chaotique, le marché enregistrant hausses et baisses au gré de l’humeur des ménages. Attentistes avant les élections, plus enthousiastes en juillet, ceux-ci se sont montrés à nouveau circonspects à la rentrée, lorsque le Conseil constitutionnel a rejeté le projet gouvernemental de remboursement rétroactif des intérêts d’emprunts immobiliers. La crise financière a conduit à terminer l’année sur une période de doute. Ainsi, au 4e trimestre, les prix n’ont progressé que de 2,5 % par rapport au même trimestre de 2006. Pour 2008, la Fnaim pronostique une quasi-stabilité des prix : « Tout retournement brutal du marché semble écarté, rassure René Pallincourt, son président, et [la hausse] des prix devrait se stabiliser dans une fourchette de 0 % à 2 % », anticipe-t-il. Du côté des facteurs négatifs, il observe « un moral des ménages dégradé, une fin d’année marquée par une révision à la baisse de la croissance, un recul de la consomma-

A

Des prix presque doublés depuis 2000 PRIX DES LOGEMENTS ANCIENS indice base 100 en 2000

Prix de vente

Loyers

200

LES ACCÉDANTS À LA PROPRIÉTÉ SELON LE REVENU en %

1996 192,1

2006

180

Moins de 28,5 2 smic 16,4

160

De 2 à 3 smic

23,5 26,2

De 3 à 4 smic

25,5 24,8

4 smic et plus

22,5 32,6

140 120 100 2000

129,6 2007

Source : Fnaim

Source : CSA

tion et un ralentissement du pouvoir d’achat, qui seront à peine compensés par les récentes mesures gouvernementales (paquet fiscal, crédit d’impôt, monétisation des RTT et déblocage de l’épargne salariale) ». Une évolution graduelle « Le fait le plus marquant est l’allongement des délais de vente, qui s’établit, en 2007, à 79 jours, contre 71 jours en 2006, remarque Hervé Bléry, président du réseau Century 21. Contrairement aux précédentes années, ce sont les villes et les quartiers les moins chers qui ralentissent le plus spectaculairement, tandis que les quartiers chics et les villes chères poursuivent leur progression ». Paris prend ainsi le contrepied de la tendance nationale, avec une progression des prix de 5,1 % selon la Fnaim. Nice gagne encore 4,9 %, Biarritz, 9,2 %, Antibes près de 14 %. « La France connaît un ralentissement graduel de son marché immobilier », souligne Olivier Eluere, économiste au Crédit agricole, « ce qui contraste avec la situation en Espagne ou au Royaume-Uni. Dans ce pays, le nombre de prêts accordés a chuté de 36 % en novembre 2007 par rapport à

octobre, et de 10 % en cumul sur douze mois ». En France, les crédits à l’habitat accordés entre novembre 2006 et novembre 2007 ont atteint 148 milliards d’euros, soit un repli de 5,2 % par rapport à la même période, un an plus tôt. Ce recul s’explique plus par la baisse du nombre de transactions que par celle des prix. La bonne résistance du marché français est soutenue par un endettement toujours plus long des acquéreurs, qui empruntent aujourd’hui sur 21,5 ans, en moyenne, soit un an de plus qu’en 2006, et la part des prêts sur 30 ans ne cesse de croître, atteignant, en septembre 2007, 16 % du total des prêts souscrits. Un tiers des jeunes ménages s’endettent désormais sur plus de 30 ans. Autre moteur du marché, une demande supérieure à l’offre. « Les acheteurs sont encore deux fois plus nombreux que les vendeurs », souligne Bernard Cadeau président du réseau Orpi s’appuyant sur son enquête menée au dernier trimestre 2007 : 6,4 % des foyers français recherchent un logement, alors qu’il n’y a que 2,5 % de vendeurs. a Isabelle Rey-Lefebvre

Autoritarisme et centralisation, les méthodes du groupe Foncia

Climat social pesant A chaque intégration, Foncia impose ses méthodes au nouveau cabinet grâce à son « organisation centralisée ». Le climat social est pesant. Alors que la société emploie 5 100 personnes en France, il n’y existe aucun syndicat et quasiment pas de représentants du personnel. Grâce à une multiplication des structures de moins de 50 salariés, il n’y a pas non plus de comité d’entreprise. « Foncia peine à fidéliser ses jeunes collaborateurs, déplore le rapport (…). Le groupe est confronté à une forte rotation de ses personnels. Celle-ci est passée de 21 % en 2005 à 25 % en 2007. (…) La fermeté assumée dans la gestion des ressources humaines est source de conflits et de litiges

coûteux. » L’administrateur de biens a conclu, en 2006, 201 protocoles d’accord à l’occasion de départs, pour un coût de 2,3 millions d’euros, et doit faire face à 166 procédures devant les prud’hommes. Il n’est pas étonnant que Foncia se heurte à des difficultés pour recruter, y compris au sein des écoles créées en interne : 46 % de son effectif a moins de deux ans d’ancienneté. L’audit révèle aussi que Foncia a mis en place une « politique d’optimisation tarifaire » visant à multiplier les frais facturés à ses clients en plus du forfait annuel. Dans la gestion de copropriétés, ces émoluments annexes ont atteint, au premier semestre 2007, 39 % de l’ensemble des honoraires facturés. Frais administratifs, photocopies et autres frais de relance rapportent près de 12,9 millions d’euros par an. La facturation des questionnaires du syndic à l’occasion d’une vente, ce que les professionnels appellent les états datés, payés par les vendeurs, représentait en 2006 pas moins de 11 % des honoraires perçus, soit plus de 14 millions d’euros. La direction de la concurrence a tancé, le 19 novembre 2007, les organisations professionnelles « sur des pratiques tarifaires excessives voire abusives… Les prix [de cette prestation] variant de 150 à 430 euros ». L’audit propose des « synergies ». La banque pourrait ainsi accueillir les comptes des 8 400 copropriétés gérées (un encours de 650 millions d’euros) ou offrir des prêts immobiliers aux acquéreurs. Les produits de la trésorerie issue des immeubles gérés, notamment avec les dépôts de garantie, sont une ressource non négligeable qui représente 4 % du chiffre d’affaires et ont augmenté de 158 % entre 2004 et 2007. Foncia réalise, en outre, quelque 9 500 transactions par an, dont les Banques populaires envisagent de capter 50 % des financements, sans oublier les prêts aux locataires et les activités de courtage d’assurance. a I. R.-L.

ENVIRONNEMENT MÉDIOCRES PERFORMANCES ÉNERGÉTIQUES DES BÂTIMENTS DES ENTREPRISES

ÉTATS-UNIS

BTP

Les immeubles de bureau doivent se mettre au vert

Pour Henry Paulson, la crise immobilière américaine n’est pas terminée

Sacyr cherche à céder sa participation dans Eiffage

LES PROPRIÉTAIRES de bureaux prennent subitement conscience que leurs immeubles doivent réduire leurs besoins en énergie. Il s’agit, certes, de contribuer à diviser par quatre les émissions de CO2

d’ici 2050, conformément aux engagements français pris à Kyoto (Japon), mais surtout de réduire les charges. La banque de données Investment Property Data (IPD) a épluché

les comptes de 372 immeubles franciliens et chiffré le coût d’utilisation des locaux à 10 012 euros par salarié et par an, voire 15 000 euros pour un immeuble de « haute technologie », un budget en hausse de 5 % par an. La consommation moyenne d’énergie atteint 327 kilowatts-heure (kwh) par mètre carré, soit une consommation trois fois supérieure au niveau du label « haute performance énergétique » (HPE). On mesure le chemin à parcourir pour amener ces immeubles à une consommation de 130 kwh par m2, sans parler de « très haute performance énergétique » (THPE), qui se situe, elle, à 50 kwh par m2. Autre aiguillon pour les promoteurs : « Les immeubles trop gourmands risquent d’être pénalisés par le marché, tant pour les louer que pour les vendre », estime Jacques Bagge, de Jones Lang LaSalle. Des fonds d’investissement dédiés aux « immeubles verts » commencent à voir le jour. Calpers, fonds de pension californien, associé au promoteur Hines va investir 500 millions de dollars (340 millions d’euros) pour acheter des immeubles de ce type aux EtatsUnis. Général Eletric a aussi créé un fonds d’un milliard de dollars dédié aux immeubles verts. Plus modestement, Bouygues lance en France un fonds immobilier spécialisé Haute performance énergétique de 15 millions d’euros : « Pour nous c’est l’avenir, les utilisateurs vont réduire la facture d’énergie et pourront échapper à une future taxe carbone, qui se mettra en place tôt ou tard », prévoit Eric Mazoyer, directeur de Bouygues Immobilier. Il existe aujourd’hui une cinquantaine de bâtiments HPE, dont sept déjà livrés, et 15 collèges et lycées. La foncière Icade a été pionnière, en achevant, dès septembre 2005, le premier du genre, situé Porte d’Aubervilliers, au nord de Paris, et dont le surcoût, par rapport à une construction traditionnelle, n’était que de 5 % alors qu’il

consomme deux fois moins d’énergie qu’un immeuble classique. Le défi est, aujourd’hui, de construire des bâtiments à énergie nulle, voire positive, c’est-à-dire qui produisent autant ou plus d’énergie qu’ils n’en consomment. C’est ce que font Bouygues immobilier, par exemple, avec son futur siège, baptisé « Green Office », à Meudon (Hauts-de-Seine), ou Eiffage, dont le siège social régional à Lyon doit être achevé en septembre 2008. Le promoteur Framat envisage, lui, un énorme bâtiment à Gennevilliers. Mais l’exercice est loin d’être facile : « Il faut de fait renoncer à climatiser les immeubles », souligne Alain Bornarel du bureau d’étude thermique Tribu. a I. R.-L.

Le secrétaire américain au Trésor, Henry Paulson, a estimé lundi 7 janvier que la crise de l’immobilier, « inévitable et nécessaire », n’était sans doute pas terminée et qu’il fallait se préparer à de nouvelles dépréciations d’actifs du côté des banques. « Les acheteurs, a-t-il assuré, vont être réticents à faire de nouvelles acquisitions. De plus, jusqu’à ce que les investisseurs soient sûrs que les prix se sont stabilisés, ils resteront prudents avant de financer de nouveaux emprunts immobiliers. » Cette crise menace de contaminer le reste de l’économie. Aussi la Maison Blanche pourrait-elle préparer un plan de relance, qui serait présenté par George W. Bush lors du traditionnel discours sur l’état de l’Union, le 28 janvier.

Selon le site économique espagnol, El Confidential, lundi 7 janvier, le groupe ibérique Sacyr Vallerhermoso s’apprête à vendre les 33,32 % qu’il détient dans le groupe français Eiffage. L’acheteur serait un consortium d’institutionnels hexagonaux composé d’Axa, du Crédit agricole et de Groupama. Les deux derniers ont démenti, le premier n’a pas commenté. La sortie du groupe espagnol est à l’étude comme l’a suggéré son PDG, Luis del Rivero, le 14 novembre 2007, mais elle est difficile. Sur l’injonction de l’Autorité des marchés financiers, Sacyr est, en effet, tenu de lancer une offre publique d’achat sur Eiffage. Les démêlés entre les deux groupes seront évoqués lors du sommet franco-espagnol du 10 janvier entre José Luis Zapatero et Nicolas Sarkozy.

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Economie & Entreprises

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Bill Gates fait son dernier show avant son départ Les plus grands compositeurs par les meilleurs interprètes

Le fondateur de Microsoft a prédit une décennie d’évolutions technologiques radicales qui mettront à mal le modèle traditionnel de l’entreprise e dimanche 6 janvier, c’était son dernier discours au Consumer Electronics Show (CES) de Las Vegas, la grande messe annuelle de l’électronique grand public. Un « show », comme seuls les patrons américains peuvent se les permettre, avec projection de vidéos et rock-stars à la tribune (en l’occurrence, Slash, ex-guitariste des Guns N’Roses). A 52 ans, Bill Gates, le fondateur de Microsoft, quittera en effet définitivement l’éditeur de logiciels en juillet 2008 (Le Monde du 17 juin 2006). L’Américain, deuxième homme le plus riche au monde, restera président du conseil d’administration du groupe mais devrait se consacrer entièrement à la fondation humanitaire qu’il a créée avec sa femme, Melinda, à la fin des années 1990. Cette structu-

C

re caritative travaille à éradiquer les pandémies dans le monde et c’est aujourd’hui l’une des mieux dotées, avec plus de 60 milliards de dollars (40,8 milliards d’euros). Et comme l’homme reste une légende – un des pères de la micro-informatique dont le groupe, fondé en 1975 est l’une des plus belles réussites de l’informatique mondiale –, ses propos, dimanche, ont retenu l’attention. « Interfaces naturelles » M. Gates a prédit une décennie d’évolutions technologiques encore plus rapide que la précédente. « La première décennie numérique a été un énorme succès. Mais ce n’est qu’un début : rien n’empêche que nous allions encore plus vite et encore plus loin durant la deuxième », a-t-il dit. Selon lui, si le clavier et la souris ont marqué la première décennie numérique, la deuxième sera dominée par les « interfaces naturelles », comme les écrans tactiles. M. Gates a aussi beaucoup insisté sur le concept, aujourd’hui très en vogue, de « cloud computing » : les applications informati-

ques ne sont plus stockées sur le disque dur des ordinateurs personnels, mais quelque part sur le réseau, accessibles de n’importe quel poste. « Accéder à vos données partout sera considéré comme acquis », a-t-il dit. Cette vision met à mal le modèle traditionnel de Microsoft, basé sur la vente de logiciels que l’utilisateur installe sur son propre ordinateur. Le géant américain (51 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2007) reste hégémonique sur le secteur des systèmes d’exploitation (Windows) ou sur les suites bureautiques (Office), avec une part de marché d’environ 90 %. Mais il a commencé sa mue pour diversifier ses sources de chiffre d’affaires. Il s’est lancé dans les jeux vidéos au début des années 2000, avec la vente de consoles et de licences de jeux, et teste la génération de revenus publicitaires en ligne, avec la fourniture gratuite de services comme son portail web MSN ou Windows Live (avec ses applications de messagerie électronique, moteur de recherche…). a Cécile Ducourtieux

© Photo : Karajan par Siegfried Lauterwasser / DG

Le patron de Microsoft joue à Las Vegas

Offre de lancement

1€*

en plus du Monde

PAUL SAKUMA/AP PHOTO

Bill Gates (à droite), au côté du guitariste Slash, a donné un concert, dimanche 6 janvier, devant une foule de professionnels réunis dans la salle d’apparat de l’Hôtel Venetian de Las Vegas, après l’allocution au cours de laquelle le président de Microsoft a annoncé se retirer de ses fonctions. Il inaugurait le Consumer Electronics Show (CES), une des grand-messes mondiales de l’électronique grand public. Cette année sont à l’honneur la télévision haute définition et tout ce qui a trait à la mobilité. JEUX VIDÉO UNE ILLUSTRATION DE LA CONVERGENCE ENTRE TERMINAUX MOBILES

Sony va transformer sa console portable en téléphone mobile grâce au logiciel Skype

Ce week-end, le CD-livret de Beethoven, Symphonies n°5 & 7 par Herbert von Karajan. en plus du Monde et du Monde 2. * Collection Le Monde et Deutsche Grammophon : à partir du 11 janvier, chaque vendredi chez votre marchand de journaux avec Le Monde daté du samedi et son supplément Le Monde 2. En plus du prix du journal et de son supplément, le numéro 1 Beethoven : 1 € ; le numéro 2 + le numéro 3 : 4,95 € ; chaque numéro suivant : 4,95 €. Chaque CD et son livret peuvent être achetés séparément à la boutique du Monde – 80, bd Auguste Blanqui – 75013 Paris ou par correspondance. Offre valable en France métropolitaine et dans la limite des stocks disponibles.

C’EST une nouvelle illustration de la convergence entre téléphone mobile et console de jeux portable. Le japonais Sony a annoncé, lundi 7 janvier, qu’il allait doter la PSP, sa console de jeux portable, d’une fonction téléphonie. Les propriétaires du dernier modèle de cet appareil, la PSP 2000, pourront télécharger à partir de fin janvier le populaire logiciel de téléphonie par Internet Skype (propriété d’eBay). A condition qu’ils soient à proximité d’une borne Wi-Fi (technologie d’accès à l’Internet sans fil), ils pourront utiliser leur console comme un téléphone sans fil, en utilisant ce type de connexion et grâce à un mini-casque que commercialisera aussi Sony. Les communications seront gratuites ou à un coût plus faible qu’en téléphonant via le réseau des opérateurs mobiles. Pour Sony, il s’agit de rendre la PSP encore plus attractive face à sa grande rivale, la DS de son compatriote Nintendo. La PSP, petit bijou technologique, est dotée d’un large écran LCD de 4,3 pouces permettant de regarder des films avec une très bonne qualité

d’image. Mais pour l’instant, c’est la DS qui a remporté le plus grand succès malgré un design assez basique. Entre son lancement, fin 2004, et mars 2008, Nintendo devrait en avoir vendu 68 millions d’unités dans le monde. Alors qu’entre mars 2007 et mars 2008, Sony n’espère pas commercialiser plus de 10 millions de PSP. Garder une longueur d’avance Pour Sony, il s’agit aussi de garder une longueur d’avance. Les téléphones mobiles offrent en effet de plus en plus à leurs utilisateurs la possibilité de télécharger des jeux. Ils concurrencent désormais directement les consoles portables. La plupart des jeux disponibles actuellement sur les téléphones sont des « casse briques » ou des jeux du style « Tétris » (fameux jeu de puzzle conçu en 1985) au graphisme encore un peu primaire. Mais des éditeurs de jeux – comme Gameloft ou Digital Chocolate – ont de nombreux projets. Ils sont encouragés par la multiplication récente de terminaux téléphoniques plus ergonomiques, dotés de

vastes écrans. Sorti en 2007, l’iPhone, le téléphone du constructeur informatique Apple, bijou d’ergonomie et de technologie, a de fait servi d’aiguillon à tous les autres constructeurs de terminaux. Selon l’institut spécialisé Idate, le chiffre d’affaires du jeu pour mobile a atteint 2,4 milliards d’euros au niveau mondial en 2007 et pourrait passer à 3,3 milliards cette année. L’offre de jeux pour téléphones devrait d’ailleurs encore s’enrichir si Nokia lance effectivement, comme il en a le projet, sa plateforme de téléchargement de jeux. Elle devrait être pré-embarquée dans une série de téléphones Nokia plutôt haut de gamme mais pourrait aussi être téléchargée sur le site www.n-gage.fr, à partir d’un téléphone plus ancien. Le catalogue de jeux de Nokia devrait comprendre des titres signés par les plus grands éditeurs mondiaux (Electronic Arts, Gameloft, Digital Chocolate), dont des licences très populaires sur les consoles de salon (certains évoquent les Sims ou le jeu de football Fifa 2008). a C. Du.


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Médias

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Eric Fottorino candidat à la présidence du directoire du Groupe Le Monde Après les démissions de Pierre Jeantet et de Bruno Patino, le directeur du quotidien veut éviter la nomination d’un administrateur judiciaire ric Fottorino, directeur du journal Le Monde et membre du directoire du groupe, a demandé à Alain Minc, président du conseil de surveillance, d’être nommé président du directoire. Cette annonce, faite lundi 7 janvier devant les salariés du quotidien lors de la présentation des vœux, intervient après la confirmation, vendredi 4, de la démission de Pierre Jeantet, président du directoire, et de Bruno Patino, numéro 2 du groupe. « Je ne serai pas le directeur qui laissera enterrer Le Monde de BeuveMéry », a indiqué Eric Fottorino, rappelant qu’il a choisi de reprendre sa démission par « attachement à notre indépendance, à notre aventure singulière de journalistes (…) au moment où de toutes parts la presse devient la propriété de puissances économiques et financières ». Durant le week-end, Eric Fottorino a pris contact avec les actionnaires externes du groupe pour leur expliquer le sens de sa démarche et leur rappeler qu’il n’entendait pas « codiriger » le journal avec les sociétés de personnels. « Je ne serai pas l’otage des sociétés de personnels, pas plus que je ne serai l’otage d’autres actionnaires. » Pour Eric Fottorino, la priorité est aujourd’hui d’éviter l’arrivée

E

d’un administrateur judiciaire au journal après l’éventuelle saisine du tribunal de commerce. « Juridiquement, seule la présence d’un président du directoire peut empêcher » cette nomination, rappelle Eric Fottorino. « Un administrateur judiciaire, c’est la garantie que nous tous ici, journalistes, personnels, perdrons la main sur notre destinée. » « Message clair » Face à cette éventualité, le directeur du Monde a tenu à placer les membres du conseil de surveillance, et leur président, face à leurs responsabilités. « Je ne suis pas sûr qu’il sera donné une suite favorable à ma demande. Mais alors, chacun dans ce conseil devra prendre ses responsabilités. Cela voudrait dire que le directeur du Monde, membre du directoire, serait récusé au profit d’un administrateur judiciaire. Ce serait à mes yeux un acte d’agression contre nous (…) » Le directeur du Monde a également souhaité envoyer un autre « message clair » à Alain Minc en refusant « une recapitalisation hâtive » du groupe qui, selon lui « aboutirait à dénaturer l’identité même du Monde ». Cette recapitalisation a été évoquée pour la première fois le 14 décembre 2007 par Pierre Jeantet lors d’un déjeuner organisé par l’Association des journalistes médias. « La lecture de nos bilans plaide pour une recapitalisation (…) le plus vite serait le mieux », mais « nous ne sommes pas dans une situation qui l’exige », avait souligné M. Jeantet. Le schéma d’une recapitalisation n’avait alors

jamais été évoqué en interne. Lors d’une réunion d’information, organisée lundi, la Société des rédacteurs du Monde (SRM) a indiqué qu’elle avait été contactée par Lagardère et Prisa, actionnaires de Monde SA, en vue d’une recapitalisation. Selon le montage présenté, les deux groupes apporteraient 75 millions d’euros pour racheter la totalité des ORA du groupe. Une opération qui aboutirait à une recomposition des équilibres capitalistiques internes. « Nous sommes farouchement attachés à l’indépendance », a affirmé Jean-Michel Dumay, président de la SRM, qui estime par ailleurs que « la situation économique ne nécessite pas de recapitalisation », La vente des Journaux du Midi vient de rapporter 90 millions d’euros, ce qui va permettre au groupe de réduire son endettement brut. Celui-ci passera de 74 à 29 millions d’euros (hors ORA, obligations remboursables en actions). L’autre moitié sera allouée à la trésorerie, à la relance de certains titres et au financement du plan de redressement. La situation économique reste difficile. Fin novembre 2007, le groupe affichait un résultat opérationnel en retard de 5,6 millions d’euros par rapport à son budget. Eric Fottorino a indiqué que s’il était « suivi » par le conseil de surveillance, il « mettrai [t] en œuvre sans tarder et de façon irréversible le plan d’économies indispensable au redressement du journal et du groupe ». Ce plan devait initialement être présenté le 19 décembre. a Service Médias

PRESSE UN TAUX DE RENTABILITÉ DE 18 % À 20 %

« Psychologies Magazine » lance une nouvelle formule et se développe sur Internet teur. HFM, devenu Lagardère Médias, a acquis 49 % du capital en juillet 2004. Le mensuel compte 2,8 millions de lecteurs, dont 70 % de femmes, selon l’AEPM.

gies « est l’un des magazines les plus rentables de la presse magazine en France, avec un taux de rentabilité de 18 % à 20% ». Lancé en 2001, le site psychologies.com totalise aujourd’hui 700 000 visiteurs uniques et 19 millions de pages vues, selon l’éditeur. Le groupe prévoit de lancer en 2008, avec Lagardère Médias, « un site “pure player”, dans le domaine du mieux-vivre, visant des femmes CSP + [catégories socioprofessionnelles supérieures] », explique Arnaud de Saint Simon. Le groupe Psychologies a aussi lancé, depuis 2004, huit éditions étrangères, dont la plupart avec Lagardère. « Il faut consolider ce qui existe », car « on ne lancera plus de magazines », estime Jean-Louis Servan Schreiber. « C’est une période révolue, car il est très difficile de créer un journal ex nihilo, en raison d’un marché difficile, tant sur la diffusion que sur la publicité. » a

PSYCHOLOGIES Magazine lance une nouvelle formule en janvier. Le mensuel se veut « plus rythmé, plus complet, plus accessible », en restant fidèle à sa raison d’être : « aider chacun de nos lecteurs à mieux vivre sa vie », explique JeanLouis Servan-Schreiber, président du groupe Psychologies. « Cette nouvelle formule a nécessité un an et demi de travail avec la création de nouvelles rubriques comme “vivre ensemble” », souligne Laurence Folléa, rédactrice en chef. Créé en 1970 et racheté en 1997 par Perla et Jean-Louis ServanSchreiber, qui a dirigé une dizaine de journaux (L’Expansion, L’Express…), Psychologies a vu sa diffusion passer de 75 000 exemplaires en 1997 à près de 370 000 exemplaires en 2007 – dont 120 000 abonnés –, soit « l’une des plus fortes progressions, malgré un prix de vente (4 euros pour le grand format et 3,5 euros pour le petit) deux à trois fois supérieur aux magazines grand public », explique l’édi-

Un nouveau site Ce groupe fait figure d’exception dans le paysage de la presse, confronté à un repli de la publicité. « Psychologies est l’un des rares magazines à avoir vu une croissance de ses recettes publicitaires en 2007 », se félicite Arnaud de Saint Simon, directeur général. Son chiffre d’affaires publicitaire a progressé de 5 % en 2007 à 14 millions d’euros. Jean-Louis Servan-Schreiber explique ce succès par « une formule qui ne ressemble pas aux autres. Les lectrices nous achètent pour approfondir leur réflexion personnelle, et nous sommes perçus par les annonceurs comme un magazine féminin ». Dans un contexte morose, l’éditeur se félicite de voir que Psycholo-

TÉLÉVISION

PRESSE

PUBLICITÉ

Murdoch fait son retour au capital de Premiere

Le « New York Times » et CNBC s’allient contre le groupe Murdoch

Stagnation des recettes publicitaires au début 2008

News Corp, société contrôlée par le milliardaire australo-américain Ruppert Murdoch, a annoncé, lundi 7 janvier, l’acquisition d’une participation de 14,6 % dans le capital de la chaîne à péage allemande Premiere. Pour acheter cette part, News Corp a déboursé 287 millions d’euros. Avec ce rachat, Murdoch fait son retour au capital de Premiere. Au cours des années 1990, BSkyB, bouquet satellitaire britannique filiale de News Corp, avait pris jusqu’à 22,03 % du capital de la chaîne à péage allemande à côté du groupe de Leo Kirch. Seule chaîne cryptée, Premiere rassemble 4 millions d’abonnés. Mais la chaîne est malmenée depuis deux ans, après la perte des droits de diffusion du football, acquis par un câblo-opérateur.

Le quotidien The New York Times et la chaîne américaine d’informations financières CNBC, filiale de General Electric, ont lancé lundi 7 janvier un partenariat d’échange de contenus, destiné à contrer leur concurrent News Corp, le groupe de Rupert Murdoch qui détient le quotidien économique The Wall Street Journal et la chaîne Fox Business Network. Le site Internet du New York Times doit être enrichi de contenus vidéo issus de CNBC. En contrepartie, la chaîne reprendra sur son propre site des informations du quotidien. Cette alliance prend effet alors que News Corp a lancé l’offensive dans l’information économique avec le rachat cet été pour 5 milliards de dollars du groupe Dow Jones.

Pascale Santi

Au premier trimestre de 2008, le marché publicitaire français ne devrait progresser que de 0,9 %, prévoit MPG, filiale du groupe Havas contrôlé par Vincent Bolloré. Toutefois, Internet devrait profiter d’une croissance de 27 % pour s’imposer comme le troisième média français pour la publicité d’ici 2010-2011, prévoit Dominique Delport, directeur général d’Havas Media France. Pour la télévision, la progression des investissements devrait atteindre 2,3 % au premier trimestre. En revanche, MPG prévoit que la radio et la presse pourraient être à la peine cette année. Moins soutenues par l’actualité politique et sportive, les radios musicales pourraient ainsi voir leurs recettes baisser en 2008.

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Décryptages

0123 Mercredi 9 janvier 2008

Portrait

Sayed Kashua

Un Arabe d’Israël en prime time

PARCOURS

1975 Naissance à Tira (Israël).

1997 Reporter pour l’hebdomadaire « KolHaïr ».

2002 Publie son premier roman, « Les Arabes dansent aussi » (Belfond 2003).

2004 Sortie de son second roman, « Et il y eut un matin » (L’Olivier 2006).

2005 Chroniqueur pour le quotidien israélien « Haaretz ».

casmes ne passent pas bien, dit-il. Dans une communauté sous pression comme la nôtre, il est très difficile de penser librement. L’artiste se doit de combattre l’occupation avec des slogans prémâchés tout en ressassant le paradis perdu d’avant-1948. » Au début de sa carrière, Sayed Kashua rentre dans ce moule. Il est reporter dans les territoires occupés pour KolHaïr, le magazine de Jérusalem. Traumatisé par le déferlement des tanks israéliens dans les villes de Cisjordanie en 2002, il se réfugie dans la critique gastronomique et télévisée, avant d’être recruté il y a trois ans par Haaretz. « Au début mon chef voulait me faire écrire des trucs politiques. Mais être la feuille de vigne d’un journal israélien, cela ne m’intéresse pas. Après quelques pas, je l’ai enlevée et, depuis, je me promène à poil. » Chronique après chronique, Sayed Kashua s’aménage une place à part, ni caution ni bouffon, en creusant la veine de la dérision identitaire, désabusée et désopilante. Aux journalistes qui deman-

Le chroniqueur du quotidien israélien « Haaretz » est également le scénariste d’une série télévisée centrée sur la communauté arabe d’Israël. Un feuilleton largement autobiographique dont l’ironie a conquis un large public

C

’est l’histoire d’un journaliste arabe israélien parti interviewer un politicien juif d’extrême droite. Au cours de l’entretien, il apprend que le premier ministre vient d’adopter le plan de son interlocuteur visant à faire passer sous souveraineté palestinienne certaines localités arabes d’Israël, dont son propre village. Ce scoop le plonge dans des insomnies à répétition. Que faire ? Rester au village et perdre la nationalité israélienne ou bien déménager plus à l’ouest et la conserver ? A bout de forces, il finit par consulter un psy dont le diagnostic est sans appel : « Vous souffrez d’une pathologie rare mais bien connue qui s’appelle l’Arabe israélien et avec laquelle vous devez apprendre à vivre car il n’y a aucun traitement efficace. » L’infortuné s’appelle Amjad Elayan. Il est le héros d’une sitcom drolatique intitulée « Avoda Aravit » (« Travail d’Arabes »), la première série diffusée en prime time à la télévision israélienne dont les protagonistes appartiennent à la minorité arabe. Prisonnier de sa névrose identitaire, Amjad est le double du journaliste et romancier Sayed Kashua, le scénariste de cette série sacrilège qui passe à la moulinette tous les tabous des Palestiniens citoyens d’Israël. Le premier épisode commence à un check-point en banlieue de Jérusalem. Vexé d’être systématiquement identifié comme Arabe et donc arrêté, Amjad somme sa femme Bushra et leur fille Maya de boucler leur ceinture et de ne parler qu’hébreu. A peine le soldat se penche-t-il à la fenêtre de leur voiture que l’espiègle Maya le salue dans le plus parfait arabe, au grand dam de son père, obligé de se ranger sur le côté pour subir une fouille en règle. Les huit épisodes suivants sont à l’avenant. Métaphore burlesque de l’aliéna-

2007 Scénariste de la série télévisée « Avoda Aravit » (« Travail d’Arabes »).

Dans une communauté sous pression comme la nôtre, il est très difficile de penser librement

tion culturelle des Arabes israéliens, Amjad remplace sa vieille Subaru par une Rover d’occasion, supposée faire davantage juif. Anxieux de faire bonne figure au Seder, le dîner de la Pâque juive auquel les parents d’une amie de sa fille l’ont invité, il fait répéter à toute sa famille la Haggadah, la prière traditionnelle lue autour de la table. En retour, Amjad invite ses hôtes à célébrer l’Aïd chez lui et invente pour l’occasion un folklore similaire à celui du Seder, avec une rengaine du crooner égyptien Farid Al-Atrash en guise de prière musulmane. Dans son quartier, où il est le seul à rouler avec la ceinture, il est la tête de turc de ses voisins, persuadés quand ils le voient ainsi harnaché que la police rôde dans le coin. « Pour écrire le scénario, je me suis inspiré directement de ma propre vie », raconte Sayed, un jeune

trentenaire dont les chroniques pleines d’irrévérence font les délices des lecteurs du quotidien israélien Haaretz. « Mon frère, par exemple, refuse de monter en voiture avec moi dans notre village natal, où je suis le seul à mettre la ceinture. Il a l’impression d’être assis à côté d’un homo. » Contre toute attente, ce jeu de massacre sous-titré en hébreu a conquis l’audience presque exclusivement juive de la chaîne 2. Avec un Audimat moyen de 19 %, il fait même mieux que le reality show « Survivors » diffusé à la même heure sur la chaîne 10, sa concurrente directe. Et pourtant, les Juifs n’y sont pas épargnés. Pour séduire Amal, une brillante avocate arabe impliquée dans la défense de sa communauté, Meïr, le copain juif d’Amjad, s’échine une après-midi entière à rouler des feuilles de vigne farcies. Quand la belle débarque à son domicile et raille ses

efforts culinaires en citant L’Orientalisme, l’œuvre phare de l’essayiste palestino-américain Edward Said, il répond qu’il n’a pas lu « ce livre de cuisine ». Dans un autre épisode, Amjad, qui veut inscrire sa fille dans une école juive, se heurte aux préjugés de la directrice qui, découvrant l’identité des parents, affirme qu’il n’y a plus de place dans son établissement. Un déboire que Sayed Kashua a lui-même connu avant de placer sa fille dans une école mixte de Beit Safafa, le quartier arabe de Jérusalem où il réside. Ces critiques des travers racistes de la société israélienne n’ont pas suffi à amadouer la presse arabe. Aux yeux de la plupart des commentateurs, l’incorrigible Kashua fait figure au mieux d’illuminé, souvent de collabo et au pire de kafir (hérétique). « Je comprends que mes sar-

dent à cet ovni d’atterrir et de décliner son identité, il aime à répondre : « Je suis un pilote de l’armée de l’air israélienne. » La provocation comme stratégie d’autodéfense. Il ne veut pas que les lecteurs en ouvrant Haaretz se disent : « Voyons ce que dit l’Arabe de service. » « Je veux qu’ils aient tout simplement envie de lire Sayed Kashua comme on lit n’importe quel autre écrivain. » Ce ton singulier lui vaut d’être repéré par Dany Faran, le roi du soap opera israélien qui voulait lancer sur les écrans de ses compatriotes un « Cosby Show » à la mode arabe. « Sayed est le Woody Allen des Arabes israéliens », dit-il. En attendant de s’atteler à la deuxième saison, le duo réfléchit à un épisode spécial, consacré au Jour de l’indépendance, l’anniversaire de la fondation d’Israël, qui célèbre cette année ses soixante ans. Sayed a déjà son idée. La tradition en Israël veut que les enfants nés le Jour de l’indépendance reçoivent des cadeaux de l’Etat. « Or Bushra, la femme d’Amjad, qui était enceinte, accouche justement ce jour-là. Un milliardaire arrive qui promet à la famille plusieurs dizaines de millions de dollars, à une condition : que le bébé soit nommé Israël. » Incorrigible, on vous dit. a Benjamin Barthe Photo John Foley/Opale


Focus

0123 Mercredi 9 janvier 2008

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Assedic-ANPE Laborieuse fusion Emploi Discutée à partir du 9 janvier au Sénat, la fusion des deux organismes, de métiers et de cultures différents, nécessite de nombreux ajustements. Reste aussi à définir les missions de la nouvelle entité, qui doit garantir le plein-emploi

A

nnoncée par Jacques Chirac, promise par Nicolas Sarkozy, la fusion de l’Agence nationale pour l’emploi (ANPE) et des Assedic est en cours. A partir du 9 janvier, le Sénat discutera du projet de loi de « réforme du service public de l’emploi ». Fin 2008, un nouvel organisme verra le jour, consacrant la disparition de l’ANPE née en juillet 1967 sous la plume d’un jeune secrétaire d’Etat nommé Jacques Chirac et du réseau national de l’assurance-chômage créé en 1958. Cette fusion permettra, assure le gouvernement, une meilleure prise en charge des chômeurs, leur retour rapide vers le travail et l’atteinte, en 2012, de l’objectif du plein emploi promis par le chef de l’Etat. 40 000 agents venant du secteur public (ANPE) et privé (Assedic) devront s’unir. De cultures et de métiers différents – indemnisation pour l’Unédic (organisme national fédérant les Assedic) et accompagnement et placement des chômeurs pour l’ANPE –, les deux maisons font de la résistance, et les syndicats s’inquiètent. Même si leurs directions disent vouloir travailler ensemble « au service du demandeur d’emploi ». Quel sera le nom du nouvel organisme ? Rien n’est décidé : la fusion a été préparée sous un nom de code « France emploi ». La ministre de l’économie, Chris-

tine Lagarde, qui pilote cette fusion, a avancé un jour, en forme de boutade, le nom d’« Anedic ». « Réseau pour l’emploi » a été évoqué, comme « Centre emploi ». Quidirigera ? Le conseil d’administration du nouvel organisme comprend cinq représentants de l’Etat, cinq des organisations patronales, cinq des syndicats et trois personnalités qualifiées. « Les partenaires sociaux y sont majoritaires », fait-on valoir à Bercy. Le président pourrait être Dominique-Jean Chertier, dirigeant de Safran et ancien directeur de l’Unédic. Les directeurs de l’ANPE, Christian Charpy, et de l’Unédic, Jean-Luc Bérard, sont candidats au poste stratégique de directeur général, mais ont peu de chance de l’obtenir : la nomination de l’un ou de l’autre reviendrait à préférer l’un des deux clans. Parmi les noms qui ont circulé, celui de Muriel Pénicaud, DRH du groupe Dassault et ancienne directrice régionale de la formation professionnelle. Qui fera quoi ? « Nous ne faisons pas le même métier », disent à l’unisson ANPE et Unédic. « Rien ne dit que la même personne pourra tout faire, calculer l’indemnisation, suivre et placer le demandeur d’emploi, collecter les offres auprès des entreprises », explique Annie Thomas, la présidente de l’Unédic. Confirmation à Bercy : « Il n’y aura pas d’homme-orchestre, mais le référent unique devra pouvoir renseigner et renvoyer sur les personnes adéquates. » Des formations sont prévues pour que chaque agent du

Les rapports de force syndicaux ANPE Unédic (résultats 2005)

SNU (FSU) 30,5

Rémi Barroux

en %

Janvier 2008. Débat au Sénat sur le projet de loi, les 9 et 10 ; à l’Assemblée nationale à partir du 23. Février-mars. Adoption de la loi début février. Mise en place de l’instance de « préfiguration » du nouvel organisme. Désignation du conseil d’administration et du directeur général. De mars à décembre. Premiers travaux de fusion sur la comptabilité, les schémas d’organisation. Les réorganisations à l’ANPE et aux Assedic sont faites, avec des accords de méthode. Mars-avril. Début de la négociation de la convention d’assurance-chômage (entrée en vigueur au 1er janvier 2009). Fin 1er semestre. Convention entre l’Etat, l’Unédic et le nouvel organisme définissant leurs relations (financières, missions…). Fin 2008. Naissance juridique et vote du premier budget. Choix des noms, logo et signalétique. 2009. Mise en place du nouveau schéma d’implantation. Signature d’une convention collective entre direction et syndicats. Le nouveau service public de l’emploi doit avoir trouvé sa vitesse de croisière en fin d’année.

CFDT 26,9 FO 25,6

FO 16,8

UNSA 3,4 CFTC 10,2

CFE-CGC 13,4

Le syndicat SUD-ANPE ne bénéficie pas de la représentativité nationale mais s'est présenté dans six scrutins régionaux sur vingt-six, recueillant de 7,8 % en Ile-de-France à 26,3 % en Midi-Pyrénées où il est le premier syndicat de l'entreprise.

Autres 1,1

CGT 21,1

UNSA 0,7 SUD 1,2

CFE-CGC 11

ANPE

(Agence nationale pour l'emploi)

Créée le 13 juillet 1967

Les clients

CFTC 12,4

Dans le seul réseau des Assedic, celui qui doit fusionner avec l'ANPE, FO arrive en tête avec 28,2 %, devant la CFDT, 24,8 %, la CGT, 18,6 %, la CFE-CGC, 12,4 % et la CFTC, 9,63 %.

Le paritarisme à l’Unédic L'Unédic, l'assurance-chômage, est gérée paritairement par les partenaires sociaux. Quatre-vingt administrateurs (titulaires et suppléants) siègent au conseil d'administration (CA) et 4 000 représentants environ, à tous les niveaux. Chaque confédération syndicale (CGT, CFDT, FO, CFTC et CFE-CGC) a cinq administrateurs à l'Unédic, le Medef en a 17, la CGPME, 5 et l'UPA 3. Chacune de ces huit organisations siégeant au CA reçoit une dotation annuelle de 563 750 euros pour leur formation et leur fonctionnement.

et 31 Assedic (Associations pour l'emploi dans l'industrie et le commerce)

Créée le 31 décembre 1958

1,5 million entreprises affiliées

entreprises clientes

1 669 000 bénéficiaires de l’assurancechômage

3 108 300 chômeurs iinscrits

Le personnel 28 547

13 699

dont 24 853 dans les agences

dont 8 608 dans les antennes

La rémunération

3 137 €

2 135 € de rémunération brute moyenne mensuelle

de rémunération brute moyenne mensuelle

A l'ANPE, les salariés sont payés sur douze mois mais bénéficient d'un système de primes «de performances» et d'intéressement, l’équivalent d’un treizième mois. A l'Unédic, les salariés sont payés sur 14,6 mois. Par ailleurs, les charges sociales (Assedic) y sont plus importantes, les contrats étant de droit privé.

L’immobilier 824 agences (1 370 implantations au total)

650 antennes (+ 31 sièges sociaux)

600 000 m2

de biens immobiliers

450 000 m2 de biens immobiliers

18 % propriétaire

75 % propriétaire 82 % locataire

.

25 % locataire

Les budgets 2007 Recettes

ENTRETIEN AVEC ANNIE THOMAS (CFDT), PRÉSIDENTE DE L’UNÉDIC

Unédic

531 300

CALENDRIER DE LA FUSION

(au 31 déc. 2007)

CGT 16,8

CFDT 8,9

futur organisme connaisse au mieux les métiers de l’ANPE et des Assedic. Quelle convention pour les personnels ? Mme Lagarde l’a promis : « Il faut emprunter au meilleur des deux statuts des personnels. » La nouvelle convention collective, à négocier avec des syndicats qui auront aussi fusionné (ANPE et Unédic), ne pourra pas baisser les salaires plus élevés des personnels des Assedic. « La rémunération ne pourra s’établir que vers le haut », espère M. Charpy. A l’Unédic, on lorgne sur la relative sécurité dont bénéficient les agents de l’ANPE (article 9 de la convention 88 de l’OIT assurant l’indépendance et la « stabilité dans l’emploi » des personnels du service de l’emploi). Quel programme immobilier ? « C’est un sujet symboliquement très fort », reconnaît M. Charpy. « Les moyens opérationnels de la nouvelle institution devront lui être transférés, explique-t-on au ministère. Ce sera au nouveau conseil d’administration, pas à la loi, de résoudre le problème. » Et les maisons de l’emploi ? C’est le sujet d’inquiétude principal des parlementaires. Nombreux sont ceux qui ont créé des maisons de l’emploi, mesure du plan de cohésion sociale de Jean-Louis Borloo. « Des élus souhaiteraient que les maisons de l’emploi dirigent le nouveau réseau, explique M. Charpy. Ce n’est pas raisonnable, mais elles devront rester un lieu de coordination. » a

ANPE Unédic

2 143,9 millions d’euros

« On a construit l’outil avant de définir ses missions » Que pensez-vous de la fusion de l’Unédic avec l’ANPE ?

Cette fusion peut être une bonne chose. Mais les décisions ont été prises de façon trop rapide et la mise en œuvre sera très longue. Nous plaidons pour disposer du temps nécessaire pour réussir cette réforme. Une préparation plus en amont et la possibilité d’intégrer les conclusions de la négociation sur le marché du travail, qui se termine cette semaine, auraient été préférables. On a construit l’outil avant de définir quelles allaient être ses missions. Ne craignez-vous pas une perte d’influence des partenaires sociaux et le recul du paritarisme ?

Le fait que le conseil d’administration du nouvel organisme ne soit plus uniquement composé des syndicats et du patronat, comme à l’Unédic, peut laisser croire à un affaiblissement du paritarisme. Mais il se renforce au plan régional dans les

conseils pour l’emploi, tandis qu’au plan national, les partenaires sociaux seront reconnus au même titre que l’Etat dans la définition de la politique de l’emploi. Et l’Unédic demeure la structure de gestion de l’assurance-chômage. Offrirez-vous votre patrimoine immobilier au nouvel organisme ?

Le patrimoine de l’Unédic est plus important que ce dont va avoir besoin le nouvel opérateur, compte tenu de l’apport immobilier de l’ANPE. Nous mettrons à disposition, gratuitement, les locaux nécessaires aux missions du nouvel organisme. Mais pas plus. L’effort doit être conjoint et équilibré avec l’ANPE. Une partie de nos locaux pourraient être vendus, par exemple, pour rembourser la dette de l’Unédic. Discuter des missions et des offres de service nous semble plus important, le point de départ d’un schéma d’implantation cohérent.

Partie prenante dans la création de l’institution, pourquoi demandez-vous des garanties sur son financement ?

Le financement du nouvel organisme par l’assurance-chômage est inscrit dans la loi, à l’échelle de l’effort que nous faisons déjà (l’équivalent de 2,7 milliards d’euros). Mais il s’agit de l’argent des cotisations et nous devons avoir des garanties sur son usage. Il n’est pas admissible que les dépenses pour le personnel, les investissements immobiliers ou les prestations pour les chômeurs soient mélangés dans le même poste budgétaire. C’est à l’Unédic de décider de l’affectation des sommes qu’elle versera au nouvel organisme. Sur cette question, le projet de loi ne fixe aucun paramètre ni chiffre concernant les sommes que l’Etat s’apprête à investir dans le nouvel organisme. Ce n’est pas très équitable. a Propos recueillis par R. Bx

Etat 65,6 %

prévisionnel à nov. 2007

30 363 millions d’euros Cotisations employeurs et salariés 93,9 %

Unédic 26,1 %

Fond social européen Autres 3,6 % 2,9 % Collectivités locales 1,8 %

Dépenses 2 143,9 Personnel 54,8 %

Etat Autres 0,8 % 2% Cotisations retraites des chômeurs 3,3 %

ANPE Unédic 27 167

millions d’euros

Prestations et aides aux chômeurs 25,4 %

millions d’euros

Indemnisation des chômeurs 76,5 %

Autres 4,8 % Informatique 6,5 % Sources : ANPE, Unedic

Fonctionnement 13,3 %

Intérêt sur emprunt 1,7 %

ANPE 2,8 %

Frais de gestion 5,8 % Retraite chômeurs 8,4 % Infographie Le Monde


Reportage

20

0123 Mercredi 9 janvier 2008

SUMATRA (INDONÉSIE) Kuala Lumpur MALAISIE

Singapour Pekanbaru

Mer de Chine méridionale

RIAU

Rengat

In d ra g i r i

Kuala Cenaku

S U M A T R A Palembang OCÉAN INDIEN 150 km

Mer de Java

Djakarta INDONÉSIE

JAVA

C

’est un paysage d’après la bataille, une bataille livrée à la nature. Sol bouleversé, troncs calcinés, mares boueuses… la terre est transformée en un désert d’où n’émergent que de jeunes palmiers. On avance sous une chaleur pesante. Aucun chant d’oiseau, aucun souffle de vent. Un canal d’eau morte longe la piste jaune. Au loin, une espèce de bulldozer se meut comme un cafard après la catastrophe. Droit devant, un mince rideau sombre se révèle être une forêt. La marche se poursuit sans joie, randonnée funèbre, avant que l’on atteigne la sylve, ébouriffant jaillissement de végétation tranché comme au rasoir. Les arbres, les fougères, les troncs renversés, les ronces griffues, s’opposent maintenant à la progression. La forêt vierge, quoique lumineuse – la canopée ne la recouvre pas toute –, porte bien sa réputation d’impénétrable. A peine a-t-on avan- La province indonésienne de Riau a sacrifié 60 % de sa forêt en vingt-cinq ans. Le pays est devenu le 3e émetteur de gaz carbonique au monde. DIMAS ARDIAN/GETTY IMAGES cé, difficilement, de quelques mètres que le villageois qui nous accompagne, muet Ils marchaient. En chemin, d’autres les ont jusque-là, se met à décrire les arbres dans rejoints. Je suis arrivé en retard, on était une jungle de mots : voyez un medang, alors 200. Au camp, les ouvriers avaient dont on fait des meubles, là, un jelutung, presque tous fui. Nous avons décidé de ramequi fournit un caoutchouc rouge, voici le ner les excavateurs au village. Les opérakempas, très solide, qui fonde les maiteurs ont obéi, ils les ont conduits et on les a sons, celui-là, très haut, est le sialang, qui accompagnés en marchant. » Au village, procure un miel délicieux, et regardez les paysans décident de bloquer les machiencore le simpo, le meranti, le bengku… nes pendant la nuit. Ils veillent, font du Pourraient suivre un inventaire de fruits, feu, les femmes apportent à manger. d’insectes, d’oiseaux, l’évocation des Le lendemain, ils laissent les conduccerfs, des sangliers, des tigres – « On en a teurs emmener les engins. La police arriattrapé un il y a quelque temps » – et des ve : comme Sucipto avait été chef, elle lui singes, très nombreux paraît-il. demande de signer une lettre reconnaisNous sommes près de Kuala Cenaku, à sant que les villageois ont volé les équipe40 km de Rengat, district d’Indragiri ments et « mené des activités anarchiHulu, province de Riau, île de Sumatra, ques ». « Pour nous, explique Sucipto, la Indonésie. Autant dire au bout du monpolice est une grosse bête. » Les villageois de. Mais ici continue à se jouer l’ancestraen ont peur. Elle est du côté des officiels, le lutte entre l’homme et la forêt, entre la donc des compagnies. Deux jours plus civilisation et la barbarie. Sauf que les tard, Sucipto est convoqué au poste de rôles sont aujourd’hui inversés : les barbapolice de Rengat, jeté en prison. Une res sont ceux qui ont rasé la sylve, où les mobilisation parvient à l’en faire sortir au villageois avaient leurs habitudes et leurs bout de cinq jours. Mais entre-temps, sa ressources : « On y allait souvent pour femme, qui souffrait d’une maladie du prendre le rotin, le caoutchouc, des fruits à cœur, a fait une crise cardiaque à l’annonmanger ou à vendre, raconte Pak Hitam, ce de son emprisonnement. Elle meurt à notre guide. On pêchait dans les rivières, l’hôpital le lendemain de la libération de on pouvait gagner 2 millions de roupies par son mari. semaine [143 ¤]. Cela a changé quand les Depuis, Sucipto a repris sa vie de paycompagnies sont venues, ont coupé les san, s’occupant de ses trois garçons et se arbres et creusé les canaux. La forêt est rendant à sa plantation à vélo. Et les commaintenant trop loin du village, et les Pendant ce temps, BBU et BAY conti- pagnies ont continué leurs activités comengrais qui coulent dans la rivière ont fait années 1990. Les villages qui longent la nuaient inexorablement à occuper la terre me avant. L’affaire a cependant attiré l’atfuir les poissons. » rivière Indragiri avaient alors bataillé et à brûler les arbres. Comme le terrain est tention des associations écologistes indoCent kilomètres carrés de forêt vierge contre la compagnie d’Etat Inhutani, qui constitué de tourbe, le feu peut y durer nésiennes, puis de Greenpeace, qui est détruite, dans un coin ignoré du monde. coupait les arbres, ici comme ailleurs, quelques semaines. Plusieurs fois, la venue installer un poste d’observation Une petite histoire. Mais qui n’est pas iso- sans ménagement. Plusieurs manifestafumée a obscurci les villages, piquant les pendant quelques semaines, à l’automne. lée : elle se déroule dans la province de tions ont été nécessaires pour que le gouyeux des motocyclistes ou faisant tousser Mais en décembre, l’ONG internationale Riau, plus grande que le Portugal, où se vernement change le régime d’exploitales enfants. Les villageois ont fini par obte- est repartie. Les villageois s’attendent, trouve un dernier pan de forêt primaire tion forestière. « Mais après avoir été nir, en janvier 2007, une lettre du chef de avec le fatalisme des gens dénués de pouqui recouvrait naguère la plus grande par- dans la gueule du tigre, nous nous sommes district – sis à Pekanbaru, la capitale de la voir, à ce que les compagnies achèvent tie des 443 000 km2 de l’île de Sumatra. retrouvés dans la gueule du crocodile », dit province de Riau, à cinq heures de route, leur entreprise. Et quand le journaliste Ses derniers blocs de jungle attirent les Mursyid M. Ali, le chef du village de Kuaou 185 km, de Kuala Cenaku : elle enjoi- appelle le représentant de la compagnie, la Cenaku. Une autre complantations de palmiers qui gnait les entreprises de ne pas empiéter celui-ci lui raccroche au nez. Les officiels pagnie, Duta Palma, est arrise sont développées de maniè- La police sur les terres des paysans. Mais cela n’a ne répondent pas, ou sont injoignables vée en 2004, exhibant des re très rapide en Indonésie et D’autres façons de cultiver le palmier à rien changé. permis officiels de création en Malaisie depuis trente est du côté Cette bataille du pot de terre contre le huile, d’autres rapports avec les populade plantations de palmiers à ans : la production d’huile de des officiels, pot de fer a connu son acmé le 16 avril tions, sont sans doute possibles. « Nous huile. Elle a commencé à ces deux pays est passée d’en- donc des 2007. Son principal acteur : un homme devons développer notre pays, explique aincouper la forêt, à la brûler, à viron 5 millions de tonnes en compagnies au visage émacié, aux paroles lentes, qui si Daud Dharsono, directeur de PT Smart, planter des pousses de pal- Hervé Kempf 1976 à 34 en 2006. C’est que nous accueille dans sa maison de plan- une importante compagnie qui cultive mier. A Sumatra, il n’existe le palmier (Elaeis guineensis) ches au toit en tôle ondulé, éclairée par 350 000 hectares à Sumatra, en utilisant est d’un très bon rendement énergétique pas de titres de propriété foncière, seuleet fournit une huile très appréciée dans ment des titres coutumiers qui ne pèsent munes où les paysans cultivent souvent deux ampoules qu’alimente un généra- des méthodes limitant l’impact écologiles pays émergents d’Asie, dont les popu- pas lourd face aux permis donnés par le eux-mêmes des palmiers à huile, et, au teur diesel. Plusieurs fois, les villageois que des plantations. Mais on peut le faire lations modifient leur régime alimen- gouvernement régional. BBU et BAY, les loin, la forêt. « Quand nous nous sommes avaient porté la lettre du chef de district sans détruire. » PT Smart a rejoint taire. Depuis quelques années, un nou- filiales de Duta Palma, ont dévasté les rendus compte que les compagnies pre- aux compagnies qui ont établi leur camp d’autres compagnies dans une table ronveau stimulant est apparu : l’huile est un forêts les plus éloignées, mais aussi cel- naient la terre, nous avons fait un rapport dans les terrains forestiers. Il leur fut de sur le palmier à huile, qui a décidé en bon agrocarburant que veulent utiliser les que les villageois avaient coutume au chef de district, explique Raja Anis, chef d’abord répondu qu’elle n’avait pas été novembre de ne plus développer les cultuculturel de Kuala Melia, village voisin de reçue. Puis que seul le patron pouvait res au détriment des forêts primaires, l’Europe, la Chine et l’Inde. Tout ceci se d’utiliser. Les villages sont constitués de maisons Kuala Cenaku. On n’a pas eu de réponse. répondre et qu’il fallait attendre qu’il vien- mais seulement sur des forêts déjà exploitraduit par une intense pression sur les terres libres. « Dans la région, on a compté qui s’égrènent sur des kilomètres, le long On a écrit à d’autres officiels, au parlement ne. Au bout de trois semaines, le patron tées ou sur des terres dégradées. Mais toutes les compagnies ne participent pas à la en 2005 près de 200 conflits entre villageois de la route étroite que parcourent en un régional. Pas de réponse. Un rapport a été n’était toujours pas là. « Ce jour-là, les gens ont perdu patience, table ronde. La demande est si forte que et compagnies », dit Halim Irsyadul, de flux incessant et dangereux motocyclet- envoyé à Djakarta. Toujours pas de réponse. l’association indonésienne Kaliptra tes, vélos, voitures, camions, piétons. Der- C’est un système de pouvoir colonial. Les raconte Sucipto, qui a été chef de Kuala l’on développe maintenant ces palmiers à rière les habitations se trouvent les cultu- autorités sont supposées prendre soin des Mulia de 1995 à 2005, ils se sont dirigés Bornéo et en Papouasie. A Kuala Cenaku, Sumatera. vers le camp. Il n’y a pas eu d’organisation. Duta Palma continue son ouvrage. a A Kuala Cenaku, la lutte remonte aux res de chaque foyer, puis des terres com- gens, mais elles ne le font pas. »

Sumatra

Le palmier à l’assaut de la forêt vierge Produit alimentaire ou agrocarburant, l’huile de palme est de plus en plus appréciée en Asie, d’où une intense pression sur les terres. Reportage dans la province de Riau, en Indonésie, où la forêt vierge part en fumée


Débats

0123 Mercredi 9 janvier 2008

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Lelivre dujour

La vérité sur les FARC sort, enfin

La prisonnière du goulag tropical

Les révélations de l’ADN sur le petit Emmanuel donnent raison au président colombien sur les otages

D

’autres otages qu’elle, parmi ceux qui ont eu la chance d’en sortir vivants, ont témoigné de leur calvaire une fois redevenus libres. Aux mains de la guérilla des FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie) depuis bientôt six ans, la Franco-Colombienne Ingrid Betancourt, dont on était sans nouvelles depuis 2003, a dû se livrer à cet exercice délicat du fond de sa détresse. En prenant garde de n’offusquer ni ses geôliers ni le président colombien Alvaro Uribe, accusé par sa famille de « multiplier les obstacles » à chaque fois qu’un accord pour un échange humanitaire semble en vue. Ecrite d’un trait à la fin d’octobre en guise de « preuve de vie » dans les négociations en cours, adressée à sa mère et à ses proches, sa lettre poignante de 12 pages, dont Le Monde a publié des extraits le 4 décembre 2007, vient de paraître en intégralité dans une vingtaine de pays, assortie d’une réponse de ses enfants et d’une préface d’Elie Wiesel, Prix Nobel de la paix, ancien déporté des camps nazis. La vidéo qui était, avec la lettre, en possession de trois membres des FARC, arrêtés fin novembre à Bogota, a montré que la battante aux yeux pétillants de 2002, candidate du parti Vert qu’elle avait fondé pour la présidentielle de cette année-là, est devenue l’ombre d’elle-même. Ingrid Betancourt est apparue amaigrie, tête et regard baissés, muette devant la caméra, recroquevillée dans un décor de végétation dense. Elle confie dans sa missive, sans s’apitoyer sur son sort, qu’elle va « mal physiquement », ne « mange plus » et se sent « vaincue ». Elle confirme qu’elle a tenté

L

e diable en Colombie, c’est désormais la guérilla, et non plus Alvaro Uribe, pour le public français. Une page se tourne enfin. Vilipendé jour après jour depuis six ans par la mère, la sœur, la fille et l’exmari d’Ingrid Betancourt, avec l’aide de Dominique de Villepin et de Jacques Chirac, le président de Colombie a fait d’un coup échec et mat aux narcoterroristes des FARC et à ceux qui épousaient leurs mensonges. Non pas après une offensive armée de grande envergure, mais par la grâce d’un enfant, Emmanuel. Ingrid Betancourt et son chef de campagne pour la présidentielle de mai 2002 pour le parti Oxygène en Colombie, Claraleti Rojas, ont été enlevées le 23 février de cette année-là par les FARC, pour rejoindre le lot tragique des 3 000 otages d’une guérilla qui ne vit que du trafic de cocaïne et du rançonnement des civils séquestrés, pour un revenu à hauteur de 400 millions de dollars par an. Paris n’avait jamais éprouvé le moindre intérêt pour cette effrayante injustice jusqu’à la captivité d’Ingrid. En Colombie, Ingrid n’a jamais été que l’un des 3 000 Colombiens aux mains des

Jacques Thomet Ancien directeur de l’AFP en Colombie et au Venezuela (1999-2004) rebelles, et nul n’ignore qu’elle s’était jetée dans la gueule du loup en refusant d’obéir aux objurgations des services secrets de son pays qui l’avaient incitée, en vain, à ne pas poursuivre son chemin vers le repaire de la guérilla le 23 février 2002 (je garde par-devers moi un document secret qui le prouve). L’intervention publique de Jacques Chirac en sa faveur, sous la pression de Dominique de Villepin, a réussi à déformer la vision des médias français sur la tragédie colombienne. La scène y a longtemps opposé un méchant, Alvaro Uribe, à une guérilla « romantique » méprisée par le chef de l’Etat. Dans cette intrigue répétée sans relâche par la famille Betancourt, le président colombien endossait le rôle d’accusé. Ni la famille Betancourt ni les médias français n’ont jamais reconnu les concessions faites par Alvaro Uribe, incapable il est vrai de s’assurer les services d’un organe de communication compétent. Ce prési-

dent, élu au suffrage universel en 2002 avec 54 % des voix, a été réélu en 2006 avec 64 %, sur une plate-forme de « gant de fer contre les terroristes » (les FARC sont ainsi qualifiées officiellement par l’Union européenne). Contre tous ses engagements initiaux « de ne pas libérer un millimètre du territoire national au profit de la guérilla », cet ancien gouverneur de Medellin a accepté de négocier avec ces mêmes FARC qui avaient abattu son père, Alberto, en 1983, dans leur ferme. Le 13 décembre 2005, Uribe accepte même d’offrir 180 km2 de la Colombie aux FARC pour négocier un échange humanitaire sous l’égide de la France, de l’Espagne et de la Suisse. La guérilla rejette l’offre, et invoque son « refus de négocier avec le président colombien ». Les médias français n’évoquent jamais cet épisode. En 2007, les FARC paraissent en mesure de mettre à genoux Alvaro Uribe. Sous la pression internationale de pays dont la France, il avait déjà accepté en juin de libérer un commandant de cette guérilla, Rodrigo Granda, sur la demande expresse de Nicolas Sarkozy, puis 152 rebelles, mais sans aucune contrepartie connue. Le président colombien fait un nouveau pas sur son chemin de Canossa. Il accepte alors en

Ukulélé par Glen Baxter

Lettres à maman par-delà l’enfer Ingrid Betancourt, Mélanie et Lorenzo Delloye-Betancourt Seuil, 64 p., 7 ¤ de s’enfuir à plusieurs reprises (cinq, selon un ex-otage). On se doute que ses gardiens guérilleros l’en ont punie, en la privant de ses rares effets personnels et en la séparant d’un groupe au sein duquel elle supportait relativement mieux sa captivité. Elle esquisse la vacuité de jours sans fin, en perpétuelle errance dans la jungle, au rythme des alertes de la guérilla. D’emblée, elle évoque Dieu et le seul lien avec l’extérieur qui la tienne en survie psychique : une vieille radio sur laquelle elle capte (mal), via RFI en espagnol, peu après 5 heures chaque matin, les messages que sa mère n’a jamais cessé de lui adresser, sans savoir si elle les entendait. Son souhait d’écouter régulièrement ses enfants a récemment été exaucé. Tous les otages l’ont dit : le pire pour eux est la crainte d’avoir été oubliés. Cette femme brisée de 46 ans, pour qui « la mort apparaît comme une douce option », mobilise, tendue sur son papier, son intelligence, sa sensibilité et sa culture pour livrer, avec élégance et dignité, une sorte de testament d’amour à chacun de ses proches. Au cas où le pire survienne. Quitte à demander parfois pardon. Au fil des lignes, l’espoir d’une libération reprend corps, sans doute porté par la joie de s’adresser enfin aux siens. Pressée par ses gardiens de terminer sa missive, l’ancienne élève de Sciences Po remercie un à un tous les responsables politiques colombiens et étrangers (dont le président Sarkozy et son homologue vénézuélien Hugo Chavez) qui continuent d’agir en faveur de la libération des otages politiques, actuellement au nombre de 47, sur les 3 000 personnes kidnappées. Elle insiste sur sa gratitude envers le « peuple français ». Tout aussi émouvante est la réponse de ses enfants, Mélanie et Lorenzo, susceptible de redonner tous les courages à une mère. Ils avouent qu’ils avaient fini par douter qu’elle ait été toujours en vie avant cette lettre. Ils se disent galvanisés par « l’électrochoc » de son contenu, dans le combat qu’ils mènent avec leur père, Fabrice Delloye. La cause des otages politiques colombiens est devenue plus internationale. Mais l’issue de ce dossier, lié à un conflit national vieux de près de quarante ans, continue de rester tout aussi aléatoire. a Martine Jacot

décembre 2007 de laisser son homologue du Venezuela – haï en Colombie pour ses relations avec le régime castriste – recevoir les trois otages que la guérilla veut libérer pour les lui confier à Caracas : Claraleti Rojas, son fils Emmanuel (conçu en captivité avec un guérillero), et une parlementaire, Consuelo de Perdomo. Ce « geste » des FARC confirme les relations étroites entre Hugo Chavez et les rebelles, qui disposent de centaines de camps de repli au Venezuela sur les 2 300 km de frontière commune entre les deux pays. Un véritable cirque médiatique est alors monté par le président vénézuélien, avec la complicité d’une sénatrice colombienne d’extrême gauche, Piedad Cordoba. Huit pays dont la France envoient des délégués de haut rang : ambassadeurs, ministres, ou ex-président comme l’Argentin Nestor Kirchner. Le CICR de Genève attend comme eux la libération des otages. Le suspense se prolonge pendant cinq longues journées. La désillusion est totale. Les FARC annoncent le 31 décembre 2007 leur refus de libérer les deux femmes et l’enfant Emmanuel, sous un prétexte fallacieux. La vérité sort alors de son puits. Emmanuel n’était plus chez les FARC, annonce dans la soirée Alvaro Uribe. Sous le faux nom de Juan David Gomez Tapiero, souffrait de malnutrition, paludisme et leishmaniose quand il avait été confié par les rebelles à un certain José Cristiano Gomez en juillet 2005. Quand les FARC ont voulu récupérer le bébé en décembre dernier, ils ignoraient qu’Emmanuel avait été transféré dans la capitale. Les révélations du président colombien suscitent aussitôt la suspicion de la guérilla et de ses complices. Fabrice Delloye, l’ex-mari d’Ingrid Betancourt, dénonce le « machiavélisme » d’Alvaro Uribe le 3 janvier. Depuis près de six ans, il n’a cessé de vouer le chef de l’Etat aux gémonies, pour son refus des diktats de la guérilla. Hugo Chavez accuse son homologue colombien d’avoir « dynamité » la libération des otages par ses assertions. La fourberie des FARC a renforcé Alvaro Uribe, déstabilisé Hugo Chavez – muet depuis ces révélations – et, hélas, ridiculisé tous les pays qui avaient oublié d’imiter Ulysse en ne se faisant pas attacher au mât pour échapper à l’appel de sirènes encore plus dangereuses que dans la mythologie : la sanglante guérilla colombienne. a IL Y A 50 ANS DANS « LE MONDE »

La choquante fiancée du roi d’Irak

Edgar Morin : « Sarkozy, un déviant et un conformiste » « Le Franc-Parler » France Inter b i-TÉLÉ b « Le Monde » Edgar Morin, sociologue Vous prônez dans votre « politique de civilisation », dont Nicolas Sarkozy a repris la formule, de remettre l’humain et non plus la seule croissance économique au cœur de tout programme de gouvernement. Aucun régime, ni en Occident ni dans les pays en voie de développement, ne prône pourtant autre chose que la croissance…

Tout d’abord, c’est un processus d’occidentalisation du monde. Cette idée de développement, ce sont les Occidentaux qui l’ont dit aux pays qu’on appelait auparavant sous-développés. Ils se sont rués sur cette voie alors que nous commencions à avoir des désillusions. Il peut y avoir des accélérations de prise de conscience si les catastrophes deviennent extrêmement visibles. Au début, personne ne croyait au rapport sur l’environnement du club de Rome. Il a fallu quelques catastrophes : des pluies acides, la dépopulation des océans, l’annonce par des géographes du réchauffement climatique… Nous allons vers l’abîme et ce qui pourrait nous sauver, c’est qu’on appro-

che assez près de l’abîme pour pouvoir faire le sursaut, mais ce n’est pas garanti.

Vous avez pourtant voté Ségolène Royal ?

Les Américains parlent de downshifting : moins consommer. Est-ce une piste intéressante pour sortir de cette surconsommation ?

Oui. Au début, elle avait un ton nouveau. Elle avait quelque chose d’autre. Et je me suis dit : elle est inspirée. Progressivement, j’ai vu qu’elle se banalisait. Elle a un peu titubé. Et cela m’a découragé. Mais j’ai quand même voté pour elle.

Surconsommation pour une grande partie et sous-consommation pour une autre grande partie. Vous avez tellement de gens qui recherchent une harmonie avec eux-mêmes, avec les autres. Nous nous en satisfaisons quand nous partons en vacances, en week-end. Nous avons une aspiration chacun en nous à ce que j’appelle la poésie de la vie, vivre dans l’amitié, dans l’amour, dans la communion, dans la fraternité contre cette prose : la chronométrie, la quantité, l’hyperspécialisation. Vous êtes un intellectuel de gauche. Comment expliquez-vous que la gauche ne vous entende plus ?

J’ai souhaité irriguer la gauche, je ne l’ai jamais irriguée. Dans les années 1970, on avait dit aux socialistes : on peut vous faire des séminaires sur la complexité… Ils s’en foutaient. Ils ont toujours vu en termes de pouvoir. Ils se disaient : quand la droite prendra le pouvoir, ils vont se déconsidérer et on prendra leur place. Cela a marché pendant pas mal de temps. Maintenant, cela ne marche plus.

Vous dites que les mutations historiques sont souvent créées par un phénomène déviant ou un accident. Nicolas Sarkozy est-il un déviant ou un accident qui pourrait provoquer la rupture ?

Il mélange en lui le déviant et le conformiste. Dans le fond, il n’a pas le style normal de l’UMP. Sa campagne électorale est digne de la campagne de Bonaparte en Italie. Il a réussi à enfoncer sa droite, à enfoncer sa gauche et récupérer les voix, à contourner son centre, à dire qu’il faisait la rupture en prenant la continuité du parti. C’est un stratège génial. Dans la condition actuelle, je pense qu’il est coincé par la situation et par toutes ces promesses quantitatives qui ne peuvent pas se réaliser. (…) Mais je n’exclus pas qu’il puisse pratiquer une reconversion. S’il a dit ce mot de « politique de civilisation », c’est qu’il a senti qu’il y avait un vide dans la politique. C’est un intuitif. a Propos recueillis par Raphaëlle Bacqué, Thomas Hugues et Stéphane Paoli

LE 25 DÉCEMBRE, dans l’après-midi, la princesse Fazilet, que les journaux irakiens arabisent en Fadhila, fiancée du roi Fayçal II, débarquait de l’avion spécial la ramenant de Londres. Sur l’aérodrome, un petit groupe familial avait accompagné le souverain. Quelques fonctionnaires du palais, respectueusement en retrait, veillaient à l’ordonnance d’une arrivée minutieusement étudiée par le grand maître des cérémonies, Tahsin pacha Kadri. L’avion ralentit sur l’aire puis s’arrêta. Bousculant tout protocole, le roi Fayçal grimpa allègrement le premier à bord de l’appareil et reparut, tenant par la main une jeune fille brune, à la carnation délicate, aux grands yeux noirs un peu effarés, vêtue élégamment d’un ensemble vert olive à la dernière mode de Paris. Elevée au Caire, à Stamboul et à Paris, son éducation ne rappelle que de loin la formation rigide que les musulmans traditionalistes aiment imposer à leurs filles. Le geste du roi Fayçal, bousculant le protocole, a été salué par des centaines de jeunes Irakiennes qui rêvent d’une vie délivrée des bandelettes de la tradition, comme un défi à la vieille génération, désormais priée de se taire. Mais ce geste a également provoqué dans le pays de sévères critiques. Il n’est pas décent, disent certains, qu’une femme – fût-elle la future reine – s’exhibe dans des vêtements parisiens. Paris demeure en effet la ville symbole du péché. Il eût été plus correct que la princesse débarquât de l’avion discrètement, si possible en bout de piste. a 9 janvier 1958


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Disparitions

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Raymond Forni

Robert Davezies

Fils d’immigrés italiens, ouvrier chez Peugeot à 18 ans, député socialiste dès 1973, ce parlementaire chevronné a été président de l’Assemblée nationale. Depuis 2004, il présidait la région Franche-Comté

Prêtre ouvrier, militant contre la guerre d’Algérie

P

rêtre et militant contre la guerre d’Algérie, Robert Davezies est mort le 23 décembre 2007, à l’âge de 84 ans. Le Père Davezies a fait ses études à Tarbes ; titulaire d’une licence de mathématiques et de lettres, il entre au grand séminaire en 1945. Nommé vicaire de Lannemezan (Hautes-Pyrénées), il demande à rejoindre les prêtres ouvriers, ce qui lui est refusé, car Rome a décidé de mettre fin à cette expérience. Il poursuit alors ses études de physique et intègre, en 1955, les laboratoires de recherche de l’Ecole normale supérieure.

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ictime à 66 ans d’une leucémie foudroyante, Raymond Forni est mort samedi 5 janvier. Ce décès met un terme brutal au parcours singulier et attachant de ce fils d’immigrés italiens devenu président de l’Assemblée nationale. C’était le 29 mars 2000. Ce jour-là, mince, élégant, réservé comme à son habitude, mais « fier » de prononcer ces mots depuis le perchoir du Palais-Bourbon, Raymond Forni ne 20 mai 1941 Naissance à Belfort. 1968 Devient avocat. 1973 Député PS du Territoire de Belfort. 2000 Président de l’Assemblée nationale. 2004 Président du conseil régional de Franche-Comté. 5 janvier 2008 Mort à Paris.

cachait ni son émotion ni son plaisir. « En dépit de la fonction éminente à laquelle vous me faites tous accéder, je ne suis pas né français, dit-il. Fils d’immigrés italiens que la pauvreté avait fait fuir de leur pays, je suis certes né dans ce pays, mais je n’ai pu en acquérir la nationalité qu’à l’âge de 17 ans. La France m’a tout donné. Et c’est peut-être pour cela que, mon sang et mon cœur se mêlant, je crois à l’Europe par-dessus tout. » Remarquable parcours, en effet, que celui de ce petit « rital », dont le père ferblantier parcourait les rues de Belfort, et à qui la République a beaucoup donné. Rien, à l’évidence, ne lui était acquis et il y aura mis cette sorte d’ambition tenace que la volonté d’intégration peut conférer aux enfants de l’immigration. Orphelin de père à 11 ans, il parvient à poursuivre sa scolarité jusqu’à 17 ans avant d’être obligé de travailler pour faire vivre sa jeune femme et son premier fils : pendant un an, il est l’un des 40 000 ouvriers de Peugeot à Sochaux, OS2 à la chaîne. « Un travail atroce », se souvenait-il bien des années plus tard, auquel les cours du soir et un poste de surveillant dans un lycée lui permettent d’échapper : il obtient son bac, passe sa licence de droit en 1968 et devient avocat stagiaire à 27 ans. C’est à ce moment-là qu’il commence à militer au Parti socialiste. Cinq ans plus tard, en 1973, il est élu, pour la première fois, député de Belfort et devient le benja-

30 avril 1923 Naissance à Saint-Gaudens (Haute-Garonne). 1951 Ordonné prêtre à Lourdes. 1962 Condamné pour soutien au FLN. 1968 Cofondateur d’« Echanges et dialogues ». 23 décembre 2007 Mort à Paris.

Raymond Forni devant l’Assemblée nationale, fin 1999. STÉPHANE RUET/SYGMA/CORBIS min de l’Assemblée. Réussite d’un fils du tournables et ombrageux de la gauche peuple pressé de prendre sa revanche sur gouvernante et le baron de son fief belforl’adversité et le mépris social ? Non, tain. Parfaitement averti de l’adage selon répondait-il volontiers en remarquant lequel il n’y a pas de place pour deux croqu’à l’époque les candidats ne couraient codiles dans le même marigot, il devient donc un parlementaire de la plus belle pas les rues à gauche. Le talent du jeune avocat qui fustige eau, amoureux du verbe jusqu’à s’en grivolontiers les notables de sa région, l’en- ser, volontiers mordant quand il n’est pas gagement derrière François Mitterrand, suave, ne dédaignant pas l’intrigue, rompu aux arcanes du Palaisle tandem formé avec son Bourbon, juriste chevronné. compère belfortain, JeanMinistrable Dès 1981, le voilà présiPierre Chevènement, qu’il dès l’entrée de rejoint très vite chez les JeuFrançois Mitterrand dent de la commission des lois de l’Assemblée nationanes-Turcs du Ceres, tout à l’Elysée, le, poste-clé d’une première contribue à en faire l’un des il n’accèdera jamais législature où la gauche fait chevau-légers du nouveau au gouvernement son apprentissage. A ce Parti socialiste. Réélu en titre, il sera le rapporteur du 1978, il ferraille contre le projet de loi « Sécurité et liberté » projet de loi d’abolition de la peine de d’Alain Peyrefitte et dénonce vigoureuse- mort, défendu par Robert Badinter. Et, à ment les discriminations pénales à l’en- ce poste, il rendra de nombreux services au gouvernement, tout en sachant présercontre des homosexuels. Ministrable dès l’entrée de François ver les ponts avec l’opposition, comme Mitterrand à l’Elysée, il n’accédera lorsqu’il fallut faire adopter sans trop de jamais au gouvernement, éclipsé encore heurts le statut de la Nouvelle-Calédonie et toujours, en 1981 comme en 1984, en préparé par Edgar Pisani. En rupture de ban avec le Ceres dès 1988 comme en 1997, par M. Chevènement, devenu l’un des caciques incon- 1983 – sur l’Europe et la politique de

rigueur –, il restera jusqu’au bout un socialiste atypique, inclassable, rétif aux affiliations de courant, un temps sensible au talent de Laurent Fabius avant de se rapprocher de Lionel Jospin. Cette liberté de position et de ton lui valut d’ailleurs de sérieuses périodes de déshérence, en 1986, en 1993 ou en 2002, où il est à chaque fois battu dans sa circonscription et retrouve son cabinet d’avocat. Mais ni la solitude ni la patience ne l’effrayaient et il sut, en 1988 comme en 1997, surmonter ces passages à vide et retrouver le chemin du Palais-Bourbon, jusqu’à la consécration : son élection au perchoir en 2000, lorsque Laurent Fabius céda la place pour rejoindre le gouvernement. Après deux ans d’une présidence active, parfois menée à la baguette, il fait partie des victimes de la Berezina de 2002 où il est battu par un inconnu de trente ans son cadet, avant de partir avec succès à la conquête de la présidence de « sa » région de toujours, la Franche-Comté, en 2004. Raymond Forni fut, à tous égards, un homme de mérite. a Gérard Courtois

Gilbert Ducros Le slogan publicitaire « A quoi ça sert que Ducros se décarcasse » a rendu célèbre cet industriel et sa marque. Il était un nez des épices, capable d’en reconnaître la provenance rien qu’à l’odeur

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’est une épopée industrielle peu banale que laisse derrière lui Gilbert Ducros, fondateur du groupe qui porte son nom, mort le 22 décembre 2007 à l’âge de 79 ans. Les Français se souviendront sans aucun doute du slogan publicitaire devenu culte « A quoi ça sert que Ducros se décarcasse », mais la manière surprenante dont il a mené sa barque mérite aussi d’être retenue. 12 février 1928 Naissance à SainteEuphémie-sur-Ouvèze (Drôme) 1963 Crée une société de négoce de produits provençaux 1973 Lance les fruits secs conditionnés Vahiné 22 décembre 2007 Mort à Carpentras

Natif de la Drôme, il renonce dans les années 1950 à une carrière d’officier pour se lancer dans les herbes, suivant ainsi les traces de son père, courtier pour les grossistes de Carpentras. Il commence modestement, en vendant du tilleul sur les marchés. En 1963, il crée avec son frère Marc une société de négoce en vrac de produits et aromates provençaux, poi-

vres et épices à destination des industries alimentaires et pharmaceutiques. Ses deux fils, Yves et Michel, les rejoignent au début des années 1970. Premier coup de génie marketing, il développe dans les années 1960, cette fois pour le grand public, ses fameux petits bocaux à bouchon rouge pour herbes déshydratées et épices, et les meubles supports pour la vente en supermarchés. Le tout est complété, à partir de 1975, par la célèbre campagne, lancée avec Havas. La série de spots télévisés, dont aussi « Les herbes de Provence, c’est Ducros qui me les ramasse », fonctionnent à merveille. Gilbert Ducros ne ressemble néanmoins pas au cuisinier bedonnant et moustachu de la réclame – à part l’accent du Midi. « C’était un petit bonhomme brun énergique et typiquement provençal », a confié à l’Agence France-Presse (AFP) son fils Michel, aujourd’hui président du groupe d’épicerie fine Fauchon. « Il était aventurier et courageux », précisait-il, rappelant son credo : « Etre provençal et mondial ». Toute sa vie, Gilbert Ducros aura sillonné le monde pour y traquer les épices et par la même occasion créer des filiales. S’il avait la « bosse du commerce », c’était aussi un « nez » des épices, capable à l’odeur d’en reconnaître la prove-

AFP

nance. Il avait par exemple prospecté en Chine et en Albanie avant l’heure. Il réalise une deuxième opération marketing avec la création en 1973 de Vahiné, marque de fruits secs conditionnés, d’arômes liquides et de toutes sortes d’aides à la pâtisserie. Le slogan – « Vahiné, c’est gonflé » – est tout aussi efficace. En 1981, ce sera le tour de La Tisanière. Mais peu à peu, la situation décline. En 1986, le groupe de Carpentras commence à perdre de l’argent. Devenu leader européen des épices (260 millions d’euros de

chiffre d’affaires en 1990), il a vu trop grand. Confrontés à des pertes et à un fort endettement, les Ducros sont aussi empêtrés dans des divergences familiales – les fils revendiquent une vision plus gestionnaire que le père. En 1992, ils vendent l’entreprise à Eridania-Béghin-Say, le pôle agroalimentaire du groupe italien Ferruzzi-Montedison. « Nous étions arrivés au bout de nos possibilités de travail en commun », expliquait à l’époque Michel Ducros. L’Italien va restructurer, en se séparant des activités sauce, condiments et tisanes…, puis revendre en 2000 au leader mondial des épices, l’américain McCormick, pour 425 millions d’euros. Gilbert Ducros, lui, est en fait toujours de la partie. Dès 1992, quelques mois après la vente de son groupe, une nouvelle entreprise arrive sur le marché naissant des herbes aromatiques surgelées. Elle s’appelle Gyma, pour Gilbert, Yves et Marc… Ducros. Le fondateur, à 65 ans, crée la surprise, profitant de n’avoir pas signé de clause de non-concurrence avec Ferruzzi. Aujourd’hui, Gyma réalise un chiffre d’affaires de 150 millions d’euros et compte des usines en France et en Allemagne, aux Pays-Bas, en Chine et à Dubaï. Et elle vend aussi des épices en petits bocaux. a Laetitia Clavreul

Il fait partie de ces chrétiens qui se sont engagés corps et âme dans le combat anticolonial jusqu’à fonder, avec le philosophe Francis Jeanson, des réseaux de soutien aux activistes du FLN algérien à la fin des années 1950. L’abbé Davezies fut, au sein du réseau Jeanson, selon le mot de Sartre, un « porteur de valises » au profit de militants du FLN dont il assura le convoyage illégal entre l’Espagne, l’Allemagne, la Suisse et la France. Accusé, en 1958, d’avoir infiltré en France les membres d’un commando de nationalistes algériens chargé d’assassiner – sans succès – le ministre de l’information et ancien gouverneur général d’Algérie, Jacques Soustelle, il est recherché par la direction de la surveillance du territoire (DST), mais parvient à fuir en Allemagne. Il poursuit son aide au FLN dans le réseau d’un militant communiste juif égyptien, Henri Curiel, et participe à la naissance d’une structure d’accueil de déserteurs et d’insoumis français en Suisse, Jeune Résistance . Condamné une première fois par contumace en avril 1960 par le Tribunal permanent des forces armées (TPFA) de Paris, notamment pour atteinte à la sécurité extérieure de l’Etat, à dix ans de réclusion et vingt ans d’interdiction de séjour, il est finalement arrêté à Lyon en janvier 1961. Un an plus tard, le TPFA atténue sa responsabilité dans l’attentat raté contre Soustelle – les accords d’Evian mettant un terme à la guerre d’Algérie seront signés en mars 1962 – et le condamne à trois ans de prison. Il bénéficie d’une suspension de peine pour raisons de santé en juillet 1962. Dans les années suivantes, il soutient les nationalistes en Angola qui luttent contre une autre puissance coloniale, le Portugal. Apôtre de la « déclergification » du statut sacerdotal, engagé dans les luttes syndicales et politiques à gauche de la gauche traditionnelle, Robert Davezies crée, à la fin des années 1960, le groupe Echanges et dialogue , qui se refuse à abandonner l’Eglise aux « forces conservatrices ». Ce groupe de réflexion sera dissous en mars 1975. Le Père Davezies est l’auteur de trois ouvrages consacrés aux militants du FLN : Le Front, Le Temps de la justice et Les Abeilles. a Olivier Biffaud

Edward Klosinski Edward Klosinski, directeur de la photo de nombreux films réalisés par ses compatriotes polonais Andrzej Wajda, Krzysztof Kieslowski et Krzysztof Zanussi, est mort samedi 5 janvier à l’âge de 65 ans. Il avait notamment dirigé la photo de L’Homme de marbre et de L’Homme de fer (Palme d’Or à Cannes en 1981), deux succès de Wajda, ainsi que ses autres films La Terre de la grande promesse, en 1974, ou Les Demoiselles de Wilko, en 1979. Il a aussi été directeur de la photo de Blanc, de Kieslowski, et d’une partie de son Décalogue. Mari de la comédienne polonaise Krystyna Janda, Edward Klosinski avait participé à plusieurs pièces de théâtre.


Carnet

0123 Mercredi 9 janvier 2008

La famille, Les ami(e)s de

Louise BLANQUART,

Le Carnet

syndicaliste et journaliste, militante communiste, féministe et écologiste,

Faites part de vos événements

ont la tristesse de faire part de son décès, le 2 janvier 2008, à Paris, à l'âge de quatre-vingt-six ans.

par téléphone : 01 57 28 28 28 par e-mail : carnet@mondepub.fr par fax : 01 57 28 21 36

Une assemblée à sa mémoire sera organisée prochainement, l'annonce en sera faite dans ces colonnes.

au journal ou par courrier : Le Monde - Le Carnet 80 boulevard Auguste Blanqui 75707 Paris cedex 13

Tarifs 2008 (prix à la ligne)

ont la profonde tristesse de faire part du décès de leur président,

docteur Nicolas BOISSET,

Naissances, Anniversaires de naissance, Mariages, Fiançailles… : 18 g TTC

directeur de recherche au CNRS, survenu le 4 janvier 2008, à Paris.

Décès, remerciements, Avis de messe, Anniversaires de décès, Souvenirs : 24 g TTC Thèses : 15 g

Le Conseil de la Société française des microscopies (Sfµ) Et l'ensemble de ses membres

TTC

Réduction abonnés

Les obsèques ont eu lieu le 7 janvier, en l'église de Thiville (Eure-et Loir). Ses enfants, Ses petits-enfants Et ses arrière-petits-enfants, ont la tristesse de faire part du décès du

Un justificatif d’identité sera demandé.

Vous pouvez nous transmettre vos annonces la veille pour le lendemain jusqu’à 19 heures, le samedi et les jours fériés jusqu’à 16 heures. Téléphone abonnements : 0 825 000 778

AU CARNET DU «MONDE»

Naissances Alexandre et Caroline AUBIN Liam, son frère,

docteur Maurice BOUCHET, survenu à Marseille le 25 décembre 2007. Michel Philippe, son fils, Nadine Philippe, sa belle-fille, Annabelle et Thomas, ses petits-enfants, Sylvain et Sophie, leurs conjoints, Ernestine, Zéphir et Nils, ses arrière-petits-enfants, Antoinette Lacombe, sa nièce, ont la douleur de faire part du décès de

Marthe BRASSIER,

ont la joie de faire part de la naissance de

Louis, James,

ancienne surveillante générale des Hôpitaux de Paris, survenu à Paris le 4 janvier 2008, à l'âge de quatre-vingt-six ans.

le 18 décembre 2007, à Tullamore.

La cérémonie religieuse sera célébrée en l'église Saint Ferdinand des Ternes, 27, rue d'Armaillé, Paris 17e, le 11 janvier, à 10 h 30.

24 Arden Heights, Co Offaly, Tullamore. Irlande. Quel beau cadeau,

L'inhumation aura lieu au cimetière de Saint-Sulpice sur Risle (Eure), le 11 janvier, à 15 heures.

Léon PRIQUET est né le jour de Noël.

Cet avis tient lieu de faire-part.

Jean-Louis et Josiane LE TACON, ses grands-parents, souhaitent faire partager leur bonheur. 22190 Plérin-sur-Mer.

95, avenue de la République, 75011 Paris.

23 Dominique, son épouse, Pascal, Fabian, Lionel, Jérémy, Arthur et Stanislas, ses enfants, Alexandre, Appoline, Adrien, ses petits-enfants, Rosette, sa sœur, Ses neveux et nièces Et sa famille, Ses parents Et alliés, ont l'immense douleur de faire part du décès, de

Raymond FORNI, « enfant de la République». Les obsèques religieuses seront célébrées le mercredi 9 janvier 2008, à 14 h 30, en l'église Saint-Pierre de Besançon, où un hommage officiel sera rendu. Une messe d'adieu sera célébrée le jeudi 10 janvier, à 11 heures, en la cathédrale Saint-Christophe de Belfort. 37, rue du Tilleul, 90150 Fontaine. Les collaborateurs et collaboratrices de son cabinet ont l'immense tristesse de faire part du décès de

M. Raymond FORNI, président du Conseil régional de Franche-Comté, ancien président de l'Assemblée nationale avec qui ils ont eu l'honneur de travailler. Les obsèques religieuses seront célébrées le mercredi 9 janvier 2008, à 14 h 30, en l'église Saint-Pierre de Besançon, où un hommage officiel sera rendu. « Dieu sera tout en tous. » (1 Co 15,28). « Voilà le but et le sens de la résurrection, le but et le sens de nos vies. » Simone Frutiger. Nous sommes en deuil de

Simone FRUTIGER-BICKEL, 16 décembre 1923 - 2 janvier 2008. Reconnaissants pour sa vie accomplie, nous sommes heureux d'avoir bénéficié de tout l'amour qu’elle nous a offert et admirons sa vive participation en faveur du bien-être d'autrui tout comme son sens algu de la justice.

Mme Josette Bruzel, son épouse, Ses filles et ses petits-enfants,

est né le 18 décembre 2007, à Los Angeles.

ont la douleur de faire part du décès de

Anne, Tangi et Aurélien.

M. Jean BRUZEL,

Anniversaires de naissance Je t'aime

survenu dans sa quatre-vingt-douzième année. M. Philippe Droin, son époux,

Mon Grand.

Décès Ariane Angeli, son épouse, Dovinia et Michael Angeli-Ganne, David Angeli, Florent, Anne et Elena Dieterlen, ses enfants et leurs conjoints

M. et Mme Philippe Pascal, M. et Mme François Droin, M. et Mme (†) Pierre Bourgeois, M. Emmanuel Droin, ses enfants, Ses douze petits-enfants Et vingt arrière-petits-enfants,

Ainsi que toute la famille, ont la tristesse de faire part du décès de

Pierre ANGELI, conseiller d'état honoraire, ancien gouverneur de la Polynésie française, ancien haut-commissaire de la République en Polynésie française, officier de la Légion d'honneur, commandeur de l'ordre national du Mérite, survenu le 5 janvier 2008. Les obsèques seront célébrées le vendredi 11 janvier, à 10 h 30, en l'église de Samois-sur-Seine (Seine-et-Marne), suivie de son inhumation au cimetière intercommunal de Clamart (Hauts-deSeine), à 16 heures.

ont la tristesse de faire part du retour à Dieu, de

Mme Philippe DROIN,

L'inhumation de l'urne et le service funèbre auront lieu en l'église de Bremgarten-Dorf, vendredi 11 janvier, à 14 heures. Pour qui souhaiterait honorer Simone Frutiger autrement que par des fleurs : prière de penser au « Christlicher Friedensdienst », PC 30-7924-5. Adresse funéraire : Adrian Frutiger, Kunoweg 15, CH-3047 Bremgarten. Mme Michel Hervé, née Yvonne Marmasse, son épouse, Mme Martine Hervé-Guillot, M. Philippe Hervé, ses enfants, Pauline, Hélène, Mathieu, Camille et Madeleine, ses petits-enfants, ont la tristesse de faire part du décès du

née Odile FLICHE,

docteur Michel HERVÉ, le 4 janvier 2008, dans sa quatre-vingt-dixième année.

survenu le 2 janvier 2008.

La cérémonie religieuse sera célébrée le jeudi 10 janvier, à 10 heures, en l'église Saint-Louis en l'Ile, Paris 4e.

La cérémonie religieuse aura lieu le jeudi 10 janvier, à 14 heures, en l'église Saint-Charles de Monceau, à Paris 17e.

L'inhumation aura lieu au cimetière de Saint-Valéry en Caux (Seine-Maritime).

Brigitte Leclère-Frémy, Pascale Leclère, Jean-Marc Leclère, leurs enfants et petits-enfants,

Cet avis tient lieu de faire-part. 27, quai d'Anjou, 75004 Paris.

ont la tristesse de faire part du décès de

M. Yves-Georges LECLÈRE,

CAPTIVA Essence ou diesel 5 et 7 places

JEAN CHARLES AUTOMOBILES 50, av. de NEW YORK Paris 16e

01 47 20 00 40

ont la tristesse d'annoncer le décès de

survenu le 6 janvier 2008, à l'âge de quatre-vingt-six ans. La cérémonie religieuse sera célébrée en l'église de Moret-sur-Loing (Seine-etMarne), le vendredi 11 janvier, à 14 h 30. Cet avis tient lieu de faire-part. Famille Leclère, 3, rue de Buci, 75006 Paris.

Lyon. Cincinnati (USA).

Anniversaires de décès

Claude Schneebalg, son épouse, Isabelle et Philippe Schram, Nathalie et Pierre Latreille, ses enfants, Maud et Martin, ses petits-enfants, Toute sa famille Et ses amis,

Il y a douze ans, le 8 janvier 1996, disparaissait

le président François MITTERRAND. Pasquale Gerico garde toujours présent son souvenir et dédie une pensée émue à sa mémoire.

Lleó MARZO,

Conférences

républicain espagnol, professeur émérite à l'université Paris X,

ont le chagrin de faire part de la disparition de

survenu à Prades-en-Catalogne, le 6 janvier 2008, dia dels Reis, dans sa quatre-vingt-neuvième année.

Bernard SCHNEEBALG,

54, avenue de la Grande Armée, Paris 17e,

X 60.

Il sera incinéré le 9 janvier, au crématorium de Perpignan-Canet, à 10 h 30.

On se réunira le vendredi 11 janvier 2008, à 9 h 45, en la salle omniculte du funérarium, 177, avenue Berthelot, Lyon 7e, suivie de l'inhumation dans l'intimité familiale.

cinq mercredis de suite, à 20 heures précises, cinq soirées sur cinq personnages bibliques et leur importance dans la culture d'aujourd'hui, 9 janvier - Marie, la mère de Jésus, Louis Pernot, Alain Houziaux; 16 janvier - Ponce Pilate, un fonctionnaire partagé, Alain Houziaux, Caroline Baubérot; 23 janvier - Pierre, pécheur et pêcheur, Jean-Pierre Sternberger, Corina Combet-Galland; 30 janvier - Marie Madeleine, l'histoire et la légende, Louis Pernot, Dominique Hernandez; 6 février - Judas, agent de Dieu ou de Satan ? Patrice Rolin, Jacques Duquesne.

Cet avis tient lieu de faire-part. Jeanine Marzo « Cortal Nou », Carrer Paracols, 66500 Campôme.

Marcel MASSE a rejoint les anges mardi 1er janvier 2008, à l'âge de soixante-trois ans. Il a combattu avec dignité et honneur un cancer pendant six mois. C'était un grand homme, humble et heureux de ce que lui donnait la vie au quotidien. Gilette, son épouse, Vanessa, sa fille

Pas de fleurs, mais des dons pour la Ligue contre le cancer.

Anniversaires de décès En ce jour anniversaire de sa mort, pensez à

Janine JANET, vous tous qui l'avez aimée et admirée.

Souvenir In memoriam. Ile de la Réunion. Paris. Rennes. Brest.

Bernard BEAUX, 29 octobre 1937 - la Plaine des Palmistes 9 janvier 1988 - Cilaos.

remercient tous ceux qui leur ont apportés du réconfort pendant cette épreuve. « Avec tout notre amour, pour ce dernier hommage. » Marie-Hélène Métral, son épouse, Virginie Métral, Emmanuelle et Arnaud Thiesse, Nicolas et Anne Métral, Arnaud et Anne-Sophie Métral, ses enfants, Charlotte, Bastien, Juliette, Hugo, Quentin, Julie, Audrey, Théophile, Marguerite, Clémentine, Emma, Eloi, ses petits-enfants, Jenny Clément, sa sœur, Gilbert et Catherine Métral, son frère et sa belle-sœur, ont la tristesse de faire part du décès du

Adrian Frutiger, Stéphane et Evelise Frutiger, Christophe, Laurent, Cyril, Jérôme Frutiger Et leurs enfants, Odette Bretscher-Blckel Et sa famille.

Sainte-Foy-la-Grande (Gironde).

Romain QUÉMÉNER

Jeanine Marzo née Rambach, son épouse, Jean-Noël, Jean-Christophe, Sonia, David et Véronique, ses enfants et leurs conjoints, Ses quinze petits-enfants, Marc Marzo et Julia Strevens, son frère et sa sœur Et toute sa famille

Pensées, constantes et ardentes.

Avis de messe Une messe sera célébrée le lundi 14 janvier 2008, à 17 h 45, en la chapelle de la Vierge de l'église Saint-Sulpice, 2, rue Palatine, Paris 6e, à la mémoire de

La cérémonie religieuse aura lieu le mercredi 9 janvier 2008, à 10 h 30,en l'église Notre-Dame de Grâce de Passy, Paris 16e.

qui nous quittait, il y a un an.

Monique et Georges Ribes, Annie et Serge Destivelle, Alain et Annick Saigot, leurs enfants et petits-enfants, ont la douleur de faire part du décès de

Françoise SAIGOT, née VINCENT, leur mère, grand-mère et arrière-grandmère, survenu à l'âge de quatre-vingt-treize ans, le 5 janvier 2008. Epouse de Jacques SAIGOT, † 1999. La cérémonie religieuse a eu lieu ce mardi 8 janvier, à 10 heures, en l'église Notre-Dame de Nazareth, 349, rue Lecourbe, 75015 Paris. L'inhumation a eu lieu dans l'intimité familiale, à Fontenay-sur-Loing (Loiret).

« De l'attente messianique à l'anarchiste religieux : le cas de Sabbataï Tsevi », le jeudi 10 janvier 2008, à 20 h 15, mairie du XVIe arrondissement, 71, avenue Henri Martin, Paris 16e. mrhayoun@aol.com Institut d'études de l'Islam et des sociétés du monde musulman-EHESS et Collège de France : conférence par Henry Laurens, professeur au Collège de France, Histoire contemporaine des conflits au Proche et au Moyen-Orient, le 8 janvier 2008, à 18 heures, EHESS-amphithéâtre, 105, boulevard Raspail, Paris 6e. Contact : 01 53 63 56 00.

Communications diverses

De la part de Mme Philippe Cosserat et ses enfants. Une célébration en mémoire de

Mme Micheline GALABERT, décédée le 6 novembre 2007 et inhumée à Siguer (Ariège), aura lieu le vendredi 18 janvier 2008, à 17 heures, en l'église Saint-Sulpice, Paris 6e (métro Saint-Sulpice).

Jean-Michel Galabert, 48, rue de Vaugirard, 75006 Paris. Jean-Marc Galabert, 13, rue Férou, 75006 Paris.

Hommages 13, rue de Siam, 75116 Paris.

Entrée libre. Libre participation aux frais.

Philippe COSSERAT,

docteur Stéphane MÉTRAL, professeur des Universités, médecin des Hôpitaux, ancien chef de service à l'hôpital Bicêtre.

Conférences de l'Étoile. Au temple protestant de l'Étoile,

Annick Bouvier, proviseur du lycée Claude Bernard, à Paris 16e, où

Julien GRACQ a enseigné l'histoire et la géographie de 1947 à 1970, Les enseignants, Les élèves, L'intendant, son ancien élève, très émus par sa disparition, expriment leur solidarité avec tous ceux que ce décès a touché. Un hommage lui est rendu dans le hall du lycée.

Au CBL, 10, rue Saint Claude, Paris 3e, jeudi 10 janvier 2008, à 20 h 30, M me C. Vulvert, directrice générale de France-Soir : « Shimon PERES - Un chemin vers la paix » (Timée-Editions). Tél. : 01 42 71 68 19. Institut universitaire d'études juives Elie Wiesel. Cycles - Janvier 2008. Shylock, le Juif de Shakespeare, Lionel Ifrah. Absurdité et espérance juive dans la littérature du XXe siècle, Michael de Saint Cheron. Théologie et morale chez Maïmonide, Georges Hansel. Désir et détour, Betty Rojtman. Architecture synagogale et expression identitaire XVII-XX e siècle, Dominique Jarrasse. Histoire du sionisme XIX e siècle année 1940, Georges Bensoussan. Introduction à la philosophie du judaïsme à l'époque contemporaine : Herman Cohen et la « Religion de la raison », Sophie Nordmann. Romanciers juifs français du XXe siècle, Nelly WolfKohn. Crises et mutations dans la société israélienne 1990/2007, Simon Epstein. Le judaïsme, l'Occident et le monde primitif - François-Robert Zacot. Lecture critique d'André SchwarzBart : la shoah et les regards théologiques, Francine Kaufmann. Bible, mythe et histoire, Alexandre Adler. 119, rue La Fayette, 75010 Paris. Tél. : 01 53 20 52 61 www.iuej.net

VE NTE S EXC E PTI O N N E LLE S

Cet avis tient lieu de faire-part. 133, avenue Félix Faure, 75015 Paris. Maurice Sauzet, Sylvie Sauzet, Sophie Sauzet, Yvette Roux, Elie, Naya et Hanja,

DU 9 AU 12 JANVIER 2008 DE 10H00 À 19H00

ont la douleur de faire part du décès de leur épouse, mère, sœur et grand-mère,

Francine SAUZET, architecte d'intérieur, plasticienne, modéliste, survenu le 4 janvier 2008. L'incinération ayant eu lieu dans l'intimité, un hommage est prévu le samedi 12 janvier, à 14 heures, à Sanary, à la limite du port et de sa jetée Est. Avec à la main, une seule fleur, entre ciel et mer, cendres et fleurs seront dispersées au vent du large.

PALAIS DES CONGRÈS 2 PLACE DE LA PORTE MAILLOT - PARIS 17 ÈME - (HALL NEUILLY) Autorisation préfectorale n° 08/1 VDN. Hermès Sellier, RCS 696 520 410 Paris


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Culture&vous

Capitale culturelle La cité anglaise ouvre les festivités

Querelles et trou financier : Liverpool 2008 dans la tempête

0123 Mercredi 9 janvier 2008

Actualités

Ici&ailleurs

Aznavour fait revivre en Egypte ses 45-tours

Londres Correspondant

Le Caire et Alexandrie Envoyé spécial

C

A

ivisme ? Goût du défi ? Il faut bien cela à Phil Redmond, directeur artistique de Liverpool 2008, capitale européenne de la culture, pour oser barrer le bateau ivre des festivités sur la houleuse rivière Mersey, jouet de vents contraires. « Cela revient un peu à organiser un mariage avec de terribles disputes familiales pour savoir qui siégera à la table principale. » A l’écouter, sa mission consiste à gérer l’ingérable et de naviguer entre édiles locaux, ministres londoniens et financiers de la City. Scouser (natif de Liverpool) corps et âme, son solide bon sens l’immunise, il est vrai, contre toute dérive schizophrène dans la cité des Beatles qui a toujours entretenu un rapport passionnel avec les arts. Créateur de deux célèbres feuilletons télévisés, Brookside et Hollyoaks, ayant pour cadre le grand port du Nord-Ouest anglais, Phil Redmond a remplacé au pied levé un Australien limogé il y a un mois pour ses ruineuses idées fantasques. Par ailleurs, le directeur général de la Liverpool Culture Company, chargée de l’organisation des festivités, a été récemment licencié pour incompétence. Passion, pouvoir, argent, alliances : tout est réuni pour qu’une crise éclate dans cette métropole de 439 000 âmes apparue, en 1207, sous le règne de Jean sans Terre. Pourtant, les regrets et les frustrations de Phil Redmond s’estompent : du 11 au 13 janvier, aura lieu une cérémonie grandiose, à l’image de l’emblème municipale : un noir cormoran serrant un brin de varech, signe d’un destin métamorphosé. Un méga show en plein air, gratuit, piloté depuis le toit de Saint Georges Hall, mêlant grues, conteneurs et effets spéciaux doit donner le coup d’envoi de la manifestation. Le lendemain, les artistes du cru, menés par Ringo Starr, le batteur des Beatles, le plus discret des « quatre garçons dans le vent », le Royal Liverpool Philharmonic, Echo and the Bunnymen et Wombats se produisent lors de l’inauguration de la Liverpool Are-

Cinéma Annulation de la cérémonie des Golden Globes La grève des scénaristes de Hollywood, aux Etats-Unis, a provoqué, lundi 7 janvier, l’annulation de la cérémonie des Golden Globes, qui devait avoir lieu dimanche 13 et qui sera remplacée par une conférence de presse à l’hôtel Beverly Hilton de Beverly Hills (Californie). Les Golden Globes distinguent les meilleures performances de 2007 au cinéma et à la télévision. Le syndicat des scénaristes (WGA), en grève depuis le 5 novembre 2007, pour défendre leurs droits d’auteurs, avait prévu d’installer des piquets de grève à l’entrée de la cérémonie si celle-ci était télédiffusée. Le syndicat des acteurs de cinéma et de télévision (SAG), avait annoncé que ses membres ne franchiraient pas ces piquets de grève. Parmi les stars attendues, figuraient George Clooney, Jodie Foster ou Johnny Depp. Hollywood se demande si les Oscars, la grande soirée du 7e-art à Hollywood, prévue le 24 février, pourront avoir lieu pour leur 80e anniversaire. – (AFP.)

Le Royal Liver Building de Liverpool, dans le « Pier Head ». JOHN DAVIES/AGENCE VU

na, une salle de concert de 10 000 places. Pour sa part, le spectacle Liverpool The Musical retrace l’itinéraire de cette cité inhabituelle et éclectique, qui resplendissait jusqu’en 1939 sur le commerce, les arts et les lettres, comme Venise au XVe siècle. Elle en a gardé une réputation de péché et de trafic, en particulier d’esclaves, que la grande figure de Gladstone, le puritain premier ministre de Victoria, natif de Liverpool, n’a pas permis de racheter. Aide d’urgence de l’Etat Riche, confus, contradictoire, bariolé, remuant, bigarré, le programme de Liverpool 2008 mêle la culture populaire locale scouse, en particulier musicale, et l’appartenance mondiale. Paul McCartney donne un concert événement au stade mythique d’Anfield, l’antre du Liverpool FC. Le chef d’orchestre Simon Rattle conduit l’Orchestre philharmonique de Berlin tandis que le Ballet national chinois interprète une nouvelle chorégraphie signée Akram Khan. Côté arts plastiques, une exposition d’art arabe et une rétrospecti-

ve Gustav Klimt sont les points forts du festival. La programmation est également axée sur la ville, son présent et son passé. La comédie musicale consacrée à l’hôtel Adelphi, construit avant 1914, raconte la grandeur et la décadence de ce monument de l’ancienne société triomphante et des fêtes données pour le départ et l’arrivée des paquebots transatlantiques de la Cunard. Un hommage est également rendu aux communautés ethniques, antillaise, indienne, chinoise, italienne et polonaise, qui font de Liverpool un étendard de la société multiculturelle britannique. En 2003, à la surprise générale, Liverpool avait battu Newcastle, la favorite au titre de capitale européenne de la culture pour 2008. L’Europe entendait ainsi soutenir la renaissance d’une ville qui revenait de loin. En quasi-faillite dans les années 1980, sinistrée par la crise industrielle, le chômage, le hooliganisme, le chef-lieu du Merseyside, longtemps abonné au malheur, connaît aujourd’hui une deuxième jeunesse (Le Monde du 5 janvier). Reste que l’imbroglio de Liver-

pool 2008 montre que le Marseille anglais n’a pas perdu ses mauvaises habitudes. Avec un déficit de 20 millions de livres, le festival a plombé les finances municipales. Liverpool a été contrainte à mendier une aide d’urgence de l’Etat. Les relations entre la mairie, contrôlée par les libéraux-démocrates (centristes), et le gouvernement travailliste sont au plus bas. L’hôtel de ville a accusé l’équipe Brown de sacrifier Liverpool sur l’autel des Jeux olympiques de Londres, en 2012. La résorption du trou financier pourrait entraîner des coupes claires dans les budgets de l’aide sociale, du logement ou de l’éducation, redoutent les associations. Car malgré le miracle, Liverpool reste une ville pauvre, au taux de chômage supérieur à la moyenne nationale où le bon grain flirte avec l’ivraie. Beaucoup critiquent également le caractère élitiste d’une programmation ciblant davantage les classes supérieures du Cheshire voisin que les familles modestes du centre-ville. Le Yellow Submarine risque-t-il de prendre une nouvelle fois l’eau ? a Marc Roche

près Nicolas Sarkozy, le grand Charles… L’Egypte, qui ne l’avait pas entendu chanter depuis trente ans, a accueilli Charles Aznavour pour deux concerts, au Caire et à Alexandrie, les 4 et 6 janvier. Un accueil en fanfare, avec ballet de Mercedes et montagne de qualificatifs. Dans un dossier spécial, Al Ahram Hebdo a salué « le pharaon de la chanson française », venu sur les bords du Nil « de la même manière que Bonaparte, sur son cheval blanc ». Aznavour a joué le jeu de bonne grâce. Les Arméniens ne sont-ils pas des Orientaux ? Et n’avait-il pas luimême incité Bruno Coquatrix à organiser le fameux concert d’Oum Kalsoum à l’Olympia en novembre 1967 ? Il n’en fallait pas davantage pour qu’on lui attribue une passion pour la musique égyptienne et ses monuments défunts : Abdel Halim Hafez, Mohamed Abdel Wahab… Avant Aznavour, Le Caire accueillait Dany Brillant et, pour la troisième fois en quelques années, Enrico Macias. L’initiative de ces concerts revient à un Alexandrin, Ahmed Youssef, correspondant du journal Al Ahram à Paris. Cet amoureux de la France est devenu un ardent défenseur de la langue de Molière, avec l’appui du ministre de la culture, Farouk Hosni, qui compte sur la France pour se faire élire cette année à la tête de l’Unesco. Au Caire, Charles Aznavour a tenu une conférence de presse et goûté aux charmes d’un déjeuner champêtre, face à la pyramide de

Justice Examen en appel du statut judiciaire de Jean-Claude Brisseau La chambre d’instruction de la cour d’appel de Paris réexaminera, jeudi 10 janvier, le statut judiciaire du cinéaste Jean-Claude Brisseau, auteur de Noces blanches, mis en cause par deux comédiennes qui ont porté plainte contre lui le 31 octobre 2007 pour agressions sexuelles et harcèlement. Le parquet de Paris avait

Dahchour. A Alexandrie, il a visité la grande Bibliothèque, dîné avec le gouverneur, assisté à une messe de Noël orthodoxe à la cathédrale arménienne… Les Egyptiens ont admiré la gentillesse et la patience de cet octogénaire, enveloppé d’une écharpe rouge, qui s’est prêté sans sourciller à d’innombrables salamalecs et séances photo. On s’inquiétait un peu pour lui. Mais, aussitôt le rideau levé, dans son costume de scène noir, il subjuguait l’auditoire par sa voix, son énergie, ses pas de danse… jusqu’à Emmenez-moi, le feu d’artifice final. Les places se sont arrachées. Si l’opéra du Caire donnait l’impression d’une réunion mondaine, l’ambiance était plus chaleureuse et familiale à Alexandrie. Dès les premières notes d’un air connu, les applaudissements fusaient. Comme il en a l’habitude, Aznavour a offert son deuxième concert à des œuvres caritatives et une transmission gratuite était organisée en direct, sur grand écran, dans l’auditorium de la Bibliothèque. Avec ses musiciens, Aznavour a « gratté les fonds de tiroir », proposant de nouvelles orchestrations. Les spectateurs, ravis, ont eu droit aux grands classiques comme Paris au mois d’août ou Que c’est triste Venise. Mais, à l’impossible, nul n’est tenu : au Caire, le chanteur a préféré interrompre La Mamma, ne se souvenant plus bien des paroles. Les connaisseurs ont eu droit quand même à des nouveautés, dont le magnifique J’abdiquerai, qu’il ne faut pas prendre au mot : à 83 ans, le grand Charles est loin d’avoir déclaré forfait. a Robert Solé

ouvert le 22 décembre 2007 une information judiciaire pour « viols, agressions sexuelles par personne ayant autorité et harcèlement sexuel en état de récidive légale » et requis le placement du cinéaste en détention provisoire. Mais la juge de permanence a choisi d’entendre M. Brisseau sous le simple statut de témoin assisté (intermédiaire entre le mis en examen et le simple témoin) et l’a laissé en liberté. Le parquet a fait appel de la décision du juge. – (AFP.)

Pour le Louvre à Abu Dhabi « il n’y a pas de tabou » Le ministre de la culture et du tourisme de l’émirat évoque l’évolution du projet de musée que livrera la France Abu Dhabi Envoyé spécial

L

e projet du Louvre à Abu Dhabi franchit une nouvelle étape. Après la signature d’un accord, le 6 mars 2007, entre la France et les Emirats arabes unis, les deux parties ont paraphé, lundi 7 janvier, en présence de la ministre de la culture Christine Albanel, le document établissant le lourd cahier des charges de cette coopération. Opérateur français du projet, France Muséums s’engage à fournir, sur vingt ans, et pour la somme de 160 millions d’euros (l’ensemble du contrat rapportera 1 milliard aux musées français), pas moins de 327 prestations : conception du musée, formation des équipes locales, conseil en achat d’œuvres, livraison d’expositions, etc. Outre les 24 000 mètres carrés du « Louvre des sables », dessiné par l’architecte Jean Nouvel, ver-

ront le jour trois autres musées – un Guggenheim d’art contemporain, un musée maritime, un musée national –, un centre de spectacles, dix-neuf pavillons spécialisés et un district touristique. Le Louvre et le Guggenheim doivent ouvrir en 2013. Or, sur l’île de Saadiyat qui abritera l’ensemble, la seule construction entamée est le pont qui la reliera à la capitale. Nicolas Sarkozy sera dans le pays, mardi 15 janvier, au terme d’une visite de trois jours dans le golfe. Le ministre de la culture et du tourisme d’Abu Dhabi, cheikh Sultan Bin Tahnoun Al-Nahyan, analyse le projet français. Que représente pour vous ce Musée du Louvre ?

Comme l’ensemble des établissements qui vont être créés, il est au service d’une vision qui est d’abord éducative. Nous voulons que notre peuple s’instruise, qu’une part toujours plus grande de la population accède aux étu-

des supérieures. Or la culture tient une place centrale dans le processus éducatif. On peut même dire qu’elle en est le socle. Ensuite, nous n’allons pas le cacher, nous attendons d’autres bénéfices en termes de rayonnement régional et de retombées touristiques. De quel projet artistique rêvezvous ? D’un musée international ou d’un établissement qui reflète la particularité d’Abu Dhabi ?

Les contours exacts sont encore en discussion, mais le projet vise les standards internationaux les plus élevés. C’est pourquoi nous avons fait appel ici au Louvre, ailleurs au Guggenheim. Le Louvre sera un musée global. Il couvrira différentes périodes de l’histoire des arts, différentes régions. L’art islamique y trouvera sa place, c’est certain, mais nous n’avons pas voulu lui dédier un musée spécifique. Notre choix a été plutôt de donner, dans cha-

cun des établissements, une place aux artistes arabes qui seront encore plus présents dans le musée national, le cinquième, dont nous venons de confier la réalisation à l’architecte britannique Norman Foster. Comment jugez-vous la vive polémique suscitée en France par le projet du Louvre ?

Je n’ai jamais été inquiet. Le débat était nécessaire et il valait mieux que toutes les questions soient mises sur la table le plus tôt possible afin que l’on puisse lever les difficultés et travailler sereinement. L’ampleur de notre proposition était inédite. Cela ne pouvait pas laisser indifférent. Mais j’ai le sentiment qu’aujourd’hui le courant nous est largement favorable. J’observe que la France nous propose même de profiter du savoir-faire de la Cité de la musique [à La Villette, à Paris] pour collaborer à la conception du Cen-

tre des arts vivants. C’est une très bonne nouvelle et une possibilité que nous allons étudier. L’inquiétude, en France, était aussi artistique. L’art se veut parfois provocateur. Sera-t-il possible de tout montrer au Louvre d’Abu Dhabi ?

Notre approche est simple : les œuvres doivent répondre à la demande du public, j’oserais même dire à la demande du marché. Nous avons une histoire, une culture. Tout ne peut se faire trop brutalement. Mais pour moi, il n’y a pas de tabou. Pas même la représentation de la nudité ?

Je crois avoir été assez clair. Mon critère est pragmatique. Nous voulons attirer le maximum de visiteurs dans nos musées. Nous tiendrons compte de nos contraintes culturelles. Mais, peu à peu, le marché triomphera. a Propos recueillis par Nathaniel Herzberg


0123 Mercredi 9 janvier 2008

Cinéma

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b b b pourquoi pas b b b on peut éviter

En Russie, un fou de Dieu Pavel Lounguine dépeint, sur une île de la mer Blanche, un moine qui fait des miracles

Derrière la caméra, Sean Penn s’enivre de nature Into The Wild de Sean Penn

L’Ile de Pavel Lounguine bbb

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e Taxi Blues à Familles à vendre, les films du Russe Pavel Lounguine font défiler une procession d’êtres égarés, à la recherche de leurs racines et d’une ligne de vie authentique. Nationalistes, émigrés, descendants de victimes du goulag ou de la Shoah, chercheurs de tombes et bénéficiaires d’héritages. Chacun déterminé à « réformer son âme ». Flics corrompus, buveurs de vodka frelatée, artistes parasites, mafieux constituent la fresque picaresque dans le secret de laquelle le cinéaste guette le sur-

saut rédempteur. Pavel Lounguine est un homme de foi. Rien de surprenant à le voir dépeindre les transes mystiques d’un moine orthodoxe dans L’Ile, son nouveau film, impressionnant par sa majesté, la coexistence de l’humilité et de l’indiscipline. Si conversion il y a, elle est d’ordre esthétique. Flanqué d’un nouveau chef opérateur, Andreï Jegalov, Lounguine oublie le style des farces frénétiques pour une photographie à la fois austère et somptueuse, la palette des noirs et des bruns, des blancs et des bleutés, un lyrisme soufflé par la nature. Paysage aride, de glace, eau et cris de mouettes. Le rythme aussi a changé. « Jusqu’alors, dit-il, je pensais qu’il fallait imprimer du mouve-

ment, accélérer pour suggérer l’énergie dans l’image. Là, je me suis rendu compte que plus on ralentissait, plus l’énergie était forte. » Guérir les malades C’est sur une île perdue de la mer Blanche, dans l’Arctique, que se situe le monastère où le père Anatoli fait des siennes. Ce moine perturbe la vie de la congrégation. Il est toujours en retard à la messe, où il arrive avec un seul pied chaussé et braille au lieu de chanter. Iconoclaste, blasphémateur, il houspille le Père supérieur, dont il envoie les bottes au feu pour le débarrasser des biens matériels (« C’est dans les bottes d’évêque que se nichent le plus de péchés »). Il vit à l’écart dans un taudis, ramassant du charbon pour alimenter la

chaudière du monastère, tel Sisyphe. Selon une rumeur, il posséderait le pouvoir de guérir les malades, d’exorciser les démons et de prédire l’avenir. Les étrangers le croient, qui ne cessent de venir le consulter. Anatoli met la foi de ces visiteurs à l’épreuve ; il éconduit une femme enceinte qui voulait avorter, fait le ventriloque devant une veuve pour lui prouver que son mari est vivant et qu’elle doit abandonner sa ferme pour le rejoindre, exige d’une mère venue avec un fils à la jambe gangrenée qu’elle reste une nuit au monastère pour garantir le miracle. Humble, priant sans cesse le Seigneur d’avoir pitié de lui, de le purifier, de ne pas l’abandonner, Anatoli a un secret. A 17 ans, il a

tué un compatriote pendant la seconde guerre mondiale, sous la contrainte des SS (scène filmée comme un cauchemar, où l’on ne voit pas les visages). Il est depuis miné par la culpabilité, se considère indigne de l’intérêt qu’il suscite. Voué à la prière, mi-fou mi-illuminé, il s’est imposé cette sorte d’emprisonnement pour faire acte de repentance et implorer un pardon pour pouvoir mourir en paix. Cet halluciné est interprété avec charisme par Piotr Mamonov, ex-chanteur rock, touché par la grâce comme son personnage. Lounguine confie qu’il n’aurait pas tourné le film sans lui. a Jean-Luc Douin

Film russe. Avec Piotr Mamonov, Viktor Soukhoroukov, Vika Issakova. (1 h 52).

Ex-chanteur rock, Piotr Mamonov est touché par la grâce dans son interprétation du père Anatoli. DR

« Mon pays d’aujourd’hui évoque la Rome ancienne » Entretien Pavel Lounguine, cinéaste Comment dépeignez-vous le héros de L’Ile, ce moine pas très orthodoxe ?

C’est un emmerdeur. Il appartient à une tradition très ancienne, à laquelle se rattache Dostoïevski, celle des fous de Dieu, des adeptes d’une certaine bouffonnerie religieuse, ayant le don de lire dans le passé et dans le futur. Des gens qui marchaient pieds nus dans la neige, qui s’enchaînaient, se flagellaient et qui étaient respectés par le peuple pour lequel ils représentaient une sorte d’autorité spirituelle. Sur la place Rouge il y a une cathédrale que l’on voit sur toutes les cartes postales ; elle est vouée à saint Basile, un fou de Dieu qui se promenait nu et jetait des morceaux de viande crue au visage des tsars. Il prenait la liberté de dire la vérité, au risque d’être décapité. Il y a eu aussi des folles, habillées en hommes, avec une fausse barbe. Tous ces martyrs se vouaient à un grand spectacle au nom de Dieu, en maltraitant leur corps. L’acteur qui joue le rôle du moine

appartient à cette tradition. C’est un rocker soviétique qui se défonçait d’une façon autodestructrice. Il s’est converti, et fait encore des shows, de temps en temps, dans les transes.

Le moine est un psychanalyste ?

Un psychiatre fou, si l’on veut. Et quelqu’un de fondamentalement bon. L’Ile repose sur deux idées. La première, c’est que Dieu existe. La seconde, c’est que ce qui fait un homme, c’est sa capaVotre moine fait-il vraiment des cité à assumer la honte, le miracles ? remords, le repentir. On a tous Pas vraiment. Ce qu’il enseitrahi, on va tous mourir. A partir gne, un peu à la manière des de là, inutile de cherbouddhistes, c’est la pricher des significations se de conscience, en « “L’Ile” repose cachées dans les créant des situations tersur deux idées. « anecdotes » du film. re à terre, de petits psyLa première, c’est J’ai découvert qu’une chodrames. Pour faire que Dieu existe. histoire simple c’était comprendre à son supéLa seconde, c’est comme une éponge, rieur qu’il est trop attaque ce qui fait qui prend des tas de ché à son confort, qu’il un homme, c’est sens que chacun a le est devenu un petit sa capacité à droit d’interpréter à sa chef, il met de la suie assumer la honte, guise. sur la poignée de la porle remords, te et lui montre qu’il a Ce film semble un le repentir » peur de se salir les tournant dans votre mains. Le miracle est carrière… incompatible avec la vie quotidienJ’ai toujours eu des relations ne actuelle. C’est une notion compliquées avec l’Eglise. Je suis incompréhensible depuis la croyant, je vais rarement à l’égliRenaissance, à cause de l’abandon se, mais je crois que nous ne somde la mystique et de l’obsession du mes pas des particules élémentairationnel. Il n’y a de miracle qu’à res. Je suis un homme pudique, condition de détruire notre style qui n’a jamais parlé ouvertement de vie, et de savoir appréhender la du spirituel, mais dans tous mes mort sans peur. films, dès Taxi Blues, il y a ce phé-

nomène de l’âme qui apparaît. Cette idée qu’à un moment, l’homme ressent le besoin de payer pour les crimes des autres. J’ai toujours été étonné, et admiratif, de voir surgir cette force qui pousse l’homme à faire des choses qui lui sont dictées par une voix intérieure, des choses pour les autres, et qui ressemblent à un sacrifice. Je ne veux pas vivre dans un monde où on ne cherche que son propre intérêt. Jusqu’à présent, j’ai tenté d’apporter un témoignage sur une époque de grands chambardements. Aujourd’hui, j’ai le sentiment que cette période de bouleversements est révolue et que notre société ressent le besoin de méditer sur l’éternité, le péché, la conscience…

mieux qu’avant mais ne sont pas plus heureux. Ils ne savent pas s’épanouir dans un univers sans idées, sans morale. J’ai voulu faire un film à contre-pied de cette idéologie du matérialisme. Hier, nous rêvions de démocratie, d’entraide sociale, de libération des femmes. Aujourd’hui on attend un autre idéal, une nouvelle religion. La Russie ne sait plus où elle va, elle a besoin de spirituel. Ce pays m’évoque la Rome ancienne, où les gens étaient nourris « gratos », repus pour voter, divertis par les jeux du Colisée, avec des gladiateurs traités comme des rock stars. Un monde voué aux plaisirs, et où, dans les catacombes, des esclaves dessinaient des poissons sur les murs.

Le succès du film en Russie vous donne raison…

Quel sera votre prochain film ?

L’Ile y est devenu un énorme phénomène de société. A la télévision, le film a fait 48 % d’audience, un record absolu. La Russie est devenue un monde d’une course effrénée pour l’argent et le succès ; on y consomme, de manière triste et frustrée. Les gens y vivent matériellement

J’ai vu dans mon acteur de L’Ile le visage d’Ivan le Terrible. Je prépare avec lui un film sur ce tsar, pour aborder les thèmes du pouvoir, de la religion, de l’amour du peuple. Même si, déjà, je reçois des lettres qui me traitent de vieux russophobe. a Propos recueillis par Jean-Luc Douin

bbb

L

e dangereux agitateur a été pris d’un accès bucolique. Avant de présider le jury du 61e Festival de Cannes, Sean Penn a fait, en guise de quatrième film, son retour à la nature. Into The Wild est adapté du récit que le journaliste américain Jon Krakauer a fait de la vie de Christopher McCandless qui s’essaya à la survie en milieu sauvage, quelque part en Alaska. Diplômé de l’université d’Emory (Géorgie) en 1990, McCandless a brusquement déserté la bonne société sudiste (son père était ingénieur à la NASA) dans laquelle il avait été élevé. Après avoir fait don des 24 000 dollars de son trust fund à l’ONG Oxfam, il a disparu, laissant sa famille sans nouvelle. Le fugitif a pris le pseudonyme d’Alexander Supertramp et sillonné l’ouest des Etats-Unis avant de partir vers l’Alaska. Ce lecteur de Tolstoï et de Thoreau voulait passer l’épreuve de la vie solitaire dans la nature. Le 28 avril 1992, un automobiliste le déposait à l’entrée d’une piste entre Fairbanks et Anchorage. La conclusion de cette aventure solitaire a fait la « une » des journaux américains mais Sean Penn refuse d’en faire le creuset de son film. Into The Wild n’est pas une tragédie mais une ode à cette tradition américaine de la route qui va de Lewis et Clark à Jack Kerouac. Alternant la narration des quatre mois que McCandless a passés en Alaska et des croquis de sa vie sur la route, le réalisateur prend un plaisir extatique à filmer les paysages américains, avec pour acolyte le chef opérateur français Eric Gauthier, qui a fait ses preuves de routard sur le tournage des Carnets de voyage, de Walter Salles. En chemin, McCandless réconcilie deux vieux hippies dont le couple va à vau-l’eau, se fait presque adopter par un retraité solitaire et suscite le désir d’une fille aussi belle que jeune. Tels que Penn les met en scène, ces rencontres ressemblent toutes à la visite que l’enfant Jésus fit aux docteurs du Temple. On ne comprend jamais pourquoi un être aussi doux et aimable fuit la compagnie de ses semblables. Seuls les parents du rebelle, traités sans douceur à coups de flash-back, peuvent justifier sa misanthropie. Cette opacité du personnage tient sans doute aux limites de l’interprète principal, le jeune Emile Hirsch. Capable de communiquer l’exaltation qui saisit McCandless lorsque celui-ci décide de descendre le Colorado jusqu’au golfe du Mexique, il ne laisse rien passer de ce qui a mené son modèle au bout de la piste. a Thomas Sotinel

Film américain. Avec Emile Hirsch, William Hurt, Vince Vaughn, Catherine Keener. (2 h 20.)

Lettres d’amour de Napoléon à Joséphine Textes lus par Julie Gayet Vendredi 11 janvier 2008 à 20 h 30 à l’auditorium du Louvre Informations : 01 40 20 55 55 – louvre.fr Réservations : 01 40 20 55 00


Cinéma

b b b excellent b b b à voir

Un clone de Nosferatu, seul dans Paris Un premier film français inspiré de l’écrivain russe Vladimir Slepian

Cédric Anger livre un premier film brillant, entre cinéma américain et Nouvelle Vague

Cité de la musique

Isabelle Regnier

Film français. avec Grégoire Colin, Gilbert Melki, Mélanie Laurent. (1 h 30.)

tenant plus, il décide de quitter Fidélité pour faire « un petit film, tourné vite, quitte à ce que ce soit en DV » au sein de Sunrise. Ainsi est né Le Tueur, qui n’est plus un film d’action, mais « un film d’attente : l’histoire est forcément guidée par l’économie. Mais ça ne pouvait pas se faire non plus caméra à l’épaule, car, à l’origine, il y a une vraie envie de mise en scène. C’est un film de genre… Très personnel. Un cinéma du centre ». Coproduit avec UGC pour 3 millions d’euros, il a reçu le soutien de Canal+, de Cinécinéma, de deux

Soficas, mais d’aucune chaîne hertzienne. Il n’a pas touché l’avance sur recette, rarement attribuée aux films de genre. Anger ne cultive pas la moindre amertume : « Ne doit arriver que ce qui arrive. A 28 ans, avoir 8 millions pour un premier long métrage aurait pu être un cadeau empoisonné. » Il n’espère qu’une chose : avoir la liberté d’alterner des petits films et des gros. Comme l’ont fait avant lui Truffaut ou Fassbinder. Comme continue de le faire Barbet Schroeder. a Isabelle Regnier

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Top 10

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financiers. Le début du tournage d’Une aventure, de Xavier Gianolli, dans lequel Ludivine Sagnier doit jouer le rôle principal, achève de reporter la date du tournage. Il faudra néanmoins trouver une autre actrice, à la suite de la désaffection de Sagnier – ce qui sera fait. Entretemps, Fidélité a remporté un grand succès avec Huit Femmes, de François Ozon. La société de production est devenue d’un coup très courtisée : « Il y avait un embouteillage, explique Cédric Anger. Je passais derrière les films de Bertrand Blier [Combien tu m’aimes ?] et de Cédric Kahn [L’Avion], et devais me glisser juste avant le Patrice Leconte [Mon meilleur ami]. » S’ajoute une difficulté de taille : les chaînes de télévision jugent le scénario trop violent. « J’avais le choix entre l’adoucir ou développer autre chose. Or cette cavale n’était intéressante que si elle était violente, que si je pouvais transformer l’image de Ludivine Sagnier et de Guillaume Canet. J’ai préféré proposer une autre idée, celle d’un remake d’Entre le ciel et l’enfer, de Kurosawa, qui aurait été à la fois moins cher et moins violent. » Une fois encore, le projet se révèle infaisable, les droits étant détenus par Martin Scorsese. Pendant ces années, Cédric Anger a coécrit le scénario de Deux, de Werner Schroeter, et celui du Petit Lieutenant, de Xavier Beauvois, pour lequel il a été nommé pour le César du meilleur scénario. Il a aussi fondé, avec ses amis Thomas Klotz et Damien Petit – le producteur de Novela, décédé depuis, à qui est dédié Le Tueur –, la société de production Sunrise Films. N’y

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18 ans, lorsqu’il signait sa première critique aux Cahiers du cinéma, Cédric Anger savait qu’il serait cinéaste. Il ne s’est pas trompé : Le Tueur sort mercredi 9 janvier en salles. Entre ces deux moments, quatorze ans se sont écoulés, une longue période qui coïncide avec le durcissement des conditions de production en France. Cédric Anger se défend d’en avoir été victime, mais son parcours est symptomatique de cette évolution. Produit par sa propre société, Sunrise Films, Le Tueur est le résultat d’une aventure avortée. En 2000, il présente un tout autre scénario au célèbre agent, devenu depuis producteur, Dominique Besnehard, et celui-ci le transmet à la société de production Fidélité. Séduit par le projet, le producteur Olivier Delbosc lui propose de réaliser un court métrage, passage quasi obligé pour la plupart des jeunes cinéastes, destiné à les former autant qu’à les crédibiliser vis-à-vis de financiers. Ce sera Novela, qui connaît en 2002 un joli petit succès, dans la presse comme en festival. Grégoire Colin tient déjà le rôle principal, celui d’un gangster réfugié dans un appartement après un coup qui a mal tourné. Les choses commencent à se gâter pendant la préparation du long métrage, « un film de cavale un peu cher, pour lequel il fallait des acteurs un peu “bancables” », qui attirent les financiers. Un premier casting réunit Guillaume Canet, Grégoire Colin, Ludivine Sagnier, mais, avec un budget évalué à 8 millions d’euros, il fait longtemps débat parmi les partenaires

COEN

Éric le Sage, piano | Frank Braley, piano Gordan Nikolitch, violon | Daishin Kashimoto, violon Guy Braunstein, violon | Antoine Tamestit, alto Christophe Coin, violoncelle | François Salque, violoncelle François Leleux, hautbois | Paul Meyer, clarinette Bruno Schneider, cor

vois) et qu’il se pique à l’héroïne, Kopas rencontre Stella (Mélanie Laurent, en nuances acidulées), en tombe amoureux avant de comprendre qu’elle est une call-girl mandatée par l’homme d’affaires pour le maintenir occupé. Ce film plein d’humour est servi par la belle photographie de Caroline Champetier et par la formidable présence des acteurs. Cédric Anger réussit son pari : inventer un cinéma d’auteur nourri au lait du cinéma américain, comme l’ont fait, il y a cinquante ans, les cinéastes de la Nouvelle Vague. Le Tueur est aussi un film à la fibre sentimentale, où se diffuse une grande tendresse. a

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SAMEDI 12 JANVIER, 16H ET 20H DIMANCHE 13 JANVIER, 11H ET 16H

Fibre sentimentale Cette inversion des rôles par laquelle la victime s’arroge la fonction de metteur en scène de sa propre mort fait basculer le film. Dès lors, celui-ci s’épanouit sur des chemins de traverse jusqu’au passage à l’acte final – comme si ce temps gagné sur la vie du personnage ouvrait une parenthè-

se de liberté dans le genre du polar. Des nouveaux quartiers parisiens de Bercy et de la Grande Bibliothèque, jusqu’aux galeries chinoises du 13e arrondissement et aux lumières nocturnes de Montparnasse, le film entraîne le spectateur dans un ailleurs où les références cinématographiques (de Melville à Ferrara en passant par Godard) se conjuguent avec des situations inédites (découverte de fumeries d’opium souterraines en plein Paris, scène d’amour conjugale avec jouet sexuel). Le film est tendu par l’étrange relation, quasi filiale, qui se noue entre le tueur et sa victime, ainsi que par une mise en scène précise, foisonnante de détails. Alors que l’on apprend que Léo est fait cocu par son associé (Xavier Beau-

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Intégrale de la musique de chambre avec piano

Photos © King Records ; DR.

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Mais Zimmerman est déjà en alerte et, rapidement, ayant identifié son chasseur, provoque un coup de théâtre sur le parking d’un supermarché désert. L’homme d’affaires entre dans la voiture du tueur et négocie avec lui un sursis d’une semaine – pour faire un dernier « gros coup de fric » qui assurera l’avenir de sa fille – tout en lui promettant de se livrer à l’heure dite. Déroutant.

14 ans d’attente pour faire un premier film

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Salle Pleyel

Le tueur Kopas interprété par Grégoire Colin rencontre Stella. THIBAULT GRABHERR/UGC

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Film français. Avec César Sarachu, John Arnold, Mireille Périer, Judith Henry. (1 h 22.)

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n titre tranchant qui convoque l’une des figures les plus usées du cinéma, comme pour se demander ce que l’on peut faire, aujourd’hui, avec un tueur ? Une trame ultrasimple : un tueur à gages tue le temps en attendant d’exécuter sa cible. Un acteur génial, sousexploité dans le cinéma français : Grégoire Colin, qui donne l’impression de s’amuser comme un enfant dans une immense salle de jeux. Le cinéma ne requiert pas grand-chose d’autre, semble dire Cédric Anger qui signe avec Le Tueur un premier long métrage enthousiasmant. Le film s’ouvre sous les auspices de la paranoïa et de la surveillance. Un homme, Léo Zimmerman, financier de haut vol (Gilbert Melki), est suivi et filmé. Un autre, Kopas (Grégoire Colin), débarque à Orly sur fond de musique punk, s’installe à l’hôtel. Il doit tuer le premier, mais ne semble pas pressé, explore sa chambre d’hôtel, zappe sur les chaînes du câble, prend un bain en mangeant une pizza, visionne sur DVD les images de sa proie. En quelques plans et accessoires, deux répliques au téléphone et une série de petits gestes, un personnage est né. Kopas, jeune tueur français du XXIe siècle, charrie dans sa large veste en cuir une généalogie de personnages un peu lourde à porter. Doué d’un bon sens de la repartie, il est immédiatement sympathique et s’avérera grand sentimental. La morbide parade de repérages peut commencer. Pour jauger son adversaire, il va à sa rencontre, dans son bureau, en se faisant passer pour un de ses clients.

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Veuf et inconsolé L’existence de Viktor Atemian est gommée à l’époque du fétichisme des images pieuses (il distribue des cartes postales de Jacques Lacan) ; les authentiques littérateurs sont priés de déguerpir rapidement, comme le sous-entend ce serveur de La Coupole, qui débarrasse sa table dès que sa tasse de café est vide. Irréductiblement déterminé à transformer le temps du travail en temps libre, Viktor Atemian marche par jeu, par espoir de croiser un frère ou la femme courtisée jadis, par survie pour ne pas s’écrouler. « Ténébreux, veuf, inconsolé », il crève la faim à SaintGermain-des-Prés, et finit par tomber d’inanition sur le trottoir, devant la terrasse des Deux Magots. Aurélia Georges filme toutes ces années de disparition des théories germanopratines (existentialisme, lettrisme, situationnisme) dans un Paris éternellement ensoleillé. Symptôme d’ironie entre autres : les dîners mondains, la préfiguration d’Atemian en objet de musée… a

Le Tueur de Cédric Anger

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dérive de Guy Debord, déambulant dans l’espoir d’une rencontre authentique, de plus en plus muré et désabusé, et de plus en plus effacé du paysage urbain. Car ce que nous dépeint Aurélia Georges, c’est un processus d’exclusion, l’imperceptible désintérêt, au fil des ans, de la population parisienne pour ce personnage devenu quasiment invisible. Son film est rythmé par quelques événements : l’élection de François Mitterrand à la présidence de la République, en 1981, la chute du mur de Berlin, en 1989 – dates charnières à ses yeux de la transformation du poète en nouveau pauvre.

SUR 200

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urélia Georges, issue de l’école de la Femis, a bien choisi la gueule et le profil qui personnifient son propos. Premier film s’interrogeant sur le destin d’un artiste à Paris entre 1973 et 1998, L’homme qui marche n’existe pas sans César Sarachu, acteur évoquant les silhouettes spectrales du sculpteur Alberto Giacometti. Inspiré par Vladimir Slepian, écrivain russe de langue française (1930-1998), auteur d’un unique texte publié, Fils de chien, aux Editions de Minuit, son héros est un écrivain émigré, traducteur et professeur de russe, revenu des utopies communistes, ayant traversé la Sibérie à pied. Un homme ténébreux au visage d’oiseau de proie, incorruptible aux snobismes, refusant tous les compromis, repoussant tout contact avec l’ordre bourgeois. Après une courte période de gloire littéraire, ce clone de Nosferatu vivant à Paris, crispé sur sa pureté intellectuelle, comprend à la brasserie Lipp qu’« il n’y a rien à attendre des gens au ventre plein ». Muet devant le micro d’un journaliste, muré dans ses silences, cet ascétique graphomane lutte contre le fatalisme d’être non lu, non publié, en se détachant radicalement d’un monde qui n’est plus le sien, jusqu’à atteindre la pauvreté absolue. Aurélia Georges ne cherche pas l’empathie envers ce flâneur, paria, SDF bohème et peu sociable. Elle observe son isolement, cet idéalisme réfractaire qui le mène à repousser tout geste de pitié ou de fausse connivence. Arpenteur obstiné, il marche en passe-muraille vers le jardin des Plantes ou la place de Clichy, de la Bourse à Saint-Ouen, au hasard des rues, disciple de Robert Walser, Louis Aragon ou Walter Benjamin, illustrant la

Le superbe pas de deux entre un tueur à gages et sa victime

TOUR

bbb

Mercredi 9 janvier 2008

P 10/RE

L’homme qui marche d’Aurélia Georges

0123

b b b pourquoi pas b b b on peut éviter

TO ZIN (1)/

26

e-même AU par ell Old Men E R O M E N JEAN try for Le Tueur : No Coun CRITIQUEStion Into the Wild Lust, Cau www.cahiersducinema.com

11:30:53 21/12/07


0123 Mercredi 9 janvier 2008

Cinéma

b b b excellent b b b à voir

27

b b b pourquoi pas b b b on peut éviter

Tragique et touchante balade irlandaise avec un fou du village

Lesfilmsdelasemaine 4 b Lire notre critique

bbb

La qualité du film tient pour beaucoup à l’interprétation de Pat Shortt, star en son pays

Film français de Cédric Anger (1 h 30).

bbb

bbb

4 b Garage Film irlandais de Lenny Abrahamson (1 h 30).

4 b L’Ile Film russe de Pavel Lounguine (1 h 52).

E

Film français d’Aurélia Georges (1 h 30).

bbb

pourquoi pas

Film américano-sud-africain de Gavin Hood (2 heures).

4 b 4 b Into the Wild Film américain de Sean Penn (2 h 20).

4 b Reviens-moi Pat Shortt incarne Josie, un type inoffensif, gérant d’une station-service . D.R.

pour elle reste à sens unique. Ce quadragénaire irréductiblement optimiste et sans défense vivote donc avec ses petits bras atrophiés et sa hanche défaillante qui lui octroie une démarche cocasse. L’arrivée d’un jeune adolescent, en dérive scolaire et danger de délinquance, est une aubaine. Josie prend David sous son aile : cet apprenti devient vite son ami, une sorte de fils avec lequel il partage tout, avec une naïveté touchante. Sans mesurer les conséquences de son acte, il lui propose un

jour de visionner une cassette pornographique que lui ont laissé des routiers. Josie ne pense pas à mal, il veut juste trouver un complice à ce qu’il considère comme une récréation gamine, rire avec David devant ces images qu’il trouve burlesques. Choqué par ce spectacle, David en parle à des copains qui bavardent trop… Doté d’un style visuel sobre, dépouillé, Garage change imperceptiblement de ton. Engagé sur un mode bouffon, il modifie le regard que nous devons porter sur ce personnage complexe, au

fur et à mesure que le récit progresse. Le destin de Josie s’assombrit avec le rejet injuste dont il va être victime, calomnié, convoqué au commissariat, suspect d’on ne sait quelles turpitudes, licencié, bouc émissaire de la communauté. En proie à un désespoir muet, Josie nous achemine vers une fin tragique qui, par sa mise en scène brute, elliptique, évoque la fin du Mouchette de Robert Bresson. a J.-L. D.

Film irlandais. Avec Pat Shortt, Conor Ryan, Anne-Marie Duff. (1 h 30).

Le manga du dessinateur Takeshi Obata et du mystérieux scénariste Tsugumi Ohba fait tomber ce cahier entre les mains de Light, fils de policier destiné à la magistrature, révolté par l’impunité dont jouissent au Japon les criminels de toutes obédiences. En plus de cet instrument, Light gagne la compagnie du dieu de la mort qui en était le propriétaire, une créature grimaçante qui évoque certains musiciens britanniques de la fin des années 1970. Le succès colossal de Death Note a entraîné son adaptation au cinéma. La même équipe a réalisé en deux longs métrages en prises de vues réelles qui sortent simultanément en salles (le premier est dès aujourd’hui disponible en DVD), après avoir été distribués à cinq mois d’intervalle en 2006 au

Japon. Ils avaient alors occupé la première place au box-office. L’occasion de voir en salles des films sur lesquels les Japonais se sont précipités en masse est assez rare pour que la sortie française de Death Note éveille l’intérêt. Ces deux films n’en font qu’un, et les distinguer dans la critique équivaudrait à faire de chaque épisode des Vampires, de Feuillade, un film à part entière. De fait, le plaisir que procure la vision de ce long récit qui met aux prises Light, le criminel, et L, l’adolescent détective, est inscrit au tableau des stupéfiants dans la même catégorie que les grands feuilletons criminels. Les rebondissements sont abracadabrants, les personnages – mis à part les deux principaux – tombent comme des mouches, le récit est ponctué de figures et de

Film anglais de Joe Wright (2 h 03). Dans l’univers victorien des années 1930, une adolescente de 13 ans dénonce l’amant de sa sœur aînée pour un viol qu’il n’a pas commis. Adapté d’un roman de Ian McEwan, Reviens-moi raconte comment cet événement constitue un traumatisme pour le couple d’amants séparés ainsi que pour l’adolescente écervelée qui, romancière, finira par publier un récit où elle expie sa faute. Le film fait regretter les adaptations raffinées des romans d’Henry James ou de d’E.M. Forster par James Ivory. Acharné à prouver sa virtuosité, le réalisateur Joe Wright engloutit son mélo rétro et romantique, somptueux et sophistiqué, sous une mise en scène ronflante. J.-L. D.

Sub

gestes récurrents qui contribuent à une inquiétante familiarité dans laquelle il fait bon se plonger. A cette jouissance immédiate, il faut ajouter l’exotisme japonais. Light et L incarnent deux types d’adolescents qu’opposent souvent les mangas : le brillant sujet et l’otaku, enfant sinistre à la limite de l’autisme dont il faut deviner la beauté et l’intelligence sous l’anomie. Il y a aussi les dieux de la mort surgis d’un passé ancestral, les procédés de la police japonaise qui feraient aimer bien d’autres forces de l’ordre. Le tout est mis en scène avec une efficacité télévisuelle bienvenue – elle pourrait presque passer pour de la sobriété. a T. S.

Films japonais. Avec Tatsuya Fujiwara, Kenichi Matsuyama. (2 h 06 et 2 h 20.)

Film documentaire français de Julien Lousteau (0 h 46). L’image passe du noir au gris, trouée par des faisceaux de lumière en provenance d’un projecteur qui balaye les rives du Yangtse, aux abords du barrage des TroisGorges. En « off », une voix raconte l’histoire du lac Vostok, prisonnier des glaces de l’Antarctique depuis des millions d’années, isolé du monde. Une

L

e vacarme de la campagne électorale américaine distrait ces jours-ci l’attention de la guerre contre le terrorisme. Et les films de cinéma traitant de ce sujet, produits aux Etats-Unis et présentés pour la plupart lors du dernier Festival de Toronto (Le Monde du 8 septembre 2007) sombrent sans laisser de traces. Cet insuccès ne tient pas compte de la qualité des films puisqu’il a aussi bien touché Dans la vallée d’Elah que Déten-

tion secrète, qui, contrairement au film de Paul Haggis, ne s’élève pas à la hauteur de ses ambitions morales et politiques. Anwar El-Ibrahimi (Omar Metwally) est un honnête père de famille, presque américain. Ingénieur, il court le monde pendant que sa femme Isabella, née Fields (Witherspoon), l’attend dans une banlieue américaine. Au retour d’un voyage, Anwar est intercepté par la police, cagoulé et envoyé vers un pays qu’il ne connaît pas, une nation moyen-orientale générique (c’est le Maroc qui lui prête sa physionomie) en proie aux maux jumeaux du terrorisme et

de la répression. Là, il tombe entre les mains d’un tortionnaire qui travaille sous le contrôle de la CIA. Mais le superviseur habituel est mort dans un attentat et la tâche d’assister aux séances de torture incombe à un analyste idéaliste (Jake Gyllenhaal). Gavin Hood et son scénariste Kelley Sane ont en plus l’ambition de rendre compte de chacune des données du problème : l’érosion des libertés aux EtatsUnis comme la montée de l’intégrisme dans la jeunesse musulmane, la corruption des régimes arabes comme la lâcheté de l’opposition démocrate (même si cette dernière n’est pas nommée).

Nombre de semaines d’exploitation

T. S.

Film américano-sud-africain. Avec Jake Gyllenhaal, Reese Witherspoon, Meryl Streep. (2 heures.)

Vitus Film suisse de Fredi M. Murer (2 h 00.) Vitus, 12 ans, est un enfant surdoué et un virtuose du piano. Refusant l’ambition de carrière que ses parents tentent de lui imposer, il se réfugie auprès de son grand-père, qui lui inculque le goût de l’aviation et de la liberté. Ou comment le grand cinéaste qu’est Fredi M. Murer galvaude un de ses motifs de prédilection : la différence comme fardeau et bénédiction. J. M.

30 jours de nuit Film américain de David Slade (1 h 45). Une bande de vampires profitent de la nuit qui s’abat pendant trente jours sur une petite ville d’Alaska. Metteur en scène et scénariste, en revanche, ne tirent aucun profit de cette idée et livrent un film totalement confus. J.-F.R. Retrouvez l’intégralité des critiques de ces films sur www.lemonde.fr/cinema

Nombre d’entrées (1)

Nombre d’écrans

Évolution par rapport à la semaine précédente

Total depuis la sortie

Je suis une légende

3

443 031

625 – 40 %

2 488 699

Le Renard et l'enfant

4

391 799

700 – 11 %

1 890 783

A la croisée des mondes ...

5

376 916

767

2 688 025

Aliens Vs Predator 2

1

341 163

426

Il était une fois

6

301 386

634 – 17 %

2 515 880

4

233 242

648 – 25 %

1 200 642

3

222 840

393

–3%

694 295

Hitman

2

201 338

425 – 38 %

582 863

It's a Free World...

1

139 576

116

La Graine et le mulet

4

86 039

143

Bee Movie - drôle d'abeille Alvin et les chipmunks

Plutôt que de décrire un système et ses victimes, Détention secrète offre une galerie de méchants, parmi lesquels Meryl Streep en dirigeante de la CIA, et une paire de héros bien américains, l’épouse de Fields, qui part réclamer justice à Washington, et le jeune analyste de la CIA pris entre la morale et l’obéissance. La logique du star-system l’emporte jusqu’à générer une conclusion d’une déprimante banalité hollywoodienne. a

Film australien de Darren Ashton (1 h 28). Derrière une affiche dont l’esthétique disco rappelle celle de Saturday Night Fever, le film Dancing Queens se présente comme un documentaire sur une compétition de danse pour jeunes filles prépubères et se révèle finalement être une fiction. L’intérêt de ce brouillage de pistes ? Nul, sinon qu’il masque un instant la vacuité d’un projet purement parodique qui, sous couvert de dénoncer l’esprit de compétition, ne s’intéresse en réalité qu’à cet aspect de son sujet. I. R

Les meilleures entrées en France

Hollywood s’inspire des enlèvements clandestins de suspects de terrorisme

bbb

Dancing Queens

4 b Détention secrète

Héros et méchants, tous agents de la CIA Détention secrète de Gavin Hood

bbb on peut éviter

4 b L’homme qui marche

Succès d’édition mondial, « Death Note » devient un étrange thriller pour adolescents

n douze tomes, la série de manga Death Note a étendu son emprise sur les adolescents de la planète (21 millions d’exemplaires au Japon, 400 000 en France selon l’éditeur local, Kana). Comment pourrait-il en aller autrement puisque le héros est un lycéen qui trouve un jour un cahier égaré par une divinité de la mort ? Si l’on y écrit le nom complet d’une personne que l’on a déjà vue, celle-ci meurt d’un arrêt cardiaque (du genre de ceux qui font se tordre de douleur et grimacer). Un produit idéal pour tous les clients de l’enseignement secondaire.

Film français de Thomas Lilti (1 h 21). Théo, rangé des voitures et bientôt père, revient après une longue absence dans la ville de son enfance lorsqu’il apprend que son frère vient d’être arrêté pour meurtre et viol de plusieurs jeunes femmes. Un film mêlant tragédie familiale et intrigue policière dans une atmosphère naturaliste un peu plombée. J.-M.

Films japonais de Shusuke Kaneko (2 h 06 et 2 h 20).

Un moderne « serial » adapté d’un manga

bbb

Les Yeux bandés

à voir

4 b Death Note, Death Note/The Last Name

P

Death Note, et Death Note, The Last Name de Shusuke Kaneko

excellent

4 b Le Tueur

Garage de Lenny Abrahamson at Shortt : retenez ce nom. On jurerait que le personnage que cet acteur interprète dans Garage est authentique, qu’il prête au film sa bonhomie, sa silhouette claudicante et sa simplicité d’esprit plus qu’il ne les joue, assumant son handicap et faisant irradier sa lumière intérieure. Or ce rôle est bel et bien une composition, magistrale. Rompu à l’improvisation, Pat Shortt est l’un des acteurs les plus connus d’Irlande, musicien accompli, physique de poupin passe-partout habitué aux numéros comiques. Son inoubliable prestation est de celles qui, d’habitude, génèrent des prix. Pat Shortt incarne Josie, un type inoffensif, gérant d’une station-service insalubre à la sortie d’un petit bled du fin fond de l’Irlande. C’est ce que l’on appelle (abusivement ici) l’idiot du village, un ravi aveugle aux perversions, cantonné à n’appréhender que la périphérie des choses, condamné à passer inaperçu. Josie mène une vie tranquille, sans se révolter contre la solitude que lui imposent sa marginalité et une communauté un rien condescendante, ni contre le mépris avec lequel le traite son patron. Sans se plaindre non plus de la misère sexuelle dont pas une femme, même la plus attendrie, n’envisage de le sortir. Son amie Carmel lui manifeste une réelle amitié, mais le désir qu’il ressent

réflexion poétique sur la représentation qui associe deux réalités extrêmes, l’une visible, mais vouée à la disparition, et l’autre réelle, mais inaccessible aux sens. I. R.

–3%

341 163

139 576 +8%

393 911

AP : Avant-première

* Estimation

Source : Ecran Total

(1) Période du 2 au 6 janvier inclus

La meilleure moyenne de spectateurs par écran est le fait d’It’s A Free World. Diffusé à la télévision au Royaume uni, le film de Ken Loach remplit les salles françaises. Tout comme La Graine et le mulet qui continue son prodigieux parcours, Actrices (12e du classement, en passant la barre des 200 000 spectateurs en deux semaines) et La Visite de la fanfare (13e, 258 695 entrées en trois semaines). Britannique, français et israélien, ces films relèvent du cinéma d’auteur dont la santé a causé des inquiétudes ces derniers temps. It’s A Free World progresse chaque jour depuis sa sortie, La Graine et le mulet jouit d’un bouche à oreille très favorable, La Visite de la fanfare ne perd presque pas d’entrées d’une semaine sur l’autre. Le reste du classement se partage entre derniers éclats de Noël (Le Renard et l’enfant et La Croisée des mondes) et chère ordinaire des adolescents (Je suis une légende, Alien Vs Predator 2, Hitman).


&vous

28

Lundi

Mardi

Mercredi

Jeudi

Vendredi

Roues libres

Santé&forme

A table

A la maison

En voyage

Punir : le casse-tête parental Les sanctions sont réhabilitées à condition d’être éducatives et adaptées à la faute

C

de cette polémique. « Il y a quelque chose de dérisoire à tétaniser les parents en interdisant les fessées, considère-t-il. Si cela n’est pas excessif, ce peut être une réaction saine à un moment donné. On se concentre sur un détail alors que le plus important, c’est que les adultes reprennent confiance et se sentent autorisés à imposer des limites à leurs enfants. » Entre éduquer sans punir et fesser ses enfants, il existe toute une panoplie de sanctions qui ont fait leurs preuves, comme la réparation, la privation, les excuses… qui ont l’avantage d’avoir un sens pour les enfants. « Tu ne veux pas goûter les épinards : tu n’auras pas de dessert » ; « Tu es rentré trop tard : pas de sortie le week-end prochain » ; « Tu as mis de la terre partout : donne un petit coup de balai… » Pour les plus jeunes, faire les gros yeux, élever la voix fermement, sans pour autant crier, peut suffire. Leur dire qu’ils se comportent comme des petits – si c’est le cas – peut aussi les aider à progresser.

ertains adultes confondent maltraitance et sanctions et n’osent pas punir leurs enfants, considère Patrice Huerre, médecin chef du service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent de l’hôpital d’Antony (Hautsde-Seine). « Une punition vient signifier le fait que les limites ont été dépassées, et nous sommes un certain nombre à rappeler aux parents qu’en cas de transgression de l’autorité, ils ont le droit et le devoir de sanctionner leurs enfants », dit-il. Et pourtant, ce qui peut paraître comme une évidence répugne à une génération de parents échaudés par l’autoritarisme de leurs aînés ou tentés de croire qu’un enfant aimé est naturellement bon. Le punir met alors en évidence les erreurs de leur éducation et génère un sentiment d’échec et de culpabilité. « On a cru qu’en mettant beaucoup d’amour et d’explications, on allait pouvoir brider certains instincts des enfants, explique Didier Pleux, psychologue clinicien. Mais au lieu de développer chez eux le sentiment de l’autre, on a développé l’égocentrisme. » Règles définies à l’avance Du coup, les tyrans en herbe sont de plus en plus nombreux, protestant à la moindre frustration et transgressant allégrement les règles sous le regard embarrassé des adultes. Mais comment et dans quelles circonstances punir son enfant ? Quelques préalables conditionnent les vertus éducatives de la punition. Principe numéro un : « Les règles du jeu doivent être définies à l’avance, pourquoi pas en famille, considère le docteur Huerre. S’il désobéit, l’enfant sait à quoi il s’expose. » Deuxièmement : que les parents ne brandissent pas de sanctions qu’ils ne pourraient pas tenir. Du genre : « Tu n’auras

A lire Manuel d’éducation à l’usage des parents, de Didier Pleux, éd. Odile Jacob, 2006, 222 p., 6 ¤. De l’enfant roi à l’enfant tyran, de Didier Pleux, éd. Odile Jacob. 2002, 286 p., 8 ¤. Parents, osez vous faire obéir, de Stéphane Clerget et Bernadette Costa-Prades, Albin Michel, 2007, 109 p., 6,50 ¤. Je m’en fiche, j’irai quand même ! Quelle autorité avec un adolescent ? de Patrice Huerre et Anne Lamy, Albin Michel, 2006, 146 p., 8,50 ¤.

FRÉDÉRIQUE BERTRAND

pas de jouets à Noël » ou « Tu es privé de télé pendant six mois ». Comme l’explique le psychologue M. Pleux, « les parents doivent adopter des sanctions appropriées et proportionnées qui apparaissent davantage à leurs enfants comme des conséquences de leurs actes que comme des punitions ». En d’autres termes, la sanction ne doit pas apparaître au petit comme une injustice. Et il ne faut pas se montrer plus sévère avec l’un ou l’autre de ses enfants, même si les punitions diffèrent selon l’âge. Troisième principe, probablement le plus difficile à tenir : on ne punit pas sous le coup d’une vive émotion. « Quand vous sentez la colère vous envahir, isolez-

Le salon

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vous cinq minutes pour respirer un bon coup et tenter de retrouver votre calme, conseille Stéphane Clerget, pédopsychiatre. Si la colère est trop forte, votre enfant ne vous reconnaît plus, vous lui faites peur. » Principe numéro quatre, celuici très controversé : pas de punitions corporelles, y compris les fessées. « La violence physique n’est pas une réponse éducative mais émotionnelle, considère M. Pleux. Elle montre que les parents sont dépassés. » La fessée cristallise les tensions sur l’éducation. D’un côté, l’association Ni claques ni fessées milite pour son interdiction en France, comme l’ont déjà fait douze Etats membres du Conseil de l’Europe. De

l’autre, l’Union des familles en Europe rassemble des parents qui revendiquent le droit de sanctionner leurs enfants par des punitions corporelles. « Un enfant élevé dans la terreur de la fessée risque d’être un adulte qui accepte de se soumettre à la tyrannie ou, à l’inverse, un rebelle qui ne supportera aucune contrainte légale, considère pour sa part le docteur Clerget. On risque de pousser l’enfant à mentir pour se protéger. Et l’on s’expose, en frappant un adolescent, à ce qu’il réagisse en miroir et rende les coups. » Philippe Jeammet, ancien chef du service de psychiatrie de l’adolescent et du jeune adulte à l’Institut Montsouris, à Paris, s’agace

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Alléger sa culpabilité « Les meilleures punitions, considère le docteur Clerget, ce sont probablement la réparation ou un petit travail d’intérêt familial. » Elles permettent à l’enfant d’alléger sa culpabilité et l’aident à prendre conscience des conséquences de sa bêtise. Pour les plus âgés, les sanctions peuvent aller de la privation de l’argent de poche à celle de l’ordinateur ou de sorties. En revanche, il est déconseillé de supprimer une activité utile, sportive ou culturelle, au développement de l’enfant. Et pour les adolescents les plus durs qui ne respecteraient pas les interdits, les parents peuvent avoir intérêt à faire intervenir un tiers, un oncle, un parrain, une grand-mère que le jeune respecte. Celui-ci saura peut-être lui faire entendre raison. Mais la nécessité de punir quand les interdits ne sont pas respectés ne doit pas faire oublier que l’éducation passe avant tout par la confiance que l’enfant fait à ses parents. Attention à ne pas s’enfermer dans une relation conflictuelle. Il faut veiller à féliciter, à encourager l’enfant qui respecte les règles et progresse, le responsabiliser, le valoriser. Car l’estime de soi peut être mise à mal chez des enfants qui auraient le sentiment de ne jamais satisfaire leurs parents. a Martine Laronche

0123 Mercredi 9 janvier 2008

Le dépistage du cancer colorectal est étendu à tout le territoire

E

ngagé depuis 2002, le dépistage du cancer colorectal doit être généralisé à tous les départements cette année. L’Institut de veille sanitaire (InVS) publie, mardi 1er janvier, dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH), une étude portant sur les liens entre caractéristiques sociodémographiques et pratique de ce dépistage. Avec plus de 36 000 nouveaux cas chaque année en France, le cancer colorectal est le troisième cancer le plus fréquent chez l’homme et le deuxième chez la femme. Près de 16 500 décès liés à cette maladie ont été recensés en 2004. Le programme de dépistage propose un test Hemoccult tous les deux ans aux personnes âgées de 50 à 74 ans. Partant des données de l’enquête décennale santé de l’Insee 2002-2003, Delphine Serra et ses collègues de l’InVS ont travaillé sur un échantillon de 6 599 personnes âgées de 50 à 74 ans, non suivies pour un cancer colorectal. 30 % des hommes et 23 % des femmes déclaraient avoir pratiqué un test de détection de sang occulte dans les selles au cours de leur vie, dont respectivement 11 % pour les hommes et 9 % pour les femmes pendant les deux années écoulées. Parmi les personnes ayant fait le test au cours des deux années écoulées, un peu plus de la moitié (53 %) l’avaient effectué dans le cadre d’un programme de dépistage systématique et 25 % sur avis médical en dehors de tout signe ou maladie. Différentes pratiques du test Pour les deux sexes, la pratique du dépistage augmente avec l’âge. Contrairement à ce qui se passe pour les femmes, la pratique du dépistage chez les hommes varie avec le statut socio-économique. Dans la population masculine, la profession influe sur la pratique du test. Celle-ci est plus fréquente chez les cadres, les professions intellectuelles supérieures ou les professions intermédiaires que chez les agriculteurs, artisans, commerçants ou chef d’entreprise. Le fait d’appartenir à « un foyer ayant un revenu mensuel par unité de consommation supérieur ou égal à 900 euros par mois favorise la pratique » du test. Chez les femmes, le fait d’avoir déjà effectué un dépistage pour le cancer du sein dans le cadre du programme national ou d’un dépistage individuel est associé positivement à la pratique du test pour le cancer colorectal. a Paul Benkimoun


0123 Mercredi 9 janvier 2008

&vous

29

Le design Ikea, témoin de son temps Pour symboliser les évolutions de la maison au cours des dernières années, Ikea a demandé à ses designers de réaliser dix meubles et objets de décoration. Parmi eux, le canapé Kramfors (599 euros), profond et modulable en méridienne avec repose-pieds qui répond au besoin de se vautrer devant des écrans de télévision de plus en plus grands, ou le fauteuil pivotant Tirup (349 euros, photo au centre). La bibliothèque Billy (35 euros), entièrement décorée de motifs de fleurs blanches sur fond noir, exploite la technique de l’impression numérique. Les suspensions en bambou (de 29 à 79 euros, photo à droite) correspondent au retour des matières naturelles et de l’artisanat. La gamme de bagages Upptäcka (65 euro, photo à gauche) conçue en mousse à mémoire de formes, permet au sac, à la valise ou à la pochette pour ordinateur de ne pas se déformer en cas de choc. Ces modèles sont autant d’exemples d’une certaine philosophie scandinave du design à laquelle le suédois Ikea est toujours resté fidèle, c’est-à-dire la conception d’objets quotidiens qui soient à la fois utiles, beaux et à la portée de tous. Grâce au travail de ses designers, la marque réussit aussi à s’adapter aux innovations technologiques de chaque époque et aux changements de mode de vie. a V. Ca. Ikea, tél. : O8-25-10-30-00.

(PHOTOS DR)

Les agités de la Tecktonik

Aujourd’hui

Cette danse à la mode est aussi l’enjeu d’une bataille commerciale pour la propriété de l’appellation

O

n mime un coup de peigne, un geste de main appliquant du gel. Avec une rapidité déconcertante, les bras se plient, se déplient, s’enroulent autour de la tête… Certains comparent les « electro dancers » – ou danseurs de Tecktonik – à des héros de mangas, d’autres à ces hommes-caoutchouc des cirques, d’autres encore à des pantins désarticulés. Depuis un an, les cheveux coiffés en crête, arborant des vêtements moulants et « flashy », ils colonisent les discothèques – le Metropolis, le Redlight et le Mixclub à Paris, le 4 Sans à Bordeaux, le Titan à Lyon ou La Boîte à Brest. Et ils n’hésitent plus à investir les cours de récréation et les centresvilles, de la place de l’Opéra à Lille à celle de Masséna à Nice, en passant par le quartier de Châtelet dans la capitale. Agés de 12 à 20 ans, ils sont en général de sexe masculin, même si les filles sont de plus en plus nombreuses. Nelson, 14 ans, a découvert le mouvement Tecktonik cet été. « Je danse partout : chez moi, à l’école, à Paris…, dit-il. Mais pas en banlieue, où j’habite : les plus âgés, encore adeptes du hip-hop, n’aimeraient pas ! » Après les gothiques, les heavy metal, les rappeurs, une nouvelle tribu ado serait-elle en train de s’imposer ? « En s’appropriant un espace musical inoccupé – la musique électro –, ces jeunes se démarquent de leurs aînés et inventent une forme de sociabilité. Reste à savoir s’il s’agit d’une mode ou d’un mouvement de fond », analyse Michel Fize, sociologue de l’adolescence, auteur de L’Adolescent est une personne (éd. Seuil). Ce courant est en phase avec la culture adolescente : les jeunes danseurs se regroupent par équi-

pes, « teams », et s’affrontent dans des concours de danse spontanés, les « battles ». « Une façon d’appartenir à un groupe pour se rassurer et d’en sortir pour se valoriser, ce qui est typique de cet âge de la vie », observe Michel Fize. Ce mouvement reflète aussi le brouillage des sexes observable dans la société : les « electro dancers » par exemple, n’hésitent pas à se maquiller et à porter du rose. « Aujourd’hui, les filles rejettent les codes virils. Les hommes s’adaptent pour leur plaire », relève Daniel Welzer-Lang, sociologue spécialiste du comportement masculin, auteur d’Utopies conjugales (éd. Payot). La danse électro, ou Tecktonik, se diffuse depuis un an grâce aux

sites de partage de vidéo YouTube de soirées, en mélangeant des sons et Dailymotion. La vidéo de Jey électro du Nord (le Jumpstyle de BelJey, 19 ans, qui s’est filmé dansant gique, le Hardstyle de Hollande), à dans son garage en novem- d’autres, l’électro minimale, la Tekhouse. Des clubbers bre 2006, a été visiondes pays limitrophes née près de 5,5 millions « Les gens du venaient. Les Français de fois ! Face à l’essor Metropolis sont ont commencé à les imidu mouvement, cerdes businessmen ter. Peu à peu, la danse tains se frottent les trentenaires, Tecktonik est née. » mains. Car Tecktonik qui récupèrent Interdiction, donc, est le nom d’une marla vague électro aux autres discothèques que déposée : celle des des ados sous d’organiser une soirée soirées organisées par leur nom Tecktonik sans leur perCyril Blanc et Alexande marque » mission, puis de se pasdre Barouzdin, au ser de leurs DJ officiels. Metropolis, à Rungis Les organisateurs ont (Val-de-Marne), depuis DJ Fozzie Bear par ailleurs créé un logo 2000. « Notre ambition, explique (un aigle), une ligne de vêtements, Cyril Blanc, directeur artistique du lancé des cours de danse et mis en lieu, était de créer un nouveau type vente une compilation Tecktonik.

Et, là encore, gare ! « Nous avons vendu nos droits à EMI. Or, Universal vient de sortir un DVD, Génération Mondotek [dont Jey Jey est un des danseurs vedettes], avec la volonté de faire apparaître Mondotek, un clip à la mode, comme un sous-produit de Tecktonik : nous allons faire un procès à Universal », martèle Cyril Blanc. Une guerre commerciale semble donc déclarée. Jey Jey s’en offusque : « La musique de Mondotek passe en boucle sur les radios jeunes et fait de l’ombre à Tecktonik. » Comme lui, les adolescents les plus en vue du mouvement s’insurgent. « Les gens du Metropolis sont des businessmen trentenaires, qui récupèrent la vague électro des ados sous leur nom de marque. Ce courant est apparu simultanément dans plusieurs boîtes parisiennes, pas exclusivement chez eux », tempête DJ Fozzie Bear, lycéen de 19 ans, créateur de Dancegeneration, premier blog consacré au mouvement en 2006. Claire Rousier, directrice du développement de la culture chorégraphique au Centre national de la danse, s’en amuse : « Du rock à la lambada, les danses récentes comportent toutes un volant commercial. » En attendant, la danse électro continue de faire des émules : en Suisse, au Maroc et même au Canada. a Marie Zawisza

A côté des garçons majoritaires, les filles sont de plus en plus nombreuses à se mettre à la Tecktonik. FRED DUFOUR/AFP

Site officiel de Tecktonik et agenda des soirées : www.tck01.fr Cours de Tecktonik : Vit’Halles, 48, rue Rambuteau, 75003 Paris. Tél. : 01-42-77-21-71. Dimanche de 17 heures à 18 h 30. 10 euros. DVD Mondotek : Génération Mondotek, éd. Mercury, 17 euros. Blog de Dancegeneration, avec de nombreuses vidéos : http://dancegeneration.skyrock.com/

Les moyens d’action des consommateurs sont limités Expertises, publications de tests et recours devant la justice sont utilisés pour répondre à une demande croissante

A

ssistance individuelle, défense des intérêts collectifs et interpellation des pouvoirs publics : les associations de consommateurs sont aujourd’hui confrontées à des missions de plus en plus variées. La Direction générale de la concurrence de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a cherché à savoir si ces associations disposent de moyens efficaces et suffisants pour y répondre. Le recours à l’expertise est de plus en plus souvent nécessaire, notamment pour contrer l’action des lobbyistes des groupes industriels à Bruxelles. Par ailleurs, les associations ont souvent créé des magazines consuméristes. Ceuxci sont réputés pour leur sérieux, notamment dans la réalisation

des tests comparatifs. Mais leurs conseils ne sont pas toujours suivis. Car, selon Alexandre Mallard, sociologue au laboratoire Usages, créativité, ergonomie de France Télécom recherche et développement, et auteur d’une enquête sur la presse de consommation, ils apparaissent « tristes, ascétiques, voire rabat-joie, et ne donnant pas vraiment envie d’acheter ». L’action en justice Leur discours critique se heurte à la concurrence des rubriques « conso » de la presse généraliste et des revues spécialisées axées sur la jouissance que procure l’acquisition d’un nouvel objet. Ainsi, la revue britannique Which ?, l’équivalent britannique de Que choisir ? recommande carrément

de « s’en tenir strictement à sa liste de courses, de porter des bouchons d’oreille pour résister à la musique enjôleuse, de prendre un panier plutôt qu’un Caddie, de laisser à la maison les enfants qui poussent à l’achat, et de se munir d’un bâton pour attraper les produits moins chers, en haut des linéaires ». L’action en justice est une autre arme utilisée par les associations de consommateurs. Certes, elles n’ont pas obtenu la mise en place en France des « class actions » (ou actions de groupe), recours judiciaire collectif, le projet de loi ayant été abandonné en février 2007. Mais elles ont su tirer parti de l’article L.421-1 du code de la consommation qui leur donne le droit de se porter partie civile. En obtenant la suppression de nom-

breuses clauses abusives, elles ont acquis un pouvoir préventif et dissuasif. Ainsi, dans l’action de l’UFC-Que choisir contre Unilever France et la MAAF, qui remboursait 40 euros à ses adhérents lorsqu’ils achetaient de la margarine Pro-Activ, le juge, qui ne s’est pas prononcé sur le fond, a certes considéré que la synergie entre les deux campagnes (celle d’un fabricant et d’un assureur) n’était pas illégale (TGI de Paris, arrêt du 5 novembre 2007), mais il a jugé inopportune la publication de la décision dans la presse. L’offre de la compagnie d’assurances a pris fin au bout d’un an. En Belgique, l’association TestAchats a adopté un système original d’avantages négociés en matière d’assurances. Les assureurs, qui répondent aux critères du

cahier des charges établi par l’association et qui s’engagent à offrir un tarif réduit aux adhérents de celle-ci, sont labélisés et recommandés par Test-Achats. Une telle politique nécessite des moyens importants, notamment en matière d’expertise. La situation de TestAchats avec 350 000 adhérents pour 10,5 millions d’habitants (soit un Belge sur 35) est plus forte que celle des associations françaises, divisées et en partie subventionnées par l’Etat. Un signe qui ne trompe pas : depuis 1995, la consommation en France ne dispose plus d’un ministère à part entière. Elle a été successivement rattachée aux secrétariats d’Etat aux PME, commerce, artisanat et professions libérales, puis au tourisme ! a Michaëla Bobasch

La Coccinelle, trop polluante, est menacée à Mexico

A

utant que les mariachis, elle incarne Mexico. On la reconnaît de loin, à ses deux couleurs, vert et blanc. Elle porte un joli nom : « vocho ». Les autorités en dénombrent plus de 67 000, soit la moitié des taxis qui circulent dans les rues de la mégapole. Car c’est dans le taxi que la Coccinelle Volkswagen a fait carrière à Mexico. Puisque cette voiture n’a que deux portes, le siège avant passager a été supprimé pour que les clients puissent s’installer sur la banquette arrière. Mais voilà que ces Coccinelle ont pris de l’âge et polluent l’air de la capitale du Mexique déjà bien chargé de toxiques. D’où la proposition du ministère des transports de Mexico : une prime de 15 000 pesos (environ 1 000 euros) pour que les chauffeurs de taxi mettent à la casse leur véhicule, et des aides aux crédits bancaires pour qu’ils acquièrent une voiture neuve. Pour le moment, l’initiative rencontre peu d’écho, car les taxis propriétaires de « vocho » tiennent trop à leur auto. Solides, faciles à réparer, elles ont tout pour leur plaire. Encore un peu et ils classeraient « espèce protégée » leur Coccinelle. a B. C. (avec AFP)

Jobs Les étudiants employés par les universités Un décret paru le 30 décembre au Journal officiel autorise les universités et les grandes écoles à recruter des étudiants pour des contrats à mi-temps dans les bibliothèques comme tuteurs ou comme assistants d’étudiants handicapés. S’étendant sur au maximum douze mois, ces contrats pourront être de 670 heures maximum entre le 1er septembre et le 30 juin et de 300 heures durant les grandes vacances. La rémunération ne peut pas être inférieure au smic. – (AFP.)

Enfants Le succès des nounous britanniques La demande pour les nourrices d’outre-Manche a fortement progressé ces derniers mois chez les familles américaines, russes ou du Moyen-Orient. Selon l’agence de placement de garde d’enfants Tinies, citée par le Times, le succès de l’émission « Supernanny », sur la chaîne britannique Channel Four, et l’image de Mary Poppins expliquent cet engouement. Les femmes qui exercent ce métier ont des salaires annuels bruts avoisinant 40 000 livres (53 700 euros), hébergement et nourriture fournis. – (AFP.)


Météo & Jeux

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Mercredi 9 janvier 2008 Lille Lille Des nuages et quelques 7° 60 km/h 9° pluies 6° 10°

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Caen

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Metz

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ClermontFerrand

Limoges

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Grenoble

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Bordeaux Bordeaux

9° 12°

Toulouse

20 km/h

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Perpignan

LEVER: 08h42 COUCHER: 17h11 PARIS

STE-ALIX Le Clerc COEFF. DE MARÉE:79

Amsterdam faible pluie Athènes ensoleillé Belgrade ensoleillé Berlin pluie et neige Berne averses éparses Bratislava très nuageux Bruxelles très nuageux Budapest éclaircies Bucarest ensoleillé Copenhague faible pluie Dublin averses éparses Edimbourg pluie éparse Helsinki faible neige Istanbul ensoleillé Kiev éclaircies La Valette éclaircies Lisbonne éclaircies Ljubljana très nuageux Londres très nuageux Luxembourg pluie et neige Madrid averses éparses Moscou ensoleillé Nicosie éclaircies Oslo forte neige Prague éclaircies Reykjavik couvert Riga couvert Rome éclaircies Sofia beau temps Stockholm pluie et neige Tallin faible neige Tirana éclaircies Varsovie éclaircies Vienne très nuageux Vilnius très nuageux Zagreb éclaircies

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très nuageux 13 Alger éclaircies 3 Amman beau temps 21 Bangkok éclaircies 10 Beyrouth fortes averses 19 Brasilia 29 Buenos Aires éclaircies ensoleillé 17 Dakar éclaircies 23 Djakarta éclaircies 14 Dubai 15 Hongkong éclaircies 2 Jérusalem éclaircies averses modérées 24 Kinshasa averses éparses 8 Le Caire éclaircies 8 Mexico forte pluie 7 Montréal ensoleillé 14 Nairobi 14 New Delhi très nuageux éclaircies 10 New York éclaircies -8 Pékin averses modérées 15 Pretoria éclaircies 11 Rabat éclaircies -4 Séoul Singapour averses modérées 25 beau temps 17 Sydney couvert -10 Téhéran ensoleillé 4 Tokyo éclaircies 7 Tunis Washington averses éparses 14

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Reykjavik Reykjavik

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Cayenne Fort-de-Fr. Nouméa Papeete Pte-à-Pitre St-Denis

LEVER: 09h39 COUCHER: 18h10 PARIS

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7° 10°

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6° 15°

Chicago -2° 0°

Los Angeles 7° 15°

Miami

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Lima 20° 19°

Santiago du Chili

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Météorologue en direct au 0899 700 703

Ile-de-France

9° 9°

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(1,34 € l’appel + 0,34 € la minute) 7 jours/7 de 6h30-18h

Nord-Est

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Service proposé par MeteoNews en partenariat avec Le Monde

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I. Il y a encore de la place après lui. II. Fait mauvais effet dans la page. Ne vaut plus rien au travail. III. Est à terre. Réunion dans le désordre. Article. IV. Problème d’épuration. Points dans l’eau. V. Son soleil levant a fait forte impression. Partie d’un train. VI. Pour maintenir en état. A gauche en principe. VII. Gourmandises à consommer avec modération. VIII. Plus rapide que le pas. Interjection. Etat d’Europe. IX. Gardiens de prisons dorées. Donné pour être suivi. X. Pour en remettre plein les rayons.

1. Donner du poids à ses propos. 2. Ne fera pas une grosse friture. Manifesta son désaccord. 3. Les plus délicates sont pleines d’égards. 4. Académie. Fournit des fruits toute l’année. Gardés secrets. 5. Conventions. Dans le quiproquo. 6. Dans la cité grecque. Bon descendeur. 7. Pot de vin. 8. A une bonne senteur de pin. Note. 9. Cœur de denrée. Au chaud en tête. 10. Chambre froide. Suiveur de Paul. 11. Conjonction. Grand Argentin. 12. Ont du mal à changer de disque. Philippe Dupuis

Solution du n° 08 - 007 Horizontalement

Verticalement

I. Chuchotement. - II. Horreurs. Tee. - III. Atget. Oscars. - IV. Réévaluée. Et. - V. Cl. Aïe. Issa. VI. Enraciné. - VII. Tonte. Outrer. - VIII. Apte. Dilua. - IX. Gué. Voter. Oc. - X. Essarte. Etre.

1. Charcutage. - 2. Hôtel. Opus. - 3. Urge. Entes. - 4. Crevante. 5. Hétaïre. Vr. - 6. Ou. Léa. Dot. 7. Trou. Coite. - 8. Esse. Iule. - 9. Ceinture. - 10. Eta. Sera. - 11. Nérés. Or. - 12. Testatrice.

Odessa

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0 à 5°

Omsk

Paris 7° 10° Barcelone 12° 14° Marrakech

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Bagdad 5° Tripoli 9° 13° Riyad 16° -1° 19° Khartoum 10° 33° Yaoundé 16° 27°

La Paz 3° 12° Rio de Janeiro 23° 28° 19° 25°

Le Caire

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Kaboul -12° 2°

Vladivostock -21° -16°

Shanghai 14° 14° Hanoi 14° 26°

Karachi 14° 16°

Kuala Lumpur 23° 26°

Port Moresby 26° 34°

Antananarivo 17° 23°

Alice Springs 21° 40°

Le Cap 10° 28°

Auckland Auckland 18° 22°

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Solution du no 675

SUDOKU Nº 676

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G O U T I O N M I T E U S E R I E P E R D U E L E F A D E Z

O HORIZONTALEMENT

Budapest

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SCRABBLE ® N˚567

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Kiev Munich

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http://www.meteonews.fr

Retrouvez nos grilles sur www.lemonde.fr 3

Varsovie

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MOTS CROISÉS Nº 08 - 008

Minsk Berlin

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Sud-Est

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Québec 4° 7°

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Sud-Ouest 9° 13°

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OUTREMER

24° Mercredi, une nouvelle perturbation glissera depuis le nord de la Loire vers le centre et l’est Cumul pluviométrique du pays : il pleuvra faiblement avec du vent, notamment des Pays de la Loire à la frontière le 09.01.2008 allemande, tandis que des éclaircies tenteront de se développer sur la Bretagne. Le ciel > 50 mm s’annonce également bien chargé sur la moitié sud, avec là aussi quelques pluies éparses 15-50 mm qui se déclencheront, donnant un peu de neige au-dessus de 1200 à 1600 mètres d’altitude sur les reliefs. Des nuages bas circuleront près de la Méditerranée. La Corse 5-15 mm connaîtra un temps relativement nuageux. Les températures resteront plutôt douces. 1-5 mm

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15 12 33 15 23 33 22 34 18 20 12 31 18 19 6 28 23 13 -3 19 17 -1 28 28 -3 12 16 11

Anchorage

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En France

6° 10°

09.01.2008 12h TU

Dans le monde Temps doux et très pluvieux sur l’ouest du Québec

40 km/h Ajaccio

10 à 15° 15 à 20° 20 à 25° 25 à 30° 30 à 35° >35°

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Marseille

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Montpellier

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Biarritz

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Températures à l’aube et l’après-midi

En Europe

1015 DANS LE MONDE

EN EUROPE

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Rouen

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Le 09.01.2008

Amiens

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0123 Mercredi 9 janvier 2008

INCONNU AU BATAILLON Le Festival d’Aix-les-Bains a été joué par le nec plus ultra de la francophonie, habitué à remporter des parties sans manquer un seul coup. Pourtant, 7 des 20 meilleurs scrabbleurs ont perdu toute chance de gagner le tournoi dès le deuxième coup de la première partie. Essayer de faire mieux qu’eux : le tirage était INNNSU plus un joker. Trouvez un huit-lettres très connu en vous appuyant sur une des lettres de CREM (solution en fin d’article). Les tirages suivants sont empruntés à la cinquième partie. Tirage : EIILNRS a) Trouvez et placez un septlettres – En 3 endroits différents, placez 3 huit-lettres de 68, 68 et 80 points. Ecrivez sur la grille ce dernier, donné ci-dessous. Tirage suivant : AABCEFR b) En 3 endroits différents, placez 3 mots de 32, 35 et 44 points. Ecrivez sur la grille ce dernier, donné ci-dessous. Solution de a) : riesling, A 2, 80. Tirage suivant : BCEFIJS

c) En 4 endroits différents, placez 4 mots de 32, 33, 33 et 38 points. Solution de b) : caraïbe, E 5, 44. Solution du tirage avec joker ci-dessus : INC(O)NNUS. Préparation de la grille de la semaine prochaine. d) Tirage : DEINORS. Trouvez 2 sept-lettres. Ce tirage s’appuie, entre autres, sur BHI. Trouvez les 3 huit-lettres. Solutions dans Le Monde du 16 janvier. Solutions du problème paru dans Le Monde du 2 janvier. a) REFLUER, 5 E, 40. b) REFLEURI, 5 E, 94 – REFUGIER, C 7, 84 – RUBEFIER, 4 F, 76 – FERRIQUE, 7 C, 74 – IRREFUTE, F 5, 65 – OEUFRIER, compartiment à œufs, 6 H, 65 – AURIFERE, 9 H, 63 – FREINEUR (de bobsleigh), E 7, 61. c) MITEUSE – BITUMEES, DEMUTISE (un sourd), TUMEFIES. Michel Charlemagne

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Compl´ etez toute la grille avec des chiffres allant de 1 ` a 9. Chaque chiffre ne doit ˆ etre utilis´e qu’une seule fois par ligne, par colonne et par carr´ e de neuf cases.

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Facile

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R´ ealis´ e par Koalog (http://sudoku.koalog.com)

Un jeu pour chaque jour

Le Loto

Lundi daté mardi Affaire de logique Mardi daté mercredi Scrabble Mercredi daté jeudi Bridge Vendredi daté Samedi L’art en question Samedi daté dimanche-lundi Echecs

Les résultats sont publiés dans cette page dans nos éditions datées dimanche-lundi, mardi et vendredi

Les religions et l’école de la République La tentation du repli . L’ école républicaine peine à intégrer toutes les communautés. Face à cet échec : l’émergence d’écoles musulmanes et le repli communautaire d’une partie des établissements juifs et catholiques.

Numéro de janvier 2008

en vente chez votre marchand de journaux


Ecrans

0123 Mercredi 9 janvier 2008

INTERNET Les 20 médias les plus cités par la blogosphère Le blog Wikio (blog.wikio.fr) vient de publier la liste des vingt sites les plus cités par les blogueurs francophones d’après une liste de 50 000 blogs. « Par cités, comprenez liés (ou linkés) », précise le site. « Sans surprise, c’est la presse quotidienne qui s’arroge les premières places, Le Figaro en tête, suivi par Le Monde, 20 Minutes et Libération. En dehors de la presse généraliste, ce sont bien évidemment les sites hightech qui sont les plus cités, PC INpact en tête. » Le site officiel de l’Elysée (Elysee.fr) arrive en 18e position.

Un nouveau site pour « Arrêt sur images » Le site dérivé de l’émission de France 5 « Arrêt sur images », disparue en juin 2007, a changé d’adresse le 7 janvier. Désormais, les internautes retrouveront Daniel Schneidermann et son équipe à l’adresse suivante, arretsurimages.net/index.php. Contrairement au précédent site, qui était accessible à tous, le nouveau est réservé aux seuls abonnés. Dans un communiqué, Daniel Schneidermann annonce que 30 000 internautes se sont déjà inscrits pour accéder au site. Le tarif est de 30 euros pour un an, 20 euros pour six mois, 12 euros « pour les étudiants, chômeurs ou précaires ».

31

Dans les pays émergents, l’accès au Vu&commenté web prend des détours inattendus Internet Pour surfer sur le net en Asie ou en Afrique, il faut Le tour de France parfois attendre le bus, le bateau, ou une moto de deux Papous

C

omment faire pour se connecter à l’Internet lorsque l’on ne dispose pas de ligne téléphonique ? La question se pose dans un grand nombre de pays en voie de développement, tout particulièrement dans les zones rurales pauvres et reculées. United Villages et First Mile Solutions, deux sociétés créées par des anciens du Massachusetts Institute of Technology (MIT), tentent de résoudre le problème en remplaçant les lignes téléphoniques par des bus, le principal moyen de communication relayant villages et centres urbains, voire des motos, les seuls véhicules pouvant circuler lors des moussons. Le premier « motoman » est ainsi apparu au Cambodge, en 2003. Depuis, le concept a été repris et développé en Inde, au Rwanda, en Amérique du Sud. L’idée est de doter ces motos et bus de relais Wi-Fi qui se connectent aux ordinateurs des villages qu’ils traversent, afin d’enregis-

trer les e-mails, consultations de pages Web et autres requêtes faites sur les moteurs de recherche par les villageois. De retour en ville, ces « postiers numériques » se connectent à l’Internet, reçoivent et enregistrent les réponses, qu’ils renverront, toujours par Wi-Fi, lors de leur prochaine tournée, sur les PC des villages qu’ils traversent. Plusieurs centaines d’écoles et kiosques Internet se connectent ainsi au Web, en utilisant ce type de réseau. De quoi permettre, notamment, aux paysans d’acheter graines et engrais, et de savoir où vendre leurs productions au meilleur prix, sans avoir à passer par des intermédiaires souvent très gourmands, sinon malhonnêtes. La lutte contre la corruption et les prébendes est d’ailleurs l’une des motivations présidant au développement de ce genre de connexions. Au Bengladesh, GrameenPhone, filiale de la Grameen Bank, a ainsi permis, grâce au microcrédit, à près de

300 000 femmes d’acheter des téléphones portables. Réputées plus fiables, sinon moins intéressées, que les hommes, elles en louent l’utilisation, non seulement pour téléphoner, mais aussi pour se connecter à l’Internet. La téléphonie mobile est en effet bien plus développée, dans les pays émergents, que la téléphonie fixe, et grâce aux technologies EDGE et GPRS, le réseau, qui couvre 98 % du pays, revendique aujourd’hui 3 millions d’internautes. Certains cybercafés utilisent ainsi un système permettant à plusieurs ordinateurs simplifiés de se connecter au Web à partir d’un seul et même téléphone. Dernière innovation en date, des « bateaux de l’information », affrétés par GrameenPhone et l’ONG Care, pour permettre aux villages isolés d’accéder enfin à l’Internet, au fax, et à la télévision. a Jean-Marc Manach

Grameenphone.com Firstmilesolutions.com

Mardi 8 janvier TF1

France 2

France 3

Canal +

Arte

M6

20.50

20.50

20.55

20.50

21.05

20.50

Les Experts, Miami. Trop beaux pour mourir 0 Un quartier pas si tranquille 0 Mauvais sang 2 Série (S5, 4 et 5/24 ; S2, 13/24). Avec David Caruso d. Les experts enquêtent sur le meurtre d’un mannequin.

Une vie. Téléfilm. Elisabeth Rappeneau. Avec Barbara Schulz, Boris Terral, Catherine Jacob, Wladimir Yordanoff (France, 2004) d. La Normandie au XIXe siècle. Malgré les désenchantements et les désillusions, une jeune femme qui vient de se marier choisit de continuer à vivre.

The Truman Show a Film Peter Weir. Avec Jim Carrey, Ed Harris, Laura Linney, Noah Emmerich (EU, 1998) d. Un homme s’aperçoit que sa vie est une émission de télé-réalité. 22.45 et 23.25 Ce soir (ou jamais !). Revue de presse Invités : Philippe Besson, Bessora, Jean-François Stévenin, Régis Jauffret, Raphaëlle Glucksmann.

La Faute à Fidel a Film Julie Gavras. Avec Nina Kervel-Bey, Julie Depardieu, Stefano Accorsi, Benjamin Feuillet (Fr. - It., 2006) d.

Thema. Prisons de femmes 21.05 A la prison de Vechta Documentaire. Lutz G. Wetzel. 21.55 Elles parlent avec les poings Documentaire (2007) d. 22.30 Les Belles du pénitencier Documentaire (All., 2006) d.

Super Nanny. Annie, Rachid et leurs enfants d.

23.00

23.45

Soir 3.

Slevin Film Paul McGuigan. Avec Josh Hartnett, Morgan Freeman, Ben Kingsley, Bruce Willis (EU All., 2006, v.o., DD, 105 min) 2.

23.10 Le Droit de savoir. Drogues : enquête sur la nouvelle guerre des stups Présenté par Charles Villeneuve.

0.35 Les Piégeurs. Enveloppé, c’est pesé ! Mauvaise passe [1/2] Série (S1, 1-2/9). Avec Jesse Birdsall (105 min).

22.35 Faites entrer l’accusé. Sylvie Reviriego : meurtre sur ordonnance 2 Présenté par Christophe Hondelatte d.

0.10 Journal, Météo (25 min).

0.45 NYPD Blue. Une sombre histoire de boîte 0 Série (S5, 12/22, 50 min) d.

22.30 Les Lumières du faubourg a a Film Aki Kaurismäki. Avec Janne Hyytiäinen, Maria Järvenhelmi, Ilkka Koivula (Fr. - All. - Finl., 2006, v.o.) d.

21.50 C’est du propre ! Jean-François Télé-réalité d.

22.45

Grand format. Allemagne, un passé qui ne passe pas Documentaire. Michael Verhoeven (2006).

T’empêches tout le monde de dormir. Présenté par Marc-Olivier Fogiel. Invités : Valérie Bègue, Miss France 2008, Roselyne Bachelot, Laurent Ruquier, Charlotte de Turckheim... d.

0.40

1.10

Medium. Regarde la mer a Film François Ozon. Avec Sasha Hails (1997, 51 min).

Capital. Signes extérieurs de richesse : enquête sur les nouveaux milliardaires (110 min) d.

23.05

Dominique Dhombres

L

e principe est celui de l’exploration inversée. Les Européens ont été les explorateurs du reste du monde. A leur tour d’être minutieusement étudiés par de lointains visiteurs. C’était le cas, lundi 7 janvier sur Canal Plus, avec deux chefs papous invités à passer quatre mois en France par un photographe, Marc Dozier, qui les connaît depuis des années. On voit donc Mudeya Kepanga et Polobi Palia débarquer à Roissy en vêtements occidentaux, mais, en ce qui concerne Mudeya, le nez percé transversalement d’une longue tige végétale qui ne passe pas inaperçue. Leur première impression, dans le quartier d’affaires de la Défense, est celle de l’hyperactivité des autochtones. « Les Blancs ne s’arrêtent jamais. Ils ne s’assoient jamais. Ils vont et viennent sans cesse », constatentils. Ce tour de France de deux Papous donne lieu à d’innombrables gags. On assiste par exemple à leur rencontre avec des châtelains du Périgord. « Il y a de la pierre partout. C’est comme une grotte », s’extasie Mudeya en déambulant dans le château. Le dîner est toute une affaire. Les deux Papous sont initiés à l’art de dresser une table avec assiettes, couteaux, fourchettes et verres à pied. « Les Blancs ont vraiment des coutumes étranges. Ce n’est pas facile de manger avec eux. Pour manger, il leur faut autant d’outils que pour réparer une voiture »,

remarque encore Mudeya. Les deux Papous, découvrant qu’il s’agit d’un dîner très habillé, mettent leurs plus belles plumes et leurs plus beaux colliers. « Ici, on ne dit pas bon appétit », leur explique une convive. « Chez nous non plus », rétorquent-ils. Le tour de France se poursuit avec la visite d’une cité délabrée, d’un salon de coiffure, d’un supermarché, d’un club de musculation. Les deux voyageurs apprécient les appareils nickelés et les haltères, beaucoup moins les boissons protéinées qu’on leur fait ingurgiter. « Les Blancs veulent toujours rester jeunes. Ils sont toujours inquiets pour leur visage et pour leur corps », constatentils. Le cochon est très important en Papouasie-Nouvelle Guinée, où il sert à mesurer la richesse. « Là-bas, pour se marier avec une femme, il faut payer sa dot en cochons. Alors, je me suis dit que si j’emmenais mes amis dans un élevage industriel, ce serait comme leur faire visiter la salle des coffres de la Banque de France », raconte leur guide photographe. Ce qui surprend le plus les deux Papous, c’est l’attitude modeste de l’éleveur breton. Il a six cents cochons, et il ne se considère pourtant pas comme un homme riche ! On suit encore les voyageurs sur les champs de bataille de la première guerre mondiale, aux sports d’hiver, au PalaisBourbon. Retour au pays natal : ils déballent un buste de Marianne, objet totem de l’étrange pays qu’ils viennent de parcourir. a

Mercredi 9 janvier TF1

France 2

France 3

Canal +

Arte

M6

20.50

20.50

20.50

20.50

21.00

20.50

Le Détective. Télé-réalité d.

En marge des jours. Téléfilm. Emmanuel Finkiel. Avec Michèle Laroque, Wladimir Yordanoff, Dominique Reymond, Maurice Chevit, Anna Gaylor (France, 2006) d. Un accident met un terme brutal à la passion de deux amants.

Des racines et des ailes. Rome secrète Magazine d. Quatre Romains évoquent leur passion pour la ville éternelle, qui les a vus naître.

Half Light Film Craig Rosenberg. Avec Demi Moore, Beans El-Balawi, Kate Isitt, James Cosmo (All. - GB, 2006) 0 d. Un an après avoir perdu son enfant, une romancière s’installe dans un village d’Ecosse.

Les Mercredis de l’Histoire. Kennedy - Oswald Le Fantôme d’un assassinat. Documentaire (EU, 2006).

Les 20 destins brisés que les Français n’oublieront jamais. Divertissement présenté par Alessandra Sublet et Bernard de La Villardière.

22.50

Ce soir (ou jamais !). Magazine présenté par Frédéric Taddeï. 23.00 et 2.00 Soir 3.

22.40

Ça se discute. Célébrité : quel est le prix à payer ? Magazine présenté par Jean-Luc Delarue.

Court-circuit. Magazine.

Diana : les derniers jours. Documentaire. Richard Dale (Fr. - GB, 2007). Les derniers jours de Lady Diana, jusqu’à son tragique accident survenu à Paris.

1.05

0.45

0.20

0.35

0.10

Journal, Météo.

NYPD Blue. Double vue 0 Série (S5, 13/22). Avec Jimmy Smits (45 min) d.

The Holiday Film Nancy Meyers. Avec Cameron Diaz, Kate Winslet (EU, 2006, v.o., DD, 130 min).

Bouffée d’amour. Téléfilm. Felicitas Korn. Avec Henriette Heinze, Golo Euler (All., 2006, v.o., 90 min) d.

Enquête exclusive. Routiers : les transports de tous les dangers Magazine (65 min).

21.55 Le Grand Frère. Télé-réalité d.

23.10 Les Experts. Canicule. Trop jeune pour mourir. Chasseur de tête Série (S4, 4, 10 et 6/23) 2. Avec William L. Petersen, Jorja Fox, Gary Dourdan d.

1.40 Diagnostics. Médicaments mortels Série (saison 1, 7/11). Avec Ursula Karven, Tim Dominick Lee (Allemagne, 52 min) d.

1.30 Des mots de minuit. Magazine (30 min).

FRANCE 5

22.50 Keno.

22.55 et 23.25

Le Héros de la famille Film Thierry Klifa. Avec Gérard Lanvin, Catherine Deneuve, Miou-Miou (France, 2006) d.

22.20 Gabrielle a Film Patrice Chéreau. Avec Isabelle Huppert, Pascal Greggory, Thierry Hancisse, (Fr. - All. - It., 2005) d.

23.50

23.10

TMC

NT 1

20.40

20.45

20.45

20.30

Question maison d.

22.30

22.50

Au-delà du réel, l’aventure continue. Ultime appel [1 et 2/2]. Série (S6, 21 et 22/22) Jimmy Kaufman. Avec Angela Plummer, Charlton Heston, Hal Holbrook (Etats-Unis, 2000). En l’an 2076, le docteur Theresa Givens est condamnée à mort pour avoir violé les lois antitechnologie en vigueur.

Permanence.

C’est notre affaire. Chauffer sa maison, combien ça nous coûte ?

L.A. Dragnet. La mort ne tient qu’à un fil 0 L’Enfant caché. Fiction ou réalité ? 2 Série (S1, 8, 10 et 2/12). Avec Ed O’Neill, Ethan Embry, Christina Chang, Desmond Harrington, Kris Lemche, Kevin Cooney (Etats-Unis, 2003) .

C dans l’air.

Extreme Makeover Home Edition : Les Maçons du cœur. La Famille MacRory. La Famille Zitek. La Famille Dore (145 min).

22.10

Face à nous.

Journal.

23.30

22.20

Impertinences. La France est-elle en dépôt de bilan ? (30 min).

21.30 Silence, ça pousse ! d.

22.00

23.40 Les Escapades de Petitrenaud. Bagnoles-de-l’Orne Magazine (30 min) d.

FRANCE 4

DIRECT 8

101 Stars à leurs débuts (100 min).

W9

LCP-AN/PUBLIC SÉNAT

• Europe

2008 : année de la présidence française

• France

Les services publics en ligne de mire

+ Les Clés de l’info Tout ce qu’il faut retenir de l’actualité du mois

www.lemonde.fr/dosdoc JANVIER 2008 DOSSIERS&DOCUMENTS

Pour tout savoir, le meilleur du « Monde »

La sélection radio MARDI 8 JANVIER

MERCREDI 9 JANVIER

22.00

La Tête dans les étoiles

Le Matin des musiciens

Bouge la France ! Les Franchises médicales.

14.30 RTL Laurent Boyer reçoit

9.05 France Musique Depuis

Marie-Claude Pietragalla, pour son spectacle Sade, le spectacle des fous, à l’Espace Cardin du 5 au 10 février.

lundi et jusqu’à vendredi, Pierre Barrat, acteur, metteur en scène et directeur de l’Atelier lyrique du Rhin, qui a déjà produit plusieurs séries radiophoniques pour France Musique, s’intéresse au roman de George Sand Consuelo, qu’il évoque avec ferveur.

21.00 Ça vous regarde.

22.45

I-TELE

Décryptage 14.40 RFI « Le Guatemala, la fin de l’impunité ? » C’est aujourd’hui que la Commission internationale contre l’impunité au Guatemala devrait commencer ses travaux.

20.45

20.35

20.45

19.34 et 21.34, 0.34

Doctor Who. L’Expérience finale. DGM : Dalek génétiquement modifié Série (S3, 4 et 5/13). Avec David Tennant, Freema Agyeman, Hugh Quarshie (GB, 2007).

Une grosse bouchée d’amour. Téléfilm. Michaëla Watteaux. Avec Christine Citti, Jean-Michel Dupuis, Pascale Arbillot, Gilles Gaston-Dreyfus (France, 1998) d.

Enquête d’action. 36 quai des Orfèvres, au cœur de la police judiciaire Magazine présenté par François Pécheux.

N’ayons pas peur des mots. 20.00 et 20.30 Journal. Toutes les demi-heures.

22.30

22.15

22.20

Sans interdit.

Toutaz. Best of Magazine.

Les Livres de la 8. Magazine présenté par François Busnel.

Rien que la vérité. Best of.

20.40

Sur les docks

23.25

Journal de l’économie, i bourse.

16.00 France Culture « La Fabri-

23.25

23.15

21.15

Grosse chaleur. Pièce de théâtre de Laurent Ruquier. Avec Brigitte Fossey, Catherine Arditi (100 min).

Direct sport.

Strip poker : les filles de Las Vegas. Divertissement présenté par Eve Angeli, Max 6.

0.15

0.20

22.00

Morandini ! (95 min).

Tendances (76 min).

Info soir (120 min).

que du non-faire ». Un documentaire de Violette Villas Teste. L’Atelier du non-faire est un espace de création pour des personnes ayant traversé une expérience psychiatrique.

20.15

Journal de l’international.

Les codes du CSA 0 Déconseillé aux moins de 10 ans 2 Déconseillé aux moins de 12 ans 6 Déconseillé aux moins de 16 ans 8 Déconseillé aux moins de 18 ans. Les cotes des films a On peut voir a a A ne pas manquer a a a Chef-d’œuvre ou classique. Sous-titrage spécial pour les sourds et malentendants d.

Les Pieds sur Terre 13.30 France Culture L’émission emmène les auditeurs à la découverte de Lesconil, petit port de pêche du Finistère sud.

Patrimoine Classique 23.00 Radio Classique Une heure en compagnie du violoniste Laurent Korcia, jeune musicien virtuose, interprète magistral de l’œuvre de Bartok.


0123

32

Mercredi 9 janvier 2008

rance de l’activité par le consommateur américain, sur l’abondance et le faible coût du crédit, sur la baisse parallèle de l’inflation, des taux d’intérêt, des coûts des matières premières et des biens industriels qui cède aujourd’hui la place à une poussée généralisée des prix et des salaires – de la Chine aux Etats-Unis en passant par l’Allemagne. L’année 2008 concentrera l’essentiel du choc, avec le blocage du crédit bancaire, la remontée du coût du risque, l’accélération de la baisse des prix de l’immobilier aux Etats-Unis mais aussi au Royaume-Uni et en Espagne, la menace de faillites en chaîne d’entreprises ou de ménages (plus de 2 millions pour les seuls Etats-Unis). Avec à la clé un net recul de la croissance mondiale de 5,2 % autour de 3,5 %, une récession potentielle aux

Etats-Unis, une croissance molle de l’ordre de 1,5 % en Europe et au Japon, un ralentissement des pays émergents. La crise accélère le basculement de l’économie mondialisée vers le Sud. Le choc de 2007 se présente comme l’envers de la crise asiatique de 1997. Les EtatsUnis avaient alors réassuré les pays émergents au prix de l’ouverture de leurs frontières et d’une forte dévaluation qui avaient favorisé l’entrée en force des capitaux du Nord dans les entreprises des pays du Pacifique. Aujourd’hui, la crise venue du système financier américain contraint les pays du Nord à accepter le sauvetage de leurs institutions financières par les fonds souverains des superpuissances du Sud et des pétromonarchies. Le Sud prend ainsi le pouvoir, non seulement au plan du travail et de l’activité (la moitié du PIB mondial), mais du capital et de la propriété via la mobilisation de ses réserves de change (75 % du total mondial), la montée en puissance de son capitalisme d’Etat (quatre entreprises chinoises et une russe figurent parmi les dix premières capitalisations), l’activation des quelque 3 500 milliards de dollars des fonds souverains. Le Nord ne perd pas seulement le monopole de la production et de l’innovation, mais celui du contrôle des actifs stratégiques et de la régulation du capitalisme mondialisé. Ainsi, 2008 n’est pas 1929. Trois facteurs de résistance majeurs excluent en effet une déflation ou un krach planétaires. D’abord, la mondialisation continue à produire ses effets positifs en termes

geant utile à la nation ? D’où l’idée de retenir, après l’expiration de leur mandat, les élus dont le caractère indispensable aura été établi. La durée de la rétention est fixée à un an, mais pourra être renouvelée indéfiniment. La loi n’étant pas rétroactive, les premiers placements en rétention n’interviendront pas avant 2023, à moins de voter un amendement. Aussitôt des protestations ont fusé. N’est-ce pas une atteinte à la présomption d’incompétence ou d’inutilité ? Qui peut vraiment affirmer qu’après

avoir purgé son mandat un responsable politique reste indispensable ? Estil normal de le retenir « pour ce qu’il est et non pour ce qu’il a fait » ? Au-delà de ces arguments juridiques, il faudrait tenir compte du facteur humain : des élus comme Christian Poncelet, Jean-Marie Rausch ou Jean-Pierre Soisson, qui occupent des fauteuils depuis quatre ou cinq décennies, n’ont-ils pas le droit de se reposer ? Pourquoi leur infliger une peine supplémentaire ? Libérez les récidivistes ! a

Nous ne sommes pas en 1929 Carte blanche Nicolas Baverez

L

’année 2008 sera dominée au plan économique par la crise financière née à l’été 2007 et dont l’impact principal reste à venir. La crise est multiforme, cumulant un retournement du cycle mondial après le point haut de 2006, un krach immobilier et le dégonflement de la bulle sur la liquidité qui se traduit par le rationnement des crédits bancaires et par la hausse des taux qui accompagne la réévaluation des risques. La crise est globale, s’étendant de l’économie financière à l’économie réelle à travers la baisse de la consommation et de l’investissement, des Etats-Unis au Japon et à l’Europe puis aux pays émergents. La crise est structurelle et durable car elle marque la fin d’un modèle de croissance fondé sur la réassu-

Billet ROBERT SOLÉ

Rétention C’EST le cas de Vladimir Poutine qui a fait réfléchir les milieux politiques français et donné naissance à ce projet de loi. Peut-on se priver d’un diri-

d’ouverture, d’innovation, de sortie de la pauvreté et d’enrichissement des populations des pays émergents. Ensuite, la crise frappe de plein fouet le secteur financier mais non les groupes industriels qui conservent des structures financières saines et une rentabilité élevée. Enfin, contrairement aux années 1920 ou 1990, on ne constate aucune bulle ou surévaluation des marchés d’actions.

La crise accélère le basculement de l’économie mondialisée vers le Sud De nombreux moyens restent disponibles pour prévenir les risques d’effondrement du crédit ou de récession. Au plan mondial, l’évolution du modèle de développement du Sud en faveur de la demande intérieure et la poursuite du recyclage des excédents commerciaux pour réassurer le système financier. Au plan des pays développés, la coordination de l’action des banques centrales qui doit privilégier la régulation de la liquidité bancaire et la baisse des taux d’intérêt. Cela implique notamment que la Banque centrale européenne (BCE) rompe avec une stratégie schizophrène accommodante sur le plan de la liquidité et restrictive dans son refus de diminuer les taux et dans sa défense

d’un euro surévalué. Au plan des Etats, la mobilisation des marges de manœuvre budgétaires pour éviter les faillites en chaîne des banques, des PME ou des ménages. Pour tous, le durcissement de l’environnement économique est porteur de difficultés mais aussi d’opportunités. Ceci s’applique à la France, où le freinage de la conjoncture justifie non pas la pause mais l’accélération des réformes. Parce qu’elle est la moins compétitive de la zone euro, l’économie française connaîtra des performances très médiocres en 2008 avec une croissance en baisse de 1,9 % à 1,5 %, une inflation de l’ordre de 2,5 %, un déficit et une dette publics de 3 % et 65 % du PIB. Mais le pays peut se placer en situation idéale pour profiter pleinement de la reprise de 2009-2010 s’il libéralise le marché du travail, supprime les rentes des secteurs protégés, réinvestit dans l’enseignement supérieur et la recherche, mène à bien la réforme de l’Etat. Alors que le modèle de croissance américain tiré par l’innovation financière est enrayé, que les réformes marquent le pas au Japon et en Allemagne, que la crise financière et immobilière déstabilise le Royaume-Uni et l’Espagne, une France modernisée peut devenir l’un des grands gagnants de la décennie 2010, comme une France immobile compta parmi les grands perdants des miraculeuses décennies 1990-2000. a Nicolas Baverez est économiste et historien.

SOMMAIRE L’actualité Editorial et analyses ........................ 2 Page trois ......................................... 3 International .................................... 4 Europe .............................................. 9 France ............................................ 10 Economie/Médias ......................... 13 lemonde.fr Incollable sur l’actualité ? Faites le Quiz 2007. A la « une ».

Décryptages Portrait ........................................... 18 Focus .............................................. 19 Enquête ......................................... 20 Culture&vous Actualités ...................................... 24 Critiques ........................................ 25 Santé&forme ................................. 28 Météo et jeux ................................. 30

a Tirage du Monde daté mardi 8 janvier 2008 : 397 298 exemplaires.

f a i re d u c i e l l e p l u s b e l e n d ro i t d e l a t e r re

60 secondes : acheter son billet Décollez plus vite avec airfrance.fr

20 secondes : choisir son siège

30 secondes : imprimer sa carte d’embarquement.

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