Livret découverte patrimoine - Deux églises d'exception à Audincourt

Page 1

Villes et Pays d’Art et d’Histoire

Pays de Montbéliard Livret découverte

conter Deux églises d'exception

Laissez-vous

à Audincourt


Eglises et Industries Les forges d’Audincourt sont l’une des premières implantations industrielles dans le pays de Montbéliard. La société, qui prendra le nom de « Compagnie des Forges » en 1824, va contribuer à développer l’urbanisation d’Audincourt. La réponse à la demande en main d’œuvre se traduit par des vagues d’immigrations successives : Franc-comtois, italiens, espagnols, polonais… qui sont installés dans des cités ouvrières. Ainsi se développent de nouveaux quartiers comme celui « des Forges », qui s’étend de la route de Montbéliard à la rue des Mines et jusqu’au début de la Grande-Rue. La situation socio-démographique évolue encore au XXème siècle avec l’implantation de l’entreprise Peugeot, qui suscite la création du quartier « des autos », situé près de l’usine de fabrication automobile. Au-delà d’Audincourt, la population du Pays de Montbéliard s’accroit et passe de 50 600 habitants en 1851 à 86 800 en 1946. En 1914, l’Eglise Luthérienne, qui dominait le Pays depuis le XVIème siècle, perd sa suprématie. En effet, la nouvelle main d’œuvre est composée en majorité d’ouvriers de confession catholique. La construction de nouveaux lieux de culte devient donc nécessaire.

Audincourt, atelier carrossage

-2-

-3-


Le père Pierre Marie-Alain Couturier, qui jouera un rôle prépondérant dans l’édification de l’église du Sacré-Cœur d’Audincourt, rejoint l’un de ces ateliers à Paris en 1919. Plus qu’une vocation, il mène un véritable combat pour « une nouvelle liturgie des formes ». Les grands chantiers de reconstruction d’après guerre constituent une formidable opportunité de mettre en oeuvre cette nouvelle dynamique. Tout comme l’art religieux, l’architecture connaît un bouleversement important au début du XXème. L’utilisation et la maitrise de nouveaux matériaux font évoluer les techniques de construction. L’invention du béton armé au milieu du XIXème siècle constitue une avancée considérable. Le Corbusier (1887-1965) sera le premier à poser les bases d’une architecture nouvelle, en exploitant toutes ses possibilités. Ainsi, les structures porteuses deviennent indépendantes et les murs servent désormais de support ornemental : ils sont peints, recouverts de mosaïques ou percés de verrières. -4-

l'élégance du béton

Jusqu'alors, le style saint-sulpicien est omniprésent dans le domaine de l'architecture religieuse et du décor intérieur des églises. C’est pourquoi, malgré une certaine méfiance de la hiérarchie catholique, des ateliers d’Art sacré se créent un peu partout en France sous l'impulsion des artistes Maurice Denis et Georges Desvallières, qui envisagent un renouveau dans les programmes religieux. Ces ateliers réunissent des artistes et des architectes, des chrétiens ou non-croyants, qui travaillent ensemble sur des projets et proposent de faire entrer l’Art Moderne au cœur de leurs problématiques spirituelles.

L'église de l'Immaculée-Conception,

Durant l’entre deux-guerres, le catholicisme français connait un regain de dynamisme : les constructions ou reconstructions d’églises s’intensifient, les regroupements en associations se multiplient, tout comme les initiatives intellectuelles et apostoliques*. Plus largement, les mouvements de l’Action catholique militent pour un renouvellement dans l’Art religieux, qui peut se traduire par cette question : comment exprimer le message évangélique avec un langage esthétique en phase avec son temps ?


Clocher, haut de 50 mètres

Compte tenu de l’essor que connaissent les forges dès 1847 (entrainant l’expansion de la paroisse au XXème siècle) on place, dans l’enceinte de l’usine, une chapelle sous le patronage de l’Immaculée Conception. Une église lui succède en 1861 (à l’emplacement même de l’actuel édifice), mais devient rapidement trop exigüe. C’est en 1928 qu'est décidée la construction d’un nouveau lieu de culte. Le projet est confié au moine bénédictin Dom Bellot (1876-1944), reconnu au niveau international pour ses qualités d’architecte. Le maître d’œuvre, ne pouvant suivre régulièrement l’évolution du chantier à Audincourt, fait appel à un collaborateur sur place, l'architecte Marcel Hézard. Pour ce projet, Dom Bellot sollicite les artistes membres du réseau de l’Arche : Valentine Reyre pour la conception des vitraux et Henry Charlier pour la statuaire. L’Arche est un regroupement d’artisans catholiques et d’artistes sensibles aux nouvelles approches de l’Art sacré qui contribuent chacun, suivant leur spécialité, à la construction, l'aménagement, la décoration des églises, ou encore à la confection d’objets liturgiques.

L’église de l’ImmaculéeConception, en plein cœur du quartier des forges, est un parfait prototype illustrant les recherches architecturales et spirituelles apparues au XXème siècle. Elle émane de la rencontre d’un moine bâtisseur et d’artistes engagés, qui ont pu compter sur le soutien des paroissiens.

La façade principale est relativement sobre, animée seulement d'une rosace à motifs géométriques. L’entrée du lieu est marquée par trois arcades en arcs brisés* pour respecter une certaine forme d’harmonie. Le clocher s’impose par ses 50 mètres de hauteur. De plan carré, il s’allonge massivement jusqu'à l’étage des cloches, marqué par de légers encorbellements. Il évoque, suivant les interprétations, tantôt les cheminées alentours, tantôt les campaniles italiens. A sa base se trouve le baptistère.

Encorbellements ajourés

Classée Monument Historique en 2009 Labellisée "Patrimoine du XXème siècle"

Pignons

L’entreprise Tournesac de Belfort est chargée du chantier de construction de l'édifice. Malgré les rudes contraintes financières pesant sur le diocèse, cette nouvelle église, novatrice et fonctionnelle, est inaugurée quatre ans plus tard, soit en 1932.

Rosace à motifs géométriques Arcades en arcs brisés

Baptistère

-6-

Tour d'escalier en vis

-7-


Sacristie et dépendances Choeur

Chapelle

Implanté dans un environnement industriel marqué par les forges, l'édifice fait pendant à une immense usine, de hautes cheminées et des bâtiments imposants. C’est pourquoi l’église s’impose par des volumes considérables : une longueur totale de 63 mètres pour une largeur maximale de 54 mètres.

Transept

Une des particularités de cet édifice est son ossature en béton armé. Le matériau utilisé dans la constitution des poutres et des poteaux permet de supprimer la contrainte des murs porteurs. L’église de l’Immaculée-Conception illustre ce principe. Ici, le système repose sur de grands arcs paraboliques formés de segments rectilignes, portant des poutres horizontales. L’ossature crée des vides, comblés par un mur à double paroi, en brique polychrome apparente à l’intérieur, et en pierre locale reconstituée de deux couleurs à l’extérieur.

Nef

Clocher et baptistère

Tour d'escalier à vis

L'architecte a opté pour un plan en croix latine traditionnel. L'église, dont chacune des extrémités est formée par un mur pignon*, comprend un large porche entre un clocher et une tour d'escalier en vis, une nef* de trois travées, un large transept* et un chœur* à abside* polygonale. Cette abside est surmontée d’une demi-coupole à cinq pans dont chacune des faces est animée par une petite niche triangulaire. Le chœur est encadré d'un côté par la sacristie* et les dépendances et de l'autre par une chapelle. -8-

Les voûtes* s’organisent sur le même principe : des arcs en segments de droites brisés reliés par des voiles de béton. L’ensemble est renforcé par des poutres transversales. Cette organisation permet aussi de lutter contre les intempéries et d’assurer la meilleure acoustique possible. La charpente est elle aussi traitée en béton armé.

-9-


L’aménagement intérieur de l’église est pensé en fonction du maitre-autel* vers lequel toutes les lignes architecturales convergent. De toutes parts, il attire le regard. Pour mettre en œuvre cette conception très personnelle du culte, Dom Bellot utilise des effets architectoniques* et stylistiques. Les bas-côtés* ont été sacrifiés au profit de simples allées de circulation afin que le volume intérieur soit optimisé. Les espaces sont fortement marqués par le doublement de la structure et rendus autonomes par le dédoublement de ses éléments porteurs. L’ouverture du transept permet une continuité de la nef jusqu’au chœur sans entraves et rend possible la communion entre les fidèles et l’autel. La croisée est animée par les jeux de lumière façonnés par les claustras situés à l'avant des fenêtres hautes. Ces écrans au treillis géométrique, entièrement constitués de béton armé, accentuent la dualité structure / enveloppe tout en tamisant la lumière provenant des baies. Lorsque l’on pénètre à l’intérieur de l’édifice c’est d’abord une impression d’espace qui se dégage. Toute la place est destinée à recevoir les fidèles. - 11 -


La décoration intérieure se veut épurée. Les éléments constitutifs de l’architecture composés de l’ossature et de ses points d’appui, du plafond à facettes et des ouvertures, apportent à eux seuls un effet décoratif. L’architecte ajoute à cela un programme de verrières combinées aux claustras, associées au mur de briques colorées se trouvant dans la partie basse de l’édifice. Les voûtes et les parties hautes du mur sont peintes également.

En 1932, on place, au dessus du maître-autel, la statue de la Vierge à l’enfant foulant aux pieds un serpent, oeuvre de l’artiste Henri Charlier (18831975). Cette statue polychrome en pierre reconstituée ajoute un point final à l’intervention sur l’espace intérieur et fait écho aux couleurs de la mosaïque.

La pierre reconstituée, déjà employée pour les maçonneries extérieures, est utilisée pour l'autel du choeur et ceux des transepts. Des motifs végétaux stylisés géométriques figurent sur les bas-reliefs ornant ces trois pièces. La totalité du mobilier est pensée en termes d’unité. C’est pourquoi les bancs de la nef sont relativement sobres, et la table de communion, malgré son aspect massif, est animée par des grilles en fer forgé aux motifs géométriques qui rappellent ceux des verrières. De même, le tabernacle* et la garniture de l’autel ont été conçus pour respecter l’harmonie de l’ensemble 1.

Vue sur le choeur

Les vitraux sont l'oeuvre de Valentine Reyre (1889-1943), artiste peintre verrier et membre de « L’Arche ». Ils occupent les fenêtres hautes de la nef. Le choix s’est porté sur l’emploi de verres colorés dans la masse plutôt que sur du verre peint pour un meilleur jeu de lumière. La difficulté réside dans l’adaptation de ce dernier aux divisions engendrées par le béton armé moulé, pour restituer une lumière propice à l’intérieur d’une église.

Entre 1988 et 1991, d’autres verrières sont conçues par le maître-verrier François-Claude Laurent. Il s’inspire du style de la première afin de garantir une certaine unité. Ainsi, viennent s’ajouter « Marie reine des martyres », « Marie reine de la paix », « Marie reine des prophètes » et « Marie reine des mères ».

L’iconographie* se rapporte à la vie de la Vierge d’une part et à sa royauté d’autre part. L’ensemble des six verrières a été réalisé en deux campagnes. Les premières verrières ont été crées en 1932 ( « Marie, reine des Apôtres » et « Marie, reine des vierges »).

"Marie, reine des vierges" Valentine Reyre, 1932

1

François Vion-Delphin, Les églises modernes d'Audincourt, 1998, p°13

- 12 -

- 13 -


- 14 -

de l’église de l’ImmaculéeConception à Audincourt. Son « style » est reconnaissable à sa volonté de proposer des architectures fonctionnelles, sobres et équilibrées, plaçant le fidèle au cœur de ses problématiques architecturales. Ses principes reprennent les grands idéaux médiévaux : juste équilibre et bonnes proportions, importance de la lumière et de la couleur, priorité des lignes et des formes pour transmettre humanisme et spiritualité. Sa réputation est bien établie et de nombreux collaborateurs de l’Europe entière viendront le rejoindre dans son atelier d’architecture dans le Pas-de-Calais. Il sera d’ailleurs décoré par la Société centrale des architectes français. Il conçoit d’autres projets en France jusqu’en 1934, date à laquelle il est appelé par un confrère québécois pour venir donner plusieurs conférences outreAtlantique « afin d’insuffler une énergie nouvelle et structurée au mouvement anti-académique de renouveau dans l’art religieux »1. Il décède au Canada en 1944. 1

François Vion-Delphin, Les églises modernes d'Audincourt, 1998, p°13

manifeste d'artistes

Paul Louis Denis Bellot (Paris, 1876 - Montreal, 1944) fait ses études à l’école des Beauxarts, conformément à la volonté familiale, et obtient son diplôme d’architecte en 1901. Cependant, c’est bien dans une congrégation religieuse qu’il veut poursuivre sa vie et c’est ainsi qu’il entre au couvent des bénédictins de Solesmes la même année. Il est ensuite missionné en Hollande pour superviser la construction de l’abbaye Saint-Paul à Oosterhout. Jusqu’en 1930, il multiplie les projets d’édification religieuse aux Pays-Bas (Noordhoek, Eindhoven, Nimègue…) mais aussi en Belgique. De retour en France, il se penche sur le chantier important de la réalisation de l’Eglise Saint-Chrysole à Comines (1925-1929) avec le concours du fondateur de « L’Arche », Maurice Storez. Avec lui, il fera évoluer la construction des édifices religieux, tant au niveau de leur plan architectural que par l’utilisation de nouveaux éléments comme la brique ou encore le béton. C’est en 1932 qu’il met au point ces nouveaux procédés avec le projet de construction

L'église du Sacré-Coeur,

DOM BELLOT


L’abbé Prenel, vicaire de l’église de l'Immaculée-Conception prend en 1946 la responsabilité de la nouvelle paroisse dite « des Autos » dans le quartier du même nom, alors en pleine expansion. L’église ne pouvant accueillir tous les paroissiens, l’abbé va profiter du lancement de la campagne de construction d’après-guerre pour proposer de bâtir un nouveau lieu de culte. Il cherche pour ce futur édifice un modèle architectural novateur en lien avec cette communauté paroissiale jeune et enthousiaste. C’est en visitant l’église du Plateau d’Assy qu’il trouve l’inspiration. Dès 1949, il prend contact avec l’architecte Maurice Novarina (1907-2002) qui lui soumet rapidement des plans. Mais ceuxci ne sont pas très bien perçus par la Commission diocésaine d’Art Sacré.

L’église du Sacré-Cœur, contrairement à son aînée, revêt une architecture plus sobre. Elle est le résultat d’une savante association de paroissiens solidaires, d’hommes d’églises volontaires, et d’artistes inspirés. C’est ainsi qu’est née, en plein cœur du quartier des « Autos » d’Audincourt, une architecture remarquable du XXème siècle.

De plus, cette année là, l’abbé possède tout juste de quoi acheter le terrain, et le projet de Novarina doit en tenir compte. Toutefois, l’abbé va pouvoir compter sur la participation de ses paroissiens pour réduire les frais. En effet, ceux-ci emploient tous leurs congés payés de l’été 1949 au chantier de l’église. Parmi eux, Monsieur Berly, un fidèle de la paroisse, assure le suivi des travaux et la coordination avec les entreprises. Le devis initial, fixé à 40 millions de francs, atteindra finalement les 49 millions. L’abbé met alors en place des kermesses, des tombolas et autres actions pour récolter des fonds. Tout le monde se mobilise : l’usine Peugeot prête un camion pour transporter le matériel, le bois nécessaire est donné par les communes et scié gracieusement, un carrier de Montenois remet en exploitation une carrière désaffectée... Ainsi les travaux avancent vite. La première pierre est posée en présence de Monseigneur Dubourg au printemps 1950. A cette occasion, les volontaires qui se sont mobilisés sont remerciés et on scelle dans la maçonnerie un parchemin contenant la liste des familles ayant participé au chantier. L’église sera finalement inaugurée le 16 septembre 1951. Entre temps, le Père Couturier (1897-1954), membre de la Commission d'Art Sacré, s’associe au projet avec l’accord de l’abbé Prenel, et propose à des artistes contemporains de participer à la décoration de l’église : Fernand Léger, Jean Le Moal et Jean Bazaine, entre autres, ainsi que les ateliers Barillet, répondront à l’appel. page 16, messe organisée pendant les travaux en 1950. page 17 (de haut en bas), travaux de construction et pierre angulaire

- 16 -

- 17 -


Organisation de l'édifice Maurice Novarina (1907-2002) Né à Thonon-les-Bains en HauteSavoie, Maurice Novarina est un ancien élève de l'École Spéciale des Travaux Publics (ESTP) et de l’École nationale supérieure des beaux-arts (ENSBA). Diplômé en architecture en 1933, il exercera son métier d’architecteurbaniste jusque dans les années 2000. De 1947 à 1955, il est nommé architecte en chef de la reconstruction puis architecte en chef des bâtiments civils et palais nationaux dans les années 1960. On lui attribue l’édification de 22 écoles, 80 équipements et 32 édifices religieux (les églises du plateau d’Assy, du Sacré-Cœur d’Audincourt, de Sainte-Bernadette d’Annecy, de Notre-Dame de la Paix à Villeparisis...). Plusieurs de ses bâtiments sont classés ou inscrits aux Monuments Historiques, ou encore labellisés Patrimoine du XXème siècle.

Maurice Novarina

Père Marie-Alain Couturier (1897-1954) Homme d’Eglise et compagnon des Ateliers d'art sacré dès 1919, c’est au cours de nombreux voyages aux Etats-Unis et au Canada qu’il rencontre des grands noms de l’art contemporain (Léger, Chagall, Picasso…). Il associe ces nouveaux partenaires au renouveau de l’art sacré. Toute sa vie, il mènera un combat sans relâche : réconcilier l’Eglise et l’art contemporain.

Orienté Nord-Sud, le bâtiment, conçu à partir d’un plan simple, se décline en trois volumes bien distincts où chaque espace est défini par sa fonction. Précédée d'un parvis, la nef de 37 mètres de long est un rectangle imposant destiné à accueillir les fidèles. Elle se termine au nord par un chevet semi-circulaire qui surmonte la crypte*, percée de vitraux. Une sacristie*, de même facture que la nef*, prolonge le bâtiment. Le baptistère* revêt une forme cylindrique pour mieux s’opposer au cloché élancé. Chacune de ces structures est pensée pour être une entité autonome tout en étant reliées entre elles par de courtes galeries.

Clocher Classée Monument Historique en 1996 Labellisée "Patrimoine du XXème siècle"

Couverture en ardoise

Mosaïque de Jean Bazaine

Baptistère - 18 -

- 19 -


Les façades La façade principale respecte une ordonnance classique : deux colonnes massives supportant l’avancée du toit, donnant l'illusion d'un fronton triangulaire. Le porche s'ouvre sur des portes de bois et de verre. La mosaïque concentre à elle seule l’effet décoratif. Les façades latérales et postérieures sont rythmées par l'alternance des piles de béton et des murs de pierre. Un bandeau de vitraux en dalle de verre forme la liaison jusqu'à la naissance du toit couvert d'ardoises.

du Sacré Cœur sous lequel est placée l’église. Le mosaïste traduit en termes plastiques ces sources scripturaires* qui seront enrichies de deux citations faisant office de clef d’interprétation : l’une tirée d’un texte d’Isaïe et l’autre de Sainte Marguerite-Marie. Isaïe : « Vous boirez l’eau de votre joie aux sources du Sauveur » ; Sainte Marguerite-Marie : « Jésus-Christ m’est apparu tout éclatant de gloire avec ses cinq plaies brillantes comme cinq soleils ».

La mosaïque du parvis

L'artiste pose sur le papier des formes simples, issues de la nature en mouvement : des vagues, des ondulations incarnées dans une multitude de tons bleus et des soleils rouges vifs, évoquant la chaleur ardente du feu. La matérialisation de l’œuvre par la mosaïque, sous le péristyle* de l’entrée, est le fruit de Gaudin, déjà en charge de la réalisation d’une mosaïque de Fernand Léger à l’église d’Assy en Haute-Savoie.

C'est l’œuvre de Jean Bazaine. L’artiste fait partie des premiers retenus pour la décoration de l’église. D’abord sculpteur, puis peintre et mosaïste, il s’émancipe du monde figuratif dans les années 1940. Aspirant à la couleur et la lumière pour cette commande, Bazaine s’inspire des textes tirés du livre liturgique "Le rituel romain". Il en extrait un certain nombre de thèmes : le feu, l’eau, les cinq plaies, le cœur… rappelant ainsi le vocable

- 20 -

Le clocher

Le baptistère

Reliée à la nef par une galerie, la haute tour rectangulaire joue le rôle de clocher. "Elle abrite un escalier intérieur et une véritable cloche, malgré le projet initial d'installer une cloche électronique comme on peut en trouver sur les bâtiments contemporains (à Saint-Jean de Dole par exemple)"1. Le mur est animé par neuf rainures horizontales et ponctués par de petites baies en relief. Ces divisions géométriques dynamisent la paroi et participent à la sensation d’élévation. La surface du mur a subi un traitement qui lui donne un aspect rugueux et permet ainsi d’accrocher la lumière. Au sommet du clocher, chaque côté arbore un cadran d'horloge surmonté d'un abat-son. Une croix en béton fixée sur le mur ouest domine l’édifice.

Sa forme octogonale originelle, symbole intermédiaire des mondes terrestre (carré) et céleste (cercle) cède ici la place à la forme circulaire. C’est à nouveau Bazaine qui sera chargé de sa réalisation, avec le concours des ateliers Barillet, maîtres-verriers. Cette intervention survient après la pose de sa mosaïque. Le père Couturier aiguille Bazaine dans les choix iconographiques que l'on trouve traditionnellement dans les baptistères anciens : « promesse et anticipation du Paradis ».

Une première proposition est soumise aux paroissiens en décembre 1951 qui, selon l’abbé Prenel, « l’ont trouvée plus belle que la mosaïque ». Cependant le projet évolue encore. Bazaine s’inspire à nouveau de la nature. Il utilise un vocabulaire figuratif mais parle de son projet au père Couturier en évoquant la plage, le vol des oiseaux, les vagues, matérialisés par des couleurs telles que le rose, le mauve, le bleu et les éclairs de jaune. La lumière, filtrée par les dalles de verre coloré, offre une ambiance harmonieuse et apaisante.

1

Bouvier Yves, Cousin Christophe, Audincourt, le sacre de la couleur, Fernand Léger, Jean Bazaine, Maurice Novarina, Jean Le Moal au Sacré-Cœur, CRDP de Franche-Comté-Besançon, 2007.

- 21 -

Tout autour de la partie basse, et intégré au réseau de béton, on peut lire : Aujourd’hui mon fleuve est devenu mer, au matin je ferai luire la parole. L’artiste met à nouveau en relation son œuvre avec une citation liturgique. La symbolique de l’eau et de la lumière est en adéquation avec la fonction du lieu. Une galerie marque la transition entre le baptistère et la nef.


Tout s’organise autour d’une vaste allée centrale conduisant au sanctuaire. La nef est surmontée d’un plafond à caissons vouté et cintré, qui en fait sa particularité. Au dessus de l’entrée, une large tribune permet d'accueillir de nombreux chantres, de part et d'autres d'un orgue monumental. L'instrument fut acquis quelques années aprés l'ouverture de l'église. Afin de minimiser les coûts de construction, le vestibule vitré remplit la fonction de narthex*. Il en est de même pour le choix des matériaux : du bois pour les cages d’escaliers et les bancs (dont la construction relève des paroissiens eux-mêmes), des lambris pour la couverture des murs en pierre, et du béton brut pour le sol sous les bancs. La nef est prolongée par le chœur semi-circulaire et vouté d’une demi-coupole, qui surmonte la crypte. Quant à l’autel, il est en pierre noire de Belgique ce qui permet, grâce à son revêtement sobre et épuré, de profiter pleinement de la tapisserie de Fernand Léger représentant l’eucharistie*, située à l’arrière. Au fond du chœur, deux escaliers mènent à la crypte. De forme semi-circulaire, la crypte est pensée comme une chapelle conservant le saint sacrement, avec un autel semblable à celui se trouvant dans la partie haute de l’église. Lorsque l’on pousse les portes de l’église, c’est une grande nef qui s’offre à nous. Il n’y a ni bas-côtés, ni chapelles latérales, car l’espace est réservé aux fidèles assistant à l’office. - 23 -


Fernand Léger (1881-1955) La tapisserie de Léger n’est venue recouvrir le mur qu’à partir de 1951. En effet, jusqu’à cette date, la porte située derrière l’autel et menant à la sacristie attirait le regard. Il fallut donc trouver une solution pour pallier à ce décor austère. Bien que les premiers plans de l’architecte Novarina laissent deviner le tracé d’une fresque à cet endroit, le père Couturier et Fernand Léger, alors en visite à Audincourt en novembre de la même année, s’accordent sur un projet de tapisserie.

Le jeu des courbes peut être interprété comme une indication du désert, lieu du miracle des poissons.

Le choix iconographique se portera sur le rite de l’eucharistie. De gauche à droite se déclinent des épis de blés évoquant le pain, et des grappes de raisin évoquant le vin. Tous deux symbolisent le corps et le sang du Christ pour les catholiques. En haut sont dessinés deux poissons sur un plat. Ils sont assimilés au Christ. Les chrétiens utilisaient

- 24 -

le monogramme « ICHTUS » (poisson en grec) dont chacune des lettres renvoie à Jésus : « Iêsous Christos Theou Uios Sôter » soit « Jésus-Christ, Fils de Dieu, Sauveur ». Mais ici, cette identification rappellerait plus probablement l’épisode rapporté dans les évangiles où Jésus nourrit une foule avec cinq pains et deux poissons 1. Léger simplifie les lignes pour les faire évoluer sur un fond écru, mettant en exergue l’autel de granit noir. La tapisserie s’installe en contrepoint des vitraux. L’œuvre est tissée en laine en accord avec les autres matériaux naturels utilisés dans l’aménagement de l’Eglise. Le travail, attribué aux lissiers d’Aubusson qui ont déjà réalisé d’autres œuvres de l’artiste, a été financé par un couple de collectionneurs admirateurs de Léger. 1

Bouvier Yves, Cousin Christophe, Audincourt, le sacre de la couleur, Fernand Léger, Jean Bazaine, Maurice Novarina, Jean Le Moal au Sacré-Cœur, CRDP de Franche-Comté-Besançon, 2007.

Il débute comme apprenti dans un cabinet d’architecte à Caen, puis il rejoint la capitale dès 1900 afin d'assouvir sa passion pour le dessin et la peinture. Recalé à l’entrée de l’école des beaux-arts, il s’inscrit alors à l’école des arts décoratifs et fréquente l’académie Julian. Dans la lignée des impressionnistes au départ, il est très marqué par la rétrospective consacrée à Cézanne en 1907 et par les toiles cubistes qui orientent définitivement sa peinture vers des formes nouvelles. Dans l’effervescence de la vie artistique parisienne, il travaille aux côtés de Modigliani, Laurens, Alexander Archipenko, rencontre Delauney, Chagall, puis se lie avec Blaise Cendrars, Max Jacob et Guillaume Apollinaire. C’est Le Corbusier qui lui fait découvrir la peinture murale, l’occasion pour Léger d’expérimenter ses principes abstraits dans un art qui dépend exclusivement de l’architecture.

Entre 1941 et 1944, il fait plusieurs séjours en Amérique du Nord qui lui permettent de rencontrer de nombreux architectes et de participer à de nouveaux projets. Sa peinture tend peu à peu vers un style « mécanique » puis surréaliste avec des sujets de représentation contemporains. Il se lance dans la réalisation de céramiques (Gaz de France à Altfortville), décors et costumes de théâtre, mosaïques (église d’Assy, mémorial américain de Bastogne), cartons de tapisseries et de vitraux (église d’Audincourt, église de Courfaivre, université de Caracas…). Léger meurt à Gifsur-Yvette en 1955.

- 25 -


Jean Bazaine (1904-2001) Il entre à l’académie Julian alors qu’il prépare une licence de lettres. Il fréquente l’atelier de sculpture de Paul Landowski et suit des cours d’histoire de l’art dispensés par Henri Focillon à la Sorbonne. Il pratique l’aquarelle mais aussi le vitrail, technique qu’il découvre à l’occasion d’une commande privée et qu’il privilégie pour la décoration des églises du Sacré-Cœur à Audincourt, de Notre-Dame de la Paix à Villeparisis, de Saint-Dié dans les Vosges et de Saint Séverin à Paris. Il réalise également des mosaïques, pour le bâtiment de l’UNESCO (1960) et pour la maison de la Radio (1963) à Paris, avant de se tourner vers la réalisation de tapisseries ou de grands collages dès les années 1990. Artiste engagé, il se lie avec les poètes (Guillevic, Seghers, Follain, Frénaud, Tardieu), se passionne

pour le théâtre, et organise pour la première fois en 1941 une exposition d’avant-garde intitulée « Jeunes Peintres de tradition française ». D’importantes expositions en Europe du Nord à partir de 1946 contribuent à diffuser sa peinture, le faisant apparaître comme l'un des peintres les plus importants de la « non figuration ». L’artiste, outre sa contribution à de nombreux articles, publiera deux ouvrages : Le temps de la peinture (1938-1989), et Exercice de la peinture (1973).

La crypte doit être un lieu de recueillement et de méditation. Pour insuffler une ambiance incitant à la prière, on fait appel à Jean Le Moal pour la décorer de vitraux. L’artiste a déjà travaillé à plusieurs reprises sur des monuments religieux, notamment sur le plan de coloration de l’église de Maîche. Il est connu pour sa maîtrise de la couleur et de la lumière. Le Moal pense les vitraux en fonction de l’architecture et de l’environnement et, a fortiori, en fonction du lieu. Pour la crypte, il prend le parti de tamiser la lumière de pourpre, bleu nuit et vert marin ponctué ici et là d’éclats de jaune et or pour rappeler le caractère sacré du lieu. La narration et l’illustration n’ont pas leur place dans la composition car l’appel à la prière est implicite, intérieur, et non figuré. Jean Le Moal recherche une nouvelle expression du sacré. Comme Léger, Le Moal joue également avec les cernes de béton qui enclavent les dalles de verre.

Jean Le Moal (1909-2007) Né à Authon-du-Perche en 1909, il fait ses études à l’école des beaux-arts de Lyon. Il s’installe à Paris pour suivre les cours des Arts Décoratifs, et rejoint l’académie Ranson, dans l’atelier des fresques. En 1937, il travaille à la décoration du Pavillon des Chemins de fer de l'Exposition internationale des Arts et Techniques de Paris, avec Bertholle et Manessier notamment, puis réalise avec Jean Bazaine un panneau mural pour le Pavillon des Auberges de Jeunesse. Dès 1941, se constitue ce qu'on appellera la Nouvelle École de Paris dont Le Moal sera un des représentants majeurs de la peinture « non figurative française ». Dans les années 1950, il s’engage dans l’art sacré et débute une série de travaux de restauration pour les édifices religieux : église NotreDame de Renne, église Saint-Louis de Besançon, cathédrale de Saint-Malo ou encore de Nantes. Décors de théâtre, costumes, tapisseries, vitraux, mosaïques… l’artiste manie avec intelligence et esthétisme les techniques en s’adaptant à la vocation du lieu.

- 26 -

- 27 -


Maurice Novarina, avec l’accord du Père Couturier, sollicite Fernand Léger dès le début du projet pour la décoration intérieure de la nef. Ce choix peut susciter l’étonnement lorsqu’on connait les œuvres abstraites de l’artiste athée, mais Couturier préfère faire confiance à son « génie ». Ainsi, Léger élabore un programme, guidé par la dédicace au Sacré Cœur et la note mystique du XVIIème : « Le seigneur m’est apparu dans l’éclat de sa gloire, avec ses cinq plaies brillantes comme des soleils », cellelà même qui avait inspiré Bazaine pour sa mosaïque. L’atelier parisien du maîtreverrier Jean Barillet est en charge de la réalisation des vitraux à partir des cartons conçus par Léger. Les panneaux forment un bandeau continu de 1,70 mètre de hauteur et 70 mètres de longueur dans la partie supérieure de l’église.

- 28 -

Léger se sert des sources textuelles des Evangiles sans les illustrer véritablement. En effet, il synthétise chaque épisode de la Passion en mettant en scène un objet au cœur de chacune de ses compositions. « L’objet c’est le sujet » aime à répéter l’artiste. Il adapte ses cartons en fonction de l’architecture en jouant de paradoxes. D’abord, il use du gros plan cinématographique pour valoriser l’objet, et ensuite il le combine à des formes plus neutres ou le décline de façon plus abstraite pour le soustraire à toute interprétation réaliste. Une fois la forme définie par un cerne épais, la surface est emplie d’une couleur pure sans effets d’ombre ou de lumière. La gestion des couleurs est bien la préoccupation première du maître : « L’action de la couleur n’est pas décorative, elle est psychologique. Liée à la lumière elle devient intensité. »

Et pour cause, ce bandeau de lumière offre une impression différente quel que soit le moment de la journée où la lumière varie en intensité. Ici, le talent de l’artiste réside dans la composition des couleurs, sans les multiplier. En effet, Léger joue sur le fait que la couleur modifie les rapports à l’espace : le bleu clair engendre une sensation de profondeur par rapport au noir qui semble avancer, alors que le jaune tend à disparaitre. Son but n’est pas moins de décorer le mur que de l’animer. Les panneaux s’organisent autour de la verrière centrale représentant les cinq plaies et le cœur sacré du Christ, située dans l'axe de l’abside. Léger utilise des couleurs qui renvoient à une symbolique classique : "le rouge pour évoquer la violence, le vert pour l’espérance, le blanc signifiant le deuil, le jaune relatif à la foi, le bleu, couleur de la vie"1 .

Aucun titre n’a été donné aux vitraux à l’origine, mais ils ont été attribués d’après les objets figurés et l’interprétation basée sur l’analyse plastique et le rapport aux sources textuelles pour permettre de les commenter. La signification donnée aux vitraux ne renvoie pas forcément au développement chronologique des évènements que l’on peut trouver dans les évangiles. L'interprétation des vitraux pages 30 et 31 est issue des ouvrages : Audincourt, le sacre de la couleur, Fernand Léger, Jean Bazaine, Maurice Novarina, Jean Le Moal au Sacré-Cœur, de Bouvier Yves, Cousin Christophe, CRDP de Franche-Comté-Besançon, 2007 et de Les Eglises modernes d’Audincourt de François VionDelphin, extrait du bulletin n°121 de la Société d’émulation de Montbéliard, 1998.

1

François Vion-Delphin, Les églises modernes d'Audincourt, 1998, p°13

- 29 -

Découvrez l'interprétation des 17 vitraux de Fernand Léger, d gauche à droite en entrant dans l'église : 1. Les chaînes 2. Les dés 3. Les glaives 4. La tunique 5. Les mains et l'agneau 6. Pax 7. La lance et la corde 8. Le portement de la croix 9. Les cinq plaies du Christ 10. Les instruments de la Passion 11. Les deux coupes 12. Les fouets 13. L'arbre et la croix 14. Les trois croix 15. Le linceuil et l'échelle 16. La couronne d'épines 17. Le coq et le feu


Les chaînes

La tunique

Pax

Le portement de la croix

Les deux coupes

Les maillons de chaîne qui semblent brisés évoquent le Christ libérant l’humanité, esclave du péché. Cette image de la Rédemption est animée par l’utilisation du vert, du jaune et du bleu. Mais elle peut également faire allusion au Christ, conduit devant Ponce Pilate alors « ligoté » ou « enchainé ».

L’immense tache rouge évoque à elle seule le manteau du procès de Jésus. Transfiguration du déchirement entre les Chrétiens eux-mêmes, la tunique est réduite en charpie. Mais les dégradés de vert, couleur de l’espérance, évoquent les possibilités d’un retour à une unité retrouvée dans le sacrifice et la charité.

Le mot paix se détache de la surface bleue. Il n’est pas vraiment explicite dans le récit de la Passion mais il évoque plutôt le rassemblement des chrétiens après les épisodes de souffrance connus par le Christ. Il renvoie aussi à la figure de Jésus qui, dans les textes de Jean et de Luc, se tient au milieu de ses disciples et s’exprime en disant : « Paix à vous ».

La représentation de la croix au centre renvoie au moment où Jésus porte sa croix jusqu’au mont Golgotha. L’artiste suggère le mouvement par le caractère penché de l’objet et fait écho à la représentation des glaives créant ainsi une dynamique visuelle. Pour augmenter cet effet, la marche du Christ est suggérée par un pied blanc à gauche et la moitié d’un pied à droite.

Ce vitrail, de nature plus énigmatique, présente deux coupes associées à une tige de roseau au bout duquel se trouve une éponge. La verticalité de la tige vient rompre les courbes des deux calices. La scène évoque l'épisode où un soldat romain porte à la bouche du Christ agonisant une éponge imbibée pour lui permettre de se désaltérer.

Les dés La lance et la corde

C’est l’illustration du texte de Saint Luc : « Les soldats se partagèrent ses vêtements en les tirant au sort » (Luc, XXIII, 34) mais pour ne pas déchirer la tunique, les soldats préfèrent la jouer aux dés. Ici, on ne voit que deux mains représentées.

Les glaives L’épisode représenté évoque notamment l'extrait de l’arrestation de Jésus issu du texte de Matthieu : « Remets en place ton glaive. Tous ceux qui se servent des armes, périront par les armes ». On distingue aussi des colombes de part et d’autre dans les marges latérales qui viennent contrebalancer la figure du démon dont seules les cornes, symbole de puissance maléfique, apparaissent.

Les mains et l’agneau La scène fait référence à Pilate qui tente de se laver les mains du châtiment. Refusant d’être responsable d’un crime voulu par la foule, il se défend : « Je ne suis pas responsable de ce sang ! » (Matthieu, XXVII, 27, 24). Le motif des mains est repris comme dans l’épisode du jeu de dés. Un agneau est présent en bas à droite, symbole de l’innocence. -- 30 30 --

Dans ce vitrail sont associées la lance qui a percé le flanc du Christ et la corde qui le tenait attaché lors de la flagellation. A droite, un serpent fait la transition avec le vitrail suivant : « De même que Moïse éleva le serpent dans le désert, ainsi faudra-t-il que soit élevé le fils de l’homme » (Jean, III, 14-15).

Les instruments de la Passion Cette composition toute en mouvement met en scène les instruments de la Passion. Au centre, une roue occupe l’espace, symbole du monde autour duquel gravitent tenailles, marteau et clous.

Les cinq plaies du Christ Pour ce vitrail, Léger unifie l’ensemble d’un fond bleu duquel se détachent les cinq plaies du Christ. Enchâssées dans des soleils, elles rappellent la citation annonçant le culte du Sacré Cœur initié par Sainte Marguerite-Marie. Le motif du cœur est associé à une plaiesoleil. Léger modernise ainsi plus que jamais l’iconographie habituelle où Jésus montre son cœur entouré de la couronne d’épines signifiant la Passion.

L’arbre et la croix Léger renoue ici avec la tradition picturale de l’arbre vert du paradis et de la croix, rouge du sang du Christ. La croix est elle-même taillée dans cet arbre selon la tradition médiévale.

La couronne d’épines

Les fouets Les lignes dynamiques, le contraste violent des couleurs évoquent la parole de Jean (XIX, 1) : « Pilate fit emmener Jésus pour le faire flageller. »

Le linceul et l’échelle Les deux objets associés font référence à la descente de croix. La tache rouge symbolise le corps du Christ déposé dans le linceul.

Les trois croix « Alors sont crucifiés avec lui deux bagnards, l’un à gauche, l’autre à droite. » (Jean, XIX, 18). Derrière les croix blanches, le fond bleu a souvent été interprété comme étant les femmes ayant assisté au calvaire. Mais connaissant la volonté de l’artiste à vouloir s’échapper de la narration, chacun pourra y voir sa propre interprétation. - 31 -

La couronne d’épines emplit tout l’espace du vitrail. Léger se sert ingénieusement du béton pour signifier les épines se détachant du fond rouge, allégorie du manteau de Jésus. Des motifs végétaux encadrent l’élément central.

Le coq et le feu Ce vitrail annonce le reniement de Pierre, qui attend près du feu le jugement de Jésus. Il rappelle la parole de Jésus : « avant que le coq ne chante tu m’auras renié trois fois. »


Le thème de l’eau, décliné par Bazaine dans le baptistère, s’enrichit par l’intervention du sculpteur Etienne Martin. Conformément au rite chrétien, le nouvel entrant dans la communauté reçoit l’eau du baptême au préalable bénite, et contenue dans des fonts baptismaux. Afin de doter l’église de ce mobilier traditionnel, Bazaine propose la collaboration d’Etienne Martin, peu connu du grand public mais respecté de ses pairs. Son travail est empreint de spiritualité, peut-être plus philosophique que religieuse, mais le père Couturier croit en ces artistes capables de « toucher du doigt l’absolu en tant que valeur universelle ».

Ainsi, l’artiste conçoit une sculpture taillée dans la pierre de Volvic, composée d’une partie haute en forme de vasque et d’une rigole creusée dans la masse. Ce matériau lui semble le plus pertinent et le mieux adapté pour répondre à sa fonction. Son grain naturel module la lumière et sa couleur varie en fonction de la luminosité. L’oeuvre concentre à la fois les recherches esthétiques de l’artiste et la symbolique chrétienne de l’eau, source de vie. La sculpture dialogue avec les vitraux de Bazaine.

Ouvrages Bouvier Yves, Cousin Christophe, Audincourt, le sacre de la couleur, Fernand Léger, Jean Bazaine, Maurice Novarina, Jean Le Moal au Sacré-Cœur, CRDP de Franche-Comté-Besançon, 2007. Cabanot Jean, Petit glossaire pour la description des églises, Dax, 1995. Vion-Delphin François, Les Eglises modernes d’Audincourt, extrait du bulletin n°121 de la Société d’émulation de Montbéliard, 1998. Vieille Daniel, Audincourt, un riche passé industriel, 2007. Direction Régionale des Affaires Culturelles, Service de l’inventaire général, Dossier de classement de l’Eglise du Sacré-Cœur d’Audincourt, Besançon, 1996. Direction Régional des Affaires Culturelles, Service de l’inventaire général, Dossier de classement de l’Eglise Immaculée Conception, Besançon, 2008. Ouvrage collectif, Pays de Montbéliard Pays d’Art et d’Histoire, Le guide, 2010.

Sites Internet http://www.eglise.catholique.fr/ http://fr.wikipedia.org/

- 32 -

- 33 -


A

E

BAT-SON

Lames en bois placées obliquement aux fenêtres des clochers destinées à renvoyer vers le sol le son des cloches

ABSIDE extrémité de l’église, du coté de l’autel, elle peut être de plan circulaire ou polygonal.

ARC BRISÉ Arc composé de deux arcs de cercle, et qui, selon ses proportions, peut être équilatéral ou en tiers-point.

AUTEL Table placée à l’intérieur du sanctuaire sur laquelle on célèbre l’Eucharistie.

APOSTOLIQUE Terme qui s’applique à l'ensemble de la mission de l'Eglise et, plus spécifiquement, au ministère des évêques, successeurs des apôtres.

- 34 -

B

APTISTÈRE

Edifice spécial, destiné à l’administration du baptême (renferme les fonts baptismaux).

BAS-CÔTÉS OU COLLATÉRAUX Vaisseaux latéraux plus bas que le vaisseau central de la nef, du transept et du chœur.

C

HŒUR

Partie située entre l’abside et le transept de la nef, où se tiennent les chantres et le clergé.

CRYPTE Chapelle souterraine, généralement placée sous le chœur d’une église. Son origine est liée au culte des martyrs : elle servait à cacher, aux yeux des profanes, les tombeaux des martyrs.

NCORBELLEMENT

Surplomb obtenu à l’aide d’un ou plusieurs corbeaux superposés. Le corbeau est une pièce disposée horizontalement et faisant saillie sur un parement.

EUCHARISTIE Célébration du sacrifice du corps et du sang de Jésus Christ présent sous forme du pain et du vin.

F

ONTS BAPTISMAUX

Bassin d’eau destiné au baptême.

I

CONOGRAPHIE

Etude des représentations d’un sujet ; l’ensemble de ces représentations.

M

AITRE-AUTEL

Autel principal de l’église.

N

ARTHEX

Vestibule à l'entrée de l'église, avant la nef.

SCRIPTURAIRE Qui concerne l’Ecriture Sainte.

NEF Partie comprise entre la façade et le transept ou le sanctuaire.

T

P

TRANSEPT

ÉRISTYLE

Colonnade qui décore la façade d'un édifice ou qui l'entoure.

PIGNON Partie haute du mur de tête, qui répond à la coupe du toit et en reproduit le profil.

S

ACRISTIE

Lieu où l’on se prépare aux cérémonies, où l’on garde les divers objets utiles au culte : vases liturgiques (calice, ciboire, patène, ostensoir), ornements liturgiques, vêtements et linges liturgiques.

- 35 -

ABERNACLE

Petite armoire placée sur l'autel dans laquelle on enferme les hosties.

Vaisseau transversal qui coupe l’axe de certaines églises, entre nef et chevet, en leur donnant la forme d’une croix. Le transept comprend une croisée, ou carré, qui est une travée formant l’intersection avec la nef, et les bras.

V

OÛTE

Construction de maçonnerie destinée à couvrir un espace vide compris entre deux murs. Selon sa forme, elle peut être en berceau, d’arêtes, ou d’ogives.


Le Service animation du Patrimoine Aux termes d’une convention « Pays d’art et d’histoire » signée entre Pays de Montbéliard agglomération et le ministère de la culture et de la communication, c’est un véritable programme de valorisation qui est mis en œuvre au jour le jour : découverte du patrimoine du Pays par ses habitants, jeunes et adultes, mais aussi par ses visiteurs, et partenariat avec les établissements scolaires dans leurs projets pédagogiques sur le thème du patrimoine. Laissez-vous conter le Pays de Montbéliard, Pays d’art et d’histoire… … en compagnie d’un guide-conférencier agréé par le ministère de la Culture et de la Communication Un guide professionnel vous accueille et répond à vos questions. Il connaît toutes les facettes du Pays de Montbéliard et vous donne les clefs de lecture pour comprendre un bâtiment, un paysage, le développement d’une ville au fil de ses quartiers. Si vous êtes en groupe Le Pays de Montbéliard vous propose des visites toute l’année sur réservation. Des brochures conçues à votre intention vous sont envoyées sur demande. Les visites peuvent être réalisées en anglais, allemand, italien et langue des signes. Renseignements à l’office de Tourisme.

Renseignements Service animation du Patrimoine Pays de Montbéliard Agglomération 8 avenue des Alliés - BP 98407 25208 Montbéliard cedex Tel : 03 81 31 87 80 / Fax : 03 81 31 84 89 animationdupatrimoine@agglo-montbeliard.fr www.patrimoine-pays-de-montbeliard.fr

Le Pays de Montbéliard appartient au réseau national des Villes et Pays d’art et d’histoire Le ministère de la culture et de la communication, Direction des patrimoines, attribue l’appellation Ville ou Pays d’art et d’histoire aux collectivités locales qui animent leur patrimoine avec des professionnels. Il garantit la compétence des guides conférenciers, des animateurs du patrimoine, ainsi que la qualité de leurs actions. De l’architecture aux paysages, les villes et pays mettent en scène le patrimoine dans sa diversité. Aujourd’hui, un réseau de 167 villes et pays vous offre son savoir-faire sur toute la France.

À proximité, Office de Tourisme du Pays de Montbéliard 1 rue Henri Mouhot 25200 Montbéliard Tel : 03 81 94 45 60 / Fax 03 81 94 14 04 accueil@paysdemontbeliard-tourisme.com www.paysdemontbeliard-tourisme.com Impression et conception : Pays de Montbéliard Agglomération - 2013

agglo-montbeliard.fr

Autun, l’Auxois, Besançon, Chalon-sur-Saône, Cluny, Dole, Guebwiller, Langres, le Val d’Argent et le Pays du Revermont bénéficient de l’appellation Villes et Pays d’art et d’histoire. Crédits photographiques : couverture photographie supérieure et 4° de couverture : vitrail de Valentine Reyre © Jm. Domon - photographie inférieure de Jm. Domon : vitrail de Fernand Léger©Adagp, Paris 2013 ; p. 1 : atelier carrossage - DR ; p. 5 : église de l'Immaculée-Conception © Jm. Domon ; p. 10 : intér ieur de l'église de l'Immaculée Conception © Jm. Domon ; p. 12 : vue sur le choeur © E. Poletto ; p. 13 ; vitrail de Valentine Reyre © Jm. Domon ; p. 15, photo de Jm. Domon : église du Sacré-Coeur©Adagp, Paris 2013; p. 16, 17 et 25 : images d'archives de la Paroisse d'Audincourt ; p.18 : Archives départementales de Haute-Savoie 156 j, fonds Novarina. ; p. 21 : photographie de Jm. Domon : fonts baptismaux du sculpteur Etienne Martin - vitraux de Jean Bazaine © Adagp, Paris 2013 ; p. 22 : photographie de Jm. Domon : intérieur de l'église du Sacré-Coeur © Adagp, Paris 2013 ; p. 30 - 31 : photographies de Jm. Domon : vitraux de Fernand Léger © Adagp, Paris 2013

Crédits photos : JM. Domon, Archives de Stuttgart, Société d'Emulation de Montbéliard, R. Klem Conception, impression : CAPM


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.