Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Paris Val-de-Seine Master 2_DE 3_Réalités, temporalités, transformations_ Séminaire Patrimoine Ancien, Moderne et Contemporain Février 2016
TRANSFORMER LA VILLE / TRANSFORMER L’EQUIPEMENT La métamorphose de la piscine de Bagneux, Dominique Coulon architecte
Ambre ROTENBERG
Sous la direction de DONATO SEVERO
SOMMAIRE
Remerciements
p. 3
Introduction
p. 5
p. 9
Chapitre I : La piscine municipale de Bagneux dans un quartier en évolution
I.1 : La Z.A.C Victor Hugo à Bagneux : présentation et Histoire
p. 9
I.2 : La piscine Henri Wallon : conception et mise en oeuvre
p. 17
I.3 : Le projet de rénovation urbaine des quartiers Nord
p. 25
Chapitre II : La métamorphose de la piscine
II.1 : Le besoin de s’adapter aux nouveaux usages d’un centre aquatique
II.2 : Le bâtiment d’origine comme point de départ du processus de
conception
p. 33 p. 33
p. 39
II.3 : Le béton : ancrage et évolutions du bâti
p. 43
II.4 : Les enveloppes physiques et immatérielles : entre eau et sensorialité
p. 49
Chapitre III : Structure et matérialité : entre continuité et rupture
p. 59
III.1 : Le nouveau programme : restructuration et extension
p. 59
III.2 : Entre béton et métal : la tectonique du bâtiment en mutation
p. 69
III.3 : Une transformation, des langages : autres exemples de restructuration /
extension de piscines
p. 83
Conclusion
p. 97
Sources
p. 103
Annexes
p. 109
Remerciements
En premier lieu, je tiens à remercier mon tuteur, Monsieur Donato Severo, pour son
encadrement et son aide apportés lors de l’élaboration de ce mémoire.
Merci aussi au Service des Archives et du Patrimoine de la commune de Bagneux,
notamment Monsieur Clément Lorillec, qui m’a aimablement guidé lors de mes recherches sur la documentation de la piscine municipale d’origine.
Je remercie également l’agence d’architecture de Dominique Coulon, Monsieur
Benjamin Rocchi, chef du projet de la transformation de la piscine de Bagneux, ainsi que Monsieur Dominique Coulon lui-même, d’avoir pris le temps d’organiser un entretien à l’agence strasbourgeoise et de me donner un dossier de documentation du projet, qui ont été des sources d’informations très précieuses pour l’élaboration de cette recherche.
Enfin, merci au personnel travaillant à la piscine Henri Wallon de Bagneux, pour leur
aide dans mon reportage photographique, et toutes les personnes avec qui j’ai pu échanger, aux différents services de la Mairie de Bagneux ou du département, afin obtenir des informations sur ce projet de transformation qui a été le fil conducteur de ma réflexion, tout au long de ce mémoire.
3
INTRODUCTION
«
L’équipement sportif est le dernier lieu de mixité sociale […] et les années 1960-1980
ont rassemblé le maximum de constructions en petite couronne [parisienne] »1 . Voici la phrase d’introduction qui fut énoncée lors de la conférence qui a eu lieu le 19 mars 2015 au CAUE92, à Nanterre. Cette journée d’informations avait pour thème la question de la réhabilitation des équipements sportifs en Île-de-France, en énonçant un état des lieux puis en présentant plusieurs projets de transformation de piscines ou de gymnases, en région parisienne. Cette réunion, rassemblant architectes, programmistes et habitants, a été le point de départ de la réflexion qui a façonné cet exposé. En effet, la prolifération d’équipements sportifs en région parisienne, pendant la deuxième moitié du XXe siècle, pose désormais la question de leur entretien et de leur usage : si beaucoup d’entre eux sont considérés comme obsolètes, faut-il les démolir et les reconstruire, ou les restructurer ? Quels sont les nouveaux usages au sein de ces équipements sportifs qui les rendent, aujourd’hui, mal adaptés aux attentes des utilisateurs ? Lors de cette conférence, un projet exemplaire s’est démarqué des autres : celui de la transformation de la piscine municipale Henri Wallon de Bagneux, par l’agence Dominique Coulon & Associés, livrée en 2014. Bâtiment détérioré au fil des années depuis sa construction dans les années 1960, sa conception architecturale était simple, fonctionnaliste, rattachée au quartier de grands ensembles dans lequel il se situe. Pourtant, suite à la restructuration de la piscine, le bâtiment semble s’être métamorphosé et a adopté une toute nouvelle stature dans son contexte urbain. L’architecture moderne ayant proliféré sur le territoire français dès la fin de la Seconde guerre mondiale, représentative de moyens constructifs et de théories spécifiques, pose aujourd’hui le débat de sa dimension patrimoniale, en particulier concernant les bâtiments du quotidien, dits « banals », que l’on retrouve et que l’on pratique régulièrement comme les équipements sportifs de banlieue : que peut-on considérer comme faisant partie du patrimoine bâti ? Y a-til des critères d’analyse pour classer ces bâtiments ? Comment envisager leur évolution, leur restructuration, ou leur démolition ?
1 2
Philippe LAURENT, président du CAUE92, 19 mars 2015, Nanterre. Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement du département des Hauts-de-Seine.
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6
L’étude du projet de transformation de la piscine de Bagneux a ainsi été l’amorcement
de cette recherche, et a engendré une réflexion plus précise quant à la question de l’évolution des équipements sportifs modernes, en particulier celle des piscines. J’ai rapidement effectué plusieurs visites sur place afin d’expérimenter l’espace de manière directe et de me confronter au projet. Suite à cette expérience j’ai souhaité mettre l’analyse du bâtiment au cœur de ce mémoire, tant celui-ci me paraissait riche et porteur de réflexions diverses. Nous allons ainsi nous interroger sur la manière d’envisager le processus de mutation d’un équipement sportif conçu lors de la deuxième moitié du XXe siècle comme la piscine de Bagneux, dans un contexte spatial et social en pleine transformation : quelles sont ces évolutions ? Quel est leur impact architectural sur un bâtiment sportif devenu suranné au fil du temps ? Comment celui-ci prendil forme ? Les visites, les relevés photographiques et graphiques personnels « in situ », l’étude des archives de la ville de Bagneux ainsi qu’un entretien avec Dominique Coulon, effectué au mois de décembre 2015, ont été des sources d’informations précieuses pour l’élaboration de cette recherche 3 .
Ainsi, dans un premier temps, nous allons étudier la piscine de Bagneux dans son
contexte temporel et spatial, en s’intéressant à l’histoire du quartier dans lequel elle se situe et de son urbanisation, sa construction dans les années 1960, ainsi que l’évolution drastique de son contexte urbain qui se matérialise depuis les trois dernière années. Dans un second temps, nous allons nous intéresser à la métamorphose même du bâtiment, en analysant les nouvelles pratiques contemporaines qui se mettent en place dans les centres aquatiques ainsi que le processus de conception qui a été préconisé lors du projet de restructuration de la piscine de Bagneux, et l’approche théorique de l’architecte par rapport au bâtiment existant. Enfin, dans un dernier temps, nous nous concentrerons sur la question de la structure et de la matérialité, et du travail entre continuité et rupture avec celles-ci : nous analyserons le nouveau programme de l’équipement, puis le dialogue architectonique qui se met en place au sein de celui-ci, que nous mettrons en parallèle avec l’étude d’autres projets similaires afin de comprendre le contexte global de ce type d’opérations, sur l’ensemble du territoire.
3
Voir liste des annexes, référencées à la suite de l’exposé.
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figure 1 : Carte des b창timents des quartiers Nords de Bagneux selon leur fonction. Source : APUR, Monographie Quartier Gare Bagneux, Mars 2014.
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I/ La piscine de Bagneux dans un quartier en évolution
Le projet de réhabilitation de la piscine Henri Wallon se met en place dans un quartier
spécifique, pris dans un processus de transformation beaucoup plus global : les quartiers Nord
de Bagneux. Nous allons donc étudier le contexte urbain et historique du lieu, ainsi que les changements qui s’y opèrent.
1/ La Z.A.C. Victor Hugo à Bagneux : présentation et histoire
Bagneux, jusqu’à la fin du XIXe siècle, est une petite ville de banlieue parisienne,
principalement agricole, concentrant son travail autour de l’activité maraîchère. Même si la ville voit sa population grandir au fur et à mesure du départ de la population parisienne vers les banlieues, le principal développement démographique et urbain de la ville a lieu au milieu du XXe siècle, après-guerre, en parallèle de l’installation de grandes industries dans la ville (entreprise Huré en 1954, Thomson en 1957). « Dès le début des années 1950, la ville connaît un bond démographique : elle passe de 14 000 habitants à 38 000 habitants en 1962 »4 . Bagneux a en effet une place privilégiée en région parisienne : elle est proche de Paris (environ 2km au Sud de la capitale), et dispose de beaucoup de terrains constructibles dus à l’activité agricole. Les nouvelles populations arrivées à Bagneux, soit, entre autres, les travailleurs des usines nouvellement implantées, accélèrent elles aussi le processus de construction des nouveaux quartiers. C’est dans ce contexte que s’opère un urbanisme de masse, intense et rapide, caractéristique des réalisations d’après-guerre en banlieue : la construction de grands ensembles. « Durant les années 1950 et 1960, une quinzaine de sociétés immobilières investissent à Bagneux, achètent des terrains et construisent des logements par milliers »5. Ce seront les quartiers Nord, les plus proches de Paris, qui seront construits les premiers. Il s’agira principalement de logements collectifs (mais aussi de quelques équipements comme des écoles, bibliothèques, et des équipements sportifs dont fait partie la piscine Henri Wallon) (figure 1). 4
J.L. DESPRÈS, Volet patrimonial du plan local d’urbanisme de Bagneux (En ligne), Etude pour la mairie de Bagneux, Bagneux, Juillet 2014, p.22. 5 Idem.
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figure 2 : Carte des dates de construction dans les quartiers Nord de Bagneux. Source : APUR, Monographie Quartier Gare Bagneux, Mars 2014.
figure 3 : Photographie aÊrienne des quartiers Nord, Bagneux (cimetière en fond). Source : Nicolas ORAN, www.flickr.com, Mai 2011.
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De plus, les quartiers Nord, bien que composés essentiellement de bâtiments de logements
collectifs construits au milieu du XXe siècle, sont délimités au Nord par le cimetière parisien de Bagneux ainsi que par le Fort de Montrouge (figure 1) , et on note également la persistance d’anciennes parcelles agricoles dans lesquelles ont subsisté des maisons individuelles. Ces limites historiques antérieures à la construction de ces grands ensembles sont une première barrière entre la ville et les communes avoisinantes, malgré leur proximité. Le développement progressif des quartiers s’effectue donc vers le Sud, jusqu’aux années 1990-2000 : « Les grands ensembles du quartier se sont construits progressivement : le Champ des Oiseaux date initialement de la fin des années 1920 mais s’est agrandi après la Seconde Guerre mondiale. Sont alors apparus la majeure partie de la Cité de la Pierre Plate ainsi que des immeubles de la Madeleine dans les années 1960. Entre 1975 et 2000, des ensembles tels que la Mégisserie, Maurice Langlet ou Georges Brassens ont été construits »6 (figure 2).
Du point de vue architectural, on a donc dès la seconde moitié du XXè siècle une
majorité de bâtiments de logements collectifs, principalement sous forme de barres à l’exception de certaines tours, situés plus à l’Ouest (83% de bâtiments de moins de 15 mètres de hauteur)7. Si la tour pose le problème de son rapport au sol et des espaces libres qu’elle génère, la barre pose quant à elle les soucis de la rupture visuelle et physique. Elle forme un écran, et engendre une frontalité assumée, par son horizontalité. C’est ce que l’on constate dans les quartiers Nord, notamment dans le secteur de la Pierre Plate, avec un système de barres relativement hautes qui séparent physiquement les quartiers Nord du reste de la ville (figure 3). Dans ce tissu discontinu, on retrouve quelques équipements, comme « posés » dans les espaces interstitiels au sol. Ces équipements sont assez proches les uns des autres et sont concentrés au sol dans une diagonale Sud-Est / Nord-Ouest et semblent définir un « centre » pour le quartier.
6
APUR, Observatoire des quartiers de gare du Grand Paris, Monographie du quartier de gare Bagneux M4, Paris, Novembre 2014, p.9. 7 Idem, p.8.
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12
On y trouve ainsi la piscine municipale Henri Wallon, un gymnase, le centre culturel
Jacques Prévert, le groupe scolaire Henri Wallon et la maternelle Châteaubriant, le collège Jolliot-Curie et un stade. Ils s’implantent à proximité de l’avenue Henri Barbusse, un des axes majeurs de circulation (principalement automobile), mais sont paradoxalement peu visibles depuis cette grande avenue, du fait de leur « camouflage » derrière les barres que nous venons d’évoquer. On note également la présence de terrains de sport en plein air, notamment des terrains de tennis ou de football, directement au pied des immeubles ou installés en périphérie du quartier. Plusieurs décennies après la construction des quartiers Nord, soit dans les années 2000, une série de constats a été effectuée par le biais de statistiques, d’études, organisées par différents organismes mais aussi par observation empirique, des points de vue urbain, architectural et social. Tout d’abord, on a observé
8
, comme dans beaucoup de grands
ensembles, des dysfonctionnement des espaces publics et de l’appropriation des sols : à qui est destinée une pelouse au pied d’un immeuble ? Comment habite-t-on un espace public « vide » entre des bâtiments ? Tant de questions d’usages qui se sont posées rapidement après la fin de la construction des logements. Pour les composantes sociales du quartier, le constat est assez clair: « Les niveaux de revenus des ménages de Bagneux sont plus faibles que ceux du département mais également des communes de l’agglomération. A Bagneux, il [le revenu moyen annuel par foyer fiscal] est de 15 304 euros. C’est également la commune [des Hauts-deSeine] la plus touchée par le chômage et accueillant dans son parc social, une part importante de populations à faibles ressources »9 . On note aussi une forte densité dans le quartier par rapport au reste de la ville : « 24 000 personnes résident dans le quartier de gare de Bagneux M4, soit une densité élevée qui s’approche de 100 habitants à l’hectare. Les densités les plus fortes correspondent aux ensembles d’habitat collectifs situés à l’ouest de la nouvelle gare. En revanche le quartier ne regroupe que 30 emplois à l’hectare, ce qui explique que le taux d’emploi soit assez faible»10.
8
Voir différentes études référencées, et observations personnelles. Christine LELÉVRIER (dir.), Rénovation, trajectoire et territoires : quels effets des mobilités sur les recompositions résidentielles et sociales locales ? , Recherche pour l’Université Paris-Est-Créteil, PUCA/IUP-LAB’URBA, Créteil, Octobre 2010, p.14. 10 APUR, Observatoire des quartiers de gare du Grand Paris, Monographie du quartier de gare Bagneux M4, Paris, Novembre 2014, p.5. 9
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figure 4 : Photographie du gymnase Henri Wallon. Source : Google Street View, 2014.
14
Autrement dit, on assiste à une paupérisation du quartier qui rassemble en son sein
des populations plus pauvres, à laquelle sont couplés des problèmes de mixité, sociale et typologique (quartier principalement composés de logements en location), de renouvellement de population ainsi que le vieillissement des infrastructures et notamment des équipements sportifs (gymnase, piscine, terrains de sport). On constate dans le même temps des phénomènes positifs dans l’analyse du quartier, notamment sur les questions paysagères et « identitaires». En effet, une série d’études11 a été réalisée sur la question des valeurs paysagères de Bagneux et notamment des quartiers de grands ensembles : la manière de les recomposer, et de concevoir un projet paysager à l’échelle du quartier en prenant en compte les éléments végétaux et bâtis existants. Par exemple on peut relever « Le potentiel certain des espaces verts et paysagers, mais absence de mise en réseau : les circulations douces ne sont pas lisibles, s’interrompent »12 ; Est également prise en considération la richesse du patrimoine bâti, qui au delà des différents maux constatés, peut être considérée comme partie intégrante du patrimoine architectural balnéolais, qui regroupe en son sein quartiers pavillonnaires, architecture de faubourgs, immeubles et maisons du début du XXe siècle, bâtiments industriels, et architecture moderne à travers les quartiers de grands ensembles. Les équipements présents sur la commune sont quant à eux peu étudiés, mais sont pour la plupart construits dans les mêmes années, soit vers la moitié du XXe siècle, et sont conçus selon une même conception économique, rapide à mettre en œuvre, et très fonctionnelle (figure 4).
Si les équipements publics sont peu mentionnés dans les analyses du quartier, leur
importance dans le développement de celui-ci est capitale : ce sont les points de rencontre tantôt culturels, éducatifs ou sportifs, qui rassemblent la population autour d’une activité. Les équipements de la moitié du XXe siècle étant alors principalement monofonctionnels, on assiste à la prolifération de petits équipements de quartier à Bagneux, mais aussi dans tous les quartiers de grands ensembles construits dans les mêmes années, sur l’ensemble du territoire.
11
Etudes pour la Mairie de Bagneux ou divers instituts d’urbanisme (APUR, Ville ouverte, etc.). J.L. DESPRÈS, Volet patrimonial du plan local d’urbanisme de Bagneux (En ligne), Etude pour la mairie de Bagneux, Bagneux, Juillet 2014, p.86. 12
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figure 5 : Plan du niveau des bassins (R+1) de la piscine Henri Wallon, 1968.
Source : Archives municipales, Bagneux.
figure 6 : Coupe transversale sur le bassin d’apprentissage de la piscine Henri Wallon, 1968.
Source : Archives municipales, Bagneux.
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2/ La piscine Henri Wallon : conception et mise en oeuvre
Dans ce contexte, la piscine Henri Wallon a été construite en 1968, entourée en majeure
partie de barres de logements collectifs, et couplée avec la construction d’un gymnase couvert construit quasi simultanément, au Sud de celle-ci. Elle fut conçue par les architectes Guy Vasseret, François Hess et Serge Magnien, exerçant à l’époque dans l’Essonne, et réalisée par l’entreprise de construction C.B.S13. L’étude de sa conception originale, via l’étude des documents d’archives consultés à Bagneux, permet de mieux comprendre la manière d’envisager un tel équipement, il y a cinquante ans. Le plan original se compose ainsi, au rez-de-chaussée, d’un espace d’accueil au nord du bâtiment, bordé de locaux techniques14 . Le parcours se prolongeait ainsi jusqu’aux vestiaires, aux dépôts des effets personnels dans un système de casiers, puis aux douches avant d’accéder à la baignade. La présence d’un grand escalier au Sud du bâtiment permettait ainsi de terminer ce parcours préparatoire pour accéder aux bassins, au premier étage (chose étonnante pour une piscine de ne pas retrouver les bassins au rez-de-chaussée (figures 5 et 6). Enfin, le parcours pouvait se prolonger à l’extérieur grâce à la présence d’un solarium en rez-de-chaussée, délimité par une clôture végétalisée. L’ensemble du socle du bâtiment, soit le rez-de-chaussée ainsi que les bassins, ont été réalisés avec une structure en béton armé (nous y reviendrons plus en détail dans la suite de cet exposé). Il est important de souligner qu’un premier projet de réaménagement des espaces extérieurs du contexte proche de la piscine a été réalisée en 1989, et qu’il a en outre modifié ce lieu de repos extérieur grâce à un projet paysager : plantation d’arbres, modification du dessin de la clôture, dallage au sol, installation de buvettes. Ce projet a également permis de redéfinir certains espaces publics aux abords de l’équipement, notamment le long de la rue qui bordait l’édifice en partie Nord.
13
Construction Besson Saint-Quentinoise, entreprise de construction qui a participé au projet, également avec ses filiales comme T.A.B (Travaux Antoine Besson). 14 Voir Annexes 3 pour consulter les documents graphiques d’origine.
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figure 7 : Photographie du chantier de la piscine, principe constructif de l’ossature, 1968.
Source : Archives municipales, Bagneux.
figure 8 : Coupe de principe de l’ossature métallique et ses contreventenments, 1968.
Source : Archives municipales, Bagneux.
18
En se penchant plus en détail sur le niveau des bassins, leur conception est classique :
un grand bassin dit « de compétition » de 25 m x 12,5 m allant d’une profondeur de 1,80 m à 3,80 m, ainsi qu’un bassin dit « d’apprentissage » de 12,5 m x 12,5 m allant d’une profondeur de 0,60 m à 1,30 m, et des gradins le long de la paroi Sud. La présence des deux bassins nécessite beaucoup d’espace libre, l’utilisation d’une structure permettant de grandes portées est essentielle, d’où le choix d’une « sur-structure » de portiques en ossature métallique pour soutenir le niveau des bassins, celle-ci venant s’appuyer sur le socle en béton armé des niveaux inférieurs. « Les pannes en profilés du commerce, sont espacées de 2m50 environ et ont une portée de 7m33, correspondant à l’entre-axe des portiques principaux sur lesquels elles reposent directement »15 (figures 7 et 8). Ainsi, la façade Nord a été réalisée avec le plus d’ouvertures, selon un système de bardage en PVC translucide (qui laisse traverser la lumière, mais bloque la vue vers l’extérieur), tandis que la façade Sud a été traitée de manière plus opaque avec un système de fenêtres horizontales tout le long de celle-ci. Les murs pignons sont quant à eux aveugles.
Les documents d’exécution du projet de la piscine originale donnent des informations
intéressantes notamment sur la nature des matériaux de l’enveloppe : ainsi, on découvre par exemple l’utilisation d’ « acieroid » en toiture, qui est une entreprise qui « a été créée en Espagne en 1965, et s’est spécialisée dans la construction de couvertures et bardages métalliques »16 . Il s’agit d’une couverture très fine couplée avec une isolation et une étanchéité adaptées, qui surprend lorsque l’on regarde la coupe transversale tant elle paraît fine ! Les façades font quant à elles écho au plan du bâtiment, le rez-de-chaussée ainsi que le volume d’entrée étant traités en béton, tandis que le niveau des bassins est dessiné avec un bardage métallique, qui complète la structure des portiques. De plus, des systèmes de contreventement de la structure des portiques, notamment avec l’utilisation de croix de Saint-André, viennent compléter ceux des murs pignons Est et Ouest. Nous étudierons les dimensionnements et les principes structurels plus en détail dans la troisième partie de cet exposé.
15 16
Devis Descriptif de la piscine Henri Wallon, Ossature Métallique, Bagneux, 1966, p.1. www.acieroid.com/nosotros/nosotros.php?lang=4
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20
Au delà du projet architectural, il est aussi important de comprendre la réalisation de
ce projet dans son contexte politique. Comme le souligne Henri Ravera, Maire de Bagneux au moment de l’inauguration de la piscine : « Cette nouvelle réalisation est la preuve de l’efficacité des assemblées élues que le pouvoir gaulliste voudrait museler, voir disparaître, mais les Français ne se laisseront pas faire […] Il nous reste encore de nombreux autres projets à faire aboutir, mais comme il s’agit ici de l’équipement sportif, notons que bientôt deux autres gymnases verront le jour, dont une magnifique halle de sport, notre parc des sports dont le projet est déposé depuis 1965 ainsi que le bassin olympique de plein air et la patinoire, prévus sur les terrains de l’ancienne usine Sueur »17 . Le projet se situe ainsi dans une démarche politique de la commune, avec un discours qui se veut fédérateur envers la population de Bagneux, et qui donne une valeur sociale très importante à la question des équipements sportifs dans la ville.
La proximité de la piscine avec le gymnase municipal est donc justifiée par cette vision
du sport comme pratique sociale de rassemblement, d’épanouissement autour d’activités publiques dans un quartier entouré d’habitations. Comme le rappelle François Vigneau: « Le développement des équipements sportifs et donc du sport dans la commune, qui constitue souvent un enjeu électoral, dépend, effectivement, de choix politiques »18 . On constate cependant des contradictions entre l’approche politique du projet et la réalisation du bâtiment : en effet, la volonté de rassemblement autour du sport semble gommée par le fait que le bâtiment paraissait fonctionner de manière autonome par rapport à son contexte urbain (système d’entrée peu dessiné, façades aveugles ou qui ne laissent pas passer la vue, espaces extérieurs indifférenciés, etc.). On note également peu de diversité d’espaces au sein du bâtiment : même si le parcours est peu conventionnel, dans le sens où l’accès aux bassins s’effectue par une montée, l’équipement se concentre autour de la pratique de la natation de manière très fonctionnelle, et les espaces de convivialité sont assez réduits (le projet de réaménagement de 1989 témoigne d’ailleurs d’un manque de considération de cette dimension sociale d’un d’équipement sportif).
17 18
Henri RAVERA, « La piscine municipale », Histoire d’une piscine, Mai 1969, p. 4. François VIGNEAU, Les espaces du sport, Editions PUF, Collections « Que Sais-Je ? », Vendôme, 1998, p.93
21
figure 9 : Photographie de la piscine Henri Wallon avant sa transformation, années 2010. Source : Dominique Coulon & Associés.
figure 10 : Photographie du niveau des bassins lors de l’inauguration de la piscine, 1969. Source : Archives municipales, Bagneux.
22
Le peu de diversité en ce qui concerne le plan et les façades du bâtiment sont également
à regretter dans ce projet original, qui ressemble finalement à tant d’équipements de quartier considérés comme désuets dès les années 1980-1990 (figures 9 et 10). Encore selon François Vigneau, plusieurs causes, non exhaustives, justifient ce constat : « Une des principales raisons généralement avancées pour expliquer la faible diversité du parc français d’installations sportives est le contexte économique dans lequel celui-ci a été en grande partie réalisé, particulièrement dans les années 60-70, et l’action centralisée de l’Etat à la même époque. Certes, le sous-équipement sportif de la France par rapport aux autres pays européens, notamment nordiques et anglo-saxons, a été comblé à cette période par la réalisation « en série » d’installations « de base » industrialisées selon un nombre limité de projets types »19.
On comprend ainsi le contexte dans lequel a été lancé le projet de réhabilitation de la
piscine municipale de Bagneux en 2012 : un bâtiment possédant des qualités certaines mais ayant un rapport à son contexte urbain peu traité, une certaine pauvreté architecturale caractéristique de beaucoup d’équipements sportifs des années 1960-1970, et un état de dégradation sur lequel nous nous pencherons plus en détail ensuite. Mais pour appréhender la réhabilitation effectuée par Dominique Coulon, il faut maintenant s’attarder sur le projet de rénovation urbaine dont les quartiers Nord de Bagneux ont été la cible depuis 2007, notamment grâce à l’aménagement de la ZAC20 Victor Hugo.
19 20
François VIGNEAU, Les espaces du sport, Editions PUF, Collections « Que Sais-Je ? », Vendôme, 1998, p.76 Zone d’Aménagement Concerté.
23
figure 11 : Plan de l’extension du réseau de métro francilien pour l’horizon 2030.
Source : Société du Grand Paris, Septembre 2014.
figure 12 : Plan de la future station Bagneux M4, Quartiers Nord de Bagneux.
24
Source : APUR, Monographie Quartier Gare Bagneux, Mars 2014.
3/ le projet de rénovation urbaine des quartiers Nord
Le point de départ de la rénovation urbaine des quartiers Nord de Bagneux est la volonté
de prolonger la ligne 4 du métropolitain, au Sud de l’Île-de-France. Le terminus actuel se situant à la Mairie de Montrouge, l’idée est de prolonger la ligne de deux stations, jusqu’à celle de Bagneux, futur terminus. Dans un second temps, la station fera également partie de la ligne 15, encore en études, qui formera une « boucle », comme un cercle concentrique parcourant la deuxième couronne de Paris, permettant de connecter les proches banlieues entre elles sans passer par le centre de la capitale21 (figure 11). L’implantation de cette future station se fera au niveau de l’actuel rond-point des Martyrs de Châteaubriant, soit à proximité immédiate de la piscine municipale (figure 12). Pour une commune comme celle de Bagneux, encore plus dans le quartier concerné, avec les problématiques que nous avons précédemment évoqué, l’arrivée d’une station de métro a des conséquences urbaines et sociales très importantes : une connexion très forte au centre-ville de Paris mais aussi aux autres villes de banlieues, des flux de circulation directs et rapides, et un projet urbain permettant de redéfinir le quartier d’implantation de la station de métro comme nouveau pôle majeur de la ville. C’est pourquoi la ville de Bagneux, ainsi que la SEM92, maître d’œuvre aménageur des Hauts-de-Seine, ont mis en place dès 2011 la création de la ZAC Victor Hugo, nouvel « Ecoquartier » dont la future station sera au cœur. En parallèle de cette nouvelle ZAC, une rénovation du quartier de grands ensembles de la Pierre Plate, situé plus au Nord, sera effectuée, ainsi qu’un travail sur le lien entre ces deux quartiers : « La connexion entre les deux lignes impliquera un réaménagement de l’îlot gare au carrefour des avenues Louis Pasteur et Henri Barbusse dans le cadre de la ZAC Ecoquartier Victor Hugo, afin de permettre une ouverture vers et sur les quartiers alentours, notamment la Pierre Plate, une densification autour du pôle gare et un renforcement du lien avec le centreville de Bagneux »22 .
21
Ouverture de la station « Bagneux » de la ligne 4 prévue en 2019, ligne 15 prévue en 2020. APUR, Observatoire des quartiers de gare du Grand Paris, Monographie du quartier de gare Bagneux M4, Paris, Novembre 2014, p.22. 22
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figure 13 : Schéma du projet de rénovation urbaine des quartiers Nord, prévisions de 2012. Source : SEMABA, Janvier 2012.
figure 14: Schéma du projet de rénovation urbaine des quartiers Nord, prévisions de 2015.
Source : CUADD Conseil, Septembre 2015.
26
La mise en place de cet Ecoquartier implique différentes opérations architecturales et
urbaines : création d’une place pour l’arrivée du métro, aménagement des espaces publics (circulations douces, espaces verts, stationnement automobile, etc.), création ou réhabilitation de logements et d’équipements (avec des problématiques environnementales à prendre en compte). Seront ainsi construits 850 logements dans le périmètre d’intervention jusqu’à 2020 dont 25 à 30% de logements sociaux, 155 000 m2 de commerces et activités économiques, et 5700 m2 d’équipements23. Concernant l’aménagement des espaces publics, on note la « réalisation d’une trame verte reliant l’aqueduc de la Vanne et le parc Robespierre », la « requalification de l’avenue Victor Hugo et de l’avenue Aristide Briand », et « des réflexions ont également été lancées pour mener une opération de renouvellement urbain sur Pierre Plate […] dont les équipements et les immeubles de logements sont vieillissants et enclavés »24 (figures 13 et 14).
Il est ainsi important de considérer le projet de l’Ecoquartier Victor Hugo à une échelle
territoriale : d’un quartier de banlieue majoritairement construit après-guerre, déconnecté du centre-ville de Bagneux et encore plus de l’agglomération parisienne, c’est un véritable retournement de situation auquel on assiste : la volonté de transformer ce quartier en pôle urbain majeur dans le cadre du Grand Paris. L’arrivée d’une station au croisement de deux métros est une aubaine pour la commune : elle constitue un argument politique dans le processus de rénovation urbaine et met sans doute le quartier dans une situation prioritaire par rapport au reste de la ville. Il est également intéressant de constater la prise en considération des quartiers de grands ensembles environnant. En effet, comme on peut le lire sur les plans ci-joint, la future station se trouve au croisement de plusieurs quartiers essentiellement composés de logements collectifs, et envisager le nouvel Ecoquartier comme entité isolée serait absurde: le rayonnement urbain de ce projet est large, ce qui permet aux collectivités locales et à l’Etat de manière plus générale de considérer des quartiers de grands ensembles et de les faire prendre part à la rénovation urbaine.
23
Direction régionale et interdépartementale de l’Equipement et de l’Aménagement (DRIEA) d’Île-de-France, Fiche n°4, Ecoquartier Victor Hugo, Pierre Plate, 1er Octobre 2014, p.42. 24 Idem.
27
figure 15 : Axonométrie du projet urbain de la ZAC Victor Hugo, Bagneux.
Source : Arte Charpentier Architectes, 2013.
figure 16 : Perspective du futur quartier de la station Bagneux M4, nouveaux logements et espaces publics. Source : Société du Grand Paris, 2014.
28
« L’Ecoquartier Victor Hugo vise quant à lui à redonner une cohérence entre les différents types de bâti qui composent le périmètre, à le densifier par du logement et des équipements publics […]. Les aménagements de l’Ecoquartier Victor Hugo sont à mettre en relation avec ceux du projet de rénovation urbaine et sociale de la Pierre Plate. Ces interventions concernent principalement les espaces publics et le maillage du secteur : prolongation des mails piétons, simplification des cheminements, diminution des emprises impénétrables, organisation des stationnements et reconstruction des équipements publics »25 . L’Ecoquartier est également l’occasion de diversifier le parc de logements, en amenant de la mixité sociale et typologique, surtout dans des quartiers constitués en majorité de logements en location, principalement sous forme de barres (figures 15 et 16).
On peut finalement résumer les opérations de rénovation urbaine des quartiers Nord de
Bagneux en trois temps : le projet de l’Ecoquartier Victor Hugo, le projet des futurs stations de métro et les infrastructures correspondantes, ainsi que la rénovation urbaine des quartiers de grands ensembles environnant, notamment celui de la Pierre Plate. Ces intentions d’évolution sociale sont tout de même utopiques : une variété de logements et un aménagement des espaces publics seuls peuvent-ils résoudre les problèmes d’un quartier, notamment en terme de flux et d’appropriation des espaces ? Comme le rappelle Jacques Donzelot26 : « Il ne suffit pas de faire arriver le tram dans le quartier, d’y tisser une nouvelle trame urbaine, d’y faire varier l’habitat […] pour que les habitants prennent de manière effective le chemin de la ville. Il faut tracer d’autres voies, de nature sensible et sociale, qui les mettent à l’aise avec les institutions et les entreprises. Il faut les initier à la ville, à ses opportunités, pour qu’ils se les approprient»27., avant de rajouter « Et c’est bien là que les difficultés commencent ». Quel rôle jouent les équipements publics, en particulier les équipements sportifs, dans cette recherche de « voies sensibles et sociales » ? Au delà de leurs problématiques architecturales et urbaines, sont-ils une des clés pour la diversification sociale et culturelle au sein du quartier ?
25
Direction régionale et interdépartementale de l’Equipement et de l’Aménagement (DRIEA) d’Île-de-France, Fiche n°4, Ecoquartier Victor Hugo, Pierre Plate, 1er Octobre 2014, p.23. 26 Ouvrage A quoi sert la rénovation urbaine ? Voir bibliographie. 27 Jacques DONZELOT (dir.) A quoi sert la rénovation urbaine ? , PUF, coll. « La ville en débat », Paris, 2012, p. 230.
29
30
Dans ce contexte, la piscine Henri Wallon prend une place particulière. Au delà
d’une simple réhabilitation, ses dimensions politique et urbaine deviennent primordiales : quelle image veut-on donner à un équipement se situant à proximité directe d’une station de métropolitain ? Comment accueille-t-on les nouveaux flux de visiteurs ? Vers qui le nouvel équipement se dirige-t-il ? Quels aménagements urbains sont mis en place pour accompagner le parcours vers l’équipement ? La piscine municipale de Bagneux prend ainsi une nouvelle stature : de piscine de quartier des années 1960 attachée à son contexte urbain proche, elle a pour objectif de devenir un équipement de ville, à rayonnement plus large, destiné à un public multi-générationnel provenant de divers quartiers.
L’évolution d’un bâtiment, en particulier celle d’un équipement public, se fait en
concordance avec les usages pratiqués en son sein. Quels ont été les points de départ pour la réhabilitation de la piscine de Bagneux, tant du point de vue conceptuel que matériel ? Quels sont les effets architectoniques et urbains produits ?
31
32
II/ La métamorphose de la piscine
1/ le besoin de s’adapter aux nouveaux usages d’un centre aquatique
Pour comprendre le projet de Dominique Coulon, il faut commencer par cela : la piscine
d’aujourd’hui n’est plus la même que celle d’il y a cinquante ans. Nous entendons par là que les usages ont considérablement évolué dans ce type d’équipement, et sont l’expression d’une
évolution sociale. Tout d’abord, en terme de pratique, on passe d’une activité d’entraînement et de compétition à un désir d’apporter plus de fonctions au sein de ce type d’équipement : pataugeoire pour les enfants, espaces de détente ou de remise en forme, terrasses extérieures. « En trente ans, les piscines se sont transformées pour devenir des complexes aquatiques où le loisir, le repos, voire la santé, complètent les fonctions sportives et éducatives traditionnelles. Ce changement se traduit par une fonctionnalisation des espaces : les bassins traditionnels sont réservés à la nage, en longueurs, pour des amateurs ou des pratiquants en club. Les enfants ou les pratiquants « ludiques » préfèrent des piscines aux formes arrondies »28 . En effet, François Vigneau résume la situation ainsi : « Dans les années 1960, la compétition constituait la finalité essentielle du « sport de masse ». Depuis, de nouvelles motivations de pratique se sont développées : recherche du plaisir de jouer ; du délassement, du bien-être et du « bien paraître », mais aussi envie de nouer des relations humaines »29 . Cette évolution des pratiques va de paire avec la diversification des populations fréquentant les équipements sportifs et en particulier les piscines : « La piscine, plus que tout autre équipement sportif, s’ouvre à des pratiques extra-sportives, dites de loisir. La natation et les activités utilisant l’eau sont accessibles à tous, sans limite d’âge. La piscine favorise les activités conviviales »30 . Ces deux évolutions, à la fois des pratiques et des pratiquants, donnent une place majeure à la piscine dans une ville. Elle devient un lieu de rencontre sociale, de convivialité, de rassemblement autour de l’activité sportive d’une part, et du loisir de l’autre. Ce type d’équipement devient de ce fait un enjeu politique pour la ville, et un programme très séduisant pour fédérer les habitants d’une commune. 28
François VIGNEAU, Les équipements sportifs, Editions le Moniteur, Paris, 2006, p.29. Idem, p.13. 30 Ministère de la Jeunesse, des Sports et des Loisirs, Equipements sportifs et socio-éducatifs : guide technique, juridique et réglementaire. Tome 1, 11è édition, Editions le Moniteur, Paris, 1993, p. 218. 29
33
34
L’évolution des usages met en exergue deux types de populations : les enfants et les
personnes âgées. En effet, celles-ci étant plus fragiles (physiquement) que les autres, des mesures de sécurité et d’hygiène doivent accompagner cette évolution. Ainsi, une série de préconisations techniques se mettent en place, « L’utilisation des vestiaires par des enfants conditionnent leur conception et leur aménagement : température de 23°C indispensable pour que les enfants n’aient pas froid, ventilation efficace afin d’évacuer humidité et odeurs, patères à différentes hauteurs évitant aux jeunes enfants de monter sur des bancs »31 , « Les qualités acoustiques des espaces aquatiques sont essentielles dans des lieux de loisirs, de remise en forme et d’enseignement. Or par leur configuration, les piscines sont des lieux généralement très bruyants […] Un hall de piscine peu réverbérant diminue le brouhaha et incite les usagers à être moins bruyants »32 ou encore « pour prévenir le risque de chutes, il convient que les revêtements de sol antidérapants mis en œuvre ne soient pas abrasifs afin d’éviter de microlésions cutanées propices à la pénétration des germes et d’un entretien facile pour assurer une bonne hygiène. Les sols accessibles pieds nus et ceux des radiers des bassins, dont la profondeur est inférieure à 1m50 ne doivent pas être glissants »33 . Tant de principes constructifs et dimensionnels, non exhaustifs bien sûr, énoncés par Suzanne Deoux, qui font prendre conscience de l’importance des dispositifs de sécurité et d’hygiène dans un tel équipement aujourd’hui, du fait de la fréquentation de publics variés. Au delà de la dimension sécuritaire, les normes thermiques et acoustiques ont également beaucoup évolué : on a désormais besoin d’équipements bien isolés, et qui répondent à des enjeux environnementaux et une bonne gestion énergétique. Les piscines sont particulièrement sujettes à ces problématiques, puisqu’elles nécessitent un dispositif de chauffage important pour l’eau des bassins, mais aussi de ventilation.
31
Suzanne DEOUX, Bâtir pour la santé des enfants : maternités, crèches, écoles, cantines, gymnases, piscines, patinoires, hôpitaux. Editions Medieco, Andorre, 2010, p.591. Si ces préconisations se mettent en place pour les enfants, elles concernent également les personnes plus fragiles comme les personnes âgées. 32 Idem, p.592. 33 Idem, p.594
35
36
Dans le désir de comprendre mieux le projet de réhabilitation de la piscine de Bagneux,
un entretien avec l’architecte Dominique Coulon, concepteur du projet, a été effectué le 3 décembre 2015 dans son agence, à Strasbourg. Nous avons discuté autour des documents du projet, afin de comprendre sa démarche en tant qu’architecte sur la question de la transformation de l’existant, en particulier d’un équipement sportif des années 1960.34 Concernant la dimension environnementale du projet, il déclare : « Le premier dispositif a été de conserver le bâtiment! Un deuxième dispositif a été de très bien l’isoler, chose qu’il n’était pas précédemment et qui a engendré beaucoup de problèmes […] nous avons remplacé la technique par des éléments contemporains plus performants […] qui permet d’être conforme aux normes actuelles. Un équipement comme une piscine est de toute manière très énergivore, qui consomme beaucoup d’énergie en ce qui concerne le chauffage et le traitement des eaux »35. Nous reviendrons, par la suite, en détail sur les applications des dispositifs environnementaux dans le projet. La multiplicité des pratiques au sein d’un même équipement implique ainsi des espaces différenciés, des transitions entre ceux-ci, différentes ambiances (des lieux ouverts pour la rencontre, des espaces plus intimes pour des fonctions de détente, de repos). Ces constats se transcrivent de manière indéniable sur l’architecture du bâtiment et la manière actuelle de considérer une piscine. Il est intéressant de soulever le fait que ce modèle n’est pas si récent et se retrouve dans d’autres pays bien avant leur essor en France : « C’est également dans les pays nordiques et anglo-saxons que se développent des complexes sportifs et récréatifs, parfois thermaux, répondant à des aspirations hédonistes. Ce n’est qu’à la fin des années 80, qu’apparaissent en France, sur ce modèle, les « piscines sport-loisir »36.
Ce constat concernant l’évolution des usages au sein d’une piscine a été le point de
départ programmatique dans la question de la transformation de la piscine de Bagneux. Nous allons maintenant étudier le processus de conception de l’architecte, c’est-à-dire la façon dont le bâtiment d’origine a été envisagé, et les éléments qui ont été les points de départ de la mutation de l’équipement.
34
Entretien disponible dans son intégralité en Annexe 1. Dominique COULON, entretien, 3 décembre 2015, Strasbourg, p.7. 36 François VIGNEAU, Les espaces du sport, Editions PUF, Paris, 1998, p.43-44. 35
37
TENSION WALLON 20 BAGNEUX
VOILE INCLINE EN STRUCTURE METALLIQUE (Poutres acier + bac acier + isolation + membrane étanchéité blanche)
toiture bac acier isolé (végétalisation en option)
LOMERATION
toiture bac acier isolé
FP lisse blanc type fermacell
cheneau intégré à la toiture
FP acoustique lisse blanc type baswaphon
S
E D'OUVRAGE : ACSAMO
M. ZIANI
STRUCTURE + FORMES COURBES AU LOT G-O
A
doublage type fermacell H2O Habillage de tout les poteaux existant au lot platrerie
ontespan
goulotte au lot platrerie y compris armature et habillage en sous-face
joint creux de 2cm entre le s 2 matéria ux au même nu
doublage acoustique monolithique (type baswaphon)
Dominique COULON
REGLETTES FLUOS PLACEES SUR LE DESSUS (PREVOIR GELATINE) 3,82
22
15
BATISERF ventil
ALTO Ingénierie SA
14
banquette béton à bords arrondis (lot gros œuvre) + PdV blanche 2x2 (lot carrelage)
9
7
RE FRI GERA TE UR TOUT E NCAS T RA B LE (LOT M ENUI SE RI E) P ORTE M ÉDI UML A QUÉ F IX É S UR L E F RIGO
E3 ECONOMIE
COUPE A-A
EURO SOUND PROJECT VOILE INCLINE EN STRUCTURE METALLIQUE (Poutres acier + bac acier + isolation + membrane étanchéité blanche)
toiture bac acier isolé (végétalisation en option)
A-B-C
toiture bac acier isolé
1/100
STRUCTURE + FORMES COURBES AU LOT G-O
CTA
2015
FP lisse blanc type fermacell
05
A
niche éclairage Ø 1,1m dans volume courbe
doublage type fermacell H2O Habillage de tous les poteaux existants au lot platrerie goulotte au lot platrerie y compris armature et habillage en sous-face
joint creux de 2cm entre le s 2 matéria ux au même nu
garde corps maçonné lot gros-œuvre + carrelage 1,2x1,2 cm ht 130
doublage acoustique monolithique (type baswaphon)
16
Goulotte selon détail fabriquant bassin
FP type BASWAPHON grille de ventilation
Quai béton carrelé de pâte de verre blanche
A
A
22 15
+4,01
profondeur 1,30m maxi
21
PETIT BASSIN
figure 17 : Photographie, vue d’ensemble de la transformation de la piscine de Bagneux.
E
13
+0,00
Source : Clément GUILLAUME pour Dominique Coulon & Associés, 2014. VITRAGE SABLE VOIR DETAIL CABINES
miro ir toute ha uteur da ns cad re boi s (ht = 24 0cm) lo t men ui serie i nt
9
5
5
toiture bac acier isolé (végétalisation en option)
I
G
J
COUPE B-B
CTA
FP lisse blanc type fermacell
garde corps sans couvertine avec pente vers l'intérieur et résine transparente mat sur le dessus
A
doublage type fermacell H2O
platelage en mélèze de Sibérie rainuré sur lambourdes et plots
caisson filant lot plâtrerie y compris renfort et structure porteuse
Emprise ascenseur
joint creux de 2cm entre le s 2 matéria ux au même nu
doublage acoustique monolithique (type baswaphon) banquette beton ep = 15cm y compris facade et joues du banc + pâte de verre blanche 2x2 cm
C
grille de ventilation
22
Goulotte selon détail fabriquant bassin
PORTES ASCENSEUR
A
Goulotte selon détail fabriquant bassin
Quai béton carrelé de pâte de verre blanche
+5,35
19
ATTENTION façade du premier gradin : remplissage + teinte blanche.
B HALL D'ENTREE
I
J
G
A
COUPE C-C
2
VOLUME D’ORIGINE
figure 18 : Coupe transversale de la piscine de Bagneux, document d’éxecution. Source : Dominique Coulon & Associés, 2014.
figure 19 : Schémas de principe du projet de transformation de la piscine. Source : Dominique Coulon & Associés, 2014.
38
2/ le bâtiment d’origine comme point de départ du processus de conception
Dans cette perspective d’évolution des usages, le parti pris de Dominique Coulon a été
d’envisager le projet comme une mutation, une évolution du bâtiment existant. Le bâtiment est ici considéré comme un être vivant, où la greffe que constitue l’extension transforme l’objet originel en une nouvelle composition, un nouvel ensemble cohérent (figure 17). Ce travail se comprend bien au regard de la coupe transversale du projet (figure 18) où le volume d’origine est conservé au centre de la composition, et le nouveau programme vient s’accrocher à celui-ci. L’extension en partie Sud vient subtilement se juxtaposer au volume existant, en le complétant par une volumétrie très affirmée et en contradiction avec celui-ci: bâtiment d’origine très orthonormé, composé d’angles droits, l’extension est composée de volumes enveloppants, courbes, avec des hauteurs variables. Dans la coupe transversale du bâtiment, on remarque que l’extension est mise à distance du bâtiment d’origine afin de laisser celui-ci disposer d’un maximum de lumière naturelle en partie Sud : « Beaucoup de concurrents, pour le concours, sont venus se coller au bâtiment existant, ce qui privait le bassin carré de lumière naturelle. Nous nous sommes donc mis en retrait, pour laisser rentrer la lumière du Sud et que celle-ci continue à être homogène »37. On assiste également à un travail d’enveloppe, autour du volume originel, en béton. Le processus de conception du projet de réhabilitation est ici intéressant dans sa dimension « intemporelle » : le bâtiment des années 1960 est comme camouflé dans une nouvelle enveloppe et on le découvre une fois à l’intérieur (figure 19). Le choix du béton laissé brut en façade n’inscrit pas le bâtiment dans une temporalité affirmée (on aurait pu choisir un enduit particulier, ou des traitements spécifiques que l’on produit aujourd’hui, mais ce n’a pas été le cas). Concernant le choix du béton, Dominique Coulon ajoute à ce sujet : « Dans l’expression du béton brut, il y a une dimension pérenne. Il se patine presque avec le temps […] Le béton représente une matière, il est plus attachant. Il vieillit bien, inscrit le bâtiment dans la durée »38. 37 38
Dominique COULON, entretien, 3 décembre 2015, Strasbourg, p.1. Idem, p.6.
39
40
En effet, depuis l’invention du béton armé à la fin du XIXe siècle, la manière de
concevoir et de construire l’architecture a été bouleversée : on découvre un matériau bon marché, rapide à mettre en œuvre, très flexible, avec des performances structurelles inédites (porte-à-faux, amincissement des ossatures, etc.). Si les architectes sont pour la plupart séduits par ce matériau innovant, et la nouvelle manière de concevoir l’architecture en se libérant des matériaux « classiques » comme le bois, la pierre, et même l’acier qui représente à lui seul le tournant constructif de l’industrialisation du XIXe siècle, plusieurs se méfient : « La spécificité d’un langage plastique « adéquat » au potentiel morphologique du matériau ne cesse d’inquiéter les premiers théoriciens qui […] considèrent cette capacité du béton armé à pouvoir tout former, comme un handicap plutôt qu’un atout. Le problème se situe exactement à l’endroit de la signification que peut produire l’objet construit, et l’usage tout nouveau du béton armé perturbe sérieusement les certitudes consciencieusement acquises durant le dernier tiers du XIXe siècle à ce sujet »39 . La question du béton, de son affranchissement de certaines contraintes constructives et de son expression architecturale a donc été au centre de plusieurs débats, ce depuis son invention. Les années 1950 et 1960 ont quant à elles été un tournant dans l’histoire de l’architecture puisque la construction de masse est apparue sur le territoire, et le béton armé a avant tout été préconisé pour sa rentabilité mais aussi sa facilité de mise en œuvre: « Hélas, cette période sensible à l’art rencontra la fièvre de reconstruction des années 50-60. Si la rationalité de la construction gagna en expérience et en efficacité, la préfabrication fut mise au service de constructions indigentes »40 . Ainsi, toutes les recherches esthétiques liées à la découverte du béton armé et de son expression architecturale a été mise entre parenthèses par cette vague de reconstruction massive, et la quantité a prévalu à la qualité. Dans ce contexte, Dominique Coulon a souhaité redonner de la noblesse au béton en soignant son expression aussi bien en façade qu’à l’intérieur du bâtiment, et en prolongeant cette quête architectonique et les multiples langages que peut produire ce matériau si exploité.
39
Cyrille SIMONNET, Le béton : histoire d’un matériau : économie, technique, architecture, Editions parenthèses, Marseille, 2005, p. 113. 40 Syndicat national des fabricants de ciments et de chaux, Bétons : matière d’architecture, Editions Regirex, Paris, 1991, p. 53.
41
42
3/ Le béton : ancrage et évolutions du bâti
Pour Dominique Coulon, le choix du béton brut en façade et de son expression a
aussi été pensé en lien avec son contexte urbain : « J’aime travailler la masse des bâtiments, l’épaisseur, presque la lourdeur. Je pense que dans un site comme celui de la piscine, celle-ci a besoin d’avoir une présence forte : cela fabrique une sorte d’ancrage, un point dur »41. Cette notion de « point dur » sous-entend la nécessité, pour lui, d’avoir un point de repère dans ce quartier de grand ensemble, un bâtiment repère qui s’inscrit dans la durée. Le choix du béton laissé brut, de couleur grise très affirmée, qui se révèle dans sa masse, lui a ainsi semblé être le plus judicieux. Cette approche conceptuelle de l’édifice fait écho à la manière de projeter d’autres architectes, parfois même bien antérieurs à notre époque. On peut faire un parallèle, certes étonnant, avec l’approche que pouvait avoir un architecte comme Viollet-le-Duc face à la restauration de monuments historiques. Selon ses mots : « Restaurer un édifice, ce n’est pas l’entretenir, le réparer ou le refaire, c’est le rétablir dans un état complet qui peut n’avoir jamais existé à un moment donné »42 . Même si l’échelle et la valeur patrimoniale d’une cathédrale comme Notre-Dame de Paris ne sont pas comparables à celles d’un équipement sportif de banlieue, ce sont les démarches de projet que l’on peut mettre en relation : l’idée de transcender le bâtiment dans un nouvel état imaginé, qui ne cherche pas à le conserver dans un état existant, où de l’ancrer dans une modernité éphémère, mais plutôt d’envisager la transformation comme un ensemble cohérent dans une composition abstraite. Si Dominique Coulon n’a pas une démarche théoricienne et historique affirmée, la transposition spatio-temporelle de la piscine de Bagneux met en exergue cette façon d’aborder la transformation de l’existant, sur un bâtiment caractéristique de la deuxième moitié du XXe siècle. Si Viollet-Le-Duc cherchait à recréer une architecture du Moyen-Âge idéale, Coulon va ici, surtout par l’utilisation du béton, matériau de la modernité par excellence, plutôt se situer dans une démarche prospective et imagine son bâtiment dans une dimension d’évolution des formes architecturales, sans vouloir reconstituer une période de l’Histoire de l’architecture. 41
Dominique COULON, entretien, 3 décembre 2015, Strasbourg, p.6. Eugène VIOLLET-LE-DUC, Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle, Tome 8, Editions Bance et Morel, 1854-1868, p.14. 42
43
44
La transformation des bâtiments du XXe siècle, hormis les réalisations emblématiques
des grands maîtres de l’architecture (Le Corbusier, Mies Van der Rohe, Louis Kahn et tant d’autres), est encore peu théorisée, car il s’agit là d’une Histoire très récente. De plus, les équipements comme la piscine de Bagneux ne sont pas des réalisations architecturales majeures du siècle dernier, il s’agit là de petits édifices à rayonnement limité, et à la conception simple. Pourtant, la question de leur réhabilitation commence à se poser, un demi-siècle après leur construction : « Le changement est une condition de vie naturelle. En plus du processus de vieillissement naturel, à laquelle l’architecture est aussi sujette, les changements apportés par les acteurs respectifs jouent un rôle dans la vie continue d’un bâtiment »43 . Le projet s’inscrit dans cette dimension évolutive, et dans le processus de mutation de l’édifice. Comme l’explique l’architecte australienne Susan MacDonald, qui a étudié la question de la conservation du patrimoine et en particulier celle de l’architecture moderne : « L’essentiel du paysage construit du XXe siècle appartient encore à la mémoire vivante et constitue, en bien des lieux, l’environnement bâti prédominant. Le fait que l’épreuve darwinienne n’ait pas encore déterminé quels survivants seraient les mieux adaptés pour intégrer automatiquement la catégorie de patrimoine soulève des interrogations sur ce qui doit être protégé et sur la façon d’intégrer des niveaux de comparaison significatifs dans les cadres existant utilisés pour l’identification et l’évaluation du patrimoine »44 . L’approche de Dominique Coulon vis à vis de l’architecture de la moitié du XXe siècle est la suivante : « L’attitude que j’ai vis à vis de la restructuration de bâtiments existant […] c’est de prendre en compte leur architecture de qualité : il y a des éléments objectifs dans ces bâtiments (baies de lumières, travail de coupe) qui sont simples, qui fonctionnent, et qui n’existent plus dans les bâtiments contemporains. Il y avait de bons architectes dans les années 1950 et 1960, bien formés […]. On joue avec l’existant, on ne force pas les choses. On souhaitait composer avec la structure, révéler ses qualités, faire avec »45.
43
Traduction personnelle, Johannes CRAMER, « Architecture and Time » in Architecture in existing fabric, Editions Birkhäuser, Bâle, Suisse, 2007, p.15 44 Susan MacDONALD, « La conservation de l’architecture moderne au XXIe siècle, approches existantes, dialogues changeants et nouveaux paradigmes » in Architectures Modernes, l’émergence d’un patrimoine, Editions Mardaga, Wavre, Belgique, 2012, p.150. 45 Dominique Coulon & Associés, Rapport de présentation Réhabilitation et extension d’une piscine à Bagneux, Septembre 2014, p.2.
45
46
Il s’agit là d’un vrai débat dans la profession et surtout dans la manière d’aborder le
patrimoine bâti : qu’est-il bon de conserver ? Que doit-on révéler de cette architecture « mineure» du XXe siècle et que doit-on remplacer à tout prix ? Il semble que la réhabilitation de la piscine municipale de Bagneux soit une réponse possible sur la façon de composer avec un bâtiment s’inscrivant dans le patrimoine du XXe siècle, en le transposant dans une contemporanéité affirmée. La manière de prendre en considération l’existant est un point fondamental dans le processus de conception de l’architecte pour le projet de transformation. Mais au delà de cet aspect, il a fallut repenser les matériaux, les couleurs et les textures employées dans le bâtiment, car au-delà de la pratique sportive, il s’agit d’immerger le visiteur dans un environnement chaleureux, convivial et ludique ; tantôt pondéré, tantôt énergique…
47
RENFORTS ( LOT PLATRERIE) COUSSIN ROND TYPE CHAISE LONGUE LE CORBUSIER ( LOT MENUISERIE INTERIEURE) PÂTE DE VERRE BLANCHE 2X2 CM ( LOT CARRELAGE)
BETON (LOT GROS OEUVRE)
BETON (LOT GROS OEUVRE)
5
585
45
45 90 1,00
20
5
63
27
25
2,10
COUPE BB ECH. 1/20
COUPE AA ECH. 1/20
Source : Dominique Coulon & Associés, 2014.
90
60 étanche
Dénomination - Situation
figure 20 : Elévation et coupe des banquettes encastrées dans les parois, espace de détente. B 90 50
PORTE ASSERVIE
PÂTE DE VERRE BLANCHE 2X2 CM ( LOT CARRELAGE)
90 vitrée
5
EAU PULSÉE
GRILLES D'A ERA TION
COUSSIN ROND TYPE CHAISE LONGUE LE CORBUSIER ( LOT MENUISERIE INTERIEURE)
BANQUETTE SUSPENDUE LOCAL DETENTE
PÂTE DE VERRE BLANCHE 2X2 CM ( LOT CARRELAGE)
PLAN DE SITUATION ECH.1.100, PLAN ET COUPES ECH. 1.20
RESTRUCTURATION ET EXTENSION DE LA PISCINE DE BAGNEUX Dominique Coulon Architecte
9.03 ZONE DE DETENTE 94m2 SOL: pâte de verre blanche 2x2 MUR: pâte de verre blanche 2x2 > Ht 240 peinture blanche mate de 240 à +. PLAFOND: peinture blanche mate
90
EAU PULSÉE
Indice
A 1,00
A
5
2,05
B PLAN DE SITUATION ECH. 1/100
PLAN ECH. 1/20
figure 21 : Photographie, depuis l’espace de détente d’où l’on apreçoit les banquettes. Source : Clément GUILLAUME pour Dominique Coulon & Associés, 2014.
48
Détails archi
2,10
NICHE ECLAIRAGE
RDC SAUNA
5
Localisation
GRILLES D'A ERA TION
4/ Les enveloppes physiques et immatérielles : entre eau et sensorialité
L’importance des ambiances est fondamentale dans un équipement comme une piscine,
car ses usages sollicitent presque tous les sens : le toucher principalement, par le contact direct entre l’eau et le corps ainsi que la marche pieds nus, mais aussi la vue par le biais des couleurs, du reflet de la lumière sur l’eau, ou l’ouïe stimulée par les mouvements de l’eau et la réverbération du bruit sur les parois de l’édifice.
Cette dimension sensorielle a été un point important dans la conception de la nouvelle
piscine. Selon l’agence d’architecture de Dominique Coulon : « Ce projet fabrique une coupure dans le temps. Les ambiances sont inoubliables, la lumière est douce, les parcours sont fluides, les courbes remplacent l’angle droit »46 . Chaque élément du projet est ainsi imaginé avec sa propre volumétrie, sa propre colorimétrie, autrement dit son identité singulière. Ce travail se prolonge jusque dans les détails de construction avec la forme des plafonds adoptées, le choix de lumières encastrées dans les parois ou dans des niches, ainsi que des éléments de mobilier travaillés de telle sorte qu’ils semblent flotter (figures 20 et 21). Au delà de l’aspect «sportloisir», le projet est envisagé dans une dimension quasi thérapeutique, où le travail sur les volumes et la couleur participent au bien-être de l’usager. Ce n’est pas l’activité seule qui influe sur la santé du participant, mais aussi l’architecture. Il s’agit là de la notion de « psychologie environnementale »47 , qui décrit les « interrelations de l’individu avec l’environnement dans ses dimensions physiques et sociales ».
46
Dominique Coulon & Associés, Communiqué Restructuration et extension de la piscine de Bagneux, Octobre 2015, p.1. 47 Voir Gabriel MOSER, Psychologie environnementale, les relations homme-environnement, Editions de Boeck, Bruxelles, 2009, 336p. Moser y développe le fruit des recherches qu’il a pu effectuer au CNRS en tant que chercheur dans le domaine de la psychologie environnementale.
49
figure 22 : Photographie de l’accueil de l’équipement, vue depuis l’entrée. Source : Clément GUILLAUME pour Dominique Coulon & Associés, 2014.
50
Cette discipline analyse très précisément les interactions entre l’Homme et son milieu,
bâti ou non, et permet de donner des éléments de compréhension de la manière dont l’espace influe sur la psychologie de l’individu : « Appliquée au domaine de la santé, elle cherche à montrer dans quelle mesure l’état de santé d’un individu peut être influencé par l’architecture des bâtiments. On prend en compte l’impact des facteurs ambiants sur la santé des patients hospitalisés mais aussi l’impact des caractéristiques architecturales des bâtiments sur la santé des individus pour concevoir des bâtiments qui participent aux soins »48 . Néanmoins, il semble que la discipline se concentre quasi exclusivement sur le milieu hospitalier, et très peu sur d’autres types de programmes comme les équipements sportifs ou scolaires par exemple. Ceci se justifie certainement par le fait que le patient hospitalisé a un rapport très particulier avec l’espace qui l’entoure : s’il est alité et immobile, il devient sensible aux éléments spatiaux de sa chambre. S’il possède des troubles psychologiques, sa façon d’interagir avec l’espace va être déterminante dans sa thérapie. Ces recherches dans le milieu hospitalier, pour des patients possédant des pathologies particulières, se justifient ainsi. Cependant, la notion de psychologie environnementale peut aussi se transposer aux équipements sportifs et la manière dont les utilisateurs les pratiquent : dès lors que l’on considère leur dimension thérapeutique, récréative ou sportive, la santé mentale entre en jeu et l’architecture et les ambiances du lieu joue un rôle fondamental. Nous allons ici nous immerger dans le parcours sensoriel du bâtiment, étape par étape.
Tout d’abord, le visiteur pénètre dans le bâtiment, en glissant le long d’une paroi sur la
façade Est guidée par le porte-à-faux du niveau supérieur, dans l’espace d’accueil en longueur, comprimé. Différentes teintes et textures de gris et de noir sont utilisées au sol, sur les murs et au plafond. « Cette minéralité se prolonge à l’intérieur sur le sol du hall d’entrée fait de quartzite de lucerne en opus incertum »49 . Notre regard se heurte à la banque d’accueil, bleu ciel (figure 22). Le visiteur déambule ensuite dans les espaces de vestiaires collectifs, traités dans des couleurs sombres, le sol et les parois étant recouvertes de carreaux de mosaïque dans des teintes de bleus et de noirs. 48
Emmanuel PENLOUP, L’architecture des lieux de santé et la prise en compte des besoins des usagers, mémoire de Master 2 sous la dir. de Bruno PROTH, Ecole Nat. Sup. d’Architecture de Normandie, Juin 2014, p.8 49 Dominique Coulon & Associés, Réhabilitation et extension d’une piscine à Bagneux, Septembre 2014, p.2.
51
VOILE INCLINE EN STRUCTURE METALLIQUE (Poutres acier + bac acier + isolation + membrane étanchéité blanche) VOILE INCLINE EN STRUCTURE METALLIQUE (Poutres acier + bac acier + isolation + membrane étanchéité blanche)
toiture bac acier isolé
toiture bac acier isolé
FP lisse blanc type fermacell
STRUCTURE + FORMES COURBES AU LOT G-O A
garde corps maçonné lot gros-œuvre + carrelage 1,2x1,2 cm ht 130
STRUCTURE + FORMES COURBES AU LOT G-O
A
eaux trerie
niche éclairage Ø 1,1m dans volume courbe
FP type BASWAPHON
mpris s-face
A
22
REGLETTES FLUOS PLACEES SUR LE DESSUS (PREVOIR GELATINE) 3,82
22
COUPE B1
15
figure 23 : Photographie des bassins de natation, après trannsformation. Source : Clément GUILLAUME pour Dominique Coulon & Associés, 2014.
banquette béton à bords arrondis (lot gros œuvre) + PdV blanche 2x2 (lot carrelage)
9
7
VOILE INCLINE EN STRUCTURE METALLIQUE (Poutres acier + bac acier + isolation + membrane étanchéité blanche)
VOILE INCLINE EN STRUCTURE METALLIQUE (Poutres acier + bac acier + isolation + membrane étanchéité blanche)
toiture bac acier isolé
STRUCTURE + FORMES COURBES AU LOT G-O
toiture bac acier isolé
STRUCTURE + FORMES COURBES AU LOT G-O
cercle R = 3m A
A
niche éclairage Ø 1,1m dans volume courbe
niche éclairage Ø 1,1m dans volume courbe
oteaux latrerie
ompris us-face
garde corps maçonné lot gros-œuvre + carrelage 1,2x1,2 cm ht 130
garde corps maçonné lot gros-œuvre + carrelage 1,2x1,2 cm ht 130
FP type BASWAPHON
FP type BASWAPHON grille de ventilation
A
22
22
21
COUPE B2 VITRAGE SABLE VOIR DETAIL CABINES
9
5
figures 24 et 25 : Photographie et coupe de la pataugeoire des enfants.
5
Source : Dominique Coulon & Associés, 2014.
toiture bac acier isolé (végétalisation en option)
CTA
FP lisse blanc type fermacell
doublage type fermacell H2O
caisson filant lot plâtrerie y compris renfort et structure porteuse
Emprise ascenseur
joint creux de 2cm entre le s 2 matéria ux au même nu
PORTES ASCENSEUR
doublage acoustique monolithique (type baswaphon)
A
Goulotte selon détail fabriquant bassin
Quai béton carrelé de pâte de verre blanche
+5,35
19
ATTENTION façade du premier gradin : remplissage + teinte blanche.
figures 26 et 27 : Photographies de la terrasse de la piscine de Bagneux et du centre culturel de Pompeia. Source : Dominique Coulon & Associés, 2014 & Auteur Inconnu, années 1980
52
Une fois les étapes de préparation à la baignade effectuées, le nageur découvre la
lumière naturelle et le volume très pur de la grande salle contenant les bassins. La couleur prédominante est le blanc, seuls les gradins peints en bleu rappellent la couleur des bassins, l’eau est révélée dans son expression la plus pure, où l’architecture fait silence pour laisser la fluidité de l’eau reprendre ses droits (figure 23). Dominique Coulon ajoute : « L’architecture de la grande salle existante (avec les deux bassins) est préservée. La structure en oblique est mise en valeur tandis que les plafonds acoustiques sont rendus lisses. Un jeu subtil d’obliques donne à ce bel espace une touche plus contemporaine »50. L’expérience sensorielle engendrée par l’architecture et ses formes commence véritablement dans les espaces de détente et de loisir : la pataugeoire pour les enfants, accessible depuis le niveau des bassins, en partie Sud, prolonge le parcours. Le plafond se comprime entre les deux espaces, exprimant une transition entre l’entraînement de la natation et le jeu, tout en se situant dans une continuité spatiale.
Ensuite, les volumes se libèrent, l’espace se dilate et les performances structurelles du
béton entrent en jeu pour créer des volumes courbes très enveloppant, des formes organiques, dans lesquelles l’imagination des petits se développe. « La pataugeoire des petits est conçue comme un événement à part entière. Il s’agit pour nous de fabriquer un cocon, un lieu ou les enfants puissent se sentir enveloppés. L’espace vertical et courbe, le bassin et les bancs accompagnent ces formes accueillantes. La grande baie placée en partie haute de la coque, inonde de soleil le petit bassin »51 (figures 24 et 25). Le visiteur a ensuite le choix : il est invité à se diriger vers le prolongement extérieur de l’équipement, terrasse traitée avec un sol en bois, et des garde-corps en béton. L’ambiance qu’elle génère n’est pas sans rappeler la photographie du projet de Lina Bo Bardi, le centre sportif et culturel de Pompeia, qui mêle le béton, matériau moderne et brut, et délassement des personnes sur un sol en bois, prouvant ainsi la compatibilité de ces deux éléments, qui n’est pas évidente à imaginer (figures 26 et 27).
50
Dominique Coulon & Associés, Rapport de présentation Réhabilitation et extension d’une piscine à Bagneux, Septembre 2014, p.2. 51 Idem.
53
figure 28 : Photographie du patio végétalisé, espace de détente.
Source : Clément GUILLAUME pour Dominique Coulon & Associés, 2014.
54
« La grande terrasse est traitée comme une plage d’aspect ludique et accueillant. Ses garde-corps hauts préservent l’intimité des baigneurs et offrent une bonne sécurité. C’est un lieu propice à l’éveil. Un lieu qui laisse place à l’ergonomie du corps »52. Enfin, l’architecte propose des espaces encore plus enveloppants et sensoriels : ceux de la salle de repos, des saunas et des hammams. Expériences sensorielles par excellence, le choix des matériaux, des couleurs et du détail y est particulièrement travaillé. Enveloppe de bois et lumière rouge pour le sauna, carrelage blanc et lumière bleue ou violette pour le hammam, ou encore volume courbe et élancé pour l’espace détente, carrelé de blanc également, ou les banquettes sont intégrées dans le mur, sont décollées du sol et accueillent des néons en partie inférieure, renforçant la sensation de flottaison. Une ouverture verte le patio végétalisé évoque la méditation et l’apaisement (figure 28).
Chaque couleur utilisée dans le bâtiment a également un sens particulier. On remarque
que seuls le blanc, le noir et le bleu, couleurs franches et qui rappellent la teinte des matériaux employés (béton, eau, etc.), sont utilisées dans les espaces d’accueil, de circulation, et dans les volumes des bassins principaux. Au contraire, des couleurs plus « artificielles » sont employées dans les espaces ludiques, comme le violet ou le rouge. Cet emploi des couleurs n’est pas anodins et agit comme une luminothérapie : on peut penser que si les espaces de circulation et d’apprentissage sont avant tout fonctionnels, et ancrent le visiteur dans une réalité spatiale, les espaces de détente et de repos sont quant à eux des expériences inédites, des coupures dans le temps et dans l’espace, et leurs ambiances sont radicalement différentes. La couleur en architecture, à ce sujet, a été largement théorisée notamment au début du XXe siècle avec l’apparition du mouvement De Stijl ou les principes théoriques de Vassily Kandinsky dans les années 1920, qui mettent en rapport la couleur et l’espace. A ce propos, Théo van Doesburg écrit en 1924 : « Pour l’architecture nouvelle, la couleur a une importance considérable ; elle est un des éléments essentiels de ses moyens d’expression »53. Selon lui, il est important que la couleur ne soit pas simplement un aplat de peinture : c’est une combinaison subtile entre pigments utilisés, volumes et lumières. 52
Dominique Coulon & Associés, Réhabilitation et extension d’une piscine à Bagneux, Septembre 2014, p.2. Théo Van DOESBURG, « La signification de la couleur en architecture », La Cité : Urbanisme, Architecture, Art Public, Volume 4, n°10, Mai 1924, p.181. 53
55
56
« La peinture est un moyen, la couleur est un but. On peut couvrir un intérieur ou une façade de teinture bleue, jaune, verte, violette ou rouge, sans qu’il ne puisse être question de couleur, quelque bigarré que soit l’ensemble »54 . Dans le projet de Coulon, on comprend bien le rapport entre lumière, volume et teintes, qui formes les couleurs de l’édifice et qui grâce aux différents moments de la journée et aux reflets de l’eau, prennent des expressions différentes. L’intérêt du projet réside ainsi dans la multiplicité de ses ambiances, et le choix qu’il laisse à l’utilisateur de « plonger » dans l’univers qu’il désire : celui de l’eau et de la pratique sportive classique, essentielle au bien-être physique et à la santé, ou celui d’un événement plus ludique, comme le repos, le sauna ou le hammam, essentiel au bien-être mental. Les deux dimensions combinées génèrent la richesse du projet, et en font un programme complet, qui met les questions de la santé, et des pratiques sportive et ludique au centre de ses préoccupations. Le soin apporté aux matériaux, aux couleurs et aux ambiances dans chaque spécificité du programme en font, dans ce sens, un projet réussi.
Les différents facteurs évoqués jusqu’ici ont été les éléments déclencheurs de la
transformation de la piscine Henri Wallon à Bagneux (l’évolution des usages, le besoin de mettre aux normes l’équipement, l’arrivée du métropolitain). Celle-ci met en exergue le potentiel de transformation d’un équipement de la moitié du XXe siècle d’une part, et la richesse architecturale que peut apporter un programme comme celui d’un centre aquatique, où la question sensorielle est primordiale, et s’exprime aussi à travers le projet. Mais le véritable enjeu du projet est bien celui de la transformation de la structure, et de son expression architecturale au sein du projet: dans quel but l’architecte a-t-il révélé, ou au contraire camouflé certains éléments constitutifs du bâtiment existant ? Que cela engendre-t-il ? A travers le nouveau programme et la nécessité d’apporter une extension à l’équipement, comment ce dialogue entre structure et espace mutet-il ?
54
Théo Van DOESBURG, « La signification de la couleur en architecture », La Cité : Urbanisme, Architecture, Art Public, Volume 4, n°10, Mai 1924, p.182.
57
58
III/ Structure et Matérialité : entre continuité et rupture
1/ le nouveau programme : restructuration et extension
Avant tout, le préambule de la transformation de la piscine municipale de Bagneux est
la définition de son nouveau programme, et la nécessité d’y apporter une extension. Ce travail
de programmation, en amont, devient de ce fait un facteur déterminant dans la décision de la conservation (ou non) du bâtiment d’origine et dans les enjeux économiques, architecturaux, et environnementaux du projet.
Ainsi, le point de départ de la transformation de la piscine s’est effectué en amont par
la maîtrise d’ouvrage, et notamment par des programmistes. Dans ce cas, il s’agit de la Mission H2O55 , assistant à la maîtrise d’ouvrage spécialisé dans les projets de centres aquatiques. Son fondateur, Stéphane Bardoux, ancien nageur et entraîneur olympique, a fondé la société dans le but d’accompagner les architectes et la maîtrise d’ouvrage dans un projet de piscine municipale ou de centre aquatique plus grand, en établissant une programmation précise. Le rôle de ces programmistes a été déterminant dans le projet de transformation de la piscine Henri Wallon, puisque c’est eux qui ont établit les arguments pour la conservation du bâtiment et les économies que celle-ci pouvait apporter. « Les architectes ne sont pas à l’origine de la décision de conserver le bâtiment, mais ce sont bien les programmistes qui ont convaincu la mairie »56 . Selon leurs termes, l’objectif principal des programmistes est de « rentabiliser ses équipements sportifs »57 : ils vont ainsi effectuer une série de diagnostics sur l’existant, plusieurs études de site de faisabilité, et déterminer un programme architectural et urbain.
55
Voir www.missionh2o.fr. Dominique COULON, entretien, 3 décembre 2015, Strasbourg, p.1. 57 Mission H2O http://www.missionh2o.fr/rentabiliser-ses-equipements-sportifs/. 56
59
plan du r
v espa
0.02
0.03
0.04
0.20
0.01
0.20
0.05
0.07
0.20
0.07
0.06 0.07
0.07
0.07
0.07
0.20 0.08 JD existant
0.21
0.09
0.22
0.10
0.11 0.14
0.13
0.15
0.15
0.15
0.05
0.12
0.17
0.17
0.18
0.19
EXTENSION figure 29 : Plan de rez-de-chaussée de la piscine de Bagneux, après transformation. restructuration et extension de la piscine de bagneux
Source : Dominique Coulon & Associés, 2014. 0 5 10
EXTENSION figure 30 : Plan du R+1 de la piscine de Bagneux, après transformation.
60
Source : Dominique Coulon & Associés, 2014.
20m
La compacité et la mutualisation des fonctions sont ainsi des critères préconisés par
la Mission H2O : « Une architecture concentrique contracte au maximum l’emprise au sol, réduit les distances de cheminement, ont moins de façades. Le gain de surface de façade = -10% à -15% d’investissement et de chauffage »58 . Ainsi, plus le bâtiment est compact et plus il conserve d’éléments existant, plus il sera économique dans sa mise en œuvre et moins il sera énergivore. Le projet conserve ainsi en grande partie les fonctions existantes du bâtiment : l’accueil, les vestiaires et les locaux techniques au rez-de-chaussée, et les bassins et gradins au premier niveau. La force du projet est le complément de ces espaces par l’ajout d’un nouveau programme de bien-être, de délassement, et de loisirs, qui se formalisera dans une extension greffée au bâtiment existant. Ainsi, s’ajoutent de nouvelles activités comme des saunas et hammams, ainsi que des espaces de repos en position allongée, comme des chaises longues, au rez-de-chaussée (figures 29 et 30), et un espace de pataugeoire et de prolongement extérieur vers un solarium en terrasse, au premier niveau. Cette extension, en partie Sud, possède son propre système de circulation verticale, indépendant, connectant ces espaces de détente et de loisirs entre eux. Dominique Coulon propose ainsi deux parcours dans l’équipement : le parcours d’entraînement d’origine en partie Nord, et le parcours loisir, en partie Sud. Les deux dimensions du programme sont ainsi juxtaposées, et les différents publics ont la liberté de se mouvoir selon leurs activités. L’agence d’architecture AZK étudie en référent le projet de Dominique Coulon et le décrit comme ceci : « Les caractéristiques principales du projet de réhabilitation sont :
- un bassin sportif de 25 mètres, 5 couloirs de nage, un plongeoir
- un bassin d’apprentissage de plus de 150 m2.
Le projet d’architecture consiste dans :
- la réhabilitation de la totalité des locaux annexes (vestiaires, douches, sanitaires, etc.)
- en extension du bâtiment, l’aménagement des locaux d’accueil, un espace de zone de
détente de presque 150 m2, une pataugeoire de 50m2 intégrée dans le hall bassin et
un solarium minéral à l’étage »59 .
58
Mission H2O, Les enjeux du diagnostic dans les projets de réhabilitation des équipements sportifs (en ligne), CAUE92, Nanterre, Mars 2015. 59 AZK Architecture, http://www.azk-architecture.com/references-de-projets-de-construction/rehabilitationet-extension-de-la-piscine-henri-wallon-de-bagneux-92,
61
62
Le programme contient ainsi 608 m2 de surfaces ajoutées (l’extension) pour un total
de 1575 m2 restructurées. Les surfaces extérieures projetées ont quant à elles quantifiées à 400 m2. On remarque ainsi que l’extension s’opère de manière assez compacte par rapport à la surface d’origine, ce qui va dans le sens des programmistes comme nous l’avons énoncé précédemment60 . Le projet de réhabilitation de l’édifice a été effectué dans le but de mettre aux normes l’équipement, l’inscrire dans une démarche durable, et le rendre énergétiquement performant. La question de la réhabilitation des bâtiments modernes fait cependant encore débat, en ce qui concerne le coût le leur entretien face à celui d’une construction neuve: «L’idée que les bâtiments du mouvement moderne ont été délibérément conçus pour avoir une durée de vie limitée a souvent été utilisée comme argument pour les démolir. […] Cependant, si les audits énergétiques démontrent souvent l’intérêt environnemental de la préservation de l’architecture traditionnelle, c’est rarement le cas pour les bâtiments conçus à partir des années 1950, à une époque où l’énergie bon marché semblait inépuisable et où les architectes employaient volontiers des matériaux dont la production était vorace en énergie »61.
Même si la mise aux normes est importante dans le cas de la réhabilitation d’un
équipement sportif, elle n’est pas l’unique objectif d’une telle opération. Elle est le point de départ d’autres réflexions, comme celles de l’évolution des pratiques sportives, de la pluralité des publics, et des performances environnementales. Comme le rappelle François Vigneau, « Bien souvent, les travaux de réhabilitation ou de rénovation sont motivés en premier lieu par l’état de vétusté des équipements […] Toutefois, ces travaux ne sauraient être considérés comme des opérations strictement « techniques ». En effet, à quoi bon remettre un équipement dans l’état qui était le sien trente ou quarante ans auparavant si la fonction qui lui était assignée à cette époque ne correspond plus aux attentes de la population d’aujourd’hui ? »62.
60
Voir http://coulon-architecte.fr/projet/362/bagneux pour tableau détaillé des surfaces. Susan MacDONALD, « La conservation de l’architecture moderne au XXIe siècle, approches existantes, dialogues changeants et nouveaux paradigmes » in Architectures Modernes, l’émergence d’un patrimoine, Editions Mardaga, Wavre, Belgique, 2012, p.152., 62 François VIGNEAU, Les équipements sportifs, Editions le Moniteur, Paris, 2006, p.78. 61
63
64
Il est intéressant de constater que les piscines sont les équipements les plus nombreux
à faire l’objet d’une réhabilitation, le rapport à l’eau et leur dimension d’hygiène et de sécurité les mettant au centre de la réflexion sur leur entretien et leur mise aux normes. En effet, les problématiques liées à la contraction de maladies bactériennes (qualité de l’eau et de son traitement) ou de chutes potentielles d’individus sur un sol mal entretenu, par exemple, sont récurrentes dans les centres aquatiques, contrairement à d’autres équipements sportifs comme les gymnases ou les stades. La présence d’un public multi-générationnel et donc d’individus plus fragiles, place les piscines au centre de ces préoccupations. « En proportion du nombre total d’appels d’offre (travaux de création et de réhabilitation confondus), les piscines font majoritairement l’objet d’appels d’offre pour des travaux de réhabilitation (entre deux tiers et trois quarts) alors que pour les autres types d’équipement, la réhabilitation représente généralement moins d’un tiers des appels d’offres »63.
A l’échelle du territoire, on assiste également à une mutualisation des programmes,
qui ont des répercutions au niveau des communautés de communes, dans la continuité de la réforme sur les nouvelles compétences des régions et leur découpage administratif, complétée par la loi NOTRe64 : « Le projet de loi encourage les communes et les intercommunalités à mutualiser leurs services [...] tout en évitant les doublons. Par exemple, il encourage les élus à se coordonner pour créer un pôle piscine/patinoire à l’échelle d’un bassin de vie bien desservi par les transports en commun, plutôt que trois piscines de petite taille dans la même zone »65. La piscine de Bagneux, ayant acquis un rayonnement désormais régional avec la future station de métropolitain, rentre tout à fait dans cette configuration, d’où l’importance de l’enrichissement du programme, et de la multiplication des activités au sein d’un même équipement sportif. Un seul équipement regroupant plusieurs usages permet également une gestion plus organisée et centralisée, à l’inverse de plusieurs petits équipements qui démultiplient les surfaces à gérer et entretenir. Le nouveau programme est ainsi une aubaine pour la commune de Bagneux, mais aussi pour les communes limitrophes comme Montrouge, Châtillon, Arcueil ou même Paris.
63
François VIGNEAU, Les équipements sportifs, Editions le Moniteur, Paris, 2006, p.78. Loi du 7 août 2015, « nouvelle organisation territoriale de la République ». 65 Ministère de la Décentralisation et de la Fonction publique, Guide Collectivités locales : un guide pour mutualiser, Paris, 5 mai 2015. 64
65
66
« L’espace aquatique étendu, conjuguant bassin et terrains de sport, voire espace commercial et culturel, mutualisant les espaces et les coûts, a le pouvoir de créer une réelle dynamique locale en améliorant l’organisation urbaine par les traitements paysagers, la redynamisation de l’activité commerciale d’un quartier ou d’un territoire, la création de surfaces commerciales complémentaires, la réalisation conjointe de projets immobiliers […] autant d’atouts stratégiques pour une commune »66. Même si dans le cas de la piscine Henri Wallon, il ne s’agit pas directement de surfaces commerciales mais plutôt de la dimension « sport-loisir » recherchée par les utilisateurs, son inscription dans la ZAC Victor Hugo précédemment énoncée s’inscrit dans cette dynamique urbaine, et confirme la nécessité d’un nouveau programme dans l’équipement, attractif socialement et économiquement.
Dans le cas de l’arrivée du métro de la nécessité de rénover un équipement vétuste
en accord avec les usages actuels, le projet de Dominique Coulon a su convaincre la maîtrise d’ouvrage de l’efficacité de sa réponse. A travers sa réponse architecturale, nous allons explorer la manière dont le projet s’inscrit aussi bien dans une continuité avec le bâtiment d’origine que dans un basculement affirmé vers une architecture résolument contemporaine, et la manière dont le maître d’œuvre a joué avec l’existant.
66
Mission H2O, Rapport 10 ans, 2015, p.9.
67
68
2/ Entre béton et metal : La Tectonique du bâtiment en mutation
Le parti pris de l’architecte Dominique Coulon a été, pour la réhabilitation de la piscine,
divisé en deux axes paradoxaux : conserver au maximum la structure existante, et changer son expression architecturale de manière radicale. Nous allons ici analyser le projet sous l’angle de la structure et de son expression architecturale67 , des différentes opérations effectuées au sein du bâtiment, et de la structure aussi bien à l’intérieur qu’à la surface extérieure de la piscine, autrement dit l’expression de la structure en dialogue avec l’environnement bâti de l’équipement.
Le choix de la conservation de la structure est naturellement une solution économique
avant tout, et donc un argument de taille pour la commune en matière de dépenses publiques face à la rénovation urbaine du quartier. Pour la piscine de Bagneux, la conservation du bâtiment initial a permis d’économiser 30% sur le coût total de l’opération68 , ce qui n’est pas négligeable. Dans le cas de cet édifice, le maintien de la structure est également justifié par son efficacité : en effet, pourquoi remplacer les portiques au premier étage, ceux-ci permettant une grande fluidité spatiale et des ouvertures généreuses dans l’espace des bassins ? Le socle en béton se justifie également avec peu d’ouvertures sur l’extérieur et également du fait de son utilisation principalement technique et utilitaire (locaux techniques et vestiaires). Ces structures existantes ont ainsi été « restaurées » : la structure en béton du rez-de-chaussée a été entièrement conservée. Les poteaux et voiles qui structurent l’espace ont été assumés par Dominique Coulon :« L’idée est de conserver ce parcours labyrinthique. On joue avec l’existant, on ne force pas les choses»69. Sous les volumes des bassins, la faible hauteur sous plafond (2m40) a été là aussi assumée par l’architecte.
67
Définition de la notion de Tectonique en architecture selon Kenneth Frampton. Source : Agence Dominique Coulon et A.M.O (Assistance à la maîtrise d’ouvrage) Mission H2O. 69 Dominique COULON, entretien, 3 décembre 2015, Strasbourg, p.2. 68
69
figure 31 : Photographie de la rue de «desserte», entre la piscine et le gymnase. Source : Ambre ROTENBERG, 2015.
figure 32 : Photographie du niveau des bassins, avec le système constructif apparent, 1971.
Source : Archives municipales, Bagneux.
70
Une première modification majeure au rez-de-chaussée à néanmoins été de repenser le
système d’entrée : alors qu’elle s’effectuait originellement du côté Nord de la piscine, par un système de sas en avant sur l’espace public, Dominique Coulon a imaginé un dispositif d’entrée plus subtil, en la déplaçant côté Sud, résultant d’une succession de seuils : on glisse le long d’un mur qui nous guide sous un porche créé par l’étage supérieur en porte-à-faux, puis on se retourne pour pénétrer dans un espace généreux, aménagé de fauteuils et canapés, face à la banque d’accueil des visiteurs. Cette opération est déterminante car l’entrée d’un équipement public est un espace fondamental qui était jusque là peu traité dans le bâtiment d’origine. Dominique Coulon crée ainsi des espaces transitoires entre la rue, publique, et l’arrivée des personnes dans la piscine. Le porche permet aussi de garer des vélos, ou de s’abriter en cas d’intempéries : les usages se font multiples dès l’entrée du bâtiment. A ce titre, il rajoute : « Le processus était ainsi de déplacer l’entrée à l’opposé du bâtiment, côté Sud. L’avantage de cette situation était de créer une rue entre la piscine et le gymnase […] qui draine le public, desservant les différents équipements sportifs »70 (figure 31). L’extension du bâtiment, qui contient le nouveau programme, fonctionne sur une structure indépendante de voiles porteurs en béton armé : elle est en fait « juxtaposée » au bâtiment d’origine mais ne repose pas structurellement sur lui. Ce nouveau « bâtiment » de 12m de large par 60m de long se greffe ainsi à l’édifice existant. Le parcours des vestiaires a été modifié tout en conservant la structure d’origine sous le bassin d’apprentissage et l’entrée des scolaires (collectifs) et des individuels a été changée.
La vraie transformation architectonique du bâtiment est celle qui a lieu au premier niveau,
c’est-à-dire celui des bassins. Auparavant, le volume était définit par les portiques métalliques, laissés apparents (figure 32). Très caractéristique de l’architecture des années 1950-1960, une vérité constructive s’établissait alors : la structure était apparente, l’espace définit par celle-ci. L’opération de transformation a complètement changé de parti : les portiques ont été recouverts en façade, principalement dans un but de protection contre le feu et contre l’humidité, et les poutres ont été entièrement camouflées par un faux-plafond, lisse et uniforme, entre autres pour des questions de performances acoustiques.
70
Dominique COULON, entretien, 3 décembre 2015, Strasbourg, p.1.
71
figure 33 : Photographie du faux-plafond du niveau des bassins. Source : Ambre ROTENBERG,2016.
toiture bac acier isolé (végétalisation en option)
FP lisse blanc type fermacell
cheneau intégré à la toiture
FP acoustique lisse blanc type baswaphon
A
doublage type fermacell H2O
NI
Habillage de tout les poteaux existant au lot platrerie goulotte au lot platrerie y compris armature et habillage en sous-face
joint creux de 2cm entre le s 2 matéria ux au même nu
doublage acoustique monolithique (type baswaphon)
22
15
ventil
14
9
RE FRI GERA TE UR TOUT E NCAS T RA B LE (LOT M ENUI SE RI E) P ORTE M ÉDI UML A QUÉ F IX É S UR L E F RIGO
COUPE figure 34A-A :Coupe transversale, système de faux-plafond sur le niveau des bassins.
Source : Dominique Coulon & Associés, 2014.
toiture bac acier isolé (végétalisation en option)
100 CTA FP lisse blanc type fermacell
05
A
doublage type fermacell H2O Habillage de tous les poteaux existants au lot platrerie goulotte au lot platrerie y compris armature et habillage en sous-face
joint creux de 2cm entre le s 2 matéria ux au même nu
doublage acoustique monolithique (type baswaphon)
16
Goulotte selon détail fabriquant bassin
FP type BASWAPHON
Quai béton carrelé de pâte de verre blanche
A
22 15
+4,01
profondeur 1,30m maxi PETIT BASSIN
VITRAG VOIR
13
+0,00
COUPE B-B
miro ir toute ha uteur da ns cad re boi s (ht = 24 0cm) lo t men ui serie i nt
9
figure 35 : Photographie des gradins peints en bleu.
Source : Clément Guillaume pour Dominique Coulon & Associés, 2014.
72
toiture (végét
Ce faux-plafond, traité comme une surface monolithique, est néanmoins composé
d’une alternance deux matériaux : une plaque blanche de type « Baswaphon », système de panneau acoustique très fin et lisse, ainsi que d’une plaque de type « Fermacell »71 , de la même épaisseur, qui est technologiquement intéressante pour sa résistance à l’humidité et possède des propriétés coupe-feu. Cette alternance de matériaux contemporains permet donc d’obtenir des performances acoustiques intéressantes, tout en ayant un résultat homogène en terme de textures et de couleurs, ce qui unifie l’espace au niveau des bassins (figure 33).
De plus, dû à son état de dégradation, la structure de portiques métalliques avait
besoin d’être retravaillée : « Le pied des poteaux était rouillé, très fragilisé […] ils ont ainsi été consolidés »72. L’espace a été simplifié, épuré. A ce sujet, Dominique Coulon explique: «Personnellement, je n’aime pas trop les espaces très « sectionnés » par la structure. Evidemment, la question de [la performance] acoustique était importante. On aurait sûrement pu la résoudre en maintenant la visibilité des poutres, mais je suis plus attaché à travailler sur la masse, et sur des volumes très purs »73 . Ce parti pris change ainsi la donne et fait basculer le volume dans une architecture contemporaine revendiquée : ce qui définissait sa modernité, à savoir son système structurel dévoilé tel quel, a laissé place à un espace définit par des volumes purs et francs. Ce travail dans une nouvelle épaisseur a ainsi permis d’y installer une série d’équipements techniques qui n’existaient pas à l’origine (systèmes de ventilation, d’éclairage, etc.) (figure 34). Il s’agit là d’un choix architectural, au delà des questions d’améliorations techniques, l’espace est transformé. La couleur utilisée, le blanc, joue également beaucoup dans cette idée d’épuration du volume. La réfection du niveau des bassins a également été l’occasion de retravailler les gradins, qui ont été « encadrés » et peints dans une couleur bleue foncée : d’un simple système de bancs à l’origine, ils sont désormais envisagés comme une «boîte dans la boîte », et comme un élément structurant l’espace à part entière (figure 35).
71
Il s’agit de deux fabricants de faux-plafonds. Voir Annexe 5 pour schémas. Dominique COULON, entretien, 3 décembre 2015, Strasbourg, p.5. 73 Idem, p.4. 72
73
figure 36 : Photographie des portiques en béton, décollés de la piscine d’origine. Source : Clément GUILLAUME pour Dominique Coulon & Associés, 2014.
figure 37 : Photographie aérienne du projet dans son contexte urbain. Source : Dominique Coulon & Associés, 2014.
figures 38 et 39 : Photographies comparatives des portiques de la piscine de Bagneux, et ceux de la Cité Radieuse de Firminy. Sources : Dominique Coulon & Associés, 2014 & Auteur Inconnu, années 2000.
74
En ce qui concerne les façades, celles ci ont fait l’objet d’un travail très important de
transformation. En effet, leur état de dégradation était lui aussi très avancé : « Les façades étaient […] en très mauvais état ! Les murs composites, très fins, avaient besoin d’être revus »74 . Alors dépourvues d’isolation, il fallait en priorité rendre le bâtiment thermiquement performant, pour éviter le phénomène de « passoire thermique », et de surconsommation énergétique. Mais le travail sur les façades a surtout été l’occasion de façonner le projet dans l’épaisseur du bâtiment, en particulier à l’extérieur de celui-ci : en effet, l’architecte est venu installer des portiques en béton à l’extérieur, au premier niveau, sur la « plage » implantée au Sud (figure 36). Ces portiques de 10,30m de haut, d’une section de 0,25m x 2,92m, sont espacés de 7,34m les uns des autres et ont plusieurs fonctions : premièrement, ils font office de brise-soleils géants pour protéger la façade sud du niveau des bassins de trop de luminosité ; deuxièmement, ils répondent subtilement au système de trame existant à l’intérieur du bâtiment, et le dédouble à l’extérieur ; enfin, ils créent un évènement visible depuis l’extérieur du bâtiment, une sorte d’élément signalétique très fort qui inscrit le bâtiment dans un dialogue avec le quartier à grande échelle (figure 37).
Formellement, les portiques sont un clin d’œil à l’architecture de Le Corbusier, architecte
très apprécié par Dominique Coulon: « Il y a une référence directe […] à Le Corbusier et le travail qu’il a effectué sur les poteaux de la Cité Radieuse, à Firminy. Il y a une alternance dans le dessin des poteaux : leur section n’est pas droite, et un poteau sur deux est incliné dans un sens, et le deuxième dans l’autre […] Le fait que les colonnes ne soient pas identiques donne un effet cinétique au bâtiment »75 . Cet élément architectural tout à fait singulier est ainsi un point névralgique du projet où le métal structurel d’origine dialogue avec le béton contemporain : l’épaisseur et le fonctionnement du bâtiment évoluent. Il y a également une recherche cinétique dans l’espace, et de transformation de notre vision du bâtiment selon l’angle sous lequel on l’observe (figures 38 et 39).
74 75
Dominique COULON, entretien, 3 décembre 2015, Strasbourg, p.5. Idem, p.6.
75
figure 40 : Photographie de la piscine Pontoise, Paris 5è arrondissement.
Source : Gérard SANZ, Mairie de Paris, Date Inconnues.
figures 41 et 42: Photographies de la piscine Rouvet, Paris 19è arrondissement & piscine Molitor, Paris 16è arrondissement.
Sources : Déborah LESSANGE, Mairie de Paris & Auteur Inconnu, années 2010.
76
L’étude de ce dispositif particulier résume la démarche de l’architecte dans le projet : le
bâtiment d’origine mute vers une nouvelle composition où ancien et nouveau s’entremêlent vers un dialogue abstrait contemporain, et où la transition entre intérieur et extérieur est plus subtile que lors que la composition d’origine, et où plusieurs seuils se mettent en place, apportant une richesse spatiale à l’équipement.
Le projet révèle donc un dialogue entre architecture moderne et contemporaine.
L’architecture moderne du bâtiment d’origine se caractérisait en effet par ses volumes simples et sa structure métallique au premier niveau laissé apparente. Sans isolation, le bâtiment révélait ainsi de manière assumée son squelette, son fonctionnement physique intrinsèque. Les portiques élancés et fins exprimaient ainsi une certaine légèreté, quête du Mouvement Moderne qui a souhaité s’affranchir de la pesanteur de l’objet bâti. Cet héritage a ainsi conduit à une recherche effrénée de toujours plus de transparence, de finesse structurelle. De plus, dans le cas d’un équipement sportif, celui-ci était consacré à la pratique d’entraînement, quasi exclusivement. Dans cet esprit, le bâtiment fonctionnait de manière assez autonome et n’entretenait pas de dialogue avec l’extérieur et les espaces publics alentours. L’idée était donc de penser l’architecture de la manière la plus fonctionnelle possible, et économique. Le projet était aussi un moyen d’expérimenter, dans la construction, des matériaux innovants, en particulier les matières plastiques et leurs dérivés : bardage en PVC76 translucide pour les façades, ou la couverture en acieroid que nous citions précédemment. Il est intéressant de faire le parallèle avec des piscines construites dans les années 1930, qui avaient une scénographie tout à fait intéressante : par exemple la piscine Pontoise, dans le cinquième arrondissement de Paris, construite en 1934, fonctionnait avec des cabines sur plusieurs niveaux, qui donnaient toutes sur des circulations périphériques en balcon au dessus du bassin de natation : il y a avait là une vraie mise en scène, presque de représentation théâtrale, sur le bassin, et ces circulations devenaient des lieux de rencontre et de convivialité. On retrouve le même système à la piscine Molitor (seizième arrondissement de Paris), ou la piscine Rouvet (dix-neuvième arrondissement de Paris) (figures 40 à 42).
76
Polychlorure de vinyle.
77
figure 43 : Coupe transversale du projet, sur les bassins et l’espace repos en double hauteur. Source : Dominique Coulon & Associés, 2014.
figure 44 : Coupe transversale du projet, sur les bassins, la pataugeoire et les saunas. Source : Dominique Coulon & Associés, 2014.
78
Il semble que cette subtilité a été perdue à la moitié du XXe siècle, privilégiant la
performance sportive au détriment d’autres dimensions sociales, et ce phénomène s’est retranscrit dans l’architecture des équipements de ce type. Il semble que dans les projets contemporains de piscines, qu’il s’agisse de restructuration ou de constructions neuves, on assiste à un retour à la mise en scène des bassins77. Mais l’architecture contemporaine est bien laborieuse à définir et à théoriser, car il est difficile d’avoir du recul sur des projets qui sont en cours de réalisation ou qui sont tout juste livrés. Néanmoins, certains architectes, dont font partie Dominique Coulon, prônent une épuration maximale des volumes et une dissociation entre la structure du bâtiment, et les espaces que l’on crée. C’est le cas pour le projet de transformation de la piscine Henri Wallon : dans un soucis d’épuration et de travail sur la « masse », les portiques de l’étage supérieur ont en partie été camouflés sous un faux-plafond, et les volumes simplifiés au maximum. Si la structure métallique a été conservée, elle est aujourd’hui devenue invisible. Coulon brouille la lecture historique du bâtiment et l’amène dans une autre dimension architecturale. Ce projet révèle, dans ce sens, les expérimentations possibles qu’offre une restructuration d’un bâtiment existant, et des réflexions ouvertes sur la manière de composer entre ancien et nouveau.
A travers le projet, Dominique Coulon a souhaité dissocier le traitement intérieur du
bâtiment de son expression urbaine, de ses façades et de sa lisibilité extérieure. « Ce que j’aime en architecture, ce sont les bâtiments qui ne révèlent pas tout […] On vient créer une épaisseur dans la façade, qui génère une forme à l’extérieur, et une autre, différente, à l’intérieur […] On vient créer des volumes dans d’autres volumes »78 . Un travail s’opère ainsi dans la coupe du bâtiment (figures 43 et 44), où les façades sur l’espace public expriment la masse du béton, sa matérialité brute, sa couleur grise. Il y a peu d’ouvertures, on ne lit pas l’intérieur de l’édifice. Seule la nouvelle entrée permet d’entrevoir le parcours intérieur.
77
Voir Projet des Bains des Docks, Jean Nouvel architecte, Le Havre, 2014 et Complexe aquatique de Brive-laGaillarde, Octant architectes, en cours de construction. Annexes 6. 78 Dominique COULON, entretien, 3 décembre 2015, Strasbourg, p.3.
79
80
Dans ce sens, le bâtiment se positionne dans un rapport de confrontation très affirmée
avec son contexte urbain : langage très contemporain et formel, la piscine dénote du paysage de logements de la moitié du XXe siècle, comme on l’énonçait précédemment avec la notion de « point dur » exprimée par Dominique Coulon. On note le recours fait à la signalétique dans le bâtiment, notamment sur les façades : il est en effet gravé dans le béton à plusieurs reprises le mot « PISCINE ». Est-ce un effet purement esthétique ? « Le maître d’ouvrage et/ou les concepteurs peuvent délibérément choisir de mettre en évidence en édifice par une rupture avec son environnement urbain (ou rural). Dès lors, il est souhaitable d’affirmer également la fonction sportive de l’équipement »79 . C’est alors la question de la compréhension de l’équipement qui pose question, et de son rapport à l’espace public en terme d’usages. Ce recours aux mots inscrits sur les façades est un procédé récurrent dans l’architecture de Dominique Coulon, qui donne une lecture presque littérale de l’équipement sur l’espace public80. François Vigneau complète en affirmant : « Les espaces sportifs doivent donc être également intégrés à la cité. Par leur localisation, ils doivent être accessibles facilement et sûrement depuis les quartiers d’habitation, les lieux d’enseignement et de travail, soit par leur proximité, soit du fait de leur desserte, notamment par des transports en commun. Par leur conception, ils doivent participer à l’architecture urbaine (que ce soit en s’intégrant ou en s’affirmant) »81.
Le projet prend ainsi toute sa force dans sa transformation de la tectonique du bâtiment
à l’intérieur de l’équipement d’une part, et de sa nouvelle force exprimée dans le quartier d’autre part. Il s’agit là de parti pris très affirmés, et nous allons étudier d’autres projets de transformations de piscines (réhabilitations et extensions) afin de mieux envisager les différentes solutions quant au maintien de la structure existante et la place que peuvent occuper les nouvelles extensions, contenant les nouveaux éléments du programme, nécessaires à l’évolution d’un tel équipement.
79
François VIGNEAU, Les équipements sportifs, Editions le Moniteur, Paris, 2006, p.55. Voir projets de la médiathèque de Pélissanne (2014), du pôle culturel de Sarlat (2014) ou du groupe scolaire de Vaulx-en-Velin (2015), www.coulon-architecte.fr/projets. 81 François VIGNEAU, Les espaces du sport, Editions PUF, Paris, 1998, p.115. 80
81
figure 45 : Perspective projetée du recouvrement de la piscine de Dole. Source : Dominique Coulon & Associés, 2015.
figure 46 : Schémas de principe du projet de la piscine de Dole, recouvrement du bassin extérieur et extensions. Source : Dominique Coulon & Associés, 2015.
82
3/ Une transformation, des langages : autres exemples de restructuration/extension de piscines
Pour bien situer le projet de transformation de la piscine Henri Wallon, il est important
de l’envisager dans un contexte plus large, soit la multiplication de ce type d’opérations sur le territoire. Il ne s’agit pas là d’un projet isolé, mais bien une volonté de se concentrer sur ce type d’équipement sportif qui, comme nous l’énoncions précédemment, constitue un véritable enjeu urbain, architectural, social, voire médical. Nous allons ainsi faire le parallèle avec trois autres exemples de transformations de piscine qui ont eu lieu ces deux dernières années : le projet en cours de réalisation de transformation de la piscine de Dole, par Dominique Coulon là encore, le projet de transformation d’une piscine Tournesol à Lingolsheim par les architectes d’Urbane Kultur en 2014, et enfin celui de la piscine de Kibitzenau par l’agence Dietmar Feichtinger Architectes en 2014 également. A travers ces exemples, nous allons avant tout nous concentrer sur la manière de transformer ou de révéler la structure existante, l’expression architecturale de la nouvelle composition, et la rupture ou non de celle d’origine.
Tout d’abord, le projet de la piscine de Dole, dans le Jura, actuellement en cours de
réalisation, conçu également par l’agence Dominique Coulon & Associés, permet de mettre en comparaison deux bâtiments, du même architecte, possédant le même programme. Si dans le cas de la piscine de Bagneux il s’agit de la transformation de bassins couverts, la problématique de celle de Dole est de recouvrir le bassin jusqu’ici extérieur, ainsi que de restructurer des éléments du programme existant (déplacement de l’espace de restauration au premier étage, réfection du système d’entrée et des vestiaires au rez-de-chaussée), et une extension de celui-ci (ajout de salles le long du bassin, et pataugeoire pour les enfants) (figures 45 et 46). Avec un bâtiment d’origine construit pendant la deuxième moitié du XXe siècle, la spécificité du projet de Coulon se situe dans le recouvrement du bassin de natation: en effet, les architectes sont venus percer quatre grandes ouvertures vitrées en toiture, qui peuvent s’ouvrir ou se fermer selon le degré de luminosité souhaitée.
83
figure 47 : Photographie et perspective «Avant / Après» de la transformation de la piscine de Dole. Source : Dominique Coulon & Associés, 2015.
84
Ce système permet notamment de maîtriser les apports calorifiques en été ou en hiver:
« Les parties vitrées se rabattent dans un système de quinconce permettant de doser le degré d’ouverture que l’on souhaite obtenir. Les possibilités deviennent multiples, ce qui peut être très avantageux dans les périodes de canicule. Il s’agit de fabriquer une architecture qui sache jouer de la réversibilité été et hiver »82 . Les deux projets de l’architecte sont assez différents : formellement, si dans le cas de la piscine de Bagneux il s’agissait d’un bâtiment sur deux niveaux avec une subtilité de parcours déjà existante, à Dole le parcours est horizontal et l’équipement se développe sur un seul niveau. De plus, le Jura étant une région plus exposée aux écarts de température dus au climat (très froid en hiver et relativement chaud en été), le travail sur la piscine de Dole a été beaucoup plus fin concernant les dispositifs thermiques. Cependant, malgré ces différences, on remarque des similitudes dans la manière de concevoir la transformation des piscines chez Dominique Coulon : tout d’abord, on constate des diagnostics similaires dans ces bâtiments de la deuxième moitié du XXe siècle : des usages qui ne correspondent plus aux attentes actuelles, peu de travail sur le système d’entrée, et la volonté de faire rayonner le bâtiment à grande échelle sur le territoire de la part de la maîtrise d’ouvrage (Communauté d’agglomération du Grand Dole et Grand Paris). D’autre part, on remarque cette même volonté de créer un ensemble cohérent entre ancien et nouveau à travers un dialogue subtil entre les différents éléments qui composent le projet. Enfin, la question des ambiances, de la matérialité et de la couleur est fondamentale chez Coulon et se retrouve dans les deux projets. Ainsi, malgré deux bâtiments d’origine assez différents, il est intéressant de constater que Coulon envisage les deux projets dans une même volonté d’accompagner l’équipement vers la contemporanéité en l’envisageant comme une mutation vers une nouvelle composition, qui brouille les pistes entre ancien et nouveau, où le bâtiment et sa structure d’origine sont comme absorbés par le nouveau projet (figure 47).
82
Dominique Coulon & Associés, http://coulon-architecte.fr/fr/projet/374/dole.
85
figure 48 : Photographie aÊrienne d’une des piscines Tournesol, Porcheville (78), 1975.
Source : Rafaela TELES, www.laminutedeco.canalblog.com, Date Inconnue.
figure 49 : Photographie de la piscine de Lingolsheim ouverte, 2014. Source : Urbane Kultur architectes, 2014.
86
Ce parti pris qui lui est spécifique n’est néanmoins pas l’unique manière de concevoir la
transformation d’une piscine construite pendant les Trente Glorieuses83 . Nous allons maintenant faire le parallèle avec la transformation de la piscine Tournesol de Lingolsheim par l’agence d’architecture Urbane Kultur, en 2014.
La piscine Tournesol de Lingolsheim (construite en 1975) fait partie d’une série de
projets imaginés par Bernard Schoeller, soit 180 modèles construits entre 1972 et 1984. Lancée par l’Etat en 1969, l’opération « Mille piscines » était alors un concours visant à imaginer une industrialisation des équipements sportifs en France, où les bâtiments seraient faciles à produire en série, sur l’ensemble du territoire « Le projet Tournesol pour la piscine économique a une structure métallique, mise au point par l’ingénieur Thémis Constantinidis […] Elle est l’une des toutes premières piscines largement industrialisées en France et représente l’un des exemples les plus originaux et les plus aboutis de l’industrialisation des équipements sportifs et de loisirs en France dans les années 1970 »84 (figure 48) . L’originalité de ces piscines se situe dans leur système constructif : l’idée était de pouvoir les fermer complètement, ou de les ouvrir afin de bénéficier de l’apport direct des rayons lumineux du soleil : « L’ouverture du bâtiment sur un secteur de 120° est assuré par deux ensembles mobiles de même constitution que la partie fixe, qui reposent sur des galets à aiguilles avec double étanchéité aussi bien en pied qu’en tête. Les deux parties mobiles s’ouvrent de 60° de part et d’autre de l’axe nord-sud et viennent en recouvrement de la partie fixe de sorte que les hublots se superposent parfaitement»85 (figure 49).
83
Période de croissance économique en Occident entre 1945 et 1973. Patrick FACON, « les piscines Tournesol » in Les années ZUP : Architectures de la croissance, 1960-1973, Editions Picard, Paris, 2002, p.91. 85 Idem, p.98. 84
87
figure 50 : Photographie d’ensemble de la piscine Tournesol de Lingolsheim et son extension.
Source : Urbane Kultur architectes, 2014.
figure 51 : Plan de rez-de-chaussĂŠe de la transformation de la piscine de Lingolsheim. Source : Urbane Kultur architectes, 2014.
88
Ces piscines originales ont posé le problème de leur entretien au fil des années : « J’ai
été en revoir [des piscines Tournesol], j’en revois en passant et elles existent toujours quand elles sont bien entretenues, ce qui est un problème parce que ces objets dits consommables, il faut les entretenir. Les municipalités, malheureusement, bien souvent n’entretiennent pas, elles n’ont ni le souci, ni les budgets »86 . Ainsi, on a assisté à la démolition de plusieurs d’entre elles au fil des années, à défaut d’entretien. Néanmoins, contrairement à des équipements sportifs plus « banals », le caractère extraordinaire de ces piscines leur a permis d’être considérées comme faisant parti du patrimoine bâti moderne à préserver et à mettre en valeur. Plusieurs d’entre elles ont d’ailleurs bénéficié du label « patrimoine du XXe siècle »87 .
Ainsi, le caractère patrimonial exceptionnel de ces piscines a été déterminant dans
certaines de leur réhabilitations, notamment celle de Lingolsheim que nous allons étudier : possédant les mêmes problématique, liées aux usages, que la piscine de Bagneux, elle avait besoin d’accueillir de nouveaux éléments de programme en son sein. Le parti pris des architectes est radicalement opposé à celui de Coulon pour la piscine de Bagneux : en effet, ici le nouveau programme est concentré dans une extension, très basse, en un seul niveau, qui forme un « L » entourant le volume d’origine, sans le toucher (figure 50). Le seul point de contact s’effectue à la jonction entre les vestiaires et les bassins. Le volume d’origine, d’un diamètre de 35m et d’une hauteur sous plafond de 6m au maximum, soit pour une surface de 1000m2, est ainsi libéré des anciens vestiaires et contient la piscine originale, ainsi que de nouveaux bassins dont une pataugeoire pour les petits (figure 51). Les architectes écrivent : « Les extensions construites au fil du temps sont démolies, la surface libérée par le déplacement des vestiaires permet aux trois bassins inox de prendre place sous la coupole. Le bâtiment en extension abrite hall, vestiaires, bureaux et locaux techniques ; il est indépendant du hall des bassins, c’est un « boomerang » qui enveloppe le tournesol dans le toucher, sans le déformer »88 .
86
Bernard SCHOELLER, entretien, « les piscines Tournesol » in Les années ZUP : Architectures de la croissance, 1960-1973, Editions Picard, Paris, 2002, p.106. 87 Label créé en 1999 en France qui est indépendant du classement des Monuments Historiques mais permet de signaler au public des bâtiments ou espaces significatifs des constructions du XXe siècle. 88 Urbane Kultur, http://www.urbanekultur.fr/projets/lingolsheim-bas-rhin/piscine-tournesol/projet-163.html#.
89
90
Le projet contemporain, traité en béton brut, vient donc s’effacer pour mettre en valeur
le bâtiment historique, et en révéler son aspect d’origine, jusqu’à limiter au maximum le point de contact entre les deux temporalités du projet et travailler sur les espaces de vide (création de patios entre le Tournesol et l’extension, et la circulation en façade de l’extension permet de contempler le volume original tout au long du parcours, soit une trentaine de mètres linéaires). Si la structure du bâtiment d’origine n’a été que très peu touchée, il a néanmoins fallu isoler le bâtiment : une ventilation double flux a été installée ainsi qu’un système de récupération des eaux de pluie, une toiture végétalisée, le remplacement de la couverture par une peau métallique, et la mise en place d’une isolation extérieure.
Ainsi, la manière d’aborder le bâtiment d’origine façonne le processus de conception et
permet de prendre des partis résolument différents lors de la transformation de ces équipements sportifs. Alors que Coulon cherche à créer une nouvelle composition englobant ancien et nouveau de manière indifférenciée, à Lingolsheim les architectes ont délibérément mis en avant le bâtiment historique en s’effaçant le plus possible derrière celui-ci. Nous allons enfin étudier un dernier exemple pour comprendre comment l’approche structurelle du bâtiment d’origine peut générer le projet de transformation : la réhabilitation de la piscine de Kibitzenau par l’agence Dietmar Feichtinger Architectes, en 2014.
La piscine de Kibitzenau, construite au sud de Strasbourg en 1965 en structure
béton, a fait l’objet en 2010 d’un concours pour la réhabiliter, celle-ci ayant des problèmes de dégradation et de déperditions thermiques importantes. Comme dans les cas étudiés précédemment, la piscine avait également besoin de nouveaux éléments programmatiques qui se sont matérialisés là encore sous la forme d’une extension du bâtiment, de 15m d’épaisseur, qui s’est installée au sud de celui-ci. Le parti pris de Feichtinger a été double : tout d’abord, il a souhaité changer radicalement l’aspect extérieur du bâtiment. De façades en béton, il a souhaité recouvrir entièrement l’équipement d’une enveloppe en Inox afin de donner un effet « miroir » à l’ensemble de l’édifice et ainsi refléter le paysage environnant, en camouflant l’intérieur de la piscine.
91
figure 52 : Photographie de la piscine de Kibitzenau et sa nouvelle enveloppe en Inox. Source : Dietmar Feichtinger architectes, 2014.
figure 53 : Photographie du bassin principal et sa structure en béton révélée par les architectes.
Source : Dietmar Feichtinger architectes, 2014.
Extension EXTENSION figure 54 : Plan de rez-de-chaussée de la piscine de Kibitzenau, extension à l’Est. Source : Dietmar Feichtinger architectes, 2014.
92
Selon l’architecte, le choix de ce matériau était également technique : en effet, étant
jusqu’ici une passoire thermique, la piscine pourra bénéficier d’une isolation en façade bien meilleure. « Pour habiller les bassins ludique, sportif et la pataugeoire, l’entreprise Baudin Chateauneuf a mis en œuvre plus de 30t d’acier inoxydable et plusieurs kilomètres de soudures, toutes contrôlées étanches […] La nouvelle enveloppe, qui cache l’isolation thermique par l’extérieur, participe à la diminution des consommations d’énergie primaire »89 (figure 52). Si paradoxalement l’enveloppe va chercher à camoufler le bâtiment derrière l’image renvoyée de son environnement, le travail sur l’intérieur est tout autre. En effet, le parti pris de Dietmar Feichtinger a été de révéler l’existant : la structure du volume du bassin sportif est composé d’un système de poteaux/poutres en béton, formant ainsi une trame similaire à l’ossature métallique de la piscine de Bagneux. Mais contrairement à celle-ci, la piscine de Kibitzenau possédait un faux plafond, recouvrant cette structure de béton ainsi que des éléments techniques. Le parti pris de Feichtinger a été antagoniste à celui de Coulon : au lieu d’uniformiser le volume des bassins, il a souhaité révéler la trame structurelle jusqu’alors camouflée, et a souhaiter mettre en avant la vérité constructive du bâtiment (figure 53) : « « Plutôt que de surrestaurer, j’ai voulu rendre lisible la qualité de l’existant », insiste Dietmar Feichtinger, en admirant les courbures monumentales des poutres de 1,80m de hauteur, 80cm de largeur et 45m de longueur […] Sa mise en valeur [la structure d’origine] présente l’avantage d’un gain de lumière naturelle amenée par la façade ouest, parallèle au grand bassin. Les poutres émergent d’une toile tendue blanche à vocation acoustique, qui contribuera à unifier les espaces de la piscine préexistante et de son extension »90 . Ce dernier point est essentiel puisque suite à la « révélation » de la structure dans le volume existant, Feichtinger va concevoir son extension de manière similaire (une série de portiques métalliques apparents d’une portée de 15m et espacés entre eux de 5m, émergeant également d’une toile tendue blanche perpendiculaires aux poutres en béton existantes), ce qui va permettre de lier les espaces dans une même expression architecturale de la structure (figure 54).
89
Laurent MIGUET, « Une enveloppe Inox pour une piscine miroir », Le Moniteur des travaux publics et du bâtiment, n°5763, 9 mai 2014, p.27. 90 Idem, p.28
93
1 GRADINS 2 BASSIN SPORTIF 3 BASSIN D'APPRENTISSAGE 4 BASSIN LUDIQUE
1
2
1
1
1
1
1
3
4
EXTENSION figure 55 : Coupe longitudinale de la piscine de Kibitzenau, extension à l’Est. Source : Dietmar Feichtinger architectes, 2014.
BB
0
5
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DFA | DIETMAR FEICHTINGER ARCHITECTES - PISCINE DE LA KIBITZENAU - STRASBOURG COUPE B-B ech. 1/300
figure 56 : Photographie de l’extension, nouveau système de portiques métalliques est au nu du voile tendu. Source : Dietmar Feichtinger architectes, 2014.
94
De ce fait, le projet se nourrit de la structure d’origine pour concevoir la nouvelle,
comme si le principe se dupliquait (figures 55 et 56). Concernant le travail sur la matérialité et les ambiances, le projet se développe dans des tonalités de blancs, gris et noirs, dans l’ensemble du projet, ce qui confère une unité d’ambiances et de couleurs assumée dans l’intégralité de l’édifice. Au delà d’un travail sur la couleur, il s’agit là de travailler le rapport entre structure, matérialité et ambiances.
Ainsi, ces différents cas de transformation de piscines de la moitié du XXe siècle sont
tant d’exemples qui nous démontrent les diverses manières d’aborder de tels projets. Tout d’abord, il est essentiel d’analyser la valeur patrimoniale du bâtiment d’origine : doit-on le conserver, en partie ou intégralement ? Possède-t-il des éléments patrimoniaux exceptionnels à restaurer ou à mettre en valeur comme dans le cas des piscines Tournesol ? Ensuite, la question de l’usage est fondamentale car elle se pose dans tous les cas de transformation des piscines datant de cette époque : les usages ayant considérablement évolué, les extensions sont la plupart du temps inévitables, et il est important de les mettre au cœur du processus de conception : doit-on les séparer physiquement du bâtiment d’origine ? Doit-on les faire fusionner en un ensemble cohérent ? Enfin, le rapport à la structure d’origine et son évolution est essentiel. La comparaison entre l’approche de Dominique Coulon à Bagneux et celle de Dietmar Feichtinger à la Kibitzenau semble être la plus significative des deux partis pris antinomiques que l’on peut adopter, à savoir camoufler une structure d’origine pour l’amener vers une spatialité contemporaine, ou au contraire révéler les qualités d’un squelette d’origine alors caché, pour transformer l’espace grâce à ses qualités intrinsèques. Dans tous les cas, il s’agit de préférence architecturale de la part des maîtres d’œuvre, et cela prouve la richesse spatiale que peut apporter ce type de projet, et toutes les transformations architectoniques, fonctionnelles, et plastiques possibles sur des bâtiments aussi ordinaires que peuvent être les piscines municipales.
95
Conclusion
Les diverses recherches et réflexions exposées dans le cadre de ce mémoire ont ainsi
été l’occasion de se concentrer sur ces équipements aquatiques de banlieue, construits pendant les Trente Glorieuses, sur leur dimension patrimoniale qui est au cœur de plusieurs débats théoriques, et sur les différentes manières d’envisager leur transformation.
Les divers points abordés ont notamment permis de comprendre l’importance des
programmistes dans ces projets de transformation, car ils peuvent aussi être à l’origine de la conservation ou non des bâtiments et qui définissent les différents éléments programmatiques du nouveau projet, selon l’analyse fine des besoins actuels dans chaque équipement. Le travail de la Mission H2O pour le projet de la piscine de Bagneux a notamment été déterminant dans la formalisation de celui-ci, en amont du travail de la maîtrise d’œuvre. Concernant la dimension patrimoniale de ces bâtiments, nous constatons qu’elle est encore difficile à définir du fait de la temporalité récente de l’architecture moderne, et il semble que l’un des rôles de l’architecte est de posséder des connaissances historiques et théoriques sur celle-ci, pour mettre en place ou non un rapport d’empathie avec l’existant. Un dialogue entre maîtrise d’ouvrage et maîtrise d’œuvre serait-il ainsi une des clés pour envisager ces transformations ? C’est alors une question de sensibilité, de choix conceptuel, de parti architectural fort comme nous avons pu le constater dans le projet de la piscine de Bagneux ou celui de la piscine de Kibitzenau. A en juger par la grande diversité des projets présentés, on peut envisager cette situation comme une aubaine pour les concepteurs. En effet, l’architecture moderne, qui s’est formalisée de multiples manières, soulève plusieurs questions : comment envisager l’évolution des bâtiments modernes dans le temps, alors que ceux-ci ont été délibérément conçus pour avoir une durée de vie limitée ? Ainsi, quel est le rapport que le projet de transformation peut entretenir avec la structure d’origine, qui peut être fragilisée au cours des années ? Comment envisager ces problématiques sur l’ensemble du territoire ? Dans ce cadre, les piscines présentent des particularités intéressantes, notamment dans leur dimension structurelle, et les différents partis architecturaux qu’il est possible d’adopter. 97
98
Si, à travers cette recherche, nous nous sommes concentrés sur les piscines, car ces
équipements sont particulièrement représentatifs du besoin de transformer des bâtiments désuets dont les usages ont radicalement évolué, on peut transposer cette réflexion à échelle beaucoup plus large en y incluant d’autres équipements sportifs (gymnases, stades, etc.) ou culturels (bibliothèques, maisons de quartier, etc.). Néanmoins, on ne peut théoriser une unique manière d’envisager la transformation de l’architecture moderne, celle-ci s’étant formalisée de multiples manières, selon des principes structurels variés, utilisant des matériaux différents.
De plus, ces projets de transformations architecturales sont souvent rattachés à des
opérations urbaines plus larges, de transformation de la ville : dans le cas de la piscine de Bagneux, il est important de l’envisager dans son contexte, à savoir la rénovation urbaine du quartier de grand ensemble dans lequel elle se situe. Sans ce projet urbain et son financement, l’opération isolée de restructuration et d’extension n’aurait certainement pas vu le jour. Ainsi, si chaque équipement est différent par nature, chaque opération de transformation le sera d’autant plus selon le contexte urbain et économique dans lequel elle intervient : s’agit-il d’un nouvel Ecoquartier ? Souhaite-t-on changer radicalement l’image du quartier en l’ouvrant sur le territoire ? Cherche-t-on au contraire à « camoufler » l’intervention derrière un nouveau bâtiment, plus important dans l’usage ? Le travail sur la transformation de l’équipement sportif dans un quartier de grand ensemble serait-il une des clés de leur requalification positive ? Depuis une dizaine d’années, avec la multiplication des opérations de rénovation urbaine sur le territoire, coordonnées par l’ANRU91, et la prise de conscience concernant l’avantage (économique avant tout) d’une opération de réhabilitation/restructuration, les projets similaires à celui de la transformation de la piscine de Bagneux se multiplient et il nous reste beaucoup de projets à découvrir, et certainement d’autres manières de transformer de tels bâtiments, ce qui est une aubaine pour la jeune génération d’architectes qui se confronteront sûrement, dans leur carrière, à ce type d’opérations.
91
Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine.
99
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Cette expansion serait ainsi l’occasion d’explorer des pistes de recherche plus
approfondies sur la question de la transformation des piscines modernes : Quelle est la relation que l’on peut établir entre la ville et l’équipement actuellement, qui n’est plus la même qu’il y a cinquante ans ? Comment envisager le rapport entre espaces intérieurs et extérieurs dans le bâtiment existant ? Comment gérer le besoin d’apporter des usages multiples dans un bâtiment originellement conçu pour n’en accueillir qu’un ? Concernant les matériaux, de quelles manières pourrait-on faire dialoguer béton, métal ou verre d’origine avec des matériaux contemporains, voire technologiques (intégration du numérique par exemple) ? Pourrait-on travailler sur les mêmes pistes avec d’autres types d’équipements sportifs ou culturels ? Finalement, le rapport entre architecture moderne et contemporaine, à travers des études de cas spécifiques, pourrait être un champ de recherche formidable, au regard de l’immense production architecturale moderne que nous possédons sur le territoire.
101
Sources
1/ Archives : Service des archives de la ville de Bagneux
12WP78 à 12WP81 : Aménagement, édifices publics, piscine couverte Henri Wallon,
Rue Stalingrad (1967-1970)
13WP10-2 : Documents graphiques, édifices publics (1971-1972)
284W15 : Inauguration de la piscine municipale (1969)
2/ Entretien
Entretien personnel avcc Dominique Coulon dans son agence d’architecture, 3
décembre 2015, Strasbourg.
3/ Visites
Journée d’informations «Réhabiliter», Mars 2015, CAUE92, Nanterre.
Visites de la piscine Henri Wallon, Mars 2015, Mai 2015 et Janvier 2016, Bagneux.
4/ Bibliographie
4.1/ Ouvrages
BREITLING Stefan et CRAMER Johannes, « Architecture and Time » in Architec-
ture in Existing Fabric : planning design building, Editions Birkäuser, Bâle, 221p, 2007.
CASCIATO Maristella, D’ORGEUX Emilie (dir.), « La conservation de l’archi-
tecture moderne au XXIe siècle, approches existantes, dialogues changeants et nouveaux paradigmes » in Architectures Modernes, l’émergence d’un patrimoine, Editions Mardaga, Wavre, Belgique, 195p, 2012. 103
DEOUX Suzanne, Bâtir pour la santé des enfants : maternités, crèches, écoles, can-
tines, gymnases, piscines, patinoires, hôpitaux. Editions Medieco, Andorre, 689p, 2010.
DONZELOT Jacques (dir.), A quoi sert la rénovation urbaine ? Collection : la ville
en débat, Editions PUF, Paris, 237p, 2012.
KLEIN Richard et MONNIER Gérard (dir.), Les années ZUP : architectures de la
croissance, 1960-1973, Editions Picard, Paris, Collection : Librairie de l’Architecture et de la Ville, 301p, 2002.
LE BAS Antoine, Architectures du sport 1870 1940 : Val-de-Marne, Hauts-de-Seine,
Editions Connivences, Collection : Cahiers du Patrimoine, 127p, 1991.
MOSER Gabriel, Psychologie environnementale : les relations homme-environne-
ment, Editions De Boeck, Bruxelles, Collection : Ouvertures Psychologiques, 298p, 2009.
SABBAH Catherine et VIGNEAU François, Les équipements sportifs, Editions Le
Moniteur, Paris, 249p, 2006.
SIMONNET Cyrille, Le béton : histoire d’un matériau : économie, technique, archi-
tecture, Editions parenthèses, Marseille, 215p, 2005.
VIGNEAU François, Les espaces du sport, Editions PUF (Presses Universitaires de
France), 127p, 1998.
VIOLLET-LE-DUC Eugène, Dictionnaire raisonné de l’architecture française du
XIe au XVIe siècle, Tome 8, Editions Bance et Morel, 519p, 1854-1868.
104
4.2/ Articles
MIGUET Laurent, « Une enveloppe Inox pour une piscine miroir », Le Moniteur
des travaux publics et du bâtiment, n°5763, 9 mai 2014, p.26-29.
VAN DOESBURG Théo, « La signification de la couleur en architecture », La Cité:
Urbanisme, Architecture, Art Public, Volume 4, n°10, Mai 1924, p.181-187.
4.3/ Etudes
APUR, Observatoire des quartiers de gare du Grand Paris, Monographie du quar-
tier de gare Bagneux M4, Paris, 28p, Novembre 2014.
DEPRÉS J.-L., Volet patrimonial du plan local d’urbanisme de Bagneux (En Ligne),
Etude pour la mairie de Bagneux, Bagneux, 240p, Juillet 2014.
DRIEA, Ecoquartier Victor Hugo, Pierre Plate, Fiche n°4, p.41-43, Octobre 2014.
4.4 / Mémoire et recherche
LELÉVRIER Christine (dir.), Rénovation, trajectoire et territoires : quels effets des
mobilités sur les recompositions résidentielles et sociales locales ? Recherche pour l’Université Paris-Est-Créteil, PUCA/IUP-LAB’URBA, Créteil, 192p, Octobre 2010.
PENLOUP Emmanuel, L’architecture des lieux de santé et la prise en compte des
besoins des usagers : observation du service de Soins de Suite et de Réadaptation de l’hôpital Rothschild à Paris, mémoire de Master 2 sous la dir. de PROTH Bruno, Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Normandie, Darnétal, 118p, 2014.
105
4.5 / Autres Documents
COULON Dominique & Associés, Réhabilitation et extension d’une piscine à Ba-
gneux, Strasbourg, 34p, Septembre 2014.
COULON Dominique & Associés, Restructuration et extension de la piscine de
Bagneux, Strasbourg, 15p, Octobre 2015.
Ministère de la Décentralisation et de la Fonction publique, Guide Collectivités lo-
cales : un guide pour mutualiser, Paris, 78p, Mai 2015.
Ministère de la Jeunesse, des Sports et des Loisirs, Equipements sportifs et so-
cio-éducatifs : guide technique, juridique et réglementaire. Tome 1, 11è édition, Editions le Moniteur, Paris, 384 p, 1993.
MISSION H2O, Les enjeux du diagnostic dans les projets de réhabilitation des
équipements sportifs, Présentation PowerPoint (en ligne), CAUE92, Nanterre, 29p, Mars 2015.
MISSION H2O, 10 ans (rapport), 112p, 2015.
RAVERA Henri, « La piscine municipale », Histoire d’une piscine, Bagneux, p.3-4,
Mai 1969.
Syndicat National des Fabricants de Ciments et de Chaux, Bétons : matière d’archi-
tecture, Editions Regirex, Paris, 157p, 1991.
106
5/ Sites Internet
www.acieroid.com
www.azk-architecture.com www.coulon-architecte.fr
www.flickriver.com/photos/tags/dominiquecoulon
www.missionh2o.fr www.urbanekultur.fr
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Annexes
1: Entretien avec Dominique Coulon, 3 décembre 2015, Strasbourg
p. 111
2: Relevés photographiques de la piscine de Bagneux
p. 121
3: Le bâtiment d’origine : documents graphiques
p.
4: Transformation de la piscine de Bagneux : documents complémentaires
p.
5: Transformation de la piscine de Bagneux : détails du projet
p.
6: Références : la scénographie dans les projets de piscines contemporaines
p.
109
110
Annexe 1 / Entretien avec Dominique Coulon, 3 décembre 2015, StrasbourG
Antérieurement à l’entretien, j’ai échangé avec un des architectes de l’agence Dominique
Coulon & Associés, d’abord par téléphone puis par e-mails. J’ai été rapidement mise en contact avec Benjamin Rocchi, chef de projet de la réhabilitation de la piscine de Bagneux. Nous avons ainsi convenu d’un rendez-vous à l’agence, à Strasbourg, début décembre, avec Dominique Coulon en personne. Je m’y suis ainsi rendue dans la matinée du 3 décembre 2015. Les bureaux de l’agence sont situés dans un bâtiment conçu par Dominique Coulon, sur plusieurs étages. J’ai été accueillie par plusieurs architectes puis j’ai rejoint monsieur Coulon dans une salle de réunion, où les documents du projet de la piscine de Bagneux étaient projetés sur un grand écran, afin de pouvoir discuter autour de documents graphiques, ce que j’ai trouvé très utile lors de l’entretien. L’architecte m’a ainsi présenté son projet, avec ses mots, puis il a répondu à plusieurs de mes questions sur des points particuliers du projet, de son processus de conception, et de son point de vue d’architecte sur les problématiques de transformation du patrimoine bâti moderne.
Dominique Coulon : Tout d’abord, pour comprendre le projet de la réhabilitation de la
piscine il faut s’intéresser aux programmistes. Le bureau d’étude [La Mission H2O] a été fondé par un ancien nageur, et ancien entraîneur national [Stéphane Bardoux, associé à Olivier Leroy, qui a fondé la société Mission H2O]. Les architectes ne sont pas à l’origine de la décision de conserver le bâtiment, mais ce sont bien les programmistes qui ont convaincu la mairie. Cette décision a permit d’économiser 30% sur le coût total du projet, ce qui n’est pas énorme mais pas négligeable. En plus, avec l’arrivée future de la station de métro de la ligne 4, c’était intelligent et presque logique de conserver le bâtiment. Ce que j’ai apprécié lorsque l’on a visité le projet pour la première fois, c’était le fait que l’on ait des bassins au premier étage, ce qui est inhabituel, et que l’on ait un bâtiment très compact puisque les vestiaires viennent glisser sous le bâtiment.
111
Il nous avait été demandé d’inverser l’entrée principale du bâtiment. Ce que l’on
peut considérer comme étant «l’arrière» actuel était l’emplacement de l’entrée d’origine. Le processus était ainsi de déplacer l’entrée à l’opposé du bâtiment, côté Sud [côté gymnase]. L’avantage de cette situation était de créer une rue entre la piscine et le gymnase (que j’aurais souhaité plus piétonne...) qui draine le public, desservant les différents équipements sportifs. Je trouvais que le bâtiment d’origine possédait une très belle luminosité, car la baie inclinée côté sud faisait pénétrer une lumière homogène. Une autre arrivée de lumière côté Nord, par le biais d’un bandeau traversant, y participait également. L’espace possédait une belle qualité. C’est ce qui explique la coupe que nous avons dessiné, notamment dans la partie sauna/hammam, avec la mise en place d’un plan incliné quelque peu «bizarre»....En fait, beaucoup de concurrents, pour le concours, sont venus se coller au bâtiment existant, ce qui privait évidemment le bassin carré de lumière naturelle. Nous nous sommes donc mis en retrait, pour laisser rentrer la lumière du Sud et que celle-ci continue à être homogène, et le système fonctionne plutôt bien.
Ensuite, l’attitude que j’ai vis à vis de la restructuration de bâtiments existants, même
si je n’en ai fait que très peu [groupe scolaire Saint-Jean à Strasbourg], c’est de prendre en compte leur architecture de qualité : il y a des éléments objectifs dans ces bâtiments (baies de lumières, travail de coupe) qui sont simples, qui fonctionnent, et qui n’existent plus dans les bâtiments contemporains. Il y avait de bons architectes dans les années 1950 et 1960, bien formés. Notre attitude par rapport à ces bâtiments est de ne pas aller «contre», comme au judo : il faut accompagner ce qui est là, ne pas rentrer dans une confrontation. Démolir un mur par exemple, cela engendre beaucoup de conséquences : le consolider, les gravats, etc. Pour la piscine, si on observe le plan de rez-de-chaussée original, on remarque qu’il y a beaucoup de poteaux. Nous avons choisi de ne quasiment rien enlever. Sous le bassin d’apprentissage, les volumes sont assez bas. En terme de matérialité, nous avons assumé ce côté sombre en travaillant sur des ambiances «foncées». L’idée est de conserver ce parcours labyrinthique. On joue avec l’existant, on ne force pas les choses. On souhaitait composer avec la structure, révéler ses qualités, et faire avec. 112
Ambre Rotenberg : Finalement, le but est de détruire le moins possible ?
D.C. : Oui, et en même temps, je n’ai pas envie d’avoir un respect infini pour les choses...
je n’ai pas une posture d’archéologue ! C’est-à-dire que je regarde le projet, objectivement, et je compose avec. J’ai finalement la même posture pour un bâtiment neuf que pour un bâtiment ancien, ce qui contredit un peu ce que je disais précédemment...mais je ne pense pas qu’il faut être un spécialiste des monuments anciens, cela ne me parle pas. Je pense que l’on est dans le projet architectural que l’on fabrique. Par rapport à la sobriété du bâtiment historique, à l’étage, l’idée était de travailler sur le contraste apporté par l’extension, mais sans véritablement chercher à faire lire l’ancien du nouveau : par exemple, l’installation du mur en partie Est, comme un avant-plan du volume historique, se prolonge au rez-de-chaussée au delà des limites originelles du volume bleu historique, et brouille les pistes....on n’a pas 1+1.
A.R : Au delà d’une addition, on peut donc parler de nouvelle composition ?
D.C. : Oui, Voila. Beaucoup d’architectes s’emballent sur des extensions qui sont
souvent, au niveau de l’échelle, plus petites, et débordent d’effets architecturaux alors que le bâtiment premier est sobre. C’est comme si l’architecte, «frustré», voulait prouver son existence...
A.R. : Ce phénomène se constate souvent sur des extensions de bâtiments anciens où
l’on affirme une contemporanéité très affirmée par la matérialité, par exemple l’utilisation d’acier corten où l’opération se lit comme étant résolument contemporaine...
D.C. : Oui dans le meilleur des cas...on a de beaux exemples comme le Caixa Forum de
Herzog & De Meuron à Madrid, qui sont des réussites, mais il y a pire ! En tout cas ce n’était pas la logique du projet de Bagneux. Souvent, les éléments du projet prennent toute leur valeur par contrastes. Mais finalement, ce contraste est intérieur. Il est plus spatial qu’en rapport avec la matérialité. Par exemple, pour la pataugeoire des petits, on a une continuité de sol dans le carrelage, qui ne fait pas lire directement au visiteur l’extension, on est juste dans un univers différent.
113
A.R. : Ce contraste s’opère entre la salle de natation, très fonctionnelle et rectangulaire,
et les espaces ludiques qui s’inscrivent dans une autre volumétrie. Finalement, la dimension temporelle est brouillée lorsque l’on visite le bâtiment, on ne saurait pas dire quel élément est «nouveau».
D.C. : Ce que j’aime en architecture, ce sont les bâtiments qui ne révèlent pas tout. Si on
se met à l’extérieur, on regarde le projet et on lit différents éléments de béton, mais on ne présage pas les ambiances successives du projet. Je suis attaché à la dissociation entre l’intérieur et l’extérieur ! Par élément de comparaison, pensez à la coupole du Panthéon : la forme extérieure n’est pas la même que la forme intérieure, dans la coupe. Il y a une dissociation complète, car l’architecte voulait trouver la belle proportion intérieure, et la belle proportion extérieure. Ce n’est pas systématiquement la même chose. On retrouve ce système dans le projet de la piscine : on vient créer une épaisseur dans la façade, qui génère une forme à l’extérieur, et une autre, différente, à l’intérieur. Ce sont peut être des surfaces perdues, mais on vient créer des volumes dans d’autres volumes.
En ce qui concerne le programme, nous avons suivi les exigences contemporaines :
une plage, un bassin pour les enfants, des saunas/hammams...Ce sont des choses qui à mon avis sont adaptées au quartier, parce qu’il y a une tradition au Maroc particulièrement sur le hammam, notamment, et on assistait à une vraie demande de la population voisine au bâtiment. C’est devenu à la «mode», on ne vient plus simplement pour nager.
A.R. : Pour revenir à votre positionnement sur l’architecture des années 1960 dans
ce type de bâtiments, ceux-ci avaient l’avantage de montrer une vérité constructive, avec la structure apparente et une lecture immédiate des espaces créés par cette structure. Aujourd’hui, les contraintes thermiques et acoustiques, entre autres, ne permettraient plus ce genre de constructions...Comment cela a-t-il contraint votre manière d’aborder la réhabilitation ?
114
D.C. : Cela contraint...oui et non. Personnellement, je n’aime pas trop les espaces très
«sectionnés» par la structure. C’est un goût personnel si l’on peut dire. Evidemment, la question de l’acoustique était importante. On aurait sûrement pu la résoudre en maintenant la visibilité des poutres, mais je suis plus attaché à travailler sur la masse, et sur des volumes très purs. Les volumes sont abaissés pour contenir l’éclairage artificiel, indirect pour plus de confort, et des systèmes de ventilation qui n’existaient pas à l’origine, c’était une passoire thermique. Le volume s’alourdit donc, et mon parti a été de travailler dans l’épaisseur. Les poteaux sont donc rendus coupe-feu et habillés : si les choses s’alourdissent, il faut les épurer. Alors oui, le projet a changé, mais encore une fois je m’intéresse au travail sur la masse, et sur les volumes purs. Même si on aurait pu faire autrement, bien sûr, c’est cette option sur laquelle j’ai travaillé. J’aurais pu être attaché à rendre la structure visible, souligner la trame....C’est une question de choix architectural.
A.R. : C’est une problématique importante lorsque l’on réhabilite ce genre d’édifices,
construits dans les années 1950-1960 où l’on avait pas toutes ces contraintes thermiques, acoustiques et techniques, ce qui permettait des choses plus fines. On ne pourrait plus faire ce genre de choses aujourd’hui, d’où toutes les problématiques que cela pose.
D.C. : Pour moi, ce n’est pas une perte. C’est une façon de fabriquer autre chose. Il
n’y a pas qu’une façon de faire ! Ce qui me plaît, si l’on regarde par exemple le travail des menuiseries, plus épaisses, plus lourdes, ce sont les éléments qui font que l’acoustique est bien meilleure, l’isolation est efficace. Le confort est bien amélioré. Cela dit, nous avons eu des contraintes structurelles que nous n’avons pas pu modifier : par exemple, le «plot» au bord du bassin d’entraînement [tout le long du bassin, côté ouest], a du être conservé. Nous préférions avoir l’eau à fleurant, ce qu’on a fait sur la majeure partie des bassins, mais nous n’avons pas pu le faire à cet endroit, car c’est le lieu ou le bassin est «attaché à la structure», et on aurait du faire des consolidations extrêmes, qui auraient couté cher. De plus, je n’ai pas trouvé cela très gênant d’avoir ce plot, indispensable structurellement, au bout du bassin.
115
A.R. : Par rapport au bâtiment existant, y avait-il des pathologies particulières à
certains endroits ?
D.C. : Oui, nous avons notamment eu des surprises lors du chantier ! Surtout l’âme
des poutres qui était beaucoup plus fine que sur le relevé effectué. L’hypothèse de départ était mauvaise, donc il y a eu tout un débat sur la capacité de la structure à porter la surface de l’isolant, la couverture, etc. L’idée d’une toiture végétalisée a été abandonnée car cela aurait été trop lourd. Le pied des poteaux était également rouillé, très fragilisé, et cela n’a pas été relevé lors du diagnostic du bâtiment. Il y a ensuite eu des problèmes avec l’entreprise de construction, qui a réclamé un budget supplémentaire pour les refaire...Les pieds des portiques ont ainsi été consolidés, mais l’entreprise n’a pas été très coopérative et a freiné le chantier, cela a été long, pour au final conserver la structure existante, simplement la consolider.
Ce qui est important dans un projet comme celui-ci, c’est la qualité du diagnostic
de l’existant. En général, ils sont plutôt bien effectués. On fait notamment des «diagnostics destructifs», c’est-à-dire qu’on identifie chaque morceau du bâtiment, on en détruit des échantillons pour comprendre la composition de ces éléments. On ne peut pas deviner à l’œil nu la manière dont le béton est ferraillé par exemple. Dans notre cas, le sol du premier niveau est constitué d’une chape de béton, dont nous ignorions la composition et l’épaisseur exacte.
A.R. : En ce qui concerne les façades, dans quel état les avez-vous trouvé ?
D.C. : Eh bien, les façades étaient plutôt en très mauvais état ! Les murs composites,
très fins, avaient besoin d’être revus.
116
A.R. : Le bâtiment a réellement changé d’image et de langage architectural. L’existant
est devenu le point de départ de la nouvelle composition volumétrique. Le projet ne s’ancre pas dans une temporalité précise, ce qui le place dans un rapport de force très affirmé entre le bâtiment, restructuré, et son contexte bâti des années 1950. Pourquoi ce choix de rupture, dans l’expression architecturale, par rapport au contexte urbain ? Et pourquoi avez-vous choisi de placer le béton au centre de votre projet, comme matériau principal ?
D.C. : Ma démarche est assez empirique car au départ, nous n’avions pas prévu de faire
le projet en béton [sur la façade] ! Politiquement, cela n’aurait pas forcément fait l’adhésion. Il y a eu deux appels d’offres : le premier en béton blanc autonettoyant, comme celui du théâtre de Montreuil, mais cela était trop onéreux. Nous avons donc relancé un deuxième appel d’offre, où l’on devait placer un enduit blanc sur le béton. Finalement je n’étais pas tellement attaché à un enduit, puisque l’on sait pertinemment qu’en région parisienne, la pollution est assez importante, et au bout de deux ans, les façades se dégradent. Dans l’expression du béton brut, il y a une dimension pérenne. Il se patine presque avec le temps. Le choix du béton s’est fait au moment où il a été décoffré, tout simplement, et j’ai pris la décision de ne pas l’enduire. Cela s’est fait en douceur, vis à vis du client. Le béton représente une matière, il est plus attachant. Il vieillit bien, inscrit le bâtiment dans la durée. D’ailleurs, un collège que j’ai construit à Strasbourg, a été fait en béton brut. Il a quasiment 20 ans, et il n’a pas bougé. J’avais fait planter de la vigne par dessus, et la végétation évolue au cours des saisons ce qui donne une nouvelle lecture de la façade, constamment. Encore une fois, j’aime travailler la masse des bâtiments, l’épaisseur, presque la lourdeur. Je pense que dans un site comme celui de la piscine, celle-ci a besoin d’avoir une présence forte: cela fabrique une sorte d’ancrage, un point dur.
Il y a une référence directe, dans les portiques en béton que nous avons installé en partie
Sud, à Le Corbusier et le travail qu’il a effectué sur les poteaux de la Cité Radieuse, à Firminy. Il y a une alternance dans le dessin des poteaux : leur section n’est pas droite, et un poteau sur deux est incliné dans un sens, et le deuxième dans l’autre.
117
On a presque l’impression que le bâtiment se déplace : le fait que les colonnes ne soient
pas identiques donne un effet cinétique au bâtiment. A l’origine, ce portique a été construit pour être le support des systèmes de protection solaire, car ces bâtiments très bien isolés ont parfois des problèmes de surchauffe, notamment en été. A lui seul, le système de portiques n’est pas complètement efficace. Cela n’a pas été fait, et il y a eu des problèmes d’inconfort pendant cet été [2015] car il faisait particulièrement chaud. Avez-vous rencontré les gérants de la piscine? A.R. : Oui, j’ai eu l’occasion de m’y rendre et j’ai pu discuter avec des personnes y
travaillant, cependant ils ne m’ont pas mentionné le système des protections solaires à rajouter.
D.C. : Avec ces portiques, je voulais installer un filtre, une sorte de mise à distance.
A.R. : La trame de ces portiques ne correspond pas tout à fait à celle des portiques
existant : pourquoi ?
D.C. : Oui nous l’avons fait exprès : j’apprécie, encore dans le travail de le Corbusier,
pour la manufacture Duval, le travail sur les différentes épaisseurs en façade. La structure possède une trame régulière, les brise-soleils ont un autre rythme, indépendant, et les menuiseries, qui ont un autre dessin, là encore indépendant. Le fait d’avoir ces trois éléments dissociés crée un rythme très intéressant, car ce n’est jamais pareil. Je n’aime pas trop le principe du calepinage, où l’on tente de faire correspondre des éléments qui n’ont rien à voir les uns par rapport aux autres. Ici, les poteaux d’origine n’ont pas la même fonction ni la même expression que les portiques que nous installons, nous ne les avons donc pas fait correspondre au niveau de leur trame. La composition est ainsi plus dynamique.
A.R. : En ce qui concerne les dimensions environnementale et durable, quels sont les
dispositifs particuliers qui ont été mis en place ?
118
D.C. : Je dirais que le premier dispositif a été de conserver le bâtiment ! Un deuxième
dispositif a été de très bien l’isoler, chose qu’il n’était pas précédemment et qui a engendré beaucoup de problèmes. Nous avons aussi mis en place un système de récupération des eaux pour laver les rues de la ville. Ce n’est pas beaucoup, mais c’est utile. Les eaux de pluies sont récupérées, et nous avons remplacé la technique par des éléments contemporains plus performants : ventilation double flux notamment, toute la «batterie» qui permet d’être conforme aux normes actuelles. Un équipement comme une piscine est de toute manière très énergivore, qui consomme beaucoup d’énergie en ce qui concerne le chauffage et le traitement des eaux.
A.R. : Parlons maintenant du détail, et de la jonction entre l’existant et le nouveau :
comment venez-vous vous accrocher au bâtiment existant ?
D.C. : En fait, on vient se mettre côte à côte. On ne s’accroche pas, on est juxtaposé
et l’extension repose sur une structure indépendante. On vient simplement créer des joints de dilatation en façade. Pour la lecture du bâtiment à l’extérieur, on vient subtilement prolonger des murs [des différentes parties, de l’existant et de l’extension] afin de ne pas sentir ce joint et cette dissociation. C’est ce qui permet de ne pas sentir la mise à distance des deux structures, et vient créer une composition plus élégante. L’élément de liaison se fait surtout par le vide.
A.R. : Pour conclure, comment envisagez-vous l’évolution de ce quartier de Bagneux?
Le projet de la piscine pourrait-il être le point de départ d’une nouvelle identité et d’un tournant pour le quartier ?
D.C. : Je pense que la qualité paysagère et des sols est importante dans ces lieux là. Il
n’y a pas seulement le patrimoine bâti, et un des avantages de ces lieux est la dimension aérée qu’ils possèdent, et la densité est verticale. Je crois qu’on peut bien y vivre si l’espace public est bien géré et bien traité.
119
Les différentes couleurs du projet et du quartier.
Source : Ambre ROTENBERG, 2016.
Façade extérieure, béton brut.
Source : Ambre ROTENBERG, 2016.
Entrée de la piscine.
Source : Ambre ROTENBERG, 2016.
Vue depuis l’arrière du bâtiment sur la rue de desserte. Source : Ambre ROTENBERG, 2016.
120
Le sol de l’accueil.
Source : Ambre ROTENBERG, 2016.
Annexe 2 / Relevés photographiques de la piscine de Bagneux, Personnels et Professionnels.
Extension et existant : le lien par le vide.
Source : Clément GUILLAUME pour Dominique Coulon & Associés, 2014.
121
Les bassins de natation.
Source : Clément GUILLAUME pour Dominique Coulon & Associés, 2014.
Gradins et escaliers publics menant à ceux-ci.
Source : Clément GUILLAUME pour Dominique Coulon & Associés, 2014.
122
La pataugeoire et l’accès à la terrasse.
Source : Clément GUILLAUME pour Dominique Coulon & Associés, 2014.
Hammam et Sauna, ambiances lumineuses.
Source : Clément GUILLAUME pour Dominique Coulon & Associés, 2014.
123
L’escalier menant aux bassins depuis les vestiaires.
Source : Clément GUILLAUME pour Dominique Coulon & Associés, 2014.
Vestiaires et douches collectives, traitement minéral sombre.
Source : Clément GUILLAUME pour Dominique Coulon & Associés, 2014.
124
Intégration de douche dans les portiques en béton sur la terrasse : la structure habitée. Source : Clément GUILLAUME pour Dominique Coulon & Associés, 2014.
125
Façade «postérieure», entrée d’origine.
Source : Archives municipales, Bagneux, 1968.
Photographie de chantier : construction du socle en béton. Source : Archives municipales, Bagneux, 1968.
126
Annexe 3 / Le bâtiment d’origine : documents graphiques Complémentaires
Coupe longitudinale sur les bassins d’entraînement d’origine. Source : Archives municipales, Bagneux, 1968.
Photographie de chantier : construction de l’ossature métallique et ses contreventements.
Source : Archives municipales, Bagneux, 1968.
127
Plan de sous-sol : les réseaux de canalisation.
Source : Archives municipales, Bagneux, 1968.
Plan du niveau des bassins, R+1, à l’origine. Source : Archives municipales, Bagneux, 1968.
128
Plan du projet de réaménagement des espaces extérieurs de la piscine. Source : Archives municipales, Bagneux, 1989.
Photographies de l’entrée d’origine et des bassins lors de l’inauguration de la piscine. Source : Archives municipales, Bagneux, 1969.
129
Plan masse du projet de transformation de la piscine de Bagneux. Source : Dominique Coulon & AssociĂŠs, 2014.
Coupe longitudinale sur les bassins du projet de transformation de la piscine de Bagneux. Source : Dominique Coulon & AssociĂŠs, 2014.
130
Annexe 4 / Transformation de la piscine de bagneux : documents complémentaires
Façade Sud de la piscine de Bagneux.
Source : Dominique Coulon & Associés, 2014.
Façade Est de la piscine de Bagneux.
Source : Dominique Coulon & Associés, 2014.
Façade Ouest de la piscine de Bagneux.
Source : Dominique Coulon & Associés, 2014.
131
Photographies de la maquette du projet de transformation de la piscine de Bagneux. Source : Dominique Coulon & AssociĂŠs, 2014.
132
Planche de dĂŠtails et de la coupe transversale du projet de transformation de la piscine de Bagneux. Source : Dominique Coulon & AssociĂŠs, 2014.
133
Coupes des produits Baswaphon (gauche) et Fermacell (droite), plaques acoustiques pour l’une et résistance à l’humidité pour l’autre.
Sources : http://www.baswa.com/fr/baswaphon_classic.php et http://www.fermacell.fr/fr/content/plaque_fibres_gypse.php.
limite bâtiment existant
AT HSFP 330
PLAN DE SITUATION ECH 1.100, AXONOMETRIES
RESTRUCTURATION ET EXTENSION DE LA PISCINE DE BAGNEUX Dominique Coulon Architecte
EAU PULSÉE
DISTRIBUTEURS
AFFICHAGE
LUMIERE ZENITHALE HSFP 310
90
AXONOMETRIE 2
RDC HALL D'ENTREE
1
Détails archi
Localisation
Indice
Dénomination - Situation
AXONOMETRIE 1
BANQUE D'ACCUEIL + PLACARD
LETTRAGE AUTOCOLLANT TYPOGRAPHIE AU CHOIX DE L'ARCHITECTE
Axonométries du principe de la borne d’accueil de la piscine de Bagneux.
134
Source : Dominique Coulon & Associés, 2014.
Annexe 5 / Transformation de la piscine de bagneux : détails du projet
Mur peint couleur bleu S1.38.56 de chez sikkens ou Équivalent
30
40
15
Lot menuiserie intérieure en MDF teinté dans la masse couleur bleu puis laqué couleur bleu S1. 38.56 de chez SIKKENS ou équivalent
Lot menuiserie intérieure en MDF teinté dans la masse couleur bleu puis laqué couleur bleu S1. 38.56 de chez SIKKENS ou équivalent
15 5
40
3
Zumtobel Linaria (équivalent)
Mur béton
Sol résine RAL 5015 bleu ciel
Dalle béton
Dalle béton
Coupes du principe constructif desCOUPE gradins, niveau AA' ECH 1/5 des bassins principaux.
ELEVATION COTE ECH 1/5
Source : Dominique Coulon & Associés, 2014.
4,2
A ouvrant P M R
80
80
90
90
50
50 90
90
90
+3, 91
90
6,7
90
90
90
6,7
3
RESTRUCTURATION ET EXTENSION DE LA PISCINE DE BAGNEUX Dominique Coulon Architecte
12,5
12,5
Y compris toute suggestion de renfort invisible prévu au lot menuiserie intérieure
8
Mur béton
2
40
5
90
50
A'
90
Dénomination - Situation
ECLAIRAGE EN LIGNE
PLENUM
90
LE SYSTÈME EST ENTIÈREMENT DÉMONTABLE
4,2 PLAN
ECHELLE 1/500
ATTENTION: le boîtier est positionné au nu du FP seuls le tube émerge
Détails archi
18
Localisation ETAGE ESPACE GRADINS
0,5 3 0,5
AXONOMETRIE DE PRINCIPE
HAUTEUR SOUS DALLE VARIABLE
RESTRUCTURATION ET EXTENSION - PISCINE de DE BAGNEUX Coupe du principe des niches d’éclairages, boîtié camouflé dans l’épaisseur la dalle. Dominique Coulon Architecte
NB: Indice Dénomination - Situation Le plâtrier réalisera un gabarit pour un luminaire pour réaliser ces gorges lumineuses L'électricien devra vérifier les cotes avant démarrage des finitions de ces gorges et avant mise en peinture BANC ESPACE GRADINS
COUPE NICHE ECH: 1/2
Source : Dominique Coulon & Associés, 2014. PLAN ECH 1/500, COUPES ECH 1/5, AXONOMETRIE
135
Indice
90
tion
50
206
B
RESERVE D'EAU AVEC FLOTTEUR D'ARRET AUTOMATIQUE ISOLANT
COUPE B
DECAISSE 1 cm
TUYAU D'ALIMENTATION DE SEAU SEAU BOIS SUR AXE AVEC CHAINETTE + CONTRE POIDS DE REMISE EN POSITION INITIALE
90
CHASSIS 8 ALL 0 HT 234 23
22
21
20
19
18
17
16
15
SORTIE SECOURS
+3,91m
88
pente 5%
U ÉE
2
3
4
5
6
7
8
9
64
43
59
9.052 CABINES DOUCHES 11m2 SOL: pâte de verre blanche 2x2 MUR: pâte de verre blanche 2x2 toute hauteur PLAFOND: peinture blanche mate
15
HSFP 234 (HSD 285)
10
PLAN ECH 1/20
C RESTRUCTURATION ET EXTENSION DE LA PISCINE DE BAGNEUX Dominique Coulon Architecte
A
PATE DE VERRE 2x2 cm
-0,17m
-0,34m
D
D' bloc porte ht 234cm
E' 82
E
N DE REPERAGE ECH 1.100 13 15
1,46
15 10
PLINTHE CARRELAGE (LOT CARRELAGE - CHAPE)
COL DE CYGNE SIPHON DE SOL AVEC PLATINE A GRILLE INOX A HAUTEUR REGLABLE DU TYPE DELABIE OU EQUIVALENT 150x150 mm
-0,68m
1,36
15
PLINTHE CARRELAGE (LOT CARRELAGE - CHAPE)
-0,51m
+0,17m
-0,85m
9.04 5x5 REVETEMENT QUARTZITE OU CARRELAGE SUR FEUILLE D'INDEPENDANCE (LOTDOUCHE CARRELAGE)
SIPHON POUR PEDILUVE EN INOX (LOT CARRELAGE - CHAPE)
CHAPE CIMENT 4 / 5 cm (LOT CARRELAGE - CHAPE)
PLATINE D'ETANCHEITE GLACEE (LOT CARRELAGEBAIN - CHAPE)
ETANCHEITE RESINE (LOT RESINES)
RESERVATION DANS BETON (LOT GROS OEUVRE)
PROJECTEUR A LED ETANCHE BLANC DU TYPE NAIAD MARVALWAY OU EQUIVALENT DOUCHE DE TETE POUR SAUNA DU TYPE GROHE OU EQUIVALENT
Localisation
48
MASSANTE
FORME DE PENTE BETON
B'
COUPE A ECH 1.20 3,98
SIPHON POUR PEDILUVE EN INOX (LOT CARRELAGE - CHAPE) PLATINE D'ETANCHEITE (LOT CARRELAGE - CHAPE) BUSE DE REFOULEMENT (LOT BASSINS INOX - MOBILIERS PISCINE)
RESERVATION DANS BETON (LOT GROS OEUVRE)
Détails archi
PLAN ECH 1/20
A'
C'
Plan des douches collectives pour les saunas et hammams. Source : Dominique Coulon & Associés, 2014.
REVETEMENT QUARTZITE OU CARRELAGE 5x5 SUR FEUILLE D'INDEPENDANCE (LOT CARRELAGE) CHAPE CIMENT 4 / 5 cm (LOT CARRELAGE - CHAPE)
ETANCHEITE RESINE (LOT RESINES) FORME DE PENTE BETON
ARRIVEE D'EAU
COUPE B ECH 1.20
Coupe détail sur un pédiluve et son étanchéité. Source : Dominique Coulon & Associés, 2014.
136
DOUCHES SAUNAS/HAMMAM
0,00m
Dénomination - Situation
+0,17m
80
80 pente 5%
0,00m
Indice
DOUCHE DE TETE RAINDANCE DU TYPE GROHE OU EQUIVALENT
15
RDC SAUNAS HAMMAM
pente 5%
PEDILUVES
4
partie plane eau 8cm
94
COUPE A
porte étanche couleur blanc y compris poignée lot menuiserie intérieure
COUPE BB
60 étanche vitrage securit d'un seul tenant sur la largeur du hammam y compris fixation haute et basse lot menuiserie intérieure
PLAN ECH. 1:25
RESTRUCTURATION ET EXTENSION DE LA PISCINE DE BAGNEUX Dominique Coulon Architecte
L'ensemble du hammam est carrelé sauf le plafond
Plaque lot plâtrerie + carrelage (lot carrelage)
reglette led encastrée rvb ip68 sur toute la largeur du hammam
LIMITE RESSAUT 1 CM Y COMPRIS CORNIERE INOX
HAMMAM
90 vitrée
Dénomination - Situation
porte vitrée lot menuiserie intérieure à ouverture 180° avec poignée inox 3,725
9.02 HAMMAM 18m2 SOL: pâte de verre blanche 2x2 MUR: pâte de verre blanche 2x2 toute hauteur PLAFOND: peinture blanche mate
COUPE AA
Cornière d'arrêt carrelage en inox (lot carrelage)
755
banquette hammam lot gros œuvre carrelage banquette hammam lot carrelage 2,00
1,52
Indice
70
Localisation
RDC SAUNAS HAMMAM
5,00
PLAN ECH 1.25
Plan d’un hammam.
B
A
73
73
LES LATTES DE LA BANQUETTE RECOUVRENT PARTIELEMENT LES PIERRES
PLAN DE REFERENCE ECH 1.25
RESTRUCTURATION ET EXTENSION DE LA PISCINE DE BAGNEUX Dominique Coulon Architecte
6
Détails archi
Source : Dominique Coulon & Associés, 2014.
69
253
67
C
198
Indice
D
Plan d’un sauna.
Source : Dominique Coulon & Associés, 2014.
137
RDC SAUNAS
PLAN ECH 1.25
B Localisation
A
Détails archi
D
EAU PULSÉE
GRILLES D'AERATION
9.01. SAUNA 16m2 SOL: carrelage noir 20x20 + plinthes + bois superposé MUR: BOIS TREMBLE BLANC PLAFOND: BOIS TREMBLE BLANC
Dénomination - Situation
SPOT LED RVB IP68 ENCASTRES
SAUNA 1 et 2
313
C'
TOUTES LES ACROTERES AURONT UNE PENTE VERS L'INTERIEUR: - COUVERTINES EN ALUMINIUM LAQUÉ BLANC - PENTE COUVERTINE VERS L'INTERIEUR COUVERTINES EN ALUMINIUM LAQUÉ BLANC PENTE 3% ACROTERE PENTE BETON 3%
membrane d'étanchéité blanche
ISOLANT
Coupe détail du principe d’acrotère en toiture, pente vers l’intérieur. Source : Dominique Coulon & Associés, 2014.
138
TEINTE NOIRE
PROFILE RAPPORTE couvre joint type MIFASOL OU EQUIVALENT 11,4 2
2,5
QUARTZITE DE LUSERNA EN OPUS INCERTUM
QUARTZITE DE LUSERNA EN OPUS INCERTUM
CHAPE
CHAPE JOINT DE DILATATION
COUPE JOINT DILATATION RDC ECH 1/1 DALLE BETON
DALLE BETON
Coupe détail du joint de dilatation au sol, dans l’accueil, entre les dalles de quarzite. Source : Dominique Coulon & Associés, 2014.
Détails archi
O
Localisation
TOUT NIVEAU
Indice
Dénomination - Situation JOINT DE DILATATION SOL
RESTRUCTURATION ET EXTENSION DE LA PISCINE DE BAGNEUX Dominique Coulon Architecte
PLAN ECH: 1/1
139
«Les Bains des Docks», Jean Nouvel Architecte, Le Havre, 2008.
Source : Ateliers Jean Nouvel, 2008.
Complexe aquatique, Octant Architecture, Brive-la-Gaillarde, en cours.
Source : Octant Architecture, 2015.
140
Annexe 6 / Références : la scénographie dans les projets de piscines contemporaines
Dans les projets de centres aquatiques contemporains, qu’il s’agisse de constructions
neuves ou de transformation d’équipements existant, on remarque un travail de scénographie effectué par les concepteurs, qui semblait alors avoir disparu pendant les Trente Glorieuses, notamment par rapport au bassin de natation principal. Ceci se matérialise par des vues en balcon au dessus du bassin, par des systèmes de parois vitrées devant celui-ci, visibles dès l’accueil, ou une réflexion plus poussée sur la matérialité des espaces avec le questionnement du rapport intérieur / extérieur. Les exemples présentés ci-contre nous donnent un aperçu de cette réflexion architecturale contemporaine, variées dans leur typologie et leur formalisation.
Centre aquatique «Aquanor», Chabanne Architecture, Saint-Denis, La Réunion, 2014. Source : Chabanne Architecture, 2014.
141
PISCINE - BAGNEUX - EQUIPEMENT - PATRIMOINE - MODERNE - TRANSFORMATION