Jiri Kylian
Sommaire «Le corps est si riche qu’il ne peut être cloisonné. J’aime à retrouver les mouvements du comportement des gens.
Biographie Black and White - 1985 Petite mort - 1991 Bella Figura - 1995 Tar and Feathers - 2005
Je prends dans le classique, dans la danse moderne américaine, dans la danse populaire et, bien sûr, dans le mouvement naturel, ce qui me permet le mieux d’exprimer cela. J’essaie de former un langage avec tous ces éléments, un langage me permettant d’aller plus loin, d’approcher de plus près l’être humain.»
Biographie Jiří Kylián est né sous le signe de la danse : sa mère était ballerine. Il commence, enfant, par faire de l’acrobatie, avant d’entrer à 9 ans à l’école de danse du Théâtre national de Prague.
La magie du Cirque
Six ans plus tard, il est admis au Conservatoire de la ville et obtient en 1967 une bourse pour étudier à la Royal Ballet School de Londres à une époque où les Beatles, le mouvement hippie et le couple légendaire formé par Rudolph Noureev et Margot Fonteyn forment le terreau fertile de la vie culturelle. Il y rencontre son mentor, John Cranko, alors directeur du ballet de Stuttgart, avec lequel il partagera la même conception intellectuelle du mouvement.
Le Netherland dans theater
Biographie En 1975, il devient co-directeur artistique du NDT à La Haye. En 1978, après le succès de son ballet «Sinfonietta» , il est nommé directeur.
Sous son impulsion, la compagnie entame une période de tournées, n’hésitant pas à se faire le messager de symboles politiques, comme lors de sa participation au Festival du Printemps de Prague en 1980. Il entraîne la compagnie dans une démarche de découverte: Nacho Duato, Paul Lightfoot émergeront de cette pépinière qu’est devenu le NDT. Le Nederlands Dans Theater fut créé en 1959 par dix-huit danseurs qui voulaient rompre avec l’académisme du Het Nederlands Ballet. L’objectif est l’exploration de nouvelles techniques.
Pour le 35e anniversaire du NDT, il crée «Arcimboldo» en 1994, qui embrasse toutes les phases de la carrière d’un danseur, de 17 à 70 ans. En 1999 ses fonctions de directeur artistique du NDT, mais demeure le chorégraphe résident de la troupe. Il a créé près de cents ballets, dont les 3/4 pour le Nederlands Dans Theater. Titulaire de nombreuses distinctions, dont le Prix Nijinsky, décerné à MonteCarlo, et la Légion d’honneur française. En 2006, il a co-réalisé un film, CAR-MEN.
Black and White - 1985 Son style se fait plus abstrait au fur et à mesure de ses chorégraphies, en témoignent la série «Black and White».
Chez le chorégraphe tchèque, danse et musique jouent de concert. Aucune ne prend le pas sur l’autre.
Loin de tomber dans la simple illustration, l’artiste évite que la musique ne dicte le mouvement. C’est la musique qui semble à chaque instant répondre à la nécessité portée par le mouvement. Le rythme est aussi mis en avant par l’usage sonore des corps qui se font euxmêmes instruments de percussion. Il parle d’humanité. On y trouve figurés désirs, angoisses, pulsions.
Petite mort - 1991 L’origine de cette expression remonte au XVI siècle, à cette époque la « petite mort » désignait la syncope ou l’étourdissement.
En ce qui concerne l’évanouissement court, on peut effectivement l’assimiler à une « petite mort ». Les heureux hommes qui ont déjà vécu ça, savent que l’orgasme provoque de manière plus ou moins fugace des symptômes proches de ce que désignait autrefois la locution « le grand frisson ». Ainsi le spectacle est une sorte d’apothéose qui offre toujours avec ce sentiment d’angoisse sous-jacent l’expression la plus sublime des couples amoureux.
Six hommes au sol, les mains écartées, les bras tendus verticalement, le dos plat, en appui sur les pieds, ils fléchissent les bras de façon à amener le buste en contact avec le sol dans un adagio très lyrique…
La partition dénote beaucoup de suspensions et Mozart laisse la résonnance de la note. Lorsqu’il y a des silences, les danseurs marquent un subtil arrêt qui laisse place entièrement à la jouissance morale. Il y a six couples dans l’espace. Les danseuses portent des corsets blanc-beige, tandis que les jambes et les bras nus deviennent une attention visuelle, le mouvement provient du cœur. La musique est un espace intime du corps.
Bella Figura - 1995 «La distinction entre l’art et l’artificialité, cette zone floue crée une tension qui m’attire. C’est comme se tenir à la limite d’un rêve.»
.Bella Figura est une expression italienne qui signifie « ne pas montrer que rien ne va » ou « faire bonne contenance ». Être plongé dans l’obscurité, regarder une lumière vive, et douter chaque instant de la prétendue réalité. Le moment où le rêve s’impose et où la vie se manifeste dans nos rêves, voilà ce qui pique ma curiosité .
Montage musical de Foss, Pergolèse, Foss encore, Marcello, Vivaldi (concerto pour deux mandolines) Torelli, Foss et Pergolèse.
Kylian noue entre elles des musiques qu’on n’aurait pas eu l’idée d’associer. Les danseurs en robes bouffantes, les femmes à demi nues, et le rideau se fait cadre d’intimité. Réaction d’un spectateur: «On arrive ici au point de sensibilité le plus accru. Alors certains diront que c’est moins fort que du Béjart, en tout cas très certainement moins conceptuel, mais c’est largement aussi envoûtant, et on ne peut plus... Indescriptible.»
Tar and Feathers - 2005 Une scène étrange se déroule alors devant nos yeux. Une pianiste suspendue
à trois mètres au-dessus de la scène, côté jardin, un plateau austère fait de planches noires et blanches et une lumière froide, presque fantomatique, se reflétant sur du papier à bulle.
Du Mozart pour la musique. Sobre, pur et fantasmagorique. Les corps s’enchevêtrent et
se repoussent avec violence, alternant gestes fugitifs et poses figées, telle une allégorie de la vie et de la mort, du conscient et du subconscient. La danse est un langage des signes et des corps pour JK qui déclame le poème de Samuel Beckett.
Un chorégraphe classique très moderne, un chorégraphe moderne très classique .