MEMOIRE_ Patchwork Carioca_Amélie Thouveny_2013

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Amélie Thouveny - M2 - 2012-2013

Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Versailles Mémoire de master: « Jardins historiques, Patrimoine et Paysage » Sous la direction de: Georges Farhat, Stéphanie de Courtois, Jörn Garleff,



Amélie Thouveny - Master 2 - 2012-2013 Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Versailles Mémoire de master: « Jardins historiques, Patrimoine et Paysage » Sous la direction de: Georges Farhat, Stéphanie de Courtois, Jörn Garleff, (membres de l’équipe AM:HAUS, LéaV, ENSAV)

PATCHWORK1 CARIOCA « Articulation de réseaux et espaces verts dans une ville en extension »

1 Définition dictionnaire Larousse : « Patchwork : n.m. Ouvrage de tissu constitué par l’assemblage de morceaux disparates dans un but de composition. Ensemble quelconque formé d’éléments hétérogènes, disparates. “


fig. 1. Schéma retraçant le sens du titre «patchwork carioca» à comprendre au fil de cet écrit...


SOMMAIRE AVANT PROPOS REMERCIEMENTS INTRODUCTION I. ETAT DES LIEUX 1. Description de l’espace « Parc de Flamengo » 1.1 Situation géographique 1.2 Fonctionnement des espaces 1.3 Usages d’hier et d’aujourd’hui 2. Réalisation, de l’ « Aterro » au « Parque », origines de cet espace 2.1 Une succession de personnalités 2.2 Mise en place du projet, acteurs 2.3 Réadaptation d’un système d’articulation urbaine : le parkway 2.4 L’œuvre de BM, miroir de la biodiversité du Brésil

II. IMPACT DU PROJET A L’ECHELLE METROPOLITAINE 1. Un instrument de planification urbaine 1.1 Impact de cet instrument de planification urbaine sur la politique d’urbanisation de Rio 1.2 Liaisons engendrées 1.3 Extension de l’opération 2. Contradiction de la ville de Rio ? 2.1 Notion de «ville verte», origines de cette notion 2.2 Nécessité d’implantation de territoires artificiels ? 2.3 Possibilités géologiques de ces implantations ?

III. RIO OU UN SCHEMA « D ‘URBANISATIONS » 1. Les différents processus d’organisation du territoire 1.1 Historique du territoire, contextes, évolution 1.2 Circulation, digestion, respiration ! 1.3 Les Favelas de Rio ou un relief à l’usage historique 2. Souffrances de la ville de Rio 2.1 Impact de Brasilia sur Rio 2.2 Evolution des espaces publics, montée de l’insécurité 2.3 Nouveau type d’urbanisation engendrée par cette insécurité croissante 3. Organisation des espaces libres aujourd’hui, évolution future des réseaux… 3.1 Classification des espaces à la veille d’accueil de manifestations à échelle internationale 3.2 Nouvelles planifications prévues à cet effet 3.3 Durabilité des ces planifications comparable aux planifications de base

CONCLUSION


...

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Patchwork Carioca / «Articulation de réseaux & espaces verts dans une ville en extension »

AVANT PROPOS Ces recherches ont été initiées lors d’une année d’échange universitaire dans la ville de Rio de Janeiro au

Brésil. Ne me limitant pas à cette seule ville (pourtant conséquente), j’ai pu observer la diversité des paysages des états

formant ce territoire, l’impact qu’ont les espaces naturels de caractéristiques différentes sur les planifications urbaines.

Résidant dans le quartier de Gloria, proche de l’objet de cette étude: le parc de Flamengo, j’ai beaucoup fréquenté cet

espace pour des activités diverses avant de me rendre à l’évidence de l’utilisation de cet espace pour la compréhension de certains ascpects de l’organisation urbaine de la ville de Rio de Janeiro. J’ai en effet rapidement eu l’intuition que

cette espace n’était pas seulement un parc mais qu’il constituait un élement fort de la ville de Rio. C’est ainsi que les premières recherches ont révélé un grand potentiel de l’étude de cet espace en apprenant son caractère artificiel. Etonnant

pour une ville si boisée, qui s’est formé autour de reliefs vertigineux. C’est en partant de cette révélation que la première

question s’est posée : est ce que tout le monde sait que cet espace est artificiel ? La vision de l’accord parfait entre cet

espace et les quartiers alentours trahissait une planification extrêmemnt ancienne de celui ci; alors peut être réaménagé

au XXème siècle. Allant de découvertes en surprise, cet espace cachait une multitude de problématiques s’étendant au

fil des recherches sur le territoire entier de la ville de Rio. La vertigineuse association de l’échelle du quartier à l’échelle métropolitaine n’a suscité que de curiosités, c’est ainsi que le développement de ce sujet a été choisi et élaboré.

REMERCIEMENTS

Je tiens à remercier toutes les personnes qui, de près ou de loin m’ont aidée à la réalisation de ce mémoire, et

particulièrement :

Georges Farhat, Stéphanie de Courtois et Jorn Garleff, professeurs encadrant ce mémoire, pour leur énergie, leur

positivisme, leur patience et leur pédagogie extrêmement efficace. La clarté de leur propos au cours des différentes corrections qui ont rendu ce travail d’écriture très agréable depuis l’élaboration des premières hypothèses de recherche.

Haruyoshi Ono et Julio Ono qui m’ont extrêmement bien accueillie à deux reprises à l’agence Burle Marx & co, m’ont permis de me documenter sur place et ont pris le temps de répondre à mes questions.

Toutes les personnes rencontrées et interrogées au cours de mes investigations. Elles ont su à travers leurs discours m’apporter des points de vues divers et variés, enrichissant ma démarche d’analyse.

Leo Zajdenweber et Lisa Naudin, qui ont pris du temps avec moi pour les déplacements, les enquêtes et les recherches qu’a nécessité un sujet d’une telle ampleur; Nicolas Thouveny pour son aide photographique.

Je souhaite remercier également, Florence Dubruel, fidèle partenaire de travail, qui a su m’accompagner et me conseiller lors des difficultés et des moments de doutes rencontrés.

Camille Ferrière, Violaine Patin, Philippine d’Avout et Margaux Simonin, pour leurs corrections mais surtout leur patience.

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fig. 2. Pellicule du film d’étude effectué le 24 Février 2013 dans le Parc de Flamengo. Production,montage: Amélie Thouveny

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Patchwork Carioca / «Articulation de réseaux & espaces verts dans une ville en extension »

INTRODUCTION Loin du modèle Européen de planifications urbaines datant de plusieurs dizaines de siècle, ces présentes

recherches portent sur son antinomie : l’articulation de réseaux et parcs dans une ville en extension. Ville qui n’a donc

pas forcément établi les bases d’un urbanisme fixe, solide, à la recherche d’un équilibre entre les différentes facettes

de son évolution. Etudiant les impacts que cette quête d’équilibre urbain a pu avoir sur un territoire déterminé, cette

étude a été effectuée à différentes échelles dans une ville dont l’histoire, l’évolution et l’état des lieux actuel se prête parfaitement à ce sujet : Rio de Janeiro, Brésil.

Singulière combinaison du naturel avec le bâti, Rio de Janeiro est une ville dont la topographie et l’organisation

complexe soulèvent des questionnements à propos des étapes de son évolution. Pour comprendre le fonctionnement de ce territoire, nous avons focalisé notre attention sur un espace précis pour ensuite étudier les impacts que cet espace a pu avoir à l’échelle du quartier qui lui est attenant puis à l’échelle métropolitaine. Cet espace est le Parque do Flamengo,

situé sur une rive de la baie de Guanabara et dont la position sur le territoire carioca2 amène à croire à la maîtrise

parfaite de l’espace depuis sa découverte, pour pouvoir jouir d’une si grande étendue arborisée aussi proche du cœur

administratif de la ville. C’est la première idée qui peut traverser les esprits au contact de cet espace. Trop organisé pour être naturel mais trop bien intégré au fonctionnement de la ville pour être artificiel. Le parc de Flamengo est trompeur.

Espace totalement artificiel, très peu de publications le nomment par sa réelle appellation Parque Brigadeiro Eduardo

Gomes et passent directement à sa désignation populaire. Les travaux de mise en place de cet espace ont été effectués de

1961 à 1965 avec la désignation d’ « Aménagement urbain et paysager de l’extension du quartier Gloria/ Flamengo » et

dont le maître d’ouvrage est la Mairie de la ville de Rio. La surface totale de l’opération à l’époque est alors de 1.200.000

m2, la surface globale comptée aujourd’hui est de 1.325.590 m2. Il est connu par les cariocas pour la planification

de ses espaces par l’icône suprême du moderniste paysagisme Brésilien, Roberto Burle Marx et est quotidiennement

envahi par les utilisateurs d’un espace qui perdure très controversé. « Divin et Merveilleux, histoires, images, défis et

personnages de la ville qui arrive à 448 ans en constante transformation3 » clame le supplément du journal national O

Globo daté du 1er Mars 2013 à l’occasion de « l’anniversaire de Rio », avec en couverture une vue en surplomb depuis le Nord, de notre espace d’étude. Alors qu’une pétition circule sur la toile à propos du respect et de la sauvegarde de

cet espace, nous pouvons admirer la multitude de sources citant ou exposant les bienfaits que cet celui ci procure à Rio et ses habitants, dans diverses publications datant d’époques variées depuis sa mise en place. La variété de ces sources

montre aussi son caractère multi-facettes. Par curiosité de qualification du parc à travers des publications qui ne peuvent

pas altérer la réalité, nous nous sommes penchés en premier lieu sur l’état de la propagande touristique de celui ci. Le

guide de poche allemand Berlitz Reiseführer datant de 1980 y expose « une magnifique ceinture verte entre ville et mer, avec assez de place pour une autoroute citadine », et appâte le visiteur avec la multitude d’activités qu’il est possible

d’y réaliser. En faisant un saut de plusieurs générations, Le Guide du Routard 2012 éveille notre curiosité en qualifiant cet espace de « succession de jardins qui communiquent par diverses passerelles » et « d’endroit très prisé des Cariocas

en fin d’après midi et le week end ». En tant qu’espace artificiel on ressent tout de suite la réussite de cette planification

urbaine au regard de son apparente pratique permanente. Il existe donc de nombreux ouvrages aidant rapidement à la compréhension de l’espace et de ses ambiances, Vera Beatriz Siqueira décompose alors cet aménagement paysager en

différents projets distincts, dans « Burle Marx, espaços de arte brasileira » écrit en 2001.

Le complémentaire « Jardins e ecologia, Burle Marx » de Nubia Melhem Santos nous fait comprendre la logique

de composition de ces espaces avec une brève partie sur le projet du parc de Flamengo expliquant l’association voulue des végétaux choisis. On comprend aussi l’origine des courbes artistiques et des compositions de végétaux en feuilletant 2 3

Carioca : Adjectif relatif à la ville de Rio de Janeiro, communément utilisé pour désigner les citoyens de cette ville. Divino e Maravilhoso, historias, imagens, desafios e personagens da cidade que chega aos 448 anos em contante transformação 7


« Roberto Burle Marx, the Unatural Art of the Garden » de Willian Howard Adams, édité par le MoMa de New York,

où le résumé photographique en plan de certains projets de burle Marx nous montre de grandes œuvres d’art avec cette même touche personnelle. Burle Marx, en tant qu’icône du paysagisme mondialement connu, génère une bibliographie très riche et d’origines assez variées, toutes aident à comprendre les contextes des projets et certaines sont parfois

même intimes comme « Burle Marx », publié en 2005 par Renato Kamp, ami de longue date il retrace dans ce livre leur longue amitié ponctuée de projets de grande ampleur. De nombreux autres ouvrages descriptifs et analysant le

parc dans son intégralité ont été disponibles lors de ces recherches, mais au delà du succès social indéniable de cet espace, au fil des recherches l’apparente notion associée à la ville de Rio de Janeiro comme « ville verte » du fait

de sa grande mixité végétale et urbaine, nous amène à nous questionner sur la nécessité de la mise en place d’un

espace de type artificiel pour la création d’un parc dans cette ville. A l’époque des études y ayant abouti et de sa

construction, quelles ont été les causes de cet aménagement ? Alors qu’en 1930 était publiée la version Brésilienne

de la planification urbaine de Rio de Janeiro par Alfred Agache, les premières ébauches de plan pilote pour cette ville apparaissaient et l’ouvrage « Urbanismo no Rio de Janeiro » d’Adalberto Szilard publié en 1950 laissait apparaître les

origines d’un tel aménagement : l’automobile. En effet, avant l’apparition de cet «objet», il existait déjà des voies de

circulation permettant un lien entre les différentes zones de la ville, délimitées par les reliefs existants, pour le commerce. Seulement, la multiplication de ce moyen de transport a dû engendrer une remise en question de ces axes existants, une

série de problématiques apparaissent alors :

- Comment les réseaux de transport ont-ils remis en question la morphologie de la ville de Rio de Janeiro ? - Quelles solutions ont été adoptées pour une adaptation si rapide aux besoins de la ville ? - Pourquoi le parc de Flamengo est-il devenu l’élément clé du développement et de la liaison des différentes zones de Rio ? - Quelles sont les conséquences d’un tel aménagement sur la politique d’urbanisation de la ville ? Publié en 1988, l’ouvrage de Mauricio Abreu traitant de l’évolution urbaine de Rio de Janeiro4 ouvre une

multitude d’horizons quant à la diversité de planifications urbaines ayant abouti ou non dont à fait l’objet la ville de Rio, complété par des ouvrages tels que celui de Michael L Coniff traitant de la politique urbaine au Brésil5 ou encore

l’ouvrage traitant précisément du plan Agache coordonné par Sonia Maria Queiroz de Oliveira. Ceux ci dressent le

portrait d’une ville bâtie et ensuite recomposée, véritable éclectisme6 urbain, Rio de Janeiro compte en fait plus de systèmes que ceux qui sont historiquement exposés. Prenant en compte l’articulation de ces fameux réseaux et des

nombreux espaces libres, «vides urbains» du territoire, peut-on définir le système urbain de la ville de Rio comme

«Ptachork Carioca» ?!

Pour vérifier ce type de problématique, une méthode a été mise en place afin de procéder par étape et de ne pas

influencer les intuitions de recherche et de perception de l’espace. Ainsi, La première étape de ce travail d’analyse à évidemment été la «pratique intensive» du parc pour diverses activités, le but ayant été d’avoir un avis objectif pour une

analyse des impressions que ce parc procure à première vue puis par habitude en étant utilisateur quelconque non documenté,

sans préjugé ou informations qui pourraient influencer la pratique de l’espace. L’étape clé des premières recherches a

donc été la reconstitution chronologique, indispensable pour comprendre les diverses étapes de ce projet. Les images

d’archives assez nombreuses ont permis la perception claire de l’évolution du tracé du projet au fil du temps, en mettant

celles ci en parallèle avec le corpus de photographies personnelles du parc, a pu être mis en place un travail comparatif de la fréquentation du parc depuis l’inauguration à aujourd’hui. L’échelle de ce projet étant assez grande, les divers plans 4 ABREU M.A., Evolução urbana do Rio de Janeiro, Rio de Janeiro, Iphan-Zahar, 1988 5 CONIFF, M, L, Politica urbana no Brasil : a assenção do populismo 1925-1945, Rio de Janeiro, 2006 6 Définition : L’éclectisme (du grec eklegein : choisir) est une attitude philosophique consistant à choisir dans plusieurs philosophies les éléments qui paraissent intéressants pour constituer un système complet.

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Patchwork Carioca / «Articulation de réseaux & espaces verts dans une ville en extension »

détaillés des équipements permettront par la suite une analyse des équipements d’origine et l’évolution de leur utilisation. Pour compléter cette partie, la méthode utilisée a aussi été le questionnement aux usagers pour avoir des avis actuels et

spontanés. Afin de récolter un maximum d’information sur les détails administratifs du projet et l’évolution du dessin, j’ai eu la chance de pouvoir programmer un entretien avec les paysagistes de l’agence « Burle Marx & cie », Haruyoshi

Ono, héritier de l’agence, grand collaborateur et ami de Burle Marx, et Julio Ono, architecte paysagiste, qui ont aussi

pu m’informer sur le personnage même de Roberto Burle Marx. Ce sujet génère cependant énormément d’informations

lors de la pratique de l’espace et l’observation des différentes ambiances engendrées par la complémentarité du travail

architectural et paysager. L’observation de la grande variété d’espèces « mises en scène » dans ce parc par Burle Marx et

la perception du soin de la composition ont été génératrices d’une étude plus approfondie des espèces présentes. Divers

documents disponibles en ligne ont été une grande aide pour comprendre la logique de leur implantation et la façon de

faire transparaître la grande biodiversité Brésilienne dans ce parc. Afin de transmettre les émotions de la pratique d’un tel

espace, une vidéo a aussi été réalisée dans le cadre de cette étude, qui transcrit l’ambiance d’un dimanche très ensoleillé,

conditions parfaites d’une telle preuve de persistance de fréquentation. La méthode suivie peut donc être qualifiée de suite logique instinctive à partir de la première pratique du parc, génératrice de curiosités et problématiques, les limites

d’un tel sujet sont cependant très tôt ressenties à travers la frustration de la multitude d’informations, la précision des objectifs était nécessaire dès le début de ces recherches pour ne pas perdre les problématiques avec de nombreux

autres questionnements, ce travail ne fait alors qu’ébaucher les débuts de problématiques engendrées sur le territoire

Brésilien entier, qui ne se limitent pas à la seule ville de Rio mais rentrent dans un système de répartition d’importance des villes, qui ne put être développé dans ce présent écrit mais qui laisse de nombreuses perspectives d’études.

Ce travail cherche donc à élaborer un état des lieux de l’actuelle ville de Rio à travers un espace que l’on peut ne pas deviner artificiel. Nous exposerons alors dans une première partie l’Etat des lieux de l’espace existant en établissant

les avantages de sa situation géographique et le fonctionnement de ses espaces, approfondissant les buts sociaux de

la planifications de ces espaces avant d’entamer, dans une seconde sous partie, la question « Comment cet immense étendue à pu être artificiellement terrassée ? » en présentant la succession de personnalités qui ont été à l’initiatives des

actions amenant à un tel terrassement. Dans cette sous partie seront aussi exposés les concepts qui ont découlés de la nécessité d’articulation d’automobile et parc en parallèle avec le rôle de miroir de la biodiversité brésilienne qu’il joue.

La seconde partie de ce développement est dédiée à l’impact de ce projet à l’échelle métropolitaine à travers l’apparition

de la qualification de parc de Flamengo comme «instrument de planification urbaine», les liaisons engendrées et les extensions de ce projet sur l’ensemble du territoire seront alors étudiées avant d’entrer dans le questionnement de la

justification d’un tel espace en apparente contradiction avec la nature de la ville de Rio, les possibilités géologiques de

ces implantations seront étudiées après avoir exposé les raisons de la nécessité d’implantations de territoires artificiel

sur cet espace. En troisième et dernière partie nous prenons du recul pour finir sur l’analyse de Rio ou d’un théâtre d’urbanisations complémentaires ou, qui ont appris à l’être. Sont induits par cette notion l’analyse des différents

processus d’organisation du territoire ainsi que les souffrances que la ville de Rio à endurées à travers l’évolution de sa société, en lien avec les évènements historiques qui ont créé un tournant à l’époque de la mise en place du projet de Parc

de Flamengo : 1960 ou le «détrônement» de Rio en tant que capitale pour laisser place au modernisme criant de Brasilia. Pour conclure, nous chercherons à déterminer l’organisation des espaces libres que la ville de Rio offre

aujourd’hui et l’évolution future des réseaux induits au XXème siècle. Seront étudiées les nouvelles planifications et la

durabilité de celles ci, à la veille de l’accueil d’évènements de portée internationale que constituent la coupe du monde

de football 2014 et les jeux Olympiques d’été 2016, par la «Cidade Maravilhosa», Rio de Janeiro.

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am

Mandat de Fransisco Pereira Passos, plan de réformes urbaines «Mise à plat» : Assainissement, Embellissement, Urbanisation 1910

1900

Getùlio Vargas (1882-1954). Présidence sous le Gouvernement provisoire aprés un coup d’état. Chef de la révolution de 1930, il met fin à la «Vieille République»

Mandat de Carlos Sampaio

Mandat de Antonio da Silva Prado Junior 1920

1930

Getùlio Varga un groupe de

Régime dictatorial de Getùlio S’inspirant du régime épo Estado Nuovo établi au Por Vargas instaure le régim dictatorial après le coup d’E 10 Novembre 1937. 1940

Fin XIXè

1902

1926

1922

1906

1920- Arasement Morro do Castelo. Transformation morphologique concrète de la ville. La matière première servira à construire espace dédié à l’aéroport Santos Dumont

1891- Arasement Morro do Senado M a ti è r e première de la création de la façade maritime: actuel port de commerce de Rio Occupation du morro da Providencia: première favela s’organise

1ères réformes urbaines: objectif= trasfomer Rio en capitale sur mode Français. Inspiration Haussmannienne «Plano de melhoramento» élaboré en 1875

Début de production Automobile au Brésil

1910

1900

1929. Plan de Le Corbusier pour la ville de Rio 1932. Début de la verticalisation de l’ensemble de la zone Sud après le quartier de Copacabana

1926. Commande du PLAN AGACHE: base de la réorganisation urbaine de Rio. Prise en compte des difficultés de circulation entre différentes zones de la ville

1920

1943- Morro de Santo A Matière première de la façade maritime du Flamengo. Futur Flamengo.

1930

1940

1930

1940

Fin XIXè

1897

1902

Premièrs élargissements des limites du territoire sur la baie de Guanabara pour la création d’une façade économique maritime à la ville.

1922

1906

Ouverture de l’Avenida Beira Mar: frange littorale entre le Centro et la baie de Botafogo 1900

Ouverture de l’Avenida Rui Barbosa contournant le Morro da Viuva 1910

Fin XIXè

1897

fig. 3. Phases chronologiques. Production: Amélie Thouveny 10

1926

1920


Patchwork Carioca / «Articulation de réseaux & espaces verts dans une ville en extension »

Face à la menace soviétique Régime Militaire: Augmentation de la dette, et à l’ingérance de l’économie répression importante et censure. méricaine, Getúlio Vargas est réélu Juscelino Kubitschek président de la République à une Président de la République du écrasante majorité. Brésil après avoir échappé à Le Brésil fait son entrée dans le as déposé par un coup d’État monté à la fois marché commun de l’Amérique e généraux par les militaires, l’UDN (Union du Sud, le Mercosul. Son poids Démocratique Nationale) et le économique important en fait un puissant conservateur Carlos o Vargas, des acteurs les plus importants Lacerda. onyme rtugal, Transfert de la capitale de Rio me à la ville moderniste Brasilia Etat du Années 1980: Montée de l’insécurité à Rio 1950

2003-2011: Présidence de Lula. Représentant du renouveau brésilien de ces dernières années. Il a lancé le Brésil sur la scene économique mondiale.

2000

1990

1960

2011-.....: Présidence de Dilma Rousseff

2010

PHASE DEMOCRATIQUE: Elections présidentielles tous les 4 ans

HISTORIQUE/ POLITIQUE

Réel essor de p r o d u c ti o n Automobile au Brésil

Antonio arasé. a création de la quartier de Parque do

Construction de BRASILIA

1950

1990

1960

2000

2010

1957

URBANISTIQUE

Début des études

Premières rénovations du parc, ajout d ’éq u i p ements manquants avec é v o l u ti o n d’utilisation du parc...

Ignauguration

Traitement du parc de Flamengo

1950

1990

1960 études

1957

1959

2000

Concours lancé pour la marina de Gloria

2010

travaux

1961

1965

1999

2012

QUARTIER DE FLAMENGO 11


fig.4. Cartes de situation, zoom depuis le continent jusqu’à l’objet d’étude: le parc de Flamengo. Source: fond gmaps, retravaillé par Amélie Thouveny 12


Patchwork Carioca / «Articulation de réseaux & espaces verts dans une ville en extension »

I. ETAT DES LIEUX 1. Description de l’espace « Parc de Flamengo » 1.1 Situation géographique « La plus grande et la plus remarquable transformation urbaine du quatrième centenaire de Rio de Janeiro sera toutefois

le profit, en tant que parc grandiose, de l’immense site terrassé de 1.200.000 mètres carrés, bordé de plages artificielles

et résultant de l’arasement du Morro7 de Santo Antonio. De Santa Luzia à Gloria, Flamengo, Botafogo et du Morro

da Viúva, nous avons un front de mer unique au monde, dans le contexte de l’entrée de la baie de Guanabara. Là où le

Musée d’Art Moderne et le Monument aux brésiliens tués dans la Seconde Guerre mondiale affirment la nouvelle phase de l’architecture brésilienne et de la sculpture, des jardins et des bosquets de l’architecte paysagiste Roberto Burle-Marx

montreront urbanistiquement que la ville de Estacio de Sá, fidèle à son destin, s’étend sans (porter) préjudice à ses beautés naturelles.»8

Hélio Vianna, Historien brésilien du XXè siècle Œuvre de renommée internationale, le parc de Flamengo est un espace artificiel situé dans la zone centrale de

la ville de Rio. Au delà de ses atouts de composition urbanistique et paysagère, il est apparu à un tournant radical pour

cette capitale historique, et comporte la terre, les racines, des terrains existants à l’origine de ce territoire. Celui ci est

situé dans la continuité de l’Aéroport national Santos Dumont et est encadré par la baie de Botafogo, elle même bordée

par le pain de sucre au sud. D’une surface de 1 200 000 m2 à l’inauguration et de 1 325 590 m2 aujourd’hui, il anime

la frange littorale de la baie de Guanabara sur une distance 7 Km environ et fait face à la ville de Niteroi, exclue des

limites préfectorales de l’Etat de Rio mais dont les reliefs participent largement au succès de l’espace. Dans la baie de Guanabara, la relation géographique et symbolique de ce projet avec ce panorama est indiscutable. A l’échelle de la ville, ce parc bénéficie d’une situation stratégique par rapport au découpage de celle ci: en observant l’organisation

du territoire de Rio nous remarquons la forte présence de la forêt de Tijuca9, qui s’étend dans la ville et se mêle aux

quartiers. Elle représente alors un obstacle imposant sur ce territoire et son contournement est inévitable. Nous pouvons ainsi remarquer que le parc de Flamengo se situe exactement dans le mince passage que laisse la forêt de Tijuca en bord

de baie, lien entre le quartier Central de la ville et la zone Sud de Rio. L’immensité de la forêt ne permettant pas de

contournement Ouest direct pour aller de la Zone Nord à la Zone Sud, cet espace est une sorte de couloir dont le passage est obligatoire pour circuler dans Rio et on sent le rôle d’interface qu’il joue entre le Centro administratif et le reste de

la ville au vu du flux permanent qu’il existe sur les voies rapides le bordant.

A travers son identité de parc, ce projet constitue une transition graduelle de la ville entre la frange bâtie et la

frange littorale. Par rapport au quartier attenant de Flamengo, nous pouvons clairement observer une sorte de hiérarchie

qui a été mise en place, sur le plan, nous pouvons nous apercevoir du découpage des différentes bandes le constituant,

elles apparaissent comme trois espaces différenciés qui inspirent chacun des usages spécifiques dont deux espaces comprennent quatre voies de circulation chacun, ces espaces de circulations semblent totalement associés à ce parc dans un certaine mesure. En effet, la frange urbaine est séparée du parc par des voies rapides mais cette section a été maîtrisée

en permettant le franchissement par des passerelles ou passages sous terrains disposés régulièrement tout au long de 7 Traduction et définition : colline, mont de basse à moyenne hauteur, relief d’importance très variable. 8 Traduction du portugais : “A maior e mais notável transformação urbana do Rio de Janeiro quadricentenário será, entretanto, o aproveitamento, como grandioso parque, do imenso aterro de 1.200.000 metros quadrados, marginado de praias artificiais, resultante do desmonte do Morro de Santo Antonio. De Santa Luzia à Glória, Russel, Flamengo, Morro da Viúva e Botafogo, teremos uma orla marítima única no mundo, diante do panorama da entrada da baía de Guanabara. Ali, onde o Museu de Arte Moderna e o Monumento aos Brasileiros Mortos na Segunda Guerra Mundial também afirmam a nova fase da arquitetura e da escultura brasileiras, os jardins e arvoredos do arquiteto-paisagista Roberto Burle-Marx urbanisticamente mostrarão que a cidade de Estácio de Sá continua fiel ao seu destino, engrandecendo-se sem prejuízo de suas belezas naturais”, http://www.vitruvius.com.br/revistas/read/arquitextos/12.135/4014 9 Nous verrons au fil du développement son caractère emblématique et son importance historique 13


fig. 5 Espace de musculation au Sud du parc de Flamengo, face au Pain de Sucre, signal de l’entrée de la baie de Rio de Janeiro

fig. 6 Promenade du parc un jour de pluie à 18h30. Photographie: Amélie Thouveny

fig. 7. Relation de proximité entre la frange bâti et l’aménagement du parc, vue de la piste cyclable intégrée au parc. Photographie: Amélie Thouveny

fig. 8. Pratique intensive de «footvolley» sur la plage. Photographie: Amélie Thouveny

fig. 9. Activités variées malgré le mauvais temps. Photographie: Amélie Thouveny

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fig. 10. De nombreux coureurs profitent de la promenade de la plage quotidiennement pour effectuer une activité sportive. Photographie: Nicolas Thouveny


Patchwork Carioca / «Articulation de réseaux & espaces verts dans une ville en extension »

cet espace libre. Il est un fait amusant la fermeture de ces espaces de circulation tous les dimanche afin de permettre

l’usage de ces voies à tous véhicules non motorisés et aux piétons, pistes cyclables géantes, elles ne constituent alors plus un obstacle mais une annexe au parc. A cette occasion, il est possible de les emprunter directement pour traverser

les différentes bandes qui le constituent. Après observations avec des paramètres d’horaires et de météorologie à chaque

fois différents, nous pouvons affirmer qu’aujourd’hui, malgré la nature artificielle de cet espace, il est totalement intégré dans sont espace physique et dans le fonctionnement du quartier de Flamengo, car quotidiennement utilisé par toutes

les classes sociales composant la population carioca, et de diverses manières. En promenade en fin de semaine pour certains ou pour se rendre au travail à vélo tous les jours pour d’autres il fait aujourd’hui profiter de ses espaces à un

nombre incroyable d’activités de plein air et extrêmement variées dont la seule limite est l’imagination ; de jour comme

de nuit, par grand beau temps ou ciel couvert, cet espace est toujours fréquenté par un minimum de personnes. La plage peut être bondée de baigneurs (activité cependant peu conseillée dans la baie), des fameux loueurs de chaises

et parasols et d’amateurs d’activités sportives comme le beach volley ou le footvolley, très pratiquées dans cet espace

là, un jour de grand soleil puis, le lendemain, être adoptée sous la pluie par ces mêmes sportifs et vendeurs. De l’autre

côté de la promenade de bord de plage, s’étend un immense espace paysager dont la quantité d’ombre et de soleil est

agréablement variable grâce à la multitude d’arbres, où la pelouse offre d’infinies possibilités d’activités: sportives

(course, musculation, slack line, danse, yoga, freezbee….), sociales (barbecue, pic nic), musicales (répétitions de fanfare, bœufs de guitares) ou relaxantes (tables de massage installées à l’improviste, lecture, repos). Alors que la piste cyclable fait slalomer les cyclistes, skateurs, roller et pratiquants d’autres variantes, entre ces espaces, les infrastructures

sportives telles que les terrains de basketball, football, volleyball sont très prisées. Il règne les dimanche de beau temps

une réelle atmosphère dynamique, enjouée avec une densité de population d’horizons différents impressionnante et le

bruit de la ville est réellement atténué par la distance avec les premières voies et la végétation foisonnante. Les jours de

semaine où le temps est beau on observe plus de population de passage que de personnes qui restent vraiment dans le

parc dans la journée, bien que la plage soit toujours animée. En fin de journée les personnes commencent à y venir pour passer du temps. Au cours des journées pluvieuses en semaine on observe des coureurs en fin de journée, des sportifs sur

la plage et sur certains terrains, les terrains de football sont, par exemple toujours fréquentés même par mauvais temps et les vendeurs fidèles à leur postes restent aussi disponibles à la vente de boissons si les passants ne sont pas intéressés

par une chaise longue ou un parasol.

Après ces observations nous remarquons à première vue que l’on ne croirait pas être dans un espace artificiel, cet

espace qui n’est en fait qu’un « ajout » largement adopté au fil du temps. Le parc de Flamengo, peut donc être vu comme une grande réussite sociale et spatiale, altérant lieux définis et espace à s’approprier dans une logique bien déterminée.

Les espaces le constituant ayant été définis en 1960, nous pouvons remarquer leur caractère durable, appuyé par une

judicieuse disposition des espaces dans ce lieu.

1.2 Fonctionnement des espaces, description du lieu Il est de notoriété publique, la grande part de responsabilité de la splendeur de ce parc qu’a l’artiste, peintre,

paysagiste et grande icône du modernisme brésilien, Roberto Burle Marx, accompagné de son équipe composant

l’agence « Burle Marx& co ». La partie de planification urbaine ayant été complétée par l’urbaniste Lucio Costa et

l’architecte Affonso Reidy, en charge des édifications du parc. Le parc de Flamengo peut en fait être décomposé en

différentes bandes linéaires de traitement correspondant à des usages et ambiances qui leur est propre. Trois bandes

clairement lisibles jusqu’aujourd’hui : la première est située entre l’Avenue Beira Mar et les limites édifiées de la ville,

elle est composée de tous les services liés à l’automobile : une station d’essence à la transition entre les quartiers de

Botafogo et Flamengo puis deux parcs de stationnement stratégiquement disposés le long des voies ; elle est aussi 15


fig. 11. Terrains de basket ball qui font partie du projet de base du Parque do Flamengo

fig. 12. Croquis de Burle Marx: projet de passerelles remplacé par la marina de Gloria

fig.13. Relation de la marina avec les reliefs alentours, insertion. Photographie: Nicolas Thouveny

fig.14. Plan des aménagements du parc de Flamengo, délimitation des espaces. Source: Site internet de la «Fundação Parques e Jardins», retravaillée par Amélie Thouveny

16


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composée d’aires de loisirs pour enfants projetées par l’architecte Affonso Eduardo Reidy, proche de la frange bâtie du

quartier de Flamengo. La seconde est essentiellement constituée de voies rapides et de jardins centraux, mais comporte

aussi une grande quantité de terrains sportifs pour football, tennis, basket ou volley. La troisième bande borde la baie et

donne un support aux équipements de loisir, à la plage de Flamengo. Dans celle ci se trouve notamment la piste cyclable cheminant alternativement du côté plage ou du côté voie rapide de la bande paysagère (fig.14). Elle comporte aussi un

restaurant au front de mer projeté par l’architecte Marcos Konder Neto et des aménagements sportifs tels qu’un espace

fitness extrêmement prisé par la gente masculine carioca, situé près du monument qui clôt la limite du parc : l’obélisque à Estàcio de Sà, projetée par l’architecte Urbaniste Lucio Costa. Nous avons donc au Nord, l’Aéroport Santos Dumont,

et la place Salgado Filho, premier aménagement effectué par Burle Marx dans ce parc, qui avait comme initiative la

production d’une belle vitrine de végétation brésilienne et tropicale, offrant aux visiteurs principalement des essences

natives du Brésil. Il a donc effectué un travail de composition d’espèces en cherchant à créer des contrastes de formes, couleurs et textures entre les végétaux mais aussi en confrontant le végétal au minéral, jonglant entre passages pavés de

mosaïque portugaise et grands espaces verts arborisés. Cet aménagement cohabite avec le MAM, Musée d’Art Moderne de Rio, dont le projet paysager est mondialement connu à travers le graphisme de vagues effectué par la combinaison de deux sortes de graminées différentes. En suivant géographiquement l’ordre des espaces, nous arrivons sur la Marina

de Gloria, port de plaisance le plus proche du centre ville, projetée par un architecte méconnu du grand public, Amaro

Machado. Construite en 1976, bien après l’inauguration du parc, cet espace était initialement prévu par Burle Marx comme un espace où devait se situer un aquarium public avec diverses sortes de poissons d’eau douce ou salée et une ombrière avec des passerelles élevées au dessus d’espaces végétaux (fig.12), donnant l’occasion aux visiteurs de voir

cette flore de plus haut et faisant connaître les espèces native du Brésil aux usagers d’une manière ludique. Finalement,

bien que dessiné, cet espace n’a jamais été réalisé. La Marina de Gloria y a donc été construite. Ce port, dont la forme

semi circulaire en plan est nettement reconnaissable, est bordé d’activités et de monuments comme le monument aux morts de la seconde guerre mondiale situé à côté de la piste d’aéromodélisme, espace dont la géométrie se marie

parfaitement avec les courbes artistiques du paysagiste brésilien, dirigeant la logique de disposition des espaces verts. Nous pouvons alors remarquer que cette logique a été profondément réfléchie et avait pour but de donner un sens à la

visite de l’usager de ce parc dès son entrée. Les stationnements par exemple ont été disposés de telle manière à obliger

l’utilisation des infrastructures et faire marcher le visiteur jusqu’à l’espace qui lui est réservé. En effet l’idée principale de l’aménagement de ce parc était la création d’un « parc vivant », ainsi des espaces spécifiquement dédiés à certaines

tranches d’âge ont été déterminés mais toujours liés entre eux, l’ensemble est alors homogène et les générations se

croisent quels que soient les espaces adoptés. La difficulté de gestion des équipements risquait de mener à une surcharge d’infrastructures du parc mais au contraire, de grands espaces sans activités prédéfinies ont laissé une libre appropriation

aux utilisateurs, comme indiqué dans la partie d’observation de ce développement. A l’intérieur du parc ont donc été

dessinées différentes voies cyclables, systèmes de circulation qui entourent les espaces du parc et de la ville sans

créer de conflits entre eux. Différents moyens de locomotions se côtoient sur ces voies cyclables, de la bicyclette aux promeneurs pédestres, roller, skate et autres. Les passerelles restant à disposition de tous les usagers pour franchir les

voies de circulation automobiles.

Malgré son caractère artificiel, ce parc s’est imposé dans cet immense espace et l’intelligence de l’aménagement

a joué un grand rôle dans l’attractivité à la population carioca, citoyens qui le font vivre et perdurer, jusqu’à le réadapter,

réajustements indispensables pour une société en permanente évolution.

17


18

fig. 15. Population, activités et espaces paysagers. Photographie: Amélie Thouveny

fig. 16. Descente de la passerrelle, transition entre la piste cyclable et la promenade de la plage. Photographie: Amélie Thouveny

fig. 17. Vue depuis le sud du Parc sur la frange littorale du parc. Photographie: Amélie Thouveny

fig. 18. Vue depuis le sud du parc sur les aménagements du contour du morro da Viuva, Pain de Sucre en fond. Photographie: Amélie Thouveny

fig. 19. Articulation végétal/ minéral du parc. Photographie: Amélie Thouveny

fig. 20. Intégration du parkway dans cet espace. Photographie: Amélie Thouveny

fig. 21. Tournage d’un reportage dans le parc de Flamengo. Photographie: Nicolas Thouveny

fig. 22. Aménagements sportifs: terrains de football en béton. Photographie: Amélie Thouveny


Patchwork Carioca / «Articulation de réseaux & espaces verts dans une ville en extension »

19


fig.23. Perspective du parc de Flamengo. Source: DOURADO Guilherme, Modernidade verde, Jardins de Burle Marx, ed. Senac 2009

20

fig.24. Etude comparative des usages de la plage artificielle depuis sa création. Photos du parc en 1971 et photos personnelles.

fig.25. Etude comparative des usages des infrastructures présentes à l’origine du projet. Photos du parc en 1971 et photos personnelles.


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1.3 Usages d’hier et d’aujourd’hui Au delà de sa situation géographique très stimulante, nous pouvons nous demander si le succès de ce parc

depuis sa création est linéaire ou exponentielle. La variété des équipements proposés à la base de ce projet ne semble pas être à l’origine du succès actuel, pourtant il semblerait que l’utilisation de certaines infrastructures perdure au

cours du temps, comme l’aire d’aéromodélisme qui reste, à l’étonnement général, très convoitée. La pertinence du

choix des équipements de base du projet a peut être été prouvée lors de premières années d’utilisation mais, comme

le souligne Haruyoshi Ono, paysagiste et collaborateur de Burle Marx sur le projet de base du parc de Flamengo, lors d’un entretien, les planifications de ce parc ont tout de suite été teintées d’un objectif de durabilité des infrastructures

bien que de nouveaux besoins se sont cependant fait ressentir au fil du temps ce qui a entraîné une réhabilitation du parc

en 1999, de laquelle il était alors responsable. Il souligne que « malgré la classification de cet espace par le Patrimoine National, le parc souffrait d’un manque d’attention de la part de ses usagers ». A partir d’Octobre 1997 la préfecture

a alors coordonné l’élaboration du « Projet de récupération et réhabilitation du parc et de la place Salgado Filho »10

faisant face à l’aéroport Santos Dumont. Cette initiative avait non seulement pour but la remise en forme des espaces

mais aussi la réactualisation des usages et fonctions de ce parc (fig. 24 et 25), après analyse de la fréquence d’usage de chaque équipement. L’état des lieux complet du parc était organisé en différentes étapes entre observations à différentes heures de fréquentations et relevés topographiques, relevés de l’état des espèces présentes et encore vivantes et de l’état

du mobilier urbain présent. D’après le compte rendu effectué11, des conclusions en ont été tirées telles que l’évolution

des exigences par rapport à la sécurité dans les parcs pour enfants et dans le parc en général et le manque de luminaires

adaptés à son utilisation qui pouvait être supposée une des causes de la baisse de fréquentation du parc dans les années 90, lors de la montée de l’insécurité à Rio, que nous développerons ultérieurement.

Par rapport à la destruction des massifs végétaux, leur mise en place ayant été pensée par Burle Marx comme

une articulation des espaces et un signal de limite entre espace pédestre et espace végétal, la dégradation de certaines

zones paysagères impliquait une lecture difficile du projet d’origine. Après une analyse de l’état des végétaux, sont

apparus, sur une base de 10 250 exemplaires, 6835 éléments élagués, 269 arbres de moyenne à grande portée, retirés

car irrécupérables, 2697 éléments ont obtenu un contrôle chimique positif et 700 éléments ont été bouturés à partir

d’éléments existants pour renouveler l’espèce12. Pour s’assurer de la bonne durabilité de ces opérations ont été aussi réfectionnés les parterres et autres aménagements dédiés aux piétons. Les relevés et autres comptes rendus de ces

opérations ont été rendus public non seulement pour montrer les nouveautés mises en place grâce à la réhabilitation

du parc mais aussi pour ancrer dans les esprits l’importance du respect des infrastructures et des végétaux pour faire perdurer l’état de ce parc dont profitent tant de cariocas.

L’évolution de la société et la mise en place de certains évènements populaires de type concert ou spectacle qui

animent le parc et pour lesquels il n’a pas été initialement préparé ont aussi eu un effet dégradant sur les jardins. De

plus, la nouveauté du concept d’appropriation d’un espace vaste en milieu urbain par toutes les différentes classes de la population entraine aussi une installation des populations les plus pauvres, mendiants et marginaux, ce qui a ensuite

entrainé une diminution de fréquentation de certains espaces du parc alors adoptés comme abris par ces personnes

démunies. Après cette prise de conscience, des lignes directrices d’intervention ont été mises en place en s’adaptant

aux nouvelles pratiques d’une société en expansion et active : l’ajout de lampadaires pour un usage possible du parc

à toute heure du jour et de la nuit était indispensable, ainsi que la mise en place d’un skatepark , tant demandé par les adolescents, tranche d’âge très active dans l’utilisation de cet espace vert. 10 11 12

Traduit du portugais : « Projeto de Recuperação e Revitalização do Parque e da Praça Salgado Filho » DE AZEVEDO MAIA José Tadeu, Paisagem, Ambiente, Faculdade de Arquitetura e Urbanismo de São Paulo, Dezembro 2002, p. 136 ibidem p. 139 21


fig.26. Exemple de «Barraca» sur la plage de Gloria. Photographie: Nicolas Thouveny

fig.27. Maquettes des équipements proposés à l’origine de la création du parc

fig.28. Equipements dans leur état actuel, fréquentation faible

22


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Pour avoir une idée de la rapidité de l’évolution de la société et de la nécessité de réhabilitation régulière des

espaces libres, nous avons effectué une enquête sur la population d’utilisateurs du parc et nous avons recueilli quelques témoignages montrant les besoins de la société actuelle. Sebastiano par exemple, a 68 ans, et tient une barraca13 (fig.26),

ilest donc utilisateur quotidien du parc pour le besoin de son travail ou le plaisir de se promener. Il souligne pour

commencer qu’il n’aime pas le parc, il n’aime que la plage dans cet espace et pense qu’avant 1999 il manquait en effet

de postes de secours et de douches, mais ce n’est, selon lui, pas encore assez. Il souligne qu’il existe 3 postes sur cette plage, à 1,5 Km d’écart les uns des autres et trouve le nombre dérisoire. Il précise qu’il « y a de la place mais pas assez de

toilettes par exemple alors que ce ne serait pourtant pas compliqué d’en ajouter par rapport à la vague d’utilisateurs »14.

Ces paroles traduisent un côté positif de l’utilisation fréquente du parc et d’une réelle appropriation par les usagers ;

cet espace, lors de l’inauguration paraît tellement planifié, tellement réglé qu’il aurait pu être difficile de se l’approprier

réellement et à long terme, or la population ressent un besoin de complément du fait de la grande fréquence d’utilisation

qu’elle en fait.

A l’origine du projet ont donc été mises en place différentes infrastructures dédiées à des activités précises : un

amphithéâtre de plein air/ piste de danse, un théâtre de marionnettes, tous deux projetés par l’architecte Carlos Werneck,

un kiosque à musique, deux pavillons destinés aux enfants : un « pavillon aux jouets », et le pavillon japonais, projetés

par Affonso Eduardo Reidy (fig.27). Lors d’études effectuées à deux périodes différentes : en plein été et en plein « hiver », nous avons pu constater l’harmonie de fréquence d’utilisation du parc et de ses espaces ; mais aussi l’abandon

des ces édifications architecturales dédiées à un usage précis. Nous pouvons aujourd’hui remarquer que toutes les

infrastructures sont encore existantes mais que la moitié d’entre elles ne sont plus destinées aux mêmes usages, comme

le souligne Natalia, 18ans, qui habite dans le quartier de Gloria (proche du parc). Usagère du parc à une fréquence

de 1 à 2 fois par semaine environ, assise sur le rebord de l’amphithéâtre de plein air en béton (fig.28), elle témoigne :

« je viens en général le dimanche pour me promener à pied avec des amis, quand j’étais plus jeune j’utilisais la piste

cyclable pour faire du skate mais plus maintenant, d’ailleurs pour ce qui est des infrastructures, je n’ai jamais vu de gens utiliser cet amphithéâtre par exemple». Nous avons cependant pu remarquer que quelques uns de ces espaces ont

été réadaptés par les usagers même, le pavillon japonais par exemple est aujourd’hui un lieu de répétition de danse, à chaque étude dans ce parc un groupe de danseurs y était présent. Cependant, l’espace théâtre de marionnettes se situe à un endroit légèrement coupé des autres activités à cause de la pousse de la végétation. En effet si certains espaces ont

été pensés à l’origine comme liaison entre la promenade sur la plage et les promenades intérieures, certains endroits

sont aujourd’hui pris au piège d’une végétation dense, créant un climat intimiste qui peut parfois inspirer l’insécurité.

Ces enquêtes effectuées sur une tranche de population utilisant fréquemment le parc permettaient aussi de se rendre compte de l’urgente nécessité de compensation des carences pour une meilleure adaptation à la population actuelle et à

ses besoins à nouveau, tel qu’en 1999.

Ainsi, pour respecter les lignes directrices de la planification de ce lieu, il faut aussi en comprendre son sens et

les intuitions des personnalités à l’origine de cette mixité sociale, mais surtout les initiatives urbaines à l’origine d’une

transformation morphologique radicale de la ville de Rio.

13 Installation commerciale existant sur toutes les plages de Rio proposant des rafraichissement, parasols et chaises. 14 Propos recueillis le 23 Mars 2013 sur la plage de Flamengo et traduits du Portugais : « Tem espaço mas não tem banheiros, não séria tao complicado bottar mais banheiros aqui ! » 23


fig. 29. Maire de Rio (19021906) F. Pereira Passos

fig. 30. Maire de Rio (19261930) Antonio da Silva Prado Jr.

3.

1.

2.

1. Morro do Castelo avant son arasement 2. Arasement du Morro do Castelo 3. Etat des lieux après arasement 4. Fig.31. Photo représentant les différentes étapes de la démilition de deux fameux «morros» Source: ENSA-V, KLOUCHE Djamel, LIBERT Cédric (enseignants responsables), « BZ 2010-2011 », Paris-Rio, Travaux d’étudiants, Master 2011.

Fig.32. Photogrpahie datant de 1924 du morro da Viuva, encerclé par l’Avenida Beira Mar 24

5.

4.Arasement du Morro de Sto Antonio 5. Ibidem

Fig.33. Photogrpahie datant de 1961, début de l’élargissement du quartier de Flamengo


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2. Réalisation, de l’ « Aterro » au « Parque », origines de cet espace 2.1 Une succession de personnalités La réalisation de ce parc a pour origine l’énergie et la volonté de nombreuses personnalités politiques

déterminantes du XX ème siècle. Alors que la ville de Rio de Janeiro traversait de graves problèmes sociaux, causés

en partie par son évolution très rapide et désordonnée, appuyée par les constantes guerres de colonisation depuis sa

découverte. Les travaux entrepris que l’on dit aujourd’hui à la base de son développement si rapide ont en effet vu le jour

grâce à une succession de personnalités politiques très concernées par le développement de la capitale Brésilienne, ayant

un immense potentiel à l’échelle internationale. Suite à la proclamation de la République en 1889, a été élu un maire du

district fédéral de Rio de Janeiro. Les mandats allant de 2mois à 4 ans, les différentes personnalités qui se sont succédées à cette position, entre 1889 et le transfert de la capitale de Rio à Brasilia en 1960, ont eu plus ou moins d’impact sur le

développement de la ville de Rio. Il se trouve que les maires qui ont réellement initié et dirigé les opérations clés qui ont

permis à la ville de s’émanciper étaient tous trois des ingénieurs brésiliens.

Le premier de ceux ci, Francisco Pereira Passos (fig.29), est devenu maire de Rio en 1902 alors que celle ci

comprenait presque un million d’habitants dans une structure de ville coloniale. Les habitants souffraient du manque

de transports, d’approvisionnement en eau, d’assainissement, de programmes de santé et sécurité sociale et surtout

d’insécurité quotidienne. Au centre de Rio, dans la vieille ville et les quartiers adjacents, ont donc commencé à apparaître

des favelas, habitations collectives insalubres dans lesquelles la promiscuité engendrait des épidémies de fièvre jaune, variole, choléra et autres maladies mortelles ; donnant à la ville de Rio le surnom de « port sale»15 ou encore de « ville de

la mort»16. Les initiatives de F. Pereira Passos s’expliquent avec son parcours jusqu’à la mairie de Rio. Au XIXè siècle, pendant ses études il fait souvent des allers retours entre le Brésil et la France, où il assiste aux travaux Haussmaniens

d’élargissement de voies, de réformes sanitaires, d’alignement des bâtiments dans les grandes avenues. En 1874, il

est alors nommé « Ingénieur du ministère de l’empire », ce qui lui permet de suivre tous les travaux du gouvernement

impérial. Il intègre ensuite la commission chargée d’établir un plan général de réhabilitation urbaine de la capitale,

incluant l’élargissement des rues, la construction de grandes avenues, la mise en place de canalisations et autres mesures

sanitaires. Il propose alors la construction d’une grande avenue pour commencer à établir une dynamique plus claire et simple entre le Centre, la zone portuaire et la Zone Sud en attente de développement. Après plusieurs nouveaux allers

retours en Europe, il revient à Rio et est nommé maire en 1902, sous la présidence de Rodrigo Alves (président du Brésil

de 1902 à 1906) et commence à concrétiser tous les plans d’actions de réurbanisation de la ville de Rio. On appelle cette

période de réforme urbaine « Bota-abaixo », littéralement traduite par « mets à plat », car pour la première fois à Rio

cette réforme avait pour objectif l’assainissement, l’urbanisation et l’embellissement de la capitale, donnant à Rio des

airs de ville moderne et cosmopolite, d’après le modèle Haussmanien que Pereira Passos à longtemps étudié et admiré.

Ainsi, en quatre ans ces travaux ont transformé l’apparence de la ville : des rues étroites, obscures ont surgit des grands

boulevards aux édifices imposants, dignes de représenter la capitale fédérale. En voulant organiser la maille viaire,

Pereira Passos à initié l’ouverture de diverses rues et l’élargissement d’autres permettant une aération, ventilation, et une meilleure illumination du centre. Il a ainsi eu un impact direct sur le quartier dans lequel se situe l’objet de cette

étude : Flamengo. C’est sous sa direction qu’ont été ouvertes les avenues Beira-Mar et Atlântica, premier pas vers

l’élargissement terrestre de ce même quartier sur la baie de Guanabara et aujourd’hui encore un des axes les plus importants : cette voie relie le centre de la ville jusqu’au Morro da Viuva.

15 16

Traduit du portugais « porto sujo » Traduit du portugais « cidade da morte » 25


fig. 34. Coupure de Journal datant de 1920, avec comme titre principal «Rio a le coeur serré». Source: http://www.jblog.com.br/hojenahistoria.php?itemid=7460

fig. 35. Vue Nord-Ouest du Morro en destruction Source: http://saibahistoria.blogspot.fr/2013/01/o-fim-do-morro-do-castelo. html

fig. 36. Esplanade de Santo Antônio, ambiance générée par les projets d’Affonso Reidy dans un esprit moderniste: monofonctionnalité, conflits morphlogiques et grandes distance pour le piéton.

26


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Avenue qui était une forme efficace de liaison des extrémités de la ville, renforcée ensuite par l’ouverture

des divers tunnels liant le centre aux quartiers de Copacabana et alentours du lac Rodrigo da Freitas. Au delà des

améliorations sanitaires et urbaines, les réaménagements induits par Pereira Passos ont aussi eu des côtés négatifs sur le plan social : au même moment les favelas commençaient à se former sérieusement sur les reliefs de Rio. Au lendemain

de cette réforme urbaine basée sur la démolition de bâtiments insalubres du centre de Rio, la population pauvre de ces quartiers s’est vue obligée d’habiter avec d’autres familles, à payer des loyers assez chers ou à déménager vers les

banlieues à cause de l’insuffisance d’habitations populaires construites en substitution aux habitations démolies. Une

grande partie de l’immense population atteinte par cette réurbanisation du centre ville reste alors dans cette région et les morros17 situés au centre de la ville (Morro da Providencia, Morro Sto Antonio, entres autres) deviennent la cible d’une

grande occupation où l’on retrouve l’insalubrité et l’entassement, fléau grossièrement balayée au centre. S’étendent

alors les favelas, qui, après une phase de grande migration de gens du Nord-Est et d’autres états, s’élargissent de plus en plus et ont marqué le territoire de la ville de Rio, sa configuration et son identité jusqu’aujourd’hui.

Après le mandat de Pereira Passos, Rio reste une grande période dans cette dynamique de changement sans

trouver d’équilibre ou de ligne directrice. Les initiatives d’améliorations urbaines du début du XXè siècle reprennent

concrètement en 1920, avec la seconde figure déterminante: Carlos Sampaio (fig.30), pourtant maire de Rio de 1920 à 1922 seulement. C’est avec de grandes initiatives qu’il a fait sa place en 2 ans : Sampaio avait pour objectif l’élimination

des espaces résidentiels à faible revenu au centre de Rio, dans la continuité de l’action de Pereira Passos. Il est ensuite

à l’initiative de la transformation morphologique de la ville : il engendre le premier arasement de colline : le « morro do Castelo » (fig.34 et 35) dont la matière première servira alors à la construction du terrain du futur aéroport national

« Santos Dumont ». C’est alors le premier élargissement concret des limites du territoire de la ville sur la baie de Guanabara au XXème siècle pour un terrassement de grande surface, après l’ouverture de l’avenue Beira-Mar réservée

aux véhicules. Cette opération initiée en 1922 est terminée en 1928 sous le mandat d’Antonio da Silva Prado Jr. (maire

de Rio de 1926 à 1930). L’Ouverture de l’avenue Rui- Barbosa (continuité de l’avenida Beira Mar) a également été une

opération à impact durable dans le mandat de Sampaio car elle a engendré la création de la liaison Centre – Copacabana,

un des liens essentiels au développement de la zone sud de la ville. Ces travaux ont permis l’expansion du centre

et donnèrent lieu à l’esquisse, avec le profit du territoire gagné sur la baie, au premier plan guide systématique de la ville de Rio de Janeiro. En effet, Antonio da Silva Prado Jr, maire de 1926 à 1930, a succédé Carlos Sampaio

et à comblé les avancées urbaines faites depuis 30 ans en commandant un plan d’ensemble pour la ville de Rio, à

l’urbaniste français Alfred Agache : « remodelage d’une capitale ». Ce plan était avant tout pensé comme guide à partir du constat de l’époque avant d’être partiellement adopté comme plan directeur, quelques années plus tard, dont le parc

de Flamengo sera un instrument de planification majeur. Alors que l’espace central de Rio s’organisait peu à peu pour recevoir honorablement toutes les fonctions nécessaires à la reconnaissance de cette ville comme capitale, les zones

alentours aussi se modernisaient. La zone Sud, dont la morphologie ne facilite pas les connexions, devenait de plus

en plus ouverte grâce aux tunnels creusés dans les reliefs. Les quartiers de Copacabana et Ipanema devenaient ainsi

plus fréquentés et propices à un rapide développement. Effectivement, les lois passées après l’établissement du plan Agache étaient favorables à la verticalisation de ces quartiers et les édifices de nouvelles hauteurs sont, à partir de

là, apparus très rapidement. Les maisons privées construites sur des parcelles plus ou moins bien délimitées furent

alors dérobées pour construire des petits immeubles de logement collectif puis en 1944 commençaient à apparaître des immeubles de sept étages. C’est à partir de 1952, au centre des parcelles éloignées des rues principales, que les

premiers immeubles de plus de sept étages se sont construits. Autour de 1920, à Copacabana commençaient à se construire les édifices qui ont participé au mythe de Rio à cette époque, tels que le Copacabana Palace inauguré en 1923.

17 Le terme « Morro » est traduit par « colline, tertre » mais ces traductions ne contiennent pas la force et la connotation du mot d’origine, nous préserverons ce terme autant que possible dans le développement. 27


Morro existant

Morro de Santo Antonio/ 1943

Favela

Maisons coloniales

Morro do Senado/ 1891

Maisons coloniales+ Edifices omposan

3306 1KM 28


nts

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Morro do Castelo/ 1920

Aéroport Santos Dumont

Baie de Guanabara

«Grattes ciels» du quartier administratif

6,8 fig. 37. Coupes sur le centre de Rio, comparaison des reliefs avant et après les arrasements de «morros».

29


fig. 38. Portraits des principaux acteurs du projet de parc de Flamengo: Carlota de Macedo Soares, Roberto Burle Marx, Lucio Costa et Affonso Reidy.

fig. 39. Photographie de l’Avenida Presidente Vargas au centre, 1950. Illustration du boom de l’automobile que Rio a subi. Source: Cité de l’Architecture et du patrimoine, 30


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A travers toutes ces initiatives, la ville de Rio a réellement subi une transformation générale au XXème siècle

à travers ces personnalités. Une accélération indéniable qui préparait la ville à d’autres changements dont l’impact sur la population se ressent encore aujourd’hui. Nous pouvons remarquer la croissance subite de la ville et de son image

architecturale à cette époque là, l’arasement des différents morros du Centro ayant été la condition sine qua non à la

naissance de l’espace « Aterro do Flamengo », terrassement aménagé dont le projet donna, non sans peine, naissance au « Parque do Flamengo ».

2.2 Mise en place du projet, acteurs

A partir des débuts de l’industrialisation au Brésil, et de l’adoption accrue de l’automobile, le trafic devenait

de plus en plus intense entre le centre et les quartiers sud (fig.39). Une solution au problème de saturation du noyau central paraissait alors évidente : la création de nouvelles voies pouvant dévier les axes principaux empruntés habituellement, offrant de nouvelles options de liaison aux transports publics et aux possesseurs de véhicules

motorisés. Du fait de sa situation, le quartier de Flamengo est apparu à ce moment là comme un espace clé à l’espoir de désengorger ce fameux noyau central de Rio, en faisant circuler les véhicules au bord de la baie de Guanabara

sauf que l’espace existant entre les édifices et la baie était assez réduit. Au delà de constituer un lien entre des zones clés de la ville de Rio de Janeiro, le quartier de Flamengo a une situation particulièrement privilégiée sur la baie

de Guanabara : ce n’est pas une anse comme l’est le quartier de Botafogo, mais un espace linéaire qui fait face à la ville de Niteroi, de l’autre côté de la baie. Autrement dit ce quartier contient depuis toujours des limites physiques

perceptibles visuellement. Même sans terrassement préalable, les limites forment une sorte de cocon, de protection qui suggèrent l’installation, le profit de l’immensité d’un paysage si proche d’un noyau central dense, qui tend à

s’étendre. Nous remarquons aussi l’enchainement des actions que ce centre à subi au XXème siècle : l’arasement

d’une colline qui orchestra ensuite l’aménagement verticalisé du centre administratif de la capitale avec la mise en

place d’une politique hygiéniste qui mit fin à un certain nombre de constructions coloniales ; la décision de la mise en place d’un territoire artificiel pour l’aéroport national Santos Dumont, au nord de l’actuel parc de flamengo, complète

ces initiatives qui ont provoqué un besoin de contraste dans cet espace devenant une usine à flux circulatoires divers et variés, ne laissant plus de place au piéton.

La mise en place de ce projet de terrassement de la baie fut cependant une grande source de conflits

administratifs. Lors des discussions engagées par le gouverneur de l’état de Guanabara, ayants comme sujet le

décongestionnement de la ville de Rio, l’organisation qui était essentiellement concernée par ces démarches était la SURSAN18, intendante à l’organisation urbaine et l’assainissement de l’Etat de Guanabara à cette époque. Celle ci

proposait l’ajout de voies de circulation rapides au long du quartier de Flamengo, prévues comme support à l’Avenue Beira-Mar qui ne suffisait déjà plus au flux accroissant19. C’est alors que les recherches menées ont remis en question les idées reçues et populaires à propos des actions bien distinctes d’initiative et de conception du Parc de Flamengo: après la réalisation d’un sondage auprès des utilisateurs du parc de Flamengo, il apparaît que 85% des personnes

interrogées répondent à la question « grâce à qui pouvez vous profiter du Parc de Flamengo ? Qui est à l’initiative

de ce projet ? » : « Roberto Burle Marx ». Erreur ! Sans doute causée par le manque de nuance dans la transmission

des connaissances de l’histoire du Parc de Flamengo ou par simple oubli volontaire d’une grande personnalité. Alors que Burle Marx faisait partie de ce projet comme collaborateur, à la base des plans du parc, la personne à l’initiative de cette installation est en réalité une femme, sans diplôme universitaire (ce qui justifierait « l’oubli partiel » de sa 18 19

Traduit du portugais: « Superintendência de Urbanismo e Saneamento » http://www.luizprado.com.br/?s=dif%C3%ADci 31


Fig.40. Evolution progressive du gain d’espace sur la baie de Guanabara. Source: Revista Brasileira de Geografia, Oct-Dec 1965. 32


Patchwork Carioca / «Articulation de réseaux & espaces verts dans une ville en extension »

part de participation à cet espace) mais autodidacte et avec de grandes connaissances urbanistiques et architecturales,

persuadée du succès de cet espace en temps qu’espace vert, libre : Carlota de Macedo Soares. Pourtant, de nombreuses publications citent l’histoire telle qu’elle a été mais, cette femme non diplômée, ne pouvait pas autant être «iconisée» que Burle Marx, ce héros du modernisme Brésilien. Ce projet est donc en réalité l’unique «réalisation» de Carlota de Macedo Soares, surnommée « Lota », parachutée sur ces initiatives à travers son amitié avec le gouverneur de l’Etat de Guanabara de cette époque : Carlos Lacerda (gouverneur de 1960 à 1965), qui lui écrivit une note à sa mort en

1967, rendant hommage à son activité indispensable à la réalisation du parc de Flamengo. Il affirme que les droits d’auteur du projet lui reviennent et insiste : « Morte sans le parc, qui lui a été pris par les conflits politiques et les chamailleries. Mais ce qui reste du parc, s’il existe, s’il survit, tout cela se doit à cette fille et frêle créature, toute

nerveuse, toute lumière, qui se nommait Dona Lota »20. Les tensions existantes entre Burle Marx et Lota ont sûrement

participé à évincer ce nom de l’histoire populaire du parc de Flamengo, il publiait dans le journal O Globo21, édition du 20 Octobre 1965, un article décrivant Lota comme « une femme despote, prétentieuse, usurpatrice » de ses idées

et insistait en ajoutant « peut être serait-il opportun de vous rappeler qu’avoir bon goût en choisissant une cuiller ou

une poêle finlandaise n’implique pas avoir des capacités créatrices »22, preuve de son déni pour les capacités de cette femme. Ce papier est sorti à un moment clé du déroulement des faits : l’année de l’inauguration et aussi la dernière

année du mandat de Carlos Lacerda. L’année suivante, Rio ayant une nouvelle administration, Lota était suspendue

de son activité autour du parc et de la gérance de son administration. A la mort de Roberto Burle Marx, un dossier est

élaboré dans le journal O Globo du 2 Juillet 1994 à propos de ce grand homme, et au détour du reportage le journaliste écrit : « Arnaldo de Oliveira, commerçant retraité, vit depuis 30 ans dans le quartier de Flamengo et se promène tous

les jours sur l’Aterro avec d’autres retraités et déclare que jamais il n’aurait imaginé que ceci avait pu être coordonné par une femme, a toujours cru que ce fut l’œuvre de Burle Marx uniquement »23. Presque vingt ans se sont écoulés

depuis ce témoignage et les mentalités n’ont pas changé : la croyance populaire de l’entière initiative du parc par le héros Burle Marx perdure.

Carlota Macedo Soares, amie proche du gouverneur de l’état de Guanabara, apprend donc en 1957 l’existence

des discussions politiques et du potentiel terrassement de la baie de Guanabara, et prend les devants en allant à

l’encontre de l’organisme SURSAN, considérant le terrassement de Flamengo comme « la dernière grande aire au centre de la ville qui donnerait la possibilité au gouvernement de réaliser des travaux qui réuniraient grande

utilité publique et beauté24 ». De nombreuses négociations ont eu lieu pour faire accepter au gouverneur de l’état de

Guanabara le projet d’un parc associé aux voies rapides. Le principal opposant à cette décision était José de Oliveira Reis, personnalité très impliquée dans la planification de la ville de Rio étant responsable de la commission de

planification de la ville de Rio entre 1937 et 1945, et à la direction du département d’urbanisme de la mairie de Rio de Janeiro entre 1945 et 1963. Il considérait l’augmentation des réseaux de transport publics et la création de voies

de circulation comme la solution aux problèmes d’extension des villes au Brésil et considérait comme préjudice au système viaire la suppression de voies prévues dans le projet de base du parc de Flamengo. Déjà, José de Oliveira

Reis, critiquait le plan Agache qui selon lui « montre qu’il se préoccupait plus de l’esthétique de la ville, mettant plus l’accent sur la partie monumentale et architecturale, que sur la circulation25 ».

20 Traduit du portugais : « morreu sem o parque, que lhe foi tomado pela politicagem e a chicana. Mas o que fiça do parque, se ele existe, se ele sobrevive, tudo isso de deve àquela miùda e franzina criatura, toda nervos, toda luz, que se chamou Dona Lota » OLIVEIRA, Carmem L. Flores Raras e Banalìssimas : a historia de Lota de Macedo Soares e Elizabeth Bishop. 1° edição. Rio de Janeiro : Rocco, 1995, p.206 21 «O Globo» : Journal populaire Brésilien, relatant des faits de tous les Etats du Brésil 22 OLIVEIRA, Carmem L, Flores Raras e Banalìssimas : a historia de Lota de Macedo Soares e Elizabeth Bishop, 1° edição. Rio de Janeiro, Rocco, 1995, p.157 23 ibidem, p.209 15 Traduit du portugais : « a última grande área no centro da cidade que possibilitava ao seu governo realizar uma obra que reunisse grande utilidade 24 pública e beleza. », ibidem, p.81 25 « (…) Mostra que houve mais preocupação com a parte estética da cidade, dando ênfase ao monumental e à parte arquitetônica que propriamente a de circulação ». SANTOS DA FARIA Rodrigo, « As idéias em seus lugares profissional-institcionais : José de Oliveira Reis e a Engenharia de Tràfego na construção 33


Fig.41. Parc de Flamengo en 1971, Voies rapides bien présentes dans le paysage carioca. Source: http://www.skyscrapercity.com/showthread.php?t=877776&page=86

fig. 42. Carte postale, photographie datant des années 1950, Avenida Beira Mar, première annexe à la circulation du quartier de Flamengo.

34

fig. 43. Photographie prise à l’achèvement de la conception du parc de Flamengo. L’Avenida Beira Mar se situe toujours à la droite de l’image.


Patchwork Carioca / «Articulation de réseaux & espaces verts dans une ville en extension »

Les motivations premières de cet aménagement étaient donc l’ajout de voies de circulation à proprement

dit mais suite aux pressions provoquées sur le gouvernement, Carlota de Macedo Soares, coordinatrice de la

commission spéciale pour l’exécution de « l’aterro de Flamengo » a réussi à faire passer avec son équipe l’idée

du profit de cet espace conquis sur la baie pour la création d’espaces de loisir dédiés aux cariocas26. La dénommée « Lota » ne s’est alors pas arrêtée là et a anticipé les pressions politiques du secteur immobilier par rapport à cet espace, à l’époque, immensément vide, en faisant passer une demande formelle d’ « area de tombamento »27 à

l’IPHAN28, acte de reconnaissance de la valeur culturelle d’un bien, d’un espace qui se doit d’être protégé. Demande qui a été acceptée faisant de ce cas le premier et unique espace protégé qui n’existait pas encore. Elle a ensuite créé une fondation pour administrer ce parc, parrainée par des personnalités intellectuelles, politiques et artistiques, ne donnant plus aucune chance aux éventuelles modifications du projet de futur Parc de Flamengo29. Nous pouvons

alors remarquer que le succès de ce parc n’est pas uniquement le projet en lui même mais le succès de toutes les dynamiques et persuasions que celui ci a engendré. En effet, tous les acteurs et les moteurs de ce projet se sont

complétés de telle manière à ne pas pouvoir faire de pas en arrière aux diverses difficultés rencontrées. « Lota » n’a donc pas été très connue et reconnue du grand public alors que les cariocas lui doivent la réalisation d’un espace

qu’ils fréquentent quotidiennement. L’après-midi du 25 Septembre 2012, Sonia Rabello, a rendu hommage, dans la municipalité de Rio, au nom de tous les Cariocas, le jour des 45 ans de la mort de Lota Macedo de Soares.

«Cette loi rendra justice à la mémoire de l’urbaniste, créateur et entrepreneur de l’espace de loisirs de toute la

population de Rio. Grâce à ses efforts et son dévouement, Maria Carlota de Macedo Soares Costallat a réuni une équipe multidisciplinaire d’experts, a apporté des changements dans la zone destinée à être quatre voies pour les véhicules pour y effectuer le parc Flamengo, qui est le plus grand parc public sur le front de mer du monde «30.

Celle ci proclame alors l’attribution du nom de Parque do Flamengo, Lota de Macedo Soares, le tronçon de

parc situé entre le monument de la Seconde Guerre mondiale et la baie de Botafogo, en espérant rendre un hommage

posthume digne de son dynamisme à l’origine de la création de ce par cet faire connaître ce personnage aux cariocas. C’est donc sous son contrôle que se sont organisées les équipes de corps de métier complémentaires, composées

des personnalités les plus compétentes en matière d’aménagement spatial. Comme cités ci dessus, en tête de liste : l’urbaniste Lucio Costa, sous d’innombrables projecteurs après l’achèvement de la ville de Brasilia, associé à

l’architecte Affonso Reidy pour la partie organisation du territoire et, comme cité ci dessus, le paysagiste de renom Roberto Burle Marx, pour l’exécution de l’aménagement paysager, à qui l’on ne peut tout de même pas retirer le

mérite du projet paysager du parce de Flamengo, malgré les confusions entre conception et initiative. Cependant, un concept étranger, parfaitement adapté au milieu, est apparu pour rendre cette articulation possible de deux entités à

première vue difficilement combinables sur une longue période : la nature et la voie rapide forment le « parkway ».

On peut alors voir la volonté d’équilibre entre la création de nouvelles voies automobiles et les possibilités urbaines au niveau des quartiers attenants, la décomposition des différentes opérations de traitement du parc en donne la preuve. Le centre de la capitale ne pouvait décemment pas être lié au reste de la ville uniquement par des voies intérieures surchargées. Le rejet des voies rapides vers l’extérieur a ainsi donné un rythme aux circulations automobiles. La fascination pour cet objet et la rapidité de son développement expliquent de telles décisions.

da cidade do Rio de Janeiro, divergências entre a engenharia e a arquitetura moderna no processo de concepção e urbanização do Aterro do Flamengo (19591966) », slnd. 26 Appellation des citoyens de Rio de Janeiro. 27 Traduction: « Espace protégé» 28 Institut de Protection du Patrimoine Historique National Brésilien (IPHAN) 29 DOURADO, g.m., Modernidade verde, Jardins de Burle Marx, ed. Senac 2009, p.321 30 Source : INTERNET, 26 Septembre 2012, http://www.youtube.com/watch?v=UYTQk1cWkdA 35


fig. 44. Croquis de Roberto Burle Marx esquissant la perspective du parkway.

fig. 45. Vue depuis un bâtiment sur le Sud de l’aménagement, liaison entre les différentes bandes du projet.

36


Patchwork Carioca / «Articulation de réseaux & espaces verts dans une ville en extension »

2.3 Réadaptation d’un système d’articulation urbaine : le parkway

Carlota de Macedo Soares n’a cependant pas imposé cette idée de poumon urbain sans arrière pensée, en

réalité elle faisait partie de la génération qui pariait sur un développement rapide de son pays et qui voulait adapter des concepts étrangers de développement urbain à la ville qu’elle chérissait. Elle proposa alors le concept de « parkway » comme remplacement aux voies projetées par la SURSAN et le prévoyait comme : « un simple couloir pour voiture qui pourrait se transformer en immense aire arborisée et finirait par devenir un symbole pour la ville31 ». Il suffit de

survoler l’histoire du Brésil pour comprendre que ce pays a été, depuis sa découverte et la prise de conscience de sa richesse, en permanents rapports et impulsions de pays étrangers, ce qui a apporté un certain goût de la diversité à

son territoire et à son peuple. D’où la grande fascination pour les concepts urbanistiques extérieurs lorsqu’il s’agit de

repenser la ville, réurbaniser le territoire. Dans la même lignée que la fascination Haussmannienne du début du siècle, la dénommée « Lota » a ajouté la fascination de l’urbanisme à l’américaine avec ce concept de « parkway » ou voies rapides végétalisées (fig.44 et 45). Ce système est en réalité né bien avant la période d’études du parc de Flamengo, concept Américain de la moitié du XIXè siècle, on le doit au paysagiste américain Frederic Law Olmsted associé

à l’architecte d’origine britannique Calvert Vaux, qui, ensemble sont à l’origine du Central Park de New York. Le

concept de parkway vient, étonnamment, encore d’une réadaptation d’un système Français : frappés par l’avenue de l’impératrice (actuelle Avenue Foch allant au Bois de Boulogne), ils en dégagent trois éléments forts : « (le parkway) : - raccourcit les distances depuis le centre vers le parc

- agit et modifie la forme de la ville par l’ajout d’équipements verts linéaires (boulevards larges et

plantés, avenue-arborétum comptant 4000 arbres d’espèces différentes)

- occasionne un trafic social de loisir et incite les citadins à se rendre au parc »32

Pour Frederic Law Olmsted, le Paris d’Haussman est un modèle de ville qui a su gérer sa morphologie pour se

préparer à une expansion, « conquérante vers sa périphérie par les boulevards, donc prévoyante et armée pour accroire

ses activités et sa richesse »33. Il salue le renouvellement de l’image de cette ville dont l’ensemble a été « homogénéisé

par des quartiers systématiquement dotés de squares, jardins publics ou parcs, tous liés entre eux par un réseau large et vert »34. Cette association entre les termes « highway » (grande route) et « parkland » (zone de parc), doit malgré

sa formulation claire aux Etats Unis, beaucoup aux chaussées traversant les parcs paysagers anglais du XIXè siècle.

En effet l’appréhension du système de parkway se rapproche plus du type de jardins à l’Anglaise, laissant libre court

à la nature autour d’une voie, que du jardin à la Française rectiligne et maîtrisé. La manière la plus large de définir un parkway est de l’assimiler à une « voie publique de large emprise associant, de façon variable, circulations à vitesses différenciées et espaces végétaux »35. Cependant l’origine de ce concept est bel et bien nord américain, F.L. Olmsted

l’ayant définie de manière claire comme « un complément quasi indispensable pour augmenter l’accessibilité au parc et donc le succès du parc »36, il défend cette nouveauté en la qualifiant d’équilibre parfait entre nature, campagne et ville.

31 Traduit du portugais : « Um simples corredor para carros poderá se transformar numa imensa área arborizada e acabará se convertendo num símbolo para a cidade ». 32 Direction de l’architecture et de l’urbanisme, La parkway, le boulevard, les savoirs de la voie urbaine, collection les savoirs de la voie urbaine, cahier n°3, Sept 1995, p.11

33 34

ibidem, p.11

ibidem, p.11 35 COHEN J.L, Parkway , dispositif métropolitain, Ecole d’architecture Paris-Villemin, Mars 1996, p.10 36 Direction de l’architecture et de l’urbanisme, La parkway, le boulevard, les savoirs de la voie urbaine, collection les savoirs de la voie urbaine, cahier n°3, Sept 1995, p.15 37


fig. 46. Vue depuis une passerelle du système de «parkway»

fig. 47. Exemple d’utilisation du système de «Parkway» à Rio pour une publicité de voiture affichant: «Seulement Rio lui donne tant de beauté».

38


Patchwork Carioca / «Articulation de réseaux & espaces verts dans une ville en extension »

La promenade n’est à cette époque pas encore une habitude, les rencontres sociales se faisaient alors dans des

lieux précis, en sachant le type de personne que l’on allait y rencontrer. Le parkway est aussi une nouvelle vision de

la société : toutes les classes sociales peuvent y accéder puisque le principal atout est la proximité avec la ville. Il est

d’ailleurs intéressant de remarquer que l’apparition de ce concept et la création des premiers parkways aux Etats-Unis sont dûs à des prises de conscience similaires que celle de l’administration carioca au milieu du XXè siècle.

A Chicago à la fin des années 1880, la cohabitation de différentes cultures était source de tensions entre

communautés, la misère, la pauvreté et la maladie étaient alors plus intenses qu’aujourd’hui, il fallait trouver un moyen de dédensifier les quartiers en créant des échappatoires au quotidien des habitants. Après la création des

premiers réseaux de parcs et parkway à l’initiative d’Olmsted, les équipements publics connurent un franc succès et les journaux écrivaient alors « que le public vénère les sycomores, les érables, les catalpas des parcs et des

boulevards…Ils civilisent et humanisent le comportement d’une façon incalculable. Les visiteurs proviennent de toutes les couches sociales et pourtant tous ont ce même bon comportement »37. Le parallèle fait par Carlota de

Macedo Soares était alors extrêmement judicieux, pendant que la ville de Rio passait par une phase de reconsidération urbaine, avec le projet de transfert de la capitale du Brésil de Rio vers Brasilia, elle trouvait indispensable une

adaptation rapide et efficace avec des bases saines d’une articulation ville / automobile et automobile / paysage.

Système extrêmement approprié au problème de congestionnement du centre de Rio, elle apportait en même temps

une perspective qui s’inscrivait aussi dans une politique hygiéniste, encourageant la pratique sportive, dynamique et la proximité de l’Homme avec la nature, même en étant au volant de sa voiture, comme le décrit parfaitement Siegfried Giedion dans Espace, temps, architecture publié en 1968 : «Des photographies aériennes arrivent peut être à rendre l’ample mouvement du tracé de la route, la beauté de ses virages, mais ce n’est qu’au volant d’une automobile que

l’on peut se rendre compte de sa signification : libération des signaux routiers et des croisements, mais surtout liberté de mouvement sans entraves et absence de la pression qu’exerce sur le conducteur une route interminable en droite

ligne qui le pousse à rouler à des vitesses dangereuses. Le conducteur est mis en confiance par la manière dont la route s’adapte au paysage, entre deux collines, et par la bande de séparation, plantée d’arbres, qui le protège du trafic venant en sens opposé (…)»38.

La nature n’ayant pas pris place dans la ville de Rio mais la ville de Rio s’étant construite autour de la nature,

Lota ne voyait pas d’autre alternative au projet de voies supplémentaires sur le terrassement annexant le quartier de Flamengo, Roberto Burle Marx, collaborateur au projet prit le parti de répandre cette flore Brésilienne sur l’espace

artificiel, donnant une chance à la nature de s’étendre encore plus dans le centre de la ville, prouvant une fois de plus

ses dons de mélange entre l’art et sa passion végétale. Ici encore, nous pouvons remarquer le caractère exceptionnel de ce type d’infrasctructure urbaine avec son utilisation accrue pour des réclames publicitaires (fig.47).

37 POST RANNEY Victoria, « Olmsted in Chicago », Chicago, R.R Donnelley & sons, 1972, in NOM prénom, Direction de l’architecture et de l’urbanisme, La parkway, le boulevard, les savoirs de la voie urbaine, collection les savoirs de la voie urbaine, cahier n°3, Sept 1995, p.21 38 GIEDION Sigfried, Espace, temps, architecture, Bruxelles, La Connaissance, 1968, p.497 39


Coupe AA

D

C Coupe BB

Traversée de type 1: passerelle reliant deux espaces paysagers

A

Traversée de type 2: passage sous les voies rapides

B fig. 48. Plan du parc de Flamengo référence des moyens existants de franchissement des voies. Production: Amélie Thouveny 40


Patchwork Carioca / «Articulation de réseaux & espaces verts dans une ville en extension »

fig. 48a. Type 1

Parc de Flamengo en 1971

A fig. 48 b Type 2 Croquis schématique des flux automobiles et piétons qui se croisent, source: Travaux étudiants, «BZ», Ensa-V, 2011

B Type 2

B Type 2

C Type 1

D Type 1

Photographies: Amélie Thouveny 41


Praça Paris 0

Piste d’aéromodélisme

Marina da Gloria

100 m

fig. 49. Coupe transversale AA sur les voies rapides, le parkway et la marina de Gloria. Production: Amélie Thouveny

HOTEL NOVO MUNDO

Parque da Republica

0

Bande paysagère aménagée

Avenida Beira Mar + Atlantica

100 m

fig. 50. Coupe transversale BB sur la passerelle de franchissement. Production: Amélie Thouveny (intégralité de cette coupe en annexe)

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e aménagée

Patchwork Carioca / «Articulation de réseaux & espaces verts dans une ville en extension »

Avenida Inf d. Henrique

Parque do Flamengo

Piste cyclable

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PHASE 1: Tracé naturel du littoral au niveau du parc de Flamengo conservé jusqu’au début du XXème siècle.


Patchwork Carioca / «Articulation de réseaux & espaces verts dans une ville en extension »

fig. 51. Ensemble de plans retraçant la chronologie d’élargissement du quartier de Flamengo. Production: Amélie Thouveny

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PHASE 2: Ouverture de l’Avenida Beira Mar en, à l’initiative de Francisco Pereira Passos, 1906


Patchwork Carioca / «Articulation de réseaux & espaces verts dans une ville en extension »

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E

40 45

35 30 25

5 20

15 10

5

5

5

10

5 5

5

10

5

5 5

10

20

25

30

15

40

35

15

E

4

5 25

15

20

3

3

3

3

3

10 5

Avenida Beira Mar 4

3

3

5

5

2

4

E

3

4

5 6 4

5 6

4

4

4

4

4

2

5

4

5

5

4

5

5

10

15

4

Avenida Inf. D. Henrique

5

4

5

5

E

20

25

E

5

E E E

25 20 15 10

E

4

2

5

5

4

25 30

6

35 40 45

50 55

Morro da Viuva

5 65

70

75

65

10

5

55

20

25

15

Avenida Rui Barbosa

4

40

4

35

E 30

25

4

E

E

48

PHASE 3: - Ouverture de l’Avenida Rui Barbosa contournant le Morro da Viùva, 1922 - Arasement du Morro do Castelo / terrassement de la baie / construction de l’aéroport national Santos Dumont, 1936


Patchwork Carioca / «Articulation de réseaux & espaces verts dans une ville en extension »

49


2

1

2

2

E

Nord

5

4

5 5

5

7

8

5

4

10

15

4

7

5

5

35

10

25

E

E E

20 5

15

5

5

10

E

5

10 E

5

10 E

E

E

15 E

5

E

5 E

4

20

2

10

5

5

15 10

5

3

5

3

5

4

5

4

4 5

6

4

5

3

5 3

2 E

1 2 E

3

E

1

1

3

3

4

E

2

5

1

15 20

4

4 3

20

E

25

30

4 5 3

25

2

2

1

5

3 E

15

E

40 45

35 30 25

5 20

15 10

5

5

5

10

5 5

5

10

5

5 5

10

20

25

30

15

40

35

15

E

4

5 25

15

20

3

3

3

3

3

10 5

4

3

3

5

5

2

4

E

3

4

5 6 4

5 6

4

4

4

4

4

2

5

4

5

5

4

5

5

10

15

4

5

4

5

5

E

20

25

E

5

E E E

25 20 15 10

E

4

2

5

5

4

25 30

6

35 40 45

50 55

5 65

70

75

65

20

25

15

10

5

55

4

40

4

35

E 30

25

4

E

E

50

PHASE 4:

Elargissement du quartier de Flamengo, création de voies supplémentaire, aménagement du terrassement sous forme de Parc de Flamengo


Patchwork Carioca / «Articulation de réseaux & espaces verts dans une ville en extension »

51


2

1

2

2

Q.ESP.

. Q.ESP

E

Nord

5

4

5 5

5

7

8

5

4

10

15

Q.ESP.

4

7

5

5

35

Q.ESP. 25

P. Q.ES

10

Q.ESP.

E

E E

20 5

15

5

5

10

E

5

10 E

Q.ESP.

5

10 E

E

E

15 E

5

E

5 E

4

20

2

10

5

MONUMENTO A SANTOS DUMONT

5

15

AEROPORT SANTOS DUMONT

10

5

3

5

3

5

4

5

4

4 5

6

Q. ESP.

4 Q. ESP.

5

Q. ESP .

3

Q.

Q.

ESP.

5

Q. ESP.

ESP.

Q. ESP. 3

2 E

1 2

1

E

3

1

Q.

E

ESP. 3

4

E

2

ECOLE NAVALE

3

MUSEE D’ART MODERNE

5

1

15 20

4

4 3

25 E

Monument aux morts de la 2cde Guerre Mondiale

20

30

4

5

3

25

2

2

1

5

3 E

15

E

40 45

PISTES D’AEROMODELISME

PISTA DE AEROMODELISMO

35 30 25

5

20

PISTA DE AEROMODELISMO

15 10

5

5 CAMPO DE FUT.

MARINA DE GLORIA

5

10

5 5

5

10

5

AMPHITHEATRE EXTERIEUR

5 5

10

20

25

30

15

40

35

15

CAMPO DE FUT. CONSTANTINO PIRES

E

CAMPO DE FUT. NILTON SANTOS

5 DE FUT.

4

CAMPO

25

15 CAMPO DE FUT.

CAMPO DE FUT.

TERRAINS DE FOOTBALL

3

3

3

3

10 5

3

20

CAMPO DE FUT.

CAMPO DE FUT.

3

CAMPO DE FUT.

4

CAMPO DE FUT.

SKATE PARK KIOSQUE A MUSIQUE

3

5

5

PAVILLON JAPONAIS 4

TERRAINS DE SPORTS VARIES 2

PAVILLON DES ENFANTS E

3

STATION ESSENCE PARKING 4

5 6 4

5 6

4

TERRAINS DE TENNIS

4

4

4

4

THEATRE DE MARIONNETTES

2

5

4

5

5

4

5

5

10

15

4

RESTAURANT

Légende:

5

4

5

5

E

EDIFICES PROJETES

20

25

E

5

E E E

25 20 15 10

E

4

2

5

ESPACE MUSCULATION

TERRAINS DE SPORT

5

25

Monument à Estacio de Sà

4

30

6

35 40 45

50 55

5 65

75

STATION ESSENCE

65

55

PISTE CYCLABLE

15

10

5

ESPACE DE JEUX ENFANTS

25

20

EQUIPEMENTS AUTOMOBILES

70

4

40

4

35

E 30

25

4

E

E

52

PHASE 4:

Elargissement du quartier de Flamengo, création de voies supplémentaire, aménagement du terrassement sous forme de Parc de Flamengo


Patchwork Carioca / «Articulation de réseaux & espaces verts dans une ville en extension »

53


fig.52. Planification paysagère complète du parc de Flamengo. Source: Site internet de la «Fundação Parques e Jardins, serveur en ligne avec de nombreux plans originaux numérisés

54


Patchwork Carioca / «Articulation de réseaux & espaces verts dans une ville en extension »

2.4 L’œuvre de Burle Marx, miroir de la biodiversité du Brésil

Des travaux de telle envergure nécessitaient une organisation sans faille pour différentes interventions

simultanées et surtout pour un bon ordre de traitement des espaces. On dit d’ailleurs que c’est en partie grâce aux compétences et à la passion de Burle Marx que ce parc à pu prendre forme et est demeuré un espace plus que fréquenté par les cariocas39.

Les enjeux de la planification paysagère du parc n’étaient pas uniquement de l’ordre de l’esthétique mais

surtout des usages au public, comme espace de repos avec de vastes superficies utilisables. Tâche qui n’était pas

forcément aisée en voyant la contrainte d’immensité du site: en équilibre entre la frange bâtie du quartier de

Flamengo et la mer, Burle Marx se devait de respecter un certain rythme de composition pour ne pas surcharger des zones pour laisser d’autres plus libres qui, à l’avenir auraient peut être été à l’abandon. Cet aménagement était une

vraie composition avec les éléments architecturaux, citant ses compatriotes modernistes il affirme que le jardin peut

être considéré comme la continuité, la prolongation de l’habitat et qu’en réalité il pourrait être nommé « habitation à

l’air libre »40, c’est la transition parfaite entre architecture et nature, un jardin dont les éléments sont considérés comme

des sculptures, éléments purement esthétiques. Les jardins de Burle Marx, sont ainsi composés en considérant la

plante comme un objet qui a parfois le besoin d’être isolé pour se révéler ou bien exige une composition « de masse »

pour être remarquée.41 Il détermina pour l’aménagement du parc de Flamengo deux sources spécifiques d’importation :

la forêt Amazonienne, cherchant à mettre en valeur la flore Brésilienne et les végétaux tropicaux d’autres continents, il réunit ainsi deux grandes familles de plantes - autochtone et exotique – dont la combinaison exigea une adaptation au milieu.

La première opération en rapport à l’aménagement paysager était alors la construction de serres sur le

terrassement afin de pouvoir adapter les éléments importés au climat local. Il imagine les espaces en rapport avec la décomposition du futur parc en bandes fonctionnelles et adapte son tracé abstrait et ses courbes qui composent sa signature. L’architecte Henrique Mindlin42 exprime d’ailleurs clairement la liaison entre le travail paysager de

Burle Marx et l’architecture moderne en affirmant que « le parallèle entre les réalisations de Burle Marx et celui de l’architecture moderne Brésilienne est si proche que, compte dûment tenu des différences de portée et d’échelle, ils peuvent être décrits selon les mêmes termes : émotionnel, spontanéité, s’efforçant pour l’intégration avec les

circonstances du terrain et du climat, réévaluant le langage plastique et les sens de l’expression, tout ceci sous une discipline intellectuelle grandissante »43.

Il avait une grande préoccupation de la connaissance de la flore locale par les brésiliens, ayant lui même eu

une révélation de la richesse et de la «discrétion» de la flore Brésilienne en découvrant une plante qu’il ne connaissait pas dans un jardin Botanique de Berlin. De nombreuses espèces n’étaient, avant qu’il les utilise lui même, que peu connues du grand public, il avait la volonté d’accentuer les caractéristiques en mélangeant les compositions. Il

ne voulait pas créer un jardin qui soit une imitation de la nature mais considérait qu’ « un jardin se doit d’être un événement esthétique »44.

39 Carioca : Adjectif relatif à la ville de Rio de Janeiro, communément utilisé pour désigner les citoyens de cette ville. 40 BURLE MARX Roberto, « Jardins », Revista Municipal da Engenharia, Jan/ Dez 1999, p.8 41 LEENHARDT Jacques, Dans les jardins de Roberto Burle Marx, Actes Sud, 1994, p.44 42 Henrique Midlin: 1911-1971, architecte Brésilien, écrivain et professeur à l’UFRJ, il a dessiné le premier building du centre de la ville de Rio en charpente d’acier. 43 « The parallel between the achievement of Burle Marx and that of Modern Brazilian architecture is so close that, with due allowance for the différence in scope and sclae, they can almost be described in the same terms : emotional spontaneity, striving for intégration with the circumstances of land and climate, and re-assessment of the plastic language and of the means of expression, all Under a growing intellectual discipline » ; Article « Burle Marx e o Paisagismo no Brasil contemporâneo », Revista Municipal de Engenharia, Jan/ Dez 1999 44 S.A COSTA Lucia Maria, « Burle Marx e o Paisagismo no Brasil Contemporâneo », Revista Municipal da Engenharia, Jan/ Dez 1999, p.8 55


fig.53. Alternance de floraison des espèces calculée par Burle Marx pour toujours avoir un parc fleuri quelle que soit la saison.

fig.54. Ambiances engendrées par le type d’espèce implantées dans le parc. Photographies: Amélie Thouveny

fig.55. Comparaison de la fameuse pelouse à vagues à l’inauguration et aujourd’hui. Type d’aménagement dont la conservation a été difficile. 56


Patchwork Carioca / «Articulation de réseaux & espaces verts dans une ville en extension »

Cependant il n’existe pas de forme équivalente de réponse à un espace en terme d’architecture, malgré le

fait qu’il était conscient de s’insérer dans l’architecture moderne il n’adaptait pas les préceptes architecturaux à sa discipline mais avait sa manière de traiter le paysage avec des formes exubérantes et des formes courbées avec un

usage de matériaux naturels en priorité (bois, pierres, eau). Le projet paysagiste était en fait la partie la plus complexe et ambitieuse de l’intervention complète. En divisant le parc en onze secteurs, Burle Marx avait pour but de former les espaces à partir d’une vaste sélection d’arbustes, arbres et palmiers (plus de 240 espèces différentes du Brésil

et des tropiques en général), tous disposés de manière à respecter les besoins de chaque espèces suivant les critères

botaniques et paysagistes. L’import de végétation en telles quantités et variétés pour un territoire de plus d’un million de mètres carrés était une opération de très grande envergure en prenant en compte le nombre d’intervenants que

cela demandait. D’où la décision préalable d’implantation d’une serre pour la culture et la reproduction de graines et semis, qui occupait un espace d’environ un hectare sur le terrassement déjà effectué. Cette serre était implantée en

face de l’entrée de la baie afin d’observer les comportements et l’adaptation des espèces aux conditions du milieu (le parc étant situé en bord de mer, certaines espèces pouvaient avoir des incompatibilités avec la salinité ou les vents).

Certaines espèces étaient cela dit plantées à l’âge adulte, étant importées ou conservées et transplantées, provenant de

l’arasement des morros en centre ville. Malgré toute cette organisation, l’implantation des espèces a souffert de divers

moments critiques, dont la destruction de la serre par une tempête. Les digues n’étant pas encore totalement terminées, les vagues envahissaient la serre, arrachant certaines espèces mais donnant l’occasion de vérifier la résistance à une

grande quantité de sel pour d’autres : un grand nombre d’espèce qui étaient à l’apparence mortes se sont rapidement

remises de cette surdose de sel et ont pu être plantées avec la certitude qu’elles survivraient à la moindre intempérie.

Burle Marx avait donc le souci de l’esthétique des compositions autant que la passion de la flore, alors que

certain le qualifie de «botaniste», le botaniste Patrick Blanc explique que Burle Marx est tout sauf cela45, il le qualifie lui même de «plantsman»46, faisant la différence entre le rapport à la science qu’à le botaniste et la sensibilité et la

passion qu’à le «plantsman». Burle Marx est un plasticien aux multiples qualités qui « avait un œil particulier pour ce qui est «architectural» dans les plantes »47. En effet il remarque aussi à juste titre que les plantes associées au célèbre paysagiste ont toutes une caractéristique plastique et formelle, une composition de couleurs, de formes qui donne

une dimension spatiale à la plante. Que l’on pourrait imaginer base d’un concept architectural. Il existe cette notion

dans ses compositions que l’on peut encore admirer aujourd’hui, d’où le titre de l’exposition du centenaire de Robert Burle Marx au Brésil : «A permanência do instàvel»48 que l’on peut maladroitement traduire par «la permanence

de l’instable», formule permettant de qualifier le génie de Burle Marx à travers le don de la création d’espaces qui

perdurent au cours du temps avec comme outil principaux des entités «périssables», facilement destructibles selon

les conditions de leur culture. Cette caractéristique du travail de Burle Marx vient du soin donné à ces espaces mais aussi de l’art qu’il avait de combiner des espèces réagissant de manière complémentaire entre elles. La manière

qu’ont ses travaux paysagers de persister au cours du temps font alors de «l’instable» une «sculpture» permanente. La version Française de l’ouvrage de cette exposition ne s’est d’ailleurs pas risquée à la traduction et se nomme

« Roberto Burle Marx, La modernité du paysage », il est intéressant de remarquer les différences d’approche entre

ces deux versions : la version Brésilienne se montre très proche de l’exposition, publiant des photos des espaces vêtus des plus belles œuvres de Burle Marx, artiste complet49, ce livre retrace les moments forts de la carrière de Burle

Marx sans exposer de projets à proprement dit mais en exposant des concepts ou des manières d’aborder le paysage,

45 CAVALCANTI Lauro, EL-DAHDAH Farès, RAMBERT Francis, Roberto Burle Marx, La modernité du paysage, Cité de l’Architecture et du patrimoine, LFA et Actar, Paris, 2011, p. 287 46 ibidem 47 ibidem 48 CAVALCANTI Lauro, EL-DAHDAH Farès, Roberto Burle Marx, 100 anos, A permanência do Instàvel, Fundação Roberto Marinho, Editora Rocco Ltda, Rio de Janeiro, 2009 49 Roberto Burle Marx n’était pas seulement un paysagiste mais un artiste complet car aussi à l’origine de peintures, sculptures, dessins, gravures, céramiques, bijoux, tout ceci avec sa touche personnelle à la géométrie fluide, il était aussi musicien pour combler ses activités artistiques. 57


fig. 56. Carte touristique de Rio sir laquelle on discerne clairement les réseaux de la ville de Rio. “Mapa turístico do Rio de Janeiro – 1974 – RIOTUR” (ARC 18-1-57). Impresso em frente e verso, colorido.

58


Patchwork Carioca / «Articulation de réseaux & espaces verts dans une ville en extension »

réelles méthodologies personnelles, et donne une impression de proximité avec l’artiste paysagiste. Cette version

paraît très personnalisée, très proche de Burle Marx au contraire de la version Française qui reprend les thèmes de la

version Brésilienne en ajoutant une analyse photographique de certains de ses projets commandée à Leonardo Finotti, photographe d’architecture. La présentation de cette analyse qui paraît remplacer la description photographique de

l’exposition donne un ton plus classique à l’ouvrage, moins spécifique à ce centenaire. La version Brésilienne transmet à juste titre une impression de fierté de cette icône nationale alors que la version Française ne transmet pas forcément,

cette envie de creuser l’origine de la manière exceptionnelle qu’il avait d’appréhender les espaces végétaux et l’espace public.

Loin de s’imaginer un tel poids historique, du fait de son intégration totale et sans faille au territoire, le parc

de Flamengo cache à ses utilisateurs son histoire, les tenants et les aboutissants de la possibilité de son aménagement. Il est intéressant de remarquer que le parc de Flamengo est intégralement le fruit d’une continuité linéaire

d’initiatives historiques. A travers cet aménagement la ville de Rio paraît modulable en fonction de ses besoins alors

qu’aujourd’hui ce type d’ajout territorial paraît difficilement imaginable. On ressent alors une période clé dans laquelle

ce type d’espace était indispensable à la continuation de fonctionnement de la ville, espace sans lequel Rio aurait eu un développement urbain beaucoup plus condensé, renfermé sur son centre. Au delà de constituer un aménagement clé au développement de la ville, le parc de Flamengo a engendré tout autres initiatives diffusant les bienfaits de ce

territoire tout au long du littoral. Du fait de son importance au niveau local, l’aménagement de cet espace en tant que «parc» nous pouvons supposer la taille conséquente des répercutions qu’il à pu avoir à plus grande échelle.

II. IMPACT DU PROJET A L’ECHELLE METROPOLITAINE 1. Un instrument de planification urbaine 1.1 Impact de cet instrument de planification urbaine sur la politique d’urbanisation de Rio Au delà des sectorisations induites par la morphologie du territoire de Rio de Janeiro, les « zones » établies ont

une origine géographique qui a vite engendré des connotations sociales du fait des populations occupant ces territoires. En effet, nous avons pu constater la préoccupation historique de la zone Centrale du fait de l’image de capitale que Rio

se devait de mettre en avant, puis de la zone Sud, dont la situation de proximité avec la mer et le lac Rodrigo da Freitas ont très vite engendré une taxe foncière importante. Les premiers quartiers chics ayant été implantés dans cette zone

là, la préoccupation du développement de Rio s’est très vite concentrée sur ces zones qui sont rapidement devenues privilégiées, laissant ce que l’on appelle la « zone Nord » à l’écart. Cette zone étant composée de reliefs moins abrupts

et de surfaces marécageuse, un cadrage visuel y est moins franc et laisse place à une immensité de territoire qui très vite

fut occupé par des favelas s’appropriant un terrain inoccupable et créant une agglomération totalement fragmentée entre

zones résidentielles organisées et cumulation d’habitats précaires. De véritables quartiers villes se sont formés et donnent l’impression d’une organisation indépendante et non d’un ensemble urbain. La présence de l’aéroport international

Galeão dans cette zone n’a pas incité à une attractivité des lieux, cette zone est en réalité une zone de passage pour les visiteurs. On ressent alors un équilibre et une réciprocité indispensable entre la zone sud et la zone centrale alors que la

zone Nord se trouve économiquement en marge de ce développement. A contrario, le document ci contre (fig.56), publié

en 1974 nous montre une volonté d’intégration de cette zone dans le développement touristique de la ville de Rio dans son ensemble: elle indique comme «points d’intérêts» aux visiteurs tous les quartiers y compris ceux de la zone Nord, en

répertoriant les différentes activités ou mouments (théâtres, bibliothèques, stations de train ou de bus, églises, hôpitaux,

musées et nombreux autres). Le couronnement de ce document par une photo du parc de Flmanengo avec les espèces implantées d’après le projet de Roberto Burle Marx et la plage bondées en arrière plan montre le rôle que joue cet espace

59


fig.57. Schéma pour la région métropolitaine de Rio, Source: DOXIADIS ASSOCIATES. Guanabara. A Plan for Urban Development. Rio de Janeiro: CEDUG, 1965. p. 298.

fig. 58. Plan de l’architecte grec Doxiadis pour Rio de Janeiro, volonté d’insérer la zone Nord dans la planification dans la contuinuité des planifications d’Agache. Source: Revista geografica da America Central, numéro especial, EGAL 2011, Csta Rica, «Consideraçoes sobre o plano Doxiadis.

60


Patchwork Carioca / «Articulation de réseaux & espaces verts dans une ville en extension »

dans la ville depuis sa projection jusqu’aujourd’hui. Une fierté s’est mise en place autour de cet objet qui est montré à toutes occasions à travers des illustrations toujours plus spectaculaires de l’aménagement tant urbain que paysager.

Cependant, bien que des efforts ait été faits au cours du temps dans la prise en compte de la zone Nord, ces écarts

dans la prise en charge des zones dans la ville de Rio n’ont jamais réellement été pris en compte, bien que certains plans

d’aménagement et de réurbanisation de la ville de Rio aient tenté de formuler une réponse à cet espace. Le plan Agache

prévoyait alors l’avenue principale Presidente Vargas comme connective du centre à l’intérieur des terres et était alors prévue comme traversant un quartier commercial, allant donc jusqu’à la zone Nord, incitant l’extension des activités hors

du noyau central et l’intégration de ce secteur dans la redynamisation globale (fig.58). Il nommait ces futurs espaces « villes satellites », géographiquement excentrée mais fortement liées à l’ensemble composant la ville de Rio, avec un fort potentiel

de valorisation ; et « centres suburbain » pour les territoires plus excentrés mais toujours liés par le système de transports rapide proposé50. Mais ces planifications n’ont jamais vu le jour et ces quartiers ont organisé leur propre centralité sans

liaison réelle avec le centre de Rio, les activités de grande ampleur sont donc assez limitées dans cette zone éloignée de la mer.

Ce zonage de la ville démontre une certaine fragilité de planification urbaine à Rio. En effet, historiquement, la planification urbaine au Brésil est apparue assez tard, laissant aux villes leur libre évolution, alors que sur d’autres

continents s’élaboraient les règles urbaines les plus strictes et développées, suivies pour éviter toute zone non identifiée comme il en existe beaucoup à Rio.

La dynamique du terrassement du quartier de Flamengo comprenant l’aéroport national Santos Dumont et

l’aménagement de ce territoire pour créer le fameux parc est considérée comme l’élément déclencheur d’un renouveau urbain. C’est l’élément qui a mis un point d’honneur à l’importance de la circulation entre les zones du territoire carioca

et à engendré la commande en 1964 d’un nouveau plan d’intervention urbaine, réadapté aux besoins de la ville à cette époque, soit, avec une articulation indispensable des flux et une augmentation de leur efficacité. Ce plan élaboré par

l’architecte Grec Constantino A. Doxiadis51 a été élaboré pour l’ensemble de l’Etat de Guanabara. La durée de base des études devait être de deux ans mais le rapport final sur le développement urbain a finalement été soumis en Décembre

1965. Après une analyse systématique d’informations et de données concernant l’environnement naturel, l’économie,

les caractéristiques physiques et démographiques de Rio et autres règlements de cet espace, les études ont consisté en

une élaboration qualitative et quantitative des problèmes affectant la ville à différentes échelles. La proposition de base

élaborée par le plan et les programmes était, l’augmentation de l’efficacité de tous les réseaux publics incluant le réseau de transport et la création de nouvelles structures physiques. Action qui permettrait à la ville de se développer selon un

axe Est-Ouest dans l’état de Guanabara.

La forme concentrique de la ville de Rio de Janeiro n’étant pas adaptée à son développement, elle a entassé les

pressions sur le centre et découragé l’expansion vers l’extérieur. Diffusion ensuite maîtrisée grâce aux différentes voies rapides d’accès aux espaces les plus opposés du territoire. 1.2 Liaisons engendrées Le plan Doxiadis prévoyait une réorganisation du centre en créant des pôles de centre d’affaire en contact avec

des zones d’habitations de classes variées, bordées d’un coulée verte qui s’étendait depuis le centre jusqu’aux quartiers

de la zone Nord. (cf : photo plan D). Mais au delà d’élaborer des plans directeurs, Doxiadis prétendait établir des lignes

directrices, d’occupation du territoire par la population carioca. A partir de la démocratisation de l’automobile, le centre

de Rio n’était plus le point le plus congestionné de la ville, Doxiadis proposa alors la construction de 5 grands axe qui

50 OLIVEIRA, Sonia Maria Queiroz de (org.); Planos urbanos do Rio de Janeiro. Plano agache. Centro de Arquitetura e Urbanismo, Rio de Janeiro; 1ª edição, 2009, p.62 51 Constantinos Apostolou Doxiadis (1914-1975), souvent cité sous la forme C.A. Doxiadis, était un architecte et urbaniste grec, son plan de rénovation urbaine à Rio n’était que très peu connu. 61


fig.59. Carte touristique de la ville de Rio de Janeiro, environ 1963, “Mapa turístico da cidade do Rio de Janeiro”. Ed. “Departamento de Turismo e Certames do Governo do estado da Guanabara» – R. México 100/8 in CASCO Ana Carmen, «Uma cidade tra(duz)ida pelos mapas», Rio de Janeiro, agosto de 2009, http:// www.bn.br/portal/arquivos/pdf/AnaCarmenCasco.pdf

fig. 60. Document touristique, Mai 1964, “Rio: passeio à pé pelo Centro” – Secretaria de Turismo da Guanabara 62


Patchwork Carioca / «Articulation de réseaux & espaces verts dans une ville en extension »

couperaient la ville et créerait des liaisons entre les parties les plus sollicitées. Ce projet appellé plan Doxiadis mais

aussi plan «polychromatique» du fait des couleurs associées aux nouvelles voies rapides, a été achevé en 1965, à la fin du gouvernement de Carlos Lacerda, le successeur ne mit pas ce projet en pratique et seulement deux de ces cinq lignes

ont finalement été construites : en 1992 pour ce qui est de la linha Vermelha52 et en 1995 pour la linha Amarella53.

Bien que tardivement construits ces axes routiers sont aujourd’hui indispensables à la ville de Rio, au delà de

désengorger certaines zones, elles diminuent le temps de trajet entre des points les plus opposés de Rio et évitent surtout

le passage par les quartiers centraux. Cependant, la solution qui a été adoptée le plus rapidement depuis le début du siècle

était le creusement de tunnels, le parc de Flamengo a engendré le creusement de deux tunnels aujourd’hui indispensables à la ville : le tunnel de Sta Barbara liant directement la zone sud à partir du quartier de Botafogo, à la zone Nord, dernier

échappatoire avant de devoir passer par le centre ; et le tunnel Rebouças permettant une grande coupure de toute la zone centrale à travers le lac Rodrigo da Freitas jusqu’à la zone Nord. Au delà des connections terrestres à l’intérieur de

Rio, les années 70 à Rio sont aussi caractérisées par l’amplification de la ville au delà de ses limites et l’augmentation

des contacts et attractivités au niveau local, ainsi est engagée la construction du pont Rio - Niteroi, livré en 1974, cette nouvelle connexion permet une ouverture plus rapide vers le nord du pays et au niveau local, une réduction des temps

de trajet des cariocas ayant un emploi à Niteroi.

Les années 60 à 70 à Rio étant symboles d’une réadaptation identitaire du fait du transfert de la capitale de Rio

à Brasilia, nous pouvons aussi remarquer un changement de ton dans la propagande touristique: désormais l’accent

est mis sur la vitrine du Brésil que constitue la ville de Rio, le côté administratif est délocalisé et la politique de la ville modifiée, au delà de l’efficacité des connexions mises en place jusqu’alors, l’administration carioca cherche à

mettre en valeur les atouts culturels qu’elle possède. La mise en place d’un cheminement touristique est alors prise

au sérieux et apparaissent de réelles cartes attractives présentant les divers symboles de la ville comme étapes à la découverte du « bijou » du Brésil. L’accent est aussi mis sur l’unique mélange de cette ville entre mer et nature, la

beauté de son paysage naturel mêlé au patrimoine architectural acquis au cours du dernier siècle et commencent à

devenir touristiques des endroits qui jusqu’alors ne rentraient pas dans cette catégorie (comme l’Ilha da Paquetà au

centre de la baie de Guanabara, voir carte en annexe). Nous pouvons souligner ces propos à l’aide du document ci

contre (fig.59): une carte touristique de la ville de Rio où l’on remarque l’accent mis sur le graphisme qui parait mélanger

les mouvements culturels et le modernisme en vogue depuis les années 1960. La photo du gouverneur de l’Etat de Guanabara Carlos Lacerda avec le titre «Bem vindos à cidade maravilhosa»54 apparait comme une réponse au récent

transfert de la capitale à Brasilia, comme une volonté de montrer que Rio est encore plus attractive qu’avant malgré la curiosité moderniste que les gens peuvent avoir. (Voir le verso de ce document en annexe: carte de Rio colorée à échelle

1/50.000 avec les points les plus recommandés au tourisme). On ne parle plus vraiment de renouveau urbain à cette époque, après l’aménagement du terrassement de Flamengo en parc on se concentre sur la nouvelle image à donner à Rio, apparaît alors un nouveau projet, le Corredor Cultural55, visant à préserver et réhabiliter le centre historique

de Rio afin d’appuyer sur la cohabitation urbaine de différentes époques dans un même quartier central. Après tous

les aménagements modernistes, l’administration se rend alors compte du délaissement dont les quartiers aux maisons

coloniales ont subi. Cette idée surgit à la fin des années 70, au moment de la grande effervescence politique et la prolifération du mécontentement des habitants qui voyaient leur patrimoine architectural se détériorer à côté de nouvelles

constructions modernistes. Nous pouvons encore une fois remarquer l’adaptation de la planification urbaine au service

du tourisme (fig.60): ce document ayant pour titre «RIO, passeio a pé pelo centro»56 propose deux manières différentes 52 53 54 55 56

Traduction littérale : «Ligne Rouge», voie rapide connectant l’extrême Nord de Rio au Centro. Traduction littérale : «Ligne Jaune», voie rapide rejoignant la «Ligne Rouge» au nord du Centro et se dirigeant vers l’extrême Ouest de Rio. Traduction: Bienvenue dans la Ville Merveilleuse Traduction : Couloir culturel Traduction: Rio, promenade à pied dans le Centre ! 63


fig. 61. Photographie du fameux «calçadão» de Copacabana en 1921 lors de sa réhabilitation et dans les années 1940, on ramrque le changement de sens du graphisme de vagues

fig. 62. Photographie de la plage de Copacabana, 1970. continuité de tradition par Burle Marx avec l’aménagement central de l’Avenida Atlantica

64


Patchwork Carioca / «Articulation de réseaux & espaces verts dans une ville en extension »

d’appréhender cette ville toutes deux caractérisées par le mélange entre l’architecture coloniale, les conséquences des réformes urbaines du début du siècle et la vague d’architecture moderniste. Et propose donc une découverte de la ville

à travers les monuments les plus anciens comme le Théâtre municipal57, l’Académie Brésilienne de lettres, le MAM,

le Parque do Flamengo et bien d’autres monuments que l’on peut admirer au centre de Rio. Il existe une réelle volonté de démarquer cette ville en appuyant la possibilité de parcourir la ville à pied, à un tournant de «fièvre moderniste» où l’automobile se multiplie à une vitesse extrême et où l’on voit des planifications se baser sur cette nouvelle utilisation. On remarque qu’à ce moment là les limites n’ont pas été anticipées ni cernées, ce qui créer aujourd’hui un décalage entre les

planifications urbaines adoptées au Brésil. Trois lignes directrices sont alors établies pour établir ces couloirs culturels58 :

« 1. Orienter les propriétaires et/ ou locataires des immeubles dans la récupération des immeubles préservés, établir des critères pour les travaux à réaliser, accompagnant toutes les phases de la récupération du bien immobilier. (…)

2. Développer des recherches qui visent à donner des subventions à l’action du bureau Technique et du groupe exécutif du corredor cultural/ RIOARTE, en ce qui concerne l’histoire de l’architecture et de l’urbanisme de

ces espaces, utilisation de certains couleurs (peinture de l’immobilier) et traitement des espaces intérieurs. 3. Mobiliser l’opinion publique sur la question de la préservation de la mémoire de la ville, développant des évènements culturels qui vont du montage d’expositions jusqu’à la promotion de spectacles théâtraux et musicaux, dans une

perspective plus large de réhabiliter la fonction culturelle du centre de Rio de Janeiro ».

L’énumération de ces principes montre bien la volonté de l’administration de préserver aussi une base du

patrimoine culturel peut être trop oublié durant toutes ces années où l’adaptation et l’expansion rapide d’un nouveau

mode de transport était la focalisation du pays entier. La réalisation du parc de Flamengo et des bâtiments attenants est

un des derniers grands ouvrages modernistes effectués à Rio, la transition qu’à symbolisé cet espace est un retour aux

sources pour une meilleure valorisation de l’ensemble qu’ont formé toutes ces années de réurbanisation de la ville, jusqu’à l’arrivée de travaux modernistes à plus grande échelle, quelques années plus tard… 1.3 Extension de l’opération, harmonisation du territoire carioca. Le traitement de l’espace du parc de Flamengo a aussi eu un impact sur les zones fraichement traitées et

urbanisées que sont les quartiers « chics » ; plus précisément la zone Sud depuis le nord du quartier de Copacabana au sud d’Ipanema, jusqu’au quartier de Leblon. Les réformes du centre s’étendent alors et entrainent un élargissement des

voies au bord de ces fameuses plages, le trafic commençant à se densifier avec l’augmentation de l’installation d’une

population plus riche et qui a donc un usage encore plus accru de véhicules motorisés. Sont intercalées, de la même

manière qu’au quartier de Flamengo, des voies entre la frange bâtie et la mer, repoussant la plage d’environ 70mètres.

Burle Marx à une certaine relation avec ces travaux car cet élargissement lui permet d’exprimer ses grandes qualités

d’artiste en dessinant et réalisant l’entre deux voies tout au long de la plage de Copacabana (fig.62). Il réforma ensuite les fameuses « vagues » de Copacabana, graphisme de grande qualité dont il n’est cependant pas l’auteur, ce qui peut

décevoir un grand nombre : le style de réalisation avec des pierres portugaises noires et blanches est une technique très

ancienne qu’il a reprise, réadaptée et fait évoluer il faut l’avouer. En effet sur des images d’archives de manifestation militaire de 1906 nous pouvons déjà observer l’existence de ces vagues facilement associées à Burle Marx, nous

remarquons aussi qu’à cette époque elles étaient parallèles à la mer, une grande tempête destructrice emmena dans les

années 30 une partie de cette promenade, à cette époque encore très proche de la mer. Celle ci fut réhabilitée ensuite puis

définitivement déplacée et reprise en main par Roberto Burle Marx, qui étendit ensuite le projet aux plages d’Ipanema

et Leblon en variant le graphisme mais gardant la même technique.

57 Le théâtre Municipal est d’ailleurs une copie de taille réduite de l’Opéra Garnier de Paris, construite du temps des grandes réformes urbaines du début du siècle initiée par Francisco Pereira Passos. 58 INCONNU, PDF sur INTERNET, sl, 1992, http://143.107.31.231/Acervo_Imagens/Revista/REV034/Media/REV34-09.pdf 65


fig. 63. Carte dont le graphisme permet de distinguer clairement la confrontation entre édifications et nature dans la ville. Source: “Mapa turístico do Distrito Federal”, 1ªedição, dez. 1951. Org. e editado pelo ICCB7, Touring Club do Brasil e Automóvel Clube do Brasil.

21

fig. 64. Vue depuis le célèbre «Cristo Redentor», illustration de la mixité nature/ ville qui s’étend jusqu’à la baie de Guanabara. Photographie: Nicolas Thouveny

66

fig. 65. Exemple de la favela de Cantagalo: forte mixité urbaine. Source: Internet

fig. 66. “Rio de Janeiro – mapa turístico editado pelo Touring Club do Brasil”. “Bureau” de informações do Touring Club do Brasil, Rio de Janeiro” (ARC 34-7-18) (c.1970)


Patchwork Carioca / «Articulation de réseaux & espaces verts dans une ville en extension »

Il est intéressant de remarquer que dans la ville de Rio la plupart des espaces publics ont au sol ce type de

revêtement (fig.61). Cette sorte de signalétique historique de l’espace public a été renforcée par l’usage intensif que

Burle Marx en a fait dans les années 70/ 80. C’est une sorte d’identité d’un espace partagé dans la ville, que tout le monde peut exploiter de n’importe quelle forme. Ces pierres sont cependant coûteuses et malgré leur résistance la

manutention et la réfection des sols est obligatoirement régulière, ainsi des discussions ont été ouvertes quelques années

auparavant à propos du remplacement de ces parterres historiques par des simples trottoirs de béton, ce qui à entrainé

des avis totalement réfractaires, faisant un parallèle entre des échelles extrêmes mais cependant liées : «Une ville doit être construite et reconstruite chaque jour, caillou par caillou, comme les maîtres du pavage nous ont appris à paver à

travers l’histoire des villes. La force de chaque caillou découle de la force du système comme un tout, générée par le fait que tous les cailloux partagent, solidairement, le même projet de ville «59.

On ressent à travers ces paroles la force de mémoire que cette ville a, la richesse de savoir faires et de culture

accumulés au travers des décennies, malgré la rapidité de l’édification de cette ville, toutes les pièces se sont imbriquées

afin d’aujourd’hui créer un ensemble harmonieux, architecturalement hétéroclite mais homogène dans son évolution.

Qui perdure cependant symbole d’une végétation luxuriante, dont l’image reste ancrée au fil des siècles malgré la progression bâtie aux franges du territoire forestier.

2. Parc de Flamengo, contradiction de la ville de Rio ? 2.1 Notion de «ville verte», origines de cette notion Rio de Janeiro est la seule métropole au monde dont l’iconicité ne se réfère pas en premier lieu à un symbole

architectural mais à un skyline unique dû au relief naturel dans lequel s’est inséré la ville (figure filaire en côté de

page60). Les deux collines les plus connues, le Pain de Sucre et le Corcovado sont ensuite devenues des symboles du fait de leur taille, leur morphologie et leur situation stratégique. Cette ville est un exemple d’étude parfait d’articulation

entre ville et nature, le mélange qui en résulte est exceptionnel et fait ressortir des côtés positifs avec la présence naturelle d’une quantité non négligeable de végétation (fig.66), mais aussi des côtés négatifs en imaginant qu’il n’est,

de ce fait, pas nécessaire de planifier des espaces verts puisqu’il en existe déjà. La nature étant extrêmement mêlée à la

ville sur ce territoire, elle donne les lignes directrices de l’usage des espaces, mais l’évolution à été telle que l’Homme a rapidement pu avoir un impact sur celles ci (arasement de certaines collines, appropriation d’autres). L’évolution des

moyens a permis un rapide contrôle sur ces lignes ci mais la base est une composition avec la nature, cet espace ayant été

découvert en 1500, les débuts d’appropriation et de construction n’ont pas pu éviter la prise en compte de la complexité

du territoire. Ce lien étroit entre nature et ville vient de la présence de tertres au milieu de la ville mais aussi de l’extrême proximité avec la forêt Nationale de Tijuca, la plus grande forêt urbaine du monde, appellée Mâta Atlantica61 et devenue

parc national en 1961. Le climat tropical propice à une végétation dense fait qu’il existe énormément de rues avec une forte présence végétale mais contrairement à l’imaginaire que l’on peut avoir le système de parcs dans cette ville n’est

pas inné et malgré la projection d’Alfred Agache, il n’a jamais réellement été effectué. On peut expliquer cela par la

présence des fameux tertres qui auraient pu donner une respiration à l’ensemble mais, comme développé précédemment, nous avons pu étudier l’évolution d’appropriation des espaces et les tertres sont les espaces qui ont été le plus rapidement

« colonisés » par la classe carioca la plus pauvre. Il n’existe donc pas réellement d’organisation de réseaux de parcs 59 Cit. Cristóvão Duarte, Directeur Adjoint de la Faculdade de Arquitetura e Urbanismo da UFRJ, journal O GLOBO, 28 Avril 2009 : «Uma cidade precisa ser construída e reconstruída todos os dias, pedrinha por pedrinha, tal como os mestres calceteiros nos ensinaram ao longo da História das cidades. A força de cada pedrinha decorre da força do sistema como um todo, gerado pelo fato de todas as pedrinhas compartilharem, solidárias, o mesmo projeto de cidade.» 60 61

Forêt Atlantique, en majorité composée d’espèces venant de la côte Atlantique Skyline de Rio de Janeiro, Production: Amélie Thouveny 67


fig.67. Carte touristique montrant clairement le côté imposant des reliefs présents dans la ville de Rio desquels les cariocas se sont appropriés “Rio de Janeiro – panorama turístico Zona Sul” Friedwart Kraus FK. Copyright by: TOURO, edições e publicações Ltda. N. Friburgo RJ Brasil C.P. 460 (ARC 32-3-9)

68


Patchwork Carioca / «Articulation de réseaux & espaces verts dans une ville en extension »

dans la ville de Rio, fait étonnant alors que la structure de cette ville selon Agache a été calquée sur l’exemple de Paris,

qui comprend un système de parc très pensé, projeté qui a su s’adapter à l’évolution de la société, même s’il devient aujourd’hui controversé après des siècles d’existence.

L’apparente contradiction du manque d’organisation d’espaces verts lorsque la forêt de Tijuca envahit la ville

à tel point, paraît finalement logique : la forêt n’est pas spécialement utilisée au quotidien à cause de la nécessité de

monter depuis la ville par des chemins, aujourd’hui des routes, qui ne procurent pas un grand sentiment de sécurité dû

à sa densité. Etant classée, elle n’a jamais été pensée pour la fréquentation quotidienne des cariocas. De plus, la ville

s’étant organisée au bas de celle ci, il n’est pas foncièrement nécessaire de la traverser pour se rendre à un point éloigné. La présence d’une grande surface boisée sur le territoire de Rio est la cause essentielle de l’apparition de cette notion

de « ville verte ». Alors qu’à sa découverte la ville était composée à 98% de superficie boisée, aujourd’hui la surface

originale préservée est d’environ 17%. En effet ces ressources naturelles ont dû être déboisées à partir de la moitié du XVIIIème siècle pour la culture du café, alors que l’industrialisation et l’urbanisation ont conduit à une réduction

notable des espaces boisés, au milieu du XIX è siècle un reboisement à été mis en place, afin de reconstituer la forêt

originale avec des boutures de plantes natives puis, de plantes exotiques. Celle ci fait aujourd’hui partie du patrimoine

national de l’UNESCO et fait l’objet de grandes préoccupations écologiques. Malgré les impacts de l’évolution du territoire sur cette forêt urbaine, la plus grande partie des reliefs naturels ont été préservés et sont ainsi considérés

comme la signature de cette ville. Singulièrement, la présence d’un tel patrimoine paysager a eu un certain impact sur

l’organisation sociétale carioca, les reliefs ayant été rapidement occupés par les favelas, cette occupation est restée historique et indéniable. Les quartiers riches se sont alors rapidement construits au bas de ces reliefs, plus proches de la

mer et se sont étendus, créant un mélange singulier des les classes de la société et associant rapidement un type d’espace

à un type de population. La favela de Cantagalo se situe par exemple entre deux quartiers très chics de Rio : Copacabana et Ipanema. Cette population s’étant approprié dans un premier temps de terrains inutilisables au marché immobilier, la

tendance s’est ensuite inversée en organisant des quartiers populaires sur les flancs de la colline de Santa Theresa par exemple, devenant un quartier très prisé du fait de sa situation géographique et de son étendue.

La Mâta Atlantica a aussi induit une approche urbanistique particulière en faisant respecter les reliefs, la ville

préférant creuser des tunnels plutôt qu’araser des tertres. En déterminant des zones dans cette villes, induites par le traitement de ces espaces plus ou moins encerclés par ces reliefs, depuis sa découverte, on ressent le rôle primordial des espaces

végétaux dans cette ville. Mais dans ce cas, qu’en est-il de la planification d’espaces verts dans la ville même ? Si les espaces

les plus vastes cadrent son évolution, des espaces aménagés tempèrent les constructions, en voyant l’aménagement artificiel

du Parc de Flamengo on peut alors se demander comment la ville s’est développée sur ces espaces, à l’origine vierges,

comment ont-ils été réutilisés et est ce que le parc de Flamengo jouait aussi un rôle de supplément paysager pour palier à un

manque ou la décision de celui ci est elle un simple stratagème afin d’éviter un aménagement qui soit essentiellement viaire ?

69


fig. 68. Carte datant de 1875, montrant la géographie de la zone du parc de Flamengo, de la zone centrale et la zone portuaire du XIXè siècle. Editée par Justus Perthes, éditeur Allemand d’Atlas géographique.

fig. 69. Carte comparative des terrains gagnés sur la baie de Guanabara qui illustre la frange artificielle existante de nos jours. Production: Amélie Thouveny.

fig. 70. Photographie de l’actuelle zone portuaire, espace artificiel gagné sur la mer. Source: http://agenciat1.com.br/programa-discute-acessos-ao-porto-do-riode-janeiro/

70


Patchwork Carioca / «Articulation de réseaux & espaces verts dans une ville en extension »

2.2 Nécessité d’implantation de territoires artificiels ? Pour établir la carte des espaces libres, en 1926 Alfred Agache considérait les espaces verts existants comme

base pour une bonne répartition des espaces libres, en effet les «vides urbains» sont répartis équitablement dans le tissu urbain de Rio, seulement, lorsque l’on observe la zone centrale et son déploiement vers la zone Sud on remarque

la proximité des voies de circulation avec la baie de Guanabara à cette époque là, il n’existe pas d’autre circulation

possible que le flux automobile sur cette partie du territoire et la frange bâtie de toute la zone attenante au centre n’a

pas de grande perspective au delà des voies de circulation. Les délimitations de lotissement des quartiers ayant été adaptées à une seule voie de circulation et le boom de l’industrie automobile ayant engendré un grand questionnement

de décongestionnement urbain, les possibilités de déploiement des axes vers l’intérieur étaient alors très limitées du fait

du relief existant, la seule et unique solution afin d’aérer ces espaces était donc l’ajout de terres artificielles à des nœuds

de liaison des zones. Il n’existait en fait pas réellement d’autres espaces sur le territoire carioca offrant la possibilité d’un tel aménagement, de plus, proche du centre ville. Si le parc de Flamengo est aujourd’hui connu pour ses atouts en tant

que parc paysager de grande surface, il ne faut pas oublier que la base de ce projet était à des fins urbaines au service

du flux automobile et non au service de la société et du bien qu’un espace vert en centre ville pouvait générer. De telle

manière il est important de souligner que l’ajout de cet espace vert n’est en fait pas un aménagement allant dans le sens

du manque d’espaces publics jouant un rôle de tampon dans la densité des quartiers mais plutôt une action qui a servi

deux causes bien distinctes.

Si le parc de Flamengo est « l’objet artificiel » le plus marquant sur la baie de Guanabara, les terrassements

ne se sont pas arrêtés là, preuve de la nécessité de gagner du territoire sur la mer à différents niveaux de la ville La

topographie particulièrement développée à Rio avec la forte présence de morros autour desquels se sont édifiées les

premières constructions de la ville, a engendré un étalement rapide des limites édifiés sur le bord de mer et dans la baie.

En superposant les cartes de différentes époques clés des limites géographiques de la ville : carte géographique des limites territoriales sans terrassement à partir de plans anciens, carte des limites en 1911 et carte des limites perceptibles

aujourd’hui après diverses opérations de terrassement, nous pouvons remarquer que cette méthode ne s’est pas limitée

à la seule surface située entre l’aéroport et le pain de sucre, mais aussi dans la zone portuaire dans le même ordre d’idée

que les prévisions faites par Alfred Agache en 1926 (cf : carte de planification d’étalement de zone portuaire). L’ajout graduel de ces terrains a permis une expansion de la zone portuaire, de la même manière que pour le terrassement de

Flamengo afin de repousser les limites de la ville et intégrer des voies de circulation automobiles rapides, liant plus tard

le territoire de Rio de Janeiro à la ville voisine de Niteroi par le pont Rio-Niteroi. L’espace portuaire pose aujourd’hui

beaucoup de questions par rapport à son avenir et à sa situation en relation au centre de Rio (fig.70). De nombreux projets ont été ébauchés sans jamais donner suite à une action concrète, mais aujourd’hui le projet de «Porto maravilha»62 prend

racine et celui ci « (…) redirigera la ville dans son propre axe, avec un ensemble de bâtiments résidentiels, commerciaux, d’entreprises et culturels sous l’innovante conception urbanistique en respect aux principes de développement durable.

Le port de Rio s’enrichira de projets spéciaux qui ne sera pas seulement une réponse à ces nouvelles infrastructures mais aussi aux actuels et futurs résidents (du quartier). Il s’agit notamment du Musée d’Art moderne et du musée de la ville de

Rio de demain (MAR) «63 affirme le président de la «Compagnie de développement urbain de la région portuaire de Rio de Janeiro»64, Jorge Arraes, responsable de la gestion du projet. Au delà de cette zone centrale et portuaire, les limites de

la ville furent aussi repoussées dans la zone sud, au bord des quartiers chics afin de fluidifier la circulation.

62 Traduction : «Port Merveilleux» 63 Cit. Jorge Arraes : “O Porto Maravilha irá fazer a cidade retornar ao próprio eixo, com um conjunto de edificações residenciais, comerciais, empresariais e culturais sob inovadora concepção urbanística com respeito aos princípios de sustentabilidade. O Porto do Rio ganhará projetos especiais que não vão apenas atender a esses visitantes como também aos atuais e futuros moradores. Entre eles, estão o Museu do Amanhã e o Museu de Arte do Rio (MAR)”, http:// www.abrapress.com.br/noticias_exibe.php?cod_noticia=20 64 Traduction du portugais : «Companhia de Desenvolvimento Urbano da Região do Porto do Rio de Janeiro» 71


fig. 71. Altimétrie de la ville de Rio, Source: http://www.agritempo.gov.br/altimetria/RJ.html

72

fig. 72. Profondeurs de la baie de Guanabara, Source: Original: Revista Brasileira de Geografia, Oct-Dez 1944, «Evolução Geomorfologica da bahia de Guanabara e das regioes vizinhas», Retravaillée par Amélie Thouveny


Patchwork Carioca / «Articulation de réseaux & espaces verts dans une ville en extension »

Ces possibilités de modifications des marges de la ville laissent à penser que les limites géomorphologiques de la ville se

prêtaient facilement à ces méthodes de gain de territoire sur la baie de Guanabara. En prenant conscience des reliefs visibles,

nous pouvons alors imaginer que la même chose existe en négatif au dessous de la limite du niveau de la mer, la baie est-elle

alors réellement constituée d’un fond évolutif allant de bord à pe,te douce à des crevasses ou profondes fosses sous marine ? 2.3 Possibilités géologiques de ces implantations ? Au moment de l’activité intense de terrassement de la baie, sortait la «Revue Brésilienne de Géographie»65, qui

exposait dans le numéro 4, d’octobre-décembre 1944,» l’évolution géomorphologique de la baie de Guanabara et des

régions voisines»66: l’entrée baie de Guanabara est alors de 1600m entre pointe de Sao Jorge et pointe de Santa Cruz, avec 56m de profondeur, à tel point que lors de la découverte de ce territoire le 1er Janvier 1502, Américo Vespucci, au

service de la reine du Portugal le qualifiait d’embouchure de fleuve, donnant ainsi le nom de « Rio de Janeiro». Diverses rivières et torrents se déversent cependant dans cette baie de Guanabara. Au delà des informations géologiques très

précises que ce journal peut donner, l’explication de ces terrassements faciles de la baie y est claire : d’une profondeur de

17mètres à l’entrée de la baie elle passe à un maximale de 30 mètres au niveau du pain de sucre pour ensuite se stabiliser

à une moyenne de 7 à 8 mètres à hauteur du pont Rio-Niteroi, caractérisant le milieu de la baie. Les abords du territoire

de Rio sont très peu profonds, ce qui justifie la présence de plages naturelles au abords du quartier de Flamengo avant

le terrassement : de 2mètres jusqu’à 5 mètres, l’ajout de terrain artificiel ne posait pas de problème quant au support, ni même quant au type de sol le constituant. Nous pouvons en effet observer sur les cartes très précises géologiques

et géomorphologique mises à disposition par le ministère des mines et de l’énergie du gouvernement de l’Etat de

Guanabara67, la nature argileuse de ces sols, voire sablonneuse sur certaines plaines côtières. La carte géologique de

l’état de Rio de Janeiro nous renseigne en effet sur la nature des roches présentes au bord de la baie de Guanabara et il s’agit effectivement de dépôt côtiers68.

Cette baie, apparemment constituée de pentes extrêmement lisses et convergentes vers le rivages, joue un rôle

d’interface avec les systèmes de sédimentation continentale, en effet l’exposition au vent de cette tranche du littoral engendre des courants forts qui entrainent les sables lourds près du littoral, construisant rapidement des cordons littoraux

au long des terres. La revue de géographie explique alors clairement la présence de plage uniquement sur les abords

de la baie de Guanabara : « En dehors de l’exposition aux vents qui peuvent donner lieu à des vagues de translation des argiles et sables, on comprend aussi pourquoi les plages de sable sont moins nombreuses au fond de la baie : les

montagnes étant plus loin de la baie, les sables se trouvent déposées au pied de celles ci, pendant que les fines particules

argileuses seulement sont transportées. Au début de la sédimentation il y avait souvent des crêtes en amont, à l’endroit où interrompu l’invasion marine, cependant en aval s’observait une boue grise fluvio-maritime, presque noire parfois, (…) souvent chargée d’humus69 provenant de la décomposition des racines des arbustes ou des herbes provenant de la

décomposition des racines des arbustes ou des herbes qui le recouvrent »70. Cet espace est aussi caractérisé de terrains

mal drainés, ce qui explique les inondations fréquentes qui avaient lieu à cette époque, et la conservation et réhabilitation

du canal carioca déversant ses eaux au bout de la plage de Flamengo71.

65 Titre original : «Revista Brasileira de Geografia» 66 Revista Brasileira de Geografia, sl, Octobre-Décembre, 1944, http://biblioteca.ibge.gov.br/visualizacao/periodicos/115/rbg_1944_v6_n4.pdf 62 « Ministério de minas e energia do Estado do Rio de Janeiro» 68 Ministerio de Minas e Energia, Mapa Geològico do estado do Rio de Janeiro, 2000 69 L’humus est la couche supérieure du sol créée et entretenue par la décomposition de la matière organique 70 Revista Brasileira de Geografia, Outubto-Dezembro de 1944, p.38: «Fora da exposição aos ventos que pode dar lugar a vagas de translação, compreende-se também porque as praias de areia são menos numerosas no fundo da baía. As montanhas estão mais longe e as areias acham-se depositadas no pé da serra, enquanto que só as finas partículas argilosas são transportadas. No início da sedimentação, havia muitas vêzes cordões litorâneos à montante, no lugar onde se interrompera a invasão marinha, porém para jusante o que se vê é uma lama flúvio-marinha cinza ou às vêzes mesmo quase preta, que se fendilha ao sol e está muitas vêzes carregada de húmus proveniente da decomposição das raízes dos arbustos ou das ervas que a recobrem, http://biblioteca.ibge.gov.br/visualizacao/ periodicos/115/rbg_1944_v6_n4.pdf 71 DANTAS, Marcelo Eduardo, Géographe, Carta Geomorfològica do Rio de Janeiro, 2000 73


MINISTÉRIO DE MINAS E ENERGIA SECRETARIA DE MINAS E METALURGIA CPRM - SERVIÇO GEOLÓGICO DO BRASIL

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SF. 23-Z-B - FOLHA RIO DE JANEIRO

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Autor: Marcelo Eduardo Dantas (Geógrafo) 45º00'

42º00'

43º30'

Base planimétrica digitalizada pela CONAGE - Consultoria Técnica Ltda., a partir das folhas SF.23-Z-B Rio de Janeiro, IBGE, 1a. imp., 1a. ed., 1980. Compilação e orientação no DEGET: Marcelo Eduardo Dantas e Carlos Eduardo Osório Ferreira. Digitalização do tema e editoração cartográfica sob a responsabilidade da Divisão de Cartografia - DICART / Departamento de Apoio TécnicoDEPAT / Diretoria de Relações Institucionais e Desenvolvimento - DRI . Diretor da DRI: Paulo Antônio Carneiro Dias Chefe do DEPAT: Giuseppina Giaquinto de Araujo Chefe da DICART: Paulo Roberto Macedo Bastos Edição Cartográfica: Wilhelm Peter de Freire Bernard e Maria José Cabral Cezar Supervisão da digitalização: Marília Santos Salinas do Rosário Digitalização: Ivan Soares dos Santos, João Carlos de Souza Albuquerque, Carla Cristina Martins da Conceição e Elcio Rosa de Lima.

74

40º30'

ARTICULAÇÃO DA FOL

CARTA GEOMORFOLÓGICA

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42

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SF.23-X-C

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VOLTA REDONDA

RIO DE JANEIRO

SF.23-Z-A

SF.23-Z-B

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Coordenador: Cássio Roberto da Silva 21º00'

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O Projeto Rio de Janeiro é executado pela CPRM–Serviço Geológico do Brasil, no âmbito do Programa Informações para Gestão Territorial–GATE , sob a coordenação do Departamento de Gestão Territorial–DEGET. Para o Projeto Rio de Janeiro foram firmados convênios entre a CPRM e órgãos da Secretarias de Planejamento e de Meio Ambiente do Estado do Rio de Janeiro, a saber: CIDE (Centro de Informações e Dados do Estado do Rio de Janeiro); DRM (Departamento de Recursos Minerais); SERLA (Secretaria Estadual de Rios e Lagoas) e EMOP (Empresa de Obras Públicas). Diretor da DHT: Thales de Queiroz Sampaio Chefe do DEGET: Cássio Roberto da Silva

PROJETO RIO DE JANEIRO

LOCALIZAÇÃO DA FOLHA 46º30' 19º00'

PÍR

Colaboradores: Carlos Eduardo Osório Ferreira (Geólogo) Antônio Ivo de Menezes Medina (Geólogo) Regina Célia Gimenez Armesto (Geógrafa) Pedro de Paulo Osório Ferreira (Estagiário de Geografia) Adriana Gomes do Nascimento (Estagiária de Geografia) Carla Verônica Pereira da Silva (Estagiária de Geografia)

43º30'

42º00'

40º30'

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22º00'

PROJEÇÃO UNIVERSAL TRANSVERSA DE MERCATOR Origem da quilometragem UTM: Equador e Meridiano Central 45º W.Gr., acrescidas as constantes: 10.000km e 500km, respectivamente. Datum horizontal: Córrego Alegre, MG.

23º00'

ILHA GRANDE

CPRM

SF.23-Z-C

Serviço Geológico do Brasil 23º00'

2000

24º00' 45º00'

43º30'

42


Patchwork Carioca / «Articulation de réseaux & espaces verts dans une ville en extension » PROGRAMA INFORMAÇÕES PARA GESTÃO TERRITORIAL MAPA GEOMORFOLÓGICO

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Praia Seca Enseada das Gaivotas

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42º00'

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FEIÇÕES DE RELEVO SUBORDINADAS

CIDADE

Limite Superior das Escarpas Serranas e Degraus Estruturais.

Vila

Cristas Indiferenciadas e principais Interflúvios.

Estrada pavimentada

Estruturas Dômicas ou Anelares

Estrada não pavimentada, tráfego permanente

Vales Estruturais principais, controlados por Linhas de Falha ou Fratura.

Estrada de ferro Limite interestadual

Campos de dunas

Curso de água

LIMITE CONVENCIONAL

Lagoa, lago

Delimitação dos Sistemas de Relevo UNIDADES MORFOESCULTURAIS

43º30'

Morro de São João Ilha de Cabo Frio SUPERFÍCIES APLAINADAS NAS BAIXADAS LITORÂNEAS

24º00' 40º30'

3.1

Superfície Aplainada da Região dos Lagos

3.2

Superfície Aplainada do Litoral Leste Fluminense ESCARPAS SERRANAS

4.1

TABULEIROS DE BACIAS SEDIMENTARES 8.1

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Baixada da Baía de Guanabara

9.2

Baixada de Jacarepaguá

9.3

Baixadas da Região dos Lagos

9.4

Baixada do Rio São João

9.5

Baixada do Rio Macaé

4.2

Escarpas das Serras do Couto e dos Órgãos Espigões das Serras de Santana e Botija

4.4

Escarpas das Serras de Macaé, Macabu e Imbé

4.5

Escarpa Reversa da Serra dos Órgãos

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fig. 73. Carte Géomorphologique de la baie de Rio de Janeiro. Source: Prefeitura do Rio de Janeiro.

Nova Friburgo

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PLANÍCIES FLÚVIO - MARINHAS (BAIXADAS)

Escarpas das Serras das Araras e Paracambi

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6.1

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Depressão com Serras Alinhadas do Médio Vale do Rio Paraíba do Sul

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Depressão do Médio Vale do Rio Paraíba do Sul DEPRESSÕES INTERPLANÁLTICAS COM ALINHAMENTOS SERRANOS ESCALONADOS

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4.5

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PLANALTOS RESIDUAIS

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Domínio Montanhoso. Relevo montanhoso, muito acidentado, localizado, em geral, no reverso da escarpa da serra do Mar. Vertentes predominantemente retilíneas a côncavas, escarpadas e topos de cristas alinhadas, aguçados ou levemente arredondados. Ocorrência de compartimentos colinosos e/ou de morros, em seções alveolares nos vales principais. Ocorrência pontual de relevo suave ondulado, com elevações locais, localizado nos planaltos elevados das serras do Mar e da Mantiqueira. Densidade de drenagem alta com padrão de drenagem variável, de dendrítico a treliça ou retangular. Predomínio de amplitudes topográficas superiores a 400m e gradientes elevados a muito elevados, com ocorrência de colúvios e depósitos de tálus, solos rasos e afloramentos de rocha.

254

RJ-102

Praia

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Escarpas Serranas Degradadas e Degraus em Borda de Planaltos. Relevo montanhoso, muito acidentado, transicional entre dois sistemas de relevo. Constituem-se em escarpas bastante dissecadas por erosão fluvial e/ou abatimento tectônico. Vertentes predominantemente retilíneas a côncavas, com feições escarpadas, recuadas e suavizadas com topos arredondados. Densidade de drenagem alta a muito alta com padrão de drenagem variável, de paralelo a dendrítico, ou treliça a retangular. Predomínio de amplitudes topográficas inferiores a 500m e gradientes elevados, com ocorrência de colúvios e depósitos de tálus, solos rasos e afloramentos de rocha.

253

222 221

Iguaba Pequena

Lagoa

Escarpas Serranas. Relevo montanhoso, extremamente acidentado, transicional entre dois sistemas de relevo. Vertentes predominantemente retilíneas a côncavas, escarpadas e topos de cristas alinhadas, aguçados ou levemente arredondados. Densidade de drenagem muito alta com padrão de drenagem variável, de paralelo a dendrítico, ou treliça a retangular. Predomínio de amplitudes topográficas superiores a 500m e gradientes muito elevados, com ocorrência de colúvios e depósitos de tálus, solos rasos e afloramentos de rocha.

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ARARUAMA

Maciços Costeiros e Interiores Relevo montanhoso, extremamente acidentado, localizado em meio ao domínio das baixadas e planícies costeiras, ou em meio ao domínio colinoso, no caso dos maciços interiores. Vertentes predominantemente retilíneas a côncavas, escarpadas e topos de cristas alinhadas, aguçados ou levemente arredondados. Densidade de drenagem alta a muito alta com padrão de drenagem variável, de paralelo a dendrítico, geralmente centrífugo. Predomínio de amplitudes topográficas superiores a 300m e gradientes muito elevados, com ocorrência de colúvios e depósitos de tálus, solos rasos e afloramentos de rocha.

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RELEVOS DE DEGRADAÇÃO EM ÁREAS MONTANHOSAS

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Maciços Intrusivos Alcalinos Relevos dômicos sustentados por Maciços Alcalinos, com vertentes predominantemente retilíneas a côncavas, escarpadas, com topos arredondados, por vezes, preservando uma borda circular (cratera vulcânica erodida). Densidade de drenagem alta com padrão de drenagem radial ou anelar. Predomínio de amplitudes topográficas superiores a 500m e gradientes elevados a muito elevados, com sedimentação de colúvios e depósitos de tálus e solos rasos.

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RELEVOS DE DEGRADAÇÃO SUSTENTADOS POR LITOLOGIAS ESPECÍFICAS

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Alinhamentos Serranos e Degraus Estruturais. Relevo de patamares litoestruturais, com vertentes predominantemente retilíneas a côncavas e escarpadas e topos de cristas alinhadas, aguçados ou levemente arredondados, que se destacam topograficamente do domínio colinoso. Densidade de drenagem alta com padrão de drenagem variável, de paralelo a dendrítico. Predomínio de amplitudes topográficas entre 300 e 700m e gradientes médios a elevados, com ocorrência de colúvios e depósitos de tálus, solos rasos e afloramentos de rocha.

235

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Domínio de Morros Elevados (com ocorrência de "Pães-de-Açúcar"). Relevo de morros convexo-côncavos dissecados e topos arredondados ou aguçados, com sedimentação de colúvios, alúvios e, subordinadamente, depósitos de tálus. Presença de "monadnocks". Ocorrência de compartimentos colinosos em seções alveolares nos vales principais. Densidade de drenagem média a alta com padrão de drenagem variável, de dendrítico a treliça ou retangular. Predomínio de amplitudes topográficas entre 200 e 400m e gradientes médios, com presença de formas residuais proeminentes e gradientes elevados.

234

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Domínio de Colinas Dissecadas, Morrotes e Morros Baixos. Relevo de colinas dissecadas, com vertentes convexo-côncavas e topos arredondados e/ou alongados e de morrotes e morros dissecados, com vertentes retilíneas e côncavas e topos aguçados ou alinhados, com sedimentação de colúvios e alúvios. Densidade de drenagem média a alta com padrão de drenagem variável, de dendrítico a treliça ou retangular. Predomínio de amplitudes topográficas entre 100 e 200m e gradientes suaves a médios.

233

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Morro de São João

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Domínio Colinoso (zona típica do domínio de "mar de morros"). Relevo de colinas pouco dissecadas, com vertentes convexo-côncavas e topos arredondados ou alongados, com sedimentação de colúvios e alúvios. Ocorrência subordinada de morrotes alinhados e morros baixos. Densidade de drenagem média com padrão de drenagem variável, de dendrítico a treliça ou retangular. Predomínio de amplitudes topográficas inferiores a 100m e gradientes suaves.

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Domínio Suave Colinoso. Relevo de colinas muito pouco dissecadas, com vertentes convexas e topos arredondados ou alongados, com expressiva sedimentação de colúvios e alúvios. Ocorrência subordinada de morrotes alinhados. Densidade de drenagem baixa a média com padrão de drenagem variável, de dendrítico a treliça ou retangular. Predomínio de amplitudes topográficas inferiores a 50m e gradientes muito suaves.

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RELEVOS DE DEGRADAÇÃO EM PLANALTOS DISSECADOS OU SUPERFÍCIES APLAINADAS

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Alinhamentos Serranos Isolados e "Pães-de-Açúcar". Formas de relevo residuais, com vertentes retilíneas a côncavas e escarpadas e topos de cristas alinhadas, aguçados ou levemente arredondados, com sedimentação de colúvios e, subordinadamente, depósitos de tálus, solos rasos e afloramentos de rocha, remanescentes do afogamento generalizado do relevo produzido pela sedimentação flúvio-marinha que caracteriza as baixadas litorâneas. Densidade de drenagem baixa com padrão de drenagem variável, de dendrítico a treliça ou retangular. Predomínio de amplitudes topográficas superiores a 200m e gradientes médios a elevados.

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Morrotes e Morros Baixos Isolados. Formas de relevo residuais, com vertentes convexas a retilíneas e topos aguçados ou arredondados, com sedimentação de colúvios, remanescentes do afogamento generalizado do relevo produzido pela sedimentação flúvio-marinha, que caracteriza as baixadas litorâneas. Estão também classificadas ilhas oceânicas. Densidade de drenagem muito baixa com padrão de drenagem dendrítico e drenagem imperfeita dos fundos de vales afogados. Predomínio de amplitudes topográficas entre 100 e 200m e gradientes suaves a médios.

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RELEVOS DE DEGRADAÇÃO ENTREMEADOS NA BAIXADA Colinas Isoladas. Formas de relevo residuais, com vertentes convexas e topos arredondados ou alongados, com sedimentação de colúvios, remanescentes do afogamento generalizado do relevo produzido pela sedimentação flúvio-marinha que caracteriza as baixadas litorâneas. Estão também classificadas ilhas oceânicas. Densidade de drenagem muito baixa com padrão de drenagem dendrítico e drenagem imperfeita nos fundos de vales afogados. Predomínio de amplitudes topográficas inferiores a 100m e gradientes suaves.

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RELEVOS DE DEGRADAÇÃO RELEVOS DE DEGRADAÇÃO SOBRE DEPÓSITOS SEDIMENTARES Tabuleiros. Formas de relevo suavemente dissecadas, com extensas superfícies de gradientes extremamente suave ou colinas tabulares, com topos planos e alongados e vertentes retilíneas nos vales encaixados em “forma de U”, resultantes da dissecação fluvial recente. Densidade de drenagem muito baixa com padrão de drenagem paralelo. Predomínio de amplitudes topográficas inferiores a 50m e gradientes muito suaves, com sedimentação de colúvios e alúvios.

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Planícies Flúvio-Lagunares (Terrenos Argilosos Orgânicos de Paleolagunas Colmatadas). Superfícies planas, de interface com os Sistemas Deposicionais Continentais e Lagunares. Terrenos muito mal drenados com lençol freático subaflorante.

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Planícies Flúvio-Marinhas (Terrenos Argilosos Orgânicos de Fundo de Baías ou Enseadas, ou Deltas dominados por Maré). Superfícies planas, de interface com os Sistemas Deposicionais Continentais e Marinhos. Terrenos muito mal drenados com padrão de canais bastante meandrantes e divagantes, sob influência de refluxo de marés.

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Planícies Colúvio-Alúvio-Marinhas (Terrenos Argilo-Arenosos das Baixadas). Superfícies subhorizontais, com gradientes extremamente suaves e convergentes à linha de costa, de interface com os Sistemas Deposicionais Continentais (processos fluviais e de encosta) e Marinhos. Terrenos mal drenados com padrão de canais meandrante e divagante. Presença de superfícies de aplainamento e pequenas colinas ajustadas ao nível de base das Baixadas.

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LITORÂNEOS Planícies Costeiras (Terrenos Arenosos de Terraços Marinhos, Cordões Arenosos e Campos de Dunas). Superfícies subhorizontais, com microrrelevo ondulado de amplitudes topográficas inferiores a 20m, geradas por processos de sedimentação marinha e/ou eólica. Terrenos bem drenados com padrão de drenagem paralelo, acompanhando as depressões intercordões.

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CONTINENTAIS Planícies Aluviais (Planícies de Inundação, Terraços Fluviais e Leques Alúvio-Coluviais). Superfícies subhorizontais, com gradientes extremamente suaves e convergentes em direção aos canais-tronco.

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Patchwork Carioca / «Articulation de réseaux & espaces verts dans une ville en extension »

Le relevé géologique en axonométrie effectué sur la baie de Guanabara nous aide à nous rendre compte des

différences de niveaux abrupts auxquelles l’aménagement du territoire fait face sur la côte, négociant les espaces libres

entres les morros naturels mais nous fait apparaître une grande surface plane au bord de la baie, qui est continue dans la

mer également, alternant avec des profondeurs abruptes et ponctuelles. Celui ci nous démontre aussi l’existence d’un rift profond marquant le milieu de la baie, entre Rio et Niteroi qui s’atténue vers la sortie de celle ci, pour ensuite revenir à

des profondeurs moyennes de 17 à 22 mètres environ.

Les observations géomorphologiques de cette baie nous amènent à conclure que la mise en place de ces territoires

artificiels ne comportait pas de difficultés particulière à l’adaptation de la baie, les caractéristiques de la frange ajoutée

n’étant pas très différentes de celles de l’espace naturel puisque des plages existaient déjà, bien qu’elles n’étaient pas aussi larges que les artificielles, elles bordaient l’avenue Beira-Mar implantée sous le mandat de Carlos Sampaio et

n’étaient pas très fréquentées. L’évolution de l’espace portuaire ayant induit une fréquentation accrue de pétroliers dans

la baie, aujourd’hui l’activité de baignade n’est pas non plus extrêmement conseillée mais l’aménagement d’une plage était indispensable à la sauvegarde des caractéristiques naturelles des abords de la baie de Guanabara.

En réalité, après de nombreuses recherches et une analyse du territoire de la ville de Rio de Janeiro dans son

ensemble, la mise en place de territoire artificiels avait déjà pris place quelques siècles auparavant. En effet, en comparant

les cartes très anciennes dessinées avant les premières initiatives de desctruction (fig.60), et les plans de ce qu’on croyait êtrew les «premiers» terrassements, il apparaît que les quais que l’on peut actuellement observer dans la zone portuaire

sont en fait le résultat d’un terrassement effectué au milieu du XIX è siècle. L’aménagement du terrassement du quartier de Flamengo apparait alors clairement dans la continuité d’une grande période d’élargissement urbain, plus étendue que ce que l’on peut penser. Véritable orchestration d’espaces, de manière décousue au fil du temps mais se complétant

dans la lecture urbaine, nous pouvons alors nous demander, quel a été le rôle réel de l’urbaniste Français Alfred Agache

dans ce schéma urbain et comment se sont articulées les initiatives urbaines pour laisser apparaître une organisation «limpide» des espaces de nos jours, où la lecture urbaine peut s’effectuer à la seule vue des typologies d’habitats.

77


fig. 74. Gravure de la baie de Guanabara et de ses indigènes, 1820. Source: http://literaturaeriodejaneiro.blogspot.fr/2006/11/imagens-do-rio-antigo.html

fig. 75. Illustration de la Rua Jardim Botânico, 1880 fig. 76. Illustration des actuelles Arches de Lapa, 1875. Source: Source: http://literaturaeriodejaneiro.blogspot.fr/2006/11/imagens- http://literaturaeriodejaneiro.blogspot.fr/2006/11/imagens-do-riodo-rio-antigo.html antigo.html

fig. 77. Illustration de la Lagoa de Rio, 1904. Source: http://literaturaeriodejaneiro.blogspot.fr/2006/11/imagens-do-rio-antigo.html 78


Patchwork Carioca / «Articulation de réseaux & espaces verts dans une ville en extension »

III. RIO OU UN SCHEMA « D ‘URBANISATIONS » 1. Les différents processus d’organisation du territoire 1.1 Historique du territoire, contextes, évolution Depuis la découverte du Brésil en 1500 et de la baie de Guanabara, dans laquelle se trouve Rio de Janeiro, en

1501, la ville de Rio a toujours été utilisée comme lieu stratégique d’exportation. Celle ci ayant de nombreux atouts

du fait de sa localisation géographique sur la côte Brésilienne, située entre Salvador au Nord et le Rio de la Plata

en Argentine, elle s’ouvre facilement aux continents extérieurs et centralise les flux d’exportations. Le premier

produit d’export après la découverte du continent était le « bois brésil »72 au XVIè siècle, ressource qui a ameuté le continent Européen vers cette nouvelle terre; puis vient la culture du sucre au XVIIè siècle dont provenaient plus

de 90% des recettes du Brésil à cette époque là. C’est après la découverte de l’or dans l’état du Minas Gerais en 1693 au Nord de Rio que la ville prit une importance capitale au sein du pays. Depuis 1572, le Brésil était scindé

en deux régions administratives : le gouvernement du nord installé à Salvador et du sud à Rio de Janeiro, c’est en

1763 et après de nouvelles vagues de colonisation que le gouvernement du Brésil fut unifié et transféré intégralement vers Rio de Janeiro, qui devint la nouvelle capitale du pays. Du fait de son titre de colonie Portugaise, l’histoire

du Brésil a toujours été profondément liée aux évènements qui se passaient en Europe. Ceux ci eurent alors une

influence décisive sur le sort de ce pays : les invasions de Napoléon dans la péninsule Ibérique forcèrent la famille royale portugaise à s’enfuir de Lisbonne vers sa colonie d’outre-mer et à transférer le trône vers Rio de Janeiro.

Ce transfert représenta un changement fondamental dans l’organisation économique, politique et sociale de

cette colonie, la ville de Rio comprenant à ce moment là environ 45 000 habitants et en majorité des esclaves, ce sont au total 15 000 personnes (dont les courtisans, les aristocrates et les administrateurs) qui s’y ajoutèrent. C’est la première et

seule fois dans l’histoire qu’une ville coloniale s’est transformée en capitale européenne, à ce titre, Rio de Janeiro devint le centre de l’empire portugais. João VI, le régent – et roi, commença à faire de Rio de Janeiro la capitale du royaume,

ouvrant les ports brésiliens aux nations amies du Portugal et créant diverses institutions publiques et services culturels au

début du XIXè siècle : des écoles, la bibliothèque royale73, la banque du Brésil74, des journaux et le Jardin Botanique75. Le Brésil se voit alors élevé au statut de Royaume Uni du Portugal, du Brésil et d’Algarve, avec pour capitale Rio de

Janeiro. A la mort de la reine du Portugal, est proclamé roi son fils, João VI, qui retourna au Portugal réintégrer le trône,

laissant à son propre fils la régence du Brésil. Mécontent des interférences de la cour portugaise dans le pays, celui ci

proclama en 1822 l’indépendance du Brésil et modela alors le Brésil impérial du XIXè siècle sous différents angles.

En 1824, la première constitution Brésilienne est écrite et de nombreuses avancées sont faites : des tarifs douaniers

sont fixés par le ministre Alves Branco pour favoriser l’industrialisation en 1844, en 1854 les liaisons à l’intérieur du

territoires commencent à se créer avec l’inauguration de la première ligne de chemin de fer brésilienne, reliant la baie

de Guanabara à l’intérieur des terres. A partir de 1861 un reboisement des versants du fameux massif de Tijuca est mis en place. Et c’est en 1871 qu’ à été fait le plus grand pas dans l’évolution sociale du Brésil avec l’adoption de la loi

du ventre libre, libérant les enfants nés d’esclaves. Action qui entraina en 1885 la signature de la loi des sexagénaires,

libérant les esclaves âgés de plus de 65 ans puis en 1888 la signature de la « Lei Aurea », abolition totale de l’esclavage76. 72 Traduit du portugais « Pau Brasil » 73 Actuelle Bibliothèque Nationale 74 Actuelle Banque « Banco do Brasil » 75 Actuel Jardin privé « Jardim Botanico », un des plus beaux espace vert préservé de la ville de Rio, exemple historique de diversité de la flore brésilienne, contient aussi un institut de recherche, localisé dans la Zone Sud. 76 Cette loi ne comprenait uniquement deux articles : « Article 1: A partir de cette date, l’esclavage est declare aboli au Brésil Article 2: Toutes dispositions “contraires sont révoquées »

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fig. 78. Photographie de 1950, Arpoador, entre les plages de Copacabana et Ipanema, démocratisation de l’utilisation de l’automobile

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Patchwork Carioca / «Articulation de réseaux & espaces verts dans une ville en extension »

C’est au même moment que l’armée et les élites économiques se sentirent en position de force pour proclamer la

République. Le premier president fut le maréchal Deodoro da Fonseca et cette république fut rapidement surnommée “La

République vieille” 77, très peu appréciée dans le milieu populaire. Dans le Sud, des rébellions éclatèrent dans les États

de Santa Catarina et de Rio Grande do Sul et durent être maîtrisées. C’est en 1896 qu’une insurrection à lieu à Canudos,

dans l’Etat de Bahia, réunissant travailleurs ruraux et esclaves récemment libérés en révolte contre la République. A

la fin de cette guerre en 1897, près de dix mille soldats se dirigèrent vers Rio avec la promesse du gouvernement de recevoir un logement dans la ville de Rio, alors capitale fédérale du Brésil. Le retard dans la construction des structures

visants à accueillir ces soldats, dû aux failles politiques et bureaucratiques, les dirigèrent vers une occupation provisoire

des flancs d’un tertre se situant dans le centre de la ville. Les soldats arrivants et le retard s’accumulant, ils finirent par y rester, créant le premier regroupement de personne sur les flancs des fameux tertres de la ville de Rio, alors appellé “Favela”. Ce nom a été donné en souvenir d’un tertre, se situant près de la ville de Canudos, qui servait de base de

campement à ces soldats republicains et qui était recouverte d’une plante épineuse et très résistante du meme nom. Considérée officiellement comme la première favela de Rio de Janeiro, le morro da Providência, qui se situe derrière la

gare centrale, fut baptisé à la fin du 19è siècle comme « Morro da Favela ». Ce nom resta ensuite le nom de toutes les implantations modestes construites à flanc de colline et constitue un système urbain d’imbrication à part entière.

Nous pouvons constater à travers cet historique, le pouvoir que le continent Européen a pu exercer sur le Brésil

et de ce fait, le naturel avec lequel les différentes interventions urbaines ayant pour but une organisation du territoire

étaient commandées à des personnalités Européennes, telles qu’Alfred Agache par exemple, ayant joué un grand rôle dans l’expansion de la maille urbaine carioca. 1.2 « Circulation, digestion, respiration » ! Avant de s’intéresser au rôle même du plan Agache dans l’évolution urbaine de la vile de Rio, voyons les

motivations politiques, économiques et sociales qui ont amené une initiative de telle ampleur.

En effet, la ville de Rio a toujours été composée de deux mondes qui se côtoient, se mélangent, s’évitent parfois

mais s’imbriquent de telle manière qu’ils ne peuvent pas fonctionner l’un sans l’autre : la classe aisée vivant au XXè siècle dans les quartiers alors développés (le centre, les quartiers à proximité du centre de la ville)78, et la classe populaire

pauvre s’étant installée sur les tertres alentours pour être proches de leurs lieux de travail. Au début des années 1920,

l’élite carioca était particulièrement influencée par les modes étrangères (plus précisément les tendances américaines),

commencent alors à se former des clubs privés de divers genres. La production automobile au Brésil ayant commencé

autour de l’année 1922, c’est aussi à ce moment là que la voiture commence à être un objet à part entière. Véritable

miroir de la classe sociale, elle est vue comme un objet de luxe, étalant la richesse du propriétaire : ceux qui avaient

une voiture pouvaient non seulement se le permettre financièrement mais avaient un avantage de mobilité, et n’étaient

pas restreints par les problèmes de liaison entre les différents espaces de Rio. Cet « accessoire » permettait en effet de s’éloigner du centre de la ville tout en restant à une distance raisonnable à parcourir en voiture ; chose qui deviendra

rapidement indispensable à tous les cariocas (fig.78). L’espace central de la ville continuait cependant d’être pensé,

amélioré, reconstruit par les différents dirigeants qui se succédaient et il fut d’autant plus modelé lorsque l’arasement du Morro do Castelo apparaissait comme une nécessité79. Commençait alors la déformation morphologique de Rio.

77 Traduit du portugais : «República Velha» 78 Les quartiers connus comme « chics » aujourd’hui n’existants pas encore à cette époque où la liaison entre la zone Nord et la zone Sud n’était pas encore réellement établie 79 Arasement fait pendant l’administration de Carlos Sampaio (1920-1922), l’espace résultant constitua alors un des espaces les plus valorisés immobilièrement grâce à la proximité avec l’avenue principale, Rio Branco. 81


fig. 79. Carte du centre de Rio, Parc de Flamengo situé à l’Ouest: illustration de la conséquence des planifications «aérant le centre» grâce à l’ajout de territoires artificiels.

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Patchwork Carioca / «Articulation de réseaux & espaces verts dans une ville en extension »

Ce morro ci était considéré comme obstacle à l’expansion de la ville et fut complètement démoli en réutilisant

ensuite sa terre. Mais en attendant, l’espace rebaptisé « Esplanade do Castelo » resta vide jusqu’aux années 30, où il

servit à la construction d’édifices gouvernementaux et de parkings. La réponse à ce vide urbain fut considérée comme inexpressive et l’occupation si maladroite de cet espace ont mené à un débat à propos d’une planification générale de la

ville, d’un plan à long terme capable de conduire à un processus d’évolution cadrée de la ville de Rio. C’est la première fois que l’on parle de plan d’organisation générale pour la ville de Rio. En 1924 et 1925 sont alors publiés les premiers

règlements visant les constructions, agrandissements, réhabilitations et modifications d’édifices dans le district fédéral

de Rio. L’administration municipale cherche à ce moment là à uniformiser l’application des normes constructives ayant

pour objectif le contrôle de l’occupation urbaine. Dans ce contexte, la question de l’habitat populaire devient centrale

dans la discussion à propos du futur de la capitale : la prolifération des ensembles d’habitations, des favelas au pentes des tertres est alors accusée pour cause du danger des maladies qui commencent à s’y répandre mais aussi par « gêne » que

peut causer la population qui y vit. En effet, les clubs privés tels que le « Rotary Club »80 commencent à prendre racine

dans le milieu aisé carioca et en 1926, le Rotary Club de Rio expose cette raison dans la demande de «défavellisation»

des tertres faite à la Mairie de Rio.

Cette classe étant considérée comme très importante pour le développement économique de la ville, en 1927

sont organisés des débats sur le plan de réaménagement de la ville auxquels participent des ingénieurs de la ville de

Rio, des représentants d’entreprise étant intéressés par ces futurs travaux et Donat Alfred Agache, Urbaniste Français,

membre du Rotary club de Paris, qui a par la suite été engagé par le maire Antonio Prado Jr pour l’élaboration de ce plan

de remodélation et extension de la ville de Rio. La crise économique de la fin de cette période révèle une société urbaine

très diversifiée, exigeant de nouvelles réponses de la classe politique face aux problèmes émergeants.81 Le plan Agache a alors pour but principal d’augmenter « l’efficacité » de la capitale du Brésil. On parle d’efficacité à une période où

la ville croît sans contrôle et où le gouvernement ressent rapidement le potentiel d’un tel territoire. Le risque de cette époque est donc de se laisser piéger par le manque de limites à la croissance. Rio de Janeiro peut être caractérisée comme

capitale « multi-facettes » du fait qu’elle soit assez complète : elle a un rôle très important au niveau économique avec son port très actif et a une fonction politico administrative indéniable, ayant toujours été liée à la fonction « capitale du Brésil » depuis sa découverte, sans oublier les atouts culturels qu’elle possède grâce auxquels elle est considérée comme

complémentaire de Brasilia aujourd’hui. Ainsi le but de ce plan était la création d’opérations qui donneront à la ville un profil compatible avec son statut de capitale du pays, en effet on ressent dans de nombreux écrits que la préoccupation

de l’époque est très tournée vers l’apparence de la capitale du Brésil. En permanente émergence c’est l’époque de la

comparaison de Rio avec d’autres capitales et donc de la justification de ce titre. Agache a donc pris comme base des

opérations le système viaire, traité comme ossature du plan directeur, il compose la fonction principale à la perméabilité

de la ville : la circulation. A cette époque où l’usage de la voiture n’est pas encore très répandu, a été installé un système

de tramway dans la ville, diverses lignes qui permettent des connexions entre quartiers et l’accès plus facile à certains

tertres sur lesquels des maisons côtoient les favelas, le quartier de Santa Theresa est par exemple un des tertres, proche du centre, les plus étendus dans la ville et permet l’occupation en masse de ses différents versants avec une délimitation existante de la partie habitation coloniale avec la partie favelas.

Alfred Agache avait une vision très singulière de la ville et traitait l’agglomération urbaine de Rio comme

un organisme vivant, il affirmait qu’ « aucune image pourrait mieux représenter la constitution et la vie des villes. Elles naissent, croissent, vivent et comme les êtres vivants, s’affaiblissent et meurent »82. Selon lui « chaque organe à 80 Club privé à la base composé essentiellement d’hommes d’affaires, de renommée internationale. 81 QUEIROS DE OLIVEIRA Sonia Maria, Planos urbanos do Rio de Janeiro : Plano agache, Centro de Arquitetura e Urbanismo, Rio de Janeiro; 1ª edição, 2009 p.364 82 QUEIROZ DE OLIVEIRA (org.); Planos urbanos do Rio de Janeiro. Plano agache. Centro de Arquitetura e Urbanismo, Rio de Janeiro; 1ª edição,2009.

83


fig.80. Plan Agache pour la ville de Rio de Janeiro,1926, connections prévues entre la zone centrale et la zone Nord. Source: Bibliothèque nationale de Rio, AGACHE Alfred, Cidade do Rio de Janeiro, Extensão, Remodelação, embellezamento, 1930, Paris. Photographie: Amélie Thouveny

fig. 81. Croquis de Le Corbusier: l’un de ses concepts urban pour la ville de Rio: un immeuble résidentiel massif et tortueux surmonté d’une sorte de toit-route.

fig. 82. Bâtiment de logements collectifs situé dans le quartier de Gavea de la Zone Sud de Rio, construit dans les années 50, Sourcede la photographie: http://www.brasilartesenciclopedias.com.br/mobile/nacional/reidy_affonso06.htm

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Patchwork Carioca / «Articulation de réseaux & espaces verts dans une ville en extension »

alors une fonction propre qu’il est important de maintenir dans l’état »83. Il a alors adopté une formule très claire de la

personnification de la ville : « Circulation, digestion et respiration ». Divers objectifs clairement identifiés en ressortent et il élabore donc des zones dans les limites préfectorales, dont on utilise encore l’ordre aujourd’hui, et découpe les

différents quartiers en élaborant des connecteurs entre ces espaces. Pendant l’élaboration de ce plan d’intervention et embellissement de la cité carioca, Le Corbusier prenait connaissance de cette ville et élaborait aussi des concepts pour

l’amélioration de la ville de Rio, la figure 81 ci contre est un exemple de la pensée moderniste de Le Corbusier contre le réalisme d’Alfred Agache. Alors que ce second se préocupait des espaces libres et de l’articulation des pleins et vides, Le

Corbusier affirmait sa vision moderniste de Rio comme ville laboratoire dans laquelle il est possible de développer des

cncepts sous formes d’objets architecturaux. Malgré le fait que l’ensemble des propositions de Le Corbusier n’aient pas été prises en compte, de nombreuses constructions du XXè siècle en ont été inspirées, comme par exemple le bâtiment

d’habitation conçu par Affonso Reidy (fig.82) dans les années 1950, qui reprend cette résonnance avec les courbes du

paysage carioca aussi présentes dans la proposition de Le Corbusier. Ce bâtiment fait aussi office d’entrée du tunnel reliant la Zone Sud aux quartiers attenants mais excentrés de São Conrado et Barra da Tijuca.

« C’est une science, c’est un art et pardessus tout une philosophie sociale. On parle d’urbanisme comme

d’un ensemble de règles appliquées à l’amélioration d’édifices, du tracé de rues, de voies, de la circulation et du

décongestionnement des artères publiques. C’est le remodelage de la ville, l’extension et l’embellissement d’une ville, effectués, par le moyen d’une étude méthodique de géographie humaine et de topographie urbaine sans négliger les

solutions financières »84.

Le plan d’intervention échafaudé par Alfred Agache restera sur le papier sans jamais totalement voir le jour.

Il prévoyait une période de 50 ans pour élaborer la totalité de ses projets, entre rénovation et construction, on peut

penser que les projets de base auraient subi une évolution morphologique avec l’évolution de la population mais c’est justement ce facteur d’inadaptabilité qui a entrainé l’adoption partielle de cette stratégie urbaine. On peut cependant indéniablement considérer le plan Agache comme le plan de référence urbaine de la ville de Rio : « L’essentiel est

que le professeur Agache et les ingénieurs, urbanistes et architectes qui ont travaillé sous sa direction, tracent pour

la capitale du Brésil les directives à travers lesquelles s’étendra sa grandeur »85. On remarque alors la linéarité des choix faits au cours du temps : les travaux entrepris par Francisco Pereira Passos86 avec comme base sa passion pour

Haussmann, la continuité de sa pensée orchestrée par les maires significatifs suivants puis la plume d’Alfred Agache

dans les années 30, donnent à cette capitale du Brésil une base prometteuse pour rattraper son retard d’évolution.

83 84 85 2005, Rio. 86

ibidem ibidem, p. 30 PREFEITURA DA CIDADE DE RIO DE JANEIRO, « Coleção estudos da cidade », Rio estudos n°155, Prefeitura da cidade do Rio de Janeiro, Mai Rappel : F. Peireira Passos, ancien ingénieur, était maire de Rio de 1902 à 1906 et a initié les premiers travaux de redynamisation du centre de Rio. 85


fig.83. Vue depuis le Morro da Gloria du centre ville de Rio bordé du Parque do Flamengo à l’Ouest. Articulation des différents types d’aménagements urbains entre les «grattes ciels» du centre et l’espace paysager. Photographie: Amélie Thouveny

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Patchwork Carioca / «Articulation de réseaux & espaces verts dans une ville en extension »

Dans sa vision du futur Rio et avec les fonctions d’une telle capitale, il envisageait la nécessité de faire de la

place en centre ville, après l’arasement des tertres et la démolition de maisons coloniales, pour l’instauration d’une

image de « centre ville gratte ciels » avec toutes les tours de bureaux (fig.83). Les espaces verts au centre de Rio à

cette époque n’étant pas très étendus, la création d’un poumon vert paraissait indispensable. C’était une décision à double tranchant car en effet, il existait une organisation d’espaces libres mais pas de réel système, le plan Agache

projetait alors de conserver les espaces verts existants car il estimait que le réseau existant était incomplet, certes,

mais prometteur : « l’état actuel du site offre de grandes possibilités, qui, si elles sont sauvegardées, garantiront une

excellente répartition des espaces libres, satisfaisant les exigences de la population prévue pour le futur »87. Par quartier, la proportion d’espaces verts au milieu des habitations était relativement raisonnable mais de dimension assez restreinte.

En dessinant ses propositions pour le centre de la ville nous pouvons remarquer sa volonté de faire de l’interface entre

le quartier de Flamengo et la baie de Guanabara des espaces libres verts, précurseurs du projet du parc de Flamengo. Il est un fait réel la constatation de la composition de la ville de Rio comme fruit de diverses adaptations de règles

d’urbanisme à différentes époques. Suite au plan Agache se sont engagées de nombreuses réformes urbaines qui ont

ensuite donné lieu au parc de Flamengo, celui ci à ensuite engendré, comme cité un peu plus tôt dans ce développement,

la demande de planification à l’agence « Doxiadis & associates ». De ces planifications, aucune n’a réellement été

adoptée et suivie dans son intégralité mais il est intéressant de voir aujourd’hui le résultat de ces plans d’urbanisme, comme collage de différentes tendances, la ville de Rio est alors multipolaire en ce qui concerne son architecture et

l’organisation de ses espaces. Cet effet est aussi créé par une richesse historique de ce même territoire et avant toutes

ces planifications urbaines, existe un «plan d’urbanisme» historique prenant part à ce «patchwork» urbain : les favelas.

87 AGACHE Alfred, Cidade do Rio de Janeiro, Extensão, Remodelação, embellezamento, 1930, Paris, p. 206, (Trad. Portugais par Francesca de Souza), Traduit depuis la version originale brésilienne : « O estado actual dos sitios offerece grandes possibilidades, que se forem salvaguardadas, garantirao uma excellente repartição de espaços livres satisfazendo àas exigencias das populaçoes previstas para o futuro». 87


88


Patchwork Carioca / «Articulation de réseaux & espaces verts dans une ville en extension »

1.3 Un relief à l’usage historique “Au Brésil, les artistes et les architectes commençaient à s’exprimer en manifestant et en agissant de manières

qui suggéraient plus les la libération sexuelle et sociale. Le style architectural le plus significatif dans ce processus

était la Favela: installation informelle et illégale de logements dans la périphérie des grandes villes brésiliennes. En 2008 approximativement 20% de la population urbaine brésilienne vit dans une favela. L’image de la favela a évolué et est passée d’une représentation d’un problème et de la honte qui doit être oubliée à l’incarnation d’un bon nombre de

valeurs positives: autonomie, entraide, liberté par rapport au système politique.”88

La question serait alors : peut-on qualifier le système d’organisation des favelas comme une organisation urbaine

et pourquoi cette organisation, des plus anciennes sur le territoire n’est elle encore aujourd’hui que très peu reconnue ?

Comme expliqué dans l’historique du territoire, l’apparition des favelas est le fruit d’une situation d’extrême

migration vers Rio au début du XXè siècle et de manque d’organisation de l’état à l’hébergement de ces migrants. C’est

donc un urbanisme que le peut qualifier de « spontané », les premières infrastructures ayant été construites pour ces

retours de la guerre des Canudes, le manque de contrôle de la situation de l’Etat engendra une nécessité d’augmenter les

habitations autour de ces premières installations, avec les matériaux les moins coûteux. D’anciens soldats ne possédant pas de biens, la propriété de ces installations s’est étendue à la classe la plus pauvre de Rio, les flancs de ces tertres

étant à ce moment là considérés comme peu exploitables au développement de la classe riche, celle ci s’installe alors

au plus près du front de mer. La particularité de cette urbanisation est la rapidité et l’efficacité avec laquelle elle s’est

développée et perdure au fil des siècles du fait des circonstances politico-financières Brésilienne. Ces territoires ont

alors un statut particulier qui n’est, encore aujourd’hui, pas totalement résolu. En effet il existe une notion d’inégalité dans cette classe la plus pauvre de Rio et certaines favelas sont considérées comme «favelas riches», alors que d’un

point de vue architectural les méthodes sont semblables, c’est dans la considération de l’administration que la différence

est faite. Réels urbanismes parallèles, la composition des habitations dans les favela est basée sur un mode pratique :

la maison à une base et selon le besoin du nombre de pièces en fonction des habitants elle se développe en hauteur

dans la limite de la gêne occasionnée aux habitants en amont. Ainsi nous pouvons observer dans certaines favelas

le déploiement spectaculaire de certaines maisons. Ce système d’urbanisation rapide est en fait le plus spectaculaire

de la ville de Rio, en effet la construction de ces habitations négocie les caractéristiques très délicates de ces pentes

parfois vertigineuses et des caractéristiques de terrains considérés comme non constructibles officiellement, donc avec

de grands risques d’inondations, d’instabilité du terrain. En mettant de côté l’instinct constructif de ces habitations dont on se demande parfois comment font-elles pour ne pas s’effondrer, l’organisation des circulations à l’intérieur de ces

espaces est un des points qui font de ces espaces un système urbain. Pensées au fur et à mesure de la construction, ces

liaisons ont un lien direct avec les habitations, la limite entre privé et public est alors infime. Il n’y a pas réellement de

notion d’indépendance du fait de la promiscuité des maisons entre elles et la vie privée des familles empiète sur l’espace public, ce qui donne cette impression, à juste titre, d’un ensemble dans lequel toutes les pièces sont indispensables. Il

est intéressant de remarquer dans ce cas comme la planification des espace a influencé le comportement des habitants et leur état d’esprit.

Historiquement les favelados sont les personnes oubliées de l’état, dont le gouvernement ne s’est pas assez

soucié. Aujourd’hui la préoccupation de l’état par rapport à ces espaces dépend énormément des caractéristiques de ces

favelas. L’organisation de ceux ci a donc engendré un fléau, la promiscuité et la complexité de ces circulations a permis

un développement « facile » de commerces parallèles illégaux qu’il est aujourd’hui difficile d’éradiquer. Pourtant, au

88

WILLIAMS, Richard J, Brazil, Edition Modern, Architectures in History, 2009, p. 25 89


fig.85. Favela de Santa Marta, Rio de Janeiro, photos tirées le 5 Avril 2012, Amélie Thouveny

fig.86. Favela de Santa Marta, Rio de Janeiro, Tranches de typologies urbaines. Photos tirées le 5 Avril 2012, Amélie Thouveny 90


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vu de la composition de la ville de Rio, on peut considérer l ‘apparition des favelas comme la création d’un système urbain efficace et l’impossibilité de négocier ces espaces pour les intégrer dans le système global de la ville de Rio

au cours du temps (pour des raisons, en partie, économiques) comme intégration de ce système à part entière dans la

ville. Même si toutes les favelas ne sont pas reconnues comme espaces d’habitations ou qu’elle ne peuvent pas être entretenues comme d’autres quartiers coloniaux du centre ville, on ne peut nier leur intégration dans le fonctionnement

de ce territoire. Les habitants de ces espaces étant pour beaucoup de la main d’œuvre au commerce carioca, ils font

partie du système économique et nous rappelons que la situation de ces constructions au cœur de la ville a été induite par

sa géomorphologie mais aussi par la situation de ces reliefs directement en lien avec les quartiers où cette main d’œuvre était recherchée.

Ainsi, nous pouvons observer une diversité de planifications dans la ville de Rio, induites par différentes

raisons mais à chaque fois adoptées et adaptées à la situation. La ville de Rio telle qu’elle nous apparaît aujourd’hui est le fruit de longues années de volonté d’articulation de ces différents concepts, qui finalement ne peuvent

aujourd’hui plus fonctionner les uns sans les autres. Nous pourrons par la suite nous poser la question de l’évolution

de ces favelas pendant la préparation à des évènements d’ampleur internationale et leur futur, finalement, ce système

ne fonctionne-t-il pas car justement il est instinctif ? La réhabilitation de ces espaces ne serait-elle pas la dénaturation de leurs origines ? L’enlèvement d’une partie de la culture carioca à travers l’imbrication de ces habitations ?

C’est en tout cas à la veille d’une nouvelle ère urbaine à Rio que l’homme d’état Brésilien, Lula déclarait : “Le

dynamisme de notre économie nous permet de financer des politiques sociales comme jamais auparavant. Même si cela ne va pas arriver du jour au lendemain, nous sommes peut-être à la veille d’une transformation historique des

quartiers défavorisés “89. Alors que quelques décennies auparavant, Rio de Janeiro était le théâtre d’actes de violence

comme elle n’en avait jamais fait preuve, induits par de nombreux facteurs complémentaires allant de l’inégalité sociale à la progression économique ralentie de ce pays actuellement plein d’espoir.

89 DOWNIE Andrew, « Time Brazil’s Stimulus with a Ceilling and Four Walls », Guarulhos, Brazil Wednesday, Apr. 22, 2009, INTERNET, http://www. time.com/time/world/article/0,8599,1892935,00.html 91


fig. 87. Ensemble de photographies tirées à Brasilia, le 2 Février 2012, montrant l’inadaptabilité au piéton de cette ville. Plnification urbaine de Lucio Costa, construite en 3 ans: inaugurée en 1960. Photographies: Amélie Thouveny

92


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2. Souffrances de la ville de Rio 2.1 Impact de Brasilia sur Rio La ville de Rio illustre extrêmement bien le lien évident entre la pratique des espaces publics et la vie sociale,

surtout dans les années 70 à 80, période de réelle remise en question de ses espaces. En effet cette ville connue pour être

promue comme la ville des activités extérieures, changea radicalement de statut avec la construction de cette nouvelle capitale, Brasilia. Cette modification est alors visible à différents niveaux et eut des conséquences considérables au

niveau urbain à Rio. Tout d’abord, la planification urbaine de Rio doit malgré tout être comprise dans le contexte d’une économie fragile du pays à cette période là. La construction de Brasilia était un geste fort de la part du gouvernement pour

montrer au peuple brésilien la préoccupation de l’administration Brésilienne par rapport à tous ses Etats le composant.

L’état dans lequel à été construit cette capitale ne possède pas de caractères naturellement attractifs à l’établissement de telles fonctions (pauvre en relief, éloigné du littoral, au centre d’un état peu construit). C’est pour cette raison qu’il

fut alors décidé la construction du centre de la vie politique dans cet espace, enlevant à Rio son titre historiquement

conservé et concentrant les attentions sur ce nouvel objet moderniste. Il faut aussi prendre en compte l’incompréhension

de la nouveauté que les brésiliens ont eu à cette époque là : étant nouvelle et construite sur un modèle moderniste, les cariocas ne pouvaient alors avoir une image de cette ville qui mettait en avant les atouts de cette «ville - voiture», alors

admirée, bien qu’elle puisse être aujourd’hui facilement critiquée.

A ce moment là, le modernisme pousse ses principes jusqu’au bout en admettant une place considérable à

l’automobile dans les années à venir et construisant cette capitale sur un modèle totalement erronée par rapport à

l’évolution de la société. Cette capitale n’est réellement pas une ville adaptée au XXI è siècle, période de prise de

conscience des limites de nos ressources, de grands questionnements autour du développement durable, où la place

du piéton est plus que légitime. La planification urbaine de Brasilia n’a pas du tout été pensée en fonction de l’échelle piétonne et au contraire, elle inhibe l’exercice physique et, de ce fait, réduit aussi les capacités de mélange et de rencontre

de la population. «Erreur» qui a été largement évitée à Rio justement par cette volonté d’insertion d’espace libre dans

un centre densifié. Cependant nous verrons par la suite que l’empiètement moderniste à Rio eu aussi un impact sur l’organisation de ses espaces suite à cette période de troubles.

La perte de ce titre engendra donc des souffrances politico-sociales : malgré la création d’espaces incitants

l’appropriation de la ville et de ses espaces libres, le détournement de l’attention à la ville de Rio, le mécontentement

de la population par rapport aux lacunes d’éducation, d’accès à la culture, aux soins et la dégradations des conditions

de vie en lien direct avec l’économie prenait le dessus. Les espaces libres furent alors de moins en moins fréquentés et

l’appréhension de l’espace urbain apparut avec une connotation d’insécurité, les tensions sociales étant accentuées, est

engendré un accroissement des différences entre les zones de Rio et le fossé social creusé au fil des années commence à atteindre un niveau critique. S’ensuit alors un impact indéniable sur les espaces publics. 2.2 Evolution des espaces publics, montée de l’insécurité Alors que la ville de Brasilia est mise sur la sellette, les cariocas revendiquent un besoin de restructuration

sociale imminent. D’après les études menées par Michel Misse, docteur en sciences Humaines et Sociologue, dans

les années 70 on ne parlait pas du tout de taux de criminalité au Brésil et les brésiliens considéraient leur pays comme pacifique, sans aucune violence et composé de personnes cordiales, jusqu’en 1975 ils n’avaient de notion de violence

urbaine que par les faits des autres continents tels que les Etats Unis ou l’Europe. Alors que dans les années 80 à 90, les

espaces publics se trouvaient être très fréquentés par la population pauvre de Rio, étant accessibles à tous à toute heure,

93


fig. 88. Planification de la frange littorale de Jacarepagua dessinée par Lucio Costa.

Barra da Tijuca en 1971

Barra da Tijuca en 1980

Barra da Tijuca en 1999

Barra da Tijuca en 1988

fig. 89. Evolution du quartier excentré de Rio: Barra da Tijuca. Source: http://selleron.com.br/tag/barra-da-tijuca/ 94


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les espaces publics deviennent de moins en moins fréquentés par la classe populaire moyenne ou la classe plus riche

du fait de la peur grandissante d’attaques et de violences de toutes sortes. La ville de Rio atteint des pics de violence

en 1980, facilement comparée à la ville de Chicago historiquement violente. Le détournement de la fréquentation des espaces publics engendre alors une dégradation de ces espaces et c’est un cercle vicieux qui n’engage pas à l’utilisation

des infrastructures. Les violences urbaines s’intensifient alors jusqu’à atteindre un pic dans les années 90 qui amena à

un renforcement sécuritaire dans la ville de Rio, le sentiment commun des cariocas est alors la banalité des agressions physiques pour obtenir un bien matériel. La criminalité et le vol est alors associée à la catégorie pauvre de la population

et les actes criminels se multiplient jusqu’à engendrer une perte de confiance de la part de la population carioca dans

divers quartiers, restés jusqu’aujourd’hui dangereux à des heures où la fréquentation est faible tels que les quartier du centre administratif de Rio étant désert la nuit ou au contraire les quartiers trop fréquentés où la baisse d’attention y

est fréquente. C’est à cette époque que se prennent des mesures en ce qui concerne les quartiers chics et les bâtiments d’habitation : est ajoutée à chaque entrée de bâtiment dans les quartiers d’Ipanema et Leblon aux trottoirs larges une

grille, permettant le contrôle d’accès des habitants et les flux d’entrée et de sortie par les portiers.

Cette violence accrue engendra alors une volonté d’augmentation de la sécurité des habitats de la part des

cariocas des classes riches et moyennes, ce qui amena l’Etat de Rio de Janeiro à repenser son type d’urbanisation à

implanter dans le futur.

2.3 Nouveau type d’urbanisation engendrée par cette insécurité croissante La réponse urbanistique à ce genre de phénomène à Rio était assez radicale : la création d’autres espaces publics

sécurisés, donc privatisés. La possibilité d’obtenir un « intérieur sécurisé » surveillé par des gardes devient alors une proposition attractive pour les classes moyennes et riches de la population carioca. Apparait ce nouveau modèle de

planification urbaine dont le sud de Rio à fait l’expérience avec les plans de Lucio Costa pour la plaine de Jacarepagua:

les condominios90 (fig.88). Pour la première fois à Rio, un quartier entier fut alors dessiné sous les principes modernistes. Les condominios sont basiquement constitués de noyaux urbains connectés entre eux par de longues et larges routes et

ponctués d’espaces verts bordés de centre commerciaux. La distance minimum entre deux noyaux est d’un kilomètre.

Même si l’intention principale de ce genre de planification était l’articulation d’espaces sécurisés pour créer un tout confortable et équilibré entre espace piétons et automobiles, le résultat est accablant. Aujourd’hui encore nous pouvons

observer le caractère sectaire de ce genre d’organisation de l’espace. Ironiquement, ce quartier de Rio planifié pour être à l’origine d’un nouveau souffle d’interaction sociales est devenu l’espace urbain le plus isolé de la ville. La conclusion

de ce traitement de l’espace à l’extrême pour éviter toute interaction malencontreuse est la création d’une société à

mentalité individualiste et de la perte d’une cohésion sociale dans laquelle la ville de Rio puisait sa force et une part de

son identité. La création de ce nouveau type d’espace séduisit pourtant un grand nombre de personnes et celui ci s’est

proliféré jusqu’aux abords océaniques. Le plan pilote de Barra da Tijuca, en fait quartier excentré de la ville de Rio mais

qui apparaît alors comme une ville à part entière, est typiquement calqué sur le modèle de Brasilia. On peut schématiser

ce plan par un espace constitué d’un couloir de circulation composé de huit voies rapides et bordé de commerces que l’on peut facilement imaginer transplantés directement des Etats Unis sur cet espace. De nombreuses allusions à cette nation tant idolâtrée sont d’ailleurs faites, entre le nom des différents centres commerciaux (« Barra Shopping Center »

par exemple) et la présence de symboles américains, le passage par cet espace donne une impression de délocalisation

continentale. En arrière de cette frange commerciale se situent les divisions des espaces d’habitations : d’immenses îlots organisés pour alterner espaces verts et grandes tours d’habitation. Barra da Tijuca devenait alors le lieu « moderne »

90 Littéralement « domaine partagé », désignation au Brésil d’un espace divisé dans lequel plusieurs propriétaires se partagent des parts de propriétés, peut désigner un immeuble ou une résidence de diverses maisons.

95


ZONE NORD

ZONE CENTRALE

ZONE SUD

Copacabana Ipanema

Barra da Tijuca Leblon

10 km fig. 90. Carte de localisation géographique. Production: Amélie Thouveny

fig. 91. Type «condominio» existant à Barra da Tijuca, nouvelle vague d’architecture répondant à des critères d’insécurité en priorité. Usage obligatoire de la voiture pour tous éplacements dans ce type de quartier. Source: http://www.debatesculturais.com.br/a-vila-e-a-mercantilizacao-da-natureza/ 96


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de la ville. A l’époque le modernisme commençait à peine à se répandre et on ne mesurait pas encore les côtés très

négatifs de la « capitale avion » Brasilia, on conjuguait alors modernisme avec « moderne et mieux » alors que quelques

décennies auparavant c’est le quartier de Copacabana qui était sous le feu des critiques avec le projet de développement

du quartier en « grattes ciels »91 de petite dimension :

« C’était dans le nouveau centre, à l’une des extrémités de l’axe de l’Avenida Central, et la nouvelle et saine

banlieue - Copacabana – qu’ont émergés des bâtiments emblématiques de l’arrivée d’une nouvelle ère dans les zones

urbaines cariocas: les gratte-ciel (...) le gratte ciel s’est immédiatement fait associer à «centre-ville» (comme dans

beaucoup d’autres villes, mais aussi et peut-être plus fortement et automatiquement, à Copacabana92 ».

On retrouve dans ce projet de Lucio Costa la notion de super quadra93 de Brasilia, immenses territoires traités

comme des îlots indépendants, expression de son désir de traitement de la ville comme « masses » d’objets, désir de

monumentalité des échelles. Le traitement de cet espace peut être vu comme une réponse parallèle aux problèmes de

Rio, en traitant d’abord un espace qui subissait des organisations d’habitations par initiatives indépendantes, le plan

pilote de ce territoire donne le ton d’une ère de modernisme affirmé depuis Brasilia pour finalement l’étendre jusqu’à

Rio comme pseudo solution à l’état alarmant de l’ancienne capitale et de sa société. La création de ce nouveau système urbain peut être vu comme la promulgation d’un nouveau style de vie, considéré à l’époque comme meilleur car plus

individualisé, ce plan d’intervention proposé par Lucio Costa à finalement participé au désengorgement de la ville de Rio par l’attraction de sa population aisée dans cet espace.

94

Quelques années après l’exécution de ce plan pilote,

c’est à partir des années 80 que la critique internationale s’est attaquée au mouvement moderniste brésilien, en 1989 :

l’écrivain James Holston décrivait dans son livre les plans de Lucio Costa comme la création de « villes-CIAM » :

basées sur un plan futur, imaginaire, il critique le fait que ces plans soient le seul fantasme de la ville du future parfaite selon Lucio Costa. Il déplorait aussi que « les « scripts » des plans de Costa cherchent à maîtriser les contradictions que

le développement « naturel » des villes présentaient »95.

Aujourd’hui très controversé, ce système d’habitation est cependant aujourd’hui très adopté malgré la fracture

urbaine et sociale qu’il engendre. Il apparaît alors un nouveau type de culture carioca, là où la proximité de la population

bat son plein dans les quartiers historiques de Rio, où l’on peut trouver à toute heure quelques personnes attablées jouant

aux cartes dans la rue ou partageant un moment convivial, les quartiers plus isolés et privatisés ne permettent pas ce

type de pratique pourtant ancrée dans cette culture d’Amérique Latine. On voit dans ce cas, clairement, l’impact que les organisations urbaines ont sur les pratiques sociales et la population. Des habitudes et des cultures de plusieurs siècles peuvent se perdre en une seule génération que l’on habitue à l’absence de certaines pratiques.

Suite à la mise en place de ces quartiers, et à la compréhension de l’évolution urbaine de la ville de Rio,

nous pouvons alors nous pencher sur l’évolution future de ces espaces et les projets d’adaptation de cette ville, à

l’apparence pleine de ressources en ce qui concerne la «flexibilité» du territoire. Contradiction intéressante d’une ville dont les frontières sont imposées par la nature de ses reliefs très marqués.

91 La description dans la plupart des écrits des bâtiments de Copacabana est « arranha-ceus » soit grattes ciels, malgré leur hauteur maximale de 25m. 92 VAZ, Lilian Fessler, Modernidade e moradia : habitação coletiva no Rio de Janeiro séculos XIX e XX, Rio de Janeiro : 7 Letras, 2002, p.63 : « Foi no novo centro, num dos extremos do eixo da avenida Central, e no novo e salubre arrabalde – Copacabana -, que despontaram as construções emblemàticas da chegada de uma nova era na paisagem urbana carioca : os arranha-céus (…) o arranha-céu passou imediatamente a ser associado « ao centro da cidade » (como em tantas outras cidades ; mas tambem e talvez mais forte e automaticamente, a Copacabana » 93 Définition : Quartier résidentiel construit, situé le long d’un boulevard ou d’une autoroute, INTERNET, http://www.dicio.com.br/superquadra/, Complément personnel : Les superquadras de Brasilia ont été pensés comme chacun contenant sa propre centralité où se situe toutes les fonctions nécessaires au habitants du quartier, évitant de ce fait la création d’un centre ville. 94 COSTA, Lucio, Plano Piloto para a urbanização da baixada compreendida entre a Barra da Tijuca, o Pontal de Sernambetiba e Jacarepaguá, São Paulo: Empresa das Artes, 1995. 95 « Os « roteiros » dos planos de Costa procuravam superar as contradições que o desenvolvimento « natural » das cidades apresentavam » ; EPPINGHAUS, Annie Goldberg, Influência do projeto no processo de apropriação dos espaços públicos em áreas residenciais: o caso da Barra da Tijuca, 2004, INTERNET, http://www.fau.ufrj.br/prolugar/arq_pdf/dissertacoes/Dissert_Annie%20Goldberg_2004/arq_PDF/CD11-CAP4%20-%20DESURB-BT.pdf 97


fig. 92. Carte de dĂŠlimitation municipale de la ville de Rio de Janeiro, Source: Site internet de la mairie de Rio de Janeiro.

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Patchwork Carioca / «Articulation de réseaux & espaces verts dans une ville en extension »

3. Organisation des espaces libres aujourd’hui, évolution future des réseaux… 3.1 Classification des espaces à la veille d’accueil de manifestations à échelle internationale Aujourd’hui, la ville de Rio est toujours caractérisée par son organisation spécifique selon un zonage. Les

zones différenciées sont les mêmes qu’anciennement déterminées et comprennent chacune une mixité de classes de la population. Bien que les déterminations de zones sont souvent associées à une certaine classe de population, nous

pouvons remarquer que depuis toujours cette association est faussée par l’importante présence de reliefs dans chaque

zone, occupés par les habitations précaires, favelas. La favela de Cantagalo en est un exemple parfait : exactement située entre les quartiers chics de Copacabana et Ipanema elle est associée à la Zone Sud, cette manière de sectionner

et dénommer le territoire nous montre donc le déni que ces espaces défavorisés subissent. La délimitation de zones

n’a jamais pris en compte la mixité sociale hors du commun cet espace Sud de Rio contient. Ces espaces apparaissent

alors comme des espaces tampon utilisés politiquement pour paraître proche du peuple. Ceux ci engendrent une sorte

d’architecture du spectacle, nous en avons l’exemple avec la Favela do Alemão dans laquelle les conditions de vie ne

se sont pas améliorées depuis 50 ans mais dans laquelle a été mis en place un téléphérique. Cette action paraissant être à l’attention de ses habitants à première vue, est en fait un scandale préfectoral, une inepsie par rapport à cette

communauté.

En effet, bien qu’un aller-retour par habitant de la favela soit gratuit, le prix d’un aller pour accéder aux

différentes stations des morros présents dans cette favela est de 1 R$ actuellement. Au vu du succès touristique et des

habitants de la favela que constitue cet investissement (flux qui arrive à 70% de passagers n’habitants pas dans la favela

en fins de semaines), le prix du voyage sera désormais augmenté de 400 % comme l’annonce le journal « Terra » sur sa

page internet 96. Le prix d’un aller sera alors de 5 R$, et les habitants de la favela devront aller être enregistrés auprès

de la préfecture pour continuer à payer les trajets supplémentaires 1R$. Avec l’augmentation de ce prix, le téléphérique devient le moyen de transport le plus cher de la ville de Rio en comparaison avec le bus (2,75R$), le train (3,10 R$), le

métro (3,50R$) ou encore les bateaux pour effectuer la traverser de la baie de Rio pour accéder à Niteroi (4,80 R$). De ce fait, nous pouvons remarquer que la situation des espaces défavorisés de la ville de s’améliore pas à la veille des grands

évènements que la ville va accueillir. La classification des espaces ne s’est pas encore réellement adapté au niveau de

vie des différentes population occupant des secteurs bien déterminés.

La relation des pleins et vides urbains dans ces différents secteurs constitue aujourd’hui encore une réelle

problématique. En effet, comme le notait Agache, la base de répartition des vides urbains dans les quartiers les plus

compacts de la ville est relativement égalitaire, en gardant cette base, la ville de Rio comporte aujourd’hui encore une

balance des espaces libres harmonieuse. Cependant, il est intéressant de remarquer les différences de qualifications des lieux au Brésil, parfois réellement différentes des appellations européennes. Ainsi, en étudiant le plan de la ville, nous

pouvons remarquer une forte présence de « Places » dans toutes les zones, contre une faible démarcation de « Parcs ».

96 Source : INTERNET, http://noticias.terra.com.br/brasil/cidades/preco-de-viagem-no-teleferico-do-alemao-aumenta-400-a-partir-desta-sexta,284332ca7 424e310VgnVCM20000099cceb0aRCRD.html 99


Praça General Pedra

Parque Noronha Santos

fig. 93. Exemple de confusion de dénomination des espaces libres à Rio de Janeiro, Zone Centrale. Source: Google Maps.

fig. 94. Marina de Gloria, 1967. Source: Internet.

fig. 95. Vue Nord de la Marina de Gloria, 2006. Source: Internet.

fig. 96. Vue de la marina depuis le morro da Gloria, photographie tirée le 11 Février 2013, Amélie Thouveny

100


Patchwork Carioca / «Articulation de réseaux & espaces verts dans une ville en extension »

Il existe alors d’autres qualifications des espaces libres dans ce pays, voyons quelques différences entre les deux

vocabulaires :

« Parque » : Espace arborisé de taille relative, adapté à la promenade ou récréation.97 Parc : n.m. Terrain clos, en partie boisé, ménagé pour la promenade, l’agrément.

« Praça »: Large espace découvert auquel convergent diverses rues. 98 Place : Dans une ville, espace dégagé entouré de monuments99

(ou) Espace public découvert, entouré de constructions, dans une agglomération : Petite place de village.100 « Jardim » : Espace ordinairement fermé, où se cultivent arbres, fleurs, plantes d’ornement.101

Jardin : n.m. Espace aménagé pour la promenade ou le repos, dans un souci esthétique, et portant des pelouses, des

parterres, des bosquets, des plans d’eau.102

« Largo » : Place sèche, « Largos » historiques ou espaces comportant un flux piéton intense.103 - aucun équivalent français

Ce dernier n’a pas d’équivalent en Europe, et l’on remarque une similarité dans la définition des parcs, mais

une grande différence dans la notion de «place», qui, au Brésil est populairement associé à n’importe quel espace public urbain libre d’édifices et que chacun peut s’approprier dont l’idée principale est la priorité aux piétons et l’inaccessibilité

aux véhicules. Les définitions divergent lorsqu’au Brésil l’idée de «place» est naturellement associée à la présence d’espaces verts, d’organisation paysagère qui en Europe tendrait plutôt ver la qualification de «Parc». En ce sens un

«Largo» est une place sèche, un élargissement de rue où la voie piétonne est très présente mais qui cohabite avec la

circulation automobile. Ainsi, notre notion de Place traditionnelle formée à partir d’un espace libre devant une église

ou d’un marché public serait plus associée à la notion Brésilienne de «Largo». Les places brésiliennes contiennent alors

toutes les infrastructures de nos parcs Européens sans passer dans cette qualification : basiquement occupée par de la

végétation et des aires arborisées, elles peuvent faire l’objet d’une planification plus avancée et contenir des espaces de jeux pour enfants, des bancs et tables et autres équipements de gymnastique populairement utilisés par le joggers ou

toutes les tranches d’âge lors d’un simple passage sur cet espace. Il est de ce fait difficile de déterminer si la proportion

des espaces verts est égalitaire sur l’ensemble du territoire carioca, comme nous pouvons le voir sur la carte annexe,

les différentes qualifications ne sont pas forcément justifiées et certains jardins à la brésilienne sont parfois moins utilisés que de simples espace dénommés « place » alors qu’ils sont le terrain d’une brassage de population immense

et à toutes heures. L’illustration de cette remarque est très flagrante au centre de Rio où se situent la « Praça General

Pedra » faisant face au « Parque Noronha Santos » (fig.93.) , constituant chacun une boucle de la voie rapide, nous

pouvons alors nous demander ce qui constitue la différenciation de ces espaces alors que nous remarquons en plus la présence massive d’éléments végétaux sur l’espace dénommé « Place » contrairement à l’absence de grandes ombres

dans l’espace dénommé « Parc ». La hiérarchie des dénominations d’espaces à Rio serait donc dans un ordre décroissant

en fonction des surfaces : « Floresta/ Morro/ Parque/ Praça/ Largo », prenant en compte la totalité de ces espaces nous

pouvons remarquer qu’à Rio, aucune zone d’habitation ne se situe à moins d’un kilomètre d’un espace de ce type. (cf: carte des espaces libres à Rio en annexe).

97 Traduction du portugais : «Lugar arborizado ou ajardinado de relativo tamanho, para passeio ou recreação», http://www.dicio.com.br/largo/ 98 Traduction du portugis : «Largo espaço descoberto para onde convergem várias ruas», http://www.dicio.com.br/largo/ 99 Source: INTERNET, http://www.linternaute.com/dictionnaire/fr/definition/place/ 100 Source: INTERNET, http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/place/61263 101 Traduction du portugais : Espaço ordinariamente fechado, onde se cultivam árvores, flores, plantas de ornato, source : INTERNET, http://www.dicio. com.br/jardim/ 102 Source : INTERNET, http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/jardin/44738?q=jardin#44679 103 Traduction depuis le portugais : Praça seca, Largos históricos ou espaços que suportam intensa circulação de pédestres, source : INTERNET, http:// pt.wikipedia.org/wiki/Pra%C3%A7a 101


fig. 97. Promenade du projet reprenant la tradition d’espace public portugais pour s’ancrer au mieux dans le paysage carioca. Source: http://oglobo.globo.com/rio/ebx-admite-mudancas-em-projeto-da-marina-da-gloria-8205874

fig. 98. Vue de l’ensemble du projet: vision de l’intégration du bâtiment dans le territoire: argument fort de la maîtrise d’oeuvre pour l’exécution de ce projet. Source: http://oglobo.globo.com/rio/ebx-admite-mudancas-em-projeto-da-marina-da-gloria-8205874

102

fig. 99. Vue sud du projet très controversé de la Marina de Gloria comprenant un centre de congrès. Source: http://oglobo.globo.com/rio/ebx-admite-mudancas-em-projeto-da-marina-da-gloria-8205874


Patchwork Carioca / «Articulation de réseaux & espaces verts dans une ville en extension »

Ce sont ces types d’espaces qui font l’objet de planifications éphémères à la préparation des manifestations

internationales à venir. L’espace libre à proximité des arches de Lapa, icônes du centre de Rio, fait d’ailleurs l’objet d’un concours amenant architectes, urbanistes diplômés et étudiants à imaginer une installation destinée à créer un espace,

partiellement couvert, de retransmission des évènements, afin d’utiliser cet espace, qui aujourd’hui inspire l’insécurité et

est en partie adopté par des marginaux, en lieu de rassemblement vivant. Entre planifications éphémères et installations durables, ces évènements entrainent aussi des inepties urbaines desquelles les cariocas se méfient. 3.2 Nouvelles planifications prévues à cet effet à diverses échelles La ville de Rio fait ainsi l’expérience d’une planification urbaine complémentaire à la préparation des

manifestations internationales qu’elle a la chance d’accueillir dans cette décennie. Cependant certains espaces protégés peuvent en souffrir, comme ce qui à failli être le cas pour l’espace de la Marina de Gloria, appartenant, comme exposé

dans la première partie de ce développement, au parc de Flamengo et étant un espace protégé par le patrimoine historique et culturel en 1965. Les questions relatives à la réhabilitation de cet espace ont donc été prises en main en 1996 par

la EBTE, Entreprise Brésilienne de Terrassement et de génie civil104, et dirigeait donc les diverses décisions relatives à cet espace et à son évolution, jusqu’au rachat de cette entreprise par l’homme d’affaires Eike Batista, président de

la société faîtière EBX et homme le plus riche du Brésil. Celui ci dirigeant le segment immobilier nommé REX dans

la société EBX, il devenait alors propriétaire de l’entreprise dirigeant le futur de cette Marina, historiquement espace

public protégé et a établi un concours pour la « réhabilitation » de cette Marina, gagné par l’agence Indio dà Costa, le contrat, normalement annulé d’ici peu, projetait sur celui ci un centre de congrès pouvant contenir 900 personnes, attelé de 50 commerces, d’un parking de 600 places Des pétitions et soulèvements des différentes associations de protections

et des cariocas eux mêmes ont alors surgi pour protéger le futur de cet espace, qui après différents jugements pu être sauvé, d’après le journal « Veja » du 28 mai 2013, le juge fédéral Vigdor Teitel déclara que les altérations faites au

projet de base de la Marina de Gloria dénaturent les fonctions originales des équipements du projet, et souligne que

«tout comme l’engendrera, l’exploitation de services à des fins commerciales, permettant la fourniture de services de toute nature et de manifestations culturelles, sociales et sportives, sans discernement et sans affinités avec la nature

nautique de la marina, entraine un détournement de finalité, en faussant l’usage primaire d’un bien public «105. Ce projet engendrera diverses réactions négatives et de nombreux articles expliquant l’irrespect de la typologie du territoire à travers ce projet, dont un article nommé « Marina de Gloria : ce projet est impossible », dans lequel l’auteure André

Albuquerque Garcia Redondo106 demande une réexamination du programme par l’IPHAN107 explique qu’en considérant

seulement les caractéristiques dimensionnelles et l’interaction avec le paysage en ignorant la nature de l’édifice, cette

construction caractériserait la fin d’un espace public historique et le début d’un espace dans lequel vont être construits toute sorte de constructions à but commerciaux à travers un faux discours de réhabilitation de l’espace. Au vu de la

perspective présentée, ce projet n’était en aucun cas considéré comme de la réhabilitation et aurait simplement été le

terrain d’un brassage de grandes fortunes à des fins privées au dépend d’une population nécessitant d’espaces à usages

publiques. L’article écrit par Elio Gaspari dans le journal « Folha de São Paulo » du 6 Mars 2013, prend la forme d’une

lettre de protestation de Carlos Lacerda, maire de Rio de 1960 à 1965 et initiateur politique de ce projet, réclamant la

nature protégée de cet espace, il déclare que « cette terre est la terre du peuple carioca » et met à jour la nécessité de 104 Traduction du portugais : Empresa Brasileira de Terraplanagem e Engenharia 105 Tradution du portugais : «Tal como engendrada, a exploração de serviços com finalidade comercial, permitindo a prestação de serviços de qualquer natureza e a realização de eventos culturais, sociais e esportivos, de forma indiscriminada e sem afinidades com a destinação náutica da Marina, encerrou um desvio de finalidade, por desvirtuar a destinação primária do bem público», source : INTERNET, http://veja.abril.com.br/noticia/brasil/justica-pode-comprometer-projetopara-marina-da-gloria. 106 Andréa Albuquerque Garcia Redondo, arquiteta, Secrétaire adjointe Municipale d’ Urbanisme (1993-1996) e Presidente du Conseil Municipal de Protection du Patrimoine Culturel do Rio de Janeiro (2001-2007). AActuellement auteure du blog Urba Carioca. 107 Institut de Protection du Patrimoine Historique National Brésilien (IPHAN)

103


fig. 100. Symbole du congrès international Rio+ 20, continuité du Sommet de la Terra qui a eu lieu en 1992.

fig. 101. Plan des diverses interventions à cette occasion. 104


Patchwork Carioca / «Articulation de réseaux & espaces verts dans une ville en extension »

qualification « d’espace dégradé » pour pouvoir construire un centre de congrès sur ce territoire, or il affirme que « ce

terrassement n’est pas dégradé, dégradés sont les intérêt qui ensuite le dégradent », il expose qu’effectivement Rio à

besoin d’un nouveau centre de congrès mais que du point de vue urbanistique le territoire de Flamengo est le dernier

espace pouvant supporter un afflux temporaire de personnes du fait de la congestion que cela apporterait au centre administratif. Malheureusement, le bilan du débat organisé autour de ce projet avec les principaux intéressés datant du

25 Avril 2013, n’affiche pas un compte rendu très positif : malgré l’admission du fait que ce projet ne met pas en valeur

l’activité de base pour laquelle l’espace a été conçu, c’est à dire une activité nautique, le point de vue plastique et formel

d’insertion totale dans le paysage à pris le dessus, et Marco Adnet, président de la REX affirma : « la majeure partie de la population aujourd’hui est en faveur de ce projet. Le centre de congrès est aussi un centre culturel. Nous ne faisons

pas d’erreur dans le compromis. »108.

Ces aménagements amènent alors à une nouvelle ère de l’urbanisation carioca, en effet la réception des évènements

d’ampleur internationale provoque des évolutions architecturales mais aussi urbanistiques, créant de nouveaux axes de

circulation. En effet, la situation du village olympique dans une zone proche de la ville de Barra da Tijuca implique un passage en revue des réseaux de circulation amenant à ce territoire. Une ligne de transit rapide à donc été mise en

place, le BRT : Bus Rapid Transit, a alors pour but de connecter l’île de l’aéroport, l’ « Ilha do Fundão « au village

olympique et à d’autres espaces clé de l’attraction touristique qui sera exercée dans Rio. Cette mise en place implique

des travaux de grande envergure dans la ville de Rio, utilisant des voies réservées, sur lesquelles ne pourront circuler que les bus spécifiques, le BRT implique la construction de nouveaux axes de taille comparable à une autoroute à 4

voies. Ces réseaux sont indispensables pour la ville mais ils déforment aussi sa morphologie à long terme. Totalement saturée d’habitation, ces axes empirent la situation de la zone Nord dans certains quartiers et ne créent pas d’attraction à

ce niveau là. La zone Nord se sent d’autant plus être une zone de passage et pose alors l’éternelle problématique de son intégration au fonctionnement global de la ville de Rio.

3.3 Durabilité des ces planifications comparable aux planifications de base Les grandes préoccupations que ces planifications urbaines entrainées pas des évènements temporaires peuvent

engendrer sont de l’ordre durable du fait de la rapidité avec lesquelles elles ont été décidées pour se préparer à l’accueil

d’une immense vague de population étrangère. A l’heure où des grands colloques internationaux sur le développement

durable sont organisés à Rio comme le «RIO+20» en 2012 (fig.100 et 101), les planifications urbaines d’aujourd’hui

sont-elles durables ? En tout cas, depuis la fusion entre l’Etat de Guanabara et celui de Rio de Janeiro, en 1975, cette

ville fut nommée capitale de ce nouvel état et la nécessité d’élaboration d’un nouveau plan urbain s’est fait ressentir : le PUB, Plan Urbanistique Basique109, divisait alors le territoire municipal en 5 aires de planification et engendra le PEU,

Projet de Restructuration Urbaine110, pour la planification locale, respectant les caractéristiques des différents quartiers et créant une politique sectorielle pour le développement économique et social. En effet, le PEU comprend un ensemble de

règles urbaines établissant les lignes directrices de son évolution. Tout projet de rénovation urbaine ou nouveau concept

d’aménagement doit être conforme au PEU pour confirmer le respect des standards de volumétrie et de conditions

d’édification sur le territoire carioca. Le PEU semble alors bien établi depuis sa création, aujourd’hui est prise en compte

l’évolution rapide de la société et la conscience de la durée des planifications. Après les deux demandes de planification

à Agache et Doxiadis, à deux époques différentes qui n’ont finalement jamais été adoptées dans leur intégralité du fait

du manque d’adaptation aux changements que la société on pu engendrer, le PEU admet une marge de réadaptation :

108 Traduction du portugais : “A maioria da população hoje é a favor do projeto. O centro de convenções é um centro cultural também. Não temos compromisso com o erro (…) », source : INTERNET, 25 Avril 2013, http://ambipetro.com.br/projeto-para-revitalizar-area-da-marina-da-gloria-no-rio-gera-polemica. 109 Traduction du portugais : Plano Urbanístico Básico, Portail du Secrétariat municipal de l’Urbanisme. Source : INTERNET, snld, http://www.rio.rj.gov. br/web/smu/exibeConteudo?article-id=138933 110 Traduction du portugais : Projetos de Estruturação Urbana 105


106


Patchwork Carioca / «Articulation de réseaux & espaces verts dans une ville en extension »

d’après le texte du projet de loi complémentaire n° 25/2001 à propos des dispositions de la politique urbaine de Rio de Janeiro111, le plan directeur de la ville est revisité tous les dix ans, et comporte un certain nombre de dispositions adaptées

à tous les types de territoires composants la ville de Rio de Janeiro. Ce texte comporte plusieurs articles décomposés

par sections où sont traitées les caractéristiques du milieu urbain et les objectifs futurs que la ville peut atteindre, la

croissance de la population est évaluée sous différents critères et a été établi une classification plus étendue de l’Etat de

Rio de Janeiro afin de promouvoir la planification globale et non spontanée par secteur. L’Etat a donc été décomposé en quatre « Macrozones » obéissants à des aspects culturels, sociaux, économiques, spatiaux, environnementaux et relatifs à l’infrastructure urbaine pour faciliter les planifications, investissement et développement de l’Etat entier. La ville de

Rio est presque intégralement située dans la zone dénommée « contrôlée », où, d’après le texte du décret n°28801, publié

dans le journal officiel municipal du 5 Décembre 2007, «la densification de la population et d’édifices seront limités, la

rénovation urbaine de ce secteur sera de préférence de la réhabilitation ou reconversion d’édifices existants». (cf : carte de Macrozonage). L’espace déterminé « encouragé » est un espace «où la densité de population, les activités économiques constructives et une augmentation de l’intensité et de grands équipements seront encouragés, de préférence dans les

zones à haute disponibilité ou de potentiel implantation d’infra sctructures» ; l’espace « conditionné » est caractérisé de telle manière : «où la densité de population, l’intensité constructive et l’installation d’activités économiques sera limitée

en fonction de la capacité de l’infrastructure des réseaux et subordonne la protection de l’environnement et du paysage et peut être progressivement élargi avec la contribution des ressources privées», et pour finir l’espace «assisté» : «où la

densité de population, l’augmentation des activités économiques et l’installation d’un complexe économique doit être accompagnée par des investissements publics dans les infrastructures et des mesures visant à protéger l’environnement

et de l’agriculture».

A travers ces différentes mesures de planification du territoire, nous pouvons remarquer l’évolution de la prise

en charge de Rio en permanente expansion, qui ne commence qu’à s’étendre avecl’accueil futur de ces évènements

de grande ampleur, qui peut se constituer source de conflits urbains et de grands fossés sociaux selon la gestion des

différentes composantes de ce territoire.

111 pdf

Source : INTERNET, slnd, http://www2.rio.rj.gov.br/smu/compur/pdf/PLC_0025_01-%20SUBSTITUTIVO%203%20-%20TEXTO%20DO%20PL. 107


CONCLUSION Au terme de cet écrit, le parc de Flamengo n’apparaît non pas comme «un» instrument de planification

urbaine mais comme «L’» élément clé qui a permis à la ville de Rio de «respirer» alors que le territoire subissait

un boom de l’automobile sans précédent. Alfred Agache personnifiait les villes en décrétant «Circulation, digestion, respiration» dans les premières années de décision de réformes urbaines, mais rares sont les villes dans lesquelles la

personnification apparaît aussi évidente qu’à Rio. Après avoir étudié toutes les étapes qui ont amené au fonctionnement

urbain d’aujourd’hui, nous pouvons admettre le parc de Flamengo comme un espace exceptionnel dans cette ville, dans lequel le défi de la mixité de la «récente» activité automobile avec l’image historique de luxuriance végétale à été relevé

avec succès.

Ce qu’il faut finalement comprendre et retenir dans la mise en place de cet aménagement c’est la nette différence

de développement de la ville, que cet espace à engendré du fait de sa nature de «parc». Au delà du décongestionnement

du noyau central de la ville que la création des voies a pu provoquer, la création de cet espace arborisé ouvert à la

totalité de la population carioca à créé un réel dynamisme à l’échelle du quartier mais aussi à l’échelle métropolitaine, engendrant des volontés de connexions et de valorisation de l’ensemble des quartiers (rappel: après cette vague de

modernisme, une réforme des quartiers coloniaux au centre à été engagée). Cet espace aurait pu être appréhendé comme espace à rentabilité économique indéniable mais c’est finalement le besoin d’espace de respiration qui a primé sur les

premiers projets pour cet immense espace vide d’identité. L’analyse de cet espace nous a alors graduellement amené à

une analyse plus étendue du «soulagement» urbain que cet instrument a provoqué.

En prenant du recul sur ces différentes opérations on ressent clairement une tranche de siècle extrêmement

active d’un point de vue urbain. Au terme de cette recherche, nous pensons avoir utilisé le rôle d’objet d’étude que composait le Parc de Flamengo de manière efficace afin de mettre en lumière les différents aspects de la composition urbaine de la ville de Rio de Janeiro. Il apparait alors qu’au delà d’élément de planification urbaine efficace de la

ville, ce parc est le miroir d’une organisation urbaine spontanée. Il faut souligner la rapidité de la mise en place des

aménagements historiques de tailles conséquentes à Rio. Que ce soit la spontanéité des favelas qui se sont largement

étendues depuis leur première apparition ou les différents aménagements ayant pour but l’amélioration de l’articulation

des zones caractéristiques de la ville. L’aisance de la maîtrise de la morphologie des paysages au service d’une meilleure

articulation urbaine est une des raisons de l’actuelle organisation de Rio de Janeiro. En effet, même si l’aménagement de ce territoire est considéré comme «récent» en comparaison avec les planifications Européennes, la confrotation avec

les reliefs et la nature y a toujours été beaucoup plus violente dans le continent Sud Américain. Pour le profit de ces

espaces cette habile maîtrise était donc une condition première. Cette période de l’histoire du territoire carioca apparait comme une époque charnière à la constitution d’une urbanisation stable, même si certaines conditions de vie sont

nettement à améliorer,. La condition des favelas par exemple fait partie de l’organisation urbaine de la ville et il serait

une erreur devouloir l’éradiquer. Celles ci font partie d’une identité propre et forte à cet espace et en ayant eu l’occasion

de fréquenter ces espaces à différentes reprises, nous pouvons affirmer que malgré la précarité de ces habitations les populations habitant dans ces espaces ne sont pas réellement favorables à une modification radicale de leur cadre de vie.

Nous persistons donc à penser que l’évolution future de ces espace doit aller dans le sens de leur conception et de leur histoire en prenant en compte la nature vernaculaire de ces constructions.

Enfin, suite à ces analyses urbaines, il apparait de nombreuses caractéristiques actuellement réunies pour supposer

que nous nous situons aujourd’hui dans une période charnière telle qu’au XXème siècle. Extrêmement décisive pour

la planification de cette ville et de ce pays. En effet, les compétitions internationales qui vont avoir lieu sur ce territoire

composent une étape nouvelle de l’articulation des différentes architectures qui ont pu opérer sur ce territoire. En effet, 108


Patchwork Carioca / «Articulation de réseaux & espaces verts dans une ville en extension »

ce qui rend la ville de Rio aussi exceptionnelle est le fait de persister aux yeux du monde entier comme l’éternel pilier

du Brésil, de sa richesses culturelle. Le pays se réfère lui même à cette ville qui porte les marques des différentes étapes

de l’aménagement du pays entier et de l’évolution de sa population. On ressent alors le poids mais aussi l’espoir qui pèse

et qui a toujours pesé sur la ville de Rio.

Nous avons enfin pu voir que l’articulation entre les réseaux et les espaces verts de la ville s’est construite de

manière assez hétéroclite mais l’un dépendant totalement de l’autre, les cartes de conclusion témoignent d’une adaptation indéniable au relief présent mais aussi d’un contentement de ces espaces verts naturels en dépit de la planification

d’espaces de type «parc» dans les quartiers en construction à différentes époques.

En conclusion, nous pouvons caractériser le parc de Flamengo comme un espace cousu au territoire, élargissant

cette notion, nous remarquons que les différents quartiers de la ville sont morphologiquement liés entre eux mais pas

réellement au point de vue urbain du fait de la création de typologies propres à certains espaces. En considérant les

sutures urbaines qui ont été effectuées sur l’ensemble du territoire à l’aide des axes développés, nous pouvons faire une métaphore en définissant Rio de Janeiro comme une «ville patchwork», justifiant le titre de ce travail: «Patchwork Carioca».

109


CARTE DE L’ARTICULATION ENTRE RESEAUX ET ESPACES VERTS NATURELS DE RIO DE JANEIRO

AMENAGEMENT: Forêt de Tijuca Morros naturels Voies rapides Appropriation urbaine du territoire Mer DENSITE DE POPULATION: + ++ +++ Source: Tracé d’origine « Recueil non Exhaustif, Paris-Rio », Travaux d’étudiants, Master ENSAV, 2012; Retravaillé par Amélie Thouveny


Niteroi

Rio de Janeiro

10 km


CARTE DE L’ARTICULATION ENTRE RESEAUX, ESPACES VERTS NATURELS ET DENSITE DE POPULATION DE RIO DE JANEIRO

AMENAGEMENT: Forêt de Tijuca Morros naturels Voies rapides Appropriation urbaine du territoire Mer DENSITE DE POPULATION: + ++ +++ Source: Tracé d’origine « Recueil non Exhaustif, Paris-Rio », Travaux d’étudiants, Master ENSAV, 2012; Retravaillé par Amélie Thouveny


Niteroi

Rio de Janeiro

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Patchwork Carioca / «Articulation de réseaux & espaces verts dans une ville en extension »

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Articles et Travaux universitaires consultés en PDF: - ARRAIS MORALES Lúcia, Doutora em Antropologia Social pelo Museu Nacional, Professora do Departamento de

Sociologia e Antropologia da Universidade Estadual Paulista/Campus Marília. http://www.fazendogenero.ufsc.br/9/

resources/anais/1277920454_ARQUIVO_LotadeMacedoSoareseElizabeth Bishopprojetosinterrompidos.pdf

- CASCO Ana Carmen, «Uma cidade tra(duz)ida pelos mapas», Rio de Janeiro, agosto de 2009, http://www.bn.br/ portal/arquivos/pdf/AnaCarmenCasco.pdf

- DANTAS, Marcelo Eduardo, Géographe, Carta Geomorfològica do Rio de Janeiro, 2000

- DOWNIE Andrew, « Time Brazil’s Stimulus with a Ceilling and Four Walls », Guarulhos, Brazil Wednesday, Apr. 22, 2009, INTERNET, http://www.time.com/time/world/article/0,8599,1892935,00.html

- ENSA-V, KLOUCHE Djamel, LIBERT Cédric (enseignants responsables), « BZ 2010-2011 », Paris-Rio, Travaux d’étudiants, Master ENSAV, 2011.

- ENSA-V, KLOUCHE Djamel, LIBERT Cédric (enseignants responsables), « Recueil non Exhaustif, Paris-Rio », Travaux d’étudiants, Master ENSAV, 2012

- EPPINGHAUS, Annie Goldberg, Influência do projeto no processo de apropriação dos espaços públicos em áreas residenciais: o caso da Barra da Tijuca, 2004

- INCONNU, «Corredor Cultural», slnd, http://143.107.31.231/Acervo_Imagens/Revista/REV034/Media/REV34-09. pdf

- INCONNU, Article concernant le « couloir culturel » de Rio, http://143.107.31.231/Acervo_Imagens/Revista/ REV034/Media/REV34-09.pdf

- PREFEITURA DO RIO DE JANEIRO, “Plano direitor da cidade do Rio”, http://www2.rio.rj.gov.br/smu/compur/

pdf/PLC_0025_01-%20SUBSTITUTIVO%203%20-%20TEXTO%20DO%20PL.pdf

- PREFEITURA DO RIO DE JANEIRO, “mémoria da destruição”, http://www0.rio.rj.gov.br/arquivo/pdf/memoria_ 117


carioca_pdf/memoria_da_destruicao.pdf

- PREFEITURA DO RIO DE JANEIRO, “a cidade que serà a mais linda do mundo”, - Revista Brasileira de Geografia, Outubro-Dezembro de 1944

- Revista Brasileira de Geografia, sl, Octobre-Décembre, 1944, http://biblioteca.ibge.gov.br/visualizacao/ periodicos/115/rbg_1944_v6_n4.pdf

- MISSE Michel, «Sobre a accumulação social da violência no Rio de Janeiro», sl, 2008, http://www.necvu.ifcs.ufrj. br/images/10Sobreaacumulacao.pdf

- MORAES REGO FAGERLANDE Sergio, Arquiteto e urbanista, Doutorando em urbanismo no PROURB Fau UFRJ, http://www.docomomo.org.br/seminario%208%20pdfs/141.pdf

- http://fr.scribd.com/doc/128441178/introducao-ao-desenho-urbano-del-rio-vicente-optimizado - http://www.time.com/time/world/article/0,8599,1892935,00.html

Film, Documentaires, Reportages, Vidéos : - Film «Reidy, a construção da Utopia», 2009.

Exposé des différents travaux d’Affonso Eduardo Reidy à Rio de Janeiro, lien de l’architecte avec le Parque do Flamengo exposé.

- Vidéo «Lota de Macedo Soares vive no Parque do Flamengo, homenagem», le 25.09.2012, la conseillère Sonia Rabello fait un hommage à cette grande dame au nom de tous les cariocas. http://www.youtube.com/watch?v=UYTQk1cWkdA, 26 Septembre 2012

- Vidéo «Parque do flamengo, anos 60», Retrançant l’évolution depuis le terrassement jusqu’à l’aménagement du parc. http://www.youtube.com/watch?v=CX-C_8XN9i4

- Vidéo, «Rio de Janeiro. Evolution», schéma consécutifs des différents terrasements effectués à Rio. http://www.youtube.com/watch?v=wOGYATHEf_0&feature=fvsr

- Vidéo «Evolução Urbana do Rio de Janeiro», documentaire retraçant l’histoire de la ville depuis les grandes conquêtes du territoire Sud Américain.

http://www.youtube.com/watch?v=ox5E2RhbiyU

118


Patchwork Carioca / «Articulation de réseaux & espaces verts dans une ville en extension »

Documents graphiques : Cartes : - Serveur de la « Fundação Parques e Jardins » : http://paisagemcarioca.rio.rj.gov.br/acesso.html - http://portalgeo.rio.rj.gov.br/ipp_viewer/?config=cadlog.xml - http://www.armazemdedados.rio.rj.gov.br/

Entretiens, Interview : - Divers questionnaires aux utilisateurs du parc (voir développement des questions et identité des participants en annexe)

- Accueil de l’agence « Burle Marx & cie » et entretien avec l’architecte Haruyoshi Ono, responsable de la

réhabilitation du parc en 1999, grand ami de Roberto Burle Marx, héritier de l’agence; et Juilo Ono, paysagiste, réalisé 13 Juillet 2012.

119


ANNEXES

Supports divers:

Cartes de visite des interlocuteurs de l’agence de paysagisme Burle Marx &co

Couverture du supplément du journal «O Globo» du 1er Mars 2013

120

Autre exemple d’utilisation du parc de Flamengo comme symbole: Pochette de disque Vinyle”Peruzzi E Sua Orquestra Lp Rio Show” - Stereo - 1965


Patchwork Carioca / «Articulation de réseaux & espaces verts dans une ville en extension »

Visite du «Sitio Burle Marx»: Visite extrêmement instructive des jardins et de la maison de Roberto Burle Marx, excentrée de Rio. Photographies tirées le 28 Février 2013, Amélie Thouveny

Prospectus de la visite des jardins de Burle Marx

Panorama des alentours de la maison de Roberto Burle Marx 121


Vue de la composition des jardins de Roberto Burle Marx, de grande plaine qui forme la continuité de ces jardins, aucune grande construction n’apparaît aux alentours et des escaliers atypiques liant l’atelier au bas de la propriété.

Intérieur de la maison de Burle Marx, oeuvres diverses décoratives

122

Plante baptisée «Burle Marxiii» car découverte par Burle Marx en personne.

Réfection de l’atelier de l’artiste, dont la construction a été terminée quelques mois seulement avant son décès.


Patchwork Carioca / «Articulation de réseaux & espaces verts dans une ville en extension »

123


Documents ayant aidé à la compréhension du site :

Tous ces documents sont issus du serveur de la «Fundação Parques e Jardins do Rio de Janeiro», cf/ Bibliographie.

124


Patchwork Carioca / «Articulation de réseaux & espaces verts dans une ville en extension »

125


Photographie diverses:

Photographies: Amélie Thouveny

126

Illustration du décalage entre architecture coloniale et moderne.

Exemple d’installation spotive présente sur l’ensemble du littoral carioca dont la plage de Flamengo.

Vue de l’empiètement des constructions sur les reliefs depuis le ciel

Vue de la cohabitation des différents types de constructions en articulation avec la forêt de Tijuca

Maison coloniale du centre ville de Rio actuellement en réfection

Exemple d’extension d’une maison dans la favela Santa Marta


Patchwork Carioca / «Articulation de réseaux & espaces verts dans une ville en extension »

Cartes d’étude touristique:

Tous ces documents sont issus de la monographie d’ Ana Carmen Casco, «Uma cidade tra(duz)ida pelos mapas», consultée en pdf traitant de l’évolution du tourisme à Rio de Janeiro depuis les années 50, cf: Bibliographie.

Document au verso de la fig. ?? présentée p. 62 de cet écrit

Plan de l’Ilha de Paquetà située au milieu de la baie de Rio, devenue un point touristique après les années 60, mentionné p. 63

31 127


Carte touristique de Rio contrastant la masse forestière avec le bâti. “Tourist’s map of Rio de Janeiro” e “Map of the central part of Rio de Janeiro”, Instituto Cartográfico Canabrava Barreiros. Departamento de Turismo e Certamos da Prefeitura do DF – Rua México 104 – Edifício da ABI, Rio de Janeiro, Brasil.8 (ARC 5-1-029)

128


Simplified Geological Map of south side of Rio de Janeiro Metropolitan Area (modified after: 1- Helmbold, R .; Valença, J.G.& Leonardos Jr. O.H. 1965. Mapa Geológico do Estado da Guanabara, Escala 1:50.000. Rio de Janeiro, DNPM / MME; 2-Heilbron, M., Pires, F.R.M., Valeriano,C. and Bessa, M. 1993. Litoestratigrafia, evolução tectono-metamórfica e magmatismo precambriano do setor sudeste do município do Rio de Janeiro, in Atas III Simpósio de Geologia do Sudeste, Rio de Janeiro, SBG: pp. 174-179

Mapa Geológico Simplificado da Região Sul do Município do Rio de Janeiro (modificado de: 1- Helmbold, R .; Valença, J.G. & Leonardos Jr. O.H. 1965. Mapa Geológico do Estado da Guanabara, Escala 1:50.000. Rio de Janeiro, DNPM / MME; 2-Heilbron, M., Pires, F.R.M., Valeriano,C. e Bessa, M. 1993). Litoestratigrafia, evolução tectono-metamórfica e magmatismo precambriano do setor sudeste do município do Rio de Janeiro, in Atas III Simpósio de Geologia do Sudeste, Rio de Janeiro, SBG: pp. 174-179

Foliação metamórfica superimposta à foliação magmática (granitóides do regime tangencial) Metamorphic foliation overprinted on sub-solidus fabrics (thrust-related granitoids)

Foliação metamórfica Metamorphic foliation

Localização das amostras datadas 1,2, 3 Dated sample location 1, 2, 3

Falha Fault

Contato transicional (litológico) Transitional (lithologic) contact

Contato normal Normal contact

10

Secretaria de Estado de Energia, da Indústria Naval e do Petróleo

60

Patchwork Carioca / «Articulation de réseaux & espaces verts dans une ville en extension »

Cartes d’étude géologique:

Carte Géologique de Rio de Janeiro, Source: Prefeitura do Rio de Janeiro.

129


Merci pour votre lecture, en espérant que ce sujet ait retenu votre attention et suscité votre curiosité pour un jour aller visiter ce fameux Parque do Flamengo dans son cadre exceptionnel, la ville de Rio de Janeiro.

130


fig. 41. Coupe transversale AA sur les voies rapides, le parkway et la marina de Gloria. Production: Amélie Thouveny

Praça Paris 0

100 m

Piste d’aéromodélisme

Marina da Gloria


HOTEL NOVO MUNDO

Parque da Republica

0

Bande paysagère aménagée

Avenida Beira Mar + Atlantica

100 m

fig. 42. Intégralité de la fi.42. (p.42), Coupe transversale BB sur la passerelle de franchissement. Production: Amélie Thouveny

Avenida Inf d. Henrique

Parque do Flamengo

Piste cyclable

Promenade de la plage

Plage de Flamengo

Bahia de Guanabara


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