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Périodique trimestriel Mars, avril, mai 2008
E.R.: Christine Bika • Rue Berckmans 9, 1060 Bruxelles • N° Agréation: P302145 N° Banque Carrefour des Entreprises : 418 308 144
SAFE SCHOOLS. L’éducation est un droit humain.
SAFE SCHOOLS. Une action de sensibilisation, mais aussi des mesures pratiques pour mettre fin à la violence contre les filles dans les écoles. Pour mettre fin aux violences liées à la fréquentation de l’école, il faut affronter les pratiques discriminatoires dans les établissements scolaires et dans la société. Cette action ne peut être menée que si l’on écoute les jeunes filles concernées, en prenant en considération leur vie quotidienne et leurs besoins. Amnesty International demande donc aux responsables et organes gouvernementaux, y compris les établissements scolaires, en collaboration avec les parties intéressées, de prendre dès maintenant des mesures au nombre de six et au sujet desquelles il ne peut y avoir ni excuses, ni exceptions, ni tergiversations. (Suite p.6)
Contre le scepticisme, des bonnes nouvelles. “Alors, vos trucs avec Amnesty, ça marche ?”, vous demande, un peu sceptique, votre voisin. Il est là, sous les nuages gris et sous la pluie, sur le point de monter dans sa nouvelle automobile, un rien goguenard vous semble-t-il. Et vous vous entendez lui répondre, sans hésiter : “Oui, ça marche, ça marche même plutôt très bien”. Pourquoi ? Jetez un œil en pages 2, 4 et 5 et vous aurez une petite idée du pourquoi.
Le droit à l’éducation. Un droit trop souvent bafoué. De mille manières, pour mille raisons toujours mauvaises. Chaque jour, des exactions, toutes plus inacceptables les unes que les autres, empêchent des fillettes et des jeunes filles, un peu partout dans le monde, d’accéder normalement à ce droit imprescriptible. L’école – le dit-on suffisamment, le saiton assez ? – est le reflet d’une société. Et les formes de violence dont sont victimes les femmes au quotidien (violences physiques, sexuelles ou psychologiques) sont en germe, ou se retrouvent, dans la vie quotidienne des filles qui fréquentent les établissements scolaires. Comme si la société, dans une ultime répétition, distribuait les rôles à qui serait victime, à qui serait bourreau. Bien sûr, tous les enfants en âge d’être scolarisés peuvent être la proie de cette violence qui porte singulièrement atteinte à leurs droits les plus fondamentaux, mais les filles sont plus exposées. Certaines sinistres agressions à caractère sexuel, entre autres mais pas seulement (qu’elles soient le fait de “camarades” de classe mal intentionnés ou de professeurs peu scrupuleux), nuisent à leur estime d’elles-mêmes et peuvent compromettre leurs chances de succès dans leurs études, voire leur santé et leur bonheur à long terme. Amnesty International s’engage aujourd’hui à lutter contre la violence dans les écoles. Les succès remportés lors des campagnes et actions contre les violences faites aux femmes, nous incitent à mener aussi un combat dans ce secteur-là. Partout dans le monde.
C’est-à-dire sans doute aussi chez nous, en Belgique. Si tel est le cas, il est vain de vouloir le nier. Et agir s’impose. Il faut que les enfants et les jeunes du monde trouvent à l’école les repères dont ils ont besoin pour devenir des hommes et des femmes libres. D’autres repères que la peur, la violence, ou la contrainte.
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Amnesty International veut agir, avec vous, contre une forme particulièrement perverse d’atteinte à ce droit humain, et singulièrement contre la violence à l’école qui pénalise lourdement fillettes et jeunes filles.
SAFE SCHOOLS, la campagne initiée par Amnesty International au niveau mondial, ne pourra se faire sans vous, sans votre volonté, une fois encore, de faire reculer les injustices autour de nous, où que ce soit. Comme lors des campagnes contre la violence conjugale, il y aura, soyons-en sûrs, des scepticismes à combattre, des réticences. Mais, comme pour ces dernières, avec vous, nous l’emporterons.
Rejoignez l’action SAFE SCHOOLS. compte : 001-2000070-06
Ecole de discriminations. Pour les filles plus encore plus que pour les garçons, il n’est pas bien sûr que l’école soit toujours très sûre.
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Imaginons. Vous êtes Elena, vous vivez à Caracas, Venezuela, vous avez à peine 10 ans. Ou bien vous êtes Kalou, élève d’une école de Bujumbura, Burundi et vous avez 13 ans. À moins que vous ne soyez Benazir, jeune fille de 16 ans, et vous faites vos études à Karachi, Pakistan. Qu’importe. De toute façon, votre sort est celui de milliers d’autres. Pourvu que vous soyez de sexe féminin. Car Kalou, Benazir ou Elena ne sont que trois exemples parmi tant d’autres de ce qui, partout dans le monde, menace celles qui fréquentent ces havres de sécurité que devraient être les écoles.
Benazir, Elena et Kalou. Chaque matin, elles se préparent pour aller à l’école. Et chaque matin, elles appréhendent, comme des milliers d’autres, de s’y retrouver ou de parcourir le chemin qui les y mène. Elles ont cessé de se réjouir de retrouver leurs camarades de classe, de s’enthousiasmer de pouvoir acquérir les connaissances qui feront d’elles des êtres libres, de s’épanouir à la seule idée de se dépenser sur un terrain de sport en compagnie d’autres de leur âge. Elles ont cessé de voir en leurs professeurs des êtres attentifs qui les aideront à découvrir le monde. Tout ça, c’est du passé, et, chaque matin, c’est la peur au ventre qu’elles quittent la maison, craignant que ne se répètent les humiliations et les violences qui ne les ont pas épargnées. À l’école ? Oui, à l’école. Ou sur le chemin de l’école.
Vous ne comptez plus les fois où vous avez été bousculée dans la cour de récréation. Mais vous vous étiez contentée de croire que ça ne se reproduirait pas. Vous ignoriez l’escalade qui suivrait. Aujourd’hui, vous en êtes arrivée à devoir redouter non seulement les moqueries et les injures, mais les coups, les humiliations résultats de rumeurs colportées. Et vous gardez à l’esprit d’autres horreurs avérées, des horreurs bien plus terrifiantes arrivées à d’autres, mais que vous vivez comme autant de menaces potentielles, comme autant d’étapes que vous craignez devoir tôt où tard franchir. Vous êtes Benazir, Elena et Kalou, mais vous êtes aussi – et surtout – toutes ces autres qui ont eu à subir ces sévices que vous n’osez imaginer. Comme cette autre-là, sexuellement menacée par ses condisciples. La suite ? Vous ne savez pas, mais vous savez que le pire est à craindre. Elle s’appelait comment déjà ? Anastasia, oui, c’est ça. C’était à Vilnius, en Lituanie. Mais ç’aurait pu être partout. Même ici ? Même chez nous ? Sans doute oui, même ici, chez nous. Mais est-on encore chez nous quand la peur nous tenaille ? Vous êtes Kalou, Benazir, Elena. Vous êtes toutes ces jeunes femmes à la fois. Vous pensez à tout cela, à toutes celles-là, en préparant votre cartable. À celles à qui furent proposées de
bonnes notes par des enseignants, en échange de faveurs sexuelles. À celle-là, aussi, qui fut violée en pleine salle des profs. Oh, bien sûr la chose n’est pas si fréquente, mais si c’était votre tour à vous ? vous dites-vous sur le chemin de l’école. Comment y échapper ? Ne plus aller à l’école serait la seule solution. Ne plus y aller. Et cesser d’avoir la liberté d’acquérir le moyen d’accéder à d’autres libertés par le savoir ? Aujourd’hui encore vous avez profané la peur de chaque matin. Vous avez pris le chemin de l’école. Vous avez décidé de maîtriser le noeud qui vous paralyse. Mais demain ? Il ne fait pas toujours bon d’être Benazir, Elena, Kalou. Ni aucune de toutes ces autres.
L'éducation n'est pas seulement un droit en tant que tel : c'est aussi le moyen de jouir d'autres droits. Lorsque des filles ne peuvent pas être scolarisées, abandonnent leurs études ou ne peuvent pas participer réellement aux cours, les perspectives qu'ouvre l'éducation leur sont nécessairement bouchées.
Continuez à contribuer aux missions d’Amnesty
SOYEZ GÉNÉREUX,
Vous êtes donc Elena, Benazir et Kalou. Ou des milliers d’autres comme elles. Essayez d’imaginer. Vous avez été agressée sur le chemin de l’école.
SANS VOUS RIEN NE SE PEUT ! compte : 001-2000070-06 2
Bonnes Nouvelles Ouzbékistan. Amnistie présidentielle pour Saïdjakhon Zaïnabitdinov. Sept années d’emprisonnement. C’est la peine qui avait été prononcée en janvier 2006, à l’issue d’un procès tenu en secret, à l’encontre de Saïdjakhon Zaïnabitdinov, défenseur des droits humains en Ouzbékistan. Sept années, pourquoi, pour quel délit ? “Diffamation, diffusion d’informations visant à engendrer la panique”. Président d’Apelliatsia, groupe indépendant de défense des droits fondamentaux, Saïdjakhon Zaïnabitdinov avait été témoin de manifestations dans l’est du pays (à Andijan). Des soldats avaient tiré sur la foule, blessant ou tuant de nombreuses personnes, des civils sans armes pour la plupart.
D’après le gouvernement, 170 personnes avaient été tuées, mais des sources officieuses, dont Apelliatsia, estiment le nombre de victimes à au moins 500. Les médias internationaux ont relayé la version des événements donnée par Saïdjakhon Zaïnabitdinov, très différente de celle des autorités ouzbèkes. Un “délit” majeur apparemment. Aujourd’hui, Saïdjakhon Zaïnabitdinov est libre. On s’en réjouit ! D’autres Bonnes Nouvelles sur : www.isavelives.be/fr/taxonomy/term/16
Chère école, si chère école.
Tout ça pour une fille ?
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Enseignement pour tous. Enseignement gratuit. Qu’en est-il de cette antienne qui résonne comme une évidence parce qu’on la croit acquise chez nous ? La réalité, un peu partout, dénonce cette fiction. La réalité, un peu partout, entraîne des frictions. Des frictions dans lesquelles il vaut mieux ne pas être filles, mais garçons. État des lieux. On sait l’étrange importance (et le cortège de privilèges et de discriminations qui l’accompagnent) accordée au fait d’avoir un enfant mâle. Et quand l’argent manque pour financer la scolarité de plusieurs enfants, il n’est pas rare que les familles choisissent de faire faire des études aux garçons plutôt qu’aux filles. Discrimination permanente et sans cesse recommencée. Jamais peut-être l’enseignement – parce qu’il est, à raison, considéré comme un gage d’avenir –n’a été à ce point une valeur, et, dès lors, hélas, un mode de clivage. Et les filles sont les premières victimes à la fois d’un sexisme toujours plus prégnant et d’un accès aux études dont l’accès est loin d’être facilité. Vœu pieux. On omettait, en scandant “enseignement pour tous” de réclamer “enseignement pour toutes”. Nuance. Nuance d’importance. Parce que, s’il est vrai que l’enseignement pour tous est loin d’être acquis, il est bien plus vrai encore que – loin d’être gratuit dans nombre de pays – il y est souvent inaccessible pour les filles !
Sait-on suffisamment, par exemple, que nombre d’entre elles, face au coût important des études, sont amenées à avoir – ou ont – des rapports sexuels vénaux qu’elles n’auraient même pas imaginés dans d’autres conditions ? L’enseignement comme antichambre de la prostitution, payer avec son corps pour pouvoir remplir sa tête !
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Sait-on, par ailleurs, que l’accès aux études se résume à un rêve inaccessible pour toutes ces filles dont les parents trop pauvres sont poussés à conclure pour elle un mariage précoce ? Mariées jeunes, elles n’entament pas ou ne continuent pas d’études. Avec toute la détresse qui peut s’ensuivre. Pourtant, en vertu du droit international, l’enseignement primaire devrait être accessible à tous. Et gratuit. Mieux, tout devrait être mis en œuvre pour qu’il en soit de même pour l’enseignement secondaire. Qui donc, aujourd’hui, ne souscrirait à ce projet ? Même s’il peut apparaître dépassé tant il semble évident qu’il devrait être inscrit de manière définitive dans le quotidien des enfants et adolescents du monde entier. Informer pour combattre cet état des choses. Faire que la société de demain soit moins poussée à l’ostracisme contre les filles. Tout cela ne pourra se faire qu’avec vous. Amnesty International a besoin de votre participation.
Les filles, chez nous, sont-elles plus à l’abri ? On lit des noms de pays, de préférence lointains, qui tous semblent résonner comme une lointaine certitude que la “barbarie, ça n’arrive qu’aux autres”. Et quand on aligne les noms de ces pays que nous ne “connaissons” qu’à travers les vacances que nous y passons (le soleil, le plus souvent, y est généreux, pensons-nous, et la vie peu chère), nous nous disons que la pauvreté qui y règne explique la violence qu’on nous décrit. Fatalisme erroné de l’éloignement qui veut que ce qui se passe là-bas ne se passerait pas chez nous. Qu’en est-il ? Les filles, chez nous, en Belgique, sont-elles à l’abri ? Curieux paradoxe. Mais pas si incroyable que ça, si on y songe. Les informations pleuvent, venues d’ailleurs, concernant des exactions subies par des fillettes et des jeunes filles dans le contexte de la fréquentation de l’école. Et nous en sommes touchés, révoltés. Parce que, pensons-nous, “c’est toujours les mêmes qui trinquent”. Mais qu’en est-il de la situation de “nos” filles dans les établissements de “notre” petit pays ? On n’en sait rien ! On a bien, ça et là, des échos de tel petit méfait, de telle “vilenie”, d’une jeune fille qui, d’une fillette que. Mais que sait-on ? Aucun chiffre aujourd’hui n’existe et donc ne pourrait nous alarmer. Et en admettant que nos filles soient menacées, serait-ce à dire que nos garçons sont totalement épargnés ? En l’absence de statistiques fiables, nous sommes condamnés à la
plus totale ignorance. Un état des lieux s’impose, qui nous concerne tous. La violence à l’école n’est pas plus supportable à Anvers, à Dinant ou à Uccle qu’à Bamako, Grozny ou Rio. Pour cela aussi, pour cela encore, Amnesty International a besoin de votre participation. Y compris pécuniaire. Soyez généreux SAFE SCHOOLS. Pour que soient menées de vraies études menant à des statistiques fiables, Amnesty veut s’engager. Avec vous. Parce que notre pays, dans ce cas précis plus que dans n’importe quel autre, fait partie du monde entier. Et que, dans le monde entier, si on n’y prend pas garde, l’horreur pointe son groin. Tout cela, bien sûr ne peut se faire sans aide, sans votre aide.
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Insécurité, violence dans les écoles. Le droit à l'éducation dans le droit international Le droit à l’éducation est inscrit dans de multiples normes et traités internationaux en matière de droits humains, et notamment dans la Déclaration universelle des droits de l’homme, dans le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, dans la Convention relative aux droits de l’enfant, dans la Convention concernant la lutte contre la discrimination dans le domaine de l'enseignement et dans la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. Plusieurs traités régionaux relatifs aux droits humains garantissent également le droit à l’éducation. En vertu du droit international relatif aux droits humains, les États doivent veiller, de manière prioritaire, à ce que l’enseignement primaire soit obligatoire et gratuit pour tout enfant en âge d’être scolarisé. Ils doivent par ailleurs développer l'accès à l'enseignement secondaire, technique, professionnel et supérieur. Le contenu de cet enseignement doit en outre être conforme aux principes des droits humains. Cela signifie qu’il doit, entre autres, encourager la diversité, la tolérance et l’égalité entre les sexes et combattre la ségrégation, les préjugés et la discrimination.
Bonnes Nouvelles Iran. Sina Paymard, la tête bien sur les épaules. diya (prix du sang) la peine de mort prononcée. Mais la somme exigée (110.000 4) n’étant pas encore versée (ni d’ailleurs rassemblée), une seconde date d’exécution fut fixée au 18 juillet 2007. Ce jour-là, la musique de Sina Paymard ne fit pas de miracle. C’est grâce aux dons versés par les militants des droits humains et d’autres personnes vivant en Iran (notamment une importante somme offerte par un professeur d’université) que la somme a pu être récoltée. Aujourd’hui, grâce aux mobilisations, Sina Paymard est vivant. Que tous ceux qui ont agi pour lui en soient remerciés.
On se souvient (Amnesty en Action 64) de Sina Paymard, ce musicien qui avait tué, encore mineur, un revendeur de drogue. La peine capitale avait été prononcée à son encontre et une date pour son exécution avait été programmée : le 20 septembtre 2006, soit 2 semaines après sa majorité (18 ans). Conduit à la potence ce jour-là, il avait eu comme dernière volonté de jouer de son instrument (le ney, une flûte moyenorientale). Et là, les proches de la victime, venus assister à l’exécution, avaient été à ce point touchés par sa musique qu’ils avaient consenti à lui accorder un sursis de dernière minute et accepté que soit transformée en paiement de la 4
Vases communicants. L’école recule ? Le sida avance. Les filles paient l’addition. Un chiffre. Éloquent. Il émane de la Campagne mondiale pour l’éducation. Si l’enseignement primaire était universel, il y aurait chaque année 700.000 cas nouveaux d’infection par le VIH en moins !
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C’est un véritable écheveau à démêler, comme un nœud sans solution auquel les fillettes et jeunes filles sont confrontées. Soit, par crainte des violences et des discriminations, elles quittent l’école et deviennent plus fragiles que jamais face à l’infection possible. Soit elles ont le “courage” de faire face à ces mêmes discriminations et, à cause des agressions sexuelles, elles risquent là aussi de se trouver infectées. Pire : les jeunes filles qui vivent avec le VIH sont parfois exclues des établissements scolaires. Et celles qui continuent à fréquenter l’école sont le plus souvent montrées du doigt, harcelées, agressées.
La violence contre les filles dans les écoles a des effets plus que pervers. Souvent poussées à abandonner leurs études par crainte des violences subies à l’école ou sur le chemin qui y conduit, les filles sont soumises en plus à une peine bien plus vicieuse. Éloignées des sources de l’éducation, elles sont aussi privées d’informations à caractère majeur voire vital et qui concernent tant leur propre santé que celle de leur entourage direct. Empêchées d’acquérir des connaissances qui les rendraient moins vulnérables à l’infection par le VIH, elles en deviennent, par manque de savoir, la proie idéale. Cette si injuste double peine a un coût effroyable. En termes de détresses individuelles qu’elle induit, bien sûr, mais aussi, on s’en doute, en termes de conséquences directes ou indirectes sur les proches de celles qui sont ainsi, médicalement pourrait-on dire, marginalisées. Et, partant, un coût en termes de financement de la santé publique. Ainsi, on estime à 700.000 chaque année le nombre de nouveaux cas d’infection par le VIH qui pourraient être évités si l’enseignement primaire était universel ! 700.000 !
Face à une telle situation, Amnesty International s’engage et exige que les États agissent dans les plus brefs délais pour mettre en oeuvre leurs engagements internationaux et rendre les écoles accessibles et sûres pour les fillettes et jeunes filles. Amnesty International demande aux
gouvernements et aux établissements scolaires de : proscrire toutes les formes de violence contre les filles dans les écoles ; mettre sur pied des services d'assistance pour les filles victimes de violences dans le cadre scolaire, en prévoyant des informations, des traitements et une aide psychologique en matière de VIH/Sida ; élaborer et mettre en œuvre des mesures et des programmes visant à la réinsertion dans le système scolaire des jeunes femmes qui vivent avec le VIH ou qui sont enceintes ou mariées. Mais tout cela ne peut se faire qu’avec vous. Amnesty International a besoin de votre participation. SAFE SCHOOLS. Informer et combattre. Faire que la société de demain ne soit plus celle de l’ostracisme anti-filles. Amnesty veut s’engager. Avec vous. Tout cela, bien sûr, vous le savez, ne peut se faire sans aide, sans votre aide.
Bonnes Nouvelles États-Unis. Sameh Khouzam, libre de ne pas être à nouveau torturé. 15 janvier 2008. Sameh Khouzam sort libre de la prison du comté de York, en Pennsylvanie. Cinq jours plus tôt, un juge fédéral avait ordonné au gouvernement américain de ne pas le renvoyer en Egypte. Amnesty International craignait qu’il n’y soit torturé ou soumis à d’autres formes de mauvais traitements. En 2004, déjà, une instance d’appel avait estimé que Sameh Khouzam était susceptible d’être torturé s’il venait à être renvoyé en Egypte. À cette époque, les autorités américaines avaient l’intention de l’expulser, se disant certaines, sur base d’assurances diplomatiques secrètes, qu’il ne serait pas victime de mauvais traitements. Ces assurances 5
diplomatiques n’ayant pas été soumises à un examen impartial, le juge avait conclu que les autorités des Etats-Unis ne pouvaient procéder à l’expulsion de Sameh Khouzam. Aujourd’hui, le juge a estimé que Sameh Khouzam avait “apporté des preuves crédibles des tortures qu’il avait subies aux mains de responsables égyptiens de l’application des lois” et que “pas même le président des États-Unis ne dispos[ait] du pouvoir de sacrifier sur l’autel des relations internationales le droit de ne pas être torturé”. Une victoire pour Sameh Khouzam. Une victoire dans la lutte contre la torture. Fût-elle “éventuelle”.
(Suite de la p. 1)
SAFE SCHOOLS. 6 mesures pour structurer un combat à la mesure de l’enjeu. Mesure 1
Mesure 3
Mesure 5
Interdire toutes les formes de violence envers les fillettes et jeunes filles, notamment les châtiments corporels, les insultes, la brutalité physique, la cruauté mentale, la violence et l'exploitation sexuelles. Promulguer et appliquer les lois, règlements et procédures appropriés.
En cas d'actes de violence infligés à des fillettes ou jeunes filles, recourir à des procédures de signalement confidentielles et indépendantes, engager des enquêtes efficaces et, le cas échéant, des poursuites pénales, permettre aux victimes de disposer des services appropriés. Veiller à ce que tous les actes de violence envers des fillettes ou jeunes filles soient signalés et répertoriés, et à ce qu'aucune personne reconnue coupable de viol, d'agression sexuelle ou d'autres infractions pénales à l'égard d'enfants ne soit employée dans une école.
Éliminer les barrières empêchant les filles de fréquenter l’école en supprimant les frais directs ou indirects en matière d'enseignement primaire, en rendant les écoles secondaires accessibles à tous, et en créant des programmes en vue de favoriser la scolarisation des fillettes issues de groupes marginalisés.
Transformer les écoles en lieux sûrs pour les fillettes et jeunes filles en lançant des plans d'action nationaux contre les violences faites aux filles dans le système scolaire. Ces plans doivent comporter des lignes directrices pour les écoles, une formation obligatoire pour les enseignant(e)s et les élèves, la désignation d’un(e) responsable à l’échelon gouvernemental et un financement suffisant par des fonds publics. Les établissements doivent disposer de toilettes et salles d’eau séparées pour les garçons et les filles, de dortoirs sûrs, de terrains de jeu et de sport surveillés.
Mesure 4 Mettre sur pied des services d'assistance pour les fillettes et jeunes filles victimes de violences, en prévoyant une aide psychologique, des soins médicaux, des services d'information, de traitement et de soutien en matière de VIH/sida, une information complète sur les droits sexuels et reproductifs, un appui à la réinsertion dans le système scolaire des jeunes femmes qui vivent avec le VIH ou qui sont enceintes, mariées ou mères.
Mesure 6 Protéger les fillettes et jeunes filles des atteintes à leurs droits en élaborant et en appliquant des codes de conduite à l’intention de l’ensemble du personnel et des élèves des établissements scolaires. Dispenser au personnel scolaire une formation relative aux stratégies d'intervention rapide permettant de réagir aux actes de harcèlement et aux violences envers les fillettes et jeunes filles dans les écoles.
Pour parvenir à se faire entendre et obtenir que de telles mesures soient prises, Amnesty International doit non seulement poursuivre ses campagnes de sensibilisation mais aussi multiplier ses interventions sur le terrain, bétonner ses dossiers de manière à peser du plus grand poids possible sur les leviers de décision.
“ENSEMBLE, RENDONS LES ÉCOLES PLUS SÛRES.”
Actuellement, notre section d’Amnesty aimerait poursuivre les actions suivantes : • diffuser dans tous les foyers le Guide pratique à l’usage des femmes victimes de violences (1 million d’exemplaires) • impliquer les 281 communes wallonnes et bruxelloises dans la lutte contre la violence à l’égard des femmes, des jeunes filles et des fillettes • faire connaître la mission qu’a effectuée notre responsable “Femmes”, Françoise Guillitte, au Kivu à l’est du Congo : conférences et depliants sur la protection des civils et personnes déplacées, les enfants soldats et les violences sexuelles • à l’occasion du 60ième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, diffuser à toute la population wallonne et bruxelloise le “Passeport des droits humains”, illustré par Folon
Pour que tout cela soit possible, il nous faut
100.000 5 !
Aidez-nous à atteindre ces objectifs et ceux de la campagne “Safe Schools” : versez, selon vos possibilités, 20 5, 50 5, 100 5 ou davantage, sur le compte 001-2000070-06
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Mesure 2