Libertés ! Janvier 2009 n° 450

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Ne paraît pas aux mois de juillet-août. 9, rue Berckmans 1060 Bruxelles

DÉPOT À BRUXELLES X

Libertes!

BELGIQUEBELGIE PP 1/2345 BXL X

JANVIER 2009 – N°450 – LE MENSUEL D’AMNESTY INTERNATIONAL

ASILES

ZIMBABWE LE CALICE JUSQU’À LA LIE

MANIF 11 JANVIER «MONSIEUR OBAMA, VOUS AVEZ 100 JOURS»


É D ITO R I A L

L’AN 60 D

es terroristes tuent à Bombay, des réfugiés congolais épuisés et terrifiés affluent en Ouganda, on exécute en Iran, 300 000 civils sont déplacés dans le nord du Sri Lanka et le ralentissement de la croissance économique jette une ombre inquiétante sur le monde entier. Nous ne sommes pas dans une période faste pour célébrer l’An 60 de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Les anniversaires sont toutefois propices à la réflexion et aux bilans. À bien des égards, si la situation des droits humains s’est nettement améliorée par rapport à 1948, avec des normes internationalement reconnues, notre époque reste profondément marquée par l’injustice, l’impunité et l’inégalité. S’il y a une leçon à tirer du carnage Bombay, c’est que nos libertés sont précieuses et menacées. Si les gouvernements ont pour devoir de protéger la population, ils ne doivent pas répéter les erreurs de la «guerre contre le terrorisme» lancée par les États-Unis. Détenir indéfiniment les gens, les maintenir dans un vide juridique, dans des prisons comme Guantánamo, tolérer ou pratiquer la torture, bafouer les procédures légales et l’État de droit sont autant de pièges à éviter. En effet, si les terroristes attaquent les sociétés libres, c’est parce qu’elles sont libres. Si nous restreignons les libertés au nom de la sécurité, nous concédons une victoire au terrorisme. Défendre nos droits ne suffit pas. Nous devons en faire bénéficier

ceux qui subissent les privations, la discrimination et l’exclusion. Une croissance sans entrave devait entraîner la prospérité pour tous, comme une vague bienfaisante. La crise financière a montré combien ce postulat était erroné. La vague est devenue un tsunami dévastateur, emportant non seulement les grands groupes financiers, mais également des millions de personnes qui sont retombées dans la pauvreté, alors que des milliards de dollars étaient alloués au sauvetage des institutions responsables de la catastrophe. Dans les pays les plus riches, il existe des ressources et des dispositifs censés aider les personnes en difficulté. Dans les économies pauvres ou émergentes, les pauvres ne peuvent compter que sur eux-mêmes. Ce sont les personnes dont la marge de survie est la plus restreinte qui paieront pour l’avidité des banquiers de Wall Street et de la City. Ainsi, les droits humains sont universels, indivisibles – qu’ils soient économiques, sociaux, civiques, politiques ou culturels – et il ne peut exister de hiérarchie entre eux. Au niveau mondial, les rapports de pouvoir évoluent, et les dirigeants commencent à comprendre qu’ils doivent travailler ensemble pour sortir de la tourmente économique. Ainsi, l’invitation lancée par le gouvernement américain à vingt puissances mondiales – dont la Chine, l’Arabie saoudite, l’Inde et le Brésil – afin de planifier une réponse globale à la crise dénote une nouvelle volonté d’ouverture. Toutefois, l’ouverture ne signifie pas uniquement intégrer de nouveaux membres à des structures existantes. Elle implique aussi une adhésion à des valeurs communes et mondiales. La Déclaration universelle des Droits de l’Homme nous offre ces valeurs. e Irene Khan, secrétaire générale d’Amnesty International

Toute l’équipe de Libertés ! vous souhaite une excellente année 2009. Libertés ! • Rue Berckmans, 9 – 1060 Bruxelles • Tél : 02 538 81 77 Fax : 02 537 37 29 • libertes@aibf.be • www.libertes.be • Éditrice responsable : Christine Bika • Rédacteur en chef: Pascal Fenaux • Comité de rédaction: Bruno Brioni, Thandiwe Cattier, Véronique Druant, Samuel Grumiau, Anne Lowyck, Brian May, Suzanne Welles • Ont collaboré à ce numéro : Gilles Bechet, Aurélia Donnard (st.), Estelle Dubost • Iconographie : Brian May • Maquette : RIF • Mise en page : Gherthrude Schiffon • Impression : Remy Roto • Couverture : L’église du Béguinage, occupée par 150 sans-papiers. Bruxelles, juin 2008. © Pablo Castillo

CHANGEMENT D’ADRESSE – ATTESTATION FISCALE – MODIFICATION, ANNULATION OU NOUVELLE COTISATION DE MEMBRE/DONATEUR(TRICE) Madame Michele Ligot : mligot@aibf.be je change d’adresse (inscrire uniquement la nouvelle adresse) Nom: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Prénom: . . . . . . . . . . N° de membre: . . . . . . . Adresse: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . N° . . . . . bte . . . . . . . . . . Code postal: . . . . . Localité: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Tél (obligatoire): . . . . . . . . . . . . . . . E-mail: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Oui, j'adhère aux objectifs d'Amnesty et souhaite devenir membre Je répartis le montant de : ma cotisation de mon abonnement sur toute l’année en complétant ce coupon et en le renvoyant à Amnesty International, 9 rue Berckmans à 1060 Bruxelles. Tout montant qui dépassera 14,87 e (prix de la cotisation ou de l'abonnement), sera considéré comme un «don», et par là-même jouira de la déductibilité fiscale pour autant que ce supplément soit de 30 e ou plus. Je verse tous les mois, au départ de mon compte n° . . . . . . . . . . – . . . . . . . . . . . . . . la somme de : 2,5 e 5e . . . . . . . . e (toute autre somme de mon choix) au profit du compte 001-2000070-06 de Amnesty International à partir du . . . . . . . . . . et jusqu’à nouvel ordre. Je conserve le droit d’annuler ou de modifier cet ordre à tout moment. ou je verse en une fois le mandat de . . . . . . . . . . . . . . au compte 001-2000070-06 Nom: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Date de naissance: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Adresse: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . N° . . . . . . . . bte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Code postal: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Localité: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Tél (obligatoire): . . . . . . . . . . . . . . . . E-mail: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Profession: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Date: . . . . . . . . Signature:

SOMMAIRE ACTUEL

■ Zimbabwe : Le calice, jusqu’à la lie ■ Paroles : «200 partisans de la

ZANU ont encerclé ma maison» ■ Insolites-Brèves

DOSSIER ASILES ■ Le continent européen, entre flux et reflux ■ Belgique : Avancées, reculs et langueurs ■ 4 instances pour la procédure d’asile ■ Qui est quoi ? ■ Quelles sont les positions d’Amnesty ?

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MOUVEMENT

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ISAVELIVES.BE

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CULTURE/AGENDA

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■ Vive ma liberté ! ■ «Monsieur le Président, vous avez 100 jours»

■ Lettres du mois : Libye, Myanmar et Honduras ■ Bonnes nouvelles

■ Jeux d’ombre et de pouvoir ■ Une vaine fraction du rouge ■ Coup de tête Ne rien inscrire dans cette case s.v.p. (réservé à l'organisme bancaire)

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ACTU EL RDC AMNESTY SUR LE TERRAIN Fin novembre et début décembre, des délégués d’Amnesty International (et entre autres de la section belge francophone) ont participé à des missions de terrain dans la province du Nord-Kivu (est de la RDC) et se sont rendus dans différents centres de regroupement de réfugiés le long de la frontière entre l’Ouganda et la RDC, dans le sud-ouest de l’Ouganda. Ces délégués d’Amnesty International ont enquêté sur les atteintes aux droits humains pendant le conflit et se sont entretenus avec les principaux représentants de toutes les parties impliquées, ainsi que des responsables des ONG humanitaires internationales, des agences des Nations unies et des commandants de la MONUC, ainsi qu’avec des militants locaux des droits humains. e

GUANTÁNAMO PERCÉE PORTUGAISE Le 11 décembre, le Portugal lançait un appel aux autres États membres de l’Union européenne pour que figure parmi leurs priorités la protection des détenus de Guantánamo qui ne peuvent pas retourner dans leur pays d’origine. Luís Amado, ministre portugais des Affaires étrangères, s’est engagé à offrir protection à ces détenus, en appelant les autres États européens à faire de même. Parmi les 250 personnes encore détenues à Guantánamo, une cinquantaine ne peuvent légalement pas être renvoyées dans leur pays d’origine car ils risquent d’y subir des atteintes graves à leurs droits fondamentaux, comme des actes de torture. Ces détenus sont originaires notamment de Chine, de Libye, d’Ouzbékistan, de Russie et de Tunisie. e

ESPAGNE TUEURS À GRANDE VITESSE Le 3 décembre dernier, Ignacio Uría Mendizábal, dirigeant d’une entreprise de construction travaillant sur le chantier du TGV entre les principales localités du Pays basque et Madrid, était abattu par balles devant un restaurant de la ville d’Azpeitia. Le meurtre a sans doute été commis par des membres de l’organisation armée indépendantiste basque Euskadi Ta Akatasuna (ETA, «Pays basque et Liberté»). Depuis que les travaux du TGV ont commencé, les entreprises impliquées dans sa construction ont été la cible de menaces et d’actes de sabotage de la part de l’ETA. Ignacio Uría Mendizábal avait reçu des menaces de mort à plusieurs reprises dans le passé pour avoir refusé de verser des sommes d’argent, qualifiées d’«impôts révolutionnaires» par l’ETA. e

ÉTATS-UNIS LE TASER TUE D’un rapport publié par Amnesty le 16 décembre, USA: Less than lethal?, il ressort que 334 personnes sont décédées entre 2001 et août 2008 après avoir été touchées par un pistolet incapacitant de la marque Taser. L’organisation demande aux gouvernements de restreindre leur utilisation aux situations mettant la vie en danger ou bien de suspendre leur usage, l’étude montrant que 90 % des personnes décédées après avoir été touchées par un Taser étaient désarmées. e

Un enfant joue dans une mare d’eau stagnante dans une ville dévastée par les crues de la Save River, au sud de Beira. Machanga, 6 mars 2008. © Private

ZIMBABWE

LE CALICE, JUSQU’À LA LIE L’élection officielle (et controversée) de Robert Mugabe à la présidence du Zimbabwe et la conclusion toute théorique d’un accord de partage du pouvoir avec l’opposition n’ont pas enrayé le processus infernal de la violence politique, de l’effondrement économique et de la catastrophe sanitaire et humanitaire. En faisant son apparition en novembre dernier, le choléra aura fonctionné comme une tragique piqûre de rappel.

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n novembre 2008, les États membres de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) se réunissaient en sommet à Johannesburg (Afrique du Sud) pour tenter de trouver une issue à l’impasse politique au Zimbabwe et enfin parvenir à la constitution d’un gouvernement d’unité nationale entre la ZANU-PF (Union nationale africaine du Zimbabwe, au pouvoir depuis 1980) et l’opposition du MDC de Morgan Tsvangirai. Depuis la réélection contestée du président Robert Mugabe, 84 ans, le 27 juin, le Zimbabwe est en effet plongé dans la paralysie politique la plus complète. Le chef de l’État et le chef de l’opposition Morgan Tsvangirai avaient certes signé le 15 septembre un accord de partage du pouvoir. Cependant, le 26 novembre, dans un contexte de violence politique grandissante et alors que le MDC et la ZANU n’étaient toujours pas tombés d’accord sur la répartition des ministères-clés (Intérieur, Affaires étrangères, Défense et Économie), le chef de l’opposition zimbabwéenne Morgan Tsvangirai demandait que l’ancien président sud-africain Thabo Mbeki démissionne de son poste de médiateur dans la crise politique au Zimbabwe. Il avait déjà réclamé en avril la tête de Thabo Mbeki lequel, mandaté par la SADC, supervise depuis juillet les négociations entre la ZANU et le MDC pour mettre fin à la crise politique née de la défaite électorale du régime zimbabwéen aux élections générales de mars. Pendant que les partis politiques zimbabwéens se

déchirent sur la forme que doit prendre le prochain gouvernement, le système de santé du pays a continué de se désintégrer. Neuf des dix provinces que compte la République du Zimbabwe sont touchées par le choléra, tandis que les grands hôpitaux chargés de l’accueil et de l’orientation des malades, notamment l’Hôpital central d’Harare, l’Hôpital de Parirenyatwa et l’Hôpital de Bulawayo, ne fonctionnent pratiquement plus. Le 17 novembre, la faculté de médecine de l’Université du Zimbabwe a fermé pour une durée indéterminée. La pénurie de médicaments et de matériel médical, le délabrement des infrastructures, le mauvais état des équipements et la fuite des cerveaux paralysent le système, privant la population de la possibilité de recevoir les soins les plus élémentaires. Le 11 décembre, Robert Mugabe, tentant de diminuer la pression exercée sur lui par plusieurs puissances étrangères, se risquait à affirmer que l’épidémie de choléra était résorbée. Cette déclaration se révélait d’autant plus ubuesque qu’au même moment, l’Afrique du Sud déclarait sa région frontalière «zone de catastrophe» suite à l’afflux de malades sur son territoire et aux débuts de contagion régionale. Pis, le 18 décembre, l'ONU fournissait un nouveau bilan faisant état d'au moins 1 111 morts du choléra au Zimbabwe depuis le mois d'août et de 20581 personnes contaminées. Comble de l’horreur, la mobilisation internationale autour de l’épidémie de choléra qui frappe le

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ACTU EL Zimbabwe a eu pour effet «pervers» (et évidemment involontaire) d’éloigner les regards du fléau qui empoisonne depuis de longues années l’ancienne Rhodésie : la violence politique et les «disparitions». C’est sans doute pourquoi la publication, le 31 octobre 2008, par Amnesty International de son rapport Time for Accountability est passé quasi inaperçu. De ce rapport (voir ci-dessous), il ressort que 180 personnes sont mortes et 9000 autres ont été blessées lors des violences post-électorales (rafles, passages à tabac et tortures) de la fin mars 2008. Ces chiffres sont sans doute sous-estimés vu que les ONG ne peuvent faire leur travail librement et que beaucoup de Zimbabwéens hésitent à témoigner, surtout quand il est question de violences sexuelles. Beaucoup de fermiers ont vu leurs bras ou jambes cassés et leur bétail volé. Ne pouvant plus travailler leurs terres, «ils survivent de fruits sauvages et d’aliments pourris destinés à leurs bêtes», explique la secrétaire d’un syndicat agricole, Gertrude Hambira, laquelle ajoute que des femmes en sont réduites à se prostituer la nuit pour pouvoir se nourrir. Enfin, le 10 décembre 2008, jour du 60e anniversaire de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme (lire aussi p. 10-11), plusieurs ONG internationales (Amnesty International, Human Rights Watch et Open Society) ont lancé à partir de la capitale sud-africaine un appel à l’Union africaine (UA), la SADC et l’ONU pour qu’elles fassent pression sur le gouvernement zimbabwéen et

obtiennent l’arrêt des enlèvements et «disparitions» de militants de l’opposition et de défenseurs des droits humains. Pour de nombreux observateurs, la situation sera bientôt incontrôlable, d’autant que le régime de la ZANU-PF affirme ne pas être en mesure de résoudre la crise humanitaire, tout en affichant clairement son intention de poursuivre ses assauts contre les opposants et les défenseurs. Ainsi, début décembre, en plein marasme humanitaire, trois défenseurs des droits humains et un proche d’un avocat renommé spécialisé dans les droits humains étaient enlevés, plus que probablement par des personnes agissant pour le compte des autorités zimbabwéennes ou sous leur encouragement. Il s’agit de Jestina Mukoko, directrice de l’ONG de défense des droits humains Zimbabwe Peace Project (ZPP); de Broderick Takawira et Pascal Gonzo (deux employés du ZPP) et Zacharia Nkomo, frère d’Harrison Nkomo, un avocat réputé pour sa défense des droits humains et qui travaille précisément sur le cas de Jestina Mukoko. En 1979, Bob Marley & The Wailers publiaient sans doute leur album le plus sobre, Survival, dont la pochette était un collage de drapeaux africains et sur lequel on trouvait le très beau titre Zimbabwe, composé alors que le combat de la majorité noire contre le régime ségrégationniste rhodésien touchait à sa fin. Près de trente années ont passé et avec elles pas mal d’illusions. e Pascal Fenaux

L’INSOLITE PÈRES LA COLIQUE Barack Obama et Carla Bruni-Sarkozy ont rejoint les rangs des personnalités représentées en «caganer», les traditionnels santons des crèches catalanes en train de… déféquer. L’année dernière, la figurine du président français Nicolas Sarkozy se serait ainsi très bien vendue. Cette figurine catalane, symbole de fertilité dans une société alors très largement agricole, est vraisemblablement issue de l’exaltation réaliste de l’époque baroque au XVIIIe siècle. On trouve son équivalent en France (Le Père la Colique), en Allemagne (Das Choleramännchen) et en Flandre (De Kakker). Les figurines catalanes sont désormais fabriquées dans la station balnéaire de L’Estartit, près de Gérone. De nombreuses personnalités mondiales comme les Premiers ministres espagnols José Luis Zapatero ou José María Aznar, les idoles du football espagnol et les membres de la famille royale d’Espagne ou encore le pape Benoît XVI figurent parmi les «caganer» les plus célèbres. e (D’après l’AFP)

PAROLES

«200 PARTISANS DE LA ZANU ONT ENCERCLÉ MA MAISON» Le 31 octobre 2008, alors qu’une réunion des États membres de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) à Johannesburg était imminente, Amnesty International publiait un rapport accablant sur les violences qui ont suivi les élections générales du printemps dernier au Zimbabwe.

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ans son rapport Time for Accountability (AFR 46/028/2008), Amnesty International rappelle que ce sont plus de 180 personnes qui ont péri et 9 000 autres qui ont été sérieusement blessées lors de violences la plupart du temps exercées contre des militants de l’opposition, des défenseurs des droits humains, voire de simples quidams «coupables» de tiédeur envers la ZANU du président Robert Mugabe. «Dans les zones de réinstallation, on nous a dit que les partisans et les dirigeants de la ZANUPF ne veulent pas de gens du MDC. Nous avons été obligés de nourrir toute la population du camp. Nous leur avons donné notre maïs, notre argent et nos chèvres pour “célébrer” la “victoire” de Mugabe. Les “vétérans” de la guerre d’indépendance ont accusé mes enfants d’être tous membres du MDC. Le 19 juillet, j’ai été arrachée de force de ma maison par les “vétérans” et par les partisans de la ZANU-PF. J’ai été forcée de m’allonger au sol et ils m’ont alors attaquée avec des bâtons. Cela a duré très longtemps et mon corps a été roué de coups. J’ai également subi une fracture du bras. J’ai appris ensuite que j’avais été “dénoncée” par un de mes voisins aux “vétérans”. Aujourd’hui, je suis handicapée et je ne peux plus travailler aux champs. Je veux être indemnisée pour les blessures. Je veux pouvoir parler à mes agresseurs et leur demander qu’ils m’expliquent pourquoi ils m’ont battue. Je voudrais tant qu’ils passent devant un tribunal.» Lyn, une paysanne de 86 ans de la zone de réinstallation de Beatrice.

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Des victimes de violences attribuées à des militants de la ZANU-PF se réfugient à la Harvest House, le siège du parti d’opposition MDC. Harare, 22 avril 2008. © AP/PA

«Le 16 juin, des militants de la ZANU-PF organisaient une réunion politique au Centre d’Entreprises de Mupandawana. Comme je ne suis pas allée à cette réunion, la nuit même, un groupe d’environ 200 militants de la ZANU-PF a encerclé ma maison et a exigé que ma sœur et moi sortions. Comme nous ne réagissions pas, ils ont défoncé les portes et ont fouillé toutes les pièces avant de trouver la pièce où je me cachais. Ce jour-là, je ne me sentais pas bien et j’étais enceinte de cinq mois. Ils m’ont traînée dehors et ont commencé à me frapper avec des grosses battes. Comme ils m’accusaient d’être manipulée par Morgan Tsvangirai, ils ont dit vouloir me donner une leçon et se sont mis à me rouer de coups. Violemment battue elle aussi, ma sœur s’est évanouie. À un certain moment, les coups pleuvaient tellement que certaines personnes du groupe ont demandé à leurs camarades d’en rester là parce que j’étais enceinte, mais les autres ont dit que je devais servir d’exemple à ceux qui voulaient rejoindre le MDC. Tout notre mobilier a été défenestré, ma sœur a été obligée de chanter des chansons MDC et moi des chants de la ZANU-PF. J’ai commencé à frissonner et à avoir des spasmes. Alors, le passage à tabac s’est arrêté. Ils ont pris la carte d’identité de ma sœur pour qu’elle ne puisse pas se présenter au bureau de vote [des élections du 27 juin]. Quand la foule a quitté les lieux, cinq personnes nous ont tenues en respect avant d’emporter notre argent et nos provisions.» Clara, une femme de 32 ans de Gutu, accusée de militer au MDC. e P.F.


DOSSIER

ASILES Migrations, droit d’asile, accueil des réfugiés, manifestations de sans-papiers, régularisations. Autant de notions souvent confuses pour un enjeux sérieux et grave. Plusieurs droits sont en jeu : le droit d’asile que doit légalement accorder un État à toute personne fuyant les persécutions, la protection à laquelle a théoriquement droit temporairement toute personne fuyant un conflit armé et, enfin, les droits fondamentaux que doit théoriquement garantir l’État à toutes les personnes se trouvant sur son territoire, que ces personnes soient présentes légalement ou pas, «expulsables» ou pas. Pourtant, depuis de longues années, la Belgique mène une politique qui, souvent, risque d’aboutir à un rétrécissement de facto du droit d’asile, tandis que les conditions dans lesquelles sont contraints de vivre les sans-papiers sont souvent scabreuses. Et que dire de l’attente interminable et inhumaine de nombreux demandeurs d’asile quant au traitement de leur dossier ? Aujourd’hui, en Belgique, il n’y a jamais eu aussi peu d’obtentions du statut de réfugié aux demandeurs d’asile, lesquels sont également de moins en moins nombreux, conséquence de contrôles frontaliers de plus en plus durs, ce qui n’empêche pas les 40 centres d’accueil de FEDASIL d’être saturés, les demandeurs hébergés censés les quitter après deux mois se heurtant aux difficultés de trouver un logement à un prix correct. Dans le même temps, on estime à 100000 le nombre de sans-papiers en Belgique. Ce chiffre inouï est la preuve que les lois votées par le Parlement sont intenables et irréalistes. Un dossier pour y voir plus clair.

Un conteneur où sont détenus les «immigrants illégaux» sur l’île grecque de Chios. Photo prise le 19 avril 2005 par des manifestants. © Refugee Solidarity Committee

LE CONTINENT EUROPÉEN, ENTRE FLUX ET REFLUX La mondialisation et la facilitation des échanges internationaux participent à l’accroissement des flux migratoires. Plus de 200 millions de personnes vivent en-dehors de leur pays d’origine. Selon les pronostiques, cet état de fait n’aura de cesse de s’amplifier au cours du XXIe siècle, dû aux guerres, détériorations climatiques ou économiques. La gestion des flux migratoires occupe une place importante dans les relations interétatiques.

Q

ui sont les migrants ? Est «migrant» toute personne qui se déplace d’un pays à un autre. Il en va ainsi d’un Européen travaillant en Asie ou d’un Africain désirant rejoindre l’Eldorado européen. L’Europe est en effet aujourd’hui le premier continent d’immigration et attire une part importante du flux migratoire mondial. La complexité de ce flux est due à son caractère mixte. On retrouve ainsi les migrations touristiques, étudiantes, d’établissement, de travail, de regroupement familial et les demandes d’asile. À la différence d’un migrant économique, un demandeur d’asile

fuit les persécutions dont il est la victime directe dans son pays d’origine ou de résidence habituelle. Indépendamment des causes de migration, le fait est que de nombreuses personnes empruntent des voies illégales pour rejoindre l’Union européenne (UE). Avant d’être reconnues réfugiées ou de se voir accorder un droit de séjour, ces personnes sont donc qualifiées de clandestins. Le rythme croissant des tentatives faites, surtout par de jeunes africains, pour passer de force les frontières de l’UE par la voie maritime et le nombre alarmant de décès qui y sont liés suscitent l’inquiétude. Cette situation alar-

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DOSSIER

l Brice Hortefeux, ministre français de l’Immigration, de l’Intégration et de l’Identité nationale, lors du Sommet européen sur l’intégration. Vichy, 4 novembre 2008. © AFP/Fred Dufour

mante a débouché sur la volonté d’une politique de coopération entre les pays d’arrivée et de départ.

L’AFRIQUE, ENCORE ET TOUJOURS Malgré l’émergence de nouveaux pays de départ sans lien traditionnel avec l’UE, notamment la Chine, l’Afrique reste le premier continent d’émigration vers l’Europe. Ce qui n’est pas sans effets sur son développement. La migration a un certain impact positif. En effet, un ensemble croissant d’indices montre que la migration internationale influe sur le développement social et économique de l’Afrique. Le rapatriement des salaires constitue une source de revenu essentielle pour les foyers restés au pays. À l’inverse, la perte de main d’œuvre qualifiée pour le continent constitue un impact négatif majeur. Face au fléau humanitaire, la conférence de Rabat en juillet 2006 a été pour la première fois l’occasion d’associer les pays d’origine, de transit et de destination des flux migratoires autour des routes qui relient l’Afrique et l’Europe.Elle a permis un partenariat favorisant les migrations légales et les politiques de co-développement (1) en échange d’une lutte active contre la migration clandestine tout au long des routes migratoires. Les pays d’origine se concentrent sur les mesures se rapportant à l’émigration, à la protection de leurs nationaux à l’étranger et à leurs retours. Régulièrement mis en difficulté quant à la gestion de leurs frontières, les pays de départ n’ont tout simplement pas les moyens matériels et financiers suffisants pour assurer un contrôle effectif de la masse des flux. Récemment, le Maroc et l’UE ont mis en place un accord de coopération en matière d’immigration et de rapatriement de ses ressortissants, voir même de ses non-ressortissants qui ont transité par le Royaume chérifien.

LES «PORTES EXTÉRIEURES» Lorsque les migrants se déplacent de leur pays d’origine vers le pays de destination, ils peuvent passer par d’autres pays. En général, ce passage est rapide et n’occasionne pas de complications. Toutefois, à la fin des années 80, un nouveau phénomène est apparu : les étrangers souhaitant entrer illégalement dans un pays ont commencé par s’assurer un passage vers une autre destination, d’où ils comptaient bientôt repartir en vue d’atteindre la destination prévue. Lorsque leur départ de la destination intermédiaire est retardé ou n’a pas lieu, ces étrangers peuvent devenir des migrants dans le pays de transit, qui devient leur destination de fait. L’exemple de la Libye est édifiant. Eldorado africain et pays de transit avant l’Europe, la Libye héberge aujourd’hui 1,7 million d’étrangers, soit 30 % de sa population. Les migrants s’accumulent, bloqués sans perspectives ni en Libye ni en Europe. Un autre problème apparaît alors, le renvoi massif de tous les migrants sans faire état de la situation individuelle des demandeurs d’asile, soumis au principe de non-refoulement. Mais la Libye assume aussi la responsabilité des départs depuis ses côtes vers l’Italie. Les deux États ont donc pris des accords de coopération

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visant à assurer une meilleure surveillance des frontières libyennes pour limiter les arrivées sur les côtes italiennes. En effet, les États «portes» de l’UE, comme l’Italie, la Grèce ou l’Espagne, connaissent de grandes difficultés pour assumer les arrivées clandestines sur leur territoire. Les autorités frontalières de ces États voient tous les jours des centaines de migrants clandestins débarquer à Melilla, Lampedusa, Malte etc. Par sa petite taille, Malte n’est pas apte à accueillir les milliers de personnes qui se présentent à ses portes, elle n’est pas non plus la destination finale de ces migrants. Malte a mis en place, depuis son entrée dans l’UE, une politique d’enfermement systématique des étrangers illégaux, même lorsqu’il s’agit de demandeurs d’asile. Face à l’urgence et au manque de moyen, la précarité est de mise dans l’espoir de décourager les clandestins. Les portes de l’Europe doivent aussi assurer une gestion optimale des nouvelles frontières extérieures. Afin de soutenir les États comme la Pologne, qui contrôle à elle seule la plus longue frontière extérieure de l’UE, et lutter contre la porosité, l’Agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures (Frontex) a été créée en 2004. Malgré ce soutien de l’UE, les pays frontaliers subissent toujours une certaine pression. Avec le règlement européen de Dublin, adopté en 2003, le pays qui a laissé entrer sur son territoire un clandestin en est responsable. Quel que soit le lieu où l’individu demande l’asile ou un titre de séjour, il sera systématiquement renvoyé vers le pays par lequel il est entré. L’application de ce texte est problématique, puisque les États situés aux portes internes de l’Europe sont de fait les territoires traversés dès l’entrée des migrants. Ce règlement accentue les difficultés d’accueil des migrants, et finalement contribue surtout à la protection des pays situés au cœur de l’Europe. Dans le même sens, les États ont adopté la directive retour qui tant à favoriser le retour volontaire des illégaux dans les 30 jours. Mais cette directive autorise également une période de rétention de 18 mois. D’un autre côté, l’UE finance des projets de co-développement, au Mali par exemple, pour limiter les tentatives de migrations depuis les pays d’origine. L’union a également adopté le Pacte asile et migration afin de garantir une homogénéité pour le traitement des demandes d’asile dans tous les États européens, de maintenir la tradition humanitaire et protectrice de l’Union, de promouvoir la solidarité au sein de l’Union (partage des charges), et d’améliorer l’efficacité du système. Reste que le vieux continent a besoin de l’immigration pour faire face au vieillissement de sa population. Pour l’instant, l’UE espère répondre à ce défi via l’immigration légale de main d’œuvre qualifiée, c’est-à-dire en privilégiant «l’immigration choisie». Ce choix permettrait, suppose-telle, de favoriser une meilleure intégration des immigrés (2). En d’autres termes, une telle immigration «choisie» permettrait à l’Europe d’assurer sa croissance économique en résolvant le problème du vieillissement de sa population. Cela étant dit, l’Europe est et continuera d’être une destination privilégiée pour celles et ceux qui espèrent fuir les crises alimentaires, économiques, écologiques et climatiques. e Aurélia Donnard (st.) (1) Une politique de co-développement a été développée dans le rapport de Kofi Annan présenté à l’Assemblée générale des Nations unies, Migrations internationales et développement, Rapport du Secrétaire général des Nations unies, mai 2006, 99p. (2) Dans les récentes réunions européennes, l’intégration par le travail a été fortement mis en avant. Dernière en date : la Conférence ministérielle sur l’intégration, réunie à Vichy les 3 et 4 novembre 2008,

QUELQUES CHIFFRES

A

près les États-Unis et la Suède, les principaux pays de destination des demandeurs d’asile en 2007 ont été la France (29 200), le Canada (28 300) et le Royaume-Uni (27 900). La Grèce, l’Allemagne, l’Italie, l’Autriche et la Belgique font aussi partie des 10 principaux pays d’accueil. Les cinq premiers pays d’origine des demandeurs d’asile en 2007 ont été l’Irak (45 200 personnes), la Fédération de Russie (18 800), la Chine (17 100), la Serbie (15 400) et le Pakistan (14 300). Après l’Asie, l’Afrique est arrivée au second rang parmi les principaux continents pourvoyeurs de demandeurs d’asile (21 pour cent de toutes les demandes). e (Source : UNHCR).


DOSSIER 4 INSTANCES Concrètement, 4 instances peuvent intervenir au cours de la procédure d’asile : 1) L’Office des Étrangers (OE) enregistre la demande et réalise quelques examens préalables. 2) Le Commissariat général aux Réfugiés et aux Apatrides (CGRA) examine le contenu de la demande et décide d’octroyer ou de refuser le statut de réfugié ou de protection subsidiaire. 3) Le Conseil du Contentieux des Étrangers (CCE) devant lequel le demandeur d’asile peut introduire un recours contre une décision défavorable prise par l’OE ou le CGRA. 4) Le Conseil d’État (CE) devant lequel le demandeur d’asile peut introduire un pourvoi en cassation contre une décision prise par le CCE. Si l’une des protections est accordée, statut de réfugié ou protection subsidiaire, l’étranger peut rester en Belgique et reçoit une autorisation de séjour (illimité pour le réfugié mais limité pour le bénéficiaire de la protection subsidiaire). Si la protection est refusée, l’étranger ne peut pas rester en Belgique et devra retourner dans son pays d’origine. En novembre 2008, 1 116 demandes d’asile ont été introduites. Les 5 principaux pays d’origine étaient la Russie, l’Irak, l’Afghanistan, la Guinée et le Kosovo. En définitive, 153 décisions de reconnaissance du statut de réfugié et 28 décisions d’octroi du statut de protection subsidiaire ont été prises. e

BELGIQUE

AVANCÉES, RECULS ET LANGUEURS Les réformes introduites récemment en Belgique ont élargi les critères d’octroi d’une protection internationale, modifié en profondeur la procédure d’examen des demandes d’asile et réformé sensiblement les règles de l’accueil des demandeurs d’asile en généralisant le principe de l’aide en nature prodiguée dans des centres ouverts. Bilan mitigé.

L

a création du statut de protection subsidiaire bénéficie depuis la fin 2006 à toute personne pour laquelle existe de «sérieux motifs» de croire qu’elle serait exposée en cas de retour dans son pays d’origine à un «risque réel» de subir une «atteinte grave». Ce que la loi identifie comme atteinte grave peut être : la mort ou toute exécution (éventuellement extrajudiciaire), la torture ou les traitements inhumains ou dégradants, et les menaces graves pouvant peser contre un civil en raison d’une violence aveugle en cas de conflit armé interne ou international. Le statut de protection subsidiaire peut être octroyé à la personne qui ne satisfait pas aux conditions pour être reconnue réfugiée mais qui risquerait réellement de subir des atteintes graves en cas de retour dans son pays d’origine. Concrètement, contrairement au candidat réfugié, celui qui postule au statut de protection subsidiaire ne doit pas établir que l’atteinte grave qu’il redoute s’expliquerait par ses opinions politiques, sa race, sa religion ou son appartenance à un groupe social quelconque. Le statut de protection subsidiaire a été fréquemment accordé aux Afghans provenant de certaines provinces déterminées, aux demandeurs provenant du centre de l’Irak, et à ceux provenant de l’est du Congo. Jusqu’en 2007, l’Office des étrangers, qui dépend étroitement du pouvoir exécutif, pouvait déclarer irrecevable une demande d’asile pour un ensemble de motifs formels et de fond. Depuis la réforme, toute demande d’asile est immédiatement soumise au Commissariat général aux Réfugiés (CGRA) pour un examen au fond des craintes invoquées sans filtre préalable. Le CGRA est l’instance spécialisée dans l’asile. Il prend ses décisions en toute indépendance. En cas de refus du CGRA, un recours est possible devant une juridiction de fond qui réentendra au besoin le demandeur et son avocat et se prononcera à nouveau sur le bien-fondé de la demande de protection internationale. Il s’agit d’un nouveau tribunal administratif: le Conseil du contentieux des Étrangers. Tous les demandeurs d’asile y ont accès, alors qu’auparavant, ceux dont

Des sans-papiers algériens qui occupent une grue négocient avec des policiers. Bruxelles, 24 avril 2008. © AFP/Dominique Faget la demande avait été jugée irrecevable n’avaient pas le droit de faire réexaminer leur demande par une juridiction de fond et dont la saisine empêchait par ailleurs leur expulsion. Un recours en cassation au Conseil d’État est encore autorisé par la suite, mais ces recours sont soumis à une procédure préalable de filtrage et il n’interdit pas l’expulsion du demandeur débouté. Une première réforme intervenue en 2001 avait remplacé l’aide financière dispensée par les CPAS par une aide matérielle offerte dans des centres ouverts d’accueil. Mais seuls étaient concernés les demandeurs d’asile en procédure de recevabilité. Depuis la réforme de la procédure, ce sont tous les demandeurs en cours de procédure qui se voient désigner un centre d’accueil en guise d’aide sociale. Ils peuvent bien sûr s’établir où bon leur semble, mais l’aide fournie par les pouvoirs publics le sera exclusivement dans le centre d’accueil qui leur aura été désigné. Et cela, tant que dure la procédure d’asile. De plus, alors qu’avant la réforme les demandeurs d’asile dont la demande avait été déclarée recevable avaient le droit de travailler sous couvert d’un permis C, depuis la réforme de la procédure les demandeurs ont perdu toute possibilité de travailler légalement. Un bilan ? Côté positif, l’Office des étrangers a disparu de la procédure d’asile et toutes les demandes d’asile doivent être soumises immédiatement à un examen au fond par le CGRA. On peut aussi se féliciter de l’avancée que constitue, en matière de protection internationale, l’apparition du statut de protection subsidiaire. On peut enfin saluer l’apparition d’un recours juridictionnel de fond et à effet suspensif accessible à tous les demandeurs d’asile. Mais, côté négatif, cette juridiction a des prérogatives limitées. Elle ne peut en principe pas examiner les éléments nouveaux qui seraient apparus depuis la décision dont elle a à juger. la procédure y est écrite. La juridiction est par ailleurs dépourvue de compétence d’instruction propre. Il faut déplorer également que les demandeurs d’asile aient perdu toute possibilité de travailler légalement ainsi que d’être aidés en un lieu de vie de leur choix. Autre regret, alors que la réforme visait à accélérer la procédure d’asile afin de permettre la résorption des arriérés de dossiers accumulés auprès des différentes instances d’asile, on constate que ces arriérés demeurent parfois énormes. les centres d’accueil sont saturés. Enfin, la réforme a multiplié les possibilités de détention en cours de procédure. e AIBF

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DOSSIER

LE DÉDALE ET LES MINEURS La problématique des mineurs étrangers non-accompagnés, les Mena, est une des plus complexes à traiter par les acteurs de la politique d’asile. Parmi ces acteurs, on trouve les tuteurs, chargés par le ministère de la Justice d’accompagner ces mineurs. Rencontre avec Claude Fonteyne, l’un d’entre eux.

C

oncrètement, qu’est-ce que la problématique des Mena ? Selon la loi belge, tout mineur sans parents, quel qu’il soit, doit avoir un tuteur. Grâce au travail des associations de terrain, la loi prévoit désormais explicitement que tout jeune mineur étranger et nonaccompagné doit être accompagné d’un tuteur. Il y a évidemment une différence entre, d’une part, le tuteur «civil» (celui qui intervient lorsqu’un enfant est retiré à la garde de ses parents où lorsque ces derniers ont disparu) censé prolonger le projet éducatif des parents et, d’autre part, le tuteur de Mena. Ici, il ne s’agit pas de prolonger un projet éducatif mais d’accompagner un mineur dans le dédale juridique et administratif d’une société d’accueil à laquelle il est complètement étranger, surtout lorsqu’il n’a aucune connaissance linguistique préalable. Selon les statistiques du Service des tutelles, pour l’année 2007, 1 577 Mena ont été signalés sur le territoire belge, dont 9% en provenance d’Afghanistan, 8% du Maroc, 7,8% d’Inde, 6,5% d’ex-Yougoslavie, 6 % du Congo et 4,8 % d’Irak.

Quel est l’itinéraire du Mena sur le territoire belge ? Tout d’abord, il faut bien se rendre compte qu’un mineur qui n’a ni parents, ni argent, ni biens personnels, ni contacts préalables avec la Belgique, n’a en aucun cas pu débarquer sur le sol belge sans être accompagné. Quelqu’un a forcément décidé pour lui de venir en Belgique, qu’il s’agisse d’un proche parent ou d’un passeur professionnel. Grâce aux conventions internationales, les mineurs ne sont pas maltraités en Belgique. De plus, toujours en vertu des conventions, le mineur non-accompagné n’est en aucun cas expulsable. Par conséquent, la procédure est la suivante. Le mineur passe d’abord deux semaines dans l’un des deux centres de premier accueil d’orientation et d’observation : celui de Neder-over-Heembeek pour la Belgique francophone et celui de Steenokkerzeel pour la Flandre. S’il introduit une demande d’asile, le Mena est alors ensuite orienté vers une structure d’accueil ad hoc gérée par Fedasil, l’Agence fédérale pour l’Accueil des demandeurs d’asile. Cet accueil est souvent problématique, ne serait-ce que pour les problèmes de cohabitation qu’il occasionne entre jeunes adolescents issus d’univers différents. Ensuite toujours, la loi prévoit que ces mineurs doivent être logés et nourris

EXILS

A

lors que les problèmes des «sans-papiers» défrayent la chronique en attirant l’attention sur leurs tentatives désespérées d’obtenir un droit de séjour et pouvoir vivre et travailler librement sur notre territoire, Nadira Lazreg leur donne la parole. Dans cet ouvrage composé de 45 récits livrés par des hommes, des femmes et même parfois des enfants venus d’horizons très différents dans le monde, elle nous fait prendre conscience de ce que peuvent être les raisons de l’exil. Elle ne prend pas position. Elle ne nous le propose pas non plus d’ailleurs. Toutes ces histoires sont vraies. Ce sont des récits de vies livrés dans le dénuement et la froideur d’un service administratif. Chaque interview est une rencontre qui nous rappelle que l’arbitraire existe, tout autant que la torture, le viol et l’esclavage. Aucune situation n’est simple et il est bien difficile de décider du sort de ces femmes et de ces hommes en danger en les casant dans la fameuse Convention de Genève. On ne sort pas indemne de ces rencontres, mais bien avec une conviction, celle que les migrants, même en situation irrégulière, ont eux aussi des droits. Grande humaniste de cœur, défenseure des droits humains depuis sa prime jeunesse, Nadira Lazreg ne voulait pas que ces récits tombent dans l’oubli : «Sachant que beaucoup de ces personnes n’obtiendraient pas le statut qu’elle demandaient, c’est ma manière à moi de leur donner néanmoins la reconnaissance de ce qu’elles ont vécu.» e Françoise Guillitte

Nadira Lazreg, Exils – 45 récits de demandeurs d’asile, B. Gilson, Bruxelles, 252 p.

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l Claude Fonteyne, tuteur pour mineurs étrangers non-accompagnés et fondateur de l’association A&A. Bruxelles, 15 décembre 2008. © Bruno Brioni et, vu qu’en Belgique l’enseignement est obligatoire jusqu’à 18 ans, ils doivent également être scolarisés. Pendant toute la période durant laquelle ils sont couverts par la Convention de Genève, le rôle des tuteurs est de les représenter, de veiller au respect de leurs droits et d’exercer également une sorte d’autorité parentale. C’est donc le tuteur qui doit prendre contact avec l’Office des Étrangers ou avec le CGRA selon la démarche qu’il choisit (on ne peut imposer au jeune de demander l’asile). À ce sujet, une bonne moitié de mineurs n’introduisent pas de demande d’asile tout simplement parce qu’ils ne remplissent pas les conditions (voir Avancées, reculs et langueurs). Comment êtes-vous mis en contact avec les mineurs non accompagnés ? Dès son signalement officiel sur le sol belge (après avoir subi un contrôle de police ou s’être présenté «spontanément» à l’Office des Étrangers), le mineur étranger non accompagné se voit désigner un tuteur par le Service de Tutelle du ministère de la Justice. Parfois, on est face à des cas limites et il est alors procédé à un test osseux : on évalue l’âge de l’individu en passant son poignet au rayon X, ce qui reste néanmoins aléatoire. Comment devient-on tuteur ? Il n’y a pas de critères de reconnaissance, sinon avoir le certificat de bonnes vie et mœurs «de Type 2» (pas de casier pour cause de délit sexuel). On suit une formation de 4 x 6 heures sur le droit des étrangers, les problèmes sociaux des mineurs, etc. Mais c’est extrêmement court. Pour comparer, un moniteur de colonie de vacances suit 80 heures de formation. Or, le tuteur devrait être aussi formé à la multiculturalité, à la violence, etc. Parce que les jeunes qui arrivent ici sont souvent en état de choc à cause du décalage entre leur société d’extraction et la société d’accueil, à cause de leurs itinéraires personnels ou, simplement, à cause de la crise d’adolescence. L’ennui, c’est que beaucoup de tuteurs n’ont aucune expérience dans le domaine social. S’occuper sérieusement d’un Mena demande beaucoup d’énergie et de temps. Et on ne peut le faire que par conviction, tant la rétribution reste symbolique : 529 e par an et par «pupille». Ça, c’est pour les tuteurs volontaires agréés par le ministère de la Justice. Il existe cela dit les tuteurs salariés de Caritas ou de la Croix-Rouge, lesquels s’occupent d’environ 15 Mena par assistant social. Vous avez fondé A&A. De quoi s’agit-il ? Il s’agit d’«Aide et Assistance aux Mena et à leurs tuteurs», une association de fait qui a pour but de relier entre eux des tuteurs, de leur faire partager leurs expériences et de s’entraider, le cas échéant. Ce qui caractérise les tuteurs d’A&A, c’est qu’ils ont tous une expérience réelle dans le domaine social, ce qui n’est hélas pas toujours le cas. e Propos recueillis par P. Fenaux Pour contacter A&A ou recevoir sa newsletter, envoyer un e-mail à a-e-a@tvcablenet.be. L’affiliation est gratuite.


DOSSIER

QUI EST QUOI ? Migrant ? Réfugié ? Sans-papiers ? Demandeur d’asile ? Ces termes sont souvent utilisés de façon aléatoire. Petit pense-bête.

T

oute personne qui se déplace d’un pays à un autre est un migrant. Il s’agit donc une notion très large au sein de laquelle se différencient plusieurs groupes selon des critères objectifs et précis. 1. Possession ou non d’un titre d’entrée dans le pays d’accueil Si l’individu entre de façon régulière, c’est-à-dire avec un droit d’entrer, il est un migrant légal. À l’inverse, sans droit d’entrer, l’individu sera un migrant clandestin. 2. Possession ou non d’un titre de séjour dans le pays d’accueil Un sans-papiers n’a pas de titre de séjour dans le pays où il se trouve. En l’absence de régularisation, son séjour sur le territoire de l’État est illégal. 3. Migrant versus demandeur d’asile Le migrant est parti volontairement pour des raisons touristiques, de regroupement familial, mais, la plupart du temps, pour fuir la pauvreté et trouver du travail ailleurs. Dans ce cas, il est un migrant économique. Le demandeur d’asile fuit les persécutions «du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques» (1) dans son pays d’origine. La demande d’asile peut être introduite par toute personne arrivée de façon légale ou illégale sur le territoire d’un autre État. En vertu du principe de non-refoulement, il ne doit pas être renvoyé dans son pays avant d’avoir pu introduire une demande d’asile. Tant que la demande devant les institutions nationales compétentes n’est pas examinée au fond, le migrant est un demandeur d’asile. Lorsque les autorités reconnaissent que l’individu craint avec raison d’être persécuté, il accède au statut de réfugié. Il bénéficiera de la protection internationale du pays d’accueil ou du Haut-Commissariat de Nations unies aux Réfugiés (UNHCR). 4. Déplacé versus réfugié Les déplacés, contrairement aux réfugiés, n’ont pas franchi de frontières internationales. Ils ont fui les persécutions ou la pauvreté, mais s’établissent dans d’autres régions du même pays. e A. D. (1) Chapitre 1er, article 1er (2) de la Convention relative au statut des réfugiés, 28 juillet 1951.

l L’église du Béguinage occupée par 150 sans-papiers. Bruxelles, juin 2008. © Pablo Castillo

QUELLES SONT LES POSITIONS D’AMNESTY ?

L

a Déclaration universelle des Droits de l’Homme proclame en son article 14 : «Devant la persécution, toute personne a le droit de chercher asile et de bénéficier de l’asile en d’autres pays.» Amnesty International ne s’oppose pas au renvoi de demandeurs d’asile déboutés, s’il a été établi qu’ils n’étaient pas des réfugiés à l’issue d’une procédure équitable et satisfaisante et si leur retour s’effectue en toute sécurité, dans la dignité et dans le plein respect des droits humains. Pour ce qui est de la problématique des sans-papiers, Amnesty refuse que, quelles que soient les solutions imaginées par le gouvernement, le droit d’asile soit bradé. Chaque individu doit voir sa demande examinée et traitée individuellement. Le danger est qu’avec des régularisations à l’emporte-pièce ou en continuant la politique de régularisations arbitraires sur seule décision ministérielle, on jette le bébé avec l’eau du bain et qu’on finisse par débouter des personnes se trouvant illégalement sur le territoire mais remplissant les conditions de l’asile. Concrètement,

le risque est que l’on conditionne la régularisation des sans-papiers à certains critères, dont l’abandon de la demande d’asile, laquelle offre évidemment des garanties supérieures. Enfin, pour Amnesty, les sans-papiers doivent jouir de leurs droits fondamentaux : logement, nourriture et soins de santé. Hélas, aujourd’hui, les critères privilégiés par les ministères de l’Intérieur et de la Migration sont du seul fait du Prince. Or, un État de droit n’existe que si sa politique est visible, voire prévisible. Le demandeur doit pouvoir prévoir ce que sera la politique de l’État, sinon c’est l’arbitraire, donc le non-droit. Au niveau européen, les normes changent d’un État à l’autre et le demandeur est placé devant des situations injustes et inéquitables. Bref, Amnesty attend une circulaire. Désespérément. e Lire aussi le mémorandum d’Amnesty International en vue des élections législatives du 10 juin 2007: http://www.amnestyinternational.be/doc/IMG/pdf/memorandum.pdf

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MOUVEMENT

© Irving Teitelbaum

CERCLE BENENSON 22 JANVIER – BRUXELLES L’ÉTHIQUE DES TESTS PHARMACEUTIQUES SUR LES ÊTRES HUMAINS : LE CAS DE L’AFRIQUE Attirés par la faiblesse des coûts et des contrôles, les laboratoires pharmaceutiques testent leurs produits en Afrique, au mépris de la sécurité des patients. Face à la multiplication des accidents, certains essais ont dû être interrompus. Ces dérives révèlent comment les industriels du médicament utilisent les populations du Sud pour résoudre les problèmes sanitaires du Nord. Pourtant dans les pays en développement, les compagnies pharmaceutiques assurent de cette manière la disponibilité de tout un éventail de produits pharmaceutiques indispensables pour soigner les nombreuses victimes. L’alternative étant de ne rien faire, comment encadrer ces tests pharmaceutiques et protéger efficacement les droits humains des patients ? Avec Mylène Botbol-Baum (professeure de philosophie et bioéthique à l’UCL et membre du comité consultatif de Bioéthique de Belgique) et MarieLuce Delfosse (docteure en philosophie, professeure d’éthique et de bioéthique aux FUNDP, et membre du Comité consultatif de bioéthique de Belgique). e

60 ANS DE LA DÉCLARATION UNIVERSELLE

VIVE MA LIBERTÉ ! Le 10 décembre dernier, Amnesty International et les défenseurs des droits humains célébraient un peu partout dans le monde le 60e anniversaire de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme. À cette occasion, Amnesty a organisé son traditionnel allumage de bougies au Square Breughel l’Ancien, à Bruxelles, au cœur du quartier des Marolles. Cerise sur le gâteau, Arno Hintjens s’est produit en concert à l’Ancienne Belgique au bénéfice des sections belges francophone (AIBF) et flamande (AIVL) d’Amnesty. Et par quoi a-t-il entamé son set ? Par «Vive ma liberté», pardi ! (P.F.)

À 20h00 à la Fondation Universitaire, rue d’Egmont 11 - 1000 Bruxelles Entrée : 5 e (adultes) ou 2 e (étudiants et demandeurs d’emploi) - réservation souhaitée auprès d’Ingrid Plancqueel au 02 538 81 77 ou cerclebenenson@aibf.be

5 FÉVRIER – LIÈGE PALESTINE : L’HEURE DE VÉRITÉ Représentante de l’Autorité palestinienne auprès de l’UE, anthropologue et sociologue de formation (Université amé- ricaine de Beyrouth), Leila Shahid est une des fondatrices de la Revue d’études palestiniennes. C’est en 1989, durant la première Intifada qu’elle entame une carrière diplomatique au service de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) successivement en Irlande, aux Pays-Bas, en France et, depuis 2005, en Belgique, où elle est Déléguée générale palestinienne en Belgique et auprès de l’Union Européenne. e

Comme chaque année, plusieurs centaines de bougies représentant ensemble le sigle d’Amnesty étaient allumées dans les Marolles. Au menu, clips vidéos de la campagne, ventes de matériel promotionnel et discours. Le tout vu de l’ascenseur reliant le Square Breughel l’Ancien au Palais de Justice de Bruxelles. © Bruno Brioni

À 20h15, Palais des Congrès (Salle de l’Europe), Esplanade de l’Europe - 4020 Liège Entrée : 8 e (adultes) 5 e (étudiants et demandeurs d’emploi). Abonnements Grandes Conférences Liégeoises : 60 e (adultes) 30 e (étudiants et demandeurs d’emploi) Réservations et renseignements : Infor Spectacles - Office du Tourisme : 04/221 92 21 En partenariat avec Les Grandes Conférences Liégeoises http://www.gclg.be/

PAYS DE HERVE FESTIVAL «PAROLES D'HOMMES» Du 16 au 30 janvier à Verviers, Soumagne, Herve et Blégny Musique, théâtre, cinéma, exposition, conférence,... pour un monde plus humain. e Renseignements : jpablegny@yahoo.fr et 0494 183 592

10 Libertés ! Janvier 2009

Une émouvante photo de famille : «parrains» et «marraines» d’Amnesty International (Pietro Pizzuti, Bernard Swysen, Yasmine Boudaka, Xavier Deutsch, Duke Tshomba, Sandra Zidani, Patryck de Froidmont, etc) s’affichent avec les militants. © B.B.


MOUVEMENT FORMATIONS 2009 NOUVEAU CATALOGUE ! Pour mieux connaître le travail actuel d’Amnesty et savoir comment agir à votre niveau en faveur de la défense des droits humains, suivre une formation peut vous être très utile. Vous trouverez une présentation du contenu de notre catalogue des formations 2009 dans le dépliant encarté dans ce numéro de Libertés ! Pour obtenir des informations complètes sur chaque module et/ou vous inscrire en ligne, rendez-vous sur notre site Internet à l’adresse suivante : www.amnesty.be/formations Si vous venez de devenir membre d’Amnesty et souhaitez faire connaissance avec le mouvement, nous vous conseillons de participer à la formation «Découvrir et s’orienter au sein d’Amnesty». Grâce à celle-ci, vous en saurez plus sur le contexte de création de l’organisation, son historique, sa mission, ses campagnes actuelles et les différentes manières de s’y impliquer. e Pour tout renseignement complémentaire, contactez-nous par e-mail à formations@aibf.be ou par téléphone au 02/538 81 77, de préférence les mardi, jeudi et vendredi.

À l’Ancienne Belgique, Arno a livré une prestation intense devant un public francophone et néerlandophone. À cette occasion, il a joué de nombreux titres de TC Matic, le groupe qui l’a fait connaître dans les années 80. © B.B.

ON RECRUTE ! UN COORDINATEUR RÉGIONAL BÉNÉVOLE POUR BRUXELLES Les groupes locaux bénéficient du soutien de «coordinations régionales». Composées d’une ou plusieurs personnes, ces coordinations fédèrent les groupes dans leur région pour des actions communes, apportent aux groupes un soutien méthodologique et organisationnel et ont souvent un rôle de porte-parole pour la presse locale ou régionale. Elles assurent aussi l’encadrement de membres individuels. Leurs responsables sont nommés par le Conseil d’administration, et jouissent d’un soutien particulier du Secrétariat national (réunions de formation, transmission d’information, consultation sur les stratégies à mettre en œuvre, etc). Compétences requises : Capacités en organisation, en communication et en formation. Connaissance de la dynamique de groupe. Maîtrise des principaux outils informatiques. Il est important par ailleurs : d’être disponible parfois en soirée et le week-end, d’être capable de travailler de manière indépendante et, enfin, de posséder une aisance relationnelle, de la diplomatie et un sens de l’écoute.

Derrière Arno Hintjens, un groupe d’une efficacité tellurique. De gauche à droite : Thomas Vanelslander (né sous le signe de Jean-Marie Aerts, guitare), Sam Gysel (batterie), Mirko Banovic (basse) et l’inoxydable Serge Feys (claviers et accordéon), rescapé de TC Matic. © B.B.

Le Coordinateur régional est l’un des cadres bénévoles d’Amnesty International. Il s’agit d’une fonction dotée d’un pouvoir décisionnel, très riche en contacts et valorisante au sein du mouvement. e Envoyez votre CV et une lettre de motivation à : Antoine Caudron (Amnesty International), rue Berckmans 9, 1060 Bruxelles, acaudron@aibf.be

Libertés ! Janvier 2009 11


MOUVEMENT

Ce sont aussi 80 groupes locaux qui, sur le terrain, font un travail d’action et de sensibilisation aux droits humains. Pour vous y joindre, contactez votre régionale. SECRÉTARIAT NATIONAL AIBF Rue Berckmans 9, 1060 Bruxelles 02 538 81 77 Fax : 02 537 37 29 www.amnesty.be SECRÉTARIAT INTERNATIONAL Easton Street 1, London WC1X ODW United Kingdom 00 44 207 413 5500 AMNESTY INTERNATIONAL VLAANDEREN Kerkstraat 156, 2060 Antwerpen 6 03 271 16 16 RESPONSABLES RÉGIONAUX D’AMNESTY

11 JANVIER 2009

«MONSIEUR LE PRÉSIDENT, VOUS AVEZ 100 JOURS» I

l y a six ans, les autorités américaines transféraient les premiers détenus de la «guerre contre le terrorisme» vers le centre de détention de Guantánamo Bay. Depuis lors, les autorités américaines ont multiplié les violations des droits humains. Des suspects ont été enlevés et conduits de force dans des centres de détention secrets ou jetés en prison dans d’autres pays où ils ont eu à subir des actes de torture. Pressés par les ONG de défense des droits humains et peu à peu interpellés par la justice américaine, des responsables de l’administration républicaine sortante ont finalement reconnu que les États-Unis recouraient à la torture et se réservaient le droit de l’utiliser dans le cadre de la guerre contre la terreur. Mais, depuis lors, ceux qui ont commis ou encouragé ces violations restent impunis. C’est pourquoi Amnesty International tient à rappeler au président élu Barack Obama ses revendications. Il faut que l’administration démocrate qui prendra les rênes du pouvoir le 20 janvier prochain prenne quelques mesures immédiates pour que cessent ces attaques contre les droits humains. Il doit notamment :

– Confirmer que les États-Unis vont procéder à la fermeture définitive du centre de détention de Guantánamo et fixer une date assez proche à cette fermeture. – Prendre un décret disposant que les États-Unis n’auront recours en aucune circonstance à la torture ou à d’autres traitements cruels, inhumains ou dégradants, selon les termes du droit international. – Faire engager des enquêtes pénales sur les programmes de «restitution» et de détention secrète mis en œuvre par les autorités américaines ou en leur nom. C’est pourquoi Amnesty International appelle à manifester devant l’ambassade des États-Unis. QUAND ? Le 11 janvier 2009 à 11h00. OÙ ? En face de l’ambassade des États-Unis Côté avenue des Arts, entre la rue de la Loi et la rue Guimard.

ASSEMBLÉE GÉNÉRALE 2009

L

’Assemblée générale ordinaire d’AIBF est convoquée le 21 mars 2009 à 09h30 au siège de l’association. Conformément aux statuts de l’ASBL, une AG statutaire n’est valable que si 2/3 des membres sont présents ou représentés. Il est probable que le quorum ne sera pas atteint. Une seconde AG extraordinaire sera donc convoquée le samedi 25 avril à Bruxelles. Les projets de résolution, les amendements aux statuts et au règlement d’ordre intérieur, les candidatures au Conseil d’administration et les candidatures au Comité d’évaluation éthique des partenariats doivent être adressés au CA au moins 60 jours avant la date de l’Assemblée générale, soit au plus tard pour le 22 janvier ou, si le quorum n’est pas atteint, pour le 24 février. Le Carrefour Finances aura lieu au siège de l’association le 18 avril 2009. Pour toute information au sujet de l’AG, contacter Althea Williams : awilliams@aibf.be ou 02 543 79 03

12 Libertés ! Janvier 2009

BRABANT WALLON Jean-Philippe CHENU chemin de la Terre Franche 13 1470 Genappe 010 61 37 73 – jpchenu@aibf.be BRUXELLES Le poste de coordinateur est vacant ! Pour des renseignements sur le profil requis avant d’envoyer un CV, écrire à Antoine CAUDRON – Amnesty International, rue Berckmans 9, 1060 Bruxelles ou envoyer un e-mail à acaudron@aibf.be HAINAUT ORIENTAL Nicole GROLET av. Elisabeth 6, 6001 Marcinelle 071 43 78 40 – ngrolet@aibf.be LIÈGE Jean-Pierre ANDRÉ 04 387 51 07 – jpablegny@yahoo.fr Christine BIKA Responsable de la gestion de la permanence – C/O Bureau régional d’AI – rue Souverain Pont 11 – 4000 Liège – du lundi au vendredi de 13h30 à 17h30 04 223 05 15 bureaudeliege@aibf.be LUXEMBOURG Daniel LIBIOULLE Avenue de la Toison d’Or 26 6900 Marche en Famenne 084 31 51 31 dlibioulle@aibf.be NAMUR Romilly VAN GULCK Rue Vivier Anon 8, 5140 Sombreffe 071 88 92 51 rvangulck@aibf.be WALLONIE PICARDE Marie NOËL Rue Cheny 1, 7536 Vaulx 069 77 66 13 – 0499 13 57 25 mnoel@aibf.be


IS AV ELIV ES . B E B O N N ES N O UV EL L ES Dans tous les pays du monde, des gens sont libérés grâce au travail des membres d’Amnesty. Des témoignages émouvants nous parviennent des prisonniers libérés ou de leur famille. Ils montrent qu’une action de masse peut avoir des résultats pour un meilleur respect des droits humains.

IRAN UN CONDAMNÉ À MORT LIBÉRÉ Reza Alinejad, mineur délinquant, a été libéré le 3 décembre de la prison d’Adelabad, à Chiraz. Les proches de la victime du meurtre pour lequel il avait été condamné ont renoncé à leur droit d’exiger son exécution, après avoir accepté le paiement de la diya (prix du sang). Reza Alinejad avait été reconnu coupable du meurtre d’Esmail Daroudi, tué le 26 décembre 2002, alors que lui-même n’avait que 17 ans. Il avait été condamné à la peine capitale le 4 octobre 2003, à titre de qisas («réparation»), par la sixième chambre du tribunal pénal provincial de Fasa. Après plusieurs recours et annulations, le 9 mai 2006, la Cour suprême avait confirmé la peine de mort. En novembre 2008, la famille de Reza était informée qu’elle disposait d’un mois pour trouver l’argent demandé pour la diya, argent qu’elle a finalement pu réunir. Pendant toute la durée de cette épreuve, Reza Alinejad a soutenu que la mort d’Esmail Daroudi était accidentelle. e

UNION AFRICAINE MORATOIRE SUR LA PEINE DE MORT La Commission africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (Commission africaine) a adopté une résolution appelant les États africains à observer un moratoire sur la peine de mort. La résolution a été adoptée lors de la 44e session ordinaire de la Commission africaine, qui s’est tenue à Abuja (Nigeria) du 10 au 24 novembre dernier et ce, quelques jours seulement après le vote par la Troisième Commission de l’Assemblée générale des Nations unies d’une résolution similaire, proposant un moratoire sur les exécutions. Cela constitue un pas important vers l’abolition totale de la peine de mort au sein de l’Union africaine (UA). Les États membres de l’UA qui continuent de recourir à la peine capitale sont le Botswana, le Burundi, le Cameroun, les Comores, l’Égypte, l’Éthiopie, la Guinée, la Guinée équatoriale, le Lesotho, la Libye, le Nigeria, l’Ouganda, la République démocratique du Congo, la Sierra Leone, la Somalie, le Soudan, le Tchad et le Zimbabwe. e

CROATIE UN AGENT INTIMIDATEUR NEUTRALISÉ Le 4 décembre, une enquête de police a permis d’identifier l’auteur probable des dernières menaces de mort reçues par le journaliste croate Drago Hedl. Cette affaire a été renvoyée au procureur de région à Osijek pour supplément d’information. Drago Hedl, chroniqueur pour le quotidien croate Jutarnji List, avait reçu une série de menaces de mort, la dernière datant du 27 novembre. Ces menaces semblent liées aux articles d’investigation dans lesquels il a mis en cause un responsable politique croate de haut rang dans le meurtre de Serbes de Croatie à Osijek pendant la guerre yougoslave de 1991-1995. Drago Hedl ne bénéficie plus d’une protection policière et ne semble plus en danger dans l’immédiat. e

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© Fred Abrahams/Human Rights Watch

LIBYE

PRISONNIER D’OPINION DEPUIS MARS 2004 F

Depuis juin 2007, Fathi el-Jahmi est détenu au athi el-Jahmi, un ingénieur civil, est Centre médical de Tripoli, la capitale libyenne. détenu depuis mars 2004 après qu’il eut Il souffre de problèmes cardiaques, de prescritiqué le dirigeant libyen Mouammar sion sanguine élevée et de diabète. Les agents Kadhafi et demandé des réformes politiques au de la sécurité refusent de lui rendre son passecours d’interviews accordées à des médias port et gardent sa famille sous haute internationaux. surveillance. Un examen médical indépendant Fathi el-Jahmi avait déjà été emprisonné entre a confirmé qu’il devrait bénéficier de soins 2002 et 2004 pour avoir exprimé de façon paciambulatoires et qu’il n’y avait aucune justificafique le point de vue selon lequel des réformes tion médicale à le garder en détention au en Libye ne pourraient pas avoir lieu sans chanCentre médical de Tripoli. e gements politiques et législatifs. Lire aussi sur Isavelives.be : http://www.isavelives.be/fr/node/2857

MODÈLE DE LETTRE Monsieur le Ministre, Fathi el-Jahmi, un ingénieur civil, est détenu depuis mars 2004 après qu’il eut critiqué le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi et demandé des réformes politiques au cours d’interviews accordées à des médias internationaux. Fathi el-Jahmi avait déjà été emprisonné entre 2002 et 2004 pour avoir exprimé de façon pacifique le point de vue selon lequel des réformes en Libye ne pourraient pas avoir lieu sans changements politiques et législatifs. Depuis juin 2007, Fathi el-Jahmi est détenu au Centre médical de Tripoli, la capitale libyenne. Il souffre de problèmes cardiaques, de pression sanguine élevée et de diabète. Les agents de la sécurité refusent de lui rendre son passeport et gardent sa famille sous haute surveillance. Un examen médical a confirmé qu’il devrait bénéficier de soins ambulatoires et qu’il n’y avait aucune justification médicale à le garder en détention au Centre médical de Tripoli. En tant que membre/sympathisant(e) d’Amnesty international qui considère Fathi el-Jahmi comme un prisonnier d’opinion, je vous demande sa libération immédiate et inconditionnelle, ainsi que la restitution de son passeport. Je vous demande également de faire en sorte que cet homme ait le choix de son traitement médical, en Libye ou à l’étranger. Espérant que vous ferez droit à ma requête, je vous prie d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de ma considération distinguée. Signature : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

LETTRE À ADRESSER À : M. Mustafa Abdeljalil, Ministre de la Justice, Secrétaire du Comité général du Peuple pour la Justice, Secrétariat du Comité général du Peuple pour la justice, Tripoli, Libye Fax : +218 21 4805427

COPIE À ENVOYER À : Ambassade de Libye, Avenue Victoria, 28, 1000 Bruxelles Fax : 02 640 90 76 – E-mail : libyan_bureau_br@yahoo.be

Libertés ! Janvier 2009 13


IS AV ELIV ES . B E MODÈLE DE LETTRE

Htay Kywe

Mie Mie

Zaw Htet Ko Ko

MYANMAR

3 MILITANTS DÉMOCRATES P

lus d’un an après la violente répresAmnesty International les considère comme sion contre les manifestants au des prisonniers d’opinion et est persuadée Myanmar, beaucoup parmi ceux qui qu’ils risquent la torture. Htay Kywe et Mie avaient été arrêtés sont toujours en détenMie sont confrontés à un total de neuf incultion. Les militants Htay Kywe, Mie Mie et pations, Zaw Htet Ko Ko à six. Au moins 32 Zaw Htet Ko Ko sont membres d’un autres personnes arrêtées en même temps groupe qui lutte pour la démocratie, les qu’eux lors de la répression sont en attente «Étudiants de Génération 88», ainsi nommés de procès. Ils sont inculpés entre autres d’asaprès le soulèvement de 1988. Ils avaient sociation illégale, de distribution de tracts été impliqués dans les marches de protestasans autorisation officielle et de critiques tion d’août 2007 contre l’augmentation des vis-à-vis du gouvernement. Les charges prix du carburant, mais ils avaient été actuelles peuvent mener à 20 ans de prison. obligés de plonger dans la clandestinité Les accusés ont introduit trois demandes lorsque le gouvernement avait commencé à auprès du tribunal : qu’ils ne soient pas traquer les dirigeants présumés des manifesmenottés au tribunal, que les journalistes tations. Le 13 octobre 2007 Htay Kywe, Mie aient l’autorisation d’assister au procès et Mie et Zaw Htet Ko Ko ont été arrêtés dans que celui-ci soit public. Les autorités ont l’ancienne capitale Yangon (Rangoon). ignoré ces demandes. e Lire aussi sur Isavelives.be : http://www.isavelives.be/fr/node/2858

Monsieur le Brigadier général, Htay Kiwe, Mie Mie, Zaw Htet Ko Ko et au moins 32 autres personnes sont toujours en prison à la suite de la violente répression qui a eu lieu, il y a plus d’un an, contre les manifestants. Ils sont inculpés d’association illégale, de distribution de tracts sans autorisation et de critiques contre le gouvernement. Ils sont en attente de leur procès et risquent jusqu’à 20 ans de prison. En tant que membre/sympathisant(e) d’Amnesty International qui les considère comme des prisonniers d’opinion, je vous demande leur libération immédiate et inconditionnelle et je vous prie, tant qu’ils seront détenus, de leur assurer l’accès aux soins médicaux dont ils pourraient avoir besoin et à des avocats de leur choix, ainsi que de les prémunir contre tout risque de torture ou d’autres mauvais traitements. Espérant une issue favorable pour ces trois prisonniers d’opinion, je vous prie d’agréer, Monsieur le Brigadier général, l’expression de ma considération distinguée. Signature : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

LETTRE À ADRESSER À : Brigadier général Kyaw Hsan, Ministre de l’Information Ministère de l’Information, Bldg (7) Naypyitaw Myanmar Fax : +95 67 412 363 – E-mail : media.moi@mptmail.net.mm

COPIE À ENVOYER À : Ambassade du Myanmar, Boulevard Général Wahis, 9 1030 Bruxelles Fax : 02 705 50 48

COMMENT AGIR EFFICACEMENT ?

TARIFS POSTAUX

Les cas exposés concernent des victimes de violations des droits humains dont s’occupe Amnesty International. Chaque appel compte. Un texte (à écrire ou à photocopier) vous est proposé pour chaque cas. Dans l’intérêt des victimes, écrivez en termes mesurés et courtois aux adresses indiquées. Ces lignes sont lues partout dans le monde par les quelque 1800000 membres d'Amnesty International. Elles sont reproduites dans de nombreux pays par des dizaines de journaux et constituent la clé de voûte de l'action du mouvement.

Lettres (jusqu’à 50 grammes) Belgique: 0,54e; Europe: 0,80e; reste du monde: 0,90e. La surtaxe aérienne est incluse (étiquette requise).

HONDURAS

ÉVASION DE POLICIERS CONDAMNÉS ET RISQUE D’IMPUNITÉ L

forcés à sortir de leur véhicule et les ont es militants écologistes Heraldo alignés contre un mur, avant de les abattre Zúñiga et Roger Iván Cartagena de 40 balles. Le 1er juillet 2008, quatre poliétaient membres de l’organisation Mouvement pour l’Environnement ciers ont été reconnus coupables de d’Olancho (MAO) qui fait campagne contre meurtre. l’exploitation illégale des forêts et la déforesCependant, ils n’ont pas été emmenés tation à Olancho, Honduras. Le 20 décembre immédiatement en prison. Placés sous la 2006, ils ont été tués par balles par des polisurveillance de militaires en attendant le ciers. En mai 2006, Heraldo Zuniga avait verdict, trois des policiers se sont évadés. exprimé des craintes pour sa vie après avoir Dans les mois qui ont suivi le meurtre d’Hereçu des menaces à la suite de la publication raldo Zúñiga et de Roger Iván Cartagena, de sa photo d’une exploitation illégale de d’autres militants du MAO ont été menacés forêt dans la région de Salama. Le 20 et intimidés. Avec trois des policiers coupadécembre, Roger Iván Cartagena et luibles disparus, on craint pour la sécurité des même roulaient à travers le village de membres du MAO. La Commission interGuarizama dans le département d’Olancho américaine des droits de l’homme a lorsqu’ils ont été arrêtés par la police. Selon demandé que l’État hondurien protège les des témoins oculaires, les policiers les ont membres du MAO. En vain. e Lire aussi sur Isavelives.be : http://www.isavelives.be/fr/node/2859

14 Libertés ! Janvier 2009

MODÈLE DE LETTRE Monsieur le Président, Membres du Mouvement pour l’Environnement d’Olancho (MAO) qui lutte contre l’exploitation illégale des forêts et la déforestation à Olancho, Honduras, les militants écologistes Heraldo Zúñiga et Roger Iván Cartagena ont été tués par balles le 20 décembre 2006 par des policiers. Quatre policiers ont été reconnus coupables de ces meurtres, mais trois d’entre eux se sont évadés alors qu’ils étaient en attente du verdict. En tant que membre/sympathisant(e) d’Amnesty International, j’appelle les autorités honduriennes à faire en sorte que les trois policiers coupables soient capturés sans délai et à assurer aux membres du MAO une protection efficace en accord avec leurs propres souhaits et avec les recommandations de la Commission interaméricaine des Droits de l’Homme. Espérant que ma requête ne restera pas sans suite, je vous prie de croire, Monsieur le Président, à l’assurance de ma haute considération. Signature : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

LETTRE À ADRESSER À : Sr José manuel Zelaya Rosales, Président de la République Bureau présidentiel, Boulevard Juan Pablo Segundo Palais José Cecilio del Valle, Tegucigalpa, Honduras Fax : +504 2393298

COPIE À ENVOYER À : Ambassade du Honduras, Avenue des gaulois, 3, 1040 Bruxelles Fax : 02 735 26 26 – E-mail : ambassade.honduras@chello.be


C U LT U R E AGENDA THÉÂTRE AU POCHE CHATROOM Dans un cyberespace, 6 ados se retrouvent sur un site de chat dont l’objet est la discussion de «sujets coriaces» : «On est des somnambules attendant que les choses se passent plutôt que d’agir pour qu’elles bougent. Ce serait tellement génial d’accomplir quelque chose d’important. D’avoir une véritable cause à défendre.» Quête d’une «cause» ou simple envie de partager ? Détresse ou jeu de pouvoir ? Cette comédie aux dialogues courts et rythmés nous plonge dans une spirale de manipulation alimentée par l’ennui et la frustration de ces six adolescents... Deux d’entre eux se liguent pour pousser celui qui, de prime abord semble plus faible, à commettre un acte irréparable. Entre rire et larmes, très vite, ils le conduisent vers une impasse... Impasse à laquelle l’auteur réserve aux spectateurs une issue pour le moins surprenante. «Je suis à l’âge... on est à l’âge où on doit défendre des choses, d’accord ? Pour moi, c’est pas de se faire des potes, jouer au flipper ou aller au Mc Do griller des clopes et causer du dernier CD merdique... C’est une putain de perte de temps. C’est maintenant qu’il faut faire chier et se démarquer des autres. On est des jeunes! Ça voulait dire quelque chose avant. Ça parlait de rébellion, de révolution, non ? À part les punks, qu’est-ce que les jeunes ont fait ces trente dernières années ? Que dalle !» Bien au-delà de toutes spéculations sur les bienfaits ou méfaits des sites de chat, Chatroom est l’histoire puissante d’un acte ultime de rébellion adolescente. Élève d’un génie de la littérature irlandaise contemporaine, Roddy Doyle, Enda Walsh a débuté sa collaboration avec le réalisateur Pat Kiernan à la Corcadorca Theatre Company à Cork (Irlande) en tant que scénariste et dès lors la compagnie verra sa renommée et sa popularité s’amplifier grâce à la production de nouvelles pièces. Il vit et travaille actuellement à Londres. Enda Walsh a beaucoup écrit pour le théâtre et le cinéma. Il est également metteur en scène et comédien. À propos de Chatroom, Enda Walsh s’explique : «Sa Majesté des Mouches [le roman de William Golding] a eu une influence majeure sur moi. Cette histoire nous suggère que nous ne sommes des êtres moraux qu’à cause des limites que nous impose la société. Enlevons-les et nous retournons à quelque chose de primitif. Je voulais que cette dimension fasse partie de ma pièce. Dans Chatroom, un groupe de jeunes se découvrent et finissent par parler d’une seule voix. En tant qu’écrivain, je crois que nous avons tous un potentiel malveillant et que nous sommes tous capables de tout.» e Du 13 janvier au 14 février 2009 à 20h30 (relâche les dimanches et lundis) Bois de la Cambre, 1A Chemin du Gymnase - 1000 Bruxelles – Réservations : 02 649 17 27 ou reservation@poche.be

JEUX D’OMBRES ET DE POUVOIR

G

iulio Andreotti est un cas. Au pouvoir quasiment sans discontinuer pendant quatre décennies, l’homme fort de la Démocratie chrétienne italienne a occupé un poste dans 33 des 59 gouvernements entre 1945 et 2004. Homme d’intrigues et de compromis secrets, il a cru pouvoir rester au-dessus de la mêlée. Les choses se sont gâtées pour lui lorsque des mafieux repentis l’ont accusé d’avoir été en relation avec Cosa Nostra. S’en est suivi un procès dont il n’est pas sorti gagnant, même si les preuves irréfutables ont manqué. Il Divo décrit un fascinant animal politique au crépuscule de sa carrière alors qu’il forme son septième gouvernement. Servi par une interprétation exemplaire de Toni Servillo, le film est d’une invention visuelle constante. Impénétrable tel un sphinx, l’homme fait du vélo dans son appartement mangé par les ombres. Alors que Rome dort, il fait sa promenade dans les rues désertes encadré d’une escorte de policiers surarmés. Le politicien, qui aurait un jour déclaré que Dr Jekyll & Mr Hyde était son film favori, offre en permanence le visage impassible d’un homme affable, raffolant de petites phrases ironiques. Comment faire le portrait d’une énigme ? Paolo Sorrentino s’est bien gardé de se lancer dans un portrait à charge ou dans une grande fresque historique préférant une musique de chambre aux accords feutrés, relevant son tempo par quelques assassinats aussi brutaux que rapides. À un seul moment, Andreotti sort de sa réserve pour une étrange confession solitaire dans sa cuisine où il affirme qu’il est nécessaire de perpétuer le mal pour garantir le bien. Tout est dit. e Gilles Bechet Il Divo de Paolo Sorrentino, sortie nationale, le 14 janvier

UNE VAINE FRACTION DU ROUGE

À

mesure que les années s’éloignent la Rote Armee Fraktion est devenu un logo ou une image figée de la violence politique. Pour son retour derrière la caméra après 10 ans d’inaction, Uli Ledel a été choisi pour raconter le parcours de la fameuse Bande à Baader qui a déstabilisé l’Allemagne pendant une décennie. Débutant sur les manifs étudiantes protestant contre la visite du Shah d’Iran, le film égrène les principaux faits d’armes des brigadistes, depuis l’incendie d’un grand magasin jusqu’à leur suicide dans la prison ultra-sécurisée de Stammheim. En optant pour un récit événementiel qui se concentre sur les actions plus que sur les discours, le film laisse un goût de trop peu. Le contraste entre l’atmosphère étouffante de l’Allemagne adulte et l’illusion libertaire de la jeunesse est bien rendu, mais les personnages apparaissent comme des marionnettes mues par on ne sait trop quel manipulateur. Interrogé pourquoi, alors que les fondateurs de la RAF sont en prison, des groupes dits de deuxième et troisième génération continuent à émerger, le chef de la police répond : «Le mythe !» Par un traitement qui se veut distancié, le film renforce le mythe plutôt qu’il ne cherche à le contourner. Le choix de la bande son et la dégaine des acteurs contribuent presque à en faire une épopée rock ‘n’ roll. Le solde politique de cette fuite en avant sanglante apparaît comme une énigme. Et l’on peut y voir un drôle de reflet d’une autre terreur qui étouffe nos sociétés aujourd’hui. e G.B. Der Baader Meinhof Komplex de Uli Edel, sortie le 28 janvier

COUP DE TÊTE

«

Mbëkë mi» en wolof, cela veut dire «coup de tête». Celui sur lequel on décide de partir - quoi qu’il en coûte, quels que soient les dangers - vers ce que l’on croit être un avenir sinon doré, du moins un avenir tout court. C’est le titre du dernier livre du Sénégalais Abasse Ndione consacré tout entier aux jeunes de son pays qui, poussés par un désir fou d’émigrer, montent un jour sur une pirogue... Mbëkë mi, ce sera la traversée, des jours de navigation et d’errance dans un tronc d’arbre évidé, moteur en panne, chargé de 40 personnes embarquées vers un Eden européen, les îles espagnoles des Canaries. Si l’on parle beaucoup d’émigration, il est rare qu’elle soit vue d’Afrique et contée par un Africain. Rare aussi d’entendre dire ce que le peuple pense tout bas : malgouvernance, corruption, désenchantement. Car pourquoi ce désir d’émigrer ? Abasse Ndione fut longtemps infirmier en brousse. Lorsqu’il était enfant, personne dans son village ne songeait à partir vers Dakar, encore moins vers l’Europe. On vivait de la pêche, du travail des champs, du petit commerce. Et cela suffisait. Mais aujourd’hui, les paysans sont réduits à la misère, le poisson disparaît et les jeunes fuient vers les villes sans y trouver autre chose que le chômage et la drogue. Ce fut l’objet du premier livre de Ndione (La vie en spirale) paru en 1998 et qui fit scandale à l’époque, mais est désormais étudié dans les écoles. Abasse Ndione rêve ses textes en wolof et les traduit lui-même en français. «Les phrases coulent de moi comme du lait», dit-il joliment. e Suzanne Welles Abasse Ndione, Mbëkë mi, Gallimard, 82 p.,11 e

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