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SUR
LES QUESTIONS QU’ON SE POSE CES PERSONNES QUI SONT CONTRAINTES DE FUIR LES CONFLITS ET LES ´ PERSECUTIONS EN QUETE DE PROTECTION
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Il n’y a pas de question idiote, seulement une réponse idiote Vous avez peut-être le sentiment que de plus en plus de personnes vivant sous la menace de violences ou de persécutions voudraient s’installer chez nous. Sommes-nous dans l’obligation de leur ouvrir nos portes ? En vertu du droit international, nous avons en tous cas le devoir d’examiner leurs demandes de protection. Mais, dans un contexte de crise économique et d’incertitude persistante sur le marché du travail, quel accueil sommes-nous exactement en mesure de leur proposer ? Pour répondre à ces questions, Amnesty International propose ce livret à destination de celles et ceux qui s’interrogent sur les raisons qui amènent ces êtres humains à prendre tant de risques et ce que nous pouvons mettre en place pour changer les choses. Parce que, comme le disait Albert Einstein, qui a lui-même emprunté le chemin de la migration après l’arrivée d’Hitler au pouvoir en Allemagne : « Il n’y a pas de question idiote, seulement une réponse idiote ». Et c’est encore plus vrai quand il s’agit d’un des enjeux majeurs du XXIe siècle : la question migratoire !
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QUI SONT CES PERSONNES QUI FUIENT LEUR PAYS  ?
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À partir du moment où elles quittent leur pays, volontairement ou pas, pour aller vivre sur un autre territoire de façon temporaire ou permanente, toutes ces personnes sont des
MIGRANTS DEMANDEUR D’ASILE RÉFUGIÉ .
Un migrant devient
dès lors qu’il introduit une demande de protection internationale. Durant la procédure d’examen de sa demande, cette personne ne peut pas être renvoyée de force dans son pays. Le demandeur d’asile peut, le cas échéant, obtenir le statut de s’il est établi qu’il a fui son pays par crainte d’être persécuté du fait de son origine ethnique, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social, de ses convictions religieuses ou de ses opinions politiques et que son gouvernement ne peut ou ne veut assurer sa protection.
SANS PAPIERS
Une personne qui ne possède pas les documents lui permettant de justifier la régularité de sa situation dans le pays d’accueil, suite par exemple à une demande d’asile refusée ou à l’expiration de son titre de séjour, est communément appelée un Ces personnes conservent des droits, mais peuvent également être éloignées de force du territoire ou être détenues en attendant l’exécution effective de la mesure d’éloignement.
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D’OU` VIENNENT-ELLES ?
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Depuis 2013, la majorité des personnes qui demandent l’asile en Belgique sont originaires de pays en guerre et viennent donc chercher une protection. Selon le Commissariat général aux réfugiés et aux apatrides (CGRA), les principaux pays d’origine des demandeurs d’asile au mois de juillet 2017 étaient dans cet ordre :
LA SYRIE, L’IRAK ET L’AFGHANISTAN. CES PAYS EN GUERRE
exposent leurs ressortissants à des violences, des persécutions liées à leur identité ou à leur conviction et ces derniers sont bien souvent les premières victimes du terrorisme.
LE SAVIEZ-VOUS ? Rien que dans le cas de la Syrie, on dénombre plus de 12 millions de personnes déplacées à l’intérieur des frontières ou dans les pays limitrophes.
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COMBIEN DE RÉFUGIÉS ACCUEILLONSNOUS EN BELGIQUE ?
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3DEMANDEURS D’ASILE POUR 1 000 HABITANTS
En 2016, 18 710 personnes ont demandé l’asile en Belgique et un peu plus de 15 000 ont obtenu un statut de protection. Au plus fort de ce qu’on appelait la « crise des réfugiés », plus de 35 000 demandes ont été enregistrées, toujours moins que lors de la guerre au Kosovo (plus de 42 000), période à laquelle on ne parlait pas d’afflux de réfugiés. À cela s’ajoutent les 1 100 réfugiés (surtout syriens) qui ont été réinstallés dans le cadre d’un programme mondial et le petit millier de personnes relocalisées de Grèce et d’Italie pour soulager ces pays. Une goutte d’eau pour notre pays, qui, pour rappel, compte plus de 11 millions d’habitants. Au niveau mondial, le Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR) identifie près de 22,5 millions de réfugiés, dont l’énorme majorité (près de 20 millions !) se trouve dans les pays en développement, voisins des pays en crise. TURQUIE : + DE 2 8OO OOO IRAN : 979 400
LIBAN : + DE 1 500 000 JORDANIE : + DE 2 800 000 ÉTHIOPIE : 791 600 KENYA : 451 000 RDC : 451 900
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OUGANDA : 940 800
PAKISTAN : 1 300 000
LES 10 PAYS ACCUEILLANT LE PLUS DE PERSONNES RÉFUGIÉES
Amnesty International (août 2017)
ALLEMAGNE : 669 500
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Amnesty International (août 2017)
CES PERSONNES SONT-ELLES RÉELLEMENT DANS LE BESOIN ET QUE REÇOIVENT-ELLES À LEUR ARRIVÉE ?
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Pendant la période d’analyse de la demande d’asile, ces personnes n’ont droit qu’à une aide matérielle, à savoir l’hébergement, la nourriture, l’accompagnement, et reçoivent 7,40 euros par semaine. Si une protection est octroyée, elles bénéficient alors d’un droit au séjour, un accès au marché du travail et l’aide financière du CPAS si besoin.
´ ´ LES REFUGIES N’ONT DONC PAS PLUS DE DROITS QUE LES BELGES !
Quant aux personnes en séjour irrégulier (donc sans papiers), elles n’ont droit qu’à l’aide médicale urgente à l’exception du cas d’un mineur en état de besoin.
À MÉDITER Quitter son pays en quête de protection coûte très cher. Peu de personnes peuvent se le permettre, et sûrement pas les plus pauvres, qui ne disposent pas de moyens suffisants pour financer leur périlleux voyage. La possession d’un smartphone, par exemple, ne peut pas être considérée comme un signe de richesse, mais seulement comme un moyen de communication incontournable pour pouvoir rester en contact avec sa famille et ses amis, ou obtenir de l’aide.
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ET COMBIEN CELA COÛTE À LA BELGIQUE DE LES ACCUEILLIR ?
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LE COÛT DE L’IMMIGRATION EST NUL VOIRE ´ ` LEGEREMENT POSITIF
selon diverses études, car en cotisant, en consommant et en payant des impôts, les réfugiés contribuent à l’activité économique et aux finances publiques. En moyenne, l’accueil d’un demandeur d’asile coûte 40 euros par jour à l’État belge, mais une grande partie de ces frais est réinvestie dans notre économie grâce à la création de plusieurs centaines d’emplois pour assurer l’accompagnement de ces personnes et le suivi de la procédure d’asile. Lorsqu’ils travaillent, les réfugiés participent à notre économie en payant des impôts et des cotisations sociales. Bien souvent, ils occupent des emplois peu qualifiés et pénibles, laissés vacants par des Belges. Par ailleurs, certains d’entre eux sont porteurs d’un diplôme qui pourrait être valorisé pour leur permettre d’accéder à des métiers qui correspondent à leurs qualifications.
LE SAVIEZ-VOUS ? Steve Jobs, le célèbre fondateur d’Apple, est le fils d’un réfugié qui a fui la Syrie dans les années 50 pour s’installer aux États-Unis. C’est le street artiste Banksy qui a rappelé cette information récemment en représentant Steve Jobs sur les murs de Calais, avec un baluchon dans une main et un ordinateur dans l’autre.
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COMMENT CES PERSONNES VONT-ELLES S’INTÉGRER ?
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OBLIGÉES DE SUIVRE UN PARCOURS ´ D’INTEGRATION Depuis peu, les personnes étrangères en situation régulière (primo-arrivants) en Belgique sont
qui comprend des cours de français, de citoyenneté et un soutien à l’insertion socio-professionnelle. L’objectif de ce dispositif est d’accueillir et d’accompagner les nouveaux résidents étrangers, de les aider à acquérir les connaissances de base sur le fonctionnement de la société et des relations sociales en Belgique et ainsi de faciliter leur intégration.
LE SAVIEZ-VOUS ? Depuis 40 ans, le Canada permet à ses citoyens d’organiser et de financer l’arrivée de réfugiés dans leur pays. Ce système de parrainage communautaire fonctionne en parallèle avec le programme de réinstallation géré par le gouvernement. Les parrains se chargent de lever des fonds afin de réunir la somme initiale nécessaire pour faire venir les réfugiés dans le pays et les aider pendant la première année en payant le loyer, en inscrivant les enfants à l’école, en facilitant l’accès aux soins de santé et en les appuyant dans leur recherche d’emploi et de formation.
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CHANGER LES CHOSES ?
QUELLES SONT LES SOLUTIONS POUR
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place pour transférer, vers d’autres États membres, les personnes arrivées en Grèce et en Italie, afin d’y traiter leur demande d’asile lorsque celle-ci a de grandes chances d’être acceptée. L’UE s’est engagée à examiner 160 000 demandes d’asile, mais le partage des responsabilités entre les pays européens tarde à se concrétiser. En effet depuis 2015, seulement 15 % de ces personnes ont été accueillies via ce processus. La Belgique, quant à elle, ne fait guère mieux puisqu’à peine 936 personnes ont été accueillies sur un engagement total d’un peu moins de 4 000 demandes, ce qui ne ne représente pourtant même pas le dixième de la capacité du Stade Roi Baudouin.
LA RELOCALISATION est le processus mis en
Yara a créé à Anvers un service traiteur de nourriture syrienne « From Syria with love». Photo : Frédéric Pauwels
En verrouillant ses accès aux personnes fuyant vers notre continent par l’édification de murs et autres dispositifs de surveillance sophistiqués, mais aussi en signant des accords de coopération avec des pays comme la Turquie et la Libye qui ne garantissent pas la sécurité des migrants, réfugiés et demandeurs d’asile, l’Europe se soustrait délibérément à ses responsabilités et se rend complice de la mort de milliers de personnes. Or, si tous les États de l’UE prenaient leur part de responsabilité, notamment à travers le processus de relocalisation, le nombre de demandes d’asile en Europe pourrait être plus facilement absorbé.
UN PARTAGE DES RESPONSABILITÉS
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Yara a créé à Anvers un service traiteur de nourriture syrienne « From Syria with love». Photo : Frédéric Pauwels
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LA RÉINSTALLATION consiste à sélectionner et transférer des personnes, avec le statut de réfugié, identifiées comme vulnérables dans un premier pays d’accueil, vers un pays tiers capable de leur fournir une meilleure protection et assistance. En 2015, l’UE a proposé de réinstaller en deux ans 22 504 réfugiés parmi les plus vulnérables et seulement 17 000 d’entre eux l’ont été à ce jour. Parmi les réfugiés les plus vulnérables, on retrouve les victimes de la torture, les enfants et adolescents non accompagnés, les personnes souffrant de graves problèmes de santé ou d’un handicap.
Depuis son départ d’Irak, Amer entraîne les jeunes du club d’athlétisme de Louvain. Photo : Johanna de Tessières
Les voies légales et sûres ne font pas référence à des routes migratoires qui seraient moins dangereuses, mais bien à des systèmes qui offrent l’accès aux personnes à des procédures justes et équitables pour demander l’asile : réinstallation, regroupement familial, visa humanitaire ou étudiant, etc. Si le recours aux voies sûres et légales était privilégié, il y aurait moins de violations des droits humains et moins d’individus en situation irrégulière à nos frontières et sur notre territoire.
DES VOIES ´ LEGALES ET SÛRES
Depuis son départ d’Irak, Amer entraîne les jeunes du club d’athlétisme de Louvain. Photo : Johanna de Tessières
UNE POLITIQUE MIGRATOIRE PLUS HUMAINE Sans vouloir ouvrir toutes les frontières aux demandeurs d’asile du monde entier, Amnesty International oeuvre pour une politique européenne d’asile plus respectueuse des droits humains. La politique de fermeture de l’UE constitue un échec. Non seulement elle n’a pas permis d’enrayer les flux migratoires, mais elle s’est en plus révélée inhumaine en causant la mort de milliers de personnes, des atteintes aux droits humains et en entraînant dans son sillage une xénophobie grandissante parmi la population.
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LE REGROUPEMENT FAMILIAL est une procédure de séjour qui permet aux personnes d’origine étrangère ayant un membre de leur famille nucléaire en Belgique de venir les rejoindre, à certaines conditions. Environ 50 % des titres de séjour accordés le sont pour des raisons familiales, ce qui en fait la principale voie d’entrée légale sur le territoire belge.
plus fondamentaux ne sont pas respectés, et où ils sont parfois victimes de très sévères violences, y compris sexuelles.
Arrivée avec sa famille d’Azerbaïdjan en 2014, Chinara, artiste peintre, maîtrise maintenant le français et s’est mise au néerlandais. Photo : Olivier Papegnies
Sans vouloir ouvrir toutes les frontières aux demandeurs d’asile du monde entier, Amnesty International plaide pour une politique européenne d’asile plus respectueuse des droits humains. Migrer est un droit inscrit dans la Déclaration universelle des droits de l’homme. Loin de décourager les candidats à l’exil, la politique migratoire actuelle les amènent à emprunter des routes de plus en plus dangereuses, à tomber aux mains de passeurs sans scrupule et à se retrouver dans des centres de détention dans lesquels leurs droits les
UNE POLITIQUE MIGRATOIRE PLUS HUMAINE
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Arrivée avec sa famille d’Azerbaïdjan en 2014, Chinara, artiste peintre, maîtrise maintenant le français et s’est mise au néerlandais. Photo : Olivier Papegnies
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À son niveau, chacun de nous peut dès aujourd’hui offrir un accueil plus humain et plus chaleureux aux personnes qui ont fui les crises, les violences et les persécutions. Saisissons cette opportunité !
retourner peut-être un jour, dans leur région de naissance. Comme des familles entières l’ont fait lors de la Seconde Guerre mondiale. Comme l’ont déjà fait des milliers de réfugiés qui avaient trouvé refuge chez nous, et qui sont rentrés chez eux quand la paix est revenue
Bassel est violoncelliste. Il a quitté la Syrie en 2015 et donne aujourd’hui des concerts avec son groupe « Qotob ». Photo : Johanna de Tessières
Ces personnes n’ont pas risqué leur vie (la Méditerranée est devenue la route migratoire la plus meurtrière du monde) pour venir en Europe dans le seul but d’avoir accès au chômage ou de s’inscrire au CPAS. Elles sont venues jusqu’à nous pour survivre et
Ces femmes, ces hommes et ces enfants, sont des êtres humains, qui, manque de chance, sont nés au mauvais endroit au mauvais moment. Ce sont des gens comme nous, mais qui font preuve d’un courage inouï pour essayer de sauver leur vie et d’une capacité de résilience hors du commun pour tout recommencer ailleurs.
UNE OPPORTUNITÉ POUR CHACUN
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Bassel est violoncelliste. Il a quitté la Syrie en 2015 et donne aujourd’hui des concerts avec son groupe « Qotob ». Photo : Johanna de Tessières
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Design : Speculoos
Toutes les photos de ce livret ont été réalisées par le collectif HUMA. Retrouvez leur travail et des réponses plus détaillées sur www.amnesty.be/jesuishumain
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Éditeur responsable : Christel Vacelet Octobre 2017