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AFRICA NEWS AGENCY

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Financement « Les femmes méritent un accompagnement spécifique »

Les femmes africaines ont levé 834 millions de dollars en 2021, soit 16 % du total des levées de fonds réalisées la même année par l’ensemble des start-ups opérant sur le continent (5,2 milliards de dollars). Pour faciliter l’accès aux fi nancements de femmes, des mécanismes adaptés doivent être inventés. L’analyse d’Ali Mnif, Directeur des investissements de Digital Africa.

Ali Mnif, Directeur des investissements de Digital Africa- Crédit photo DR

Nous faisons face à un paradoxe : les études démontrent que les femmes entrepreneures, et notamment les femmes africaines, sont de bonnes gestionnaires, pourtant elles ont moins accès aux fi nancements. Comment l’expliquer ?

Nous avons vu pas mal d’initiatives de soutien aux femmes entrepreneuses à l’amorçage avec des tickets de fi nancements de lancement. Le challenge, c’est la croissance. Pour aider ces femmes à développer leur

startup, il ne s’agit pas seulement de fi nancement mais également de recrutement, de commercialisation, de stratégisation...Sur ces sujets-là et dans ces milieux, nous n’avons pas encore vu assez d’initiatives qui encouragent la parité ou qui soutiennent les femmes entrepreneuses.

“LES ÉTUDES LE DÉMONTRENT, DES FEMMES INVESTISSEUSES CRÉENT DES FEMMES ENTREPRENEUSES”

Quels sont les principaux freins à l’accès au fi nancement pour les femmes africaines ?

Le premier consiste à briser le dogme des rounds de financement dominés par les hommes. Les études le démontrent, des femmes investisseuses créent des femmes entrepreneuses. Les VCs qui comptent des femmes parmi les partenaires sont trois fois plus susceptibles d’investir dans des sociétés dirigées par une femme.

Le deuxième frein à mon sens c’est le manque de programmes qui accélèrent les championnes de la phase d’idéation jusqu’à la croissance. L’accompagnement ne doit surtout pas s’arrêter en cours de route. Je salue par la même occasion le magnifique travail que fait Pauline Koebl de Shequity, qui investit à travers son fonds et accompagne également grâce à son programme SHEBA.

Concrètement, comment lever ces barrières ?

Il est important de se focaliser sur la femme entrepreneuse mais il faut aussi accompagner la femme investisseuse en propulsant des équipes de gestion féminine, la femme salariée car celles qui entreprennent avec succès quittent à un certain moment le confort du salariat. A noter que Digital Africa et son partenaire MakeIT, avec Talent4Startups, prennent en charge la formation de plusieurs centaines de talents en Afrique tout en respectant un principe de parité. Les femmes chercheuses, qui dépassent déjà par leur nombre les hommes dans certains pays en Afrique, méritent également un accompagnement spécifique pour faire émerger leurs idées et thèses en dehors des labos.

Comment la tech facilite-t-elle l’accès au financement des femmes ?

Les plateformes virtuelles lèvent un bon nombre de contraintes aux femmes. Elles peuvent se former, se faire accompagner, et même se faire financer sans être obligées de se confronter à des environnements hostiles ou peu accommodants. Digital Africa et son partenaire BPI ont lancé à ce titre Africa Next, une communauté de VC africains qui voit pitcher une trentaine d’entrepreneurs par an tout à fait virtuellement avec des réussites.

Pour conclure, comment évolue la situation : avec la multiplication des initiatives qui accompagnent et soutiennent les femmes entrepreneures, leurs projets sont-ils mieux structurés et donc plus «bancables» ?

Il faut aller jusqu’au bout de l’accompagnement. Il ne s’agit pas de cocher la case de la start-up créée ou celle d’un produit lancé. La réussite serait de voir des start-ups passées à l’échelle.

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