AFRICA NEWS AGENCY
Industries culturelles et créatives : un soft power sur lequel l’Afrique doit capitaliser Terre de créativité et source perpétuelle d’inspiration, l’Afrique ne représente pourtant que 5% du marché mondial des industries culturelles et créatives, évalué à 2.250 milliards de dollars de revenus par an. Une donne que changent aujourd’hui les acteurs africains de la filière, qui multiplient les initiatives pour transformer le potentiel du continent en croissance et emplois. Analyse.
débloqué des fonds d’appui à leur industrie cinématographique tandis que les autorités cap-verdiennes ont lancé une banque culturelle innovante, le Fonds Autonome d’Appui à la Culture (FAAC), qui prend en compte les réalités et les besoins locaux du secteur culturel à travers notamment la mise en place d’un “cluster” d’industries créatives et le lancement de trois réseaux nationaux de diffusion (artisanat, arts et musées).
Par Dounia Ben Mohamed
Pour Raoul Rugamba, fondateur d’Africa in Colors (lire son interview), la voie à suivre coule de source : “Si nous voulons impulser une véritable reprise économique, l’Afrique doit accroître son soft power et mettre à profit les talents dont elle dispose”, plaide l’entrepreneur culturel rwandais pour qui il est indispensable de miser dans les industries culturelles et créatives (ICC). Une conviction partagée par nombre d’acteurs africains du secteur.
aligné sur les objectifs de développement durable- dans ce monde post-Covid. Reste à combler les nombreuses failles demeurant dans l’écosystème créatif africain : protection des droits d’auteur - pour une production de Nollywood achetée, 9 sont piratées - ; professionnalisation des filières
Les institutions financières commencent également à parier sur la filière, à l’image de la Banque africaine d’import-export Afreximbank, qui a démarré, en janvier 2020, un fonds de 500 millions de dollars dédiés aux entrepreneurs créatifs. “Les industries créatives peuvent être de puissantes locomotives pour des stratégies de croissance plus équitables, durables et inclusives pour les économies africaines”, assurait alors le président de l’établissement financier panafricain, Benedict Oramah. Le dirigeant déplorait toutefois que “en raison du sous-investissement dans les industries créatives et culturelles, l’Afrique [soit] largement absente du marché mondial des idées, des valeurs et de l’esthétique véhiculées par la musique, le théâtre, la littérature, le cinéma et la télévision”.
“2021, année riche de promesses pour l’économie créative”
Alors que la population des jeunes du continent doit doubler et atteindre plus de 830 millions de personnes d’ici 2050, et que seuls 3,1 millions d’emplois sont crées annuellement pour 10 à 12 millions de jeunes entrant dans le même intervalle de temps sur le marché� du travail, les ICC s’affirment plus que jamais comme un important pourvoyeur d’emplois. Un véritable relais de croissance pour des économies africaines en quête de diversification… et de reprise. D’où l’initiative de l’ONU de consacrer 2021 comme “une année riche de promesses pour l’économie créative”, l’institution entendant notamment contribuer à la promotion d’un secteur jugé stratégique- et
4
et création d’instituts de formation dans les secteurs clés (mode, production audiovisuelle, graphisme et jeux vidéo, artisanat, arts plastiques…) ; mobilisation de financements, notamment privés…
Une dynamique favorable au renforcement des ICC La dynamique actuelle va en tous les cas dans le sens d’un renforcement des ICC. Après les initiatives portées par l’ONU, l’Unesco, l’OIF, la CEDEAO et l’UA, c’est désormais au tour des États du continent de s’y mettre. Outre le géant nigérian, qui a mis en place un fonds pour faciliter les productions de Nollywood, le Sénégal et la Côte d’Ivoire ont
Le banquier d’origine nigériane l’assure pourtant, “aujourd’hui, le changement est arrivé”. Et de prendre l’exemple de la “croissance astronomique des exportations créatives de l’Égypte au cours de la dernière décennie” ou encore “l’importance croissante de l’industrie de Nollywood”, qui a incité notamment le gouvernement nigérian, dans son plan de relance et de croissance économique, à prévoir des recettes d’exportation d’un milliard de dollars provenant de cette industrie. Mieux, avec l’entrée en vigueur de la Zone