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NATTIT UDE MAGAZINE HIPHOP IS WHAT YOU CAME TO REPRESENT.
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SUMMER 07
FRANÇAIS / ENGLISH RAP, GRAFFITI, DEEJAYING, BREAKDANCE, FASHION, FILM, PHOTOGRAPHY WWW.ANATTITUDE.NET 8.-= C / 6.- £ / 14.- CHF / 12.- $
RIS PAIPHOP H FEATURING
BÉA ANJUNA • DHHAM DE COEUR JESKILZ • KIN • KEIRA MAAMERI LADY ALÉZIA • LENIE & KENSA OLD SCHOOL • PRINCESS ANIÈS • ZOU
< Princess Aniès and DHHAM de coeur
Jeskilz at Paris Hip-Hop Blockparty
...ce que je préfère, c’est quandmême illégal,
Welcome to Anattitude Magazine
édition parisienne
ÉDITION PARISIENNE
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ANATTITUDE MAGAZINE
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OMMAIRE INDEX
FEATURING
DHHAM DE COEUR DANCE ZOU BREAKDANCE LENIE & KENSA GRAFFITI BÉA ANJUNA FASHION PRINCESS ANIÈS RAP JESKILZ BREAKDANCE KEIRA MAAMERI FILM LADY ALÉZIA GRAFFITI KIN RAP OLD SCHOOL HISTORY
04 14 20 30 36 45 48 51 58 64
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Dhaam de coeur
I PREFER FREESTYLE, THAT´S THE REAL THING!
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Queen of Freestyle
CE QUE JE PRÉFÈRE, C´EST LE FREESTYLE, LE VRAI EST LÀ ! ÉDITION PARISIENNE
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DHHAM DE COEUR
J’ai rencontré Aalek, plus connue sous le nom de DHHAM de coeur, au Paris Hip-Hop Blockparty l’été dernier où son freestyle exceptionnel m’a inspiré. Lorsque nous nous sommes revues quelques jours plus tard dans une crêperie près des Halles, nous avons parlé plus de deux heures. Depuis on se voit régulièrement. Aalek a un point de vue intéressant sur le hip hop. Ton blase est DHHAM de coeur ? En fait c’est un délire depuis très peu de temps ! C’est moi-même qui l’ai trouvé. DHHAM, ça veut dire Danseuse Hip Hop Artiste Musicale, parce que la musique est mon 1er kif, aussi important que la danse. Et “de coeur” parce que je suis quelqu’un qui parle avec son coeur ! DHHAM de coeur aussi, ça donne un titre de noblesse ! En général, ce sont les autres qui te donnent ton blase. J’en ai eu plusieurs. Le premier c’était ShimyO, comme le rap Shimmy Shimmy Ya de Ol’Dirty Bastard, c’était juste quelques potes qui m’appelaient comme ça, car j’étais une petite zoulette de quatorze piges. Après ça, c’était XL aussi, parce que je m’habillais en baggy XL et depuis c’est Missy AALEK, d’AleKsandra, d’origine polonaise et Missy pour un clin d’oeil à la personnalité de Missy Elliott ! Le hip hop, qu’est-ce que ça signifie pour toi et le break en particulier ? Alors le hip hop c’est un kif, un style de musique d’abord et une ambiance. Hip hop musique, street wear, deejaying, mcing, danse, soirées, métissage, rencontres, partage, façon de voir les choses, éducation, philosophie et création. Et le break est la forme la plus brute, mais pas dans un sens brutal, mais dans un rapport le plus “vrai” avec le sol, la terre. Comment tu décrirais ton propre style ? Ce que je préfère, c’est le Freestyle, le vrai est là ! Je kiffe le spontané, l’instant présent, pour le délire, le ressenti. Je kiffe l’échange, le jeu et bien sûr, le show ! A propos de la féminité, il n’y a pas une définition, et heureusement. Ce qui est beau, c’est que chaque
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I met Aalek a.k.a. DHHAM de coeur at the Paris Hip-Hop Blockparty last summer, where she inspired me with her exceptionel freestyle. As we met some days later in a creperie near Les Halles we talked about more than two hours. And after that we met again and again. Aalek gives another angle of view of what hiphop is. Your nickname is DHHAM de coeur [KWEEN of hearts]? Actually this is a very recent frenzy! I found it myself. DHHAM stands for Danseuse Hip Hop Artiste Musicale, because music is my primary fervour, as important as dancing. And “of hearts” because I am someone who speaks with her heart! KWEEN of hearts also, because its a noble title! Usually its the others who give you your nick. I had several. The first was ShimyO, like the rap Shimmy Shimmy Ya of Ol’Dirty Bastard. Just some mates who called me like that as I was a little gal of fourteen years. After that it was XL, because I wore baggy XL, and since then it’s Missy AALEK from Aleksandra of polish origin and Missy as a hint at the personality of Missy Elliott! What does hiphop mean to you, and breakdance in particular? Well, hiphop is phat, a style of music first of all and an ambiance. Hiphop music, street wear, deejaying, MCing, dancing, clubbing, coming together, sharing, a way of seeing things, education, philosophy and creation. And breakdance is the rawest form, but not in the sense of being coarse, but bearing the “purest” reference to the ground, the earth. How’d you describe your style? I prefer freestyle, that’s the real thing. I enjoy the present instance, spontaneity, for the maniac frenzy, the feeling. I love exchange, the game and, of course, the show! With respect to femininity, there’s no definition, luckily. It is nice that every women may let go as much as
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YEAH YO ! LE STREET WEAR, ÇA
FAIT PARTI DU HIPHOP, TAPE TON STYLE !
YEAH YO! STREET WEAR IS PART OF HIPHOP, MAKE YOUR STYLE!
femme puisse se lâcher autant qu’un gars. Si la fille a envie d’être, à ce moment-là, dure et aggressive, si elle ressent ça, elle a le droit. Si elle a envie d’être gracieuse ou sexy, elle a le droit, etc. C’est vraiment personel, subjectif. J’ai souvent plus travaillé avec des garçons gracieux, jazzy, très fluides. Je m’intéresse au hip hop abstract. Est-ce que tu participes aux battles ? Jusqu’ à maintenant je n’y ai pas beaucoup participé, parce que ça c’est un état d’esprit que j’ai du mal à adorer. Pour moi, l’art n’est pas une compétition, la danse c’est quelque chose qui se partage. Pour moi, c’est difficile de penser qu’on veut essayer de prouver meilleur que toi, parce que ce n’est pas comme ça que je veux le penser ni le vivre en fait. Est-ce que tu fais partie d’un crew ? Non, pas actuellement. J’ai fait partie de TKF qui est reconnu pour le show chorégraphique et j’ai bossé avec plusieurs compagnies hip hop et contemporains. Les breakeurs et les danseurs, comment est-ce qu’ils sont organisés à Paris ? Des évènements sont organisés : soirées, battles et festivals. Par exemple à la Villette Les Rencontres de la Villette qui est connu, il y a les Alliances Urbaines ‘92 à Bagneux, il y a XXL à Bobigny. Et on se retrouve aussi dans des salles pour s’entraîner, préparer des spectacles et des battles. C’est vrai que tu travailles comme comédienne ? J’ai fait quelques figurations et j’ai bossé avec une agence évènementielle dans des cirques, des anniversaires et dans des hôtels, histoire de ramener quelques sous et de connaître autre chose ! Contrairement à l’Allemagne, il paraît qu’en France les femmes jouent un rôle plus important dans le monde du hip hop. Est-ce vrai ?
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a boy. If the girl likes, at that very moment, to be hard and aggressive, if she feels like that, she’s got the right to. If she likes to be graceful or sexy, she’s got the right to, and so on. It is really personal, subjective. I worked more often with graceful boys, jazzy, very fluid. I am interested in abstract hiphop. Do you take part in battles? Until now I did not many battles, because that’s a state of mind that I feel hard to appreciate. For me, art is not a competition, it’s something that is shared. For me it is difficult to think I gonna prove better than you, because it’s not like that I want to think it, neither to actually live it. Are you member of a crew? No, not for the moment. I was member of TKF, who is known for the show choreography, and I worked with several companies, hiphop and contemporary. Breakers and dancers, how are they organised at Paris? Events are organised: clubbing, battles and festivals. For instance the Rencontres de la Villette at la Villette which is well known, there’s Alliances Urbaines ‘92 at Bagneux, there is XXL at Bobigny. And you meet as well in the dance halls to train, to prepare events and battles. You work as a comedian, is that true? I had some appearances and I jobbed for an event agency in circus, on anniversary and for hotels, winning some money and getting to know other stuff. In contrast to Germany, it seems that in France women play a more important role in the hiphop world. Is that true?
DHHAM de coeur at Paris famous hiphop place Trocadéro
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DEPUIS QUE J’AI QUATORZE ANS JE PORTE DES BAGGYS. I WEAR BAGGIES SINCE I WAS FOURTEEN.
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En France, je pense qu’il y a beaucoup de filles et ça fait plaisir mais trop peu encore ! Faut se serrer les coudes, pour briller plus encore, autant que les gars ! Faudrait que l’on s’intéresse plus à nous, qu’il y ait plus de solidarité, déjà entre nous les filles, plus de mouvement ! Par exemple, il y a un mouvement féminin énorme dans le graffiti : Fafi, Miss Van, Lady K, Bla, Stoul, Girls à Work etc. Originales, rebelles, urbaines et en même temps très féminines. Ton style de vêtements est exceptionnel. Tu crées tes vêtements toi-même ? Oulala, merci !! Depuis que j’ai quatorze ans je porte des baggys. Je suis habituée et à l’aise, surtout dans des pantalons bien amples, mais pas trop lourds ! J’aime porter des tuniques par-dessus pour le côté pratique et féminin en même temps. Pour danser, j’aime que le tissu de mon pantalon amplifie mon mouvement. J’adore ton style ! Yeah yo ! Le street wear, ça fait parti du hip hop, tape ton style ! Châtelet-Les Halles, c’est un endroit très important dans la scène parisienne ? Châtelet-Les Halles, c’est un lieu historique évidemment. Pendant des années, vers la piscine au sous-sol, il y avait tous les danseurs qui se concentraient là-bas pour s’entraîner, se clasher et se retrouver. Parce que pendant des années on n’avait pas de salle. Et puis on y vient pour acheter des disques et de la sape. A l’époque il y avait les gangs en France et ils ont trouvé sur Châtelet, l’endroit où faire du business, du deal. Châtelet, c’était un mélange entre le hip hop et le business. Ce qui est resté aujourd’hui, c’est le coté bling-bling, on vient sur Châtelet pour se montrer. Mais ce n’est pas forcément là, l’espace du hip hop. Le hip hop, à mon avis, ce n’est pas commercial, ça peut être dans les soirées, en studio d’enregistrement, au centre commercial, dans des ambiances entre potes, dans la voiture, au coin de la rue, ça se vit en fait tout simplement ! Il y a le Trocadéro aussi, où les danseurs se retrouvent pour danser l’été. Et puis, il y a les espaces urbains, les centres commerciaux à Créteil, à La Défense, en banlieue. Tu peux squatter une place urbaine avec un sol lisse. J’y suis allée, mais je n’ai rien trouvé. En journée ce n’est pas la peine, plutôt le soir ou le week-end, l’après-midi. Il n’y a plus rien à Châtelet, c’est fini, il y a eu les policiers et tout ça, mais à La Défense, Sortie G, tout au bout, par exemple.
I think in France are many girls and that’s great, but still too few! We have to stay together to become better, just like the boys! There should be more public interest, more solidarity among us, at least among the girls, more action! For instance, there is an enormous movement in graffiti: Fafi, Miss Van, Lady K, Bla, Stoul, Girls à Work and so on. Cool, rebellious, urban, and very feminine at the same time. Your style is extraordinary! Do you create your clothes yourself? Oulala, thank you!! I wear baggies since I was fourteen. I wear and feel best in really wide trousers, not too heavy! I prefer tuniques under it for practical reasons, and because it is feminine at the same time. For dancing, I want the tissue of my trousers amplifying my movements. I admire your style! Yeah yo! Street wear is part of hiphop, make your style! Is Châtelet-Les Halles an important place for the hiphop community in Paris? Châtelet-Les Halles is a historic place of course. For years, underground, close to the baths, all the dancers met to train, to battle and to gather. Because for years we had no hall. And then you go there to buy records and gear. At that time we had gangs in France, and they discovered Châtelet as a place for business, to deal. Châtelet was a mixture of hiphop and business. What lasts today is the bling-bling side, you come to Châtelet to show off. But it is not so much the space for hiphop. Hiphop, in my opinion, is not commercial. It can happen in clubs, in the studio, in a shopping mall, when homies meet, in a car, at the corner of the street, that’s quickly done, simple, easy! There is as well the Trocadéro, where the dancer meet to dance during the summer. And then the urban space, the malls at Créteil, at La Défense, in the suburbs. You can squat an urban place with smooth ground. I was there, but I didn’t find anything. During the day there isn’t much, rather the evening or weekend afternoons. There’s nothing any more at Châtelet, that’s over. The police was there and all this, but at La Défense, Exit G at the very end, for instance. You go out a lot, what club do you like? There is a place where I went a lot of times, it’s called Slow Club, at rue Rivoli. That’s a jazz club that exists since a long time. Today I like a lot the Scène Bastille, the Gibus, the Tryptique and the Djoon.
Tu sors beaucoup, quels sont tes clubs préférés ? Il y a un endroit où je sortais beaucoup à l’époque qui s’appelle Slow Club, rue Rivoli. C’est une boîte de jazz qui existe depuis longtemps. Aujourd’hui, j’aime bien La Scène Bastille, le Gibus, le Tryptique et le Djoon. ®
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TU PEUX SQUATTER UNE PLACE URBAINE AVEC UN SOL LISSE ... IL N´Y A PLUS RIEN À CHÂTELET, C´EST FINI, IL Y A EU LES POLICIERS ET TOUT ÇA, ... YOU CAN SQUAT AN URBAN PLACE WITH SMOOTH GROUND. THERE´S NOTHING ANY MORE AT CHÂTELET, THAT´S OVER. THE POLICE WAS THERE AND ALL THIS, ...
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DHHAM de coeur in La Mercerie, 98 Rue Oberkampf, 75011 Paris
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Zou La première fois que j’ai vu Zou, c’était en Allemagne en 2004 au premier B-Girl Champs à Berlin, où elle était avec son crew Da Women Touch. À la suite d’une compétition acharnée, le crew français a remporté la victoire. De retour à Paris, je l’ai vue deux ans plus tard un dimanche d’été ensoleillé à un battle mi-legal à La Défense. Quand je suis arrivée, tout était déjà terminé, mais j’en ai profité pour lui parler, et on s’est rencontrés plus tard au jardin des Halles avec Lionel, un de ses amis.
The first time I saw Zou was at Germany’s first B-Girl Champs in Berlin in 2004, battleing with her crew Da Women Touch. In a hard competition the french crew won the battle. Back in Paris I saw her two years later on a quite hot summer sunday at the half-illegal battle in the shopping mall center of La Défense. As I arrived the battle was already finished, but I took the chance to adress her and to meet up later in the park at Les Halles with Lionel, a friend of hers.
Tu peux te présenter ? Bonjour, je m’appelle Salima a.k.a. b-girl Zou. Je fais du break, j’ai vingt-deux ans, j’habite à Nancy et je danse depuis quatre ans. Depuis environ deux ans, je commence à faire des battles, je commence à bouger, à voyager et puis voilà.
Present yourself? Hello, I am Salima a.k.a. b-girl Zou. I’m a b-girl, I am twenty-two years old, I live in Nancy and I dance since four years. About two years ago I started doing battles. I start to move around, to travel and well, that’s it.
Je t’ai vue à Berlin 2004 au B-Girl Champs, qu’estce qui s’est passé depuis ? Il s’est passé beaucoup de choses depuis B-Girl Champs. Depuis on a eu des sponsors et on a fait beaucoup de défilés pour des vêtements et tout. J’ai dansé pour les Rencontres de la Vilette et on m’a contacté pour faire une publicité pour Nintendo qui passe à la télé. Et sinon, je fais plusieurs battles, j’ai été jury dans des battles, comme des Battles Débutants, et tout sur Paris.
I’ve seen you in Berlin 2004 at B-Girl Champs, what has happened since? A lot has happened since B-Girl Champs. We had sponsors since then, and we did a lot of fashion shows and all. I danced for the Rencontres de la Vilette and I was contacted for a Nintendo promotion on television. And for the rest I do some battles, I was jury in battles like the Beginners Battle and such in Paris.
WOW, BRONX ATTITUDE, J´AIME BIEN FRANCHEMENT UN STYLE OLD SCHOOL, SURTOUT EN TOPROCK. WOW, BRONX ATTITUDE, HONESTLY, I LIKE AN OLDSCHOOL STYLE, IN PARTICULAR IN TOPROCK.
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Queen of Bronx Attitude
Zou and Lionel in the park at Les Halles
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Comment décrirais-tu ton style ? Wow, bronx attitude, j’aime bien franchement un style old school, surtout en toprock. Je me suis bien développée en toprock et sinon, en locking aussi, et en house. Voilà, sinon le style ce n’est pas très féminin je crois, mais (elle rit) c’est plus b-boying.
How do you describe your style? Wow, bronx attitude, honestly, I like an old school style, in particular in toprock. I have pretty much developed in toprock, and otherwise in locking and in house. However the style is not very feminine I guess, but (laughter) more b-boying.
Quand est-ce que tu as commencé et quelles ont été des motivations ? J’ai commencé il y a quatre ans, c’était en 2002. J’ai commencé parce que dans mon quartier il y a une salle de danse et puis je suis rentrée dans la salle et j’ai vu plein de garçons danser. J’ai vu une fille qui dansait, et ça m’a tout de suite plu. J’ai commencé à m’entraîner comme ça. Et sinon, je ne savais pas que ça existait à Paris, je ne savais pas non plus que ça existait dans d’autres villes. Et voilà quand j’ai voyagé, j’ai vu que c’est partout.
When did you start and why? I’ve started four years ago, in 2002. I started because in my district there is a dance hall, and once I went in and I saw lots of boys dancing. I saw a girl dancing and I liked it immediately. That’s how I started to train. For the rest, I didn’t know that this exists at Paris, I didn’t know that it exists in other towns. And, well, when I travelled I saw it’s everywhere.
À Berlin, tu as gagné le B-Girl Champs avec ton crew Da Women Touch. Ce crew existe toujours ? Non, malheureusement il n’existe plus. Mais on est presque toutes restées en contact et on danse souvent dans les battles, des contests de b-girl, mais le groupe n’existe plus. On a quand même fait de belles choses avec les filles, on a dansé Turnfest Gala, le grand Festival de Gymnastique à Berlin où on a dansé devant 400 personnes. Mais c’est fini, parce qu’on habite très loin et certaines sont dans des compagnies, la compagnie Black Blanc Beur par exemple. Tu habites à Nancy, qu’est-ce que tu fais actuellement à Paris ? À Paris, il y a un battle en toprock et comme j’aime beaucoup le toprock et comme il n’y a pas de filles, j’ai envie de danser là-bas pour montrer que les filles, aussi, font du toprock. Le toprock, c’est quoi ? Le toprock, c’est de la danse debout, c’est la préparation, c’est avant de descendre au sol pour faire du break. C’est que le style old school, c’est seulement debout, il ne faut pas descendre au sol. Je viens souvent à Paris quand il y a des battles, parce que j’aime bien voyager. C’est comme ça qu’on voit d’autres styles et qu’on voit si on est bien ou pas. Le crew Da Women Touch n’existe plus, est-ce que tu as un autre crew ? Non. Il n’y a pas longtemps, j’étais avec Players, ça c’est un groupe de Meaux. Ce sont de très bons b-boys et il y a un très bon b-boy qui s’appelle Lionel, il est trop fort. Je danse avec eux et ils sont très gentils. Sinon à Nancy, il y a deux groupes, mais je ne danse pas avec eux parce qu’on n’a pas le même style de danse. C’est vraiment difficile de trouver un groupe pour bien danser.
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At Berlin you won the B-Girl Champs with your crew Da Woman Touch. Does this crew still exist? No, unfortunately it does not. But we almost all stayed in contact and we often dance on battles, on b-girl contests, but the group does not exist any more. Anyway, we’ve done a lot of pretty things with the girls, we were dancing Turnfest Gala, the great gymnastics festival at Berlin where we’ve danced in front of 400 people. But its over, we live very far away from one another, and some are involved in dance companies, the company Black Blanc Beur for instance. You live in Nancy, what are you doing in Paris at the moment? There is a toprock battle in Paris, and as I like toprock a lot, and as there are not many girls, I wanted to dance there to show that girls do toprock too. Toprock, what is that? Toprock, that is upright dancing, it’s the preparation before you go down on the ground for breaking. It’s old school style, only upright, you must not get down. I come often to Paris if there is a battle, because I like travelling a lot. That’s how you get to see other styles and you see whether you are good or not. The crew Da Woman Touch doesn’t exist any more, do you have another crew? No. Not long ago I was with the Players, that is a group from Meaux. They are very good b-boys and there is a very good b-boy called Lionel, he is too heavy. I dance with them and they are very nice. For the rest, at Nancy there are two groups, but I do not dance with them, because we do not have the same dancing style. It’s really difficult to find a group for dancing.
JE VIENS SOUVENT À PARIS QUAND IL Y A DES BATTLES, ... C´EST COMME ÇA QU´ON VOIT D´AUTRES STYLES ET QU´ON VOIT SI ON EST BIEN OU PAS.
I COME OFTEN TO PARIS IF THERE IS A BATTLE, .. THAT´S HOW YOU GET TO SEE OTHER STYLES AND YOU SEE WHETHER YOU ARE GOOD OR NOT.
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J´AI COMMENCÉ ... C´ÉTAIT EN 2002. ...JE NE SAVAIS PAS QUE ÇA EXISTAIT À PARIS, JE NE SAVAIS PAS NON PLUS QUE ÇA EXISTAIT DANS D´AUTRES VILLES. ET VOILÀ, QUAND J´AI VOYAGÉ, J´AI VU QUE C´EST PARTOUT.
Tu m’as dit que tu parlais allemand, comment ça se fait ? Quand on a gagné à Berlin, j’ai rencontré un garçon làbas, je suis restée deux ans avec cette personne, et j’ai beaucoup voyagé, je suis partie chez lui à Berlin. C’est grâce à lui que je parle un petit peu allemand. J’ai dansé plusieurs fois avec son crew. Que fais-tu à part du break ? A part du break je veux monter mon espace, non je rigole. Non, à part du break, je passe un examen pour travailler avec des enfants handicapés. Je fais ça à coté. Sinon, pour l’instant, je ne fais plus de battles, je m’entraîne parce que j’ai arrêté de m’entraîner pendant un an, parce que je travaillais avec des enfants. Je leur donnais des cours de danse. Donc, je m’entraînais un petit peu plus. J’ai fait des castings pour me faire des sous. Je passe l’examen pour l’instant et on verra, peutêtre que je vais complètement changer après, je ne sais pas, on verra… ®
You told me you speak German, how comes? When we won in Berlin, I met a boy there, I stayed two years with that person and I travelled a lot, I went to him to Berlin. Because of him I speak a little German. I danced a couple of time with his crew. What do you do apart from breakdance? Apart from breakdance I want to start my own business. No, just kidding. No, apart from breaking I prepare for an exam to work with handicapped children. I do that aside. For the rest, for the moment, I don’t do any battles, I train because I stopped to train for one year because I worked with kids. I gave dancing courses for them. So I train a little more. I did some castings for the money. At the moment I am doing the exam, we will see. Maybe I will completely change after, I don’t know, we will see...
I´VE STARTED ... IN 2002 ... I DIDN´T KNOW THAT THIS EXISTS AT PARIS, I DIDN´T KNOW THAT IT EXISTS IN OTHER TOWNS. AND, WELL, WHEN I TRAVELLED I SAW IT´S EVERYWHERE.
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Paris real old schoolers!
Lenie et Kensa sont deux graffeuses old school qui font partie de la scène graffiti parisienne depuis 1994. Depuis sept ans, elles sont les meilleures amies du monde. C’est incroyable cette amitié réciproque. Je les ai rencontrées dans un café près de la station de métro Louvre/Rivoli et nous avons parlé pendant des heures. Plus tard, pendant la soirée, nous avons déambulé dans les rues de Paris, à la recherche d’un ancien graff de Kensa qui n’existe plus. Nous avons fait quelques photos à la tombée de la nuit, rue St-Denis. Vous pouvez vous présenter ? Kensa : Je pose Kensa et j’aime peindre sur tous les supports, comme les camions, les devantures, les trains, et les murs mais aussi sur des supports plus petits comme des lunettes customisées, dernièrement. Mes crews sont 90 DBC, 90 Dis Bonjour Connard, VMD, Vibro Marker Deluxxx et RTT, Ranges Tes Trains. J’ai une préférence pour les rails, mais malheureusement j’ai eu quelques problèmes avec la justice, ce qui m’a amené vers un côté plus artistique du graffiti. Alors j’ai exploré d’autres supports comme les toiles et customisation d’objets. Lenie : Je m’appelle Lenie, j’ai 28 ans et j’habite à Paris. J’ai commencé à taguer en 1994. En 1995 j’ai fait la rencontre de graffeurs, à l’époque très actifs sur Paris, le CMP crew. J’ai touché un petit peu à tout, entre autres aux choses illégales, le train, le rail et le tag dans
la rue. Ce que je préfère, c’est quand même l’illégal, ce qu’on peut voir au quotidien sur les supports urbains. À partir de 2000, j’ai continué à peindre des fresques, et j‘ai commencé à faire des toiles, à développer un côté artistique différent, mais tout en restant influencée par le graffiti. Quels sont tes supports préférés ? Kensa : Les trains. Quand j’ai commencé, c’est devenu comme une sorte de drogue parce que quand tu fais des trains, tu n’as pas du tout le même rythme de vie que les autres. Tu vis la nuit, tu cherches de bons spots pour faire différents trains et pour avoir toujours de nouveaux modèles. Quand j’étais dans ce mouvement, ça m’obsédait. Tu as envie de faire ça tout le temps. J’adore la sensation d’adrénaline, quand tu t’approches du train, tes sens sont en alerte. C’est très grand et tu l’attaques, tu le manges avec ton graff, tu le customises. En plus ce que j’aime dans ça, c’est que si tu as de la chance, avant que le train soit nettoyé, il va voyager de ville en ville, les gens vont voir ton train et on parle de toi, et ça c’est cool. Le matin, il faut l’attendre pour prendre une photo. Là aussi c’est une mission, t’es fatigué parce que t’as pas dormi de la nuit et tu te demandes si tu vas avoir la force de patienter pour une tof, en plus t’es pas toujours sûr de l’avoir avant qu’il soit buffé ! T’as qu’une envie, c’est de plonger dans ton lit, mais quand il arrive et que tu vois les couleurs de ton pannel en plein jour, c’est mortel ! J’aime les trains, mais maintenant je
J´AI COMMENCÉ À AIMER LE GRAFFITI À CAUSE DE LA STATION LOUVRE/RIVOLI QUI A ÉTÉ TAGUÉE EN 1991 ... ÇA A VRAIMENT CHOQUÉ LA POPULATION. ÉDITION PARISIENNE
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...C´ÉTAIT EN 1995, MLP MIGHTY LADIES POSSEE. NOUS ÉTIONS 5 FILLES.ENSEMBLE, ON PASSAIT DES NUITS ENTIÈRES À ARPENTER LES RUES DE PARIS ET À TAGUER TOUTE LA NUIT. ON PASSAIT
INAPERÇUES, LA POLICE NE FAISAIT JAMAIS ATTENTION À NOUS.
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suis un peu passée à autres choses. Ça à été super dur comme d’arrêter la cigarette. Mais le graffiti, c’est quand même un besoin. Donc j’ai continué sur les terrains. Lá on peut prendre le temps d’être avec des potes et surtout, faire des choses plus compliquées, dessiner des éléments de détails contrairement aux trains où il faut que ce soit quelque chose de graphique. Le train pour moi est plus graphique, très visuel, il doit y avoir un choc quand tu le vois avec des couleurs très vives et des lettres plus simples parce que cela doit être visible quand le train roule assez vite. Lenie, comment t’est venu cette passion pour le graffiti ? Lenie : J’ai commencé à aimer le graffiti à cause de la station Louvre/Rivoli qui a été taguée en 1991 par les VEP. C’est une très belle station avec des statues égyptiennes, des copies d’antiquités provenant du musée du Louvre. Ça a été un véritable événement, ça a vraiment choqué la population, les médias et pour ma part, ça m’a vraiment marquée et motivée. À partir de là, le graffiti est entré dans ma vie et n’en est plus jamais ressorti. En 1994 j’ai commencé tout doucement à graffer, et à beaucoup taguer dans la rue, et dans mon lycée. Et en 1995, je me suis enfin attaquée au métro. C’est un support unique et très intéressant pour se faire connaître. Au début les graffeurs pensaient que j’étais un garçon, à cause de mon blaze. J’étais quelqu’un de très vindicatif. Mon premier crew, le plus important notamment en terme d’effectifs, c’était le CMP, j’ai pas mal bougé avec eux. Kensa, les trains que tu m’as montrés, ils ont quel âge ? Kensa : Ça dépend, cinq ou six ans. Je me suis fait arrêter pour celui-ci, c’était en Espagne. Est-ce que tu as déjà payé des amendes ? Kensa : Non, tant que c’est possible, j’évite de payer pour ça. Combien de temps il te faut pour faire une pièce sur un train ? Kensa : Une demi heure. T’es très rapide ! Kensa : Non, je ne pense pas être très rapide. J’ai rencontré des gens en Espagne et en Italie qui ne font que du backjump parce qu’ils ne trouvent plus de bons spots tranquilles. Ils attaquent le train pendant qu’il est à l’arrêt en gare, avec des gens à l’intérieur. Nous avons fait ça une fois en Grèce. J’ai fait une pièce vraiment mauvaise, mais je l’ai faite en cinq minutes. Est-ce qu’il y a encore des trains avec tes graffitis à Paris ? Kensa : Non, à Paris ils ne les laissent pas rouler. Ils les arrêtent et ils les nettoient. Il y a des lignes où ça reste
plus longtemps, par exemple vers St-Lazare, c’est le train de banlieue. Tu as le métro, le RER et le train de banlieue. Et sur le train de banlieue ça reste un peu, surtout quand tu peins tout en haut, si bien qu’ils ne le voient pas et ils le laissent. Donc tu as des tags qui restent. Mais moi, j’ai calmé ma production de trains comme je te l’ai déjà dit. Lenie, tu as fait partie d’un crew de filles ? Lenie : Oui, c’était en 1995, MLP Mighty Ladies Possee. Nous étions cinq filles. Ensemble, on passait des nuits entières à arpenter les rues de Paris et à taguer toute la nuit. On passait inaperçues, la police ne faisait jamais attention à nous. Par contre à cette époque-là, à Paris, de 1995 jusqu’en 1998/1999, être une fille c’était très dur. J’ai eu pleins d’histoires, les mecs débarquaient en me mettant la pression et me disaient “Il faut que tu arrêtes”. “Les filles ça fait pas de graffiti, ça tague pas !”. C’était vraiment dur, des fois j’ai évité de grosses histoires où j’ai vraiment failli me faire tabasser. À Paris c’est vrai qu’on n’était pas beaucoup. Il y a eu deux, trois filles qui faisaient beaucoup de trains, mais des filles qui taguaient dans le métro, dans la rue, il y en avait peu. Les filles de mon crew au bout d’un an se sont volatilisées, je me suis alors retrouvée seule à continuer mon petit bout de chemin. Mes potes se battaient pour être avec moi, pour aller voler les bombes, pour aller faire des rails, parce qu’être avec une fille, c’est plus facile, plus discret. Kensa : Quand la police arrive et qu’elle voit un garçon avec une fille, ils les prennent pour un couple. Lenie : C’était difficile d’être une fille et en même temps plus facile pour moi de me faire connaître. C’est bizarre être une fille dans le graffiti, c’est se démarquer du reste sans le vouloir totalement. Ensuite je me suis fait prendre pas mal de fois par la police. Quelques petits procès et des choses comme ça, pas très graves, mais beaucoup d’amendes à payer. Après ça, je suis entrée dans la vie active et je me suis un petit peu calmée, il le fallait ! Toutes ces années ont été les meilleures de mon adolescence. Tu apprends beaucoup de choses sur toi-même, tu vois jusqu’où tu peux aller, de quoi tu es capable. Ça m’arrivait d’être seule dans des tunnels du métro parisien et de me faire de grosses frayeurs, j’adorais ça ! Kensa : Quand tu es une graffeuse, tu es très sollicitée. Parfois on t’emmerde et parfois il y a beau avoir quarante mecs, ils vont tous être sur toi, il y a certaines filles qui aiment ça, mais c’est pas mon délire. Lenie : Je ne voulais pas de ça, je faisais du graffiti et ce n’était pas pour me montrer. Je voulais juste faire connaître mon nom. Kensa : C’est vrai que parmi les filles dans le graffiti, j’ai eu un peu de mal à en trouver d’autres qui correspondent à cet état d’esprit. Quand j’ai commencé je ne voulais pas qu’on sache que j’étais une fille. Au début j’ai tagué Haryet après j’ai fait Kensa. Mais au début les gens ne savaient pas que ç’était un nom de fille et ça me faisait plaisir quand les gens disaient “oh non, je
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Lenie and Kensa at Rue St.-Denis.
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photographs from the private collection of Lenie and Kensa
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croyais que c’était un mec”. Lenie : Oui, ça fait plaisir. C’est comme ça, c’est naturel, on ne se force pas à faire du graffiti masculin, mais on ne veut pas absolument dire qu’on est des filles … je m’en fous. Kensa : Parce que la reconnaissance c’est pour ton travail et aussi ça te permets d’évaluer ton niveau, de savoir qui tu es, comment tu es située, parce qu’il y a beaucoup plus d’hommes dans le graffiti et tu ne peux pas te comparer qu’aux filles. Et je pense que Lenie était dans le même esprit que moi quand on s’est rencontrées. Où est-ce que vous vous êtes rencontrées ? Kensa : À Toulouse, en 2000. Vous étiez dans les mêmes crews ? Lenie : Juste un, DSK, c’est un crew de bons amis. Est-ce que vous avez déjà fait des personnages ? Kensa : Parfois je fais des plantes, des illustrations graphiques mais pas de personnages. Je voulais vraiment explorer le lettrage, c’est pour moi l’essence du graffitti. Lenie : Le figuratif, ce n’est pas trop mon délire. Tu vois un personnage et tu sais de quoi il s’agit. J’aime bien faire passer plusieurs messages et chacun voit ce qu’il veut voir. Comment est le réseau graffiti à Paris ? Lenie : Ca dépend. L’esprit de Paris, ce n’est pas le même qu’en province, et d’une ville à l’autre ce n’est pas pareil. Kensa : Je crois qu’il y a un esprit général graffiti. Mais dans le graffiti, il y a aussi beaucoup d’histoires bêtes, les gens veulent se taper pour des conneries, et ça c’est dommage. Lenie : Je ne peux pas te parler de la scène parisienne actuelle, je ne la connais pas bien. Cependant certains graffeurs assurent dans les tunnels du métro, leurs pièces sont belles. Kensa : Je pense que dans la scène parisienne, il y a une ancienne scène dont on parle avec beaucoup de oldschool et des personnes qui peignent depuis longtemps et qui faisaient pas mal de vandalisme. Mais il y a cinq ans, il y a eu une grosse vague d’arrestations, ils ont mis un grand coup de pied dans le graffiti, tous les crews étaient emmerdés. Je pense que ça a un peu calmé les vandales, même si certains ont continué. Après ça, il y a eu une nouvelle vague de jeunes qui ont récupéré les murs et se sont lâchés sur les métros, parce qu’eux n’avaient pas eu tous ces problèmes et l’ancienne génération, en se calmant, leur a laissé la place pour s’exprimer. Après dix ans de graff, est-ce que vous avez reçu le fame que vous attendiez ? Lenie : Pour ma part, ce que j’ai eu comme fame avant, ça me suffisait, c’était assez, c’était bien. La new school
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de maintenant ne me connaît pas, mais ce n’est pas grave, je ne suis plus dans cette optique. Le tag m’a vraiment fait connaître, le graff je ne sais pas si les gens ont aimé. Kensa : Peut-être que le fame c’est les trains qui m’ont fait reconnaître dans le milieu du graffiti et c’est comme une performance qui montre mes débuts. C’était de montrer aux mecs que j’étais capable de faire pareil qu’eux, même si je sais qu’on n‘a pas la même capacité physique, c’était mon truc. Maintenant j’ai plus une démarche artistique, obligée. Mais en tout cas, je ne veux pas imaginer ce que ma vie serait sans le graffiti, ce serait trop ennuyeux. Qu’est-ce que vous faites maintenant? Vous peignez des toiles ? Kensa : Un peu, ça demande de l’investissement, mais je commence et ce que j’aime c’est que c’est encore une autre surface. Ce qui est bien dans le graffiti, c’est que toi, tu fais ton sketch, ton dessin, et après tu le reportes où tu veux. Tu l’adaptes à la dimension que tu veux. Le mur et la toile, ce n’est pas la même approche. Ce que j’aime bien avec les toiles, c’est que ça dure longtemps et ce n’est pas éphémère comme le graffiti. Le graffiti, tu fais une pièce, tu es contente, tu fais une photo et c’est fini, mais c’est aussi le jeu. Ce qui est mortel avec le graffiti, c’est que sa dimension n’a de limites que la taille du mur sur lequel tu te poses. Qu’est-ce que vous pensez de la discussion sur l’art et le graffiti ? Lenie : C’est un peu compliqué, on a envie que le graffiti reste underground. Pour moi, la base c’est quand même le vandalisme, montrer aux gens ce qui se passe dans la rue. Au début, t’es une môme, tu kiffes le vandal. C’est toute ta vie, tu vas à l’école, tu penses graffiti, tu as des markers dans la poche. Le soir, tu sors avec tes potes, tu vas dans la rue, tu vas faire des trains, des voies ferrées, tu penses qu’à ça, graffiti, graffiti. T’as les mains et les vêtements toujours sales, c’est un esprit, une attitude, un feeling. Mais pour une fille de 30 ans, c’est bien d’évoluer. Il y a des gens qui ne sont pas d’accord, pour eux, le graffiti doit rester underground, mais chacun fait comme il veut. Moi, je discute avec des gens qui me disent, pourquoi tu fais des toiles, ce n’est pas du graffiti, et je dis non, pour moi, ça l’est. Ça vient profondément du monde du graffiti, après, de l’art ou pas, peu importe. Le truc, c’est de s’exprimer, de donner aux gens, de dire des choses. L’art c’est vaste. Kensa : Oui, c’est vrai que dans le graffiti, il n’y en a quand même pas beaucoup qui ont fait les Beaux Arts. Après c’est vrai que nous l’art, on ne connaît pas énormément. Lenie : Par contre à notre exposition à la station de Métro Louvre/Rivoli, beaucoup de gens étaient intéressés par nos peintures, mais ils ne veulent pas acheter tes toiles très chères, ils pensent qu’ils vont l’avoir pour quelques euros et qu’après on va pouvoir vivre avec ça.
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Le graffiti c’est un art de vivre, c’est une expérience de coeur, ça les gens ne le voient pas. Kensa : C’est que nous on ne s’y connait pas à fond en art, mais les gens de l’art ne s’y connaissent pas forcement en graffiti. Lenie : En même temps c’est difficile de mettre un prix correct parce que le graffiti, quand tu peins dans la rue, c’est accessible à tous et visible librement. Que pensez-vous de la relation entre le hip hop et le graffiti ? Kensa : J’ai une vision old school. Mais je sais que j’ai souvent eu des discussions avec des gens qui me disent que le graffiti est sorti du hip hop et qu’il a fait sa propre route. Et c’est vrai qu’il y a beaucoup de personnes qui sont dans le graffiti qui n’écoutent pas de hip hop, qui ne sont pas dans cet esprit-là. Mais moi, je pense quand même que c’est la base du hip hop, j’écoute du rap, je kiffe Nas, Slum Village, EPMD,Timbaland, Snoop, Mos Def pour ne citer qu’eux, et je kiffe la danse, le pop, lock, boogaloo, la newstyle et la hype. Bon, je ne suis pas fan de la scène de rap française qui pour moi à beaucoup perdu de son authenticité. Ça arrive aussi que le rap US me saoule. Le son est bon, mais franchement, leurs clips se ressemblent tous, des putains de diamants et des putains de culs qui s’agitent dans tous les sens, des meufs, des meufs et encore des meufs, putain, on dirait qu’ils ont rien à dire, pourquoi ils rappent s’ils n’ont rien à raconter ? Lenie : Ça prouve que le graffiti c’est ouvert, ce n’est pas seulement ceux qui écoutent du hip hop qui en font. C’est une ouverture d’esprit, quand même ça c’est positif. Kensa : Et puis surtout le hip hop, c’est quelque chose de très riche. Quand on voit toutes les créations chaque jour qui sont liées au hip hop même, qui concernent le deejaying, la danse, le rap. Pour moi, c’est un art qui reste innovant, parce qu’il a réussi à se mélanger avec d’autres musiques ou pour le graffiti, le graphisme, on se mélange avec les nouvelles technologies, ça bouge tout le temps. Pour beaucoup, c’est aussi le moyen d’occuper son temps en faisant autre chose que des conneries. Qu’est-ce que vous pensez des murs légaux comme celui du Palais de Tokyo ? Kensa : J’aime ça, je trouve ça bien. Les gens dans la rue, ils voient que des tags et throw-ups qui sont illégaux et ils ne voient pas les pièces en couleur. Quand tu es dans la rue, tu n’as pas le temps de faire un graff aussi travaillé que sur un terrain où la police t’attrape. Et ça, c’est une possibilité de montrer ses pièces à beaucoup de gens, mais aussi comment les graffeurs peignent, parce que les gens ne vont pas aller sur les terrains vagues pour voir des graffitis. Les gens, ils aiment bien, mais ils ne croient jamais que ce sont les mêmes qui font les pièces en couleur et les tags dans la rue.
En Allemagne on n’a pas des camions avec des graffitis dessus, comment vous faites ça? Kensa: Perso, on n’en fait pas beaucoup, mais les graffeurs en font sur les marchés. C’est arrivé il y a quelques années avec des gens comme Moze, RCF1, 3DT… Avant on y voyait surtout des tags. Quand les gens vendent des poissons, des légumes et des vêtements, ils arrivent sur la place avec leurs camions assez tôt à cinq heures du matin et les graffeurs arrivent en même temps et font leurs pièces. Parfois ils leur demandent l’accord, d’autres fois ils ne demandent pas, et parfois ils reçoivent une rémunération. C’est cool avec les camions parce qu’ils ne les nettoient pas, ils les laissent comme ça avec le graffiti dessus. C’est illégal ? Kensa : Ça dépend. C’est un peu la même que avec les volets roulants des magasins. À Clichy, il y en a beaucoup sur les devantures. Tu peux faire quelque chose de cool et personne ne dira rien, parfois il faut que tu demandes aux propriétaires et ils sont d’accords, parfois les gens te regardent comme si tu venais de dire que tu vas faire un casse dans leur magasin et te jettent. C’est un peu la même chose. Je trouve ça très beau, surtout quand on voit ta pièce sur un camion en train de rouler. Kensa : Oui, c’est comme si ton graff roulait pour se mettre dans des décors différents. Comment voyez-vous votre avenir ? Dans dix ans ? Kensa : Dans dix ans, avoir des bébés bien sûr, je veux beaucoup voyager. Sans graffiti ? Kensa : Avec, j’essaye de trouver un boulot qui me fasse voyager. Parce que ce n’est pas évident de vivre du graffiti. Et quand je voyage, j’essaye d’amener des sprays avec moi pour faire une pièce à l’étranger. Mais ce n’est pas facile tellement on te fait chier avec la sécurité dans les aéroports. Et toi, Lenie, quels sont tes projets pour les dix prochaines années ? Lenie : Moi aussi, je veux beaucoup voyager. Je veux vivre à ma façon, ouvrir mon esprit sur des gens différents, peindre quand je veux et si on peut gagner de l’argent en même temps, pourquoi pas, bien sûr. ®
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Béa Anjuna TIKARET ÉTAIT LE PREMIER MAGASIN HIP HOP À PARIS, AU MÉTRO STALINGRAD ET C´ÉTAIT EN FACE DU TERRAIN GRAFF DE LA CHAPELLE. C´ÉTAIT LÀ OÙ LE HIP HOP A COMMENCÉ AU TOUT DÉBUT, QUAND NTM DANSAIT. LE GROUPE NTM À CETTE ÉPOQUE, ILS NE CHANTAIENT PAS, ILS FAISAIENT DU BREAK ET TAGAIENT. 30
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Back in the days ...
J’ai rencontré Béa Anjuna, spontanément, après que Keira m’ai invité à la voir un samedi après midi. J’avais entendu pas mal de choses sur Béa, la seule orfèvre du hip hop en Europe, qui crée des bijoux uniques, des bagues, etc. en forme de graffiti. Bien qu’elle avait beaucoup de travail, nous avons parlé une bonne demi-heure dans son petit atelier chaud, au sous-sol de son magasin, 37 rue Faidherbe dans le 11ème arrondissement. Comment es-tu tombée amoureuse du hip hop ? Quand j’avais quinze ans, j’écoutais de la funk et du reggae et après le ragga est venu en France dans les années 1986/87. Le hip hop est venu en France après, donc j’ai écouté ça avec mes amis à l’adolescence. J’ai aimé cette musique tout de suite. Je viens de la banlieue parisienne et comme en banlieue on écoutait beaucoup de funk et de reggae, il y a black musique et la soul et donc forcément encore le hip hop. On écoutait des cassettes, on faisait tourner les cassettes et on s’échangait les mixtapes. Quand est-ce que tu as commencé avec les bijoux ? Les bijoux, comme ça de hip hop en 1996. Et l’atelier tu l’as... Depuis 4 ans. Avant je travaillais chez moi, l’atelier était dans ma chambre. Ça a commencé il y a dix ans avec le magasin Tikaret qui n’existe plus. Tikaret était le premier magasin hip hop à Paris, au métro Stalingrad et c’était en face du terrain graff de la Chapelle. C’était là où le hip hop a commencé au tout début, quand NTM dansait.
I met Béa Anjuna, very spontaniously, after Keira had invited me to visit her together on a saturday afternoon. I had heard a lot of Béa, Europe’s only hiphop goldsmith, creating custom designed, graffiti style, jewelry for your unique rings, nameplates, earrings and belt buckles. Although she had a lot of work to do, we could talk about half an hour in her very hot and small atelier, which is in the basement of her shop in 37, rue de Faidherbe in the 11th arrondissement of Paris. How you fell in love with hiphop? When I was fifteen, I listened to funk and reggae, and after that, ragga came to France in the years 1986/87. Later, hiphop came to France, so I listened to that with my friends as a teenager. I immediately loved this music. I come from the suburbs of Paris, and there you heard a lot of funk and reggae, black music, soul and, consequently, hiphop. We listened to tapes, they went around, and we exchanged mixtapes. When did you start with the jewellery? This kind of jewellery, hiphop style, in 1996. And the studio you have... Since four years. Before I worked at home, the studio was in my room. This has started ten years ago with the Tikaret shop that doesn’t exist anymore. Tikaret was the first hiphop shop in Paris, at the Stalingrad metro station in front of the graff area of La Chapelle. It was there where hiphop startet right at the beginning, when NTM
TIKARET WAS THE FIRST HIPHOP SHOP IN PARIS AT THE STALINGRAD METRO STATION IN FRONT OF THE GRAFF AREA OF LA CHAPELLE. IT WAS THERE WHERE HIPHOP STARTED RIGHT AT THE BEGINNING, WHEN NTM WERE DANCING. THE GROUP NTM AT THE TIME DIDN´T RAP, THEY WERE BREAKING AND TAGGING.
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Béa in her studio, rue Faidherbe.
NOW GRAFFITI IS COMMON, HIPHOP IS FOR EVERYBODY.
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Le groupe NTM à cette époque, ils ne chantaient pas, ils faisaient du break et tagaient. J’ai rencontré ces personnes-là. Le magasin Tikaret, en 1996 m’a fait travailler avec eux. Et mes amis, ils allaient à New York, se faisaient faire les bagues là-bas. Mais comme c’était de la mauvaise qualité, moi ici, je les ai réparées. Finalement j’en avais marre, donc j’ai décidé de les fabriquer.
were dancing. The group NTM at the time didn’t rap. They were breaking and tagging. I met those people from the Tikaret shop, ten years ago in 1996, and they made me work with them. My friends went to New York to get rings over there, but since they had bad quality I repaired them here. But then I was fed up with that and so I decided to make them myself.
Es-tu la seule personne à faire ça ? Oui, en France.
Are you the only person who does this? In France, yes.
Et en Europe ? Peut-être en Europe, je pense.
And in Europe? Maybe, I think so.
Les gens d’Europe, ils viennent tous chez toi pour les bijoux ? Moi, j’ai fait la publicité avec Internet et dans des magazines spécialisés comme Radikal. J’ai des commandes, qui viennent de Suisse, d’Allemagne, du Luxembourg, d’Espagne.
People from all over Europe come to you for the jewellery? I advertise in the internet and in specialised magazines like Radikal. I receive orders from Switzerland, Germany, Luxembourg, Spain.
Et qui fait le design ? Tous les deux, le client vient avec son propre dessin, s’il dessine, s’il fait des graffs ou des tags, ils peuvent venir avec leurs dessins ou nous les envoyer par Internet en premier lieu. Deuxième cas, s’il ne dessine pas, c’est moi qui lui fais les dessins. Je lui propose une dizaine de dessins différents, je lui envoie par Internet et il choisit. Alors, tu connais toute la scène hip hop, tous les gens qui font du graffiti ? Oui, je connais pas mal de monde maintenant. Au bout de dix ans, tu revois les mêmes personnes.
And who makes the design? Both. The client comes with his own design, if he draws, if he makes graffs or if he’s tagging, they can come with their design or send it over the internet in the first case. In the second case, if he doesn’t draw, it’s me who does the design. I propose a dozen of different designs, I send it over the internet and he chooses. So you know the entire hiphop scene, all the people who make graffiti. Yes, I know quite a few people now. After ten years you meet the same persons over again.
The two boy rap crew NTM or Suprême NTM (“Nique Ta Mère”, [‘motherfucker’]), from the north of Paris, the banlieue Saint-Denis, are famous for their hostility against the police, their violent lyrics and litigations with the French state. They released their first album 1990: Le Monde de demain.
AUJOURD´HUI LE GRAFFITI EST ORDINAIRE, LE HIP HOP EST POUR TOUT LE MONDE. ÉDITION PARISIENNE
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J’ai lu que Madonna et d’autres stars sont venues ici. Oui, c’était la production EMI qui m’a commandée pour la promotion de l’album de Madonna. Je travaille aussi pour des clips-vidéo, des photos, la télé ou le cinéma. J’ai fait aussi des accessoires pour les couturiers, pour la haute couture, comme Lagerfeld. Est-ce qu’il y a d’autres gens qui ne sont pas hip hop qui viennent ici ? Oui, il y en a beaucoup. Les pièces, ici, sont par exemple pour une alliance. Des gens ordinaires viennent parce qu’ils aiment le graffiti, le style et le design des graffiti et des tags, mais ils ne sont pas hip hop. Aujourd’hui le graffiti est ordinaire, le hip hop est pour tout le monde. Tu travailles avec des assistants ? Non, je fais tout toute seule, le dessin, la vente commerciale, le téléphone et tout ça. Tu travailles combien d’heures par jour ? Minimum huit heures, maximum quinze heures et des fois plus. Pendant les collections, la collection haute couture c’est du quinze heures par jour, tous les jours. Il te faut combien de temps pour une pièce ? Il faut compter sept heures, entre le dessin et la finition. Il y a le dessin et ensuite la fabrication en wax et après je fais une sculpture, un prototype. Je donne ça à la fonderie et la fonderie moule la pièce en métal, en argent ou en or. Après je l’astique avec une lime et enfin c’est un bling-bling. Quels sont tes plans pour le futur ? Je voudrais travailler mes propres pièces parce que celles que je fais sont toujours pour d’autres gens. C’est justement pour faire tourner la boîte. Mais je n’ai pas assez de temps pour mon propre travail. Et j’aimerais bien continuer à peindre sur toile et faire des grandes sculptures, pas uniquement les petits bijoux. ®
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I read that Madonna and other stars came here. Yes, that was EMI who recomended me for the promotion of the album. I work as well for video clips, photographers, tv or movies. I even made accessories for fashion designers, for the Haute Couture, like Lagerfeld. Are there other people who are not hiphop who come here? Yes, a lot. These are wedding rings for example. Normal people come because they love graffiti, the style and the design of graffiti and tag, but they’re not hiphop. Now graffiti is common, hiphop is for everybody. Do you work with assistants? No, I make everything myself, the design, the sale, the phone and all this. How many hours do you work per day? Minimum eight hours, maximum fifteen but sometimes even more. During the shows of the Haute Couture, its fifteen hours per day, every day. How much time do you need for a piece? You have to count seven hours, between the design and the finish. First there is the design, and after the fabrication in wax and after I make a prototype. I give this to the foundry and the foundry casts the piece in metal, silver or gold. And after I polish it with a file, and then its a bling-bling. What are your plans for the future? I would like to work on my own pieces, because these ones are always for other people. This is just for eating, to keep things going. But I don’t have enough time to do my own work. And I would like to continue to paint canvas and sculpting the big pieces, not only the little jewels.
///////// ccc OM` ST`YMSMfUZQ O[Y //////// ///////// Catfight #6 is available in shops around Europe soon! /////////
:Qd` U__aQ& Expo: Swoon & Koralie, Fashion: Most Official Bitches Interview: Fefe Talavera & Jee-Nice from Anattitude.net
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The princess of French rap
Grâce à Keira, j’ai pu faire la connaissance de Princess Aniès. Aniès est une rappeuse très engagée et old school qui rappe depuis plus de 10 ans. Elle est très connue en France et à l’étranger et nous avons fait une interview par e-mail juste avant le bouclage du mag. Quelques jours après je lui ai rendu visite avec Aalek dans son studio d’enregistrement près de St-Denis et on a fait des photos au crépuscule. Voilà, je vous présente la princesse du rap français ! Aniès, un court autoportrait ? Qui est la Princess ? Je suis une femme, une rappeuse, une rêveuse, une passionnée, une amoureuse de la musique, une militante. Aniès, ça veut dire quoi ? Aniès, c’est mon prénom. Normalement cela s’ecrit Agnès mais je l’ai stylisé ! Voilà tout simplement. J’ai préféré avoir mon prénom dans mon nom d’artiste, car Agnès c’est Aniès, c’est la même, dans la vie et dans les textes ! Dans ton logo, on voit la princess avec... ? Avec une canne ! C’est parce que je me suis donnée le titre de Princess !
Thanks to Keira I could meet Princes Aniès. Aniès is really a very comitted oldschool rapper and in the game since over ten years. She is pretty well known in France and beyond, and we had this email inverview right before the mags deadline. Some days after I visited her together with Aalek in her studio near St-Denis and we took photos in the evening light. So here comes the princess of French rap! Aniès, a short auto-potrait? Who is the princess? I am a women, a rapper, a dreamer, a passionate, a music lover, a militant activist. Aniès, what does that mean? Aniès is my first name. Originally it’s Agnès, but I’ve styled it! So that’s it. I prefer my first name being part of my artists name because Agnès and Aniès, that is the same person, in real live and in the lyrics. In your logo we see the princess with...? With a cane! That’s because I’ve given myself the title of a princess! What do your raps talk about? In my raps I talk about a lot of things, that varies depending on my mood, but it is true that my texts are
De quoi parlent tes raps ? Dans mes raps, je parle de pleins de choses, ça varie vraiment selon mes humeurs, mais c’est vrai que mes
IL EST VRAI QUE JE SUIS ASSEZ ENGAGÉE DANS MES RAPS, ET QUE MA PRIO-
RITÉ, C´EST DE FAIRE PASSER DES MESSAGES.
WELL IT´S TRUE THAT I GET VERY INVOLVED IN MY RAPS, AND MY PRIORITY IS TO PASS ALONG A MESSAGE.
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Aniès outside her studio near St. Denis 2007
PRINCESS ANIÈS
textes sont imprégnés de ce que je vis, de ce qui m’entoure. Je peux te parler par exemple d’homophobie, de la condition de la femme, de la politique etc... comme de choses plus légères, même si j’ai plus de mal à les faire. Mais il est vrai que je suis assez engagée dans mes raps et que ma priorité, c’est de faire passer des messages. Quelles sont tes influences ? As-tu été influencée par le rap américain ? Oui, ici, on kiffe tous le rap américain ! Mon frère m’avait amené un maxi de Public Enemy, et je suis tombée amoureuse de cette musique ! Y’a tellement de MCs aux States qui déchirent et qui m’ont influencée. A l’époque j’écoutais Black Sheep, KRS-One comme j’ai pu écouter Mobb Deep. Les rappeurs français, c’était NTM ici ! Y’avait aussi IAM. Tu te souviens de ton premier disque ? Mon 1er disque, ça devait être un truc tout pourri de chanson française ! Je ne m’en souviens pas vraiment car j’étais trop jeune, et j’écoutais les hits qui passaient à la radio. Mais ceci dit, je kiffais Bob Marley comme une malade. On dit que le rap français est très politisé ? Est-ce vrai ? Et pourquoi le rap français est plus politisé que n’importe quel autre rap ? Je ne sais pas si c’est le rap français qui est le plus politisé, car je pense que certains pays doivent l’être encore plus que le notre, comme les pays d’Amerique du Sud par exemple, ou encore l’Afrique. J’ai pas mal fait de concerts en Afrique, Gabon, Mali, Cameroun, Algérie..., et franchement leurs textes sont beaucoup plus engagés que les nôtres car leur réalité est différente de la nôtre. Ils ont de vrais problèmes quotidiens liés directement à la politique de leur pays qui parfois sont encore à l’état dictatorial. Pas de réel liberté d’expression, de la corruption, des peines de mort... Donc je ne pense pas que la France soit plus politisée dans le rap que d’autres pays. Ceci dit, comparé aux américains, c’est vrai que nous avons une culture littéraire qui est différente de la leur. Nous sommes plus dans les raps à textes qu’eux. C’est vrai que tu t’es engagée pour l’organisation Ni Putes, Ni Soumises ? Comment tu vois l’image des banlieusardes ? Oui, je me suis engagée auprès de NPNS car il y a de réels problèmes dans les banlieues en France. Que ce soit envers les femmes ou même les hommes. On ne les considère pas. La société met en marge toute une partie de sa population, la parque dans des tours, et ensuite ne s’en occupe plus. Les conditions de vie sont déplorables, et le problème des jeunes, c’est qu’ils ressentent que “leur pays” ne les aime pas. Il faut que les Français comprennent que les banlieusards sont des Français également, comme eux.
soaked with my live, with what sourounds me. I talk about homophobia, the condition of women, politics... but easier topics as well, even though that’s more difficult for me. Well, it’s true that I get very involved in my raps, and my priority is to pass along a message. Who influenced you? Did American rap have an influence on you? Yes, we enjoy all the American rap here. My brother once brought a Maxi of Public Enemy for me, and I fell in love with that music. There are so many MCs in the States who make it and who influenced me. For some time I listened to Black Sheep, KRS-One but as well to Mobb Deep. The French rappers, that was NTM here! There was as well IAM. Do you remember your first record? What was it? My first record, that must have been some rotten French chanson! I don’t remember really because I was too young and I listened to the hits on the radio. On the other hand: I devoured Bob Marley like a maniac. French rap is known to be very political. Is that true? And why is French rap more politically aware than other rap? I don’t know if French rap is the rap the most politically aware of all, because I think that in some countries it should be even stronger than in ours. Like the South American countries for instance, or Africa. I did quite a couple of concerts in Africa, Gabon, Mali, Cameroon, Algeria, and honestly, their texts are a lot more committed than ours because their reality is different than ours. They have real problems in every day life that are directly related to the politics in their country, which sometimes is still on a totalitarian level. No real liberty of expression, corruption, death penalty... So I don’t think that French rap is more politically aware than in other countries. On the other hand: compared to America it is true that we have a literary culture that is a lot different than theirs. Our rap lives more from its lyrics than theirs. Is it true that you are involved with the organisation Ni Putes, Ni Soumises? How do you view the image of the suburb girls [les banlieusardes]? Yes I got involved with NPNS because there are real problems in the suburbs in France. Be it with respect to women or with respect to men. The society casts aside an entire part of its population, they are parked in apartment towers and then forgotten. The conditions of life are deplorable and the problem of the youth is that they feel that “their country” doesn’t like them. It is essential that the French understand that the people from the suburbs are French too, just like themselves.
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DONC, JE NE PENSE PAS QUE LA FRANCE SOIT PLUS POLITISÉE DANS LE RAP QUE D´AUTRES PAYS. CECI DIT, COMPARÉ AUX AMÉRICAINS, C´EST VRAI QUE NOUS AVONS UNE CULTURE LITTÉRAIRE QUI EST DIFFÉRENTE DE LA LEUR. SO I DON´T THINK THAT FRENCH RAP IS MORE POLITICALLY AWARE THAN IN OTHER COUNTRIES. ON THE OTHER HAND: COMPARED TO AMERICA IT IS TRUE THAT WE HAVE A LITERARY CULTURE THAT IS A LOT DIFFERENT THAN THEIRS. OUR RAP LIVES MORE FROM ITS LYRICS THAN THEIRS.
... IL Y A DE RÉELS PROBLÈMES DANS LES BANLIEUES EN FRANCE. QUE CE SOIT ENVERS LES FEMMES OU MÊME LES HOMMES. ... LA SOCIÉTÉ MET EN MARGE TOUTE UNE PARTIE DE SA POPULATION, LA PARQUE DANS DES TOURS, ET ENSUITE NE S´EN OCCUPE PLUS. LES CONDITIONS DE VIE SONT DÉPLORABLES, ET LE PROBLÈME DES JEUNES C´EST QU´ILS RESSENTENT QUE “LEUR PAYS” NE LES AIME PAS. IL FAUT QUE LES FRANÇAIS COMPRENNENT QUE LES BANLIEUSARDS SONT DES FRANÇAIS ÉGALEMENT, COMME EUX.
... THERE ARE REAL PROBLEMS IN THE SUBURBS IN FRANCE. BE IT WITH RESPECT TO WOMEN OR WITH RESPECT TO MEN. THE SOCIETY CASTS ASIDE AN ENTIRE PART OF ITS POPULATION, THEY ARE PARKED IN APARTMENT TOWERS AND THEN FORGOTTEN. THE CONDITIONS OF LIFE ARE DEPLORABLE AND THE PROBLEM OF THE YOUTH IS THAT THEY FEEL THAT “THEIR COUNTRY” DOESN´T LIKE THEM. IT IS ESSENTIAL THAT THE FRENCH UNDERSTAND THAT THE PEOPLE FROM THE SUBURBS ARE FRENCH TOO, JUST LIKE THEMSELVES.
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Tu es une vraie rappeuse old school, tu rappes depuis plus de 10 ans, qu’est-ce qui a changé dans le rap depuis tes débuts ? Ça fait bien longtemps que je rappe même si je suis encore jeune ! J’ai commencé vraiment petite dans le rap ! Beaucoup de choses ont changé. Quand j’ai commencé, il y avait pas beaucoup de rap, ni de rappeurs. Dès que le rap a été exposé, tout le monde a commencé le rap, des magazines se sont montés, les radios en ont passé, etc. Ça a du bon comme du mauvais. Le bon, c’est que notre musique est reconnue par le plus grand nombre. Le mauvais, c’est que tout le côté commercial a pris le dessus sur l’art. Les gens font de l’argent autour d’un art. Donc il y a forcément plus d’opportunistes et moins de passionnés. Sarkozy, le nouveau président, qu’est-ce que tu en penses ? Comment le rap français va y réagir ? Ben, personnellement, je trouve que Sarko est un Bush junior. Il est radical et très capitaliste. Le coté social va moins se faire ressentir. Il mène une politique de répression et il divise la France en deux pour mieux régner. Quant au rap, je ne pense pas que les choses vont changer, car beaucoup de rappeurs s’en foutent totalement. Le rap bling-bling a pris le dessus sur le rap à texte. Peut-être que le rap engagé va revenir sur le front ? Tu as sorti ton Mix-CD Ma P’tite Histoire l’an dernier, quand est-ce qu’il y aura un nouvel album de la Princess ? Oui, un nouvel album est en préparation ! En attendant, il y a des titres, des photos, des clips et des vidéos sur www.myspace.com/princessanies. Quels sont tes projets ? Un album, une société d’édition, des concerts, une famille à fonder, un appart à acheter ! Dans le speed comme d’hab quoi ! ®
You are a true old school rapper, you rap since over 10 years. What has changed in rap since you began? That’s pretty long time that I rap, even though I am still young! I started rapping really early. Many things have changed. When I began, there wasn’t much rap nor many rappers. Since the rap has been exposed, everyone has started, magazines have been created, the radios play it and so on. That has good sides and bad ones. The good side is that more people recognise our music. The bad one is that the commercial aspect prevails over the art. People make money from art. Consequently there are more opportunists and fewer passionate fellows. How do you see the fact that Sarkozy is the new French president? How will the French rap react on this? Well, personally I think that Sarkozy is a Bush junior. He is radical and very capitalist. The social aspects will be less tangible. He pursues a politic of repression and divides France in two to rule easier. What concerns the rap, I don’t think that things will change because many rappers are totally indifferent anyway. The bling-bling rap has taken the upper hand over the rap of lyrics. Maybe the concerned rap will return? You released your Mix-CD Ma P’tite Histoire the last year, when will there be a new album of the princess? Yeah, a new album is currently prepared! In the meantime there are tracks, photographies and clips on www. myspace.com/princessanies. Your future projects? An album, a label, concerts, founding a family, buying an apartment! All at once of course!
Princess Aniès outside her studio, near St-Denis
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A HA VE
A U T I D T T AN
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Go to anattitude.net & get one!
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Jeskilz
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Make a break, make a move ...
Jeskilz from world-famous N.Y.´s Rocksteady Crew at the “Paris Hip-Hop” Blockparty ÉDITION PARISIENNE
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Translation by Keira Maameri
LE DOCUMENTAIRE ... C´EST LÀ OÙ JE TROUVE LE PLUS DE VÉRITÉ, LE PLUS DE RÉALITÉ,... Grâce à Aalek j’ai eu la possibilité de rencontrer Keira à la Cité Universitaire de Paris. C’est une spécialiste du film documentaire. Elle a fait deux documentaires sur le hip hop, et pas uniquement sur le hip hop féminin. C’est une jeune femme engagée sur la question du hip hop avec un esprit très théorique.
Thanks to Aalek I had the opportunity to meet Keira at the University of Paris. She is spezialized in documentary film. She made two documentaries on hiphop, and not only about female hiphop. It’s a young women, actively commited for the question of hiphop and a pretty witty theoretical mind on top.
Tu as fait plusieurs documentaires, le dernier est sur les femmes dans le milieu du hip hop. J’ai fait deux documentaires, et là je suis en train de faire le troisième. Le deuxième On S’Accroche À Nos Rêves, c’est le portrait de quatre filles qui racontent leurs histoires, leurs parcours dans le hip hop français. Et le troisième, celui que je suis en train de faire maintenant, c’est le portrait de la breakeuse Anne Nguyen. D’ailleurs on a commencé par le trailer Anne N, qui tourne pas mal sur le net. Je n’ai pas décidé de ne faire que des films sur des filles, mais je trouve qu’il est important que quelqu’un fasse des choses sur elles. Je trouve que pas grand monde s’en occupe, donc moi je veux bien le faire. Ce n’est pas par conviction, par militantisme ou féminisme, c’est juste parce que je trouve que ça mérite d’être fait. Cela dit mon prochain projet traitera du racisme en France et cela n’a plus rien à voir ni avec le hip hop ni avec les femmes, ce sera un autre regard sur la société française actuelle.
You made many documentary films, the last one is about women in hiphop. I made two documentaries and I am busy making the third one. The second, On S’Accroche À Nos Rêves [Keep hanging on to your dreams], is the portrait of four girls, telling their personal stories as women but especially their stories as hiphop performers in France. And the third, on which I am currently working on, is focused on the portrait of b-girl Anne Nguyen. We started with the trailer of Anne N, which you can find on the web. I did not decide to make only films about girls, but I think it is important that someone shows his/her concern about girls. I noticed that very few people care, so I thought I was going to do so. It’s not so much out of conviction, radicalism or feminism, it is just because I think it is worth being done. My next project will treat racism in France, and this has nothing to do with hiphop nor with women, that will be a different view on the current French society.
Dans ton documentaire On S’Accroche À Nos Rêves, n’y a-t-il que des artistes de Paris ? C’est vrai que la rappeuse Princess Aniès vient de Paris 19ème et DJ Pom est du 18ème arrondissement mais la danseuse Magali est de la banlieue Est parisienne, de Vincennes et la graffeuse Lady Alézia est de Lille, dans le nord de la France.
In your documentary On S’Accroche À Nos Rêves, are there only artists from downtown Paris? It is true that MC Aniès comes from Paris 19ème arrondissement and DJ Pom is from Paris 18ème, but the dancer Magali is from Montreuil [Parisian suburb] and the graffiti artist is from Lille [3 hours north of Paris].
Quand l’as-tu réalisé ? L’idée du documentaire date de 2003, le tournage s’est fait en 2004 et je l’ai terminé en 2005, car c’est le temps qu’il nous a fallu pour le mixage et l’étalonnage.
When did you make it? The idea of this documentary is dated 2003, the shooting was done in 2004 and I finished it in 2005, so it took all this time for editing and mixing. Where did you learn making documentaries?
Où as-tu appris le film documentaire ?
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Keep hanging on to your dreams
THE DOCUMENTARY ... ITS THERE WHERE I FIND THE MOST TRUTH, THE MOST REALITY, ...
Je n’ai pas appris le documentaire, mais j’ai plutôt appris le cinéma d’une manière générale à l’Université Paris 8, à la fac de Saint-Denis. J’y ai fait cinq ans, j’ai eu mon master en 2004. Il faut savoir que On S’Accroche À Nos Rêves était mon film de fin d’étude.
I did not study documentary specifically, but films in general at the university Paris 8, the faculty of Saint-Denis. I studied there for five years and I passed a master in 2004. You have to know that On S’Accroche À Nos Rêves is my final project.
Pourquoi as-tu choisi le film documentaire et pas la fiction ? Le documentaire est le genre où je me sens le mieux, et pour moi c’est là où je trouve le plus de vérité, le plus de réalité, en tout cas au jour d’aujourd’hui.
Why did you choose documentary and not fiction? The documentary is the genre I feel best with, and for me its there where I find the most truth, the most reality, at least for the moment.
Que penses-tu de la place des femmes dans le hip hop ? Si tu vois mon film tu sauras un peu ce que j’en pense. C’est juste qu’il n’est pas facile d’être une fille tout simplement, mais ce n’est pas plus difficile qu’ailleurs. Quand tu vois par exemple des filles qui ne travaillent qu’entre elles, comme des secrétaires qui sont toute la journée entre elles, il y a des histoires de temps en temps. La société fait qu’il y a toujours une compétition entre nous, à celle qui sera la plus rapide, la meilleure en ceci ou en cela, forcément ça peut créer une mauvaise ambiance entre elles. Ce n’est pas forcément facile d’entrer dans le hip hop pour une fille, d’autant plus qu’elles sont peu nombreuses. Donc inévitablement c’est un peu dur pour elles. C’est dans la danse debout que tu trouveras le plus de filles, moins dans le break, et si tu regardes chez les DJs, il n’y en a pas beaucoup et des graffeuses il y en a pas tant que ça. Cela dit le hip hop c’est un des rares milieux où, si tu réussis c’est parce que tu mérites ta réussite, en tout cas dans l’underground. Bien sûr on travaille beaucoup plus que d’autres, mais si tu es là, ce n’est pas par hasard. En Allemagne il n’y a pas par exemple une rappeuse comme Diam’s, il y a des rappeuses, mais elles n’ont pas la reconnaissance médiatique. En France il n’y a que Diam’s qui est médiatisée. Les autres comme Casey, Sté, Princess Aniès ou Keny Arkana ne le sont pas autant que Diam’s non plus. Je
What do you think about the role of women in hiphop? When you see my film, you will know a bit of what I think; that it’s just not easy to be a girl, but it is not more difficult than anywhere else. Even if you take girls that only work with girls, like secretaries who deal the entire day with one another, you’ve got trouble from time to time. The society makes sure that there is always a competition among us, about who is the fastest, the best in this or in that, inevitably this can create a bad atmosphere among them. It is not necessarily easy for a girl to get into hiphop, since there are not that many. So unavoidably it is a little harder for them. You will find a lot of girls as poppers or lockers, housers… but less b-girls, and if you look at the DJs, there aren’t many, if you look at the graffiti artists, there aren’t that much. At the same time hiphop is one of the rare environments where, if you are successful, it’s because you deserve your success, at least in the underground. Sure, girls work a lot more than others, but if you get there, it’s not by chance. In Germany there is no female rapper like Diam’s for instance. There are female rappers, but they are not recognized by the media. In France only Diam’s is in the media. The others like Casey, Sté, Princess Aniès or Keny Arkana are not in the media like Diam’s is. I think it’s more or less the same
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pense que c’est plus ou moins pareil que chez vous, même si vous n’avez pas l’équivalent de Diam’s.
here than in Germany. Except maybe for Diam’s, where you do not have your equivalent yet.
Pourquoi est-ce que Diam’s a réussi ? Parce qu’elle est forte tout bêtement. Diam’s elle rappe depuis qu’elle a quinze, seize ans et là aujourd’hui elle a vingt-sept ans. Moi je pense que ce qui fait que Diam’s a réussi, c’est qu’elle a un discours très engagé. Elle dénonce des choses, mais elle est quand même très joviale, très marrante, très énergique et très positive dans sa façon d’être. Je pense que ça, c’est plus vendeur que quelqu’un qui fait un rap plus hardcore. Le public l’a connue grâce à des trucs marrants, comme DJ et La Boulette. Et puis tu danses dessus, n’importe quelle boîte peut passer la musique de Diam’s, pas besoin d’une boîte hip hop, c’est dansant.
Why is Diam’s successful? Because she is strong, that’s it. Diam’s is rapping since she is fifteen, sixteen years old and today she is twenty seven. I think the reason why Diam’s is successful is that she gives all in her lyrics. She denounces some things, but she is still very jovial, very funny, very energetic and very positive in the way she is, and I think that sells better than someone who raps more hardcore like. The public has noticed her for funny things like DJ or La Boulette. And then, you can dance on it, no matter what club can play the music of Diam’s, it doesn’t have to be a hiphop club, it’s danceable.
Penses-tu qu’il y a un risque si les filles restent entre elles et les garçons entre eux dans le hip hop ? Je ne suis pas pour la séparation des sexes, je suis pour la mixité. Je trouve juste qu’on ne parle pas assez des filles qui évoluent dans ce milieu. Par contre si tu te ghettoïses, si tu restes dans un truc où il n’y a que des filles, tu te coupes de l’essence même du hip hop. Ce mouvement c’est quand même un truc ouvert à tous, aux noirs, aux blancs, aux asiatiques etc. C’est donc aussi ouvert aux filles et aux garçons. Je ne suis pas sûre que cela soit une bonne idée de faire un truc que pour les garçons et un truc que pour les filles. Je crois qu’on doit faire très attention à ça. En même temps c’est très ambigu, parce que certaines filles ont besoin d’évoluer entre elles, au moins pour démarrer, alors ça dépend des gens. Que l’on laisse chacun trouver midi à sa porte et tout ira bien ! Pourquoi semble-t-il que les garçons soient plus forts pour créer des réseaux dans le monde du hip hop par rapport aux filles ? Le problème des filles c’est qu’il n’y a pas de solidarité. Rarement tu verras des filles qui se soutiennent et qui s’encouragent les unes les autres. En fait, comme les filles ne sont pas très nombreuses, toutes ces compétitions peuvent engendrer un mauvais esprit. Un truc
Diam’s is one of the most successful rappers in France. Since 2003 she’s selling her records like no one else. 2006 she won the MTV award for the best French artist.
Do you think we separate the boys out when we do stuff that’s only about girls? I am not for sexual segregation, I am for mixing. I just think that there are not so much things about hiphop girls in the media. If you stay in your ghetto where you’ve got nothing but girls, you cut yourself from the very hiphop essence. This movement is really open for everyone, for Blacks, for Whites, for Asians and so on. So it is open as well for girls and boys. I’m not sure that it’s a good idea to do something only for girls and something only for boys. I think that you have to be very careful with that. At the same time this is pretty double-edged, because some girls need to evolve among girls, at least to get started, so this depends on the people. All we have to do is to let people find their own way and everything gonna be fine! Why does it seem that the boys build stronger social networks in the hiphop world compared to the girls? The problem of girls is that there is no solidarity. You rarely see girls that support and encourage each other. Actually, because there are few girls, these competitions can create a bad spirit. Something good would be to say
ET PUIS TU DANSES DESSUS, N´IMPORTE QUELLE BOÎTE PEUT PASSER LA MUSIQUE DE DIAM´S, PAS BESOIN D´UNE BOÎTE HIPHOP, C´EST DANSANT. AND THEN, YOU CAN DANCE ON IT, NO MATTER WHAT CLUB CAN PLAY THE MUSIC OF DIAM´S, IT DOESN´T HAVE TO BE A HIPHOP CLUB, IT´S DANCEABLE.
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qui serait bien, c’est que les filles se disent, “on est peu nombreuses, on lutte de la même façon, on devrait se soutenir entre nous”. Mais après ce qui est vrai pour le hip hop est vrai pour tout, c’est vrai pour n’importe quel milieu.
“we are not that much, we struggle the same way, and we should support each other”. I think it’s the fact that there aren’t many girls and that these competitions are somehow sick, a bit ill spirit. But what is true for hiphop is true for everything, that’s true for any environment.
Tu n’as pas d’attitude féministe dans ton travail ? Ah non, non. Je suis juste moi. Je dis ce qui a besoin d’être dit, mais je ne suis pas sûre que ce soit une lutte féministe, non je ne crois pas. Non parce que après tu rentres que là-dedans, tu discutes que là-dessus. C’est sûr qu’une fille doit travailler plus qu’un garçon pour réussir, mais c’est vrai dans d’autres domaines que ce soit le hip hop, le cinéma, ou n’importe où ailleurs. C’est une lutte de tous les instants, c’est tout le monde qui doit se positionner sur cette question, sans se prendre la tête pour autant, non plus.
You don’t have a feminist attitude in your work? Oh, really no. I’m just me. I say what needs to be said, but I’m not sure that this is a feminist struggle, no I don’t think so. No, because if you only get into this, you talk about nothing but this. It’s true that a girl has to work harder than a boy to have success, that’s true everywhere. Hiphop, cinema or no matter what domain. That’s a struggle at every moment, everyone must take a position with respect to that question, without getting lost about it either.
IN ANY CASE THE RAP DENOUNCES WHAT IS NOT GOING RIGHT. ... YOU THINK OF SOMETHING, YOU WRITE IT DOWN AND YOU SAY IT. AFTER ALL, SUBURB RAP THAT´S ONE MORE STEREOTYPE, AND A REALLY CHEAP ONE ... Qu’est-ce que tu penses de l’organisation Ni Putes, Ni Soumises ? J’ai vu sur internet que Princess Aniès a fait quelques raps pour elles. Moi, je ne suis pas trop d’accord avec ça. Je ne viens pas d’une cité avec son lot de problèmes. Peut-être que dans certaines cités il y a des problèmes entre filles et garçons, mais ça c’est vrai comme partout. En tout cas je ne suis pas sûre qu’il faille dire que toutes les filles de cité méritent d’être entendues, parce qu’elles viennent de cité… Il faut bien comprendre que toutes les filles de banlieue ne se voient pas comme des victimes. Désormais les gens ont souvent tendance à penser : “oh les pauvres, elles viennent d’une cité, c’était dur pour elles, les garçons sont méchants”, et ce n’est pas vrai partout et ce n’est pas vrai tout le temps. C’est sûr que dans ce genre d’endroits il y a d’autres codes… Je n’ai juste aucune envie d’être vue comme une petite fille qui n’a pas de chance, qu’il faut aider parce qu’elle vient de cité. Cela revient aussi à dire que les garçons des cités sont méchants et simplets pas plus… Si tu veux, j’ai l’impression que ça fait plaisir à tous ceux qui ont ces
What do you think about the organisation Ni Putes, Ni Soumises [Neither Bitch, Nor Submissive] I’ve seen on the internet that Princess Aniès made a couple of raps for them? Well, I do not really agree with them. I don’t come from a suburb with a lot of problems. Maybe in some suburbs there are problems between girls and boys, but that is true like everywhere. I am not sure that it’s necessary to say that all the girls from the suburbs deserve to be listened to because they come from a suburb. You have to understand that girls from the suburb do not see themselves as victims. From now on people usually think “oh poor little things, they come from a suburb, it was hard for them, boys are so mean”, and this is not true everywhere and it’s not true all the time. Sure, in that kind of places you’ve got other codes, that’s right… It is just that I don’t want to be seen as an unlucky girl, who must be helped because she comes from a suburb. This means also something else, that boys from suburbs are mean and dumb people and nothing else… If you like, I’ve the feeling that all the biased people appreciate
Ni Putes, Ni Soumises was founded by Fadela Amara and other women in 2003 to improve the situation of young women from suburban areas in France. The initial motivation for the foundation was an incident where the young girl Sohanne Benziane was burned alive by a young men in 2002 in Vitry-SurSeine, a suburb in the south of Paris. At the 8th of may 2003 they organised the “march of women” with 20.000 participants. Meanwhile Ni Putes, Ni Soumises are acting on an international scale.
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préjugés là, que le mec de cité est méchant et qu’il est d’autant plus méchant envers la fille. Ce sont encore d’autres généralités, d’autres clichés… Ces garçons là méritent mieux que ça… Et l’autre cliché, que la violence en banlieue et le rap sont symbiotiques ? Non, ce n’est pas vrai, les deux ne sont pas liés. De toute façon le rap c’est une dénonciation de ce qui ne va pas. Or beaucoup de rappeurs viennent de Paris, Marseille, Bordeaux, Toulouse, Rennes… et ils dénoncent les mêmes problèmes que les rappeurs de banlieues. Ces gens là disent juste qu’il y a un problème quelque part, ce n’est pas lié à la banlieue.
the idea that boys from the suburbs are dangerous and mean towards girls. These are generalisations, stereotypes… And those guys deserve better… And the other stereotype, that violence in the suburbs and rap are symbiotic? No, that’s not true, the both are not related. In any case the rap denounces what is not going right. Now many rappers are coming from downtown Paris, Marseille, Bordeaux, Toulouse, Rennes… and they denounce the same problems than the rappers from the suburbs. Those guys are just saying that there is a problem somewhere, it is not connected to the suburb.
DE TOUTE FAÇON LE RAP C´EST UNE DÉNONCIATION DE CE QUI NE VA PAS. ...TU PENSES UN TRUC, TU L´ÉCRIS ET TU LE DIS. APRÈS LE BANLIEUE RAP CE N´EST QU´UN CLICHÉ DE PLUS, C´EST UN CLICHÉ FACILE .... Je pense que c’est plus lié à la jeunesse. On ne nous laisse pas la chance de prouver ce que l’on sait faire. Les jeunes, c’est le seul moyen qu’ils ont pour dire qu’il y a un malaise quelque part et donc ils écrivent des textes de rap là-dessus. Ce que font les graffeurs, c’est la même chose. Il y a des artistes peintres qui ne sont pas graffeurs et ils dénoncent aussi des choses. Picasso n’était pas graffeur cela ne l’a pas empêché de faire Guernica, pour dénoncer l’horreur de la guerre. Il y a donc des artistes qui écrivent des livres, qui font des films… après c’est chacun selon le mode, le médium qu’il utilise, mais le but est le même, ils veulent dénoncer ou dire quelque chose. Si c’est du rap, ça sera du rap, mais je ne suis pas sûre que la violence en banlieue et le rap soient liés. Pourquoi faire du rap, peut-être parce que c’est le médium le moins cher. Tu penses un truc, tu l’écris et tu le dis. Après le banlieue rap ce n’est qu’un cliché de plus, c’est un cliché facile et quand tu réfléchis, les gens n’ont pas envie de se prendre la tête, ils vont au plus simple, et disent que rap et la violence en banlieue sont liés… Ce que je veux dire c’est que le rap est un art comme un autre ! Le hip hop qu’est-ce que ça signifie pour toi ? Pour moi c’est un état d’esprit positif. À la base, c’est juste un moyen pour extérioriser ce qui ne va pas. C’est
I think it is rather related to the youth. We don’t get the chance to prove what we are able to do. It is the only way that the youngsters have found to say that there is a discomfort somewhere, so they write lyrics about that. What graffiti artists do is the same thing. There are painters, who have nothing to do with graffiti and they denounce as well things. Picasso was not a graffiti artist, he painted Guernica to denounce the horrors of war. So there are artists who write books, who make films, everyone according to their media, but the aim is exactly the same. Any artist wants to denounce things or just say things. So if it is rap music, it will be rap, but I am not sure that the violence in the suburbs and rap music are linked. Why rapping? Probably because that’s still the cheapest media. You think of something, you write it down and you say it. After all, suburb rap that’s one more stereotype, and a really cheap one, and when you think about it, people in general don’t want to reflect, they go for the simple thing so they say that rap music and violence in suburbs go together… All I want to say is that rap is an art as any other. What does hiphop mean to you? For me that’s a positive state of mind. Basically that’s just a means to externalise what is going wrong. It’s as
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J´AVAIS 12 ANS QUAND J´AI ÉCOUTÉ UN TEXTE DE IAM. CÉTAIT LE RAP “LES TAM TAM DE L´AFRIQUE”... J´AI ÉCOUTÉ ET RÉÉCOUTÉ ET RÉÉCOUTÉ.. ...“LES TAM TAM DE L´AFRIQUE”...RACONTE L´ARRIVÉE DES BLANCS EN AFRIQUE NOIRE...
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aussi la rencontre avec plein de gens qui sont comme toi, qui te ressemblent. Oui, c’est une belle chose le hip hop. Ça a démarré dans un état d’urgence aux EtatsUnis et ce que j’aime là dedans c’est cette faculté à transformer le mal en bien et je pense qu’en France l’underground c’est encore comme ça, c’est positif.
well to meet many people who are like you, who are similar to you. Yes, hiphop is a nice thing. It has started in the States in a state of emergency, and what I like about it is its potential to turn the bad into something good, and I think the French underground is still like that, that’s positive.
Quand es-tu tombée amoureuse du hip hop ? J’avais douze ans quand j’ai écouté un texte de IAM. C’était le rap Les Tam Tam De L’Afrique. C’était la première fois que j’entendais du rap. C’est un copain de mon frère Hamid qui a ramené une cassette de Marseille où il passait ses vacances chez son cousin. Là on ne les connaissait pas encore à Paris. J’ai mis la cassette et j’ai entendu Les Tam Tam De L’Afrique et là je me suis assise et j’ai écouté et réécouté et réécouté et j’ai même écrit les paroles. Je me suis dit “c’est trop fort”. Les Tam Tam De L’Afrique, c’est sur l’album De La Planète Mars, leur premier album et ce rap raconte l’arrivée des Blancs en Afrique Noire, IAM narre l’esclavage. C’est à ce moment-là que j’ai découvert et aimé le hip hop. Cela a été mon point de départ et depuis ça n’a jamais cessé.
When did you fall in love with hiphop? I was twelve years old when I listened to a text of IAM. That was the rap Les Tam Tam De L’Afrique. It was the first time that I heard some rap. It was thanks to a friend of my brother Hamid who brought a tape from his holidays in Marseille at his cousin’s place. They were not yet known in Paris. I played the tape and listened to Les Tam Tam De L’Afrique, and I sat down and listened and listened again and again, and I even wrote down the lyrics. I said to myself “that’s really phenomenal”. Les Tam Tam De L’Afrique is on De La Planète Mars, their first album, and this rap tells about the arrival of Whites in Africa, IAM recount the story of slavery. It was there that I discovered and loved hiphop. That was my starting point and it never stopped since.
Est-ce que tu pratiques une autre discipline hip hop à part le film documentaire ? Non, moi j’ai choisi de faire des films. Au début quand j’étais à la fac de cinéma, je n’ai jamais pensé à faire un film sur le hip hop, je ne pensais pas qu’il y avait un besoin spécial. Quand j’ai commencé à faire mon premier film sur le hip hop, en 2000, je me suis dit “il n’y a personne qui parle bien du rap”. À la télévision tu voyais tout le monde dire “oui, ce sont des sauvages, ce sont des méchants, ils parlent mal, ils crachent par terre…”, et je me suis dit “ce n’est pas vrai ! Ceux qui sont dans le rap, ils disent des choses importantes et intelligentes”. Et je veux faire un truc pour que d’autres personnes les entendent vraiment et réalisent la même chose que moi. À partir de là il fallait que je trouve un sujet intéressant, et quel est le sujet le plus dur pour un rappeur, ou pour qui ce soit ? C’est parler de la mort. En France, en tout cas en Occident c’est mal de parler de la mort, c’est tabou. Les gens meurent mais on n’en parle pas. Je suis donc
Do you practice some other elements of hiphop, apart from the documentaries? No, I choose to make films. At the beginning, when I was at the faculty of cinema, I never thought of making a film on hiphop, I didn’t think there was a special interest in it. But when I began to make my first film on hiphop in 2000, I said to myself: “there is no one who talks good about rap”. On TV you see everyone saying “yes, those are savages, they are dangerous, they speak badly, and they have no manners...” And I said to myself: “thats not true! Those rappers pronounce important and intelligent things”. And I want to do something, so that other people really listen to them and realise the same thing as I do. Well then I needed a subject, and what is the most difficult subject for a rapper or for whomever? It’s talking about death. In France, in the western world, it’s hard to talk about death, it is taboo. People die, but you don’t talk about it. I went to see rappers who treat death
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KEIRA MAAMERI
I WAS 12 YEARS OLD WHEN I LISTENED TO A TEXT OF IAM. THAT WAS THE RAP “LES TAM TAM DE L´AFRIQUE”... I LISTENED AND LISTENED AGAIN AND AGAIN, .... “LES TAM TAM DE L´AFRIQUE” ... TELLS ABOUT THE ARRIVAL OF WHITES IN AFRICA... IAM, the crew from Marseille, were one of the first famous French rap crew. They originally started as a breakdance crew around 1984. After a tape from 1989, they released their first album De La Planète Mars in 1991 and sold it about 100.000 times. The track Les Tam Tam De L’Afrique was the first rap track in the French charts. Still in the biz, IAM just dropped their last album Saison 5 (2007).
allée voir des rappeurs qui traitaient de la mort dans leur rap. Tous les rappeurs racontaient la mort d’amis proches. Ce qui m’intéressait là dedans c’est qu’ils m’expliquent le processus d’écriture, d’enregistrement, puis de rapper ou pas le texte sur scène, l’importance de le faire ou de ne pas le faire sur scène…je leur avais demandé aussi l’histoire de la mort de leur pote. C’était très dur pour eux d’en parler, de dire pourquoi ils l’ont fait, à quel moment ils l’ont fait et ainsi de suite. À ce moment là je me suis dit, avec mon documentaire A Nos Absents “les gens vont bien voir qu’un rappeur a des sentiments, qu’il a de la peine, qu’il n’est pas bête et surtout que c’est un artiste à part entière”. A quels rappeurs t’es-tu adressée ? Saïan Supa Crew, K Special, EGO, et Dondibone. C’était un court métrage ? Non, un 45 minutes. Ton prochain projet, le film sur Anne, ça sera aussi un long métrage ? Oui, je pense, parce que ça sera un portrait sur elle. Où est-ce que tu trouves l’argent pour tes projets ? C’est de l’autofinancement. Je suis la camerawoman de Derniers de la Classe Productions. L’argent des commandes que l’on nous passe, ça peut être des clips, des trailers, des making of, des captations de spectacles… cet argent va dans la caisse de Derniers De La Classe Productions, et il sert aussi à produire les films que je fais pour moi. C’est un réinvestissement. Après ton documentaire sur B-girl Anne, qu’est-ce que tu vas faire ? Je veux faire quelque chose de totalement différent. Je pense que je vais revenir au hip hop de temps en temps. Là j’ai envie de dire autre chose, ma vie ce n’est pas que le hip hop. Par exemple en ce moment je suis en train d’écrire un documentaire sur le racisme en France. Ce sujet est assez compliqué, assez dur à entreprendre, je mettrai le temps qu’il faut mais j’y arriverai. ®
in their lyrics. They all talked about the death of close friends. What I was interested in, was to let them explain the process of writing, of recording, of rapping the text on stage, the urge to do it. I questioned as well about the story of the death of their mate, and it was very hard for them to talk about it, to say why they did it, at what moment. At that instant I said to myself with my documentary A Nos Absents [To Our Missings]. “Now people will see that a rapper has feelings, that he feels pain and sorrow, that he’s not stupid, and, most important, that it’s an artist on its own”. What rappers did you ask? Saïan Supa Crew, K Special, EGO, and Dondibone. That was a short film? No, 45 minutes. Your next project, the film about Anne, will it also be a long one? Yes I think so, because it will be a portrait of her. Where do you get the money for your projects from? It is auto financed. I am the camera woman of Derniers de la Classe Productions. The money we earn, either from a music video, a trailer, a making of... goes in the safe of Derniers de la Classe Productions and serves as well to produce the films I make. It is a reinvestment. After the documentary about Anne, what are you going to do? I want to do something completely different. I think I will come back to hiphop from time to time. Now I want and I need to say something else, my life is not only hiphop. For instance, at the moment I am writing a documentary on racism in France. That’s a pretty difficult subject, pretty hard to put on the rails, it will take time but I will make it.
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AM special guests: the ladies from overseas
I am observing KIN on the internet since quite a long time, because of their nice gender- and rapstyle. Just asked them if we could do an interview via email, they spontaniously said yes, and so we did. I proudly present the ladies from overseas - Mt. Vernon/New York.
only Nor and IQ belong to KIN. Noriq as a movement encompasses our label and our fans.
Please, present yourself! NOR: My name is Nor which means The Light in Arabic. IQ: ... and my name is IQ aka Smarter than You… self explanatory.
What are your raps about? Our music reflects our actual experience and lifestyle. We are struggling MCs on the come up so we can’t make a million songs about ice and rims. That’s not us. We have fun with our lyrics but they also come from an honest place. You can hear a plethora of topics from everyday observations... to relationships... to family issues... whatever the beat calls for.
KIN, the name of your crew, what does it stand for? KIN stands for the actual dictionary meaning of family. Nor and IQ are sisters. We grew up together in the same town went to the same elementary school and high school. Although we are not blood we feel our version of family is even stronger. One of our favorite quotes are: “he who understands you is greater kin to you than your own brother. For even your own kindred may neither understand you nor know your worth”. KIN is not the name of our crew, it’s the name of the group itself. So
What kind of hiphop has influenced you? What does hiphop mean to you? So many people have influenced us in different ways so its hard to pin point people individually. But we definitely have to respect all the females MCs that came before us because without them the struggle would be much more intense. To me hiphop is a lifestyle... its something you just breathe... live... and are. There are so many elements that make hiphop what it is and the music aspect of it is what the culture thrives on. Hiphop is responsible
WE HAVE BROUGHT HIPHOP BACK TO THE EARLY RUN DMC PERFORMANCES ... WE ROCK OUT! ÉDITION PARISIENNE
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All Photographs of KIN by Rowena Husbands
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for taking a lot of people off the street and putting food in hungry mouths, whether it be as artists or behind the scene. I saw the We Awful - video on the Internet and I was surprised. You played with a live band, and your raps were a bit punky. Did you ever play punk music? We have never played punk music but our live show is definitely a mix of rock and hiphop. We have brought hiphop back to the early RUN DMC performances. Its easy to get bored watching an MC grab his nuts and stand in one place all show. We rock out. You dropped two albums. Please present them shortly. Are they still available and where can we buy them? We have actually dropped several projects. Our first project was released back in 2001 and we have released mixtapes, EPs, and LPs in between. Kin4Life was the last album we dropped in 2003 which was one of best selling projects to date. Type Kin4life in any search engine and see what pops up. The Rock Star EP is our current project out and can be purchased through our online store at WWW.KIN4LIFE.COM or get your copy at a live show. Another KIN favorite is the Best of KIN Freestyles…if you don’t have this fan favorite you’re missing out. You can purchase all our work and goodies at www. kin4life.com. Now you’re working on your third album. What is it about and when will you drop it? The 3rd album is called Life of a Rock Star. Its shows the development and growth of KIN as individuals and as a group from the last LP. It takes you on journey through our personal experiences. We are Rock Stars, not because the chains that hang from our belt, or the skullls on our shirts, this is how we live our life... LIFE OF A ROCK STAR. You girls are so busy, you are writing your own lyrics, producing your own beats and you are doing your own label Noriq Records. It sounds like a big empire! So what’s Noriq exactly? Well Noriq (pronounced Nor-reek) comes from the combination of our names Nor and IQ. We basically are self sufficient when it comes to running our record label. We decided that we weren’t going to wait for someone to step in and help us because if we did we would still be on album number 1 trying to get a mix. No one ever really ever showed us how to run a record label. IQ has a music business degree from one of the top business schools in New York City. We have been doing this going on 9 years, we’ve made mistakes and we’ve had successes but in the end its ours. We do what we deem necessary and integral to our success. We study and understand each and every move that we make.
You signed three artists for Noriq Records. Who is it and for what artists are you looking for in the future? We have signed R&B artist Kacie. Right now she is still in development with several songs under her belt as well as live performances. With hit songs like Be With U and Last Night she will be a force to be reckoned with in the R&B arena. Kay Smith is our 18 year old female emcee. She is currently in her sophomore year in college so we are making sure she continues to work on her craft. She has several banger ready to hit the mixtape scene. The third artist we signed is actually a partnership with our engineer/drum and bass producer AnnecyOps. He is originally from Germany and we teamed up with him to bring KIN to the Drum and Bass World. Don’t worry we have some gems we are keeping under wraps until the right time. You will be seeing a lot from each of our artists in the near future. They are all featured on the Rock Star EP as hidden tracks. When you cop the CD don’t stop after number 4! Are you working as well in collaboration with other people? We have done collaborations in the past and are still open to them, so if your hot then holla at us... But you better come with your hottest 16 or you will be embarrassed. You were organizing the Control The Mic open mic sessions in New York... to push unsigned artists? Does it still exist? Control the Mic was a very successful showcase on the underground level where all types of unsigned and signed artists were welcome to come through and be exposed to large crowds. In NY a lot of these open mics and showcases make the artists pay large sums of money just to get on stage. We believed in keeping it straight for the love of music. In comparison to some people who would pay $ 200 to perform we charged $ 5. Control the Mic is something that will always be remembered by those involved but we might bring it out of retirement one day. Currently we want to focus on our exposure and not over extend ourselves. What about your clothing style? I love it a lot! What’s your favourite clothing item? Nor: I would have to say my sneakers... I love Retro Jordans and other weird sneakers that normally people wouldn’t pick... I match my whole outfit around whats on my feet... by the way we don’t have a stylist, just style. IQ: I am a die hard Adidas Superstar fan. I have over 30 pairs in different styles and colors. I like the Marc Ecko collection because of the quality of the way the clothes are made. All and all I’m simple, if the Superstars are right and the hoodie is hanging right its all in the swag!
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IF THE HOODIE IS HANGING RIGHT, ITS ALL IN THE SWAG! What do you think about these boring discussions about female MCs, bitch or butch? Is it still a theme for you in the USA? Until a group like us emerges on the scene I don’t think much will change. We have to go thru the whole bitch or butch thing all the time and quite frankly it’s redundant. Once people hear our music and see us perform live all of that goes out the window. People respect us because of our talent. It’s the media and record industry that doesn’t look for talent anymore. If they were paying attention they would notice that there are other types of female MCs and that there’s a demand for it. What about your contacts to Europe, do the Europeans know and love KIN? We have had a lotta feedback via the web from the overseas market and plan on coming out there this summer to do some shows and create a major buzz. European fans seem to be the market that is more loyal to an artist. Once they love they love you.
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What about KIN and Noriq Records in 10 years? In the next ten years KIN will still be making music and touring. Hopefully an inspiration to the next female that has the confidence and guts to break down doors and overcome all the obstacles this industry puts in place for women. We will also be relevant as one of the top production and songwriting team. Yep KIN writes those R&B hits you hear. Hopefully a Grammy is in our future but regardless we will continue to make good music and develop and release new talent. Noriq Records... We Here. ®
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Make History! French rap is unique. Since it’s very beginning its lyrics are more politically committed and more involved than in other western countries. American rap conditions can hardly be compared with the situation in France, neither with respect to glorification of violence nor in what concerns disrespect of women. But the French hiphop market is one of largest after the US. French rap comes, not to the smallest degree, from the mouth of the third generation of former immigrants, formally French citizens, but effectively discriminated in their own country. If this is one reason why French rap is special, the other is certainly the Chanson. Outstanding oral culture of the “Great Nation”, it provides a common point of reference for artists and fans, be it with affirmative or with critical attitude. French lyrics recall the history of French colonialism and its outcome and talk about the life in the suburbs. They may fight a right wing government or denounce police violence and the dysfunctions of the justice system. Rap reacts on political events and social nuisances. Rap claims the equal application of law, justice and respect. Rather in the tradition of committed Chansons, French rap calls to change things, not to give up but to get involved. How did it all begin? The first French rap lyrics ever on vinyl come from a women. Not from the hexagon but from overseas, from New York. On side B of Fab 5 Freddy’s famous old school classic Change the Beat (Celluloid) the New York based singer BEE-SIDE raps 1982 the version of the title song in French. Only some years later the hiphop wave arrives in France with breakdance and graffiti. Among the first successful French rappers are the famous crew IAM from Marseille and MC Solaar from Paris, though their first vinyls are released only at the end of the 80s. At that time, 1987, SALIHA, a young lady from the Paris suburb at Les Mureaux, drops the following statement at a battle in the well known Parisian Funk Disco Chez Roger: “When you are a girl on stage, people regard you with preconceptions and prejudice‚ ‘it’s just a girl‘. (…) As a female rapper you must not be afraid to give all.”(1) Pioneer Saliha breaks the ice for future generations with her two LPs Unique (1992) and Résolument Féminin (1994/Epic/Sony). She appears on the first and
most famous French rap compilation ever, Rapattitude I 1990, with Enfants Du Ghetto, where she talks about the bad conditions of life in the suburbs: “How can you accept that a kid / lives less decent than your dog / you’re soaked with indifference and you treat them good for nothing / all the young, yellow, black and white / united by welfare housings and an angry heart…”(2) B-LOVE, featured already on the first LP of IAM De La Planète Mars (1991), gives with Lucy on Rapattitude II 1992 a jazzy flowing lesson on the serious subject of white predominance in history. She encourages rapping in French language because it’s a “fabulous language” and works with this special French flow, not adapting too much to American influences, which was done at the early beginning, but dropped quickly.(3) Matthieu Kassovitzs classic but still actual film La Haine comes out three years later, 1995. It depicts the desolate life of three adolescents, Saïd, Hubert and Vince in a suburb of Paris, during 24 hours marked by rap flows and police harassment. The very young MC STÉ STRAUSZ, alias Stéphanie Quinol, part of the crew Mafia Underground from Vitry-SurSeine, in the south of Paris, drops C’est La Même Histoire on the soundtrack to La Haine. A year before she already released her first Mini-EP Sté Real (1994). After her first album Ma Génération (Delabel, 1998) she takes a baby break and starts with a “normal” job. But 7 years later, the now 29-year-old is back with Fidèle À Moi-Même (UD Music/XIII BIS Records, 2005). An album which is better than ever, with intelligent lyrics, danceable rhymes and beats that go straight to the legs. At the time of La Haine, 1995, MÉLAAZ from Villeneuve-Saint-Geoge, former chorus singer of MC Solaar, releases her first LP Mélaaz (BMG, 1995). You’ll find on this album a cover version of Dawn Penns Reggae classic No, No, No with striking kabyl accent. The first French all female MC compilation Lab’Elles (Barclay) is released 1996, featuring among others Princess Aniès and E-Komba. We shall hear more of Princess Aniès, who is still very young at the time. E-KOMBA from Paris, with persuading english flows, will move to New York some years later, where she produces a cosmetic line while still rapping. A release of her tracks has yet to come.
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In the year 99... 1999 is a great year for the “meufs” (women) of French rap. The very young MCs Diam’s, Lady Laistee, Bams and Princess Aniès will release their first albums. Aline Christophe from Sarcelles a.k.a. LADY LAISTEE, drops a hit with Black Mama and contracts with the big major Barclay. In the French verlan slang “Laistee” means “style” (reversing stylée). She dedicates her first album Black Mama (Barclay, 1999) to her brother Ruddy who is murdered in a mysterious incident. A year after her second successful album Hiphop Therapy (Barclay, 2002) the 31-year-old has to face another shock: a brain vascular disease makes here loose her memory and the ability to speak. After a hard struggle for life and regaining speech, she comes back two years later with her third album Second Souffle (Barclay, 2005). The Lady who is taken by some for the French Lil’Kim or Foxy Brown, never tires to claim women rights: “… I feel strong as a women / I fight like a man / for my rights as a women…“(4) or in For the Ladies: “… claim respect for a female MC / as committed on the MIC as you…”(5). Vivre Ou Mourir (Trena, 1999), the first album of BAMS is all worth to be listened to alike. Bams who derived her name from an ethnic group in Cameroon, is as well a triple jump athlete and holds a master in mathematics. She grew up in the Paris suburb La Celle-Saint-Cloud. She decided to make rap “...because it is more suitable for denouncing and demanding than any other form of music. That is a state of mind wherein I can recognize myself. The values of determination, generosity, respect and freestyle are mine.”(6) Having worked with RZA from the American Wu-Tang Clan, Bams adds a fresh breeze of Jazz, Spoken Words and Flamenco to the traditional rap on her second album De Ce Monde (Junkadelic Zikmu, 2005). PRINCESS ANIÈS from Pontoise in the north west of Paris, releases her first LP in 1999 together with Tepa under the name Les Spécialistes. Her first solo album Conte de Faits (Musicast) follows 2002. The princess actively supports the struggle for women rights and got involved with the organisation Ni Putes, Ni Soumises, which is fighting for the rights of women from the suburbs. In 2006 she releases her mix-CD Ma P’Tite Histoire (Tilt). DIAM’S, the forth from the year of 1999, started a unique career, unparalleled so far. Born 1980 in Cyprus as Mélanie Georgiades, she grows up in L’Essone (Orsay), a suburb in the south of Paris. After a couple of tracks with the crew Mafia Trece she releases her first solo LP Premier Mandat in 1999 at the indie label Reel Up. Four years later she’s got her definite break through with the single DJ
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from her second album Brut De Femme (EMI, 2003). During summer 2003 DJ flows over every French radio station and sells more than one million times. And the French diamond is unstoppable. In 2006 her third album Dans ma Bulle (EMI) is released and she is nominated “best French artist” at the MTV Europe Music Awards. The same year she becomes label manager at Motown France and signs the French R&B star Vitaa. Diam’s gets politically active too, notably against the Front National. In Marine, a rapped dialogue with Marine Le Pen, daughter of Jean-Marie Le Pen and active member of the Front National herself, worlds collide. Like many other artists, she has called to vote in the presidential elections in 2002 and 2007 to prevent a right wing (extremist) president. Within a few years, Diam’s has won the hearts in France and beyond with her energetic rap style. From Diam’s to SÉVÈRE. The 1982 born Séverine creates a furore in 2000 together with WARDA and three more MCs from the all female crew MEUFIA from Strasbourg. Their first EP MLF; Nouvel R starts 30 years after the French feminist mouvement (Mouvement de Libération des Femmes/MLF), to reclaim women rights over again. The crew splits in 2004, Sévère and Warda continue their solo careers. Sévère is active in the collective Sons d’la Rue and works with Diam’s since 2006 as background MC, touring with her for Ma France à Moi. Radical Rap Coming to more radical rapositions, “Keny a la rage”(7), Keny is in rage. The 1983 born Argentinian KENY ARKANA represents Marseille in the tradition of IAM and does not miss success and attention. Being activist of the anti-globalisation movement makes her rap unique among its peers. Her first Maxi Le Missile Est Lancé comes out 2004. Her first album Entre Ciment Et Belle Etoile (Because Music, 2006) following two years later is full of anti-capitalistic lyrics. Her video for the famous track La Rage was produced 2005 with her collective La Rage Du Peuple and contains “4 minutes of militant adrenalin”.(8) “We are in rage, not in hate. For me, the rage is constructive while hate is inert and desctructive. Transforming the negative in positive makes you go beyond your limits. You can’t progress beyond the beaten tracks without rage, but it also requires reflection.”(9) She also takes clear position against the politics of Le Pen and Sarkozy. Shortly before the presidential elections 2007 the clip La Rage and the track Nettoyer Au Kärcher become defaced by right wing extremists. Incredible for Keny Arkana who works to build a better world without discrimination and ethnic hatred. Really militant hardcore rap comes from CASEY (Cathy Pelenne) who lives in the suburb in the north
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of Paris in Seine-Saint-Denis. She is member of the collective Anfalsh and MC since 1995. 2006 sees three independent projects of hers in the shops: the EP Ennemi De L’Ordre, the mix-CD Hostile Au Stylo and her first solo album Tragédie D’Une Tracetoire (Dooeen Damage). Casey has an impressive masculine attitude and the reality of immigrants as a concept: “A way to resume our ambiguity of feeling, of the sons of the immigrants who do not feel particular French and do not feel regarded as such. Talking about the rap of the immigrants; this was a way to define our position and our point of view, using the notion of ‘French hiphop’.”(10) In Chez Moi she recalls her origin Martinique, Banlieue Nord is a description of the daily life in her town Blanc-Mesnil. Casey and her crew Anfalsh are not afraid to shock. The video for Ma Haine (2006) shows concentrated violence. An anonymous white couple is victim of the murderous appetite of the crew in a clip of clinical aesthetic. Lured into a trap, the couple is executed on the open street with gun and machete. This deliberately violent shocker stays however controversial. The next generation of French MCs is ready to takeoff and prepares to get going. Watch out for Ryaam MC, Dee-Likes, Dmô and many others! ®
(1) “Si tu montais sur scène et que tu n’assurais pas, on te balançait des chaises, on t’insultait… Mais rares ont été les filles avant moi à être montées sur scène. (…) Quand tu es une fille sur scène, le public a plus d’idées préconçues, de préjugés, ‘ouais c’est une fille’, (…) Pour faire du rap en étant une femme, il ne faut pas avoir peur de te faire casser.” (http://www.abcdrduson.com/articles/article-28-le-rap-francais-au-feminin.html) 05.07.2007 (2) “Comment peut-tu accepter qu’un gosse / vive moins décemment que ton chien / tu débordes d’indifférence et tu le traites de vauriens / tous les jeunes, les blacks, les blancs, les beurs / Unis par les HLM et par la rage au coeur / ....” (Enfant du ghetto/Rapatttitude, 1990) (3) “Le francais c’est une langue fabulouse (…), nous, on essaie de faire des rimes tout en respectant le sujet sur lequel on rappe. On peut swinguer sur le français et il y en a trop qui se retranchent sur le style américain et qui n’essaient pas de rechercher l’originalité française.” B-Love in Bazin, Hugues, “La culture hip-hop”, Paris, Desclée de Brouwer, 1995, 272). (4) “…Je me sens forte au féminin / Je me bats comme un homme / Pour mes droits au féminin… (Indeegal/ Second Souffle/ Barclay, 2005) (5) “... réclame respect pour un MC / Féminin, aussi engagé que toi sur le M.I.C….” ( For the Ladies/ Black Mama/Barclay, 1999) (6) “...parce qu’il est propice à la dénonciation, à la revendication, plus que n’importe quelle autre forme musicale...C’est un état d’esprit dans lequel je me reconnais. Les valeurs de détermination, de générosité, de respect et de freestyle sont les miennes.” http://www.nouvelobs.com/epoque/epoque3.html) (05.07.2007) (7) http://www.because.tv/artistes/keny-arkana/index.php (05.07.2007) (8) “4 minutes d‘adrénealin militant” http://www.because.tv/artistes/keny-arkana/ index.php (05.07.2007) (9) “On a la rage, pas la haine. Pour moi, la rage est constructive alors que la haine est inerte et destructrice. Transformer le négatif en positif te fait aller audelà de tes limites. Tu ne peux pas avancer hors des sentiers battus si tu n‘as pas la rage, mais il faut aussi de la réflexion”. http://www.because.tv/artistes/ keny-arkana/index.php (05.07.2007) (10) “... Le rap de fils d’immigrés c’est la conclusion de plusieurs personnes qui se sont rassemblées. Une façon de résumer notre ambiguïté, celle de fils d’immigrés qui se sentent pas particulièrement français et se sentent pas vus comme tels. Parler de rap de fils d’immigrés c’était une façon de définir notre position et nos points de vues tout en paraphrasant l’expression rap français.” (http://www. abcdrduson.com/interviews/interview2.php?id=86) (05.07.2007)
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Publisher, Editor-in-Chief, Art Director: Jeannette Petri Assistent Editor: Olivier Wehner Photographs: Jeannette Petri Translation: Olivier Wehner Contributors: Béa Anjuna, DHHAM de coeur, IQ and Nor of KIN, Jeskilz, Keira Maameri, Lady Alézia, Lenie & Kensa, Princess Aniès, Rowena Husbands and Zou. Big shouts out to Agnès Delmas, Ceo Müller and Klemens (Raphistory), Chris Campe, Denis Maerz, Dirk Krecker, Karen Jane (NBFAG), Mara Monetti, Mascha (Carhartt), Maxime Perlemuter, Nicola Reuschling, Nicolas Gzeley, Pyranja, Saskia (Catfight Magazine) and Thierry Berleur (Le Bonheur). The second issue of Anattitude Magazine was produced with funds from Kunststiftung Nordrhein Westfalen (Germany) and Hessisches Ministerium für Wissenschaft und Kunst (Germany).
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Found footage of an old piece of the street artist Misstic, somewhere in Paris.