Échos du passage : à travers La Grande Chaloupe, entre histoire et vagues de transformation
Echos du passage
A travers La Grande Chaloupe, entre histoire et vagues de transformation
Projet de Fin d’EtudeAnnées 2023-2024
Par Anne Alessandri
Encadrée par Monsieur Antoine Perrau Ecole Nationale Supérieure de La Réunion
Je tiens à remercier,
Antoine Perrau, mon directeur de PFE, architecte et enseigant, pour sa présence et son accompagnement avisé au cours de ces derniers mois.
Sébastien Clément pour ses conseils et sa bienveillance au long de ce master.
Yann Fritz pour son écoute précieuse et sa bonté sans faille.
Les personnes rencontrées au long de ce projet pour leur temps et la qualité de leur témoignage.
Mes parents sans qui je n’aurai pu mener à bien ces études.
Merci maman d’être la meilleure relectrice et supportrice.
Mes amis de l’Ecole d’Architecture de Versailles : Nina, Femy, Armand, Loris, Mathis et Sarah, pour les conversations stimulantes, les nuits blanches partagées, les PFE réussis avec succès. Merci d’être une véritable équipe.
Edouard, mon binôme de vie, pour son soutien, sa patience et sa minutie.
p. 6
p.8-9
p.10-25
Le projet s’attache à toutes les échelles physiques, historiques et sociales de son territoire, vaste et proche, jusqu’à l’échelle architectural du bâtiment.
p.26-68
p.69-80
p81-91
p.92
p.100
p.102-103
p.104
Avant-propos
Introduction
I – L’Île de La Réunion
Sa position
Son climat
Son évolution
II – La Grande-Chaloupe
Ses grands paysages et sa population
Le Passage
Son histoire
III – (Re)marquer le passage / Bien vivre avec l’infrastructure routière
Un projet paysager
Quatre typologies d’intervention
IV – (Re)donner un lieu de vie, de services
V – Programme
Conclusion
Bibliographie
Résumé
*Le mot évolution emprunté au XVIème siècle du latin evolutio signifie «action de dérouler, de parcourir».
“Il faut inventer un ménagement des gens, des lieux et des choses” - Thierry Paquot
L’évolution* est partie prenante de nos vies. Elle peut être douce et ne pas se ressentir ou alors abrupte et laisser une trace. Ménager, faire attention, prendre soin semble essentiel.
Ce sont ces quelques mots qui ont guidé mon parcours et ce dernier semestre.
Après avoir obtenue ma licence d’architecture à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Versailles, j’ai décidé de me tourner vers l’apprentissage d’une architecture plus ancré dans le réél et son environnement. C’est pour cela que je vous présente mon Projet de Fin d’Etudes à l’Ecole Nationale Supérieure de La Réunion quelques années plus tard. La thématique sur l’architecture bioclimatique en milieu tropical m’a permis d’apprendre une logique de réflexion et de conception qui me parait nécessaire même hors de la zone tropicale.
Soucieuse des autres, cette notion vient s’ajouter à celle plus sociale que j’ai eu à coeur de traiter au long de ces années d’étude : le besoin habitant. Je vois l’architecture comme un bien commun.
A travers ce projet j’ai souhaité faire intervenir ces deux notions de manière équilibrée et le plus juste possible.
Après un mois de déplacements quotidiens sur la Nouvelle Route du Littoral, le panneau pour se rendre à la Grande-Chaloupe s’est dévoilé. Passé l’admiration pour les falaises, les ravines et le soleil levant et couchant, le panneau marron propre aux lieux culturels apparait dans le champ visuel.
Pour s’y rendre il faut ralentir et descendre. La première interaction avec le village peut sembler abrupte.
Une enfilade de routes paralèlles à l’océan, pas de signalétique. Après avoir trouvé son chemin vers le village, apparaissent enfin les merveilles qu’il a à offrir.
Un premier questionnement se pose alors :
Comment vivent les habitants de ce village ?
Une première étude du lieu permet de mettre en lumière le sentiment d’isolement de cette population et le manque de commodités.
Alors un deuxième questionnement intervient :
Comment leur rendre la vie plus douce ?
Comment répondre à leurs besoins ?
Un site se distingue, il pourrait accueillir ce qu’il faut, ou du moins en partie. Parce que ce qui manque aux habitants c’est aussi du lien social, une ouverture sur l’île et le reste de la population.
Après une ascension vers le haut de la crête, le village apparait sous un nouveau jour. Prendre de la hauteur permet de mettre de la distance et ainsi d’observer le village dans sa globalité et surtout la confrontation avec son environnement proche.
C’est ainsi que s’expose clairement la première problématique à l’échelle du proche territoire :
Comment « bien vivre » avec l‘infrastrucre routière ?
Vue d’en haut la Nouvelle Route du Littoral ainsi que les anciennes routes successives ont une place dominante. Une véritable cassure entre le village et l’océan. On ne saurait s’y arrêter sauf s’il y avait quelque chose à y faire... A y voir...
La deuxième problématique revient sur la vie du village :
Comment actualiser le patrimoine pour répondre à l’évolution et donc aux besoins des habitants ?
Ainsi le projet tente de recréer une vie de village sans isoler d’avantage sa population mais au contraire en ouvrant le site à de nouvelles activités afin de remettre en avant son importance environnementale et historique.
de La Réunion
Situation géographique
Le projet vient dans un premier temps se positionner dans un grand territoire. Celui de L’Île de La Réunion.
Une île volcanique.
L’île se trouve dans la zone intertropicale à une latitude Sud de 21°08’, lui conférant un climat particulier. Ce département français d’outre-mer est situé au milieu de l’océan Indien, composant avec l’île Maurice et l’île de Rodrigues l’archipel des Mascareignes.
L’île de La Réunion a été connue au Xème siècle par les navigateurs arabes, à partir de cette période elle eut plusieurs noms et fut peuplée par différents pays. En 1642, les français s’approprient le territoire.
S’en suit une longue période d’esclavagisme lié aux plantations jusqu’à ce que l’abolition de l’esclavage soit proclamé le 20 décembre 1848. Naît alors l’engagisme pour remplacer la main d’oeuvre africaine libérée. Indiens, chinois, malgaches arrivent sur l’île pour travailler dans les plantations. Le multi-culturalisme va prendre forme.
En 1946, La Réunion devient un département d’outremer.
Selon les statistiques de l’INSEE, l’île accueillait en janvier de cette année 885 700 habitants. La population se concentre majoritairement sur les côtes et mi-pentes
Climat
Le climat tropical est atténué par l’influence de l’océan Indien et des alizés.
A l’échelle de l’île le relief varié et tourmenté lui confère de nombreux microclimats, les climatologues parlent de plus de 200 d’entre eux : côte au vent et sous le vent, littoral, mi-pentes, hauts et montagnes, ravines, cirques, plateaux…
L’île connait deux grandes saisons : l’été austral ou saison des pluies entre janvier et mars ; et l’hiver austral ou saison sèche de mai à novembre. Décembre et avril sont des mois de transition avec un climat variable.
Sur la côte les températures varient de 24°C en hiver à 30°C en été. Plus haut dans le relief les températures descendent jusqu’à 0°C en hiver et ne dépassent pas les 25°C en été.
La Réunion connait une période cyclonique chaque année pendant l’été austral. Cette période est destructrice pour le territoire avec des rafales de vent pouvant dépasser 200km/h.
Carte des températures moyennes sur une année
Deux types de vents sont présents :
- Les alizées viennent du sud-est. Ils octroient un climat doux à l’île environ 9 mois de l’année. Au cours des trois mois restants le territoire est soumis à une période cyclonique.
- Les brises thermiques sont dues à un échange d’air entre la mer et la terre dont le delta de température fluctue entre le jour et la nuit. Les brises de mer sont diurnes et montantes quant aux brises de terre elles sont nocturnes et descendantes.
La côte occidentale de l’île est protégée des vents dominants venant de l’est (les alizés) par le massif montagneux, on la nomme la côte-sous-le-vent. Cette région est plus aride. Par opposition la côte orientale est baptisée la côteau-vent.
Carte des vents
Pluviométrie
L’exposition aux vents fait varier directement la pluviométrie sur l’île.
En effet, la côte-au-vent à l’est est exposée aux alizés ce qui entraine la création de masses d’air humide et donc des précipitations importantes.
La côte-sous-le-vent à l’ouest est protégée des alizés par le relief et est donc plus sèche.
La région qui connait le niveau le plus élevé de précipitations est situé au nord du Piton de la Fournaise avec 11 000 mm de pluie sur une année en moyenne.
Carte de la pluviométrie sur une année
Division du territoire
Le territoire est divisé en quatre communautés intercommunales. Chacune d’elle s’étend de la côte jusque dans Les Hauts en passant par les mi-pentes.
Le village de la Grande-Chaloupe est divisé en son centre au nivau de la ravine du même nom. Il se partage entre La Possession et Saint-Denis, chef-lieu de l’île.
Evolution du transport
En 1882 c’est la révolution du chemin de fer. Reliant Saint-Benoit à Saint-Pierre, il permet de transporter la canne à sucre jusqu’au Port, construit à la Pointe des Galets en même temps que les voies de chemin de fer afin d’exporter et d’importer les marchandises par bateau. Des ponts, des gares et des tunnels sont construits dans le même temps et s’insèrent dans le paysage de l’île.
En 1957 l’île passe de 131 km de routes en bitume à 733 km. Le chemin de fer est peu à peu abandonné et à partir des années 1970, le «tout-automobile» prend place.
En 1963, la route du Littoral ou route en Corniche est créée, elle relie Saint-Denis à La Possession. Originellement 2x1 voie, elle est élargie en 2x2 voies en 1976.
Cette 2x2 voies permet de desservir la principale agglomération et le premier bassin d’emploi de l’île (55 000 véhicules/jour). Comme elle était située en dessous d’une falaise instable qui connait régulièrement des éboulement, la Nouvelle Route du Littoral a été construite dès 2012.
Celle-ci est construite sur une longueur de 12,50 km en viaduc et en digue, elle «permet de s’affranchir des chutes de pierre mais aussi de la houle , puisqu’elle s’élèvera entre 15 et 30 m au dessus du niveau de la mer»- Vinci Construction
Il semblerait que la route soit décontextualisée de son environnement, mais qu’en est-il de la dimension sociale ?
Le village de la Grande-Chaloupe en est un exemple.
fer
Ancien chemin de
1878-1976 : Utilisation de la ligne de train
1956-1963 : Le chantier de construction de la route du littoral
Route du littoral et paysage côtier
Comme vu dans la partie sur l’évolution du transport, les axes de transport se sont multipliés et élargis avec le besoin des habitants et du commerce.
La Route du Littoral a connu une évolution particulière, qui aujourd’hui encore marque le paysage et la population.
Les chemins pavés ont laissé place aux rails, abandonnés pour une individualité plus marquée de plus en plus utilisée.
Pour se faire la falaise a été creusée, découpée, aplanie. Les enrochements et digues ont remplacé le sable de la côte.
Les axes ont été construits puis délaissés.
Les flux ont continué et accéléré.
Le paysage, lui, a été modifié, le gris s’est imposé.
Les habitants, eux, ont oublié qu’ils avaient un lien avec cette côte.
1963 : Mise en service de la route à 2 voies
Passage à la route à 2x2 voies en 1976
2011-2022 : Construction et ouverture de la section
Saint-Denis - la GrandeChaloupe de La Nouvelle
Route du Littoral
Le cas de la Grande-Chaloupe
La Grande-Chaloupe est aujourd’hui une représentation parfaite d’un territoire marqué par le passage.
La succession de constructions d’infrastructures liées au transport a complètement artificialisé le littoral du village, coupant le flux naturel de l’eau : de la ravine vers l’océan; et dans le même temps coupant les habitants de leur environnement.
Remontez le temps !
https:/ remonterletemps. gn.fr
Couche 1 : Aujourd'hui (PHOTOS)
Couche 2 : Aujourd'hui (PHOTOS)
3/3/2024 — 17:01:12
La Grande Chaloupe vers 1900
* XVIe siècle. Peut-être emprunté du dialectal chalope, chaloupe, « coquille de noix » Grand canot utilisé principalement dans les ports, pour le transport des vivres, des fardeaux, etc. Une chaloupe à rames, à voiles, à vapeur, à moteur.
La Grande-Chaloupe, grâce à la route du littoral, se situe à 10 km de Saint-Denis et de La Possession. Le village est également relié à La Possession et à La Montagne par le Chemin des Anglais, sentier pedestre.
Le village est orienté vers le nord-ouest. Sa situation géographique l’empêche de profiter des alizés du sudest. Les brises de mer et de terre sont en revanches présentes.
L’observation par la marche et la photographie a été la première étape de la découverte du site. Puis une analyse plus scientifique en plan est venue s’ajouter afin de tirer des conclusions pour la conception d’un projet paysager à l’échelle du proche territoire.
Environnement naturel
La Grande-Chaloupe est protégé du flanc nord de l’île par le relief, le village s’étend depuis une altitude de 1100m jusqu’au niveau de la mer sur une surface de 752 hectares.
L’écosystème remarquable du site est representé par les reliques de forêt semi-sèche les mieux conservées de l’île. Elle est large de 260 hectares sur les 500 hectares encore présents sur toute l’île.
La ravine de La Grande Chaloupe sépare le village en deux, à l’ouest sur la commune de la Possession et à l’est sur la commune de Saint-Denis. C’est un cours d’eau temporaire qui connait des crues destructrices lors des périodes cycloniques.
«La ravine de la Grande-Chaloupe s’ouvre vers l’océan, majestueuse et impressionnante. On y devine la puissance des torrents d’eau pendant la saison des pluies pour construire cette profonde entaille dans la montagne.
Accrochés au rempart et comme réfugiés, on aperçoit les vestiges d’une forêt qui devait jadis recouvrir tout le massif de La Montagne. A l’embouchure de la ravine, les hommes qui débarquaient de pays lointains pour s’engager dans les plantations étaient mis en quarantaine dans les lazarets avant de rejoindre leurs terres de labeur.» - Le Conservatoire du Littoral
Infrastructures invasives
Naturellement la ravine lie le site à la mer par la topographie et le cours d’eau.
Ce n’est plus le cas aujourd’hui.
Au nom de l’évolution, a été installé perpendiculairement quatre couches successives de voies de transport qui font barrière avec l’océan et enferment le village vers les terres.
Ces strates enrobées forment une limite physique et visuel. Un nouveau paysage se dessine.
Depuis le village, on voit la mer encadrée par les routes et la digue, comme un cadre. Depuis la route surélevée on ne voit plus le village, ou seulement des morceaux de toitures. Depuis les hauts c’est aussi la route que l’on voit le mieux, complètement artificialisée, contrairement au village recouvert de végétation.
Contrairement à d’autres endroits sur l’île où l’on se préoccupe de la montée des hauts et d’un recul du trait de côte, ici le trait de côte s’avance de plus en plus vers l’océan.
* XIIIe siècle. Emprunté du latin echo, lui-même du grec êkhô, « son, bruit répercuté, rumeur ».
Echos*dupassage
Ce titre évoque un cheminement de pensée mais aussi une approche physique du territoire.
Ici l’écho ne représente pas qu’un bruit, mais une répétition. Celle d’un passage créé par l’homme à différentes périodes pour suivre l’évolution. Le site s’est transformé à travers les différents passages qui l’ont arpenté.
Les lazarets ont été des lieux de passage obligatoire pour les engagés et autres nouveaux arrivants sur l’île.
Le Chemin des Anglais, le chemin de fer, les différentes routes ont permis aux hommes de se déplacer dans l’île à différents moments, seuls passages ouverts.
Aujourd’hui les usagers de la Nouvelle Route du Littoral passent à 90km/h à 9 mètres au dessus de la GrandeChaloupe sans s’y arrêter.
D’abord parce qu’ils ne voient pas le village mais aussi parce qu’ils ne savent pas ce qu’ils pourraient y faire.
Les pêcheurs passent sur les routes pour se rendre sous les ponts à l’océan, les coureurs voient leur course presque terminée en empruntant le Chemin des Anglais, les kayakistes s’arrêtent sur les galets, les scolaires et quelques touristes viennent visiter le musée sur l’engagisme, les motards se rejoignent devant la gare.
Le site connaît une occupation courte et ponctuelle par les personnes extérieures et sédentaires par ses habitants.
La Grande-Chaloupe est un lieu d’héritage historique, en s’y promenant on y découvre des monuments historiques et une véritable trace de l’évolution. L’ancienne gare, le chemin de fer et les entrées du tunnel, les Lazarets 1 et 2, le Chemin des Anglais, autant de lieux qui donnent à voir derrière ces routes, au coeur de cette nature à préserver.
Il semblait essentiel d’arpenter le site, d’y passer et repasser pour comprendre sa complexité et apprécier ses qualités. A travers une série de photographies je vous invite à visiter la Grande-Chaloupe avec moi.
Les routes comme paysage
Droites, les routes se sont poursuivies en pont au dessus de la ravine. La hauteur de 6 mètres entre le niveau de la ravine et le dessous des ponts crée un véritable espace à potentiels.
« Qu’est-ce-qu’il fait chaud sur cette grande esplanade de bitume, je n’ai pas du tout envie de rester là, pourtant la vue est belle... Ha ! par contre ici (en dessous des ponts) il fait bon, on est à l’ombre, il y a l’air qui rafraichit et apporte l’odeur de la mer... Ca me fait penser au port de Porto en Corse où papi mettait son bateau » - notes personnelles
Gare et chemin de fer
« La gare est belle, c’est dommage qu’elle soit tout le temps fermée, et le train il marchait encore il y a pas longtemps je crois, j’aimerai bien rentrer dedans » - notes personnelles
A l’époque du chemin de fer, les hommes de la GrandeChaloupe y travaillaient, les femmes vendaient des cacahuètes et des repas à la gare. Toute une vie et une dynamique s’étaient créées autour du bâtiment et des rails. Un passionné a permis de faire revivre le ti’ train lontan pendant une période mais manquant de financement la gare et son chemin de fer sont aujourd’hui inutilisés.
Habitations
Dans les années 1930 à 1950, des parcelles sont créées et vendues à des colons. Des îlots d’habitations se forment, comportant plusieurs maisons des membres d’une même famille. En 1960 on retrouve encore dans les actes notariés l’utilisation de sources d’eau pour les besoins du foyer et des cultures.
La typologie de logement est unique, on ne trouve à la Grande Chaloupe que des maisons individuelles. On retrouve des cases en tôles mais aussi des maisons plus récentes en bois par exemple signe que les familles continuent de s’étendre et de s’installer.
Aujourd’hui une trentaine de famille vivent à la Grande Chaloupe et se considèrent comme une seule grande famille. Ils sont très attachés à leur village.
Le village comptent entre 150 et 170 habitants, dont une trentaine d’enfant.
« Ecartés de la civilisation
Oubliés sur le littoral » paroles d’un rap écrit pas deux jeunes habitants de la Grande Chaloupe
« A l’embouchure de la Ravine, les hommes qui débarquaient de pays lointains pour s’engager dans les plantations étaient mis en quarantaine dans des lazarets avant de rejoindre leurs terres de labeur. » - Le Conservatoire du Littoral
Lazaret 1
« Le site n’est pas vraiment lisible. Je pensais venir dans un musée et il y a ce grand parking [...] et tous ces revêtements et couleurs différents, ça fait un peu patchwork [...] par contre Les bâtiments sont simples et les vues sont belles [...] on est encaissé, il n’y a vraiment pas beaucoup d’air » - notes personnelles
DDE, musée, ruine stabilisée, parcours botanique... Se promener dans le lazaret 1 c’est un peu... déconcertant. Il y a plusieurs bâtiments, ils se ressemblent mais en même temps sont différents et n’ont plus l’air de s’accorder les uns avec les autres.
1er dortoir : aujourd’hui Direction
Départementale de l’Equipement
Bardage bois coloré sur mur de pierre...
« Ce site a une visée industrielle, c’est totalement enrobé. La bâtiment original a été emputé et sa toiture agrandie pour créer un garage. La structure de ce haut hangar pourrait être démontée et réutilisée, elle est en bon état. Le bateau-lavoir est au milieu du parking et ne se remarque même plus, il est rempli d’eau mais rien ne coule. » - notes personnelles
L’espace de bitume devant le bâtiment à un grand potentiel si le sol était rendu perméable à nouveau.
2ème dortoir : aujourd’hui partie de la visite du musée
« Ce dortoir était originellement le même que celui occupé par la DDE. Ici il a été stabilisé pour être visité en tant que ruines sans danger. Les ouvertures sont symétriques, ça crée des percées et des vues. Entre la façade et le talus un cheminement et un muret sont à l’ombreunebonnepartiedelajournée,grâceauxarbres et au bâtimet, c’est confortable. » - notes personnelles
Dépendances : aujourd’hui exposition
«Métissage végétal»
« La longère ne possède des ouvertures que vers l’intérieur du site, sa façade nord-ouest est contre un mur de soutènement. L’espace intérieur est sombre. » - notes personnelles
Aujourd’hui le bâtiment accueille une exposition sur le végétal, indigène, endémique et exotique. Dans un site tel que la Grande-Chaloupe ne serait-il pas intéressant d’installer cette exposition comme un parcours botanique à l’extérieur en profitants des aménités environnementale ? En effet les végétaux présents sur les panneaux de l’exposition se retrouvent partout tout autour du Lazaret et même dans le village.
Une partie du bâtiment n’est plus accessible mais présente sur sa façade les restes de l’usine à béton utilisée pour construire la première route de la corniche. Témoignage physique de l’évolution de l’industrie et de la technique. Cet élément est à conserver pour accentuer l’histoire de l’évolution du transport.
Infirmerie : aujourd’hui exposition sur l’engagisme
« C’est l’ancienne infirmerie. C’est joli mais caché dérrière le mur d’enceinte de 2,50 mètres de haut »notes personnelles
L’exposition sur l’engagisme prend place en ce lieu. Le bâtiment est perpendiculairement aux brises, aujourd’hui ouvert principalement sur sa façade nord-ouest, il serait intéressant dans une démarche
bioclimatique d’accentuer les ouvertures au sudest pour améliorer la ventilation naturelle.
Les pièces sont des espaces agréables de taille correcte. La forme orthogonale permet de se projeter aisément dans une nouvelle occupation.
Cimetière
« Ce banyan est majestueux, c’est si beau qu’il soit à l’entrée du site. » - notes personnelles
Le cimetière est un lieu sacré, il est aujourd’hui complétement ouvert sur l’axe de circulation et ne dispose pas du calme nécessaire lors des moments de recueillement.
Dans la perspective de la création d’un lieu public à proximité il serait important de le mettre à distance.
Chemin des Anglais
« Ca grimpe dis donc... Il y a peu d’ombre, cette pente de la ravine est moins végétalisé que celle d’en face. Ce serait plus confortable de rejoindre l’autre section du chemin par un endroit réservé aux piétons plutôt que de marcher sur la route. » - notes personnelles lors de la montée au belvédère sur le flanc ouest de la ravine
Lazaret 2
Soumises aux crues répétitives, aux eaux de pluie et de ruissellement, au feu, aux pillards, les deux longères de pierre donnent à voir et à ressentir un paysage romantique de ruine.
« Wahou ! C’est beau parce que c’est détruit, il n’y a personne mais il y a la vie, il y a le silence malgré le bruit de la nature, l’air dans les branches, le bruissement des feuilles, il y a la chaleur des rayons du soleil malgré les hauts murs [...] Aujourd’hui j’y passe mais demain, s’il pleut abondemment, peut être que je ne pourrais plus, c’est dommage » - notes personnelles
La stabilisation effectuée par Les Ateliers Prevost (architectes à La Réunion) donne une stabilité, une résistance à l’ensemble tout en conservant un aspect de fragilité. Cette fragilité semble être soutenue par les arbres qui ont en fait asphyxié la structure.
« Je resterai bien méditer ici »
«Variole, peste et choléra accompagnent les voyageurs qui débarquent sur l’île et sont à l’origine de nombr eux épisodes épidémiques. Des lazar ets, lieux de quarantaine, se développent alors de manièr e temporair e puis per manente dès la fin du XVIIIe siècle.» cf . htt ps://archeologie.cultur e.gouv.fr/ocean-indien/fr/les-etablissements-de-sante
1848 Abolition de l’esclavage Essor de l’économie sucrière Besoin de main d’oeuvre
Origine de l’identité et du pluriculturalisme de l’île de La Réunion
1945
Fermeture
1861 à 1945
Mise en quarantaine des dizaines de milliers d’immigrants engagés Indiens, Africains, Malgaches, Arabes, Chinois....
Début de l’engagisme
1860 à 1865
Construction successive du Lazaret 1 et 2
Depuis 2004
Restauration du Lazaret n˚1
Le Lazaret n˚2 est à l’abandon depuis
2011
Ouverture du musée (muséographie consacrée à l’engagisme dans l’infirmerie)
Un village d(histoire)ortoir
Il n’y a pas de commerces de proximité, ni d’accès direct à l’éducation, ni aucun autres services utiles aux habitants. Cette situation qu’on pourrait comparer à une ville dortoir cause un sentiment d’isolement.
Malgré cela le village compte trois monuments historiques : les Lazarets 1 et 2, le Chemin Crémont (Chemin des Anglais), ainsi que les infrastructures ferroviaires. Aucun lien n’existe entre ces pôles d’attractivité.
Site du lazaret 1
Site du lazaret 2
Ancienne gare
Terrain de foot
Habitation
Tracé de l’eau
Chemin des Anglais
Le village du quart d’heure
Pour que le village soit du quart d’heure il faudrait que tous les habitants puissent accéder à leurs besoins vitaux en 15 minutes de marche à partir de leur domicile. Pour le moment ce que nous savons c’est que sa superficie nous permet de se déplacer à pied dans la totalité du village en seulement 10min.
A l’air du «tout-voiture», il semble intéressant de créer un accès piéton fluide et visible pour reconnecter les habitants de l’île avec cet environnement.
Entre terre et mer...par le bitume
Le village se trouve dans un riche écosystème, près de l’océan, autour de la ravine, entre les reliques de fôret semi-sèche.
La flore de la Grande-Chaloupe est à préserver car riche. En 2007, une partie de la forêt intègre le Parc Naturel National (dont la limite est représenté d’une ligne en pointillée noir).
Pour continuer à préserver la forêt semi-sèche un arboretum a été créé, à coté du terrain de foot, en 2017 (représenté d’un contour en point noir). 300 plants d’espèces endémiques et indigènes ont été plantés afin de produire des graines d’espèces qui correspondent au massif de La Montagne.
La ravine de la Grande-Chaloupe est classée depuis 2010 au patrimoine mondial de l’UNESCO. En bleu clair sur la carte on remarque son lit maximal en période de crues, le reste du temps le cours d’eau est asséché, la ravine est alors empruntable à pied, certains habitants la traversent pour rentrer chez eux.
Au coeur de cet écosystème se trouvent aussi des zones imperméabilisées en bitume de manière éparse et dense au niveau des routes qui coupent le chemin naturel de l’eau.
Les habitants grâce à cet écosystème riche ont pu conserver un mode de vie «traditionnel» tourné vers l’agriculture de subsistance et la pêche. Ce mode de vie très apprécié de ses habitants est mis à mal par l’évolution des infrastructures routières qui créent une barrière entre eux et l’océan.
Vivre avec le risque
Une majorité de la surface du village est en zone R1 (zone orange) dans le plan de prévention des risques. Cela signifie un fort aléa mouvement de terrain et inondation. Ainsi la majorité n’est pas constructible ou constructible sous conditions strictes.
Le site du Lazaret 1, de par son encaissement, et son emplacement, bénéficie encore aujourd’hui d’un aléa nul, seul site constructible du village.
Passer au travers
La Nouvelle Route du Littoral accueille chaque jour 80 000 automobilistes et représente 60% du fret de l’île. Cette 2x2 voies limitée à 90km/h passe à 9m au dessus du village de la Grande-Chaloupe. Cet axe rapide limite la visibilité. Les autres flux du site s’entrecroisent et créent un sentiment de désorientation.
En jaune sur la carte, sont représenté les voies qu’il est possible d’emprunter aux abords du site.
Après déambulation et analyse, les problématiques du projet se posent.
A l’échelle du proche territoire, du paysage, comment «bien vivre» avec l‘infrastrucre routière ?
A l’échelle du bâtiment, de l’architecture, comment actualiser le patrimoine du site pour répondre à l’évolution et donc aux besoins des habitants ?
Intentions paysagères
En conclusion de la déambulation, La Grande Chaloupe a vu beaucoup d’évolution mais n’en a que très peu fait partie. La population passe à côté sans s’y arrêter. Et elle passe par pour un instant, saluer un ami coureur, participer à une cérémonie, sortir son kayak de l’eau...
Les habitants sont isolés, les bâtiments délaissés.
Ainsi plusieurs thématiques importantes à traiter émergent.
Les bâtiments historiques racontent une histoire importante à conserver pour la mémoire collective et la transmission.
Naturellement la ravine lie le site à l’océan par la topographie et la rivière.
L’évolution a installé quatre couches successives qui font barrière avec l’océan et enferme le village vers l’intérieur des terres.
Faire revenir l’océan sur une côte praticable par les pêcheurs, promeneurs, et autres amoureux de la nature, permettre aux ravines de s’y jeter directement.
L’investissement des monuments historiques en particulier le Lazaret 1 n’est qu’un seul point d’attractaction parmi tant d’autres dans le village. Le Port, la Gare, le Lazaret 1, le chemin des anglais, le Lazaret 2 sont reliés par un travail paysager de parc valloné. Le fil jaune quant à lui fait office de guide et permet aux piétons d’arpenter le village de long en large.
Rendre atractif par une diversité d’espaces et d’activités
Désimperméabiliser les sols
Redonner à l’eau son flux naturel
Créer un repère visuel
Faciliter et rendre visible l’accès
Le projet paysager se forme grâce à quatre typologies de passage qui se répètent au long du suite suivant la nature du terrain et le besoin.
1 - sur l’eau : pontons flottants
2 - sur les ponts : assises et jardinières
3 - dans le parc : cheminements végétalisés et zones environnementales protégées
4 - sur la route : trottoir surélevé et esplanade
Les cheminements sont construits en bois et viennent se poser sur l’environnement sans le dénaturer. Les piliers de la Nouvelle Route du Littoral servent de point d’accroche aux pontons du port et de la zone de baignade.
Dans le Parc des zones sont délimitées. Le sol désartificilisé retrouve sa nature avec la topographie et la végétation, mais pour permettre une régénération optimale des espaces sont délimités par des palissades poreuses afin que personne n’y circule.
Dans le parc un dalage poreux vient être créé avec des morceaux du bitume cassés lors de la déconstruction des routes et peints en ocre jaune.
Le projet crée un équilibre entre usages intensifs : rencontre, relaxation, promenade, pêche et activités nautiques ; et zones impraticables : zones plantées infranchissable afin de préserver l’environnement et les zones où la volonté es de réinjecter du végétal.
Le port permet une redynamisation du site et aussi de redonner aux habitants leur lien d’antan avec l’océan.
Une simple route de 2x1 voie permet de traverser le site. Le reste de l’espace retrouve sa topographie naturelle.
Les pôles d’attractivités sont reliés par des cheminements et esplanade en bois coloré.
La lecture du site est simplifiée.
Maintenant que l’infrastructure routière n’est plus un obstacle mais une opportunité, comment répondre précisément aux besoins des habitants par des services nécessaires ? Comment relier le site du Lazaret 1 au reste du projet paysager ?
Aujourd’hui le site du Lazaret 1 est enclavé. A -3m au dessous de la route qui le borde, il est entouré de grillage et l’accès se fait à l’avant du cimetière.
L’objectif du projet paysager d’entre-deux (entre l’échelle du projet paysager et celle du projet architecturale) est d’amener naturellement l’usager jusqu’au site. La route se décale pour casser le talus et créer une pente douce dans laquelle une rampe s’installe. Les barrières disparaissent et le site invite au rassemblement par la création d’une place. Cette place marque la volonté de recreér une vie de village et s’installe dans la continuité du parc paysager et donc du port.
Lien entre le village et le Lazaret 1 aujourd’hui
Lien entre le village et le Lazaret 1 après projet
Le Lazaret
Après avoir compris, l’histoire et les réhabilitations connues par le Lazaret 1, les questions qui se posent sont : Comment ? Pourquoi ? Et avec quoi ?
L’objectif premier est de redonner des services aux habitants du village tout en conservant le patrimoine historique. Ainsi le premier choix est de conserver les murs de l’existant dans leur état actuel, de démonter les toitures et de construire en R+1 une extension plus légère marquant le contraste en ancien et nouveau.
Le site du Lazaret se trouve à la limite entre public et plus intime avec les différents programmes et le lien avec le projet paysager, plus on s’éloigne du parc plus le programme devient intime.
Ce programme vise les habitants de la Grande Chaloupe mais aussi les habitants de l’île en général afin de créer un dynamisme et un vrai lieu de rencontre.
En plus du programme, les nouveaux bâtiments montent plus haut pour être vus et voir.
Réhabilitation
RDC en pierre : massif
Nouvelle structure intérieure
R+1 en bois : léger
Connexion visuelle
Programme visé à plusieurs échelles
Strates d’intimité
Gradation dans le site
Approche bioclimatique
Le site est encaissé et donc ne profite que très peu des brises de mer et de terre.
La première solution pour obtenir une température de confort est de conserver les arbres existants et d’en planter d’avantage pour produire le plus possible d’ombre et ainsi de fraicheur.
Le site est aujourd’hui l’un des rares endroits de la Grande-Chaloupe sans rique d’inondation. Pour préserver ce caractère, la deuxième solution est de récupérer les eaux de pluies directement sur le site. Le sol imperméable est désartificialisé et des noues sont installés en contre-bas de la topographie.
Pour être dans le confort à l’intérieur des bâtiments, l’objectif est de favoriser la ventilation naturelle. Pour se faire les façades sont ouvertes le plus possible et le bâtiment construit sur l’existant est décalé au niveau de son plancher, laissant un espace entre le rdc et le r+1.
Deconstruction
Océan
Montagne
Ravine
Océan
Montagne
Ravine
Océan
Montagne
Musée
Musée
Superette
Ravine
Musée
Ecole Place
Terrasse Cour
La superficie de l’existant actuel représente 750 m² de surface bâtie. Les longères en pierre du Lazaret 1 sont des bâtiments hygiénistes construits pour éviter les contaminations. Architecture protectrice dans un sens, elle reste dans les esprits clivante. Chacun son bâtiment, chacun sa place. Berceau du multiculturalisme de l’île de La Réunion, le bâtiment doit représenter une unité, un ensemble. La pierre pérenne et symbole de solidité marque le rez-de-chaussée du site. Les structures en bois qui viennent s’ajouter au R+1 et plus créent un contraste et relient les bâtiments entre eux.
Aujourd’hui les bâtiments accueillent un musée sur l’engagisme et la botanique lié à celui-ci, et la DDE (service des routes).
L’objectif est de donner aux habitants de La Grande Chaloupe les services nécessaires et manquant à leur village. Ainsi le musée sur l’engagisme se transforme pour accueillir une «école» pour une trentaine d’enfants la semaine, et des séminaires sur l’histoire et la botanique du lieu le week-end. Elle sera le point de départ de parcours qui se rendront jusqu’au Lazaret 2 en passant par un jardin botanique en plein air.
Le dortoir repris par la DDE ouvert sur une place avec au centre le bateau lavoir, deviendra un espace de restauration avec des terrasses intérieures et extérieures. Le dortoir aujourd’hui uniquement stabilisé gardera une partie de son bâtiment ouvert vers le ciel pour laisser place à un jardin intérieur et à une maison de quartier. Enfin la longère au nord du site accueillera une supérette.
Au R+1 le musée s’organisera sur tous les bâtiments excepté l’école afin de créer un ensemble, des salles fermées et des psserelles seulement couvertes viendront relier les bpatiments. Le musée traitera de l’engagisme mais aussi de l’évolution du transport sur l’île.
En fin de parcours muséographique un observatoire haut de plusieurs étages permettra de voir et d’être vu. Avec une terrasse à 360°, l’observateur pourra choisir parmi les multiples points de vue qu’offrent les grands paysages et les traces de l’histoire.
Surfaces du nouveau programme
Au rez-de-chaussée :
Place du village = 2500m²
Restaurant/salle des fêtes = 300m²
- Cuisine +stockage + laverie + distribution = 100m²
- Salles intérieure et extérieure = 200m²
Supérette = 100m²
- Boutique = 60m²
- Stockage = 30m²
- Sanitaire = 10m²
Maison de quartier = 150m²
- Accueil = 10m²
- Salle Polyvalente = 60m²
- Salle multimédia = 30m²
- Stockage = 10m²
- Sanitaire = 10m²
- Studio de création = 20m²
- Circulation = 10m²
Ecole = 150m²
- Accueil/administration = 10m²
- Classe 1 = 25m²
- Classe 2 = 25m²
- Salle de conférence = 50m²
- Salle de détente = 10m²
- Sanitaires = 10m²
- Stockage = 10m²
- Cour extérieure = 1000m²
Au r+1 :
Musée = 800m²
- Thème 1 : Engagisme
- Thème 2 : Evolution du transport
Sur ces photos on peut observer les différents mélanges de mortiers datant du XIXe siècle : le «mortier ordinaire» composé d’un volume de chaux, dite chaux du pays car obtenue à partir de la combustion de coraux, et de deux volumes de sable ; le «mortier batard de ciment romain» est composé de mortier ordinaire auquel on ajoute 1/10e de volume de ciment. L’enduit de finition est réalisé avec le mortier ordinaire.
Les plinthes ont conservé ici leur couleur d’antan.
A l’intérieur les murs en maçonneries de 60cm sont constitués de deux parements en moellons aléatoires avec un massif interne contenant des petits blocs de basalte et des galets de revières. Les chaînes d’angle des dortoirs sont harpées. Les murs sont assis sur un soubassement de 80 cm en moellon de taille moyenne.
Matérialité du projet
On retrouve des traces d’enduit ocre visible, cette couleur était utilisé à l’époque de l’utilisation des Lazarets car elle était la couleur qui réverbérait le moins les rayons du soleil. Elle était donc utilisée pour protéger au maximum les yeux des engagés afaiblis par le voyage de plusieurs mois dans les calles des bateaux.
Le projet est construit en bois de cryptomeria pour sa structure et le tamarin est utilisé est utilisé pour les bardages et planchers.
Les toitures sont en tôles.
Pour conclure, ce projet interroge la place de l’infrasctructure routière dans le paysage, ce qu’elle cause et ce qu’elle offre.
Le cas de la Grande-Chaloupe est un cas parmis tant d’autres de zones délaissées par l’évolution. Les habitants et le village n’ont pas été ménagé, ni intégré dans la planification du projet de nouvelle route.
Comment éviter de créer des situations similaires à l’avenir ? Qu’en serait-il s’il existait des compensations sociales lorsque des projets de l’envergure de la Nouvelle Route du Littoral sont entrepris ?
Sophie Lacroix, Ruine, Editions de la Villette, 2008
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Les petites histoires de la Grande Chaloupe, 52 min, Aligal Production, diffusion France ô, 2011
Domoun Grande Chaloupe, film réalisé par l'association Aporos en 2010