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Écrire, être lisible, être lu…
« Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément » Boileau
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Les bonnes questions. Les bons réflexes Pages 4 et 5 Les bonnes questions : « 5 W et 2 H » Les règles de proximité et de la pyramide inversée : de l’essentiel aux détails Sachez faire court ! Écrire pour être lu Huit règles d’or La titraille L’attaque et la chute Ponctuation : un point, c’est tout À propos de légende
Pages 7 et 8
Les différentes formes rédactionnelles La nouvelle et la brève d’actu La synthèse de dépêches Le compte rendu Le dossier, l’enquête, le reportage Le portrait L’éditorial en communication d’entreprise Le communiqué et le dossier de presse
Pages 10 à 12
Quelques conseils pour bien mener vos interviews
Page 14 et 15
Écriture… online, multimédia, interactive, hypertextuelle De l’écrit à l’écran
Page 16 à 20
Abrégé de typographie Du bon usage des capitales (majuscules) Du bon usage des bas de casse (minuscules) Sigles, abréviations et acronymes L’emploi de l’italique Chiffres et nombres Listes et énumérations Rappels sur la ponctuation Abréviations et acronymes les plus courants Caractères typographiques spéciaux
Pages 21 à 29
Le mot juste
Pages 30 à 34
Attention aux tics de langage !
Pages 35 à 41
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Les bonnes questions Les bons réflexes
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1 - Les bonnes questions : les 5 W et 2 H Who, What, Where, When, Why ?, How et How much ? En français dans le texte : Qui ? Quoi ? Où ? Quand ? Pourquoi ? Comment ? Combien ? C’est le message essentiel, le « message clé » que vous devez apporter à votre lecteur. Un bon article devra impérativement apporter dès les toutes premières lignes, les réponses aux 5 W. Le « Comment ? » et « Combien ? » n’ont pas toujours raison d’être. Ils le sont en fonction du sujet abordé. Qui ? C’est le sujet de l’information. Tel homme a fait… Tel événement a eu lieu… Tel fait a été constaté… etc. Quoi ? C’est l’action, le verbe de la phrase. Où ? Précision indispensable. Ce qui se passe à 1 000 km n’a pas la même « importance » pour votre lecteur que ce qui se passe à 5 km de chez lui. Quand ? Vous devez veiller à tenir compte du décalage entre le moment où l'article est écrit et celui de la parution du journal. Pourquoi ? Les causes et les raisons du fait ou de l’événement relatés, les objectifs poursuivis. Comment ? La façon dont les faits se sont déroulés, avec quels moyens. Combien ? Le nombre de personnes concernées par le fait relaté.
2 - Les règles de proximité et de la pyramide inversée : de l’essentiel aux détails La pyramide inversée consiste à présenter l’information clé immédiatement accessible. Elle propose d’abord l’essentiel, ce qui est nouveau, proche du lecteur. Elle poursuit en allant du plus important au moins important, en expliquant le contexte et les conséquences, en donnant et développant les détails. Les premières lignes de l’article – « le lead » - doivent pouvoir apporter au lecteur un résumé de l’information en s’appuyant sur les 5 W et éventuellement les 2 H.
5W 2H
Message essentiel (ou message clé)« 5 W ». Ce qui est nouveau, important, proche du lecteur. Ce qui lui parle directement. Explicatif Détails
Le lecteur est attiré par ce qui lui est proche, par ce qui le touche, par ce qui le concerne directement et personnellement.
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Quatre lois de proximité La proximité géographique : le « mort/kilomètre » Le lecteur est avant tout sensible à ce qui se passe près de chez lui. Un carambolage meurtrier à proximité de la barrière de péage de Saint-Arnoult fera la Une du Parisien… pas celle de Ouest France. C’est la dure loi du « mort/kilomètre ». Un mort près de chez nous « vaut » plus que deux morts dans la ville voisine, que dix dans un pays voisin et un million dans un pays lointain… Pauvre et méconnu.
La proximité dans le temps : « l’info à chaud » Le lecteur veut des « nouvelles fraîches », du scoop. D’où l’importance de toujours penser au décalage entre la date de la rédaction et celle de la parution du journal. Surtout avec une actu qui évolue de jour en jour et l’instantanéité obtenue grâce à internet. Plus une information apparaît comme récente et brûlante, plus elle sera appréciée par le lecteur. Le présent est prioritaire par rapport au passé et s'efface devant l'avenir. L'avenir immédiat l'emporte sur le passé immédiat. L'information « à chaud », est toujours considérée comme meilleure.
La proximité sociale : « qui se ressemble s’assemble » Si on compte, parmi les victimes du carambolage de Saint-Arnoult, des personnalités bretonnes, Ouest France en fera probablement sa Une, au même titre que le Parisien… mais pas si les morts sont du Pas-de-Calais ! Les choix éditoriaux sont fonction du lectorat : d'un pays à l'autre, d'une région ou d'une ville à l'autre, d'une catégorie sociale à l'autre, ils seront différents. Les nouvelles des journalistes otages dans tel pays en guerre sont surtout attendues par… leurs confrères et plus généralement le monde des médias et par les habitants de leur ville d’origine… Les news magazines (Nouvel Obs, Le Point, l'Express) consacrent plus souvent des dossiers aux salaires des cadres qu’à ceux des ouvriers…
La proximité psycho-affective : « les passions humaines » La vie, le sexe, la mort, la souffrance, la violence, la santé la drogue, la sécurité (l’insécurité), la nourriture, la richesse, le bonheur, le rêve… sont autant de sujets qui attirent l’intérêt du lecteur. C’est dans la « nature humaine ». Le sexe fait vendre, tout comme le malheur et toutes les grandes questions humaines (procréation médicalement assistée, euthanasie…)
3 -Sachez faire court ! « Un sujet, un verbe, un complément ! Pour ajouter un adjectif, il faudra ma permission. » Cette boutade, attribuée à Hubert Beuve-Méry, fondateur du Monde ou John Walter fondateur du Times, n’a pas pris une ride. Il n’est pas difficile d’écrire long. Encore moins difficile de tirer à la ligne ou de « pisser de la copie ». Il est bien plus ardu d’être concis et de donner le maximum d’informations en peu de signes. C’est pourtant indispensable sur écran et sur papier. La difficulté est alors de ne pas verser dans le style télégraphique, même pour une brève de type « télex »…
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Écrire pour être lu
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1 - Huit règles d’or pour donner envie à votre lecteur « Angler vos sujets ». Ne traitez pas d’un thème général. Choisissez un point de vue spécifique selon lequel vous allez aborder votre sujet. Préférez les structures syntaxiques simples : sujet, verbe, complément ; une phrase une idée. Optez pour un vocabulaire simple et courant. Évitez les expressions « ampoulées », pour « faire savant ». Méfiez-vous aussi des tics de langage (voir pages 26 à 37). Privilégiez le présent de l'indicatif, le futur et le passé composé et l’imparfait. Oubliez le passé simple et les temps du subjonctif ! N’abusez pas des « mots charnières », par exemple les adverbes établissant un lien avec ce qui précède (mais, cependant, néanmoins, or…). Choisissez la bonne ponctuation. Travaillez la titraille. Tel un bon judoka, soignez vos attaques et vos chutes.
Et enfin, veillez à votre orthographe. Utilisez systématiquement un correcteur orthographique. N’hésitez pas à vous faire relire. On est toujours son pire correcteur !
2 - La titraille Le titre : séduire et accrocher… en évitant les chausse-trappes Sans un bon titre, même un excellent article a peu de chances d’être lu. Élément principal de la titraille, il doit être accrocheur et donner envie d’entrer dans l’article sans être survendeur. Attention aux « private jokes » que vous serez le seul à comprendre, aux jeux de mots de mauvais goût, aux calembours douteux, aux accroches mille fois recyclées. Attention aussi aux titres « passepartout » qui sonnent creux, ne disent rien, n’annoncent rien et évoquent vaguement le sujet. Pensez surtout à vos lecteurs, à ce qui peut les toucher émotionnellement. Vous pouvez les interpeller, voire les interroger. Mais là encore, n’abusez pas des points d’exclamation ou d’interrogation à chaque page. Jouez sur la musique des mots, pensez aux allitérations possibles. Essayez-vous au tableau à double colonne. Dans la première, vous écrivez tous les éléments informatifs (5 W), dans la seconde, les accroches possibles. Vous n’aurez plus qu’à croiser. L’association d’idées est souvent très productive ! Le dictionnaire analogique est l’ami du titreur. Le surtitre : planter le décor Son rôle est d’introduire, en quelques mots, l’information du titre. Si le titre est déjà très accrocheur optez pour plus de sobriété dans le surtitre. Les intertitres : une respiration bienvenue Ils offrent aux lecteurs, un rythme, une respiration bienvenue, une relance d’intérêt au cours de l’article. Ils doivent être très courts - quelques mots au maximum - et ne pas excéder une ligne. Préférez l’infinitif aux formes conjuguées, excepté l’impératif.
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Le chapeau (ou « chapo ») : mettre l’eau à la bouche ou résumer Le chapo peut répondre à deux logiques. Soit il va être utilisé pour « appâter » le lecteur, lui mettre l’eau à la bouche et il sera alors très accrocheur. Soit il constituera, pour le lecteur pressé, un résumé de l’article, une synthèse de l’information développée dans l’article. Dans les deux cas, faites attention à sa longueur. Ce doit être un court paragraphe de trois à cinq phrases maximum.
2 - L’attaque et la chute L’attaque Le message essentiel - en haut de la pyramide inversée - doit être amorcé par une « attaque ». C’est une phrase courte, percutante, quelques mots, une citation-choc. L’interrogation ou l’exclamation peuvent constituer une accroche efficace. Le pire ennemi de la lisibilité est la phrase d’attaque qui court sur un paragraphe de plusieurs lignes ! Vous perdrez votre lecteur avant même qu’il n’ait commencé à lire votre article. La chute Un bon article est un article bien titré, bien attaqué et bien fini. D’où l’importance de travailler sa chute. Ouverte, elle évoquera l’avenir… Pirouette, elle sera un clin d’œil complice fait au lecteur. Elle pourra également prendre la forme d’une citation de la personne qui s’est exprimée dans l’article ou d’un expert reconnu. Elle pourra enfin être subjective… laissant libre court à un jugement ou une interprétation.
4 - Ponctuation : un point, c’est tout ! Les points-virgules, incises, parenthèses, sont souvent des fausses bonnes idées… Elles alourdiront inutilement vos phrases. En revanche, ne faites pas l’économie des parenthèses pour expliciter les acronymes peu connus. RATP n’a pas besoin d’être développé, Otan non plus. PMA (procréation médicalement assistée) doit l’être, sauf si vous écrivez pour un titre médical… Optez pour des solutions simples et efficaces : « une phrase-une idée », plutôt que de vous lancer dans une écriture alambiquée de type « proustienne ». Les interjections, exclamations et interrogations créent une proximité et une complicité intéressante avec votre lecteur. Mais là encore, point trop n’en faut ! N’abusez pas des points d’interrogation. On vous lit pour avoir des réponses aux questions que l’on se pose, pas pour se retrouver avec plus de questions encore… Mais sachez modérer votre enthousiasme. Trop de points d’exclamation, tue l’exclamation.
5 - À propos de légende La légende ne doit pas se borner à « décrire » ce que le lecteur voit d’emblée sur la photo ou l’infographie. Elle doit apporter une information supplémentaire et constituer, en deux lignes maximum, un « micro récit ».
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Les différentes formes rédactionnelles La nouvelle et la brève d’actu La synthèse de dépêches Le compte rendu Le dossier, l’enquête, le reportage Le portrait L’éditorial en communication d’entreprise Le communiqué et le dossier de presse 1 - La nouvelle et la brève d’actu La nouvelle Ce n’est rien d’autre que la transformation et l’enrichissement de la dépêche d’agence ou du communiqué de presse (le « bâtonnage »). Comme son nom l’indique, la nouvelle répond au critère de nouveauté « quoi de neuf ? ». Le journaliste s’efface au profit du fait qui seul compte. Pas de commentaire, pas d’opinion, les faits.
La brève d’actu Elle est généralement présentée dans une colonne réservée à cet effet avec d’autres actus tombées tardivement. La brève est un exercice bien plus difficile qu’il n’y paraît puisqu’elle doit contenir toutes les informations nécessaires (message essentiel 5 W), dans un style qui ne soit pas télégraphique !
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2 - La synthèse de dépêches (ou d’autres sources) Aller au-delà de la nouvelle, c’est synthétiser des informations provenant de différentes sources et y ajouter ses sources personnelles (interview notamment) et une mise en contexte. Suivant l’adage ménager « vaisselle rangée à moitié faite », bien synthétiser, c’est d’abord bien ordonner les informations dont on dispose, de la plus récente à la moins récente. 11
3 - Le compte rendu Sa forme est très proche de celle du « procès-verbal ». Il se doit donc d’être exhaustif en évitant les redondances. L’information n’y est pas hiérarchisée. La chronologie des interventions est respectée. Le lecteur étant de plus en plus pressé, cette forme rédactionnelle tendait à disparaître. Elle a retrouvé une nouvelle jeunesse grâce à internet. Le compte rendu est désormais surtout utilisé sur le Web comme renvoi d’une dépêche, d’une nouvelle ou d’une brève. « Pour en savoir plus ».
4 - Le reportage, le dossier et l’enquête La pratique journalistique touche, avec le reportage, le dossier et l’enquête sa principale mission : donner au lecteur à voir et à réfléchir. Les faits doivent y être analysés avec rigueur et honnêteté et mis en perspective. Les sources doivent être vérifiées et croisées. Les témoignages recueillis « sur le terrain » permettent d’humaniser et d’animer les dossiers et de les rendre plus attrayants. Un reportage, un dossier, ou une enquête doit comporter plusieurs entrées. Autour de l’article principal où est développée la problématique, gravitent des encadrés, des infographies, des testimoniaux, des « points de vue d’experts », des illustrations… Là encore, pensez à faire court.
Et surtout, restez humble en toutes circonstances. Partez du postulat que le journaliste ne sait rien a priori. Son travail est d’aller chercher l’information, de la digérer, de la hiérarchiser, de l’analyser, de la mettre en forme pour la « vulgariser », c’est-à-dire la mettre une connaissance et à la portée de tous.
5 - Le portrait Rédiger un portrait, ce n’est pas seulement faire un CV détaillé. Ce n’est pas non plus dérouler une biographie ou une carrière. C’est rédiger un article vivant, dynamique, coloré, émaillé d’anecdotes et de citations. C’est raconter une histoire de vie, c’est raconter un homme, une femme. C’est entrer dans son humanité. C’est donc faire ressortir ses traits de personnalité, ses ambitions, son originalité, parfois ses zones d’ombre. Quand il s’agit d’une personnalité connue, vous vous appuierez évidemment sur des éléments biographiques fouillés et vérifiés. Qu’il s’agisse d’un homme ou d’une femme connu(e) ou d’un(e) illustre inconnu(e) faites-le/la parler de sa vie. Demandez-lui de vous raconter des anecdotes qui vous permettront de mieux saisir sa personnalité, faites-le/la parler de ses passions, de ses coups de cœur, de ses regrets, de ses habitudes, des lieux où il/elle a vécu, des personnes qu’il a rencontrées et qui l’ont marqué/e.
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Chacun a quelque chose d’extraordinaire en soi, au-delà du miroir. Au journaliste de le faire découvrir… Soyez « indiscret »… mais sachez vous arrêter avant d’être intrusif, dès lors qu’il s’agit de le faire parler de sa vie privée. Chacun a droit au respect de sa vie privée, même une personnalité publique. Plus vous serez en empathie, plus votre interlocuteur vous fera confiance se livrera. Un bon portrait donnera l’impression à son lecteur de connaître la personne dont il vient de lire le portrait. Proposez toujours de faire relire le portrait avant sa publication.
6 - L’éditorial en communication d’entreprise En tant que responsable de communication, vous serez amené à rédiger des « éditos ». Pour expliquer des décisions de la direction, annoncer un virage stratégique, répondre à des interrogations ou des inquiétudes des collaborateurs ou des clients, ou tout simplement « introduire » le nouveau numéro d’une news letter ou d’un journal d’entreprise. Celui qui signe l’édito prend position. C’est un point de vue qui engage. Il sera donc généralement écrit à la première personne du singulier ou du pluriel. Son objectif est de démontrer, de convaincre, de faire adhérer. Pour être efficace, l’édito nécessite toujours un ancrage dans l’actualité : de quoi parle-t-on, pourquoi en parle-t-on ? Un édito peut s’attaquer de différentes façons : Un exposé « sec » et sans fioritures des circonstances : « Les résultats de l’exercice 2012 ne sont pas conformes à nos attentes ». « D’importants changement viennent d’intervenir au sein du comité de direction » Une hypothèse : « Et si les résultats n’étaient pas conformes à nos objectifs ? « Une interpellation : « Nous sommes prêts, avec vous, à relever ce nouveau défi ? » Une citation… Et terminez en vous adressant à ceux à qui vous destinez cet édito. Remerciez-les, encouragez-les. Donnez-leur rendez-vous. Assurez-leur que vous les tiendrez au courant. Bref, impliquez-les !
7 - Le communiqué et le dossier de presse Le communiqué de presse C’est l’outil de base de la communication avec les médias. Il offre aux journalistes une information libre d’usage. Le communiqué de presse ne doit pas mentir, mais il n’est pas obligé de dire « toute la vérité ». Autrement dit, il ne donne qu’un seul point de vue, celui du promoteur du produit/service/spectacle. Le communiqué est le premier élément que le journaliste trouvera en ouvrant un dossier de presse. Pour être efficace, il ne doit pas dépasser le feuillet (1 500 signes) et doit comporter le message essentiel dans ses toute premières lignes. Il est donc logiquement assujetti aux mêmes règles que celles précédemment évoquées (« 5 W », « lois de proximité », concision). Afin de donner toutes les chances à votre communiqué de bénéficier de la plus grande crédibilité et,
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par conséquent, d’être lu jusqu’au bout, mettez en avant l’information « utile ». Débarrassez votre texte des références « commerciales » et bannissez les superlatifs et autres « le meilleur », « le moins cher », « l’incontournable », « le must » ou « le top ». Enfin, n’oubliez pas d’y faire figurer les contacts utiles et des chiffres clés. Les journalistes adorent !
Le dossier de presse Il est composé de fiches techniques, d’une revue de presse, de photos ou d’illustrations libres de droits, d’infographies éventuellement, de textes de référence. Il doit aider le journaliste dans son travail de synthèse. L’objectif (caché) du communiqué et du dossier de presse est de délivrer au journaliste du « prémâché », de l’inciter à la paresse et à ne pas aller chercher plus loin.
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Quelques conseils pour bien mener vos interviews
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Préparez votre interview ! N’arrivez pas les « mains vides ». Informez-vous sur la biographie, l’actualité, le métier, etc. de la personne que vous allez interviewer. Préparez une liste de questions et soumettez-les lui en début d'interview. Indiquez aussi d’emblée le temps prévu pour l’interview. C’est ainsi que vous pourrez en garder la maîtrise. 15
Soyez empathique et souriant Prenez le temps de mettre en confiance votre interlocuteur, particulièrement s’il s’agit d’une personne peu familière des médias (collaborateur d’une entreprise dont vous allez faire le portait, qui va parler de son métier par exemple). Discutez de façon informelle, bavardez quelques minutes, avant de sortir votre enregistreur ou votre calepin. Vous créerez ainsi un climat de confiance propice à la confidence. Pendant l’interview, même si vous prenez des notes, n’oubliez pas de regarder votre interlocuteur, de lui sourire. Proposez des reformulations quand vous n’êtes pas sûr d’avoir bien compris ou si le propos vous semble un peu confus ou jargonnant. Notez aussi ses réactions (il sourit, il réfléchit, il est surpris, interrogatif…), cela vous permettra de rendre plus vivants vos portraits. Et enfin, sachez finir une interview. Même si les propos de votre interlocuteur sont passionnants, ne vous laissez pas entraîner trop loin. Garder votre cheminement et ramenez-le sur le terrain de l’interview. Vous n’aurez qu’un nombre de signes limité pour écrire. Si l’heure tourne et votre interlocuteur semble intarissable, dites : « Dernière question, madame/monsieur ». Et remerciez-le/la dès qu’il/elle y aura répondu !
N’oubliez pas… Une interview est avant tout une rencontre humaine. Vous êtes là pour faire « accoucher » l’interviewé, pour qu’il se raconte, pour qu’il se dévoile et dévoile ses idées, les informations qu’il détient, sa personnalité. Soyez aidant, mais jamais intrusif ou trop indiscret.
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Écriture… online, multimédia, interactive, hypertextuelle
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De l’écrit à l’écran 17
L’écriture online ou interactive s’inspire d’observations faites sur les nouveaux comportements de lecture. Le lecteur sur écran ne lit pas mot à mot. Il « scanne » la page. Il « picore » ici et là phrases et mots. D’où l’importance de faire des phrases courtes ! Les études montrent aussi que la lecture sur écran est 25 % plus lente que sur papier. Un message sur écran devrait comporter moitié de mots que le même sur papier !
L’organisation de l’information doit également être repensée. On ne peut pas travailler sur un modèle de « texte clos ». Les liens revoient à d’autres textes ou d’autres contenus multimédias (photos, vidéos, sons), créant ainsi une dynamique spécifique.
Les études faites sur le journalisme online notent le recours à une expression plus relâchée du point de vue de la forme. Il est cependant indispensable de fixer et de valider le niveau de langue requis dans le cadre d’un projet éditorial et d’en faire part aux rédacteurs avec qui vous allez travailler.
En résumé
Le schéma narratif dans l’écriture online n’est plus linéaire. Il est déterminé par les liens hypertextes. À la règle des 5 W s’ajoutent les impératifs techniques dont vous devez tenir compte : taille de l’écran, déplacement de la souris, facilités/possibilités d’impression.
Conseils pour faciliter la lecture à l’écran Limitez l’usage d’images de fond sous le texte, d’autant plus si les informations textuelles sont importantes pour les visiteurs (elles sont aussi importantes pour le référencement de votre site). La taille de police doit être suffisamment élevée : jamais en dessous d’un arial 10 points ou Annette Debéda – Ateliers d’écriture journalistique
d’un verdana 9 points pour le corps de la page. Limiter le nombre de couleurs différentes. Cela peut aider à construire votre hiérarchie de contenus. Limitez l’utilisation des capitales (lettres majuscules) aux phrases très courtes. À partir de 5 mots, la lecture d’un titre en capitales sera difficile Les capitales sont moins aisées à lire que les caractères bas de casse (minuscules) du fait de nos modèles mentaux (nous sommes plus habitués à voir un même mot écrit en bas de casse qu’en capitales) et de la forme des caractères écrits en capitales (il est plus difficile de distinguer chacune des lettres car elles ont toutes la même hauteur). Évitez également les italiques, difficiles à lire à l’écran. Le réserver à de petites portions de textes, même si vous essayez de respecter un usage conventionnel (comme les citations). L’italique à l’écran est d’autant plus lisible que la police est grande. Un texte non cliquable ne doit pas avoir l’air d’être cliquable. Différenciez bien le format attribué à vos textes de celui attribué à vos liens hypertextes. Par exemple, si vos liens sont d’une couleur donnée, ne pas utiliser cette couleur pour un élément non cliquable. Le format souligné est interdit pour mettre en avant une idée : il semble indiquer que le texte souligné est un lien. Évitez de justifier les textes en cas de lignes courtes. Préférez l’alignement à gauche, d’autant plus que le bloc de texte est grand. Sachez que les alignements à droite ou centrées compliquent la lecture et les activités de comparaison. Des lignes de texte ni trop courtes, ni trop longues. La longueur idéale semble se situer entre 60 et 100 caractères par ligne. Attention au « design élastique », qui risque sur des écrans larges de créer des lignes illisibles car trop longues.
Faciliter le scan visuel Les internautes ne lisent pas réellement l’ensemble de la page, mais pratiquent le « scan » ou balayage visuel. Ils parcourent rapidement la page à la recherche de ce qui les intéresse. Il faut donc les aider pour faciliter cette lecture en diagonale. Utilisez un langage familier de vos internautes, en évitant tout discours ou vocabulaire technique, sauf s’il s’agit d’un contenu dont l’objectif est volontairement d’aborder des notions techniques ! Faites toujours faire un effort de concision pour réduire la quantité du texte présentée.
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Une idée par paragraphe. Plus que jamais, faites des phrases courtes quand elles doivent être lues sur écran. Faites ressortir les mots-clés. Le format recommandé pour les mettre en valeur est le gras, utilisé avec parcimonie afin d’optimiser le nombre de ruptures dans la lecture en diagonale. Utilisez aussi souvent que possible un découpage des idées sous forme de liste à puces. Vous pouvez employer la liste numérotée si l’ordre des idées a une signification chronologique. Pour les longs textes, fournissez un format imprimable, ne reprenant que les informations à forte valeur ajoutée.
Titres et libellés : aller à l’essentiel Créez une hiérarchie de tailles de titres. La taille et la force visuelle d’un titre doivent être proportionnelles à son importance conceptuelle. Un titre trop gras sera paradoxalement moins lu qu’un titre de taille moyenne Limitez la longueur des titres et libellés : les internautes les liront davantage. Commencez par les mots-clés : Les premiers mots de vos titres seront les plus lus par les internautes
Liens hypertextes : les clés d’une navigation réussie En général, on utilise plutôt les liens pour la navigation (passage d’information en information) et les boutons pour le lancement d’actions (envoyer des données, accepter une modification, etc.). Cela n’empêche pas d’utiliser des liens pour des actions dans des sites complexes. Les boutons sont alors réservés aux actions principales. Les liens ont dans ce cas, l’avantage de moins charger l’interface visuellement. Des liens visibles et utilisés à bon escient
Pour que les internautes puissent repérer un lien au sein d’une page web et l’identifier comme cliquable, il faut respecter les 3 règles suivantes :
Un format réservé, Un format différenciant des textes non cliquables, Un format qui les fasse “ressortir” de la page.
Évitez d’avoir trop de formats de liens différents. : Une bonne cohérence dans la présentation de vos liens hypertextes permettra à vos visiteurs d’apprendre plus vite le mécanisme de votre site.
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Adapter le niveau de visibilité des liens à leur importance : par exemple, les liens dans le pied de page peuvent être moins accentués que dans le cœur de la page. Prévoir un format spécifique du lien au survol de la souris, qui permettra d’accompagner l’internaute dans son choix. Intégrer des liens à votre contenu, dans les paragraphes de texte. Ne réservez pas la navigation aux barres de menu ! Lors de sa rédaction, penser à la taille du lien. Plus un lien est grand, plus il est visible est facilement cliquable
Distinguer les différents types de liens Le procédé le plus conventionnel consiste à accompagner les liens externes d’une icône représentant une nouvelle fenêtre et/ou une flèche vers l’extérieur.
Ajouter une icône et/ou une indication textuelle (ex . : document PDF). Si le téléchargement du document est susceptible de durer plus longtemps que le chargement d’une page classique, vous pouvez indiquer le poids du document cible.
Différenciez les liens intra-page des liens inter-pages. Les internautes seront plus confiants dans le clic sur les liens ayant un effet dans la même page (intra-page), moins “risqués”, que dans l’exploration des liens permettant d’aller sur une autre page (inter-page).
Liens intra-page généralement plus discrets que les liens inter-pages. Liens intra-page intitulés avec un verbe d’action suggérant une conséquence immédiate dans la page (ex : Masquer, Afficher, etc) Liens intra-page accompagnés d’un signe symbolisant une conséquence dans la page (ex, flèche vers le bas, signe + ou -, onglet, etc.).
Les liens ancres doivent être présentés de telle manière à suggérer qu’ils mènent vers une zone plus bas dans la page (ex : flèche vers le bas)
Cela peut être accentué par l’ajout d’un libellé Sommaire ou Dans cette page. On peut montrer la descente progressive dans la page pour que l’internaute comprenne bien le fonctionnement de l’ancre.
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Abrégé de typographie
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1 - Du bon usage des capitales (majuscules) En préambule… Les capitales doivent normalement être accentuées, tout particulièrement lorsqu’il a été décidé, pour des raisons de mise en page, que certains mots soient composés entièrement en majuscules (c’est souvent le cas dans les titres et sous-titres). Ainsi, on écrira LA DÉFENSE. 22
Cette règle permet d’éviter toute confusion de sens. Ex. : LE PALAIS DES CONGRÈS (conférences) et non LE PALAIS DES CONGRES (poissons).
Il convient de composer avec une capitale initiale… Tout mot commençant une phrase ou une citation complète. (Le président a déclaré : « Le Groupe a réalisé 14 milliards d’investissements en 2006. »). Les noms propres, prénoms, surnoms, patronymes, et pseudonymes de même que l’article faisant partie intégrante du nom de famille (Général De Gaulle). Cependant, l’article doit être composé avec une bas de casse (minuscule) initiale : - lorsqu’il s’agit d’une particule nobiliaire (Valeur Giscard d’Estaing) ; - quand il sépare ou précède un nom (ou un prénom) d’un surnom (Margaret Thatcher, surnommée la Dame de Fer ; la Callas.). Les noms de peuples ou d’habitants d’une ville ou d’une région lorsqu’ils ont valeur de substantifs (les Français, les Belges, les Nord-Américains, les Parisiens etc.). Lorsqu’ils sont utilisés en tant qu’adjectifs, ils doivent, en revanche, être composés entièrement en base de casse (le peuple français, les entreprises belges). Les noms communs ou de dieux employés dans le sens absolu : l’État, le Trésor, le Parlement, l’Église, la Nation, la Justice, la République, l’Administration, la Bourse, Dieu, etc. Les noms géographiques - pays, régions, villes, voies, lieux-dits, de planètes, de monuments publics (l’Amérique du Sud, les États du Sud-Ouest asiatique, la Défense, la place de la Coupole, le Grand Palais, le Muséum d’histoire naturelle). Les points cardinaux lorsqu’ils désignent une région - et non une direction – (le Sud-Ouest, le Grand Nord) et les périodes ou les dates historiques (l’armistice du 11 novembre). Les noms de marques et de modèles, de bateaux et d’avions (le porte-avions Charles-De-Gaulle, la Scénic de Renault). Les adjectifs « saints » et « saintes » lorsqu’ils forment - par adjonction - une dénomination de personne, géographique (île, ville, rue etc.) ou de monument. On ajoute alors un trait d’union (Yves Saint-Laurent, l’île Saint-Louis, Saint-Ouen). Les titres de journaux, d’ouvrages, de documents et d’œuvres d’art (on compose avec une capitale initiale le premier substantif ainsi que l’article s’il fait partie du nom et on compose en italiques) : Le Monde, Libération, le Code de conduite, la Charte des administrateurs, le Document de référence, le Rapport annuel, le Rapport sociétal et environnemental, la Charte éthique, etc.
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Les noms d’organisation, de sociétés, d’associations, de partis politiques, d’ordres militaires ou religieux… On compose le premier mot avec une capitale initiale : l’Organisation des Nations unis (Nations avec une capitale car employé dans le sens absolu), Organisation des pays exportateurs de pétrole, Pacte mondial, la Société nationale des chemins de fer français. Lorsque les noms d’organismes ne sont pas traduits en français tous les mots commencent par des capitales : American Petroleum Institute, Global Reporting Initiative, Global Gas Flaring Reduction Initiative, Global Compact (Pacte mondial en français). De même, on compose le premier mot des noms composés des administrations, organismes publics ou divisions administratives avec une capitale initiale, seulement lorsqu’il s’agit d’organismes uniques dont la compétence est nationale (ou supranationale) : le Conseil constitutionnel, l’Assemblée nationale, le Conseil d’État (État comporte une capitale car il est pris dans le sens absolu), la Commission européenne, l'Académie de médecine (mais l’académie de Versailles), la Direction générale des impôts, la Commission des opérations de Bourse. Lorsqu’il s’agit de départements ministériels dépendant d’un organisme national, la capitale se place au(x) substantif(s) qui les détermine(nt) : le ministère de l’Économie, des Finances et de l’Industrie, la direction départementale du Travail et de l’Emploi, la préfecture de Police.
2 - Du bon usage des bas de casse (minuscules) Les bas de casse (minuscules) doivent être utilisées… Après deux points, après les points d’interrogation, d’exclamation et de suspension lorsqu’ils sont placés à l’intérieur d’une phase, après un point-virgule. - « Nous avons décidé… de ne pas intervenir. » - « Le Groupe met en place des programmes de lutte contre le sida dans différents pays d’Afrique : l’Angola, le Gabon et le Nigeria. » Pour les divisions administratives, civiles et militaires : le conseil général/le département des Hautsde-Seine, le conseil régional d’Ile-de-France, la mairie de Nanterre, la cour d’appel, l’état-major. Pour les titres de fonction ou de rang quels qu’ils soient (empereur, ministre, président, ambassadeur, roi sultan, émir, directeur, responsable de service - qu’ils soient ou non suivis d’un nom propre de personne) : l’émir du Qatar, le président de la République, le ministre de l’Agriculture (mais le Premier ministre), le président Hollande, le directeur des Ressources Humaines et de la Communication. Au nom de personnes, de pays, de contrées, de province ou de villes donnés à des produits : un moteur diesel, un champagne etc. Pour les points cardinaux quand ils indiquent une direction : notre filiale espagnole recherche de nouveaux collaborateurs... Pour les noms de langues (parler le français), de peuples et d’habitants quand ils sont employés en tant qu’adjectifs ou adverbes (nos collaborateurs italiens, acheter français). Pour les jours, les mois, et les années (cela s’est passé à 12 h le jeudi 12 avril de l’année 2007), sauf lorsque l’on fait référence à une date historique (le 11 Novembre, l’appel du 18 Juin).
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3 - Sigles, abréviations et acronymes Les sigles et abréviations se composent tout en capitales sans point abréviatif et sans espace entre les lettres (OMS, GPL, ETBE, NF, TRCV, OCDE, etc.). La même règle s’applique pour les noms de fonction et/ou de direction (DRH). Quand le sigle peut se prononcer comme un nom propre, on compose en bas de casse en conservant la seule capitale initiale (Onu, Afnor, Opep, Unesco, Unicef, Sofrea, Ohada, Cac 40, etc.). Conseils de rédaction Les expressions ou les noms d’organismes doivent être toujours écrits en toutes lettres en début d’article ou de chapitre, suivies de leur abréviation entre parenthèses et en suivant la règle typographique ad hoc. L’abréviation sera ensuite utilisée seule dans le reste de l’article ou du chapitre afin de ne pas en alourdir le style.
4 - L’emploi de l’italique Il convient de composer en italiques… Les locutions, citations, mots latins ou étrangers, sauf lorsqu’ils sont passés dans le domaine courant - jeep ou sandwich, par exemple. Ainsi joint venture, offshore, spin-off, buy back, coker, peak oil doivent être composés en italique. Mais il conviendra, autant que faire se peut, d’employer les mots équivalents en français. Les titres d’ouvrages, de journaux, de publications périodiques: Le Monde, Libération, Document de référence, la Charte des administrateurs, le Rapport annuel, le Rapport sociétal et environnemental. En revanche les noms des actes ministériels et judiciaires, circulaires, lois, décrets, arrêts, codes et recueils de lois s’écrivant, eux, en romain., Code de conduite, Code éthique, Code de la route. Les noms de bateaux et des avions et d’enseignes : le Clemenceau, le Georges-V. En revanche, les noms de marques, modèles, entreprises ou organismes étrangers ne s’écrivent pas en italiques. Les intitulés des titres (ainsi que les lettres minuscules de référence) auxquels on renvoie dans un document ou une énumération.
5 - Chiffres et nombres Les nombres exprimés en lettres doivent prendre un trait d’union quand ils représentent une addition (vingt-cinq = 20 + 5) et non quand ils représentent une multiplication (trois mille = 3 x 1 000) Lorsqu’ils seront écrits en chiffres - mesures, quantités physiques ou électriques, sommes, pourcentages, dates - il faut les séparer par tranches de trois chiffres (200 000, 1 500 000) sauf pour les dates et les paginations.
Dans un texte, il convient d’écrire en toutes lettres Les chiffres et nombres dès lors qu’il s’agit d’un âge, d’une distance, d’une durée, d’une quantité…
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sauf s’ils sont exprimés en unités de mesure de longueur de surface de capacité de volume, de vitesse etc. : - trois mille personnes ont visité le Louvre depuis trois mois (le chiffre n’est pas exprimé en unité de mesure) ; - Les réserves prouvées de pétrole brut et de gaz naturel atteignaient 11 148 mbep au 31 décembre 2004 (le chiffre est exprimé en unité de mesure). Les adjectifs numéraux indiquant l’ordre ou le rang (le quarante-troisième étage de la tour). Les fractions employées isolément (« Nous avons foré le dixième de la profondeur nécessaire »).
Il convient de composer en chiffres arabes… Les coordonnées (degrés, minutes, secondes) : Pau se situe par 43°19’ de latitude N. Les sommes : le prix du baril de pétrole de la mer du Nord a atteint 55,25 dollars le 17 mars 2005. Dans les textes, on préférera écrire : 55 milliers/millions/milliards d’euros/de dollars avec des chiffres placés avant, plutôt que 55 k/M/G€ Les heures quand elles indiquent une division de temps (et non une durée) : l’avion décollera à 12 h 42 (sans espaces) et atterrira à 15 h, ce qui correspond à un vol de deux heures dix-huit minutes. Les taux d’intérêt et les pourcentages (sans espace entre le chiffre et le signe %) ; les numéros d’articles de code, lois, décrets etc. ; Les subdivisions numériques d’un texte (1° ou 1er, 2e ou 2e etc.). Dans les énumérations et comparaisons, il est cependant préférable de composer en chiffres arabes : À la suite des deux campagnes d’observation, 136 groupes de baleines ont été suivis ; 70 nouveaux individus ont été observés, soit 428 baleines recensées en Nouvelle-Calédonie. Il convient de composer en chiffres romains… On composera en chiffres romains grandes capitales : - les numéros des arrondissements de villes : XIIe arrondissement de Paris, - les numéros de dynasties, conciles, congrès, olympiades, - les numéros de tomes, livres, volumes, acte ; - les nombres suivant un nom de souverain : Louis XVI ; - les numéros des siècles. Il convient de composer en chiffres ordinaux… L’abréviation de premier est 1 er. L’abréviation de second(e) est Sd(e). Second doit être employé quand il n’y a pas de troisième. L’abréviation de deuxième, troisième, etc. est 2e, 3e etc. (et non 2ème). L’abréviation de primo, secundo, tertio etc. est 1°, 2°, 3° etc.
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6 - Listes et énumérations Les capitales ne doivent pas être utilisées dans une énumération ou une liste, ni après les deuxpoints, les points-virgules, les virgules et les tirets. Lorsque l’énumération est découpée en alinéas, la phrase qui l’introduit se termine par un deuxpoints. Chacun des éléments de l’énumération commence en alinéa précédé d’un tiret, une lettre ou un chiffre d’ordre, ou tout autre signe typographique et se termine par un point-virgule. Le dernier élément de l’énumération s’achève par un point. Ex. : Ce programme repose sur trois actions : - envoi sur place de chirurgiens pour soigner des enfants ; - formation de personnel médico-chirurgical ; - réhabilitation d’un centre hospitalier. Lorsque l’énumération comporte des sous énumérations, il conviendra de terminer les alinéas de l’énumération intermédiaire par une virgule et le dernier alinéa par un point-virgule. Ce programme repose sur trois actions : - envoi sur place de chirurgiens pour soigner des enfants ; - formation de personnel médico-chirurgical ; a) par les médecins des organisations non gouvernementales présentes, b) par les médecins des centres de santé locaux, c) par des professionnels de santé dépêchés sur place, - réhabilitation d’un centre hospitalier.
7 Rappels sur la ponctuation Le point Il sert à marquer la fin d'une phrase. Il est directement collé au mot le précédant et suivi d'une espace et d'une capitale. Il peut également constituer un signe d'abréviation. On le place après une abréviation si le terme abrégé ne finit pas par sa dernière lettre : etc., M. (pour monsieur). Le deux-points Il s'apparente au point-virgule et sépare deux membres de phrase souvent constitués de propositions indépendantes (Le retour d’expérience dans un guide méthodologique : il permettra de définir des objectifs ciblés). Il doit être utilisé pour introduire une citation et une énumération. Il est précédé d'une espace insécable et suivi d'une espace sécable. On ne compose pas avec une capitale initiale le mot le suivant (sauf dans le cas où la citation est une phrase entière). Le point d'exclamation Il se place à la fin d'une phrase exclamative, à la place du point final et doit être précédé d’une espace.
Le point d'interrogation Il se place à la fin d'une phrase interrogative, à la place du point et doit être précédé d’une espace.
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Les points de suspension Ils s'utilisent en fin de phrase, à la place du point. Ils marquent la fin d'un énoncé alors que la phrase n'est grammaticalement pas complète, cela indique au lecteur que la phrase précédente aurait pu être poursuivie. Ils sont toujours suivis d’une espace. Ils sont aussi utilisés à la fin de listes non exhaustives et ont donc la même valeur que « etc. ». On n'écrit donc jamais « etc… » Quand ils sont utilisés à l’intérieur ou au début d’un texte, ils sont suivis d’une espace, mais pas d’une capitale. Quand ils remplacent une partie de texte, ils sont placés entre parenthèses ou crochets auxquels ils sont collés. Le point-virgule Il peut servir de séparateur dans une énumération par exemple, si divers éléments de l'énumération (dans la phrase) nécessitent un ou plusieurs regroupements « logiques » successifs. Il peut également servir de séparateur intermédiaire entre deux phrases indépendantes, mais dont la signification est liée. Il remplace la virgule lorsque celle-ci prêterait à confusion comme, par exemple, après un nombre à virgule. Tirets et traits d’union Le trait d’union (appelé également « division ») est collé aux signes le précédent et le suivant. À la fin d’une ligne, la coupure d’un mot composé s’effectue toujours après la division. Le tiret (ou signe moins) - utilisé pour introduire une incises - se compose entre deux espaces mots s’il est situé à l’intérieur de la phrase. Mais le second tiret disparaît s’il se trouve en fin de phrase : - « Le Groupe mène – via la Fondation pour la biodiversité et la mer – des actions de mécénat. » - « Le Groupe mène des actions de mécénat – via la Fondation pour la biodiversité et la mer. » Les guillemets Les citations doivent être composées en italiques et être placées entre guillemets anglais ( »), avec une espace insécable avant et après les guillemets. En fin de citation le guillemet fermant est placé après le point final de la phrase citée. Ex. : Le président poursuit alors : « Les difficultés ne datent pas d’hier comme vous le savez. » Le guillemet fermant sera placé avant le point si la citation ne représente qu’un mot ou une partie de la phrase. Ex. : Le président souligna que « les difficultés ne dataient pas d’hier ».
8 - Abréviations et acronymes les plus courants De façon générale, les abréviations sont constituées de la première (ou des deux ou trois premières) lettres du mot suivi d'un point. Lorsque l’abréviation se termine par la dernière lettre du mot ne comporte pas de point abréviatif. Il peut exister plusieurs formes d'une même abréviation. Les mots ne devront pas être abrégés de façons différentes dans un même texte Les acronymes sont formés de plusieurs lettres d'un mot souvent la première et les deux dernières (ex : Comex, Codir). Un acronyme n'est jamais suivi de point. Ni les abréviations, ni les acronymes ne prennent de « s » au pluriel : dix kilowatts s'écrit 10 kW (et non 10 kWs)
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Adresses et géographie arrondissement : arr. avenue : av. boulevard : boul. ou bd département : dpt ou dep. faubourg : fg rue : r. Est : E. Ouest : O. Nord : N. Sud : S. Temps avant Jésus-Christ : av. J.-C après Jésus-Christ : apr. J.-C. jour : j heure : h minute : min seconde : s Greenwich Meridian Time : G.M.T Personnes madame : Mme mademoiselle : Mlle mesdames : Mmes mesdemoiselles : Mlles messieurs : MM Monsieur : M. (et non Mr !) Président-directeur général : P.-d.g. saint : St sainte : Ste Mesures légales (elles ne sont jamais suivies du point abréviatif) ampère : A degré (angle) : ° degré celsius (température) : C degré fahrenheit (température) : F gramme : g kilo (signifie mille) : k kilogramme : kg milligramme : mg kilohertz : kHz mégahertz : MHz mètre : m kilomètre : km millimètre : mm litre : l millilitre : ml kilowatt heure : kWh
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kilomètre par heure : km/h mètre par seconde : m/s tours par minute : tr/min volt :V Divers article : art. c'est-à-dire : c.-à-d. ce qu'il fallait démontrer : C.Q.F.D. chapitre : chap. compagnie : cie confer : cf. édition, éditions : Éd. établissements (raison sociale) : éts et cetera : etc. exemple : Ex. ou ex. habitant(s) : hab. idem : id. nota bene : N.B. note de la rédaction : N.D.L.R. numéro : n° numéro : n°s page(s) : p. paragraphe : paragr. ou § post-scriptum : P.-S. pour cent : p. 100 ou % pour mille : p. 1000 ou ‰ s'il vous plaît : S.V.P. Société anonyme : S.A. Société à responsabilité limitée : S.A.R.L. supplément : suppl. téléphone : Tél. ou tél. tome : t. volume : vol.
9 - Caractères typographiques spéciaux @ : arobas © : copyright ® : registered % : pour cent (sans espace entre le chiffre et le signe %) ‰ : pour mille (sans espace entre le chiffre et le signe ‰) ™ : Trade Mark (ou marque déposée en français). L’abréviation est toujours placée en exposant. & : l’esperluette est aussi appelée « et commercial ». Elle est utilisée surtout dans les raisons sociales (les Établissements Coulon & Strauss).
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Le mot juste
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Quelques abus de langage et autres confusions de sens à éviter Alternative L’alternative est le choix entre deux solutions : « Nous sommes devant une alternative. » Lorsqu’il y a plus de deux solutions, il convient de parler de « choix » de « possibilités » ou de « plusieurs solutions ». S’avérer, se révéler S’avérer c’est se révéler vrai… Il convient donc d’écrire : « Ces suppositions sont avérées. »… Sinon, « elles se sont révélées fausses » ! Biannuel, bisannuel et biennal, bimensuel, bimestriel, semestriel Biennal et bisannuel sont synonymes et signifient : « ce qui revient tous les deux ans ». Biannuel devra donc être employé pour signifier deux fois par an. Bihebdomadaire signifie deux fois par semaine ; bimensuelle deux fois par mois ; bimestriel, tous les deux mois et semestriel, tous les six mois. Clore/ clôturer On ne clôture pas une séance de travail, un débat, une discussion, on les clôt. Mais on clôture un champ ou un exercice comptable… Complexe/compliqué Ce qui est complexe n’est pas nécessairement compliqué. Est complexe ce qui contient plusieurs éléments hétérogènes. Est compliqué ce qui est difficile à comprendre. Comporter / comprendre Comporter, c’est inclure entre autres choses : « Cette fonction comporte des inconvénients. » Comprendre, c’est embrasser un ensemble : « Le concours comprend cinq épreuves et comporte une épreuve d’anglais. » Conséquent / important / considérable Conséquent signifie « qui raisonne et agit avec logique ». Il n’est donc pas synonyme « d’important » ou de « considérable ». Décade / décennie La décade (introduite dans le calendrier républicain) est une période de dix jours. La décennie est une période de dix ans. Démontrer/ montrer Démontrer, c’est prouver, établir la vérité. Montrer c’est révéler les faits. Excessivement / extrêmement Excessivement signifie « à l’excès », « trop » ; extrêmement, signifie « très ». Express / expresse / exprès Un express est un train rapide ; un exprès un envoi qui doit être remis rapidement au destinataire. L’adjectif exprès (expresse au féminin) signifie « énoncé de manière formelle », comme dans « une condition expresse ». L’adverbe exprès est l’abréviation d’expressément. Il indique donc une intention formelle : « Il l’a fait exprès. »
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Fission / fusion La fission est l’éclatement d’un noyau atomique lourd La fusion est l’union (à faute température de noyaux atomiques légers en matière atomique). Fond / fonds Avec un s au singulier, fonds est employé pour définir certains immeubles (fonds de commerces), le capital placé (prêter à fonds perdus), les ressources affectées à une œuvre d’intérêt public ou un capital moral (un fonds d’honnêteté). Dans les autres cas – fond d’une rivière, d’un gisement, du cœur, ou fond sonore - fond ne prend pas de s au singulier… Les fonds - exclusivement au pluriel - désignent les avoirs en argent (manier des fonds considérables). Graduation / gradation La graduation est une division en unités de mesures ou de repère sur une échelle. La gradation est une progression ascendante ou descendante. S’impliquer/être impliqué Utiliser le verbe « s’impliquer » (s’engager, s’investir), mais éviter l’expression « être impliqué » qui présente une connotation négative. Ex. : Le groupe pétrolier s’implique dans le développement des énergies renouvelables… mais est impliqué dans le naufrage de l’Erika. Incident / accident L’incident est un événement imprévu et accessoire qui rompt le cours de l’action principale. L’accident est un événement soudain entraînant des dommages. Industriel/industrialisé / industrieux « Industriel »; en tant qu’adjectif, qualifie ce qui provient de l’industrie (un produit industriel) ou une zone, une région une zone où sont implantées de nombreuses entreprises industrielles. On emploiera plutôt le terme industrialisé pour définir ce qui a acquis un caractère industriel (l’agriculture industrialisée, une région très industrialisée). Industrieux signifie actif et ingénieux, qui possède un grand savoir-faire (une population industrieuse). Judiciaire / juridique Ce qui est « judiciaire » se rapporte aux tribunaux, à la justice (une décision judiciaire). Ce qui est « juridique » se rapporte au droit (un argument juridique). Juste En tant qu’adverbe, juste est synonyme de « à peine » (Nous sommes juste/à peine arrivés) ou de seulement, (« Je veux juste/seulement un café »). Il n’est pas synonyme de « vraiment ». « Ce film est juste magnifique » est un abus de langage à proscrire!
Neuf/nouveau Ce qui est neuf n’a jamais servi. Ce qui est nouveau apparaît pour la première fois ou depuis peu de temps. Notoire /notable (adjectifs)
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Ce qui est notable est digne d’être noté, remarquable (des changements notables). Ce qui est notoire est connu de tous, évident (des changements notoires). Officiel / officieux Ce qui est officiel émane de toute autorité reconnue dans son domaine. Ce qui est officieux émane aussi d’une autorité reconnue mais sans l’engager formellement… Prendre parti / prendre à partie Prendre parti (sans e) c’est prendre position pour (ou contre) quelqu’un ou quelque chose. Prendre à partie (avec un e) une personne, c’est l’interpeller, l’attaquer, voire l’accuser. Pétrolier / pétrolifère Est pétrolier tout ce qui est relatif au pétrole (l’industrie, le produit, le commerce, les pays pétroliers). Est pétrolifère ce qui contient du pétrole (un gisement ou un terrain pétrolifère). Portable / portatif Ce qui est portable peut-être transporté, mais ce qui est portatif est conçu pour être portable… Rentrer / entrer En principe on ne « rentre » que dans un lieu où on l’on est déjà allé… Sinon, on y entre, tout simplement Rentrer signifie aussi entre en force, violemment ou malgré une résistance (sens intensif). Résident / résidant Le résident est celui qui habite dans un autre pays que son pays d’origine. Le terme résidant s’applique à toute personne vivant dans un lieu donné. Il est souvent synonyme d’habitants. Sécurité / sûreté La sécurité désigne la tranquillité, la confiance venant du sentiment qu’il n’y pas péril à redouter (se sentir en sécurité). Sûreté se dit des précautions qui assurent la sécurité, des garanties contre le danger. Sensé / censé Est « sensé » ce qui est raisonnable, de bon sens. Est « censé » ce qui est supposé. Censé est toujours suivi d’un verbe à l’infinitif (il est censé travailler). Se passer Vous devez vous demander ce qui se passe, et non qu’il ne se passe. En revanche, il ne se passe pas un jour sans que l’on entende cette faute Se souvenir / se rappeler Se souvenir, c’est avoir toujours présent à l’esprit… On se souvient de quelque chose. Se rappeler quelque chose est un acte plus volontaire, qui peut demander un effort de mémoire. Technique / technologique On parle de technique quand on veut évoquer un domaine spécifique – un art une science ou leurs applications (la technique de la peinture ou les techniques de rééducation). Est technologique ce qui appartient à l’étude des techniques. Ainsi les progrès technologiques sont des avancées dans les connaissances d’une méthode, d’un outil ou d’un matériau.
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En terme(s) de / au terme de En terme(s) de est synonyme de « en matière de ». Il doit prendre la marque du pluriel s’il est suivi d’un pluriel. Au terme de, toujours au singulier signifie à l’issue de, à la fin de… Transversal/transverse L’adjectif transversal doit être préféré à l’adjectif « transverse » dont l’usage est réservé au domaine anatomique (qui est en travers en parlant d’un organe, ex.: le côlon transverse est la partie horizontale du côlon). Est transversal ce qui utilise, prend en compte ou recouvre plusieurs domaines ou techniques (le management est une discipline transversale). Voici /voilà, ceci/cela Voici annonce qui est proche ou qui s’approche ; voilà ce qui est loin ou qui s’éloigne. « Voici mes conditions » sera donc suivi de l’énumération de conditions. « Voilà mes conditions » aura été précédé de l’énumération des conditions. La même distinction sera faite entre cela et ceci… Cela s’applique à ce que l’on vient de dire ou qui s’éloigne. Ceci s'applique à ce que l’on va dire ou ce qui est proche. Vrai, véritable, véridique. Est vrai ce qui est sur, certain, bien réel. Est véritable ce qui est authentique et indiscutable. Est véridique ce qui est conforme à ce qui a été éprouvé, fait ou constaté.
Des redondances à proscrire… Le plus absolu Achever / terminer complètement Ajouter en plus Ajourner à plus tard Au jour d’aujourd’hui S’approcher près de S’avérer vrai Être contraint malgré soi Défrayer des frais Actuellement en cours S’entraider mutuellement Très exactement Une erreur involontaire Le milieu ambiant (ambiant = ce qui est autour) Au grand maximum Un monopole exclusif La panacée universelle Prévoir ou prédire d’avance La première priorité (en revanche la première des priorités indique qu’il y a une hiérarchie dans les priorités) Des projets d’avenir Répéter de nouveau Se réunir ensemble Il suffit simplement Suivre derrière La topographie des lieux Un tollé général Tous unanimes Voire même (voire et même sont synonymes)
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Attention aux tics de langage !
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Les tics de langage sont des habitudes de langage machinales ou inconscientes, des expressions contraires à la grammaire que l'on a contractées sans s'en apercevoir. Ces manières de s'exprimer, qui relèvent parfois de la manie et très souvent de l’effet de mode, prêtent à sourire, quand elles ne sont pas franchement ridicules. 12/05/2012 05:36 La Nouvelle République Ce que nos tics de langage disent ou trahissent de nous Mots béquilles ou expressions dans l’air du temps ont envahi notre langage. Ils sont révélateurs de notre époque et dévoilent beaucoup sur chacun de nous. À quoi servent ces petits mots égrainés tout au long de nos phrases et tellement agaçants (chez les autres !) quand nous en prenons conscience ? « C'est clair », « Absolument », « Voilà… », « Hallucinant », « Grave », « Juste pas possible »… « Ce sont des chevilles qui tiennent le discours, explique Pierre Merle, sociologue, auteur de nombreux livres sur le langage (1). Sans elles, la personne qui parle aurait l'impression que sa phrase est bancale. Leur prolifération est récente, issue du syndrome télévision et radio, où le silence est totalement banni. Il faut remplir l'espace avec de nombreux mots destinés à prolonger la phrase. Ensuite, s'approprier le tic de quelqu'un est une manière d'essayer de lui ressembler. » Le tic sert aussi à créer une complicité dans un groupe social donné, une génération particulière. Imagine-t-on une sexagénaire asséner « grave » tous les deux mots ? Non, pas plus qu'un jeune ne dirait « surréaliste »… Des mots d'époque Le tic éclaire la société dans laquelle il prolifère. Prenons la formule « entre guillemets » qui permet « de dire sans dire tout en le disant », comme le note Pierre Merle. Ne traduit-elle pas une certaine frilosité, une langue de bois ? Il y a aussi les tics qui ferment la porte à la discussion, tel le « c'est évident » ou encore le « point barre », qui empêchent tout prolongement éventuel. Le psychiatre Yves Prigent (2) pense que nous avons peur de débattre. Pour lui, le tic est un mot paresseux : « Il sert à faire le bruit de la parole, sans en contenir aucune, comme la musique que l'on entend dans les supermarchés, destinée à endormir le client. » En voulant apaiser son interlocuteur, le rassurer. La recherche de la complicité prime sur le contenu du discours, « tout va sans dire ». Ainsi les formules « voilà » ou « vous voyez », alors qu'il n'y a rien à voir… et rien à entendre non plus. Selon Yves Prigent, notre société immature favorise un langage proche du babil de l'enfant avec sa mère qui le comprend à demi-mot. Conséquence : la langue s'appauvrit, la vraie communication en pâtit. Annette Debéda – Ateliers d’écriture journalistique
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Des mots écran Nous nous contentons d'asséner des formules toutes faites. Les mots servent alors à cacher un contenu émotionnel. Aujourd'hui, à la place de « je stresse », qui dirait « j'ai du chagrin », ou « je suis en colère » ? », interroge le psychiatre. Pour le psychanalyste Jean-Pierre Winter (3), il est nécessaire de distinguer le tic d'appartenance, du tic involontaire qui trahit une histoire personnelle, sans que son utilisateur en ait conscience. D'après lui, le tic est une véritable manne : « Celui qui commence toutes ses phrases par « c'est vrai que » interroge quelque chose . Ce qu'il disait avant était-il faux ? Est-il obligé d'asséner que ce qu'il dit est vrai, car il n'en est pas lui-même très sûr ? Répété des dizaines de fois, il est là pour balayer ses doutes, le rassurer. Il peut s'agir d'une personne qui a du mal à croire en ses propres sensations. » Attention, si le tic renferme une problématique personnelle, il n'est jamais que la clé qui ouvre une porte sur l'inconscient, mais reste tout de même à trouver la serrure. Ces tics-là sont les plus agaçants pour l’entourage. On peut se débarrasser d'un abus de formule toute faite, en nous efforçant de diversifier notre vocabulaire, conseille Yves Prigent. « Il ne s'agit pas de se gendarmer en essayant de guetter son langage, suggère-t-il, mais plutôt de faire pousser de la bonne herbe pour étouffer la mauvaise en lisant des bons textes, pour éviter de parler de façon stéréotypée. » Réconcilions-nous également avec le silence, laissons respirer les phrases pour trouver les mots les plus justes, les plus proches de notre ressenti. Et prenons exemple sur les Argentins. À la question « comment vas-tu ? », au lieu de la ritournelle « ça va » quel que soit l'état du moment, ils répondent au lieu de la ritournelle « ça va » quel que soit l'état du moment, ils répondent non sans humour : « Bien, ou tu veux que je te raconte ? » Oui, raconte-moi. (1) Auteur de « Panorama aussi raisonné que possible de nos tics de langage » (Fetjaine, 2008). (2) Auteur de « Débandade dans la blablasphère » (Calligrammes, 2011). (3) Auteur de « Mon psy est-il un escroc ? » (Mordicus, 2011). En savoir plus > Les tics de langage tuent-ils la conversation ? La réponse de Chantal Thomas, philosophe et essayiste, auteure de « L'Esprit de conversation » (*) « Non, sinon elle serait morte depuis longtemps, les tics ayant toujours existé ! En revanche, en uniformisant le langage, ils ne l'encouragent pas et nous empêchent de développer notre parole singulière. > Certains dressent des barrières difficiles à franchir : « bref », qui indique que ce que l'on dit nous ennuie déjà à l'avance ; « pour faire court », qui engage bien mal le dialogue ; ou encore, le « bien », qui ponctue sans cesse un propos, façon de se donner à l'avance un satisfecit. Or, pour qu'une conversation soit réussie, il faut un élan généreux, une envie d'aller vers l'autre, de se jeter à l'eau, sans savoir sur quoi elle va déboucher. Parler, c'est se rencontrer dans un espace enchanté, où chacun se sent plus vif, plus désirable, plus rapide. Le tic ne favorise pas cette légèreté. » (*) L'Esprit de conversation de Chantal Thomas (Rivages, Poche, 2011). Bernadette Costa-Prades, d’après Psychologies Dimanche 9 Octobre 2011, France Info / Claude Frisono
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Les tics de langage, ces petits mots-moteurs C’est une « contre-vérité », « impacté », « juste insupportable », « il est clair que... », « c’est évident », « pour clôturer », «c’est du pur bonheur»... Les hommes politiques sont les premiers maniaques des tics de langage. Écoutez bien : pas une phrase sans au moins un tic. Mais nous sommes tous atteints par cette maladie. Combien de « j’veux dire » « finalement », « hallucinant » ou « grave ». Pourquoi avons-nous besoin de ces petits motsmoteurs ? C’est étrange, tout de même, tous ces petits mots qui prolifèrent dans nos phrases. Est-ce que ces manies ont toujours existé ? Cela ne date pas d’hier. Balzac se plaignait de nos tics verbaux, mais sans doute ont-ils toujours existé. Les Romains et les Grecs devaient avoir les leurs...qui ne sont parvenus jusqu’à nous. Ce qui est sûr, c’est que ces petits parasites linguistiques prospèrent avec les médias, internet, télé et...radio : en effet, le silence à l’antenne est un péché capital, il est impensable. D’où tous ces petits mots qui viennent, non seulement soutenir le discours, comme autant de petites béquilles, de petits points d’appuis qui permettent de reprendre pied si on ne sait plus trop où l’on en est, mais encore ils viennent combler les vides, les blancs. Socialement, ces tics auraient aussi une fonction... _ Oui, ils servent de signal de reconnaissance sociale et générationnelle. Si nous, les adultes, nous observons bien, nous utilisons certains mots jamais prononcés par les adolescents ou les jeunes. Par exemple, le fameux « ça gère » des adolescents qui signifie « c’est formidable », n’est jamais prononcé par les adultes, pas plus que « je suis vénère ». À l’inverse, le fréquent « c’est surréaliste » de notre génération n’existe tout simplement pas chez les jeunes générations...qui ne doivent d’ailleurs pas très bien savoir à quoi ce mot renvoie. Mais sommes-nous vraiment en train de communiquer lorsque nous employons nos fameux tics ? C’est tout le problème. Pour le psychiatre Yves Prigent, le tic est un mot paresseux, qui nous permet de nous retrancher derrière des barricades verbales, dépourvues de signification, et qui évitent le véritable échange, celui dans lequel de vraies paroles sont prononcées. Ces mots nous servent à dissimuler nos émotions, nos opinions. Par exemple, dire « je stresse » permet d’en rester à un contenu très vague, là où la langue permet de préciser : je suis angoissée, je suis triste, j’ai peur, j’ai du chagrin. Vous voyez que sous ce mot fourre-tout se cachent des notions plus subtiles et plus précises. À force de recourir à ce type de cliché, nous appauvrissons notre vocabulaire et donc notre pensée, et notre communication avec les autres... Est-ce que le tic employé par tout le monde, comme « je veux dire » et le tic involontaire ont la même signification ? Non, vous vous en doutez bien. Autant le premier n’est qu’une scorie de notre époque, autant l’autre peut presque s’apparenter à un lapsus. En tout cas, il en dit beaucoup plus long sur nous que nous ne voudrions parfois. Ainsi, démarrer toutes ses phrases par « c’est vrai que.. » suggère un manque de confiance en soi, sinon, pourquoi éprouver tant le besoin de réaffirmer la vérité de sa parole ? En tout cas, les tics de ce genre sont un matériau formidable pour les psychanalystes et leurs analysants. Le psychanalyste Jean-Pierre Winter explique que dire « c’est clair » peut aussi bien faire référence à la recherche de clarté dans sa propre histoire que d’une personne de son entourage prénommée Claire. Est-ce qu’on peut se débarrasser d’un tic ? Difficile, mais pas impossible. Le meilleur moyen, pour Yves Prigent, consiste à utiliser le plus possible le mot Annette Debéda – Ateliers d’écriture journalistique
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exact pour exprimer une idée, d’utiliser les synonymes, et de tenter d’élaguer les mots parasites de nos phrases au moins une fois par semaine. Par exemple, dire non, sans rien ajouter derrière, pas de « pas du tout » ou « d’absolument pas ». Faites le test, pour voir...et vous vous apercevrez à quel point notre conversation est émaillée de ces tics qui ne servent à rien...
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Le jeudi.lu, 22 mars 2012 Tics de langage Régulièrement, comme par magie, de nouveaux tics de langage viennent polluer la sphère médiatique. Depuis une bonne vingtaine d’années, « tout à fait » ou « complètement » ont remplacé « oui ». 40
Pourtant, c’était pas mal, oui. Concis, précis, compréhensible. Trop simple, sans doute. Logiquement, non, dont on sait que c’est le contraire de oui, aurait dû céder la place, non pas à «pas tout à fait», ce qui signifie «presque», mais à «tout à fait pas». Tout à fait pas, c’est comme non, sauf que c’est nul ! Dialogue télévisuel: «Êtes-vous heureux de votre tournage?» «Tout à fait.» «Êtes-vous un gros nul?» «Tout à fait pas.» Ça va peut-être venir. Plus récemment, l’expression « un petit peu » a commencé à faire le trottoir. Quel que soit le sujet, « un petit peu » s’incruste, tapine, racole… Un petit peu, c’est une scorie, un déchet, une boursouflure, un chancre inutile plaqué artificiellement sur une phrase. On entend des « un petit peu » dans toutes les circonstances et à tout bout de champ. Soyez attentifs, écoutez patiemment les commentaires, vous observerez que les «un petit peu » sont un petit peu beaucoup trop présents, ces temps-ci. Mais ne voilà-t-il pas que les sportifs, les professionnels du ballon rond en particulier, contribuent au renouvellement de la langue? Je ne parle pas des commentateurs, inventeurs de «l’entame du début du match», mais des hommes en short. Pour une raison mystérieuse, après avoir abusé d’un tas de substances dangereuses déconseillées par la faculté, ils sont désormais victimes d’une addiction à l’expression « c’est vrai que ». J’ai entendu, de mes yeux entendu, des héros glorieux ou malheureux de compétitions sportives disserter avec profondeur en affirmant: «C’est vrai que le coach nous a secoués à la mi-temps.» Ou bien «c’est vrai qu’on a fait de notre mieux». Ou surtout «c’est vrai que c’est pas vrai qu’on est des gros bœufs». D’autres mots gâchent le paysage sémantique, comme « impacter », « restructurer », « génial de chez génia l» avec ses nombreuses variations « froid de chez froid», « chaud de chez chaud », « con de chez con » ou encore des abominations comme « c’est trop bien », « y avait gavé de monde », « on va booster l’emploi », ou « c’est carrément top ». La liste n’est malheureusement pas exhaustive. Qu’on me comprenne bien, mon problème n’est pas l’invention verbale, la destructuration (il n’est pas mal non plus, celui-là) de la langue, l’irrespect salutaire… Non, mon problème, c’est la mode, phénomène désolant de parnurgerie (je viens de le créer, celui-ci) qui conduit le plus grand nombre à imiter et reproduire le dérisoire. J’en ai une preuve, douloureuse et probante. Depuis seulement quelques années, une erreur malencontreuse, mais une erreur quand même, une faute même, présente dans l’une ou l’autre traduction d’œuvres littéraires Annette Debéda – Ateliers d’écriture journalistique
étrangères, s’est répandue comme la vérole, pour éclore à peu près partout, dans le langage quotidien comme dans les commentaires officiels, à la radio comme au bistrot. Il s’agit du regrettable «qu’est-ce qu’il se passe?» Qu’est-ce qu’IL se passe? Mais comment peut-on? L’abolition de la peine de mort n’est-elle pas une regrettable faiblesse? J’ai lu cette misérable perversion pour la première fois dans la traduction de Millenium. Reproduite des dizaines de fois tout au long des trois tomes. J’ai pardonné, mettant le crime sur le dos de la fatigue du traducteur. Mais depuis, la confusion impardonnable entre qui et qu’il m’a conduit à des envies de meurtre, car la contagion a contaminé des journaux sérieux, des sites respectables, des émissions de télé regardables. Mais qu’est-ce qu’il se passe-t-il donc? Employer mal-t-à propos qu’il au lieu de qui, c’est trop de chez trop! Ça ne le fait pas! C’est relou! C’est chelou! C’est tout à fait pas bien! C’est vrai que c’est un petit peu beaucoup carrément pas top! C’est gavé de tout faux! C’est un truc de ouf! Ça impacte grave la gouvernance du flux cadencé du taux fractal! C’est complètement tendance mais à faire peur! C’est clair! Y a pas de soucis! OK, on va dire comme ça, alors! Comment répondre à tant de poésie ? En faisant appel à Pierre Dac, qui, depuis le magnifique Biglotron, a tordu le coup à la vanité vaine de tous les jargonneux emplis de vacuité: «Parler pour ne rien dire et ne rien dire pour parler sont les deux mamelles de ceux qui feraient bien de la fermer avant de l’ouvrir.»
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